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La Lettre d’information de l’Iris n°259 > La Lettre d’information de l’Iris N°259 / Mercredi 2 juillet 2008 Publications Actualité stratégique en Asie ACTUALITÉ STRATÉGIQUE EN ASIE N°33 INDONÉSIE : À UN AN DES ÉLECTIONS, VERS UNE MOINDRE « QUIÉTUDE » ? Olivier Guillard, directeur de recherche à l’IRIS / 30 juin Un mois après la brutale augmentation des prix des carburants, alors que l’inflation (> 8% en 2008) et le renchérissement des produits de 1ère nécessité touchent les franges les plus exposées de la société (20% de la pop. sous le seuil de pauvreté), la mobilisation de la rue (étudiants ; musulmans radicaux) ne faiblit pas. TÉLÉCHARGEZ LA SUITE DE LA NOTE À L’ADRESSE SUIVANTE : http://www.iris-ffrance.org/docs/pdf/actu_asie/2008-0 06-3 30.pdf Regard sur l’actualité Retrouvez sur www.iris-france.org les points de vue des chercheurs de l’Iris sur l’actualité. Cette semaine : “Questions sur le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale ” - par Jean-Claude MALLET, Président de la Commission sur le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale, 2 juillet “L’impulsion politique de la présidence française de l’Union européenne” “L’état des relations franco-syriennes” “Europe : l’après Lisbonne...” - avec Béligh NABLI, 30 juin avec Barah MIKAÏL, 27 juin par Fabio LIBERTI, 26 juin Inscrivez-vous aux alertes audio et vidéo sur www.iris-france.org Dans la presse BARACK OBAMA EST-IIL LE CANDIDAT DE L’ÉCONOMIE ? Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 2 juillet C'est l'occasion de se pencher sur les divergences entre les deux candidats, et sur l’avantage dont semble bénéficier le camp démocrate sur ce thème. Malgré son jeune âge, Barack Obama fait ainsi figure de candidat de l’économie dans cette campagne. SUITE PAGE 3 L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE NE DEVRA PAS OCCULTER LA QUESTION PALESTINIENNE Pascal Boniface / La Croix / 1er juillet Le 13 juillet aura lieu à Paris le premier sommet de l’Union pour la Méditerranée. Le projet phare de Nicolas Sarkozy d’Union méditerranéenne a tout d’abord suscité des réserves en Europe. Berlin ne voulait pas que les pays du Sud de l’Europe aient le monopole des relations avec leurs voisins méditerranéens SUITE PAGE 4 CORÉE DU NORD : "POUR LA SURVIE DE SON RÉGIME, ELLE A ACCEPTÉ UN PLAN DE DÉNUCLÉARISATION” Pascal Boniface par Valérie Zoydo / 20 Minutes / 30 juin La Corée du Nord connaît une situation catastrophique sur le plan alimentaire. Pour la survie de son régime, elle a accepté dès octobre dernier un plan de dénucléarisation. SUITE PAGE 5 LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L'UE : "IL N'Y A QUE DES DOSSIERS PROBLÉMATIQUES" Fabio Liberti par Sibylle Laurent / Nouvel Obs.com / 30 juin Ce "non" irlandais au référendum sur le traité de Lisbonne reste l'un des principaux défis pour la présidence française. Ce refus va polluer le mandat français, car Paris a beaucoup réfléchi sur sa présidence en se plaçant dans une optique d'entrée en vigueur du texte. Les priorités de la France ont été élaborées avant ce "non". SUITE PAGE 6 JOHN MCCAIN EST-IIL LE CANDIDAT DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ? Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 26 juin Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine sont atypiques, et l’un comme l’autre ne manquent pas d’arguments de poids. Mais souvent sur des questions distinctes. SUITE PAGE 7 UPM : “SARKOZY POURRAIT PÊCHER PAR EXCÈS D'OPTIMISME” Barah Mikaïl par Amine Esseghir / Les Débats / 25 juin Les paris ne peuvent être qu'hasardeux, c'est pourquoi j'ai personnellement des réticences à les tenter. Cela dit, on voit d'ores et déjà s'organiser une forme de polarisation. SUITE PAGE 8 Détails pages 10 et 11 Médias > TÉLÉVISION La présidence française de l’UE Fabio Liberti par Al Arabyia (01/07) L'Europe et le foot Pascal Boniface par François Rabilloud (LCI, 30/06) North Korea and the nuclear process Story, Olivier Guillard par France 24 (27/06) > RADIO Gibraltar : la dernière colonie d'Europe Décryptage, J.-J. Kourliandsky par Corinne Mandjou (RFI, 02/07) La présidence française de l’UE Fabio Liberti par Radio classique (01/07) Les procédures judiciaires en Turquie Didier Billion par RFI (01/07) La situation en Afghanistan Jean-Vincent Brisset par Pierre Boussel (Médi 1, 01/07) Les négociations israélo-ssyriennes Barah Mikaïl par Radio Alger (01/07) La réouverture du point de passage de Gaza Barah Mikaïl par Pierre Boussel (Medi 1, 30/06) La décision de la Cour Suprême sur le port d'arme Charlotte Lepri par BFM (27/06) 3èmes Cycles Médias INSTITUT PRIVÉ DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES La Lettre d’information de l’Iris n°259 diplômes de niveau Bac +4 et Bac +5 OUVERTURE DES INSCRIPTIONS POUR 2008-09 IPRIS 1ère année - Niveau Bac +4, accessible après une licence > DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES FONDAMENTALES RELATIONS INTERNATIONALES IPRIS 2ème année - Niveau Bac +5, accessible après une maîtrise ou un Master 1 > DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES RELATIONS INTERNATIONALES > DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES GÉOÉCONOMIE ET INTELLIGENCE STRATÉGIQUE > DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES QUESTIONS STRATÉGIQUES EUROPÉENNES > DIPLÔME PRIVÉ D’ÉTUDES SUPÉRIEURES ACTION INTERNATIONALE ASSOCIATIVE ET COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE > DIPLÔME PRIVÉ D’ÉTUDES SUPÉRIEURES LES MÉTIERS DE L’HUMANITAIRE Présentation de l’école et de nos programmes, demandes de dossier d’inscription sur www.iris-france.org La course au vice-p président, enjeu crucial pour les candidats