Chalencey - Commune de COUCHES

Transcription

Chalencey - Commune de COUCHES
Sources : La Stratégie des Schneider- Jean Philippe Passaqui.
(Presses universitaires de Rennes)
Les minerais calcaires de Chalencey, hameau de la commune de Couches, situé à quelques kilomètres
du Creusot, constituent la base des lits de fusion pour la fabrication de la fonte…Le minerai de
Chalencey possède une faible teneur en fer. Il est extrait sous deux faciès différents. La mine dite en
roche, très pauvre, n’est qu’un vulgaire calcaire ferrugineux difficilement fusible, à cause de sa très
faible teneur en fer, limitée à 22 %. Seul son prix de revient modique justifie son emploi massif. À
l’inverse, la seconde variété de minerai, dite mine en terre, est plus intéressante. Sa teneur en fer se
rapproche de 30 %. Avec de pareils minerais, la mise au mille, c’est-à-dire la quantité de matières
premières ou de combustibles utilisée pour obtenir une tonne de fonte, reste particulièrement
médiocre. Au cours de l’exercice 1839-1840, plus de quatre tonnes de minerais sont nécessaires afin
d’obtenir une tonne de fonte. Et la consommation de coke est élevée alors que la transformation de
la houillère n’est pas achevée.
La découverte des mines de fer de Chalencey est antérieure à la fondation du Creusot. Elle a même
constitué un des arguments en faveur d’une implantation au Creusot, dans la mesure où il n’existe pas,
dans le bassin stéphanois, une telle proximité entre le charbon et le minerai de fer. À la fin du XVIIIème
siècle, les maîtres de forges de trois hauts fourneaux au bois des environs de Couches tirent une partie
de leur approvisionnement en minerai de fer de cette exploitation. Ces établissements périclitent au
cours des années qui suivent la création du Creusot.
Le minerai de Chalencey est exploité selon une méthode immuable. Après avoir creusé des petits puits
de dix à douze mètres de profondeur, les mineurs atteignent la couche de minerai. Les puits,
rectangulaires ou carrés, de 1,8 mètre sur deux, cuvelés avec du bois, sont disposés en quinconce et
établis selon des rangées parallèles. Chaque année, une nouvelle rangée de puits est foncée. Le minerai
est remonté par un double treuil, actionné par deux manœuvres. Chaque puits n’a qu’une existence
brève. Le fonçage dure six semaines, l’extraction, de douze à quinze mois. Les coûts d’exploitation
restent relativement modestes. Le matériel nécessaire se limite à des pics qu’apportent les mineurs et
à de la poudre fournie par les exploitants.
À la base de chaque puits, les mineurs partent à la rencontre des puits voisins. Ils laissent des piliers
formés de rochers prélevés dans une couche stérile séparant le banc de minerai en deux. Dès que les
mineurs sont entrés en contact avec les ouvrages d’un autre puits, ils battent en retraite vers leur puits
d’origine, en abattant l’intégralité du minerai.
Au cours des années qui suivent la reprise de l’usine, la mine de Chalencey ne connaît aucun
bouleversement. L’extraction reste entièrement tributaire de l’activité moribonde des hauts fourneaux
du Creusot. La faible teneur et la médiocre qualité du minerai n’incitent pas les concessionnaires à
multiplier les investissements. C’est au niveau de la préparation du minerai qu’ils portent leurs efforts.
Plusieurs solutions sont mises en œuvre pour améliorer la richesse et la qualité du minerai. Si aucune
mesure n’est prise dans le cas de la variété dite mine en roche, celle dite en terre est successivement
lavée et grillée. Lors du lavage, opération appelée débourbage et destinée à enlever toutes les matières
qui diminuent la teneur en fer, le minerai est placé dans des lavoirs construits à proximité des
exploitations. Un appareil plus puissant, le « patouillet », est ensuite établi pour centraliser le lavage.
Par ce biais, les exploitants tentent d’enrichir la teneur du minerai. Ils y renoncent rapidement. La
partie argileuse éliminée pendant le débourbage est presque aussi riche en fer que le résidu de lavage.
