Rapport de Mission Humanitaire Mission Santé à Niou, Burkina
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Rapport de Mission Humanitaire Mission Santé à Niou, Burkina
Rapport de Mission Humanitaire Mission Santé à Niou, Burkina Faso, Juin-Juillet 2015 A la suite de mon séjour passé au Burkina Faso, je vous rédige ce rapport afin de vous faire part de mon ressenti sur la mission. Je suis arrivée au Burkina Faso fin juin 2015, et j’y suis restée 4 semaines afin de réaliser ma mission humanitaire dans le domaine de la santé ; domaine dans lequel je suis baignée depuis 3 ans grâce à mes études de médecine en Belgique. Je vais actuellement passer en 4ème année, et j’ai 20 ans. Avant de partir, mes attentes étaient multiples. Tout d’abord, j’ai toujours voulu travailler pour Médecins Sans Frontières une fois que mes études de médecine seraient terminées car il est très important pour moi de découvrir la médecine à travers les pays, mais surtout à travers les diversités culturelles. Cette mission était donc pour moi une opportunité idéale d’avoir un premier aperçu de la médecine en milieu rural africain. Ensuite, j’ai aussi décidé de partir dans le but d’apporter mon aide dans un pays dans lequel les conditions sont fort différentes et les moyens parfois fort réduits comparés à d’autres pays. Globalement, mes attentes ont été tout à fait satisfaites, et j’en remercie Urgence Afrique. Accompagnée de 3 autres bénévoles, je passais mes semaines (du lundi midi au vendredi midi) à Niou et mes WE à Ouagadougou. Nous nous déplacions de l’un à l’autre en bus. La plupart du temps, le voyage se déroulait en mini bus typique au-dessus desquels se trouvaient souvent des animaux sur le toit. Personnellement, j’adorais ces voyages aux cours desquels nous pouvions voir de beaux paysages africains, de nombreux petits villages, les gens travaillant aux champs, … 1 Tout d’abord, mes semaines à Niou Niou est le petit village dans lequel s’est déroulée ma mission humanitaire. Il est situé à 50kms de la capitale. Environ 30 000 habitants y vivent. A mon arrivée à Niou, j’ai d’abord eu un entretien avec le Major du dispensaire, afin de discuter de mes attentes, de mes acquis théoriques et pratiques de la médecine. Rentrant en 4ème année de médecine, j’ai déjà eu pas mal de cours sur certaines disciplines médicales telle que la cardiologie, la pneumologie, certaines maladies tropicales telles que le choléra, la malaria, les dysenteries, … Je n’avais par contre aucun bagage quant à la pratique médicale car en Belgique, nos premiers stages n’ont lieu qu’en 4ème année. Contrairement à l’autre bénévole (infirmière) qui était avec moi au dispensaire, je n’avais aucun acquis à ce niveau-là mais tout s’est tout de même très bien déroulé. Le personnel a toujours été très ouvert à m’apprendre de nouvelles choses et j’ai considérablement évolué. Lors de mon entretien avec le Major, il était convenu que je fasse 2 semaines au dispensaire et 2 semaines en maternité. Finalement, j’ai passé beaucoup plus de temps au dispensaire, ce qui ne m’a pas déplu car je pouvais davantage y faire des liens avec mes cours théoriques. En effet, les après-midis sont souvent TRÈS calmes en maternité donc dans ces cas-là, n’hésitez pas à rejoindre le dispensaire où les après-midis sont moins calmes et où le personnel avec qui parler est plus nombreux. 