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CIBLE PRINCIPALE
SERIE
MATIERE
TITRE
Premi€re – Terminale
Série littéraire
philosophie
RESUME DU SUJET
Thème abordé :
Est-ce dans le loisir ou dans le travail que
l'homme réalise son humanité?
Est-ce dans le loisir ou dans le travail que l'homme r‚alise son humanit‚?
Introduction
I-Le travail ne serait-il pas activit‚ humaine par excellence ?
A- un animal ne travaille pas et le travail va contre la nature, la nie : il est bien ce qui nous extrait du
r€gne naturel, ce qui nous diff‚rencie de l’animal..
1) Le mythe de Prom‚th‚e (Platon, Protagoras, 320c-321c) : quelle est l’origine des techniques (et du
travail lui-m„me) ?
2) Marx, Le capital, : le travail est l’essence de l’homme
B- De plus, ne serait-ce pas l’activit‚ par laquelle on est (devient) un homme ?
1) Rousseau, De l’origine de l’in‚galit‚ parmi les hommes : l’humanit‚ se construit au cours du temps,
n’est pas quelque chose de tout fait.
2) Kant, Id‚e d’une histoire universelle, 4e proposition : la paresse contre la r‚alisation de l’homme.
3) N’est-ce pas alors par le travail que l’homme peut r‚aliser son humanit‚ ? (Hegel, Ph‚nom‚nologie
de l’esprit, la dialectique du ma…tre et de l’esclave).
II- Et si c’‚tait une mystification ?
A-Marx, Manuscrits de 1844 : tout travail n’est pas humanisant.
1) Le travail tel qu’il existe dans la soci‚t‚ capitaliste n’ali€ne-t-il pas le sujet de ce travail, l’ouvrier ?
2) Or, cela revient † dire que cette forme moderne du travail d‚shumanise l’homme
3) Tout travail n’est donc pas r‚alisation de l’humanit‚ (le travail et l’œuvre)
B- Peut-„tre que ˆa r‚alise l’humanit‚, mais moi, je suis certes un homme, mais aussi une personne, un
individu. Peut-„tre que mon bonheur ne se rencontre pas dans ce qui r‚alise la nature humaine.
III- R‚habilitation du loisir : Aristote, Ethique † Nicomaque,Livre X : le loisir philosophique.
1) Le travail contre la r‚alisation de l’esprit.
2) Les deux sortes de loisir.
3) Objections.
Bibliographie
Introduction.
1) D‚finitions sommaires :
-travail : a) sens g‚n‚ral : activit‚ par laquelle l’homme produit des biens et des services qui assurent la
satisfaction de ses besoins naturels mais aussi sociaux (en transformant la nature) ;
b) sens ‚conomique : activit‚ r‚mun‚r‚e, obligatoire et souvent p‚nible (fatigante, etc.)
-loisir : activit‚ non r‚mun‚r‚e, qui se d‚finit n‚gativement par rapport au travail ; c’est le " temps libre ",
le temps pass‚ hors du travail ;
-‚tymologie = " licere " = " „tre permis " ;
-sens grec = " schol€ " = temps libre qu’un homme libre consacre en particulier † l’‚tude, hors de toute
pr‚occupation de r‚ussite sociale ou d’efficacit‚ pragmatique († l’origine du mot " ‚cole ", lieu d’‚tude et
d’enseignement cf.Th‚‚t€te, 172c-176a)
-aujourd'hui = temps qui n’est consacr‚ † aucun travail professionnel et dont on peut disposer pour se
reposer ou se livrer † diverses activit‚s de son choix (cf.Encyclop‚die universelle, article " loisir ")
-Humanit‚ : homme en g‚n‚ral. Ce qui nous diff‚rencie de l’animal. On peut pr‚ciser qu’en g‚n‚ral, on
distingue l’homme de l’animal par tout ce qui nous para…t „tre le signe de la culture et de l’esprit : la
conscience, le langage, mais aussi, la libert‚.
Elle n’est pas naturelle mais construite (cf.Rousseau), du fait m„me qu’elle n’est pas naturelle avant tout,
mais culturelle. On acquiert l’humanit‚, on na…t humain en puissance mais on l’a en acte en allant contre la
nature. C’est bien ce que pr‚suppose d’ailleurs l’expression, centrale dans le sujet, de " r‚aliser son humanit‚
".
On pouvait bien s‰r parler du bonheur, mais † condition de se placer dans une perspective aristot‚licienne
(Politiques, I, 1 et 2 et Ethique † Nicomaque, notamment, I, 5), et de refaire son raisonnement. Sinon, on ne
traite pas le sujet († la fois parce qu’on lui en substitue un autre : " est-ce dans … que l’homme est heureux ;
et surtout parce que si vous ne r‚ussissez pas † reprendre le point de vue d’Aristote –cf.partie I du cours
bonheur et politique-, vous dites alors que nous ne nous sentons plus heureux † travers le loisir qu’† travers
le travail : la question est celle, bien moderne, de l’‚panouissement personnel ; ce n’est ni la question ou la
th€se d’Aristote, ni celle du sujet. Ici, on s’interroge sur l’humanit‚, pas sur la personnalit‚ ou l’individualit‚
; que vous souffriez au travail n’implique nullement que le travail ne soit pas ce qui r‚alise l’humanit‚ !
