Guts Of Darkness - Le webzine des musiques sombres et

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Guts Of Darkness - Le webzine des musiques sombres et
Guts Of Darkness
Le webzine des musiques sombres et expérimentales : rock, jazz,
progressif, metal, electro, hardcore...
octobre 2003
Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com
© 2000 - 2016
Un sommaire de ce document est disponible à la fin.
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Les chroniques
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DEADBOLT : Shrunken head
Chronique réalisée par Twilight
Vous n’imaginiez pas en descendant dans ce caveau qu’il y ferait si froid. Et ces trois gaillards sur la scène
arborant bananes, Ray Bans et cuirs noirs, que nous jouent-ils ? Ca ressemble bien un peu aux Shadows, au
niveau son des guitares, mais c’est bien plus sombre…Se pourrait-il qu’il s’agisse de Interpol ou…Joy Division
? Oui, c’est ça, cette voix grave, désenchantée…mais musicalement, c’est du gothabilly, malgré ce feeling
glauque qui évoque volontiers quelques atmosphères cold wave. Pourrait-il s’agir des Damned ? Il est vrai que
le splendide ‘Voodoo doll’ avec sa touche d’orgue sépulcrale rappelle volontiers des morceaux comme ‘Girl
goes go down’ et le chant pourrait bien se rapprocher de celui de Dave Vanian, mais ce n’est pas encore
ça…Non, il s’agit de Deadbolt et ce trio-là nous propose un superbe gothabilly glacial et funèbre qui fleure bon
les cryptes, le vaudou et les films noirs. On a d’abord l’impression que les morceaux se construisent toujours
autour des mêmes harmonies, pourtant, on est très vite séduit, voir envoûté par le charme vénéneux de ces
compositions feutrées et dépouillées…trop tard, les guitares glacées de ‘Shrunken head’, ‘Voodoo doll’, ‘Slap’
ou ‘Blue light’ ont déjà pris position de votre âme et la voix de Harley Davidson résonne en boucle dans votre
tête. En sortant du caveau, une seule pensée vous trotte dans la cervelle, vite, acheter un perfecto, un tube de
gomina et des badges à têtes de mort...
Note : 5/6
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COPH NIA : Shape shifter
Chronique réalisée par Marco
Après un superbe premier album ('That which remains') et un mini tout aussi digne d'intérêt ('Holy war'), Coph
Nia accouche d'un des meilleurs albums dark-ambient de cette année 2003. Dans l'ensemble le style reste le
même que sur les premières oeuvres, à savoir une dark-ambient très éthérée où nappes fluides et sombres se
mêlent à une voix inquiétante et incantatoire, mais la grande nouveauté est la mise en avant de cette même
voix. En effet, non seulement la voix est plus présente, mais elle se situe beaucoup plus à la limite du chant : et
quelle voix mes enfants ! Ce sacré Aldenon en a une belle (de voix), et mélodieuse avec ça ! ('Prime mover', 'To
fix the shadow'). Toujours versé dans l'ésotérisme (le très 'crowleyien' 'Hymn to Pan', 'Gnostic anthem'), Coph
Nia nous entraîne vers la décadence ('The hall of truth', qui reprend les manuscrits de Ani et de Turin pour les
détourner) comme pour mieux nous préparer à la fin des temps et au renouveau ('Call of the jackal', 'Prime
mover', reprise du groupe suédois The Leather Nun). Le bougre ne nous laisse pas pour autant souffler lorsqu'il
ne chante pas, puisque les 2 titres entièrement instrumentaux ('The mirror', 'Lord of the air') sont tout aussi
étouffants. Enfin, dernière surprise, une reprise de 'Stigmata martyr' de Bauhaus, les rois du batcave : choix
surprenant et surtout remanié totalement pour l'univers cophniesque. Un excellent disque de plus à mettre au
crédit de Cold Meat
Note : 6/6
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VON THRONSTAHL : Imperium internum
Chronique réalisée par Marco
Dans la grande famille des groupes néo-folk, Von Thronstahl fait partie des plus marqués : une musique indus
aux arrangements classiques et martiaux ; et aussi une image un peu lourde...Bref, attardons-nous uniquement
sur la musique qui se veut le reflet de ses protagonistes et de leur regard sur le déclin de l'Europe, en laissant
de côté l'utopie dans laquelle ils s'empêtrent quelque peu. L'album démarre avec l'excellent titre qui lui donne
son nom : percussions, piano et harmoniques classiques donnent le ton général de l'album. Le reste oscille
entre hymnes martiaux du même tonneau ('Kristal-Kristur', 'Schwarz, weisse, rot', 'Under the mask...'), indus
très énérvé ('Sturmzeit') ou encore folk apocalyptique ('Heimaterde, mutterboden, vaterland', 'Turn the
centuries'). L'ensemble est plutôt cohérent et si vous êtes amateurs du style, cet album est une très bonne
acquisition, et à mon humble avis la meilleure réalisation du groupe.
Note : 4/6
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Miroslav Vitous (Miroslav) : Infinite search
Chronique réalisée par Progmonster
"Infinite Search" est en réalité la réédition sur le label Embryo du même disque paru plus tôt dans l'année sous
le titre "Mountain in the Clouds" chez Atco. Entre ces deux publications, le jeune contrebassiste tchèque a eu le
temps d'intégrer Weather Report et changer à jamais la conception du jazz moderne. "Bitches Brew" de Miles
Davis est sorti il y a quelques mois à peine, et avec l'album solo éponyme de Joe Zawinul, ce premier album
solo de Miroslav Vitous compte parmi les pièces les plus importantes de l'histoire de ce jazz électrique, jazz
rock, jazz fusion, kozmigroov'... appelez-le comme vous le voulez. Ce jazz un peu fou qui experimente, voyage,
s'ouvre au monde pour se mettre au diapason des vibrations des autres cultures musicales, qu'elles soient
électriques ou tribales. Ce jazz aux contours flous et au groove haletant, personnifié ici à merveille par sa plage
d'ouverture, une adaptation survitaminée du "Freedom Jazz Dance" de Eddie Harris. Pour un premier essai, on
n'y a pas été avec le dos de la cuillère : Joe Henderson au saxophone, Herbie Hancock au piano électrique,
John McLaughlin à la guitare et un duo de batteur avec Jack DeJohnette et Joe Chambers. Du beau monde,
réunit, qui plus est, sous la tutelle d'Herbie Mann. Il n'est pas inutile de signaler non plus que ce bassiste
unique, au jeu langoureux et toujours fluide, présente six compositions originales sur les sept sélectionnées,
ce qui, pour un premier album, est tout à fait remarquable. Après quatre albums studio et un live avec Weather
Report - sans aucun doute leurs meilleurs - Vitous continuera ses explorations de moins en moins électriques
et de plus en plus focalisées sur les musiques du monde pour trouver refuge, comme beaucoup, sur le label
ECM, jusqu'à en adopter l'esthétique et peu à peu perdre de sa superbe. "Infinite Search" demeurera le plus
grand moment de sa carrière ; un album dont il est plus que temps que l'on réhabilite l'importance.
Note : 5/6
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Celeste (ITA) : Principe di un giurno
Chronique réalisée par Progmonster
Mellotrons addicts ou êtres malheureux aux troubles obsessionnels compulsifs non refoulés, voici venir un
disque qui devrait vous mettre sur les genoux. C'est tardivement que Celeste publie son premier véritable
album (en dépit d'une musique de film parue deux ans plus tôt) : "Principe di Giorno" sort donc en 1976, et si
sur la scène progressive italienne des années soixante-dix un groupe comme Il Balletto di Bronzo utilisait le
mellotron pour lui faire vômir ses tripes, ici nous sommes aux antipodes d'une telle démarche puisque Celeste
va tirer parti de ce magnifique instrument (je persiste et signe) pour broder des nappes d'un calme olympien et
d'un bienfait apaisant. Aérien, atmosphérique, vaporeux, il incarne la quintessence même de ce que le
progressif transaplin a pu créer de plus délicat et de plus subtil. Avec l'intervention d'instruments aussi divers
que le saxophone, la flûte ou la guitare acoustique, "Principe di Giorno" est fait de mille couleurs que la
plénitude apparente de sa pochette ne demande qu'à révéler. Ce côté acoustique prédominant évoque d'ailleurs
parfois la scène folk anglo-saxonne de l'âge d'or (Tudor Lodge, Mellow Candle) mais avec une nonchalance,
une mélancolie et un fatalisme - voire un romantisme - typiquement méditerranéen. L'esthétique progressive
demeure tout de même intacte : un titre comme "Eftus", avec son dialogue mellotron / flûte déployé sur un tapis
de velours, dresse un parallèle éloquent avec les passages les plus calmes et cotonneux du Genesis de
"Trespass". Intemporel ou daté selon le parti pris de chacun, on peut néanmoins se permettre de faire quelque
peu la fine bouche au sujet d'un chant qui, par moments, ternit quelque peu la splendeur des arrangements
ultra dépouillés des parties instrumentales. Toutefois, on peut raisonnablement considérer que ces Moody
Blues italiens nous ont pondu là la bande sonore d'un rêve éveillé, ni plus, ni moins.
Note : 4/6
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CENTIPEDE : Septober energy
Chronique réalisée par Progmonster
Centipede, c'est un peu le Grääl du rock progressif anglo-saxon, celui qui lorgnait, et pas qu'un peu, sur le jazz
britannique, au point de parfois les confondre. Hélas, il est aussi porteur d'une déception immense, une farce
involontaire, un pétard mouillé qui n'a pas su répondre à l'énorme attente qu'une affiche aussi incroyable que
monstrueuse ne pouvait qu'engendrer. Nous sommes en 1971 et ce disque réunit autour de Keith Tippett et sa
jeune épouse, Miss Julie Driscoll, tenez vous bien : King Crimson, Nucleus et Soft Machine. Ouais, je sais... Ça
ne rigole pas. Souvenez-vous, Robert Fripp, éminence grise plutôt noire du Roi Pourpre, faisait alors des pieds
et des mains pour tenter de persuader Keith Tippett d'intégrer une fois pour toutes King Crimson. Sans espoir.
Au mieux, il pourra jouir de son apport crucial sur leur second, troisième et quatrième album. Et bien que les
deux hommes soient restés fort proches, ce mariage de raison ne verra jamais le jour. S'improvisant
producteur, Fripp sera derrière les manettes de son projet Ovary Lodge, mais aussi son introverti "Blueprint"
qui surviendra après ce pantagruélique "Septober Energy". Encore un double album comme savait le produire
cette époque fertile. Encore quatre longues plages, une par face, d'environ vingt minutes chacunes. Mais une
demi réussite, je le disais plus haut. Si l'intention est honorable et les moyens mis en oeuvres considérables,
"Septober Energy" se perd hélas trop souvent dans des exercices fastidieux qui renvoient, au mieux, au
passage improvisé du "Moonchild" du premier King Crimson. Heureusement, les cuivres donnent leur pleine
puissance au sein des morceaux, leur conférant une consistance qu'on a parfois bien de la peine à distinguer.
Parmi les bons moments, on signalera tout de même que la quatrième partie n'est en réalité qu'une adaptation
du magnifique "Green and Orange Night Park" que l'on trouvait déjà sur le second album du Keith Tippett
Group. Mais nullement découragé, Tippett renouvellera l'expérience du super big band, et le réussira cette fois,
avec Hugh Hopper aux manettes ; ce sera "Frames (Music for an Imaginary Film)" en 1977.
Note : 3/6
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The Trio : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Quand on parle de jazz, on parle trop souvent de celui issu de sa terre natale. Après tout, c'est bien normal.
Mais oublier systématiquement que le vieux Continent n'était pas en reste dans ce domaine, c'est presqu'un
affront puisque, pour rappel, c'est sur celui-ci que viendront se réfugier un nombre conséquent d'artistes
avant-gardistes pourtant conspués par leur propre patrie ; un pays qui ne rate jamais une occasion de parler au
nom de la liberté alors qu'elle demeure, en vers et contre tout et bien au delà des apparences, aux mains de
phallocrates ultra conservateurs solidement infiltrés. Bien. Ceci étant dit... Musique ! Et quelle musique ! Celle
du fameux Trio, le légendaire trio free de John Surman (saxophone), Barre Phillips (contrebasse) et Stu Martin
(batterie). Un double album d'anthologie, rauque, abrupt, habité, empli de fureur et de passion. Un point de
chute que laissait bien sûr présager à ceux qui pouvaient lire entre les lignes le parcous sans fautes du
saxophoniste anglais. Nous l'avions déjà trouvé aux côtés de John McLaughlin sur l'album de ce dernier,
"Extrapolation", en 1969. Avant que le guitar hero anglais ne se taille aux States pour intégrer la formation
électrique de Miles Davis, ils joigneront leurs forces une dernière fois sur "Where Fortune Smiles", un album de
Surman, depuis crédité à McLaughlin pour sa réédition cd sur One Way Records ou Beat Goes On (ça fait sans
doute plus vendre), où officie également Stu Martin. Certainement pas aussi violent que les coups de sang de la
même époque attribués à Peter Brötzmann, "The Trio" est un album nu de toutes prétentions ; un cri élégant esprit british oblige - la manifestation ultime et impérieuse d'une aspiration à la liberte. Mieux : un fait avéré,
dont la comparaison avec des productions du même acabit, mais plus proches de nous, ne souffre aucunement
d'un quelconque manque de modernité. Puissant et sans détours.
Note : 4/6
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Masahiko Togashi (Masahiko) : Rings
Chronique réalisée par Progmonster
Masahiko Togashi a beau être hémiplégique, il n'en demeure pas moins un des percussionistes japonais les
plus émérites du continent asiatique. Un peu à la manière de Paul Lovens, il a une approche de la percussion
tout en nuance, où le silence prend un espace considérable pour mieux générer les tensions qui en résultent
mais aussi pour donner plus de poids à chaques notes. Collaborateur à ses heures de son compatriote et ami,
le guitariste Masayuki Takayanagi, on l'a déjà vu aux côtés de gens comme Steve Lacy ou Don Cherry, avec
lesquels il partage pour l'un l'approche avant-gardiste, pour l'autre un intérêt marqué pour les musiques du
monde. La musique de Rings a un côté méditatif, serein, où ce sentiment de plénitude confine à un semblant de
sagesse, que la pochette ne manque pas d'évoquer. Parfois soulignées discrètement par quelques lignes de
claviers, les douze étapes de ce cercle ne s'emballe que très rarement. Les seules fois où Togashi occupe
l'espace pleinement en démultipliant les pistes avec, par exemple, des patterns rythmiques lancinant joués aux
rototoms, c'est pour mieux avoir les mains libre afin de donner la part belle au pouvoir mélodique des
vibraphones et autres percussions à bois. "Rings" est un album rare, non seulement parce que, c'est vrai, il
n'est pas facile à se procurer, mais surtout parce qu'il s'éloigne singulièrement des albums solo du même
genre, généralement ouvertement démonstratifs et dégoulinants d'égocentrisme. Aérien et sensible, cet album
de Masahiko Togashi paru en 1975 ne fera certainement pas pâle figure dans votre collection de disques,
intercalé quelque part entre Codona et Geinoh Yamashirogumi.
Note : 4/6
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DWELL : Run on ice
Chronique réalisée par Progmonster
Très court, trop court ce EP de Dwell. A dire vrai, il n'a jamais été aussi prolixe que son alter égo Aka The
Squid. Normal, après tout, puisque ce n'est pas un EP, mais un single 4 titres... En préambule à un EP, très
court lui aussi, il permet toutefois de prendre déjà la température en guise de premier contact. Moins branché
sur les ambiances que son collègue, l'accent est mis ici tout particulièrement sur des beats martelés et parfois
vite éreintants, en particulier sur "(Can Lightning) Run On Ice" dont le sample de Weather Report ne m'a pas
échappé ("Mysterious Traveller"). J'aurais bien entendu aimé en dire plus, mais avec quatre titres seulement,
dont un remix du premier et une petite interlude de moins d'une minute, il ne me reste guère d'alternative. On
attendra donc le EP pour se faire une réelle opinion et enfin se prononcer.
Note : 3/6
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DWELL : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Voilà donc le EP de Dwell. Un peu moins de vingt cinq minutes pour se familiariser à un univers décalé qui,
comme la plupart des productions actuelles, tend à démontrer que si la technologie moderne a su rendre la
musique à ses amateurs les plus fervents afin qu'ils puissent eux aussi prendre part à la fête, nous ne sommes
rien sans les idées. Et Dwell, c'est certain, n'en manque pas. Par contre, les disques... C'est le constat à faire si
d'aventure on se surprend à bien tendre l'oreille pour essayer de dresser la liste des samples usités dans ce
collage sans queue ni tête, somme toute très plaisant. Si les ambiances s'étoffent et se parent de gouttelettes
de piano électriques ou de nappes de claviers mystérieux, ils sont trop souvent repiqués aux mêmes disques
qui, comble de malchance, sont pour ainsi dire cultissimes ("My Life in the Bush of Ghosts" de Eno et Byrne,
sans doute l'ancêtre véritable de toutes ces productions, ou cette manne permanente d'échantillonage qu'est le
groupe de Joe Zawinul et Wayne Shorter, Weather Report). Un manque de tact - appelons ça comme ça - qu'il
ne corrigera hélas pas pour son boulot sur le premier double album de The Thing with Two Headz.
Heureusement, les rythmiques qui servent de fil rouge aux délires faussement électro de Dwell sont là pour
tenter de nous distraire un peu. Inconsciemment ou non, on ne manquera pas non plus de noter que la plupart
d'entre elles ont un goût très rétro, à situer quelque part entre la No Wave de James Chance & The Contortions
(sur "The Thing Said" entre autres, et ce même y compris jusqu'à la basse élastique et dégingandée de
"Canary") et les boîtes à rythme des groupes funk à la Cameo. Pour le reste, c'est un vrai travail d'arrangeur
accompli qui, alors qu'on le devine l'oeil rivé sur l'écran de son ordinateur et son module multi piste, ne baisse
jamais la garde en focalisant toute son attention sur le son et son rendu général. Reste à se diversifier quelque
peu. Mais pour l'heure, le pari est plutôt réussi.
Note : 4/6
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N.I. : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
On le sait, on l'a vu et on l'a lu (en tout cas, c'est bien pour ça que j'écris ces chroniques); il faut s'attendre à
tout avec Aka The Squid. Créature polymorphe aux prétentions artistiques qui veulent englober tous les genres
qui lui sont possibles d'approcher et de pervertir à sa façon, on le retrouve tantôt au sein du collectif The Thing
with Two Headz avec sa moitié, Dwell, pour une musique collage bien dans l'air du temps, son rap
d'outre-tombe sous l'alias Mad AB Normal, quand ce n'est pas pour des projets encore plus sombres et
obscurs sous le patronyme de Dr.Strangefunk. Avec N.I. (pour "Stands for Not Intelligent"), c'est une nouvelle
facette du bonhomme qui nous est donné d'écouter, le seul en tout cas qui peut sérieusement rivaliser avec
Kool Keith et MF Doom pour briguer le poste de brouilleur de piste presqu'impossible à suivre. Ce EP de cinq
titres s'attaque, plus ouvertement que tous ses autres projets, à la musique électro, entre dance, trip hop,
drum'n'bass et electronica. Même si les titres sont dans l'ensemble plus groovy et dansant (c'est surtout vrai
pour les deux premiers titres, le "Robot's Side"), la patte maladivement malsaine d'Aka The Squid se retrouve
dans des samples vaseux à vous en donner la nausée, de parasites sonores savamment placés, de beats pas
forcément crasses mais souvent décalés, ou encore des extraits complètement kitsch. Tout cela ne veut rien
dire, certes, et en plus ne mène à rien. Mais il dépeint malgré tout un univers glauque, gauche et inquiétant
dans une humeur bon enfant qui a de quoi laisser circonspect. Ce n'est peut-être pas son projet le plus
fascinant, ni celui qui déchaînera le plus les passions, mais il vaut la peine qu'on s'y attarde pour un tour de
manège d'un peu plus de vingt minutes dans un recoin de cette faille spatio-temporelle qui ressemble à s'y
méprendre à un épisode de la Quatrième Dimension.
Note : 3/6
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THE THING WITH TWO HEADZ : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Après un très réussi et prometteur "Demo #1 : sample collecting v1.09" paru en 2001, The Thing with Two
Headz se lance dans un véritable premier projet, en tous points très ambitieux. Là où autrefois Dwell et Aka The
Squid alliaient leurs forces dans l'enchaînement de titres appartenant tantôt à l'un, tantôt à l'autre, ce premier
album met les choses au clair en attribuant à chacun des deux artistes leur propre disque, faisant de l'album un
double cd qui, sur la longueur, pourrait pousser les âmes les plus sensibles à déclamer avec nervosité un
supplique pour une lobotomisation instantanée. Comme de coutume, de nos deux têtes pensantes, celle qui
semble avoir les neurones irrémédiablement endommagés, c'est Aka The Squid. Tout chez lui est rampant,
dérangeant, bizarre et terriblement décalé. Les quinze titres enchaînés du premier disque dont il est l'auteur
sont à l'image de cette pointe de sarcasme qui révèle le rictus qui a très probablement illuminé son faciès de
dément pendant toute la durée de l'enregistrement de ce nouveau montage improbable. Quant à Dwell, lui aussi
reste fidèle à sa manière de faire, apportant l'élement coloré et un tant soit peu funky qui rééquilibre l'idendité
fragile de notre entité bicéphale. Malheureusement, sa banque d'échantillonage ne semble toujours pas avoir
été étoffé et cela nuit considérablement au plaisir que l'on peut tirer de sa musique. Si les moyens utilisés sont
les mêmes et les résultats respectifs familiers, ce sont dans les nuances entre les deux artistes que se situe
l'intérêt du projet. En ce sens, on regrettera peut-être l'alternance des titres qui avaient fait le succès de "Demo
#1" et qui rendait ce coup d'essai si séduisant. Pour ceux qui ont écouté leur démo, l'effet de surprise n'est
donc plus vraiment là. Et depuis, on ne peut pas non plus parler de développement ou de progression
significative. Ainsi, si ce premier album se révèle très correct, il est aussi relativement épuisant sur la longueur.
A petites doses, c'est un grand coup. On attend la suite.
Note : 3/6
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The Days Of The Trumpet Call : Purification
Chronique réalisée par Marco
T.D.O.T.T.C. est le projet de Raymond P. de Von Thronstahl. Alors bien sûr, on reste dans le même univers,
musique ambient et orchestrale. Mais le propos et le ton se veulent différents : un mysticisme apocalyptique
(ou millénariste au choix), et par conséquent une musique plus fine, plus lyrique et dramatique (en attestent les
samples du Requiem de Verdi). Le piano/orgue égrène ses notes comme autant de sermons annonçant la fin
prochaine et l’heure de la pesée des âmes (‘Verlorenes ich’, ‘Ferne’, ‘Prayer’), les cordes rappellent à l’homme
qu’il doit se tenir prêt à faire face à son Créateur et les percus martèlent le cœur des âmes damnées d’un sceau
de honte (le génial ‘Awakening’, ‘Mourning song’)…mais la libération n’est plus très loin (‘A dream’, ‘Agnus
Dei’). Entre l’univers romantique d’un Stoa ou celui, plus symboliste, de The Protagonist, les envolées à la In
The Nursery (en beaucoup moins martial toutefois) et les réminiscences de Von Thronstahl, ce premier opus
d’excellente facture (j’avoue être fan de ce disque) se pare de plus d’un design magnifique : tableaux de Turner,
Memling (‘L’Enfer’), Bosch (la pochette est un détail du ‘Paradis’), livret en papier ‘glacé’…Inutile de préciser
que son acquisition est plus que recommandée !
Note : 5/6
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VON THRONSTAHL : E pluribus unum
Chronique réalisée par Marco
Comme très souvent dans ce style musical, les participations à diverses compilations et samplers de
magazines sont légion. Et comment fait-on pour tout se procurer quand on a un budget réduit ? Alors il reste la
solution de la compil’ qui regroupe tout ça…Ah oui, c’est bien ça : quelle idée d’aller acheter des 7’’ et autres
tirés à 23,5 exemplaires sur un label austro-hongrois dont on a jamais entendu parler ? Du calme, du calme (là
je me parle en fait), ‘E pluribus unum’ (littéralement ‘a plusieurs nous sommes un’) a le juste mérite de
rassembler inédits, raretés (notamment ‘Mitternachtsberg’, 1er morceau de V.T. en 96) et remixes. La qualité est
par conséquente inégale, mais pour ceux qui apprécient le néo-classique martial, tantôt grandiloquent, tantôt
brute ‘in your face’ (‘This is Europe…’), ce cd fera un bon complément à son prédécesseur, ‘Imperium
Internum’. Un petite surprise attend l’auditeur dès le premier morceau, ‘Bells’, qui reprend le thème de ‘Hell’s
bells’ d’AC/DC et apporte ainsi la touche ‘rock’ qui caractérise certaines aventures musicales de Von
Thronstahl. On regrettera en revanche le plan ‘morceaux dans des versions différentes’ (‘Turn the centuries’,
‘Under the mask…’, ‘Das neue reich’), la différence étant loin d‘être flagrante…Cette remarque mise à part, ‘E
pluribus unum’ reste un disque honnête et intéressant pour les amateurs.
Note : 3/6
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NECROPHORUS : Gathering composed thoughts
Chronique réalisée par Marco
L’alter ego de Raison D’Etre est peut-être, de tous les projets de P.Andersson, celui qui a exploré le plus de
registres avec Atomine Elektrine. Cette compilation de raretés est d’autant bienvenue que la plupart (pour ne
pas dire tous) des samplers et autres formats insolites sur lesquels ont été publiés ces titres sont épuisés (et
nous aussi à force de les chercher…). Assez proche dans le son du Raison D’Etre des débuts, Necrophorus
explore des contrées où la mélancolie et le chagrin dominent tels des jumeaux inconsolables (‘Threshold over
times’, le très triste ‘Water from arcane delight’, ‘In mourning’). Là où R.E. se veut détaché des éléments
extérieurs à l’individu dans une recherche d’introspection absolue, Necrophorus est beaucoup plus ‘ouvert’,
moins neutre. Les nappes se font tour à tour glauques (les inquiétants ‘Yoga’ et ‘Spiritcatcher’), fluides
(‘Sophysis’, titre du 1er album ‘Underneath the spirit of tranquillity’, dans une version nouvelle), tandis que
quelques percussions palpitent ça et là (‘In mourning’, ‘A second…’). Parfois il semble qu’un espoir se profile
(‘Sadnight’, malgré le titre, le reposant ‘The dormant being’), mais tellement vain…Du grand Peter Andersson
encore une fois : varié et surprenant, Necrophorus mérite votre attention et vous fera patienter avant la sortie
du nouveau Raison D’Etre, ‘Requiem for abandoned souls’, prévue pour novembre.
Note : 5/6
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ATOMINE ELEKTRINE : Elemental severance
Chronique réalisée par Marco
Toujours aussi prolifique, Peter Andersson n’a de cesse de mettre sur pied moults projets pour assouvir sa soif
de compositions. Atomine Elektrine (nom d’une centrale nucléaire en Ukraine ou par là-bas en tous cas) est
certainement le plus surprenant de tous ses projets. Homogène tout en étant très varié dans son ensemble,
‘Elemental severance’ navigue sans difficulté dans le courant electro-ambient (l’excellent ‘Reliance’,
‘Oswiecim’, ‘Atom’), parfois dansant (les ‘enigmesques’ ‘Severance’ et ‘Kalfatra’), néo-classique (‘Film’,
Interlude II’, ‘Fragments of the past’). Ainsi, avec une base beaucoup plus électronique, Andersson rend
hommage aux pionniers du genre comme Klaus Schulze, Tangerine Dream etc, dans un registre
‘space-ambient’ (‘Interlude I’, ‘Entrance mirage’, ‘Hyperion’) sans pour autant oublier l’époque dans laquelle il
évolue. L’album suivant, ‘Archimetrical universe’ confirmera cette tendance avec encore plus de réussite. Si le
registre surprendra les amateurs de Raison D’Etre, ceux-ci découvriront sans nul doute la richesse de l’œuvre
du suédois, qui ne semble pas avoir de limites…
Note : 5/6
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ATOMINE ELEKTRINE : Archimetrical universe
Chronique réalisée par Marco
Comme je l’ai dit dans la chronique de ‘Elemental severance’, le premier album, Peter Andersson nous plonge
dans les méandres cosmiques du space-ambient, en hommage aux maîtres du genre (Tangerine Dream, Klaus
Schulze ou encore Pink Floyd). Bien évidemment, la technologie ayant évoluée, le son se veut plus
multidimensionnel et surtout permet à l’univers d’Atomine Elektrine de faire fi des limites du temps et de
l’espace. Sorte de croisement entre Biosphere, Delerium (période ‘Spheres’) et les influences sus-citées, c’est
un véritable voyage vers une dimension inconnue, un trip qui vous fera passer par l’état de transe et la
résurgence de souvenirs lointains (c’est en tout cas mon sentiment perso à chaque fois que j’écoute cet
album). ‘Archimetrical universe’ s’écoute d’une traite, tant ses longues plages ambient ne semblent en former
qu’une seule : former un tout, avec l’univers infini, avec sa propre psyché, voilà un objectif que rarement un
album aura atteint avec autant de subtilité et de sérénité. Les quelques rythmes/percussions qui jalonnent le
parcours (‘Sagittarius cloud’, ‘Ishtar terra’, ‘Amphitrites patera’) accentuent l’état de transe comme pour
signifier un ‘décollage’ vers l’infiniment grand, et l’utilisation de ‘drones’ (ou bruits) révèle l’aspect
extra-terrestre de ce trip. Une pure merveille comme on dit…
Note : 6/6
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Marc-antoine Charpentier (1643-1704) (Marc-antoine) : Antiennes "O" de l'avent
Chronique réalisée par Sheer-khan
Une lueur est elle l’ombre… ? Parce que ce site est un site de musique sombre et que la présente, c’est vrai,
n’est que lueurs… les instruments que l’on trouve ici s’expriment tous avec lenteur et gravité, délicatesse,
discrétion. C’est une arpège de théorbe, un tapis d’ombres brunes marmonné par les basses, l’orgue et la
viole… tout cela n’est que lueurs, comme une lumière lointaine et mourante qui passerait sous la porte. On voit
l’ombre tout autour. Cet accompagnement aux contrepoints sacrés des alto et ténors, sopranos et baryton, les
hautes-contre et la basse qui constituent le si précieux tissu de ces chants de l’Avent est à la fois léger et
sombre, apaisé et étrange ; Charpentier y déploie un sens des harmonies magnifique, notamment dans les
longues lignes lentes de la basse de viole qui creuse l’atmosphère sombre de ces pièces. Cette magie si
particulière diffusée par l’accompagnement et la science alchimique avec laquelle il se déploie fait des quatre
instrumentaux des moments privilégiés de profondeur et de recueillement absolument remarquables. Les
chants plus lumineux qui s’installent sur les violes sonnent eux aussi, et plus encore, comme des lueurs qui
passent, des instants de lumière. Comme leur nom l’indique ces antiennes sont des «O», et ainsi
commencent-elles en s’ouvrant : ôôôÔÔÔÔÔ…. tout cela est lueur, comme une lampe à huile dont on tourne la
tige et qui dévoile doucement l’or cuivré de sa flamme. Et là encore, on voit l’ombre tout autour. De fait, malgré
l’aspect baroque de ces chants qui n’échappent pas aux instants de rythmes plus soutenus et aux accords plus
optimistes, leur écoute éveille la sensation du noir, parce qu’elle en semble alors la seule lueur possible. Lentes
et posées, les lignes se répondent, s’écoutent, s’attendent, s’unissent en des accords pleureurs ou virevoltent
en solistes… tout cela n’est que lueurs, une succession de flammes qui s’allument et s’éteignent et croisent
leur durée de vie en un mouvement complexe de lumières devenues chant… et qui ne peuvent échapper aux
murs de l’ombre immense, et tout autour. Mélodies plaintives, harmonies affectées, ces antiennes ont leurs
sauts et leurs danses de gaieté mais elles viennent de la nuit, dans la peine et le silence. Cette musique n’est
pas triste, elle est peinte de calme et même de plénitude… mais sa subtilité et son doux équilibre, sa couleur
claire obscure, sa lenteur demi-teinte, amènent à qui le sait le goût du désespoir… lui qui rôde tout autour et
donne à ces antiennes leurs merveilleuses couleurs.
Note : 6/6
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John Zorn (John) : Spillane
Chronique réalisée par Nicko
Sur cet album datant de 1987, on retrouve 3 titres évoluant dans 3 styles complètement différents (le deuxième
morceau est d'ailleurs coupé en 2, je me demande bien pourquoi ?!?). Tout d'abord, la plage principale,
"Spillane", qui s'étend sur plus de 25 minutes est un morceau très jazzy écrit sous la forme d'un patchwork de
plusieurs parties durant de quelques secondes à 2-3 minutes maxi enchainées entre elles par des passages
audio issu de la série policière créée par Mickey Spillane (me tromperais-je ?) justement. Il n'est pas facile de
rentrer dans ce véritable film audio tant cela parait décousu, mais au bout d'une bonne dizaine d'écoutes, on
découvre tous ses secrets et on ne peut qu'apprécier cet enchainement de scènes sonores. Certaines parties
sont même d'ailleurs extraordinaires, comme ce solo de piano dantesque aux alentours de la quizième minute.
Certainement l'un des morceaux les plus riches et intéressants de Zorn que j'ai eu à écouter jusqu'à présent. Le
deuxième morceau est plus linéaire et se place dans un style très bluesy avec notamment le guitariste Albret
Collins. Ici, on a plutôt affaire à un bon boeuf avec pas mal d'arrêts, de parties lentes - limite ambient
guitaristique genre Neil Young ! - avec quelques passages bruitiste typique chez John Zorn ! Le tout est bien
inspiré et suffisament rythmé pour garder intact l'intérêt pendant la petite vingtaine de minutes que dure le
morceau. A noter que la deuxième partie du morceau est très calme, tout en tension planante ! Il doit tout de
même s'agir du titre le moins prenant du CD, parce qu'en guise de dernier morceau, "Forbidden fruit" est quant
à lui un titre de... classique ! Et là encore, c'est une grande réussite avec des parties totalement déjantées qui
s'enchainent à des passages de tensions extrême avec petits filets de chant féminin pas déplaisants ! Le
contraste est énorme et donne toute sa beauté à l'ensemble. On peut facilement rapprocher ce morceau des BO
de cartoon style Tex Avery ! Le chant en japonais apporte encore un peu plus d'originalité au tout. Au final, cet
album montre à la fois l'éclectisme et le talent impressionnants du New-Yorkais qui maitrise à la perfection des
styles aussi variés que le jazz, l'ambient, le blues et le classique. Du grand art !
Note : 5/6
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Derek Bailey / George Lewis / John Zorn : Yankees
Chronique réalisée par Nicko
Alors là, désolé, mais ça ne passe pas ! Mais alors pas du tout ! Sur cet album, sorti à l'origine en 1983, on a
droit à la rencontre de 3 maitres de l'improvisation, à savoir le vétéran Derek Bailey, George Lewis et John Zorn.
Et ici, ces 3 larons nous proposent 5 improvisations toutes plus biscornues les unes que les autres. Après plus
d'une dizaine d'écoutes, je n'arrive toujousr pas à voir le début d'un commencement de réel intérêt de ma part
pour cette chose ! Il n'y a pas de réelle tension (ou si peu...) ni d'évolution franche au sein des morceaux. C'est
extrêment lent et hâché avec des guitares vraiment très crispantes. Il y a quelques montées d'adrénaline, mais
rien de sidérant ni de prenant. Je vois plutôt cet album comme une sorte d'outil d'expérimentations sonores en
tout genre dont le résultat est un vrai capharnaüm sans queue ni tête (pléonasme ?) inintéressant. Dommage
car les techniques utilisées par les 3 musiciens auraient pu porter leurs fruits, mais non, à aucun moment la
sauce ne prend. Les trop rares montées en puissance sont gâchées et très mal exploitées. Pour moi, c'est un
échec total du début à la fin, dommage. Bref, cet album est vraiment destiné aux plus aventureux d'entre vous,
ceux qui n'ont pas peur des pires expérimentations sonores de l'ami Zorn ! Presque aussi taré que ses fresques
du "First recordings" de 1973, c'est dire...
