Les operations amphibies - CDEF

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Les operations amphibies - CDEF
COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT
MILITAIRE SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE
OBJECTIF DOCTRINE
LES OPÉRATIONS AMPHIBIES
AMPHIBIOUS OPERATIONS
N°36
Edition bilingue
Bilingual edition
C•D•E•S
C OMMANDEMENT DE LA D OCTRINE
ET DE L’ E NSEIGNEMENT MILITAIRE S UPÉRIEUR
DE L’ARMÉE DE TERRE
Sommaire/Summary
Editorial
p. 4/5
Doctrine/ Doctrine
Le concept national des opérations amphibies
L’engagement de la force de réaction embarquée dans une opération amphibie
Le 519e Régiment du Train : une réponse adaptée au soutien des opérations amphibies
L’initiative amphibie européenne (IAE)
Capacité des forces armées françaises à conduire des opérations amphibies dans un cadre multinational
p.
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6
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22
24
The national concept of amphibious operations
The embarked reaction force’s commitment in an amphibious operation
The 519th transportation battalion: an appropriate answer to amphibious operations support
The european amphibious initiative (EAI)
French armed forces capabilities to conduct amphibious operations within a multinational framework
p. 7
p. 11
p. 19
p. 23
p. 25
Etranger/ Foreign Studies
La doctrine du Corps américain des Marines
La doctrine des Pays-Bas des opérations amphibies
p. 28
p. 34
The (US) Marine Corps’ doctrine
The Netherlands doctrine « amphibious operations »
p. 29
p. 35
Libres Réflexions / Freedom of Speech
Le STOM, avenir de l’amphibie ?
Il faut désigner un état-major de force (EMF) amphibie
Combat de haute intensité : de la cohérence du discours et des actes
p. 42
p. 44
p. 50
STOM, the future of amphibious operations?
An amphibious force staff (EMF) needs to be appointed
High intensity combat: coherence of speech and action
p. 43
p. 45
p. 51
Lexique/Lexicon
p. 56
Les articles publiés dans la rubrique « Libres Réflexions » ne représentent pas la position du CDES
et n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs qui s’expriment à titre personnel
OBJECTIF DOCTRINE N° 36
LES OPÉRATIONS AMPHIBIES
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
GÉNÉRAL JEAN-MARIE VEYRAT
Rédacteur en chef : lieutenant Stéphane
Carmès - Traductions : colonel (CR) PierreYves Lemerle, colonel (CR) Robert Travaillot,
lieutenant-colonel (CR) Jacques de Vasselot,
lieutenant-colonel (CR) Daniel Sillon,
lieutenant-colonel (CR) Jean-Claude Laloire Relecture des traductions : général (2s) Pierre
Dejean - lieutenant Laurent Favier - Maquette :
Christine Villey - Schémas : Geneviève
Yahiouche - Photos : DEP/EAT (pages 18 et
19), lieutenant-colonel Grisnigt - collection
personnelle (pages 40 et 41), colonel Isnard collection personnelle (cahiers du RETEX,
pages 11 et 14) - Photogravure : Saint-Gilles
(Paris) - Gestion du fichier des abonnés :
lieutenant Stéphane Carmès - Diffusion :
bureau courrier du CDES - Impression :
Section Conception Impression du CDES Tirage : 1 900 exemplaires - Dépôt légal : à
parution - ISSN : 1293-2671 - Tous droits de
reproduction réservés. Conformément à la loi
«informatique et libertés» n° 78-17 du 6
janvier 1978, le fichier des abonnés à
OBJECTIF DOCTRINE a fait l’objet d’une
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le n° 732939. Le droit d’accès et de
rectification s’effectue auprès du CDES
(Commandement de la Doctrine et de
l’Enseignement militaire Supérieur de l’Armée
de terre) - Cellule communication - BP 53 00445 ARMEES.
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Mel : [email protected] Web : www.cdes.terre.defense.gouv.fr
Cahiers du RETEX n° 11
• Quelques rappels historiques sur les opérations amphibies du
passé.
• Some historical examples of past amphibious operations.
• Les principaux enseignements des deux derniers exercices
CATAMARAN.
• Major lessons learned from the last two CATAMARAN
exercices.
• Le sac d’Angkor par la flotte Cham en 1177.
• History the looting of Angkor by the Cham fleet in 1177.
• DIEPPE : l’opération «JUBILEE».
• DIEPPE: the « JUBILEE » operation.
OBJECTIF DOCTRINE
est en ligne sur le site INTERNET du CDES
OBJECTIF DOCTRINE
is consultable on the CDES INTERNET web site
WWW.CDES.TERRE.DEFENSE.GOUV.FR
E
ditorial
C
e 36e numéro d’Objectif Doctrine et les cahiers du RETEX qui l’accompagnent sont entièrement consacrés
aux opérations amphibies, domaine rattaché, dans la classification doctrinale des forces terrestres, aux
" opérations dans la profondeur du théâtre ". De nombreux officiers, français mais alliés, se sont exprimés
dans les différentes rubriques habituelles (Doctrine, Etranger, Libres réflexions et Cahiers du RETEX) et le CDES
remercie tout particulièrement les officiers de la Force d’action navale qui ont bien voulu apporter leur
contribution à ce point sur les opérations amphibies1.
La doctrine interarmées des opérations amphibies (instruction 3500) a été approuvée le 14 février 2002 par le
chef d’état-major des armées. Fruit des travaux menés par la commission interarmées des études amphibies
(CIEA) et du retour d’expérience de l’exercice CATAMARAN 2001, ce document, qui décrit le déroulement,
l’organisation et les moyens nécessaires pour mener les opérations de débarquement, répond avant tout à un
besoin national, dans le cadre fixé par le concept national des opérations amphibies (CNOA) de 1997.
Cette doctrine prévoit, avec les capacités amphibies actuelles de la France, la préparation et la conduite de
quatre types d’opérations amphibies à savoir le débarquement (Amphibious assault), le rembarquement
(Amphibious withdrawal), la manœuvre de déception (Amphibious demonstration) et le va-et-vient (Amphibious raid),
avec la mise à terre d’une force de réaction embarquée (FRE) de 1 400 hommes au maximum, incluant un
groupement aéromobile et le soutien correspondant à cet ensemble. Elle sera bientôt complétée par une
troisième partie2, le titre 3 qui définira les modalités de prépositionnement d’un groupe amphibie dénommé
GA1 3, articulé autour d’un seul TCD et d’un groupement tactique embarqué.
Une opération amphibie n’est pas le simple débarquement d’une unité de l’Armée de terre destinée à mener dans la foulée
une action terrestre autonome. Elle est au contraire une opération interarmées complexe, " conduite à partir de la mer, mettant
en œuvre des forces maritimes, terrestres et éventuellement de l’Armée de l’air, exécutée sur une côte adverse qui peut être
tenue par des forces ennemies4 ".
Préparée conjointement par le commandant de l’opération amphibie (CATF5) et le commandant de la force de débarquement
(CLF6), conduite sous l’entière responsabilité du CATF, l’opération est considérée comme terminée lorsque les objectifs fixés
ont été atteints et que les troupes débarquées sont en mesure de poursuivre les opérations terrestres ultérieures
éventuellement prévues.
Une opération amphibie ne débouche pas en effet systématiquement sur une opération purement terrestre ou plutôt
aéroterrestre, puisque dans les quatre types d’opérations envisagées, la force terrestre rembarque (ou embarque) dans au
moins trois cas sur quatre. Elle se caractérisera donc généralement par une empreinte logistique terrestre aussi réduite que
possible, compte tenu des contraintes très fortes de réversibilité, quel que soit le mode d’action choisi
(" bateaux/rivage/objectif ", " bateaux/objectif "7 dans lequel on s’affranchit du contrôle d’une zone de mise à terre- et enfin
" bateaux/objectif et bateaux/rivage ", mode d’action combiné).
La doctrine interarmées des opérations amphibies demeure bien sûr " pleinement compatible avec les principales avancées
doctrinales des alliés pour permettre la mise en œuvre des capacités françaises dans le cadre plus large des engagements
multinationau x"8. Elle n’en reste pas moins la déclinaison d’un concept national, alors que la plupart des opérations sont
désormais multinationales.
Notre future doctrine devra donc, dans quelques années, prendre en compte résolument les avancées de l’initiative
européenne amphibie (IEA) évoquée dans un des articles et, bien sûr, la référence commune à toutes les armées de l’Alliance
atlantique, l’ATP8 - Doctrine sur les opérations amphibies - en cours de révision. Elle devra aussi évoluer au fur et à mesure
de l’arrivée des futurs équipements dans l’Armée de terre (Hélicoptère TIGRE, SIC nouvelle version, etc) et dans la Marine
nationale, notamment le bâtiment de commandement et de projection (BCP) qui va bientôt remplacer le TCD.
Dans le cadre de la préparation et de la conduite de ces opérations, les forces navales et terrestres, avec en particulier les 3
brigades à spécificité amphibie (6e et 9e brigades légères blindées et 4e BAM) doivent continuer à s’entraîner ensemble, dans
un cadre chaque fois que possible multinational, comme cela a été le cas récemment encore avec l’exercice Destined Glory9.
Pour ce qui concerne l’Armée de terre, peut-être faudra-t-il, comme le propose l’auteur d’un des articles de la rubrique
" Libres réflexions ", spécialiser réellement un état-major de force (EMF) dans le domaine amphibie, avec tous les avantages,
mais aussi les inconvénients que cela suppose ?
Les forces armées françaises disposent maintenant d’un bon document doctrinal, fruit de longs travaux de réflexions mais
aussi d’une expérience de " terrain ". Il faut le connaître, l’appliquer et se l’approprier, avant, dans les années à venir, de
l’aménager dans le cadre de la prochaine révision évoquée ci-dessus.
La Rédaction
1 La rédaction d’OBJECTIF DOCTRINE remercie également la division conduite de l’E.M. de la FAN et l’équipe de rédaction du tout nouveau bulletin des acteurs de l’amphibie,
" l’Amphibien ", dont le premier numéro vient de paraître, qui ont bien voulu autoriser dans des délais très courts la reproduction de plusieurs de leurs articles. Elle souhaite une
longue vie à son nouveau confrère.
2 L’instruction 3500 (Diffusion restreinte) comprend déjà 2 parties : le titre 1- Conception de l’opération amphibie et le titre 2 – Phases de l’opération et fonctions à réaliser.
3 Pour « groupe amphibie à 1 TCD ».
4 Cf CNOA.
5 Commander Amphibious Task Force.
6 Commander Landing Force.
7 Appelés respectivement en anglais " Ship to shore " et " Ship to objective ".
8 Lettre d’envoi de la doctrine de février 2002.
9 Exercice amphibie de l’OTAN joué en octobre 2002.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.4
That doctrine plans for, according to current French amphibious capabilities, the preparation and the conduct of four kinds
of amphibious operations, i.e. the amphibious assault, the amphibious withdrawal, the amphibious demonstration, and the
amphibious raid, with the landing of a shipborne reaction force (FRE - Force de Réaction Embarquée) not exceeding 1,400
men, but including an airmobile task group and the corresponding support elements. Soon it will be complemented with a
third part3, chapter 3 that will provide a definition for the prepositioning modalities of an amphibious task group named
GA 14 made of one TCD5 only and one shipborne task group.
E
T he joint doctrine for amphibious operations (instruction 3500) was approved by the Chairman, joint chiefs of staff (CJSC)
on February 14, 2002. Resulting from the works carried out by the joint commission for amphibious studies (CIEA Commission Interarmées des Etudes Amphibies) and from the lessons learnt from the CATAMARAN 2001 exercise, this
document that describes the unfolding, the organization, and the necessary means to carry out landing operations, above
all meets a national need, within the framework set by the 1997 amphibious operations national concept (CNOA - Concept
National des Opérations Amphibies).
ditorial
T
his Objectif Doctrine 36th issue and the attached RETEX pullout supplement are fully dedicated to amphibious
operations, a domain that, in the land forces doctrinal classification, is associated to " theater deep operations ". Many
French and Allied officers expressed their opinion in the various usual sections (Doctrine, Foreign Studies, Freedom of
Speech, and the RETEX pullout) and the CDES1 would particularly like to thank the officers from the Naval Task force
for their outstanding contribution about amphibious operations2.
An amphibious operation is not the mere landing of an Army unit tasked with an in stride autonomous land operation. On
the contrary it is a complex joint operation, " launched from offshore, committing naval, land and possibly air forces, carried out on
an hostile coast that might be hold by enemy forces6 ".
Jointly prepared by the commander of the amphibious task force (CATF) and by the commander of the landing force (CLF), conducted
under full control of the CATF, the operation is regarded ended when the set objectives have been reached and when the landed troops
are prepared to go on with the follow-on land operations as planned.
An amphibious operation does not systematically lead to a single land or rather airland operation, as in the four kinds of planned
operations the land force re-embarks (or embarks) in three occurrences out of four. It will then usually be characterized by an as light
as possible land logistic print, because of the very strong reversibility constraints, whatever the selected course of action (" ship/to
shore/to objective ", " ship to objective ", in which the control of an amphibious assault area is not necessary - and eventually " ship
to objective and ship to shore " combined course of action).
Obviously the joint doctrine for amphibious operations remains " fully compatible with the main allied doctrinal advances to facilitate
the implementation of the French capabilities in the wider framework of multinational commitments7 ". Nevertheless it results from a
French national concept even when most operations are henceforth multinational ones.
Our future doctrine should then, within a few years, resolutely take into account the EAI (European Amphibious Initiative) advances
dealt with in one article and, of course, the common reference to all armed forces in the Atlantic Alliance, ATP8 - Amphibious
operations doctrine - under revision. It should also evolve as and when the Army gets new equipments (TIGRE helicopter, new version
CIS, etc.) as for the Navy, in particular with the BCP (command and control, projection ship) that is soon to replace the TCD.
In the framework of the preparation and conduct of these operations, naval and land forces, and particularly the 3 brigades that get
amphibious specificities (6th and 9th light armor brigades and the 4th Airmobile Brigade) must keep training together, in an
international environment whenever possible, as it happened recently during the Destined Glory8 exercise. As far as the Army is
concerned, perhaps will it be necessary, as suggested by the author of one article under the " Freedom of Speech " heading, to get
one of the Force HQs (EMF) specialized in the amphibious domain, with all the advantages, and all the concomitant drawbacks too.
The French armed forces now have a good doctrine document, fruit of long thoughts and also experience from the field. We have to
study it, to apply its principles and to make it ours, before we have, in the coming years, to amend it at the time of the next review
mentioned above.
The editorial staff
1 Army Doctrine and Higher Military Education Command.
2 The OBJECTIF DOCTRINE editorial staff would also like to thank the command and control cell of the Naval Task force HQ and the drafting team of the brand-new
publication of the actors of the amphibious, " l'Amphibien ", the first issue of which has just been published, as they have been kind enough, despite very tight deadlines,
to authorize the reproduction of several items. Our staff wishes a long life to this new fellow publication.
3 Instruction 3500 (Restricted) already includes 2 parts: chapter 1- Amphibious concept of operation, and chapter 2 - Operation phases and functions to be achieved.
4 Standing for " amphibious task force with 1 landing ship ".
5 Landing ship.
6 c.f. the amphibious operations national concept (CNOA).
7 Doctrine covering letter, February 2002.
8 NATO amphibious exercise that took place in October 2002.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.5
Doctrine
Le concept national des opérations amphibies
par le colonel ARNAULT,
CREDAT
Les formes actuelles de menace
n’émanent souvent plus d’Etats ou
d’organisations politiques reconnus
au plan international : sur le terrain,
l’adversaire n’est plus
obligatoirement caractérisé par une
force militaire constituée, organisée
et structurée selon des critères
conventionnels. Pour les contrer, la
France a fait le choix d'une politique
d’action, fondée sur la projection de
forces combinant mobilité,
modularité et réactivité.
La zone littorale, qui concentre une
grande partie de la population
mondiale1 et par voie de conséquence
des richesses et des voies de
communications, offre bon nombre de
ce qu’il est désormais convenu
d’appeler des centres de gravité
potentiels. Dans ce cadre, le statut
des eaux internationales permet de
projeter, sans contrainte autre que
logistique, une force qui peut agir
dans une vaste zone, soit par
influence soit par intervention directe,
pour prévenir ou maintenir au plus
bas niveau les crises, et affirmer une
volonté politique.
C’est dans ce contexte que l’EMA a
validé en 1997 un premier concept
national des opérations amphibies
(CNOA), qui a permis de jeter les
bases d'un nouveau type
d’opérations en France. Cinq ans
après, l’heure est venue de tirer les
enseignements des opérations et
exercices comme des besoins,
évolutifs, de la politique militaire de
défense. C’est ce à quoi s'attache
la Commission interarmées des
études amphibies (CIEA)2, qui a reçu
pour mandat de rénover pour la fin
2002 le CNOA de 97.
Le concept
ne opération amphibie est une
opération conduite à partir de
la mer, mettant en œuvre des
forces interarmées, exécutée sur une côte
hostile ou potentiellement hostile. Elle ne
doit pas se focaliser sur la zone de mise à
terre, mais sur un point décisif ou un centre
de gravité ennemi."
"U
Cette définition, extraite du glossaire
interarmées et conforme à la doctrine OTAN
ATP8, différencie fondamentalement ce type
de projection de forces par voie de mer du
transport maritime (recours aux moyens
civils) et du transport opérationnel (action à
partir de moyens militaires sur une côte non
hostile). L’opération amphibie est en effet
une opération mixte unique, se déroulant à
la fois en mer, sur terre, et dans les airs, qui
a pour but l'atteinte d’objectifs précis, et
elle n’est terminée que lorsqu’ils sont
atteints.
Offrant la capacité de menacer ou frapper à
partir de la mer et dans la profondeur un
dispositif ennemi, une opération amphibie
exploite l’effet de surprise en appliquant la
force militaire à l’endroit et au moment les
plus opportuns par une projection de surface
et/ou aérienne, réversible jusqu’au dernier
moment.
Par ailleurs, une force amphibie à la mer
constitue une réserve opérationnelle de
théâtre particulièrement déterminante,
susceptible de fixer d’importantes forces
ennemies. Disposant de sa propre autonomie
et capable de durer à la mer, elle facilite ainsi
la résolution politique des crises.
C’est ainsi que l’on distingue quatre types
d’opérations amphibies, généralement
précédées d’opérations amont visant,
notamment, à recueillir le renseignement
d’ordre tactique :
- le débarquement ("amphibious assault"),
visant à mettre en place une force sur une
côte potentiellement hostile,
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.6
- le rembarquement (" amphibious
withdrawal "), visant à évacuer par voie
maritime une force déployée sur une côte
potentiellement hostile,
- la manœuvre de déception (" amphibious
demonstration "), visant à induire
l’ennemi en erreur et à placer ses forces en
situation défavorable,
- le va-et-vient (" amphibious raid "), visant
à effectuer un débarquement pour mener
une action terrestre de durée limitée suivie
d’un rembarquement planifié.
Caractéristiques d’une opération
amphibie
Les caractéristiques de son environnement
ont des conséquences directes sur la
faisabilité et l’efficacité d’une opération
amphibie. En ef fet, les données
géographiques, océanographiques et
météorologiques conditionnent les
possibilités d’emploi des moyens et
l'éloignement du lieu de projection.
Le lien mer-terre, soumis quant à lui aux
aléas de la météorologie et de l’océanologie,
ne peut être réputé fiable durant la totalité
de l’opération.
La zone d’action, généralement de type
lacunaire et pouvant atteindre 100 km de
profondeur sur 50 de large, est d’une
grandeur inhabituelle en regard de la force à
terre. Les élongations ainsi créées entre les
échelons de combat, la force navale, et /ou la
zone de mise à terre peuvent générer autant
de difficultés en matière de logistique et de
télécommunications.
1 70% de la population mondiale vit à moins de 200 km des
côtes ; source CEFAM.
2 coprésidée par l’amiral commandant la Force d'Action
Navale (ALFAN) et le général commandant la Doctrine et
l’Enseignement militaire supérieur (CDES).
Doctrine
The national concept of amphibious operations
by colonel ARNAULT,
CREDAT
Often, the current threats do not
come anymore from states or
political organizations
internationally known: on the
ground, the opponent is not
obligatorily characterized by a
military force, built up, organized
and structured according to
conventional criteria. To counter
those new types of threat, France
has decided to have an action
policy based on Force projection
that combine mobility, modularity
and reactivity.
The coastal area that concentrates
most of the world population1 and
consequently their wealth and lines
of communication, presents a lot of
what has to be called today,
potential centers of gravity. Within
that framework, the international
waters status allows to carry out
Force projection, without any
constraint other than the logistical
one, that can operate in a wide
area either by means of influence
or direct intervention to prevent
crises or to keep them at the lowest
level, and to assert a political will.
It is within this context that EMA2
validated in 1997 a first national
concept of amphibious operations
(CNOA) that permitted to set the
bases of a new type of operations
in France. Five years later, time has
come to draw lessons from
operations and exercises as well as
from the changing needs of the
defense military policy. This is the
task assigned to the Joint
Commission for amphibious studies
(CIEA)3 that received the mandate
to update the CNOA 97 by the end
of the year 2002.
The concept
n amphibious operation is an
operation conducted from the sea
by joint forces and onto an
hostile or potentially hostile coast. It must
not focus on the landing zone but on an
enemy’s decision point or center of gravity.”
“A
This definition, extracted from the joint
doctrine glossary, consistent with the NATO
ATP8, differentiates fundamentally that
type of force projection by sea from the
maritime transportation (using civilian
means) and the operational transport
(action conducted from military means to a
non-hostile coast). The amphibious
operation is, in fact, a unique
composite operation that takes
place simultaneously at sea, on
the ground and in the air, the
purpose of which being to reach
precise objectives, the operation
ending only when these objectives
are reached.
By providing the capability to threaten or
strike from the sea and in the depth an
enemy disposition, the amphibious
operation takes advantage of the surprise
factor by applying the military force to the
most appropriate place and at the most
appropriate time by means of surface and/or
air projection that could be reverted up to the
last minute.
Besides, an amphibious force at sea
constitutes a theater operational reserve that
is a particularly deciding factor, able to fix
significant enemy forces. Provided with its
own autonomy and sustainability at sea, it
facilitates the political resolution of crises.
Four types of amphibious operations can be
found, usually preceded by actions aiming,
for instance, at gathering tactical
intelligence:
- “Amphibious assault ” that aims at
landing a force on a potentially hostile
coast,
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.7
- “Amphibious withdrawal ” that aims at
evacuating, by sea, a force deployed on a
potentially hostile coast,
- “Amphibious demonstration”that aims at
deceiving the enemy and at placing its
forces into unfavorable situation,
- The “Amphibious raid ” that aims at
disembarking a force in order to conduct a
land action limited in time and followed
by a planned re-embarking phase.
Amphibious operations characteristics
The environment characteristics have direct
consequences on the feasibility and
efficiency of an amphibious operation. As a
matter of fact, geographical, oceanographic
and meteorological data have an influence
on the assets employment possibilities and
on the distance of the projection location.
The sea-to-land link is under the influence
of the meteorology and oceanology hazards,
it cannot be considered as being reliable for
the entire duration of the operation.
The zone of action, generally discontinuous
and which dimensions can reach up to
100 km depth and 50 km wide, is unusually
large compared with the size of the landing
force.The distances thus created between the
combat echelons, the naval force and/or the
landing zone may generate many difficulties
as far as logistics and telecommunications are concerned.
1 According to the CEFAM, 70% of the world population lives
at less than 200 km from the coasts.
2 French Joint General Staff..
3 Co chaired by the Admiral commanding the Naval Action
Force(ALFAN) and the General commanding the doctrine
and Higher Military Education Command (CDES).
Doctrine
Enfin, pour l’ennemi, la côte constitue une
ligne de défense naturelle facile à surveiller, à
valoriser par des obstacles artificiels ou des
mines et à battre par des feux directs et
indirects. Un rapport de forces local très
favorable dans la zone de mise à terre, estimé
au minimum de quatre contre un, est donc
indispensable.
On comprendra donc aisément que la
rapidité d’exécution de la manœuvre et les
possibilités de reconfiguration soient des
facteurs clés du succès. Avec des effectifs et des
capacités d’emport très comptés, cela
suppose une intégration poussée des
différentes fonctions opérationnelles,
qu’elles soient de commandement, de
combat, de communication ou encore de
soutien. Cela conduit également à mettre en
œ u v re d e n o u ve a u x p ro c é d é s , q u i
s’affranchissent de la classique zone de mise à
terre3 .
Ce qui permet d’affirmer qu’aujourd'hui
l’amphibie constitue un véritable laboratoire
de l’interarmisation, et sans doute de la
multinationalisation des forces : outre les
trois armées Terre, Mer, Air, les autres
commandements, directions, organismes et
services interarmées4 apportent chacun leur
soutien à la force amphibie dans leur
domaine de compétence.
L’ambition de la France en matière
d'amphibie
- l’un de ses DOM-TOM,
- l’un des pays avec lesquels la France a des
accords de défense,
La France veut pouvoir projeter une force de
réaction embarquée d’environ 1400 hommes,
avec une autonomie de 10 jours, et dans une
profondeur de l’ordre de 100 km, dans
toutes les régions du monde où les intérêts
français sont en jeu.
- ou tout autre pays selon le besoin politicomilitaire du moment ■
L’emploi de cette force peut avoir lieu dans
un cadre national comme dans un cadre
multinational (OTAN, EAI5, coalition de
circonstance) où, grâce à son implication
croissante au côté de ses partenaires, la
France peut aujourd’hui participer à tous les
niveaux de commandement et d’exécution.
Qu’il résulte d’un prépositionnement
stratégique (groupe amphibie à un TCD)
pour une réactivité immédiate, ou d’une
projection d’un volume de forces,
éventuellement plus important, au départ de
la métropole ou à partir de territoires sur
lesquels des forces sont prépositionnées6,
l’engagement s’effectue à partir d’un groupe
amphibie constitué de un à quatre bâtiments
amphibies.
3 Action héliportée conduite depuis la mer, avec ou sans
débarquement (stricto sensu) ultérieur.
4 Commandement des Opérations Spéciales, Direction
Générale de la Gendarmerie Nationale, Direction du
Renseignement Militaire, Service de Santé des Armées,
Service des Essences des Armées, Base de Transit
Interarmées..., tous présents lors des réunions de la CIEA.
5 European amphibious initiative, regroupant aujourd’hui 5
pays : Royaume-Uni, Pays bas, France, Italie et Espagne.
Son point d’application peut être :
- un théâtre relativement proche de la
métropole (jusqu’à 5000 km),
6 Forces prépositionnées = forces de souveraineté (forces
françaises stationnées dans les DOM-TOM) + forces de
présence (forces françaises stationnées sur des territoires
étrangers).
Documents de référence
INTITULÉ
DATE D’APPROBATION
Concept national des opérations amphibies (C.N.O.A.)
n° 644/DEF/EMA/EMP.1 (DR)
10 juin 1997
Doctrine interarmées des opérations amphibies
Instruction n° 003500/DEF/EMA/EMP.1 (DR)
14 février 2002
ATP8 B : Allied Tactical Publication n° 8B
Doctrine OTAN des opérations amphibies
en cours de ratification
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.8
Doctrine
And last, for the enemy, the coastline
constitutes a natural defense line easy to
watch, easy to improve by means of artificial
obstacles or mines and onto which it is easy
to concentrate direct or indirect fire support.
A very favorable force ratio in the landing
zone (assessed to be at least four to one) is
thus essential.
It is then easily understandable that the
speed of the maneuver execution and the
possibilities of re-organization become key
factors for the success of the operation.
Taking into account the very limited
strength and transport capability, it means
that the various operational functions,
command and control, combat, communications and support, must be very much
integrated. This leads also to the implementation of new processes that don’t require
anymore a traditional landing zone 4.
This enables us to say that today, the
amphibious domain constitutes a true test
bench for the joint and perhaps combined
nature of forces: besides the three services
(Land, Navy, Air Force) the other joint
commands, directorates, organizations and
bodies(5) bring their own support to the
amphibious forces within their field of
competency.
- One of the French overseas territories,
France’s ambitions in the amphibious
domain
- One of the countries with which France
has signed defense agreements,
France wants to have the capability to
deploy an embarked reaction force of about
1400 men, having a 10 days autonomy, and
in a depth of about 100 kilometers, in any
region of the world where the French
interests could be at risk.
