e. ramery

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e. ramery
24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
NEUROLOGIE
COURTES COMMUNICATIONS
Intoxication à l’ivermectin traitée par une émulsion de lipides
par voie intraveineuse
E. MARTIN
1214 boulevard de Maisonneuve Est - Montréal, H2L 1Z9 - QC, Canada
Introduction
Une chienne est présentée pour changement
de comportement, ataxie et cécité d’apparition aigue. Une intoxication à l’ivermectin est
suspectée étant donné les signes cliniques et
l’anamnèse. L’administration d’émulsion de
lipides par voie intraveineuse a permis de gérer les signes cliniques sans complication. Les
émulsions de lipides par voie intraveineuse
sont récemment utilisées lors d’intoxication
à des substances lipophiles. Elles permettent
de limiter rapidement les signes cliniques, en
plus des traitements de décontamination et
de support.
Historique
Une Teckel femelle stérilisée de 6 ans est présentée pour tremblements, cécité et ataxie
d’apparition aigue. La chienne a l’habitude
d’être libre sur une écurie. La propriétaire a
remarqué de façon aigu qu’elle avait un comportement anormal : elle tremblait, semblait
réagir de façon exagérée aux stimuli et fonçait dans les murs. Un cheval a été vermifugé
avec de l’ivermectin 2 jours auparavant et la
chienne a l’habitude de manger les crottins de
chevaux.
Examen clinique
À son arrivée la chienne est hyperesthésique
et présente des tremblements généralisés.
L’examen ophtalmologique révèle bilatéralement une absence de clignement à la menace,
une absence de réflexes pupillaires (direct
et consensuels) et un Dazzle négatif. L’examen neurologique montre une alternance de
périodes d’agitation et de somnolence et une
ataxie proprioceptive des 4 membres avec à
une diminution des placements proprioceptifs
des 4 membres.
Étant donné l’apparition aigue, les symptômes
et l’anamnèse, une intoxication à l’ivermectin
est principalement suspectée.
Traitement
La chienne a reçu une injection d’émulsion
de lipides par voie intra-veineuse1 : un premier bolus de 1.5 mL/kg sur 15 minutes puis
une perfusion continue à 0.25 mL/kg/min
pour 60 minutes ont été administré. Suite à
l’administration, les tremblements ont cessé,
son ataxie est moins marquée et son comportement s’est amélioré mais n’est pas revenu
complétement normal (elle présente toujours
des épisodes de désorientation). Par la suite
elle a été mise sous fluidothérapie et du charbon activé sous forme liquide a été administré.
Le lendemain une deuxième dose d’émulsion
de lipides1 a été administrée car elle semblait
toujours désorientée et n’avait toujours pas
de réflexe pupillaire ni de clignement à la menace. Au bout de 72 heures l’état mental de
la chienne est revenu normal, elle ne présente
plus d’ataxie, les réflexes pupillaires, le clignement à la menace et sa vison sont présents.
Discussion : Utilisation des
émulsions de lipides par voie
intraveineuse lors d’intoxication
Les émulsions de lipides par voie intraveineuse (ELI) sont récemment utilisées comme
antidote en cas d’intoxication par des produits
lipophiles.
Le mécanisme d’action exact n’est pas parfaitement connu mais deux théories sont
retenues : la compartimentation lipidique et
l’amélioration de la performance cardiaque
(principalement lors d’intoxication aux anesthésiques locaux).
sur 2 à 5 minutes suivi d’une perfusion continue au débit de 0.25 mL/kg/min pour 30 à 60
minutes. Par la suite d’autres administrations
peuvent être envisagées si le patient est toujours symptomatique et que le sérum n’est
pas lipémique ni hémolysé. Une dose cumulative de 8 à 10 mL/kg/j est préconisée.
