LE BENEVOLAT EN POLOGNE.
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LE BENEVOLAT EN POLOGNE.
LE BENEVOLAT EN POLOGNE. Source principale : EUROPEAN VOLUNTEER CENTRE (C.E.V.) « Voluntary action in Poland –Facts and Figures » Bruxelles –2005 Adaptation française préparée par Eliane Goudet, sous la direction de D.Thierry (Septembre 2007) 1 I CONTEXTE HISTORIQUE : EnPol ogne,l ’ hi st oi r edubénév ol atestt r èsét r oi t ementl i éeauxév énement squiont j al onnél ’ hi st oi r edupay s. Onpeutf ai r er emont erl esor i gi nesdubénév ol atauMoy enAge,aur egar dd’ act i v i t és philanthropiques de l ’ Egl i se Cat hol i que etde t r adi t i onssécul i èr esde l ’ ar i st ocr at i e comme des municipalités pour secourir les pauvres. En1795,l aPol ogneper dai tsasouv er ai net é,cej usqu’ en1918. Pendant cette période, malgré le contrôle des occupants, les organisations charitables, philanthropiques et à vocation éducative ont connu un rapide essor ; ce quicor r espondai tà l af oi s à un besoi n de pr éser v erl ’ i dent i t é nat i onal e età l a nécessité de combattre la montée de la pauvreté, ainsi que de porter secours aux victimes de la guerre. En 1918, quand la Pologne a recouvré son indépendance, après 123 années de partage du pays, diverses organisations bénévoles ont joué un rôle important pour f açonnerl ’ i dent i t énat i onal eetr ef onderl as oci ét épol onai se. La Constitution polonaise en 1921 et, plus tard, la loi sur les associations en 1932, conféraient aux associations leur légalité1. Avant la deuxième guerre mondiale, environ dix mille associations et trois mille f ondat i onsontét éenr egi st r éesparl eMi ni st èr edel ’ I nt ér i eur. El l esav ai entpr i nci pal ementpourc hampsd’ act i on: l ’ éduc at i on,l acul t ur e,l asant é, la sécurité sociale, le sport. Pendant la seconde guerre mondiale, la majorité des organisations bénévoles a disparu, àl ’ ex cept i ondel aCr oi xRougeetduCons ei lCentral de la Sécurité Sociale, encor e qu’ i l s ai entét él i mi t és dans l euract i on etc ont r ôl és parl es aut or i t és d’ occupat i onal l emande. Ensuite, en dépitd’ un quasis t at u quo au pl an juridique, le travail bénévole i ndépendantdi spar ai ssai tav ecl ’ ar r i v éedu communisme : Les ass oci at i ons d’ or i gi ne ci v i l e,y compr i sl es sy ndi cat s,n’ av ai entpas l e dr oi t d’ ex i st eretl apr opr i ét épr i v éeét ai ti nt er di t e. Toute association créée antérieurement au nouveau régime était sous tutelle du gouvernement et devait être au ser v i cedel ’ i nt ér êtgénér alousimplement dissoute. Parai l l eur s,l ’ Egl i seCat hol i ques ubi ssai tdespr essi onset ,en1950,sev oy ai tpr i v ée de ses actions charitables. Le nombr e d’ associ at i onsbénév ol esa consi dér abl ementdi mi nué et ,sur t out ,l es citoyens manquaient de motivation pour participer à une quelconque activité collective ;cequipoureuxr epr ésent ai tpl ut ôtunec ont r ai nt equ’ unact el i br e. 1989,l ’ annéed’ unemét amor phos epol i t i quemarque une nouvelle époque bien que des signes de changement aient été perceptibles antérieurement : 1 A noter de façon générale que le droit polonais est très inspiré du droit français 2 Ler ôl edel ’ Egl i se,par t i epr enant edut r av ai lsoci al ,encombat t antl ’ apat hi eci v i queet en encourageant la lutte pour la démocratie était déjà significatif début 1980. Beauc oup d’ or gani sat i onsbénév ol es( soustutelle) devenaient moins actives alors que les initiatives civiles indépendantes se développaient. L’ Et ata bi en essay é de maî t r i s erce mouv ement ,mai si la obt enu un résultat contraire à son