Appropriation et diffusion d`un guide de soutien à l`évaluation du

Appropriation et diffusion d’un guide de soutien
à l’évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques
par des intervenants de première, deuxième et troisième ligne
Rapport d’activités scientifiques
Présenté au Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture
Claire MALO
et
Marie-Hélène GAGNÉ
Montréal
Institut de recherche pour le développement social des jeunes
Mars 2003
Catalogage avant publication de la Bibliothèque nationale du Canada
Malo, Claire
Appropriation et diffusion d’un guide de soutien à l’évaluation du risque de
mauvais traitements psychologiques par des intervenants de première, deuxième
et troisième ligne
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 2-022588-24-6
1. Violence psychologique envers les enfants – Prévention. 2. Évaluation du
risque. I. Gagné Marie-Hélène, 1968- . II. Institut de recherche pour le
développement social des jeunes. 1. Titre.
HV6626.5M342 2003
362.767
C2003-94092-7
INTRODUCTION
Les mauvais traitements psychologiques représentent une forme d’abus paradoxale ; ses
manifestations sont subtiles et parfois irrégulières mais ses conséquences sont souvent
importantes et durables. La violence psychologique ne laisse pas de bleus sur le corps
mais à l’âme, et ces ecchymoses peuvent stigmatiser l’individu, de l’enfance jusqu’à
l’âge adulte.
Nombre d’intervenants pressentent ces bleus à l’âme dans les familles qu’ils rencontrent,
mais sans arriver à évaluer vraiment les risques. C’est pourquoi le Guide de soutien à
l’évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques envers les enfants est si
important ; il permet à ces intervenants de reconnaître les contextes familiaux et
interactifs propices aux mauvais traitements psychologiques, puis de travailler auprès des
familles concernées pour tenter de remplacer ces mauvais traitements psychologiques par
des comportements plus adéquats et épanouissants.
Dans ce rapport, vous découvrirez comment ce guide a vu le jour, en collaboration étroite
entre deux chercheures spécialisées dans le thème des mauvais traitements
psychologiques, quatre intervenantes du Centre jeunesse de Montréal et du CLSC SainteRose à Laval et leurs équipes, ainsi qu’avec le conseiller à la diffusion des connaissances
de l’Institut universitaire du Centre jeunesse de Montréal, les assistantes de recherche et
les étudiantes stagiaires. La participation des équipes de ces intervenantes a aussi permis
de tester l’utilité de ce guide dans la pratique auprès des familles.
Ce rapport présente d’abord les deux études à la source de cette collaboration puis les
objectifs et la démarche que l’équipe a suivis depuis 2 ans. Le Guide de soutien à
l’évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques est par la suite décrit, avec
la formation qui l’accompagne. Des résultats préliminaires sont aussi présentés, ainsi que
les activités de communication et de diffusion accomplies jusqu'ici et celles qui sont
encore à venir. En dernier lieu, quelques retombées sociales de ce projet sont décrites.
RAPPORT D’ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES
Le numéro du dossier :
Le type de subvention obtenue :
22701
Subvention d’aide au transfert et à la
diffusion des connaissances en milieu
de pratique
Le titre du projet :
Appropriation et diffusion d’un guide de soutien à l’évaluation du risque de mauvais
traitements psychologiques par des intervenants de première, deuxième et troisième
ligne
La personne responsable du projet :
Mme MALO, Claire Malcl-9401
Institut de recherche pour le développement social des jeunes/
École de service social, Université de Montréal
1001, boul. de Maisonneuve Est, 7e étage
Montréal (Québec)
H2L 4R5
Tél. bureau (514) 896-3487
Télécopieur (514) 896-3400
Courriel : [email protected]
La composition de l’équipe :
•
•
Les chercheures
Les partenaires
MALO, Claire ; GAGNÉ, Marie-Hélène
IRDS, Centre jeunesse de Montréal,
GRAVE-ARDEC
La durée du projet :
Début : mois/année
04/2000
Fin : mois/année
03/2002
Le montant de la subvention accordée par le Fonds : 23 858 $
TABLE DES MATIÈRES
La description des activités scientifiques ...................................................................... 1
Le contexte de la recherche ....................................................................................... 1
La problématique....................................................................................................... 1
Les objectifs .............................................................................................................. 5
La méthodologie........................................................................................................ 5
Les résultats scientifiques.......................................................................................... 8
La formation d’étudiants et d’étudiantes................................................................. 11
Le résumé des résultats de la recherche ..................................................................... 12
Les objectifs ............................................................................................................ 12
La méthodologie...................................................................................................... 12
Les résultats scientifiques........................................................................................ 12
Les retombées sociales ............................................................................................ 12
Les activités de diffusion et de transfert des connaissances...................................... 13
La description des activités de publication.............................................................. 13
La description des activités de communication....................................................... 13
La description des retombées sociales..................................................................... 15
Références...................................................................................................................... 16
Bibliographie ................................................................................................................. 17
LA DESCRIPTION DES ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES
•
Le contexte de la recherche
Ce projet s’inscrit en continuité avec deux projets de recherche antérieurs financés
par le CQRS (Gagné, 19991 ; Malo et al. 20002). Il vise à assurer à ces projets des
retombées maximales en termes de transfert des connaissances auprès des
intervenants concernés par la problématique des mauvais traitements
psychologiques envers les enfants, notamment dans les centres jeunesse et les
CLSC du Québec. Pour se faire, il prévoit une participation active des intervenants
dans l’élaboration du produit à diffuser, à partir des résultats obtenus dans les deux
études antérieures. Le présent rapport rappelle d’abord les deux études en question.
Il présente ensuite les objectifs du présent projet d'appropriation et de diffusion des
connaissances, de même que la démarche poursuivie depuis deux ans avec les
intervenants. Dans une troisième section du rapport, nous décrivons le Guide de
soutien à l’évaluation du risque de mauvais traitements psychologiques produit et
la formation qui l’accompagne. Des résultats préliminaires concernant les profils et
dynamiques effectivement reconnus par les équipes d’intervenants durant la période
de validation sont présentés en quatrième lieu. Nous terminons en présentant les
différentes activités de communication et de diffusion déjà effectuées et celles qui
suivront de même que les retombées sociales de ce projet.
