is l`égalité linguistique
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IS L'ÉGALITÉ LINGUISTIQUE MÉMOIRE DE RECHERCHE bibliothèque UIUQAC Paul-Emile-Bouletj Mise en garde/Advice Afin de rendre accessible au plus grand nombre le résultat des travaux de recherche menés par ses étudiants gradués et dans l'esprit des règles qui régissent le dépôt et la diffusion des mémoires et thèses produits dans cette Institution, l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) est fière de rendre accessible une version complète et gratuite de cette œuvre. Motivated by a desire to make the results of its graduate students' research accessible to all, and in accordance with the rules governing the acceptation and diffusion of dissertations and theses in this Institution, the Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) is proud to make a complete version of this work available at no cost to the reader. L'auteur conserve néanmoins la propriété du droit d'auteur qui protège ce mémoire ou cette thèse. Ni le mémoire ou la thèse ni des extraits substantiels de ceux-ci ne peuvent être imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation. The author retains ownership of the copyright of this dissertation or thesis. Neither the dissertation or thesis, nor substantial extracts from it, may be printed or otherwise reproduced without the author's permission. LA FEMINISATION COMME INSTRUMENT D'ANALYSE SOCIOLINGUISTIQUE LA FÉMINISATION COMME DÏSTROMENT D'ANALYSE SOCIOLINGUISTIQUE (UQAC,1994) DÉMARCHE Apres avoir présenté le contenu de différants ouvrages qui font l'analyse de l'aspect sexiste en usage dans notre languer j ' e n a i préparé un tableau synoptique (Yaguello, 1978).* Puis, j ' a i abordé l'aspect féminisant que proposent différents ouvrages contemporains. J ' a i là aussi illustré leur contenu à l'aide de tableaux synoptiques faciles à consulter. À noter que la féminisation des t i t r e s et du discours en permet une application pratique. À la lumière de ces tableaux, i l me sera possible de mieux analyser le contenu et le discours de contes ou de tout texte écrit qui s'adresse aux petites et jeunes f i l l e s au primaire et au secondaire. Je ferai aussi l'analyse du contenu et du discours de documents qui préconisent l'élimination des stéréotypes discriminatoires (sexistes) dans le matériel didactique. Ces nombreuses données me permettront de mieux cerner l'importance d'utiliser le genre (masculin ou féminin) approprié à ce type de contenu et de discours selon l'auditoire auquel on s'adresse. Cela même s i l'ancien paradigme grammatical exige que «le masculin l'emporte sur le féminin.» Serait-il possible que le contenu et le discours écrits constituent des facteurs culturels d'aliénation sociale dans le cas où l ' é c r i t u r e officielle actuelle est masculine même dans le cas où la clientèle est exclusivement féminine ? Le terme «aliénation» est i c i utilisée dans le sens d'un système grammatical sexiste à outrance. A. Constitution 1. Livres de 2. Livras de 3. Livres de du corpus lecture au primaire : Corpus A lecture au secondaire:Corpus B référence : Corpus C B. Analyse de contenu et analyse grammaticale du discours C. Interprétation D. Conclusion E. Bibliographie F. Tableaux * La féminisation comme phénomène sociolinguistique, t i r é des Actes du colloque sur l'aménagement l i n g u i s t i q u e , OLF et UQAC, Chicoutimi, 1994, p . 279 à 309- LA FÉMINISATION COMME INSTRUMENT D'ANALYSE SOCIQLINGUISTIQUE TABLE DES MATIERES Problématique g l o b a l e 1 Lexique 3 Introduction I. .5 Méthode d ' analyse 6 II. Échantillonnage : livres de lecture 8 III.Organisation du corpus A • 9 IV. Organisation du corpus B 10 V. 10 Utilisation de la grille d'analyse VI. Corpus A : livres de lecture au primaire 1. Paul a la recherche de Chabichou 2. Martine et le cadeau d'anniversaire. 3. Martine monte à cheval 4. Les "vacances de Rosalie 5 . Ma Babouche pour toujours 6. Un jeu dangereux 11 (1986) . (1988) (1966) (1990) (1990) (1989) 11 11 12 .12 13 14 Corpus B : livres de lecture au secondaire 16 7. L'Ordinateur égaré (1990) 17 8. La Belle Vie (1989) 19 VII.Échantillonnage : l i v r e s de référence 22 V H I . U t i l i s a t i o n de l a g r i l l e d ' analyse 23 IX. Corpus C : l i v r e s de référence . 23 9. Analyse des stéréotypes masculins e t féminins dans l e s manuels s c o l a i res au Québec (1976) 23 10. Guide pour l ' é l i m i n a t i o n des s t é r é o t y p e s d i s c r i m i n a t o i r e s dams l e m a t é r i e l didactique (1988) 26 11.Guide pour a d u l t e s a v e r t i s (1991) -28 12.Les m é t i e r s d ' a v e n i r , vous connaissez ? (1992) 29 X. Conclusion XI. Recommandations 31 - 34 XII. Annotât i o n s 35 XEH.Bibliographie 37 XIV.Annexe : tableaux de féminisation 39 Documents de référence : La féminisation comme phénomène s o c i o i ï n g u i s t i q t i e (OLF et UQAC, a v r i l 1994) De Grevisse à Marois (1987) Le féminin générique (1986) RÈGLES GÉNÉRALES DE FÉMINISATION PROBLÉMATIQUE GLOBALE Afin de faciliter des grilles d'analyse, termes utilisés la compréhension de l'interprétation qui suit chacune j ' a i préparé un lexique qui donne une définition des en contexte. Certaines définitions ont été élargies afin de respecter la teneur non sexiste et féminisante de mon discours. I I est évident q u ' i l m'a été nécessaire de créer des termes nouveaux tels collectif mixte, doublet générique, sexisme grammatical et sexisme social afin de mieux illustrer ma pensée. Je rappellerai i c i et transmet le d'inégalité. que la matière langagière qui organise contenu, En effet, enseigne officiellement s'articule notre le discours à travers un réseau de rapports sociaux système scolaire actuel dit «démocratique» que «Le masculin l'emporte sur le féminin». Comment peut-on enseigner un t e l paradigme et prétendre l ' é g a l i t é entre garçons et f i l l e s , enseignantes et enseignants, directrices et directeurs ? Sans compter que ce sont majoritairement des femmes qui sont appelées à enseigner un t e l paradigme au niveau primaire ! Ironie et paradoxe . . . Mais cette «vérité» grammaticale est devenue un absolu et c ' e s t la résistance est si grande quand il s'agit de «désexiser» la pourquoi langue en premier lieu et de la «féminiser» en second lieu. La création au premier abord du collectif mixte et n'implique «illes» (Marois, 1987) semble aucun ajustement phonétique si farfelue ce n'est la féminisation p a r t i e l l e du pronom personnel à la troisième personne du pluriel soit le «ils» traditionnel qui devient «illes». Comme le «e» que nous appelons «muet» est ce qui représente la formation d'un substantif ou d'un au féminin, nous retrouvons cette marque féminisante comme suffixe adjectif au «illes», collectif mixte. Je me permettrai i c i de nommer ce «e muet», un «e sonore». Le terme «collectif» comme entité collective. réfère à la collectivité, au groupe, Le terme «mixte» réfère à la société aux deux genres et masculin qui apparaissent conjointement et simultanément dès qu'il féminin s'agit d'un homme et d'une femme, d'un groupe composé de femmes et d'hommes. Le «ils» traditionnel reste masculin pluriel quand i l groupe exclusivement masculin. Le collectif ce qui reconnaît Quant au pronom personnes de sexe se rapporte à un mixte i l l e s étant réservé à tout la présence féminine qu'elle soit minoritaire ou majoritaire personnel féminin pluriel «elles», il s'adresse féminin ou à un groupe exclusivement formé de femmes. à deux PROBLÉMATIQUE GLOBALE La féminisation comme phénomène sociolinguistique constitue la première partie de ce qui motive le présent travail de recherche. Tout d'abord, je me suis sérieusement demandé pourquoi un paradigme q u i soutient que «le masculin l'emporte sur le féminin» ? Pour faciliter l'accord quand plusieurs noms de différents genres sont en présence ? Donc, u n e solution de facilité ou serait-ce une vérité que sous—tend la société dans tous ses rapports de quelle que nature que ce soit ? C'est pourquoi j'ai fait la lecture d'ouvrages qui dénonçaient sexiste l'aspect de la langue française dont le «système symbolique est engagé dans des rapports sociaux» (Marina Yaguello, 1978). Puis, j'ai parcouru féminisation quant préparé des aux divers titres tableaux de condensés documents qui fonction et au et faciles à présentent règles de discours écrit. J'en ai consulter des (voir article «La féminisation comme phénomène sociolinguistique», OLF et UQAC, 1994). C'est à partir de ces ouvrages de dénonciation sexiste et de féminisation que j'ai pu cerner l'aspect sexiste d'une langue non seulement dans l e s valeurs véhiculées, mais aussi dans les éléments grammaticaux dont on se sert pour «dire» ou «écrire» cette même langue. Je me suis dit que si une langue était un outil de création individuelle et collective, il devait bien exister des ouvrages de référence en ce sens. J'ai alors dressé la liste de quelques documents officiels qui travaillent à la désexisation de la langue en milieu scolaire. Enfin, je me suis servi des livres de lecture les plus lus au primaire et au secondaire afin d'en faire ressortir les aspects grammaticaux sexistes du discours tout en proposant élément de féminisation. À l'emploi savoir que du le collectif collectif mixte mixte filles» «illes» comme permet d'assurer la reconnaissance visible de la présence féminine à l'écrit. C'est le pronom personnel «elles» qui devient «illes» ou encore le pronom personnel «ils» qui lorsqu'il devient s'agit «illes» d'une féminisé. Le référence collectif à un homme mixte et à une «illes» femme, s'utilise d'un groupe composé de femmes et d'hommes. Ex. Illes sont épouse et époux. C'est donc à partir de tous ces documents que j'ai pu élaborer la grille d'analyse qui a guidé mon choix des unités analysées. Cette partie traite de La féminisation comme Instrument d'analyse sociolinguistique puisqu'ici la langue comme objet devient Instrument d'analyse- 3. LEXIQUE Collectif mixte «illes» pronom personnel de la troisième personne du pluriel qui s'utilise afin d'assurer la représentativité féminine d'un couple ou d'un groupe mixte formé de deux personnes et plus. Ex. (Louise et Pierre) I l l e s Doublet générique se sont mariés. groupe de mots où sont respectivement représentés les deux genres soit le féminin et le masculin. Ex. Les étudiantes et l e s étudiants. Dissymétrie lexicale absence d'équivalence féminine surtout au plan des substantifs. Ex. F é e / . . . ? Matelot/ Dissymétrie sémantique ou masculine ? absence d'équivalence quant au sens d'un mot quand i l passe du féminin au masculin ou inversement. Ex. Entraîneuse/entraîneur Maître/maxtresse Épicëne substantif dont le genre reste invariable q u ' i l soit féminin ou masculin selon l e déterminant qui l u i confère son genre. Ou encore substantif à double genre. Ex. Un ou une témoin. Un ou une mannequin. Générique (le) substantif qui s ' u t i l i s e là où l ' o n généralement des groupes mixtes. Ex. L'assemblée L'auditoire Graminatic a l i t é Le personnel La population Ling. Caractère d'une phrase bien construite dont la syntaxe est correcte. (Le P e t i t Robert, 1991, p. 883). Plus spécifiquement dans le cadre du présent travail de recherche, caractère d'une phrase féminisée dont la syntaxe est correcte . Ex. Ni lui ni elle Métier non traditionnel retrouve n'avaient Je goût de p a r t i r . métier que peu de femme ou d'hommes exercent généralement. Définition élargie dans le cadre de ce présent travail qui se veut à caractère non sexiste ni dans un sens ni dans l'autre. Ex. Épisseure, débosseleuse Sage—homme, jardinier d'enfants 4. LEXIQUE Métier traditionnellement féminin métier qu'exerce généralement femme selon la tradition. une Ex. Infirmière, hôtesse d e l'air Métier traditionnellement masculin : métier qu'exerce généralement homme selon la tradition. Ex. Sexisme grammatical Le masculin l'emporte sur le féminin. (Louise et Pierre) I l s se sont mariés. attitude collective d'une société dont les valeurs perpétuent des stéréotypes discriminatoires à l ' e n d r o i t des femmes. Ex. Stéréotype Mécanicien, électricien langue dont la syntaxe, le lexique et les règles de grammaire perpétuent des valeurs discriminatoires à l'endroit des femmes. Ex. Sexisme social un Le masculin l'emporte sur le féminin. Marguerite Yourcenar é t a i t académicien. opinion toute f a i t e , c l i c h é . Robert 1991, p. 1863). (Le Petit Note : Toute déclaration qui utilise exclusivement le mot «homme» dans un sens universel ignore la p r é sence féminine en feignant une inclusion qui en f a i t exclut l a la femme par la forme masculine. Syliepse accord selon le sens et n o n selon règles grammaticales. Ex. les Syliepse de nombre : minuit sonnèrent. Syliepse de genre : C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète. (Le Petit Robert, 1991, p. 1903). 5. INTRODUCTION La présente recherche s ' i n s c r i t au coeur même du respect des droits de la personne qu'elle soit homme ou femme. Je citerai un e x t r a i t de l ' a r t i c l e 10 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne : «Toute personne a droit à la reconnaissance et l ' e x e r c i c e , en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans d i s t i n c t i o n , exclusion ou préférence (...) fondée sur la race, la couleur, sauf dans la mesure prévue par la l o i , le sexe, la la religion, les grossesse, convictions politiques, la langue ( . . . ) . » À partir de cet énoncé, il apparaît évident que toutes les institutions sociales qu'elles soient à caractère prescriptif ou consultatif, ont l'obligation morale d'appliquer ces principes d'égalité. Le ministère de l'Éducation a publié certains ouvrages afin d'éliminer le sexisme dans le contenu (sexisme social) ou encore le discours (sexisme grammatical). Je nommerai le Guide de rédaction de texte pour l ' u t i l i s a t i o n des deux genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) et l e Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique rédigé par Michel Thibaudeau (1988). L'Office de la langue française s'intéresse tout particulièrement à l'aspect féminisant de la langue comme phénomène sociolinguistique à savoir la publication d'opinion du document La féminisation des titres et les leaders : une étude exploratoire avec André Martin et Henriette Dupuis (1985). Un autre ouvrage de féminisation, Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage, Henriette Dupuis (1986) et enfin un dernier document sous l a direction de Monique Biron (1991), Au féminin : guide de féminisation des t i t r e s de fonction et des textes. Ces ouvrages guideront l'analyse du discours (sexisme grammatical). Quant au Conseil du statut de la femme, cet organisme nous offrait l'Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires au Québec sous la direction de Lise Dunnigan (1976). I . MÉTHODE D'ANALYSE À en j u g e r par l e s encourage l ' a b o l i t i o n que cette réforme publications du sexisme reste du m i n i s t è r e dans les discrète de peur livres de l ' É d u c a t i o n qui scolaires, je constate de déranger l ' o r d r e établi à savoir que «le masculin l'emporte sur le féminin». Afin de nous entendre sur ce qu'est au j u s t e le sexisme, en voici une courte définition : «Attitude de discrimination à l'endroit du sexe féminin. (---) Le sexisme limite l e potentiel de développement des individus et l'un des effets principaux est la discrimination envers les femmes». ^ Le sexisme est la conséquence directe d'un paradigme grammatical aussi tranchant et misogyne. Comment pourrait-on s'attendre à un r e s p e c t de la femme dans un contexte ou le masculin est r o i et maître absolu !  partir d'analyse de cette définition, qui se rattache à j ' a i pu préparer une première l'analyse de contenu et à grille l'analyse grammaticale du discours que contiennent les l i v r e s de lecture. L'analyse de contenu est la méthode que j ' a i choisie parce une «méthode de faire classification ressortir les (...) que c'est des éléments d'un document caractéristiques essentielles en vue pour en d'en mieux comprendre le sens exact et précis.» J ' a i englobé l'analyse de contenu sous le syntagme sexisme social parce que c'est à travers une société que nous apprenons a connaître les etres humains qui la composent et la hiérarchie des rapports qui l e s unissent. Quant à l'analyse grammaticale du discours, elle a pour objet de la «matière langagière». proprement d i t . J Elle Elle met l'accent visent tout d'abord l'étude porte sur' l'aspect l'étude linguistique sur les caractéristiques du corpus qui comparative de divers documents produits à la même époque à p a r t i r d'une même idéologie. J'ai placé l'analyse grammaticale sexisme grammatical parce que c'est du discours sous le syntagme tout d'abord la grammaire de l a langue et son aspect discriminatoire à l'endroit des femmes dont i l s'agira. 7. Les livres de lecture La grille d'analyse qui sera utilisée par la lecture de cette partie des corpus (A,B)comporte deux parties : le sexisme social (contenu) et le sexisme grammatical (discours). Le sexisme social englobe deux catégories : les personnages principaux et les caractéristiques socio-affectives. Cette catégorisation a l'avantage de ne retenir que les personnages importants à l'action et de mieux faire la synthèse de leur portrait caractériel. Le sexisme féminisante grammatical comprend deux catégories : où l'on reconnaît les terminaisons du féminin la marque (trice, euse) et la marque sexiste qui applique la règle du «masculin l'emporte sur le féminin» (eut) où s'imposent les substantifs à terminaison masculine ainsi que l'emploi du pronom personnel masculin pluriel «ils». CORPUS A Ce corpus comprend neuf (9) l i v r e s de l e c t u r e au p r i m a i r e . CORPUS B Ce corpus comprend deux (2) l i v r e s de l e c t u r e au s e c o n d a i r e . Les l i v r e s de r é f é r e n c e : CORPUS C Cette seconde grille grammaticale du discours, désexisation du contenu documents a p p u i e n t b i a i s d'un d i s c o u r s d'analyse car ces dans les s'attache ouvrages ont pour objet manuels une v a l o r i s a t i o n à la exclusivement à scolaires. de l a femme, principal Rappelons mais grammaire s e x i s t e . C ' e s t l'analyse que toujours pourquoi j e sexisme grammatical (linguistique) grammaticalité féminisante (travailleuses) ou sexiste où l'utilisation le tableaux choix de dissimulée masculin la marque (auteurs généralise du deux à et outrance. la J'ai le me suis sexiste. catégories féminin féminins) du pronom personnel masculin p l u r i e l Les ouvrages d e Le où comprend ces par a t t a r d é e à l ' a s p e c t grammatical a f i n d'en f a i r e r e s s o r t i r l ' e m p l o i Ce la est : la visible grammaticalité aussi retenu «ils». féminisation des unités féminisation analysées s ' e s t fait à partir des des textes titres retrouvons en annexe à la page 39. et des publiés différents que nous Le collectif mixte tilles» Le collectif mixte «illess> s'utilise dès qu'il y a présence féminine dans un couple ou dans un groupe. Dans le cas d'un groupe exclusivement masculin, la marque d u masculin perd sa connotation sexiste. Dans le cas d'un groupe exclusivement féminin, la marque du féminin s'impose et se fonde sur la loi universelle de la majorité, Lorsqu'il s'agit d'un groupe mixte sans majorité numérique, l e collectif mixte «illes» est de bon aloi et respecte une réalité sociologique soit un inonde formé de femmes et d'hommes. Dans certains cas, le masculin est de nature spécifique quand on parle d'unepersonne de sexe masculin. Quant au féminin, il peut aussi être de nature spécifique quand on se rapporte à une personne de sexe féminin. Le générique L'emploi du générique (ex. L'homme, les enseignants, les étudiants) est un emploi qui tend à sous-utiliser les formes féminines équivalentes.En effet, ces substantifs sont des pseudo—génériques qui ignorent tout féminin. Le «doublet générique» favorise l'utilisation du féminin accompagné du masculin redonnant ainsi aux formes féminines toute leur visibilité. Ex. Femme et homme (le genre humain), enseignantes et enseignants (personnel enseignant)... II. ÉCHANTILLONNAGE : LIVRES DE LECTURE Puisque le ministère de l'Éducation et le Conseil du statut ont surtout visé l'analyse de la femme des livres scolaires utilisés en salle de classe et fait des recommandations en vue d'éliminer le sexisme principalement face au contenu, je me suis d'abord penché sur les lectures que font les filles au primaire et au secondaire. Les livres didactiques faisant partie des matières obligatoires enseignées, j'ai cru bon d'aller voir du côté des livres non didactiques (de lecture) les plus lus puisque le choix en est libre et arbitraire. Les livres de lecture me sont apparus plus conformes correspondent à cette clientèle féminine scolaire. aux valeurs réelles qui 9. I I I . ORGANISATION DÏÏ CORPUS A J ' a i demandé aux e n s e i g n a n t e s d'une école primaire de c o n s u l t e r les fillettes de l e u r c l a s s e afin de connaître l e genre de l e c t u r e qu'elles aimaient faire. J ' a i pu r e c u e i l l i r la participation de 60 f i l l e t t e s . Afin d'obtenir un échantillonnage représentatif, de rencontrer chaque niveau scolaire soit de la l re j'ai à la 6 choisi année. Voici les genres de lecture pour chaque niveau chez l e s f i l l e s : - l r e année : elles ne l i s e n t pas vraiment avant le milieu de l'année scolaire. que la Pourtant, on a pu me fournir un p e t i t plupart feuillettent livre en tentant de deviner les mots à vue. - 2 e année : elles lisent la dessinées Collection Martine, de Mickey et Astro, les les oursons bandes Berenstain et la collection Babar. - 3 e année : la Collection Martine vient en premier l i e u , suivent les bandes dessinées, les mots de Picottine, les livres religieux, de bricolage et sur les animaux. - 4 e - 5e année année : elles s'intéressent Courte Echelle, bandes dessinées : elles aiment Échelle, de d'abord aux romans que publie la elles dont lisent Souris Collection Garfield, surtout l i r e la la Tintin des rose, Rose, des et des contes. romans de la Fais-moi peur, Courte des contes, peu de bandes dessinées et de science—fiction. Les livres de l a Collection Frisson les captivent aussi. - 6 e année : elles d'amour optent pour les venant en dernier romans d'aventures, en second lieu et les romans lieu. La Collection Frisson, la Courte Échelle, Baby Sitter, l e s romans policiers Peurs bleues, Coeur à coeur, Chair de poule et Hergé suscitent aussi leur i n t é r ê t . À partir de ces informations, j ' a i pu faire un bilan des genres l i t t é r a i r e s que lisent les petites f i l l e s du primaire. différents 10. I¥. ORGANISATION DU CORPUS B Puis, j'ai rencontré le bibliothécaire d'une école secondaire que fréquentent plus de 941 élèves dont 451 adolescentes. Il m'a remis les volumes les plus lus chez les adolescentes suivant la fréquence d'emprunt. Il m'a fait remarquer que garçons et filles font sensiblement les mêmes lectures jusqu'en Secondaire V. C'est à partir de ce moment que se différencie presque exclusivement de leur choix de lectures : les garçons lisent la science-fiction et des romans d'aventures. Quant aux filles, elles s'intéressent presque exclusivement aux histoires romanesques. Voici les choix de lectures au niveau secondaire chez les filles : - Secondaires I et II : Collection Jeunesse Science—fiction et aventures - Secondaires III, IV et ¥ : Littérature romanesque V. UTILISATION DE LA GRILLE D'ANALYSE Chaque grille d'analyse se divise en deux parties : le sexisme social qui présente les personnages les plus importants et leurs caractéristiques socio-affectives. Le terme «sexisme» permet de focaliser l'attention sur les stéréotypes habituels qui défavorisent les personnages féminins et idéalisent les personnages masculins. La deuxième partie de la grille d'analyse expose la liste des pronoms personnels à marque féminisante (elle,elles) et les substantifs Puis, la marque sexiste représente féminins. le paradigme du «masculin sur le féminin» soit dans l'emploi du pronom personnel Ils qui Ignore la présence féminine dans la forme comme dans substantifs masculins qui occultent féministe actuel. l'emploi. Aussi, la liste des la réalité sociologique du mouvement Des substantifs masculins qui biaisent une réalité incontestablement forméede femmes et d'hommes. À noter que j'ai retenu quelques terminaisons en certains documents contenaient trop peu d'unités féminisées. «e muet», car 11. VI. CORPUS A : LIVRES DE LECTURE AU PRIMAIRE Jugeant inutile de faire la lecture de tous les titres que lisent c e s petites filles, j'ai revu ces mêmes enseignantes afin qu'elles fassent avec leurs élèves un choix des livres les plus lus. Le corpus se compose donc de neuf (9) livres dont je ferai une première analyse de contenu (sexisme social) et du discours (sexisme grammatical) à partir d'une grille d'analyse commune à chacune. 1. lre année : Paul à la recherche Danheux, 1986. de Chabichou, Nicole Girard et Paul GRILLE D'ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. 1 f1 h. (garçon) colérique, capricieuse courageux et patient elle fâchée chatouillée (aucune) Interprétation : Ce petit livre présente le côté négatif de l a petite fille et le côté positif du petit garçon. Le texte comporte à peine plus de vingt (20) phrases. Se rappeler qu'il est lu par des petites filles. 2. 2 e ******* : Martine et le cadeau d'anniversaire, Gilbert Delahaye et Marcel Marlier, 1988. année GRILLE D'ANALYSE SEXISME GRAMMATICAL SEXISME SOCIAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. 6 f. 6 h. douces, patientes gentils elles, elle voleuse vendeuse maîtresse colle c t ionneur livreur vendeur ils Interprétation : Tous les personnages y sont présentés sous leur côté positif qu'ils soient Ex. Maîtresse «illes» deux serait tantes, avaient...» féminins ou masculins. Les métiers y sont plutôt d'école, vendeuse/vendeur. L'utilisation justifié deux . du stéréotypés. collectif mixte à un endroit vu la présence féminine majoritaire : oncles, la mère «Illes avaient...» au lieu de «Ils 12, 3. 3 e année : Martine monte à cheval, 1966. Gilbert Delahaye et Marcel Marlier, GRILLE D1 ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. 1 f. gentille et docile gentils et aimables maîtresse amazone cavalière suivis concurrents 3 h. Interprétation : Les personnages des deux sexes y sont présentés sous leur côté positif. Il décrivent fonctions les est intéressant de noter l'emploi des trois de la petite fille dont «maîtresse» qu'elle monte. À noter l'accord du participe passé «suivis» féminins qui de la jument au masculin pluriel alors qu'il se rapporte â deux sujets féminins soit la petite f i l l e et la jument. L'accord au féminin pluriel «suivies» respecterait la règle d'accord en genre et en nombre au lieu de sous-entendre le mot «cheval» pour la jument. Quant au substantif serait i c i de bon aloi soit «concurrents», l'emploi du doublet générique «concurrentes et concurrents». Ceci donnerait une idée plus juste et plus exacte de l'événement puisque l'héroïne est une petite fille. 4. 4 e année : Les vacances de Rosalie, Ginette Anfousse, 1990. GRILLE D'ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. 7 f. tantes couveuses héroïne suicidaire extravertie, misogyne dépendante affective toutes extraverties Intravertis ou extravertis la grande spécialiste Américaines Canadiennes surfeuse monitrice femme médecin Françaises concurrents vacanciers amoureux Québécois adolescents ils gérant d'hôtel 5 h. Interprétation filles blondes : Les stéréotypes et plantureuses abondent aux yeux dans ce texte. bleus; jeunes Ex. hommes Jeunes blonds e t sculpturaux aux yeux bleus. Pourtant, on y retrouve des efforts louables d e féminisation. Ex. La grande spécialiste; surfeuse; monitrice; femme médecin. 13. L'héroïne est une jeune fille dans la moyenne : tignasse noire. Elle est possessive et jalouse à l'excès. Quant à la mère du héros, elle nous est antipathique et rien ne nous est révélé sur le caractère de son mari. L auteure décrit en détail le caractère des personnages féminins et nous en dit très peu sur celui des personnages masculins. Le héros québécois est intraverti, timide et l'Américain extraverti, sportif. Le terme «Québécois» reste au masculin. Par contre, le doublet masculin /féminin est présent. Ex. Américains et Américaines. -* En ce qui concerne «adolescents» les substantifs «concurrents», «vacanciers» et , l'ajout du féminin serait de bon aloi afin de respecter une réalité sociale, la présence des femmes. Le mot on «amoureux» s'y réfère justifie l'emploi du collectif mixte à cause de la présence «illes» féminine. amoureux/amoureuse pourrait aussi être significatif même Le si quand doublet la norme sociale parle de couple en termes d'hétérosexualité. L'utilisation du collectif mixte «illes» est aussi justifiée là où l'on retrouve une majorité féminine : (mes tantes et André) «Ils ont roulé derrière moi...» ° pour «Illes ont roulé derrière moi...» Si on se française rapporte (1985) au en tableau annexe, le que présente terme l'Office de «la femme médecin» la langue doit être remplacé par «la médecin». 5. 5 e année : Ma Babouche pour toujours, Gilles Gauthier, 1990. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ SEXISME SOCIAL Personnages principaux i 1 „ l 1 __ SEXISME GRAMMATICAL Caractéristiques socio-affectives f. comprehensive animal femelle joyeuse , g. sensibles animal mâle sympathique Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. une chienne danseuse bergère allemande un vétérinaire un docteur acteurs 14. Interprétation : J'ai choisi de présenter les deux animaux de. ce texte parce que l'auteur les a personnifiés. D'abord, portrait psychologique il nous présente un de la petite chienne qui est morte. Son effort va jusqu'à féminiser cette race de chien sous le vocable allemande». Par contre, il omet cette féminisation de dans «bergère la phrase Q suivante : «De Babouche, déguisée en joueur de hockey...». Un souci d'uniformisation commande ici le féminin «joueuse». Au mot «acteurs» pourrait très bien s'ajouter le féminin «actrices» qui compléterait le doublet générique. Ex. (...) dans la vie, c'est un peu comme au théâtre, il y a des acteurs " et des actrices. ***** 6. 6 e année : Un jeu dangereux, Chrystine Brouillet, 1989. GRILLE D'ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante f. mere soumise héroïne téméraire déséquilibrée hyper-émotive anorexique complexée 5 h. père compréhensif un homme ou (une femme) criminels avocate avocats détective privée policiers une traître passagers vieille guenon voisins une enfant fumeurs actrice enquêteurs distributrice clients rapporteuse un photographe meurtrière meurtrier employée employés hôtesse de l ' a i r sommelier réceptionniste coiffeur femme de chambre directeur (hôtel) sa complice comédiens organisateur témoin suspects participants meneur du jeu patron Marque sexiste masc. sur fém. 15. Interprétation : Les rôles parentaux y sont très stéréotypés. Maman à la maison dans sa cuisine. Ex. Papa a attendu que maman soit retournée a la cuisine. •*•" Ex. (Maman et moi) On s'amuse ensemble seulement quand on fait la cuisine. Et papa occupe une fonction professionnelle d'avocat. Il a aussi son bureau à la maison. Ex. J'ai plié ma missive (...) sous le porte-crayon du bureau de papa. L'héroïne de 12 ans est prête à risquer sa vie pour prouver à un heune homme qu'elle l'aime. Elle croit pourtant que sa fugue rendra son père «furieux» et sa mère «nerveuse». Ce livre a été écrit en 1989 par l'auteure Chrystine Brouiilet. Dans le générique qui suit sa biographie, on la présente ainsi : Du même auteur. Aucun souci de féminisation de la part de la maison d'édition même quand la profession dont on parle se rapporte à une femme. Au cours du texte, l'auteure féminise tout ce qui se rattache à l'héroïne: Ex. L'avocate, une détective privée, une traître, une enfant, rapporteuse, meurtrière, employée et actrice. L'injure par excellence est un mot féminin. Ex. «Ton isabelle, (...) dirait une vieille guenon ratatinée !» ^ La «distributrice» on réfère à une machine publique. La parenthèse «(une femme)» reste une hypothèse. Quant aux trois derniers métiers, ils sont traditionnellement féminins: hôtesse de l'air, réceptionniste et femme de chambre. Puis, on passe à la liste des masculins qui l'emportent sur les féminins soit par tradition purement sexiste (métiers) ou par manque d'observation de la part de l'auteure (passagers, voisins, clients...). Ici, c'est doublet surtout générique, exclusivement passagères qui le car des et souci il d'observation est passagers qui justifie plutôt rare un véhicule dans que nous privé passagers. La même remarque s'applique justifient voisins/voisines, eux aussi l'emploi fumeurs/fumeuses, du du retrouvions ou public : aux autres mots doublet clients/clientes l'emploi ou générxque : l'emploi du générique «clientèle»; employés/employées ou le générique «le personnel»; suspects/suspect es, participants/participantes. Ici, le mot «témoin» est de nature ^ est féminin puisqu'il réfère à l'héroïne. dite épicëne (à double genre) et garde le même lexical au féminin et au masculin. Il costume 16. Le terme «criminels» pourrait ici s'utiliser au féminin aussi puisque l'on retrouve une meurtrière complice du meurtrier dans cette aventure policière. Les métiers masculins exercés sont eux aussi typiquement avocats, policiers, enquêteurs, sommelier, directeur traditionnels: d'hôtel sauf pour coiffeur, métier que pratiquent aussi les femmes comme «coiffeuses». ferai la même remarque pour le métier de photographe et d e Je comédien, professions exercées par des personnes des deux sexes. D'ailleurs, de plus en plus de femmes se retrouvent dans des métiers non traditionnels telles policières, enquêtrices et avocates. Cette réalité sociolinguistique devrait faire partie de ce roman policier écrit en 1989L ! emploi du collectif mixte filles» s'appliquait dans le texte : Ex. Ralph et sa complice (...) à certains endroits qu'ils aient la délicatesse pour «qu'illes aient la délicatesse». Emploi justifié par la présence du mot féminin «complice». VI- CORPUS B : LIVRES DE LECTURE AU SECONDAIRE Ce corpus qui se compose de deux volumes, d'analyse de contenu (sexisme social) et suivra la m ê m e démarche d'analyse grammaticale du discours (sexisme grammatical) que celle faite pour le corpus A . En ce qui concerne le deuxième limitée aux quatorze premiers volume La Belle Vie, je chapitres sur les quarante-trois me suis afin d'en circonscrire l'interprétation qui se serait avérée répétitive. j'aimerais ici rappeler les deux notions de sexisme social et de sexisme grammatical. Par sexisme social, j'entends tout ce qu'une société véhicule comme stéréotypes qui confinent la femme à des rôles fermés : Ex. Travail domestique, bénévolat. Par sexisme grammatical, j'entends tout ce que la stéréotypes langue reflète comme discriminatoires système surtout à que le masculin l'emporte sur le féminin grammatical l'endroit dans le des en écho à ces femmes.  savoir cas d'une majorité féminine. Ex. Cet homme et ces deux mille femmes ont été admis (masc.pl.). Actuellement, afin de contourner grande résistance l'inversion à l'accord selon ce problème qui rencontre une très le sens, on va jusqu'à : Ex. Deux mille femmes et cet homme ont été admisi faire 17. 7. Secondaires I et II: L'Ordinateur égaré, Pierre Pigeon, 1990. GRILLE D'ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante Marque sexiste masc. sur fém. 4 f. mere autonome et au foyer filles équilibrées 9 h. hommes déterminés garçons équilibrés frères et jeune soeur un homme ou une femme garçons et filles frères et sa soeur monsieur et madame jumelle toi, tes soeurs et ton frère interlocutrice jumeaux adorateurs mortels fermiers auteur visiteur collaborateurs enquêteurs patron un dentiste acheteur technicien savants avocat étudiants ambulanciers Interprétation : Les personnages masculins prédominent nettement roman. Les personnages féminins jouent des rôles secondaires. est intéressant de noter que l'auteur a f a i t certains efforts dans ce Pourtant, pour il afficher la présence féminine si on consulte la l i s t e des mots à marque féminisante. L'utilisation que «l'un» jumelle. du substantif des jumeaux est une f i l l e , Ici le féminin». «jumeaux» nous, cache trop longtemps une jumelle. Ex. ( . . . ) le fait s'exclame sa encore, on constate la préséance du «masculin l'emporte sur Nous pouvons accepter comme constat que l'auteur de ce l i v r e est un homme et que sa vision du monde est masculine. Par contre, jusqu'à quel point sa vision du monde est-elle j u s t e et réaliste? Ici, le mot «adorateurs» se rapporte à «ses frères et sa jeune soeur» '•' - Le masculin e s t donc juste en termes numériques: deux garçons e t une f i l l e . Les mots «mortels», «fermiers», «acheteur» et «étudiants» se classent sous la rubrique du doublet générique puisque la réalité est un monde de femmes et d'hommes. Ex. (...) à l'occasion d'un congrès de fermiers 18 et fermières. Quant au mot «visiteur» au masculin, pourquoi la personne derrière la p o r - te serait-elle nécessairement et spécifiquement un homme ? 18. Je classerai stéréotypés sous la suivants. rubrique Pourquoi «métiers l'auteur, traditionnels» le les technicien, les métiers savants, l'avocat et les ambulanciers portent tous la marque du mascuXin ici ? Il existe pourtant de grandes auteures, des techniciennes en laboratoire, des savantes connues et des avocates. Quant au mot épicène «dentistes», c'est un métier aussi exercé par les femmes. Pourquoi n'y aurait-il pas d'ambulancières quand on sait très bien que le monde de la santé est un monde où l'on retrouve un très grand nombre de femmes comme infirmières et aussi médecins. Pour ce qui est des termes «collaborateurs», «enquêteurs» et «patron», ils se rapportent à des personnages masculins dans ce roman. C'est donc dire que le sexisme grammatical est proportionnel au nombre de personnages masculins qui dominent l'action. Par conséquent, le sexisme social articule la langue des valeurs véhiculées, des dialogues, du contenu et du discours. La mère porte le double nom de famille soit «Jeanne Dupuis-Blondeau» au début du roman et prend son nom de fille à la fin du volume soit «Jeanne 19 Blondeau» ! L'emploi du collectif mixte «illes» est justifiable à quelques lorsque l'on parle du père et de la mère : Ex. Papa et maman ont passé ^0 p O u r reconnaissance endroits (...) ils « n i e s ont passé». Et ce toujours afin d'assurer la grammaticale visible de la présente féminine à l'écrit. Un autre exemple encore plus probant : Jeanne Blondeau, Line, Constance oi et Sylvain (...), ils sont toujours sans nouvelles sans nouvelles». commandent Ici, trois personnages l'emploi du collectif féminins mixte «illes» pour «illes sont et un seul sans aucune masculin hésitation selon les critères qui définissent le choix des unités analysées dans le présent travail. Également à Constance trois et autres reprises Sylvain, le jumeau quand et la l'on mentionne jumelle z , où les noms de le collectif mixte «illes» est de bon aloi. Malgré le masculins, l'action fait déséquilibre la et le certains entre participation le nombre prédominante de personnages des personnages masculins à rôle secondaire des personnages efforts de féminisation. féminins et féminins, cet Sa faiblesse se situe auteur a au pian lexical à savoir les stéréotypes quant aux métiers traditionnels et son manque de réalisme face à une mutation sociale à tendance féministe. 19. Secondaires III, I? et ? : La Belle Vie, Danielle Steel, 1989. Traductrice : Florence Matran. GRILLE D'ANALYSE SEXISME SOCIAL SEXISME GRAMMATICAL Personnages principaux Caractéristiques socio-affectives Marque féminisante 7 f. affectivité de type diversifié passion timidité indépendance dépendance mère possessive 4 h. héros tout-puissant père réservé une enfant clientes/clientèle vendeuses vieille courtisane bonne fée employées briseuse de coeur esthéticienne mairesse entraîneuse maîtresse de maison une «simple mortelle» essayeuse en chef la manucure hôtesse de l ' a i r Marque sexiste masc. sur fém. voyageurs clients vendeurs juif un mannequin un ange spectateurs héritier serveur professeurs amateurs passants voisins un être Grand Inquisiteur maitre d'hôtel grands passagers couturiers auteurs créateurs décorateurs un photographe le pianiste coiffeur un j ournalist e conservateur de musée ils Interprétation : La liste des «masculins l'emportent sur le féminin)) est encore une fois plus longue que celle des mots à terminaison féminine. Il est intéressant se ici de constater que rapportent au héros qui Dans le premier cas, «vieille courtisane» et «bonne fées est un personnage masculin, un homme. Marina Yaguello (1981) parle de dissymétrie sémantique puisque la définition du mot masculin «courtisan» réfère à un homme qui fréquentait «courtisane» la cour d'un souverain et que la définition du mot féminin référait anciennement à «une femme de mauvaise v i e d'un rang 20. social élevé» (p. 412, Le P e t i t Robert, 1991). Dans le second cas, Marina Yaguello (1981) parle de dxssymétrie l e x i c a l e p u i s q u ' i l y a absence d'équivalence masculine d'usage reconnu. Ex. Fée/... masc. ? Bandit/... fém. ? Donc, une absence d ' é q u i v a l e n c e que ce s o i t au masculin ou au féminin. Quant au vocable «Le Grand inquisiteur» se féminise facilement se rapportant à une femme, i l selon l a règle usuelle de féminisation donnant ainsi «La Grande i n q u i s i t r i c e » sans e f f e t de discrimination féminine. Le mot «mannequins» que présente l ' O f f i c e est, selon l e tableau de féminisation de l a langue française des (1985) reproduit i c i titres en annexe, un épicène (à double genre). On peut donc d i r e «la» mannequin pour une femme. Dans ce roman adapté en 1989, l a t r a d u c t r i c e a u r a i t pu p l a c e r féminin (une ou l a ) , féminiser féminin. Il d'utiliser est possible l'article parlant d'une femme. tous les mots se rapportant à un qu'aucun féminin sauf La s y l l e p s e indice n ' e s t l'habitude permis à l a à (Perret) substantif traductrice «masculiniser» est une manière de f a i r e l e sens et non selon les règles grammaticales. Ex. C'est l e premier s ' i n q u i è t e . l'article même en l'accord selon l a s e n t i n e l l e qui " Le mot «ange» est i c i masculin quand on p a r l e d'une femme. Les anges a u r a i e n t - i l l e s un sexe ? ou s e r a i e n t - i l l e s hermaphrodites ou androgynes ? Le s u b s t a n t i f profession «professeurs» correspondant soit aurait le pu ê t r e remplacé par mot «enseignante» le t i t r e de au féminin. Ex. Cette maison a p p a r t i e n t à l ' u n des professeurs de l ' é c o l e où j ' e n s e i g n e . Son mari, qui est a r c h i t e c t e . . . Pourquoi avoir I l e s t évident que «ce professeur» e s t une femme. t r a d u i t ce mot au masculin quand la profession d'enseignante e s t depuis longtemps connue et reconnue ? Le mot «être» a u r a i t pu se traduire a i n s i mains d'un ê t r e courageux L'article (...) les ^ pour «les mains d'une femme courageuse. féminin devant d'une p e t i t e f i l l e . : Ex. Elle a v a i t le mot «enfant» indique bien que l ' o n parle Les syntagmes p é j o r a t i f s suivants ont été f é m i n i s é s sans problème : b r i s e u s e de coeur, simple mortelle. Les mots spécifique. «clientes» Quand appliquer l ' e m p l o i c'est et le «employées» masculin significatif sont «clients», ici on utilisés peut très du doublet générique «clientes et à titre souvent clients» puisque le paradigme actuel du «masculin sur l e féminin» englobe l e féminin sans le rendre v i s i b l e à l ' é c r i t n i sonore dans l a langue p a r l é e . 21. Quant au mot «clients», i l peut s'adresser exclusivement à une clientèle masculine aussi. I l est préférable de remplacer l e doublet générique«employés e t employées» par le générique «le personnel» afin d'éviter une redondance phonétique. Notons quelques métiers traditionnellement magasin de vêtements pour enfants de maison, hôtesse essayeuse de en chef entraîneuse. dernier substantif : entraîneuse nature clients de cette et pour dames, esthéticienne, maîtresse À noter qui entraîne un coureur, la professionnelles, dissymétrie sémantique du «jeune femme employée dans l e s bars pour à consommer.» clientèle : vendeuses dans un pour des mannequins l'air, engager les féminins Ici, «clients» exclusivement masculine; un athlète, entraîneur de notre championne. une équipe est masculin vu la entraîneur (personne sportive.) Ex. Elle est À noter i c i que le mot «entraîneur» r e s - te au masculin même si sa définition recouvre les deux sexes ! Puis, un métier non traditionnellement féminin, mais féminisé : Ex. La mairesse et son époux. Enfin, pour terminer l'analyse de contenu et l'analyse grammaticale du discours, un épicène «la manucure». Du côté masculin, pianiste et quelques épicènes journaliste même s i la à double genre traductrice métiers traditionnellement masculins. De indices dont elle disposait pour photographe, assume que ce quelle garantir soit nature une sont des étaient traduction les sans équivoque sur l e sexe féminin ou masculin d'un personnage d'arrière-plan? Le doublet générique se j u s t i f i e et voyageuses, amateurs et juif ou juive, amatrices, passants pour les spectateurs termes suivants : ou le générique voyageurs. «auditoire» ", et passantes, voisins et voisines ou le générique «voisinage»; passagers et passagères. À remarquer le aucun h é r i t i e r , sexisme à outrance de la Paul avait ni aucune h é r i t i è r e » . poussé (...) À moins que la phrase suivante : Ex. devrait se l i r e «N'ayant tradition ou la personnage masculin exclut la femme comme héritière religion N'ayant aucun de ce ? ou devrait—on dire comme h é r i t i e r ? L'emploi du collectif mixte «iULes» était j u s t i f i é partout ou l ' o n d'un couple (femme et homme) afin d'en assurer la représentation parlait féminine. 22. L'emploi du mot intéressant. Ex. grands. ^ «grands» (...) au masculin est ici tout particulièrement la petite Jane, ravie de participer à la fête des Cette phrase pourrait tout aussi bien se lire ainsi : (...) la petite Jane, ravie de participer â la fête des grandes personnes. Terminons avec la liste des métiers traditionnellement masculins selon la traduction de ce texte : serveur (serveuse), auteurs (auteures), couturiers (couturières), décorateurs (décoratrices), coiffeur (conservatrice). l'attention mot sur «maîtres fonction Les le est et mots fait que épicène des entre des selon textes, d'hôtel créateurs parenthèses équivalences Biron permettent féminines dont de musée d'attirer existent. de féminisation des (1991) (maître), (créatrices), (coiffeuse) et conservateur le Guide Monique maître le Le titres de tableau de féminisation des titres se trouve en annexe. Rappelons encore que les équivalences féminines révèlent des «iissymétries sémantiques telles que l'indique Marina Yaguello (1981) dans son ouvrage Alice au pays du langage à savoir que le sens de deux mots étymologiquement de même origine diffère selon le contexte socio-historique q u i les a vu naître. Ex. Entraîneuse/entraîneur; sorcière/sorcier. De plus, aucun indice ne pouvait vraiment permettre une traduction de ces métiers au masculin sauf la tradition d'associer la pratique de ces métiers à des personnes de sexe masculin. VII. ÉCHANTILLONNAGE : LIVRES DE RÉFÉRENCE L'élimination et l'analyse des stéréotypes discriminatoires (sexisme) dans le matériel scolaire est le critère qui a motivé le choix des ouvrages de référence du corpus C dont je ferai l'analyse grammaticale de contenu et du discours. Le ministère de l'Éducation et le Conseil du statut de la femme me sont apparus comme des organismes intéressants du fait que le discours (grammaire du message) et le contenu (sens du message) manifestent une dichotomie qui s'estompe au fil des années à mesure que les mentalités évoluent quant a u sexisme qu'il soit social ou grammatical. Rappelons ici que la matière langagière qui organise le discours et qui transmet le contenu, s'articule à travers un réseau de rapports sociaux d'inégalité. En effet, notre système scolaire dit «démocratique» encore que «Le masculin l'emporte sur le féminin». enseigne 23. VIII. UTILISATION DE LA GRILLE D'ANALYSE C'est à la lumière de cette dichotomie entre le contenu et le discours que se retrouvent analysés les exemples qui illustreront mon interprétation des résultats. C'est donc l'utilisation presque exclusive de la forme masculine dans un message (contenu) à caractère non sexiste qui fera l'objet d'analyse du corpus C. Un discours grammaticalement écrit au masculin dans le but d'abolir le sexisme, cache une forme évidente de sexisme social. Chaque document présenté comporte une grille d'analyse à partir d'unités qui font ressortir tantôt la grammaticalité sexiste tantôt la grammaticalité féminisante du discours. construction jugée Le terme « grammaticalité J» réfère ici à la correcte selon l'usage. Dans le présent contexte, j'en ai étendu la définition afin de pouvoir comparer l'usage sexiste courant et les solutions féminisantes utilisées. Puisque ces ouvrages orientent leur recherche vers une désexisation du contenu dans le matériel scolaire, je m'attarderai principalement à l'aspect grammatical du discours et non à l'aspect social du contenu. Rappelons grammaticales que le dont sexisme les grammatical fondements est même l'emploi perpétuent de des règles valeurs discriminatoires envers les femmes. Ex. Le masculin l'emporte sur le féminin. Je tiens aussi à préciser que les unités sélectionnées et analysées sont tirées exclusivement du texte central. J'ai éliminé présentait la liste des résultats quant aux occupations féminines et masculines. Cela a permis à non analyse de toute unité qui traditionnellement garder toute sa pertinence et sa cohérence. IX. CORPUS C : LIVRES DE RÉFÉRENCE 9. Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels au Québec, Lise Dunnigan, Conseil du statut de la femme, 1976. scolaires 24. GRILLE DfANALYSE SEXISME GRAMMATICAL GRAMMATICALITÉ FEMINISANTE GRAMMATICALITÉ SEXISTE femme québécoise chacun et chacune de l'homme et de la femme les garçons et les f i l l e s auteurs féminins et masculins personnages féminins auteurs féminins i l l u s t r a t e u r s féminins veuves travailleuses «spécialistes» coéquipières étudiantes femme astronaute à tous ceux éditeurs de manuels scolaires consommateurs professeurs, étudiants au lecteur pressé personnages masculins auteurs masculins/auteurs illustrateurs masc./Illustrateurs postes d'adjoint t r a v a i l l e u r s / t r a v a i l l e u r s masc. administrateurs enseignant éducateur ils Interprétation : Écrit en 1976, cet ouvrage est d'une très grande La méthode d'analyse de contenu divise le matériel en unités, fiabilité. code chacune des unités selon une grille d'analyse. «Cette méthode d'analyse e s t le f r u i t d une étude des recherches analogues faites aux États-Unis, d'une pré-expérimentation avec des manuels québécois en 1974, et d'un dernier rodage en c o l l a boration avec l'équipe de sociologues qui travaillèrent à la codification des manuels de décembre 1974 à 1975.» ^1 Relevons d'abord mot «femme» est une redondance : «femme québécoise» et «la première femme astronaute» peuvent respectivement s'écrire «la Québécoise» adjectif les et termes où le «la première astronaute». En effet, et aussi un substantif «québécoise» est un de nationalité avec le «Q» majuscule. Quant â la profession d'astronaute, c'est un épicène. L'adjectif numéral «première» au féminin n'entraîne aucune équivoque quant au genre. Dans ce document uniformité de sation lexicale «les garçons et avant-gardiste féminisation. tel pour Tantôt l'époque, on y j'ai retrouve tenté de un souci trouver une de fémini- que «chacun et chacune», «de l'homme et de la femme», les filles» qui contraste avec «à tous ceux» auquel i l manque «et toutes celles». Le syntagme «au lecteur pressé» pourrait se traduire par l'emploi du doublet générique «au lecteur et à la lectrice» ou par l'emploi du générique suivant : «au lectorat pressé» ou «aux personnes pressées». La même remarque pour les «maisons d'édition» consommatrices» termes «éditeurs» soit et le mot «consommateurs» «éditeurs, éditrices» ou qui donne «consommateurs et toujours dans l'optique d'une féminisation uniformisée. 25. Le mot «étudiants» commande l'emploi du doublet générique dans le cas où 1*OB parle globalement des «étudiants et étudiantes» ou du générique «la clientèle étudiante» ou «la population étudiante». Pour ce qui est de «professeurs», le générique «personnel enseignant», «corps professoral». est de bon «Professeurei étant l'usage prescrit par l'Office de la langue française Les professions sous le féminins» sont un effort syntagme «auteurs aloi au soit féminin (1985,1986,1991). féminins», «illustrateurs louable, mais qui prennent encore là un costume â connotation t r è s masculine. À remplacer dans le premier cas par «auteures» et la formation d'usage des mots en «teurs» qui f a i t «trices». Ce qui dans le second cas nous donne la profession d ' « i l l u s t r a t r i c e » sur le modèle du doublet générique acteur/actrice. Le syntagme écrivaines «auteurs et féminins auteurs, afin et masculins» d'éviter la pourrait répétition se l i r e ainsi phonétique : tout en encourageant le féminin écrivaine puisque «auteure» au féminin se prononce comme au masculin dans la langue parlée. À remarquer que «auteurs» au masculin englobe encore i c i le masculin et l e féminin selon le paradigme «Le masculin l'emporte, sur le féminin» ainsi que les mots suivants : i l l u s t r a t e u r s , t r a v a i l l e u r s , enseignant grammatical!té sexiste de la et éducateur, Pourtant, la profession suivante justifie l'emploi du féminin : Ex. Les femmes occupaient 3,6% des postes d'adjoint aux cadres et aux administrateurs dans l'enseignement -*^ rait pour- très bien se lire ainsi «Les femmes occupaient 3,6% des postes d'ad- j o i n t e aux cadres». Le mot «administrateurs» restant au masculin puisqu'il s ' a g i t d1 une r é a l i t é socio-économique en 1976 : une majorité d'hommes aux postes administratifs dans le monde de l'enseignement d'après sur l'analyse de contenu des types d'emploi que présentent cette les étude manuels scolaires en français élémentaire. La grammaticalité féminisante des termes suivants reste quand même timide: veuves, texte, travailleuses, c<spécialistes» est coéquipières et étudiantes sont ici entre tous des parenthèses substantifs dans le féminins normatifs, conservateurs et d'usage. Ce qui reste tout de même surprenant dans le cadre d'un document qui se veut réformiste ! 26. Encore plus surprenant, le double conformisme des mots suivants masculins, illustrateurs ne suffisait travailleurs masculins. Comme s ' i l pas au masculin de l'emporter sur le féminin, mais en double! Sans oublier une masculins, : auteurs que cette croyance du masculin d'inclusion fiction au qualificatifs plan grammatical à savoir l'accord et de tout ce qui se rapporte à un dont on choisit reste groupe des de le masculin comme terminaison : Ex. ( . . . ) et la philosophie sous-jacents à ces interventions. toujours adjectifs substantifs les objectifs J Je terminerai en mentionnant que l ' u t i l i s a t i o n des syntagmes «personnages féminins» et «personnages masculins» a pour effet de contourner l'effort de féminisation par l'emploi de dénominations traditionnalistes. Tout compte admiration étude fait, quant je considère qu'un à son o r i g i n a l i t é systématique de l'ensemble tel ouvrage mérite puisqu'il des constituait manuels scolaires toute «la notre première utilisés au Québec, sous l'angle précis des stéréotypes rattachés au sexe.î^ L'utilisation tout où du collectif particulièrement. ils découvrirent (Leméac) attribue Or, mixte «illes» «Pariant le se j u s t i f i a i t i c i à un endroit des Curie sans les nommer chacun radium. L'auteur dans Physique (...) P.S.S.C. le mérite de cette découverte à son époux également. i l y aurait lieu et avec raison d'ajouter sans les nommer chacun, chacune ( . . . ) ceci : Parlant des Curie où i l l e s découvrirent le radium. 10. Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique, Michel Thibaudeau, ministère de l'Éducation, 1988. SEXISME GRAMMATICAL GRAMMATICALITÉ FÉMINISANTE GRAMMATICALITÉ SEXISTE l'évaluateur ou l'évaluatrice l'enseignant ou l'enseignante évaluateurs au responsable éditeurs éducateurs délégués représentants auteurs producteurs lecteur du maître 27- Interprétation : l'avant-propos. Pour débuter, je citerai les deux premières «Le présent document s'adresse aux auteurs, et aux évaluateurs de matériel didactique. I l permettra travail d'analyse visant à éliminer le sexisme ( . . . ) C'est ainsi que s'amorce ce qui fait l'objet phrases de aux éditeurs de faciliter le des manuels scolaires. de ce guide : l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique. Mais comment l'école peut-elle promouvoir une vision non sexiste au moyen d'un discours dont le support linguistique est sexiste à outrance ? À savoir que notre système grammatical proclame que «le masculin l'emporte sur le féminin». Au cours du texte, l'évaluatrice, nous retrouvons le doublet générique l'évaluateur ou l'enseignant ou l'enseignante.  noter que ce sont les deux seuls substantifs qui respectent l'équivalence féminine !. La phrase suivante équilibre justifierait syntaxique : Ex. Il l'emploi du féminin appartient donc afin à de créer l'enseignant ou un à 1 l'enseignante qui les exploite et au responsable ( . . . ) . - ' Pourquoi le mot responsable e s t - i l resté exclusivement au masculin i c i ? Le terme «éducateurs» lui féminine «éducatrices» présence féminine aussi afin de nettement se trouve atrophié respecter majoritaire ici une sans son réalité en milieu équivalence sociale scolaire des titres épicène selon le document Au féminin. : guide de de fonction et des textes, Monique Biron la au niveau, primaire. La même remarque s'applique à la fonction enseignante la maître», : «du ou de féminisaticra (1991), publié par l'Office de l a langue française dont vous trouverez le tableau en annexe. Quant au mot «producteurs», il commande une symétrie lexicale au même t i t r e que la profession d'«éditeurs et d'éditrices». Pour sa féminine. part, le Ex. mot «représentants» aussi l'équivalence L'ensemble des personnages (hommes ou femmes, représentants et représentantes de la majorité Le terme «délégués» élimine appelle lui ( . . . ) . ^° toute participation féminine par sa finale masculine ou procède selon la tradition grammaticale du masculin qui inclut bien sûr le féminin... Voirie tableau cité plus haut pour le mot «déléguée» Le substantif «lecteur» j u s t i f i e lectrice» ou l ' u t i l i s a t i o n suivants : r e c t o r a t , Les fiches du générique «lectorat» et sous le modèle des mots monitjrat. comportent «illustrateur», l'emploi du doublet générique<s;lecteur «éditeur», le doublet «non—voyant», générique sauf «manchot» et pour «moine» «auteur» > qui font au féminin : auteure, i l l u s t r a t r i c e , éditrice, non-voyante, manchote et moniale 28. 11. Guide pour adultes avertis, Mario Audet, ministère de l'Éducation, 1991Sous la direction de Nicole Maltais de la Direction des ressources didactiques du Bureau d'approbation du matériel didactique (DRD-BAMD) et Louise Roux de la Coordination à la condition féminine (CCF). GRILLE D'ANALYSE SEXISME GRAMMATICAL GRAMMATICALITE FÉMINISANTE GRAMMATICALITE SEXISTE les éducatrices et les éducateurs aux agentes et aux agents d'éducation à celles et à ceux évaluatrice ou évaluateur ils gamins agresseur éditeur Interprétation l'adjectif : Le titre présente le mot «adulte» au masculin. En effet, qualificatif «avertis» qui s'y rapporte est ici accordé au masculin pluriel. Afin d'attirer l'attention sur l'objectif de désexisation que vise cette brochure quant au contenu, il aurait été préférable de lire «Guide pour adultes averties», c'est-à-dire la féminisation du m o t «adulte». À noter une nette amélioration quant a la cohérence entre le contenu et le discours puisque le deuxième paragraphe de l'introduction se retrouve aussi en page 5 du Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique, Michel Thibaudeau (1988), avec en p l u s , un souci de féminisation. Voici le contenu de la première introduction est donc essentiel que les éducateurs, (...) le contenu de (1988) : II et qu'ils adhèrent. •" Voici la deuxième introduction (1991) : II est donc essentiel que les éducatrices et les éducateurs, (...). ^® L'utilisation du collectif mixte «Illes» serait Ici justifié a cause de la présence féminine «éducatrices» qui donne ceci : «et qu'illes adhèrent». La symétrie lexicale est respectée : aux agentes et aux agents d'éducation, à celles et à ceux, évaluatrice ou évaluateur. En page 2, on personnages dont parle de l'identité «gamins» alors que l'illustration montre sexuelle est plutôt vague. On aurait pu tout aussi bien parler de «gamines» ou de «gamine et gamin». Le terme réfère ici à un personnage de sexe masculin. Enfin, les équivalence fiches des présentent la fonction d'«éditeur» féminine «éditrice». Même chose pour en «agresseur» omettant «non—voyant» , «moine» qui donnent au féminin: non-voyante, manchote et moniale. son «manchot», 29. 12. Les métiers d'avenir, vous connaissez ? Arianne Cordeau et Anne Sérode, 1992. Distribution : ministère de l'Éducation. Production : Université du Québec à Montréal, Relais-femmes en collaboration avec le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au t r a v a i l (CIAFT). GRILLE D'ANALYSE SEXISME GRAMMATICAL GRAMMATICALITË FÉMINISANTE GRAMMATICALITÉ S E X I S T E technicienne en aménagement forestier contremaîtres et contremaîtresses épisseure de câbles employée installatrice ingénieurs et ingénieures mécanicienne de machines fixes inspectrice technicienne en production alimentaire agricultrice/entrepreneure/ouvrière charpentière-menuisière/auteure-interprète débosseleuse/une artiste peintre en bâtiment électricienne (apprentie) types d'électriciennes et d'électriciens a j usteuse-monteuse agente technique en aqueduc d'une ingénieure ou d'un ingénieur travailleuse salariée ni lui ni elle travailleurs forestiers cheffe de famille Interprétation entrepreneur électricien (père) employeurs agriculteurs (parents) preneur de son (mari) employeurs agents techniques et ingénieurs ils conjoint chefs de famille : Les formes masculines utilisées nature spécifique, c'est-à-dire qu'elles réfèrent dans ce document sont directement à une personne de sexe masculin (père) ou à un substantif de genre masculin (parents)et sont très peu général teinté nombreuses. Les termes masculins de elles suivants empruntent un sens de sexisma, mais on peut supposer qu'ils correspondent à une réalité socio-économique : travailleurs forestiers, employeurs. Les mots «agents techniques» et doublet générique agentes et agents, Le syntagme «chefs de famille» «ingénieurs» commandent ici du ingénieures et ingénieurs. biaise une réalité sociale et «cheffe de famille» vient rectifier l'emploi cet aspect sociologique. son équivalent 30. Cet ouvrage se veut innovateur et cohérent. D'abord, innovateur en féminisant la forme lexicale de métiers non traditionnellement puisque ce qu'il préconise dans le contenu soit les féminins. femmes Cohérent, en milieu de travail non traditionnel, i l le reflète dans un discours féminisé. Publié en collaboration avec plusieurs ministères dont celui celui de l'Énergie et des Ressources et celui de l'Éducation, du Travail, i l encourage les jeunes filles à élargir leur choix de carrières. Pourtant, i l ne fait partie d'aucun des programmes scolaires obligatoires et reste encore un livre de lecture parmi les autres en bibliothèque. Si on investit dans la publication de tels volumes, i l est important de l e s inclure au matériel didactique obligatoire. Le changement des mentalités doit s'intégrer au système scolaire et ce dernier doit s'inscrire au coeur de la société qui le soutient. L'emploi du collectif mixte «illes» se justifie le souci de féminisation à très peu d'endroits vu dont fait preuve ce document. 31. X. CONCLUSION — Livres de l e c t u r e : CORPUS A e t B ANALYSE DE CONTENU Les différentes g r i l l e s d'analyse et leur interprétation constater que les livres permettent de lecture que choisissent l e s f i l l e s , de véhiculent des valeurs où les modèles féminins et masculins sont hautement stéréotypés. L'affectivité négatifs. féminine y est Ex. La petite f i l l e décrite en détail masculine souvent en termes dans Paul à la reherche de Chabichou au primaire et la mère du héros dans La Belle Vie L'affectivité et nous y est (1986) (1989) au secondaire. dépeinte de façon positive, mais souvent idéalisée et i r r é a l i s t e . Ex. Le p e t i t garçon dans Paul à l a recherche de Chabichou au primaire et le personnage principal dans La. Belle Vie secondaire ou ce personnage masculin est tout-puissant et Comme c ' e s t une clientèle féminine qui fait le phénomène du mimétisme héroïnes et l e phénomène d'identification parfait. la lecture qui les encourage à imiter au de ces romans, le comportement des qui les amène à se mettre dans l a peau des personnages féminins, sont deux facteurs psychologiques d'envergure. D'abord l'accent sur au plan personnel la : dévalorisation les stéréotypes de soi et la que j ' a i relevés mettent dépendance affective positives. Les vacances de Rosalie (1990) et On jeu présentent amours sont deux héroïnes dont les dangereux (1989) nous suicidaires e t dont la mi- sogynie pour le moins étonnante se vit en termes compétitifs e t Au plan social comparatifs. : une vision du monde où le mariage représente le seul moyen pour une femme d'accéder au vrai bonheur dans La Belle Vie. viser l'autonomie quelle qu'elle feminine, l e u r affirme-t-on «sauver» de leur s t a t u t par une un d'infériorité implicitement. Les t r o i s derniers volumes ont été écrits par des (femmes) traduit Pourquoi soit si une «bonne fée» en l'occurence jeune homme riche et beau qui peut les l'un comme femme. Ces créations littéraires et auteures dont romanesques reproduisent~elles la r é a l i t é , un idéal ou une fausse vision du monde ? Fait intéressant : les stéréotypes s'intensifient graduellement pour atteindre l e u r paroxysme sexiste aux Secondaires I I I , IV et V avec la dernière oeuvre La BeXle Vie. 32. ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS En résumé, les protocoles analysés présentent peu de doublets génériques, sauf dans Les vacances de Rosalie. Ex. Américains et Américaines. L'emploi du générique est rarement utilisé et «le masculin sur le féminin» l'emporte l'est même dans les métiers aussi exercés par des femmes. Ex. Vendeur/couturier/fermier. Un seul métier non traditionnellement féminin dans La BelXe Vie, soit «mairesse» et aucun métier masculin non traditionnel (Ex. Sage-homme). Les livres de lecture au primaire féminisent lorsqu'il s'agit d'une petite fille dans Martine et le cadeau d'anniversaire (1988). E x . Voleuse, maîtresse. Aussi, dans Martine monte à cheval (1966). Ex. Amazone, cavalière. Le même phénomène de féminisation se retrouve dans les autres textes au primaire, mais l'analyse globale du discours au secondaire, accuse peu d'efforts en ce sens. Toutes ces auteures et tous ces écrivains semblent avoir oubXié leur rôle de formation au plan pédagogique et leur rôle tout aussi important d'information au plan social. Au plan pédagogique, ces livres non scolaires et non obligatoires font partie de ce que les jeunes filles assimilent pour façonner leur personnalité. Elles adoptent les modèles féminins qu'on leur présente. Au plan social, ces livres de lecture non seulement trompent leur clientèle féminine en leur servant des histoires à dormir debout, mais leurs auteures et auteurs biaisent une réalité sociale où femme et homme évoluent ensemble à une même époque. Des femmes dont la contribution est réelle à tous les plans de l'activité humaine et des hommes dont la contribution est équivalente. Je suis restent surprise de constater à quel traditionnalistes, aussi riche et dans le discours conservatrices point ces auteurs et écrivaines et irréalistes dans un contexte créateur que l'écriture pour la jeunesse. Et ce tout autant (sexisme grammatical) que dans le contenu (sexisme social). 33. — Livres de référence : CORPUS C ANALYSE DE CONTENU Les divers ouvrages désexisation, de de référence analysés proclament un message de non—sexisme, de stéréotypes discriminatoires à abolir sauf le dernier protocole sur Les métiers d'avenir. Ce dernier document ne fait partie d'aucun programme officiel et féminise les titres de fonction. On ne mentionne tabou ? nulle part le terme féminisation. Ce m o t serait-il L'utilisation d'une grammaire sexiste pour encourager au non-sexisme? Un contenu féminisant par le biais d'un discours masculinisé ? ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS Je ferai remarquer que les livres de référence consultés nous servent peu de génériques, quelques doublets génériques et analysés et très p e u de discours féminisé. Sauf dans le cas où l'on respecte la norme en usage qui frise le pléonasme. Ex. Auteurs masculins. Notons l'absence totale de créativité au plan lexical dans le corps du texte en termes de féminisation. Ex. Illustrateurs féminins. Aussi, la redondance dans certains cas où les règles de féminin étaient évidentes. Ex. Femmes québécoise formation (Québécoise); au femme astronaute (astronaute : mot épicène). Pourtant, avouons qu'il a eu évolution depuis le premier écrit en 1976 avec le document manuels scolaires Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans l e s au Québec sous la direction de Lise Dunnigan et celui que publiait l'Office de la langue française avec Monique Biron Au féminin: guide de féminisation des titres de fonction et des textes en 1991. Ce dernier organisme semble le plus ouvert au phénomène de la féminisation et le plus contemporain quant à l'application pratique si nous parcourons les différents tableaux de féminisation des titres de fonction et des textes en annexe. 34 XI. RECOMMANDATIONS II est vrai que les usagers et les usagères de notre grammatical actuel expriment une grande résistance au minime soit-il. système changement si Tantôt c'est la réforme par le conformisme tantôt la féminisaticn par la désexisation. Si nous voulons que notre langue reflète la présente mutation sociale, les organismes officiels et consultatifs devront travailler en collaboration à partir des mêmes objectifs. 1. Que le ministère de l'Éducation exige que les livres de lecture des bibliothèques scolaires soient régis par les mêmes règles q u e celles du matériel didactique : contenu non sexiste et non discriminatoire. 2. Que les associations littéraires dont font partie les écrivaines et auteurs de livres pour la jeunesse adoptent une politique de féminisation du contenu selon l'époque et du discours selon des règles grammaticales non sexistes et non discriminatoires. 3. Que les enseignantes institutions et des scolaires enseignants dont travaillent la à mentalité former des respecte les changements scciolinguistiques et leur application en salle de classe. 4. Que la création littéraire soit un domaine où l'aspect formateur et informatif articule un contenu et un discours congruents. 5. Que l'Office de la langue française agisse en vue de faire respecter certaines règles grammaticales innovatrices qui visent une réforme sérieuse quant à la féminisation de la langue comme phénomène sociollnguistique et instrument d'analyse socioliaguistique. Rappelons en écho avec Jean-Baptiste Marcellesi que «ce sont les changements dans superstructures la base qui produisent les changements dans la (Caussat, 1977, p. 242) et que «La sociolinguistique peut donc être caractérisée comme un développement nécessaire, inévi- table de la linguistique proprement dite.» (Idem, p. 244). 35. XII. ANNOTATIONS 1. Michel Thibaudeau; 1988, Guide pour l ' é l i m i n a t i o n des s t é r é o t y p e s d i s c r i m i n a t o i r e s dans l e m a t é r i e l d i d a c t i q u e , m i n i s t è r e de l ' É d u c a t i o n , Québec, p . 7. 2. René L'Écuyer; 1991, «La p r a t i q u e de l ' a n a l y s e de contenu : d é f i n i t i o n , é t a p e s , problèmes e t l ' o b j e c t i v a t i o n s t i r é des Actes du c o l l o q u e sur L'analyse des données q u a l i t a t i v e s , U n i v e r s i t é du Québec à Chicoutimi, p. 3 1 . 3. Ibid. p. 66. 4. Gilbert Delahaye et Marcel M a r l i e r ; 1988, Martine e t l e cadeau d ' a n n i n i v e r s a i r e , Casterman, Belgique, p. 19. 5. Ginette Anfousse; Montréal, p . 35. 6. Ibid. p. 6 3 . 7. Ibid. p. 82. 8. Gilles Gauthier; Montréal, p . 55. 9. Ibid. p. 49. 1990, Les vacances de R o s a l i e , 1990, Ma Babouche pour t o u j o u r s , 10. Chrystine Brouillet; Montréal, p . 16. 11. Ibid. P- 17. 12. Ibid. P- 26. 13. Ibid. P- 24. 14. Ibid. P- 5 9 . 15. Ibid. P- 1989, Un jeu dangereux, La Courte É c h e l l e , La Courte É c h e l l e , La Courte Échelle, 139- 16. Pierre Pigeon; Pigec p. 41. 17. Ibid.• P . 18- 18. Ibid.• P . 33. 1990, L'Ordinateur égaré, Québec-Amérique, Montréal» 36. XEL ANNOTATIONS 19. Ibid. p. 57. 20. Ibid. p. 32. 21. Ibid. 103. 22. Ibid. p. 45, 64, 78, 104. 23. Le Petit Robert; 1991, Paris, p. 1903. 24. Danielle Steel; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, p. 65Traductrice : Florence Matran. 25. Ibid. p. 104. 26. Le Petit Robert; 1991, Paris, p. 657. 27. Ibid. 28. Danielle Steel; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, p. 86. Traductrice : Florence Matran. 29. Ibid. p. 36. 30. Ibid. p. 116. 31. Lise Dunnigan; 1976, Analyse des stereotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires au Québec, Conseil du statut de la femme, Québec, p. 6. 32. Ibid. p. 37. 33. Ibid. p. 1. 34. Ibid. p. 3 . 35. Ibid. p. 166. 36. Michel Thibaudeau; 1988, Guide pour l'élimination des stéréotypes d i s c r i minatoires dans le matériel didactique, ministère de l'Éducation, Québec, p . 1 (avant-prupos). 37. Ibid. p. 11. 38. Ibid. p. 6. 39. Ibid. p. 5 . 40. Mario Audet; 1991, Guide pour adultes avertis, ministère de Québec, p . 1. . l'Éducation, 37. XIII. BIBLIOGRAPHIE CORPUS A Livres de lecture au primaire ANFOUSSE, Ginette; Montréal, 92 pages. 1990, Les vacances de Rosalie, La Courte Échelle, BROUILLET, Chrystine; 1989, Du jeu dangereux, La Courte Échelle, Montréal, 132 pages. DELAHAYE, Gilbert; MARLIER, Marcel; 1988, d'anniversaire, Casterman, Belgique, 21 pages. Martine et le cadeau DELAHAYE, Gilbert; MARLIER, Marcel; 1966, Martine monte à cheval, Casterman, Belgique, 19 pages. GAUTHIER, Gilles; 1990, Ma Montréal, 62 pages. Babouche pour toujours, La Courte GIRARD, Nicole; DANHEUX, Paul; 1986, Paul à la recherche de Éditeurs Mondia, Laval, 24 pages. Échelle, Chabichou, CORPUS B Livres de lecture au secondaire PIGEON, Pierre; 1990, L'Ordinateur égaré, Québec-Amérique, Montréal 171 pages. STEEL, Danielle; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, 398 pages. AUDET, Mario; 1991, Guide pour adultes avertis, ministère de l'Éducation, Québec, 22 pages. CORDEAU, Ariane; SËRODE, Anne; 1992, Les métiers d'avenir, vous connaissez? Université du Québec à Montréal et le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail (CIAFT), 126 pages. DUNNIGAN, Lise; 1976, Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires au Québec, Conseil du statut de la femme, Québec, 188 pages. THIBAUDEAU, Michel; 1988, Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique, ministère de l'Éducation, Québec, 82 pages. 38, XIII. BIBLIOGRAPHIE Ouvrages de consultation ANADÔN, Marta; 1989, L'école québécoise : jeux et enjeux de forces sociales 1970-1980,Université Laval, Québec, 283 pages. ANADÔN, Marta; 1991, «La pratique de l'analyse du discours r définition, principes, méthodes et mise en forme des données» tiré des Actes du colloque sur L'analyse des données qualitatives, Université du Québec à Chicoutimi, p. 53 à 71. GAUSSAT, Pierre et al,; 1977, La linguistique, Larousse, Paris, 255 pages. L'ÉCUYER, René; 1991, «La pratique de l'analyse du contenu r définition» étapes, problèmes et 1'objectivation» tiré des Actes du colloque sur L'analyse des données qualitatives, Université du Québec à Chicoutimi, p . 31 à 51. Ouvrages de f é m i n i s a t i o n MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION DUMAIS, Hélène; VIOLETTE, Michèle; 1986, Guide de r é d a c t i o n d e t e x t e p o u r l ' u t i l i s a t i o n des deux g e n r e s , Coordination a l a c o n d i t i o n f é m i n i n e , Québec, 41 pages. OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE BIRON, Monique; 1991, Au féminin : guide de féminisation d e s t i t r e s d e fonction et d e s t e x t e s , D i r e c t i o n des services l i n g u i s t i q u e s , Québec, 34 p a g e s , DUPUIS, H e n r i e t t e ; 1986, T i t r e s e t fonctions au féminin : e s s a i de l ' u s a g e , Québec, 70 pages. d'orientation MARDIS, F r a n ç o i s e ; 1994, «La féminisation comme phénomène s o c i o i î n g u i s t i q u e » , t i r é des Actes du colloque sur La problématique de l'aménagement l i n g u i s t i q u e (Enjeux t h é o r i q u e s et p r a t i q u e s ) , Office de l a langue française e t U n i v e r s i t é du Québec à Chicoutimi, C o l l e c t i o n «Langues et s o c i é t é s » , Tome I , Chicoutimi, p . 279 à 309. MARTIN, André; DUPUIS, H e n r i e t t e ; 1985, La féminisation des t i t r e s l e a d e r s d ' o p i n i o n : une étude e x p l o r a t o i r e , Québec, 107 pages. et les 39. XEV. ANNEXE : TABLEAUX DE FÉMINISATION MINISTÈRE DE L'EDUCATION Guide de r é d a c t i o n de t e x t e pour X * u t i l i s a t i o n , des deux g e n r e s , Hélène Dumais ec Michèle V i o l e t t e (1986) , Coordination à l a c o n d i t i o n f é m i n i n e . OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE Au féminin : guide de f é m i n i s a t i o n d e s t i t r e s de f o n c t i o n e t d e s t e x t e s , Monique Biron (1991), D i r e c t i o n d e s s e r v i c e s l i n g u i s t i q u e s . Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de X* usage, Henriette Dupuis (1986). La féminisation des t i t r e s et les leaders d'opinion exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985). : une étude La féminisation comme phénomène socio linguistique, Françoise Marois (1994) tiré des Actes du colloque sur La problématique de l'aménagement linguistique (Enjeux théoriques et pratiques). * * Note : Vous retrouverez regroupés et abrégés différents tableaux de féminisation que présente la première publication reproduite a la suite de ce travail de recherche. La problématique de l'aménagement linguistique 285 UNIVERSAUX DE LANGAGE 1. Toutes les langues possèdent une double articulation soit en unités de sens (mots ou morphèmes) et en unités phoniques (voyelles et consonnes). 2. Toutes les langues constituent des systèmes dont tes unités se définissent par rapport à l'ensemble du système organisé par sa structure. 3. Toutes les langues comportent de la redondance, de i'ambigu'iié, des irrégularités. 4. Toutes les langues ont la possibilité de produire des énoncés en nombre infini à partir d'un nombre de signes théoriquement fini : loi de la récursivité. 5. Toutes les langues ont un caractère évolutif, perpétuel dont l'arrêt signifie la mort. 6. Toutes les langues autorisent l'invention, la créativité, les figures de style, le jeu. 7. Toutes les langues sont structurées à trois niveaux soit celui du son, celui de l'agencement grammatical, celui du sens : !a phonétique, la grammaire et la sémantique. 8. Le message linguistique est linéaire contrairement au message musical où l'on peut superposer les notes. 9. Les unités linguistiques sont discrètes, c'est-à-dire isolables les unes des autres : ce qui est représenté par le blanc entre les mots écrits. 10. Les langues sont une création humaine pour communiquer sa pensée à l'autre. 11. Le langage est commun à toute l'espèce humaine et un besoin fondamental de l'espèce humaine. 12. Toutes les langues sont également simples et aussi également complexes. (Source : YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, pages 39 et 40). La problématique do l'aménagement linguistique 292 Rappelons qu'au début du siècle une féministe éclairée, Hubertîne Aucleri, écrivait « La féminisation des noms de notre langue importe plus que !a réforme de l'orthographe ».n Pour sa part, Maurice Grevisse confirme ie fail que !a féminisation de Sa langue est avant îoul un blocage psychologique. D'après Martin et Dupuis, ia féminisation des litres relève avant îou! de îa socioiinguisîique. On souligne qu'il y a deux plans d'intervention : l'emploi dans les divers domaines de îa vie sociale eî Ses ressources d e ia langue elle-même (corpus). Voici la lisle des vingî titres parmi soixanle-quinze (75) variantes : Tableau III une annonceure une auîeure une banquière une chef une commis une docîeure une forgeronne une gouvemeure une mairesse une mannequin une femme marin une femme mateîoî une médecin une poétesse une policière une professeure une sculpteure une sénatrice una substitut une témoin On remarque une tendance à généraliser ies formes defémïnïsation en -eure. En résumé, le groupe-témoin attend que l'Office de la langue française fournisse non seulement des renseignements sur la féminisation, mais qu'il intervienne de façon active dans le dossier de la féminisation d e s titres sans pour autant s'aligner sur l'usage international. D'autant plus que l'on croit que le Québec devrait jouer un rôle avant-gardiste quant à la féminisation des titres vis-à-vis de la France et d e s autres pays francophones. 7. La féminisation des titres et les leaders d'opinion : u n e étude exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985), Office d e la langue française. Cet ouvrage présente un corpus raisonné de vingt titres. Un groupe-témoin composé de vingt et un (215 hommes et trente-cinq (35) femmes ont répondu à quarante-deux (42) questions. Ces questions mesuraient objectivement les résultats selon les quatre caractéristiques suivantes : acceptabilité, connotation, euphonie et familiarité. Quant aux deux autres caractéristiques soit la grammaticalïté {conformité aux règles grammaticales) et la caracîérisation (féminisation plus ou moins marquée), les résultats ont été obtenus par déduction. L'auteur André Martin nous confie que ce « changement met en cause les normes sociolinguisîiques relatives à l'emploi du morphème d u genre ».n 72 MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders d'opinion : une étude exploratoire, Québec. 1985, p. 7. La problématique de l'aménagement linguistique 294 9. Guide de rédaction de texte pour i'uiilisation des deux genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) : Ces auteures ont établi leur recherche en vuede trouver une façon qui permette aux femmes d'être nommées et reconnues. D'après elles, le masculin comme générique est une solution de facilité. Elles encouragent l'emploi de tournures génériques ou neutres : citoyenneté au lieu de citoyen, direction au lieu de directeur et le mot personne. Au lieu de la répétition : enseignant et enseignante, utiliser personne! enseignant et la personne responsable pour éviter le déterminant. Tableau V FÉMINISATION DES TITRES 1 - Titres et loncîions Terminaison en -e : pluriel Ex. t e ou la commissaire/les commissaires - Terminaison en -1 : criminel/criminelle de Sa professionnelle et du professionnel Terminaison en -al : caporat/caporale Terminaison en -ul : consul/consuls Conseil est épicène : ingérsieur-corsseil/ingénieure-conseil Terminaison en -n -en, -on/-enne, -onne patron/patronne : doyen/doyenne Autres voyelles : écrivain/écrivaine !émoin/1a témoin médecin/la médecin Terminaison en -r/re : écolier/écoliôre usager/usagère Terminaison -eur/euse : chômeur/chômeuse travailleur/travailleuse : ingénieur/ingénieurs professeur/prolesseure : auleur/autrica directeur/directrice utilisateur/utilisatrice Exception Terminaison -îeur/trlce Terminaison en -t ou -d plus e : agent/agenle enseignant/enseignante tisserand/lisse rande Terminaison en -é plus e : chargé/chargée diplômé/diplômée C e groupe de recherche souligne que l'usage des parenthèses, des traits obliques et des tirets est à supprimer. Cela correspond à mettre les femmes d e côté comme des éléments accessoires en en cachant ta forme féminine complète. Le générique (être humain, personne) ainsi que les collectifs (assemblée, direction) sont un choix lexical pratique qui allège !a syntaxe. La problématique de l'aménagement linguistique 295 Tableau Vi FÉMINISATION DU DISCOURS 1 - Les noms s'écrivent au long avec ou sans article. Ex. Les éducateurs et les éducaîrices Ex. Les candidats et candidates 2 - Les pronoms s'écrivent au long Ex. Ceux et celles Toutes et tous Certaines et certains Chacun et chacune 3 - Les accords grammaticaux se font au masculin piuriel Ex. Épithèie : administratrices et administrateurs publics Ex. Attribut : enseignantes et enseignants en seront les premiers artisans Ex. Participe passé pris adjectivement : conseillères et conseillers pédagogiques, assistés Ex. infinitif présent de la forme passive : institutrices et instituteurs peuvent être appelés 4 - Particularités : On place le nom masculin près du mot à accorder Ex. Premiers hommes et femmes 5 — Utilisation des noms unis par un ou Ex. L'étudiante ou l'étudiant fon! {conjonction : l'un comme l'autre) La directrice ou le directeur fera (disjonction : l'un ou l'autre) 6 — Prononciation identique Ex. Employées - employés : à remplacer par effectifs ou personnel Intéressées- intéressés : à remplacer par personnes Intéressées 7 — Les mots épiceries : à remplacer par un pluriel Ex. Le ou la spécialiste/les spécialistes 8 - Les noms composés : éducateur-parrain/éducatrice-marraine, maître-tailleur/maîtresse-tailleuse 9 — Les peuples : aucune féminisation en contexte historique Ex. Les Latins usage contemporain Ex. Les Québécois et Québécoises 10 — fjloms homophones : même son Ex. Toutes les Grecques et tous les Grecs Ex. Les éteclrices et électeurs grecs 11 — Postes et fonctions : utilisation du masculin et du féminin Ex. L'élève qui se prépare à une fonction de technicien ou de technicienne. 12 — Employeur/employeuse, fournisseur/fournisseure, iégislateur/tégïsiatrice 13 - Forme féminine différente : confrère/consœur ou collègue ! 4 — Description des tâches : utilisation de verbes à l'infinitif La problômalique de ("aménagement linguislique Tableau VII 1 — Noms terminés par 0 Épicènes : identiques au féminin e! au masculin Ex. une acrobate, une artiste, une archéologue contremaître/contremaîtresse maire/rnairesse Ex. maître maître/une maître une minisire, une notaire, une peintre Ex. poète 2 poète/une poète - Noms terminés par I Formes régulières : ajout d'un e au féminin professionnel/professionnelle générai/générale Cas spéciaux : conseil comme épicène Ex. une conseil juridique une économiste-conseil consul/une consule 3 - Noms terminés par n Formes régulières : ajoui d'un e au féminin patron/patronne gardien/gardienne Cas spéciaux : écrivain/écrivaine sacrisîain/sacristine une mannequin, une marin, une médecin 4 — Noms terminés par r Par er/ère, ière : berger/bergère ouvrier/ouvrière Par eur/euse : pour les métiers manuels plus généralement Ex. chanteuse, danseuse Ex. une auteure, une ingénieure, une professeure, une réviseurs Surtout pour les professions de type intellectuel. Cas spéciaux : une gouvemeure, une ingénieure, une professeure Teur, iteur, aieux : noms dont on ne peut îirer de participes présents Formes régulières Ex. actrice, traductrice, amatrice, factrice, oratrice, rectrice, sénatrica Cas spéciaux 5 : une auîeure une docteure (femme médecin ou femme diplômée) une scuîpteure — Noms terminés par ! ou d Formes régulières : ajout d'un a au féminin candidat/candidate soWat/soldate (aucun exemple n'est fourni pour tes noms en d) Cas spéciaux : maieiot/une matelol camelo!/une cameiot substituf/une substitut 6 — Autres finales Paré Ex. associée, déléguée, chargée de, députée, jurée Chef Ex. : f change en v de î'e féminin veuf/veuve, serf/serv chef/une chef Commis : commis/une commis 297 l a problématique de l'aménagement linguistique 301 Tableau X Règles de féminisation retenues : 1. L'ajout du-e au masculin. Ex. Adjointe,apprentie, attachée, experte, seconde, technicienne. 2. La finale er d"un mot alterne avec ère. Ex. Consei!Ier/ère; ouvrier/ère 3. La finale eur d'un mot alterne avec euse s'il a un participe présent. Ex. Travaillant, l'alternance travailleur/euse est possible. 4. La finale eur d'un mot alterne avec rice s'il n'a pas de p. présent. Ex. Anirnaîer est inexistant. On a donc animateur/trice. D'après cette étude, il y a deux catégories de noms : simples : commis, directeur - composés : commis de bureau, directeur d'école On parie de perturbations sémantiques telles que maîlre/maîtresse alors que Marina Yaguelîo parle de dissymétrie sémantique. - Figés : qui sont non dérivés l'un de l'autre frère/sœur, homme/femme - Transfuges : translation à partir d'adjectifs responsable, stagiaire, spécialiste Une étude qui vise à la construction de dictionnaires électroniques du français. 14. Au féminin : guide de féminisation des tilres de fonction et des textes, Monique Biron (1991) : Un condensé d u document Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage et l'inventaire des procédés d'écriture qui puissent répondre aux exigences de la communication moderne. La féminisation linguistique est un défi d'écriture, mais ce guide est un outil qui vise à harmoniser-la féminisation des textes. 302 La problématique de l'aménagement linguistique Le travail de Sou! rédacteur de touie rédactrice élan! en toul premier lieu de «• traduire à sa manière toute la richesse de ia réalisé ».2' Tableau Xi FÉMINISATION DES TITRES 1. Terminés en a : les êpicènes (mots identiques au féminin et au masculin) appartiennent à cette catégorie. Féminin marqué par las mots qui accompagnent le nom. Ex. une dentiste, une pilote, l'architecte principale, mairessa, contremaîtresse Maître comme épicène Maîtresse : certaines expressions une maître en sciences infirmières une maîtresse de poste la ministre, une peintre 2. Terminés par I : l'ajout d'un e et le doublement du i dans certains cas. Ex. une caporale, une industrielle, une console Conseil comme épicène une conseil en gestion une économiste-conseil 3. Terminés par n : rajout d'un e et le doublement du n dans certains cas. Ex. artisane, écrivains, chirurgienne, forgeronne Marin et médecin comme épicènes une marin, une médecin 4 . Terminés par r Suffixes er, ier : modèle de bergère et ouvrière Ex. banquiers, greffière, charpentière Suffixe eur : formation régulière en euse Ex. chauffeuse, chroniqueuse, chercheuse La péjoration attachée à cette formation favorise ia finale en eure pour les professions de type intellectuel. Ex. professeure, gouverneure, ingénieurs " B IRON, Monique. Au féminin : guida de féminisation des litres de fonction et des textes. Office de ia langue française. Direction des services linguistiques, Québec, 1991, p. 25. La problématique de l'aménagement linguistique 303 Suffixe teur : îeuse (chanteuse) ou îrica (acîrica} Si l'on peu! former un participe présent, finale en ton sa. Sinon, le féminin est en îrlca. Ex. arpenteur—arpentant—arpenteuse orateur oratrica 5. Terminés par t ou d : l'ajout d'un 0 Ex. candidate, tisserande magistrate, soldate coopérante, consultante Matelot, camelot et substitut comme épicènes Ex. une matelot, une camelot, une substitut 6. Autres finales Finale é : l'ajout d'un a Ex. associée, déléguée, députée. Jurée Finale î ; Ex. bref/brève Chef comme épicène : Ex. une chef, la chef Finale is : Ex. marquise, promise Commis comme épicène : Ex. une commis, la commis FEMINISATION DES TEXTES La seconde partie du guide est consacrée à certaines techniques de féminisation des textes selon deux principes de base : la ciarté du message et la cohérence de l'écriture. Dans un deuxième temps, l'Office encourage l'écriture des formes des deux genres en toutes lettres ainsi que l'emploi des génériques et des tournures neutres. Les parenthèses, trails obliques, tirets, virgules eu tout autre signe graphique sont à éviter puisque ce sont des formes tronquées contraires à i'usage grammatical et qui dérangent la lisibilité : Voici quelques procédés stylistiques : 304 La problématique de l'aménagement linguistique Tableau XII i . La suppression de l'article et de l'adjectif On peut omettre de répéter l'article et l'adjectif quand les personnes appartiennent au même groupe. Ex. De nombreux traducteurs e! de nombreuses traductrices... ou De nombreux traducteurs ei traductrices sont initiés... 2. Utilisation do l'ellipse On peut supprimer un mot ou un groupa de mois Ex. On der.iande un agent de recherche ou une agents de recherche. ou On demande un agent ou une agente de recherche. Exception : Le deuxième élément d'un nom composé ne peu! être o m i s . Ex. On demande un avocat-conseil ou une avocate-conseil, et non On demande un avocat ou une avocale-conseil. Même particularité pour un tiire formé d'un nom e! d'un adjectif Ex. Une directrice générale ou un directeur général et non Une directrice ou un directeur général 3. Coordination sans répétition Titre épicène (double genre) : te second titre peut être omis. Ex. ... présidée par la juge ou ie juge... ou ... présidée par la ou ie juge... 4. Reprise par les pronoms Le masculin pluriel Le nom collectif Pronoms des deux genres ils doivent ie personnel doit ils et elles doivent 5. Accords grammaticaux : masculin pluriel ou masculin singulier (si cela n'entraîne pas d'ambiguïté pour le second) Place du féminin : raccord se faisant au masculin, placer le nom masculin près du mot à accorder. 6. Termes génériques : nom masculin ou féminin qui désigne hommes et femmes. Ex. une personne, gens, direction. Collectifs : nom qui désigne un ensemble d'individus Ex. le public, la clientèle, ie corps professoral, la foule 7. Hommes d'aftaires/de loi/de lettres/de sciences est à remplacer par : Gens d'affaires, gens de loi ou juristes, gens de lettres, scientifiques Droits de fhomme : droits de ia personne 8. Tournures neutres : phrases infinitives ou nominales Ex. Effectuer des recherches...; planifier...; Ex. Planification, coordination et surveillance du cheminement.. CONCLUSION Après une analyse de l'aspect sexiste et de l'aspect féminisant que comporte la langue française, objet de îa présente recherche, n'est-ïî pas surprenant de découvrir toutes les richesses lexicales el syntaxiques j u s q u e îà inexploitées? La problémalique de ramènagemeni linguistique 307 ANNEXE Tableau Xii PRINCIPES DE FÉMINISATION 1. L'usage précède la règle - La langue : prisme socioculturel miroir sociolinguistique 2. l a Jôminin d'inclusion - 3. Éiymologiquemenî né du masculin Latoide la proximité - Accord par euphonie Accord avec îa substantif la plus près ANCIEN PARADIGME 1. Le masculin sur le féminin. Ex Un h et cent f blancs. Ex Cent f et un h blancs. 2. La masculin sur le féminin. Ex Cet h et cette < sont mariés. Ils... 3. Le masculin générique dit « neutre » Ex. L'homme est un mammifère bipède et vertébré. 4. Le masculin (d'exclusion) Ex. Elle est académicien. NOUVEAU PARADIGME 1 . La nombre sur la genre. Ex. Un h aï cant f blanches. Ex. Une f et cent h blancs. 2. Le collectif mixte « illes » Ex. Carte f et cet h sont mariés. Illes... 3. Le générique Ex. L'espèce humaine est mammifère, bipède et vsrtébrée. 4. La émînin d'Inclusion Ex. Eile est académicienne. Document t i r é de la conférence présentée lors du colloque sur La problématique de l'aménagement linguistique en mai 1993 à l'Université du Québec à Chicoutimi. LA FÉMINISATION COMME PHÉNOMÈNE SOCIOLINGUISTIQUE Françoise Marois Article tiré des Actes du colloque sur la problématique de l'aménagement linguistique (enjeux théoriques et pratiques), Office de la langue française et Université du Québec à Chicoutimi, Collection «Langues et sociétés», Tome I, Chicoutimi, 1994, p. 279 â 309. LA FÉMINISATION COMME PHÉNOMÈNE SOCIOLINGUISTIQUE Françoise Marois Université du Québec à Chicoutimi Comme tous les domaines de recherche contemporaine, la féminisation en est un de prime importance à cause de son caractère évolutif lié à l'éclatement des stéréotypes sexuels dont la langue se fait l'émettrice. Comme l'exprime si bien Marina Yaguello (197-3). la <! langue est un système symbolique engagé dans des rapports sociaux. »1 Pour cette raison, toutes les langues articulent d'une façon ou d'une autre ce genre tantôt féminin tantôt masculin. Il est aussi important de souligner l'apport du contexte historique au sein duquel se développe tout système linguistique invariablement dépendant des personnes qui l'utilisent. Rappelons aussi le fait que la langue représente l'instrument de communication par excellence dans toutes les disciplines que cette information soit écrite ou parlée. Yaguello constate que c'est sur le plan lexical que « les différences sont les plus évidentes puisque les sexes ont à communiquer entre eux. »2 C'est d'ailleurs par là que des changements féminisants ont commencé à s'opérer face à ce sexisme linguistique que la féminisation des titres et du discours vient corriger. Je mentionnerai ici l'ouvraged'Henriette Dupuis ( 1986), Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage. (OLF) Plusieurs grandes auteures dont quelques grammairiens Jean- Marie Laurence3 (1966) et Maurice Grévisse4 (1980), se sont intéressées à 1 2 3 YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payât,1978, p. 7. Ibid. p. 29 LAURENCE, Jean-Marie. L'éternel féminin, C'est-à-dire, vol. 3, no 11, 1966, p. 1-5. 4 GRÉVISSE, Maurice. Le féminin des noms, Le bon usage, 11" édition, Paris, Duculot, 1980, p. 227-249, paragraphes 397-436.. 280 La problématique de l'aménagement linguistique La problématique de l'aménagement linguistique la féminisation de la langue et je citerai : Benoîte Groult (1975), Marina Yaguello ( 1978,1981.) et Luce Irigaray (1990). Au Québec, quelques-unes de nos pionnières dont Henriette Dupuis (1985), Hélène Dumais et Michèle Violette (1988), Aline Gagnon (1990), Monique Biron et Gisèle Delage (1991). Deux pionniers : André Martin (1985) et André Dugas (1990). Suivra la problématique de désexisation qui nous amènera à mieux comprendre la nécessité de féminiser les titres de fonction et le discours. Puis, je présenterai les divers ouvrages qui offrent des solutions féminisantes en en faisant une synthèse. Est-il vraiment possible de faire abstraction du contexte culturel et d'ignorer des faits sociaux tels que le féminisme? Si la féminisation est un En annexe, vous trouverez quelques principes de féminisation ainsi que la proposition d'un nouveau paradigme « Le nombre sur le genre » qui remplacerait l'ancien soit « le masculin l'emporte sur le féminin ». phénomène sociolinguistique, nous ne pouvons qu'admette la relation société/langue. Je n'ai nullement l'intention d'occulter ici mon appartenance à cette idéologie puisque c'est justement, elle, qui motive la présente recherche. ASPECT SEXISTE 1. Ainsi soit-eile, Benoîte Groult (1975) : Elle est l'une des premières de nos contemporaines exception de Simone de Beauvoir, à dénoncer que « Comme tous ceux que la servitude a dégradés, les femmes ont fini par se croire faites pour leurs chaînes et sont devenue? sntiféministes. »7 Elle n'hésite pas à rappeler que le « sexisme est plus profond et plus endémique encore que le racisme. »8 Le mari de Flora Tristan, l'inventrice des Maisons de la culture, fut assassinée par ce dernier qui ne supportait pas qu'elle ait repris sa liberté pour la consacrer aux personnes opprimées. QUELQUES DÉFINITIONS Afin de retenir votre attention et de mieux cerner le sujet qui nous occupe, je présenterai certaines définitions tirées du dictionnaire Le Petit Robert (1991 ). J'ai fait ce choix parce qu'après avoir fait l'étude comparative d'autres ouvrages, celui-ci s'est avéré le moins conservateur. Quatre mots-clés me viennent à l'esprit : - Sexisme (1965) : Attitude de discrimination à l'égard du sexe féminin.5 - Féminisme (1837) : Doctrine qui préconise l'extension des droits, du rôle de la femme dans la société.6 - Féminisant (xx8; de féminiser) : Biol. Qui féminise. - Féminisation (1845) : Action de féminiser; son résultat. Tout d'abord, pour mieux illustrer les différents documents consultés, je les présenterai un à un par ordre chronologique afin de mieux en suivre la critique face au langage sexiste. 5 6 2. Les mots et les femmes, Marina Yaguello (1978) : Un essai qui fait l'analyse de la condition féminine à partird'une approche sociolinguistique. Fait intéressant : la place de la femme dans la langue est aussi la place qu'elle occupe socialement : dissymétrie grammaticale, dissymétrie de statut social; dissymétrie sémantique, dissymétrie d'identité sociale; dissymétrie lexicale, dissymétrie économique; dissymétrie sociolinguistique, dissymétrie socio-économique. Les langues indo-européennes sont des langues à genre dont le rapport entre genre et sexe se manifeste par des phénomènes d'accord. En général, on considère que le masculin est non marqué et que le féminin dérivé est marqué. D'après elle, la langue des hommes (code masculin) est le langage d'un savoir, ce qui « fait perdre aux femmes quelque chose d'universel soit le langage de la vie (code féminin). »9 7 ROBERT, Paul. Le Petit Robert, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1991, p. 1809. Ibid. p. 49. 8 9 GROULT, Benoîte. Ainsi soit-elle, Paris, Grasset, 1975, p. 38. Ibid. p. 49. YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 66. La problématique de l'aménagement linguistique La problématique de l'aménagement linguistique Puisque les femmes ont de plus en plus accès aux professions jadis réservées aux hommes et à la même éducation, il se produirait un nivellement linguistique. Pourtant, les femmes sont souvent « ayant intériorisé la hiérarchie sociale »10 les premières à s'opposer à la féminisation des titres de leur fonction par peur du ridicule, convaincues que le masculin l'emporte sur le féminin. 6) -ant/ante, -ent/ente : étudiant/étudiante, patient/patiente 7) -f/ve : serf/serve. Finale pour les adjectifs surtout. 8) -re/resse : maître/maîtresse de maison. Maître était épicène en ancien français. Peintre/peintrice/peintresse. Peintresse : ayant une valeur péjorative. 9) -et/ète, at/ate, -d/de, ot/ote : gourmet/gourmète, avocat/avocate : clochard/clocharde, manchot/manchote Yaguello affirme que la langue du mépris contre la femme est une création purement masculine. C'est par le domaine lexical que s'exprime ce sexisme. L'auteure opte pour l'action volontariste en ce qui concerne la féminisation des titres parce que cette action attaque un mal dont les causes sont psycho-sociales. 10) -eur/euse/resse : acheteur/acheteuse, professeur/professoresse -teur/trice ou -teuse : aviateur/aviatrice, enquêteur/enquêtrice La finale -trice étant réservée à la formation savante. Compositeur/compositrice sauf pour désigner l'ouvrière qui assemble ies caractères d'imprimerie. D'après elle, l'école et le personnel enseignant sont « le lieu et les agents privilégiés de l'application de la législation linguistique; les manuels et dictionnaires approuvés par le ministère en sont les outils. »" Voici un résumé quant à la formation des noms d'agent que Marina Yaguello présente dans son volume (p. 126 à 132) : 11) Noms épicènes -iste, -logue, -ique : une journaliste, une psychologue, une critique un élève/une élève Tableau 1 1) 2) 3) -er/ère -ien/ienne -in/ine, ain/aine et -ain/ine 4) -an/ane 5) f0 " -ouin/ouine : boulanger/boulangère : femme du boulanger couturier/couturière : l'équivalent de la seconde en statut social étant tailleur/tailleuse Elle en fait la synthèse en distinguant trois cas : 1 ) Le modèle d'alternance soit -eur/eure, -teur/trice, -ier/ière : chirurgien/chirurgienne, historien/historienne 2) Les épicènes absolus auxquels on ajoute souvent le mot femme. : lapin/lapine, copain/copine, écrivain/écrivine : courtisan/courtisane avec dissymétrie sémantique : série très limitée en français. Ex. : témoin, pingouin/pingouine YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 136. Ibid. p. 183. 283 3) Les finales en -e muet qui se répartissent selon la-division des rôles sociaux. ^~~^ « La langue pré-classique, pré-académique avait toutes les audaces et formait tous les féminins dont elle avait besoin ».12 À noter que plusieurs féminins ont disparu : jugesse, vainqueresse, bourelle (pour bourreau), charlatane, tyranne, autrice, succesrice... 12 YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 131. La problématique de l'aménagement linguistique 3. Alice au pays du langage, Marina Yaguello (1981) : Ce volume a ceci de particulier qu'il nous aide à mieux comprendre l'objet de la finguistique. Elle nous en présente une définition : « La linguistique a donc pour objet l'exploration des mécanismes du langage à travers les différentes langues parlées. »13 Quant à l'activité métalinguistique, elle se pratique par le jeu : jeu de mots, sur les mots, avec les mots. C'est donc que les langues naturelles autorisent la créativité. La problématique de l'aménagement linguistique UNIVERSAUX DE LANGAGE 1. Toutes les langues possèdent une double articulation soit en unités de sens (mots ou morphèmes) et en unités phoniques (voyelles et consonnes). 2. Toutes les langues constituent des systèmes dont les unités se définissent par rapport à l'ensemble du système organisé par sa structure. 3. Toutes les langues comportent de la redondance, de l'ambiguïté, des irrégularités. 4. Toutes les langues ont la possibilité de produire des énoncés en nombre infini à partir d'un nombre de signes théoriquement fini : loi de la récursivité. 5. Toutes les langues ont un caractère évolutif, perpétuel dont l'arrêt signifie la mort. La poésie, les calembours, les charades, les comptines enfantines, les devinettes, le lipogramme, le palindrome sont toutes des formes ludiques du langage parlé ou écrit. Quelle est cette règle qui permet d'emboîter les propositions à l'infini ; l'auteure nous parle de la récursivité dont Chomsky fut le premier à en avoir tiré toutes les conséquences théoriques. Cette règle est un autre aspect de la créativité par le langage. D'après elle, la création lexicale est elle aussi une autre forme de créativité. Elle prend la forme de néologismes qui permettent à toute langue de rester vivante. Elle nous entretient des différentes fonctions du langage : expressive, incitative et phatiquequi ne sont pas propres au langage et s'expriment soit par le comportement, la mimique et le geste. Quant à la fonction référentielle, elle utilise les codes graphiques et idéographiques. Elle ajoute que « seule la fonction métalinguistique est inséparable du langage puisque centrée sur le code et son fonctionnement ».14 Qu'est-ce que la redondance? Selon un principe de la théorie de l'information, plus le degré de prédictabilité d'une unité est élevée, moins elle est informative, plus elle est redondante. Pourtant, la redondance est un élément essentiel à toutes les langues : combinaison de lettres pour la formation de syllabes, combinaison de syllabes pour former des mots qui forment des phrases qui forment un 285 6. Toutes les langues autorisent l'invention, la créativité, les figures de style, le jeu. 7. Toutes les langues sont structurées à trois niveaux soit celui du son, celui de l'agencement grammatical, celui du sens : la phonétique, la grammaire et la sémantique. 8. Le message linguistique est linéaire contrairement au message musical où l'on peut superposer les notes. 9. Les unités linguistiques sont discrètes, c'est-à-dire isolables les unes des autres : ce qui est représenté par le blanc entre les mots écrits. texte. 10. Les langues sont une création humaine pour communiquer sa pensée à l'autre. Dans le cadre de ma recherche, je crois opportun et nécessaire de vous exposer les douze (12) universaux de langage développés par 11. Le langage est commun à toute i'espèce humaine et un besoin fondamental de l'espèce humaine. Yaguello. D'autant plus qu'ils assurent à toute langue son essence dynamique. 13 14 YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, p. 12. Ibid. p. 29. 12. Toutes les langues sont également simples et aussi également complexes. (Source : YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, pages 39 et 40). 286 La problématique de l'aménagement linguistique Elle nous rappelle que les néologismes sont le propre de la langue populaire qui fait fi de la grammaire officielle ainsi que le propre de la langue scientifique et technique dont la terminologie est créée de toutes pièces. « Les néologismes obéissent toujours à une motivation. »15 Sur l'importance des déterminants, ils servent à distinguer certains homonymes (même graphie : un voile/une voile) ou homophones (même son : une mère/un maire). Tout compte fait, son analyse du langage nous invite à constater que la langue et la parole sont des actes de création. Fait de société, la langue accuse de nombreuses dissymétries qui sont la preuve d'une constante évolution et de son dynamisme créateur. Pour ne citer que les noms d'agent féminins sans masculin (cantatrice, madone) et les noms d'agent masculins sans forme féminine (patriarche, médecin). La langue est un outil universel bien imparfait dont se sert une communauté pour communiquer. « La réalité n'a d'existence que pour autant qu'elle est nommée ».16 4. Sexes et parentés, Luce Irigaray (1987) : Un livre qui nous parle de croissance humaine où l'auteure fait appel à notre essence sexuée, femme et homme, à notre genre respectif. --lHg.b,lémat|que de l'aménagement linguistique 287 5. Je, tu, nous : pour une culture de la différence, Luce Irigaray (1990) : Une auteure qui ne parle pas un langage métaphorique et qui ne s'embarrasse pas d'euphémismes complaisants. Dès les premières pages, elle plonge dans le vif du sujet : « L'égalité des hommes et femmes ne peut se réaliser sans une pensée du genre comme sexué ».18 Elle dénonce que te genre grammatical n'est pas arbitraire et qu'il y a une base sémantique, car au lieu de rester un genre différent, le féminin est devenu le non-masculin. Elle affirme avec force que le changement des lois grammaticales ne peut se faire sans une mutation culturelle et linguistique relatives aux genres. Combien il est difficile, reprend-elle, pour les femmes, d'être citées en bas de pages d'un volume malgré la contribution indéniable des femmes aux progrès de la civilisation et à l'Histoire. Pour elle, l'utilisation du masculin pluriel en parlant de Monsieur le Président et de Madame la Reine qui dit « Ils se sont rencontrés » frise l'anomalie grammaticale : « Un travail patient sur le genre des mots révèle presque toujours leur sexe caché ».19 Elle déplore le pluriel des genres toujours masculin. Que peut bien cacher le soi-disant neutre, se demande-t-elle. Son discours plein de vérité est cru : « Les femmes entretiennent le discours de leur aliénation (...) elles enseignent, par exemple, que l'universel est masculin, que le genre masculin a plus de valeur x.20 Elle déclare que les formes du discours sont modifiables. Même s'il y a une différence sexuelle, il n'existe pas encore une sexualité du discours. C'est justement de cette différence sexuelle dont nous avons besoin pour nous régénérer.17 Elle se demande jusqu'à quel point ne sommes-nous pas en train de perdre le langage comme moyen de communication à vouloir l'économiser. D'abord, en le privant de toute sa dimension féminine, langage des relations entre les personnes. L'économie linguistique du fait que l'on utilise le masculin, résulte en un nombre incalculable de problèmes quant à la formation des noms féminins de professions et les solutions proposées ne font que faire ressortir N'est-il pas vrai que dans notre culture linguistique les êtres vivants, animés et humains sont du genre masculin? Et que les êtres privés de vie, inanimés et non humains sont du genre féminin? l'ampleur des conflits sociaux ainsi révélés. 18 15 16 17 IRIGARAY, Luce. Je, tu, nous : pour une culture de la différence, Paris, YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, p. 103. Ibid. p. 91. Grasset, 1990, p. 14. IRIGARAY, Luce. Sexes et parentés, Paris, Éditions de Minuit, 1987, p. 121. 20 19 Ibid. p. 85. Ibid. p. 148. 288 La problématique de l'aménagement linguistique La problématique de l'aménagement linguistique 289 Elle termine en soulignant que non seulement après avoir accédé à un statut professionnel et mérité le titre professionnel, les femmes voient leur désignation propre exclue des codes linguistiques en place. Ma mère utilise un fouet » : instrument de torture ou ustensile de cuisine? PROBLÉMATIQUE DE DÉSEXISATION Dans le premier cas, s'il est utilisé par mon père, on pourra dire de lui qu'il est trop sévère ou de ma mère qu'elle réussira son omelette. Ou encore de ma mère qu'elle est sadique ou de mon père qu'il est en chômage puisque c'est lui qui fait la cuisine. Ou encore... Pourquoi, vous direz-vous, est-il si important de « désexiser » la langue du discours? La deuxième raison m'apparaît elle aussi très évidente : l'utilisation abusive du générique qui diminue les emplois féminins possibles. Je vous en présenterai ici trois raisons majeures : abolir la péjoration connotative, modérer l'emploi abusif du générique et remplacer la réalité fictive du masculin comme neutre. 1. Par exemple, si je m'adresse à un public hétérogène (féminin et masculin), les mots génériques au même titre que le masculin qui l'emporte sur le féminin, répugnent à la répétition que certaines personnes qualifient de redondance. En un mot, si nous avons le choix entre la répétition du mot féminin qui accompagne le mot masculin et le générique, la majorité des gens choisiront ce dernier. La première est celle qui me semble la plus évidente : la péjoration. Tout cet arsenal d'injures, de connotations sexistes, de blagues à double sens que notre société encourage pour dénigrer la femme. Toutes y passent : la belle-mère, la fille de joie, la célibataire et combien d'autres. C'est ainsi que l'usage favorise les génériques au lieu d'encourager l'emploi du féminin : public au lieu d'auditeurs et auditrices, assemblée au lieu d'électrices et d'électeurs, par exemple. Le plus frappant, c'est que le sexisme attaque toujours sur le même front : le sexe féminin. Le plus inquiétant : cette péjoration a contaminé le sens de la plupart des mots féminins existants. De là, la difficulté à imposer le respect quand on ose féminiser une fonction traditionnellement réservée masculine. Mais la majorité des métiers et professions masculines était chasse gardée. Pourtant, les métiers et professions féminines dont l'enseignement, n'ont jamais été interdites à quiconque. À preuve, les noms d'agent infirmier, enseignant et coiffeur n'ont jamais fait l'objet d'une polémique linguistique telle que celle que nous connaissons présentement quant à la féminisation des titres et fonctions. Ces écarts linguistiques sont regroupés sous le terme dissymétrie Si une invitation indique : les délégués et leur conjoint sont invités. Pour ma part, cette formulation est créatrice d'ambiguïté. Elle mérite plus de précision, car elle oublie les déléguées et les conjointes du même coup et nous égare sur l'orientation sexuelle. 3. Troisième raison évidente au même titre que les deux autres : la désexisation du discours et de la langue amène plus de clarté, une représentation juste et égalitaire des personnes. Un texte écrit au masculin qui se prétend neutre, restera toujours une écriture fictive puisque placée en dehors de la réalité qui l'inspire. Une écriture féminisée (désexisée) permet une plus grande objectivité quant à la réforme d'un sexisme reconnu. par Marina Yaguello. Entre autres, toutes ces dissymétr&Jsémantiques où la correspondance n'est pas équivalente en sens : exemple, entraîneur/entraîneuse, couturière/couturier, matrone/ patron... féminin est incontestablement de rigueur. Quand c'est d'un groupe masculin homogène dont il s'agit, le code est masculin. Les deux phrases qui suivent permettront d'illustrer à quel point nous sommes des personnes sexuées : « Mon père utilise un fouet/ par un terme plus actuel, plus près de notre vision sociolinguistique : la féminisation. Quand je m'adresse à un groupe féminin homogène, le code Remplaçons le mot « désexisation » qui me semble vieillot et désuet La problématique de l'aménagement linguistique La problématique de l'aménagement linguistique N'est-il pas ridicule de lire que « les traducteurs étaient en grève pour congé de maternité? » Pour ces raisons, la féminisation est non seulement une nécessité, mais une urgence. 6. Vers un langage non sexiste, Conseil consultatif canadien de la situation de la femme (1984) : Petit volume qui présente des solutions et des règles permettant de produire des textes non sexistes en français et en anglais. « On pourrait presque croire que l'apparition des femmes dans notre société n'est qu'un phénomène tout récent ».21 Les auteures indiquent clairement que « le masculin l'emporte sur le féminin » efface la présence des femmes. On suggère que les titres soient utilisés quel que soit le sexe de la personne qui le porte. Aussi, la désignation hommes, femmes doit se faire en parallèle : les maris et les épouses et non « les hommes et les épouses ». Tableau II 1 - Formes féminines consacrées à utiliser. Ex. Directrice, présidente, avocate. 2 - Formes discriminatoires à éviter, Ex. Femme-médecin, femme-artiste. 3 - Mots homonymes à utiliser. Ex. Ingénieur; ingénieurs. Jt Conseil consultatif canadien de la situation de la femme, fers un langage non sexiste, 1984, p. 1. 5 - Terminaison en -ien : omnipraticienne 7 - Terminaison en -tre contremaîtresse 8 - Terminaison en -t/et substitute/cadette Sauf préfète/sous-préfète 9 - Terminaison en -teur sans participe présent Autrice ou auteure (forme plus répandue) 10 - Terminaison en-eur ajusteuse (dérivé d'un verbe) Sauf exécutrice/inspectrice/ professeure 11 - Terminaison en -é députée Sauf abbé/abbesse 12 - Mots épicènes (des deux genres) à utiliser Ex. La ministre/une fonctionnaire Quan4un mot désigne hommes et femmes, l'emploi du pluriel est conseillé : les téléphonistes au lieu de « le ou la téléphoniste ». Voici les principes de base pour la féminisation des titres et fonctions : : pionnière 6 - Terminaison en -ant/ent : représentante/agente ASPECT FÉMINISANT Certains mots sont asexués : personne, main-d'œuvre. 4 - Terminaison en -1er 291 7. La féminisation des titres et les leaders d'opinion : une étude exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985), Office de la langue française. Cet ouvrage présente un corpus raisonné de vingt titres. Un groupe-témoin composé de vingt et un (21 ) hommes et trente-cinq (35) femmes ont répondu à quarante-deux (42) questions. Ces questions mesuraient objectivement tes résultats selon les quatre caractéristiques suivantes : acceptabilité, connotation, euphonie et familiarité. Quant aux deux autres caractéristiques soit la grammaticalité (conformité aux règles grammaticales) et la caractérisation (féminisation plus ou moins marquée), les résultats ont été obtenus par déduction. L'auteur André Martin nous confie que ce « changement met en cause les normes sociolinguistiques relatives à l'emploi du morphème du genre ». a 82 MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders d'opinion : une étude exploratoire, Québec, 1985, p. 7. La problématique de l'aménagement linguistique 292 Rappelons qu'au début du siècle une féministe éclairée, Hubertine Auclert, écrivait « La féminisation des noms de notre langue importe plus que la réforme de l'orthographe ».M Pour sa part, Maurice Grévisse confirme le fait que la féminisation de la langue est avant tout un blocage psychologique. D'après Martin et Dupuis, la féminisation des titres relève avant tout de la sociolinguisîique. On souligne qu'il y a deux plans d'intervention : l'emploi dans les divers domaines de la vie sociale et les ressources de la langue elle-même (corpus). Voici la liste des vingt titres parmi soixante-quinze (75) variantes : La problématique de l'aménagement linguistique 293 Un code syntaxique permettait la rédaction de documents féminisés en usage à l'Université, la féminisation de la convention collective ainsi que la désignation féminisée des titres et fonctions. Voici les principes généraux de féminisation : Tableau IV 1 - Féminisation du nom : étudiant-e, professeur-e, directeur-trice Trait d'union plus marque du féminin. 2 - Cas particuliers : un-e titulaire un-e médecin L'article indique le féminin. Tableau III 3 - Noms différents une chef une gouverneure une annonceure une commis une auteure une docteurs une banquière une forgeronne une mairesse une mannequin une femme marin une femme matelot une médecin une sculpteure une poétesse une sénatrice une policière une substitut une ptofesseure une témoin On remarque une tendance à généraliser les formes de féminisation en -eure. En résumé, le groupe-témoin attend que l'Office de la langue française fournisse non seulement des renseignements sur la féminisation, mais qu'il intervienne de façon active dans le dossier de la féminisation des titres sans pour autant s'aligner sur l'usage international. D'autant plus que l'on croit que le Québec devrait jouer un rôle avant-gardiste quant à la féminisation des titres vis-à-vis de la France et des autres pays francophones. 8. La féminisation à l'UQAM, Comité de féminisation (1985) : La même année où fut publié l'ouvrage précédent, l'Université du Québec à Montréal présentait à son tour un modeste ouvrage sur la féminisation. n MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders d'opinion : une étude exploratoire, Québec, 1985, p. 9. : homme, femme Les écrire au complet séparés sans espace après la virgule. 4 - Expressions : un-e professeur-e régulier-ère Féminiser tout ce qui se rapporte au nom avec trait d'union pour indiquer le féminin après le masculin. 5 - Cas sans -e : le, la secrétaire tous, toutes mon, ma celui-ci, celle-ci ce, cette il, elle Mot masculin et mot féminin au complet séparés sans espace après la virgule. 6 - Féminisation plurielle : les étudiants-es certains-es administrateurs-trices Marque du pluriel -s jointe au mot masculin par la marque du féminin. 7 - Le masculin n'englobe plus le féminin. 8 - La marque du féminin utilisée chaque fois qu'il s'agit d'une femme. Signes retenus À proscrire : trait d'union et virgules : parenthèses et barres obliques La problématique de l'aménagement linguistique 294 9. Guide de rédaction de texte pour l'utilisation des deux genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) : Ces auteures ont établi leur recherche en vue de trouver une façon qui permette aux femmes d'être nommées et reconnues. D'après elles, le masculin comme générique est une solution de facilité. Elles encouragent l'emploi de tournures génériques ou neutres : citoyenneté au lieu de citoyen, direction au lieu de directeur et le mot personne. Au lieu de la répétition : enseignant et enseignante, utiliser personnel enseignant et la personne responsable pour éviter le déterminant. j-a_problérnaijque de l'aménagement linguistique Terminaison -teur/trlce 295 auteur/autrice directeur/directrice utilisateur/utilisatrice Terminaison en -t ou -d plus e : agent/agente enseignant/enseignante tisserand/tisserande Terminaison en -é plus e chargé/chargée diplômé/diplômée Tableau V FÉMINISATION DES TITRES 1 - Titres et fonctions : pluriel Terminaison en -e Ex. Le ou la commissaire/les commissaires Ce groupe de recherche souligne que l'usage des parenthèses, des traits obliques et des tirets est à supprimer. Cela correspond à mettre les femmes de côté comme des éléments accessoires en en cachant la forme féminine complète. Le générique (être humain, personne) ainsi que les collectifs (assemblée, direction) sont un choix lexical pratique qui allège la syntaxe. Tableau VI Terminaison en -i : criminel/criminelle de la professionnelle et du professionnel Terminaison en -al : caporal/caporale Terminaison en -ul : consul/consule Conseil est épicène : ingénieur-conseil/ingénieure-conseil Terminaison en -n -en, -orV-enne, -onna patron/patronne : doyen/doyenne Autres voyelles : 1 - Les noms s'écrivent au long avec ou sans article. Ex. Les éducateurs et les éducatrices Ex. Les candidats et candidates 2 - Les pronoms s'écrivent au long Ex. Ceux et celles Toutes et tous Certaines et certains Chacun et chacune 3 - Les accords grammaticaux se font au masculin pluriel Ex. Épithète : administratrices et administrateurs publics Terminaison en -r/re ; Terminaison -eur/eus© : Exception FÉMINISATION DU DISCOURS écrivain/écrlvalne témoln/la témoin médecin/la médecin écolier/écolière usager/usagère chômeur/chômeuse travailleur/travailleuse : ingénleur/ingénieure professeur/professeure Ex. Attribut : enseignantes et enseignants en seront les gremjgrs, artisans Ex. Participe passé pris adjectivement : conseillères et conseillers pédagogiques, assistés Ex. Infinitif présent de la forme passive : institutrices et instituteurs peuvent être appelés 4 - Particularités : On place le nom masculin près du mot à accorder Ex. Premiers hommes et femmes Ex, Artisanes et artisans courageux 296 La problématique de l'aménagement linguistique 5 - Utilisation des noms unis par un ou Ex. L'étudiante ou l'étudiant font (conjonction ; l'un comme l'autre) La directrice ou le directeur fera (disjonction : l'un ou l'autre) 6 - Prononciation identique Ex, Employées - employés : à remplacer par effectifs ou personnel Intéressées- Intéressés : à remplacerparpersonnes intéressées La problématique de l'aménagement linguistique Tableau Vit 1 - Noms terminés par e Epiceries : identiques au féminin et au masculin Ex. une acrobate, une artiste, une archéologue contremaître/contremaîtresse maire/malresse Ex. maître maître/une maître une ministre, une notaire, une peintre 7 - Les mots épiceries : à remplacer par un pluriel Ex. Le ou la spécialiste/les spécialistes Ex. poète 8 • Les noms composés : éducaieur-parrain/éducatrice-marraine, maltre-tailleur/maîtresse-tailleuse 9 - Les peuples : aucune féminisation en contexte historique Ex. Les Latins usage contemporain Ex. Les Québécois et Québécoises 10 - Noms homophones : même son Ex. Toutes les Grecques et tous les Grecs Ex. Les électrices et électeurs grecs 11 - Postes et fonctions : utilisation du masculin et du féminin Ex. L'élève qui se prépare à une fonction de technicien ou de technicienne. 12 - Employeur/employeuse, fournisseur/fournisseure, législateur/législatrice 13 - Forme féminine différente : confrère/consœur ou collègue 14 - Description des tâches : utilisation de verbes à l'Infinitif poète/une poète 2 - Noms terminés par I Formes régulières : ajout d'un e au féminin professionnel/professionnelle général/générale Cas spéciaux : conseil comme épicène Ex. une conseil juridique une économiste-conseil consul/une consule 3 - Noms terminés par n Formes régulières : ajout d'un e au féminin patron/patronne gardien/gardienne Cas spéciaux écrivain/écrivaine sacristain/sacristine une mannequin, une marin, une médecin - Noms terminés par r Par er/ère, 1ère : berger/bergère ouvrier/ouvrière Par eur/euse : pour les métiers manuels plus généralement Ex. chanteuse, danseuse 10. Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage (1986), Office de la langue française : Ce document s'intéresse au Ex. une auteure, une ingénieur©, une professeure, une réviseure Surtout pour les professions de type Intellectuel. féminin des titres et la sociolinguistique est l'une des considérations retenues. Cas spéciaux D'abord, l'aspect insolite de certaines formes féminines (cheffe) et la péjoration (matelote et les finales en -euse). Ensuite, ce qui concerne l'usage selon les formes féminines disponibles qui peuvent être régulières (-er/-ère), analogiques (ouvrier/ ouvrière), marquées (à terminaison distincte du masculin : écrivaine), attestées (suivant le dictionnaire) ou usitées (non attestées et en usage). : une gouverneure, une Ingénieurs, une professeure Teur, Heur, ateur Formes régulières : noms dont on ne peut tirer de participes présents Ex. actrice, traductrice, amatrice, (actrice, oratrice, rectrice, sénatrice Cas spéciaux . : une auteure une docleure (femme mêd&c'm ou femme diplômée) une sculpteure 297 La problématique de l'aménagement linguistique 298 5 - Noms terminés par t ou d Formes régulières : ajoul d'un e au féminin candidat/candidate soldat/soldate (aucun exemple n'est fourni pour les noms en d) Cas spéciaux maîelot/une matelot camelot/une camelot substitut/une substitut La problématique de l'aménagement linguistique Une bibliographie sur la féminisation des litres et du discours soit plus de 200 titres ainsi que des publications du Québec et du reste de îa francophonie canadienne. 12. Soit dites en passant, Céline Labrosse (1990) : Beaucoup d'humour et une foule de singularités linguistiques que l'auteure a su relever avec beaucoup de perspicacité : un professeur et son époux, un conducteur allaitant son bébé, le député en robe de soie, un juge mère de famille... 6 - Autres finales Paré Elfe fait un court rappel de la formation du féminin : Ex. associée, déléguée, chargée de, députée, jurée Chef 299 Tableau VIII : f change en v de l'e féminin Ex. veuf/veuve, serf/serv chef/une chef Commis commis/une commis À noter que le présent document a fait l'objet de très nombreuses consultalions tant au Québec qu'ailleurs dans la francophonie. Soixante (60) personnes considérées comme des leaders d'opinion participaient à l'enquête. 11. La fémfnisalion des titres el du discours au Québec, Hélène Du mais ( 1987). Tantôt c'est Université du Québec à Montréal, mainlenanl au tour de l'Université Laval de faire connaître un ouvrage bibliographique fort utile. La féminisation comme outil d'évolution face à l'ampleur du mouvement féministe de ces dernières années et l'accès des femmes à de nouvelles professions. « A l'évolution de notre société humaine doit correspondre un enrichissement de notre vocabulaire (...) si l'on veut que les transformations obtenues n'entraînent pas une décadence de la langue. »J< Et Dauzat (1954) de renchérir que <• la femme qui préfère pour le nom de sa profession le masculin au féminin accuse par là même un 1. +e 2. eur/euse eur/eure chanteuse, emprunteuse professeure, docteure, auteure 3. teur/irice rectrice, agricultrice, rédactrice 4. Épicènes la cadre, une architecte 5. Mots non en e une médecin, cette commis, la substitut : écrivaine, agente, magistrate Aucune distinction entre homme et Homme : tantôt c'est l'inclusion du féminin tantôt c'est l'exclusion. La confusion plutôt. L'utilisation des génériques dont le mot homme ne fait pas partie, car le masculin est un spécifique. Il représente exclusivement le masculin. Une parole célèbre par Hubertine Auclert au début du siècle : « L'absence de féminins dans le dictionnaire a pour résultat dans le Code, l'absence des droits féminins. » w L'auteure reconnaît qu'il règne une volonté de changement face à la langue. À ce propos, elle fait quelques suggestions sur la féminisation du discours : complexe d'infériorité qui contredit ses revendications légitimes ».n " DUMAIS, Hélène. La féminisation des titres et du discours au Québec, Québec. Université Laval, 1987, p. 2. ?5 Ibid. p. 3. 26 LABROSSE, Céline. Soit dites en passant, Québec, Université lavai, 1990 , p. 10. La problématique de l'aménagement linguistique 300 Tableau IX 1 - Toujours désigner les femmes par des termes féminins dans toutes les fonctions de la phrase 2 - Si un ferme masculin ef un terme féminin coexistent, faire l'accord dans les deux genres. Ex. 1 Les rédacteurs et les rédactrices seront enchantés et enchantées d'être mis et mises au courant de cette règle. Ex. 2 Les rédacteurs et les rédactrices seront enchanté-e-s d'être mis-e-s au courant de cette règle. Ex. 3 L'équipe de rédaction sera enchantée d'être mise au courant de cette règle. Un dernier exemple intéressant : Ex. Le Canadien moyen est une femme de 35 ans, (formulation incorrecte) Les femmes de 35 ans constituent le groupe le plus nombreux parmi la population canadienne, (formulation rectifiée et correcte) À partir de cette phrase, l'auteure commente que le masculin générique se heurte au sens logique. 13. Féminfoeries en tout genre, André Dugas et Aline Gagnon ( 1990) : Une étude où l'on retrouve des tableaux dont les entrées lexicales sont du Petit Robert et des annonces classées publiées par le journal La Presse en 1990. Plus de 3 339 noms composés ou noms complexes se rapportant à des métiers, professions, titres et statuts. La problématique de l'aménagement linguistique 30! Tableau X Règles de féminisation retenues : 1. L'ajout du -e au masculin. Ex, Adjointe, apprentie, attachée, experte, seconde, technicienne. 2. La finale er d'un mot alterne avec ère. Ex. Conseiller/ère; ouvrier/ère 3. La finale eur d'un mot alterne avec euse s'il a un participe présent. Ex. Travaillant, l'alternance travailleur/euse est possible. 4. La finale eur d'un mot alterne avec rice s'il n'a pas de p. présent. Ex. Animater est inexistant. On a donc animateur/trice. D'après cette étude, il y a deux catégories de noms : - simples : commis, directeur - composés : commis de bureau, directeur d'école On parle de perturbations sémantiques telles que maître/maîtresse alors que Marina Yaguello parle de dissymétrie sémantique. - Figés : qui sont non dérivés l'un de l'autre frère/sœur, homme/femme - Transfuges : translation à partir d'adjectifs responsable, stagiaire, spécialiste Une étude qui vise à la construction de dictionnaires électroniques du français. 