McCain et Obama Barthélémy Courmont par Cécile Dehesdin (Le Monde.fr, 25/06) Les déclarations nord coréennes sur le programme nucléaire militaire Jean-Vincent Brisset par Pierre Boussel (Médi 1, 25/06) Sarkozy en Israël Karim Bitar par Radio classique (24/06) > PRESSE ÉCRITE La Pologne et le Traité de Lisbonne Fabio Liberti par - Sud Ouest (02/07) - Le Quotidien de la République Pologne (02/07) Le drame de Carcassone et l’armée Jean-Vincent Brisset par 20 Minutes.fr (30/06) Le pétrole fonde-tt-iil une diplomatie ? Barah Mikaïl par Jacques-Hubert Rodier (Les Echos, 27/06) Quel sérieux pour les propositions de normalisation francosyrienne ? Barah Mikaïl pour Aljazeera.net (26/06) Obama et la peine de mort Charlotte Lepri par 20 Minutes.fr (26/06) Le nucléaire et la Corée du Nord Jean-Vincent Brisset par l’AFPEspagne (26/06) INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES - Tél : 01 53 27 60 60 Rédactrice en chef : Gwenaëlle SAUZET / Directeur de la publication : Pascal BONIFACE Le Sommet UE-R Russie Laure Delcour par RIA Novosti Russie (25/06) Sarkozy en Israël Karim Bitar par Libération.fr (24/06) Partenariat LES VOYAGES GÉOPOLITIQUES DE L'IRIS AVEC TERRE ENTIÈRE L'IRIS est associé à Terre Entière sur plusieurs séjours culturels que nous vous invitons à découvrir sur www.terreentiere.com Abonnement Désinscription sur simple demande à : [email protected] / Points de vue La Lettre d’information de l’Iris n°259 BARACK OBAMA EST-IIL LE CANDIDAT DE L’ÉCONOMIE ? Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 2 juillet C'est l'occasion de se pencher sur les divergences entre les deux candidats, et sur l’avantage dont semble bénéficier le camp démocrate sur ce thème. Malgré son jeune âge, Barack Obama fait ainsi figure de candidat de l’économie dans cette campagne, et même les milieux financiers semblent plus réceptifs à sa candidature qu’à celle de John McCain, qui ne cache pas ses carences sur ce terrain, mais ne s’avoue cependant pas vaincu. Un programme de réformes dans le domaine économique et social Quand l’économie va mal, les Démocrates ont l’avantage… Ce pourrait presque être un adage outre-Atlantique. Lors des scrutins récents, quand les indicateurs économiques étaient au rouge, les Démocrates bénéficièrent d’un avantage souvent décisif. On pense à la première élection de Bill Clinton en 1992, et plus récemment aux élections mi-mandat de novembre 2006. L’économie étant actuellement fragile aux Etats-Unis, les Démocrates bénéficient d’un terrain favorable, là où le scrutin de 2004 portait plus sur la sécurité, thème cher aux Républicains. Le programme de Barack Obama est essentiellement tourné vers les réformes économiques et sociales : favoriser l’accès aux soins médicaux aux plus démunis, garantir une assurance maladie au plus grand nombre, une opposition aux baisses d’impôts initiée par l’administration Bush, et qui à son avis n’aurait été bénéfique qu’aux Américains les plus riches, augmenter le salaire minimum, ou aider les petites entreprises en diminuant les impôts sur les sociétés employant un seul salarié. En réponse à la crise des Subprime, Obama souhaite améliorer les conditions de l’accès au logement pour les revenus les plus modestes en créant un fond public. Il souhaite par ailleurs développer le crédit d’impôt sur le revenu pour les plus bas salaires et le crédit d’impôt pour familles nombreuses. Des propositions qui font mouche dans un contexte de morosité, et lui ont permis de s’imposer face à Hillary Clinton. Dans ce contexte, Barack Obama a tout intérêt à poursuivre sa campagne active sur le terrain de l’économie, en fustigeant le bilan des deux administrations républicaines (et pas uniquement du président Bush). Et le soutien des anciens membres de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton, s’il lui permet de combler son retard en matière de politique étrangère (avec des figures comme Madeleine Albright, William Perry, ou même Hillary Clinton), gonfle également son profil de candidat de l’économie. On pense notamment à Bill Clinton, qui lui apporte désormais un soutien sans faille. Plus qu’un candidat démocrate, c’est donc tout le parti de l’âne qui semble se présenter en ordre serré dans cette campagne, avec des arguments de poids pour mobiliser l’électorat, et séduire les indépendants mécontents du bilan économique des Républicains. Une candidature portée par la vague du changement ? John McCain cherche à combler son déficit Le changement est le mot d’ordre de cette élection, tant chez les Démocrates, soucieux de refermer la parenthèse de huit années de gestion républicaine, que chez le candidat républicain, qui souhaite se démarquer de l’administration sortante pour éviter de faire les frais de son impopularité. Sur cette question, Obama dispose d’un avantage de poids sur McCain, celui d’avoir été le premier à imposer le thème du changement dans ses slogans de campagne. Il est même devenu, grâce aux Primaires démocrates, le symbole de ce changement, tandis que ses adversaires politiques tentaient de lui emboîter le pas. Contraint de s’adapter, McCain fait également du changement l’un de ses thèmes de campagne, mais avec moins de succès. Par ailleurs, et c’est un détail important, Obama est apparu à l’occasion des Primaires démocrates comme le candidat des classes moyennes, voire supérieures, tandis qu’Hillary Clinton bénéficiait d’un soutien plus important chez les ouvriers et les plus démunis. A l’inverse de la plupart des démocrates, il n’apparaît donc pas comme un candidat privilégiant exclusivement les plus démunis, et ne s’aliène pas ainsi le soutien des chefs d’entreprises et des milieux financiers. John McCain a compris que sa candidature souffre la comparaison