SIGNES ET LIEUX – LA LITURGIE DU BAPTEME

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SIGNES ET LIEUX – LA LITURGIE DU BAPTEME
SIGNES ET LIEUX – LA LITURGIE DU BAPTEME
INTRO : Les sacrements étant des signes sensibles de la sanctification des âmes, ils doivent
exprimer et signifier ce qu’ils opèrent, opérer ce qu’ils signifient. Dans l’étude des
sacrements, l’étude des rites en vue d’en dégager le sens foncier est donc essentiel.
1. LES SIGNES DU BAPTEME :
Quand nous avons parlé de l’institution du baptême, nous avons déjà évoqué le rite du
baptême de Jean-Baptiste qui consistait à entrer dans les eaux du Jourdain. Cette ablution
était déjà annoncée lors de la guérison de Naaman le Syrien à qui le prophète Elisée ordonna
de se baigner 7 fois dans les eaux du Jourdain, et les ablutions, les bains de purification
étaient courants dans la communauté des Esséniens, auquel Jean-Baptiste avait peut-être
appartenu... Quand Jésus lui-même confèrera ce baptême d’eau pour la conversion, il se
rendra au Jourdain.
Dans les Actes des Apôtres, s’il est mentionné la célébration de 3000 baptêmes le jour même
de la Pentecôte, nous n’avons aucune précision sur le rite. Plus tard, en Actes 8, on notera
que les Samaritains ont été « baptisés au nom du Seigneur Jésus » (v. 16), et ils recevront
l’Esprit Saint « par l’imposition des mains des Apôtres » (v. 18). C’est lors du baptême de
l’eunuque par Philippe que le rite de l’eau est mentionné : Actes 8, 35-38. Plus tard, à
Césarée, Pierre déclare dans la maison de Corneille : « ‘Pourrait-on refuser l’eau du baptême à
ces gens... ?’ Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. » (Ac 10, 47-48). D’après
l’iconographie chrétienne, on se servit de l’impluvia (vasque dans l’atrium romain) de la
maison de Corneille pour célébrer le baptême.
Hippolyte de Rome (IIIème siècle) est un des premiers à décrire précisément le rite
baptismal : la célébration se passe normalement le dimanche, les catéchumènes enlèvent
leurs vêtements et les femmes leurs bijoux afin de montrer que tous entendent "dépouiller le
vieil homme et revêtir l'homme nouveau", symbolisé par le vêtement blanc. L'évêque bénit
l'huile d'exorcisme appelée aujourd'hui huile des catéchumènes, et l'huile parfumée d'action
de grâce, appelée saint chrême ; suit la renonciation à Satan et la profession de foi trinitaire
qui accompagne les trois plongées dans l'eau : « Le prêtre prenant chacun de ceux qui
reçoivent le baptême, lui ordonnera de renoncer en disant : ‘‘Je renonce à Satan et à toute
pompe et à toutes ses œuvres’’ ; après que chacun eut renoncé, le prêtre l'oint avec l'huile
disant : ‘‘que ton esprit mauvais s'éloigne de toi’’. De cette manière il le confiera nu à l'évêque
ou au prêtre qui se trouve près de l'eau pour le baptiser. Un diacre descendra avec lui de cette
manière ; lorsque celui qui est baptisé sera descendu dans l’eau, celui qui baptise lui dira en lui
imposant la main : ‘‘Crois-tu en Dieu le Père tout-puissant ?’’ Celui qui est baptisé dira à son
tour : ‘‘Je crois’’ ; et aussitôt celui qui baptise, tenant la main posée sur sa tête le baptisera une
fois. Et ensuite, il dira : ‘‘Crois-tu au Christ Jésus, Fils de Dieu, qui est né par le Saint Esprit de
la Vierge Marie, a été crucifié sous Ponce Pilate...? Et quand il aura dit : ‘‘Je crois’’, il sera
baptisé une deuxième fois ; de nouveau celui qui baptise dira ; ‘‘Crois-tu en l’Esprit-Saint dans
la sainte Eglise ?’’ Celui qui est baptisé dira : ‘‘Je crois’’, et ensuite il sera baptisé une troisième
fois. Ensuite quand il sera remonté, il sera oint par le prêtre d’une huile d’action de grâce avec
ces mots : ‘‘Je t'oins d’huile au nom de Jésus Christ’’. Et ainsi chacun après s'être essuyé se
rhabillera et ensuite ils entreront dans l’église. L'évêque en leur imposant la main dira l'invocation :
‘‘Seigneur Dieu, qui les as rendus dignes d'obtenir la rémission des péchés par le bain de la régénération,
rends-les dignes d'être remplis de l'Esprit Saint et envoie sur eux ta grâce, afin qu'ils te servent suivant
ta volonté… Ensuite, en répandant l'huile d'action de grâce de sa main et en posant (celle-ci) sur la tête,
il dira : ‘‘Je t'oins d'huile sainte en Dieu le Père tout-puissant et dans le Christ Jésus et dans l'Esprit
Saint’’. Et après l'avoir signé au front, il lui donnera le baiser et dira : ‘‘Le Seigneur soit avec toi’’. Et
celui qui a été signé dira : ‘‘Et avec ton Esprit’’… » (Tradition Apostolique d'Hippolyte, 21, 3e
siècle).
