is l`égalité linguistique

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is l`égalité linguistique
IS L'ÉGALITÉ
LINGUISTIQUE
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Paul-Emile-Bouletj
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LA FEMINISATION
COMME INSTRUMENT
D'ANALYSE
SOCIOLINGUISTIQUE
LA FÉMINISATION COMME DÏSTROMENT D'ANALYSE SOCIOLINGUISTIQUE
(UQAC,1994)
DÉMARCHE
Apres avoir présenté le contenu de différants ouvrages qui font l'analyse
de l'aspect sexiste en usage dans notre languer j ' e n a i préparé un tableau
synoptique (Yaguello, 1978).*
Puis, j ' a i abordé l'aspect féminisant que proposent différents ouvrages
contemporains. J ' a i là aussi illustré leur contenu à l'aide de tableaux
synoptiques faciles à consulter. À noter que la féminisation des t i t r e s et
du discours en permet une application pratique.
À la lumière de ces tableaux, i l me sera possible de mieux analyser le
contenu et le discours de contes ou de tout texte écrit qui s'adresse aux
petites et jeunes f i l l e s au primaire et au secondaire.
Je ferai aussi l'analyse du contenu et du discours de
documents qui
préconisent l'élimination des stéréotypes discriminatoires (sexistes) dans
le matériel didactique.
Ces nombreuses
données me permettront de mieux cerner
l'importance
d'utiliser le genre (masculin ou féminin) approprié à ce type de contenu
et de discours selon l'auditoire auquel on s'adresse. Cela même s i l'ancien
paradigme grammatical exige que «le masculin l'emporte sur le féminin.»
Serait-il possible que le contenu et le discours écrits constituent des
facteurs culturels d'aliénation sociale dans le cas où l ' é c r i t u r e officielle
actuelle est masculine même dans le cas où la clientèle est exclusivement
féminine ? Le terme «aliénation» est i c i utilisée dans le sens d'un
système grammatical sexiste à outrance.
A. Constitution
1. Livres de
2. Livras de
3. Livres de
du corpus
lecture au primaire : Corpus A
lecture au secondaire:Corpus B
référence
: Corpus C
B. Analyse de contenu et analyse grammaticale du discours
C. Interprétation
D. Conclusion
E. Bibliographie
F. Tableaux
* La féminisation comme phénomène sociolinguistique, t i r é des Actes du colloque
sur l'aménagement l i n g u i s t i q u e , OLF et UQAC, Chicoutimi, 1994, p . 279 à 309-
LA FÉMINISATION COMME INSTRUMENT D'ANALYSE SOCIQLINGUISTIQUE
TABLE DES MATIERES
Problématique g l o b a l e
1
Lexique
3
Introduction
I.
.5
Méthode d ' analyse
6
II. Échantillonnage : livres de lecture
8
III.Organisation du corpus A
•
9
IV. Organisation du corpus B
10
V.
10
Utilisation de la grille d'analyse
VI. Corpus A : livres de lecture au primaire
1. Paul a la recherche de Chabichou
2. Martine et le cadeau d'anniversaire.
3. Martine monte à cheval
4. Les "vacances de Rosalie
5 . Ma Babouche pour toujours
6. Un jeu dangereux
11
(1986)
. (1988)
(1966)
(1990)
(1990)
(1989)
11
11
12
.12
13
14
Corpus B : livres de lecture au secondaire
16
7. L'Ordinateur égaré
(1990)
17
8. La Belle Vie
(1989)
19
VII.Échantillonnage : l i v r e s de référence
22
V H I . U t i l i s a t i o n de l a g r i l l e d ' analyse
23
IX. Corpus C : l i v r e s de référence
.
23
9. Analyse des stéréotypes masculins e t féminins dans l e s manuels s c o l a i res au Québec
(1976)
23
10. Guide pour l ' é l i m i n a t i o n des s t é r é o t y p e s d i s c r i m i n a t o i r e s dams l e
m a t é r i e l didactique
(1988)
26
11.Guide pour a d u l t e s a v e r t i s
(1991)
-28
12.Les m é t i e r s d ' a v e n i r , vous connaissez ? (1992)
29
X.
Conclusion
XI. Recommandations
31
- 34
XII. Annotât i o n s
35
XEH.Bibliographie
37
XIV.Annexe : tableaux de féminisation
39
Documents de référence : La féminisation comme phénomène s o c i o i ï n g u i s t i q t i e
(OLF et UQAC, a v r i l 1994)
De Grevisse à Marois (1987)
Le féminin générique (1986)
RÈGLES GÉNÉRALES DE FÉMINISATION
PROBLÉMATIQUE GLOBALE
Afin de faciliter
des grilles d'analyse,
termes utilisés
la compréhension de l'interprétation
qui suit chacune
j ' a i préparé un lexique qui donne une définition des
en contexte.
Certaines définitions ont été élargies afin de
respecter la teneur non sexiste et féminisante de mon discours.
I I est évident q u ' i l m'a été nécessaire de créer des termes nouveaux tels
collectif mixte, doublet générique, sexisme grammatical et sexisme social afin
de mieux illustrer ma pensée.
Je rappellerai i c i
et
transmet le
d'inégalité.
que la matière langagière qui organise
contenu,
En
effet,
enseigne officiellement
s'articule
notre
le
discours
à travers un réseau de rapports sociaux
système
scolaire
actuel
dit
«démocratique»
que «Le masculin l'emporte sur le féminin».
Comment peut-on enseigner un t e l paradigme et prétendre l ' é g a l i t é
entre
garçons et f i l l e s , enseignantes et enseignants, directrices et directeurs ?
Sans compter que ce sont majoritairement
des femmes qui sont
appelées
à enseigner un t e l paradigme au niveau primaire ! Ironie et paradoxe . . .
Mais cette
«vérité» grammaticale est devenue un absolu et c ' e s t
la résistance est si grande
quand
il
s'agit
de
«désexiser»
la
pourquoi
langue
en
premier lieu et de la «féminiser» en second lieu.
La création
au premier abord
du collectif
mixte
et n'implique
«illes»
(Marois, 1987) semble
aucun ajustement
phonétique si
farfelue
ce n'est
la
féminisation p a r t i e l l e du pronom personnel à la troisième personne du pluriel
soit le «ils» traditionnel qui devient «illes». Comme le «e» que nous appelons
«muet» est
ce qui représente la
formation
d'un
substantif
ou d'un
au féminin, nous retrouvons cette marque féminisante comme suffixe
adjectif
au «illes»,
collectif mixte. Je me permettrai i c i de nommer ce «e muet», un «e sonore».
Le terme «collectif»
comme entité
collective.
réfère
à la collectivité, au groupe,
Le terme
«mixte»
réfère
à
la société
aux deux genres
et masculin qui apparaissent conjointement et simultanément
dès
qu'il
féminin
s'agit
d'un homme et d'une femme, d'un groupe composé de femmes et d'hommes.
Le «ils» traditionnel
reste masculin pluriel quand i l
groupe exclusivement masculin. Le collectif
ce qui reconnaît
Quant
au
pronom
personnes de sexe
se rapporte à un
mixte i l l e s étant réservé à tout
la présence féminine qu'elle soit minoritaire ou majoritaire personnel
féminin
pluriel
«elles»,
il
s'adresse
féminin ou à un groupe exclusivement formé de femmes.
à deux
PROBLÉMATIQUE GLOBALE
La féminisation comme phénomène sociolinguistique constitue la première
partie de ce qui motive le présent travail de recherche.
Tout d'abord, je me suis sérieusement demandé pourquoi un paradigme q u i
soutient que «le masculin l'emporte sur le féminin» ? Pour faciliter l'accord
quand
plusieurs
noms
de
différents
genres
sont
en présence
? Donc, u n e
solution de facilité ou serait-ce une vérité que sous—tend la
société dans
tous ses rapports de quelle que nature que ce soit ?
C'est pourquoi j'ai fait la lecture d'ouvrages qui dénonçaient
sexiste
l'aspect
de la langue française dont le «système symbolique est engagé dans
des rapports sociaux» (Marina Yaguello, 1978).
Puis,
j'ai
parcouru
féminisation quant
préparé
des
aux
divers
titres
tableaux
de
condensés
documents
qui
fonction
et au
et
faciles
à
présentent
règles
de
discours écrit. J'en
ai
consulter
des
(voir
article
«La
féminisation comme phénomène sociolinguistique», OLF et UQAC, 1994).
C'est à partir de ces ouvrages de dénonciation sexiste et de féminisation
que
j'ai
pu
cerner
l'aspect
sexiste d'une
langue non
seulement
dans l e s
valeurs véhiculées, mais aussi dans les éléments grammaticaux dont on se sert
pour «dire» ou «écrire» cette même langue.
Je me suis dit que si une langue était un outil de création individuelle
et collective, il devait bien exister des ouvrages de référence en ce sens.
J'ai alors dressé la liste de quelques documents officiels qui
travaillent
à la désexisation de la langue en milieu scolaire.
Enfin, je me suis servi des livres de lecture les plus lus au primaire
et au secondaire afin d'en faire ressortir les aspects grammaticaux sexistes
du
discours
tout
en
proposant
élément de féminisation.
À
l'emploi
savoir
que
du
le
collectif
collectif
mixte
mixte
filles»
«illes»
comme
permet
d'assurer la reconnaissance visible de la présence féminine à l'écrit. C'est
le pronom personnel «elles» qui devient «illes» ou encore le pronom personnel
«ils»
qui
lorsqu'il
devient
s'agit
«illes»
d'une
féminisé. Le
référence
collectif
à un homme
mixte
et à une
«illes»
femme,
s'utilise
d'un groupe
composé de femmes et d'hommes. Ex. Illes sont épouse et époux.
C'est donc à partir de tous ces documents que j'ai pu élaborer la grille
d'analyse qui a guidé mon choix des unités analysées.
Cette partie traite de La féminisation comme Instrument d'analyse sociolinguistique
puisqu'ici la langue comme objet devient Instrument d'analyse-
3.
LEXIQUE
Collectif
mixte
«illes»
pronom personnel de la troisième personne du
pluriel
qui
s'utilise
afin
d'assurer
la
représentativité féminine d'un couple ou d'un
groupe mixte formé de deux personnes et plus.
Ex. (Louise et Pierre) I l l e s
Doublet générique
se sont mariés.
groupe
de mots où sont respectivement représentés les deux genres soit le féminin et le masculin.
Ex. Les étudiantes et l e s étudiants.
Dissymétrie lexicale
absence
d'équivalence féminine
surtout au plan des substantifs.
Ex. F é e / . . . ?
Matelot/
Dissymétrie sémantique
ou
masculine
?
absence d'équivalence quant au sens d'un mot
quand i l passe du féminin au masculin ou inversement.
Ex. Entraîneuse/entraîneur
Maître/maxtresse
Épicëne
substantif dont le genre reste invariable q u ' i l
soit féminin ou masculin selon l e déterminant
qui l u i confère son genre. Ou encore substantif
à double genre.
Ex. Un ou une témoin.
Un ou une mannequin.
Générique (le)
substantif
qui s ' u t i l i s e là où l ' o n
généralement des groupes mixtes.
Ex. L'assemblée
L'auditoire
Graminatic a l i t é
Le personnel
La population
Ling. Caractère d'une phrase bien construite
dont la syntaxe est correcte. (Le P e t i t Robert,
1991, p. 883). Plus spécifiquement dans le
cadre du présent travail de recherche, caractère
d'une phrase féminisée dont la syntaxe est correcte .
Ex. Ni lui ni elle
Métier non traditionnel
retrouve
n'avaient Je goût de p a r t i r .
métier
que peu de femme ou d'hommes exercent
généralement. Définition élargie dans le cadre
de ce présent travail qui se veut
à caractère
non sexiste ni dans un sens ni dans l'autre.
Ex. Épisseure, débosseleuse
Sage—homme, jardinier d'enfants
4.
LEXIQUE
Métier
traditionnellement
féminin
métier qu'exerce généralement
femme selon la tradition.
une
Ex. Infirmière, hôtesse d e l'air
Métier traditionnellement masculin
: métier
qu'exerce généralement
homme selon la tradition.
Ex.
Sexisme grammatical
Le masculin l'emporte sur le féminin.
(Louise et Pierre) I l s se sont mariés.
attitude collective d'une société dont
les valeurs perpétuent des stéréotypes
discriminatoires à l ' e n d r o i t des femmes.
Ex.
Stéréotype
Mécanicien, électricien
langue dont la syntaxe,
le lexique
et les règles de grammaire perpétuent
des valeurs discriminatoires à l'endroit des femmes.
Ex.
Sexisme social
un
Le masculin l'emporte sur le féminin.
Marguerite Yourcenar é t a i t académicien.
opinion toute f a i t e , c l i c h é .
Robert 1991, p. 1863).
(Le Petit
Note : Toute déclaration qui utilise exclusivement le mot «homme» dans
un sens universel ignore la p r é sence féminine en feignant une
inclusion qui en f a i t exclut l a
la femme par la forme masculine.
Syliepse
accord selon le sens et n o n selon
règles grammaticales.
Ex.
les
Syliepse de nombre : minuit sonnèrent.
Syliepse de genre : C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète.
(Le Petit Robert, 1991, p. 1903).
5.
INTRODUCTION
La présente recherche s ' i n s c r i t
au coeur même du respect des droits
de la personne qu'elle soit homme ou femme.
Je
citerai
un e x t r a i t
de l ' a r t i c l e
10 de la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne :
«Toute personne a droit à la reconnaissance et l ' e x e r c i c e ,
en pleine
égalité, des droits et libertés de la personne, sans d i s t i n c t i o n , exclusion
ou
préférence
(...)
fondée
sur
la
race,
la
couleur,
sauf dans la mesure prévue par la l o i ,
le
sexe,
la
la religion, les
grossesse,
convictions
politiques, la langue ( . . . ) . »
À partir
de
cet
énoncé,
il
apparaît
évident
que
toutes
les
institutions sociales qu'elles soient à caractère prescriptif ou consultatif,
ont l'obligation morale d'appliquer ces principes d'égalité.
Le ministère de l'Éducation a publié certains ouvrages afin
d'éliminer
le sexisme dans le contenu (sexisme social) ou encore le discours (sexisme
grammatical). Je nommerai le Guide de rédaction de texte pour l ' u t i l i s a t i o n
des deux genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) et l e Guide pour
l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique
rédigé par Michel Thibaudeau (1988).
L'Office
de la langue française
s'intéresse
tout particulièrement à
l'aspect féminisant de la langue comme phénomène sociolinguistique à savoir
la
publication
d'opinion
du
document
La
féminisation
des
titres
et
les
leaders
: une étude exploratoire avec André Martin et Henriette Dupuis
(1985). Un autre ouvrage de féminisation, Titres et fonctions au féminin
:
essai d'orientation de l'usage, Henriette Dupuis (1986) et enfin un dernier
document sous l a direction de Monique Biron (1991), Au féminin :
guide de
féminisation des t i t r e s de fonction et des textes. Ces ouvrages guideront
l'analyse du discours (sexisme grammatical).
Quant au
Conseil du statut
de la femme, cet organisme nous
offrait
l'Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels scolaires
au Québec sous la direction de Lise Dunnigan (1976).
I . MÉTHODE D'ANALYSE
À en j u g e r
par l e s
encourage l ' a b o l i t i o n
que cette
réforme
publications
du sexisme
reste
du m i n i s t è r e
dans les
discrète
de peur
livres
de l ' É d u c a t i o n qui
scolaires,
je
constate
de déranger l ' o r d r e
établi à
savoir que «le masculin l'emporte sur le féminin».
Afin de nous entendre sur ce qu'est au j u s t e le sexisme, en voici une
courte définition :
«Attitude de discrimination à l'endroit du sexe féminin.
(---) Le sexisme limite l e potentiel de développement
des individus et l'un des effets principaux est
la
discrimination envers les femmes». ^
Le sexisme est la conséquence directe d'un paradigme grammatical aussi
tranchant et misogyne. Comment pourrait-on
s'attendre à un r e s p e c t de la
femme dans un contexte ou le masculin est r o i et maître absolu !
 partir
d'analyse
de cette définition,
qui
se
rattache
à
j ' a i pu préparer une première
l'analyse
de
contenu
et
à
grille
l'analyse
grammaticale du discours que contiennent les l i v r e s de lecture.
L'analyse de contenu est la méthode que j ' a i choisie parce
une «méthode de
faire
classification
ressortir
les
(...)
que c'est
des éléments d'un document
caractéristiques
essentielles
en
vue
pour en
d'en
mieux
comprendre le sens exact et précis.»
J ' a i englobé l'analyse de contenu sous le syntagme sexisme
social
parce que c'est à travers une société que nous apprenons a connaître les etres humains qui la composent et la hiérarchie des rapports qui l e s unissent.
Quant à l'analyse grammaticale du discours, elle a pour objet
de la
«matière
langagière».
proprement d i t .
J
Elle
Elle met l'accent
visent tout d'abord l'étude
porte
sur'
l'aspect
l'étude
linguistique
sur les caractéristiques du corpus qui
comparative de divers documents produits à la
même époque à p a r t i r d'une même idéologie.
J'ai
placé
l'analyse
grammaticale
sexisme grammatical parce que c'est
du
discours
sous
le
syntagme
tout d'abord la grammaire de l a langue
et son aspect discriminatoire à l'endroit des femmes dont i l
s'agira.
7.
Les livres de lecture
La grille d'analyse
qui sera utilisée par la lecture de cette partie
des corpus (A,B)comporte deux parties
: le sexisme social (contenu) et le
sexisme grammatical (discours).
Le sexisme social englobe deux catégories : les personnages principaux
et les caractéristiques socio-affectives. Cette catégorisation a l'avantage
de ne retenir que les personnages
importants à l'action et de mieux faire
la synthèse de leur portrait caractériel.
Le
sexisme
féminisante
grammatical
comprend
deux
catégories
:
où l'on reconnaît les terminaisons du féminin
la
marque
(trice, euse)
et la marque sexiste qui applique la règle du «masculin l'emporte
sur le
féminin»
(eut)
où s'imposent
les substantifs à terminaison
masculine
ainsi que l'emploi du pronom personnel masculin pluriel «ils».
CORPUS A
Ce corpus comprend neuf
(9) l i v r e s de l e c t u r e au p r i m a i r e .
CORPUS B
Ce corpus comprend deux (2) l i v r e s de l e c t u r e au s e c o n d a i r e .
Les l i v r e s de r é f é r e n c e : CORPUS C
Cette
seconde
grille
grammaticale
du
discours,
désexisation
du
contenu
documents a p p u i e n t
b i a i s d'un d i s c o u r s
d'analyse
car
ces
dans
les
s'attache
ouvrages ont pour objet
manuels
une v a l o r i s a t i o n
à
la
exclusivement à
scolaires.
de l a
femme,
principal
Rappelons
mais
grammaire s e x i s t e . C ' e s t
l'analyse
que
toujours
pourquoi j e
sexisme
grammatical
(linguistique)
grammaticalité
féminisante
(travailleuses)
ou
sexiste
où
l'utilisation
le
tableaux
choix
de
dissimulée
masculin
la
marque
(auteurs
généralise
du
deux
à
et
outrance.
la
J'ai
le
me suis
sexiste.
catégories
féminin
féminins)
du pronom personnel masculin p l u r i e l
Les ouvrages d e
Le
où
comprend
ces
par
a t t a r d é e à l ' a s p e c t grammatical a f i n d'en f a i r e r e s s o r t i r l ' e m p l o i
Ce
la
est
:
la
visible
grammaticalité
aussi
retenu
«ils».
féminisation
des
unités
féminisation
analysées s ' e s t
fait
à partir
des
des
textes
titres
retrouvons en annexe à la page 39.
et
des
publiés
différents
que
nous
Le collectif mixte tilles»
Le collectif mixte «illess> s'utilise dès qu'il y a présence féminine dans
un couple ou dans un groupe.
Dans le cas d'un groupe exclusivement masculin, la marque
d u masculin
perd sa connotation sexiste. Dans le cas d'un groupe exclusivement féminin,
la marque du féminin s'impose et se fonde sur la loi universelle de la majorité,
Lorsqu'il s'agit d'un groupe mixte
sans majorité numérique, l e collectif
mixte «illes» est de bon aloi et respecte une réalité sociologique soit un
inonde formé de femmes et d'hommes.
Dans certains cas, le masculin est de nature spécifique quand on parle
d'unepersonne de sexe masculin. Quant au féminin, il peut aussi être de nature
spécifique quand on se rapporte à une personne de sexe féminin.
Le générique
L'emploi
du
générique
(ex. L'homme,
les enseignants,
les étudiants)
est un emploi qui tend à sous-utiliser les formes féminines équivalentes.En
effet, ces substantifs sont des pseudo—génériques qui ignorent tout féminin.
Le «doublet générique» favorise l'utilisation du féminin accompagné du masculin
redonnant
ainsi
aux formes féminines toute leur visibilité. Ex.
Femme et
homme (le genre humain), enseignantes et enseignants (personnel enseignant)...
II. ÉCHANTILLONNAGE : LIVRES DE LECTURE
Puisque le ministère de l'Éducation et le Conseil du statut
ont surtout visé
l'analyse
de la femme
des livres scolaires utilisés en salle de classe
et fait des recommandations en vue d'éliminer le sexisme principalement face
au contenu, je me
suis d'abord
penché sur les lectures que font
les filles
au primaire et au secondaire.
Les
livres
didactiques
faisant
partie
des
matières
obligatoires
enseignées, j'ai cru bon d'aller voir du côté des livres non didactiques (de
lecture) les plus lus puisque le choix en est libre et arbitraire. Les livres
de
lecture
me
sont
apparus
plus
conformes
correspondent à cette clientèle féminine scolaire.
aux
valeurs
réelles
qui
9.
I I I . ORGANISATION DÏÏ CORPUS A
J ' a i demandé aux e n s e i g n a n t e s d'une école primaire de c o n s u l t e r les
fillettes
de l e u r c l a s s e
afin de connaître l e genre de l e c t u r e
qu'elles
aimaient faire. J ' a i pu r e c u e i l l i r la participation de 60 f i l l e t t e s .
Afin
d'obtenir
un
échantillonnage
représentatif,
de rencontrer chaque niveau scolaire soit de la l
re
j'ai
à la 6
choisi
année.
Voici les genres de lecture pour chaque niveau chez l e s f i l l e s
:
- l r e année : elles ne l i s e n t pas vraiment avant le milieu de l'année
scolaire.
que la
Pourtant, on a pu me fournir un p e t i t
plupart
feuillettent
livre
en tentant de deviner les
mots à vue.
- 2
e
année
: elles lisent la
dessinées
Collection
Martine,
de Mickey et Astro,
les
les oursons
bandes
Berenstain
et la collection Babar.
- 3
e
année
: la
Collection
Martine vient en premier l i e u ,
suivent
les bandes dessinées, les mots de Picottine, les livres
religieux, de bricolage et sur les animaux.
- 4
e
- 5e
année
année
: elles
s'intéressent
Courte
Echelle,
bandes
dessinées
: elles
aiment
Échelle,
de
d'abord aux romans que publie la
elles
dont
lisent
Souris
Collection
Garfield,
surtout l i r e
la
la
Tintin
des
rose,
Rose, des
et des contes.
romans de la
Fais-moi peur,
Courte
des
contes, peu de bandes dessinées et de science—fiction.
Les livres de l a Collection Frisson les captivent aussi.
- 6
e
année
: elles
d'amour
optent
pour les
venant
en dernier
romans d'aventures,
en second lieu et les romans
lieu.
La Collection Frisson,
la Courte Échelle,
Baby Sitter,
l e s romans
policiers
Peurs bleues,
Coeur à coeur, Chair
de poule et Hergé suscitent aussi leur i n t é r ê t .
À partir
de ces informations,
j ' a i pu faire un bilan des
genres l i t t é r a i r e s que lisent les petites f i l l e s du primaire.
différents
10.
I¥. ORGANISATION DU CORPUS B
Puis, j'ai
rencontré
le bibliothécaire d'une école secondaire
que
fréquentent plus de 941 élèves dont 451 adolescentes.
Il m'a remis les volumes les plus lus chez les adolescentes suivant
la fréquence d'emprunt. Il m'a fait remarquer que garçons et filles font
sensiblement les mêmes lectures jusqu'en Secondaire V. C'est à partir de
ce moment que se différencie
presque
exclusivement
de
leur choix de lectures : les garçons lisent
la science-fiction et des romans d'aventures.
Quant aux filles, elles s'intéressent presque exclusivement aux histoires
romanesques.
Voici les choix de lectures au niveau secondaire chez les filles :
- Secondaires I et II
: Collection Jeunesse
Science—fiction et aventures
- Secondaires III, IV et ¥
: Littérature romanesque
V. UTILISATION DE LA GRILLE D'ANALYSE
Chaque grille d'analyse se divise en deux parties : le sexisme social
qui présente les personnages les plus importants et leurs caractéristiques
socio-affectives. Le terme «sexisme» permet de focaliser l'attention sur
les
stéréotypes
habituels
qui défavorisent
les personnages
féminins et
idéalisent les personnages masculins.
La deuxième partie de la grille d'analyse expose la liste des pronoms
personnels à marque féminisante (elle,elles) et les substantifs
Puis, la marque
sexiste
représente
féminins.
le paradigme du «masculin sur le
féminin» soit dans l'emploi du pronom personnel Ils qui Ignore la présence
féminine
dans
la
forme
comme
dans
substantifs masculins qui occultent
féministe actuel.
l'emploi.
Aussi,
la
liste
des
la réalité sociologique du mouvement
Des substantifs masculins qui
biaisent
une
réalité
incontestablement forméede femmes et d'hommes.
À
noter
que
j'ai
retenu
quelques
terminaisons
en
certains documents contenaient trop peu d'unités féminisées.
«e muet», car
11.
VI. CORPUS A : LIVRES DE LECTURE AU PRIMAIRE
Jugeant inutile de faire la lecture de tous les titres que lisent c e s
petites filles, j'ai revu ces mêmes enseignantes afin qu'elles fassent avec
leurs élèves un choix des livres les plus lus.
Le corpus se compose donc de neuf (9) livres dont je ferai une première
analyse de contenu
(sexisme social) et du discours (sexisme grammatical)
à
partir d'une grille d'analyse commune à chacune.
1.
lre
année
: Paul à la recherche
Danheux, 1986.
de Chabichou, Nicole Girard et Paul
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque
féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
1 f1 h. (garçon)
colérique, capricieuse
courageux et patient
elle
fâchée
chatouillée
(aucune)
Interprétation
: Ce petit livre présente le côté négatif de l a petite fille
et le côté positif du petit garçon. Le texte comporte à peine plus de vingt
(20) phrases. Se rappeler qu'il est lu par des petites filles.
2. 2
e
*******
: Martine et le cadeau d'anniversaire, Gilbert Delahaye et Marcel Marlier, 1988.
année
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME GRAMMATICAL
SEXISME SOCIAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque
féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
6 f.
6 h.
douces, patientes
gentils
elles, elle
voleuse
vendeuse
maîtresse
colle c t ionneur
livreur
vendeur
ils
Interprétation : Tous les personnages y sont présentés sous leur côté positif
qu'ils soient
Ex. Maîtresse
«illes»
deux
serait
tantes,
avaient...»
féminins ou masculins. Les métiers y sont plutôt
d'école, vendeuse/vendeur. L'utilisation
justifié
deux
.
du
stéréotypés.
collectif mixte
à un endroit vu la présence féminine majoritaire :
oncles,
la
mère
«Illes
avaient...»
au
lieu
de «Ils
12,
3.
3
e
année
: Martine monte à cheval,
1966.
Gilbert Delahaye et Marcel Marlier,
GRILLE D1 ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque
féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
1 f.
gentille et docile
gentils et aimables
maîtresse
amazone
cavalière
suivis
concurrents
3 h.
Interprétation
: Les personnages des deux sexes y sont présentés sous leur
côté positif.
Il
décrivent
fonctions
les
est
intéressant
de noter l'emploi des trois
de la petite
fille
dont «maîtresse»
qu'elle monte. À noter l'accord du participe passé «suivis»
féminins qui
de la jument
au
masculin
pluriel alors qu'il se rapporte â deux sujets féminins soit la petite f i l l e
et
la jument.
L'accord
au féminin pluriel
«suivies»
respecterait
la règle
d'accord en genre et en nombre au lieu de sous-entendre le mot «cheval» pour
la jument. Quant au substantif
serait
i c i de bon aloi
soit
«concurrents», l'emploi du doublet générique
«concurrentes et
concurrents».
Ceci
donnerait
une idée plus juste et plus exacte de l'événement puisque l'héroïne est une
petite
fille.
4. 4 e année : Les vacances de Rosalie, Ginette Anfousse, 1990.
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque
féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
7 f.
tantes couveuses
héroïne suicidaire
extravertie, misogyne
dépendante affective
toutes extraverties
Intravertis ou
extravertis
la grande spécialiste
Américaines
Canadiennes
surfeuse
monitrice
femme médecin
Françaises
concurrents
vacanciers
amoureux
Québécois
adolescents
ils
gérant d'hôtel
5 h.
Interprétation
filles
blondes
: Les stéréotypes
et plantureuses
abondent
aux yeux
dans ce texte.
bleus; jeunes
Ex.
hommes
Jeunes
blonds e t
sculpturaux aux yeux bleus. Pourtant, on y retrouve des efforts louables d e
féminisation. Ex. La grande spécialiste; surfeuse; monitrice; femme médecin.
13.
L'héroïne
est une jeune fille dans la moyenne
: tignasse noire. Elle
est possessive et jalouse à l'excès. Quant à la mère du héros, elle nous
est antipathique et rien ne nous est révélé sur le caractère de son mari.
L auteure décrit en détail le caractère des personnages féminins et nous
en dit très peu sur celui des personnages masculins.
Le
héros
québécois
est
intraverti, timide et l'Américain
extraverti,
sportif. Le terme «Québécois» reste au masculin. Par contre, le doublet
masculin /féminin est présent. Ex. Américains et Américaines. -*
En
ce
qui
concerne
«adolescents»
les
substantifs
«concurrents»,
«vacanciers»
et
, l'ajout du féminin serait de bon aloi afin de respecter
une réalité sociale, la présence des femmes.
Le mot
on
«amoureux»
s'y
réfère
justifie l'emploi du collectif mixte
à
cause
de
la
présence
«illes»
féminine.
amoureux/amoureuse pourrait aussi être significatif même
Le
si
quand
doublet
la
norme
sociale parle de couple en termes d'hétérosexualité.
L'utilisation du collectif mixte «illes» est aussi justifiée là où l'on
retrouve une majorité féminine
: (mes tantes et André) «Ils ont roulé
derrière moi...» ° pour «Illes ont roulé derrière moi...»
Si
on
se
française
rapporte
(1985)
au
en
tableau
annexe,
le
que
présente
terme
l'Office
de
«la femme médecin»
la
langue
doit être
remplacé par «la médecin».
5. 5 e année : Ma Babouche pour toujours, Gilles Gauthier, 1990.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _
SEXISME SOCIAL
Personnages
principaux
i
1
„
l
1
__
SEXISME GRAMMATICAL
Caractéristiques
socio-affectives
f.
comprehensive
animal femelle joyeuse
,
g.
sensibles
animal mâle
sympathique
Marque féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
une chienne
danseuse
bergère allemande
un vétérinaire
un docteur
acteurs
14.
Interprétation : J'ai choisi de présenter les deux animaux de. ce texte
parce
que l'auteur
les a personnifiés. D'abord,
portrait psychologique
il nous présente un
de la petite chienne qui est morte. Son effort
va jusqu'à féminiser cette race de chien sous le vocable
allemande».
Par contre,
il omet
cette
féminisation
de
dans
«bergère
la phrase
Q
suivante
: «De Babouche, déguisée en joueur de hockey...».
Un souci
d'uniformisation commande ici le féminin «joueuse».
Au mot «acteurs» pourrait très bien s'ajouter le féminin «actrices» qui
compléterait
le doublet générique. Ex. (...) dans la vie, c'est un peu
comme au théâtre, il y a des acteurs " et des actrices.
*****
6.
6 e année : Un jeu dangereux, Chrystine Brouillet, 1989.
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque féminisante
f.
mere soumise
héroïne téméraire
déséquilibrée
hyper-émotive
anorexique
complexée
5 h.
père compréhensif
un homme ou (une femme) criminels
avocate
avocats
détective privée
policiers
une traître
passagers
vieille guenon
voisins
une enfant
fumeurs
actrice
enquêteurs
distributrice
clients
rapporteuse
un photographe
meurtrière
meurtrier
employée
employés
hôtesse de l ' a i r
sommelier
réceptionniste
coiffeur
femme de chambre
directeur (hôtel)
sa complice
comédiens
organisateur
témoin
suspects
participants
meneur du jeu
patron
Marque sexiste
masc. sur fém.
15.
Interprétation
: Les rôles parentaux y sont très stéréotypés. Maman à
la maison dans sa cuisine. Ex. Papa a attendu que maman soit retournée
a la cuisine. •*•" Ex. (Maman et moi) On s'amuse ensemble seulement quand
on
fait
la
cuisine.
Et
papa
occupe
une
fonction
professionnelle
d'avocat. Il a aussi son bureau à la maison. Ex. J'ai plié ma missive
(...)
sous le porte-crayon du bureau de papa.
L'héroïne de 12 ans est
prête à risquer sa vie pour prouver à un heune homme qu'elle l'aime. Elle
croit pourtant que sa fugue rendra son père «furieux» et sa mère «nerveuse».
Ce livre a été écrit en 1989 par l'auteure Chrystine Brouiilet. Dans le
générique qui suit sa biographie, on la présente ainsi : Du même auteur.
Aucun souci de féminisation de la part de la maison d'édition même
quand
la profession dont on parle se rapporte à une femme.
Au cours du texte, l'auteure féminise tout ce qui se rattache à l'héroïne:
Ex.
L'avocate,
une
détective
privée,
une
traître,
une
enfant,
rapporteuse, meurtrière, employée et actrice.
L'injure par excellence est un mot féminin. Ex. «Ton isabelle, (...)
dirait une vieille guenon ratatinée !» ^
La
«distributrice»
on
réfère à
une machine publique. La parenthèse «(une femme)» reste une hypothèse.
Quant aux trois derniers métiers, ils sont traditionnellement féminins:
hôtesse de l'air, réceptionniste et femme de chambre.
Puis, on passe à la liste des masculins qui l'emportent sur les féminins
soit par tradition purement sexiste (métiers) ou par manque d'observation
de la part de l'auteure (passagers, voisins, clients...).
Ici,
c'est
doublet
surtout
générique,
exclusivement
passagères
qui
le
car
des
et
souci
il
d'observation
est
passagers
qui justifie
plutôt
rare
un
véhicule
dans
que
nous
privé
passagers. La même remarque s'applique
justifient
voisins/voisines,
eux
aussi
l'emploi
fumeurs/fumeuses,
du
du
retrouvions
ou
public
:
aux autres mots
doublet
clients/clientes
l'emploi
ou
générxque
:
l'emploi
du
générique «clientèle»; employés/employées ou le générique «le personnel»;
suspects/suspect es, participants/participantes.
Ici, le mot «témoin»
est
de nature
^ est féminin puisqu'il réfère à l'héroïne.
dite épicëne
(à double genre) et garde le même
lexical au féminin et au masculin.
Il
costume
16.
Le terme «criminels» pourrait ici s'utiliser au féminin aussi puisque l'on
retrouve une meurtrière complice du meurtrier dans cette aventure policière.
Les métiers masculins
exercés
sont eux aussi typiquement
avocats, policiers, enquêteurs,
sommelier, directeur
traditionnels:
d'hôtel
sauf pour
coiffeur, métier que pratiquent aussi les femmes comme «coiffeuses».
ferai la même remarque
pour
le
métier
de photographe et d e
Je
comédien,
professions exercées par des personnes des deux sexes.
D'ailleurs, de plus en plus de femmes se retrouvent dans des métiers non
traditionnels
telles policières, enquêtrices et avocates. Cette
réalité
sociolinguistique devrait faire partie de ce roman policier écrit en 1989L ! emploi du
collectif mixte filles» s'appliquait
dans le texte : Ex. Ralph et sa complice (...)
à
certains
endroits
qu'ils aient la délicatesse
pour «qu'illes aient la délicatesse». Emploi justifié par la présence du
mot féminin «complice».
VI- CORPUS B : LIVRES DE LECTURE AU SECONDAIRE
Ce corpus qui se compose de deux volumes,
d'analyse
de
contenu
(sexisme
social)
et
suivra la m ê m e démarche
d'analyse
grammaticale
du
discours (sexisme grammatical) que celle faite pour le corpus A .
En ce
qui concerne
le
deuxième
limitée aux quatorze premiers
volume
La Belle Vie,
je
chapitres sur les quarante-trois
me suis
afin d'en
circonscrire l'interprétation qui se serait avérée répétitive.
j'aimerais
ici rappeler
les
deux
notions de sexisme social et de
sexisme grammatical. Par sexisme social, j'entends tout ce qu'une société
véhicule comme stéréotypes qui confinent la femme à des rôles
fermés :
Ex. Travail domestique, bénévolat. Par sexisme grammatical, j'entends tout
ce
que
la
stéréotypes
langue
reflète
comme
discriminatoires
système
surtout
à
que le masculin l'emporte sur le féminin
grammatical
l'endroit
dans
le
des
en
écho
à ces
femmes. Â savoir
cas
d'une
majorité
féminine. Ex. Cet homme et ces deux mille femmes ont été admis (masc.pl.).
Actuellement, afin de contourner
grande résistance
l'inversion
à
l'accord
selon
ce problème qui rencontre une très
le
sens,
on
va
jusqu'à
: Ex. Deux mille femmes et cet homme ont été admisi
faire
17.
7. Secondaires I et II: L'Ordinateur égaré, Pierre Pigeon, 1990.
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque féminisante
Marque sexiste
masc. sur fém.
4 f.
mere autonome
et au foyer
filles équilibrées
9 h.
hommes déterminés
garçons équilibrés
frères et jeune soeur
un homme ou une femme
garçons et filles
frères et sa soeur
monsieur et madame
jumelle
toi, tes soeurs et
ton frère
interlocutrice
jumeaux
adorateurs
mortels
fermiers
auteur
visiteur
collaborateurs
enquêteurs
patron
un dentiste
acheteur
technicien
savants
avocat
étudiants
ambulanciers
Interprétation
:
Les personnages
masculins prédominent nettement
roman. Les personnages féminins jouent des rôles secondaires.
est intéressant de noter que l'auteur a f a i t certains efforts
dans ce
Pourtant,
pour
il
afficher
la présence féminine si on consulte la l i s t e des mots à marque féminisante.