Les effets secondaires lors d’utilisation des
ELI comme antidote sont rares. Les réactions
adverses observées sont des réactions anaphylactoïdes, des phlébites voire des signes
d’infection systémique lors de contamination
bactérienne. Chez l’homme l’utilisation des
ELI peut engendrer le développement d’un
« syndrome de surcharge lipidique » se manifestant par des embolies graisseuses, une
hépatomégalie, une splénomégalie, un ictère,
une coagulopathie, une pancréatite…
Conclusion
Les ELI peuvent être utilisées comme antidote
dans un grand nombre d’intoxication par des
substances lipophiles. Les ELI pourraient être
utilisées davantage en dehors des centres de
référence lors d’intoxication de par leur facilité d’utilisation, leur faible coût et la faible
incidence des effets secondaires.
Bibliographie
L’administration des ELI créé un compartiment
lipidique plasmatique dans lequel les drogues
liposolubles sont séquestrées et donc non disponibles pour les tissus cibles, réduisant leur
toxicité. Les ELI permettent ainsi de limiter
l’intensité et la durée des signes cliniques et
les dommages potentiels aux organes cibles.
Clarke DL, Lee JA, Murphy LA, Reineke EL. Use of
intravenous lipid emulsion to treat ivermectin toxicosis in a Border Collie. J. Am. Vet. Med. Assoc.
2011;239(10):1328-1333.
Lors d’intoxication par des drogues cardiodépresseurs les ELI améliorent la performance
cardiaque : ils amélioreraient l’inotropisme
cardiaque et seraient une source d’énergie
pour les cellules myocardiques.
Gwaltney-Brant S, Meadows I. Use of intravenous
lipid emulsions for treating certain poisoning cases in
small animals. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract.
2012;42(2):251-262.
Fernandez AL, Lee JA, Rahilly L et coll. The use of intravenous lipid emulsion as an antidote in veterinary toxicology. J. Vet. Emerg. Crit. Care. 2011;21(4):309-320.
Hopper K, Aldrich J, Haskins SC. Ivermectin toxicity in
17 Collies. J. Vet. Intern Med. 2002;16(1):89-94.
Les ELI peuvent ainsi être utilisées comme
traitement lors d’intoxication par nombreuses
drogues lipophiles (naproxen, lidocaine, amlodipine…).
Kaplan A, Whelan M. The use of IV lipid emulsion for
lipophilic drug toxicities. J. Am. Anim. Hosp. Assoc.
2012;48(4):221-227.
Les ELI sont administrées par voie intraveineuse stricte dans un cathéter posé stérilement afin de prévenir les risques d’infection.
Le protocole principalement utilisé est l’administration d’un bolus de 1.5 mL/kg de ELI 20%
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
1
1 : Intralipid®; Baxter Healthcare Corp., Deerfield, IL
• non communiquée
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NEUROLOGIE
COURTES COMMUNICATIONS
« Pseudolymphome » suite à l’administration de phénobarbital
chez 2 chats
E. RAMERY1,2
1.
2.
Faculté de Médecine vétérinaire de Liège - 4000 LIÈGE-BELGIQUE
Vetcyt - 59710 MÉRIGNIES
Il n’existe qu’un seul cas rapporté dans la littérature vétérinaire de « pseudolymphome »
suite à l’administration de phénobarbital chez
le chat. Cet effet secondaire pourrait cependant ne pas être si unique.
Deux chats, l’un mâle castré de 3 ans, pesant
4,8 kg, et l’autre, mâle entier de 3 ans, pesant 5 kg sont présentés respectivement le
30 novembre 2015 et le 16 Janvier 2016 pour
contrôle d’épilepsie essentielle. Tous deux ont
été traités à base de phénobarbital (Phenoleptil 12,5 mg BID et 5 mg BID respectivement)
et ont développé une adénomégalie dans les
semaines suivantes, du nœud lymphatique
poplité gauche pour le premier chat, et du
nœud lymphatique rétropharyngé pour le
second. Dans les 2 cas, des cytoponctions ont
été réalisées, avec des observations similaires.
