Les operations amphibies - CDEF
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Les operations amphibies - CDEF
COMMANDEMENT DE LA DOCTRINE ET DE L’ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR DE L’ARMEE DE TERRE OBJECTIF DOCTRINE LES OPÉRATIONS AMPHIBIES AMPHIBIOUS OPERATIONS N°36 Edition bilingue Bilingual edition C•D•E•S C OMMANDEMENT DE LA D OCTRINE ET DE L’ E NSEIGNEMENT MILITAIRE S UPÉRIEUR DE L’ARMÉE DE TERRE Sommaire/Summary Editorial p. 4/5 Doctrine/ Doctrine Le concept national des opérations amphibies L’engagement de la force de réaction embarquée dans une opération amphibie Le 519e Régiment du Train : une réponse adaptée au soutien des opérations amphibies L’initiative amphibie européenne (IAE) Capacité des forces armées françaises à conduire des opérations amphibies dans un cadre multinational p. p. p. p. p. 6 10 18 22 24 The national concept of amphibious operations The embarked reaction force’s commitment in an amphibious operation The 519th transportation battalion: an appropriate answer to amphibious operations support The european amphibious initiative (EAI) French armed forces capabilities to conduct amphibious operations within a multinational framework p. 7 p. 11 p. 19 p. 23 p. 25 Etranger/ Foreign Studies La doctrine du Corps américain des Marines La doctrine des Pays-Bas des opérations amphibies p. 28 p. 34 The (US) Marine Corps’ doctrine The Netherlands doctrine « amphibious operations » p. 29 p. 35 Libres Réflexions / Freedom of Speech Le STOM, avenir de l’amphibie ? Il faut désigner un état-major de force (EMF) amphibie Combat de haute intensité : de la cohérence du discours et des actes p. 42 p. 44 p. 50 STOM, the future of amphibious operations? An amphibious force staff (EMF) needs to be appointed High intensity combat: coherence of speech and action p. 43 p. 45 p. 51 Lexique/Lexicon p. 56 Les articles publiés dans la rubrique « Libres Réflexions » ne représentent pas la position du CDES et n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs qui s’expriment à titre personnel OBJECTIF DOCTRINE N° 36 LES OPÉRATIONS AMPHIBIES DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : GÉNÉRAL JEAN-MARIE VEYRAT Rédacteur en chef : lieutenant Stéphane Carmès - Traductions : colonel (CR) PierreYves Lemerle, colonel (CR) Robert Travaillot, lieutenant-colonel (CR) Jacques de Vasselot, lieutenant-colonel (CR) Daniel Sillon, lieutenant-colonel (CR) Jean-Claude Laloire Relecture des traductions : général (2s) Pierre Dejean - lieutenant Laurent Favier - Maquette : Christine Villey - Schémas : Geneviève Yahiouche - Photos : DEP/EAT (pages 18 et 19), lieutenant-colonel Grisnigt - collection personnelle (pages 40 et 41), colonel Isnard collection personnelle (cahiers du RETEX, pages 11 et 14) - Photogravure : Saint-Gilles (Paris) - Gestion du fichier des abonnés : lieutenant Stéphane Carmès - Diffusion : bureau courrier du CDES - Impression : Section Conception Impression du CDES Tirage : 1 900 exemplaires - Dépôt légal : à parution - ISSN : 1293-2671 - Tous droits de reproduction réservés. Conformément à la loi «informatique et libertés» n° 78-17 du 6 janvier 1978, le fichier des abonnés à OBJECTIF DOCTRINE a fait l’objet d’une déclaration auprès de la CNIL, enregistrée sous le n° 732939. Le droit d’accès et de rectification s’effectue auprès du CDES (Commandement de la Doctrine et de l’Enseignement militaire Supérieur de l’Armée de terre) - Cellule communication - BP 53 00445 ARMEES. ☎ : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 36 22 PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 36 22 Fax : 01 44 42 44 29 ou 821 753 44 29 Mel : [email protected] Web : www.cdes.terre.defense.gouv.fr Cahiers du RETEX n° 11 • Quelques rappels historiques sur les opérations amphibies du passé. • Some historical examples of past amphibious operations. • Les principaux enseignements des deux derniers exercices CATAMARAN. • Major lessons learned from the last two CATAMARAN exercices. • Le sac d’Angkor par la flotte Cham en 1177. • History the looting of Angkor by the Cham fleet in 1177. • DIEPPE : l’opération «JUBILEE». • DIEPPE: the « JUBILEE » operation. OBJECTIF DOCTRINE est en ligne sur le site INTERNET du CDES OBJECTIF DOCTRINE is consultable on the CDES INTERNET web site WWW.CDES.TERRE.DEFENSE.GOUV.FR E ditorial C e 36e numéro d’Objectif Doctrine et les cahiers du RETEX qui l’accompagnent sont entièrement consacrés aux opérations amphibies, domaine rattaché, dans la classification doctrinale des forces terrestres, aux " opérations dans la profondeur du théâtre ". De nombreux officiers, français mais alliés, se sont exprimés dans les différentes rubriques habituelles (Doctrine, Etranger, Libres réflexions et Cahiers du RETEX) et le CDES remercie tout particulièrement les officiers de la Force d’action navale qui ont bien voulu apporter leur contribution à ce point sur les opérations amphibies1. La doctrine interarmées des opérations amphibies (instruction 3500) a été approuvée le 14 février 2002 par le chef d’état-major des armées. Fruit des travaux menés par la commission interarmées des études amphibies (CIEA) et du retour d’expérience de l’exercice CATAMARAN 2001, ce document, qui décrit le déroulement, l’organisation et les moyens nécessaires pour mener les opérations de débarquement, répond avant tout à un besoin national, dans le cadre fixé par le concept national des opérations amphibies (CNOA) de 1997. Cette doctrine prévoit, avec les capacités amphibies actuelles de la France, la préparation et la conduite de quatre types d’opérations amphibies à savoir le débarquement (Amphibious assault), le rembarquement (Amphibious withdrawal), la manœuvre de déception (Amphibious demonstration) et le va-et-vient (Amphibious raid), avec la mise à terre d’une force de réaction embarquée (FRE) de 1 400 hommes au maximum, incluant un groupement aéromobile et le soutien correspondant à cet ensemble. Elle sera bientôt complétée par une troisième partie2, le titre 3 qui définira les modalités de prépositionnement d’un groupe amphibie dénommé GA1 3, articulé autour d’un seul TCD et d’un groupement tactique embarqué. Une opération amphibie n’est pas le simple débarquement d’une unité de l’Armée de terre destinée à mener dans la foulée une action terrestre autonome. Elle est au contraire une opération interarmées complexe, " conduite à partir de la mer, mettant en œuvre des forces maritimes, terrestres et éventuellement de l’Armée de l’air, exécutée sur une côte adverse qui peut être tenue par des forces ennemies4 ". Préparée conjointement par le commandant de l’opération amphibie (CATF5) et le commandant de la force de débarquement (CLF6), conduite sous l’entière responsabilité du CATF, l’opération est considérée comme terminée lorsque les objectifs fixés ont été atteints et que les troupes débarquées sont en mesure de poursuivre les opérations terrestres ultérieures éventuellement prévues. Une opération amphibie ne débouche pas en effet systématiquement sur une opération purement terrestre ou plutôt aéroterrestre, puisque dans les quatre types d’opérations envisagées, la force terrestre rembarque (ou embarque) dans au moins trois cas sur quatre. Elle se caractérisera donc généralement par une empreinte logistique terrestre aussi réduite que possible, compte tenu des contraintes très fortes de réversibilité, quel que soit le mode d’action choisi (" bateaux/rivage/objectif ", " bateaux/objectif "7 dans lequel on s’affranchit du contrôle d’une zone de mise à terre- et enfin " bateaux/objectif et bateaux/rivage ", mode d’action combiné). La doctrine interarmées des opérations amphibies demeure bien sûr " pleinement compatible avec les principales avancées doctrinales des alliés pour permettre la mise en œuvre des capacités françaises dans le cadre plus large des engagements multinationau x"8. Elle n’en reste pas moins la déclinaison d’un concept national, alors que la plupart des opérations sont désormais multinationales. Notre future doctrine devra donc, dans quelques années, prendre en compte résolument les avancées de l’initiative européenne amphibie (IEA) évoquée dans un des articles et, bien sûr, la référence commune à toutes les armées de l’Alliance atlantique, l’ATP8 - Doctrine sur les opérations amphibies - en cours de révision. Elle devra aussi évoluer au fur et à mesure de l’arrivée des futurs équipements dans l’Armée de terre (Hélicoptère TIGRE, SIC nouvelle version, etc) et dans la Marine nationale, notamment le bâtiment de commandement et de projection (BCP) qui va bientôt remplacer le TCD. Dans le cadre de la préparation et de la conduite de ces opérations, les forces navales et terrestres, avec en particulier les 3 brigades à spécificité amphibie (6e et 9e brigades légères blindées et 4e BAM) doivent continuer à s’entraîner ensemble, dans un cadre chaque fois que possible multinational, comme cela a été le cas récemment encore avec l’exercice Destined Glory9. Pour ce qui concerne l’Armée de terre, peut-être faudra-t-il, comme le propose l’auteur d’un des articles de la rubrique " Libres réflexions ", spécialiser réellement un état-major de force (EMF) dans le domaine amphibie, avec tous les avantages, mais aussi les inconvénients que cela suppose ? Les forces armées françaises disposent maintenant d’un bon document doctrinal, fruit de longs travaux de réflexions mais aussi d’une expérience de " terrain ". Il faut le connaître, l’appliquer et se l’approprier, avant, dans les années à venir, de l’aménager dans le cadre de la prochaine révision évoquée ci-dessus. La Rédaction 1 La rédaction d’OBJECTIF DOCTRINE remercie également la division conduite de l’E.M. de la FAN et l’équipe de rédaction du tout nouveau bulletin des acteurs de l’amphibie, " l’Amphibien ", dont le premier numéro vient de paraître, qui ont bien voulu autoriser dans des délais très courts la reproduction de plusieurs de leurs articles. Elle souhaite une longue vie à son nouveau confrère. 2 L’instruction 3500 (Diffusion restreinte) comprend déjà 2 parties : le titre 1- Conception de l’opération amphibie et le titre 2 – Phases de l’opération et fonctions à réaliser. 3 Pour « groupe amphibie à 1 TCD ». 4 Cf CNOA. 5 Commander Amphibious Task Force. 6 Commander Landing Force. 7 Appelés respectivement en anglais " Ship to shore " et " Ship to objective ". 8 Lettre d’envoi de la doctrine de février 2002. 9 Exercice amphibie de l’OTAN joué en octobre 2002. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.4 That doctrine plans for, according to current French amphibious capabilities, the preparation and the conduct of four kinds of amphibious operations, i.e. the amphibious assault, the amphibious withdrawal, the amphibious demonstration, and the amphibious raid, with the landing of a shipborne reaction force (FRE - Force de Réaction Embarquée) not exceeding 1,400 men, but including an airmobile task group and the corresponding support elements. Soon it will be complemented with a third part3, chapter 3 that will provide a definition for the prepositioning modalities of an amphibious task group named GA 14 made of one TCD5 only and one shipborne task group. E T he joint doctrine for amphibious operations (instruction 3500) was approved by the Chairman, joint chiefs of staff (CJSC) on February 14, 2002. Resulting from the works carried out by the joint commission for amphibious studies (CIEA Commission Interarmées des Etudes Amphibies) and from the lessons learnt from the CATAMARAN 2001 exercise, this document that describes the unfolding, the organization, and the necessary means to carry out landing operations, above all meets a national need, within the framework set by the 1997 amphibious operations national concept (CNOA - Concept National des Opérations Amphibies). ditorial T his Objectif Doctrine 36th issue and the attached RETEX pullout supplement are fully dedicated to amphibious operations, a domain that, in the land forces doctrinal classification, is associated to " theater deep operations ". Many French and Allied officers expressed their opinion in the various usual sections (Doctrine, Foreign Studies, Freedom of Speech, and the RETEX pullout) and the CDES1 would particularly like to thank the officers from the Naval Task force for their outstanding contribution about amphibious operations2. An amphibious operation is not the mere landing of an Army unit tasked with an in stride autonomous land operation. On the contrary it is a complex joint operation, " launched from offshore, committing naval, land and possibly air forces, carried out on an hostile coast that might be hold by enemy forces6 ". Jointly prepared by the commander of the amphibious task force (CATF) and by the commander of the landing force (CLF), conducted under full control of the CATF, the operation is regarded ended when the set objectives have been reached and when the landed troops are prepared to go on with the follow-on land operations as planned. An amphibious operation does not systematically lead to a single land or rather airland operation, as in the four kinds of planned operations the land force re-embarks (or embarks) in three occurrences out of four. It will then usually be characterized by an as light as possible land logistic print, because of the very strong reversibility constraints, whatever the selected course of action (" ship/to shore/to objective ", " ship to objective ", in which the control of an amphibious assault area is not necessary - and eventually " ship to objective and ship to shore " combined course of action). Obviously the joint doctrine for amphibious operations remains " fully compatible with the main allied doctrinal advances to facilitate the implementation of the French capabilities in the wider framework of multinational commitments7 ". Nevertheless it results from a French national concept even when most operations are henceforth multinational ones. Our future doctrine should then, within a few years, resolutely take into account the EAI (European Amphibious Initiative) advances dealt with in one article and, of course, the common reference to all armed forces in the Atlantic Alliance, ATP8 - Amphibious operations doctrine - under revision. It should also evolve as and when the Army gets new equipments (TIGRE helicopter, new version CIS, etc.) as for the Navy, in particular with the BCP (command and control, projection ship) that is soon to replace the TCD. In the framework of the preparation and conduct of these operations, naval and land forces, and particularly the 3 brigades that get amphibious specificities (6th and 9th light armor brigades and the 4th Airmobile Brigade) must keep training together, in an international environment whenever possible, as it happened recently during the Destined Glory8 exercise. As far as the Army is concerned, perhaps will it be necessary, as suggested by the author of one article under the " Freedom of Speech " heading, to get one of the Force HQs (EMF) specialized in the amphibious domain, with all the advantages, and all the concomitant drawbacks too. The French armed forces now have a good doctrine document, fruit of long thoughts and also experience from the field. We have to study it, to apply its principles and to make it ours, before we have, in the coming years, to amend it at the time of the next review mentioned above. The editorial staff 1 Army Doctrine and Higher Military Education Command. 2 The OBJECTIF DOCTRINE editorial staff would also like to thank the command and control cell of the Naval Task force HQ and the drafting team of the brand-new publication of the actors of the amphibious, " l'Amphibien ", the first issue of which has just been published, as they have been kind enough, despite very tight deadlines, to authorize the reproduction of several items. Our staff wishes a long life to this new fellow publication. 3 Instruction 3500 (Restricted) already includes 2 parts: chapter 1- Amphibious concept of operation, and chapter 2 - Operation phases and functions to be achieved. 4 Standing for " amphibious task force with 1 landing ship ". 5 Landing ship. 6 c.f. the amphibious operations national concept (CNOA). 7 Doctrine covering letter, February 2002. 8 NATO amphibious exercise that took place in October 2002. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.5 Doctrine Le concept national des opérations amphibies par le colonel ARNAULT, CREDAT Les formes actuelles de menace n’émanent souvent plus d’Etats ou d’organisations politiques reconnus au plan international : sur le terrain, l’adversaire n’est plus obligatoirement caractérisé par une force militaire constituée, organisée et structurée selon des critères conventionnels. Pour les contrer, la France a fait le choix d'une politique d’action, fondée sur la projection de forces combinant mobilité, modularité et réactivité. La zone littorale, qui concentre une grande partie de la population mondiale1 et par voie de conséquence des richesses et des voies de communications, offre bon nombre de ce qu’il est désormais convenu d’appeler des centres de gravité potentiels. Dans ce cadre, le statut des eaux internationales permet de projeter, sans contrainte autre que logistique, une force qui peut agir dans une vaste zone, soit par influence soit par intervention directe, pour prévenir ou maintenir au plus bas niveau les crises, et affirmer une volonté politique. C’est dans ce contexte que l’EMA a validé en 1997 un premier concept national des opérations amphibies (CNOA), qui a permis de jeter les bases d'un nouveau type d’opérations en France. Cinq ans après, l’heure est venue de tirer les enseignements des opérations et exercices comme des besoins, évolutifs, de la politique militaire de défense. C’est ce à quoi s'attache la Commission interarmées des études amphibies (CIEA)2, qui a reçu pour mandat de rénover pour la fin 2002 le CNOA de 97. Le concept ne opération amphibie est une opération conduite à partir de la mer, mettant en œuvre des forces interarmées, exécutée sur une côte hostile ou potentiellement hostile. Elle ne doit pas se focaliser sur la zone de mise à terre, mais sur un point décisif ou un centre de gravité ennemi." "U Cette définition, extraite du glossaire interarmées et conforme à la doctrine OTAN ATP8, différencie fondamentalement ce type de projection de forces par voie de mer du transport maritime (recours aux moyens civils) et du transport opérationnel (action à partir de moyens militaires sur une côte non hostile). L’opération amphibie est en effet une opération mixte unique, se déroulant à la fois en mer, sur terre, et dans les airs, qui a pour but l'atteinte d’objectifs précis, et elle n’est terminée que lorsqu’ils sont atteints. Offrant la capacité de menacer ou frapper à partir de la mer et dans la profondeur un dispositif ennemi, une opération amphibie exploite l’effet de surprise en appliquant la force militaire à l’endroit et au moment les plus opportuns par une projection de surface et/ou aérienne, réversible jusqu’au dernier moment. Par ailleurs, une force amphibie à la mer constitue une réserve opérationnelle de théâtre particulièrement déterminante, susceptible de fixer d’importantes forces ennemies. Disposant de sa propre autonomie et capable de durer à la mer, elle facilite ainsi la résolution politique des crises. C’est ainsi que l’on distingue quatre types d’opérations amphibies, généralement précédées d’opérations amont visant, notamment, à recueillir le renseignement d’ordre tactique : - le débarquement ("amphibious assault"), visant à mettre en place une force sur une côte potentiellement hostile, Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.6 - le rembarquement (" amphibious withdrawal "), visant à évacuer par voie maritime une force déployée sur une côte potentiellement hostile, - la manœuvre de déception (" amphibious demonstration "), visant à induire l’ennemi en erreur et à placer ses forces en situation défavorable, - le va-et-vient (" amphibious raid "), visant à effectuer un débarquement pour mener une action terrestre de durée limitée suivie d’un rembarquement planifié. Caractéristiques d’une opération amphibie Les caractéristiques de son environnement ont des conséquences directes sur la faisabilité et l’efficacité d’une opération amphibie. En ef fet, les données géographiques, océanographiques et météorologiques conditionnent les possibilités d’emploi des moyens et l'éloignement du lieu de projection. Le lien mer-terre, soumis quant à lui aux aléas de la météorologie et de l’océanologie, ne peut être réputé fiable durant la totalité de l’opération. La zone d’action, généralement de type lacunaire et pouvant atteindre 100 km de profondeur sur 50 de large, est d’une grandeur inhabituelle en regard de la force à terre. Les élongations ainsi créées entre les échelons de combat, la force navale, et /ou la zone de mise à terre peuvent générer autant de difficultés en matière de logistique et de télécommunications. 1 70% de la population mondiale vit à moins de 200 km des côtes ; source CEFAM. 2 coprésidée par l’amiral commandant la Force d'Action Navale (ALFAN) et le général commandant la Doctrine et l’Enseignement militaire supérieur (CDES). Doctrine The national concept of amphibious operations by colonel ARNAULT, CREDAT Often, the current threats do not come anymore from states or political organizations internationally known: on the ground, the opponent is not obligatorily characterized by a military force, built up, organized and structured according to conventional criteria. To counter those new types of threat, France has decided to have an action policy based on Force projection that combine mobility, modularity and reactivity. The coastal area that concentrates most of the world population1 and consequently their wealth and lines of communication, presents a lot of what has to be called today, potential centers of gravity. Within that framework, the international waters status allows to carry out Force projection, without any constraint other than the logistical one, that can operate in a wide area either by means of influence or direct intervention to prevent crises or to keep them at the lowest level, and to assert a political will. It is within this context that EMA2 validated in 1997 a first national concept of amphibious operations (CNOA) that permitted to set the bases of a new type of operations in France. Five years later, time has come to draw lessons from operations and exercises as well as from the changing needs of the defense military policy. This is the task assigned to the Joint Commission for amphibious studies (CIEA)3 that received the mandate to update the CNOA 97 by the end of the year 2002. The concept n amphibious operation is an operation conducted from the sea by joint forces and onto an hostile or potentially hostile coast. It must not focus on the landing zone but on an enemy’s decision point or center of gravity.” “A This definition, extracted from the joint doctrine glossary, consistent with the NATO ATP8, differentiates fundamentally that type of force projection by sea from the maritime transportation (using civilian means) and the operational transport (action conducted from military means to a non-hostile coast). The amphibious operation is, in fact, a unique composite operation that takes place simultaneously at sea, on the ground and in the air, the purpose of which being to reach precise objectives, the operation ending only when these objectives are reached. By providing the capability to threaten or strike from the sea and in the depth an enemy disposition, the amphibious operation takes advantage of the surprise factor by applying the military force to the most appropriate place and at the most appropriate time by means of surface and/or air projection that could be reverted up to the last minute. Besides, an amphibious force at sea constitutes a theater operational reserve that is a particularly deciding factor, able to fix significant enemy forces. Provided with its own autonomy and sustainability at sea, it facilitates the political resolution of crises. Four types of amphibious operations can be found, usually preceded by actions aiming, for instance, at gathering tactical intelligence: - “Amphibious assault ” that aims at landing a force on a potentially hostile coast, Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.7 - “Amphibious withdrawal ” that aims at evacuating, by sea, a force deployed on a potentially hostile coast, - “Amphibious demonstration”that aims at deceiving the enemy and at placing its forces into unfavorable situation, - The “Amphibious raid ” that aims at disembarking a force in order to conduct a land action limited in time and followed by a planned re-embarking phase. Amphibious operations characteristics The environment characteristics have direct consequences on the feasibility and efficiency of an amphibious operation. As a matter of fact, geographical, oceanographic and meteorological data have an influence on the assets employment possibilities and on the distance of the projection location. The sea-to-land link is under the influence of the meteorology and oceanology hazards, it cannot be considered as being reliable for the entire duration of the operation. The zone of action, generally discontinuous and which dimensions can reach up to 100 km depth and 50 km wide, is unusually large compared with the size of the landing force.The distances thus created between the combat echelons, the naval force and/or the landing zone may generate many difficulties as far as logistics and telecommunications are concerned. 1 According to the CEFAM, 70% of the world population lives at less than 200 km from the coasts. 2 French Joint General Staff.. 3 Co chaired by the Admiral commanding the Naval Action Force(ALFAN) and the General commanding the doctrine and Higher Military Education Command (CDES). Doctrine Enfin, pour l’ennemi, la côte constitue une ligne de défense naturelle facile à surveiller, à valoriser par des obstacles artificiels ou des mines et à battre par des feux directs et indirects. Un rapport de forces local très favorable dans la zone de mise à terre, estimé au minimum de quatre contre un, est donc indispensable. On comprendra donc aisément que la rapidité d’exécution de la manœuvre et les possibilités de reconfiguration soient des facteurs clés du succès. Avec des effectifs et des capacités d’emport très comptés, cela suppose une intégration poussée des différentes fonctions opérationnelles, qu’elles soient de commandement, de combat, de communication ou encore de soutien. Cela conduit également à mettre en œ u v re d e n o u ve a u x p ro c é d é s , q u i s’affranchissent de la classique zone de mise à terre3 . Ce qui permet d’affirmer qu’aujourd'hui l’amphibie constitue un véritable laboratoire de l’interarmisation, et sans doute de la multinationalisation des forces : outre les trois armées Terre, Mer, Air, les autres commandements, directions, organismes et services interarmées4 apportent chacun leur soutien à la force amphibie dans leur domaine de compétence. L’ambition de la France en matière d'amphibie - l’un de ses DOM-TOM, - l’un des pays avec lesquels la France a des accords de défense, La France veut pouvoir projeter une force de réaction embarquée d’environ 1400 hommes, avec une autonomie de 10 jours, et dans une profondeur de l’ordre de 100 km, dans toutes les régions du monde où les intérêts français sont en jeu. - ou tout autre pays selon le besoin politicomilitaire du moment ■ L’emploi de cette force peut avoir lieu dans un cadre national comme dans un cadre multinational (OTAN, EAI5, coalition de circonstance) où, grâce à son implication croissante au côté de ses partenaires, la France peut aujourd’hui participer à tous les niveaux de commandement et d’exécution. Qu’il résulte d’un prépositionnement stratégique (groupe amphibie à un TCD) pour une réactivité immédiate, ou d’une projection d’un volume de forces, éventuellement plus important, au départ de la métropole ou à partir de territoires sur lesquels des forces sont prépositionnées6, l’engagement s’effectue à partir d’un groupe amphibie constitué de un à quatre bâtiments amphibies. 3 Action héliportée conduite depuis la mer, avec ou sans débarquement (stricto sensu) ultérieur. 4 Commandement des Opérations Spéciales, Direction Générale de la Gendarmerie Nationale, Direction du Renseignement Militaire, Service de Santé des Armées, Service des Essences des Armées, Base de Transit Interarmées..., tous présents lors des réunions de la CIEA. 5 European amphibious initiative, regroupant aujourd’hui 5 pays : Royaume-Uni, Pays bas, France, Italie et Espagne. Son point d’application peut être : - un théâtre relativement proche de la métropole (jusqu’à 5000 km), 6 Forces prépositionnées = forces de souveraineté (forces françaises stationnées dans les DOM-TOM) + forces de présence (forces françaises stationnées sur des territoires étrangers). Documents de référence INTITULÉ DATE D’APPROBATION Concept national des opérations amphibies (C.N.O.A.) n° 644/DEF/EMA/EMP.1 (DR) 10 juin 1997 Doctrine interarmées des opérations amphibies Instruction n° 003500/DEF/EMA/EMP.1 (DR) 14 février 2002 ATP8 B : Allied Tactical Publication n° 8B Doctrine OTAN des opérations amphibies en cours de ratification Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.8 Doctrine And last, for the enemy, the coastline constitutes a natural defense line easy to watch, easy to improve by means of artificial obstacles or mines and onto which it is easy to concentrate direct or indirect fire support. A very favorable force ratio in the landing zone (assessed to be at least four to one) is thus essential. It is then easily understandable that the speed of the maneuver execution and the possibilities of re-organization become key factors for the success of the operation. Taking into account the very limited strength and transport capability, it means that the various operational functions, command and control, combat, communications and support, must be very much integrated. This leads also to the implementation of new processes that don’t require anymore a traditional landing zone 4. This enables us to say that today, the amphibious domain constitutes a true test bench for the joint and perhaps combined nature of forces: besides the three services (Land, Navy, Air Force) the other joint commands, directorates, organizations and bodies(5) bring their own support to the amphibious forces within their field of competency. - One of the French overseas territories, France’s ambitions in the amphibious domain - One of the countries with which France has signed defense agreements, France wants to have the capability to deploy an embarked reaction force of about 1400 men, having a 10 days autonomy, and in a depth of about 100 kilometers, in any region of the world where the French interests could be at risk. - Or any other country according to the present political-military needs ■ The employment of that force can take place in a national as well as multinational (NATO, EAI 5 or contingency coalition) framework into which, thanks to its increasing involvement with its partners, France can participate today at all levels of command and execution. Be it the result of a strategic pre-positioning (amphibious group with one LSD) for an immediate reactivity, or of a Force projection, even with more strength, from continental France or from territories where forces are pre-positioned 6, the engagement is conducted from a naval amphibious Group comprising one to four amphibious ships. 