2 J’ai commencé ma mission au dispensaire où j’ai rapidement été très bien accueillie. Le dispensaire est situé à 1minute à pieds de la villa des bénévoles, tout comme la maternité. Mes horaires étaient les suivants : matinées de 8h à 12h, après-midis de 15h à 17-18h. Le dispensaire est constitué d’une salle d’attente, de 3 salles de consultation, d’une salle de soins et d’une salle de mise en observation. J’y ai travaillé avec le Major ainsi que 3 infirmiers : Abdoulaye, Niampa et Clarisse. Un médecin était également présent 2 matins par semaine. Les matinées étaient très remplies, de nombreux patients venaient en consultation. Les après-midis étaient moins animés et davantage consacrés aux soins des patients hospitalisés. J’y ai appris énormément de choses, tant au niveau de la pratique qu’au niveau de la théorie. Je me suis d’ailleurs rendue compte que le fait de connaitre sa théorie ne suffisait absolument pas à pratiquer correctement. J’ai eu du mal à poser facilement les diagnostics, surtout au début. Puis avec le temps, au bout du mois, ca venait déjà plus facilement. Lors de ma mission, je prenais les paramètres des patients (poids, taille, température, tension). Je réalisais aussi les tests de dépistage du palludisme, maladie très très répandue là-bas, surtout quand la saison des pluies arrive. J’ai également pu réaliser mes premières injections IM et IV, mes premiers pansements, puis je préparais également les solutions de certains médicaments à administrer aux patients. J’assistais à toutes les consultations, et j’ai même pu rédiger quelques ordonnances. Globalement, je me suis sentie bien impliquée dans la vie du dispensaire. Le personnel, très gentil et très patient, était toujours prêt à m’apprendre de nouvelles choses, tout en gardant la sécurité au premier plan. N’hésitez pas à leur poser toutes vos questions, ils y répondent à chaque fois avec plaisir. 3 Ensuite, j’ai passé quelques temps à la maternité. Cette dernière est constituée d’un « hall de causerie », d’une salle de nutrition, de 2 salles de consultation, d’une salle d’accouchement et de 2 salles de mise en observation. Les matinées y étaient assez bien remplies : vaccinations, consultations pré-natales, post-natales ainsi que les consultations de « planning familial » pour tout ce qui était des moyens de contraception permettant l’espacement des grossesses. En revanche, les après-midis étaient très creux. J’en ai parfois profité pour parler avec la sage femme de garde. N’hésitez pas à être curieux, à leur poser des questions sur leurs pratiques mais aussi, et surtout, sur leurs coutumes. Vous développerez ainsi des conversations très enrichissantes qui vous apporteront beaucoup. Je m’y suis bien plu aussi, et j’ai eu la GRANDE chance de pouvoir assister à 2 accouchements. Il faut savoir que les accouchements se déroulent la plupart du temps la nuit. Donc si vous n’avez pas eu l’occasion d’en voir en journée, n’hésitez pas à donner votre numéro de téléphone à l’accoucheuse de garde afin qu’elle vous appelle en pleine nuit si un accouchement se présente. Il est aussi possible de faire des gardes de nuit si vous le souhaitez, à vous de le demander à la personne qui est de garde. Par rapport à ma mission santé, s’il y avait un petit point à améliorer, ce serait de pousser les bénévoles à donner des missions de sensibilisation, notamment sur l’importance de la propreté des mains, d’un bon brossage de dents ou encore sur une nutrition correcte par exemple. Germaine m’avait demandé d’y réfléchir, puis mes 4 semaines sont passées à une allure incroyable et je n’ai finalement pas eu le temps d’en mettre en place. Mais n’hésitez pas, dès votre arrivée, à en parler avec le Major car je pense que certaines personnes, particulièrement dans les villages, n’ont pas encore toujours bien conscience de l’importance d’une bonne hygiène dentaire, d’un bon lavage des mains, … et donc les sensibiliser d’une manière interactive et amusante ne pourrait être que bénéfique. Et sinon, le seul petit bémol serait pour moi le barrage de la langue. En ville, à Ouagadougou, la majorité de la population parle correctement le français. En revanche, dans les villages, et donc notamment à Niou, les gens parlent nettement moins le français. Un grand nombre des consultations se déroulaient donc en mooré, dialecte au Burkina. Heureusement, le personnel médical sur place parle bien le français et me traduisait régulièrement les propos des patients afin que je puisse facilement suivre la consultation. Quant à la vie des bénévoles