Performance : l`ère des RH
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Performance : l`ère des RH
Études Gestions Publiques Recherche, Études, Veille Performance, l’ère des RH Juin 2005 Cette étude a été réalisée par l'équipe RECHERCHE, ÉTUDES, VEILLE Françoise WAINTROP, Céline CHOL, Brigitte COUÉ, Marie-Thérèse DELEPLACE, Michel MARÉCHAL Mise en page : REV Perfor mance, l’ère des RH Sommaire 12345678910- Fin des années 80 : un vent de réformes, la “nouvelle gestion publique” De qui parle t-on ? Évolution des systèmes de GRH Décentralisation-déconcentration/centralisation Nouvelle gestion ... nouveaux managers Des systèmes ... aux méthodes Capital humain, valeur ajoutée pour l’organisation L’importance de l’environnement de travail, qualité, bien-être, motivation Une fonction publique, reflet de la société Professionnalisation de la fonction RH p.3 p.7 p.9 p.12 p.15 p.20 p.23 p.24 p.26 p.28 Quelques éléments de convergence Dans tous les pays étudiés, les deux dernières décennies ont été marquées par la montée en puissance des réformes au sein de l’administration publique. À partir des leviers traditionnels (crise financière, perte de légitimité de l’État, etc.), les gouvernements ont eu les mêmes ambitions fondées sur des objectifs très proches : mieux maîtriser la mise en œuvre des politiques publiques, assouplir les procédures, offrir aux citoyens des services mieux adaptés à leurs besoins, en substance, rendre l’administration plus performante. L'étude comparative sur la gestion des ressources humaines menées sur huit pays de cultures très différentes - Australie, Canada, Danemark, États-Unis, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède1 - fait apparaître néanmoins de grandes convergences dans les systèmes et les modes de gestion : développement des contrats de droit privé ou rap- prochement du droit public et du droit privé ; forte décentralisation / déconcentration de la gestion ; centralisation de la stratégie en matière de ressources humaines et contrôle de la mise en oeuvre par les administrations ; Ces ambitions ont conduit l'État à se repositionner dans un rôle de concepteur des politiques publiques, les prestations de service étant confiées à des structures dotées d'une forte autonomie financière et de gestion des ressources humaines. À côté des principes traditionnels du service public, se sont fait jour de nouvelles valeurs : qualité, transparence, simplicité, coopération. rôle central de l'encadrement supérieur, pivot de la GRH ; nouvelles méthodes de gestion axées sur l'indivi- dualisation des parcours (rémunération, gestion des compétences, formation...) ; La montée en puissance de la culture de résultat place en première ligne la nécessité d'avoir une véritable gestion des ressources humaines - facteur premier de performance - et de conférer aux managers autonomie et responsabilité. importance du lieu de travail comme unité de contractualisation, générateur de motivation et source d'attractivité. 1- La partie sur la rémunération à la performance s’appuie sur une étude de l’OCDE, réalisée en 2004, et concerne donc un nombre plus important de pays. 2 Fin des années 80 : un vent de réformes La “nouvelle gestion publique” Au centre de la modernisation ou légèrement décalé dans le temps par rapport aux grandes réformes budgétaires ou de gestion à la performance il n’est pas un pays de notre panel qui ne se soit posé la question d’une réforme de sa fonction publique. Pilier nécessaire des réformes, la réorganisation du mode de GRH peut inclure des changements profonds et systémiques allant jusqu’à une «normalisation» de la gestion c’est-à-dire le rapprochement avec le secteur privé. Le fonctionnaire est-il un salarié comme un autre et doit-il être géré selon les mêmes méthodes ? Ces questions se posent dans les pays de l'OCDE depuis la fin des années 80. La performance des organisations publiques étant directement liée à la performance des agents, les administrations ont, la plupart du temps, assoupli leur système, individualisé la gestion et traité la GRH comme un élément hautement stratégique. mances des administrations deviennent de plus en plus des facteurs compétitifs qui décident de la prospérité des nations”. Mais que reproche t-on aux administrations publiques ? Au nombre des dysfonctionnements, on peut compter les suivants : a dans de nombreux systèmes étatiques, il n’y a pas de séparation nette entre le politique et l’administratif, y compris dans le processus de prise de décisions et dans le rôle respectif des politiques et des gestionnaires. a les processus de décision ne sont pas toujours conformes aux principes législatifs et réglementaires et sont parfois le fruit de négociations et d’échanges entre des intérêts divergents internes ou externes à l’administration. Pour comprendre cette évolution et la place de plus en plus grande que prend la fonction publique dans les réformes, il faut d’abord se poser la question du contexte et revenir en particulier aux années 80 qui ont vu l’émergence de graves crises budgétaires dans les États membres de l’OCDE. Les pays nordiques, par exemple, dont le “Welfare State” se trouve menacé par la dette qui augmente mais aussi les pays latins qui, devant ratifier le traité de Maastricht, doivent montrer une meilleure santé financière. a hiérarchie et centralisation associées à un respect formel des règles et des procédures ont eu des effets pervers au rang desquels on trouve un manque de flexibilité de l’administration, des retards dans le traitement des dossiers, un certain mépris des attentes et des préoccupations des citoyens… a les modèles bureaucratiques centralisés sont fréquemment caractérisés par la définition et la mise en œuvre des politiques publiques depuis le niveau central, ce qui a souvent pour effet de déboucher sur des décisions ou des actions inadaptées. Les années 1980/1990 vont également être, parfois, le théâtre de crises institutionnelles plus graves comme au Royaume-Uni et en Italie où l’opération “Mains propres” réorganise totalement l’échiquier politique et administratif du pays. Enfin, même en période de croissance, les États-Unis souffrent d’une crise de légitimité amenant le taux de confiance envers l’administration fédérale du pays à 21% de la population ! a l’éventail des relations existant au sein même de l’administration et avec d’autres organisations, publiques ou privées, est tellement large qu’il complexifie la lisibilité des missions et des actions de chacune des structures. Face à ces critiques, “la nouvelle gestion publique” va peu à peu diffuser une nouvelle vision du rôle et de la place de l’administration. Si les motivations de ces réformes ont été incontestablement de gérer, à un moment donné, des difficultés budgétaires et de rationaliser la gestion publique, elles sont également liées à un changement de contexte politique associé à une volonté plus ou moins appuyée du pouvoir législatif d’accroître son influence sur la gestion des finances publiques. Ces trois types de crises - légitimité, budget, institutions - vont amener ces pays à repenser leur administration et tenter de réagir aux graves critiques portées sur le système classique de l’administration “bureaucratique” au sens Webérien. De fait, la dépense publique et plus exactement la qualité et la transparence de cette dernière sont au cœur de la réponse apportée par les États. La gestion de l'État et de ses finances publiques n’est plus traitée de façon indépendante mais, comme l’indique Franco Bassanini2, ancien ministre italien de la Fonction publique : “L’organisation de l’État et les perfor- L’affirmation de la nécessité de rendre compte (“accounntability”) et de mesurer les réalisations par rapport aux objectifs tient en partie à l’obligation d’expliciter les choix de politiques publiques à 2- Rapport d’information du Sénat, n°348, « Rapport d’information fait, au nom de la Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, par Gérard Braun, sur une étude comparative portant sur la réforme de l’Etat à l’étranger », session ordinaire 2000-2001. 3 l’égard de citoyens plus exigeants, dans un contexte budgétaire moins favorable et un environnement plus concurrentiel. La situation actuelle incite donc les administrations publiques à être plus performantes. 2 Procéder à des réformes budgétaires ou des réformes de gestion à la performance Les vingt dernières années ont vu une diffusion très large des réformes budgétaires ou/et de gestion à la performance. Le choix a d’ailleurs souvent été de déconnecter les deux. La première grande réforme vient des États-Unis en 1993 avec la “Government Performance and Result Act -GPRA-”. Son objectif principal est de répondre à la question : “Qu’avons nous obtenu avec ce que nous avons dépensé ?” C’est donc la problématique du résultat de l’action publique qui est au centre de la réforme. Serait-ce donc la fin de la “Old Public Administration” au profit d’un “New Public Management” dont on peut mesurer l'influence à partir des modalités de réforme constatées dans les pays de l'OCDE, à savoir : 1 Décentraliser et déléguer les compétences à partir de la création d’agences, entités administratives à l’autonomie renforcée. Cette notion d’agence utilisée par l’ensemble des pays du panel regroupe néanmoins des réalités fort différentes d’un pays à l’autre. Le budget américain sera donc, dès 1993 présenté en programmes et accompagné de projets et de rapports de performance - modèle que suivra la Lolf quelques années plus tard -. z En Suède, elles ne datent pas de la période des réformes de la gestion publique mais bien du XVIe siècle. Elles ont acquis ensuite une grande autonomie à travers la Constitution de 1809. Néanmoins, la fin des années 80 va introduire de nouvelles modalités de gestion et intégrer le fait que ni leur nombre et ni leur périmètre ne sont plus garantis. Si l’objectif du Royaume-Uni est le même -améliorer la qualité et l’efficience des services publics-, le processus sera différent. La mise en place d’une gestion à la performance est déconnectée du budget et consiste, pour les ministères, à préciser des cibles de politiques publiques et de signer sur cette base des contrats de service public (PSA). Les résultats sont évalués tous les trois ans dans le cadre de “Spending Review” et de nouveaux objectifs sont proposés. En 1998, 600 cibles de politiques publiques étaient présentées, en 2002, il n’en restait que 130. z C’est le modèle des agences suédoises que préconise, dès 1968, le rapport Fulton au Royaume-Uni et c’est finalement Margaret Thatcher qui, en 1988, lancera l’opération “Next Steps” visant à créer des agences à partir des départements ministériels. Le système britannique est néanmoins très différent. Les agences ne sont autonomes que du point de vue de la gestion des ressources financières et humaines. Elles ne définissent pas l’orientation stratégique qui, elle, dépend du ministère de rattachement et depuis 1998 des “Public Service Agreement” (PSA). Ces PSA ministériels sont déclinés au niveau des agences en “Delivery Plans” et “Delivery Reports”. Les PSA sont audités régulièrement par le National Audit Office, structure proche de la Cour des comptes française mais rattachée au Parlement. Dans les pays nordiques comme latins, on va retrouver le même mouvement de réformes qui tente de rationaliser les politiques publiques et de poser la question du résultat de l’action de l'État. L’accent est mis sur le pilotage, sur la stratégie mais aussi sur la capacité à traduire cette stratégie en plans d’action opérationnels. z Si ces deux pays représentent les deux exemples les plus connus de mise en place d’agences, on ne peut passer sur le fait que ce schéma d‘organisation avec séparation entre un ministère concepteur et des agences qui mettent en œuvre se soit largement diffusé dans d’autres pays. Les pays nordiques ont systématiquement diminué la taille des ministères au profit des agences. Les Pays-Bas se sont servis de la création d’agences pour mieux maîtriser les politiques publiques ainsi que la dépense publique. L’Italie a donné de la souplesse au ministère des finances en créant quatre agences : impôts, domaine, cadastre, douane. C’est ce que l’on va désormais chercher dans la définition des profils de managers. 3 Introduction de mécanismes de marché, de partenariats public/privé, d’externalisation de certains services z Le partenariat public-privé (PPP) a trait au financement, à la conception, la construction, la maintenance et l’exploitation par le secteur privé des infrastructures. Ces fonctions étaient auparavant assurées par le secteur public. Les PPP sont largement utilisés dans les secteurs tels que les transports, les établissements scolaires, les hôpitaux, les immeubles de bureaux… Ils reposent sur des contrats de long terme, de 20 à 30 ans, durant lesquels l’entreprise perçoit une rémunération annuelle de l'État. Les PPP se caractérisent par un transfert z Pouvoir bénéficier d'une plus grande autonomie de gestion des RH, justification ou conséquence de la mise en place des agences est, sans conteste, un des points saillants des évolutions liées aux changements de structures. De nouveaux modèles de management sont nécessaires. D’abord, le rôle du directeur, et des cadres supérieurs en général, est renforcé mettant en exergue la nécessité de leur autonomie mais aussi de leur responsabilité. De l’autre, le lieu de travail, “The work Place”, est au centre de la gestion et non plus l’échelon national. 4 de risque à l’entreprise privée. L'État ne supporte plus les risques liés aux emprunts et ceux relatifs aux retards pris dans les constructions. Les PPP font l’objet d’un traitement hors budget, les engagements annuels du gouvernement n’étant pas comptabilisés dans le budget de l'État. Objectifs des PPP Les “PFI” (“Private Finance Initiative”) permettent de combler les retards d’investissement. Par exemple, depuis 1997, le Royaume-Uni a très largement eu recours aux partenariats public-privé pour combler des retards d’investissements d’infrastructures publiques. Aujourd’hui, ce sont 450 projets en cours ou achevés, représentant 15% de l’investissement public. Plus de 40% des projets visent à construire des écoles secondaires et 20 % des hôpitaux ; le secteur de la défense nationale est également concerné. Ces projets ont majoritairement respecté les budgets initiaux et les délais. Lorsqu’il y a eu modification de prix, c’est généralement suite à des corrections apportées au projet par les autorités publiques. Les PFI ont permis des économies budgétaires sur le court terme (plus discutable sur le long terme, compte tenu des engagements annuels) et surtout de disposer plus rapidement d’équipements publics. z L’externalisation consiste, pour les gouvernements, à demander à des prestataires privés de fournir des services précédemment délivrés par l’administration. Son utilisation est variable selon les pays, elle touche près de 80% des services publics au Royaume-Uni, mais seulement 20% au Portugal. De manière générale, les pays anglophones et nordiques sont ceux qui l’utilisent le plus. L’éventail des services externalisés est large (nettoyage des bureaux, services informatiques, etc.). L’externalisation repose sur l’existence (ou la création) d’un marché concurrentiel, au sein duquel les administrations ne sont pas dans l’obligation de faire appel au même prestataire privé, faute de concurrent. Les contrats passés par l’administration spécifient les produits attendus et séparent clairement les fonctions d’acheteur de celles de fournisseur de services. 4 Fournir des services de meilleure qualité aux usagers et plus globalement, placer le citoyen au centre des organisations et des administrations Les années 90 vont, là aussi, être déterminantes en transformant le mode de relation avec l’usager. L’administration centrée sur elle-même organisant les relations avec ses administrés, se transforme peu à peu en une administration “orientée client” donc à l’écoute des besoins et sensible aux stimulii externes. Les politiques visant à améliorer la qualité de service se diffusent très vite, mettant l’accent non plus sur les contraintes internes de l’administration mais sur les besoins des bénéficiaires internes et externes. Les “chartes qualité” gagnent du terrain dès 1991 (Royaume-Uni, Italie, Finlande, Irlande, Espagne) ainsi que les engagements de service (pays scandinaves, Autriche, Allemagne). Externalisation : l’exemple du service de l’emploi australien L’Australie a décidé de mettre fin au monopole de l’Agence pour l’emploi en 1998. Désormais, le gouvernement est un acheteur de services d’emplois auprès d’entreprises privées. Un réseau de services d’emplois regroupant près de 100 prestataires a été créé. Ces prestataires font l’objet d’un classement (de une à cinq étoiles) selon le nombre de demandeurs d’emplois reclassés, en tenant compte de critères particuliers (durée de la période de chômage, niveau d’éducation, pays d’origine, parent isolé ou non…). Les demandeurs d’emplois choisissent eux-mêmes leur prestataire qui est rémunéré par le gouvernement. Les contrats passés avec les prestataires privés prévoient une garantie de qualité sur la nature et la fréquence des services fournis. Ainsi, l’année 2004 a donné lieu à 630 000 placements, soit le meilleur score jamais réalisé en Australie, à coûts inférieurs. Se multiplient aussi les prix, les conférences, les coopérations européennes sur la qualité de service. Citoyenneté active en Italie Dans le secteur hospitalier, les associations de citoyens participent aux audits des hôpitaux et suivent la réalisation des priorités retenues. Les agences sanitaires locales doivent ensuite mettre en œuvre des actions correctrices. Dans la région du Lazio, un protocole d’accord a été signé avec l’association Citoyenneté active. Les citoyens réalisent une évaluation sur la base des droits contenus dans la Charte européenne des patients. L’administration accepte de prendre en compte les observations faites et les intègre dans le processus d’évaluation des gestionnaires. Il existe donc une corrélation entre la qualité des services et la présence active des associations de citoyens. Cette participation citoyenne est d’ailleurs entérinée par la Constitution italienne qui reconnaît la notion de “subsidiarité horizontale” c’est-àdire la possibilité pour le citoyen de faire du service public et d’être aidé en cela par les administrations. Ces mécanismes ne sont pas sans conséquence sur la gestion des agents qui changent de statut totalement ou partiellement. Ce phénomène augmente la forte intrication entre le secteur public et le secteur privé. 