2) Probl‚matisation :
On demande quelle est, des deux activit‚s centrales dans la vie de l’homme, le travail et le loisir, celle qui
d‚shumaniserait l’homme, quelle est au contraire celle qui l’humanise. Ce qui est † interroger, c’est soit
notre valorisation excessive du travail soit notre d‚valorisation excessive au contraire. On doit donc
principalement se demander si le travail a une valeur en soi, pas seulement sociale mais au sens o‹ il serait
ce qui nous rendrait plus humain ou humain tout court. Le travail est-il pour l’homme, non pas seulement un
moyen en vue d’une fin ext‚rieure (survivre, manger) mais aussi et surtout une fin en soi ? Fait-il partie des
ph‚nom€nes culturels/ spirituels ?
NB : bien s‰r, on devra peut-„tre aussi remettre en question l’opposition tranch‚e " travail contre loisir " ;
mais † condition que cette remise en question soit r‚ellement amen‚e par un probl€me rencontr‚ au cours du
d‚veloppement.
I-Le travail ne serait-il pas activit‚ humaine par excellence ?
A- un animal ne travaille pas et le travail va contre la nature, la nie : il est bien ce qui nous extrait du
r€gne naturel, ce qui nous diff‚rencie de l’animal..
1) Le mythe de Prom‚th‚e (Platon, Protagoras, 320c-321c) : quelle est l’origine des techniques (et du
travail lui-m„me) ?
"Il fut jadis un temps o‹ les dieux existaient, mais non les esp€ces mortelles. Quand le temps que le destin
avait assign‚ † leur cr‚ation fut venu, les dieux les faˆonn€rent dans les entrailles de la terre d'un m‚lange de
terre et de feu et des ‚l‚ments qui s'allient au feu et † la terre. Quand le moment de les amener † la lumi€re
approcha, ils charg€rent Prom‚th‚e et Epim‚th‚e de les pourvoir et d'attribuer † chacun des qualit‚s
appropri‚es. Mais Epim‚th‚e demanda † Prom‚th‚e de lui laisser faire seul le partage. "Quand je l'aurai fini,
dit-il, tu viendras l'examiner". Sa demande accord‚e, il fit le partage, et, en le faisant, il attribua aux uns la
force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force; il donna des armes † ceux-ci, les refusa † ceux-l†,
mais il imagina pour eux d'autres moyens de conservation; car † ceux d'entre eux qu'ils logeaient dans un
corps de petite taille, il donna des ailes pour fuir ou un refuge souterrain; pour ceux qui avaient l'avantage
d'une grande taille, leur grandeur suffit † les conserver, et il appliqua ce proc‚d‚ de compensation † tous les
animaux. Ces mesures de pr‚caution ‚taient destin‚es † pr‚venir la disparition des races. Mais quand il leur
eut fourni les moyens d'‚chapper † une destruction mutuelle, il voulut les aider † supporter les saisons de
Zeus; il imagina pour cela de les rev„tir de poils ‚pais et de peaux serr‚es, suffisantes pour les garantir du
froid, capables aussi de les prot‚ger contre la chaleur et destin‚es enfin † servir, pour le temps du sommeil,
de couvertures naturelles, propres † chacun d'eux; il leur donna en outre comme chaussures, soit des sabots
de corne, soit des peaux calleuses et d‚pourvues de sang,; ensuite il leur fournit des aliments vari‚s suivant
les esp€ces, et aux uns l'herbe du sol, aux autres les fruits des arbres, aux autres des racines; † quelques-uns
m„mes, il donna d'autres animaux † manger; mais il limita leur f‚condit‚ et multiplia celle de leurs victimes,
pour assurer le salut de la race.
Cependant Epim‚th‚e, qui n'‚tait pas tr€s r‚fl‚chi, avait, sans y prendre garde, d‚pens‚ pour les animaux
toutes les facult‚s dont il disposait et il lui restait la race humaine † pourvoir, et il ne savait que faire. Dans
cet embarras, Prom‚th‚e vient pour examiner le partage; il voit les animaux bien pourvus, mais l'homme nu,
sans chaussures, ni couvertures, ni armes, et le jour fix‚ approchait o‹ il fallait l'amener du sein de la terre †
la lumi€re. Alors Prom‚th‚e, ne sachant qu'imaginer pour donner † l'homme le moyen de se conserver, vole
† H‚phaistos et † Ath‚na la connaissance des arts avec le feu; car, sans le feu, la connaissance des arts et
‚tait impossible et inutile; et il en fait pr‚sent † l'homme. L'homme eut ainsi la science propre † conserver sa
vie (…)".
