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JOURNÉE D’ÉTUDES MEMOIRES SENSIBLES Mémoires, perceptions et expérience théâtrale entre histoire, anthropologie et esthétique ------- SAMEDI 15 NOVEMBRE 2014 ------- UNIVERSITÉ DE RENNES 2 – HAUTE-BRETAGNE EA 3208 « ARTS : PRATIQUES ET POÉTIQUES » LABORATOIRE D’ETUDES THEATRALES MEMOIRES SENSIBLES MEMOIRES, PERCEPTIONS ET EXPERIENCE THEATRALE ENTRE HISTOIRE, ANTHROPOLOGIE ET ESTHETIQUE ---------- SAMEDI 15 NOVEMBRE 2014 ---------La mise en avant de la dimension performative et événementielle des arts de la scène suscite depuis quelques années la volonté, chez les artistes, d’instaurer d’autres rapports aux œuvres passées et, chez les chercheurs, d’élargir les archives de la création. L’idée, devenue un topos, d’une œuvre scénique n’ayant d’existence que perçue par un public, à travers de multiples points de vue et singularités, s’est dernièrement traduite par un intérêt renforcé – comme en attestent un certain nombre de récents colloques – pour les spectateurs et pour leur mémoire. En tant que chorégraphe, Olga de Soto a ainsi éprouvé la nécessité de susciter les témoignages de spectateurs pour restituer l’effet de certaines pièces majeures de l’histoire de la danse, tandis que Jérôme Bel, prenant acte de « la mort de l’auteur », fait des souvenirs de spectateurs le cœur de certaines de ses créations. Mais ces mémoires peuvent également être utiles aux chercheurs en études théâtrales, à condition de les prendre en compte dans toute leur complexité. En effet, elles ne se livrent que par le prisme de multiples médiations qu’il convient de penser. Au risque de ne constituer qu’une collection de témoignages singuliers, elles révèlent un spectacle au travers d’individualités perceptives et l’inscrivent dans un parcours biographique. Inversement, elles pourraient n’être que le reflet du contexte historique et social de la représentation. Enfin, la forme et la qualité des souvenirs tiennent certainement autant à l’œuvre même qu’à une certaine conception de l’œuvre d’art, de la relation esthétique et à l’évolution des sensibilités et des représentations. Ainsi ces mémoires, aussi incertaines et infidèles soient-elles, pourraient constituer pour le chercheur une source importante, permettant de rendre compte non seulement des créations, mais aussi de l’événement constitué par un spectacle, et enfin de l’évolution de l’expérience spectatorielle elle-même. Il s’agira donc au cours de cette journée de nous interroger sur ces mémoires et sur leurs usages par les chercheurs en études théâtrales, en tissant des liens entre mémoire et histoire des perceptions et des sensibilités, mémoire et anthropologie, mémoire et esthétique – relation esthétique. Nos réflexions porteront – dans une perspective diachronique – sur des corpus déjà constitués et relevant de périodes historiques diverses, afin de mieux souligner les mutations de l’expérience théâtrale dont ces mémoires peuvent constituer la trace. ORGANISATION BENEDICTE BOISSON, maître de conférences en Études théâtrales [email protected] Laboratoire d’études théâtrales, Équipe d’accueil 3208 « Arts : Pratiques et poétiques », Programme « Archiver le geste créateur ? » UFR : Arts, Lettres, Communication Département Arts du Spectacle ---------- PROGRAMME ---------- 9h45 Accueil 10h15 LAURA NAUDEIX (MCF, études théâtrales, Rennes 2) : Spectateurs d’opéra, fin XVIIe-XVIIIe : contribution à la définition d’une expérience esthétique En croisant les traces de souvenirs de spectacles qui commencent à apparaître dans des textes sur l’opéra et la représentation lyrique de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, en Italie et en France, nous