14. Au féminin : guide de féminisation des titres de fonction et des textes, Monique Biron (1991) : Un condensé du document Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage et l'inventaire des procédés d'écriture qui puissent répondre aux exigences de la communication moderne. La féminisation linguistique est un défi d'écriture, mais ce guide est un outil qui vise à harmoniser la féminisation des textes. La problématique de l'aménagement linguistique 302 Le travail de tout rédacteur de toute rédactrice étant en tout premier lieu de « traduire à sa manière toute la richesse de la réalité »? Tableau XI FÉMINISATION DES TITRES de l'aménagement linguistique 303 Suffixe teur : teuse (chanteuse) ou trlce (actrice) Si l'on peut former un participe présent, finale en teuse. Sinon le féminin est en trlce. Ex. arpenteur—arpentant—arpenteuse orateur oratrice 5. Terminés par t ou d : l'ajout d'un e 1. Terminés en e ; les épicènes (mots Identiques au féminin et au masculin) appartiennent à cette catégorie, Féminin marqué par les mots qui accompagnent le nom. Ex. une dentiste, une pilote, l'architecte principale, mairesse, contremaîtresse Maître comme épicène Maltresse : certaines expressions une maître en sciences infirmières une maîtresse de poste la ministre, une peintre Ex. candidate, tisserands magistrate, soldate coopérante, consultante Matelot, camelot et substitut comme épicènes Ex. une matelot, une camelot, une substitut 6. Autres finales Finale é : l'ajout d'un e 2. Terminés par I : l'ajout d'un e et le doublement du I dans certains cas. Ex. une caporale, une industrielle, une consule Conseil comme épicène une conseil en gestion une économiste-conseil 3. Terminés par n : l'ajout d'un e et le doublement du n dans certains cas. Ex. associée, déléguée, députée, jurée Finale f : Ex. bref/brève Chef comme épicène : Ex. une chef, ia chef Finale is : Ex. marquise, promise Commis comme épicène : Ex. une commis, la commis Ex. artlsane, écrivaine, chirurgienne, forgeronne Marin et médecin comme épicènes une marin, une médecin FÉMINISATION DES TEXTES 4. Terminés par r Suffixes er, 1er : modèle de bergère et ouvrière Ex. banquiers, greffière, charpentière La seconde partie du guide est consacrée à certaines techniques de féminisation des textes selon deux principes de base : la clarté du message et la cohérence de l'écriture. Suffixe sur : formation régulière en euse Ex. chauffeuse, chroniqueuse, chercheuse La péjoratlon attachée à cette formation favorise la finale en eure pour les professions de type intellectuel. Ex. professeure, gouverneure, ingénieure Dans un deuxième temps, l'Office encourage l'écriture des formes des deux genres en toutes lettres ainsi que l'emploi des génériques et des tournures neutres. Les parenthèses, traits obliques, tirets, virgules ou tout autre signe graphique sont à éviter puisque ce sont des formes tronquées contraires à l'usage grammatical et qui dérangent la lisibilité : Voici quelques procédés stylistiques : 27 BIRON, Monique. Au féminin : guide de féminisation des titres de fonctions et des textes, Office de la langue française, Direction des services linguistiques, Québec, 1991, p. 25. 304 La problématique de l'aménagement linguistique Tableau XII La problématique de l'aménagement linguistique 305 7. Hommes d'affaires/de loi/de lettres/de sciences est à remplacer par : 1. La suppression de l'article et de l'adjectif On peut omettre de répéter l'article et l'adjectif quand les personnes appartiennent au même groupe. Ex. De nombreux traducteurs et de nombreuses traductrices... ou De nombreux traducteurs et traductrices sont initiés... Gens d'affaires, gens de loi ou juristes, gens de lettres, scientifiques Droits de l'homme : droits de la personne 8. Tournures neutres : phrases Infinitives ou nominales Ex. Effectuer des recherches...; planifier...; Ex, Planification, coordination et surveillance du cheminement... 2. Utilisation de l'ellipse On peut supprimer un mot ou un groupe de mots Ex. On demande un agent de recherche ou une agente de recherche. ou On demande un agent ou une agente de recherche. CONCLUSION Exception : Le deuxième élément d'un nom composé ne peut être omis. Ex. On demande un avocat-conseil ou une avocate-conseil. et non On demande un avocat ou une avocate-conseil. Après une analyse de l'aspect sexiste et de l'aspect féminisant que comporte la langue française, objet de la présente recherche, n'est-il pas surprenant de déœuvrirtoutes les richesses lexicales et syntaxiques jusque là inexploitées? Môme particularité pour un titre formé d'un nom et d'un adjectif Ex. Une directrice générale ou un directeur général et non Une directrice ou un directeur général 3. Coordination sans répétition Titre éplcène (double genre) : le second titre peut être omis. Ex. ... présidée par la juge ou le juge... ou ... présidée par la ou le juge... 4. Reprise par les pronoms Le masculin pluriel Le nom collectif Pronoms des deux genres ils doivent le personnel doit Ils et elles doivent 5. Accords grammaticaux : masculin pluriel ou masculin singulier (si cela n'entraîne pas d'ambiguïté pour le second) Place du féminin La Belgique vient de recommander une loi sur la féminisation des titres de fonctions dans l'Administration sous l'influence du Québec. Le Québec en est à la féminisation du discours. Le mot « matrimoine » est à l'étude. Les divers corpus que nous avons parcourus tout au long de cette recherche reconnaissent la féminisation des titres et aussi du discours. Pourtant, je constate que les changements sont bien timides à preuve les nombreux titres recommandés sont transformés en épicènes (médecin, chef) et la finale en eure phonétiquement masculine prend la vedette (professeure, gouverneure, ingénieure). : l'accord se faisant au masculin, placer le nom masculin près du mot à accorder. On encourage peu les féminins marqués (poétesse), on opte plutôt pour la discrétion et la modération. 6. Termes génériques : nom masculin ou féminin qui désigne hommes et femmes. Ex. une personne, gens, direction. Serait-ce que la féminisation des titres préconise un changement tout aussi muet que le fameux e muet? Collectifs : nom qui désigne un ensemble d'individus Ex. le public, la clientèle, le corps professoral, la foule Pourquoi s'attacher à une tradition où l'image de la femme est synonyme d'infériorité de toute nature, n'ayons pas peur des mots! Comment parler d'égalité quand la langue que je parle et que j'écris oublie que j'existe? La problématique de l'aménagement linguistique 306 La féminisation des titres et du discours est amorcée. Il s'agit maintenant d'en étendre l'application. Féminiser, c'est bien sûr dire les choses autrement. C'est écrire les choses telles qu'elles sont et non telles qu'elles étaient. Le genre féminin sert à la formation des adverbes et sert aussi de repère graphique pour orthographier correctement la finale masculine. Le genre masculin est ce que l'on obtient quand on a enlevé la marque du féminin et le genre féminin est ce que l'on obtient quand on a ajouté ce qui manquait au masculin. La problématique de l'aménagement linguistique ANNEXE Tableau XII PRINCIPES DE FÉMINISATION 1. - 2. C'est à partir de la fin du 16* siècle que les femmes perdront leurs droits. Sous la Révolution française, les femmes combattent aux côtés de leur époux, sont proclamées citoyennes, mais ne récoltent aucun des fruits de cette Révolution, aucun de ces droits auxquels elles auraient eu droit. Puis vint Napoléon où les femmes sont devenues la tutelle de leur père ou de leur mari au 19" siècle. mineures sous Peut-on parler d'égalité linguistique ou autre quand le masculin l'emporte encore sur fe féminin? Étymologiquement né du masculin La loi de la proximité - Accord par euphonie - Accord avec le substantif le plus près ANCIEN PARADIGME 1. Le masculin sur la féminin. Ex. Un h et cent f blancs. Ex. Cent f et un h blancs. 2. Le masculin sur le féminin. Ex. Cet h et cette f sont mariés. Ils... 3. Le masculin générique dit « neutre » Ex. L'homme est un mammifère bipède et vertébré. Nous voilà au 20" siècle. Fin du 20" siècle. : prisme socioculturel Le féminin d'inclusion - 3. Je dis que « très rarement », me référant au Moyen Âge où femmes et hommes jouissaient d'une égalité juridique sous le droit celtique en France, selon l'historienne Jeanne Bourin.28 La langue miroir sociolingulstique En d'autres termes, le masculin n'a jamais été ce que l'on a bien voulu nous faire croire : un neutre et un générique. Au même titre que le féminin, le masculin est spécifique et singulier. Il n'est ni générique ni pluriel puisqu'il n'a que très rarement inclus le genre féminin. On n'a qu'à observer la culture d'une communauté linguistique pour connaître ses lois qu'elles soient juridiques ou grammaticales. L'usage précède la règle 4. Le masculin (d'exclusion) Ex. Elle est académicien. NOUVEAU PARADIGME 1. Le nombre sur le genre. Ex. Un h et cent f blanches. Ex. Une f et cent h blancs. 2. Le collectif mixte « files » Ex. Cette f et cet h sont mariés. Hies... 3. Le générique Ex. L'espèce humaine es! mammifère, bipède et vertébrée. 4. Le féminin d'inclusion Ex. Elle est académicienne. Document lire de la conférence présentée au Colloque, 28 BOURIN, Jeanne. La chambre des dames, Éditions Table Ronde, 1979. 307 308 La problématique de l'aménagement linguistique La problématique de l'aménagement linguistique 309 BIBLIOGRAPHIE YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot 1978 202 pages. BIRON, Monique. Au féminin : guide de féminisation des titres de fonction et des textes, Office de la langue française, Direction des services linguistiques, 1991, Québec, 34 pages. YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, 207 pages. CONSEIL CONSULTATIF CANADIEN DELA SITUATION DELA FEMME. Vers un langage non sexiste, 1984,10 pages. Article DUGAS, André et Aline GAGNON, Fémineries en tout genre, Montréal, Université du Québec à Montréal, 1990, 88 pages. DUMAIS, Hélène. La féminisation des titres et du discours au Québec, Québec, Université Laval, 1987,35 pages. GROULT, Benoîte. Ainsisoit-elle, Paris, Grasset, 1975, 220 pages. 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MAROIS, Françoise. De Grevisse à Marois, Revue Rauque n° 4, Éditions Prise de Parole, Sudbury, 1987. De Grevisse à Marois ESSAI Françoise Marois Françoise Marois 3 3 7 ans. Elle est née à Doîbeau. Elle a vécu sept ans en Ontario ... avant de déménager de l'autre côté de îa frontière de i'Outaouats. Elle s'occupe d'édition, de publication. Elle écrit depuis qu'elle sait écrire, parce que pour elle c'est un besoin viscéral, c'est une libération, c'est une thérapie. Elle écrit parce qu'elle pense avoir des choses à dire ... à communiquer à 'la postérité'... Elle voudrait que Sa langue qu'elle parle véhicule aussi la dimension féminin / iste du monde. Françoise remercie Dominique B. et Ralph H. pour leur précieuse collaboration. Outaouais ! RAUQUE NO 6 PRISE DE PAROLE, SUDBURY, 1987 I f ! i i J De Grévisse à Matois ... Vers une nouvelle philosophie grammaticale qui se fonde sur une réalité contemporaine Energie nucléaire Dialectique Chimie Géométrie proton thèse base carré Mathématique un (i) Electricité fiche mâle Linguistique signifiant Grammaire française masculin Solution iî(s) eilc(s) Proposition + électron + antithèse + acide +. cercle =* atome = synthèse =• solution = quadrature du cercle + une (i) = deux (z) + fiche femelle — courant + signifié =* monème + féminin = masculin ? (d'exclusion) + + + + elle(s) il(s) elle(s) elle(s) = ils? = ils = elles = illes (collectif mixte) i c principe: L'usage précède Sa règh Si tel est le cas, il est légitime et logique que toute langue vivante s'ajuste à la réalité contemporaine de l'époque qui lui a donné naissance et dont elle est le reflet. îi devient donc évident, urgent et impératif de reconnaître la dimension exclue, par conséquent le féminin. Si personne ne conteste le féminin du mot chaise, objet inanimé, i! est inadmissible et intolérable que soit contesté le féminin de sujets animés (anima). Le masculin d'exclusion (aussi appelé générique) nous a légué un héritage linguistique, nous faisant croire qu'il était neutre. Cela réglait tous les problèmes d'un seul coup et 'sclérosait* honteusement notre langue française du même coup. Le féminin ne jouissant d'aucune reconnaissance dans les écrits, puîsqu'au masculin 'oéncriquc', on a emprunté les féminins disponibles dans la création de mots nouveaux (laveuse, cuisinière, phoîocopicusc, etc.) donnant à ces mots dont on connaît le double usage, une valeur d'objet. Cette connotation péjorative afinalementcontamine d'autres mots dont la finale est identique (entraîneuse, couturière). Nous nous retrouvons donc avec des problèmes de féminisation monstres et qui semblent arrêter même îes plus évoluées d'entre nous. Que devient le mot entraîneur au féminin? Que devient le mot couturier au féminin? Ces mots devraient être semantiquement de même valeur. Pourtant, 'entraîneur* et 'entraîneuse', sont deux mots qui placés en contexte social n'ont rien en commun. Quant aux deux autres, 'couturier' et 'couturière*, leur différence ne réside pas surtout dans le type de travail, mais dans la hiérarchie sociale. La même chose s'applique à 'cuisinier* et 'cuisinière* {féminin de cuisinier se rapportant aussi à l'appareil de cuisson). %e principe: Le féminin étymologiquement né du masculi in Ex. doyenne / professeure / ingénicure / employeure Si tel est le cas, il est donc logique de conclure que le premier contient le second et que Se second est contenu dans le premier à l'écrit comme dans la langue parlée. Jl est donc préférable de former le féminin en ajoutant Se V sonore ou phonétique (opposé au *c* muet). Nous évitons ainsi la finale péjorative en "cuse* dont nous avons parlé plus tôt. De toute façon, les laveuses sont plus souvent mécaniques qu'humaines. Nous laissons aussi l'adjectif "ingénieuse* intact et pouvons dire d'une ingénieurc qu'elle est ingénieuse et d'un ingénieur qu'il est ingénieux. Sans oublier de prononcer le *c* sonore de la première avec fierté. Le *c* dit muet n'est pas exclusif au féminin. En effet, il existe dans le mot 'oncle' au même titre que 'tante* son féminin. Leur formation étymologique n'est pas évidente ni du point de vue phonétique, ni du point de vue orthographique. Pourtant, leur sémantique est similaire, mais de genre opposé. Le mot 'maître' accuse un V muet au masculin et au féminin, je suggère pourtant le V sonore au féminin pour la différenciation. Donc, un homographe non homonyme et non homophone (orthographe identique, prononciation et son différents à cause du *c* sonore). 3 e principe: Le nombre l'emporte sur Se genre Appelons ce principe Sa Soi de Sa proximité puisque l'accord doit se faire avec le substantif le plus près, peu importe Se genre. Définition: Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal: a) leur accord se fait avec le plus près, qu'il soit masculin ou féminin. b) tout en appliquant la loi de la croissance numérique. Exemples: a) Un haricot (H) et une levé (F) vertes. / Une F et un II verts. b) Un H et cent F vertes. / Une F et cent H verts. Ancienne règle: Un haricot et cent fèves verts. {Masculin emportant sur le féminin) À BANNIR Nouvelle règle: a) Un haricot et cent fèves vertes. (loi de la proximité ou de l'euphonie) À APPLIQUER b) Cent haricots et une fève vertes. À BANNIR Cent fèves et un haricot verts. À BANNIR Une fève et cent haricots verts. À APPLIQUER (loi de la croissance numérique en rétablissant l'ordre) NOTE: Remplacer H par homme et v par femme en utilisant blancs ou blanches, selon le cas. a) Un homme et une femme blanches, vs Une femme et un homme blancs. h) Un homme et cent femmes blanches, vs Une femme et cent hommes blancs. • Cette règle vise à éviter des injustices de représentation dans des domaines où l'on retrouve exclusivement des femmes, par exemple des groupes féminins ou féministes. Dans ce cas particulier, le féminin générique a droit de cité puisque ce genre est représenté à 100%. Le masculin générique n'est-il pas né dans Se même sens, une représentativité exclusivement masculine? Mais de îà à nous l'imposer jusqu'à aujourd'hui?! Contrairement au masculin générique, \c féminin générique se soucie du caractère antagoniste et complémentaire de notre nature humaine. Le féminin générique s'attache au respect et à la reconnaissance des deux genres. Iî ne se fonde pas sur la loi de la force physique (le masculin l'emporte sur îe féminin). Le féminin générique se veut îe reflet de la société qui lui aura donné naissance. La féminisation de îa langue, l'un des plus merveilleux outils qui nous soit donné en vue d'une évolution des mentalités. La féminisation pour une langue plus vivante, plus créatrice et plus colorée. La féminisation de la langue, vers une dimension qui reflétera notre pensée collective régénérée. À bas îa misogynie grammaticale et îe sexisme linguistique. La présente recherche laisse sourdre îa révolte qui veut rétablir l'équilibre des forces. Une recherche à peine amorcée qui propose de nouvelles règles plus équitables et démocratiques. Une féminisation des dictons appelée toi de l'appartenance. Exemples: Faire son bonnefemme de chemin. Prendre un coup de vieille. Cette loi permet de parler et d'écrire selon son propre genre. Une interaction des genres appelée loi de l'alternance comme transition vers une langue plus représentative. Le pronom personnel, troisième personne du pluriel, illes n'implique aucun ajustement verbal et si peu d'ajustement à l'écrit en termes de phonèmes (une consonne et une voyelle de plus). 5/ la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas. Reflet d'un monde sexué où toute personne humaine vit sa propre réalité selon son genre. Renier son genre, c'est renier sa propre existence. Endosser ia vision d'un autre signifie renier la sienne propre. Définition: Monème: unité à deux faces (signifiant: suite de lettres; signifié: sens d'un mot.) Que vaut une économie de monènies au détriment de l'équilibre et de l'harmonie collectives, clés de notre évolution! 7 Association des femmes d'affaires du Québec LE FÉMININ GÉNÉRIQUE ANECSOTE Dans un récsnt article, Senoiie Groulx soulignait que les personnes les ptus réticentes à la féminisation des titres semblaient être les femmes qui occupaient des postes importants. Pourtant souvent avant-gardistes et évoluées, selon moi! Je rencontrais il y a quelques mois, une personne qui occupait justement un poste-clé et de direction. On pouvait Eire sur la porte «directeur*. Me trouvant à !a réception, [entendis une voix féminine croyant être celle de l'assistante du directeur absent Cette personne m'accueillit chaleureusement connaissant ma maison d'édition. Au 1 de la conversation, je me rendis compte que fêtais en train de parler «au directeur». Ou devrais-je plutôt dire «à la directeur», ou «à la directeure», ou «à la directrice»? Mais qui oserait dire «au directrice»? J'étais si confuse que je m'empressai de lui avouer franchement ceci: •Madame, puisque vous êtes de celles qui pouvez changer les choses, pourquoi n'utilisez-vous pas le mot «directrice» afin de lui donner une nouvelle connotation respectable et prestigieuse?» Une nouvelle image sémantique! SIe me sourit et m'avoua qu'elle trouvait l'argument valable et me dit qu'à l'avenir elle utiliserait les deux titres. Ole accepta aussi que je féminise son titre lors de la parution d'articles ou autre correspondance. FÉMININ ET LANGUE Pour ne citer qu'un exemple de l'existence du féminin des titres, le mot «doyenne* a été créé au XIV* siècle. Et on peut dire, non sans embarras, que le premier doyen de telle faculté était., une doyenne. Ou encore. !e nouveau doyen est., une doyenne. Pourtant, l'on n'a jamais contesté le féminin du mot pécheur ni celui du mot concubin. En fait, on parie beaucoup de «pécheresse» et de «conct&ine» donnant ainsi l'impression que pécheurs et concubins font ménage seuls. En français, le mot «femme» porte !e même costume alors que nous avons «homme» et «mari». En anglais. 2 y a «woman* et «wife», «man» et «husband». Quant à «Monsieur», il dissimule le statut civil tandis que «Madame» et «Mademoiselle» l'exposent, sans aucune discrétion. Mon fils de 6 ans féminise mon nom de famille que j'appelle aussi nom de «femme» au lieu de nom de «fille». Cela donne «Maroise». Lorsque j'enseignais, pfusieurs de mes étudiant/es avaient tendance à dire Monrois â cause du masculin de «roi». J'ai d'ailleurs remarqué que nous avons généralement tendance à traduire Ses noms de famille et de vîile quand nous taisons l'apprentissage (Tune langue. Vous savez sans doute qu'en Pologne et en Russie, ie nom de famille de l'épouse sa féminise. Ex. Luboscftinsky devient Luooscfiinska. Aviezvous songé que la formation du n o m de famille «Johnson» signifiait littéralement «te fils de Jotin»? Et îa finals de «Mr Bowman». La liste de noms de famille se terminant en «man» serait interminable ainsi que celle en «son». Au fait Adam et Eve avaient un/des noms de famille? VERS UN LANGAGE NON SEXISTE En mars 1984, le Conseil consultatif canadien de la situation d e la femme publiait un document intitulé Vers tio langage non sexiste 1 . Je vous invite à vous le procurer e t à le consulter, car vous y trouverez des suggestions et propositions intéressantes concernant ia féminisation des titres dans les deux langues. J'ai toujours enseigné à mes étudiant/es que te NOMBRE L'EMPORTAIT SUR Le GENRE. Cest certainement la loi d e la majorité qui est !a pius juste et la plus réaliste. Ex. Dix mille femmes et un homme sont intelligentes ou intelligents? La fumeuse et fameuse règle de grammaire qui dit que «le masculin remporte sur ie féminin» est périmée, misogyne, sexiste, chauvine à l'extrême, irréaliste et médiévale! Songez-y bien, ils peuvent bien l'emporter par leur force physique, mais aller jusqu'à nous l'imposer grammaticalement! Si leur force pnysique leur semble incontestable, la contrepartie e s t la force intellectuelle... Il fallait une assemblée masculine pour voter une teUe régie. Leur femme étant probablement à préparer le repas de monsieur qui se moquait bien de l'opinion de sa tendre «moitié* qui de toute façon portait le nom de monsieur. Vous vous rappelez d e Madame le Maire et de Madame le Docteur qui n'était ni maire m docteur! Pourtant, aucun homme même marié à u n e Première ministre ne songerait à s'appeler Monsieur la Première ministre. Mais c e n'est qu'une question d'habitude, vous savez. Qui a prétendu que Ses titres féminins faisaient moins sérieux et Que las titres masculins avaient plus de panache?" L'espagnol parle de «professor» et de «professera» sans discrimination. L'anglais parle d'«actot» et d'«actress» et l'on ose dire qu'il n'existe pas de féminin en anglais! Que dire de «chairman» qui a été remplacé par «chairperson», «fireman» par «tire tighter». «Mr» (Mister) fait «Mrs* (Misses) au féminin, mais qy'est-il arrivé à «Mistress» le véritable féminin de «Mr»? FÉMININ GÉNÉRIQUE* En utilisant le masculin au sens générique, c'est-à-dire oour éviter ma« culin/féminin dans un texte, mais l'utilisation d u féminin au sens générique est tout aussi valide dans notre contexte culturel. L'on rejette le féminin parce qu'il exclut le masculin? Et on a même osé parler du masculin comme neutre2! Je dois vous avouer que pour ma part je me s a n s rejetèe quand o n parte au masculin devant un auditoire à 99% féminin. Et le monsieur e n question exige que l'on parte au masculin peut-être? On veut éviter tout problème en se servant du masculin au sens genenque, mais cela tue la créativité au niveau du développement et de révolution de la langue. C'est une façon de contourner to prodème et d'empêcher touts recherche sur la féminisation de la langue. Puisque le féminin est formé à partir du masculin, a est donc évident et logique que le premier est contenu dans le second. Monsieur et Madame sont des exceptions, bien sûr, au niveau de la formation des mots. Je n'aborderai pas i'aspect social ni historique et encore moins juridique. Si les femmes évoluées et avant-çardistes ne féminisent pas leur titre, taudra-MI attendre le pur où les hommes le féminiseront? Dupuis Henriette: Martin. André: U iéroiwsatkw destitres(I lei l e a d e n d'spiiitoïKiine étude eipto«U*e, Ottice de H tangue îraneaise. Gouvernement du Québec, décembre 1935. 4.2SS Adresse: Ottice de la langue fiançais* 170, rue Hatel de ViHe Nui) (Québec) J8X4G2 tél.: (613)770-7713 Office de la langue française. TiUM «t fonctions au ïéminin: nui de fiiMse, Québec 4 avril 1986. UNE LANGUE À NOTRE IMAGE Très chères amies, je vous invite à féminiser votre titre avec fierté, tous sommes nées femmes avec toute une dimension et une dynamique qui sont nôtres e t qui doivent profiter à nos enfants ainsi qu'aux générations futures. Pour cèdes qui rejettent une telle pratique, pourquoi ne pas vous faire imprimer des cartes d'affaire» androgynes? Faites imprimer votre carte d'un côté au masculin et de l'autre au féminin. Lorsque vous la présenterez à quelqu'une, prenez s o n de lui montrer le coté qui y sera agréable et elle découvrira tôt ou tard en souriant à quel point vous avez fait preuve de diplomatie. Pour une cause aussi juste, votre imprimeur/e se fera un plaisir de ne vous demander qu'un léger supplément! Françoise Marots éditrice, traductrice et professeurs 1. Vers un tangage non sexiste. Conseil consultatif canadien de la situation de ta femme, mass 1984, te. 1541. suce B Ottawa {Ontario) MP5H5 Et is iiusctiiid n'es! pas neutre puisque d'après la défwjfion du Petit Rouen. vota ce que Ton écrit Neutre: en linguistique «Qui appartient à une catégorie grammaticale dans laquelle se tangent en principe les noms d'objets ou (Titres étrangers a l'attribution «Tun sexe, et toimettemert les noms qui ne présentent pas les caractéristiques du masculin ni du féminin.» p. 1266, édition 1 9 S 3 revue it corrigée. * FÉMININ SèNÉSMWE se fonde sur Cécité des sexes. Peut-on en dira autant du MASCULIN GÉNÉRIQUE? Principe it east: LE NOMBRE L'EMPORTE SUR LE SENRi Fondement la W se la aaferac Ex. Un homme et deux femmes sont intelligentes. Une tomme et deux hommes sont intelligents. Quand 3 y a deux noms en nombre égal, raccord sa lait avec le nom le plus prés, qu'a soit lémmtn ou masculin. Ex. Un homme et une femme sont intelligentes. Une-femme et un homme sont intelligents. Carabin: LEftUOON CONTENT EJYMOL0&IQUEMCNT LE MASCUUK Le féminin étant en générai formé à partir du mascuiin, le fêmëntn inclut donc le masculin. Régi» de grammaire sexiste et misogyne LE MASCULIN L'EMPORTE SUR LE FÉWNiN Fondement: la loi t» It tore* reorosmoNr remploi du «fÉMINW GENéRIQUE.. Si où a y a 100% de iwwnes dans un groupe, un auditoire ou tout autre clientele exciusivenmt féminine. U où Je féminin remporte. Françoise Marais. 10/86 RÈGLES GÉNÉRALES DE FÉMINISATION Politique linguistique inspirée de l'Office de la langue française (OLF) et du ministère de .l'Éducation du Québec (MEQ) 1. Employer le générique. Ex. Les êtres humains, l'humanité, le genre humain ou encore l'espèce humaine pour «les hommes» ou ««l'homme». (Voir 5.1) 2. Appliquer l'accord de proximité pour les adjectifs. 2.1 Les reçus et les factures gouvernementales. 2.2 Les factures et les reçus gouvernementaux. 3. Féminiser les titres de fonction quand il s'agit d'une femme. Ex. La ministre, la professeure, l'éditrice. 4. Mettre l'article au pluriel quand des mots sont épicènes (à double genre). 4.1 Les médecins pour «le ou la médecins. 4.2 Les célibataires pour «la ou le célibataire». 5. Éviter toute règle ou toute formule où «le masculin l'emporte sur le féminin» et qui ne respecte pas l'égalité linguistique. Utiliser le «doublet génériquel qui assure la visibilité féminine au long sans parenthèses ni barres obliques ou tout autre signe d'elision. 5.1 La femme et l'homme (entités distinctes). 5.2 Les enseignantes et les enseignants. 3 1 GREVISSE, Maurice; Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition, par. 343. 2 OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE, Titres^ et' fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage, Québec, 1986, 70 pages. 3 MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION, Guide de rédaction de textes pour l'utilisation des deux genres, Coordination à la condition féminine, Québec, 1986, 41 pages. Document d'appui : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages. Document-référence: Vers l'égalité linguistique, Françoise Marois, Les Éditions Françoise Marois, Tomes I, II et III, Albanel, 1996, 300 pages. Prix : 35 $. LA FEMINISATION COMME 1 H LA FÉMINISATION COMME OUTIL D'APPLICATION PÉDAGOGIQUE (UQAC, 1994) La première p a r t i e de ce p r o j e t comprend l a production d'une o e u v r e l i t t é r a i r e e t l a seconde p a r t i e v i s e l a p u b l i c a t i o n de c e t t e même o e u v r e . Le syllabus de l a premiere p a r t i e d é f i n i t l e s o b j e c t i f s généraux, l e s ob- j e c t i f s spécifiques et les objectifs terminaux suivants : Objectifs généraux 1.1 Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de commencer, de poursuivre ou de finaliser la rédaction d'une oeuvre individuelle ; 1.2 Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes nécessaires à la production d'une oeuvre. Objectifs spécifiques 2.1 La créativité L'étudiante, l'étudiant produiront un texte minimum de cinquante pages à raison d'une production moyenne de quatre pages par semaine. 2.2 L'autonomie intellectuelle L'étudiante, l'étudiant seront appelés à s'auto-évaluer et à s "auto—critiquer en vue d'améliorer leur méthodologie de production, la qualité du contenu et la façon de corriger leur production. Objectifs terminaux 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 Appliquer Appliquer Appliquer Appliquer Appliquer l e s différentes étapes de production d'un texte; l e s différentes étapes de correction d'un texte; l e s différentes étapes de transcription d'un texte; l e collectif mixte «illes» comme principe de féminisation. l a féminisation subjective comme technique de féminisation. L'ancien paradigne qui dicte que «le masculin l'emporte sur le féminin» sera remplacé par le nouveau paradigme «Le nombre l'emporte sur l e genre». Le groupe sera initié à ce nouveau paradigme et appelé a en faire l'application pratique en cours de production l i t t é r a i r e : collectif mixte «illes» C'est donc dire que les principes de féminisation du contenu et du discours seront au coeur de l'acte créateur qu'expérimente le groupe—pilote. LA FÉMINISATION COMME OOTH. D'APPLICATION PÉDAGOGIQUE TABLE DES MATIÈRES Introduction DESCRIPTION DU PBOJET 1. PRODUCTION A. Syllabus .1 B. Documents informatifs 2 C. Techniques synectiques a) Les cinq étapes du processus synectique (Gordon, 1 9 6 5 ) - . . . . b) Les cinq préceptes en démarche synectique(Osborn, 1965) 3 c) Définition des différentes techniques de c r é a t i v i t é (DeMory,1976). - 1. Les mots inducteurs 2. Le concassage 3. Résultats 4 D. Textes de féminisation : De Grevasse 3. Marois, 1987 7 Ère de féminisation de la langue, David Simard Texte de féminisation, Christian Tremblay.... 8 E. Synthèse 9 2. PUBLICATION A. Étapes de p u b l i c a t i o n 10 B. Document inf ormatif 11 C. Document p u b l i c i t a i r e D. V i s i t e s prévues Conclusion 12 Bibliographie 13 Annexes 1. Production A. Syllabus B. Documents informatifs C. Techniques synectiques D. Textes d e féminisation 14 2. Publication A. Étapes de p u b l i c a t i o n B. Document informatif C. Documents p u b l i c i t a i r e s INTRODUCTION Le présent (Tome I) la travail est le prolongement du Séminaire de lectures qui se rattache au Laboratoire en enseignement (Tome I I ) dont problématique globale exposait l'application actuelle d'un paradigme contemporain sexiste à savoir «Le masculin l'emporte sur le féminin>. C'est ainsi le ministère de la qu'à partir de principes de désexisation proposés pair de l'Éducation, de principes de féminisation par langue française, du discours à partir l'analyse de contenu et de livres que lisent l'analyse l'Office grammaticale les jeunes f i l l e s au primaire et au secondaire, j ' e n suis venu aux conclusions suivantes : 1. Corpus A et B : ces livres de lecture transmettent encore d e s (Analyse de contenu) stéréotypes discriminatoires à l ' e n d r o i t d e s femmes soit la dévalorisation de s o i et la dépendance socio—affective. ?.. Corpus C : ces livres de référence (MEQ et OLF) parlent (Analyse de contenu) de «désexisation» sans pour autant mentionner. une seule fois le terme «féminisation» Quant à l'analyse féminisation dans la grammaticale du discours, l i t t é r a t u r e offerte quelques au primaire tentatives (corpus de A). Ex. L-a. grande spécialiste, surfeuse. Au secondaire (corpus B),le discours se f a i t graduellement plus sexiste. les substantifs Ex. quelques On y retrouve peu de termes féminisants féminins utilisés sont grandement et stéréotypés . Courtisane, esthéticienne, hôtesse de l ' a i r . Les l i v r e s créativité féminins au au dû plan lieu d'utilisation aurait de référence substantif lumière de ces du collectif d'application puisqu'il l'analyse i l l u s t r a t r i c e s . Notons a u s s i le groupe. Ex. (Louise conclusions, j'ai Pierre) pu constituait la représentativité et quant d'emploi et ne l ' a u r a i s sa llles d'utilisation cru au tout départ. qui Québécoise- un p r i n c i p e féminine que facile d'un couple se sont m a r i é s . <± son application en contexte d'écriture, frequence manque constater grammaticale du discours que j ' a i pu observer le traintes de usuelles: Ex. Femme québécoise mixte tilles» assure totale Illustrateurs remplacé par le substantif de nationalité l'application ou d'un une absence lexical (métiers, professions). Ex. des règles féminisantes être À la du (corpus C) révèlent C'est à peu de con- sa facilité beaucoup moins exigeante que je C'est ainsi que naissait mon projet d'écriture et de publication en vue de faire appliquer le collectif mixte «illes» comme principe de féminisation dans des textes de création l i t t é r a i r e . En cours de route, j ' a i découvert que ce principe de se prêtait bien à l'écriture en prose. Quant à l'écriture m'a fallu créer un autre type de technique féminisante subjective qui féminise le sujet régi par le verbe féminisation poétique, il : la féminisation et tout ce qui s'y rapporte ( a r t i c l e , adjectif, pronom personnel). Ce type de féminisation s'oppose au paradigme grammatical actuel de nature sexiste soit «le masculin l'emporte sur le féminin». Je tiens à souligner que le discours masculinisé que nous impose un tel paradigme mensongère et est non seulement subjectif, mais d'une objectivité fictive. Les pages qui suivent présentent le document-synthèse de ce projet d'écriture et de publication. La première pédagogique, partie est la description du projet d'application c ' e s t -à-dire la façon dont j ' a i orienté mes élèves production de leur texte l i t t é r a i r e : syllabus, documents dans la informatifs, techniques de créativité et textes de création l i t t é r a i r e . La seconde partie comporte toutes les étapes celle de la révision, l'impression finale. de l'organisation, de publication des coûts de production et de Le présent document-synthèse s'intéresse avant tout à la pédagogique du projet et à dont l'application pédagogique description de certaines techniques de féminisation. C'est toutes ces ne sont pas pourquoi, étapes l'objet la seconde partie se veut un court techniques qui préparent principal un manuscrit de la présente comme outil d'application pédagogique. résumé puisque à l'impression étude sur La féminisation PRODUCTION 1. DESCRIPTION DU PROJET Ce projet comprend la production d'une oeuvre littéraire suivie de sa publication par une maison d'édition. 1. PRODUCTION A. SYLLABUS (Document I) Un syllabus est remis au groupe-témoin afin de leur faire connaître les objectifs du cours ainsi que l'objet d'application pédagogique. Tout d'abord, j'ai fait paraître un communiqué de presse dans les journaux afin de faire connaître le projet et ainsi former un groupetémoin intéressé à écrire et à publier. (Document II) Le syllabus que je leur ai remis > définissait clairement les objectifs visés qu'ils soient généraux, spécifiques ou terminaux. Voici son contenu : Objectifs généraux 1.1 Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de commencer, de poursuivre ou de finaliser la rédaction d'une oeuvre individuelle; 1.2 Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes nécessaires à la production d'une oeuvre. Objectifs spécifiques 2.1 La créativité L'étudiante, l'étudiant produira un texte minimum de cinquante (50) pages à raison de quatre (4) pages par semaine; 2.2 L'autonomie intellectuelle L'étudiante, l'étudiant sera appelé s'auto—critiquer en vue d'améliorer tion, sa à s'auto-évaluer et à méthodologie de produc- la qualité du contenu et la façon de corriger son texte; 2.3 Chaque étudiante, chaque étudiant appliquera certains principes de féminisation dont le collectif mixte «illes» que préconise l'écrivaine-conseil responsable du groupe-témoin. Objectifs terminaux 3.1 Appliquer les différentes étapes de production d'un t e x t e ; 3.2 Appliquer les différentes étapes de correction d'un t e x t e ; 3.3 Appliquer les différentes étapes de transcription d'un texte; 3.4 Appliquer le collectif mixte «ilies» comme principe de féminisation. 3-5 Appliquer la féminisation subjective comme technique de féminisation. Les deux derniers objectifs se sont ajoutés puisque la nature des textes écrits se p r ê t a i t à ce genre d'application pédagogique en contexte créateur- 2. B. DOCUMENTS INFQRMATIFS Certains documents informatifs que vous retrouverez en annexe, établissent les différents genres littéraires soient la prose et la poésie. (Document III) Un autre document fait le survol des auteurs et écrivaines de notre région suivant leur genre littéraire. (Document IV) Cette approche a permis au groupe-témoin de s'identifier à la réalité littéraire de notre région. C'est ainsi que ces personnes découvrent qu'elles font partie d'une famille littéraire à titre d'élèves en écriture dont le rêve de publier est réalisable et possible. C. TECHNIQUES SYNECTIQUES ou de créativité (Document V) Afin de favoriser une meilleure compréhension du principe global de féminisation, certaines techniques de créativité ont été abordées. ment a été remis au groupe-témoin en vue de les initier aux cinq Un docu- étapes du processus synectique (Gordon, 1965) et aux cinq préceptes de la démarche sy- nectique (Osborn, 1965). Je leur ai aussi présenté différentes techni- ques de créativité (De Mory, 1976). Dans le cadre du présent projet, j'ai les mots inducteurs : choix de quinze termes privilégié deux techniques donc au hasard dans le dictionnaire. La seconde technique est le concassage qui consiste à remettre le problème posé etc. en question soit par association, inversion, adaptation, substitution, J'ai procédé avec quatre personnes sur enregistrement par cassette. Le problème posé était le suivant : Le masculin l'emporte sur le féminin est un problème d'ordre sociolinguistique. Deux personnes ont participé au premier atelier de créativité. Nous étions assis par terre sur un tapis et la pièce n'était éclairée que par une chandelle. Cette ambiance favorise une plus grande concentration et minimise les distractions ambiantes. L'animatrice avait pour rôle de tout noter sur papier à mesure que s'exprimaient les deux participants. a) Les cinq étapes du processus synectique (Gordon, 1965) 1. Formulation du problème : on se demande de quoi il s'agit, comment on peut définir le problème de façon très générale. 2. Identification au problème : on cherche à vivre le problème s'il faisait partie intégrante de soi. comme 3. Rejet des solutions banales: au début d'une recherche,on trouve d'abord des solutions classiques sans originalité. Après une «purgation» de ces solutions conformistes, on va au-delà. 3. 4. L'imagination en roue libre : toutes les idées sont bonnes. On l a i s s e parler son imagination la plus irrationnelle. Cette étape s'appelle aussi «remue-méninges» et constitue la phase essentielle de la recherche. -*• L'envol : c'est le moment ou la découverte s'opère. b) Les cinq préceptes en démarche synectique (Osborn, 1965) 1. Ne pas critiquer les autres, ne pas porter de jugement, ne pas censurer les idées des autres ni les nôtres. 2. Les idées les plus folles sont les bienvenues. 3. La pensée divergente : type de pensée capable d'éloigner des schémas traditionnels et de produire des formes nouvelles, de r é a l i s e r des combinaisons d'éléments étrangers les uns aux autres 4. Rechercher à combiner et à améliorer les idées. 5. Noter le maximum d'idées : rôle de l'animatrice. c) Définition des différentes techniques de créativité (DeMory, 1976) 1. LES MOTS INDUCTEURS Au d é p a r t , un problème e s t p o s é . Pour t r a i t e r c e type de problème ( e x . l e masculin l ' e m p o r t e s u r l e f é m i n i n ) , on prend au h a s a r d dans un d i c t i o n n a i r e une q u i n z a i n e de t e r m e s . Tout en r e s p e c t a n t l e s cinq p r é c e p t e s , l a r e c h e r c h e c o n s i s t e à m e t t r e systématiquement en r a p p o r t l e problème posé e t chacun d e s termes a t t r i b u é s p a r l e h a s a r d . En énumérant ces n o t i o n s pour peu qu'on l a i s s e a l l e r son imagination, des idées sans doute farfelues apparaissent. Malgré ses apparences illogiques et aléatoires, c e t t e technique est très efficace. Elle permet de développer le sens de ce que l ' o n appelle la bi—sociation (combinaison d'éléments qui sont étrangers les uns aux autres), de la fantaisie et permet d'échapper assez facilement à la pensée routinière. L'analyse de chaque terme produit comme une étincelle et l'assoc i a t i o n de multiples étincelles finit par faire j a i l l i r un feu d ' i d é e s nouvelles. Les données jouent alors le rôle de tremplin pour l'imagination. 2. LE CONCASSAGE C'est une technique q u i c o n s i s t e â f a i r e s u b i r à un système, à un concept, une s é r i e d ' a g r e s s i o n s pour v o i r q u e l l e s idées nouvelles apparaissent par association, inversion, adaptation, s u b s t i t u t i o n , etc. Par exemple, vous constaterez que beaucoup d'objets familiers ont pris naissance à partir d'une t e l l e technique. Le briquet j e t a b l e est la réplique du briquet ordinaire. Le concassage est un excellent stimulant pour l'imagination dans la mesure où il force à se poser des questions i n s o l i t e s . 3 . RÉSULTATS TECHNIQUE DE CRÉATIVITÉ EN SYNECTIQUE I L E S MOTS INDUCTEURS Problème posé : Le masculin l'emporte sur le féminin est un problème d'ordre sociolinguistiqueParticipation deux personnes David Simard et Christian Tremblay (15 ans) (43 ans) DÉMARCHE Liste de mots choisis au hasard dans le dictionnaire Le Petit Robert (1991). Mettre en rapport avec le problème posé les quinze termes choisis au hasard selon les cinq préceptes que propose Osborn en démarche synectique. Christian David Décolérer Couder Écourter Fourré Orthodoxie Préparatif Indubitablement Précéder Orienteur Heure Faille Diamètre Curage Descripteur Gras-double RÉSULTATS Décolérer : La féminisation de la langue décolérerait les femmes. Le masculin sur le féminin a été propre a^décolérer les détracteurs de ces différentes idées. II serait bon de couder les Couder le féminin au masculin revient a Couder mots d'une manière féminine autant que signifier plus réellement notre relation masculine. avec l'univers qui est à la fois masculin ou féminin, à redonner une signification d'équivalence au principe créateur de l'humanité. Ça ne vaut pas la peine d'écourter des mots quand ils représentent et le masculin et le féminin. Ecourter : Parce que le Créateur o u la Créatrice est à la fois père et m è r e de la Création. Le masculin sur le féminin est là pour simplifier, unifier, fusionner. Fourré : Les femmes sont comme au milieu d'un fourré suite à la masculinisation de la langue. Les problèmes reliés à la mascuiinisatxon de la langue me placent dans u n fourre d'imbécilités propres a me f£ire dégobil- ler. Christian David Orthodoxie : L'orthodoxie est comparable à la langue française dans le sens où les femmes ne peuvent être prêtres. Faire remporter le masculin sur le féminin où le sens de la femme prévaut ne serait pas très orthodoxe en pratique, mais s e r a i t beaucoup pragmatique et didactique pour le sens des valeurs à enseigner. Précéder : Nous précéderons l ' è r e de la féminisation de la langue. Notre ère qui suivra sera féminisée. Même si l ' è r e de la mère a précédé c e l l e du père, ni l'une ni l ' a u t r e ne devrait se surpasser dans l'évolution de l'humanité. Orienteur : Le problème de faire remporter le masculin sur le féminin est d ' o r i e n t e r les moeurs de l'humanité en entretenant la servitude de la femme envers l'homme. Heure : II est l'heure de faire du remue-ménage quant aux genres des mots. Ne serait-ce pas venue l ' h e u r e d'unisexuer la langue française ? Faille La masculinisation de la lan- Idem. gue est une faille entre l'homme et la femme du point de vue égalité. Les opinions sur le sujet sont parfois diamétralement opposées. Diamètre : Nous ne pourrons jamais mesurer le diamètre des préjudices causés à l a femme par cet état de choses. Il serait nécessaire de faire un curage de la langue pour harmoniser les rapports entre les sexes. Curage : Le curage de l a langue française dans l'emploi du masculin sur le féminin pourrait être très avantageux pour é q u i l i brer les forces, l'union des forces, des sexes. Descriptrice est le féminin cripteur. de des- Descripteur : Le masculin sur le féminin est rarement descripteur; de la r é a l i t é . La féminisation de la langue française est comparable à un gras-double dans le sens où il fait partie intégrante du boeuf et que la féminisation de la langue fait partie intégrante de la réalité telle qu'elle devrait être. Gras-double : L'orgueil de l'humanité, amplifié par le principe masculinisateur de la langue française, e s t devenu comme le pire des gras-doubles parce qu* incomestibles. Ce principe mascuJLiaisateur; à outrance a donné la c r é a t i o n du féminisme. Idem. Préparatif : La prise de conscience des conséquences inhérentes au principe de la masculinisation est un préparatif nécessaire à la féminisation de la langue. I l est indubitable q u ' i l faut féminiser la langue avant de l'uniformiser. Indubitablement : La féminisation de la langue améliorerait indubitablemer. ; nos rapports entre les sexes . 6. 2. LE CONCASSÂGE (Document VI, cassette) Problème posé : Le masculin l'emporte sur le féminin est u n problème d'ordre sociolinguistique. Participation : quatre personnes deux femmes et deux hommes DÉMARCHE L'animatrice départ afin groupe. Par sujets pose de problème et donner libre la ne présente cours à l'opinion pas sa position au de chaque personne du suite, à force de discuter et de parler sur d'actualité monde finit le par se rattachant connaître toujours l'opinion qu'après ces moments de vérité de différents au problème posé, chacune et chacun. tout le Ce n'est que chaque participante et participant peut vraiment s'exprimer sans restriction, sans peur de choquer l'autre. I l est évident qu'on en vient à faire des digressions, s'éloigner du problème posé, mais l'animatrice ramène toujours à sembler le groupe à ce qui fait l'objet de l'échange sur la base d'une technique de créativité (synectique). RÉSULTATS Le groupe n'a pu présenter de solutions comme telles, m a i s nous en sommes«venues»à masculin quand un consensus : le féminin devrait l'emporter sur le la majorité est féminine. C'est pourquoi j f a i accordé le participe passé «venues» au féminin : deux hommes, deux femmes et une animatrice. Les hommes du groupe ont admis que «le masculin sur l e féminin» déclare la soumission de la femme à l'homme. Nous avons parlé d'égalité puisque le couple est un partenariat où il y a interdépendance. Nous avons aussi parlé de «matrimoine» et de patrimoine. Nous avons découvert que «le masculin sur le féminin» est une grossière injustice où l'homme est lui aussi pénalisé à s e s dépens. La durée de cette cassette est d'une heure. 7. D. TEXTES DE FÉMINISATION : De Grevisse à Marols (1987) Chaque élève reçoit cet essai à lire qui présente différents principes de féminisation que préconise l'écrivaine—conseil responsable du groupe. Chaque élève doit présenter un court texte où l'utilisation l'emporte sur Xe masculin. Un du féminin texte de créativité où le discours et le contenu sont féminisants. Cet essai est reproduit en annexe (Document VII) et les textes féminisants/féminisés sont les suivants : 2O 1 O : ÈRE DE FÉMINISATION DE LA LANGUE FEMINISATION D'UN TEXTE par David Simard Christian, Jocelyn, François, Colette et moi constituions l'assemblée. Nous étions toutes assises à la table et discutions depuis bientôt une heure. Notre animateur, monsieur Larousse. nous proposait ici une approche synectique. « Le féminin l'emporte sur le masculin est un problème socïoiinguistique », tei était le sujet posé. Elle est vraie que cette question m'intéressait : pourquoi, en cette année deux mille dix, le féminin Pemportait-il sur le masculin? Monsieur Larousse était celui que cette question agaçait le plus : étant linguiste, il avait pu voir la faiblesse d'une telle règle. Dans les dictionnaires, les conjugaisons étaient inscrites de cette façon : je suis née, tu es née, eile est née: nous sommes nées, vous êtes nées, efies sont nées... Un autre exemple qui venait renchérir l'affirmation de monsieur Larousse : le masculin était littéralement écrasé par le féminin! Christian et Colette proposèrent alors quelque chose. Elles levèrent la main, afin que nous les écoutions, et prirent toutes deux ia parole: -Pourquoi ne pas faire une fusion du « il » et du « elle ». ce qui donnerait « illes ». Cela créerait une égalité*. L'animateur sembla surpris . il n'avait jamais pensé à une telle solution. Eiles approuvèrent toutes. -De plus, dit Christian, nous pourrions faire remporter le nombre sur ie genre. Je donne un exemple : La tomate et les deux haricots que j'ai mangés « e accent aigu s -> étaient délicieux « x »! C'est la justice même! Les voix s'élevèrent et elles applaudirent. Christian et Colette paraissaient radieuses sous cette pluie d'applaudissement, fières d e leurs idées originales. La reunion s'acheva a neuf heures et eiles rentrèrent toutes chez-elles, contentes de leur soiree. Et cette nuit-là, lorsqu'elles se couchèrent deux mots trottaient dans ieurs tètes et éoaiité justice 8. TEXTE DE FÉMINISATION par Christian Tremblay J'espère que je pourrai dire â propos de la température qu'il fait : «II fait beau !» quand le soleil brille. Ce serait tout de même agréable de dire : «Elle fait sombre !» quand les nuées couvrent le ciel ou que la pluie tombe. Mais combien deviendraient—ils maussades et moroses à l'automne â entendre ces propos à tout venant ? Et combien peuvent-elles nous trouver durs à vivre après quelques millénaires de programmation négative «machiste» subie à cause de notre si belle langue française, simplement parce que le «masculin l'emporte sur le féminin»? Je ne favorisant crois pas un avoir sexisme jamais le goût de renverser la féministe... de toute façon, ce ne vapeur en serait que perpétuer l'oppression. L'heure vieilles est maintenant venue pour l'humanité de se libérer de ces manières l'écrivant et antagonistes en prônant l'égalité. Surtout en en le disant. Ce faisant, nous lui ferons prendre racine dans nos vies quotidiennes. Comme les femmes sont plus nombreuses sur la planète, j'ai choisi d'écrire cette courte épître en donnant l'emploi de mots du genre féminin: chose le plus possible préséance à que j'ai trouvée très facile et même très agréable à faire soit dite en passant. J'ai française, l'intuition malgré que son j'aimerais sexisme beaucoup grammatical vérifier évident, si la langue compte plus de loi du Talion et même dans nos nouvelles connotations féminines que masculines. Et comme dans l'ancienne organisations politiques démocratiques, 1 emporte, femme pas la n'a manqué le nombre d'influencer ou ou la majorité de participer à l'élaboration du langage. Donnons à la femme la place qui lui revient en lui tendant Bienvenue Mesdames ! Sans égalité... point de liberté ! la main. 9. SYNTHÈSE Les différents documents différentes techniques d'informer, de mousser féminisante, d'écrire consultés de c r é a t i v i t é leur créatrice et par le groupe-témoin expérimentées imagination innovatrice, avaient e t de l e u r Je pour les seul but: présenter u n e écriture voulais le monde selon une vision féminisée, et leur partager ma façon renouvelée et r é a l i s t e : un monde de femmes et d'hommes. Toute cette démarche a permis à chaque personne de produire originaux (Documents VIII et XI ) selon le vieux paradigme des textes du «masculin l'emporte sur le féminin» et de le remplacer par la suite par un nouveau «le nombre l'emporte sur le genre». (Documents IX et XII) Ce dernier paradigme s'exprime par la création du collectif dont l'application se féminine à l ' é c r i t . veut l'expression visible de la mixte ï i l l e s » représentativité C'est ainsi que chaque fois que l'on parle d'un couple (femme et homme) ou d'un groupe où i l y a au moins une femme ou une majorité de femmes, ce n ' e s t pas «le masculin qui l'emporte sur le féminin», mais bien «le nombre sur le genre» dont le collectif mixte «illes» est l'indicatif. Ce qui accorde au féminin la place qui lui revient. Le terme «nombre» n'exprime numérique de l ' a r t i c l e pas i c i la quantité, mais bien (une,un) dans le même sens global que le l'égalité terme genre (féminin, masculin) . Quant à la principalement et de tout technique à des textes ce qui s'y de féminisation subjective, de nature poétique rapporte (article, collectif mixte «illes» s ' u t i l i s a n t : elle féminisation adjectif, sujet Le bien dans des textes de prose. production d'une oeuvre l i t t é r a i r e . processus de publication, du pronom personnel). Cette première partie du projet regroupait toutes les étapes à la s'applique C'est pourquoi avant j ' a i dû travailler en étroite chaque élève en lui fournissant un guide de révision. nécessaires d'aboutir au collaboration avec Puis, j 'ai un plan des diverses étapes essentielles au processus de publication élaboré finale. Avant de vous présenter les étapes de publication, je vous i n v i t e à l i r e un premier t e x t e de création dont l'élève applique le collectif en en respectant la technique de de personnaliser lecteur. la définition mixte ï i l l e s » (Document IX). Suit un texte féminisé selon féminisation subjective (Document XII) qui a pour le contexte selon que la personne esc l e c t r i c e avantage ou le sujet PUBLICATION 1O. 2. PUBLICATION A.ÉTAPES DE PUBLICATION 1. Étapes de révision a) Révision orthographique b) Révision lexicale c) Révision syntaxique d) Révision d'uniformisation e) Révision finale Commentaires : Présentement, nous en sommes à la révision syntaxique. Les textes de création (Documents VIII, IX, X et XI) présentés en annexe contiennent encore des fautes de d i f f é rentes natures. C'est pourquoi i l est nécessaire d'en f a i r e cinq révisions à des niveaux différents. 2. Étapes d'organisation a) T i t r e b) Texte du plateau arrière cj Parties : chapitre, dédicace, table des matières d) I l l u s t r a t i o n de la couverture et i n t é r i e u r e) Pagination f) ISBN-ISSN droits d'auteure et d'auteur Commentaires : Présentement, nous travaillons à l ' i l l u s t r a t i o n des t e x t e s , les t i t r e s des différents ouvrages sont t r o u v é s . Il r e s t e les autres étapes dont la pagination qui ne peut se f a i r e qu'en phase finale de dernière révision et de t r a n s c r i p t i o n finale sur ordinateur. 3. Etapes des coûts de production a) Clientèle visée b) Style d'impression : traitement de t e x t e , photocomposition... c) Couverture et intérieur : quadrichromie (couleurs) ou monochromie d) Choix de caractères : couleur ou n/b e) Format/reliure/tranche/jaquette f) Plaques de papier ou de cuivre/ papier recyclé Commentaires 4. : Présentement, des décisions toutes ces étapes. Étapes d'impression a) Calendrier de production b) Échéancier de production c) Mise en pages d) T r o i s lectures d'épreuves e) Récupération : signet ou carte Commentaires ont été prises concernant d'affaires/d'invitation : Comme les ouvrages qui seront publiés sont des productionsmaison, nous prévoyons leur publication pour septembre 1994 au Salon du livre Saguenay—Lac-Saint-Jean sous l'égide de la Société des écrivains canadiens (SEC) et marrainée par les Éditions Françoise Marois. 11. B. DOCUMENT INFQRMATIF Je ne vous soumets qu'un document (DocumentXÎII) puisque c'est que j'ai remis représentaient du matériel à chaque élève en salle de classe. Tous le seul les autres soient des volumes publiés aux Éditions Françoise Marois o u illustrant les différentes étapes de publication : plaques d e papier ou de cuivre, cartons de mise en pages, feuilles d'épreuves, etc. C. DOCUMENT PUBLICITAIRE Ce document a permis a l ' u n e des personnes du g r o u p e - t é m o i n de se f a i r e c o n n a î t r e par l e b i a i s de n o t r e j o u r n a l l o c a l (Document XIV')et s u r l a scène r é g i o n a l e (Document XV) . D. VISITES PRËVUES J'avais prévu la v i s i t e d'un chantier afin de voir sur p l a c e comment s e fait la coupe du bois en forêt. Aussi, la v i s i t e d'une papeterie par un élève du groupe lui-même papetier de métier depuis vingt ans. Nous avons rencontré le journaliste de notre journal l o c a l , mais il n ' a pas été possible de voir l'équipe en plein t r a v a i l . Je voulais que le groupe a i t le l o i s i r de voir une presse d'imprimerie en fonction, mais le temps nous a manqué. Ces différentes du groupe à l ' a s p e c t v i s i t e s avaient pour but de sensibiliser matériel de l ' é c r i t u r e l e s personnes partant du b o i s transformé en papier mis en pages dans un journal et ce même journal sous p r e s s e . Cela fera partie des objectifs d'un prochain cours. 12. CONCLUSION Cette expérimentation en salle de classe représente pour moi la découverte d'une nouvelle technique féminisante que jusqu'à maintenant : la féminisation subjective. Je je n'avais pu nommer l'utilisais depuis longtemps sans jamais avoir pu lui donner de nom. Ce partage du fruit de mes recherches échelonnées sur plus d'une douzaine d'années avec un groupe—témoin intéressé à la création et à la nouveauté, m'a donné l'occasion de mettre en pratique un principe de fémini- sation le collectif mixte «illes». La difficulté grammaticale de n'était pas de leur faire connaître ma féminisation, mais résidait dans l'approche philosophie pédagogique à choisir pour les amener à en faire une application pédagogique. Il est clair qu'en contexte créateur, toutes les limites sont levées et toutes les innovations sont permises. La création implique la découverte, l'inédit. Je reste surprise des résultats dont font preuve les techniques de créativité par mots inductettrs et par concassage. Je constate avec étonnement que même les personnes les plus réticentes â la féminisation, au changement linguistique et à la nouveauté par; l'écrit, ne restent pas insensibles à cette semence féminisante. Ce sont celles-là justement qui ont nourri les discussions tantôt par leur controverse tantôt par leur lucidité face à cette injustice sociolinguistique, stigmate de notre culture misogyne, sexiste et masculinisée. Je souhaite créativité diriger puisque plus souvent de tels ateliers d'écriture ces rencontres s'avèrent plus fructueuses ou de dans le cadre de ma recherche globale sur la féminisation. J'ai prochain discours. pu travailler volet Il sera sera axé donc l'écriture sur en tant la cohérence nécessaire que du d'écrire discours contenu une (message) langue réalité sociolinguistique de notre époque féminisante. (grammaire). Le qui face au respecte la 13. BIBLIOGRAPHIE 1 . OUVRAGES DE RÉFÉRENCE DEMORY, Bernard; 1976, La c r é a t i v i t é e n 50 q u e s t i o n s , Chotard e t Associés Éditeurs, P a r i s . GORDON, J . J . William; 1965, La synectique, Homme et techniques, Paris. OSBORN, Alex F . ; 1965, L'imagination c o n s t r u c t i v e , Dunod, P a r i s . 2. OUVRAGES DE FÉMINISATION MARDIS, Françoise; 1994, fLa féminisation comme phénomène sociolinguistique» tiré des Actes .du colloque sur la problématique de l'aménagement linguistique (Enjeux théoriques et pratiques), Office de la langue française et l'Université du Québec à Chicoutimi, Collection langues et sociétés, Tome I, Chicoutimi, p. 279 à 309Idem. De Grevisse à Marois, revue Rauque, Prise de parole, Sudbury, 1987. 14. ANNEXE 1. PRODUCTION A. Syllabus Document I B. Documents informatifs Document II : communiques de presse Document III: tableau comparatif des genres littéraires Document IV : survol des talents littéraires régionaux C. Techniques synectiques Document V : Document VI : D. Textes de féminisation Document VII: Document V U E : Document IX : Document X : feuilles descriptives cassette (concassage) * essai De Grevisse à Marais texte de création texte féminisé texte publié Document XI : texte de création Document XII: texte féminisé 2. PUBLICATION A. Étapes de publication (voir p. 10) B. Document Document XIII: le l i v r e informatif C. Documents p u b l i c i t a i r e s Cassette non disponible. Document XIV : couverture de livre et a r t i c l e s de journaux SYLLABUS Document I F'JROCTEJT- SYLLABUS PARTIE 1 PRODUCTION E> * UINÏE OEUVRE CONSEILLÈRE EN EDITION AUTOMNE 1993 PROJET-PILOTE EN ECRITURE ET PUBLICATION PARTIE 1 PRODUCTION D'UNE OEUVRE SYLLABUS 1. 2. OBJECTIFS GENERAUX 1.1 Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de commencer, de poursuivre ou de finaliser la rédaction d'une oeuvre individuelle. 1.2 Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes nécesssaires à la production d'une oeuvre. OBJECTIFS SPECIFIQUES 2.1 La créativité L'étudiante, l'étudiant produiront un texte minimum de cinquante pages à raison d'une production moyenne de quatre pages par semaine. 2.2 L'autonomie intellectuelle L'étudiante, l'étudiant seront appelés à s'auto-évaluer et à s'auto-critiquer en vue d'améliorer leur méthodologie de production, la qualité du contenu et la façon de corriger leur production. 3. OBJECTIFS TERMINAUX 3.1 Appliquer les différentes texte; étapes de production d'un 3.2 Appliquer les différentes étapes de correction d'un texte; 3.3 Appliquer les différentes étapes de transcription d'un texte. 4. RÔLE DE LA CONSEILLERE EN ÉDITION 4.1 4.2 4.3 5. Guide Critique Ressource ROLE DU GROUPE 5.1 5.2 5.3 6. Entraide Consultation Expérimentation CALENDRIER Les rencontres s'échelonneront sur quinze semaines de septembre à décembre 1993. Les différentes étapes de production, de correction et de transcription comporteront chacune cinq semaines: l'écriture, la révision et le texte final. 7- AUTO-EVALUATION Le produit final prêt à l'impression représente l'application des différentes étapes d'apprentissage: l'écriture, la correction et la transcription. 8. MATERIEL, Le Le Un Un Un 9. dictionnaire Petit Robert dictionnaire dictionnaire carnet relié des difficultés de la langue française (1991) de synonymes analogique de cinquante feuilles ou plus. COUT Vingt d o l l a r s (20$) par r e n c o n t r e de deux h e u r e s payable p a r t r a n c h e de cent d o l l a r s (100$). 1 0 . PRÉALABLE Toute personne qui désire écrire un texte ou qui est en processus d'écriture ou qui a un texte en main et veut le réviser et qui veut publier. DOCUMENTS IMFORMATIFS Document II Document III Document IV DOCUMENT II Le Point — 26 septembre 1993 écriture et publication Projet pilote en écriture et publication Le Point — 22 août 1993 Une première jnrrsrx^ ï! ' J~SÎ t ^ Un projet pilote en écriture et publication sera bientôt mis sur pied sur ie territoire de la MRC MartaChapdeiame. Il s'agit d'une initiative de Françoise Marois, éditrice de Dolbeau de réputation provinciale. Elle sera appuyée aans ce projet par la non moins connue Céline Desjardins, conseillère en andragogie. Celles-ci se lancent dans ùt pfojet unique après avoir considère tes nombreux besoins exprimés par des personnes désireuses de publier. Toutes deux sont conscientes du nombre important de personnes voulant écrire ou publier leur biographie, alors que d'autres ont déjà des piles de poèmes en attente. Pour répondre à ce type de besoins, Je duo MaroisDesjardins est à élaborer un projet pilote susceptible d'intéresser ces futurs écrivains et écrivaines. 30 semaines Ce projet est d'une durée de 30 semaines et aura pour objectif principal l'écriture et ia publication d'une oeuvre. L'équipe prévoit aborder l'aspect technique de l'édition et prévoit le lancement de ces oeuvres au Salon du livre l'automne prochain. Le projet pilote pourrait démarrer vers la miseptembre. Françoise Marois. des Éditions Françoise Marois, agira à titre de conseillère en édition dans ce projet tandis que Céline Desjardins, andragogue à l'Education des adultes, apportera sa vaste experience en matière de projets éducatifs. Les personnes désireuses de publier leur oeuvre sont invitées à se joindre au groupe déjà formé dont ies rencontres débutaient ie 22 septembre et qui ont lieu de 19 h à 21 h. Si vous désirez vous inscrire, veuillez composer le 276-3090 et demander Françoise Marois qui anime ce projet pilote en écriture et publication à titre de conseillère en edition. Ce projet est une première au Saguenay— Lac-Saint-Jean puisqu'il ne s'offre nulle part ailleurs au Canada français. II s'adresse à Soute personne q u i désire écrire un texte, toute personne en processus d'écriture, toute personne qui a un texte en main et veut le réviser et publier. Avis aux futurs écrivains et écrivaines. Nous prévoyons le lancement de vos oeuvres au Salon du livre pour l'automne 1994. Françoise WSarois LE LAC-ST-JEAN, dimanche 26 septembre 1993 Projet-pilote en écriture et publication ALMA (J.L.)- Étant donné le nombre croissant de personnes désireuses de publier biographies, recueils de poèmes et autres, l'éditrice Françoise Marois et la conseillère en andragogie Céline Desjardins ont mis sur pied un projet-pilote en écriture et publication. Ce projet, qui devrait débuter sous peu, se domaine et dix ans d'expérience dans veut d'une durée de 30 semaines. La l'enseignement aux adultes. Quant à Mme première partie du programme portera sur Desjardins, elle travaille dans le domaine de l'écriture et la publication d'une oeuvre l'éducation aux adultes depuis 25 ans et a individuelle tandis que la deuxième partie collaboré à de nombreux projets éducatifs à abordera les aspects techniques de l'édition. caractère régional. L'objectif final est de lancer les oeuvres au Salon du livre à l'automne 1994. Pour obtenir de plus amples renseigneMme Françoise Marois, qui agira à titre de ments sur ce projet, il est possible de comconseillère dans ce projet, possède une muniquer avec Mme Françoise Marois au quinzaine d'années d'expérience dans le 276-3090. m M \m la] Les deux responsables du projet-pilote en écriture et publication, Mmes Françoise Marois et Céline Desjardins. 