- Or any other country according to the
present political-military needs ■
The employment of that force can take place
in a national as well as multinational
(NATO, EAI 5 or contingency coalition)
framework into which, thanks to its
increasing involvement with its partners,
France can participate today at all levels of
command and execution.
Be it the result of a strategic pre-positioning
(amphibious group with one LSD) for an
immediate reactivity, or of a Force
projection, even with more strength, from
continental France or from territories where
forces are pre-positioned 6, the engagement
is conducted from a naval amphibious
Group comprising one to four amphibious
ships.
3 Heliborne action conducted from the sea, with or without
further disembarking (stricto sensu).
4 Special Operations Command, General Direction of the
French Gendarmerie, Military Intelligence Agency, Medical
Service Command, P.O.L Agency, Joint Transit Base, all
bodies attending the CIEA meetings.
Its objective can be:
5 European amphibious initiative that regroups today five
countries (UK, Netherlands, France, Italy and Spain).
- A theater rather close from continental
France (up to 5000 km),
6 Pre-positioned forces: sovereignty forces (forces that are
stationed in the overseas departments and territories) plus
presence forces (French forces stationed on foreign
territories.).
Reference documents
TITLE
APPROVAL DATE
National Concept for Amphibious Operations (C.N.O.A.)
Instruction 644/DEF/EMA/EMP.1/NP (DR)
June 10, 1997
National Doctrine for Amphibious Operations (DR)
Instruction3500/DEF/EMA/EMP.1/DR
February 14, 2002
ATP8 B: Allied Tactical Publication n°8B NATO
Doctrine for amphibious operations
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.9
not yet ratified
Doctrine
L’engagement de la force de réaction embarquée
dans une opération amphibie
par le lieutenant-colonel de REVEl,
chef du bureau emploi plans à l’état-major de la 9è brigade légère blindée de marine
e situant par nature dans un
environnement interarmées,
l’engagement terrestre d’une
opération amphibie a pour but d’en
atteindre les objectifs par une action
conduite face à un adversaire et sur
une côte non aménagée. La rupture
de milieu entre la mer, sur laquelle la
force se trouve initialement, et le sol,
où elle doit mener son action, en
demeure un des éléments essentiels.
La désignation des brigades légères
blindées (6e BLB et 9e BLBMa) et de
la 4e brigade aéromobile pour ce
type d’opération manifeste la
nécessaire spécialisation de nos
unités terrestres dans un domaine où
la formation, l’entraînement, la
connaissance approfondie des
procédures interarmées et interalliées
tout autant que des doctrines est,
non seulement un gage, mais une
condition de succès.
S
Les caractéristiques particulières de
l’engagement terrestre sont à la
source de la composition d’une force
type qui demeure un compromis
toujours nécessaire entre le
souhaitable et le réalisable dont la
capacité de transport de la marine
nationale est une des principales
contraintes. Si, en fonction du type
d’opération, de l’environnement
géographique et humain, du contexte
politique et des risques estimés et
consentis les modes d’action de la
force terrestre embarquée peuvent
varier, ils demeurent étroitement liés
au traitement accordé au rivage sur
lequel les unités terrestres doivent
débarquer, ou passer.
CARACTERISTIQUES
DES OPERATIONS AMPHIBIES
Dans une opération amphibie, les opérations
terrestres possèdent des caractéristiques
particulières dues, pour l’essentiel, au milieu
physique dans lequel elles se déroulent et au
caractère interarmées dans lequel elles
s’inscrivent.
La première d’entre elles, évidente et relevant
de l’essence même de ce type d’opération, est
que la force terrestre, partant de la mer, agit
sur la terre et donc qu’elle doit avoir la
capacité à aborder et franchir le rivage qui
correspond à un obstacle naturel d’envergure.
Celle-ci peut être possédée en propre ou être
fournie par la marine qui dédie une partie
importante de ses moyens dans ce but. Ce
franchissement de la côte est en outre une
phase de vulnérabilité qui nécessite de disposer
d’unités spécialement entraînées, de renseignements précis et de moyens de combat
immédiatement utilisables.
Ce passage de la terre vers la mer induit une
rupture de milieu qui impose, non seulement
des procédés d’engagement particuliers mais
aussi une mise en œuvre de la logistique
adaptée à la nécessité de conserver un lien terre
- mer ou d’être en mesure de pallier son
éventuelle disparition pour cause de
météorologie aléatoire. De plus, on assiste à
un transfert progressif du centre de gravité de
l’opération amphibie qui glisse de la mer, et
d’une responsabilité dévolue à la marine, à la
terre où la composante principale est la force
terrestre, en passant par la zone côtière, lieu
de bascule entre les deux.
De plus, une opération amphibie ne saurait
être confondue avec un simple transport
maritime consistant à acheminer des troupes
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.10
sur un théâtre. C’est une opération qui vise à
atteindre d’emblée un ou des objectifs
particuliers (conquérir ou contrôler une zone,
un point - protéger, évacuer des ressortissants
- apporter une aide…) à partir d’une côte non
aménagée. Cette action peut être conduite face
à un ennemi avec lequel la force amphibie doit
avoir la capacité d’engager le combat tout en
possédant une supériorité sans équivoque.
Mais la détermination d’objectifs pouvant se
situer à une centaine de kilomètres et le
volume limité de la force font que les
dimensions habituelles des zones d’action des
unités terrestres ne sont plus pertinentes.
Leur mobilité, la connaissance la plus
complète possible de la zone d’action et des
liaisons multiples et à longue portée sont alors
des préalables pour leur permettre d’agir dans
une zone lacunaire dont on ne peut, au
mieux, que contrôler certains points essentiels
à la manœuvre.
La forte concentration de moyens interarmées
très divers pendant la phase de mise à terre,
mais aussi ultérieurement, impose une
coordination très stricte, en particulier en
matière de gestion de l’espace aérien, maritime
et terrestre. Ceci se traduit nécessairement par
une planification assez rigide dans laquelle,
cependant, l’application de procédures
identifiées et maîtrisées permet de conserver
l’initiative et la réactivité nécessaires.
Enfin, une opération amphibie est souvent le
prélude ou la première phase d’une opération
terrestre appelée à se développer au-delà, dans
le temps ou sur le terrain, et de laquelle la
force débarquée est généralement le premier
échelon. La fin de l’opération amphibie se
concrétise alors par une restructuration du
commandant et un transfert d’autorité entre
le commandant de la force amphibie et le
commandant de la composante terrestre.
Doctrine
The embarked reaction force’s commitment
in an amphibious operation
by lieutenant-colonel de REVEL,
chief G3 OPS 9th Light Armored Marine Brigade HQ
y its very nature the land
commitment of an amphibious
operation takes place within a
joint environment, its goal being to
reach the objectives through an
action against an enemy and on a
non-engineered coast. The change
of environment from the sea, where
the force is initially located, to the
land where it must carry out its
action, remains one essential
element.
The nomination of the light armored
brigades (6th BLB and 9th BLBMa) as
well as the one of the 4th Airmobile
Brigade for that type of operations
demonstrates the necessary
specialization of our land units in an
area where training, in-depth
knowledge of joint and multinational
procedures are not only a guarantee
but also a condition for success.
B
The land commitment’s own
characteristics constitute the roots
for building a generic force that
remains an always-necessary
compromise between what is
desirable and what is feasible, the
French Navy’s transportation
capabilities being one of the main
constraints. If, according to the type
of operations, the geographical and
human environment, the political
context and the assessed and
accepted risks, the courses of action
of the Land Component may vary,
they remain closely linked to the
treatment granted to the shore onto
which land units must disembark or
pass through.
AMPHIBIOUS OPERATIONS
CHARACTERISTICS
In an amphibious operation, land operations
have specific characteristics that are mainly
due to the physical environment into which
they take place and to the joint nature of their
framework.
The first one is obvious and inherent to the
very nature of that type of operations: the
land force starting from the sea is operating
on the ground, and thus must be able to
reach and to cross the shore which
constitutes a significant natural obstacle.
This first characteristic may be detained
either by the force itself or provided by the
Navy that dedicates a large part of its assets
to this purpose. In addition this shore
crossing constitutes a very vulnerable phase
which requires specially trained units,
accurate intelligence and combat assets
immediately usable.
This change from sea to land induces an
environment break that require, not only
specific commitment processes but also a
logistical implementation adapted to the need
to keep a land-to-sea link or to be able to
overcome its possible removal due to un
uncertain weather conditions. In addition, the
amphibious operation’s center of gravity
moves progressively from the sea, where the
Navy is in charge, to the ground where the
land force is the main component through the
coastal zone, where the transition actually
takes place.
Besides, an amphibious operation should not
be mistak e n for a me re maritime
transportation, which consists in bringing
forces into a theater of operations. It is an
operation aiming at reaching imme-
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.11
diately one or several specific
objectives (to conquer or control an area, a
spot, to protect, evacuate nationals, to bring
assistance…) from a non-engineered
coastline. This action can be conducted
against an enemy which can be engaged by
the amphibious force while keeping an
unequivocal superiority.
But the definition of objectives that can be
located within 100 kilometers ‘range as well
as the limited volume of the force entail that
the usual dimensions of land forces’ AO are
not anymore relevant. Their mobility and the
in-depth knowledge of the zone of action as
well as the one of the multiple and long-range
liaisons constitute preconditions making
possible to operate in a discontinuous
area into which only some places essential
to the maneuver, can be controlled at best.
The significant concentration of very
different joint assets during the landing
phase but also later in the course of the
operation, implies a very strict coordination, especially for the management
of the air, maritime and land environments.
This entails necessarily a very rigid planning
process into which applying identified and
mastered procedures allow to keep the
required initiative and reactivity.
And last, an amphibious operation is often
the prelude or the first phase of a land
operation that should further develop, within
time or on the ground, and from which the
disembarked force constitutes usually the
first echelon. The end of an amphibious
operation is materialized by a command and
control reorganization and by a transfer of
authority (TOA) between the amphibious
force Commander and the land component’s
one.
Doctrine
Devant être en mesure de prendre en compte les
différentes caractéristiques énumérées ci-dessus,
la force terrestre doit évidemment aussi pouvoir
être embarquée sur les bâtiments conçus pour ce
type de mission : les transports de chalands de
débarquement - TCD - et les futurs portehélicoptères d’intervention - PHI1 - dont le
nombre limité contraint le volume des unités. Le
concept national des opérations amphibies a
retenu une force amphibie articulée autour de
deux TCD type F et deux PHI et d’une force
terrestre de 1400 hommes : la force de réaction
embarquée - FRE.
COMPOSITION DE LA FORCE TERRESTRE
Si cette force embarquée peut prendre
différentes formes adaptées à chaque opération,
l’exercice Catamaran 01 a été l’occasion de
mettre en œuvre une unité qui peut être
considérée comme la FRE 1400 de base et pour
laquelle les principes essentiels de commandement et de soutien ont été validés.
L’étude des fonctions opérationnelles à réaliser
pour répondre aux caractéristiques d’une
opération amphibie, qui doit évidemment être
refaite au cas par cas, permet cependant de
dégager quelques idées pérennes qui sont le
fondement de la composition de la FRE.
Dans le domaine mêlée, la force doit avoir la
capacité d’acquérir ou de conserver une
supériorité sur l’adversaire en s’articulant
autour des principes de protection, de mobilité
et de puissance de feu. Ceux-ci lui sont fournis
par l’infanterie blindée et les unités de cavalerie
légère dont la proportion est fonction de la
mission.
La première contribution attendue de la
fonction appui, est l’aéromobilité, élément
majeur de toute opération amphibie, propre à
accélérer la manœuvre et à surmonter les
contraintes d’une zone lacunaire. Toujours
nécessaire, le génie trouve son point
d’application majeur dans l’aide qu’il apporte au
franchissement du rivage - jonction des milieux
maritime et terrestre - pour lequel il doit être
équipé et entraîné. Si, compte tenu des capacités
mer-sol et air-sol de la force amphibie, l’appui feu
sol-sol peut parfois faire l’objet d’un choix effectué
à son détriment, il est cependant nécessaire d’en
conserver une capacité minimale afin de pallier les
limitations (distances, relief, météo) des deux
autres formes de fourniture des feux.
nécessitent pour la FRE de disposer d’éléments
engagés dans la profondeur de la zone qui, par
la précision des informations sur l’ennemi, le
terrain ou l’environnement, permettent de
compenser la limitation de ses moyens.
Enfin, si, autant que faire se peut, le soutien
logistique s’appuie sur les bateaux, il doit
pouvoir remplir sa fonction en dépit du risque
de rupture, toujours possible, du lien entre
ceux-ci et le rivage. La FRE doit donc disposer
de moyens déployés au sol et qui, malgré leur
caractère parfois redondant avec les capacités
embarquées, lui permettrait d’attendre que les
conditions locales autorisent à nouveau des
liaisons interrompues avec la flotte.
Afin d’être en mesure d’assurer les tâches de
commandement, de coordination et d’environnement nécessaires au bon déroulement de la
mission des unités sur le terrain, la présence
d’un chef interarmes et d’un état-major terre,
distincts de ceux qui conduisent l’action
directement au contact, est une condition
indispensable à la bonne réalisation de
l’opération. C’est le rôle du commandant de la
FRE - CLF2 - et de son état-major. Armé par un
personnel rompu à ce type de mission et aux
procédures interarmées, celui-ci contribue à la
planification de l’opération amphibie
conjointement avec l’état-major de la force
amphibie - EM/CATF3. Le CLF élabore la
mission de la force embarquée en fonction du
plan approuvé par le COMANFOR et doit
assurer nombre de tâches spécifiques :
- Concevoir et conduire la manœuvre de la FRE
et en déterminer les objectifs ;
- Evaluer la nature des soutiens nécessaires et
traiter les affaires propres à la FRE avec sa
chaîne de commandement organique ;
- Assurer la cohérence opérationnelle de la
force embarquée ;
- Prendre le commandement tactique des
unités dès leur désignation et assurer la
responsabilité de leur embarquement ;
- Fournir une expertise terre au CATF et
l’informer de la situation avec un accent
particulier sur les évolutions qui peuvent
nécessiter des changements du plan de
l’opération ou des moyens supplémentaires.
Il doit, en outre, avoir la capacité de planifier,
au minimum d’anticiper, la phase postérieure au
transfert d’autorité qui, bien souvent,
comprendra l’arrivée d’un deuxième échelon et
la poursuite d’opérations au sol.
Pour répondre à l’ensemble des impératifs
énumérés ci-dessus, la composition d’une force
de réaction embarquée à 1400 personnes - la
FRE 1400 - a été élaborée. Fruit de choix
successifs, elle est un compromis qui peut servir
de base à la réflexion suscitée par toute
planification d’une opération et qui est appelé à
évoluer en fonction de l’arrivée de nouveaux
matériels ou l’apparition de nouveaux besoins.
Elle est articulée autour d’un groupement
tactique interarmes - GTIA - qui regroupe
l’essentiel des moyens de combat et d’appui au
sol, d’un groupement aéromobile - GAM pour l’appui des unités et le combat près du sol
et d’un groupement de soutien logistique GSL - remplissant les fonctions d’une base
logistique et normalement déployé sur la zone
de mise à terre.
Un état-major permet au CLF de commander
cette force. De niveau 3, il doit être renforcé afin
de prendre en compte des fonctions qui
n’appartiennent plus aux brigades, en
particulier en logistique. Il doit posséder, en
outre une expertise approfondie dans les
domaines de l’amphibie et de la gestion 3D. Des
éléments d’appui complètent la FRE en lui
fournissant des unités hautement spécialisées en
renseignement – DIO4 et DIN5 - ou acquisition
des objectifs - EOP6 - indissociables d’une
opération amphibie. Ils comportent aussi des
unités conservées en action d’ensemble au profit
de la force : défense sol-air
et circulation.
1 NDLR : Désormais dénommés
Bâtiments deprojection et de
Commandement (BPC).
2 CLF : commander of landing force.
3 CATF : commander of amphibious
task force.
4 DIO : détachement d’intervention
opérationnelle.
5 DIN : détachement d’intervention
nautique.
6 EOP : équipes d’observation dans
la profondeur.
La recherche et l’exploitation du
renseignement, menées au niveau interarmées,
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.12
Doctrine
Having to be ready to take into account the
above listed various characteristics, the land
force must obviously be also able to embark on
the ships specially designed for that type of
mission: Landing Platform Disembarking LPD - and the future Landing Platform Helicopters - LPH1 - which limited number is
constraining the units’ volume.The amphibious
operations national concept has chosen an
amphibious force model: the embarked
reaction force - (FRE) organized around two
type-F LPDs, plus two LPHs and a 1400 men
land force.
THE LAND FORCE ORGANIZATION
If this embarked force can be tailored
according to each operation, the exercise
CATAMARAN 01 has been an opportunity to
implement a unit that can be considered as the
standard FRE 1400 and for which the
essential command and support principles have
been validated.
The study of the operational functions to be
performed in order to meet the characteristics
of an amphibious operation, which must
obviously be repeated on a case by case basis,
permits however to draw some durable notions
that constitute the cornerstone for organizing
the FRE.
Regarding the combat function, the force
must be able to acquire or to keep one
superiority over the enemy by being organized
around the protection, mobility and firepower
principles. These functions are provided by
armored infantry and light cavalry units, which
proportion is depending on the mission.
Intel collection and exploitation conducted at
joint level, implies that the FRE should have at
its disposal specific units, committed in the
depth of its area, able to compensate for the
limitations of its assets with the accuracy of
the provided Intel about enemy, terrain and
environment.
And last, if, as much as possible, the
logistical support is based on ships, it must
be able to fulfill its mission in spite of the
always possible risk of breaking the ship-toshore link. FRE must thus have at its disposal
some deployed assets on the ground,
sometimes duplicating the embarked ones,
which would enable it to wait for the local
conditions to improve enough to re-establish
the interrupted liaisons with the Fleet. In order
to be able to ensure the command, coordination and environment asks necessary to
the smooth course of the land units’ mission
in the field, the presence of a joint Commander
and of a Land Component Headquarters,
distinct from the ones conducting the close
engagement, is an essential condition to the
success of the operation. This is the role of the
FRE - CLF2 Commander and of his HQ.
Manned by staff members experienced in this
type of mission and in joint procedures, it
contributes to the amphibious operation
planning, jointly with the amphibious force’s
HQ - (EM/CATF 3 ) - the Land Force
Commander (CLF) elaborates the
embarked force’s mission according to the
COMANFOR/CATF approved oplan and must
perform several specific tasks:
- Conceive and conduct the FRE’s
maneuver and define its objectives;
- Evaluate the nature of the required support
The main contribution expected from the
combat support function is airmobility, a
major element of any amphibious operation,
able to speed up the maneuver and to overcome
the constraints linked to a discontinuous area.
Always needed, the engineers find their main
star point in the assistance they provide during
the shore-crossing phase - at the junction of
the maritime and land environments - for
which they must be equipped and trained. If,
taking into account the amphibious force seato-ground and air-to-ground capabilities, the
surface to surface fire support may sometimes
be excluded as an option, however it is
necessary to keep a minimum capacity of it in
order to overcome the limitations linked to the
two others types of fire support (distances,
terrain, weather conditions).
and manage the internal issues of the FRE
with his organic chain of command;
- Ensure the operational coherence of the
embarked force;
- Take over the tactical command of the
units as soon as they have been designated
and assume their embarking responsibility;
- Provide the CATF with a Land expertise
and keep it aware of the situation with
special emphasis on the developments that
might require changes to the operational
plan or additional assets.
I n addition, it must be able to plan, at least to
anticipate, the phase that will follow the
transfer of authority which often will include
the arrival of a second echelon and the
continuation of land operations.
To meet all the above listed requirements, the
organization of an embarked reaction
force -1400 people strong (FRE 1400)
- has been developed. As a result of successive
choices, it constitutes a compromise that may
be used as a basis for a further reflection
reflection aroused by about any operation
planning and likely that might have to evolve
according to the arrival of new equipment or to
the emergence of new requirements.
It is organised around a Combined Arms
Tactical Task Force - GTIA - that
regroups the bulk of the land combat and land
combat support assets; of an airmobile group GAM - to support combat units and close-toland ground combat; and of a logistical service
support unit - GSL - that performs the
functions of a logistical base and which is
usually deployed on the landing zone.
A Headquarters enables the CLF to
command and control the force. Since this is a
level 3-HQ, it must be reinforced in order to
better take into account the functions that do
not belong anymore to the brigades, especially
the logistical ones. It must additionally have an
in-depth expertise in the amphibious and
airspace management areas. Additional
combat support elements to the FRE
provide it with highly specialized
Intel target acquisition units - DIO4,
DIN5, EOP6 - an integral part to any
amphibious operation. They also
keep some units dedicated to the
force general support such as: airdefense and road traffic control.
1 Now named «Bâtiment de projection et de
commandement» (Deployment and Command
Ship).
2 CLF : commander of landing force.
3 CATF: commander of amphibious task force.
4 DIO: détachement d’intervention opérationnelle.
5 DIN: détachement d’intervention nautique.
6 EOP: équipes d’observation dans la profondeur.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.13
Doctrine
MODES D’ACTION DE LA FRE
Le choix du mode d’action est lié, pour
l’essentiel, à la structure de la force et aux
moyens dont elle dispose. Il dépend aussi, pour
une bonne part, de l’environnement géographique et humain, du contexte politique et
des risques estimés et consentis. Compte tenu de
l’importance que revêt le mode opératoire
retenu pour passer de la mer à la terre, c’est la
nécessité ou la volonté de s’affranchir ou non du
contrôle d’un point d’accès sur le théâtre situé
sur le rivage, étendu à une zone contiguë qui
permette d’y déployer des moyens, qui caractérise les modes d’actions principaux de la FRE.
BATEAU/RIVAGE/OBJECTIF
Ce mode d’action vise à atteindre les objectifs
de l’opération par une manœuvre terrestre
s’appuyant sur une zone de mise à terre et un
lien mer/rivage, en particulier dans le
domaine du soutien logistique. Il nécessite de
pouvoir disposer de plages accessibles à la
batellerie et qui soient reliées par au moins un
axe à l’objectif de l’opération.
Il permet d’engager une force blindée
significative et autonome, confère une grande
liberté d’action au CLF et lui assure une
action dans la durée. En revanche, il est
initialement tributaire de la conquête d’une
zone de mise à terre ce qui réclame 24 à 48
heures de délais avant la reprise de l’action et
limite les possibilités de surprise.
Phase 1 : Débarquement de la FRE au cours de
laquelle la responsabilité de la zone de mise à
terre passe du commandant des forces avancées
au commandant de la FRE qui prend sous son
contrôle tactique toutes les unités qui y sont
présentes.
Phase 2 : Consolidation et extension de la zone
de mise à terre qui vise à affermir le dispositif
terrestre et à préparer la phase de conquête de
l’objectif. Elle est propice à la bascule du PC de
la FRE du bâtiment de commandement vers la
terre, sans que celle-ci soit pour autant
systématique.
Phase 3 : Exploitation et conquête des objectifs
qui peut s’étendre sur environ une semaine dans
un contexte de basse intensité compte tenu de la
capacité de la force amphibie de soutenir la FRE
pendant dix jours.
Phase 4 : Clôture de l’opération, soit par
transfert d’autorité, soit par rembarquement,
qui marque la fin des opérations terrestres de
l’opération amphibie.
BATEAUX/OBJECTIFS
Il s’agit d’atteindre les objectifs de l’opération
par une manœuvre directe ne s’appuyant pas
sur le contrôle d’une zone de mise à terre et
sur un lien permanent mer/rivage, en
particulier dans le domaine du soutien
logistique. Ce mode d’action est fondé sur
l’engagement de forces de débarquement se
déplaçant directement des bâtiments vers
l’objectif qu’il soit sur la côte ou à l’intérieur
des terres.
Il permet de s’affranchir des contraintes de
marée et des obstacles, naturels ou non, qui
s’opposent à la mise à terre par batellerie. De
même, il facilite le contournement des défenses
ennemies. Il s’appuie sur la vitesse et l’effet de
surprise. Ce type d’action est nécessairement
limité dans le temps. Il met l’accent sur le
renseignement orienté d’emblée sur l’objectif et
sur les menaces sol-air présentes dans la zone. Il
privilégie l’emploi de la troisième dimension
pour la mise en place et les appuis (hélicoptères
et avions) mais peut aussi comporter une
infiltration par voie terrestre. Cette dernière
possibilité recouvre soit un assaut amphibie
(sous réserve de l’équipement des forces avec des
engins spécifiques), soit la mise à terre
d’opportunité par batellerie.
De ce fait, le volume et la puissance de la force
mise à terre sont plus réduits, car limités par les
capacités d’emport et d’appui du GAM,
éventuellement renforcé d’une unité sur engins
amphibies.
L’élimination, ou au minimum une très forte
attrition, des forces terrestres adverses
susceptibles de s’opposer à la FRE sur la zone
de mise à terre doit être réalisée avant l’arrivée
de la batellerie. Dans le domaine terrestre,
les missiles, les blindés (chars ou VCI) ou les
mitrailleuses lourdes qui menacent
directement la plage ou les zones de poser
doivent être impérativement neutralisés. La
réduction de cette menace est obtenue par une
combinaison de l’action des forces avancées
(FA), des appuis feux de l’ensemble de la force
amphibie et des actions aéromobiles
s’appuyant sur les capacités de destruction et
de manœuvre du GAM et du GTIA.
La manœuvre terrestre comporte quatre
phases qui poursuivent des objectifs
tactiques clairement différenciés mais peuvent
néanmoins se chevaucher si les circonstances et
le niveau de risque accepté le permettent :
BATEAUX/RIVAGE/OBJECTIF
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.14
Doctrine
FRE’s COURSES of ACTION
The choice of a COA is mainly linked to the
force structure and to the means put at its
disposal. It also largely depends on the
geographic and human environment, on the
political context and on the assessed and
accepted risks. Considering the importance
given to the selected COA to move from sea to
land, it is the requirement or the will to control
or not a theater access spot located on the shore
(extended on a contiguous area allowing the
deployment of assets), that characterizes the
FRE’s main COAs.
SHIP TO SHORE
This COA aims at r e a c h i n g t h e
operation’s objectives by the means of
a land maneuver based on a landing
zone and a sea-to-shore link
especially in the logistical service
support area. It requires beaches accessible
to landing craft and linked to the objective by,
at least, one line of communication.
It allows the commitment of a significant and
self-sufficient armored force, provides the CLF
with a large freedom of action and ensures a
lasting action. On the other hand it is initially
dependant on the conquest of a beaching zone
that requires 24 to 48 hours before being able
to resume the action and thus limits the
possibilities for surprise.
Phase 1: FRE’s beaching during which the
landing zone’s responsibility is handed over
from the advance party commander to the
FRE’s one who takes under TACON all the
units being present in this area.
Phase 2: consolidating and expanding the
beaching area, that aims at strengthening
the land disposition of forces and reparing
the objective’s seizure phase. This phase is
suitable for the shift of the FRE’s Command
Post from the admiral ship to the shore, but
without being systematic.
Phase 3: exploitation and seizure of the
objectives, it can last about a week within a
low intensity context, considering the
amphibious force’s capability to support the
FRE during ten days.
Phase 4: ending of the operations, either with
a transfer of authority or by re-embarking,
this phase constitutes the end of the land
operations within the amphibious one.
SHIP TO OBJECTIVE
The goal is to reach the operation
objectives by the means of a direct
maneuver that is not based on the
control of a beaching zone and on a
permanent sea-to-shore link, especially
in the logistical support area. This course of
action is based on the commitment of landing
forces moving directly from the ships to the
objective (wether on the shore or inland).
It enables the force to free itself from the
constraints linked to the tide and from the
obstacles (natural or not ) that may hinder the
landing craft operations. It also facilitates the
bypassing of enemy’s defenses. It is based on
speed and surprise. This type of action is
necessarily limited in time. It emphasizes
Intelligence rightfully oriented towards the
objective and the air-defense threat present in
the area. It favors the employment of third
dimension assets for deployment and combat
support (helicopters and airplanes), but it may
also include a land infiltration. This last
possibility includes either an amphibious
assault (subject forces being equipped with
specific assets), or a hasty beaching using
landing craft.
As a consequence, the volume and combat
power of the landed force are less as limited by
the transportation and combat support
capabilities of the GAM, possibly reinforced
by an amphibious craft unit.