La cytologie montrait sur un fond de frottis
contenant des noyaux nus, une abondante
population lymphoïde mixte, nettement dominée par les petits lymphocytes matures. Les
centroblastes, immunoblastes et plasmocytes
étaient nombreux, atteignant ensemble 25 %
de la population lymphoïde. Quelques neutrophiles étaient également observés. Dans les
2 cas, la cytologie a permis de conclure à des
nœuds lymphatiques réactionnels, sans processus néoplasique associé.
Bibliographie
Chez l’homme, le « pseudolymphome » est un
effet secondaire bien connu des anticonvulsivants. Ce vocable fait référence à une adénopathie isolée, une des manifestations du
syndrome d’hypersensibilité aux anticonvulsivants, qui affecterait 0,01 à 0,1 % des patients
traités aux anticonvulsivants. En médecine
vétérinaire, les effets secondaires connus du
phénobarbital comprennent augmentation de
l’activité des enzymes hépatiques, hépatotoxicité, dermatite nécrolytique superficielle,
et myélosuppression pouvant aller jusqu’à la
myélonécrose. Mais, à notre connaissance,
un seul cas clinique de « pseudolymphome »
avait été rapporté jusqu’ici. Il pourrait s’agir
d’un phénomène néanmoins assez répandu.
Les vétérinaires praticiens doivent être avertis
de la possibilité qu’un chat sous phénobarbital
développe un pseudolymphome. Celui-ci ne
doit pas être confondu avec un lymphome. La
cytologie permet le plus souvent de différencier les deux entités. Le « pseudolymphome »
peut rétrocéder à l’arrêt du traitement.
Choi TS, Doh KS, Kim SH, et al. Clinicopathological and
genotypic aspects of anticonvulsant-induced pseudolymphoma syndrome. Br J Dermatol 2003;148:730–
736.
2
Baho MJ1, Hostutler R, Fenner W, Corn S. Suspected
phenobarbital-induced pseudolymphoma in a cat. J
Am Vet Med Assoc. 2011 Feb 1;238(3):353-5.
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
• non communiquée
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COURTES COMMUNICATIONS
Pneumolabyrinthe associé à une otite externe et moyenne
chez un Bouledogue français
A.BELMUDES1, J. COUTURIER1, G GORY2, G. CONDAMIN3, M. RABILLARD3, D. RAULT1.
1.
Azurvet - 2 bd Kennedy, Hippodrôme de la Côte d’Azur - 06800 CAGNES-SUR-MER
Olliolis - 414a chemin des Canniers, Quartier Lagoubran - 83190 OLLIOULES
3.
Armonia - 37 rue Serge Maurolt - 38090 VILLEFONTAINE
2.
Introduction
Le pneumolabyrinthe est défini comme la présence anormale d’air dans les structures de
l’oreille interne. Cette affection est rapportée
dans de rares cas chez l’homme et n’a, à ce
jour, jamais été décrite chez le chien.
Historique
Une femelle Bouledogue français de 4 ans est
présentée pour l’apparition aiguë d’un port de
tête penché à gauche.
Examen clinique
L’examen clinique confirme le port de tête
penché à gauche anormal associé à la présence d’un nystagmus horizontal caractérisant un syndrome vestibulaire périphérique
orienté à gauche. L’animal présente également une dyspnée sonore inspiratoire. Les
résultats des analyses sanguines sont dans
les valeurs usuelles.
Démarche diagnostique
L’évaluation des structures de l’oreille
moyenne et interne est effectuée grâce à la réalisation d’un examen tomodensitométrique
du crâne pré et post-injection intraveineuse
de produit de contraste iodé. Des coupes fines
de 0,5 à 1 mm sont réalisées sur le crâne et les
structures des oreilles.
L’examen révèle la présence d’un comblement liquidien du conduit auditif externe et
de l’ensemble de la cavité tympanique gauche
compatible avec une otite externe et moyenne
gauche. La présence de quelques bulles d’air
est notée juste latéralement au promontoire
ainsi que dans l’ensemble des structures de
l’oreille interne : cochlée, vestibule et canaux
semi-circulaires, caractérisant un pneumolabyrinthe.1 Les structures des voies aériennes
supérieures, notamment le nasopharynx, sont
aériques. Le voile du palais est d’épaisseur
habituelle.