5 Mais derrière les outils qui se mettent en place une autre relation se développe avec le citoyen. Consulté dans un premier temps sur le niveau de qualité attendu, il l’est aussi de plus en plus sur les orientations en matière de politiques publiques. Le citoyen/usager/client devient un acteur social à part entière. Il peut aussi co-produire le service. un environnement agréable, une bonne relation avec la hiérarchie directe, la vision claire de son rôle dans la relation à l’usager, une perception positive de l’encadrement supérieur. Sur quels critères repose la perception de la qualité de service par l’usager ? 5 critères de qualité de service sont systématiquement cités : moins d’attente, avoir affaire à un personnel compétent et sachant répondre, que le personnel soit courtois, être traité de façon équitable, réussir à obtenir ce que l’on était venu chercher. Les administrations sont donc amenées à changer de rôle. Qu’elles deviennent elles-mêmes prestataires de service ou qu’elles facilitent l’implication des citoyens pour ce faire, elles devront être plus réactives, prendre en compte les évolutions de la société et faire de plus en plus de “sur mesure”, passer de la standardisation des réponses à l’individualisation des réponses. Si l’accent est mis sur la relation à l’usager comme levier de l’amélioration de la qualité de service et de GRH, l'usager devient aussi celui qui choisit le mode de délivrance des services : État, ONG, secteur privé. z Si l’État est un prestataire de service au même titre que les secteurs privé ou associatif , quelle est la nécessité d’un mode de gestion différent et plus particulièrement d’un statut ? “Choice and Voice” au Royaume-Uni. Voice, parce que les services publics doivent être gérés à partir de la demande des usagers. Choice, parce que ces usagers doivent pouvoir choisir en connaissance de cause l’opérateur du service que cela soit l’administration publique, le secteur associatif ou le privé. Améliorer la qualité réglementaire Citizen at the wheel (“Citoyen à la barre”) au Danemark qui a théorisé sur le droit pour les citoyens de choisir le mode de service de leur choix. Le rôle de l’administration centrale étant de donner les éléments pouvant guider les choix et en particulier obliger chaque institution à publier ses résultats en matière de performance. z les textes produits sont-ils de qualité, simples et accessibles ? 5 La culture administrative classique a toujours privilégié la production de lois et de règlements pour impulser les réformes ou tout simplement accompagner l’action publique. Les réformes des années 90 vont amener à poser trois questions : z ont-ils été élaborés de façon à tenir compte de l’avis des populations concernées et seront-ils évalués ? Les conséquences sur la GRH sont de deux ordres : z Il y a un lien direct entre la satisfaction des citoyens et celle des agents. Selon R. Heintzman et B. Marson, chercheurs canadiens, il y a une “chaîne de valeur” (“value chain”) claire entre satisfaction de l’usager et confiance du citoyen, tout comme il y a une relation entre satisfaction du personnel et satisfaction de l’usager. Ce dernier lien est d’ailleurs si fort dans la littérature managériale qu’il est nommé Satisfaction Mirror. En conséquence, les enquêtes de satisfaction du personnel se sont multipliées (“European Employees index”, “Workforce Commitment index“). Il en ressort que la satisfaction des agents au travail les amènerait à se surpasser, à accomplir l’effort, le pas supplémentaire (“extra mile”) pour mieux répondre aux besoins des usagers. z au regard d’une étude coût/avantage, était-il nécessaire de réglementer - ou légiférer - pour obtenir le même résultat ? Des outils alternatifs existaient-ils comme les taxes, les bonnes pratiques ou les chartes ? Des structures ad hoc vont se créer pour évaluer la qualité réglementaire ainsi que les études d’impact “Regulatory Impact Unit” au Royaume Uni, “Nucleo per la simplificazione delle norme e le procedure”, en Italie, sont mises en place au niveau le plus haut de l’État pour veiller à diminuer le nombre des textes et à ce qu’ils soient de qualité et accessibles. De profondes transformations des processus de travail et de décision vont affecter les compétences requises pour l’action publique. Il va s’agir, par exemple, de calculer le coût d’un nouveau règlement sur les PME concernées ou d’évaluer l’impact des textes en fonction de l’objectif à atteindre. Dans les pays de l’OCDE, cette approche du “New Public Management” a incontestablement favorisé la modernisation du secteur public en permettant à ces pays de pouvoir répondre aux difficultés et aux besoins de réformes auxquels ils ont été confrontés. Le “pas supplémentaire” au Canada Comment améliorer la satisfaction des employés et obtenir ce pas supplémentaire ? Plusieurs facteurs sont systématiquement cités dans les enquêtes : une rémunération jugée équitable, 6 remettre en cause l'idée-même d'un mode de gestion à part pour les fonctionnaires. Le fonctionnaire est-il un salarié comme un autre ? De plus en plus de pays considèrent que la fonction publique et le statut ne doivent concerner que quelques fonctions régaliennes. Les autres administrations, prestataires de services, doivent pouvoir être compétitives avec le secteur privé et associatif. Faire face au manque d’efficacité des politiques publiques, à des ressources limitées, mais aussi répondre aux attentes croissantes des citoyens, à la nécessité de réduire le poids du secteur public, les défis étaient de grande importance. Liés à ces évolutions, les systèmes de gestion de la fonction publique vont se transformer parfois radicalement. Le principal objectif de ces bouleversements est de s'affranchir d'une gestion procédurale, réglementaire afin de pouvoir enfin gérer la “ressource” humaine avec des méthodes souvent semblables à celles du secteur privé. La souplesse et la qualité de gestion des ressources humaines nécessitent-elles de grandes réformes, un plus grand professionnalisme... ou les deux ? Mais une autre justification des réformes présentées par des pays comme le Portugal ou l'Italie est de 7 De qui parle t-on ? Une définition floue Pays-Bas Statut, carrière, emploi, contrat : la fonction publique ne fait pas l’objet d’une définition identique dans tous les pays. De nombreux pays parlent d’ailleurs de services publics ou d’agents publics, ce qui implique souvent une acception plus large que celle de fonctionnaires. Les Pays-Bas ont une approche fonctionnelle de la fonction publique : appartiennent à la fonction publique, les agents travaillant dans le secteur public... Mais plusieurs définitions coexistent : une définition restrictive qui n’englobe que les agents travaillant directement pour les ministères, les provinces et les communes ; ces agents regroupent 3,4% de la population active. une définition élargie à l’ensemble du “service public”, incluant magistrats, militaires, enseignants et personnels des agences créées en 1994 ; les agents publics représentent alors 11,4% de la population active. enfin, une définition incluant le personnel de l’ensemble des institutions bénéficiant de fonds publics et travaillant pour le service public ; on parvient à un total de 26% de la population active néerlandaise, soit un niveau comparable à celui de la France. Certains, le Royaume-Uni ou l'Irlande par exemple, distinguent les fonctionnaires, agents de l’État (“civil servants”) et les agents des services publics de santé, d'éducation… D’autres établissent des distinctions en fonction des activités qualifiées de régaliennes (police, justice…). En Suède, seul un petit nombre de personnes (magistrats, militaires, diplomates) a un statut particulier, tous les autres agents publics travaillent dans le cadre du droit commun du travail. D’autres encore, comme la France, regroupent toutes les personnes régies par un ensemble de textes juridiques définissant strictement leurs droits et obligations et travaillant à la fois dans les services de l’État, les collectivités territoriales et les hôpitaux publics. Un périmètre flou Et pour complexifier un peu plus la question, il faut aussi tenir compte des modes d'intervention de la puissance publique très divers d'un pays à l'autre. Ainsi l'Irlande et les Pays-Bas font traditionnellement appel aux associations et aux ONG pour remplir des missions de service public. Le Royaume-Uni développe les partenariats public/privé. Une récente réforme constitutionnelle en Italie fait obligation à toutes les institutions publiques de l’État et aux communes de “favoriser l’initiative autonome des citoyens, des individus et des associations, pour l’accomplissement des activités d’intérêt général”. De plus en plus d’expériences impliquent le citoyen et les associations dans la fourniture de services. Le caractère fédéré ou fortement décentralisé de certains pays (États-Unis, Canada, Suède) influe aussi fortement non pas sur le nombre global des agents publics mais sur leur répartition entre les différents niveaux de gouvernement. En Suède, le rôle des collectivités territoriales suédoises et en particulier des communes a été considérablement renforcé. Ces dernières sont passées, en vingt ans, de 2 000 à 300, l'objectif de cette réduction étant de leur donner la taille critique nécessaire pour assumer leurs nouvelles responsabilités ; responsabilités assorties des moyens pour les mettre en œuvre (elles tirent l’essentiel de leurs revenus des impôts qu’elles lèvent directement). Les communes ont des compétences générales pour gérer les affaires d’intérêt général concernant leur territoire ou leurs habitants ne relevant pas de la compétence exclusive de l’État. Elles ont la responsabilité des services sociaux, des écoles, de la planification sociale, de l'entretien du réseau routier local, des services de secours, du traitement des eaux et des déchets, de l'alimentation en électricité… Les régions sont, elles, responsables en matière de santé publique, de stratégie de développement régional, de transport en commun. Le niveau central (parlement et gouvernement) a la responsabilité générale du maintien de l’ordre public, de l’éducation supérieure, du réseau routier et de la politique du marché du travail ; il a des compétences partagées qui visent principalement la définition et la coordination des politiques publiques dans les domaines de l’éducation, du service social, de la planification… Royaume-Uni La fonction publique britannique est un concept limité au “Civil Service” composé de “Civil servants” qui sont des serviteurs de la Couronne. En avril 2004, elle regroupait 534000 agent, dont 275000 dans les agences et représentait environ 2% de la population active. Les domaines de la santé, de l’éducation et de la police ne font pas partie de la fonction publique stricto sensu. Les enseignants (1,2 million) et les policiers (200 000) sont des agents publics locaux rattachés aux collectivités locales. Ces agents sont employés sur une base contractuelle et la législation du travail leur est applicable. De même, les agents hospitaliers ne font pas partie du “Civil Service” mais appartiennent au NHS et sont soumis au droit commun du travail. Depuis la création des régions et des communautés en 1970, la Belgique leur a transféré progressivement des compétences de plus en plus nombreuses. La répartition des responsabilités entre les trois niveaux de gouvernement est toujours en évolution. En 2001, les régions se sont vues confier le commerce extérieur, la tutelle et le financement des provinces et des communes, l'aide aux pays en développement et dernièrement le secteur de la vente d’armes. Les communautés et les régions sont habilitées à mener des relations internationales et à conclure des traités dans le cadre de leurs compétences. Il n'existe pas de hiérarchie entre les lois fédérales, régionales ou communautaires. 8 Quelques chiffres Management aux États-Unis, Australian Public Service Commission en Australie) Belgique : il y a environ 600 000 agents publics dont 60 000 dans la fonction publique fédérale. z d'un ministère spécifique (Personnel & Organisation en Belgique) Canada : en 2002, la fonction publique canadienne regroupait 2 800 000 membres, la fonction publique fédérale environ 170 000 agents publics auxquels il faut ajouter les Forces armées et les membres de la Gendarmerie royale et 65 000 personnes travaillant auprès d’employeurs distincts, comme l’Agence du revenu du Canada et l’Agence d’inspection des aliments… Le choix du ministère de rattachement n'est, en général, par neutre. Il correspond à la culture et aux choix d'organisation des pays : le rattachement au ministère de l'intérieur est à relier en Allemagne et au Danemark à l'importance de la décentralisation et au poids des régions (Länder). À la fin des années 1990, l'administration publique suédoise a été rattachée au ministère de la justice. Il s'agissait pour le gouvernement de donner une impulsion nouvelle à la démocratie participative et d'impliquer fortement le service public dans cette démarche. De cette époque datent des textes importants comme “Le service public au service de la démocratie” ou portant sur les compétences des managers. Suède : 1,51 million d'agents travaillent dans le secteur public. l’administration d’État emploie 410 000 personnes (210 000 dans les ministères et les agences et 200 000 dans les entreprises publiques) ; le secteur public régional : 400 000 personnes ; les communes : 700 000 personnes. Diversités et convergences Australie : 130 000 personnes travaillent dans le gouvernement fédéral. Cette hétérogénéité rend les comparaisons internationales sur les chiffres difficiles à réaliser. Les risques de biais sont en effet très nombreux. États-Unis : la fonction publique fédérale (ministères et agences, hormis le secteur postal) comprend aujourd’hui plus de 1,8 million de personnes. Faut-il borner les comparaisons à la sphère régalienne, où s'arrête le service public ? La difficulté est accrue compte tenu de la porosité croissante entre les sphères publique et privée. C'est pour tenter de répondre à ces questions et parvenir à une définition commune de l'agent public et du périmètre du service public que l'OCDE a engagé un travail avec les trente pays membres. Ce mouvement de fédéralisation/décentralisation a entraîné très naturellement un transfert des agents publics du niveau national ou fédéral vers les entités fédérées ou décentralisées. Ministères de rattachement C'est d'autant plus important que le nombre de fonctionnaires ou d'agents publics est source d'innombrables polémiques et les chiffres annoncés par les gouvernements traduisent souvent une réalité en trompe-l'oeil. Ainsi lorsque Gordon Brown annonce, en juillet 2004, la suppression de 100 000 emplois d'agents publics en trois ans, il oublie de préciser que pour l'essentiel il s'agit de transferts et de redéploiements. Même si la gestion des ressources humaines est largement décentralisée, il existe toujours une structure chargée de coordonner les politiques en matière de gestion des agents publics. Il peut s'agir : z du ministère de l'intérieur (Pays-Bas, Allemagne), Mais au-delà de cette complexité, il se dégage une constante dans les pays étudiés : les réformes engagées traduisent une approche des problèmes et des solutions à y apporter très voisines et conduisent de fait à un rapprochement des systèmes de gestion (développement de la contractualisation, délégation très importante de la gestion...). z des services du Premier ministre (Departimento de la funzzione pubblica en Italie, Cabinet Office au Royaume-Uni, Conseil du Trésor au Canada) z du ministère des finances (Suède, Danemark, Finlande) d'agences centrales spécifiques (Office of Personnel 9 Évolution des systèmes GRH Système de carrière/système d’emploi, au-delà des querelles d’école, une frontière mal définie contrôle des connaissances techniques et de l’expertise du candidat, il le fait. Sinon, entretiens de recrutement et critères de sélection sont laissés à la libre appréciation du “recruteur”, du “gestionnaire RH” diraient les canadiens. Par ailleurs, le déroulement de carrière, l’avancement n’ont aucune automaticité. La carrière reste du ressort de l’initiative individuelle et du degré d’implication personnelle dans la recherche d'une évolution professionnelle, sauf, bien sûr, à être repéré en tant que “leader” potentiel. D’une manière générale, l’histoire de la relation entre un État, ses régions, ses communes et ses citoyens structure sa fonction publique propre. Certains clivages historiques et culturels permettaient d’identifier les pays disposant d’une fonction publique dite de carrière (France Espagne, Allemagne, Portugal…) et ceux qui ont évolué clairement vers une fonction publique d’emploi (Australie, Italie, Pays-Bas, Suède…). Cependant, cette distinction d'usage masque mal le fait que la frontière entre ces deux types de fonction publique est de plus en plus ténue. Principes de gestion et porosité entre deux systèmes Pour atteindre leurs objectifs d’efficacité et de bonne performance, la majeure partie des États -qui, par ailleurs organisent des réseaux de réflexion et d’échanges d’expériences tant au niveau international qu’européen (OCDE – UE)-, ont adopté des principes de gestion qui effacent peu à peu les protections particulières dont bénéficiaient les agents publics et les alignent sur la gestion des salariés du privé. Se met ainsi en œuvre un nouveau management des ressources humaines qui, loin d'être un modèle standardisé, transposable dans toutes les administrations, dessine les contours d'une nouvelle gestion dont les caractéristiques sont les suivantes : z recrutement basé sur le mérite mais qui laisse suffisamment de souplesse aux managers quant aux modalités ; z gestion individualisée de l'évolution professionnelle ; z évaluation des résultats et de la performance individuelle ; z sanction de la performance par l’introduction d’une part variable et individualisée dans la rémunération pour une partie des personnels (cadres supérieurs, cadres par exemple). La plupart des administrations publiques modernes sont confrontées, dans le cadre d’un contexte économique mondialisé, à une obligation de réduction des dépenses publiques et à un meilleur contrôle de la performance. Cette adaptation, qui s’exonère des clivages culturels et des différenciations de gestion, les conduit à : z veiller à l’attractivité ; z développer des processus de recrutement échappant aux contraintes d’un statut ; z flexibiliser l’emploi public ; z rapprocher les règles de la gestion dite publique de celles du privé. Les stratégies de