Note : 1/6
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PÄRT (B.1935) (Arvo) : Tabula rasa - Cantus - Fratres
Chronique réalisée par Sheer-khan
Tabula rasa… cantus… fratres… Pärt… voici une des musiques les plus tristes qui soient. Une des plus pures,
une des plus sages, une des plus belles… une des plus simples et des plus émouvantes… voici de quoi passer
de l’autre côté, la route la plus lumineuse qui mène au désespoir… le grand portail sacré qui ouvre sur les
océans de larmes nés du mal d’être humain. Pour ma part minuscule, il ne m’est pas possible d’écouter ce
«Cantus» sans sombrer dans la souffrance, sans en vouloir à Dieu… sans haïr cette douleur qui s’enfonce sans
scrupule en plein dans ma poitrine jusqu’à la faire craqueler sous sa pression salée. J’aimerai ne pas avoir à
parler de musique… ne pas avoir à parler de violons, des cordes longues et terribles qui tapissent cette abîme
de leurs basses graves et lentes, qui déchirent tout espoir par ses aigus d’horreur, pourtant si délicats dans
leurs mélodies pures. Je vis difficilement la tension sourde et distante de Fratres comme je vis avec peine la
condition humaine, ses coups presqu’inaudibles de basses implacables, les larmes de ses aigus lorsqu’ils
daignent s’ouvrir… je vis dans la souffrance de n’être au fond personne, comme je traverse les limbes lourdes
de ce Fratres de glace, aux émotions terribles… distillées en silence, par expressions infimes, la textures des
cordes et l’indicible force des harmonies qui passent. Je pleure sur Tabula comme je ne supporte plus de me
sentir si seul, j’en subis les minutes comme on subit la vie. Tout cela est si calme pourtant, si simple et
lumineux… il y a des instants de musique merveilleuse ou les chants des violons dansent comme les oiseaux
volent… Pärt n’en peux plus alors il regarde le ciel, le ciel une nouvelle fois, pour tenir et pour vivre, pour se
saouler encore des splendeurs aériennes qui, je le crois moi aussi, sont le seul sens des choses. Mais Pärt n’en
peux plus alors il tombe à genoux… et le violon se cabre, déchirant et terrible, sur les accents charbon et
diffuseurs de mort des violoncelles puissants. Il semble durer des heures lorsqu’il parle tout seul… des larmes
et puis des larmes et puis des larmes encore qui se succèdent sans heurts, car quitté par l’espoir, on ne craint
plus la nuit… j’aimerai ne pas avoir à parler du violon mais des douleurs en moi qui pèsent sur cette musique…
j’aimerai ne pas avoir à écrire ces longues lignes sur cette musique si belle car je ne suis pas capable de parler
de ces choses, de ces souffrances en nous, de parler d’instruments, de style et de technique… j’aimerai ne pas
avoir à parler de musique, car je ne suis pas capable d’en faire la description, d’en évoquer la forme, le contenu
et le son: tout juste suis-je capable de l’entendre… et de ne pas mourir…
Note : 6/6
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IRON MAIDEN : Rock in Rio
Chronique réalisée par Nicko
Après une tournée triomphale et un album inespéré ("Brave new world") acclamé à la fois par la critique et la
public, le double-live était le passage obligé... Surtout que là, il ne s'agit pas du petit Club Londonien, non, non,
rien de tout cela ! Il s'agit de l'enregistrement de leur performance en tête d'affiche du plus gros festival metal
de la décennie ! Rien que ça ! Imaginez, Rio de Janeiro, le Brésil avec une affiche de folie et... 250 000
personnes !!!!!!! Argh ! putain de bordel de merde ! 250 000 personnes !! Jamais dans la demi-mesure ces
sud-américains. Ils sont allé chercher des figurants dans tout le pays ou quoi ??? Enfin bon, l'objet est là,
qu'est-ce qu'il donne ? Musicalement, et bien, c'est pas trop dur, c'est Iron Maiden au top de sa forme. La
set-list fait la part belle au dernier album, ça prouve bien que Maiden est tourné vers l'avenir et qu'il ne se la
joue pas pépère à dérouler les vieilleries. L'idéal serait bien sûr qu'ils jouent 4 heures, mais bon, même là,
y'aurait encore des grincheux j'suis sûr... Enfin bref, les nouveaux morceaux passent très bien je trouve, à la
fois puissants, épiques et entrainants. Ca passe très bien même quand ils sont placés entre un "Trooper" et un
"Fear of the dark" d'ailleurs... Le passage à trois guitares me laisse songeur par contre parce que cela n'apporte
pas grand chose je trouve. Je l'aime bien Janick Gers, là n'est pas du tout le problème, il a l'air absolument
sympathique, mais quand on a vu Maiden en sextette en live, on remarque qu'il passe quand même plus de
temps à danser qu'à réellement jouer sur scène... M'enfin bon, au final le résultat est quand même très bon. Ca
vaut pas le "Live after death", mais c'est au moins aussi bon si ce n'est meilleur que le "Real dead one"... Les
grands classiques sont toujours présents et foutent toujours autant la chair de poule ! Encore une bonne
occasion de se faire une pure soirée Maiden avec ce live... en attendant le DVD !!!!!!! Iron Maiden est vivant et
tourné vers l'avenir, qu'on se le dise ! Et c'est pas le dernier album, "Dance of death", qui va me contredire !!!
Note : 5/6
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SKEPTICISM : Farmakon
Chronique réalisée par Nicko
Skepticism est bel et bien de retour ! Après un très bon MCD 2 titres ("The process of Farmakon" - dont tous les
titres sont repris et ré-enregistrés ici), sortie l'année dernière, et toute une série de ré-éditions de leurs anciens
albums, voici le tout dernier opus des finlandais. Et bien, il m'en aura fallu du temps pour bien le cerner celui-là.
D'accord on reconnait tout de suite, dès les premières minutes, le style Skepticism, sa marque de fabrique, ce
rythme, ces enchainements, mais alors ce son... impressionnant de noirceur ! Je pense que personne jusqu'à
présent ne s'était aventuré aussi près de l'obscurité abyssale ! Il en faut du temps pour bien apprivoiser ce son
de batterie sorti tout droit des fin fonds des ténèbres, peu net, en retrait, vraiment éloigné, mais si noir ! Le
chant, quant à lui, est jouissif ! Il ressemble aux voies d'outre-tombe au timbre très grave, mais pas du tout
poussé. Un peu comme si un "nouvellement mort" pouvait parler et disserter sur ses impressions postmortem !
Aussi, plus que jamais l'adjectif "funéraire" qualifie à la perfection cet album. La lenteur des rythmes couplée
aux sonorités si sombres accentue encore plus l'horreur ambiante. Tout est parfait et limpide ici, certainement
la plus fidèle des manières de représenter la mort, douce et inévitable. A noter que le quatrième morceau (laissé
sans nom...) reprend le titre caché du précédent MCD, en le développant sur près d'un quart d'heure. Un quart
d'heure de folie horrifique... Les claviers renforcent si besoin était la tension palpable tout au long de l'album et
en particulier sur le fabuleux titre "Nowhere". Les finlandais prouvent ici qu'ils ne sont pas les inventeurs du
funeral doom par hasard. Cet album est tout simplement impressionnant, morbide à souhait !
Note : 6/6
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A Perfect Circle : Thirteenth step
Chronique réalisée par Progmonster
Bon, bein, le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne suis pas vraiment du même avis que notre ami Hern.
Certes, "Mer de Noms" avait mis du temps à réellement me convaincre et on pourrait me reprocher une fois de
plus de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Mais j'ai la désagréable impression que cette fois le
second effort de Billy Howerdel et ses joyeux drilles ne parviendra pas à me faire changer d'avis. A Perfect
CIrcle a pris du coffre, de l'assurance, au point d'enrôler James Iha (ex-Smashing Pumpkins) et même Twiggy
Ramirez (des clownesques Marylin Manson, mais est-ce vraiment un bien ?). Y gagnent ils vraiment au change
quand on sait qu'au passage ils ont perdu la violoniste Paz Lenchantin auquel le précédent opus devait
beaucoup ? Les choses ont surtout l'air d'être devenues beaucoup plus laborieuses. Sur les modestes
morceaux excédants rarement les cinq minutes que comportait "Mer de Noms", il y avait plus d'inventivité, de
recherche et d'originalité que sur l'intégralité de ce tout nouveau disque. J'en veux pour preuve des titres
comme "Crimes" ou "Lullaby", qui ne sont ni plus ni moins que des intro de morceaux possibles dont le groupe
n'a à priori pas su trop quoi en faire. Sans doute, leur rôle désigné sur "Thirteenth Step" est celui de pause ou
d'interlude. Moi, je veux bien, mais quand il n'y a pas déjà grand chose à se mettre sous la dent... Passées à la
trappe également les petites touches élèctro qui ont aidé le groupe à affirmer leur personnalité propre au-delà
des comparaisons évidentes qui surgiraient au sujet de Tool. Et on en arrive tout simplement à un constat
navrant : retirez leur la voix de James Maynard Keenan, et que reste-t-il à A Perfect Circle sinon rien, ou en tout
cas pas grand chose ? Les seuls moments vraiment crédibles sont "The Outsider" et "Pet" qui surviennent un
peu tard, un "Gravity" plus convainquant que ce que nous a offert les suédois d'Anekdoten cette année (pas
difficile) et, dans une moindre mesure, "The Package". Mais, là encore, gros problème ; la filiation avec Tool est
plus que flagrante alors que "Mer de Noms" avait réussi à ne jamais tomber dans ce piège. Bien sûr, on me
reprochera de vouloir toujours chercher la petite bête, de me plaindre d'un manque d'originalité chez un groupe
qui répète la même formule à l'envi, quand ce n'est pas pointer du doigt, au contraire, un manque de constance
chez un groupe qui, justement, tente, bon gré mal gré, de se diversifier. Et alors ? Oui, vous avez peut-être
raison... Mais c'est qui le chroniqueur ? Alors, quitte à s'envoyer un ersatz aseptisé de Tool aux contours bien
propres et au charisme raplapla, je préfère encore m'envoyer cent fois (de plus) un bon "Aenima" de derrière
les fagots. Décevant, ce disque n'a même pas les qualités requises pour m'aider à attendre le nouveau Tool...
En espérant qu'ils ne le foirent pas celui-là, comme faillit l'être d'ailleurs "Lateralus"...
Note : 3/6
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Les Tétines Noires : Fauvisme et pense-bête
Chronique réalisée par Twilight
Mesdames et messieurs, venez voir le Cirque Humain, monstres de foires, enfants-groins, fauves et artistes
délurés y sont rois. ‘Fauvisme et pense-bête’ est un fabuleux bazar délirant et macabre, un cabaret batcave
truffé d’humour noir, quelque part entre le théâtre absurde de Jarry, les écrits de Artaud et Lautréamont et la
musique de Virgin Prunes ;univers faussement enfantin où la cruauté côtoie le rire, où la comédie dissimule la
tragédie. Jouant du langage comme avec une poupée désarticulée, nos trois lascars ont ce don, à partir de
mélodies simples presque ridicules, de nous construire des morceaux diablement efficaces qui sous une
apparente désinvolture n’en demeurent pas moins fort émotionnellement. Dans cette parade débridée, on
croise un chienchien à sa mémère qui avait ‘mal à sa papatte’ qui finit par dévorer sa maîtresse sur fond de
petite mélodie innocente aux claviers (‘O’dogo’), des humains qui hennissent sur fond de musique gothique
inquiétante où les vocaux semblent hantés par le spectre de Artaud (’Crazy horses’), une valse triste pour
pantins sans mécanique (’Streap tac’), une complainte d’enfant-groin ponctués de sons bizarres (‘Petites
brouettes sans allumettes’), un batcave très Virgin Prunes avec d’étranges rires d’enfants (‘Les Captains’), sans
oublier la foire gothique de ‘Freaks’ ou les fauves qui rugissent sur fond de musique symphonique (’Musiques
en forme de cage’). Le chant tantôt en français, tantôt en anglais navigue en pleine schizophrénie, tantôt adulte,
tantôt adolescent brouillant les pistes de cet univers de ouf entre guitares lourdes, orgues de barbarie,
claviers…rien de moins que le chef-d’œuvre d’adolescence d’un des groupes les plus originaux que la France
ait engendré.
Note : 6/6
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Les Tétines Noires : Brouettes
Chronique réalisée par Twilight
Un deuxième album est souvent celui de la maturité, de l’évolution, celui des Tétines noires est synonyme de
régression, de radicalisation. Loin de vouloir devenir adultes, ils se replient au contraire sur la folie sulfureuse
de l’enfance, une enfance cruelle et drôle, insouciante et vicieuse…L’univers des Tétines noires est plus que
jamais hanté par le théâtre de l’absurde, l’esprit de Artaud et Lautréamont. Toujours plus en avant dans la
démarche, ils épurent leur musique, cassent l’harmonie des morceaux, laissent le délire envahir toujours plus
leur création. Jouant avec la langue française, ils en explorent les contours, les sons, pour les déformer, les
briser, les reconstruire…Ainsi dans ‘N& M (histoire de Lady Na)’, valse grinçante, les ‘Roseaux cervicaux’, sorte
de ballade poético-psychopathe au piano ou bien entendu ‘Brouette nentale’. Si certains morceaux suivent des
schémas ‘classiques’ comme ‘Hill house’ ou ‘Imminent imoral’ très branchés post punk goth, d’autres
brouillent franchement les pistes comme ‘Epidemik pakotill’ rythmé par une voix féminine lancinante tandis
qu’une sorte de Speedy Gonzales délire en arrière-fond ou ‘Bras sans jambe et glisse versa’ dont près de 15
minutes ne sont rien d’autres qu’un sample de brouhaha de foule qui tourne en boucle. Mon sentiment sur tout
ça ? C’est génial, purement génial, fou drôle, glauque, sarcastique, débile, grandiose, bien arrangé. Un groupe
culte, alors, ‘Brouette or not brouette’ ?
Note : 6/6
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Jay-Jay Johanson (Jay-jay) : Poison
Chronique réalisée par Twilight
Ma découverte de Jay Jay Johanson n’a rien de romantique, je la dois à une pub (je ne sais plus très bien
pourquoi d’ailleurs) ; je n’oublierai jamais la mélancolie glacée et feutrée qui m’a pris la gorge en écoutant cette
bande-son…Ce morceau s’intitule ‘Believe in us’ et ouvre l’album ‘Poison’. Si le design de la pochette évoque
Alfred Hitchcock et Portishead, n’en soyez pas surpris car c’est un bon résumé de la musique elle-même : un
trip-hop nocturne d’une tristesse à vous fendre l’âme. Arrangements bluesy lancinants, pianos feutrés, claviers
glaciaux, scratchs discrêts, les compositions ont ce charme glauque des fins de soirée d’après rupture où le
chagrin se noie sans succès au fond d’un whiskey. Ce n’est pas tout, la voix de Jay Jay reste la pièce maîtresse
de cette mélancolie terrifiante. Quelque part entre l’androgynie et la fragilité, elle semble porter en son timbre
tant de malheur et de résignation…on adore ou on déteste. Si le disque compte bien quelques maladresses
comme le moyen ‘Keep it secret’ et sa guitare électrique un peu malvenue, il inclut surtout de véritables perles
aux orchestrations riches et travaillées comme les superbes ‘Believe in us’, ‘Colder’, le très Portisheadien
‘Poison’ ou ‘Humiliation’. Tout en ces chansons évoque la douleur de la rupture, l’incompréhension face à
l’abandon, à éviter en cas de problèmes sentimentaux donc.
Note : 5/6
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KILLING JOKE : Night time
Chronique réalisée par Twilight
Killing Joke est un groupe qui a marqué bien des styles. Mêlant ésotérisme, révolte contre le système,
philosophie, colère, ils ont glissé d’un punk goth sombre à un métal indus percutant en passant par une
période plus gothique dont ‘Night time’ est probablement l’exemple le plus marquant. Canalisant sa rage, le
groupe semble avoir voulu travailler davantage les atmosphères, développer le côté crépusculaire de sa
musique en insistant davantage sur la mélodie. Dans la tradition de formations de l’époque comme U2 ou Big
Country, Killing Joke manie la guitare flamboyante mais avec un son et une énergie beaucoup plus noirs. Jaz
Coleman a travaillé sa voix, laissé de côté la colère pour ne garder que mélancolie et désespoir. Une discrète
touche de clavier désenchantée complète l’ambiance triste et nocturne du disque. Résultat, le groupe a pondu
là quelques uns de ses plus grands hits dont le superbissime et intemporel ‘Love like blood’ qui aujourd’hui
encore fait le bonheur des dancefloors. Mentionnons également ‘Darkness before dawn’ qui œuvre dans le
même genre d’atmosphère, ‘Tabazan’, ‘Night time’. Seul bémol, alors que les compositions s’enchaînent sans la
moindre faiblesse jusqu’ à la piste 5, les trois dernières pièces semblent témoigner d’un certain essoufflement
et si ‘Multitudes’ tient encore la route en pompant la rythmique de ‘Love like blood’, on zappera en revanche
sans le moindre regret sur le moyen ‘Europe’ et surtout ‘Eighties’. Il n’empêche que ‘Night time’ reste une pièce
maîtresse de la discographie du groupe et reste son meilleur témoignage musical de la seconde partie des
années 80. 4,5/6
Note : 4/6
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CURRENT 93 : The starres are marching sadly home (theinmostlight thirdandfinal)
Chronique réalisée par Twilight
Ce mini album clôt la trilogie ‘The inmost light’ entamée avec ‘Where the long shadows fall’ et ‘All the pretty
little horses’. En fait d’album, il s’agit d’un seul morceau de près de 20 minutes qui porte son titre à merveille
tant ses atmosphères sont glauques et nocturnes. Dans un registre très ambient sur fond de grondements, de
grincements et de bruits ressemblant à des mugissements d’âmes torturées, David Tibet nous récite l’un de ses
textes prophétiques dont il a le secret et dans sa voix, c’est une mélancolie terrible que l’on ressent, terrible car
calme et résignée. L’album s’achève par la comptine ‘All the pretty little horses’ que l’on retrouvait sur l’album
éponyme, racontée cette fois par une femme. Voilà le genre de disque qui, une fois terminé, nous laisse avec
une grosse boule dans la gorge et une terrible envie de pleurer sans pour autant y parvenir ; je n’ai rien à
ajouter.
Note : 4/6
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NICO : The end
Chronique réalisée par Twilight
‘The end’ ? Se pourrait-il que…oui, oui, vous avez raison, c’est en liaison avec la chanson des Doors dont la
sombre diva nous livre ici une belle reprise (pas gaie du tout). Pour beaucoup, ce disque est l’un des meilleurs
de Nico et même si pour ma part, je préfère ‘Desert shore’, je reconnais volontiers qu’il lui dispute la palme. A
nouveau produit par John Cale et accompagné d’invités prestigieux (Brian Eno, Phil Manzanera), il poursuit
dans des atmosphères très ambient , tout en nappes froides, mais avec une touche plus expérimentale au
niveau des sonorités. S’il semble moins suicidaire que son prédécesseur, il n’en demeure pas moins hanté
d’une terrible noirceur. Difficile de résister au charme vénéneux de ‘You forgot to answer’ avec piano et en
arrière-fond des bruissements qui semblent émis par des spectres. Que dire également de ‘Innocent and vain’
qui débute par des hurlements de singes passés au effets avant que ne suivent les fameuses plages
d’harmonium qui ont fait la réputation de Nico ? Je ne parle même pas des climats quasi religieux de ‘Valley of
the kings’ ou de ‘We’ve got the gold’ très proche de certains travaux de Chrisitan death. Quant à la voix, c’est
bien elle la pièce maîtresse de ces architectures synthétiques glacées ; spectrale, désespérée, comme surgie
du néant, elle s’élève comme une vague à la fois puissante et fragile. Elle prend à la gorge, perce le cœur et
vous tient sous son charme noir tout au long de l’album. Nico, artiste gothique ? Difficile de dire le contraire
après une telle écoute même si à l’époque, ce mot ne signifiait pas encore grand chose musicalement.
Note : 5/6
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Arcana (SUE) : Dark age of reason
Chronique réalisée par Marco
Bien qu’ayant émergé dans les années 90 comme un courant spécifique de la darkwave (c’est-à-dire tout ce qui
se rapporte à la musique gothique), le genre heavenly n’a accouché que de très peu de groupes véritablement
intéressants. La lignée de Dead Can Dance aura cependant permis de découvrir quelques projets originaux et
talentueux (Stoa, Black Tape For A Blue Girl, Chandeen, Lycia…). Parmis eux, Arcana fait figure de cas
particulier : une heavenly très dark (‘Angel of sorrow’, ‘The calm before the storm’, ‘The song of mourning’),
alliant l’ambient la plus sombre (‘Dark age of reason’, ‘Serenity’) à une sensibilité médiévale très prononcée
(‘The oath’, ‘…for my love’). Mélancolique, mystique, épique, la musique d’Arcana se veut le reflet d’une époque
ou la spiritualité assombrissait les principes de la raison même. Entre la grandiloquence des fastes du
Moyen-Age et l’austérité des processions funèbres, ‘Dark age of reason’ intronise d’emblée Arcana comme la
valeur la plus sûre d’un genre que l’on croyait moribond et qui continue à faire des émules dont l’intérêt reste
malheureusement très relatif…
Note : 5/6
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Arcana (SUE) : Cantar de procella
Chronique réalisée par Marco
Dès les premières notes de ‘Cantar de procella’ on sait qu’Arcana confirme son immense talent en matière
d’heavenly dark et ambient. La nouveauté réside dans un côté un petit peu plus martial (‘Chant of the
awakening’, ‘God of the winds’) qui vient ‘secouer’ par moment les longues plaintes de la voix grave de Peter
Pettersson et celle plus légère mais tout aussi triste d’Ida Bengtsson (‘The song of solitude’, ‘The tree within’).
Encore plus ‘médiéval’ que ‘Dark age of reason’, ce second album regorge de nappes ambient très sombres, de
chœurs illuminés et de pianos aux accents funestes. L’aspect mystique prend encore plus d’ampleur et l’album
se finit sur une note où l’espoir semble possible (‘The tree within’, au texte simple mais magnifié par la voix
d’Ida). Arcana symbolise parfaitement la mélancolie médiévale, à la fois proche du désespoir et désireuse d’une
rédemption complète de l’être. Un incontournable de la scène ‘dark’ et un monument tout court.
Note : 5/6
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Arcana (SUE) : The last embrace
Chronique réalisée par Marco
En 2000, après deux albums et deux minis, Arcana est un des rares groupes à tenir le haut du pavé des
épigones de Dead Can Dance. Si la recette reste toujours la même (ce que ses détracteurs considèrent comme
un défaut), ‘…The last embrace’ est cependant l’œuvre la plus aboutie des suédois. Encore plus martiale
(‘…The last embrace’, ‘The ascension of a new dawn’, ‘March of loss’), toujours autant médiévale et surtout
sombre (‘Hymn of absolute deceit’, ‘Sono la salva’, ‘Winds of the lost soul’), cette ‘dernière étreinte’ appelle les
âmes esseulées et les réunit pour une célébration où musique symphonique, chants sacrés et instruments
variés (guitares sèches, harpes, hautbois etc.) résonnent tel l’écho de la douleur d’être. Un album homogène,
cohérent et d’une beauté absolue qui instaure définitivement Arcana comme LE groupe ‘dark heavenly’. A
écouter religieusement, sans parasitage d’aucune sorte (ça c’est moins évident je sais), pour ne pas oublier
que la qualité est une donnée qui devrait toujours payer.
Note : 6/6
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DESIDERII MARGINIS : Dead beat
Chronique réalisée par Marco
Après un ‘Songs over ruins’ magnifique, malgré son apparente similitude avec son compatriote de Raison
D’Etre, Johan Levin prend ses distances et insuffle un second souffle à sa dark-ambient mâtinée d’industriel.
Quand je parle d’indus, il s’agit surtout de ‘drones’ ou de séquences dont la dureté (toute relative) tranche avec
les nappes épurées de l’ensemble des compositions (‘Mantrap’, ‘God’s shadow on Earth’, ‘And never the
twain’). Pour le reste, nous sommes en territoire connu : cloches, chants grégoriens (‘Angelus’), nappes tristes
appelant à la mélancolie (‘Souls lost’), aux souvenirs lointains, et l’impression de s’extraire du monde matériel
l’espace d’un instant. Même si la comparaison avec Raison D’Etre est justifiée, il ne s’agit en aucun cas d’un
clone, car les sonorités diffèrent suffisamment pour attribuer de plein droit une identité propre à Desiderii
Marginis. Autant dire pour conclure que, comme bon nombre des productions Cold Meat Industry, l’acquisition
de ce petit bijou est vitale !
Note : 5/6
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Raison D'Etre : Collective archives
Chronique réalisée par Marco
Vu le nombre de participations de Raison d'Etre à toutes sortes de samplers et le quasi-épuisement de la
plupart, il est certain que cette initiative Cold Meat qu'est 'Collective archives' représente le Graal pour tout fan
du projet de Peter Andersson qui se respecte. Regroupant donc tout un tas de raretés et autres inédits, cette
anthologie s'étend sur toute la carrière de Raison D'Etre jusqu'en 96. Le premier cd s'aventure dans le genre
auquel nous a habitué Andersson depuis son premier album : une dark-ambient sacré et introspective, où
temps et espace sont abolis. De nombreux inédits, versions alternatives qui raviront les fans hardcore. Mais les
autres peuvent aussi se pencher sur cet album de grande qualité comme une introduction à l'univers
d'Andersson, d'autant plus que la période couverte est assez large. Le second cd, s'il est bien sûr très
intéressant, s'adressera plus cependant aux inconditionnels : outre un inédit (une sorte d'intermède assez
court), on retrouve la quasi-intégralité du premier album dans une version remixée qui donne un second souffle
à ces compositions très éthérées, et surtout la première démo, 'Après nous le déluge', parue sur la subdivision
k7 de Cold Meat, Sound Source. Les versions de cette dernière ont bien évidemment été dépoussiérées et
présente le Raison D'Etre des débuts, plus industriel, aux sons plus bruts et parfois surprenants. Cette
compilation, vous l'aurez compris, est donc du plus haut intérêt historique dans la carrière du suédois et dans
celle de votre discothèque.
Note : 5/6
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SOPHIA : Herbstwerk
Chronique réalisée par Marco
Un travail d'automne nous dit le titre, et c'est bien l'impression qui s'en dégage. Un automne apocalyptique,
saison de fin du monde, précédant un hiver de désolation...Si 'Sigilum militum', premier avatar de l'oeuvre
sophiesque, se voulait volontairement plus brut et spécialement prévu pour le live, 'Herbstwerk' lui est plus
délicat, plus noir et désespéré. Débutant avec une adaptation d'une des pièces les plus sombres de la musique
sacrée ('Miserere'), l'envoûtement a un effet immédiat. Plongé dans une transe profonde, on se sent partir vers
un monde ou la pensée fait place à l'âme. Viennent ensuite les premières notes du morceau-titre, réadaptation
ingénieuse d'un thème du 'Te deum' d'Arvo Pärt, rapidement suivi d'une salve de percus bien martiales et de
samples de chants d'opéra et de cuivres. Le ton est donné, la chargé est lancé. Alternant moments épiques et
accalmies derrières lesquelles l'orage gronde, 'Herbstwerk' est un grand moment musical, entre nostalgie,
tristesse et sublimation de la douleur. Du grand art en somme, signé Cold Meat une fois de plus !
Note : 6/6
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SOPHIA : Aus der welt
Chronique réalisée par Marco
Nom d'un gognol ! Quelle claque ! Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après un début très satisfaisant avec
un 'Sigilum militum' méritant, Peter Pettersson nous assome littéralement avec cette merveille. Empruntant le
sillon tracé par son prédécesseur In Slaughter Natives, Pettersson joue avec percus, samples d'opéras
(choeurs et instrumentation), offrant par instant des moments de repos pour célébrer sa victoire ('Aus der welt')
sur l'humanité imbue de suffisance. Une tonalité donc très apocalyptique, crépusculaire, qui nous laisse seuls
dans les ruines et les vestiges d'une civilisation condamnée à disparaître. Un grand moment de musique
symphonique, indus, martiale d'une beauté parfaite. C'est dur de se relever après un coup pareil...
Note : 6/6
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Les Joyaux De La Princesse / Regard Extrême : Die Weisse Rose
Chronique réalisée par Twilight
Pour une fois, on ne pourra pas reprocher aux artistes une fascination douteuse pour le régime nazi. C’est en
effet une association d’étudiantes ayant combattu le régime totalitaire hitlérien qui sert ici de toile de fond à la
collaboration entre Les Joyaux de la Princesse et Regard Extrême. Menées par une certain Sophie Scholl (à qui
l’album est dédié) qui mourra décapitée par les Nazis, la plupart des jeunes filles de la ‘Weisse Rose’ payeront
leur combat de leur vie. Rien d’étonnant donc à ce que ce disque soit baigné de mélancolie. Les pièces sont
généralement assez courtes et alternent entre plages ambient d’inspiration néoclassiques et compositions au
piano. Quelques morceaux ont une approche plus martiale comme le superbe ‘Der Reissend Hinabschäumt’
avec ses roulements de tambours sur fond d’orgue funèbre, dont l’atmosphère est complétée sur ‘Abschied’,
ou le triste ‘Weisse Rose’ construit sur des boucles avec montées percussives progressives. On songe
volontiers à In the Nursery, parfois à certains travaux de Kirlian Camera et un titre comme ‘Tiefe Sehnsucht’
pourrait même évoquer Raison d’être, le piano en plus. Et surprise, ‘Sag mir Adieu’ inclut une voix, celle de
Alzbeth de Moon Lay Hidden Beneath A Cloud. Outre la qualité de ses compositions, ce qui fait la beauté de cet
album, c’est la pudeur et la retenue qui l’imprègnent. Pas de grandiloquence pompeuse ou d’exaltation de
mauvais goût, les orchestrations sobres respectent la gravité du sujet.; même les quelques passages de
percussions sont traités avec une grande délicatesse. Un album à découvrir, d’autant plus qu’il s’agit d’un des
rares travaux des Joyaux de la Princesse à n’être pas drastiquement limité au niveau exemplaires.
Note : 4/6
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David Bowie (David) : The singles collection
Chronique réalisée par Nicko
Trois ans après le "Changesbowie", voici que déboule cette deuxième compilation CD de Bowie. Et ici, elle est
double et propose une sélection des singles de l'anglais de la période 1969-1987. On se retrouve avec pas
moins de 37 titres, et comme il s'agit à l'origine de singles, on peut penser que le choix des titres est bon et
représentatif du succès de Bowie. Et effectivement, là-dessus, c'est même très bon ! Exit les vieux singles
pré-69 et place aux plus grands succès du Thin White Duke. Pour le néophyte qui voudrait découvrir l'artiste,
cette compilation est une bonne vue d'ensemble de la carrière assez exceptionnelle de Bowie jusqu'en 1987.
Pour le fan, l'intérêt est aussi présent avec pas moins de 7 titres plus ou moins inédits ou rares en CD (sortant
sous le nom Bowie en tout cas et sans compté les rééditions avec bonus tracks...) avec les fameux duos avec
Queen, "Under pressure", et Mick Jagger, "Dancing in the street", entre autres réjouissances donc je ne peux
pas passer sous silence le fabuleux "Absolute beginners" ! Cela reste une compilation, mais pour une fois, elle
vaut le coup et tout le monde devrait y trouver son compte.
Note : 4/6
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FRONT LINE ASSEMBLY : Caustic Grip
Chronique réalisée par Marco
Deux ans avant le chef-d’œuvre ‘Tactical neural implant’, FLA nous pondait déjà un petit bijou d’electro-indus
devenu depuis un classique du genre. D’hymnes guerriers sans concessions (‘Resist’, ‘Provision’, ‘Iceolate’) en
ambiances sombres mais efficaces (le sublime ‘Threshold’, au chant clair ; ‘Victim’), ‘Caustic grip’ mériterait
d’être remasterisé pour mieux goûter aux pulsations frénétiques de cette electro-cyber-goth (c’est pour donner
une idée, c’est tout…). Cette petite remarque sur le son mise à part, cet album est le premier de F.L.A. qui soit
homogène. Epoque oblige, une petite touche d’Electro-Body-Music à la Front 242 (‘Overkill’, ‘Mental distortion’,
Force fed’) fera suer les plus irréductibles d’entre vous. Certes la production est un peu brute, mais les
canadiens se sont rattrappés depuis, et il est un fait indéniable : à l’instar de leur compatriotes Skinny Puppy
ou Numb, FLA est devenu une référence en la matière sans laquelle nous n’aurions pas connu les Velvet Acid
Christ et autres electromaniaques.
Note : 5/6
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FRONT LINE ASSEMBLY : Millennium
Chronique réalisée par Marco
1994 : année de l’excellent ‘Millennium’ de Killing Joke, et bien sûr du terrible ‘Millennium’ des canadiens de
F.L.A. Compatriotes de Skinny Puppy, Leeb et Fulber ont su se démarquer de leurs collègues en proposant une
electro industrielle et guerrière, où rythmiques tribales et technoïdes soutiennent un chant distortu revendicatif
(écologie, dérives bio-technologiques, etc.), sur fond de basses et de nappes de claviers où la mélodie
s’insinue parfois pour des résultats étonnants. Véritable bombe electro-techno-crossover (metal+machines),
‘Millennium’ ne laisse que très peu de répit à l’auditeur (le planant ‘This faith’, le martial et atmosphérique
‘Surface patterns’), et l’efficacité redoutable du morceau-titre (avec ses samples de Full Metal Jacket) ou de
‘Vigilante’ (un ouragan en introduction) met d’emblée à mal jambes, têtes et cerveau pour ceux qui en auraient
encore conscience. L’apport systématique des guitares jouées ou samplées (Pantera sur ‘Millennium’, ‘Division
of mind’ ; Sepultura sur ‘Liquid separation’ ; Metallica sur ‘Surface patterns’) augmente la tension et transforme
FLA en véritable machine de guerre. Un monument du genre, avant la vague Rammstein et consorts, dont la
qualité a rarement été égalée depuis et qui se doit d’être autant présent dans la discothèque d’un fan d’electro
comme d’un métalleux…’Yes sir !’
Note : 6/6
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Collection D'Arnell-Andrea : Villers-aux-Vents
Chronique réalisée par Marco
Excellente initiative que cette réédition sur le label français Prikosnovénie, plutôt spécialiste du genre heavenly
et dénicheurs de talents exotiques (les japonais de Jack Or Jive ou les russes de Caprice pour ne citer qu’eux).
Grand classique du genre paru initialement en 1994, cet hommage aux horreurs de la Grande Guerre et à ses
victimes est d’une mélancolie à couper au couteau sur fond d’heavenly voices, et ce quels que soient les
chemins empruntés : cold-wave mémorable (‘Les Cendres-Lisières’, ‘Deaf or crazy’, ), cold ‘ethnique’ et
éthérée à la Cocteau Twins ou Dead Can Dance (‘Verdun’, ‘L’aulne et la mort’, ‘Le Chemin des Dames’), ou
encore Siouxie/Clan Of Xymox (‘Le ravin des Fontaines’, ‘Deafening breath’). Le violoncelle omniprésent
enveloppe la voix magnifique de Chloé St-Liphard, tandis que guitares et nappes de claviers dressent un mur
protecteur sur les tranchées face aux ennemis de la mémoire. En bonus, un remix des’Cendres’ par Objectile,
plus électro et anecdotique, ainsi qu’une plage multimédias où l’on peut admirer des photos promotionnelles et
deux vidéos live plutôt sympathiques. Un album rempli d’émotions, et qui n’a pas pris une ride…
Note : 5/6
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MUSLIMGAUZE : Fedayeen
Chronique réalisée par Twilight
Bryn Jones aura prouvé une chose tout au long de sa discographie plus que fournie, un concept aussi minimal
soit-il recèle néanmoins d’infinies possibilités. ‘Fedayeen’, publié à l’origine sous format MP3 uniquement, est
un album presque entièrement basé sur le rythme, très peu de samples, qui pourrait bien plaire aux amateurs
de techno indus. On y trouve en effet du breakbeat (‘Mustafas cassette market Marrakesh’), de la techno
arabisante (‘Fraca over and near’), du beat cassé à la Sonar (‘Murzuk’), de la fausse dub ('Abu Salim,
Tripoli')…et quelques curiosités comme l’un des titres les plus courts de Muslimgauze : 5 secondes (‘Gitavia’) !
Egalement une sorte de prière musulmane à peine perceptible (‘Old arab record, not on compact disc’) tirée
d’une mauvaise bande quelconque. ‘Fedayeen’ n’est pas le travail le plus accessible de Bryn Jones et son
minimalisme et la diversité des ambiances peuvent déstabiliser quelque peu, l’éditer en cd n’en demeurait pas
moins une brillante idée.
Note : 4/6
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SWAN DEATH : Arsenic
Chronique réalisée par Twilight
Rude tâche pour Swan Death que d’assurer la suite de l’excellent ‘Balck wolf’ mais ils s’en tirent plutôt bien. On
remarque d’emblée que dans leur ensemble les compositions ont été épurées, elles tournent souvent autour
d’une simple rythmique, avec selon les morceaux un peu de guitare, parfois sous forme de riffs musclés (’Black
fire’, ‘Icy princess’), ou de clavier (‘Revolution’). Le son s’est un peu durci également; si les influences cold
wave sont toujours présentes, le ton général est plus orienté gothique, voir death rock (‘Mourn’, ‘Everybody has
the right to live’). Le groupe expérimente également dans les effets de voix (‘The crow III’, ‘Icy princess’), ce qui
confirme la touche agressive. Si mélodiquement, l’ensemble tient la route, des moments forts sont à relever,
ainsi l’excellent ‘Egypt’ avec ses orientations orientales (le chant de Heidi y est parfait) ou le poignant ‘My two
sisters that I’ve never seen’. Hélas, un bémol de taille gâche un peu le tableau, le groupe a la sale habitude de
truffer ses titres de cassures qui, à mon avis, empêchent par trop l’auditeur de s’immerger pleinement dans le
morceau. On est à peine dans l’ambiance que, hop, on a l’impression de changer de direction brusquement,
pour revenir ensuite au point de départ. La chose est d’autant moins évidente que l’option des orchestrations
dépouillées donne parfois l’impression qu’il manque quelque chose. Dommage, ‘Arsenic’ n’en demeure pas
moins un bon album mais il laisse un peu sur sa faim.
Note : 4/6
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SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : The inexperienced spiral traveller
Chronique réalisée par Twilight
Tendez l’oreille, écoutez l’obscurité infinie, laissez-vous bercer par son souffle froid, elle vous contera la peine
d’une étrange créature perdue entre l’espace et le monde. On entre dans ‘Inexperienced spiral traveller’ comme
dans un tableau médiéval ; après une introduction instrumentale glaciale comme le vent d’un cimetière, c’est
une tarentelle moyen-âgeuse splendide et triste qui vous accueille. Oui, le Moyen-Age semble à nouveau
l’inspiration principale des orchestrations de cet album. Fifres, vielles, flûtes, violons, cloches et tambourins,
accompagnés de quelques clavecins Renaissance et de batterie sont les acteurs de structures qui ont tout
d’une musique de chambre funèbre. Anachronisme ? Mélange improbable ? Que nenni, juste un style très
personnel qui ne ressemble à rien d’autre. Un style étrange d’ailleurs, en apparence calme mais en réalité
empli d’une mélancolie qui se diffuse de manière quasi imperceptible, contaminant l’âme d’un doux poison noir
à la fois douloureux et apaisant. Reprenant les ingrédients de ‘Todeswünsch’, Anna-Varney en a gommé les
imperfections pour n’en garder que le meilleur. Vocalement également, il (elle) module son chant de manière
plus poignante en évitant les surcharges d’aigus qui gâchaient parfois certaines pièces du précédent opus.
Que l’on soit expérimenté ou non, le voyage se révèle d’une beauté à laquelle il est bien difficile de ne pas
succomber.