Traitement
Un traitement chirurgical consistant en une
ostéotomie de la bulle tympanique et une
ablation totale du conduit auditif externe est
réalisé.
La mise en culture du matériel contenu dans
la cavité tympanique révèle la présence d’un
germe gram négatif de type Escherichia Coli,
sensible et traité par antibiothérapie à base
d’amoxicilline et acide clavulanique à raison
de 20 mg/kg q 12 pendant 8 semaines. Une
amélioration clinique progressive a été notée
et une récupération complète a été constatée
6 semaines après la chirurgie.
et externe d’une part et l’identification d’un
germe sensible à l’association amoxicilline et
acide clavulanique, la réalisation d’une ostéotomie de la bulle tympanique et l’ablation totale du conduit auditif externe associée à une
antibiothérapie adaptée ont permis la résolution du syndrome vestibulaire.
Discussion
Il s’agit du premier cas de pneumolabyrinthe
décrit chez un chien présentant un syndrome
vestibulaire aigu. Cette affection est rare chez
l’homme et peut survenir avec ou sans traumatisme crânien. Les hypothèses retenues
dans notre cas sont celles d’une otite emphysémateuse associée à l’infection par Escherichia Coli ou l’érosion de la fenêtre cochléaire
et fistule périlymphatique secondaire à l’otite
moyenne. La prise en charge chirurgicale et
l’antibiothérapie ont permis la résolution du
syndrome vestibulaire.
Le pneumolabyrinthe est une affection rare
décrite en médecine humaine et est définie
comme la présence d’air dans la cochlée, le
vestibule et/ou les canaux semi-circulaires.1 Il
peut être causé par une communication anormale entre l’oreille interne et les structures
voisines, habituellement l’oreille moyenne. La
plupart des cas sont associés à un traumatisme crânien et une fracture de l’os temporal.
Les cas de pneumolabyrinthe sans fracture de
l’os temporal sont plus rares.2, 3 Ils impliquent
une communication anormale entre l’oreille
interne et moyenne via la fenêtre cochléaire,
vestibulaire ou la capsule otique aussi appelés
fistule périlymphatique. 4
L’une des trois causes de fistule périlymphatique est l’érosion d’une des membranes secondaire à des affections comme un cholesteatome, une otite moyenne ou un processus
tumoral. Les deux autres catégories incluent
des modifications de pression externes ou
internes.3 Dans notre cas, une otite moyenne
est observée, associée à l’identification d’un
germe aéro-anaérobie facultatif : Escherichia
Coli. Ce germe est rapporté dans une faible
proportion de cas d’otite moyenne.5 La présence d’air dans les structures de l’oreille
interne et latéralement au promontoire peut
être liée au caractère gazogène du germe isolé
mais cette complication n’a jamais été décrite
lors d’otite. L’autre explication reste la présence d’une fistule périlymphatique au travers
de la fenêtre cochléaire secondaire à l’otite
moyenne laissant circuler l’air de l’oreille
moyenne vers l’oreille interne.
Il n’existe pas, en médecine humaine, de
consensus quant à la prise en charge des cas
de pneumolabyrinthe : un traitement chirurgical ou médical peut être mis en place.1, 2 Dans
notre cas et compte tenu de l’otite moyenne
3
Conclusion
Bibliographie
1. Bacciu, Andrea, et al. Pneumolabyrinth secondary
to temporal bone fracture: a case report and review
of the literature . International Medical Case Reports
Journal 7 (2014): 127-131.
2. E J Lee, Y S Yang, Y J Yoon. Case of bilateral pneumolabyrinth presenting as sudden, bilateral deafness,
without temporal bone fracture, after a fall. The Journal of Laryngology & Otology 126 (2012): 717-720.
3. Hyun-Jae Woo, MD, et al. Pneumolabyrinth Without
Temporal Bone Fracture: Different Outcomes for Hearing Recovery . The laryngoscope (2008): 1464-1466.