L'utilisation
que «l'un»
jumelle.
du substantif
des
jumeaux est une f i l l e ,
Ici
le féminin».
«jumeaux»
nous, cache trop longtemps
une jumelle. Ex. ( . . . )
le
fait
s'exclame
sa
encore, on constate la préséance du «masculin l'emporte sur
Nous pouvons accepter comme constat que l'auteur
de ce l i v r e
est un homme et que sa vision du monde est masculine.
Par contre, jusqu'à quel point sa vision du monde est-elle j u s t e et réaliste?
Ici,
le mot «adorateurs»
se rapporte à «ses frères
et sa jeune soeur» '•' -
Le masculin e s t donc juste en termes numériques: deux garçons e t une f i l l e .
Les mots «mortels», «fermiers»,
«acheteur» et «étudiants» se classent sous
la rubrique du doublet générique puisque la réalité est un monde de femmes
et d'hommes. Ex. (...) à l'occasion d'un congrès de fermiers 18 et fermières.
Quant au mot
«visiteur»
au masculin, pourquoi la personne derrière la p o r -
te serait-elle nécessairement et spécifiquement un homme ?
18.
Je
classerai
stéréotypés
sous
la
suivants.
rubrique
Pourquoi
«métiers
l'auteur,
traditionnels»
le
les
technicien, les
métiers
savants,
l'avocat et les ambulanciers portent tous la marque du mascuXin ici ?
Il existe pourtant de grandes auteures, des techniciennes en laboratoire,
des savantes connues et des avocates. Quant au mot épicène «dentistes»,
c'est un métier aussi exercé par les femmes. Pourquoi n'y aurait-il pas
d'ambulancières quand on sait très bien que le monde de la santé est un
monde où l'on retrouve un très grand nombre de femmes comme infirmières
et aussi médecins.
Pour ce qui est des termes «collaborateurs», «enquêteurs» et «patron»,
ils se rapportent à des personnages masculins dans ce roman.
C'est donc dire que le sexisme grammatical est proportionnel au nombre
de
personnages
masculins
qui
dominent
l'action.
Par
conséquent, le
sexisme social articule la langue des valeurs véhiculées, des dialogues,
du contenu et du discours.
La mère porte le double nom de famille soit «Jeanne Dupuis-Blondeau» au
début du roman et prend son nom de fille à la fin du volume soit «Jeanne
19
Blondeau» !
L'emploi du collectif mixte «illes» est justifiable à quelques
lorsque l'on parle du père et de la mère : Ex. Papa et maman
ont passé ^0 p O u r
reconnaissance
endroits
(...)
ils
« n i e s ont passé». Et ce toujours afin d'assurer la
grammaticale visible de la présente féminine à
l'écrit.
Un autre exemple encore plus probant : Jeanne Blondeau, Line, Constance
oi
et Sylvain
(...), ils sont toujours sans nouvelles
sans nouvelles».
commandent
Ici, trois personnages
l'emploi
du
collectif
féminins
mixte «illes»
pour «illes sont
et un seul
sans aucune
masculin
hésitation
selon les critères qui définissent le choix des unités analysées dans
le
présent travail.
Également
à
Constance
trois
et
autres
reprises
Sylvain, le jumeau
quand
et la
l'on
mentionne
jumelle
z
, où
les
noms de
le collectif
mixte «illes» est de bon aloi.
Malgré
le
masculins,
l'action
fait
déséquilibre
la
et le
certains
entre
participation
le
nombre
prédominante
de
personnages
des
personnages masculins à
rôle secondaire des personnages
efforts
de
féminisation.
féminins et
féminins, cet
Sa faiblesse se situe
auteur a
au pian
lexical à savoir les stéréotypes quant aux métiers traditionnels et son
manque de réalisme face à une mutation sociale à tendance féministe.
19.
Secondaires III, I? et ? : La Belle Vie, Danielle Steel, 1989.
Traductrice : Florence Matran.
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME SOCIAL
SEXISME GRAMMATICAL
Personnages
principaux
Caractéristiques
socio-affectives
Marque féminisante
7 f.
affectivité de
type diversifié
passion
timidité
indépendance
dépendance
mère possessive
4 h.
héros tout-puissant
père réservé
une enfant
clientes/clientèle
vendeuses
vieille courtisane
bonne fée
employées
briseuse de coeur
esthéticienne
mairesse
entraîneuse
maîtresse de maison
une «simple mortelle»
essayeuse en chef
la manucure
hôtesse de l ' a i r
Marque sexiste
masc. sur fém.
voyageurs
clients
vendeurs
juif
un mannequin
un ange
spectateurs
héritier
serveur
professeurs
amateurs
passants
voisins
un être
Grand Inquisiteur
maitre d'hôtel
grands
passagers
couturiers
auteurs
créateurs
décorateurs
un photographe
le pianiste
coiffeur
un j ournalist e
conservateur
de musée
ils
Interprétation : La liste des «masculins l'emportent sur le féminin)) est encore
une fois plus longue que celle des mots à terminaison féminine.
Il est intéressant
se
ici de constater que
rapportent au héros qui
Dans le premier cas,
«vieille courtisane»
et «bonne
fées
est un personnage masculin, un homme.
Marina Yaguello (1981) parle de dissymétrie
sémantique puisque la définition du mot masculin «courtisan» réfère à un homme
qui
fréquentait
«courtisane»
la cour d'un souverain et que la définition
du mot féminin
référait anciennement à «une femme de mauvaise v i e
d'un rang
20.
social élevé» (p. 412, Le P e t i t Robert, 1991).
Dans
le
second
cas,
Marina
Yaguello
(1981)
parle
de
dxssymétrie
l e x i c a l e p u i s q u ' i l y a absence d'équivalence masculine d'usage reconnu. Ex.
Fée/...
masc.
? Bandit/...
fém.
? Donc, une absence d ' é q u i v a l e n c e que ce
s o i t au masculin ou au féminin.
Quant au vocable «Le Grand inquisiteur»
se féminise facilement
se rapportant à une
femme, i l
selon l a règle usuelle de féminisation donnant ainsi
«La Grande i n q u i s i t r i c e » sans e f f e t de discrimination féminine.
Le mot «mannequins»
que présente l ' O f f i c e
est,
selon l e tableau de féminisation
de l a langue française
des
(1985) reproduit i c i
titres
en annexe,
un épicène (à double genre). On peut donc d i r e «la» mannequin pour une femme.
Dans ce roman adapté en 1989, l a t r a d u c t r i c e a u r a i t pu p l a c e r
féminin
(une ou l a ) , féminiser
féminin.
Il
d'utiliser
est
possible
l'article
parlant d'une femme.
tous les mots se rapportant à un
qu'aucun
féminin
sauf
La s y l l e p s e
indice n ' e s t
l'habitude
permis à l a
à
(Perret)
substantif
traductrice
«masculiniser»
est une manière de f a i r e
l e sens et non selon les règles grammaticales. Ex. C'est
l e premier s ' i n q u i è t e .
l'article
même en
l'accord
selon
l a s e n t i n e l l e qui
"
Le mot «ange» est i c i masculin
quand
on p a r l e d'une femme.
Les anges
a u r a i e n t - i l l e s un sexe ? ou s e r a i e n t - i l l e s hermaphrodites ou androgynes ?
Le s u b s t a n t i f
profession
«professeurs»
correspondant
soit
aurait
le
pu ê t r e
remplacé par
mot «enseignante»
le
t i t r e de
au féminin.
Ex. Cette
maison a p p a r t i e n t à l ' u n des professeurs de l ' é c o l e où j ' e n s e i g n e . Son mari,
qui est a r c h i t e c t e . . .
Pourquoi avoir
I l e s t évident que «ce professeur» e s t
une femme.
t r a d u i t ce mot au masculin quand la profession d'enseignante
e s t depuis longtemps connue et reconnue ?
Le mot «être» a u r a i t pu se traduire a i n s i
mains d'un
ê t r e courageux
L'article
(...)
les
^ pour «les mains d'une femme courageuse.
féminin devant
d'une p e t i t e f i l l e .
: Ex. Elle a v a i t
le
mot «enfant»
indique bien que
l ' o n parle
Les syntagmes p é j o r a t i f s suivants ont été f é m i n i s é s sans
problème : b r i s e u s e de coeur, simple mortelle.
Les
mots
spécifique.
«clientes»
Quand
appliquer l ' e m p l o i
c'est
et
le
«employées»
masculin
significatif
sont
«clients»,
ici
on
utilisés
peut
très
du doublet générique «clientes
et
à
titre
souvent
clients»
puisque le paradigme actuel du «masculin sur l e féminin» englobe l e féminin
sans le rendre v i s i b l e à l ' é c r i t n i sonore dans l a langue p a r l é e .
21.
Quant au mot «clients»,
i l peut s'adresser
exclusivement à une
clientèle
masculine aussi.
I l est préférable de remplacer l e doublet générique«employés e t employées»
par le générique «le personnel» afin d'éviter une redondance phonétique.
Notons quelques métiers
traditionnellement
magasin de vêtements pour enfants
de
maison,
hôtesse
essayeuse
de
en chef
entraîneuse.
dernier substantif
: entraîneuse
nature
clients
de cette
et pour dames, esthéticienne, maîtresse
À noter
qui entraîne un coureur,
la
professionnelles,
dissymétrie
sémantique du
«jeune femme employée dans l e s bars pour
à consommer.»
clientèle
: vendeuses dans un
pour des mannequins
l'air,
engager les
féminins
Ici,
«clients»
exclusivement masculine;
un athlète,
entraîneur de notre championne.
une équipe
est masculin vu la
entraîneur
(personne
sportive.) Ex.
Elle est
À noter i c i que le mot «entraîneur» r e s -
te au masculin même si sa définition recouvre les deux sexes !
Puis,
un métier
non traditionnellement féminin,
mais féminisé
:
Ex. La
mairesse et son époux.
Enfin, pour terminer l'analyse de contenu et l'analyse grammaticale du discours, un épicène
«la manucure».
Du côté masculin,
pianiste
et
quelques épicènes
journaliste
même s i
la
à double genre
traductrice
métiers traditionnellement masculins. De
indices
dont
elle
disposait
pour
photographe,
assume que ce
quelle
garantir
soit
nature
une
sont des
étaient
traduction
les
sans
équivoque sur l e sexe féminin ou masculin d'un personnage d'arrière-plan?
Le doublet générique se j u s t i f i e
et
voyageuses,
amateurs et
juif
ou juive,
amatrices,
passants
pour les
spectateurs
termes
suivants
:
ou le
générique
voyageurs.
«auditoire» ",
et passantes, voisins et voisines ou le
générique «voisinage»; passagers et passagères.
À remarquer
le
aucun h é r i t i e r ,
sexisme à outrance de la
Paul avait
ni aucune h é r i t i è r e » .
poussé (...)
À moins
que la
phrase
suivante
:
Ex.
devrait se l i r e «N'ayant
tradition
ou la
personnage masculin exclut la femme comme héritière
religion
N'ayant
aucun
de ce
? ou devrait—on dire
comme h é r i t i e r ?
L'emploi du collectif mixte «iULes» était j u s t i f i é partout ou l ' o n
d'un couple (femme et homme) afin d'en assurer la représentation
parlait
féminine.
22.
L'emploi
du
mot
intéressant. Ex.
grands. ^
«grands»
(...)
au
masculin
est
ici
tout
particulièrement
la petite Jane, ravie de participer à la fête des
Cette phrase pourrait tout aussi bien se lire ainsi
: (...)
la
petite Jane, ravie de participer â la fête des grandes personnes.
Terminons avec la liste des métiers traditionnellement masculins selon la
traduction
de
ce
texte
: serveur
(serveuse),
auteurs
(auteures),
couturiers
(couturières),
décorateurs
(décoratrices), coiffeur
(conservatrice).
l'attention
mot
sur
«maîtres
fonction
Les
le
est
et
mots
fait
que
épicène
des
entre
des
selon
textes,
d'hôtel
créateurs
parenthèses
équivalences
Biron
permettent
féminines
dont
de musée
d'attirer
existent.
de féminisation des
(1991)
(maître),
(créatrices),
(coiffeuse) et conservateur
le Guide
Monique
maître
le
Le
titres de
tableau
de
féminisation des titres se trouve en annexe.
Rappelons encore que les équivalences féminines révèlent des «iissymétries
sémantiques
telles
que l'indique
Marina Yaguello
(1981) dans
son ouvrage
Alice au pays du langage à savoir que le sens de deux mots étymologiquement
de même
origine
diffère
selon le contexte socio-historique q u i
les a vu
naître. Ex. Entraîneuse/entraîneur; sorcière/sorcier.
De plus, aucun indice ne pouvait vraiment permettre une traduction de ces
métiers au masculin sauf la tradition d'associer la pratique de ces métiers
à des personnes de sexe masculin.
VII. ÉCHANTILLONNAGE : LIVRES DE RÉFÉRENCE
L'élimination
et l'analyse
des stéréotypes discriminatoires
(sexisme)
dans le matériel scolaire est le critère qui a motivé le choix des ouvrages
de référence
du corpus C dont je ferai l'analyse
grammaticale de contenu
et du discours.
Le ministère de l'Éducation et le Conseil du statut de la femme me sont
apparus comme des organismes intéressants du fait que le discours (grammaire
du message) et le contenu (sens du message) manifestent une dichotomie qui
s'estompe au fil des années à mesure que les mentalités évoluent
quant a u
sexisme qu'il soit social ou grammatical.
Rappelons
ici que la matière langagière qui organise le
discours et
qui transmet le contenu, s'articule à travers un réseau de rapports sociaux
d'inégalité.
En
effet, notre système scolaire dit «démocratique»
encore que «Le masculin l'emporte sur le féminin».
enseigne
23.
VIII. UTILISATION DE LA GRILLE D'ANALYSE
C'est à la lumière de cette dichotomie entre le contenu et le discours
que se retrouvent analysés les exemples qui illustreront mon interprétation
des
résultats.
C'est
donc
l'utilisation
presque
exclusive
de
la
forme
masculine dans un message (contenu) à caractère non sexiste qui fera l'objet
d'analyse du corpus C. Un discours grammaticalement écrit au masculin dans
le but d'abolir le sexisme, cache une forme évidente de sexisme social.
Chaque document présenté comporte une grille d'analyse à partir d'unités
qui font ressortir tantôt la grammaticalité sexiste tantôt la grammaticalité
féminisante
du
discours.
construction jugée
Le
terme
« grammaticalité J»
réfère
ici
à
la
correcte selon l'usage. Dans le présent contexte, j'en
ai étendu la définition afin de pouvoir comparer l'usage sexiste
courant et
les solutions féminisantes utilisées.
Puisque ces ouvrages orientent leur recherche vers une désexisation du
contenu dans le matériel scolaire, je m'attarderai principalement à l'aspect
grammatical du discours et non à l'aspect social du contenu.
Rappelons
grammaticales
que
le
dont
sexisme
les
grammatical
fondements
est
même
l'emploi
perpétuent
de
des
règles
valeurs
discriminatoires envers les femmes. Ex. Le masculin l'emporte sur le féminin.
Je tiens aussi à préciser que les unités sélectionnées et analysées sont
tirées
exclusivement
du
texte
central.
J'ai
éliminé
présentait la liste des résultats quant aux occupations
féminines et masculines.
Cela a permis
à non
analyse de
toute
unité
qui
traditionnellement
garder
toute sa
pertinence et sa cohérence.
IX. CORPUS C : LIVRES DE RÉFÉRENCE
9. Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les manuels
au Québec, Lise Dunnigan, Conseil du statut de la femme, 1976.
scolaires
24.
GRILLE DfANALYSE
SEXISME
GRAMMATICAL
GRAMMATICALITÉ FEMINISANTE
GRAMMATICALITÉ SEXISTE
femme québécoise
chacun et chacune
de l'homme et de la femme
les garçons et les f i l l e s
auteurs féminins et masculins
personnages féminins
auteurs féminins
i l l u s t r a t e u r s féminins
veuves
travailleuses
«spécialistes»
coéquipières
étudiantes
femme astronaute
à tous ceux
éditeurs de manuels scolaires
consommateurs
professeurs, étudiants
au lecteur pressé
personnages masculins
auteurs masculins/auteurs
illustrateurs masc./Illustrateurs
postes d'adjoint
t r a v a i l l e u r s / t r a v a i l l e u r s masc.
administrateurs
enseignant
éducateur
ils
Interprétation
: Écrit en 1976, cet ouvrage est d'une très grande
La méthode d'analyse de contenu divise le matériel
en unités,
fiabilité.
code chacune
des unités selon une grille d'analyse. «Cette méthode d'analyse e s t le f r u i t
d une étude des recherches analogues faites aux États-Unis, d'une pré-expérimentation avec des manuels québécois en 1974, et d'un dernier rodage en c o l l a boration
avec
l'équipe
de sociologues
qui travaillèrent
à la
codification
des manuels de décembre 1974 à 1975.» ^1
Relevons d'abord
mot «femme» est une redondance
: «femme
québécoise» et «la première femme astronaute» peuvent respectivement
s'écrire
«la Québécoise»
adjectif
les
et
termes où le
«la première astronaute». En effet,
et aussi un substantif
«québécoise»
est un
de nationalité avec le «Q» majuscule. Quant
â la profession d'astronaute, c'est un épicène. L'adjectif
numéral «première»
au féminin n'entraîne aucune équivoque quant au genre.
Dans
ce
document
uniformité
de
sation lexicale
«les garçons et
avant-gardiste
féminisation.
tel
pour
Tantôt
l'époque,
on
y
j'ai
retrouve
tenté de
un
souci
trouver une
de
fémini-
que «chacun et chacune», «de l'homme et de la femme»,
les filles» qui contraste avec «à tous ceux» auquel i l manque
«et toutes celles». Le syntagme «au lecteur pressé» pourrait se traduire par
l'emploi du doublet générique «au lecteur
et à la lectrice» ou par l'emploi
du générique suivant : «au lectorat pressé» ou «aux personnes pressées».
La même remarque pour les
«maisons
d'édition»
consommatrices»
termes
«éditeurs»
soit
et le mot «consommateurs»
«éditeurs,
éditrices»
ou
qui donne «consommateurs
et
toujours dans l'optique d'une féminisation uniformisée.
25.
Le mot
«étudiants» commande l'emploi
du doublet
générique dans le cas
où 1*OB parle globalement des «étudiants et étudiantes» ou du générique
«la clientèle étudiante» ou «la population étudiante».
Pour
ce qui est
de «professeurs»,
le
générique
«personnel enseignant», «corps professoral».
est
de bon
«Professeurei
étant l'usage prescrit par l'Office de la langue française
Les
professions
sous
le
féminins» sont un effort
syntagme
«auteurs
aloi
au
soit
féminin
(1985,1986,1991).
féminins»,
«illustrateurs
louable, mais qui prennent encore là
un costume
â connotation t r è s masculine. À remplacer dans le premier cas par «auteures»
et la formation d'usage des mots en «teurs» qui f a i t
«trices». Ce qui dans
le second cas nous donne la profession d ' « i l l u s t r a t r i c e »
sur le modèle du
doublet générique acteur/actrice.
Le
syntagme
écrivaines
«auteurs
et
féminins
auteurs, afin
et
masculins»
d'éviter
la
pourrait
répétition
se l i r e
ainsi
phonétique
:
tout en
encourageant le féminin écrivaine puisque «auteure» au féminin se prononce
comme au masculin dans la langue parlée.
À remarquer que
«auteurs»
au masculin englobe encore i c i le masculin et
l e féminin selon le paradigme «Le masculin l'emporte, sur le féminin» ainsi
que les mots suivants : i l l u s t r a t e u r s , t r a v a i l l e u r s , enseignant
grammatical!té
sexiste
de
la
et éducateur,
Pourtant,
la
profession
suivante
justifie
l'emploi du féminin : Ex. Les femmes occupaient 3,6% des postes
d'adjoint aux cadres et aux administrateurs dans l'enseignement -*^
rait
pour-
très bien se lire ainsi «Les femmes occupaient 3,6% des postes d'ad-
j o i n t e aux cadres». Le mot «administrateurs» restant au masculin puisqu'il
s ' a g i t d1 une r é a l i t é socio-économique en 1976 : une majorité d'hommes aux
postes administratifs dans le monde de l'enseignement d'après
sur l'analyse de contenu des types d'emploi que
présentent
cette
les
étude
manuels
scolaires en français élémentaire.
La grammaticalité féminisante des termes suivants reste quand même timide:
veuves,
texte,
travailleuses, c<spécialistes» est
coéquipières
et
étudiantes
sont
ici
entre
tous
des
parenthèses
substantifs
dans le
féminins
normatifs, conservateurs et d'usage. Ce qui reste tout de même surprenant
dans le cadre d'un document qui se veut réformiste !
26.
Encore plus surprenant, le double conformisme des mots suivants
masculins,
illustrateurs
ne suffisait
travailleurs
masculins.
Comme s ' i l
pas au masculin de l'emporter sur le féminin, mais en double!
Sans oublier
une
masculins,
: auteurs
que cette croyance du masculin d'inclusion
fiction
au
qualificatifs
plan
grammatical
à savoir
l'accord
et de tout ce qui se rapporte à un
dont on choisit
reste
groupe
des
de
le masculin comme terminaison : Ex. ( . . . )
et la philosophie sous-jacents à ces interventions.
toujours
adjectifs
substantifs
les
objectifs
J
Je terminerai en mentionnant que l ' u t i l i s a t i o n des syntagmes «personnages
féminins»
et
«personnages masculins»
a pour effet de contourner
l'effort
de féminisation par l'emploi de dénominations traditionnalistes.
Tout
compte
admiration
étude
fait,
quant
je
considère
qu'un
à son o r i g i n a l i t é
systématique
de
l'ensemble
tel
ouvrage mérite
puisqu'il
des
constituait
manuels
scolaires
toute
«la
notre
première
utilisés
au
Québec, sous l'angle précis des stéréotypes rattachés au sexe.î^
L'utilisation
tout
où
du collectif
particulièrement.
ils
découvrirent
(Leméac) attribue
Or,
mixte «illes»
«Pariant
le
se j u s t i f i a i t
i c i à un endroit
des Curie sans les nommer chacun
radium.
L'auteur
dans
Physique
(...)
P.S.S.C.
le mérite de cette découverte à son époux également.
i l y aurait lieu et avec raison d'ajouter
sans les nommer chacun, chacune ( . . . )
ceci : Parlant des Curie
où i l l e s découvrirent le radium.
10. Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans le
matériel didactique, Michel Thibaudeau, ministère de l'Éducation, 1988.
SEXISME
GRAMMATICAL
GRAMMATICALITÉ FÉMINISANTE
GRAMMATICALITÉ SEXISTE
l'évaluateur ou l'évaluatrice
l'enseignant ou l'enseignante
évaluateurs
au responsable
éditeurs
éducateurs
délégués
représentants
auteurs
producteurs
lecteur
du maître
27-
Interprétation
:
l'avant-propos.
Pour débuter,
je citerai
les deux premières
«Le présent document s'adresse aux auteurs,
et aux évaluateurs de matériel didactique. I l
permettra
travail d'analyse visant à éliminer le sexisme ( . . . )
C'est
ainsi que s'amorce ce qui fait
l'objet
phrases de
aux éditeurs
de
faciliter
le
des manuels scolaires.
de ce guide : l'élimination
des stéréotypes discriminatoires dans le matériel didactique. Mais comment
l'école peut-elle promouvoir une vision non sexiste au moyen d'un discours
dont le support linguistique est
sexiste à outrance ? À savoir que notre
système grammatical proclame que «le masculin l'emporte sur le féminin».
Au cours du texte,
l'évaluatrice,
nous retrouvons le
doublet générique l'évaluateur
ou
l'enseignant ou l'enseignante. Â noter que ce sont les deux
seuls substantifs qui respectent l'équivalence féminine !.
La
phrase
suivante
équilibre
justifierait
syntaxique
:
Ex.
Il
l'emploi
du féminin
appartient
donc
afin
à
de
créer
l'enseignant
ou
un
à
1
l'enseignante qui les exploite et au responsable ( . . . ) . - ' Pourquoi le mot
responsable e s t - i l resté exclusivement au masculin i c i ?
Le
terme «éducateurs»
lui
féminine «éducatrices»
présence
féminine
aussi
afin
de
nettement
se trouve atrophié
respecter
majoritaire
ici
une
sans son
réalité
en milieu
équivalence
sociale
scolaire
des
titres
épicène selon le document Au féminin. : guide de
de
fonction
et
des
textes,
Monique Biron
la
au niveau,
primaire. La même remarque s'applique à la fonction enseignante
la maître»,
:
«du ou de
féminisaticra
(1991), publié par
l'Office de l a langue française dont vous trouverez le tableau en annexe.
Quant au mot
«producteurs»,
il
commande une symétrie
lexicale
au même
t i t r e que la profession d'«éditeurs et d'éditrices».
Pour
sa
féminine.
part,
le
Ex.
mot
«représentants»
aussi
l'équivalence
L'ensemble des personnages (hommes ou femmes,
représentants
et représentantes de la majorité
Le
terme
«délégués»
élimine
appelle
lui
( . . . ) . ^°
toute
participation
féminine
par
sa
finale
masculine ou procède selon la tradition grammaticale du masculin qui inclut
bien sûr le féminin... Voirie tableau cité plus haut pour le mot «déléguée»
Le substantif
«lecteur» j u s t i f i e
lectrice» ou l ' u t i l i s a t i o n
suivants : r e c t o r a t ,
Les
fiches
du générique «lectorat»
et
sous le modèle des mots
monitjrat.
comportent
«illustrateur»,
l'emploi du doublet générique<s;lecteur
«éditeur»,
le
doublet
«non—voyant»,
générique
sauf
«manchot» et
pour
«moine»
«auteur» >
qui font
au
féminin : auteure, i l l u s t r a t r i c e , éditrice, non-voyante, manchote et moniale
28.
11. Guide pour adultes avertis, Mario Audet, ministère de l'Éducation, 1991Sous la direction de Nicole Maltais de la Direction des
ressources
didactiques du Bureau d'approbation du matériel didactique (DRD-BAMD) et
Louise Roux de la Coordination à la condition féminine (CCF).
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME
GRAMMATICAL
GRAMMATICALITE FÉMINISANTE
GRAMMATICALITE SEXISTE
les éducatrices et les éducateurs
aux agentes et aux agents d'éducation
à celles et à ceux
évaluatrice ou évaluateur
ils
gamins
agresseur
éditeur
Interprétation
l'adjectif
: Le titre présente le mot «adulte» au masculin. En effet,
qualificatif
«avertis»
qui
s'y
rapporte
est
ici
accordé
au
masculin pluriel. Afin d'attirer l'attention sur l'objectif de désexisation
que vise cette brochure quant au contenu, il aurait été préférable de lire
«Guide pour adultes averties», c'est-à-dire la féminisation du m o t «adulte».
À noter une nette amélioration quant a la cohérence entre le contenu et le
discours puisque le deuxième paragraphe de l'introduction se retrouve aussi
en page 5 du Guide pour l'élimination des stéréotypes discriminatoires dans
le matériel didactique, Michel Thibaudeau
(1988), avec en p l u s , un souci
de féminisation. Voici le contenu de la première introduction
est donc essentiel que les éducateurs, (...)
le contenu de
(1988) : II
et qu'ils adhèrent. •" Voici
la deuxième introduction (1991) : II est donc essentiel que
les éducatrices et les éducateurs, (...). ^®
L'utilisation du collectif mixte «Illes» serait Ici justifié a
cause de la
présence féminine «éducatrices» qui donne ceci : «et qu'illes adhèrent».
La symétrie lexicale est respectée : aux agentes et aux agents d'éducation,
à celles et à ceux, évaluatrice ou évaluateur.
En
page
2,
on
personnages dont
parle
de
l'identité
«gamins»
alors
que
l'illustration
montre
sexuelle est plutôt vague. On aurait pu tout
aussi bien parler de «gamines» ou de «gamine et gamin». Le terme
réfère
ici à un personnage de sexe masculin.
Enfin,
les
équivalence
fiches
des
présentent
la
fonction
d'«éditeur»
féminine «éditrice». Même chose pour
en
«agresseur»
omettant
«non—voyant» ,
«moine» qui donnent au féminin: non-voyante, manchote et moniale.
son
«manchot»,
29.
12. Les métiers d'avenir, vous connaissez ? Arianne Cordeau et Anne Sérode,
1992. Distribution : ministère de l'Éducation.
Production : Université du Québec à Montréal, Relais-femmes en collaboration
avec le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au t r a v a i l (CIAFT).
GRILLE D'ANALYSE
SEXISME
GRAMMATICAL
GRAMMATICALITË FÉMINISANTE
GRAMMATICALITÉ S E X I S T E
technicienne en aménagement forestier
contremaîtres et contremaîtresses
épisseure de câbles
employée
installatrice
ingénieurs et ingénieures
mécanicienne de machines fixes
inspectrice
technicienne en production alimentaire
agricultrice/entrepreneure/ouvrière
charpentière-menuisière/auteure-interprète
débosseleuse/une artiste
peintre en bâtiment
électricienne (apprentie)
types d'électriciennes et d'électriciens
a j usteuse-monteuse
agente technique en aqueduc
d'une ingénieure ou d'un ingénieur
travailleuse salariée
ni lui ni elle
travailleurs forestiers
cheffe de famille
Interprétation
entrepreneur électricien (père)
employeurs
agriculteurs (parents)
preneur de son (mari)
employeurs
agents techniques et ingénieurs
ils
conjoint
chefs de famille
: Les formes masculines utilisées
nature spécifique, c'est-à-dire qu'elles réfèrent
dans ce document
sont
directement à une personne
de sexe masculin (père) ou à un substantif de genre masculin (parents)et
sont
très peu
général
teinté
nombreuses. Les termes masculins
de
elles
suivants empruntent un sens
de sexisma, mais on peut supposer qu'ils correspondent à une
réalité socio-économique : travailleurs forestiers, employeurs.
Les
mots
«agents
techniques»
et
doublet générique agentes et agents,
Le syntagme
«chefs
de famille»
«ingénieurs»
commandent
ici
du
ingénieures et ingénieurs.
biaise une réalité sociale et
«cheffe de famille» vient rectifier
l'emploi
cet aspect sociologique.
son équivalent
30.
Cet ouvrage se veut innovateur et cohérent. D'abord, innovateur en féminisant
la
forme
lexicale
de métiers
non traditionnellement
puisque ce qu'il préconise dans le contenu soit
les
féminins.
femmes
Cohérent,
en milieu de
travail non traditionnel, i l le reflète dans un discours féminisé.
Publié en collaboration avec plusieurs ministères
dont celui
celui de l'Énergie et des Ressources et celui de l'Éducation,
du
Travail,
i l encourage
les jeunes filles à élargir leur choix de carrières.
Pourtant, i l ne fait partie d'aucun des programmes scolaires obligatoires
et
reste encore un livre de lecture parmi les autres en bibliothèque.
Si on investit dans la publication de tels volumes, i l est important de l e s
inclure au matériel didactique obligatoire. Le changement des mentalités doit
s'intégrer
au système scolaire et ce dernier doit s'inscrire
au coeur de la
société qui le soutient.
L'emploi du collectif mixte «illes» se justifie
le souci de féminisation
à très peu d'endroits vu
dont fait preuve ce document.
31.
X. CONCLUSION
— Livres de l e c t u r e
: CORPUS A e t B
ANALYSE DE CONTENU
Les différentes
g r i l l e s d'analyse et leur interprétation
constater que les livres
permettent
de lecture que choisissent l e s f i l l e s ,
de
véhiculent
des valeurs où les modèles féminins et masculins sont hautement stéréotypés.
L'affectivité
négatifs.
féminine
y est
Ex. La petite f i l l e
décrite
en détail
masculine
souvent
en termes
dans Paul à la reherche de Chabichou
au primaire et la mère du héros dans La Belle Vie
L'affectivité
et
nous
y est
(1986)
(1989) au secondaire.
dépeinte
de
façon
positive, mais
souvent idéalisée et i r r é a l i s t e . Ex. Le p e t i t garçon dans Paul à l a recherche
de Chabichou au primaire et
le
personnage principal
dans La. Belle Vie
secondaire ou ce personnage masculin est tout-puissant et
Comme c ' e s t une clientèle féminine qui fait
le phénomène du mimétisme
héroïnes et l e phénomène d'identification
parfait.
la lecture
qui les encourage à imiter
au
de ces romans,
le comportement des
qui les amène à se mettre dans l a
peau des personnages féminins, sont deux facteurs psychologiques d'envergure.
D'abord
l'accent
sur
au plan personnel
la
:
dévalorisation
les stéréotypes
de
soi
et
la
que j ' a i relevés mettent
dépendance affective
positives. Les vacances de Rosalie
(1990)
et On jeu
présentent
amours
sont
deux héroïnes
dont
les
dangereux (1989) nous
suicidaires e t dont la mi-
sogynie pour le moins étonnante se vit en termes compétitifs e t
Au plan
social
comparatifs.
: une vision du monde où le mariage représente le seul
moyen pour une femme d'accéder au vrai bonheur dans La Belle Vie.
viser
l'autonomie
quelle qu'elle
feminine, l e u r affirme-t-on
«sauver» de leur s t a t u t
par
une
un
d'infériorité
implicitement.
Les t r o i s derniers volumes ont été écrits par des (femmes)
traduit
Pourquoi
soit si une «bonne fée» en l'occurence
jeune homme riche et beau qui peut les
l'un
comme
femme.
Ces
créations
littéraires
et
auteures dont
romanesques
reproduisent~elles la r é a l i t é , un idéal ou une fausse vision du monde ?
Fait
intéressant
:
les
stéréotypes
s'intensifient
graduellement
pour
atteindre l e u r paroxysme sexiste aux Secondaires I I I , IV et V avec la dernière
oeuvre La BeXle Vie.
32.
ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS
En
résumé,
les
protocoles
analysés
présentent
peu
de
doublets
génériques, sauf dans Les vacances de Rosalie. Ex. Américains et Américaines.
L'emploi
du
générique est rarement utilisé et «le masculin
sur le féminin»
l'emporte
l'est même dans les métiers aussi exercés par des femmes.
Ex. Vendeur/couturier/fermier.
Un seul métier non traditionnellement
féminin dans La BelXe Vie, soit
«mairesse» et aucun métier masculin non traditionnel (Ex. Sage-homme).
Les
livres
de lecture au primaire
féminisent
lorsqu'il s'agit d'une
petite fille dans Martine et le cadeau d'anniversaire
(1988). E x . Voleuse,
maîtresse. Aussi, dans Martine monte à cheval (1966). Ex. Amazone, cavalière.
Le même phénomène de féminisation se retrouve dans les autres textes
au primaire, mais l'analyse globale du discours au secondaire,
accuse peu
d'efforts en ce sens.
Toutes ces auteures et tous ces écrivains semblent avoir oubXié leur rôle
de
formation
au
plan
pédagogique
et
leur
rôle
tout
aussi
important
d'information au plan social.
Au plan pédagogique, ces livres non scolaires et non obligatoires font
partie
de
ce
que
les
jeunes
filles
assimilent
pour
façonner
leur
personnalité. Elles adoptent les modèles féminins qu'on leur présente.
Au
plan
social,
ces
livres
de lecture non
seulement
trompent
leur
clientèle féminine en leur servant des histoires à dormir debout, mais leurs
auteures et auteurs biaisent une réalité sociale où femme et homme
évoluent
ensemble à une même époque.
Des
femmes
dont
la
contribution
est
réelle
à
tous
les
plans
de
l'activité humaine et des hommes dont la contribution est équivalente.
Je suis
restent
surprise de constater à quel
traditionnalistes,
aussi riche et
dans le discours
conservatrices
point ces auteurs et écrivaines
et
irréalistes
dans
un
contexte
créateur que l'écriture pour la jeunesse. Et ce tout autant
(sexisme grammatical) que dans le contenu (sexisme social).
33.
—
Livres de référence : CORPUS C
ANALYSE DE CONTENU
Les divers
ouvrages
désexisation, de
de
référence
analysés
proclament
un
message
de
non—sexisme, de stéréotypes discriminatoires à abolir sauf
le dernier protocole sur Les métiers d'avenir. Ce dernier document
ne fait
partie d'aucun programme officiel et féminise les titres de fonction.
On ne mentionne
tabou ?
nulle
part
le terme féminisation. Ce m o t
serait-il
L'utilisation d'une grammaire sexiste pour encourager au non-sexisme?
Un contenu féminisant par le biais d'un discours masculinisé ?
ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS
Je ferai remarquer que les
livres de référence consultés
nous servent peu de génériques, quelques doublets génériques
et analysés
et très p e u
de discours féminisé. Sauf dans le cas où l'on respecte la norme en usage
qui frise le pléonasme. Ex. Auteurs masculins.
Notons l'absence
totale de
créativité au plan lexical dans le corps
du texte en termes de féminisation. Ex. Illustrateurs féminins.
Aussi, la redondance dans certains cas où les règles de
féminin
étaient
évidentes.
Ex.
Femmes
québécoise
formation
(Québécoise);
au
femme
astronaute (astronaute : mot épicène).
Pourtant, avouons qu'il a eu évolution depuis le premier écrit en 1976
avec
le document
manuels scolaires
Analyse
des
stéréotypes masculins et féminins dans l e s
au Québec sous la direction de Lise Dunnigan et celui
que publiait l'Office de la langue française avec Monique Biron Au féminin:
guide de féminisation des titres de fonction et des textes en 1991.
Ce
dernier
organisme
semble
le
plus
ouvert
au
phénomène
de
la
féminisation et le plus contemporain quant à l'application pratique si nous
parcourons
les différents tableaux de féminisation des titres de fonction
et des textes en annexe.
34
XI. RECOMMANDATIONS
II est vrai
que les usagers et les usagères de notre
grammatical actuel expriment une grande résistance au
minime
soit-il.
système
changement si
Tantôt c'est la réforme par le conformisme
tantôt
la féminisaticn par la désexisation.
Si nous voulons que notre langue reflète la présente
mutation
sociale, les organismes officiels et consultatifs devront travailler
en collaboration à partir des mêmes objectifs.
1. Que le ministère de l'Éducation exige
que les livres de lecture
des bibliothèques scolaires soient régis par les mêmes règles q u e celles
du matériel didactique : contenu non sexiste et non discriminatoire.
2. Que les associations littéraires dont font partie les écrivaines
et
auteurs
de
livres
pour
la
jeunesse
adoptent
une
politique
de
féminisation du contenu selon l'époque et du discours selon des règles
grammaticales non sexistes et non discriminatoires.
3.
Que
les
enseignantes
institutions
et
des
scolaires
enseignants
dont
travaillent
la
à
mentalité
former
des
respecte
les
changements scciolinguistiques et leur application en salle de classe.