attente. Les politiques, quiav ai entpourbutdel i mi t erl ’ act ivité des ci t oy ensetdel est eni rél oi gnésdel ’ opposi t i onontseul ementaf f er mil esf or cesdec e mouvement ;ce quia eu pourr ésul t atl a nai ssance d’ un nouv eau cadr el égalet i nst i t ut i onnel pourt out essor t esd’ i ni t i at i v esci v i quesetd’ ac t i onsass oci at ives. Il convient de retenir à cet égard: - en 1984, la loi sur les fondations ; - en 1989, la loi sur les associations etl ’ Act et r ai t antdesr appor t sentre l ’ Et atetl ’ Egl i se,l égal i santcl ai r ementl apl acedel ’ Egl i seenPol ogne; - en 1990, la législation concernant d’ aut r esor gani sat i onsàbutnonl ucr at i f , comme les trade-unions, les chambres de commerce et les associations d’ empl oy és. Pendantc esannéesl à,l enombr edef ondat i onsetd’ associ at i onsaaugment éde manière significative. Depuis le retour de la souveraineté nationale, en 1989, le secteur des organisations non gouvernementales (ONG)2 a joué un rôle important dans la construction et le maintien de la démocratie, en cont r i buantà l ’ économi e,en mat i èr e d’ emploi et d’ appuiàl acr éat i ond’ ent r epr ises, au développement de la communauté à travers des activités sociales, artistiques et culturelles, mais également au travers de pr ogr ammesd’ éduc at i on. D’ un poi nt de vue l égal ,l a pr emi èr e déf i ni t i on d’ une ONG dat e de l a promulgation de la loi sur « l ’ activité publique de bienfaisance et le bénévolat » du 23 avril 2003 dont la teneur sera présentée plus loin. Elle précise que les ONG sont des entités juridiques ou sans personnalité juridique, créées surl abas ed’ ar t i cl esdel oi ,y compris les fondations et les associations. II LE TIERS SECTEUR OU SECTEUR A BUT NON LUCRATIF : A la lumière des 15 dernières années, 5 critères définissent les composantes du tiers secteur : 1-Une ONG doit être, dans une certaine mesur e,i nst i t ut i onnal i séeouj us t i f i erd’ un certain degré d’ or gani s at i on. Elle peut prendre une forme légale par son enregistrement auprès du Tribunal ou au moins auprès du Bureau Central des Statistiques. 2-Vis-à-vis du Gouvernement, elle doit être indépendante et capable de déterminer ses propres buts et ses activités. 2 Appelées aussi organisations à but non lucratif ; dans la suite du texte nous garderons le terme génér a ld’ ONG, au sens plus large que le sens français 3 (Ce qui est particulièrement pertinent si on considère la suppression des organisations bénévoles créées ou suscitées par le régime communiste). 3-I lesti ndi spensabl equ’ el l esedot ed’ unegouv er nanceaut onome. 4-El l en’ estpas autorisée à partager un profit avec ses membres (celle qui distribue des revenus est classée comme entreprise). 5-Une composante essentielle du secteur à but non lucratif est le bénévolat. D’ apr èsl esst at i st i ques,l es2/ 3des ONG n’ ontpas de salariés rémunérés et compte (au moins partiellement) sur les contributions volontaires des bénévoles. III SOCLE LEGISLATIF DU TIERS SECTEUR : Apr èsunt r av ai ldepl usi eur sannéesetl ’ él abor at i ondenombr euxpr oj et s,l al oidu23 3 avril 2003 , déjà citée, défini td’ i mpor t ant sas pect sduTi er sSect eur polonais dans un nouveau contexte social. En perspective avec le tiers secteur, cette loi aborde plusieurs questions clés : El l e déf i ni tl es cr i t èr es conc er nantl e st at utdes ONG,f our ni tl a st r uct ur e d’ une procédure juridique quant à la coopération des ONG avec les pouvoirs publics, introduit une interprétation de la « loi du 1% » qui stipule que tout citoyen a le droit de faire don de 1% de son impôt sur le revenu à