4. Eitan Prisman, MD, et al. Traumatic Perilymphatic
Fistula With Pneumolabyrinth: Diagnosis and Management . The Laryngoscope 121 (2011): 856-859.
5. Sarah Colombini, Sandra Merchant and Giselle Hosgood. Microbial flora and antimicrobial susceptibility
patterns from dogs with otitis media. Veterinary Dermatology 2000, 11, 235-239
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
• non communiquée
24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
NEUROLOGIE
COURTES COMMUNICATIONS
Détermination d’associations entre la survenue d’affections
médullaires et la présence d’anomalies vertébrales thoraciques :
étude prospective sur une cohorte de 658 bouledogues français.
T. MORENO1,2, P. MOISSONNIER1, L. DESQUILBET1
1.
2.
Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort - 94704 MAISONS-ALFORT
Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - 31076 TOULOUSES
Introduction
Quatre-vingt-douze pour cent des Bouledogues Français présentent des anomalies vertébrales qui sont le plus souvent asymptomatiques et diagnostiquées de façon fortuite.
Toutefois, on les suspecte d’être responsables
de la survenue de myélopathie chroniques ou
aiguës, telles que les hernies discales.
Cette étude prospective de cohorte sur une
population de Bouledogue Français, a deux
objectifs : d’une part, de rechercher une association entre la présence d’anomalies vertébrales thoraco-lombaires et la survenue de
troubles neuro-médullaires, et, d’autre part,
d’examiner s’il existe un lien entre les conditions de vie et la survenue de troubles neuromédullaires.
Matériel et méthodes
Des clichés radiographiques du rachis thoracique de 658 Bouledogue Français, indemnes
de troubles neurologiques médullaires, réalisés entre 2006 et 2012 ont permis l’obtention
de listes individuelles des anomalies vertébrales thoraciques.
Les 518 questionnaires retournés par les propriétaires ont permis d’obtenir des informations sur l’environnement du chien et l’apparition de symptômes laissant suspecter une
myélopathie : dorsalgie, boiterie, paralysie ou
incontinence fécale ou urinaire. Dans le cas où
la survenue d’une myélopathie serait suspectée, le vétérinaires l’ayant diagnostiquée était
contacté afin d’en connaître la date exacte
notamment.
Afin d’identifier les facteurs de risque de survenue de myélopathie, des analyses de survie
ont été conduites, à l’aide de la méthode de
Kaplan-Meier et du modèle de Cox (analyses
de survie univariée et multivariée avec ajustement sur diverses expositions, et identification des facteurs de confusion potentiels.)
Le temps de survie a été défini comme le délai
entre la date de réalisation des clichés radiographiques, et, soit la date de survenue de
myélopathie thoraco-lombaire, soit celle de la
censure.
Résultats
Les 493 chiens inclus sont 288 femelles et
205 mâles. Ils sont âgés au moment des radiographies de 2 ans, et au moment des réponses au questionnaire, de 5 ans et 2 mois
d’âge médian. Ils présentent en médiane
3 anomalies vertébrales thoraciques. Seuls 45
chiens (9 %) sont indemnes d’anomalies vertébrales thoraciques. Au moment de la radiographie les chiens pesaient entre 6 et 19 kg. Au
moment du questionnaire, un cinquième des
chiens avaient pris du poids par rapport au
moment de la radiographie.
Dans 66 questionnaires (13 %), au moins un
des 4 symptômes d’une myélopathie avait
été remarqué. Après investigation auprès des
vétérinaires, 15 chiens (3 %) avaient présenté une myélopathie de façon certaine. L’âge
moyen de survenue de la myélopathie était de
4,5 ans. Les myélopathies étaient des hernies
discales exclusivement lombaires.
Deux tiers des chiens étaient de tempérament
plutôt sédentaire ou calme. Une grande majorité des chiens avaient accès à des escaliers,
à un jardin ou jouaient avec un deuxième
chien présent à la maison. Les chiens faisaient
en médiane 3h d’exercice physique soutenu
hebdomadaire, avec un minimum de 0h et un
maximum de 50h hebdomadaire.