•
La problématique
Les mauvais traitements psychologiques envers les jeunes enfants sont difficiles à
cerner parce qu’ils laissent peu de traces visibles à court terme. Des études
suggèrent néanmoins qu’il peut s’agir de la forme de mauvais traitements la plus
fréquente, la plus insidieuse et peut-être la plus destructrice pour l’enfant (Navarre,
19873 ; Ney, 19874 ; Tousignant, Savoie, Bastien et Hamel, 19935). Dans le cadre
de leur pratique, plusieurs intervenants reconnaissent l’existence de cette forme de
mauvais traitements mais n'ont pas toujours, actuellement, les balises leur
permettant d’agir. Les seuils cliniques semblent particulièrement difficiles à établir.
Récemment, deux études qualitatives soutenues par le CQRS ont identifié des
conduites parentales susceptibles d'être psychologiquement maltraitantes pour
l'enfant. Mais ces deux études ont surtout cerné des contextes d'émergence de cette
forme de maltraitance, l'une en termes de profils familiaux (Gagné, 1999), l'autre en
termes de dynamiques interactives parent-enfant en situation disciplinaire (Malo et
al., 2000).
Plus précisément, l’étude qualitative de Gagné (1999) visait à spécifier les
manifestations possibles de mauvais traitements psychologiques et à comprendre
les contextes familiaux propices à leur émergence. Dans une perspective de
validation écologique du concept, l’auteure s’est basée sur les théories implicites de
26 individus (parents éprouvant ou non des difficultés dans l’éducation de leurs
enfants, intervenants psychosociaux des services enfance/famille). Lors d’une
entrevue semi-structurée, les sujets étaient invités à raconter une situation,
impliquant un parent et un enfant, qu’ils considéraient psychologiquement
maltraitante, et à interpréter les raisons et intentions sous-jacentes du parent.
L’analyse de contenu des entrevues (approche consensuelle entre deux juges) a
d’abord permis d’illustrer par des exemples concrets des comportements considérés
comme psychologiquement maltraitants : rejet, dénigrement, favoritisme, dureté
excessive, intimidation et menaces, entrave à la réalisation de soi, contrôle abusif,
manque de sensibilité aux besoins, exposition à la violence conjugale, renversement
des rôles, aliénation et corruption. Une analyse du fonctionnement familial existant
dans chacune des situations rapportées (rôles, relations, climat, etc.) a permis par
ailleurs d'identifier quatre profils familiaux à risque :
Profil familial 1 : Le Vilain Petit Canard
Dans ce profil, l’enfant-cible fait figure de bouc émissaire. Il est surtout victime de
favoritisme à l’endroit de ses frères et sœurs, de dénigrement, de dureté excessive et
de négligence de ses besoins psychologiques de base. Cet enfant possède souvent
des caractéristiques peu enviables (manque d’attrait physique, lenteur intellectuelle,
handicap, maladie chronique, etc.). Il s’agit souvent d’un enfant non désiré : enfant
d’un ex-conjoint envers qui on éprouve du ressentiment, enfant dont la paternité est
incertaine, enfant adopté ou même enfant unique. Entre les parents et dans la
famille, l’unité et la paix sont préservées sur le dos de l’enfant-cible. Quand la
famille est biparentale, les deux parents sont habituellement complices contre
l’enfant. Dans tous les cas, celui-ci est exclu des complicités familiales.
Profil familial 2 : Le Roi et son Royaume
La dynamique familiale s’articule ici autour d’une figure paternelle dominatrice,
intolérante et intimidante. Les enfants subissent surtout du dénigrement, des
menaces et de l’intimidation. Le père-roi s’impatiente vite et exprime facilement sa
frustration. Il refuse qu’on lui tienne tête et réagit par la répression et la coercition.
Sous cette dureté apparente se cache souvent une piètre estime de soi, une identité
chancelante, un sentiment d’incompétence parentale, de l’anxiété et d’autres
émotions pénibles. De son côté, la mère a le rôle de préserver la paix familiale et
d’éviter les contrariétés au père. À force de tout prendre sur elle, il lui arrive d’être
accablée de stress et de fatigue, surtout en présence de violence conjugale. Il en
résulte un climat familial extrêmement tendu où les enfants risquent de subir des
mauvais traitements, tant physiques que psychologiques, de la part de chaque
parent. Bien que les résultats de l’étude démontrent que ce profil de roi est identifié
à la figure paternelle, il n’est pas exclu que des figures maternelles puissent
endosser ce type de comportement.
Profil familial 3 : La Mère Supérieure
Cette fois, la dynamique familiale s’articule autour d’une figure maternelle rigide et
autoritaire. Les enfants sont surtout victimes de dureté excessive, de dénigrement et
de contrôle abusif. La Mère Supérieure s’arroge tout le pouvoir dans la gestion
familiale et ne tolère aucune ingérence. Elle ne conçoit qu’une bonne façon
d’éduquer les enfants, la sienne. Les règles de conduite qu’elle édicte sont
immuables et les enfants doivent s’y soumettre. Quand il est présent, le conjoint
2
tient un rôle effacé, de sorte que les enfants ne peuvent compter sur son soutien.
Sous sa rigidité, la mère dissimule beaucoup d’anxiété et de craintes pour ses
enfants. Quand elle sent le contrôle de la situation lui échapper, elle peut ruser pour
maintenir son emprise par des moyens détournés comme la manipulation, le
chantage, les stratégies culpabilisantes. Autrement, elle investit dans ses enfants
jusqu’à devenir étouffante et entraver leur autonomie. Elle s’attend en retour à voir
fructifier cet investissement et ses critères de performance sont habituellement très
stricts. L’enfant qui suit une autre voie risque de la décevoir et d’être la cible de
mauvais traitements psychologiques. Bien que les résultats de l’étude démontrent
que ce profil de mère supérieure est identifié à la figure maternelle, il n’est pas
exclu que des figures paternelles puissent agir de cette façon.
