argumentaireEDElausanne - SSP - Vaud / Syndicat des services

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argumentaireEDElausanne - SSP - Vaud / Syndicat des services
Syndicat suisse des services publics
Groupe Enfance
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Document à l'attention du Service de la Petite Enfance
de la Ville de Lausanne
Lausanne, le 3 avril 2009
Revalorisation de la classification de la fonction «Educateur/trice de l’enfance» :
application du barème de la CCT PEE SSP Avenir social.
Argumentaire du SSP Groupe Enfance
_______________________________________________________________________
Dans le cadre de la négociation entre les représentant·e·s des Educateurs/trices de l’enfance
(EDE), et le Service Petite Enfance de la Ville de Lausanne, le SSP Groupe Enfance fait valoir la
revendication suivante :
Nouvelle classification de la fonction d’éducateur/trice de l’enfance : application du barème de la
CCT PEE SSP Avenir social.
CCT PEE SSP Avenir social EDE B
2009
Salaire min
Salaire max
5245
6986
CCT PEE SSP Avenir social EDE A
2009
Salaire min
Salaire max
5485
8413
Les arguments ci-dessous militent en faveur de la revalorisation de la classification de la fonction
de «EDE». Ils seront développés, point par point, dans la suite du texte.
1. Le métier d’EDE est basé essentiellement sur la notion de care, les compétences à
acquérir ne sont pas reconnues à leur juste valeur.
2. Les tâches à accomplir pour les EDE se sont alourdies et complexifiées au cours de ces
dernières années.
3. Les salaires actuels de la Ville de Lausanne sont trop bas en comparant le salaire des
EDE employé·e·s dans des cantons romands.
4. La différence salariale entre la fonction d’assistant·e socio-éducatif/ive (ASE) et celle
d’EDE est trop restreinte.
1. Un métier basé essentiellement sur la notion de «care»: reconnaissance de ces
compétences à acquérir
1.1 Constats
Les compétences requises pour accomplir le travail d’EDE ont été rendues invisibles et les
qualités déployées par les femmes pour prodiguer les soins aux personnes sont considérées
comme «naturelles». Ainsi, l’amour pour les enfants serait inné chez les naturellement aptes à
s’occuper des personnes dépendantes.
La notion de «care» se propose de remettre en cause cette vision stéréotypée du travail de soins
à autrui. Il permet de prendre en compte non seulement la dimension de soin, mais aussi
l’analyse des besoins de la personne qui sont indispensables pour s’occuper d’une personne
dépendante. Avec la définition du «care», les chercheuses tentent de rendre compte de la
complexité du travail de prise en charge des personnes dépendantes, en particulier des enfants
qui ont besoin d’être assistées dans leur vie quotidienne. Ce travail comprend les soins corporels,
l’aide à accomplir les gestes de la vie quotidienne tels s'habiller, se nourrir, se déplacer, la
surveillance ou garde en particulier des enfants.
Mais le travail de «care» ne se résume pas à cela. Il comprend toute une dimension d'attention
de la personne dépendante et il ne peut se concevoir en dehors d'une dimension affective
d'investissement de la relation à l'autre. Ces activités de «care» se situent à la limite du ménager,
du sanitaire, du social et de l'éducatif et elles sollicitent des qualités telles que l'écoute, la
patience, la disponibilité, la sensibilité à autrui, des qualités que les femmes apprennent en
général dans le cadre de la vie familiale et qui sont pourtant réputées «naturelles». Or, le
«chérissement n'a rien de naturel (…). C'est l'expérience du travail qui construit, aiguise et
stabilise le sens de la sollicitude ou la sensibilité à la détresse d'autrui.» Il s'agit donc d'un
apprentissage et non d'une disposition naturelle : l'acte de «chérir» l'autre exige un effort et une
mobilisation permanente des sens, une disponibilité mentale qui fait appel au relationnel et à une
prise de distance par rapport à sa propre pratique.
Nous avons repris les éléments importants de la description de fonction qui exigent de
compétences de «care». Ces compétences sont inscrites dans le plan d’études cadre comme
des compétences à acquérir tout au long de la formation.
• Soutien des enfants dans leur développement social, cognitif et relationnel :
! capacité à concevoir, analyser et organiser l’accueil de l’enfant ;
! capacité à poser un cadre, à le construire et à le faire respecter ;
! capacité à tenir compte de chaque enfant et de la globalité du groupe d’enfants ;
! fonder une action éducative ;
! développer une relation différenciée qui s’ajuste à chaque enfant.
