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La Lettre d’information de l’Iris n°259
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N°259 / Mercredi 2 juillet 2008
Publications
Actualité stratégique en Asie
ACTUALITÉ STRATÉGIQUE EN ASIE N°33
INDONÉSIE : À UN AN DES ÉLECTIONS, VERS UNE MOINDRE « QUIÉTUDE » ?
Olivier Guillard, directeur de recherche à l’IRIS / 30 juin
Un mois après la brutale augmentation des prix des carburants, alors que l’inflation (> 8% en 2008) et le renchérissement des produits de 1ère nécessité touchent les franges les plus exposées de la société (20% de
la pop. sous le seuil de pauvreté), la mobilisation de la rue (étudiants ; musulmans radicaux) ne faiblit pas.
TÉLÉCHARGEZ LA SUITE DE LA NOTE À L’ADRESSE SUIVANTE :
http://www.iris-ffrance.org/docs/pdf/actu_asie/2008-0
06-3
30.pdf
Regard sur l’actualité
Retrouvez sur www.iris-france.org les points de vue des chercheurs de l’Iris sur l’actualité.
Cette semaine :
“Questions sur le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale ” -
par Jean-Claude MALLET,
Président de la Commission sur le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale, 2 juillet
“L’impulsion politique de la présidence française de l’Union européenne” “L’état des relations franco-syriennes” “Europe : l’après Lisbonne...” -
avec Béligh NABLI, 30 juin
avec Barah MIKAÏL, 27 juin
par Fabio LIBERTI, 26 juin
Inscrivez-vous aux alertes audio et vidéo sur www.iris-france.org
Dans la presse
BARACK OBAMA EST-IIL LE CANDIDAT DE L’ÉCONOMIE ?
Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 2 juillet
C'est l'occasion de se pencher sur les divergences entre les deux candidats, et sur l’avantage dont semble
bénéficier le camp démocrate sur ce thème. Malgré son jeune âge, Barack Obama fait ainsi figure de candidat de l’économie dans cette campagne. SUITE PAGE 3
L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE NE DEVRA PAS OCCULTER LA QUESTION PALESTINIENNE
Pascal Boniface / La Croix / 1er juillet
Le 13 juillet aura lieu à Paris le premier sommet de l’Union pour la Méditerranée. Le projet phare de Nicolas
Sarkozy d’Union méditerranéenne a tout d’abord suscité des réserves en Europe. Berlin ne voulait pas que
les pays du Sud de l’Europe aient le monopole des relations avec leurs voisins méditerranéens SUITE PAGE 4
CORÉE DU NORD : "POUR LA SURVIE DE SON RÉGIME, ELLE A ACCEPTÉ UN PLAN DE DÉNUCLÉARISATION”
Pascal Boniface par Valérie Zoydo / 20 Minutes / 30 juin
La Corée du Nord connaît une situation catastrophique sur le plan alimentaire. Pour la survie de son régime, elle a accepté dès octobre dernier un plan de dénucléarisation. SUITE PAGE 5
LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L'UE : "IL N'Y A QUE DES DOSSIERS PROBLÉMATIQUES"
Fabio Liberti par Sibylle Laurent / Nouvel Obs.com / 30 juin
Ce "non" irlandais au référendum sur le traité de Lisbonne reste l'un des principaux défis pour la présidence française. Ce refus va polluer le mandat français, car Paris a beaucoup réfléchi sur sa présidence en se plaçant dans une optique d'entrée en vigueur du texte. Les priorités de la France ont été
élaborées avant ce "non". SUITE PAGE 6
JOHN MCCAIN EST-IIL LE CANDIDAT DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ?
Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 26 juin
Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine sont atypiques, et l’un comme l’autre ne manquent pas d’arguments de poids. Mais souvent sur des questions distinctes. SUITE PAGE 7
UPM : “SARKOZY POURRAIT PÊCHER PAR EXCÈS D'OPTIMISME”
Barah Mikaïl par Amine Esseghir / Les Débats / 25 juin
Les paris ne peuvent être qu'hasardeux, c'est pourquoi j'ai personnellement des réticences à les tenter. Cela dit, on voit d'ores et déjà s'organiser une forme de polarisation. SUITE PAGE 8
Détails pages 10 et 11
Médias
> TÉLÉVISION
La présidence française de l’UE
Fabio Liberti par Al Arabyia
(01/07)
L'Europe et le foot
Pascal Boniface par François
Rabilloud (LCI, 30/06)
North Korea and the nuclear process
Story, Olivier Guillard par France
24 (27/06)
> RADIO
Gibraltar : la dernière colonie
d'Europe
Décryptage, J.-J. Kourliandsky
par Corinne Mandjou (RFI, 02/07)
La présidence française de l’UE
Fabio Liberti par Radio classique
(01/07)
Les procédures judiciaires en
Turquie
Didier Billion par RFI (01/07)
La situation en Afghanistan
Jean-Vincent Brisset par Pierre
Boussel (Médi 1, 01/07)
Les négociations israélo-ssyriennes
Barah Mikaïl par Radio Alger
(01/07)
La réouverture du point de passage
de Gaza
Barah Mikaïl par Pierre Boussel
(Medi 1, 30/06)
La décision de la Cour Suprême
sur le port d'arme
Charlotte Lepri par BFM (27/06)
3èmes Cycles
Médias
INSTITUT PRIVÉ DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES
La Lettre d’information de l’Iris n°259
diplômes de niveau Bac +4 et Bac +5
OUVERTURE DES INSCRIPTIONS POUR 2008-09
IPRIS 1ère année - Niveau Bac +4, accessible après une licence
> DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES FONDAMENTALES RELATIONS INTERNATIONALES
IPRIS 2ème année - Niveau Bac +5, accessible après une maîtrise ou un Master 1
> DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES RELATIONS INTERNATIONALES
> DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES GÉOÉCONOMIE ET INTELLIGENCE STRATÉGIQUE
> DIPLÔME PRIVÉ D ’ ÉTUDES SUPÉRIEURES QUESTIONS STRATÉGIQUES EUROPÉENNES
> DIPLÔME PRIVÉ D’ÉTUDES SUPÉRIEURES ACTION INTERNATIONALE ASSOCIATIVE ET COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE
> DIPLÔME PRIVÉ D’ÉTUDES SUPÉRIEURES LES MÉTIERS DE L’HUMANITAIRE
Présentation de l’école et de nos programmes,
demandes de dossier d’inscription sur
www.iris-france.org
La course au vice-p
président,
enjeu crucial pour les candidats
McCain et Obama
Barthélémy Courmont par Cécile
Dehesdin (Le Monde.fr, 25/06)
Les déclarations nord coréennes sur
le programme nucléaire militaire
Jean-Vincent Brisset par Pierre
Boussel (Médi 1, 25/06)
Sarkozy en Israël
Karim Bitar par Radio classique
(24/06)
> PRESSE ÉCRITE
La Pologne et le Traité de Lisbonne
Fabio Liberti par
- Sud Ouest (02/07)
- Le Quotidien de la République Pologne (02/07)
Le drame de Carcassone et l’armée
Jean-Vincent Brisset par 20
Minutes.fr (30/06)
Le pétrole fonde-tt-iil une diplomatie ?