modernisation de la gestion des ressources humaines visent toutes à transformer la fonction publique traditionnelle - avec ses prérogatives, ses droits et devoirs spécifiques - en un système d’emploi qui la rapproche des conditions d’emploi dans le secteur des entreprises. Ces mécanismes d’adaptation conditionnent le rapprochement que l’on constate aujourd’hui entre des fonctions publiques supposées être différentes, à partir des présupposés culturels et historiques. La mise en oeuvre de tels principes de gestion basés sur l’atteinte d’objectifs individuels et collectifs (objectifs assignés à l’organisation) n’imposent pas nécessairement un changement radical du contrat de travail qui lie l’agent public à son employeur, ni la mise en place de conventions collectives de branches ou de secteurs négociées avec les partenaires sociaux. Si cela a été le cas en Italie et partiellement aux Pays-Bas, avec la normalisation des conditions d’emploi et des relations professionnelles, ou au Canada où les fonctionnaires fédéraux sont gérés par des conventions collectives toutes simplifiées et renégociées en 2004, on constate ailleurs qu'une fonction publique de carrière peut parfaitement s'accompagner d'une gestion plus individualisée des ressources humaines en lien avec la recherche d'une meilleure performance de l'organisation administrative. Un faux débat ? l’exemple du Canada De là à en tirer l'enseignement que le débat récurrent entre fonction publique d'emploi et fonction publique de carrière a désormais tout d’un faux débat, il n’y a qu’un pas à franchir, sauf dans le cas de… la France ! L’exemple le plus illustratif de ce faux débat n’est-il pas celui de la fonction publique fédérale du Canada ? Il faut savoir que le gouvernement fédéral, le Conseil du Trésor, employeur public, de même que les responsables de l’agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique3 du Canada affirment disposer d’une fonction publique de carrière dont les principes (neutralité, équité, mérite ) sont régis par la Commission de la fonction publique liée au Parlement. Les personnels y sont recrutés sur la base de concours sans garantie toutefois d'un emploi à vie. La nature des épreuves de recrutement est laissée à la libre appréciation du “gestionnaire–recruteur”. Celui-ci n’est nullement contraint par une quelconque réglementation d’organiser épreuves écrites et orales qui offriraient aux postulants l'assurance d'une égalité de traitement pour accéder à un emploi public. Le recruteur fait ce qu’il veut en fonction du poste qu’il propose. S’il juge utile d’organiser une épreuve écrite de N'oublions pas que la performance et la logique de résultats est partout inscrite à l'agenda des administrations publiques et des gouvernements et ce, quel que soit le modèle historique de fonction publique. Compte tenu du contexte, les clivages anciens entre différents systèmes de gestion des RH s'estompent. Ne s'estomperont-ils pas bientôt jusqu'au complet effacement ? 3- Dans la foulée du vote de la “Loi de modernisation de la fonction publique” en novembre 2003, a été créée l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada (AGRHFPC) dont la mission première est la planification stratégique des ressources humaines dans la fonction publique fédérale. 10 De la culture de statut à celle du contrat de droit privé Les composantes de la politique de normalisation La réforme de 1993 en Italie La réforme conduite en Italie au début des années 90 négociée par le gouvernement et les organisations syndicales est sans doute la plus importante des pays de l’OCDE. Elle concerne, en effet, la totalité de la fonction publique (État, territoriale, santé) à l’exception d’un petit noyau régalien : diplomatie, police, armée, magistrats, préfets et professeurs d’université. si auparavant, les négociations collectives étaient centralisées et les résultats des négociations au niveau central déterminaient ceux des niveaux locaux, cette approche centralisatrice a été abandonnée au profit d’une approche par secteur. elle a par ailleurs conduit à la création de “quasi conventions collectives” dans la mesure où les accords conclus entre autorités publiques et la majorité des syndicats représentatifs doivent obligatoirement être repris dans le droit de la fonction publique, tandis qu’en même temps le gouvernement ne dispose plus du pouvoir résiduel de pouvoir légiférer en cas de nonaccord. L'ordonnance de 1993 met fin au statut de fonctionnaire et institue une contractualisation des rapports de travail. Les fonctionnaires deviennent donc des salariés de droit commun dépendant de conventions collectives sectorielles : dirigeants, administrations centrales, éducation, territoires, santé, etc. renouvelées tous les trois ans. Il y a une séparation entre le système d’entrée dans la fonction publique qui se fait par concours pour garantir la neutralité et la carrière qui doit suivre les principes du droit privé définis par les conventions collectives. de même, le système public de retraite a été aboli pour s'aligner sur celui des salariés du secteur privé, et la réglementation relative aux conditions de travail a été alignée sur le secteur privé. L’intégration progressive des fonctionnaires dans le régime de sécurité sociale et de retraite applicable au secteur privé et l’application des mêmes règles de cogestion pour les organisations publiques a conduit à unifier les règles du jeu avec celles du secteur privé. Depuis le 1er janvier 2001, la sécurité sociale est la même pour tous, agents publics et salariés du secteur privé. En fait, le système italien apparaît comme à l’intersection des systèmes de carrière et d’emploi. Trois grandes catégorie apparaissent : C,B,A - C étant la catégorie la plus haute- qui correspondent aux “bandes de salaires” (“Pay Bands”) anglo-saxonnes mais qui sont assez larges pour y faire carrière. Les différents métiers de l’administration sont répartis dans ces “bandes de salaire”. Se pose à l’heure actuelle le problème de construire un équilibre entre la carrière et l’ouverture des postes aux candidatures externes. Il est possible de passer d’une catégorie à l’autre à l’occasion d’une évolution de responsabilité et ce, sans avoir à passer un concours. La gestion qui devait s’affranchir des pesanteurs réglementaires souffre encore de manque de savoir-faire en matière de négociation au niveau national et local et d’un manque de stratégie. Cela s’est traduit principalement par un coût vertigineux lié à des reclassements de personnels non réellement justifiés. ... une flexibilisation accrue… La flexibilisation du “marché du travail” dans la fonction publique est l'une des caractéristiques des réformes engagées. Gommer la spécificité liée au statut dans la fonction publique en est certes l’une des explications. Mais il faut y voir également une volonté de rendre le secteur public “attractif”. La normalisation des conditions d’emploi et des relations professionnelles aux Pays-Bas Entre 1982 et 1996, la part des emplois à temps partiel est passé de 20 % à 37 % et la flexibilité s’est même étendue aux heures de travail puisque, depuis 1988, le temps de travail annuel peut se décomposer de plusieurs manières – semaine de 4 jours/9 heures par jour ou semaine de 5 jours /8 heures par jour - démontrant ainsi la volonté du gouvernement néerlandais de transformer la gestion des ressources humaines. Cette flexibilisation du “marché du travail” sert à la fois les intérêts des organisations publiques et de leurs employés puisqu’elle permettrait aux employeurs d’ajuster au mieux les heures travaillées aux “processus” de production et aux employés de mieux concilier vie privée et vie professionnelle. Aux Pays-Bas, un droit distinct, ... … vers un marché du travail unifié Cette “révolution” a été acceptée, négociée, voire souhaitée, par les organisations syndicales qui y voyaient l’occasion d’améliorer l’image des agents de l’État mais également un moyen de réunifier les salariés du public et du privé. Les uns comme les autres bénéficient des mêmes structures de négociation. Enfin, les Pays-Bas s’interrogent sur la poursuite de ces politiques de normalisation et de flexibilisation. Doit-on franchir le dernier pas qui reste pour aligner totalement la gestion des ressources humaines dans la fonction publique sur le droit commun du travail ? Les avantages que les Néerlandais y voient sont nombreux, parmi lesquels : a un seul système de gestion des RH pour l’ensemble des organisations qu’elles soient publiques ou privées ; un accroissement de la mobilité et de la flexibilité dans un marché du travail intégré ; a un traitement égal et transparent des personnels qu’ils appartiennent à des structures publiques ou privées ; a la modernisation des relations professionnelles, une fois éliminée la référence omniprésente au droit public. La fonction publique néerlandaise n’est pas fondée sur un système de carrière. Les fonctionnaires sont en principe recrutés sur un emploi. À l’exclusion des autorités fiscales (et plus généralement des fonctions régaliennes), en principe, chaque emploi peut être pourvu par des candidats internes ou externes. Cela étant, la majeure partie des fonctionnaires font carrière d’un emploi à l’autre. La majeure partie des agents publics néerlandais sont donc fonctionnaires. Le droit de la fonction publique est distinct du droit commun du travail … puis, une démarche de normalisation Depuis 1989, une politique de normalisation des conditions d’emploi et des relations collectives4 de travail est menée. Cette politique consiste en la possibilité pour les fonctionnaires de négocier les termes et les conditions de leur emploi. 4- Signature de l’accord “ABP-Convenant” en février 1993 pour ce qui concerne les retraites et adoption d’une loi concernant la sécurité sociale dont l’application s’est faite à partir de janvier 1998. 10 Australie et adaptation de la GRH à la société et à l'environnement économique Coopération public/privé, un nouvel accélérateur du changement L’objectif des réformes de la fonction publique, conduites entre 1984 et 1999 par le gouvernement australien, est à la fois un recrutement basé sur le mérite (plutôt que sur l’ancienneté) mais surtout une gestion des agents publics qui sache faire le lien entre la performance individuelle et la performance de l’unité, donc de renforcer la performance en étant : z sensible aux besoins des citoyens ; z redevable aux ministres et au Parlement ; z efficient, efficace et équitable dans la gestion des ressources ; z soucieux d’une distribution rationnelle des ressources et d’une gestion souple en fonction des priorités ; z plus porté à mettre l’accent sur les résultats et leurs impacts plutôt que sur les moyens et les processus. Impact des coopérations public/privé sur la GRH Agent public ou agent privé, agence publique ou entreprise privée assurant une mission de service public : les frontières entre public et privé sont aujourd'hui poreuses. La création d'agences dans plusieurs pays et l'externalisation de certaines missions publiques y ont beaucoup contribué. Le directeur d'agence doté d'une grande autonomie en matière de ressources humaines peut recruter indifféremment des fonctionnaires, des agents sous contrat de droit public ou des agents sous contrat de droit privé. Des statuts différents peuvent donc cohabiter au sein d'une même structure. Plusieurs pays ont profondément modifié le statut de la fonction publique (voire supprimé), en l'alignant sur le droit commun du travail. Cette banalisation des statuts comme des structures concourant à la délivrance des services publics (agences publiques et prestataires privés) fait qu'aujourd'hui public et privé se mêlent sans grande distinction. L'utilisation croissante des partenariats public/privé, dont le Royaume-Uni est un des fers de lance, contribue également à entretenir la confusion entre public et privé. Le recours à ces dispositifs dans la délivrance de services publics s’accompagne d’un volet “personnel” qui fait parfois l’objet de résistances. Car, lors des processus d’externalisation, certains pays ont licencié leur personnel. Dans d’autres, les fonctionnaires sont repris par l’entreprise privée nouvellement en charge du service et changent ainsi de statut. Mais de telles situations combinent souvent public et privé puisque ces personnels peuvent continuer à cotiser à une retraite en tant que fonctionnaire et être représentés par des syndicats de la fonction publique. On peut donc souligner la forte corrélation entre système de GRH et utilisation des mécanismes de marché. Les expériences observées par l’OCDE5 révèlent que ce sont les pays qui ont fait converger leur fonction publique vers le droit commun qui ont le plus recours à l’externalisation. Il est en revanche moins fréquent et moins facile d’utiliser de tels mécanismes de marché dans les pays où perdure l’emploi à vie des fonctionnaires. En 1999, le “Public Service Act” a entraîné l’alignement de la fonction publique sur le monde du travail australien. Le gouvernement a supprimé le poste d’arbitre pour la fonction publique et confie cette juridiction à la Commission des relations de travail. Le ministre responsable a qualifié cette opération de “cohérente avec l’approche générale du Gouvernement... qui souhaite que la commission place sur un pied d’égalité le secteur public et le secteur privé”. Le gouvernement voulait par là améliorer sa crédibilité auprès de la population en traitant ses fonctionnaires comme les autres travailleurs. La fonction publique australienne est désormais régie par les politiques générales du gouvernement sur l’emploi et la rémunération qui visent à l’amélioration générale de l’efficience et de la productivité du pays dans son ensemble. Les lois régissant la fonction publique en Australie a “Public Service Act” régissant la fonction publique de l'Australie (APS) - 1999 a “Merit Protection Act” établissant un régime de mérite explicite - 1984 Les quelques descriptifs de réformes qui précédent modifient de manière plus ou moins radicale le visage des administrations publiques et les contours des fonctions publiques. Ils démontrent bien un processus généralisé de modernisation de la GRH. Processus qui, au-delà de la variété des périmètres, des organisations administratives et de l’articulation entre les différents niveaux de gouvernement dans la gestion des agents publics, contribue, de fait à unifier les systèmes de gestion en les rapprochant peu à peu des règles de gestion des ressources humaines du privé. a “Affirmative Action Act” éliminant la discrimination et favorisant l'égalité d'accès à l'emploi pour les femmes - 1886 a “Workplace Relations Act” réduisant la réglementation et répondant mieux aux besoins des citoyens - 1996 5- Document de synthèse du “Symposium sur l’utilisation des mécanismes de type marché pour la prestation des services publics”, groupe de travail des hauts responsables du budget, OCDE, Paris, 3-4 mars 2005. 12 Décentralisation-déconcentration/ centralisation Décentralisation de la gestion des ressources humaines objectifs fixés dans le cadre de l’initiative de la gestion stratégique du capital humain. En cela, de les aider à recruter, former, gérer et retenir la main-d’œuvre de grande qualité nécessaire pour satisfaire les attentes des citoyens. Au-delà d'une interpénétration grandissante entre le statut public et le statut privé des personnels, la caractéristique majeure des réformes de modernisation des administrations réside dans une plus grande décentralisation/déconcentration de la gestion des ressources humaines au plus près des acteurs de terrain. Cette décentralisation de la gestion procure aux managers locaux plus de souplesse et d’autonomie dans le recrutement et la gestion de leurs collaborateurs. Afin d'améliorer la compétitivité de l'”État fédéral” en tant qu'employeur, le gouvernement a fait adopter le “Managerial Flexibility Act” (2001) qui accorde aux organismes gouvernementaux plus de flexibilité managériale, en favorisant le développement des incitations et des primes de recrutement. Cette loi s'inscrit dans la “Freedom to Manage Initiative” (2001) qui permet au Congrès de disposer de procédures visant à réduire ou à éliminer les entraves à la gestion efficace de l'administration fédérale. Ce n’est pas un hasard si dans de nombreux pays (Australie, Royaume-Uni, Pays-Bas…) cette décentralisation de la gestion s’est accompagnée d’un mouvement d’agencification permettant de séparer conception et mise en œuvre des politiques publiques et de donner plus de liberté aux managers. Au Royaume-Uni en 1988, l'initiative “Next Steps” a profondément transformé la GRH des entités publiques. Aujourd'hui, près de la moitié des effectifs de la fonction publique appartiennent aux 127 agences qui ont à leur tête un directeur, véritable manager dont la rémunération dépend de sa capacité à atteindre les objectifs fixés. Dotées d'une autonomie financière forte, négociée sur 3 ans, les agences gèrent directement les personnels. En vertu de l’”Employment Act” de 1996, le directeur d’agence “Chief executive” - dispose d’une grande latitude d’action en matière de recrutement de ses agents, de rémunération, de primes et de promotion. Il négocie directement les augmentations de salaires et les conditions de travail avec les représentants de ses agents. Ces deux lois visent à donner aux managers les outils et l'autorité pour gérer leurs équipes : z en renforçant leur possibilité d'utiliser des bonus afin de recruter ou de retenir les personnels qualifiés ; z en développant leur propre système de gestion des ressources humaines ; z en les autorisant à recourir au départ anticipé à la retraite ; Elle leur permet également de recruter et de gérer leurs cadres supérieurs d'une manière comparable aux conditions existant dans le privé. GRH au niveau local ... à chacun son rôle en Australie Assouplir les règles de gestion administrative, financière et en matière de ressources humaines et gagner ainsi en efficacité et efficience a également été à l'origine de la création des agences aux Pays-Bas. Le pilotage stratégique des agences, garant de leur performance, n’a pu se développer qu’à travers une autonomie renforcée, notamment de la gestion des ressources humaines. Si tous les personnels sont fonctionnaires, c’est l’agence elle-même qui assure le recrutement en fonction de ses besoins. C’est elle qui négocie ses propres conventions collectives avec les syndicats (processus de normalisation). La gestion du personnel est décentralisée des agences centrales vers les agences opérationnelles, accompagnant l’orientation des réformes en gestion