Platon, Protagoras, 320c-321c, Folio 1967, Trad.E.Chambry, Le mythe de Prom‚th‚e, ou l'origine de la
technique.
Le mythe raconte que deux dieux, nomm‚s Epim‚th‚e et Prom‚th‚e, avaient eu pour tŒche de doter toutes
les esp€ces d’attributs n‚cessaires † leur survie. Or, arriv‚ † la fin, il resta † Epim‚th‚e, qui avait tout voulu
faire seul, l’homme; or, il avait d‚j† donn‚ tous les attributs dont il disposait. L’homme ‚tait donc
initialement nu, sans armes, sans couvertures, alors que l’animal, lui, ‚tait dot‚ naturellement de tout ce qu’il
lui fallait pour satisfaire tous ses besoins (instinct, griffes, poils, etc.).
Pour que l’homme puisse survivre, Prom‚th‚e, le deuxi€me dieu, vola le feu aux dieux.
Par la suite, du feu naquirent les techniques , par lesquelles l’homme compensa son inadaptation au
milieu. Ainsi, Prom‚th‚e, en offrant aux hommes le feu, et les techniques, leur offrit le travail, puisque les
techniques ne valent que dans le cadre du travail. Si l’homme travaille, c’est parce que nous ne pouvons
nous procurer ce dont nous avons besoin pour vivre qu’en le fabriquant. Par le travail, l’homme adapte la
nature † ses besoins, la transforme, agit sur elle, etc.
NB : cela revient † voir le travail comme une punition (= c'est un chŒtiment de Zeus que Prom‚th‚e a
tromp‚), mais en m„me temps, comme le propre de l’homme ; que nous, en tant qu’individus, vivions le
travail de faˆon p‚nible, ne veut rien dire quand † la signification r‚elle du travail par rapport † l’humanit‚
elle-m„me
2) Marx, Le capital, : le travail est l’essence de l’homme
Mais en quoi plus pr‚cis‚ment le travail est-il sp‚cifiquement humain ? Car si on se contente de dire que
si l’homme est l’„tre qui travaille (" homo laborans "), c’est parce qu’il doit cr‚er lui-m„me ses conditions
d’existence,on n’a pas de caract€re suffisant pour vraiment diff‚rencier par lui l’homme de l’animal. Voici
ce que r‚pond Marx † cette question :
"Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature. L'homme y joue lui-m„me
vis-†-vis de la nature le r•le d'une puissance naturelle. Les forces dont son corps est dou‚, bras et jambes,
t„te et mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des mati€res en leur donnant une forme utile † sa
vie. En m„me temps qu'il agit par ce mouvement sur la nature ext‚rieure et la modifie, il modifie sa propre
nature, et d‚veloppe les facult‚s qui y sommeillent. Nous ne nous arr„terons pas † cet ‚tat primordial du
travail o‹ il n'a pas encore d‚pouill‚ son mode purement instinctif. Notre point de d‚part c'est le travail sous
une forme qui appartient exclusivement † l'homme. Une araign‚e fait des op‚rations qui ressemblent † celles
du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cire l'habilet‚ de plus d'un architecte.
Mais ce qui distingue d€s l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit
la cellule dans sa t„te avant de la construire dans la ruche. Le r‚sultat auquel le travail aboutit, pr‚existe
id‚alement dans l'imagination du travailleur. Ce n'est pas qu'il op€re seulement un changement de forme
dans les mati€res naturelles; il y r‚alise du m„me coup son propre but dont il a conscience, qui d‚termine
comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volont‚."
Marx, Le Capital(1867), traduction de j. Roy, Žd. Sociales, 1950.
Explication rapide : Marx distingue le travail de la nature; puis de l'activit‚ de l'animal. Ce qui fait que
l'animal ne peut „tre dit "travailler", c'est qu'il ne r‚alise pas dans la mati€re une id‚e pr‚conˆue, le r‚sultat ()
n'est pas le fruit d'une activit‚ de pens‚e. Ce que l'araign‚e ou l'abeille font, et de mani€re plus parfaite que
l'homme, rel€ve de l'instinct, alors que ce que l'homme a fait rel€ve de l'esprit. (L'animal n'est pas conscient
de ce qu'il fait).
B- De plus, ne serait-ce pas l’activit‚ par laquelle on est (devient) un homme ?
Non seulement le travail d‚finit l’homme, ou lui est propre, mais encore, l’homme se r‚alise en travaillant
1) Rousseau, De l’origine de l’in‚galit‚ parmi les hommes : l’humanit‚ se construit au cours du temps,
n’est pas quelque chose de tout fait.