The destruction or, at least, a very large
attrition of the enemy’s land forces that could
oppose the FRE on the beaching area must be
conducted prior to the craft landing. In the land
area, missiles, armored (tanks or IFV) or
heavy machine guns that threaten directly the
beach or the dropping zones must be
absolutely neutralized. The reduction of that
threat can be achieved by a combination of
the advanced forces’ action (FA), of the
entire amphibious force fire support and of
airmobile actions based on the GAM, and
GTIA destruction and maneuver capabilities.
The land maneuver includes four phases that
have well differentiated tactical objectives, they
may however overlap depending upon the
circumstances and the accepted risk level.
SHIPS/SHORE/OBJECTIVE
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.15
Doctrine
BATEAUX/OBJECTIF
La manœuvre terrestre comporte trois phases :
Phase 1 : saisie de l’objectif au cours de laquelle
l’unité engagée doit être mise à terre puis le
conquérir. La faiblesse ou l’absence d’appuis
internes au GTIA implique de pouvoir
bénéficier d’appuis air-sol pouvant agir en tous
temps et dans la durée. L’engagement du GAM
nécessite de neutraliser la menace sol-air ou, au
minimum, de la connaître avec précision afin de
la contourner.
à l’unité engagée de s’appuyer sur
une zone de mise à terre pour être soit
renforcée, soit soutenue. Il est fondé
sur l’engagement initial de forces de
débarquement se déplaçant directement des bâtiments vers l’objectif
pour des motifs d’opportunité ou
d’urgence.
La manœuvre terrestre comporte cinq phases
dont les caractéristiques sont similaires à celles
des deux modes d’action précédents :
Il présente l’avantage d’engager sans
délai une force réduite sur un objectif
particulier tout en préparant soit son
renforcement, soit une action sur un
autre objectif. Il est propice à la
protection immédiate de ressortissants,
au renforcement d’urgence d’une unité
isolée ou à une opération comportant
plusieurs objectifs.
- Renforcement de l’unité engagée en phase 1 ou
conquête d’autres objectifs.
Il implique, en revanche, soit un déroulement
séquentiel des actions soit un fractionnement
des moyens compte tenu du volume limité de
ceux-ci. Il est, en outre, celui dont la
coordination est la plus complexe.
BATEAUX/OBJECTIF
et BATEAUX/RIVAGE
Phase 2 : contrôle de l’objectif et soutien de la
force terrestre, dont la durée est fonction des
buts de l’opération amphibie. Cependant, elle
ne peut dépasser deux ou trois jours, car
l’absence de base de soutien terrestre nécessite
de maintenir un flux logistique au moyen du
GAM. Si un transfert d’autorité et la poursuite
des opérations sont prévus à l’issue, cette phase
est mise à profit pour déployer les moyens de
commandement du CLF et renforcer éventuellement le dispositif à partir des bâtiments.
Dans l’attente de l’arrivée d’un deuxième
échelon, ce renforcement est directement lié à la
capacité de soutien du GAM.
Phase 3 : clôture de l’opération par transfert
d’autorité et accueil d’un deuxième échelon, ou
par retrait et rembarquement de la FRE.
BATEAUX/OBJECTIFS ET
BATEAUX/RIVAGE
Ce mode d’action vise à s’emparer sans délai
des objectifs de l’opération par une manœuvre
directe et permettre, dans un deuxième temps,
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.16
- Saisie et contrôle de l’objectif.
- Mise à terre de la FRE.
- Consolidation et extension de la zone de mise
à terre.
- Clôture de l’opération par transfert d’autorité ou par rembarquement.
CONCLUSION
Une opération amphibie est, par nature,
interarmées et nécessite que toutes les
composantes qui y participent s’intègrent dans
un ensemble aussi harmonieux et homogène que
possible. Composante terrestre, la force de
réaction embarquée réunit en un volume
ramassé la plupart des fonctions nécessaires au
combat terrestre. Engagée dans une action
amphibie à durée limitée dans laquelle
elle met en œuvre des modes
d’action spécifiques, elle
doit être en mesure
de poursuivre au-delà
de cette phase
particulière et de
constituer le
noyau d’un
dispositif
terrestre ou de
s’intégrer dans
un ensemble plus
vaste. Aussi, en
dépit d’une
adaptation
propre à chaque
o p ératio n, les
principes
d’action
essentiels et
la structure
générale
de commandement doivent
demeurer car ils
apparaissent comme
actuellement les plus
adaptés à la réalisation
d’une telle opération ■
Doctrine
objectives by the means of a
direct maneuver and, in a
second phase, at providing
the committed unit with the
support of a landing zone
enabling it to be either
reinforced or supported. It is
based on the initial commitment of
landing forces moving directly from
the ships toward the objective on the
grounds of opportunity or emergency.
The land maneuver includes five phases, the
characteristics of which being similar to the
ones of the two previous courses:
- Seizure and control of the objective;
- FRE’s landing;
- Landing zone consolidation and expansion;
- Reinforcement of the committed unit during
phase 1 or conquest of other objectives;
SHIP TO OBJECTIVE
The land maneuver includes three phases:
Phase 1: seizure of the objective during which
the committed unit must landing and then
conquer. The weakness or the lack of internal
combat support assets within the GTIA implies
to be provided with air-to-ground support able
to operate in all weather and long-lasting
conditions. The GAM’s commitment requires
the neutralization of the air defense threat or,
at least, to know it accurately in order to bypass it.
Its main advantage is to commit
without any delay a reduced force
toward a specific objective while
preparing either its reinforcement or
an action toward another objective. It
is well suited to an immediate
protection of nationals, to the
emergency reinforcement of an
isolated unit or to an operation
including several objectives.
On the other hand, it implies either a
sequential development of the actions or the
splitting up of the assets according to their
limited number. In addition, this COA is the
one for which co-ordination is the most
complex.
SHIP TO OBJECTIVE &
SHIP TO SHORE
Phase 2: control of the objective and logistical
support of the land force, which duration
depends upon the amphibious operation’s
goals. However, it cannot last longer than two to
three days, as the lack of a land logistical
support base requires to maintain the logistical
flow by the means of the GAM. If a TOA and
the operations’ continuation are planned at the
end, this phase is used to deploy the CLF
command assets and to reinforce the disposition from the ships. While waiting for a
second echelon, this reinforcement is directly
linked to the GAM supporting capability.
Phase 3: end of the operation by transfer of
authority and arrival of a second echelon, or by
withdrawal and FRE’s re-embarking.
SHIP TO OBJECTIVE AND
SHIP TO SHORE
This course of action aims at seizing as
quickly as possible the operation’s
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.17
- Ending the operation with a transfer of
authority or by re-embarking.
CONCLUSION
An amphibious operation is, by nature, a joint
one. It requires that all participating
components get integrated into an ensemble as
harmonious and homogeneous as possible. As
a land component, the embarked reaction force
(FRE) gathers, in a compact volume, most of
the functions essential to land combat
operations. Committed in an amphibious
action of a limited duration into which it
must implement specific courses of
action, it must be able to go
beyond this particular phase
and to become the core of
a land disposition of
forces or to integrate
into a larger organization. So, in
spite of an adaptation fitting
each operation,
the essential
principles of
action and the
g e n e r a l
command
structure
must be kept
as they
appear to be
currently the
most appropriate
to the achievement
of such an operation ■
Doctrine
Le 519e Régiment du Train :
une réponse adaptée au soutien des opérations amphibies
par la DEP/EAT
Des débarquements de Provence et de
Normandie menés de vive force à la fin de
la seconde guerre mondiale au " beachage
médiatique " des soldats américains en
Somalie, les opérations amphibies ont
connu des succès divers. Néanmoins, le
caractère maritime marqué de notre
planète, les différentes formes possibles
des engagements militaires et des menaces
ainsi que l’incontournable capacité à
" entrer en premier " sur un théâtre font
que la projection d’un groupement
interarmes embarqué (GIE) demeure un
savoir-faire indispensable qui doit être
maîtrisé par une armée moderne d’actionprojection. Ce savoir-faire est donc
naturellement entretenu par les armées
françaises notamment au cours d’exercices
annuels CATAMARAN qui permettent de
mettre en œuvre les moyens de la marine
nationale et des unités spécifiques : la 6e
brigade légère blindée et la 9e brigade
légère d’infanterie de marine.
Une opération amphibie est menée par un
groupement tactique interarmes (terrestre
et aéromobile) disposant de moyens
comptés agissant dans un espace–temps
limité, dans un environnement complexe et
doté de fortes contraintes de réversibilité.
Ce type d’opération requiert un soutien
logistique adapté et doit bénéficier d’un
soutien terrestre particulier incluant le
soutien de la force navale déployée.
Le 519e régiment du train, régiment
spécifique et unique dans l’Armée de terre
apporte ses moyens de transbordement
maritime, ses capacités amphibies et sa
maîtrise du transfert intermodal terre-mer.
Il apporte à la fois un appui à la projection
et un soutien aux ravitaillements voie
maritime se prolongeant par le soutien aux
ravitaillements voie terrestre du
groupement tactique interarmes. En effet
compte tenu de son articulation et des
moyens organiques, le 519e RT permet le
soutien de la phase de mise à terre, de
rembarquement des forces et leur soutien
dans l’action engagée.
rait d’union incontournable entre la
mer et la terre, le 519e régiment du
train appuie la projection de la force
terrestre.
T
Engagée en 1 er échelon, l’unité de
transbordement maritime peut participer
aux opérations de mise à terre et de
rembarquement du groupement tactique
interarmes (GTIA). Une fois l’aire de
débarquement sécurisée, ses moyens de
batellerie, LARC XV (light amphibious
resupply cargo) et CTM (chaland de
transport de matériel) qui disposent d’une
importante capacité de transport, peuvent
être employés pour acheminer les personnels
et les matériels de la force terrestre des
navires vers la plage.
Débarquement de troupes d’un CTM
(charge utile : 90 tonnes, 200 soldats équipés
D’autres moyens comme les bulls dérouleurs
participent à l’aménagement du terrain par
la mise en place de tapis de sol qui
permettront aux matériels débarqués de ne
pas s’enliser sur la plage. Enfin, des moyens
de circulation routière donnés en
renforcement peuvent appuyer les opérations
de débarquement et de rembarquement en
filtrant et cadençant les mouvements de
personnels et de véhicules.
Une fois à terre, la force doit pouvoir
toujours bénéficier des recomplétements de
sa dotation initiale. Quelles que soient les
formes de ces ravitaillements, là encore le
519e RT sera un acteur incontournable.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.18
Débarquement de matériel d’un LARC XV
(charge utile : 13,5 tonnes, 50 soldats équipés)
Le soutien logistique des forces sera assuré
prioritairement à partir des navires de la
Marine nationale, où sont entreposées les
ressources, et qui disposent d’infrastr uctures techniques et médicales
adaptées.
Ainsi, les véhicules logistiques de la force
terrestre seront-ils acheminés par moyens
amphibies jusqu’aux navires afin d’y être
recomplétés, pour y être dépannés et encore
pour y amener les personnels (blessés,
ressortissants ou réfugiés).
Si le soutien depuis la mer est un impératif
dans une logique de flux tirés il faut
néanmoins se prémunir contre le risque de la
rupture du lien mer-terre qui provoquerait
une discontinuité de la chaîne de soutien.
C’est pourquoi il est impératif d’établir un
stock de précaution à terre dès le début de
l’opération amphibie et une fois la zone de
débarquement sécurisée.
Le transfert des ressources des navires sur la
terre est alors réalisé avec les moyens de
transport du régiment de transbordement
maritime et notamment par ses véhicules
porte-conteneurs maritimes (VPCM).
Enfin, si la situation tactique le permet, un
échelon logistique terrestre adapté pourra
être déployé aux abords du point d’entrée.
organsé en une base de transbordement
maritime (BTM) et destiné à soutenir les
actions en complément de l’échelon avant
(TC2 et TC1), il devra être capable si cela
s’avère nécessaire de déployer un échelon de
soutien avancé (EAS).
Doctrine
The 519th Transportation battalion:
an appropriate answer to amphibious operations support
by the Studies and Policy Division of the French Transportation Branch School
Since the hasty landings in Provence and
Normandy at the end of WW2 to the
“ media beaching ” of American soldiers
in Somalia, amphibious operations have
been more or less successfull. However,
the strong maritime feature of our planet,
the various possible forms of military
engagements and threats as well as the
imperative capability to be the “ first to
enter ” a theater, make that the projection
of an embarked task force remains an
essential know-how which must be
mastered by a modern Army using
action-projection. Therefore, this knowhow is naturally maintained by the
French armed forces especially during the
yearly CATAMARAN exercises which
allow to implement the assets of the
French Navy and of specific units: the 6th
light armored brigade and the 9th light
marine infantry brigade.
An amphibious operation is carried out
by a combined-arms task force (land and
airmobile) provided with limited assets
and acting within a limited time-space
framework, in a complex environment
with strong reversibility constraints. This
type of operation requires an adapted
logistic support and must benefit from a
specific land support including the
deployed naval force’s one.
The 519th transportation battalion, which
is a unique and specific unit in the
French Army is providing its off shore
discharge assets, its amphibious
capabilities and its mastering of intermodal ship to shore transfer. It provides
both a projection combat support and a
combat service support in maritime
supply extended to land supplying
support of the task force. In fact,
considering its organization and its
organic assets, the 519th transportation
battalion permits to support the landing
phase, the re-embarking of forces and
their combat action when committed.
I
nescapable link between sea and land, the
519th transportation battalion supports
the projection of the land force.
Engaged in 1st echelon, the maritime
transshipment unit can take part to the
landing and re-embarking operations of the
combined-arms task force. Once the landing
area being secured, its sea craft assets, LARC
XVs (light amphibious resupply cargo) and
LCUs (landing craft utility, which have an
important payload capability, may be used to
transport the personnel and equipment of the
Land Force from the ships to the beach.
Other assets such as unwinding dozers
contribute to the improvement of the terrain
through the laying of a ground track which
will avoid landed equipment from getting stuck
on the beach. Last, reinforcing road traffic
control elements can directly support the
landing and re-embarking operations by
filtering and pacing the movements of
personnel and vehicles.
Once beached, the force must continue to
benefit from resupply of its initial allocation.
Whatever the forms this supply may take, here
again the 519th will be an essential player.
The logistic support of the forces will be in
priority carried out from ships of the French
VPCM landing from a LARC XV
Navy, aboard which the resources are stored,
and which have the appropriate technical and
medical infrastructures.
Therefore, the logistic vehicles of the land
force will be transported thanks to amphibious
assets to the ships in order to be resupplied, to
be repaired or also to bring there personnel
(wounded, NEO or refugees).
If the support from the sea is a requirement in
a logic of just in time flow, we must
nevertheless protect ourselves against the risk
of cutting the sea-land link which would
create a discontinuity in the chain of support.
This is why it is essential to set up a
precaution stock on land since the beginning
of the amphibious operation once the
landing area has been
secured.
LCU entering an LPD
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.19
The transfer of
resources from ships
to land is then
performed with the
transshipment assets
of the transportation
battalion and notably
by its container
maritime transport
vehicles (VPCM).
Doctrine
Constituée à partir des
moyens d’un groupement de
soutien logistique (GSL),
dimensionné en fonction de
la nature et de la mission de
la force et composé de
formations spécialisées dans
les différents domaines
l og i s t i q u e s , l a B T M ,
commandée par une équipe
du 519e RT, regroupe les
zones fonctionnelles maintenance, santé et
ravitaillements-transport
(ZRT). En plus du
commandement de cette
base de soutien spécifique
déployée, le régiment de transbordement
maritime (bien que ne disposant pas en
org anisation des mêmes cellules
fonctionnelles qu’un régiment du train,
régiment de soutien) est en mesure d’assurer
pour une période limitée la régulation et la
gestion des flux physiques de ressources
(volume adapté au soutien du GTIA) ainsi
que leur distribution et leur livraison. Cela
représente autant de tâches indispensables
qui concourent à une optimisation du
soutien au combat des forces terrestres et à
son autonomie logistique.
Acteur incontournable du transfert
intermodal terre-mer, le 519e RT remplit sa
mission par le chargement des navires à quai
ou en rade dans le cadre de l’appui projection
et du soutien aux ravitaillements voie
maritime, par le soutien des opérations
amphibies et de la phase de combat du
groupement tactique interarmes. Doté des
moyens de commandement spécifiques
nécessaires à armer deux bases de transbordement maritimes et un groupement de
soutien logistique au profit d’une opération
amphibie ainsi que la batellerie correspondante, il garantit la continuité des
liaisons entre la terre et la mer. Capable
d’assurer la régulation des flux, la gestion
physique et la livraison des ressources, il
participe par la maîtrise des flux à la liberté
d’action du chef interarmes et interarmées.
La longue histoire des opérations amphibies
de la conquête de Troie à nos jours est loin
d’être terminée. Ce type d’opérations reste
d’actualité dans la mesure où 75% de la
planète est constitué de voies maritimes et
fluviales, que 60% de la population
mondiale vit à moins de cinquante
kilomètres des côtes. La dotation des armées
en capacité amphibie est donc une priorité
reconnue. La France qui possède la
panoplie des moyens maritimes et
terrestres, en particulier logistiques avec le
519e RT, qui entretient son expertise au
niveau multinational dans le cadre
d’EUROMARFOR avec l’Espagne et l’Italie,
peut légitimement être un pilier du concept
amphibie européen. Il conviendra afin de ne
pas obérer l’avenir d’engager suffisamment
tôt les études de rénovation ou de
remplacement des moyens amphibies
actuellement en service dans l’Armée de
terre ■
Actions du 519e RT au cours des différentes phases de l’opération terrestre
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.20
Doctrine
Set up from assets provided
by a Logistic Support Group
(GSL), tailored according to
the nature and the mission of
the Force and composed of
specialized formations in the
various logistic fields, the
Maritime Transshipment
Base (MTB), commanded
by a team of the 519th,
gathers the maintenance,
medical and transportation/
supply functional areas. In
addition to the command and
control of this specific
support deployed Base, the
maritime transshipment
battalion (although it is not
organized with the same functional cells as a
transportation battalion, or a logistic support
battalion) is able to carry out during a limited
time the management and the regulation of
the resources’ physical flows (which volume is
adapted to the support of the task force) as
well as their distribution and delivery. All
these tasks represent essential ones, which
contribute to optimize the combat service
support and the logistical operating range of
the land forces.
As an imperative player of the inter-modal
land to sea transfer, the 519th Transportation
Battalion fulfills its mission by loading ships
alongside the wharfs or in harbor within the
framework of projection combat support and
of maritime resupply service support, and by
supporting the Combined Arms Task Force
during amphibious operations and during the
combat operations’ phase. Provided with
specific command and control assets
n e c e s s a r y t o s e t u p t wo M a r i t i m e
Transshipment Areas and a Logistic Support
Group for the benefit of an amphibious
operation as well as the corresponding sea
craft assets, it the 519th Bon guarantees the
continuity of the links between land and sea.
Capable of ensuring the control of flows, the
physical handling and the delivery of
resources, it contributes through the
mastering of flows to the freedom of action of
the combined arms and joint Commander.
The long history of amphibious operations
from the conquest of Troy to nowadays is far
from being over. This type of operations
remains topical insofar as 75% of the earth is
made of sea and river routes, and as 60% of
the world population lives less than 50
kilometers far from the coasts. The equipment
of Armed Forces with amphibious capabilities
is a recognized priority. France, which has the
full range of sea and land assets, and
especially logistic ones with the 519 th
Transportation Battalion, which maintains its
expertise at multinational level within the
framework of EUROMARFOR together with
Spain and Italy, can legitimately be a pillar of
the European amphibious concept. In order
not to jeopardize the future, it will be
necessary to start well in advance the upgrade
or replacement studies of to the amphibious
assets presently fielded in the Army ■
Actions of the 519th Transportation Battalion during the various phases of the land operations.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.21
Doctrine
L’initiative amphibie européenne (IAE)
par le lieutenant-colonel GHIRINGHELLI,
ALFAN
epuis le printemps 2000, sous l’impulsion
des Britanniques, les cinq pays européens,
Royaume-Uni, Pays-Bas, Espagne, Italie et
France ayant une réelle capacité dans le
domaine de l’amphibie se sont réunis afin de
promouvoir l’initiative amphibie européenne.
D
Cette initiative s’est traduite le 5 décembre
2000 par la signature d’une déclaration
d’intention par les ministres de la Défense des
cinq pays concernés. Ce document fixe le cadre
légal et politique des actions de l’IAE.
Les travaux de l’IAE sont organisés en trois niveaux.
Chaque nation désigne des représentants pour constituer un
groupe de pilotage (Steering Group-SG) constitué d’officiers
généraux (one star OTAN) qui se réunit au moins une fois par an
et qui rend compte aux autorités nationales. En outre chaque
nation désigne des représentants pour assister à la conférence
annuelle des commandants de force amphibie (FCC). Le travail
préparatoire de ces deux réunions est mené par un groupe de
travail (Working Group-WG) qui se réunit au moins deux fois par
an.
Après seulement deux ans de d’existence, les travaux conduits à
ce jour, notamment sur l’harmonisation des procédures
opérationnelles, permettent à l’IAE d’afficher la capacité à
planifier et conduire une opération amphibie du niveau de la
brigade multinationale (4 à 6 LPD et 2000 hommes).
IAE ne vise pas à créer une force amphibie européenne
unique et totalement intégrée mais son but est
d’améliorer la capacité globale amphibie
européenne, au sein de l’OTAN ou sous mandat de
l’UE, par la mise en place d’une meilleure coopération entre les
forces amphibies nationales et par l’amélioration progressive de
l’interopérabilité. Les Parties conservent leur liberté de
conduire des opérations nationales et maintiennent les liens
bilatéraux et multinationaux existants. L’IAE s’est en outre
ménagée la possibilité de s’ouvrir à d’autres nations qui
disposeraient, à terme, de capacités amphibies équivalentes.
Les objectifs que s’est fixée l’IAE sont progressifs et font l’objet
à chaque nouvelle étape d’un agrément de l’ensemble des nations
membres. Ces objectifs sont :
Les forces amphibies concernées par l’initiative sont au nombre
de trois, il s’agit de :
- à long terme (au-delà de 10 ans), la validation d’une structure
multinationale de commandement et de contrôle (CATF/CLF)
engerbant plusieurs brigades.
L’
- à court terme (0 à 5 ans), l’harmonisation des procédures
opérationnelles et la constitution d’une structure générique de
commandement du niveau de la brigade ;
- à moyen terme (5 à 10 ans), la validation d’une structure
multinationale de planification et de commandement
(CATF/CLF) du niveau brigade ;
- la force amphibie anglo-hollandaise (UKNLAF), soit 2 LPD
(landing platform dock) et 1 LPH (landing platform helicopter)
et 1 brigade de " Royal Marines ",
- la force amphibie italo-espagnole (SIAF), soit 5 LPD et 3
bataillons d’Infanterie de Marine avec leurs soutiens,
- la force amphibie française (FRAF), soit 4 LPD et 2 brigades
légères blindées à vocation amphibie et les hélicoptères de la
brigade aéromobile.
En quelques mois, l’initiative européenne amphibie démontre
clairement les bénéfices que l’on peut retirer d’une coopération
multinationale. Cette coopération se traduit par des
entraînements des forces en commun plus fréquents et une
amélioration progressive de l’interopérabilité et doit conduire à
l’établissement de pratiques opérationnelles et tactiques
communes ■
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.22
Doctrine
European amphibious initiative (EAI)
by lieutenant-colonel GHIRINGHELLI,
ALFAN (French Naval Task Force)
rom Spring 2000, at the instigation of Britain,
five European countries, the United Kingdom,
the Netherlands, Spain, Italy, and France, that get
a real ability in the amphibious field, have met to
promote the European Amphibious Initiative.
There are three working levels in the EAI.
Each nation appoints representatives to make up a steering group
(SG) with one star general officers that meet at least once a year
and report to national authorities. In addition each nation appoints
representatives to attend the yearly conference of the amphibious
forces commanders (Force Commanders Conference - FCC). The
preparatory work for those two meetings is carried out by a working
group (WG) that meets at least twice a year.
This initiative has resulted by December 5, 2000
in the signing of a statement of intent by the
defense ministers of the five involved countries.
This official paper sets a legal and political
framework to the actions of the EAI.
Only two years after its creation the current achievements
concerning the harmonization of operational procedures in
particular, show the EAI able to plan and conduct an amphibious
operation at a multinational brigade level (4 to 6 LPD plus 2,000
men).
F
he EAI is not intended to set up a single and fully
integrated European amphibious force. But its purpose
is to improve the overall European amphibious
capability, within NATO or under a European
mandate, by establishing a better cooperation among national
amphibious forces, and through a progressive improvement of
interoperability. The involved members are free to initiate national
operations; they keep their existing bilateral and multilateral links
unchanged. Moreover the EAI has given itself the ability to open to
other nations that could eventually get equivalent amphibious
capabilities.
T
Three amphibious forces are concerned by this initiative, they are:
- the British/Dutch amphibious force (UKNLAF), that is 2 LPD
(Landing Platform Dock) and 1 LPH (Landing Platform
Helicopter) and 1 "Royal Marines" brigade,
- the Spanish/Italian amphibious force (SIAF), that is 5 LPD and
3 Marine Infantry battalions including their combat service and
combat service support components,
The objectives set to itself by the EAI are progressive ones and they
are submitted at every stage to a collective agreement of the member
nations.Those objectives are:
- in the short term (0 to 5 years), harmonizing operational
procedures and setting up a generic command structure at brigade
level;
- in the medium term (5 to 10 years), validating a multinational
planning and command structure (CATF 1/ CLF 2) at brigade
level;
- in the long term (beyond 10 years), validating a multinational
command and control structure (CATF/CLF) regrouping several
brigades.
Within a few months, the European amphibious initiative has
clearly demonstrated the benefits which can be drawn from a
multinational cooperation. This cooperation results in more
frequent common training of forces, in a progressive improvement
of interoperability, and should lead to establishing common
operational and tactical practices ■
- the French amphibious force (FRAF), that is 4 LPD and 2 light
armored brigades designed for amphibious operations, plus the
helicopters from the airmobile brigade.
1 Commander Amphibious Task Force.
2 Commander Landing Force.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.23
Doctrine
Contrairement à ce qui se passe chez la plupart
des pays européens, qui disposent d’un corps de
" Marines ", l’organisation française fait que
notre capacité amphibie n’est pas une affaire
concernant simplement la marine.
Au sein des nations européennes disposant de
capacités amphibies, la particularité française
est de mettre en œuvre une composante
amphibie clairement interarmées. L’Armée de
terre, la marine, et dans une moindre mesure
l’armée de l’air, sont des partenaires à part
entière des activités amphibies françaises et
ceci à tous les stades, qu’il s’agisse de
doctrine, de planification ou de conduite.
C’est un message parfois difficile à faire passer
chez certains de nos partenaires pour lesquels
l’amphibie répond essentiellement à une logique
de marins.
Plus que des capacités de la marine française à
conduire des opérations amphibies dans un
cadre multinational, il s’agit donc bien
d’évoquer les capacités de nos forces armées
dans ce domaine.
Capacité des forces armées françaises à conduire
des opérations amphibies dans un cadre multinational
par le capitaine de vaisseau DELPLANQUE,
TCD (transport de chalands de débarquement) SIROCO
EVOLUTION
DOCTRINALE
es capacités
amphibies
françaises
o n t c o n s i d é ra blement évolué au
cours des dix
dernières années.
Cette évolution se
poursuit, tant en
terme d’équipements que pour ce
qui concerne la
doctrine, car ce
domaine d’action fait parti des priorités de notre défense.
A la fin de la guerre froide, la France disposait de la capacité
technique de mettre à terre des troupes et du matériel sur un
site reconnu, n’offrant aucune opposition. Il s’agissait en fait
d’un transport opérationnel, dans contraintes tactiques, vers
une zone de débarquement non préparée et non d’une
opération amphibie à proprement parler.
Le changement de nature et de niveau des menaces a mis en
lumière l’intérêt de pouvoir disposer de réelles capacités de
projection de forces de la mer vers la terre, pour le règlement
des conflits et des crises. La France a pris en compte cet
objectif et le décline en deux types majeurs d’opérations
amphibies, liées au niveau de la menace perçu :
L
- Le premier a pour objectif d’établir à terre le premier échelon
d’une force ultérieure plus importante ; à cet effet ont été
développés les concepts de force de réaction immédiate
(élément harpon de 1000 à 1500 hommes) et de force de
réaction rapide (portant l’effectif engagé à celui d’une
brigade).
