Les vierges noires - Revue des sciences sociales
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Les vierges noires - Revue des sciences sociales
MONIQUE SCHEER Universität Tübingen <[email protected]> Les vierges noires Perception, signification et utilisation symbolique entre le XVIIe et le XXe siècle L ors de ma première rencontre avec la Vierge noire, je me suis tout de suite demandée : pourquoi est-elle noire ? Je ne suis pas la seule à m’être posé cette question. En effet, j’ai pu lire dans bon nombre de rapports1 − et je le sais également des discussions personnelles que j’ai pu avoir − que la vue d'une Vierge Marie noire soulève des interrogations toutes bâties sur le même schéma : L’image est-elle originaire d’Afrique ? Est-ce que la Madone doit ressembler à une africaine ? Si l’on sait toutefois que la plupart des représentations viennent d’Europe et datent de la fin du Moyen-Âge : est-ce que la couleur de peau correspond à l’image que l’on se faisait à l’époque d’une juive de la Palestine antique ? Les associations que l’on fait, lorsque l’on voit une Vierge noire, sont donc liées à une image ethnique. Pour nous, il est tout à fait logique que la couleur de peau soit, en premier lieu, un signe d’appartenance raciale. De plus, notre image collective de l’apparence de la Vierge Marie ne s’appuie pas sur les représentations cultuelles du Moyen-Âge, mais plutôt sur la tradition iconographique du grand Art (tout comme sûrement aussi de l’Art populaire religieux du XIXe siècle : par ex. les représentations faites d’après le style des Vierges de Saint-Sulpice ou de Lourdes) où la Vierge Marie est représentée avec le teint clair. Nous avons 76 donc tendance à en déduire que la couleur a une signification symbolique mais elle reste cependant pour nous quelque peu énigmatique. « L’énigme des vierges noires »2 est nouvelle. Les plus grands lieux de pèlerinage dans les pays catholiques jusqu’à la fin du XVIIIe siècle possédaient leur Vierge noire : en France (le Puy et Chartres), en Espagne (Guadalupe et Montserrat), en Italie (Lorette), en Bavière (Altötting), en Pologne (Czestochowa) et en Suisse catholique (Einsiedeln ; cf. illustration 1) − pour ne citer que les plus importants −. Il est donc très peu probable que ces Madones aient été considérées comme « anormales ». L’Art populaire − et tout particulièrement l’Art populaire religieux − s'appuie généralement sur l’aspect familier populaire. Les Hommes sont partis par milliers en pèlerinage vers ces villes avec leurs maladies, leurs soucis, leurs problèmes et non afin de satisfaire leur curiosité quant à l’énigme de la Mère de Dieu. Dans la littérature du XXe siècle, on parle beaucoup de ce phénomène « inexplicable », « mystérieux » et « énigmatique » car on a voulu faire de ces représentations quelque chose de peu habituel − ce qui ne paraît pas très logique si l’on se remémore les élans qu’elles ont soulevés auprès des fidèles catholiques. On part, la plupart du temps, du principe que les représentations étaient noires dès le début. Les auteurs catholiques taisent plus ou moins ce phénomène, du moins il est très peu énoncé3. Ils sont d’avis que la couleur n’était pas intentionnelle mais plutôt le fait du hasard, par exemple le résultat de la suie des cierges. Les Vierges auraient donc été à l’origine blanches. Comparées à l’acceptation de la couleur de peau par la croyance populaire pendant l’époque baroque ces deux réactions − l'exotisation et le rejet de la Vierge noire − semblent signifier un changement radical face à la réception de ces représentations. Ce changement me semble lié à la perception générale de la couleur de la peau noire, à savoir avec le développement d’une nouvelle perception qui en fait un signe racial. Je ne tiens pas à m’attarder sur l’intention qui se cache derrière cette attribution de couleur. Tout d’abord parce que l’on ne pourra jamais répondre à cette question de façon satisfaisante et deuxièmement parce que cette approche ne renseigne en aucun cas sur la réception et l’interprétation faite de la couleur par les croyants4. J’aimerais donc aborder le sujet en me posant les questions : quand et pourquoi ces Vierges sont-elles devenues noires ? C’est à dire sous l’angle de l’Histoire des perceptions (« Wahrnehmungsgeschichte »). Quelles formes d’interprétations auraient été importantes pour les observateurs et lesquelles auraient-ils pu avoir à leur disposition Monique Scheer pour trouver quelque chose de significatif dans la couleur ? Quels changements connurent ces formes au cours des siècles ? Peut-on espérer trouver l’explication et la signification de cette couleur (la réponse à la question : « pourquoi est-elle noire ? ») dans ces interprétations ? Je commencerai donc par une reconstruction et j’essayerai de voir depuis quand les Vierges noires sont considérées Ill. 1 – La Vierge noire de Einsiedeln, Suisse, XVe siècle. Photo : P. Damian Rutishauser, Einsiedeln. Les vierges noires comme telles. Je prétends que ce phénomène était en fait une partie du programme de la Contre-réforme qui avait pour but de légitimer et d’exhorter la dévotion vis à vis des représentations mariales miraculeuses. Ce