une ONG de son choix. D’ apr èsl esONG pol onai sesetl el égi sl at eur ,c’ estune «constitution du secteur ONG »quir ègl el esr appor t sent r el esect eurpubl i cetl et i er ssect eur .C’ estl ef r ui t de la détermination du secteur ONG et le signe de la bonne volonté gouv er nement al epourpr omouv oi rl ’ i déenon seulement du bénévolat, mais aussi de la soci ét éc i v i l ecommet el l e,af i nd’ encourager et de faciliter une citoyenneté active. Concernant le bénévolat, les textes du 23 avril 2003 lui confèrent une existence légale. « Le bénévole est une personne qui volontairement et sans rémunération fournit des services relevant de la loi –article 2.3 ». Selon la définition la plus communément utilisée en Pologne, on entend par bénévolat une activité non rémunérée, accomplie de plein gré, au bénéfice des autres en dehors des relations familiales et amicales. Les dispositions suivantes régissent les relations entre les bénévoles et les organisations : - nécessi t éd’ unacc or décr i tdubénév ol e, si la durée des services que celui-ci fournit dépasse la période de 30 jours. (Pour une période inférieure à 30 jours, le bénévole peut demander un accord écrit ou la description de ce qui lui sera demandé) ; 3 Le CEV a réalisé en coopération avec ASVO une analyse complète de cette loi. Disponible sur www.cev.be/Documents/legal_status_poland.pdf 4 - les bénévoles sont couverts automatiquement par une assurance santé nationale. (Pour une période inférieure à 30 jours,l ’ or gani sat i onestdansl ’ obl i gat i on de souscrire une assurance accident) ; - l ’ or gani sat i on doi têt r e gar ant e des condi t i ons de t r av ai letd’ hy gi ène, dispenser une information claire sur les risques potentiels et la protection contre ces risques ; - l’ or gani sat i on doi tc ouv r i rl es f r ai s de dépl acementetaut r es dépens es supportées par le bénévole dans le cadre de ses activités ; -l ’ or gani sat i on doi tdéf r ay erl ebénév ol edesf r ai sd’ unr epasj our nal i er( «per diem »). (A noter que cette disposition est calquée sur celle qui concerne les salariés) ; - l ’ or gani sat i on doi tc ouv r i rl es f r ai s de f or mat i on sicel l e-ci fait partie de l’ accor dconcl uav ecl ebénév ol e; - un bénévole peut dispenser complètement ou partiellement une organisation de ces obligations. A coup sûr, la nouvelle loi qui régit le bénévolat a produit un effet positif et des progrès importants ont été accomplis dans sa mise en application. Ils concernent, par exemple, l esdébour sdesbénév ol es,l esas sur ances,l escondi t i onsd’ hy gi èneet de sécurité, la formation. C’ estai nsiqu’ en2004,plus de la moitié des organisations a investi dans la formation des bénévoles, en interne et en externe, pour leur faire acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour exécuter leur travail (soit une augmentation de 30% par rapport à 2002). Mais globalement, les avancées ne sont pas encore généralisées et en 2004 une organisation sur 5 a mis en application la nouvelle législation. Les nouvelles règles sont prises en compte et appliquées principalement par de grandes organisations travaillant avec un grand nombre de bénévoles. IV LE TIERS SECTEUR EN CHIFFRES : En 2004, près de 45 900 associations et 7 200 fondations sont enregistrées (contre 36 500 associations et 5 000 fondations en 2002). 91% desONG sontnéesapr ès1989,30%,n’ ontpaspl usde3ansetl ’ onpeutpar l er de « tiers secteur jeune ». 