avec celle d’Obama sur le terrain de l’économie, au point de lui être fatal s’il ne parvient pas à combler son retard. Même au sein du parti républicain, des voix s’élèvent pour critiquer son manque d’expérience sur ce terrain. Conscient de ce handicap, il a choisi pour conseillère l’ancien PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, qui fait de son mieux pour lui donner des gages de compétence en économie, et attaquer de front Obama, notamment en l’accusant de se laisser aller à des propositions qu’il ne pourra transformer en réformes. John McCain pourrait également tenter d’axer son programme politique autour des questions de politique étrangère et de sécurité, où il a priori plus à l’aise que son adversaire. Mais cela n’est pas sans risque, et ne fonctionnera que si les électeurs y sont réceptifs. / Points de vue La Lettre d’information de l’Iris n°259 L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE NE DEVRA PAS OCCULTER LA QUESTION PALESTINIENNE Pascal Boniface / La Croix / 1er juillet Le 13 juillet aura lieu à Paris le premier sommet de l'Union pour la Méditerranée. Le projet phare de Nicolas Sarkozy d'Union méditerranéenne a tout d'abord suscité des réserves en Europe. Berlin ne voulait pas que les pays du Sud de l'Europe aient le monopole des relations avec leurs voisins méditerranéens. Aujourd'hui, certains pays arabes regrettent un élargissement qui leur paraît diluer géographiquement un peu trop le projet initial. Ils se réjouissent néanmoins que le caractère stratégique de la Méditerranée soit fortement réaffirmé et qu'une nouvelle priorité lui ait été accordée. Autres motifs de réticence du Sud : la crainte que la dimension sécuritaire soit réduite à la lutte contre le terrorisme, que le projet soit trop restrictif pour ce qui est des flux migratoires. Enfin, ils émettent des réserves sur un projet qui leur paraît faire la part belle à Israël. Le projet lui permet d'apparaître comme un partenaire normal des pays arabes sans qu'il n'y ait de véritable perspective de règlement du conflit israélo-palestinien. Le processus de Barcelone a échoué en partie à cause du blocage du processus de paix. Nicolas Sarkozy a voulu lancer le projet d'Union méditerranéenne, entre autre pour le contourner. L'idée était de lancer des projets de coopération concrets qui ne seraient pas otages du conflit. Faut-il attendre la fin du conflit israélo-palestinien pour lutter contre la pollution en Méditerranée ? Assurément non ! Mais peut-on lancer des coopérations avec Israël en laissant la question palestinienne de côté, comme si de rien n'était ? Impossible pensent la plupart des pays arabes. La comparaison qui a été faite entre l'Union pour la Méditerranée et l'Union européenne n'est pas pertinente. Si les pays européens ont pu développer ensemble des projets concrets, c'est qu'ils avaient auparavant décidé de faire la paix. Les projets comme la mise en commun du charbon et de l'acier sont venus conforter cette paix. Ils n'en étaient cependant pas la condition mais bel et bien le résultat. Les projets aussi importants, aussi utiles soient-ils, de coopération pour la Méditerranée auront des résultats limités tant que le conflit israélo-palestinien ne sera pas en voie de résolution. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs reconnu le caractère central de ce conflit, ce qu'il ne faisait pas avant de lancer son projet. C'est le paradoxe de la relation entre le conflit israélopalestinien et la coopération en Méditerranée. Son importance stratégique majeure risque d'éclipser tout le reste. D'où la tentation de dissocier les deux dossiers et d'occulter la question palestinienne des problèmes de coopération en Méditerranée. D'ailleurs le conflit n'est-il pas moins visible aujourd'hui ? Ne peut-on pas s'accommoder de la situation existante qui se rapproche d'un conflit de très basse intensité ? Cette tentation est forte chez les pays occidentaux, en Israël, et trouve un écho chez certains gouvernements arabes. Les opinions publiques du Sud rejetteront l'Union pour la Méditerranée si elles ont le sentiment que son objectif, ou son effet, seront de " confiner " le conflit actuel et d'entériner sa perpétuation. Les gouvernements arabes soit partagent ce sentiment, soit doivent en tenir compte. Du coup, invitée à quitter la table pour ne pas gêner les agapes, la question palestinienne revient en force à la demande de certains convives, dont la présence est indispensable au succès de l'opération. Certains pays arabes menacent de boycotter au niveau des Chefs d'Etats et des gouvernements le premier sommet afin de ne pas donner l'impression de reconnaître implicitement Israël. Ils redoutent de donner des avantages unilatéraux à l'Etat hébreu en donnant le sentiment de normaliser leurs relations avec lui sans qu'il y ait des efforts suffisants pour avancer vers le processus de paix. Ils ne peuvent accepter une coopération normale avec Israël si la situation dans les territoires palestiniens reste aussi détériorée et qu'il n'y a aucune perspective concrète de paix, ni d'amélioration de la situation quotidienne des Palestiniens auxquels leurs citoyens sont extrêmement sensibles. Ces pays arabes pourraient cependant faire un autre choix en décidant collectivement de venir à Paris et de poser sur la table la question israélo-palestinienne. Les pays de la Ligue des Etats arabes ont d'ores et déjà proposé à Israël un plan de paix prévoyant sa reconnaissance, un engagement quant à sa sécurité, en échange de la création d'un Etat palestinien, et de Jérusalem comme capitale des deux Etats. Pourquoi les pays méditerranéens de la Ligue des Etats arabes ne décideraient pas de venir ensemble proposer solennellement de