Barah Mikaïl par Jacques-Hubert
Rodier (Les Echos, 27/06)
Quel sérieux pour les propositions de normalisation francosyrienne ?
Barah Mikaïl pour Aljazeera.net
(26/06)
Obama et la peine de mort
Charlotte Lepri par 20 Minutes.fr
(26/06)
Le nucléaire et la Corée du Nord
Jean-Vincent Brisset par l’AFPEspagne (26/06)
INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES - Tél : 01 53 27 60 60
Rédactrice en chef : Gwenaëlle SAUZET / Directeur de la publication : Pascal BONIFACE
Le Sommet UE-R
Russie
Laure Delcour par RIA Novosti Russie (25/06)
Sarkozy en Israël
Karim Bitar par Libération.fr
(24/06)
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/ Points de vue
La Lettre d’information de l’Iris n°259
BARACK OBAMA EST-IIL LE CANDIDAT DE L’ÉCONOMIE ?
Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 2 juillet
C'est l'occasion de se pencher sur les divergences entre les
deux candidats, et sur l’avantage dont semble bénéficier le
camp démocrate sur ce thème. Malgré son jeune âge,
Barack Obama fait ainsi figure de candidat de l’économie
dans cette campagne, et même les milieux financiers semblent plus réceptifs à sa candidature qu’à celle de John
McCain, qui ne cache pas ses carences sur ce terrain, mais
ne s’avoue cependant pas vaincu.
Un programme de réformes dans le domaine économique et
social
Quand l’économie va mal, les Démocrates ont l’avantage…
Ce pourrait presque être un adage outre-Atlantique. Lors
des scrutins récents, quand les indicateurs économiques
étaient au rouge, les Démocrates bénéficièrent d’un avantage souvent décisif. On pense à la première élection de Bill
Clinton en 1992, et plus récemment aux élections mi-mandat de novembre 2006. L’économie étant actuellement fragile aux Etats-Unis, les Démocrates bénéficient d’un terrain
favorable, là où le scrutin de 2004 portait plus sur la sécurité, thème cher aux Républicains.
Le programme de Barack Obama est essentiellement tourné vers les réformes économiques et sociales : favoriser
l’accès aux soins médicaux aux plus démunis, garantir une
assurance maladie au plus grand nombre, une opposition
aux baisses d’impôts initiée par l’administration Bush, et
qui à son avis n’aurait été bénéfique qu’aux Américains les
plus riches, augmenter le salaire minimum, ou aider les
petites entreprises en diminuant les impôts sur les sociétés
employant un seul salarié. En réponse à la crise des
Subprime, Obama souhaite améliorer les conditions de l’accès au logement pour les revenus les plus modestes en
créant un fond public. Il souhaite par ailleurs développer le
crédit d’impôt sur le revenu pour les plus bas salaires et le
crédit d’impôt pour familles nombreuses. Des propositions
qui font mouche dans un contexte de morosité, et lui ont permis de s’imposer face à Hillary Clinton.
Dans ce contexte, Barack Obama a tout intérêt à poursuivre
sa campagne active sur le terrain de l’économie, en fustigeant le bilan des deux administrations républicaines (et pas
uniquement du président Bush). Et le soutien des anciens
membres de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton, s’il lui
permet de combler son retard en matière de politique étrangère (avec des figures comme Madeleine Albright, William
Perry, ou même Hillary Clinton), gonfle également son profil de candidat de l’économie. On pense notamment à Bill
Clinton, qui lui apporte désormais un soutien sans faille.
Plus qu’un candidat démocrate, c’est donc tout le parti de
l’âne qui semble se présenter en ordre serré dans cette
campagne, avec des arguments de poids pour mobiliser l’électorat, et séduire les indépendants mécontents du bilan
économique des Républicains.
Une candidature portée par la vague du changement ?
John McCain cherche à combler son déficit
Le changement est le mot d’ordre de cette élection, tant
chez les Démocrates, soucieux de refermer la parenthèse
de huit années de gestion républicaine, que chez le candidat
républicain, qui souhaite se démarquer de l’administration
sortante pour éviter de faire les frais de son impopularité.
Sur cette question, Obama dispose d’un avantage de poids
sur McCain, celui d’avoir été le premier à imposer le thème
du changement dans ses slogans de campagne. Il est même
devenu, grâce aux Primaires démocrates, le symbole de ce
changement, tandis que ses adversaires politiques tentaient
de lui emboîter le pas. Contraint de s’adapter, McCain fait
également du changement l’un de ses thèmes de campagne,
mais avec moins de succès.