Le néophyte descendait donc dans l’eau et le baptiseur avec lui. Celui-ci l’immergeait
totalement (immersion), ou si la profondeur n’était pas suffisante, après l’avoir immergé à
moitié, il lui versait de l’eau sur la tête (effusion ou infusion). Dans certains cas
exceptionnels, on a même accepté le baptême par aspersion.
A partir du 4e concile de Tolède en 1633, l'immersion sera unique, allusion symbolique à la
Résurrection du Christ qui est sorti une fois du tombeau, et à l’unité de la nature divine.
Reste qu’il y a toujours une expression explicite de la foi en la Sainte Trinité.
2. LE RITUEL ACTUEL DU BAPTEME (CEC 1234-1242)
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L'accueil dans l'Eglise : « Le baptême comme entrée dans la communauté du Christ est
interprété comme une renaissance… cette renaissance implique le pouvoir créateur de
l’Esprit de Dieu, mais par le sacrement, elle implique aussi le sein maternel de l’Eglise
qui accueille et qui accepte » (Jésus de Nazareth, Benoit XVI).
La croix : « Le premier geste, […] c’est le signe de la croix, qui nous est donné comme
bouclier qui doit protéger cet enfant dans sa vie ; c’est comme un ‘‘indicateur’’ pour le
chemin de la vie, parce que la croix est le résumé de la vie de Jésus… » (Benoît XVI).
L’imposition de la main ou une onction d’huile sainte : « Jésus les embrassait et les
bénissait en leur imposant les mains » (Mc 10, 16). La vie chrétienne est un combat
incessant contre le mal, un combat où la faiblesse humaine doit s’appuyer sur la force du
Christ. Ce rite est suivi, éventuellement de l’ephata.
L’eau est alors consacrée par une prière d’épiclèse. C’est le rite essentiel du sacrement :
une triple infusion avec l’eau baptismale, accompagnée par les paroles du ministre :
‘‘N., je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit’’. C’est l’évocation expresse
et distincte des trois personnes de la Sainte Trinité. L’eau est le symbole de la vie et de
la purification. « L’eau touche le corps et lave le cœur » (Tertullien). Le baptême est
donné pour la purification des péchés. Mais n’oublions pas le sens profond qui est
donné par l’immersion-émersion du néophyte : plongé dans les eaux comme dans un
tombeau, le nouveau chrétien renaît avec le Christ. (cf. Rm 6, 1-11).
L’onction du saint chrême, huile parfumée consacrée par l’évêque, signifie le don de
l’Esprit Saint au nouveau baptisé. Il est devenu un chrétien, c’est-à-dire ‘‘oint’’ de l’Esprit
Saint, incorporé au Christ, qui est oint prêtre, prophète et roi. (cf. 1P 2, 9). « L’huile est le
symbole de la force, de la santé, de la beauté, parce qu’il est vraiment beau de vivre en
communion avec le Christ. » (Benoit XVI).
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Le vêtement blanc symbolise que le baptisé a ‘‘revêtu le Christ’’ (Ga 3, 27) : est
ressuscité avec le Christ. C’est le vêtement du Christ à la transfiguration (Lc 9, 29), et
celui des saints dans le Ciel (Ap 7, 9). « Le vêtement blanc, comme expression de la
culture de la beauté, de la culture de la vie… » (Benoît XVI)
Le cierge : Par le baptême nous avons été appelés des ténèbres à la lumière (1P 2, 9).
Nous sommes désormais invités à vivre en enfants de lumière (Ep 5, 8). « Et enfin, la
flamme du cierge, comme expression de la vérité qui resplendit dans les ténèbres de
l’histoire et nous indique qui nous sommes, d’où nous venons et où nous devons aller »
(Benoît XVI, Homélie, 10 janvier 2006).
3. QUI PEUT BAPTISER ? (CEC 1256)
« Sont ministres ordinaires du Baptême l’évêque et le prêtre, et, dans l’Église latine, aussi le
diacre. En cas de nécessité, toute personne, même non baptisée, ayant l’intention requise,
peut baptiser, en appliquant la formule baptismale trinitaire. L’intention requise, c’est de
vouloir faire ce que fait l’Église en baptisant. L’Église voit la raison de cette possibilité dans
la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1 Tm 2, 4) et dans la nécessité du Baptême pour
le salut »
4. LES LIEUX
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La porte
Le baptistère (octogone)
L’autel