nouveau ce plan à Paris le 13 juillet en prenant les pays européens à témoin ? Israël sera ainsi amenée à répondre publiquement. La politique de la chaise vide n'est peut-être pas la meilleure attitude. La participation n'est pas forcément l'acquiescement tacite de la poursuite du conflit. Une participation active pourrait au contraire permettre de recréer du lien entre coopération méditerranéenne et conflit israélo-palestinien, non plus dans le sens du blocage, mais dans celui d'avancées dialectiques. Pascal Boniface est directeur de l'IRIS. Il vient de publier " L'Atlas du monde global " (Armand Colin/Fayard). La Lettre d’information de l’Iris n°259 / Points de vue CORÉE DU NORD : "POUR LA SURVIE DE SON RÉGIME, ELLE A ACCEPTÉ UN PLAN DE DÉNUCLÉARISATION” Pascal Boniface par Valérie Zoydo / 20 Minutes / 30 juin Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé lundi qu'il allait quadrupler son aide alimentaire pour secourir plus de cinq millions de NordCoréens victimes de pénuries alimentaires chroniques. Dimanche 37.000 tonnes de blé sont arrivés à Pyongyang en provenance des Etats-Unis. Cette cargaison constitue la première tranche d'une aide de 500.000 tonnes de nourriture promise par Washington. Explications de Pascal Boniface, géopolitologue et co-auteur avec Hubert Védrine de "L'Atlas du monde global" aux éditions Armand Colin. Cette aide onusienne arrive quelques jours après que la Corée du Nord a remis jeudi un inventaire de ses activités nucléaires. Elle figurait jusqu'alors sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme et ne pouvait bénéficier d'aide américaine, ni de prêts d'organisations internationales. Ces deux événements sont liés ? La Corée du Nord connaît une situation catastrophique sur le plan alimentaire. Pour la survie de son régime, elle a accepté dès octobre dernier un plan de dénucléarisation. En s'engageant dans ce processus, elle avait comme garantie que ni les Etats-Unis, ni la Corée du Sud ne renverserait son régime. La Corée du Nord n'a pas eu le choix? La famine commençait à sévir en Corée du Nord. La hausse des prix des denrées alimentaires augmentait fortement, et la production n'augmentait pas. Il devenait urgent de faire lever les sanctions des Etats Unis et des organisations internationales. La Chine a joué un rôle-cclé pour amener la Corée du Nord à déclarer ses programmes nucléaires. Quel était son intérêt ? La Chine voulait apparaître comme un pays qui joue un rôle positif sur le plan international. Elle voulait montrer une voix chinoise de médiation en prouvant qu'une grave crise impliquant un problème nucléaire pouvait avoir une autre issue que celle de l'Irak. Enfin, un nouveau conflit régional proche de ses frontières aurait déstabilisé l'économie chinoise, et par ricochet le régime politique, sans oublier les millions de réfugiés nord-coréens qui auraient émigré en Chine. Peut-o on faire confiance à la Corée du Nord ? On ne peut pas lui signer un chèque en blanc. Il s'agit d'un régime totalitaire, habitué à revenir sur ses engagements. Il faut surveiller de près l'exécution de ses promesses. / Points de vue La Lettre d’information de l’Iris n°259 LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L'UE : "IL N'Y A QUE DES DOSSIERS PROBLÉMATIQUES" Fabio Liberti / Nouvel Obs.com / 30 juin Nicolas Sarkozy prend mardi 1er juillet la présidence du Conseil européen. On parle beaucoup du "non" irlandais au traité de Lisbonne qui va être un problème auquel va devoir faire face la France. Mais quels sont les autres défis auxquels Nicolas Sarkozy va être confrontés ? Ce "non" irlandais au référendum sur le traité de Lisbonne reste l'un des principaux défis pour la présidence française. Ce refus va polluer la mandat français, car Paris a beaucoup réfléchi sur sa présidence en se plaçant dans une optique d'entrée en vigueur du texte. Les priorités de la France ont été élaborées avant ce "non". Il va falloir trouver et proposer une sortie de crise valable à cette situation de blocage institutionnel. Après le rejet de traité par les Irlandais, les 27 devaient s'accorder sur la position à adopter vis-à-vis du traité, sur la poursuite du processus de ratification. Faute d'avoir trouvé un accord valable, l'examen du dossier a été reporté en octobre, lors de la prochaine réunion du Conseil européen. Le pire des scénarios serait que les dirigeants décident de ne rien décider. Beaucoup d'Etats européens ont par ailleurs une tradition d'euroscepticisme, comme le Royaume-Uni, ou la République Tchèque, et pourraient utiliser ce "non" pour bloquer les actions européennes. La vraie problématique est en fait le manque de courage, le manque d'une vision d'avenir des dirigeants européens. Il ne faut pas avoir peur d'avancer à plusieurs vitesses, car il y a des réussites européennes, qui se concrétisent dans la vie de tous les jours des citoyens européens, comme l'euro, l'espace Schengen. Il faut sortir de l'ambiguïté, du débat implicite entre les tenants d'une Europe fédérale et ceux qui sont juste pour un marché commun. Ce débat est une force centrifuge qu'on devrait peut-être affronter, pour finalement avancer. Que peut-o on dire justement des priorités que Paris s'est donné pour ses 6 mois de présidence : énergie et environnement, Europe de la défense, pacte européen pour l'immigration et agriculture ? Paris est parti sur des bases très ambitieuses. Cela est normal, car la France est l'un des pays fondateurs de l'Europe. Cependant à partir du mois de mars, on a pu noter des changements de ton dans les déclarations faites par Nicolas Sarkozy, afin sans doute de gommer son image d'arrogance, répandue en Europe. Les priorités que s'est fixée la France sont en plus loin d'être