Note : 5/6
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MUSLIMGAUZE : Arabbox
Chronique réalisée par Twilight
Un disque commandé par hasard, et voilà qu’au cœur des bains turcs de Manchester, je découvre le meilleur
Muslimgauze qu’il m’ait été donné d’entendre à ce jour. Contrairement à ce que laisse entendre son titre, il me
semble principalement inspiré par l’Inde. Bien que suivant les structures minimalistes typiques de Bryn Jones,
il se montre riche et profond au niveau de ses sonorités : loops de synthés, samples de cithare, bribes de
conversations…rien de neuf sous le soleil de Muslimgauze, me direz-vous, mais tout cela est si parfaitement
arrangé…Les rythmes crées sont intéressants eux-aussi et l’ensemble plonge dans une transe hypnotique (ah,
ces boucles !) délicieuse, un brin mélancolique, mêlant adroitement ambiances ethniques et feeling electro. A
force d’avoir trituré son concept, Bryn Jones a fini par en extraire de l’or, du 24 carats.
Note : 6/6
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The Eternal Afflict : Atroci(me)try
Chronique réalisée par Twilight
Avant de devenir une usine à groupes pops déguisés en gothiques, l’Allemagne a connu, au début des 90’s,
son heure de gloire avec son lot de formations de qualité qui, à la suite de Das Ich, renouvelèrent l’image du
genre en assemblant atmosphères gothiques et claviers. Parmi eux, The Eternal Afflict dont ce ‘Atroci(me)try
constitue la première galette. Beaucoup de rage, d’énergie sombre et désespérée, le groupe semble bien porter
son nom. Contrairement à Das Ich qui travaillent beaucoup leurs climats, tissant des structures complexes et
fouillées, The Eternal Afflict privilégient une approche plus directe basée sur des mélodies immédiates, assez
efficaces il faut le reconnaître : rythmique électro martelante, claviers hantés, chant rageur. Les hits
s’enchaînent sans la moindre faiblesse, du superbe ‘Daughters of Guyon’ accompagné de chœurs féminins à la
Diamanda Galas du plus bel effet au puissant ‘Visions’, sans oublier une première version du titre qui deviendra
leur fer de lance, ‘San Diego’ (même si elle sonne un peu maladroite comparée à celle qui suivra). Ce qui fait sa
force constitue également le défaut dans la cuirasse et The Eternal Afflict le prouvent en s’enlisant dans leur
‘Hymn for oppressed children’, assez sympathique mais définitivement trop long et inégal selon les parties.
C’est d’autant plus dommage que les deux chansons suivantes peinent à remettre la machine sur les rails, le
groupe semble pomper les structures du début de l’album sans en retrouver l’efficacité. Heureusement,
l’intéressant ‘Oh you in heaven’, sorte de récitation sur fond de piano, lui permet de quitter cet album avec
panache. Un potentiel certain qui ne demande qu’à être perfectionné.
Note : 4/6
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The Eternal Afflict : (Luminographic) agony
Chronique réalisée par Twilight
The Eternal Afflict semblent bien décidés à se tailler une place de choix au sein de la nouvelle scène dark
allemande ; une année après leur prometteuse première galette, les voilà de retour avec un mini qui démarre
sur les chapeaux de roue avec l’électro sombre et rageur de ‘Agony, I like’. Mais la révélation vient surtout du
morceau suivant, une réadaptation de ‘San Diego’, celle qui fera danser les foules en noir, plus efficace, plus
travaillée au niveau des orchestrations (la touche de piano notamment) et du chant. C’est une reprise qui suit,
celle du ‘Paint it black’ des Stones, version dark wave. Elle s’avère plutôt réussie même si Cyan a tendance a
trop en faire au niveau du chant et frise parfois le ridicule. ‘Nirvana’ surprend par ses vocaux assurés par une
cantatrice, ce qui donne au morceau une touche cabaret baroque allemand assez intéressante. Malgré la
présence de la dame sur le titre suivant, je me trouve plus mitigé. Malgré une rythmique efficace, les claviers
clairs sonnent trop ‘jingle radio’ pour être crédibles, maladresse que même les quelques riffs de guitare ne
parviennent pas à gommer. The Eternal Afflict semblent décidément avoir de la peine à boucler leurs albums
sans s’essouffler. En tous cas, ‘Seventh culture/ The awakening’, s’il est efficace quant à la noirceur de son
ambiance pèche par manque de mélodie et un aspect un peu brouillon des orchestrations. Dommage mais on
leur pardonne pour cette fois.
Note : 3/6
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The Eternal Afflict : Trauma rouge (...now mind revolution)
Chronique réalisée par Twilight
Cette fois-ci, c’est la bonne, The Eternal Afflict nous livrent un troisième cd qui tient la route du début à la fin
(malgré quelques faiblesses, notamment la durée du calme et ennuyeux ‘Langsam faellt der Regen’). La recette
est la même, une musique électro gothique aux mélodies directes, plus soignées au niveau orchestration (on
note également la présence d'invités prestigieux), une énergie sombre intacte et une touche de chœurs
féminins parfaitement à propos (‘Trauma rouge’) et ça fonctionne sans problème… ‘We libanon you’, ‘Fire, walk
with me !’, ‘Conspiracy in silence’, ‘Suicide of mankind’, ‘Trauma rouge’…autant de hits à dérouiller un mort,
plus quelques pièces plus tranquilles, tantôt réussies (’Crash course in the garden of Christ’), tantôt ratées (le
sirupeux ‘Langsam faellt der Regen’) pour marquer quelques pauses au sein de cette obscure rage et équilibrer
le tout. Le sentiment de cohérence est renforcé par le fait que plusieurs chansons se complètent les unes les
autres en un système de vases communicants bien geré. Bref, un bon album, peut-être la plus grande réussite
de Eternal Afflict.
Note : 5/6
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RSLD : L'aube de la révolte
Chronique réalisée par Twilight
Observateur ironique et désabusé des rapports de l’homme vis-à-vis de la violence, du pouvoir, et de sa
fascination morbide pour la guerre, RSLD revient avec un troisième opus qui oscille entre fatalité (‘Les Ruines’,
‘Exode’) et espoir (‘La Révolte’). Les sentiments contradictoires, voir ambigus qui naviguent entre ces deux
pôles sont explorés sans complaisance au travers d’un savant cocktail de musique industrielle et
symphonico-martiale : roulements de tambours, samples de discours, montées d’orgue, plages mélancoliques,
bruits de combats et voix déformées constituent la trame de cette cruelle peinture d’époque douloureuses de
l’histoire européenne. JF semble définitivement très à l’aise dans son style, sait doser les effets, éviter les
lourdeurs et les longueurs inutiles. Les arrangements sont soignés, les ambiances variées et fortes, on songe
volontiers à Puissance, Nocturne, les Joyaux de la Princesse, parfois même à Dive (‘Thunderclap’, ‘Battle
march’), voir Wumpscut (‘Bunker mytik’), le tout assaisonné d’une larme d’ambient (‘Tears of June’). On peut
noter également la présence de chant féminin (passablement déformé d’ailleurs) sur ‘Ashes to evil’. Bref, une
chose est sûre, RSLD s’affirme de plus en plus comme un projet incontournable de la scène indus martiale
helvétique.
Note : 5/6
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UNTOTEN : The look of blasphemie
Chronique réalisée par Twilight
Tout de même, que de chemin parcouru par Untoten depuis le death rock punk métal goth des débuts…Se riant
une fois de plus des étiquettes et mariant les éléments les plus improbables, ‘The Look of blasphemie’, comme
ses prédécesseurs, aime à varier les atmosphères. Aperçu du catalogue : rythme rapide et influences
punkoïdes pour ‘Summerlove’, chant Lolita sur ‘My lover is a ghost’, construction rock’n’roll et voix masculine
sur ‘Why do bats fall in love ?’ (qui rappelle ‘Grimly fiendish’ des Damned), atmosphères faussement cabaret
pour ‘Catnip’, ballade au clavecin/piano sur ‘Stay’, et pour le reste, une dark wave efficace avec des moments
forts sur ‘Die out by the sea’ et ‘Look of blasphemie’. Si l’ensemble est moins sombre et sulfureux que de
coutume, Untoten a une fois de plus refusé les barrières et réussi l’improbable mélange des genres, même s’il y
a perdu une parcelle de son âme (le trop sirupeux’ Stay’ ou l’instrumental new wave ‘Spread your wings’ étant
une franche perte de temps). Oui, que de chemin parcouru…
Note : 4/6
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INVADING CHAPEL : Notre Blâme de Paris
Chronique réalisée par Twilight
Bon, le concept de base semblait plutôt séduisant, une ballade vampirique dans le Paris nocturne, quoi de plus
romantique et décadent ? Invading chapel nous y convie au travers d’un rock gothique sobre et dépouillé, sans
effet facile, support de l’élément fort du groupe, la voix. Loïc en effet sait chanter et moduler son timbre profond
de manière crédible en évitant (même si parfois de justesse) de sombrer dans un pompeux ridicule. Cela
permet notamment à Invading chapel de s’attaquer au classique de U2, ‘With or without you’, avec un certain
succès. Cela permet également de compenser le maillon faible de la démarche, les textes (en français, le plus
souvent) qui n’évitent pas toujours facilité et lourdeurs ridicules (les références maladroites à Notre Dame de
Paris…Vampiralda, Notre blâme de Paris…hein ? Tout de même…) et décrédibilisent un peu, à mon sens, la
qualité de la musique. Il n’en demeure pas moins que l'ensemble ne sonne pas si mal. Le son est bon, de même
que le mixage, les arrangements sont équilibrés, et mélodiquement, c’est solide (même si le ton s’essouffle sur
les derniers morceaux, moins inspirés visiblement, des titres comme 'Halloween dance' ont un réel potentiel).
Pour peu que l’on fasse abastraction des mauvais jeux de mot, ‘Notre blâme de Paris’ se révèle une séduisante
promenade. 3,5/6
Note : 3/6
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SOKO FRIEDHOF : Grabschönheiten
Chronique réalisée par Twilight
Peut-être faut-il voir ce premier essai du side-project de David A. Line (Untoten) comme une simple envie
d’expérimenter et de s’éclater sans se prendre la tête... Sympathique dans l’ensemble, ‘Grabschönheit’ semble
avant tout destiné aux dancefloors puisque son contenu, exclusivement instrumental (abstraction faite des
quantités industrielles de samples), pourrait être décrit comme une combinaison de dark electro et de pop
technoïde, passée à la sauce Halloween et corsée d’une pincée d’humour noir. Ce n’est sans doute pas très
profond mais c’est bien rythmé et parfait pour danser. Maintenant les cinéphiles peuvent toujours s’amuser à
essayer de retrouver les films d’où sont tirés les innombrables samples de ce disque.
Note : 3/6
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SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : Dead lovers' sarabande (face one)
Chronique réalisée par Twilight
Adieu ! D’une noire révérence, Anna Varney tourne le dos aux influences médiévales qui rythmaient ses deux
précédents opus pour travailler sur des orchestrations plus baroques. En son errance au cœur des ombres, il
nous propose un concept en deux tableaux, ‘La Sarabande des amants morts’. Etrange danse en vérité qui
démarre comme une marche funèbre (‘Across the bridge’) à coup de gosses caisses et de violons
mélancoliques. Marche suivie d’une sorte de berceuse triste, apaisante, à la guitare…un répit en cette quête
désespérée ? ‘Hades ‘Pluton’ est mon titre préféré, véritable farandole macabre et grandiloquente, entrecoupée
d’une plage d’orgue à vous nouer la gorge. S’il affecte des airs de fête de par sa batterie, il reste une exception
sur cet album, la plupart des morceaux suivant un rythme lent qui leur donne cette coloration funèbre et
poignante. La musique de Sopor Aeternus donne tout son sens au mot spleen, la tristesse semblant tellement
inéluctable qu’elle devient refuge, cocon apaisant, loin du tumulte du monde. Je signalerais encore une
superbe adaptation du ‘The Sleeper’ de Edgar Alan Poe pour laquelle Anna-Varney se dédouble, tour à tour
cantatrice et voix masculine et le quasi religieux ‘Inschrift /Epitaph’ qui suit la même technique. A noter encore
que cette ballade au cœur des ténèbres est richement illustrée par une impressionnante série de photos où
notre personnage mime le sens de ses chansons en une session de buthô particulièrement expressive. Sopor
Aeternus ou la beauté des ténèbres…
Note : 5/6
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SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : Dead lovers' sarabande (face two)
Chronique réalisée par Twilight
Oyez mesdames et messieurs, ici s’achève la ‘Sarabande des amants morts’. Là où la première partie semblait
encore exprimer la quête de quelque chose, le second volet est baigné de l’inéluctabilité de la mort et de
l’absence qu’elle implique. Cet amer constat débute par une étonnante reprise-hommage du ‘Abschied’ de Nico,
personnage avec lequel Anna Varney a probablement pas mal de points communs. Pour le reste, ‘musique de
chambre funèbre’ me semble le meilleur terme pour décrire à la fois la musique et l’ambiance de l’album. Des
morceaux lents, une grande place accordée au violoncelle et au violon, parfaitement épaulés par ce qu’il faut de
hautbois, au rythme d’une grosse caisse très processionnelle. Beaucoup moins de chant également comme si
l’acteur de cette tragédie se retirait de plus en plus, comme si certains sentiments ne pouvaient souffrir la
blessure des mots…Beaucoup de solennité, d’émotion (l’usage des cuivres donne presque des ambiances
d’hymne à certaines pièces), de tristesse et de profondeur dans cet album. Malgré ses qualités, il n’évite pas le
piège de la seconde partie, on le sent un peu moins inspiré (surtout vers la fin), davantage ‘tiré en avant’ et je
lui préfère son prédécesseur quant à la noirceur et l’intensité. A nouveau le livret offre de splendides photos de
la déclinaison des titres au cours d’une séance de buthô très expressive. La danse s’achève, les ombres
perdurent.
Note : 4/6
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ARCA : Angles
Chronique réalisée par Chris
Né en 2000, le projet Arca se présente sous la forme d'un duo regroupant le compositeur Sylvain Chauveau et
l'ingénieur du son Joan Cambon. Suite à leur premier album, "Cinématique" sorti en 2001, le groupe poursuit
l'aventure en 2003 avec "Angles". La musique d'Arca se rapproche sensiblement de celle de groupes comme A
Silver Mt Zion, le son des toulousains étant clairement affilié à la mouvance post rock. On retrouve donc ici tout
ce qui fait le succès de ce genre musical : longues plages instrumentales aux boucles lancinantes et
hypnotiques, guitares mélancoliques, violoncelles envoutants, samples, etc... Les samples sont d'ailleurs très
importants chez Arca, ils sont même l'ingrédient majeur de certains titres. A l'instar de groupes comme Hint,
Arca fait en effet une très forte utilisation de samples de voix humaines, récupérées dans des journaux
télévisés, des émissions de radios politiques, des extraits d'interviews, des films, et bâti l'architecture de ses
morceaux directement autour d'eux. Dès les premières notes du premier morceau on reconnait la "patte
Chauveau". Ce dernier apporte indéniablement subtilité, grâce et limpidité à la musique d'Arca. A l'écoute de
"Angles", l'auditeur n'a d'autre choix que de se laisser absorber lentement dans ces envolées guitaristiques
superbes, de subir les samples et les boucles obsédantes. Un véritable album d'auteurs dans lequel il est bon
de revenir se plonger à intervalles réguliers...
Note : 4/6
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METALLICA : St. Anger
Chronique réalisée par Nicko
Pour ma 600ème chronique sur Guts Of Darkness, il fallait quand même un album particulier. Me voilà donc à
écrire cette chronique du nouvel album de Metallica, "St. Anger". Je n'ai jamais vraiment été un grand fan du
quartet. J'aime beaucoup leurs premiers albums, mais je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit du plus grand groupe
de metal ou je ne sais quoi encore... Donc je n'ai pas vraiment attendu cet album comme n'importe quel
aficionados des Californiens. Pour moi, il ne s'agissait que "d'un nouvel album de plus"... Mais quand j'ai mis le
CD dans la chaine hi-fi la première fois, je me suis dit : "Mais qu'est-ce que c'est que cette merde ???". La
production est pourrie (a priori...), les titres n'en finisse jamais de ne pas partir (!) avec des intros très longues
et James chante touours aussi mal ! Bon, maintenant, après une cinquantaine d'écoutes, et bien presque toute
mon opinion a changé ! Par contre, le chant de James ne passe toujours pas !!! Mais pour le reste... Et bien
dites-moi, pour un changement de style, c'en est un ! Les titres sont plus aggressifs, mais en même temps,
cette aggressivité est très fortement atténuée par une production très rock-stoner US. Le son des guitares est
d'ailleurs très particulier qui rend en son clair un effet de gratouillage de cordes très vintage. A côté de ça, c'est
clair que les morceaux sont bien plus rapides avec des structures à rallonge qui rappelle le "...And justice for
all" (pour l'approche des structures seulement, parce que pour le reste, c'est TRES différent !). Aussi, on ne
peut pas ne pas parler de ce son de batterie unique. Je n'avais jamais entendu une caisse claire avec autant
d'écho ! Le Danois péroxydé aurait-il oublié de serrer ses peaux de toms ??? Ca fait vraiment bizarre, mais avec
l'habitude on s'y fait et cela donne encore plus de singularité à l'album. Les compos sont franchement bonnes
au final je trouve. Par moment, on ressent une intensité ("St. Anger" et "Shoot me again" principalement...) et
surtout une rage (en gros tout l'album !) rarement atteintes par le groupe. On sent bien qu'ils ont passé des
moments difficiles durant les quelques dernières années (surtout James...). De plus, le groupe n'a pas cherché
la facilité ici avec un album vraiment pas évident d'accès, encore une fois très différent du reste de leur
discographie, avec des morceaux franchements longs, sans aucune balade, mais avec un opus très homogène.
Les changements de rythmes et de parties sont aussi très nombreux ce qui peut paraitre au premier abort
assez déconcertant. Lars nous montre encore tout l'étalage de ses qualités techniques avec un style unique et
diversifié. Autre particularité de l'labum (encore !!!), le fait qu'il n'y ait pas de solos ! Alors qu'avant Kirk
n'enregistrait que les solos en studio, on peut bien se demander ce qu'il a fait ce coup-ci ! hé hé !!! Au final, les
four horsemen (complétés depuis par Robert Trujillo à la basse...) ont encore une fois sorti un album qui
défraye la chronique. Et ce coup-ci, j'aime beaucoup. Qu'ils continuent à n'en faire qu'à leur tête, c'est cela que
j'apprécie le plus chez eux ! A noter enfin, qu'en édition limitée, et au prix d'un simple album, un DVD bonus,
intitulé "St. Anger rehearsals", est vendu avec l'album et qui propose une répétition bien sympathique où le
groupe interprète tous les titres de l'album ! Très bonne initiative en tout cas !
Note : 5/6
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NEPHENZY CHAOS ORDER : Pure black disease
Chronique réalisée par Nicko
Nephenzy Chaos Order est un nouveau groupe suèdois évoluant dans du black typique de son pays d'origine.
Un nouveau clone de Dark Funeral alors ? Et bien non, pas tout à fait... Ca va vite bien entendu avec des riffs de
guitares quand même assez proche de la bande à Ahriman, mais ici, on peut ajouter au son de NCO une réelle
froideur mécanique très appréciable. En fait, je trouve que ce "Pure black disease" est le parfait exemple de
black metal traditionnel et moderne. La production est excellente et les compos passent très bien. On ne peut
pas cependant dire que l'album soit très original, mais il est efficace et s'écoute d'un bout à l'autre sans
lassitude (mais alors vraiment aucune !!!). Cet album devrait sans problème ravir les fans de black suèdois en
manque de nouveautés (faut dire que le nombre de clones de Setherial est impressionnant là-bas...). Ici, tout est
bien ficelé, mais il manque ce petit soupçon, cette inspiration, en plus qui fait d'un album, un incontournable.
La suite va très certainement leur sourire. Un très gros 4, à suivre...
Note : 4/6
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SOKO FRIEDHOF : Im Beichtstuhl der Begierde
Chronique réalisée par Twilight
Même si techniquement parlant, il s’agit bien de son second disque avec Soko Friedhof, tout laisse à penser
que pour David A.Line, les choses sérieuses commencent seulement, un peu comme si ‘Grabschönheit’ avait
surtout été une occasion de se défouler et de se chauffer avant le grand saut. L’optique de création et les buts
semblent en effet avoir changé ; il ne s’agit plus seulement de faire danser, nous avons aussi cette fois affaire à
de vraies chansons. C’est David qui se charge des vocaux mais sa compagne de Untoten, Greta Csatlos, s’en
vient également pousser la chansonnette sur ‘Perversion bizarre’. Musicalement, si les influences ‘horror’
technoïdes n’ont pas complètement disparu (‘Beichtstuhl der Begierde’, ‘Perversion bizarre’), les meilleurs
morceaux comme ‘My mother wears black’ ou ‘Thru the looking glass’ renouent avec une certaine tradition de
dark wave allemande du début des 90’s, quelque part entre Relatives Menschsein et Eternal Afflict. On se prend
d’ailleurs à regretter que Soko Friedhof n’ait pas davantage creusé cette piste au lieu de faire du remplissage
avec nombres d’instrumentaux insipides (‘Luzifer’s decline’, ‘Botschaft’). Au final, nous voilà donc avec un
groupe qui semble trouver son style sans s’y engager pleinement et qui gaspille quelques bons morceaux dans
un fatras de compos faciles noyées de samples et de loops, dommage.
Note : 3/6
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SOKO FRIEDHOF : Die Geschichte eines Werwolfs
Chronique réalisée par Twilight
Elle m’a surprise, cette ‘histoire d’un loup-garou’; thème con, pochette kitsch assumée (Soko Friedhof a
toujours adoré mêler horreur bon marché, bondage et second degré) et pourtant, je la trouve étrangement
mélancolique, presque profonde (musicalement, pas textuellement), bien moins délirante qu’on aurait pu le
supposer. Des titres calmes (à quelques exceptions près: ‘Bizarre dreams’, ‘Satan’s bed’), une voix masculine
plutôt en retrait au mixage, des lignes de claviers assez tristes, des ambiances brumeuses…Parallèlement, le
groupe se structure de plus en plus; même si on trouve encore quelques instrumentaux de remplissage, Soko
Friedhof propose davantage de chansons, donc de réelles mélodies et plus uniquement des collages de
samples. L’album dans son ensemble est assez linéaire et cohérent, pas vraiment de hit qui se détache du
reste. A partir de là, deux options: certains plongeront avec plaisir dans cette mélancolie brumeuse, les autres
trouveront ce disque mortellement ennuyeux.
Note : 4/6
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MILITIA CHRISTI : Ordo Militia Templi
Chronique réalisée par Twilight
Les Italiens sont fabuleux, eux-seuls peuvent avoir tellement de comptes à régler avec le catholicisme pour en
intégrer tant d’éléments dans leur musique, surtout lorsqu’il s’agit de le critiquer. Il faut dire que les dictats du
Vatican fournissent largement assez de matière. ‘Ordo Militia templi’ a tout de la parodie de messe , on hésite
entre le prêche d’un prédicateur allumé ou celui d’un exorciste. Mélange d’ésotérisme et de deathrock, l’album
est hanté de chœurs religieux, de nappes d’orgue, de fausses atmosphères de chapelle, le tout passé à la
moulinette gothique. La voix se fait tantôt chuchotante, possédée, désespérée, puis tout soudain hurlante,
démoniaque…on songe forcément à Madre del vizio, en plus glauque encore. Tout en cet album respire la
mortification, la rage, la noirceur et la moquerie. Ca n’a rien de bien nouveau mais j’avoue aimer ce genre
d’atmosphères qui auraient tout d’une B.O pour ‘Le Nom de la Rose’ façon deathrock. C'est la vraie Militia
Christi (association laïque de fidèles catholiques) qui doit être contente...
Note : 5/6
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HEAVENWOOD : Diva
Chronique réalisée par Twilight
Ecrire une chronique sur ce premier Heavenwood me semble d’une certaine manière corriger une petite
injustice vis-à-vis d’un groupe dont le tort principal a surtout été d’être originaire du même pays que Moonspell.
S’ils n’ont certes pas confirmé leur potentiel par la suite, je persiste à croire que l’ombre du grand frère n’a pas
aidé à leur pleine éclosion. Passons. Musicalement, c’est du bon gothic metal quelque part entre les premiers
Theatre of Tragedy (le chant féminin en moins/ cela dit ce n’est pas un hasard si Liv Kristin sera invitée sur le
second album) et…Moonspell (surpris ?). Les guitares sont puissantes sans accaparer tout l’espace, et le
travail des claviers confère une touche mélodique bien agréable. Niveau vocal, on alterne entre chant clair,
plutôt mélancolique (‘Frozen images’ ou le poignant ‘Lament’), et timbre plus ou moins guttural selon les titres.
Mélodiquement, ça tient la route, et la bonne production rend les atmosphères crédibles. Mes préférences
personnelles vont, outre ‘Frozen images’ et ‘Lament’ (sans conteste, les plus tristes) aux excellents ‘Moonlight
girl’ et ‘Flames of vanity’. Mais quel est donc le secret des groupes gothique métals portugais ? Le climat ?
Note : 5/6
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HELTIR : Neue Sachlichkeit
Chronique réalisée par Twilight
Gvzzzzmneugh…comment vous parler d’un tel album ? Heltir (anagramme de Hitler) est l’un des nombreux
projets de feu Rozz Williams, plutôt dans une veine expérimentale. Je croyais tout connaître de notre homme et
j’ai encore été surpris…expérimental, d’accord mais rien à voir avec l’indus ambient de Premature
Ejaculation…Visite guidée : cloches d’église, petite mélodie inquiétante, loops grinçantes, sons déformés pour
‘Neue Sachlichkeit’, saxo jazzy (!), rythmique blues chancelante avec bruit de gouttes d’eau pour
‘Gleischaltung’ (par ailleurs le seul morceau chanté, ou plutôt récité de l’album). Et ça continue avec des
cuivres hallucinés, des hurlements de loup, un tic tac de montre, des bruits sur fond de basse blues (‘Doubtful
origins’). Au moment où l’on commençait à s’habituer à ce genre de son, voilà que débarque une symphonie de
violoncelle, de bruits de perceuse, de collages de voix, et de grincements de violon (‘The enemy’). Et aussi
disparates que semblent ces éléments, ils sont assemblés en quelque chose de parfaitement cohérent,
stupéfiant mais cohérent. Le collage d’éléments est une technique assez chère à Rozz, c’est avec moins de
surprise qu’on s’engage dans ‘Frozen Roads’ où des couches de rires, loops de voix et bruits obsédants
s’unissent en un concerto cacophonique diabolique. A tel point que ‘Firestorm’ avec sa voix féminine récitante
et son aspect cabaret symphonique distordu apparaît presque comme une délivrance. De courte durée, ‘Blut
und Ehre’ nous replonge allégrement dans un enfer de cuivre grinçants sur fond de nappes gémissantes, et
vous n’avez encore rien entendu puisque Rozz triture allégrement ses sons et votre cerveau sur ‘Flusterwitze’
jusqu’aux limites du supportable. Bon sang, cet album n’en finira jamais…tiens, un rythme flamenco, aïe non,
voilà des guitares grinçantes et cette clarinette obsédante…Vous venez de quitter ‘Schame Dich’ et c’est
‘Gotterdämmerung’ qui vous accueille pour prolonger votre jouissif calvaire avec ses flûtes arabes qui
gémissent de façon si terrifiantes qu’on croirait des sons humains, tout ça sur fond d’explosions, de vagues
bribes de piano…Oh oui, de la harpe, du piano sur ‘Great king’, ça paraît presque bon, ne serait-ce cette
ambiance de poste radio fichu et ces grognements de jouets…mais cela reste paisible comparé à ‘Stille Nacht’,
le mal nommé, avec des nappes de sons et une récitation masculine. On s’attend à l’entendre éclater à tout
moment et …non. Voilà le dernier titre…sorte de mâchement industriel gigantesque qui semble prêt à engloutir
l’auditeur comme la misérable proie qu’il est…Magnifique album mais pas évident d’écoute, le sieur Rozz joue
avec nos nerfs et nous pousse jusqu’à nos limites…est-ce horrible ou jouissif ? J’hésite encore quant à la
réponse, pour ma propre santé mentale…Mais que lui a-t-on donc fait à cet homme là ?
Note : 4/6
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MORTAL CONSTRAINT : The legend of deformation
Chronique réalisée par Marco
Rarement un projet électronique aura su se démarquer de ses pairs aussi distinctement, avec un son aussi
particulier. La froideur inégalée de cet ovni est à même de vous faire atteindre le zéro absolu ! De 'Clouds',
instrumental glacé qui annonce la couleur avec ses nappes glauques à 'Rapid eyes movement', tout n'est que
rythmiques industrielles, appuyées et martelée tels des pics dans la glace, basses et mélodies à la limite de
l'effroi. Le chant, clair mais gutturral (plutôt rare pour le genre), semble sortir d'un cauchemar fantastique
('Growing faces', le terrible 'Hollow peace'). Difficile de classer ce disque et même l'appellation 'dark-electro'
apparait réductrice : nous sommes en présence d'un groupe unique, dont la (trop) courte discographie se
résume à cet album et un mini cd-r d'inédits sorti ultérieurement (1999 pour être précis). Et pourtant, leur
influence sur le genre electro-indus transparait dans beaucoup de groupes depuis. Bien que peu facile d'accès
par ses ambiences malsaines et sa froideur monolithique, 'The legend of deformation' est une pierre angulaire
du genre et vous n'auriez rien à perdre en daignant y jeter une oreille. Dernière minute : les deux accolytes
seraient sur le point de remettre le couvert ! J'en salive d'avance...
Note : 5/6
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MIGHTY SPHINCTER : Ghost walking / New Manson family
Chronique réalisée par Twilight
‘Waltz in hell’, ‘120 days of Sodom’, ‘Whipped and chained’…les Mighty Sphincter n’y vont pas avec le dos de la
cuillère, c’est du death rock de chez death rock, de celui qui vise l’intensité dramatique, l’émotion pure, sans
complication superflue. Ce long cd réunit deux travaux épuisés depuis belle lurette, le double ep ‘Ghost
walking’ et l’album ‘New manson family’, sortis entre 1984 et 1986. La première partie est très brute, noire,
baignée d’une urgence toute post-punk: rythmique rapide et chaotique, guitares glauques, voix désespérée. On
navigue entre Christian death et de lointains relents du Black Sabbath des débuts. Le ton change quelque peu à
partir du septième morceau, ‘Mental mansion’, le timbre se fait plus grave, plus sépulcral, les mélodies se font
moins chaotiques et encore plus prenantes, les influences lorgnent du côté de Bauhaus…’Inferno of joy’,
‘Resurrection’…des moments de pur bonheur ! Dès ‘New Manson family’, on replonge dans des atmosphères
extrêmes, la production se fait plus âpre et directe…c’est incisif, tranchant, torturé à souhait. On navigue
toujours entre Chrisitan death et Bauhaus, mais avec des passages qui frisent presque le métal parfois (’New
Manson family’, ‘Good morning’) ; les Mighty Sphincter plongent la tête la première dans la noirceur et la folie,
sans la moindre retenue. Ce qui n’est pas sans surprise, ainsi cette reprise très ‘Guns’n’roses’ du ‘Helter
skelter’ des Beatles ou un ‘Stretching heads and tails’ très Virgin Prunes dans ses atmosphères…Mighty
Sphincter est au death rock ce que le 'Rocky horror picture show' est au cinéma, un point c'est tout.
Note : 5/6
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POLYGON : Refuge
Chronique réalisée par Marco
A l’origine alter ego de Mortal Constraint et plus précisément de son chanteur, Polygon devient par la suite le
projet définitif d’Ingo Lindmeier une fois l’aventure M.C. mise en jachère. Aussi ne s’étonnera-t-on point de
retrouver sur ‘Refuge’ des ambiances similaires au projet initial. La grande différence cependant réside dans la
teneur beaucoup plus ambient, débarrassée de l’aspect parfois agressif de M.C. L’album s’ouvre avec un ‘Lost
indentity’ calme, à la rythmique métronimique et aux nappes éthérées. Le ton est donné : la froideur typique de
M.C. est toujours présente mais plus insidieuse, plus profonde. ‘Soliloquy’ accélère le rythme, et la voix claire
et désincarnée d’Ingo s’accompagne de basses et de nappes mélodiques et froides à la fois. Véritable appel à
l’introspection perturbée par un univers particulier et peu propice à la sérénité, ‘Refuge’ offre de grands
moments d’émotions (‘Crucial moments’, ‘Beyond awareness’, mon préféré !), et s’aventure parfois aux confins
du ‘space-ambient’ (‘Dreamgate’, ‘Scared’, ‘Timeless’). Une dark-electro toujours aussi froide, expérimentale, et
pourtant plus émotionnelle que pouvait l’être Mortal Constraint. Certains seront rebutés par cet aspect froid et
monolithique, mais Polygon sera cependant plus accessible que M.C. Depuis que j’ai ce disque, je l’écoute très
régulièrement et je me demande encore comment j’ai pu vivre sans jusque-là. Chef-d’œuvre incontesté !
Note : 6/6
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MASCHINENZIMMER 412 : Malfeitor
Chronique réalisée par Marco
Quelle bonheur que de pouvoir enfin écouter le premier manifeste de ces rois de l’indus cauchemardesque.
Edité en 1989 ( !) en vinyle par Cold Meat Industry, le même label nous sort une version cd de belle facture
(comme d’hab’), avec en bonus, un titre de compil’ (‘Fire’) ainsi que les premier enregistrements (11, ‘Dead
broadcast’). Autant dire que c’est là une page plus que recommandée dans l’histoire de la musique industrielle
nordique. Les ambiances sont déjà bien glauques (l’excellent ‘Auguste Piccards nightmare’), et les nappes sont
très minimalistes : seules la rythmique, lourde et hypnotique, et la voix, distortionnée et inquiétante (bon ok,
on se doute que c’est pas du Mireille Mathieu), nous rappellent que quelque chose d’humain ( ?!!) se cachent
sous ces assauts démoniaques (‘Malfeitor’, ‘Cold face’, ‘Fire’). L’ensemble est bien sûr marqué par un son bien
‘old school’ (‘The death of Lasarus’, ‘Introspektion’, ‘Ecaf Dloc II’) : on pense parfois à SPK, Coil (dans certains
délires) ou encore Sleep Chamber pour les ambiances dérangées. Bref, un grand moment d’indus par de vieux
briscards dont on attend désespérément (et c’est pas peu dire) le nouveau méfait.
Note : 5/6
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MASCHINENZIMMER 412 : Macht durch stimme
Chronique réalisée par Marco
Initialement sorti en 1990 et limité à 555 exemplaires, ‘Marcht durch stimme’ ravira les fans hardcore de MZ.412
: au programme, du live ainsi que la première K7 de ces maître du death industriel cauchemardesque.
Evidemment, ce sont les débuts, alors attendez-vous à de l’indus très ‘roots’, ‘old school’. Basées
essentiellement sur la rythmique, lourde et implacable, les ambiances sont certes moins travaillées et plus
linéaires que ce qu’ils feront par la suite. Mais l’essentiel est là : hypnotique et malsain, ce rituel incarné reste
un très bon témoignage du MZ des débuts et de la scène industrielle européenne de la fin des 80s. Si vous ne
connaissez pas du tout l’univers MZ, je vous conseille néanmoins d’écouter ce disque après avoir pris
connaissance du reste de leur discographie. L’aspect monolithique des morceaux est peut-être le point faible
de ce disque…Mais tout ça n’est qu’une question d’oreille.
Note : 4/6
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IN SLAUGHTER NATIVES : Enter now the world
Chronique réalisée par Marco
Comment parler de l’indus de ces dix dernières années sans évoquer In Slaughter Natives ? Impossible, ou
alors ce serait commettre une grave omission. Vieux pionnier de l’aventure Cold Meat, I.Havukainen enterre
tout le monde avec ce ‘Enter now the world’ apocalyptique, et il est clair que les ‘Sophia’, ‘Von Thronstahl’ et
consorts doivent énormément à ISN. Mélange d’indus martial avec des relents électroniques, d’envolées
symphoniques et lyriques puissantes (samples de cuivres, de cordes et de chants d’opéra) et d’ambient
super-glauque, ISN capture l’attention de l’auditeur dès les premières secondes et ne le lâche plus que pour
l’abandonner, seul et lobotomisé. Tout est bon sur ce cd, rien à jeter. Malsain, dévastateur, ISN incarne les
cavaliers de l’apocalypse à lui tout seul, et il ne faut pas espérer voir repousser quoi que ce soit après son
passage. Un chef-d’œuvre, un passage obligé pour tout amateur d’indus, confirmé ou néophyte. Et ne venez
pas me dire que vous n’avez pas accroché, auquel cas vous ne pourriez pas soutenir que vous aimez l’indus,
car alors cela serait une bien fâcheuse contradiction…
Note : 6/6
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CURRENT 93 : Looney runes
Chronique réalisée par Marco
Nous sommes bien d’accord : dans la très prolifique discographie de Current 93, il ya à boire et à manger.
Beaucoup de bon, heureusement. Alors attardons-nous sur ce ‘Looney runes’, sympathique et délire (vu la
pochette…). S’ouvrant sur un remix vraiment taré de ‘Panzer runes’, tiré de ‘Swastikas for Goddy’, ‘Looney
runes’ nous promet du grand Current. La suite nous prouve que oui : ‘That’s all folks’ nous plonge dans un
univers plus proche de la Quatrième dimension que de Bugs Bunny (enfin, avec eux ça aurait pu !), entre
rythmique hypnotique, voix déjantées et murs de claviers et de guitares éthérées. Le mini se poursuit avec 6
titres live au son moyen (bon on a l’habitude avec C93) mais dont l’interprétation reflète bien l’état d’esprit du
collectif en live. Imprécations a cappella (‘Invocation’), dark-folk hallucinée ( ‘Black flower please’, ‘Oh Coal
blacksmith’, ‘Farewell…’), blues-folk crade (‘The summer of love’ ; ce titre est une reprise de je ne me souviens
plus qui…) ou encore folk-rock irrévérencieux et jouissif (le génial ‘Happy birthday pigface Christus’, au
patronyme ici raccourci). Entouré des ses compagnons de route habituels (Douglas P., Rose McDowall…), Tibet
nous fait une fois de plus plaisir, simplement et honnêtement. Un bon disque, que j’affectionne
particulièrement, et qui devrait vous plaire si vous aimez délirer.