• Elaboration des règles institutionnelles :
! capacité à se porter garant de la réalisation du concept pédagogique (questionnement,
argumentation) ;
! capacité à organiser la prise en charge dans le cadre du concept pédagogique.
• Distanciation par rapport à sa pratique (action réflexive) :
! développer une pratique réflexive : garant de la qualité, lien théorique et pratique ;
! capacité à prendre des décisions cohérentes avec ses valeurs et la déontologie ;
! capacité d’agir dans la dynamique de groupe ;
! capacité à appuyer la fonction éducative des parents (soutien des parents sans
dévaloriser leur fonction).
• Travail d’intégration, de prévention :
! capacité à discerner les changements socio-culturels et y donner suite dans le cadre de
l’accueil (soutien aux familles recomposées) ;
! capacité de travailler en équipe pluridisciplinaire dans le cadre de réseaux afin de détecter
tout trouble dont un enfant pourrait être porteur ;
! capacité à détecter les signes de maltraitance au Service de la protection de la jeunesse.
2
1.2 Conclusions
Les compétences de «care» ne sont actuellement pas valorisées à leur juste valeur puisqu’on
considère ces compétences comme «naturelles». Ces compétences doivent être acquises dans
le cadre de la formation d’EDE. Elles doivent être prises en compte aux mêmes niveaux que les
compétences techniques ou de responsabilités pour la classification d’une fonction. La pénibilité
au travail doit également être pris en compte (nuisance sonore, porter des enfants).
2. Changements des exigences du poste
2.1 Constats
Des changements importants accompagnés d’exigences qualitatives ont rendu d’autant plus
complexe le métier d’EDE et de ce fait une adaptation des conditions de travail s’avère
nécessaire. La complexité de la relation avec la famille, le rôle éducatif, d’intégration sociale et de
prévention et non plus seulement celui d’animation sont des modifications importantes du cadre
de travail des EDE. La nouvelle description de fonction prend en compte ses modifications : en
effet, on demande au EDE un travail socio-éducatif plus approfondi ainsi qu’une posture de
distanciation par rapport à sa pratique. Cette profession évolue vers des compétences
d’assisant·e social·e et de chargé·e de recherche. Ces nouvelles responsabilités doivent être
également prises en compte dans une nouvelle classification de fonction.
Responsabilités de la nouvelle DP
Commentaires
Poste hiérarchique subordonné ASE
Création d’une hiérarchie au sein des
équipes éducatives : l’EDE est vue comme
la fonction amenant la réflexion.
Etre porteur de la réflexion et de la mise en
œuvre des moyens : soutien des enfants
dans leur développement, élaboration des
règles institutionnelles
Collaborer avec les ASE : mise en place des
conditions d’accueil, élabore et organise le
suivi des familles ; élabore des outils
d’observation
Les EDE sont de plus en plus amené·e·s à
gérer des situations particulières, chaque
enfant ayant son propre projet de
développement.
Il faut prendre en compte le fait que les ASE
n’ont pas eu de formation sur les conditions
pour mener un entretien avec les parents.
Les EDE devront donc encadrer et
superviser dans un premier temps les ASE
dans cette tâche.
Les EDE deviennent instigateurs/trices du
projet pédagogique et institutionnel. Ils/elles
l’élaborent et le font évoluer.
Un soutien accru est demandé aux EDE
concernant le soutien à la parentalité. Cet
élément devient prépondérant dans leur
pratique professionnelle.
• La complexification de la société et donc
de ses conséquences sur le développement
de l’enfant doivent être prises en compte
dans le travail des EDE. La création du lien
social est essentielle dans la pratique
professionnelle des EDE.
Collaboration avec la direction : transmet
des modifications du projet dans le
développement qualitatif
Contact avec les parents : prise en compte
des besoins des familles ; travail de réflexion
sur la fonction parentale
Actions de prévention, de socialisation et
d’intégration : intégration culturelle, lien
social
3
Posture réflexive : réfléchir sur son
positionnement, son action éducative,
adapte et ajuste sa pratique en lien avec la
réflexion
• Travail d’intégration : placement d’enfants
allophones, d’enfants suivis par le SPJ ou
d’enfants portant des handicaps.