Cf. cours sur l’Etat, description de l’‚tat de nature : tout ce qui est humain est acquis au cours du temps,
est historique. L’humanit‚ de l’homme est bien inn‚e, mais au sens de " virtuelle ". Elle existe en puissance
mais n’existe effectivement (Aristote dirait " en acte "), n’est en " exercice " qu’apr€s coup. Exemple :
l’enfant est humain, est un „tre dou‚ de raison ; mais il n’est pas imm‚diatement raisonnable.
Confusion † ‚viter sur ce passage : certes, le travail d‚nature l’homme, mais ce faisant, il l’humanise (en
le socialisant) !
2) Kant, Id‚e d’une histoire universelle, 4e proposition : la paresse contre la r‚alisation de l’homme.
Kant reprend cette id‚e d’une humanit‚ qui n’existe pas imm‚diatement en acte. Cf. cours sur l’histoire,
II, le raisonnement par lequel il d‚montre que si la nature a donn‚ † l’homme la raison, c’est qu’elle a voulu
qu’il travaille parce que cette raison n’est pas imm‚diatement en exercice et demande des efforts, etc.
D€s lors, pour reprendre l’exemple de Kant dans Id‚e d’une histoire universelle, 4e Proposition, une
soci‚t‚ de bergers d’Arcadie qui se satisferait dans le repos, ne pourrait ‚voluer. Rien ne distinguerait les
bergers des animaux. (dire que l’on d‚finit ici le loisir par le repos, le d‚lassement total, par " ne rien faire ",
" se reposer ") ; amorcer alors une critique du loisir. L’homme resterait toujours dans l’‚tat naturel, ne
progresserait pas.
" (…) tous les talents resteraient † jamais enfouis en germe, au milieu d'une existence de bergers
d'Arcadie, dans une concorde, une satisfaction, et un amour mutuel parfaits; les hommes, doux comme les
agneaux qu'ils font pa…tre, ne donneraient † l'existence gu€re plus de valeur qu'en leur troupeau domestique
(…) toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanit‚ seraient ‚touff‚es dans un ‚ternel sommeil.
(L'homme) veut vivre commod‚ment et † son aise,; mais la nature veut qu'il soit oblig‚ de sortir de son
inertie et de sa satisfaction passive, de se jeter dans le travail et dans la peine pour trouver en retour les
moyens de s'en lib‚rer sagement".
Kant, Id‚e d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, extraits de la 4e proposition
3) N’est-ce pas alors par le travail que l’homme peut r‚aliser son humanit‚ ? (Hegel, Ph‚nom‚nologie
de l’esprit, la dialectique du ma…tre et de l’esclave).
En effet, le travail n’est-il pas, cf.Prom‚th‚e, une activit‚ de transformation de ce qui est donn‚/naturel ?
N’est-ce pas d€s lors ce par quoi on parvient † d‚passer la nature et donc † se faire homme ? N’est-ce pas
plus pr‚cis‚ment par l† qu’‚merge l’esprit, facult‚ caract‚ristique des hommes par rapport aux animaux, si
l’on en croit Descartes, M‚ditations m‚taphysiques, ou, si on refuse son dualisme trop tranch‚, la libert‚ ?
C’est ce que nous montre Hegel dans la dialectique du ma…tre et de l’esclave, o‹ il a pour but de montrer
comment l’animal devient homme.
Commentaire de la dialectique du ma…tre et de l'esclave par Hegel.
Le Ma…tre force l'Esclave † travailler. Et en travaillant, l'Esclave devient ma…tre de la Nature. Or; il n'est
devenu l'Esclave du Ma…tre que parce que - au prime abord - il ‚tait esclave de la Nature, en se solidarisant
avec elle et en se subor-donnant † ses lois par l'acceptation de l'instinct de conservation. En devenant par le
travail ma…tre de la Nature, l'Esclave se lib€re donc de sa propre nature, de son propre instinct qui le liait † la
Nature et qui faisait de lui l'Esclave du Ma…tre. En lib‚rant l'Esclave de la Nature, le travail le lib€re donc
aussi de lui- m„me, de sa nature d'Esclave: il le lib€re du Ma…tre. Dans le Monde naturel, donn‚, brut,
l'Esclave est esclave du Ma…tre. Dans le Monde technique, trans-form‚ par son travail, il r€gne ou, du moins,
r‚gnera un jour en Ma…tre absolu. Et cette Ma…trise qui na…t du travail, de la transformation progressive du
Monde donn‚ et de l'homme donn‚ dans ce Monde, sera tout autre chose que la Ma…trise "imm‚diate" du
Ma…tre. L'avenir et l'Histoire appartiennent donc non pas au Ma…tre guerrier, qui ou bien meurt ou bien se
maintient ind‚-finiment dans l'identit‚ avec soi-m„me, mais † l'Esclave travailleur. Celui-ci, en transformant
le Monde donn‚ par son travail, transcende le donn‚ et ce qui est d‚termin‚ en lui-m„me par ce donn‚; il se
d‚passe donc, en d‚passant aussi le Ma…tre qui est li‚ au donn‚ qu'il laisse - ne travaillant pas - intact. Si
l'angoisse de la mort incarn‚e pour l'Esclave dans la personne du Ma…tre guerrier est la condition sine qua
non du progr€s historique, c'est uniquement le travail de l'Esclave qui le r‚alise et le parfait.