Note : 5/6
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DEATH IN JUNE : Cathedral of tears
Chronique réalisée par Marco
Autant vous dire que pour le trouver celui-là, j’en ai bavé. Petite rareté bien sympathique, ce mini de 1993 sent
bon le crû DIJ 1992 et le fabuleux ‘But, what ends when the symbols shatter ?’. Deux versions studios du
morceau titre avec un côté plus rythmé pour la seconde : une dark-folk où spleen et nostalgie se mêlent pour
accoucher d’un morceau vraiment excellent (ce morceau existe également dans une version expérimentale sur
la compil’ ‘THE cathedral of tears’, sortie antérieurement). Les titres ‘live’ sont de plus d’excellente facture, et
Douglas P. s’en sort plutôt bien, notamment sur ‘To drown a rose’, qu’il chante sans Rose McDowall. ‘The fog of
the world’, autre titre extrait de ‘Brown book’, est tout aussi bien interprété. Enfin avec ‘Europa : the gates of
Hell’, une face B du maxi ‘To drown a rose’, retour aux percus, cuivres déjantés et basse cold (!). Mention très
bien pour ce mini, indispensable pour les fans !
Note : 5/6
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Death In June / Les Joyaux De La Princesse : Öste173räun
Chronique réalisée par Marco
En 1989, une double cassette de morceaux de DIJ retravaillés par Eric des Joyaux est éditée en petite quantité,
et les petits veinards qui ont pu mettre la main et les oreilles dessus doivent encore jubiler. Et ils peuvent (ou
du moins, ils ont dû) car il faudra attendre 1995 pour qu’une version cd soit diffusée d’une façon dirons-nous
moins confidentielle. ‘Öste173räun’ est une merveille : en retravaillant des thèmes musicaux de DIJ, et en
collaborant également avec Douglas P. (‘Öste173räun’, ‘Blood by despair’, ‘Östenmarsch’), Eric nous gratifie
d’un moment unique de désespoir, de nostalgie et de mort. ‘Les cavaliers du crépuscules’ qui ouvrent ce cd
annoncent la couleur : ce monde touche à sa fin et mieux vaut se préparer à vivre de sombres heures (le thème
général est comme d’habitude avec ces groupes, la période troublée des années 30-40, et plus particulièrement
ici, un hommage à Leni Riefenstahl et son tristement célèbre ‘Triomphe de la volonté’). Nappes sombres,
mélodies dissonantes et mélancoliques, cloches, orgues etc. etc. C’est l’apocalypse mes frères, alors prions
(Heilige Tod !). D’une intensité rare et sans espoir de rémission, ‘Öste173raun’ est surtout un travail des Joyaux
De La Princesse (par ses ambiances, son sens du collage), marquée par l’ombre bienveillante de Douglas P.,
dont la voix sur le magnifique ‘Östenmarsch’ ne peut laisser indifférent. Un disque inoubliable, incontournable
et surtout très dur à trouver (sauf si vous avez les moyens de vous payer la version pirate vinyle au prix plus
que prohibitif !). Vivement une réédition !
Note : 6/6
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BLOOD AXIS : Blot : Sacrifice in Sweden
Chronique réalisée par Twilight
Les disques de Blood Axis se faisant presque aussi rares que les cheveux sur la tête de Kojac, chacun d’entre
eux devient un petit événement en soi. Nous devons celui-ci à Roger Karmanik qui ne s’y est pas trompé lors
de la venu du groupe en Suède. Malgré son titre, ‘Blot’ est un faux live. Certes, les enregistrements proviennent
de leur performance pour la soirée des dix ans de Cold Meat Industry mais ils ont ensuite été retravaillés et
remixés en studio par Robert Ferbrache. Cet album nous livre un intéressant florilège des possibilités du
groupe. On y retrouve bien entendu un certain nombre de morceaux de ‘Gospel of inhumanity’ mais également
plusieurs inédits. L’entrée est solennelle, plages d’orgue, atmosphères lourdes, récitation grave pour
‘Sarabande Oratoria’ et ‘Herjafather’. ‘Seeker’ par contre, une chanson de Ian Read (Fire and ice) est purement
dark folk. La suite nous ramène dans la diversité de ‘Gospel of inhumanity’, on passe d’une marche irlandaise
avec violon et bodhràn (‘The march of Brian Boru’) au gothique de ‘Eternal soul’, sans oublier les passages
indus symphoniques et martiaux de ‘Storm of steel’, ‘Reign I forever’. Mention particulière pour l’interprétation
de ‘Lord of Ages’ au violon et la reprise de ‘Hangman and the papist’ qui rappelle un peu les débuts de Sol
Invictus en plus percussif. Ajoutez à cela de nombreux hurlements de loups entre les chansons et vous aurez
une idée de cette symphonie glauque, ténébreuse et ésotérique que constitue ‘Blot : sacrifice in Sweden’. Il est
certain que l’ajout du violon dans les orchestrations est un plus indéniable. Au peut regretter néanmoins que le
groupe n’ait pas choisi une restitution livre intégrale qui eut donné plus d’impact encore…mais bon, on leur
pardonne facilement.
Note : 5/6
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Blood Axis / Les Joyaux De La Princesse : Absinthe, la folie verte
Chronique réalisée par Twilight
La Fée Verte dont l’œil malicieux capture et emprisonne l’esprit de l’artiste a depuis longtemps fasciné celui de
Michael Moynihan et de Eric, à tel point que tous deux ont décidé de lui rendre hommage à leur manière…et
quel hommage ! Après sélection de divers écrits de personnages connus (Charles Cros) et anonymes se
rapportant à la poésie du divin breuvage, fidèle à sa technique, Eric les a mis en musique par des collages
d’archives sonores (exception faite des partitions de piano et d’orgue) : bribes de violons, extraits de chansons
populaires, morceaux de symphonies, nappes…qui nous recréent les atmosphères des cabarets de la fin du
XIXème siècle pour des décors à la Zola, mêlant passages purement ambient et intenses pour un sentiment de
mélancolie nostalgique un brin inquiétante. Est ici parfaitement exprimée la dualité de l'absinthe qui fascine et
rend fou à la fois. Est-il besoin de le préciser ? Cet album est une merveille tant musicalement que vocalement,
la récitation de Michael Moynihan lui conférant une touche théâtrale parfaitement adaptée à la situation. Sucre
sur la cuillère, il nous est servi dans un livret richement illustré d’affiches, étiquettes et documents d’époque.
Le mieux est encore de vous plonger dans un fauteuil en dégustant un verre d’absinthe en laissant la musique
bercer votre esprit, le transformer, comme l’eau transforme l’alcool en cette farandole étrange qui a inspiré tant
d’artistes.
Note : 6/6
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The Days Of The Trumpet Call : I saw no temple in this city
Chronique réalisée par Marco
Après l'excellent 'Purification', on attendait une confirmation du talent de Raymond P., affranchi de Von
Thronstahl le temps d'un side-project. C'est chose faite avec ce magnifique mini : un design superbe
(picture-disc, pochette sobre et esthétique). Un peu moins martial que son prédécesseur, les 7 titres se
déclinent en une musique neo-classique fine et inspirée : piano, voix lisant des textes d'auteurs célèbres
(Rilke), guitare sèche. Un cocktail qui n'est certes pas nouveau, mais qui reste un gage de qualité lorsqu'il est
bien maîtrisé. Les titres s'enchaînent très bien (bon, évidemment, à la fin de la face, on change...) et rendent le
tout homogène et accrocheur. Un excellent lp que je ne saurais que trop vous conseiller, à condition que vous
ayez le courage de le commander directement à l'intéressé...
Note : 5/6
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VON THRONSTAHL : Re-turn your revolt into style
Chronique réalisée par Marco
Cette édition de luxe est un objet de collection : une box surdimensionnée, au fond illustré et couvert d'une
plaque de verre, un livret avec des notes, des citations de groupes divers et pleins de photos...A l'instar de 'E
pluribus unum', 'Re-turn...' est une compil' de titres rares (inédits et 1ers enregistrements) d'un des groupes
allemands les plus controversés. Un objet à recommander avant tout aux fans : en effet, tout n'y est pas
intéressant, et c'est pas donné ! Evoluant toujours dans un registre martial saupoudré de samples
symphoniques et de voix, de guitares rock et de collages ambient et indus, Von Thronstahl s'égare parfois dans
des registres pas toujours convaincants : EBM 'old school' (oui, oui sur ''Re-turn...'), indus tribal un peu longuet
(''Rücke vorwätrs...'), ou encore collage ambient/radiophonique-fleuve sur un 'Babylon the Great...' de pas
moins de 33 min et des poussières !!!! Heureusement, il y a toujours de très bonnes choses ('Sirenade', qui
ouvre l'album sur fond de stukas et de samples de La Callas, 'Polar-expedition', excellent ambient), mais
comme je l'ai dit, acquisition recommandée uniquement aux collectionneurs ! Avis...
Note : 3/6
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GOLEM : Death never dies
Chronique réalisée par Sheer-khan
Golem aurait pu tout aussi bien s’appeler Children of Flames… ou encore In Bodom. Entre la frappe mélodique
des suédois et la vitesse épique et virtuose des finlandais, à coup de leads triple croche et double guitare, de
breaks solides et conquérants, de soli plus qu’intéressants, les italiens avaient dès cette démo devenue
premier E.P. de sérieux atouts dont se prévaloir… même si l’inspiration incontestable dont est empreint le tout
ne peut entièrement compenser le manque de personnalité réelle de cette musique. Une musique de genre, qui
a également le triste défaut d’être vocalisée, par un type qui fait mal, mais alors très mal son boulot. Ce n’est
pas que sa voix black/death soit mauvaise, bien que peu fascinante… c’est plutôt l’affligeante médiocrité des
lignes vocales, qui tombe comme un couperet sur la musique pourtant très bien écrite de Golem. Le rythme de
Nicola ne suit pas, son approche mélodique est inexistante, les rares chœurs en voix claires sont totalement
faux et les voix navrantes. «The last goddess» est ainsi emblématique de cette musique changeante, construite,
mélodique et parfaitement exécutée sur laquelle des vocaux caricaturaux et collégiens n’ont d’égal dans
l’échec que les chœurs désespérants. Cela dit, il ne s’agit là que de mon avis et l’on sait bien que ce qui rebute
certains peut passer sans encombre chez d’autres, et comme il y a ici une musique que les amateurs de
mélodies speed/heavy ne manqueront pas d’apprécier, des guitaristes qui assènent des soli et des riffs qui
peuvent encore surprendre par leur qualité sur un terrain pourtant surpeuplé, à ce point talentueux qu’ils n’ont
pas besoin de clavier pour leur groupe, une approche rythmique efficace et variée… bref : de la qualité, je ne
saurais dénigrer cet album simplement et sans autre forme de procès. Pour résumer il s’agit donc de death
mélodique speed et épique, ambitieux, convenu mais réussi, et qui musicalement ne souffre que d’une
production médiocre et sourde, bien que puissante. Vous l’aurez compris : je ne suis malheureusement pas DU
TOUT convaincu par les vocaux qui animent ce Golem…
Note : 3/6
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AVERSE SEFIRA / SECRETS OF THE MOON : Bestien in engelsgestalt
Chronique réalisée par Nicko
Ce split EP sorti sur le tout jeune label Akedia Rekords, en collaboration avec Spikekult Rekords, nous propose
tout d'abord 2 titres d'Averse Sefira. Là, c'est bien simple, c'est pied au planché tout du long ou presque. Les
blasts sont vraiment très rapides et bien exécutés. La musique est carément aggressive (mais franchement !)
mais en même temps très linéaire niveau ambiances et riffs. En gros, ça se répète un peu trop et ça en devient
entêtant et limite lassant sur la fin des morceaux qui ne sont pourtant pas longs... Le chant manque aussi un
peu de puissance je trouve. Sur la deuxième face, on a un seul morceau de Secrets of The Moon, et là, ça joue
un peu plus sur l'atmosphère que sur l'aggressivité (tout enr estant brutal je vous rassure...). Les guitares ont
un son bien crade aussi qui renforce le côté bien malsain de la musique. Quelques (très) légères nappes de
claviers donnent aussi un peu de relief au reste des instruments. Le chant est aussi très bon, un peu éloigné
mais cela rend très bien au final. N'oublions pas non plus les parties plus lentes vraiment lourdes qui donnent
du contraste au titre. Au final, inutile de préciser que j'ai préféré la deuxième face... Un bon split quand même,
destiné aux fans de la scène black metal underground.
Note : 4/6
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Reverend Bizarre / Ritual Steel : Blood on Satan's claw / Death in spring
Chronique réalisée par Nicko
Amis metalleux nostalgiques des années 70's-80's, levez-vous ! Ce split EP est pour vous ! Dépêchez-vous, y'en
aura pas pour tout le monde ! Voici 15 minutes de pur heavy metal à la Judas Priest, Mercyful Fate, Manowar,
Black Sabbath, etc... Tout d'abord, attardons-nous sur le "Blood on Satan's claw" des doomeux finlandais de
Reverend Bizarre. Ici, le rythme est plutôt rapide comparé à ce qu'on a pu voir sur leur premier album "In the
rectory of the Bizarre Reverend". Les ambiances sont toujours très sombres et le style est tout simplement du
heavy metal comme on n'en fait plus. Le chant rappelle sans problème King Diamond (c'est carément flagrant)
et il faut bien avouer que le Albert s'en sort plutôt bien ! C'est du tout bon du début à la fin avec des solos Deep
Purple-esque avec des pointes de Led Zeppelin. Bref, que du bonheur pendant plus de 8 minutes ! Ritual Steel
nous vient d'Allemagne et ils jouent donc du heavy metal typiquement... allemand ! C'est du heavy lent bien
burné avec le riff mélodique du refrain qui tue tout. Niveau influence, c'est bien simple, un seul nom me vient à
l'esprit : MANOWAR période "Into glory ride", et là c'est vraiment pas mal, même si ça manque un peu
d'originalité. Pour tous ceux qui croyaient le heavy metal mort, ce split prouve le contraire. Dommage qu'il ne
s'agisse que d'un EP !
Note : 4/6
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IMMORTAL : Destroying divina
Chronique réalisée par Nicko
Alors là, je tiens l'Objet ! Il n'existe pas beaucoup de bootlegs d'Immortal pressés, et là il s'agit d'un LP limité à
318 exemplaires avec un vinyl bleu avec des incrustations blanches du plus bel effet (ils appellent ça "blizzard
blue vinyl"...), une vraie pièce de collection donc ! Musicalement, il y a 6 titres live issus d'un concert en
première partie de Satyricon en 1999. Le son est carément écoutable, voir même très bon et la performance du
trio est aussi très bonne (si l'on excepte les quelques pains dont les Norvégiens sont coutumiers du fait...) et
surtout très énergique, brutale et puissante. De plus, il suffit de voir la set-list pour se rendre compte qu'on a
droit à du très bon. Il n'y a pas grand chose de particulier à signaler, ce live s'écoute super bien et comme
l'objet est franchement beau, je monte la note à 5. Une belle pièce de collection pour tout fan qui se respecte.
Note : 5/6
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1349 : 1349
Chronique réalisée par Sheer-khan
L’entrée en scène de 1349 semble sans doute plus docile que la bête folle furieuse qu’elle est devenue à sa
libération… mais elle se présente tout de même comme une belle déclaration d’intégrisme musical. Un true
black metal au son déjà surprenant, batterie sèche et guitares sursaturées, aux blasts mécaniques et martiaux,
mais aux riffs plus affiliés, plus connotés. Roots, haineux et furibards, les trois titres originaux qui constituent
ce premier essai montrent un groupe à la recherche d’une certaine pureté perdue, d’une violence sans fioriture
et sans dopage sonore. Un quart d’heure de haine noire et nordique, crue et satanique, porteuse de mort et de
culte à la guerre. «Chaos within» se déverse comme une armée démente sous les hurlements à la lune
mortuaire de Ravn le lycanthrope. Une reprise provocante de Celtic frost, plus roots que l’originale, ce qui
semblait inaccessible, et voilà un objet devenu légitimement référence. Bienvenu en 1349, au début des
hostilités…
Note : 4/6
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KONKHRA : Reality check
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Konkhra, un groupe dont beaucoup de monde a entendu parler mais dont peu ont eu l'occasion d'en écouter
les douces notes... Peut-être tout simplement parce que les rares qui ont pu écouter n'en sont pas revenus !
J'avoue avoir été dur avec "Weed out the weak", mais il faut bien avouer que ce dernier fait désormais bien pâle
figure face à ce monstrueux "Reality check" ! Retrouvant le line up de ses débuts, Anders Lundermark nous
balance à la gueule le disque de death/thrash de l'année. Alternant brûlots bien speeds (sans jamais blaster) et
pièces bien plus lourdes destinées à écraser l'auditeur sous des tonnes de riffs palm mutés, force est de
constater que le grupe a mis le paquet. Niveau production déjà : faite maison, celle ci sied parfaitement à la
musique, pas trop claire, surpuissante, légèrement crade, une véritable réussite à mon goût. Niveau
composition également : toutes sont excellentes, même si l'on dénote une chute sensible du niveau sur la fin
de l'album. Mais lorsque l'on sait que Konkhra se permet de balancer sa meilleure compo tous albums
confondus en la piste "Reality check", alors on pardonne tout ! Ce morceau est absolument ultime question
baffe "in your face", vraiment à écouter ! Bref, s'il ne révolutionne rien, ce "Reality check" demeure un disque
majeur de cette année dans le style, et ma foi des come back réussis comme ceui-ci (car on peut à ce niveau
parler de come back), j'en redemande !
Note : 5/6
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OCCULT : Prepare to meet thy doom
Chronique réalisée par pokemonslaughter
"Prepare to meet thy doom" constitue le premier album officiel d'Occult. Vous savez, le groupe avec Rachel, la
chanteuse de Sinister... Bon et bien sur ce premier effort, celle-ci n'y figure pas, et ma foi c'est tant mieux tant le
chant est ici particulier. Explication, Maurice, chanteur (à l'époque seul) s'est vu gratifié d'un super virus à la
gorge durant les sessions d'enregistrement... Devant cependant céder aux obligations contractuelles et
financières, celui-ci a du assurer le chant en étant aphone ! Le résultat est surprenant, un chant black qu'on
sent peu forcé mais terriblement malsain à mon goût. Très surprenant à l'écoute, et volontairement mis au
second plan... Et c'est bien là le problème pour ce premier album. On a l'impression d'entendre un disque de
thrash très classique en version instrumentale. Autant vous avouer directement que l'ennui se fait vite sentir.
Pourtant l'ensemble n'est pas si mauvais, d'excellents riffs ressortent, tantôt black, tantôt thrash, et on sent des
zicos réellement motivés par ce qu'ils jouent. Malheureusement, certains morceaux s'avèrent tout simplement
chiant (sur la fin de l'album) et c'est donc avec une impression rès partagée que l'on retire le disque et qu'on le
range soigneusement dans sa discothèque pour une éventuelle réécoute... dans 5 mois...
Note : 3/6
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PROSTITUTE DISFIGUREMENT : Deeds of derangement
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Mouarf et un skeud de brutal death de plus. Et c'est on ne peut plus vrai ici. Comme d'habitude, la biographie
nous sort les habituels arguments qui "prouvent" que ce "Deeds of derangement" est la bombe de l'année.
Sont invoqués donc une notoriété immense dans son pays d'origine, la présence d'ex-Sinister, et un chant
hyper extrême. Alors si les 2 premiers points me laissent perplexe, le troisième argument est quant à lui
énorme ! Car en effet, un chant comme celui de Prostitute Disfigurement, çà ne court pas les rues ! Non pas la
peine d'aller si loin, la salle de bain suffit. Jamais quelqu'un n'aura aussi bien simulé le bruit que fait un lavabo
quant il se débouche, c'est ici réellement édifiant. A un tel point d'ailleurs que j'ai trouvé çà ridicule. Interêt de la
chose ? Aucune violence, intelligibilité nulle, non ce chant dessert la musique plus qu'autre chose. D'autant
plus qu'il ya du bagage derrière. La musique jouée est du brutal death tout ce qu'il y a de plus classique, hyper
carré, avec un batteur très talentueux et métronomique, et des gratteux qui savent se faire plus thrash quand il
le faut. M'enfin soyons honnête, çà ne casse pas trois pattes à un canard non plus, c'est correct sans plus... Ce
genre de disque me conforte dans l'idée que cette surenchère dans le gore l'exrême ou la vitesse sans but
véritable finira par tuer le death... Mais soyons clément, il ya des choses intéressantes ici, pour le fan du style
ou pour le curieux qui veut vérifier si son évier est en bon état...
Note : 3/6
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A Canorous Quintet : The only pure hate
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Pour ceux qui ne connaissent pas A Canorous Quintet, disons rapidemetn que ce groupe constitue en quelque
sorte le ré Amon amarth (même si seul Fredrik Andersson est présent ici). Les 2 groupes furent très proche, et
ceci plus qu'à un point de vue musical. Situer le style du groupe s'avère très simple : death mélo à la suédoise
(même si ce style n'existe pas vraiment pour moi, cette étiquette convient cependant très bien au groupe) ! Riffs
linéaires très attachant par leurs mélodies assez viking dans l'esprit (à la fois acoustiques et electriques),
batterie bien speed, n'hésitant pas à blaster ou ralentir le tempo, chant black hurlé (j'ai pas mal pensé à Skyfire),
l'ensemble, s'il sonne très classique demeure redoutable d'efficacité. Le disque se laisse découvrir peu à peu
grâce/à cause de la production manquant légèrement de relief tout en restant puissante, et c'est avec joie que
des hits death mélodiques comme "Retaliation", "The void" passent entre nos oreilles. Bref, "The only pure
hate" est quelque part le penchant plus brutal d'Amon amarth, plus rapide mais toujours aussi mélodique,
moins viking mais aussi puissant, "The only pure hate" est un album qui mérite toutes les attentions...
Note : 4/6
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CANCER : Death shall rise
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Cancer fait partie de ces formations anglaises de death qui ont émergé au début des 90's (voire avant encore),
et fait également partie de ceux qui ont accédé à une reconnaissance internationale. Après un premier album
fort prometteur, revoici donc le quartet (avec James Murphy siouplait) qui vient nous offrir leur second album.
Soyons clair d'entrée, ce n'est pas le disque de death ultime. Non, point d'ultra violence ici. L'écoute de ce
"Death shall rise" fait beaucoup penser à un croisement entre "Arise" de Sepultura (le son de batterie est
identique) et un "World demise" d'Obituary. Rythmes up tempos, quelques blasts, voix death relativement
commune, l'ensemble sonne tout ce qu'il y a de plus banal pour l'époque, y compris les solos pas très inspirés
de James Murphy. La production signée Scott Burns (pas étonnant) est une fois de plus moyenne, surmixant la
batterie (au timbre je le répète identique à "Arise"), et aseptisant les guitares un peu comme sur un "Harmony
Corruption" de Napalm Death. En fait ce disque est aujourd'hui à prendre tel qu'il est : un disque de death old
school, véritable témoignage d'une époque désormais révolue. Les fans du style y jetteront une oreille, les
néophytes passeront leur chemin...
Note : 3/6
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BETHLEHEM : Dark metal
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Bethlehem ! Alors celui-là on m'en avait parlé ! Et ma foi ces personnes ont bien fait, car Bethlehem est tout
sauf un groupe qui laisse indifférent ! Pratiquant un doom metal à la limite du black pour l'ambiance glauque et
maléfique qui s'en dégage, le combo allemand prend un malin plaisir à plonger l'auditeur dans un tourment
d'émotions toutes plus sombres les unes que les autres. Et quand on voit que l'album se nomme "Dark metal"
on se dit que celui-ci porte très bien son nom, même si l'appellation doom metal me semble plus juste (sur cet
album). Pour créer cette atmosphère on ne peut plus souffrée, Bethlehem met le paquet sur les harmonies de
guitares et une production des plus caverneuses. En effet ce qui choque en premier est ce son de guitare très
underground et pourtant très clair et efficace dans son jeu particulier "note à note". La batterie est elle aussi un
élément important de l'ambiance en le sens où celle-ci sait se faire pesante et jouer sur un son de caisse claire
une fois encore très particulier. En fait "Dark metal" est de ces albums à la froideur communicative, glaçant par
ses mélodies de guitares plus désespérantes les unes que les autres, le genre de disque qui force l'écoute
attentionnée pour distinguer les quelques notes posées en arrière plan. Alors pourquoi seulement 4 ? Et bien
regardez la durée du disque, c'est rare et dur à dire, mais l'album est long, trop long à mon goût. Les morceaux
finissent par se ressembler autant dans leurs structures que dans leurs mélodies, et cela nuit grandement à
l'ensemble. Des morceaux comme "Apocalyptic dance" ou "3rd nocturnal prayer" demeurent tout de même des
petits chef d'oeuvre d'ambiance que beaucoup d'entre vous auraient tort de rater. Amateurs de musique
glauque et doomesque, ceci est pour vous !
Note : 4/6
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NAPALM DEATH : Noise for musics sake
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Réalisé avec l'accord du groupe (contrairement au dvd sorti chez Earache), voici donc le premier best-of d'un
des groupes les plus culte de la scène extrême : Napalm Death. Au menu 2 cds, le premier compilant les
meilleurs morceaux de tous les disques sortis sur Earache (de "Scum" à "Words from the exit wound") et le
second rempli de raretés et autres inédits. Le tout emballé avec un livret constitué d'interviews rétrospectives
du groupe avec Shane et Barney. Et avec ça en bonus un family tree du groupe très bien fait, qui montre
clairement que Napalm Death a donné naissance à bon nombre de groupes talentueux, une sorte de parrain...
Concernant le premier cd, rien à dire c'est très bien fait, les titre sont très bien choisis et donnent un bon
aperçu de la carrière du groupe, on regrettera seulement de ne pas avoir la tracklist en ordre chronologique, ce
qui aurait permis de remarquer plus clairement l'évolution impressionnante du groupe. Le second cd quant à lui
me laisse plus perplexe, les "raretés" ne le sont pas tant que ça puisque tous ces morceaux sont dispo sur les
différents eps et splits du groupe. Quant aux inédits, c'est une autre paire de manche ! Des versions inédites de
l'album "from enslavement to obliteration" et "scum" avec le line-up culte Dorrian/Steer/Embury/Harris ça vaut
son pesant de cacahuètes ! Les lives se révèlent eux aussi très intéressants. Tous ces morceaux sont d'ailleurs
commentés dans le livret, je le répète très bien foutu. Bref, un excellent best-of comme on aimerait en voir plus
souvent, il est clair que le groupe ne s'est pas foutu de la gueule des fans et a travaillé pour offrir un produit à
la hauteur, alors on pardonnera le manque de raretés véritables et on se mettra à attendre impatiemment la
nouvelle offrande des maîtres du grind...
Note : 5/6
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OCCULT : The enemy within
Chronique réalisée par pokemonslaughter
2 ans après un "Prepare to meet thy doom" en demi-teinte, ls hollandais confirment le potentiel que l'on pouvait
placer en eux avec ce très efficace "The enemy within". Premier choc déjà : il y a une femme au chant guttural.
Et en 1996 cela ne courrait pas les rues, loin de la mode actuelle ! Bon modérons cependant ces propos, son
chant est assez anecdotique, car toujours en duo et sous mixé avec le chant black de Maurice Swinkels.
Musicalement, le groupe a bien progressé. Son thrash convainc désormais totalement. Terminées les
réminiscences black puériles, le groupe joue à fond la carte des années 80 avec un thrash fortement inspiré par
cette scène. Les riffs sont doncs bien saccadés, les accélérations tombent quand il faut, les solos déjantés, que
du classique. Mais du bon ! La production est également bien meilleure, surprenante même de clarté (trop
même) et permet au thash d'Occult de prendre toute sa dimension à très haut niveau sonore. Alors bien
entendu, beaucoup trouveront cette muique stéréotypée, pompée à doite et à gauche, pourtant même si ces
arguments ne sont pas totalement infondés, je ne peux m'empêcher de ne retenir que ce sentiment de
dévouement total au style. Des années qu'Occult fait du thrash, ils aiment çà et le montrent ! D'autant plus que
leur style n'est pas si proche des classiques du genre (type old sepultura, slayer, kreator), On sent un effort de
proposer quelque chose de plus personnel comme ces accéléations limites blast-beats, ces riffs parfois
décharnés censés apporter une ambiance (je dis "censés" car je suis moyennement convaincu), bref si ce "The
enemy within" n'a pas inventé la poudre, il demeure un très bon disque de thrash, accrocheur, entraînant,
défoulant bien comme il faut voire même mélodique (préfigurant son successeur)... Les amateurs du style
devraient essayer...
Note : 4/6
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NOCTE OBDUCTA : Stille
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Nocte Obducta m'a bien eu. Les vilains, leur biographie parle d'Empyrium, les cite comme référence, ils sont
allemands et le premier titre ramène immédiatement aux premiers album d'Empyrium. Bref, je jubilais
totalement. D'autant plus que ce premier morceau "die scwhäne im moor" est réellement inspiré par ce groupe.
Musique hyper atmosphérique où les guitares et les claviers ne font qu'un pour créer une ambiance des plus
"naturelles" et amener sur des parties acoustiques des plus envoutantes. Bref, un début de disque en fanfare
(enfin si je puis m'exprimer ainsi car la joie de vivre c'est pas vraiment le truc ici). Le problème principal du
disque viendra en réalité du fait qu'il approche souvent l'excellence musicale sans jamais l'atteindre en raison
d'une trop grande variété des styles abordés. "Töchter der mondes" est également dans la lignée du premier
morceau, très atmosphérique, alternant passages acoustiques et grosses guitares doublées au claviers, le tout
enrobé d'un chant soit black, soit à la Rammstein. Seulement la fin du morceau préfigure déjà de la suite de
l'album. Des riffs carrément death surviennent sur la fin du morceau pour finalement prendre la première place
sur les autres morceaux. Nocte Obducta s'énerve, mais ne convainc pas. L'influence Opeth apparait ainsi
clairement évidente sur les derniers morceaux. Le chant devient carrément death, le rythme s'accélère, les
parties acoustiques disparaissent... Merde c'est le même groupe ? Il faut bien avouer que cela choque pas mal
au début. On revient vers quelque chose de plus atmo sur "Tage, die wekten" mais ce coup-ci c'est carrément
black que le groupe vire ! Le morceau est pas mal du tout il faut bien avouer, et il aurait été ma foi bien plus à
sa place en dernière position pour finir l'album. Survient ensuite "Vorbei" et là nouveau changement de style :
on vire carrément Amon amarth (pour le côté linéaire des riffs et l'ambiance mélancolique)! Le polymorphisme
du groupe est assez hallucinant, et c'est peut-être son principal défaut mais aussi sa qualité. Impossible de
s'ennuyer ici, la mélancolie est toujours très présente, sous diverses formes, et si les différences entre les
morceaux heurtent (c'est même prog' sur la fin de "Vorbei" !) au début, cela a pour avantage de conférer une
durée de vie des plus intéressantes. Bref, une ode à la nature curieuse, qui mérite réellement d'être écoutée.
Note : 4/6
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DARK FORTRESS : Profane genocidal creations
Chronique réalisée par Sheer-khan
Le premier album de Dark Fortress, malgré sa qualité, ne nous avait pas tout à fait prévenu. Son heavy/black
thrashisant inspiré et efficace à la production ronde et à l’impact incontestable ne promettait néanmoins rien
d’autre qu’un groupe de genre. Malgré son titre à la Dimmu, «Profane Genocidal Creations» est une étonnante
surprise, l’accès d’un groupe qui préféra donc commencer par un exercice avant de se lancer dans sa propre
musique, après une bonne refonte de line-up. Le son est plus cru mais aussi plus riche grâce au rôle enfin
assumé de Paymon le claviériste, totalement absent du premier album. Lui que l’on croyait inutile et qui se
retrouve parmi les rescapés du premier line-up avec Azathoth et Asvargr illumine désormais le son du groupe
et les notes de guitares de notes toujours discrètes, nappes distantes ou sons d’étoiles, ouvrant à la musique
une toute nouvelle dimension. Les guitares plus tranchantes et crades ont pris de la noirceur et de la vitesse et
si elles n’oublient pas leur sens naturel du riff black/heavy et du lead dark metal, leur nouveau son ténèbres
transfigure leur couleur et assombrit le tout… le choix est clair : Dark Fortress a été enregistré tout cela en
deux semaines au Grieghallen, sous la haute surveillance de Pytten, qui a décidément un sens des guitares
black hors du commun. Dark Fortress oeuvre dans le vrai dark metal atmosphérique. Guitares acoustiques très
présentes et pour le meilleur, chant féminin de qualité et un Azathoth beaucoup plus convainquant que sur
«Eternal dusk…», structures plus évolutives et changeantes sans jamais perdre le fil… ils ont monté d’un cran.
Disparu le bien foutu, l’efficace et le pêchu, voici venir le dark, le cru et le symphonique, l’acoustique médiévale
et une nouvelle personnalité mélodique dont la qualité ne se dément pas une seconde durant tout l’album, plus
sombre, mais ausi plus éclatante. Certains pourront être déçus par les choix plus radicaux et purement black
metal du son ou de certaines rythmiques, du dégoût plus présent dans la glotte d’Azathoth… «Profane
Genocida Creations» recèlent de très très grands moments tels «In Morte… » la sublime, sombre, lente et
mélodique mais à l’ambiance occulte et noire fascinante, «Defiance of death» la furieuse, Through ages..." la
belle impitoyable, «Warlord»… une heure dix de nuit sans lune, occulte et violente, aux atmosphères prenantes
et vastes, aux guitaristes étoilés... plus d'une heure d'histoires sombres. Pas si loin de Mephistopheles,
toujours aussi heavy, Dark fortress a désormais pris une route plus malsaine et glauque, plus difficile, plus
mystique et plus noire… suivons-les…
Note : 5/6
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HELL MILITIA : The second coming - reh'
Chronique réalisée par Nicko
Hell Militia, que j'avais découvert sur le EP "SPK Kommando - We hope you die", peut se présenter comme une
sorte de "super-groupe" de la scène black-extrême parisienne, avec entre autre un membre de Temple Of Baal,
un de Vorkreist, un d'Arkhon Infaustus et un autre de Malicious Secrets ! Déjà, à l'écoute de la démo, ce qui
surprend d'netrée, c'est le son. Il convient parfaitement au style, les guitares ont un son bien gras mais surtout
bien crade, la basse est bien mise en avant comme dans de trop rares cas hélas et la batterie claque à
merveille. Le chant par contre aurait pu être un peu meilleur, je le trouve trop poussé, pas assez puissant.
Niveau compos, le premier titre est très brutal et assez linéaire, mais pour le reste, cela alterne entre des parties
blasts, des parties plus lentes bien lourdes... et des parties encore plus lentes ! Et justement, c'est dans ces
enchainements que se trouve la principale qualité de cette démo. Les ambiances sont fabuleuses surtout dans
les parties plus lentes, vraiment malsaines, la basse joue d'ailleurs un rôle primordial là-dedans. "To the black
arts of crime" représente d'ailleurs pour moi le meilleur morceau de cette tape. Une véritable réussite, vivement
un album !
Note : 5/6
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Bloody Harvest / Vokodlok : ...From the bibel / Unchain the wolf
Chronique réalisée par Nicko
Franchement, il y a des fois, je me demande comment se font certaines alliances dans les splits. Parce que là,
faut qu'on m'explique... Ici, les deux groupes jouent dans des registres complètement différents, et point de vue
qualité, c'est le même topo ! Tout d'abord on a Bloody Harvest d'Allemagne. Et là, désolé, mais je ne me
souviens pas d'avoir entendu une démo aussi pourrie. Déjà le son est très très bas, on n'entend pas grand
chose. Et le peu qu'on arrive à entendre est bien pauvre. C'est ultra linéaire, sorte d'indus martial minimaliste
ambient rock, il n'y a pas vraiment de structures dans les morceaux et c'est chiant à mourir. Là, on touche
vraiment le fond, les morceaux sont aussi coupés n'importe comment (encore pire que sur le "Battles in the
north" d'Immortal, c'est dire...). A oublier ! Sur la deuxième face heureusement ça s'améliore avec les Roumains
de Vokodlok. Et là, on entre dans une tout autre catégorie. Après une intro assez inutile, c'est parti pour du bon
black à tendance heavy très inspiré. Dommage que le son soit aussi bien faible parce que sinon, il y a de très
bonnes qualités d'écriture avec d'excellents enchainements. Le chant est aussi bon, bien puissant et criard.
Sans atteindre des sommets, cette partie du split s'écoute très bien, les passages mid-tempo sont bien lourds
et le tout est bien diversifié. Ils mériteraient vraiment un meilleur son et une plus grande reconnaissance. A ne
se procurer que pour eux...
Note : 3/6
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ONDSKAPT : Draco sit mihi dux
Chronique réalisée par Sheer-khan
Ca sort de nulle part… ça passe durant trois hallucinants quart d’heure dans vos oreilles, ça se répand sur vos
murs jusqu’à en faire les épaisses et souterraines murailles d’une salle des tortures… d’une salle des cris
perdus… du caveau des lamentations. Une voix d’outre tombe, à la gorge profonde et méprisante, aux
hurlements atroces de douleurs désespérées, des vocalises gothiques et démentes. Les guitares épaisses et
black aux riffs assourdissants de fatalisme, la basse qui roule au premier plan comme une hystérique… les
mélodies suintent la cave et la tristesse, c’est brutal, primitif et mélancolique, aux rencontres sonores parfaites
et sublimes… «Draco Sit Mihi Dux» est un chef-d’œuvre. La fureur implacable et aux violences occultes qui
déferlent sur nos crânes… on est affligé, courbé jusqu’au sol… on assiste comme esclave à la lente procession
de l’âme si tourmentée qui manipule Ondskapt… après nous avoir aplatis de sa masse lente et mauvaise, la
voix s’en va soudain en paroles de démences aux accents terrifiés, les guitares du destin roulent leurs
messages de mort, leurs larmes de suie boueuse… la voix, encore cette saloperie, qui hurle à nos oreilles
comme un homme qu’on éventre… et ces instants de répits aux échos faits de glaces qui ne nous ouvrent des
portes que pour mieux nous mener dans des cachots plus noirs. Arpèges de guitares claires avant
l’apocalypse… I, II, III, IV, V… VI… un black metal troublant à la beauté terrible, à la puissance atroce, à la
noirceur aveuglante… un long emprisonnement dans les labyrinthiques et plus indésirables méfaits de la
douleur. Ces hurlements de guillotiné sont insupportables, ces murs de guitares sombres comme l’âme Blut
aus Nord… ces lacs souterrains sans aucune autre lueur que les yeux à peine jaunes des âmes mortes qui les
peuplent, trois quart d’heure dans l’abîme et ses lumières sordides. Brutal comme du death, lourd comme du
doom, triste comme du gothique et terrible car black pur, «Draco Sit Mihi Dux» est une authentique merveille
malsaine et magnifique, au suintement permanent et à la beauté triste, dure et hypnotisante, à l’écoute aussi
rude qu’une condamnation à perpétuité.