• Travail de prévention : détection précoce
de handicaps, participation à des réseaux,
prévention sur l’obésité,…
Il faut attirer l’attention sur le fait que le
travail d’observation et de recherche est de
plus en plus important dans la pratique
professionnelle.
2.2 Conclusions
Le poste gagne donc en responsabilités et en exigences face au développement et la
généralisation des structures d'accueil. Cette évolution doit s'accompagner d'une revalorisation
salariale du poste.
3. Comparaisons de salaires pratiqués dans d’autres cantons romands
3.1
Constats
EDE Etat de Vaud
Salaire min
4896
Salaire max
7100
Salaire min
4827.9
Salaire max
6986.85
Salaire min
4936.15
Salaire max
8412.9
Salaire min
4987.8
Salaire max
6459.55
EDE Ville Lausanne B
EDE Ville Lausanne A
Jura Canton
Fédération des Crèches et garderies du canton de Fribourg
Salaire min
4591
Salaire max
6900
CCT Enfance Genève secteur crèche
Salaire min
5769.17
Salaire max
8420.93
CCT Enfance Genève secteur garderies
4
Salaire min
5262.64
Salaire max
7681.58
Neuchâtel: projet CCT cantonale revendications SSP et
UNIA
Salaire min
5000
Salaire max
Neuchâtel : CCT santé (2 crèches)
Salaire min
4814
CCT PEE SSP Avenir social EDE B
Salaire max
6837
Salaire min
5245
Salaire max
6986
cl.17-14
CCT PEE SSP Avenir social EDE A
cl.15-10
Salaire min
5485
Salaire max
8413
Le salaire à l’engagement à la Ville de Lausanne est en dessous des salaires versés à l’Etat de
Vaud, dans le canton du Jura et le canton de Genève. La différence entre le salaire d’une EDE à
Neuchâtel et Lausanne est minime en faveur des EDE de la Ville de Lausanne. Pour comparer
les salaires intercantonaux, il faut prendre en compte des éléments supplémentaires : les loyers,
l’assurance maladie, les assurances afférentes sont plus chères dans le canton de Vaud en
comparaison des cantons du Jura et de Neuchâtel. Il est clair que les EDE engagé·e·s à la Ville
de Lausanne gagnent bien moins que leurs collègues des cantons avoisinants. On peut se poser
la question de l’attractivité de la Ville de Lausanne en tant qu’employeur pour les EDE.
3.2
Conclusions
Le salaire de la Ville de Lausanne n’est pas adapté à la réalité financière du canton de Vaud. Il
est donc légitime de demander une revalorisation salariale égale au barème de la CCT PEE SSP
Avenir social.
4. Différence salariale entre la fonction d’ASE et celle d’EDE
4.1 Constat
Notre syndicat a toujours milité pour une organisation participative au sein des équipes
éducatives. En effet, l’organisation participative s’appuie sur l’indivisibilité de la personne et sur le
concept de différenciations des tâches sur la base de la diversité des compétences relationnelles
des professionnel·le·s et sur la diversité des besoins des usagers.
Dans ce modèle, tout·e professionnel·le quel que soit son niveau de formation est réputé·e
pouvoir répondre aux divers besoins de l’usager/ère s’il/elle en a été crédité·e par une décision
de l’équipe dans son ensemble. C’est un modèle dynamique dans la mesure où les règles
relationnelles sont à recréer fréquemment et ne sont pas posées d’avance.
5
Le modèle participatif implique que la différence salariale entre les ASE et les porteurs/euses
d’un diplôme ES ou HES ne soit pas trop importante. Dans le canton de Vaud, la différence
salariale entre une EDE et une ASE est de 637 francs par mois. Ces différences avaient été
soutenues par l’ensemble des employeurs dans le cadre du groupe relais vaudois qui a mis en
place la formation d’ASE dans le canton de Vaud.
A la Ville de Lausanne, la différence de salaire à l’engagement entre un·e ASE et un·e EDE se
monte à 146.30 francs par mois. Cette différence n’incitera pas les ASE à réfléchir sur les
perspectives d’une formation complémentaire.
4.2 Conclusion
L’application de classification de la CCT PEE Avenir Social SSP donnerait une différence de
salaire entre les ASE et les EDE de 563.40, montant plus proche de ce qui avait été préconisé
dans le cadre du Groupe Relais Vaudois où l’ensemble des partenaires dont la Ville de Lausanne
avait accepté le principe dans le rapport de synthèse datant du 9 novembre 2004.
6