Profil familial 4 : Le Parent Brisé
L’enfant est ici aux prises avec des parents incompétents qui le soumettent à un
régime de vie chaotique et malsain. Il est surtout victime de mauvais traitements
indirects (renversement des rôles, aliénation ou corruption) mais aussi de rejet et de
négligence de ses besoins psychologiques de base. Le Parent Brisé cumule les
problèmes psychosociaux, traînant derrière lui une histoire de vie pénible et en
portant les séquelles. Il affiche souvent des traits marginaux, voire antisociaux. Il
peut se trouver incapable de garder un emploi, changer souvent de partenaire,
entretenir des rapports tumultueux avec sa famille ou ses amis. Mais c’est surtout
son immaturité qui le caractérise ; cherchant constamment à combler ses propres
carences, il n’est pas disponible pour répondre aux besoins de ses enfants. Dans ses
bonnes périodes, il est capable de s’occuper de sa progéniture, de lui donner de
l’attention et de l’affection mais dès qu’il se retrouve dans une « mauvaise passe »,
rien ne va plus.
L'étude qualitative de Malo et al. (2000) visait également à identifier les
manifestations possibles de mauvais traitements psychologiques envers les jeunes
enfants en contexte disciplinaire, de même que les cognitions et émotions qui s'y
rattachent. Pour ce faire, 45 mères ont été recrutées (15 parmi les familles prises en
charge par le CJM à la suite d’un signalement retenu d’abus ou de négligence
physique, 15 à l’Envol offrant des services d’aide à la parentalité et 15 dans des
garderies ou des cliniques pédiatriques). À titre exploratoire, 13 pères biologiques
ou substituts ont aussi été recrutés. Lors d’une entrevue semi-structurée, le parent
identifiait une situation courante jugée difficile avec son jeune enfant. On
l’interrogeait ensuite sur les causes qu’il attribuait à la situation, sur les émotions
qu’elle suscitait, sur leurs propres réactions et les réponses de l’enfant, sur les
émotions ressenties avec le recul et l’évaluation de leur propre comportement, etc.
Une analyse de contenu (approche consensuelle entre deux juges) a permis de
classifier les différents comportements, les cognitions et les émotions rapportées.
Les juges ont également évalué, à partir de l’ensemble des discours, la présence
possible de mauvais traitements psychologiques et physiques, évaluation
corroborée par un comité d’experts provenant notamment de milieux de pratique.
Dans un second temps, des séquences interactives parent-enfant ont été
reconstituées dans le discours de 44 mères et de 11 pères. L’analyse en profondeur
3
de ces séquences a permis d’identifier quatre dynamiques interactives dont deux
sont plus fortement associées au risque de mauvais traitements psychologiques :
Dynamique interactive 1: Le Parent Exemplaire et l'Enfant Affirmatif
Dans cette dynamique, le risque de mauvais traitement est jugé nul ou très faible.
Dans la séquence interactive, l’enfant amorce l’escalade par une première
confrontation. Le parent reste d’abord patient. Il finit néanmoins par augmenter
l’intensité de ses réactions, mais prend rapidement conscience de la situation et
enclenche alors une stratégie de coping destinée à se calmer lui-même (prendre de
grandes respirations, aller prendre l’air sur le balcon, mettre l’enfant dans sa
chambre ou se retirer soi-même, etc.), stratégie qui contribue également à calmer
l’enfant. Les parents classés ici ont tendance à attribuer la situation difficile vécue
avec l’enfant à des humeurs ponctuelles de la part de l’enfant ou de soi-même (ex :
degré de fatigue au moment de l’événement). Dans les épisodes disciplinaires
typiques, leurs réactions se caractérisent par l’usage de stratégies éducatives
(explications, raisonnement, distraction, renforcement) ou affectives (caresses,
consolation, etc.), de même que par l’usage de stratégie de coping.
Dynamique interactive 2: Le Parent Autoritaire et l'Enfant Obéissant
Cette fois, le risque de mauvais traitements psychologiques est faible mais pourrait
augmenter cependant si l’enfant commence à désobéir de façon plus systématique.
C’est pourquoi on parle ici d’un risque modéré. Dans la séquence interactive
typique de cette dynamique, le parent augmente très rapidement l’intensité de ses
réactions en réponse aux premières confrontations de l’enfant. Il réussit néanmoins
à contrôler la crise de celui-ci en utilisant un comportement très autoritaire (pouvant
aller selon le parent des cris aux tapes physiques). Face au comportement
autoritaire de son parent, l’enfant se calme rapidement et c’est seulement alors que
le parent se calme lui-même. Les parents classés ici ont tendance à expliquer la
situation difficile par des humeurs ponctuelles surtout du côté de l’enfant. Les
émotions rapportées pendant la situation sont surtout la colère, l’impatience et
l’impuissance. En outre, les réactions parentales dans les épisodes typiques peuvent
être éducatives ou affectives, mais on observe chaque fois l’usage de
comportements plus autoritaires.
Dynamique interactive 3 : Le Parent Impuissant et l’Enfant Terrible
Dans cette dynamique interactive, le risque de mauvais traitements psychologiques
est jugé élevé. La séquence interactive se caractérise par l'impuissance de la mère à
contrôler l'intensité des réactions de son enfant. Encore une fois, celui-ci amorce
l'escalade par une première confrontation et augmente très rapidement l'intensité de
sa crise. De son côté, le parent tente diverses stratégies allant des stratégies
éducatives aux stratégies coercitives afin de contrôler l'enfant… mais sans succès ;
celui-ci ne s'apaise pas. Dans la majorité des cas, le parent démontre alors son
découragement et finit très souvent par céder à l’enfant. Des émotions et des
cognitions typiques sont rapportées également par les sujets regroupés ici. Ces
parents ont tendance à attribuer la situation difficile aux besoins particuliers que
présente l'enfant (affirmation, encadrement, attention, etc.). Pendant la situation, il
4
se sent souvent coupable ou personnellement dévalorisé, en plus de ressentir de la
colère, de l’impatience et de l’impuissance. Il réagit souvent en interdisant une
activité à l’enfant, mais aussi en pleurant, en brisant des objets, en humiliant
verbalement l’enfant ou en lui serrant le bras. Il lui arrive toutefois assez souvent de
céder aux caprices de l’enfant pour éviter ses crises. Avec le recul, ce parent doute
fréquemment de ses capacités parentales.