Par ailleurs, et c’est un détail important, Obama est apparu à
l’occasion des Primaires démocrates comme le candidat des
classes moyennes, voire supérieures, tandis qu’Hillary Clinton
bénéficiait d’un soutien plus important chez les ouvriers et les
plus démunis. A l’inverse de la plupart des démocrates, il n’apparaît donc pas comme un candidat privilégiant exclusivement
les plus démunis, et ne s’aliène pas ainsi le soutien des chefs
d’entreprises et des milieux financiers.
John McCain a compris que sa candidature souffre la comparaison avec celle d’Obama sur le terrain de l’économie, au
point de lui être fatal s’il ne parvient pas à combler son
retard. Même au sein du parti républicain, des voix s’élèvent
pour critiquer son manque d’expérience sur ce terrain.
Conscient de ce handicap, il a choisi pour conseillère l’ancien PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, qui fait de son
mieux pour lui donner des gages de compétence en économie, et attaquer de front Obama, notamment en l’accusant
de se laisser aller à des propositions qu’il ne pourra transformer en réformes. John McCain pourrait également tenter
d’axer son programme politique autour des questions de
politique étrangère et de sécurité, où il a priori plus à l’aise
que son adversaire. Mais cela n’est pas sans risque, et ne
fonctionnera que si les électeurs y sont réceptifs. „
/ Points de vue
La Lettre d’information de l’Iris n°259
L’UNION POUR LA MÉDITERRANÉE NE DEVRA PAS OCCULTER LA QUESTION PALESTINIENNE
Pascal Boniface / La Croix / 1er juillet
Le 13 juillet aura lieu à Paris le premier sommet de l'Union
pour la Méditerranée. Le projet phare de Nicolas Sarkozy
d'Union méditerranéenne a tout d'abord suscité des réserves en Europe. Berlin ne voulait pas que les pays du Sud de
l'Europe aient le monopole des relations avec leurs voisins
méditerranéens.
Aujourd'hui, certains pays arabes regrettent un élargissement qui leur paraît diluer géographiquement un peu trop le
projet initial. Ils se réjouissent néanmoins que le caractère
stratégique de la Méditerranée soit fortement réaffirmé et
qu'une nouvelle priorité lui ait été accordée.
Autres motifs de réticence du Sud : la crainte que la dimension sécuritaire soit réduite à la lutte contre le terrorisme,
que le projet soit trop restrictif pour ce qui est des flux
migratoires. Enfin, ils émettent des réserves sur un projet
qui leur paraît faire la part belle à Israël. Le projet lui permet d'apparaître comme un partenaire normal des pays arabes sans qu'il n'y ait de véritable perspective de règlement
du conflit israélo-palestinien.
Le processus de Barcelone a échoué en partie à cause du
blocage du processus de paix. Nicolas Sarkozy a voulu lancer le projet d'Union méditerranéenne, entre autre pour le
contourner. L'idée était de lancer des projets de coopération
concrets qui ne seraient pas otages du conflit. Faut-il attendre la fin du conflit israélo-palestinien pour lutter contre la
pollution en Méditerranée ? Assurément non ! Mais peut-on
lancer des coopérations avec Israël en laissant la question
palestinienne de côté, comme si de rien n'était ? Impossible
pensent la plupart des pays arabes.
La comparaison qui a été faite entre l'Union pour la
Méditerranée et l'Union européenne n'est pas pertinente. Si
les pays européens ont pu développer ensemble des projets
concrets, c'est qu'ils avaient auparavant décidé de faire la
paix. Les projets comme la mise en commun du charbon et
de l'acier sont venus conforter cette paix. Ils n'en étaient
cependant pas la condition mais bel et bien le résultat. Les
projets aussi importants, aussi utiles soient-ils, de coopération pour la Méditerranée auront des résultats limités tant
que le conflit israélo-palestinien ne sera pas en voie de
résolution. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs reconnu le caractère central de ce conflit, ce qu'il ne faisait pas avant de lancer
son projet.
C'est le paradoxe de la relation entre le conflit israélopalestinien et la coopération en Méditerranée. Son importance stratégique majeure risque d'éclipser tout le reste.
D'où la tentation de dissocier les deux dossiers et d'occulter
la question palestinienne des problèmes de coopération en
Méditerranée. D'ailleurs le conflit n'est-il pas moins visible
aujourd'hui ? Ne peut-on pas s'accommoder de la situation
existante qui se rapproche d'un conflit de très basse intensité
? Cette tentation est forte chez les pays occidentaux, en Israël,
et trouve un écho chez certains gouvernements arabes.
Les opinions publiques du Sud rejetteront l'Union pour la
Méditerranée si elles ont le sentiment que son objectif, ou
son effet, seront de " confiner " le conflit actuel et d'entériner sa perpétuation. Les gouvernements arabes soit partagent ce sentiment, soit doivent en tenir compte. Du coup,
invitée à quitter la table pour ne pas gêner les agapes, la
question palestinienne revient en force à la demande de certains convives, dont la présence est indispensable au succès
de l'opération.
Certains pays arabes menacent de boycotter au niveau des
Chefs d'Etats et des gouvernements le premier sommet afin
de ne pas donner l'impression de reconnaître implicitement
Israël. Ils redoutent de donner des avantages unilatéraux à
l'Etat hébreu en donnant le sentiment de normaliser leurs
relations avec lui sans qu'il y ait des efforts suffisants pour
avancer vers le processus de paix. Ils ne peuvent accepter
une coopération normale avec Israël si la situation dans les
territoires palestiniens reste aussi détériorée et qu'il n'y a
aucune perspective concrète de paix, ni d'amélioration de la
situation quotidienne des Palestiniens auxquels leurs
citoyens sont extrêmement sensibles.
Ces pays arabes pourraient cependant faire un autre choix
en décidant collectivement de venir à Paris et de poser sur
la table la question israélo-palestinienne.
Les pays de la Ligue des Etats arabes ont d'ores et déjà proposé à Israël un plan de paix prévoyant sa reconnaissance,
un engagement quant à sa sécurité, en échange de la création d'un Etat palestinien, et de Jérusalem comme capitale
des deux Etats. Pourquoi les pays méditerranéens de la
Ligue des Etats arabes ne décideraient pas de venir ensemble proposer solennellement de nouveau ce plan à Paris le
13 juillet en prenant les pays européens à témoin ? Israël
sera ainsi amenée à répondre publiquement.