4. Que la création littéraire
soit un domaine où l'aspect
formateur
et informatif articule un contenu et un discours congruents.
5. Que l'Office de la langue française agisse en vue de faire respecter
certaines
règles
grammaticales
innovatrices
qui visent
une
réforme
sérieuse quant à la féminisation de la langue comme phénomène sociollnguistique et instrument d'analyse socioliaguistique.
Rappelons en écho avec Jean-Baptiste Marcellesi que «ce sont les
changements
dans
superstructures
la
base
qui
produisent
les
changements
dans
la
(Caussat, 1977, p. 242) et que «La sociolinguistique
peut donc être caractérisée
comme un développement nécessaire, inévi-
table de la linguistique proprement dite.» (Idem, p. 244).
35.
XII.
ANNOTATIONS
1.
Michel Thibaudeau;
1988, Guide pour l ' é l i m i n a t i o n des s t é r é o t y p e s
d i s c r i m i n a t o i r e s dans l e m a t é r i e l d i d a c t i q u e , m i n i s t è r e de l ' É d u c a t i o n ,
Québec, p . 7.
2.
René L'Écuyer; 1991, «La p r a t i q u e de l ' a n a l y s e de contenu : d é f i n i t i o n ,
é t a p e s , problèmes e t l ' o b j e c t i v a t i o n s t i r é des Actes du c o l l o q u e sur
L'analyse des données q u a l i t a t i v e s , U n i v e r s i t é du Québec à Chicoutimi,
p. 3 1 .
3.
Ibid. p. 66.
4.
Gilbert Delahaye et Marcel M a r l i e r ; 1988, Martine e t l e cadeau d ' a n n i n i v e r s a i r e , Casterman, Belgique, p. 19.
5.
Ginette Anfousse;
Montréal, p . 35.
6.
Ibid. p. 6 3 .
7.
Ibid. p. 82.
8.
Gilles Gauthier;
Montréal, p . 55.
9.
Ibid. p. 49.
1990, Les vacances de R o s a l i e ,
1990, Ma Babouche pour t o u j o u r s ,
10.
Chrystine
Brouillet;
Montréal, p . 16.
11.
Ibid. P-
17.
12.
Ibid. P-
26.
13.
Ibid. P-
24.
14.
Ibid. P- 5 9 .
15.
Ibid. P-
1989, Un jeu dangereux,
La Courte É c h e l l e ,
La Courte É c h e l l e ,
La Courte Échelle,
139-
16.
Pierre Pigeon;
Pigec
p. 41.
17.
Ibid.• P .
18-
18.
Ibid.• P .
33.
1990, L'Ordinateur
égaré, Québec-Amérique, Montréal»
36.
XEL
ANNOTATIONS
19.
Ibid. p. 57.
20.
Ibid. p. 32.
21.
Ibid. 103.
22.
Ibid. p. 45, 64, 78, 104.
23.
Le Petit Robert; 1991, Paris, p. 1903.
24.
Danielle Steel; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, p. 65Traductrice : Florence Matran.
25.
Ibid. p. 104.
26.
Le Petit Robert; 1991, Paris, p. 657.
27.
Ibid.
28.
Danielle Steel; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, p. 86.
Traductrice : Florence Matran.
29.
Ibid. p. 36.
30.
Ibid. p.
116.
31.
Lise Dunnigan; 1976, Analyse des stereotypes masculins et féminins dans
les manuels scolaires au Québec, Conseil du statut de la femme, Québec,
p. 6.
32.
Ibid. p. 37.
33.
Ibid. p. 1.
34.
Ibid. p. 3 .
35.
Ibid. p. 166.
36.
Michel Thibaudeau; 1988, Guide pour l'élimination des stéréotypes d i s c r i minatoires dans le matériel didactique, ministère de
l'Éducation,
Québec, p . 1 (avant-prupos).
37.
Ibid. p. 11.
38.
Ibid. p. 6.
39.
Ibid. p. 5 .
40.
Mario Audet; 1991, Guide pour adultes avertis, ministère de
Québec, p . 1.
.
l'Éducation,
37.
XIII. BIBLIOGRAPHIE
CORPUS A
Livres de lecture au primaire
ANFOUSSE, Ginette;
Montréal, 92 pages.
1990, Les
vacances
de
Rosalie,
La
Courte
Échelle,
BROUILLET, Chrystine; 1989, Du jeu dangereux, La Courte Échelle, Montréal,
132 pages.
DELAHAYE,
Gilbert;
MARLIER,
Marcel;
1988,
d'anniversaire, Casterman, Belgique, 21 pages.
Martine
et
le
cadeau
DELAHAYE, Gilbert; MARLIER, Marcel; 1966, Martine monte à cheval, Casterman,
Belgique, 19 pages.
GAUTHIER, Gilles; 1990, Ma
Montréal, 62 pages.
Babouche
pour
toujours,
La
Courte
GIRARD, Nicole; DANHEUX, Paul; 1986, Paul à la recherche de
Éditeurs Mondia, Laval, 24 pages.
Échelle,
Chabichou,
CORPUS B
Livres de lecture au secondaire
PIGEON, Pierre; 1990, L'Ordinateur égaré, Québec-Amérique, Montréal 171 pages.
STEEL, Danielle; 1989, La Belle Vie, Libre Expression, Montréal, 398 pages.
AUDET, Mario; 1991, Guide pour adultes avertis, ministère de l'Éducation,
Québec, 22 pages.
CORDEAU, Ariane; SËRODE, Anne; 1992, Les métiers d'avenir, vous connaissez?
Université du Québec à Montréal et le Conseil d'intervention pour l'accès
des femmes au travail (CIAFT), 126 pages.
DUNNIGAN, Lise; 1976, Analyse des stéréotypes masculins et féminins dans les
manuels scolaires au Québec, Conseil du statut de la femme, Québec, 188 pages.
THIBAUDEAU, Michel; 1988, Guide pour l'élimination
des
stéréotypes
discriminatoires dans le matériel didactique, ministère de l'Éducation,
Québec, 82 pages.
38,
XIII. BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages de consultation
ANADÔN, Marta; 1989, L'école québécoise : jeux et enjeux de forces sociales
1970-1980,Université Laval, Québec, 283 pages.
ANADÔN, Marta; 1991, «La pratique de l'analyse du discours r définition,
principes, méthodes et mise en forme des données» tiré des Actes du colloque
sur L'analyse des données qualitatives, Université du Québec à Chicoutimi,
p. 53 à 71.
GAUSSAT, Pierre et al,; 1977, La linguistique, Larousse, Paris, 255 pages.
L'ÉCUYER, René; 1991, «La pratique de l'analyse du contenu r définition»
étapes, problèmes et 1'objectivation»
tiré des Actes du colloque sur
L'analyse des données qualitatives, Université du Québec à Chicoutimi, p .
31 à 51.
Ouvrages de f é m i n i s a t i o n
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION
DUMAIS, Hélène; VIOLETTE, Michèle; 1986, Guide de r é d a c t i o n d e t e x t e p o u r
l ' u t i l i s a t i o n des deux g e n r e s , Coordination a l a c o n d i t i o n f é m i n i n e , Québec,
41 pages.
OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE
BIRON, Monique; 1991, Au féminin : guide de féminisation d e s t i t r e s d e
fonction et d e s t e x t e s , D i r e c t i o n des services l i n g u i s t i q u e s , Québec, 34 p a g e s ,
DUPUIS, H e n r i e t t e ; 1986, T i t r e s e t fonctions au féminin : e s s a i
de l ' u s a g e , Québec, 70 pages.
d'orientation
MARDIS, F r a n ç o i s e ; 1994, «La féminisation comme phénomène s o c i o i î n g u i s t i q u e » ,
t i r é des Actes du colloque sur La problématique de l'aménagement l i n g u i s t i q u e
(Enjeux t h é o r i q u e s et p r a t i q u e s ) , Office de l a langue française e t U n i v e r s i t é
du Québec à Chicoutimi, C o l l e c t i o n «Langues et s o c i é t é s » , Tome I , Chicoutimi,
p . 279 à 309.
MARTIN, André; DUPUIS, H e n r i e t t e ; 1985, La féminisation des t i t r e s
l e a d e r s d ' o p i n i o n : une étude e x p l o r a t o i r e , Québec, 107 pages.
et
les
39.
XEV. ANNEXE : TABLEAUX DE FÉMINISATION
MINISTÈRE DE L'EDUCATION
Guide de r é d a c t i o n de t e x t e pour X * u t i l i s a t i o n , des deux g e n r e s ,
Hélène
Dumais ec Michèle V i o l e t t e (1986) , Coordination à l a c o n d i t i o n f é m i n i n e .
OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Au féminin : guide de f é m i n i s a t i o n d e s t i t r e s de f o n c t i o n e t d e s t e x t e s ,
Monique Biron (1991), D i r e c t i o n d e s s e r v i c e s l i n g u i s t i q u e s .
Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de X* usage,
Henriette Dupuis (1986).
La féminisation des t i t r e s et les leaders d'opinion
exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985).
:
une
étude
La féminisation comme phénomène socio linguistique, Françoise Marois
(1994) tiré des Actes du colloque sur La problématique de l'aménagement
linguistique (Enjeux théoriques et pratiques). *
*
Note
: Vous retrouverez regroupés et abrégés différents tableaux de
féminisation que présente la première publication reproduite
a la suite de ce travail de recherche.
La problématique de l'aménagement linguistique
285
UNIVERSAUX DE LANGAGE
1.
Toutes les langues possèdent une double articulation soit en unités
de sens (mots ou morphèmes) et en unités phoniques (voyelles et
consonnes).
2.
Toutes les langues constituent des systèmes dont tes unités se
définissent par rapport à l'ensemble du système organisé par sa
structure.
3.
Toutes les langues comportent de la redondance, de i'ambigu'iié,
des irrégularités.
4.
Toutes les langues ont la possibilité de produire des énoncés en
nombre infini à partir d'un nombre de signes théoriquement fini : loi
de la récursivité.
5.
Toutes les langues ont un caractère évolutif, perpétuel dont l'arrêt
signifie la mort.
6.
Toutes les langues autorisent l'invention, la créativité, les figures de
style, le jeu.
7.
Toutes les langues sont structurées à trois niveaux soit celui du son,
celui de l'agencement grammatical, celui du sens : !a phonétique,
la grammaire et la sémantique.
8.
Le message linguistique est linéaire contrairement au message
musical où l'on peut superposer les notes.
9.
Les unités linguistiques sont discrètes, c'est-à-dire isolables les
unes des autres : ce qui est représenté par le blanc entre les mots
écrits.
10. Les langues sont une création humaine pour communiquer sa
pensée à l'autre.
11. Le langage est commun à toute l'espèce humaine et un besoin
fondamental de l'espèce humaine.
12. Toutes les langues sont également simples et aussi également
complexes.
(Source : YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil,
1981, pages 39 et 40).
La problématique do l'aménagement linguistique
292
Rappelons qu'au début du siècle une féministe éclairée, Hubertîne
Aucleri, écrivait « La féminisation des noms de notre langue importe plus
que !a réforme de l'orthographe ».n
Pour sa part, Maurice Grevisse confirme ie fail que !a féminisation
de Sa langue est avant îoul un blocage psychologique.
D'après Martin et Dupuis, ia féminisation des litres relève avant îou!
de îa socioiinguisîique. On souligne qu'il y a deux plans d'intervention :
l'emploi dans les divers domaines de îa vie sociale eî Ses ressources d e ia
langue elle-même (corpus).
Voici la lisle des vingî titres parmi soixanle-quinze (75) variantes :
Tableau III
une annonceure
une auîeure
une banquière
une chef
une commis
une docîeure
une forgeronne
une gouvemeure
une mairesse
une mannequin
une femme marin une femme mateîoî
une médecin
une poétesse
une policière
une professeure
une sculpteure
une sénatrice
una substitut
une témoin
On remarque une tendance à généraliser ies formes defémïnïsation
en -eure.
En résumé, le groupe-témoin attend que l'Office de la langue
française fournisse non seulement des renseignements sur la féminisation,
mais qu'il intervienne de façon active dans le dossier de la féminisation d e s
titres sans pour autant s'aligner sur l'usage international.
D'autant plus que l'on croit que le Québec devrait jouer un rôle
avant-gardiste quant à la féminisation des titres vis-à-vis de la France et d e s
autres pays francophones.
7. La féminisation des titres et les leaders d'opinion : u n e
étude exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985), Office d e la
langue française. Cet ouvrage présente un corpus raisonné de vingt titres.
Un groupe-témoin composé de vingt et un (215 hommes et trente-cinq (35)
femmes ont répondu à quarante-deux (42) questions.
Ces questions mesuraient objectivement les résultats selon les
quatre caractéristiques suivantes : acceptabilité, connotation, euphonie et
familiarité. Quant aux deux autres caractéristiques soit la grammaticalïté
{conformité aux règles grammaticales) et la caracîérisation (féminisation
plus ou moins marquée), les résultats ont été obtenus par déduction.
L'auteur André Martin nous confie que ce « changement met en
cause les normes sociolinguisîiques relatives à l'emploi du morphème d u
genre ».n
72
MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders
d'opinion : une étude exploratoire, Québec. 1985, p. 7.
La problématique de l'aménagement linguistique
294
9. Guide de rédaction de texte pour i'uiilisation des deux
genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) : Ces auteures ont établi
leur recherche en vuede trouver une façon qui permette aux femmes d'être
nommées et reconnues. D'après elles, le masculin comme générique est
une solution de facilité. Elles encouragent l'emploi de tournures génériques
ou neutres : citoyenneté au lieu de citoyen, direction au lieu de directeur et
le mot personne. Au lieu de la répétition : enseignant et enseignante, utiliser
personne! enseignant et la personne responsable pour éviter le déterminant.
Tableau V
FÉMINISATION DES TITRES
1 - Titres et loncîions
Terminaison en -e
: pluriel
Ex. t e ou la commissaire/les commissaires
-
Terminaison en -1
: criminel/criminelle
de Sa professionnelle et
du professionnel
Terminaison en -al
: caporat/caporale
Terminaison en -ul
: consul/consuls
Conseil est épicène
: ingérsieur-corsseil/ingénieure-conseil
Terminaison en -n
-en, -on/-enne, -onne
patron/patronne
: doyen/doyenne
Autres voyelles
: écrivain/écrivaine
!émoin/1a témoin
médecin/la médecin
Terminaison en -r/re
: écolier/écoliôre
usager/usagère
Terminaison -eur/euse
: chômeur/chômeuse
travailleur/travailleuse
: ingénieur/ingénieurs
professeur/prolesseure
: auleur/autrica
directeur/directrice
utilisateur/utilisatrice
Exception
Terminaison -îeur/trlce
Terminaison en -t ou -d plus e : agent/agenle
enseignant/enseignante
tisserand/lisse rande
Terminaison en -é plus e
: chargé/chargée
diplômé/diplômée
C e groupe de recherche souligne que l'usage des parenthèses, des
traits obliques et des tirets est à supprimer. Cela correspond à mettre les
femmes d e côté comme des éléments accessoires en en cachant ta forme
féminine complète. Le générique (être humain, personne) ainsi que les
collectifs (assemblée, direction) sont un choix lexical pratique qui allège !a
syntaxe.
La problématique de l'aménagement linguistique
295
Tableau Vi
FÉMINISATION DU DISCOURS
1 - Les noms s'écrivent au long avec ou sans article.
Ex. Les éducateurs et les éducaîrices
Ex. Les candidats et candidates
2 - Les pronoms s'écrivent au long
Ex. Ceux et celles
Toutes et tous
Certaines et certains
Chacun et chacune
3 - Les accords grammaticaux se font au masculin piuriel
Ex. Épithèie : administratrices et administrateurs publics
Ex. Attribut
: enseignantes et enseignants en seront les
premiers artisans
Ex. Participe passé pris adjectivement : conseillères et conseillers
pédagogiques, assistés
Ex. infinitif présent de la forme passive : institutrices et instituteurs
peuvent être appelés
4 - Particularités : On place le nom masculin près du mot à accorder
Ex. Premiers hommes et femmes
5 — Utilisation des noms unis par un ou
Ex. L'étudiante ou l'étudiant fon! {conjonction : l'un comme l'autre)
La directrice ou le directeur fera (disjonction : l'un ou l'autre)
6 — Prononciation identique
Ex. Employées - employés : à remplacer par effectifs ou personnel
Intéressées- intéressés : à remplacer par personnes Intéressées
7 — Les mots épiceries : à remplacer par un pluriel
Ex. Le ou la spécialiste/les spécialistes
8 - Les noms composés : éducateur-parrain/éducatrice-marraine,
maître-tailleur/maîtresse-tailleuse
9 — Les peuples : aucune féminisation en contexte historique
Ex. Les Latins
usage contemporain
Ex. Les Québécois et Québécoises
10 — fjloms homophones : même son
Ex. Toutes les Grecques et tous les Grecs
Ex. Les éteclrices et électeurs grecs
11 — Postes et fonctions : utilisation du masculin et du féminin
Ex. L'élève qui se prépare à une fonction de technicien ou de
technicienne.
12 — Employeur/employeuse, fournisseur/fournisseure,
iégislateur/tégïsiatrice
13 - Forme féminine différente : confrère/consœur ou collègue
! 4 — Description des tâches : utilisation de verbes à l'infinitif
La problômalique de ("aménagement linguislique
Tableau VII
1 — Noms terminés par 0
Épicènes : identiques au féminin e! au masculin
Ex. une acrobate, une artiste, une archéologue
contremaître/contremaîtresse
maire/rnairesse
Ex. maître maître/une maître
une minisire, une notaire, une peintre
Ex. poète
2
poète/une poète
- Noms terminés par I
Formes régulières : ajout d'un e au féminin
professionnel/professionnelle
générai/générale
Cas spéciaux
: conseil comme épicène
Ex. une conseil juridique
une économiste-conseil
consul/une consule
3
- Noms terminés par n
Formes régulières : ajoui d'un e au féminin
patron/patronne
gardien/gardienne
Cas spéciaux
: écrivain/écrivaine
sacrisîain/sacristine
une mannequin, une marin, une médecin
4
— Noms terminés par r
Par er/ère, ière
: berger/bergère ouvrier/ouvrière
Par eur/euse
: pour les métiers manuels plus généralement
Ex. chanteuse, danseuse
Ex. une auteure, une ingénieure, une professeure, une réviseurs
Surtout pour les professions de type intellectuel.
Cas spéciaux
: une gouvemeure, une ingénieure,
une professeure
Teur, iteur, aieux : noms dont on ne peut îirer de participes présents
Formes régulières
Ex. actrice, traductrice, amatrice, factrice, oratrice, rectrice, sénatrica
Cas spéciaux
5
: une auîeure
une docteure (femme médecin
ou femme diplômée)
une scuîpteure
— Noms terminés par ! ou d
Formes régulières : ajout d'un a au féminin
candidat/candidate
soWat/soldate
(aucun exemple n'est fourni pour tes noms en d)
Cas spéciaux
: maieiot/une matelol
camelo!/une cameiot
substituf/une substitut
6 — Autres finales
Paré
Ex. associée, déléguée, chargée de, députée, jurée
Chef
Ex.
: f change en v de î'e féminin
veuf/veuve, serf/serv
chef/une chef
Commis
: commis/une commis
297
l a problématique de l'aménagement linguistique
301
Tableau X
Règles de féminisation retenues :
1.
L'ajout du-e au masculin.
Ex. Adjointe,apprentie, attachée, experte, seconde, technicienne.
2.
La finale er d"un mot alterne avec ère.
Ex. Consei!Ier/ère; ouvrier/ère
3.
La finale eur d'un mot alterne avec euse s'il a un participe présent.
Ex. Travaillant, l'alternance travailleur/euse est possible.
4.
La finale eur d'un mot alterne avec rice s'il n'a pas de p. présent.
Ex. Anirnaîer est inexistant. On a donc animateur/trice.
D'après cette étude, il y a deux catégories de noms :
simples : commis, directeur
- composés : commis de bureau, directeur d'école
On parie de perturbations sémantiques telles que maîlre/maîtresse alors que Marina Yaguelîo parle de dissymétrie sémantique.
-
Figés : qui sont non dérivés l'un de l'autre
frère/sœur, homme/femme
-
Transfuges : translation à partir d'adjectifs
responsable, stagiaire, spécialiste
Une étude qui vise à la construction de dictionnaires électroniques du français.
14. Au féminin : guide de féminisation des tilres de
fonction et des textes, Monique Biron (1991) : Un condensé d u
document Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage
et l'inventaire des procédés d'écriture qui puissent répondre aux exigences de la communication moderne.
La féminisation linguistique est un défi d'écriture, mais ce guide
est un outil qui vise à harmoniser-la féminisation des textes.
302
La problématique de l'aménagement linguistique
Le travail de Sou! rédacteur de touie rédactrice élan! en toul premier
lieu de «• traduire à sa manière toute la richesse de ia réalisé ».2'
Tableau Xi
FÉMINISATION DES TITRES
1. Terminés en a : les êpicènes (mots identiques au féminin et au masculin)
appartiennent à cette catégorie. Féminin marqué par las mots qui
accompagnent le nom.
Ex. une dentiste, une pilote, l'architecte principale, mairessa,
contremaîtresse
Maître comme épicène
Maîtresse : certaines expressions
une maître en sciences infirmières
une maîtresse de poste
la ministre, une peintre
2. Terminés par I : l'ajout d'un e et le doublement du i dans certains cas.
Ex. une caporale, une industrielle, une console
Conseil comme épicène
une conseil en gestion
une économiste-conseil
3. Terminés par n : rajout d'un e et le doublement du n dans certains cas.
Ex. artisane, écrivains, chirurgienne, forgeronne
Marin et médecin comme épicènes
une marin, une médecin
4 . Terminés par r
Suffixes er, ier : modèle de bergère et ouvrière
Ex. banquiers, greffière, charpentière
Suffixe eur : formation régulière en euse
Ex. chauffeuse, chroniqueuse, chercheuse
La péjoration attachée à cette formation favorise ia finale en eure pour les
professions de type intellectuel.
Ex. professeure, gouverneure, ingénieurs
"
B IRON, Monique. Au féminin : guida de féminisation des litres de fonction et
des textes. Office de ia langue française. Direction des services linguistiques,
Québec, 1991, p. 25.
La problématique de l'aménagement linguistique
303
Suffixe teur : îeuse (chanteuse) ou îrica (acîrica}
Si l'on peu! former un participe présent, finale en ton sa. Sinon, le féminin
est en îrlca.
Ex. arpenteur—arpentant—arpenteuse
orateur
oratrica
5. Terminés par t ou d : l'ajout d'un 0
Ex. candidate, tisserande
magistrate, soldate
coopérante, consultante
Matelot, camelot et substitut comme épicènes
Ex. une matelot, une camelot, une substitut
6. Autres finales
Finale é : l'ajout d'un a
Ex. associée, déléguée, députée. Jurée
Finale î ; Ex. bref/brève
Chef comme épicène : Ex. une chef, la chef
Finale is : Ex. marquise, promise
Commis comme épicène : Ex. une commis, la commis
FEMINISATION DES TEXTES
La seconde partie du guide est consacrée à certaines techniques de féminisation des textes selon deux principes de base : la ciarté
du message et la cohérence de l'écriture.
Dans un deuxième temps, l'Office encourage l'écriture des
formes des deux genres en toutes lettres ainsi que l'emploi des génériques et des tournures neutres.
Les parenthèses, trails obliques, tirets, virgules eu tout autre
signe graphique sont à éviter puisque ce sont des formes tronquées
contraires à i'usage grammatical et qui dérangent la lisibilité :
Voici quelques procédés stylistiques :
304
La problématique de l'aménagement linguistique
Tableau XII
i . La suppression de l'article et de l'adjectif
On peut omettre de répéter l'article et l'adjectif quand les personnes
appartiennent au même groupe.
Ex. De nombreux traducteurs e! de nombreuses traductrices...
ou De nombreux traducteurs ei traductrices sont initiés...
2. Utilisation do l'ellipse
On peut supprimer un mot ou un groupa de mois
Ex. On der.iande un agent de recherche ou une agents de recherche.
ou On demande un agent ou une agente de recherche.
Exception : Le deuxième élément d'un nom composé ne peu! être o m i s .
Ex. On demande un avocat-conseil ou une avocate-conseil,
et non On demande un avocat ou une avocale-conseil.
Même particularité pour un tiire formé d'un nom e! d'un adjectif
Ex. Une directrice générale ou un directeur général
et non Une directrice ou un directeur général
3. Coordination sans répétition
Titre épicène (double genre) : te second titre peut être omis.
Ex. ... présidée par la juge ou ie juge...
ou ... présidée par la ou ie juge...
4. Reprise par les pronoms
Le masculin pluriel
Le nom collectif
Pronoms des deux genres
ils doivent
ie personnel doit
ils et elles doivent
5. Accords grammaticaux : masculin pluriel ou masculin singulier
(si cela n'entraîne pas d'ambiguïté pour le second)
Place du féminin
: raccord se faisant au masculin, placer le nom
masculin près du mot à accorder.
6. Termes génériques : nom masculin ou féminin qui désigne hommes
et femmes.
Ex. une personne, gens, direction.
Collectifs
: nom qui désigne un ensemble d'individus
Ex. le public, la clientèle, ie corps professoral,
la foule
7. Hommes d'aftaires/de loi/de lettres/de sciences est à remplacer par :
Gens d'affaires, gens de loi ou juristes, gens de lettres, scientifiques
Droits de fhomme : droits de ia personne
8. Tournures neutres : phrases infinitives ou nominales
Ex. Effectuer des recherches...; planifier...;
Ex. Planification, coordination et surveillance du cheminement..
CONCLUSION
Après une analyse de l'aspect sexiste et de l'aspect féminisant que
comporte la langue française, objet de îa présente recherche, n'est-ïî pas
surprenant de découvrir toutes les richesses lexicales el syntaxiques j u s q u e
îà inexploitées?
La problémalique de ramènagemeni linguistique
307
ANNEXE
Tableau Xii
PRINCIPES DE FÉMINISATION
1.
L'usage précède la règle
-
La langue
: prisme socioculturel
miroir sociolinguistique
2.
l a Jôminin d'inclusion
-
3.
Éiymologiquemenî né du masculin
Latoide la proximité
-
Accord par euphonie
Accord avec îa substantif la plus près
ANCIEN PARADIGME
1. Le masculin sur le féminin.
Ex Un h et cent f blancs.
Ex Cent f et un h blancs.
2.
La masculin sur le féminin.
Ex Cet h et cette < sont
mariés. Ils...
3.
Le masculin générique dit
« neutre »
Ex. L'homme est un mammifère
bipède et vertébré.
4.
Le masculin (d'exclusion)
Ex. Elle est académicien.
NOUVEAU PARADIGME
1 . La nombre sur la genre.
Ex. Un h aï cant f blanches.
Ex. Une f et cent h blancs.
2. Le collectif mixte « illes »
Ex. Carte f et cet h sont
mariés. Illes...
3. Le générique
Ex. L'espèce humaine est
mammifère, bipède et
vsrtébrée.
4. La émînin d'Inclusion
Ex. Eile est académicienne.
Document t i r é de la conférence présentée lors du colloque
sur La problématique de l'aménagement linguistique en mai
1993 à l'Université du Québec à Chicoutimi.
LA FÉMINISATION COMME
PHÉNOMÈNE
SOCIOLINGUISTIQUE
Françoise Marois
Article
tiré des Actes du colloque
sur la
problématique de l'aménagement linguistique (enjeux
théoriques et pratiques), Office de la langue
française et Université du Québec à Chicoutimi,
Collection
«Langues
et
sociétés»,
Tome
I,
Chicoutimi, 1994, p. 279 â 309.
LA FÉMINISATION COMME
PHÉNOMÈNE SOCIOLINGUISTIQUE
Françoise Marois
Université du Québec à Chicoutimi
Comme tous les domaines de recherche contemporaine, la féminisation en est un de prime importance à cause de son caractère évolutif lié
à l'éclatement des stéréotypes sexuels dont la langue se fait l'émettrice.
Comme l'exprime si bien Marina Yaguello (197-3). la <! langue est un
système symbolique engagé dans des rapports sociaux. »1
Pour cette raison, toutes les langues articulent d'une façon ou d'une
autre ce genre tantôt féminin tantôt masculin.
Il est aussi important de souligner l'apport du contexte historique au
sein duquel se développe tout système linguistique invariablement dépendant des personnes qui l'utilisent.
Rappelons aussi le fait que la langue représente l'instrument de
communication par excellence dans toutes les disciplines que cette information soit écrite ou parlée.
Yaguello constate que c'est sur le plan lexical que « les différences
sont les plus évidentes puisque les sexes ont à communiquer entre eux. »2
C'est d'ailleurs par là que des changements féminisants ont commencé à s'opérer face à ce sexisme linguistique que la féminisation des
titres et du discours vient corriger. Je mentionnerai ici l'ouvraged'Henriette
Dupuis ( 1986), Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage.
(OLF)
Plusieurs grandes auteures dont quelques grammairiens Jean-
Marie Laurence3 (1966) et Maurice Grévisse4 (1980), se sont intéressées à
1
2
3
YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payât,1978, p. 7.
Ibid. p. 29
LAURENCE, Jean-Marie. L'éternel féminin, C'est-à-dire, vol. 3, no 11, 1966,
p. 1-5.
4
GRÉVISSE, Maurice. Le féminin des noms, Le bon usage, 11" édition, Paris,
Duculot, 1980, p. 227-249, paragraphes 397-436..
280
La problématique de l'aménagement linguistique
La problématique de l'aménagement linguistique
la féminisation de la langue et je citerai : Benoîte Groult (1975), Marina
Yaguello ( 1978,1981.) et Luce Irigaray (1990). Au Québec, quelques-unes
de nos pionnières dont Henriette Dupuis (1985), Hélène Dumais et Michèle
Violette (1988), Aline Gagnon (1990), Monique Biron et Gisèle Delage
(1991). Deux pionniers : André Martin (1985) et André Dugas (1990).
Suivra la problématique de désexisation qui nous amènera à mieux
comprendre la nécessité de féminiser les titres de fonction et le discours.
Puis, je présenterai les divers ouvrages qui offrent des solutions
féminisantes en en faisant une synthèse.
Est-il vraiment possible de faire abstraction du contexte culturel et
d'ignorer des faits sociaux tels que le féminisme? Si la féminisation est un
En annexe, vous trouverez quelques principes de féminisation ainsi
que la proposition d'un nouveau paradigme « Le nombre sur le genre » qui
remplacerait l'ancien soit « le masculin l'emporte sur le féminin ».
phénomène sociolinguistique, nous ne pouvons qu'admette la relation
société/langue.
Je n'ai nullement l'intention d'occulter ici mon appartenance à cette
idéologie puisque c'est justement, elle, qui motive la présente recherche.
ASPECT SEXISTE
1. Ainsi soit-eile, Benoîte Groult (1975) : Elle est l'une des premières de nos contemporaines exception de Simone de Beauvoir, à dénoncer que « Comme tous ceux que la servitude a dégradés, les femmes ont
fini par se croire faites pour leurs chaînes et sont devenue? sntiféministes. »7
Elle n'hésite pas à rappeler que le « sexisme est plus profond et plus
endémique encore que le racisme. »8 Le mari de Flora Tristan, l'inventrice
des Maisons de la culture, fut assassinée par ce dernier qui ne supportait
pas qu'elle ait repris sa liberté pour la consacrer aux personnes opprimées.
QUELQUES DÉFINITIONS
Afin de retenir votre attention et de mieux cerner le sujet qui nous
occupe, je présenterai certaines définitions tirées du dictionnaire Le Petit
Robert (1991 ). J'ai fait ce choix parce qu'après avoir fait l'étude comparative
d'autres ouvrages, celui-ci s'est avéré le moins conservateur.
Quatre mots-clés me viennent à l'esprit :
-
Sexisme (1965) : Attitude de discrimination à l'égard du sexe
féminin.5
-
Féminisme (1837) : Doctrine qui préconise l'extension des
droits, du rôle de la femme dans la société.6
-
Féminisant (xx8; de féminiser) : Biol. Qui féminise.
-
Féminisation (1845) : Action de féminiser; son résultat.
Tout d'abord, pour mieux illustrer les différents documents consultés, je les présenterai un à un par ordre chronologique afin de mieux en
suivre la critique face au langage sexiste.
5
6
2. Les mots et les femmes, Marina Yaguello (1978) : Un essai qui
fait l'analyse de la condition féminine à partird'une approche sociolinguistique.
Fait intéressant : la place de la femme dans la langue est aussi la place
qu'elle occupe socialement : dissymétrie grammaticale, dissymétrie de
statut social; dissymétrie sémantique, dissymétrie d'identité sociale; dissymétrie lexicale, dissymétrie économique; dissymétrie sociolinguistique,
dissymétrie socio-économique.
Les langues indo-européennes sont des langues à genre dont le
rapport entre genre et sexe se manifeste par des phénomènes d'accord. En
général, on considère que le masculin est non marqué et que le féminin
dérivé est marqué.
D'après elle, la langue des hommes (code masculin) est le langage
d'un savoir, ce qui « fait perdre aux femmes quelque chose d'universel soit
le langage de la vie (code féminin). »9
7
ROBERT, Paul. Le Petit Robert, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1991, p. 1809.
Ibid. p. 49.
8
9
GROULT, Benoîte. Ainsi soit-elle, Paris, Grasset, 1975, p. 38.
Ibid. p. 49.
YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 66.
La problématique de l'aménagement linguistique
La problématique de l'aménagement linguistique
Puisque les femmes ont de plus en plus accès aux professions jadis
réservées aux hommes et à la même éducation, il se produirait un nivellement linguistique. Pourtant, les femmes sont souvent « ayant intériorisé
la hiérarchie sociale »10 les premières à s'opposer à la féminisation des titres
de leur fonction par peur du ridicule, convaincues que le masculin l'emporte
sur le féminin.
6)
-ant/ante, -ent/ente : étudiant/étudiante, patient/patiente
7)
-f/ve
: serf/serve. Finale pour les adjectifs
surtout.
8)
-re/resse
: maître/maîtresse de maison. Maître était
épicène en ancien français.
Peintre/peintrice/peintresse.
Peintresse : ayant une valeur péjorative.
9)
-et/ète, at/ate,
-d/de, ot/ote
: gourmet/gourmète, avocat/avocate
: clochard/clocharde, manchot/manchote
Yaguello affirme que la langue du mépris contre la femme est une
création purement masculine. C'est par le domaine lexical que s'exprime ce
sexisme.
L'auteure opte pour l'action volontariste en ce qui concerne la féminisation des titres parce que cette action attaque un mal dont les causes
sont psycho-sociales.
10) -eur/euse/resse
: acheteur/acheteuse,
professeur/professoresse
-teur/trice ou -teuse : aviateur/aviatrice, enquêteur/enquêtrice
La finale -trice étant réservée à la formation savante.
Compositeur/compositrice sauf pour désigner l'ouvrière qui assemble ies caractères d'imprimerie.
D'après elle, l'école et le personnel enseignant sont « le lieu et les
agents privilégiés de l'application de la législation linguistique; les manuels
et dictionnaires approuvés par le ministère en sont les outils. »"
Voici un résumé quant à la formation des noms d'agent que Marina
Yaguello présente dans son volume (p. 126 à 132) :
11) Noms épicènes
-iste, -logue, -ique : une journaliste, une psychologue, une
critique
un élève/une élève
Tableau 1
1)
2)
3)
-er/ère
-ien/ienne
-in/ine, ain/aine et
-ain/ine
4) -an/ane
5)
f0
"
-ouin/ouine
: boulanger/boulangère : femme du boulanger
couturier/couturière : l'équivalent de
la seconde en statut social étant
tailleur/tailleuse
Elle en fait la synthèse en distinguant trois cas :
1 ) Le modèle d'alternance soit -eur/eure, -teur/trice, -ier/ière
: chirurgien/chirurgienne,
historien/historienne
2) Les épicènes absolus auxquels on ajoute souvent le mot femme.
: lapin/lapine, copain/copine,
écrivain/écrivine
: courtisan/courtisane avec dissymétrie
sémantique
: série très limitée en français.
Ex. : témoin, pingouin/pingouine
YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 136.
Ibid. p. 183.
283
3) Les finales en -e muet qui se répartissent selon la-division des
rôles sociaux.
^~~^
« La langue pré-classique, pré-académique avait toutes les audaces et formait tous les féminins dont elle avait besoin ».12
À noter que plusieurs féminins ont disparu : jugesse, vainqueresse,
bourelle (pour bourreau), charlatane, tyranne, autrice, succesrice...
12
YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot, 1978, p. 131.
La problématique de l'aménagement linguistique
3. Alice au pays du langage, Marina Yaguello (1981) : Ce volume a ceci de particulier qu'il nous aide à mieux comprendre l'objet de la
finguistique. Elle nous en présente une définition : « La linguistique a donc
pour objet l'exploration des mécanismes du langage à travers les différentes
langues parlées. »13 Quant à l'activité métalinguistique, elle se pratique par
le jeu : jeu de mots, sur les mots, avec les mots. C'est donc que les langues
naturelles autorisent la créativité.
La problématique de l'aménagement linguistique
UNIVERSAUX DE LANGAGE
1.
Toutes les langues possèdent une double articulation soit en unités
de sens (mots ou morphèmes) et en unités phoniques (voyelles et
consonnes).
2.
Toutes les langues constituent des systèmes dont les unités se
définissent par rapport à l'ensemble du système organisé par sa
structure.
3.
Toutes les langues comportent de la redondance, de l'ambiguïté,
des irrégularités.
4.
Toutes les langues ont la possibilité de produire des énoncés en
nombre infini à partir d'un nombre de signes théoriquement fini : loi
de la récursivité.
5.
Toutes les langues ont un caractère évolutif, perpétuel dont l'arrêt
signifie la mort.
La poésie, les calembours, les charades, les comptines enfantines,
les devinettes, le lipogramme, le palindrome sont toutes des formes
ludiques du langage parlé ou écrit.
Quelle est cette règle qui permet d'emboîter les propositions à
l'infini ; l'auteure nous parle de la récursivité dont Chomsky fut le premier
à en avoir tiré toutes les conséquences théoriques. Cette règle est un autre
aspect de la créativité par le langage.
D'après elle, la création lexicale est elle aussi une autre forme de
créativité. Elle prend la forme de néologismes qui permettent à toute langue
de rester vivante.
Elle nous entretient des différentes fonctions du langage : expressive, incitative et phatiquequi ne sont pas propres au langage et s'expriment
soit par le comportement, la mimique et le geste. Quant à la fonction
référentielle, elle utilise les codes graphiques et idéographiques. Elle ajoute
que « seule la fonction métalinguistique est inséparable du langage puisque
centrée sur le code et son fonctionnement ».14
Qu'est-ce que la redondance? Selon un principe de la théorie de
l'information, plus le degré de prédictabilité d'une unité est élevée, moins
elle est informative, plus elle est redondante.