3 Heliborne action conducted from the sea, with or without further disembarking (stricto sensu). 4 Special Operations Command, General Direction of the French Gendarmerie, Military Intelligence Agency, Medical Service Command, P.O.L Agency, Joint Transit Base, all bodies attending the CIEA meetings. Its objective can be: 5 European amphibious initiative that regroups today five countries (UK, Netherlands, France, Italy and Spain). - A theater rather close from continental France (up to 5000 km), 6 Pre-positioned forces: sovereignty forces (forces that are stationed in the overseas departments and territories) plus presence forces (French forces stationed on foreign territories.). Reference documents TITLE APPROVAL DATE National Concept for Amphibious Operations (C.N.O.A.) Instruction 644/DEF/EMA/EMP.1/NP (DR) June 10, 1997 National Doctrine for Amphibious Operations (DR) Instruction3500/DEF/EMA/EMP.1/DR February 14, 2002 ATP8 B: Allied Tactical Publication n°8B NATO Doctrine for amphibious operations Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.9 not yet ratified Doctrine L’engagement de la force de réaction embarquée dans une opération amphibie par le lieutenant-colonel de REVEl, chef du bureau emploi plans à l’état-major de la 9è brigade légère blindée de marine e situant par nature dans un environnement interarmées, l’engagement terrestre d’une opération amphibie a pour but d’en atteindre les objectifs par une action conduite face à un adversaire et sur une côte non aménagée. La rupture de milieu entre la mer, sur laquelle la force se trouve initialement, et le sol, où elle doit mener son action, en demeure un des éléments essentiels. La désignation des brigades légères blindées (6e BLB et 9e BLBMa) et de la 4e brigade aéromobile pour ce type d’opération manifeste la nécessaire spécialisation de nos unités terrestres dans un domaine où la formation, l’entraînement, la connaissance approfondie des procédures interarmées et interalliées tout autant que des doctrines est, non seulement un gage, mais une condition de succès. S Les caractéristiques particulières de l’engagement terrestre sont à la source de la composition d’une force type qui demeure un compromis toujours nécessaire entre le souhaitable et le réalisable dont la capacité de transport de la marine nationale est une des principales contraintes. Si, en fonction du type d’opération, de l’environnement géographique et humain, du contexte politique et des risques estimés et consentis les modes d’action de la force terrestre embarquée peuvent varier, ils demeurent étroitement liés au traitement accordé au rivage sur lequel les unités terrestres doivent débarquer, ou passer. CARACTERISTIQUES DES OPERATIONS AMPHIBIES Dans une opération amphibie, les opérations terrestres possèdent des caractéristiques particulières dues, pour l’essentiel, au milieu physique dans lequel elles se déroulent et au caractère interarmées dans lequel elles s’inscrivent. La première d’entre elles, évidente et relevant de l’essence même de ce type d’opération, est que la force terrestre, partant de la mer, agit sur la terre et donc qu’elle doit avoir la capacité à aborder et franchir le rivage qui correspond à un obstacle naturel d’envergure. Celle-ci peut être possédée en propre ou être fournie par la marine qui dédie une partie importante de ses moyens dans ce but. Ce franchissement de la côte est en outre une phase de vulnérabilité qui nécessite de disposer d’unités spécialement entraînées, de renseignements précis et de moyens de combat immédiatement utilisables. Ce passage de la terre vers la mer induit une rupture de milieu qui impose, non seulement des procédés d’engagement particuliers mais aussi une mise en œuvre de la logistique adaptée à la nécessité de conserver un lien terre - mer ou d’être en mesure de pallier son éventuelle disparition pour cause de météorologie aléatoire. De plus, on assiste à un transfert progressif du centre de gravité de l’opération amphibie qui glisse de la mer, et d’une responsabilité dévolue à la marine, à la terre où la composante principale est la force terrestre, en passant par la zone côtière, lieu de bascule entre les deux. De plus, une opération amphibie ne saurait être confondue avec un simple transport maritime consistant à acheminer des troupes Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.10 sur un théâtre. C’est une opération qui vise à atteindre d’emblée un ou des objectifs particuliers (conquérir ou contrôler une zone, un point - protéger, évacuer des ressortissants - apporter une aide…) à partir d’une côte non aménagée. Cette action peut être conduite face à un ennemi avec lequel la force amphibie doit avoir la capacité d’engager le combat tout en possédant une supériorité sans équivoque. Mais la détermination d’objectifs pouvant se situer à une centaine de kilomètres et le volume limité de la force font que les dimensions habituelles des zones d’action des unités terrestres ne sont plus pertinentes. Leur mobilité, la connaissance la plus complète possible de la zone d’action et des liaisons multiples et à longue portée sont alors des préalables pour leur permettre d’agir dans une zone lacunaire dont on ne peut, au mieux, que contrôler certains points essentiels à la manœuvre. La forte concentration de moyens interarmées très divers pendant la phase de mise à terre, mais aussi ultérieurement, impose une coordination très stricte, en particulier en matière de gestion de l’espace aérien, maritime et terrestre. Ceci se traduit nécessairement par une planification assez rigide dans laquelle, cependant, l’application de procédures identifiées et maîtrisées permet de conserver l’initiative et la réactivité nécessaires. Enfin, une opération amphibie est souvent le prélude ou la première phase d’une opération terrestre appelée à se développer au-delà, dans le temps ou sur le terrain, et de laquelle la force débarquée est généralement le premier échelon. La fin de l’opération amphibie se concrétise alors par une restructuration du commandant et un transfert d’autorité entre le commandant de la force amphibie et le commandant de la composante terrestre. Doctrine The embarked reaction force’s commitment in an amphibious operation by lieutenant-colonel de REVEL, chief G3 OPS 9th Light Armored Marine Brigade HQ y its very nature the land commitment of an amphibious operation takes place within a joint environment, its goal being to reach the objectives through an action against an enemy and on a non-engineered coast. The change of environment from the sea, where the force is initially located, to the land where it must carry out its action, remains one essential element. The nomination of the light armored brigades (6th BLB and 9th BLBMa) as well as the one of the 4th Airmobile Brigade for that type of operations demonstrates the necessary specialization of our land units in an area where training, in-depth knowledge of joint and multinational procedures are not only a guarantee but also a condition for success. B The land commitment’s own characteristics constitute the roots for building a generic force that remains an always-necessary compromise between what is desirable and what is feasible, the French Navy’s transportation capabilities being one of the main constraints. If, according to the type of operations, the geographical and human environment, the political context and the assessed and accepted risks, the courses of action of the Land Component may vary, they remain closely linked to the treatment granted to the shore onto which land units must disembark or pass through. AMPHIBIOUS OPERATIONS CHARACTERISTICS In an amphibious operation, land operations have specific characteristics that are mainly due to the physical environment into which they take place and to the joint nature of their framework. The first one is obvious and inherent to the very nature of that type of operations: the land force starting from the sea is operating on the ground, and thus must be able to reach and to cross the shore which constitutes a significant natural obstacle. This first characteristic may be detained either by the force itself or provided by the Navy that dedicates a large part of its assets to this purpose. In addition this shore crossing constitutes a very vulnerable phase which requires specially trained units, accurate intelligence and combat assets immediately usable. This change from sea to land induces an environment break that require, not only specific commitment processes but also a logistical implementation adapted to the need to keep a land-to-sea link or to be able to overcome its possible removal due to un uncertain weather conditions. In addition, the amphibious operation’s center of gravity moves progressively from the sea, where the Navy is in charge, to the ground where the land force is the main component through the coastal zone, where the transition actually takes place. Besides, an amphibious operation should not be mistak e n for a me re maritime transportation, which consists in bringing forces into a theater of operations. It is an operation aiming at reaching imme- Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.11 diately one or several specific objectives (to conquer or control an area, a spot, to protect, evacuate nationals, to bring assistance…) from a non-engineered coastline. This action can be conducted against an enemy which can be engaged by the amphibious force while keeping an unequivocal superiority. But the definition of objectives that can be located within 100 kilometers ‘range as well as the limited volume of the force entail that the usual dimensions of land forces’ AO are not anymore relevant. Their mobility and the in-depth knowledge of the zone of action as well as the one of the multiple and long-range liaisons constitute preconditions making possible to operate in a discontinuous area into which only some places essential to the maneuver, can be controlled at best. The significant concentration of very different joint assets during the landing phase but also later in the course of the operation, implies a very strict coordination, especially for the management of the air, maritime and land environments. This entails necessarily a very rigid planning process into which applying identified and mastered procedures allow to keep the required initiative and reactivity. And last, an amphibious operation is often the prelude or the first phase of a land operation that should further develop, within time or on the ground, and from which the disembarked force constitutes usually the first echelon. The end of an amphibious operation is materialized by a command and control reorganization and by a transfer of authority (TOA) between the amphibious force Commander and the land component’s one. Doctrine Devant être en mesure de prendre en compte les différentes caractéristiques énumérées ci-dessus, la force terrestre doit évidemment aussi pouvoir être embarquée sur les bâtiments conçus pour ce type de mission : les transports de chalands de débarquement - TCD - et les futurs portehélicoptères d’intervention - PHI1 - dont le nombre limité contraint le volume des unités. Le concept national des opérations amphibies a retenu une force amphibie articulée autour de deux TCD type F et deux PHI et d’une force terrestre de 1400 hommes : la force de réaction embarquée - FRE. COMPOSITION DE LA FORCE TERRESTRE Si cette force embarquée peut prendre différentes formes adaptées à chaque opération, l’exercice Catamaran 01 a été l’occasion de mettre en œuvre une unité qui peut être considérée comme la FRE 1400 de base et pour laquelle les principes essentiels de commandement et de soutien ont été validés. L’étude des fonctions opérationnelles à réaliser pour répondre aux caractéristiques d’une opération amphibie, qui doit évidemment être refaite au cas par cas, permet cependant de dégager quelques idées pérennes qui sont le fondement de la composition de la FRE. Dans le domaine mêlée, la force doit avoir la capacité d’acquérir ou de conserver une supériorité sur l’adversaire en s’articulant autour des principes de protection, de mobilité et de puissance de feu. Ceux-ci lui sont fournis par l’infanterie blindée et les unités de cavalerie légère dont la proportion est fonction de la mission. La première contribution attendue de la fonction appui, est l’aéromobilité, élément majeur de toute opération amphibie, propre à accélérer la manœuvre et à surmonter les contraintes d’une zone lacunaire. Toujours nécessaire, le génie trouve son point d’application majeur dans l’aide qu’il apporte au franchissement du rivage - jonction des milieux maritime et terrestre - pour lequel il doit être équipé et entraîné. Si, compte tenu des capacités mer-sol et air-sol de la force amphibie, l’appui feu sol-sol peut parfois faire l’objet d’un choix effectué à son détriment, il est cependant nécessaire d’en conserver une capacité minimale afin de pallier les limitations (distances, relief, météo) des deux autres formes de fourniture des feux. nécessitent pour la FRE de disposer d’éléments engagés dans la profondeur de la zone qui, par la précision des informations sur l’ennemi, le terrain ou l’environnement, permettent de compenser la limitation de ses moyens. Enfin, si, autant que faire se peut, le soutien logistique s’appuie sur les bateaux, il doit pouvoir remplir sa fonction en dépit du risque de rupture, toujours possible, du lien entre ceux-ci et le rivage. La FRE doit donc disposer de moyens déployés au sol et qui, malgré leur caractère parfois redondant avec les capacités embarquées, lui permettrait d’attendre que les conditions locales autorisent à nouveau des liaisons interrompues avec la flotte. Afin d’être en mesure d’assurer les tâches de commandement, de coordination et d’environnement nécessaires au bon déroulement de la mission des unités sur le terrain, la présence d’un chef interarmes et d’un état-major terre, distincts de ceux qui conduisent l’action directement au contact, est une condition indispensable à la bonne réalisation de l’opération. C’est le rôle du commandant de la FRE - CLF2 - et de son état-major. Armé par un personnel rompu à ce type de mission et aux procédures interarmées, celui-ci contribue à la planification de l’opération amphibie conjointement avec l’état-major de la force amphibie - EM/CATF3. Le CLF élabore la mission de la force embarquée en fonction du plan approuvé par le COMANFOR et doit assurer nombre de tâches spécifiques : - Concevoir et conduire la manœuvre de la FRE et en déterminer les objectifs ; - Evaluer la nature des soutiens nécessaires et traiter les affaires propres à la FRE avec sa chaîne de commandement organique ; - Assurer la cohérence opérationnelle de la force embarquée ; - Prendre le commandement tactique des unités dès leur désignation et assurer la responsabilité de leur embarquement ; - Fournir une expertise terre au CATF et l’informer de la situation avec un accent particulier sur les évolutions qui peuvent nécessiter des changements du plan de l’opération ou des moyens supplémentaires. Il doit, en outre, avoir la capacité de planifier, au minimum d’anticiper, la phase postérieure au transfert d’autorité qui, bien souvent, comprendra l’arrivée d’un deuxième échelon et la poursuite d’opérations au sol. Pour répondre à l’ensemble des impératifs énumérés ci-dessus, la composition d’une force de réaction embarquée à 1400 personnes - la FRE 1400 - a été élaborée. Fruit de choix successifs, elle est un compromis qui peut servir de base à la réflexion suscitée par toute planification d’une opération et qui est appelé à évoluer en fonction de l’arrivée de nouveaux matériels ou l’apparition de nouveaux besoins. Elle est articulée autour d’un groupement tactique interarmes - GTIA - qui regroupe l’essentiel des moyens de combat et d’appui au sol, d’un groupement aéromobile - GAM pour l’appui des unités et le combat près du sol et d’un groupement de soutien logistique GSL - remplissant les fonctions d’une base logistique et normalement déployé sur la zone de mise à terre. Un état-major permet au CLF de commander cette force. De niveau 3, il doit être renforcé afin de prendre en compte des fonctions qui n’appartiennent plus aux brigades, en particulier en logistique. Il doit posséder, en outre une expertise approfondie dans les domaines de l’amphibie et de la gestion 3D. Des éléments d’appui complètent la FRE en lui fournissant des unités hautement spécialisées en renseignement – DIO4 et DIN5 - ou acquisition des objectifs - EOP6 - indissociables d’une opération amphibie. Ils comportent aussi des unités conservées en action d’ensemble au profit de la force : défense sol-air et circulation. 1 NDLR : Désormais dénommés Bâtiments deprojection et de Commandement (BPC). 2 CLF : commander of landing force. 3 CATF : commander of amphibious task force. 4 DIO : détachement d’intervention opérationnelle. 5 DIN : détachement d’intervention nautique. 6 EOP : équipes d’observation dans la profondeur. La recherche et l’exploitation du renseignement, menées au niveau interarmées, Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.12 Doctrine Having to be ready to take into account the above listed various characteristics, the land force must obviously be also able to embark on the ships specially designed for that type of mission: Landing Platform Disembarking LPD - and the future Landing Platform Helicopters - LPH1 - which limited number is constraining the units’ volume.The amphibious operations national concept has chosen an amphibious force model: the embarked reaction force - (FRE) organized around two type-F LPDs, plus two LPHs and a 1400 men land force. THE LAND FORCE ORGANIZATION If this embarked force can be tailored according to each operation, the exercise CATAMARAN 01 has been an opportunity to implement a unit that can be considered as the standard FRE 1400 and for which the essential command and support principles have been validated. The study of the operational functions to be performed in order to meet the characteristics of an amphibious operation, which must obviously be repeated on a case by case basis, permits however to draw some durable notions that constitute the cornerstone for organizing the FRE. Regarding the combat function, the force must be able to acquire or to keep one superiority over the enemy by being organized around the protection, mobility and firepower principles. These functions are provided by armored infantry and light cavalry units, which proportion is depending on the mission. Intel collection and exploitation conducted at joint level, implies that the FRE should have at its disposal specific units, committed in the depth of its area, able to compensate for the limitations of its assets with the accuracy of the provided Intel about enemy, terrain and environment. And last, if, as much as possible, the logistical support is based on ships, it must be able to fulfill its mission in spite of the always possible risk of breaking the ship-toshore link. FRE must thus have at its disposal some deployed assets on the ground, sometimes duplicating the embarked ones, which would enable it to wait for the local conditions to improve enough to re-establish the interrupted liaisons with the Fleet. In order to be able to ensure the command, coordination and environment asks necessary to the smooth course of the land units’ mission in the field, the presence of a joint Commander and of a Land Component Headquarters, distinct from the ones conducting the close engagement, is an essential condition to the success of the operation. This is the role of the FRE - CLF2 Commander and of his HQ. Manned by staff members experienced in this type of mission and in joint procedures, it contributes to the amphibious operation planning, jointly with the amphibious force’s HQ - (EM/CATF 3 ) - the Land Force Commander (CLF) elaborates the embarked force’s mission according to the COMANFOR/CATF approved oplan and must perform several specific tasks: - Conceive and conduct the FRE’s maneuver and define its objectives; - Evaluate the nature of the required support The main contribution expected from the combat support function is airmobility, a major element of any amphibious operation, able to speed up the maneuver and to overcome the constraints linked to a discontinuous area. Always needed, the engineers find their main star point in the assistance they provide during the shore-crossing phase - at the junction of the maritime and land environments - for which they must be equipped and trained. If, taking into account the amphibious force seato-ground and air-to-ground capabilities, the surface to surface fire support may sometimes be excluded as an option, however it is necessary to keep a minimum capacity of it in order to overcome the limitations linked to the two others types of fire support (distances, terrain, weather conditions). and manage the internal issues of the FRE with his organic chain of command; - Ensure the operational coherence of the embarked force; - Take over the tactical command of the units as soon as they have been designated and assume their embarking responsibility; - Provide the CATF with a Land expertise and keep it aware of the situation with special emphasis on the developments that might require changes to the operational plan or additional assets. I n addition, it must be able to plan, at least to anticipate, the phase that will follow the transfer of authority which often will include the arrival of a second echelon and the continuation of land operations. To meet all the above listed requirements, the organization of an embarked reaction force -1400 people strong (FRE 1400) - has been developed. As a result of successive choices, it constitutes a compromise that may be used as a basis for a further reflection reflection aroused by about any operation planning and likely that might have to evolve according to the arrival of new equipment or to the emergence of new requirements. It is organised around a Combined Arms Tactical Task Force - GTIA - that regroups the bulk of the land combat and land combat support assets; of an airmobile group GAM - to support combat units and close-toland ground combat; and of a logistical service support unit - GSL - that performs the functions of a logistical base and which is usually deployed on the landing zone. A Headquarters enables the CLF to command and control the force. Since this is a level 3-HQ, it must be reinforced in order to better take into account the functions that do not belong anymore to the brigades, especially the logistical ones. It must additionally have an in-depth expertise in the amphibious and airspace management areas. Additional combat support elements to the FRE provide it with highly specialized Intel target acquisition units - DIO4, DIN5, EOP6 - an integral part to any amphibious operation. They also keep some units dedicated to the force general support such as: airdefense and road traffic control. 1 Now named «Bâtiment de projection et de commandement» (Deployment and Command Ship). 2 CLF : commander of landing force. 3 CATF: commander of amphibious task force. 4 DIO: détachement d’intervention opérationnelle. 5 DIN: détachement d’intervention nautique. 6 EOP: équipes d’observation dans la profondeur. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.13 Doctrine MODES D’ACTION DE LA FRE Le choix du mode d’action est lié, pour l’essentiel, à la structure de la force et aux moyens dont elle dispose. Il dépend aussi, pour une bonne part, de l’environnement géographique et humain, du contexte politique et des risques estimés et consentis. Compte tenu de l’importance que revêt le mode opératoire retenu pour passer de la mer à la terre, c’est la nécessité ou la volonté de s’affranchir ou non du contrôle d’un point d’accès sur le théâtre situé sur le rivage, étendu à une zone contiguë qui permette d’y déployer des moyens, qui caractérise les modes d’actions principaux de la FRE. BATEAU/RIVAGE/OBJECTIF Ce mode d’action vise à atteindre les objectifs de l’opération par une manœuvre terrestre s’appuyant sur une zone de mise à terre et un lien mer/rivage, en particulier dans le domaine du soutien logistique. Il nécessite de pouvoir disposer de plages accessibles à la batellerie et qui soient reliées par au moins un axe à l’objectif de l’opération. Il permet d’engager une force blindée significative et autonome, confère une grande liberté d’action au CLF et lui assure une action dans la durée. En revanche, il est initialement tributaire de la conquête d’une zone de mise à terre ce qui réclame 24 à 48 heures de délais avant la reprise de l’action et limite les possibilités de surprise. Phase 1 : Débarquement de la FRE au cours de laquelle la responsabilité de la zone de mise à terre passe du commandant des forces avancées au commandant de la FRE qui prend sous son contrôle tactique toutes les unités qui y sont présentes. Phase 2 : Consolidation et extension de la zone de mise à terre qui vise à affermir le dispositif terrestre et à préparer la phase de conquête de l’objectif. Elle est propice à la bascule du PC de la FRE du bâtiment de commandement vers la terre, sans que celle-ci soit pour autant systématique. Phase 3 : Exploitation et conquête des objectifs qui peut s’étendre sur environ une semaine dans un contexte de basse intensité compte tenu de la capacité de la force amphibie de soutenir la FRE pendant dix jours. Phase 4 : Clôture de l’opération, soit par transfert d’autorité, soit par rembarquement, qui marque la fin des opérations terrestres de l’opération amphibie. BATEAUX/OBJECTIFS Il s’agit d’atteindre les objectifs de l’opération par une manœuvre directe ne s’appuyant pas sur le contrôle d’une zone de mise à terre et sur un lien permanent mer/rivage, en particulier dans le domaine du soutien logistique. Ce mode d’action est fondé sur l’engagement de forces de débarquement se déplaçant directement des bâtiments vers l’objectif qu’il soit sur la côte ou à l’intérieur des terres. Il permet de s’affranchir des contraintes de marée et des obstacles, naturels ou non, qui s’opposent à la mise à terre par batellerie. De même, il facilite le contournement des défenses ennemies. Il s’appuie sur la vitesse et l’effet de surprise. Ce type d’action est nécessairement limité dans le temps. Il met l’accent sur le renseignement orienté d’emblée sur l’objectif et sur les menaces sol-air présentes dans la zone. Il privilégie l’emploi de la troisième dimension pour la mise en place et les appuis (hélicoptères et avions) mais peut aussi comporter une infiltration par voie terrestre. Cette dernière possibilité recouvre soit un assaut amphibie (sous réserve de l’équipement des forces avec des engins spécifiques), soit la mise à terre d’opportunité par batellerie. De ce fait, le volume et la puissance de la force mise à terre sont plus réduits, car limités par les capacités d’emport et d’appui du GAM, éventuellement renforcé d’une unité sur engins amphibies. L’élimination, ou au minimum une très forte attrition, des forces terrestres adverses susceptibles de s’opposer à la FRE sur la zone de mise à terre doit être réalisée avant l’arrivée de la batellerie. Dans le domaine terrestre, les missiles, les blindés (chars ou VCI) ou les mitrailleuses lourdes qui menacent directement la plage ou les zones de poser doivent être impérativement neutralisés. La réduction de cette menace est obtenue par une combinaison de l’action des forces avancées (FA), des appuis feux de l’ensemble de la force amphibie et des actions aéromobiles s’appuyant sur les capacités de destruction et de manœuvre du GAM et du GTIA. La manœuvre terrestre comporte quatre phases qui poursuivent des objectifs tactiques clairement différenciés mais peuvent néanmoins se chevaucher si les circonstances et le niveau de risque accepté le permettent : BATEAUX/RIVAGE/OBJECTIF Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.14 Doctrine FRE’s COURSES of ACTION The choice of a COA is mainly linked to the force structure and to the means put at its disposal. It also largely depends on the geographic and human environment, on the political context and on the assessed and accepted risks. Considering the importance given to the selected COA to move from sea to land, it is the requirement or the will to control or not a theater access spot located on the shore (extended on a contiguous area allowing the deployment of assets), that characterizes the FRE’s main COAs. SHIP TO SHORE This COA aims at r e a c h i n g t h e operation’s objectives by the means of a land maneuver based on a landing zone and a sea-to-shore link especially in the logistical service support area. It requires beaches accessible to landing craft and linked to the objective by, at least, one line of communication. It allows the commitment of a significant and self-sufficient armored force, provides the CLF with a large freedom of action and ensures a lasting action. On the other hand it is initially dependant on the conquest of a beaching zone that requires 24 to 48 hours before being able to resume the action and thus limits the possibilities for surprise. Phase 1: FRE’s beaching during which the landing zone’s responsibility is handed over from the advance party commander to the FRE’s one who takes under TACON all the units being present in this area. Phase 2: consolidating and expanding the beaching area, that aims at strengthening the land disposition of forces and reparing the objective’s seizure phase. This phase is suitable for the shift of the FRE’s Command Post from the admiral ship to the shore, but without being systematic. Phase 3: exploitation and seizure of the objectives, it can last about a week within a low intensity context, considering the amphibious force’s capability to support the FRE during ten days. Phase 4: ending of the operations, either with a transfer of authority or by re-embarking, this phase constitutes the end of the land operations within the amphibious one. SHIP TO OBJECTIVE The goal is to reach the operation objectives by the means of a direct maneuver that is not based on the control of a beaching zone and on a permanent sea-to-shore link, especially in the logistical support area. This course of action is based on the commitment of landing forces moving directly from the ships to the objective (wether on the shore or inland). It enables the force to free itself from the constraints linked to the tide and from the obstacles (natural or not ) that may hinder the landing craft operations. It also facilitates the bypassing of enemy’s defenses. It is based on speed and surprise. This type of action is necessarily limited in time. It emphasizes Intelligence rightfully oriented towards the objective and the air-defense threat present in the area. It favors the employment of third dimension assets for deployment and combat support (helicopters and airplanes), but it may also include a land infiltration. This last possibility includes either an amphibious assault (subject forces being equipped with specific assets), or a hasty beaching using landing craft. As a