1 El Forme sociale du langage Langue parlée Langage de l'historienne Le réel Tout ce qui est Objectivité : tête Expression du vrai Langage de l'intelligence Expression intellectuelle POÉSIE Forme individuelle du langage Langue artistique Langage de la poète L'idéal Tout ce qui est possible Subjectivité : coeur Expression du beau Langage de l'imagination Expression du don poétique LE DON POÉTIQUE Don inné qui rend capable d'interpréter le monde visible et invisible, d'exprimer le réel et le possible, les choses perçues ou imaginées, reliées par de mystérieux rapports que seuls poètes et poétesses découvrent. La zone de nuit, de transe, de catharsis ou de purification phase de la composition. : c'est la Le don poétique opère un miracle sur les mots les plus simples illumine, les anime, il leur donne une valeur incantatoire. PROSE GENRES LITTERAIRES 1. Seare didactique Ex. Introduction, discours, réflexions et maximes, lettres, essais, manifestes. : il les POÉSIE 1. Genre épique ex. Guerre de Troie Autant en emporte le vent a)Lf enseignement/le renseignement/ le voyage/ traduction et adaptation b)La critique Déf. L ' a r t d'analyser une oeuvre à sa juste valeur. c)Le journalisme 2. Gtmççt êpistelaire Déf. Causerie écrite 3 . <5^ouDa o r a t o i r e Déf. Discours écrit 4. Genre histQri^aft Déf. Allie la science de la vérité et l'expression l i t t é r a i r e . 5. Ctecoca rswiaaes^i&e ex. Le roman Déf. Récit fictif et narration. Peinture de moeurs, ex. Le conte : récit direct, ex. La nouvelle: récit imaginé et court entre le roman et le conte, 4- Déf. Poème narratif à la fois héroïque et merveilleux. Genre dramatique ex. Le théâtre, un spectacle Déf. Représentation fictive mais vraisemblable d'événements extérieurs et intérieurs de la vie. ex. Le cinéma Genre didactique ex. La satire Déf. Peinture de la v i e humaine dont elle fait éclater le ridicule et les vices. ex. La fable Déf. Petit r é c i t allégorique à intention m o r a l i s a t r i c e . Déf. C'est un chant de l'âme. Thèmes lyriques : l a famille, la patrie, la nature, Dieu, la personne humaine, l'humanité Source : Théorie de l'Art et des Genres l i t t é r a i r e s , Jean Suberville, 1968 t ËCRIVAIEES ET AUTEURS DE NOTRE RÉGION Critique Christiane Laforge Journaliste au journal Le Quotidien Oeuvre : Notre histoire à petits pas Documentaire Roland Bourbeau Professeur à l'UQAC Oeuvre : Survie en foret Essai Jean-Claude Larouche Président-éditeur chez JCL Oeuvre : Alexis le trotteur Journal Andrée Rainville Journaliste au journal le Progrès-Dimanche Nouvelle Gérard Pourcel Ministère des Affaires civiques et culturelles Oeuvre : Le dernier été balkanique Poésie Louise Fleury Présidente-éditrice aux Éditions Marie Lune Oeuvre : Doux lilas Ailes d'azur Prose Murielle Gagnon (Poulin) Oeuvre : Calme au crépuscule (à venir) Roman Danièle Dubé Professeure au Cégep de Jonquière Oeuvre : Le dernier homme Science-fiction Elisabeth Vonarburg Professeure à l'UQAC Oeuvre : Les contes de la chatte rouge + + Françoise Marois Essai De Grevisse à Marois Conte Constelle Fable La dragonne, l e lièvre et la tigresse Journalisme Thérèse Plante ou l'image du mouvement par l a danse Poésie Femmes-fleures Théâtre D'une flamme nouvelle + TECHNIQUES SYNECTIQUES Document V Document VI DOCUMENT V Qu'est-ce qu'une technique de créativité? «Simples et anciennes, les techniques de créativité entendent amener les individus à saisir les problèmes dans toutes leurs dimensions, sans a priori, leur ouvrir de façon démesurée le champ de l'esprit et de faire exploser ce qu'on nomme l a réalité objective en d'autres réalités mouvantes, contradictoires, chaleureuses, infiniment plus riches» (idem, pp. 77-78.). Par la créativité et ses techniques, l'on découvre que ce que l'on croyait connaître nous est, en réalité, inconnu. L'on se modifie lorsque l'on pratique régulièrement une technique de créativité quelconque. On modifie ses approches mentales, sa façon de penser, l'utilisation que l'on fait de ses ressources profondes. Les cinq étapes du processus svnectique (Gordon) (DEMORY, BERNARD. La créativité en 50 questions, p.31 ) 1. Formulation du problème: on se demande de quoi il s'agit, comment on peut définir le problème de façon très générale. 2. Identification au problème: on cherche à vivre le problème comme s'il faisait partie intégrante de soi. 3. Rejet des solutions banales: au début d'une recherche, on trouve d'abord des solutions classiques sans originalité. Après une «purgation» de ces solutions conformistes, on s'efforce d'aller au-delà. 4. L'imagination en roue libre: toutes les idées sont bonnes. On laisse parler son (remue-méninges) imagination la plus irrationnelle. (phase essentielle de la recherche) 5. L'envol: C'est le moment où la découverte s'opère. Les cinq préceptes en démarche synectique (Osborn) (idem, p.80) Premier précepte: ne pas critiquer les autres, ne pas porter de jugement, ne pas censurer. Deuxième précepte: les idées les plus folles sont les bienvenues. Troisième précepte: la pensée divergente. Type de pensée capable de s'éloigner des schémas traditionnels et de produire des formes nouvelles, de réaliser des combinaisons d'éléments étrangers l'un à l'autre (bi-sociation: Koestler). Quatrième précepte: rechercher à combiner et à améliorer les idées. Cinquième précepte: noter le maximum d'idées (animatrice ou animateur). Définition d e s différentes techniques de créativité (Demorv) Les techniques approche analogique, remue-méninges et relations forcées seront explicitées et illustrées à partir des résultats obtenus lors de leur application en salle de classe. Le problème suivant est celui que l'on cherchait à résoudre: L e masculin l'emporte sur le féminin est un problème d'ordre sociolinguistique. Nous présenterons une définition des autres techniques que n o u s n'avons pu expérimenter. 1. L'approche analogique (p.94) Matériel: un casseltophone Problème posé: le masculin l'emporte sur ie féminin est un problème d'ordre sociolinguistique. Penser par analogie, c'est établir un système de ressemblances et d e relations permettant de passer d'un univers à un autre afin d'aller y recueillir les possibilités de solutions qui s'y trouvent. D'abord, poser le problème au groupe. Formuler à tour de rôle toutes les idées que l'on a sur la question ainsi que celles qui viennent spontanément. Décrire toutes les images, comparaisons, métaphores que nous évoque ce concept et ce, dans les domaines les plus divers possibles. C'est la phase dite d'éloignement: on quitte le domaine propre au problème Rendre l'insolite familier (Gordon) pour aller vers d'autres domaines. L'animatrice ou l'animateur ne participe pas à ce voyage et s e contente d'inscrire sur feuilles les analogies exprimées. Suit la phase de croisement: rendre ie familier insolite (Gordon). On transforme les images qui nous sont venues en idées de solution au problème de départ, il s'agit de décoder îes analogies afin que les idées deviennent des solutions au problème posé. Ce sont des pistes de recherche. On fera un choix des analogies, choix qui permettront de passer au stade de l'étude et enfin, au stade des solutions possibles. 2. Le remue-méninges (p.83) L'animatrice, l'animateur a pour rôle de faire respecter les règles du jeu particulièrement îa règle de non-critique, de noter les idées émises et d'encourager les participantes et participants à produire le maximum d'idées. L'animatrice pose ie problème et s'assure que chaque personne a bien compris le sujet. Le remue-méninges implique que chaque personne abandonne complètement son esprit critique, se laisse aller à l'imagination la plus débridée et fasse preuve d'un véritable désir de trouver des idées nouvelles. L'animation y joue un rôle prépondérant. X- L' approche analogique Voici les résultats obtenus tors de la pratique de cette technique en salie de classe 1. supériorité 2. homme 11. société 12. émasculé 3. sexisme 4. frustration 13. langue 14. exemple 5. règle 6. orthographe 15. Moyen âge 16. féodalité 7. groupe 8. radical 17. latin 18. solution 9. nain: in 10. égalité 19. valeur 20. préjugé 21. complexe 22. infériorité 41. féminisme 42. phallus 23. subjectif 43. puissance 44. règne 24. compétitivité 45. continuité 25. complexe 26. infériorité 47. possibilité 27. croyance 28. nuance 49. difficulté 50. symbolique 29. foi 30. église 51. image 52. succession 31.égoïsme 32. habitude 53. éducation 54. injustice 33. principe 34. commandement 55. héritage 56. épanouissement 35. Dieu 36. Adam et Eve 57. barrière 58. synthèse 59. neutralité 60. consensus 37. pomme 38. triste 46. changement 48. capacité 39. soumission 40. esclavage 2. Résultats obtenus Sors de la pratique de cette technique en salle de classe 1. C'est une question de paresse. Au lieu d'utiliser les deux genres, on s e limite à un seul. 2. Anciennement, l'homme dominait. 3. Ça ne me dérange pas le masculin. 4. Dans un travail, je vais spécifier selon la personne à qui je présente m o n travail. 5. Moi, je laisse toujours tout au féminin. 6. Si utilisé pour déterminer l'être humain, ça ne me dérange pas, mais si on parte d'une personne, cela me dérange. 7. Il y a un retour aux valeurs de la famille (égalité entre parents). 8. C'est plus un problème sociologique que sociolinguistique. 9. Il y a encore beaucoup de femmes faibles face à l'homme. 10. Est-ce que cela a une porlée sur le comportement des gens? 11. Est-ce que cela a aidé à soutenir l'idée que la femme venait après l'homme? 3- Le concassaqe (p. 85) Le concassage est une technique qui consiste à faire subir à un système, à un concept, une série d'agressions pour voir quelles idées nouvelles apparaissent par association, inversion, adaptation, substitution, etc. Par exemple, vous constaterez que beaucoup d'objets qui nous entourent sont nés à partir d'une telle technique synectique. Le briquet jetable est une diminution de la durée d'usage d'un briquet ordinaire. Le tecteur de cassettes, une diminution du magnétophone classique ainsi que son amélioration. Le concassage est un excellent stimulant pour l'imagination dans la mesure où il force à se poser des questions insolites et à remettre en cause ce qui était conçu comme apportant la meilleure réponse. Il est évident qu'il est beaucoup plus facile d'effectuer un concassage sur un sujet auquel on n'est pas directement concernées. 4. Les mots inducteurs (p. 87) Au départ, un problème est posé. Pour traiter ce type de problème (ex.: !e masculin l'emporte sur le féminin), on prend au hasard dans un dictionnaire une quinzaine de termes. Tout en respectant les cinq préceptes, la recherche consiste à mettre systématiquement en rapport le problème posé et chacun des termes attribués par le hasard. En énumérant ces notions, pour peu qu'on laisse aller son imagination, des idées sans doute farfelues apparaissent. Malgré ses apparences illogiques et aléatoires, cette technique est très efficace. Elle permet de développer le sens de la bi-sociation, de la fantaisie et permet d'échapper assez facilement à ta pensée routinière. L'analyse de chaque terme produit comme une étincelle et l'association de multiples étincelles finit par faire jaillir un feu d'idées nouvelles. Les données jouent alors le rôle de tremplin pour l'imagination. 5- La technique des reiations forcées (p. 89) Pour traiter ce type de problème, on choisit les trois premiers termes que présente le groupe. On les place en trois colonnes. On cherche d'abord ce que chaque terme évoque, quelles sont ses diverses significations, quelles sont les associations engendrées, !es jeux de mot qu'il rappelle, etc. Ces trois colonnes de mots permettent de {aire naître des idées de solution. Puis, à partir d'un terme, on tente d'élaborer une solution en reliant ce terme à d'autres pris dans les deux autres colonnes. Résultats obtenus lors de la pratique de cette technique en salle de classe Le terme choisi est écrivain. On le relie ensuite à deux autres termes: sexe et chaleur. Voyons le texte de solution. «L'écrivain lait l'amour avec une femme et en prenant contact avec son corps, il s'inspire de toutes ses dimensions. Chaleur. Fusion entre les deux. Ne font plus qu'un. Lorsqu'ils,elles se fusionnent dans une phrase, ils.elles ne font plus qu'un aussi. Donc, un seul s e x e . Cette fusion est mentale et physique. Elle aboutit à l'existence d'un seul sexe. Ce nouveau genre porterait le nom de fusion... » Bibliographie relative à l'annexe DEMORY, BERNARD. La créativité en 50 questions, Chotard et Associés Éditeurs, Paris, 1976, 227 p. MAROIS, FRANÇOISE. De Grevisse à Marois, Revue Rauque, Éditions Prise de parole, 1987. Idem. Le féminin générique, Bulletin Les propos, Association des femmes d'affaires du Québec, 1986. DOCUMENT VI Cassette non disponible D. TEXTES DE FEMINISATION Document Document Document Document Document Document VII VIII IX X XI XII I I De Grevisse à Marols ESSA Françoise Mar ois Elle est née à Miscassini dans la région du Lac—Saine—iean au Québec. Elle a traduit plus de trente-cinq volumes de littérature enfantine dont La. pxincasse à la robe de papier de Robert Munsch. Sous la bannière des Éditions Françoise Maxois, elle a publié plus d'une quinzaine d'auteures à t i t r e d'éditrice. Elle a enseigné à l'Université York e t à l'Université du Québec à CnicoutizrL. Elle travaille à la féminisation de la. langue depuis une douzaine d ' aimées dé j à Elle est convaincue que la langue esc l ' o u t i l de communication par excellence pour amener notre francophonie mondiale vers une égalité saciolinguisïrLqTie sur tous les pians de l'activité humaine. Française fait partie de nombreuses associations tant l i t t é r a i r e s que féminines et féministes au Canada. En 1990, e l l e obtenait l'ajout du féminin à l'appellation de l'ATL maintenant l'Association des traducteurs et traducrricss littéraires du Canada. I l s'ensuivait une refonte complète de la charte. La féminisation, de notre langue qu'elle soit écrite ou pariés, représente un principe créateur d'universaux linguistiques- ï I L RAUQUE NO 6 PRISE DE PAROLE, SUDBURY. 1987 î 1 1 ï l I f ! : I ! De Grevisse à bAûrois Vers une nouvelle philosophie grammaticale qui se fonde sur une réalité contemporaine Energie nucléaire Dialectique proton thèse + electron 4- antithèse + acide 4- cercle « atome — synthèse = solution = quadrature du cercle Mathématique un(i) 4- une (i) = deux (z) Electricité fiche mâle 4- fiche femelle = courant Linguistique signifiant + signifié => monème Grammaire française masculin 4- féminin = masculin ? (d'exclusion) Chimie Géométrie base carré Solution cîîc{s) Proposition + 444- dlc(s) ïl(s) cllc(s} cllc(s) = ils ? = ils = elles = ilîcs (collectif mixte) I e principe: L'usage précède la règle Si tel est le cas, iî est légitime et logique que toute langue vivante s'ajuste à la réalité contemporaine de l'époque qui lui a donné naissance et dont clic est le reflet. îî devient donc évident, urgent et impératif de reconnaître îa dimension exclue, par conséquent le féminin. Si personne ne conteste le féminin du mot chaise, objet inanimé, il est inadmissible et intolérable que soit conteste le féminin de sujets animés (anima). Le masculin d'exclusion (aussi appelé générique) nous a légué un héritage linguistique, nous faisant croire qu'il était neutre. Cela réglait tous îcs problèmes d'un seul coup et 'sclérosait' honteusement notre langue française du même coup. Le féminin ne jouissant d'aucune reconnaissance dans les écrits, puisqu'au masculin 'générique', on a emprunté les féminins disponibles dans la création de mots nouveaux (laveuse. cuisinière, photocopicusc, etc.) donnant à ces mots dont on connaît le double usage, une valeur d'objet. Cette connotation péjorative a finalement contamine d'autres mots dont îafinaleest identique (entraîneuse, couturière). Nous nous retrouvons donc avec des problèmes de féminisation monstres et qui semblent arrêter même les plus évoluées d'entre nous. Que devient le mot entraîneur au féminin? Que devient !c mot couturier au féminin? Ces mots devraient être semantiquement de même valeur. Pourtant, 'entraîneur* et 'entraîneuse*, sont deux mots qui places en contexte social n'ont rien en commun. Quant aux deux autres, 'couturier' et 'couturière*, leur différence ne réside pas surtout dans îc type de travail, mais dans îa hiérarchie sociale. La même chose t'applique à 'cuisinier* et 'cuisinière* {féminin de cuisinier se rapportant aussi à î'appareil de cuisson). xc principe: Le fémin. élymolog'tquement né du masculin Ex. doyenne / professcurc / ingcnicurc / cmpîoycure Si tel est le cas, il est donc logique de conclure que îc premier contient le second et que îc second est contenu dans îc premier à S'écrit comme dans îa langue parlée (le féminin d ' i n c l u s i o n ) jQ est donc préférable de former îc féminin en ajoutant Ic *e* sonore ou phonétique (opposé au V muet). Nous évitons ainsi la finale péjorative en 'cusc* dont nous avons parlé plus tôt. De toute façon, les laveuses sont plus souvent mécaniques qu'humaines. Nous laissons aussi l'adjectif 'ingénieuse* intact et pouvons dire d'une ingénicurc qu'elle est ingénieuse et d'un ingénieur qu'il est ingénieux. Sans oublier de prononcer le *c* sonore de la première avec fierté. Le V dit muet n'est pas exclusif au féminin. En effet, il existe dans fc mot "onde' au même titre que 'tante* son féminin. Leur formation étymologique n*cst pas évidente ni du point de vue phonétique, ni du point de vue orthographique. Pourtant, leur sémantique est similaire, mais de genre oppose. Le mot "maître* accuse un V muet au masculin et au féminin. Je suggère pourtant Se V sonore au féminin pour la différenciation. Donc, un homographe non homonyme et non homophone (orthographe identique, prononciation et son différents à cause du 'c sonore). 3 e principe: L<r notttbrc l'emporte sur le genre Appelons ce principe Ici loi de la proxiinilé puisque l'accord doit se faire avec le substantif le plus près, peu importe le genre. Définition: Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal: a) îcur accord se fait avec le pîus près, qu'il soit masculin ou féminin. b) tout en appliquant îa loi de la croissance numérique. Exemples: a) Un haricoî (H) et une fève (F) vertes. / Une F et un H verts. h) Un H et cent F vertes. / Une F et cent H verts. Ancienne règle: Un haricot et cent fèves verts. (Masculin emportant sur îc féminin) À BANNIR Nouvelle règle: a) Un haricot et cent fèves vertes. (loi de la proximité ou de l'euphonie) À APPLIQUER î>) Cent haricots et une fève vertes. À BANNIR Cent fèves et un haricot verts. À BANNIR Une fcvc et cent haricots verts. À APPLIQUER (loi de îa croissance numérique en rétablissant Tordre) NOTE: Remplacer H par homme et F par femme en utilisant blancs ou blanches, selon îc cas. a) Un homme et une femme blanches. VS Une femme et un homme blancs. h) Un homme et cent femmes blanches. VS Une femme et cent hommes blancs. Cette règle vise à éviter des injustices de représentation dans des domaines où l'on retrouve exclusivement des femmes, par exemple des groupes féminins ou féministes. Dans ce cas 3 particulier, le féminin générique a droit de cité puisque ce genre est représenté à 100%. Le masculin générique n*cst-il pas né dans le même sens, une représentativité exclusivement masculine? Mais de là à nous l'imposer jusqu'à aujourd'hui?! Contrairement au masculin générique, le féminin générique se soucie du caractère antagoniste et complémentaire de notre nature humaine. Le féminin générique s'attache au respect et à la reconnaissance des deux genres. FI ne se fonde pas sur la loi de la force physique (le masculin l'emporte sur le féminin). Le féminin générique se veut le reflet cîc la société qui lui aura donné naissance. La féminisation de îa langue, Fun des plus merveilleux outils qui nous soit donné en vue d'une évolution des mentalités. La féminisation pour une langue plus vivante, plus créatrice et plus colorée. La féminisation de îa langue, vers une dimension qui reflétera notre pensée collective régénérée. À bas la misogynie grammaticale et îe sexisme linguistique. La présente recherche laisse sourdre la révolte qui veut rétablir l'équilibre âcs forces. Une recherche à peine amorcée qui propose de nouvelles règles plus équitables et démocratiques. Une féminisation des dictons appelée loi de l'appartenance. Exemples: Faire son bonnefemme de chemin. Prendre un coup de vieille. Cette îoi permet de parler et d'écrire selon son propre genre. Une interaction des genres appelée loi de l'alternance comme transition vers une langue plus représentative Le pronom personnel, troisième personne du pluriel, illes n'implîquc aucun ajustement verbal et si peu d'ajustement à l'écrit en termes de phonèmes : l e « e l l e s » devenant «Cilles». Si la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas. Reflet d'un monde sexué où toute personne humaine vit sa propre réalité selon son genre. Renier son genre, c'est renier sa propre existence. Endosser Sa vision d'un autre signifie renier la sienne propre. Definition: Moncwe: unité à deux faces (signifiant: suite de lettres; signifié: sens d'un mot.) Que vaut une économie de monemes au détriment de l'équilibre et de l'harmonie collectives, clés de notre évolution! p-c i TABLEAU SYNOPTIQUE eile(s) illes (collectif aixte! Premier principe : L'USAGE PRECEDE LA REGIE - la langue : niroir social ajustable au sein d'une société sexuée Deuxième principe: LE FEMININ D'INCLUSION — Le premier contient le second ec le second esc contenu dans le premier — Le le» sonore au féminin opposé au «e» auec Troisième principe:LA LOI DE LA PROXIMITÉ (ou de l'euphonie) - Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal, a)leur accord se fait avec le plus près, qu'il soie masculin ou féainia; b)tout en appliquant la loi de la croissance numérique. Ex. a) Un haricot (H) ec une fève (F) vertes. b) On haricot (H) et cssit fèves (F) vertes. a) One F ec un K verts. b) Une F ec cent K v e r t s . Noce : Remplacer (H) par homme ec (F) par remue en u t i l i s a n t blancs ou blanches, selon l e c a s . a) Un hosnne » : une fenme blanches. b) Un homme e t cent fenmes blanches. a) One feunne e t un homme b l a n c s . b) One feanne a t cent hommes b l a n c s . FEMININ GcHËRIOPE Reconnaissance des deux genres : l e u r antagonisme ec l e u r il(s) T eile(s) Loi de l'appartenance/ loi de l'alternance " complémencarité. illes (collectif aixee) Si la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas. Renier son genre, c'est renier sa propre existence. r Les documents VII! S XII recouvrent les différentes du texte original de création étapes de révision a sa deuxième révision et du texte final publié en huitième et dernière révision. Le note de l ' é d i t r i c e directrices qui ont fournit motivé le certaines choix des Informations sur techniques de les lignes féminisation appliquées en contexte créateur dans le volume Nouvelles nouvelles de David Simard. Cet Françoise accompagnement Marols littéraire préconisait supervisé l'emploi par du collectif l'écrivaine-conseil mixte <Illes» entre autres. Relevons aussi l ' u t i l i s a t i o n de la loi d'appartenance mentionnée dans De Grevisse a Marois (1987). La loi d'appartenance oblige l'accord de tout ce qui se rapporte à un sujet de genre féminin. Ex. Prédatrice (Pour tuer le temps, p . 89). Le personnage principal de cette nouvelle étant une femme, tous l e s mots qui s'y rapportent en prennent le genre et le nombre. Le doublet générique a aussi été privilégié partout où sociale comprend la présence de femmes et d'hommes. Définition mots où sont la réalité : groupe de respectivement représentés les deux genres s o i t le féminin et le masculin. }• Ex. Ses f i l s et ses f i l l e s (Convoitise, p. 30) . Nous avons aussi respecté l'évolution juridique quant aux noms de famille pour l e s femmes. Elles portent leur nom de naissance pour certaines et pour d'autres, l'auteur a préféré leur laisser leur nom conjugal selon la génération à laquelle appartenaient les personnages féminins en question. Toutes ces applications grammatical ou social, féminisantes se sont qu'elles aient été d'ordre fondées sur une réalité contemporaine et actuelle afin d'éviter tout anachronisme. Enfin, nous mentionnerons l'emploi de l'accord de proximité. Ce ne fut pas une mince affaire d'éduquer le groupe à une nouvelle vision du monde. L'échange à l'aide de techniques synectiques un climat de sympathie et la remise de documents informatifs a favorisé a constitué un élément essentiel à une réflexion sur cette nouvelle approche grammaticale. «Le masculin l'emporte sur le féminin» comme principe moteur, a été banni de tout le texte Nouvelles nouvelles afin d'accorder à l'écriture féminisante toute sa v i s i b i l i t é et de favoriser un paradigme d'égalité. La féminisation comme instrument d'analyse sociolinguistxque, Marois, Éditions Françoise Marois, 1994,p. 3. Françoise DOCUMENT V I I ] TEXTE DE CRÉATION (non révisé et non f é m i n i s é ; '1 était dans les trois heures trente, en après- midi. Arthur, â la longue labié d'ivoire, savourait nonchalamment son café, feuilletant un journal sans grand intérêt eî songeant au rêve qu'il avait .fait la veille. U vivait seul dans une luxueuse résidence de Dolbeau. que lui avait mérité les recettes records de ses nombreux livres, devenus best-sellers pour la plupart. La solitude lui pesait lourdement H avait cinq enfants, tous adultes, mais qui ne venaient presque jamais le visiter. Les seules fois où ils îe faisaient, c'était toujours pour la même raison: l'héritage. Ils ne pouvaient s'empêcher de glisser, dans une conversation quelconque, un mot sur le testament. Ds étaient comme des sangsues avides et collées à lui. Ils avaient même cherché à le supprimer, à trois reprises, mais sans succès, lis avaient d'abord essayé de lui faire boire un verre de cognac mélangé de poison à rat le jour de son anniversaire. Us avaient ensuite trafiqué ses freins et pour finir, ils avaient placé une bombe antipersonnel sous son lit. Far chance, cette nuit-là, ArîW/avait fait d'affreux cauchemars eî il cl ait allé dormir sur le canapé, pensant que le sommeil serait plus paisible à cet endroit, et ce quelques minutes à peine avant l'explosion. Mais tout cela était du passé, et ses enfants, s'était-il juré, n e rentreraient plus jamais dans sa maison. Heureusement qu'il avait Bonis, son chien fidèle, même lorsque qu'il passait des heures devant sa machines à écrire. De plus, il se remettait à peine de la mort de sa femme Rëbecca, morte à la suite d'une crise cardiaque à l'âge de soixante-dix-huit ans. Arthur en avait trois de pîus. soiî quatre-vingt-un. C'est alors qu'il entendit sonner à la porte d'entrée. D se leva péniblement, retroussant son peignoir, injuriant Dieu pour son horrible mal de dos et s'avançant vers la porte. Il ouvrit. Il n'y avait personne. D regarda dans l'allée toute jaune de fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à reioumer prendre son café, il vit, gisant sur l'entrée asphaltée, un petit colis brun qui arborait une large étiquette blanche. Il se pencha et le prit, le soupesant tandis qu'il fermait la porte. Il n'était guère lourd : à peine une livre ou deux. Il examina l'étiquette, fronça les sourcils et plissa les yeux. En tout petits caractères était inscrit son nom suivi de son adresse et de quelques chiffres dont il ne connaissait pas la signification. Retournant s'asseoir, il posa le colis sur la table. H le fixa quelques secondes encore et le retourna dans tous les sens: aucune adresse autre que la sienne n'apparaissait sur l'emballage. II se décida donc à l'ouvrir, arrachant rageusement la boîte. Sous l'épais caiton se cachait un livre. H n'attendait rien de semblable. D le sortit soigneusement et îe scruta minutieusement. De sa couverture noire omée d'une gravure représentant un livre décoré d'un billet de mille dollars se soulevaient de magnifiques lettres dorées: Margerie Ouellei Au nom de Vargent D se mit à rire. «Quel titre merdeux- dit-il. C'est laid comme les plaies d'Egypte!» Il n'avait jamais su queEes étaient au juste les plaies d'Egypte. En vérité, il ne savait même pas si l'Egypte avait des plaies. Mais cette expression, souvent employée dans ses romans, lui plaisait bien. Margerie était la seule de ses enfants à avoir réussi dans la vie. Contrairement aux autres, elle avait de l'ambition. Comme son père, elle avait décidé de travailler en littérature, même s'il avait à maintes reprises essayé de la faire changer d'idée, relatant les années noires d'un écrivain et du temps qu'il fallait à se faire reconnaître. Mais... D souleva la couverture de l'épais volume et vit, à sa grande surprise, une dédicace à l'encre rouge pourpre: «A toi. cher Père, qui prend toute la place dans mon coeur. Sache que je l'aime e( que je t'aimerai toujours, quoiqu'il advienne. Margerie XXX. » Il ne pouvait dire ie contraire, maigre imdURrence qu'il éprouvait pour sa fflie, ce peui mot était charmant, même touchant- Tellement qu'il en eu ia larme a 1 oeil. ^Voyons, Arthur! se dit-il. Ce nest pas bon pour ton coeur, les «nouons tories:» A nouveau ilrit,mais celte fois, c'était de lui. . . , 4p es tomes ces L e e s de soli'tude, il en était venu à prendre la vie avec un ^am de ^ £ ^ ^ Z X ^ S S l : I^ndue aU nw: l t i T i r ^ S ^ ^ b o u . ^ t a , do souper approcha, " de s,ea, hache, de pOmra« „= ,ene pijées ei de petits pois verts, sur la table devant lui. «Bon appétit monsieur!» fît-elle. erToln?fit-ï ! Venez donc prendre votre repas en ma compagnie.» t î souTe défigea son v*age d'habitude inflexible, pu* s'effaça auss* vue. «Oui, monsieur, dit-elle. Je reviens.» Elle disparut dans la porte eî revint. n marqua une pause, mastiquant sa viande, puis reprit: ^rSr* 0 1 ,^™™,. n n'é,ait pas habirud ,ue « patrons enTcmps qu'indMue. D'habimde, ci** fa,, la popote pu, s a.sparaa! S" £ monsieur, fi.-eUe. Monfilses, ren* de son Cûe e, m o n m a . ouffl. D se porte bien.» Arthur se mit à rire. «Arrêtez de in'appeler monsieur, s'il vous pîaiî. -Ouimons... Arthur. puis marcha jusqu'à Joan. «Resardez. dit-il en lui tendant ie livre. Elle Te prit,'le regarda puis releva la tête: intnguee «.Qu'est-ce que c'est?» demanda-l-elle. le coin Si c'est le cas, elle m'aurait sûrement appelé.» ^ c S S ^ S S 1 » ' s o ^ e v a n , la couver, visib.en.en, con.rariée le sujet. Je ne savais pas qu'elle- â £ »*. souri* --< I—. P- aniva aux dernières pages, l'air embarrasse. «Qu'y a-l-ïl?» demanda Arthur, voyant Icxpression de son visage. DOCUMENT LX TEXTE FÉMINISE I I était dans les îi'ois heures trente, en après- midi. Arthur, à ia longue Labié d'ivoire, savourait nonchalamment son café, feuilletant un journal sans grand intérêt et songeant au rêve qu'il avait fait la veille. Il vivait seul dans une luxueuse résidence de Dolbeau, que lui avait mérité les recettes records de ses nombreux livres, devenus best-sellers pour la plupart. La solitude lui pesait lourdement. Il avait cinq enfants, tous adultes, mais qui ne venaient presque jamais le visiter. Les seules fois où illes le faisaient, c'était toujours pour la même raison ; l'héritage. Illes ne pouvaient s'empêcher de glisser, dans une conversation quelconque, un mot sur le testament. Illes étaient comme des sangsues avides et collées à lui. Illes avaient même cherché â le supprimer, à trois reprises, mais sans succès. Ilies avaient d'abord essayé de lui faire boire un verre de cognac mélangé de poison à rat le jour de son anniversaire. Illes avaient ensuite trafiqué ses freins et pour finir, iiles avaient placé une bombe antipersonnel sous son lit. Par chance, cette nuit-là.filter avait fait d'affreux cauchemars et il était allé dormir sur le canapé, pensant que le sommeil serait plas paisible à cet endroit, et ce quelques minutes à peine avant l'explosion. Mais tout cela était du passé, et ses enfants, s'étaiî-il juré, n e rentreraient plus jamais dans sa maison. Heureusement qu'il avait Bonis, son chien fidèle, même lorsque qu'il passait des heures devant sa machines à écrire. De plus, il se remettait à peine de la mort de sa femme Rébecca, morte à la suite d'une crise cardiaque à l'âge de soixante-dix-huit ans. Arthur en avait trois de plus, soit quatre-vingt-un. C'est alors qu'il entendit sonner à la porte d'entrée. Il se leva péniblement, retroussant son peignoir, injuriant Dieu pour son horrible mal de dos et s'avançant vers la porte. D ouvrit. É nV avait personne. D regarda dans l'allée toute jaune de fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à retourner prendre son café, il vit, gisant sur l'entrée asphaltée, un petit colis brun qui arborait une large étiquette blanche. D se pencha et le prit, le soupesant tandis qu'il fermait îa porte. D n'était guère lourd : à peine une livre ou deux. 11 examina l'étiquette, fronça les sourcils et plissa les yeux. En tout petits caractères était inscrit son nom suivi de son adresse et de quelques chiffres dont il ne connaissait pas la signification. Retournant s'asseoir, il posa le colis sur la table. D le fixa quelques secondes encore et le retourna dans tous les sens: aucune adresse autre que la sienne n'apparaissait sur l'emballage. H se décida donc à l'ouvrir, arrachant rageusement la boîte. Sous l'épais carton se cachait un livre. Il n'attendait rien de semblable. D le sortit soigneusement et le scruta minutieusement. De sa couverture noire ornée d'une gravure représentant un livre décoré d'un billet de mille dollars se soulevaient de magnifiques lettres dorées: Margerie Ouelîet Au nom de l'argent 31 se mit à rire. «Quel titre merdeux! dit-il. C'est laid comme les plaies d'Egypte!» H n'avait jamais su quelles étaient au juste les plaies d'Egypte. En vérité, il ne savait même pas si l'Egypte avait des plaies. Mais cette expression, souvent employée dans ses romans, lui plaisait bien. Margerie était la seule de ses enfants à avoir réussi dans la vie. Contrairement aux autres, elle avait de l'ambition. Comme son père, elle avait décidé de travailler en littérature, même s'il avait à maintes reprises essayé de la faire changer d'idée, relatant les années noires d'un écrivain et du temps qu'il fallait à se faire reconnaître. Mais... D souleva la couverture de l'épais volume et vit, à sa grande surprise, une dédicace à l'encre rouge pourpre: «A toi, cher Père, qui prend toute la place dans mon coeur. Sache que je t'aime et que je t'aimerai toujours, quoiqu'il advienne. Margerie XXX. » Iï ne pouvait dire le contraire, maigre l'indilïerence qutf éprouvait pour sa idle, ce petit mot était charmant, même touchant. Tellement qu'il en eu la larme a l'oeil. _ «Voyons. Arthur! se dit-il. Ce n'est pas bon pour ton coeur, les emotions lories!» A nouveau il rit. mais cette fois, c'était de lui. _ . Après toutes ces années de solitude, il en était venu à prendre la vie avec un grain de s e . vivant au jour le jour sans vraiment se soucier du lendemain. Ce train de vie penard lui avait. appns plusieurs choses^ntre autres, à rire de lui-même. H avait même fait due, un jour, au héros dun de ses livres: «A quoi serre la bouche, si ce n'est à rire?» D'un oeil brumeux, il regarda l'horloge suspendue au mur: l'heure du souper approchait, il étira le bras puis appuva ses doigts arthritiques sur la sonnette. ^ D attendit quelques instants, le regard fixé au mur. Puis, il vit amver Joan, sa seivantc, dan* l'entrebâillement de la porte, un plateau à la main. Elle lui déposa son souper, composé de bouiettes de steak hache, de pommes de t e n . pilées eî de petits pois verts, sur la table devant lui. «Bon appétit monsieur!» fit-elle. Puis, elle se dirigea vers la porte. «Attendez Joan!fit-il.Venez donc prendre votre repas en ma compagnie.» Un léger sourire défigea son visage d'habitude inflexible, puis s'eftaça aussi vite. «Oui, monsieur, dit-elle. Je reviens.» Elle disparut dans la porte et revint. Elle enleva son tablier et s'assit au bout de la table. «Cela me fera du bien, dit Arthur. Je suis fatigué de manger seul, sans personne a qui parler.» Il marqua une pause, mastiquant sa viande, puis reprit: «Dîtes-moi, Joan, comment va votre famille?» Elle parut surprise. En fait, elle l'était vraiment. H n'était pas habituel que ses patrons s'intéressent à elle en temps qu'individue. D'habitude, c'était/a/* la popote puis disparaît! Elle était bien contente. . . ,*, -, «Tout va très bien monsieur, fit-elle. Mon fils est remit de son otite et mon man, butt,, il se porte bien.» Arthur se mil à rire. «Arrêtez de m'appeler monsieur, s'il vous plaît. -Ouimons... Arthur. m ^ s o u p è r e n t tranquillement, se jetant parfois des regards et esquissant des sourires timides. Au bout de quelques minutes, Arthur prit le livre qui était encore devant lui, près de son assiette, puis marcha jusqu'à Joan. «Regardez, dit-il en lui tendant le livre. Elle le prit, le regarda puis releva la tête, intriguée. «Qu'est-ce que c'est?» demanda-t-elle. Arthur retourna s'asseoir. „ .,. «C'est le premier roman de ma fille, Margerie!fit-il.Je l'ai reçu cette apres-rrudi. ^ -Ah, c'est drôle, dit-elle. D'habitude, le courrier arrive vers onze heures trente et cest moi qui le ramasse. Py suis allée et il n'y avait aucun courrier! . -On est venu le porter, juste à la porte. Quelqu'un a sonne puis est repartit aussitôt Je ne crois pas que ce soit Margerie,' car elle habite Montréal en ce moment. A moins q u elle ne soit dans le coin. Si c'est le cas, elle m'aurait sûrement appelé.» IHes marquèrent une courte pause. ., «Cest fantastique! dit-elle en soulevant la couverture, visiblement contrariée dmterrompie le sujet. Je ne savais pas qu'elle-Oui, comme son père!» . . . ,, ..vu,» Elle le feuilleta quelques instants, sourire aux lèvres, puis s'arrêta brusquement lorsquelie arriva aux dernières pages, l'air embarrassé. «Qu'y a-t-il?» demanda Arthur, voyant l'expression de son visage. Note de l'éditrice Ecrite dans le cadre d'un cours en création littéraire, cette œuvre applique certaines règles de féminisation dont l'emploi du collectif mixte « îlîes ». En voici la définition: pronom personnel de la troisième personne du pluriel qui s'utilise afin d'assurer la représentativité féminine d'un couple ou d'un groupe mixte de deux personnes et plus (iMarois, 1994).' Ex. La fille et le père (...] illes discutèrent. La création de ce pronom personnel représente la fusion des pronoms personnels « il » et « elle ». Nous avons aussi préconisé l'accord d e proximité qui redonne à la phrase son équilibre quant à l'accord de tout ce qui se rapporte aux substantifs selon leur proximité (Marois, 1987).2 Ex. Futures lectrices et lecteurs [...] mieux disposés. Nous avons ici accordé certaines licences à L'auteur dont l'accord en genre et en nombre de l'adjectif qualificatif « fini » quand il précède le substantif. Ex. Finies les vacances. Puis, nous avons respecté l'accord en genre et en nombre de l'adverbe « tout » devant un adjectif qualificatif féminin commençant par une voyelle ou un « h » muet. Ex. Toute épouvantée. Enfin, nous avons opté pour l'accord en genre et en nombre quand il 1 2 MAROIS, Françoise: 1994, La féminisation comme instrarocni d'analyse socioltneuislique. Éditions Françoise Marois, Albanel, p. 3. Idejn; !987, «De Grevisse à Marois», revue Rauquc, Éditions Prise de Parole, Sudbury. s'agit du pronom indéfini « o n » . Ex. On est persuadée. La féminisation des titres de fonction est conforme aux règles actuelles de féminisation diffusées par l'Office de la langue française. Ex. Ecrivaine; superviseure en chef.3 3 Idem; 1994, «La féminisation comme phénomène socioSinguistique », tiré des Actes du coiioque sur La problématique t k l'aménagement linguistique (Enjeux théoriques et pratiques), Office de la langue française et Université du Québec à Chicoutimi, collection Langues et sociétés, Chicoutimi, p. 279 à 309. V5 •••••I 7 .*• Un jeune garçon de quinze ans s'inscrit à un cours de création littéraire. L'écrivaine-conseil qui assure sa formation, publie son manuscrit Voilà ' l'histoire de David \Simard qui te dédie sa première œuvre, Nouvelles nouvelles. Ce jeune auteur te transportera dans un univers aussi fascinant que macabre. \£J:lior\i ^•uvtçoUt eMavoii DAVID SIMARD nouvelles Volume I Illustrées par Sarab Côté et Pascale Desbiens uW DOCUMENT XIV yLMk^ Agé de seulement 16 ans David Simard a tout d'un futur écrivain Cost en loryoant vain. David Sirnard do qu'on deviunl forgoron Dolbeau est âyé de sou 16 ans et malgié o! c'ost misai till éwivaut qu'on devient écri- et l'éciituru sont pour lui dcj véi ilaLles paaiioriâ. Il veut duvuiir un écrivain,,. Dovid ne lève vd'j ufi son jeune âge, lu iectuiu Salon du livre David Siinard, un mordu <Je l'écriluve. Le cours do Françoise Marois pievoit ia publicalion d'une oeuvre par étudiant. David est déjà tout excité à coite ide«, Plus encore, tes instils pourront participer au Salon du livre réyionul cette année. On peut dire da David Simard quo l'éciïiuro «t la lecture, il en manga, il veut en faire sun métier un jour, car les communications lu fai>('.ilient. Avec un taïaut évident qui ne demande qu'à être sans cesse développé, David 3iniafd sa dirige lento meut mais sûremunt vers la voie de la iéus>site. Qui sail, dans quelques années nous lirons peut-être ses oeuvres? Mentionnons enfin que David est le fils île Julien «t Thérèse Simard. Il a une soouc et un trère et il étudia en 4a secondaire à la poly valeiile Jean-Dolbfciau. couleur. Depuis son tout alors à tout ce qui se zaine de nouvelles jeune âge, il est attiré rapporte aux livres d'écrites, allant de 3 à par l'écriture. Vers 11 d'horreur, aux nouvelles 100 pages», explique-tans, il commence à ot aux romans. «Jusqu'à il lors d'une entrevue co jour, j'ai une quin- qu'il accordait au Point écrire. Il il y a un peu plus de deux semaines. Sa passion est forte. Il écrit ici et là, développe sa propre technique d'écriture, lit beaucoup, bref il se débrouille très bien, Mais il sent bien la nécessité de suivre une foirnation de base pour évoluer et mieux contrôler son art, développer son talent. C'est alors qu'il s'inscrit au projet pilote en écriture et publication mis sur pied par Françoise (vtarois, éditrice bien connue de Dolbeau. Un programme qui est en fonction depuis septembre dernier. Françoise Marois, qui compte parmi ses élèves le jeune David Simard, voit en lui un futur écrivain ayant déjà des aptitudes remarquables dans le domaine de l'écriture. D'ailleurs, David apprécie énormément le cours donné par Mme Marois. «Ce cours m'apporte beaucoup, j'ai pu apprendre pas mal de choses, notamment tout ce qui touche au monde de l'édition. Puis, il y a aussi l'écriture en yénéral, les styles littéraires, les techniques do ciéativiié et surtout common! faiie les corrections, ce que j'applique tous les jours», témoiyna David Simard. DOCUMENT X TEXTE PUBLIÉ Convoi lise '•' 1 était trois heures Ircnle de l'api es midi. Assis à sn longue (able d'ivoire, Àilhur savourait nonchalamment son café (out en feuilletant un journal ef en ressnssnut son lève de In veille, II vivait seul dans une luxueuse résidence de Doibcnit que lui avaient méritée les recedes record de ses nombreux livres, best-sellers pour la plupart, La solitude lui pesait. Il avail cinq ctifanlK qui ne venaient presque jamais le visiter sauf pour l'héritage. Et alors, ils ne pouvaient s'empêcher de glisser un mol sur le testatncht. De vraies sangsues avides qui se collaient à lui, Ils avaient même cherché à le supprimer à trois reprises, mais sans succès. La première fois, en essayant de lui faire boire un verre de cognac rehaussé de poison a rat le joui' de son anniversaire. !,n deuxième fois, en trafiquant ses freins et la dernière fois, eu plaçant une bombe sous sou lil. Par chance, cette nuit-là, Arthur avail fait d'affreux cauchemars cl il était allé dormir sur ie canapé quelques mtnuies a îcine avant explosion. Mois tout s élait juré que ses cela cl ait c u passé et enfants n'cntrcinicnl plus jamais chez Heureusement ( u'il avait Donis, son chien fidèle, lorsqu'i pnssnit des heures devant sa machine à écrire. De plus, il se remettait à peine de la mort de sa femme Rébecca, decédee à la suite d'une crise cardiaque à l'âge de soixnnte-dix-huit nus. Il entendit sonner à In porte d'entrée. Il se levn péniblement el retroussa son peignoir 1 Convoitise (oui en injinïïinl Dieu (ie son horrible mnl de dos. Il ouvrit. Personne... Nouvelles nouvelles 11 regarda dans l'allée toule mauve de fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à retourner prendre son café, il remarqua un petit colis brun à large étiqueUe blanche qu'on venait de déposer dans l'entrée. 11 se pencha, le prit et le soupesa taudis qu'il fermait la porte: il pesait à peine une Uvre ou deux. Il examina l'étiquette, fronça les sourcils et plissa les yeux. Son nom était inscrit en tout petits caractères suivi de son adresse et de quelques chiffres dont il ne connaissait pas la signification. H retourna s'asseoir et le posa sur la table. H le fixa quelques secondes encore et le retourna en tous sens: aucune autre adresse que la sienne n'apparaissait sur l'emballage. 11 se décida donc A l'ouvrir, «nnehnnl frénétiquement le papier de la boile. Sous l'épais carton, jl trouva un livre, H ne s'attendait à rien de tel. Il le sortit soigneusement et le prit entre ses mains. La couverture notre reproduisait un billet de mille dollars aux magnifiques lettres dorées: Margerie Ouellet Au nom de l'argent II se mit à rire. -—Que) titre merdique! Laid comme les sept plaies d'Egypte! Margerie était la seule de ses enfants à avoir réussi dans la vie. Contrairement aux autres, elle avait de l'ambition. Comme son père, elle avait décidé de travailler eu litléralure. \\ avait h maintes reprises essayé de l'en dissuader. Mais... Convoi lise 11 souleva in couverture de l'épais volume el, à sa grande surprise, put lire une dédicace a l'encre rouge: «À toi, cher Père, qui prends toute la place dans mon cœur, Sache que je t'aime et que le t'aimerai toujours, quoi qu'il advienne. Margerie XXX.» Malgré son indifférence envers sa fille, il trouva ce petit mot charmant, touchant même. Tellement qu'il en eut les Innncs nux yeux. Voyons, Mhuri Ce n'est pas bon pour ton cœur, les émotions fortes! Il se remit à rire, mais de lui-même, cette fois-ci. Après toutes ces années de solitude, i! eu clnit venu à prendre In vie nvec un grnin de sel, vivnul nu jour le jour snns vrnimcnl se soucier du lendemain. Ce mode de vie lui avait appris beaucoup: à rire de lui-même, entre autres. D'un œil éteint, il regarda l'horloge suspendue au mur; l'heure du souper approchait. Il élira le bras, puis appuya ses doigts arthritiques sur la sonnette, 11 attendit quelques instants, le regard fixé au mur. Sa servante Johaime entra dans l'entrebâillement de la porte, Elle tenait un In plateau. î.îlle déposa le souper d'Arthur sur table devant lui. —Don ïippélit, Monsieur! Puis, elle se dirigea vers la porte. donc —Attendez, Johanne! Venez prendre votre repas en ma compagnie. Un léger sourire s'esqutssa sur son visage d'habitude inexpressif. —Oui, Monsieur, Je reviens, 16 Nouvelles nouvelles Elle disparut derrière la porte, revint, enleva son tablier et s'assit au bout de la tnble, —Cela me fera du bien. Je suis fatigué de manger seul sans personne à qui parler. Il marqua une pause tout en mastiquant sa viande et reprit: —Dites-moi, Johanne, comment va votre famille? Elle parut surprise. En fait, elle l'était vraiment. Il n'était pas habituel que ses patrons s'intéressent à elle en tant que personne. D'habitude, c'était fais la popole, puis disparais! Elle en était bien contente. —Tout va très bien, Monsieur. Mon fils est remis de son otite et mon mari, buff! il se porte bien. Arthur se mit à rire. —Arrêtez de m'appeler Monsieur, s'il vous plaît. —Oui Mons... Arthur! —Voilà! Ulej, soupèreut tranquillement se jetant des regards furlifs et s'échangeant des sourires timides. Au bout de quelques minutes, il prit le livre de sa fille et alla vers Johanne. —Regardez, dit-il en lui tendant le livre. Elle le regarda et releva la têle, intriguée. —Qu'est-ce que c'est? 11 retourna s'asseoir. —C'est le premier roman de ma fille, Margerie! Je l'ai reçu cet après-midi. —-Ahî c'est bizarre! D'habitude, le courrier arrive vers onze heures trente et c'est moi qui le ramasse. J'y suis allée et il n'y en avait pas! —On est venu le porter juste à la porte. Quelqu'un a somié pour repartir aussitôt. Je ne ConvoiUse crois pas que ce soit Margerie, car elle habite Montréal en ce moment. À moins qu'elle ne soit dnns le coin. Si c'était le cas, elfe m'aurait sûrement appelé. Il y eut un court silence. —C'est fantastique! dit la servante en soulevant In couverture du livre, visiblement contrariée d'interrompre la conversation. Je ne savais pas qu'elle... —Oui, comme son père! Elle feuilleln le volume quelques instants, puis s'arrêta brusquement aux dernières pages. Elle avait l'air embarrassé. —Qu'y a-t-il? lui dematula-t-il, lisant l'expression de sou visage. Elle referma le livre. —Ce... ce doit être le souper! bégaya-t-elle. —Ah! bon! JJlfis. Icnninèrent de manger vers six heures. Elle débarrassa la (able. Arthur alla s'installer dans son fauteuil, prenant soin d'apporter avec lui le roman de sa fille. It avail l'intention de le commencer puisqu'il n'avait tien d'autre à faire. II avait bien son roman à écrire, mais cela attendrait. De toute façon, il ne savait pas comment allait se terminer la bagarre entre ses deux héros. Ça ne lui donnerait donc rien de passer la soirée devant sa machine à se creuser inutilement In cervelle. Le dénouement lui viendrait tout naturellement. Au moment où il allait ouvrir lé livre, le téléphone sonna. Lui qui n'espérait se relever de son fauteuil que tard dans la soirée... Il décrocha, —Bonsoir, papa! Est-ce que je te dérange? demanda Normand, son plus jeune fils, d'une voix qui trahissait sa pensée: DOCUMENT XI TEXTE DE CRÉATION ( n i r é v i s é n i f é m i n i s é ) Se rendre accessible au pouvoir. Canapet, 93/12/22. Dans ma quête de savoir, j ' a i appris a chasser et j e ne suis pas devenu chasseur Maintenant j'apprends a être un guerrier, cela ne fera pas obligatoirement de moi un guerroyeur Depuis que je marche sur la route de la connaissance, mes rêves deviennent de plus en p l u s étranges Comme les rêves de n'importe qui, i l s n'ont pas de pouvoir, i n u t i l e de me soucier q u ' i l s me dérangentUn chasseur ne s'intéresse pas a la manipulation du pouvoir, ses r ê v e s ne sont que des rêves Si saisissants soient-ils, ils ne seront jamais REVER Par contre un guerrier recherche le pouvoir et une de ses avenues est REVES Un guerrier se rend accessible au pouvoir en empoignant ses rêyes Ce que nous nommons rêves devient réel pour le guerrier, il n'est n i saoul ni cinglé C'est un chasseur irréprochable qui chasse le pouvoir,il n'a ni l e temps ni l'envie de bluffer L'enjeu est trop risqué pour qu'il se permette de se mentir a lui-même ou d'agir a contresens L'enjeu est sa vie soigneusement élaguée, réduite au strict nécessaire, a la perfection qui mené a la puissance II ne va pas perdre ce qu'il a mis si longtemps a construire, a obtenir En faisant une estimation stupide ou en prenant une chose pour une autre, risquant son avenir Rêver est réel "pour le guerrier parce qu'il peut y agir de manière délibérée, choisir et rejeter Parmi la variété des ustensiles, il peut sélectionner ceux qui conduisent au pouvoir, les manipuler , les utiliser Dans un rêve ordinaire, on ne peut agir de son libre arbitre, d e manière délibérée Un guerrier peut changer les choses, rêver pour lui, c'est avoir d u pouvoir II peut en extraire une infinité de faits cachés, il peut contrôler tout selon sa volonté Pour un guerrier, rêver a réellement lieu, autant que chasser, marcher, manger ou boire Apprendre à élaborer le rêve est la première étape du pouvoir Cela signifie, avoir le contrôle précis et pragmatique de sa situation générale Exactement semblable à un choix dans la vie, comme marcher dans l a rue ou contempler l'espace sidéral II faut commencer très simplement, par exemple, regarder nos mains en concentrant notre regard sur elles,s*ordonnant de les voir Nous pouvons aussi regarder n'importe quoi d'autre, a condition d e le choisir d'avance, d e le trouver II est plus facile de trouver nos mains, elles seront toujours la a notre portée Rêver est aussi sérieux que n'importe quoi d'autre, que voir ou mourir dans ce monde effrayant e t mystérieux Un homme qui chasse le pouvoir n'a pratiquement pas de limite lorsqu il rêve, ni même de lieu Le tempérament du guerrier. Canapet, 93/12/23. Dans l'ancien monde amérindien, un guerrier est un chasseur impeccable qui chasse le pouvoir S ' i l réussit dans sa quête, i l devient un homme de connaissannce, un homme de savoir II doit posséder en tout premier lieu une intention inflexible, une ferme détermination I I a aussi droit à ce qui constitue le lot de tous les hommes: l a j o i e , la peine, la tristesse et le combat, sans discrimination La nature des actes personnels n'a pas d'importance, tant que l ' o n agit comme un guerrier Si l ' e s p r i t d'un homme est gauchi, i l n'a qu'à le purger, le perfectionner, l e rectifier Ne pa5 amender son esprit, c'est rechercher la mort ou ne rien rechercher en vérité Puisque la mort , malgré tout ce que l'on aura pu faire, va quand même nous emporter Chercher a atteindre la perfection du guerrier est la seule digne de notre âge d ' ê t r e humain Malgré les erreurs du passé,les circonstances de sa vie ou les a c t e s de ses semblables, bons ou malins II ne s ' a t t r i s t e pas sur son sort, assumer le tempérament du guerrier est ce q u ' i l y a de p l u s difficile Être t r i s t e , se plaindre, se sentir justifié ou croire que quelqu'un nous f a i t toujours quelque chose,est bien inutile Nous ne sommes que de la l i e entre les mains des pouvoirs qui guident les hommes, inexorablement En assumant parfaitement d'être l à , dans ce inonde mystérieux, on ne se sent jamais comme feuille a l a merci du vent S'apitoyer sur son sort ou celui des autres ou sur n'importe quoi ne colle pas avec le pouvoir Le tempérament d'un guerrier exige le contrôle de soi, en même temps qu'un complet abandon de soi pour agir, v o i r , percevoir Parfois dans l a vie, un homme accomplit des exploits formidables sous l'impulsion du moment Soit mû par l a peur, la colère ou l'urgence de l'événement, pour sauver sa vie ou celle d'un autre, i l accomplit t o u t parfaitement Nous nous contrôlons et nous abandonnons en même teops, ne restons pas paralysés par l e s émotions Nous nous abandonnons jusqu'à un certain point et en même temps,nous_nous contrôlons passant à l'action Franchir un mur de plus de deux fois notre hauteur ou affronter des dangers impensables en temps ordinaire Exige que nous nous prenions a bras le corps et que nous nous l a i s s i o n s a l l e r en même temps de façon extraordinaire Voila ce qui peut décrire le tempérament du guerrier Nous pouvons nous lancer au-delà de nos limites lorsque nous avons le tempérament approprié DOCUMENT X I I TEXTE FEMINISE Se r e n d r e a c c e s s i b l e au pouvoir Dans ma q u ê t e de s a v o i r , j ' a i a p p r i s à c h a s s e r e t j e ne s u i s p a s devenue chasseresse Maintenant j'apprends à ê t r e une guerrière, cela ne f a i t pas o b l i g a t o i rement de moi une guerroyeuse Depuis que j e marche sur l a route de l a connaissance, mes rêves deviennent de plus en plus étranges Comme les rêves de n'importe qui, I l s n'ont pas de pouvoir, i n u t i l e de me soucier q u ' i l s me dérangent Une chasseresse ne s ' I n t é r e s s e pas â l a manipulation du pouvoir, ses rêves ne sont que des r ê v e s SI s a i s i s s a n t s s o i e n t - I l s , i l s ne seront jamais RÊVER Par contre, une guerrière recherche le pouvoir e t une de s e s avenues e s t RÊVER Une guerrière se rend accessible au pouvoir en empoignant ses r ê v e s Ce que nous nommons rêves devient réel pour l a guerrière, e l l e n'est n i saoule n i cinglée C'est une chasseresse irréprochable qui chasse l e pouvoir, e l l e n ' a ni l e temps n i l'envie de bluffer L'enjeu est trop risqué pour q u ' e l l e se permette de se mentir à elle-Jiême ou d ' a g i r à contresens L'enjeu est s a vie soigneusement élaguée, réduite au s t r i c t n é c e s s a i r e , à la perfection qui mène à l a puissance E l l e ne va perdre ce q u ' e l l e a mis si longtemps à construire, â obtenir En faisant une estimation stupide ou en prenant une chose pour une autre, risquant son avenir Rêver est r é e l pour l a guerrière parce q u ' e l l e peut y agir de manière délibérée, choisir et r e j e t e r Parmi la variété des ustensiles, elle peut sélectionner ceux qui conduisent au pouvoir, les manipuler, les u t i l i s e r Dans un rêve ordinaire, on ne peut agir de son libre arbitre, de manière délibérée Une guerrière peut changer les choses, rêver pour elle, c'est avoir du pouvoir Elle peut en extraire une infinité de faits cachés, elle peut contrôler tout selon sa volonté Pour une guerrière, rêver a réellement lieu, autant que chasser, marcher, manger ou boire Apprendre à élaborer le rêve est la première étape du pouvoir Cela signifie, avoir le contrôle précis et pragmatique de sa situation générale Exactement semblable à un choix dans la vie, comme marcher dans la me ou contempler l'espace s i d é r a l (...) Rêver est aussi sérieux que n'importe quoi d'autre, que voir ou mourir dans ce monde effrayant et mystérieux Une femme q u i chasse le pouvoir n'a pratiquement pas de limites lorsqu'elle rêve ni même de l i e u Le tempérament de l a guerrière Dans l'ancien monde amérindien, une guerrière est une chasseresse impeccable q u i chasse l e pouvoir Si e l l e réussit dans sa quête, e l l e devient une femme de connaissance, une femme da savoir Elle doit posséder en tout premier lieu une intention inflexible, une ferme détermination Elle a aussi d r o i t à ce qui constitue le l o t de toutes les femmes : la j o i e , la peine, la t r i s t e s s e et l e combat, sans discrimination La nature des actes personnels n'a pas d'importance, t a n t que l ' o n a g i t comme une guerrière Si l ' e s p r i t d'une femme est gauchi, elle n'a qu'à l e purger, le perfectionner, l e rectifier Ne pas amender son esprit, c ' e s t rechercher la mort ou ne rien rechercher en vérité Puisque la mort, malgré tout ce que l'on aura pu f a i r e , va quand même nous emporter Chercher à a t t e i n d r e la perfection de la guerrière est la seule digne de notre âge d ' ê t r e humaine Malgré les erreurs du passé, les circonstances de sa vie ou les a c t e s de ses semblables, bonnes ou malignes Elle ne s ' a t t r i s t e pas sur son s o r t , assumer le tempérament de l a guerrière e s t ce q u ' i l y a de plus d i f f i c i l e Etre t r i s t e , se plaindre, se s e n t i r j u s t i f i é e ou croire que quelqu'une nous f a i t toujours quelque chose, e s t bien i n u t i l e Nous ne sommes que de la l i e entre les mains des pouvoirs qui guident les femmes xnexorablement En assumant parfaitement d ' ê t r e l à , dans ce inonde mystérieux, on ne se sent jamais comme feuille à l a merci du vent S'apitoyer sur son sort ou celui des autres ou sur n'importe quoi ne colle pas avec Xe pouvoir Le tempérament d'une guerrière exige le contrôle de s o i , en même temps qu'un complet abandon de soi pour a g i r , v o i r , percevoir Parfois dans la v i e , une femme accomplit des exploits formidables sous l'impulsion du moment Soit mue par l a peur, la colère ou l'urgence de l'événement, pour sauver sa v i e ou celle d'une autre, e l l e accomplit tout parfaitement Nous nous contrôlons et nous abandonnons en même temps, ne r e s t o n s pas paralysées par l e s émotions Nous nous abandonnons jusqu'à un certain point et en même temps, nous nous contrôlons passant à l ' a c t i o n Franchir un mur de plus de deux fois notre hauteur ou affronter des dangers impensables en temps ordinaire Exige que nous nous prenions à bras le corps et que nous nous l a i s s i o n s a l l e r en même temps de façon extraordinaire Voilà ce qui peut décrire l e tempérament de l a guerrière Nous pouvons nous lancer au-delà de nos limites lorsque nous avons le tempérament approprié DOCUMENT INFORMATIF Document X I I I DOCUMENT XIII LE LIVRE Broché, cartonné ou relié. Cartonné : couverture et dos en toile, Relié : reliure collée ou cousue. Différents types de livres Dictionnaire, recueil, glossaire, répertoire, almanac Dictionnaire ouvrage destiné à être consulté, Glossaire lexique d'un domaine spécialisé, Anthologie recueil d'écrits choisis. Aspect extérieur Aspect intérieur Emboîtage étui d'un livre de luxe. Avant-propos courte introduction, Feuille morceau de papier à deux faces soit le recto et le verso. attache qui tient un livre fermé. chiffre qui numérote chaque page. protège la couverture d'un livre. ( à caractère publicitaire ) couvre-livre. cadre que définit le contour uniforme du texte dans un livre. chacun des deux cotés d'une feuille. chacun des deux côtés de la reliure. Bibliographie Prologue répertoire des ouvrages relatifs à un sujet donné. passage écrit par une personne célèbre et que l'on rapporte pour appuyer ce que l'on avance. ce qui termine un ouvrage, rend hommage à une personne au début du volume. courte citation que l'on met en tête d'un livre,, d'un chapitre pour en Indiquer 1'esprit. résumé â la fin d'un livre, présentation de l'équipe qui a travaillé en collaboration avec l'auteure du livre. table alphabétique accompagnée de références. texte préliminaire et explicatif par l'auteure au début du livre. recueil des mots d'une auteure, d'un écrivain dans une oeuvre littéraire, commentaire placé â la fin d'un livre. texte au début et qui sert à présenter le livre au lectorat, mais écrit par une tierce personne, court texte introductif. Référence une autorité. Fermoir Folio Jaquette Liseuse Miroir Page Plat Citation Conclusion Dédicace Épigraphe Épilogue Générique Vocabulaire journalistique Chroniqueuse chroniqueur dans un journal, personne chargée de textes sur un sujet particulier. Journaliste personne qui collabore à la rédaction d'un journal. Rédactrice rédacteur personne qui rédige les articles d'un journal. Index Introduction Lexique Postface Préface Vocabulaire d'imprimerie Table des matières Titre placée en bas de page pour renvoyer a enumeration des chapitres, des questions traitées dans un ordre déterminé, désignation livre. qui évoque le contenu d'un DOCUMENTS PUBLICITAIRES Documents XIV Document XV Agé de loans PROGRES-DIMANCHE, le 2 octobre 1994 DOCUMENT XV David Simard DOLBEAU (PET)- David Simard de Dolbeau réalise à 16 ans ce dont bien des gens rêvent, jeunes ou pas: être publiés. Lejeune homme, qui a lancé cette semaine son volume au Salon du livre régional, n'en était pas à ses premiers élans d'écriture. «J'ai commencé à écrire sérieusement à l'âge de 11 ans... pour moi seul», mentionne le jeune auteur. Amateur de Stephen King, il s'est alors mis à écrire ces nouvelles d'horreur. Déjà, il lisait des romans depuis quelques années, ditil. En fait, ce goût lui est apparemment venu de l'intérieur, car, dit-il, son milieu familial ne compte pas de grands lecteurs. Il a cru très fort à l'écriture: «Rien d'autre ne m'intéressait.,.» Lui qui avait en mains les écrits d'étrangers imaginait ses textes dans les mains des autres. Le jeune auteur serait talentueux en français et en mathématiques, mais n'aime pas les sciences: «Tout a été fait; en laboratoire, on refait les mêmes expériences que les élèves de l'année précédente, tandis que dans l'imaginaire, on est sûr que jamais les personnages n'ont vécu les événements qu'on leur tapé son texte et travaillé de fait la révision linguistique et Ce n'est pas si simple. Il près aux différentes étapes, la correction d'épreuve, puis pensaità la réaction des autres tandis que Mme Marois en a la révision finale. Il a beauqu'il n'avait pas un comportement normal, dans son soussol, à lire ou écrire, Ca l'a un peu coupé des autres, mais les choses ont tourné. A la polyvalente, des élèves se sont mis à s'intéresser à ses textes et à avoir hâte de lire ses nouvelles trouvailles d'horreur, de fiction ou de fantastique, II en est venu à développer davantage le volet psychologique de ses personnages. Sa mère lui conseillait bien d'aller faire du sport, mais il ne sortait pas. Il s'est mis à lui faire lire ses créations: «Ca la contentait». Auteur de la préface, Hubert Troestler parle d'un jeune écrivain à la recherche de l'âme humaine: ««Nouvel. : •.'.-•••• • • ' ' * les nouvelles» nous propose un troublant voyage aux confins de l'âme humaine, juste là où se confondent les PARUTION. Lejeune David Simard de Dolbeau vient de publier bleus du ciel et de la terre, à «Nouvelles nouvelles», volume I. Son éditrice Françoise Marois a cette ligne précise où s'arrêtent les apparences et où com- aidé au projet à venir à jour. mence l'horizon...» (Photo Sleeve Tremblay) C'est âgé de 15 ans, il y a un coup appris sur les étapes de photocopies, n'est édité qu'à an, que le jeune auteur a naissance d'un livre. 100 exemplaires, à compte découvert le cours d'écriture Bien sûr, ce premier livre, d'auteur, mais c'est le preque Françoise Marois, auteudont les pages proviennent de mier... re et éditrice, offrait dans un hebdo local. Il était au nombre de la demi-douzaine de personnes à s'y être inscrites et .