Ce procédé a un autre inconvénient. L’argile qui est mélangée avec le minerai sert d’herbue, c’est-àdire de fondant que les maîtres de forges du Creusot sont dans l’obligation d’apporter aux lits de
fusion, pour compenser la forte teneur en calcaire du minerai de Chalencey, s’ils persistent dans la
voie du lavage. Lorsque les nouveaux utilisateurs s’aperçoivent que rien ne justifie ce type de
préparation, ils recourent au grillage du minerai, tout aussi inutile. Comme pour le lavage, l’opération
se solde par une augmentation du prix de revient qui n’est pas compensée par la réduction des frais
de transport. Aussi se résout-on très rapidement à abandonner toute préparation. Les blocs sont mieux
triés sur le carreau des mines, afin qu’ils ne soient plus supérieurs à 10 centimètres de diamètre.
Lorsque les deux frères Schneider reprennent Le Creusot, le système de transport entre Chalencey et
la plate-forme des hauts fourneaux est assez sommaire. Dans un premier temps, le minerai est chargé
dans des tombereaux, sur le carreau des puits, avant d’être acheminé par des voituriers morvandiaux.
Le flux de minerai de Chalencey constitue d’ailleurs la plus grande quantité de matières en direction
des usines.
La production de Chalencey représente 85 % des besoins en minerai de l’usine. L’entrepreneur chargé
des mouvements de marchandises à l’intérieur de l’usine s’occupe aussi du recrutement des voituriers
et de l’entretien des voies depuis Chalencey. Adolphe Schneider ne contrôle les rotations des voituriers
qu’en cas de dysfonctionnement. Il met fin à une coutume dévastatrice qui consistait à acheminer le
minerai, sous la forme de convois de plusieurs dizaines de tombereaux. Les chemins du Nord de la
région creusotine se sont révélés incapables de supporter des charges de transport répétées et surtout
simultanées. Par conséquent, l’acheminement du minerai est assez laborieux.
Davantage que pour le charbon, la création d’un chemin de fer entre l’usine et le port de Bois-Bretoux
modifie radicalement l’organisation du transport et du stockage du minerai de fer de Chalencey.
Dès la réalisation du chemin de fer à traction hippomobile reliant le port de Montchanin à l’usine du
Creusot, l’acheminement du minerai devient plus complexe, plus long, plus lent mais à un coût
beaucoup plus supportable. En fonction du lieu d’exploitation du minerai extrait à Chalencey, de sa
variété, il continue d’emprunter la route sur la totalité du trajet, mais peut aussi être transporté à
Saint-Léger-sur-Dheune, le port du canal du Centre le plus proche de l’exploitation. C’est à partir de
février 1838 que cette modification du système de transport est proposée, en vue de soulager le réseau
routier.
Si médiocre que puisse être le minerai de fer exploité à Chalencey, il est malgré tout à même de couvrir
une partie importante des besoins du Creusot, à condition de le mélanger, dans le lit de fusion, à
d’autres minerais de meilleure qualité. Utilisé seul, il donnerait une fonte inutilisable à la forge Jusqu’à
présent, les minerais siliceux alluvionnaires qui se présentent sous la forme de grains de la taille d’un
pois, d’où leur nom de pisolithes, n’ont occupé, en raison de leur rareté, qu’une place secondaire. Leur
teneur en fer, même après lavage, est faible. Elle oscille, au mieux, entre 30 et 35 %, ce qui ne
compense pas la pauvreté du minerai de Chalencey. En fonction des différentes variétés de minerai
utilisées, de leur proportion respective dans les lits de fusion, l’usine est en mesure de proposer
plusieurs types de fonte. Mais, globalement, plus faible est la quantité de minerai de Chalencey utilisé,
meilleure est la fonte.
Mais plutôt que de faire reposer la totalité de l’approvisionnement en fonte et fer des ateliers sur leurs
propres moyens, les gérants du Creusot préfèrent acheter d’importantes quantités de fontes.
Schneider frères et Cie commandent des quantités significatives de fontes ou de minerais auprès
d’établissements sidérurgiques traditionnels qui se détournent de la voie totalement hydraulique pour
s’équiper de différentes machines à vapeur, de soufflerie, autant d’appareils qui viennent d’être
intégrés dans les programmes de fabrication. Ce type de marché permet de nouer des liens avec les
entrepreneurs de ces établissements qui s’adressent, tout naturellement, vers Le Creusot lorsqu’il
s’agit de trouver le fournisseur capable de moderniser leurs installations.