consequence, the volume and combat power of the landed force are less as limited by the transportation and combat support capabilities of the GAM, possibly reinforced by an amphibious craft unit. The destruction or, at least, a very large attrition of the enemy’s land forces that could oppose the FRE on the beaching area must be conducted prior to the craft landing. In the land area, missiles, armored (tanks or IFV) or heavy machine guns that threaten directly the beach or the dropping zones must be absolutely neutralized. The reduction of that threat can be achieved by a combination of the advanced forces’ action (FA), of the entire amphibious force fire support and of airmobile actions based on the GAM, and GTIA destruction and maneuver capabilities. The land maneuver includes four phases that have well differentiated tactical objectives, they may however overlap depending upon the circumstances and the accepted risk level. SHIPS/SHORE/OBJECTIVE Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.15 Doctrine BATEAUX/OBJECTIF La manœuvre terrestre comporte trois phases : Phase 1 : saisie de l’objectif au cours de laquelle l’unité engagée doit être mise à terre puis le conquérir. La faiblesse ou l’absence d’appuis internes au GTIA implique de pouvoir bénéficier d’appuis air-sol pouvant agir en tous temps et dans la durée. L’engagement du GAM nécessite de neutraliser la menace sol-air ou, au minimum, de la connaître avec précision afin de la contourner. à l’unité engagée de s’appuyer sur une zone de mise à terre pour être soit renforcée, soit soutenue. Il est fondé sur l’engagement initial de forces de débarquement se déplaçant directement des bâtiments vers l’objectif pour des motifs d’opportunité ou d’urgence. La manœuvre terrestre comporte cinq phases dont les caractéristiques sont similaires à celles des deux modes d’action précédents : Il présente l’avantage d’engager sans délai une force réduite sur un objectif particulier tout en préparant soit son renforcement, soit une action sur un autre objectif. Il est propice à la protection immédiate de ressortissants, au renforcement d’urgence d’une unité isolée ou à une opération comportant plusieurs objectifs. - Renforcement de l’unité engagée en phase 1 ou conquête d’autres objectifs. Il implique, en revanche, soit un déroulement séquentiel des actions soit un fractionnement des moyens compte tenu du volume limité de ceux-ci. Il est, en outre, celui dont la coordination est la plus complexe. BATEAUX/OBJECTIF et BATEAUX/RIVAGE Phase 2 : contrôle de l’objectif et soutien de la force terrestre, dont la durée est fonction des buts de l’opération amphibie. Cependant, elle ne peut dépasser deux ou trois jours, car l’absence de base de soutien terrestre nécessite de maintenir un flux logistique au moyen du GAM. Si un transfert d’autorité et la poursuite des opérations sont prévus à l’issue, cette phase est mise à profit pour déployer les moyens de commandement du CLF et renforcer éventuellement le dispositif à partir des bâtiments. Dans l’attente de l’arrivée d’un deuxième échelon, ce renforcement est directement lié à la capacité de soutien du GAM. Phase 3 : clôture de l’opération par transfert d’autorité et accueil d’un deuxième échelon, ou par retrait et rembarquement de la FRE. BATEAUX/OBJECTIFS ET BATEAUX/RIVAGE Ce mode d’action vise à s’emparer sans délai des objectifs de l’opération par une manœuvre directe et permettre, dans un deuxième temps, Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.16 - Saisie et contrôle de l’objectif. - Mise à terre de la FRE. - Consolidation et extension de la zone de mise à terre. - Clôture de l’opération par transfert d’autorité ou par rembarquement. CONCLUSION Une opération amphibie est, par nature, interarmées et nécessite que toutes les composantes qui y participent s’intègrent dans un ensemble aussi harmonieux et homogène que possible. Composante terrestre, la force de réaction embarquée réunit en un volume ramassé la plupart des fonctions nécessaires au combat terrestre. Engagée dans une action amphibie à durée limitée dans laquelle elle met en œuvre des modes d’action spécifiques, elle doit être en mesure de poursuivre au-delà de cette phase particulière et de constituer le noyau d’un dispositif terrestre ou de s’intégrer dans un ensemble plus vaste. Aussi, en dépit d’une adaptation propre à chaque o p ératio n, les principes d’action essentiels et la structure générale de commandement doivent demeurer car ils apparaissent comme actuellement les plus adaptés à la réalisation d’une telle opération ■ Doctrine objectives by the means of a direct maneuver and, in a second phase, at providing the committed unit with the support of a landing zone enabling it to be either reinforced or supported. It is based on the initial commitment of landing forces moving directly from the ships toward the objective on the grounds of opportunity or emergency. The land maneuver includes five phases, the characteristics of which being similar to the ones of the two previous courses: - Seizure and control of the objective; - FRE’s landing; - Landing zone consolidation and expansion; - Reinforcement of the committed unit during phase 1 or conquest of other objectives; SHIP TO OBJECTIVE The land maneuver includes three phases: Phase 1: seizure of the objective during which the committed unit must landing and then conquer. The weakness or the lack of internal combat support assets within the GTIA implies to be provided with air-to-ground support able to operate in all weather and long-lasting conditions. The GAM’s commitment requires the neutralization of the air defense threat or, at least, to know it accurately in order to bypass it. Its main advantage is to commit without any delay a reduced force toward a specific objective while preparing either its reinforcement or an action toward another objective. It is well suited to an immediate protection of nationals, to the emergency reinforcement of an isolated unit or to an operation including several objectives. On the other hand, it implies either a sequential development of the actions or the splitting up of the assets according to their limited number. In addition, this COA is the one for which co-ordination is the most complex. SHIP TO OBJECTIVE & SHIP TO SHORE Phase 2: control of the objective and logistical support of the land force, which duration depends upon the amphibious operation’s goals. However, it cannot last longer than two to three days, as the lack of a land logistical support base requires to maintain the logistical flow by the means of the GAM. If a TOA and the operations’ continuation are planned at the end, this phase is used to deploy the CLF command assets and to reinforce the disposition from the ships. While waiting for a second echelon, this reinforcement is directly linked to the GAM supporting capability. Phase 3: end of the operation by transfer of authority and arrival of a second echelon, or by withdrawal and FRE’s re-embarking. SHIP TO OBJECTIVE AND SHIP TO SHORE This course of action aims at seizing as quickly as possible the operation’s Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.17 - Ending the operation with a transfer of authority or by re-embarking. CONCLUSION An amphibious operation is, by nature, a joint one. It requires that all participating components get integrated into an ensemble as harmonious and homogeneous as possible. As a land component, the embarked reaction force (FRE) gathers, in a compact volume, most of the functions essential to land combat operations. Committed in an amphibious action of a limited duration into which it must implement specific courses of action, it must be able to go beyond this particular phase and to become the core of a land disposition of forces or to integrate into a larger organization. So, in spite of an adaptation fitting each operation, the essential principles of action and the g e n e r a l command structure must be kept as they appear to be currently the most appropriate to the achievement of such an operation ■ Doctrine Le 519e Régiment du Train : une réponse adaptée au soutien des opérations amphibies par la DEP/EAT Des débarquements de Provence et de Normandie menés de vive force à la fin de la seconde guerre mondiale au " beachage médiatique " des soldats américains en Somalie, les opérations amphibies ont connu des succès divers. Néanmoins, le caractère maritime marqué de notre planète, les différentes formes possibles des engagements militaires et des menaces ainsi que l’incontournable capacité à " entrer en premier " sur un théâtre font que la projection d’un groupement interarmes embarqué (GIE) demeure un savoir-faire indispensable qui doit être maîtrisé par une armée moderne d’actionprojection. Ce savoir-faire est donc naturellement entretenu par les armées françaises notamment au cours d’exercices annuels CATAMARAN qui permettent de mettre en œuvre les moyens de la marine nationale et des unités spécifiques : la 6e brigade légère blindée et la 9e brigade légère d’infanterie de marine. Une opération amphibie est menée par un groupement tactique interarmes (terrestre et aéromobile) disposant de moyens comptés agissant dans un espace–temps limité, dans un environnement complexe et doté de fortes contraintes de réversibilité. Ce type d’opération requiert un soutien logistique adapté et doit bénéficier d’un soutien terrestre particulier incluant le soutien de la force navale déployée. Le 519e régiment du train, régiment spécifique et unique dans l’Armée de terre apporte ses moyens de transbordement maritime, ses capacités amphibies et sa maîtrise du transfert intermodal terre-mer. Il apporte à la fois un appui à la projection et un soutien aux ravitaillements voie maritime se prolongeant par le soutien aux ravitaillements voie terrestre du groupement tactique interarmes. En effet compte tenu de son articulation et des moyens organiques, le 519e RT permet le soutien de la phase de mise à terre, de rembarquement des forces et leur soutien dans l’action engagée. rait d’union incontournable entre la mer et la terre, le 519e régiment du train appuie la projection de la force terrestre. T Engagée en 1 er échelon, l’unité de transbordement maritime peut participer aux opérations de mise à terre et de rembarquement du groupement tactique interarmes (GTIA). Une fois l’aire de débarquement sécurisée, ses moyens de batellerie, LARC XV (light amphibious resupply cargo) et CTM (chaland de transport de matériel) qui disposent d’une importante capacité de transport, peuvent être employés pour acheminer les personnels et les matériels de la force terrestre des navires vers la plage. Débarquement de troupes d’un CTM (charge utile : 90 tonnes, 200 soldats équipés D’autres moyens comme les bulls dérouleurs participent à l’aménagement du terrain par la mise en place de tapis de sol qui permettront aux matériels débarqués de ne pas s’enliser sur la plage. Enfin, des moyens de circulation routière donnés en renforcement peuvent appuyer les opérations de débarquement et de rembarquement en filtrant et cadençant les mouvements de personnels et de véhicules. Une fois à terre, la force doit pouvoir toujours bénéficier des recomplétements de sa dotation initiale. Quelles que soient les formes de ces ravitaillements, là encore le 519e RT sera un acteur incontournable. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.18 Débarquement de matériel d’un LARC XV (charge utile : 13,5 tonnes, 50 soldats équipés) Le soutien logistique des forces sera assuré prioritairement à partir des navires de la Marine nationale, où sont entreposées les ressources, et qui disposent d’infrastr uctures techniques et médicales adaptées. Ainsi, les véhicules logistiques de la force terrestre seront-ils acheminés par moyens amphibies jusqu’aux navires afin d’y être recomplétés, pour y être dépannés et encore pour y amener les personnels (blessés, ressortissants ou réfugiés). Si le soutien depuis la mer est un impératif dans une logique de flux tirés il faut néanmoins se prémunir contre le risque de la rupture du lien mer-terre qui provoquerait une discontinuité de la chaîne de soutien. C’est pourquoi il est impératif d’établir un stock de précaution à terre dès le début de l’opération amphibie et une fois la zone de débarquement sécurisée. Le transfert des ressources des navires sur la terre est alors réalisé avec les moyens de transport du régiment de transbordement maritime et notamment par ses véhicules porte-conteneurs maritimes (VPCM). Enfin, si la situation tactique le permet, un échelon logistique terrestre adapté pourra être déployé aux abords du point d’entrée. organsé en une base de transbordement maritime (BTM) et destiné à soutenir les actions en complément de l’échelon avant (TC2 et TC1), il devra être capable si cela s’avère nécessaire de déployer un échelon de soutien avancé (EAS). Doctrine The 519th Transportation battalion: an appropriate answer to amphibious operations support by the Studies and Policy Division of the French Transportation Branch School Since the hasty landings in Provence and Normandy at the end of WW2 to the “ media beaching ” of American soldiers in Somalia, amphibious operations have been more or less successfull. However, the strong maritime feature of our planet, the various possible forms of military engagements and threats as well as the imperative capability to be the “ first to enter ” a theater, make that the projection of an embarked task force remains an essential know-how which must be mastered by a modern Army using action-projection. Therefore, this knowhow is naturally maintained by the French armed forces especially during the yearly CATAMARAN exercises which allow to implement the assets of the French Navy and of specific units: the 6th light armored brigade and the 9th light marine infantry brigade. An amphibious operation is carried out by a combined-arms task force (land and airmobile) provided with limited assets and acting within a limited time-space framework, in a complex environment with strong reversibility constraints. This type of operation requires an adapted logistic support and must benefit from a specific land support including the deployed naval force’s one. The 519th transportation battalion, which is a unique and specific unit in the French Army is providing its off shore discharge assets, its amphibious capabilities and its mastering of intermodal ship to shore transfer. It provides both a projection combat support and a combat service support in maritime supply extended to land supplying support of the task force. In fact, considering its organization and its organic assets, the 519th transportation battalion permits to support the landing phase, the re-embarking of forces and their combat action when committed. I nescapable link between sea and land, the 519th transportation battalion supports the projection of the land force. Engaged in 1st echelon, the maritime transshipment unit can take part to the landing and re-embarking operations of the combined-arms task force. Once the landing area being secured, its sea craft assets, LARC XVs (light amphibious resupply cargo) and LCUs (landing craft utility, which have an important payload capability, may be used to transport the personnel and equipment of the Land Force from the ships to the beach. Other assets such as unwinding dozers contribute to the improvement of the terrain through the laying of a ground track which will avoid landed equipment from getting stuck on the beach. Last, reinforcing road traffic control elements can directly support the landing and re-embarking operations by filtering and pacing the movements of personnel and vehicles. Once beached, the force must continue to benefit from resupply of its initial allocation. Whatever the forms this supply may take, here again the 519th will be an essential player. The logistic support of the forces will be in priority carried out from ships of the French VPCM landing from a LARC XV Navy, aboard which the resources are stored, and which have the appropriate technical and medical infrastructures. Therefore, the logistic vehicles of the land force will be transported thanks to amphibious assets to the ships in order to be resupplied, to be repaired or also to bring there personnel (wounded, NEO or refugees). If the support from the sea is a requirement in a logic of just in time flow, we must nevertheless protect ourselves against the risk of cutting the sea-land link which would create a discontinuity in the chain of support. This is why it is essential to set up a precaution stock on land since the beginning of the amphibious operation once the landing area has been secured. LCU entering an LPD Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.19 The transfer of resources from ships to land is then performed with the transshipment assets of the transportation battalion and notably by its container maritime transport vehicles (VPCM). Doctrine Constituée à partir des moyens d’un groupement de soutien logistique (GSL), dimensionné en fonction de la nature et de la mission de la force et composé de formations spécialisées dans les différents domaines l og i s t i q u e s , l a B T M , commandée par une équipe du 519e RT, regroupe les zones fonctionnelles maintenance, santé et ravitaillements-transport (ZRT). En plus du commandement de cette base de soutien spécifique déployée, le régiment de transbordement maritime (bien que ne disposant pas en org anisation des mêmes cellules fonctionnelles qu’un régiment du train, régiment de soutien) est en mesure d’assurer pour une période limitée la régulation et la gestion des flux physiques de ressources (volume adapté au soutien du GTIA) ainsi que leur distribution et leur livraison. Cela représente autant de tâches indispensables qui concourent à une optimisation du soutien au combat des forces terrestres et à son autonomie logistique. Acteur incontournable du transfert intermodal terre-mer, le 519e RT remplit sa mission par le chargement des navires à quai ou en rade dans le cadre de l’appui projection et du soutien aux ravitaillements voie maritime, par le soutien des opérations amphibies et de la phase de combat du groupement tactique interarmes. Doté des moyens de commandement spécifiques nécessaires à armer deux bases de transbordement maritimes et un groupement de soutien logistique au profit d’une opération amphibie ainsi que la batellerie correspondante, il garantit la continuité des liaisons entre la terre et la mer. Capable d’assurer la régulation des flux, la gestion physique et la livraison des ressources, il participe par la maîtrise des flux à la liberté d’action du chef interarmes et interarmées. La longue histoire des opérations amphibies de la conquête de Troie à nos jours est loin d’être terminée. Ce type d’opérations reste d’actualité dans la mesure où 75% de la planète est constitué de voies maritimes et fluviales, que 60% de la population mondiale vit à moins de cinquante kilomètres des côtes. La dotation des armées en capacité amphibie est donc une priorité reconnue. La France qui possède la panoplie des moyens maritimes et terrestres, en particulier logistiques avec le 519e RT, qui entretient son expertise au niveau multinational dans le cadre d’EUROMARFOR avec l’Espagne et l’Italie, peut légitimement être un pilier du concept amphibie européen. Il conviendra afin de ne pas obérer l’avenir d’engager suffisamment tôt les études de rénovation ou de remplacement des moyens amphibies actuellement en service dans l’Armée de terre ■ Actions du 519e RT au cours des différentes phases de l’opération terrestre Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.20 Doctrine Set up from assets provided by a Logistic Support Group (GSL), tailored according to the nature and the mission of the Force and composed of specialized formations in the various logistic fields, the Maritime Transshipment Base (MTB), commanded by a team of the 519th, gathers the maintenance, medical and transportation/ supply functional areas. In addition to the command and control of this specific support deployed Base, the maritime transshipment battalion (although it is not organized with the same functional cells as a transportation battalion, or a logistic support battalion) is able to carry out during a limited time the management and the regulation of the resources’ physical flows (which volume is adapted to the support of the task force) as well as their distribution and delivery. All these tasks represent essential ones, which contribute to optimize the combat service support and the logistical operating range of the land forces. As an imperative player of the inter-modal land to sea transfer, the 519th Transportation Battalion fulfills its mission by loading ships alongside the wharfs or in harbor within the framework of projection combat support and of maritime resupply service support, and by supporting the Combined Arms Task Force during amphibious operations and during the combat operations’ phase. Provided with specific command and control assets n e c e s s a r y t o s e t u p t wo M a r i t i m e Transshipment Areas and a Logistic Support Group for the benefit of an amphibious operation as well as the corresponding sea craft assets, it the 519th Bon guarantees the continuity of the links between land and sea. Capable of ensuring the control of flows, the physical handling and the delivery of resources, it contributes through the mastering of flows to the freedom of action of the combined arms and joint Commander. The long history of amphibious operations from the conquest of Troy to nowadays is far from being over. This type of operations remains topical insofar as 75% of the earth is made of sea and river routes, and as 60% of the world population lives less than 50 kilometers far from the coasts. The equipment of Armed Forces with amphibious capabilities is a recognized priority. France, which has the full range of sea and land assets, and especially logistic ones with the 519 th Transportation Battalion, which maintains its expertise at multinational level within the framework of EUROMARFOR together with Spain and Italy, can legitimately be a pillar of the European amphibious concept. In order not to jeopardize the future, it will be necessary to start well in advance the upgrade or replacement studies of to the amphibious assets presently fielded in the Army ■ Actions of the 519th Transportation Battalion during the various phases of the land operations. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.21 Doctrine L’initiative amphibie européenne (IAE) par le lieutenant-colonel GHIRINGHELLI, ALFAN epuis le printemps 2000, sous l’impulsion des Britanniques, les cinq pays européens, Royaume-Uni, Pays-Bas, Espagne, Italie et France ayant une réelle capacité dans le domaine de l’amphibie se sont réunis afin de promouvoir l’initiative amphibie européenne. D Cette initiative s’est traduite le 5 décembre 2000 par la signature d’une déclaration d’intention par les ministres de la Défense des cinq pays concernés. Ce document fixe le cadre légal et politique des actions de l’IAE. Les travaux de l’IAE sont organisés en trois niveaux. Chaque nation désigne des représentants pour constituer un groupe de pilotage (Steering Group-SG) constitué d’officiers généraux (one star OTAN) qui se réunit au moins une fois par an et qui rend compte aux autorités nationales. En outre chaque nation désigne des représentants pour assister à la conférence annuelle des commandants de force amphibie (FCC). Le travail préparatoire de ces deux réunions est mené par un groupe de travail (Working Group-WG) qui se réunit au moins deux fois par an. Après seulement deux ans de d’existence, les travaux conduits à ce jour, notamment sur l’harmonisation des procédures opérationnelles, permettent à l’IAE d’afficher la capacité à planifier et conduire une opération amphibie du niveau de la brigade multinationale (4 à 6 LPD et 2000 hommes). IAE ne vise pas à créer une force amphibie européenne unique et totalement intégrée mais son but est d’améliorer la capacité globale amphibie européenne, au sein de l’OTAN ou sous mandat de l’UE, par la mise en place d’une meilleure coopération entre les forces amphibies nationales et par l’amélioration progressive de l’interopérabilité. Les Parties conservent leur liberté de conduire des opérations nationales et maintiennent les liens bilatéraux et multinationaux existants. L’IAE s’est en outre ménagée la possibilité de s’ouvrir à d’autres nations qui disposeraient, à terme, de capacités amphibies équivalentes. Les objectifs que s’est fixée l’IAE sont progressifs et font l’objet à chaque nouvelle étape d’un agrément de l’ensemble des nations membres. Ces objectifs sont : Les forces amphibies concernées par l’initiative sont au nombre de trois, il s’agit de : - à long terme (au-delà de 10 ans), la validation d’une structure multinationale de commandement et de contrôle (CATF/CLF) engerbant plusieurs brigades. L’ - à court terme (0 à 5 ans), l’harmonisation des procédures opérationnelles et la constitution d’une structure générique de commandement du niveau de la brigade ; - à moyen terme (5 à 10 ans), la validation d’une structure multinationale de planification et de commandement (CATF/CLF) du niveau brigade ; - la force amphibie anglo-hollandaise (UKNLAF), soit 2 LPD (landing platform dock) et 1 LPH (landing platform helicopter) et 1 brigade de " Royal Marines ", - la force amphibie italo-espagnole (SIAF), soit 5 LPD et 3 bataillons d’Infanterie de Marine avec leurs soutiens, - la force amphibie française (FRAF), soit 4 LPD et 2 brigades légères blindées à vocation amphibie et les hélicoptères de la brigade aéromobile. En quelques mois, l’initiative européenne amphibie démontre clairement les bénéfices que l’on peut retirer d’une coopération multinationale. Cette coopération se traduit par des entraînements des forces en commun plus fréquents et une amélioration progressive de l’interopérabilité et doit conduire à l’établissement de pratiques opérationnelles et tactiques communes ■ Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.22 Doctrine European amphibious initiative (EAI) by lieutenant-colonel GHIRINGHELLI, ALFAN (French Naval Task Force) rom Spring 2000, at the instigation of Britain, five European countries, the United Kingdom, the Netherlands, Spain, Italy, and France, that get a real ability in the amphibious field, have met to promote the European Amphibious Initiative. There are three working levels in the EAI. Each nation appoints representatives to make up a steering group (SG) with one star general officers that meet at least once a year and report to national authorities. In addition each nation appoints representatives to attend the yearly conference of the amphibious forces commanders (Force Commanders Conference - FCC). The preparatory work for those two meetings is carried out by a working group (WG) that meets at least twice a year. This initiative has resulted by December 5, 2000 in the signing of a statement of intent by the defense ministers of the five involved countries. This official paper sets a legal and political framework to the actions of the EAI. Only two years after its creation the current achievements concerning the harmonization of operational procedures in particular, show the EAI able to plan and conduct an amphibious operation at a multinational brigade level (4 to 6 LPD plus 2,000 men). F he EAI is not intended to set up a single and fully integrated European amphibious force. But its purpose is to improve the overall European amphibious capability, within NATO or under a European mandate, by establishing a better cooperation among national amphibious forces, and through a progressive improvement of interoperability. The involved members are free to initiate national operations; they keep their existing bilateral and multilateral links unchanged. Moreover the EAI has given itself the ability to open to other nations that could eventually get equivalent amphibious capabilities. T Three amphibious forces are concerned by this initiative, they are: - the British/Dutch amphibious force (UKNLAF), that is 2 LPD (Landing Platform Dock) and 1 LPH (Landing Platform Helicopter) and 1 "Royal Marines" brigade, - the Spanish/Italian amphibious force (SIAF), that is 5 LPD and 3 Marine Infantry battalions including their combat service and combat service support components, The objectives set to itself by the EAI are progressive ones and they are submitted at every stage to a collective agreement of the member nations.Those objectives are: - in the short term (0 to 5 years), harmonizing operational procedures and setting up a generic command structure at brigade level; - in the medium term (5 to 10 years), validating a multinational planning and command structure (CATF 1/ CLF 2) at brigade level; - in the long term (beyond 10 years), validating a multinational command and control structure (CATF/CLF) regrouping several brigades. Within a few months, the European amphibious initiative has clearly demonstrated the benefits which can be drawn from a multinational cooperation. This cooperation results in more frequent common training of forces, in a progressive improvement of interoperability, and should lead to establishing common operational and tactical practices ■ - the French amphibious force (FRAF), that is 4 LPD and 2 light armored brigades designed for amphibious operations, plus the helicopters from the airmobile brigade. 1 Commander Amphibious Task Force. 2 Commander Landing Force. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.23 Doctrine Contrairement à ce qui se passe chez la plupart des pays européens, qui disposent d’un corps de " Marines ", l’organisation française fait que notre capacité amphibie n’est pas une affaire concernant simplement la marine. Au sein des nations européennes disposant de capacités amphibies, la particularité française est de mettre en œuvre une composante amphibie clairement interarmées. L’Armée de terre, la marine, et dans une moindre mesure l’armée de l’air, sont des partenaires à part entière des activités amphibies françaises et ceci à tous les stades, qu’il s’agisse de doctrine, de planification ou de conduite. C’est un message parfois difficile à faire passer chez certains de nos partenaires pour lesquels l’amphibie répond essentiellement à une logique de marins. Plus que des capacités de la marine française à conduire des opérations amphibies dans un cadre multinational, il s’agit donc bien d’évoquer les capacités de nos forces armées dans ce domaine. Capacité des forces armées françaises à conduire des opérations amphibies dans un cadre multinational par le capitaine de vaisseau DELPLANQUE, TCD (transport de chalands de débarquement) SIROCO EVOLUTION DOCTRINALE es capacités amphibies françaises o n t c o n s i d é ra blement évolué au cours des dix dernières années. Cette évolution se poursuit, tant en terme d’équipements que pour ce qui concerne la doctrine, car ce domaine d’action fait parti des priorités de notre défense. A la fin de la guerre froide, la France disposait de la capacité technique de mettre à terre des troupes et du matériel sur un site reconnu, n’offrant aucune opposition. Il s’agissait en fait d’un transport opérationnel, dans contraintes tactiques, vers une zone de débarquement non préparée et non d’une opération amphibie à proprement parler. Le changement de nature et de niveau des menaces a mis en lumière l’intérêt de pouvoir disposer de réelles capacités de projection de forces de la mer vers la terre, pour le règlement des conflits et des crises. La France a pris en compte cet objectif et le décline en deux types majeurs d’opérations amphibies, liées au niveau de la menace perçu : L - Le premier a pour objectif d’établir à terre le premier échelon d’une force ultérieure plus importante ; à cet effet ont été développés les concepts de force de réaction immédiate (élément harpon de 1000 à 1500 hommes) et de force de réaction rapide (portant l’effectif engagé à celui d’une brigade). - L’autre confie à une force amphibie autonome l’ensemble de l’opération ; il vise plutôt le " spectre basse intensité " des opérations de type Petersberg. - la constitution et/ou l’identification des forces impliquées dans les activités amphibies (construction de nouveaux bâtiments, désignation des états-majors et unités de l’Armée de terre dédiés aux activités amphibies (4e BAM, 6e BLB et 9e BLBMa…) ; - l’élaboration d’une doctrine amphibie dérivée du CNOA, dont la version finale, baptisée " instruction 3500 " a été approuvée par l’EMA en début d’année ; - la réalisation d’exercices purement nationaux pour valider l’adéquation des moyens et le bien-fondé du concept ; - l’effort important destiné à améliorer l’interopérabilité de nos moyens SIC d’état-major ; - la mise sur pied de réelles capacités de commandement du niveau CATF/CLF, notamment grâce à la création d’un noyau clé d’état-major interarmées de CATF d’une dizaine de personnes au sein de la division conduite des forces de l’étatmajor de la force d’action navale. De ce processus résulte une nouvelle approche interarmées des opérations amphibies fondée sur la recherche de meilleures synergies entre les différentes composantes de la force amphibie. Ces synergies se caractérisent par un rôle primordial de la force navale dans le soutien des opérations à terre, qu’il s’agisse du renseignement, de l’appui feu, de la coordination dans la troisième dimension et surtout du soutien logistique. Cette première étape de l’évolution de notre capacité amphibie s’est achevée avec la prise en compte du retour d’expérience l’exercice national " CATAMARAN 01 " qui a permis de finaliser notre doctrine nationale. Il nous reste maintenant à valider ces savoir-faire dans un cadre multinational. L’OUVERTURE MULTINATIONALE Cette évolution de notre approche de l’amphibie s’est mise en place progressivement suivant plusieurs étapes parmi lesquelles il faut souligner : - la réorganisation de la commission interarmées des études amphibies (CIEA), maintenant co-présidée par le CDES et ALFAN et clairement mandatée par le CEMA pour piloter cet important dossier ; - la définition, en 1997, d’un concept national des opérations amphibie (CNOA) s’inspirant fortement des publications de l’OTAN ; Au cours de cette phase d’élaboration de notre doctrine nationale, nous nous sommes montrés vigilants afin de ne pas introduire dans nos réflexions puis nos procédures de dérives trop importantes par rapport à la doctrine de l’OTAN, qui doit rester la référence. Le document français de doctrine amphibie peut donc être considéré comme une instruction d’application au niveau national des publications de l’OTAN (ATP8, ATP 36, ATP 37, ATP 38 et ATP 39). Il se justifie notamment pour préciser certains éléments de la doctrine OTAN et surtout pour bien prendre en compte certaines capacités spécifiques de nos forces. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.24 Doctrine Contrary to what happens in most of European countries that have a “ Marines Corps ” at their disposal, the French organization implies that our amphibious capabilities is not a Navy-only business. Amongst the European nations having amphibious capabilities, the French distinctiveness is to implement an obviously joint amphibious component. The Army, Navy and, to a lesser extent Air Force are actual constituents of the French amphibious activities, at any stage: doctrine, planning or conduct. This is a message which is sometimes difficult to pass onto our partners for whom amphibious operations by essence falls under the Navy. More than simply studying the French Navy’s capabilities to conduct amphibious operations, it is thus a question of evoking our entire armed forces’ capabilities within that field. French armed forces capabilities to conduct amphibious operations within a multinational framework by captain DELPLANQUE, LPD (landing platform disembarking) SIROCO D O CT R I N E DEVELOPMENT - The drawing up of an amphibious doctrine drawn out of the CNAO, the final version of which, named “ instruction 3500 ”, was approved, early this year, at the JCS level; T - The conduct of purely national exercises to validate the adequacy of the means and the legitimacy of the concept; he French am p h i bi ous capabilities have significantly changed within the last ten years. These changes are still going on, as far as equipment are concerned as well as in the doctrine area because the amphibious domain is one of our Defense priorities. By the end of the Cold War, France had at its disposal the technical capabilities necessary to conduct unopposed disembarking operations of forces and equipment on a previously reconnoitered area. As a matter of fact, it was more an operational transportation toward an unprepared beaching area, than an actual amphibious operation. The change in nature and level of the potential threats brought up a requirement for acquiring actual capabilities of projecting, from sea to land, forces to settle conflicts and crises. France took into account this objective and split it up into two sub-objectives depending on the level of the perceived threat. - First: the disembarking of the first echelon of a more important follow-on-force: to that intent, an immediate reaction force1 concept and a rapid reaction2 one have been developed. - The important effort intended to improve the interoperability of HQ’s CIS; - The fielding of actual command capabilities at the CATF/CLF level, especially as a result of the creation of a joint CATF key nucleus, that includes about ten people, within the “forces conduct” division of the naval forces Headquarters. A new joint approach to the amphibious operations based on the research of better synergies between the various components of the amphibious force has resulted from that process. These synergies are characterized by the role of prime importance given to the naval force in the support of the land operations, be it for intelligence, fire support, coordination with air operation, and, above all, logistical support. This first step of our amphibious capabilities’ evolution ended with the taking into account of the lessons learned during the national exercise “ CATAMARAN 01 ” that enabled us to finalize our national doctrine. We still have to validate these know-how within an international framework. - Second: an autonomous amphibious force is entrusted with the entire operation; it aims at dealing with the “ low intensity domain ” of the Petersberg-type operations. THE INTERNATIONAL OPENING This evolution of our approach to the amphibious concept followed several steps among which: - The reorganization of the Joint Commission for Amphibious Studies (CIEA) currently co-chaired by the Army Doctrine and Higher Military Education Command (CDES) and The Naval Force Command (ALFAN). This commission received from the CJSC the mission to lead this important project; During the development phase of our national doctrine, we paid attention, in our studies and many procedures, to avoid too important shifts from the NATO doctrine that must remain the reference. The French document dealing with amphibious doctrine can then be considered as the implementation, at national level, of the NATO publications (ATP8, ATP 36, ATP 37, ATP 38 et ATP 39). It is especially justified to specify some elements of the NATO doctrine and, above all, to take correctly into account some of our forces’ specific characteristics. - In 1997, the definition of a National Concept for Amphibious Operations (CNOA) largely inspired from NATO publications; - The construction and/or identification of the forces involved in amphibious activities (construction of new ships, selection of the Army’s HQ and units earmarked for amphibious operations (4th BAM, 6th BLB and 9th BLBMa3); 1 Harpoon element with 1000 to 1500 troops. 2 Brigade size. 3 4th Airmobile Brigade, 6th Light Armored Brigade and 9th Marine Light Armored Brigade. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.25 Doctrine A ce stade, les principales spécificités françaises sont : - de limiter le volume des forces projetées à un groupement interarmées embarqué d’environ 1400 hommes (GIE 1400) ; - de ne pas complètement figer la composition de la force terrestre qui doit rester flexible de façon à répondre au mieux aux spécificités de ses missions. On peut toutefois considérer qu’un GIE 1400 type s’articule normalement autour d’une compagnie de commandement, de 3 compagnies d’infanterie motorisé, et d’un escadron de blindés légers, renforcés par une section de mortiers lourds, un élément du génie et un élément d’artillerie sol air (SATCP) auxquels il faut ajouter une vingtaine d’hélicoptères pour assurer sa mobilité, son soutien et une partie de ses appuis ; - d’utiliser nos 4 TCD, accompagnés des bâtiments (PR, BAP…) nécessaires au soutien de la force terrestre (munitions, vivres, carburant, soutien santé…) ; - de mettre en œuvre une forte composante de forces avancées à base d’unités de guerre des mines (2/3 CMT, un GPD et un DING ) et de commandos marine (200) opérant en principe à partir d’un BATRAL et de frégates de type FLF ; - de limiter l’élongation maximale dans l’AOA (amphibious objective area) à une centaine de kilomètres ; - de disposer, dans la zone de mise à terre, d’un rapport de force de 4 contre 1 en faveur de la force projetée, au moment du débarquement de la première vague ; - de réaliser le débarquement du GIE 1400 en moins de 12 heures par une utilisation conjointe de la batellerie et des hélicoptères ; - d’être apte à assurer le soutien du GIE 1400 à partir de la force amphibie pendant une période de 10 jours. La phase suivante, qui vient d’être engagée, vise maintenant à développer notre capacité amphibie dans un cadre multinational, européen ou/et OTAN. En effet, La dynamique européenne, en pleine évolution en matière de défense, se préoccupe très sérieusement des capacités de projection de forces disponibles dans le cadre d'un engagement autonome. Cela se traduit, notamment, par le développement de l’initiative amphibie européenne qui repose sur les trois piliers principaux que sont la force amphibie UKNL, la Spanish italian amphibious force (SIAF) et la composante amphibie française. En comptabilisant l'ensemble de ces moyens amphibies, la capacité de projection de forces européennes pourrait atteindre le volume de trois petites brigades. Le développement de cette capacité amphibie européenne doit accroître l’aptitude des états européens à agir dans les domaines ou l’OTAN n’est pas impliquée mais aussi contribuer à améliorer l’efficacité de l’alliance. Il est d’ailleurs envisagé que les forces amphibies européennes, agissant conjointement dans le cadre de l’initiative, soient disponibles pour entreprendre des actions dans le cadre des missions de Petersberg de l’UEO ou des opérations, article 5 et non-article 5, du traité de l’Atlantique Nord. La France souhaite très fortement s’impliquer dans cette nouvelle dynamique européenne, sans bien sûr remettre en cause le lien transatlantique car, que se soit au titre national ou au titre d’une force amphibie européenne nous pouvons être amenés à participer à une opération amphibie conduite dans le cadre de l’OTAN dont la documentation constitue une référence commune. Dans ces conditions la composante amphibie française participe très activement, notamment au travers de la CIEA, aux réflexions et aux travaux des différentes structures de l’OTAN dédiées à l’amphibie comme par exemple l’Amphibious Operation Working Group, le groupe de travail sur la refonte de l’ATP 8, ou les conférences ALLIGATOR de la CAFMED (Concept amphibious force in Mediterranean) qui sous l’égide de COMSTRIKFORSOUTH permettent de bien se situer sur le flanc Sud de l’Alliance. Notre participation à ces structures de l’OTAN n’intervenait jusqu’à présent qu’à un titre strictement national même si pour certains points particuliers une coordination ponctuelle avec nos principaux partenaires européens pouvait être recherchée. Dans un très proche avenir, elle peut s'envisager dans le cadre résolument européen de l’EAI (European Amphibious Initiative). D’un point de vue pratique, la planification de nos activités amphibies prend clairement en compte cette ferme volonté d’ouverture vers les activités multinationales. Après la validation sur un plan strictement national du CNOA et de la doctrine associée, d’importants engagements ont été pris pour participer à un bon niveau à des activités amphibies majeures en coopération avec nos partenaires européens ou/et dans le cadre de l’alliance. Pour accroître notre implication au coté des autres forces amphibies, notamment européennes, et améliorer notre capacité à conduire des opérations amphibies dans un cadre multinational, nous avons mis en place une démarche progressive comprenant plusieurs étapes. La participation du noyau clé d’état-major ATF et d’un renfort d’état-major de LF au titre d’augmentées au sein de l’étatmajor du CATF/CLF italien lors de l’exercice " TRIDENT D’OR 01 " aura été la première étape de ce nouveau processus. Elle a permis de développer notre capacité à travailler ensemble. Nous avons ensuite décidé de participer avec un important renfort d’état-major CATF/CLF à l’exercice " DESTINED GLORY 01 " de façon à acquérir une bonne expérience pratique au sein d’une structure OTAN. Enfin, nous allons jouer un rôle majeur au sein du dispositif européen amphibie qui participera à l’exercice " DESTINED GLORY 02 " en prenant à notre compte les responsabilités de CATG/CLG. C’est l’aboutissement logique de notre implication croissante dans les activités amphibies multinationales. Cette montée en puissance progressive de notre capacité amphibie à conduire des activités dans un cadre multinational se veut pragmatique. Elle traduit bien la volonté française de s’impliquer davantage dans un contexte multinational européen, tant pour des tâches propres aux intérêts directs de l’Union européenne que dans un contexte plus large au sein de l’alliance ■ Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.26 Doctrine At that stage, the French’s main characteristics can be listed as follows: - The size of the projected forces is limited to an embarked joint task group comprising about 1,400 people (GIE 1400); - The land component structure is not completely fixed since it must remain flexible enough in order to respond as well as possible to all its missions’ specificities. However, it can be deemed that a GIE 1400 generally includes one HHQ company, 3 infantry companies and one light armored company reinforced with one heavy mortars platoon, an engineer element and a short range air defense element (SHORAD) to which must be added about twenty helicopters to ensure mobility, its combat support and a part of its combat service support; - The use of our four LSD accompanied by ships (AOR, AR…) necessary to support the land component (ammunitions, food, FOD, medical…); - The use of a strong advanced forces component based on naval mine warfare units (2/3 mine hunters, one EOD Team, and a DINGHY) and navy special force (200) usually operating from either a LSM or a frigate FFH type; - The limitation of the maximum distance within the AOA (Amphibious Objective Area) to about one hundred kilometers; - The force ratio in the landing area that must reach 4 to 1 in favor of the projected force when the first landing wave disembarks; - The landing of the GIE 1400 must be conducted in less than 12 hours through a joint use of ships and helicopters; - The amphibious force must be able to support the GIE 1400 for a ten days period. The follow-on phase that has just started aims at developing our amphibious capabilities within a multinational framework, European and/or NATO. As a matter of fact, the European dynamics which is undergoing rapid change, as far as defense is concerned, thinks very much about the available forces projection capabilities within the framework of an autonomous commitment. It is demonstrated in particular by the development of the European Amphibious Initiative that relies on three main pillars: the UKNL amphibious force, the Spanish Italian Amphibious Force (SIAF) and the French amphibious component. When tallying all these amphibious assets, the European force projection capability could reach a volume of three small brigades. The development of this European amphibious capability has to increase the ability of European states capacity to operate within domains where NATO is not involved as well as to contribute to the Alliance overall efficiency. It is also envisioned that the European amphibious forces, operating jointly within the initiative framework, could be made available to undertake actions within the framework of the WEO’s Petersberg missions or North Atlantic Treaty’s Article 5 and non-Article 5 operations. France strongly wishes to get involved into this new European dynamics, of course without questioning the Transatlantic link, because, be it nationally or dedicated to a European amphibious force, we could be led to participate into an amphibious operation conducted within the NATO framework whose documentation constitutes a common reference. In these conditions, the French amphibious component participates very actively, notably through the CIEA, in the studies and works of the various NATO structures dedicated to amphibious operations such as the Amphibious Operations Working Group, the ATP8 revision working group or the CAFMED 4 ALLIGATOR conferences which, under COMSTRIKFORSOUTH authority enables a better positioning on the Alliance southern flank. Until now, our participation in these NATO structures, took only place within a purely national framework, even if for some very specific issues, a coordination could be sought with our main European partners. In a very near future, it could be envisioned within the definitely European framework of the EAI (European Amphibious Initiative). From a practical point of view, the planning of our amphibious activities clearly takes into account our will of overture towards multinational activities. Following the purely national validation of the CNAO and its associated doctrine, important commitments were made to participate in major amphibious activities at the right level in cooperation with our European partners or/and within the Alliance framework. To develop our involvement by the side of the other amphibious forces, especially European ones, and to improve our capability to conduct amphibious operations within a multinational framework, we set up a progressive process that includes several steps. The ATF HQ key nucleus, reinforced by HQ elements, participation as augmentees in the Italian CATF/CLF HQ during the TRIDENT exercise has been the first step of this new process. It enabled us to develop our capability to work together. We then decided to participate with an important CATF/CLF HQ reinforcement in the exercise DESTINED GLORY 01 in order to gain a good practical experience within a NATO structure. And last, we will play a key role within the European amphibious organization that will participate in the exercise DESTINED GLORY 02, assuming the CATG/CLG responsibilities. This is the logical conclusion of our growing involvement into the multinational amphibious activities. This progressive growth of our amphibious ability to conduct activities within a multinational framework is meant to be pragmatic. It well translates the French’s will to get more involved into a European multinational context, to conduct tasks specific to the European Union’s direct interests as well as in a broader context, within the Alliance ■ 4 Concept amphibious force in Mediterranean. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.27 Etranger La doctrine du Corps américain des Marines Expeditionary Maneuver Warfare par le lieutenant-colonel MARTIN, ancien officier de liaison français auprès du Corps des Marines xpeditionary Maneuver Warfare (EMW) est le texte doctrinal le plus récent publié par l’USMC1. Ce document s’inscrit dans le prolongement de Marine Corps Strategy 21. Ces deux documents consacrent la volonté du corps de ne plus être perçu seulement comme une force amphibie mais aussi comme une force de projection totale. Pour le General JONES, commandant l’USMC, " EMW est la synthèse des compétences, de la philosophie de manœuvre, de l’héritage de projection, des concepts de déploiement et d'emploi des forces du corps. Il souligne la capacité unique que le Corps donne au commandant interarmées et les synergies qu’il permet avec l’action complémentaire des autres armées et directions. Toutes ses capacités sont traduites en puissance de projection pour améliorer la sécurité globale, conforter les amis et alliés tout en dissuadant et éventuellement détruisant les adversaires potentiels. Les principes d’EMW serviront de guide dans le processus d’innovation et d’adaptation du corps pour lui permettre de rester la première force disponible de la nation ". Les derniers événements semblent dans une certaine mesure avoir validé une partie des concepts doctrinaux du Corps même si des éléments importants comme l’appui feu et la logistique à partir de la mer restent encore à développer. E Les données de base EMW est la clé de voûte des concepts de l’USMC pour le début du 21e siècle. EMW se concentre sur les capacités du corps, leur évolution et les concepts innovants qui doivent permettre de mettre à la disposition du commandant interarmées des forces optimisées pour le prépositionnement, le déploiement avancé, la réponse aux crises, la lutte contre le terrorisme et l’engagement majeur. EMW repose sur le principe selon lequel les forces du corps sont des catalyseurs de forces interarmées et multinationales. Elles sont caractérisées par la capacité de projection et de manœuvre, le positionnement à la mer, la souplesse et l’autonomie. L’USMC dispose des capacités et des moyens pour fournir l'élément de commandement d’une force interarmées et multinationale, et/ou servir de commandement de composante. Dans ce contexte, le rôle du corps pourrait être de fournir l’élément de base pour les systèmes de commandement sur lesquels les forces interarmées et multinationales viendraient se connecter. Il possède aussi des capacités pour saisir des bases d’opérations avancées, détruire les défenses ennemies pour permettre l’engagement d’éléments de manœuvre opérationnels et exploiter ou ouvrir de nouveaux fronts etc. 1 United States Marine Corps Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.28 Foreign Studies The (US) Marine Corps’ doctrine Expeditionary Maneuver Warfare by lieutenant-colonel MARTIN, former French liaison officer to the (US) Marine Corps he “ Expeditionary Maneuver Warfare (EMW) is the most recent doctrine document published by the USMC1. It can be considered as a continuation of “ Marine Corps Strategy 21 ”. Both of these documents highlight the Corps’ will to be considered not only as an amphibious force but also as a full projection one. For General Jones, the USMC Commandant “ EMW constitutes the synthesis of the competencies, the maneuver philosophy, the projection heritage, the deployment and employment concepts of the USMC forces. It emphasizes the unique capability provided by the Corps to the joint Commander as well as the synergies made possible together with the complementary action of other services and departments. All its capabilities are expressed into power projection in order to improve the overall security, to comfort friends and Allies while deterring and even destroying potential opponents. EMW principles will be used as a guideline during the Corps innovation and adaptation process in order to enable it to remain the Nation’s first available force ”. T T he recent events seem to have somehow validated part of the Corps doctrinal concepts even if important components such as sea-based fire support and logistics still remain to be developed. Basic data EMW is the cornerstone of the USMC’s concepts for the early 21st century. EMW focuses on the Corps capabilities, their evolution and the innovating concepts that must permit to provide the joint commander with optimized forces for pre-positioning, forward deployment, crisis response, anti-terrorism struggle and last for a major commitment. EMW relies on the principle according which, Corps’ forces are considered to be force multipliers for joint and combined Forces. They are characterized by projection and maneuver capabilities, positioning at sea, flexibility and self-sufficiency. USMC has at its disposal capabilities and assets to provide a command and control element for a joint and multinational force, and/or to be used as a component command. Within this context, the Corps’ role could be to provide the basic element for command and control systems to which joint and multinational forces would connect. It also has capabilities intended to seize forward operational bases, to break enemy’s defenses, allowing thus the engagement of the operational maneuver element and to exploit or open new fronts, etc. 1 United States Marine Corps Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.29 Etranger Le déploiement et le prépositionnement des forces de l’USMC dans le monde lui donnent la capacité de passer très rapidement du stade de précrise au stade d'emploi opérationnel immédiat sur un théâtre lointain. Cela est rendu possible grâce à la disponibilité et aux structures de ses forces MAGTF2 qui sont organisées pour des fonctions et des missions diverses. L’USMC est capable de projeter et de soutenir une force opérationnelle dans toute la profondeur du champ de bataille. De même au plan tactique, les MAGTF sont capables de conduire des missions variées avec des capacités multidimensionnelles et de changer de posture dans des délais très brefs. Ainsi une MAGTF peut évacuer des ressortissants dans une zone de conflit, conduire des opérations de contre-terrorisme, saisir une infrastructure majeure pour permettre le déploiement des forces de deuxième échelon. Les MAGTF sont autonomes ; elles n’ont pas besoin de soutien logistique extérieur ni de nation hôte. Pour l’USMC le mot projection désigne beaucoup plus que la capacité à se déployer outre-mer. C’est un système de valeurs. Cet ethos influence tous les aspects de l'organisation, de l’entraînement et de l'équipement pour s’adapter à l’espace de bataille. Les opérations de projection sont conduites dans un environnement difficile soit à partir de la mer, à terre ou à partir de base avancée. Ces opérations nécessiteront la mise en place des forces sans le concours d'une nation hôte ou d’un soutien extérieur. Représentation tangible des intérêts de la nation, les forces de l’USMC en déploiement avancé ou prépositionnées constituent des avantages dans le dispositif de projection américain et sont déterminantes dans le concept stratégique globale des commandants en chef régionaux. Dans le cadre de la planification régionale des CINC3, l’USMC se concentre sur les opérations de débarquement et la préparation d'opérations combinées ou multinationales. La MAGTF est une composante intégrée dans une force navale plus importante ; elle est préparée aux opérations dans la zone littorale en utilisant la mer comme espace de manœuvre et comme base arrière sécurisée à partir de laquelle le commandant interarmées peut projeter de la puissance pour contrer les premiers développements d'une crise potentielle. Le positionnement à la mer permet aux forces de se mouvoir directement du bateau à l’objectif, profondément à l’intérieur des terres ce qui représente une avancée par rapport aux opérations amphibies traditionnelles. Le concept de positionnement à la mer maximalise la puissance navale de projection et améliore le déploiement et l’emploi des forces navales de projection. Plus que la juxtaposition de plates-formes maritimes, le positionnement à la mer veut créer un maillage et promouvoir l’interopérabilité au sein de la force amphibie, entre le groupe du porte-avions, l’escadre de prépositionnement maritime, la force logistique de combat afin d’utiliser au mieux l’espace de manœuvre fourni par la mer. Les moyens de commandement et de soutien resteront à la mer à la distance maximale possible et seront concentrés sur le soutien des opérations terrestres et aériennes dans la zone littorale. Les MAGTF Le corps des Marines déploie une force interarmées modulable et dimensionnée appelée MAGTF. Celle-ci, sans distinction de taille, dispose de quatre éléments communs dont la taille et la composition varient en fonction de la mission : - élément élément élément élément de de de de commandement ; combat terrestre ; combat aérien ; soutien. Les différentes composantes de toutes les MAGTF ont des éléments spécialisés dans les opérations antiterroristes et de protection des forces. Parfaitement interopérable chaque MAGTF a les capacités à servir de PC pour une force interarmées ou comme commandant de composante au sein de la JTF4. En collaboration avec la Navy, l’USMC va utiliser les capacités des bases, des zones de stationnement et des plates-formes navales comme bases de lancement pour pénétrer sur le théâtre d’opération. Pendant la phase de déploiement la MAGTF conduit une planification exploitant les derniers renseignements, les connaissances du théâtre préparés par les commandants en chef, parfait son entraînement et réaliser les répétitions nécessaires. Cette phase appelée « Reception Staging Onward Movement and Integration Activities » permet d’accroître le rythme opérationnel et l’intégration. Les forces prédéployées de la Navy et de l’USMC continueront d’être l’élément majeur du commandant interarmées pour l’ouverture de port ou d’aéroport, l’établissement de zones de déploiement provisoire en environnement normal ou hostile. Les enjeux futurs Marine Corps Strategy 21 identifie les améliorations de capacité à apporter pour permettre l’évolution de la MAGTF. Ces améliorations concernent le développement des capacités interarmées et multinationales, l’agilité stratégique, la souplesse d’emploi tactique, les appuis et le soutien sans oublier la formation des hommes et des étatsmajors. L’effet des études devrait faire apparaître une convergence dans la transformation et la modernisation de la MAGTF qui révolutionnera les opérations de projection quand les programmes en cours arriveront à maturité. La réalisation du potentiel complet de EMW va demander un effort de développement concentré sur l’amélioration des moyens de commandement, de manœuvre, de renseignement, d’intégration des feux, de la logistique, de la protection des forces et de l’information. 