- L’autre confie à une force amphibie autonome l’ensemble de
l’opération ; il vise plutôt le " spectre basse intensité " des
opérations de type Petersberg.
- la constitution et/ou l’identification des forces impliquées
dans les activités amphibies (construction de nouveaux
bâtiments, désignation des états-majors et unités de l’Armée
de terre dédiés aux activités amphibies (4e BAM, 6e BLB et 9e
BLBMa…) ;
- l’élaboration d’une doctrine amphibie dérivée du CNOA, dont
la version finale, baptisée " instruction 3500 " a été
approuvée par l’EMA en début d’année ;
- la réalisation d’exercices purement nationaux pour valider
l’adéquation des moyens et le bien-fondé du concept ;
- l’effort important destiné à améliorer l’interopérabilité de nos
moyens SIC d’état-major ;
- la mise sur pied de réelles capacités de commandement du
niveau CATF/CLF, notamment grâce à la création d’un noyau
clé d’état-major interarmées de CATF d’une dizaine de
personnes au sein de la division conduite des forces de l’étatmajor de la force d’action navale.
De ce processus résulte une nouvelle approche interarmées
des opérations amphibies fondée sur la recherche de
meilleures synergies entre les différentes composantes de la
force amphibie. Ces synergies se caractérisent par un rôle
primordial de la force navale dans le soutien des opérations à
terre, qu’il s’agisse du renseignement, de l’appui feu, de la
coordination dans la troisième dimension et surtout du soutien
logistique.
Cette première étape de l’évolution de notre capacité amphibie
s’est achevée avec la prise en compte du retour d’expérience
l’exercice national " CATAMARAN 01 " qui a permis de finaliser
notre doctrine nationale. Il nous reste maintenant à valider
ces savoir-faire dans un cadre multinational.
L’OUVERTURE MULTINATIONALE
Cette évolution de notre approche de l’amphibie s’est mise en
place progressivement suivant plusieurs étapes parmi
lesquelles il faut souligner :
- la réorganisation de la commission interarmées des études
amphibies (CIEA), maintenant co-présidée par le CDES et
ALFAN et clairement mandatée par le CEMA pour piloter cet
important dossier ;
- la définition, en 1997, d’un concept national des opérations
amphibie (CNOA) s’inspirant fortement des publications de
l’OTAN ;
Au cours de cette phase d’élaboration de notre doctrine
nationale, nous nous sommes montrés vigilants afin de ne pas
introduire dans nos réflexions puis nos procédures de dérives
trop importantes par rapport à la doctrine de l’OTAN, qui doit
rester la référence. Le document français de doctrine amphibie
peut donc être considéré comme une instruction d’application
au niveau national des publications de l’OTAN (ATP8, ATP 36,
ATP 37, ATP 38 et ATP 39). Il se justifie notamment pour
préciser certains éléments de la doctrine OTAN et surtout pour
bien prendre en compte certaines capacités spécifiques de nos
forces.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.24
Doctrine
Contrary to what happens in most of European
countries that have a “ Marines Corps ” at their
disposal, the French organization implies that our
amphibious capabilities is not a Navy-only
business.
Amongst the European nations having amphibious
capabilities, the French distinctiveness is to
implement an obviously joint amphibious
component. The Army, Navy and, to a lesser
extent Air Force are actual constituents of the
French amphibious activities, at any stage:
doctrine, planning or conduct.
This is a message which is sometimes difficult to
pass onto our partners for whom amphibious
operations by essence falls under the Navy.
More than simply studying the French Navy’s
capabilities to conduct amphibious operations, it
is thus a question of evoking our entire armed
forces’ capabilities within that field.
French armed forces capabilities to conduct amphibious
operations within a multinational framework
by captain DELPLANQUE,
LPD (landing platform disembarking) SIROCO
D O CT R I N E
DEVELOPMENT
- The drawing up of an amphibious doctrine drawn out of the
CNAO, the final version of which, named “ instruction 3500 ”,
was approved, early this year, at the JCS level;
T
- The conduct of purely national exercises to validate the
adequacy of the means and the legitimacy of the concept;
he French
am p h i bi ous
capabilities
have significantly
changed within the
last ten years. These
changes are still
going on, as far as
equipment are
concerned as well as
in the doctrine area
because the amphibious domain is one of our Defense priorities.
By the end of the Cold War, France had at its disposal the
technical capabilities necessary to conduct unopposed
disembarking operations of forces and equipment on a previously
reconnoitered area. As a matter of fact, it was more an
operational transportation toward an unprepared beaching area,
than an actual amphibious operation. The change in nature
and level of the potential threats brought up a requirement for
acquiring actual capabilities of projecting, from sea to land,
forces to settle conflicts and crises. France took into account this
objective and split it up into two sub-objectives depending on the
level of the perceived threat.
- First: the disembarking of the first echelon of a more important
follow-on-force: to that intent, an immediate reaction force1
concept and a rapid reaction2 one have been developed.
- The important effort intended to improve the interoperability of
HQ’s CIS;
- The fielding of actual command capabilities at the CATF/CLF
level, especially as a result of the creation of a joint CATF key
nucleus, that includes about ten people, within the “forces
conduct” division of the naval forces Headquarters.
A new joint approach to the amphibious operations based on the
research of better synergies between the various components of
the amphibious force has resulted from that process. These
synergies are characterized by the role of prime importance given
to the naval force in the support of the land operations, be it for
intelligence, fire support, coordination with air operation, and,
above all, logistical support.
This first step of our amphibious capabilities’ evolution ended
with the taking into account of the lessons learned during the
national exercise “ CATAMARAN 01 ” that enabled us to finalize
our national doctrine. We still have to validate these know-how
within an international framework.
- Second: an autonomous amphibious force is entrusted with the
entire operation; it aims at dealing with the “ low intensity
domain ” of the Petersberg-type operations.
THE INTERNATIONAL OPENING
This evolution of our approach to the amphibious concept
followed several steps among which:
- The reorganization of the Joint Commission for Amphibious
Studies (CIEA) currently co-chaired by the Army Doctrine and
Higher Military Education Command (CDES) and The Naval
Force Command (ALFAN). This commission received from the
CJSC the mission to lead this important project;
During the development phase of our national doctrine, we paid
attention, in our studies and many procedures, to avoid too
important shifts from the NATO doctrine that must remain the
reference. The French document dealing with amphibious
doctrine can then be considered as the implementation, at
national level, of the NATO publications (ATP8, ATP 36, ATP
37, ATP 38 et ATP 39). It is especially justified to specify some
elements of the NATO doctrine and, above all, to take correctly
into account some of our forces’ specific characteristics.
- In 1997, the definition of a National Concept for Amphibious
Operations (CNOA) largely inspired from NATO publications;
- The construction and/or identification of the forces involved in
amphibious activities (construction of new ships, selection of
the Army’s HQ and units earmarked for amphibious operations
(4th BAM, 6th BLB and 9th BLBMa3);
1 Harpoon element with 1000 to 1500 troops.
2 Brigade size.
3 4th Airmobile Brigade, 6th Light Armored Brigade and 9th Marine Light Armored
Brigade.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.25
Doctrine
A ce stade, les principales spécificités françaises sont :
- de limiter le volume des forces projetées à un groupement
interarmées embarqué d’environ 1400 hommes (GIE 1400) ;
- de ne pas complètement figer la composition de la force
terrestre qui doit rester flexible de façon à répondre au mieux
aux spécificités de ses missions. On peut toutefois considérer qu’un GIE 1400 type s’articule normalement autour
d’une compagnie de commandement, de 3 compagnies
d’infanterie motorisé, et d’un escadron de blindés légers,
renforcés par une section de mortiers lourds, un élément du
génie et un élément d’artillerie sol air (SATCP) auxquels il
faut ajouter une vingtaine d’hélicoptères pour assurer sa
mobilité, son soutien et une partie de ses appuis ;
- d’utiliser nos 4 TCD, accompagnés des bâtiments (PR, BAP…)
nécessaires au soutien de la force terrestre (munitions,
vivres, carburant, soutien santé…) ;
- de mettre en œuvre une forte composante de forces avancées
à base d’unités de guerre des mines (2/3 CMT, un GPD et un
DING ) et de commandos marine (200) opérant en principe
à partir d’un BATRAL et de frégates de type FLF ;
- de limiter l’élongation maximale dans l’AOA (amphibious
objective area) à une centaine de kilomètres ;
- de disposer, dans la zone de mise à terre, d’un rapport de
force de 4 contre 1 en faveur de la force projetée, au moment
du débarquement de la première vague ;
- de réaliser le débarquement du GIE 1400 en moins de 12
heures par une utilisation conjointe de la batellerie et des
hélicoptères ;
- d’être apte à assurer le soutien du GIE 1400 à partir de la
force amphibie pendant une période de 10 jours.
La phase suivante, qui vient d’être engagée, vise maintenant à
développer notre capacité amphibie dans un cadre
multinational, européen ou/et OTAN. En effet, La dynamique
européenne, en pleine évolution en matière de défense, se
préoccupe très sérieusement des capacités de projection de
forces disponibles dans le cadre d'un engagement autonome.
Cela se traduit, notamment, par le développement de
l’initiative amphibie européenne qui repose sur les trois piliers
principaux que sont la force amphibie UKNL, la Spanish italian
amphibious force (SIAF) et la composante amphibie française.
En comptabilisant l'ensemble de ces moyens amphibies, la
capacité de projection de forces européennes pourrait atteindre
le volume de trois petites brigades.
Le développement de cette capacité amphibie européenne doit
accroître l’aptitude des états européens à agir dans les
domaines ou l’OTAN n’est pas impliquée mais aussi contribuer
à améliorer l’efficacité de l’alliance. Il est d’ailleurs envisagé
que les forces amphibies européennes, agissant conjointement
dans le cadre de l’initiative, soient disponibles pour
entreprendre des actions dans le cadre des missions de
Petersberg de l’UEO ou des opérations, article 5 et non-article
5, du traité de l’Atlantique Nord.
La France souhaite très fortement s’impliquer dans cette
nouvelle dynamique européenne, sans bien sûr remettre en
cause le lien transatlantique car, que se soit au titre national
ou au titre d’une force amphibie européenne nous pouvons
être amenés à participer à une opération amphibie conduite
dans le cadre de l’OTAN dont la documentation constitue une
référence commune.
Dans ces conditions la composante amphibie française
participe très activement, notamment au travers de la CIEA,
aux réflexions et aux travaux des différentes structures de
l’OTAN dédiées à l’amphibie comme par exemple l’Amphibious
Operation Working Group, le groupe de travail sur la refonte de
l’ATP 8, ou les conférences ALLIGATOR de la CAFMED (Concept
amphibious force in Mediterranean) qui sous l’égide de
COMSTRIKFORSOUTH permettent de bien se situer sur le flanc
Sud de l’Alliance.
Notre participation à ces structures de l’OTAN n’intervenait
jusqu’à présent qu’à un titre strictement national même si pour
certains points particuliers une coordination ponctuelle avec
nos principaux partenaires européens pouvait être recherchée.
Dans un très proche avenir, elle peut s'envisager dans le cadre
résolument européen de l’EAI (European Amphibious Initiative).
D’un point de vue pratique, la planification de nos activités
amphibies prend clairement en compte cette ferme volonté
d’ouverture vers les activités multinationales. Après la
validation sur un plan strictement national du CNOA et de la
doctrine associée, d’importants engagements ont été pris pour
participer à un bon niveau à des activités amphibies majeures
en coopération avec nos partenaires européens ou/et dans le
cadre de l’alliance.
Pour accroître notre implication au coté des autres forces
amphibies, notamment européennes, et améliorer notre
capacité à conduire des opérations amphibies dans un cadre
multinational, nous avons mis en place une démarche
progressive comprenant plusieurs étapes.
La participation du noyau clé d’état-major ATF et d’un renfort
d’état-major de LF au titre d’augmentées au sein de l’étatmajor du CATF/CLF italien lors de l’exercice " TRIDENT D’OR
01 " aura été la première étape de ce nouveau processus. Elle a
permis de développer notre capacité à travailler ensemble.
Nous avons ensuite décidé de participer avec un important
renfort d’état-major CATF/CLF à l’exercice " DESTINED GLORY
01 " de façon à acquérir une bonne expérience pratique au sein
d’une structure OTAN.
Enfin, nous allons jouer un rôle majeur au sein du dispositif
européen amphibie qui participera à l’exercice " DESTINED
GLORY 02 " en prenant à notre compte les responsabilités de
CATG/CLG. C’est l’aboutissement logique de notre implication
croissante dans les activités amphibies multinationales.
Cette montée en puissance progressive de notre capacité
amphibie à conduire des activités dans un cadre multinational
se veut pragmatique. Elle traduit bien la volonté française de
s’impliquer davantage dans un contexte multinational
européen, tant pour des tâches propres aux intérêts directs de
l’Union européenne que dans un contexte plus large au sein de
l’alliance ■
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.26
Doctrine
At that stage, the French’s main characteristics can be listed as
follows:
- The size of the projected forces is limited to an embarked joint
task group comprising about 1,400 people (GIE 1400);
- The land component structure is not completely fixed since it
must remain flexible enough in order to respond as well as
possible to all its missions’ specificities. However, it can be
deemed that a GIE 1400 generally includes one HHQ company,
3 infantry companies and one light armored company
reinforced with one heavy mortars platoon, an engineer element
and a short range air defense element (SHORAD) to which must
be added about twenty helicopters to ensure mobility, its combat
support and a part of its combat service support;
- The use of our four LSD accompanied by ships (AOR, AR…)
necessary to support the land component (ammunitions, food,
FOD, medical…);
- The use of a strong advanced forces component based on naval
mine warfare units (2/3 mine hunters, one EOD Team, and a
DINGHY) and navy special force (200) usually operating from
either a LSM or a frigate FFH type;
- The limitation of the maximum distance within the AOA
(Amphibious Objective Area) to about one hundred kilometers;
- The force ratio in the landing area that must reach 4 to 1 in
favor of the projected force when the first landing wave
disembarks;
- The landing of the GIE 1400 must be conducted in less than
12 hours through a joint use of ships and helicopters;
- The amphibious force must be able to support the GIE 1400 for
a ten days period.
The follow-on phase that has just started aims at developing our
amphibious capabilities within a multinational framework,
European and/or NATO. As a matter of fact, the European
dynamics which is undergoing rapid change, as far as defense is
concerned, thinks very much about the available forces projection
capabilities within the framework of an autonomous commitment.
It is demonstrated in particular by the development of the
European Amphibious Initiative that relies on three main pillars:
the UKNL amphibious force, the Spanish Italian Amphibious
Force (SIAF) and the French amphibious component.
When tallying all these amphibious assets, the European force
projection capability could reach a volume of three small
brigades.
The development of this European amphibious capability has to
increase the ability of European states capacity to operate within
domains where NATO is not involved as well as to contribute to
the Alliance overall efficiency. It is also envisioned that the
European amphibious forces, operating jointly within the
initiative framework, could be made available to undertake
actions within the framework of the WEO’s Petersberg missions
or North Atlantic Treaty’s Article 5 and non-Article 5 operations.
France strongly wishes to get involved into this new European
dynamics, of course without questioning the Transatlantic link,
because, be it nationally or dedicated to a European amphibious
force, we could be led to participate into an amphibious operation
conducted within the NATO framework whose documentation
constitutes a common reference.
In these conditions, the French amphibious component
participates very actively, notably through the CIEA, in the
studies and works of the various NATO structures dedicated to
amphibious operations such as the Amphibious Operations
Working Group, the ATP8 revision working group or the CAFMED 4
ALLIGATOR conferences which, under COMSTRIKFORSOUTH
authority enables a better positioning on the Alliance southern
flank.
Until now, our participation in these NATO structures, took only
place within a purely national framework, even if for some very
specific issues, a coordination could be sought with our main
European partners. In a very near future, it could be envisioned
within the definitely European framework of the EAI (European
Amphibious Initiative).
From a practical point of view, the planning of our amphibious
activities clearly takes into account our will of overture towards
multinational activities. Following the purely national validation
of the CNAO and its associated doctrine, important commitments
were made to participate in major amphibious activities at the
right level in cooperation with our European partners or/and
within the Alliance framework.
To develop our involvement by the side of the other amphibious
forces, especially European ones, and to improve our capability
to conduct amphibious operations within a multinational
framework, we set up a progressive process that includes several
steps.
The ATF HQ key nucleus, reinforced by HQ elements,
participation as augmentees in the Italian CATF/CLF HQ during
the TRIDENT exercise has been the first step of this new process.
It enabled us to develop our capability to work together. We then
decided to participate with an important CATF/CLF HQ
reinforcement in the exercise DESTINED GLORY 01 in order to
gain a good practical experience within a NATO structure.
And last, we will play a key role within the European amphibious
organization that will participate in the exercise DESTINED
GLORY 02, assuming the CATG/CLG responsibilities. This is the
logical conclusion of our growing involvement into the
multinational amphibious activities.
This progressive growth of our amphibious ability to conduct
activities within a multinational framework is meant to be
pragmatic. It well translates the French’s will to get more involved
into a European multinational context, to conduct tasks specific
to the European Union’s direct interests as well as in a broader
context, within the Alliance ■
4 Concept amphibious force in Mediterranean.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.27
Etranger
La doctrine du Corps américain des Marines
Expeditionary Maneuver Warfare
par le lieutenant-colonel MARTIN,
ancien officier de liaison français auprès du Corps des Marines
xpeditionary Maneuver Warfare (EMW) est le texte
doctrinal le plus récent publié par l’USMC1. Ce
document s’inscrit dans le prolongement de Marine
Corps Strategy 21. Ces deux documents consacrent la
volonté du corps de ne plus être perçu seulement
comme une force amphibie mais aussi comme une
force de projection totale. Pour le General JONES,
commandant l’USMC, " EMW est la synthèse des
compétences, de la philosophie de manœuvre, de
l’héritage de projection, des concepts de déploiement et
d'emploi des forces du corps. Il souligne la capacité
unique que le Corps donne au commandant interarmées
et les synergies qu’il permet avec l’action complémentaire
des autres armées et directions. Toutes ses capacités sont
traduites en puissance de projection pour améliorer la
sécurité globale, conforter les amis et alliés tout en
dissuadant et éventuellement détruisant les adversaires
potentiels. Les principes d’EMW serviront de guide dans
le processus d’innovation et d’adaptation du corps pour
lui permettre de rester la première force disponible de la
nation ". Les derniers événements semblent dans une
certaine mesure avoir validé une partie des concepts
doctrinaux du Corps même si des éléments
importants comme l’appui feu et la logistique à
partir de la mer restent encore à développer.
E
Les données de base
EMW est la clé de voûte des concepts de l’USMC pour le
début du 21e siècle. EMW se concentre sur les capacités du
corps, leur évolution et les concepts innovants qui doivent
permettre de mettre à la disposition du commandant
interarmées des forces optimisées pour le prépositionnement, le déploiement avancé, la réponse aux crises,
la lutte contre le terrorisme et l’engagement majeur.
EMW repose sur le principe selon lequel les forces du corps
sont des catalyseurs de forces interarmées et multinationales. Elles sont caractérisées par la capacité de projection et de manœuvre, le positionnement à la mer, la
souplesse et l’autonomie.
L’USMC dispose des capacités et des moyens pour fournir
l'élément de commandement d’une force interarmées et
multinationale, et/ou servir de commandement de
composante. Dans ce contexte, le rôle du corps pourrait
être de fournir l’élément de base pour les systèmes de
commandement sur lesquels les forces interarmées et
multinationales viendraient se connecter. Il possède aussi
des capacités pour saisir des bases d’opérations avancées,
détruire les défenses ennemies pour permettre l’engagement d’éléments de manœuvre opérationnels et exploiter
ou ouvrir de nouveaux fronts etc.
1 United States Marine Corps
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.28
Foreign Studies
The (US) Marine Corps’ doctrine
Expeditionary Maneuver Warfare
by lieutenant-colonel MARTIN,
former French liaison officer to the (US) Marine Corps
he “ Expeditionary Maneuver Warfare (EMW)
is the most recent doctrine document
published by the USMC1. It can be considered as
a continuation of “ Marine Corps Strategy 21 ”. Both
of these documents highlight the Corps’ will to be
considered not only as an amphibious force but
also as a full projection one. For General Jones,
the USMC Commandant “ EMW constitutes the
synthesis of the competencies, the maneuver
philosophy, the projection heritage, the deployment
and employment concepts of the USMC forces. It
emphasizes the unique capability provided by the
Corps to the joint Commander as well as the synergies
made possible together with the complementary action
of other services and departments. All its capabilities
are expressed into power projection in order to improve
the overall security, to comfort friends and Allies while
deterring and even destroying potential opponents.
EMW principles will be used as a guideline during the
Corps innovation and adaptation process in order to
enable it to remain the Nation’s first available force ”.
T
T he recent events seem to have somehow validated
part of the Corps doctrinal concepts even if important
components such as sea-based fire support and
logistics still remain to be developed.
Basic data
EMW is the cornerstone of the USMC’s concepts for the
early 21st century. EMW focuses on the Corps capabilities,
their evolution and the innovating concepts that must
permit to provide the joint commander with optimized
forces for pre-positioning, forward deployment, crisis
response, anti-terrorism struggle and last for a major
commitment.
EMW relies on the principle according which, Corps’
forces are considered to be force multipliers for joint and
combined Forces. They are characterized by projection and
maneuver capabilities, positioning at sea, flexibility and
self-sufficiency.
USMC has at its disposal capabilities and assets to
provide a command and control element for a joint and
multinational force, and/or to be used as a component
command. Within this context, the Corps’ role could be to
provide the basic element for command and control
systems to which joint and multinational forces would
connect. It also has capabilities intended to seize forward
operational bases, to break enemy’s defenses, allowing
thus the engagement of the operational maneuver element
and to exploit or open new fronts, etc.
1 United States Marine Corps
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.29
Etranger
Le déploiement et le prépositionnement des forces de
l’USMC dans le monde lui donnent la capacité de passer
très rapidement du stade de précrise au stade d'emploi
opérationnel immédiat sur un théâtre lointain. Cela est
rendu possible grâce à la disponibilité et aux structures de
ses forces MAGTF2 qui sont organisées pour des fonctions
et des missions diverses. L’USMC est capable de projeter et
de soutenir une force opérationnelle dans toute la
profondeur du champ de bataille. De même au plan
tactique, les MAGTF sont capables de conduire des
missions variées avec des capacités multidimensionnelles
et de changer de posture dans des délais très brefs. Ainsi
une MAGTF peut évacuer des ressortissants dans une zone
de conflit, conduire des opérations de contre-terrorisme,
saisir une infrastructure majeure pour permettre le
déploiement des forces de deuxième échelon. Les MAGTF
sont autonomes ; elles n’ont pas besoin de soutien
logistique extérieur ni de nation hôte.
Pour l’USMC le mot projection désigne beaucoup plus que
la capacité à se déployer outre-mer. C’est un système de
valeurs. Cet ethos influence tous les aspects de
l'organisation, de l’entraînement et de l'équipement pour
s’adapter à l’espace de bataille. Les opérations de
projection sont conduites dans un environnement difficile
soit à partir de la mer, à terre ou à partir de base avancée.
Ces opérations nécessiteront la mise en place des forces
sans le concours d'une nation hôte ou d’un soutien
extérieur.
Représentation tangible des intérêts de la nation, les forces
de l’USMC en déploiement avancé ou prépositionnées
constituent des avantages dans le dispositif de projection
américain et sont déterminantes dans le concept
stratégique globale des commandants en chef régionaux.
Dans le cadre de la planification régionale des CINC3,
l’USMC se concentre sur les opérations de débarquement et
la préparation d'opérations combinées ou multinationales.
La MAGTF est une composante intégrée dans une force
navale plus importante ; elle est préparée aux opérations
dans la zone littorale en utilisant la mer comme espace de
manœuvre et comme base arrière sécurisée à partir de
laquelle le commandant interarmées peut projeter de la
puissance pour contrer les premiers développements d'une
crise potentielle. Le positionnement à la mer permet aux
forces de se mouvoir directement du bateau à l’objectif,
profondément à l’intérieur des terres ce qui représente une
avancée par rapport aux opérations amphibies traditionnelles.
Le concept de positionnement à la mer maximalise la
puissance navale de projection et améliore le déploiement
et l’emploi des forces navales de projection. Plus que la
juxtaposition de plates-formes maritimes, le positionnement à la mer veut créer un maillage et promouvoir
l’interopérabilité au sein de la force amphibie, entre le
groupe du porte-avions, l’escadre de prépositionnement
maritime, la force logistique de combat afin d’utiliser au
mieux l’espace de manœuvre fourni par la mer. Les moyens
de commandement et de soutien resteront à la mer à la
distance maximale possible et seront concentrés sur le
soutien des opérations terrestres et aériennes dans la zone
littorale.
Les MAGTF
Le corps des Marines déploie une force interarmées
modulable et dimensionnée appelée MAGTF. Celle-ci, sans
distinction de taille, dispose de quatre éléments communs
dont la taille et la composition varient en fonction de la
mission :
-
élément
élément
élément
élément
de
de
de
de
commandement ;
combat terrestre ;
combat aérien ;
soutien.
Les différentes composantes de toutes les MAGTF ont des
éléments spécialisés dans les opérations antiterroristes et
de protection des forces. Parfaitement interopérable chaque
MAGTF a les capacités à servir de PC pour une force
interarmées ou comme commandant de composante au
sein de la JTF4.
En collaboration avec la Navy, l’USMC va utiliser les
capacités des bases, des zones de stationnement et des
plates-formes navales comme bases de lancement pour
pénétrer sur le théâtre d’opération. Pendant la phase de
déploiement la MAGTF conduit une planification exploitant
les derniers renseignements, les connaissances du théâtre
préparés par les commandants en chef, parfait son
entraînement et réaliser les répétitions nécessaires. Cette
phase appelée « Reception Staging Onward Movement and
Integration Activities » permet d’accroître le rythme
opérationnel et l’intégration. Les forces prédéployées de la
Navy et de l’USMC continueront d’être l’élément majeur du
commandant interarmées pour l’ouverture de port ou
d’aéroport, l’établissement de zones de déploiement
provisoire en environnement normal ou hostile.
Les enjeux futurs
Marine Corps Strategy 21 identifie les améliorations de
capacité à apporter pour permettre l’évolution de la
MAGTF. Ces améliorations concernent le développement
des capacités interarmées et multinationales, l’agilité
stratégique, la souplesse d’emploi tactique, les appuis et le
soutien sans oublier la formation des hommes et des étatsmajors. L’effet des études devrait faire apparaître une
convergence dans la transformation et la modernisation de
la MAGTF qui révolutionnera les opérations de projection
quand les programmes en cours arriveront à maturité. La
réalisation du potentiel complet de EMW va demander un
effort de développement concentré sur l’amélioration des
moyens de commandement, de manœuvre, de renseignement, d’intégration des feux, de la logistique, de la
protection des forces et de l’information.
2 Marine Air Ground Task Force, Force de combat aéroterrestre des Marines.
3 Commandements en chef régionaux.
4 Joint Task force.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.30
Foreign Studies
The USMC’s forces deployment and pre-positioning
throughout the world provides it with the capability to
quickly shift from a pre-crisis status to an immediate
operational employment one on a remote theater. This is
made possible thanks to the availability and to the
structures of its MAGTFs2 that are organized to fulfill a
variety of missions and functions. The USMC is capable to
project and support an operational force in the entire depth
of the battlefield. Similarly at tactical level, MAGTFs are
able to conduct a variety of operations with
multidimensional capabilities and to change their posture
very quickly. So, a MAGTF can evacuate NEOs from a
conflict area, conduct anti-terrorist operations, seize a
major installation in order to prepare second echelon
forces’ deployment. MAGTFs are self-sufficient; they don’t
need neither external logistical support, nor host nation
support.
To the USMC, the word “ projection ” designates much
more than the capability to conduct overseas deployment.
It’s a system of values. This intellectual ethos influences
all aspects of organization, training and equipment in
order to adapt to the battle space. The projection
operations are conducted in harsh environments either
from sea, land or forward bases. These operations will
require the force deployment to take place without the
assistance of a host nation or any external support.