Dynamique interactive 4 : Le Parent Dégoupillé et l’Enfant Yo-yo
Dans cette dynamique, le risque de mauvais traitements psychologiques (et
physiques) est également jugé élevé. Typiquement, la séquence commence de façon
semblable aux dynamiques précédentes, par une première confrontation de la part
de l'enfant. On note une augmentation rapide de l'intensité des réactions de part et
d'autre mais le parent semble incapable de reprendre le contrôle sur soi. Que
l’enfant s’apaise ou qu'il augmente l’intensité de sa crise, les réactions du parent
continuent d’augmenter en intensité ; quand la grenade est dégoupillée, il n’y a plus
rien à faire. Encore une fois, des éléments cognitifs, émotionnels et
comportementaux caractérisent particulièrement ce profil. Les causes de la situation
sont souvent attribuées à un besoin d’attention de l’enfant. Le parent réagit souvent
par des menaces de tout genre, l’enfermement à clé, des comportements violents
comme de mordre l’enfant ou de lui tirer les cheveux. Ces parents ont tendance
également à céder parfois aux caprices de l’enfant. Avec le recul, outre les
émotions plus habituelles, ces parents rapportent souvent de la tristesse et la crainte
d’avoir été trop violents. C’est aussi dans ce profil que les mères mentionnent
parfois, de façon spontanée, avoir été victimes de violence conjugale.
•
Les objectifs
Il s'agit de permettre à des intervenants de trois services d’aide aux familles et à la
petite enfance de reconnaître les familles où les probabilités de mauvais traitements
psychologiques envers les jeunes enfants sont élevées, par la production et la
diffusion d’un guide de dépistage convivial et pratique. Plus précisément, pour les
intervenants de première ligne, ce guide vise à bonifier les interventions effectuées
auprès des familles où les probabilités de mauvais traitements psychologiques
envers les enfants sont élevées mais qui ne présentent pas les motifs légaux de prise
en charge. Pour les intervenants de la DPJ, il vise à favoriser une évaluation plus
éclairée des signalements retenus et référés aux services de prise en charge. Pour les
intervenants CJM offrant des services aux familles prises en charge à la suite d’un
signalement de mauvais traitements ou de négligence physiques, l’instrument vise à
bonifier l’intervention.
•
La méthodologie
Il s’agit d’une approche graduelle de développement, d’appropriation et de
diffusion d'un outil auprès d’intervenants travaillant avec des enfants (0 à 17 ans) et
leur famille. Dans un premier temps, les chefs des quatre services suivants ont
accepté de collaborer par l'intermédiaire de l'une de leurs intervenantes :
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1) L’équipe Enfance-Famille 2 du territoire 3 (DSJ-CJM) ;
2) L’équipe Enfance-famille 1 du territoire 5 (DSJ-CJM) ;
3) L’équipe 0-5 ans Famille-Enfance-Jeunesse (CLSC/CHSLD SainteRose de Laval) ;
4) Le service d’Évaluation et d’orientation du territoire 5 (DPJ-CJM).
La professionnelle de recherche a gardé un contact régulier avec les chefs de
service pour s’assurer du bon déroulement de la participation et pour répondre aux
interrogations. Dès l’automne 2001, chaque équipe a été représentée auprès des
chercheures par une intervenante conseil. Des rencontres de travail mensuelles ont
été organisées, avec ces intervenantes, les deux chercheures, la professionnelle de
recherche, de même que le conseiller à la diffusion des connaissances de l’Institut
universitaire du Centre jeunesse de Montréal.
Le premier travail des intervenantes conseil fut de vérifier la pertinence des profils
et des dynamiques identifiés dans les études antérieures, à partir de leur propre
charge de cas. Ce travail a permis la bonification des profils familiaux par l’ajout
d’un cinquième profil, non identifié dans l’étude de Gagné (1999), et appelé
finalement Les Feux Croisés :
Ce profil est observé dans les situations de conflit conjugal sévère, souvent lors
d’une séparation du couple parental. Les enfants deviennent une arme pour blesser
l’autre parent, sans égard à leurs besoins ou à leurs sentiments. Les parents
examinent les enfants sous toutes les coutures et les bombardent de questions après
chaque visite à l’autre parent, dans le but de prouver son incompétence parentale.
Ils profèrent des paroles très dures sur l’autre, devant les enfants, et se servent de
ceux-ci pour se transmettre des messages négatifs. Ils demandent aux enfants de
prouver leur loyauté en rejetant l’autre parent, sous menace de chantage ou de rejet
en cas de refus. Ils peuvent aussi se servir des enfants comme confidents ou les
surinvestir par une relation fusionnelle et indifférenciée. Bref, les enfants sont pris
en otage par les parents et sont victimes de rejet ou de menaces de rejet, de contrôle
social, de manipulation, de chantage, de renversement des rôles et de négligence
des besoins affectifs. Ils peuvent aussi être exposés à la violence conjugale.
Le travail des intervenants a également permis de bonifier les dynamiques
interactives identifiées par Malo et al. (2000) en documentant notamment les
manifestations de mauvais traitements psychologiques les plus probables dans
chacun d’eux.