La politique de la chaise vide n'est peut-être pas la meilleure attitude. La participation n'est pas forcément l'acquiescement tacite de la poursuite du conflit. Une participation active pourrait au contraire permettre de recréer du lien entre
coopération méditerranéenne et conflit israélo-palestinien,
non plus dans le sens du blocage, mais dans celui d'avancées dialectiques. „
Pascal Boniface est directeur de l'IRIS. Il vient de publier " L'Atlas du
monde global " (Armand Colin/Fayard).
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/ Points de vue
CORÉE DU NORD : "POUR LA SURVIE DE SON RÉGIME, ELLE A ACCEPTÉ UN PLAN DE DÉNUCLÉARISATION”
Pascal Boniface par Valérie Zoydo / 20 Minutes / 30 juin
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies
(PAM) a annoncé lundi qu'il allait quadrupler son aide alimentaire pour secourir plus de cinq millions de NordCoréens victimes de pénuries alimentaires chroniques.
Dimanche 37.000 tonnes de blé sont arrivés à Pyongyang en
provenance des Etats-Unis. Cette cargaison constitue la
première tranche d'une aide de 500.000 tonnes de nourriture promise par Washington. Explications de Pascal Boniface,
géopolitologue et co-auteur avec Hubert Védrine de "L'Atlas
du monde global" aux éditions Armand Colin.
Cette aide onusienne arrive quelques jours après que la
Corée du Nord a remis jeudi un inventaire de ses activités
nucléaires. Elle figurait jusqu'alors sur la liste américaine
des États soutenant le terrorisme et ne pouvait bénéficier
d'aide américaine, ni de prêts d'organisations internationales. Ces deux événements sont liés ?
La Corée du Nord connaît une situation catastrophique sur
le plan alimentaire. Pour la survie de son régime, elle a
accepté dès octobre dernier un plan de dénucléarisation. En
s'engageant dans ce processus, elle avait comme garantie
que ni les Etats-Unis, ni la Corée du Sud ne renverserait son
régime.
La Corée du Nord n'a pas eu le choix?
La famine commençait à sévir en Corée du Nord. La hausse
des prix des denrées alimentaires augmentait fortement, et
la production n'augmentait pas. Il devenait urgent de faire
lever les sanctions des Etats Unis et des organisations internationales.
La Chine a joué un rôle-cclé pour amener la Corée du Nord à
déclarer ses programmes nucléaires. Quel était son intérêt ?
La Chine voulait apparaître comme un pays qui joue un rôle
positif sur le plan international. Elle voulait montrer une voix
chinoise de médiation en prouvant qu'une grave crise impliquant un problème nucléaire pouvait avoir une autre issue
que celle de l'Irak. Enfin, un nouveau conflit régional proche
de ses frontières aurait déstabilisé l'économie chinoise, et
par ricochet le régime politique, sans oublier les millions de
réfugiés nord-coréens qui auraient émigré en Chine.
Peut-o
on faire confiance à la Corée du Nord ?
On ne peut pas lui signer un chèque en blanc. Il s'agit d'un
régime totalitaire, habitué à revenir sur ses engagements. Il
faut surveiller de près l'exécution de ses promesses. „
/ Points de vue
La Lettre d’information de l’Iris n°259
LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L'UE : "IL N'Y A QUE DES DOSSIERS PROBLÉMATIQUES"
Fabio Liberti / Nouvel Obs.com / 30 juin
Nicolas Sarkozy prend mardi 1er juillet la présidence du
Conseil européen. On parle beaucoup du "non" irlandais au
traité de Lisbonne qui va être un problème auquel va devoir
faire face la France. Mais quels sont les autres défis auxquels
Nicolas Sarkozy va être confrontés ?
Ce "non" irlandais au référendum sur le traité de Lisbonne
reste l'un des principaux défis pour la présidence française. Ce
refus va polluer la mandat français, car Paris a beaucoup
réfléchi sur sa présidence en se plaçant dans une optique
d'entrée en vigueur du texte. Les priorités de la France ont été
élaborées avant ce "non". Il va falloir trouver et proposer une
sortie de crise valable à cette situation de blocage institutionnel.
Après le rejet de traité par les Irlandais, les 27 devaient s'accorder sur la position à adopter vis-à-vis du traité, sur la poursuite du processus de ratification. Faute d'avoir trouvé un
accord valable, l'examen du dossier a été reporté en octobre,
lors de la prochaine réunion du Conseil européen. Le pire des
scénarios serait que les dirigeants décident de ne rien décider.
Beaucoup d'Etats européens ont par ailleurs une tradition
d'euroscepticisme, comme le Royaume-Uni, ou la République
Tchèque, et pourraient utiliser ce "non" pour bloquer les
actions européennes.
La vraie problématique est en fait le manque de courage, le
manque d'une vision d'avenir des dirigeants européens. Il ne
faut pas avoir peur d'avancer à plusieurs vitesses, car il y a des
réussites européennes, qui se concrétisent dans la vie de tous
les jours des citoyens européens, comme l'euro, l'espace
Schengen. Il faut sortir de l'ambiguïté, du débat implicite entre
les tenants d'une Europe fédérale et ceux qui sont juste pour
un marché commun. Ce débat est une force centrifuge qu'on
devrait peut-être affronter, pour finalement avancer.
Que peut-o
on dire justement des priorités que Paris s'est donné
pour ses 6 mois de présidence : énergie et environnement,
Europe de la défense, pacte européen pour l'immigration et
agriculture ?
Paris est parti sur des bases très ambitieuses. Cela est normal, car la France est l'un des pays fondateurs de l'Europe.
Cependant à partir du mois de mars, on a pu noter des changements de ton dans les déclarations faites par Nicolas
Sarkozy, afin sans doute de gommer son image d'arrogance,
répandue en Europe.