phénomène entraîna un changement radical de la réception des représentations et ne fut que par la suite rattrapé par le discours scientifique sur les races. Enfin, je traiterai succinctement de la signification symbolique des Vierges noires aujourd’hui. J’ai pour objectif d’essayer de comprendre pourquoi les Vierges noires ont pu compter pendant des années parmi les représentations les plus prestigieuses en Europe pour être reléguées par la suite au rang de curiosités inexplicables. Je restreins mon travail de recherche aux régions germanophones notamment parce que les représentations que l’on y trouve ont moins éveillé l’intérêt scientifique que les représentations françaises. Mon approche, elle, est contextuelle, raison pour laquelle je ne prétends en aucune façon que mes résultats puissent être appliqués à la France, l’Italie ou encore l’Espagne. Cependant j’ose espérer qu’une approche similaire des Vierges noires de ces régions pourrait ouvrir d’autres perspectives5. Les cultes autour des Vierges noires ne sont certainement pas aussi anciens que les représentations elles-mêmes. Elles furent en effet réalisées entre le XIIe et le XVe siècle et elles ne furent vraisemblablement pas adorées comme images miraculeuses dès leur apparition. L’époque à laquelle les centaines de copies de ces représentations furent réalisées fait également penser que le culte s’appuyant sur ces représentations ne naquit qu’à l’époque de la Contre-réforme. Il est beaucoup plus difficile de savoir avec certitude si les représentations originelles qui faisaient l’objet d’un culte, étaient dès le début de couleur noire. D’une certaine manière c’est exactement cette question qui est le centre de la polémique depuis le XIXe siècle. Les anthropologues6, les chercheurs en science des religions comparées7, les psychologues Jungiens8 et les chercheurs français (qui se sont intensément intéressés à ce sujet : le nombre de représentations de Vierges noires étant particulièrement important dans leur pays9) partent généralement du principe qu’il s’agissait d’un rapport conscient et intentionnel avec des Vierges noires. Ils voient en ce culte la continuité de ceux qui existaient autour des Grandes Déesses à l’époque pré-chrétienne. Les chercheurs allemands en « Volkskunde » eux, se sont jusqu’alors ralliés à l’avis des théologiens. Ils défendent en effet la thèse que les représentations étaient à l’origine « normales » et que leur « assombrissement » n’est que l’effet du temps. Ce différend peut certainement s’expliquer par le désir, en particulier des chercheurs allemands en « Volkskunde », de se distancier des « théories de la continuité » (« Kontinuitätstheorien »)10. On ne peut pas dire avec assurance qui des deux parties à raison, ni si les représentations étaient, dès le début, de couleur noire. Il ne reste aucun acte de vente de ces représentations, aucune commande auprès des ateliers de peintres, aucun protocole de travail pouvant attester que la Vierge fut noire dès le début11. Dans les documents réalisés par les observateurs, dans les plus anciens recueils de miracles par exemple, la couleur noire n’est pas non plus mentionnée. Les voyageurs et les pèlerins du XVe et XVIe siècle ne font que très rarement mention de l’image miraculeuse dans leurs récits12 et on n’en connaît aucune description détaillée. Si l’on trouve quelque chose sur cette image, il n’est alors question que de son origine miraculeuse. Les légendes sur ces représentations furent collectées de façon systématique et transcrites à partir du XVIIe siècle13 et relatent toutes la même chose. Il n’existe aucune différence entre les légendes ayant trait aux Vierges noires et celles parlant des autres Vierges14 : toutes reprennent les mêmes formulations et les mêmes motifs. Elles traitent, en règle générale, du grand âge de ces représentations, celui-ci est mis en valeur soit grâce à la rencontre avec un Saint important, soit à travers le récit de la miraculeuse découverte de la représentation dans un lieu où elle fut cachée pendant des siècles. Une seule légende semble avoir une relation toute particulière avec les Vierges noires : elle relate que Luc l’Evangéliste aurait lui-même fait le portrait de Marie de son vivant. Plusieurs Vierges noires (mais pas toutes) sont attribuées à Luc, par exemple la représentation de Czestochowa. Cette représentation est en fait originaire de Sienne et daterait de la fin du XIVe siècle. On raconte que Marie aurait posé dans sa maison de Nazareth. 