40% des ONG enregistrées se trouvent dans les grandes villes. Leur schampsd’ act i onpr i v i l égi éssont: - le sport et les loisirs (38,6%) -l ’ éducat i on( 10, 3%) - la protection de la santé (8,2%) - le développement régional et local (6,5%) -l es out i enàd’ aut r esONG etàl ’ i ni t i at i v eci vi que( 1, 4%) Le budget de50% d’ ent r eel l esnedépassait pas 3095 euros en 2003. Ce budget est assuré à hauteur de 30% par des fonds du secteur public (gouvernements locaux et 5 régionaux).Il est de moins en moins rare que les ONG se livrent à des activités lucratives (16% en 2004). Du point de vue de leur équipement ,pr èsde70% desONG di sposentd’ ordinateurs etunpeupl usde30% d’ ent r eel l esontaccèsàInternet. 35% des ONG emploient des salariés (soit environ 64 000 personnes). Près de 45% des ONG travaillent avec des bénévoles qui ne sont pas en même t empsmembr esdel ’ associ at i on( s oi tenv i r on1million de personnes). Enfin, le principal obstacle auquel se heurtent environ 80% des ONG concerne les moyens financiers mis à leur disposition. I lconv i endr ai tausside ment i onner ,c omme l ’ i ndi que «Civil Society for Trust in CEE », que les ONG locales sont grandement dépendantes des décisions du gouv er nementl ocalconcer nantl es f i nancement s ou l ’ at t r i but i on d’ es paces de travail ;cequigênel ’ i ndépendanced’ opi ni ondesONG. V LE BENEVOLAT : 1) L’ engagementdesbénévol es: Il convient de rappeler l ’ i nf l uenc edur égi mecommuni st e quant à la façon dont les polonais per ç oi v entencor el et r av ai lbénév ol eets’ yengagent . I l sr épugnentengénér alàs’ engagerdansdesor gani sat i onsdemasseetdansune action collective ;c’ es tce que l e communi sme etl ecollectivisme obligatoire ont laissé en héritage. L’ i magedubénév ol atetdusect euràbutnonl ucr at i fr est eencor eàsepr éci ser . Cependant, au cours des dernières années, sans conteste, le bénévolat a progressé. En 2004, 5,4 millions de polonais se sont investis dans le bénévolat, soit 18,3%4 de la population, ce qui représente une augmentation de 8,3% par rapport à 2001. Sel onl ’ associ at i onKLONJAVOR,l apr i nci pal er ai sond’ unpl usgr andengagement despol onai sestl e changementposi t i fquis’ estopér é, depuis quelques années, dans la façon dont la population perçoit les activités bénévoles. Elle est plus au fait del ’ i dée dubénév ol atetnev oi tpl usl et r av ai lbénév ol ecommeunt r av ai lobl i gat oi r e de nature collective. Selon son étude, 55% de Polonai s ontdécl ar é qu’ en 2004 i l s ne s’ ét ai entpas engagésdansuneac t i v i t ésoci al enonr émunér ée.56, 6% d’ ent r eeuxontex pl i qué cet t ei ner t i eparl anécessi t édes’ occuperd’ abor ddel eurf ami l l e; environ 40% se j ust i f i entparl ef ai tqu’ onne les a pas sollicités. I ndépendammentdel ’ engagementr el i gi euxquiestt r èsél ev éenc ompar ai sonav ec l ’ Eur opedel ’ Ouest ,l ’ engagementbénév ol eàl ’ i nt ér i eurd’ uneor gani sat i onr el i gi euse est relativement faible. ( L’ étude menée sur « les valeurs européennes » en 1999 fait apparaître une tendance identique). 4 Pour un temps moyen de 50 heures par an. La valeur économique du bénévolat est estimée à environ 150 millions de dollars. 6 Cer t ai nspensentquesil ’ Et atav ai tr empl isesdev oi r s,i ln’ yaur ai tpasbesoi nde travail bénévole dans le domaine social. D’ aut r esest i mentquel esor gani smessoci auxmanquentde pr of essi onnal i sme et d’ une bonne organisation. Beaucoup plus nombreux sont ceux pour qui les organisations sociales sont en général mieux disposées que les institutions publiques pour aider ceux qui sont dans le besoin. Les organisations actives dans le champ de la protection de la santé, des services soci aux etde l ’ assistance sociale constituent un gr oupe d’ ONG quit r av ai l l ent principalement avec des