A. Koj€ve, Introduction † la lecture de Hegel, Žd. Gallimard, 1947, p. 29.
Voici la th€se de Hegel : l’homme lui-m„me est le r‚sultat de son propre travail, car, en travaillant, il.
transforme la nature et, par l†, se transforme lui-m„me. C’est par le travail que l’homme acqui€re un attribut
‚minemment humain : la conscience. Celui qui ne travaille pas, et qui se croit plus libre que celui qui
travaille (le " ma…tre "), qui a une vie de loisir (sous-entendu =d’oisivet‚) est reste trop proche de la nature,
car il ne fait rien pour se distinguer d’elle, il n’y pense m„me pas, puisque, passant son temps † jouir de luim„me, il ne sait m„me pas que la nature est probl€me. L’esclave, lui, se rend bien compte que la nature lui
r‚siste, et lutte contre elle. Au bout du compte, il va s’en distinguer. Le travail n’est donc ab„tissant et
d‚shumanisant, parce qu’il ne s’oppose pas † ce qui est le plus proprement humain : l’intellect.
Conclusion : l’homme se r‚alise donc bien dans le travail, il y trouve tout ce qu’il lui faut pour r‚aliser
l’humanit‚. Le travail n’est pas seulement une n‚cessit‚ sociale contingente, n’ayant lieu d’„tre que pour
assurer nos besoins et n’existant par exemple que parce que la nature n’est pas abondante ou pas pourvue
d’objets pr‚-construits. Si la nature a besoin d’„tre travaill‚e, c’est afin que l’homme se fasse lui-m„me.
(c’est comme si la nature avait voulu que l’homme travaille, elle a fait expr€s de n’„tre pas imm‚diatement
adapt‚e † nos besoins, comme ˆa, on s’humanise, on " devient ce qu’on est ")
II- Et si c’‚tait une mystification ?
A-Marx, Manuscrits de 1844 : tout travail n’est pas humanisant.
L'ouvrier s'appauvrit d'autant plus qu'il produit plus de richesse, que sa production cro…t en puissance et en
volume. L'ouvrier devient une marchandise. Plus le monde des choses augmente en valeur, plus le monde
des hommes se d‚valorise; l'un est en raison directe de l'autre. Le travail ne produit pas seulement des
marchandises; il se produit lui-m„me et produit l'ouvrier comme une marchandise dans la mesure m„me o‹
il produit des marchandises en g‚n‚ral.
Cela revient † dire que le produit du travail vient s'opposer au travail comme un „tre ‚tranger, comme une
puissance ind‚pendante du producteur. Le produit du travail est le travail qui s'est fix‚, mat‚rialis‚ dans un
objet, il est la transformation du travail en objet, mat‚rialisation du travail. La r‚alisation du travail est sa
mat‚rialisation. Dans les conditions de l'‚conomie politique, cette r‚alisation du travail appara…t comme la
d‚perdition de l'ouvrier, la mat‚rialisation comme perte et servitude mat‚rielles, l'appropriation comme
ali‚nation, comme d‚pouillement. ~. .1
Toutes ces cons‚quences d‚coulent d'un seul fait: l'ouvrier se trouve devant le produit de son travail dans
le m„me rapport qu'avec un objet ‚tranger Cela pos‚, il est ‚vident que plus l'ouvrier se d‚pense dans son
travail, plus le monde ‚tranger, le monde des objets qu'il cr‚e en face de lui devient puissant, et que plus il
s'appauvrit lui-m„me, plus son monde int‚rieur devient pauvre, moins il poss€de en propre. C'est exactement
comme dans la religion. Plus l'homme place en Dieu, moins il conserve en lui-m„me. L'ouvrier met sa vie
dans l'objet, et voil† qu'elle ne lui appartient plus, elle est † l'objet. Plus cette activit‚ est grande, plus
l'ouvrier est sans objet. Il n'est pas ce qu'est le produit de son travail. Plus son produit est important, moins il
est lui-m„me.
La d‚possession de l'ouvrier au profit de son produit signifie non seulement que son travail devient un
objet, une existence ext‚rieure, mais que son travail existe en dehors de lui, ind‚pendamment de lui, ‚tranger
† lui, et qu'il devient une puissance autonome face † lui. La vie qu'il a pr„t‚e † l'objet s'oppose † lui, hostile
et ‚trang€re.
K. Marx, Manuscrits de 1844, traduction de M. Rubel, Biblioth€que de la Pl‚iade, Žd. Gallimard, 1968,
pp. 58-59.
