de Douai - Univ Droit
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1153 LA SEMAINE DU DROIT EN RÉGION Cour d’appel de Douai ATELIER RÉGIONAL DE JURISPRUDENCE SURENDETTEMENT DES PARTICULIERS 1153 Est de mauvaise foi le débiteur surendetté qui n’exploite pas toutes ses capacités CA Douai, 8e ch., sect. 2, 21 janv. 2016 : JurisData n° 2016-003258 Frédéric DANNENBERGER, docteur en droit des affaires D ans l’espèce rapportée, le débiteur devait faire face à un passif conséquent d’un montant de 362 640 euros. Or pour cela, il ne disposait que de ressources mensuelles limitées à un salaire d’un montant de 1 165 euros, augmenté de prestations sociales d’un montant de 129 euros. Le problème soumis à la cour de Douai a pour cadre l’analyse de la recevabilité de sa demande de traitement de sa situation de surendettement. Aux termes de l’article L. 330-1 du Code de la consommation, l’une des conditions générales de recevabilité de la demande de surendettement repose sur la bonne foi du débiteur, à laquelle s’ajoute la caractérisation d’une situation irrémédiablement compromise lorsque la solution tend vers un rétablissement personnel. Ce critère de recevabilité tenant à la bonne foi du débiteur, non légalement définie, a pour objet de permettre de départir les débiteurs simplement imprudents, imprévoyants ou victimes d’un « accident » de la vie, et donc susceptibles de bénéficier d’une nouvelle chance, des débiteurs vivants sciemment au-dessus de leurs moyens et gérant leur passif et leurs engagements dans l’optique d’avoir une échappatoire à leurs obligations par le biais des procédures de traitement des situations de surendettement. La bonne foi étant présumée, la démonstration de la mauvaise foi doit être faite, étant à souligner que cette condition est une fin de non-recevoir susceptible d’être soulevée d’office par le juge. Classiquement, la démonstration de la mauvaise foi se fera en considération des conditions dans lesquelles le passif aura été généré. Les magistrats s’emploient dans ce cadre à déterminer si lors de la souscription de ses engagements le débiteur avait - ou du moins aurait dû avoir conscience du fait qu’il ne pourrait y faire face. La mauvaise foi sera également caractérisée en cas de déclarations mensongères du débiteur quant à ses ressources ou son patrimoine. Le critère relevé par la cour de Douai est ici plus singulier. En l’occurrence, la cour relève que le débiteur est un cuisinier professionnel âgé de seulement 42 ans. Mais plus important, il apparaît que le débiteur avait à son actif un palmarès qui forçait le respect. Il s’agissait en l’espèce d’un cuisinier de renom, qui avait dans le passé travaillé avec des grands chefs connus et dans des lieux prestigieux avec une excellente notation dans les guides gastronomiques, et ce dès l’âge de 29 ans. La cour en déduit qu’il évolue dans un secteur qui ne se trouve pas particulièrement affecté par la crise, du moins pour un professionnel de son niveau. Pour la cour, le fait de s’abstenir délibérément de tout mettre en œuvre pour travailler avec une rémunération plus conséquente, en correspondance avec ses véritables capacités professionnelles, caractérise suffisamment sa mauvaise foi. Atelier régional de jurisprudence Sous la direction de Dorothée Bourgault-Coudevylle, maître de conférences à la faculté de droit de Douai. Les membres de l’atelier sont J.-Y. Maréchal, F. Dannenberger, B. Cassowitz et M. Garnier. L’atelier régional remercie M. le premier président Bruno Cathala, Mme la procureure générale Marie-Suzanne Le Queau ainsi que les membres des différents greffes pour leur précieux concours. La faculté de droit de Douai, un enseignement à taille humaine et ouvert sur l’extérieur Valérie Mutelet, vice-doyen a faculté de droit est située dans la ville de Douai, capitale judiciaire du NordPas-de-Calais. Elle a pour ambition de profiter de cette situation particulière en établissant des liens permanents entre les mondes judiciaire et universitaire, qu’il s’agisse de créer des ateliers de jurisprudence intégrés au cursus des Master, d’organiser des rencontres entre les étudiants et les magistrats (concours de plaidoirie, reconstitutions de procès, concours d’éloquence au sein du festival du film judiciaire), de trouver des lieux de stage pour ses étudiants, d’organiser des colloques ou encore de solliciter des professionnels pour des conférences ponctuelles. Faculté à taille humaine, elle propose néanmoins la possibilité d’un parcours juridique complet : de la licence en droit à plusieurs masters de droit, spécialisés dans les domaines de la justice et du procès, de la gestion des collectivités territoriales, de la question environnementale ou le monde de l’entreprise. Parallèlement, cette structure délivre une licence professionnelle « activités juridiques » ainsi que différents diplômes universitaires basés sur une expertise de qualité (mandataire judiciaire de la protection des majeurs, expertise juridique et technique de l’environnement). De plus, la faculté accueille l’une des trois classes préparatoires intégrées de l’École nationale de la magistrature et entretient des relations étroites avec l’École des mines de Douai, partenaire essentiel pour l’appréhension de la question environnementale. L’équipe enseignante et administrative de la faculté s’attache à mettre en place une politique forte d’encadrement des étudiants et de préprofessionnalisation. Elle développe par ailleurs une politique d’ouverture culturelle. La faculté se caractérise par son dynamisme : organisation de colloques sur le thème des nouvelles formes du terrorisme ou le travail irrégulier, participation des étudiants à des concours de plaidoiries nationaux en droits de l’homme. L £ Votre interlocuteur Lexis 360° : S. Danel (06 19 30 60 15, [email protected]) et Logiciel : L. Pocas (06 24 43 48 34, [email protected]) LA SEMAINE JURIDIQUE - ÉDITION GÉNÉRALE - N° 43-44 - 24 OCTOBRE 2016 Page 1981