consensuelles, hormis celle sur l'immigration. Je vais les reprendre en quelques mots chacune. - Sur l'immigration, le projet est de faire adopter un pacte européen : uniformisation du droit d'asile, adoption de règles communes sur l'immigration clandestine, établissement d'un principe européen de contrat d'intégration, comme approfondir la langue du pays ou ses coutumes. L'Italie et l'Espagne sont très concernées par ce problème, car elles connaissent des débarquements massifs d'immigrés clandestins. Les sensibilités diffèrent totalement de celles de la France sur cette question. L'immigration se fait de manière spontanée, dans une tradition de laissez-faire et est considérée de manière positive. En Espagne, le gouvernement de José Luis Zapatero a procédé à des légalisations massives d'immigrés clandestins. La crainte est justement que ce pacte s'oppose à ces régularisations massives. Par ailleurs, pendant la campagne législative en février, le candidat Mariano Rajoy du Parti populaire espagnol a prôné un "contrat d'intégration" pour les immigrés, une position qui a été totalement rejetée lors des élections. On voit donc mal comment ce pacte pourrait être accepté maintenant. Ces différends mis à part, l'immigration reste un des dossiers les plus consensuels. - Le paquet énergie-climat est lui aussi très important, et sur ce point, devra composer avec les réticences de Berlin. L'objectif est ici de préparer une grande rencontre européenne, qui aura lieu sous la future présidence suédoise, dans un an, et qui poserait les bases de l'après-Kyoto. La France voudrait développer le nucléaire civil, tandis que l'Allemagne exclut au contraire tout accord sur le sujet. Elle penche pour un développement des énergies renouvelables. - Sur la question de la politique agricole commune (PAC), la France veut une refonte générale et rapide de la PAC et de son financement. Cela passe par la réforme des budgets de l'Union européenne. Seulement, le redéploiement des crédits fait grincer des dents, notamment le Royaume-Uni qui bénéficie d'un rabais dans la contribution que le pays verse au budget européen. - Sur la défense enfin, la France a décidé de réintégrer l'OTAN. L'idée est de normaliser les relations France-OTAN, afin de pouvoir parvenir à un renforcement de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense), qui ne serait pas perçue comme allant à l'encontre des intérêts américains. Si l'Espagne, l'Ialie, l'Allemagne voient cette position plutôt d'un bon œil, ce n'est pas le cas du Royaume-Uni, dont l'accord est pourtant nécessaire. Gordon Brown est en effet très affaibli dans son pays. Des élections générales ont lieu en 2009 et durant la campagne électorale difficile qui s'annonce pour lui, il est peu probable qu'il soit prêt à faire des concessions en matière de PESD. Il n'y a que des dossiers problématiques, il va être dur de faire l'unanimité en Europe sur l'ensemble de ces points. "Les Français, qui ne sont pas modestes, croient que la présidence de l’Union consiste à diriger l’Europe", a dit Valéry Giscard d'Estaing. Nicolas Sarkozy en tant que président du Conseil européen va-tt-iil avoir un réel pouvoir ? La France a-ttelle des alliés au sein de l'Europe ? Les présidents du Conseil européen ont pour seul objectif de fixer des priorités et des trouver des compromis. Cette présidence va aussi beaucoup tenir à la personnalité de Nicolas Sarkozy. L'Union européenne a toujours beaucoup plus avancé dans les moments de crise. Le dynamisme du président français pourrait donc être un atout pour la prise de décision. Car je le répète, le scénario catastrophe serait que rien ne soit décidé à l'issue de cette présidence européenne. Il faut que se créée une réelle volonté d'avancer entre les dirigeants européens. Il faut un certain courage politique, c'est vrai. Mais il faut arrêter de toujours rejeter la faute sur Bruxelles lorsqu'il y a un blocage, de critiquer son inaction : Bruxelles est une institution, elle a les pouvoirs que lui ont votés les Etats-membres dans les traités qu'ils ont rédigés. Les alliés de la France varient un peu selon les sujets, comme je l'ai expliqué plus haut. Une chose est sûre : la négociation à 27 est difficile, car chacun défend ses intérêts. Le risque est ainsi de n'obtenir que des compromis au rabais, qui déçoivent l'opinion publique européenne, et qui montrent encore une fois l'illisibilité des décisions européennes. / Points de vue La Lettre d’information de l’Iris n°259 JOHN MCCAIN EST-IIL LE CANDIDAT DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ? Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 26 juin Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine sont atypiques, et l’un comme l’autre ne manquent pas d’arguments de poids. Mais souvent sur des questions distinctes. Si Barack Obama est ainsi souvent perçu comme bénéficiant d’un avantage sur le terrain de l’économie, John McCain est présenté comme un meilleur candidat en matière de politique étrangère. A tort ou à raison, seul l’avenir le dira. McCain a en tout cas compris que c’est sur la politique étrangère qu’il bénéficie d’un avantage sur Obama, et qu’il a tout intérêt à mettre l’accent sur les différences entre les deux candidats. Ses critiques sur l’isolationnisme de son adversaire, dans un discours prononcé au Canada, et ses piques sur la naïveté d’Obama sur l’Irak ou la relation avec les Etats voyous, à l’instar d’Hillary Clinton lors des Primaires démocrates, sont révélatrices de sa confiance sur ce terrain. Le poids de l’expérience et du prestige Plus que son âge (qui pourrait être un handicap), c’est l’expérience qui distingue John McCain de son adversaire. Ses actions au sénat, un engagement politique de trente ans