•' était le plus jeune, parmi des adultes de plus de 45 ans. L'âge n'influence pas Françoise Marois; à Timmins en Ontario, elle a publié une dame de 96 ans., Cette fois, le jeune auteur a •«• Le Point — 25 septembre 1994 Rappelons que David étudie présentement en 5e secondaire à la polyvalente JeanDolbeau. Son choix est clair, il poursuivra ses études collégiales en arts el lettres. Un jeune écrivain à découvrir et à suivre avec beaucoup d'intérêt dans les prochaines années. Avec Ses Éditions Marois iavid Simard au Salon ; Denis Hudon '. jectif de ce cours étant la publication d'une oeuvre d'un des inscrits et une participation au Salon du livre. Mme Marois présentera elle aussi à ce salon sa publication la plus Le jeune écrivain David Simard de Dolbeau, 16 ans, participera au 26e Salon du livre du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui se récente (septembre 94) intitulée: «La fémitient du 28 septembre au 2 octobre à Jonquière. David Simard présentera alors au public son premier livre intitulé: «Nouvelles, nouvelles». Son éditrice, Françoise Marois des Éditions Marois, l'accompagnera à ce salon pendant quatre jours. C'est justement elle qui a piloté le jeune Simard pendant toute sa démarche littéraire. On sait que Mme Ma. rois a présenté un projet pilote en écriture et publication de septembre 93 à mal dernier. David était du nombre des inscrits au programme et le plus jeune du groupe; l'ob- nisation comme instrument d'analyse sociolinguistique». Pour en revenir au jeune David Simard (dont il fut d'ailleurs le sujet d'un de nos reportages dans Le Point du 6 février dernier), son premier livre contient neuf petites histoires allant de l'horreur au fantastique, en passant du romantisme au merveilleux jusqu'à l'analyse de caractères au fabuleux. Même que son auteur s'est laissé aller à un peu d'érotisme... David et sa professeure ou l'élève et sa maîtresse occuperont à ce Salon du livre la table de la Société des écrlvaines et écrivains canadiens dont ils sont membres d'ailleurs. Même que c'est tout nouveau pour les jeunes avec l'adoption récente d'un statut étudiant par la SEEC. OUVERTURES POUR L'AVENIR Ce jeune écrivain vivra une expérience exceptionnelle lors de ce salon en côtoyant le public, signant des dédicaces et échangeant avec des grands auteurs québécois. I! sera une source de motivation pour les jeunes qu'il devrait entraîner dans son sillon. En prenant une part active à ce salon du livre, David Simard aura de la visibilité partout dans la région. L'événement lui permettra de se faire connaître. Il aura sur place avec lui une centaine d'exemplaires de son manuscrit (vendu à 15 S l'unité par les Éditions David Simard présentera son tout premier Marois ainsi que dans quelques librairies du recueil de nouvelles lors du Salon du livre du secteur). Saguenay—Lac-Saint-Jean. LA FEMINISATION, UNE RÉALITÉ SOCIOLÏNGUISTIQUE LA FÉMINISATION, UNE RÉALITÉ SOCIOLINGUISTIQUE (UQAC, 1995) La premier v o l e t de c e t t e recherche f a i s a i t l a r é t r o s p e c t i v e des d i v e r s ouvrages contemporains qui t r a i t e n t de l a féminisation. En effet., divers tableaux de féminisation i l l u s t r e n t l e s d i f f é r e n t e s approches féminisant:es qu'ont adoptées c e r t a i n s organismes o f f i c i e l s à ce sujet donc l ' O f f i c e de l a langue f r a n ç a i s e , le ministère de l ' É d u c a t i o n e t l e C o n s e i l consultatif canadien sur l a condition féminine. Ces tableaux de féminisation nous ont s e r v i à en o r i e n t e r l'analyse grammaticale. Nous avons élaboré des instruments de l e c t u r e p e r m e t t a n t de c i r e r c e r t a i n e s conclusions sur l e s t e x t e s q u ' o f f r e n t l e s b i b l i o t h è q u e s s c o l a i r e s à nos jeunes f i l l e s au primaire e t au secondaire. Cette a n a l y s e grammaticale du discours quant à son aspect s e x i s t e du message a s u r t o u t f a i t l'objeC de n o t r e étude. E l l e a été complétée par une analyse du contenu. Afin de mieux f a i r e comprendre l ' i m p o r t a n c e d ' a p p l i q u e r c e r t a i n e s techniques de f é m i n i s a t i o n , nous avons favorisé l ' e m p l o i de quelques principes d e féminisation en contexte créateur. De c e t t e expérience s. découlé la publication de Nouvelles nouvelles, r e c u e i l de nouvelles é c r i e par un j e u n e é l è v e , David SImard, dans lequel nous retrouvons l'emploi du c o l l e c t i f m i x t e « H i e s » . Ce d e r n i e r principe e s t un pronom personnel de l a t r o i s i è m e personne du pluriel qui s'utilise afin d'assurer la représentativité féminine d'un couple ou d'un groupe mixte formé de deux personnes et plus. Enfin, nous avons l'intention de montrer que la féminisation de l a langue e s t non seulement un principe théorique de la sociolinguistiaue, mais une r é a l i t é concrète. Nous présenterons le résumé de certains ouvrages qui abondent en ce sens et ferons connaître nos découvertes à un groupe étudiant. Nous les encouragerons à écrire une langue contemporaine socioculturelle. Nous leur fournirons a u s s i la l i s t e de documents authentiques qui illustreront les connaissances théoriques et pratiques sur le sujet. Certaines activités l i é e s directement à cet apprentissage féminisant feront l'objet de notre enseignement en contexte réel. I. Introduction II. Description de cours : démarche pédagogique A. Matériel de lecture B. Matériel -de création C. Matériel de consultation D. Matériel de référence I I I . Conclusion IV. Annotations V. Bibliographie VI. Annexes LA FÉMINISATION, UNE RÉALITÉ SOCIOLINGUISTIQUE TABLE DES MATIÈRES I. Introduction 1 II. Description de cours : démarche pédagogique 3 À. Matériel de lecture 1. La féminisation comme phénomène sociolinguistique, Françoise Marois, 1994. 2. La féminisation comme instrument d'analyse sociolinguis tique, id. 3. Porar une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994) 5 Sexisme : apprentissage scolaire 6 Manuels scolaires et stéréotypes 7 Éducation non sexiste 8 Grille d ' analyse '.9 Un langage non sexiste 10 Mis e en garde 11 Féminisation et Académie française 11 Tableau de féminisation 13 Analyse de contenu 14 Analyse grammaticale du discours 17 Catalogue abrégé de 31 matières académiques 18 Tableau synoptique des valeurs sexistes dominantes v e r s des valeurs féministes égalitairss 34 B. Matériel de création 1. La berceuse des Marguerite, Alain Dumais (1995) I. Orthographe II. Syntaxe III. Lexique IV. Grammaire 2. Nouvelles nouvelles, David Simard (1994) I. Orthographe II. Syntaxe III. Lexique IV. Grammaire..3. Le chemin de l'Êternel_le, Christian Tremblay (1995) a) La Pouvoir I. Orthographe II. Syntaxe III.Lexique IV. Grammaire b) Apocalypse Analyse grammaticale du discours Analyse de contenu 36 36 37 37 38 38 38 4Q 40 41 C. Matériel de consultation 1. Poux l'amour du. français, Annie Bourref (1994, 1995) 2. La langue, le discours et l'égalité, Claude Tatilon (1995) 3. Journal Le Point : -titres et fonctions au féminin (L994.1995) D. Matériel de référence 1. Le langage n'est pas neutre, Thérèse Moreau (1991) 2. Dictionnaire féminin-masculin des professions, de.s -titres et des fonctions, Thérèse Moreau (1991) 3. Gender in M o d e m English : The System and Its Uses, Lori Morris (1991) 4. Vers une éducation non sexiste, Silvia Ricci-Lempen et Thérèse Moreau (1991) 5. En écoutant parler la langue, Marina Yaguello (1991) 6. La sexe des mots, Marina Yaguello (1989) III. Conclusion 42 IV. Annotation 43 V. Bibliographie _ 44 VI. Annexe I : syllabus et résumés de lecture Annexe II: 300 grands noms féminins; lexique de dénominations féminines Annexe III: échantillons de textes féminisés Annexe IV : matériel de consultation 1. INTRODUCTION I. Malgré l ' a v a n c e m e n t d e l a r e c h e r c h e e n f é m i n i s a t i o n l i n g u i s t : x q u e , ce p h é nomène sociolinguistique semble rester un sujet «tabou». Les Droits de la personne qui font partout dans le monde la promotion de l ' é g a l i t é entre les femmes et les hommes, donnent aux femmes ce q u ' e l l e s revendiquent depuis des siècles : la citoyenneté, le droit de vote, l ' é g a l i t é sala- r i a l e , le droit à l ' i n t é g r i t é physique, à la scolarisation supérieure. Ce travail de recherche aborde par le support d'un ouvrage pionnier en francophonie Pour une éducation épicène de l'autrice Thérèse Moreau* (1994), plus d'une trentaine de matières académiques enseignées dans les écoles. Ce document-clé en cette fin du vingtième siècle dénonce le fait que le sexisme est un apprentissage scolaire au même t i t r e que les autres matières et que l'école est une mini-société où se retrouvent encouragés des compor- tements qui perpétuent la hiérarchisation entre les deux sexes. La l i s t e des grands l'humanité nous apprennent dans les tous domaines noms féminins que la qui ont marqué l'histoire contribution féminine a existé de l ' a c t i v i t é humaine qu'elle soit de et existe scientifique, politique, l i t t é r a i r e , artistique ou historique. D'ailleurs, la féminisation de la langue est le critère q u i permet de mesurer la présence et le degré d'évolution d'une société quant à l'égalité des sexes. Ce dernier facteur assurant l'application de valeurs démocratiques. Ce travail a pour but principal d'amener la preuve que la féminisation est un domaine où créativité et innovation sont possibles. D'ailleurs, nous le verrons en cours d'analyse, les élevés qui se sont i n s c r i t s à ce cours d'écriture expérimentale ont f a i t verte intéressante masculins la décou- de principes fondamentaux en termes de féminisation. Je citerai entre autres le principe binaire de féminisation à produire un texte où la sexuation du sujet amène l'auteur ou qui consiste «l'autrice» à féminiser ou à masculiniser les substantifs et ce qui s'y rapporte. Cette nouvelle approche féminisante crée des transferts (sens) très intéressants aux pians symbolique et poétique. sémantiques INTRODUCTION Ce même élève a aussi appliqué le collectif mixte «illes» et en a élargi l ' u t i l i s a t i o n pour en faire ce que j ' a i appelé le c o l l e c t i f unifié «ille» au singulier toujours à la troisième personne. Le collectif mixte «illes» assure la représentativité féminine dans UD couple ou groupe mixte (Ex. La guerrière et le guerrier : i l l e s parlent) . Tandis qu'avec le s'en servir pour unifier collectif unifié fille», les sujets en référant cet élève en est venu à indifféremment à l'un ou l ' a u t r e (Ex. La chasseresse ou le chasseur : i l l e combat). Dans le premier cas, les sujets s'additionnent pour donner la marque du pluriel à tout ce qui s'y rapporte (verbe et a d j e c t i f s . . . ) du singulier à tout ce qui s'y rapporte deuxième cas où les sujets s'unifient e t la forme (verbe et a d j e c t i f s . . . ) et se différencient dans le en même temps. La féminisation, une réalité sociolinguistique vise l ' é g a l i t é linguis- tique entre les sexes. Ce travail de recherche reste embryonnaire puisqu'il ne couvre qu'une partie des possibles à réaliser en termes de féminisation. «Le langage n'est pas neutre» comme l e dit s i bien Thérèse. Moreau, (1991), autri.ce du livre portant le même t i t r e . De son côté, Marina Yaguello (1978) affirme que «la langue est système symbolique engagé dans des rapports sociaux.» un II. DESCRIPTION DE COURS Démarche pédagogique (Annexe I) Chaque élève reçoit l'article de journal (document I) qui annonçait la formation d'un groupe en écriture expérimentale ainsi que le syllabus présentant les objectifs du cours (document II). Chaque élève fera la lecture du matériel de formation La féminisation comme instrument d'analyse sociolînguistique (Marois, 1994)et La féminisa- tion comme phénomène sociolînguistique (idem) afin d'en préparer un résumé de lecture à partir d'un résumé-type (document III). Cet exercice d'écriture permettra à chaque élève d'intégrer l'approche féminisante que veut leur faire appliquer l'animatrice-ressource en contexte créateur. A. Matériel de lecture 1. De Grevisse à Marois (Marois, 1987) tiré de La féminisation comme phénomène sociolînguistique. 2. La féminisation comme Instrument d'analyse sociolînguistique. 3. Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994). Les deux premiers documents permettront avec les divers tableaux de féminisation aux élèves de se familiariser dont celui de l'Office de la langue française au Québec (OLF). Le dernier volume est un ouvrage pionnier en francophonie. C'est un guide de rédaction et de ressources pour documents scolaires s ' adressant aussi bien aux filles qu'aux garçons. Il a été produit dans le cadre d'une aide à l'enseignement et â la rédaction non sexiste. L'auteur (autrice) fait l'analyse de trente et une (31) matières académiques que nous vous présentons sous forme de tableaux abrégés suivis d'un tableau féministes synoptique des valeurs sexistes dominantes vers des valeurs égalitaires. Puis, une liste des grands noms féminins par domaine et enfin, un lexique des dénominations féminines en usage en Suisse (Annexe II). Après avoir pris connaissance de tous ces documents, les élèves ont reçu suffisamment de formation et d'information pour responsabilité de féminiser leur propre matériel de création. prendre la 4. DESCRIPTION DE COURS B- Matériel de c r é a t i o n (Annexe I I I ) 1. La berceuse d e s M a r g u e r i t e , Alain Dumais (1995) 2. Nouvelles n o u v e l l e s , David Simard (1994) (document VII) (document VIII) 3 . Le chemin de l * É t e r n e l _ l e , (document IX) L'animatrice-ressource reste C h r i s t i a n Tremblay (1995) d i s p o n i b l e pour t o u t e d o c u m e n t a t i o n l i é e à l a féminisation l i n g u i s t i q u e . C e r t a i n s documents r é c e n t s p e u v e n t s'ajouter à ceux déjà l u s à t i t r e de c o n s u l t a t i o n e t de r é f é r e n c e . C. Matériel de c o n s u l t a t i o n (Annexe IV) 1. Pour l ' a m o u r du f r a n ç a i s , Annie Bourret (1991, 1994, 1 9 9 5 ) ( d o c . X) 2 . La l a n g u e , l e d i s c o u r s e t l ' é g a l i t é , Claude T a t i l o n ( 1 9 9 5 ) ( d o c . XI) 3 . T i t r e s e t f o n c t i o n s au féminin (document XII) Le j o u r n a l Le P o i n t (1994, 1995) D. Matériel de r é f é r e n c e 1. Le l a n g a g e n ' e s t p a s n e u t r e , Thérèse Moreau (1991) 2. D i c t i o n n a i r e féminin—masculin des p r o f e s s i o n s , d e s t i t r e s e t des f o n c t i o n s , Thérèse Moreau (1991) 3 . Gender i n Modem E n g l i s h : The System and I t s Uses, Lori M o r r i s (1991) 4 . Vers u n e é d u c a t i o n non s e x i s t e , S i l v i a Ricci-Lempen e t T h é r è s e Moreau (1991) 5 . En é c o u t a n t p a r l e r l a l a n g u e , Marina Yaguello (1991) 6. Le sexe d e s mots, Marina Yaguello (1989) Ce t r a v a i l d'en de recherche soutenu tirer une conclusion signifiante p a r ces d i v e r s puisqu'il matériels sera élaboré permettra en contexte créateur et deux oeuvres en seront publiées. La créativité entraînera la découverte de nouveaux éléments féminisants dont nous parlerons en cours d'analyse avec Nouvelles nouvelles de David Simard qui a donné naissance à. «pommière» pour une f emme-pommier. cet Quant à l'oeuvre Le chemin de l'Éternel__le de Christian Tremblay où élevé q u i devient fait un usage singulier du collectif le collectif unifié «ille» dans certains cas. mixte «illes» 5- MATÉRIEL DE LECTURE A Afin de f a c i l i t e r le repérage des mots féminisés, ceux-ci ont été écrits en caractères gras dans la plupart des échantillons produits par l e s élèves. Après avoir discuté, féminisé et finalisé les deux premiers ouvrages de lecture, le groupe a été appelé à l i r e Pour une éducation épïcëne publié par l'auteure (autrice) Thérèse Moreau. Nous vous en présentons i c i un résumé de lecture. 3. Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994). Au départ, l'auteure applique l ' u t i l i s a t i o n suisse du féminin «autrice» que nous adopterons tout au long de ce résumé. Elle déclare que la recherche féministe est interdisciplinaire et qu'à ce t i t r e , la recherche non sexiste est en pleine expansion. Pour e l l e , retrouvent l'école toutes les est un «miroir valeurs hiérarchisation des sexes. L'école social», dominantes supporte de une mini-société notre une vision culture où se dont la uniditnensionnelle du monde où l e modèle masculin est universalisé et le modèle féminin est déviant puisque non-masculin. Les filles parviennent au succès grâce à leur travail et à l a chance tandis que les garçons réussissent à cause de leurs dons et de leur intelligence. Elle dénonce cet état de fait puisque l'école est agente de socialisation et un milieu de vie où le sexisme e s t devenu un apprentissage. D'après le Petit Robert, le sexisme est une «attitude de discrimina- tion à l'égard du sexe féminin». «C'est une attitude qui déprécie, exclut, sous-représente l e s femmes sur la base de leur sexe.» Le sexisme époques. se manifeste sous plusieurs formes selon les pays et les SEXISME APPRENTISSAGE SCOLAIRE Séparatisme : déterminisme biologique Patriarcat : valeurs masculines Masculinisme : le masculin en genre supérieures aux valeurs féminines, et en nombre (réfèrent universel). La femme est étrangère aux hommes, à l'humanité. La femme et l'homme vivent ensemble Tout ce qui est humain et souhaidans la sphère privée ou domestique. table est masculin. Dans le Nouveau Larousse élémentaire, La sphère publique ou communautaire La mixité appelle une norme mascuon peut lire pour la définition du mot est réservée aux hommes. line où filles et garçons adoptent Femme : compagne de l'homme; celle qui _ , , ,, est ou a ete mariée; Homme : celui qui est parvenu à l'âge viril; l'enfant qui devient homme. , ,, , , , ... . Le pouvoir décisionnel qu il soit politique ou domestique reste l'apanage des hommes. le modèle masculin, où la différence sexuelle est occultée, où le modèle féminin est déviant et le modèle masculin universel. Ce modèle crée un dualisme sexuel et un dualisme social chez les filles et aussi chez les garçons. Le sexisme est un élément socioculturel qui s'apprend, s'enseigne et que les systèmes scolaires actuels encouragent. Ceci entraîne une discrimination double chez les filles : elles subissent des inégalités sociales dues à leur sexe et un handicap personnel ayant reçu un conditionnement négatif face à leur féminité. Elles doivent assumer un rôle social selon leur identité sexuelle alors qu'on les encourage à imiter le modèle comportemental masculin à l'école. L'école apprend aux filles à se dévaloriser comme personnes et aussi comme groupe social sous des apparences égalitaires et humanitaires. L'école enseigne aux garçons à mépriser les filles et à justifier leur mépris. Le modèle de société véhiculé par nos écoles portent préjudice aux filles et aussi aux garçons limitant leur potentiel féminin et masculin. La différence sexuelle est considérée comme un handicap et les rapports hiérarchiques de compétition y sont encouragés chez les filles et de domination chez les garçons. «Il en résulte une schizophrénie socioculturelle. Les filles doivent devenir des femmes femmes sur le plan physique, mais se transformer intellectuellement et moralement en hommes». ^ Cette double contrainte crée la peur de la réussite chez les filles ou «complexe de Cendrillon». «Ce sexage qui fait du biologique un destin n'est pas sans rappeler le racisme». -* POUR ONE ÉDUCATION ÉPICÈNE Elle aborde aussi les stéréotypes et leur apprentissage dans les livres scolaires. Dans toutes les langues, les enfants apprennent que la première vertu et que la principale préoccupation des femmes est leur beauté, que le mariage est la seule véritable carrière pour les femmes. Dans presque tous les manuels scolaires, on ne retrouve ni femme célibataire, ni mère célibataire, ni père au foyer non plus. Manuels scolaires et stéréotypes Garçon/homme Fille/femme Définies en rapport aux hommes, soit fille, épouse, tante, soeur. Définis selon leur nom propre, leur profession: boulanger... Quantitativement : soùs-représentée Quantitativement : sur—représenté Fonctions affectives et éducatives effacées par les tâches ménagères Fonctions paternelles, familiales et tâches ménagères méprisées Infériorisée, subalterne Dominant, dominateur Rôle maternel : universalisé Rôle paternel : dédaigné Qualitativement : maltraitée Qualitativement : vénéré Sphère privée et domestique Sphère publique et politique Mère au foyer Père pourvoyeur L'autrice tire une conclusion de tous ces livres scolaires ou sont célébrés les stéréotypes les plus archaïques : «Des ouvrages dont les normes sont une famille comprenant un père au travail, une mère aux fourneaux, un fils aîné capable et débrouillard et une petite fille pleurnicheuse». Toute cette littérature scolaire ignore la réalité des familles monoparentales, divorcées et reconstituées, multiraciales et pluriculturelles. 8. POUR UNE ÉDUCATION ÉPICÈNE Éducation non s e x i s t e Plusieurs pays travaillent à désexiser la langue afin d'assurer la v i s i b i l i t é des femmes et leur non—discrimination dans les manuels scolaires. La Belgique a fait le 21 juin émettre un décret du Conseil de la Communauté française 1993 afin de dénoncer toute image stéréotypée dans l e s manuels scolaires au Primaire. En France, promotion l'association d'un matériel «Pour une éducation non sexiste» où l'on retrouve grilles a fait d'analyse la et recommandations afin de favoriser la publication d'ouvrages non sexistes. Au Québec, la création d'un Conseil du statut de la femme a permis au système éducatif de changer et au ministère de l'Éducation de monter un programme d'approbation des manuels scolaires selon une grille d'analyse que vous pouvez consulter à la page suivante. En Suisse» le Conseil d'État veille a. ce que l'action, l'esprit l'apanage d'indépendance exclusif gissement des et la maîtrise du monde extérieur des personnages masculins. rôles maternels et l'intelligence, ne soient pas On encourage a u s s i paternels au-delà de l ' a s p e c t pour le père et au-delà de l'aspect éducatif et affectif l'élar- économique pour l a mère. Conseils pratiques de rédaction Pour qu'un manuel scolaire ou un document pédagogique ne soit pas sexiste, i l faut que les deux sexes soient équitablement représentés : - Analyse quantitative : permet de savoir d'occurences féminines et masculines; numériquement le nombre - Analyse qualitative : comprend la description physique, psychologique, sociale et professionnelle; Les deux premières portant sur le texte et la présentation. - Analyse du langage : permet de savoir s i les formes gra.mmaticales féminines et masculines sont présentes lorsqu1 i l s'agit d ' ê t r e s humain; Grille d'analyse Fréquence d'apparition des personnages (quantité) Page H F Dénomination Activités et comportements Statut socioprofessionnel Commentaires et suggestions Source : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, p. 283. 10. POUR UNE EDUCATION EPICENE Un manuel ou un document non s e x i s t e p r é s e n t e un monde m i x t e e t p l u r i e l où l e s r o l e s domestiques e t professionnels s o n t équitabiement les t r a i t s de caractère, négatifs ou positifs, répartis, où sont équitabiement distribués entre les deux sexes, où les êtres humains sont des personnes à p a r t entière, où l'on présente différents types familiaux à partir des familles élargies aux familles monoparentales puisqu'il n'existe pas de modèle universel. La grille d'analyse de la page 9 personnages, activités leur (papa dénomination lave la vous (Madame, vaisselle, permet d'inscrire Monsieur, maman conduit le sexe des Docteur--.)» la comportements (elle joue au ballon, i l rêve), leur statut voiture), leurs leurs socioprofessionnel (mère de, neveu, père au foyer, célibataire, femme d'affaires). Quant aux refléter une illustrations, réalité matière de quotas photographies plurielle selon les et caricatures, normes eXles canadiennes doivent établies en : pas plus de 60 % pour un sexe, pas moins de 40 % pour l ' a u t r e sexe. Un langage non sexiste Puisque l e s femmes sont encore ignorées au niveau deux sexes doivent être visibles à l'écrit linguistique : les en appliquant le féminin et le masculin de manière équilibrée. Les métiers, artisane, fonctions honorifiques, sénatrice, présidente, grades et t i t r e s seront baronne. En éducation de citoyennes e t citoyens, de maire et mairesse. En civique, histoire, féminisés: on parlera on citera reines et régents, conseillers et conseillères. On ne parlera plus d'hommes ou de l'Homme, mais de femmes e t d'hommes,d.e 1 humanité, d ' ê t r e s humains, de personnes, des Droits de la personne. On utilisera administratif, des termes génériques l e s élèves, le corps étudiant. : le personnel enseignant, 11. POUR UNE ÉDUCATION ÉPICÈNE Mise en garde Les parenthèses sont à rejeter pour toute terminaison féminine. En rhétorique, les parenthèses indiquent le caractère secondaire de leur contenu et les barres obliques ont une signification d'exclusion. Dans un document scolaire, des formes telles que éducateur/trice sont inadmissibles. Quant à l'accord des adjectifs ou des participes, il se fait avec le substantif le plus près. Ex. Les vendeurs et les vendeuses sont compétentes. (Maurice Grevisse, Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition). La forme «ils» est à éviter au pluriel et est remplacée par «elle et il», «chacun~e», «toutes et tous», etc. Une langue évolue avec la société et la linguistique historique nous apprend que les femmes ne furent pas toujours occultées comme elles le sont au XX siècle : «L'entrée des femmes dans la citoyenneté entraîne des changements dans l'usage.» •* Féminisation et Académie française L'Académie française assume un rôle de référence, mais n'a jamais eu le rôle de codificatrice linguistique. La révolution linguistique s'est faite sans les grammairiens et contre eux puisque des écrivains tels Victor Hugo, Marcel Proust ont été accablés par cette même Académie pour avoir créé de nouveaux mots français. L'Académie française déclare que le genre féminin est discriminatoire et qu'il établit une ségrégation. Il est vrai que le féminin véhicule la misogynie et le sexisme ordinaires et c'est pourquoi il faut lutter contre cette injustice faite aux femmes par la féminisation des métiers. «Partout le masculin universel tend à effacer les femmes» . Ex. La majorité des chômeurs sont des chômeuses, les nouveaux pauvres sont surtout de nouvelles pauvres. 12. POUR UNE ÉDUCATION ÉPICËNE L'Académie f r a n ç a i s e confond g e n r e grammatical e t g e n r e n a t u r e l même quand i l s'agit d'êtres inanimés renforcissant la hiérarchie entre les deux sexes. Ce qui a pour effet de faire du masculin un «genre non marqué et universel» qui exclut toutes les humaines et du féminin un «genre marqué» dont la marque est privative. En effet, le masculin universel efface le genre féminin. Genre féminin Genre masculin Marqué Non marqué Intensif (marque privative) Extensif Ex. Le village é t a i t désert, les hommes étaient partis pêcher. Ex. Tous les hommes sont mortels, Désigne hommes et femmes. Finales en «euse» Finale en «eur» Balayeuse : objet dépendant Remorqueur : objet indépendant Si nous devons attendre les dictionnaires pour appliquer t o u t e forme de féminisation, celui de l'Académie française date de 1935 ou l ' o n retrouve l'idéologie du temps : racisme, colonialisme, mépris pour les francophones non français et non françaises, misogynie, absence de nouvelles professions et technologies. «La féminisation, loin d.' amener la confusion, permet de clarifier la Q structure grammaticale tout en rendant aux femmes leur visibilité» . On cessera professionnelles de lire des articles où l'on parle ainsi : «Le compositeur Germaine Taillefer est morte des femmes ce matin» ou «Monique Berlioux, ancien directeur de l'Équipe olympiques. Nous reproduisons ici les règles de féminisation que propose Thérèse Moreau a u nombre de 10. l'autrxce (Pour une éducation epicene, Thérèse Moreau, 1994, p. 59, 60, et 61). COMMENT FÉMINISER LES SUBSTANTIFS 13, Nous rappellerons que les règles de féminisation sont incluses dans les grammaires et qu'elles sont les suivantes : 1. Les dénominations passent de ...TEUR en ... TRICE 5. Les dénominations se terminent en ...ESSE lorsque le lorsque le radical français remonte à un substansuffixe remonte au latin ...ISSA emprunté au grec; pour tif se terminant par ...TE, ...TION, ...TITRE certains mots, il est la marque spécifique du féminin : ou par ...TORAT, ou lorsqu'il s'agit d'une transcontremaître devient contremaîtresse; poète devient position directe du latin. En général, ce sont poétesse; consul devient consulesse; pasteur devient pastoresse. des mots de formation savante dont on ne peut Cirer de participe présent en changeant ...TEUR 6. Les dénominations prennent un E final, avec dédoublement éventuel de la consonne qui précède, on précédera d'un en ...ANT: recteur passe à rectrice par transpoÈ pour les mots dont le masculin est en ...ER, on sition directe du latin; administrateur passe remplacera un F final par un V, un X par un S, etc. : â administratrice parce que venant d'administraintendant devient intendante; écrivain devient écrivaine; tion; lecteur passe â lectrice parce que venant sportif devient sportive; matelor devient matelote; commis de lecture; auteur passe à autrice par transdevient commise; la règle permettant de doubler la position directe, c'est d'ailleurs une transcripconsonne chef passe à cheffe ^ pour des raisons d'euphonie. tion fautive d'acteur, actrice 1. scrutateur 7. Les substantifs sont remplacés directement par leur passe à scrutatrice. équivalent féminin ou masculin lorsqu'ils désignent expli2. Les dénominations passent de ...EUR en ...EUSE citement la personne d'un sexe donné : prud'homme devient lorsque le radical remonte à un verbe. On peut prud1femme; homme-grenouille devient femme-grenouille; alors en tirer des participes présents en remplasage-femme devient sage—homme. çant ...EUR par ...ANT. Cette règle s'applique 8. La dénomination féminine ou masculine de la profession également lorsqu'il s'agit d'une transposition est remplacée par une dénomination féminine ou masculine d'un terme d'origine anglaise : chauffeur passe d'une autre racine aussi approchée que possible lorsqu'une â chauffeuse; sapeur passe â sapeuse; footbaldénomination féminine ou masculine de même origine leur passe â footballeuse; rapporteur passe à n'existe pas, a un autre sens, ou est tombée en désuétude: rapporteuse; entraîneur passe à entraîneuse. gouvernante donne gouvernant mais on dira plutôt intendant Nous suggérons d'u'tiliser les termes cadreuse et intendante; moine devient moniale. et cadreur en lieu et place de camerawoman et cameraman. 9. Les titres, grades ou fonctions électives suivent en général les règles énoncées plus haut; dans certains cas, 3. Les dénominations passent de ...EUR en ... EURE cette féminisation peut obéir à d'autres règles instaurées lorsqu'elles remontent à un substantif se termipar l'usage ou par des prescriptions légales : confrère nant en . . .EUR exprimant etymologiquetnent une devient consoeur; maire devient mairesse; préfet devient comparaison, lorsqu'il n'existe pas de radical préfète; député devient députée. directement sous forme de substantif, ou lorsque le radical remonte â un substantif se terminant 10. Les termes étrangers suivent les règles de par ...SSION, ou lorsque l'usage a imposé le féminisation de la langue d'origine pour autant que ces terme : ingénieur passe a. ingénieure; professeur termes n'aient pas été francisés : piccolo devient passe â prof esse.ure; procureur à procureure; piccola; barman devient barmaid; troubadour retrouve la successeur à successeurs; proviseur â proviseure. forme occitane trobairitz. A. Les dénominations épicènes, comme leur nom 1'in^ Sur la notion de transcription fautive, voir Bernard dique, restent invariables, le déterminant seul Cerquiglini, Éloge de la variante, Paris, Seuil, 1989. devenant féminin, lorsqu'elles remontent a un substantif se terminant par un E muet, ou lorsqu'il s'agit d'un terme d'origine étrangère : un ou une cinéaste; un ou une fleuriste; un ou une médecin , un ou une mannequin; un ou une ^ Médecin n'est pas d'origine latine mais picarde. Au Moyen Âge, on parle de mire, miresse ou de médecin. •^ Le vocable médiéval chevetaine ayant donné en français moderne cheftaine, on peut donc par analogie faire cheffe. 14. ANALYSE DE CONTENU Tel que mentionné m a t é r i e l de l e c t u r e plus t ô t dans l a d e s c r i p t i o n de cours q u i réfère au où nous p r é s e n t o n s l ' o u v r a g e Pour «ne é d u c a t i o n épicëne d e l'autrice Thérèse Moreau (1994), les catalogues qui suivent font r e s s o r t i r les points historiques les plus saillants sur les origines des différentes matières académiques enseignées dans les écoles. Chaque matière analysée par l'autrice Thérèse Moreau s'accompagne de conseils pratiques que nous avons résumés et ajoutés à la suite par matière. Chacune des bibliographies qui viennent enrichir ce catalogue ne font pas ici l'objet d'une analyse ou d'une synthèse. Pourtant, invitons à les consulter. En effet, féminine et dont les par domaine nous vous elles couvrent les pays dont la contribution répercussions ont marqué l ' h i s t o i r e de l'humanité depuis la nuit des temps jusqu'à nos jours. Puis, nous avons exposé les grands noms féminins afin d'illustrer notre propos sur l ' h i s t o i r e féminine dont la v i s i b i l i t é a toujours été occultée dans tous les domaines de l ' a c t i v i t é humaine qu'elle soit artistique, scientifique, l i t t é r a i r e , politique ou historique. À la suite établi des catalogues abrégés pour chacune des matières, un tableau tes se rattachant synoptique comparatif aux différentes nous avons entre les valeurs sexistes dominan- matières enseignées et les valeurs féministes égalitaires visant l'équilibre entre les univers féminin et masculin. Vous serez a i n s i à même de constater système où la moitié de la population toutes est les anomalies que génère un exploitante et l'autre moitié exploitée au nom d'une pseudo—égalité, d'une culture masculine abusive. L'autrice Thérèse Moreau a surtout mentionné les noms féminins des domaines où l'on a fait exemple alors inventrices croire à l'absence féminine en sciences et en mathématique par que bien des femmes scientifiques ont agi comme pionnières, et obtenu des prix Nobel en médecine (Gertrude Elion—Bell, 1988) , en chimie (Irène Joliot-Curie, 1935) et en physique (Marie Curie, 1903). En mathématique, des mathématiciennes nous ont légué leurs découvertes à savoir Gaétane Agnési qui publia un traité de mathématiques en 1748 et Hypathie (370-415) qui découvrit l'aéromètre. 15. ANALYSE DE CONTENU Dans le illustrées domaine telles Urania P r o p i t i a de l'astronomie, Marie Cunitz e t Caroline des (1610-1664) Herschel astronomes féminines q u i p u b l i a ses p r o p r e s (1750-1848) se sont: tables avec q u i f i t l a d é c o u v e r t e de 5 6 1 é t o i l e s e t de l a planète Uranus. La femme Saint-Paul qui l'apparition en a é t é bannie du monde r e l i g i e u x , France. défendait aux chanteuses du sacré sous l ' i n j o n c t i o n l'accès au chant religieux, de c e t t e p r a t i q u e b a r b a r e qui a donné l e s c a s t r a t s Ces hommes c a s t r é s assuraient l e s rôles féminins (XVI e de d'où s.) s a u f s u r scène et la production des voix hautes. La misogynie et le patriarcat où les puissances masculines chasse aux sorcières) profit du plus fort ont ont participé dominé par la à l'élaboration force physique de sociétés (Inquisition, et où les puissances féminines ont été infériorisées au (Croisade, viol de guerre, ceinture de c h a s t e t é ) . C'est pourquoi, en cette fin de XXe s . , la moitié de la population mondiale que forment les femmes qui assurent vêtement, éducation, santé) essentiel 66 % du travail ne reçoit mondial (nourriture, que 10 % du revenu mondial e t ne possède que 1 % de la propriété mondiale. Cette injustice est le vision résultat mondiale fait de plusieurs unidimensionnelle et l'objet millénaires monosexuelle, de nombreuses études d'oppression où la féministes féminine différence et au nom d'une est perçue comme déviante et bien sûr, non masculine, donc féminine. Dans la langue comme a i l l e u r s , les femmes en sont venues étrangères à elles-mêmes, en dehors d'elles-mêmes en parlant d ' e l l e s à se vivre et entre elles au masculin par l'emploi du «ils» et la masculinisation de l e u r langue. Le fait de porter le nom de leur conjoint les a amenées à perdre identité individuelle et collective, se rangeant du côté du plus f o r t , leur leur mari, dont la force repose sur l'appropriation de la conjointe devenue anonyme. Le fait de ne pas être reconnues dans leurs reconnaître comme personnes humaines ou féminines, actions et les a forcées vision du monde qui marginalise et i n v i s i b i l l s e leur essentialité. de ne pas se à adopter une 16. ANALYSE DE CONTENU Longtemps c o n s i d é r é e s comme purement a n i m a l e s à cause de l e u r biologie l i é e à l a g r o s s e s s e , nous sommes maintenant d o t é e s d ' u n e âme, nous a v o n s droit à la citoyenneté et au droit de vote, obtenant ainsi notre statut juridique d'êtres humains, de personnes humaines, d'humaines. Exclues de tout pouvoir et de toute possibilité d'acquisition par la loi terrienne salique* sauf en cas de naissance royale pour les femmes, nous sommes en train de reconstruire un monde qui reniait notre existence en tant que personnes. Que ce soit dans la langue, dans la loi, dans la l i t t é r a t u r e , dans l ' h i s t o i r e , dans l e s arts, en politique, en sciences, nous avons été déclarées absentes. De l'unisexualité, notre siècle vise l'universalité par l'implantation de valeurs féministes et féminines. De linéaire, notre vision du monde se fait circulaire. De déformée, elle sera réformée. Elle se reforme. C'est accouchera humains par la d'un monde nouveau, qui reconnaissance l'habitent et le de ses propres valeurs d'un monde â l'image construisent ensemble que la des humaines sans femme et des discrimination sexuelle, sans ségrégation sexuelle. La femme prend sa place en assumant la double identité, le double emploi, la double journée de travail, la double tâche parentale ou monoparentalité et dénonce son s t a t u t de sous-citoyenne. Elle prend conscience qu'elle est l ' a c t r i c e , l'artisane d'un mouvement d'égalité et que l a soumission est la cause de sa servitude. * Corps de lois contenant la règle qui exclut les femmes du droit de succession à la terre; cette règle invoquée au XIVe s. pour exclure les femmes de la succession â la couronne de France. (Le Petit Robert, 1991). 17. ANALYSE DE CONTENU Pour c o m p l é t e r ce résumé de l e c t u r e , nous avons r e l e v é l e s d é n o m i n a t i o n s féminines qu'utilise l'autrice Thérèse Moreau tout au long de son ouvrage. Ce lexique comprend plus de cent cinquante (150) noms de métiers, fonctions, emplois, grades et t i t r e s honorifiques au féminin. Ces dénominations féminines sont celles en usage présentement en Suisse et nous avons jugé important de vous les présenter pour enrichir votre propre lexique dont le mot «autrice» que nous avons adopté tout au long de ce résumé. Pour enchaîner à la suite de cette analyse de contenu, nous croyons pertinent de faire une courte analyse grammaticale du discours que véhicule cet ouvrage pionnier en francophonie et dont l'intérêt porte sur la féminisation de la langue dans les documents scolaires. ANALYSE GRAMMATICALE DD DISCOURS L'autrice reste très cohérente au contenu, au message en employant d e s néologismes t e l s que : a u t r i c e ( p . 12), matrimoine ( p . 1 4 9 ) , humaines (p. 5 5 ) . Elle utilise corps e n s e i g n a n t 166)...; un t r è s nombre de termes ( p . 1 1 ) , corps p r o f e s s o r a l de d o u b l e t s enseignantes grand génériques : ceux génériques par exemple: ( p . 2 0 ) , p e r s o n n e l enseignant ( p . et celles ( p . 9 ) , enseignants et (p. 10), d i r e c t r i c e s et directeurs (p. 11), a u t e u r s et a u t r i c e s (p. 12), femmes et hommes (p. 24), travailleuses et t r a v a i l l e u r s (p. 3 2 ) . . . ; Dans c e r t a i n s cas, les termes génériques prennent la forme de doublets élidés : p r o f e s s i o n n e l - l e - s (p. 12), doctorant-e-s (p. 19), l i c e n c i é - e - s ( p . 19), individu-e ( p . 27), enseignant-e-s elle recommande d'éviter effet, de n ' u t i l i s e r l'utilisation elle est la (p. 27), paysan-ne-s (p. 160). le t r a i t d'union que dans Pourtant, c e r t a i n s cas et systématique de c e t t e solution riche en symboles. En source de nombreuses erreurs orthographiques et d'incompréhension même s i elle permet d ' a l l é g e r l e texte. L'accord trait d'union de ses adjectifs se fait tantôt au plus p r è s , (enfermé—e-s, p. 48 ) ou par l ' u t i l i s a t i o n ou a t t e n t i v e , p. 48). Les termes «femmes artistes» (p. tantôt par le au long ( a t t e n t i f 69) et «citoyens mâles» (p. 119) se côtoient afin d'assurer la c l a r t é du contenu, du message. 18. CATALOGUE ABRÉGÉ DE 31 MATIÈRES ACADÉMIQUES Source : tirée du volume Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages. CATALOGUE ABREGE DES MATIERES ACADÉMIQUES 19. Activités créatrices manuelles L'égalité des droits entre f. et g. rend les travaux manuels accessibles aux deux sexes dans les écoles. La Couture et les Travaux à l'aiguille ont été rebaptisés Activités créatrices textiles. Au cours de l'histoire, on constate que les travaux textiles ont toujours été partagés entre les deux sexes. Le tricot était pratiqué par les nomades arabes et â 1" egaqite das croisades, seules les veuves pouvaient prendre la place de leur défunt mari dans les corporations des «Compagnons». La broderie était pratiquée par les hommes en Egypte, au Pérou, en Chine, aux Indes et en Europe au XII e s. Le crochet était un art masculin a la préhistoire. Le macramé était en usage chez les pêcheurs qui fabriquaient leurs filets de pêche dans l'Antiquité en Assyrie. L'établissement du patriarcat a diversifié et rigidifié les travaux manuels entre f. et h. Au XIX e s., l'industrialisation crée la famille nucléaire : l'h. soutien financier et la f. au foyer. Métiers : fileuses, fileurs; cardeuses,cardeurs; couturières, couturiers; ébénistes f. et h. La mixité de l'enseignement crée l'indépendance pratique dans la vie quotidienne chez filles et garçons. Arts plastiques La vision historique que véhiculent les arts donne la fausse impression que c'est un monde réservé aux h. La mère de la peinture : Kora (Corinthe). Les arts plastiques sont un monopole féminin aux Indes. Dans son ouvrage Naturalis Historia, Pline l'Ancien cite les noms d'artistes féminines suivantes : laia de Cyzigue, Hélène, Marcia, Olympia, Timarète. «La renommée des femmes s'estompe plus facilement que celle des hommes dans notre société, puisqu'elle dépend du statut social et des conditions matérielles réelles de toutes les femmes». Au Moyen Âge, il y avait de nombreuses artistes. La Renaissance et la chasse aux sorcières ont éclipsé toute création féminine. En France en 1706, l'Académie royale de peinture et de sculpture ferme sa porte aux femmes. Au XVIII e s., huit femmes seront admises dont Rosalba Carriera et Anne Vallayer-Coster. Académie de Londres : Angelika Kaufmann, fondatrice. Métiers : brodeuses, enlumineuses, graveuses. Bologne exemplaire en termes d'égalité : universités ouvertes aux f. au XIII e s. Lavinla Fontana (1552-1614): peintre officielle à la cour papale. La situation sociale des f. influe sur leurs possibilités créatrices et l'avant-garde est enrichie par les f. Edmonia Lewis (1845-1890 première sculptrice afroaméricaine. Josette Hébert-Goeffin (1908-) première femme à recevoir le prix de sculpture de la fondation Guggenheim. Marion Mahoney-Griffin (1873-1961) première diplômée du Massachusetts Institute of Technology. (Voir noms d'artistes féminines sous Architecte, Enlumineuse, Peintre, Photographe et Sculptrice à l'Annexe II) CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 20. Bureautique L'automatisation des activités secrétariales et l'invention de l'ordinateur a changé le monde des bureaux. Tout au long de l'histoire, la profession de secrétaire a toujours donné pouvoir et savoir. Encore là, on retrouve une différenciation sexuelle : aux femmes, on présente cet outil comme une machine I écrire perfectionnée sous l'appellation de bureautique et aux hommes, c'est l'outil d'expertise, de maîtrise sous l'appellation informatique. On reproduit le modèle dominant. Conseils : filles et garçons doivent se familiariser avec tous les logiciels (multimédia ou télématique). Cinéma Mars 1895 : brevet en cinématographie obtenu par les frères Auguste et Louis Lumière. 1897 : Alice Guy (1873-1962). Une cinéaste qui tourne des films de fiction. Le cinéma féminin donnent une autre vision du monde et des rapports entre femmes et hommes. D'objets de désir dans le cinéma masculin, elles deviennent sujets en production cinématographique féminine. Réalisatrices, productrices et cinéastes féminines présentent des héroïnes positives : Alien 2, Tootsie. Métiers : monteuses, cadreuses (camerawoman), scriptes, metteuses en scène, réalisatrices, productrices, cinéastes, (Voir noms d'artistes cinématographiques sous Cinéaste, Productrice, Réalisatrice.à l'Annexe II). Comptabilité L'entrée des femmes dans le monde du travail rémunéré les amènent a gérer des entreprises nouveaux droits. Métiers : comptables, fournisseuses. et à acquérir de Correspondance commerciale Cette matière est liée à la bureautique et requiert l'apprentissage du français, de l'orthographe et du vocabulaire commercial qui en découle. Conseils : encourager la mixité de la profession même si elle est majoritairement féminine; encourager l'écriture d'un langage non discriminatoire; Ex. La destinataire s'il s'agit d'une cliente. féminiser les titres et fonctions(cheffe, ambassadrice, syndique, ingénieure); employer des tournures génériques; Ex. Lors d'un premier entretien avec la personne qui doit vous engager». CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 21. Critique de l'information Qu'elle soit écrite, parlée ou télévisée, le langage de l'information n'est pas neutre : emploi des genres féminin et masculin et présence de catégories sexuelles. La presse écrite a longtemps été fermée aux femmes à cause du travail de nuit et les femmes ne pouvaient pas aller n'importer où seules : division sexuelle et sexuée. Aux États-Unis, un arrêt de la Cour supreme a permis aux femmes d'entrer dans les vestiaires des sportifs afin d'y interviewer les athlètes. Le rôle des femmes en information radiodiffusée et télévisuelle reste encore ambigu. Métiers : journalistes, rédactrices, commentatrices, éditorialistes, éditrices. (Voir noms de journalistes féminines sous Journaliste à l'Annexe II). Droit Le droit est en pleine mutation quant à l'écart qui subsiste toujours entre l'égalité formelle applicable et l'égalité réelle entre conjointe et conjoint, entre femmes et hommes. Les systèmes judiciaires actuels créent une égalité illusoire parce que f. et h. ne vivent pas des situations comparables : ce principe d'égalité en jurisprudence perpétue et génère les mêmes déséquilibres séculaires entre les sexes. Inégalité réelle à laquelle s'ajoute l'égalité formelle qui défavorise le ou la plus faible. «L'illusion que les femmes ont les mêmes droits que les hommes est presque aussi profondément ancrée que la réalité de l'oppression.» (Gwen Brodsky et Shelag Day, Conseil consultatif canadien sur le statut des femmes,1989) D'abord, les hommes sont sur-représentés dans le système judiciaire comme juges, avocats, procureurs. L'effet des sexes en sciences judiciaires : dichotomie sphère privée/sphère publique ralentit le mouvement réfor™ miste à laquelle s'ajoute l'interprétation de la loi par les tribunaux. Métiers : juristes, juges, avocates, procureures. Hortensia : femme de loi romaine ( I e r s. avant Jésus-Christ) XIV e s. : Novella Andrea remplaça son père à l'université de Bologne. XIX e s. : Jeanne Chauvin avec sa thèse Des Professions accessibles aux femmes en droit romain et en droit français pour la nomination des femmes au barreau en France. XIX e s. : Emily Kempin-Spyri en Suisse (1891). (Voir noms de femmes sous Avocate à l'Annexe II). Économie d'entreprise Le nouveau droit matrimonial, les récents acquis socioprofessionnels des femmes créent de nouvelles professions et fonctions féminines : entrepreneuses, cheffes d'entreprise, débitrices, actionnaires. Conseils : utiliser des termes génériques. Ex. Clientèle, personnel, personnes. CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 22. Économie familiale Le travail domestique fait partie intégrante de la richesse nationale et du bien-être d'un pays. Liés à la reproduction immédiate (nettoyage, repas, procréation, maternage) et à l'éducation des enfants, au soutien psychologique de la conjointe ou du conjoint, à la sociabilité des familles, les travaux domestiques représentent les deux tiers (2/3 ou 66 %) du produit national brut (PNB) comptabilisé. Bien que de plus en plus, ces travaux se traduisent en services et en consommation. Origine du mot ménager : au XIVe s, veut dire chef de famille. Naissance du mot ménagère ; au XV e s. Au XIX e s. : 1'Industrialisation et 1'urbanisation divisent le monde en espace familial/espace de travail. La femme entre dans le monde salarial, mais légalement non pourvoyeuse : son salaire est ajouté à celui du mari. Le travail féminin est synonyme de double emploi, double journée pour la femme mariée. Le salaire domestique pour lutter contre la dévalorisation du travail domestique et la discrimination en emploi. (Voir noms de femmes sous Inventrice à l'Annexe II). Économie politique Le nombre de femmes dont le travail est rénuméré augmente chaque année. En 1986, en France (55 % ) ; aux États-Unis (65 % ) ; en Suède (80 % ) ; au Canada (56 % ) . Les femmes restent cantonnées en emploi : bureaux (39 %) > ventes (19 % ) , santé (16 %) , soins du corps (6 %) . Elles occupent 4,2 % des postes de direction et 15,2 % des postes supérieurs (Suisse). Les salaires sont différenciés selon les sexes : les ouvrières reçoivent les 2/3 du salaire des ouvriers et les employées 86 % du salaire des employés. Les femmes sont les premières engagées et les premières renvoyées. Chaque époque reflète sa forme de travail sexué : déqualification du travail domestique vs travail rémunéré. La majorité des personnes en chômage sont des femmes et le choix professionnel reste extrêmement stéréotypé. Les femmes représentent 50 Z de la population mondiale. Les femmes assurent 66 Z du travail mondial (vêtements, repas, éducation). Les femmes perçoivent 10 % du revenu mondial. Les femmes possèdent 1 % de la propriété mondiale. Elles fournissent les 2/3 des repas et sont les plus mal nourries. Elles assurent l'essentiel en éducation et les deux tiers (2/3) des personnes illettrées dans le monde sont des femmes. La disparité dans le traitement économique entre f. et h. est quasi universelle et a fait l'objet de nombreuses recherches sur la structure historique de l'emploi féminin et ses attributs. Dans le monde, la femme est vouée au mariage et à la reproduction : l'emploi est une chance et non un droit. Historique du travail féminin : sage-femme, infirmière, postière, maîtresse d'école, hôtesse de 1'air(Québec) Conseils : égalité salariale, partage des tâches, formation epicene. Karin Kock (1891-1976), ministre conseillère et première Suédoise à siéger au Conseil du roi. «Il existe dans le monde une corrélation directe entre le PNB et la scolarisation des filles». (Voir noms de femmes en Économie politique sous Ministre à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 23, Éducation civique La citoyenneté comprend le droit de vote et d'éligibilité sans lesquels on reste étrangères, étrangers à notre paysi sans lesquels nous sommes sans droits n'ayant que des devoirs. Citoyenneté ——————— , ; _____ ___ _ __^ F. H. Sphère privée Sphère publique Devoirs Droits Emploi Métier «L'émancipation des femmes est le cTritère d'une société évoluée.» (Fourrier) Sous ce chapitre, les pays les plus avancés sont : les Américaines (1869, État du Wyoming, 1920 État fédéral et tous les états), les Finlandaises en 1906, les Norvégiennes en 1907, les Allemandes en 1908, les Canadiennes en. 1920 ainsi que les Hongroises. Malgré la royauté féminine, la Grande-Bretagne n'accorde de droits civiques aux femmes qu'en 1928. Les femmes russes obtiennent le droit de vote en 1936. C'est en pleine guerre mondiale que les Québécoises deviennent citoyennes. Quant aux Françaises, elles devront attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale en guise de gratitude pour s'être battues «comme des hommes». (Général De Gaulle) En Suisse, les citoyens miles accordent par référendum la citoyenneté fédérale aux Suissesses le 6 février 1971 après cent ans de lutte. Les femmes ne sont pas étrangères au pouvoir pour l'avoir exercé dès l'Antiquité comme reines. Les femmes sont sous-représentées au plan politique et l'image du pouvoir reste encore associée au masculin. Les femmes qui parviennent au pouvoir remplacent un père, un époux décédé. On pourra parler de réelle démocratie le jour où la participation politique des femmes citoyennes sera égale à celle des hommes politiques. L'égalité entre f. et h. a entraîné des changements en droit matrimonial dont le nom de l'épouse, l'héritage... Conseils : féminiser systématiquement tous les titres et fonctions qu'exercent les femmes. Métiers : politiciennes, gouverneures, premières ministres, présidentes, cheffes de gouvernement, conseillères d'État. Bandaranaïke Sirimawo Rathwath Dias (1916—), première femme au monde à être cheffe de gouvernement (Sri Lanka). Banazir Buttho (1953-), première femme à diriger un pays musulman. Hipatia Cardenas de Bustamante (1889-), première femme à devenir conseillère d'État (Equator). Indira Gandhi (1917-1984), première ministre de l'Inde en 1966. (Voir noms de femmes en politique sous Politicienne à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 24. Éducation physique L'éducation physique est une activité éducative qui se fait en collaboration entre élèves.  Sparte : les deux sexes recevaient le même enseignement en éducation physique. En Crète : les f. participaient aux sports, conduisaient des chars, chassaient. Au M. Â. : les f. nobles montaient à cheval, chassaient à l'arc, au faucon, jouaient au jeu de paume. Elles étaient jongleuses, acrobates, ménestrelles. XVI e s. : les sports sont pratiqués par la noblesse seulement et sont Interdits aux femmes protestantes. XIXe s. : le costume féminin emprisonne le corps féminin avec le corset qui écrage le foie et la rate, la crinoline avec son poids de cerceaux empêchent la marche, la station debout. Le régime alimentaire féminin était pauvre en protéines et en calories. Les femmes sont faibles et évanescentes. En 1850 : les Américaines coupent leurs jupes aux genoux (bloomers) pour retrouver leur liberté dans le vêtement, le mouvement et leur force physique. De 1875 a 1975 se fait l'émancipation féminine sportive. Hélène Dutrieu (1877-1961 : cycliste belge surnommée «la Flèche humaine». En 1925 : les États-Unis comptent 500 aviatrices pilotes, la Grande-Bretagne 300 et la France 40. Le sport masculin : rituel guerrier et violence gratuite avec mise à mort symbolique ou réelle, Jacqueline Auriol (1917-) : première pilote d'essai. Amelia Earhart (1898-1937): première aviatrice (Atlantique) Conseils : formation d'équipes mixtes, égalitaires selon la performance individuelle. Métiers : aviatrices, navigatrices, pilotes, alpinistes, cyclistes, athlètes. Krashina Chojnovska-Liekiewicz (1944—), première navlgatrice â faire seule le tour du monde. (Voir noms d'athlètes féminines sous Alpiniste, Aviatrice, Cycliste, Navigatrice et Pilote â l'Annexe II). Éducation religieuse Les religions monothéistes sont synonymes de masculin et divinité excluant les femmes du religieux et passant de l'anthropomorphisme (humain) â l'andromorphisme (homme). Les femmes y sont exclues de la spiritualité. L'exclusion des f. du pouvoir religieux s'appuie sur les textes sacrés dont l'interprétation est faussée et sexiste. Chaque religion reconnaît en Dieu une part de féminité revendiquée ou occultée selon les époques. Dans l'Ancien Testament : prophetesses et héroïnes sont nombreuses. Marie-Madeleine est l'apôtresse des apôtres. Le rôle des femmes dans le mouvement chrétien primitif est visible : prophetesses, missionnaires, diaconesses. On peut citer ces quelques femmes : Agar, Esther, Eve, Lilith, Rache, Ruth, Sara. Le bouddhisme tibétain reconnaît le principe féminin comme le principe actif. Dans les communautés juives libérales, on retrouve des rabbines. Quant au sacerdoce et a la prêtrise pour les femmes, les structures eccléslales actuelles sont sexistes. Métiers : théologiennes. CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 25. Éducation sexuelle C'est le domaine du partage, de la complémentarité, de l'équilibre. Notre manière d'aimer est culturelle : le physique et l'affectif sont intimement liés. La sexualité évoque les rapports humains, la situation socio-économique des £., les mutilations sexuelles, les mariages imposés, la dot et l'achat des femmes épouses, les tortures sexuelles faites aux prisonnières d'opinion, la prostitution, le viol conjugal, l'inceste, la pornographie, le tourisme sexuel, le harcèlement sexuel. La psyché collective masculine divise les femmes en deux catégories : vierges ou putains. «La prostitution organisée, la violence sexuelle sont les manifestations les plus évidentes de l'oppression et de l'exploitation de toutes les femmes qui, (...) selon les circonstances pourront être le repos du guerrier, le butin de guerre (...) dont le travail ou la promotion dépend de sa gentillesse». " Le refus du droit absolu à l'intégrité corporelle des femmes et des enfants, le refus du libre choix en contraception, lors d'une grossesse sont les signes du statut de subordination que vivent encore les femmes et les enfants dans nos sociétés. Conseils : enseigner la distinction à faire entre érotisme et pornographie, cette dernière étant basée sur le mépris, l'esclavage et la violence envers un sexe ou des personnes. Environnement Protection de la nature (écologie), milieux de vie : environnement domestique, familial, professionnel, urbain. La nature est associée au féminin, c'est un être vivant, une mère. XVI e s. : en Europe, la terre est une sorcière, un être maléfique, une machine qui doit être réglée par l'homme. XIX e s. : nature-femme/nature-machine. Vision mécaniste du monde. Encore de nos jours, les animaux sont des choses du point de vue légal. 1962 : Rachel Carson, chimiste qui publie Silent Spring et dénonce l'emploi abusif de pesticides. James Lovelock, chimiste. Il déclare que la terre est un être vivant à torturer, à tuer (Gaia). Naissance du mouvement écoféministe : né en Inde, le mouvement Chipco a pour but de sauver les forêts du déboisement où chaque femme protège un arbre en l'enlaçant de son propre corps. Eau : symbole féminin lié a la naissance et à la pureté des eaux terrestres selon les oeuvres de Rachel Carson, Mary Daly, Susan Griffin, Carolyn Marchant... Le lien nature et femme est uns construction historique, sociale et culturelle de même que les notions de valeur et d'essence. L'ère baeonienne et mécaniste tire à sa fin ainsi que la théorie mathématique du chaos. L'agriculture redessine le visage de la terre et est une affaire de femmes tant qu'elle n'est pas mécanisée. Conseils : s'interroger sur le statut des animaux et leur relation avec les êtres humains. «Les femmes ont longtemps été considérées comme pas tout à fait humaines, mais plutôt comme animales». Métiers : agricultrices, chimistes, physiciennes. CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 26. Français Choix de textes La littérature est un outil de socialisation et de subjectivation. La littérature actuelle est monosexuée : le masculin en est le réfèrent universel. La littérature actuelle est monoculturelle : célébration de la culture masculine et culture féminine dénigrée. Filles et garçons doivent d'identifier aux parlers féminin et masculin, se reconnaître et reconnaître l'autre. Matrimoine et patrimoine doivent dessiner notre héritage culturel. Conseils : présenter une variété de récits, d'aventures, d'activités humaines et de perspectives autant par des autrices que par des auteurs. Grammaire, conjugaison, orthographe Deux types de grammaire : normative/descriptive(desexisation) Suivre les règles non majoritaires de grammaire et d'orthographe en appliquant un langage non discriminatoire. Ex. Faire l'accord au plus près (XVIIe s.); Accorder un adjectif se rapportant à plusieurs noms avec celui le plus rapproché. (Maur'.ce Grevisse, Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition, par.343 et 371). Conseils : donner systématiquement le féminin de la 3 e personne du singulier et du pluriel dans les conjugaisons; les filles écriront «je suis allée» et parleront en «elles» au lieu du «ils» habituel; présenter le féminin et le masculin des mots qui changent selon leur genre; métiers, fonctions et titres toujours présentés au fém./masc. Vocabulaire Le monde est en réalité à moitié féminin par sa population et cette réalité doit se refléter dans la langue. La linguistique historique nous apprend que le genre grammatical des mots est instable variant d'une époque a l'autre, d'un dictionnaire à l'autre. Ex. F. M. F/M Conifère en botanique selon dictionnaires Alvéole Bescherelle Robert Après-midi selon l'Académie usage Interview Académie Dictionnaire général Pamplemousse Bescherelle Larousse Perce-neige Tous les dictionnaires usage La féminisation des professions se fait facilement pour métiers traditionnellement féminins : institutrice, infirmière, puéricultrice, jardinière d'enfants. Ou pour des métiers socialement peu valorisés : ouvrière, femme de ménage, secrétaire. La féminisation est difficile ou inexistante quand il s'agit de fonctions féminines supérieures où l'on prétexte la neutralité de la fonction, «La participation des femmes au monde du travail s'est traduite à travers les siècles par une féminisation des métiers». ^ CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 27 Géographie Science de la description et de l'explication des paysages, des connaissances générales sur les régions lointaines et de la description de la patrie : science naturaliste et objective. Géographie nominative. Elle est modelée par les êtres humains et leurs activités. La géographie contemporaine tient compte des rapports de sexe dans la production de l'espace. Production alimentaire assurée majoritairement par les femmes ~™~~ " (Afrique, 80 %; Asie, 60 %; Amérique latine, 40 %) Les femmes effectuent 66 % du travail mondial (rémunéré ou non) Les femmes forment 33 % de la force de travail rémunéré Les femmes reçoivent 10 % du revenu mondial Les femmes possèdent moins de 1 % de la propriété mondiale II est urgent de cartographier T'espace au féminin et~dTTïlustrer les rapports~inégalitaires entre les sexes. Conseils : étudier la division sexuelle entre sphère privée/publique; espace domestique/production industrielle; identifier les lieux mixtes, les milieux industriels unisexes ; analyser l'importance sociale des naissances masculines vs Infanticides féminins; contraception partagée entre f. et h. Métiers : géographes, cartographes. Histoire XV e au XIX e s. : histoire des puissances masculines, des propriétaires terriens et des hommes politiques. XIV e s. : loi salique exclut les femmes du droit de succession à la terre. En France, par exemple. 1789 : la Révolution française donne naissance à la bourgeoisie. 1848 . : naissance du prolétariat. La Nouvelle histoire éclaire certaines zones à partir de journaux intimes, correspondance féminine. L'histoire au féminin enrichit l'histoire classique : reines, régentes, baronnes, domestiques, ouvrières... Grandes personnalités : Agrippa, Aliénor d'Aquitaine, Elisabeth I d'Angleterre, Simone de Beauvoir, Blanche de Castille, Olympe de Gouges, Marie de Gournay, Catherine de Russie, M m e de Lambert, Christine de Pizan, Alexandra Kollonta?., Rosa Luxembourg, Louise Michel, Flora Tristan. Rôles sociaux ; mariage, maternité... Travaux féminins : ménagers, salariés... Luttes politiques : la Fronde, la Révolution. Interdits : éducation,grec, latin, médecine,droit. Histoire du féminisme : problématique des sources historiques propre aux groupes sociaux sans pouvoir ni politique ni militaire. Conseils : analyser les raisons de l'exclusion des femmes en histoire classique quand elles ont contribué 1 toutes les luttes sociales, inclure les femmes au vocabulaire. Ex. Artisans et artisanes au Moyen Âge; étudier leur exclusion au suffrage dit universel et leur inclusion aux nouveaux droits et devoirs; respecter la réalité propre à chaque époque sans imposer notre vision contemporaine non sexiste, (Voir noms de femmes en Histoire sous Historienne à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 28. Information scolaire et professionnelle Cette matière suscite la réflexion et amène une prise de conscience chez les jeunes entre 14 et 16 ans à la recherche de leur identité. Il est d'une très grande importance de présenter toutes les professions même celles traditionnellement féminines aux garçons et traditionnellement masculines aux filles. Le choix d'une profession engage un mode de vie et toute la personnalité selon les goûts et aptitudes. Ne pas transmettre la vision sexiste et archaïque liée à certains métiers et professions. Ex. Une fille peut très bien choisir d'être ramoneuse, maçonne, pilote de ligne, chirurgienne, cheffe de chantier. Un garçon peut très bien choisir d'être jardinier d'enfants, assistant social, infirmier, homme de ménage. Conseils : féminiser les noms de métiers ; présenter les adjectifs au féminin et au masculin; inviter une femme ou un homme dont le métier est non traditionnel pour un modèle positif; enseigner le partage des tâches ménagères et éducatives; encourager la mixité des milieux professionnels; éviter des textes où les univers professionnels sont ségrégués selon les sexes. «Les métiers n'ont pas de sexe». 1" Informatique Démystifier et désexiser l'informatique comme science dure afin d'éviter la scission : traitement de textes, secrétaires, femmes/ordinateurs, cadres, hommes. Ada Byron Lovelace (1818-1852) : pionnière en informatique à qui on doit la notion de débranchement. première analyste programmatrice . Langues anciennes : grec, latin La cité grecque ou latine excluait les f. de la citoyenneté. Elles étaient donc sans droits civiques au même titre que les esclaves et une grande partie du peuple. Être citoyen n'était pas la règle mais l'exception. Femmes influentes : Claudia, Hortensia, impératrices, princesses. Grec et latin : langues sacrées, langues d'érudition interdites aux femmes pendant des siècles les empêchant d'accéder à l'université où ces deux langues étaient obligatoires pour être admises. 