Les priorités que s'est fixée la France sont en plus loin d'être
consensuelles, hormis celle sur l'immigration. Je vais les
reprendre en quelques mots chacune.
- Sur l'immigration, le projet est de faire adopter un pacte
européen : uniformisation du droit d'asile, adoption de règles
communes sur l'immigration clandestine, établissement d'un
principe européen de contrat d'intégration, comme approfondir la langue du pays ou ses coutumes. L'Italie et l'Espagne
sont très concernées par ce problème, car elles connaissent
des débarquements massifs d'immigrés clandestins. Les sensibilités diffèrent totalement de celles de la France sur cette
question. L'immigration se fait de manière spontanée, dans
une tradition de laissez-faire et est considérée de manière
positive. En Espagne, le gouvernement de José Luis Zapatero a
procédé à des légalisations massives d'immigrés clandestins.
La crainte est justement que ce pacte s'oppose à ces régularisations massives. Par ailleurs, pendant la campagne législative en février, le candidat Mariano Rajoy du Parti populaire
espagnol a prôné un "contrat d'intégration" pour les immigrés,
une position qui a été totalement rejetée lors des élections. On
voit donc mal comment ce pacte pourrait être accepté maintenant. Ces différends mis à part, l'immigration reste un des
dossiers les plus consensuels.
- Le paquet énergie-climat est lui aussi très important, et sur
ce point, devra composer avec les réticences de Berlin.
L'objectif est ici de préparer une grande rencontre européenne, qui aura lieu sous la future présidence suédoise, dans un
an, et qui poserait les bases de l'après-Kyoto. La France voudrait développer le nucléaire civil, tandis que l'Allemagne
exclut au contraire tout accord sur le sujet. Elle penche pour
un développement des énergies renouvelables.
- Sur la question de la politique agricole commune (PAC), la
France veut une refonte générale et rapide de la PAC et de son
financement. Cela passe par la réforme des budgets de l'Union
européenne. Seulement, le redéploiement des crédits fait
grincer des dents, notamment le Royaume-Uni qui bénéficie
d'un rabais dans la contribution que le pays verse au budget
européen.
- Sur la défense enfin, la France a décidé de réintégrer l'OTAN.
L'idée est de normaliser les relations France-OTAN, afin de
pouvoir parvenir à un renforcement de la PESD (politique européenne de sécurité et de défense), qui ne serait pas perçue
comme allant à l'encontre des intérêts américains. Si
l'Espagne, l'Ialie, l'Allemagne voient cette position plutôt d'un
bon œil, ce n'est pas le cas du Royaume-Uni, dont l'accord est
pourtant nécessaire. Gordon Brown est en effet très affaibli
dans son pays. Des élections générales ont lieu en 2009 et
durant la campagne électorale difficile qui s'annonce pour lui,
il est peu probable qu'il soit prêt à faire des concessions en
matière de PESD.
Il n'y a que des dossiers problématiques, il va être dur de faire
l'unanimité en Europe sur l'ensemble de ces points.
"Les Français, qui ne sont pas modestes, croient que la présidence de l’Union consiste à diriger l’Europe", a dit Valéry
Giscard d'Estaing. Nicolas Sarkozy en tant que président du
Conseil européen va-tt-iil avoir un réel pouvoir ? La France a-ttelle des alliés au sein de l'Europe ?
Les présidents du Conseil européen ont pour seul objectif de
fixer des priorités et des trouver des compromis. Cette présidence va aussi beaucoup tenir à la personnalité de Nicolas
Sarkozy. L'Union européenne a toujours beaucoup plus avancé
dans les moments de crise. Le dynamisme du président français pourrait donc être un atout pour la prise de décision.
Car je le répète, le scénario catastrophe serait que rien ne soit
décidé à l'issue de cette présidence européenne. Il faut que se
créée une réelle volonté d'avancer entre les dirigeants européens. Il faut un certain courage politique, c'est vrai. Mais il
faut arrêter de toujours rejeter la faute sur Bruxelles lorsqu'il
y a un blocage, de critiquer son inaction : Bruxelles est une
institution, elle a les pouvoirs que lui ont votés les Etats-membres dans les traités qu'ils ont rédigés.
Les alliés de la France varient un peu selon les sujets, comme
je l'ai expliqué plus haut. Une chose est sûre : la négociation à
27 est difficile, car chacun défend ses intérêts. Le risque est
ainsi de n'obtenir que des compromis au rabais, qui déçoivent
l'opinion publique européenne, et qui montrent encore une fois
l'illisibilité des décisions européennes. „
/ Points de vue
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JOHN MCCAIN EST-IIL LE CANDIDAT DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE ?
Barthélémy Courmont / Contre-feux.com / 26 juin
Les deux candidats à l’élection présidentielle américaine
sont atypiques, et l’un comme l’autre ne manquent pas d’arguments de poids. Mais souvent sur des questions distinctes. Si Barack Obama est ainsi souvent perçu comme bénéficiant d’un avantage sur le terrain de l’économie, John
McCain est présenté comme un meilleur candidat en matière de politique étrangère. A tort ou à raison, seul l’avenir le
dira. McCain a en tout cas compris que c’est sur la politique
étrangère qu’il bénéficie d’un avantage sur Obama, et qu’il a
tout intérêt à mettre l’accent sur les différences entre les
deux candidats. Ses critiques sur l’isolationnisme de son
adversaire, dans un discours prononcé au Canada, et ses
piques sur la naïveté d’Obama sur l’Irak ou la relation avec
les Etats voyous, à l’instar d’Hillary Clinton lors des
Primaires démocrates, sont révélatrices de sa confiance sur
ce terrain.