essayerons de mesurer l’impact que l’expérience de spectateur a pu produire sur la pensée du spectacle. Le cas de Jean-Baptiste Dubos retiendra notamment notre attention, en tant qu’un des principaux acteurs d’une mutation du discours sur l’expérience de l’art, tout en étant un témoin discret de ses propres ressentis. Il nous aidera à penser également la spécificité des œuvres lyriques françaises et italiennes, souvent présentées comme obéissant à des cadres esthétiques divergents. Maître de conférences en études théâtrales à l’Université de Rennes 2, Laura Naudeix consacre l’essentiel de ses travaux à l’analyse et à l’histoire du théâtre lyrique (opéra, ballet, théâtre à machines) en France et en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle a notamment publié : Dramaturgie de la tragédie en musique (1673-1764), 2004 ; en collaboration avec J.-N. Laurenti et N. Lecomte, édition de Louis de Cahusac, La Danse ancienne et moderne, Traité historique de la danse, 2004 ; en collaboration avec A. Piéjus, Trois comédies mêlées de Molière, 2010. 10h45 CELINE FRIGAU MANNING (MCF, études théâtrales et études italiennes, Paris 8) : L’œil du spectateur d’opéra, ou les mémoires sensibles du Théâtre-Italien de Paris La réflexion sur le statut et le croisement des sources est aujourd’hui une condition sine qua non de l’histoire du théâtre, où les descriptions de spectateurs, longtemps écartées car accusées de se borner à des généralités, à des impressions personnelles, ou plutôt, à des souvenirs d’impressions, trouvent désormais leur place. Car le spectateur est lui-même auteur de cette histoire dont il est devenu un objet d’étude privilégié – et à l’origine de sa volonté d’écrire, souvent, son désir de mettre en mots son expérience, son regret de voir s’enfuir le geste de l’acteur. Or placer le spectateur au cœur d’une histoire de l’opéra, trop souvent concentrée sur les aspects musicaux, conduit à déplacer nos interrogations de la voix au geste, de l’ouïe au regard – un regard qui doit être compris comme acte perceptif et comme acte intellectuel, saisissable par l’analyse de ses modes d’expression ; un regard qui est manière de voir, de ressentir et de raisonner. À l’occasion de la parution de mon étude Chanteurs en scène. L’œil du spectateur au Théâtre-Italien (1815-1848) (Champion, 2014), je tâcherai de présenter les enjeux d’une telle approche, appliquée à un terrain qui reste en bien des aspects à explorer : le Théâtre-Italien de Paris, consacré à la production d’opéras italiens, l’une des institutions artistiques les plus décisives du premier XIXe siècle. Céline Frigau Manning est maître de conférences en études théâtrales et en études italiennes à l’Université Paris 8, membre de l’équipe Scènes du monde, Création, Savoirs critiques (EA 1573). Ancienne élève de l’ENS d’Ulm, agrégée d’italien, elle a été pensionnaire à la Villa Médicis en 2011 et chargée de recherche à la BnF (Bibliothèque-musée de l’Opéra) de 2006 à 2010. Elle est l’auteur de nombreux articles consacrés au théâtre et à l’opéra du XIXe siècle et son ouvrage Chanteurs en scène. L’œil du spectateur au Théâtre-Italien (1815-1848) est paru chez Champion en 2014. 