financière : La gestion des ressources humaines n’est plus aujourd’hui du ressort de l’administration centrale. Elle ne correspond plus à un grand accord national qui s’applique de manière uniforme à l’ensemble de la fonction publique. La décentralisation/déconcentration de la gestion des ressources humaines repose désormais sur des conventions collectives par ministère ou agence, comme en Australie ou aux États-Unis. Cela donne aux employeurs publics une plus grande souplesse dans la gestion des ressources humaines. Modes de recrutements, rémunérations, bonus, promotions, formations sont donc propres à chaque structure et à l’accord ou à la convention collective passé(e) avec les organisations syndicales. a à l’échelon local, les gestionnaires obtiennent un pouvoir Flexibilité et autonomie managériale aux États-Unis En Italie, les conventions collectives négociées entre l'Agenzia per la Representanza Negoziale delle pubbliche amminitrazioni (ARAN) et les organisations syndicales se déclinent au niveau local en conventions collectives locales. Aux Pays-Bas, jusqu’en 1989, les négociations collectives étaient centralisées. Les résultats des négociations au niveau central déterminaient ceux des niveaux locaux. Depuis 1989, avec la politique de normalisation des conditions d’emploi et des relations collectives de travail, cette approche centralisatrice a été abandonnée. Ce pro- a les ministères et les administrations deviennent responsables de l’interprétation et de l’application des politiques et règles établies par les organismes centraux ; a les secrétaires généraux sont responsables de la création et la suppression de postes, des nominations, de la reclassification, de la promotion, de la mutation, de la déclassification des fonctionnaires, ainsi que des mesures disciplinaires ; plus étendu qu’antérieurement en matière de dépenses et de gestion du personnel, notamment pour les promotions. ... des relations sociales décentralisées aux Pays-Bas, en Italie Dans certains pays, proches de nous, la décentralisation de la gestion des ressources humaines a également été très loin. Ainsi, en Italie et aux Pays-Bas, si chaque secteur est régi par une convention collective nationale, elle s’accompagne d’accords locaux (conventions collectives locales en Italie, conventions collectives sectorielles aux Pays-Bas). C’est l’OPM (Agence fédérale rattachée au bureau de l’Exécutif) qui a compétence sur l’ensemble de la fonction publique fédérale c’est-à-dire les personnels des ministères et des agences fédérales. Mais, depuis 2001, il a pour mission d’aider les agences à améliorer la gestion de leurs propres ressources et à atteindre les 13 aucune règle, entraînant une gabegie des moyens et d’énergie. L’équilibre des finances publiques étant une préoccupation majeure du gouvernement canadien, des mesures correctives devenaient impérieuses. Premier acte législatif de modernisation de la gestion de la fonction publique fédérale depuis 1967, le vote de la “Loi de modernisation de la fonction publique” a permis de fixer un cadre de responsabilisation de gestion renforcé et une re-centralisation de la stratégie dans la gestion des emplois et des compétences. Dans la foulée du vote de cette loi, le gouvernement du Canada a décidé de créer, en décembre 2003, une structure centrale, l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada (AGRHFPC). Cette création résulte de la fusion de certains services du Conseil du Trésor (premier ministère, employeur) et de la Commission de la fonction publique rattachée au Parlement (structure gardienne des principes). cessus de normalisation entérine en effet la décentralisation des négociations salariales au niveau de 8 secteurs que sont les ministères (administration centrale), la défense, la justice, la police, les provinces, les municipalités, les wateringues et l’éducation. Des conventions collectives sont conclues dans ces différents secteurs. C’est donc un mécanisme de concertation décentralisée par secteur, complété par des accords et une coordination au niveau central. Cela étant le gouvernement perd le pouvoir de légiférer en cas de non-accord, renforçant ainsi le poids des mécanismes de négociations au niveau sectoriel. Re-centralisation de la stratégie... un paradoxe ? La gestion des ressources humaines a été largement décentralisée, confiant cette responsabilité aux managers de terrain. Cependant, une tendance générale se dégage dans les pays étudiés : la création d'une structure centrale spécifique, chargée des aspects stratégiques et prospectifs des RH. Face à un certain émiettement des modes de gestion, les gouvernements ont souhaité dégager de grands principes communs de GRH dans une optique de gestion stratégique du capital humain. Manière de réaffirmer l’importance des notions de leadership et d’attractivité de la fonction publique... “Corporate Development Group” (CDG) au Royaume-Uni, Agence des ressources humaines au Canada ou OPM aux États-Unis sont quelques exemples de structure centrale garante d’une stratégie nationale des ressources humaines. Synthèse du rapport sur la GRH du vérificateur général La fonction publique a accompli des progrès limités en ce qui a trait à la planification des RH Différents niveaux de capacité relativement aux prévisions et à la planification opérationnelle à l’échelle de la fonction publique Données démographiques qui sont des macro-données qu’il est difficile d’utiliser comme point de départ pour l’analyse aux fins de l’élaboration des plans des RH Culture d’un recrutement à court terme Nécessité d’adopter une vison globale de la GRH pour : a mettre fin à la pratique consistant à répondre aux besoins de recrutement par les solutions au cas par cas ; a faire en sorte que des mesures soient prises afin de répon dre aux besoins actuels et futurs ; Absence d’intégration de la GRH aux plans opérationnels et absence d’information pour élaborer une stratégie adaptée et déterminer le financement nécessaire ; Absence de prévision de recrutement efficace, efficient et économique pour combler les écarts nombreux dans toute la fonction publique. Le Corporate Development Group au Royaume-Uni : gestion stratégique des RH Le rôle du Corporate Development Group (CDG) correspond, pour l’ensemble du service public, à l’équivalent d’une DRH d’une grande entreprise privée. La décentralisation étant la règle au Royaume-Uni, le CDG ne dispose que de très peu de leviers sur les pratiques de GRH. Elle exerce donc son influence au travers de la persuasion et de la diffusion des bonnes pratiques. Le CDG a en charge la gestion stratégique et prospective des ressources humaines (transformations des RH, gestions des talents, leadership et stratégie de développement des compétences, école de formation des cadres supérieurs). Le CDG a pour responsabilité propre de gérer les cadres dirigeants (le SCS) avec un système de rémunération, de valeurs et de compétences commun. Le mandat de cette agence est d'assurer la direction requise pour favoriser dans l'ensemble de la fonction publique une “gestion des ressources humaines moderne et axée sur les résultats”. Ce qui suppose une gestion des ressources humaines modernisée et une responsabilisation accrue des managers, un leadership efficace, une fonction publique représentative de la diversité de la société et un milieu de travail de qualité. L’Office of Personnel Management aux États-Unis : stratégie et contrôle des politiques GRH Autorité responsable de la gestion des ressources humaines, l’Office of Personnel Management (OPM) a été crée par le “Civil Service Reform Act” (1978). Les principales orientations de l’Agence des ressources humaines visent : z une planification stratégique des RH (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) ; z une réforme du système de classification ; z un développement du leadership et de la formation ; z la simplification et la fusion des conventions collectives ; z la mise en place d’un dispositif renouvelé de négociations des relations de travail avec les organisations syndicales. L’OPM a pour mission de : a superviser la gestion du personnel au sein de l’exécutif ; a servir les intérêts de l’administration et du gouvernement en soutenant et en prônant les valeurs telles que le système basé sur le principe du mérite, la responsabilité, la diversité de la main-d’œuvre ; a planifier les besoins futurs en matière de recrutement ; a aider les agences à améliorer la gestion de leurs ressources et à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’initiative de la gestion stratégique du capital humain. La mise en place de l’AGRHFPC, sa pertinence, son efficacité, sa pérennité feront à leur tour l’objet d’un rapport auprès du Parlement du gouvernement fédéral du Canada, 5 ans après sa création. L’AGRHFPC : une vision globale pour la GRH canadienne Re-centralisation du dialogue social Dans le cadre de l’évaluation des activités des ministères destinée au Parlement, le “vérificateur général” a rendu un rapport sur la planification des ressources humaines pour la période comprise entre 1999 et 2002. Il en résulte que le recrutement de fonctionnaires fédéraux et la gestion des RH ne répondent à En matière de dialogue social, l’Italie ou la Suède ont choisi de créer une structure centrale représentant l’État employeur public lors des négociations salariales ou de conditions de travail. À charge pour ces organismes de parvenir à des accords avec les organisations syndicales. 14 Loi sur les relations de travail dans la fonction publique au Canada L’ARAN en Italie Une nouvelle “Loi sur les relations de travail dans la fonction publique” (LRTFP), partie intégrante de la “Loi de modernisation de la fonction publique du Canada” a pour but de “favoriser des relations de coopération entre les syndicats et l'employeur ... pour ériger une fonction publique performante et productive”6. L’ARAN a été créée par l’État italien pour le représenter dans les négociations avec les organisations syndicales. Dans son rôle de représentant de l’employeur public, l’ARAN est responsable de la rédaction des conventions collectives. Pour éviter les dérapages au niveau des dépenses publiques, ces conventions doivent être ratifiées par la Cour des comptes. L’ARAN a également pour mission de faire de la veille sur les bonnes pratiques en matière de contractualisation et, à ce titre, est à l’origine de nombreuses recherches et publications. Dans le cadre de la mise en oeuvre de cette loi au 1er avril 2005, il est de la responsabilité centrale du Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) de négocier avec les organisations syndicales représentatives la rémunération, les conventions collectives et autres avantages sociaux. Dans le cadre de la consultation et de la coopération entre les différents acteurs, la LRTFP précise les 3 principaux axes d'interaction : z négociation collective z obligation de consultation La SAGE en Suède z amélioration partagée du milieu de travail ou “co-développe ment” L’Agence suédoise pour les employeurs du secteur public (SAGE) est chargée de représenter l’ensemble des agences du pays et fait figure d’employeur collectif. Elle a pour mission de déterminer les procédures de négociations suite à des conflits du travail et de fixer un cadre général aux négociations collectives. Cette agence est financée depuis 1994 par l’ensemble des agences d’État. Elle a permis en 1998 de conclure avec les agents publics un accord sur les conditions générales d’emploi qui prévoit un allégement et une simplification du droit du travail autorisant les agences à fixer leur propre barème de hausses de salaires et leur grille de rémunérations. L’agence ne mène plus désormais de négociations salariales centralisées. Veiller au “co-développement” La loi fait aussi obligation aux administrateurs généraux de mettre en place un “Comité consultatif”, lieu d'échange, d'information et de discussion sur les aspects de la vie au travail, avec les représentants syndicaux autorisés à négocier avec l'autorité administrative. Le législateur suggère que les points mis à l'ordre du jour d'un tel comité peuvent porter sur le harcèlement moral et la divulgation d'actes non conformes aux valeurs et à l'éthique de la fonction publique. La démarche de “co-développement” paritaire permet d'identifier et de circonscrire les problèmes examinés dans l'organisation du travail, d'effectuer une étude avec des méthodes d'investigation habilitées, de rédiger un rapport qui inclut des recommandations ou des pistes de résolution des problèmes rencontrés. Pour autant, cette démarche nouvelle de coopération étroite entre partenaires sociaux n'est pas une démarche de “cogestion”, en ce sens que l'administration demeure seule redevable des décisions prises et de leurs résultats. 6- “La consultation patronale/syndicale dans la fonction publique fédérale au Canada”, présentation de Mme Camille Therriault-Power, directrice générale de la Modernisation des relations de travail, Agence des ressources humaines de la fonction publique du Canada, Séminaire franco-canadien, Paris, 7-8 avril 2005. 15 Nouvelle gestion... nouveaux managers Leadership, condition de la réforme La remise en cause, parfois brutale, de la “bureaucratie” traditionnelle et le développement de la gestion à la performance - avec l'accent mis sur l'autonomie et la responsabilisation sur les résultats - viennent heurter les valeurs traditionnelles et le fonctionnement des administrations publiques. Obligation est faite de ... réformer. Pourquoi accorder tant d’importance aux cadres supérieurs et investir autant dans leur gestion ? Dans une administration de plus en plus fragmentée déconcentration et développement des systèmes d’agences -, ils sont garants de la cohérence et des résultats de l’action gouvernementale. Ils sont, par ailleurs, porteurs des valeurs essentielles du service public -neutralité, impartialité, intégrité- qui restent déterminantes tout en étant chargés de les concilier avec les nouvelles valeurs que sont la transparence, la coopération... Ils ont, enfin, un rôle moteur dans l’amélioration continue du service public. Cela s'est traduit, partout, par une refonte de l'encadrement supérieur qui a eu pour effet de modifier le profil du “haut fonctionnaire”. Mais cela s'est également traduit par la singularisation d’un groupe, interministériel, géré de façon stratégique et formé à ces nouvelles exigences : “Top manager” en Belgique, “Executive” au Canada, “Dirigenza” en Italie, “Senior executive service” en Australie, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, “Senior civil service” au RoyaumeUni ou encore “Senior public service” aux Pays-Bas. Les cadres supérieurs jouent un rôle clé dans la motivation de l’ensemble des agents en donnant du sens à leur action. Cela suppose de savoir se projeter dans l’avenir, construire des plans stratégiques, les communiquer à l'intérieur de l'organisation mais aussi auprès des citoyens, ce qui requiert des qualités et des compétences nouvelles. Elles sont moins académiques, moins techniques. Elles mettent l’accent sur la capacité à s’adapter à un environnement changeant, à se mettre au service de son équipe et à répondre aux besoins des usagers. C’est ce que recouvre le terme de leadership. La création d’un groupe différencié de cadres supérieurs : les exemples belge et italien En Belgique, la création de fonctions mandatées constitue le pivot de la réforme Copernic (2000). L’accent a été mis sur l’encadrement supérieur de haut niveau, désormais clairement identifié (environ 450 personnes sur les 2000 anciens cadres supérieurs). Baptisés “Top Managers”, ils sont tout à la fois symbole et vecteur de la modernisation. Les fonctions concernées sont les présidents des comités de direction, les directeurs généraux, les directeurs et les directeurs régionaux. Compétences de Leadership Ces qualités ne sont pas abstraites et reposent sur d’importants travaux d’étude aboutissant à l’élaboration de profils et de grilles de compétences. L’encadrement supérieur ou la “dirigenza” de l’administration centrale est constitué de deux niveaux en Italie : les dirigeants généraux et les dirigeants. Le niveau de dirigeant est caractérisé par la fonction de manager, d’encadrement et non pas par la personne qui occupe le poste. Cette donnée objective permet d’avoir une vision claire du nombre de cadres supérieurs. Des compétences clés en leadership révisées au Canada7 z excellence en gestion (exécution) : gestion par l'action, gestion de l'effectif et des finances. Les cadres supérieurs obtiennent des résultats en maximisant l'efficacité et la viabilité de l'organisation. Nouveaux profils : gestionnaire et leader z engagement (mobilisation) : les gens, les organisations et les partenaires. Les cadres supérieurs mobilisent les gens, les organisations et les partenaires afin d'élaborer des objectifs et d'atteindre des résultats. Ils doivent donner l'impulsion nécessaire à l'exécution des actions en communiquant de façon claire et cohérente. Ils doivent donc faire preuve de compétences en négociation. Décentralisation/déconcentration de la décision, plus grande autonomie de gestion et responsabilisation sur des résultats sont bien les caractéristiques des réformes engagées dans l'ensemble des pays de l'OCDE. Elle supposent de s'appuyer sur des cadres supérieurs capables d'incarner et de porter cette “mutation” et de conduire le changement. Deux figures, celles du manager-gestionnaire et du leader - capables d’innover, de rendre compte, de dialoguer et de communiquer - sont ainsi apparues. z réflexion stratégique (innovation) : l'analyse et les idées. L'importance est mise sur la capacité à conseiller, planifier en se fondant sur une analyse des questions et des tendances mondiales, sociales, économiques, opérationnelles et politiques et sur la façon dont elles sont liées aux responsabilités, aux capacités et au potentiel de leur organisation. Les leaders “véritables” sont des individus qui se révèlent le plus souvent dans les moments de crise ou qui impulsent, mobilisent les énergies et accompagnent le changement. Le Royaume-Uni en donne d'ailleurs une définition assez claire : “Visible leaders who inspire trust, taking personal responsibility for delivering results effectively and swiftly, working in teams which are more than the sum of their parts, and accross traditional boundaries, focused on strategic outcomes, matching resources to business priorities, honest, courageous and realistic with staff and ministers, constantly learning”. z valeurs et éthique (fondement) : l'intégrité et le respect. Les cadres supérieurs servent les Canadiens et les Canadiennes en assurant l'intégrité dans les pratiques personnelles et organisationnelles, en faisant montre de respect envers les gens et les principes de la fonction publique, y compris les valeurs démocratiques, professionnelles et celles liées à l'éthique et aux personnes. Les managers, quant à eux, sont des gestionnaires dont les qualités et les compétences deviennent moins techniques et sont plus axées sur leur rôle d'encadrement (qualités relationnelles...). Faire émerger ces nouveaux profils va donc exiger de repenser la stratégie de gestion et de formation des cadres supérieurs. 