As a tangible representation of the nation’s interests,
USMC’s forces, either in forward deployment or prepositioned, constitute a “ plus ” in the US projection
organization and are essential to Regional Commanders’
overall strategic concept. Within the CINCs’ regional
planning framework, USMC focuses on landing operations
and on the preparation of joint or combined operations.
MAGTF is an integrated component of a bigger naval
force; it is prepared to operate within the coastal area,
using sea as a maneuver space and as a secured rear base
from which the joint Commander can use power projection
to counter the early developments of a potential crisis.
The positioning at sea enables the forces to move directly
from ship to objective, deep inside the land, which
constitutes a progress with regard to the traditional
amphibious operations.
The positioning at sea concept maximizes the projection
naval power and improves the projection naval forces’
deployment and employment. More than the juxtaposition
of naval platforms, the positioning at sea intends to build
a network and to promote interoperability within the
amphibious force, between the aircraft carrier group, the
maritime pre positioning fleet, the combat logistical force in
order to make the best use of the maneuver space provided
by the ocean. The command and support assets will
remain at sea within maximum possible range, and will
focus on supporting the air and land operations in the
coastal area.
MAGTFs
The USMC deploys a modular and proportioned joint force
called MAGTF, which, disregarding its size, has always at
its disposal four common elements, the size and the
composition of which depends on the mission:
• Command element
• Land combat element
• Air combat element
• Support element
All components of all MAGTFs’ comprise specialized
elements in anti terrorists and force protection
operations. Perfectly interoperable, each MAGTF has the
required capabilities to be used as a joint force CP or as a
Component Command within the JTF3. In coordination
with the Navy, the USMC will utilize bases, stationing
areas and naval platforms’ capabilities as launching sites
to enter the theater of operations. During the deployment
phase, the MAGTF conducts a planning process exploiting
the most recent pieces of Intel, the theater studies prepared
by the Commanders in chief, it improves its training and
conducts the required rehearsals. This phase called
“ Re c e p t i o n , S t a g i n g , O n w a r d M ove m e n t a n d
Integration Activities ” allows improving operational tempo
and integration. The Navy and USMC pre-deployed forces
will continue to constitute the joint commander’s key
element with regard to seaport or airport opening, or to the
establishment of temporary deployment areas in a normal
or hostile environment.
The future stakes
MCS 21 identifies the capabilities’ improvements in order
to allow the MAGTF’s evolution. These improvements
regard the development of joint and combined capabilities,
the strategic agility, the tactical employment flexibility,
support and combat support, not forgetting soldiers and
staff’s training. The studies ’result should highlight a
convergence in the MAGTF’s transformation and
modernization that will revolutionize the projection
operations when the on-going programs will be fully
operational. The EMW complete potential realization will
require a development effort focused on the improvement
of the command, maneuver, intelligence, fire
integration, logistics, force protection and information
assets.
2 Marine Air Ground Task Force.
3 Joint Task Force.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.31
Etranger
Dans le domaine de la manœuvre, l’utilisation de toutes les
dimensions terre, air, mer et particulièrement la manœuvre
à partir de la mer permet aux commandeurs d’exploiter les
faiblesses de l’ennemi au moment et au lieu de leur choix
en utilisant la mobilité inhérente aux forces navales. La
manœuvre cherche à assurer l’effet décisif pendant la
conduite des opérations d’une campagne interarmées.
C’est le moyen de concentrer les forces au point critique
pour réaliser la surprise, l’effet de choc psychologique et la
vitesse qui poussent l’adversaire dans une situation
insoutenable. La manœuvre peut réduire l’initiative de
l’ennemi en réduisant ses choix à défendre le littoral dans
la profondeur ou la longueur et par là même disperser ses
forces pour le plus grand avantage de la force interarmées
(Joint Task Force - JTF) ou en l’exposant à une exploitation
des vulnérabilités critiques. La réaction des forces ennemies
à la manœuvre de la MAGTF génère des opportunités pour
le JFC5 qui peut concentrer des capacités complémentaires
au profit des autres forces de manœuvre.
L’appui feu a une dimension plus importante que le simple
tir d’obus sur l’objectif. L’impact psychologique sur
l’adversaire d’un volume de feu conséquent et aléatoire ne
doit pas être sous-estimé. La dimension humaine des
conflits nécessite de briser la cohésion de l'ennemi en
introduisant la crainte et la terreur. Les Marines appliquant
les concepts d’EMW continueront à exploiter l’intégration
des feux et la manœuvre pour briser la cohésion de
l’adversaire.
L’USMC va continuer d’accroître la supériorité que lui
donnent les feux basés à la mer et l’appui feu aérien, tout
en développant la mobilité tactique et opérationnelle des
systèmes d’appui feu débarqués. La rationalisation des
procédures et l’amélioration des techniques d’identification
devraient permettre d’accroître le rythme de la manœuvre
et de réduire les risques de tirs fratricides. Les forces en mer
et à terre doivent avoir la possibilité de distinguer
immédiatement les forces amies des forces ennemies et de
délivrer des feux létaux et non létaux à longue distance
avec précision pour réaliser l'effet escompté. La mise à
disposition permanente d’un volume de feux important,
indépendant des conditions météorologiques est essentiel
pour les missions de l’artillerie. Les feux seront utilisés pour
soutenir la manœuvre de même que la manœuvre
exploitera les effets des feux.
Pour le soutien de ces opérations, l’USMC doit avoir accès
à un système d’infrastructure mondial. L’intégration des
capacités logistiques navales de projection avec les
systèmes d’information et de logistique interarmées devrait
fournir un avantage visible et une vision opérative
appropriée en liant efficacement l’opérationnel et le
logisticien à travers les armées et les organismes de
soutien.
Pour cela il faut explorer les moyens permettant de réduire
l’empreinte logistique à terre, grâce à l’utilisation de bases
de soutien éloignées, du soutien à partir de la mer, du
soutien en flux tendu, en réduisant les consommations, en
améliorant les conditionnements et la visibilité du système
de distribution et en développant des produits plus légers,
plus petits mais d'une létalité équivalente.
EMW demande une architecture de système de
commandement adaptable et intuitive, totalement
interopérable avec les autres armées et compatibles avec
les moyens multinationaux. Les forces de projection
devront avoir la capacité à accéder, traiter, utiliser
l’information en temps réel, de développer une
compréhension tactique et opérationnelle commune de
l’espace de bataille. Elles devront avoir des connexions avec
les moyens nationaux et de théâtre et les capacités de
disséminer l’information au sein de la force. Ces moyens
devront apporter le soutien à une planification intégrée
durant les deux phases de déploiement et d’emploi des
forces.
La protection des forces reste au centre des préoccupations.
Les études vont se poursuivre dans les domaines doctrinaux et technologiques pour améliorer les capacités du
corps. Ces améliorations seront fondées sur les moyens
technologiques et humains combinés avec la planification
et l’intégration des mesures de lutte contre le terrorisme.
◆
Expeditionary Maneuver Warfare présente la contribution
unique de l’USMC aux opérations interarmées et
multinationales futures. Comme première force de la nation
basée à la mer, en déploiement avancé, interarmes,
disponible, l’USMC est toujours prêt à soutenir l’action du
commandant interarmées. Le lien intrinsèque avec le
soutien naval donne les moyens de répondre rapidement
aux situations de crise avec un niveau de force approprié.
La MAGTF est la force optimisée du CINC qui lui permet de
préparer l’engagement des autres forces et la poursuite des
opérations. EMW lie les concepts et la vision du corps avec
les concepts interarmées émergents. Cependant cette
doctrine ne trouvera sa pleine application que lorsque les
problèmes fondamentaux des appuis, de la logistique et du
commandement à partir de la mer et au-delà de l’horizon
auront trouvé des solutions techniques ■
5 Joint Force Commander.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.32
Foreign Studies
As far as maneuver is concerned, the employment of all
dimensions land, air, sea and especially the maneuver from
the sea enables Commanders to exploit the enemy’s
weaknesses when and where they decide by using the
mobility inherent to naval forces. Maneuver intends to
achieve the decisive effect during the conduct of a joint
campaign. It is the way to concentrate the forces at the
critical point in order to achieve surprise, psychological
shock effect and speed that drive the opponents into an
unbearable situation. Maneuver may reduce the enemy’s
initiative by reducing its range of options to defend the
shore, either in the depth or in the length, thus forcing it
to scatter its forces at the JTF’s greatest benefit or exposing
it to an exploitation of its critical vulnerabilities. The
enemy forces reaction to the MAGTF’s maneuver generates
opportunities for the JFC4, who can concentrate additional
capabilities to the benefit of other maneuver forces.
Fire support is more than firing shells toward the target.
The psychological impact of a significant and random
volume of fire on the opponent should not be
underestimated. The human dimension of conflicts requires
to break the enemy’s cohesion by bringing in fear and
terror. The Marines applying the EMW concepts will
continue to exploit the integration of fires and maneuver in
order to break the enemy’s cohesion.
The USMC will continue to improve the superiority
provided by sea-based and air fire support, while
developing the landed fire support systems’ tactical and
operational mobility. Rationalizing procedures and
improving identification techniques should allow to speed
up the maneuver tempo and to reduce the risks for
fratricide fires. Forces at sea and on land must have the
capability to instantaneously identify friendly forces from
enemy’s ones and to deliver accurate long-range lethal
and non-lethal fires to achieve the expected effect. It is
essential for Artillery to provide an important volume of
fire, independent from weather conditions. Fires will be
used to support the maneuver as well as the maneuver will
exploit the fires’ effects.
In order to support these operations, the USMC must
access to a world infrastructure system. Integrating naval
logistical capabilities for projection to joint information
and logistical systems should provide a noticeable benefit
and an adapted operative vision by linking efficiently
people dealing with operations and logistics throughout
the armed forces and the combat support organizations. In
order to do so, any means that allows the reduction of the
land logistical footprint, must be explored through making
use of remote combat support bases, sea-based combat
support, lean and just-in-time combat support, as well as
by reducing the consumptions, improving the packaging
and the distribution system visibility and by developing
lighter products, smaller but with a comparable lethality.
EMW requires a flexible and intuitive command and
control architecture, fully interoperable with the other
services and compatible with multinational assets. The
projection forces will need to have the capability to get,
process and utilize the information in real-time, to develop
a common tactical and operational understanding of the
battlefield. They should have connections with the national
and theater assets as well as the capability to disseminate
information within the force. These means should support
an integrated planning process during both phases of force
deployment and force commitment.
Force protection remains a central concern. Studies will go
on in the areas of doctrine and technology in order to
improve the Corps capabilities. These improvements will
be based on technological and human means combined
with planning and integration of anti-terrorists measures.
◆
Expeditionary Maneuver Warfare presents the USMC’s
unique contribution to future joint and combined
operations. As the primary force of the Nation based at
sea, or in forward deployments, having a combined-arms
organization and a high readiness the USMC is always
ready to support the Joint Commander’s action. The
intrinsic link with Naval support provides the means to
respond rapidly to crisis situations with an appropriate
level of forces. The MAGTF constitutes the CINC’s
optimized force that enables him to prepare the other
forces’ commitment and the follow-on operations. EMW
links together the Corps’ concept and views with the
emerging joint concepts. However this doctrine will only
find its full application when the fundamental issues
related to combat support, logistics and C2 from the sea
and beyond the horizon will meet technical solutions ■
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.33
Etranger
La doctrine des Pays-Bas des opérations amphibies
par le lieutenant-colonel GRISNIGT1,
de l’Armée de terre royale des Pays-Bas
a Marine Royale des Pays-Bas
(RNLN), qui inclut aussi les "Royal
Marines" néerlandais, a la
responsabilité de la doctrine concernant
les opérations amphibies pour
l’ensemble des forces armées
néerlandaises. La doctrine amphibie
antérieurement en usage dans les forces
armées des Pays-Bas était
principalement la doctrine
britannique/OTAN car la Marine Royale
et le Corps des Royal Marines des PaysBas (RNLMC) coopéraient en
permanence avec la Marine et les Royal
Marines du Royaume-Uni [par exemple
au sein du groupement amphibie UKNL
(UKNLPHIBGRU)].
L
outefois, la Marine Royale des PaysBas a identifié le besoin d’une
doctrine nationale concernant les
opérations amphibies fondée sur ses
capacités amphibies nationales en
pleine expansion. Ceci explique
fondamentalement l’accent porté par les
forces néerlandaises aux actions de type
expéditionnaire car cette capacité
englobe tous les aspects des
"opérations expéditionnaires ". Les
forces amphibies possèdent en propre
une force militaire cohérente et
autonome pouvant être déployée sur
court préavis dans des théâtres éloignés
pour y débarquer sans soutien de la
nation hôte. Les besoins doctrinaires se
sont traduits par la rédaction de la
Directive Tactique N°2 intitulée “ LES
OPERATIONS AMPHIBIES " (RITA 2) qui
comporte la doctrine amphibie pour la
Marine Royale des Pays-Bas, donc
applicable à la fois à la flotte
néerlandaise ainsi qu’aux unités du
Corps des Royal Marines des Pays-Bas.
Bien que centrée sur les opérations sous
Commandement National, elle vient en
complément des directives de l’OTAN
avec lesquelles elle est en accord.
T
omme la Marine Royale et le Corps
des Royal Marines néerlandais
opèrent dans un environnement
amphibie à forte dominante anglaise et
afin de préserver une transparence visà-vis de partenaires non-néerlandais
(UKNL, US, Initiative Amphibie
Européenne (EAI)), RITA 2 est rédigée en
anglais.
C
Les opérations amphibies conduites par
des unités néerlandaises.
Le concept d’opérations actuel de la Marine
Royale des Pays-Bas (Operationeel Concept
KM, OCKM) décrit les missions génériques
des forces de la Marine Royale (RNLN)2 en
temps de paix, de crise et de guerre. Toutes les
opérations amphibies des unités néerlandaises peuvent être conduites dans le contexte
de ces missions, toutes les unités de la RNLN
peuvent participer à des opérations
amphibies, dans un rôle d’appui direct ou
indirect. Ces opérations peuvent être
unilatérales (englobant uniquement des
unités néerlandaises), bilatérales (par
exemple au sein de l’UKNL) ou multinationales (par exemple sous l’égide de l’OTAN
ou des Nations Unies). Les opérations
amphibies peuvent aussi être interarmées
lorsque par exemple des unités de l’Armée de
terre ou de l’Aviation des Pays-Bas y
participent. Les facteurs déterminants pour
des opérations nationales seront la taille et la
capacité de la force à projeter à partir des
moyens amphibies. Actuellement il n’existe
qu’un seul navire, le Rotterdam (RDAM), un
deuxième navire de transport amphibie
(LPD), le Johan de Witt, devant entrer en
service opérationnel en 2007.
Le cahier des charges pour le RDAM
recouvrait bien plus que les opérations
amphibies ; le navire peut aussi être affecté
aux tâches (secondaires) suivantes :
a. Agir en tant que navire réceptionnant les
évacuations sanitaires primaires (PCRS).
e.Transporter un véhicule de secours sousmarin.
f. Transporter des véhicules lourds, des
stocks et du personnel pendant un
transport maritime militaire courant.
Comparé au RDAM, le Johan de Witt aura
des capacités de transport accrues et des
possibilités en Moyens de Commandement
importants.
RITA 2 met l’accent sur la planification et
l’exécution des opérations amphibies. La
même structure de planification de base sera
utilisée pour le RDAM et les forces
embarquées entreprenant l’une des tâches
secondaires définies ci-dessus.
Le but de RITA 2 peut donc être défini
comme suit :
a. Donner des directives quant à la
planification et à la conduite
d’opérations amphibies, en mettant
l’accent sur les opérations sous direction
nationale organisées autour du RDAM et
des forces embarquées.
b. Donner à la Marine Royale et aux unités
du Corps des Royal Marines néerlandais
une compréhension commune de la
planification et de la conduite des
opérations amphibies.
c. Diffuser la connaissance générale des
opérations amphibies au sein de la Marine
Royale des Pays-Bas.
b.Agir en tant que plate-forme pour les
opérations maritimes de contreterrorisme.
c. Agir en tant que porte-hélicoptères de
guerre anti-sous-marine.
d. Agir en tant que navire de soutien pour les
unités de contre-mesures antimines.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.34
1 L’auteur a écrit cet article en s’appuyant sur la directive
tactique N°2 " Les opérations amphibies " (RITA 2, datée
du 13-12-01). Les concepts inclus dans cet article ne
reflètent pas la doctrine telle qu’approuvée par la Marine
Royale des Pays-Bas.
2 Ceci comprend le Corps des Royal Marines néerlandais sauf
s’il est stipulé autrement.
Foreign Studies
The Netherlands doctrine «amphibious operations»
by lieutenant-colonel GRISNIGT1,
Royal Netherlands Army (RNLA)
he Royal Netherlands Navy (RNLN),
which also includes the Dutch
« Royal Marines », is responsible for
amphibious operations doctrine for all
Dutch armed forces. The amphibious
doctrine previously used by the NL
armed forces was principally
British/NATO as the RNLN and Royal
Netherlands Marines corps (RNLMC)
always co-operated with the United
Kingdom (UK) Navy and UK Royal
Marines (e.g. in the UKNL Amphibious
Group (UKNLPHIBGRU)).
T
owever, the RNLN identified a
requirement for a national
amphibious doctrine based on its
growing national amphibious capability.
This is fundamental to the
expeditionary focus of the NL armed
forces since this capability embraces all
aspects of ‘expeditionary operations’.
Amphibious forces inherently have a
coherent, self-sustaining military force
which can be deployed at short notice
to distant theatres where they can come
ashore without host nation support.
The doctrinal requirement have resulted
in the development of Tactical Guideline
number 2 “AMPHIBIOUS OPERATIONS "
(RITA 2) that contains the amphibious
doctrine for the Royal Netherlands
Navy, and is therefore applicable to
both the Netherlands Fleet and Royal
Netherlands Marine Corps units.
Although focused on national (led)
operations, it complements NATO
publications, with which it is in accord.
H
ince the RNLN/RNLMC operate in an
‘English-heavy amphibious
environment’ and to maintain
transparency towards non-NL partners
(UKNL, US, European Amphibious
Initiative (EAI)), RITA 2 is written in
English.
S
Amphibious operations by NL
units.
The present Operational Concept of
t h e Roya l N e t h e r l a n d s N a v y
(Operationeel Concept KM, OCKM)
describes the generic tasks of RNLN2
forces in times of peace, crisis and
war. All amphibious operations by NL
units can be conducted within the
context of these tasks; all RNLN units
could participate in amphibious
operations, either in a direct or
indirect/support role. This can be
unilateral (NL units only), bilateral
(e.g. within UKNL) or multinational
(e.g. under NATO or UN auspices).
Amphibious operations may also be
joint when e.g. NL Army or Airforce
units participate. The main factors for
national operations will be the size
and capability of the force that can be
launched from amphibious shipping.
At present there is only HNLMS
Rotterdam (RDAM), with a second
amphibious transport dock (LPD),
HNLMS Johan de Witt, due to be
operational in 2007.
The design requirements for RDAM
were wider than just amphibious; the
ship can also be tasked in the
following (secondary) roles:
a. To act as a Primary Casualty
Receiving Ship (PCRS).
f. To carry heavy vehicles, stores and
personnel for a military
administrative sea-move.
Compared to RDAM, HNLMS Johan
de Witt will have increased transport
facilities and (provisions for)
extensive command facilities.
RITA 2 focuses on the planning and
execution of amphibious operations.
The same base planning structure will
be used for RDAM and embarking
forces undertaking one of the above
secondary roles.
The aim of RITA 2 can thus be
defined as follows:
a. To give guidance on how to plan
and conduct amphibious
operations, with the focus on
national (led) operations based
around RDAM and embarked
forces.
b.
To provide RNLN and RNLMC
units with a common
understanding of the planning
and execution of amphibious
operations.
c. To expand the general knowledge
of amphibious operations within
the RNLN.
b. To act as platform for maritime
counter terrorism operations.
c.
To act as an ASW helicoptercarrier.
d. To act as a support ship for MCM
units.
e. To carry a Submarine Recovery
Vehicle.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.35
1 The author has drafted this article from the Tactical
Guidelines number 2 « Amphibious Operations »
(RITA 2, original dated 13-12-01). Concepts
included in this article do not reflect the doctrine, as
approved by the RNLN.
2 This includes the RNLMC unless specifically
indicated.
Etranger
Les opérations amphibies, conduites
isolément ou en liaison avec d’autres
opérations militaires ont principalement
pour but de :
a. Etablir une tête de pont pour assurer le
débarquement continu de troupes et de
matériels afin de pouvoir poursuivre des
opérations de combat ultérieures.
b. Appuyer les opérations visant à interdire
l’utilisation d’une zone ou d’infrastructures à un ennemi et/ou fixer les forces
ennemies.
Bien que non spécifiquement amphibies, les
Opérations de Réponse aux Crises Non
Couvertes par l’Article 5 (NAFCRO)3, afin
de prévenir la guerre, résoudre les conflits,
promouvoir la paix et la stabilité, et soutenir
les autorités civiles pour répondre à des crises
intérieures sont très similaires à des
opérations amphibies.
La capacité unique d’une force amphibie
résulte de sa mobilité et de sa souplesse
inhérentes. Les forces amphibies offrent au
Chef Interarmées (JFC) une force qui
exploite l’élément de surprise et qui tire
profit des faiblesses ennemies en projetant et
en appliquant une puissance de combat à
l’endroit et au moment les plus appropriés.
La menace d’un débarquement amphibie peut
contraindre l’ennemi à détourner des forces,
à aménager des positions défensives, à
détourner des ressources majeures à la défense
des côtes ou à disperser ses moyens.
Les quatre types d’opérations amphibies,
i d e n t i f i é e s p a r l ’ O TA N, s o n t l e
débarquement, la manœuvre de déception, le
rembarquement et le va-et-vient. Quoiqu’il
en soit, la totalité des opérations ne tombe
pas idéalement dans l’une des catégories précitées. Les forces amphibies peuvent être
particulièrement adaptées à la conduite des
opérations NAFCRO, telles que les
Opérations d’Evacuation de Non-combattants (NEO). En l’espèce, les opérations NEO
peuvent être planifiées et conduites de
manière très similaire à un raid. L’Assistance
humanitaire et l’aide aux catastrophes
naturelles peuvent nécessiter plus de souplesse
pendant la planification et pendant leur
exécution en fonction de l’assistance et/ou de
l’aide à apporter. De plus, les opérations
NAFCRO peuvent englober des Opérations
de Soutien de la Paix (PSO) telles que la
prévention des conflits, le maintien de la
paix, le rétablissement de la paix, la
consolidation de la paix et des opérations de
police. Les opérations de transport maritime
possèdent beaucoup de ces caractéristiques et
utilisent bien des techniques empruntées aux
opérations amphibies. En conséquence, la
directive RITA 2 distingue une cinquième
catégorie, les opérations non-conventionnelles.
Les opérations d’appui sont des opérations
conduites par des forces autres que celles
assignées à la force amphibie (ATF). Généralement, elles sont commandées par un QG
supérieur à la demande du Commandant de la
force amphibie et sont normalement conduites
en dehors de la zone de responsabilité de
l’ATF. Cependant, ces opérations sont
g é n é r a l e m e n t c o o rd o n n é e s ave c l e
Commandant de la force amphibie (ATF) ;
elles comprennent par exemple des opérations
sous-marines, des opérations des forces
spéciales et des opérations aériennes. On doit
noter que les forces spéciales peuvent
conduire soit des opérations d’appui, soit
agir en Force avancée ou mener des
opérations préliminaires à l’assaut sous
contrôle opérationnel (OPCON) du
Commandant de la force amphibie (ATF). Les
opérations d’appui sont conduites pour :
a. tromper l’ennemi ;
b. isoler des zones de débarquement ;
c. aider à prendre ou à conserver la
supériorité aérienne, terrestre et navale
dans les zones de débarquement ;
d. obtenir des renseignements ;
e. mener la guerre psychologique et nonconventionnelle contre l’ennemi.
Phases des Opérations Amphibies. En
théorie, les opérations amphibies sont
divisées en une phase de planification [très
détaillée avant le départ (planification de la
force)], une phase d’embarquement, une
phase de répétition, une phase de mouvement
et les opérations préalables à l’assaut. La
séquence traditionnelle des phases est
Planification, Embarquement, Répétition,
Mouvement et Action (PERMA). Cependant,
des expériences plus récentes tendent à
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.36
utiliser le principe (EMPRA), Embarquement, Mouvement, Planification,
Répétition et Assaut. La composition et la
préparation de la force sont généralement
effectuées à partir de missions types connues,
la mission étant précisée une fois en
mouvement vers la zone d’opérations.
Le commandement et la coordination d’une
opération amphibie constituent sa caractéristique la plus complexe. Interarmées par
nature, et très souvent multinationales, les
opérations amphibies nécessitent une
planification détaillée, une coopération
étroite, des relations de commandement
spécifiques et des communications stratégiques et tactiques bien définies pour
atteindre les objectifs définis par les autorités
supérieures. L’opération est conduite par le
Commandant ayant reçu la délégation
d’autorité avec l’entière responsabilité de
l’opération. Les relations de commandement
sont stipulées dans la Directive Initiale.
L’officier supérieur de marine, dénommé
comme Commandant de l’ATF, commande
la force amphibie. Cette force comprend, au
minimum, une force navale et une force de
débarquement, avec des moyens de manœuvre
organiques de transport maritimes des
navires vers l’objectif (STOM - Ship To
Objective Maneuver). Elle peut aussi inclure
des navires civils affrétés (STUFT - Ships
Taken Up From Trade) et des forces aériennes.
La force de débarquement peut comprendre
des unités de Marines et des unités de l’Armée
de terre. L’officier le plus gradé de la force de
débarquement, normalement un Marine, est
le commandant de la force terrestre
(CLF). L’aspect interarmées et multinational de la guerre amphibie requiert une
coopération et une coordination étroites à
tous les niveaux de la chaîne de
commandement et l’intégration sans faille des
forces opérant dans la Zone d’Objectif
Amphibie (AOA) sous un commandement
unifié est absolument essentielle au succès
d’une opération.
3 Anciennement connues sous la dénomination d’Opérations
Militaires Autres que Celles de Guerre (MOOTW), telles que
les Opérations d’Evacuation de Non-combattants (NEO),
les opérations de soutien de la paix (PSO) et les Opérations
d’Interdiction Maritimes (MIO).
Foreign Studies
Amphibious operations, conducted
alone or in conjunction with other
military operations are designed
primarily to:
a. Establish a beachhead to ensure
the continuous landing of troops
and materiel in order to prosecute
further combat operations.
b. Support operations which deny the
use of an area or facilities to an
enemy and/or fix enemy forces.
Whilst not specifically amphibious,
Non-Article 5 Crisis Response
Operations (NAFCRO)3, in order to
deter war, resolve conflict, promote
peace and stability, and support civil
authorities in response to domestic
crises operations are very similar to
amphibious operations.
The unique capability of an
amphibious force comes from its
inherent mobility and flexibility. The
amphibious forces provide the Joint
Force Commander (JFC) with a force
which exploits the element of surprise
and capitalises on enemy weaknesses
by projecting and applying combat
power at the most advantageous
location and time. The threat of an
amphibious landing can induce the
enemy to divert forces, fix defensive
positions, divert major resources to
coastal defence, or disperse forces.
The four types of amphibious
operations, recognised by NATO, are
the Amphibious Assault, the
Amphibious Demonstration, the
Amphibious Withdrawal and the
Amphibious Raid. Nevertheless, not
all operations fit neatly into one of the
above categories. Amphibious forces
may be especially suited to conduct
NAFCROs, such as Non-combatant
Evacuation Operations (NEOs). The
NEO, for instance, may be planned
and conducted very similarly to a
raid. Humanitarian Assistance (HA)
and disaster relief may require more
flexibility during planning and
execution based on the assistance
and/or relief to be performed.
Additional, NAFCROs may include
Peace Support Operations (PSO) like
conflict prevention, peacekeeping,
peace enforcement, peace building
a n d c o n s t a bu l a r y o p e r a t i o n s.
Maritime Lift Operations have many
of the characteristics and employ
many of the techniques of amphibious
o p e r a t i o n s . S o t h e R I TA 2
distinguishes a fifth category, the
Non-conventional operations.
