Bruxelles, capitale humaine et culturelle de l`Europe

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Bruxelles, capitale humaine et culturelle de l`Europe
Bruxelles, capitale humaine
et culturelle de l’Europe
Henri Simons, chercheur-associé à Etopia
novembre 2006
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Bruxelles, capitale de l’Europe, ça veut dire quoi pour Bruxelles ? Aujourd’hui
ville-capitale administrative. Demain, pour se développer, Bruxelles doit aussi
devenir une capitale humaine et culturelle pour l’Europe.
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Favoriser la part icipat ion des cit o y ens
Une de nos premières démarches est d’encourager la revitalisation du tissu urbain
par la participation des citoyens à la vie culturelle de leur ville. Par son ancrage
social, une politique culturelle actualisée doit reconnaître des médiums perméables
aux nouvelles données culturelles et sociales de la ville. Il s’agit de développer les
politiques horizontales d’éducation permanente : ouvrir l’éducation aux registres
expressifs tels qu’ils sont mobilisés dans l’espace public médiatique et investis
comme langage vivant (pensons à l’image et au dessin animé, aux graphes et aux
tags, au conte, à la voix et aux bruits de la ville). Ecole rimera alors avec culture,
formation avec émancipation. Les technologies du texte, du son et de l’image n’ont
de pertinence que dans la mesure où elles problématisent effectivement la
communication concrète.
Dans cette optique de culture urbaine, la ville réelle est considérée comme une
ressource de l’action démocratique. Alimenter l’interaction entre espace public et
puissance publique exige de développer des médiations concrètes et d’encourager
des confrontations. La démarche artistique s’imbrique alors dans la culture
urbaine.
Il s’agit de renforcer la socialisation moderne des nouvelles générations et d’élargir
les publics. La démarche qui consiste à permettre aux gens de comprendre l’art,
éventuellement même de créer, demande d’être soutenue. Cette démarche
volontariste, promue par Ecolo, consiste en une reconquête culturelle pour nos
régions et nos communes. La décentralisation passe par une action culturelle dans
chaque commune voire dans chaque quartier. Ce travail de proximité devait
reposer tant sur la notion de ville bilingue et pluriculturelle que sur celle de
mixité culturelle dont la philosophie avait déjà été défendue lors de Bruxelles
2000. La symbiose français-néerlandais expérimentée au cours de cette
manifestation est, aujourd’hui encore, à l’origine de nombreuses synergies des
deux Communautés par le biais de leurs institutions. Cette duplicité est avant tout
un atout constitutif de notre spécificité, celle d’une ville à partager, notamment sur
le plan culturel, entre toutes les communautés afin d’en faire le terreau d’une
multiculturalité réussie, facteur d’intégration par l’échange et la collaboration.
Ainsi faut-il écouter les habitants, répondre aux créateurs, soutenir l’action
démocratique et l’émancipation, croire à l’intelligence de tous. Que Bruxelles soit
une ville ouverte à toutes ses cultures et à tous ses créateurs.
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R econquérir l es espaces publics
Ce travail participatif, de proximité, passe obligatoirement par la reconquête des
espaces publics, l’une des facettes les plus emblématiques du travail d'Ecolo. En
effet, cette entreprise de réinvestissement de l’espace public est apparue comme
une réponse adéquate au sentiment d’insécurité supposée ou ressentie en ville et
offre la possibilité d’un fructueux travail de proximité. Sortir la pratique culturelle
de lieux confinés procède d’une démarche éthique. Les projets mis en place,
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expositions, événements, spectacles, doivent avoir pour volonté de se servir de
l’esprit des lieux et du désir des personnes. La culture et l’animation socioculturelle, investissent des lieux nouveaux, - rues, appartements, anciens
commerces, gares désaffectées - qui n’avaient pas vocation à l’origine à accueillir
de telles démarches. De par sa position administrative originale, de son aura
touristique et de l’histoire de ses communes, Bruxelles ne peut faire l’économie
d’une réflexion sur son identité et sa vocation culturelle. Ainsi, par exemple,
placer des oeuvres d’art dans une ville n’est pas seulement un acte esthétique.
C’est aussi un acte politico-social. Installer une sculpture ou toute autre création
artistique permet de susciter la communication, la curiosité et la réflexion, en
d’autres mots, la participation. L’espace public devient un lieu d’ouverture au
monde et d’éducation permanente aux arts plastiques.