7- Le Canada a entrepris de réviser les compétences clés en leadership. Objectif : simplifier le profil existant, jugé trop complexet et abstrait. Les compétences clés révisées doivent être concrètes et observables et être compatibles avec le cadre de responsabilisation de gestion et reposer sur les valeurs et l’éthique (annexe 1). 16 Recruter autrement Compétences de Leadership [suite] En conséquence, sont recrutés des cadres ayant déjà démontré leurs capacités. Il s’agit souvent de recrutements de seconde moitié de carrière, effectués y compris hors de la fonction publique. Si les hauts dirigeants issus du secteur privé, des régions ou d'ONG, forment une minorité, cette politique d’ouverture n’est pas que symbolique. Elle contribue fortement au changement de mentalités au sein des administrations. L'idée n'est pas de recruter majoritairement des personnalités issues du privé, mais bien d'atteindre une masse critique de gens à même de faire changer la culture administrative traditionnelle. Une stratégie de recrutement définie à l’échelon interministériel et ouverte à des candidatures externes permet d’organiser un véritable “marché de l’emploi” de l’encadrement supérieur : favoriser la concurrence permet ainsi de recruter la bonne personne au bon poste et au bon moment. Les “Executive Core Qualifications” américaines Elles sont le fondement de la sélection, de la gestion et du développement des compétences des cadres supérieurs. Elles ont été élaborées après de longues consultations avec des représentants de l'administration fédérale, des chercheurs et des personnalités du secteur privé et sont certifiées par un organisme indépendant, le “Qualification Review Board”. Elles sont destinées à évaluer le potentiel et les compétences relationnelles des cadres supérieurs et non mesurer leurs capacités techniques. Elles sont clairement identifiées en cinq catégories qui se déclinent : z gérer le changement : vision, stratégie, apprentissage continu, innovation, attention portée à l'environnement, flexibilité… z gérer les hommes : gestion des conflits, intégrité, honnêteté, capacité à gérer une équipe… Le mode de recrutement est au service de la stratégie qu’adopte chacun des pays en ce qui concerne l’encadrement supérieur : recherche du bon profil en faisant appel à des centres d’évaluation ou “Assessment centre” (Royaume-Uni, Belgique, Canada), recherche de la transparence et de l’objectivité à travers le recours à des commissions indépendantes parfois présidées par des personnalités extérieures (États-Unis, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas), dépolitisation de la fonction publique par le recrutement sur concours (Italie). z gérer par les résultats : rendre compte, capacité à prendre des décisions, à résoudre des problèmes, crédibilité… z maîtriser les outils de gestion : gestion des ressources humaines, financières et technologiques z avoir le sens de la communication : capacité à fédérer, compétences interpersonnelles, qualité d'orateur, qualité d'écriture, sens du travail en partenariat… Le recrutement des cadres dirigeants dans l'administration fédérale américaine Une grille de compétences couvrant le périmètre des fonctions d’encadrement aux Pays-Bas z mise en pratique cohérente des principes de gouvernance (vision de l’avenir, leadership, capacité à fixer des objectifs…) Les institutions fédérales font leur propre sélection selon un processus favorisant la compétition entre candidats internes et externes. Les institutions fédérales ont le plus souvent mis en place un “SES pool”, ou vivier dans lequel elles investissent en terme de formation et de suivi de carrière. Un conseil des recrutements, responsable du processus, est nommé à l’intérieur de chaque institution. Le choix final de l’organisme fédéral doit ensuite être validé par le Comité d’examen des qualifications (le “Qualifications Review Board”) qui s’assure principalement que les qualifications d’expertise technique n’ont pas été plus déterminantes que les qualités de leadership dans la sélection du candidat. Ce comité est composé de dirigeants extérieurs à l’organisation qui recrute. Pour les nouvelles affectations de personnes faisant déjà partie du SES, la procédure est allégée. z capacité à résoudre des problèmes (capacité d’analyser des informations, faculté de jugement, faculté de conceptualiser…) z relations interpersonnelles (capacité d’écoute, sensibilité, flexibilité, capacité à collaborer) z efficacité (sens de l’initiative, contrôle, capacité à déléguer, réactivité) z impact (sens de la communication, confiance en soi, pouvoir de conviction, ténacité) z souplesse (motivation à la performance, capacité d’apprentissage, résistance au stress) z attention portée aux principes de gouvernance (environnement de travail, intégrité, dévouement, éthique) Bien évidemment, privilégier le leadership, stratégie,vision - n’exclut pas la composante managériale, qui reste forte. Le dirigeant doit faire preuve des qualités de gestionnaire ancrées dans une culture du résultat et de la responsabilité, capable de mobiliser moyens et ressources pour atteindre des objectifs institutionnels. Cette “éthique de la responsabilité” demeure l’un des pivots de la modernisation. Le recours à des “Assessment Centres” au Royaume-Uni Traditionnellement orienté vers les jeunes diplômés des grandes universités, le recrutement se caractérise aujourd’hui par un large appel à candidatures pour les postes vacants et l’absence de toute condition de qualification (diplôme ou ancienneté) pour l’accès aux emplois de catégorie supérieure. Les candidats sont évalués et auditionnés lors d’interviews effectuées par des “Assessment centres”, composés de membres du ministère concerné (chaque ministère ayant la responsabilité de son propre recrutement). La gradation des postes se fonde sur le “Job Evaluation for Senior Posts” (JESP) qui recense 3 niveaux d’emploi et leurs rémunérations correspondantes. Le recrutement de personnes extérieures à la fonction publique est encouragé dans les postes exigeant des compétences et une expérience plus répandues dans le secteur privé, comme c'est le cas pour les directeurs d’agences. Dans le même ordre d'idée, de nouvelles exigences apparaissent liées à la porosité de plus en plus grande entre public et privé qui appelle au développement de nouvelles compétences : être en mesure de négocier des partenariats public/privé, par exemple, comme c'est le cas dans l'administration publique britannique. De cette réflexion sur ce que doit être le cadre supérieur découle tout le processus de gestion du dirigeant, du recrutement à l’évaluation, de la mobilité à la formation. 17 personnel qui prime, aux États-Unis et au Canada, où le mérite individuel se conjugue avec le suivi des performances des organisations, jusqu’en Italie et en Belgique où seule compte la capacité à atteindre les objectifs fixés, c’est l’évaluation qui détermine le rythme des promotions et la part variable de la rémunération. Rajeunir et dépolitiser l’administration en Italie L’administration italienne a privilégié le recrutement, sur concours, de dirigeants jeunes, souvent à la sortie de la formation initiale. Cela répond au double besoin de renouveler totalement l'encadrement supérieur - le rajeunir - et de dépolitiser l’administration. Les enseignements font une large place à l'alternance entre formation théorique (sociologie des organisations) et pratique (stages...). Il faut souligner que l’ouverture de ce groupe de dirigeants à des personnalités du secteur privé, de l’université ou des régions a augmenté à raison de 10 % pour les dirigeants généraux et 8 % pour les dirigeants. Les postes ouverts à des candidatures externes sont à durée déterminée. Les outils de l’évaluation diffèrent selon l’importance accordée au mérite individuel ou à la performance de l’organisation. Dans le premier cas, c’est l’”évaluation à 360°” qui va primer, dans le second, l’accent sera mis sur le contrôle de gestion. Dans l’évaluation à 360°, entrent en jeu le regard du supérieur, mais aussi celui des pairs, des collaborateurs voire des usagers. Évaluation à 360° au Royaume-Uni L’encadrement supérieur britannique a un mode de gestion spécifique fondé sur un système d’évaluation à la performance. Il fait l’objet d’une évaluation dite “évaluation à 360 degrés” impliquant le supérieur hiérarchique direct, les collègues de même niveau de responsabilité, les subordonnés et les usagers du service public. L’évaluation de fin d’année détermine l’avancement de carrière ainsi que le montant du bonus financier, véritable prime de performance qui peut varier de 0 à 11 % du traitement brut, selon les résultats obtenus. Une autre conception de la carrière La carrière correspond à l’exercice de responsabilités et de fonctions successives qui font l’objet de nominations ou de contrats à durée déterminée. Les dirigeants recrutés n’en font pas moins carrière dans la fonction publique. Deux types de contrat et de nomination coexistent : l’une à durée indéterminée lors de la prise de poste initiale et l’autre à durée déterminée pour chaque fonction exercée. Rétroaction tous azimuts (360°) au Canada La rétroaction 360° est un processus d'évaluation offert aux managers qui veulent se perfectionner. La rétroaction tous azimuts permet de comparer l'auto-évaluation des compétences en leadership de ces managers à la perception qu'en ont d'autres personnes significatives comme leur supérieur, leurs pairs, leurs employés, voire des partenaires à l'organisation ou les bénéficiaires des services. Élément important, cette évaluation est suivie de l'établissement d'un “plan de perfectionnement” et de mesures de suivi adaptées aux besoins des managers. Le processus implique toute une série de rencontres avec des spécialistes du Centre de psychologie du personnel à divers moments clés du processus. C’est la logique fonctionnelle qui dessine les contours de l’encadrement supérieur. Un cadre supérieur se définit, dès lors, par le poste d’encadrement ou de pilotage stratégique qu’il occupe. Selon cette définition, à haut niveau, on distingue clairement l’expertise de l’encadrement supérieur. En Belgique et aux États-Unis, il existe d'ailleurs deux filières distinctes, celle des dirigeants et celles des experts. Enfin, la gestion centralisée de l’encadrement supérieur permet une gestion qualitative. Tout au long de leur carrière, les cadres représentent un vivier de potentiels destinés à occuper des fonctions de plus en plus élevées. Nomination permanente mais fonction à durée déterminée aux Pays-Bas Évaluation et indicateurs de performance au Canada La réforme du « Statut général des fonctionnaires » intervenue en juillet 2000, a redessiné les contours du “Senior Public Service” -SPS- (distinction plus appuyée entre le top management group et les autres membres du SPS). S'ils bénéficient tous d'une nomination permanente, l'affectation aux différentes fonctions est à durée déterminée : les membres du “top management group” sont nommés sur des fonctions en Conseil des ministres, pour une durée ne pouvant pas excéder 7 ans, la rotation étant obligatoire à l'issue des 7 ans ; les autres membres du SPS sont affectés, par le service d'administration générale, à des postes pour une durée allant de 3 à 7 ans, la rotation n'étant pas obligatoire. Les évaluations se concrétisent en deux temps : mi et fin d'exercice annuel. Elles sont écrites. Un comité examine les évaluations et fait les propositions d'augmentation (au niveau de l'organisation pour les cadres supérieurs seniors). Les cadres supérieurs sont tenus de développer leur “accord de rendement” (objectifs) en début de cycle ou d'exercice et de définir des engagements réalisables par eux-mêmes et le personnel dont ils sont responsables. Leur évaluation résulte de l'”Accord de rendement”. Les indicateurs de performance sont mesurables et associés à chaque engagement. Ils permettent d'établir le niveau de résultat. Afin de renforcer ce dispositif de nouvelles règles ont été prises en 2003 : a réexamen ministériel obligatoire a administrateurs (trices) généraux attestent, par courrier adressé à l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, que les exigences du programme de rendement sont satisfaites a évaluations régulières du dispositif par le cabinet “Deloitte et Touche” et l'organisme “Conseils et Vérification Canada”. Construire les carrières de manière stratégique En dehors du développement d'outils modernes de gestion des ressources humaines (individualisation de la gestion, trajectoire de carrière), deux instruments sont déployés pour les cadres supérieurs : l'évaluation et la formation continue. Ces évaluations du programme révèlent que le dispositif est solide : “.... nous estimons que les caractéristiques principales du Programme de gestion du Rendement sont bien conçues, la progression générale de sa mise en oeuvre est conforme aux attentes... ». La carrière du cadre supérieur se bâtit à partir de l’évaluation. Ainsi, des Pays-Bas où c’est le développement 18 Mais au cœur de la stratégie et dans l’optique d’une amélioration continue de la compétence des cadres supérieurs, la formation continue et la mobilité jouent également un rôle de premier plan. Il est important de noter que l'accent est mis non pas sur la formation initiale (à telle enseigne qu'il n'y a pas de pré-requis - formation universitaire, diplôme... - pour occuper des postes de cadres supérieurs au RoyaumeUni ou au Canada) mais sur la formation continue. Pour un encadrement supérieur, reflet de la société Cette formation continue, souvent obligatoire, est principalement axée sur le développement des qualités de leader et de gestionnaire et sur la capacité à négocier et travailler dans un environnement international. Instrument déterminant, elle accompagne les décisions de promotion et détermine l’accès du vivier aux fonctions d’encadrement supérieur. Des efforts sont effectivement menés pour diversifier le recrutement, avec parfois des politiques drastiques en faveur de l'emploi des femmes et des minorités. Au vu des chiffres, il semble que seules ces politiques actives en faveur d'une plus grande diversité de recrutement permettent de lutter contre le “plafond de verre8” dont souffrent les femmes dans l'encadrement supérieur et permettent aux minorités “visibles” d'accéder à des postes de cadres supérieurs - “Federal Equal Opportunity Recruitment Program” aux États-Unis, “Programme de mesures positives d'équité en emploi” au Canada, “Programs for Action on Women, Race and Disability” au Royaume-Uni. Le principe d'égalité d'accès de tous aux emplois publics est un principe largement répandu dans tous les pays. Égalité d'accès des femmes et égalité d'accès des minorités. Ce principe s'applique également aux fonctions d'encadrement, illustrant la volonté des gouvernements de faire en sorte que les cadres supérieurs soient le reflet de la société. Autre outil de développement de la carrière, la mobilité a, dans la plupart des pays, justifié la mise en place d’un groupe différencié de cadres supérieurs, et a été motivée par quatre facteurs : z l'amélioration continue des compétences ; z la dynamisation de la concurrence sur les postes afin 8- Le “plafond de verre” ou “glass ceiling” est une expression utilisée pour qualifier les barrières dont sont victimes les femmes pour l’accès aux postes d’encadrement. de s’assurer de la qualité du postulant ; z le renforcement de la coordination et de la cohérence de l’action gouvernementale ; z la rupture avec le “patriotisme” et le corporatisme d’agences ou de ministères au profit d’une éthique du service public. Quelques chiffres États-Unis : Le “Federal Equal Opportunity recruitment Program” illustre la volonté du gouvernement fédéral de promouvoir le recrutement des femmes et des minorités. En 2003, 25% des membres du SES sont des femmes et 14,6% sont issues des minorités (principalement hispaniques). “Mobilité mentale” aux Pays-Bas Les Pays-Bas ont fait le choix de baser les promotions sur des critères de développement personnel des compétences. Le Service d'administration générale, organe indépendant rattaché au ministère de l'Intérieur, chargé de la gestion de l'encadrement supérieur, joue un rôle central. Il est chargé : a d'organiser la mobilité des cadres supérieurs et de développer leurs compétences (on parle également de mobilité mentale). Ces deux aspects sont indispensables à la prévision du déroulement de leur carrière (gestion prévisionnelle des compétences) et au décloisonnement des ministères ; a d'organiser la concurrence entre les postulants (rôle de chasseur de tête) ; a d'accompagner les cadres tout au long de leur carrière en leur proposant une série d'entretiens afin d'évaluer leurs perspectives d'évolution et de promotion et en développant des activités de conseil et de “coaching”. Royaume-Uni : Des politiques en faveur de la diversité de recrutement existent depuis une trentaine d'années. Les objectifs pour l'année 2005, 35% de la haute fonction publique doit être constituée par des femmes et 3,2% par des représentants des minorités. Canada : la division de l'Équité en emploi (qui dépend, depuis décembre 2003, de l'agence des ressources humaines de la Fonction publique - AGRHFPC) met en place le programme des mesures positives d'équité en emplois (PMPEE), dont l'objectif est d'instaurer une fonction publique canadienne représentative et “inclusive”. Pays-Bas : la création du “Senior Public Service” en 1995 s'est accompagnée d'une volonté de diversifier le recrutement. En 2001, le SPS comptait 11% de femmes et 2% issus des minorités. “Leadership Journey” aux États-Unis Les “Executive Core Qualifications”, sont au centre de la gestion de l'encadrement supérieur mais sont également à la base des programmes de perfectionnement des cadres dirigeants. La filière de perfectionnement, appelée la “leadership journey”, comporte des programmes d'évaluation, des séminaires et des programmes de formation continue. Il offre aux dirigeants un parcours de perfectionnement tout au long de leur vie professionnelle et les aide à planifier leur carrière. Décloisonner et ouvrir l’encadrement supérieur Mettre au premier plan le leadership et les valeurs fondamentales du service public, gérer stratégiquement recrutement et carrière attestent bien évidemment d’une nécessaire gestion centralisée de l’encadrement supérieur. Cette centralisation ne signifie pas pour autant repli élitiste et corporatisme. L’idée est plutôt que cette gestion d’une collectivité de cadres répond à un besoin collectif de compétences. Il ne s’agit pas seulement de pourvoir un poste vacant lorsqu’il y a recrutement, mais d’aller chercher, là où ils se trouvent, “savoir-faire” et éléments d’innovation pour améliorer le service aux usagers. Sont inclus dans ce programme : a des bilans de compétence d'une semaine ; a des séminaires sur le leadership, la conduite des hommes, les compétences de gestion de projet et les compétences de base en matière administrative et de ressources humaines, les techniques de management organisationnel, la conduite du changement et les capacités à fédérer, a une formation spécifique est destinée aux cadres accédant au rang de directeur. Elle porte sur le sens politique, l’inter- Enfin, l’encadrement supérieur dans les pays étudiés n’est pas cloisonné. Bien au contraire, on note une très forte perméabilité entre sphère publique d’une part et monde académique, société civile, organismes privés d’autre part. S’observe aussi une très large ouverture sur les cultures et les idées développées par les administra- prétation de l’action gouvernementale, l’établissement des relations extérieures et la conduite du changement organisationnel. 