77 La plaque était à l’origine un plateau de table que son mari Joseph aurait luimême confectionné. D’après une autre légende, cette maison − appelée aussi Santa Casa − aurait été transportée par les anges en l’an 1294 jusqu’à Lorette en Italie. Ce fut un lieu de pèlerinage marial prisé en Europe et l’on peut y admirer la sculpture d’une Vierge noire attribuée à Luc. Les représentations de Luc furent particulièrement adorées car elles étaient considérées comme le portrait authentique de la Vierge Marie15. La couleur de peau des représentations n’est pas précisée explicitement dans les légendes. On pourrait y voir une indication comme quoi les représentations n’étaient pas, dès le départ, noires mais l’on ne peut pas l’assurer. Une autre explication est pourtant elle aussi possible : la peau mate n’était peut être pas considérée comme un phénomène qu’il fallait à tout prix mentionner ou encore méritant explication. En effet, elle passait sans problème dans le schéma présenté par les légendes. Certes, toutes les représentations n’étaient pas noires, mais quand elles l’étaient, ceci se comprenait tout simplement du fait du grand âge de la représentation et/ou du fait de son origine : la Terre Sainte où poussent d’autres arbres (c’est à dire un bois plus foncé). La proximité temporelle et locale de la personne représentée soulignait l’authenticité de la représentation et aurait pu suggérer la couleur mate. Une autre source qui soutiendrait la perception de ces représentations comme ayant bien été noires, est constituée par les copies, à savoir les représentations qui furent faites à partir des représentations cultes. Les tableaux votifs à Altötting, par exemple, montrent une Vierge noire − mais seulement à partir de 1700 ; auparavant l’image miraculeuse était blanche. Est-il possible − comme on se plait à le raconter sur les lieux − que la Vierge ne fut pas noire à l’origine mais qu’elle le soit devenue par la suite : cette couleur ne serait-elle que le résultat de la fumée des cierges ? Une comparaison avec une chapelle − également lieu de pèlerinage et située à environ 30 km de l’autre − remet fortement cette théorie en question. On y trouve et adule une copie de la Vierge de Einsiedeln, et sur les tableaux votifs encore bien conservés, on y voit le même motif : jusqu’à approximative- ment 1700, une Vierge blanche et par la suite une Vierge noire ! Est-il possible qu’ici aussi − alors que l'on a affaire à une représentation qui est plus jeune de 150 ans et qui était loin de connaître une affluence comparable à celle de Altötting − à la même époque les cierges aient pu avoir le même effet sur la couleur, et que de plus, ce phénomène se rencontre sur les tableaux votifs ? Non, je ne pense pas que les tableaux votifs reproduisent « réellement » l’état dans lequel était la représentation, mais plutôt la perception que l’on en avait. De plus, je suis d’avis que les représentations ne montrent une Vierge noire qu’à partir de 1700-1750 car ce n’est qu’à partir de ce moment là que la perception et l’interprétation de la « Vierge noire » existent. Comment est-ce que ce phénomène à pu naître et que signifie-t-il ? Ill. 2 – La vierge noire de Altötting, Bavière. Source : Gerhard P. Woeckel, Pietas Bavarica, Weissenhorn, 1992. 78 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” Monique Scheer Il est probable que l’apparition des Vierges noires ait un rapport avec la remise en valeur des représentations cultuelles particulièrement prisées par les Jésuites dans la deuxième partie du XVIIe siècle. Lors de la Contre-réforme et des ravages dus à la Guerre de Trente Ans se développa un grand besoin de coutumes religieuses. Le culte marial basé sur des représentations de la Vierge fut particulièrement souligné parce Les vierges noires qu’il s’agissait d’une forme importante de dévotion du catholicisme et qu’il se distinguait clairement du protestantisme. Dans la « selektive Tradition »16 (« Tradition sélective ») de la Contre-réforme, ce sont plus particulièrement des lieux de pèlerinage mariaux médiévaux ainsi que des représentations qui semblent dater de plusieurs siècles qui eurent la préférence. Il n’était pas possible de prouver de façon sûre qu’ils avaient été autrefois également Ill. 3 – Plaques votives du milieu du XVIIe siècle montées sur le mur du site de pèlerinage d’Altötting. Les images de la vierge ont la peau claire. Source : Robert Bauer, Bayerische Wallfahrt Altötting, 4ème éd., Regensburg, 1998. considérés comme miraculeux. Comme un chercheur en « Volkskunde » religieuse l’a lui-même dit : « En raison du manque de preuves écrites et du fait de traditions orales peu fiables, il fut dit de lieux de pèlerinage que l’on avait ravivés qu’ils avaient déjà été le centre d’intérêt de Culte au Moyen-Âge. En raison du revirement de situation [Contre-réforme], on ne pouvait plus s’imaginer un lieu de pèlerinage sans image miraculeuse. C’est ainsi que des tableaux et des statues de l’époque prébaroque furent considérés comme ayant été des représentations mariales de pèlerinages pendant le période médiévale. En effet, il n’était pas rare que l’on prétende qu’elles aient été le but de pèlerinage à cette époque, alors qu’elles ne furent confectionnées que plus tard »17. La collecte de légendes ayant trait aux représentations mariales miraculeuses commença au XVIIe siècle car elle faisait partie de la remise en valeur du culte des représentations. Il faut comprendre cette tentative de revitalisation en tant « qu’invention d’une tradition » : à savoir en tant que découverte de formes particulières dont la signification historique ne s’interprète qu’en rapport aux motivations et aux besoins de l’époque. La remise en valeur des images miraculeuses thaumaturgiques est liée à un discours traitant d’un christianisme pré-réformiste idéalisé et uni dont l’incarnation n’était