11h15 BENOIT HENNAUT (post-doctorat, Labex CAP (héSam) / CRAL, EHESS et Université Libre de Bruxelles) : Le voyeur et le promeneur, modalités de la mise en récit de l’expérience spectatorielle La mise en récit de l’expérience spectatorielle est une forme de passage à l’acte textuel de la part d’un spectateur engagé dans un processus de dramatisation. Si elle est souvent motivée par une dimension mémorielle visant l’archive ou la critique, elle peut aussi refléter des ambitions dramaturgiques ou créatives, voire s’approcher de la tradition bien connue de l’ekphrasis dans le monde pictural. De ces recompositions mémorielles narratives de l’après spectacle, nous décrirons deux registres particuliers observés au sein d’un corpus important de recensions et de critiques. Les rangeant sous les catégories du « voyeur » ou du « promeneur », nous y voyons deux topos du commentaire théâtral élaboré par un spectateur (le plus souvent professionnel) dont la mémoire forge un parcours au dedans et au dehors du spectacle, nous informant autant de sa structure dramaturgique interne que des émotions liées à sa réception particulière. Benoît Hennaut a soutenu en décembre 2013 une thèse consacrée aux relations entre le récit et le spectacle théâtral postdramatique (Université Libre de Bruxelles, Langues et Lettres, et EHESSParis, Centre de Recherches sur les Arts et le Langage) et est actuellement post-doctorant dans le cadre du labex CAP (héSam) de l’EHESS. Sa thèse, Théâtre et récit, l’impossible rupture, est en cours de publication aux éditions Garnier. Par ailleurs, il mène une vie professionnelle ancrée dans la direction de projets artistiques et culturels au sein de plusieurs institutions en Belgique et en France. Il est également membre du comité de rédaction de la revue Alternatives Théâtrales. Il a notamment publié « Building stories around contemporary performing arts. The case of Romeo Castelluci's Tragedia Endogonidia », dans : Alber, Jan ; Hansen, Per Krogh (eds.), Beyond classical narration: unnatural and transmedial narrative and narratology, Berlin, de Gruyter, 2014, p. 97116 ; « (D)écrire la représentation. Quand le spectacle postdramatique force à l’ekphrasis », dans Textimage, mai 2013. 11h45-12h15 DISCUSSION 12h15-14h Pause déjeuner 14h-15h CHRISTIAN RUBY (Philosophe, formateur en médiation culturelle) : Construction et déconstruction de la figure du spectateur Cette intervention consistera à rendre compte de la construction de la figure du spectateur et de ses légitimations, à partir d’œuvres classiques portant sur le spectateur, et à relire cette histoire à partir de sa déconstruction par l’art contemporain, posant ainsi le problème de la nomination des regardeurs et autres activateurs devant les œuvres modernes et contemporaines. La réflexion se basera sur la projection de visuels et une analyse d'œuvres sur le spectateur. Christian Ruby est docteur en philosophie, philosophe et formateur en médiation culturelle (Paris). Il a dernièrement publié Spectateur et politique, D’une conception crépusculaire à une conception affirmative de la culture, Bruxelles, La Lettre volée, 2014-2015 ; L’Archipel des spectateurs, Besançon, Editions Nessy, 2012 ; La Figure du spectateur, Paris, Armand Colin, 2012. Site de référence : www.christianruby.net <http://www.christianruby.net> 15h00-15h15 DISCUSSION 15h15-15h30 Pause 15h30-16h PROJECTION de La Table Verte — Premiers souvenirs, un des films réalisés au départ du travail de recherche et de création d’Olga de Soto au sujet de La Table Verte (Kurt Jooss, 1932). Concept, documentation, réalisation vidéo, caméra et son d’Olga de Soto (© Olga de Soto, 2013). Présentation par Bénédicte Boisson Depuis quelques années, Olga de Soto explore l’histoire de la danse à travers la perception et la mémoire des œuvres qu’en conservent tant les spectateurs que ceux qui les ont interprétées. Avec pour point de départ La Table Verte, ballet créé par Kurt Jooss en 1932, elle poursuit le travail d’entretiens qu’elle avait engagé avec histoire(s) au sujet du ballet de Roland Petit Le Jeune Homme et La Mort, créé en 1946. Grâce aux témoignages qu’elle filme, des œuvres définitivement disparues nous sont transmises, tout