19 tions d’autres États. À l’évidence, le regard sur les “bonnes pratiques” étrangères et le lien étroit avec la recherche ont favorisé le développement de l’expertise, de l’évaluation et donc de l’efficacité de l’action publique. Une pratique du consensus très prégnante dans la culture néerlandaise Cette tradition se traduit également par la très grande perméabilité de la sphère publique aux organismes privés, aux consultants extérieurs, aux universités qui participent souvent, en siégeant dans des groupes d'experts ou des organes de consultation, à l'élaboration et au suivi des politiques publiques. L'un des exemples révélateurs est la consultation du Conseil économique et social (Sociaal Economische Raad), organe tripartite composé de représentants syndicaux, de représentants de l'administration et de représentants de la Couronne, sur les politiques à mener en matière économique et sociale. Mais cette perméabilité ne s'illustre pas uniquement sous l'angle du “partage du pouvoir” avec des partenaires extérieurs. En effet, des efforts menés dès les années 70 pour développer des filières d'enseignement et de recherche dans le champ de la sphère publique au sein des universités (universités de Rotterdam et de Twente…) ont permis de tisser des liens étroits entre le monde académique et l'administration centrale. Se sont alors développées de véritables expertises en matière d'évaluation des politiques publiques en ouvrant la réflexion sur l'efficacité et l'efficience de l'action publique et en favorisant donc la modernisation de l'administration. L'encadrement supérieur italien : ouverture sur le monde extérieur L’encadrement supérieur s’est ouvert au recrutement externe (jusqu’à 10% des postes de directeurs généraux). L’objectif est double : 1/ bénéficier de l’expérience de managers du privé ou des régions qui ont souvent conduit des réformes d’envergure ou mis en œuvre des méthodes innovantes 2/ favoriser la concurrence sur des postes à grande responsabilité. Dans le même temps, un accord a été signé entre le ministère de la fonction publique et les organisations représentant le patronat afin d'organiser en commun des ateliers méthodologiques sur le management et de réfléchir à la simplification réglementaire. Enfin, les liens sont de plus en plus étroits avec le monde universitaire : possibilité d'être recruté à durée déterminée sur des postes de dirigeants (le responsable de l'opération “chantiers de l'innovation” est un chercheur connu dans le domaine de la gestion publique). Le ministère de la Fonction publique vient de réaliser une banque de données recensant les coordonnées des chercheurs italiens ainsi que leurs travaux sur le thème de la modernisation afin d'en améliorer l'accessibilité. Les universités sont donc très impliquées dans la formation permanente des managers. Annexe 1 Compétences clés en leadership au Canada Excellence en gestion : la gestion par l’action, la gestion de l’effectif et des finances Les leaders obtiennent des résultats en maximisant l’efficacité et la viabilité de l’organisation. Ils s’assurent que les personnes disposent du soutien et des outils nécessaires et que l’ensemble de l’effectif a la capacité et la diversité nécessaires pour atteindre les objectifs actuels et à plus long terme de l’organisation. Ils harmonisent les personnes, le travail et les systèmes avec la stratégie opérationnelle de façon à concilier le mode de fonctionnement et les activités à mener. Ils mettent en œuvre des systèmes rigoureux et complets de responsabilisation en matière de ressources humaines et de ressources financières conformes au “Cadre de responsabilisation de gestion” (CRG). Ils s’assurent que la responsabilité de l’intégrité et de la gestion de l’information et des systèmes connexes est assumée à tous les niveaux. Engagement : les personnes, les organisations et les partenaires Les leaders mobilisent les agents, les organisations et les partenaires afin d’élaborer des objectifs, d’exécuter des plans et de produire des résultats. Ils jettent les bases nécessaires à l’établissement d’ententes entre les principaux intervenants. Ils mobilisent les équipes et impriment l’impulsion nécessaire à l’exécution des activités en communiquant de façon claire et cohérente et en investissant temps et énergie afin d’amener l’ensemble de l’organisation à s’engager. Ils suivent la voie et en prennent la direction au-delà de toute frontière afin d’inciter l’ensemble des intervenants, des partenaires et des communautés à s’engager vis-àvis d’une stratégie et d’un programme communs. Ils font appel à leurs compétences en négociation et à leur faculté d’adaptation pour faciliter la reconnaissance des préoccupations communes et la collaboration, et pour paver la voie au succès et aux résultats. Ils assument la responsabilité, mais partagent le leadership. Réflexion stratégique : l’analyse et les idées Les leaders conseillent et planifient en se fondant sur une analyse des questions et des tendances mondiales, sociétales, économiques, opérationnelles et politiques, et sur la façon que celles-ci sont liées aux responsabilités, aux capacités et au potentiel de leur organisation. Ils comprennent leur rôle et leurs responsabilités dans le contexte du système de gouvernement britannique et des rouages de l’administration fédérale. Ils étudient attentivement l’environnement complexe en constante évolution afin de prévoir l’émergence à la fois des crises et des possibilités. Ils conçoivent une gamme d’options ainsi que les facteurs clés de succès et de risque. Ils formulent des conseils et des stratégies éclairés qui tiennent compte des divers besoins des intervenants et partenaires multiples, reflètent l’orientation stratégique du gouvernement et positionnent le ministère sur la voie du succès. Les leaders de la FP façonnent la vision en tenant compte du contexte national. Ils établissent les objectifs à long terme en se fondant sur le mandat de leur ministère tout en tenant compte de l’incidence qu’ont les enjeux, les politiques de programme et les décisions du ministère sur le public ainsi que des intérêts des multiples intervenants. Ils sont à la recherche d’un large éventail de partenaires de façon à élaborer des objectifs qui seront les plus avantageux à la fois pour le programme de politiques plus vaste et pour le pays, et à promouvoir une prise en charge partagée de l’orientation requise. Valeurs et éthique : l’intégrité et le respect Les leaders servent les Canadiens et les Canadiennes, en assurant l’intégrité dans les pratiques personnelles et organisationnelles, et en démontrant du respect envers les gens et les principes de la fonction publique, y inclus les valeurs démocratiques, professionnelles, et celles liées à l’éthique et aux personnes. Ils bâtissent des milieux de travail axés sur le respect, le bilinguisme, la diversité et l’inclusion, où les décisions et les transactions sont transparentes et justes. 20 Des systèmes ... aux méthodes L'humain, premier facteur de la performance La rémunération liée à la performance a aussi accompagné la mise en oeuvre de réformes introduisant plus de souplesse et de réactivité dans les services, mettant l'accent sur les objectifs et la performance, favorisant le leadership et la prise de risques. Elle s'est voulue un signal politique fort de la modernisation des administrations publiques vis-à-vis de l'ensemble de la société. Les changements dans l'organisation des services publics, la création d'agences, la décentralisation, ont eu un profond impact sur la gestion des ressources humaines ; impact sur les systèmes mais aussi sur les méthodes de gestion plus individualisées et plus proches du terrain. Ces réformes ont donné aux managers de proximité un rôle central. Responsables des résultats de leur organisation, ils doivent pouvoir mobiliser toutes les ressources dont ils disposent et en particulier les ressources humaines. La décentralisation de la GRH répond à ce besoin. Elle donne aux dirigeants la souplesse de gestion pour mieux répondre aux attentes des citoyens, mais aussi des personnels. Être un employeur attractif, objectif largement répandu dans les pays du panel, passe par une individualisation de la gestion. L'individualisation n'est pas conçue de manière étroite, elle touche tous les aspects de la vie professionnelle : recrutement, promotion, rémunération, carrière, développement personnel. C'est dans cet esprit que ces pays ont développé des politiques de bien-être au travail, d'équilibre vie professionnelle/vie privée, de diversité... En effet, sans sous-estimer l'importance des technologies de l'information, la performance des administrations publiques est principalement le fait des femmes et des hommes qui y travaillent. Un système profondément renouvelé Les primes individuelles existent depuis longtemps..., comme en France (1946) ou au Japon (début des années 50) avec la possibilité de verser aux agents une “indemnité de diligence.” Mais ces systèmes ne peuvent être qualifiés d'augmentation au mérite, dans la mesure où celui-ci était défini par défaut et où il n'existait pas de réel système d'évaluation. Dans les années 80, la recherche plus systématique de la performance et des résultats qui implique la fixation d'objectifs et leur mesure, a donné un nouvel essor à la rémunération au mérite. La première vague a concerné le Danemark, les ÉtatsUnis, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède; l'Australie, la Finlande, l'Irlande et l'Italie ont suivi, dans les années 90 ; et plus récemment, l'Allemagne, la Corée et la Suisse viennent d'introduire, elles-aussi, un dispositif de rémunération liée à la performance. Les pays se sont efforcés de mettre en oeuvre une stratégie globale de gestion de la performance, associant dans la mesure du possible, objectifs individuels et objectifs collectifs de l'organisation. La plupart des systèmes d'évaluation s'appuient sur une appréciation des performances individuelles réalisée en fonction des objectifs propres à chaque agent. Individualisation et performance 9 Historiquement, l'une des premières formes d'individualisation a consisté dans l'introduction de critères de différenciation des rémunérations en lien avec la performance. Évaluation de la performance aux États-Unis L’objectif principal était de faire le lien entre performances institutionnelles et individuelles, de promouvoir les nouveaux talents, augmenter la motivation, rendre la responsabilisation plus visible. Il s'agissait aussi, dans un contexte de concurrence entre le public et le privé, de rester un employeur attractif en offrant des rémunérations comparables et en se dotant d'un système de gestion similaire... et donc d'attirer et retenir les personnes compétentes et dynamiques. Le système de gestion à la performance repose sur les éléments suivants : la planification du travail et détermination des attentes en matière de performance individuelle et collective. La détermination des objectifs de performance et de la mesure des résultats permet de s’assurer que l’ensemble du personnel comprend quelles sont les missions de l’organisation. De nombreux instruments de gestion des RH sont mis à la disposition des agences par l’OPM (un ensemble de guide comme “A Handbook for Measuring Employee Performance: Aligning Employee Performance Plans with Organizational Goals” ; “Improved Performance Starts with Planning” ; “Using Performance Appraisal to Link Strategic Planning and Training”, etc.) ; l’évaluation des performances (à travers le développement de l’évaluation à 360°…) ; le développement des capacités individuelles et collectives à travers la formation, le développement des compétences et des responsabilités (à travers du coaching, des formations au leadership…) ; la mesure de la performance au regard des objectifs fixés dans le plan de performance individuel ou collectif ; la mise en place d’un système de récompense pour les bonnes performances (reconnaissance du travail effectué, primes, incitations financières…). Garantir l'attractivité au Canada Dans les années 1990, les contraintes budgétaires de l'État fédéral ont entraîné un gel des salaires des fonctionnaires pendant six ans. Compte tenu du mode de recrutement dans la fonction publique, un tel gel a provoqué une perte d'attractivité de l'État et des difficultés dans le recrutement de cadres supérieurs en particulier : leurs salaires étaient devenus largement inférieurs à ceux du marché du travail. Un Comité consultatif pour “le maintien en poste et la rémunération du personnel de direction” fut mis sur pied en 1997. Son rapport, présenté aux ministres du Conseil du Trésor (employeur public), préconisait que le salaire de base ne constitue plus qu'une partie de la rémunération, que soit introduite, à l'instar d'expériences menées dans d'autres administrations publiques, une part de “rémunération variable fondée sur le rendement” - ou la performance - et qu'une évaluation individuelle des résultats en constitue le socle. Ainsi, à travers l'amélioration de la rémunération globale des cadres supérieurs, il s'agissait bien en premier lieu de faciliter le recrutement au sein de la fonction publique et de garantir l'attractivité de l'administration fédérale. 9- L’OCDE a mené sur ce sujet une étude, “La rémunération des agents publics liée aux performances : principales tendances dans les pays membres de l’OCDE”, OCDE, Paris, 2004. 21 Principales tendances Australie : une grande diversité de solutions Les deux tiers des pays de l’OCDE ont mis ou sont en train de mettre en place un système de rémunération liée à la performance. Mais rares sont les pays qui l’ont généralisé à l’ensemble des services publics. Le champ d'application varie énormément. Si au Canada, en Irlande, en Italie et en Norvège, la rémunération liée à la performance ne s'appliquait qu'aux cadres, ces dernières années ont été marquées par son élargissement à toutes les catégories de personnels. De nombreuses administrations, comme celles du Royaume-Uni ou de Finlande, se tournent, elles, vers une approche plus collective -au niveau de l'agence ou de l'équipe. Les systèmes se sont profondément décentralisés. La Suède offre, sans doute, l'exemple de décentralisation le plus abouti, les agences y ont une autonomie très large en matière de gestion du personnel (recrutement, rémunération, promotion, licenciement), les seules limites étant les fonds qui leur sont alloués et l'obligation de réaliser leurs objectifs. La performance et le mérite sont des notions centrales du service public. Ils conditionnent a progression de la carrière et l'évolution de la rémunération. Australian National Audit Office une évaluation pleinement satisfaisante donne lieu à une augmentation de 0,5% et une prime de 1% ; une évaluation excellente, une augmentation de 0,5% et une prime de 5% ; une évaluation exceptionnelle, une augmentation de 0,5% et une prime de 10% ; une évaluation insatisfaisante donne lieu à la mise en oeuvre d'un plan d'amélioration de la performance incluant coaching et formation afin d'atteindre le niveau de performance requis. L'évaluation des performances des agents est centrale. Il existe une grande diversité des systèmes sur lesquels s'appuient la mesure des performances. Les résultats individuels sont devenus le premier critère d'appréciation, mais le critère d'acquisition de nouvelles compétences a progressé ces dernières années ainsi que les qualités relationnelles qui correspondent à la diffusion du travail en équipe, à l'attention portée aux citoyens, à la recherche du leadership (se référer au schéma p. 22). Australian Public Service Commission En plus des augmentations générales, les agents peuvent avancer dans les niveaux de rémunération en fonction du score obtenu lors des évaluations. Les scores de niveaux 4 et 5 conditionnent l'attribution de primes de 1 200 $ à 2 400 $ pour les agents et de 1 500 $ à 3 000 $ pour les cadres. Child Support Agency Les systèmes d'évaluation des performances sont plus souples et moins formalisés. Ils s'appuient davantage sur le dialogue avec les responsables hiérarchiques et moins sur les indicateurs strictement quantitatifs. En effet, à trop s'attacher aux objectifs quantitatifs, on risque de sous-estimer les aspects qualitatifs des fonctions. C'est ce qui conduit à développer l'évaluation à 360°, la performance n'est plus seulement évaluée par les supérieurs hiérarchiques, mais aussi par les collègues et les collaborateurs. Les augmentations générales dépendent de la performance globale de l'agence. Si les objectifs ne sont pas atteints, les parties signataires de la convention collective doivent prendre des mesures correctrices. Les avancements à l'intérieur des “bandes de salaires” dépendent de l'évaluation individuelle. Dans tous les cas, des évaluations insuffisantes peuvent conduire à une rétrogradation à l'intérieur de la “bande de salaires”. En général, les rémunérations liées à la performance sont modestes (moins de 10% du salaire de base pour les agents et environ 20% pour les cadres). Une mise en oeuvre délicate L'impact sur la motivation des agents est étroitement corrélé avec la qualité de l'évaluation. Or, la procédure d'évaluation est souvent sujette à un grand nombre de difficultés et suscite des critiques. Le glissement vers des objectifs plus qualitatifs et moins quantifiables rend l'évaluation plus délicate. La fixation des objectifs et le dialogue qui doit s'instaurer devient un élément essentiel de la procédure, or les cadres sont souvent insuffisamment préparés pour les mener correctement. Le principal problème tient au faible pouvoir discriminant de la notation des performances relatives des agents, surtout lorsque les critères ont été mal conçus. En dehors des extrêmes, il est difficile de différencier la performance moyenne. Le lien rémunération et résultats au Canada Les axes stratégiques du gouvernement sont déclinés en cascade aux différents échelons de mise en oeuvre de l'action publique. Ils font ensuite l'objet d'une déclinaison individuelle à travers “les ententes sur la performance” des cadres supérieurs. Ce dispositif est construit à partir de trois composantes : a engagements permanents, associés aux activités courantes du poste : ils conditionnent les avancements d'échelon jusqu'au maximum de l'échelle ; leur réalisation est une condition indispensable pour accéder à “la rémunération à risque” des engagements clés ; Il est, par ailleurs, indispensable d'anticiper le coût de la rémunération liée à la performance : z le coût en matière de masse salariale : si les dotations sont insuffisantes, les augmentations seront faibles et risquent d'engendrer la démotivation des personnels, z les coûts de gestion : le temps et le travail nécessaire pour mettre en oeuvre ce système (temps pour évaluer les personnels et de formation des cadres) sont souvent sous-estimés. Dans une enquête réalisée au Danemark, 56% des représentants syndicaux et 70 % des dirigeants estimaient qu'une des conséquences néfastes était que “l'administratif occupe une place trop importante”. a engagements clés ou engagements stratégiques qui sont variables d'une année sur l'autre et permettent le dépassement des objectifs ; a introduction d'une “partie à risque” dans la part variable de la rémunération. Cette “partie à risque” résulte de la tenue - voire du dépassement - des engagements clés. Elle peut atteindre 15 % de la rémunération globale. 