Pourtant, la redondance est un élément essentiel à toutes les
langues : combinaison de lettres pour la formation de syllabes, combinaison
de syllabes pour former des mots qui forment des phrases qui forment un
285
6. Toutes les langues autorisent l'invention, la créativité, les figures de
style, le jeu.
7.
Toutes les langues sont structurées à trois niveaux soit celui du son,
celui de l'agencement grammatical, celui du sens : la phonétique,
la grammaire et la sémantique.
8.
Le message linguistique est linéaire contrairement au message
musical où l'on peut superposer les notes.
9.
Les unités linguistiques sont discrètes, c'est-à-dire isolables les
unes des autres : ce qui est représenté par le blanc entre les mots
écrits.
texte.
10. Les langues sont une création humaine pour communiquer sa
pensée à l'autre.
Dans le cadre de ma recherche, je crois opportun et nécessaire de
vous exposer les douze (12) universaux de langage développés par
11. Le langage est commun à toute i'espèce humaine et un besoin
fondamental de l'espèce humaine.
Yaguello. D'autant plus qu'ils assurent à toute langue son essence dynamique.
13
14
YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, p. 12.
Ibid. p. 29.
12. Toutes les langues sont également simples et aussi également
complexes.
(Source : YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil,
1981, pages 39 et 40).
286
La problématique de l'aménagement linguistique
Elle nous rappelle que les néologismes sont le propre de la langue
populaire qui fait fi de la grammaire officielle ainsi que le propre de la langue
scientifique et technique dont la terminologie est créée de toutes pièces.
« Les néologismes obéissent toujours à une motivation. »15
Sur l'importance des déterminants, ils servent à distinguer certains
homonymes (même graphie : un voile/une voile) ou homophones (même
son : une mère/un maire).
Tout compte fait, son analyse du langage nous invite à constater
que la langue et la parole sont des actes de création.
Fait de société, la langue accuse de nombreuses dissymétries qui
sont la preuve d'une constante évolution et de son dynamisme créateur.
Pour ne citer que les noms d'agent féminins sans masculin (cantatrice,
madone) et les noms d'agent masculins sans forme féminine (patriarche,
médecin). La langue est un outil universel bien imparfait dont se sert une
communauté pour communiquer. « La réalité n'a d'existence que pour autant qu'elle est nommée ».16
4. Sexes et parentés, Luce Irigaray (1987) : Un livre qui nous parle
de croissance humaine où l'auteure fait appel à notre essence sexuée,
femme et homme, à notre genre respectif.
--lHg.b,lémat|que
de
l'aménagement linguistique
287
5. Je, tu, nous : pour une culture de la différence, Luce Irigaray
(1990) : Une auteure qui ne parle pas un langage métaphorique et qui ne
s'embarrasse pas d'euphémismes complaisants.
Dès les premières pages, elle plonge dans le vif du sujet : « L'égalité
des hommes et femmes ne peut se réaliser sans une pensée du genre
comme sexué ».18
Elle dénonce que te genre grammatical n'est pas arbitraire et qu'il
y a une base sémantique, car au lieu de rester un genre différent, le féminin
est devenu le non-masculin.
Elle affirme avec force que le changement des lois grammaticales
ne peut se faire sans une mutation culturelle et linguistique relatives aux
genres. Combien il est difficile, reprend-elle, pour les femmes, d'être citées
en bas de pages d'un volume malgré la contribution indéniable des femmes
aux progrès de la civilisation et à l'Histoire.
Pour elle, l'utilisation du masculin pluriel en parlant de Monsieur le
Président et de Madame la Reine qui dit « Ils se sont rencontrés » frise l'anomalie grammaticale : « Un travail patient sur le genre des mots révèle presque toujours leur sexe caché ».19
Elle déplore le pluriel des genres toujours masculin. Que peut bien
cacher le soi-disant neutre, se demande-t-elle.
Son discours plein de vérité est cru : « Les femmes entretiennent
le discours de leur aliénation (...) elles enseignent, par exemple, que l'universel est masculin, que le genre masculin a plus de valeur x.20
Elle déclare que les formes du discours sont modifiables. Même s'il
y a une différence sexuelle, il n'existe pas encore une sexualité du discours.
C'est justement de cette différence sexuelle dont nous avons besoin pour
nous régénérer.17
Elle se demande jusqu'à quel point ne sommes-nous pas en train
de perdre le langage comme moyen de communication à vouloir l'économiser. D'abord, en le privant de toute sa dimension féminine, langage des
relations entre les personnes.
L'économie linguistique du fait que l'on utilise le masculin, résulte
en un nombre incalculable de problèmes quant à la formation des noms
féminins de professions et les solutions proposées ne font que faire ressortir
N'est-il pas vrai que dans notre culture linguistique les êtres vivants,
animés et humains sont du genre masculin? Et que les êtres privés de vie,
inanimés et non humains sont du genre féminin?
l'ampleur des conflits sociaux ainsi révélés.
18
15
16
17
IRIGARAY, Luce. Je, tu, nous : pour une culture de la différence, Paris,
YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981, p. 103.
Ibid. p. 91.
Grasset, 1990, p. 14.
IRIGARAY, Luce. Sexes et parentés, Paris, Éditions de Minuit, 1987, p. 121.
20
19
Ibid. p. 85.
Ibid. p. 148.
288
La problématique de l'aménagement linguistique
La problématique de l'aménagement linguistique
289
Elle termine en soulignant que non seulement après avoir accédé
à un statut professionnel et mérité le titre professionnel, les femmes voient
leur désignation propre exclue des codes linguistiques en place.
Ma mère utilise un fouet » : instrument de torture ou ustensile de
cuisine?
PROBLÉMATIQUE DE DÉSEXISATION
Dans le premier cas, s'il est utilisé par mon père, on pourra dire de
lui qu'il est trop sévère ou de ma mère qu'elle réussira son omelette.
Ou encore de ma mère qu'elle est sadique ou de mon père qu'il est
en chômage puisque c'est lui qui fait la cuisine. Ou encore...
Pourquoi, vous direz-vous, est-il si important de « désexiser » la
langue du discours?
La deuxième raison m'apparaît elle aussi très évidente : l'utilisation
abusive du générique qui diminue les emplois féminins possibles.
Je vous en présenterai ici trois raisons majeures : abolir la péjoration
connotative, modérer l'emploi abusif du générique et remplacer la réalité
fictive du masculin comme neutre.
1.
Par exemple, si je m'adresse à un public hétérogène (féminin et
masculin), les mots génériques au même titre que le masculin qui
l'emporte sur le féminin, répugnent à la répétition que certaines
personnes qualifient de redondance. En un mot, si nous avons le
choix entre la répétition du mot féminin qui accompagne le mot
masculin et le générique, la majorité des gens choisiront ce dernier.
La première est celle qui me semble la plus évidente : la péjoration.
Tout cet arsenal d'injures, de connotations sexistes, de blagues à
double sens que notre société encourage pour dénigrer la femme.
Toutes y passent : la belle-mère, la fille de joie, la célibataire et
combien d'autres.
C'est ainsi que l'usage favorise les génériques au lieu d'encourager
l'emploi du féminin : public au lieu d'auditeurs et auditrices, assemblée au lieu d'électrices et d'électeurs, par exemple.
Le plus frappant, c'est que le sexisme attaque toujours sur le même
front : le sexe féminin.
Le plus inquiétant : cette péjoration a contaminé le sens de la plupart
des mots féminins existants. De là, la difficulté à imposer le respect
quand on ose féminiser une fonction traditionnellement réservée
masculine. Mais la majorité des métiers et professions masculines
était chasse gardée.
Pourtant, les métiers et professions féminines dont l'enseignement,
n'ont jamais été interdites à quiconque. À preuve, les noms d'agent
infirmier, enseignant et coiffeur n'ont jamais fait l'objet d'une
polémique linguistique telle que celle que nous connaissons
présentement quant à la féminisation des titres et fonctions.
Ces écarts linguistiques sont regroupés sous le terme dissymétrie
Si une invitation indique : les délégués et leur conjoint sont invités.
Pour ma part, cette formulation est créatrice d'ambiguïté. Elle
mérite plus de précision, car elle oublie les déléguées et les conjointes du même coup et nous égare sur l'orientation sexuelle.
3.
Troisième raison évidente au même titre que les deux autres : la
désexisation du discours et de la langue amène plus de clarté, une
représentation juste et égalitaire des personnes.
Un texte écrit au masculin qui se prétend neutre, restera toujours
une écriture fictive puisque placée en dehors de la réalité qui
l'inspire. Une écriture féminisée (désexisée) permet une plus
grande objectivité quant à la réforme d'un sexisme reconnu.
par Marina Yaguello. Entre autres, toutes ces dissymétr&Jsémantiques où la correspondance n'est pas équivalente en sens :
exemple, entraîneur/entraîneuse, couturière/couturier, matrone/
patron...
féminin est incontestablement de rigueur. Quand c'est d'un groupe
masculin homogène dont il s'agit, le code est masculin.
Les deux phrases qui suivent permettront d'illustrer à quel point
nous sommes des personnes sexuées : « Mon père utilise un fouet/
par un terme plus actuel, plus près de notre vision sociolinguistique : la féminisation.
Quand je m'adresse à un groupe féminin homogène, le code
Remplaçons le mot « désexisation » qui me semble vieillot et désuet
La problématique de l'aménagement linguistique
La problématique de l'aménagement linguistique
N'est-il pas ridicule de lire que « les traducteurs étaient en grève
pour congé de maternité? »
Pour ces raisons, la féminisation est non seulement une nécessité,
mais une urgence.
6. Vers un langage non sexiste, Conseil consultatif canadien de
la situation de la femme (1984) : Petit volume qui présente des solutions et
des règles permettant de produire des textes non sexistes en français et en
anglais. « On pourrait presque croire que l'apparition des femmes dans
notre société n'est qu'un phénomène tout récent ».21
Les auteures indiquent clairement que « le masculin l'emporte sur
le féminin » efface la présence des femmes. On suggère que les titres soient
utilisés quel que soit le sexe de la personne qui le porte. Aussi, la désignation
hommes, femmes doit se faire en parallèle : les maris et les épouses et non
« les hommes et les épouses ».
Tableau II
1 - Formes féminines consacrées à utiliser.
Ex. Directrice, présidente, avocate.
2 - Formes discriminatoires à éviter,
Ex. Femme-médecin, femme-artiste.
3 - Mots homonymes à utiliser.
Ex. Ingénieur; ingénieurs.
Jt
Conseil consultatif canadien de la situation de la femme, fers un langage non
sexiste, 1984, p. 1.
5 - Terminaison en -ien
: omnipraticienne
7 - Terminaison en -tre
contremaîtresse
8 - Terminaison en -t/et
substitute/cadette
Sauf préfète/sous-préfète
9 - Terminaison en -teur
sans participe présent
Autrice ou auteure (forme plus
répandue)
10 - Terminaison en-eur
ajusteuse (dérivé d'un verbe)
Sauf exécutrice/inspectrice/
professeure
11 - Terminaison en -é
députée
Sauf abbé/abbesse
12 - Mots épicènes (des deux genres) à utiliser
Ex. La ministre/une fonctionnaire
Quan4un mot désigne hommes et femmes, l'emploi du pluriel est
conseillé : les téléphonistes au lieu de « le ou la téléphoniste ».
Voici les principes de base pour la féminisation des titres et
fonctions :
: pionnière
6 - Terminaison en -ant/ent : représentante/agente
ASPECT FÉMINISANT
Certains mots sont asexués : personne, main-d'œuvre.
4 - Terminaison en -1er
291
7. La féminisation des titres et les leaders d'opinion : une
étude exploratoire, André Martin et Henriette Dupuis (1985), Office de la
langue française. Cet ouvrage présente un corpus raisonné de vingt titres.
Un groupe-témoin composé de vingt et un (21 ) hommes et trente-cinq (35)
femmes ont répondu à quarante-deux (42) questions.
Ces questions mesuraient objectivement tes résultats selon les
quatre caractéristiques suivantes : acceptabilité, connotation, euphonie et
familiarité. Quant aux deux autres caractéristiques soit la grammaticalité
(conformité aux règles grammaticales) et la caractérisation (féminisation
plus ou moins marquée), les résultats ont été obtenus par déduction.
L'auteur André Martin nous confie que ce « changement met en
cause les normes sociolinguistiques relatives à l'emploi du morphème du
genre ». a
82
MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders
d'opinion : une étude exploratoire, Québec, 1985, p. 7.
La problématique de l'aménagement linguistique
292
Rappelons qu'au début du siècle une féministe éclairée, Hubertine
Auclert, écrivait « La féminisation des noms de notre langue importe plus
que la réforme de l'orthographe ».M
Pour sa part, Maurice Grévisse confirme le fait que la féminisation
de la langue est avant tout un blocage psychologique.
D'après Martin et Dupuis, la féminisation des titres relève avant tout
de la sociolinguisîique. On souligne qu'il y a deux plans d'intervention :
l'emploi dans les divers domaines de la vie sociale et les ressources de la
langue elle-même (corpus).
Voici la liste des vingt titres parmi soixante-quinze (75) variantes :
La problématique de l'aménagement linguistique
293
Un code syntaxique permettait la rédaction de documents féminisés
en usage à l'Université, la féminisation de la convention collective ainsi que
la désignation féminisée des titres et fonctions.
Voici les principes généraux de féminisation :
Tableau IV
1 - Féminisation du nom : étudiant-e, professeur-e, directeur-trice
Trait d'union plus marque du féminin.
2 - Cas particuliers
: un-e titulaire
un-e médecin
L'article indique le féminin.
Tableau III
3 - Noms différents
une chef
une gouverneure
une annonceure
une commis
une auteure
une docteurs
une banquière
une forgeronne
une mairesse
une mannequin
une femme marin une femme matelot
une médecin
une sculpteure
une poétesse
une sénatrice
une policière
une substitut
une ptofesseure
une témoin
On remarque une tendance à généraliser les formes de féminisation
en -eure.
En résumé, le groupe-témoin attend que l'Office de la langue
française fournisse non seulement des renseignements sur la féminisation,
mais qu'il intervienne de façon active dans le dossier de la féminisation des
titres sans pour autant s'aligner sur l'usage international.
D'autant plus que l'on croit que le Québec devrait jouer un rôle
avant-gardiste quant à la féminisation des titres vis-à-vis de la France et des
autres pays francophones.
8. La féminisation à l'UQAM, Comité de féminisation (1985) : La
même année où fut publié l'ouvrage précédent, l'Université du Québec à
Montréal présentait à son tour un modeste ouvrage sur la féminisation.
n
MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et des leaders
d'opinion : une étude exploratoire, Québec, 1985, p. 9.
: homme, femme
Les écrire au complet séparés sans espace après la virgule.
4 - Expressions : un-e professeur-e régulier-ère
Féminiser tout ce qui se rapporte au nom avec trait d'union
pour indiquer le féminin après le masculin.
5 - Cas sans -e
: le, la secrétaire tous, toutes mon, ma
celui-ci, celle-ci ce, cette
il, elle
Mot masculin et mot féminin au complet séparés sans espace
après la virgule.
6 - Féminisation plurielle : les étudiants-es
certains-es administrateurs-trices
Marque du pluriel -s jointe au mot masculin par la marque
du féminin.
7 - Le masculin n'englobe plus le féminin.
8 - La marque du féminin utilisée chaque fois qu'il s'agit d'une femme.
Signes retenus
À proscrire
: trait d'union et virgules
: parenthèses et barres obliques
La problématique de l'aménagement linguistique
294
9. Guide de rédaction de texte pour l'utilisation des deux
genres, Hélène Dumais et Michèle Violette (1986) : Ces auteures ont établi
leur recherche en vue de trouver une façon qui permette aux femmes d'être
nommées et reconnues. D'après elles, le masculin comme générique est
une solution de facilité. Elles encouragent l'emploi de tournures génériques
ou neutres : citoyenneté au lieu de citoyen, direction au lieu de directeur et
le mot personne. Au lieu de la répétition : enseignant et enseignante, utiliser
personnel enseignant et la personne responsable pour éviter le déterminant.
j-a_problérnaijque de l'aménagement linguistique
Terminaison -teur/trlce
295
auteur/autrice
directeur/directrice
utilisateur/utilisatrice
Terminaison en -t ou -d plus e : agent/agente
enseignant/enseignante
tisserand/tisserande
Terminaison en -é plus e
chargé/chargée
diplômé/diplômée
Tableau V
FÉMINISATION DES TITRES
1 - Titres et fonctions
: pluriel
Terminaison en -e
Ex. Le ou la commissaire/les commissaires
Ce groupe de recherche souligne que l'usage des parenthèses, des
traits obliques et des tirets est à supprimer. Cela correspond à mettre les
femmes de côté comme des éléments accessoires en en cachant la forme
féminine complète. Le générique (être humain, personne) ainsi que les
collectifs (assemblée, direction) sont un choix lexical pratique qui allège la
syntaxe.
Tableau VI
Terminaison en -i
:
criminel/criminelle
de la professionnelle et
du professionnel
Terminaison en -al
:
caporal/caporale
Terminaison en -ul
:
consul/consule
Conseil est épicène
:
ingénieur-conseil/ingénieure-conseil
Terminaison en -n
-en, -orV-enne, -onna
patron/patronne
:
doyen/doyenne
Autres voyelles
:
1 - Les noms s'écrivent au long avec ou sans article.
Ex. Les éducateurs et les éducatrices
Ex. Les candidats et candidates
2 - Les pronoms s'écrivent au long
Ex. Ceux et celles
Toutes et tous
Certaines et certains
Chacun et chacune
3 - Les accords grammaticaux se font au masculin pluriel
Ex. Épithète : administratrices et administrateurs publics
Terminaison en -r/re
;
Terminaison -eur/eus©
:
Exception
FÉMINISATION DU DISCOURS
écrivain/écrlvalne
témoln/la témoin
médecin/la médecin
écolier/écolière
usager/usagère
chômeur/chômeuse
travailleur/travailleuse
: ingénleur/ingénieure
professeur/professeure
Ex. Attribut
: enseignantes et enseignants en seront les
gremjgrs, artisans
Ex. Participe passé pris adjectivement : conseillères et conseillers
pédagogiques, assistés
Ex. Infinitif présent de la forme passive : institutrices et instituteurs
peuvent être appelés
4 - Particularités : On place le nom masculin près du mot à accorder
Ex. Premiers hommes et femmes
Ex, Artisanes et artisans courageux
296
La problématique de l'aménagement linguistique
5 - Utilisation des noms unis par un ou
Ex. L'étudiante ou l'étudiant font (conjonction ; l'un comme l'autre)
La directrice ou le directeur fera (disjonction : l'un ou l'autre)
6 - Prononciation identique
Ex, Employées - employés : à remplacer par effectifs ou personnel
Intéressées- Intéressés : à remplacerparpersonnes intéressées
La problématique de l'aménagement linguistique
Tableau Vit
1 - Noms terminés par e
Epiceries : identiques au féminin et au masculin
Ex. une acrobate, une artiste, une archéologue
contremaître/contremaîtresse
maire/malresse
Ex. maître maître/une maître
une ministre, une notaire, une peintre
7 - Les mots épiceries : à remplacer par un pluriel
Ex. Le ou la spécialiste/les spécialistes
Ex. poète
8 • Les noms composés : éducaieur-parrain/éducatrice-marraine,
maltre-tailleur/maîtresse-tailleuse
9 - Les peuples : aucune féminisation en contexte historique
Ex. Les Latins
usage contemporain
Ex. Les Québécois et Québécoises
10 - Noms homophones : même son
Ex. Toutes les Grecques et tous les Grecs
Ex. Les électrices et électeurs grecs
11 - Postes et fonctions : utilisation du masculin et du féminin
Ex. L'élève qui se prépare à une fonction de technicien ou de
technicienne.
12 - Employeur/employeuse, fournisseur/fournisseure,
législateur/législatrice
13 - Forme féminine différente : confrère/consœur ou collègue
14 - Description des tâches : utilisation de verbes à l'Infinitif
poète/une poète
2 - Noms terminés par I
Formes régulières : ajout d'un e au féminin
professionnel/professionnelle
général/générale
Cas spéciaux
: conseil comme épicène
Ex. une conseil juridique
une économiste-conseil
consul/une consule
3
- Noms terminés par n
Formes régulières : ajout d'un e au féminin
patron/patronne
gardien/gardienne
Cas spéciaux
écrivain/écrivaine
sacristain/sacristine
une mannequin, une marin, une médecin
- Noms terminés par r
Par er/ère, 1ère
: berger/bergère ouvrier/ouvrière
Par eur/euse
: pour les métiers manuels plus généralement
Ex. chanteuse, danseuse
10. Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de
l'usage (1986), Office de la langue française : Ce document s'intéresse au
Ex. une auteure, une ingénieur©, une professeure, une réviseure
Surtout pour les professions de type Intellectuel.
féminin des titres et la sociolinguistique est l'une des considérations
retenues.
Cas spéciaux
D'abord, l'aspect insolite de certaines formes féminines (cheffe) et
la péjoration (matelote et les finales en -euse).
Ensuite, ce qui concerne l'usage selon les formes féminines
disponibles qui peuvent être régulières (-er/-ère), analogiques (ouvrier/
ouvrière), marquées (à terminaison distincte du masculin : écrivaine),
attestées (suivant le dictionnaire) ou usitées (non attestées et en usage).
: une gouverneure, une Ingénieurs,
une professeure
Teur, Heur, ateur
Formes régulières
: noms dont on ne peut tirer de participes présents
Ex. actrice, traductrice, amatrice, (actrice, oratrice, rectrice, sénatrice
Cas spéciaux .
: une auteure
une docleure (femme mêd&c'm
ou femme diplômée)
une sculpteure
297
La problématique de l'aménagement linguistique
298
5 - Noms terminés par t ou d
Formes régulières : ajoul d'un e au féminin
candidat/candidate
soldat/soldate
(aucun exemple n'est fourni pour les noms en d)
Cas spéciaux
maîelot/une matelot
camelot/une camelot
substitut/une substitut
La problématique de l'aménagement linguistique
Une bibliographie sur la féminisation des litres et du discours soit
plus de 200 titres ainsi que des publications du Québec et du reste de îa
francophonie canadienne.
12. Soit dites en passant, Céline Labrosse (1990) : Beaucoup
d'humour et une foule de singularités linguistiques que l'auteure a su relever
avec beaucoup de perspicacité : un professeur et son époux, un conducteur
allaitant son bébé, le député en robe de soie, un juge mère de famille...
6 - Autres finales
Paré
Elfe fait un court rappel de la formation du féminin :
Ex. associée, déléguée, chargée de, députée, jurée
Chef
299
Tableau VIII
: f change en v de l'e féminin
Ex. veuf/veuve, serf/serv
chef/une chef
Commis
commis/une commis
À noter que le présent document a fait l'objet de très nombreuses
consultalions tant au Québec qu'ailleurs dans la francophonie.
Soixante (60) personnes considérées comme des leaders d'opinion participaient à l'enquête.
11. La fémfnisalion des titres el du discours au Québec,
Hélène Du mais ( 1987). Tantôt c'est Université du Québec à Montréal, mainlenanl au tour de l'Université Laval de faire connaître un ouvrage bibliographique fort utile.
La féminisation comme outil d'évolution face à l'ampleur du mouvement féministe de ces dernières années et l'accès des femmes à de
nouvelles professions. « A l'évolution de notre société humaine doit correspondre un enrichissement de notre vocabulaire (...) si l'on veut que les
transformations obtenues n'entraînent pas une décadence de la langue. »J<
Et Dauzat (1954) de renchérir que <• la femme qui préfère pour le
nom de sa profession le masculin au féminin accuse par là même un
1.
+e
2.
eur/euse
eur/eure
chanteuse, emprunteuse
professeure, docteure, auteure
3.
teur/irice
rectrice, agricultrice, rédactrice
4.
Épicènes
la cadre, une architecte
5.
Mots non en e
une médecin, cette commis, la substitut
: écrivaine, agente, magistrate
Aucune distinction entre homme et Homme : tantôt c'est l'inclusion
du féminin tantôt c'est l'exclusion. La confusion plutôt.
L'utilisation des génériques dont le mot homme ne fait pas partie,
car le masculin est un spécifique. Il représente exclusivement le masculin.
Une parole célèbre par Hubertine Auclert au début du siècle :
« L'absence de féminins dans le dictionnaire a pour résultat dans le Code,
l'absence des droits féminins. » w
L'auteure reconnaît qu'il règne une volonté de changement face à
la langue. À ce propos, elle fait quelques suggestions sur la féminisation du
discours :
complexe d'infériorité qui contredit ses revendications légitimes ».n
"
DUMAIS, Hélène. La féminisation des titres et du discours au Québec,
Québec.
Université Laval, 1987, p. 2.
?5
Ibid. p. 3.
26
LABROSSE, Céline. Soit dites en passant, Québec, Université lavai, 1990 ,
p. 10.
La problématique de l'aménagement linguistique
300
Tableau IX
1 - Toujours désigner les femmes par des termes féminins dans
toutes les fonctions de la phrase
2 - Si un ferme masculin ef un terme féminin coexistent, faire l'accord
dans les deux genres.
Ex. 1 Les rédacteurs et les rédactrices seront enchantés et
enchantées d'être mis et mises au courant de cette règle.
Ex. 2 Les rédacteurs et les rédactrices seront enchanté-e-s
d'être mis-e-s au courant de cette règle.
Ex. 3 L'équipe de rédaction sera enchantée d'être mise au
courant de cette règle.
Un dernier exemple intéressant :
Ex. Le Canadien moyen est une femme de 35 ans,
(formulation incorrecte)
Les femmes de 35 ans constituent le groupe le plus
nombreux parmi la population canadienne,
(formulation rectifiée et correcte)
À partir de cette phrase, l'auteure commente que le masculin
générique se heurte au sens logique.
13. Féminfoeries en tout genre, André Dugas et Aline Gagnon
( 1990) : Une étude où l'on retrouve des tableaux dont les entrées lexicales
sont du Petit Robert et des annonces classées publiées par le journal La
Presse en 1990. Plus de 3 339 noms composés ou noms complexes se rapportant à des métiers, professions, titres et statuts.
La problématique de l'aménagement linguistique
30!
Tableau X
Règles de féminisation retenues :
1.
L'ajout du -e au masculin.
Ex, Adjointe, apprentie, attachée, experte, seconde, technicienne.
2.
La finale er d'un mot alterne avec ère.
Ex. Conseiller/ère; ouvrier/ère
3.
La finale eur d'un mot alterne avec euse s'il a un participe présent.
Ex. Travaillant, l'alternance travailleur/euse est possible.
4.
La finale eur d'un mot alterne avec rice s'il n'a pas de p. présent.
Ex. Animater est inexistant. On a donc animateur/trice.
D'après cette étude, il y a deux catégories de noms :
- simples : commis, directeur
- composés : commis de bureau, directeur d'école
On parle de perturbations sémantiques telles que maître/maîtresse alors que Marina Yaguello parle de dissymétrie sémantique.
-
Figés : qui sont non dérivés l'un de l'autre
frère/sœur, homme/femme
-
Transfuges : translation à partir d'adjectifs
responsable, stagiaire, spécialiste
Une étude qui vise à la construction de dictionnaires électroniques du français.
14. Au féminin : guide de féminisation des titres de
fonction et des textes, Monique Biron (1991) : Un condensé du
document Titres et fonctions au féminin : essai d'orientation de l'usage
et l'inventaire des procédés d'écriture qui puissent répondre aux exigences de la communication moderne.
La féminisation linguistique est un défi d'écriture, mais ce guide
est un outil qui vise à harmoniser la féminisation des textes.
La problématique de l'aménagement linguistique
302
Le travail de tout rédacteur de toute rédactrice étant en tout premier
lieu de « traduire à sa manière toute la richesse de la réalité »?
Tableau XI
FÉMINISATION DES TITRES
de l'aménagement linguistique
303
Suffixe teur : teuse (chanteuse) ou trlce (actrice)
Si l'on peut former un participe présent, finale en teuse. Sinon le féminin
est en trlce.
Ex. arpenteur—arpentant—arpenteuse
orateur
oratrice
5. Terminés par t ou d : l'ajout d'un e
1. Terminés en e ; les épicènes (mots Identiques au féminin et au masculin)
appartiennent à cette catégorie, Féminin marqué par les mots qui
accompagnent le nom.
Ex. une dentiste, une pilote, l'architecte principale, mairesse,
contremaîtresse
Maître comme épicène
Maltresse : certaines expressions
une maître en sciences infirmières
une maîtresse de poste
la ministre, une peintre
Ex. candidate, tisserands
magistrate, soldate
coopérante, consultante
Matelot, camelot et substitut comme épicènes
Ex. une matelot, une camelot, une substitut
6. Autres finales
Finale é : l'ajout d'un e
2. Terminés par I : l'ajout d'un e et le doublement du I dans certains cas.
Ex. une caporale, une industrielle, une consule
Conseil comme épicène
une conseil en gestion
une économiste-conseil
3. Terminés par n : l'ajout d'un e et le doublement du n dans certains cas.
Ex. associée, déléguée, députée, jurée
Finale f : Ex. bref/brève
Chef comme épicène : Ex. une chef, ia chef
Finale is : Ex. marquise, promise
Commis comme épicène : Ex. une commis, la commis
Ex. artlsane, écrivaine, chirurgienne, forgeronne
Marin et médecin comme épicènes
une marin, une médecin
FÉMINISATION DES TEXTES
4. Terminés par r
Suffixes er, 1er : modèle de bergère et ouvrière
Ex. banquiers, greffière, charpentière
La seconde partie du guide est consacrée à certaines techniques de féminisation des textes selon deux principes de base : la clarté
du message et la cohérence de l'écriture.
Suffixe sur : formation régulière en euse
Ex. chauffeuse, chroniqueuse, chercheuse
La péjoratlon attachée à cette formation favorise la finale en eure pour les
professions de type intellectuel.
Ex. professeure, gouverneure, ingénieure
Dans un deuxième temps, l'Office encourage l'écriture des
formes des deux genres en toutes lettres ainsi que l'emploi des génériques et des tournures neutres.
Les parenthèses, traits obliques, tirets, virgules ou tout autre
signe graphique sont à éviter puisque ce sont des formes tronquées
contraires à l'usage grammatical et qui dérangent la lisibilité :
Voici quelques procédés stylistiques :
27
BIRON, Monique. Au féminin : guide de féminisation des titres de fonctions et
des textes, Office de la langue française, Direction des services linguistiques,
Québec, 1991, p. 25.
304
La problématique de l'aménagement linguistique
Tableau XII
La problématique de l'aménagement linguistique
305
7. Hommes d'affaires/de loi/de lettres/de sciences est à remplacer par :
1. La suppression de l'article et de l'adjectif
On peut omettre de répéter l'article et l'adjectif quand les personnes
appartiennent au même groupe.
Ex. De nombreux traducteurs et de nombreuses traductrices...
ou De nombreux traducteurs et traductrices sont initiés...
Gens d'affaires, gens de loi ou juristes, gens de lettres, scientifiques
Droits de l'homme : droits de la personne
8. Tournures neutres : phrases Infinitives ou nominales
Ex. Effectuer des recherches...; planifier...;
Ex, Planification, coordination et surveillance du cheminement...
2. Utilisation de l'ellipse
On peut supprimer un mot ou un groupe de mots
Ex. On demande un agent de recherche ou une agente de recherche.
ou On demande un agent ou une agente de recherche.
CONCLUSION
Exception : Le deuxième élément d'un nom composé ne peut être omis.
Ex. On demande un avocat-conseil ou une avocate-conseil.
et non On demande un avocat ou une avocate-conseil.
Après une analyse de l'aspect sexiste et de l'aspect féminisant que
comporte la langue française, objet de la présente recherche, n'est-il pas
surprenant de déœuvrirtoutes les richesses lexicales et syntaxiques jusque
là inexploitées?
Môme particularité pour un titre formé d'un nom et d'un adjectif
Ex. Une directrice générale ou un directeur général
et non Une directrice ou un directeur général
3. Coordination sans répétition
Titre éplcène (double genre) : le second titre peut être omis.
Ex. ... présidée par la juge ou le juge...
ou ... présidée par la ou le juge...
4. Reprise par les pronoms
Le masculin pluriel
Le nom collectif
Pronoms des deux genres
ils doivent
le personnel doit
Ils et elles doivent
5. Accords grammaticaux : masculin pluriel ou masculin singulier
(si cela n'entraîne pas d'ambiguïté pour le second)
Place du féminin
La Belgique vient de recommander une loi sur la féminisation des
titres de fonctions dans l'Administration sous l'influence du Québec.
Le Québec en est à la féminisation du discours.
Le mot « matrimoine » est à l'étude.
Les divers corpus que nous avons parcourus tout au long de cette
recherche reconnaissent la féminisation des titres et aussi du discours.
Pourtant, je constate que les changements sont bien timides à
preuve les nombreux titres recommandés sont transformés en épicènes
(médecin, chef) et la finale en eure phonétiquement masculine prend la
vedette (professeure, gouverneure, ingénieure).
: l'accord se faisant au masculin, placer le nom
masculin près du mot à accorder.
On encourage peu les féminins marqués (poétesse), on opte plutôt
pour la discrétion et la modération.
6. Termes génériques : nom masculin ou féminin qui désigne hommes
et femmes.
Ex. une personne, gens, direction.
Serait-ce que la féminisation des titres préconise un changement
tout aussi muet que le fameux e muet?
Collectifs
: nom qui désigne un ensemble d'individus
Ex. le public, la clientèle, le corps professoral,
la foule
Pourquoi s'attacher à une tradition où l'image de la femme est synonyme d'infériorité de toute nature, n'ayons pas peur des mots!
Comment parler d'égalité quand la langue que je parle et que j'écris
oublie que j'existe?
La problématique de l'aménagement linguistique
306
La féminisation des titres et du discours est amorcée. Il s'agit maintenant d'en étendre l'application.
Féminiser, c'est bien sûr dire les choses autrement. C'est écrire les
choses telles qu'elles sont et non telles qu'elles étaient.
Le genre féminin sert à la formation des adverbes et sert aussi de
repère graphique pour orthographier correctement la finale masculine.
Le genre masculin est ce que l'on obtient quand on a enlevé la
marque du féminin et le genre féminin est ce que l'on obtient quand on a
ajouté ce qui manquait au masculin.
La problématique de l'aménagement linguistique
ANNEXE
Tableau XII
PRINCIPES DE FÉMINISATION
1.
-
2.
C'est à partir de la fin du 16* siècle que les femmes perdront leurs
droits. Sous la Révolution française, les femmes combattent aux côtés de
leur époux, sont proclamées citoyennes, mais ne récoltent aucun des fruits
de cette Révolution, aucun de ces droits auxquels elles auraient eu droit.
Puis vint Napoléon où les femmes sont devenues
la tutelle de leur père ou de leur mari au 19" siècle.
mineures sous
Peut-on parler d'égalité linguistique ou autre quand le masculin
l'emporte encore sur fe féminin?
Étymologiquement né du masculin
La loi de la proximité
- Accord par euphonie
- Accord avec le substantif le plus près
ANCIEN PARADIGME
1. Le masculin sur la féminin.
Ex. Un h et cent f blancs.
Ex. Cent f et un h blancs.
2.
Le masculin sur le féminin.
Ex. Cet h et cette f sont
mariés. Ils...
3.
Le masculin générique dit
« neutre »
Ex. L'homme est un mammifère
bipède et vertébré.
Nous voilà au 20" siècle.
Fin du 20" siècle.
: prisme socioculturel
Le féminin d'inclusion
-
3.
Je dis que « très rarement », me référant au Moyen Âge où femmes
et hommes jouissaient d'une égalité juridique sous le droit celtique en
France, selon l'historienne Jeanne Bourin.28
La langue
miroir sociolingulstique
En d'autres termes, le masculin n'a jamais été ce que l'on a bien
voulu nous faire croire : un neutre et un générique.
Au même titre que le féminin, le masculin est spécifique et singulier.
Il n'est ni générique ni pluriel puisqu'il n'a que très rarement inclus le genre
féminin. On n'a qu'à observer la culture d'une communauté linguistique pour
connaître ses lois qu'elles soient juridiques ou grammaticales.
L'usage précède la règle
4.
Le masculin (d'exclusion)
Ex. Elle est académicien.
NOUVEAU PARADIGME
1. Le nombre sur le genre.
Ex. Un h et cent f blanches.
Ex. Une f et cent h blancs.
2. Le collectif mixte « files »
Ex. Cette f et cet h sont
mariés. Hies...
3. Le générique
Ex. L'espèce humaine es!
mammifère, bipède et
vertébrée.
4. Le féminin d'inclusion
Ex. Elle est académicienne.
Document lire de la conférence présentée au Colloque,
28
BOURIN, Jeanne. La chambre des dames, Éditions Table Ronde, 1979.
307
308
La problématique de l'aménagement linguistique
La problématique de l'aménagement linguistique
309
BIBLIOGRAPHIE
YAGUELLO, Marina. Les mots et les femmes, Paris, Payot 1978
202 pages.
BIRON, Monique. Au féminin : guide de féminisation des titres de fonction
et des textes, Office de la langue française, Direction des services
linguistiques, 1991, Québec, 34 pages.
YAGUELLO, Marina. Alice au pays du langage, Paris, Le Seuil, 1981,
207 pages.
CONSEIL CONSULTATIF CANADIEN DELA SITUATION DELA FEMME.
Vers un langage non sexiste, 1984,10 pages.
Article
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Université du Québec à Montréal, 1990, 88 pages.
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Québec, Université Laval, 1987,35 pages.
GROULT, Benoîte. Ainsisoit-elle, Paris, Grasset, 1975, 220 pages.
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LABROSSE, Céline. Soit dites en passant, Québec, Université Laval,
Groupe de recherche et d'échange multidisciplinaires féministes,
1990,88 pages.
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION. Guide de rédaction de textes pour l'utilisation des deux genres, Québec, Coordination à la condition féminine,
1986, 41 pages.
MARTIN, André et Henriette DUPUIS. La féminisation des titres et les
leaders d'opinion : une étude exploratoire, Québec, Office de la
langue française, 1985,107 pages.
OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE. Titres et fonctions au féminin : essai
d'orientation de l'usage, Québec, 1986,70 pages.
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL. La féminisation à IVQAM,
Comité de féminisation, Montréal, 1985, 16 pages.
MAROIS, Françoise. Le féminin générique, Les propos, Association des
femmes d'affaires du Québec, Montréal, 1986.
MAROIS, Françoise. De Grevisse à Marois, Revue Rauque n° 4, Éditions
Prise de Parole, Sudbury, 1987.