bénévoles. En 2004, 45% des ONG ont travaillé avec des bénévoles contre 47% en 2002. Onnot er aquel ’ écar testt r opfaible pour conclur eàunebai ssedel ’ engagement bénévole dans les ONG ;ced’ aut antpl usquesel on34% desONG quis’ appui ent sur le bénévolat, le nombre de bénévoles dans les ONG est en progression depuis 2002, alors que selon 10% des ONG le nombre de bénévoles a diminué au cours de ces deux dernières années. Du point de vue des organisations, certaines estiment que ce qui donne la plus gr andev al euraut r avai lbénév ol ec’ estl amot i v at i ondesbénév ol es( 71, 5%)al or s qued’ aut r es( 54%)s ontsensi bl esauf ai bl ec oûtdut r avail bénévole. 40% des organisations apprécient le fait que les bénévoles créent des liens avec les communaut ésl ocal eset34, 5% d’ ent r eel l esappr éci entl eurcont r i but i onent er mes de nouvelles compétences, savoir-faire et idées. Dans 78% de ces organisati onsl espr i nci pal est âchesdesbénév ol essontd’ or dr e organisationnel (réunions, événements, etc.). Dansl amoi t i éd’ ent r eel l esl esbénév ol esoeuv r entpourpr omouv oi rl ’ or gani sat i on. Dansuneor gani sat i onsurquat r el esbénév ol esj ouentunr ôl ed’ ex per t; dans près de 42% des cas, les bénévoles aident aux tâches matérielles de mises en ordre diverses. Ment i onnons qu’ avec une cer t ai ne mont ée en pui ssance du bénévol aten Pol ognel ebénévol atd’ ent r epr i sesagagnéenpopul ar i t é. C’ estune f or me de t r av ai lbénévole encouragée et, dans une certaine mesure, or gani séeparl ’ empl oy eur . Au regard de leur responsabilité sociale, les entreprises agissent dans le secteur bénév ol e pourl a mi se en œuv r e de di f f ér ent s pr oj et s.El l es y par t i ci penten partageant leurs compétences, leurs moyens et leurs ressources humaines. Dans une enquête menée auprès de 170 entreprises polonaises, 80% de managers s’ accor dentàpens erqu’ unpl usgr andengagementestnéc essai r epourai derl es communaut ésl ocal esetquel ebénév ol atd’ ent r eprise est un moyen de répondre à ce besoin. 2) Profils et motivations : Sel onl ’ ét udemenéeen2004,les 18-25 ans sont les plus nombreux (environ 24%) et les « 55 ans et plus » représentent une minorité (environ 15%) Depuis 2001, le pourcentage des jeunes bénévoles a presque triplé, ce qui peut laisser supposer que le bénévolat est perçu comme une expérience pré- 7 professionnelle acqui sependantl esét udesetqu’ el l emetenv al eurl eCVdesj eunes diplômés. Comme le note SICINSKI ,dansl ’ undes esouv r ages : « Voilà pour le bénévolat une nouveauté en Pologne : considérer le bénévolat comme une étape vers la vie professionnelle ». Il est intéressant de noter que le fossé entre le bénévolat des jeunes et celui des plus âgés se creuse de toute évidence : - en matière de statut socioprofessionnel, les observations concernant les cl assesd’ âges er et r ouv ent( l esét udi ant setl esscol ai r essontl espl usnombr eux ); - en dehors des étudiants et des scolaires, 29,6% de polonais déclarent avoir pratiqué le bénévolat en 2004. Si 13% seulement de chômeurs disent avoir été bénév ol es,l ’ engagementbénév ol edesc hômeur sapr esquedoubl éauc our sde ces quatre dernières années ; -en matière de niveau d’ i ns t r uct i ondesbénév ol es,quiaunei nf l uencedi r ect e surl ’ engagement des polonais, on peut généraliser le fait que les personnes qui ont fait des études supérieures sont plus attirées que les autres par le bénévolat ; - auni v eaugéogr aphi que,i ln’ ex i st epasdedi f f ér enc enot abl ed’ engagement selon les régions. Les personnes interrogées étaient originaires du sud de la Pologne (21,7%) et de la