2 Marine Air Ground Task Force, Force de combat aéroterrestre des Marines. 3 Commandements en chef régionaux. 4 Joint Task force. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.30 Foreign Studies The USMC’s forces deployment and pre-positioning throughout the world provides it with the capability to quickly shift from a pre-crisis status to an immediate operational employment one on a remote theater. This is made possible thanks to the availability and to the structures of its MAGTFs2 that are organized to fulfill a variety of missions and functions. The USMC is capable to project and support an operational force in the entire depth of the battlefield. Similarly at tactical level, MAGTFs are able to conduct a variety of operations with multidimensional capabilities and to change their posture very quickly. So, a MAGTF can evacuate NEOs from a conflict area, conduct anti-terrorist operations, seize a major installation in order to prepare second echelon forces’ deployment. MAGTFs are self-sufficient; they don’t need neither external logistical support, nor host nation support. To the USMC, the word “ projection ” designates much more than the capability to conduct overseas deployment. It’s a system of values. This intellectual ethos influences all aspects of organization, training and equipment in order to adapt to the battle space. The projection operations are conducted in harsh environments either from sea, land or forward bases. These operations will require the force deployment to take place without the assistance of a host nation or any external support. As a tangible representation of the nation’s interests, USMC’s forces, either in forward deployment or prepositioned, constitute a “ plus ” in the US projection organization and are essential to Regional Commanders’ overall strategic concept. Within the CINCs’ regional planning framework, USMC focuses on landing operations and on the preparation of joint or combined operations. MAGTF is an integrated component of a bigger naval force; it is prepared to operate within the coastal area, using sea as a maneuver space and as a secured rear base from which the joint Commander can use power projection to counter the early developments of a potential crisis. The positioning at sea enables the forces to move directly from ship to objective, deep inside the land, which constitutes a progress with regard to the traditional amphibious operations. The positioning at sea concept maximizes the projection naval power and improves the projection naval forces’ deployment and employment. More than the juxtaposition of naval platforms, the positioning at sea intends to build a network and to promote interoperability within the amphibious force, between the aircraft carrier group, the maritime pre positioning fleet, the combat logistical force in order to make the best use of the maneuver space provided by the ocean. The command and support assets will remain at sea within maximum possible range, and will focus on supporting the air and land operations in the coastal area. MAGTFs The USMC deploys a modular and proportioned joint force called MAGTF, which, disregarding its size, has always at its disposal four common elements, the size and the composition of which depends on the mission: • Command element • Land combat element • Air combat element • Support element All components of all MAGTFs’ comprise specialized elements in anti terrorists and force protection operations. Perfectly interoperable, each MAGTF has the required capabilities to be used as a joint force CP or as a Component Command within the JTF3. In coordination with the Navy, the USMC will utilize bases, stationing areas and naval platforms’ capabilities as launching sites to enter the theater of operations. During the deployment phase, the MAGTF conducts a planning process exploiting the most recent pieces of Intel, the theater studies prepared by the Commanders in chief, it improves its training and conducts the required rehearsals. This phase called “ Re c e p t i o n , S t a g i n g , O n w a r d M ove m e n t a n d Integration Activities ” allows improving operational tempo and integration. The Navy and USMC pre-deployed forces will continue to constitute the joint commander’s key element with regard to seaport or airport opening, or to the establishment of temporary deployment areas in a normal or hostile environment. The future stakes MCS 21 identifies the capabilities’ improvements in order to allow the MAGTF’s evolution. These improvements regard the development of joint and combined capabilities, the strategic agility, the tactical employment flexibility, support and combat support, not forgetting soldiers and staff’s training. The studies ’result should highlight a convergence in the MAGTF’s transformation and modernization that will revolutionize the projection operations when the on-going programs will be fully operational. The EMW complete potential realization will require a development effort focused on the improvement of the command, maneuver, intelligence, fire integration, logistics, force protection and information assets. 2 Marine Air Ground Task Force. 3 Joint Task Force. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.31 Etranger Dans le domaine de la manœuvre, l’utilisation de toutes les dimensions terre, air, mer et particulièrement la manœuvre à partir de la mer permet aux commandeurs d’exploiter les faiblesses de l’ennemi au moment et au lieu de leur choix en utilisant la mobilité inhérente aux forces navales. La manœuvre cherche à assurer l’effet décisif pendant la conduite des opérations d’une campagne interarmées. C’est le moyen de concentrer les forces au point critique pour réaliser la surprise, l’effet de choc psychologique et la vitesse qui poussent l’adversaire dans une situation insoutenable. La manœuvre peut réduire l’initiative de l’ennemi en réduisant ses choix à défendre le littoral dans la profondeur ou la longueur et par là même disperser ses forces pour le plus grand avantage de la force interarmées (Joint Task Force - JTF) ou en l’exposant à une exploitation des vulnérabilités critiques. La réaction des forces ennemies à la manœuvre de la MAGTF génère des opportunités pour le JFC5 qui peut concentrer des capacités complémentaires au profit des autres forces de manœuvre. L’appui feu a une dimension plus importante que le simple tir d’obus sur l’objectif. L’impact psychologique sur l’adversaire d’un volume de feu conséquent et aléatoire ne doit pas être sous-estimé. La dimension humaine des conflits nécessite de briser la cohésion de l'ennemi en introduisant la crainte et la terreur. Les Marines appliquant les concepts d’EMW continueront à exploiter l’intégration des feux et la manœuvre pour briser la cohésion de l’adversaire. L’USMC va continuer d’accroître la supériorité que lui donnent les feux basés à la mer et l’appui feu aérien, tout en développant la mobilité tactique et opérationnelle des systèmes d’appui feu débarqués. La rationalisation des procédures et l’amélioration des techniques d’identification devraient permettre d’accroître le rythme de la manœuvre et de réduire les risques de tirs fratricides. Les forces en mer et à terre doivent avoir la possibilité de distinguer immédiatement les forces amies des forces ennemies et de délivrer des feux létaux et non létaux à longue distance avec précision pour réaliser l'effet escompté. La mise à disposition permanente d’un volume de feux important, indépendant des conditions météorologiques est essentiel pour les missions de l’artillerie. Les feux seront utilisés pour soutenir la manœuvre de même que la manœuvre exploitera les effets des feux. Pour le soutien de ces opérations, l’USMC doit avoir accès à un système d’infrastructure mondial. L’intégration des capacités logistiques navales de projection avec les systèmes d’information et de logistique interarmées devrait fournir un avantage visible et une vision opérative appropriée en liant efficacement l’opérationnel et le logisticien à travers les armées et les organismes de soutien. Pour cela il faut explorer les moyens permettant de réduire l’empreinte logistique à terre, grâce à l’utilisation de bases de soutien éloignées, du soutien à partir de la mer, du soutien en flux tendu, en réduisant les consommations, en améliorant les conditionnements et la visibilité du système de distribution et en développant des produits plus légers, plus petits mais d'une létalité équivalente. EMW demande une architecture de système de commandement adaptable et intuitive, totalement interopérable avec les autres armées et compatibles avec les moyens multinationaux. Les forces de projection devront avoir la capacité à accéder, traiter, utiliser l’information en temps réel, de développer une compréhension tactique et opérationnelle commune de l’espace de bataille. Elles devront avoir des connexions avec les moyens nationaux et de théâtre et les capacités de disséminer l’information au sein de la force. Ces moyens devront apporter le soutien à une planification intégrée durant les deux phases de déploiement et d’emploi des forces. La protection des forces reste au centre des préoccupations. Les études vont se poursuivre dans les domaines doctrinaux et technologiques pour améliorer les capacités du corps. Ces améliorations seront fondées sur les moyens technologiques et humains combinés avec la planification et l’intégration des mesures de lutte contre le terrorisme. ◆ Expeditionary Maneuver Warfare présente la contribution unique de l’USMC aux opérations interarmées et multinationales futures. Comme première force de la nation basée à la mer, en déploiement avancé, interarmes, disponible, l’USMC est toujours prêt à soutenir l’action du commandant interarmées. Le lien intrinsèque avec le soutien naval donne les moyens de répondre rapidement aux situations de crise avec un niveau de force approprié. La MAGTF est la force optimisée du CINC qui lui permet de préparer l’engagement des autres forces et la poursuite des opérations. EMW lie les concepts et la vision du corps avec les concepts interarmées émergents. Cependant cette doctrine ne trouvera sa pleine application que lorsque les problèmes fondamentaux des appuis, de la logistique et du commandement à partir de la mer et au-delà de l’horizon auront trouvé des solutions techniques ■ 5 Joint Force Commander. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.32 Foreign Studies As far as maneuver is concerned, the employment of all dimensions land, air, sea and especially the maneuver from the sea enables Commanders to exploit the enemy’s weaknesses when and where they decide by using the mobility inherent to naval forces. Maneuver intends to achieve the decisive effect during the conduct of a joint campaign. It is the way to concentrate the forces at the critical point in order to achieve surprise, psychological shock effect and speed that drive the opponents into an unbearable situation. Maneuver may reduce the enemy’s initiative by reducing its range of options to defend the shore, either in the depth or in the length, thus forcing it to scatter its forces at the JTF’s greatest benefit or exposing it to an exploitation of its critical vulnerabilities. The enemy forces reaction to the MAGTF’s maneuver generates opportunities for the JFC4, who can concentrate additional capabilities to the benefit of other maneuver forces. Fire support is more than firing shells toward the target. The psychological impact of a significant and random volume of fire on the opponent should not be underestimated. The human dimension of conflicts requires to break the enemy’s cohesion by bringing in fear and terror. The Marines applying the EMW concepts will continue to exploit the integration of fires and maneuver in order to break the enemy’s cohesion. The USMC will continue to improve the superiority provided by sea-based and air fire support, while developing the landed fire support systems’ tactical and operational mobility. Rationalizing procedures and improving identification techniques should allow to speed up the maneuver tempo and to reduce the risks for fratricide fires. Forces at sea and on land must have the capability to instantaneously identify friendly forces from enemy’s ones and to deliver accurate long-range lethal and non-lethal fires to achieve the expected effect. It is essential for Artillery to provide an important volume of fire, independent from weather conditions. Fires will be used to support the maneuver as well as the maneuver will exploit the fires’ effects. In order to support these operations, the USMC must access to a world infrastructure system. Integrating naval logistical capabilities for projection to joint information and logistical systems should provide a noticeable benefit and an adapted operative vision by linking efficiently people dealing with operations and logistics throughout the armed forces and the combat support organizations. In order to do so, any means that allows the reduction of the land logistical footprint, must be explored through making use of remote combat support bases, sea-based combat support, lean and just-in-time combat support, as well as by reducing the consumptions, improving the packaging and the distribution system visibility and by developing lighter products, smaller but with a comparable lethality. EMW requires a flexible and intuitive command and control architecture, fully interoperable with the other services and compatible with multinational assets. The projection forces will need to have the capability to get, process and utilize the information in real-time, to develop a common tactical and operational understanding of the battlefield. They should have connections with the national and theater assets as well as the capability to disseminate information within the force. These means should support an integrated planning process during both phases of force deployment and force commitment. Force protection remains a central concern. Studies will go on in the areas of doctrine and technology in order to improve the Corps capabilities. These improvements will be based on technological and human means combined with planning and integration of anti-terrorists measures. ◆ Expeditionary Maneuver Warfare presents the USMC’s unique contribution to future joint and combined operations. As the primary force of the Nation based at sea, or in forward deployments, having a combined-arms organization and a high readiness the USMC is always ready to support the Joint Commander’s action. The intrinsic link with Naval support provides the means to respond rapidly to crisis situations with an appropriate level of forces. The MAGTF constitutes the CINC’s optimized force that enables him to prepare the other forces’ commitment and the follow-on operations. EMW links together the Corps’ concept and views with the emerging joint concepts. However this doctrine will only find its full application when the fundamental issues related to combat support, logistics and C2 from the sea and beyond the horizon will meet technical solutions ■ Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.33 Etranger La doctrine des Pays-Bas des opérations amphibies par le lieutenant-colonel GRISNIGT1, de l’Armée de terre royale des Pays-Bas a Marine Royale des Pays-Bas (RNLN), qui inclut aussi les "Royal Marines" néerlandais, a la responsabilité de la doctrine concernant les opérations amphibies pour l’ensemble des forces armées néerlandaises. La doctrine amphibie antérieurement en usage dans les forces armées des Pays-Bas était principalement la doctrine britannique/OTAN car la Marine Royale et le Corps des Royal Marines des PaysBas (RNLMC) coopéraient en permanence avec la Marine et les Royal Marines du Royaume-Uni [par exemple au sein du groupement amphibie UKNL (UKNLPHIBGRU)]. L outefois, la Marine Royale des PaysBas a identifié le besoin d’une doctrine nationale concernant les opérations amphibies fondée sur ses capacités amphibies nationales en pleine expansion. Ceci explique fondamentalement l’accent porté par les forces néerlandaises aux actions de type expéditionnaire car cette capacité englobe tous les aspects des "opérations expéditionnaires ". Les forces amphibies possèdent en propre une force militaire cohérente et autonome pouvant être déployée sur court préavis dans des théâtres éloignés pour y débarquer sans soutien de la nation hôte. Les besoins doctrinaires se sont traduits par la rédaction de la Directive Tactique N°2 intitulée “ LES OPERATIONS AMPHIBIES " (RITA 2) qui comporte la doctrine amphibie pour la Marine Royale des Pays-Bas, donc applicable à la fois à la flotte néerlandaise ainsi qu’aux unités du Corps des Royal Marines des Pays-Bas. Bien que centrée sur les opérations sous Commandement National, elle vient en complément des directives de l’OTAN avec lesquelles elle est en accord. T omme la Marine Royale et le Corps des Royal Marines néerlandais opèrent dans un environnement amphibie à forte dominante anglaise et afin de préserver une transparence visà-vis de partenaires non-néerlandais (UKNL, US, Initiative Amphibie Européenne (EAI)), RITA 2 est rédigée en anglais. C Les opérations amphibies conduites par des unités néerlandaises. Le concept d’opérations actuel de la Marine Royale des Pays-Bas (Operationeel Concept KM, OCKM) décrit les missions génériques des forces de la Marine Royale (RNLN)2 en temps de paix, de crise et de guerre. Toutes les opérations amphibies des unités néerlandaises peuvent être conduites dans le contexte de ces missions, toutes les unités de la RNLN peuvent participer à des opérations amphibies, dans un rôle d’appui direct ou indirect. Ces opérations peuvent être unilatérales (englobant uniquement des unités néerlandaises), bilatérales (par exemple au sein de l’UKNL) ou multinationales (par exemple sous l’égide de l’OTAN ou des Nations Unies). Les opérations amphibies peuvent aussi être interarmées lorsque par exemple des unités de l’Armée de terre ou de l’Aviation des Pays-Bas y participent. Les facteurs déterminants pour des opérations nationales seront la taille et la capacité de la force à projeter à partir des moyens amphibies. Actuellement il n’existe qu’un seul navire, le Rotterdam (RDAM), un deuxième navire de transport amphibie (LPD), le Johan de Witt, devant entrer en service opérationnel en 2007. Le cahier des charges pour le RDAM recouvrait bien plus que les opérations amphibies ; le navire peut aussi être affecté aux tâches (secondaires) suivantes : a. Agir en tant que navire réceptionnant les évacuations sanitaires primaires (PCRS). e.Transporter un véhicule de secours sousmarin. f. Transporter des véhicules lourds, des stocks et du personnel pendant un transport maritime militaire courant. Comparé au RDAM, le Johan de Witt aura des capacités de transport accrues et des possibilités en Moyens de Commandement importants. RITA 2 met l’accent sur la planification et l’exécution des opérations amphibies. La même structure de planification de base sera utilisée pour le RDAM et les forces embarquées entreprenant l’une des tâches secondaires définies ci-dessus. Le but de RITA 2 peut donc être défini comme suit : a. Donner des directives quant à la planification et à la conduite d’opérations amphibies, en mettant l’accent sur les opérations sous direction nationale organisées autour du RDAM et des forces embarquées. b. Donner à la Marine Royale et aux unités du Corps des Royal Marines néerlandais une compréhension commune de la planification et de la conduite des opérations amphibies. c. Diffuser la connaissance générale des opérations amphibies au sein de la Marine Royale des Pays-Bas. b.Agir en tant que plate-forme pour les opérations maritimes de contreterrorisme. c. Agir en tant que porte-hélicoptères de guerre anti-sous-marine. d. Agir en tant que navire de soutien pour les unités de contre-mesures antimines. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.34 1 L’auteur a écrit cet article en s’appuyant sur la directive tactique N°2 " Les opérations amphibies " (RITA 2, datée du 13-12-01). Les concepts inclus dans cet article ne reflètent pas la doctrine telle qu’approuvée par la Marine Royale des Pays-Bas. 2 Ceci comprend le Corps des Royal Marines néerlandais sauf s’il est stipulé autrement. Foreign Studies The Netherlands doctrine «amphibious operations» by lieutenant-colonel GRISNIGT1, Royal Netherlands Army (RNLA) he Royal Netherlands Navy (RNLN), which also includes the Dutch « Royal Marines », is responsible for amphibious operations doctrine for all Dutch armed forces. The amphibious doctrine previously used by the NL armed forces was principally British/NATO as the RNLN and Royal Netherlands Marines corps (RNLMC) always co-operated with the United Kingdom (UK) Navy and UK Royal Marines (e.g. in the UKNL Amphibious Group (UKNLPHIBGRU)). T owever, the RNLN identified a requirement for a national amphibious doctrine based on its growing national amphibious capability. This is fundamental to the expeditionary focus of the NL armed forces since this capability embraces all aspects of ‘expeditionary operations’. Amphibious forces inherently have a coherent, self-sustaining military force which can be deployed at short notice to distant theatres where they can come ashore without host nation support. The doctrinal requirement have resulted in the development of Tactical Guideline number 2 “AMPHIBIOUS OPERATIONS " (RITA 2) that contains the amphibious doctrine for the Royal Netherlands Navy, and is therefore applicable to both the Netherlands Fleet and Royal Netherlands Marine Corps units. Although focused on national (led) operations, it complements NATO publications, with which it is in accord. H ince the RNLN/RNLMC operate in an ‘English-heavy amphibious environment’ and to maintain transparency towards non-NL partners (UKNL, US, European Amphibious Initiative (EAI)), RITA 2 is written in English. S Amphibious operations by NL units. The present Operational Concept of t h e Roya l N e t h e r l a n d s N a v y (Operationeel Concept KM, OCKM) describes the generic tasks of RNLN2 forces in times of peace, crisis and war. All amphibious operations by NL units can be conducted within the context of these tasks; all RNLN units could participate in amphibious operations, either in a direct or indirect/support role. This can be unilateral (NL units only), bilateral (e.g. within UKNL) or multinational (e.g. under NATO or UN auspices). Amphibious operations may also be joint when e.g. NL Army or Airforce units participate. The main factors for national operations will be the size and capability of the force that can be launched from amphibious shipping. At present there is only HNLMS Rotterdam (RDAM), with a second amphibious transport dock (LPD), HNLMS Johan de Witt, due to be operational in 2007. The design requirements for RDAM were wider than just amphibious; the ship can also be tasked in the following (secondary) roles: a. To act as a Primary Casualty Receiving Ship (PCRS). f. To carry heavy vehicles, stores and personnel for a military administrative sea-move. Compared to RDAM, HNLMS Johan de Witt will have increased transport facilities and (provisions for) extensive command facilities. RITA 2 focuses on the planning and execution of amphibious operations. The same base planning structure will be used for RDAM and embarking forces undertaking one of the above secondary roles. The aim of RITA 2 can thus be defined as follows: a. To give guidance on how to plan and conduct amphibious operations, with the focus on national (led) operations based around RDAM and embarked forces. b. To provide RNLN and RNLMC units with a common understanding of the planning and execution of amphibious operations. c. To expand the general knowledge of amphibious operations within the RNLN. b. To act as platform for maritime counter terrorism operations. c. To act as an ASW helicoptercarrier. d. To act as a support ship for MCM units. e. To carry a Submarine Recovery Vehicle. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.35 1 The author has drafted this article from the Tactical Guidelines number 2 « Amphibious Operations » (RITA 2, original dated 13-12-01). Concepts included in this article do not reflect the doctrine, as approved by the RNLN. 2 This includes the RNLMC unless specifically indicated. Etranger Les opérations amphibies, conduites isolément ou en liaison avec d’autres opérations militaires ont principalement pour but de : a. Etablir une tête de pont pour assurer le débarquement continu de troupes et de matériels afin de pouvoir poursuivre des opérations de combat ultérieures. b. Appuyer les opérations visant à interdire l’utilisation d’une zone ou d’infrastructures à un ennemi et/ou fixer les forces ennemies. Bien que non spécifiquement amphibies, les Opérations de Réponse aux Crises Non Couvertes par l’Article 5 (NAFCRO)3, afin de prévenir la guerre, résoudre les conflits, promouvoir la paix et la stabilité, et soutenir les autorités civiles pour répondre à des crises intérieures sont très similaires à des opérations amphibies. La capacité unique d’une force amphibie résulte de sa mobilité et de sa souplesse inhérentes. Les forces amphibies offrent au Chef Interarmées (JFC) une force qui exploite l’élément de surprise et qui tire profit des faiblesses ennemies en projetant et en appliquant une puissance de combat à l’endroit et au moment les plus appropriés. La menace d’un débarquement amphibie peut contraindre l’ennemi à détourner des forces, à aménager des positions défensives, à détourner des ressources majeures à la défense des côtes ou à disperser ses moyens. Les quatre types d’opérations amphibies, i d e n t i f i é e s p a r l ’ O TA N, s o n t l e débarquement, la manœuvre de déception, le rembarquement et le va-et-vient. Quoiqu’il en soit, la totalité des opérations ne tombe pas idéalement dans l’une des catégories précitées. Les forces amphibies peuvent être particulièrement adaptées à la conduite des opérations NAFCRO, telles que les Opérations d’Evacuation de Non-combattants (NEO). En l’espèce, les opérations NEO peuvent être planifiées et conduites de manière très similaire à un raid. L’Assistance humanitaire et l’aide aux catastrophes naturelles peuvent nécessiter plus de souplesse pendant la planification et pendant leur exécution en fonction de l’assistance et/ou de l’aide à apporter. De plus, les opérations NAFCRO peuvent englober des Opérations de Soutien de la Paix (PSO) telles que la prévention des conflits, le maintien de la paix, le rétablissement de la paix, la consolidation de la paix et des opérations de police. Les opérations de transport maritime possèdent beaucoup de ces caractéristiques et utilisent bien des techniques empruntées aux opérations amphibies. En conséquence, la directive RITA 2 distingue une cinquième catégorie, les opérations non-conventionnelles. Les opérations d’appui sont des opérations conduites par des forces autres que celles assignées à la force amphibie (ATF). Généralement, elles sont commandées par un QG supérieur à la demande du Commandant de la force amphibie et sont normalement conduites en dehors de la zone de responsabilité de l’ATF. Cependant, ces opérations sont g é n é r a l e m e n t c o o rd o n n é e s ave c l e Commandant de la force amphibie (ATF) ; elles comprennent par exemple des opérations sous-marines, des opérations des forces spéciales et des opérations aériennes. On doit noter que les forces spéciales peuvent conduire soit des opérations d’appui, soit agir en Force avancée ou mener des opérations préliminaires à l’assaut sous contrôle opérationnel (OPCON) du Commandant de la force amphibie (ATF). Les opérations d’appui sont conduites pour : a. tromper l’ennemi ; b. isoler des zones de débarquement ; c. aider à prendre ou à conserver la supériorité aérienne, terrestre et navale dans les zones de débarquement ; d. obtenir des renseignements ; e. mener la guerre psychologique et nonconventionnelle contre l’ennemi. Phases des Opérations Amphibies. En théorie, les opérations amphibies sont divisées en une phase de planification [très détaillée avant le départ (planification de la force)], une phase d’embarquement, une phase de répétition, une phase de mouvement et les opérations préalables à l’assaut. La séquence traditionnelle des phases est Planification, Embarquement, Répétition, Mouvement et Action (PERMA). Cependant, des expériences plus récentes tendent à Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.36 utiliser le principe (EMPRA), Embarquement, Mouvement, Planification, Répétition et Assaut. La composition et la préparation de la force sont généralement effectuées à partir de missions types connues, la mission étant précisée une fois en mouvement vers la zone d’opérations. Le commandement et la coordination d’une opération amphibie constituent sa caractéristique la plus complexe. Interarmées par nature, et très souvent multinationales, les opérations amphibies nécessitent une planification détaillée, une coopération étroite, des relations de commandement spécifiques et des communications stratégiques et tactiques bien définies pour atteindre les objectifs définis par les autorités supérieures. L’opération est conduite par le Commandant ayant reçu la délégation d’autorité avec l’entière responsabilité de l’opération. Les relations de commandement sont stipulées dans la Directive Initiale. L’officier supérieur de marine, dénommé comme Commandant de l’ATF, commande la force amphibie. Cette force comprend, au minimum, une force navale et une force de débarquement, avec des moyens de manœuvre organiques de transport maritimes des navires vers l’objectif (STOM - Ship To Objective Maneuver). Elle peut aussi inclure des navires civils affrétés (STUFT - Ships Taken Up From Trade) et des forces aériennes. La force de débarquement peut comprendre des unités de Marines et des unités de l’Armée de terre. L’officier le plus gradé de la force de débarquement, normalement un Marine, est le commandant de la force terrestre (CLF). L’aspect interarmées et multinational de la guerre amphibie requiert une coopération et une coordination étroites à tous les niveaux de la chaîne de commandement et l’intégration sans faille des forces opérant dans la Zone d’Objectif Amphibie (AOA) sous un commandement unifié est absolument essentielle au succès d’une opération. 