De Grevisse à Marois
ESSAI
Françoise Marois
Françoise Marois 3 3 7 ans. Elle est née à
Doîbeau. Elle a vécu sept ans en Ontario ...
avant de déménager de l'autre côté de îa
frontière de i'Outaouats. Elle s'occupe
d'édition, de publication. Elle écrit depuis
qu'elle sait écrire, parce que pour elle c'est un
besoin viscéral, c'est une libération, c'est une
thérapie. Elle écrit parce qu'elle pense avoir
des choses à dire ... à communiquer à 'la
postérité'... Elle voudrait que Sa langue
qu'elle parle véhicule aussi la dimension
féminin / iste du monde.
Françoise remercie Dominique B. et Ralph H.
pour leur précieuse collaboration.
Outaouais
!
RAUQUE NO 6
PRISE DE PAROLE, SUDBURY, 1987
I f
! i
i J
De Grévisse à Matois
... Vers une nouvelle philosophie grammaticale
qui se fonde sur une réalité contemporaine
Energie nucléaire
Dialectique
Chimie
Géométrie
proton
thèse
base
carré
Mathématique
un (i)
Electricité
fiche
mâle
Linguistique
signifiant
Grammaire française masculin
Solution
iî(s)
eilc(s)
Proposition
+ électron
+ antithèse
+ acide
+. cercle
=* atome
= synthèse
=• solution
= quadrature
du cercle
+ une (i)
= deux (z)
+ fiche femelle — courant
+ signifié
=* monème
+ féminin
= masculin ?
(d'exclusion)
+
+
+
+
elle(s)
il(s)
elle(s)
elle(s)
= ils?
= ils
= elles
= illes
(collectif mixte)
i c principe: L'usage précède Sa règh
Si tel est le cas, il est légitime et logique que toute langue vivante
s'ajuste à la réalité contemporaine de l'époque qui lui a donné
naissance et dont elle est le reflet. îi devient donc évident, urgent
et impératif de reconnaître la dimension exclue, par conséquent le
féminin.
Si personne ne conteste le féminin du mot chaise, objet
inanimé, i! est inadmissible et intolérable que soit contesté le
féminin de sujets animés (anima).
Le masculin d'exclusion (aussi appelé générique) nous a légué
un héritage linguistique, nous faisant croire qu'il était neutre.
Cela réglait tous les problèmes d'un seul coup et 'sclérosait*
honteusement notre langue française du même coup.
Le féminin ne jouissant d'aucune reconnaissance dans les écrits,
puîsqu'au masculin 'oéncriquc', on a emprunté les féminins
disponibles dans la création de mots nouveaux (laveuse,
cuisinière, phoîocopicusc, etc.) donnant à ces mots dont on
connaît le double usage, une valeur d'objet. Cette connotation
péjorative afinalementcontamine d'autres mots dont la finale est
identique (entraîneuse, couturière).
Nous nous retrouvons donc avec des problèmes de
féminisation monstres et qui semblent arrêter même îes plus
évoluées d'entre nous.
Que devient le mot entraîneur au féminin? Que devient le mot
couturier au féminin? Ces mots devraient être semantiquement de
même valeur. Pourtant, 'entraîneur* et 'entraîneuse', sont deux
mots qui placés en contexte social n'ont rien en commun. Quant
aux deux autres, 'couturier' et 'couturière*, leur différence ne
réside pas surtout dans le type de travail, mais dans la hiérarchie
sociale. La même chose s'applique à 'cuisinier* et 'cuisinière*
{féminin de cuisinier se rapportant aussi à l'appareil de cuisson).
%e principe: Le féminin étymologiquement né du masculi
in
Ex. doyenne / professeure / ingénicure / employeure
Si tel est le cas, il est donc logique de conclure que le premier
contient le second et que Se second est contenu dans le premier à
l'écrit comme dans la langue parlée.
Jl est donc préférable de former le féminin en ajoutant Se V
sonore ou phonétique (opposé au *c* muet).
Nous évitons ainsi la finale péjorative en "cuse* dont nous
avons parlé plus tôt. De toute façon, les laveuses sont plus
souvent mécaniques qu'humaines.
Nous laissons aussi l'adjectif "ingénieuse* intact et pouvons dire
d'une ingénieurc qu'elle est ingénieuse et d'un ingénieur qu'il est
ingénieux. Sans oublier de prononcer le *c* sonore de la première
avec fierté.
Le *c* dit muet n'est pas exclusif au féminin. En effet, il existe
dans le mot 'oncle' au même titre que 'tante* son féminin. Leur
formation étymologique n'est pas évidente ni du point de vue
phonétique, ni du point de vue orthographique. Pourtant, leur
sémantique est similaire, mais de genre opposé.
Le mot 'maître' accuse un V muet au masculin et au féminin,
je suggère pourtant le V sonore au féminin pour la
différenciation. Donc, un homographe non homonyme et non
homophone (orthographe identique, prononciation et son
différents à cause du *c* sonore).
3 e principe: Le nombre l'emporte sur Se genre
Appelons ce principe Sa Soi de Sa proximité puisque l'accord doit
se faire avec le substantif le plus près, peu importe Se genre.
Définition: Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal:
a) leur accord se fait avec le plus près, qu'il soit masculin ou
féminin.
b) tout en appliquant la loi de la croissance numérique.
Exemples:
a) Un haricot (H) et une levé (F) vertes. / Une F et un II verts.
b) Un H et cent F vertes. / Une F et cent H verts.
Ancienne règle: Un haricot et cent fèves verts.
{Masculin emportant sur le féminin)
À BANNIR
Nouvelle règle:
a) Un haricot et cent fèves vertes.
(loi de la proximité ou de l'euphonie)
À APPLIQUER
b) Cent haricots et une fève vertes.
À BANNIR
Cent fèves et un haricot verts.
À BANNIR
Une fève et cent haricots verts.
À APPLIQUER
(loi de la croissance numérique en rétablissant l'ordre)
NOTE: Remplacer H par homme et v par femme en utilisant blancs
ou blanches, selon le cas.
a) Un homme et une femme blanches,
vs Une femme et un homme blancs.
h)
Un homme et cent femmes blanches,
vs Une femme et cent hommes blancs.
• Cette règle vise à éviter des injustices de représentation dans
des domaines où l'on retrouve exclusivement des femmes, par
exemple des groupes féminins ou féministes. Dans ce cas
particulier, le féminin générique a droit de cité puisque ce genre
est représenté à 100%. Le masculin générique n'est-il pas né dans
Se même sens, une représentativité exclusivement masculine? Mais
de îà à nous l'imposer jusqu'à aujourd'hui?!
Contrairement au masculin générique, \c féminin générique se
soucie du caractère antagoniste et complémentaire de notre
nature humaine.
Le féminin générique s'attache au respect et à la reconnaissance
des deux genres. Iî ne se fonde pas sur la loi de la force physique
(le masculin l'emporte sur îe féminin).
Le féminin générique se veut îe reflet de la société qui lui aura
donné naissance.
La féminisation de îa langue, l'un des plus merveilleux outils
qui nous soit donné en vue d'une évolution des mentalités.
La féminisation pour une langue plus vivante, plus créatrice et
plus colorée.
La féminisation de la langue, vers une dimension qui reflétera
notre pensée collective régénérée.
À bas îa misogynie grammaticale et îe sexisme linguistique.
La présente recherche laisse sourdre îa révolte qui veut rétablir
l'équilibre des forces.
Une recherche à peine amorcée qui propose de nouvelles règles
plus équitables et démocratiques.
Une féminisation des dictons appelée toi de l'appartenance.
Exemples: Faire son bonnefemme de chemin.
Prendre un coup de vieille.
Cette loi permet de parler et d'écrire selon son propre genre.
Une interaction des genres appelée loi de l'alternance comme
transition vers une langue plus représentative.
Le pronom personnel, troisième personne du pluriel, illes
n'implique aucun ajustement verbal et si peu d'ajustement à l'écrit
en termes de phonèmes (une consonne et une voyelle de plus).
5/ la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas. Reflet
d'un monde sexué où toute personne humaine vit sa propre réalité
selon son genre.
Renier son genre, c'est renier sa propre existence. Endosser ia
vision d'un autre signifie renier la sienne propre.
Définition:
Monème: unité à deux faces
(signifiant: suite de lettres;
signifié: sens d'un mot.)
Que vaut une économie de monènies au détriment de
l'équilibre et de l'harmonie collectives, clés de notre évolution!
7
Association
des femmes d'affaires
du Québec
LE FÉMININ GÉNÉRIQUE
ANECSOTE
Dans un récsnt article, Senoiie Groulx soulignait que les personnes les
ptus réticentes à la féminisation des titres semblaient être les femmes
qui occupaient des postes importants. Pourtant souvent avant-gardistes
et évoluées, selon moi!
Je rencontrais il y a quelques mois, une personne qui occupait justement un poste-clé et de direction. On pouvait Eire sur la porte
«directeur*. Me trouvant à !a réception, [entendis une voix féminine
croyant être celle de l'assistante du directeur absent Cette personne
m'accueillit chaleureusement connaissant ma maison d'édition. Au 1 de
la conversation, je me rendis compte que fêtais en train de parler «au
directeur». Ou devrais-je plutôt dire «à la directeur», ou «à la
directeure», ou «à la directrice»? Mais qui oserait dire «au directrice»?
J'étais si confuse que je m'empressai de lui avouer franchement ceci:
•Madame, puisque vous êtes de celles qui pouvez changer les choses,
pourquoi n'utilisez-vous pas le mot «directrice» afin de lui donner une
nouvelle connotation respectable et prestigieuse?» Une nouvelle image
sémantique!
SIe me sourit et m'avoua qu'elle trouvait l'argument valable et me dit
qu'à l'avenir elle utiliserait les deux titres. Ole accepta aussi que je
féminise son titre lors de la parution d'articles ou autre correspondance.
FÉMININ ET LANGUE
Pour ne citer qu'un exemple de l'existence du féminin des titres, le mot
«doyenne* a été créé au XIV* siècle. Et on peut dire, non sans embarras, que le premier doyen de telle faculté était., une doyenne. Ou encore. !e nouveau doyen est., une doyenne.
Pourtant, l'on n'a jamais contesté le féminin du mot pécheur ni celui du
mot concubin. En fait, on parie beaucoup de «pécheresse» et de «conct&ine» donnant ainsi l'impression que pécheurs et concubins font
ménage seuls.
En français, le mot «femme» porte !e même costume alors que nous
avons «homme» et «mari». En anglais. 2 y a «woman* et «wife», «man»
et «husband». Quant à «Monsieur», il dissimule le statut civil tandis que
«Madame» et «Mademoiselle» l'exposent, sans aucune discrétion.
Mon fils de 6 ans féminise mon nom de famille que j'appelle aussi nom
de «femme» au lieu de nom de «fille». Cela donne «Maroise». Lorsque
j'enseignais, pfusieurs de mes étudiant/es avaient tendance à dire
Monrois â cause du masculin de «roi». J'ai d'ailleurs remarqué que nous
avons généralement tendance à traduire Ses noms de famille et de vîile
quand nous taisons l'apprentissage (Tune langue.
Vous savez sans doute qu'en Pologne et en Russie, ie nom de famille de
l'épouse sa féminise. Ex. Luboscftinsky devient Luooscfiinska. Aviezvous songé que la formation du n o m de famille «Johnson» signifiait
littéralement «te fils de Jotin»? Et îa finals de «Mr Bowman». La liste de
noms de famille se terminant en «man» serait interminable ainsi que
celle en «son». Au fait Adam et Eve avaient un/des noms de famille?
VERS UN LANGAGE NON SEXISTE
En mars 1984, le Conseil consultatif canadien de la situation d e la
femme publiait un document intitulé Vers tio langage non
sexiste 1 . Je vous invite à vous le procurer e t à le consulter, car vous y
trouverez des suggestions et propositions intéressantes concernant ia
féminisation des titres dans les deux langues.
J'ai toujours enseigné à mes étudiant/es que te NOMBRE L'EMPORTAIT
SUR Le GENRE. Cest certainement la loi d e la majorité qui est !a pius
juste et la plus réaliste. Ex. Dix mille femmes et un homme sont
intelligentes ou intelligents? La fumeuse et fameuse règle de grammaire
qui dit que «le masculin remporte sur ie féminin» est périmée,
misogyne, sexiste, chauvine à l'extrême, irréaliste et médiévale!
Songez-y bien, ils peuvent bien l'emporter par leur force physique, mais
aller jusqu'à nous l'imposer grammaticalement! Si leur force pnysique
leur semble incontestable, la contrepartie e s t la force intellectuelle...
Il fallait une assemblée masculine pour voter une teUe régie. Leur
femme étant probablement à préparer le repas de monsieur qui se
moquait bien de l'opinion de sa tendre «moitié* qui de toute façon portait
le nom de monsieur. Vous vous rappelez d e Madame le Maire et de
Madame le Docteur qui n'était ni maire m docteur!
Pourtant, aucun homme même marié à u n e Première ministre ne
songerait à s'appeler Monsieur la Première ministre. Mais c e n'est
qu'une question d'habitude, vous savez.
Qui a prétendu que Ses titres féminins faisaient moins sérieux et Que las
titres masculins avaient plus de panache?"
L'espagnol parle de «professor» et de «professera» sans discrimination.
L'anglais parle d'«actot» et d'«actress» et l'on ose dire qu'il n'existe pas
de féminin en anglais! Que dire de «chairman» qui a été remplacé par
«chairperson», «fireman» par «tire tighter».
«Mr» (Mister) fait «Mrs* (Misses) au féminin, mais qy'est-il arrivé à
«Mistress» le véritable féminin de «Mr»?
FÉMININ GÉNÉRIQUE*
En utilisant le masculin au sens générique, c'est-à-dire oour éviter ma«
culin/féminin dans un texte, mais l'utilisation d u féminin au sens générique est tout aussi valide dans notre contexte culturel. L'on rejette le
féminin parce qu'il exclut le masculin? Et on a même osé parler du
masculin comme neutre2!
Je dois vous avouer que pour ma part je me s a n s rejetèe quand o n parte
au masculin devant un auditoire à 99% féminin. Et le monsieur e n question exige que l'on parte au masculin peut-être?
On veut éviter tout problème en se servant du masculin au sens genenque, mais cela tue la créativité au niveau du développement et de
révolution de la langue. C'est une façon de contourner to prodème et
d'empêcher touts recherche sur la féminisation de la langue.
Puisque le féminin est formé à partir du masculin, a est donc évident et
logique que le premier est contenu dans le second. Monsieur et Madame
sont des exceptions, bien sûr, au niveau de la formation des mots. Je
n'aborderai pas i'aspect social ni historique et encore moins juridique.
Si les femmes évoluées et avant-çardistes ne féminisent pas leur titre,
taudra-MI attendre le pur où les hommes le féminiseront?
Dupuis Henriette: Martin. André: U iéroiwsatkw destitres(I lei l e a d e n d'spiiitoïKiine étude eipto«U*e, Ottice de H tangue îraneaise. Gouvernement du
Québec, décembre 1935. 4.2SS
Adresse: Ottice de la langue fiançais*
170, rue Hatel de ViHe
Nui) (Québec) J8X4G2
tél.: (613)770-7713
Office de la langue française. TiUM «t fonctions au ïéminin: nui
de fiiMse, Québec 4 avril 1986.
UNE LANGUE À NOTRE IMAGE
Très chères amies, je vous invite à féminiser votre titre avec fierté,
tous sommes nées femmes avec toute une dimension et une dynamique qui sont nôtres e t qui doivent profiter à nos
enfants ainsi qu'aux générations futures.
Pour cèdes qui rejettent une telle pratique, pourquoi ne pas vous faire
imprimer des cartes d'affaire» androgynes?
Faites imprimer votre carte d'un côté au masculin et de l'autre au
féminin. Lorsque vous la présenterez à quelqu'une, prenez s o n de lui
montrer le coté qui y sera agréable et elle découvrira tôt ou tard en
souriant à quel point vous avez fait preuve de diplomatie.
Pour une cause aussi juste, votre imprimeur/e se fera un plaisir de ne
vous demander qu'un léger supplément!
Françoise Marots
éditrice, traductrice et professeurs
1. Vers un tangage non sexiste. Conseil consultatif canadien de la situation de
ta femme, mass 1984,
te. 1541. suce B
Ottawa {Ontario)
MP5H5
Et is iiusctiiid n'es! pas neutre puisque d'après la défwjfion du Petit Rouen.
vota ce que Ton écrit
Neutre: en linguistique «Qui appartient à une catégorie grammaticale dans
laquelle se tangent en principe les noms d'objets ou (Titres étrangers a l'attribution «Tun sexe, et toimettemert les noms qui ne présentent pas les caractéristiques du masculin ni du féminin.»
p. 1266, édition 1 9 S 3 revue it corrigée.
* FÉMININ SèNÉSMWE se fonde sur Cécité des sexes.
Peut-on en dira autant du MASCULIN GÉNÉRIQUE?
Principe it east:
LE NOMBRE L'EMPORTE SUR LE SENRi
Fondement la W se la aaferac
Ex. Un homme et deux femmes sont intelligentes.
Une tomme et deux hommes sont intelligents.
Quand 3 y a deux noms en nombre égal, raccord sa lait avec le nom le
plus prés, qu'a soit lémmtn ou masculin.
Ex. Un homme et une femme sont intelligentes.
Une-femme et un homme sont intelligents.
Carabin:
LEftUOON CONTENT EJYMOL0&IQUEMCNT LE MASCUUK
Le féminin étant en générai formé à partir du mascuiin, le fêmëntn inclut
donc le masculin.
Régi» de grammaire sexiste et misogyne
LE MASCULIN L'EMPORTE SUR LE FÉWNiN
Fondement: la loi t» It tore*
reorosmoNr
remploi du «fÉMINW GENéRIQUE.. Si où a y a 100% de iwwnes dans un
groupe, un auditoire ou tout autre clientele exciusivenmt féminine. U où
Je féminin remporte.
Françoise Marais. 10/86
RÈGLES GÉNÉRALES DE FÉMINISATION
Politique linguistique inspirée
de l'Office de la langue française (OLF)
et du ministère de .l'Éducation du Québec (MEQ)
1. Employer le générique. Ex. Les êtres humains, l'humanité, le genre humain ou encore
l'espèce humaine pour «les hommes» ou ««l'homme». (Voir 5.1)
2. Appliquer l'accord de proximité pour les adjectifs.
2.1 Les reçus et les factures gouvernementales.
2.2 Les factures et les reçus gouvernementaux.
3. Féminiser les titres de fonction quand il s'agit d'une femme.
Ex. La ministre, la professeure, l'éditrice.
4. Mettre l'article au pluriel quand des mots sont épicènes (à double genre).
4.1 Les médecins pour «le ou la médecins.
4.2 Les célibataires pour «la ou le célibataire».
5. Éviter toute règle ou toute formule où «le masculin l'emporte sur le féminin» et qui
ne respecte pas l'égalité linguistique. Utiliser le «doublet génériquel qui assure la
visibilité féminine au long sans parenthèses ni barres obliques ou tout autre signe
d'elision.
5.1 La femme et l'homme (entités distinctes).
5.2 Les enseignantes et les enseignants. 3
1
GREVISSE, Maurice; Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition, par. 343.
2 OFFICE DE LA LANGUE FRANÇAISE, Titres^ et' fonctions au féminin : essai d'orientation
de l'usage, Québec, 1986, 70 pages.
3
MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION, Guide de rédaction de textes pour l'utilisation des deux genres,
Coordination à la condition féminine, Québec, 1986, 41 pages.
Document d'appui : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales,
Lausanne, 1994, 281 pages.
Document-référence: Vers l'égalité linguistique, Françoise Marois, Les Éditions Françoise
Marois, Tomes I, II et III, Albanel, 1996, 300 pages. Prix : 35 $.
LA FEMINISATION COMME
1
H
LA FÉMINISATION COMME OUTIL D'APPLICATION PÉDAGOGIQUE
(UQAC, 1994)
La première p a r t i e de ce p r o j e t comprend l a production d'une o e u v r e l i t t é r a i r e e t l a seconde p a r t i e v i s e l a p u b l i c a t i o n de c e t t e même o e u v r e .
Le syllabus de l a premiere p a r t i e d é f i n i t
l e s o b j e c t i f s généraux,
l e s ob-
j e c t i f s spécifiques et les objectifs terminaux suivants :
Objectifs généraux
1.1 Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de commencer,
de poursuivre ou de finaliser la rédaction d'une oeuvre
individuelle ;
1.2 Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes nécessaires à la production d'une oeuvre.
Objectifs
spécifiques
2.1 La créativité
L'étudiante, l'étudiant produiront un texte minimum de cinquante pages à raison d'une production moyenne de quatre
pages par semaine.
2.2 L'autonomie intellectuelle
L'étudiante, l'étudiant seront appelés à s'auto-évaluer
et à s "auto—critiquer en vue d'améliorer leur méthodologie
de production, la qualité du contenu et la façon de corriger leur production.
Objectifs terminaux
3.1
3.2
3.3
3.4
3.5
Appliquer
Appliquer
Appliquer
Appliquer
Appliquer
l e s différentes étapes de production d'un texte;
l e s différentes étapes de correction d'un texte;
l e s différentes étapes de transcription d'un texte;
l e collectif mixte «illes» comme principe de féminisation.
l a féminisation subjective comme technique de féminisation.
L'ancien paradigne qui dicte que «le masculin l'emporte sur le féminin»
sera remplacé par le nouveau paradigme «Le nombre l'emporte sur l e genre».
Le groupe sera initié à ce nouveau paradigme et appelé a en faire l'application pratique en cours de production l i t t é r a i r e : collectif mixte «illes»
C'est donc dire que les principes de féminisation du contenu et du discours
seront au coeur de l'acte créateur qu'expérimente le groupe—pilote.
LA
FÉMINISATION
COMME OOTH.
D'APPLICATION
PÉDAGOGIQUE
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
DESCRIPTION DU PBOJET
1. PRODUCTION
A. Syllabus
.1
B. Documents informatifs
2
C. Techniques synectiques
a) Les cinq étapes du processus synectique (Gordon, 1 9 6 5 ) - . . . .
b) Les cinq préceptes en démarche synectique(Osborn, 1965)
3
c) Définition des différentes techniques de c r é a t i v i t é (DeMory,1976). - 1. Les mots inducteurs
2. Le concassage
3. Résultats
4
D. Textes de féminisation : De Grevasse 3. Marois, 1987
7
Ère de féminisation de la langue, David Simard
Texte de féminisation, Christian Tremblay.... 8
E. Synthèse
9
2. PUBLICATION
A. Étapes de p u b l i c a t i o n
10
B. Document inf ormatif
11
C. Document p u b l i c i t a i r e
D. V i s i t e s prévues
Conclusion
12
Bibliographie
13
Annexes
1. Production
A. Syllabus
B. Documents informatifs
C. Techniques synectiques
D. Textes d e féminisation
14
2. Publication
A. Étapes de p u b l i c a t i o n
B. Document informatif
C. Documents p u b l i c i t a i r e s
INTRODUCTION
Le
présent
(Tome I)
la
travail
est
le
prolongement
du
Séminaire
de
lectures
qui se rattache au Laboratoire en enseignement (Tome I I ) dont
problématique globale exposait l'application
actuelle d'un
paradigme
contemporain sexiste à savoir «Le masculin l'emporte sur le féminin>.
C'est
ainsi
le
ministère
de
la
qu'à partir
de principes de désexisation
proposés pair
de l'Éducation,
de principes de féminisation
par
langue française,
du discours
à partir
l'analyse de contenu et
de livres
que lisent
l'analyse
l'Office
grammaticale
les jeunes f i l l e s au primaire
et au secondaire, j ' e n suis venu aux conclusions suivantes :
1. Corpus A et B
: ces livres de lecture transmettent encore d e s
(Analyse de contenu) stéréotypes discriminatoires à l ' e n d r o i t d e s
femmes soit la dévalorisation de s o i et
la
dépendance socio—affective.
?.. Corpus C
: ces livres de référence (MEQ et OLF) parlent
(Analyse de contenu) de «désexisation» sans pour autant mentionner.
une seule fois le terme «féminisation» Quant à l'analyse
féminisation
dans la
grammaticale du discours,
l i t t é r a t u r e offerte
quelques
au primaire
tentatives
(corpus
de
A). Ex. L-a.
grande spécialiste, surfeuse. Au secondaire (corpus B),le discours se f a i t
graduellement
plus sexiste.
les
substantifs
Ex.
quelques
On y retrouve peu de termes féminisants
féminins utilisés
sont
grandement
et
stéréotypés .
Courtisane, esthéticienne, hôtesse de l ' a i r .
Les l i v r e s
créativité
féminins
au
au
dû
plan
lieu
d'utilisation
aurait
de référence
substantif
lumière
de
ces
du collectif
d'application
puisqu'il
l'analyse
i l l u s t r a t r i c e s . Notons a u s s i le
groupe.
Ex.
(Louise
conclusions,
j'ai
Pierre)
pu
constituait
la représentativité
et
quant
d'emploi
et
ne l ' a u r a i s
sa
llles
d'utilisation
cru au tout départ.
qui
Québécoise-
un p r i n c i p e
féminine
que
facile
d'un couple
se sont m a r i é s .
<± son application en contexte d'écriture,
frequence
manque
constater
grammaticale du discours que j ' a i pu observer le
traintes
de
usuelles: Ex. Femme québécoise
mixte tilles»
assure
totale
Illustrateurs
remplacé par le substantif de nationalité
l'application
ou d'un
une absence
lexical (métiers, professions). Ex.
des règles féminisantes
être
À la
du
(corpus C) révèlent
C'est
à
peu
de
con-
sa
facilité
beaucoup moins exigeante que
je
C'est ainsi que naissait mon projet d'écriture et de publication en
vue
de
faire
appliquer
le
collectif
mixte
«illes»
comme principe de
féminisation dans des textes de création l i t t é r a i r e .
En cours de route,
j ' a i découvert que ce principe de
se prêtait bien à l'écriture en prose.
Quant à
l'écriture
m'a fallu créer un autre type de technique féminisante
subjective qui féminise
le sujet
régi
par le verbe
féminisation
poétique,
il
: la féminisation
et tout ce qui s'y
rapporte ( a r t i c l e , adjectif, pronom personnel).
Ce type
de féminisation
s'oppose
au
paradigme
grammatical
actuel
de nature sexiste soit «le masculin l'emporte sur le féminin».
Je tiens à souligner que le discours masculinisé que nous impose un
tel
paradigme
mensongère et
est
non
seulement
subjectif,
mais
d'une
objectivité
fictive.
Les pages qui suivent
présentent le document-synthèse de ce projet
d'écriture et de publication.
La
première
pédagogique,
partie
est
la
description
du
projet
d'application
c ' e s t -à-dire la façon dont j ' a i orienté mes élèves
production de leur texte l i t t é r a i r e
: syllabus,
documents
dans la
informatifs,
techniques de créativité et textes de création l i t t é r a i r e .
La seconde partie comporte toutes les étapes
celle de la
révision,
l'impression
finale.
de l'organisation,
de
publication
des coûts de production et de
Le présent document-synthèse s'intéresse avant tout à la
pédagogique
du
projet
et
à
dont
l'application
pédagogique
description
de
certaines
techniques de féminisation.
C'est
toutes
ces
ne sont pas
pourquoi,
étapes
l'objet
la
seconde partie
se veut un court
techniques qui préparent
principal
un manuscrit
de la présente
comme outil d'application pédagogique.
résumé
puisque
à l'impression
étude sur La féminisation
PRODUCTION
1.
DESCRIPTION DU PROJET
Ce projet comprend la production d'une oeuvre littéraire suivie de
sa publication par une maison d'édition.
1. PRODUCTION
A. SYLLABUS
(Document I)
Un syllabus est remis au groupe-témoin afin de leur faire connaître
les objectifs du cours ainsi que l'objet d'application pédagogique.
Tout d'abord, j'ai
fait paraître un communiqué de presse
dans les
journaux afin de faire connaître le projet et ainsi former un groupetémoin intéressé à écrire et à publier. (Document II)
Le
syllabus
que je leur
ai remis > définissait
clairement les
objectifs visés qu'ils soient généraux, spécifiques ou terminaux.
Voici son contenu :
Objectifs généraux
1.1 Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de commencer, de
poursuivre ou de finaliser la rédaction d'une oeuvre individuelle;
1.2 Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes nécessaires
à la production d'une oeuvre.
Objectifs spécifiques
2.1 La créativité
L'étudiante, l'étudiant produira
un texte minimum de cinquante
(50) pages à raison de quatre (4) pages par semaine;
2.2 L'autonomie intellectuelle
L'étudiante,
l'étudiant
sera
appelé
s'auto—critiquer en vue d'améliorer
tion,
sa
à s'auto-évaluer
et à
méthodologie de produc-
la qualité du contenu et la façon de corriger son
texte;
2.3 Chaque étudiante, chaque étudiant appliquera certains principes
de féminisation
dont
le
collectif
mixte «illes»
que préconise
l'écrivaine-conseil responsable du groupe-témoin.
Objectifs
terminaux
3.1 Appliquer les différentes étapes de production d'un t e x t e ;
3.2 Appliquer les différentes étapes de correction d'un t e x t e ;
3.3 Appliquer les différentes étapes de transcription d'un
texte;
3.4 Appliquer le collectif mixte «ilies» comme principe de féminisation.
3-5 Appliquer la féminisation subjective comme technique de féminisation.
Les deux derniers objectifs se sont ajoutés puisque la nature des textes
écrits se p r ê t a i t à ce genre d'application pédagogique en contexte créateur-
2.
B. DOCUMENTS INFQRMATIFS
Certains documents informatifs que vous retrouverez en annexe, établissent
les différents genres littéraires soient la prose et la poésie. (Document III)
Un autre document
fait
le survol des auteurs et écrivaines de notre région
suivant leur genre littéraire. (Document IV)
Cette approche a permis au groupe-témoin de s'identifier
à la
réalité
littéraire de notre région. C'est ainsi que ces personnes découvrent qu'elles
font partie d'une famille littéraire à titre d'élèves en écriture dont le rêve
de publier est réalisable et possible.
C. TECHNIQUES SYNECTIQUES
ou de créativité (Document V)
Afin de favoriser une meilleure compréhension du principe global de féminisation,
certaines
techniques
de
créativité
ont
été
abordées.
ment a été remis au groupe-témoin en vue de les initier aux cinq
Un docu-
étapes
du
processus synectique (Gordon, 1965) et aux cinq préceptes de la démarche
sy-
nectique (Osborn, 1965). Je leur
ai
aussi
présenté
différentes techni-
ques de créativité (De Mory, 1976).
Dans le cadre du présent projet, j'ai
les mots inducteurs : choix de quinze termes
privilégié deux techniques donc
au
hasard
dans le dictionnaire.
La seconde technique est le concassage qui consiste à remettre
le problème posé
etc.
en question
soit par association, inversion, adaptation, substitution,
J'ai procédé avec quatre personnes sur enregistrement par cassette.
Le problème posé était le suivant : Le masculin l'emporte sur le féminin
est un problème d'ordre sociolinguistique.
Deux personnes ont participé au premier atelier de créativité.
Nous étions assis par terre sur un tapis et la pièce n'était éclairée
que par une chandelle. Cette ambiance favorise une plus grande concentration
et minimise les distractions ambiantes.
L'animatrice avait pour rôle de tout noter sur papier à mesure que s'exprimaient les deux participants.
a) Les cinq étapes du processus synectique (Gordon, 1965)
1. Formulation du problème : on se demande de quoi il s'agit, comment
on peut définir le problème de façon très générale.
2. Identification au problème : on cherche à vivre le problème
s'il faisait partie intégrante de soi.
comme
3. Rejet des solutions banales: au début d'une recherche,on trouve
d'abord des solutions classiques sans originalité. Après une «purgation» de ces solutions conformistes, on va au-delà.
3.
4. L'imagination en roue libre : toutes les idées sont bonnes. On
l a i s s e parler son imagination la plus irrationnelle.
Cette étape s'appelle aussi «remue-méninges» et constitue la
phase essentielle de la recherche.
-*• L'envol : c'est le moment ou la découverte s'opère.
b)
Les cinq préceptes en démarche synectique (Osborn, 1965)
1. Ne pas critiquer les autres, ne pas porter de jugement, ne pas
censurer les idées des autres ni les nôtres.
2. Les idées les plus folles sont les bienvenues.
3.
La pensée divergente : type de pensée capable d'éloigner des
schémas traditionnels et de produire des formes nouvelles, de
r é a l i s e r des combinaisons d'éléments étrangers les uns aux autres
4. Rechercher à combiner et à améliorer les idées.
5. Noter le maximum d'idées : rôle de l'animatrice.
c)
Définition des différentes techniques de créativité (DeMory,
1976)
1. LES MOTS INDUCTEURS
Au d é p a r t , un problème e s t p o s é . Pour t r a i t e r
c e type de
problème ( e x . l e masculin l ' e m p o r t e s u r l e f é m i n i n ) , on prend
au h a s a r d dans un d i c t i o n n a i r e une q u i n z a i n e de t e r m e s .
Tout en r e s p e c t a n t l e s cinq p r é c e p t e s , l a r e c h e r c h e c o n s i s t e
à m e t t r e systématiquement en r a p p o r t l e problème posé e t chacun
d e s termes a t t r i b u é s p a r l e h a s a r d .
En énumérant ces n o t i o n s
pour peu qu'on l a i s s e
a l l e r son
imagination, des idées sans doute farfelues apparaissent.
Malgré ses apparences illogiques et aléatoires, c e t t e technique
est très efficace. Elle permet de développer le sens de ce que
l ' o n appelle la bi—sociation (combinaison d'éléments
qui sont
étrangers les uns aux autres), de la fantaisie et permet d'échapper assez facilement à la pensée routinière.
L'analyse de chaque terme produit comme une étincelle et l'assoc i a t i o n de multiples étincelles finit par faire j a i l l i r un feu
d ' i d é e s nouvelles.
Les données jouent alors le rôle de tremplin pour l'imagination.
2. LE CONCASSAGE
C'est
une technique q u i c o n s i s t e â f a i r e s u b i r à un système,
à
un concept, une s é r i e d ' a g r e s s i o n s pour v o i r q u e l l e s
idées
nouvelles apparaissent par association, inversion, adaptation,
s u b s t i t u t i o n , etc.
Par exemple, vous constaterez que beaucoup d'objets
familiers
ont pris naissance à partir d'une t e l l e technique. Le briquet
j e t a b l e est la réplique du
briquet ordinaire.
Le concassage est un excellent stimulant pour l'imagination dans
la mesure où il force à se poser des questions i n s o l i t e s .
3 . RÉSULTATS
TECHNIQUE DE CRÉATIVITÉ
EN SYNECTIQUE
I L E S MOTS INDUCTEURS
Problème posé : Le masculin l'emporte sur le féminin est un problème d'ordre
sociolinguistiqueParticipation
deux personnes
David Simard et Christian Tremblay
(15 ans)
(43 ans)
DÉMARCHE
Liste de mots choisis au hasard dans le dictionnaire Le Petit Robert (1991).
Mettre en rapport avec le problème posé les quinze termes choisis au hasard
selon les cinq préceptes que propose Osborn en démarche synectique.
Christian
David
Décolérer
Couder
Écourter
Fourré
Orthodoxie
Préparatif
Indubitablement
Précéder
Orienteur
Heure
Faille
Diamètre
Curage
Descripteur
Gras-double
RÉSULTATS
Décolérer : La féminisation de la langue
décolérerait les femmes.
Le masculin sur le féminin a été propre
a^décolérer les détracteurs de ces différentes idées.
II serait bon de couder les Couder le féminin au masculin revient a
Couder
mots d'une manière féminine autant que signifier plus réellement notre relation
masculine.
avec l'univers qui est à la fois masculin ou féminin, à redonner une signification d'équivalence au principe créateur
de l'humanité.
Ça ne vaut pas la peine d'écourter des
mots quand
ils représentent
et le
masculin et le féminin.
Ecourter : Parce que le Créateur o u la
Créatrice est à la fois père et m è r e de
la Création. Le masculin sur le féminin
est là pour simplifier, unifier, fusionner.
Fourré : Les femmes sont comme au milieu
d'un fourré suite à la masculinisation
de la langue.
Les problèmes reliés à la mascuiinisatxon
de la langue me placent dans u n fourre
d'imbécilités propres a me f£ire dégobil-
ler.
Christian
David
Orthodoxie : L'orthodoxie est comparable à la langue française dans le
sens où les femmes ne peuvent être
prêtres.
Faire remporter le masculin sur le
féminin
où le sens de la femme prévaut ne
serait
pas très orthodoxe en pratique, mais s e r a i t
beaucoup pragmatique et
didactique
pour
le sens des valeurs à enseigner.
Précéder : Nous précéderons l ' è r e de
la féminisation de la langue. Notre
ère qui suivra sera féminisée.
Même si l ' è r e de la mère a précédé c e l l e du
père, ni l'une ni l ' a u t r e ne devrait se surpasser dans l'évolution de l'humanité.
Orienteur : Le problème de faire remporter
le masculin sur le féminin est d ' o r i e n t e r
les moeurs de l'humanité en entretenant la
servitude de la femme envers l'homme.
Heure : II est l'heure de faire du
remue-ménage quant aux genres des mots.
Ne serait-ce pas venue l ' h e u r e d'unisexuer
la langue française ?
Faille
La masculinisation de la lan- Idem.
gue est une faille entre l'homme et la
femme du point de vue égalité.
Les opinions sur le sujet sont parfois
diamétralement opposées.
Diamètre : Nous ne pourrons jamais mesurer
le diamètre des préjudices causés à l a
femme par cet état de choses.
Il serait nécessaire de faire un curage de la langue pour harmoniser les
rapports entre les sexes.
Curage : Le curage de l a langue française
dans l'emploi du masculin sur le féminin
pourrait être très avantageux pour é q u i l i brer les forces, l'union des forces, des
sexes.
Descriptrice est le féminin
cripteur.
de des-
Descripteur : Le masculin sur le féminin
est rarement descripteur; de la r é a l i t é .
La féminisation de la langue française est comparable à un gras-double
dans le sens où il fait partie intégrante du boeuf et que la féminisation de la langue fait partie intégrante de la réalité telle qu'elle
devrait être.
Gras-double : L'orgueil
de l'humanité,
amplifié par le principe masculinisateur
de la langue française, e s t devenu comme
le pire des gras-doubles parce qu* incomestibles. Ce principe mascuJLiaisateur; à outrance a donné la c r é a t i o n du féminisme.
Idem.
Préparatif : La prise de conscience
des
conséquences inhérentes au principe de la
masculinisation est un préparatif nécessaire à la féminisation de la langue.