L’incidence des myélopathies chez le Bouledogue Français a été estimée dans l’échantillon à 10,5 cas pour 1 000 chien-années.
Dans l’échantillon, la survenue de troubles
nerveux médullaires et les conditions de
vie étaient significativement associées au
surpoids, à la stérilisation, au sexe de l’animal,
et avec les jeux intenses pendant moins de 3
heures par semaine, qui sont des facteurs de
risque de myélopathie thoraco-lombaire.
4
Les chiens ayant présenté des hémivertèbres
ont présenté 2,8 (intervalle de confiance à
95 % = 0,62-12,64) fois plus rapidement une
myélopathie certaine que les autres chiens
(p=0,18), indépendamment de leur poids et
du fait d’avoir été stérilisé. Ce risque relatif est
non significatif, mais sa valeur est suffisamment élevée pour qu’elle puisse être notée.
Discussion
Cette étude suggère que la présence d’une hémivertèbre thoracique pourrait être un facteur
de risque pour la survenue de myélopathie
thoraco-lombaire telle que la hernie discale.
La survenue de hernies discales n’a cependant
pas été sur les mêmes sites que ceux des anomalies vertébrales thoraciques, avec une localisation exclusivement lombaire. La taille de
cette cohorte est la plus importante publiée à
ce jour. Un envoi des questionnaires plus tardif
aurait pu augmenter le temps de suivi et permettre d’obtenir un risque relatif significatif.
L’incidence des myélopathies chez le Bouledogue Français est estimée à 10,5 cas par
1 000 chien-années, valeur très élevée, qui
milite en faveur de la prévention des myélopathies.
Conclusion
Il semble essentiel que les vétérinaires continuent à prodiguer des conseils, notamment
diététiques, aux propriétaires pour éviter le
surpoids chez leurs animaux, facteur de risque
de myélopathie thoraco-lombaire.
Cette étude montre l’intérêt de poursuivre une
étude génétique visant à sélectionner les Bouledogues Français indemnes d’hémivertèbres
et de favoriser leur reproduction.
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
• non communiquée
24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
NEUROLOGIE
COURTES COMMUNICATIONS
Stabilisation vertébrale du rachis thoraco-lombaire par abord latéral :
« safe corridors » et courbe d’apprentissage
S. SCOTTI1, M. SACCONE2, C. RAGETLY1
1.
2.
Clinique Vétérinaire EVOLIA - 95290 L’ISLE ADAM
Université de vétérinaire de Naples - 80137 NAPLES
Introduction
Les fractures vertébrales sont des pathologies
primairement post-traumatiques relativement
fréquentes chez les chiens et les chats, et qui
nécessitent souvent un traitement chirurgical
qui vise à réaligner et à stabiliser le rachis(1).
Différentes techniques chirurgicales sont
historiquement décrites (plaques, broches,
broches ou vis + PMM, cerclages, fixateurs
externes etc.)(2). Dans les dernières années
le traitement chirurgical des fractures-luxations vertébrales a fait l’objet de plusieurs
études qui visent à l’approbation de couloirs
de sécurité (safe corridors) pour le placement
des implants. Ces études sont souvent basées
sur l’analyse d’images scanner, leur application clinique semble parfois difficilement
réalisable (3-4). La stabilisation des fractures
–luxations du rachis thoraco-lombaire avec
vis et PMM par abord latéral a fait déjà l’objet
d’une communication par l’auteur. L’objectif de cette nouvelle étude est de confirmer
l’application clinique de ces couloirs latéraux
d’après la courbe d’apprentissage nécessaire
à un chirurgien non expérimenté.