autant que l’émotion qu’elles ont suscité ou la dynamique du souvenir et son émergence par le biais de la parole. Le travail d'Olga de Soto révèle également les liens forts entre histoire de l’art, histoire sociale et politique et parcours personnels. Ce film, partie intégrante d'un projet d'installation sur lequel la chorégraphe travaille actuellement, présente un montage de témoignages de spectateurs ayant vu l’œuvre à diverses époques et dans différents pays, tant en Europe que sur le continent américain. Olga de Soto est chorégraphe. Au cœur de ses travaux se développe une réflexion sur la mémoire, déployée selon deux axes : la mémoire corporelle et la mémoire perceptive, tant des spectateurs que des interprètes. Elle a créé divers solos et pièces dont Eclats Mats, Incorporer en 2004, premier solo ouvrant un projet d’une suite de soli accompagnés qui durera cinq ans, histoire(s) en 2004 ou encore, autour du spectacle de Kurt Jooss La Table Verte, la lecture-performance Une Introduction en 2010, puis Débords. Réflexions sur La Table Verte, en 2012. 16h-16h30 DANIEL LE BEUAN (doctorant en études théâtrales, Paris 3-Sorbonne Nouvelle, Thalim – Arias, CNRS) : Celui qui rappelle le théâtre Selon l’approche anthropologique de Marie-Madeleine Mervant-Roux, « la figure spectatrice est moins celle qui assiste au spectacle que celle qui, un jour, y aura assisté ». Son activité va principalement se développer après le spectacle. Si « le spectateur est celui qui survit au spectacle », c'est aussi celui qui le fait vivre sur le long terme. Tel un archiviste, il collecte, conserve le souvenir des spectacles vivants et les prolonge. Il les rend pour partie disponibles pour une mobilisation ultérieure. Par sa participation à l’espace-temps de la représentation qu’il inscrit en sa mémoire, le spectateur incorpore et s’approprie les spectacles. Au contact du réel, avec une mémoire rendue vive, ravivée en s’élucidant, régénérée en s’éveillant, il réactive et revisite le théâtre, constituant ainsi une mémoire vivante. Vecteur de ses finalités sociales, il le rappelle, le réclame, le convoque, le fait advenir pour jouer avec lui et par lui son sort et celui de la société dont il nourrit la mémoire collective. Art vivant, le théâtre vit à cet endroit. La communication présente des éléments sur les contenus et modes de constitution et de mobilisation de la mémoire vive que le spectateur se donne pour rappeler le théâtre, à partir d’une enquête auprès de spectateurs mis sur scène pour Cour d’honneur de Jérôme Bel et de spectateurs au « long cours ». Daniel Le Beuan est doctorant en études théâtrales à l’Université de Paris 3-Sorbonne nouvelle (Ecole doctorale « Arts et Médias » : ED 267) sous la direction de Marie-Madeleine MERVANTROUX, directeur de recherche, ARIAS CNRS, équipe de l’UMR THALIM (UMR 7172, Paris 3 / CNRS / ENS). Il a été spectateur sur scène pour Cour d’honneur de Jérôme Bel au Festival d’Avignon 2013. Il a notamment écrit dans ce cadre Un spectateur, texte dans et pour le spectacle Cour d’honneur de Jérôme Bel. 16h30-17h Discussion et clôture de la journée MEMOIRES SENSIBLES ---------- SAMEDI 15 NOVEMBRE 2014 ---------- ------- LIEU DE LA JOURNÉE D’ÉTUDES ------UNIVERSITE RENNES II – HAUTE-BRETAGNE Campus Villejean Amphi L1 (Bâtiment L) Place du Recteur Henri Le Moal 35000 Rennes Métro : Villejean Université Bus : Lignes 4, 30, 52, 65, 76 ex, 77, 78, 152 ex, arrêt Villejean-Université ----- ACCÈS LIBRE DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES ----- CONTACTS Nelly Brégeault-Krembser Secrétariat recherche, UFR Arts, Lettres, Communication Tél. : 02 99 14 15 04 [email protected] ou BENEDICTE BOISSON [email protected]