Retour aux sources
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Photo: Rafaël Frost © ISO Management Systems, www.iso.org/ims Éditorial PAR Éditorial R OGER F ROST Retour aux sources Robert Zimmerman est plus connu dans le monde sous le nom de Bob Dylan. Ce nom de scène s’écrivait initialement « Dillon », nom tour à tour attribué à un cow-boy de série télévisée et à un joueur de football américain, mais le grand chanteur-compositeur adopta finalement la forme du nom du poète gallois Dylan Thomas, bien que cette question fasse encore l’objet de maintes controverses chez les fans de Bob Dylan ! Reg Shaughnessy, ancien Président de l’ISO/TC 176, était, en 2002, le premier lauréat du Prix canadien Roy A. Phillips, destiné aux personnes dont les contributions ont aidé le Canada à être reconnu dans le monde comme un chef de file de la normalisation internationale. 6 Bob Dylan ne connaît sans doute pas ISO 9000 ou ne s’en soucie guère. Un de ses albums les plus célèbres a pour titre Bringing it all back home. Parmi les interprétations possibles de cette phrase, le retour aux fondements, aux sources, à ce qui compte réellement dans la vie. Je ne sais si Reg Shaughnessy qui, de 1987 à 1997, a été le Président charismatique de l’ISO/TC 176, le comité technique de l’ISO responsable d’ISO 9000, aime la musique de Bob Dylan. Je serais prêt à parier qu’il préfère de beaucoup les immenses chœurs gallois, en particulier lorsque leurs chants s’élèvent, dans un mythique stade de rugby, pour porter vers l’avant l’équipe du Pays de Galles. Je ne prends en l’occurrence guère de risques car Reg Shaughnessy, citoyen canadien, et qui est fier de l’être, est aussi fier de ses racines en Galles du sud, région industrielle dont la culture est marquée par des générations de métallurgistes et de mineurs qui ont initialement inspiré le travail qu’il a bénévolement consacré, pendant plus de 40 ans, à l’amélioration de la qualité, et de la santé et sécurité au travail. Il y a une dizaine d’années, j’entrai à l’ISO pour m’occuper de la revue qui s’intitulait alors ISO 9000 Info et je rencontrai Reg pour la première fois. « Vous y connaissez quelque chose, à ces histoires de qualité ? », me demandat-il avec cette naïveté feinte que Merlin l’enchanteur (encore un Gallois) employait pour désarçonner les gens. Je compris aussitôt que seule la stricte vérité me tirerait d’affaire, et je répondis très franchement « non ». J’avais dû réussir une sorte d’épreuve en n’essayant pas de bluffer, parce que l’enchanteur hocha la tête avec bienveillance et dit : « Eh bien – par exemple, si vous deviez ou si un de vos proches devait vivre avec un stimulateur cardiaque, vous aimeriez bien que son fabricant applique un système qualité fondé sur ISO 9000 ! ». ISO Management Systems – novembre-décembre 2003 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims Une histoire en appelle une autre et celle que je viens de relater m’est revenue à l’esprit lorsque je mettais au point le dossier du présent numéro d’IMS sur les systèmes de management dans le secteur des soins de santé et des dispositifs médicaux (voir pages 19-31). Comme le suggérait l’exemple de Reg, nous aimerions tous que les organisations qui travaillent dans ce secteur connaissent bien ce qu’elles font. Nous aimerions aussi que les personnes qui travaillent pour ces entreprises soient motivées à rechercher la « satisfaction de la clientèle ». Dans ce contexte précis, ce terme générique pourrait signifier tout simplement que l’on soulage les souffrances, alors que l’occurrence ou non de « non-conformités » pourrait bien se situer sur la ligne qui sépare la vie de la mort. Il est bon, de temps à autre, de retourner aux sources, aux fondements. Ce qui compte réellement, c’est le degré auquel toutes ces « histoires de qualité » aident les personnes à faire ce qu’il faut faire, et à le faire bien, afin de réaliser des produits et services utiles pour d’autres personnes – et à les sentir motivées et reconnues pour ce travail. Comme bien souvent, une histoire communique mieux le message – lisez donc celle qui ouvre l’article d’Eve Jokel à la page 23. Ce qui compte On peut supposer sans grand risque d’erreur que Reg Shaughnessy préfère réellement, c’est le Dylan Thomas à Bob Dylan. Toutefois, le Canadien gallois qui a joué un rôle décisif dans la composition d’ISO 9000 et le barde américain qui porte le degré auquel toutes ces nom d’un poète gallois pourraient fort bien tomber d’accord sur le titre d’une « histoires de qualité » composition de Bob Dylan : aident les personnes à Gotta Serve Somebody * faire ce qu’il faut faire, et à le faire bien * Nous devons tous servir quelqu’un. ISO Management Systems – novembre-décembre 2003 7