autre qu’une forme imaginaire de dévotion mariale basée sur les représentations de la Vierge dans les grands lieux de pèlerinage. La description des représentations qui insiste sur leur ancienneté fait référence à un Moyen-Âge idéalisé ou encore aux premiers chrétiens, et s’oppose aux idées protestantes d’une Église primitive sans représentation18. Cette perspective apporte un éclairage intéressant sur l’histoire des Vierges noires. Elle suggère que celles-ci connurent l’apogée de leur succès vers la fin du XVIIe et au cours du XVIIIe siècle parce qu’elles commencèrent à cette époque à représenter une tradition médiévale imaginée. La métaphore visuelle du noir et les légendes qui existaient autour des représentations faisaient partie d’une « performance ». Grâce à un soutien réciproque, elles ensevelissaient l’affirmation prétendant que la représentation était authentique ; raison pour laquelle la 79 couleur aurait pu être utilisée de façon plus ou moins consciente par des personnes voulant promouvoir ce culte. Bien que Hans Belting ne mentionne pas les Vierges noires en les séparant des autres, il remarque à ce sujet que : « Le mythe originel garantit aussi le rang d’un exemplaire unique d’une représentation, il se calcule par rapport à l’âge de cet exemplaire (ou bien par rapport à sa confection surnaturelle). L’âge était une qualité et l’on pouvait relever celle-ci grâce à son aspect. C’est pourquoi la forme avait, elle aussi, (de manière réelle ou simulée) une valeur de souvenir. L’archaïsme en tant qu’illusion de l’âge fait partie des signes de reconnaissance d’une nouvelle représentation cultuelle »19. Certes, les représentations qui furent prisées par les Jésuites n’étaient pas toutes noires et je ne prétends aucunement que c’est dans ce seul but que les Vierges noires furent « noircies ». En effet, les Vierges noires ne sont que peu mentionnées dans la théologie jésuite ayant trait aux représentations. Cependant la reprise des représentations dans les récits oraux traditionnels ainsi que dans la présentation visuelle attira l’attention sur la couleur noire des représentations et lui donna un sens. Il n’est pas aussi important de savoir si cette couleur était déjà présente sur les représentations de l’époque ou si on a « aidé » la représentation à devenir noire. Ce qui est important, c’est que la couleur est finalement devenue une caractéristique indispensable à ces représentations. C’est la raison pour laquelle les Vierges noires sont en quelque sorte davantage le produit d’une théologie de la Contreréforme basée sur les représentations que celui d’une piété populaire médiévale. En effet, la réception populaire de la notion de Vierge noire ne semble s’établir − du moins en ce qui concerne l'Allemagne − qu'au début du XVIIIe siècle comme le montrent les tableaux votifs. Et pourtant, quand on pense à la signification péjorative qu’avait la couleur noire − il s'agissait de la couleur du diable et les pécheurs ainsi que les damnés avaient la peau noire dans l’iconographie médiévale20 − il était impossible au clergé de laisser cette couleur à la libre interprétation hasardeuse des croyants. Ils trouvèrent un soutien pour l’interprétation de cette couleur dans un vers se trouvant dans la Bible hébraïque. Dans le Cantique des Cantiques de Salomon, l’Épouse dit lors d’un tête-à-tête entre le Bien-aimé et la Bien-aimée : « je suis noire, et pourtant belle ». Ce passage était déjà depuis le IIème siècle sujet à une intensive exégèse. Il était monnaie courante depuis le XIIe siècle de voir en l’Épouse du Cantique des Cantiques la Vierge Marie. C’est ainsi que les Vierges noires furent incluses de par l’utilisation de ce vers dans une tradition théologique déjà existante21. Cette interprétation fut également reprise lors d’un sermon dans le petit lieu de pèlerinage bavarois dont il était question plus haut. En 1726, pour le 100e anniversaire du pèlerinage, le prêtre Benedikt Krumb expliqua de cette manière la raison pour laquelle la Vierge était noire : parce que cela est un signe de son humilité comme ceci est le cas de l’Épouse dans le Cantique des Cantiques22. Après avoir constaté que la première image votive conservée représentant une Vierge noire date de 13 ans après ce sermon, je me suis posé la question de savoir si ce ne sont pas de tels sermons qui auraient peut-être éveillé la conscience des pèlerins et leur auraient fait remarquer la couleur noire comme une partie essentielle des représentations. La question est donc : les Vierges noires Ill. 4 – Image votive de la vierge d’Altötting datée de 1782. La statue est ici clairement perçue comme “noire”. Source : Robert Bauer, Bayerische Wallfahrt Altötting, 4ème éd., Regensburg, 1998. 