Matériels et méthodes
Examen scanner et repères : Les images scanners du rachis thoraco-lombaire de 20 chiens
(pour un total de 142 vertèbres) de différentes
races et poids ont été analysées. Les repères
anatomiques (E), la hauteur, la largeur des
corps vertébraux, et l’angle d’inclinaison optimal qui permettent de dessiner un couloir de
sécurité suffisamment loin de la moelle épinière ont été identifiés. Application clinique
et courbe d’apprentissage : 10 cadavres de
chiens de races différentes décédés pour des
raisons non corrélées à notre étude ont été
utilisés pour l’application clinique de la voie
d’abord. Un chirurgien sans expérience de
chirurgie rachidienne a effectué l’abord chirur-
gical des vertèbres thoraciques et lombaires
(de T6 à L7) selon la technique d’abord latéral
décrite par l’auteur. 1 ou 2 trous dans chaque
corps vertébral ont été effectués puis un examen scanner a été effectué pour vérifier le site
et la direction du forage. Les donnes récoltées
ont été calculées statistiquement selon l’analyse de la variance (ANOVA).
courte. Cette étude montre que l’abord latéral
utilisé pour la stabilisation des fracture-luxations vertébrales du rachis thoraco-lombaire
offre des couloirs de sécurité facilement applicables dans la pratique clinique.
Résultats : repères
Le point d’introduction (E) correspond à la
partie caudo-ventrale de l’articulation costovertébrale sur les vertèbres thoraciques et au
niveau de la base du processus transverse des
vertèbres lombaires (sauf en L6 et L7 où ce
point se trouve juste en dessous du processus
transverse). L’angle d’inclinaison idéal est de
90°. Cet angle permet de positionner la vis
au niveau de la partie la plus large du corps
vertébral et d’avoir un ancrage bicortical (E-F).
Courbe d’apprentissage : L’angle obtenu (a) à
chaque forage a été comparé à l’angle idéal de
90°. La déviation (D) entre l’angle a et l’angle
idéal a été mesuré et évalué par ordre chronologique de façon à objectiver la courbe d’apprentissage. Une progressive réduction de la
déviation (D) entre l’angle obtenu et l’angle
idéal a été enregistrée avec des résultats plus
significatifs à partir du 5ème cas (P=0,01). Le
résultat révèle une différence statistiquement
significative dans l’ensemble des épreuves.
Bibliographie
1) Bali MS, Lang J, Jaggy A, Spreng D, Doherr MG,
Forterre F, 2009.Comparative study of vertebral fractures and luxations in dogs and cats. Vet Comp Orthop
Traumat 22:47 – 53.
2) Garcia JN, Milthorpe BK, Russell D, et al. Biomechanical study of canine spinal fracture fixation using
pins or bone screws with polymethylmethacrylate. Vet
Surg 1994;23: 322–329.
3) Watine S, Cabassu JP, Catheland S, et al. Computed
tomography study of implantation corridors in canine
vertebrae. J Small Anim Pract 2006;47:651.
5) Wheeler JL, Cross AR, Rapoff AJ. A comparison
of the accuracy and safety of vertebral body pin placement using a fluoroscopically guided versus an
open surgical approach: an in vitro study. Vet Surg
2002;31:468–474.
Conclusions
Les couloirs latéraux utilisés au niveau des
corps vertébraux du rachis thoracique et
lombaire, offrent une bonne marge de sécurité et un bon ancrage bicortical des vis. Les
points d’introduction analysés sur les images
scanner sont facilement visualisables lors
des essais réalisés sur cadavre et l’angle idéal
d’inclinaison de 90° facilement reproductible
avec une courbe d’apprentissage relativement
5
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
• non communiquée
24>26 novembre 2016
LILLE GRAND PALAIS
NEUROLOGIE
COURTES COMMUNICATIONS
Discospondylite fongique chez une chienne boxer de 5 ans.
E. RAMERY1,2
1.
2.
Faculté de Médecine vétérinaire de Liège - 4000 LIÈGE-BELGIQUE
Vetcyt - 59710 MÉRIGNIES
La discospondylite, maladie inflammatoire
des disques intervertébraux, des apophyses
et corps vertébraux adjacents, est une maladie peu fréquente, associée à des signes cliniques non spécifiques, ce qui retarde souvent
le diagnostic.