The traditional sequence of phases
consists of Planning, Embarkation,
Rehearsal, Movement and Action
(PERMA). However, more recent
experiences lean more and more
towards the Embarkation, Movement,
Planning, Rehearsal, and Assault
(EMPRA) principle. Force packaging
and preparation are done in outline
based on certain mission profiles, with
the mission to be specified once en
route to the operational area.
Supporting Operations are
operations conducted by forces other
than those assigned to the
Amphibious Task Force (ATF).
Generally they are commanded by a
superior HQ at the request of
Commander ATF (CATF) and are
normally conducted outside of the
area for which the CATF is
responsible. They are however,
generally co-ordinated with CATF;
examples include submarine
operations, special forces operations
and the air campaign. It should be
noted that special forces can conduct
supporting operations or Advance
Force or pre-assault operations under
CATF operational control (OPCON).
Supporting operations are conducted
to:
Command and control and coo r d i n a t i o n of an amphibious
operation are its most complex
feature. Joint, by nature, and very
often combined, amphibious
operations require detailed planning,
close co-ordination, specific
command relationships and clear
strategic and tactical communications
in order to achieve the goals as
delineated by higher authority. The
operation is directed by the delegated
commander with overall responsibility
for the operation. Command
relationships are delineated in the
Initiating Directive. The senior naval
officer, designated CATF, commands
the ATF. This force includes, at a
minimum, a naval force and a landing
force, with organic Ship To Objective
Manoeuvre (STOM) assets. It may
also include civilian shipping (i.e.
Ships Taken Up From Trade or
STUFT) and air forces. The landing
force may consist of Marine and Army
units. The senior landing force officer,
normally a Marine, is the Commander
LF (CLF). The joint and combined
aspect of amphibious warfare
necessitates close co-operation and
detailed co-ordination at all levels of
the chain of command and seamless
integration of forces operating within
the Amphibious Objective Area (AOA)
under unified command is absolutely
essential to the successful conduct of
an operation.
a. deceive the enemy;
b. isolate landing areas;
c. assist in gaining or maintaining air,
ground, and naval superiority in
landing areas;
d. gain information;
e. wage psychological and unconventional warfare against the
enemy.
Phases of Amphibious Operations.
Theoretically, amphibious operations
are divided into a planning phase (in
quite some detail before departure
(Force Planning)), an embarkation
phase, a rehearsal phase, a movement
phase and pre-assault operations.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.37
3 Formerly known as Military Operations Other Than
War (MOOTW), such as Non-combatant
Evacuations Operations (NEO), Peace Support
Operations (PSO) and Maritime Interdiction
Operations (MIO).
Etranger
ORGANISATION
Une force amphibie (ATF) peut être sousdivisé en groupes définis selon leurs fonctions
et leurs buts et une articulation est mise en
place pour la protection et la conduite d’une
opération amphibie. Les forces peuvent être
organisées de la façon suivante :
a. La force de débarquement. Articulée en
fonction des besoins.
b. Un Groupe de Transport. Celui ci englobe
tous les navires dans lesquels la force
terrestre, ses matériels et les moyens de
transport maritimes (surface ou aériens)
sont embarqués.
c. Le Groupe de Contrôle. La Marine arme
les cellules responsables du contrôle du
débarquement. Ce groupe comprend les
moyens navals ou héliportés des navires
pour transporter la force de débarquement
vers l’objectif.
d. Les Groupes de Soutien. Plusieurs entités
différentes sont incluses.
e. Les Groupes de Protection. Ces groupes
assurent la protection de la force amphibie
contre les forces ennemies. Les éléments de
ce groupe comportent le Groupe
d’éclairage et le Groupe de Couverture
Rapprochée ou d’Escorte.
Que l’opération ou le déploiement soient
effectués selon le principe PERMA ou
EMPRA, la composition et la préparation de
la force sont essentielles à son succès. Une
définition claire des capacités comprenant
une définition intégrée des capacités de
soutenabilité doit guider la composition de la
force pour (au minimum) les deux options
EMPRA précitées. Ces définitions doivent
être données en temps voulu par l’autorité
responsable du déploiement.
Composition de la Force. La composition de
la force est le processus permettant de créer
une force équilibrée qui réponde aux
impératifs de la mission (potentielle). Tous les
types de composition nécessitent un processus
itératif entre toutes les parties concernées,
par exemple le Commandant en Chef de la
Marine Royale des Pays-Bas (CINCRNLN),
le QG du Corps des Royal Marines des Pays-
Bas (HQRNLMC), l’Amiral commandant la
Flotte belgo-néerlandaise (ABNL), les unités
opérationnelles du groupement (GOUM Group Operational Units), les commandants
désignés de la force amphibie (ATF) et de la
Force Terrestre, les unités subordonnées.
véhicules ; 60 de ces 300 mètres ont une
hauteur limitée à 2,40 mètres. Les capacités
additionnelles d’emport amphibies
dépendent de l’affrètement de moyens civils
ou du soutien des alliés de l’OTAN.
Pour les déploiements planifiés (exercices), la
composition de la force sera effectuée par les
planificateurs au sein de l’ABNL et du
HQRNLMC, avec la participation éventuelle
de moyens de l’Armée de terre et/ou de
l’Armée de l’Air coordonnés par le
CINCRNLN. La composition de la Force
pour les opérations sera effectuée sur la base
de la planification des forces, visant à former
soit une force amphibie orientée sur une
mission à effectuer aux Pays-Bas (PERMA),
soit pour renforcer une force amphibie
déjà déployée.
Unités de la force terrestre. Toutes les unités
opérationnelles des Royal Marines
néerlandais sont incorporées dans le GOUM
qui se compose comme suit :
Articulation de la force amphibie. Une
articulation différente est normalement
effectuée pour la conduite d’un déploiement
amphibie ou d’une opération amphibie. La
force amphibie englobe des moyens de la
Marine, une Force Terrestre et des moyens
organiques de batellerie. Les Forces Navales,
outre les navires amphibies spécialisés,
peuvent comprendre des moyens de surface,
sous-marins et aériens. L’articulation d’une
force amphibie néerlandaise sera approuvée
par le CINCRNLN (CEMM). Le rattachement de Forces étrangères sera approuvé
pendant la planification du déploiement et les
relations de commandement seront agréées
par le Ministère de la Défense des Pays-Bas.
c. Le 4e Bataillon est une unité composée de
réservistes.
LES MOYENS AMPHIBIES DE LA
MARINE ROYALE ET DU CORPS DES
ROYAL MARINES DES PAYS-BAS.
Navires spécialisés. Le HNLMS Rotterdam,
en service depuis 1998, a une capacité de
transport d’une unité de la taille d’un
bataillon avec ses équipements et matériels. Il
peut transporter et lancer deux CTM
(Chalands de Débarquement Transport
Matériel - version 2002 allongée) (LCU) ou
six Chalands de Débarquement pour
Véhicules et Personnels (LCVPs). Six
hélicoptères de taille moyenne peuvent être
logés dans le hangar et mis en œuvre à partir
de deux aires d’envol. 300 mètres linéaires
sont disponibles pour le transport des
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.38
a. les 1er et 2e Bataillons des Royal Marines
qui conduisent les opérations de combat
terrestre et les opérations amphibies.
b. Des éléments du 3e Bataillon sont basés en
permanence dans les Caraïbes et sont
équipés de façon légère; le reste du 3e Bataillon, encore à créer, constituera un
bataillon léger d’ici 2004.
d. Le Bataillon d’Appui au Combat (environ
300 hommes) comprend une compagnie de
mortiers, une section de Défense Sol-Air
Stinger, une section du Génie et une
compagnie de reconnaissance en
profondeur.
e. Le Bataillon Logistique (environ 450
hommes) fournit le soutien et se compose
d’une compagnie logistique, une
compagnie de transport, une compagnie
médicale et une compagnie de soutien.
f. Le Bataillon de Soutien Amphibie (environ
150 hommes), basé à Texel, met en œuvre 9
Chalands de Débarquement pour
Véhicules et Personnels et 4 (+1 en
réserve) Chalands de Transport de Matériels. Le Bataillon de Soutien Amphibie
possède aussi une unité amphibie
d’aménagement du terrain (Amphibious
Beach Unit - ABU), qui a pour tâche de
préparer et de mettre en œuvre les plages
de débarquement.
Suite à une modification des Chalands de
Transport de Matériels, qui deviendront plus
longs, le navire transport de chalands
RDAM ne pourra plus en transporter que 2.
*
Foreign Studies
ORGANISATION
An ATF may be organised into
groups based on their function and
purpose and a task organisation is
established for protecting and
conducting an amphibious operation.
The forces may be organised into the
following groups:
a. Landing Force. Task organised as
required.
b. Transport Group. Comprises all
the shipping in which the LF, its
equipment and the STOM assets
(surface/air) are embarked.
c. Control Group. The Navy
provides the control agencies to
control the landing. This
includes the waterborne and
heliborne ship-to-objective
movement of the landing force.
d. Support Groups. Several different
entities are included:
e. Protection Groups. These groups
offer protection to the ATF from
enemy forces. Elements of this
group include the Screening
Group and the Close Covering or
Escort Group.
Whether a PERMA or EMPRAsequenced deployment or operation,
force packaging and force
preparation are fundamental to its
success. A clear Capability
Statement, with an integrated
Sustainability Statement, should
steer the force packaging for (at
l e a s t ) b o t h E M P R A- o p t i o n s
mentioned above. These statements
should be issued in due time by the
deploying authority.
Force Packaging. Force packaging is
the process of creating a balanced
force that meets the requirements of
the (potential) mission. All types of
packaging require an iterative
process between all parties
concerned, e.g. CINCRNLN,
H Q R N L M C , Ad m i r a l B e l g i u m
Netherlands Fleet (ABNL), Group
Operational Units (GOUM),
designated CATF/CLF, sub-units.
For planned (exercise) deployments
the force packaging will take place in
the deployment planning by ABNL
and HQRNLMC, with potential
participation by Army and/or
Airforce assets co-ordinated
t h r o u g h C I N C R N L N . Fo r c e
packaging for operations will take
place on the basis of force planning,
aimed to either form up a mission
orientated ATF in NL (PERMA) or to
reinforce an already deployed ATF.
AT F Ta s k O rg a n i s a t i o n . A
separate task organisation is
normally formed for the purposes of
conducting an amphibious
deployment or operation. The ATF
includes at least Navy assets, a LF
and organic STOM assets. Navy
forces may, apart form specialist
amphibious ships, include surface,
submarine and aviation assets. A NL
ATF task organisation will be
authorised by CINCRNLN. Attached
foreign forces will be agreed during
deployment planning and command
states will be authorised by NL MOD.
RNLN/RNLMC Amphibious Assets.
Specialist shipping. HNLMS
Rotterdam, in service since 1998,
has the capability to transport a
battalion minus sized unit with
equipment and material. It can
transport and launch two (lengthened
version 2002) Netherlands Landing
Craft Utility (LCUs) or six
Netherlands Landing Craft Vehicles
and Personnel (LCVPs). Six medium
sized transport helicopters can be
housed in the hangar and operated
from two flight deck spots. 300
Linear Meters (LIM’s 3) are available
for transport of vehicles; 60 of these
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.39
300 LIM’s are height limited to 2.4
meters. Further amphibious lift
capability depends on the support of
STUFT or NATO allies.
LF units. All RNLMC operational
units are incorporated into the
GOUM which is as follows:
a. 1st and 2nd Marines Battalions
who conduct ground combat and
amphibious operations.
b. Elements of 3rd Battalion are
permanently based in the
Caribbean and are lightly
equipped; the remainder of 3rd
Battalion, yet to be formed, will
form a light battalion by 2004.
c. 4th Battalion is a unit that can be
mobilised from reserve personnel.
d. The Combat Support Battalion
(approx. 300 pax) includes one
mortar company, a Stinger Air
Defence platoon, an Engineer
platoon and a long-range
reconnaissance company.
e. The Logistic Battalion (approx.
450 pax) provides combat service
support and consists of a logistic
company, a transport company, a
medical company and a support
company.
f. The Amphibious Support Battalion
(approx. 150 pax), based at
Texel, operates 9 LCVP and 4
(+1 reserve) LCU. The
Amphibious Support Battalion
also includes an Amphibious
Beach Unit (ABU), which is
tasked with preparing and
operating landing beaches. In
2002 a conversion of the NL
LCU, in which it will become
longer, will result in a maximum
of 2LCU in RDAM dock.
*
Etranger
Les moyens de transport aérien des navires
vers l’objectif (STOM). Les forces armées
néerlandaises ne possèdent pas actuellement
d’hélicoptères de transport amphibie dans
leur inventaire (ils devraient arriver en
dotation vers 2006). Un détachement de Sea
King de la Marine Royale britannique est
r é g u l i è r e m e n t e m b a rq u é l o r s d e s
déploiements. Les Forces Aériennes des PaysBas possèdent un nombre limité
d’hélicoptères Cougar capables d’effectuer
des opérations maritimes dans des conditions
particulières (uniquement de jour, avec de
bonnes conditions météo) ; l’hélicoptère
Cougar a une capacité d’emport similaire à
celle d’un Seaking MK 4. L’hélicoptère CH47 Chinook des Forces Aériennes des PaysBas/RAF ne peuvent pas se poser sur le
RDAM mais peuvent transporter des charges
sous élingue.
Les commandants de la force amphibie et de
la force terrestre. La nomination de ces deux
commandants, et la composition de leurs
états-majors respectifs, dépendront de la
taille et de l’envergure de l’opération. Au sein
de la Marine Royale et du Corps de Royal
Marines des Pays-Bas, il n’existe aucune
organisation consacrée à une force amphibie
et à une force terrestre ; les options les plus
probables pour la mise sur pied des étatsmajors de la force amphibie et de la force
terrestre sont énoncées ci-après.
c. L’Officier commandant le RDAM, avec
l’état-major du RDAM agissant comme
état-major de la force amphibie.
Commandant de la force débarquée :
a. Le Commandant du GOUM ;
b. L’officier commandant
le 1er Bataillon ;
c. L’officier commandant
le 2e Bataillon.
Il est probable que les
trois options pour la force
terrestre nécessiteront
des renforcements.
Navire amiral
néerlandais.
Commandant de la force amphibie (ATF) :
a. L’officier commandant le Groupe Naval
belgo-néerlandais (COMBNLTG), avec
des personnels en renforcement ;
b.. L’Officier commandant le RDAM, avec des
personnels en renforcement ;
Actuellement le RDAM
est le seul moyen de la
Marine Royale des Pays-Bas qui possède des
installations (limitées) de commandement C2
amphibie (c’est-à-dire la combinaison des
équipements C3I, des personnels qui les
servent, des bureaux et des logements). Le
prochain Transport de Chalands possédera
des installations C2 complètes.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.40
L e G ro u p e m e n t A m p h i b i e a n g l o néerlandais (UKNLPHIBGRU). Formé en
1973 suite à un Accord (MOU), ce
groupement bilatéral (communément appelé
le groupement " UKNL ") englobe la force
a m p h i b i e b r i t a n n i q u e, l e s n av i re s
amphibies de la Marine Royale des Pays-Bas,
le 1er Bataillon et des éléments d’appui du
Corps des Royal Marines des Pays-Bas. Au
sein de l’OTAN cette force est subordonnée au
Commandant de la Flotte d’intervention de
l’Atlantique et est commandée par le
COMUKNLPHIBGRU.
Dans cet article, les éléments principaux de la
doctrine des Pays-Bas RITA 2 concernant les
" Opérations Amphibies " ont été donnés.
Bien que RITA 2 soit une directive toute
nouvelle, les études concernant la doctrine
amphibie des Pays-Bas seront poursuivies
afin de maintenir RITA 2 à jour. De nouvelles
problématiques, par exemple de nouvelles
capacités ou une évolution de la doctrine de
l’OTAN, du Royaume-Uni et/ou des PaysBas, de même que le retour d’expérience
acquis durant les opérations récentes (par
exemple en Erythrée) seront pris en compte
dès que possible. Définir une doctrine est une
chose, la maintenir à jour en est une autre !
Foreign Studies
STOM air assets. The NL armed
forces do not currently have
amphibious transport helicopters in
their inventory (due around 2006). A
British Royal Navy Sea King
detachment is regularly embarked for
deployments. Within the NL armed
forces the RNL Air Force (RNLAF)
has a limited number of Cougar
helicopters capable of maritime
operations under specific
circumstances (day only, benign
weather conditions); the Cougar
helicopter has a transport capacity
similar to the Seaking MK 4. The
CH-47 Chinook helicopter of the
RNLAF/RAF cannot land on RDAM
but can operate underslung loads.
CATF/CLF. Nomination of CATF and
CLF, and composition of their
respective staffs, will depend on the
size and scope of the operation.
Within the RNLN/RNLMC no
dedicated CATF/CLF organisation
exists; the following gives the most
likely options for a NL CATF and
CLF.
NL Flagship. At present RDAM is the
only RNLN asset with (limited)
amphibious C2 facilities (that is, the
combination of C3I-equipment,
supporting personnel, working spaces
and accommodation). LPD-2 will
have extensive C2-facilities.
The UKNL Amphibious Group
(UKNLPHIBGRU). Formed in 1973
under a Memorandum Of
Understanding, this bilateral task
group (commonly know as « the
UKNL ») comprises the UK
Amphibious Force, RNLN
amphibious shipping, 1 Battalion
RNLMC and RNLMC supporting
elements. Within NATO this force is
subordinate to Commander Striking
CATF:
a. Commanding Officer Belgium
N e t h e r l a n d s Ta s k g r o u p
( C O M B N LTG ) , w i t h s t a f f
augmentation;
b. CO RDAM, with staff augmentation;
c. CO RDAM, with RDAM staff as
CATF staff.
CLF:
a. CGOUM;
b. CO 1 Battalion;
c. CO 2 Battalion.
All 3 CLF-options are likely to
require augmentation.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.41
Fleet Atlantic and commanded by
COMUKNLPHIBGRU
In this article the principal facts of
the Netherlands « Amphibious
Operations » doctrine, RITA 2 were
given. Although RITA 2 is a brand
new publication work on the NL
amphibious doctrine will continue,
aiming to keep RITA 2 current. New
issues, e.g. emerging capabilities or
evolving NATO/UKNL doctrine, as
well as lessons learned during recent
operations (e.g. in Eritrea) will be
addressed as soon as possible.
Developing a doctrine is one thing, to
keep it current is another!
Libres Réflexions
a doctrine amphibie de l’OTAN
est issue des enseignements de
la Seconde guerre mondiale et de
la guerre de Corée. Elle a pour
principe le STS ou ship to shore
movement: l’objectif initial de la
manœuvre est la prise d’une tête
de pont ou de plage à partir de
laquelle la force débarquée va
construire sa puissance militaire,
et ensuite progresser vers
l’intérieur des terres pour saisir les
objectifs de l’opération amphibie.
Cette tête de pont doit être
sécurisée, protégée et
suffisamment étendue pour
permettre le regroupement et la
réarticulation des unités de
combat, puis la mise en place des
flux logistiques.
L
C
ette approche est toujours
d’actualité ; elle offre de
bonnes chances de succès
dans l’exercice difficile de
projection de forces de la mer vers la
terre. Cependant l’amélioration des
matériels et des techniques a permis
la conception d’une nouvelle doctrine,
étudiée aux Etats-Unis, en GrandeBretagne et aux Pays-Bas. Il s’agit du
concept STOM.
Le principal reproche que l’on peut
faire à la manœuvre STS est qu’elle
manque de rythme, de foudroyance :
il faut d’abord établir progressivement
une capacité de combattre à terre,
pour seulement après attaquer les
objectifs de l’opération. C’est une
perte de temps pour nos forces, et une
chance pour l’adversaire de réagir et
contrebattre nos desseins. Une autre
faiblesse du STS consiste en son
manque de flexibilité : le point de mise
à terre fixe et verrouillé interdit de
t ire r ava ntag e a u c o u rs d e l a
manœuvre de débarquement
d’opportunités nouvelles. Le STS ne
permet pas de reconfiguration aisée.
La tête de pont est enfin une zone de
vulnérabilité majeure de nos forces,
sur laquelle un adversaire réactif ne
manquera pas de frapper. La sécurisation et la protection de la tête de
pont figent une part importante de
nos moyens de combat.
Le STOM, avenir de l’amphibie ?
par le capitaine de vaisseau de OLIVEIRA,
ALFAN/CDF/ATF
Le STOM vise à pallier ces faiblesses
en jouant sur le facteur temps. Il s’agit
d’attaquer directement l’objectif, en
visant les centres de gravité tactiques
ou opératifs ou les points de faiblesse
critiques de l’adversaire. Les unités
adverses seront prises à partie
seulement si cela nous donne la
liberté d’action pour atteindre les
objectifs de l’opération. La manœuvre
est dirigée des bâtiments vers les
objectifs, autrement dit Ship To
Objectives Manoeuvre en abrégé STOM.
Le STOM n’est possible que si l’on
dispose de moyens de combat rapides
et très mobiles, et d’une structure C4I
intégrée. La majeure partie des
éléments de commandement et de
soutien reste à bord des navires
jusqu’à l’achèvement de l’opération
amphibie, ce qui réduit la vulnérabilité des forces projetées. Le STOM
est une manœuvre qui brise la
discontinuité terre-mer : la progression des unités de combat vers les
objectifs débute dès leur départ des
transports de chalands de débarquement (TCD) ou des navires de
transport.
On voit aisément les moyens que cela
suppose : outre l’omniprésence des
réseaux informatiques et de transmission en temps réel, le concept
exige des matériels que pour l’instant
seul l’USMC possède en nombre et en
qualité : véhicules amphibies (AAAV
et LCAC), hélicoptères d’appui et de
manœuvre, drones, aéronefs convertibles, aviation et missiles d’appui au
sol. Le STOM suppose également
l’existence de moyens de neutralisation des mines marines et terrestres que personne ne possède
encore.
Une opération conduite sur le mode
STOM commence par la mise en
oeuvre des moyens de projection sous
l’horizon côtier, de 10 à 40 km du
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.42
rivage. Les unités progressent alors
par mer et par air vers une zone
d’attaque (attack position), puis vers
des points de pénétration (littoral
penetration points) et enfin saisissent
directement les objectifs.
Les facteurs déterminants pour la
réussite d’une opération STOM sont :
- la convergence sur l’objectif,
- l’utilisation de la mer comme espace
de manœuvre et non de transport,
- le facteur temps et la rapidité des
mouvements,
- l’exploitation des faiblesses de
l’adversaire,
- la qualité et l’acuité du renseignement,
- la flexibilité et la réversibilité des
actions,
- l’emploi des techniques de diversion, déception et confusion de
l’adversaire.
Le concept STOM n’est autre que
l’adaptation des principes du combat
terrestre au milieu littoral. S’il séduit
par ses aspects novateurs, il demande
des matériels, des équipements et des
armes que la France et l’Europe ne
possèdent pas encore.
Mais l’application aux opérations
amphibies des principes de la guerre,
- incertitude et foudroyance,
- concentration des actions et exploita t i o n d e s p o i n ts fa i b l e s d e
l’adversaire,
- rupture des discontinuités espace et
temps,
réjouirait sans nul doute Sun Tsu,
Guibert et Clausewitz ■
Freedom of Speech
N
ATO amphibious doctrine has
stemmed from the lessons
learned after World War II. and the
Korean war. Its principle is the STS
or ship to shore movement: the initial
objective of the manoeuvre is to
seize a bridgehead or a beach from
which the landed force will build
its military power and later
progress towards the interior of the
country to seize the objectives of
the amphibious operation. This
bridgehead must be secured,
protected and large enough to
enable the regrouping and tailoring
of the combat units and then the
setting up of logistic flows.
STOM, the future of amphibious operations?
by capitain de OLIVEIRA,
ALFAN/CDF/ATF
(French Naval Task Force)
directly by targetting the tactical or
operative centres of gravity or the
critical weakness points of the
adversary. The adverse units will be
engaged only if it gives us the freedom
of action to reach the objectives of the
operation. The manoeuvre is directed
from the ships towards the objectives in
other words Ship To Objectives
Manoeuvre in short STOM.
forward by sea and air towards an
attack position, then towards littoral
penetration points and finally directly
seize their objectives.
The determining factors for the success
of a STOM operation are the following:
- the convergence towards the
objective,
- the use of the sea as a manoeuvering
T
his approach is still a topical
question; it provides good
chances of success in the
difficult exercise of projecting
forces from sea to land. Nevertheless
the improvement of the equipment and
techniques has permitted the
conception of a new doctrine studied in
the USA, Great Britain and the
Netherlands. It is the STOM concept.
The main reproach that can be made to
the STS manœuvre is that it lacks
rhythm, striking power: one has first to
progressively establish a capability to
fight on the land to only later attack the
objectives of the operation. It is a waste
of time for our forces and a chance for
the adversary to react and fight our
intentions. Another weakness of the
STS lies in its lack of flexibility: the
fixed and blocked landing point forbids
to take advantage of new opportunities
during the landing manoeuvre. The
STS does not allow easy re-tailoring.
Finally the bridgehead is an area of
major vulnerability for our forces which
a reactive adversary will be sure to
strike on. Securing and protecting the
bridgehead freeze an important part of
our combat means.
STOM aims at making up for these
weaknesses by playing on the time
factor. The objective must be attacked
STOM is possible only if one has at his
disposal rapid and very mobile combat
means and an integrated C4I structure.
The main body of the command and
support elements remains aboard ships
until the end of the amphibious
operation
which
reduces
the
vulnerability of the projected forces.
STOM is a manoeuvre which breaks the
discontinuity land-sea: the movement
of combat units towards the objectives
begins right from their departure from
the landing transport ships (TCD) or
from the transport ships.
space and not as a transport space,
- the time factor and the swiftness of
movements,
- the exploitation of the weaknesses of
the adversary,
- the intelligence quality and accuracy,
- the flexibility and reversibility of the
actions,
- the use of techniques for diverting,
deceiving and confusing the
adversary.
It is easy to see the necessary means: in
addition to the omnipresence of the real
time digitalised and transmission
networks, the concept requests
equipment that, for the time being, is
only possessed by the USMC in number
and quality: amphibious vehicles
(AAAV and LCAC), attack and
m a n o e u v r e h e l i c o p t e r s , U AV s,
convertible aircraft, ground support
aviation and missiles. STOM also
supposes the existence of means to
neutralize sea and land mines that
nobody has yet.
An operation conducted under the
STOM course of action begins with the
implementation of under the coastal
horizon projection means from 10 to 40
km from the shore. Then the units move
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.43
The STOM concept is nothing but the
adaptation of the principles of the land
warfare to the coastal environment. If it
is attracting by its innovative aspects it
requires equipment and weapons that
France and Europe do not possess yet.
But applying the principles of war to the
amphibious operations,
- uncertainty and striking power,
- concentrating the actions and
exploiting the weak points of the
adversary,
- breaking up space and time
discontinuities,
would undoubtedly delight Sun Tsu,
Guibert and Clausewitz ■
Libres Réflexions
Il faut désigner un état-major de force (EMF) amphibie
par le lieutenant-colonel de REVEL,
chef du bureau emploi plans à l’état-major de la 9è brigade légère blindée de marine
a définition d’un concept national
des opérations amphibies et le
développement de la doctrine qui en
a résulté sont le fruit d’un travail
interarmées approfondi et de longue
haleine dans lequel l’Armée de terre
et la marine nationale ont joué, pour
des raisons diverses, un rôle
essentiel, avant que l’intérêt suscité
par ce type d’action militaire ne
s’étende à l’ensemble des armées. La
variétés des acteurs, mais aussi les
caractéristiques, les procédures et les
modes d’actions particuliers
développés dans la doctrine, mettent
en évidence la spécialisation
indispensable des unités de l’Armée
de terre susceptibles de participer
aux opérations amphibies. La
désignation des brigades légères
blindées et de la brigade aéromobile
a répondu en partie à cette nécessité.
L
Cependant, malgré la volonté de
normalisation actuelle et les
principes, souvent dogmatiques, qui
veulent que chacun soit apte à tout,
le développement d’une capacité
fondamentale à la projection de force,
et donc à l’Armée de terre, ne pourra
se faire sans la reconnaissance d’une
unité de commandement et de
coordination essentielle au domaine
amphibie dans les opérations comme
dans l’entraînement. L’organisation
de nos forces milite donc pour la
désignation d’un état-major de force
qui paraît être le niveau requis pour
être reconnu par les autres armées et
nous permettre d’acquérir une
capacité de commandement
correspondante au volume de nos
moyens et à l’effort entrepris.