80 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” Monique Scheer ne sont-elles considérées comme telles qu’à partir du moment où l’on donne une signification à la couleur de leur peau ? L’emploi de la phrase : « nigra sum sed formosa » entraîne cependant, d’une certaine manière, un déplacement de sens : on ne parle plus d’une représentation à couleur noire de la Vierge Marie, mais d’une représentation de la Vierge Marie noire. La couleur est alors comprise allégoriquement mais l’interprétation de la Madone comme représentation d’une femme noire marque le début d’un processus qui mène à des codifications conflictuelles de l’incarnation noire et entraîne enfin la disparition de son caractère d’authenticité. Est-ce que quand les Vierges noires sont considérées comme étant des représentations de la Vierge Marie en Épouse du Cantique des Cantiques les représentations sont alors perçues comme la représentation mariale en tant que femme africaine ? Lors du sermon anniversaire de Teising la couleur noire fut interprétée allégoriquement, tout comme c’était aussi le cas d’une longue tradition de commentaires du Cantique des Cantiques. Origène fut l’auteur d’une interprétation très influente, il voit en l’Épouse du Cantique des Cantiques la Reine de Saba qui elle, était généralement considérée comme étant africaine et qui devait, aux yeux d’Origène, représenter l’Eglise païenne23. Cependant la Reine de Saba fut rarement représentée avec la peau noire avant le milieu du XVe siècle. Dans les rares exemples où cela est pourtant le cas, par ex. l’autel de Nicolas Verdun au Klosterneuburg (près de Vienne) qui fut réalisé à la fin du XIIe siècle, la couleur de peau n’est cependant pas accompagnée des stigmates secondaires typiques aux africains. De plus, elle est représentée avec de longs cheveux blonds tout comme la Vierge de Einsiedeln. Il semble que la couleur noire de l’Épouse du Cantique des Cantiques n’est une connotation d’origine africaine que si elle est mise en rapport avec la Reine de Saba et encore même quand c’est le cas, il semble que les significations allégoriques aillent dans le sens de l’interprétation d’Origène24. Qu’en est-il de la perception des Hommes d’Afrique au début des Temps Modernes ? Jusqu’à la fin du XVe siècle, on faisait plus attention aux aspects symboliques qu’au respect anthropologique Les vierges noires lors des représentations des Africains dans l’Art populaire, comme le fait remarquer Jean Devisse25. En résumé, au MoyenÂge, pour les Européens, les Africains faisaient d’abord partie d’un des groupuscules les plus importants et diversifiés de non-chrétiens − païens ou musulmans − et cette catégorisation religieuse était plus importante à cette époque que la couleur de peau. Ceci se retrouve bien dans l’appellation médiévale « Maure » qui est relativement significative d’un point de vue religieux et ne l’est absolument pas en ce qui concerne la couleur de peau : ce terme s’adressait plus ou moins à toute la population du continent africain ainsi qu’à celle du Proche-Orient, de la Turquie, etc.26. Si l’on considère cet aspect ambigu de la représentation visuelle et linguistique des Africains, la question de savoir si la couleur de peau mate d’une « vraie représentation » de la Vierge Marie reflèterait de façon fidèle son appartenance ethnique, paraît alors secondaire, en admettant qu’elle se posât alors. L’apparition de l’interprétation du nigra sum est le début de cette interrogation, mais une interprétation qui parvient encore à surmonter les contradictions qu’elle fait naître. Cette catégorisation ambiguë de la peau noire fut peu à peu remplacée vers la fin du XVIIIe siècle par le nouveau discours scientifique sur les « races humaines ». Celui-ci commença vers 1735 lorsque que Carl von Linné classifia les couleurs de peau des hommes en un système de quatre tempéraments ; c’est-à-dire qu’il divisa l’humanité en quatre groupes selon leur couleur : blanc, noir, rouge et jaune. Le terme actuel de « Caucasien » vient de Johann Friedrich Blumenbach qui développa, dans les années 1770, un système racial divisé en cinq groupes. C’est à cette même époque que se fixa l’idée d’homme « blanc » et d’homme « noir » : avec elle naît la qualification des Africains comme « Maures », terme qui fut remplacé vers 1800 par le mot « Nègre » (en allemand : « Neger » − un emprunt fait aux langues romanes et qui reprend le code des couleurs27). L’accord scientifique affirmant que la couleur de peau qualifie une race, ne se rencontre, en ce qui concerne les Vierges noires dans les discours hors-clergé, qu’à partir de la première partie du XIXe siècle. Il était auparavant courant chez les intellectuels qui critiquaient les religions en général (mais plus particulièrement le Catholicisme) pour leurs côtés arriérés et anti-progressistes, de considérer les Vierges noires simplement comme des laideurs. C’est le cas de Henry Swinburne qui écrit dans ses souvenirs de voyage qu’il effectua en Italie en 1783 : « There are in Italy and elsewhere some dozens of black, ugly Madonnas » (« Il y a en Italie et en d’autres lieux quelques douzaines de Vierges noires laides ») qui sont adulées comme originaux de Luc28. Comme Swinburne, l’auteur allemand Theodor Mundt rejette lui aussi la crédibilité de la légende. Il ne montre dans son récit sur les impressions de son voyage à Czestochowa édité en 1840 que raillerie pour les pèlerins et leurs formes de croyance. Mais le côté repoussant de cette représentation ne se borne pas cette fois-ci seulement à sa « laideur » : « La Vierge Marie noire », comme il l’appelle continuellement, n’évoque pour lui rien