3 Anciennement connues sous la dénomination d’Opérations Militaires Autres que Celles de Guerre (MOOTW), telles que les Opérations d’Evacuation de Non-combattants (NEO), les opérations de soutien de la paix (PSO) et les Opérations d’Interdiction Maritimes (MIO). Foreign Studies Amphibious operations, conducted alone or in conjunction with other military operations are designed primarily to: a. Establish a beachhead to ensure the continuous landing of troops and materiel in order to prosecute further combat operations. b. Support operations which deny the use of an area or facilities to an enemy and/or fix enemy forces. Whilst not specifically amphibious, Non-Article 5 Crisis Response Operations (NAFCRO)3, in order to deter war, resolve conflict, promote peace and stability, and support civil authorities in response to domestic crises operations are very similar to amphibious operations. The unique capability of an amphibious force comes from its inherent mobility and flexibility. The amphibious forces provide the Joint Force Commander (JFC) with a force which exploits the element of surprise and capitalises on enemy weaknesses by projecting and applying combat power at the most advantageous location and time. The threat of an amphibious landing can induce the enemy to divert forces, fix defensive positions, divert major resources to coastal defence, or disperse forces. The four types of amphibious operations, recognised by NATO, are the Amphibious Assault, the Amphibious Demonstration, the Amphibious Withdrawal and the Amphibious Raid. Nevertheless, not all operations fit neatly into one of the above categories. Amphibious forces may be especially suited to conduct NAFCROs, such as Non-combatant Evacuation Operations (NEOs). The NEO, for instance, may be planned and conducted very similarly to a raid. Humanitarian Assistance (HA) and disaster relief may require more flexibility during planning and execution based on the assistance and/or relief to be performed. Additional, NAFCROs may include Peace Support Operations (PSO) like conflict prevention, peacekeeping, peace enforcement, peace building a n d c o n s t a bu l a r y o p e r a t i o n s. Maritime Lift Operations have many of the characteristics and employ many of the techniques of amphibious o p e r a t i o n s . S o t h e R I TA 2 distinguishes a fifth category, the Non-conventional operations. The traditional sequence of phases consists of Planning, Embarkation, Rehearsal, Movement and Action (PERMA). However, more recent experiences lean more and more towards the Embarkation, Movement, Planning, Rehearsal, and Assault (EMPRA) principle. Force packaging and preparation are done in outline based on certain mission profiles, with the mission to be specified once en route to the operational area. Supporting Operations are operations conducted by forces other than those assigned to the Amphibious Task Force (ATF). Generally they are commanded by a superior HQ at the request of Commander ATF (CATF) and are normally conducted outside of the area for which the CATF is responsible. They are however, generally co-ordinated with CATF; examples include submarine operations, special forces operations and the air campaign. It should be noted that special forces can conduct supporting operations or Advance Force or pre-assault operations under CATF operational control (OPCON). Supporting operations are conducted to: Command and control and coo r d i n a t i o n of an amphibious operation are its most complex feature. Joint, by nature, and very often combined, amphibious operations require detailed planning, close co-ordination, specific command relationships and clear strategic and tactical communications in order to achieve the goals as delineated by higher authority. The operation is directed by the delegated commander with overall responsibility for the operation. Command relationships are delineated in the Initiating Directive. The senior naval officer, designated CATF, commands the ATF. This force includes, at a minimum, a naval force and a landing force, with organic Ship To Objective Manoeuvre (STOM) assets. It may also include civilian shipping (i.e. Ships Taken Up From Trade or STUFT) and air forces. The landing force may consist of Marine and Army units. The senior landing force officer, normally a Marine, is the Commander LF (CLF). The joint and combined aspect of amphibious warfare necessitates close co-operation and detailed co-ordination at all levels of the chain of command and seamless integration of forces operating within the Amphibious Objective Area (AOA) under unified command is absolutely essential to the successful conduct of an operation. a. deceive the enemy; b. isolate landing areas; c. assist in gaining or maintaining air, ground, and naval superiority in landing areas; d. gain information; e. wage psychological and unconventional warfare against the enemy. Phases of Amphibious Operations. Theoretically, amphibious operations are divided into a planning phase (in quite some detail before departure (Force Planning)), an embarkation phase, a rehearsal phase, a movement phase and pre-assault operations. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.37 3 Formerly known as Military Operations Other Than War (MOOTW), such as Non-combatant Evacuations Operations (NEO), Peace Support Operations (PSO) and Maritime Interdiction Operations (MIO). Etranger ORGANISATION Une force amphibie (ATF) peut être sousdivisé en groupes définis selon leurs fonctions et leurs buts et une articulation est mise en place pour la protection et la conduite d’une opération amphibie. Les forces peuvent être organisées de la façon suivante : a. La force de débarquement. Articulée en fonction des besoins. b. Un Groupe de Transport. Celui ci englobe tous les navires dans lesquels la force terrestre, ses matériels et les moyens de transport maritimes (surface ou aériens) sont embarqués. c. Le Groupe de Contrôle. La Marine arme les cellules responsables du contrôle du débarquement. Ce groupe comprend les moyens navals ou héliportés des navires pour transporter la force de débarquement vers l’objectif. d. Les Groupes de Soutien. Plusieurs entités différentes sont incluses. e. Les Groupes de Protection. Ces groupes assurent la protection de la force amphibie contre les forces ennemies. Les éléments de ce groupe comportent le Groupe d’éclairage et le Groupe de Couverture Rapprochée ou d’Escorte. Que l’opération ou le déploiement soient effectués selon le principe PERMA ou EMPRA, la composition et la préparation de la force sont essentielles à son succès. Une définition claire des capacités comprenant une définition intégrée des capacités de soutenabilité doit guider la composition de la force pour (au minimum) les deux options EMPRA précitées. Ces définitions doivent être données en temps voulu par l’autorité responsable du déploiement. Composition de la Force. La composition de la force est le processus permettant de créer une force équilibrée qui réponde aux impératifs de la mission (potentielle). Tous les types de composition nécessitent un processus itératif entre toutes les parties concernées, par exemple le Commandant en Chef de la Marine Royale des Pays-Bas (CINCRNLN), le QG du Corps des Royal Marines des Pays- Bas (HQRNLMC), l’Amiral commandant la Flotte belgo-néerlandaise (ABNL), les unités opérationnelles du groupement (GOUM Group Operational Units), les commandants désignés de la force amphibie (ATF) et de la Force Terrestre, les unités subordonnées. véhicules ; 60 de ces 300 mètres ont une hauteur limitée à 2,40 mètres. Les capacités additionnelles d’emport amphibies dépendent de l’affrètement de moyens civils ou du soutien des alliés de l’OTAN. Pour les déploiements planifiés (exercices), la composition de la force sera effectuée par les planificateurs au sein de l’ABNL et du HQRNLMC, avec la participation éventuelle de moyens de l’Armée de terre et/ou de l’Armée de l’Air coordonnés par le CINCRNLN. La composition de la Force pour les opérations sera effectuée sur la base de la planification des forces, visant à former soit une force amphibie orientée sur une mission à effectuer aux Pays-Bas (PERMA), soit pour renforcer une force amphibie déjà déployée. Unités de la force terrestre. Toutes les unités opérationnelles des Royal Marines néerlandais sont incorporées dans le GOUM qui se compose comme suit : Articulation de la force amphibie. Une articulation différente est normalement effectuée pour la conduite d’un déploiement amphibie ou d’une opération amphibie. La force amphibie englobe des moyens de la Marine, une Force Terrestre et des moyens organiques de batellerie. Les Forces Navales, outre les navires amphibies spécialisés, peuvent comprendre des moyens de surface, sous-marins et aériens. L’articulation d’une force amphibie néerlandaise sera approuvée par le CINCRNLN (CEMM). Le rattachement de Forces étrangères sera approuvé pendant la planification du déploiement et les relations de commandement seront agréées par le Ministère de la Défense des Pays-Bas. c. Le 4e Bataillon est une unité composée de réservistes. LES MOYENS AMPHIBIES DE LA MARINE ROYALE ET DU CORPS DES ROYAL MARINES DES PAYS-BAS. Navires spécialisés. Le HNLMS Rotterdam, en service depuis 1998, a une capacité de transport d’une unité de la taille d’un bataillon avec ses équipements et matériels. Il peut transporter et lancer deux CTM (Chalands de Débarquement Transport Matériel - version 2002 allongée) (LCU) ou six Chalands de Débarquement pour Véhicules et Personnels (LCVPs). Six hélicoptères de taille moyenne peuvent être logés dans le hangar et mis en œuvre à partir de deux aires d’envol. 300 mètres linéaires sont disponibles pour le transport des Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.38 a. les 1er et 2e Bataillons des Royal Marines qui conduisent les opérations de combat terrestre et les opérations amphibies. b. Des éléments du 3e Bataillon sont basés en permanence dans les Caraïbes et sont équipés de façon légère; le reste du 3e Bataillon, encore à créer, constituera un bataillon léger d’ici 2004. d. Le Bataillon d’Appui au Combat (environ 300 hommes) comprend une compagnie de mortiers, une section de Défense Sol-Air Stinger, une section du Génie et une compagnie de reconnaissance en profondeur. e. Le Bataillon Logistique (environ 450 hommes) fournit le soutien et se compose d’une compagnie logistique, une compagnie de transport, une compagnie médicale et une compagnie de soutien. f. Le Bataillon de Soutien Amphibie (environ 150 hommes), basé à Texel, met en œuvre 9 Chalands de Débarquement pour Véhicules et Personnels et 4 (+1 en réserve) Chalands de Transport de Matériels. Le Bataillon de Soutien Amphibie possède aussi une unité amphibie d’aménagement du terrain (Amphibious Beach Unit - ABU), qui a pour tâche de préparer et de mettre en œuvre les plages de débarquement. Suite à une modification des Chalands de Transport de Matériels, qui deviendront plus longs, le navire transport de chalands RDAM ne pourra plus en transporter que 2. * Foreign Studies ORGANISATION An ATF may be organised into groups based on their function and purpose and a task organisation is established for protecting and conducting an amphibious operation. The forces may be organised into the following groups: a. Landing Force. Task organised as required. b. Transport Group. Comprises all the shipping in which the LF, its equipment and the STOM assets (surface/air) are embarked. c. Control Group. The Navy provides the control agencies to control the landing. This includes the waterborne and heliborne ship-to-objective movement of the landing force. d. Support Groups. Several different entities are included: e. Protection Groups. These groups offer protection to the ATF from enemy forces. Elements of this group include the Screening Group and the Close Covering or Escort Group. Whether a PERMA or EMPRAsequenced deployment or operation, force packaging and force preparation are fundamental to its success. A clear Capability Statement, with an integrated Sustainability Statement, should steer the force packaging for (at l e a s t ) b o t h E M P R A- o p t i o n s mentioned above. These statements should be issued in due time by the deploying authority. Force Packaging. Force packaging is the process of creating a balanced force that meets the requirements of the (potential) mission. All types of packaging require an iterative process between all parties concerned, e.g. CINCRNLN, H Q R N L M C , Ad m i r a l B e l g i u m Netherlands Fleet (ABNL), Group Operational Units (GOUM), designated CATF/CLF, sub-units. For planned (exercise) deployments the force packaging will take place in the deployment planning by ABNL and HQRNLMC, with potential participation by Army and/or Airforce assets co-ordinated t h r o u g h C I N C R N L N . Fo r c e packaging for operations will take place on the basis of force planning, aimed to either form up a mission orientated ATF in NL (PERMA) or to reinforce an already deployed ATF. AT F Ta s k O rg a n i s a t i o n . A separate task organisation is normally formed for the purposes of conducting an amphibious deployment or operation. The ATF includes at least Navy assets, a LF and organic STOM assets. Navy forces may, apart form specialist amphibious ships, include surface, submarine and aviation assets. A NL ATF task organisation will be authorised by CINCRNLN. Attached foreign forces will be agreed during deployment planning and command states will be authorised by NL MOD. RNLN/RNLMC Amphibious Assets. Specialist shipping. HNLMS Rotterdam, in service since 1998, has the capability to transport a battalion minus sized unit with equipment and material. It can transport and launch two (lengthened version 2002) Netherlands Landing Craft Utility (LCUs) or six Netherlands Landing Craft Vehicles and Personnel (LCVPs). Six medium sized transport helicopters can be housed in the hangar and operated from two flight deck spots. 300 Linear Meters (LIM’s 3) are available for transport of vehicles; 60 of these Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.39 300 LIM’s are height limited to 2.4 meters. Further amphibious lift capability depends on the support of STUFT or NATO allies. LF units. All RNLMC operational units are incorporated into the GOUM which is as follows: a. 1st and 2nd Marines Battalions who conduct ground combat and amphibious operations. b. Elements of 3rd Battalion are permanently based in the Caribbean and are lightly equipped; the remainder of 3rd Battalion, yet to be formed, will form a light battalion by 2004. c. 4th Battalion is a unit that can be mobilised from reserve personnel. d. The Combat Support Battalion (approx. 300 pax) includes one mortar company, a Stinger Air Defence platoon, an Engineer platoon and a long-range reconnaissance company. e. The Logistic Battalion (approx. 450 pax) provides combat service support and consists of a logistic company, a transport company, a medical company and a support company. f. The Amphibious Support Battalion (approx. 150 pax), based at Texel, operates 9 LCVP and 4 (+1 reserve) LCU. The Amphibious Support Battalion also includes an Amphibious Beach Unit (ABU), which is tasked with preparing and operating landing beaches. In 2002 a conversion of the NL LCU, in which it will become longer, will result in a maximum of 2LCU in RDAM dock. * Etranger Les moyens de transport aérien des navires vers l’objectif (STOM). Les forces armées néerlandaises ne possèdent pas actuellement d’hélicoptères de transport amphibie dans leur inventaire (ils devraient arriver en dotation vers 2006). Un détachement de Sea King de la Marine Royale britannique est r é g u l i è r e m e n t e m b a rq u é l o r s d e s déploiements. Les Forces Aériennes des PaysBas possèdent un nombre limité d’hélicoptères Cougar capables d’effectuer des opérations maritimes dans des conditions particulières (uniquement de jour, avec de bonnes conditions météo) ; l’hélicoptère Cougar a une capacité d’emport similaire à celle d’un Seaking MK 4. L’hélicoptère CH47 Chinook des Forces Aériennes des PaysBas/RAF ne peuvent pas se poser sur le RDAM mais peuvent transporter des charges sous élingue. Les commandants de la force amphibie et de la force terrestre. La nomination de ces deux commandants, et la composition de leurs états-majors respectifs, dépendront de la taille et de l’envergure de l’opération. Au sein de la Marine Royale et du Corps de Royal Marines des Pays-Bas, il n’existe aucune organisation consacrée à une force amphibie et à une force terrestre ; les options les plus probables pour la mise sur pied des étatsmajors de la force amphibie et de la force terrestre sont énoncées ci-après. c. L’Officier commandant le RDAM, avec l’état-major du RDAM agissant comme état-major de la force amphibie. Commandant de la force débarquée : a. Le Commandant du GOUM ; b. L’officier commandant le 1er Bataillon ; c. L’officier commandant le 2e Bataillon. Il est probable que les trois options pour la force terrestre nécessiteront des renforcements. Navire amiral néerlandais. Commandant de la force amphibie (ATF) : a. L’officier commandant le Groupe Naval belgo-néerlandais (COMBNLTG), avec des personnels en renforcement ; b.. L’Officier commandant le RDAM, avec des personnels en renforcement ; Actuellement le RDAM est le seul moyen de la Marine Royale des Pays-Bas qui possède des installations (limitées) de commandement C2 amphibie (c’est-à-dire la combinaison des équipements C3I, des personnels qui les servent, des bureaux et des logements). Le prochain Transport de Chalands possédera des installations C2 complètes. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.40 L e G ro u p e m e n t A m p h i b i e a n g l o néerlandais (UKNLPHIBGRU). Formé en 1973 suite à un Accord (MOU), ce groupement bilatéral (communément appelé le groupement " UKNL ") englobe la force a m p h i b i e b r i t a n n i q u e, l e s n av i re s amphibies de la Marine Royale des Pays-Bas, le 1er Bataillon et des éléments d’appui du Corps des Royal Marines des Pays-Bas. Au sein de l’OTAN cette force est subordonnée au Commandant de la Flotte d’intervention de l’Atlantique et est commandée par le COMUKNLPHIBGRU. Dans cet article, les éléments principaux de la doctrine des Pays-Bas RITA 2 concernant les " Opérations Amphibies " ont été donnés. Bien que RITA 2 soit une directive toute nouvelle, les études concernant la doctrine amphibie des Pays-Bas seront poursuivies afin de maintenir RITA 2 à jour. De nouvelles problématiques, par exemple de nouvelles capacités ou une évolution de la doctrine de l’OTAN, du Royaume-Uni et/ou des PaysBas, de même que le retour d’expérience acquis durant les opérations récentes (par exemple en Erythrée) seront pris en compte dès que possible. Définir une doctrine est une chose, la maintenir à jour en est une autre ! Foreign Studies STOM air assets. The NL armed forces do not currently have amphibious transport helicopters in their inventory (due around 2006). A British Royal Navy Sea King detachment is regularly embarked for deployments. Within the NL armed forces the RNL Air Force (RNLAF) has a limited number of Cougar helicopters capable of maritime operations under specific circumstances (day only, benign weather conditions); the Cougar helicopter has a transport capacity similar to the Seaking MK 4. The CH-47 Chinook helicopter of the RNLAF/RAF cannot land on RDAM but can operate underslung loads. CATF/CLF. Nomination of CATF and CLF, and composition of their respective staffs, will depend on the size and scope of the operation. Within the RNLN/RNLMC no dedicated CATF/CLF organisation exists; the following gives the most likely options for a NL CATF and CLF. NL Flagship. At present RDAM is the only RNLN asset with (limited) amphibious C2 facilities (that is, the combination of C3I-equipment, supporting personnel, working spaces and accommodation). LPD-2 will have extensive C2-facilities. The UKNL Amphibious Group (UKNLPHIBGRU). Formed in 1973 under a Memorandum Of Understanding, this bilateral task group (commonly know as « the UKNL ») comprises the UK Amphibious Force, RNLN amphibious shipping, 1 Battalion RNLMC and RNLMC supporting elements. Within NATO this force is subordinate to Commander Striking CATF: a. Commanding Officer Belgium N e t h e r l a n d s Ta s k g r o u p ( C O M B N LTG ) , w i t h s t a f f augmentation; b. CO RDAM, with staff augmentation; c. CO RDAM, with RDAM staff as CATF staff. CLF: a. CGOUM; b. CO 1 Battalion; c. CO 2 Battalion. All 3 CLF-options are likely to require augmentation. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.41 Fleet Atlantic and commanded by COMUKNLPHIBGRU In this article the principal facts of the Netherlands « Amphibious Operations » doctrine, RITA 2 were given. Although RITA 2 is a brand new publication work on the NL amphibious doctrine will continue, aiming to keep RITA 2 current. New issues, e.g. emerging capabilities or evolving NATO/UKNL doctrine, as well as lessons learned during recent operations (e.g. in Eritrea) will be addressed as soon as possible. Developing a doctrine is one thing, to keep it current is another! Libres Réflexions a doctrine amphibie de l’OTAN est issue des enseignements de la Seconde guerre mondiale et de la guerre de Corée. Elle a pour principe le STS ou ship to shore movement: l’objectif initial de la manœuvre est la prise d’une tête de pont ou de plage à partir de laquelle la force débarquée va construire sa puissance militaire, et ensuite progresser vers l’intérieur des terres pour saisir les objectifs de l’opération amphibie. Cette tête de pont doit être sécurisée, protégée et suffisamment étendue pour permettre le regroupement et la réarticulation des unités de combat, puis la mise en place des flux logistiques. L C ette approche est toujours d’actualité ; elle offre de bonnes chances de succès dans l’exercice difficile de projection de forces de la mer vers la terre. Cependant l’amélioration des matériels et des techniques a permis la conception d’une nouvelle doctrine, étudiée aux Etats-Unis, en GrandeBretagne et aux Pays-Bas. Il s’agit du concept STOM. Le principal reproche que l’on peut faire à la manœuvre STS est qu’elle manque de rythme, de foudroyance : il faut d’abord établir progressivement une capacité de combattre à terre, pour seulement après attaquer les objectifs de l’opération. C’est une perte de temps pour nos forces, et une chance pour l’adversaire de réagir et contrebattre nos desseins. Une autre faiblesse du STS consiste en son manque de flexibilité : le point de mise à terre fixe et verrouillé interdit de t ire r ava ntag e a u c o u rs d e l a manœuvre de débarquement d’opportunités nouvelles. Le STS ne permet pas de reconfiguration aisée. La tête de pont est enfin une zone de vulnérabilité majeure de nos forces, sur laquelle un adversaire réactif ne manquera pas de frapper. La sécurisation et la protection de la tête de pont figent une part importante de nos moyens de combat. Le STOM, avenir de l’amphibie ? par le capitaine de vaisseau de OLIVEIRA, ALFAN/CDF/ATF Le STOM vise à pallier ces faiblesses en jouant sur le facteur temps. Il s’agit d’attaquer directement l’objectif, en visant les centres de gravité tactiques ou opératifs ou les points de faiblesse critiques de l’adversaire. Les unités adverses seront prises à partie seulement si cela nous donne la liberté d’action pour atteindre les objectifs de l’opération. La manœuvre est dirigée des bâtiments vers les objectifs, autrement dit Ship To Objectives Manoeuvre en abrégé STOM. Le STOM n’est possible que si l’on dispose de moyens de combat rapides et très mobiles, et d’une structure C4I intégrée. La majeure partie des éléments de commandement et de soutien reste à bord des navires jusqu’à l’achèvement de l’opération amphibie, ce qui réduit la vulnérabilité des forces projetées. Le STOM est une manœuvre qui brise la discontinuité terre-mer : la progression des unités de combat vers les objectifs débute dès leur départ des transports de chalands de débarquement (TCD) ou des navires de transport. On voit aisément les moyens que cela suppose : outre l’omniprésence des réseaux informatiques et de transmission en temps réel, le concept exige des matériels que pour l’instant seul l’USMC possède en nombre et en qualité : véhicules amphibies (AAAV et LCAC), hélicoptères d’appui et de manœuvre, drones, aéronefs convertibles, aviation et missiles d’appui au sol. Le STOM suppose également l’existence de moyens de neutralisation des mines marines et terrestres que personne ne possède encore. Une opération conduite sur le mode STOM commence par la mise en oeuvre des moyens de projection sous l’horizon côtier, de 10 à 40 km du Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.42 rivage. Les unités progressent alors par mer et par air vers une zone d’attaque (attack position), puis vers des points de pénétration (littoral penetration points) et enfin saisissent directement les objectifs. Les facteurs déterminants pour la réussite d’une opération STOM sont : - la convergence sur l’objectif, - l’utilisation de la mer comme espace de manœuvre et non de transport, - le facteur temps et la rapidité des mouvements, - l’exploitation des faiblesses de l’adversaire, - la qualité et l’acuité du renseignement, - la flexibilité et la réversibilité des actions, - l’emploi des techniques de diversion, déception et confusion de l’adversaire. Le concept STOM n’est autre que l’adaptation des principes du combat terrestre au milieu littoral. S’il séduit par ses aspects novateurs, il demande des matériels, des équipements et des armes que la France et l’Europe ne possèdent pas encore. Mais l’application aux opérations amphibies des principes de la guerre, - incertitude et foudroyance, - concentration des actions et exploita t i o n d e s p o i n ts fa i b l e s d e l’adversaire, - rupture des discontinuités espace et temps, réjouirait sans nul doute Sun Tsu, Guibert et Clausewitz ■ Freedom of Speech N ATO amphibious doctrine has stemmed from the lessons learned after World War II. and the Korean war. Its principle is the STS or ship to shore movement: the initial objective of the manoeuvre is to seize a bridgehead or a beach from which the landed force will build its military power and later progress towards the interior of the country to seize the objectives of the amphibious operation. This bridgehead must be secured, protected and large enough to enable the regrouping and tailoring of the combat units and then the setting up of logistic flows. STOM, the future of amphibious operations? by capitain de OLIVEIRA, ALFAN/CDF/ATF (French Naval Task Force) directly by targetting the tactical or operative centres of gravity or the critical weakness points of the adversary. The adverse units will be engaged only if it gives us the freedom of action to reach the objectives of the operation. The manoeuvre is directed from the ships towards the objectives in other words Ship To Objectives Manoeuvre in short STOM. forward by sea and air towards an attack position, then towards littoral penetration points and finally directly seize their objectives. The determining factors for the success of a STOM operation are the following: - the convergence towards the objective, - the use of the sea as a manoeuvering T his approach is still a topical question; it provides good chances of success in the difficult exercise of projecting forces from sea to land. Nevertheless the improvement of the equipment and techniques has permitted the conception of a new doctrine studied in the USA, Great Britain and the Netherlands. It is the STOM concept. The main reproach that can be made to the STS manœuvre is that it lacks rhythm, striking power: one has first to progressively establish a capability to fight on the land to only later attack the objectives of the operation. It is a waste of time for our forces and a chance for the adversary to react and fight our intentions. Another weakness of the STS lies in its lack of flexibility: the fixed and blocked landing point forbids to take advantage of new opportunities during the landing manoeuvre. The STS does not allow easy re-tailoring. Finally the bridgehead is an area of major vulnerability for our forces which a reactive adversary will be sure to strike on. Securing and protecting the bridgehead freeze an important part of our combat means. STOM aims at making up for these weaknesses by playing on the time factor. The objective must be attacked STOM is possible only if one has at his disposal rapid and very mobile combat means and an integrated C4I structure. The main body of the command and support elements remains aboard ships until the end of the amphibious operation which reduces the vulnerability of the projected forces. STOM is a manoeuvre which breaks the discontinuity land-sea: the movement of combat units towards the objectives begins right from their departure from the landing transport ships (TCD) or from the transport ships. space and not as a transport space, - the time factor and the swiftness of movements, - the exploitation of the weaknesses of the adversary, - the intelligence quality and accuracy, - the flexibility and reversibility of the actions, - the use of techniques for diverting, deceiving and confusing the adversary. It is easy to see the necessary means: in addition to the omnipresence of the real time digitalised and transmission networks, the concept requests equipment that, for the time being, is only possessed by the USMC in number and quality: amphibious vehicles (AAAV and LCAC), attack and m a n o e u v r e h e l i c o p t e r s , U AV s, convertible aircraft, ground support aviation and missiles. STOM also supposes the existence of means to neutralize sea and land mines that nobody has yet. An operation conducted under the STOM course of action begins with the implementation of under the coastal horizon projection means from 10 to 40 km from the shore. Then the units move Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.43 The STOM concept is nothing but the adaptation of the principles of the land warfare to the coastal environment. If it is attracting by its innovative aspects it requires equipment and weapons that France and Europe do not possess yet. But applying the principles of war to the amphibious operations, - uncertainty and striking power, - concentrating the actions and exploiting the weak points of the adversary, - breaking up space and time discontinuities, would undoubtedly delight Sun Tsu, Guibert and Clausewitz ■ Libres Réflexions Il faut désigner un état-major de force (EMF) amphibie par le lieutenant-colonel de REVEL, chef du bureau emploi plans à l’état-major de la 9è brigade légère blindée de marine a définition d’un concept national des opérations amphibies et le développement de la doctrine qui en a résulté sont le fruit d’un travail interarmées approfondi et de longue haleine dans lequel l’Armée de terre et la marine nationale ont joué, pour des raisons diverses, un rôle essentiel, avant que l’intérêt suscité par ce type d’action militaire ne s’étende à l’ensemble des armées. La variétés des acteurs, mais aussi les caractéristiques, les procédures et les modes d’actions particuliers développés dans la doctrine, mettent en évidence la spécialisation indispensable des unités de l’Armée de terre susceptibles de participer aux opérations amphibies. La désignation des brigades légères blindées et de la brigade aéromobile a répondu en partie à cette nécessité. L Cependant, malgré la volonté de normalisation actuelle et les principes, souvent dogmatiques, qui veulent que chacun soit apte à tout, le développement d’une capacité fondamentale à la projection de force, et donc à l’Armée de terre, ne pourra se faire sans la reconnaissance d’une unité de commandement et de coordination essentielle au domaine amphibie dans les opérations comme dans l’entraînement. L’organisation de nos forces milite donc pour la désignation d’un état-major de force qui paraît être le niveau requis pour être reconnu par les autres armées et nous permettre d’acquérir une capacité de commandement correspondante au volume de nos moyens et à l’effort entrepris. L’ORGANISATION DE L’ARMEE DE TERRE DILUE LA CAPACITE AMPHIBIE Tout en