et des soutiens de figures importantes de la politique étrangère américaine sont des avantages de poids. A cela vient s’ajouter une reconnaissance à l’extérieur. Il fait par ailleurs preuve d’un pragmatisme en matière de politique étrangère (au risque de s’aliéner le soutien des néoconservateurs) qui n’est plus à démontrer, et que sa campagne ne fait pour le moment que confirmer. Il se distingue en cela nettement de l’administration sortante, et ce n’est pas un hasard. Il sait en effet que le bilan de politique étrangère des années Bush est globalement négatif, et plutôt que de chercher à ignorer ces questions, il a choisi de les aborder de front, se démarquant du président sortant, mais réaffirmant dans le même temps son désir de voir les Etats-Unis continuer à jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. John McCain bénéficie par ailleurs d’un important prestige dû à son profil de héros militaire. Sans doute l’un des plus grands héros américains des dernières décennies. Son expérience au Vietnam et son engagement politique jouent ainsi en sa faveur. Le premier président expert en politique étrangère depuis George Bush père ? George Bush père pouvait se targuer, lors de sa prise de fonction, d’une expérience hors du commun en matière de politique étrangère (vice-président pendant huit ans, ancien directeur de la CIA, ancien ambassadeur à l’ONU, en poste à Pékin…). A l’inverse, ses deux successeurs, Bill Clinton et George W. Bush n’avaient aucune expérience des dossiers de politique étrangère lorsqu’ils accédèrent à la fonction suprême. Ce n’est qu’une fois installés dans le Bureau Ovale qu’ils ont endossé le costume de commandant en chef de la première puissance mondiale, et imposé leur vision de la politique étrangère. John McCain n’a pas l’expérience de George H. Bush, mais il serait, en cas de succès, le président américain le mieux affûté lors de sa prise de fonction sur ces questions sensibles depuis Bush père ce qui, dans une période particulièrement difficile pour Washington à l’extérieur, avec des dossiers sensibles en nombre, pourrait s’avérer être un avantage de poids, qu’il mettra certainement en avant lors des débats télévisés avec son adversaire à l’automne prochain. Avec, souhaitons-lui, plus de succès que Bush face à Clinton en 1992 ! En d’autres termes, John McCain a tout intérêt à faire de la politique étrangère une question centrale pour cette élection. Un pari risqué, quand on sait que les Américains sont traditionnellement plus préoccupés par les questions internes, mais un pari qui a fait mouche lors des primaires. Le pari irakien McCain doit aussi son avantage sur son adversaire en matière de politique étrangère au pari presque insensé qu’il a fait sur l’Irak, dès le début des Primaires républicaines. A contre-courant de l’opinion publique, et de manière plus courageuse que ses adversaires républicains, il fit de la guerre en Irak l’un des principaux points de sa campagne, en promettant une victoire au cas où il accèderait à la Maison-Blanche. Le sénateur de l’Arizona a compris que si les Américains souhaitent un retrait rapide d’Irak, ils craignent la défaite, et à l’inverse de ses adversaires, force est de constater que McCain dispose d’un véritable plan : un retrait progressif, mais pas précipité, et une intensification de la lutte contre les rebelles afin de favoriser un transfert de responsabilités en direction des Irakiens. Force est de constater que son pari s’est avéré payant, et que l’amélioration, certes encore précaire, de la situation en Irak lui est pour le moment favorable. Obama l’a compris, et après avoir fustigé McCain sur sa politique irakienne, se montre désormais plus mesuré, et admet qu’un retrait top rapide ne serait pas forcément la meilleure option. Les atouts de Barack Obama Face à McCain, il serait erroné de voir en Barack Obama un mauvais candidat sur les questions de politique étrangère. En réponse à l’expérience de son adversaire, Obama oppose une vision de la place de l’Amérique dans le monde, autour de la nécessité d’améliorer l’image de Washington à l’extérieur. Un objectif que ne renie pas McCain, mais sur lequel le jeune sénateur de l’Illinois se montre mieux placé. En témoigne son immense popularité hors des Etats-Unis. Et sur des dossiers sensibles comme l’Iran, le Moyen-Orient ou la relation avec Cuba, Obama se montre lui-aussi pragmatique. La stratégie du candidat démocrate semble finalement assez simple : ne pas trop se distancer de McCain sur la politique étrangère, afin de pouvoir porter l’attention sur les divergences en matière de politique économique. / Points de vue La Lettre d’information de l’Iris n°259 UPM : “SARKOZY POURRAIT PÊCHER PAR EXCÈS D'OPTIMISME” Barah Mikaïl par Amine Esseghir / Les Débats / 25 juin Peut-on déjà parler d'échec de l'UPM ? Il semble qu'il faille absolument laisser le temps au temps et que la visibilité est difficile autant pour les observateurs que les participants au sommet du 13 juillet. Barah Mikaïl * essaye de mettre en lumière les éléments tangibles qui esquissent ce que sera justement l'UPM. Il est beaucoup question, en ce moment, de la participation ou non de l'Algérie (mais aussi d'autres pays de la rive sud de la Méditerranée) au sommet du 13 juillet à Paris. Pouvons-n nous déjà prendre "des paris" sur qui viendra et qui ne viendra pas ? Les paris ne peuvent être qu'hasardeux, c'est pourquoi j'ai personnellement des réticences à les tenter. Cela dit, on voit d'ores et déjà s'organiser une forme de polarisation qui touche pour beaucoup, mais pas exclusivement, à la disposition qu'ont ou non certains des dirigeants du sud de la Méditerranée à assister à un sommet auquel seront présents des représentants