…/… les rails sont une des rares fabrications pour lesquelles le minerai de Chalencey convient
parfaitement. La progression de la production de la forge se répercute sur celle de l’exploitation
minière dont l’organisation se révèle inadaptée aux besoins croissants. Un déséquilibre aux
conséquences fâcheuses apparaît. Certains chantiers souterrains étant inondés pendant l’hiver, la
production est interrompue au moment où la main-d’œuvre devient abondante. Pour maintenir une
extraction régulière, la direction des mines réorganise la main-d’œuvre en la déplaçant en fonction des
saisons et de la présence des eaux. Les quartiers de Foisons et des Granges sont utilisés pendant l’hiver.
Au cours de l’été, quand les problèmes d’exhaure sont réduits, les mineurs sont reportés vers les
champs des Chaumottes et des Tilles. Cependant, l’activité plus intense vient rompre l’harmonie qui
règne dans l’organisation des travaux. En raison de la croissance de la production, les réserves de
minerai des deux champs d’exploitation d’hiver diminuent très rapidement. Les aménagements
traditionnels ne suffisent plus pour maintenir le niveau de l’extraction. Des stocks très importants
doivent être établis pour approvisionner Le Creusot tout au long de l’année. À partir de 1844, les
besoins augmentent encore à la suite à l’élévation d’un nouveau type de haut fourneau, à plus grande
capacité, construit pour répondre aux commandes de rails.
Pour préparer l’avenir, un programme de recherches est amorcé en direction du Nord. C’est un choix
logique au regard des connaissances géologiques. La présence d’un minerai identique à celui exploité
à Chalencey est connue depuis longtemps, à proximité du haut fourneau de Lacanche, dans le Sud de
la Côte-d’Or. Il reste un espace important à prospecter, entre ces deux étendues minérales. Pour
améliorer encore les conditions de transport et généraliser le recours au canal du Centre, au détriment
du roulage par charrois, Adolphe Schneider fait concentrer les sondages et le fonçage de puits de
recherches, à l’endroit où les coteaux des plateaux sont proches du canal. L’échec de ces tentatives le
conduit à s’intéresser aux affleurements de minerais qui sont mis à jour à proximité des villages de
Cromey et de Mazenay. Les travaux de recherche, moins favorablement situés, sont, cette fois,
couronnés de succès.
Deux affleurements sont rapidement découverts à peu de distance l’un de l’autre. Une exploitation
intensive débute instantanément. Pour autant, aucune volonté de mise en valeur à long terme ne
transparaît. Le directeur se contente d’extraire le minerai à moindre coût, en fonction de la
consommation des hauts fourneaux du Creusot et en complément de la production de Chalencey. Les
travaux débutent maladroitement. Les mineurs établissent des galeries à flancs de coteaux,
poursuivent l’avancement sur quelques dizaines de mètres, avant de battre en retraite malgré la
régularité de la couche de minerai. Cette méthode, dite des grandes tailles, présente l’avantage d’être
particulièrement économique. Elle implique pourtant d’être capable d’assurer la pérennité des
galeries de roulage. Pour être conservées, elles doivent être entièrement muraillées, ce qui nécessite
une maîtrise de l’art des mines qui n’est pas en rapport avec les compétences du personnel dont
dispose l’usine du Creusot, c’est-à-dire des paysans qui deviennent mineurs au moment où les travaux
des champs ne nécessitent plus l’appoint de leurs bras. L’administration des Mines est donc contrainte
de menacer Schneider et Cie de poursuites, si ceux-ci persistent à exploiter le minerai dans l’illégalité
et dans des conditions qui fragilisent l’avenir. La demande en concession n’est pourtant adressée au
préfet que le 7 novembre 1846 ;
En raison de la rapide croissance de la production de rails en fer, notamment à la suite de la signature
de l’important contrat avec le Paris-Lyon, en 1846, les besoins en minerais de fer de Cromey et de
Mazenay augmentent toujours. Par son ampleur, il entraîne l’entreprise sur la voie d’une production
qu’elle maîtrisait mais qui restait secondaire. Le centre de gravité de l’usine se déplace des ateliers de
constructions mécaniques vers les hauts fourneaux et la forge. L’essor de l’exploitation peut être
constaté, à travers l’intense développement des travaux. En 1847, à Chalencey, il existe déjà 35 petits
puits de mine alors que 12 sont en fonçage. À Cromey et Mazenay, 6 puits sont en exploitation et 7 en
fonçage. Dès cette époque, les affleurements de Mazenay mobilisent l’attention d’Eugène Schneider,
au détriment de l’exploitation de Cromey. Tous les puits en cours de fonçage se situent à Mazenay. 26
galeries débouchent au jour, de part et d’autre de la vallée au fond de laquelle se trouve le village.