22 Un faible pouvoir motivant La plupart des rapports nationaux ne mentionnent pas l'amélioration de la motivation des agents comme un résultat de la rémunération au mérite. Les recherches démontrent que seule une faible minorité d'entre eux se déclare réellement motivée par le dispositif. Dans son étude, l'OCDE note que : “La rémunération liée à la performance n’étant qu’une mesure incitative secondaire, il est peu probable qu’elle puisse motiver une majorité substantielle des agents, et ce quelle que soit la manière dont elle est conçue. Aussi les stratégies de gestion des performances qui se focalisent sur les incitations liées à la rémunération risquent-elles de négliger les principaux facteurs de motivation, à savoir l’intérêt pour les tâches imparties et des perspectives d’évolution bien définies. Il convient dès lors d’intégrer les incitations liées à la rémunération dans une stratégie de gestion des performances beaucoup plus large”. Un pouvoir d’incitation ? Enquête menée au Danemark a 16% des représentants syndicaux et 15% des cadres de direction déclarent qu'elle améliore la satisfaction des agents ; a 32% des représentants syndicaux et 11% des cadres de direction estiment qu'en réalité elle diminue la satisfaction. Enquêtes menées au Royaume-Uni (National Health Service, Inland revenue, écoles secondaires) a Peu d'agents estimaient que le dispositif les incitait à travailler plus ou à prendre des initiatives : 32% au NHS, 18% à l'IR, 8% du personnel éducatif ; a En revanche, ils le considèrent comme une source de discorde pouvant desservir la coopération entre agents : 86% à l'IR, 61% au NHS, 58% du personnel éducatif. Source : OCDE Et des effets induits importants pour les organisations En fait, l'introduction de la rémunération au mérite participe à des changements culturels plus vastes. Elle permet d’insister sur la stratégie de la structure, renforce la visibilité des objectifs, et offre la possibilité de faire le lien entre les objectifs de l'organisation et ceux de la personne. La définition et l'évaluation des objectifs doivent favoriser le dialogue entre la hiérarchie et le personnel et donc l'appropriation de la stratégie par tous. Elle oblige à clarifier la description des postes et des tâches et constitue un levier pour réorganiser le travail, instaurer des méthodes de travail plus souples et mettre l'accent sur les politiques de formation et de développement. Source OCDE Par ailleurs, il est nécessaire de faire évoluer les systèmes de rémunération et de les adapter à l'évolution des tâches, à l'organisation du travail et aux priorités de l'organisation. À cet égard, même si on manque de recul, compte tenu de leur introduction récente, la rémunération liée à la performance des équipes semble avoir davantage d'effets bénéfiques sur la performance. Principales tendances dans les pays de l’OCDE Source : OCDE 23 Capital humain, valeur ajoutée pour l’organisation “People come first” z le développement de programmes de formation qua- “Only when the right employees are on board and are provided the training, tools, structures, incentives, and accountability to work effectively is organizational success possible” GAO10 États-Unis lifiant. z l'accent mis sur la multiplication des compétences (à la fois les compétences liées au coeur de métier mais aussi les compétences relationnelles, le leadership...). z l'importance croissante, pour attirer et retenir une main-d'oeuvre qualifiée, des valeurs propres à l'organisation. z une attention particulière portée aux plus âgés afin d'assurer l'amélioration de leurs compétences. z une utilisation stratégique des employés plus âgés dans le développement du “coaching” (mémoire de l'organisation, porteur des valeurs...) Selon l’OCDE, si l’individualisation de la rémunération est un facteur de renforcement des objectifs de la structure, elle n'est pas le principal facteur de motivation. Il faut alors trouver d’autres formes d’incitation voire de reconnaissance. Comment attirer, recruter, former en continu, motiver à atteindre des résultats... une main-d'oeuvre de qualité dans la fonction publique ? C'est de ces questions qu'est né le concept de capital humain. Capital humain parce qu'il est question d'”actifs” (au sens d'avoirs) et non pas de ressources consommables. Les “Employee Portfolios” en Australie Ce “contrat” est le résultat d'un travail commun entre l'agent et son manager. L'”Employee Portfolio” précise les objectifs ainsi que les résultats à atteindre par l'agent et identifie les besoins de développement de ses compétences et de ses capacités. C'est sur cette base que sont déterminées les possibilités d'avancement. La différence est de taille... Considérer la fonction publique comme un actif, c'est lui reconnaître un rôle primordial dans le fonctionnement et la performance d' une organisation, c'est penser au travail que chaque membre accomplit comme source de valeur ajoutée pour l'organisation. Les attentes sur la performance des agents sont définies pour chaque niveau hiérarchique. Les changements doivent être négociés avec la CPSU (organisation syndicale du service public fédéral). La notion de capital humain apparaît dès lors que les ressources humaines deviennent un enjeu stratégique et que l'on modifie l'appréhension du recrutement, du déploiement (la bonne personne, au bon endroit et au bon moment) et de l'amélioration continue des compétences au sein de la fonction publique. Tous les 6 mois, ce contrat est mis à jour après discussion entre l'agent et son manager. Il indique : les fonctions actuelles de l'agent ; si l'agent répond aux critères (standards) de compétences correspondant à son niveau ; Formation continue, donc, mais également notion de bien-être au travail ou d'équilibre vie professionnelle/vie privée11 sont les principaux axes développés par les pays du panel. Un troisième élément est à relever, sans lequel ces deux premiers éléments perdent de leur impact : la nécessaire professionnalisation de la fonction RH. si l'agent répond aux critères de compétences du niveau supérieur ou s'il doit les développer ; comment et dans quelle mesure l'agent répond aux critères pour chaque compétence de son niveau et du niveau supérieur (sur la base des résultats atteints) ; Formation, développement des compétences, enjeu stratégique pour une main-d'oeuvre de qualité le nouveau plan de développement et les évaluations des plans précédents. L'accent mis sur la performance, l'atteinte des résultats et sur la manière dont le service est rendu aux bénéficiaires a un impact sur les compétences, sur la culture et les pratiques de travail dans une organisation. En découle la mise au premier plan de la formation et du développement des compétences. Le développement des compétences dans la fonction publique australienne 7 principes de base 1. adapter le renforcement des compétences aux missions de l'agence ou du ministère ; 2. faire de la formation et de l'apprentissage continus un élément central ; 3. favoriser le développement d'une culture de la formation et de l'apprentissage ; 4. créer une culture de l'apprentissage ; 5. gérer de manière efficace la formation ; 6. appuyer le développement des compétences au sein du lieu de travail ; 7. évaluer les pratiques de formation et de développement des compétences. Plusieurs éléments sont communs à l'ensemble des expériences des pays, parmi lesquels : z la place centrale de la formation et de l'apprentissage continus liés aux exigences nouvelles de performance dans un contexte de plus grande autonomie et de responsabilisation des managers. z une approche plus structurée de la formation et de l'apprentissage continus : prise en compte des évolutions liées à l'âge, à l'individualisation des carrières, à la concurrence plus acérée avec le secteur privé... 10- “Major Management Challenges and Program Risks: A Governmentwide Perspective”, GAO, 1999. Le GAO est le General Accounting Office, équivalent de la Cour des Comptes, rattaché lui au Parlement. 11- Éléments développés p.24 et suivantes. 24 L’importance de l’environnement de travail qualité, bien-être, motivation Si l’agent public est une ressource, un capital qu’il faut veiller à faire “fructifier” c’est au niveau de l’entité de base, du lieu de travail que se crée la relation qui va induire son implication et son bien-être. L’objectif premier est de réduire le stress, éviter les congés maladie, les départs - et donc les coûts de recrutement -. La satisfaction de l’employé est aussi gage d’une meilleure qualité de service et donc d’une meilleure relation à l’usager. C’est ainsi que, dans tous les pays de notre panel, l’intérêt se porte sur l’attractivité du lieu de travail. Unité de management, le “Work Place” est investi du rôle d’employeur modèle et donc l’objet de directives ou de politiques nationales visant à lancer des programmes de meilleure gestion des agents et de prise en compte de l’incidence de leur vie privée sur leur quotidien au travail. Le programme “Work life balance” fournit un cadre de référence que les managers sont obligés de suivre afin : z de s'engager personnellement dans une démarche systématique en faveur de la conciliation vie privée/vie publique ; z d'intégrer l’aménagement du temps de travail dans les modèles de management, ce qui implique une mise en oeuvre claire et la mesure systématique de l’impact sur la satisfaction du personnel et sur la gestion de la structure. De plus, un prix est délivré tous les ans pour récompenser le manager qui aura le mieux aménagé le temps de travail. Le premier mouvement vient des États-Unis qui, en 1999, via l’OPM, lancent un programme “Family friendly” afin de permettre aux personnels de concilier famille et travail. Chaque agence doit rendre compte auprès de l’OPM des formes de flexibilité mises en place pour aider les parents à aménager leur temps de travail. On peut donc identifier deux constantes : les négociations menées de façon décentralisée à partir d’un cadre formalisé au niveau national, soutenu au plus haut niveau de l'État -Premier ministre- ; Mais c’est au Royaume-Uni que l’importance de la conciliation vie personnelle/vie au travail va être le plus au coeur de la GRH et va s’illustrer par l’engagement du Premier ministre lui-même, dans un discours phare prononcé en mars 2000. Le programme “Work Life balance”, animé par le ministère du commerce et de l’industrie (DTI) concerne le secteur public et le secteur privé. Il est doté d’un fond important ayant permis de créer un site Internet dont l’objectif est de préciser le cadre de mise en oeuvre et les standards de qualité. Les subventions servent également à aider les administrations et les entreprises à s’adapter à ces nouvelles normes. Un “kit de solutions” pour améliorer l'organisation du travail des agents a d’ailleurs été publié. la nécessité de lier le bien-être, la diminution du stress des agents avec une diminution des coûts pour l’entreprise ainsi qu’un meilleur service à l’usager. Ce n’est donc pas seulement un droit que l’on accorde à l’agent, c’est aussi une politique générale d’incitation qui définit en partie la performance et qui doit se traduire par des résultats concrets, mesurables... voire récompensés. Les organisations syndicales du secteur public britannique, UNISON, soutiennent l’initiative et mènent de leur côté des enquêtes de satisfaction auprès des salariés. L’idée principale est de permettre de flexibiliser les horaires afin de laisser au personnel plus de temps pour leur vie privée et associative : “tout le monde a une vie en dehors du travail. S’occuper des enfants, reprendre des études, s’occuper d’associations, préparer sa retraite ou tout simplement améliorer sa qualité de vie”.12 Si la question du temps de travail est au coeur des réflexions des secteur public et privé, il se développe aussi de nombreuses recherches portant sur le lien entre mauvaise gestion de l’organisation du travail, augmentation des heures de travail et stress. Le ministère du commerce et de l’industrie, animateur de la politique “Work Life Balance”, et l’ACAS, structure à fonds publics qui lui est rattachée, ont publié une étude sur la genèse du stress au travail, émaillé de cas pratiques illustrant les problèmes générés par un manque de management. “Work Life Balance” britannique Les possibilités offertes dans le cadre de ce programme sont : a annualisation du temps de travail ; a temps partiel annualisé ; a flexibilité sur la semaine ou sur la journée de l’organisation de son temps de travail (ex: semaine de 4 jours) ; a partage d’un poste en deux temps partiels ; organisation du travail d’une équipe de façon à couvrir l’horaire tout en permettant à chacun de s’organiser comme il le souhaite ; a télé-travail, travail chez soi ; a réduction des horaires avant la retraite ; possibilité de prendre de longs congés de maternité et de paternité, congés parentaux ; a facilitation de la prise d’années sabbatiques et de congés de formation ; a aides fournies pour gérer les questions scolaires, les inscriptions aux formations et subventions pour donner accès, dans les administrations publiques et les entreprises de service, aux dentistes, laveries automatiques, salles de gymnastique... Cas pratique : ACAS 2005 Two employees work doing the same job as part of a small team. When a new manager arrives one of the employees is given the more difficult work, while the other is given the more routine repetitive tasks. The employee with the challenging work begins to work longer hours in order to get his work completed on time. After a few weeks he is frequently off sick due to the pressure of work. The other employee does the routine work easily and has time left with nothing to do. She soon feels bored and starts to make mistakes and not complete tasks due to lack of motivation. The manager holds a meeting with the employees to discuss the problems. The manager agrees to look at the job design and reorganize work duties. Training is arranged so that both employees can undertake some of the more challenging work and the routine work is distributed more fairly. 12- Informations du bureau du Premier ministre, disponibles sur le site : www.number10.gov.uk 25 En Nouvelle-Zélande, c’est par un discours, en 2002, que le gouvernement lance le programme “prospective sur le travail” : “le travail n’est qu’un aspect de la vie et [...] il ne doit ni envahir ni dénaturer la vie familiale ou le développement personnel... la conciliation vie personnelle/travail doit contribuer à l’instauration d’une société ouverte et novatrice”. La directive sur le bien- être au travail en Italie Il s’agit de : augmenter la motivation des collaborateurs, améliorer la relation entre agents et personnels ; rendre attractive la fonction publique ; améliorer l’image en interne et à l’extérieur de la qualité de service ; défendre une culture de participation orientée sur les résultats ; améliorer la communication interne ; prévenir les risques psychologiques et sociaux. En Australie, dès 1996, c’est par une loi sur les relations de travail (“Work Place Relations Act”) qu’est fixé un programme de conciliation vie privée/vie publique. Comme les États-Unis, l’accent est totalement mis sur la vie familiale. En Italie, une directive du ministère de la fonction publique de 2004 précise la volonté du gouvernement de mettre l’accent sur la GRH dans la fonction publique. Il s’agit “de prendre les mesures pour améliorer le bien-être au travail dans la fonction publique”. Pour assurer ce bien-être les administrations doivent s’assurer que : l’environnement de travail est courtois et accueillant ; les objectifs de l’organisation sont clairement énoncés et cohérents ; les compétences sont reconnues, et les agents stimulés par la variété de tâches et d'initiatives ; les informations circulent bien ; il règne un climat de relation “collaborative” ; la justice et l’équité sont assurées ; les services sont ouverts à l’innovation ; les niveaux de fatigue physique et de stress sont contrôlés. D’autres questions ayant à voir avec la qualité de l’environnement de travail émergent à travers les conventions collectives nationales et locales. En particulier, le problème du harcèlement moral ou “Mobbing”. Pour cela il faut : déterminer les processus et les méthodes nécessaires à l’amélioration du bien-être au travail ; définir un plan d’amélioration avec les organisations syndicales (revoir l’organisation, intégrer les innovations technologiques, mettre en place des politiques de professionnalisation de la GRH, améliorer la communication, etc.) ; évaluer les résultats. Que cela soit en Australie ou en Italie avec la mise en place de comités paritaires sur le sujet, la convention collective permet de prendre en compte, de mettre l’accent et de lutter contre des phénomènes émergents. À la fois au niveau national et local. 