L’ORGANISATION DE L’ARMEE
DE TERRE DILUE LA CAPACITE
AMPHIBIE
Tout en reconnaissant à certaines
brigades une spécialisation dans
ce domaine, l’organisation actuelle
de nos forces et la pratique en cours
diluent la capacité amphibie de
l’Armée de terre.
Si les brigades légères blindées et la
brigade aéromobile ont été
désignées pour fournir l’essentiel
des troupes à capacité amphibie, la
réorganisation de l’Armée de terre
leur a, dans le même temps, enlevé
nombre d’unités indispensables à
l’exécution de toute opération de ce
type. Chaque constitution d’une
force amphibie nécessite donc de
faire appel à un grand nombre
d’unités en provenance des
brigades logistiques et des brigades
d’appui spécialisé qui n’ont, d’une
part, ni le temps ni la possibilité de
s’entraîner et qui, d’autre part, sont
rarement les mêmes d’un exercice
ou d’une opération à l’autre du fait
du rythme de leurs activités.
De même, le commandement
d’une opération amphibie, mais
aussi le montage des exercices
d’entraînement dans un contexte
toujours interarmées, requiert des
fonctions qui ont elles aussi disparu
du niveau 3 et doivent provenir des
niveaux supérieurs ou latéraux
(CFLT, EMF, BAS).
Enfin, si le CDES a joué un rôle
majeur dans le développement de la
doctrine amphibie, il ne dispose pas
en permanence de toutes les
compétences nécessaires au suivi et
aux évolutions de ce domaine. En
effet, la valeur de ses officiers ne
peut pallier le rythme soutenu des
mutations qui à travers une rotation
accélérée des responsables est
parfois la cause de bien des remises
en question de solutions d’entente
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.44
élaborées entre les parties
concernées. Le nombre des acteurs
qui, indépendamment de celui des
autres armées ou commandements
déjà nombreux, se multiplie au gré
de la participation de tel ou tel étatmajor à un exercice particulier
permet d’entrevoir le moment où
l’ensemble de l’Armée de terre se
sentira concerné par les travaux de
la commission interarmées des
études amphibies. Chacun voudra
alors contribuer au développement
d’une doctrine que, dans le même
temps, il découvrira. Les errements
passés dans l’élaboration de la
partie relative à la logistique
terrestre de la doctrine sont, à ce
sujet, significatives.
C e p e n d a n t , s i c e r ta i n e s d e s
conséquences relatives à
l’organisation de notre Armée de
terre doivent être assumées, le
choix d’une aptitude généraliste des
états-majors de force en accentue
cependant les difficultés.
DES ETATS-MAJORS DE FORCE
GENERALISTES
Elaborés pour assurer un commandement de niveau 2 dans tout type
d’opération, les états-majors de
forces ont, de ce fait, la réputation
d’être aptes à tout sans qu’il soit
besoin pour eux d’acquérir une
quelconque spécialisation. L’examen des activités passées et en
cours, les difficultés constatées avec
nos partenaires et l’observation des
forces alliées permettent de remettre en question cette affirmation
bien établie.
Freedom of Speech
An amphibious force staff (EMF) needs to be appointed
by lieutenant-colonel de REVEL,
Chief G3, 9e BLBMA (9th Marine Light Armored Brigade)
T
he definition of a national
concept for amphibious
operations and the
development of the resulting
doctrine are the fruits of a longterm and exacting joint study in
which the Army and the Navy
played, for various reasons an
essential role before the interest
generated by this type of military
action apply to all services. The
diversity of the actors but also the
characteristics, the procedures
and the specific operating modes
developed in the doctrine pinpoint
the indispensable specialization of
the Army units liable to participate
in amphibious operations. The
assignment of the light armored
brigades and of the airmobile
brigade partially responded to that
requirement.
Nevertheless despite the present
will for normalization and the
often dogmatic principles, stating
that everybody is be able to do
anything, the development of a
fundamental capability for force
projection and thus for the army
will not be set up without the
recognition of a command and
coordination unity essential for
the amphibious domain in
operations as well as in training.
The organization of our forces
therefore militates in favor of the
appointment of a force staff which
seems to be the right level to be
accepted by the other services and
to enable us to acquire a
command capability
corresponding to the volume of
our means and to the undertaken
effort.
THE ARMY ORGANIZATION
DILUTES THE AMPHIBIOUS
CAPABILITY
While acknowledging some brigades a
specialization in this domain, the
present organization of our forces and
the current practice dilute the
amphibious capability of the Army.
If the light armored brigades and the
airmobile brigade have been appointed
to provide the bulk of the troops with
an amphibious capability, the army
organization deprived them, at the
same time, of a great number of units
essential for the execution of any
operation of that type. Every time we
build up an amphibious force we
therefore need to ask for a large
number of units coming from the
logistic brigades and the specialized
support brigades which have on the
one hand neither the time nor the
possibility to train and on the other
hand are rarely the same from one
exercise or operation to the other due
to their activities’ tempo.
Similarly commanding an amphibious
operation but also setting up training
exercises in an always joint context
r e q ui r es fu n ct io n s w hich a lso
disappeared from level 3 and must
come from higher or lateral levels
(Logistic Force Command, Force Staff,
Combat Support Specialized
Brigades).
Finally, if the CDES played a primary
role in the development of the
amphibious doctrine, it does not
permanently have at its disposal the
necessary competences for the
follow-up and the evolutions in this
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.45
field. Indeed the quality of its officers
cannot compensate the sustained
rhythm of assignments which through
an accelerated turn-over of the
responsible officers is sometimes the
cause of lot of questioning about
agreed solutions negotiated by the
concerned parties. The number of
actors who, apart that of the
already numerous other services or
commands, is multiplying according to
the participation of such or such staff
in a specific exercise permits to foresee
the moment when the whole Army will
feel concerned by the works of the
joint commission for amphibious
studies. Everyone will then be eager to
contribute to the development of a
doctrine that, at the same time, he will
be discovering. The bad habits used in
the development of the land logistics
part of the doctrine are, on that
matter, significant.
Nevertheless if some of the
consequences related to the
organization of our Army must be
assumed, the decision to have general
and non-specialized force staffs still
increases the difficulties.
NON-SPECIALIZED
FORCE STAFFS
Worked out to assume a level 2
command in any type of operations,
the force staffs are therefore famous
for being able to deal with everything
without needing to get any specialization. The assessment of the past
and current activities, the difficulties
recorded with our partners and the
observation of the allied forces permit
to question this well established
statement.
Libres Réflexions
Depuis quatre ans, les EMF ont, tour
à tour, assuré la responsabilité de la
fonction amphibie au niveau 2. Ils se
sont vus confier l’organisation et la
direction d’exercices interarmées, au
moins pour la partie terre, puisque
la réalisation d’un exercice annuel
d’envergure est devenue une réalité
aux niveaux national (Catamaran)
ou multinational (Destined glory).
Ainsi, l’EMF2 a été associé aux
exercices Catamaran de novembre
99 et janvier 2001 avant de céder la
place à l’EMF3 dans la participation
à Destined Glory 01. En charge du
CPX Catamaran 02, l’EMF1 prépare
Destined glory 02 et aura comme
successeur l’EMF 4 qui, à l’issue de
sa projection de six mois début
2003, assumera l’exercice
Catamaran d’octobre 2003.
Or, la complexité des opérations
a m p h i b i e s, q u i s e d é ro u l e n t
toujours, et par essence, dans un
milieu interarmées et souvent
interallié, nécessite la participation
d’unités et d’états-majors possédant
une expérience reconnue, une
connaissance approfondie de la
doctrine et des procédures ainsi
qu’une pratique régulière. Aussi, le
choix de confier à tous les EMF
l’organisation et la direction des
exercices amphibies sans que les
préalables énumérés ci-dessus ne
soient réalisés ne peut qu’avoir des
conséquences négatives pour
l’efficacité de notre action. Ceci est
la raison de remises en cause
fréquentes dans la constitution et le
choix des unités dues à une
méconnaissance de la doctrine ou à
une incompréhension face à des
solutions retenues et parfois non
conformes avec certains canons de
l’Armée de terre que d’aucuns
privilégient parfois à l’efficacité sur
le terrain. Mais c’est surtout face à
nos partenaires des autres armées
que cette rotation accélérée est
néfaste.
Contrainte de travailler tous les ans
avec des acteurs différents, la
marine nationale ne peut pas se
s a t i s fa i re d e l a re d é c o u ve r t e
permanente du domaine amphibie
par les correspondants qui lui sont
désignés par le CFAT, puisque les
BLB, dépositaires de l’expertise mais
systématiquement subordonnées à
un EMF, sont contenues au simple
rôle d’exécutant. Alors qu’elle
dispose d’un état-major de force
amphibie au sein de la force d’action
n a v a l e, e l l e s e r e t r o u v e e n
permanence confrontée à une
multitude d’acteurs qui sont une
source de complications et un frein
au travail commun, toutes choses
vérifiées dans le montage des
exercices passés ou en cours et dans
la rédaction de la doctrine. De plus,
alors même que l’effort
considérable consenti par l’Armée
de terre est battu en brèche par la
fragmentation des responsabilités,
cet état de fait conforte la marine
dans un rôle de leader qu’elle
revend iqu e forte des moyen s
importants qu’elle y consacre et de
la pratique de nos alliés où les forces
terrestres dédiées aux actions
amphibies sont, soit subordonnées à
la marine, soit indépendantes de
l’Armée de terre.
L’ e x i s t e n c e d e s t r u c t u r e s
permanentes dans les principales
nations amphibies s’oppose à la
caractéristique française de forces
amphibies de circonstances en
provenance de toutes les armées ou
services. La visibilité qui en découle
pour notre pays est bien
évidemment réduite et la crédibilité
de notre capacité amphibie sans
cesse remise en cause dans un
domaine où l’affirmation d’une
supériorité militaire va souvent de
pair avec celle d’un leadership
politique. Alors que le volume et la
qualité des moyens que nous
consacrons aux entraînements et
aux opérations amphibies sont
comparables, voire parfois
supérieurs, à ceux du RoyaumeUni, la compétence reconnue des
forces britanniques, la spécialisation
de leurs unités mais aussi, et
surtout, l’unicité de leur structure de
commandement leur donnent un
rôle prépondérant en Europe. Or,
l’aptitude à entrer en premier sur un
théâtre, conséquence primordiale de
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.46
la capacité amphibie, démultiplie
souvent à peu de frais l’action
politique d’une nation. Il n’est pas
besoin de s’appesantir sur les
derniers conflits pour souligner ce
fait.
En créant un commandement de
niveau 2 - COMUKAMPHIBFOR alors qu’ils ne disposent que d’une
brigade amphibie - 3 Cdo Brigade
RM (Royal Marines)-, les
Britanniques se sont engagés dans
une dynamique de commandement
des opérations amphibies au sein de
l’initiative amphibie européenne
(IAE) qui semble avoir de
nombreuses analogies avec la
création de l’ARCC. Fort de cette
structure permanente, ils peuvent
évacuer vers le haut les désaccords
avec les nations revendiquant elle
aussi le commandement d’une
opération en proposant la création
de plusieurs forces de niveaux 3
sous l’autorité d’un état-major armé
par COMUKAMPHIBFOR. Cette
démarche a été très exactement
réalisée pour Destined Glory 02.
Après une levée de bouclier des
nations participantes au séminaire
de l’IAE de juillet 2001 sur la
réalisation d’un commandement de
niveau 2, et la prétention maintenue
par la France d’assurer, comme le
Royaume-Uni, les responsabilités de
CATF et de CLF, nos alliés ont
proposé dans un document daté du
9 août 2001 de créer une force
amphibie à deux niveaux : un niveau
tactique à deux ou trois forces
amphibies confiées à la France, le
Royaume-Uni et les USA et un
niveau opératif où ces deux derniers
pays assureraient les responsabilités de commandement de la
f o r c e ( U S P H I B G RU 2 ) e t d e
commandement de la composante
terrestre (COMUKAMPHIBFOR). La
structure retenue pour DG 02 étant
très proche de celle-ci, on peut
penser qu’un accord a été motivé
par des considérations diverses. On
peut, cependant, craindre qu’il n’ait
été dû qu’à la " procédure du
silence " faute d’interlocuteur
véritable de notre côté.
Freedom of Speech
For four years the EMFs have, each in
its turn, ensure the responsibility of
the amphibious function at level 2.
They were entrusted with the organization and the conduct of joint
exercises, at least for the land part,
since the execution of a major annual
exercise became a reality at national
(Catamaran) or multinational level
(Destined Glory). Thus the EMF2 has
been associated to the Catamaran
exercises in November 99 and January
2001 before giving way to the EMF3
for the participation in Destined Glory
01. Assuming the responsibility for the
Catamaran 02 CPX, the EMF1 is
preparing Destined Glory 01 and will
have as successor the EMF4 which at
the end of its six months projection in
the beginning of 2003 will assume the
responsibility for the Catamaran
exercise in October 2003.
But the complexity of the amphibious
operations which always and by
nature occur in a joint and often interallied environment required the
participation of units and staffs
possessing a recognized experience, a
thorough knowledge of doctrine and
procedures as well as a regular
practice. So when deciding to give to
all the EMFs the organization and
leadership of amphibious exercises
without the here above quoted
prerequisites being realized can have
but negative consequences for the
efficiency of our action. This is the
cause for frequent questioning of the
setting-up and of the choice of the
units due to a lack of knowledge of the
doctrine or to a misunderstanding
against solutions retained and
sometimes not in conformity with
some Army standards that some
people favor against the efficiency in
the field. But it is above all with our
partners of the other services that this
accelerated turn-over has disastrous
consequences.
Compelled to work every year with
different actors, the Navy cannot be
pleased with the permanent
rediscovery of the amphibious domain
by its counterparts who are designated
by the Land Force Command, since the
Light Armored Brigades, which being
the expertise guardian, but systematically subordinated to a Force Staff,
are kept in the only role of player.
While having an amphibious force
staff within the naval action force, the
Navy permanently faces lot of actors
who are a source of complications and
who acting asa brake in the common
work, all things checked in the setting
up of the past or current exercises and
in the drafting of the doctrine. More to
that, whereas the tremendous effort
paid by the Army is put into pieces by
the division of responsibilities, this
state of facts strengthens the Navy in
the leadership role it is requesting
confident in its rights as it is providing
important assets and as our allies
practice is placing the land forces
assigned to amphibious operations
either subordinated to the Navy or
independent from the Army.
The existence of permanent structures
in the main amphibious nations is
opposing the French characteristic of
contingency amphibious forces coming
from all services and directorates. The
resulting visibility for our country is of
course reduced and the credibility of
our amphibious capability constantly
questioned in a field where the
assumption of a military superiority is
often going alongside with a political
leadership. Whereas the volume and
the quality of the means that we
devote to training and to amphibious
operations are comparable or even
sometimes higher to those of the
United Kingdom, the acknowledged
competence of the British forces, the
specialization of their units but also
and above all the unity of their
command structure give them a
leading role in Europe. Now, the
capability to enter first on a theater, as
a primary consequence of the
amphibious capability often increases
at low cost the political action of a
nation. There is no need to dwell on
the last conflicts to emphasize this
fact.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.47
By creating a level 2 command COMUKAMPHIBFOR - even when
they have at their disposal only an
amphibious brigade - 3 Cdo brigade
RM - the British committed themselves
in a dynamics of amphibious operations commanding within the
European amphibious initiative (EA)
which seems to have numerous
similarities with the ARCC creation.
Thanks to that permanent structure,
they can evacuate upwards the
disagreements with the nations also
asking for the command of an
operation by proposing the creation of
several level 3 forces under the
authority of a staff manned by
COMUKAMPHIBFOR. This process
has been very precisely performed for
Destined Glory 02.
After an outcry of the nations
participating in the EA meeting in July
2001 about the realization of a level 2
command and the claim maintained by
France to ensure, like the United
K i n g d o m , t h e CAT F a n d C L F
responsibilities, our allies proposed in
a document dated 09 August 01 to
create an amphibious force with two
levels: a tactical level with 2 or 3
amphibious forces entrusted to
France, United Kingdom and USA and
an operative level where the last the
two countries would ensure the
responsibilities as force commander
(US PHIBGRU2) and as land
component commander
(COMULAMPHIBFOR). The structure
retained for DG 02 being very close to
that one, it is possible to say that
agreement was motivated by various
considerations. It can nevertheless be
feared that it has only been caused by
the “ silence procedure ” for lack of
true representative on our side.
Thus, maintaining the turn-over
system of the EMFs in the amphibious
domain causes important problems
within the Army, generates difficulties
with the other services and maintains
our country in a lower role to what it
might request.
Libres Réflexions
Ainsi, le maintien d’un système de
rotation des EMF dans le domaine
amphibie pose des problèmes
importants au sein de l’Armée de
terre, est source de difficultés avec
les autres armées et maintient le
pays dans un rôle inférieur à ce qu’il
pourrait revendiquer.
DESIGNER UN EMF
AMPHIBIE
Confrontée à la décision de la France
de s’engager dans l’IAE, mais aussi
aux contraintes d’organisation et de
conduite des activités amphibies,
l’Armée de terre doit mettre sur pied
une structure de commandement
adéquate. L’existence des EMF milite
pour que cette responsabilité soit
assurée par l’un d’entre-eux de
manière permanente.
Le maintien de la capacité amphibie
dans une stricte dimension
nationale ne peut s’accommoder du
seul niveau des brigades pour en
assumer la responsabilité compte
tenu de l’organisation de l’Armée de
terre et des principes retenus pour la
préparation et la conduite des
exercices. L’implication des EMF
étant un fait acquis, il importe donc
de disposer d’un personnel formé
qui offre des correspondants
qualifiés dans les relations vers les
niveaux d’exécution et les échelons
interarmées. Ce constat s’impose
avec plus de force encore dans un
contexte européen. Dans ce cadre, si
les EMF ont tous une aptitude à
résoudre les questions relatives à la
multinationalité des exercices, le
besoin de traiter des problèmes
propres au domaine et, surtout, la
capacité à armer les états-majors
avec des experts sont des conditions
impératives pour que les forces
françaises soient prises au sérieux
en la matière.
La réalisation d’un exercice
amphibie majeur tous les ans pour
lequel la durée de préparation, de
douze à dix-huit mois, est conforme
aux autres grands exercices de la
FAT nécessite d’y consacrer des
équipes à temps plein disposant
d’un niveau de connaissances
suffisant dans un domaine
éminemment complexe. De plus,
l’identification de ces équipes, leur
immersion dans les travaux de
doctrine et dans ceux relatifs à
l’évolution de ce domaine avec nos
alliés, ou encore la connaissance
des interlocuteurs multiples
permettraient de regrouper dans une
structure commune des tâches
actuellement éclatées au sein de
l’Armée de terre.
Aussi, à l’instar de l’organisation du
commandement amphibie
britannique, la Force d’action
terrestre doit mettre sur pied un
état-major permanent de niveau 2
pour la composante terrestre de la
force amphibie française. Celui-ci ne
peut être qu’un état-major de force
dont ce serait la mission principale.
Loin d’exclure sa capacité de
projection, comme les autres EMF,
ou la conduite d’exercices de nature
différente mais d’ampleur limitée, il
consacrerait, cependant, l’essentiel
de ses capacités à fédérer, organiser
et conduire les activités amphibies.
Sans se substituer aux brigades
légères blindées, il les soutiendrait
dans leurs actions opérationnelles et
d’entraînement, devenant l’interlocuteur de poids que tous nos
partenaires interarmées et alliés
recherchent et pourrait se voir
déléguer par le CFAT la conduite de
toutes les tâches qui ne devraient
pas normalement relever du niveau
et de la mission de celui-ci.
CONCLUSION
Les derniers conflits ont démontré
l’influence sur l’action politique que
peut avoir la capacité, pour un Etat,
de conduire des opérations d’entrée
sur un théâtre. Parmi celles-ci, la
projection d’une force de combat à
partir de la mer est appelée à se
développer grâce à la liberté
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.48
d’action qu’elle permet, à la volonté
de certains de nos alliés et à faculté
à accompagner à moindre frais
l’évolution de nos armées vers une
Europe de la défense. L’aptitude de
l’Armée de terre à être présente
sur ce terrain ne dépend plus
uniquement des décisions prises
voici quelques années au sujet des
brigades à vocation amphibie. Son
organisation actuelle lui commande
de confier une expertise amphibie
forte et pérenne à un état-major de
force, seul niveau apte à prendre en
compte l’environnement de ce type
d’activité en conformité avec
l’organisation actuelle. Le maintien
d’un système de rotation annuelle
nuit gravement à notre efficacité,
dévalorise notre action vis-à-vis de
la marine qui appelle de ses vœux le
partenaire qu’elle recherche, et
accroît le risque de confiner nos
armées à un rôle subalterne dans les
opérations futures ■
Freedom of Speech
APPOINTING AN
AMPHIBIOUS EMF
Confronted with the decision taken by
France to participate in the European
amphibious initiative but also with the
constraints of organization and
conduct of amphibious activities, the
Army must set up an appropriate
command structure. The existence of
Force Staffs argues for that responsibility to be assumed by one of them
on a permanent basis.
Taking into account the army
organization and the principles
retained for the preparation and
conduct of the exercises. Keeping the
amphibious capability within a strict
na ti o na l d i men s i o n ca n n o t b e
comfortable with the sole brigade level
assuming that responsibility. The
involvement of the Force Staffs being
an accepted fact, it is therefore
important to have at one’s disposal
trained people providing qualified
counterparts in relation with the
execution levels and the joint
echelons. This assessment imposes
itself still more strongly in a European
context. In this framework if all the
EMFs have a capability to solve the
questions related the multi-nationality
of the exercises, then the need for
addressing problems specific to the
domain and, above all, the capability
to man staffs with experts are
imperative conditions for the French
forces to be taken seriously in that
matter.
The execution of one major
amphibious exercise every year which
preparation duration, twelve to
eighteen months, is in conformity with
the other major LFC exercises requires
to devote to it full time teams with a
sufficient level of knowledge in an
eminently complex field. More to that,
identifying these teams, immersing
them in the doctrine works and in
those related to the evolution in this
domain with our allies or still knowing
the multiple counterparts would permit
to gather in a common structure some
tasks which are presently scattered
within the Army.
Also, like the organization of the
British amphibious command, the
Land action Force must set up a
permanent level 2 staff for the Land
component of the French amphibious
force. This one can only be a force
staff for which it would be the primary
mission. Far from excluding its
projection capability, like the other
EMFs, or the conduct of exercises of a
different nature but with limited scope,
it would nevertheless devote most of its
capabilities to federate, organize or
conduct amphibious activities.
Without substituting itself to the light
armored brigades it would support
them in their operational and training
actions, becoming the major
counterpart that all our joint or allied
partners are looking for and might be
entrusted by the Land Force Command
with the conduct of all tasks which
normally should not fall in its mission
and command level responsibilities.
CONCLUSION
The last conflicts demonstrated the
influence on the political action that
can have the capability for a state to
conduct operations of entry on a
theater. Among these the projection of
a combat force from the sea will
develop thanks to the freedom of
action it allows, to the will of some of
our allies and to the capability to
accompany at low cost the evolution of
our armed forces towards a European
defense. The ability of the Army to be
present in this field no longer depends
only on decisions taken some years
ago about brigades with an
amphibious vocation. Its present
organization commands it to entrust
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.49
one Force Staff with a strong and
durable amphibious expertise, as it is
the only command level able to take
into account the environment of this
type of activity in conformity with the
current organization. Maintaining an
annual turn-over system strongly
damages our efficiency, undervalues
our action towards the Navy which is
asking for a partner and increases the
risk to confine our armed forces in a
subordinate role in future operations ■
Libres Réflexions
COMBAT DE HAUTE INTENSITE : DE LA COHERENCE DU DISCOURS ET DES ACTES
par le chef de bataillon LAVAUX,
stagiaire de la 115e promotion du CSEM
E
tant engagée depuis maintenant trente ans (FINUL :
1978) et de façon massive depuis dix ans (Balkans,
Cambodge, Rwanda,…) dans des missions de maîtrise de la
violence, l’Armée de terre pourrait courir le risque d’oublier
que sa mission première et sa vocation ultime sont le
combat de haute intensité. Pour pallier ce risque, le haut
commandement saisit toute occasion pour rappeler la
nécessité de s’entraîner aux missions de coercition de
forces, ce qui se traduit par les programmes des écoles
d’application, du DEM ou du CSEM, ou plus récemment
par le scénario utilisé pour l’exercice majeur de l’Armée de
terre, Guibert 2002.
Pourtant, dans l’organisation et l’équipement de nos forces,
dans l’organisation et la modularité de nos systèmes de PC,
certaines décisions prises vont nettement à l’encontre de
cette finalité qu’est l’efficacité opérationnelle dans les
missions de haute intensité.
Cet article a pour but d’alerter sur une certaine
incohérence des actes par rapport au discours, incohérence
qui pourrait s’avérer très préjudiciable si un jour le pire
devait arriver.
Organisation et équipement des forces : jusqu’où
descendra-t-on ?
a maquette de la future Armée de terre telle qu’elle
avait été présentée en 1996 était séduisante, cohérente
et équilibrée. Depuis, elle ne cesse d’être amendée, les
aménagements " à la marge " ne remettant pas en cause,
paraît-il, nos capacités opérationnelles.
L
Ainsi donc, nos brigades blindées, qui initialement étaient
composées d’un RC 80 et d’un RC 53, alignant 133 chars de
combat, soit l’équivalent de leurs homologues alliées (2
bataillons à 58 chars par brigade blindée américaine ou
britannique, par exemple), vont voir disparaître leur RC 53.
L’Armée de terre va ainsi passer de 426 à 320 chars lourds,
soit une perte de 25% de son potentiel dans ce domaine.
Pour garder dans ces conditions la même efficacité
opérationnelle, cela signifie que notre arme blindée doit
gagner subitement 33% de productivité : elle méritera
d’être citée en exemple à toutes les entreprises et
administrations de notre pays.
En matière de feux sol-sol, l’Armée de terre dispose de 5
régiments à 32 AUF1, de 3 régiments à 24 TRF1 et de deux
régiments LRM à 24 lanceurs, soit un total pour l’artillerie
de 280 pièces. S’y ajoutaient, comme dans toutes les
armées du monde, les sections de mortiers lourds des
régiments d’infanterie, au nombre de vingt, soit 120 pièces.
Il a été décidé, pour économiser des effectifs (20 fois 55 soit
1100 personnels), de transférer la capacité " mortiers
lourds " de l’infanterie à l’artillerie en double dotation.
Ainsi, dans un combat de haute intensité tous moyens
réunis, l’artillerie ne pouvant servir simultanément les
mortiers et les canons, l’Armée de terre n’alignera plus que
280 pièces au lieu de 400, soit une perte de 30%. Quand
on voit, dans tous les exercices de simulation sur Janus ou
BBS, l’importance des feux indirects dans les pertes
infligées, on se demande si les conséquences opérationnelles de cette décision ont réellement été pesées.
La chute est encore plus sévère pour les moyens antichars
longue portée. La cible initiale de 70 hélicoptères AC est
descendue à 50 et les 6 compagnies antichars équipées du
VAB Mephisto vont être dissoutes. Ainsi, d’une capacité
initiale instantanée de 70 TRIGAT (sur les hélicoptères
Tigre) et de 90 HOT, il ne restera à terme que 50 HOT (le
programme TRIGAT ayant été enterré), soit une perte de
68%. Et ce à condition que le programme Tigre ne passe
pas lui aussi par pertes et profits, ce qui n’est
malheureusement pas impensable. Ici aussi, il serait bon de
remarquer les dégâts commis par l’adversaire avec ses
BRDM2/AT5 dans nos exercices de simulation.
Enfin, ce tableau ne serait pas complet sans la mention de
tous ces matériels majeurs qui devaient être remplacés et
qui ne seront que revalorisés.
Ainsi, le VBCI qui devait remplacer les VAB et les AMX 10 P
des régiments d’infanterie ne remplacera finalement que les
AMX 10 P. Concernant l’AMX 10 RC, son successeur ne
verra pas le jour avant 2015, s’il a un jour un successeur.