Mais la mise en valeur est de courte durée. En raison de la disparition brutale et prolongée de
l’ensemble des commandes ferroviaires, l’activité de Chalencey et celle de Mazenay se trouvent
réduites des deux tiers.
En marge des recherches menées par les établissements Schneider, d’autres découvertes d’envergure
surviennent. Monnet, un entrepreneur lyonnais, découvre le prolongement de la couche, à Change,
aux confins des départements de Saône-et-Loire et de la Côte-d’Or. Bien que ses travaux exploratoires
soient restés limités, il bénéficie de l’appui de l’ingénieur en chef des Mines Drouot. Ce dernier refuse
que l’ensemble du gisement passe dans le giron de Schneider et Cie. Au contraire, il souhaite voir naître
des concurrents qui puissent réduire l’hégémonie régionale du Creusot. Il est évident que, replacé dans
son contexte, l’épisode prend tout son sens. Au même moment, l’administration des Mines engage un
combat d’envergure contre les tentatives d’accaparement menées par certaines compagnies minières,
notamment dans la Loire, ce qui aboutit à la signature d’un décret en germe depuis le début de 1852.
Il s’agit de mettre fin à la constitution de monopoles créés en vue d’exploiter des ressources minérales.
La personnalité de l’ingénieur des Mines Drouot est aussi à prendre en compte. Il s’est signalé en 1848
en accordant à des manouvriers ruinés des permissions d’exploiter des minières de fer dans des forêts
communales de l’Est de la Côte-d’Or. Anne-Françoise Garçon signale qu’il est connu « comme
professant des opinions presque communistes.
La concession de Mazenay n’est créée que le 5 janvier 1853. Ainsi, la mise en valeur des ressources de
minerais de fer calcaires locaux se solde par un bilan mitigé. La certitude d’avoir accru sensiblement
les réserves est contrebalancée par l’incapacité à prendre le contrôle de la partie du gisement, celle de
Change, qui offre le plus de perspectives. La volonté politique manifestée afin d’éviter toutes les
tentatives d’accaparement des ressources minérales n’explique qu’en partie l’échec de la demande en
opposition du Creusot. Dans l’esprit de l’ingénieur des Mines Drouot, les ressources minérales des
concessions de Chalencey et de Mazenay semblent devoir suffire au développement de l’usine du
Creusot. La création de la concession de Change en faveur de Monnet ne retarde cependant, que de
quelques années, la prise de contrôle de l’ensemble du gisement de Mazenay-Change. La mort du
concessionnaire de la mine de Change, peu de temps après qu’il a obtenu gain de cause, laisse le champ
libre à Eugène Schneider. La veuve de Monnet cède ses droits sur la concession. À partir de 1855,
Schneider et Cie préparent une mise en exploitation rationnelle et demandent la réunion de leurs
concessions de minerai de fer. Formulée le 6 février 1856, elle est acceptée par décret impérial du 24
mars 1858. Lorsque Le Creusot se porte acquéreur de la concession de Change, il se trouve face à des
ressources qui ne sont connues que sur les affleurements et dont l’intérêt reste limité, en raison de
l’éloignement des champs d’exploitation par rapport au réseau de transport qu’emprunte le minerai
extrait des concessions de Chalencey et de Mazenay. Mais au-delà des ressources minérales
disponibles en faveur du Creusot, Eugène Schneider fait disparaître une menace qui se dessinait depuis
plusieurs années. Au cours des recherches entreprises dans la région de Cromey et de Mazenay, les
Houillères de Blanzy étaient entrées en concurrence avec Le Creusot, arguant du fait qu’elles
souhaitaient étendre leurs activités à la sidérurgie. Le même processus apparaît aussi au niveau des
mines de charbon d’Épinac, très proches du gisement de Mazenay-Change. Leur directeur se lance
dans un inventaire des ressources ferrifères du Sud de la Côte-d’Or et du Nord de la Saône-et-Loire.