1962 (Suisse) : section classique s'ouvre aux filles. Anne Dacier (1647-1720), philologue française qui traduisit les Comédies de Térence, l'Odyssée, l'Iliade. Eugénie Droz (1893-1976), créatrice de la revue Bibliothèque de l'Humanisme et de la Renaissance. Marguerite Yourcenar et Jacqueline de Romilly : académiciennes. Conseils : replacer en contexte socio-historique des rôles féminins dépréciatifs pour les femmes. Ex. Servantes, esclaves, pythies. (Voir noms de femmes en Langues anciennes sous Académicienne, Philologue â l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 29, Langues et littératures étrangères Le langage est un outil quotidien de communication immédiate qui structure nos idées et notre vision du monde, Chaque langue véhicule sa vision propre du monde. Certaines langues sont géographiquement définies tandis que d'autres se parlent sur plusieurs continents : anglais, espagnol, français. La critique sociolinguistique a étudié l'influence des genres sur le langage. La langue permet d'illustrer le passé et l'imaginaire grâce à sa dimension écrite. Conseils : grammaire, vocabulaire et illustrations équitables soit 50 % au féminin, 50 % au masculin; privilégier du matériel non stéréotypé qui offre des comportements diversifiés (bandes dessinées); privilégier la littérature enfantine et adolescente écrite par des femmes (au primaire). «L'éducation, la rédaction non sexiste sont la règle au Canada comme aux États-Unis». ^ (Voir noms de femmes en Écriture sous Écrivaine à l'Annexe II). Note : L'Allemagne fut la premièreà se doter de textes officiels non sexistes (1979) suivie de l'Autriche. Littératures Les femmes sont occultées de l'histoire et des sciences, mais sont omniprésentes en tant qu'objets d'écriture, objets de l'action étant celles par qui le malheur ou le scandale se produit. 1405 : Christine de Pizan s'interroge sur cette négativité des femmes dans son Prologue à La Cité des Dames. «Je me demandais quelles pouvaient être les causes et raisons qui poussaient tant d'hommes, clercs et autres, à médire des femmes (...) soit en paroles, soit dans les écrits et traités». ^ Ce constat d'une thématique littéraire enseignant la misogynie marque toute la littérature occidentale. L'histjire littéraire parle des écrivaines en termes stéréotypés et dévalorisants quand on sait que les classes littéraires sont majoritairement féminines et que le corps universitaire enseignant est majoritairement masculin. On parle de 1'infériorisation intellectuelle et sociale des femmes. La recherche féministe veut redonner aux femmes la place qui leur revient (1), tenter de comprendre l'imaginaire masculin (2) et les phénomènes historiques et sociaux quant à l'occultation des écrivaines en général et des écrivains féministes. Conseils : présenter la vision plurielle de chaque époque; analyser le vocabulaire littéraire stéréotypé; analyser la problématique qui sous-tend la sexuation du sujet de la narration (femme ou homme). (Voir noms de femmes en Écriture sous Écrivaine à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 30. Littérature enfantine Les livres de littérature enfantine publiés par série présentent souvent une vision stéréotypée qui prépare jeunes letrices et lecteurs à des séries adultes roses pour les filles (romans) et noires pour les garçons (policiers, aventures). Même si cette littérature se dit non sexiste, elle est en réalité masculinlste puisqu'elle encourage les filles à adopter le comportement masculin «une fille vaut bien un garçon». Les contes pour enfants d'autrefois traitent des mêmes problématiques sociales que celles de notre époque: Ex. Peau d'âne, une petite fille incestuée par son père. Les Misérables de Victor Hugo où l'on retrouve le triste sort que .subissaient bien des enfants abandonnés. On Bon Petit Diable, Les Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur aborde des thèmes aussi variés que la préférence parentale, la jalousie entre enfants, le rang dans la fratrie ou la sororie. Ogres et ogresses étaient l'histoire de la violence domestique, psychologique et sexuelle. Conseils : lecture de héroïnes et de héros même quand il s'agit d'animaux personnifiés. Littératures étrangères Les ouvrages traduits ou les ouvrages originaux en vue d'apprendre une langue étrangère ou ancienne. Conseils : la littérature reflète l'évolution sociale d'un peuple. Littératures francophones La littérature française est plurielle puisque bien des pays autrefois colonies ou territoires français parlent français encore aujourd'hui : Afrique, Antilles, Belgique, Maghreb, Québec, Suisse, Vietnam. Les femmes de ces pays francophones appartiennent à la même communauté linguistique, mais ont des droits et des priorités différentes. Mathématique II existe deux conceptions de la mathématique : la logique, l'absolu/l'exploration, la construction. La seconde approche permettrait une meilleure intégration de la variante sexe en apprentissage. Les statistiques faites en France, en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord (Marie Duru-Bellat) démontrent que filles et garçons obtiennent globalement les mêmes résultats au début du secondaire : ce serait donc plus une question de perception et d'orientation que d'aptitude .et l'effet Pygmalion (réussite selon attentes) joue beaucoup sur les performances scolaires selon les sexes et les matières. Les filières littéraires et scientifiques sont ségréguées et l'orientation différenciée selon le sexe. De plus, la majorité des personnes qui enseignent les sciences sont des hommes alors que les autres matières sont plus souvent enseignées par des femmes. La science perçue comme masculine, un monopole masculin. Hypathie (370-465) enseigna les mathématiques au musée d'Alexandrie et serait l'inventrice de 1'aéromètre. Sofya Korvin Krukovsky Kavalevskaya (1850-1891) a laissé son nom au théorème Cauchy-Kavalevski. Gaétane Agnési (1718-1799) publia en 1748 un traité de mathématiques sur la courbe du 3 e degré(Cubique d'Agnési) et elle fut nommée à la chaire de mathématiques de l'université de Bologne par le pape Benoît XIV. Conseils : éliminer tout vocabulaire stéréotypé dans les manuels et exercices mathématiques. Ex. Une fille calcule la longueur du fil nécessaire à son cerf-volant. Un garçon cherche combien il doit économiser pour s'acheter un chandail. (Voir les noms féminins en Mathématique sous Mathématicienne à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 3l * Musique Interprètes, instrumentistes et chanteuses sont connues, mais la création musicale féminine l'est peu. Occident : femmes exclues du chant religieux par soumission à l'injonction de Saint-Paul, XVI e s. : l'Église remplace les femmes par les castrats (hommes castrés) pour jouer les rôles féminins et les voix de haute pour concurrencer les chanteuses laïques. France : les castrats étaient interdits et les femmes pouvaient faire carrière sur scène, c'est pourquoi il y a toujours eu plus de création féminine en France. Renaissance: les instruments furent divisés en deux catégories soit féminine et masculine. instruments féminins instruments masculins clavecin, viole, luth, harpe, guitare instruments à corde, à vent, percussions, cymbales Note : le violon fut considéré comme un instrument exclusivement masculin les deux cents premières années de son existence. XIX e s. : la création d'orchestres féminins permit aux femmes de devenir professionnelles. Ce sont donc les restrictions dans le domaine instrumental qui ont ralenti la création féminine. Les femmes ne pouvant être ni cheffesd'orchestre ou d'opéra, elles composèrent moins que les hommes. Hildegarde von Bingen (1089-1179) était compositrice interprète.La Comtesse de Die (1140—?) était trobairitz, Elisabeth-Claude Jacquet de la Guerre (1664 7-1727) était compositrice. Marianne Von Martinez (1744-1812) était chanteuse compositrice. Depuis le XIX e s., les grands noms féminins ne manquent pas dans l'interprétation avec des chanteuses comme Pauline Viardot, Maria Callas, des cheffes de choeur comme Catherine Brilli, des cheffes d'orchestre comme Nadia Boulanger, Hedy Salquin, des flûtistes, des ondistes, des violoncellistes, des pianistes. Des femmes ont mis des poèmes en musique telle Henriette Hilda Bosmans avec Prévert tandis que d'autres ont fait de la musique de films comme Wendy Carlos pour Shining. (Voir noms féminins en Musique sous Chanteuse, Chanteuse compositrice, Cheffe de choeur, Cheffe d'orchestre, Compositrice, Compositrice interprète, Musicienne, Trobairitz). Philosophie La philosophie comme bien d'autres tradition judéo-chrétienne : disciplines a longtemps été chasse gardée au masculin au nom de la F H Vie ordinaire Oeuvre philosophique irrationnalité berceau pupitre rationalité nature quenouille/fuseau livre/plume logique Dans" son oeuvre Le" deuxième sexe, Simone de Beauvoir fait l'analyse de cëTtë" dichotomie ou la femme peut échapper à son destin biologique seulement en refusant la vie de couple et la procréation. Moyen Âge : la philosophie était monosexuée (masculine et patriarcale) et pratiquée par des clercs célibataires qui refusaient toute sexualité, donc en principe chastes. XX e s. : la femme philosophe crée la confusion entre l'universel et le spécifiquement masculin. Les aspects philosophiques du féminisme traitent des problèmes moraux tels que l'égalité des droits, la contraception! l'avortement, la reproduction, les nouvelles technologies médicales(fécondation in* vitro, don d'ovules, d'organes, mères porteuses), la censure, les arts. De 1733 à 1766, Laura Bassi fut titulaire à la chaire de philosophie de l'université de Bologne. Elisabeth de Bohème fonda la première école cartésienne d'Europe. Antiquité : Cléobule. Époque classique : Marie de Gournay. Les Lumières : Mary Wollstonecraft. (Voir noms féminins sous Philosophe à l'Annexe II). CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES 32. Sciences Les sciences sont un monde masculin où les femmes font figure d'exception. Au secondaire, filles et garçons obtiennent des résultats équivalents en mathématique. La biologie et le destin biologique ont tenté de justifier le phénomène des différences d'aptitudes par des facteurs sociogénétiques (génétiques, hormonaux ou neurologiques). La vérité se trouve au plan socioculturel et non au plan biologique. Ex. Au microscope, on allait jusqu'à voir le spermatozoïde comme homoncule (homme : tête, bras et jambes). «La science n'a jamais été neutre». " M _____ i F féministes scientifiques scientifiques masculins science échange avec la nature science domine et maîtrise la nature organisation et particularité causalité unique des organismes vivants à tous les organismes vivants fluides, flous solides, forces La science s'est attardée à l'étude des solides et des forces liées au masculin, délaissant fluides et flous qui sont liés au féminin. Gertrude Elion-Bell reçut le prix Nobel de médecine en 1988. Caroline Herschel (1750-1848) découvrit cinq cent-soixante et une étoiles ainsi que la planète Uranus. Elisabeth Hevelius (1647-1693) fut corédactrice de la Machine céleste. Marie Cunitz (1610-1664) publia ses propres tables sous Urania propitia. Maria Mitchell (1818-1889) laissa son nom à une comète. Herta Ayrton (1844-1923) inventa le ventilateur. Anna Morandi-Manzolini (1716-1744) découvrit les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil. Non seulement était-elle peintre et sculptrice, mais aussi anatomiste. Elle fut nommée titulaire de la chaire d'anatomie à l'université de Bologne en 1758. Marie Phisalix participa aux recherches sur le sérum antivipérin et publia Les Vipères de France (1940). Mary Cynthia Dickerson (1866-1923) fut la première conservatrice de la division «reptiles» à 1'American Museum of Natural History de New York. Hélène Metzger (1889-1944) était chimiste et historienne. Concordia Amelia Dietrich (1821-1891) fut conservatrice au Musée botanique de Hambourg. En 1947, Kitty Pbnse fut successivement assistante et professeure extraordinaire d'endocrinologie à Genève. Elisabeth Britton (1858-1934) se spécialisa dans l'étude des mousses, (bryologie).. , Prix Nobel féminins 1903 et 1911 : Marie Curie en physique. 1935 : Irène Joliot-Curie en chimie. 1947 ; Gery Cori 1963 : Maria Goeppert Mayer 1977 : Rosalyn Yalow ^ 1983 : Barbara McClintock 1986 ; Rita Levi-MontalCIni jj-88 VG e r t r u d e Elion~Bgi:J: en médecine. Conseils : inclure le féminin au langage scientifique. Ex. Le lecteur et la lectrice.^ on parlera d'une physicienne, d'une médecin, d'une professeure et de leur équivalent masculin. on remplacera le mot «hommes» par les êtres humnins, la femme et l'homme, l'humanité, les personnes, on illustrera la notion de vitesse par une skieuse/notion d'équilibre par une patineuse. Les femmes furent toujours nombreuses en botanique : sorcières et guérisseuses faisaient de la médecine expérimentale et découvraient des remèdes à partir des plantes : Hildegarde de Bingen. CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÔÎIQÏÏES 33. Sciences (suite) En chimie Mixité des illustrations, énoncés de problèmes et d' expériences. Ina Noddak (1896-1978) travailla au concept de l'explosion de l'atome d'uranium. Pauline Romart (1880-1953)en synthèse des alcools. Marguerite Perey (1909-1975) fut la première française élue à l'Académie des sciences (1962) et première titulaire de la chaire en chimie nucléaire créée à Strasbourg (1949). Magda Staudinger (1902-) en chimie macromoléculaire. Marjorie Stephenson (1885-1948) sur les enzymes. En physique Inclure filles et garçons dans les illustrations, aux problèmes et expérimentations. Hypathie et la découverte de 1'aéromètre. Emilie du Châtelet traduisit Newton en français. Laura Bassi, titulaire à la chaire de physique à Bologne (1766). Lise Mietner (1878-1968), théorie de la fission nucléaire. Alexandra Glagovela-Arkadleva (1884-1945) et ses travaux en physique radiologique. Maria Goeppert Mayer en physique atomique. Mllena Manie Einstein sur la théorie de la relativité. En sciences naturelles et en biologie Indiquer les caractéristiques sexuelles propres à chaque sexe : les mâles n'ont jamais eu de temps de gestation. Ex, L'homme n'allaite pas. On parlera de mammifères et de femelles. Ex. Femme, chatte, lapine. On se rappelera que le pouvoir génératif n'est pas exclusif au mâle, mais aussi femelle. Ovule et spermatozoïde sont deux agents fécondants : femelle reproductrice et mâle reproducteur. Marie-Catherine Biheron (1730-1815) et ses poupées anatomiques. Henriette Herlant-Meewis (1910—) et ses travaux sur la reproduction. Lucie Randoin (1888-1960) et son école de diététique. Florence Sabin (1871-1953) et ses découvertes sur l'anatomie des canaux lympathiques. Elle fut première assistante â la Johns Hopkins Medical School, première professeure d'histologie, premiere présidente de 1'American Association of Anatomists, première élue à la National Academy of Sciences. Métiers : anatomistes, astronomes, botanistes, chimistes, physiciennes. (Voir noms féminins scientifiques sous Anatomiste, Astronome, Botaniste, Chimiste, Physicienne à l'Annexe II). TABLEAU SYNOPTIQUE DES VALEURS SEXISTES DOMINANTES VERS DES VALEURS FÉMINISTES ÉGALITAIRES 34. MATIÈRE DOMAINE FEMME FILLE Activités créatrices manuelles femme au foyer partage des tâches pourvoyeur Arts plastiques défavorisée création mixte monopolise Bureautique bureautique accessibilité mixte informatique Cinéma objet héroïne positive créateur Comptabilité sous-payée profession mixte rémunéré Correspondance connu. majoritaire mixité professionnelle minoritaire Critique de l'information rôle ambigu partage des rôles rôle dominant Droit sphère privée sous-représentée principe d'égalité réelle parité des juges (f, et h.) sphère publique sur-représenté Économie d'entreprise minoritaire mixité, équité salariale majoritaire Économie familiale travail domestique salaire domestique travail rémunéré Économie politique emploi, une chance scolarisation féminine emploi, un droit Éducation civique devoirs citoyenneté/droit de vote droits Éducation physique anatomie inférieure performance individuelle anatomie supérieure Éducation religieuse exclue du sacré sacerdoce féminin synonyme du divin Éducation sexuelle vierge ou putain droit à l'intégrité phys. viol, inceste, harcèlement Environnement animale/écologie écoféminisme vision mécanique Français (écrit) occultation matrimoine/patrimoine réfèrent universel Géographie (personnes) (lieu) infanticides féminins espace domestique contraception partagée lieux mixtes naissances masculines production industrielle (personnes) (système) ÉQUILIBRE (FÉMINISME) de désir HOMME GARÇON Inspiré du livre Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages. 35. TABLEAU SYNOPTIQUE DES VALEURS SEXISTES DOMINANTES VERS DES VALEURS FÉMINISTES ËGÂLITÂIRES MATIÈRE DOMAINE FEMME FILLE ÉQUILIBRE (FÉMINISME) HOMME GARÇON Histoire loi salique vision égalitaire puissances masculines Information scolaire et professionnelle jardinière d'enfants carrières non traditionnelles ramoneur, maçon Informatique (emploi) (tâche) secrétaire traitement de textes désexisation démystification cadre ordinateurs Langues anciennes (grec et latin) exclue admission admis occultation critique socioféministe Langues et littératures étrangères littérature officielle Littératures objet d'écriture/d'action sexuation du sujet littérature féministe infériorisation sociale et intellectuelle Littérature enfantine séries roses littérature non sexiste séries noires Littératures étrangères occultation mondes féminins contemporains littérature littérature plurielle Ex. littérature québécoise littérature française orientation selon aptitudes monopole masculin Littératures francophones occultation littérature misogyne littérature masculine masculine Mathématique ségrégation Musique injonction de Saint-Paul orchestres féminins restriction instrumentale création fént./masc. castrat instruments masculins Philosophie tradition judéo-chrétienne philosophie féministe monosexuée/patriarcale Sciences destin biologique scientifique masculin féminisme scientifique Inspiré du livre Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages. 36. MATÉRIEL DE CRÉATION Tel que mentionné plus tôt dans la description de cours, les élèves ont été appelés à produire leur propre texte de création afin de mettre en application certains principes et règles de féminisation Afin de faciliter le repérage des éléments (Annexe III) . féminisés, ceux-ci apparaissent en caractères gras. 1. La berceuse des Marguerite, Alain Dumais (1995). Document VII I. Orthographe L'auteur a adopté l'emploi du pronom collectif mixte «illes» pour assurer la v i s i b i l i t é féminine des personnages. Puis, il a privilégié la terminaison féminisante en ajoutant un «e» f i - nal au mot fleures et au mot amoures quand i l parle de ses deux f i l l e s . II. Syntaxe Certaines constructions de phrases ont remplacé l'adjectif accordé au masculin par une tournure différente : «ils étalent différents» a été remplacé par Illes découvrirent leurs différends. III. Lexique Le mot «humains» a été remplacé par les génériques personnes humaines (p. 1) ou encore êtres humains (p. 2 ) . Il a utilisé les doublets génériques suivants : - Cette maman et ce papa (p. 1) pour remplacer le «ils» du texte original; - Chacun et chacune deux filles. (p. 1) pour parler du papa, de la maman et de ses IV. Grammaire L'auteur par a fait l'accord exemple, un papa singulier, l'adjectif des adjectifs au plus près dans certains cas: et une maman spéciale. Étant accordé au féminin «spéciale» crée un transfert sémantique (de sens) qui fait qu'il réfère à l'un des deux noms seulement soit le mot «mère» ici. Les adjectifs malheureux (p. 1 ) , unis et heureux (p. 5) gardent l'accord au masculin pluriel se rapportant aux mots «parents» et «enfants» . À noter que le mot «enfant» est un épicène qui change de genre selon le déterminant qui le précède : un ou une enfant. 37. MATÉRIEL DE CRÉATION 2. Nouvelles nouvelles, David Simard (1994). Document VIII I . Orthographe L'auteur a opté pour l'application du pronom collectif mixte «illes» dont vous trouverez les pages reproduites à l'annexe III, document VIII. Sa fréquence d'apparition sur un total de 176 pages est de quinze (15) fois pour assurer la visibilité des personnages féminins et l'équilibre en termes d'égalité linguistiquement parlant. II. Syntaxe Aucune phrase n'a le dû être refonnulée de manière à devoir en contenu. L'une des nouvelles porte le titre féminiser de La poramiëre qui permet la sexuation du personnage au féminin : i l s ' a g i t d'une femme-pommier. III. Lexique C'est surtout au plan lexical que se sont faits les ajustements féminisants : - Humaine (p. 45) dont le sujet est le mot «chose». - Vieux (p. 51) réfère à la pensée de la personne sujet qui est un homme. - Idéale (p. 69) se rapporte à un sujet féminin. - Inquiètes (p. 80) prend le genre de la personne qui parle. La sexuation du sujet est ici respectée par exemple : - La prédatrice (p. 8 9 ) , une suicidée et l'ennemie (p. 9 9 ) , déçue et persuadée (p. 1 2 5 ) , dépravées (p. 131). L'auteur emploie des termes génériques : les personnes habituées (p. 86) ainsi que certains doublets génériques : citoyens et citoyennes (p. 42), étudiantes et étudiants (p. 155) ainsi que clients et clientes (p. 172). 11 en inverse l'ordre des genres pour un plus grand équilibre lexical. La loi de l'appartenance qui encourage l'accord selon le genre du sujet dont on parle est elle aussi appliquée quand il s'agit des titres de fonction : par exemple, cambrioleuse (p. 143), superviseure (p. 1 5 8 ) . IV. Grammaire L'auteur s ' e s t assuré l'accord des adjectifs en appliquant la règ12 du masculin pluriel pour le pronom collectif mixte «illes» : i l l e s s e retrouvèrent étendus (p. 141). 38. MATÉRIEL DE CSÉATIO» 3- Le chemin de l ' É t e r n e l l e , Christian Tremblay (1995). Document EX Cet élève a fait preuve d'originalité en matière de fëminis-ation. L'application féminisante en contexte créateur est de nature innovat r i c e , créatrice et pionnière dans la présente analyse grammaticale. En effet, au. pluriel il a priorisé l ' u t i l i s a t i o n mixte «illesl et en est venu à l'employer au singulier par la création du <i_ULe>. Par exemple, quand i l chasseur), l'unicité, du collectif il il utilise le s'adresse à un sujet double (chasseresse, «illes» et quand il désire en indiquer alterne avec le «ille» au singulier que j e baptiserai de «collectif unifié». Je vous en fais ici la démonstration à l'aide d'un tableau qui permettra une comparaison entre le texte original et le texte féminisé. a) Le Pouvoir: Texte original Texte féminisé I- Orthographe: Un chasseur chasse Une chasseresse, un chasseur chassent: Un guerrier Illes Le guerrier choisit La guerrière et le guerrier choisissent Un guerrier accumule Une guerrière ou un guerrier accumule Qu'il Qu'ille I I est à remarquer que cet élève accorde son verbe au p l u r i e l quand les deux sujets s'additionnent (doublets génériques : une chasseresse, un chasseur), ce qui donne «chassent». Cette pluralité j u s t i f i e l'emploi subséquent du collectif mixte «illes». Pourtant, quand les deux sujets s'unifient, son verbe singulier soit «accumule». Ce qui signifie q u ' i l s'adresse a 1 un ou l ' a u t r e des deux sujets ou Cette un guerrier). (doublets génériques singularité justifie reste au indifféremment : une guerrière l'emploi subséquent du collectif unifié «ille». Vous noterez aussi les applications variées des doublets génériques: tantôt séparés par une virgule, tantôt par la conjonction de. coordina- tion «et», tantôt par la conjonction disjunctive «ou». "- Syntaxe d autres : cet élève a dû faire certains ajustements syntaxiques dans nous avons choisi de faire l'analyse grammaticale des deux présents textes à cause de l e u r caractère tant parries représentatif de son oeuvre. que signifiant Pourtant, en termes de principes de féminisation en contexte créateur. et de règles 39. a) Le Pouvoir MATÉRIEL DE CRÉATION Texte original III. Lexique : Un chasseur Le guerrier Un guerrier (4) (6) Texte féminisé (1) (2) (3) Un chasseur (5) Homme de ... (7) Cet élève Une chasseresse, un chasseur (chassent) La guerrière et le guerrier (choisissent) Une guerrière ou un guerrier (accumule) L'adepte Être de connaissance a judicieusement appliqué la règle de féminisation par l'emploi de doublets génériques (1), (2), (3) et d'épicènes (5) et (7) pour remplacer des termes sexistes (4) et (6) a cause de leur description unisexuée. Tel que nous l'avons mentionné plus haut, l'accord fait au pluriel quand les sujets s'additionnent des verbes se et au singulier quand les sujets s'unifient. IV. Grammaire tandis que ceux grasses/gras) féminisation : les adjectifs qui prennent épicënes varient ici selon (malades) leur la forme double que celui des substantifs restent genre sous invariables (vieilles/vieux; le même principe de (chasseresse/chasseur) soit des doublets génériques. L'auteur de ce texte a opté pour la forme féminine suivie de la forme masculine : une chasseresse, un chasseur (1); la guerrière et le guerrier (2) afin de la mettre en valeur. Le second création d'un texte produit par le même élève a donné naissance à la nouveau principe de féminisation que je qualifierai de «binaire» par analogie à tous les systèmes binaires toujours formés de deux unités. Afin d'établir une comparaison entre les deux systèmes génériques soit le masculin et le féminin, nous nous servirons d'un tableau—synthèse. Ceci nous permettra d'éviter une analyse grammaticale complexe puisque les différents aspects grammaticaux en question parlent d'eux-mêmes. À remarquer qu'un transfert sémantique se fait dès qu'un mot du lexique poétique est féminisé: ex. pantins/poupées; temps/heures; sang/sève; feu/flammes; âge/ère; oiseaux/fleurs; ruisseaux/rivières; bison/gazelle; sol/planète. Analysons plus en détail la nature de ces transferts. 40. b) Apocalypse Ferbes MATÉRIEL DE CRÉATION Masculin Adjectifs Féminin part, passés (1) hommes (3) pantins femmes (2) poupées (4) (5) troublés troublées (6) temps (8) sang (10) feu (12) âge Adj ectlf s part- passés Verbes heures (7) sëve (9) flammes (11) ère (14) (13) nouvel (15) enfanté (16)chantent (17) oiseaux nouvelle enfantée (5) (13) (15) fleurs (18) naissent de la terre rivières (21) (20) ruisseaux (22) bison gazelle (23) (24)tout nouveau planète (27) (26) béni (25) sol (19) toute nouvelle(24) bénie (26) Cet échantillonnage lexical auquel se greffent quelques adjectifs (13) et (26) 5 quelques participes passés (5) et (15) et aussi quelques verbes (16) et (19), mérite que nous nous y attardions afin d'en faire l'analyse grammaticale du discours. Comme la syntaxe a été peu touchée par ce principe binaire de féminisation, aucune analyse ne sera abordée sous cet aspect dans ce poème. Quant à l'analyse de contenu, c'est en exposant la définition de chacun des substantifs que nous ferons ressortir les métaphores et leur transfert sémantique d'un genre à l'autre soit du masculin au féminin. ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS Je porterai à votre attention que c'est principalement au plan lexical que nous retrouvons l'application de l'approche féminisante par l'utilisation alternative des substantifs tantôt masculins tantôt féminins. Les quelques adjectifs et participes passés respectent la règle usuelle d'accord avec le sujet du verbe. Il en va de même pour l'adjectif qualificatif «toute/tout». L'orthographe du mot «béni/bénie» relève de la graphie siècle puisqu'il s'écrit «bénit/bénite» en français moderne. du XIXe 41. ANALYSE DE CONTENU Homme : Être a p p a r t e n a n t à l ' e s p è c e animale l a p l u s évoluée de l a T e r r e . Femme Être humain du sexe qui conçoit et met au monde les enfants. P a n t i n : F i g u r i n e burlesque dont on a g i t e l e s membres au moyen d ' u n f i l . Poupée : Figurine humaine servant de jouet d'enfant. Temps : M i l i e u i n d é f i n i où p a r a i s sent se dérouler irréversiblement l e s existences dans leur changement. Heure : Espace de temps égal à la vingt-quatrième partie du jour. Sang : Liquide visqueux, de coul e u r rouge, qui circule dans l e s vaisseaux de l'organisme, f i g . cruauté Sève : Liquide nutritif tiré du sol et qui circule dans les plantes vasculaires. fig. principe vital Feu : Dégagement d'énergie c a l o rifique et de lumière accompagnant l a combustion v i v e , f i g . énergie Flammes : Mélange gazeux e n combustion, lumineux quand il contient des particules solides en suspension, fig. incendie Âge : Époque, s i è c l e ; période de l ' h i s t o i r e . Ère : Époque qui commence avec un nouvel ordre de choses. grande Oiseau : Animal au corps recouvert de plumes. Fleur : Production colorée, souvent odorante, de certains végétaux. Ruisseau : P e t i t cours d'eau, affluent d'une r i v i è r e , d'un l a c . Rivière : Masse d'eau de ruxssellement qui se jette dans un fleuve. Bison : Animal sauvage de l a famille des bovidés armé de c o r n e s . Gazelle : Mammifère ruminant et ongulé, fig. de grands yeux doux. Sol Planète : Corps céleste du système solaire sans lumière propre. Partie superficielle de la croûte terrestre. La symbolique de cet élève-poète véhicule des images où s'opposent des termes poétiques qui reflètent sa vision et sa description d u monde. À la lumière de ces définitions usuelles, il est possible d e percevoir certaines données où le masculin apparaît indéfini, visqueux, calorifique, grand, et comme : animal, burlesque, recouvert, un affluent, sauvage superficie^. Quant au féminin, voici les adjectifs qui en ressortant: humain, humaine, égal, nutritif, gazeux, nouvel, colorée, une m a s s e , doux et céleste. Comme toute symbolique, ces analogies restent aussi spéculatives qu'intuitives. Pourtant, il me semble que tous ces mots portent l'essence unique d un sens q u i leur l'épistémologxe est propre est toute aussi allégorique d e ce poète. et reposent arbitraire sur une définition "t subjective dont que le regard 42. CONCLUSION Ce cours d'écriture expérimentale, la lecture de documents appuyant une politique de rédaction non sexiste pour assurer l ' é g a l i t é entre les sexes et la linguistique présentation d'une documentation féminisante, permis à ce groupe étudiant d'appliquer ces techniques, ces ont principes et ces règles de féminisation en contexte créateur. Deux de ces élèves ont publié leurs écrits dont David. Simard avec Nouvelles nouvelles et Christian Tremblay avec Le chemin de 1*ÉternelJLe. À remarquer le nouveau signe d1 élision créé pour faire la. liaison du masculin au féminin dans le mot <Êternel_le» au lieu du t r a i t «-» habituel. Ce t r a i t ayant pour but d ' a t t i r e r l'attention sur la présence des deux genres dont le féminin est abrégé pour n'en présenter que la f i n a l e . Comme le souligne Thérèse Moreau, une t e l l e pratique est à rejeter. Si une économie linguistique doit là où l'on veut corriger une injustice, se faire, ce n'est pas justement une problématique en générant une forme d'anomalie équivalente où les signes sont sources d'erreurs orthographiques et d'incompréhension. La féminisation de la langue vise à rétablir l'équilibre linguistique et à améliorer un système grammatical sexiste à outrance. C'est pourquoi, i l est nécessaire de créer des principes, ou règles de féminisation où l'on retrouve techniques la présence fémxnine non pas atrophiée, mais complète, non pas tronquée, mais entière. Ce même élève a créé le principe binaire de féminisation qui présente l'avantage d'élargir le champ poétique et symbolique de ses aXlégories respectant la en sexuation du sujet pour le texte original et en transposant au féminin pour le texte qui suit. Cette approche de féminisation est riche en métaphores et en images puisqu'elle a pour effet d'enrichir les champs sémantique et l e x i c a l . La féminisation linguistique est une ouverture à la réalxté bisexuelle de notre monde, créatrice d'universaux grammaticaux. C'est un enrichissement linguistique au plan lexical ( t i t r e s , fonctions), au plan sémantique (non-péjoration) et au plan syntaxique (phrases). C'est un élargissement de notre vision du monde au nom du matrimoine. C'est une autre façon d'écrire le monde que nous habitons. En écho avec l'utopiste Fourrier, je répète : «L'émancipation des femmes est le c r i t è r e d'une société évoluée». ^ " 43. ANNOTATIONS 1. Thérèse Moreau; 1994, Pour une éducation epicene, Éditions sociales, Lausanne, p. 27. 2. Ibid. p. 32. 3. 4. Ibid. P- 33 5. Ibid. P- 5 3 . 6. Ibid. P- 5 6 . 7. Ibid. P- 5 5 . 8. Ibid. p . 5 8 . 9. Ibid. P- 6 9 . Ibid. P- 3 9 . 1 0 . Ibid. P- 9 8 . 1 1 . Ibid. P- 2 3 . 1 2 . Ibid. p . 119. 1 3 . Ibid. P- 140. 1 4 . Ibid. P- 147. 1 5 . Ibid. P- 151. 1 6 . Ibid. P- 166. 1 7 . Ibid. P- 179. 1 8 . Ibid. p . 201. 1 9 . Ibid. P- 248. 2 0 . Ibid. P- 119. Réalités 44. V. BIBLIOGRAPHIE MatéxieX de lecture MARDIS, Françoise; 1994, «La féminisation comme phénomène socioULnguistique», Office de la langue française et Université du Québec à Chicoutimi, collection «Langues et sociétés», Tome I, Chicoutimi, p. 279 à 309. Idem, La. féminisation comme instrument d'analyse sociolinguistiqtxe, Éditions Françoise Marois, Albanel, 39 pages. MOREAU, Thérèse; 1994, Pour une éducation épicëne, Éditions Réalités sociales, Lausanne,281 pages. Matériel de création SIMARD, David; 1994, Nouvelles nouvelles, Éditions Françoise Marois, Albanel, 176 pages. TREMBLAY, Christian; 1995, Le Chemin de l'Éternel_le, Éditions Illimitées, Dolbeau, 180 pages. Matériel de consultation BOTJRRET, Annie; 1994, 1995, Pour l'amour du. français, L'Express d e Toronto. TATILON, Claude; 1995, La langue, l e discours e t l ' é g a l i t é , La Linguistique. Matériel de référence MOREAU, Thérèse; 1991, Le langage n'est pas neutre, Lausanne : ARCOSP. MOREAU, Thérèse; 1991, Dictionnaire féminin-masculin des professions, des titres et des fonctions, Genève, MetropolisMORRIS, Lori; 1991, Gender in Modern English : The System and Its Uses, Université Laval, Québec, 294 pages. RICCI-LEMPEN, Silvia; MOREAU, Thérèse; 1991, Vers une éducation n o n sexiste, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 227 pages. YAGUELLO, Marina; 1991, En écoutant parler La langue, Éditions dix Seuil, Paris, 125 pages. YAGUELLO, Marina; 1989, Le sexe des mots, Éditions Pierre Belfond, Paris, 161 pages. MATÉRIEL D'INFORMATION ANNEXE I Document I : Françoise Marois redémarre une nouvelle session, journal Le Point, janvier 1995. Document II: syllabus en atelier d'écriture expérimentale. Document ITT : étapes d'un résumé de lecture. Document IV : deux résumés de lecture. li Ateliers d'écriture LÉ POINT 15 janvtet- Ï995 Françoise Marois redémarre une nouvelle session Denis Hudon Françoise Marois, éditrice de la maison Les Éditions Françoise Marois. redémarre ses ateliers d'écriture expérimentale le 23 janvier prochain. Comme son nom l'indique, le cours a pour objectif d'expérimenter de nouvelles avenues de créativité en écriture à partir de textes, de documents d'information et de différentes techniques. On se familiarisera avec les différentes techniques de la féminisation des titres et des textes. Mme Marois s'apprête d'ailleurs à publier un essai et qui s'intitulera simplement "La féminisation". On se souviendra que ce cours i'an dernier a permis de découvrir un jeune auteur. David Simard, 16 ans et étudiant à ia polyvalente Jean-Dolbeau. C'est la découverte d'un futur écrivain alors que David a publié son premier livre "Nouvelles nouvelles*. 11 est d'ailleurs à préparer; la suite avec une nouvelle publication qui sortira possiblement en septembre prochain. David Sîmard sera de la troisième session du cours de Mme Marois. Un autre inscrit à cet atelier Fan dernier. Christian Tremblay, pourrait lui aussi publier un livre cette année (avril ou mai). 11 s'agit d'une publication qui regroupera des poèmes prophétiques. Quant aux ateliers qui s'amorcent la semaine prochaine, ce sera une suite des deux premières sessions de l'an dernier. Toutefois, la porte est grande ouverte aux nouveaux puisque le cours prévoit une rétrospective (un résumé bien sûr) du contenu du programme de 1994. L'an dernier, six personnes s'étaient inscrites au cours dont quatre avaient complété la session. Les ateliers s'adressent à une très large clientèle, les enfants, îes adolescents, les adultes et les aînés. La période d'inscriptions s'étale du 16 au 23 janvier et le coût est fixé à 200S (10$ l'heure, 2 heures de cours par semaine, durée 10 semaines). Les participants à cet atelier d'écriture réaliseront également un collectif (publication en groupe) et à souligner que le jeune David Simard, riche de son expérience d'écrivain. se transformera en conférencier. Document I I SYLLABUS ATELIER D'ÉCRITURE EXPÉRIMENTALE 1 . OBJECTIF GÉNÉRAL 1 . 1 . I n t r o d u i r e et f a i r e appliquer diverses techniques de féminisation en contexte d ' é c r i t u r e c r é a t r i c e . 2. OBJECTIF SPÉCIFIQUE 2.1 Amener les élèves du groupe à écrire des textes féminisés. 3 . MOYENS 3.1 Faire connaître certaines techniques de féminisation conformes a celles que diffuse l'Office de la langue française au Québec; 3.2 Faire connaître certains ouvrages traitant de la féminisation comme phénomène et instrument d'analyse grammaticale; 3.3 Faire connaître une oeuvre d'application contexte d'accompagnement l i t t é r a i r e . féminisante publiée en 4. DÉMARCHE 4.1 Rencontre de groupe : l'animatrice-ressource présente documents d'appui et de référence sur la féminisation; certains 4.2 Étudiantes et étudiants font faire un résumé de lecture; pour en 4.3 Mini-conférences : chaque élève présente son résumé de lecture en salle de classe et en remet un exemplaire,à chacune, chacun; 4.4 Ateliers d'écriture collective : l'animatrice-ressource supervise le groupe qui a pour tâche de féminiser chacun des résumés. la lecture des documents 5. CALENDRIER 5 . 1 Les r e n c o n t r e s s ' é c h e l o n n e r o n t sur v i n g t semaines c o n s é c u t i v e s soit de septembre à décembre 1994 e t de j a n v i e r à mars 1995. 6. AUTO-ÉVALUATION 6 . 1 Les résumés de l e c t u r e ( t r a v a i l é c r i t ) , l e s m i n i - c o n f é r e n c e s ( t r a v a i l oral), l e s ateliers de féminisation, la matériel de création et le matériel d'analyse représentent l'application pratique des divers éléments féminisants enseignés. DOCUMENT II SYLLABUS (suite) 7. MATÉRIEL 7.1 «La féminisation comme phénomène sociolinguistique», Office de la langue française et Université du Québec à Chicoutimi, collection Langues et sociétés, Tome I, 1994, p. 279 à 309- 7-2 La féminisation comme instrument d'analyse Françoise Marois, 1994, 39 pages. 7.3 Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, 1994, 281 pages. 7.4 Pour l'amour du français, Annie Bourret, L'Express de Toronto, 1994, 1995. 7.5 La langue, le discours et l'égalité, Claude Tatilon, 1995. 7.6 Nouvelles nouvelles, David Simard, 1994, 176 pages. 7.7 En écoutant parler la langue, Marina Yaguello, 1991, 125 pages. 7.8 Le sexe des mots, Marina Yaguello, 1991, 161 pages. 7.9 Gender in M o d e m English:The System and Its Uses, Lori Morris, 1991, 294 pages. sociolinguistique, 8. PRÉALABLE 8.1 Toute personne intéressée à écrire des textes dont la syntaxe et la grammaire refléteront notre réalité contemporaine. DOCUMENT III RÉSUMÉ DE LECTURE 1. Introduction : renseignements généraux a) b) c) d) e) f) Titre du texte Provenance du texte : journal, revue, livre (page) Nom de l'auteure Genre d'écrit : roman, editorial, reportage, recherche Date de publication Idée principale 2. Développement : idées importantes Les idées du résumé doivent suivre le même ordre que celles d u texte original : idée principale de chaque paragraphe. 3. Conciusion : confronter notre résumé au texte original Une phrase : idée principale de l'introduction, la portée et X'intérêt du texte face au lectorat. Ex. Pour toute catégorie; connaissances préalables requises. QUALITÉS D'UN BON RÉSUMÉ 1. Objectivité : respecter avec grande fidélité l'idée de l'auteure. Fidélité servile. Aucun commentaire personnel. Résumer, ce n'est pas commenter. 2. Précision : les idées importantes. 3. Concision : l'essentiel sans détail; phrases courtes. 3. Vocabulaire : objectif sans jugement de valeur. Aucune citation. SECRETS POUR FAIRE UN BON RÉSUMÉ 1. Lire et relire : perte de temps en apparence se traduit en gain à la rédaction du résumé. 2. Flèches, traits, annotations. 3. Plan sommaire de résumé avant rédaction. 4. Confrontation paragraphe par paragraphe avec le texte originaL . DOCUMENT IV RÉSUMÉ DE LECTDSE «De Grevisse â Marois», Françoise Marois, revue Rauque n° 4, Éditions Prise de Parole, Sudbury, 1987. Ce texte est un court précis de grammaire féministe qui expose entre autres la motivation derrière la création du collectif mixte «illes». L'essai énonce trois grands principes : 1) l'usage précède la règle; 2) le féminin étymologiquement né du masculin (formé sur le masculin) et 3) le nombre l'emporte sur le genre. Le premier principe rappelle, a juste titre, que c'est l'usage qui fait évoluer réalités une langue contemporaines et de non plus la grammaire. Or, l'usage suit près que la grammaire, les tatillonne, prescriptive et conservatrice qui régit les écrits au masculin générique pour la plupart. Le second principe présente la philosophie de formation des formes féminines, principalement l'ajout du «e» en finale ingénieure. S'ensuit une discussion sur la valeur «féminine» du pour «e» en finale, neutralisée dans maître ou absente dans oncle. Le troisième principe constitue une nouvelle règle d'accord proximité s'effectuerait où la selon le genre du substantif le plus p r è s . La règle voulant que l'accord se fasse au masculin pluriel s'en trouverait modifiée. L'énoncé Un haricot et cent Un haricot et cent fèves vertes et à fèves. Par contre, dans où fèves verts serait remplacé par l'adjectif s'appliquerait à haricot Cent fèves et un haricot verts, l'adjectif s'appliquerait également à fèves et haricot. L'auteure appelle ce principe la «loi de la proximité». Le pronom «illes» qui n'implique aucun ajustement à l'oral et très peu à l'écrit, cas des permet un usage plus représentatif de la langue dans le groupes mixtes, réservant ainsi «ils» aux groupes entièrement masculins et «elles» aux groupes composés de femmes seulement. Enfin, il originale pour convient de mentionner une «loi de l'appartenance» fort ajuster la langue à son genre, comme de dire prendre un coup de vieille. Une nouvelle règle qui prendra peut-être un temps à faire son petit bonne femme de chemin ! Source : BOURRET, Annie; 1995, revue Dialangue, p. 131~et 132. peu de DOCUMENT IV La f é m i n i s a t i o n comme i n s t r u m e n t d ' a n a l y s e Françoise M a r o i s , 1994. sociolxnguistique, RÉSUMÉ DE LECTURE Non f é m i n i s é Féminisé Tiré du travail de recherche Ce travail de recherche effec- effectué par Françoise Marois aux tué par Françoise Marois e n Éditions du même nom en mars 1994, 1994, a pour objectif l'analyse de ayant l'aspect sexiste que véhicule comme objectif l'analyse de l'aspect sexiste de la langue. Le ministère de l'Éducation mars la langue française. Le ministère de l'Éducation du abonde dans le même sens que ces Québec abonde dans le même sens que principes ces principes féminisants. dans les livres scolaires. À partir contenu, d'analyse 1 ' auteur se de sert de À partir d'une analyse de contenu (A.C.) S l'auteure utilise des •A. livres de lecture pour sortir le sexisme social leur contenu. son analyse masculins et et grammatical de L'auteur des enchaîne stéréotypes féminins livres de lecture pour en f a i r e ressortir le sexisme social e t enchaî- ne en faisant l'analyse grammaticale du discours (A.D.). à partir de manuels scolaires au Québec. En su faire facteurs par conclusion, l'auteur ressortir psychologiques exemple, féminins. sente certains facteurs qui sous- majeurs, tendent la psychologie des adoles- et aux personnages Quant au côté grammatical des livres de lecture sélectionnés par l'auteur, sexisme semble persister. En conclusion, l ' a u t e u r e pré- 'certains le mimétisme l'identification a le centes. Par exemple, le mimétisme et l'identification aux personna- ges féminins. Quant â l'aspect grammatical, le sexisme semble non seulement persister, mais croître. MATÉRIEL DE LECTURE ANNEXE II Document V : 300 grands noms féminins. Document VI : lexique de dénominations féminines, DOCUMENT V GRANDS NOMS FEMININS 300 PAR DOMAINE 3 °° Source : tirée du volume Pour une éducation épicene, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994,281 pages. 300 GRANDS NOMS FÉMININS PROFESSION NOM Académicienne Carrère d'Encausse, Hélène 1992 De Romilly, Jacqueline 1992 Yourcenar, Marguerite(De Crayencour) 1951 Agronome Gacon-Dufour, Marie 1753-1835 Alpiniste Boulaz, Loulou Marvingt, Mary Bullock-Workmann, Fanny 1908-1991 1875-1963 1858-1922 Analyste programmatrice Byron-Lovelace, Ada Augusta 1818-1852 Première analyste programmatrice , on lui doit la notion de «débranchement». Anatomlste Morandi-Manzolini, Anna 1716-1744 Sabin, Florence 1871-1953 Aulenti, Gae Brukalska, Barbara Fafius, Zofia Mahoney-Griffin, Marion 19271899-1980 19071873-1961 Elle a découvert les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil. Elle a découvert les canaux 1 mphatiques, Première assistante à la Johns Hopkins Medical School; Première professeure d'histologie; Première présidente à la National Academy of Sciences; Première présidente à 1'American Association of Anatomists. Elle aménagea le Musée d'Orsay. Perriand, Charlotte 1903- Architecte Scott Brown, Denise Tournon-Branly, Marion Wehrheim, Jean ANNEE 19261926-1977 PREMIÈRE/INVENTION L'Empire éclaté. Aussi helléniste. Le Siècle d'Or. Aussi romancière. Mémoires d'Hadrien. Pratiqua aussi le canoë et l'aviation. Première à passer le cap des six mille mètres (1906) et à planter la bannière «Vote for Women» sur le Nun Kun au sommet de l'Himalaya. Première diplômée du Massachusetts Institute of Technology. GRANDS NOMS FÉMININS II. PROFESSION NOM ANNÉE PREMIÈRE/INVENTION Artiste peintre Anguissola, Sofînisba Fontana, Lavinia Gentileschi, Artemisia Rossi, Properzia Sirani, Elisabetta 1535-1625 1552-1614 1593-1652 1490-1530 1638-1665 À la Renaissance. Peintre officielle à Cunîtz, Marie 1610-1664 Herschel, Caroline 1750-1848 Hevelius, Elisabeth Mitchell, Maria 1647-1693 1818-1889 Elle publia ses propres tables avec Urania propitia. Elle a découvert cinq cent soixante et une étoiles, la planète Uranus et deux de ses satellites. Corédactrice de la Machine céleste. Laissa son nom à une comète. Aviatrice Earhart, Amelia 1898-1937 Avocate Chauvin, Jeanne 1892 Astronome Kempin-Spyri, Emily Novella Andrea 1 e r s. avant J.C. 1891 XVI e s. Britton, Elisabeth Dietrich, Concordia Amelia 1858-1934 1821-1891 Libert, Marie-Anne Von Bingen, Hlldegarde 1823-1865 1098-1179 Hortensia Botaniste Chanteuse Callas, Maria Viardot, Pauline Chanteuse compositrice Von Martinez, Marianne Cheffe d'orchestre Boulanger, Nadia Glore, Jane Salquin, Hedy Cheffe de choeur Brilli, Catherine Violante, Olga 1744-1812 la cour papale, Première aviatrice à traverser seule l'Atlantique. Des professions accessibles aux femmes en droit romain et en droit français. Femme de loi romaine Remplaça son de Bologne. père a l'université Elle étudia les mousses (bryologie). Conservatrice du Musée botanique de Hambourg. Fut aussi mathématicienne. Fut aussi enlumineuse. GRANDS NOMS FÉMININS PROFESSION Chimiste Cinéaste NOM ANNÉE PREMIÈRE/INVENTION Metzger, Hélène 1889-1944 Noddak, Ida 1896-1978 Perey, Marguerite 1909-1975 1962 Influença l1épistémologie scientifique, Fut aussi historienne en sciences. Travailla au concept de l'explosion atomique de l'uranium. Première Française élue à l'Académie des sciences; première titulaire à la chaire de chimie nucléaire créée à Strasbourg. Fit la synthèse des alcools. En chimie macromoléculaire. Avec ses travaux sur les enzymes. Romart, Pauline Staudinger, Magda Stephenson, Marjorie 1949 1880-1953 19021885-1948 Dulac, Germaine 1882-1942 Guy, Aline Hoffman-Uddgreri Jasset, Victoria Notari, Elvira Reiniger, Lotte 1873-1962 1862-1947 1875-1944 1899-1981 Weber, Loïse Compositrice III, Arrieu, Claude Boulanger, Lili Boulanger, Nadia Caccini, Francesca Candeille, Julie Chaminade, Cécile Candeille, Julie 1903-1990 1893-1918 1887-1979 1587-1640 ? 1767-1836 1857-1944 1767-1836 Holmes, Augusta 1847-1903 Jacquet de la Guerre,Elisabeth Claudel664 7-1727 1850-1927 Le Beau, Luise Adolph 1898-1979 Leleu, Jeanne Mendelssohn Ilensei, Fanny 1805-184 7 1897-1985 Plé-Caussade, Simone Puget, Loïsa 1819-1889 Elle fut aussi monteuse, scripte, cadreuse, secrétaire, décoratrice, bibliothécaire, documentaliste...dans les premiers studios. La Première Cigarette. Fut aussi monteuse, scripte, cadreuse, secrétaire dans les premiers studios. Fut aussi actrice, monteuse, cadreuse et metteuse en scène. IV. GRANDS NOMS FÉMININS PREMIERE/INVENTION PROFESSION NOM ANNEE Compositrice (suite) Puig-Roget, Henriette Roesgen-Champion, Marguerite Shriter, Corona Smyth, Ethel Taillefer, Germaine Von Paradis, Maria Theresa 19101894-1976 1751-1802 1858-1944 1892-1983 1759-1834 Schumann, Clara Von Bingen, Hildegarde 1819-1896 1089-1179 Dickerson, Mary Cynthia 1866-1923 Compositrice interprète Conservatrice 1906 Fut aussi brodeuse et enlumineuse. Premiere conservatrice de la division «reptiles» â 1'American Museum of Natural History (New York) et autrice du livre Frog Book. Dietrich, Concordia Amelia 1821-1891 Conservatrice du Musée botanique de Hambourg. Cycliste Dutrieu, Hélène 1877-1961 Belge surnommée «la Flèche humaine». Diététicienne Randoin, Lucie 1888-1960 Fonda une école de diététique. Ëcrivaine Brontë (les soeurs) De Beauvoir, Simone De Pizan, Christine De Ségur (la comtesse) 1988 (1949) 1405 De Gournay, Marie Gouges, Olympe Sand, George Wolf, Christa Woolf, Virginia 1989 1992 1992 1985 1951 Le Deuxième Sexe. La Cité des Dames. Littérature enfantine : Les Malheurs de Sophie, Un Bon Petit Diable... L'Égalité des hommes et des femmes. Écrits politiques. Question d'art et de littérature. Gassandra. Une Chambre à soi. De Landsberg, Herrade 1125-1195 Fut aussi brodeuse. Von Bingen, Hildegarde 1098-1179 Fut aussi brodeuse. Enlumineuse Herpé tologue Phisalix, Marie (1622) (1788) (1878) (1929) 1922 Participa aux recherches sur le sérum antivipérin et publia deux ouvrages: Animaux venimeux de France; 1940 Les Vipères de France, GRANDS NOMS FÉMININS PROFESSION NOM Historienne Metzger, Hélène 1889-19^-4 Pernoud, Régine Thiébaud, Françoise 1986 Inventrice Agnési, Gaétane Bentz, Melitta Boyce, Ellen Britain, Clarissa Hypathie PREMIÈRE/INVENTION ANNÉE 1718-1799 1748 1862 1864 370- 415 Korvin Krukovsky Kavalevskaya, Sofya 1850-1891 White, Margaret 1870 Woodruff, Catherine 1872 Journaliste Aussi chimiste, son oeuvre a considérablement influencé l'histoire des sciences, La Femme au temps des cathédrales. La Femme au temps de la guerre de 14. Cubique d'Agnési. Publia un traité de mathématiques. Filtre à café de papier. Machine à laver. Égouttoir à vaisselle. Inventa l'aéromètre. Enseigna les mathématiques au Musée d'Alexandrie. Théorème Cauchy-Kavaleski. Planche à repasser. Machine à laver la vaisselle. Bly, Nelly Bodin, Louise Deroin, Jeanne 1865-1922 1877-1929 1805-1895 Durand, Marguerite 1864-1946 Giroud, Françoise Gourd, Emilie 1977 1879-1946 Graham, Katherine Groult, Benoîte Lange, Hélène Lazareff,'Hélène Qcampo, Victoria 1917— 1975 1848-1930 1893 1909-1988 1890-1979 PetCerson, Alicia 1906-1979 Créatrice du Newsday. Serao, Matilda Séverine 1879-1927 1855-1929 Directrice du II Giorno.  La Fronde et dirigea Le Cri du peuple de 1885 à 1888. Fit le tour du monde en 78 jours (1890). Dirigea La Voix des femmes de 1917-1921. Directrice de La Politique des femmes et de L'Opinion des femmes. Fonda le quotidien féministe La Fronde entièrement fait par des femmes (1897). La Comédie du pouvoir. Fonda Le Mouvement féministe aujourd'hui devenu Femmes Suisses. Propriétaire du Washington Post. Ainsi soit-elle. Féministe allemande, fondatrice de la revue Die Frau. Créatrice du mensuel Elle. Fondatrice de la revue argentine Sur. GRANDS NOMS FÉMININS VI PROFESSION NOM ANNEE PREMIÈRE/INVENTION MaChématicienne Agnesi, Gaetane 1718-1799 1748 Baruk, Stella Byron-Lovelace, Ada Augusta Cunitz, Marie Fairfax-Somerville, Mary 1992 1818-1852 1610-1664 1780-1872 Cubique d'Agnési. Publia un traité de mathématiques où intervient la discussion sur la courbe du troisième degré. Dictionnaire de mathématique élémentaire. La notion de «débranchement». Aussi astronome, publia Urania propitia. Germain, Sophie Hypathie Ministre Musicienne ' 1771-1831 370- 415 Korvin Krukovsky Kavalevskaya, Sofya Libert, Marie Anne Noether, Emmy Kock, Karin 1850-1891 1823-1865 1882-1935 1891-1976 Bosmans, Henriette Hilda Carlos, We-ndy XX e s. XX e s. La théorie des nombres. Inventa 1'aéromètre et enseigna les mathématiques au Musée d'Alexandrie. Laissa son nom au théorème Cauchy-Kavaleski. Fut également botaniste. Première Suédoise à siéger au Conseil du roi et ministre conseillère. A mis des poèmes de Prévert en musique. A fait de la musique de films dont Shining et A Clockwork Orange. Voir aussi sous Chanteuse, Chanteuse compositrice, Cheffe d'orchestre, Cheffe de choeur, Compositrice et Compositrice interprète. Navigatrice Chojnovska-Liekiewicz, Krashina 1944- Neurologue Dejerine, Augusta 1859-1937 Peintre Delaunay, Sonia Aloïse 1885-1979 1886-1964 Art abstrait. Art brut. Kollwitz, Kathe Modersohn-Becker, Paula Munter, Gabrielle Werekfin, Marianne 1867-1945 1876-1907 1877-1972 1860-1938 Expressionniste. Cassatt, Mary 1844-1926 Impressionniste . Gontcharova, Natalia Morisot, lîerthe 1881-1962 1841-1895 AvanC-garde russe, Popova, Lioubov 1889-1924 Galizia, Fede Leyster, Judith 1578-1630 1609-1660 Moillon, Louise Morandi-Manzolini, Anna Peeters, Clara 1610-1696 1716-1744 1594- ? Première à faire seule le tour du monde. r.mprcss ioniils Le. Avant-garde russe. Natures mortes. Fut aussi anatomiste et sculptrice, GRANDS NOMS FÉMININS VII. PROFESSION NOM ANNÉE PREMIÈRE/INVENTION Peintre Ruysch, Rachel Vallayer-Coster, Anne Van Oosterwych, Maria Waser, Clara 1664-1750 1744-1818 1630-1693 1678-1714 Natures mortes. Barbarigo, Ida Benglis, Lynda 19251941- Pastels. Bonheur, Rosa Carriera, Rosalba Chicago, Judy De Paula, Inima De Saint Phalle, Niki Fini, Leonor Hesse, Eva Kaufmann, Angelica Labille-Guiard, Adélaïde Laurencin, Marie Mengs, Theresa Concordia Mitchell, Joan Pagava, Vera Pfaff, Judy Valadon, Suzanne Vigée-Lebrun, Elisabeth Von Weigang, Charmion Waser, Anna 18221675 1939 1918 1930 1908 1936 1741 1749 1885 1725 1926 1907 1946 1867 1755 1900 1678 Kahlo, Frida Sage, Kay 1.910-1954 1893-1963 Surréaliste. Dacier (Lefebvre), Anne 1647-1720 Française à qui le gouverneur du Dauphin avait demandé de traduire des auteurs grecs et latins (Florus, Callimaque, Philologue 1.899 1757 1970 1807 1803 1956 1806 1992 1988 Fondatrice de l'Académie de Londres. Pastels. 1938 1899 1983 1714 Eutrope, Anacreon), Elle édita aussi Droz, Eugénie 1893-1976 les Pensées de Marc-Aurèle, L'Odyssée et traduisit L'Iliade. Connue des médiévistes, elle créa la revue Bibliothèque de l'Humanisme et de la Renaissance. GRANDS NOMS FÉMININS PROFESSION NOM Philosophe Ârendt, Hannah Bassi, Laura 1982 1733-1766 De Beauvoir, Simone De Bohême, Elisabeth 1988 (1949) De Schurmann, Anna Maria Germain, Sophie Héloïse Hypathie ANNEE 1771-1831 370- 415 VIII. PREMIÈRE/INVENTION L'Impérialisme. Titulaire de la chaire de philosophie à l'université de Bologne. Le Sénat lui octroya la chaire de physique. Le Deuxième Sexe. Élève de Descartes, elle fonda la première école cartésienne d'Europe. Théorie des nombres. Inventa 1'aéromètre et enseigna les mathémathiques au Musée d'Alexandrie. Conférences sur la libération des femmes. Kollontaï, Alexandra Luxembourg, Rosa Royer, Clémence Stein, Edith 1921 Weil, Simone Wollstonecraft, Mary 1965 1976 (1792) Photographe Abbott, Berenice Arbus, Diane Bourke-White, Margaret Colomb, Denise Freund, Gisèle Jacot, Monique Miller, Lee 1898-1991 1923-1971 1904-1971 1902191219341907-1977 Physicienne Ayrton, Herta Bassi, Laura 1844-1923 1766 Curie, Marie (Sklodowska) 1897-1956 Prix Nobel de physique en 1903. Glagovela-Arkadieva, Alexandra Hypathie Joliot-Curie, Irène 1884-1945 370- 415 1897-1956 Manie Einstein, Milena Meitner, Lise Première femme à enseigner à la Sorbone. Travaux sur la physique radiologique. (Voir Philosophe plus haut) Prix Nobel de chimie en 1935. Travailla à la théorie de la relativité. 1878-1968 Travailla à la théorie de la fission 1985 (1859) 1950 Introduction à la philosophie des femmes. Dont l'oeuvre parut après sa mort en Allemagne. Oeuvres complètes. Défense des Droits des femmes. Inventa le ventilateur. Titulaire de la chaire de physique à l'université de Bologne. nucléaire. GRANDS NOMS FÉMININS IX. PROFESSION NOM ANNEE PREMIÈRE/INVENTION Pilote Auriol, Jacqueline 1917- Première pilote d'essai. Politicienne Bâumer, Gertrud 1873-1954 Beckmann, Emma Buttho, Benazir 1880-1967 1953- Cardenas de Bustamante, Hipatia 1889- ? Finnbogadottir, Vigdis 1930- Gandhi, Indira Kaur, Amrit 1917-1964 1869-1964 Meir, Golda Naidu, Sarojini 1898-1978 Odil, Begtrup 1903-1987 Conseillère au ministère de l'Intérieur pendant la République de Weimar. Élue au Parlement de Hambourg (1921). Première femme à diriger un pays musulman. Première femme à devenir conseillère d'État (Equator). Élue plusieurs fois comme présidente de l'Islande. Premiere ministre de l'Inde (1966). Princesse indienne et secrétaire de Gandhi. Elle devint ministre de la Santé (1947). Cofondatrice de l'État d'Israël. Proche de Gandhi, elle fut gouverneure de l'État d'Uttar Pradesh. Féministe danoise et présidente du Conseil national (1946). Première femme au monde à être cheffe de gouvernement (Sri Lanka). Sirimawo Ratwath Dias, Bandaranaïkel916Productrice Foster, Jody Gouze-Réal, Christine Réalisatrice XX e s. Ackerraan, Chantai Arthur, Karen Audry, Jacqueline Bellon, Yannick Belmont, Vera Bernheim, Nicole-Lise Campion, Jane; palme d'or à Cannes en 1993. Carolina, Anna Cavani, Liliana Citron, Michelle Companez, Nina Delon, Nathalie Devers, Claire Duras, Marguerite Escher, Yvonne Graf-Datwyler, Marlise Hesse, Isa Huppert, Caroline Kaplan, Nelly Kopple, Barbara Kurys, Diane Labrune, Jeanne Lahaz, Lucienne Meszaros, Marta Moraz, Patricia Moreau, Jeanne Mulvey, Laura Ottinger, Ulrike Pascal, Christine Pinkus, Gertrud: Anna Goldin GRANDS NOMS FÉMININS ANNÉE PREMIÈRE/INVENTION PROFESSION NOM Réalisatrlce(suiCe) Plattner, Patricia XXe s. Potter, Sally Rappeneau, Elisabeth Rainer, Yvonne Reifenstahl, Leni Roy, Tula Serreau, Coline: Trois hommes et un couffin. Sanders-Brahms, Helma Seidelman, Suzanne Sondert-Ladd, Helena Streisand, Barbara: Yentil. Varda, Agnès Veuve, Jacqueline: Chronique paysanne en Gruyère. Von Trotta, Margarethe Westmûller, Lina Scientifique Aganice Carson, Rachel Ellion-Bell, Gertrude McClintock, Barbara Metzger, Hélène 1988 1983 1889-1944 Ponse, Kittv 1897- ? Prix Nobel de médecine. Prix Nobel. Influença considérablement l'épistémologie en histoire des sciences. Fit des études en sciences à la Faculté de Genève où elle fut assistante, privât docent et professeure extraordinaire en endocrinologie. Voir aussi sous Anatomiste, Astronome, Chimiste, Inventrice et Physicienne. Sculptrice Besse, Eva Bourgeois, Louise Claudel, Camille 1936-1970 19111864-1943 De Saine Phalle, Niki Franzheim, Elisabeth Gailland, Marie 193019231954- Hébert-Goeffin, Josette Helena Hepworth, Barbara 1908Antiquité 1903-1975 Hosmer, Harriet 1830-1908 Antiquité laia de Cyzlgue Lewis, Edmonia 1845-1890 Première femme à recevoir le prix Guggenheim. Première sculptrice afroaméricaine. GRANDS NOMS FÉMININS PROFESSION NOM ANNÉE Sculptrice (suite) Marcia Morandi-Manzolini, Anna Antiquité 1716-1744 Nevelson, Louise 1758 1900-1988 Olympia Orloff, Chana Peltier, Thérèse Penalba, Alicia Pepper, Beverly Richier, Germaine Tussaud, Marie Vaughn Hyatt Huntington, Anna Westhoff, Clara Whitney, Gertrud Antiquité 1888-1968 1873-1926 1913-1982 19241904-1959 1760-1850 1876-1973 1878-1954 1875-1942 Dacier (Lefebvre), Anne 1647-1720 Traductrice XI. PREMIÈRE/INVENTION Du Châtelet, Emilie Trobairitz (troubadour, m.) De Die, comtesse De Porcairages, Azlais 11401140- ? ? Zoologue Fossey, Diane Herlant-Meewis, Henriette 1932-1985 1910- Fut aussi peintre et anatomiste. Elle a découvert les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil. Fut nommée titulaire a la chaire d'anatomle de l'université de Bologne. Philologue française, elle traduisit des auteurs grecs et latins dont Florus, Callimaque, Eutrope et L'Iliade. A traduit Newton en français. DOCUMENT VI LEXIQUE DES MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION FÉMININE Source : tirée du volume Pour une éducation épicëne, Thérèse Moreau, Éditions réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages. JLEXIQUE MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION AU FÉMININ Académicienne, 174 actionnaire, 103 (E) adolescente, 106 agente de bureau, 77 agricultrice,114 agronome, 249 (E) alpiniste, 129 (E) amatrice, 237 amazone, 174 ambassadrice, 89 amoureuse, 139 analyste (E) programmatrice, 171 apôtre (E), apôtresse, 134 artisane, 114 artiste, 69 (E) assistante sociale, 113 astronome, 249 (E) auditrice, 53 autodidacte, 243 (E) autrice, 12 aviatrice, 130 avocate, 159 Baronne, 51 bibliothécaire, 81 (E) bonnetière, 113 botaniste, 249 (E) brodeuse, 70 Cadreuse (camerawoman), 81 cardeuse, 66 championne, 49 chanteuse, 237 cheffe d'entreprise, 89 cheffe d'opéra, 238 cheffe d'orchestre, 89 cheffe de chantier, 166 cheffe de choeur, 238 chercheuse, 82 chimiste, 249 (E) chirurgienne, 166 chômeuse, 56 cigarière, 113 cinéaste, 81 (E) citoyenne, 51 compositrice, 237 comtesse, 210 conjointe, 105 conseillère, 51 conservatrice, 249 consommatrice, 106 contemporaine, 250 courtisane, 174 couturière, 66 créatrice, 69 cuisinière, 56 cycliste, 129 (E) Dactylo, 77 débitrice, 103 décoratrice, 81 déesse, 127 déléguée, 43 destinataire, 89 (E) diaconesse, 135 diplômée, 71 directrice, 41 disciple, 135 (E) doctoresse, 57 documentaliste, 81 (E) domestique, 159 (£) Ébéniste, 66 (E) écrivaine, 177 élève, 120 (E) employée, 77 entrepreneuse, 91 épouse, 105 érudite, 174 étrangère, 119 étudiante, 23 Femme de lettres, 178 femme de ménage, 151 flieuse, 66 flûtiste, 238 (E) fondatrice, 70 fournisseuse, 87 Gouverneure, 120 graveuse, 70 guérisseuse, 250 Helléniste, 173 (E) héroïne, 82 herpétologue, 249 (E) historienne, 160 humaine, 55 Impératrice, 173 infirmière, 151 ingénieure, 50 institutrice, 19 instrumentiste, 237 (E) interlocutrice, 57 interprète, 237 (E) inventrice, 234 Jardinière d'enfants, 151 jongleuse, 128 journaliste, 92 (E) enlumineuse, 70 enseignante, 11 Latiniste, 173 (E) Source : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 28/ p, JLEXIQUE MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION AU FÉMININ lectrice, 51 législatrice, 98 lingère, 151 Maçonne, 166 mairesse, 51 pilote de ligne, 166 (E) pionnière, 113 plombiëre, 50 postière, 113 pourvoyeuse, 106 présidente, 51 prêtre (E), prêtresse, 174 maîtresse d'activités créatrices, 20 princesse, 173 maîtresse de maison, 105 manoeuvre, 151 (E) mathématicienne, 50 matrone, 173 médecin, 249 (E) ménagère, 105 ménestrelle, 128 metteuse en scène, 81 missionnaire, 135 (E) monteuse, 81 musicienne, 239 musicologue, 237 prisonnière d'opinion, 56 productrice, 82 professeure, 70 prophétesse, 134 professionnelle, 237 puéricultrice, 151 pythie, 174 Navigatrice, 129 neurologue, 249 (E) nourrice, 159 nymphe, 127 Ogresse, 209 ondiste, 238 (E) opératrice de saisie, 77 ouvrière, 151 Patineuse, 250 paysanne, 159 Rabbine, 134 ramoneuse, 166 réalisatrice, 81 régente, 159 reine, 51 reportère, 91 Sage-femme, 113 sainte, 174 salariée, 114 savante, 202 scripte, 81 sculptrice, 70 sénatrice, 58 servante, 174 Téléspectatrice, 93 théologienne, 134 tisserande, 57 titulaire, 250 travailleuse sociale, 32 trobairitz, 238 (troubadour) typographe, 91 (E) Vendeuse, 50 veuve, 65 violoncelliste, 238 (E) Zoologue, 91 (E) (E) pour épicëne ; mot qui porte les deux genres. Ex. Une médecin ou un médecin. NOTE : Le présent lexique de dénominations féminines n'est certes pas complet, car il ne présente que celles tirées du volume cité afin d'illustrer les usages que nous en propose l'auteure (autrice). signataire, 89 (E) skieuse, 250 sociologue, 41 (E) pédagogue, 11 (E) sorcière, 250 peintre, 70(E) spectatrice, 21 philologue, 173 (E) sportive, 130 physicienne, 50 syndique, 51 pianiste, 238, (E) pilote d'essai, 129 (E) Source : Pour une éducation épicëne, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 p. MATERIEL DE CREATION ANNEXE III Document VII : La berceuse des Marguerite, Alain Dumais, 1995. Document VIII: Nouvelles nouvelles, David Simard, 1994. Document IX : Le chemin de l'Éternel_le, Christian Tremblay, 1995. TEXTE ORIGINAL NON FÉMINISÉ Â mes deux fleurs préférées Kim et Jessie—K II était une fois deux petites fleurs Marguerite qui avaient eu la chance d'avoir un papa et une maman vraiment spéciale. Mais un matin, ils s'étaient assis face à face pour discuter de ce qu'ils aimaient tous les deux et de ce qu'ils n'aimaient p a s dans leur vie de couple. Ils se rendirent compte qu'ils étaient différents et pour ne pas être malheureux tout le restant de leur vie, ils décidèrent de se séparer. Eh oui ! Cela arrive aussi dans les familles de Marguerite. Leur amour avait changé et valait mieux regarder la vérité de leur petit coeur plutôt que d'être toujours malheureux tous les jours, II faut savoir que chez les Marguerite , les sentiments changent à la longue et que chacun, chacune a ses différences. rite est le plus difficile à comprendre, car il lui est heureux tout le temps. Il voudrait tout Papa Margue- pénible d'être essayer dans la vie. Il manque de temps tout l e temps. Eh oui ! Comme les humains, il cherche souvent dehors ce ont en-dedans. qu'ils «g; 2. Mais les Marguerites, ils se le disent eux, ce qu'ils aiment. Il n'y a pas de Marguerite cachette pour eux. Parfois aussi dans la famille des comme chez les humains, c'est le silence ou la souffrance muette qui s'installe pour ne pas faire de la peine aux enfants-fleurs. Mais entendent les enfants Marguerite, on ne peut rien leur cacher. Ils tout, ils ressentent tout, quand ça ne va pas à la maison entre leurs parents et que ça brasse dans le bouquet familial. Alors, ils s'imaginent dans leur petit coeur que c'est peut-être a cause d'eux que les parents ne s'entendent plus. Et ils pensent que c'est à eux de les réconcilier. C'est ce au début de qui arrive aux deux petites marguerites dont je la lettre. Elles s'appelaient Kim et Jessie-K parlais et leurs parents s'étaient justement séparés. Ils habitaient maintenant dans deux jardins différents à quelques arbres de distance. Les deux petites marguerites comme c'était souvent le cas, étaient restées dans le jardin de leur maman. Mais elles souffraient beaucoup d'être séparées de leur papa qu'elles ne voyaient maintenant qu'au jour «père». Depuis ce jour—là, i l y avait comme un trou noir au fond poitrine. Oui, oui, un gros trou noir. Cela paraît de leur curieux, mais c'est la v é r i t é . Chaque qu'elles c'est nuit, elles avaient très dans leur gênant l'impression avaient peur poitrine de fleurir que leur poitrine pour est de tout les tomber dans ce à l'intérieur. marguerites trou noir Vous savez, lorsqu'elles trop petite pour contenir ont ce grand trou noir. Vous l'avez de tristesse, deviné, car elles ce trou était s'en voulaient un trou de chagrin, de peine, de n'avoir pu ramener leurs parents ensemble. Surtout que nos deux marguerites aimaient autant leur papa que leur maman et e l l e s auraient bien voulu demeurer avec papa aussi pour ne pas q u ' i l soit t o u t seul. C'est d i f f i c i l e pour une petite marguerite toute fragile e t remplie de tendresse e t d'amour d'exprimer cela. Elles décidèrent donc d'en parler à leur papa un soir où e l l e s étaient allées à sa chambre d'hôtel. Papa leur raconta. Je suis très très ému, très touché de ce que vous me dites l à , mes amours. Mais voyez-vous, ce n'est pas pour vous faire de la peine à vous deux, ce qui arrive. Ce n'est pas de votre mère chérie dont j e séparé, car elle restera toujours suis votre maman chérie et je resterai toujours votre papa chéri. Vous comprendrez que ce qui est arrivé est une affaire d'adultes que les petites marguerites ont beaucoup de mal à comprendre puisque la vie, c'est bien compliqué des fois. Sachez que vos papa et maman ne vous abandonneront jamais, jamais, jamais. Et que ça, c'est la plus grande richesse dans la famille des Marguerite, de s'aimer au plus profond de notre coeur, de s'aimer longtemps, longtemps, en sachant que nous sommes des fleurs a v e c des petites différences, mais que notre amour est gravé dans notre coeur et rien ne peut plus jamais l'effacer. Bien sûr, ça fait mal parfois et l'on pense à s'endormir et n e plus se réveiller ou tomber malade, tout perdre nos pétales et retourner en terre. Eh oui ! On imagine plein de choses pour oublier ce qui arrive. Quel gros chagrin pour les Marguerite. Ce s o i r - l à , ce la peine les Marguerite pleuraient qu'elles vivaient et cela Coûtes dans leur p e t i t coeur s'entendit dans la forêt des Marguerite et tous les foyers surent q u ' i l s'agissait d'une grande peine à vivre pour nos deux petites fleurs et leurs parents. Mais i l s leur amour, s'aimaient quand même tellement q u ' i l s décidèrent: que par ils" resteraient unis pour la vie et que r i e n ne les empêcherait d ' ê t r e heureux même s ' i l s ne vivaient plus sous un même toitSoudain, Marguerite et rieurs, était le vent se leva et se mit à souffler dans la forêt des l ' a i r qui se déplaçait partout sur les branches, sur les rempli d'amour. En prenant une grande respiration ensemble, nos deux p e t i t e s remplirent le fleurs grand trou noir qu'elles avaient dans la poitrine et dont elles avaient s i peur. Elles venaient de découvrir quelque chose d'extraordinaire. 