Dans un deuxième temps, les intervenantes conseil ont collaboré avec les
chercheures à l’identification des informations pertinentes mais connexes devant
apparaître dans le guide (i.e. les annexes). En particulier, l’annexe proposant une
fiche de suivi à joindre éventuellement aux dossiers, de même que l’annexe portant
sur les pistes d’intervention à considérer après le dépistage de familles à risque, ont
demandé une implication soutenue des intervenantes. Les choix relatifs à la forme
du guide (mise en page, caractère, présentation des figures) ont également demandé
6
la participation de l’ensemble de l’équipe. Pour accomplir l’ensemble de leur tâche,
les intervenantes ont été dégrevées à raison d’environ une demi-journée par mois.
Cette collaboration entre les chercheures et ces intervenantes a permis de créer une
première version du Guide de soutien à l’évaluation des mauvais traitements
psychologiques envers les enfants (décrit plus en détails dans la section suivante) et
à développer les bases de la formation connexe.
La seconde année visait une validation plus large de l’outil créé par l’ensemble des
équipes participantes. Pour ce faire, une formation d’une demi-journée (insérée
dans le cadre d’une réunion de personnel) a été offerte à chacune d’elles par les
deux chercheures, en collaboration étroite avec l’intervenante conseil de chaque
équipe. Durant les trois mois suivants cette formation, tous les intervenants et
intervenantes de chaque équipe ont été appelés à appliquer l’outil à chacune des
familles composant leur charge de cas et à remplir une fiche d’évaluation pour
chacune d’elles. Les 4 intervenantes conseil étaient disponibles pour répondre aux
questions de leurs collègues et acheminer les fiches remplies auprès de l’assistante
de recherche pour la saisie des données recueillies. Aussi, elles rapportaient
régulièrement les commentaires de leurs services lors des rencontres mensuelles de
l’équipe de recherche.
Au printemps 2002, à la fin de la participation des équipes, on a profité des
réunions régulières déjà prévues dans chaque équipe pour recueillir plus
précisément les commentaires de chacun. Ces rencontres d’une durée moyenne de 2
heures ont porté principalement sur quatre points : le contenu du guide, sa forme, le
contenu de la formation et la pertinence de l’outil en regard de la pratique. Ces
commentaires ont permis d’améliorer le guide de soutien et la formation connexe
(la section suivante met également en évidence les ajouts apportés à la seconde
version de l’outil à la faveur de ces discussions de groupes).
L’OUTIL PRODUIT
Le Guide de soutien à l’évaluation des mauvais traitements psychologiques envers
les enfants se présente en deux sections (les « Portes »), qui permettent
respectivement de reconnaître le risque par le biais des profils familiaux ou des
dynamiques interactives. Selon le type d’information auquel ils ont accès (de par
leur rôle et leur milieu de pratique), les intervenants peuvent utiliser l’une ou l’autre
des portes (ou les deux). Ils sont toutefois invités chaque fois à compléter les
informations relatives à chaque famille en consultant au besoin des collègues ayant
accès à d’autres types d’information. Chaque section comprend une définition du
concept (profil ou dynamique), une présentation détaillée et illustrée des types de
profils et de dynamiques, ainsi que les risques de mauvais traitements
psychologiques associés à ceux-ci, une liste de renseignements utiles à l’évaluation
et des moyens pour obtenir les dites informations. Un arbre de décision est
disponible à la fin de chaque section pour aider les intervenants dans leur
évaluation. En annexe figurent : a) une proposition de questions d’entrevue pour
l’obtention des informations manquantes pour mieux cerner les profils et les
dynamiques ; b) une proposition de grille de suivi pour colliger les informations
7
disponibles ; c) des exemples de cas présentant des profils ou des dynamiques
mixtes (i.e. combinant plus d’un profil ou plus d’une dynamique); d) des exemples
d’actes parentaux susceptibles d’être psychologiquement maltraitants; e) une grille
permettant d’évaluer la sévérité des situations de maltraitance identifiées (tenant
compte notamment de l’âge de l’enfant, de ses besoins particuliers, des facteurs de
protection présents, etc.) ; et f) des pistes de réflexion pour l’intervention selon les
profils et les dynamiques à risque qui sont établis. Ce Guide n’est diffusé qu’aux
intervenants qui ont suivi ou suivront une formation pour son utilisation. De plus,
un protocole est en développement pour une diffusion restreinte auprès des
chercheurs.
Globalement, les groupes de discussion avec l’ensemble des intervenants ayant
participé à la validation écologique de l’instrument ont permis :
¾ La clarification de certains des concepts utilisés dans le guide ;
¾ L’ajout d’une échelle d’intensité pour chaque profil et chaque dynamique,
permettant d’indiquer s’ils sont absents, partiellement présents ou très présents
dans une famille donnée ;
¾ L’ajout des annexes portant respectivement sur les profils et les dynamiques
mixtes et sur les critères pour évaluer la sévérité des situations dépistées.
Ces rencontres ont également servi de fondements à certaines décisions
concernant :
¾ La nécessité d’intensifier la formation (d’une demi-journée à une journée) pour
permettre l’ajout de plus d’exercices pratiques ;
¾ La nécessité de restreindre la diffusion aux intervenants et intervenantes ayant
suivi cette formation (et donc d’établir une démarche de formation plus
élaborée) ;
¾ La nécessité de restreindre la formation et la diffusion du guide, dans sa version
actuelle, aux intervenants de CJ et de CLSC (une version adaptée pouvant être
développée ensuite pour les enseignants, les intervenants communautaires, etc.).
•
Les résultats scientifiques
Au total 55 intervenants des quatre équipes ont utilisé le guide durant la seconde
année de la démarche, évaluant globalement 493 familles. Un profil ou une
dynamique à risque reconnu dans 33,1 % des familles évaluées en CLSC, 17,0 %
de celles évaluées par l’Évaluation-Orientation et 49,9 % des familles évaluées par
les intervenants de la prise en charge (CJM).
Les risques reconnus concernent le plus souvent des enfants âgés de 6 à 12 ans
(53,7 %), bien que tous les groupes d’âge soient représentés (32,1 % des plus
jeunes et 14,2 % des 13-17 ans). Cela rejoint les constats d’une enquête québécoise
ayant évalué les mauvais traitements psychologiques6.