politiques israéliens. Une telle situation laisse ainsi posée la question de la participation de bien des représentants arabes de la région, à commencer par la Syrie. De la même manière, le colonel libyen Mammar El-Kaddafi a d'ores et déjà fait valoir ses appréhensions devant le projet d'Union pour la Méditerranée, qu'il assimile à une tentation néo-coloniale de la part de l'Union européenne, et de la France plus précisément. Cela dit, si la participation de la Syrie et de la Libye comptent encore à ce jour au rang des claires incertitudes liées à ce sommet du 13 juillet, je crois que de manière générale, les autres des Etats sud-méditerranéens auront de fortes chances de marquer leur désir d'être présents ce jour-là. Mais il ne faut pas pour autant s'attendre à ce que tous se fassent représenter à très haut niveau. Faut-iil s'arrêter aux seuls arguments affichés justifiant les hésitations de pays comme l'Algérie, ou bien effectivement le projet est peu clair (à l'image du Grand Moyen-O Orient), voire bâclé, au point de susciter des craintes chez les dirigeants arabes particulièrement ? Le projet est effectivement très peu clair à ce jour, et c'est sur cette ambiguïté que jouent certains Etats du sud de la Méditerranée pour faire valoir leur réticence à participer à un sommet dont les enjeux ne sont pas pleinement clarifiés. Nicolas Sarkozy, au même titre que les Européens de manière générale, auraient beaucoup gagné à insister sur deux points : leur attachement à prendre en compte l'ensemble des soucis, craintes et suggestions de leurs homologues méridionaux ; et leur insistance sur le fait que l'UPM n'est en rien un moyen de repousser la résolution du conflit israélo-palestinien à une échéance lointaine, ni même une manière pour eux de détourner les Turcs de leurs ambitions européennes. Certes, les temps ne sont pas encore à la possible fédération des gouvernements du sud de la Méditerranée autour d'un seul et même projet politique, et les sommets régulièrement chaotiques de la Ligue arabe en sont la meilleure preuve. Cela dit, on ne peut qu'être compréhensifs devant le peu d'enthousiasme affiché par la majorité des gouvernements du sud de la Méditerranée, qu'endossent d'ailleurs à leur tour certains des pays de l'UE. Il est en effet plus qu'hasardeux de demander à un acteur politique, quelle que soit sa bonne volonté, de faire un saut dans l'incertain. Peut-o on supposer que le président Sarkozy s'attendait - au vu de son enthousiasme à Alger, Tanger et Tunis - à un rejet, ou du moins à des atermoiements de la part des pays arabes et plus particulièrement maghrébins à propos de son projet ? J'ose espérer que le Président français, aussi enthousiaste puisse-t-il paraître devant ce projet, a au moins des conseillers qui savent lui exposer les réalités politiques inhérentes à la rive sud de la Méditerranée. On peut certes faire crédit à Nicolas Sarkozy de vouloir dépasser les appréhensions mutuelles des sud-méditerranéens et de les encourager à aller vers un horizon prometteur. Mais la nature de ses déplacements régionaux, et plus particulièrement la teneur des discours qu'il a pu prononcer jusqu'ici lors de ses séjours officiels dans les pays du Maghreb, ont prouvé qu'il était capable de développer une rhétorique adaptée aux attentes de ses interlocuteurs. Ce seul point prouve en soi qu'il est conscient de la variété, voire de l'antagonisme des référents prévalant côté sud-méditerranéen. Reste à voir s'il ne pêchera finalement pas par excès d'optimisme, ce qui semble bien parti. Faut-iil croire que le rejet par les dirigeants des pays du sud, et plus particulièrement de l'Algérie, du projet de l'Union pour la méditerranée soit une occasion ratée ? Gardons-nous d'énoncer des conclusions hâtives pour l'heure. Les embûches ne manquent pas, bien entendu, et personne ne saurait parler d'un succès annoncé pour l'UPM. Dans le même temps, rien ne permet encore d'affirmer que les homologues méridionaux de la France et de l'UE soient disposés à mettre pleinement en échec l'ensemble du projet. De la réunion du 13 juillet, des arguments éventuellement développés par les uns et par les autres, et de la mise en place concrète de dispositions, découleront tout simplement les motifs d'optimisme et/ou de pessimisme que nous aurons à afficher pour ce qui relève de l'avenir de ce projet méditerranéen. Une fois encore, on ne saurait entretenir, pour l'instant, de grands espoirs devant ce qui se profile en termes de mise en place de structures et de bases renouvelées pour l'avenir des relations euroméditerranéennes ; mais la prudence et la rigueur rendent aventureuse l'énonciation d'un diagnostic manquant d'éléments probants. Il faut tout simplement laisser le temps au temps, et il conviendra de juger sur pièce. Une telle union est-e elle porteuse de promesses d'émancipation et démocratisation pour les peuples des pays de la rive sud ? Dans l'absolu, force est de constater que non. C'est bien entendu tout l'espoir de Nicolas Sarkozy que de vouloir initier des impulsions positives au sein d'une région qui souffre d'un manque de démocratie et qui pâtit de perspectives plus qu'inquiétantes pour ce qui relève de son actualité et de son avenir économiques et sociaux. Mais les logiques ancrées dans le paysage sud-méditerranéen répondent à tant de motifs et critères différents qu'il serait tout à fait illusoire de croire en un enchaînement de bouleversements positifs que pourrait entraîner ce projet d'UPM ; feu le projet de Grand Moyen-Orient édicté il y a quelques années par les Etats-Unis en a été l'une des meilleures preuves. S'ajoute à cela le fait qu'une ouverture franche du champ politique dans une majorité des pays du sud de la Méditerranée