Note : 6/6
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MASSACRA : Final Holocaust
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Attention pièce culte ! Voici l'une des toutes premières démos de Massacra, véritable ambassadeur du death en
France, l'un des rares à avoir réussi à s'exporter un peu partout en dehors de l'hexagone. Alors quid de ces
quatres titres ? Et bien, un témoignage de ce qu'était le death en 1988 : la violence telle qu'on ne la représente
plus aujourd'hui. Ici elle prend la forme d'un death très thrash, aux rythmiques bien speeds, au chant écorché,
et aux solos tous plus déjantés les uns que els autres (Jean-Marc Tristani est un des maîtres du genre). Peu de
choses à dire véritablement sur ces 4 morceaux : ils sont tous très bons, possédant une vraie connotation
"metal" dans l'ambiance dégagée. En plus le son est plus que potable, accentuant le côté "evil" de ce death old
school désormais oublié. non y a pas dire, Massacra est culte, mais on sait pourquoi ! Les albums qui vont
suivre le montrent avec éloquence...
Note : 5/6
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KLIMT 1918 : Undressed memento
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Klimt 1918 fait partie de la déferlante de groupes italiens signés sur My Kingdom Music (un label de réelle
qualité, vraiment.). Fidèles à l'image du label, Klimt 1918 donne dans une musique très raffinée à l'ambiance des
plus feutrés et nostalgique. "Undressed memento" fait partie de ces oeuvres pleinement qualifiables de
"musicales". J'entends par là que le groupe se confère seulement à créer une ambiance intimiste parfaitement
maîtrisée, et néglige tout artifice technique ou "pailletes". Artwork simple et eficace, très grosse production,
chant très goth/wave que l'on sent naturel, ne se fourvoyant pas dans le trip "gothic lover", et musique simple
allant directement au but. Je me rends compte d'ailleurs que je n'ai pas réellement précisé le style de klimt
1918. Et bien, disons que l'on a affaire là une sorte de metal/rock très inspiré par la new wave (le chant et
beaucoup de lignes de guitares font très 80's), le tout saupoudré d'un peu de gothic pour l'ambiance froide et
intimiste. En étant plus précis, je citerai quelques groupes qui me sont venus à l'esprit durant l'écoute (dont
beaucoup sont cités dans la bo d'ailleurs) : Anathema, U2 (old), To Die For, Katatonia, Him et Tears For fears
(selon ma soeur la ressemblance est nette, mais je ne connais pas héhé). Bref, "Undressed memento" est tout à
fait le genre de disque reposant, celui qu'on écoute en rentrant crevé du boulot, suffisamment froid et sombre
pour rassasier l'amateur d'obscurité et assez riche et accessible pour les autres qui devraient réellement jeter
une oreille sur ce groupe. Très loin d'être violent donc, finesse, force (la production est béton) et charme, tels
seront les mots que Klimt 1918 m'inspirent. Bien joué une nouvelle fois My Kingdom Music, sont forts ces
italiens...
Note : 5/6
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GURD : Down the drain
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Gurd est un groupe suisse, ce n'est pas pour autant qu'ils sont paisibles comme des vaches. En témoigne ce
"Down the drain" qui donne dans un hardcore des plus incisifs. La plupart du temps mid tempo afin d'asseoir
ces gros riffs palm mutés, Gurd se fait un devoir de laminer l'auditeur à coup de grattes sous accordés
balançant riffs sur riffs, vous savez les gros qui tâchent tout en palm muting, d'un absse qui claque bien
comme il faut, et surtout d'un chant bien hargneux (sans être hurlé à la Hatebreed) qui martèle les morceaux de
ses refrains revendicateurs. En plus, le groupe a mis le paquet niveau production, celle-ci étant absolument
énorme tant au niveau du son que de l'équlibre sonore. M'enfin tout cela est très bien, mais si le disque
commence en fanfare (le sommet étant certainement "Dead or alive" et son refrain hurlé juqu'à n'en plus
pouvoir qui reste longtemps dans le crâne) force est de constater queb l'album s'essoufle grandement sur la
longueur. Les titres finissent par se ressembler, quand ils ne font pas bouche-trou, ceci étant d'autant plus
dommage que le groupe possède une réelle facilité à sortir des riffs heabanguant à souhait ou des refrains
hardcores qui marquent. Bref, un album en dents de scie, honnête mais à conseiller aux fans du style
principalement...
Note : 3/6
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CURRENT 93 : Hypnagogue
Chronique réalisée par Twilight
Hey hi, hey ho, le voilà, le voici, le Current 93 nouveau, le Current 93 tout chaud…enfin façon de parler car à
l’exception du jovial lapin de la pochette, cet album respire surtout la mélancolie. Tibet et ses acolytes renouent
avec l’écriture de pièces pour piano et voix qui caractérisait l'époque ‘Soft black stars’, avec une atmosphère
moins crépusculaire cependant. Notre homme étant rompu à l’exercice de la récitation, nul problème pour lui
lorsqu’ils s’agit de moduler sa voix pour la rendre intense, poignante, et nous captiver. ‘Hypnagogue’ se révèle
donc à la fois apaisant et triste; dédié à la femme de David, il a pour sous-titre ‘ A dream prologue’, que nous
mijote donc notre Oui-Oui déjanté ?
Note : 5/6
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DEEDS OF FLESH : Reduced to ashes
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Deeds Of Flesh possède une certaine notoriété en europe, notoriété dûe principalement à une existence longue
et des prestations scéniques musclés dixit ceux qui ont pu les voir. Quoi qu'il en soit, le brutal death présent
sur ce "Reduced to ashes" m'a alors mais méchamment ennuyé. Après 3à secondes d'intro, le disque démarre
et c'est parti ! Blasts, re-blast, riffs et re-riffs, gros grunt encore et encore... Oui, mais où est l'envie ? Je ne
ressens aucune violence là dedans, les riffs sont peu inspirés et déjà entendus, le son de caisse claire est
atroce, et puis honnêtement, je lutte pour aller au bout du disque. le chant donne toujours dans la même
intonation, se contentant simplement de débiter ses textes, les grattes au son très death "à l'américaine"
sonnent très plates, bref j'ai été extrêmement déçu. Deeds Of Flesh se présente ici tout simplement comme un
pâle clone de suffocation, dommage d'autant plus que les réalisations précédentes étaient plus intéressantes à
mon sens. Pas besoin d'aller plus loin, je ne recommande pas ce disque. Toutefois les fans du groupe ou
amateurs de blasts continus apprécieront, quoi qu'il en soit il y a bien meilleur dans le style.
Note : 2/6
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Angelcorpse : Hammer of gods
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Groupe phare de la scène black/death des 90's, Angel Corpse nous délivre en 1996 son premier disque nommé
"Hammer of gods". Que dire si ce n'est que l'on a déjà affaire à du pur angel Corpse ? Le groupe avait déjà
trouvé son propre style, c'est à dire un black/death hyper violent, impitoyable ne laissant jamais le moindre
répit. L'influence Morbid angel est sur ce disque la plus présente (certains riffs sont vraiment très inspirés par
la bande à Trey), cependant on dénote une ambiance plus thrash, une plus grande facilité à ralentir le rythme et
à délaisser la double pédale (ceux qui connaisssent "Exterminate" comprendront !). Bref, on atteint pas encore
le niveau d'intensité incroyable de son successeur mais on en approche. Le jeu très spécial de Longstrength
fait ici des merveilels bien que sa caisse claire soit légèrement sous mixé, Palubicki balance toujours riffs
infernaux sur solis déjantés, et enfin Helmkamp asène le dernier coupde butoir avec son chant si personnel
vomissant littéralement sa haine. Bref, un bon album non dénué de défauts (influences Morbid angel vraiment
trop présente, intro de "Perversion enthroned" ridicule, riffs parfois bouche trous, solos trop présents...) qui
souffre surtout de la comparaison avec "Exterminate" ce qui provoque d'ailleurs de virils débats pour savoir
lequel des deux albums est le meilleur ! Pour ma part, je le place un ton en dessous, mais cela reste du très bon
Angel corpse, hyper violent, rapide et blasphématoire à souhait ! Sodomy curse !
Note : 4/6
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ART INFERNO : Abyssus abyssum invocat
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Ah qu'est ce que ça me fait mal de coller seulement 3/6 à ce disque. Quand on voit le talent des claviéristes
d'Art Inferno, on se demande comment ces gars-là on pu se forcer à sortir leurs guitares pour pondre cet album
de black sympho fort moyen, malheureusement. En effet, le défaut majeur de ce disque est tout simplement de
vouloir faire du metal ! Etrange non ? Je m'explique. Dans ce disque s'il ya bien une chose que j'ai retenu, ce
sont les instrumentaux aux claviers. Ceux-ci sont d'une splendeur rare, l'influence Wagner est en effet très
présente, et il est bien difficile de ne pas tomber sous le charme de ces pièces complètement classiques
créatrices d'ambiances terriblement mortuaires ( "Praeludium", l'hallucinant "Interludium", le dérangeant
"Crying mirrors"...). Seulement voilà, le reste de l'album se complait dans un black metal assez mal foutu. Les
riffs ne sont pas sombres du tout et tranchent avec les nappes de claviers, le chant est mixé trop en avant, et
les morceaux s'avèrent un peu trop longs. De plus le son des parties metal est assez cheap, tranchant une fois
encore avec l'excellence (je le répète !) des morceaux classiques. Du coup, s'il demeure de nombreuses idées
intéressantes, celles-ci se trouvent noyées dans une médiocrité générale des riffs, quand ce n'est pas dans le
ridicule (l'intro de "Orgiastic dance of pan"). Bref, je suis extrêmement déçu car les morceaux classiques sont
réellement sublimes, et je me demande quel aurait été le résultat si ces derniers avaient été plus présents au
détriment des parties metal. Bref, dommage.
Note : 3/6
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VESANIA : Firefrost Arcanum
Chronique réalisée par Stéphane
Les groupes à clavier que j’apprécie sont relativement rares, alors quand un de ceux-ci parvient à m’accrocher
l’oreille, ce n’est pas rien. Avec ce « Firefrost arcanum », les Polonais de Vesania ont justement réussi à entrer
dans cette catégorie avec un black metal mélangeant riffs et rythmique agressifs avec des claviers quasiment
omniprésents. Je pense que le rapprochement avec le Emperor de « Anthems to the welkin at dusk » est
inéluctable. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une copie carbone de l’album des Norvégiens, mais tout du moins on
retrouve sur cet opus les mêmes structures et sonorités que sur le chef d’œuvre d’Emperor. Déjà les
compositions sont d’une longueur respectable (souvent 7 à 8 minutes) et nous offrent des structures par
moment complexes et fouillées mais totalement compréhensibles, notamment grâce à une grosse production.
Les bonnes parties de blast sont présentes, mais ce qu’il y’a de meilleur sont les parties mid-tempo où la
double grosse caisse se déchaîne avec des guitares massives par-dessus. Les claviers quant à eux ont une
orientation plus complexe et symphonique et donc moins atmosphérique. J’entends par là qu’ils sont utilisés
en tant qu’instrument à part entière et rarement comme un simple ajout pour noircir l’ensemble. Ce « Firefrost
arcanum » est donc un très bon album de black symphonique qui plaira à bon nombre d’entre vous.
Note : 5/6
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Bérurier Noir : Enfoncez l'clown
Chronique réalisée par Twilight
Il y a bientôt 15 ans s’éteignaient les Béruriers Noirs et avec eux une certaine jeunesse alternative qui
s’insurgeait contre les violences policières vis-à-vis des étrangers, pensait pouvoir contrer la marche du Front
National, croyait à la fraternité entre les races…bien avant que les cités ne deviennent des ghettos aux mains
d’une poignée de dealers, que Le Pen n’éjecte Jospin des élections…En ce temps là, les keupons étaient rois et
les Bérus renouvelaient les clichés du genre par une attitude et une provocation proche du cirque et un son
nouveau. Fini le classique basse-batterie-guitare, nos lascars optèrent pour une formule plus minimale encore,
une boîte à rythmes à deux balles, une guitare sale, accompagnée de temps à autre d’un saxo narquois et
grinçant, comme l’humour des textes. En effet, derrière le nez rouge, le théâtre guignol sombre et les rimes
drôles, faciles, ce sont les cicatrices d’une certaine jeunesse qui sont ici évoquées de façon douce-amère.
Révolte naïve ? Peut-être bien, mais dans le rythme et le délire, même les troubles semblent moins
pénibles…c’est ainsi que les morceaux des Bérus sont devenus des classiques, loin de la gravité affectée des
NTM, des Minister AMER qui prendront la relève, l’humour noir de ‘Vive le feu’, ‘La Mère Noël’, ‘L’Empereur
Tomato-Ketchup’, 'Il tua son petit frère' et autres n’a pas pris une ride. En 1999, pour les dix ans de cette
disparition, une compile qui en pas moins de 21 titres décline la folie Bérurier Noir sous toutes ses formes.
Beaucoup de nostalgie et une énergie intacte, autrement dit un disque indispensable en attendant de
reconstituer sa collection complète…’Elle est paf, la girafe, il a bu, le zébu, il est plein, le caouin, il est rond, le
didon…’, cuuuuuuulte !
Note : 5/6
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DWELLING : Humana
Chronique réalisée par Twilight
Voilà un album que pour ma part j’attendais avec grande impatience. J’avais été réellement séduit par leur
précédent mini ‘Moments’ qui insufflait une bouffée d’air frais au genre néoclassique /dark folk en lui
adjoignant des influences portugaises et je n’attendais que de voir ce talent se confirmer sur un disque longue
durée. Je ne suis pas déçu. Dwelling propose une musique au charme vraiment unique, mélange de structures
complexes et de simplicité folk. Si ‘Humana’ s’inscrit dans la parfaite continuité de ‘Moments’, il sait aussi
profiter de l’espace laissé par l’album pour évoluer et porter concepts et émotions plus loin encore. Ecrites
pour deux guitares, une basse, un violon et une voix, les pièces sont emplies de cette mélancolie à la fois
douce et déchirante héritée du fado mais également de la tradition cabaret (des chansons comme ‘Lingering
stupor’ m’évoquent de lointains échos des mélodies les plus dramatiques de Kurt Weil), voir des cultures de
l’Est (le violon de ‘The reality that remains’). Les notes virevoltent et glissent de façon tantôt espiègle, tantôt
ironique, voir franchement grinçante, sans salir un instant la pureté de l’émotion, véritable muse de ces
mélodies. Les variations sont nombreuses et jamais on ne s'ennuie. Le chant profond et poignant de Catarina
alterne entre anglais et portugais (trois titres), ce dont personnellement je me réjouis car nous sommes peu
habitués à cette langue et des formations comme Dwelling savent nous en faire découvrir la beauté et la
musique. Passion, tristesse, poésie, découverte, rêverie, autant de trésors que saura vous offrir ‘Humana’ pour
peu que vous lui ouvriez votre cœur, un disque superbe.
Note : 5/6
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DAS ICH : Morgue
Chronique réalisée par Twilight
Beaucoup de gens croient connaître Das Ich et pourtant négligent certaines de leurs œuvres qui pourtant nous
en disent beaucoup sur eux. ‘Morgue’ est de celles-ci. Après avoir pondu un ‘Egodram’ plus dansant, destiné
aux dancefloors, le duo teuton en revient à son côté plus théâtral et expressionniste en adaptant en musique
‘Morgue’, collection de poèmes de l’Allemand Gottfried Benn. Comme le nom l’indique clairement, l’univers de
ces textes est glauque, pue la mort, la charogne, la maladie…et pourtant, de ce cloaque de sang, de merde et de
viande froide, le poète arrache quelques bribes de beauté, de compassion, de sentiments…une œuvre profonde
et bouleversante que Das Ich a parfaitement su s’approprier. ‘Morgue’ est un disque varié et complexe où le
groupe décline l’éventail de ses capacités. Il parvient à mêler des atmosphères cabaret des années 30 (‘Kleine
Aster’), des sonorités industrielles, des structures plus rythmées (‘Erde ruft’, ‘Negerbraut’, ‘Saal der kreisenden
Frauen’) et une noirceur dramatique, presque gothique (‘Mutter’, ‘Der Artzt’). Grincements, piano, basses
organiques côtoient des samples orchestraux, des percussions métalliques en une parfaite alchimie d’intensité
angoissante et douloureuse. La voix de Stefan s’y révèle un élément prépondérant. A l’instar de son collègue
Oswald Henke (Goethes Erben), il maîtrise la langue allemande, sait jouer de ses nuances, de sa musique, de sa
laideur et de sa beauté pour en faire un instrument à part entière. Tous ces éléments font de ‘Morgue’ une totale
réussite et un travail complexe qui requiert une écoute profonde ; pas étonnant qu’il ait échappé à l’attention
des crétins qui ne connaissent du goth que ce qu’ils entendent sur les dancefloors, dommage pour eux. Je ne
peux également que conseiller la lecture des œuvres de Gottfried Benn disponibles en traduction chez
Gallimard, ou du moins en allemand à l’intérieur du livret, elle en vaut la peine.
Note : 5/6
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CELTIC FROST : Morbid tales
Chronique réalisée par Sheer-khan
Mini album de 6 titres en Europe, Full lenght 8 titres aux Etats-Unis, «Morbid Tales» démarre en 1984 la carrière
de Celtic Frost, groupe tout aussi légendaire que rétrospectivement intrigant. Pour qui n’a pas connu Celtic
Frost dans son contexte, il est en effet difficile de voir a posteriori ce que cette musique, longtemps après
Motörhead et un an après «Kill’em all» et la première apparition de Quorthon sur une fameuse compil’
scandinave, a pu représenter. Ce n’est pas vraiment une question de violence, d’agressivité, ce n’est pas une
histoire de vitesse. Les riffs sont simples, sombres, classiques, et incontestablement efficaces… la guitare est
noire, la rythmique primitive et bestiale… la technique un peu juste donne aux soli et accélérations des allures
d’emballements incoercibles… ce que Celtic Frost a amené aux oreilles du monde se situe juste là, en filigrane
encore et à la rencontre de hasards comme de volontés : de la ténébreuse spontanéité de cette musique se
dégage l’ombre terrible du Chaos. De la lenteur noire et fatale qui préside à l’esprit des intros se dégage les
fumées Doom, de la primitivité sauvage et brutale de la rythmique est né l’impact du death… d’une pièce
comme «Dethroned Emperor» on sent monter le malaise nocturne comme jamais auparavant : il y a quelque
chose d’impitoyable dans la manière dont les choses s’enchaînent, même si ce n’est pas si rapide, même si ce
n’est pas si violent, il y a dans le son des guitares et la frappe du batteur, dans la voix sans charme mais sans
compromis de Warrior, dans l’épaisseur hasardeuse des instruments l’avènement du principe d’apocalypse,
l’émergence d’une autre facette du noir. C’est dès «Morbid tales» quelque chose de plus que balbutiant. C’est
palpable, omniprésent, pesant… les intros sont lourdes et lentes, leurs mélodies un peu dégueu au rictus
négatif expriment la résignation, les couches de guitares accrochent et la précision technique inversement
proportionnelle à la vitesse de la musique finit de cimenter chacun des titres dans sa propre structure, avec ses
lenteurs lourdes et mornes et ses déformations accélérées où les soli s’emballent jusqu’au bruit. «Return to the
eve» et sa courte intervention féminine porte en elle les rythmiques à venir de Darkthrone… par son metal
lourd, rock et sombre, Celtic Frost franchissait ici et en pionniers la grande porte des nuits sans lune. De
«Human» à «Dance Macabre», Ain et Warrior ont enfoncé le clou du malaise et du malsain, de «Crypts of rays»
à «Nocturnal fear» celui de la furie noire. Ce n’est qu’un début, en route vers Mega Thérion, en route vers
Pandemonium… et voilà très exactement ce que fût Celtic Frost : le début…
Note : 4/6
Page 109/173
CELTIC FROST : To mega therion
Chronique réalisée par Sheer-khan
«To Mega Therion» est une déclaration de guerre, un réquisitoire pour le sans-pitié, un manifeste metal parmi
les plus pillés qui furent jamais. Nous sommes en 1985, mais chacun des riffs de cendres que lâche cet album
est déjà porteur de mort, leurs harmonies sont sombres et hautaines, les accents du batteur passent du Doom
incoercible à la sauvagerie brutale, l’épaisseur des guitares cumulées lors de riffs monotonals sans précédent
cherche incontestablement bien autre chose que l’agressivité thrash ou la violence rebelle ; les enchaînements
passages lourds/passages speed et leur dose d’incontrôlé malmènent et dérangent : le mal, la misanthropie…
Celtic Frost signe avec «Mega Therion» le premier album de Darkthrone. Ecoutez la frappe de ces riffs, la
noirceur de cette reverb’, la logique de batte de base-ball du batteur, les coups de double et triple croches qui
satanisent les thèmes déjà pur nuit des guitares dévastatrices… rien, en cette année 1985, ne dégage une telle
fumée, une telle noirceur… la guitare metal dans les mains de Warrior est devenue une arme. Des coups
puissants et lourds, des rafales primitives, des attaques aiguisées… les premiers raffinements de vocaux
féminins ou de cuivres en appui pour des passages de mise en scène, l’annonce de l’entrée en Pandemonium.
Placé dans son contexte cet album est ainsi tout comme son successeur un des disques les plus importants de
l’histoire du metal. Sans lui il n’y aurai pas de doom, il n’y aurai pas de death, pas de black, et ce deuxième
album d’un groupe suisse encore jeune, a près de vingt ans plus tard bien du mal à faire face à l’immense flot
d’extrême qu’il a lui-même généré. Ingratitude du sort… le fleuve noir est aimé pour ses cascades immenses,
ses flots larges déchaînés, son parcours de puissance… alors comment peut-on remonter à sa source sans
manquer de sourire face aux premiers crachins ? On peut toujours s’asseoir et tendre un peu l’oreille…
regarder sans pensée pour sentir cette essence qui sort de la montagne… tout est là, il suffit d’écouter.
Note : 5/6
Page 110/173
FINNUGOR : Death before dawn
Chronique réalisée par Nicko
Finnugor, c'est rigolo comme groupe. Déjà ça vient de Hongrie et ça joue du black metal (symphonique ici...) et
ce qui m'a titillé (et c'est ça qui est drôle...) dès le début, c'est de voir que la promo de l'album joue à la fois sur
les 2 éléments pré-cités mais aussi sur la présence d'une très grosse personnalité du black metal et venant de
Hongrie (vous me voyez venir...) sur un seul morceau... Et oui, Attila Csihar vient pousser la chansonnette sur
un titre, d'ailleurs ce morceau a fait l'objet d'un clip qui est proposé en partie CD-Rom de l'album avec bien
entendu Attila Csihar dedans. Le pompom vient quand on ouvre le livret et qu'on y voit les photos à l'intérieur.
C'est présenté limite comme si Attila faisait partir intégrante du groupe à temps plein ! mouhahahaha ! Le plus
drôle, c'est de voir que le chant de Gabriel est très proche de celui d'Attila, donc si on nous l'avait pas dit, on
aurait difficilement su que Csihar faisait parti du projet ! Et musicalement alors... Déjà, quand on en fait tout un
plat pour la présence d'un guest prestigieux sur un titre, c'est que le niveau n'est pas bien élevé. Et bien, là,
c'est clair, on est en plein dedans ! On dirait une sorte de mix entre Anorexia Nervosa et Cradle Of Filth, mais en
vraiment mauvais, avec des claviers tout gentils et pourris. Franchement, les sonorités sont ultra-mauvaises et
la musique contient tous les clichés du style (ambiance gothic nulle, chant à la Bal-Sagoth, chant féminin banal,
etc...). Enfin bon, rien de bien bon quoi. Les titres instrumentaux sont ultra-pauvres et l'intro qui peut paraitre
marrante au début devient très vite lassante. L'écoute n'est pas si désagréable que ça (même si 50 minutes de
ça, ça fait long...), mais c'est tout simplement pas du tout inspiré, c'est niais, linéaire et répétitif. Il n'y a aucune
originalité, ni personnalité. Le type même de l'album lamda sans génie (mais alors vraiment aucun...) et à éviter
! Et je ne parle même pas des paroles, parce qu'avec des titres comme "Astral fornication", je crois que ça veut
tout dire !!!
Note : 1/6
Page 111/173
CELTIC FROST : Vanity/nemesis
Chronique réalisée par Sheer-khan
Après la trahison «Cold Lake», unique par sa radicalité dans l’histoire du metal, Celtic Frost voulait avec ce
«Vanity/Nemesis» en revenir au metal noir pur et dur, avant de tenter de donner une suite à son phénoménal
«Pandemonium» avec l’inachevé «Under Appolyon’s sun». «Vanity… » restera donc le dernier album du
groupe, un album tardif, classique, et qui laisse sur sa faim. Le metal de Celtic Frost redevient ce rock noir et
brut, lourd et fataliste dans ses riffs, le son des guitares est plus propre et puissant, la batterie moins étouffée,
la voix moins guturale… cette suite logique de «Morbid tales» sortie en 1990 par un groupe mûr et précis ne
pouvait certes pas avoir l’impact de ses mythiques prédécesseurs. Il reste néanmoins ce savoir-faire
incontestable dans le sombre et le brut, dans l’efficace. Ca n’est plus révolutionnaire, ça n’est plus un cri, mais
ça reste une collection de pièces de metal noir sauvage à ne pas déconsidérer. Il y avait dans la musique de
Celtic Frost une dimension maléfique incernable, une épaisseur morbide qui se dégageait des riffs aux guitares
superposées par pur plaisir du son sale, un sens de l’harmonie désagréable et occulte… bref : une âme
extrême et noire qui donna à leurs pièces une aura inédite. «Vanity/Nemesis», sans plus rien inventer, a tout de
même ce mérite de nous montrer à nouveau, proprement et sans fioritures, la musique d’un groupe qui avait
tout simplement du talent. Du génie en 83, du talent en 90, aujourd’hui il ne reste que des CD avec de la
musique dessus. «Vanity/Nemesis» est un bon album de metal sombre à la patte inimitable, celle du grand
Celtic Frost qui finit avec lui, sobrement, une carrière parmi les plus singulières qui fût…
Note : 4/6
Page 112/173
David Bowie (David) : Reality
Chronique réalisée par Nicko
Alors qu'il vient à peine de sortir l'excellent "Heathen" 14 mois plus tôt, David Bowie revient déjà avec son
successeur, intitulé "Reality". Le style est relativement proche du précédent album, mais d'un côté en plus
traditionnel pop lorgnant vers "'hours...'" et d'un autre côté en plus planant encore. L'album est assez
déconcertant je trouve. Le début est d'ailleurs très bon, les 3 premiers titres augurent du meilleur. On avait
d'ailleurs déjà pu avoir quelques notes de "Never get old" dans un spot de pub pour une célèbre marque d'eau
minérale... La suite est moins bonne hélas. Bowie devient plus aventureux avec par exemple un "Loneliest guy"
très aérien qui rappelle sans problème le travail des Canadiens de Godspeed you black emperor !. Mais le
problème, c'est que la sauce a bien du mal à prendre. Ce n'est pas mauvais, certains morceaux sont même
bons comme "Fall dog bombs the moon", mais pas du niveau de ce que Bowie est capable de faire. Il a
pourtant autour de lui une formation exemplaire (l'une de ses meilleures d'ailleurs...), mais niveau compos,
l'anglais nous a habitué à mieux. D'ailleurs, dans la deuxième partie de l'album le meilleur morceau selon moi,
c'est "Try some, buy some"... une reprise du regretté George Harrison... La fin de l'album est hélas encore pire.
"Bring me the disco king" (qui n'a d'ailleurs rien de disco...) est un morceau écrit à l'origine en 1993 pour le
"Black tie chite noise" et se situe dans une mouvance jazz/crooner d'un kitsch impressionnant... Non, vraiment,
là, c'est de mauvais goût. Il clôt un album qui possède de bonnes choses mais qui selon moi a été en partie
négligé et bâclé. Je pense que s'il avait été un peu plus travaillé le résultat aurait été bien meilleur. Peut-être
aussi que j'en demande trop, mais Bowie nous a habitué à bien mieux récemment...
Note : 3/6
Page 113/173
AKERCOCKE : Choronzon
Chronique réalisée par hern42
Ca faisait longtemps que je n'avais éprouvé autant de plaisir à découvrir un nouveau CD de black-metal, aussi
loin que je me rappelle ça remonte à "Dusk.." de Cradle ou bien peut-être sensiblement après, le second
Emperor... Non que la récente production black-metal soit mauvaise, loin de là, mais je trouve que l'originalité
n'est pas souvent de mise, enfin, c'est un avis personnel, et c'est juste pour introduire Akercocke afin de dire
tout le bien que je pense d'eux. Ce CD m'a beaucoup plus. Tant au niveau de ce que j'ai pu voir de l'artwork
qu'au niveau musical. Il s'agit bien de black-metal voire black-death en fait, satanique qui plus est, on l'aura
compris à la lecture des titres... Mais de nombreuses influences ésotériques, occultes et de civilisations que je
laisserai au soin de l'auditeur de découvrir parsèment les nombreuses plages. On y retrouve des morceaux très
metal aux riffs acérés et solos inspirés, entrecoupés de passages ambiant à l'atmosphère fascinante, tantôt
style sample de film obscur, tantôt ambiances mystérieuses orientales ou autres... Chacun de ces petits
passages instrumentaux sert à la fois à la cohérence de l'ensemble mais aussi donne son caractère original à
"Choronzon". Quant aux autres morceaux on peut sans trop se tromper y voir des influences parmi les plus
grands noms du black tels que les précédemment cités Cradle et Emperor. Mais j'ai cru aussi y déceler
quelques petites choses de Nile, des voix à la grind-gore par moments, parfois aussi certains passages font
penser à pas moins que Arcturus ou In the Woods (et on sait l'affection que j'ai pour ce groupe !) pour ce qui
est de l'utilisation de voix claires et de mélodies en fond par la basse. Bref que des bonnes choses... j'aimerais
ajouter que chaque écoute apporte son lot de nouvelles petites découvertes qui font la profondeur de la
musique vraiment très travaillée de Akercocke. Je pense sincèrement qu'il va falloir compter avec eux
dorénavant. En parlant d'autre chose je suis aussi très content de revoir de bonnes, voire très bonnes, choses
venir de chez Earache (comme par exemple récemment Farmakon chroniqué par mes soins quelquepart sur
Guts...) qui, en perte de vitesse il n'y a pas très longtemps, semble redresser la barre, et heureusement, avec le
bonheur qu'ils nous livraient régulièrement dans les années 90 ça me faisait un peu mal ! Voilà c'est dit. Sinon
Akercocke ravira les amateurs de musique extrême et intelligente.
Note : 6/6
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Ah Cama-Sotz : Mantra
Chronique réalisée par Marco
C'est avec ce ep que ACS intègre de façon plus systématique des rythmiques electro-technoïde à son ambient
dark et rituelle, une des plus originales de ces dernières années. Ce 'Mantra' s'ouvre cependant avec une bonne
plage bien glauque comme le sieur Herman sait en pondre ('La hora del lobo') : tout est possible, les ténèbres
sont de la partie, et la voix féminine qui récite un texte en français semble les appeler et les convier à un rituel
que nos pauvres existences ne suffiraient pas à satisfaire. L'invocation se poursuit avec 'Sabbat III' (les 2
première parties de ce morceau se trouvant sur le ep 'Excramentos diabolicos'), marqué par des boucles
electro et une rythmique hypnotiques. Avec 'Hungrr-ah', le son se durcit pour distiller une electro-indus
survitaminée avec samples de guitares et boucles 'trance' qui achève l'auditeur à mi-parcours du ep.
'Mantra-XX' démarre ambient pour rapidement céder la place à une electro-jungle couplée à des samples de
'tablas' et autres percus exotiques. Quant à 'White witch', on pense à l'electro froide et parfois ambient des
génie de Klinik ou à d'autres travaux de leurs compatriotes d'Hybryds (dont Mr. Klaphloz a par ailleurs été le
collaborateur). Au final, un excellent ep pour ce projet aux multiples facettes et je n'aurais de cesse de
conseiller une oeuvre aussi prolifique que variée.
Note : 5/6
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DAS ICH : Staub
Chronique réalisée par Twilight
Après leur superbe ‘Die Propheten’, véritable bombe et petite révolution à l’intérieur de la scène dark du début
des nineties, les Allemands de Das Ich ont décidé de modifier leur angle d’approche en traitant de thèmes plus
concrets dans leur textes (pauvreté, extrémisme, psychologie…) et d’abandonner quelque peu leur univers
gothique. Musicalement, cette option se traduit par un travail accru sur les sonorités industrielles qui existaient
déjà dans leurs précédents travaux mais de manière plus discrète ou suggérée. Les samples symphoniques
n’ont nullement disparu mais ils partagent l’avant-plan avec des sons plus électroniques, des percussions plus
tranchées, pour des atmosphères tout aussi glauques mais plus froides, plus mécaniques qui évoquent
davantage des usines en ruines que des châteaux hantés. Ce qui s’annonçait comme un pari risqué ne semble
finalement pas poser le moindre problème au duo qui se montre extrêmement à l’aise dans ce registre. Les
séquences gardent cette richesse complexe et inquiétante, quant à Stefan, il module sa rage de manière plus
brute, organique, moins possédée mais toujours aussi noire, et n’hésite pas à expérimenter quelques effets
(‘Sagenlicht’, ‘Im ich’) qui renforcent l’aspect torturé de sa voix. ‘Staub’ tient donc largement la route et des
morceaux comme ‘Von der Armut’, ‘Sagenlicht’, le plus gothique ‘Gier’ séduisent d’emblée par cette noirceur
plus âpre mais toujours hantée typique du groupe. En résumé, un album synonyme d’évolution et de continuité
à la fois, bravo Das Ich !
Note : 5/6
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DAS ICH : Satanische Verse
Chronique réalisée par Twilight
Ainsi débuta la carrière d’un des groupes qui se révélera comme l’un des plus importants et les plus créatifs de
la scène gothique allemande, un maxi intitulé ‘Satanische Verse’, hommage au poète maudit par excellence,
Salam Rushdie, qui, vu le succès de l’album ‘Die Propheten’, ressort ici agrémenté de trois inédits présents sur
les compilation de leur label, Danse Macabre. Le son Das Ich y est déjà présent dans toute sa splendeur,
alchimie parfaite de l’orchestre classique échantillonné et de sonorités post industrielles, une rencontre
douloureuse entre romantisme noir, expressionnisme écorché et froideur électronique. Au chant, une sorte de
nabot diabolique au timbre hanté qui rappelle volontiers celui de Antonin Artaud. Pas besoin d’être devin pour
se rendre compte que ce groupe-là a quelque chose de plus que les autres. On retrouve trois chansons (‘Gottes
Tod’, ‘Satans neue Kleider’, ‘Kain und Abel’) qui seront reprises sur ‘Die Propheten’ avec une meilleure
production, un titre très cabaret au piano (‘Jericho’), une sorte de valse symphonique torturée (‘Ein Tag
vergeht’) suivie du non moins hanté ‘Irrlicht’. Le disque s’achève par une version live remixée en studio de
‘Sonne Mond und Sterne’ très efficace, dramatique et intense à souhait. La qualité du son et la maturité des
compositions font de ce ‘Satanische Verse’ un achat indispensable et pas seulement un collector pour fan
indécrottable.
Note : 5/6
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KRALIZEC : Origin
Chronique réalisée par Sheer-khan
Voici une tentative bien passionnante, mais malheureusement partiellement réussie. Kralizec livre avec
«Origin» un premier album ambitieux qui tente d’allier la lourdeur énorme du death le plus guttural et rapide à
une aura sonore et mélodique riche et soyeuse. Le résultat est plus esthétique que violent, plus intéressant que
prenant, malgré les incontestables atouts du groupe canadien. Un gros son tout d’abord, des guitares en plomb
fondu, une voix death abyssale, un clavier aérien, un talent notable pour les passages plus doux, guitares
claires et mélodies, chœurs réussis et synthé atmosphérique… et enfin une technique solide qui permet aussi
bien l’exigence dans les structures que des soli incisifs, à défaut de génie. L’extrême rapidité de certains riffs et
leads alliée à l’inertie massive du son n’est pas sans charme, comme le démontre la très réussie «Apatride»,
mais entre un son de batterie un peu plat et une inspiration inégale (Kralizec est bien plus fascinant dans ses
créations mélodiques et synthétifiées, atmosphériques, que dans son death rapide de base), des réussites
originales telles «L’éternelle danse» sont contraintes à la proximité de moments nettement plus faibles comme
le simpliste «Le vigile». Peu contrôlé, rapide épicétou, le death pur de Kralizec semble vouloir naître d’une
fusion entre le doom et le black… le poids, la vitesse, les riffs roulent en triples croches et le vocaliste hurle…
mais la sauce ne prend pas. Il y a pourtant une dimension inédite captivante dans la musique du groupe, et tout
au long du démonstratif «Sailing… », Kralizec nous apporte son lot d’instants superbes, entre deux eaux, entre
grâce, esthétisme et brutalité… la lourdeur la plus gutturale en bouillonnement magmatique au milieu d’un
univers harmonique et sonore à la fois dense et soigné… l’utilisation fréquente de l’orgue n’y est pas étrangère,
mais on peut faire une sorte de parallèle entre la réussite Doom de Monolithe, et la tentative Death de Kralizec.
