Tour de France dans le Jura : ouvrons le débat

Parlement jurassien
Groupe CS-POP/VERTS
Interpellation n°
Tour de France dans le Jura : ouvrons le débat
Les premières velléités d'organiser l'arrivée d'une étape du Tour de France dans le Jura sont
nées au lendemain de l'excellente expérience de l'accueil d'une étape du Tour de Romandie
en Ajoie en 2006. Au-delà de l'enthousiasme manifesté par les responsables du Tour du
Jura, et au-delà du prestige de la manifestation, cette volonté mérite réflexion, donc débat.
En septembre 2006, nous avions posé une question écrite (n° 2048) à ce sujet. Le
Gouvernement avait alors répondu que rien d'officiel n'avait été décidé et ne donnait dès lors
aucune réponse concrète. Depuis, les choses ont évolué. Nos questions, et d'autres,
redeviennent d'actualité.
Dans l'édition du Quotidien jurassien du 13 juillet demier, le responsable de la sécurité du
Tour du Jura donnait des informations démontrant l'implication des autorités jurassiennes
dans le projet. Le chef du service de l'information et le chef de l'office des sports ont participé
à la présentation du projet « Ajoie-Belfort » à la société organisatrice du Tour de France
(Amaury Sport Organisation). On apprend dans le même article que le Gouvernement,
régulièrement tenu au courant des démarches, est unanimement favorable au projet.
Dans cette affaire, on observe déjà, non pas des tendances, mais des fronts se constituer.
D'un côté, on trouve ceux qui estiment que le passage de la Grande Boucle dans notre
canton constituera une fantastique vitrine publicitaire pour notre région. De l'autre, il y a ceux
qui pensent que le cyclisme professionnel est pourri par le dopage et que ce serait immoral
que de collaborer à une telle mascarade.
Il y a du juste dans les deux positions. C'est certain, les contrées traversées par le Tour de
France bénéficient d'une présentation télévisuelle remarquable assurée par France 2. De là
à dire qu'il s'agit d'une occasion exceptionnelle à ne pas manquer, et que l'on espère,
comme le disent certains depuis un autre projet sportif avorté, que les Jurassiens quitteront
leur attitude frileuse pour se mobiliser derrière un projet porteur, il y a un pas que nous ne
franchirons pas.
D'un autre côté, depuis l'affaire Festina en 1998, le cyclisme professionnel véhicule une
réputation sulfureuse. Les affaires de dopage se multiplient, cette année encore, rendant
toute performance sportive douteuse. S'il est évident que le recours au dopage semble se
généraliser dans ce sport, nous aurions par contre tort de penser qu'il est le seul à être
touché par ce fléau.
Afin de lancer le débat, si possible sereinement, sur ce projet, nous demandons au
Gouvernement
1. Des contacts ont-ils été établis avec l'État de Neuchâtel, qui a accueilli le Tour de
France en 1998, afin d'obtenir des indications, d'une part sur l'importance des
engagements administratifs et financiers nécessaires à une telle organisation, d'autre
part sur les retombées économiques perceptibles, surtout touristiques, de ce genre
de manifestation ?
2. Indépendamment de ces contacts, on sait que l'organisation du projet «AjoieBelfort » devrait coûter quelque chose comme 350'000 francs, sans tenir compte du
budget lié à la sécurité. Sur ce dernier point, une estimation des coûts peut-elle être
déjà faite ?
3. La société Amaury, voulant se garantir le versement du montant ci-dessus, ne traite
qu'avec les collectivités publiques. Selon nos informations, elle réclame une caution
au moment du dépôt de candidature. La candidature jurassienne a-t-elle déjà été
déposée ? Dans tous les cas, quel est le montant de la caution et qui l'a payée, ou la
paiera le moment venu ?
4. Le Jura seul ne pourra pas éradiquer le fléau du dopage. A ce propos, comment le
Gouvernement apprécie-t-il les propositions du Conseil d'État genevois, d'un de ses
membres du moins, qui fait dépendre la poursuite du financement du Tour de
Romandie de garanties quant à l'organisation d'une épreuve sportive propre ?
5. Comment le Gouvernement apprécie-t-il la création pour 2008 de l'agence nationale
antidopage (ANA), plus particulièrement en ce qui concerne sa position concernant
les contrôles inopinés et les contrôles sanguins ?
6. Pour terminer, la venue d'une épreuve sportive controversée comme le Tour de
France est-elle compatible moralement avec la politique de promotion du sport
populaire, du sport-santé, du sport scolaire, mise en place dans le Jura depuis
longtemps? Et le Gouvernement peut-il garantir que l'investissement financier
nécessaire pour cette manifestation unique n'aura pas d'incidences sur l'importance
du soutien cantonal au sport régional ?
Delémont, le 22 août 2007
Groupe CS-POP/VERTS
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