aurait de fortes chances de favoriser la montée en puissance de formations islamistes, ce qui ne serait absolument pas du goût de la majorité des membres de l'UE. Il faut donc prendre le projet d'UPM pour ce qu'il est dans l'immédiat ; à savoir une volonté de la France de prendre les devants dans la redéfinition de ses relations et de celles de l'UE avec le voisinage sud-méditerranéen. A ce titre, force est de constater que lutte contre le terrorisme et contre l'immigration clandestine sont des préoccupations beaucoup plus présentes dans l'esprit des concepteurs du projet d'UPM, qui rejoignent leurs prédécesseurs et initiateurs du processus de Barcelone de 1995. Les questions d'émancipation et de démocratisation devront pour leur part attendre… une fois encore. *Barah Mikaïl est chercheur à l'IRIS et enseignant à l'université Paris-VIII. Il est titulaire d'un DEA en Ssciences politiques ainsi que d'un DESS en coopération internationale, d'une maîtrise de relations internationales et d'une maîtrise d'arabe. Il prépare actuellement une thèse sur la politique américaine au MoyenOrient des origines à nos jours, ainsi que sur les enjeux géopolitiques. La Lettre d’information de l’Iris n°259 / Publication ÉTÉ 2008/09 LA REVUE INTERNATIONALE ET STRATEGIQUE N°70 L’Iran, plaque sensible des relations internationales Dossier sous la direction de Didier Billion SOMMAIRE / ECLAIRAGES Nicolas Sarkozy et la politique étrangère de la France : entre changement et continuité / Hervé de Charette L'Union pour la Méditerranée, une opportunité pour renforcer la coopération entre les rives de la Méditerranée / Entretien avec Alain Le Roy Quelles perspectives environnementales pour l'après Grenelle et l'après Bali ? / Nicolas Hulot Les causes de la crise libanaise : l'Europe contribue-t-elle à la solution ? / Georges Corm Faiseurs de guerre, faiseurs de paix : de l'usage politique des identités culturelles / Gregory Kehailia Pakistan : le poids des maux / Olivier Guillard Dossier : L’IRAN, PLAQUE SENSIBLE DES RELATIONS INTERNATIONALES ÉDITORIAL : Didier Billion LES DYNAMIQUES INTÉRIEURES EN IRAN La « prise du pouvoir » par les Gardiens de la révolution : retour au passé ou perspective d'ouverture ? / Bernard Hourcade L'Iran entre sanctions, destructions et négociations / Azadeh Kian-Thiébaut L'économie iranienne sous Ahmadinejad : des promesses à la réalité... / Thierry Coville L'Iran après les élections législatives de 2008 : Une victoire en trompe-l'œil ? / Michel Makinsky La République islamique d'Iran à la recherche d'une nouvelle source de pouvoir / Ahmad Naghibzadeh LE DOSSIER NUCLÉAIRE Le nucléaire iranien en perspective / Yann Richard Après l'Iran : vers une prolifération nucléaire au Moyen-Orient ? / Barthélémy Courmont QUELLES PERSPECTIVES DE SORTIE DE CRISE ? Deux rendez-vous à préparer / Axel Poniatowski Quelle diplomatie européenne pour un Iran aux ambitions nucléaires ? / Pierre Moscovici Iran : le dialogue indispensable / Aymeri de Montesquiou L'Europe à l'épreuve de la crise iranienne / Daniel Cirera Sortir pacifiquement de la crise iranienne / François Géré Face aux velléités nucléaires iraniennes, faire respecter le droit international / Entretien avec Bruno Tertrais Contre la bombe et pour les droits de l'Homme / Michel Taubmann Iran nucléaire : je me souviens de 2003 / François Nicoullaud QUELLES PERSPECTIVES DE SORTIE DE CRISE ? Les programmes nucléaires iranien et israélien : obsession ou véritable préoccupation ? / David Menashri La campagne contre l'Iran : le lobby sioniste et l'opinion juive / Yakov M. Rabkin EN LIBRAIRIE Comptes rendus Le trimestre des revues de relations internationales à l'étranger Les activités de l'IRIS EN VENTE EN LIBRAIRIE ou sur www.iris-france.org La Lettre d’information de l’Iris n°259 / Publication L’eau, source de menaces? de Barah Mikaïl (Dalloz / IRIS - 150 pages) Le XXe siècle, dominé en partie par des enjeux de type pétrolier, pourrait maintenant céder la place à des affrontements liés à des volontés d'accaparement et de contrôle de l'eau. Mais celle-ci, enjeu vital, et source potentielle de tensions sérieuses, représente aussi aujourd'hui un objet en voie de marchandisation. Ce qui ne manque pas de susciter des questions alors que les Nations unies ont établi que, vers 2025, la demande mondiale en eau douce pourrait être supérieure au total des réserves disponibles. Qui peut dès lors nier l'impossibilité qu'il y a à demeurer les bras croisés ? L'eau est un défi partagé par l'ensemble de l'humanité. Le rapport de forces au niveau international est primordial, à une époque où nombreux sont ceux qui guettent la première et potentielle guerre pour l'eau. Mais cet aspect est aussi pleinement lié aux modalités concrètes et efficaces de gestion de l'eau à l'échelle internationale. C'est dans ce contexte que cet ouvrage amène à s'interroger concrètement sur les enjeux posés par l'eau, que ce soit pour ce qui relève de ses utilisations, son statut, ou encore les défis géopolitiques qui en découlent. À partir d'analyses géographiques, politiques et juridiques, Barah Mikaïl apporte ici une réponse concrète à la bataille que la communauté internationale doit mener pour la préservation d'une ressource qui, cœur de la vie humaine, pourrait aussi être un moteur des conflits du troisième millénaire. Anciennement directeur de séminaire au Collège interarmées de Défense, enseignant à l'université Paris-8, Barah Mikaïl est chercheur spécialisé sur les enjeux géopolitiques de l'eau et sur le Moyen-Orient à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il est également l'auteur de La politique américaine au MoyenOrient (IRIS/Dalloz, 2006). EN VENTE EN LIBRAIRIE OU SUR WWW.IRIS-F FRANCE.ORG