26 Une fonction publique, reflet de la société Dans les pays du panel, l'évolution des modes de gestion des ressources humaines se caractérise par une prise en compte quasi générale de la question de la diversité. Cette politique est parfois très ancienne comme au Royaume-Uni, où elle découle de lois anti-discrimination du milieu des années 60. Au même titre que le bien-être au travail ou que l’équilibre vie professionnelle/vie privée, la politique de la diversité est l'un des critères faisant de l’employeur public un employeur modèle. De nombreuses mesures ont été prises pour élargir la base sociale de recrutement du Civil Service (modification du contenu des tests de recrutement, promotion ouverte aux candidats internes, nomination de représentants extérieurs à l’administration dans les commissions de recrutement…). Aujourd’hui, même si l’on note des progrès, la fonction publique britannique n’est pas encore à l’image de la société. La proportion d’agents issus des minorités ethniques est de 8,2% et celle des handicapés de 4,2%. Les femmes représentent 52,3% du total des fonctionnaires, soit 290 000 agents, mais elles restent encore sous-représentées au sommet de la hiérarchie. Aujourd’hui, la fonction publique tient à disposer des agents les plus qualifiés et les plus compétents. Il lui faut donc puiser dans l’ensemble de la population et constituer un effectif véritablement représentatif de la diversité ethnique, culturelle et sociale du pays. La politique de la diversité repose sur le postulat qu’indépendamment des genres, de l’âge, de la situation familiale, de l’expérience professionnelle…, tout membre de la société peut contribuer à l’accomplissement des missions du service public. Depuis 1997 et les gouvernements New Labour successifs, les “Programmes for Action on Women, Race and Disability” sont destinés à favoriser l’égalité et la diversité dans le Civil service. Si le Cabinet office promeut ces initiatives, les services sont libres de déterminer quelles actions mener. Les actions concrètes sont ainsi multiples : a un programme de mesures pratiques facilitant l’emploi des femmes (aide domestique, aménagement d’horaires, crèche dans les centres de formation pour les mères)… et la formation des personnes pénalisées par un “handicap physique ou social” (aménagement des salles de cours et recours à toutes les techniques nécessaires (braille, audio, ordinateur, cours de langue…) ; a la nomination au sein des administrations d’un conseiller spécial “diversité” qui est consulté pour les recrutements ; a la création d’une section “Diversité” dans le programme “Fast Stream” (hauts potentiels) ; a le développement de relations avec les administrations de la police, des pompiers et des prisons pour accroître la proportion de minorités dans ces services ; a l’organisation d’événements célébrant la réussite des minorités ou des femmes dans l’administration et leur contribution à l’amélioration de la société. De même, les meilleures pratiques en matière d’égalité et de diversité donnent lieu à des récompenses pour les services et les personnes. Le concept de diversité vise donc à : z accroître la diversité d'origines, d'idées et d'expériences afin que le ministère ou l’agence puisse rendre de meilleurs services à ses clients ; z diriger et traiter les personnes équitablement et avec respect quelles que soient leurs différences ; z créer un environnement de travail qui permette à cha- cun d’exprimer tous ses talents pour le plus grand profit de l’organisation. La notion de diversité ne doit pas être entendu au sens strict, mais doit, au contraire, se comprendre au sens large. On entend par diversité, l’emploi des femmes, des minorités ethniques, des seniors, des handicapés, bref le recrutement de personnels aux profils très différents, sources de richesse pour l’organisation. Elle ne doit pas se limiter aux catégories de personnels les moins élevées, elle doit également concerner les managers. Enfin, elle doit s'appliquer à toutes les étapes de la vie professionnelle : recrutements, promotions et carrières. Politique d’égalité et de diversité au Royaume-Uni Le Premier ministre lui-même a fixé des objectifs ambitieux pour l’encadrement supérieur : fin 2005, le Civil Service devra être composé de 35% de managers femmes (Senior Civil Servants, à comparer à 27,5% en 2003). 25% des 600 postes les plus élevés devront être occupés par des femmes, 3,2% par des représentants des minorités ethniques et 3% par des handicapés. Les politiques d’égalité et de diversité se traduisent depuis 30 ans par la mise en place d’actions en faveur des minorités. Elles ont fait l'objet de plusieurs lois (1965, 1968, 1976) qui ont rendu illégales les discriminations. Aujourd’hui, l’ “ethnicisation” des politiques publiques est appliquée au sens large, ethnie étant à entendre comme différent. Il n’y a plus de débat sur la pertinence du concept mais un choix délibéré pour une approche pragmatique qui permette une meilleure représentation de toutes les couches de la population et un accès égal pour tous aux services publics. Diversité et flexibilité au Danemark La diversité est considérée dans l’administration danoise comme essentielle à l’excellence et à la performance. Seule une grande diversité de recrutement du personnel comme des managers doit permettre de délivrer un service de qualité aux citoyens et aux entreprises. Diversité ethnique mais pas seulement : diversité sociale, d’éducation et d’expérience professionnelle. La diversité concerne principalement le recrutement. Il est apparu au Royaume-Uni que le système de recrutement ne permettait pas un égal accès aux emplois publics de toutes les catégories de la population britannique. Le rapport Fulton (1968) a mis en évidence que le recrutement et la promotion dans le Civil Service n'étaient pas représentatifs socialement et culturellement de la population. Les fonctionnaires, particulièrement les hauts fonctionnaires, provenaient essentiellement de la classe moyenne, étaient surtout des hommes, blancs, passés par Oxford et Cambridge. La diversité doit permettre : z d'assurer les missions de service public en s’appuyant sur un large éventail de profils. La politique de diversité nécessite donc un recrutement plus ouvert. Le meilleur recrutement étant celui d’un agent qui apporte quelque chose de nouveau à l’organisation et qui insuffle une autre approche dans son travail. 27 z d'exercer une responsabilité sociale (la fonction Au cours de la dernière décennie, la proportion des femmes dans l'APS est passée de 43,5% en 1989 à 48,3 % en 1998. Il est d’ailleurs remarquable de constater que cette amélioration s'est produite au moment où la fonction publique australienne était réduite d'environ 22%. Les femmes sont toujours sous-représentées dans les catégories d'emploi les plus élevées de l'APS. Elles constituent la majorité des employés dans la catégorie d'agents d'administration des niveaux 1 à 5, mais continuent d'être la minorité dans les catégories supérieures. Elles représentent à peine 20% des cadres de la haute fonction publique, mais cette proportion a plus que doublé ces dix dernières années. La proportion de femmes promues à des postes de cadres supérieurs en 1997-1998 (30%) est également encourageante. publique joue un rôle moteur dans l’introduction sur le marché du travail des personnes “aux capacités professionnelles réduites”) mais aussi permettre à l’État danois de rester un employeur attractif et de retenir des compétences volatiles ; z de mettre à disposition des agents un bon environnement de travail et des conditions de travail flexibles. Cela sous-entend que le travail puisse s’adapter aux différentes étapes de la vie, notamment pour les familles avec enfants ou des personnes âgées. La fonction publique doit être capable d’aménager les horaires, les conditions de travail aux besoins individuels et cela nécessite une très grande souplesse du cadre de travail. L’originalité de l’approche danoise de la diversité repose sur l’accent porté sur la tolérance entre collègues de travail. Dans la pratique, le haut degré de respect, de tolérance et de responsabilité sociale affiché par le personnel et les managers est l'un des facteurs déterminants pour que la diversité profite aux organisations publiques dans leur ensemble. La tolérance signifie d’accepter que tout le monde n’ait pas la même approche des choses et que tous y contribuent d’une manière différente. Une ode à la différence décoiffante… Équité en emploi au Canada L'une des grandes responsabilités de la Commission de la fonction publique (CFP) est de veiller à ce que les Canadiens et les Canadiennes soient servis par une fonction publique hautement compétente et non partisane (c'est-à-dire impartiale et nommée sans interférence politique) et qu'elle soit représentative de la société canadienne (c'est-à-dire qu'elle reflète la diversité de la population canadienne). Elle s'acquitte de cette tâche en remplissant les responsabilités qui lui sont confiées en vertu des Lois : “sur l'emploi dans la fonction publique” (LEFP) et “sur l'équité en matière d'emploi “(LEE). Ainsi, dans le cadre de la politique de la diversité (Action plan 2003-2007), l’État employeur public promeut les initiatives suivantes : a la mutualisation des bonnes pratiques en matière de diversité au sein des institutions publiques. Les bonnes pratiques doivent servir d’exemples et par-là même se multiplier ; a le renforcement des compétences des citoyens seniors. L’État danois veut favoriser de la sorte le maintien au travail des seniors expérimentés. Les agents âgés de plus de 60 ans se voient donc proposer la possibilité d’emplois à temps partiel ou d’être affectés à des postes à moindre responsabilité en compensation d’une pension plus élevée ; a un plan d’action en faveur des minorités ethniques (3,5% des employés doivent être des immigrés ou des descendants des pays du tiers monde) ; a la diversité aussi parmi les managers. Afin de s’assurer du meilleur encadrement, il est important pour l’administration danoise d’attirer sur les postes de managers les personnes indépendamment de leur genre, race, situation familiale… Les obstacles aux fonctions managériales doivent être éliminés : il doit être possible dans la fonction publique de combiner vie professionnelle et vie de famille. La Direction de l'équité en emploi (appartenant à l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada) a pour objectif de faciliter la mise en œuvre de l'équité en emploi dans les ministères et organismes dont le Conseil du Trésor est l'employeur. Elle accomplit cet objectif en offrant des avis et des conseils stratégiques ; elle assure également le suivi des progrès accomplis et en fait rapport. En vertu de la partie I de la Loi sur l'équité en matière d'emploi (LEE), les employeurs, y compris la fonction publique fédérale, doivent déterminer le degré de sousreprésentation des groupes d'équité en emploi (EE) puis mettre en œuvre des plans pour promouvoir l'équité en emploi. Quatre groupes sont traditionnellement sousreprésentés dans la fonction publique : minorités visibles, peuples autochtones, personnes handicapées, femmes. Lorsqu'il y a sous-représentation de ces groupes, le Conseil du Trésor ou un administrateur général peut demander que la Commission de la fonction publique (CFP) mette en œuvre un programme d'EE mettant l'accent sur un type de poste ou, plus largement, sur tout ou partie de la fonction publique. Équité et diversité en Australie Pour qu'un programme d'EE soit approuvé, les ministères doivent démontrer qu'ils ont fait les efforts requis, mais que leurs initiatives de recrutement n'ont pas réussi à rétablir l'équilibre en augmentant la représentation des groupes d'EE de l'organisation afin qu'elle corresponde à la disponibilité sur le marché du travail canadien. On doit démontrer que le programme d'EE proposé est réellement nécessaire et qu'il aura pour résultat l'accroissement des taux de représentation et le retour à l'équilibre. C'est l'un des objets de la “Workplace Relations Act” (1996) d'aider à prévenir et à éliminer la discrimination basée sur la race, la couleur, le sexe, les préférences sexuelles, l'âge, l'incapacité physique ou mentale, le statut marital, les responsabilités familiales, la grossesse, la religion, les opinions politiques, l'ascendance nationale ou l'origine sociale. La Loi interdit la discrimination sur ces bases pour ce qui est des attributions de postes ainsi que pour la cessation d'emploi. Dans les années 90, les résultats des politiques d'équité et de diversité en matière d'emploi dans la fonction publique australienne sont variables ; notamment ce qui a trait à la sous- représentation des groupes cibles dans l'Australian Public Service (APS) : les femmes, les autochtones et les habitants des îles Torres, les personnes handicapées et les NEBS (personnes qui ne sont pas d'expression anglaise). 28 Professionnalisation de la fonction RH Un constat clair : il y a un fossé entre les pratiques de GRH et l'enjeu stratégique que représente le capital humain. Certains pays du panel (États-Unis, Royaume-Uni) ont mis l'accent la professionnalisation de la fonction RH avec d'autant plus de force que les processus de recrutement et de gestion sont pour la plupart fortement décentralisés. Cela va dans le sens de la centralisation de la stratégie que l'on a déjà évoquée. Les structures centrales (ou centralisées) en charge de la stratégie ont donc déployé des outils permettant aux ministères et/ou agences d'évaluer et d'améliorer la gestion de leur capital humain : “Human Capital Assessment and Accountability Framework” aux États-Unis et “Human Ressource Capability Framework” au Royaume-Uni. En arrière-plan se dessine l'idée que les responsables des ressources humaines doivent jouer un rôle d'expert et donc développer leur propre expertise, d'acteur du changement et de partenaire dans l'atteinte des objectifs que se fixe une organisation. Un système d'évaluation des politiques de GRH aux États-Unis L’Office of Personnel Management a mis en place un système d’évaluation de la politique de GRH13 développée par les départements et les agences fédérales : le “Human Capital Assessment and Accountability Framework”. Cet outil d'évaluation a pour objectif de permettre aux agences et ministères d'évaluer leurs agents, les moyens qu'elles consacrent à l'amélioration des qualifications et des compétences de leurs cadres. Les administrations sont “notées” en fonction de leur capacité à attirer, retenir, évaluer, perfectionner et récompenser les agents fédéraux. Dans ce système d’évaluation, sont pris en compte cinq éléments : l'adaptation stratégique : ajuster en permanence gestion des hommes et pilotage stratégique de l'organisation ; les compétences stratégiques (talent) : savoir améliorer de manière continue les compétences et les qualités des agents ; l'art de conduire (leadership) : rôle essentiel des cadres supérieurs, savoir inspirer, motiver et guider l'ensemble des personnels ; la culture de l'efficacité : contribuer à diffuser une culture de résultat ; la gestion des connaissances : promouvoir une culture de partage des connaissances. Cet instrument est utilisé à plusieurs niveaux : a comme moyen d'évaluer en interne les pratiques de gestion du capital humain ; a comme base de l'évaluation des ministères et agences que réalise par l'Office of Management and Budget14 et comme élément de l'évaluation que font les responsables RH, les inspections internes ou externes ; a comme moyen d'identifier les points faibles et la manière d'y remédier ; a comme base de comparaison entre agences et ministères. 13- Se référer aux sites www.opm.gov pour les éléments centraux de la gestion stratégique du capital humain et www.opm.gov/humanCapital/tool/downloads.cfm pour le cadre d’évaluation. 14- L’Office of Management and Budget est rattaché au bureau de l’Exécutif du Président. Il est en charge du suivi de la mise en oeuvre et de l’évaluation du “Government Performance and Results Act”. Il est partie prenante du développement de tous les instruments d’évaluation. Gestion stratégique du capital humain, composante de la performance de l’organisation Le “Human Capital Assessement and Accountability Framework” donne lieu à une véritable modélisation des pratiques de RH dans le ministères et les agences fédérales. La gestion stratégique du capital humain est partie prenante de la performance de l'organisation. Source : Office of Personnel Management 29 “Human Resources Capability Framework”15 pour le “Civil Service” britannique HR Capability Framework Instrument basé sur l'idée que la gestion des ressources humaines doit être source de valeur ajoutée pour toute organisation. Ceci n'est possible que s'il existe un lien étroit entre les responsables RH, les managers et leurs équipes. Cet instrument met l'accent sur quatre éléments clés indispensables au développement d'une réelle politique de gestion des ressources humaines et prône ainsi la professionnalisation de la GRH : bien connaître les missions, les objectifs de la structure : comprendre dans quelle mesure la gestion des ressources humaines joue un rôle dans la performance d'une organisation ; être expert des pratiques de GRH : connaître l'éventail des pratiques de GRH, leur impact sur l'organisation et la performance des équipes et démontrer ses compétences sur ces questions ; agir comme un agent de changement : faire en sorte d'accompagner le changement en facilitant par exemple la traduction de la stratégie en actions ou en ajustant les compétences requises des équipes ; Source : Civil Service assurer sa crédibilité : elle repose, pour les responsables des RH, sur une relation de confiance à construire avec les managers, les équipes mais aussi les partenaires à l'organisation. 15- Se référer au site www.civilservice.gov.uk/index.asp, pour plus de détail sur le développement de ce cadre de management des ressources humaines. 30