Le poids de l’expérience et du prestige
Plus que son âge (qui pourrait être un handicap), c’est l’expérience qui distingue John McCain de son adversaire. Ses
actions au sénat, un engagement politique de trente ans et
des soutiens de figures importantes de la politique étrangère américaine sont des avantages de poids. A cela vient s’ajouter une reconnaissance à l’extérieur. Il fait par ailleurs
preuve d’un pragmatisme en matière de politique étrangère
(au risque de s’aliéner le soutien des néoconservateurs) qui
n’est plus à démontrer, et que sa campagne ne fait pour le
moment que confirmer. Il se distingue en cela nettement de
l’administration sortante, et ce n’est pas un hasard. Il sait en
effet que le bilan de politique étrangère des années Bush est
globalement négatif, et plutôt que de chercher à ignorer ces
questions, il a choisi de les aborder de front, se démarquant
du président sortant, mais réaffirmant dans le même temps
son désir de voir les Etats-Unis continuer à jouer un rôle de
premier plan sur la scène internationale. John McCain bénéficie par ailleurs d’un important prestige dû à son profil de
héros militaire. Sans doute l’un des plus grands héros américains des dernières décennies. Son expérience au Vietnam
et son engagement politique jouent ainsi en sa faveur.
Le premier président expert en politique étrangère depuis
George Bush père ?
George Bush père pouvait se targuer, lors de sa prise de
fonction, d’une expérience hors du commun en matière de
politique étrangère (vice-président pendant huit ans, ancien
directeur de la CIA, ancien ambassadeur à l’ONU, en poste à
Pékin…). A l’inverse, ses deux successeurs, Bill Clinton et
George W. Bush n’avaient aucune expérience des dossiers
de politique étrangère lorsqu’ils accédèrent à la fonction
suprême. Ce n’est qu’une fois installés dans le Bureau Ovale
qu’ils ont endossé le costume de commandant en chef de la
première puissance mondiale, et imposé leur vision de la
politique étrangère. John McCain n’a pas l’expérience de
George H. Bush, mais il serait, en cas de succès, le président
américain le mieux affûté lors de sa prise de fonction sur ces
questions sensibles depuis Bush père ce qui, dans une
période particulièrement difficile pour Washington à l’extérieur, avec des dossiers sensibles en nombre, pourrait s’avérer être un avantage de poids, qu’il mettra certainement
en avant lors des débats télévisés avec son adversaire à
l’automne prochain. Avec, souhaitons-lui, plus de succès
que Bush face à Clinton en 1992 ! En d’autres termes, John
McCain a tout intérêt à faire de la politique étrangère une
question centrale pour cette élection. Un pari risqué, quand
on sait que les Américains sont traditionnellement plus préoccupés par les questions internes, mais un pari qui a fait
mouche lors des primaires.
Le pari irakien
McCain doit aussi son avantage sur son adversaire en matière de politique étrangère au pari presque insensé qu’il a fait
sur l’Irak, dès le début des Primaires républicaines. A contre-courant de l’opinion publique, et de manière plus courageuse que ses adversaires républicains, il fit de la guerre en
Irak l’un des principaux points de sa campagne, en promettant une victoire au cas où il accèderait à la Maison-Blanche.
Le sénateur de l’Arizona a compris que si les Américains
souhaitent un retrait rapide d’Irak, ils craignent la défaite, et
à l’inverse de ses adversaires, force est de constater que
McCain dispose d’un véritable plan : un retrait progressif,
mais pas précipité, et une intensification de la lutte contre
les rebelles afin de favoriser un transfert de responsabilités
en direction des Irakiens. Force est de constater que son
pari s’est avéré payant, et que l’amélioration, certes encore
précaire, de la situation en Irak lui est pour le moment favorable. Obama l’a compris, et après avoir fustigé McCain sur
sa politique irakienne, se montre désormais plus mesuré, et
admet qu’un retrait top rapide ne serait pas forcément la
meilleure option.
Les atouts de Barack Obama
Face à McCain, il serait erroné de voir en Barack Obama un
mauvais candidat sur les questions de politique étrangère.
En réponse à l’expérience de son adversaire, Obama oppose
une vision de la place de l’Amérique dans le monde, autour
de la nécessité d’améliorer l’image de Washington à l’extérieur. Un objectif que ne renie pas McCain, mais sur lequel
le jeune sénateur de l’Illinois se montre mieux placé. En
témoigne son immense popularité hors des Etats-Unis. Et
sur des dossiers sensibles comme l’Iran, le Moyen-Orient ou
la relation avec Cuba, Obama se montre lui-aussi pragmatique. La stratégie du candidat démocrate semble finalement assez simple : ne pas trop se distancer de McCain sur
la politique étrangère, afin de pouvoir porter l’attention sur
les divergences en matière de politique économique. „
/ Points de vue
La Lettre d’information de l’Iris n°259
UPM : “SARKOZY POURRAIT PÊCHER PAR EXCÈS D'OPTIMISME”
Barah Mikaïl par Amine Esseghir / Les Débats / 25 juin
Peut-on déjà parler d'échec de l'UPM ? Il semble qu'il faille absolument laisser le temps au temps et que la visibilité est difficile autant
pour les observateurs que les participants au sommet du 13 juillet.
Barah Mikaïl * essaye de mettre en lumière les éléments tangibles qui
esquissent ce que sera justement l'UPM.
Il est beaucoup question, en ce moment, de la participation ou non de
l'Algérie (mais aussi d'autres pays de la rive sud de la Méditerranée)
au sommet du 13 juillet à Paris. Pouvons-n
nous déjà prendre "des
paris" sur qui viendra et qui ne viendra pas ?
Les paris ne peuvent être qu'hasardeux, c'est pourquoi j'ai personnellement des réticences à les tenter. Cela dit, on voit d'ores et déjà s'organiser une forme de polarisation qui touche pour beaucoup, mais pas
exclusivement, à la disposition qu'ont ou non certains des dirigeants
du sud de la Méditerranée à assister à un sommet auquel seront présents des représentants politiques israéliens. Une telle situation laisse ainsi posée la question de la participation de bien des représentants
arabes de la région, à commencer par la Syrie. De la même manière,
le colonel libyen Mammar El-Kaddafi a d'ores et déjà fait valoir ses
appréhensions devant le projet d'Union pour la Méditerranée, qu'il
assimile à une tentation néo-coloniale de la part de l'Union européenne, et de la France plus précisément. Cela dit, si la participation de la
Syrie et de la Libye comptent encore à ce jour au rang des claires
incertitudes liées à ce sommet du 13 juillet, je crois que de manière
générale, les autres des Etats sud-méditerranéens auront de fortes
chances de marquer leur désir d'être présents ce jour-là. Mais il ne
faut pas pour autant s'attendre à ce que tous se fassent représenter à
très haut niveau.