d’autre que des associations ethniques. Il trouve naturellement absurde la légende de Luc, tout comme le fait que c’est Sainte-Hélène qui l’aurait trouvée − « Comme si cela ne suffisait pas que l'on perçoive cette représentation noire du portrait de la Mère de Dieu tout d’abord à Byzance où beaucoup d’éléments égyptiens et éthiopiens auraient participé à l’attribution de ce coloris de la Vierge Marie »29. Il me semble tout à fait probable que Theodor Mundt connaissait l’avis de Goethe − publié 24 ans plus tôt − sur les Vierges noires : « Comment la plus piètre des représentations de la Mère de Dieu, la représentant avec la peau noire, a pu se glisser lors de certaines occasions : venant d’Égypte, d’Éthiopie ou d’Abyssinie (…) pourrait certainement être très clairement prouvé par des recherches spécialisées de l’Histoire de l’Art de ces localités… »30 Ici on voit tout d’abord, dans le cadre d’une critique rationaliste des formes du Catholicisme, comment la peau noire de la Vierge commence à indiquer une origine africaine. Je pense que cette perception se serait propagée avec l’ampleur du modèle de pensée sur les « races humaines ». Il aurait été plus difficile au cours du XIXe siècle d’expliquer la raison pour laquelle la représentation de la Vierge Marie qui fut réalisée lors de son vivant représente une Africaine. La 81 réduction de la couleur de peau à une appartenance raciale aurait radicalement ébranlé le statut antérieur des Vierges noires. Cette couleur de peau − autrefois signe de digne dévotion − ne fut alors plus comprise comme telle, comme le montre l'exemple de la Vierge de Chastreix qui, lors de sa restauration en 1892, reçut une nouvelle couche de couleur noire : après la restauration, la paroisse se serait plainte de la transformation de leur Madone en une « négresse ».31 Des autorités cléricales tout comme le Jésuite Stephan Beissel rejettent l’interprétation du nigra sum et argumentent, face à l’interprétation concurrentielle représentée par la science des religions comparées, que la couleur de peau n’est le résultat que du hasard32. Il est en effet préférable de faire disparaître la couleur noire en faisant référence à la couleur « réelle » qui se trouve en dessous. C’est encore le cas à l’heure actuelle comme le montre une déclaration du journal espagnol El Mundo : « ‘La Moreneta’ es blanca »33. La presse allemande y rajoutera : « Die schwarzbraune Madonna von Montserrat ist in Wirklichkeit weiß » (« La Vierge noire de Montserrat est en réalité blanche ».)34 L’effet d’authenticité de la couleur avait disparu et avec lui aussi la base pour une argumentation consciente (ou inconsciente) de l’échelle des valeurs de ces représentations. On fit à ce moment des Vierges noires l’énigme que l’on connaît encore aujourd’hui. Quelles valeurs symboliques ont les Vierges noires aujourd’hui ? Ce sont les disciples d’une religiosité plutôt anticléricale et centrée sur la Femme35 qui s’intéressent actuellement le plus à elles. Cependant la Madone n’a pas pour autant perdu sa valeur religieuse traditionnelle : le plus grand pèlerinage marial au monde est à l’heure actuelle celui de la Vierge de Guadalupe à Mexico. Elle est considérée comme étant une Vierge noire même si elle n’est pas typique en son genre. Cette représentation tient son appellation d’une Vierge noire d’Espagne dont le culte de dévotion connut son apogée lors de la « Découverte » du Mexique et qui fut introduite dans le pays comme protectrice des Conquistadores. De plus, son iconographie venant également de la meilleure tradition européenne est justement de couleur noire ! Cependant elle est considérée par les Mexicains comme une des leurs justement parce qu’elle est représentée avec le teint mat36. L’image fut imprimée spontanément sur la cape du devin après une apparition mariale, il s’agit donc d’un « vrai portrait ». Ici la valeur symbolique de la couleur noire est un signe ethnique qui pourrait être directement lié à la tradition européenne (le noir représentant l’authentique). À Einsiedeln, se passe peu à peu quelque chose de similaire : lors d’une discussion sur les lieux, un père bénédictin m’a tout d’abord dit que la couleur noire n’était le résultat que d’un « hasard » − une sorte de "mégarde ». Mais il a par la suite remarqué que les réfugiés africains et tamouls qui ont trouvé refuge à Einsiedeln, et que l’on voit très régulièrement à l’église, se réjouissent peut-être que la Mère de Dieu, sujet de dévotion, soit ici, une femme noire. Il semble possible que le multiculturalisme en Europe ouvre la porte à de nouvelles interprétations des Vierges noires. Traduit de l’allemand par Nathalie Peillex Notes 1. Les chercheurs se posent cette question dès qu’ils sont confrontés à ce sujet, cf. par ex. Leonard W. Moss et Stefen C. Cappannari : In quest of the black virgin : she is black because she is black, in James J. Preston (ed.) : Mother Worship. Theme and Variations, Chapel Hill, 1982, p. 53-74. Kröll, Ursula : Das Geheimnis der schwarzen Madonnen. Entdeckungsreisen zu Orten der Kraft, Stuttgart, 1998, p. 175. Birnbaum, Lucia Chiavola : Black madonnas. Feminism, religion and politics in Italy, Boston, 1993, p. 41. 