Le soutien apporté aux artistes de rue est essentiel. Pensons ici par exemple aux
arts du cirque Ici également l'accès à de nouvelles formes d'expressions scéniques
s'offre directement aux citoyens.
Insistons donc sur le lien nécessaire, fondamental entre social et culturel. L’accès
direct à la création, pour la rencontre entre l’espace public physique et l’espace
public du débat est un enjeu majeur.
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Donner une plac e aux nouveau x médium s et supp orts
d’expression
La ville est par essence le premier espace défriché par les nouveaux médiums et
nouveaux supports d’expression: les communes ont, entre autres, le rôle
d’identifier les ressources novatrices, les forces intellectuelles et créatrices, les
générations émergentes avec leur mode spécifique de conception et de gestion des
projets culturels. Afin de leur donner la place qu’ils méritent dans notre culture
contemporaine. Les pouvoirs locaux ont un rôle essentiel en tant que partenaire
des créateurs. Leur rôle est d’exposer au public leurs démarches, leurs moyens et
leurs objectifs, d’alimenter la concertation sociale, d’assumer le risque de projets
audacieux et intempestifs, d’évaluer rétrospectivement le chemin parcouru et, s'il
le faut, d’admettre leurs erreurs.
La culture au quotidien consiste à extraire de ses lieux réputés confinés, cloisonnés.
Décloisonner les disciplines artistiques, c’est donner l’art à voir, à entendre ou à
toucher à un large public. Cette démarche vise également à promouvoir la
transdisciplinarité et à lui offrir une grande visibilité. C’est construire des ponts
interdisciplinaires et accroître l’audience.
La place donnée aux nouveaux supports artistiques et le décloisonnement des
disciplines sont deux aspects qui ouvrent la création aux générations émergeantes ;
ceci tant en musique ou en création tags ou en créations multimédias.
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C o nserv er et v a l o riser le pa t rimo ine
Bruxelles est également une région de patrimoine historique et artistique. Il faut y
garantir une politique globale de gestion intellectuelle et de mise en valeur auprès
des publics du patrimoine des communes. Cette politique doit se traduire par la
diffusion d’outils scientifiques d’une grande qualité, accessible à un large public,
ainsi que par une amélioration de son accueil. L’aménagement des horaires
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d’ouverture et la mise en valeur des collections par des expositions thématiques
favorisent un meilleur accès à la connaissance du patrimoine. La redynamisation
du folklore, en concertation avec les organisateurs de grands événements et les
responsables culturels de la Ville participe de ce réinvestissement du patrimoine
historique. Ces concertations permettent de réinscrire dans l’espace public une
mémoire partagée par les communes et leurs habitants. Ces manifestations
rassemblent un large public et peuvent avoir une dimension contemporaine. La
Zinneke Parade est ici un très bel exemple. Les projets visant à faire découvrir les
aspects du patrimoine européen est aussi une démarche à développer.
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Une capit a le cult urelle eu ropé enn e : a c c ueil et t o léra nc e
Bruxelles ne peut être qu'une simple capitale administrative, bureaucratique de
l'Europe. Elle doit aussi en être la capitale des cultures européennes. Celle où se
rencontre la pluralité culturelle de l'Europe et du monde. Cap 2016 c'est un
objectif précis. Il faut par le travail de rencontre donner une large place à la
création et ouvrir Bruxelles à l’art et à la culture.
Ceci n’est possible que parce que Bruxelles est forte de son bilinguisme et de ses
multiples cultures mais également de son sens de l’accueil et de la tolérance.
Nous pouvons aboutir à cet objectif en favorisant la participation des citoyens, des
créateurs, des artistes au projet culturel de Bruxelles.
Reconquérir l’espace public, les rues, les places, les parcs permet la rencontre entre
les citoyens et les créateurs européens.
Soutenir les expressions contemporaines grâce aux nouvelles disciplines et
décloisonner celle-ci tout en faisant connaître les richesses créatives de nos
quartiers à l’Europe donneront à notre Région une place de ville créative, nouvelle
et dynamique au cœur de l’Europe.
Faire connaître le patrimoine de nos communes et des villes et régions d’Europe
favorisera la connaissance mutuelle de citoyens que nous voulons émancipés et
européens, sensibles à la participation et ouverts à la création.