à Niou… Nous logions entre bénévoles dans une villa située tout près de celle de Pouspoko, la femme chez qui nous mangions matin, midi et soir. Très gentille, très accueillante, et grand-mère d’un grand nombre d’enfants, je garde d’EXCELLENTS souvenirs de tous les instants passés chez elle : des moments dotés d’une richesse incroyable! Les petits déjeuners étaient composés de pain tartiné de beurre, de confiture, de chocolat ou encore de vache kiri. Nous avions aussi des fruits tels que des mangues, des pommes ou des oranges. Et nous buvions du thé ou du café. Les autres repas étaient constitués principalement de féculents (riz, semoule ou pommes de terre) avec de très bonnes sauces préparées par Pouspoko. Nous avions aussi parfois certains légumes tels que de haricots verts, des 4 courgettes, des oignons. Nous passions beaucoup de nos soirées chez Pouspoko à parler avec elle-même ou encore à jouer avec ses petits enfants, tous aussi souriants les uns que les autres et, avec une JOIE DE VIVRE que je n’avais jamais rencontrée auparavant! Certains soirs étaient aussi consacrés aux devoirs des petits enfants de Pouspoko : on leur donnait de petites leçons afin qu’ils revoient leurs tables de multiplication, … Les enfants là-bas ADORENT apprendre, et étaient toujours très contents quand on leur faisait faire nos exercices. Hormis nos moments passés chez Pouspoko et lors de notre mission, les activités ne sont que peu diversifiées à Niou, village très calme. Et donc c’est le repos qui prime. Il y a tout de même un petit marché tous les 3 jours : très sympa à faire! Certains après-midi ou certains soirs, nous allions aussi boire un verre « Chez Patrice » : un petit maquis pas très loin de la villa des bénévoles. Je vous conseille vivement d’aller au marché et au maquis car ils vous permettront de rencontrer la population locale et à nouveau d’avoir de nombreux échanges enrichissants. Et pour finir, je vous conseille, un soir, d’aller voir le coucher de soleil à la falaise qui se trouve au bout du village, pas très loin de la pépinière de l’association. 5 Ensuite, mes WE à Ouagadougou Ouagadougou est très différent de Niou. Il y a beaucoup plus de monde, beaucoup plus de circulation, beaucoup plus d’activités à faire, bref c’est nettement plus dynamique! J’y ai également passé de très très bons moments. Le confort de la villa à Ouagadougou est fort différent de celui à Niou. Ca fait donc du bien de rentrer à Ouaga le WE pour prendre une vraie bonne douche, par exemple. La villa est constituée d’une grande salle de séjour, d’une cuisine, de 3 chambres, de 2 salles de bain ainsi que d’une cour. Nos WE étaient majoritairement consacrés aux visites, nous n’étions donc pas souvent présents à la villa. Personnellement, j’ai eu l’occasion de faire les visites suivantes, que je vous recommande : -Bazoulé : un lac à crocodiles. Très chouette excursion pour laquelle il faut compter une petite matinée de 3à4h, et durant laquelle vous aurez même l’occasion de faire une photo sur le dos d’un croco. -Banfora : une grosse excursion pour laquelle il faut compter 2nuits de route + 1ou2 journée selon le programme de visites désirées. Pour ma part, je suis partie avec 2 bénévoles pour une journée d’excursion. Nous sommes parties le vendredi soir, avons roulé de nuit en bus, et sommes arrivées à Banfora au petit matin où nous avons directement été prises en charge par un guide. Sur place, nous avons eu une journée bien chargée durant laquelle nous avons vu les dômes, les cascades puis le lac des hippopotames en fin d’après-midi. Journée riche en découvertes, et en magnifiques paysages! Pour la visite des cascades, n’oubliez pas votre maillot car la baignade est permise et très agréable pour se rafraichir avec les fortes chaleurs. 