Quant au Roland, qui date des années 70, il ne sera lui
aussi que revalorisé, et en peu d’exemplaires puisqu’un des
deux régiments sera dissous. Ainsi, notre Armée de terre va
perdre, par les décisions prises depuis 1996, de l’ordre d’un
tiers de la puissance de feu qui devait être la sienne dans la
maquette initiale. Comment dès lors pourra-t-elle mener de
façon efficace les missions de haute intensité qui restent sa
finalité ?
Systèmes de PC : les limites de la modularité
Le contrat opérationnel fixé à l’Armée de terre a été décliné
pour le système des postes de commandement. Ainsi,
l’Armée de terre doit pouvoir mettre en œuvre dans le cadre
d’un engagement massif un PC de niveau 1 (corps d’armée
de classe OTAN), deux PC de niveau 2 (divisions de classe
OTAN) et six PC de brigades interarmes, plus tout leur
environnement. La référence aux normes de l’OTAN est
nécessaire, puisqu’on considère qu’un engagement en
haute intensité se ferait dans le cadre de l’Alliance, ce qui
est logique. Qu’en est-il exactement ?
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.50
Freedom of Speech
HIGH INTENSITY COMBAT: COHERENCE OF SPEECH AND ACTION
by chef de bataillon LAVAUX,
trainee from the 115th class of the Higher Staff College Course
ommitted now for thirty years (FINUL: 1978) and in a
massive way for ten years (Balkans, Cambodia,
Rwanda,…) in mastering violence missions, the French
Army could run the risk of forgetting that its primary
mission and its ultimate vocation are high intensity
combat. To overcome this risk, the higher command takes
every opportunity to recall the necessity for training in
coercion of forces missions, which is translated into the
syllabus of branches schools, of the Staff College and the
Higher Staff College, or more recently into the scenario
used for the major exercise of the Army, Guibert 2002.
However, as far as the organization and equipment of our
forces and the organization and the modularity of our CP
systems are concerned, some decisions are clearly going
against this purpose that is the operational efficiency in
high intensity missions.
This article aims at pointing out some incoherence
between acts and speech; incoherence that could prove to
become very harmful if one day the worst came to the
worst.
C
Organization and equipment of forces: how far will we go
down to?
T
he design of our future Army as it had been presented
in 1996 was attractive, coherent and balanced. Since
then it has been incessantly modified; its " marginal "
adjustments have not been put into question - as it seems - our
operational capabilities.
Thus, our armored brigades, which initially were composed of
one regiment with 80 main battle tanks (MBT) and another
one with 53 MBTs, i.e. lining up altogether 133 MBTs, i.e. an
equivalent amount to that of their allies (2 battalions of 58
MBTs each for an American or British brigade for example),
will watch the disappearance of their 53 MBTs regiment. The
Army will therefore be downgraded from 426 to 320 heavy
tanks, i.e. a 25% loss of its potential in this field. In order to
keep the same operational capability in these conditions, this
entails that our armored corps must all of a sudden gain 33%
in productivity: it will deserve to be held up as an example to
all companies and public administrations of our country.
As far as ground-to-ground fires are concerned, the Army has
5 regiments of 32 self-propelled tracked 155 mm guns, 3
regiments of 24 towed 155 mm guns and 2 MLRS with 24
launchers each, i.e. a total of 280 pieces of ordnance for
artillery. Like all armies in the world, the heavy mortar
platoons belonging to infantry regiments, amounting to 20, i.e.
120 pieces of ordnance were added. It has been decided, to cut
down in numbers (20 times 55, i.e. 1,100 men), to transfer the
" heavy mortar " capability from the infantry to the artillery as
duplicate equipment. Thus, in a high intensity combat with all
assets, the artillery not being able to simultaneously serve
mortars and guns, the Army will only line up 280 pieces of
ordnance instead of 400, i.e. a 30% loss. In all simulation
exercises on Janus or BBS, in which the importance of indirect
fires over inflicted losses can be observed, one might wonder
whether the operational consequences of this decision have
been carefully assessed.
The drop is even more drastic for long-range antitank assets.
The initial target of 70 antitank (AT) helicopters has been
decreased to 50 and the 6 AT companies equipped with the
Mephisto armored AT wheeled combat vehicle will be
disbanded. Consequently, from an initial instantaneous
capability of 70 TRIGATs (fitted on Tiger helicopters) and of 90
HOTs, there will only remain in the long run 50 HOTs (as the
TRIGAT program has been buried and forgotten), i.e. a 68%
loss. Provided that the Tiger program is not also written off,
which is unfortunately not unthinkable. Here again, it would
be advisable to notice the damage made to us by the enemy
with his BRDM2/AT5s in our simulation exercises.
Last, this picture would not be complete without mentioning all
those major equipment that should be replaced but which will
only be upgraded. For example the Infantry Combat Armored
Vehicle supposed to be the follow-on of the infantry regiments
Wheeled Armored Vehicles and Tracked AMX 10 Ps will only
replace the AMX 10 Ps. As far as the AMX 10 RC is
concerned, its follow-on will not appear before 2015, if it has
a follow-on. As regards the Roland, which dates back to the
70s, it will only undergo upgrading, and in small numbers as
one of the two regiments will be disbanded.
As a consequence, our Army will lose, thanks to decisions
taken since 1996, roughly a third of the firepower it should
have according to the initial design. From that time how will it
be able to carry out efficiently the high intensity missions that
still remain its purpose?
The CP Systems: the limits of modularity
The operational contract assigned to the Army came out in a
variety of forms as far as the CP system is concerned. Thus the
Army, within the framework of a massive engagement, must be
able to set up one level 1 CP (NATO army corps class), two
level 2 CPs (NATO division class) and six combined arms
brigade CPs, with all their necessary support. The reference to
NATO standards is necessary, as it is considered that a high
intensity engagement would occur within the framework of the
Alliance, which is logical. Where exactly do we stand?
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.51
Libres Réflexions
Commençons par les brigades. Cet échelon de commandement, oublié depuis bien longtemps, est, dans la doctrine
de l’OTAN, dédié à la manœuvre de contact. Ainsi, les
brigades américaines ou britanniques ne comprennent que
des bataillons de mêlée et sont renforcées, quand elles en
ont besoin, de moyens d’appui venant de la division
(artillerie et génie notamment). De ce fait, le PC de brigade
est limité en volume et en capacité d’initiative.
La France a fait un choix différent. La suppression du
niveau divisionnaire, et donc la non affectation permanente
des brigades aux divisions, a imposé aux brigades
françaises de garder leurs appuis à demeure. Elles sont
ainsi devenues en quelque sorte des " divisions 84 sans
logistique ". Dérivés des divisions dont ils étaient issus, les
PC de brigades sont restés volumineux, en comparaison de
ceux de nos alliés, seules quelques fonctions ayant été
enlevées.
Il semble que cette solution ne soit pas très satisfaisante, et
il est bon que des études soient lancées pour alléger le PC
de brigade : faut-il à la brigade une cellule de coordination
3D, alors que l’octroi à une brigade de moyens sol-air ou
ALAT est illusoire ? Faut-il une grosse cellule 2D alors que
la gestion de l’espace est du ressort de la division, voire du
corps d’armée ? Faut-il une cellule " manœuvre future "
alors que le futur de la brigade ne dépasse pas les 24
heures ? Et faut-il équiper les brigades en SICF, à hauteur
de 10 postes comme actuellement, au risque de lui faire
perdre la réactivité qui doit être sa caractéristique
principale ?
Concernant le niveau divisionnaire, la France a décidé de
supprimer son caractère permanent, considérant que
l’envoi en opération d’une division organique était
hautement improbable. Pourtant, en engagement de haute
intensité, la division est le premier échelon à disposer de
toutes les fonctions opérationnelles. C’est d’ailleurs le
niveau retenu dans le contrat opérationnel de l’Armée de
terre pour un scénario de type 3 (type Guerre du Golfe) :
trente mille hommes, soit une division de classe OTAN plus
une participation au commandement de théâtre.
Là encore, nous avons décidé de ne pas faire comme nos
alliés, qui tous ont maintenu le niveau permanent
divisionnaire, mais nous avons créé quatre états-majors de
force (EMF). Ces états-majors, que, paraît-il, tous nos alliés
nous envient (mais qu’ils se gardent bien d’imiter), sont
aptes à former le noyau dur d’un PC de division, comme les
exercices Guibert l’ont montré en 2001 et 2002. Certes.
Mais cela suffit-il, si notre vocation est le combat de haute
intensité ? Car s’il faut deux EMF pour faire un PC de
division, pourquoi avoir fait quatre EMF plutôt que deux PC
de division ? Le principal inconvénient de notre formule,
c’est qu’un EMF qui veut s’entraîner comme PC
divisionnaire ne peut pas le faire dans de bonnes
conditions, puisque son chef n’a pas autorité sur les
compléments qui lui sont nécessaires pour le faire. L’autre
inconvénient, c’est que le divisionnaire, qui ne l’est
qu’occasionnellement, n’a aucune habitude de travail avec
les brigadiers qui, le cas échéant, se retrouveraient sous ses
ordres. Ce manque de relations peut se traduire par un PC
division qui travaille " dans une bulle ", comme cela a été
souligné par les brigadiers joueurs de Guibert 2002, et ce
n’est pas spécialement bon pour l’efficacité opérationnelle.
S’agissant enfin du PC de niveau 1, l’idée est de le
constituer à partir du CFAT et du CFLT. Là encore, il s’agirait
du noyau dur, qui serait complété par des renforts venus
d’un peu partout : administrations centrales et régionales,
CDES, écoles,… Cet aspect n’est pas gênant dans la mesure
où si la France doit engager un corps d’armée, c’est que la
situation est grave et que la vie courante passe au second
plan. Ce qui est plus gênant, quand les ressources
humaines sont limitées, c’est de disperser les effectifs entre
CFAT, CFLT ou Corps européen, différents PC de niveau 1
dont la redondance n’est pas justifiée.
Il semble également souhaitable d’étudier si le CFAT peut
réellement et pratiquement assurer la double mission de
noyau de PC de corps d’armée et de tête de chaîne pour la
préparation opérationnelle des forces terrestres. La
relativement faible participation des personnels du CFAT au
PC " anihaut-corps d’armée " de Guibert 2002 est à ce sujet
révélatrice.
Ainsi, alors que le combat haute intensité de l’Armée de
terre doit s’inscrire dans une coalition multinationale ou au
sein de l’Alliance, la France a choisi pour son système de
PC, à tous les niveaux, des solutions sensiblement
différentes de celles de ses alliés. On peut penser que les
conséquences opérationnelles ne seront pas anecdotiques.
Si un changement de structure nous est alors imposé, pour
nous aligner sur les standards de l’Alliance, il devra se faire
dans l’urgence, ce qui n’est jamais une bonne chose.
Rappelons-nous par exemple que dans le Golfe, la division
Daguet ne s’est engagée, sous commandement du XVIIIe
Corps américain, qu’après s’être réarticulée en deux
brigades et avoir reçu le renforcement temporaire d’une
brigade d’infanterie et d’une brigade d’artillerie
américaines.
Armée de terre 2015 : retrouvons notre force
Pour remettre en cohérence notre outil militaire, quelles
décisions prendre ?
Tout d’abord, il conviendrait de repenser de fond en comble
la participation de l’Armée de terre aux organisations et
états-majors multinationaux, en particulier le corps
européen, l’Eurofor et la brigade franco-allemande. Ces
créations répondaient à un certain souhait politique
d’affichage européen, mais répondent-elles à un réel
besoin opérationnel ? Un corps multinational est
concevable pour les nations d’Europe qui n’ont pas les
moyens de faire autrement (on peut penser à la Belgique,
au Portugal,…), mais est-il utile pour la France ou
l’Allemagne ? Le désintérêt croissant que montre cette
dernière, n’alimentant pas un certain nombre de postes à
sa charge à l’état-major du corps européen, donne un
semblant de réponse.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.52
Freedom of Speech
Let us start with the brigades. This command echelon, since
long forgotten, is, within the NATO doctrine, dedicated to
maneuver in contact. Consequently, the American or British
brigades are only composed of combat battalions and are
reinforced, when needed, by direct support assets coming from
the division (notably artillery and engineers). For this reason,
the brigade CP is limited in volume and in initiative capability.
France has made a different choice. The suppression of the
division level, and the consequent non-permanent assignment
of brigades to divisions, have led the French brigades to keep
permanently their direct support elements. They have therefore
been turned into "type 84 divisions without logistics". Derived
from the divisions they were originating from, the brigade CPs
have remained voluminous, in comparison with those of our
allies, as only a few functions have been removed.
It seems that this solution turns out to be not very satisfactory,
and it is advisable that studies be launched in order to lighten
the brigade CP: does the brigade need a 3D co-ordination cell
whereas the reinforcement of a brigade with ground-to-air or
Army aviation assets is illusive? Is a large 2D cell required
when the space management responsibility lies with the
division, or even with the corps? Is a "future maneuver" cell
needed as the future of the brigade does not exceed 24 hours?
And should the brigades be equipped with the SICF (Forces
Command and Control Information System), with 10 working
stations as it is presently the case, with the risk of jeopardizing
its reactivity that should be its main characteristic?
As far as the division level is concerned, France has decided to
cancel its permanent nature, considering that the commitment
of an organic division in operations was highly unlikely.
However, in case of a high intensity engagement, the division
is the first echelon encompassing all operational functions.
Moreover, it is the selected level in the operational contract of
the Army in case of a type 3 scenario (Gulf War type): thirty
thousand men, i.e. a NATO division class with a participation
in the theater command and control.
Here again we have decided not to do the same as our allies,
who all have kept the permanency of the division level, but we
have created four forces staffs (EMFs). These staffs, which
supposedly all our allies envy (but which they are careful not
to imitate), are able to form the core of a divisional CP, as it
was shown during the Guibert exercises in 2001 and 2002.
Admittedly. But is this sufficient if our vocation is high intensity
combat? As if two EMFs are needed to form up a divisional CP,
why then have we created four EMFs instead of two divisional
CPs? The main drawback of our system is that if an EMF
wishes to train as a divisional CP it cannot do it in good
conditions, as its commander does not have any authority over
the necessary complements needed to train properly. The other
drawback is that the major general, who only occasionally
commands a division, has no working experience with the
brigadiers who would eventually be reporting to him. This lack
of relationship can be translated into a divisional CP working
in a " sterile bubble ", as the brigadiers playing Guibert 2002
have stressed it, and this is not especially favorable for
operational efficiency.
Last, as far as the level 1 CP is concerned, the idea is to set it
up by using the assets of the Land Force Command (CFAT) and
that of the Land Logistic Command (CFLT). Here again, these
assets would form the core and would be reinforced with assets
coming from everywhere: central and regional administrations,
Army Doctrine and Higher Military Education Command
(CDES), schools,… This aspect is not awkward inasmuch as if
France were to engage an Army corps it would mean that the
situation would be severe and that the usual life would switch
to the background. What is more disturbing, when human
resources are limited, is to spread out strengths over the CFAT,
the CFLT or the European Corps, various level 1 CPs whose
redundancy is not justified.
It also seems advisable to study whether the CFAT can really
and practically ensure the dual mission of an Army corps core
CP and at the same time lead the land forces operational
preparation chain. The rather small involvement of CFAT
personnel to the " Army Corps upper animation " CP during
Guibert 2002 is, in this respect, revealing.
Therefore, when the Army high intensity combat must come
within the framework of a multinational coalition or within the
Alliance, France has chosen for its CP system, at all levels,
solutions which are significantly different from those selected
by its allies. One may think that the operational consequences
will not be anecdotal. If a structural change is then imposed on
us, in order to fall in line with Alliance standards, it will have
to be carried out under emergency, which is never a good thing.
Let us recall for instance that in the Gulf, the Daguet division
was only engaged, under command of the XVIIIth US Corps,
after a reorganization into two brigades and the temporary
reinforcement of one American infantry brigade and one
American artillery brigade.
The Army of 2015: let us recover our force
In order to bring back our military tool into coherence, what
are the decisions to be taken?
First of all, the participation of the Army to multinational
organizations and staffs, and especially the European Corps,
the Eurofor and the Franco-German brigade, should be
rethought from top to bottom. These creations were fulfilling a
certain political wish of European demonstration, but do they
fulfill a real operational need? A multinational corps is
conceivable for European countries, which do not have the
possibility to do otherwise (Belgium, Portugal,… for example)
but is it useful for France or Germany? The increasing lack of
interest demonstrated by this latter country, by not filling a
certain number of positions within its scope of responsibility
within the European Corps, seems to give the beginning of an
answer.
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.53
Libres Réflexions
Ne serait-il pas plus ambitieux pour notre pays d’avoir un
corps d’armée national, susceptible d’engerber une ou
deux divisions alliées, à l’image de l’ARRC ? D’autant que
cela ne remettrait pas en cause la possibilité d’engager ses
moyens sous la responsabilité de l’Union Européenne ou de
l’OTAN.
Il faudrait ensuite réviser notre discours sur la
multinationalité. Si celle-ci est concevable en maîtrise de la
violence jusqu’aux plus bas échelons, il faut autant que
faire se peut s’efforcer de garder des divisions nationales en
coercition de forces. En effet, en engagement multinational,
la logistique reste nationale, tant que les matériels et
procédures n’auront pas été harmonisées. Et le premier
échelon logistique est celui de la division. C’est de plus une
garantie de concentration des efforts, car les moyens
logistiques à déployer pour soutenir deux brigades
françaises insérées dans deux divisions multinationales ne
sont pas tellement inférieurs à ceux nécessaires au soutien
de deux divisions françaises.
En matière d’organisation, on pourrait alors transformer les
quatre EMF en deux états-majors de divisions : une division
lourde à deux brigades blindées et deux brigades
mécanisées, et une division " moyenne " à deux brigades
légères blindées et deux brigades d’infanterie (montagne et
parachutiste). Cette subordination permettrait :
- de maintenir le cycle actuel avec une brigade lourde et
une légère binômées pour prendre à tour de rôle les
missions de projection (afin d’éviter de recréer l’ancienne
rivalité FAR/ corps blindé mécanisé),
antichars divisionnaires (puisque les CAC existent déjà) et
les deux bataillons de reconnaissance blindée (issus par
exemple des 2° et 3° RH).
Elle ne coûterait pas forcément très cher en effectifs, dans
la mesure où on récupèrerait les moyens du corps européen
et de la BFA, ainsi qu’une partie des effectifs des étatsmajors de brigade actuels. On pourrait également se poser
la question de l’intérêt de garder un régiment sol-air
moyenne portée quand la doctrine préconise l’engagement
des forces terrestres une fois la supériorité aérienne
acquise, ou celle d’avoir un détachement aéroporté
tournant prépositionné en Afrique (qui impose d’avoir une
brigade parachutiste à cinq régiments dans une organisation quaternaire).
Concernant les matériels, il faudrait mettre en cohérence
les moyens. Ainsi, l’infanterie des brigades mécanisées
devrait être équipée d’un véhicule apte à combattre avec le
Leclerc, c’est-à-dire sur chenilles, quitte à remplacer nos
vieux AMX 10P par des véhicules achetés sur étagère. Il
existe beaucoup de VCI de qualité sur le marché, ne
pourrait-on pas par exemple acquérir des Bradley, dont le
châssis est celui du LRM ?
On réserverait ainsi les VBCI pour les régiments d’infanterie
de la division moyenne, dont l’artillerie serait tractée ou sur
châssis roues (CAESAR).
Il faudrait enfin lancer le programme de remplacement de
l’AMX 10 RC, en s’appuyant par exemple (dans la mesure
du possible et par souci de cohérence) sur le châssis
développé pour le VBCI.
- aux PC de divisions d’avoir en permanence trois brigades
disponibles pour s’entraîner.
S’alignant sur les principes de l’Alliance, les brigades ne
garderaient sous leur subordination que les unités
d’infanterie (qui conserveraient leurs mortiers lourds) et de
cavalerie, EEI compris. Chaque division aurait une brigade
d’artillerie composée de trois régiments canon et un
régiment LRM, une brigade de génie composée de trois
régiments de combat et un régiment d’appui, une brigade
logistique, un bataillon antichars à trois compagnies HOT et
un bataillon de reconnaissance blindé.
Au niveau du corps d’armée, il resterait la brigade de
transmissions et d’aide au commandement, la brigade
aéromobile, la brigade de renseignement, une brigade solair, une brigade d’artillerie à deux régiments canon, une
brigade du génie, une brigade logistique. Une partie de ces
EOCA pourrait d’ailleurs être fournie ou complétée par la
nation qui armerait la troisième division du corps d’armée.
Cette réorganisation nécessiterait de créer six états-majors
de brigade supplémentaires (deux d’artillerie et deux du
génie pour les divisions, un pour l’artillerie sol-air du corps
d’armée et un de logistique pour le corps d’armée), les
unités de commandement et de soutien des deux bataillons
◆
Une opportunité à saisir
Les évolutions mentionnées au début de cet article ont,
pour beaucoup, été prises sous la contrainte budgétaire. Le
Président de la République s’est engagé avant sa réélection
(discours de Rennes du 23 avril 2002), puis lors du premier
conseil de défense du nouveau gouvernement (31 mai
2002), à redonner aux armées les moyens de parvenir à la
maquette 2015. Il y a là une opportunité à saisir pour
mettre en cohérence notre mission, notre discours (priorité
à l’entraînement au combat de haute intensité) et notre
organisation. Celle proposée ici ne remettrait foncièrement
en cause ni le format, ni l’aptitude à s’engager en
opérations de maîtrise de la violence de notre Armée de
terre, mais elle en améliorerait indéniablement l’efficacité
opérationnelle en coercition de forces ■
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.54
Freedom of Speech
Would not it be more ambitious for our country to have a
national army corps, able to incorporate one or two allied
divisions, in the image of the ARRC? All the more since it
would not jeopardize the possibility to engage its assets under
the responsibility of the European Union or NATO.
Then, our speech about multinationality should be reviewed.
If it is conceivable down to the lowest echelons in violence
mastering operations, the national divisions should be kept in
coercion of forces as much as possible. In fact, in a
multinational engagement, logistics remains a national
responsibility, as long as equipment and procedures are not
harmonized. And the first logistic echelon is that of the
division. Moreover, it warrants a concentration of efforts,
since logistic assets to be deployed in order to support two
French brigades inserted into two multinational divisions are
not very inferior to those needed to support two French
divisions.
As far as organization is concerned, the four EMFs could then
be turned into two divisional staffs: one heavy division with
two armored brigades and two mechanized brigades, and one
"medium weight" division with two light armored brigades
and two infantry brigades (mountain and airborne).
This subordination would enable:
- to maintain the present cycle with one heavy and one light
brigade earmarked together to take over, one after the other,
projection missions (in order to avoid revitalizing the old
Rapid Reaction Forces/Armored and Mechanized Corps
rivalry),
- divisional CPs to permanently have three brigades available
two armored recce battalions (coming from the 2nd and 3rd
Hussar Regiments for example).
It would not necessarily be very expensive in terms of
personnel, inasmuch as the assets of the European Corps and
those of the Franco-German Brigade, and a share of the
personnel assigned to the present brigade staffs could be
recovered. The question of the advantage of keeping a
medium range ground-to-air battalion could also be raised
when the doctrine recommends the engagement of land forces
only once air superiority has been gained. The fact of having
a rotating pre-positioned airborne detachment in Africa,
which demands to have an airborne brigade encompassing
five battalions in a quaternary organization, could also be
reviewed.
As far as equipment is concerned, assets should fall in
coherence. In this way, the infantry of mechanized brigades
should be mounted on a vehicle able to combat with the
Leclerc, i.e. on tracks, even if this leads to replace our old
AMX 10 Ps with vehicles bought off the shelf. A great deal of
good quality Infantry Combat Vehicles exists on the market,
could not we for example purchase some Bradleys whose
chassis is the one used for the MLRS?
We would then keep the Armored Infantry Combat Vehicles
for the infantry battalions of the "medium weight" division
whose artillery would be towed or mounted on wheeled
chassis (CAESAR).
Last, the replacement program for the AMX 10 RC should be
launched, using as a base for example (inasmuch as possible
and with a concern for coherency) the chassis developed for
the Armored Infantry Combat Vehicle.
for training.
Falling in line with the Alliance principles, the brigades would
only keep in subordination the infantry units (which would
keep their heavy mortars units) and the cavalry units,
including the scout elements. Each division would have an
artillery brigade composed of three gun battalions and one
MLRS battalion, an engineer brigade encompassing three
combat battalions and one direct support battalion, a logistic
brigade, an antitank battalion with three HOT companies and
an armored recce battalion.
Would remain at corps level the signals and command and
control support brigade, the airmobile brigade, the intelligence
brigade, one ground-to-air brigade, one artillery brigade with
two gun battalions, one engineer brigade and one logistic
brigade. By the way, a part of these corps organic elements
could be supplied or completed by the nation that would arm
the third division of the corps. This reorganization would
entail the creation of six additional brigade staffs (two arty
and two engineer ones for the divisions, a ground-to-air one
for the corps and a logistic one for the corps), the support and
command and control units of the two divisional antitank
battalions (as the antitank companies already exist) and the
◆
An opportunity to jump at
Many of the evolutions mentioned at the beginning of this
article have been taken under budget constraint. Prior to his
re-election (speech made at Rennes on April 23, 2002) and
during the first defense council meeting of the newly formed
government (May 31,2002), the President of the French
Republic has committed himself to allocate the necessary
funds to the armies enabling them to reach the 2015 design.
There lies an opportunity that should be jumped at to place
our mission, our discourse (priority given to high intensity
combat training) and our organization in coherence. The
organization recommended here would fundamentally put into
question neither the size, nor the capability of our Army to be
committed to violence mastering operations, but it would
undoubtedly improve its operational efficiency in coercion of
forces ■
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.55
LEXIQUE / LEXICON
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force amphibie
ATF (amphibious task force)
PC de la force amphibie
ATF/CP
Débarquement (en force sur une côte hostile)
Amphibious Assault
Rembarquement d'une force déployée sur une côte hostile
Amphibious Withdrawal
Manœuvre de Déception
Amphibious Demonstration
Raid Amphibie (va-et-vient)
Amphibious Raid
Zone d'objectif amphibie
Amphibious Objective Area (AOA)
ATP 8B Publication OTAN: Doctrine sur les
ATP 8B NATO Doctrine for amphibious operations,
opérations amphibies, non ratifié
not ratified
Tête de pont
Bridgehead
Commandant de la force amphibie
CATF (Commander Anphibious Task Force)
Commandant de la Force de débarquement
CLF (Commander Landing Force)
VPCM Véhicule porte conteneurs maritime
Container maritime transport vehicle
Flotte de débarquement
Disembarkation Fleet
Force de réaction embarquée (FRE)
Embarked Reaction Force
Initiative Européenne Amphibie (IEA)
European Amphibious Initiative
regroupant FR,UK,NL,IT,SP
EMW Expeditionary Maneuver Warfare (USMC)
Doctrine de maneuvre expéditionnaire
CIEA Commission Interarmées des études amphibies
Joint Commission for Amphibious Studies
Elément de soutien logistique rapproché
Forward Support Element (FSE)
Transport de chalands de débarquement (TCD)
Landing Ship Logistics (LSL)
Engin de débarquement d'infanterie et de chars
Landing craft for vehicles & personnel
Chaland de débarquement
Landing craft Utility
Plateforme de débarquement
Landing Platform Dock (LPD)
Plateforme hélicoptères
Landing Platform Helicopters (LPH)
Engin de transbordement logistique LARC 15
LARC 15 Light Amphibious Resupply Cargo
Etat-Major embarqué
On-board HQ
Groupement aéroterrestre des US Marines
MAGTF (Marine Air Ground Task Force)
Base de transit maritime
Maritime Transhipment Base (MTB)
Contre mesures pour les mines (marine)
MCM (Mine Counter Measures)
Force d'action Navale (FAN)
Navy Action Force
Doctrine nationale des opérations amphibies (DNOA)
National Doctrine for amphibious operations
Processus PERMA (Planification, Embarquement,
PERMA Process (Planning, Embarkation, Rehearsal,
Répétition, Mouvement, Action)
Movement, Action)
Processus EMPRA (Embarquement, Mouvement,
EMPRA Process (Embarkation, Movement, Planning,
Planification, Répétition, Action)
Rehearsal, Action)
Navire hôpital de réception des évacuations primaires
PCRS (Primary Casualty Receiving Ship)
Manœuvre bateaux-objectifs
STOM (Ship to Objective Maneuver)
Bateaux-Rivage
Ship to Shore
Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.56
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du Corps des Marines (US)