Avec le rachat de Change, Eugène Schneider élimine les velléités de diversification des compagnies
charbonnières. Il les empêche de détourner une partie de leur extraction au profit de leurs propres
annexes, ce qui réduirait les quantités de houilles dont Le Creusot a besoin pour poursuivre son
expansion.
La date du rachat de la concession de Change est à mettre en relation avec une grève des mineurs de
Mazenay. La dispersion des centres d’exploitation présente désormais davantage de sécurité que le
regroupement qu’Eugène Schneider avait préalablement envisagé, à partir du village de Mazenay.
À partir de 1852, à la suite de la reprise des commandes de rails en fer, les productions de fonte et de
fer progressent vivement. Entre les exercices 1851-1852 et 1852-1853, celle de fonte s’élève de 23 768
à 27 415 tonnes et celle de fer de 18 305 à 25 250 tonnes. Le système d’exploitation n’est plus adapté
à l’accroissement de l’activité minière qui découle de l’essor de la production sidérurgique. Jusqu’à
présent, le gisement a pâti du peu de cas que les exploitants faisaient de la législation minière. Parlick,
le directeur de la mine de Mazenay commence à mieux appréhender les caractéristiques du gisement
et le besoin de réduire les pertes de minerai. Il recourt à la technique des galeries et piliers repris qui
permet d’enlever l’intégralité de la couche de minerai.
Mais le minerai de fer de Mazenay-Change n’a vraiment d’intérêt que pour l’obtention des rails en fer.
Sa découverte n’apporte qu’une réponse partielle aux insuffisances des réseaux d’approvisionnement.
Il est décidé de doter les usines du Creusot d’un ensemble de ressources très variées,
géographiquement et minéralogiquement. Les flux de minerai ne proviennent plus exclusivement des
mines de fer locales et des minières du Cher. Il convient de découvrir de nouveaux gisements. L’intérêt
de ces exploitations réside dans leur proximité avec des voies de communication. Par exemple, pour
gagner les canaux, le minerai de l’Allier est acheminé grâce au chemin de fer des mines de charbon de
Bert, avant d’être embarqué sur les péniches, afin d’être dirigé vers le port de Montchanin.
À la fin des années 1850, au côté des minerais calcaires de Mazenay-Change qui représentent 60 % de
l’ensemble des besoins, Le Creusot consomme une multitude de minerais, à gangue siliceuse, en
provenance de Saône-et-Loire, de la Nièvre, de l’Allier et du Berry
Ainsi rassurés quant à l’avenir de leur approvisionnement en minerai de fer calcaire, Schneider et Cie
entendent poursuivre leur développement et multiplier les constructions de hauts fourneaux. La
réorganisation des mines de fer a déjà débouché, en 1859, sur l’abandon du gisement de Chalencey,
dont les réserves s’élèvent encore à 700 000 tonnes
Chalencey ne s’intégrait plus dans la nouvelle distribution des axes de communication entre les mines
de fer et Le Creusot, dans la mesure où une grande partie du minerai extrait devait encore être
conduite par voitures, sur une distance de 14 kilomètres. À Change, au contraire, les recherches
aboutissent à la découverte d’importantes étendues de minerai, exploitables non plus depuis les
affleurements, mais par puits.
La production des mines de Mazenay-Change progresse désormais à un rythme soutenu. Dès 1864, les
150 000 tonnes espérées sont dépassées. En 1867, avec une extraction de 243 000 tonnes, la
production de la mine couvre l’ensemble des besoins en minerai de fer calcaire et permet de modifier
l’aire d’approvisionnement pour les autres minerais de fer.
Un rapport de 1867 qui émane de l’inspection générale des Mines exprime l’étonnement des
concessionnaires, face au développement insoupçonné et soudain des mines de Mazenay-Change :
« C’est une bonne fortune inespérée pour Le Creusot, qui a, en conséquence, abandonné toutes ses
exploitations lointaines pour ne plus employer que le minerai de Mazenay qui peut lui revenir, au
Creusot, entre 5 et 6 francs la tonne, et les minerais riches de l’Algérie et de l’île d’Elbe qui lui
reviennent à 40francs. ».