2. Titres de quelques publications sur ce sujet, comme par ex. Jacques Huynen : L‘énigme des Vierges Noires, Paris, 1972 ; Franz A. Schmitt : Vom Geheimnis der Schwarzen Madonnen, in Königsteiner Jahrbüchlein, Königstein i. Taunus, 1957, p. 85-87. 3. Dans l’article traitant des images miraculeuses dans le « Handbuch der Marienkunde » ce sujet n’est même pas abordé. Il est même tu, dans le long article sur la Vierge de Lorette où l’on ne trouve pas une ligne signalant qu’il s’agit d’une Vierge noire 82 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” célèbre dont la couleur fut reprise dans des centaines de copies faites au cours du XVIIe siècle. (Karl Kolb : Typologie der Gnadenbilder, in Wolfgang Beinert/ Heinrich Petri (ed.) : Handbuch der Marienkunde. 2e Ed., Regensbourg, 1997, p. 449-482, cf. p. 467-468). Le Clergé réagit lui aussi de manière réticente. Comme Leonard Moss n’obtint aucune réponse à sa question : « pourquoi est-elle noire » qu’il posa à un prêtre italien, il décida de s’intéresser de très près lui-même à ce sujet. Lorsqu’il présenta le résultat de ses recherches lors d’un congrès scientifique en 1952, un grand nombre de Religieux et de femmes appartenant à un ordre auraient quitté la salle de façon très significative. (Moss / Cappannari, p. 54-55). Ursula Kröll relate des faits similaires. Alors qu’elle demandait à un prêtre Capucin de Stühlingen : « « Savez-vous pourquoi votre Madone est noire ? », « Oui, parce qu’elle l’est « , lui répondit-il (…) Cela n’a pas une grande signification. Mais en tous cas, elle ne vient pas d’Afrique. » (Kröll, p.175). 4. On trouve une approche semblable des Vierges noires dans le livre de Klaus Schreiner : Maria. Jungfrau, Mutter, Herrscherin, Munich, 1994, p. 213-248. 5. Les idées fondamentales de cet essai sont présentées dans : Monique Scheer : From majesty to mystery : Change in the meanings of black madonnas from the 16th to the 19th centuries, American Historical Review, décembre 2002, p. 1412-1440. 6. Comme Moss et Cappannari 7. Stefen Benko : The virgin goddess. Studies in the pagan and Christian roots of Mariology, Leiden, 1993 (Studies in the history of religions, 59) p. 213-216. 8. Frederick Gustafson : The black Madonna, Boston, 1990. 9. Par exemple : Marie Durand-Lefébvre : Étude sur l’origine des Vierges noires, Paris, 1937 ; Emile Saillens : Nos vierges noires, leurs origines, Paris, 1945 ; Sophie Cassagnes-Brouquet : Vierges Noires. Regard et Fascination, Rodez, 1990. 10. Ce désir n’est valable − ce qui est bien connu − que pour l'histoire moderne de cette matière. On retrouve l’origine de la « Kontinuitätstheorie » (« théorie de la continuité ») ayant trait aux Vierges noires dans la Volkskunde allemande de Jacob Grimm, Deutsche Mythologie, Graz, 1968 (livre contrefait à partir de la 4e édition de 1875-8), p. 195, remarque 1. Cependant Hermann Sökeland s’était exprimé à l’encontre de la thèse qui expliquait « l’assombrissement » de la peau des Vierges noires par l’effet du temps. Cf. Dunkelfarbige Marienbilder, in Zeitschrift des Vereins für Volkskunde 18 (1908), p. 281-295. Monique Scheer 11. Cf. Schreiner, p. 240. 12. Les pèlerins allemands qui partaient pour Saint-Jacques de Compostelle ou Rome prenaient souvent le chemin passant par Einsiedeln. Cf. Theodor Hampe : „Deutsche Pilgerfahrten nach Santiago de Compostella und das Reisetagebuch des Sebald Örtel (1521-22)“, Mitteilungen aus dem Germanischen Nationalmuseum (1895), p. 61-82 ; Hermann Künig von Vach : Die Walfahrth und Straß zu Sankt Jakob (Strasbourg, 1495) ; Reisebuch der Familie Rieter, R. Röhricht and H. Meisner, eds. (Tübingen, 1884) (Bibliothek des literarischen Vereins in Stuttgart, 168) ; Des böhmischen Herrn Leo‘s von Rožmital Ritter-, Hof- und Pilgerreise durch die Abendlande 1465-1467. Beschrieben von zweien seiner Begleiter : J. A. Schmeller, ed. (Stuttgart, 1844)) (Bibliothek des literarischen Vereins in Stuttgart, 7). 13. Les classiques de ce genre : Guilielmo Gumppenberg : Atlas Marianus sive de imaginibus Deiparae per orbem Christianum miraculosis, Volumes I et II, Ingolstadt, 1657 ; et Guilielmo Gumppenberg : Atlas Marianus quo Sanctae Dei genitricis Mariae imaginum miraculosarum origines duodecim historiarum centuriis explicantur, Munich, 1672. 14. Le corpus de cette estimation est de quelques 60 légendes, extraites de recueils réalisés par Gumppenberg ainsi que par Wilhelm Herchenbach : Die heiligen katholischen Gnaden- und Wallfahrtsorte mit den Heiligthümern und Reliquien. Nach geschichtlichen Quellen und Legenden, Stuttgart/Nürtingen, 1884. Cf. également : Stephan Beissel : Diskussionen zu Legenden und Wallfahrtsorten. Wallfahrt zu Unserer Lieben Frau in Legende und Geschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1913 ; et Cassagnes-Brouquet : p. 39-74. 15. Cf. David Freedberg : The Power of Images. Studies in the History and Theory of Response, Chicago/London, 1989, p. 205-212. pour une discussion sur la croyance que : une représentation authentique (vera effigies) est particulièrement miraculeuse et digne de dévotion. 