53?» LA BERCEUSE DES MARGUERITE II était une fois deux petites fleures Marguerite qui avaient eu la chance d'avoir un papa et une maman vraiment spéciale. Mais un matin, cette maman et ce papa s'étaient assis face à face pour discuter n'aimaient des pas choses qui n'allaient leur vie de dans vraiment couple. pas et qu'illes Illes découvrirent leurs différends et pour ne pas être Malheureux tout le restant de leur vie, illes décidèrent de se séparer. Eh oui ! Cela arrive aussi d a n s les familles Marguerite. Leur amour avait changé et valait mieux regarder la vérité d e leur petit coeur plutôt que d'être toujours malheureux tous les jours. Il faut savoir que chez les Marguerite, les sentiments changent à la longue et est le plus que ehftCtm» &h&S3XHS a ses différences. Papa Marguerite difficile à comprendre, car il lui est pénible d'être heureux tout le temps. Il voudrait tout essayer dans la vie. Il manque de temps tout le temps. Eh oui ! Comme les pecsurntma humaines, il cherche souvent ce qu'elles ont en-dedans. dehors 2. Mais les Marguerite, elles se le disent, elles, ce qu'elles aiment;. Elles ne se cachent rien. Parfois aussi dans la famille Marguerite comme chez les êtres humains, c'est le silence ou la souffrance muette qui s'installe pour ne pas faire de la peine aux extfants-fleures. Mais les enfants Marguerite, entendent tout, elles ressentent on ne peut rien leur cacher. Elles tout quand ça ne va pas à la maison entre leurs parents et que ça brasse dans le bouquet familial. Alors, elles s'imaginent dans leur p e t i t coeur que c'est peut- être à caus d'elles si les parents ne s'entendent plus. Et elles pensent que c'est à elles de les réconcilier. C'est ce qui arrive aux deux petites f i l l e s Marguerite dont je parlais au début de la lettre. Elles s'appelaient Kim et Jessie-K et l e u r s parents s'étaient justement séparés. I l s habitaient maintenant dans deux jardins différents à quelques arbres de distance. Les deux petites filles Marguerite, comme c'était étaient restées beaucoup d'être souvent le dans le jardin de leur maman. Mais elles cas, souffraient séparées de leur papa qu'elles ne voyaient maintenant qu'au jour «père». Depuis ce jour-là, il y avait comme un trou noir au fond de leur poitrine. Oui, oui, un gros trou noir. Cela paraît curieux, mais c'est la vérité. Chaque qu'elles c'est nuit, avaient très l'impression elles avaient dans leur gênant peur poitrine de fleurir de tout tomber dans ce trou â l'intérieur. Vous pour les marguerites noir savez, lorsqu'elles que leur poitrine est trop petite pour contenir ce ont grand trou noir. Vous l'avez deviné, ce trou était un trou de chagrin, de peine, de tristesse, car elles s'en voulaient de n'avoir pu ramener leurs parents ensemble. Surtout que nos deux marguerites aimaient autant leur papa q u e leur maman et elles auraient bien voulu demeurer avec papa aussi pour ne pas qu'il soit tout seul. C'est difficile pour une petite marguerite toute fragile et remplie de tendresse et d'amour d'exprimer cela. Elles décidèrent donc d'en parler à leur papa un soir où étaient allées à sa chembre d'hôtel. elles Papa leur raconta. «.Je suis très très ému, très touché de ce que vous me dites là, mes aooures. Mais voyez-vous, ce n'est pas pour vous faire, de la peine à vous deux, ce qui arrive. Ce n'est pas de votre mère chérie dont je suis séparé, car elle restera toujours votre maman chérie et je resterai toujours votre papa chéri. Vous comprendrez que ce qui est arrivé est une affaire d'adultes que les petites marguerites ont beaucoup de mal à comprendre puisque la vie, c'est bien compliqué des fois. Sachez que vos papa et maman ne vous abandonneront jamais, jamais, jamais. Et Marguerite, que ça, c'est de s'aimer au la plus plus grande profond de richesse notre dans coeur, la famille de s'aimer longtemps, longtemps, en sachant que nous sommes des fleures avec des petites différences, mais que notre amour est gravé dans notre coeur et rien ne pourra plus jamais l'effacer. Bien sûr, ça fait mal parfois et l'on pense à s'endormir pour ne plus se réveiller ou tomber malade, tout perdre nos pétales et retourner en terre. Eh oui! On imagine plein de choses pour oublier ce qui arrive. Quel gros chagrin pour les Marguerite !» 2$?: Ce soir-là, de la peine marguerites les Marguerite pleuraient toutes dans leur p e t i t coeur qu'elles et tous avaient les et foyers cela surent s'entendit qu'il dans s'agissait la forêt d'une des grande peine à vivre pour nos deux petites fleures et leurs parents. Mais i l l e s s'aimaient quand même tellement q u ' i l l e s décidèrent que par leur amour, xlles resteraient unis pour la vie et que rien ne les empêcherait d ' ê t r e heureux même s ' i l l e s ne vivaient plus sous un même toit. Soudain, marguerites, le vent se leva et l'air se mit à souffler dans la forêt des qui se déplaçait partout sur les branches, sur les fleures, était rempli d'amour. En prenant une grande respiration ensemble, nos deux petites SLemores remplirent le grand trou noir qu'elles avaient dans la poitrine et dont elles avaient si peur. Elles venaient de découvrir «l'amour inconditionnel». DOCUMENT ¥111 ÉCHANTILLON D'UN TEXTE FÉMINISÉ Oeuvre : Nouvelles nouvelles, David Simard, Éditions Françoise Marois, 1994, Albanel, 176 pages. 1. Doublets génériques (citoyens et citoyennes) 2. Autres mots féminisés (prédatrice) 3. Collectif mixte «illes» 42 Nouvelles nouvelles îl apprit aussi que citoyens et citoyennes de la ville avaient trouvé pour la plupart quelque chose à marchander. Chaque personne qui avait pris la peine d'y aller, était repartie avec quelque chose d'intéressant. À ce qu'il paraissait, madame Girard avait été la seule à repartir les mains vides. Les gens lui avaient demandé pourquoi. Elle avait affirmé que l'oncle Antoine, c'était ainsi que la plupart des gens l'appelaient maintenant, avait comme pour tout le monde quelque chose de spécial à lui offrir. Mais que cette chose pour elle ne se trouvait pas dans son magasin. Elle ne voulut cependant pas dévoiler ce que c'était. Matie le savait, lui. C'étaient, bien sûr, des cigarettes, mais il n'osa pas interrompre son frère. Il parlait maintenant de sa mère qui avait acheté un robot culinaire. Cette folie, à côté de celle des autres, était insignifiante. Par exemple, la famille du maire Tremblay avait maintenant un nouveau four à micro-ondes. Bernard Boivin, ce gros bonhomme toujours souriant, s'était équipé d'une nouvelle tondeuse à gazon et Marie-Elise Corneau avait acheté une télévision pour son plus jeune fils. Tout cela n'était que des exemples. Beaucoup d'autres articles étaient sortis de la magnifique boutique. Son frère Claude, pour sa part, avait acheté un tout petit rat blanc. Cette idée venait de l'oncle Antoine, lui-même. Comme Claude ne trouvait rien à son goût, il lui avait posé le rat sur l'épaule. «Il y a aussi des rats dans un grenier!» lui avait-il dit. —Il doit être riche! avança Matie. Le Grenier de l'oncle Antoine 4S près, il reconnut des visages. Oui, il en était certain. Presque chacune lui était familière. Il en vit alors une qui le laissa stupéfait. Elle était beaucoup plus colorée et légèrement plus petite que les autres. C'était bien lui, avec ses cheveux roux coupés courts et ses bermudas jaune canard: Tommy Guénard. Un bruit le fit sursauter. Il se retourna vivement. Pris d'une extrême panique, il recula et trébucha contre l'étagère qui tomba à la renverse, faisant s'échouer la Bible et les autres objets par terre. L'horloge se fendit en deux. La chose qui se tenait devant lui n'avait rien d'humaine. De forme arachnéenne, elle avait d'énormes yeux jaunes globuleux. Ses longues pattes au nombre de huit étaient alignées tout le long de son corps. Elle les brandit vers Matie, emplissant la pièce de longs filets minces semblables à ceux d'une toile. De sa bouche édentée, elle éjectait un liquide incolore et visqueux qui dégageait une puanteur indescriptible. Epouvanté, la seule chose à laquelle Matie put penser fut de fermer les yeux, souhaitant une mort rapide. La chose poussa alors un bruit à la fois humide et gluant, semblable au pas d'un marcheur qui traverse une tourbière. Il se risqua à entrouvrir un ceil. La peur fut aussitôt remplacée par un soulagement. Avec joie, il constata que derrière le comptoir, un homme le regardait curieusement tout en frottant une tasse avec un chiffon en lambeaux. —Belle journée! dit-il d'une voix chaleureuse. La langue engourdie par la frayeur passée, Matie resta bouche bée. L'homme, qui Le Grenier de l'oncle Antoine 51 avait commencé à sentir la pluie à la douleur de ses articulations. C'était bien frustrant pour un homme d'à peine quarante-trois ans: l'arthrite, c'était pour les vieux. Il avait la réputation d'être un homme souriant et toujours joyeux. Tout cela n'était qu'une fausse image de lui. En fait, il était morose et fatigué de tous ces gens qu'il méprisait. Seul son métier lui plaisait. Il adorait vendre des assurances. Il ouvrit la porte du garage et en sortit la tondeuse. Il vérifia le niveau d'essence qui était à moitié. Tirant de toutes ses forces, il la fit démarrer. Il commença à tondre, contournant arbres et roches. Il faisait très beau et cela lui procura une sensation de bien-être. La chaleur du soleil était douce et réconfortante. Il se laissait aller aux mouvements de sa tondeuse, les yeux fixés sur l'herbe verte qu'il coupait devant lui. La tondeuse se mit soudain à avancer de plus en plus vite. Puis, elle émit alors un bruit de moteur étouffé, mais n'étouffa pas. Elle continua à rouler de plus en plus vite. Bernard, qui au début avait trouvé cette autonomie plaisante, était maintenant devenu inquiet. Il devait avoir l'air ridicule, dirigé par sa tondeuse qui allait à un rythme infernal II saisit le petit levier d'arrêt et le rabaissa. Elle gloussa, mais continua. À bout de souffle, il la lâcha. Elle se dirigea tout droit vers la haie d'arbres qui bordait le terrain. Craignant qu'elle ne les massacre, il se précipita pour l'en empêcher. Glenda 69 T'avais passé la majeure partie de l'année à I voyager et à chercher un emploi çà et là. • Mon désespoir grandissait à chaque endroit que je visitais, car je me disais que le monde était saturé de travailleurs et travailleuses. C'est pourquoi j'étais revenu dans ma ville natale où j'avais miraculeusement réussi à reprendre mon poste que j'avais laissé depuis bien des mois. Ce train de vie m'avait forcé à n'avoir d'attache ni platonique ni amoureuse. Donc, je vivais seul, isolé du monde extérieur. La présence de la gent féminine dans ma vie me laissait cependant un vide douloureux au fond du cœur. Ma dernière aventure remontait à environ quatre ans et je commençais à me lasser des plaisirs solitaires. Lorsque mon emploi du temps me le permettait, je me promenais sur la place publique à la recherche de ce qui me manquait tant. je rencontrai Glenda dans une petite boutique non loin du restaurant où j'avais l'habitude d'aller manger. Ce fut le coup de foudre et je sus tout de suite qu'elle était faite pour moi. Elle était magnifique avec ses longs cheveux blonds frisés et ses yeux gourmands d'un bleu azur qui ne cessaient de me fixer. Elle était l'idéale qui correspondait à tous mes désirs: l'aboutissement de vingt années de fantasmes. Je finissais tout juste de travailler. Glenda était là, assise à ma droite sur la banquette de ma voiture. Parfois, je lui jetais un regard rapide pour réassurer qu'elle existait vraiment. Oui, elle était là, encore plus belle à chaque coup 80 Nouvelles nouvelles finir! Finis les dîners qu'elle devait préparer pour son club social! Fini! Fini! Il se passa deux semaines de bonheur presque complet où Colette vécut comme elle l'avait souhaité avant son mariage. Ce fut Charlotte Poirier qui vint y mettre fin en venant lui faire une petite visite imprévue. Bien sûr, celle-ci fit semblant de ne pas remarquer l'odeur qu'exhalait Colette. Toutefois, cette dernière put deviner toute la répugnance qu'elle éprouvait en sa présence. —Nous sommes toutes inquiètes! Nous ne vous voyons plus très souvent ces temps-ci. Que se passe-t-il, ma chère Colette? Avez-vous des problèmes? Si c'est le cas, le révérend père Dufour m'a dit que ça lui ferait plaisir que vous veniez le voir pour... Oh! bien sûr, c'est la mort de votre mari, mais ce n'est pas une raison pour vous enfermer. Je sais comment c'est dur. J'ai moi-même vécu cela, il y a quelques années. On dirait qu'on perd une partie de soi-même, n'est-ce pas? C'est comme si on mourait nous aussi. Mais... —Dehors! —Pardon? Je ne... —Allez- vous- en ! Colette lui claqua la porte au nez. Comment cette femme pouvait-elle lui 86 Nouvelles nouvelles Excitée, elle prit quelques sacs d'épicerie et les remplit de boîtes de conserve: elle ne devait plus remonter en haut, non. Elle ne le devait plus. Elle porta le tout en bas et remonta aussi vite. Cette fois, elle ramena ses livres. L'instant d'après, elle était en haut, bondissant presque sur place et remerciant le ciel de l'avoir éclairée: elle tuerait le temps! Et pas au sens figuré, mais au pied de la lettre! Oui, parce que dans la cave, le soleil ne percerait plus les vitres à la même heure tous les jours. Ainsi, elle ne différencierait plus le jour de la nuit. Cela la couperait non seulement des gens, mais de la nature elle-même, de sa propre nature à elle. Elle n'aurait plus à supporter ni le poids des minutes ni celui des heures non plus que celui des jours: elle pourrait dormir quand il lui plairait. Plus aucun indice du temps pour lui rappeler le nombre de jours, de rides naissant sur son visage. —Terrible, terrible! Elle ne savait pas vraiment ce qu'était cette chose qui lui avait inspiré cette merveilleuse idée, mais à cet instant même, il lui sembla que c'était une vérité, l'ultime vérité. Qui que lu sois, je t'en remercie\ faire ça? Elle ne lui avait adressé la parole C'est alors qu'une pensée vint mettre fin qu'une seule fois dans sa vie à l'enterrement? Comment osait-elle? Colette la détestait. Elle la à son excitation: où allait-elle faire ses besoins? détestait presque autant qu'elle détestait les anuscopies. —•Une perte? beugla-t-elle. Une partie de moi-même? Non mais, t'es complètement à côté de la plaque, ma vieille! Tu ne viendras pas Elle n'y avait pas encore songé! Immédiatement, la réponse surgit. Autrefois, elle et son mari avaient l'habitude de faire du camping l'été sur les rives de la rivière Mistassibi. Les personnes habituées utilisaient généralement une «bécosse» comme on les appelait, tandis qu'elle Pour tuer le temps 89 Un léger vent fit flotter ses cheveux, pénétra son chandail, puis s'évanouit. Colette fut alors saisie d'un frisson long et profond. Elle arracha sa montre de son bras et la balança dans l'un des yeux du poêle à bois. Précipitamment, elle se rua vers les étagères de la chambre froide et s'empara d'une bouteille de liquide à fondue qu'elle versa dans le poêle. Tremblant de tous ses membres, elle détacha une allumette du paquet qu'elle avait pris par terre, l'alluma et la plongea dans le liquide bleu ciel. La montre s'enflamma. Colette ne pouvait détourner son regard de la vitre du cadran qui se tordait sous l'assaut des flammes destructrices. Les aiguilles se recroquevillaient et les chiffres s'effaçaient peu à peu tandis que Colette criait «Victoire!». Les rôles étaient inversés: la prédatrice était devenue la proie. Tonnnngl Tonnnng! Tonnnngî... Colette ouvrit les yeux. Elle resta allongée quelques instants se demandant bien où elle se trouvait, puis s'assit. Elle était sur le divan du sous-sol. Elle s'étira longuement jusqu'à ce qu'un grincement sourd venant de son ventre lui indique qu'elle avait faim: elle n'avait rien mangé depuis presque deux jours. Tout en se raclant la gorge, elle marcha jusqu'à l'interrupteur qu'elle activa. Les lumières clignotèrent d'une manière quasi stroboscopique, puis illuminèrent la grande pièce. Elle se plaça une main devant les yeux: cette soudaine clarté lui était pénible. Pour tuer le temps Une larme roula sur sa joue, amère et chaude. Elle la sentit se balancer au bout de soti menton, suspendue telle une suicidée qui change d'idée, mais il était trop tard. Elle lâcha prise et plongea dans la marmite. Colette fut alors propulsée vers l'arrière. Elle se heurta contre la rampe de l'escalier, étourdie, confuse. Une fumée bleue montait maintenant de la marmite qui semblait agitée d'une vie toute singulière. Le métal devint peu à peu incandescent et les spirales chauffantes de la cuisinière se mirent à fondre en produisant un grincement désagréable. Colette se toucha le visage encore brûlant après l'explosion. C'était incroyable! C'était formidable! La solution semblait s'être calmée. Tout redevint silencieux. Elle s'avança lentement, craintive. Il n'y avait plus aucune herbe dans la marmite, du moins pas sous la forme habituelle. Tout semblait s'être mélangé parfaitement en un liquide d'un bleu presque fluorescent. Elle se risqua à toucher la marmite du bout du doigt: l'acier était glacial. Malgré le froid qui lui causa des picotements au bout des doigts, elle la saisit à deux mains. Que devait-elle faire maintenant? Elle souleva la marmite et en but le contenu d'un seul trait. Le goût qu'il laissa sur sa langue était aussi amer que celui du vinaigre, mais en pire. Sa bouche se tordit bientôt en une grimace de dégoût. Elle lâcha la marmite qui roula jusque dans un coin éloigné telle une proie fuyant l'ennemie. Vincentns Comme elle voulait en savoir plus long sur ces astuces, elle reprit le feuillet. «Vincent, en plus de tous ses accessoires utiles, peut vous fournir à chaque début de session en traitement de texte, une boîte appelée «Astuce du jour». Ces astuces vous aideront dans l'accomplissement de vos tâches. Elles vous conseilleront judicieusement. Suivez les astuces de Vincent. Vous ne serez pas déçue!» Patricia avait déjà plus de douze pages d'écrites. Un record. C'était une prouesse jamais égalée et de loin. Fière, ça elle Pétait. Mais elle attribuait ce soudain excès d'inspiration à Vincent «le traitement de texte des années quatre-vingt-dix!». C'était fabuleux, plus beau que le plus beau de ses rêves. Idiote qu'elle était. Comment avait-elle pu s'en passer durant tant d'années? Comment, ô grand Dieu! avait-elle pu se contenter de taper sur une simple machine à écrire? Patricia se disait, et elle en était convaincue, que c'était ça la curieuse sensation qui vous prend et vous saisit par l'intérieur. Ce genre de chose vraiment bien dont on se dit qu'on n'aurait pas pu mieux tomber. Bref, quand on est persuadée que le destin nous accompagne. Bref, elle ne pouvait prendre totalement conscience de cette sensation, puisqu'elle VincentUi Vers deux heures de l'après-midi, elle dut quitter Vincent: le téléphone sonna. C'était sa mère. Furieuse, elle venait de s'apercevoir que son chèque de pension avait disparu et elle accusait Patricia de le lui avoir volé. —Vous, la jeunesse, vous savez pus c'est quoi les valeurs! criait-elle derrière l'acoustique. Des dépravées, vous êtes rien que des dépravées! J'va le dire, hein, que t'as volé mon chèque, maudite voleuse! Penses-tu que parce que t'es ma fille, j'va me retenir? Ben croire! Faudrait que moi, la folle, je laisse tout passer sans rien dire! Ben non, je m'ia farmerai pas la gueule, pis tu peux être sûre que ça va se savoir cette affaire-là, viarge! Patricia n'eut pas le temps de placer un traître mot. Elle voulut parler, mais sa mère raccrocha. Pour qui se prenait-elle pour l'accuser? Après tout, l'argent ne se trouvait-il pas là où il y en avait? «Astuce du jour: tuez la pie jacasseuse!» Marie-Rose Fortin faisait de la couture lorsqu'elle s'était sentie observée. De sa chaise berçante, elle avait aperçu une voiture qu'elle connaissait juste devant chez elle. Pourtant, elle n'avait réussi à l'identifier comme étant celle de n'arrêtait plus d'écrire. Enfin presque. Elle sa fille qu'au moment où celle-ci faisait imprimait chaque page au fur et à mesure pour voir son travail se matérialiser sur papier. irruption dans la pièce un couteau à la main. Maintenant, Marie-Rose tenait Malgré sa grande joie, elle n'aimait pas trop penser au fait que ce qu'elle écrivait sur l'acoustique d'une main tremblante, essayant d'articuler les mots qu'elle prononçait. chiffres insignifiants sur support magnétique. j'ai retrouvé mon chèque en dessous de mon lit. ordinateur n'était qu'une simple suite de -Ouais, j'veux retirer ma plainte. Ouais, Oui! J'rn'excuse de vous avoir dérangé pour ça. La Villa des trépassées 155 Léger problème d'identité143 l'amour allait bientôt avoir raison du bon sens dont il avait fait preuve jusqu'à prisent. Oui, il sentait que bientôt, il chancellerait. El si cela arrivait, tout serait foutu. Jacques revenait de la ville. Il était allé s'acheter deux boîtes de papier et un rouleau d'encre pour sa machine. Il ne voulait pas risquer de devoir s'arrêter d'écrire trop longtemps par manque de papier ou d'encre. Cela couperait son inspiration net. Il adorait l'idée de la demeure des Pronovost. Cette maison, il la voyait dans son esprit comme s'il l'avait visitée lui-même. Elle était grande, spacieuse, ornée d'une large porte blanche et entourée d'une jolie clôture rehaussée d'un magnifique gazon vert. Il enverrait sûrement son héros y taire une petite fouille nocturne. Le coup était trop gros pour lui faire manquer une chance aussi inouïe. C'était comme s'il savait ce que Pierre pensait. Dès qu'il avait écrit la scène de la maison, il avait ressenti ce que cette bâtisse inspirait à son personnage: la convoitise. Il voyait déjà les piles de dollars et les montagnes étincelantes de bijoux qui le rendraient riche. Mais Hélène dans tout cela? Qu'allait-il lui arriver? Qu'allait-il faire d'elle? Allait-il tout lui avouer? Allait-il se taire? Deviendrait-elle, elle aussi cambrioleuse avec lui après un concours de circonstances particulières? Oui, l'idée de la complice charmait l'auteur, mais cela faisait un peu trop américain. C'était beaucoup trop poussé pour que ça puisse se passer au Québec. Il s'en tiendrait à la réalité sociale du milieu. E nfin, les vacances! Dehors, il devait bien faire trente degrés à l'ombre. De plus, aucun nuage ne semblait vouloir venir tacher le ciel d'un bleu décoloré. L'après-midi d'examen venait de se terminer. Étudiantes et étudiants bourraient maintenant leur sac à dos de feuilles et de cartables qu'illes brûleraient le soir même au cours d'une espèce de cérémonie symbolisant la liberté estivale. Julie Brassard se fit bousculer à la sortie. Elle restait là sans bouger, car il lui en coûtait de laisser pour deux longs mois cette école qu'elle aimait tant. Pourquoi elle aimait tant cette école? Pendant qu'elle y était, elle se retrouvait loin de chez elle. Et plus elle en était loin, mieux elle se sentait. Elle aurait pu dormir tout l'été dans cette école qu'elle l'aurait fait. Elle tressaillit légèrement au milieu de la foule d'élèves à la seule pensée de devoir retourner chez elle. Un long frisson lui traversa la colonne, semblable à ceux qui la faisaient frémir lorsque sa mère la caressait, embrassant son corps tendu de culpabilité. Le père de Julie les avait abandonnées alors qu'elle commençait tout juste à marcher. C'était un pauvre camionneur de passage que sa mère avait ramassé au cours d'une beuverie dans un club de danseuses à l'époque où elle avait encore le physique de l'emploi. Maintenant, dans l'allée de la tenait au centre du les yeux tournés il ne restait plus personne polyvalente. Seule Julie se trottoir asphalté, immobile, à contempler pour une dernière fois l'édifice. Quelques professeurs 158 Nouvelles nouvelles 172 Nouvelles nouvelles La portière se referma brusquement. Confortablement installée à l'arrière de la grosse voiture noire, Julie regarda la femme venue la chercher. Quelle surprise elle eut en voyant le visage encore jeune et lisse d'Agathe Doucet. Son apparence lui donnait dans les cinquante ans, ce qui contrastait avec le ton rauque de sa voix. —Chère Julie, j'espère que vous êtes bien assise, car la route sera longue! dit-elle d'un ton très posé. Heureusement, les vitres teintées de ma voiture protégeront nos beaux visages de ce soleil si dévastateur. C'est d'un tel danger, vous savez! Enfin, nous ne sommes pas là pour parler de la pluie et du beau temps. Présentonsnous. Je suis Agathe Doucet, superviseure en chef de notre merveilleux centre pour personnes âgées! Elle tendit une main gantée. Julie la serra, bien qu'elle dut la relâcher lorsqu'une vitre semblable à celle d'une limousine, s'éleva entre elles. Julie regarda la conductrice du véhicule, croyant à une fausse manoeuvre. La femme se retourna brusquement vers l'avant et appuya sur l'accélérateur. Embarrassée, Julie s'adossa au dossier de velours, songeant à la désagréable sensation qu'elle avait eue en serrant la main tuméfiée et glacée de la vieille dame. —Recouchez-vous, Marie-Élise! Ne vous fatiguez pas! Vous savez que votre tour sur le scanographe n'est que la semaine prochaine. Alors, économisez vos forces pour tenir jusque là! Agathe se tourne vers Julie. —Oh! cette gentille petite vieille. Elle a de la difficulté à s'y faire. On dirait qu'elle arrive à se souvenir de sa vie passée. Vous avez sans doute remarqué qu'elle est chauve. Malheureusement, notre précieuse machine ne fait pas revivre les tissus pileux. Voilà pourquoi elles doivent toutes porter des perruques. Agathe va ouvrir une autre porte. —Voici Thomas Côté. C'était un sacré bonhomme dans son temps. Il était chasseur comme pas un, mais une de ses excursions lui a coûté la vie. Maintenant, elle n'ouvre plus de portes. Agathe serre le bras de Julie et l'amène dans une des tours, la même que Julie a visitée. —Ces chers disparus qui ont passé le trépas sont si calmes, si obéissants que moimême, en tant que superviseure en chef du centre, je me suis permis de remplir tous les lits disponibles de la villa en les réanimant! dit-elle en montant l'escalier. Elles arrivent à la salle de la machine. Agathe ouvre la porte, laisse passer Julie, puis «La Villa des trépassées», lut Julie sur entre à son tour. Elle commence à parler d'un l'énorme pancarte jaune et noire qui occupait une bonne partie de l'horizon derrière l'imposant immeuble. Celui-ci, dont les deux longues tours de pierres brunes s'élevaient sur le ton nostalgique. •—C'est ce bijou qui nous permet de les faire revivre. Je l'ai moi-même fait faire sur mesure pour nos clients et clientes. Mais il a toit tels d'antiques obélisques, ressemblait un petit défaut; il laisse une poudre grise sur les davantage à un monastère qu'à un centre pour personnes âgées, Julie ne s'inquiéta pas outre blouses blanches que nous leur mettons. De plus, il faut refaire l'opération à toutes les deux 16 Nouvelles nouvelles David Simard Elle disparut derrière la porte, revint, enleva son tablier et s'assit au bout de la table. —Cela me fera du bien. Je suis fatigué de manger seul sans personne à qui parler. Il marqua une pause tout en mastiquant sa viande et reprit: —Dites-moi, Johanne, comment va votre famille? Elle parut surprise. En fait, elle l'était vraiment. Il n'était pas habituel que ses patrons s'intéressent à elle en tant que personne. D'habitude, c'était fais la popote, puis disparais! Elle en était bien contente. —Tout va très bien, Monsieur. Mon fils est remis de son otite et mon mari, buff! il se porte bien. Arthur se mit à rire. --Arrêtez de m'appeler Monsieur, s'il vous plaît. —Oui Mons... Arthur! -Voilà! Illes soupèrent tranquillement se jetant des regards furtifs et s'échangeant des sourires timides. Au bout de quelques minutes, il prit le livre de sa fille et alla vers Johanne. —Regarde2, dit-il en lui tendant le livre. Elle le regarda et releva la tête, intriguée. —Qu'est-ce que c'est? Il retourna s'asseoir. —C'est le premier roman de ma fille, Margerie! Je l'ai reçu cet après-midi. —Ah! c'est bizarre! D'habitude, le courrier arrive vers onze lieu res trente et c'est moi qui le ramasse. J'y suis allée et il n'y en avait pas! - O n est venu le porter juste à la porte. Quelqu'un a sonné pour repartir aussitôt. Je ne David Simard Convoitise 17 crois pas que ce soit Margerie, car elle habite Montréal en ce moment. À moins qu'elle ne soit dans le coin. Si c'était le cas, elle m'aurait sûrement appelé. Il y eut un court silence. —C'est fantastique! dit la servante en soulevant la couverture du livre, visiblement contrariée d'interrompre la conversation. Je ne savais pas qu'elle... —Oui, comme son père! Elle feuilleta le volume quelques instants, puis s'arrêta brusquement aux dernières pages. Elle avait l'air embarrassé. —Qu'y a-t-il? lui demanda-t-il, lisant l'expression de son visage. Elle referma le livre. —Ce... ce doit être le souper! bégaya-telle. -Ah! bon! Illes terminèrent de manger vers six heures. Elle débarrassa la table. Arthur alla s'installer dans son fauteuil, prenant soin d'apporter avec lui le roman de sa fille. Il avait l'intention de le commencer puisqu'il n'avait rien d'autre à faire. Il avait bien son roman à écrire, mais cela attendrait. De toute façon, il ne savait pas comment allait se terminer la bagarre entre ses deux héros. Ça ne lui donnerait donc rien de passer la soirée devant sa machine à se creuser inutilement la cervelle. Le dénouement lui viendrait tout naturellement. Au moment où il allait ouvrir le livre, le téléphone sonna. Lui qui n'espérait se relever de son fauteuil que tard dans la soirée... Il décrocha. Convoitise l9 II commença à le lire, savourant chaque page d'un réel plaisir. Il reconnaissait bien là sa Margerie, déchirée entre l'amour et la haine. L'histoire parlait d'une jolie blonde aux yeux bleus, serveuse dans un bar de troisième classe. Elle était amoureuse d'un de ses clients et avait des problèmes avec son père, un vieux parano, le pied déjà dans la tombe. Rien de nouveau sous le soleil! se dit-il. Vers onze heures, il décida qu'il en avait assez. Il posa le livre sur la table basse près du fauteuil, se frotta les yeux et alla se coucher. Le lendemain, alors qu'il s'apprêtait à dîner, Ambre, sa plus jeune fille vint lui rendre visite. Il la laissa entrer, car ses enfants n'essayaient de le supprimer que lorsqu'ils étaient tous ensemble. Comme sa mère, Ambre était plutôt petite. Sympathique et toujours souriante, elle avait de l'énergie à revendre. La fille et le père passèrent l'après-midi à discuter de choses et d'autres, et pour la première fois, elle ne parla pas du fameux testament. Arthur en fut soulagé. Apparemment, les autres ignoraient tout de sa visite. Les heures passèrent et illes ne s'ennuyèrent pas: il y avait toujours un sujet pour alimenter la conversation. Illes discutèrent 20 Nouvelles nouvelles triste qu'elle ait à partir. Cela lui avait fait beaucoup de bien de voir qu'il n'était pas seul au monde, comme il le croyait parfois. —Fais attention à toi! lui recommanda-telle avant de partir. Illes échangèrent une bise, laissant à Arthur l'impression que son long cauchemar prenait fin et qu'il pouvait dorénavant vivre en toute confiance face à sa famille. Merci mon Dieu! pensa-t~il. Merci pour ce qui vient d'arriver. Vous seul connaissez la peine que je ressens. Vous seul savez ce que j'éprouve. Je souffre terriblement sans mes enfants, mais vous savez aussi que je ne puis leur faire confiance. Enfin, merci pour Ambre, pour l'avoir éclairée et lui avoir fait voir plus loin que l'argent. Il se retira dans sa chambre et défit ses couvertures: il s'endormait. Tant d'émotions l'avaient vidé et il se sentait très las. Il se déshabilla, puis s'étendit sur son lit. Il ferma les yeux pour se laisser bercer par le sommeil. À demi conscient, une chose lui vint soudain à l'esprit: le livre de Margerie. Il se leva, enfila son peignoir blanc, alla au salon, prit le livre et alla s'asseoir dans son fauteuil. Margerie allait sûrement l'appeler demain pour savoir comment il en avait aimé la lecture et serait chagrinée de savoir qu'il ne l'avait pas encore terminé. Il se mit à lire, maintenant aussi du roman de Margerie. Son père lui avoua complètement réveillé. Il aurait bien voulu le trouver ordinaire. Ambre s'objecta, disant boire un café, mais il lui était interdit d'en prendre plus qu'un par jour. Il regarda l'horloge: il était huit heures vingt. Il rebaissa la tête, puis continua à lire. Au qu'il ne l'avait pas encore terminé et qu'il trouverait finalement ce roman très bon, digne du nom des Ouellet. Il en vint à oublier le ressentiment qu'il avait pour sa fille Ambre et se sentit même bout de quelques minutes, son attention fut attirée par un bruit. Convoitise 2i II se prit une pointe de pâté à la viande et un petit contenant de lait écrémé. Puis, il alla s'installer à une table du fond. Tout en avalant, il pensa à quelque chose: s'il ne s'était pas relevé pour aller lire, la bombe l'aurait tué. Le livre de sa fille l'avait donc sauvé. Margerie n'avait sûrement pas prévu cela. Il était content de s'en être sorti, mais désolé pour ses enfants en même temps. Qu'ils doivent en faire des insomnies pour moi. Pauvres enfants! Il mangea lentement, puis regagna sa chambre. La semaine suivante, il quittait l'hôpital. —Vous devez faire attention à vous, lui avait conseillé le médecin avant qu'il ne quitte l'hôpital. Votre cœur est fragile. Vous avez quatre-vingts ans, monsieur Ouellet, et... —Quatre-vingt-un! —Enfin, c'est un vrai miracle que vous soyez encore vivant! Il retourna donc s'installer dans sa résidence de Dolbeau qu'il avait fait remettre en état. Inquiète, sa servante Johanne passait le plus clair de son temps à veiller sur lui les premiers jours. Puis avec le temps, illes oublièrent cet incident. Il était cinq heures dix. Assis dans son nouveau fauteuil qu'il trouvait moins confortable que le précédent, Arthur était en train de lire les dernières pages du roman de sa fille quand Johanne entra dans le salon. •—Le souper est prêt! dit-elfe en déposant un plateau sur la table. 30 Nouvelles nouvelles s'échoir sur le divan près de la porte d'entrée, emportant le livre de Margerie avec lui. Il ne lui restait qu'une page et demie à lire environ. C'était maintenant qu'il allait savoir sur quoi aboutiraient les pulsions meurtrières de Samantha, cette femme déchirée entre l'amour, l'argent et l'homme qu'elle avait rencontré au bar. Cet homme, qui, on le découvrait après une centaine de pages, avait un passé psychiatrique et trempait dans une affaire de meurtre, en plus. Arthur tourna la page: «Samantha leva le poignard et l'abattit dans la poitriiie de Sylvain. Il alla se fracasser le crâne contre le trottoir. Elit l'avait fait. Oui, elk l'avait fait. Son père la prit dans ses bras. Elle tremblait de tout son corps. La vision de cet homme qui lui avait fait subir les souffrances les plus atroces, mais aussi les plaisirs les plus doucereux, et qui maintenant était mort... Cela lui procurait un sentiment qu'elle n 'arrivait pas à identifier. Elle ne chercha pas plus longtemps: elle se tourna vers son père, se blottit la tête au creux de son épaule etfondit en larmes.» Maintenant légèrement somnolent, Arthur regarda par la grande fenêtre en face de lui. De jour, on pouvait y apercevoir le lac, un lac où Nicolas lui avait dit qu'on y péchait d'énormes truites. Mais à cette heure-ci, il ne pouvait voir grand-chose dehors. L'obscurité était troublante, cette même obscurité qui troublait aussi l'esprit de ses enfants. Ses fils et ses filles qui avaient essayé de mettre fin à ses jours sans succès. Qu'illes devaient s'en donner du mal pour rien. Non, pas pour rien. Pour de l'argent. Mais à qui donc allait profiter tout cet argent s'il rayait ses enfants du testament? Us Le Grenier de l'oncle Antoine 5S Lorsqu'il arriva, les deux parents du suicidé l'attendaient devant la porte. —La police sera là d'une minute à l'autre! dit la mère d'une voix sanglotante. --Suivez-nous! ajouta son mari. Illes entrèrent dans la maison. —Je ne sais pas pourquoi nous vous avons appelé, Docteur, car il était déjà mort quand nous l'avons découvert! —Je pourrai peut-être trouver le moyen qu'il a pris pour se donner la mort! —Nous le savons déjà! —Quel est-il? —Voyez par vous-même! dit le père en ouvrant la porte de la chambre de son fils Roger. Le docteur Lavoie n'était manifestement pas préparé à cela. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'il voyait. Le lit était taché de sang et le corps de la victime couché de travers. Il ne vit la télévision au pied du lit qu'une fois dans la chambre: il s'était enfoncé la tête dans l'écran. Comment avait-il pu faire ça? C'était difficile à dire. Peut-être qu'il s'était pris un élan et avait foncé dans la télévision. —Roger était heureux! dit sa mère. Il n'avait pas de raisons de faire ça! Il s'en allait à l'Université en septembre! —A-t-il laissé un mot, une lettre? —Non! répondit le père. Ce soir-là, Tom Lavoie se coucha un goût amer dans la bouche. Tous ces événements le bouleversaient profondément. Il se leva, incapable de trouver le sommeil. Il décida de se faire un café. Il remplit le percolateur d'eau et 84 Nouvelles nouvelles «Vu le décès de mon mari, écrivit-elle sur une feuille blanche, je ne peux plus continuer avec votre merveilleux club. Je sais que vous comprendrez et je promets que dès que mes moyens me le permettront, je vous avertirai et je serai très heureuse de joindre à nouveau le rang des personnes abonnées à votre club.» C'était parfait. Pas trop ni pas assez. Juste ce qu'il fallait. Après ça, les factures. Elle se souvenait qu'illes avaient un compte conjoint à la banque: les créanciers iraient y chercher leurs dus là. De toute façon, il y avait assez d'argent et l'assurance-vie de Narcisse y avait été déposée. Et pour ce qui était des affaires de son mari, les gens avaient été informés de son décès pour la plupart. —Tout est parfait! Elle retourna à son tas de planches. —Oh! mon Dieu! s'exclama-t-elle en se prenant le dos à deux mains. Je n'ai plus vingt ans! Une douleur fulgurante venait de lui traverser la colonne. Mais à son âge, c'était normal: ça faisait presque une demi-heure qu'elle clouait. Le mal était là, mais le résultat aussi: la porte d'entrée était maintenant condamnée. —Maintenant, ma vieille, tu viendras plus fourrer ton sale nez dans mes affaires! Toi ni personne! Ah! Ah! Elle toussa un bon coup, puis déposa le marteau. Lentement. Très lentement. C'était chose faite et elle savait que c'était ce qu'elle avait à faire, car cela se produisait 132 Nouvelles nouvelles La pression du couteau se faisait de plus en plus douloureuse sur son cou. Sa fille se tenait à côté d'elle, l'air étrangement satisfaite. Elle prit l'acoustique et le posa sur le combiné. —Très, très très bien, maman! dit-elle, caressant les rares cheveux de sa vieille mère. Tu as toujours eu le don d'arranger les choses. C'est d'ailleurs ce que tu m'as transmis, chère maman. J'arrange les choses à mon tour! Il faut tuer la pie jacasseuse! Ce fut Pierrette Paradis, alors qu'elle venait jouer sa partie de bridge hebdomadaire avec Marie-Rose Fortin, qui trouva le corps sans vie de sa meilleure amie. Folle, délirante, effrénée, Patricia tapait sur le clavier. Déjà, elle avait tout oublié des meurtres, imaginaire pour celui de « la salope qui a tout entendu », réel pour l'autre de « la pie jacasseuse ». Deux meurtres. Deux libérations. Endiablée sur son clavier, elle avait l'impression qu'ainsi, elle caressait Vincent du bout des doigts. Illes étaient ensemble depuis un bon bout de temps. Elle se sentait en étroite relation avec lui, cet homme-traitement-detexte qui comblait sa vie. Maintenant, grâce à lui, il n'y avait plus d'obstacles à son talent. Toujours, elle suivrait les conseils de Vincent. îl ne se trompait jamais. Ce qu'il y avait de mieux à faire, il le savait. Ainsi guidée, elle n'aurait plus jamais de problèmes à écrire ni d'ennuis dans la vie. Parfois, elle sentait sous ses doigts que les touches devenaient chaudes comme si elles retiraient, elles aussi, du plaisir à son contact. Dans une danse passionnée de jeux de touches 140 Nouvelles nouvelles L'histoire, il l'écrivait comme s'il la connaissait. Il se sentait totalement impliqué aux aventures de Pierre, complètement pris par les événements qui se succédaient. Ce n'était pas du tout comme ses autres romans où il s'égarait rapidement dans les méandres des personnalités complexes qu'endossaient ses personnages: il le connaissait à fond le héros de son histoire et maîtrisait la moindre de ses pensées. Avant, sa prose était obscure, insignifiante, mais là, chaque phrase qu'il tapait voulait dire quelque chose, quelque chose d'important. Chaque phrase livrait un message clair et sans ambiguïté. Bref, il pensait que bien des écrivains et bien des écrivaines l'auraient envié. Depuis voilà dix pages, une nouvelle figure avait fait son apparition: Hélène Madgin. Pierre l'avait rencontrée en allant réparer son évier bouché. C'était une grande femme à la chevelure noir jais, à la peau basanée, aux yeux pâles et au regard intrigant. Elle était célibataire et partageait un studio avec une colocataire sur la rue B., juste en face d'un bar alternatif. Ça avait tout de suite marché entre elle et lui. Le soir même, illes dînaient en tête-à-tête au restaurant, emportés tous deux par la passion de la première sortie. Jacques était fier de ses pages. Il les voyait comme ses meilleures, les plus belles, les plus ardentes de sa jeune carrière. Vers neuf heures, il s'arrêta. Il déroula la feuille de la Brother et la mit sur les autres au coin de son bureau. Léger problème d'identité1*1 —Et à part d'être plombier, que fais-tu? Je vois bien que ton appartement est bien trop beau pour que tu te le sois payé avec tes salaires. Pierre parut embarrassé. En fait, il l'était vraiment. Qu'allait-il lui dire? Évidemment qu'il faisait autre chose que de réparer des éviers et des toilettes bouchées, mais il ne pouvait tout de même pas luifaire part de ses autres activités nocturnes. Il voyait déjà sa réaction s'il lui disait; «Moi? Eh bien, le soir, je me rends chez les gens riches et je leur pique leurfric...» —Hum... Il m'arrive de faire quelques petites jobines ici et là, question d'arrondir les fins de mois. Puis, il y a mon père qui m'aide un peu à payer tout ça - Oujl C'était passé. Il s'en était sorti indemne, mais pour combien de temps? Le temps qu'elle découvre que son père était mort et qu 'en fait, ses seules «jobines» comme il les appelait, consistaient à peindre une ou deux clôtures par année. Cela lui coûtait de mentir. Ça partait mal une relation. Mais il n'avait pas d'autres choix, du moins pour le moment. Plus tard, quand il se sentirait en confiance, peut-être pourrait-il tout lui avouer. Onze heures sonnèrent. Après une bouteille et demie de champagne très mousseux, illes se retrouvèrent étendus au pied du sofa. Bientôt, illes s'installèrent confortablement dans le grand lit de Pierre, emmitouflés dans d'épaisses couvertures et coupés du monde extérieur. Illes firent l'amour une bonne partie de la nuit, puis s'endormirent. Jacques se leva vers onze heures. Il avait un atroce mal de tête. À croire que c'était lui qui avait ingurgité tout ce champagne. Ses tempes battaient à lui en arracher des cris de La Villa des trépassées 155 E nfin, les vacances! Dehors, il devait bien faire trente degrés à l'ombre. De plus, aucun nuage ne semblait vouloir venir tacher le ciel d'un bleu décoloré. L'après-midi d'examen venait de se terminer. Étudiants et étudiantes bourraient maintenant leur sac à dos de feuilles et de cartables qu'illes brûleraient le soir même au cours d'une espèce de cérémonie symbolisant la liberté estivale. Julie Brassard se fit bousculer à la sortie. Elle restait là sans bouger, car il lui en coûtait de laisser pour deux longs mois cette école qu'elle aimait tant. Pourquoi elle aimait tant cette école? Pendant qu'elle y était, elle se retrouvait loin de chez elle. Et plus elle en était loin, mieux elle se sentait. Elle aurait pu dormir tout l'été dans cette école qu'elle l'aurait fait. Elle tressaillit légèrement au milieu de la foule d'élèves à la seule pensée de devoir retourner chez elle. Un long frisson lui traversa la colonne, semblable à ceux qui la faisaient frémir lorsque sa mère la caressait, embrassant son corps tendu de culpabilité. Le père de Julie les avait abandonnées alors qu'elle commençait tout juste à marcher. C'était un pauvre camionneur de passage que sa mère avait ramassé au cours d'une beuverie dans un club de danseuses à l'époque où elle avait encore le physique de l'emploi. Maintenant, il ne restait plus personne dans l'allée de la polyvalente. Seule Julie se tenait au centre du trottoir asphalté, immobile, les yeux tournés à contempler pour une dernière fois l'édifice. Quelques professeurs DOCUMENT IX LE CHEMIN DE L^ ETERNEL LE Christian Tremblay Aucun droit de reproduction n'est réservé. Toute personne qui fait l'acquisition de ce volume, peut en faire ce qu'elle désire. (c) Christian Tremblay, 1995. TEXTE ORIGINAL NON FÉMINISÉ Le pouvoir. Canapet, 93/12/26- Lorsque s'agit de chasser l e pouvoir",, on ne peut rien, prévoir C'est comme chasser un gibier, un chasseur chasse ce qui se présente Un guerrier doit donc rester toujours en a l e r t e permanence Beaucoup de choses que nous ignorons sont a. certains moments et en certains lieux, le centre du pouvoirC e s t une chose vraiment spéciale; l'épingler, le définir exactement est impossible C'est la sensation que l'on a à propos de certaines choses, un sentiment indicible Le pouvoir est personnel, seuls nous-mêmes pouvons l'acquérir, l e posséder Comme pour la foi, nous ne pouvons qu'agir pour nous ou pour les autres et an témoigner Certaines personnear simplement par leur regarni, peuvent cendre l e s gens malades, les guérir Ou comme Charles Manson et Adolf Hitler, les soumettra a leur contrôle I I y an aura toujours pour dira que Jésus de Nazareth n'était pas un guerrier, q u ' i l a'an a jamais tenu le r ô l e Même s i , pour la victoire de la vie éternelle, pour l'obtenir I I a dû affronter juifs et romains, l'humain en lui et la mort elle-même Le combat ne se livre pas n'importe quand ni n'importe comment, seulement lorsque l e pouvoir est mis an cause lui-stême Le guerrier ne choisit pas ses combats ni ses victimes, le pouvoir est comme ça I I te commande et cependant i l t'obéit, q u ' i l donne vie ou trépas Un chasseur de pouvoir le capture et 1 ' emmagasine comme une trouvaille personnelle, en sa conscience Ainsi grandit le pouvoir, un guerrier en accumule tant q u ' i l devient homme de connaissance I I s'accumule a travers une impression personnelle a chacun, ressentie a travers l'expérience En chassant l e pouvoir ou se disciplinant nous-mêmes dans l'affinement de notre esprit de guerrier, de notre essence I I est impossible d'expliquer comment le pouvoir personnel s'imprime a travers les sensations, l e s sentiments EL faut en faire l'expérience, le sentir par soi-même comme on acquiert lasagesse, l e discernement Rester jeune e t en forme est aussi une question de pouvoir,, s i nous en emmagasinons, le corps accomplit d'incroyables exploits À l'inverse s i nous en dissipons, en un rien de temps, nous deviendrons frêles, malades, vieux et gras TEXTE FÉMINISÉ Canapet, 0 4 / 9 5 Le Pouvoir. Lorsqu'il sfagft de chasser IcPouvoir^ on ne peut rien prévoir C'est comme chasser le gibier, une chasseresse, un chasseur chassent ce qui se présente Dies doivent donc toujours testes: en alerte permanente Bien des choses que l'on ignore sont; à certains moments, le centre du. Pouvoir C'est une chose vraiment spéciale, l'épingier ou le définir exactement est impossible C'est comme la sensation que l'on a à propos de certames choses, un sentiment indicible Le Pouvoir est personnel, seuls nous-mêmes pouvons l'acquérir et le posséder Comme pour la foi, nous ne pouvons qu'agir pour nous ou pour les autres et en témoigner Certaines personnes, simplement par leur regard, peuvent rendre les gens malades ou les guérir Ou, comme Charles Manson et Adolf Hitler, les soumettre à leur contrôle II y en aura toujours pour dire que Jésus de Nazareth n'était pas un guerrier, qu'il n'en a pas tenu le rôle Même si pour la victoire de la Vie Étemelle, pour l'obtenir D a dû affronter Juife et Romains, l'humain en lui et la mort elle-même Le combat ne se livre pas n'importe quand ni n'importe comment, seulement lorsque le Pouvoir est mis en cause lui-même La guerrière et la guerxiex a& ciioisissent ni leur combat ni l e u r s victimes, le Pouvoir est comme ça. D. commande et cependant! obéit, qu'il donne vie ou trépas L'adepte qui chasse le Pouvoir le capture et remmagasine, comme une trouvaille personnelle, en sa conscience Ainsi grandit le Pouvoir, une guerrière ou un guerrier en accumule tant qu'iile devient être de connaissance Cela s'accumule à travers une impression qui est personnelle et que l'on ressent par l'expérience En chassant le Pouvoir, en se disciplinant soi-même dans raffinement de notre esprit, de notre essence Impossible d'expliquer comment le Pouvoir personnel s'imprime à travers nos sensations ou nos sentiments H. faut en faire l'expérience et le sentir par soi-même, comme on acquiert la sagesse et le discernement Rester jeune et en forme est aussi une question de Pouvoir personnel; si on en emmagasine, le corps peut accomplir d'incroyables exploits À l'inverse, si nous en dissipons, en un rien de temps, nous deviendrons frêles, malades, vieilles et vieux, grasses et gras "Qu'est-ce que la Vie Étemelle sinon la survie ultime?" TEXTE BINAIRE 1995 Apocalypse. Hommes de ces années Hommes mécaniques Simples pantins robotiques Pourquoi êtes-vous troublés ? Dans ces temps chaotiques Dans ces années apocalyptiques Quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez À la fin d'un monde vous assisterez Du sang de ia violence De la folie argentée Du feu électrique ou atomique Un nouvel âge sera enfanté Comme chantent ies oiseaux L'eau coulera toujours dans les ruisseaux Comme le bison dans la prairie L'homme marchera tout nouveau sur le soi béni Femmes de ces années Femmes mécaniques Simples poupées robotiques Pourquoi êtes-vous troublées ? Dans ces heures chaotiques Dans ces années apocalyptiques Quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez À la fin d'un monde vous assisterez De la sève de la violence De la folie argentée Des flammes électriques ou atomiques Une nouvelle ère sera enfantée Comme les fleurs naissent de la terre L'eau coulera toujours dans les rivières Comme la gazelle dans la prairie La femme marchera toute nouvelle sur cette planète bénie MATÉRIEL DE CONSULTATION ANNEXE I ¥ Document X : Sa p'tite bonne femme de chemin, Annie Bourret, La Gazette des femmes, 1991. Pour l'amour du français, Annie Bourret, journal L'Express de Toronto, 1994, 1995. Document XI : La langue, le discours et l'égalité, Claude Tatilon, revue La Linguistique, 1995. Document XII : Titres et fonctions au féminin, journal Le Point, Dolbeau, 1994, 1995. DOCUMENT X MATÉRIEL DE CONSULTATION Texte : a r t i c l e sur la féminisation, Annie Bourret, la Gazette des femmes, 1991. 1. Sa petite bonne femme de chemin. L'Express de Toronto, 1994, 1995. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Âuteure, autrice ou auteuse ? Des puces grammaticales pour tous et toutes. À quoi servent l e masculin et l e féminin ? Hérédité l a t i n e : le genre des mots. L'évolution de l a féminisation en français : Où en est-on ? Cherchez l a femme, nom d'un p ' t i t bonhomme ! Le directeur général est en congé de maternité. Conseil du statut de ia femme La Gazette des femmes juillet-août 1991 LANGUE Sa petite bonne femme de chemin Annie Bourret Même si le Québec a acquis ses lettres de noblesse en matière de féminisation du langage, respectant ainsi la volonté d'un grand nombre de femmes d'être visibles, il reste encore bien des textes et des propos à polir. Dans la phrase « (...) le jargon technieo-Fcientifique dans lequel la citoyenne ordinaire est noyée», le groupe d'écologie sociale Les Ami-e-s de la terre1 emploie le générique féminin «pour bien faire sentir aux hommes ce que c'est d'être exclu du langage» ! Ça vous paraît radical? Sans doute, mais des positions comme celles-là ont souvent le mérite de faire avancer les choses. Les efforts pour promouvoir la féminisation du discours ont porté fruit au Québec, qui se place à cet égard en tête des pays francophones industrialisés. Le Québec est perçu comme tellement avant-gardiste que le responsable actuel de la célèbre grammaire Le Bon Usage, le Belge André Goosse, a publiquement dénoncé cette tendance à féminiser «à outrance», lors de son passage à l'Université Laval en 1986. L'Office de ia langue française (OLF), les ministères de l'Éducation et de la Justice, les syndicats emploient de plus en plus les titres au féminin. îl est rare maintenant de lire des offres d'emploi rédigées avec le seul générique masculin. Aucune personnalité politique n'oublie, dans son discours, les Québécoises, les travailleuses et bien entendu les électrices. En matière d e féminisation, Hydro-Québec présente une feuille de route exemplaire. Francine Doray, chargée d'équipe de la terminologie, explique que depuis la politique Égalité des chances en 1984, on a créé ou adopté les termes appropriés pour désigner les employées des métiers non traditionnels. Jointeuse, monteuse de ligne et opératrice de poste sont des termes employés dans tout document publié. Le Guide des communications non sexistes, actuellement en révision, a paru en 1987. Même des personnes en faveur de la féminisation avanceront les arguments de la lourdeur et de l'absence de règles uniformes. Pourtant, les règles existent et depuis la parution de Pour un genre à part entière2, on observe que beaucoup plus d'organismes, comme la Ville de Québec, se dotent de leur propre guide. De plus, il existe des trucs pour éviter les répétitions lourdes (voir encadré). Quand les médias s'en mêlent L'entrée des titres féminins dans les médias a facilité leur usage au Québec. Déjà, au cours des années 60, la Société Radio-Canada émettait des directives d'usage à son personnel. Les terminologues ont rafraîchi cette politique en 1987 et surveillent les journalistes au moyen du bulletin hebdomadaire Que dire? qui signale tout accroc, l'emploi de droits de l'homme pour droits de la personne par exemple. Bien sûr, il existe encore des intoxiqués (et des intoxiquées!) du traditionnel masculin générique qui envoient des lettres aux journaux pour protester contre l'emploi de titres féminins. Claude Masson, éditeur adjoint à la Presse, refuse de suivre leurs suggestions: «Ce serait trop facile, ça met le dossier sur la glace sans le régler.» Les journalistes de ce quotidien emploient les termes recommandés par l'OLF, comme la docteure. Curieusement, le quotidien Le Devoir n'a pas de politique sur l'emploi des titres féminins, laissant ainsi ses journalistes un peu à la merci de la correction d'épreuves où le purisme est de rigueur. N'essayez pas d'y lire gens d'affaires, c'est hommes d'affaires que vous y trouverez! Terme ou métier, factrice fait aussi sa petite bonne femme de chemin. Sur le plan de l'éthique, les journalistes doivent respecter la volonté des titulaires. Dans la région de Québec, Margaret Delisle tient à ce qu'on la désigne comme maire de Sillery tandis que la mairesse Andrée Boucher de Sainte-Foy a imposé son titre. L'un d e s quotidiens de Québec, 23 Conseii du statu! de la femme La Gazette des femmes Le Soleil, refuse les termes «barbares» comme autrice. Paradoxalement, ce journal dit s'aligner sur l'Académie française, dont les membres recommandent justement autricel Auteure ne fait sourciller personne au Québec... sauf la directrice de la rédaction à L'Actualité. Martine Démange estime inefficace la règle du -eure, parce qu'il faut forcer le e à l'oral. De plus, souligne-t-elle, on en arrive avec cette règle à oublier l'existence de réalisatrice ! Mais la finale en -eure pour les professions connaît la préférence au Québec et les gens grimacent devant les nouveaux mots comme rectrice, nettement préférés en Europe. De l'autre côté de l'Atlantique En Europe, où les autorités et le public sont moins réceptifs qu'au Québec, la féminisation avance de façon variable selon les pays. En Suisse, à cause de la loi de janvier 1989 sur l'emploi obligatoire du féminin dans les professions, le Bureau de l'égalité des droits entre homme et femme a publié le dictionnaire de fémininmasculin des professions le plus complet qui existe à ce jour et qui s'ins- Trucs pour la rédaction non sexiste Utiliser le terme ou le pronom aux deux genres en faisant l'accord au masculin Les ingénieurs et les ingénie ures s'assureront euxmêmes... • Quant aux ministres, ils ou elles seront les premiers... Employer des termes collectifs: équipe, direction, public, population, communauté, etc. La direction veillera au respect des échéances... Employer des tournures neutres ou impersonnelles Quiconque désire obtenir un formulaire... 24 juillet-août 1991 pire largement des démarches québécoises. Coauteure de ce dictionnaire, l'écrivaine Thérèse Moreau a été agréablement surprise par l'accueil bienveillant de la presse helvétique. Même si la presse française a généralement bien accueilli le dictionnaire suisse, la féminisation a la vie dure en France. Ainsi, la Commission de féminisation des noms de métiers et de fonctions, qui a siégé de février 1984 à mars 1986, n'a réglé que le cas des termes féminins finissant par e. Le public français résiste, les hommes comme les femmes, et associe toujours le prestige à la forme masculine d'une profession: les sages-hommes ont réclamé l'appellation rnaïeuticien, nettement plus flatteuse3! La Belgique, qui nous a donné Le Bon Usage de la langue française, continuera à le faire au masculin générique. Les autorités belges ont émis une proposition de décret en mars 1989 pour féminiser les noms de métier, mais elle est restée lettre morte. La presse belge a observé un mutisme total à l'égard du dictionnaire suisse. Qu'est-ce qui explique la relative ouverture d'esprit au Québec envers la féminisation? Il se peut que ce soit un héritage des démarches de francisation de l'OLF qui a habitué les gens et les organismes à s'ajuster à la terminologie en français, à devenir plus flexibles. Mais il ne faudrait pas pour autant s'asseoir sur ses lauriers! La cause de la rédaction non sexiste est loin d'être gagnée. Il existe encore des médias de masse indifférents à l'emploi des titres féminins alors que d'autres sont carrément hostiles. Des femmes refusent encore leur titre au féminin, surtout s'il s'agit d'une fonction de grand prestige. Enfin, la plupart des formulaires officiels sont encore rédigés au masculin. Faudra-t-il imiter Les Ami-e-s de la terre et exiger le générique féminin? Ça se défendrait: après tout, le mot féminin contient souvent sa forme masculine! fcp. i. L'emploi de finales féminines entre tirets n'est toutefois pas recommandé. 