Ce texte r‚pond † deux questions :
1) Le travail tel qu’il existe dans la soci‚t‚ capitaliste n’ali€ne-t-il pas le sujet de ce travail, l’ouvrier ?
(ali‚ner : „tre ‚tranger † ; soi-m„me ou au r‚sultat de son travail ;ne plus s'appartenir ; ne plus „tre libre)
R‚ponse : le travail moderne, li‚ † l’‚mergence du capitalisme, est avant tout le travail † la cha…ne, la
division du travail (cf;le taylorisme); or, cette forme de travail est ali‚nante, au sens o‹ elle d‚poss€de
l’homme de lui-m„me, et a pour cons‚quence qu’il ne s’appartient plus. En effet :
-d’abord, l’ouvrier qui travaille † la cha…ne ne se reconna…t pas dans ce qu’il fait (si tant est qu’il a fait
quelque chose : il n’a pas fait quelque chose, mais un bout de chose) ; la chose lui est compl€tement
ext‚rieure, il ne peut se reconna…tre ni s’‚panouir dans son travail, qui n’en est pas un ; il " travaille "
seulement pour subsister
-ensuite, l’ouvrier n’est qu’une marchandise pour son patron ; en tout cas, il vend sa force de travail
(marchandise) contre de l’argent (le salaire), afin d’acheter des marchandises (nourriture, chaussures, livres,
voyages, etc.) dont il fera usage pour produire sa vie ; et quelqu’un d’autre que lui va en tirer profit ( on dit
que cette force de travail poss€de une valeur d’‚change = ); donc, au bout du compte, on peut dire qu’il se
vend lui-m„me, et qu’il est consid‚r‚ comme une marchandise (voire m„me qu’il se consid€re lui-m„me
comme une marchandise !).
2) Or, cela revient † dire que cette forme moderne du travail d‚shumanise l’homme
On peut se r‚f‚rer, pour le montrer :
1. d’abord, † l’imp‚ratif cat‚gorique de Kant : l’homme est une fin en soi, on ne doit jamais le traiter
comme une chose qui peut s’‚changer contre une autre ; c’est la pire mani€re de d‚shumaniser un homme ;
2. ainsi qu’† Rousseau, Contrat Social, I, 4 : si la libert‚ est ce qui au plus haut point caract‚rise
l’homme, et le diff‚rencie de l’animal, alors, il faut dire que la forme moderne du travail est totalement
d‚shumanisante, qu’elle d‚shumanise l’homme plut•t qu’elle ne l’humanise.
Ainsi Marx d‚finit-il le syst€me capitaliste comme ‚tant " le syst€me d’exploitation de l’homme par
l’homme ".
3) Tout travail n’est donc pas r‚alisation de l’humanit‚ (le travail et l’œuvre)
- La forme de travail † travers laquelle l’homme s’humanise : cr‚er une œuvre d’art, ‚crire des romans,
etc. Or, et ce n’est sans doute pas pour rien : nous, contemporains, nommons plut•t ces activit‚s des loisirs.
Pourquoi ? Parce que nous les vivons comme agr‚ables, nous nous ‚panouissons † travers eux. Or, ce sont
bien des activit‚s rentrant dans le genre " travail ". Seul b‚mol : si nous les nommons loisirs, c’est parce que
aujourd’hui, un travail se pense par rapport au gain. Si nous faisons quelque chose sans penser au gain, alors,
pour nous, ce n’est pas un travail.
-on peut critiquer les philosophes qui ont glorifi‚ le travail comme ‚tant ce qui humanise l’homme au plus
haut point (Locke, Hegel, Marx lui-m„me dans sa jeunesse) en disant que cette glorification repose sur une
confusion : celle entre " travail " proprement dit et " œuvre ".
C’est ce sur quoi insiste H.Arendt dans son chapitre sur le travail in La condition de l’homme moderne.
Cf.distinction pr‚sente dans le langage : en anglais : " labor " / " work " ; en allemand : " arbeiten " et "
werken " : " labor " a une connotation, comme le latin " tripalium ", de la peine, de malheur, de souffrance ;
" arbeiten ", † peu pr€s pareil mais plus pr‚cis‚ment, d‚signe les travaux des champs ex‚cut‚s par les serfs ;
alors que " work " et " werken " renvoient † l’artisan, et † l’œuvre.
Dans cette distinction certes d’abord ‚tymologique mais aussi conceptuelle, le " travail " est d‚pr‚ci‚
parce qu’il est mis au rang des activit‚s difficiles, qui d‚forment le corps (ce sont donc surtout les
cultivateurs et les sculpteurs qui " travaillent ")
Conclusion : on peut peut-„tre soupˆonner que la th€se selon laquelle le travail humanise l’homme, r‚alise
son humanit‚, est une croyance utile † la soci‚t‚ ou bien une illusion " capitaliste ". Cf. sur ce point, le fait
que la valorisation du travail est dat‚e historiquement (r‚volution industrielle, ‚mergence du salariat) ; cf.