Les soli pleuvent souvent avec bonheur et les canadiens savent indubitablement construire de monumentales
ambiances, mais sur l’ensemble, malgré ses notables aboutissements, «Origin» ne se révèle que simplement
prometteur. Pour son style, son esthétique et ses forces l’album mériterait bien son petit 4... ainsi qu'une
attention toute particulière de ceux qui cherchent ceux qui cherchent.
Note : 3/6
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ARMAGEDDA : Only true believers...
Chronique réalisée par Sheer-khan
Ce deuxième album d’Armagedda est excellent, tout simplement. Excellent car il a le fabuleux mérite d’œuvrer
dans une musique pure et de genre, black et brute, tout en trouvant légitimité dans une personnalité
authentique, intègre et résolument noire. Grattes puissantes et apocalyptiques, un vocaliste qui sait
transcender ses faiblesses en de véritables traits de caractères, des riffs redoutables d’épaisseur et d’efficacité,
noirs, noirs, noirs. Armagedda aime le chaos, la dévastation, il préfère approfondir la noirceur de sa note par
l’épaisseur harmonique, plutôt que de sauter d’une fondamentale à l’autre en se perdant en mélodies. Le son
est puissant et brut, le batteur frappe particulièrement vite et juste, et Graav promène son dégoût vénéneux de
blasts furieux en riffs coup de poing… on n’échappe pas aux fureurs de mille cordes saturées et de cette gorge
ennemie, aux ténèbres et aux cendres qu’insuffle Armagedda. En défoulement permanent le metal impitoyable
des suédois fonctionne à l’écrasement et au pilonnage, mise sur la masse malsaine déversée par le son et la
constance des notes… il s’impose à l’auditeur, imparable, comme la main de Satan vous saisissant la tête pour
vous la foutre sous terre. D’une nervosité sans relâche le black du trio enchaîne les rythmes violents avec
science et simplicité, les thèmes Lucifériens et misanthropes avec une authentique méchanceté… malgré
l’ampleur atmosphérique inévitable d’un «F.T.W», Armagedda ne cherche pas hors de sa superbe outro à faire
de l’ambiance, de l’atmosphère nocturne, mystique et forestière, mais du black pur et dur… et surtout dur. Une
vision incontestable du black metal, parfaitement définie et mise en place… du mépris noir, de la violence et
rien d’autre, pour un album au statut exemplaire.
Note : 5/6
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EPHEL DUATH : The painter's palette
Chronique réalisée par Sheer-khan
L’œuvre est EXTRÊMEMENT ambitieuse. Après le passionnant «Rephormula», Ephel Duath se lance sans état
d’âme dans la fusion complexe et totale du metal extrême, du jazz et de la trip-hop. Impossible, mais surtout
inutile à décrire en détail, la musique à la fois très soignée et déjantée qui sort tous azimuts de la galette repose
sur des rythmes brisés et variables, des ruptures systématiques, des violences innommables débouchant
gueule ouverte sur des soli groove et speed aux tonalités jazz, des rythmiques cadencées et des soli de
cuivres… et surtout des structures indescriptibles rendues plus absconses encore par des arrangements
labyrinthiques. Pour l’occasion Tiso s’adjoint les services d’un batteur acoustique en la personne du jazzeux
Davide Piovesan, qui déroule des rythmiques fines et soutenues lors de passages atmosphériques sensibles et
captivants, qui se lance dans le délire mécanique le plus jouissif qui soit comme sur le fantastique «Ruins» lors
des agressions les plus black, qui détonne de technique complexe en soutien des breaks thrasheux et death
aux puissances sonores et agressives proprement apocalyptiques. Les textures de synthés et les beats type
jungle de la programmation sont plus que des effets, Tiso alterne le toucher délicat et clair et le poignet de
malade, les hurlements de Luciano sont atroces et le chant de Tolomei, sensible et exemplaire… face à une
telle musique, le bassiste ne pouvait être qu’excellent. Les atmosphères étranges distillées par Ephel Duath
dans ce «Painter’s palette» sont très travaillées, délicates et techniques, imbriquées, emmêlées au metal et à
l’apocalypse… en usant avec génie des rapports harmoniques qu’il existe entre le jazz atonal et l’extrême type
chaos, des accents communs aux syncopes des breaks death et des libertés jazz, le grand sorcier Tiso arrive à
tout mêler et à tout imbriquer, dans une débauche musicale parfaitement justifiée. De hurlements en soli de
basse groove, de batteur en boîte à rythme, de furies en finesses, «The painter’s palette» explose à la gueule un
peu plus à chaque écoute. Tiso a su avoir plus qu’une simple idée, et garder l’exigence, par delà l’expérience,
d’une inspiration et d’une qualité irréprochable à tous les niveaux de l’écriture et de la réalisation. Ce ne sont
pas les premiers à partir sur cette voie et le monde du hardcore regorge de fous dangereux... mais Ephel Duath
justifie sa démarche en la rendant parfaite, en trouvant les arcanes, en glissant sur la folie grâce aux liens
insoupçonnés qu’il existe entre toutes les musiques. Le résultat est puissant, terrible, d’une grande beauté
sonore et mélodique, et d’une complexité dont l’opacité se révèle bien vite n’être qu’une apparence. Le clair
s’adresse au bruit, l’aérien couvre la masse, le pur s’élève du lourd et le simple traverse la folie, l’alchimie
impossible se révèle peu à peu, implacable et complète.
Note : 6/6
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Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : Born into trouble as the sparks fly upward
Chronique réalisée par Progmonster
Tout le monde connaît ce vieil adage : battons le fer tant qu'il est chaud. Et A Silver Mt.Zion aurait tort de se
priver. Je suis de ceux qui sont convaincus que, déjà, même en post rock, on peut parler au passé. Tout cela
est derrière nous aujourd'hui, et tout ce qu'il y a bien pu y avoir d'essentiel et de fondamental dans ce contexte
s'est déjà produit. Comme dans tous les courants, on multiplie les redites, on croit se renouveller alors qu'on
se répète, on extrapole à l'envi, perdant au passage l'essence première de ce qui distinguait et identifiait un
mouvement. On accumule caricatures sur caricatures. Au point d'en arriver à lasser l'auditeur. Cette saturation,
en soi inévitable, on sent qu'elle est en train de s'installer. Mais dans un soubresaut inespéré, A Silver Mt.Zion,
désormais devenu The Silver Mt.Zion Memorial Orchestra en compagnie du Tra-La-La Band (excusez du peu),
est parvenu à élever, peut-être pas le niveau de son précédent disque, mais en tout cas son intérêt auprès d'un
public qui, pour l'instant, ne rechigne pas à en être gavé. Ce qu'il contient de particulièrement attractif, c'est
qu'en doublant le nombre de participants, le groupe se donne les moyens de jouer dans la même cour que le
groupe qui l'a originellement enfanté, osant très souvent se frotter à sa grammaire extravertie, c'est-à-dire en
exploitant le filon de ces longs crescendos aux explosions rutilantes si jouissives que beaucoup apprécient à
juste titre, le tout baigné dans un indéfectible sentiment de fatalisme et de tristesse propre à son époque. Les
pièces néo-classiques minimales et acoustiques semblent avoir été reléguées au second plan, et l'armée
d'instruments à cordes conviée ici est plus là pour crisper que pour apaiser. Si le disque est une réussite, on
pourrait ironiquement résumer celui-ci en disant qu'A Silver Mt.Zion a réussi un très beau disque de Godspeed
You Black Emperor ! La question subsidiaire sera donc : mais qui donc va se charger de la réalisation du
nouveau disque de A Silver Mt.Zion ?
Note : 5/6
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Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : This is our punk-rock, thee rusted satellites gather
+ sing
Chronique réalisée par Progmonster
Le trio, devenu sextet depuis leur dernier disque, n'a de cesse de voir ses rangs se gonfler. Le nouvel opus
d'une des nombreuses excroissances de Godspeed You Black Emperor! fait de son nom, déjà difficile, une
phrase à rallonge. Un attrait pour la surenchère qui malheureusement traduit parfaitement ce qui est advenu à
leur musique. Non, cet album n’est pas mauvais en soi. Mais, en ce qui me concerne, la coupe est pleine. Je
commence tout doucement à en avoir marre de ces groupes post machin chose qui n'en finissent pas de ne
jamais finir justement. N'est-il pas temps de passer à autre chose ? Le problème, c'est que je me défoule sur un
groupe qui jouit d'une certaine respectabilité. J'en aurais fait de même avec un groupe de seconde zone, qu'on
aurait trouvé ça normal, voire justifié. Gardons les pieds sur terre ; admettez que, s’ils ont réussi quelques fois
à atteindre une certaine efficacité, l’approche, elle, n’a jamais été radicalement différente. Si bien que l’on ne
risque pas grand-chose en s’avançant pour écrire qu’à peu de choses près, tous les morceaux composés et
enregistrés depuis "F#A# Infinity" sont identiques ; en quelque sorte, ils sont justes, tous, autant de prises
différentes, autant de variations sur le même thème. Comme le laisse entendre son nouveau substantif, A Silver
Mt.Zion met cette fois l’accent sur les voix, une chorale de près de vingt personnes qui chante dans un style
folk traditionnel. Tu parles d'un changement radical ! Non, cette musique, c'est un trip. Et ça ne marche plus sur
moi. J'en ai marre. Je ne sais pas. Besoin d'écouter autre chose. En fait, il n'y a fondamentalement rien de
nouveau depuis l'excellent EP "Slow Riot for Low Zero Kanada". Maintenant, si vous craignez les railleries de
vos collègues de bureau parce que vous n’êtes pas dans la « hype », ne tenez surtout pas compte de ce que je
viens de dire et précipitez vous chez votre marchand de disque pour acheter le dernier A Silver Mt.Zion que
vous vous surprendrez à écouter très peu au final, et que vous finirez bien par revendre tôt ou tard.
Note : 3/6
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ARZACHEL : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Quand on parle de progressif, et de la scène Canterburienne en particulier, on pense à Soft Machine. Et qui dit
Soft Machine, dit Robert Wyatt. Or, nous devrions prendre l'habitude aussi de parler, quand il s'agit de
Canterbury Sound, d'un autre musicien ; j'ai nommé Dave Stewart. Non, pas le guitariste d'Eurythmics, c'est un
homonyme. Et s'il faut apprendre à considérer le cas de ce Stewart là, c'est parce que, le bougre, va être
présent dans toutes les étapes de ce courant, de ses débuts, fin des années soixante, jusqu'à sa belle mort au
début des années quatre-vingt. Tout commence avec le groupe Uriel dans lequel il recrute un guitariste du nom
de Steve Hillage. Il complètera le carré en rajoutant aux deux côtés restants Clive Brooks à la batterie et Mont
Campbell à la basse et au chant. Pour éviter des problèmes de droits, ils enregistrent tous les quatre un disque
sur Roulette (le label) sous de faux noms et se rallient sous le patronyme d'Arzachel, un one shot aux violents
relans psychés. Il faut voir en ce disque comme une récréation ; les membres du groupe s'y sont complètement
laissés aller, et cela nous donne en bout de course un disque caverneux et moite où le blues se déchire dans
des réverbérations hallucinogènes prodiguées par un orgue Hammond toujours plus assoiffé de décibels (on
retrouve des portions du "Lola" des Kinks sur "Queen St.Gang" ou "Dazed and Confused" du dirigeable sur
"Clean Innocent Fun"). Bien sûr, à ce moment précis, on est bien loin de ce pourquoi la scène dite de
Canterbury est connue. Rien que pour son final apocalyptico-orgasmique, "Metempsychosis", les amateurs de
Group1850, des délires germanophones ou du Pink Floyd d'"Interstellar Overdrive" devraient se jeter sans plus
attendre sur ce disque, au son parfois plus que crado, mais qui lui confère ce grain, cette matière presque
palpable, qui en fait une musique réellement vivante, plutôt qu'une vulgaire musique de fond.
Note : 3/6
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EGG : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Qui de l'oeuf ou de la poule est apparu en premier ? Pendant que les plus influençables se pencheront sur la
question, je vais pouvoir me lancer dans la rédaction de cette chronique. Egg, nom ridicule s'il en est (mais pas
plus que Yes au bout du compte), est la troisième étape, mais aussi la plus significative, dans la jeune carrière
du claviériste Dave Stewart. Cette fois, il évolue dans une formule à trois (aux côtés des fidèles Clive Brooks et
Mont Campbell, Steve Hillage s'éclipsant pour mettre un terme à ses études et qu'il retrouvera au sein de Khan),
dont l'analogie avec d'autres fameux trio se révèle flagrante (on songe bien sûr à The Nice ou Emerson, Lake &
Palmer), d'autant que Egg y va aussi de son interprétation du répertoire classique - ou devrais-je dire baroque avec la fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach, quand il ne s'agit pas d'inclure des thèmes harmoniques
repiqués à Grieg ou Stravinski dans l'inévitable suite de vingt minutes "Symphony N°2", autre concession
évidente due à l'époque. Mais, en dehors de ses boursouflures classiques qui ont bien du mal à passer
l'épreuve du temps, ce premier album de Egg renferme en lui des signes indubitables d'une amorce bien
Canterburienne ; "I Will Be Absorbed" ressemble à s'y méprendre à un enregistrement délaissé sur le côté pour
la réalisation du troisième Soft Machine. De plus, aux côtés des petits délires que sont "Bulb" ou "Boilk", qui
font preuve d'un réel souci d'avant-gardisme, non sans humour, on retrouve un titre comme "The Song of
McGillicudie The Pusillanimous", presqu'une ode aux temps composés où batterie, basse et orgue marquent
les accentuations de concert dans une frénésie extatique engendrant un choc jazz/psyché du plus bel effet. La
prédominance de l'orgue et cet aspect jazz pourrait en rebuter plus d'un, mais à choisir, je préfère ça aux
distractions rockabilly et honky-tonk d'Emerson Lake & Palmer. Un premier disque abouti mais exigeant, qui
ouvre la voie à une suite exemplaire.
Note : 4/6
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EGG : The polite force
Chronique réalisée par Progmonster
En ce qui me concerne (et jusqu'à preuve du contraire, puisque c'est tout de même mon opinion que j'exprime
au travers de ces écrits), le morceau qui ouvre ce second tome de la trilogie de Egg reste pour moi un
monument inaltérable, un de ces morceaux phares et universels qui réunissent en eux une foule d'éléments
épars qui font qu'on y retourne encore et encore pour se désaltérer de leur science exacte. Après trois minutes
d'introduction partagée en deux thèmes, l'un carré et bien lourd (basse et orgue ensemble), l'autre plus volage
qui amène la mélodie jazzy qui va servir de colonne vertébrale au morceau, la partie chantée peut commencer,
et là, plus de doute, c'est du Canterbury en plein : on a droit à la fois aux arpèges et aux sons à la Ratledge et à
la suavité vocale d'un Caravan. "Contrasong" n'est pas en reste avec une architecture faite de temps et de
contre-temps, appuyés par des cuivres dont l'attaque vient en appui du reste de la rythmique élastique du
groupe. Egg se permet de revisiter un des interludes de son album précédent, "Boilk", l'y adjoignant un
nouveau thème de Bach, ce qui a pour conséquence d'étirer en longueur ce passage autrefois anodin en un
délire total qui préfigure en quelque sorte l'avènement de la scène Rock In Opposition, en confrontant thèmes
classiques et orientations avant gardistes et bruitistes improvisées ; un peu comme si Henry Cow jouait avec le
mellotron du King Crimson de "Lizard". Comme de coutume, et comme le veut la règle qui prévaut alors, le
disque se conclut sur un "Long Piece N°3", encore vingt minutes de chassés croisés improbables, de thèmes
enchevêtrés, de passages perturbés à d'autres plus apaisants, une recherche indiscutablement rythmique pour
sa première et quatrième section, ouvertement harmonique pour ses deuxièmes et troisièmes, qui illustrent, si
possible, une rencontre entre le Soft Machine des débuts ("Volume Two") et l'Emerson Lake & Palmer de
"Tarkus". Un son vieillot qui a son charme, mais un disque qui demeure injustement négligé.
Note : 5/6
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EGG : The civil surface
Chronique réalisée par Progmonster
Après deux disques sur Deram, Egg se sépare, croit-on, définitivement. L'épisode Khan qui a suivi juste après,
et qui a vu Dave Stewart s'allier à nouveau à Steve Hillage, le laissait en tout cas clairement sous-entendre.
Avec un nouveau contrat décroché auprès de Caroline, l'opportunité exceptionnelle de pouvoir reformer le
groupe se développait. C'est que, au moment de sa séparation, Egg avait déjà une grande quantité de matériel
enregistré pour ce qui allait devenir leur troisième et dernier album qui, seulement, aurait dû paraître plus tôt.
"The Civil Surface" est, clairement, un aboutissement, non seulement dans l'évolution du groupe qui arrive, ici,
à son terme, mais aussi, et peut-être surtout, dans l'assise définitive de ce fameux courant Canterburien. Dave
Stewart, ce petit malin de claviériste, n'aura de cesse dans sa carrière, d'inclure, de reprendre et d'enchasser
des mélodies de son répertoire au gré des titres des différentes formations dans lesquelles il évoluera. Un peu
à la manière de Frank Zappa et sa continuité conceptuelle. Il le fait déjà ici. Des trois albums d'Egg, c'est "The
Civil Surface" qui embrasse le plus cette esthétique. On sent déjà poindre en lui les prémices de Hatfield & The
North et, plus encore, National Health. Mont Campbell, qui travaillait alors sur des pièces pour instuments à
vent, voit celles-ci insérées à l'album afin de le compléter (joués par Campbell, mais aussi Maurice Cambridge,
Chris Palmer er Stephen Solloway). On ira même faire appel aux illustres Lindsay Cooper et Tom Hodgkinson
(tous deux de Henry Cow), ainsi qu'à Steve Hillage pour "Wing Out The Grand Basely Now". Un album
presqu'exclusivement instrumental, les seules voix se faisant entendre étant celles d'Amanda Parsons, Ann
Rosenthal et Barbara Gaskin sur le très court "Prelude" qui annonce aussi, comme le reste d'ailleurs, les
prochaines étapes de Dave Stewart. Egg abat ici ses dernières cartes, et c'est un coup de maître où le groupe
démontre qu'il avait déjà une longueur d'avance sur tout le monde.
Note : 5/6
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RACHEL'S : Systems/Layers
Chronique réalisée par Progmonster
Ne me demandais-je pas, non sans une certaine ironie, qui serait susceptible de réaliser l'album néo-classique
par excellence que A Silver Mt.Zion semble s'être résigné à oublier à force de singer son grand frère, Godspeed
You Black Emperor! ? Qui l'eût cru ; voilà que tombe dans mon escarcelle une réponse toute faite, mais là
encore, une réponse que je n'attendais pas. On connaît la propension de Rachel Grimes et son groupe à lorgner
vers cet idiome, et cela nous a déjà donné de superbes résultats de par le passé. Alors qu'on ne les attendait
plus (c'est vrai qu'ils savent se faire très discrets), Rachel's nous revient avec son second disque réalisé pour
une pièce de théâtre dont l'album en porte le nom : "Systems/Layers", en collaboration avec le Saratoga
International Theater Institute. On se souvient encore de l'ambiance intimiste et feutrée du magnifique "Music
for Egon Schiele". "Systems/Layers", bien que destiné à servir le même but, s'en écarte ostensiblement, tout
d'abord par son choix délibéré de ne mettre aucun membre du groupe à l'écart pour cette expérience. Il y a
donc de la guitare et de la batterie aussi sur "Systems/Layers". Ensuite, et bien que l'instrument de prédilection
demeure le piano, ce sont les cordes qui, une fois encore, prédominent, avec un ensemble beaucoup plus
conséquent, qui lui donne, par moments, le relief des grands orchestres. Nous sommes donc au final aux
antipodes de l'approche intimiste et minimale introduite sur "Music for Egon Schiele", même si certains
moments l'évoquent inmanquablement. "Systems/Layers" est donc différent, pas aussi bon que leur second
disque, mais en tout cas nettement supérieur à tout ce que le groupe a fait depuis. En rélaité, et comme je le
laissais deviner en préambule, l'ambiance générale qui se dégage de ce disque est véritablement à mettre en
parallèle avec ce que A Silver Mt.Zion avait accompli sur son premier essai (dialogues, bruitages, musique
sombre et introvertie à l'appui). A bon entendeur...
Note : 4/6
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SOLEFALD : The linear scaffold
Chronique réalisée par Sheer-khan
«The linear scaffold» est un album absolument unique, superbe, atroce et doux. En 1997 le duo Norvégien
lançait ce premier et ébouriffant recueil de black/gothique sophistiqué aux textes agaçants et à la musique
d’une beauté souvent hors du commun. Alternant et mêlant la furie et la vitesse la plus extrême à la finesse
sonore et mélodique la plus délicate, les guitares les plus saturées et les cris les plus déchirés aux cordes les
plus fines et aux chœurs les plus souples, les blasts beats les plus speed aux mandolines et aux basses les
plus riches, «The linear scaffold» transporte dans un univers onirique et mystique extraordinaire de richesse et
de recoins ; une puissance évocatrice fabuleuse et une inventivité fascinante, des entrées cauchemardesques,
des mélodies merveilleuses, des sonorités extraordinaires alliées à des guitares aiguisées comme des rasoirs
et qui agressent l’oreille… un hurleur écorché à la gorge en lambeaux et des chœurs de motets, bienvenu dans
la complexe et gigantesque église de l’Ordre de Solefald. Les moines s’y prennent un peu la tête et en sortent
des textes plus qu’approximatifs, mais c’est là un des plus envoûtants et singuliers endroits qu’on trouve en
terres nordiques. Les entrelacs de guitares claires et de piano sur fond de riffs hurlants aux colonnes
harmoniques de velours recouverts, «Red view » et ses thèmes d’anthologie, claviers grandioses, guitares
occultes, hurlements dans la nuit et mélodies de flûtes… depuis l’église obscure aux multiples tableaux et aux
dorures anciennes on voit par les vitraux des ruisseaux sous la lune et des ombres en forêts. Chaque descente
harmonique oeuvre dans le grandiose ou le mélancolique, le travail à la fois très extrême et très fin des guitares
suffirait à offrir des perles de metal sombre et mélodique, les innombrables niveaux d’arrangements, de la
texture harmonique à l’enluminure mélodique d’un piano ou d’une harpe, sculptés dans des structures
intelligentes et audacieuses édifie une impensable et gigantesque cathédrale… là où l’orgue résonne succédant
au hautbois pour élever sous les voûtes l’immense et merveilleuse vision d’apocalypse, ouvragée pour nous
plaire par l’ordre de Solefald. Un album qui n’est sans doute pas exempt de défauts mais que sa classe
balayent ; gothique, chaotique, décadent et ouvragé au cœur comme une montre bijou, «The linnear scaffold»
est un temple somptueux à l’ombre complexe duquel bon nombre de délires virtuoso-blackistes à tendance
symphophiles disparaissent comme poussières.
Note : 5/6
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LIVING COLOUR : Vivid
Chronique réalisée par Progmonster
Le premier Living Colour restera à jamais salué, non pas forcément pour son contenu, mais avant tout pour ce
qu'il représente, et ce qu'il impliquera par la suite. Premier groupe métal 100% black à tenir la dragée haute face
aux ténors du genre, ce "Vivid" relève de l'exploit dans un milieu qui se veut l'exact reflet de la société dans
laquelle on vit. Avec cet album, Living Colour fait s'écrouler une barrière qui, hélas, aura avant tout des
répercussions d'ordres économiques. Pourtant, le groupe de Vernon Reid et Corey Glover n'est pas avare en
discours idéologique, au moment même où le monde subit lui aussi un chamboulement inattendu dont on paye
aujourd'hui les conséquences (fin de l'Apartheid en Afrique du Sud, effondrement du bloc communiste, chute
du mur de Berlin). Cela démarre très très fort avec "Cult of Personality", titre qui demeurera sans doute à
jamais le plus emblématique du groupe. Et on serait tenté de dire qu'à part ça, il n'y a rien d'autre à signaler
(voilà, c'est fait). Car en dépit de très bons titres, bien construits, bien joués ("Desperate People", "Open Letter
(to a Landlord)"), rien n'arrive à la hauteur de cette gifle en introduction d'un album qui se veut incisif. La
critique sociale se porte bien, merci pour elle, et s'illustre aussi bien dans "Middle Man" que l'enlevé "Which
Way to America ?" qui conclut le disque. Tout au long du parcours, Living Colour varie les plaisirs en
revendiquant des couleurs autres que rock (les funky "What's Your Favorite Color ?" et "Funny Vibe" après un
démarrage en trombe, le léger "Broken Hearts", le presqu'antillais "Glamour Boys"). Si les idées sont là, pleines
de vigueur, la production de l'époque, caractéristique d'un manque de dynamique et de relief, rend le tout assez
inoffensif, pour ne pas dire aujourd'hui complètement désuet. Heureusement pour nous, Living Colour va
s'employer à utiliser la même recette pour son disque suivant, l'excellent "Time's Up" qui, tout en demeurant
varié, représentera en soi une forme d'aboutissement.
Note : 4/6
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LIVING COLOUR : Biscuits
Chronique réalisée par Progmonster
Il y a onze mois que "Time's Up" vient de sortir, et c'est un carton, aussi artistique que critique. Living Colour
remet les couverts avec un mini album que l'on accueille avec plaisir mais qui se relève sans grand intérêt.
"Biscuits", constitué de six titres, comporte quatre reprises ("Burning of The Midnight Lamp" de Jimi Hendrix,
chose qui n'étonnera personne quand on considère le cas de Vernon Reid, "Talkin' Loud and Sayin' Nothing"
de James Brown, qui n'apporte rien, contrairement à celle faite des Talking Heads avec "Memories Can't Wait"
sur l'album "Vivid" et qu'on retrouve également ici en concert, et enfin un "Love and Happiness", emprunté à Al
Green, et qui, fort heureusement, a été écarté de la playlist "Time's Up" à la dernière minute). L'un dans l'autre,
rien de franchement transcendant, rien de décisif. Rien en tout cas qui ne pourrait motiver de manière définitive
celui qui ignore encore tout de Living Colour. Cette trentaine de minutes bonus se termine par une autre chute
des sessions studio de "Time's Up", "Money Talks", un titre que l'amateur curieux sera bien heureux de
découvrir, très réminiscent du premier album en réalité, très punk rock avec une partie de guitare enfievrée
plutôt que vraiment mémorable, tout en sentant pertinemment que sa présence sur "Time's Up" eut été
incongrue. Bref, un constat assez défavorable pour ce EP qui, outre la possibilité de renflouer encore quelque
peu les caisses, permettra avant tout aux fans d'attendre la nouvelle livraison officielle, d'ici deux ans, au sortir
de querelles intestines qui auront leurs incidences sur le résultat que le groupe baptisera du nom de "Stain".
Note : 2/6
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LIVING COLOUR : Collideøscope
Chronique réalisée par Progmonster
Il y a beaucoup de choses à dire. Surtout quand on en vient à parler d'un groupe qu'on aime beaucoup, qui
nous a apporté tant de choses et dont on aimerait, confus, excuser les directions parfois équivoques. En ce
sens, 2003 aura été une triste année. Après Jane's Addiction et un Chris Cornell empetré dans un Audioslave
qui ne lui convient pas du tout, voilà que Living Colour tombe à son tour dans le piège du groupe sur le retour.
C'est d'ailleurs un sentiment bizarre que de se retrouver en quelque sorte dans la peau de nos parents puisque,
comme eux, nous sommes amenés à reprendre contact avec des artistes qui avaient bercé d'illusions notre
jeunesse. Depuis "Stain" en 1993, c'est à dire il y a dix ans de cela, beaucoup d'eau est passée sous les ponts.
Le retour aux plans guitares introduit par le mouvement grunge s'est effondré sur lui-même pour laisser la
place à une ribambelle de groupes à l'esthétique néo-métal assez fatigante. Living Colour ne fait pas la bêtise
de reconduire l'ancienne formule et s'adapte donc avec beaucoup d'allant. Mais si les riffs sont gras et sans
pardon, où sont passés les solii de son éminence Vernon Reid ? Pour Doug Wimbish, vétéran d'entre les
vétérans, c'est une autre histoire. Déjà là à la fondation du label Sugar Hill qui lança la rap à la face du monde à
la fin des années soixante-dix, collaborateur régulier des errances dub d'Adrian Sherwood sur On-U Sound et
bras droit de Skip McDonald au sein de Little Axe, "Stain", le seul album de Living Colour auquel il ait participé
jusqu'ici en remplacement de Muzz Skillings, fût sans aucun doute pour lui une expérience aussi frustrante
qu'amère. Personne ne peut ignorer le potentiel qui se dégage de cette formation, et c'est dans cette optique
qu'il faut voir plus que probablement la réunion du groupe autour d'un Wimbish qui prend désormais les
choses en mains. Les discrètes options électro-dub ("Nightmare City", l'ambitieux "Choices Mash Up",
l'instrumental "Nova"), parfois même drum'n'bass comme sur "In Your Name", lui sont de fait redevables, et
dans un sens, avec l'ouverture musicale qui a toujours caractérisé Living Colour, cela semble être un
développement logique. L'autre élément qui a toujours définit Living Colour est son engagement politique. Pour
faire court dans une chronique qui est déjà bien trop longue, on dira que le 11 septembre 2001 et une nouvelle
ère républicaine était du pain béni pour l'équipe de Corey Glover qui ne semble avoir de choses à dire que
quand les choses vont au plus mal. Cet aspect que l'on peut, sans ambages, considérer comme historique, sert
quasiment de trame de fond à tous les titres de l'album (dont le cynique "Flying" qui fera sans aucun doute
bondir Nicko, qui reconnaîtra au passage la structure de "Ashes to Ashes" du Thin White Duke, jusque dans
ses slaps de basse). Les titres de cet incroyable (parce qu'inespéré) "CollideØscope" se suivent sans produire
d'étincelles, seulement interrompu en milieu de parcous par une reprise de circonstance de "Back in Black"
mais complètement ratée, et ponctuée par une cover du "Tomorrow Never Knows" des Beatles, tout aussi
lamentablement executée. Au sortir de ce disque, j'ai le sentiment d'une retrouvaille, fatalement emplie de
déception, où je renoue le contact avec un vieil ami qui semble avoir perdu une partie non négligeable de ses
moyens d'expressions et avec qui, de toute évidence, je n'ai plus quoi que ce soit de commun à partager. Le
tout est de savoir qui de nous deux a changé ?
Note : 3/6
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KING CRIMSON : Live in Orlando 1972
Chronique réalisée par Progmonster
Tout a déjà été dit, je pense, sur cette incarnation particulière et transitoire du Roi Pourpre. Chose amusante, la
série King Crimson Collector's Club semble se focaliser sur celle-ci : sur vingt trois publications, c'est la
cinquième à leur rendre justice. Bien malin celui qui pourra dire jusqu'où on ira dans le défrichage de ces
bandes, apparemment nombreuses. Quoi qu'il en soit, ce "Live in Orlando" (enregistré le 27 février 1972) vient
compléter à merveille le "Live at Jacksonville", qui le précède d'un jour, et publié il y a un bon moment
maintenant. Le Crimhead convaincu se fera donc un plaisir de s'envoyer les deux à la suite, histoire de
reconstituer chez lui, en toute quiétude, une page d'histoire, dans son ordre chronologique. On le sait, ces
sources sonores sont rarement d'excellente qualité, et bien que de gros efforts aient été faits dans ce domaine,
cela reste parfois assez limite. Mais la qualité d'interprétation est, elle, optimale et bouillonnante d'intensité.
Rien d'étonnant à ce que ce soit sur base de ces deux dates que l'on choisira le matériel qui fera son apparition
sur le mal aimé "Earthbound". Je ne le dirai jamais assez, il faut croire que Fripp avait à cette époque des
envies d'homicide pour faire gueuler sa gratte comme ça. Acide. Vicieux. Possédé. Malin. Monstrueux. On reste
étonné que ces mecs ne se soient jamais mis sur la gueule ; au lieu de cela, ils se défoulaient sur scène. "Et
tiens, prends-toi ça dans la gueule"... "Attends, écoute mon sax ; en pleine poire"... "Fumier, tu ne perds rien
pour attendre... Bouffe ce larsen !". À cette époque, ce King Crimson ne vivait que par les tourments qui
l'habitaient. Cette incarnation n'est peut-être pas celle qui en représentait le mieux l'esprit, mais c'est
précisément en cela que cette période cruciale se montre toujours, et à chaque témoignage, aussi riche en
émotions fortes. "Live In Orlando" ne déroge pas à la règle et n'apporte à cela aucun démenti.
Note : 4/6
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CHEER ACCIDENT : Salad days
Chronique réalisée par Progmonster
"Salad Days" est le dernier projet auquel Phil Bonnet participa avant de décéder. La carrière de Cheer Accident
a toujours été en dents de scie, comme sa musique en somme, et ce coup du sort n'était certes pas là pour les
aider. Malgré tout, les membres du groupe ont préféré persévérer et continuer leur petit bonhomme de chemin,
dans l'insouciance et le désintérêt général auquel le collectif a bien fini par s'habituer. Le guitariste aujourd'hui
disparu n'était certes pas un boulet pour le groupe, c'était même plutôt son contraire ; un véritable catalyseur.
Mais force est de constater que depuis son décès, la bande à Thymme Jones semble avoir mis les bouchées
doubles en enregistrant disques sur disques, dans un sentiment de frénésie qu'on ne leur connaissait pas.
Épaulé comme il se doit par leur ami de longue date, Steve Albini, "Salad Days" est un de ces albums
inclassables de rock indépendant US où les constructions mathrock/emocore s'arrêtent net sur des voix de
falsetto, des constructions enchevêtrées et à tiroir comme les affectionnent les progueux de la filière
Crimsonienne, une pointe de lyrisme salutaire (flûte, trompette) qui rend tout son éclat à des diamants
volontairement souillés par les mains de l'homme, tout en y ajoutant une pointe de dérision toute Zappaesque.
Si le corpus du disque repose sur ces deux longues plages, deux gros délires prog/emocore qui valent la peine
qu'on les suive et qu'on les écoute ("Graphic Depression", de 11 minutes, et la plage titulaire, qui en fait
presque le double), Cheer Accident se montre aussi particulièrement inventif sur "Insomnia" avec sa rythmique
casserole juxtaposée à un clavier fantômatique, et mélodiquement attachant comme le démontre le délicat
"Post-Premature". Beaucoup de chemin a été accompli depuis "Sever Roots, Tree Dies" dont Cheer Accident
semble avoir mis momentanément de côté le sentiment d'urgence qui autrefois l'habitait pour se concentrer
essentiellement sur l'aspect métrique. Un album déroutant qui mérite toute notre attention.
Note : 4/6
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CHEER ACCIDENT : Gumballhead the cat
Chronique réalisée par Progmonster
Après se l'être jouée prog rock (oui, finalement c'était bien ça) sur "Salad Days", Cheer Accident nous revient
avec un projet aussi cocasse que drôle, et toujours, toujours, aussi viscéralement hors normes. Cela s'adresse
donc aux gens qui pensent avoir un peu d'humour, quoi que, à bien y réfléchir, rien ne laissait sous-entendre
que "Salad Days" devait être pris au sérieux... Soit. Renouant avec la belle époque où le label Skin Graft se
lançait lui aussi dans le métier, le nouveau Cheer Accident se présente sous forme d'un comic book (une vraie
histoire de quinze pages en noir et blanc), une aventure complète de Gumballhead The Cat, complètement
absurde et violente, un credo auquel Cheer Accident se fait bien évidemment un plaisir de s'aligner, réalisant
pour l'occasion sa vision musicale des faits sur le titre qui porte le nom de l'aventure, "The Mystery Treasures
of the San Miguel Apartments". Néanmoins, les titres se suivants les uns les autres, sans transitions pour la
plupart, on peut aisément imaginer que Cheer Accident a ainsi saisi l'occasion pour en écrire les chapitres qui
le précèdent et ceux qui le suivent. L'accent est mis cette fois sur les dissonances, et on entendra rarement tout
au long de notre périple d'une heure, un instrument qui semble être, de près ou de loin, correctement accordé.
C'est un espèce de foutoir malade, très Captain Beefheart pour ceux qui veulent remonter à la source, voire
Tom Waits pour ceux qui ne veulent pas aller trop loin, avec sa ribambelle de percussions clinquantes,
d'harmonica dissonant et d'accordéon malade. Le projet Colossamite, aussi sur Skin Graft, en partage quelque
peu l'approche, mais reste toutefois axé plus sur le côté rock et chanson - puisque chez Colossamite, il y a du
chant. Cheer Accident nous gratifie donc d'un album étonnant et insaisissable de plus, fidèles à eux-mêmes et
à l'opinion que l'on se fait d'eux. Les amateurs d'excentricités apprécieront très certainement.
Note : 3/6
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CHEER ACCIDENT : Introducing lemon
Chronique réalisée par Progmonster
Retour à la normale pour Cheer Accident ? Oui, sauf que la normale chez Cheer Accident, c'est l'anormal (hou
la la). "Introducing Lemon" s'apparente à une épreuve test pour Jamie Fillmore qui doit désormais endosser,
seul, la place laissée vacante par le départ prématuré de Phil Bonnet. A l'écoute de l'offensive qui ouvre les
vingt deux minutes (!) que comporte "The Autumn Wind is a Pirate", le défi semble plutôt bien relevé. Rentre
dedans et écorché vif comme il le faut, quand il le faut, il sait se montrer aussi pondéré que sensible à d'autres
instants. La musique de Cheer Accident, aussi improbable soit elle, fait justement partie de celles qui racontent
des histoires. Et si, au travers des lignes de leurs partitions mises à l'endroit, à l'envers ou de biais, on se met à
voir des images, c'est que leur formidable talent a encore fait des siennes (et non pas que le chroniqueur abuse
de la fumette !!!). Ainsi, leur tout nouvel album s'ouvre et se referme sur deux invitations au voyage, deux
longues plages de vingt minutes, loin des canons post rock actuels, et au cours desquels tout peut arriver. Et
c'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il faut écouter leurs disques. Ils plongent aussi sans fausse pudeur
dans l'idiome rock/pop, mi-Faith No More ("Camp O'Physique"), mi-Sparks ("The Day After I Never Met You"), et
c'est une totale réussite. D'un point à l'autre, la musique de Cheer Accident reste agitée et énergique,
farouchement aventureuse, et ressemble à un résumé judicieux de tout ce que la scène de Chicago a pu faire
naître de mieux (de Shellac ou Don Caballero à Tortoise), sans oublier les racines proprement dites de ces
groupes, choses qui en font finalement le prototype même de groupe supposé plaire à tous les amateurs de
musiques de traverses, qu'elles soient métal, jazz, prog ou électro. Non pas que Cheer Accident se disperse
dans ces modes d'expression, comme sût le faire avec le talent que l'on sait Mr.Bungle, mais force est de
reconnaître qu'ils en ont compris l'essence, au point de l'absorber pour nous la rendre encore plus
passionnante. Maintenant qu'ils reviennent au devant de la scène, il s'agit de ne plus les lâcher, ni de les perdre
de vue. Vraiment excellent. A découvrir de toute urgence.