Faut-iil s'arrêter aux seuls arguments affichés justifiant les hésitations
de pays comme l'Algérie, ou bien effectivement le projet est peu clair
(à l'image du Grand Moyen-O
Orient), voire bâclé, au point de susciter
des craintes chez les dirigeants arabes particulièrement ?
Le projet est effectivement très peu clair à ce jour, et c'est sur cette
ambiguïté que jouent certains Etats du sud de la Méditerranée pour
faire valoir leur réticence à participer à un sommet dont les enjeux ne
sont pas pleinement clarifiés. Nicolas Sarkozy, au même titre que les
Européens de manière générale, auraient beaucoup gagné à insister
sur deux points : leur attachement à prendre en compte l'ensemble
des soucis, craintes et suggestions de leurs homologues méridionaux
; et leur insistance sur le fait que l'UPM n'est en rien un moyen de
repousser la résolution du conflit israélo-palestinien à une échéance
lointaine, ni même une manière pour eux de détourner les Turcs de
leurs ambitions européennes. Certes, les temps ne sont pas encore à
la possible fédération des gouvernements du sud de la Méditerranée
autour d'un seul et même projet politique, et les sommets régulièrement chaotiques de la Ligue arabe en sont la meilleure preuve. Cela
dit, on ne peut qu'être compréhensifs devant le peu d'enthousiasme
affiché par la majorité des gouvernements du sud de la Méditerranée,
qu'endossent d'ailleurs à leur tour certains des pays de l'UE. Il est en
effet plus qu'hasardeux de demander à un acteur politique, quelle que
soit sa bonne volonté, de faire un saut dans l'incertain.
Peut-o
on supposer que le président Sarkozy s'attendait - au vu de son
enthousiasme à Alger, Tanger et Tunis - à un rejet, ou du moins à des
atermoiements de la part des pays arabes et plus particulièrement
maghrébins à propos de son projet ?
J'ose espérer que le Président français, aussi enthousiaste puisse-t-il
paraître devant ce projet, a au moins des conseillers qui savent lui
exposer les réalités politiques inhérentes à la rive sud de la
Méditerranée. On peut certes faire crédit à Nicolas Sarkozy de vouloir
dépasser les appréhensions mutuelles des sud-méditerranéens et de
les encourager à aller vers un horizon prometteur. Mais la nature de
ses déplacements régionaux, et plus particulièrement la teneur des
discours qu'il a pu prononcer jusqu'ici lors de ses séjours officiels dans
les pays du Maghreb, ont prouvé qu'il était capable de développer une
rhétorique adaptée aux attentes de ses interlocuteurs. Ce seul point
prouve en soi qu'il est conscient de la variété, voire de l'antagonisme
des référents prévalant côté sud-méditerranéen. Reste à voir s'il ne
pêchera finalement pas par excès d'optimisme, ce qui semble bien
parti.
Faut-iil croire que le rejet par les dirigeants des pays du sud, et plus
particulièrement de l'Algérie, du projet de l'Union pour la méditerranée soit une occasion ratée ?
Gardons-nous d'énoncer des conclusions hâtives pour l'heure. Les
embûches ne manquent pas, bien entendu, et personne ne saurait parler d'un succès annoncé pour l'UPM. Dans le même temps, rien ne
permet encore d'affirmer que les homologues méridionaux de la
France et de l'UE soient disposés à mettre pleinement en échec l'ensemble du projet. De la réunion du 13 juillet, des arguments éventuellement développés par les uns et par les autres, et de la mise en place
concrète de dispositions, découleront tout simplement les motifs d'optimisme et/ou de pessimisme que nous aurons à afficher pour ce qui
relève de l'avenir de ce projet méditerranéen. Une fois encore, on ne
saurait entretenir, pour l'instant, de grands espoirs devant ce qui se
profile en termes de mise en place de structures et de bases renouvelées pour l'avenir des relations euroméditerranéennes ; mais la prudence et la rigueur rendent aventureuse l'énonciation d'un diagnostic
manquant d'éléments probants. Il faut tout simplement laisser le
temps au temps, et il conviendra de juger sur pièce.
Une telle union est-e
elle porteuse de promesses d'émancipation et
démocratisation pour les peuples des pays de la rive sud ?
Dans l'absolu, force est de constater que non. C'est bien entendu tout
l'espoir de Nicolas Sarkozy que de vouloir initier des impulsions positives au sein d'une région qui souffre d'un manque de démocratie et
qui pâtit de perspectives plus qu'inquiétantes pour ce qui relève de son
actualité et de son avenir économiques et sociaux. Mais les logiques
ancrées dans le paysage sud-méditerranéen répondent à tant de
motifs et critères différents qu'il serait tout à fait illusoire de croire en
un enchaînement de bouleversements positifs que pourrait entraîner
ce projet d'UPM ; feu le projet de Grand Moyen-Orient édicté il y a
quelques années par les Etats-Unis en a été l'une des meilleures
preuves. S'ajoute à cela le fait qu'une ouverture franche du champ
politique dans une majorité des pays du sud de la Méditerranée aurait
de fortes chances de favoriser la montée en puissance de formations
islamistes, ce qui ne serait absolument pas du goût de la majorité des
membres de l'UE. Il faut donc prendre le projet d'UPM pour ce qu'il est
dans l'immédiat ; à savoir une volonté de la France de prendre les
devants dans la redéfinition de ses relations et de celles de l'UE avec
le voisinage sud-méditerranéen. A ce titre, force est de constater que
lutte contre le terrorisme et contre l'immigration clandestine sont des
préoccupations beaucoup plus présentes dans l'esprit des concepteurs du projet d'UPM, qui rejoignent leurs prédécesseurs et initiateurs du processus de Barcelone de 1995. Les questions d'émancipation et de démocratisation devront pour leur part attendre… une fois
encore. „
*Barah Mikaïl est chercheur à l'IRIS et enseignant à l'université Paris-VIII. Il est
titulaire d'un DEA en Ssciences politiques ainsi que d'un DESS en coopération
internationale, d'une maîtrise de relations internationales et d'une maîtrise d'arabe. Il prépare actuellement une thèse sur la politique américaine au MoyenOrient des origines à nos jours, ainsi que sur les enjeux géopolitiques.