‚conomistes tels A.Smith, qui a ‚crit La richesse des nations : peut-„tre a-t-on cru que le travail avait pour
l’homme une valeur en soi, parce que l’on a su d‚montrer que le travail est source de toute valeur (cf.valeur
d’usage, et valeur d’‚change : utilit‚ d'un objet quelconque et facult‚ de celui qui le poss€de d'acheter
d'autres marchandises). Mais, apr€s tout, pourquoi l’homme ne se r‚aliserait-il pas ailleurs ?
B- Peut-„tre que ˆa r‚alise l’humanit‚, mais moi, je suis certes un homme, mais aussi une personne, un
individu. Peut-„tre que mon bonheur ne se rencontre pas dans ce qui r‚alise la nature humaine.
Le travail m’appara…t souvent comme une souffrance, une ali‚nation. Je ne le choisis pas, c’est difficile,
etc. Je ne m’‚panouis pas dans le travail sauf exception et sauf s’il est pour moi v‚cu comme un loisir.
-ici, on peut donc faire une place au fait que le travail n’est pas v‚cu comme ce par quoi je parviens au
bonheur, je me r‚alise, m’‚panouis, etc. ; mais en prenant bien la pr‚caution de pr‚ciser que l’individu peut
souffrir pour le bien de l’esp€ce, du groupe, etc.
-ˆa peut „tre utile pour passer † la troisi€me partie louant une vie de loisir plut•t qu’une vie de travail
Ainsi, on vient de montrer, en A), que tout travail n’est pas humanisant, peut-„tre m„me, avec H.Arendt, le
travail en tant que tel, si tant est bien s‰r qu’on puisse parler d’une " nature " du travail ; puis, en B), que le
travail me rend, moi, individu, malheureux ; ne peut-on pas d€s lors soupˆonner que c’est plut•t par le loisir
que l’homme r‚alise son humanit‚ ?
Le loisir est-il n‚cessairement l’oppos‚ du travail entendu comme œuvre ? Et n’est-il pas plus enrichissant
que le travail entendu comme labeur ? III- R‚habilitation du loisir : Aristote, Ethique † Nicomaque,Livre X :
le loisir philosophique.
1) Le travail contre la r‚alisation de l’esprit.
Cf. textes issus d’Aristote, Ethique † Nicomaque, Livre X :
•6, " Bonheur, activit‚ et jeu " (extraits) : " … sont d‚sirables en elles-m„mes les activit‚s qui ne
recherchent rien en dehors de leur pur exercice. Telles apparaissent „tre les actions conformes † la vertu, car
accomplir de nobles et honn„tes actions est l’une de ces choses d‚sirables en elles-m„mes. Mais parmi les
jeux, ceux qui sont agr‚ables font aussi partie des choses d‚sirables en soi : nous ne les choisissons pas en
vue d’autres choses, car ils sont pour nous plus nuisibles qu’utiles, nous faisant n‚gliger le soin de notre
corps et de nos biens (…) Ce n’est donc pas dans le jeu que consiste le bonheur. Il serait en effet ‚trange
que la fin de l’homme f‰t le jeu, et qu’on d‰t se donner du tracas et du mal pendant toute sa vie afin de
pouvoir s’amuser ! (…) au contraire, s’amuser en vue d’exercer une activit‚ s‚rieuse, voil† la r€gle † suivre.
Le jeu est, en effet, une sorte de d‚lassement , du fait que nous sommes incapables de travailler d’une faˆon
ininterrompue et que nous avons besoin de relŒche. Le d‚lassement n’est donc pas une fin, car il n’a lieu
qu’en vue de l’activit‚. Et la vie heureuse semble „tre celle qui est conforme † la vertu ; or, une vie
vertueuse ne va pas sans un effort s‚rieux et ne consiste pas dans un simple jeu. Et nous affirmons, † la fois,
que les choses s‚rieuses sont moralement sup‚rieures † celles qui font rire ou s’accompagnent d’amusement,
et que l’activit‚ la plus s‚rieuse est toujours celle de la partie la meilleure de nous-m„mes ou celle de
l’homme d’une moralit‚ plus ‚lev‚e. Par suite, l’activit‚ de ce qui est le meilleur est elle-m„me sup‚rieure et
plus apte † procurer le bonheur. De plus, le premier venu, f‰t-ce un esclave, peut jouir des plaisirs du corps,
tout autant que l’homme de plus haute classe, alors que personne n’admet la participation d’un esclave au
bonheur, † moins de lui attribuer aussi une existence humaine. "
•7, " La vie contemplative ou th‚or‚tique " : " ce qui est propre † chaque chose est par nature ce qu’il y a
de plus excellent et de plus agr‚able pour cette chose. Et pour l’homme, par suite, ce sera la vie selon
l’intellect, s’il est vrai que l’intellect est au plus haut degr‚ l’homme m„me. Cette vie-l† est donc aussi la
plus heureuse ".