8
Par ailleurs, le tiers (33,3 %) des enfants identifiés comme étant à risque de subir
les mauvais traitements psychologiques de leurs parents habitent avec leur mère
biologique, seule ou remariée. Le quart environ résident plutôt avec leurs deux
parents biologiques (26,1 %) ou encore dans une famille ou un centre d’accueil
(25,9 %). Un faible pourcentage résident avec leur père biologique, seul ou avec
une nouvelle conjointe (7,2 %), ou encore dans la famille élargie (7,5 %).
LES PROFILS RECONNUS
Note : les chiffres entre parenthèses représentent les coefficients de corrélation de
phi statistiquement significatifs, p < .05. Notons aussi que les corrélations
présentées sont généralement faibles.
Le Parent Brisé
Parmi les profils proposés, il semble que le Parent Brisé soit celui qui est le plus
couramment observé par les intervenants. En effet, il rejoint 34,7 % de toutes les
évaluations. Les résultats démontrent que ce type de profil se retrouve surtout
auprès des familles monoparentales matriarcales et des familles dont les enfants
sont pris en charge par la Protection de la jeunesse. Les manifestations associées à
ces résultats sont l’exploitation/la corruption, l’ignorance des besoins affectifs et la
négligence des besoins de base. Par ailleurs, un lien significatif est noté entre le
Parent Brisé et le Roi et son Royaume (-.13).
La Mère Supérieure
Le profil familial de la Mère Supérieure a été observé dans 18,7 % des cas. Une
tendance semble exister entre ce profil et les enfants âgés de 6 à 12 ans et ceux qui
ont été placés. Les enfants sous l’égide de la Mère Supérieure souffrent de mépris,
de terrorisme, d’isolement et de négligence des besoins affectifs.
Les Feux Croisés
Comme le précédent profil, les Feux Croisés ont été reconnus dans 18,7 % des
familles évaluées. Encore une fois, ce profil touche plus souvent les enfants âgés de
6 à 12 ans (.12). Ceux qui n’habitent pas avec leurs deux parents biologiques
auraient également tendance à présenter ce profil. À la lumière des résultats
obtenus, ces enfants souffrent particulièrement de mépris et de terrorisme de la part
des adultes qui en ont la charge.
Le Roi et son Royaume
Le Roi et son Royaume a été détecté dans 18,1 % des cas examinés. Dans ce profil,
il semble que le mépris, le terrorisme et l’isolement soient des manifestations
souvent observées par les intervenants. Cette situation tendrait à être surtout vécue
par les familles évaluées ou suivies par les services de la Protection de la jeunesse,
ainsi que par les enfants qui ne vivent ni dans des familles d’accueil ni au sein de
foyers monoparentaux féminins. Tel que mentionné plus haut, le Roi et son
Royaume et le Parent Brisé sont négativement reliés (-.13).
9
Le Vilain Petit Canard
Bien qu’il s’agisse du profil le moins souvent observé, 16,0 % des enfants de
l’échantillon correspondent au profil du Vilain Petit Canard. Selon les évaluations
des intervenants, le mépris, le terrorisme, l’isolement, la négligence des besoins
affectifs et la négligence des besoins de base sont des manifestations associées à ce
profil. Il s’agit d’une situation surtout vécue par les enfants âgés de 6 à 12 ans (.20).
LES DYNAMIQUES RECONNUES
Le Parent Impuissant et l’Enfant Terrible
Cette dynamique est celle qui a été la plus souvent observée par les intervenants,
soit dans 30,2 % des cas. Les résultats démontrent que cette dynamique est en lien
avec les enfants de 6 à 12 ans (.15). Une tendance marginalement significative relie
également cette dynamique avec les familles monoparentales féminines et avec les
familles évaluées ou suivies par la Protection de la jeunesse. Les manifestations
reliées à cette dynamique sont le mépris, la négligence des besoins affectifs et la
négligence des besoins de base. Cette dynamique se retrouve plus particulièrement
auprès des Vilains Petits Canards (.25) et des Parents Brisés (.25). Le Parent
Impuissant et l’Enfant terrible est relié négativement au Parent Autoritaire et Enfant
Obéissant (-.16) et au Parent Exemplaire et Enfant Affirmatif (-.13).
Le Parent Autoritaire et l’Enfant Obéissant
Le Parent Autoritaire et l’Enfant Obéissant a été répertorié dans le quart des
dossiers (25,2 %). Cette dynamique concerne surtout les enfants de 6 à 12 ans (.16)
et s’accompagne de mépris, de terrorisme, d’isolement et d’exploitation/corruption.
Le Roi et son Royaume (.18) et la Mère Supérieure (.18) sont faiblement reliés à
cette dynamique. Tel que mentionné plus haut, cette dynamique est négativement
reliée au Parent Impuissant et Enfant Terrible (-.16).
Le Parent Dégoupillé et l’Enfant Yo-yo
Cette dynamique se retrouve dans 23,1 % des dossiers étudiés. Ces dossiers
impliquent surtout les filles (.09) et les enfants âgés de 6 à 12 ans (.20). Le mépris,
le terrorisme et l’isolement sont des manifestations qui se trouvent associées à cette
dynamique. On observe en outre un lien significatif entre la reconnaissance de cette
dynamique interactive et celle du profil familial du Vilain Petit Canard (.20), du
Roi et son Royaume (.17), de la Mère Supérieure (.21) et des Feux Croisés (.17).
Cette dynamique est négativement reliée au Parent Exemplaire et Enfant Affirmatif
(-.12) et au Parent Autoritaire et Enfant Obéissant (-.12).