La Lettre d’information de l’Iris n°259
/ Publication
ÉTÉ 2008/09
LA REVUE INTERNATIONALE ET STRATEGIQUE N°70
L’Iran, plaque sensible
des relations internationales
Dossier sous la direction de Didier Billion
SOMMAIRE /
ECLAIRAGES
Nicolas Sarkozy et la politique étrangère de la France : entre changement et continuité / Hervé de Charette
L'Union pour la Méditerranée, une opportunité pour renforcer la coopération entre les rives de la
Méditerranée / Entretien avec Alain Le Roy
Quelles perspectives environnementales pour l'après Grenelle et l'après Bali ? / Nicolas Hulot
Les causes de la crise libanaise : l'Europe contribue-t-elle à la solution ? / Georges Corm
Faiseurs de guerre, faiseurs de paix : de l'usage politique des identités culturelles / Gregory Kehailia
Pakistan : le poids des maux / Olivier Guillard
Dossier : L’IRAN, PLAQUE SENSIBLE DES RELATIONS INTERNATIONALES
ÉDITORIAL
: Didier Billion
LES DYNAMIQUES INTÉRIEURES EN IRAN
La « prise du pouvoir » par les Gardiens de la révolution : retour au passé ou perspective d'ouverture ? /
Bernard Hourcade
L'Iran entre sanctions, destructions et négociations / Azadeh Kian-Thiébaut
L'économie iranienne sous Ahmadinejad : des promesses à la réalité... / Thierry Coville
L'Iran après les élections législatives de 2008 : Une victoire en trompe-l'œil ? / Michel Makinsky
La République islamique d'Iran à la recherche d'une nouvelle source de pouvoir / Ahmad Naghibzadeh
LE DOSSIER NUCLÉAIRE
Le nucléaire iranien en perspective / Yann Richard
Après l'Iran : vers une prolifération nucléaire au Moyen-Orient ? / Barthélémy Courmont
QUELLES PERSPECTIVES DE SORTIE DE CRISE ?
Deux rendez-vous à préparer / Axel Poniatowski
Quelle diplomatie européenne pour un Iran aux ambitions nucléaires ? / Pierre Moscovici
Iran : le dialogue indispensable / Aymeri de Montesquiou
L'Europe à l'épreuve de la crise iranienne / Daniel Cirera
Sortir pacifiquement de la crise iranienne / François Géré
Face aux velléités nucléaires iraniennes, faire respecter le droit international / Entretien avec Bruno Tertrais
Contre la bombe et pour les droits de l'Homme / Michel Taubmann
Iran nucléaire : je me souviens de 2003 / François Nicoullaud
QUELLES PERSPECTIVES DE SORTIE DE CRISE ?
Les programmes nucléaires iranien et israélien : obsession ou véritable préoccupation ? / David Menashri
La campagne contre l'Iran : le lobby sioniste et l'opinion juive / Yakov M. Rabkin
EN LIBRAIRIE
Comptes rendus
Le trimestre des revues de relations internationales à l'étranger
Les activités de l'IRIS
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ou sur
www.iris-france.org
La Lettre d’information de l’Iris n°259
/ Publication
L’eau,
source de menaces?
de Barah Mikaïl
(Dalloz / IRIS - 150 pages)
Le XXe siècle, dominé en partie par des enjeux de type pétrolier, pourrait maintenant céder la place à des affrontements liés à des volontés d'accaparement et de contrôle de l'eau. Mais celle-ci, enjeu vital, et source potentielle de tensions sérieuses, représente aussi aujourd'hui un objet en voie de marchandisation. Ce qui ne manque
pas de susciter des questions alors que les Nations unies ont établi que, vers 2025, la demande mondiale en
eau douce pourrait être supérieure au total des réserves disponibles. Qui peut dès lors nier l'impossibilité qu'il y
a à demeurer les bras croisés ?
L'eau est un défi partagé par l'ensemble de l'humanité. Le rapport de forces au niveau international est primordial,
à une époque où nombreux sont ceux qui guettent la première et potentielle guerre pour l'eau. Mais cet aspect est
aussi pleinement lié aux modalités concrètes et efficaces de gestion de l'eau à l'échelle internationale.
C'est dans ce contexte que cet ouvrage amène à s'interroger concrètement sur les enjeux posés par l'eau, que
ce soit pour ce qui relève de ses utilisations, son statut, ou encore les défis géopolitiques qui en découlent. À
partir d'analyses géographiques, politiques et juridiques, Barah Mikaïl apporte ici une réponse concrète à la
bataille que la communauté internationale doit mener pour la préservation d'une ressource qui, cœur de la vie
humaine, pourrait aussi être un moteur des conflits du troisième millénaire.
Anciennement directeur de séminaire au Collège interarmées de Défense, enseignant à l'université Paris-8,
Barah Mikaïl est chercheur spécialisé sur les enjeux géopolitiques de l'eau et sur le Moyen-Orient à l'Institut de
relations internationales et stratégiques (IRIS). Il est également l'auteur de La politique américaine au MoyenOrient (IRIS/Dalloz, 2006).
EN VENTE EN LIBRAIRIE
OU SUR
WWW.IRIS-F
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