I l est indubitable q u ' i l faut féminiser la langue avant de l'uniformiser.
Indubitablement : La féminisation de la
langue améliorerait indubitablemer. ; nos
rapports entre les sexes .
6.
2. LE CONCASSÂGE
(Document VI, cassette)
Problème posé : Le masculin l'emporte sur le féminin est u n problème
d'ordre sociolinguistique.
Participation : quatre personnes
deux femmes et deux hommes
DÉMARCHE
L'animatrice
départ
afin
groupe. Par
sujets
pose
de
problème et
donner libre
la
ne présente
cours à l'opinion
pas
sa position au
de chaque personne du
suite, à force de discuter et de parler sur
d'actualité
monde finit
le
par
se
rattachant
connaître
toujours
l'opinion
qu'après ces moments de vérité
de
différents
au problème posé,
chacune
et
chacun.
tout le
Ce n'est
que chaque participante et participant
peut vraiment s'exprimer sans restriction, sans peur de choquer l'autre.
I l est
évident qu'on en vient à faire des digressions,
s'éloigner du problème posé, mais l'animatrice ramène toujours
à sembler
le groupe
à ce qui fait l'objet de l'échange sur la base d'une technique de créativité (synectique).
RÉSULTATS
Le groupe n'a pu présenter de solutions comme telles, m a i s nous en
sommes«venues»à
masculin
quand
un consensus
: le féminin devrait l'emporter
sur le
la majorité est féminine. C'est pourquoi j f a i accordé
le participe passé «venues» au féminin
: deux hommes, deux
femmes et
une animatrice.
Les hommes
du groupe ont admis
que «le masculin
sur l e féminin»
déclare la soumission de la femme à l'homme.
Nous avons parlé d'égalité
puisque le couple est un partenariat où
il y a interdépendance. Nous avons aussi parlé de «matrimoine» et de
patrimoine.
Nous avons découvert que «le masculin sur le féminin» est
une grossière injustice où l'homme est lui aussi pénalisé à s e s dépens.
La durée de cette cassette est d'une heure.
7.
D. TEXTES DE FÉMINISATION : De Grevisse à Marols (1987)
Chaque élève reçoit cet essai à lire qui
présente différents principes
de féminisation que préconise l'écrivaine—conseil responsable du groupe.
Chaque élève doit présenter un court texte où l'utilisation
l'emporte
sur
Xe
masculin. Un
du féminin
texte de créativité où le discours et le
contenu sont féminisants.
Cet
essai
est
reproduit
en
annexe
(Document VII) et
les
textes
féminisants/féminisés sont les suivants :
2O 1 O : ÈRE DE FÉMINISATION DE LA LANGUE
FEMINISATION D'UN TEXTE
par David Simard
Christian, Jocelyn, François, Colette et moi constituions l'assemblée. Nous étions toutes
assises à la table et discutions depuis bientôt une heure. Notre animateur, monsieur Larousse.
nous proposait ici une approche synectique. « Le féminin l'emporte sur le masculin est un
problème socïoiinguistique », tei était le sujet posé.
Elle est vraie que cette question m'intéressait : pourquoi, en cette année deux mille dix, le
féminin Pemportait-il sur le masculin? Monsieur Larousse était celui que cette question agaçait
le plus : étant linguiste, il avait pu voir la faiblesse d'une telle règle.
Dans les dictionnaires, les conjugaisons étaient inscrites de cette façon : je suis née, tu
es née, eile est née: nous sommes nées, vous êtes nées, efies sont nées... Un autre exemple
qui venait renchérir l'affirmation de monsieur Larousse : le masculin était littéralement écrasé
par le féminin!
Christian et Colette proposèrent alors quelque chose.
Elles levèrent la main, afin que nous les écoutions, et prirent toutes deux ia parole:
-Pourquoi ne pas faire une fusion du « il » et du « elle ». ce qui donnerait « illes ». Cela
créerait une égalité*.
L'animateur sembla surpris . il n'avait jamais pensé à une telle solution.
Eiles approuvèrent toutes.
-De plus, dit Christian, nous pourrions faire remporter le nombre sur ie genre. Je donne un
exemple : La tomate et les deux haricots que j'ai mangés « e accent aigu s -> étaient délicieux
« x »! C'est la justice même!
Les voix s'élevèrent et elles applaudirent.
Christian et Colette paraissaient radieuses sous cette pluie d'applaudissement, fières d e
leurs idées originales.
La reunion s'acheva a neuf heures et eiles rentrèrent toutes chez-elles, contentes de leur
soiree.
Et cette nuit-là, lorsqu'elles se couchèrent deux mots trottaient dans ieurs tètes
et éoaiité
justice
8.
TEXTE DE FÉMINISATION
par Christian Tremblay
J'espère que je pourrai dire â propos de la température qu'il fait :
«II fait beau !» quand le soleil brille.
Ce serait tout de même agréable de dire : «Elle fait sombre !» quand
les nuées couvrent le ciel ou que la pluie tombe.
Mais
combien deviendraient—ils
maussades
et moroses à
l'automne
â entendre ces propos à tout venant ?
Et combien peuvent-elles nous trouver durs à vivre après quelques
millénaires de programmation négative «machiste»
subie à cause de notre
si belle langue française, simplement parce que le «masculin
l'emporte
sur le féminin»?
Je
ne
favorisant
crois pas
un
avoir
sexisme
jamais le goût de renverser la
féministe... de
toute
façon, ce ne
vapeur en
serait que
perpétuer l'oppression.
L'heure
vieilles
est maintenant venue pour l'humanité de se libérer de ces
manières
l'écrivant
et
antagonistes
en
prônant
l'égalité.
Surtout
en
en le disant. Ce faisant, nous lui ferons prendre racine
dans nos vies quotidiennes.
Comme les femmes sont plus nombreuses sur la planète, j'ai choisi
d'écrire
cette
courte
épître
en
donnant
l'emploi
de mots du genre féminin: chose
le plus possible préséance à
que j'ai
trouvée très facile
et même très agréable à faire soit dite en passant.
J'ai
française,
l'intuition
malgré
que
son
j'aimerais
sexisme
beaucoup
grammatical
vérifier
évident,
si
la
langue
compte
plus de
loi du Talion et même dans nos
nouvelles
connotations féminines que masculines.
Et comme
dans l'ancienne
organisations
politiques
démocratiques,
1 emporte,
femme
pas
la
n'a
manqué
le
nombre
d'influencer
ou
ou
la
majorité
de participer à
l'élaboration du langage.
Donnons à la femme la place qui lui revient en lui tendant
Bienvenue Mesdames ! Sans égalité... point de liberté !
la main.
9.
SYNTHÈSE
Les
différents
documents
différentes
techniques
d'informer,
de mousser
féminisante,
d'écrire
consultés
de c r é a t i v i t é
leur
créatrice
et
par
le
groupe-témoin
expérimentées
imagination
innovatrice,
avaient
e t de l e u r
Je
pour
les
seul but:
présenter u n e écriture
voulais
le monde selon une vision féminisée,
et
leur
partager
ma façon
renouvelée et r é a l i s t e : un
monde de femmes et d'hommes.
Toute cette démarche a permis à chaque personne de produire
originaux
(Documents
VIII et XI )
selon
le
vieux
paradigme
des textes
du
«masculin
l'emporte sur le féminin» et de le remplacer par la suite par un nouveau «le
nombre l'emporte sur le genre». (Documents IX et XII)
Ce dernier paradigme s'exprime par la création du collectif
dont
l'application
se
féminine à l ' é c r i t .
veut
l'expression
visible
de
la
mixte ï i l l e s »
représentativité
C'est ainsi que chaque fois que l'on parle
d'un couple
(femme et homme) ou d'un groupe où i l y a au moins une femme ou une majorité
de femmes, ce n ' e s t pas «le masculin qui l'emporte sur le féminin», mais bien
«le nombre sur le genre»
dont
le
collectif
mixte
«illes»
est
l'indicatif.
Ce qui accorde au féminin la place qui lui revient.
Le terme
«nombre» n'exprime
numérique de l ' a r t i c l e
pas i c i
la
quantité,
mais bien
(une,un) dans le même sens global que le
l'égalité
terme genre
(féminin, masculin) .
Quant
à
la
principalement
et
de
tout
technique
à des textes
ce
qui s'y
de
féminisation
subjective,
de nature poétique
rapporte
(article,
collectif mixte «illes» s ' u t i l i s a n t
:
elle
féminisation
adjectif,
sujet
Le
bien dans des textes de prose.
production d'une oeuvre l i t t é r a i r e .
processus de publication,
du
pronom personnel).
Cette première partie du projet regroupait toutes les étapes
à la
s'applique
C'est pourquoi avant
j ' a i dû travailler
en étroite
chaque élève en lui fournissant un guide de révision.
nécessaires
d'aboutir
au
collaboration avec
Puis,
j 'ai
un plan des diverses étapes essentielles au processus de publication
élaboré
finale.
Avant de vous présenter les étapes de publication, je vous i n v i t e à l i r e
un premier t e x t e de création dont l'élève applique le collectif
en en respectant
la
technique
de
de personnaliser
lecteur.
la définition
mixte ï i l l e s »
(Document IX). Suit un texte féminisé selon
féminisation subjective
(Document XII)
qui a pour
le contexte selon que la personne esc l e c t r i c e
avantage
ou le sujet
PUBLICATION
1O.
2. PUBLICATION
A.ÉTAPES DE PUBLICATION
1. Étapes de révision
a) Révision orthographique
b) Révision lexicale
c) Révision syntaxique
d) Révision d'uniformisation
e) Révision finale
Commentaires
:
Présentement, nous en sommes à la révision syntaxique.
Les textes de création (Documents VIII,
IX, X et XI)
présentés en annexe contiennent encore des fautes de d i f f é rentes natures. C'est pourquoi i l est nécessaire d'en f a i r e
cinq révisions à des niveaux différents.
2. Étapes d'organisation
a) T i t r e
b) Texte du plateau arrière
cj Parties : chapitre, dédicace, table des matières
d) I l l u s t r a t i o n de la couverture et i n t é r i e u r
e) Pagination
f) ISBN-ISSN
droits d'auteure et d'auteur
Commentaires : Présentement, nous travaillons à l ' i l l u s t r a t i o n des t e x t e s ,
les t i t r e s des différents ouvrages sont t r o u v é s . Il r e s t e
les autres étapes dont la pagination qui ne peut se f a i r e
qu'en phase finale de dernière révision et de t r a n s c r i p t i o n
finale sur ordinateur.
3.
Etapes des coûts de production
a) Clientèle visée
b) Style d'impression : traitement de t e x t e , photocomposition...
c) Couverture et intérieur : quadrichromie (couleurs) ou monochromie
d) Choix de caractères : couleur ou n/b
e) Format/reliure/tranche/jaquette
f) Plaques de papier ou de cuivre/ papier recyclé
Commentaires
4.
: Présentement, des décisions
toutes ces étapes.
Étapes d'impression
a) Calendrier de production
b) Échéancier de production
c) Mise en pages
d) T r o i s lectures d'épreuves
e) Récupération : signet ou carte
Commentaires
ont
été prises
concernant
d'affaires/d'invitation
: Comme les ouvrages qui seront publiés sont des productionsmaison, nous prévoyons leur publication pour septembre 1994
au Salon du livre Saguenay—Lac-Saint-Jean sous l'égide de
la Société des écrivains canadiens (SEC) et marrainée par
les Éditions Françoise Marois.
11.
B.
DOCUMENT INFQRMATIF
Je ne vous soumets qu'un document (DocumentXÎII) puisque c'est
que
j'ai remis
représentaient
du matériel
à
chaque
élève
en salle
de
classe.
Tous
le
seul
les autres
soient des volumes publiés aux Éditions Françoise Marois o u
illustrant
les différentes
étapes de publication
: plaques d e
papier ou de cuivre, cartons de mise en pages, feuilles d'épreuves, etc.
C. DOCUMENT PUBLICITAIRE
Ce document a permis a l ' u n e des personnes du g r o u p e - t é m o i n de se f a i r e
c o n n a î t r e par l e b i a i s de n o t r e j o u r n a l
l o c a l (Document XIV')et s u r l a
scène
r é g i o n a l e (Document XV) .
D. VISITES PRËVUES
J'avais prévu la v i s i t e d'un chantier afin de voir sur p l a c e comment s e
fait la coupe du bois en forêt. Aussi, la v i s i t e d'une papeterie par un élève
du groupe lui-même papetier de métier depuis vingt ans.
Nous avons rencontré le journaliste de notre journal l o c a l , mais il n ' a
pas été possible de voir l'équipe en plein t r a v a i l .
Je voulais
que le groupe a i t le l o i s i r de voir une presse
d'imprimerie
en fonction, mais le temps nous a manqué.
Ces différentes
du groupe à l ' a s p e c t
v i s i t e s avaient pour but de sensibiliser
matériel
de l ' é c r i t u r e
l e s personnes
partant du b o i s transformé
en papier mis en pages dans un journal et ce même journal sous p r e s s e .
Cela fera partie des objectifs d'un prochain cours.
12.
CONCLUSION
Cette expérimentation en salle de classe représente pour moi la découverte
d'une
nouvelle
technique
féminisante
que
jusqu'à maintenant : la féminisation subjective. Je
je n'avais
pu
nommer
l'utilisais
depuis
longtemps sans jamais avoir pu lui donner de nom.
Ce
partage
du
fruit
de
mes
recherches
échelonnées
sur plus
d'une
douzaine d'années avec un groupe—témoin intéressé à la création et à la nouveauté, m'a donné l'occasion de mettre en pratique
un principe
de fémini-
sation le collectif mixte «illes».
La
difficulté
grammaticale de
n'était
pas
de
leur
faire
connaître
ma
féminisation, mais résidait dans l'approche
philosophie
pédagogique à
choisir pour les amener à en faire une application pédagogique.
Il est clair qu'en contexte créateur, toutes les limites sont levées
et toutes les innovations sont permises.
La création implique la découverte, l'inédit.
Je
reste
surprise
des
résultats dont
font
preuve
les
techniques de
créativité par mots inductettrs et par concassage.
Je constate avec étonnement que même les personnes les plus réticentes
â la féminisation, au changement linguistique et à la nouveauté par; l'écrit,
ne restent pas insensibles à cette semence féminisante. Ce sont
celles-là
justement
qui ont nourri les discussions tantôt par leur controverse tantôt
par leur lucidité face à cette injustice sociolinguistique,
stigmate
de
notre culture misogyne, sexiste et masculinisée.
Je
souhaite
créativité
diriger
puisque
plus
souvent
de
tels ateliers d'écriture
ces rencontres s'avèrent
plus fructueuses
ou de
dans le
cadre de ma recherche globale sur la féminisation.
J'ai
prochain
discours.
pu
travailler
volet
Il
sera
sera
axé
donc
l'écriture
sur
en tant
la cohérence
nécessaire
que
du
d'écrire
discours
contenu
une
(message)
langue
réalité sociolinguistique de notre époque féminisante.
(grammaire). Le
qui
face au
respecte la
13.
BIBLIOGRAPHIE
1 . OUVRAGES DE RÉFÉRENCE
DEMORY, Bernard;
1976, La c r é a t i v i t é
e n 50 q u e s t i o n s ,
Chotard
e t Associés
Éditeurs, P a r i s .
GORDON, J . J . William; 1965, La synectique, Homme
et techniques,
Paris.
OSBORN, Alex F . ; 1965, L'imagination c o n s t r u c t i v e , Dunod, P a r i s .
2.
OUVRAGES DE FÉMINISATION
MARDIS, Françoise; 1994, fLa féminisation comme phénomène sociolinguistique»
tiré des Actes .du colloque sur la problématique de l'aménagement linguistique
(Enjeux théoriques
et pratiques),
Office
de la langue
française
et
l'Université
du Québec à Chicoutimi, Collection langues
et sociétés,
Tome I, Chicoutimi, p. 279 à 309Idem. De Grevisse à Marois, revue Rauque, Prise de parole, Sudbury, 1987.
14.
ANNEXE
1. PRODUCTION
A. Syllabus
Document I
B. Documents informatifs
Document II : communiques de presse
Document III: tableau comparatif des
genres littéraires
Document IV : survol des talents
littéraires régionaux
C. Techniques
synectiques
Document V :
Document VI :
D. Textes de féminisation
Document VII:
Document V U E :
Document IX :
Document X
:
feuilles descriptives
cassette (concassage) *
essai De Grevisse à Marais
texte de création
texte féminisé
texte publié
Document XI :
texte de création
Document XII: texte féminisé
2. PUBLICATION
A. Étapes de publication
(voir p. 10)
B. Document
Document XIII: le l i v r e
informatif
C. Documents p u b l i c i t a i r e s
Cassette non disponible.
Document XIV : couverture de livre
et a r t i c l e s de journaux
SYLLABUS
Document I
F'JROCTEJT-
SYLLABUS
PARTIE 1
PRODUCTION
E> * UINÏE
OEUVRE
CONSEILLÈRE EN EDITION
AUTOMNE 1993
PROJET-PILOTE EN ECRITURE ET PUBLICATION
PARTIE 1
PRODUCTION D'UNE OEUVRE
SYLLABUS
1.
2.
OBJECTIFS GENERAUX
1.1
Permettre à chaque étudiante, chaque étudiant de
commencer, de poursuivre ou de finaliser la rédaction
d'une oeuvre individuelle.
1.2
Permettre à chacune, chacun d'appliquer les étapes
nécesssaires à la production d'une oeuvre.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
2.1
La créativité
L'étudiante, l'étudiant produiront un texte
minimum de cinquante pages à raison d'une
production moyenne de quatre pages par semaine.
2.2
L'autonomie intellectuelle
L'étudiante, l'étudiant seront appelés à s'auto-évaluer
et à s'auto-critiquer en vue d'améliorer leur
méthodologie de production, la qualité du contenu et la
façon de corriger leur production.
3.
OBJECTIFS TERMINAUX
3.1
Appliquer les différentes
texte;
étapes de production d'un
3.2
Appliquer les différentes étapes de correction d'un
texte;
3.3
Appliquer les différentes étapes de transcription d'un
texte.
4.
RÔLE DE LA CONSEILLERE EN ÉDITION
4.1
4.2
4.3
5.
Guide
Critique
Ressource
ROLE DU GROUPE
5.1
5.2
5.3
6.
Entraide
Consultation
Expérimentation
CALENDRIER
Les rencontres s'échelonneront sur quinze semaines de
septembre à décembre 1993.
Les différentes étapes de production, de correction et de
transcription comporteront chacune cinq semaines: l'écriture,
la révision et le texte final.
7-
AUTO-EVALUATION
Le produit final prêt à l'impression représente l'application
des différentes étapes d'apprentissage: l'écriture, la
correction et la transcription.
8.
MATERIEL,
Le
Le
Un
Un
Un
9.
dictionnaire
Petit Robert
dictionnaire
dictionnaire
carnet relié
des difficultés de la langue française
(1991)
de synonymes
analogique
de cinquante feuilles ou plus.
COUT
Vingt d o l l a r s (20$) par r e n c o n t r e de deux h e u r e s payable p a r
t r a n c h e de cent d o l l a r s (100$).
1 0 . PRÉALABLE
Toute personne qui désire écrire un texte
ou qui est en processus d'écriture
ou qui a un texte en main et veut le réviser
et qui veut publier.
DOCUMENTS IMFORMATIFS
Document II
Document III
Document IV
DOCUMENT
II
Le Point — 26 septembre 1993
écriture et
publication
Projet pilote en écriture et publication
Le Point — 22 août 1993
Une première
jnrrsrx^
ï!
' J~SÎ t
^
Un projet pilote en
écriture et publication
sera bientôt mis sur pied
sur ie territoire de la
MRC
MartaChapdeiame. Il s'agit
d'une initiative de Françoise Marois, éditrice de
Dolbeau de réputation
provinciale. Elle sera
appuyée aans ce projet
par la non moins connue
Céline Desjardins, conseillère en andragogie.
Celles-ci se lancent
dans ùt pfojet unique
après avoir considère
tes nombreux besoins
exprimés par des personnes désireuses de
publier. Toutes deux
sont conscientes du
nombre important de
personnes voulant écrire
ou publier leur biographie, alors que d'autres
ont déjà des piles de
poèmes en attente. Pour
répondre à ce type de
besoins, Je duo MaroisDesjardins est à élaborer un projet pilote susceptible d'intéresser ces
futurs écrivains et écrivaines.
30 semaines
Ce projet est d'une
durée de 30 semaines et
aura pour objectif principal l'écriture et ia publication d'une oeuvre.
L'équipe prévoit aborder
l'aspect technique de
l'édition et prévoit le lancement de ces oeuvres
au Salon du livre l'automne prochain.
Le projet pilote pourrait démarrer vers la miseptembre. Françoise
Marois. des Éditions
Françoise Marois, agira
à titre de conseillère en
édition dans ce projet
tandis que Céline Desjardins, andragogue à
l'Education des adultes,
apportera sa vaste experience en matière de
projets éducatifs.
Les personnes désireuses de publier leur
oeuvre sont invitées à
se joindre au groupe
déjà formé dont ies rencontres débutaient ie 22
septembre et qui ont
lieu de 19 h à 21 h.
Si vous désirez vous
inscrire, veuillez composer le 276-3090 et demander Françoise Marois qui anime ce projet
pilote en écriture et
publication à titre de
conseillère en edition.
Ce projet est une première au Saguenay—
Lac-Saint-Jean puisqu'il
ne s'offre nulle part ailleurs au Canada français.
II s'adresse à Soute
personne q u i désire
écrire un texte, toute
personne en processus
d'écriture, toute personne qui a un texte en
main et veut le réviser et
publier. Avis aux futurs
écrivains et écrivaines.
Nous prévoyons le lancement de vos oeuvres
au Salon du livre pour
l'automne 1994.
Françoise WSarois
LE LAC-ST-JEAN, dimanche 26 septembre 1993
Projet-pilote en écriture et publication
ALMA (J.L.)- Étant donné le nombre croissant de personnes désireuses de
publier biographies, recueils de poèmes et autres, l'éditrice Françoise Marois et la
conseillère en andragogie Céline Desjardins ont mis sur pied un projet-pilote en
écriture et publication.
Ce projet, qui devrait débuter sous peu, se domaine et dix ans d'expérience dans
veut d'une durée de 30 semaines. La l'enseignement aux adultes. Quant à Mme
première partie du programme portera sur Desjardins, elle travaille dans le domaine de
l'écriture et la publication d'une oeuvre l'éducation aux adultes depuis 25 ans et a
individuelle tandis que la deuxième partie collaboré à de nombreux projets éducatifs à
abordera les aspects techniques de l'édition. caractère régional.
L'objectif final est de lancer les oeuvres au
Salon du livre à l'automne 1994.
Pour obtenir de plus amples renseigneMme Françoise Marois, qui agira à titre de ments sur ce projet, il est possible de comconseillère dans ce projet, possède une muniquer avec Mme Françoise Marois au
quinzaine d'années d'expérience dans le 276-3090.
m
M
\m
la]
Les deux responsables du projet-pilote en écriture et publication, Mmes
Françoise Marois et Céline Desjardins.
1
El
Forme sociale du langage
Langue parlée
Langage de l'historienne
Le réel
Tout ce qui est
Objectivité : tête
Expression du vrai
Langage de l'intelligence
Expression intellectuelle
POÉSIE Forme individuelle du langage
Langue artistique
Langage de la poète
L'idéal
Tout ce qui est possible
Subjectivité : coeur
Expression du beau
Langage de l'imagination
Expression du don poétique
LE DON POÉTIQUE
Don inné qui rend capable d'interpréter le monde visible et invisible,
d'exprimer le réel et le possible, les choses perçues ou imaginées,
reliées par de mystérieux rapports que seuls poètes et poétesses découvrent.
La zone de nuit, de transe, de catharsis ou de purification
phase de la composition.
: c'est la
Le don poétique opère un miracle sur les mots les plus simples
illumine, les anime, il leur donne une valeur incantatoire.
PROSE
GENRES LITTERAIRES
1. Seare didactique
Ex. Introduction, discours, réflexions
et maximes, lettres, essais, manifestes.
: il les
POÉSIE
1. Genre épique
ex. Guerre de Troie
Autant en emporte le vent
a)Lf enseignement/le renseignement/
le voyage/ traduction et adaptation
b)La critique
Déf. L ' a r t d'analyser une oeuvre
à sa juste valeur.
c)Le journalisme
2. Gtmççt êpistelaire
Déf. Causerie écrite
3 . <5^ouDa o r a t o i r e
Déf. Discours écrit
4. Genre histQri^aft
Déf. Allie la science de la vérité
et l'expression l i t t é r a i r e .
5. Ctecoca rswiaaes^i&e
ex. Le roman
Déf. Récit fictif et narration.
Peinture de moeurs,
ex. Le conte : récit direct,
ex. La nouvelle: récit imaginé et
court entre le roman et le conte,
4-
Déf. Poème narratif à la fois
héroïque et merveilleux.
Genre dramatique
ex. Le théâtre, un spectacle
Déf. Représentation fictive
mais vraisemblable d'événements extérieurs et
intérieurs de la vie.
ex. Le cinéma
Genre didactique
ex. La satire
Déf. Peinture de la v i e humaine
dont elle
fait
éclater
le ridicule et les vices.
ex. La fable
Déf.
Petit r é c i t
allégorique
à intention m o r a l i s a t r i c e .
Déf. C'est un chant de l'âme.
Thèmes lyriques : l a famille,
la patrie, la nature, Dieu,
la personne humaine,
l'humanité
Source : Théorie de l'Art et des Genres l i t t é r a i r e s , Jean Suberville, 1968
t
ËCRIVAIEES ET AUTEURS DE NOTRE RÉGION
Critique
Christiane Laforge
Journaliste au journal Le Quotidien
Oeuvre : Notre histoire à petits pas
Documentaire
Roland Bourbeau
Professeur à l'UQAC
Oeuvre : Survie en foret
Essai
Jean-Claude Larouche
Président-éditeur chez JCL
Oeuvre : Alexis le trotteur
Journal
Andrée Rainville
Journaliste au journal le Progrès-Dimanche
Nouvelle
Gérard Pourcel
Ministère des Affaires civiques et culturelles
Oeuvre : Le dernier été balkanique
Poésie
Louise Fleury
Présidente-éditrice aux Éditions Marie Lune
Oeuvre : Doux lilas
Ailes d'azur
Prose
Murielle Gagnon (Poulin)
Oeuvre : Calme au crépuscule (à venir)
Roman
Danièle Dubé
Professeure au Cégep de Jonquière
Oeuvre : Le dernier homme
Science-fiction Elisabeth Vonarburg
Professeure à l'UQAC
Oeuvre : Les contes de la chatte rouge
+
+
Françoise Marois
Essai
De Grevisse à Marois
Conte
Constelle
Fable
La dragonne, l e lièvre et la tigresse
Journalisme
Thérèse Plante ou l'image du mouvement par l a danse
Poésie
Femmes-fleures
Théâtre
D'une flamme nouvelle
+
TECHNIQUES SYNECTIQUES
Document V
Document VI
DOCUMENT V
Qu'est-ce qu'une technique de créativité?
«Simples et anciennes, les techniques de créativité entendent amener les
individus à saisir les problèmes dans toutes leurs dimensions, sans a priori, leur ouvrir
de façon démesurée le champ de l'esprit et de faire exploser ce qu'on nomme l a
réalité objective en d'autres réalités mouvantes, contradictoires, chaleureuses,
infiniment plus riches» (idem, pp. 77-78.).
Par la créativité et ses techniques, l'on découvre que ce que l'on croyait
connaître nous est, en réalité, inconnu. L'on se modifie lorsque l'on pratique
régulièrement une technique de créativité quelconque. On modifie ses approches
mentales, sa façon de penser, l'utilisation que l'on fait de ses ressources profondes.
Les cinq étapes du processus svnectique (Gordon)
(DEMORY, BERNARD. La créativité en 50 questions, p.31 )
1. Formulation du problème: on se demande de quoi il s'agit, comment on
peut définir le problème de façon très générale.
2. Identification au problème: on cherche à vivre le problème comme s'il faisait
partie intégrante de soi.
3. Rejet des solutions banales: au début d'une recherche, on trouve d'abord des
solutions classiques sans originalité. Après une
«purgation» de ces solutions conformistes, on
s'efforce d'aller au-delà.
4. L'imagination en roue libre: toutes les idées sont bonnes. On laisse parler son
(remue-méninges)
imagination la plus irrationnelle.
(phase essentielle de la recherche)
5. L'envol: C'est le moment où la découverte s'opère.
Les cinq préceptes en démarche synectique (Osborn)
(idem, p.80)
Premier précepte: ne pas critiquer les autres, ne pas porter de jugement, ne pas
censurer.
Deuxième précepte: les idées les plus folles sont les bienvenues.
Troisième précepte: la pensée divergente. Type de pensée capable de s'éloigner
des schémas traditionnels et de produire des formes nouvelles,
de réaliser des combinaisons d'éléments étrangers l'un à l'autre
(bi-sociation: Koestler).
Quatrième précepte: rechercher à combiner et à améliorer les idées.
Cinquième précepte: noter le maximum d'idées (animatrice ou animateur).
Définition d e s différentes techniques de créativité (Demorv)
Les techniques approche analogique, remue-méninges et relations forcées
seront explicitées et illustrées à partir des résultats obtenus lors de leur application en
salle de classe. Le problème suivant est celui que l'on cherchait à résoudre: L e
masculin l'emporte sur le féminin est un problème d'ordre sociolinguistique.
Nous présenterons une définition des autres techniques que n o u s n'avons pu
expérimenter.
1. L'approche analogique (p.94)
Matériel: un casseltophone
Problème posé: le masculin l'emporte sur ie féminin est un problème d'ordre
sociolinguistique.
Penser par analogie, c'est établir un système de ressemblances et d e relations
permettant de passer d'un univers à un autre afin d'aller y recueillir les possibilités de
solutions qui s'y trouvent.
D'abord, poser le problème au groupe. Formuler à tour de rôle toutes les
idées que l'on a sur la question ainsi que celles qui viennent spontanément.
Décrire toutes les images, comparaisons, métaphores que nous évoque ce
concept et ce, dans les domaines les plus divers possibles. C'est la phase dite
d'éloignement: on quitte le domaine propre au problème Rendre l'insolite familier
(Gordon) pour aller vers d'autres domaines.
L'animatrice ou l'animateur ne participe pas à ce voyage et s e contente
d'inscrire sur feuilles les analogies exprimées.
Suit la phase de croisement: rendre ie familier insolite (Gordon).
On transforme les images qui nous sont venues en idées de solution au
problème de départ, il s'agit de décoder îes analogies afin que les idées deviennent
des solutions au problème posé. Ce sont des pistes de recherche.
On fera un choix des analogies, choix qui permettront de passer au stade de l'étude
et enfin, au stade des solutions possibles.
2. Le remue-méninges (p.83)
L'animatrice, l'animateur a pour rôle de faire respecter les règles du jeu particulièrement îa règle de non-critique, de noter les idées émises et d'encourager les
participantes et participants à produire le maximum d'idées.
L'animatrice pose ie problème et s'assure que chaque personne a bien
compris le sujet.
Le remue-méninges
implique que
chaque
personne
abandonne
complètement son esprit critique, se laisse aller à l'imagination la plus débridée et
fasse preuve d'un véritable désir de trouver des idées nouvelles.
L'animation y joue un rôle prépondérant.
X- L' approche analogique
Voici les résultats obtenus tors de la pratique de cette technique en salie de classe
1. supériorité
2. homme
11. société
12. émasculé
3. sexisme
4. frustration
13. langue
14. exemple
5. règle
6. orthographe
15. Moyen âge 16. féodalité
7. groupe
8. radical
17. latin
18. solution
9. nain: in
10. égalité
19. valeur
20. préjugé
21. complexe 22. infériorité
41. féminisme
42. phallus
23. subjectif
43. puissance
44. règne
24. compétitivité
45. continuité
25. complexe 26. infériorité
47. possibilité
27. croyance
28. nuance
49. difficulté
50. symbolique
29. foi
30. église
51. image
52. succession
31.égoïsme 32. habitude
53. éducation
54. injustice
33. principe
34. commandement
55. héritage
56. épanouissement
35. Dieu
36. Adam et Eve
57. barrière
58. synthèse
59. neutralité
60. consensus
37. pomme
38. triste
46. changement
48. capacité
39. soumission 40. esclavage
2.
Résultats obtenus Sors de la pratique de cette technique en salle de classe
1. C'est une question de paresse. Au lieu d'utiliser les deux genres, on s e limite à un
seul.
2. Anciennement, l'homme dominait.
3. Ça ne me dérange pas le masculin.
4. Dans un travail, je vais spécifier selon la personne à qui je présente m o n travail.
5. Moi, je laisse toujours tout au féminin.
6. Si utilisé pour déterminer l'être humain, ça ne me dérange pas, mais si on parte
d'une personne, cela me dérange.
7. Il y a un retour aux valeurs de la famille (égalité entre parents).
8. C'est plus un problème sociologique que sociolinguistique.
9. Il y a encore beaucoup de femmes faibles face à l'homme.
10. Est-ce que cela a une porlée sur le comportement des gens?
11. Est-ce que cela a aidé à soutenir l'idée que la femme venait après l'homme?
3- Le concassaqe (p. 85)
Le concassage est une technique qui consiste à faire subir à un système, à un
concept, une série d'agressions pour voir quelles idées nouvelles apparaissent par
association, inversion, adaptation, substitution, etc.
Par exemple, vous constaterez que beaucoup d'objets qui nous entourent
sont nés à partir d'une telle technique synectique. Le briquet jetable est une diminution
de la durée d'usage d'un briquet ordinaire. Le tecteur de cassettes, une diminution du
magnétophone classique ainsi que son amélioration.
Le concassage est un excellent stimulant pour l'imagination dans la mesure où il
force à se poser des questions insolites et à remettre en cause ce qui était conçu
comme apportant la meilleure réponse.
Il est évident qu'il est beaucoup plus facile d'effectuer un concassage sur un
sujet auquel on n'est pas directement concernées.
4. Les mots inducteurs (p. 87)
Au départ, un problème est posé. Pour traiter ce type de problème (ex.: !e
masculin l'emporte sur le féminin), on prend au hasard dans un dictionnaire une
quinzaine de termes.
Tout en respectant les cinq préceptes, la recherche consiste à mettre
systématiquement en rapport le problème posé et chacun des termes attribués par
le hasard.
En énumérant ces notions, pour peu qu'on laisse aller son imagination, des
idées sans doute farfelues apparaissent.
Malgré ses apparences illogiques et aléatoires, cette technique est très
efficace. Elle permet de développer le sens de la bi-sociation, de la fantaisie et
permet d'échapper assez facilement à ta pensée routinière.
L'analyse de chaque terme produit comme une étincelle et l'association de
multiples étincelles finit par faire jaillir un feu d'idées nouvelles.
Les données jouent alors le rôle de tremplin pour l'imagination.
5- La technique des reiations forcées (p. 89)
Pour traiter ce type de problème, on choisit les trois premiers termes que
présente le groupe. On les place en trois colonnes.
On cherche d'abord ce que chaque terme évoque, quelles sont ses diverses
significations, quelles sont les associations engendrées, !es jeux de mot qu'il rappelle,
etc.
Ces trois colonnes de mots permettent de {aire naître des idées de solution.
Puis, à partir d'un terme, on tente d'élaborer une solution en reliant ce terme à d'autres
pris dans les deux autres colonnes.
Résultats obtenus lors de la pratique de cette technique en salle de classe
Le terme choisi est écrivain. On le relie ensuite à deux autres termes: sexe et
chaleur. Voyons le texte de solution.
«L'écrivain lait l'amour avec une femme et en prenant contact avec son corps,
il s'inspire de toutes ses dimensions.
Chaleur. Fusion entre les deux. Ne font plus qu'un. Lorsqu'ils,elles se
fusionnent dans une phrase, ils.elles ne font plus qu'un aussi. Donc, un seul s e x e .
Cette fusion est mentale et physique. Elle aboutit à l'existence d'un seul sexe. Ce
nouveau genre porterait le nom de fusion... »
Bibliographie relative à l'annexe
DEMORY, BERNARD. La créativité en 50 questions, Chotard et Associés
Éditeurs, Paris, 1976, 227 p.
MAROIS, FRANÇOISE. De Grevisse à Marois, Revue Rauque, Éditions Prise de
parole, 1987.
Idem. Le féminin générique, Bulletin Les propos, Association des femmes d'affaires
du Québec, 1986.
DOCUMENT VI
Cassette non disponible
D. TEXTES DE FEMINISATION
Document
Document
Document
Document
Document
Document
VII
VIII
IX
X
XI
XII
I
I
De Grevisse à Marols
ESSA
Françoise Mar ois
Elle est née à Miscassini
dans
la
région du Lac—Saine—iean au Québec.
Elle a traduit plus de trente-cinq
volumes de littérature enfantine dont La.
pxincasse à la robe de papier
de Robert
Munsch.
Sous la bannière des Éditions Françoise
Maxois, elle a publié plus d'une quinzaine
d'auteures à t i t r e d'éditrice.
Elle a enseigné à l'Université York
e t à l'Université du Québec à CnicoutizrL.
Elle travaille à la féminisation de
la. langue depuis une douzaine d ' aimées dé j à Elle est convaincue que la langue esc
l ' o u t i l de communication par excellence pour
amener notre francophonie mondiale vers une
égalité saciolinguisïrLqTie sur tous les pians
de l'activité humaine.
Française fait partie de nombreuses
associations tant l i t t é r a i r e s que féminines
et féministes au Canada.
En 1990, e l l e obtenait l'ajout du
féminin à l'appellation de l'ATL maintenant
l'Association des traducteurs et traducrricss
littéraires du Canada. I l s'ensuivait une
refonte complète de la charte.
La féminisation, de notre langue qu'elle
soit écrite ou pariés, représente un principe créateur d'universaux linguistiques-
ï
I
L
RAUQUE NO 6
PRISE DE PAROLE, SUDBURY. 1987
î 1
1 ï
l
I f
! :
I !
De Grevisse à bAûrois
Vers une nouvelle philosophie grammaticale
qui se fonde sur une réalité contemporaine
Energie nucléaire
Dialectique
proton
thèse
+ electron
4- antithèse
+ acide
4- cercle
« atome
— synthèse
= solution
= quadrature
du cercle
Mathématique
un(i)
4- une (i)
= deux (z)
Electricité
fiche mâle 4- fiche femelle = courant
Linguistique
signifiant
+ signifié
=> monème
Grammaire française masculin
4- féminin
= masculin ?
(d'exclusion)
Chimie
Géométrie
base
carré
Solution
cîîc{s)
Proposition
+
444-
dlc(s)
ïl(s)
cllc(s}
cllc(s)
= ils ?