NB : dans ce texte (c‚l€bre) Aristote d‚montre que la vie o‹ l’on peut consacrer tout son temps/loisir †
m‚diter, † philosopher, est la vie la meilleure possible pour l’homme car il d‚veloppe alors ce qui lui est
propre (l’intellect = esprit). Cf. suite : " Et cette activit‚ para…t „tre la seule † „tre aim‚e pour elle-m„me : elle
ne produit en effet rien en dehors de l’acte m„me de contempler " ; cette suffisance † soi de la vie
contemplative m€ne Aristote † la nommer " vie de loisir ", but dernier de toute activit‚ en g‚n‚ral (qu’elle
soit technique, i.e., visant † produire quelque chose, ou pratique, i.e., n’ayant pas pour but la fabrication –
sont pratiques au plus haut point les actions morales). Aristote utilise donc de deux mani€res le terme de "
loisir " (n‚gativement, et positivement).
Pour Aristote, qui est grec, ce qui fait de l’homme un homme, c’est l’intellect, l’esprit. Rien de nouveau
par rapport † notre analyse. Seulement, il inverse le rapport travail/ esprit : si l’homme est avant tout un
esprit et est homme par cet esprit, il doit le cultiver. Et cela, il ne peut le faire que s’il ne travaille pas. Pour
cultiver librement son humanit‚, son esprit, on doit pouvoir m‚diter † notre aise, r‚fl‚chir, bref, faire de la
philo ; pour ce faire, il faut „tre d‚livr‚ du souci des contraintes mat‚rielles. Comment penser tranquillement
si on doit perdre son temps † faire le repas, † nettoyer la maison, † travailler toute la journ‚e pour se procurer
du pain ?
Cons‚quence : le travail nous asservit † la n‚cessit‚, aux besoins du corps, il est donc "vile" et nous rend
esclaves du besoin et de la nature; au bout du compte, il nous rend semblable † un animal ou † la pire des
brutes. Bref le travail n'humanise pas, car il a rapport avec ce que nous partageons avec les autres animaux.
2) Les deux sortes de loisir.
a) Or, ce temps libre et de m‚ditation qui se d‚finit en totale opposition par rapport au travail, Aristote
l’appelle " loisir " (skhol€).
b) Il ne dit pas du tout que c’est † travers le loisir au sens de divertissement ou de jeu ayant pour seule fin
de nous procurer des plaisirs, que l’homme peut r‚aliser son humanit‚. Ca, c’est le loisir habituel des
hommes, mais c’est le loisir au sens n‚gatif.
Cf. Cours " Le bonheur consiste-t-il † faire tout ce qui nous fait plaisir ? ", o‹ Platon, dans le Gorgias,
montre bien que s’adonner † tous les plaisirs et tous les divertissements (qui peuvent „tre la chasse, le jeu, la
boisson, la multiplication des amants, etc.), m€ne † la perte de soi-m„me, et nous rend animal.
Cf.aussi, toujours dans le cours sur le bonheur et le plaisir, la d‚finition pascalienne du divertissement =
se perdre soi-m„me, sortir de soi pour se disperser dans des activit‚s qui font oublier notre triste condition
humaine.
Aristote oppose encore le loisir (skhol€) proprement dit † la paresse (er ) ou l'oisivet‚; alors que nous,
nous leur donnons le m„me sens.
3) Objections.
Deux probl€mes se posent toutefois :
a) ce qu’Aristote entend par " loisir ", n’est-ce pas une forme de " travail " ?
Un travail, certes, abstrait de son c•t‚ ‚conomique et financier, mais n’oublions pas que le travail n’a pas
toujours ‚t‚ tel ; il est avant tout une transformation de la nature, une opposition, m„me, † la nature. Si bien
que le loisir philosophique aristot‚licien est un ou est le travail au sens propre du terme. Il consiste † se
former soi-m„me en opposition † la naturalit‚ ou l’animalit‚ puisque ce qui est † r‚aliser, c’est ce qui fait de
nous des hommes, † savoir, l’esprit, la raison.
(cf.distinction entre travail qui assure la subsistance, et travail sur soi –qui a lui une signification et une
dignit‚ spirituelle)
b) le loisir par lequel l’homme r‚alise au plus haut point son humanit‚, repose sur l’esclavage.
Il n’est possible qu’† condition qu’il y ait des esclaves, qui, eux, travaillent, pour satisfaire les besoins de
la maisonn‚e, et du ma…tre. Ce n’est donc pas possible aujourd'hui de revenir † une telle mani€re de vivre et
de r‚aliser son humanit‚, car nous sommes † l'€re des droits de l'homme, donc, du caract€re universel et
abstrait de l'humanit‚
A nous d’inventer et de trouver des loisirs formateurs et r‚ellement humanisants ; ou bien, comme on est
en train d’essayer de le faire, de r‚inventer le travail !