2- Hélène Dumais, Pour un genre à part entière. Guide pour la rédaction de textes non sexistes, Les Publications du Québec, 1988, 36 p. 3. Maïeuticien vient du grec maieutiké: -art de faire accoucher-. De plus en plus agréées Quatorze mille comptables agréés au Québec dont 2 800 femmes. Ce qui étonne, ce n'est pas cette proportion, somme toute modeste, de 2 0 % mais son augmentation rapide: en 1988, elle n'était que de 14 %. La moitié des quelque 700 nouveaux permis de pratique émis annuellement vont à des femmes. Près de 90 % des comptables agréées ont moins de 35 ans. À 43 %, elles travaillent dans le domaine de l'expertise comptable, c'est-à-dire dans des cabinets surtout, là où, par définition, le conservatisme et la disponibilité envers la clientèle sont de rigueur. «Avec l'arrivée massive de jeunes dans la profession, les valeurs changent, note Danielle Dame, présidente du Comité sur le rôle de la femme C.A. dans la vie économique à l'Ordre des comptables agréés. Plus préoccupés de qualité de vie, elles et ils n'hésitent pas, en cours de recherche d'emploi, à s'informer des horaires de travail. Les cabinets n'auront pas le choix; ils devront adopter des mesures pour conserver leurs meilleurs éléments.» Tant dans l'entreprise privée que dans les organismes gouvernementaux et les cabinets, les femmes C.A. sont peu présentes là où se prennent les décisions. «Il faut maintenant quinze ans avant d'accéder à un poste d'associé, estime Danielle Dame. Pour y arriver, il faut beaucoup de clients, donc beaucoup de contacts, un réseau. Les femmes ont plus de difficulté à établir cela,» ajoute-1elle. Le comité qu'elle préside a encore beaucoup de pain sur la planche de la sensibilisation. Francine Gagnon b • L'EXPRESS - Semaine du 7 au 13 mars 1995 POUR I iim DU Auteure, autrice ou auteuse? Quant au terme auteuse, il n'existe que dans le monde des innombrables néologismes et particularisL'inspiration pour cette chroni- mes propres à Achille Talon, perque précédant la Journée interna- sonnage de bandes dessinées. tionale des femmes, je l'ai eue . Autrice existerait depuis 1590. quand j'ai lu qu'Achille Talon se Des grammairiens citent son usaplaignait que «Claire Bretecher, ge vers 1726 (avant la fondation manque de pot, ce n'est pas elle de l'Académie française). mon auteuse» (Achille Talon au Le féminin d'auteur n'a cepenpouvoir!, 1972). dant jamais été «transparent», J'avais réussi à trouver une va- comme le démontrent les nomriante de plus au féminin d'au- breuses tentatives de féminisation teur! Comme les formes féminines qui incluent auteuresse (avant des mots en -cur posent un beau 1921) et autoresse—authoress, des casse-tête en matière de féminisa- anglicismes empruntés vers 1867. tion de la langue, j'ai décidé d'y Ces termes n'ont pas survécu consacrer la chronique de cette se- en français, entre autres parce maine. qu'on associe leur finale -esse à un Au féminin aulricc, historique- état ancien de la langue française ment régulier et fidèle à l'esprit (pensez à des vieux mots féminins du français, les francophones d'ici comme abbesse, miresse et jugessc préfèrent nettement auteure, com- ayant complètement disparu). me dans Association des auteures Même chose pour la finale -euet auteurs de l'Ontario français. re, qui comporte en France une En Suisse, autrice remporte la connotation de désuétude : le mot palme, alors qu'en Belgique, on inventeure, créé au 15* siècle, a cérecommande d'utiliser une auteur dé la place à inventrice dès le 16e (sans e à la fin). En France, l'Aca- siècle. démie française concédait l'usage La prédilection pour les fémide femme auteur dans sa grammai- nins se terminant par -eure au Care de 1932, mais si on les obligeait nada français s'explique peut-être à choisir, les Françaises adopte- au plan historique, les colons raient probablement autrice. d'origine normande s'établissant ANNIE BOURRET L'express en Nouvelle-France avec leur vo- Nouveau-Brunswick. Je m'emcabulaire de féminins en -eure, au presse de dire que l'emploi d'ensiècle où ces féminins cédaient la traîneuse, au sens de «jeune femme place à -euse et à -trice. employée dans un bar pour inciter Une autre explication pourrait les clients à consommer», n'est résider dans l'usage des médias pas très répandu au Canada. audio-visuels depuis les années Existe-t-il une règle, enfin, pour soixante (particulièrement à la So- ce qui est de ces finales? Eh bien, ciété Radio-Canada), à une épo- il est difficile de trancher entre que où dire une docteur (ou une l'usage solidement implanté de aocteure) choquait moins les habi- professeure et de chercheurc (qui detudes linguistiques — au plan so- vraient être professeuse et chercheunore, il ne s'agissait que de chan- se) et les explications historiques. ger l'article un pour une. La paire de finales eur—eure Aujourd'hui, l'usage canadien vient d'adjectifs comparatifs (sua popularisé tellement de mots fi- périeur, meilleur, inférieur) transnissant par -eure (ingénieure, pro- formés en noms (le supérieur ou cureure, assureure), qu'on en arri- la supérieure d'un couvent). Elle ve à remplacer directrice par di- n'aurait jamais dû devenir un méreclewe (exemple authentique, lu canisme régulier, puisqu'on avait sur une carte professionnelle)! -euse (chanteuse) et -trice (spectaDans certains cas, la préférence trice). pour -eure évite des malentendus L'Office de la langue française fâcheux. Le choix d'entraînewre et du Québec propose le truc du parnon entraîneuse, comme féminin ticipe présent pour trancher entre pour entraîneur (en sports), l'illus- •teuse et -trice. Si le participe se tertre bien. mine par -tant, la finale Féminine À noter, cependant, que j'ai re- est -euse, comme pour chanteur péré des contextes où entraîneuse (participe présent : chantant, fémiétait utilisé au sens sportif du ter- nin : chanteuse). Si le participe me, dans un texte émanant du présent a une autre terminaison, le féminin se termine par -trice (traduisant—traductrice; coordonnant—coordonnatrice). Les mots sans participe présent, comme Hugo féminisé Hugo, le logiciel de correction orateur ou moniteur, prennent international, vient d'incorporer les féminins de professions courantes dan» sa plus récente version 8. Ça vous étonne? Pourtant, l'auteur inspirant la conception de ce logiciel, Victor Hugo lui-même, n'avait pas hésite à créer les féminins dont il avait besoin, tels tyranne et titane. J'en reparlerai plus longuement la semaine prochaine. •trice au féminin. En ce qui concerne la finale en -eure, je n'ai qu'un conseil : la prudence! Ne vous fiez pas seulement à votre instinct finguistique, consultez le dictionnaire ou un grammaticale acclamé au plan guide de féminisation. NDLR: Faites parvenir vos commentaires à Pour l'amour du français, 7205 rue Hewitt, Burnnbij BC V5A 3M1. CE: [email protected]. L./VJ. 1XL1OCJ — iJCUlcJUlC U U A1* d U JiU 111 it Des puces grammaticales pour tous et toutes ANNIE BOURRET L'Express Le logiciel Hugo Plus, dans sa version 8, annonce qu'il reconnaît maintenant les titres féminisés recommandés par l'Office de la langue française (OLF) du Québec. A ma connaissance, il s'agit là d'une première en matière de logiciels de grammaire, qu'ils portent sur la langue française ou anglaise. En incorporant ces titres au féminin, les concepteurs d'Hugo tiennent compte d'un usage de plus en plus répandu au Canada français, que ce soit dans les médias, la publicité ou les manuels scolaires. Afin de pouvoir évaluer la performance du logiciel, j'ai décidé de lui faire passer un test de vocabulaire (voir l'encadré) et de grammaire. Les résultats m'ont agréablement surprise-j'avais pburtant tendu des pièges du genre une clown (assez rare) et une médecin (peu connu). Le logiciel les a acceptés sans broncher. En plus du test de titres fémi- son de signaler une erreur pour Curieusement, le terme docleure a été refusé, alors qu'il est re- nisés, j'ai soumis quelques phra- cette phrase: il applique une règle commandé dans Au féminin (un ses à Hugo, histoire de vérifier de grammaire fondamentale qui guide de l'OLF) et dans le Multi- l'accord des verbes et des adjec- veut qu'un verbe comportant plus d'un sujet se conjugue au dictionnaire des difficultés de la tifs. langue française. Pour superviseu- Des structures comme «le ou la pluriel. La conjonction ou exige re et enlraîneure, le logiciel suggè- commis fera» et «des enseignan- une interprétation de sens que le re superviseuse et entraîneuse. ' tes et des enseignants franco-on- logiciel ne peut effectuer. La conjonction ou permet l'exDans le premier cas, on pour- tariens» sont acceptées sans prorait ergoter longtemps sur la fina- blème. Le logiciel propose, cepen- clusion et l'union, selon la pensée le - vous vous rappellerez que la dant, de mettre le verbe au pluriel exprimée. Dans «Le client ou la chronique de la semaine dernière dans «Le client ou la cliente peut cliente peut posséder plus d'une facture», c'est le phénomène de posséder plus d'une facture». abordait ce sujet sans le régler. Le logiciel a parfaitement rai- l'exclusion des sujets qui est illusLe cas d'entraîneuse—entraîneutré (l'un ou l'autre). re me trouble un peu plus. Même Le verbe se conjugue au singusi Le Petit Robert a éliminé la délier. Par contre, dans «La peur ou finition vieillie de «jeune femme la misère ont fait commettre bien employée dans un bar pour incides fautes», ou unit les deux suter tes clients à consommer», de 22 sur 25 jets, de là le verbe au pluriel. En nombreux dictionnaires la retien- Une agente d'autres mots, le logiciel signale nent encore. - Une annonceuse "v une erreur possible, a l'utilisateur Les médias préfèrent entraî- Une auteure ou utilisatrice de trancher! neure, probablement à cause des - Une avocate En guise de conclusion, la reintéressées elles-mêmes. Cher- Une biologiste connaissance des féminins s'ajoucheure constitue un cas compara- - Une capitaine te à une liste de tâches déjà imble de résistance (le terme correct - Une chercheuse pressionnante pour Hugo. Il corriest chercheuse), sauf que les fina- - Une clown ge les textes anglais et français de les ne conduisent pas à des - Une commis manière interactive, présentant connotations différentes. - Une députée les suggestions dans un environX Une docteure nement visuel qui rend les déciX Une e'ntralneurc sions grammaticales rapides et in- Unegreffière formées. - Une historienne Les erreurs d'orthographe et -, Une ingénieure de conjugaison ne lui échappent - Une juçe pas. Il permet également de créer - Une médecin ,• ^:. ' - Une mètteurc en scène des dictionnaires personnels, adaptés à des besoins de rédac- Une ministre • •,: -^ ' tion particuliers. - Une parlementaire - '* Le test d'Hugo - Une professeurè . ' »• ' - Une rectrice . ^- Une solda te X Une superviseure - Une sous-ministte NDLR: Faites parvenir vos commentaires à Pour l'amour du français, 7205 rue Hewitt, Burnaby BC V5A 3M1. CE: bourret®freenet.vancouver.bc.ca. L'EXPRESS-Semaine du 22 au 28 mars 1994 1PQO1BL L ' A M O U R ÏI>I_J 1FTRA.TSTOA.IS A quoi servent le masculin et le féminin? par ANNIE BOURRET •pour L'Express En français comme dnns les autres langues qui dérivent du latin (portugais, italien, roumain et espagnol), l'attribution du féminin et du mas- " culin est une survivance du latin. Le genre n'est pas universel, loin de là. De nombreuses langues s'en passent, comme le hongrois. Attention, ne pas catégoriser les objets avec un genre ne signifie pas que la distinction de sexe ne s'exprime pas dans cette langue, qui aura vraisemblablement des termes différents pour la notion de parenté, comme papa et maman ou tante et oncle. Mais le genre n'est pas motivé en ce qui concerne les objets: peut-on rêver, en effet, que les choses aient un sexe? En réalité, l'attribution du genre grammatical repose sur l'arbitraire. Cependant, dans une langue où on classe les noms par genre, ce dernier est perçu et vécu par les gens comme renvoyant à l'ordre «naturel» des choses. Étant donné les distinctions de sexe, qu'on pourrait appeler le genre «naturel», c'est peut-être normal. Si on étend ce concept à tout ce qui est animé, iî devient légitime poqr notre «instinct linguistique» d'attribuer un genre féminin à la poule et un genre masculin au coq. On pourrait pousser le parallèle à d'autres être «animés», comme les arbres fruitiers. Et là, prendre l'instinct linguistique en défaut puisque, en toute logique, l'arbre reproducteur s'apparente bien plus à la femme qu'à l'homme. On devrait donc dire «la pommière donne un fruit qu'on appelle un pomme». A moins qu'on ne décide d'associer l'idée de petitesse (éminemment féminine, avec la fragilité ou la délicatesse) aux fruits, justifiant ainsi leur genre féminin. Dans les deux cas, on aura encore admirablement suivi l'instinct linguistique, qui obéit à la loi du genre, au coeur du système de la langue française. En plus de varier, l'instinct linguistique en matière de genre n'est pas universel. L'iroquois, par exemple, classe les femmes dans la catégorie des «inanimés», alors même qu'il emploie le générique féminin, contrairement à un très grand nombre de langues. La mort, d'essence Féminine en français et en russe, sera représentée par un homme, en suédois et en allemand, La vie possède un genre masculin en tchèque, le péché un genre féminin en allemand. La question à se poser, ici, est la suivante: estce que les francophones perçoivent l'océan, le sol et le feu comme masculins à cause de leur genre grammatical, attribué au hasard de l'histoire, ou s'y rattache-t-il un symbolisme culturel et social qui fait que ces mots semblent «mériter» leur genre, en Quelque sorte? Autrement dit, la langue reflète-elle l'ordre des choses dans l'univers ou s'agit-il d'un hasard de classement grammatical, lequel influence notre vision de l'univers? De nombreux linguistes se sont penchés sur cette question du rapport entre la langue et la pensée, et plus particulièrement les catégories de genre et la pensée. Dans une monumentale grammaire intitulée Des mots à la pensée (1911-1940), les auteurs français Damourette et Fichon ont essayé d'établir ces liens. Ils ont méticuleusement analysé la répartition des genres en français, l'appelant le «répartitoire de la sexuisemblance». (J'ai gardé l'appellation pour que vous puissiez savourer le degré de spécialisation de langue dans le volume.) Ces deux auteurs ont tenté d'élucider si le fait qu'il existe deux genres en français pouvait influencer la façon de voir le monde: à la catégorie grammaticale correspond une catégorie mentale. La langue, selon eux, reflète les mentalités. Sur cette base, Damourette et Pichon «expliquent» la prédominance du féminin dans les noms de machines: les femmes sont les auxiliaires de l'homme, de même que les machines qui ne peuvent rien sans le moteur, qui leur communique sa puissance. La moissonneuse ou la calculatrice ne sont que des machines mues par une force extérieure. Comparez-leur le moissonneur ou l'ordinateur, d'un côté l'être humain, de l'autre un objet autonome et performant. Selon une telle théorie, le genre naturel entraîne le genre grammatical, puisqu'on fait correspondre les qualités de chaque sexe à des objets. Pour répondre à la question posée dans le titre, le genre aurait alors une fonction de métaphore sexuelle: l'homme actif fait contraste avec la femme passive, de là l'attribution consciente du genre grammatical pertinent à un objet ou une réalité. Thèse risible, à votre avis, d'autant plus qu'elle date du début du siècle? C'est pourtant un imaginaire collectif nourri d'une telle idéologie qui a montré tant de résistance à féminiser les titres de professions prestigieuses depuis le début du siècle. Cette thèse a également occasionné certains blocages de féminisation, parce que le féminin était déjà «occupé». Le mot médecine, qui devrait logiquement être le féminin de la profession, comme dans la paire avocat-avocate. Mais médecine, qui désigne la science, le médicament et la profession, ne peut s'encombrer du quatrième sens, c'est-à-dire le féminin de médecin. NOTE: Les personnes qui s'intéressent à la question du genre en français auraient intérêt à lire Les mots et les femmes, de Marina YagueHo, publié chez Payot. WLR: Faites part de vos commentaires à l'auleure à l'adresse suivante : Pour l'amour du français, 95, avenue Renfrew, Ottawa (Ontario), K1S1Z6, L'EXPRESS - Semaine du 29 mars au 4 avril 1994 iPOOR DU-FI Hérédité latine: le genre des mots par ANNIE BOURRET pour L'Express Hérité du latin, le genre en français permet de classer les noms d'êtres animés et d'objet du point de vue de leur «sexe» réel ou attribué. Le genre donne une information grammaticale capitale, car il régit les accords d'adjectifs et de participes. À ce titre, il est à l'origine du plus grand nombre de fautes d'orthographe, car il n'existe aucune régularité dans ces accords. Comparez «les perruches se sont lavées» et «les perruches se sont lavé les ailes». Curieusement, alors qu'on peut déterminer avec beaucoup de précision l'évolution phonétique du mot latin à son correspondant français, le genre ne s'est pas toujours transmis symétriquement: les mots pied et main ont conservé leur genre original en latin, alors que les termes étude et huile ont troqué leur masculin latin pour une forme féminine en français. En plus de gouverner les accords, le genre permet de distinguer à l'oreille de nombreux homophones comme le foie, la foi; le sel, la selle; un couple, une couple; le livre, la livre; un tour, une tour; un somme, une somme, un manche, une manche et ad infinitum. Rares sont les mots qui comportent les deux genres en conservant le même sens. Après-midi s'emploie indifféremment avec un article féminin et un article masculin. Holocauste, cependant, a vu son genre masculin fixé au 18e siècle. La variation de sens selon le genre repose beaucoup sur l'évolution,phonétique des mots d'origine. Le moule provient du latin modulus, qui signifiait «modèle creux servant à donner une forme». La moule a musculus pour origine, ou «mollusque». Modulus (prononcé modoulous) a perdu son S final vers le 5e siècle, puis le U (prononcé ou) intérieur. Dans le nouveau mot, modlu, l'ancien français a abandonné le D et a affaibli le U final en EU puis E. Je n'invente rien, c'est bien là l'itinéraire phonétique de modulus, du latin au français (je vous épargne celui de musculus). L'abréviation cause également l'apparition de mots semblables quant à laforme,mais de définition différente selon le genre. Le terme vidéo l'illustre bien, forme tronquée pour la vidéocassette et le vidéographe. Résultat? La plupart des gens disent: «C'est un bon vidéo.», alors qu'ils veulent parler de la vidéo. La plupart n'ont pas conscience de cette distinction entre le vidéo et la vidéo. Cependant, tout le monde connaît très bien ces embêtants traquenards de genre posés par les mots qui commencent par une voyelle ou un H muet. Voici quelques exemples de ces hésitations. Sont féminins: acné, amnistie, anicroche, apostrophe, autoroute, espèce, oriflamme, orchidée, oasis, horloge. Sont masculins: acrostiche, astérisque, insigne, opprobe, haltère, hémisphère. L'incertitude s'explique, dans QUEL EST LE FEMININ OU LE MASCULIN DE CES NOMS D'ANIMAUX? a) un poulain b) une biche c) un chevreuil d) un daim e) une laie f) un merle g) une guenon h) un serin certains cas, par le changement de genre du mot durant son évolution. Armistice, autrefois féminin, est maintenant masculin, de même qu'automne. Pas besoin, par ailleurs, de commencer par une voyelle pour se convertir: comté, reproche, mélange et pleur ont d'abord été féminins... Généralement, lors d'une nouvelle attribution de genre, la forme féminine perdait. Le mot automne a dû s'aligner sur le genre grammatical des trois autres saisons (un été, un hiver et le printemps). Mais, comme en français on ne saurait affirmer quoi que ce soit avec absolu, il existe tout de même des contre-exemples, où le féminin a remplacé le masculin. Cravate s'est d'abord accordé au masculin (selon la prononciation française de Croate, peuple auquel on doit cet accessoire). Ombre et antichambre ont connu le même sort. Automobile a d'abord qualifié le mot masculin véhicule, il a connu une... émancipation féminine quand il est devenu un nom autonome. Terminons par une note sur le genre des animaux en français. Seuls les noms d'animaux domestiqués ou chassés comportent une référence à leur sexe: coq et poule; tigre et tigresse (à ce propos, SOLUTION: suuas eun éBins un aun un (9 9UIBp 8Un (p sijajAéqo aun (o |J9O un (q (|BA9L)D ap uiujiuaj ai jsa luaiunf) 8tpi|nod eun (e amusez-vous donc avec l'encadré). Les autres animaux ont reçu leur genre au hasard de la loterie historique: le perroquet, le jaguar et le rhinocéros valent bien une hirondelle, une panthère et une girafe (dont le petit, girafon ou girafeau, n'existe qu'au masculin). NDLR: Faites part de vos commentaires à l'auteure à l'adresse suivante : Pour l'amour du français, 95, avenue Renfrew, Oltaiva (Ontario), Kl S 1Z6. 4 » L'EXPRESS - Semaine du 5 au 11 avril 1994 POUR •ur L'évolution de la féminisation en français: Où en est-on? par ANNIE BOURRET pour L'Express En principe, le genre grammatical concorde avec le sexe des êtres animés en français: à la paire homme-femme correspondent celles de coq-poule, avocat-avocate, le-la propriétaire. Durant le Moyen Âge, cette symétrie souffrait peu d'exceptions. On trouvait donc commandant et commandante (c'était Jeanne d'Arc!), juge et jugesse, promoteur et promotrice. À cette époque, l'adjectif s'accordait avec le nom le plus proche. On pouvait écrire correctement, comme Racine: «ces trois jours et ces trois nuits entières». L'adjectif «entières» renvoyait alors à nuits autant qu'à jours. Entre en scène à la même époque le grammairien Vaugelas, qui décrète en 1647 que la forme masculine a prépondérance sur le féminin, parce que plus noble. Dorénavant, il faut écrire: «les légumes et les fleurs sont frais», et non «fraîches». Cette opinion grammaticale a été bien reçue et le prestige du masculin s'est transposé aux dénominations de profession. Un siècle après Vaugelas, la comtesse de Genlis exigeait le titre de «gouverneur» au lieu de celui de gouvernante des enfants dont elle avait la charge. Ajoutez à cela la surreprésentation des hommes à la plupart des postes prestigieux depuis le 18e siècle, et vous comprendrez pourquoi depuis, les féminins notairesse, colonelle et mairesse désignent les épouses et non les titulaires de ces professions. Quand les femmes ont effectué leur entrée massive dans le monde du travail (au Canada, durant et après la Deuxième Guerre mondiale), elles ont rencontré un formidable obstacle: le français ne possédait pas de formes féminines pour les métiers qu'elles exerçaient, à l'exception des féminins courants. On avait bien infirmière, chanteuse, coiffeuse, femme de ménage et institutrice, mais pas docteure, ingénieure, députée, doyenne d'université, scaphandrière ou soudeuse. Sitôt qu'on commence à créer des féminins de professions traditionnellement occupées par des nommes, les puristes inventent le genre commun masculin. Les termes ministre ou ingénieur n'ont plus de genre, seulement un commode récipient pouvant contenir à la fois les femmes et les nommes. Les formules hybrides auxquelles cette position a donné naissance, comme Madame le ministre, n'ont pas trouvé terrain fertile au Canada. Kim Campbell, avec son titre de «première ministre désignée», nous fournit un exemple récent, II existe encore des résistances envers les titres au féminin, mais la population canadiennefrançaise fait preuve d'une grande ouverture d'esprit depuis 30 ans, notamment grâce au rôle des médias pour l'usage de ces termes. RadioCanada, par exemple, possède depuis les années soixante une politique d'emploi de titres féminins, à moins que la titulaire elle-même ne s'y objecte. Les expédients graphiques apparaissent plus tard; ils servaient à évoquer «équitablement» les deux sexes, avec des parenthèses, des tirets et On préfère également les termes épicènes, ces noms dont la forme demeure identique pour les deux genres, comme «scientifiques» pour «hommes de science». Ces changements s'inscrivent dans le cours normal de l'évolution d'une langue: les tendances conservatrices affrontent les courants innovateurs. On s'oppose encore à i'emploi des féminins de titres et des répétitions. Cependant, je parierais plutôt au succès de la nouvelle tendance de langue, à cause de l'usage dans les médias et de nombreux documents, de même qu'en conversation privée (mes copains et mes copines). Le Canada fait montre, à cet égard, de tellement d'audace qu'il sert d'exemple à la Suisse. La Belgique, elle, lui reproche une féminisation outrancière du français — je n'invente rien, ayant eu l'occasion d'entendre le rédacteur actuel de notre bible Le Bon usage dénoncer l'hérésie devant un public de plus de 300 linguistes. des traits obliques. Sur tous les fronts, on milite pour en cesser l'emploi: les puristes contre la lourdeur, les linguistes contre des artifices ne respectant pas l'esprit de la langue, les «impuristes» daction non sexiste peuvent se procurer contre une solution de bouts de lettres. L'usage des années quatre-vingt a préconisé la répétition en toutes lettres, un emploi qui date, en réalité, du Moyen Age, où les annonces publiques commençaient par «Ceux et celles,..»! Aujourd'hui, on commence à explorer un style plus générique, avec des tournures comme «la population» pour «citoyens et citoyennes», «gens d'affaires» pour «hommes et femmes d'affaires». NDLR: Faites part de vos commentaires à l'auleure à l'adresse suivante : Pour l'amour du français, 95, avenue Renfrew, Ottawa (Ontario), Kl S 1Z6. Les personnes qui s'intéressent à la réle guide À juste titre, disponible gratuitement à la Direction générale de la condition féminine, Service des communications, 2, rue Carlton, 12e étage, Toronto (Ontario) M5B 2M9. En plus de contenir de nombreux exemples, ce petit guide mise sur l'humour tout en suggérant des trucs pratiques. Les exemples proviennent des médias franco-ontariens, dont L'Express, Panorama et CJBC-Bonjour. 4 L'EXPRESS - Semaine du 12 au 18 avril 1994 POUR L'AMOUR DU FRANÇAIS Cherchez la femme, nom cTim p'tit bonhomme! ANNIE BOURRET pour L'Express De mémoire de femme, le français a toujours comporté certaines expressions comme «faire son petit bonhomme de chemin». Avec la création d'expressions comme «droits de la personne» pour remplacer «droits de l'Homme», j'avais naïvement cru la situation réglée au plan de la rectitude politique. Il aura fallu que je lise le compte rendu de la chasse à l'homme impliquant deux trafiquantes de drogue pour allumer une petite étincelle dans mon cerveau (vous, vous appelez sûrement ça un flash mais moi, je dois donner l'exemple ici). J'ai subséquemment entamé une chasse aux sorcières personnelle. Résultat? Ma traque s'avère si fructueuse que je la partage avec vous en un petit bouquet de clichés, à contre-sexe ou impertinents. Petit mantra exorciste Homme ici, homme là, homme par-ci, homme par-là, homme, homme, homme! De quoi donner se tourner le tournis. Avez-vous jamais remarqué qu'un mot se vide de son sens, quand on le répète ou qu'on le lit mécaniquement, à plusieurs reprises? C'est ce qui m'est arrivé en consuitant tous mes dictionnaires et mes ouvrages de locutions françaises. Dans ces cas-là, je pratique une stratégie in-fail-li-ble: je me fredonne un petit mantra, histoire d'exorciser les mauvaises pensées et autres humeurs troublantes, dans un esprit zen. «OOOOOOOOOMMM... OOOOOOOOOMMM... OOOOOOOOOMMM..». ARRIÈRES ET DÉPRESSIONS Recherché: L'homme de ia situation L'Institut pour la promotion des hommes de tête recherche l'homme de la situation pour combler un poste immédiatement Exigences: vous êtes un homme d'action doublé d'un homme à poigne, avec 20 ans d'expérience dans la chasse à l'homme. Vous devrez vous montrer capable d'affronter l'abominable homme des neiges et de travailler en collaboration avec une femme à barbe en guise d'homme à tout faire. Pas de basses besognes à effectuer, vous aurez un homme de main pour ça. Homme à femmes, amateur de femme-enfant, homme de paiiie, homme-grenouiîie, homme-sandwich s'abstenir. Qualité d'homme-orchestre un atout. Note: Dans le respect de notre politique sur l'équité d'emploi, cette annonce s'adresse aussi bien aux hommes qu'aux femmes. Pas la mort d'un homme OTTAWA (AB) - Un récent sondage a révélé de nouvelles tendances sociales chez la femme de la rue. Les remèdes de bonhomme, par exemple, ne sont plus en vogue. Autrefois activement recherchés, ces remèdes sont maintenant perçus comme de véritables contes de bonhomme, sans fondements scientifiques. On attribue ce changement d'attitude aux résultats d'une récente étude effectuée par huit femmes de science et marrainée en 2273 par l'Institut de la Sapience féminine. Comme une seule femme, les répondantes à ce sondage ont unanimement approuvé les nouvelles réformes linguistiques émanant de Big Sister: le mot séminaire sera remplacé par «ovulaire», le nom famille et l'adjectif fameuxfameuse s'écriront «femme-ille», «femmeux» et «femmeuse». Madame tout le monde s'est cependant prononcée en faveur de l'expression historique «l'éternel masculin», pour laquelle Big Sister proposait «l'éphémère masculin». L'une des femmes interviewées a même affirmé que l'usage de «l'éternel masculin» ne serait pas la mort d'un homme. Ah! homme fatal, quand tu nous tiens.» P.S. Eh bien, je viens de faire une femme de moi et de ridiculiser certaines expressions de notre langue. j'ai cependant renoncé à utiliser plusieurs expressions avec le mot femme, que ce soit pour les mentionner telles quelles ou les masculiniser. Peu importe le sexe en cause, elles auraient renvoyé'à des contextes grossiers, vulgaires et un peu trop explicites à mon goût. je ne m'en ferai pas la femme de paille. NDLR: Faites part de vos commentaires à l'auteure à l'adresse suivante : Pour l'amour du français, 95, avenue Renfrew, Ottawa (Ontario), K1S1Z6. POUR L'AMOUR DU FRANÇAIS Le directeur général est en congé de maternité cette variation impliquent généraleL'ajout du e à la fin, avec cer- Mais dans l'ensemble, les mots ment l'étymologie des mots. Si, à taines transformations nécessaires, féminisés réfèrent à des métiers l'origine, la racine du mot est un a touché aussi de nombreuses contemporains et sont universels Le Bureau de l'Égalité des droits verbe, la finale'sera -eusc au références aux professions, comme (encore que chasseuse de souris n'est pas un métier ici). Enfin, un des usentre homme et femme de la Suisse féminin. Par exemple, la racine de écrivainc, marchande, portière. Un autre intérêt du dictionnaire ages de cheffe agace. Oicjfe de bureau vient de publier un Dictionnaire mineur remonte au verbe miner, féminin-masculin des professions, litresdonc le féminin est mineuse pour le consiste à avoir créé systématique- ne pose pas problème, mais et fonctions électives, qui comporte métier. La finale en -eure provient ment des termes des deux genres pourquoi féminiser chef dans rédacplus de 4000 termes de professions de l'usage, d'une fin de mot en - pour les professions et à combler les trice en cheffe? diverses et est disponible sur sup- ssion, ou d'une racine remontant à lacunes. Grâce à cette démarche, Ce ne sont là que de petits un mot exprimant étymologique- nous pouvons évoquer en français points. L'ouvrage est fort intéresport informatique. Cet ouvrage constitue, de loin, la ment la comparaison. C'est le cas des.notions comme sages-hommes, sant, et contribuera à faire avancer liste la plus exhaustive connue à ce de l'adjectif mineur dont le féminin monsieur de compagnie, garde d'en- le processus de féminisation des fants, linger. Mais prostitué n'existe titres et métiers, en créant de noujour dans la francophonie pour les est mineure. Quand la forme d'un mot est pas... féminins de profession. On y a velles réalités. Comme le rappelle suivi huit règles de féminisation, neutre (épicène, en jargon de linCertaines créations poseront des l'avant-propos, «Les mots sont viqui respectent la grammaire ou guiste), la marque du féminin est problèmes de flottement de sens. vants, ils font exister les choses et 1 étymologie de la langue française, l'article. De nombreuses finales Lorsque le mot féminin désigne contribuent de manière subtile à In et on recommando vivement permettent ce procédé : la polémo- aussi une autre réalité que le métier, formation de l'identité nationale, d'écrire au long les deux genres logue, la plénipotentiaire, la militaire, le nouveau sens créera un petit flou culturelle et sexuelle.» dans les textes. la cinéaste, la céramiste, la géomètre, lasémantique, jusqu'à ce qu'on s'y Pour les métiers à terminaisons cadre, la chorégraphe. De nombreux habitue. L'usage fera que tourbière en -leur, on propose des termes qui tonnes de métier féminisés se termi- réfère aussi a un métier, tout NDLR: Les lecteurs sont invités à favv finissent en -tnce , comme concep- nent par -esse, comme consulesse. comme carrière, éticjueteuse, tronçon-part de leurs critiques, commentaires et suggestions à l'auteure. Adresser la Un terme jésuitesse illustre bien l'ef- neuse et matelote. trice, auditrice. Un seul terme, armaillic, con- correspondance à Pour l'amour du Les noms en -eur se transforment fort de création de terme de au féminin en -eusc (parfumeuse) ou l'équipe de travail, puisque cette stitue un archaïsme helvétique; il français, aux soins de L'EXPRESS, 17 ANNIE BOURRET pour L'Express en -eure (professeure). Les causes de réalité n'existe pas encore. désigne une bergère de Fribourg. avenue Carkw, Toronto M4M 2R6 DOCUMENT XI MATÉRIEL DE CONSULTATION Texte : article sur la féminisation, Claude Tatilon, revue La Linguistique, 1995. La langue, le discours et l'égaXxté. La langue, le discours et l'égalité des sexes par Claud* Tatilon i J- ri Le point de vue présenté dans cette étude est, è la fois, celui d'un usager désireux d'amender son propre langage et celui d'un enseignant soucieux d'aider ses étudiants (et soi-même) è s'y retrouver dans l'actuel remue-ménage de la féminisation en français. Pour parvenir à des choix linguistiques raisonnables, il convient d'abord de situer correctement îe débat en décrivant les différents aspects que prend dans notre langue le sexisme verbs! ; ensuite, de rechercher des solutions, non pas globales mois ponctuelles, è chacun de ces aspects. Un tel programme est ambitieux et déborde largement le cadre du présent article, dont la seule prétention est de débroussailler le terrain en vue d'un travail qui reste è faire. À faire d'urgence : les trop nombreuses tentatives de féminisation sauvage, qui n'ont pour elles que la caution d'une grande bonne volonté, desservent plus qu'elles ne servent la juste cause de l'égalité sociale des sexes en proposant toutes sortes de formulations fantaisistes, voire ridicules (du genre : « Bienvenue ! Cet atelier est ouvert è tous/tes et peut accueillir 15 participants/es » ), qui parasitent la communication et perturbent les esprits. Qu'il me soit permis d'ouvrir le débat par une affirmation très largement admise et dont la validité apparaîtra clairement, je l'espère, au fil de cette étude : le sexisme verbal existe bel et bien. Il est îe fruit d'une vision du monde patriarcale sur laquelle, selon Pierre Guiraud, « se greffe toute une sémiologie des sexes1 qui fait de l'homme le détenteur de la "puissance", de inintelligence", de la "volonté", de la "décision" en face de ^impuissance", de ^irrationalité", de la "passivité", féminines. » 2 Jetant un pont entre le monde et le langage, ce même auteur écrit encore que « la femme e s t objet et patient par excellence. Ce statut sémiologique reflète et souvent détermine son statut social et économique dans notre culture ; son aliénation, sa dévalorisation et cetts condition de femme-objet que les mouvements féministes ont beau jeu de dénoncer. Car il est clair que la femme est un objet : objet sexuel, objet économique et juridique, objet grammatical qui en fait le complément d'objet de tout verte transitif et le patient de toute action. »3 Voila mises au jour les racines du mal. Mais où le rencontre-t-on, le sexisme verbal ? Vous ouvrez votre journal, vous tombez sur ce fait divers : «M. et Mme Jean Dupont, les propriétaires du Grand Café., ont été attaqués, hier soir, en rentrant à leur domicile par trois cambrioleurs Cfui en sortaient après avoir fait main basse sur des bijoux de grande valeur et une importante Somme d'argent- Cette rencontre inopinée a valu a Ja plantureuse caissière du Grand Café,(surnommée "le Buste" dans le quartier Saint-Denis^ de subir les assauts réitérés des trois gaiilardî, vaincus par ses appas tandis que monsieur, cocassement ficelé au Ut conjugal était le témoin forcé et , , , des exploits de maâam&—» Sensibilisé par une campagne antisexiste persistante, vous vous indignez à juste titre d"un humour d'aussi mauvais goût. Puis., vous livrant à une relecture attentive., vous démasquez sans grande difficulté les ressorts linguistiques (lexicaux surtout) de la dévalorisation féminine, contre laquelle on vous a souvent mis en garde : termes d'adresse (Mme Jean Dupont), ordre des participants (M, et Mme), description suggestive de la victime (plantureuse, "le Bvtste1", ses appas), emploi sarcastique du mot exploits, atténuation de la culpabilité des agresseurs (vaincus par ses appas) auxquels le texte donne sournoisement le beau rôle des assauts, réitérés des trois gaillards). Dans un second journal, vous lisez cette autre version du même fait divers : «Hier soir, vers minuit, reiitranv chez Iu5 en compagnie de son épousi. après une longue journée de labeur. M. Jean Dupont, le sympathique propriétaire du Grand C&fé, a sauvagement été attaqué par trois cambrioleurs venus "visiter" son domicile, MoSeste puis ligoté au pied de son lit. M. Dupont a dû, par-dessus le marché, assister hvrrifie au triple viol de son infortunée épouse. Les malfaiteurs se sont enfuis en emportant,., » Derechef, vous vous indignez. Mais non sans remarquer que, cette fols, la charge sexiste a pris un tout outre tour. Celui de l'exclusion discursive. Il est clair, en effet, que îe paragraphe est arrangé de manière è transmettre une vision androcentrique de l'événement. Et, è en croire la mise en scène textuelle, un viol serait plus douloureux è voir qu'à subir! Pourtant, è première vue, il n'y a plus ici de marque linguistique dépréciât!ve ; Mme Dupont est, è l'égal de M. Dupont, mentionnée deux fois dans le paragraphe ; elle est même gratifiée d'une épithète compatissante (infortunée). À y regarder de plus près cependant, vous vous apercevez que la syntaxe la subordonne à son mari : alors que ce dernier se trouve au centre de 3 construction des phrases relatant regression (il en est le sujet grammatical), elle occupe une position marginale, étant reléguée dans des expansions secondaires (en compagnie 4ê son è'pcuse, du triple VÎCS de son infortunée Spouse). il y aurait beaucoup à dire d'une telle analyse comparative4. Mais, tout de suite, une remarque de prime importance : ce qui compte pour réduire Se sexisme verbal, c'est moins d'épurer le matériau que la langue met è notre disposition que d'en contrôler l'usage. En d'autres mots, la lutte contre le langage sexiste doit se mener sur deux fronts, celui de la langue et celui du discours. Il est impératif, en effet, de ne pas confondre contraintes de langue et choix de discours, de bien les différencier dans l'analyse des problèmes, puis dans la recherche de solutions. Sur le plan du discours, trois comportements langagiers oppressifs sont a distinguer. 1. La domination conversationnelle. Elle consiste è monopoliser la parole : parler longtemps, interrompre fréquemment, faire taire en parlant plus fort, garder le contrôle des sujets de conversation en les développant ou en les changeant è son gré... De nombreuses enquêtes américaines tendent è montrer que, dès l'âge scolaire, les garçons sont meilleurs que les filles è ce petit jeu5. 2. Les formulations tendancieuses. Elles relèvent de choix expressifs volontaires (comme les exploits de madame du premier fait divers laissant perfidement entendre que la victime a pu trouver l'aventure agréable, ou encore la focalisation syntaxique du second mettant en vedette le mari) ou involontaires (subconscients ?) comme c'est sans doute le cas de l'exemple suivant qui provient du texte de présentation du Petit Robert, édition de 1977 : « il s'agit de fournir è tout lecteur les instruments de pensée et d'expression les plus élaborés : l'agriculteur, le travailleur manuel, îe ménagère [sic] ou le syndicaliste ont évidemment droit aux mêmes instruments culturels que l'avocat et Je médecin. » La présentation de 1978 corrige ainsi le tir : « II en est de même pour les utilisateurs professionnels, dactylos, secrétaires, rédacteurs et rédactrices, instituteurs et professeurs (...) le grand public... » 3. Le langage du mépris. C'est sans aucun doute le comportement verbal le plus voyant et le plus agressif, il consiste en l'emploi de clichés sexistes ("Sois belle, et tais-toi \", "Toutes les mêmes i", "Elle cause, elle cause, c'est tout ce qu'elle sait faire !") et d'unités lexicales dêpréclatlves ou di f f amatoires (un fils depute, une mârie-coucne-toHé, une longue âebeitemêre.). Préparant son Dictionnaire erotique (Payot, Paris, 1978), Pierre Gutraud relève plus de quinze cents désignatifs de la femme qui sont « dégradants et dévalorisants dans leur presque totalité. Entre outres choses, la femme est un ustensile : marmite, rase, pût, pat ûe chambre, etc., hormis que l'on fourbit, tamtourque Ton bot, etc. Or, ces ustensiles ont une valeur d'usage dont la principale qualité est le neuf et îa nouveauté. Dons le cas de la relation sexuelle, la satiété du sujet et la dégradation de l'objet entraînent la dévalorisation de ce dernier. » 6 Marina Yaguelîo, dans Les mots et tes femmes, propose elle aussi de bons exemples : « Une femme gotente est une femme de mauvaise vie, un homme §dlont est un homme bien élevé {...J Une femme sàvsnte est ridicule, un hommesdvdnt est respecté [...] Mêle peut se dire aussi bien de l'homme que de l'animal, sans être péjoratif, au contraire. »7 Mais femelle, attribué à une femme, est un terme de dénigrement ! Comme s'il existait une règle sémantique sous-jacente investissant l'homme d'une valeur positive, la femme d'une valeur négative. Où l'on retrouve la « sémiologie des sexes »... Si, dans ce troisième cas de figure, je rapproche - sans les confondre plan du discours et plan de la langue, c'est moins pour me ménager une transition avec ce qui va suivre que parce que le mépris verbal, qu'il soit phrâséologique ou lexical, est théoriquement parlant un mal facile à guérir : i l suffit de s'abstenir d'en user - ou mieux encore, de réhabiliter, de revivifier par des emplois non équivoques certains mots péjorés par un usage malveillant ; rien ne s'oppose â ce qu'on rende p&r exemple a femmesovante ou é professionnelle leur sens propre. Mais change-t-on facilement les mentalités ? En définitive, les abus et écarts de langage dont les femmes font les frais ne sont pes dictés par la structure de la langue ; ce sont des contenus conceptuels qui relèvent entièrement de la psychologie des individus, soumis ê une vision du monde ségrégationniste qu'ils ont intériorisée dès l'âge tendre (sous la forme dune "sémiologie des sexes") et qui leur dicte leur conduite d'humains mêles ou femelles. On rejoint ici la notion de "genre", qui appartient è l'anthropologie sociale. En abordant le plan de la langue, i l est indispensable de s'attaquer de front ê une confusion tenace entre trois notions distinctes : le genre socioculturel, le sexe biologique et le genre grammatical - confusion qui brouille plus d'un raisonnement. Indispensable de distinguer ces notions et, surtout, d'examiner comment chacune s'inscrit dans le matériau de la langue. Le genre socioculturel et le sexe biologique sont des réalités observables, des éléments du monde sensible. Si je refuse, par manque de compétence, d'entrer d8ns le débat scientifique du sexe (biologique ou génétique ?), je puis dire tout de même, avec une assurance toute empirique, que je sais "en gros" ce qui différencie la femme de l'homme. Le genre socioculturel, moins évident, est d'appréhension moins facile ; i l requiert une réflexion, des lectures. Par exemple, celle du Genre vernaculaira d'Ivan lîlich, qui propose cette explication : « Le genre est quelque chose d'autre, et quelque chose de plus que le sexe. Il traduit une polarité sociale en soi fondamentale, et distincte entre deux lieux, entre deux moments. Ce qui se fait, ou ce qui ne se fait pas, diffère d'une vallée è l'autre, de même que les façons de faire et de dire I..J Chaque culture conjugue les genres è sa façon spécifique, au cerceau è la tombe. » s Poupée et pistolet, couture et football, cuisine et voiture, secrétaire et P.D.6... je comprends maintenant ce que signifie "culture genrée". Le genre grammatical n'a plus rien à voir, théoriquement, avec îe monde extralinguistique ; le terme représente une notion linguistique purement arbitraire (pourquoi Je table et le bureau ?) qui ne renvoie à aucun réfèrent : une personne peut être un homme, un être humain une femme, tout comme u/r mannequin ; un mouton, une girafe peuvent être mâle ou femelle (combien l'ignorent ?). Mais, en pratique, la plupart des gens font un rapprochement "naturel" entre genre grammatical et sexe ; à l'instar de La Fontaine, ils conçoivent le genre comme motivé, imaginent une "sexuisemblance" : « fia Commère la Carpe y faisait mille tours Avec le Brochet son Compère... ». D'ailleurs, les "noms de choses" n'entretiennent-ils pas le mythe lorsque, pour des réalités grandes ou pesantes, ils portent le genre masculin, et le féminin pour des réalités de moindre importance : chaise -fmiteuiî, tempe lampadaire, mer- océan, fleuve -rivière ? La langue française, qui a évolué dans une perspective d'homme au cours de son histoire, favorise la représentation masculine. Dans l'imagination de Dien des locuteurs, le genre grammatical est porteur d'une valeur de sexe : le masculin (<lôt. masculus, môle) est connoté comme "viril", le féminin (<3at. feminô, femme) comme... "féminin". La sémiologie des sexes est aussi inscrite dans les mots. il y a donc grand intérêt, pour parler du français, à utiliser une terminologie qui soit sans ambiguïté : sexe, genre (exclusivement grammatical) et différenciation socioculturelle des sexes. Cette dernière notion, contrairement aux deux autres, n'intéresse pas la langue directement. Le genre, en français, est une propriété morphologique intrinsèque des noms ; chaque nom a le sien, masculin ou féminin9- On ne choisit pas le genre de récit ou $ histoire, ou de personne, ou de girofe; la longue a déjà tranché. Pour le sexe, il y a choix : on choisit lionne plutôt que /ion pour des raisons réfèrent!elles 10 . Finalement, qu'est-ce qu'on peut dire du "sexe" d'un point de vue strictement linguistique ? D'abord, qu'il est un sens référentiel, c'est-èdire l'évocation, au moyen d'une forme linguistique, d'un élément appartenant au monde sensible. Que ce sens référentiel recouvre trois significations : "mâle", "femelle", "sexué" (sans distinction). Et qu'il est porté soit par une forme Indépendante, qui lui est exclusivement réservée - le suffixe -esse de princesse ou tigresss - soit par une forme regroupant d'autres traits de sens - écolier: "être humain" • "mêle" * "fréquentant une école" • "jeune"; sœur. "être humain" • "né des mêmes parents" • "femelle"; personne : "être 6 humain" • "âge et sexe indifférents". Quant au geno'erû& l'anglais, il n"a aucune existence linguistique, ni lexicale ni morphologique. On peut en parler, bien sûr. analyser îa notion, la définir (différenciation socioculturelle afférente au sexe biologique), la commenter, comme n'importe quelle autre réalité extralinguistique. Mais, du point de vue de Sa langue, elle reste sans inscription monèmique ou morphologique1 1. Dans la langue française, la supériorité du masculin (le genre grammatical) sur le féminin, décrétée par le "bon usage", se manifeste de cinq manières, qu'il convient d'évoquer rapidement. I. r e m p l o i du masculin générique. « L'homme de la préhistoire envahit la Terre, en occupe tous les domaines. Il maîtrise la nature, domestique les animaux... » Notre obscur ancêtre, maillon décisif de l'évolution humaine, aurait-il pu - sans la femme - transmettre le relais à notre aïeul, l'homme de l'Antiquité ? Puis, celui-là à l'homme moderne ? Et ainsi de suite jusqu'à nous, l'homme contemporain au seuil du troisième millénaire ? Le linguiste, qui ne saurait sous-estimer l'importance sociale et psychologique de la communication verbale, n'a pas de mal è comprendre que de nombreuses femmes puissent s'offusquer d'un parler sourd-muet qui accrédite leur occultation sociale. En outre, /tomme est un terme ambigu parce qu'ambivalent : tantôt terme spécifique (le mâle humain), tantôt terme générique (l'humanité).12 Mais Xhomme générique n'est pas une fatalité, on pourrait aisément en restreindre l'usage13 è certains emplois scientifiques (l'homme préhistorique précisément, L'homme, cet inconnu... ) 14 dont tout le monde ou presque saccommoderait d'autant plus facilement que le terme ne donnerait plus lieu è d'autres emplois génériques brouillant la réalité sociale contemporaine, comme c'est le cas des "droits de l'homme et du citoyen" (expression exclusive è son origine)15 ou de certaines offres d'emploi dans lesquelles les femmes ont bien du mal à se retrouver16. L'usage du masculin générique s'étend à beaucoup d'autres termes : « Le c//ente$t roi. », « Le promeneur assez intrépide pour s'aventurer jusque-lè découvrira è ses pieds... », « Pour s'inscrire, r éturf/ôntàewo... ». Cet usage a pour lui îe mérite stylistique de la concision (les formes masculines sont en majorité plus courtes que les féminines). Par ailleurs, lorsqu'on le juge nécessaire, le masculin générique peut être adouci par un pluriel (les étudiants devront... ), plus incluant, ou par une substitution lexicale (les droits de la personne)17 ou encore par l'utilisation fonctionnelle de certaines constructions s'écartant de la norme (quelqu'undont on ne sait pas si elle.. ) . 2. L'accord au masculin pluriel. L'accord en genre des déterminants du nom et, sous certaines conditions, du participe passé est une controinte de la langue française. Lorsque, dans un énoncé, des noms de genre différent sont coordonnés, raccord se fait au masculin pluriel et les éventuels pronoms de rappel prennent aussi là forme du masculin pluriel. Le petit garçon et ses trois grandes sœurs sont partis se promener. ILS ont pris, joyEUX, le chemin de la forêt. Cette règle d'usage est souvent taxée de sexisme ; ce qui ne semble pas exagéré lorsqu'on lit certains commentaires de grammairiens, tel celui-ci provenant des Remorques sur IÔ longue française de Vaugelas : « Le genre masculin, étant le plus noble, doit prédominer toutes les fols que le masculin et îe féminin se trouvent ensemble. » La sémiologie des sexes est aussi inscrite dans le discours métalinguistique. L'accord au masculin pluriel a tout de même pour lu! d'être économique, les formes masculines étant en général "non marquées". Et puis, par quoi le remplacerait-on ? Par un accord au féminin pluriel, simple renversement des rôles ? Cette solution serait tout aussi inéquitable, moins économique et, de plus, perturbatrice. Un accord d""importance", variant avec le réfèrent "prioritaire", constituerait-il une meilleure solution ? Déterminer la priorité ne serait pas toujours une tâche facile (Jean et Cécile sont parti-?). Laissé è la discrétion de l'usager, l'accord serait sans doute une source permanente de confusion. Un "accord de proximité"18 (Jean et Marie sont partiES. Marie et Jean sont partis.) ? Peut-être. En attendant, la règle actuelle passe mieux si on la prend avec une pincée d"'artitraire du signe". Trouve-t-on vraiment è redire è l'énoncé ci-dessous ? Toutes les assiettes et un verre ont été cassÉS dans la chute de la caisse. ILS devront être remplaças. La langue est avant tout convention, et il est bon de garder è l'esprit que, le langage fonctionnant è partir d'un faisceau d'habitudes acquises très tôt, une trop grande acuité métalinguistique nuit toujours è son bon fonctionnement. 3. La préséance du masculin. Morie et Jean ou Jean et Marie ? La liberté de choix est ici très grande, même si l'on a parfois évoqué un ordre "naturel", évidemment favorable è l'homme, et si la préséance du masculin semble prédominante {man et femme, messieurs-dômes, frère et sœur, Monsieur et Madame Untel Pau/ et Virginie). Il serait tout de même raisonnable de se donner des critères objectifs, liés è l'euphonie (volume phonique et d'enchaînement phonématique)19 ou é la commodité syntagmatique : le guide Pour un genre é part entière recommande qu'en cas « d'accord grammatical, l'accord devant se faire au masculin ô pluriel, on placera le nom masculin près du mot è accorder. Exemples : Les premiersélecteurs et ë/ectrices {..) les artisanes et les artisans souvent eourô$£LtX » 2 0 4. Le refus de l'êpicène. Refus borné : Madame le Premier Ministre !? fiais définissons d'abord l'épicène français comme un nom qui, ayant un signifiant invariable, varie en genre suivant le sexe de la personne qu'il désigne : un ou une enfant, élève, artiste, comptable, philosophe., « 11 avait un joli nom, mon guide : Nathalie, Nathalie... », chante nostalgiquernent Bécaud. Il est vrai que, dans ce cas précis, « Elle avait... ma guide... » éviterait certes le décrochage du genre mais, du même coup, affaiblirait stylistiquement l'énoncé en le privant d'un malicieux effet de surprise. En revanche, dans l'usage linguistique, quotidien, îagw'o'e ne ferait problème que pour les esprits rèfractaires aux innovations. De nombreux termes appartenant au vocabulaire socioprofessionnel pourraient ainsi, par le biais de l'épicène, venir conforter la lutte pour l'équité sociale : Capitaine21, chef, juge, notaire, peintre, poète... La résistance à î'épicène me semble tenir surtout au fait qu'il existe en français un très grand nombre de couples de dérivés pour désigner des professions communes aux femmes et aux hommes {hot/cher-bouchère... ) et que, partant, il semble "anormal" (toujours la sémiologie des sexes) d'avoir une même forme pour les deux sexes. 5. La formation "masculinocentrïque" des synthèmes nominaux (noms dérivés et composés). Pour sa création lexicale, le français a recours beaucoup plus è la dérivation qu'à la composition. La tendance est propre è toutes les langues romanes. Le dérivé féminin s'y obtient très souvent par suffixation de la forme masculine, prise pour base : maîtr -esse, princ -esse; ce qui fait de la forme féminine une particularisation de la forme masculine, il convient aussi d'observer qu'à côté de cette dérivation unilatérale (où seul îe terme féminin est un dérivé) il existe aussi une dérivation alternée, très productive, qui s'effectue è partir de bases non sexuées : banqu -ier/-ière, éptc -ier/iere.. Dans ce second type de dérivation, c'est la forme féminine du suffixe qui est la plus longue : ier/ière, [je/j r). Faut-il s'inquiéter du phénomène, y lire un symbole verbal de la scène biblique de la Création, où Eve est issue d'une côte d'Adam22 ? Où mènerait cette croisade ? Quant eux composés formés de lexemes du type homme, femme m/ ôiée, ils sont relativement peu nombreux : honnête iïomme. homme d'affaire, - d'esprit, - de confiance, - depaWe, - de peine, homme-sandwich ; aide de camp, ôide-méûagère;sage-fûmnw, ma/tresse femme, femme déménage, - de tête... Dans les deux cas, rien ne s'oppose - hormis la tradition, l'entêtement et la mauvaise foi - è ce que les abus soient corrigés : pourquoi le terme ambassadrice devrait-il désigner une épouse d'ambassadeur alors qu'il y a, aujourd'hui, de nombreuses femmes qui occupent cette fonction 9 diplomatique ? Même raisonnement pour consult, colonelle, générale, msiresse, présidente... Pourquoi pas femme d'affaire,, de confiance, voire de paille ou sandmen? Acceptons, promouvons ! tous les changements qui accroissent l'autorité de la parole, qui servent sa précision en lui permettant de mieux dire la réalité contemporaine. Quelques réflexions cursives pour terminer. 1. Notre langue, elle aussi, a besoin d'être défendue - dans l'intérêt des femmes comme dans celui des hommes. Donc, pas d'intégrisme linguistique ! 2. N faut clairement distinguer entre une pratique féministe et un usage ordinaire de la langue. La première est le fait de militantes se livrant volontiers, par leurs écrits, à de véritables "manifs" du discours - voire (pour quelques extrémistes ne reculant devant rien pour mettre leur cause à îa une) è de violents actes de terrorisme linguistique. Le second, l'usage ordinaire, doit avoir pour premier souci la clarté de la communication. Souci nullement incompatible avec le louable désir (^humaniser" la norme en la débarrassant de ses désobligeants préjugés. 3. Des différences importantes séparent le français de l'anglais. On doit toujours les garder è l'esprit, surtout lorsqu'on trouve séduisantes certaines solutions prônées par les féministes américaines ou canadiennes-anglaises pour épurer le discours : leurs solutions sont rarement les nôtres. La langue française (è cause de son genre incontournable et de sa dérivation omniprésente) favorise la féminisation ; la langue anglaise (à cause de l'absence d'accord è l'intérieur du syntagme nominal, du grand nombre de noms épi cènes - agent, author, clert, director, novelist, patron, student... - et de la haute fréquence de l'élément man dans les composés - businessmen, chairman, congressman, layman, mailman,, policemen ; mankind,, manhood, mônpoH-w:..} connaît è peine la féminisation (empruntée le plus souvent aux langues romanes et ressentie comme superflue, ridicule voire désobligeante : Pacheloretta, doctress, majorette, poetess, suffragette... ) et favorise donc, très nettement, la neutralisation. 4. L'arbitraire du signe linguistique est un mécanisme essentiel au bon fonctionnement de la communication verbale. 11 est tout à fait exceptionnel qu'on évoque un bourreau lorsqu'on dit par exemple de quelqu'un qu'il a « tranché dans le vif du sujet ». Mon "mot de la fin " sera d'inspiration sèmiologique : pour qu'un signal (de non-sexisme, par exemple) soit efficacement émis par un message verbal, 11 convient que ce signal manifeste un certain degré de redondance et dans la lettre (langue) et dans l'esprit (discours) du message. Mais 11 n'est pas du tout nécessaire que le signal apparaisse è tous les points possibles du message (« Tous/tes les correcteurs/rices sont priés/es de... Ils/Elles... »). Au 10 contraire, une surcharge du signa! ne peut que nuire è la bonne transmission du message en êmoussant son pouvoir de pénétration. NOTES ?. Cette "sémiologie des sexes" trouve une éclatante illustration sur un mur de la station de métro «^semblée Nationale, à Paris, où est peinte une fresque représentant des silhouettes multicolores. Génial symbole du suffrage universel. Oui mais, toutes les silhouettes sont... masculi nés ! La même idéologie s'applique au langage : on lira avec intérêt its Femmes et/eUxçsçe (PUF, Paris, 1985) de Yerena Aebischer, ouvrage traitant de la prétendue propension qu'ont les femmes au bavardage. Dignes aussi d'attention,les travaux d'Ânne-Marie Hoodebine-Gravaud sur r'imaginaire linguistique" ; en particulier : « Elle parle français la presse écrite » ( là Presse .-produit, pr&j&tion, réception, Didier Érudition, Paris, 1989, p. 131-149) et aussi « Le français au férr.i ni n » ( la iïùçvfstffve, 2 3 - 1 , 1 9 8 7 , p. 13- 34). 2. les $ros/sets, PUF, "Que sais-je ?", Paris, 1983 ( 1e édit. 1975), p. 66. 3. tt'/tKifit p.86. 4. On peut lui reprocher en particulier de s'appuyer sur des textes fictifs plutôt que sur des documents authentiques. Mais il n'est pas rare, en la matière, que 18 réalité dépasse la fiction. Pour s'en convaincre, on lira l'introduction de Deborah Cameron dans The Feminist Critique of Ltngusçe (Poutledge, Londres-New York, 1990) et plus précisément les p. 16-18, dont je me suis inspiré. On lira aussi avec profit DàsDeutsctesisrlinnerspracfyfc Luise F. Pusch (SuorScamp, Francfort, 1984). 5. Pour des références abondantes et raisonnées, consulter les p. 264-296 de Lsrtço&çe, Gender and Society (sous la direction de BarrieThorne, Chéris Kramaraeet Nancy Henley, Nevbury House, Cambridge, Mass., 1983). 6 Les gros mots, p. 87. 7. Payot, Paris, 1987, p. î 42,144. 8. Seuil, Paris, 1983, p. 4 6 , 7 t . 9. Le genre est un trait morphologique : non pas un reflet grammatical de l'organisation du monde sensible mais un simple système de classement des substantifs dans les langues indo-européennes et, partant, un facteur de cohésion syntagmatique des divers éléments de l'énoncé. 10. L'opposition entre genre et sexe est très fortement soulignée par André Martinet, en particulier dans la Grammairefonctionnelle du fonçais (Didier-Crédif, Paris, 1979,1.16) où i l est dit clairement que dans notre langue seul le monème "féminin" fait l'objet d'un choix de la part des locuteurs. En revanche, « On ne choisit pas le féminin $ histoire. » Voir aussi sa Syntaxegénérale (A. Colin, Paris, 1985,3.26). 11. La confusion terminologique est accrue en anglais du fait de la triple acception de gender ; 1. Différenciation socioculturelle afférente au sexe biologique. 2. ( natural-) Sexe. Le mot anglais, ostracise par une norme puritaine, désigne surtout l'acte sexuel ( to have sex). On 1 ui préfère donc un gender aseptisé. Par exemple, Is Faculté des études supérieures de mon université fait 11 régulièrement circuler des statistique? dans lesquelles les étudiants sont classés selon leur " - imkor femile". 3. {grsmimim!-) Genre grammatical. ! 1 Cette amoiguité n'existe pas en îatï n où, à côté du générique terns, \\ existe les spécifiques vir et muter 13. Sans cependant verser dans le ridicule consistant, par exemple, à changer les paroles d'une cnanson célèbre écrite en 1956 par Raymond Lévesque : « Quand les hommes vivront d'amour II n'y aura plus de misère Et commenceront les beaux jours Mais nous, nous serons morts, mon frère. ». Chanson chantée souvent, depuis peu, en substituant "humains" à "hommes". 14. Et encore ! on peut faire mieux : le Musée de l'Homme dtïttava, en faisant peau neuve et en allant s'installer de l'autre côté de la rivière en sol québécois, est devenu le Musée des civilisations. 15. Victor Hugo : « iî y a des citoyens, i l n'y s pas de citoyennes. C'est un état violent, i l faut qu'il cesse. » Pierre-Joseph Prudhon : « La femme (...) est inférieure devant l'homme : une sorte de moyen terme entre lui et le règne animal. » Henri Second : « Les droits politiques, c'est comme qui dirait les moustaches et la barbe intellectuelle ; une femme à barbe, est-ce j o l i ? » Les citations de ce genre abondent dans le captivant article de Christine Klein-Lataud intitulé « À îa conquête de la Bîstïîle des femmes : les fémi m'stes françaises au XiXe siècle » ( P$r$k$ rtbeïïes, sous la di rection de Marguerite Andersen et Christine Klein- Lataud, Les éditions du remue-ménage, î 992). k lire d'urgence. 16. L'anal yse d'un corpus d'offres d'emploi (celui de L 'Express / Réussir, supplément du 7au 13 nov. 1991 ) a donné des résultats édifiants : dans la rubrique "Spécial commerciaux" (emplois de moyenne importance) sur 112 offres î 8 sont égaillai res (H / F ) , 84 pîi» ou moir» neutres ("un poste de responsable... cette personne"), 10 nettement exclusives ("Homme de dialogue, vous...", "Performant, bon vendeur, vous...", "battant et fortement motivé, vous_") ; dans 1a rubrique "Mônager", 1 î offres de postes de di rection - tous exclusifs ("un homme d'action à fort charisme", "un tomme de terrain... d'action... de communication", "véritable patron d'entreprise"). 17. Formulation adoptée par le Canada. 18. Ou de voisinage. Le latin connaît ce genre d'accord, au singulier, poar l'adjectif épithète : tr<tor çaûdiumque maximum m mxi'mus sràor$t çsûiïum. 19. Volume phonique : rejet en seconde position du groupe rythmique comportant le plus de syllabes ("cadencemajeure") :Jean-Paûl ( 2 ) / e t Marguerite (4),Jeanne ( 1 ) / e t Jean-Marcéî ( 4 ) . Enchaînement phonématique : en seconde position, le terme dont les phonèmes sont les plus longs ou les plus postérieurs ; évitement de l'hiatus : Éric et Danielle, Lili et Lwiteu, Michel et Raoul, Oise et François. Voir ce que Claude Hsgège appelle la "loi du second lourd" {ITxmfméeptrûles, Fayard, folio/essais, Paris, 1986, p. 2 4 4 - 4 6 ) . 20. Les Publications du Québec, Québec, î 988, p. 10. 2 1 .  propos de ce mot, lire l'analyse de Marina Yaguelio intitulée « Ltitrgissement du capitaine P r i e u r » dans Enécoutsntparlerfofoflçi#,Se\!\\tPtri$, 1991,p. 18-24. 22. il est clair que la "sémiologie des sexes" a, au cours des siècles, fortement influencé la réflexion métalinguistique et, par contrecoup, l'évolution de la langue elle-même. Durent tout le Moyen Age, le récit de la Création, qui fait d'Eve une dérivation d'Adam, a été accepté argent comptant, ainsi que le 32 mythe d'une langue "adamique". Depuis, la prédominance du masculin grammatical (en particulier dans la formation des dénvés) a été moulte fois expliquée, avec beaucoup de légèreté, comme un aspect de la Création. « This gross distortion of the male 'giving birth' to the female is an archetypal example of false naming by males. » (Dale Spender, Hsu tKt$&Unçysçe, London, 1 9 8 0 , p. 166). tes references sont nombreuses : voir dans Grsmt!urtfidG&fxkr de Dennis Baron, les chapitres I et I! intitules "The Mark of Eve" et "Eve's Rib" (Nev Haven and London. Yale Univ. Press, 1986). DOCUMENT XII MATERIEL DE CONSULTATION Titres et fonctions au féminin, journal Le Point, 1994, 1995. Échantillons de pages publicitaires où apparaissent certains titres de fonctions féminisés et non féminisés Le personnel et les agents en assurance de personnes de l'agence Dolheau se feront un grand plaisir de remonter leur distinguée clientèle le jeudi 22 décembre prochain. Cette journée «portes ouvertes» sera une occasion privilégiée pour le personnel de l'agence L'INDUSTRIELLE ALLIANCE on ses meilleurs voeux en cette période de réjouissances. COMPAOKIE D'ASSUMHCf SU» U Ï I E 335, 8' Avenue, Dolbeau (Québec) G8L 3E9 Téléphone: (418) 276-3811 Télécopieur : (418) 276-5501 Un partenaire de confiance en matière de sécurité jmancicre André Bouchard Directeur (t'agence Agent en assurance de personnes 276-6357 Doloeau et Mistassmi Steeve Martel Agent en assurance de personnes 276-8047 Dolbeau et Mistassini Steeve Martei Açent en 3;surance de personnes 2/'6-804? 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La Dre Sirard a obtenu son doctorat en optométrie à l'Université de Montréal en 1989. La Dre Sirard se fera vous recevoir à la un plaisir de Clinique Visuelle de Saint-Félicien au Carrefour Saint-Félicien 679-2522 chirurgien-dentiste Clinique dentaire Lecierc 1089, rue Saint-Cyrille, Normandin 274-3413 23/12/9^ ainsi qu'à la Clinique Visuelle de Dolbeau aux Promenades du Boulevard 276-0531 ' Examens oculo-visuels • Enfants, âge d'or • Lentilles cornêennes • Orthoptique, rééducation visuelle ' Soins à domicile (Publié dans le journal Le Point le 27 août 1995.) 6ôï50-27_08.95 23/07/95 NOUVELLE VETERINAIRE Dr Chantai Allinger Les docteures Guylaine Leclerc et Josée Duranieau sont heureuses d'annoncer à toute la population l'arrivée d'une nouvelle vétérinaire en la personne du Dr Chantai Allinger. La docteure Chantai Allinger est originaire de St-Bruno-de-Montarville et est graduée de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal à Saint-Hyacinthe en 1990. Suite à quelques années de pratique à Québec, elle entreprit de parfaire ses connaissances en nutrition animale en travaillant au sein d'une compagnie fabriquante de nourriture de petits animaux. On peut rejoindre la docteure Allinger: 991, boul. Hamel, Sî-Fé!icien T e l - : 6 7 9 - 2 6 6 5 372, 8e Avenue, Dolbeau T e l . : 2 7 6 - 8 3 1 O 749, St-Cyrilie, Normandin " T é ! - : 274-5O5O Service d'urgence 24 heures / 24: 679-2665 ou 679-6351 (cell.^11272 Attendez-vous à plus RECONNAISSANCE D'UN SERVICE DE QUALITÉ M. Gérard Landry, directeur général des ventes par catalogue pour la région du Québec, tient à souligner îa qualité des agents Sears qui se distinguent par leur service efficace et leur courtoisie face à la clientèle. Nous nous présentons l'agent gagnant du troisième trimestre '94 dans votre région. Mme Jeanne Savard, agent de vente par catalogue au 319, rue Fortin, Girardville "VÈ FGÏM^ÎS Jtëftfâi M& " LE POINT - 23 décembre 1894 Rosanne Simard, agente 276-5766 219, rang Saint-Joseph Rosanne Simard, agent 276-5766 Mistassini G0W2B0 VOYAGE DE GROUPE Je pars avec vous 2 1 9 , rang Saint-Joseph Mistassini GQA/2BO Départ le 17 mars, jusqu'au 31 mars République Dominicaine Hôtel administré par des Québécois Stout inclus) Départ de Mistassini en autobus pour Québec [inclus) Réservez avant le 24 février Bienvenue à toutes et à tous! REEF REEF REEF REEF REEF REEF REEB REER REEK REER REEF REER REER REER REER REBR REER KEER REER REER REER REER REER REER REER REEH REER REER REER REER REER REER REER HEBH RKER REER REER REER REER REER REER REER REER REER. 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LE SABLIER DES FINANCES À la retraite REER REER-REER REER REER REER REER _-LE POINT-- Nomination REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER RBER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REEB REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER REER CFA de Mistassini Une nouvelle en traîne Mre Michel Tremblay Le club de patinage artistique de Mistassini vient de s'enrichir d'une LE POINT -18 décembre 1994 U T - Nomination Mlle Karine Fortin, native de Saint-Méthode, graduée en technique santé et animale du Collège de Saint-Félicien en. mai 1994et diplômée de l'Ecole de tonte de Montréal en novembre 1994, offre le service de tonte et toilettage pour le secteur de Normandin. nouvelle entraîneure en la personne de Véronique Chiquette. Cette jeune étudiante âgée de 17 ans qui étudie présentement au Cégep de St-Félicien vient d'obtenir son grade d'entraîneure professionnelle. Véronique, elle-même une patineuse douée, poursuit sa progression dans ce sport et atteindra bientôt son or en danse. Elle aspire à devenir professeure de français dans quelques années. Elle peut donc prendre une certaine expérience de l'enseignement en mettant à profit ses connaissances pour les sept patineuses qu'elle a sous sa direction. Son expérience de patineuse profitera sans doute à ses élèves de Mistassini et St-Félicien. La direction du club est fière de pouvoir compter sur une professionnelle de la qualité de Véronique Chiquette. COMMUNICATION-QUEBEC «PRÉSENT POUR VOUS» ^ — — • • • * ~ " Guide des programmes et services fédéraux pour les aîné(e)s GaétaneS,Plerrei chroniqueurs Santé Canada vous offre la quatrième édition du Guide des programmes et services fédéraux pour les aîné(e)s. Ce guide de 136 pages contient de nouveaux programmes et de nouvelles possibilités pour les aînés. On y parle des droits de la personne, d'impôts, de logement, de sécurité du revenu, etc. LE CÉGEP À LA MAISON La brochure «Choix de cours 1994-1995» est un magazine éducatif du Centre collégial de formation à distance qui vous permet de faire un choix judicieux parmi les cours et les programmes d'études offerts sur la formation à distance. Ces documents sont gratuits. Appelez-nous pour en obtenir un exemplaire. QUESTION DE LA SEMAINE POUR LE TIRAGE: Dans quelle municipalité est situé le bureau régional de Communication-Québec? PROFITEZ DE NOTRE SPÉCIAL DES FETES! Téléphonez à Communication-Québec et vous pourriez gagner un splendide volume des Publications du Québec Tonte complète 30$ 0 Shampoing 20$ COMMUNICATION-QUÉBEC Direction régionale du Saguenay-Lac-Salnt-Jean Jonqulère Salnt-Féliclen Tél.: 895-7850 Rôborvez le plus tôt possible au 52548mdg50l01 274-5050 Tél.: 679-0433 1 800 383-1303 (sans frais) lL3é VÛlfff - iidècèmtirê Ïè94* Clinique vétérinaire Normandin 749, SaintCyrille 274-5050 530GM8.1Ï.94 Véronique Chiquette, nouvelle professionnelle au CPA de Mistassini. X0379870 9