= ils
= elles
= ilîcs
(collectif mixte)
I e principe: L'usage précède la règle
Si tel est le cas, iî est légitime et logique que toute langue vivante
s'ajuste à la réalité contemporaine de l'époque qui lui a donné
naissance et dont clic est le reflet. îî devient donc évident, urgent
et impératif de reconnaître îa dimension exclue, par conséquent le
féminin.
Si personne ne conteste le féminin du mot chaise, objet
inanimé, il est inadmissible et intolérable que soit conteste le
féminin de sujets animés (anima).
Le masculin d'exclusion (aussi appelé générique) nous a légué
un héritage linguistique, nous faisant croire qu'il était neutre.
Cela réglait tous îcs problèmes d'un seul coup et 'sclérosait'
honteusement notre langue française du même coup.
Le féminin ne jouissant d'aucune reconnaissance dans les écrits,
puisqu'au masculin 'générique', on a emprunté les féminins
disponibles dans la création de mots nouveaux (laveuse.
cuisinière, photocopicusc, etc.) donnant à ces mots dont on
connaît le double usage, une valeur d'objet. Cette connotation
péjorative a finalement contamine d'autres mots dont îafinaleest
identique (entraîneuse, couturière).
Nous nous retrouvons donc avec des problèmes de
féminisation monstres et qui semblent arrêter même les plus
évoluées d'entre nous.
Que devient le mot entraîneur au féminin? Que devient !c mot
couturier au féminin? Ces mots devraient être semantiquement de
même valeur. Pourtant, 'entraîneur* et 'entraîneuse*, sont deux
mots qui places en contexte social n'ont rien en commun. Quant
aux deux autres, 'couturier' et 'couturière*, leur différence ne
réside pas surtout dans îc type de travail, mais dans îa hiérarchie
sociale. La même chose t'applique à 'cuisinier* et 'cuisinière*
{féminin de cuisinier se rapportant aussi à î'appareil de cuisson).
xc principe: Le fémin. élymolog'tquement né du masculin
Ex. doyenne / professcurc / ingcnicurc / cmpîoycure
Si tel est le cas, il est donc logique de conclure que îc premier
contient le second et que îc second est contenu dans îc premier à
S'écrit comme dans îa langue parlée (le féminin d ' i n c l u s i o n )
jQ est donc préférable de former îc féminin en ajoutant Ic *e*
sonore ou phonétique (opposé au V muet).
Nous évitons ainsi la finale péjorative en 'cusc* dont nous
avons parlé plus tôt. De toute façon, les laveuses sont plus
souvent mécaniques qu'humaines.
Nous laissons aussi l'adjectif 'ingénieuse* intact et pouvons dire
d'une ingénicurc qu'elle est ingénieuse et d'un ingénieur qu'il est
ingénieux. Sans oublier de prononcer le *c* sonore de la première
avec fierté.
Le V dit muet n'est pas exclusif au féminin. En effet, il existe
dans fc mot "onde' au même titre que 'tante* son féminin. Leur
formation étymologique n*cst pas évidente ni du point de vue
phonétique, ni du point de vue orthographique. Pourtant, leur
sémantique est similaire, mais de genre oppose.
Le mot "maître* accuse un V muet au masculin et au féminin.
Je suggère pourtant Se V sonore au féminin pour la
différenciation. Donc, un homographe non homonyme et non
homophone (orthographe identique, prononciation et son
différents à cause du 'c sonore).
3 e principe: L<r notttbrc l'emporte sur le genre
Appelons ce principe Ici loi de la proxiinilé puisque l'accord doit
se faire avec le substantif le plus près, peu importe le genre.
Définition: Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal:
a) îcur accord se fait avec le pîus près, qu'il soit masculin ou
féminin.
b) tout en appliquant îa loi de la croissance numérique.
Exemples:
a) Un haricoî (H) et une fève (F) vertes. / Une F et un H verts.
h) Un H et cent F vertes. / Une F et cent H verts.
Ancienne règle: Un haricot et cent fèves verts.
(Masculin emportant sur îc féminin)
À BANNIR
Nouvelle règle:
a) Un haricot et cent fèves vertes.
(loi de la proximité ou de l'euphonie)
À APPLIQUER
î>) Cent haricots et une fève vertes.
À BANNIR
Cent fèves et un haricot verts.
À BANNIR
Une fcvc et cent haricots verts.
À APPLIQUER
(loi de îa croissance numérique en rétablissant Tordre)
NOTE: Remplacer H par homme et F par femme en utilisant blancs
ou blanches, selon îc cas.
a) Un homme et une femme blanches.
VS Une femme et un homme blancs.
h) Un homme et cent femmes blanches.
VS Une femme et cent hommes blancs.
Cette règle vise à éviter des injustices de représentation dans
des domaines où l'on retrouve exclusivement des femmes, par
exemple des groupes féminins ou féministes. Dans ce cas
3
particulier, le féminin générique a droit de cité puisque ce genre
est représenté à 100%. Le masculin générique n*cst-il pas né dans
le même sens, une représentativité exclusivement masculine? Mais
de là à nous l'imposer jusqu'à aujourd'hui?!
Contrairement au masculin générique, le féminin générique se
soucie du caractère antagoniste et complémentaire de notre
nature humaine.
Le féminin générique s'attache au respect et à la reconnaissance
des deux genres. FI ne se fonde pas sur la loi de la force physique
(le masculin l'emporte sur le féminin).
Le féminin générique se veut le reflet cîc la société qui lui aura
donné naissance.
La féminisation de îa langue, Fun des plus merveilleux outils
qui nous soit donné en vue d'une évolution des mentalités.
La féminisation pour une langue plus vivante, plus créatrice et
plus colorée.
La féminisation de îa langue, vers une dimension qui reflétera
notre pensée collective régénérée.
À bas la misogynie grammaticale et îe sexisme linguistique.
La présente recherche laisse sourdre la révolte qui veut rétablir
l'équilibre âcs forces.
Une recherche à peine amorcée qui propose de nouvelles règles
plus équitables et démocratiques.
Une féminisation des dictons appelée loi de l'appartenance.
Exemples: Faire son bonnefemme de chemin.
Prendre un coup de vieille.
Cette îoi permet de parler et d'écrire selon son propre genre.
Une interaction des genres appelée loi de l'alternance comme
transition vers une langue plus représentative
Le pronom personnel, troisième personne du pluriel, illes
n'implîquc aucun ajustement verbal et si peu d'ajustement à l'écrit
en termes de phonèmes : l e « e l l e s » devenant «Cilles».
Si la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas. Reflet
d'un monde sexué où toute personne humaine vit sa propre réalité
selon son genre.
Renier son genre, c'est renier sa propre existence. Endosser Sa
vision d'un autre signifie renier la sienne propre.
Definition:
Moncwe: unité à deux faces
(signifiant: suite de lettres;
signifié: sens d'un mot.)
Que vaut une économie de monemes au détriment de
l'équilibre et de l'harmonie collectives, clés de notre évolution!
p-c
i
TABLEAU
SYNOPTIQUE
eile(s)
illes (collectif aixte!
Premier principe : L'USAGE PRECEDE LA REGIE
- la langue : niroir social ajustable
au sein d'une société sexuée
Deuxième principe: LE FEMININ
D'INCLUSION
— Le premier contient le second ec
le second esc contenu dans le premier
— Le le» sonore au féminin opposé au «e» auec
Troisième principe:LA LOI DE LA PROXIMITÉ (ou de l'euphonie)
- Que deux substantifs soient en nombre égal ou inégal,
a)leur accord se fait avec le plus près, qu'il soie
masculin ou féainia;
b)tout en appliquant la loi de la croissance numérique.
Ex. a) Un haricot (H) ec une fève (F) vertes.
b) On haricot (H) et cssit fèves (F) vertes.
a) One F ec un K verts.
b) Une F ec cent K v e r t s .
Noce : Remplacer (H) par homme ec (F) par remue
en u t i l i s a n t blancs ou blanches, selon l e c a s .
a) Un hosnne » : une fenme blanches.
b) Un homme e t cent fenmes blanches.
a) One feunne e t un homme b l a n c s .
b) One feanne a t cent hommes b l a n c s .
FEMININ GcHËRIOPE
Reconnaissance des deux genres : l e u r antagonisme ec l e u r
il(s)
T
eile(s)
Loi de l'appartenance/ loi de l'alternance
"
complémencarité.
illes (collectif aixee)
Si la langue n'avait pas de genres, elle n'existerait pas.
Renier son genre, c'est renier sa propre existence.
r
Les documents VII! S XII recouvrent les différentes
du
texte original
de création
étapes de révision
a sa deuxième révision
et
du
texte
final
publié en huitième et dernière révision.
Le note de l ' é d i t r i c e
directrices
qui
ont
fournit
motivé
le
certaines
choix
des
Informations sur
techniques
de
les lignes
féminisation
appliquées en contexte créateur dans le volume Nouvelles nouvelles de David
Simard.
Cet
Françoise
accompagnement
Marols
littéraire
préconisait
supervisé
l'emploi
par
du collectif
l'écrivaine-conseil
mixte
<Illes»
entre
autres. Relevons aussi l ' u t i l i s a t i o n de la loi d'appartenance mentionnée dans
De Grevisse a Marois (1987).
La loi d'appartenance
oblige l'accord de tout ce qui se
rapporte à
un sujet de genre féminin. Ex. Prédatrice (Pour tuer le temps, p . 89).
Le
personnage principal de cette nouvelle étant une femme, tous l e s mots qui
s'y rapportent en prennent le genre et le nombre.
Le doublet générique a
aussi été privilégié
partout
où
sociale comprend la présence de femmes et d'hommes. Définition
mots où sont
la
réalité
: groupe de
respectivement représentés les deux genres s o i t
le
féminin
et le masculin. }• Ex. Ses f i l s et ses f i l l e s (Convoitise, p. 30) .
Nous avons
aussi
respecté
l'évolution
juridique
quant
aux noms de
famille pour l e s femmes. Elles portent leur nom de naissance pour certaines
et pour d'autres,
l'auteur a préféré leur laisser leur nom conjugal selon
la génération à laquelle appartenaient les personnages féminins en question.
Toutes
ces
applications
grammatical ou social,
féminisantes
se sont
qu'elles
aient
été
d'ordre
fondées sur une réalité contemporaine et
actuelle afin d'éviter tout anachronisme.
Enfin, nous mentionnerons l'emploi de l'accord de proximité.
Ce ne fut
pas une mince affaire
d'éduquer le groupe à une nouvelle
vision du monde. L'échange à l'aide de techniques synectiques
un climat de
sympathie et la remise de documents informatifs
a favorisé
a constitué
un élément essentiel à une réflexion sur cette nouvelle approche grammaticale.
«Le masculin l'emporte sur le féminin»
comme
principe
moteur,
a
été banni de tout le texte Nouvelles nouvelles afin d'accorder à l'écriture
féminisante toute sa v i s i b i l i t é
et
de favoriser un paradigme d'égalité.
La féminisation comme instrument d'analyse sociolinguistxque,
Marois, Éditions Françoise Marois, 1994,p. 3.
Françoise
DOCUMENT V I I ]
TEXTE DE CRÉATION
(non
révisé
et non f é m i n i s é ;
'1 était dans les trois heures trente, en après- midi. Arthur, â la longue labié d'ivoire, savourait
nonchalamment son café, feuilletant un journal sans grand intérêt eî songeant au rêve qu'il avait
.fait la veille. U vivait seul dans une luxueuse résidence de Dolbeau. que lui avait mérité les
recettes records de ses nombreux livres, devenus best-sellers pour la plupart.
La solitude lui pesait lourdement H avait cinq enfants, tous adultes, mais qui ne venaient
presque jamais le visiter. Les seules fois où ils îe faisaient, c'était toujours pour la même raison:
l'héritage. Ils ne pouvaient s'empêcher de glisser, dans une conversation quelconque, un mot sur le
testament. Ds étaient comme des sangsues avides et collées à lui.
Ils avaient même cherché à le supprimer, à trois reprises, mais sans succès, lis avaient
d'abord essayé de lui faire boire un verre de cognac mélangé de poison à rat le jour de son
anniversaire. Us avaient ensuite trafiqué ses freins et pour finir, ils avaient placé une bombe
antipersonnel sous son lit. Far chance, cette nuit-là, ArîW/avait fait d'affreux cauchemars eî il cl ait
allé dormir sur le canapé, pensant que le sommeil serait plus paisible à cet endroit, et ce quelques
minutes à peine avant l'explosion. Mais tout cela était du passé, et ses enfants, s'était-il juré, n e
rentreraient plus jamais dans sa maison.
Heureusement qu'il avait Bonis, son chien fidèle, même lorsque qu'il passait des heures
devant sa machines à écrire. De plus, il se remettait à peine de la mort de sa femme Rëbecca,
morte à la suite d'une crise cardiaque à l'âge de soixante-dix-huit ans. Arthur en avait trois de pîus.
soiî quatre-vingt-un.
C'est alors qu'il entendit sonner à la porte d'entrée. D se leva péniblement, retroussant son
peignoir, injuriant Dieu pour son horrible mal de dos et s'avançant vers la porte. Il ouvrit.
Il n'y avait personne.
D regarda dans l'allée toute jaune de fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à reioumer prendre
son café, il vit, gisant sur l'entrée asphaltée, un petit colis brun qui arborait une large étiquette
blanche.
Il se pencha et le prit, le soupesant tandis qu'il fermait la porte. Il n'était guère lourd : à
peine une livre ou deux. Il examina l'étiquette, fronça les sourcils et plissa les yeux.
En tout petits caractères était inscrit son nom suivi de son adresse et de quelques chiffres
dont il ne connaissait pas la signification.
Retournant s'asseoir, il posa le colis sur la table.
H le fixa quelques secondes encore et le retourna dans tous les sens: aucune adresse autre
que la sienne n'apparaissait sur l'emballage.
II se décida donc à l'ouvrir, arrachant rageusement la boîte. Sous l'épais caiton se cachait
un livre. H n'attendait rien de semblable. D le sortit soigneusement et îe scruta minutieusement.
De sa couverture noire omée d'une gravure représentant un livre décoré d'un billet de mille
dollars se soulevaient de magnifiques lettres dorées:
Margerie Ouellei
Au nom de Vargent
D se mit à rire.
«Quel titre merdeux- dit-il. C'est laid comme les plaies d'Egypte!»
Il n'avait jamais su queEes étaient au juste les plaies d'Egypte. En vérité, il ne savait même
pas si l'Egypte avait des plaies. Mais cette expression, souvent employée dans ses romans, lui
plaisait bien.
Margerie était la seule de ses enfants à avoir réussi dans la vie. Contrairement aux autres,
elle avait de l'ambition. Comme son père, elle avait décidé de travailler en littérature, même s'il
avait à maintes reprises essayé de la faire changer d'idée, relatant les années noires d'un écrivain et
du temps qu'il fallait à se faire reconnaître. Mais...
D souleva la couverture de l'épais volume et vit, à sa grande surprise, une dédicace à l'encre
rouge pourpre:
«A toi. cher Père, qui prend toute la place dans mon coeur. Sache que je l'aime e( que je
t'aimerai toujours, quoiqu'il advienne. Margerie XXX. »
Il ne pouvait dire ie contraire, maigre imdURrence qu'il éprouvait pour sa fflie, ce peui mot
était charmant, même touchant- Tellement qu'il en eu ia larme a 1 oeil.
^Voyons, Arthur! se dit-il. Ce nest pas bon pour ton coeur, les «nouons tories:»
A nouveau ilrit,mais celte fois, c'était de lui.
.
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4p es tomes ces L e e s de soli'tude, il en était venu à prendre la vie avec un ^am de ^ £
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pijées ei de petits pois verts, sur la table devant lui.
«Bon appétit monsieur!» fît-elle.
erToln?fit-ï ! Venez donc prendre votre repas en ma compagnie.»
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souTe défigea son v*age d'habitude inflexible, pu* s'effaça auss* vue.
«Oui, monsieur, dit-elle. Je reviens.»
Elle disparut dans la porte eî revint.
n marqua une pause, mastiquant sa viande, puis reprit:
^rSr*
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n n'é,ait pas habirud ,ue « patrons
enTcmps qu'indMue. D'habimde, ci** fa,, la popote pu, s a.sparaa!
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monsieur, fi.-eUe. Monfilses, ren* de son Cûe e, m o n m a . ouffl. D
se porte bien.»
Arthur se mit à rire.
«Arrêtez de in'appeler monsieur, s'il vous pîaiî.
-Ouimons... Arthur.
puis marcha jusqu'à Joan.
«Resardez. dit-il en lui tendant ie livre.
Elle Te prit,'le regarda puis releva la tête: intnguee
«.Qu'est-ce que c'est?» demanda-l-elle.
le coin Si c'est le cas, elle m'aurait sûrement appelé.»
^ c S S ^ S S 1 » ' s o ^ e v a n , la couver, visib.en.en, con.rariée
le sujet. Je ne savais pas qu'elle-
â
£
»*. souri* --< I—. P-
aniva aux dernières pages, l'air embarrasse.
«Qu'y a-l-ïl?» demanda Arthur, voyant Icxpression de son visage.
DOCUMENT LX
TEXTE FÉMINISE
I
I était dans les îi'ois heures trente, en après- midi. Arthur, à ia longue Labié d'ivoire, savourait
nonchalamment son café, feuilletant un journal sans grand intérêt et songeant au rêve qu'il avait
fait la veille. Il vivait seul dans une luxueuse résidence de Dolbeau, que lui avait mérité les
recettes records de ses nombreux livres, devenus best-sellers pour la plupart.
La solitude lui pesait lourdement. Il avait cinq enfants, tous adultes, mais qui ne venaient
presque jamais le visiter. Les seules fois où illes le faisaient, c'était toujours pour la même raison ;
l'héritage. Illes ne pouvaient s'empêcher de glisser, dans une conversation quelconque, un mot sur
le testament. Illes étaient comme des sangsues avides et collées à lui.
Illes avaient même cherché â le supprimer, à trois reprises, mais sans succès. Ilies avaient
d'abord essayé de lui faire boire un verre de cognac mélangé de poison à rat le jour de son
anniversaire. Illes avaient ensuite trafiqué ses freins et pour finir, iiles avaient placé une bombe
antipersonnel sous son lit. Par chance, cette nuit-là.filter avait fait d'affreux cauchemars et il était
allé dormir sur le canapé, pensant que le sommeil serait plas paisible à cet endroit, et ce quelques
minutes à peine avant l'explosion. Mais tout cela était du passé, et ses enfants, s'étaiî-il juré, n e
rentreraient plus jamais dans sa maison.
Heureusement qu'il avait Bonis, son chien fidèle, même lorsque qu'il passait des heures
devant sa machines à écrire. De plus, il se remettait à peine de la mort de sa femme Rébecca,
morte à la suite d'une crise cardiaque à l'âge de soixante-dix-huit ans. Arthur en avait trois de plus,
soit quatre-vingt-un.
C'est alors qu'il entendit sonner à la porte d'entrée. Il se leva péniblement, retroussant son
peignoir, injuriant Dieu pour son horrible mal de dos et s'avançant vers la porte. D ouvrit.
É nV avait personne.
D regarda dans l'allée toute jaune de fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à retourner prendre
son café, il vit, gisant sur l'entrée asphaltée, un petit colis brun qui arborait une large étiquette
blanche.
D se pencha et le prit, le soupesant tandis qu'il fermait îa porte. D n'était guère lourd : à
peine une livre ou deux. 11 examina l'étiquette, fronça les sourcils et plissa les yeux.
En tout petits caractères était inscrit son nom suivi de son adresse et de quelques chiffres
dont il ne connaissait pas la signification.
Retournant s'asseoir, il posa le colis sur la table.
D le fixa quelques secondes encore et le retourna dans tous les sens: aucune adresse autre
que la sienne n'apparaissait sur l'emballage.
H se décida donc à l'ouvrir, arrachant rageusement la boîte. Sous l'épais carton se cachait
un livre. Il n'attendait rien de semblable. D le sortit soigneusement et le scruta minutieusement.
De sa couverture noire ornée d'une gravure représentant un livre décoré d'un billet de mille
dollars se soulevaient de magnifiques lettres dorées:
Margerie Ouelîet
Au nom de l'argent
31 se mit à rire.
«Quel titre merdeux! dit-il. C'est laid comme les plaies d'Egypte!»
H n'avait jamais su quelles étaient au juste les plaies d'Egypte. En vérité, il ne savait même
pas si l'Egypte avait des plaies. Mais cette expression, souvent employée dans ses romans, lui
plaisait bien.
Margerie était la seule de ses enfants à avoir réussi dans la vie. Contrairement aux autres,
elle avait de l'ambition. Comme son père, elle avait décidé de travailler en littérature, même s'il
avait à maintes reprises essayé de la faire changer d'idée, relatant les années noires d'un écrivain et
du temps qu'il fallait à se faire reconnaître. Mais...
D souleva la couverture de l'épais volume et vit, à sa grande surprise, une dédicace à l'encre
rouge pourpre:
«A toi, cher Père, qui prend toute la place dans mon coeur. Sache que je t'aime et que je
t'aimerai toujours, quoiqu'il advienne. Margerie XXX. »
Iï ne pouvait dire le contraire, maigre l'indilïerence qutf éprouvait pour sa idle, ce petit mot
était charmant, même touchant. Tellement qu'il en eu la larme a l'oeil.
_
«Voyons. Arthur! se dit-il. Ce n'est pas bon pour ton coeur, les emotions lories!»
A nouveau il rit. mais cette fois, c'était de lui.
_
.
Après toutes ces années de solitude, il en était venu à prendre la vie avec un grain de s e .
vivant au jour le jour sans vraiment se soucier du lendemain. Ce train de vie penard lui avait. appns
plusieurs choses^ntre autres, à rire de lui-même. H avait même fait due, un jour, au héros dun de
ses livres: «A quoi serre la bouche, si ce n'est à rire?»
D'un oeil brumeux, il regarda l'horloge suspendue au mur: l'heure du souper approchait, il
étira le bras puis appuva ses doigts arthritiques sur la sonnette.
^
D attendit quelques instants, le regard fixé au mur. Puis, il vit amver Joan, sa seivantc, dan*
l'entrebâillement de la porte, un plateau à la main.
Elle lui déposa son souper, composé de bouiettes de steak hache, de pommes de t e n .
pilées eî de petits pois verts, sur la table devant lui.
«Bon appétit monsieur!» fit-elle.
Puis, elle se dirigea vers la porte.
«Attendez Joan!fit-il.Venez donc prendre votre repas en ma compagnie.»
Un léger sourire défigea son visage d'habitude inflexible, puis s'eftaça aussi vite.
«Oui, monsieur, dit-elle. Je reviens.»
Elle disparut dans la porte et revint.
Elle enleva son tablier et s'assit au bout de la table.
«Cela me fera du bien, dit Arthur. Je suis fatigué de manger seul, sans personne a qui
parler.»
Il marqua une pause, mastiquant sa viande, puis reprit:
«Dîtes-moi, Joan, comment va votre famille?»
Elle parut surprise. En fait, elle l'était vraiment. H n'était pas habituel que ses patrons
s'intéressent à elle en temps qu'individue. D'habitude, c'était/a/* la popote puis disparaît!
Elle était bien contente.
.
.
,*, -,
«Tout va très bien monsieur, fit-elle. Mon fils est remit de son otite et mon man, butt,, il
se porte bien.»
Arthur se mil à rire.
«Arrêtez de m'appeler monsieur, s'il vous plaît.
-Ouimons... Arthur.
m ^ s o u p è r e n t tranquillement, se jetant parfois des regards et esquissant des sourires
timides. Au bout de quelques minutes, Arthur prit le livre qui était encore devant lui, près de son
assiette, puis marcha jusqu'à Joan.
«Regardez, dit-il en lui tendant le livre.
Elle le prit, le regarda puis releva la tête, intriguée.
«Qu'est-ce que c'est?» demanda-t-elle.
Arthur retourna s'asseoir.
„
.,.
«C'est le premier roman de ma fille, Margerie!fit-il.Je l'ai reçu cette apres-rrudi. ^
-Ah, c'est drôle, dit-elle. D'habitude, le courrier arrive vers onze heures trente et cest moi
qui le ramasse. Py suis allée et il n'y avait aucun courrier!
.
-On est venu le porter, juste à la porte. Quelqu'un a sonne puis est repartit aussitôt Je ne
crois pas que ce soit Margerie,' car elle habite Montréal en ce moment. A moins q u elle ne soit dans
le coin. Si c'est le cas, elle m'aurait sûrement appelé.»
IHes marquèrent une courte pause.
.,
«Cest fantastique! dit-elle en soulevant la couverture, visiblement contrariée dmterrompie
le sujet. Je ne savais pas qu'elle-Oui, comme son père!»
. . .
,,
..vu,»
Elle le feuilleta quelques instants, sourire aux lèvres, puis s'arrêta brusquement lorsquelie
arriva aux dernières pages, l'air embarrassé.
«Qu'y a-t-il?» demanda Arthur, voyant l'expression de son visage.
Note de l'éditrice
Ecrite dans le cadre d'un cours en
création littéraire, cette œuvre applique
certaines règles de féminisation dont l'emploi
du collectif mixte « îlîes ». En voici la
définition: pronom personnel de la troisième
personne du pluriel qui s'utilise afin d'assurer
la représentativité féminine d'un couple ou
d'un groupe mixte de deux personnes et plus
(iMarois, 1994).' Ex. La fille et le père (...]
illes discutèrent. La création de ce pronom
personnel représente la fusion des pronoms
personnels « il » et « elle ». Nous avons aussi
préconisé l'accord d e proximité qui
redonne à la phrase son équilibre quant à
l'accord de tout ce qui se rapporte aux
substantifs selon leur proximité (Marois,
1987).2 Ex. Futures lectrices et lecteurs [...]
mieux disposés.
Nous avons ici accordé certaines
licences à L'auteur dont l'accord en genre et en
nombre de l'adjectif qualificatif « fini » quand
il précède le substantif. Ex. Finies les
vacances. Puis, nous avons respecté l'accord
en genre et en nombre de l'adverbe « tout »
devant un adjectif qualificatif
féminin
commençant par une voyelle ou un « h » muet.
Ex. Toute épouvantée. Enfin, nous avons opté
pour l'accord en genre et en nombre quand il
1
2
MAROIS, Françoise: 1994, La féminisation comme instrarocni
d'analyse socioltneuislique. Éditions Françoise Marois, Albanel,
p. 3.
Idejn; !987, «De Grevisse à Marois», revue Rauquc, Éditions
Prise de Parole, Sudbury.
s'agit du pronom indéfini « o n » . Ex. On est
persuadée.
La féminisation des titres de fonction
est conforme aux règles actuelles de
féminisation diffusées par l'Office de la langue
française. Ex. Ecrivaine; superviseure en
chef.3
3
Idem;
1994,
«La
féminisation
comme
phénomène
socioSinguistique », tiré des Actes du coiioque sur La
problématique t k l'aménagement linguistique (Enjeux théoriques
et pratiques), Office de la langue française et Université du
Québec à Chicoutimi, collection Langues et sociétés, Chicoutimi,
p. 279 à 309.
V5
•••••I
7
.*•
Un
jeune
garçon de
quinze ans
s'inscrit à
un
cours
de
création littéraire.
L'écrivaine-conseil
qui assure sa formation,
publie
son manuscrit
Voilà ' l'histoire de David
\Simard qui te dédie sa première
œuvre, Nouvelles
nouvelles. Ce jeune auteur te transportera dans un
univers aussi fascinant que macabre.
\£J:lior\i ^•uvtçoUt eMavoii
DAVID SIMARD
nouvelles
Volume I
Illustrées par
Sarab Côté et Pascale Desbiens
uW
DOCUMENT XIV
yLMk^
Agé de seulement 16 ans
David Simard a tout d'un futur écrivain
Cost
en loryoant
vain. David Sirnard do
qu'on deviunl forgoron Dolbeau est âyé de sou
16 ans et malgié
o! c'ost misai till éwivaut qu'on devient écri-
et l'éciituru sont pour lui
dcj véi ilaLles paaiioriâ. Il
veut duvuiir un écrivain,,.
Dovid ne lève vd'j ufi
son jeune âge, lu iectuiu
Salon du livre
David Siinard, un mordu
<Je l'écriluve.
Le cours do Françoise
Marois pievoit ia publicalion d'une oeuvre par
étudiant. David est déjà
tout excité à coite ide«,
Plus encore, tes instils
pourront participer au
Salon du livre réyionul
cette année.
On peut dire da David
Simard quo l'éciïiuro «t
la lecture, il en manga,
il veut en faire sun métier un jour, car les communications lu fai>('.ilient. Avec un taïaut évident qui ne demande
qu'à être sans cesse
développé, David 3iniafd sa dirige lento
meut mais sûremunt
vers la voie de la iéus>site. Qui sail, dans quelques années nous lirons
peut-être ses oeuvres?
Mentionnons enfin
que David est le fils île
Julien «t Thérèse Simard. Il a une soouc et
un trère et il étudia en
4a secondaire à la poly
valeiile Jean-Dolbfciau.
couleur. Depuis son tout alors à tout ce qui se zaine de nouvelles
jeune âge, il est attiré rapporte aux livres d'écrites, allant de 3 à
par l'écriture. Vers 11 d'horreur, aux nouvelles 100 pages», explique-tans, il commence à ot aux romans. «Jusqu'à il lors d'une entrevue
co jour, j'ai une quin- qu'il accordait au Point
écrire. Il
il y a un peu plus de
deux semaines.
Sa passion est forte. Il
écrit ici et là, développe
sa propre technique
d'écriture, lit beaucoup,
bref il se débrouille très
bien, Mais il sent bien la
nécessité de suivre une
foirnation de base pour
évoluer et mieux contrôler son art, développer
son talent. C'est alors
qu'il s'inscrit au projet
pilote en écriture et
publication mis sur pied
par Françoise (vtarois,
éditrice bien connue de
Dolbeau. Un programme qui est en fonction depuis septembre
dernier.
Françoise Marois, qui
compte parmi ses élèves le jeune David Simard, voit en lui un futur
écrivain ayant déjà des
aptitudes remarquables
dans le domaine de
l'écriture. D'ailleurs,
David apprécie énormément le cours donné par
Mme Marois. «Ce cours
m'apporte beaucoup,
j'ai pu apprendre pas
mal de choses, notamment tout ce qui touche
au monde de l'édition.
Puis, il y a aussi l'écriture en yénéral, les
styles littéraires, les
techniques do ciéativiié
et surtout common! faiie
les corrections, ce que
j'applique tous les
jours», témoiyna David
Simard.
DOCUMENT X
TEXTE
PUBLIÉ
Convoi lise '•'
1 était trois heures Ircnle de l'api es midi.
Assis à sn longue (able d'ivoire, Àilhur
savourait nonchalamment son café (out en
feuilletant un journal ef en ressnssnut son
lève de In veille, II vivait seul dans une
luxueuse résidence de Doibcnit que lui avaient
méritée les recedes record de ses nombreux
livres, best-sellers pour la plupart,
La solitude lui pesait. Il avail cinq
ctifanlK qui ne venaient presque jamais le
visiter sauf pour l'héritage. Et alors, ils ne
pouvaient s'empêcher de glisser un mol sur le
testatncht. De vraies sangsues avides qui se
collaient à lui,
Ils avaient même cherché à le supprimer
à trois reprises, mais sans succès. La première
fois, en essayant de lui faire boire un verre de
cognac rehaussé de poison a rat le joui' de son
anniversaire. !,n deuxième fois, en trafiquant
ses freins et la dernière fois, eu plaçant une
bombe sous sou lil. Par chance, cette nuit-là,
Arthur avail fait d'affreux cauchemars cl il
était allé dormir sur ie canapé quelques
mtnuies a îcine avant explosion. Mois tout
s élait juré que ses
cela cl ait c u passé et
enfants n'cntrcinicnl plus jamais chez
Heureusement ( u'il avait Donis, son
chien fidèle, lorsqu'i pnssnit des heures
devant sa machine à écrire. De plus, il se
remettait à peine de la mort de sa femme
Rébecca, decédee à la suite d'une crise
cardiaque à l'âge de soixnnte-dix-huit nus.
Il entendit sonner à In porte d'entrée. Il
se levn péniblement el retroussa son peignoir
1
Convoitise
(oui en injinïïinl Dieu (ie son horrible mnl de
dos. Il ouvrit.
Personne...
Nouvelles nouvelles
11 regarda dans l'allée toule mauve de
fleurs, mais ne vit rien. S'apprêtant à retourner
prendre son café, il remarqua un petit colis
brun à large étiqueUe blanche qu'on venait de
déposer dans l'entrée.
11 se pencha, le prit et le soupesa taudis
qu'il fermait la porte: il pesait à peine une Uvre
ou deux. Il examina l'étiquette, fronça les
sourcils et plissa les yeux.
Son nom était inscrit en tout petits
caractères suivi de son adresse et de quelques
chiffres dont il ne connaissait pas la
signification.
H retourna s'asseoir et le posa sur la
table. H le fixa quelques secondes encore et le
retourna en tous sens: aucune autre adresse
que la sienne n'apparaissait sur l'emballage.
11 se décida donc A l'ouvrir, «nnehnnl
frénétiquement le papier de la boile. Sous
l'épais carton, jl trouva un livre, H ne
s'attendait à rien de tel. Il le sortit
soigneusement et le prit entre ses mains.
La couverture notre reproduisait un
billet de mille dollars aux magnifiques lettres
dorées:
Margerie Ouellet
Au nom de l'argent
II se mit à rire.
-—Que) titre merdique! Laid comme les
sept plaies d'Egypte!
Margerie était la seule de ses enfants à
avoir réussi dans la vie. Contrairement aux
autres, elle avait de l'ambition. Comme son
père, elle avait décidé de travailler eu
litléralure. \\ avait h maintes reprises essayé de
l'en dissuader. Mais...
Convoi lise
11 souleva in couverture de l'épais
volume el, à sa grande surprise, put lire une
dédicace a l'encre rouge:
«À toi, cher Père, qui prends toute
la place dans mon cœur, Sache que je
t'aime et que le t'aimerai toujours, quoi
qu'il advienne. Margerie XXX.»
Malgré son indifférence envers sa fille,
il trouva ce petit mot charmant, touchant
même. Tellement qu'il en eut les Innncs nux
yeux.
Voyons, Mhuri Ce n'est pas bon
pour ton cœur, les émotions fortes!
Il se remit à rire, mais de lui-même,
cette fois-ci.
Après toutes ces années de solitude, i!
eu clnit venu à prendre In vie nvec un grnin de
sel, vivnul nu jour le jour snns vrnimcnl se
soucier du lendemain. Ce mode de vie lui avait
appris beaucoup: à rire de lui-même, entre
autres.
D'un œil éteint, il regarda l'horloge
suspendue au mur; l'heure du souper
approchait. Il élira le bras, puis appuya ses
doigts arthritiques sur la sonnette,
11 attendit quelques instants, le regard
fixé au mur. Sa servante Johaime entra dans
l'entrebâillement de la porte, Elle tenait un
In
plateau.
î.îlle déposa le souper d'Arthur sur
table devant lui.
—Don ïippélit, Monsieur!
Puis, elle se dirigea vers la porte. donc
—Attendez, Johanne! Venez
prendre votre repas en ma compagnie.
Un léger sourire s'esqutssa sur son
visage d'habitude inexpressif.
—Oui, Monsieur, Je reviens,
16
Nouvelles nouvelles
Elle disparut derrière la porte, revint,
enleva son tablier et s'assit au bout de la tnble,
—Cela me fera du bien. Je suis fatigué
de manger seul sans personne à qui parler.
Il marqua une pause tout en mastiquant
sa viande et reprit:
—Dites-moi, Johanne, comment va
votre famille?
Elle parut surprise. En fait, elle l'était
vraiment.
Il n'était pas habituel que ses
patrons s'intéressent à elle en tant
que
personne. D'habitude, c'était fais la popole,
puis disparais! Elle en était bien contente.
—Tout va très bien, Monsieur. Mon fils
est remis de son otite et mon mari, buff! il se
porte bien.
Arthur se mit à rire.
—Arrêtez de m'appeler Monsieur, s'il
vous plaît.
—Oui Mons... Arthur!
—Voilà!
Ulej, soupèreut tranquillement se jetant
des regards furlifs et s'échangeant des sourires
timides. Au bout de quelques minutes, il prit le
livre de sa fille et alla vers Johanne.
—Regardez, dit-il en lui tendant le
livre.
Elle le regarda et releva la têle,
intriguée.
—Qu'est-ce que c'est?
11 retourna s'asseoir.
—C'est le premier roman de ma fille,
Margerie! Je l'ai reçu cet après-midi.
—-Ahî c'est bizarre! D'habitude, le
courrier arrive vers onze heures trente et c'est
moi qui le ramasse. J'y suis allée et il n'y en
avait pas!
—On est venu le porter juste à la porte.
Quelqu'un a somié pour repartir aussitôt. Je ne
ConvoiUse
crois pas que ce soit Margerie, car elle habite
Montréal en ce moment. À moins qu'elle ne
soit dnns le coin. Si c'était le cas, elfe m'aurait
sûrement appelé.
Il y eut un court silence.
—C'est fantastique! dit la servante en
soulevant In couverture du livre, visiblement
contrariée d'interrompre la conversation. Je ne
savais pas qu'elle...
—Oui, comme son père!
Elle feuilleln le volume quelques
instants, puis s'arrêta brusquement aux
dernières pages. Elle avait l'air embarrassé.
—Qu'y a-t-il? lui dematula-t-il, lisant
l'expression de sou visage.
Elle referma le livre.
—Ce... ce doit être le souper! bégaya-t-elle.
—Ah! bon!
JJlfis. Icnninèrent de manger vers six
heures. Elle débarrassa la (able.
Arthur alla s'installer dans son fauteuil,
prenant soin d'apporter avec lui le roman de sa
fille. It avail l'intention de le commencer
puisqu'il n'avait tien d'autre à faire. II avait
bien son roman à écrire, mais cela attendrait.
De toute façon, il ne savait pas comment allait
se terminer la bagarre entre ses deux héros. Ça
ne lui donnerait donc rien de passer la soirée
devant sa machine à se creuser inutilement In
cervelle. Le dénouement lui viendrait tout
naturellement.
Au moment où il allait ouvrir lé livre, le
téléphone sonna. Lui qui n'espérait se relever
de son fauteuil que tard dans la soirée...
Il décrocha,
—Bonsoir, papa! Est-ce que je te
dérange? demanda Normand, son plus jeune
fils, d'une voix qui trahissait sa pensée:
DOCUMENT XI
TEXTE DE CRÉATION ( n i r é v i s é n i f é m i n i s é )
Se rendre accessible au pouvoir.
Canapet, 93/12/22.