Pologne centrale (16,6%) ; -enfin, on ne relève pas de différence très significative entre les hommes (taux d’ engagementde20 ;9%) et les femmes (t auxd’ engagementde15,9%). En termes de motivations, toujours en 2004, on cerne principalement des motivations morales, religieuses et politiques (89,4%). Elles sont suivies par « l e pl ai si rd’ accompl i run t r av ai lbénév ol e» (76,1%) et la cr oy ance que l ’ engagementbénév ol e augmente le phénomène de réciprocité (70,1%). Lebénév ol atconsi dér écommeunact edegr at i t udeaur egar dd’ uneai der eçueest une motivation moins forte (31,5%). VI STRUCTURES DE SOUTIEN DU BENEVOLAT : Depui sl ’ adopt i on de l al oidu 23 av r i l2003,l e Mi ni stère de la Politique Sociale (Dépar t ement de l a Bi enf ai s ance) s’ est donné pour t âche d’ encour ager l e dév el oppementdut i er ssect euretdubénév ol atauni v eaunat i onaletd’ enf ai r el a promotion. Le Ministère a entrepris, non seulement de dispenser une information fiable et à jour, liée à la nouvelle législation traitant du secteur des ONG, auprès de tous les acteurs, mais aussi de faire connaître les nouvelles dispositions relatives au travail bénévole. Legouv er nementaex pl i ci t ementdécl ar équ’ i lét ai tnécessaire de donner plus de v i gueurau bénév ol atpourv ai ncr e une i ndi f f ér enc e génér al e etd’ i mpl i querl es Pol onai sdansl ’ av ant -projet d’ un pl an d’ act i on i nt i t ul é «Stratégie pour soutenir le développement de la société civile de 2007 à 2013 ». Selon le gouvernement, les initiatives locales, en particulier, jouent un rôle important pour promouvoir une citoyenneté active et pourf açonnerl ’ i dent i t é des personnes. 8 C’ estpour quoi ,l egouv er nementaannonc ésonconcour spoursout eni rl esi ni t i at i v es locales citoyennes, les organisations locales et les moyens de toute nature qui visent àdév el opperl ’ engagementdansla communauté, la participation citoyenne et la mise enœuv r edesc ondi t i onsper met t antd’ ent r epr endr edesac t i onss t i mul antunepr i s e de conscience. Le gouvernement et les organisations bénévoles (nationales et régionales) sont les pr i nci pauxact eur sdel apr omot i onetdusout i endut r av ai lbénév ol eetdel ’ i déeque l ’ onsef ai tdubénév ol atàt r av er sl aPol ogne. Beauc oup d’ i ni t i at i v es l ocal es et des organisations non gouvernementales nationales, comme CARITAS et PCK (Croix Rouge polonaise), jouent un rôle important dans le soutien du bénévolat. Cependant, elles cherchent plus à encourager les personnes à f ai r e du bénév ol atqu’ à pr omouv oi rl ’ i dée même du bénévolat. Les Centres du bénévolat : Le réseau national des Centres du bénévolat est composé de 17 Centres. Le Centre National du Bénévolat, implanté à Varsovie, fonctionne depuis 1993 et, dansl espr emi èr esannéesquiontsui v i ,c’ ét ai tl aseule organisation de cette nature quel ’ onpouv ai tci t erenPol ogne,dansl ’ Eur opeduCent r eetdel ’ Est .Le principal objectif était de « créer un point de contact » permettant aux bénévoles et à ceux qui s’ i nt ér essai entàl eurt r av ai ldeser encont r er . Globalement, en 2003 les Centres ont reçu 13 595 bénévoles. Les premiers Centres régionaux sont nés dans les années 1990. Ils avaient pour but, d’ unepar t ,der echer c herdesmi ssi onspourl esbénév ol eset ,d’ aut r epar t ,degagner des personnes à la cause du bénévolat. Les Cent r es di f f èr entsel on l ’ ét endue de l eur s act i v i t és.Cependant ,t ous se conforment aux exigences particulières que tout membre du Réseau doit respecter : Tous les Centres utilisent les mêmes logos, recrutent les bénévoles selon les mêmes