16. Wolfgang Brückner : Erneuerung als selektive Tradition. Kontinuitätsfragen im 16. und 17. Jahrhundert aus dem Bereich der konfessionellen Kultur, in Der Übergang zur Neuzeit und die Wirkung von Traditionen, Göttingen, 1978 (Veröffentlichungen der Joachim Jungius-Gesellschaft der Wissenschaft 32). 17. Hans Dünninger : Zur Geschichte der barocken Wallfahrt im deutschen Südwesten, Barock in Baden-Württemberg. Vom Ende des Dreißigjährigen Krieges bis zur Französischen Revolution, Ausstel- Les vierges noires lungskatalog, Badisches Landesmuseum Karlsruhe, Vol. 2. Bruchsal 1981, p. 415. 18. Cf. Hans Belting : Bild und Kult. Eine Geschichte des Bildes vor dem Zeitalter der Kunst, Munich 1990, p. 26. Des traités (tractati) influents d’images théologiques, de l’après Concile de Trente, d’auteurs italiens de la fin du XVIe siècle mettent également l’accent sur une longue tradition comme facteur de légitimation pour une utilisation adéquate des représentations. Christian Hecht propose un aperçu général détaillé dans : Christian Hecht : Katholische Bildertheologie im Zeitalter von Gegenreformation und Barock. Studien zu Traktaten von Johannes Molanus, Gabriele Paleotti und anderen Autoren, Berlin, 1997. 19. Belting : Bild und Kult, p. 24. 20. Le noir est interprété depuis l’Antiquité comme étant l’incarnation de tout ce qui est négatif et de l’Autre. Cf. Theodor Klauser u.a.(Hg.) : Reallexikon für antike und Christentum, Stuttgart, 1950-1998, s.v. Farbe. Dans la Culture populaire allemande le noir avait une très forte connotation négative. Cf. Hans Bächtold-Stäubli (Hg.) : Handwörterbuch des deutschen Aberglaubens, Berlin/New York, 1987 (Unveränderter Nachdruck der Erstaufgabe von 1927-1942), s.v. Farbe. 21. Cf. Schreiner, p. 239-242. 22. Cette source fut citée et commentée de façon détaillée par Martin Lechner : „Schön schwarz bin ich“ − zur Ikonographie der schwarzen Madonna der Barockzeit, in Heimat an Rott und Inn (Sans lieu d’édition), 1971, p. 44-61. 23. Origène voyait en l’Eglise païenne un rôle positif, raison pour laquelle il recommanda comme traduction de cette phrase : « je suis noire et belle ». Cf. Ernst Benz : „‚Ich bin schwarz und schön’ (hohes Lied 1,5). Ein Beitrag des Origenes zur Theologie des negritudo“, in Hans-Jürgen Greschat/ Hermann Junggraithmayr (eds) : Wort und Religion. Kalima na dini. Studien zur Afrikanistik, Missionswissenschaft, Religionswissenschaft, Stuttgart, 1969, p. 225-242. 24. Paul H. D. Kaplan : The Rise of the Black Magus in Western Art, Ann Arbor, 1985 (Studies in the fine arts. Iconography 9), p. 42. 25. Jean Devisse : The image of the Black in Western Art, Vol. II. From the Early Christian Era to the ‘Age of Discovery’. Part 1 – From the Demonic Threat to the Incarnation of Sainthood, Cambridge/ Londres, 1979 (Publications of the Menil Foundation, Inc. Ladislas Bugner, Ed.), p. 136. 26. La recherche très complète de Peter Martin concernant la perception des Africains en Allemagne présente une discussion plus élaborée du sujet : Peter Martin : Schwarze Teufel, edle Mohren, Hambourg, 1993, p. 83. Le terme de « Maure » était d’une certaine manière un signe de respect, le « Maure » représentait en effet une Haute Culture (voire même une Culture supérieure) et était craint comme un Incroyant agressif et militaire. Cf. Kaplan, Black Magus, p. 4. 27. À propos de la notion de race dans les régions germanophones, voir : Martin : Schwarze Teufel ; et Sander, Gilman : On Blackness without Blacks. Essays on the image of the Black in Germany, Boston, 1982. 28 Travel in the Two Sicilies, Vol. I. Londres 1783, p. 123 ; cité dans Moss / Cappannari, p. 64-65. 29. Theodor Mundt : Völkerschau auf Reisen, Vol. 1, Stuttgart, 1840, p. 234. 30. « Wie sich aber die tristeste aller Erscheinungen eingeschlichen, daß man, wahrscheinlich aus ägyptischen, äthiopischen, abyssinischen Anlässen, die Mutter Gottes braun gebildet... mag sich bey besonderer Bearbeitung der Kunstgeschichte jenes Theils genauer nachweisen lassen... » : Johann Wolfgang von Goethe : Ästhetische Schriften 1816-1820. Über Kunst und Altertum I-II, Hendrik Birus Ed., Frankfort-sur-le-Main, 1999 (Sämtliche Werke. Briefe, Tagebücher und Gespräche. Vol. 20), p. 75/76. 31. B. Craplet : « Vierges romanes », Richesses de la France, Le Puy-de-Dôme, 44 (1960) : p. 66-68. Cité dans Ileene Forsyth, Throne of wisdom. Wood sculptures of the Madonna in Romaesque France, Princeton 1972, p. 21. 32. Cf. Stephan Beissel : Geschichte der Verehrung Marias in Deutschland während des Mittelalters. Ein Beitrag zur Religionswissenschaft und Kunstgeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1909, p. 345-346. 33. 15 Avril 2001. 34. 26 Avril 2001. 35. Il s’agit d’un groupe qui voit dans les Vierges noires le successeur des Grandes Déesses pré-chrétiennes. Cf. Birnbaum, Kröll et Begg, Ean : The cult of the black virgin, Londres, 1985. 36. À propos de la perception de la Vierge noire de Guadalupe dans les interviews citées par Daniel Andersson : The Virgin znd the Dead. The Virgin of Guadalupe and the day of the Dead in the Construction of Mexican Identities, Göteborg, 2001. Cf. également : Stafford Poole : Our Lady of Guadalupe. The origins and sources of a Mexican national symbol, 1531-1797, Tucson / Arizona, 1996. 83