Le Parent Exemplaire et l’Enfant Affirmatif
Seulement 7,7 % de la clientèle observée correspond à cette dynamique modèle. De
façon non surprenante, les familles correspondant à ce portrait sont généralement
suivies en CLSC (.15). Tel qu’attendu, cette dynamique est reliée négativement aux
manifestations de mépris, de terrorisme, de négligence des besoins affectifs et de
négligence des besoins de base. En outre, elle est reliée négativement aussi aux
10
profils familiaux du Roi et son Royaume (-.12), de la Mère Supérieure (-.10) et du
Parent Brisé (-.10). Tel que déjà mentionné, cette dynamique est négativement
reliée au Parent Impuissant et Enfant Terrible (-.12) et au Parent Dégoupillé et
Enfant Yo-yo (-.12).
•
La formation d’étudiants et d’étudiantes
Trois étudiantes inscrites au programme de maîtrise de qualification professionnelle
à l’École de service social de l’Université de Montréal ont également participé à
l’élaboration et à la validation du guide. L’une d’elles a vérifié l’applicabilité du
guide en contexte pédopsychiatrique. Les deux autres étudiantes ont fait leur stage
pratique, l’an dernier, au service d’Évaluation et d’orientation du CJM (Territoire
1-2) et au sein d’une équipe de la prise en charge du CJM (Enfance-Famille 2 du
territoire 2). Ces étudiantes ont appliqué le guide en même temps et de la même
façon que l’ensemble des intervenants impliqués dans la phase de validation. Elles
devraient terminer et déposer officiellement leur rapport d’analyse de pratique cette
année. Dans cette analyse, l’une de ces étudiantes s’est concentrée sur les liens
entre la violence conjugale et la présence de certains profils ou dynamiques
précises, tandis que la seconde a plutôt mis l’accent sur la pertinence de l’utilisation
de l’outil de façon plus globale.
11
LE RÉSUMÉ DES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
Mots clés : mauvais traitements psychologiques, dépistage, instrument.
•
Les objectifs
Principal objectif : diminuer la victimisation des enfants et ses conséquences en
donnant des outils aux intervenants pour dépister les risques de mauvais traitements
psychologiques. Plus spécifiquement : 1) Améliorer l’efficacité des références des
familles en besoin de protection ; 2) Bonifier l’intervention auprès des familles en
besoin mais ne répondant pas aux critères légaux de protection ; 3) Bonifier
l’intervention auprès des familles prises en charge suite à un signalement retenu ; 4)
Vérifier les effets positifs des interventions.
•
La méthodologie
Quatre équipes d’intervention ont été approchées pour évaluer un guide de soutien
dans le cadre de leur travail. À la suite d’une formation sur l’utilisation du guide,
les intervenants étaient appelés à remplir des fiches d’évaluation après chaque
rencontre avec les enfants et leur famille. Cette évaluation se faisait en suivant les
critères du guide de soutien en matière de profil familial et de dynamique
parent/enfant en contexte disciplinaire. Ces données ont été compilées à l’aide du
logiciel SPSS. Après une participation de 3 mois, des groupes de rencontre ont été
mis en place pour recueillir les commentaires des intervenants sur l’utilisation du
Guide. Ce dernier a été bonifié à la suite de ces observations.
•
Les résultats scientifiques
En tout, 493 enfants ont été évalués par les 4 équipes. Les résultats préliminaires
démontrent que c’est principalement le groupe des 6 à 12 ans qui est touché par la
violence psychologique et ceux qui sont déjà sous la Protection de la jeunesse. Le
tiers des enfants ciblés vivent dans un foyer monoparental féminin. Les intervenants
ont surtout observé le profil du Parent brisé et la dynamique du Parent impuissant et
de l’Enfant terrible.
•
Les retombées sociales
Il est souhaité de la part des intervenants qu’une diffusion de l’outil se fasse dans
les milieux scolaires et juridiques pour aider leur travail. À ce sujet, une diffusion
plus large est déjà prévue au cours de la prochaine année à travers les CLSC et CJ
de la province et éventuellement dans le milieu scolaire et communautaire.
12
LES ACTIVITÉS DE
CONNAISSANCES
•
DIFFUSION
ET
DE
TRANSFERT
DES
La description des activités de publication
En ce qui concerne les activités de publication, la démarche enclenchée a donné
lieu à la diffusion d’un premier article de Malo et Gagné intitulé «Quand c’est à la
tête et au cœur que ça frappe… Développement d’un outil de dépistage des mauvais
traitements psychologiques envers les enfants» dans la revue Défi Jeunesse, revue
professionnelle du conseil multidisciplinaire du Centre jeunesse de Montréal (vol.
VIII, no 2, 21-27) en janvier 2002.
Un second article, présentement sous presse, paraîtra prochainement dans la revue
professionnelle du conseil multidisciplinaire du Centre jeunesse de la Montérégie,
L’Enjeu. Cet article, intitulé «Le mauvais traitement psychologique. Une
«nouvelle» manifestation d’un problème connu» paraîtra dans le cadre d’un numéro
spécial («Regards de chercheurs sur la violence»).
Le Guide de soutien à l’évaluation des mauvais traitements psychologiques a été
produit en décembre 2002 mais ne peut être diffusé qu’aux intervenants ayant suivi
la formation. Un protocole d’entente est cependant en voie d’être élaboré afin de
permettre également une diffusion restreinte à des chercheurs intéressés à suivre la
même formule.
Les publications scientifiques sont prévues pour le courant de l’année 2003.
•
La description des activités de communication
Outre la formation et l’implication active de plusieurs intervenants dans la
démarche elle-même, plusieurs présentations ont eu lieu auprès de divers milieux
de pratique :
¾ Gagné, Marie-Hélène, Claire Malo, Dominique Péarron, Nicole d’Astous. Quand c’est
à la tête et au cœur que ça frappe, ou comment dépister les cas de mauvais traitements
psychologiques. Communication présentée au Congrès conjoint de l’Association des
centres jeunesse et de l’Association des CLSC et des CHSLD du Québec, Québec, 2426 novembre 2002.
¾ Malo, Claire, Jacques Moreau, Marie-Hélène Gagné. La maltraitance psychologique.
Colloque (sur invitation) dans le cadre de la semaine des Centres jeunesse de
l’Outaouais. Université du Québec en Outaouais, octobre 2002.