Note : 5/6
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CARDIACS : On land and in the sea
Chronique réalisée par Progmonster
Avec "A Little Man & A House & The Whole World Window", "On Land and In The Sea" sont, sans conteste, les
deux plus belles réussites produites par ces anglais atypiques que sont les Cardiacs. J'avais personnellement
été plus qu'emballé, je dirais séduit, par la finesse de leurs arrangements sur leur album précédent, et leur
faculté à trouver le juste équilibre pour relever et/ou révéler les tensions, jouer avec les contrastes. Cet album,
bien que bon, semble vouloir fondamentalement se détourner d'une telle perspective. "On Land and In The Sea"
est festif et enjoué, là où "A Little Man & A House & The Whole World Window" se montrait plus réfléchi. Le
départ en trombe de "Two Bites of Cherry" signe le point de départ qui ne fera jamais quitter l'aiguille de la zone
rouge du vumètre. Les titres s'enchaînent à une vitesse folle et, insidieusement, le côté speed mais toujours
bon enfant de leur musique, nous intime l'ordre de taper du pied tout au long de cette heure exténuante. Ska,
punk rock, pub rock, les Cardiacs, c'est un peu tout cela à la fois, sauf que leur version des faits n'est pas du
tout chiante. Écoutez les structures de "The Leader of the Starry Skies" ou "Buds and Spawn", vous m'en direz
des nouvelles. Et le délire rythmique du sautillant "The Duck and Roger The Horse" avec sa succession de
thèmes improbables qui y sont insérés, avant de déboucher sur un déluge de guitare ? Faut quand même avoir
les neurones passablement grillés pour coucher sur papier des structures pareilles, et encore pis quand il
s'agit de les interpréter. C'est presque l'inverse qui est mis d'application sur "Fast Robert" qui démarre à fond
de balle, pour décélérer au fur et à mesure que l'on progresse dans le titre. Bref, je ne vais pas vous faire le
détail de cet album, c'est aussi barbant pour vous que pour moi. Par contre, les Cardiacs, eux, ne le sont pas, et
leurs disques regorgent d'idées aussi folles que saugrenues. Découvrez-les !!!
Note : 4/6
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CIRCLE : Alotus
Chronique réalisée par Progmonster
Vous le savez maintenant (en tout cas si vous êtes de ceux qui lisez mes chroniques), j'ai un gros faible pour ce
groupe finlandais, Circle, seul digne héritier de Can à la surface de la Terre. Voir apparaître un nouveau disque
de Circle, celui-ci s'appelant "Alotus", signifie à peu de choses près plaisir renouvelé, nouveau trip démentiel et
démesuré. Et bien, justement, tel est pris qui croyait prendre ; depuis l’amorce entreprise avec "Prospekt", où
le groupe semblait s’envoler définitivement pour des voyages hallucinogènes dopé par des cocktails de speed
et d’ecstasy (tiens, faudrait que j’essaye), "Alotus" semble marquer un tournant dans la carrière du groupe,
marqué par plus de retenue, offrant un nouveau visage, si pas de nouvelles perspectives, à ce groupe à
géométrie variable. Il y a une certaine lourdeur, dans le sens plus d’aplomb, plus de consistance, dans ce
nouveau disque, chose qu’on ne trouvait pas nécessairement sur ses prédécesseurs. Et d’autant plus sur
"Sunrise", paru l’an dernier, presque plus Hawkwindien qu’Hawkwind lui-même, c’est dire... En clair, Circle,
pour son passage sur un label au réseau de distribution plus étendu que le sien, signe son disque le plus
méditatif de sa carrière. Plus posé. Moins fou. Bon, ça bourdonne toujours autant, la rythmique maintient
toujours une cadence tribale, pas de déception de ce côté-là. Un peu à l'image du dernier Bondage Fruit, "Skin".
Comme si, maintenant qu’on a jeté les bases de ce que l’on est capable de faire, on allait commencer, tout
doucement, à creuser plus en profondeur. On n’étire pas spécialement plus les structures, mais on essaye d’en
extraire et d’en relever des nœuds de tensions qui vont vous agripper, voire vous crisper, jusqu’à leur
conclusion. Ainsi, "Alotus" ne se montre pas pour autant radin en explorations diverses ; les plages dépassent
pour la plupart la barrière fatidique des dix minutes. Bon... "Alotus" est pas mauvais. Pas vraiment. Non. Mais
bon... Pour la gueule, je vais quand même me réécouter "Taantumus"...
Note : 4/6
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BPM&M : XtraKcts & ArtifaKcts
Chronique réalisée par Progmonster
Il n'existe aucun qualificatif, si ce n'est "cool", qui puisse le mieux décrire cet objet insolite qu'est "XtraKcts &
ArtifaKcts". De prime abord, sur base de toutes les informations qu'on a bien pu récolter sur ce disque, il
semblerait que Bill Munyon et Pat Mastelotto (les deux personnes derrière les initiales BPM&M) emboîtent le
pas à l'expérience ProjeKct X qui avait été menée au sortir du vingtième siècle, et dont l'album "Heaven and
Hell" se voulait un compagnon au "ConstruKction of Light" publié par King Crimson. Un compagnon, ou son
pendant plus expérimental si vous voulez, constitué de chutes studio triturées, remélangées et reconstituées
par Pat Mastelotto. Si, en effet, le procédé est le même ici, BPM&M va plus loin en exploitant des samples de
sources diverses, et non pas issues d'une seule session, mais ayant toutes pour trait commun le monde de
King Crimson (des samples de David Byrne ou The League of Crafty Guitarists pourront être décelés par
l'oreille exercée). Ce qui promet un vaste champ d'exploration et de mise en abîme par le biais d'un filtre
électronique bien dans l'air du temps. Bien qu'il puisse paraître audacieux, et il l'est dans un certain sens,
"XtraKcts & ArtifaKcts" déçoit aussi parce que les options prises sont relativement timorées. Mastelotto et
Munyon ont beau être, pour l'un musicien accompli, pour l'autre ingénieur du son, ils ne possèdent pas
spécialement, de toute évidence, la vue d'ensemble qui permet à tout artiste de mettre son oeuvre en
perspective. Restent un livret et un packaging absolument grandiose qui vaut le détour où l'univers
Crimsonien, et Fripp en particulier, sont croqués avec délice et auto-dérision. Les progueux un peu coincés sur
les bords devraient peut-être se l'envoyer entre les oreilles. Mais les familiers des musiques électroniques
risquent de trouver le résultat un peu trop verbeux et pas assez pertinent. Un bel effort d'émancipation tout de
même.
Note : 3/6
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Pete Lockett's Network Of Sparks (Pete) : One
Chronique réalisée par Progmonster
Les amoureux des percussions vont, à coup sûr, se régaler avec ce fabuleux album, conduit par le Network of
Sparks de Pete Lockett, un percussioniste qui s'était déjà fait remarquer sur quelques productions de l'écurie
Realworld. Argument de poids : l'invité de marque de cette session n'est autre que Bill Bruford. Et il va sans
dire que son sens de la mélodie, couplé à sa fascination pour les temps impairs, s'accordent à la perfection à
ce travail d'orfèvre qui semble faire écho, mais en mieux, à l'expérience "M'Boom" menée fin des années
soixante dix par Monsieur Max Roach (dont le "Self Portrait" est adapté ici). Sur ce disque, les amateurs
éclairés de King Crimson retrouveront deux titres qui figuraient au programme de la set list de la formation en
double trio, "Conundrum" et le célèbre "Prism" de Pierre Favre. A tour de rôles, souvent à deux, quelques fois à
trois, mais aussi parfois tous ensemble, à cinq, batterie, marimba, darabuka, djembe, dumbeck, congas,
vibraphone et autres percussions en tout genre vont se frotter les uns aux autres pour révéler une musique
toujours vibrante mais également lumineuse. En dix titres, de longueurs raisonnables, où chacun y va de son
petit solo, on explore les variations infinies que permettent les ensembles polyrythmiques. Même si certains
morceaux évoquent les travaux de Steve Reich ("Travel Light" est de ceux-là), beaucoup démontrent également
que sans les musiques Moyen-Orientales ou d'origine Indiennes ("Voices Apart", "Groove Oddity", "Irreversible
Blue" et "Full on II"), nos tristes blanc becs d'occidentaux en seraient encore et toujours réduits à jouer sur des
déclinaisons peu évoluées de ce fadasse 4/4 qui, de nos jours, continue, en vers et contre tout, à nous
empoisonner la vie en dictant hélas son implaccable loi. Un peu d'exotisme et de relief dans ce monde terne et
prévisible nous ferons le plus grand bien.
Note : 5/6
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RHYTHM BUDDIES : Thunderbird suite
Chronique réalisée par Progmonster
Le Crimson actuel sentirait-il qu'il lui manque un petit quelque chose qui ferait toute la différence ? Vous savez,
cette étincelle insaisissable à qui il doit ses plus grands moments... Comment expliquer sinon la quantité
incroyable de side projects qui gravite autour de lui ? Une perversion du système qui, arrivé aujourd'hui à un
niveau de développement relativement évolué, permet de démultiplier les activités par le biais des technologies
nouvelles et motivés par les nouveaux réseaux de ventes sur le net ? Peu importe en fin de compte. Au point où
nous en sommes, on ne sait plus vraiment si l'on doit considérer comme une bénédiction ou son contraire la
chance que nous avons de pouvoir s'envoyer entre les écoutilles autant de musique. La saturation, là aussi,
n'est plus très loin. Mais que pouvons nous faire pour l'éviter, si ce n'est nous résoudre à ne plus en écouter,
quitte à passer la main sur des projets qui attisent malgré tout notre curiosité ? Le projet Rhythm Buddies n'est
rien d'autre que la section rythmique de l'actuel Crimson (à savoir Trey Gunn à la Warr Guitar et Pat Mastelotto
aux percussions), jammant pendant près de 45 minutes pendant les sessions qui ont débouché sur le EP
"Happy With What You Have to Be Happy With". Pas d'overdubs, pas de montage de quelque ordre que ce soit
indique la pochette. Ok, pas de problèmes. Si vous êtes prêt pour trois titres avoisinants le quart d'heure, à la
linéarité exemplaire, fait de patterns préprogrammés et de nappes de sons familiers propres à installer une
ambiance sur laquelle les musiciens auront la liberté d'improviser, procurez vous ce disque. Mais n'attendez
pas vraiment plus ! "Thunderbird Suite" est plus le fruit d'une alchimie née de l'entente évidente, mais surtout
nécessaire, entre deux musiciens, plutôt que le résultat d'un travail acharné. Un projet bien sympathique,
intéressant même, qui se laisse écouter avec plaisir, intriguant parfois, qui démontre à quel point cette section
rythmique est solide, intuitive et imaginative. Pas crucial, mais tout de même un bel exercice de style de
musiciens entre eux, par des musiciens, pour des musiciens.
Note : 4/6
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Bozzio / Mastelotto : S/t
Chronique réalisée par Progmonster
Le fait de descendre en flêche un disque de batteurs lorsqu'on joue de la batterie soit même est-il un signe
flagrant de jalouise ? Pour l'heure, je ne sais même pas si le compte rendu de ce disque sera positif ou négatif.
Je peux juste dire qu'à l'ouverture du livret, Mike Portnoy n'a qu'à bien se tenir ; sur la photo floue du studio
d'enregistrement de Terry Bozzio, j'ai dénombré pas moins de 32 cymbales et 16 fûts à son kit de batterie.
Quantité ne rime pas avec qualité, c'est bien connu. Tout comme il est bien connu aussi que Bozzio, en dépit de
son énorme talent, est un épouvantable frimeur. Un trait de caractère qui me rebute au plus haut point. Pour ce
projet, on retrouve à ses côtés le désormais omniprésent Pat Mastelotto, batteur actuel du Crimson du
vingt-et-unième siècle, sans doute convaincu qu'il finira bien, sur le long terme, par décrocher une certaine
respectabilité dans le milieu à force de collaborer avec les plus gros branleurs parmi la grande famille des
branleurs que sont les requins de studio. Je marque une première pose dans cette chronique puisque j'écoute
le disque en même temps que je rédige ces quelques lignes ; à priori, on est loin de l'exercice démonstratif que
je craignais. Les pièces sont courtes, amplies d'une ambiance que je qualifierais de nocturne plutôt que
réellement sombre. Brumeuse est le mot que je cherchais... Pas loin des musiques de films chinois d'arts
martiaux où le jeune disciple reproduit les mouvements de son maître dans une clairière s'extrayant
péniblement, en ces heures matinales, d'un épais brouillard. C'est moins un travail de batteur qu'un travail de
percussioniste en fait. Et la diversité des timbres choisis, la variété des percussions et la gamme des cymbales
et autres pièces métalliques garantissent une richesse à laquelle un esprit aussi étriqué que le mien, bourré d'à
prioris, n'aurait jamais pu croire pouvoir entendre un jour sortir d'un tel projet. Maintenant, je vous laisse ; j'ai
un disque à écouter...
Note : 4/6
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WANGWAY : Another Way
Chronique réalisée par Progmonster
Voici venir la première demo quatre titres, annonciatrice du premier album solo de Daniel Wang. Qui est Daniel
Wang ? Pour ceux qui l'ignorent encore, c'est un talentueux multi instrumentiste bruxellois qui s'est illustré au
sein de combos devenus cultes, parmi lesquels nous retiendrons La Muerte, en tant que batteur, ou les délurés
PPz30, à la guitare. Chaque parcelle, chaque recoin de ces dix sept minutes et des poussières respirent
l'exigeance, la discipline, le talent et aussi la grande culture du bonhomme. Si "Read in Your Eyes" est un point
de départ engageant, avec sa rythmique carrée à la croisée des chemins de Billy Idol, ZZ Top, La Muerte
justement et même le Rollins Band, avec, déjà, un soupçon de patterns électroniques, le reste du disque nous
montre que Daniel aime à varier les plaisirs ; "Ride" et "Another Way" montrent définitivement que la source est
le blues, mais il introduit dans ses morceaux des portions inattendues qui précipitent l'un vers des inflexions
jazz fusion à la basse, l'autre vers les fragrances irrésistibles qui entretiennent nos rêves de petits coins de
paradis que sont les îles tropicales. Daniel Wang maîtrise parfaitement son sujet, jusqu'à réutiliser de vieilles
bandes (mais qui ne paraissent pas du tout dépassées) enregistrées en son temps avec ses potes Werner
Braito à l'harmonica (pour "Another Way") et Blaine L.Reininger pour une superbe partie de violon qui illumine
véritablement la superbe mélodie douce amère de "Sandrose" qui vient mettre fin à cette petite mise en jambe.
Pour une démo, c'est un résultat très pro, peut-être trop pour certains, mais tout dépend aussi quelles sont les
attentes de chacun. On attend néanmoins la suite pour pouvoir statuer de manière définitive sur son sort,
désormais plus que prometteur.
Note : 4/6
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The Invisible Frog : First draft
Chronique réalisée par Progmonster
En écoutant les Ruins, beaucoup d'entre nous se sont dit, je pense, qu'en définitive, il existe peu de groupes à
la surface de la Terre qui pratiquent ce genre de musique. Je veux dire un duo composé d'un bassiste et d'un
batteur uniquement qui s'acharnent à jouer des morceaux extrêmes, parfois excessivement courts où, le temps
de reprendre son souffle, on se sera surpris à entendre entre quatre et dix plans différents au sein même de la
structure. Bon, ok, y a Naked City, mais ils sont hors concours. Alors, je ne sais pas si c'est propre au plat
pays, mais voici que depuis quelques temps émergent une série de groupes qui adoptent une optique similaire
et qui se jettent, tête la première, dans des compositions échevêlées qui n'ont que pour unique plaisir le plaisir,
justement, de jouer des morceaux qui ne laissent à personne le temps de se remettre de ses émotions. Ainsi,
nous avions déjà Raxinasky, dont on a pu entendre un titre sur la double compile sortie cette années, célébrant
le festival de Dour. Et voici The Invisible Frog. Comme Raxinasky, ils ont jeté leur dévolu sur une confrontation
guitare/batterie pour un résultat, on s'en doute, encore plus hardcore. Se revendiquant d'artistes signés sur les
labels 31G, GSL ou Skin Graft, vous ressortirez de ce "First Draft" complètement livide. Et, à en croire la bio qui
accompagne ce cd promotionnel, c'est exactement ce que le groupe cherche à accomplir. Un projet qui doit
assurément valoir le détour sur scène. Reste à voir comment ils vont aborder le virage de l'album car, si
s'envoyer six petits titres d'à peine deux minutes, ça défoule un max, faut voir ce que ça donne dans des
proportions plus vastes. Enfin, ça ne m'étonnerait pas que parmi vous, il y en ait qui adorent ça. Raison de plus
alors pour se pencher sur ce nouveau petit phénomène...
Note : 4/6
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MISS HIGH HEEL : Split wax cylinder
Chronique réalisée par Progmonster
Ouch ! Miss High Heel serait-il le premier super groupe grindcore de l'histoire ? Constitué autour de membres
de Lake of Dracula, Scissor Girls et The Flying Lutte173achers, pour ne citer que les plus connus (et on ne rigole
pas, là, dans le fond), Miss High Heel promet d'être un festival en couleur de tout et de n'importe quoi. Le moins
que l'on puisse dire, c'est qu'à ce titre, nous ne pourrons vraiment pas être déçu. Destroy, mais destroy à mort,
les dix titres de cet hallucinant "Split Wax Cylinder" seraient le résultat d'un enregistrement en prise directe sur
une radio indépendante de Chicago, début janvier 1996. Imaginez les bidouillages jusqu'aux boutistes des
parties les plus déjantées de Mr.Bungle première période, les couinements stridents et malades d'un John Zorn
dans sa période Naked City, la cacophonie de Guapo, l'énergie dévastatrice des Guyana Punch Line, le tout
soutenu par une réelle attitude punk et un chanteur qui s'égosille à hurler tout ce qui lui passe par la tête. Ça
vous tente ? Miss High Heel ne s'écarte pas de cette ligne de conduite tout au long de ces trente minutes où,
parfois, on ne peut s'empêcher de pouffer de rire tant ce disque excelle dans le foutage de gueule. De sombres
crétins qui font de la musique expérimentale. C'est très fun en tout cas. Le seul point négatif, s'il y a encore
quelque chose à espérer de ce disque, c'est qu'on pourrait le résumer en un seul mot : du bruit. Mais un bruit
qui ne dérange plus l'oreille alerte qui s'est déjà abreuvée, certes en plus petites doses, de ce genre
d'abstraction. A tout bien y réfléchir, et près de trente ans plus tard, le premier Suicide, sans faire un tel
vacarme, demeure un album bien plus dérangeant. Mais Miss High Heel ne veut pas spécialement déranger.
C'est écrit en grand sur les notes de pochettes : les musiciens de Miss High Heel en ont rien à foutre. Et cela
s'entend.
Note : 3/6
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ENGINE DOWN : A sign of breath
Chronique réalisée par Progmonster
Ça ne mange pas de pain, mais voilà, un titre comme "Second of February", le premier titre qui ouvre ce EP de
Engine Down, est tip-top le genre de truc qui m'accroche en moins de temps qu'il m'en faut pour vous l'écrire
ici même, à cet instant précis. Publié en 2000, "A Sign of Breath" laisserait sous-entendre que la scène
emocore/math rock n'a peut-être pas encore tout dit... On pense inévitablement à l'excellente mise en place des
June of 44, ainsi qu'à la redoutable efficacité de Fugazi. A cela, il faut ajouter un sens mélodique beaucoup plus
marqué que chez la plupart de ces congénères, un sens mélodique qui poindrait, sans en adopter les travers
parfois portés à l'excès, vers Radiohead dans ce qu'il a de plus simple et d'évident. Un talent naturel qui se
traduit au travers des inflexions vocales du chanteur, Keeley Davis, chez qui l'on devine une pointe de
mélancolie qui a de quoi apporter un plus indéniable à cette musique qui, jusqu'ici, dénigrait presque
systématiquement les parties chantées. Les titres s'enchaînent et l'énergique "In On The Kill" à sa suite, même
s'il ne se montre pas aussi immédiat, explore quelques recoins bien sombres en jouant sur les contrastes,
installant des ambiances par le biais d'un duo de guitare qui peuvent se montrer tour à tour rancunières,
roublardes ou réconfortantes. "Your Suit" prépare, sans trop en avoir l'air, le terrain à des changements de
rythmes typiques mais tellement bons quand ils sont interprétés avec une telle maestria. Pour conclure ce petit
interlude, Engine Down inclut en bout de EP une version remixée du "Two Tone", rebaptisé pour l'occasion
"Retone", présent sur leur second disque, "To Bury within the Sound". Différent, mais aussi bon que l'original.
J'ignore complètement ce qu'est devenu ce groupe depuis, mais une chose est certaine ; au regard de ce qui
nous est proposé ici, cela nous donne suffisamment de bonnes raisons pour tenter d'explorer son univers plus
avant, en aval comme en amont.
Note : 5/6
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KAIZERS ORCHESTRA : Ompa til du dør
Chronique réalisée par Progmonster
Ah ! La Finlande... A force d'avoir écouté les quelques artistes qui réussirent à s'exporter hors de leurs
frontières, je me rends compte que ce qui, à mes yeux (et à mes oreilles) d'Européen moyen, me paraissait être
comme une excentricité parmi d'autres n'est, en réalité, qu'un trait commun propre au groupes originaires de
là-bas. Je m'explique ; prenons la crème de la crème, par exemple : Höyry-Kone, et sa descendance bâtarde,
qu'il s'agisse d'Uzva ou de (attention, on reprend son souffle) Alamaailman Vasarat. Tous explorent, sans que
cela nous paraisse être le noeud du problème, une partie de leur patrimoine culturel, chose qui se traduit par
une forte propension à mettre en scène des instruments typiques qui rajoutent un cachet indéniable à cette
musique folklorique. En leur temps, des groupes comme Haikara ou Piirpauke en faisaient de même. C'est ainsi
que pour ce tout nouveau groupe contemporain, qui n'a d'autres prétentions que de faire de la musique
populaire, mais dans sa langue natale, on ne sera pas étonné de retrouver comme instrument de prédilection
cet infâme accordéon. C'est un ensemble rock, pop plutôt (l'irrésistible mélodie de "Død Manns Tango"), mais
l'accordéon, avec ses nappes si particulières, juxtaposés au travail particulier du percussioniste qui, avec ses
bruits de casseroles ("Rullett", "Dr.Mowinckel", "Mann Mot Mann" entre autres), évoque le décidement
incontournable Tom Waits, sont pour beaucoup dans l'installation immédiate de cet univers biaisé. Même si la
musique du Kaizers Orchestra est plus guillerette - c'est pas difficile vous me direz - elle possède également ce
côté quelque peu vaseux. Taillé pour le grand public, le Kaizers Orchestra rencontre d'ailleurs un grand succès.
De quoi se réjouir de ce nouveau petit prodige finlandais... Hein ?... De quoi ?... Un instant s'il vous plaît... Ah !...
Hmmm, t'es sûr ?... Bon, ok. ...Ils sont norvégiens... J'ai rien dit.
Note : 4/6
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ART BEARS : Hopes and fears
Chronique réalisée par Progmonster
Dans l'ombre du mythique Henry Cow se cache un groupe à la carrière éphémère mais aux choix esthétiques
qui défient encore aujourd'hui toute définition acquise d'une quelconque forme de modernité ; il s'agit d'Art
Bears, un trio constitué des deux têtes pensantes d'Henry Cow, Fred Frith et Chris Cutler, qui, en dernière
minute, décident de prendre sous leurs ailes la chanteuse allemande de Slapp Happy, Dagmar Krause. Une
décision qu'ils n'ont sans doute pas regretté par la suite. "Hopes and Fears", leur premier album, est un
testament de noirceur et d'angoisse, gravé au pieu dans la roche friable et exsangue d'une caverne à l'origine
inconnue. Avec des collaborateurs de qualité comme Peter Blegvad (Slapp Happy), Tim Hodgkinson et Lindsay
Cooper (Henry Cow) ou Marc Hollander (Aksak Maboul), la musique de ce premier album est d'une effrayante
beauté, d'une fascinante laideur, de ce quelque chose d'indéfinissable qui en fait à jamais une oeuvre à part.
Sur des structures qui pourraient sembler de loin à des chansons pop, voire des poésies noires entre Léo Ferré
et Kurt Weil, la voix de Dagmar Krause plane, menaçante, passionnée, déchirée, écorchée vive... Comme si Kate
Bush s'était mise à adopter la dramaturgie de Peter Hammill. Génial ! Ça passe ou ça casse... Et pour ceux pour
qui ça passe, ils auront, en deuxième lecture, le privilège de se délecter des architectures sonores absolument
renversantes du duo de musiciens qui la soutiennent, déployant derrière elle un panel de sons dont on n'a
toujours pas terminé aujourd'hui d'explorer la profonde richesse. Des groupes comme Thinking Plague, à la
pointe du progressif d'avant-garde paraît-il, ne seraient clairement rien sans eux. Et quand on vient me dire que
le son de caisse claire de Lars Ulrich sur "St Anger" est original et osé, je ne peux m'empêcher d'esquisser un
sourire en pensant à cet album, "Hopes and Fears", dont le titre à lui seul résume toute la philosophie de ce
disque. Un échantillon d'humanité dans ce qu'elle a de plus horrible. Ou l'inverse.
Note : 6/6
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ART BEARS : Winter songs
Chronique réalisée par Progmonster
"Winter Songs" est un concept album centré sur le descriptif d'une série de photographies représentant une
quinzaine de bas reliefs issus de diverses Cathédrales du patrimoine français, entre Amiens et Nantes. Plus
qu'un simple descriptif, il devient le véhicule à une série de mots et de phrases inspirés par ces mêmes bas
reliefs, un procédé qui, pense-t-on, mettra entre parenthèse pour quelques temps les revendications ultra
gauchistes du groupe. En réalité, en lisant entre les lignes, on comprendra juste qu'il s'agit d'un prétexte pour
rendre (in)volontairement moins tape-à-l'oeil ce parti pris. Une pause avant l'extrême et explicite "The World As
It Is Today". Mais à côté du message, cette suite conséquente d'allégories persiste et signe dans une
succession de piécettes à l'instrumentation richissime qui ne font pas honte à leur précédent essai. Après leur
tentative de chanson rock sur "Hopes and Fears" avec "In Two Minds", Art Bears matérialise ici le
schizophrénique et peu recommandable aux âmes sensibles "Rats & Monkeys" ; voilà les deux seuls titres de
leur brève carrière, du haut de leurs trois petits disques, qui se démarquent véritablement de leur production.
Cette fois livrés à eux-mêmes, Fred Frith et Chris Cutler n'ont aucun mal à redoubler d'ingéniosité pour
continuer à dépeindre des atmosphères lourdes et inquiétantes. Frith, musicien accompli, n'éprouve en effet
aucun problème à se servir du violon, ou de l'orgue, dont seules quelques notes suffisent pour plomber
l'ambiance. Sa guitare, ce croisement habile entre les abstraction de Derek Bailey et la sournoiserie de Robert
Fripp, vient en soutien à des musiques qui se font l'écho de l'univers Moyen-Âgeux qu'ils tentent de dépeindre.
Quant à Chris Cutler, il multiplie les expériences en terme de sons, tant au niveau des percussions que des
bandes en elles-mêmes, qu'il s'amuse à triturer ou à passer à l'envers pour plus d'effets sur ce "Winter Songs"
abominablement séduisant.
Note : 6/6
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ART BEARS : The world as it is today
Chronique réalisée par Progmonster
La sorcière Dagmar Krause est de retour, et prête à livrer son ultime combat. N'a-t-on jamais songé à demander
ce que pensait Diamanda Galas de sa performance sur "Freedom" ? Un cri de la liberté plus vrai que nature, un
retour aux franches revendications d'indépendance et d'émancipation du prolétariat. "The World As It Is Today"
incarne fièrement le dernier acte de cette trilogie. Le plus accompli des trois en terme de procédé
d'enregistrement. Le plus sévère, le plus grave et solennel. L'heure n'est pas à la fête. Et gronde dehors l'orage
alors que le cortège funéraire s'avance péniblement dans les allées en zigzag de cette pente escarpée que la
pluie battante rend encore plus glissante que d'habitude. Ce soir, on enterre le capitalisme, ainsi que les bêtes
immondes qui l'accompagnent dont le nom de leur venin est démocratie. Il est à présent temps pour la chorale
des martyrs de se faire entendre. "The World As It Is Today" est un aller sans retour. Clairement, l'album le plus
engagé d'Art Bears, on l'aura compris. Si l'aventure se termine ici, Fred Frith ira bientôt rejoindre les rangs de
l'expérimental Massacre aux côtés de Bill Laswell et Fred Maher, tout en gardant un oeil averti sur le lancement
de sa carrière solo, alors que Chris Cutler se creusera encore plus les méninges au sein de l'obscur Cassiber.
Dagmar Krause va encore faire appel à lui une dernière fois en donnant un semblant de suite à l'expérience Art
Bears avec News from Babel, en compagnie de Lindsay Cooper et Zeena Parkins. Des retrouvailles en famille
en quelque sorte. Les amateurs d'étrangetés, les fous du détail, les aspirants ingénieurs du son, les
nostalgiques du Bowie période coldwave devraient accorder une chance à ce disque. Et par delà, à Art Bears
lui-même. Un groupe unique et difficile, mais tellement vrai, intègre et inimitable.
Note : 5/6
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ESTRADASPHERE : Buck Fever
Chronique réalisée par Progmonster
Alors que la sortie imminente de leur nouvel album, "Quadropus", est attendue pour la fin de ce mois d'octobre
2003, arrêtons nous un instant devant le phénomène Estradasphere. Tout a déjà été dit, ici, entre les lignes de
certaines chroniques et/ou de certains commentaires à propos de ce légendaire "Buck Fever", supposé être le
porte drapeau de la nouvelle sensation qui allait supplanter Mr.Bungle d'un revers de la main. Je ne me
montrerais pas si enthousiaste. Non pas que "Buck Fever" soit une déception. Non. Il lui manque juste du
caractère, du corps. Mr.Bungle, malgré ses digressions permanentes, était arrivé à se créer un monde qui lui
était propre. Malgré ce collage improbable, ce patchwork de fou, on sentait à travers leurs disques qu'il y avait,
si ce n'est un but véritable, au moins une direction. Il semblerait qu'à l'écoute de ce disque d'Estradasphere, ce
ne soit pas encore le cas. Mais soyons vigileant ; Mr.Bungle n'a-t-il pas livré le meilleur de lui-même qu'après
une série impressionnante de démos et un premier album fourre-tout ? "Buck Fever" est un parfait trait d'union
entre Mr.Bungle et Secret Chiefs 3, préférant se focaliser sur les aspects les plus facilement assimilables des
deux. "Buck Fever", en dépit de quelques moments bien sauvages, ne s'écarte que très rarement d'une trame
qui revisiterait la musique klezmer et le jazz en big band à coup de ritournelles doo-wap, dressant un parallèle
plus qu'évident avec l'approche outrageusement accessible qui avait tant dérangé certains fans hardcore de
Mr.Bungle à la sortie de "California" en 1999. Mais comme ils viennent tous de la même famille (le groupe est
bien évidemment hébérgé sur le label Web of Mimicry de Trey Spruance), on reste en terrain connu, et, bien
entendu, cela fuse dans tous les sens. Mais, à force, l'imprévisible devient prévisible, vous ne trouvez pas ? Au
delà du gag, il ne manque plus à Estradasphere qu'à se trouver un réel objectif pour enfin assumer une série de
disques et une carrière avec un minimum de crédibilité.
Note : 4/6
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Marion Brown (Marion) : Afternoon of a Georgia faun
Chronique réalisée par Progmonster
A ses débuts, le label allemand de Manfred Eicher, ECM, n'avait pas du tout le profil qui est le sien aujourd'hui ;
à savoir, celui d'une esthétique aseptisée, un espèce de jazz new age bien propre sur lui qui a fini par devenir
une marque de fabrique, un style en soi, que bien des artistes, pourtant talentueux et pleins de ressort, ont fini
par adopter, ayant pour conséquence néfaste de les rendre à force ennuyeux, insipides, linéaires et, pour tout
dire, prévisibles. En étant large, on dira que les cent premiers titres du label avaient ce côté aventureux et
mystérieux qui lui fait tant défaut aujourd'hui. Pendant une bonne décennie, ECM a ouvertement contribué à
l'essor d'un jazz "autre" que l'on a plaisir à redécouvrir aujourd'hui au gré des rééditions parcimonieuses qui
viennent enfin compléter son catalogue. Parmi celles-ci, on signalera le premier disque de Marion Brown pour
le label, "Afternoon of A Georgia Faun", un disque lunaire et introverti qui possède toutes les qualités d'un
essai de l'Art Ensemble of Chicago. En somme, déjà fort éloigné de ce que l'altoiste free nous avait proposé sur
Impulse ! Entouré de dix musiciens, parmi lesquels on trouve des pointures comme Anthony Braxton, Bennie
Maupin, Chick Corea, Andrew Cyrille ou l'extraordinaire vocaliste Jeanne Lee, les deux longues plages de cet
album (enfin, surtout la plage titre, "Djinji's Corner" se voulant clairement plus agité) respirent la plénitude, le
calme, la sérénité. Un réveil matinal dans une jungle embrumée parcourue de mille et unes créatures. Chacun
des musiciens contribuent à l'édifice d'une toile sonore tout en pastel où aucun élement ne tend à prédominer.
Un parfait équilibre. Un disque magique. Et tribal. "Afternoon of A Georgia Faun" est presqu'une ode à la vie
dans ce qu'elle a de plus tumultueuse, à un retour aux sources, aux origines ; avant que l'homme, créature à
l'orgueil démesuré, ne décide de s'extraire définitivement de la nature qui l'a vu naître et l'a élevé. Essentiel.
Note : 5/6
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Neurosis : Official bootleg 02 : Stockholm Sweden 15.10.99
Chronique réalisée par Chris
Et voici le second volume de la série "Official bootlegs" initiée l'année dernière par le live à Lyon de 1999 qui je
dois l'avouer m'avait un peu déçu. Qu'en est-il de cette seconde livraison ? Eh bien, on peut dire que le groupe
a mis le paquet ! Non seulement le son est carrément meilleur que sur le live de Lyon (on notera toutefois un
très léger souffle par moment), mais en plus les morceaux sont merveilleusement interprétés. OK, je le
concède, la tracklist est un peu trop similaire à celle du live précédent avec cinq titres en commun sur huit,
mais ne boudons pas notre plaisir : tout est là pour faire de ce live un grand live de Neurosis : atmosphères
tendues à l'extrême, murs de Chine guitaristiques, déferlements apocalyptiques de percussions tribales,
intermèdes ambient-indus entre chaque morceau, bref chaque seconde de ce disque est un véritable régal ! De
plus la magnifique interprétation vocale de Von Till, Kelly et Edwardson réussit parfaitement à nous transmettre
toute la hargne et la souffrance exprimées par le groupe. On peut le dire sans crainte de se tromper : "Official
bootleg 02 : Stockholm Sweden 15.10.99" devient l'album live de référence de Neurosis ! Aussi, si vous hésitiez
encore entre le live de Lyon et celui de Stockholm, le choix s'impose de lui même : c'est ce dernier qu'il vous
faut...
Note : 5/6
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Luciano Berio (1925-2003) (Luciano) : Laborintus 2
Chronique réalisée par Sheer-khan
Préparez-vous au pire. Quoi qu’on ressente, quoi qu’on en pense, totalement hermétique ou immédiatement
subjugué, insupportable demi-heure ou explosion géniale, n’importe quoi autiste ou révolution sonore,
«Laborintus 2», soyez-en sûr, est au-delà de votre seuil de tolérance. Vous n’y trouverez aucune mélodie
identifiable, aucun thème cohérent, aucune douceur… même dans les instants les plus ténus, les secondes
étirées et interminables. Une première partie aux confins de l’atonale et de l’arythmie, aux éclats soudains de
cuivres stridents, au ballet ensorcelant de sopranos illuminées, des à coups, des bris de verre… une
superposition décalée et continue de notes qui s’ouvrent et se rencontrent dans la longueur interminable d’une
progression de décibels apocalyptique… et ces trois femmes ahuries qui poussent des petits cris, qui se
bloquent tout à coup dans une note suraiguë qu’elles tirent sans cesse plus loin jusqu’à ce que le chaos des
autres instruments finisse de nous faire mal. La beauté des instants suspendus en plein déséquilibre, perchés
sur un faux ton, les agressions atroces des éclats instrumentaux qui surgissent à la gueule et vous vrillent la
raison… et ce Sanguineti qui raconte son histoire comme si de rien était en prenant très grand soin de sa
langue italienne. Putain de sorcières… aucun répit, aucun repos, elles attaquent et virevoltent, elles dansent
autour de vous alors que vous mourez, chantant n’importe quoi pour vous rendre malade et semblant
confortées dans leur folie atroce par le sabbat bruitiste des instruments horribles. Ca papote, ça jacasse, ça
piaille comme des poulets puis ça se jette sur vous pour sucer vos neurones… avant de vous laisser à la
deuxième partie, longue suite jazz et acide aux textures électroniques accélérées et terriblement désagréables.