reconnaissant à certaines brigades une spécialisation dans ce domaine, l’organisation actuelle de nos forces et la pratique en cours diluent la capacité amphibie de l’Armée de terre. Si les brigades légères blindées et la brigade aéromobile ont été désignées pour fournir l’essentiel des troupes à capacité amphibie, la réorganisation de l’Armée de terre leur a, dans le même temps, enlevé nombre d’unités indispensables à l’exécution de toute opération de ce type. Chaque constitution d’une force amphibie nécessite donc de faire appel à un grand nombre d’unités en provenance des brigades logistiques et des brigades d’appui spécialisé qui n’ont, d’une part, ni le temps ni la possibilité de s’entraîner et qui, d’autre part, sont rarement les mêmes d’un exercice ou d’une opération à l’autre du fait du rythme de leurs activités. De même, le commandement d’une opération amphibie, mais aussi le montage des exercices d’entraînement dans un contexte toujours interarmées, requiert des fonctions qui ont elles aussi disparu du niveau 3 et doivent provenir des niveaux supérieurs ou latéraux (CFLT, EMF, BAS). Enfin, si le CDES a joué un rôle majeur dans le développement de la doctrine amphibie, il ne dispose pas en permanence de toutes les compétences nécessaires au suivi et aux évolutions de ce domaine. En effet, la valeur de ses officiers ne peut pallier le rythme soutenu des mutations qui à travers une rotation accélérée des responsables est parfois la cause de bien des remises en question de solutions d’entente Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.44 élaborées entre les parties concernées. Le nombre des acteurs qui, indépendamment de celui des autres armées ou commandements déjà nombreux, se multiplie au gré de la participation de tel ou tel étatmajor à un exercice particulier permet d’entrevoir le moment où l’ensemble de l’Armée de terre se sentira concerné par les travaux de la commission interarmées des études amphibies. Chacun voudra alors contribuer au développement d’une doctrine que, dans le même temps, il découvrira. Les errements passés dans l’élaboration de la partie relative à la logistique terrestre de la doctrine sont, à ce sujet, significatives. C e p e n d a n t , s i c e r ta i n e s d e s conséquences relatives à l’organisation de notre Armée de terre doivent être assumées, le choix d’une aptitude généraliste des états-majors de force en accentue cependant les difficultés. DES ETATS-MAJORS DE FORCE GENERALISTES Elaborés pour assurer un commandement de niveau 2 dans tout type d’opération, les états-majors de forces ont, de ce fait, la réputation d’être aptes à tout sans qu’il soit besoin pour eux d’acquérir une quelconque spécialisation. L’examen des activités passées et en cours, les difficultés constatées avec nos partenaires et l’observation des forces alliées permettent de remettre en question cette affirmation bien établie. Freedom of Speech An amphibious force staff (EMF) needs to be appointed by lieutenant-colonel de REVEL, Chief G3, 9e BLBMA (9th Marine Light Armored Brigade) T he definition of a national concept for amphibious operations and the development of the resulting doctrine are the fruits of a longterm and exacting joint study in which the Army and the Navy played, for various reasons an essential role before the interest generated by this type of military action apply to all services. The diversity of the actors but also the characteristics, the procedures and the specific operating modes developed in the doctrine pinpoint the indispensable specialization of the Army units liable to participate in amphibious operations. The assignment of the light armored brigades and of the airmobile brigade partially responded to that requirement. Nevertheless despite the present will for normalization and the often dogmatic principles, stating that everybody is be able to do anything, the development of a fundamental capability for force projection and thus for the army will not be set up without the recognition of a command and coordination unity essential for the amphibious domain in operations as well as in training. The organization of our forces therefore militates in favor of the appointment of a force staff which seems to be the right level to be accepted by the other services and to enable us to acquire a command capability corresponding to the volume of our means and to the undertaken effort. THE ARMY ORGANIZATION DILUTES THE AMPHIBIOUS CAPABILITY While acknowledging some brigades a specialization in this domain, the present organization of our forces and the current practice dilute the amphibious capability of the Army. If the light armored brigades and the airmobile brigade have been appointed to provide the bulk of the troops with an amphibious capability, the army organization deprived them, at the same time, of a great number of units essential for the execution of any operation of that type. Every time we build up an amphibious force we therefore need to ask for a large number of units coming from the logistic brigades and the specialized support brigades which have on the one hand neither the time nor the possibility to train and on the other hand are rarely the same from one exercise or operation to the other due to their activities’ tempo. Similarly commanding an amphibious operation but also setting up training exercises in an always joint context r e q ui r es fu n ct io n s w hich a lso disappeared from level 3 and must come from higher or lateral levels (Logistic Force Command, Force Staff, Combat Support Specialized Brigades). Finally, if the CDES played a primary role in the development of the amphibious doctrine, it does not permanently have at its disposal the necessary competences for the follow-up and the evolutions in this Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.45 field. Indeed the quality of its officers cannot compensate the sustained rhythm of assignments which through an accelerated turn-over of the responsible officers is sometimes the cause of lot of questioning about agreed solutions negotiated by the concerned parties. The number of actors who, apart that of the already numerous other services or commands, is multiplying according to the participation of such or such staff in a specific exercise permits to foresee the moment when the whole Army will feel concerned by the works of the joint commission for amphibious studies. Everyone will then be eager to contribute to the development of a doctrine that, at the same time, he will be discovering. The bad habits used in the development of the land logistics part of the doctrine are, on that matter, significant. Nevertheless if some of the consequences related to the organization of our Army must be assumed, the decision to have general and non-specialized force staffs still increases the difficulties. NON-SPECIALIZED FORCE STAFFS Worked out to assume a level 2 command in any type of operations, the force staffs are therefore famous for being able to deal with everything without needing to get any specialization. The assessment of the past and current activities, the difficulties recorded with our partners and the observation of the allied forces permit to question this well established statement. Libres Réflexions Depuis quatre ans, les EMF ont, tour à tour, assuré la responsabilité de la fonction amphibie au niveau 2. Ils se sont vus confier l’organisation et la direction d’exercices interarmées, au moins pour la partie terre, puisque la réalisation d’un exercice annuel d’envergure est devenue une réalité aux niveaux national (Catamaran) ou multinational (Destined glory). Ainsi, l’EMF2 a été associé aux exercices Catamaran de novembre 99 et janvier 2001 avant de céder la place à l’EMF3 dans la participation à Destined Glory 01. En charge du CPX Catamaran 02, l’EMF1 prépare Destined glory 02 et aura comme successeur l’EMF 4 qui, à l’issue de sa projection de six mois début 2003, assumera l’exercice Catamaran d’octobre 2003. Or, la complexité des opérations a m p h i b i e s, q u i s e d é ro u l e n t toujours, et par essence, dans un milieu interarmées et souvent interallié, nécessite la participation d’unités et d’états-majors possédant une expérience reconnue, une connaissance approfondie de la doctrine et des procédures ainsi qu’une pratique régulière. Aussi, le choix de confier à tous les EMF l’organisation et la direction des exercices amphibies sans que les préalables énumérés ci-dessus ne soient réalisés ne peut qu’avoir des conséquences négatives pour l’efficacité de notre action. Ceci est la raison de remises en cause fréquentes dans la constitution et le choix des unités dues à une méconnaissance de la doctrine ou à une incompréhension face à des solutions retenues et parfois non conformes avec certains canons de l’Armée de terre que d’aucuns privilégient parfois à l’efficacité sur le terrain. Mais c’est surtout face à nos partenaires des autres armées que cette rotation accélérée est néfaste. Contrainte de travailler tous les ans avec des acteurs différents, la marine nationale ne peut pas se s a t i s fa i re d e l a re d é c o u ve r t e permanente du domaine amphibie par les correspondants qui lui sont désignés par le CFAT, puisque les BLB, dépositaires de l’expertise mais systématiquement subordonnées à un EMF, sont contenues au simple rôle d’exécutant. Alors qu’elle dispose d’un état-major de force amphibie au sein de la force d’action n a v a l e, e l l e s e r e t r o u v e e n permanence confrontée à une multitude d’acteurs qui sont une source de complications et un frein au travail commun, toutes choses vérifiées dans le montage des exercices passés ou en cours et dans la rédaction de la doctrine. De plus, alors même que l’effort considérable consenti par l’Armée de terre est battu en brèche par la fragmentation des responsabilités, cet état de fait conforte la marine dans un rôle de leader qu’elle revend iqu e forte des moyen s importants qu’elle y consacre et de la pratique de nos alliés où les forces terrestres dédiées aux actions amphibies sont, soit subordonnées à la marine, soit indépendantes de l’Armée de terre. L’ e x i s t e n c e d e s t r u c t u r e s permanentes dans les principales nations amphibies s’oppose à la caractéristique française de forces amphibies de circonstances en provenance de toutes les armées ou services. La visibilité qui en découle pour notre pays est bien évidemment réduite et la crédibilité de notre capacité amphibie sans cesse remise en cause dans un domaine où l’affirmation d’une supériorité militaire va souvent de pair avec celle d’un leadership politique. Alors que le volume et la qualité des moyens que nous consacrons aux entraînements et aux opérations amphibies sont comparables, voire parfois supérieurs, à ceux du RoyaumeUni, la compétence reconnue des forces britanniques, la spécialisation de leurs unités mais aussi, et surtout, l’unicité de leur structure de commandement leur donnent un rôle prépondérant en Europe. Or, l’aptitude à entrer en premier sur un théâtre, conséquence primordiale de Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.46 la capacité amphibie, démultiplie souvent à peu de frais l’action politique d’une nation. Il n’est pas besoin de s’appesantir sur les derniers conflits pour souligner ce fait. En créant un commandement de niveau 2 - COMUKAMPHIBFOR alors qu’ils ne disposent que d’une brigade amphibie - 3 Cdo Brigade RM (Royal Marines)-, les Britanniques se sont engagés dans une dynamique de commandement des opérations amphibies au sein de l’initiative amphibie européenne (IAE) qui semble avoir de nombreuses analogies avec la création de l’ARCC. Fort de cette structure permanente, ils peuvent évacuer vers le haut les désaccords avec les nations revendiquant elle aussi le commandement d’une opération en proposant la création de plusieurs forces de niveaux 3 sous l’autorité d’un état-major armé par COMUKAMPHIBFOR. Cette démarche a été très exactement réalisée pour Destined Glory 02. Après une levée de bouclier des nations participantes au séminaire de l’IAE de juillet 2001 sur la réalisation d’un commandement de niveau 2, et la prétention maintenue par la France d’assurer, comme le Royaume-Uni, les responsabilités de CATF et de CLF, nos alliés ont proposé dans un document daté du 9 août 2001 de créer une force amphibie à deux niveaux : un niveau tactique à deux ou trois forces amphibies confiées à la France, le Royaume-Uni et les USA et un niveau opératif où ces deux derniers pays assureraient les responsabilités de commandement de la f o r c e ( U S P H I B G RU 2 ) e t d e commandement de la composante terrestre (COMUKAMPHIBFOR). La structure retenue pour DG 02 étant très proche de celle-ci, on peut penser qu’un accord a été motivé par des considérations diverses. On peut, cependant, craindre qu’il n’ait été dû qu’à la " procédure du silence " faute d’interlocuteur véritable de notre côté. Freedom of Speech For four years the EMFs have, each in its turn, ensure the responsibility of the amphibious function at level 2. They were entrusted with the organization and the conduct of joint exercises, at least for the land part, since the execution of a major annual exercise became a reality at national (Catamaran) or multinational level (Destined Glory). Thus the EMF2 has been associated to the Catamaran exercises in November 99 and January 2001 before giving way to the EMF3 for the participation in Destined Glory 01. Assuming the responsibility for the Catamaran 02 CPX, the EMF1 is preparing Destined Glory 01 and will have as successor the EMF4 which at the end of its six months projection in the beginning of 2003 will assume the responsibility for the Catamaran exercise in October 2003. But the complexity of the amphibious operations which always and by nature occur in a joint and often interallied environment required the participation of units and staffs possessing a recognized experience, a thorough knowledge of doctrine and procedures as well as a regular practice. So when deciding to give to all the EMFs the organization and leadership of amphibious exercises without the here above quoted prerequisites being realized can have but negative consequences for the efficiency of our action. This is the cause for frequent questioning of the setting-up and of the choice of the units due to a lack of knowledge of the doctrine or to a misunderstanding against solutions retained and sometimes not in conformity with some Army standards that some people favor against the efficiency in the field. But it is above all with our partners of the other services that this accelerated turn-over has disastrous consequences. Compelled to work every year with different actors, the Navy cannot be pleased with the permanent rediscovery of the amphibious domain by its counterparts who are designated by the Land Force Command, since the Light Armored Brigades, which being the expertise guardian, but systematically subordinated to a Force Staff, are kept in the only role of player. While having an amphibious force staff within the naval action force, the Navy permanently faces lot of actors who are a source of complications and who acting asa brake in the common work, all things checked in the setting up of the past or current exercises and in the drafting of the doctrine. More to that, whereas the tremendous effort paid by the Army is put into pieces by the division of responsibilities, this state of facts strengthens the Navy in the leadership role it is requesting confident in its rights as it is providing important assets and as our allies practice is placing the land forces assigned to amphibious operations either subordinated to the Navy or independent from the Army. The existence of permanent structures in the main amphibious nations is opposing the French characteristic of contingency amphibious forces coming from all services and directorates. The resulting visibility for our country is of course reduced and the credibility of our amphibious capability constantly questioned in a field where the assumption of a military superiority is often going alongside with a political leadership. Whereas the volume and the quality of the means that we devote to training and to amphibious operations are comparable or even sometimes higher to those of the United Kingdom, the acknowledged competence of the British forces, the specialization of their units but also and above all the unity of their command structure give them a leading role in Europe. Now, the capability to enter first on a theater, as a primary consequence of the amphibious capability often increases at low cost the political action of a nation. There is no need to dwell on the last conflicts to emphasize this fact. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.47 By creating a level 2 command COMUKAMPHIBFOR - even when they have at their disposal only an amphibious brigade - 3 Cdo brigade RM - the British committed themselves in a dynamics of amphibious operations commanding within the European amphibious initiative (EA) which seems to have numerous similarities with the ARCC creation. Thanks to that permanent structure, they can evacuate upwards the disagreements with the nations also asking for the command of an operation by proposing the creation of several level 3 forces under the authority of a staff manned by COMUKAMPHIBFOR. This process has been very precisely performed for Destined Glory 02. After an outcry of the nations participating in the EA meeting in July 2001 about the realization of a level 2 command and the claim maintained by France to ensure, like the United K i n g d o m , t h e CAT F a n d C L F responsibilities, our allies proposed in a document dated 09 August 01 to create an amphibious force with two levels: a tactical level with 2 or 3 amphibious forces entrusted to France, United Kingdom and USA and an operative level where the last the two countries would ensure the responsibilities as force commander (US PHIBGRU2) and as land component commander (COMULAMPHIBFOR). The structure retained for DG 02 being very close to that one, it is possible to say that agreement was motivated by various considerations. It can nevertheless be feared that it has only been caused by the “ silence procedure ” for lack of true representative on our side. Thus, maintaining the turn-over system of the EMFs in the amphibious domain causes important problems within the Army, generates difficulties with the other services and maintains our country in a lower role to what it might request. Libres Réflexions Ainsi, le maintien d’un système de rotation des EMF dans le domaine amphibie pose des problèmes importants au sein de l’Armée de terre, est source de difficultés avec les autres armées et maintient le pays dans un rôle inférieur à ce qu’il pourrait revendiquer. DESIGNER UN EMF AMPHIBIE Confrontée à la décision de la France de s’engager dans l’IAE, mais aussi aux contraintes d’organisation et de conduite des activités amphibies, l’Armée de terre doit mettre sur pied une structure de commandement adéquate. L’existence des EMF milite pour que cette responsabilité soit assurée par l’un d’entre-eux de manière permanente. Le maintien de la capacité amphibie dans une stricte dimension nationale ne peut s’accommoder du seul niveau des brigades pour en assumer la responsabilité compte tenu de l’organisation de l’Armée de terre et des principes retenus pour la préparation et la conduite des exercices. L’implication des EMF étant un fait acquis, il importe donc de disposer d’un personnel formé qui offre des correspondants qualifiés dans les relations vers les niveaux d’exécution et les échelons interarmées. Ce constat s’impose avec plus de force encore dans un contexte européen. Dans ce cadre, si les EMF ont tous une aptitude à résoudre les questions relatives à la multinationalité des exercices, le besoin de traiter des problèmes propres au domaine et, surtout, la capacité à armer les états-majors avec des experts sont des conditions impératives pour que les forces françaises soient prises au sérieux en la matière. La réalisation d’un exercice amphibie majeur tous les ans pour lequel la durée de préparation, de douze à dix-huit mois, est conforme aux autres grands exercices de la FAT nécessite d’y consacrer des équipes à temps plein disposant d’un niveau de connaissances suffisant dans un domaine éminemment complexe. De plus, l’identification de ces équipes, leur immersion dans les travaux de doctrine et dans ceux relatifs à l’évolution de ce domaine avec nos alliés, ou encore la connaissance des interlocuteurs multiples permettraient de regrouper dans une structure commune des tâches actuellement éclatées au sein de l’Armée de terre. Aussi, à l’instar de l’organisation du commandement amphibie britannique, la Force d’action terrestre doit mettre sur pied un état-major permanent de niveau 2 pour la composante terrestre de la force amphibie française. Celui-ci ne peut être qu’un état-major de force dont ce serait la mission principale. Loin d’exclure sa capacité de projection, comme les autres EMF, ou la conduite d’exercices de nature différente mais d’ampleur limitée, il consacrerait, cependant, l’essentiel de ses capacités à fédérer, organiser et conduire les activités amphibies. Sans se substituer aux brigades légères blindées, il les soutiendrait dans leurs actions opérationnelles et d’entraînement, devenant l’interlocuteur de poids que tous nos partenaires interarmées et alliés recherchent et pourrait se voir déléguer par le CFAT la conduite de toutes les tâches qui ne devraient pas normalement relever du niveau et de la mission de celui-ci. CONCLUSION Les derniers conflits ont démontré l’influence sur l’action politique que peut avoir la capacité, pour un Etat, de conduire des opérations d’entrée sur un théâtre. Parmi celles-ci, la projection d’une force de combat à partir de la mer est appelée à se développer grâce à la liberté Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.48 d’action qu’elle permet, à la volonté de certains de nos alliés et à faculté à accompagner à moindre frais l’évolution de nos armées vers une Europe de la défense. L’aptitude de l’Armée de terre à être présente sur ce terrain ne dépend plus uniquement des décisions prises voici quelques années au sujet des brigades à vocation amphibie. Son organisation actuelle lui commande de confier une expertise amphibie forte et pérenne à un état-major de force, seul niveau apte à prendre en compte l’environnement de ce type d’activité en conformité avec l’organisation actuelle. Le maintien d’un système de rotation annuelle nuit gravement à notre efficacité, dévalorise notre action vis-à-vis de la marine qui appelle de ses vœux le partenaire qu’elle recherche, et accroît le risque de confiner nos armées à un rôle subalterne dans les opérations futures ■ Freedom of Speech APPOINTING AN AMPHIBIOUS EMF Confronted with the decision taken by France to participate in the European amphibious initiative but also with the constraints of organization and conduct of amphibious activities, the Army must set up an appropriate command structure. The existence of Force Staffs argues for that responsibility to be assumed by one of them on a permanent basis. Taking into account the army organization and the principles retained for the preparation and conduct of the exercises. Keeping the amphibious capability within a strict na ti o na l d i men s i o n ca n n o t b e comfortable with the sole brigade level assuming that responsibility. The involvement of the Force Staffs being an accepted fact, it is therefore important to have at one’s disposal trained people providing qualified counterparts in relation with the execution levels and the joint echelons. This assessment imposes itself still more strongly in a European context. In this framework if all the EMFs have a capability to solve the questions related the multi-nationality of the exercises, then the need for addressing problems specific to the domain and, above all, the capability to man staffs with experts are imperative conditions for the French forces to be taken seriously in that matter. The execution of one major amphibious exercise every year which preparation duration, twelve to eighteen months, is in conformity with the other major LFC exercises requires to devote to it full time teams with a sufficient level of knowledge in an eminently complex field. More to that, identifying these teams, immersing them in the doctrine works and in those related to the evolution in this domain with our allies or still knowing the multiple counterparts would permit to gather in a common structure some tasks which are presently scattered within the Army. Also, like the organization of the British amphibious command, the Land action Force must set up a permanent level 2 staff for the Land component of the French amphibious force. This one can only be a force staff for which it would be the primary mission. Far from excluding its projection capability, like the other EMFs, or the conduct of exercises of a different nature but with limited scope, it would nevertheless devote most of its capabilities to federate, organize or conduct amphibious activities. Without substituting itself to the light armored brigades it would support them in their operational and training actions, becoming the major counterpart that all our joint or allied partners are looking for and might be entrusted by the Land Force Command with the conduct of all tasks which normally should not fall in its mission and command level responsibilities. CONCLUSION The last conflicts demonstrated the influence on the political action that can have the capability for a state to conduct operations of entry on a theater. Among these the projection of a combat force from the sea will develop thanks to the freedom of action it allows, to the will of some of our allies and to the capability to accompany at low cost the evolution of our armed forces towards a European defense. The ability of the Army to be present in this field no longer depends only on decisions taken some years ago about brigades with an amphibious vocation. Its present organization commands it to entrust Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.49 one Force Staff with a strong and durable amphibious expertise, as it is the only command level able to take into account the environment of this type of activity in conformity with the current organization. Maintaining an annual turn-over system strongly damages our efficiency, undervalues our action towards the Navy which is asking for a partner and increases the risk to confine our armed forces in a subordinate role in future operations ■ Libres Réflexions COMBAT DE HAUTE INTENSITE : DE LA COHERENCE DU DISCOURS ET DES ACTES par le chef de bataillon LAVAUX, stagiaire de la 115e promotion du CSEM E tant engagée depuis maintenant trente ans (FINUL : 1978) et de façon massive depuis dix ans (Balkans, Cambodge, Rwanda,…) dans des missions de maîtrise de la violence, l’Armée de terre pourrait courir le risque d’oublier que sa mission première et sa vocation ultime sont le combat de haute intensité. Pour pallier ce risque, le haut commandement saisit toute occasion pour rappeler la nécessité de s’entraîner aux missions de coercition de forces, ce qui se traduit par les programmes des écoles d’application, du DEM ou du CSEM, ou plus récemment par le scénario utilisé pour l’exercice majeur de l’Armée de terre, Guibert 2002. Pourtant, dans l’organisation et l’équipement de nos forces, dans l’organisation et la modularité de nos systèmes de PC, certaines décisions prises vont nettement à l’encontre de cette finalité qu’est l’efficacité opérationnelle dans les missions de haute intensité. Cet article a pour but d’alerter sur une certaine incohérence des actes par rapport au discours, incohérence qui pourrait s’avérer très préjudiciable si un jour le pire devait arriver. Organisation et équipement des forces : jusqu’où descendra-t-on ? a maquette de la future Armée de terre telle qu’elle avait été présentée en 1996 était séduisante, cohérente et équilibrée. Depuis, elle ne cesse d’être amendée, les aménagements " à la marge " ne remettant pas en cause, paraît-il, nos capacités opérationnelles. L Ainsi donc, nos brigades blindées, qui initialement étaient composées d’un RC 80 et d’un RC 53, alignant 133 chars de combat, soit l’équivalent de leurs homologues alliées (2 bataillons à 58 chars par brigade blindée américaine ou britannique, par exemple), vont voir disparaître leur RC 53. L’Armée de terre va ainsi passer de 426 à 320 chars lourds, soit une perte de 25% de son potentiel dans ce domaine. Pour garder dans ces conditions la même efficacité opérationnelle, cela signifie que notre arme blindée doit gagner subitement 33% de productivité : elle méritera d’être citée en exemple à toutes les entreprises et administrations de notre pays. En matière de feux sol-sol, l’Armée de terre dispose de 5 régiments à 32 AUF1, de 3 régiments à 24 TRF1 et de deux régiments LRM à 24 lanceurs, soit un total pour l’artillerie de 280 pièces. S’y ajoutaient, comme dans toutes les armées du monde, les sections de mortiers lourds des régiments d’infanterie, au nombre de vingt, soit 120 pièces. Il a été décidé, pour économiser des effectifs (20 fois 55 soit 1100 personnels), de transférer la capacité " mortiers lourds " de l’infanterie à l’artillerie en double dotation. Ainsi, dans un combat de haute intensité tous moyens réunis, l’artillerie ne pouvant servir simultanément les mortiers et les canons, l’Armée de terre n’alignera plus que 280 pièces au lieu de 400, soit une perte de 30%. Quand on voit, dans tous les exercices de simulation sur Janus ou BBS, l’importance des feux indirects dans les pertes infligées, on se demande si les conséquences opérationnelles de cette décision ont réellement été pesées. La chute est encore plus sévère pour les moyens antichars longue portée. La cible initiale de 70 hélicoptères AC est descendue à 50 et les 6 compagnies antichars équipées du VAB Mephisto vont être dissoutes. Ainsi, d’une capacité initiale instantanée de 70 TRIGAT (sur les hélicoptères Tigre) et de 90 HOT, il ne restera à terme que 50 HOT (le programme TRIGAT ayant été enterré), soit une perte de 68%. Et ce à condition que le programme Tigre ne passe pas lui aussi par pertes et profits, ce qui n’est malheureusement pas impensable. Ici aussi, il serait bon de remarquer les dégâts commis par l’adversaire avec ses BRDM2/AT5 dans nos exercices de simulation. Enfin, ce tableau ne serait pas complet sans la mention de tous ces matériels majeurs qui devaient être remplacés et qui ne seront que revalorisés. Ainsi, le VBCI qui devait remplacer les VAB et les AMX 10 P des régiments d’infanterie ne remplacera finalement que les AMX 10 P. Concernant l’AMX 10 RC, son successeur ne verra pas le jour avant 2015, s’il a un jour un successeur. Quant au Roland, qui date des années 70, il ne sera lui aussi que revalorisé, et en peu d’exemplaires puisqu’un des deux régiments sera dissous. Ainsi, notre Armée de terre va perdre, par les décisions prises depuis 1996, de l’ordre d’un tiers de la puissance de feu qui devait être la sienne dans la maquette initiale. Comment dès lors pourra-t-elle mener de façon efficace les missions de haute intensité qui restent sa finalité ? Systèmes de PC : les limites de la modularité Le contrat opérationnel fixé à l’Armée de terre a été décliné pour le système des postes de commandement. Ainsi, l’Armée de terre doit pouvoir mettre en œuvre dans le cadre d’un engagement massif un PC de niveau 1 (corps d’armée de classe OTAN), deux PC de niveau 2 (divisions de classe OTAN) et six PC de brigades interarmes, plus tout leur environnement. La référence aux normes de l’OTAN est nécessaire, puisqu’on considère qu’un engagement en haute intensité se ferait dans le cadre de l’Alliance, ce qui est logique. Qu’en est-il exactement ? Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.50 Freedom of Speech HIGH INTENSITY COMBAT: COHERENCE OF SPEECH AND ACTION by chef de bataillon LAVAUX, trainee from the 115th class of the Higher Staff College Course ommitted now for thirty years (FINUL: 1978) and in a massive way for ten years (Balkans, Cambodia, Rwanda,…) in mastering violence missions, the French Army could run the risk of forgetting that its primary mission and its ultimate vocation are high intensity combat. To overcome this risk, the higher command takes every opportunity to recall the necessity for training in coercion of forces missions, which is translated into the syllabus of branches schools, of the Staff College and the Higher Staff College, or more recently into the scenario used for the major exercise of the Army, Guibert 2002. However, as far as the organization and equipment of our forces and the organization and the modularity of our CP systems are concerned, some decisions are clearly going against this purpose that is the operational efficiency in high intensity missions. This article aims at pointing out some incoherence between acts and speech; incoherence that could prove to become very harmful if one day the worst came to the worst. C Organization and equipment of forces: how far will we go down to? T he design of our future Army as it had been presented in 1996 was attractive, coherent and balanced. Since then it has been incessantly modified; its " marginal " adjustments have not been put into question - as it seems - our operational capabilities. Thus, our armored brigades, which initially were composed of one regiment with 80 main battle tanks (MBT) and another one with 53 MBTs, i.e. lining up altogether 133 MBTs, i.e. an equivalent amount to that of their allies (2 battalions of 58 MBTs each for an American or British brigade for example), will watch the disappearance of their 53 MBTs regiment. The Army will therefore be downgraded from 426 to 320 heavy tanks, i.e. a 25% loss of its potential in this field. In order to keep the same operational capability in these conditions, this entails that our armored corps must all of a sudden gain 33% in productivity: it will deserve to be held up as an example to all companies and public administrations of our country. As far as ground-to-ground fires are concerned, the Army has 5 regiments of 32 self-propelled tracked 155 mm guns, 3 regiments of 24 towed 155 mm guns and 2 MLRS with 24 launchers each, i.e. a total of 280 pieces of ordnance for artillery. Like all armies in the world, the heavy mortar platoons belonging to infantry regiments, amounting to 20, i.e. 120 pieces of ordnance were added. It has been decided, to cut down in numbers (20 times 55, i.e. 1,100 men), to transfer the " heavy mortar " capability from the infantry to the artillery as duplicate equipment. Thus, in a high intensity combat with all assets, the artillery not being able to simultaneously serve mortars and guns, the Army will only line up 280 pieces of ordnance instead of 400, i.e. a 30% loss. In all simulation exercises on Janus or BBS, in which the importance of indirect fires over inflicted losses can be observed, one might wonder whether the operational consequences of this decision have been carefully assessed. The drop is even more drastic for long-range antitank assets. The initial target of 70 antitank (AT) helicopters has been decreased to 50 and the 6 AT companies equipped with the Mephisto armored AT wheeled combat vehicle will be disbanded. Consequently, from an initial instantaneous capability of 70 TRIGATs (fitted on Tiger helicopters) and of 90 HOTs, there will only remain in the long run 50 HOTs (as the TRIGAT program has been buried and forgotten), i.e. a 68% loss. Provided that the Tiger program is not also written off, which is unfortunately not unthinkable. Here again, it would be advisable to notice the damage made to us by the enemy with his BRDM2/AT5s in our simulation exercises. Last, this picture would not be complete without mentioning all those major equipment that should be replaced but which will only be upgraded. For example the Infantry Combat Armored Vehicle supposed to be the follow-on of the infantry regiments Wheeled Armored Vehicles and Tracked AMX 10 Ps will only replace the AMX 10 Ps. As far as the AMX 10 RC is concerned, its follow-on will not appear before 2015, if it has a follow-on. As regards the Roland, which dates back to the 70s, it will only undergo upgrading, and in small numbers as one of the two regiments will be disbanded. As a consequence, our Army will lose, thanks to decisions taken since 1996, roughly a third of the firepower it should have according to the initial design. From that time how will it be able to carry out efficiently the high intensity missions that still remain its purpose? The CP Systems: the limits of modularity The operational contract assigned to the Army came out in a variety of forms as far as the CP system is concerned. Thus the Army, within the framework of a massive engagement, must be able to set up one level 1 CP (NATO army corps class), two level 2 CPs (NATO division class) and six combined arms brigade CPs, with all their necessary support. The reference to NATO standards is necessary, as it is considered that a high intensity engagement would occur within the framework of the Alliance, which is logical. Where exactly do we stand? Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.51 Libres Réflexions Commençons par les brigades. Cet échelon de commandement, oublié depuis bien longtemps, est, dans la doctrine de l’OTAN, dédié à la manœuvre de contact. Ainsi, les brigades américaines ou britanniques ne comprennent que des bataillons de mêlée et sont renforcées, quand elles en ont besoin, de moyens d’appui venant de la division (artillerie et génie notamment). De ce fait, le PC de brigade est limité en volume et en capacité d’initiative. La France a fait un choix différent. La suppression du niveau divisionnaire, et donc la non affectation permanente des brigades aux divisions, a imposé aux brigades françaises de garder leurs appuis à demeure. Elles sont ainsi devenues en quelque sorte des " divisions 84 sans logistique ". Dérivés des divisions dont ils étaient issus, les PC de brigades sont restés volumineux, en comparaison de ceux de nos alliés, seules quelques fonctions ayant été enlevées. Il semble que cette solution ne soit pas très satisfaisante, et il est bon que des études soient lancées pour alléger le PC de brigade : faut-il à la brigade une cellule de coordination 3D, alors que l’octroi à une brigade de moyens sol-air ou ALAT est illusoire ? Faut-il une grosse cellule 2D alors que la gestion de l’espace est du ressort de la division, voire du corps d’armée ? Faut-il une cellule " manœuvre future " alors que le futur de la brigade ne dépasse pas les 24 heures ? Et faut-il équiper les brigades en SICF, à hauteur de 10 postes comme actuellement, au risque de lui faire perdre la réactivité qui doit être sa caractéristique principale ? Concernant le niveau divisionnaire, la France a décidé de supprimer son caractère permanent, considérant que l’envoi en opération d’une division organique était hautement improbable. Pourtant, en engagement de haute intensité, la division est le premier échelon à disposer de toutes les fonctions opérationnelles. C’est d’ailleurs le niveau retenu dans le contrat opérationnel de l’Armée de terre pour un scénario de type 3 (type Guerre du Golfe) : trente mille hommes, soit une division de classe OTAN plus une participation au commandement de théâtre. Là encore, nous avons décidé de ne pas faire comme nos alliés, qui tous ont maintenu le niveau permanent divisionnaire, mais nous avons créé quatre états-majors de force (EMF). Ces états-majors, que, paraît-il, tous nos alliés nous envient (mais qu’ils se gardent bien d’imiter), sont aptes à former le noyau dur d’un PC de division, comme les exercices Guibert l’ont montré en 2001 et 2002. Certes. Mais cela suffit-il, si notre vocation est le combat de haute intensité ? Car s’il faut deux EMF pour faire un PC de division, pourquoi avoir fait quatre EMF plutôt que deux PC de division ? Le principal inconvénient de notre formule, c’est qu’un EMF qui veut s’entraîner comme PC divisionnaire ne peut pas le faire dans de bonnes conditions, puisque son chef n’a pas autorité sur les compléments qui lui sont nécessaires pour le faire. L’autre inconvénient, c’est que le divisionnaire, qui ne l’est qu’occasionnellement, n’a aucune habitude de travail avec les brigadiers qui, le cas échéant, se retrouveraient sous ses ordres. Ce manque de relations peut se traduire par un PC division qui travaille " dans une bulle ", comme cela a été souligné par les brigadiers joueurs de Guibert 2002, et ce n’est pas spécialement bon pour l’efficacité opérationnelle. S’agissant enfin du PC de niveau 1, l’idée est de le constituer à partir du CFAT et du CFLT. Là encore, il s’agirait du noyau dur, qui serait complété par des renforts venus d’un peu partout : administrations centrales et régionales, CDES, écoles,… Cet aspect n’est pas gênant dans la mesure où si la France doit engager un corps d’armée, c’est que la situation est grave et que la vie courante passe au second plan. Ce qui est plus gênant, quand les ressources humaines sont limitées, c’est de disperser les effectifs entre CFAT, CFLT ou Corps européen, différents PC de niveau 1 dont la redondance n’est pas justifiée. Il semble également souhaitable d’étudier si le CFAT peut réellement et pratiquement assurer la double mission de noyau de PC de corps d’armée et de tête de chaîne pour la préparation opérationnelle des forces terrestres. La relativement faible participation des personnels du CFAT au PC " anihaut-corps d’armée " de Guibert 2002 est à ce sujet révélatrice. Ainsi, alors que le combat haute intensité de l’Armée de terre doit s’inscrire dans une coalition multinationale ou au sein de l’Alliance, la France a choisi pour son système de PC, à tous les niveaux, des solutions sensiblement différentes de celles de ses alliés. On peut penser que les conséquences opérationnelles ne seront pas anecdotiques. Si un changement de structure nous est alors imposé, pour nous aligner sur les standards de l’Alliance, il devra se faire dans l’urgence, ce qui n’est jamais une bonne chose. Rappelons-nous par exemple que dans le Golfe, la division Daguet ne s’est engagée, sous commandement du XVIIIe Corps américain, qu’après s’être réarticulée en deux brigades et avoir reçu le renforcement temporaire d’une brigade d’infanterie et d’une brigade d’artillerie américaines. Armée de terre 2015 : retrouvons notre force Pour remettre en cohérence notre outil militaire, quelles décisions prendre ? Tout d’abord, il conviendrait de repenser de fond en comble la participation de l’Armée de terre aux organisations et états-majors multinationaux, en particulier le corps européen, l’Eurofor et la brigade franco-allemande. Ces créations répondaient à un certain souhait politique d’affichage européen, mais répondent-elles à un réel besoin opérationnel ? Un corps multinational est concevable pour les nations d’Europe qui n’ont pas les moyens de faire autrement (on peut penser à la Belgique, au Portugal,…), mais est-il utile pour la France ou l’Allemagne ? Le désintérêt croissant que montre cette dernière, n’alimentant pas un certain nombre de postes à sa charge à l’état-major du corps européen, donne un semblant de réponse. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.52 Freedom of Speech Let us start with the brigades. This command echelon, since long forgotten, is, within the NATO doctrine, dedicated to maneuver in contact. Consequently, the American or British brigades are only composed of combat battalions and are reinforced, when needed, by direct support assets coming from the division (notably artillery and engineers). For this reason, the brigade CP is limited in volume and in initiative capability. France has made a different choice. The suppression of the division level, and the consequent non-permanent assignment of brigades to divisions, have led the French brigades to keep permanently their direct support elements. They have therefore been turned into "type 84 divisions without logistics". Derived from the divisions they were originating from, the brigade CPs have remained voluminous, in comparison with those of our allies, as only a few functions have been removed. It seems that this solution turns out to be not very satisfactory, and it is advisable that studies be launched in order to lighten the brigade CP: does the brigade need a 3D co-ordination cell whereas the reinforcement of a brigade with ground-to-air or Army aviation assets is illusive? Is a large 2D cell required when the space management responsibility lies with the division, or even with the corps? Is a "future maneuver" cell needed as the future of the brigade does not exceed 24 hours? And should the brigades be equipped with the SICF (Forces Command and Control Information System), with 10 working stations as it is presently the case, with the risk of jeopardizing its reactivity that should be its main characteristic? As far as the division level is concerned, France has decided to cancel its permanent nature, considering that the commitment of an organic division in operations was highly unlikely. However, in case of a high intensity engagement, the division is the first echelon encompassing all operational functions. Moreover, it is the selected level in the operational contract of the Army in case of a type 3 scenario (Gulf War type): thirty thousand men, i.e. a NATO division class with a participation in the theater command and control. Here again we have decided not to do the same as our allies, who all have kept the permanency of the division level, but we have created four forces staffs (EMFs). These staffs, which supposedly all our allies envy (but which they are careful not to imitate), are able to form the core of a divisional CP, as it was shown during the Guibert exercises in 2001 and 2002. Admittedly. But is this sufficient if our vocation is high intensity combat? As if two EMFs are needed to form up a divisional CP, why then have we created four EMFs instead of two divisional CPs? The main drawback of our system is that if an EMF wishes to train as a divisional CP it cannot do it in good conditions, as its commander does not have any authority over the necessary complements needed to train properly. The other drawback is that the major general, who only occasionally commands a division, has no working experience with the brigadiers who would eventually be reporting to him. This lack of relationship can be translated into a divisional CP working in a " sterile bubble ", as the brigadiers playing Guibert 2002 have stressed it, and this is not especially favorable for operational efficiency. Last, as far as the level 1 CP is concerned, the idea is to set it up by using the assets of the Land Force Command (CFAT) and that of the Land Logistic Command (CFLT). Here again, these assets would form the core and would be reinforced with assets coming from everywhere: central and regional administrations, Army Doctrine and Higher Military Education Command (CDES), schools,… This aspect is not awkward inasmuch as if France were to engage an Army corps it would mean that the situation would be severe and that the usual life would switch to the background. What is more disturbing, when human resources are limited, is to spread out strengths over the CFAT, the CFLT or the European Corps, various level 1 CPs whose redundancy is not justified. It also seems advisable to study whether the CFAT can really and practically ensure the dual mission of an Army corps core CP and at the same time lead the land forces operational preparation chain. The rather small involvement of CFAT personnel to the " Army Corps upper animation " CP during Guibert 2002 is, in this respect, revealing. Therefore, when the Army high intensity combat must come within the framework of a multinational coalition or within the Alliance, France has chosen for its CP system, at all levels, solutions which are significantly different from those selected by its allies. One may think that the operational consequences will not be anecdotal. If a structural change is then imposed on us, in order to fall in line with Alliance standards, it will have to be carried out under emergency, which is never a good thing. Let us recall for instance that in the Gulf, the Daguet division was only engaged, under command of the XVIIIth US Corps, after a reorganization into two brigades and the temporary reinforcement of one American infantry brigade and one American artillery brigade. The Army of 2015: let us recover our force In order to bring back our military tool into coherence, what are the decisions to be taken? First of all, the participation of the Army to multinational organizations and staffs, and especially the European Corps, the Eurofor and the Franco-German brigade, should be rethought from top to bottom. These creations were fulfilling a certain political wish of European demonstration, but do they fulfill a real operational need? A multinational corps is conceivable for European countries, which do not have the possibility to do otherwise (Belgium, Portugal,… for example) but is it useful for France or Germany? The increasing lack of interest demonstrated by this latter country, by not filling a certain number of positions within its scope of responsibility within the European Corps, seems to give the beginning of an answer. Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.53 Libres Réflexions Ne serait-il pas plus ambitieux pour notre pays d’avoir un corps d’armée national, susceptible d’engerber une ou deux divisions alliées, à l’image de l’ARRC ? D’autant que cela ne remettrait pas en cause la possibilité d’engager ses moyens sous la responsabilité de l’Union Européenne ou de l’OTAN. Il faudrait ensuite réviser notre discours sur la multinationalité. Si celle-ci est concevable en maîtrise de la violence jusqu’aux plus bas échelons, il faut autant que faire se peut s’efforcer de garder des divisions nationales en coercition de forces. En effet, en engagement multinational, la logistique reste nationale, tant que les matériels et procédures n’auront pas été harmonisées. Et le premier échelon logistique est celui de la division. C’est de plus une garantie de concentration des efforts, car les moyens logistiques à déployer pour soutenir deux brigades françaises insérées dans deux divisions multinationales ne sont pas tellement inférieurs à ceux nécessaires au soutien de deux divisions françaises. En matière d’organisation, on pourrait alors transformer les quatre EMF en deux états-majors de divisions : une division lourde à deux brigades blindées et deux brigades mécanisées, et une division " moyenne " à deux brigades légères blindées et deux brigades d’infanterie (montagne et parachutiste). Cette subordination permettrait : - de maintenir le cycle actuel avec une brigade lourde et une légère binômées pour prendre à tour de rôle les missions de projection (afin d’éviter de recréer l’ancienne rivalité FAR/ corps blindé mécanisé), antichars divisionnaires (puisque les CAC existent déjà) et les deux bataillons de reconnaissance blindée (issus par exemple des 2° et 3° RH). Elle ne coûterait pas forcément très cher en effectifs, dans la mesure où on récupèrerait les moyens du corps européen et de la BFA, ainsi qu’une partie des effectifs des étatsmajors de brigade actuels. On pourrait également se poser la question de l’intérêt de garder un régiment sol-air moyenne portée quand la doctrine préconise l’engagement des forces terrestres une fois la supériorité aérienne acquise, ou celle d’avoir un détachement aéroporté tournant prépositionné en Afrique (qui impose d’avoir une brigade parachutiste à cinq régiments dans une organisation quaternaire). Concernant les matériels, il faudrait mettre en cohérence les moyens. Ainsi, l’infanterie des brigades mécanisées devrait être équipée d’un véhicule apte à combattre avec le Leclerc, c’est-à-dire sur chenilles, quitte à remplacer nos vieux AMX 10P par des véhicules achetés sur étagère. Il existe beaucoup de VCI de qualité sur le marché, ne pourrait-on pas par exemple acquérir des Bradley, dont le châssis est celui du LRM ? On réserverait ainsi les VBCI pour les régiments d’infanterie de la division moyenne, dont l’artillerie serait tractée ou sur châssis roues (CAESAR). Il faudrait enfin lancer le programme de remplacement de l’AMX 10 RC, en s’appuyant par exemple (dans la mesure du possible et par souci de cohérence) sur le châssis développé pour le VBCI. - aux PC de divisions d’avoir en permanence trois brigades disponibles pour s’entraîner. S’alignant sur les principes de l’Alliance, les brigades ne garderaient sous leur subordination que les unités d’infanterie (qui conserveraient leurs mortiers lourds) et de cavalerie, EEI compris. Chaque division aurait une brigade d’artillerie composée de trois régiments canon et un régiment LRM, une brigade de génie composée de trois régiments de combat et un régiment d’appui, une brigade logistique, un bataillon antichars à trois compagnies HOT et un bataillon de reconnaissance blindé. Au niveau du corps d’armée, il resterait la brigade de transmissions et d’aide au commandement, la brigade aéromobile, la brigade de renseignement, une brigade solair, une brigade d’artillerie à deux régiments canon, une brigade du génie, une brigade logistique. Une partie de ces EOCA pourrait d’ailleurs être fournie ou complétée par la nation qui armerait la troisième division du corps d’armée. Cette réorganisation nécessiterait de créer six états-majors de brigade supplémentaires (deux d’artillerie et deux du génie pour les divisions, un pour l’artillerie sol-air du corps d’armée et un de logistique pour le corps d’armée), les unités de commandement et de soutien des deux bataillons ◆ Une opportunité à saisir Les évolutions mentionnées au début de cet article ont, pour beaucoup, été prises sous la contrainte budgétaire. Le Président de la République s’est engagé avant sa réélection (discours de Rennes du 23 avril 2002), puis lors du premier conseil de défense du nouveau gouvernement (31 mai 2002), à redonner aux armées les moyens de parvenir à la maquette 2015. Il y a là une opportunité à saisir pour mettre en cohérence notre mission, notre discours (priorité à l’entraînement au combat de haute intensité) et notre organisation. Celle proposée ici ne remettrait foncièrement en cause ni le format, ni l’aptitude à s’engager en opérations de maîtrise de la violence de notre Armée de terre, mais elle en améliorerait indéniablement l’efficacité opérationnelle en coercition de forces ■ Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.54 Freedom of Speech Would not it be more ambitious for our country to have a national army corps, able to incorporate one or two allied divisions, in the image of the ARRC? All the more since it would not jeopardize the possibility to engage its assets under the responsibility of the European Union or NATO. Then, our speech about multinationality should be reviewed. If it is conceivable down to the lowest echelons in violence mastering operations, the national divisions should be kept in coercion of forces as much as possible. In fact, in a multinational engagement, logistics remains a national responsibility, as long as equipment and procedures are not harmonized. And the first logistic echelon is that of the division. Moreover, it warrants a concentration of efforts, since logistic assets to be deployed in order to support two French brigades inserted into two multinational divisions are not very inferior to those needed to support two French divisions. As far as organization is concerned, the four EMFs could then be turned into two divisional staffs: one heavy division with two armored brigades and two mechanized brigades, and one "medium weight" division with two light armored brigades and two infantry brigades (mountain and airborne). This subordination would enable: - to maintain the present cycle with one heavy and one light brigade earmarked together to take over, one after the other, projection missions (in order to avoid revitalizing the old Rapid Reaction Forces/Armored and Mechanized Corps rivalry), - divisional CPs to permanently have three brigades available two armored recce battalions (coming from the 2nd and 3rd Hussar Regiments for example). It would not necessarily be very expensive in terms of personnel, inasmuch as the assets of the European Corps and those of the Franco-German Brigade, and a share of the personnel assigned to the present brigade staffs could be recovered. The question of the advantage of keeping a medium range ground-to-air battalion could also be raised when the doctrine recommends the engagement of land forces only once air superiority has been gained. The fact of having a rotating pre-positioned airborne detachment in Africa, which demands to have an airborne brigade encompassing five battalions in a quaternary organization, could also be reviewed. As far as equipment is concerned, assets should fall in coherence. In this way, the infantry of mechanized brigades should be mounted on a vehicle able to combat with the Leclerc, i.e. on tracks, even if this leads to replace our old AMX 10 Ps with vehicles bought off the shelf. A great deal of good quality Infantry Combat Vehicles exists on the market, could not we for example purchase some Bradleys whose chassis is the one used for the MLRS? We would then keep the Armored Infantry Combat Vehicles for the infantry battalions of the "medium weight" division whose artillery would be towed or mounted on wheeled chassis (CAESAR). Last, the replacement program for the AMX 10 RC should be launched, using as a base for example (inasmuch as possible and with a concern for coherency) the chassis developed for the Armored Infantry Combat Vehicle. for training. Falling in line with the Alliance principles, the brigades would only keep in subordination the infantry units (which would keep their heavy mortars units) and the cavalry units, including the scout elements. Each division would have an artillery brigade composed of three gun battalions and one MLRS battalion, an engineer brigade encompassing three combat battalions and one direct support battalion, a logistic brigade, an antitank battalion with three HOT companies and an armored recce battalion. Would remain at corps level the signals and command and control support brigade, the airmobile brigade, the intelligence brigade, one ground-to-air brigade, one artillery brigade with two gun battalions, one engineer brigade and one logistic brigade. By the way, a part of these corps organic elements could be supplied or completed by the nation that would arm the third division of the corps. This reorganization would entail the creation of six additional brigade staffs (two arty and two engineer ones for the divisions, a ground-to-air one for the corps and a logistic one for the corps), the support and command and control units of the two divisional antitank battalions (as the antitank companies already exist) and the ◆ An opportunity to jump at Many of the evolutions mentioned at the beginning of this article have been taken under budget constraint. Prior to his re-election (speech made at Rennes on April 23, 2002) and during the first defense council meeting of the newly formed government (May 31,2002), the President of the French Republic has committed himself to allocate the necessary funds to the armies enabling them to reach the 2015 design. There lies an opportunity that should be jumped at to place our mission, our discourse (priority given to high intensity combat training) and our organization in coherence. The organization recommended here would fundamentally put into question neither the size, nor the capability of our Army to be committed to violence mastering operations, but it would undoubtedly improve its operational efficiency in coercion of forces ■ Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.55 LEXIQUE / LEXICON ✄ force amphibie ATF (amphibious task force) PC de la force amphibie ATF/CP Débarquement (en force sur une côte hostile) Amphibious Assault Rembarquement d'une force déployée sur une côte hostile Amphibious Withdrawal Manœuvre de Déception Amphibious Demonstration Raid Amphibie (va-et-vient) Amphibious Raid Zone d'objectif amphibie Amphibious Objective Area (AOA) ATP 8B Publication OTAN: Doctrine sur les ATP 8B NATO Doctrine for amphibious operations, opérations amphibies, non ratifié not ratified Tête de pont Bridgehead Commandant de la force amphibie CATF (Commander Anphibious Task Force) Commandant de la Force de débarquement CLF (Commander Landing Force) VPCM Véhicule porte conteneurs maritime Container maritime transport vehicle Flotte de débarquement Disembarkation Fleet Force de réaction embarquée (FRE) Embarked Reaction Force Initiative Européenne Amphibie (IEA) European Amphibious Initiative regroupant FR,UK,NL,IT,SP EMW Expeditionary Maneuver Warfare (USMC) Doctrine de maneuvre expéditionnaire CIEA Commission Interarmées des études amphibies Joint Commission for Amphibious Studies Elément de soutien logistique rapproché Forward Support Element (FSE) Transport de chalands de débarquement (TCD) Landing Ship Logistics (LSL) Engin de débarquement d'infanterie et de chars Landing craft for vehicles & personnel Chaland de débarquement Landing craft Utility Plateforme de débarquement Landing Platform Dock (LPD) Plateforme hélicoptères Landing Platform Helicopters (LPH) Engin de transbordement logistique LARC 15 LARC 15 Light Amphibious Resupply Cargo Etat-Major embarqué On-board HQ Groupement aéroterrestre des US Marines MAGTF (Marine Air Ground Task Force) Base de transit maritime Maritime Transhipment Base (MTB) Contre mesures pour les mines (marine) MCM (Mine Counter Measures) Force d'action Navale (FAN) Navy Action Force Doctrine nationale des opérations amphibies (DNOA) National Doctrine for amphibious operations Processus PERMA (Planification, Embarquement, PERMA Process (Planning, Embarkation, Rehearsal, Répétition, Mouvement, Action) Movement, Action) Processus EMPRA (Embarquement, Mouvement, EMPRA Process (Embarkation, Movement, Planning, Planification, Répétition, Action) Rehearsal, Action) Navire hôpital de réception des évacuations primaires PCRS (Primary Casualty Receiving Ship) Manœuvre bateaux-objectifs STOM (Ship to Objective Maneuver) Bateaux-Rivage Ship to Shore Objectif Doctrine N° 36 ▼ p.56 ✄ du Corps des Marines (US)
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