¾ Gagné, Marie-Hélène, Claire Malo. Le mauvais traitement psychologique : une
«nouvelle» manifestation d’un problème connu. Conférence scientifique présentée aux
Centres jeunesse de la Montérégie, 28 mai 2002.
¾ Malo, Claire, Marie-Hélène Gagné. Élaboration d’un guide de soutien à l’évaluation
du risque de mauvais traitements psychologiques envers les enfants, colloque du
Groupe de recherche et d’action sur la victimisation des enfants (GRAVE), Val-David,
novembre 2001.
13
¾ Gagné, Marie-Hélène et Claire Malo. Quand c’est à la tête et au cœur que ça frappe…
Les mauvais traitements psychologiques envers les enfants, conférence dans le cadre
des déjeuners du Conseil multidisciplinaire du Centre jeunesse de Québec, Cap-Rouge,
novembre 2001.
¾ Gagné, Marie-Hélène, Claire Malo et Michel Carignan. Violence et mauvais
traitements psychologiques envers les enfants et les jeunes. Conférence présentée dans
le cadre des déjeuners du Conseil multidisciplinaire du Centre jeunesse de Québec,
Beauport, novembre 2001.
¾ Malo, Claire, Marie-Hélène Gagné et Michel Carignan. Quand c’est à la tête et au
cœur que ça frappe. Présentation d’un guide d’évaluation des mauvais traitements
psychologiques envers les enfants en phase d’élaboration, Journée d’échanges du
Conseil multidisciplinaire des Centres jeunesse de Montréal, Montréal, mai 2001.
¾ Malo, Claire et Marie-Hélène Gagné. Quand c’est à la tête et au cœur que ça frappe.
Bilan des connaissances sur les mauvais traitements psychologiques envers les enfants
et éléments de dépistage, atelier double, Congrès enfance-jeunesse-famille, ACJQ et
ACCQ, Québec, octobre 2000.
¾ Malo, Claire. Mauvais traitements psychologiques : pistes de dépistage des risques de
mauvais traitements psychologiques envers les enfants, atelier présenté à plus de 10
reprises, à diverses équipes des centres jeunesse de Montréal et de la Montérégie, de la
Direction de la protection de la jeunesse et du CLSC Sainte-Rose de Laval entre mai
2000 et janvier 2001.
De même, certaines présentations ont été effectuées auprès de pairs chercheurs, lors
de congrès nationaux et internationaux :
¾ Malo, Claire, Marie-Hélène Gagné. Screening of psychological maltreatment of
children: a tool that could help, rencontres bisanuelles du International society for the
study of behavioural development, affiche, Ottawa, août 2002.
¾ Gagné, Marie-Hélène. Organisation et direction du symposium Circonscrire, mesurer
et dépister la violence psychologique à l’endroit des enfants, tenu dans le cadre du 62e
congrès annuel de la Société canadienne de psychologie, Université Laval, Québec, 22
juin 2001.
¾ Gagné, Marie-Hélène et Claire Malo. Development of a screening tool for
psychological maltreatment of children, 9th Annual Meeting of the Society for
Prevention Research, affiche, Washington, États-Unis, mai 2001.
LES DÉMARCHES À VENIR
-
Financement additionnel (Institut universitaire pour diffusion restreinte et
Grave-Ardec pour diffusion provinciale) ;
Demande de subvention pour la validation scientifique de l’outil ;
Formation d’une équipe de formateurs ;
Formations à venir : 4 formations gratuites (de 20 personnes chacune) sont
prévues au printemps prochain, soit 2 pour les intervenants des CJM (i.e. aux 40
premiers inscrits), 1 pour les intervenants des CLSC (i.e. une place par CLSC)
14
et 1 pour le CLSC et le CJ de Québec. Ces formations serviront d’outil
promotionnel tout en permettant aux prochains formateurs de se familiariser
avec la formation. Ces formations gratuites seront publicisées à l’aide de
cartons publicitaires, envoyés à tous les CLSC et à tous les chefs de services CJ
concernés.
Face au vif intérêt manifesté dans les milieux concernés par le sujet, une diffusion
plus large de l’outil serait possible dans les prochaines années, dans tout le Québec
et dans l’Ouest canadien. Des démarches en ce sens sont présentement en cours.
•
La description des retombées sociales
Comme nous l’avons mentionné en introduction, les mauvais traitements
psychologiques envers les jeunes enfants sont difficiles à cerner parce qu’ils
laissent peu de traces visibles à court terme. De plus, plusieurs intervenants
estiment que la pratique actuelle ne tient que peu compte ou pas du tout de cette
forme d’abus envers les enfants, surtout si les mauvais traitements psychologiques
ne sont pas accompagnés d’autres types d’abus, d’où la difficulté de déterminer les
impacts présents et à venir dans la vie de ceux-ci.
La création de ce guide semble combler un manque d’outils en matière de mauvais
traitements psychologiques, impression encore renforcée par la réponse très
positive obtenue lors de la présentation du guide dans les milieux concernés. Il est
d’ailleurs souhaité de la part des intervenants qu’une diffusion de l’outil se fasse
dans les milieux scolaires et juridiques pour aider leur travail.
Sans être une panacée, le Guide de soutien à l’évaluation du risque de mauvais
traitements psychologiques envers les enfants soutient le travail de ces intervenants
en leur permettant, en premier lieu, d’évaluer la situation vécue par l’enfant puis, le
cas échéant, en suggérant des pistes d’intervention pour réduire les impacts négatifs
de ces mauvais traitements psychologiques, à court comme, nous l’espérons, à long
terme. Ayant été élaboré en collaboration étroite avec des intervenantes du Centre
jeunesse de Montréal et d’un CLSC, cet outil demeure sensible à la réalité
professionnelle des intervenants qui seront amenés à l’utiliser. La formation
obligatoire ajoute encore à la diffusion des connaissances et à la sensibilisation au
problème de la violence psychologique envers les enfants, tout en assurant une
utilisation adéquate du guide.
15
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