En 1965 Berio est en pleine vision : ce deuxième quart d’heure qui clôt «Laborintus» reste quarante ans plus
tard juste et avant-gardiste. Ces sons… ces sons… des rebonds métalliques dont on tire les fréquences trente
ans avant Aphex et qui traversent en vol la musique de free jazz aux accents hystériques qui sprinte en base
sonore. Au cœur de cette prouesse l’immense maître italien va passer des minutes à jouer sur le silence de ses
forces synthétiques pour des lieux d’atmosphères et d’expériences sonores d’une finesse impensable.
Préparez-vous au pire : pour le 700ème anniversaire de la naissance de Dante, Berio a composé l’enfer et la
folie… prisonnier visionnaire jusqu’à la fin des temps.
Note : 5/6
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SIGH : Imaginary sonicscape
Chronique réalisée par Sheer-khan
Ce qui caractérise l’inénarrable Sigh est parfaitement incarné par ce «Imaginary sonicscape»… y a pas à dire :
ces japonais ont un sens du kitsch qui frôle le multidimensionnel. Sigh est constitué d’un guitariste
irréprochable dans l’évidence ses riffs metal 80’s sombres et mélodiques, dans l’efficacité de ses rythmiques,
du leadership artistique d’un claviériste vocaliste totalement fou, et de pas de batteur en la personne du
navrant Satoshi aka poumtchack. Inclassable, Sigh oscille entre le heavy metal à la early Demon, parfaitement
inspiré et construit, et la musique synthétique psychédélique la plus baroque qui soit. «Nietzschean
conspiracy» est ainsi une lente pièce néo-romantique véloutée et kitchissime, «A sunset song» un rock metal
brut puis jazzy après avoir été poppy californienne… non sérieusement soyons sérieux est-ce bien sérieux
enfin je veux dire… ? ? ! ! ! ! ? ?…. ! Que dire de l’ambiance nocturne et étrange de «Scarlet dream» la
métallique aux chœurs d’écolières niponnes, des délires mégalo solitaires de Mirai qui pianissise à outrance
dans son Impromptu Wakemanien, avant de repartir sur du metal scolaire transcendé aux claviers sous acide et
chœurs de femmes démons… «Dreamsphere», c’est avéré, est hallucinogène. Mirai passe de l’hammond à la
texture moderne avec un temps d’arrêt toujours très prononcé pour des leads et soli 80’s et Marillion.
Incontestablement fascinant, à prendre à tous les degrés y compris au premier. Satoshi dans la semoule mais
les deux autres sont là…Shinichi fait du vieux metal et Mirai son cirque multicolore… peut-on vraiment juger
une musique comme ça ? Peut-on nier l’incroyable créativité qui émane de Slaughtergarden suite ? Cela vaut-il
la peine de résister à l’ambiance suffocante et superbe de «Bring back the dead» sous prétexte de mauvais
goût ? Ces riffs noirs et pur jus, cette lenteur oppressante, ce clavier de malade… il y a incontestablement
quelque chose de génial dans la musique de Sigh. Ca ne ressemble à rien d’autre et ça emmène très loin… le
genre de disque qui donne envie de goûter finalement au sorbet mayonnaise.
Note : 5/6
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PEARL JAM : Vs
Chronique réalisée par Sheer-khan
Pearl jam connut l’immense succès que l’on sait un peu en retard… bien plus d’un an après la sortie de «Ten»,
le single «Jeremy» enfonçait le clou et faisait de Pearl Jam le plus gros phénomène commercial de l’histoire du
grunge. «Vs» sort à ce moment-là. Les oreilles américaines et bientôt européennes sont en pleine Tenmania et
le single «Animal» s’enchaîne en toute fluidité avec ceux du premier album. En bref : Vs et son grunge de
qualité poursuit l’œuvre de «Ten» et passe inaperçu malgré ses ventes énormes. Plus agressif, plus metal,
dans le souvenir de la délicatesse «Ten» mais déjà Vitalogique, Vs est d’abord la suite de son prédecesseur,
une aura mélancolique en moins, mais néanmoins constitué uniquement de pièces excellentes telles le rageur
«Go», le délicat «Daughter»… on retrouve cette alchimie de sincérité et de savoir faire, de metal et de rock, la
voix habitée du grand Vedder et la classe mélodique du combo, souvent incarnée dans les lignes souples et
fines d’Ament l’indispensable. On retiendra «Dissident» la douce, «w.m.a.» la tribalo-atmosphérique, «blood» la
funko-punk qui semble révéler la véritable nature du grunge, «Rearviewmirror» la routière mélodique, prenante
et superbement jouissive… bref : on retiendra «Vs» dans son ensemble car même si dépourvue de la mystique
de «Ten», il s’agit de la même musique et du même groupe… c’est donc indispensable…
Note : 5/6
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Brulé : Lakota piano
Chronique réalisée par Spotted Tail
« Brulé » : c’est le nom d’une des sept tribus de la nation Sioux Lakota, aujourd’hui localisée sur la réserve de
Rosebud dans le Dakota du Sud. Mais c’est aussi le nom d’un groupe de rock/ easy listening — «
ethno-électro-mélodique » — fondé en 1997 par Paul La Roche (comme beaucoup de Sioux, il a un nom
français, car avant la vente de la Louisiane par Napoléon au président Jefferson en 1804, une bonne partie de
l’actuel territoire des Etats-Unis d’Amérique « était française »). L’histoire de Paul La Roche n’est en elle même
ni unique ni atypique : métis né sur la réserve de Rosebud, il est élevé par une famille d’agriculteurs blancs du
Minnesota. Enfant, il apprend la musique, puis devient professionnel. Ce n’est que passé la trentaine qu’il
découvrira son ascendance et son héritage indien. En 1996, il retourne à Rosebud et retrouve ses parents
Sioux. Dès l’année suivante, il enregistre deux album : « We the people », puis le présent « Lakota piano », qui
ont pour principe d’incorporer à la musique du compositeur des influences nord amérindiennes (principalement
au niveau du rythme, des chants et de la flûte des Indiens des Plaines), fruits et symboles de la redécouverte de
son héritage Sioux. Ce second album, « Lakota piano », a la particularité de reprendre des titres d’un groupe de
rock amérindien des années 1970 : XIT, en les réarrangeant complètement avec de nombreux claviers et pianos
qui se juxtaposent avec harmonie et élégance. Difficile de décrire véritablement ni de donner un genre au
produit final. Personnellement, je trouve que celui-ci est plutôt original, singulier et réussi, malgré des côtés «
kitch », électro et « easy listening » un peu trop prononcés par moment, et qui ne manqueraient pas d’en agacer
plus d’un. On se laisse néanmoins emporter et voguer par une musique plane, carrée, répétitive, contemplative
et fort agréable. Une musique bien posée et qui nous fait voyager. Les sons sont à large dominante
électroniques et synthétiques : batterie, basse, nappes de synthé (quasi-permanentes)… une guitare
occasionnelle et très discrète, des pianos Steinway, une flûte amérindienne des Grandes Plaines, quelques
chants traditionnel et quelques percussions.
Le résultat de ce mélange entre musique traditionnelle et moderne est donc une réussite ; on appréciera
particulièrement les passages qui empruntent le grand tambour des pow-wows (« large drum ») ou le petit de la
Native American Church (« small drum »), même si parfois synthétiques. De la même façon, le fait d’y apposer
des passages de chants traditionnels me paraît par moments un peu trop mécanique et artificiel. En
conclusion, ce n’est pas le meilleur album de Brulé, mais c’est un bon début, et la flûte amérindienne et les
parties mélodiques constituent le charme des compositions. Ravira les amateurs de New Age, de musiques
nouvelles, électroniques ou mélodiques.
Note : 3/6
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ISIS : Celestial
Chronique réalisée par Chris
"Celestial" est à mon avis le disque sur lequel Isis parvient à la maturité. Après une courte introduction,
"Celestial (the tower)" déboule comme un buldozer lancé à 200 à l'heure... Cet excellent titre annonce la couleur
car l'intégralité du disque va être du même tonneau, à savoir : terriblement bon et puissant ! La grande force de
Isis est d'avoir sû se détacher au fil du temps de ces anciennes influences pour réussir à poser les bases d'un
style inimitable, lourd, racé et puissant. Bien loin d'être une pâle copie de Neurosis, Isis étale ici toute sa classe
et abats ses meilleurs atouts : un talent de composition hors du commun que ce soit dans les morceaux
rapides et brutaux ou dans ceux plus calmes et tortueux, où la section basse / batterie fait des ravages. Les
guitares tantôt délicates, tantôt délicieusement stridentes ("Deconstruction towers") s'immicent sournoisement
et irrémédiablement au plus profond de vous. Côté vocaux, Aaron Turner se montre comme à l'accoutumée
vraiment bestial ! Isis ou comment marrier de la plus belle des façons subtilité et brutalité ! Je dois dire que j'ai
mis beaucoup de temps pour arriver à apprécier "Celestial" à sa juste valeur. Mais cet album est comme un
grand vin, il se bonifie avec le temps et le nombre d'écoutes. Voilà donc un disque proche du chef-d'oeuvre
pour un groupe qui a gagné définitivement toute mon estime. Je ne sais vraiment pas ce qui me retient de lui
mettre un 6 sur 6...
Note : 5/6
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AND ALSO THE TREES : The millpond years
Chronique réalisée par Twilight
Je crois bien que ‘Millpond years’ est mon album préféré de And also the trees. Leur romantisme noir y trouve,
me semble-t-il son expression la plus parfaite. Plus sensuel mais également plus écorché que jamais, le ton
général semble s’être adouci, s’être fait plus mélancolique, moins désespéré. En apparence peut-être car la
noirceur torturée de ‘Count Jeffrey’, l’intensité hantée de ‘Simple Tom and the ghost of Jenny Bailey’, les
contractions de ‘Suffering of the stream’ montrent vite que sensibilité blessée ne cicatrise jamais si facilement.
Plus belle que jamais, leur cold wave lyrique semble évoluer comme une rivière ( ‘This ship in
trouble’,’Suffering of the stream’), toute en guitares aux cordes tendues qui virevoltent en spirales tantôt
cristallines, tantôt angoissantes de par leurs échos. Le groupe l’a enrichie de discrètes touches de clavier, de
violons qui lui donnent une profondeur mélodique plus douce mais toujours aussi poignante. Chaque chanson
prend les contours d’une peinture qui semble s’animer sous nos yeux. On imagine volontiers les musiciens du
groupe vivre dans un manoir dans la campagne anglaise et se promener en chemise blanche, la mèche rebelle,
et leur vie à cette époque ressemblait bien à cette réalité-là…le romantisme dans toute sa splendeur, sa
noirceur et son intensité !
Note : 6/6
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AND ALSO THE TREES : Virus meadow
Chronique réalisée par Twilight
J’aime beaucoup ‘Virus Meadow’ car And also the trees commencent à y maîtriser progressivement la rage
émotionnelle et la sensibilité noire de leurs débuts pour les rendre plus belles. N’en déduisez pas qu’ils en ont
pour autant perdu la passion, bien au contraire, tout en leur composition respire une sensibilité écorchée,
tiraillée entre extase et désespoir; simplement, ils en ont ciselé les contours bruts pour leur donner plus de
pureté sans en trahir le tranchant. La musique d’And also the trees, c’est la campagne païenne de Thomas
Hardy, une nature qui est à la fois un refuge mais une force également, presque un personnage, hantée de
traditions, de superstitions. C’est aussi la nature transfigurée du romantisme, une exploration intérieure des
paysages émotionnels qui nous hantent. Nerveuse, intense, dramatique, leur cold wave est comme un torrent
qui bouillonne et explose en cascades, des guitares froides et profondes, une rythmique comme un pouls, avec
de ci de-là une point de clavier symphonique (‘ Dwelling place’) et le timbre profond de Simon qui se fait moins
hurlant, plus désespéré, glisse au rythme de ses paroles comme si les déclamer était l’unique clef pour se
libérer de sa douleur, une souffrance belle et poétique. Beaucoup de passion dans ces morceaux, de tumulte
mais également de lumière…Romantiques modernes les musiciens de And also the trees ? Après l’écoute de
ce disque, vous n’en douterez plus.
Note : 5/6
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AND ALSO THE TREES : A retrospective 1983-86
Chronique réalisée par Twilight
‘Romantique’ est le mot qui désigne le mieux And also the trees. Attention, ne comprenez pas ‘fleur bleue’, je
parle du romantisme dans son essence pure, du mouvement artistique né au en Europe au cours du XVIIIème
siècle. Nos Anglais ont en effet cette sensibilité écorchée et violente, cette mélancolie douce et sombre qui
transporte le cœur et le fait battre douloureusement. Simon, le chanteur, est justement ce genre de personnage
qui parcourt la campagne anglaise pour en capter la poésie et en faire le miroir de ses émotions. Ses textes ont
ce côté clair obscur des toiles de Constable, cette saveur sucrée-amère des livres de Thomas Hardy qui
traduisent en mots un mal-être doublé d’une sensibilité quasi extatique. La musique du groupe traduit cette
lutte intérieure; sensuelle, noire, elle rampe, explose en colère, en rage, cherche à saisir l’insaisissable, échoue,
se replie dans une mélancolie feutrée…Des guitares cold qui rappellent parfois Joy Division, Siouxsie ou
certains Cure, un jeu en finesse et en variations, des touches cristallines qui finissent par grincer, et un chant
profond, sans cesse sur le fil du rasoir…et cela nous donne une collection de morceaux d’une beauté à vous
hérissez le poil, de la mélancolie lyrique de ‘Shantell’ au désespoir sentimental de ‘Impulse of a man’ ou ‘A
room lives in Lucy’, sans oublier la sensualité crépusculaire de ‘Twilight’s pool’. Non, rien de naïf dans le
romantisme de And also the trees, mais une noirceur profonde et belle qui mêle en une merveilleuse alchimie la
sensibilité et la passion de Keats, Shelley, Byron, Wordsworth et les autres avec l’énergie du post punk. Cette
rétrospective est une belle occasion de s’y plonger…
Note : 5/6
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EDGE OF SANITY : Crimson 2
Chronique réalisée par pokemonslaughter
Dan Swanö aime surprendre. alors que tout le monde avait fait le deuil d'Edge Of Sanity, le voici qui le
ressuscite et ce avec sa seule personne. Alors EOS le retour ? et bien non que ce soit clair, "Crimson II" sera le
dernier album de l'entité. Dan avait envie de terminer la carrière de son groupe sur la plus haute marche du
podium et de ne pas laisser l'erreur qu'était "Cryptic" comme épitaphe. Alors première question, immédiate
pour les fans : ce "Crimson II" atteint il la splendeur du "I" ? Et bien, et ceci intervient d'un point assez
personnel, je ne trouve pas. "Crimson II" est encore plus fouillé, plus complexe, immensément riche en
variations, en ambiances diverses, seulement voilà, cette fois-ci les 45 minutes passent moins vite qu'avant.
L'influence Nightingale propre au sieur Swanö est ici palpable via les nombreuses parties de claviers très
oldies qui si elles transcendent parfois la musique, ont souvent tendance à rendre l'ensemble plus confus
encore. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : Crimson II est loin d'être un mauvais album, voire
même d'un album médiocre. Juste qu'il lui manque le petit détail (une production plus ample peut-être, des
claviers moins présents...) pour en faire LA bombe du groupe. Et puis bon, faut pas s'étonner aussi, appeler
son disque "Crimson II" cela sous-entend immédiatement une comparaison avec le chapitre d'avant. Mais si
justement on tente de faire abstraction de ce cultissime album, alors les choses changent (du moins sur
certains points...). On se retrouve avec un disque de death mélodique des plus efficaces et expérimentaux,
pensez donc Un morceau (9 chapitres) pour 44 minutes... guitare rythmique super incisive, leads omniprésents
et tournoyants, solos excellents, nombreuses références mélodique au "Crimson I" et surtout chant, grande
force du groupe, hyper efficace, que ce soit en hurlement death ou en chant clair (où là cela devient divin). En
fait le principal reproche que je pourrais adresser à ce disque est la très grande implication qu'il nécessite. On a
bien là un morceau de trois quart d'heures, et pas un collage de différents morceaux. Un disque chaudement
recommandé cependant. Un tel travail (je rappelle que dan fait quasiment tout) ne peut pas passer inaperçu, les
mélodies y sont superbes, le son est très puissant (bien qu'ayant souffert d'une compression un peu bourrine
je trouve), bref si Edge Of Sanity ne termine pas sur son chef-d'oeuvre, gageons que ce "Crimson II" n'en est
finalement pas si éloigné...
Note : 4/6
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DAS ICH : Egodram
Chronique réalisée par Twilight
‘Egodram’ est un album un peu particulier de la carrière de Das Ich. C’est en effet leur premier travail sans
concept ni réel fil conducteur; après la bande son de ‘Das innere ich’ le groupe souhaitait écrire un disque plus
dansant, sans arrière-pensée, ‘plus commercial’ diront les mauvaises langues, sentiments renforcé du fait qu’il
ne sortira pas sur leur label mais chez une plus grosse compagnie. S’il est vrai qu’il est plus immédiat et plus
facile au niveau des mélodies, il n’en demeure pas moins tout à fait valable au niveau de ses constructions. Das
Ich poursuit dans la lignée de ‘Staub’, à savoir une musique électronique gothique de plus en plus enrichie de
sonorités industrielles, cette fois-ci plus directe au niveau rythmique. On reconnaît pourtant bien la patte de
Bruno Kramm qui aime à tisser ses mélodies de façon complexe, à triturer ses sons en évitant toujours une
trop grande facilité. Quant à Stefan, plus enragé que jamais, il se démène comme un piranha dans l’eau, ce qui
nous donne les excellents ‘Kindgott’, ‘Krieger’ ou ‘Egodram’. Il subsiste pourtant une ombre au tableau. Malgré
son efficacité, ‘Egodram’ souffre de son manque d’atmosphère et si l’on est séduit par la touche immédiate des
morceaux, on s’en lasse également plus vite. J’irais même jusqu’à dire que cet album est trop long, si la sauce
prend bien sur les sept premiers titres, un désagréable sentiment de tourner en rond, tant au niveau des
sonorités que vocalement finit par s’insinuer et l’on se surprendrait presque à bailler un peu. ‘Egodram’ se
destine donc avant tout aux fans d’électro plus dur ou aux mordus des dancefloors; ceux qui appréciaient Das
Ich pour la profondeur de leur musique risquent de rester un peu sur leur faim même s’il contient les qualités
nécessaires pour figurer quand même dans leur collection.
Note : 4/6
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AND ALSO THE TREES : Farewell to the shade
Chronique réalisée par Twilight
En parfaite continuité du splendide ‘Millpond years’, ce non moins superbe ‘Farewell to the shade’ nous révèle
des And also the trees qui peaufinent toujours davantage leurs atmosphères, enrichissant leur cold wave
d’élément néoclassiques qui en renforcent l’intensité dramatique. Le désespoir pur s’efface peu à peu devant
une mélancolie écorchée, les climats semblent plus sereins en apparence même si le drame couve
(l’inquiétante valse de ‘Macbeth’s head’, la tristesse suicidaire de ‘The street organ’, le spleen de ‘Anchord yard’
ou la passion de ‘Ill omen’). Cette poétique angoisse est parsemée de mélodies feutrées et délicates comme le
superbe ‘Belief in the rose’ , la douceur planante de ‘Horse fair’ ou l’étonnante reprise du ‘Lady d’Arbanville’ de
Cats Stevens. Tant d’images viennent à l’esprit à l’écoute d’une telle musique, manoirs en ruines, cottages,
lande sous un ciel d’orage, personnages excentriques en quête de plénitude spirituelle…Le groupe a canalisé
sa passion, non pour l’étouffer mais pour la fouiller et n’en garder que l’essence la plus pure. Le résultat est
stupéfiant de beauté sombre et de poésie douloureuse, ‘Les peupliers gisent abattus, adieu l’ombre…’
Note : 5/6
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Julian Cope (Julian) : Saint Julian
Chronique réalisée par Twilight
Parmi les excentriques, on distingue grossièrement deux catégories, ceux dont la musique reflète
complètement la folie et ceux qui, sous des apparences musicales plus ‘respectables’, cachent une
personnalité complètement ouf. Je classerais Julian Cope dans le second groupe. Nul ne se douterait
(quoique…) en écoutant ses chansons à quel point ce type est bizarre…rescapé de Teardrop Explodes, ayant
grillé sa jeunesse et ses neurones dans les acides, notre homme pourrait être comparé à une sorte de Iggy Pop
mystique. Il reconnaît se raser les tempes pour laisser passer les rayons du soleil, vit des expériences
surnaturelles, admet volontiers qu’il est barjot et apprécie que sa femme l’aide à s’équilibrer un peu. Bref, il est
ce qu’on appelle un ‘personnage’. Si j’apprécie l’individu, en revanche, sa musique me laissait un peu froid
malgré d’indéniables qualités, pas mon style, exception faite de ce ‘Saint Julian’ (et d'une poignée d'autres) que
je trouve être un excellent album de rock tripé. Le titre en dit long sur le contenu de l’album, Julian y rencontre
notamment Dieu dans une voiture (‘St-Julian’), imagine l’au-delà (le magnifique ‘A crack in the clouds’), se
compare à une fusée dans ses ébats amoureux (’Planet ride’) dans un délire mi-humour mi-amertume. Et
pourtant, ‘Saint Julian’ est un album d’une grande profondeur musicale, tout d’abord car les mélodies sont très
bonnes, bien ficelées, quant aux arrangements, ils sont superbes également : un bon rock pêchu agrémenté de
claviers et de cor anglais (si si !) qui lui confèrent une touche de mélancolie appréciable. Difficile dès lors de
résister à des chansons comme ‘World shut your mouth’, ‘Screaming secrets’, ‘Eve’s volcano’, ‘Saint Julian’ ou
le plus atmosphérique ‘A crack in the cloud’ beaucoup plus triste dans ses ambiances. Saint-Julian, patron de
l’humour noir, priez pour nous…
Note : 5/6
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INKUBUS SUKKUBUS : Belladonna and aconite
Chronique réalisée par Twilight
Bienvenue dans les farandoles païennes anglaises, bienvenue dans les sabbats sur la lande, bienvenue dans le
monde de Inkubus Sukkubus, bienvenue dans ‘Belladonna and aconite’. Un album sans surprise, typique du
son du groupe, un peu lassant et très agréable pour cette raison. En effet, peu de nouveauté à attendre, les
techniques de compositions sont les mêmes album après album, une ligne de programmation, une guitare
puissante, un beat martelant, bref, un schéma et des sons qui se reconnaissent entre mille. Il y a pourtant de
l’efficacité dans cette base et la très belle voix de Candia apporte la mélodie nécessaire pour faire la différence,
et ça marche. Difficile de résister à la mélodie et à l’énergie de ‘Belladonna and aconite’, du très rock ‘Vampyrs’,
de l'inquiétant 'Incubus' ou encore de ‘Midnight queen’. Certains morceaux varient un peu le schéma comme le
calme ‘Trinity’ ou le lent ‘I’m the one’. C’est le problème avec Inkubus Sukkubus, c’est toujours la même chose
mais il y a chaque fois de fichues bonnes compositions qui donnent envie d’acheter l’album…Bah ! A écouter
pour le plaisir, sans se prendre la tête.
Note : 4/6
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INKUBUS SUKKUBUS : Heartbeat of the earth
Chronique réalisée par Twilight
S’il ne devait en rester qu’un, que ce soit celui-là ! On y retrouve tous les éléments du style Inkubus Sukkubus,
lignes de programmation, guitares puissantes, beats roulants et superbe chant féminin. Pourtant, l’émotion me
semble avoir été portée un cran plus en avant, les mélodies ont un aspect lyrique plus envoûtant encore, elles
semblent hantées d’une plus grande force, d’une profondeur plus marquée. Quant à la voix de Candia, elle n’a
jamais été si poignante et belle. Des chansons comme ‘ Heartbeat of the earth’, ‘Take my hunger’, ‘Witch hunt’,
‘Catherine’ me semblent parmi les meilleures que le duo ait composées, comme si il avait poussé au maximum
tout ce qu’il savait faire, développant les atmosphères, modulant le timbre dans des directions plus
surprenantes que d’habitude. Il semblerait bien que Inkubus Sukkubus ait produit-là son chef-d’œuvre.
Note : 5/6
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INKUBUS SUKKUBUS : Beltaine
Chronique réalisée par Twilight
C’est à la fois simple et compliqué de chroniquer un album de Inkubus Sukkubus, simple car ils ont un son qui
leur est propre (ça, c’est plutôt positif), difficile car la technique de composition est toujours plus ou moins
semblable et qu’il devient compliqué de ne pas se répéter…Dans une scène goth anglaise où plus de la moitié
des formations sont inspirées par les Sisters of Mercy, le duo fait un peu figure d’OVNI, d’autant plus que si
leur imagerie très ‘sorcellerie, vampire, paganisme et compagnie’ fait très très cliché, il semblerait qu’il ne
s’agisse pas pour eux d’une simple façade mais bien de croyance sincère, voir de mode de vie. Bref, ce disque
compile leur premiers travaux (dont certains titres comme ‘I’m the one’, Beltaine’ seront repris par la suite avec
une meilleure production) qui mettent déjà en place la technique de composition de Tony Mc Kormack, une
ligne de programmation, un rugissement de guitare, un beat qui démarre sur les chapeaux de roue (parfois
accompagnée de roulements de bodhràn) et le morceau qui éclate. C’est efficace mais ça tourne vite en rond
(même si certains titres proposent bien quelques variations)…c’est là qu’intervient l’atout Candia qui avec son
timbre vaguement Siouxsie se charge de vous coller là-dessus une mélodie imparable. Il y a dans la musique
de Inkubus Sukkubus cette immédiateté pop qui charme mais donne à leurs albums la même couleur. Le
problème est que sur chacun d’eux, il y a les quelques chansons qui ressortent clairement du lot et donnent
envie de l’acheter. Celui-ci n’échappe pas à la règle avec ‘ Goblin jig’ et son petit côté celtique, ‘Church of
madness’, ‘Midnight queen’ ou encore ‘Beltaine’. Quant au reste, il se laisse écouter…et après tout ? Si c’est
bien, c’est le plus important, non ?
Note : 3/6
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Informations
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Table des matières
Les chroniques ........................................................................................................................................................................... 3
DEADBOLT : Shrunken head ........................................................................................................................................... 4
COPH NIA : Shape shifter ................................................................................................................................................. 5
VON THRONSTAHL : Imperium internum ..................................................................................................................... 6
Miroslav Vitous (Miroslav) : Infinite search...................................................................................................................... 7
Celeste (ITA) : Principe di un giurno................................................................................................................................. 8
CENTIPEDE : Septober energy ......................................................................................................................................... 9
The Trio : S/t .................................................................................................................................................................... 10
Masahiko Togashi (Masahiko) : Rings ............................................................................................................................ 11
DWELL : Run on ice........................................................................................................................................................ 12
DWELL : S/t .................................................................................................................................................................... 13
N.I. : S/t ............................................................................................................................................................................ 14
THE THING WITH TWO HEADZ : S/t ......................................................................................................................... 15
The Days Of The Trumpet Call : Purification.................................................................................................................. 16
VON THRONSTAHL : E pluribus unum........................................................................................................................ 17
NECROPHORUS : Gathering composed thoughts.......................................................................................................... 18
ATOMINE ELEKTRINE : Elemental severance ............................................................................................................ 19
ATOMINE ELEKTRINE : Archimetrical universe......................................................................................................... 20
Marc-antoine Charpentier (1643-1704) (Marc-antoine) : Antiennes "O" de l'avent........................................................ 21
John Zorn (John) : Spillane .............................................................................................................................................. 22
Derek Bailey / George Lewis / John Zorn : Yankees....................................................................................................... 23
PÄRT (B.1935) (Arvo) : Tabula rasa - Cantus - Fratres .................................................................................................. 24
IRON MAIDEN : Rock in Rio......................................................................................................................................... 25
SKEPTICISM : Farmakon ............................................................................................................................................... 26
A Perfect Circle : Thirteenth step..................................................................................................................................... 27
Les Tétines Noires : Fauvisme et pense-bête ................................................................................................................... 28
Les Tétines Noires : Brouettes ......................................................................................................................................... 29
Jay-Jay Johanson (Jay-jay) : Poison................................................................................................................................. 30
KILLING JOKE : Night time........................................................................................................................................... 31
CURRENT 93 : The starres are marching sadly home (theinmostlight thirdandfinal).................................................... 32
NICO : The end ................................................................................................................................................................ 33
Arcana (SUE) : Dark age of reason.................................................................................................................................. 34
Arcana (SUE) : Cantar de procella................................................................................................................................... 35
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Arcana (SUE) : The last embrace..................................................................................................................................... 36
DESIDERII MARGINIS : Dead beat .............................................................................................................................. 37
Raison D'Etre : Collective archives.................................................................................................................................. 38
SOPHIA : Herbstwerk...................................................................................................................................................... 39
SOPHIA : Aus der welt .................................................................................................................................................... 40
Les Joyaux De La Princesse / Regard Extrême : Die Weisse Rose ................................................................................. 41
David Bowie (David) : The singles collection ................................................................................................................. 42
FRONT LINE ASSEMBLY : Caustic Grip ..................................................................................................................... 43
FRONT LINE ASSEMBLY : Millennium ...................................................................................................................... 44
Collection D'Arnell-Andrea : Villers-aux-Vents.............................................................................................................. 45
MUSLIMGAUZE : Fedayeen .......................................................................................................................................... 46
SWAN DEATH : Arsenic ................................................................................................................................................ 47
SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : The inexperienced spiral traveller........................... 48
MUSLIMGAUZE : Arabbox ........................................................................................................................................... 49
The Eternal Afflict : Atroci(me)try .................................................................................................................................. 50
The Eternal Afflict : (Luminographic) agony .................................................................................................................. 51
The Eternal Afflict : Trauma rouge (...now mind revolution).......................................................................................... 52
RSLD : L'aube de la révolte ............................................................................................................................................. 53
UNTOTEN : The look of blasphemie .............................................................................................................................. 54
INVADING CHAPEL : Notre Blâme de Paris ................................................................................................................ 55
SOKO FRIEDHOF : Grabschönheiten ............................................................................................................................ 56
SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : Dead lovers' sarabande (face one)........................... 57
SOPOR AETERNUS AND THE ENSEMBLE OF SHADOWS : Dead lovers' sarabande (face two) .......................... 58
ARCA : Angles ................................................................................................................................................................ 59
METALLICA : St. Anger ................................................................................................................................................ 60
NEPHENZY CHAOS ORDER : Pure black disease ....................................................................................................... 61
SOKO FRIEDHOF : Im Beichtstuhl der Begierde .......................................................................................................... 62
SOKO FRIEDHOF : Die Geschichte eines Werwolfs..................................................................................................... 63
MILITIA CHRISTI : Ordo Militia Templi ...................................................................................................................... 64
HEAVENWOOD : Diva .................................................................................................................................................. 65
HELTIR : Neue Sachlichkeit ........................................................................................................................................... 66
MORTAL CONSTRAINT : The legend of deformation................................................................................................. 67
MIGHTY SPHINCTER : Ghost walking / New Manson family..................................................................................... 68
POLYGON : Refuge ........................................................................................................................................................ 69
MASCHINENZIMMER 412 : Malfeitor ......................................................................................................................... 70
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MASCHINENZIMMER 412 : Macht durch stimme ....................................................................................................... 71
IN SLAUGHTER NATIVES : Enter now the world ....................................................................................................... 72
CURRENT 93 : Looney runes ......................................................................................................................................... 73
DEATH IN JUNE : Cathedral of tears............................................................................................................................. 74
Death In June / Les Joyaux De La Princesse : Öste173räun.............................................................................................. 75
BLOOD AXIS : Blot : Sacrifice in Sweden..................................................................................................................... 76
Blood Axis / Les Joyaux De La Princesse : Absinthe, la folie verte................................................................................ 77
The Days Of The Trumpet Call : I saw no temple in this city ......................................................................................... 78
VON THRONSTAHL : Re-turn your revolt into style.................................................................................................... 79
GOLEM : Death never dies.............................................................................................................................................. 80
AVERSE SEFIRA / SECRETS OF THE MOON : Bestien in engelsgestalt .................................................................. 81
Reverend Bizarre / Ritual Steel : Blood on Satan's claw / Death in spring...................................................................... 82
IMMORTAL : Destroying divina .................................................................................................................................... 83
1349 : 1349....................................................................................................................................................................... 84
KONKHRA : Reality check ............................................................................................................................................. 85
OCCULT : Prepare to meet thy doom.............................................................................................................................. 86
PROSTITUTE DISFIGUREMENT : Deeds of derangement.......................................................................................... 87
A Canorous Quintet : The only pure hate......................................................................................................................... 88
CANCER : Death shall rise.............................................................................................................................................. 89
BETHLEHEM : Dark metal............................................................................................................................................. 90
NAPALM DEATH : Noise for musics sake .................................................................................................................... 91
OCCULT : The enemy within.......................................................................................................................................... 92
NOCTE OBDUCTA : Stille............................................................................................................................................. 93
DARK FORTRESS : Profane genocidal creations .......................................................................................................... 94
HELL MILITIA : The second coming - reh'.................................................................................................................... 95
Bloody Harvest / Vokodlok : ...From the bibel / Unchain the wolf ................................................................................. 96
ONDSKAPT : Draco sit mihi dux.................................................................................................................................... 97
MASSACRA : Final Holocaust ....................................................................................................................................... 98
KLIMT 1918 : Undressed memento ................................................................................................................................ 99
GURD : Down the drain................................................................................................................................................. 100
CURRENT 93 : Hypnagogue......................................................................................................................................... 101
DEEDS OF FLESH : Reduced to ashes......................................................................................................................... 102
Angelcorpse : Hammer of gods...................................................................................................................................... 103
ART INFERNO : Abyssus abyssum invocat ................................................................................................................. 104
VESANIA : Firefrost Arcanum...................................................................................................................................... 105
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Bérurier Noir : Enfoncez l'clown.................................................................................................................................... 106
DWELLING : Humana .................................................................................................................................................. 107
DAS ICH : Morgue ........................................................................................................................................................ 108
CELTIC FROST : Morbid tales ..................................................................................................................................... 109
CELTIC FROST : To mega therion ............................................................................................................................... 110
FINNUGOR : Death before dawn.................................................................................................................................. 111
CELTIC FROST : Vanity/nemesis................................................................................................................................. 112
David Bowie (David) : Reality....................................................................................................................................... 113
AKERCOCKE : Choronzon........................................................................................................................................... 114
Ah Cama-Sotz : Mantra.................................................................................................................................................. 115
DAS ICH : Staub............................................................................................................................................................ 116
DAS ICH : Satanische Verse.......................................................................................................................................... 117
KRALIZEC : Origin....................................................................................................................................................... 118
ARMAGEDDA : Only true believers... ......................................................................................................................... 119
EPHEL DUATH : The painter's palette ......................................................................................................................... 120
Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : Born into trouble as the sparks fly upward .............................................. 121
Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra : This is our punk-rock, thee rusted satellites gather + sing....................... 122
ARZACHEL : S/t ........................................................................................................................................................... 123
EGG : S/t ........................................................................................................................................................................ 124
EGG : The polite force ................................................................................................................................................... 125
EGG : The civil surface.................................................................................................................................................. 126
RACHEL'S : Systems/Layers......................................................................................................................................... 127
SOLEFALD : The linear scaffold .................................................................................................................................. 128
LIVING COLOUR : Vivid............................................................................................................................................. 129
LIVING COLOUR : Biscuits......................................................................................................................................... 130
LIVING COLOUR : Collideøscope............................................................................................................................... 131
KING CRIMSON : Live in Orlando 1972 ..................................................................................................................... 132
CHEER ACCIDENT : Salad days ................................................................................................................................. 133
CHEER ACCIDENT : Gumballhead the cat ................................................................................................................. 134
CHEER ACCIDENT : Introducing lemon..................................................................................................................... 135
CARDIACS : On land and in the sea ............................................................................................................................. 136
CIRCLE : Alotus ............................................................................................................................................................ 137
BPM&M : XtraKcts & ArtifaKcts ................................................................................................................................. 138
Pete Lockett's Network Of Sparks (Pete) : One ............................................................................................................. 139
RHYTHM BUDDIES : Thunderbird suite..................................................................................................................... 140
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Bozzio / Mastelotto : S/t................................................................................................................................................. 141
WANGWAY : Another Way ......................................................................................................................................... 142
The Invisible Frog : First draft ....................................................................................................................................... 143
MISS HIGH HEEL : Split wax cylinder ........................................................................................................................ 144
ENGINE DOWN : A sign of breath............................................................................................................................... 145
KAIZERS ORCHESTRA : Ompa til du dør.................................................................................................................. 146
ART BEARS : Hopes and fears ..................................................................................................................................... 147
ART BEARS : Winter songs.......................................................................................................................................... 148
ART BEARS : The world as it is today ......................................................................................................................... 149
ESTRADASPHERE : Buck Fever ................................................................................................................................. 150
Marion Brown (Marion) : Afternoon of a Georgia faun ................................................................................................ 151
Neurosis : Official bootleg 02 : Stockholm Sweden 15.10.99 ....................................................................................... 152
Luciano Berio (1925-2003) (Luciano) : Laborintus 2.................................................................................................... 153
SIGH : Imaginary sonicscape......................................................................................................................................... 154
PEARL JAM : Vs........................................................................................................................................................... 155
Brulé : Lakota piano ....................................................................................................................................................... 156
ISIS : Celestial................................................................................................................................................................ 157
AND ALSO THE TREES : The millpond years............................................................................................................ 158
AND ALSO THE TREES : Virus meadow ................................................................................................................... 159
AND ALSO THE TREES : A retrospective 1983-86.................................................................................................... 160
EDGE OF SANITY : Crimson 2.................................................................................................................................... 161
DAS ICH : Egodram ...................................................................................................................................................... 162
AND ALSO THE TREES : Farewell to the shade......................................................................................................... 163
Julian Cope (Julian) : Saint Julian.................................................................................................................................. 164
INKUBUS SUKKUBUS : Belladonna and aconite ....................................................................................................... 165
INKUBUS SUKKUBUS : Heartbeat of the earth.......................................................................................................... 166
INKUBUS SUKKUBUS : Beltaine ............................................................................................................................... 167
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