méthodes et ,àpar tdespr oj et sspéci f i quementmi senœuv r e,i l ssontt ousi mpl i qués dansdespr oj et sc ommuns àl ’ i nt ér i eurduRéseau. Lenombr ed’ or gani sat i onseti nst itutions, travaillant avec les Centres et répertoriés, s’ él èv een2003à835( dont249pour la seule année 2003). Au niveau géographique la plupart des organisations sont comptabilisée au Centre de Varsovie. En 2003, les Centres du bénévolat ont mené à bien 103 projets impliquant des bénévoles principalement dans le domaine des services sociaux. En per spect i v e av ec l ’ adhési on de l a Pol ogne à l ’ Uni on Eur opéenne,quel ques Cent r esontmi senœuv r edespr oj et sv i santl apr omot i ond’ unbénév ol ateur opéen. Les Centres du bénévolat doivent dispenser de la formation auprès de leurs dirigeants aussi bi enqu’ aupr èsdel eur sbénév ol es. 9 Lapl upar tdut emps ,l af or mat i onapourbutd’ ex pl i querl econceptdubénév ol atet de donneraux bénév ol es l es connai ssances néc essai r es à l ’ ex er ci ce de l eur s fonctions. La formation des dirigeants a pour objet de leur apprendre à travailler et négocier av ecl esbénév ol esaf i ndel esencour ageràs’ engagerdav ant age. En 2003, les Centres ont organisé, en interne, 260 formations pour leurs bénévoles et121f or mat i onsonteul i euàl ’ ex t ér i eur .40f or mat i onspourl esdi r i geants ont été organisées par les Centres et 26 ont été organisées par des institutions extérieures. Cette même année, 12 donateurs ont financièrement soutenu les Centres du bénévolat :Fondation Stefan Batory, Fondation pour le soutien de la démocratie locale, Fondation polonaise pour les enfants et la jeunesse, Union européenne, Commission européenne (programme jeunesse), Fondation Mott, PFRON, Fondation Kronenberg ; Ambassade américaine, Fondation américano-polonaise INFRUT, Mi ni st èr epol onai sdel ’ Education et du Sport, les gouvernements locaux. DEUX STRUCTURES ILLUSTRANT LE SOUTIEN DU BENEVOLAT : At i t r ed’ exempl es CWG (Centrum Wolantariatu w Gdansku)5 Membre du Réseau des Centres du Bénévolat, le CWG est né en 1994 et a été enregistré en 1997 comme organisation indépendante à but non lucratif. En2004,l ’ équi peduCWG estc omposéede3sal ar i ésàt empspar t i el ,15bénév ol es ett r avai l l epourunmi l l i erd’ ONG enPomér ani e. Le CWG a pour but de développer une citoyenneté active, de promouvoir et soutenir le bénévolat. Il traite, annuellement, environ 350 demandes de bénévoles potentiels, émanant surtout de jeunes (65%) et de plus de 35 ans. En bref : L’ accuei l ,l er ecr ut ementetl af or mat i onsontdesf onct i onscl ésduCWG. Il fournit des informations sur ses activités à travers des brochures institutionnelles et les médias. Il publie aussi un magazine « Pomost »quidi spens ed’ ut i l esconsei l s pour travailler avec des bénévoles. Il participe à des colloques, des échanges internationaux et a noué des contacts avec des réseaux concernant les ONG. Parmi ses initiatives : -depuis deux ans, le Centre a noué de nombreux contacts avec des écoles secondaires de Gdansk. Élèves et professeurs sont très intéressés et ont demandé au CWG de les aider à créer des « clubs de bénévolat scolaires ». Cette démarche a pour but de promouvoir le bénévolat en montrant aux jeunes les oppor t uni t ésqu’ i lof f r epouracquér i rdel ’ expér i enceetquil eurs er ontut i l espour leurs futures carrières. 