Une chienne boxer de 5 ans pesant 22 kg a été
référée pour douleur depuis 4 mois et perte
de poids (elle a perdu 6 kg en 2 mois). Elle est
sous prednisolone depuis 1 mois. L’examen
général ne révèle pas d’anomalie hormis la
douleur. Le CT scan révèle une discospondylite T13-L1 sans compression de la moelle
épinière, avec des irrégularités de la surface
osseuse des vertèbres. Une masse hypoéchogène hétérogène contenant des calcifications
en son sein en regard de l’irrégularité osseuse
est également observée. Des cytoponctions
des plages hypoéchogènes sont réalisées.
Une néphropathie chronique bilatérale est
également notée. Le bilan hémato-biochimique est peu remarquable en dehors d’une
azotémie modérée (Urée = 27,4 mmol/L (2,59,6) ; créatinine = 282 μmol/L (44-159)). La
densité urinaire est de 1017. L’hémoculture et
l’urinoculture sont toutes deux négatives. La
pression artérielle est de 150 mmHg. L’examen cytologique révèle une population inflammatoire mixte composée de neutrophiles
dégénérés et de macrophages présentant une
réactivité très marquée, un aspect épithélioïde, de fréquentes multinucléations avec
présences de cellules dites « à corps étranger ». Au sein de ces macrophages sont présentes des structures filamenteuses à bords
parallèles, septées, et branchées à angle droit,
évoquant des hyphes, avec parfois des bourgeons à leurs pôles. Des fibroblastes réactionnels sont également présents. La cytologie est
en faveur d’un granulome infectieux d’origine
fongique. Un diagnostic de discospondylite
d’origine fongique, associée à une maladie rénale chronique (MRC, stade IRIS 3) est posé.
Un traitement antifongique à base d’itraconazole (10 mg/kg/jour en 2 prises, à réévaluer tous les 3 mois), un traitement antibiotique (amoxicilline-acide clavulanique :
20 mg/kg deux fois par jour pendant 15 jours),
ainsi que de la gabapentine pour gérer la douleur (10 mg/kg PO toutes les 8h pendant 15
jours) sont prescrits. Une alimentation adaptée pour gérer la MRC est proposée.
Aux visites de contrôle des 3 mois et des
6 mois, la chienne est alerte et vive, avec un
score corporel de 5/9. Une aggravation de
l’IRC est présente (stade IRIS 4 sans hypertension artérielle systémique ni protéinurie
associée). Un chélateur du phosphore matin
et soir avec le repas est prescrit. Le traitement antifongique est maintenu. Le suivi de la
chienne s’opère par la suite chez le vétérinaire
référant.
Le diagnostic de discospondylite se base sur la
radiographie. La détermination de l’agent causal est essentielle afin de cibler le traitement.
Les discospondylites sont le plus souvent
d’origine bactérienne. Une uroculture ainsi
qu’une hémoculture sont recommandées afin
d’identifier l’agent infectieux. Leur efficacité
n’est que de 40 à 75 %. Bien que plus invasif, le prélèvement de choix est un échantillon
du disc infecté. Moins souvent impliqués, les
agents infectieux fongiques ne sont pas systématiquement recherchés, et, comme dans le
cas présent, la culture peut s’avérer négative.
Par sa spécificité, la cytologie peut représenter un outil diagnostic alternatif de choix. L’origine de l’agent infectieux peut-être iatrogène
ou autogène. Dans les cas d’infection autogène, on suppose que l’infection du disc se fait
le plus souvent par dissémination sanguine à
partir d’un foyer primitif (plaie, infection urogénitale ou respiratoire). Un corps étranger
migrant (eg. épillet) ou un trauma peuvent
aussi être impliqués. Dans le cas présent,
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la cause primitive n’a pas été identifiée. Les
chiens de pure-race, et notamment les boxers,
sont prédisposés. Les mâles ont deux fois plus
de risques d’être atteints et l’âge est également un facteur de risque. Les cas d’infection
fongique restent rares, les agents impliqués
sont multiples, et le pronostic est réservé.
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• non communiquée