6 -Ouaga2000, appelé aussi le « Ouaga Dubaï » car c’est très différent du Ouagadougou habituel. Ce quartier est beaucoup plus riche, beaucoup plus développé. Je suis allée m’y promener un après-midi avec les autres bénévoles, et je trouve que ça en vaut la peine pour se rendre compte à quel point le contraste est flagrant. -Marché artisanal : très chouette petit marché sur lequel vous trouverez de nombreux produits artisanaux, idéal pour acheter vos souvenirs. Celui-ci est situé près de la maison du peuple, le long du canal. J’y suis même allée plusieurs fois. -Grand marché : très différent du marché artisanal, mais il vaut la peine d’être vu une fois. Personnellement, je n’ai rien acheté là-bas car les prix sont assez élevés, et les commerçants n’acceptent pas facilement le marchandage. On y trouve un large éventail de pagnes, de chaussures, de petits bijoux (pas artisanaux!) ainsi que beaucoup de nourriture. -Piscine de l’hôtel Splendid ou de l’hôtel Relax : il est bon de savoir que les hôtels de Ouagadougou ouvrent leur piscine aux gens externes à l’hôtel pour en général 2000F l’entrée. Avec les chaleurs du pays, un petit plongeon le WE nous faisait le plus grand bien! Durant les WE à Ouagadougou, nous étions finalement assez libres, les bénévoles sont assez indépendants. Nous étions tout de même entourés d’un guide, Charles, très cool, très sympa, avec qui nous avons passé pas mal de très bons moments. J’ai également eu l’occasion de sortir danser deux soirs dans des maquis dansants avec luimême et ses amis, de très bons souvenirs! Pour finir, à Ouaga, les repas sont à la charge du bénévole. Le midi nous allions souvent au marché qui se trouve juste en face du quartier de la villa, mais de l’autre côté de la grande route. Nous cuisinions des légumes (qui doivent être bien cuits!) avec du pain. Le soir, nous allions plutôt au resto. Un maquis que nous avons beaucoup apprécié est « Le Festin », se trouvant tout près de la villa, au niveau du grand rond point de Tampouy. Les conseils que je donnerais aux futurs bénévoles D’un point de vue pratique -N’oubliez surtout pas votre lampe de poche qui, chaque soir, m’a été très utile car une fois la nuit tombée, il fait très très noir. -Pensez à prendre des lingettes rafraichissantes qui vous feront le plus grand bien pour vous rafraichir car il fait vraiment très chaud. Surtout utiles à Niou. 7 -Evitez les vêtements clairs car il est difficile de faire partir les taches de poussière par une lessive qui se fait à la main! Vos vêtements deviennent alors rapidement ocres. De plus, ne vous chargez pas inutilement d’un trop grand nombre de vêtements. J’avais pris beaucoup de tops/t-shirts mais finalement je remettais toujours mes 4-5 mêmes t-shirt foncés. N’oubliez pas des vêtements qui arrivent au moins aux genoux car ce n’est pas bien vu de se promener habillé d’un short ou d’une robe trop courte en ville. Un dernier petit conseil, Sur place, ouvrez-vous constamment aux gens! Allez leur parler, que ce soit dans le bus, dans le taxi, au marché ou dans les maquis car c’est ça qui fera de votre mission une expérience inoubliable! Le contact avec les gens locaux vous apportera ENORMEMENT. Je finis mon rapport par mes remerciements. Je remercie d’abord Urgence Afrique de manière générale de m’avoir permis de réaliser cette mission humanitaire plus qu’enrichissante. Ensuite, je te remercie toi, Germaine, pour tout ton suivi lors de la préparation de ma mission avant mon départ ainsi que pour ton aide apporté sur place. Je te remercie, Charles, de m’avoir permis une si belle découverte de la capitale durant les WE. Je te remercie également pour les nombreuses discussions et nombreuses rencontres que j’ai faites grâce à toi. Je te remercie Pouspoko pour ton accueil si chaleureux au quotidien à Niou, ainsi que pour tes si bons repas. Je remercie tes petits enfants pour leur bonne humeur quotidienne et les nombreuses soirées passées à jouer, à rire. Finalement, je remercie toute l’équipe du dispensaire et de la maternité pour tout ce que vous m’avez appris et pour tout ce partage de discussions. Emilie VANDAMME, été 2015 8