55 Source : Volunteering across Europe 2004 10 -Pour remercier et récompenserc er t ai nsbénév ol es,euégar daut r av ai lqu’ i l sont accompli, en collaboration avec la Commission des Politiques Sociales et Familiales de Gdansk, le CWG a créé un prix « l ’ i nf at i gabl e».Cepr i xestr emi sàl ’ occasi on d’ unévénementannuelspons or i séparle Maire de Gdansk. L’ ASSOCI ATI ONKLON/ JAWO6 Cette structure, citée précédemment, qui est une organisation non gouvernementale, sout i entl es ect eurbénévol epol onai sencol l ect antetendi f f us antdel ’ i nf or mat i on. El l epensequel ’ i nf or mat i onetl es avoi renr ac i nentl esv al eur sd’ unesoci ét éouver t e, créative, « auto organisée », dont elle fait son credo. C’ estpour quoi ,el l edével oppeunsyst èmed’ i nf or mat i onspourl esONG pol onai ses etdot el es or gani sat i ons d’ out i l s de communi cat i on moder nes,ent r etient une importante banque de données sur 70 000 ONG et institutions civiles polonaises, fournit aux particuliers des informations sur leurs droits, conduit la recherche sur les organisations à but non lucratif, le bénévolat et la philanthropie en Pologne. Son por t ai l ,l i br e d’ accèsestune const ant e sour ce d’ i nf or mat i on pouretsurl es organisations à but non lucratif L’ associ at i on publ i edesbr ochur esdansl esquel l esl esONG peuventt r ouv erune documentation à jour sur les réglementations qui les concernent (exemples : « en savoir plus » « connaissez vos droits »). Desexper t s,dansl ecadr ed’ uncent r ed’ i nf or mat i on,r épondentauxquest i onsqui l eursontposées,parexempl esurl acr éat i ond’ uneassoci at i onoul ami seenpl ac e d’ uneact i vi t éci vi l e,di spensent des conseils financiers etc. Les activités de cette structure sont soutenues par trois fondations et par les fonds del ’ Uni oneur opéenne. Quel ques ensei gnement s maj eur s( …en par t i cul i erpour des lecteurs français !) : Il est évidemment très int ér ess antd’ anal y serl ’ év ol ut i on hi st or i que du mouv ement associatif et du bénévolat : ancrage ancien dans la tradition catholique du pays, puis quasidi spar i t i onpendantl ’ occupat i onal l emande,pui sbénév ol att r èsencadr éetquai obligatoire sous le régime communiste, puis renaissance après une période de r éser v e… Au fil du temps, le fait que les Polonais se soient à nouveau engagés dans des activités bénévoles montre que le bénévolat a gagné en popularité dans leur pays La progression du bénévolat est extrêmement rapide, même si le niveau d’ engagementr est e encor ei nf ér i eurà cel uiat t ei ntd’ aut r espay s( past ous!) de l ’ Uni onEur opéenne. 6 Source : www.ngo.pl 11 Il est intéressant de souligner les faits majeurs qui sontà i nscr i r e dansl ’ hi st oi r e récente du bénévolat polonais : - la réapparition du secteur à but non lucratif qui a joué un rôle important pour construire et conforter la démocratie dans la Pologne post-communiste ; - la mise en place, après un accouchement difficile, de la loi du 23 avril 2003 qui, entre autres points clés, notamment, fixe les règles du jeu entre bénévoles et organisations (ONG) ;(nous y retrouvons des aspects qui nous sont familiers) ; -l av ol ont éaf f i c héeduGouv er nementdedonnerv i gueuraubénév ol atetd’ en faire un levier pour vaincre une certaine inertie collective ; - la progression du bénévolat prioritairement par les jeunes, qui y voient un moy en de dév el oppementdes c ompét enc es,etl ’ i mpl i cat i on f or t e du sy st ème éducatif ; - de façon inattendue, la faible place des organisations confessionnelles ; - l ’ i nt ér êtdesent r epr i sespourenc our ageretf aci l i t erl ’ engagementdel eur s salariés ; - des dispositifs (les Centres du bénévolat), chargés de la promotion du bénév ol atetdel ’ i nt er médi at i onent r ebénév ol espot ent i el setONG,t r èspr oches des missions et du fonctionnement du Réseau France Bénévolat. 12