Dans ma quête de savoir, j ' a i appris a chasser et j e ne suis pas devenu
chasseur
Maintenant j'apprends a être un guerrier, cela ne fera pas obligatoirement de
moi un guerroyeur
Depuis que je marche sur la route de la connaissance, mes rêves deviennent de
plus en p l u s étranges
Comme les rêves de n'importe qui, i l s n'ont pas de pouvoir, i n u t i l e de me
soucier q u ' i l s me dérangentUn chasseur ne s'intéresse pas a la manipulation du pouvoir, ses r ê v e s ne sont
que des rêves
Si saisissants soient-ils, ils ne seront jamais REVER
Par contre un guerrier recherche le pouvoir et une de ses avenues est REVES
Un guerrier se rend accessible au pouvoir en empoignant ses rêyes
Ce que nous nommons rêves devient réel pour le guerrier, il n'est n i saoul ni
cinglé
C'est un chasseur irréprochable qui chasse le pouvoir,il n'a ni l e temps ni
l'envie de bluffer
L'enjeu est trop risqué pour qu'il se permette de se mentir a lui-même ou
d'agir a contresens
L'enjeu est sa vie soigneusement élaguée, réduite au strict nécessaire, a la
perfection qui mené a la puissance
II ne va pas perdre ce qu'il a mis si longtemps a construire, a obtenir
En faisant une estimation stupide ou en prenant une chose pour une autre,
risquant son avenir
Rêver est réel "pour le guerrier parce qu'il peut y agir de manière délibérée,
choisir et rejeter
Parmi la variété des ustensiles, il peut sélectionner ceux qui conduisent au
pouvoir, les manipuler , les utiliser
Dans un rêve ordinaire, on ne peut agir de
son libre arbitre, d e manière
délibérée
Un guerrier peut changer les choses, rêver pour lui, c'est avoir d u pouvoir
II peut en extraire une infinité de faits cachés, il peut contrôler tout selon
sa volonté
Pour un guerrier, rêver a réellement lieu, autant que chasser, marcher, manger
ou boire
Apprendre à élaborer le rêve est la première étape du pouvoir
Cela signifie, avoir le contrôle précis et pragmatique de sa situation
générale
Exactement semblable à un choix dans la vie, comme marcher dans l a rue ou
contempler l'espace sidéral
II faut commencer très simplement, par exemple, regarder nos mains en
concentrant notre regard sur elles,s*ordonnant de les voir
Nous pouvons aussi regarder n'importe quoi d'autre, a condition d e le choisir
d'avance, d e le trouver
II est plus facile de trouver nos mains, elles seront toujours la a notre
portée
Rêver est aussi sérieux que n'importe quoi d'autre, que voir ou mourir dans
ce monde effrayant e t mystérieux
Un homme qui chasse le pouvoir n'a pratiquement pas de limite lorsqu il rêve,
ni même de lieu
Le tempérament du guerrier.
Canapet, 93/12/23.
Dans l'ancien monde amérindien, un guerrier est un chasseur impeccable qui
chasse le pouvoir
S ' i l réussit dans sa quête, i l devient un homme de connaissannce, un homme de
savoir
II doit posséder en tout premier lieu une intention inflexible, une ferme
détermination
I I a aussi droit à ce qui constitue le lot de tous les hommes: l a j o i e , la
peine, la tristesse et le combat, sans discrimination
La nature des actes personnels n'a pas d'importance, tant que l ' o n agit comme
un guerrier
Si l ' e s p r i t d'un homme est gauchi, i l n'a qu'à le purger, le perfectionner, l e
rectifier
Ne pa5 amender son esprit, c'est rechercher la mort ou ne rien rechercher en
vérité
Puisque la mort , malgré tout ce que l'on aura pu faire, va quand même nous
emporter
Chercher a atteindre la perfection du guerrier est la seule digne de notre âge
d ' ê t r e humain
Malgré les erreurs du passé,les circonstances de sa vie ou les a c t e s de ses
semblables, bons ou malins
II ne s ' a t t r i s t e pas sur son sort, assumer le tempérament du guerrier est ce
q u ' i l y a de p l u s difficile
Être t r i s t e , se plaindre, se sentir justifié ou croire que quelqu'un nous f a i t
toujours quelque chose,est bien inutile
Nous ne sommes que de la l i e entre les mains des pouvoirs qui guident les
hommes, inexorablement
En assumant parfaitement d'être l à , dans ce inonde mystérieux, on ne se sent
jamais comme
feuille a l a merci du vent
S'apitoyer sur son sort ou celui des autres ou sur n'importe quoi ne colle pas
avec le pouvoir
Le tempérament d'un guerrier exige le contrôle de soi, en même temps qu'un
complet abandon de soi pour agir, v o i r , percevoir
Parfois dans l a vie, un homme accomplit des exploits formidables sous
l'impulsion du moment
Soit mû par l a peur, la colère ou l'urgence de l'événement, pour sauver sa vie
ou celle d'un autre, i l accomplit t o u t parfaitement
Nous nous contrôlons et nous abandonnons en même teops, ne restons pas
paralysés par l e s émotions
Nous nous abandonnons jusqu'à un certain point et en même temps,nous_nous
contrôlons passant à l'action
Franchir un mur de plus de deux fois notre hauteur ou affronter des dangers
impensables en temps ordinaire
Exige que nous nous prenions a bras le corps et que nous nous l a i s s i o n s a l l e r
en même temps de façon extraordinaire
Voila ce qui peut décrire le tempérament du guerrier
Nous pouvons nous lancer au-delà de nos limites lorsque nous avons le
tempérament approprié
DOCUMENT X I I
TEXTE
FEMINISE
Se r e n d r e a c c e s s i b l e au pouvoir
Dans ma q u ê t e de s a v o i r , j ' a i a p p r i s à c h a s s e r e t j e ne s u i s p a s devenue
chasseresse
Maintenant j'apprends à ê t r e une guerrière, cela ne f a i t pas o b l i g a t o i rement de moi une guerroyeuse
Depuis que j e marche sur l a route de l a connaissance, mes rêves deviennent
de plus en plus étranges
Comme les rêves de n'importe qui, I l s n'ont pas de pouvoir, i n u t i l e de
me soucier q u ' i l s me dérangent
Une chasseresse ne s ' I n t é r e s s e
pas â l a manipulation du pouvoir, ses
rêves ne sont que des r ê v e s
SI s a i s i s s a n t s s o i e n t - I l s , i l s ne seront jamais RÊVER
Par contre, une guerrière recherche le pouvoir e t une de s e s avenues
e s t RÊVER
Une guerrière se rend accessible au pouvoir en empoignant ses r ê v e s
Ce que nous
nommons rêves devient réel pour l a guerrière, e l l e n'est
n i saoule n i cinglée
C'est une chasseresse irréprochable qui chasse l e pouvoir, e l l e n ' a ni
l e temps n i l'envie de bluffer
L'enjeu est trop risqué pour q u ' e l l e se permette de se mentir à elle-Jiême
ou d ' a g i r à contresens
L'enjeu est s a vie soigneusement élaguée, réduite au s t r i c t n é c e s s a i r e ,
à la perfection qui mène à l a puissance
E l l e ne va perdre ce q u ' e l l e a mis si longtemps à construire, â obtenir
En faisant une estimation stupide ou en prenant une chose pour une autre,
risquant son avenir
Rêver est r é e l pour l a guerrière parce q u ' e l l e peut y agir de manière
délibérée, choisir et r e j e t e r
Parmi la variété des ustensiles, elle peut sélectionner ceux qui conduisent au pouvoir, les manipuler, les u t i l i s e r
Dans un rêve ordinaire, on ne peut agir de son libre arbitre, de manière
délibérée
Une guerrière peut changer les choses, rêver pour elle, c'est avoir du
pouvoir
Elle peut en extraire une infinité de faits cachés, elle peut contrôler
tout selon sa volonté
Pour une guerrière, rêver a réellement lieu, autant que chasser, marcher,
manger ou boire
Apprendre à élaborer le rêve est la première étape du pouvoir
Cela signifie, avoir le contrôle précis et pragmatique de sa situation
générale
Exactement semblable à un choix dans la vie, comme marcher dans la me
ou contempler l'espace s i d é r a l
(...)
Rêver est aussi sérieux que n'importe quoi d'autre, que voir ou mourir
dans ce monde effrayant et mystérieux
Une femme q u i chasse le pouvoir n'a pratiquement pas de limites lorsqu'elle
rêve ni
même de l i e u
Le tempérament de l a guerrière
Dans l'ancien monde amérindien, une guerrière est une chasseresse impeccable q u i
chasse l e pouvoir
Si e l l e réussit dans sa quête, e l l e devient une femme de connaissance, une femme
da savoir
Elle doit posséder en tout premier lieu une intention inflexible, une ferme
détermination
Elle a aussi d r o i t à ce qui constitue le l o t de toutes les femmes : la j o i e ,
la peine, la t r i s t e s s e et l e combat, sans discrimination
La nature des actes personnels n'a pas d'importance, t a n t que l ' o n a g i t comme
une guerrière
Si l ' e s p r i t d'une femme est gauchi, elle n'a qu'à l e purger, le perfectionner,
l e rectifier
Ne pas amender son esprit, c ' e s t rechercher la mort ou ne rien rechercher en
vérité
Puisque la mort, malgré tout ce que l'on aura pu f a i r e , va quand même nous
emporter
Chercher
à a t t e i n d r e la perfection de la guerrière est la seule digne de notre
âge d ' ê t r e humaine
Malgré les erreurs du passé, les circonstances de sa vie ou les a c t e s de ses
semblables, bonnes ou malignes
Elle ne s ' a t t r i s t e pas sur son s o r t , assumer le tempérament de l a guerrière e s t
ce q u ' i l y a de plus d i f f i c i l e
Etre t r i s t e , se plaindre, se s e n t i r j u s t i f i é e ou croire que quelqu'une nous
f a i t toujours quelque chose, e s t bien i n u t i l e
Nous ne sommes que de la l i e entre les mains des pouvoirs qui guident les femmes
xnexorablement
En assumant parfaitement d ' ê t r e l à , dans ce inonde mystérieux, on ne se sent
jamais comme feuille à l a merci du vent
S'apitoyer sur son sort ou celui des autres ou sur n'importe quoi ne colle pas
avec Xe pouvoir
Le tempérament d'une guerrière exige le contrôle de s o i , en même temps qu'un
complet abandon de soi pour a g i r , v o i r , percevoir
Parfois dans la v i e , une femme accomplit des exploits formidables
sous l'impulsion
du moment
Soit mue par l a peur, la colère ou l'urgence de l'événement, pour sauver sa v i e
ou celle d'une autre, e l l e accomplit tout parfaitement
Nous nous contrôlons et nous abandonnons en même temps, ne r e s t o n s pas paralysées
par l e s émotions
Nous nous abandonnons jusqu'à un certain point et en même temps, nous nous contrôlons
passant à l ' a c t i o n
Franchir un mur de plus de deux fois notre hauteur ou affronter des dangers
impensables en temps ordinaire
Exige que nous nous prenions à bras le corps et que nous nous l a i s s i o n s a l l e r
en même temps de façon extraordinaire
Voilà ce qui peut décrire l e tempérament de l a guerrière
Nous pouvons nous lancer au-delà de nos limites lorsque nous avons le tempérament
approprié
DOCUMENT INFORMATIF
Document X I I I
DOCUMENT XIII
LE LIVRE
Broché, cartonné ou relié.
Cartonné : couverture et dos en toile,
Relié
: reliure collée ou cousue.
Différents types de livres
Dictionnaire, recueil, glossaire, répertoire, almanac
Dictionnaire
ouvrage destiné à être consulté,
Glossaire
lexique d'un domaine spécialisé,
Anthologie
recueil d'écrits choisis.
Aspect extérieur
Aspect intérieur
Emboîtage
étui d'un livre de luxe.
Avant-propos
courte introduction,
Feuille
morceau de papier à deux faces soit
le recto et le verso.
attache qui tient un livre fermé.
chiffre qui numérote chaque page.
protège la couverture d'un livre.
( à caractère publicitaire )
couvre-livre.
cadre que définit le contour uniforme
du texte dans un livre.
chacun des deux cotés d'une feuille.
chacun des deux côtés de la reliure.
Bibliographie
Prologue
répertoire des ouvrages relatifs à un
sujet donné.
passage écrit par une personne célèbre
et que l'on rapporte pour appuyer ce que
l'on avance.
ce qui termine un ouvrage,
rend hommage à une personne au début du
volume.
courte citation que l'on met en tête d'un
livre,, d'un chapitre pour en Indiquer
1'esprit.
résumé â la fin d'un livre,
présentation de l'équipe qui a travaillé
en collaboration avec l'auteure du livre.
table alphabétique accompagnée de références.
texte préliminaire et explicatif par l'auteure
au début du livre.
recueil des mots d'une auteure, d'un
écrivain dans une oeuvre littéraire,
commentaire placé â la fin d'un livre.
texte au début et qui sert à présenter
le livre au lectorat, mais écrit par une
tierce personne,
court texte introductif.
Référence
une autorité.
Fermoir
Folio
Jaquette
Liseuse
Miroir
Page
Plat
Citation
Conclusion
Dédicace
Épigraphe
Épilogue
Générique
Vocabulaire journalistique
Chroniqueuse
chroniqueur
dans un journal, personne chargée
de textes sur un sujet particulier.
Journaliste
personne qui collabore à la rédaction d'un journal.
Rédactrice
rédacteur
personne qui rédige les articles d'un journal.
Index
Introduction
Lexique
Postface
Préface
Vocabulaire d'imprimerie
Table des
matières
Titre
placée en bas de page pour renvoyer a
enumeration des chapitres, des questions
traitées dans un ordre déterminé,
désignation
livre.
qui
évoque
le
contenu
d'un
DOCUMENTS PUBLICITAIRES
Documents XIV
Document XV
Agé de loans
PROGRES-DIMANCHE, le 2 octobre 1994
DOCUMENT XV
David Simard
DOLBEAU (PET)- David
Simard de Dolbeau réalise à
16 ans ce dont bien des gens
rêvent, jeunes ou pas: être
publiés.
Lejeune homme, qui a lancé
cette semaine son volume au
Salon du livre régional, n'en
était pas à ses premiers élans
d'écriture.
«J'ai commencé à écrire
sérieusement à l'âge de 11
ans... pour moi seul», mentionne le jeune auteur. Amateur
de Stephen King, il s'est alors
mis à écrire ces nouvelles
d'horreur.
Déjà, il lisait des romans
depuis quelques années, ditil. En fait, ce goût lui est apparemment venu de l'intérieur,
car, dit-il, son milieu familial
ne compte pas de grands lecteurs.
Il a cru très fort à l'écriture:
«Rien d'autre ne m'intéressait.,.» Lui qui avait en mains
les écrits d'étrangers imaginait ses textes dans les mains
des autres. Le jeune auteur
serait talentueux en français
et en mathématiques, mais
n'aime pas les sciences: «Tout
a été fait; en laboratoire, on
refait les mêmes expériences
que les élèves de l'année précédente, tandis que dans l'imaginaire, on est sûr que jamais
les personnages n'ont vécu les
événements qu'on leur
tapé son texte et travaillé de fait la révision linguistique et
Ce n'est pas si simple. Il
près aux différentes étapes, la correction d'épreuve, puis
pensaità la réaction des autres
tandis que Mme Marois en a la révision finale. Il a beauqu'il n'avait pas un comportement normal, dans son soussol, à lire ou écrire, Ca l'a un
peu coupé des autres, mais les
choses ont tourné. A la polyvalente, des élèves se sont mis à
s'intéresser à ses textes et à
avoir hâte de lire ses nouvelles
trouvailles d'horreur, de fiction ou de fantastique, II en est
venu à développer davantage
le volet psychologique de ses
personnages. Sa mère lui
conseillait bien d'aller faire
du sport, mais il ne sortait pas.
Il s'est mis à lui faire lire ses
créations: «Ca la contentait».
Auteur de la préface,
Hubert Troestler parle d'un
jeune écrivain à la recherche
de l'âme humaine: ««Nouvel. : •.'.-•••• • • ' ' *
les nouvelles» nous propose
un troublant voyage aux
confins de l'âme humaine,
juste là où se confondent les
PARUTION. Lejeune David Simard de Dolbeau vient de publier
bleus du ciel et de la terre, à
«Nouvelles nouvelles», volume I. Son éditrice Françoise Marois a
cette ligne précise où s'arrêtent les apparences et où com- aidé au projet à venir à jour.
mence l'horizon...»
(Photo Sleeve Tremblay)
C'est âgé de 15 ans, il y a un
coup appris sur les étapes de photocopies, n'est édité qu'à
an, que le jeune auteur a
naissance d'un livre.
100 exemplaires, à compte
découvert le cours d'écriture
Bien
sûr,
ce
premier
livre,
d'auteur,
mais c'est le preque Françoise Marois, auteudont les pages proviennent de mier...
re et éditrice, offrait dans un
hebdo local. Il était au nombre
de la demi-douzaine de personnes à s'y être inscrites et
.•'
était le plus jeune, parmi des
adultes de plus de 45 ans.
L'âge n'influence pas Françoise Marois; à Timmins en
Ontario, elle a publié une
dame de 96 ans.,
Cette fois, le jeune auteur a
•«•
Le Point — 25 septembre 1994
Rappelons que David étudie présentement
en 5e secondaire à la polyvalente JeanDolbeau. Son choix est clair, il poursuivra
ses études collégiales en arts el lettres. Un
jeune écrivain à découvrir et à suivre avec
beaucoup d'intérêt dans les prochaines années.
Avec Ses Éditions Marois
iavid Simard au Salon
; Denis Hudon '.
jectif de ce cours étant la publication d'une
oeuvre d'un des inscrits et une participation
au Salon du livre. Mme Marois présentera
elle aussi à ce salon sa publication la plus
Le jeune écrivain David Simard de Dolbeau, 16 ans, participera au 26e Salon du
livre du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui se récente (septembre 94) intitulée: «La fémitient du 28 septembre au 2 octobre à Jonquière. David Simard présentera alors au
public son premier livre intitulé: «Nouvelles,
nouvelles».
Son éditrice, Françoise Marois des Éditions Marois, l'accompagnera à ce salon
pendant quatre jours. C'est justement elle qui
a piloté le jeune Simard pendant toute sa
démarche littéraire. On sait que Mme Ma. rois a présenté un projet pilote en écriture
et publication de septembre 93 à mal dernier. David était du nombre des inscrits au
programme et le plus jeune du groupe; l'ob-
nisation comme instrument d'analyse sociolinguistique».
Pour en revenir au jeune David Simard
(dont il fut d'ailleurs le sujet d'un de nos
reportages dans Le Point du 6 février dernier), son premier livre contient neuf petites
histoires allant de l'horreur au fantastique,
en passant du romantisme au merveilleux
jusqu'à l'analyse de caractères au fabuleux.
Même que son auteur s'est laissé aller à un
peu d'érotisme...
David et sa professeure ou l'élève et sa
maîtresse occuperont à ce Salon du livre la
table de la Société des écrlvaines et écrivains
canadiens dont ils sont membres d'ailleurs.
Même que c'est tout nouveau pour les jeunes avec l'adoption récente d'un statut étudiant par la SEEC.
OUVERTURES
POUR L'AVENIR
Ce jeune écrivain vivra une expérience
exceptionnelle lors de ce salon en côtoyant
le public, signant des dédicaces et échangeant avec des grands auteurs québécois. I!
sera une source de motivation pour les jeunes qu'il devrait entraîner dans son sillon. En
prenant une part active à ce salon du livre,
David Simard aura de la visibilité partout
dans la région. L'événement lui permettra de
se faire connaître. Il aura sur place avec lui
une centaine d'exemplaires de son manuscrit (vendu à 15 S l'unité par les Éditions
David Simard présentera son tout premier Marois ainsi que dans quelques librairies du
recueil de nouvelles lors du Salon du livre du
secteur).
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
LA FEMINISATION,
UNE RÉALITÉ
SOCIOLÏNGUISTIQUE
LA FÉMINISATION, UNE RÉALITÉ SOCIOLINGUISTIQUE
(UQAC, 1995)
La premier v o l e t de c e t t e recherche f a i s a i t l a r é t r o s p e c t i v e des d i v e r s
ouvrages contemporains qui t r a i t e n t de l a féminisation. En effet.,
divers
tableaux de féminisation i l l u s t r e n t l e s d i f f é r e n t e s approches féminisant:es
qu'ont adoptées c e r t a i n s organismes o f f i c i e l s à ce sujet donc l ' O f f i c e de l a
langue f r a n ç a i s e ,
le ministère
de l ' É d u c a t i o n e t l e C o n s e i l
consultatif
canadien sur l a condition féminine.
Ces tableaux
de féminisation
nous ont s e r v i
à en o r i e n t e r
l'analyse
grammaticale. Nous avons élaboré des instruments de l e c t u r e p e r m e t t a n t de c i r e r
c e r t a i n e s conclusions sur l e s t e x t e s q u ' o f f r e n t l e s b i b l i o t h è q u e s s c o l a i r e s
à nos jeunes f i l l e s au primaire e t au secondaire. Cette a n a l y s e grammaticale
du discours quant à son aspect s e x i s t e du message a s u r t o u t f a i t l'objeC de
n o t r e étude. E l l e a été complétée par une analyse du contenu.
Afin de mieux f a i r e comprendre l ' i m p o r t a n c e d ' a p p l i q u e r c e r t a i n e s techniques
de f é m i n i s a t i o n ,
nous avons favorisé l ' e m p l o i de quelques
principes d e
féminisation
en contexte
créateur.
De c e t t e
expérience
s. découlé
la
publication de Nouvelles nouvelles, r e c u e i l de nouvelles é c r i e par un j e u n e
é l è v e , David SImard, dans lequel nous retrouvons l'emploi du c o l l e c t i f m i x t e
« H i e s » . Ce d e r n i e r principe e s t un pronom personnel de l a t r o i s i è m e personne
du pluriel qui s'utilise afin d'assurer la représentativité féminine d'un
couple ou d'un groupe mixte formé de deux personnes et plus.
Enfin, nous avons l'intention de montrer que la féminisation de l a langue e s t
non seulement un principe théorique de la sociolinguistiaue, mais une r é a l i t é
concrète.
Nous présenterons le résumé de certains ouvrages qui abondent en ce sens et
ferons connaître nos découvertes à un groupe étudiant. Nous les encouragerons
à écrire une langue contemporaine socioculturelle. Nous leur fournirons a u s s i
la l i s t e de documents authentiques
qui illustreront
les
connaissances
théoriques et pratiques sur le sujet. Certaines activités l i é e s directement
à cet apprentissage féminisant
feront l'objet de notre enseignement en
contexte réel.
I. Introduction
II. Description de cours : démarche pédagogique
A. Matériel de lecture
B. Matériel -de création
C. Matériel de consultation
D. Matériel de référence
I I I . Conclusion
IV. Annotations
V. Bibliographie
VI. Annexes
LA FÉMINISATION,
UNE RÉALITÉ SOCIOLINGUISTIQUE
TABLE DES MATIÈRES
I. Introduction
1
II. Description de cours : démarche pédagogique
3
À. Matériel de lecture
1. La féminisation comme phénomène sociolinguistique, Françoise Marois, 1994.
2. La féminisation comme instrument d'analyse sociolinguis tique, id.
3. Porar une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994)
5
Sexisme : apprentissage scolaire
6
Manuels scolaires et stéréotypes
7
Éducation non sexiste
8
Grille d ' analyse
'.9
Un langage non sexiste
10
Mis e en garde
11
Féminisation et Académie française
11
Tableau de féminisation
13
Analyse de contenu
14
Analyse grammaticale du discours
17
Catalogue abrégé de 31 matières académiques
18
Tableau synoptique des valeurs sexistes dominantes v e r s des valeurs féministes égalitairss
34
B. Matériel de création
1. La berceuse des Marguerite, Alain Dumais (1995)
I. Orthographe II. Syntaxe III. Lexique IV. Grammaire
2. Nouvelles nouvelles, David Simard (1994)
I. Orthographe II. Syntaxe III. Lexique IV. Grammaire..3. Le chemin de l'Êternel_le, Christian Tremblay (1995)
a) La Pouvoir
I. Orthographe II. Syntaxe III.Lexique IV. Grammaire
b) Apocalypse
Analyse grammaticale du discours
Analyse de contenu
36
36
37
37
38
38
38
4Q
40
41
C. Matériel de consultation
1. Poux l'amour du. français, Annie Bourref (1994, 1995)
2. La langue, le discours et l'égalité, Claude Tatilon (1995)
3. Journal Le Point : -titres et fonctions au féminin (L994.1995)
D. Matériel de référence
1. Le langage n'est pas neutre, Thérèse Moreau (1991)
2. Dictionnaire féminin-masculin des professions, de.s -titres et
des fonctions, Thérèse Moreau (1991)
3. Gender in M o d e m English : The System and Its Uses, Lori Morris
(1991)
4. Vers une éducation non sexiste, Silvia Ricci-Lempen et Thérèse
Moreau (1991)
5. En écoutant parler la langue, Marina Yaguello (1991)
6. La sexe des mots, Marina Yaguello (1989)
III. Conclusion
42
IV. Annotation
43
V.
Bibliographie
_
44
VI. Annexe I : syllabus et résumés de lecture
Annexe II: 300 grands noms féminins; lexique de dénominations féminines
Annexe III: échantillons de textes féminisés
Annexe IV : matériel de consultation
1.
INTRODUCTION
I.
Malgré l ' a v a n c e m e n t d e l a r e c h e r c h e e n f é m i n i s a t i o n l i n g u i s t : x q u e , ce p h é nomène sociolinguistique semble rester un sujet «tabou».
Les Droits de la personne qui font partout dans le monde la promotion de
l ' é g a l i t é entre les femmes et les hommes, donnent aux femmes ce q u ' e l l e s revendiquent depuis des siècles : la citoyenneté, le droit de vote, l ' é g a l i t é
sala-
r i a l e , le droit à l ' i n t é g r i t é physique, à la scolarisation supérieure.
Ce travail de recherche aborde par le support d'un ouvrage pionnier en
francophonie
Pour une éducation épicène de l'autrice Thérèse Moreau* (1994),
plus d'une trentaine de matières académiques enseignées dans les écoles.
Ce document-clé
en cette
fin
du vingtième siècle dénonce
le fait que
le sexisme est un apprentissage scolaire au même t i t r e que les autres matières
et que l'école est une mini-société où se retrouvent
encouragés
des
compor-
tements qui perpétuent la hiérarchisation entre les deux sexes.
La l i s t e
des
grands
l'humanité
nous apprennent
dans
les
tous
domaines
noms
féminins
que la
qui
ont
marqué
l'histoire
contribution féminine a existé
de l ' a c t i v i t é
humaine
qu'elle
soit
de
et existe
scientifique,
politique, l i t t é r a i r e , artistique ou historique.
D'ailleurs,
la
féminisation
de la langue est le critère q u i permet de
mesurer la présence et le degré d'évolution d'une société quant
à l'égalité
des sexes. Ce dernier facteur assurant l'application de valeurs démocratiques.
Ce travail a pour but principal d'amener la preuve que la
féminisation
est un domaine où créativité et innovation sont possibles.
D'ailleurs,
nous le verrons en cours d'analyse,
les élevés
qui se sont i n s c r i t s à ce cours d'écriture expérimentale ont f a i t
verte
intéressante
masculins
la
décou-
de principes fondamentaux en termes de féminisation.
Je citerai entre autres le principe binaire de féminisation
à produire un texte où la sexuation du sujet
amène l'auteur ou
qui consiste
«l'autrice»
à féminiser ou à masculiniser les substantifs et ce qui s'y rapporte.
Cette
nouvelle
approche
féminisante
crée
des
transferts
(sens) très intéressants aux pians symbolique et poétique.
sémantiques
INTRODUCTION
Ce même élève a aussi appliqué le collectif mixte «illes»
et
en a
élargi l ' u t i l i s a t i o n pour en faire ce que j ' a i appelé le c o l l e c t i f
unifié
«ille» au singulier toujours à la troisième personne.
Le collectif
mixte «illes» assure la
représentativité
féminine dans
UD couple ou groupe mixte (Ex. La guerrière et le guerrier : i l l e s parlent) .
Tandis qu'avec le
s'en servir pour unifier
collectif
unifié
fille»,
les sujets en référant
cet élève en est venu à
indifféremment
à l'un ou
l ' a u t r e (Ex. La chasseresse ou le chasseur : i l l e combat).
Dans le premier cas, les sujets s'additionnent
pour
donner la marque
du pluriel à tout ce qui s'y rapporte (verbe et a d j e c t i f s . . . )
du singulier
à tout ce qui s'y rapporte
deuxième cas où les sujets s'unifient
e t la forme
(verbe et a d j e c t i f s . . . )
et se différencient
dans le
en même temps.
La féminisation, une réalité sociolinguistique vise l ' é g a l i t é
linguis-
tique entre les sexes.
Ce travail de recherche reste embryonnaire puisqu'il ne couvre qu'une
partie des possibles à réaliser en termes de féminisation.
«Le langage n'est pas neutre» comme l e dit s i bien
Thérèse.
Moreau,
(1991), autri.ce du livre portant le même t i t r e .
De son côté, Marina Yaguello (1978) affirme que «la langue est
système symbolique engagé dans des rapports sociaux.»
un
II.
DESCRIPTION DE COURS
Démarche pédagogique
(Annexe I)
Chaque élève reçoit l'article de journal (document I) qui annonçait la
formation d'un groupe en écriture expérimentale ainsi que le syllabus présentant les objectifs du cours (document II).
Chaque élève fera la lecture du matériel de formation La féminisation
comme instrument d'analyse sociolînguistique (Marois, 1994)et
La
féminisa-
tion comme phénomène sociolînguistique (idem) afin d'en préparer un résumé
de lecture à partir d'un résumé-type (document III). Cet exercice d'écriture permettra à chaque élève d'intégrer l'approche féminisante que veut leur
faire appliquer l'animatrice-ressource en contexte créateur.
A. Matériel de lecture
1. De Grevisse à Marois (Marois, 1987) tiré de La féminisation comme
phénomène sociolînguistique.
2. La féminisation comme Instrument d'analyse sociolînguistique.
3. Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994).
Les deux premiers documents permettront
avec
les divers
tableaux de
féminisation
aux élèves de se familiariser
dont
celui de l'Office
de la
langue française au Québec (OLF).
Le dernier volume est un ouvrage pionnier en francophonie. C'est un
guide de rédaction et de ressources pour documents scolaires s ' adressant
aussi bien aux filles qu'aux garçons. Il a été produit dans le cadre d'une
aide à l'enseignement et â la rédaction non sexiste.
L'auteur
(autrice)
fait
l'analyse
de
trente
et une
(31)
matières
académiques que nous vous présentons sous forme de tableaux abrégés suivis
d'un tableau
féministes
synoptique des valeurs sexistes dominantes vers des valeurs
égalitaires.
Puis,
une
liste
des
grands
noms
féminins par
domaine et enfin, un lexique des dénominations féminines en usage en Suisse
(Annexe
II).
Après avoir pris connaissance de tous ces documents, les élèves ont
reçu
suffisamment
de
formation
et
d'information
pour
responsabilité de féminiser leur propre matériel de création.
prendre
la
4.
DESCRIPTION DE COURS
B- Matériel de c r é a t i o n
(Annexe I I I )
1. La berceuse d e s M a r g u e r i t e , Alain Dumais (1995)
2. Nouvelles n o u v e l l e s , David Simard (1994)
(document VII)
(document VIII)
3 . Le chemin de l * É t e r n e l _ l e ,
(document IX)
L'animatrice-ressource
reste
C h r i s t i a n Tremblay (1995)
d i s p o n i b l e pour t o u t e d o c u m e n t a t i o n l i é e
à l a féminisation l i n g u i s t i q u e . C e r t a i n s documents r é c e n t s p e u v e n t
s'ajouter
à ceux déjà l u s à t i t r e de c o n s u l t a t i o n e t de r é f é r e n c e .
C. Matériel de c o n s u l t a t i o n (Annexe IV)
1. Pour l ' a m o u r du f r a n ç a i s , Annie Bourret (1991, 1994, 1 9 9 5 ) ( d o c . X)
2 . La l a n g u e , l e d i s c o u r s e t l ' é g a l i t é , Claude T a t i l o n ( 1 9 9 5 ) ( d o c . XI)
3 . T i t r e s e t f o n c t i o n s au féminin
(document XII)
Le j o u r n a l Le P o i n t (1994, 1995)
D. Matériel de r é f é r e n c e
1. Le l a n g a g e n ' e s t p a s n e u t r e , Thérèse Moreau (1991)
2. D i c t i o n n a i r e féminin—masculin des p r o f e s s i o n s , d e s t i t r e s e t des
f o n c t i o n s , Thérèse Moreau (1991)
3 . Gender i n Modem E n g l i s h : The System and I t s Uses, Lori M o r r i s (1991)
4 . Vers u n e é d u c a t i o n non s e x i s t e , S i l v i a Ricci-Lempen e t T h é r è s e Moreau
(1991)
5 . En é c o u t a n t p a r l e r l a l a n g u e , Marina Yaguello (1991)
6. Le sexe d e s mots, Marina Yaguello (1989)
Ce t r a v a i l
d'en
de recherche
soutenu
tirer une conclusion signifiante
p a r ces d i v e r s
puisqu'il
matériels
sera élaboré
permettra
en contexte
créateur et deux oeuvres en seront publiées.
La
créativité
entraînera
la
découverte
de
nouveaux
éléments
féminisants dont nous parlerons en cours d'analyse avec Nouvelles nouvelles
de David Simard qui a donné naissance à. «pommière» pour une f emme-pommier.
cet
Quant à l'oeuvre Le chemin de l'Éternel__le de Christian
Tremblay où
élevé
q u i devient
fait
un usage singulier du collectif
le collectif unifié «ille» dans certains cas.
mixte «illes»
5-
MATÉRIEL DE LECTURE
A
Afin de f a c i l i t e r le repérage des mots féminisés, ceux-ci ont été écrits
en caractères gras dans la plupart des échantillons produits par l e s élèves.
Après avoir discuté, féminisé et finalisé les deux premiers ouvrages
de lecture, le groupe a été appelé à l i r e Pour une éducation épïcëne publié
par l'auteure
(autrice) Thérèse Moreau.
Nous vous en présentons i c i un résumé de lecture.
3.
Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau (1994).
Au départ,
l'auteure applique l ' u t i l i s a t i o n suisse du féminin «autrice»
que nous adopterons tout au long de ce résumé.
Elle déclare que la recherche féministe est interdisciplinaire et qu'à
ce t i t r e ,
la recherche non sexiste est en pleine expansion.
Pour e l l e ,
retrouvent
l'école
toutes
les
est
un
«miroir
valeurs
hiérarchisation des sexes.
L'école
social»,
dominantes
supporte
de
une mini-société
notre
une vision
culture
où se
dont
la
uniditnensionnelle
du monde où l e modèle masculin est universalisé et le modèle féminin est
déviant puisque non-masculin. Les filles parviennent au succès grâce à leur
travail et à l a
chance tandis que les garçons réussissent à cause de leurs
dons et de leur intelligence. Elle dénonce cet état de fait puisque l'école
est agente de socialisation et un milieu de vie où le sexisme e s t devenu
un apprentissage.
D'après le Petit Robert, le sexisme est une «attitude
de
discrimina-
tion à l'égard du sexe féminin».
«C'est une attitude qui déprécie, exclut, sous-représente l e s femmes
sur la base de leur sexe.»
Le sexisme
époques.
se manifeste
sous plusieurs formes selon les pays et les
SEXISME
APPRENTISSAGE SCOLAIRE
Séparatisme : déterminisme biologique
Patriarcat : valeurs masculines
Masculinisme : le masculin en genre
supérieures aux valeurs féminines, et en nombre (réfèrent universel).
La femme est étrangère aux hommes,
à l'humanité.
La femme et l'homme vivent ensemble Tout ce qui est humain et souhaidans la sphère privée ou domestique. table est masculin.
Dans le Nouveau Larousse élémentaire, La sphère publique ou communautaire La mixité appelle une norme mascuon peut lire pour la définition du mot est réservée aux hommes.
line où filles et garçons adoptent
Femme : compagne de l'homme; celle qui _
, ,
,,
est ou a ete mariée;
Homme : celui qui est parvenu à l'âge
viril; l'enfant qui devient homme.
, ,, , ,
,
...
.
Le pouvoir décisionnel qu il soit
politique ou domestique reste
l'apanage des hommes.
le modèle masculin, où la différence
sexuelle est occultée, où le modèle
féminin est déviant et le modèle
masculin universel.
Ce modèle crée un dualisme sexuel et
un dualisme social chez les filles
et aussi chez les garçons.
Le sexisme est un élément socioculturel qui s'apprend, s'enseigne et que les systèmes scolaires actuels
encouragent.
Ceci entraîne une discrimination double chez les filles : elles subissent des inégalités sociales dues
à leur sexe et un handicap personnel ayant reçu un conditionnement négatif face à leur féminité.
Elles doivent assumer un rôle social selon leur identité sexuelle alors qu'on les encourage à imiter
le modèle comportemental masculin à l'école.
L'école apprend aux filles à se dévaloriser comme personnes et aussi comme groupe social sous des apparences
égalitaires et humanitaires.
L'école enseigne aux garçons à mépriser les filles et à justifier leur mépris.
Le modèle de société véhiculé par nos écoles portent préjudice aux filles et aussi aux garçons limitant
leur potentiel féminin et masculin.
La différence sexuelle est considérée comme un handicap et les rapports hiérarchiques de compétition
y sont encouragés chez les filles et de domination chez les garçons.
«Il en résulte une schizophrénie socioculturelle. Les filles doivent devenir des femmes femmes sur le
plan physique, mais se transformer intellectuellement et moralement en hommes». ^
Cette double contrainte crée la peur de la réussite chez les filles ou «complexe de Cendrillon».
«Ce sexage qui fait du biologique un destin n'est pas sans rappeler le racisme». -*
POUR ONE ÉDUCATION ÉPICÈNE
Elle aborde aussi les stéréotypes et leur apprentissage dans les livres
scolaires. Dans toutes les langues, les enfants apprennent que la
première
vertu et que la principale préoccupation des femmes est leur beauté, que le
mariage est la seule véritable carrière pour les femmes.
Dans presque tous les manuels scolaires, on ne retrouve ni femme célibataire, ni mère célibataire, ni père au foyer non plus.
Manuels scolaires
et
stéréotypes
Garçon/homme
Fille/femme
Définies en rapport aux hommes,
soit fille, épouse, tante, soeur.
Définis selon leur nom propre,
leur profession: boulanger...
Quantitativement : soùs-représentée
Quantitativement : sur—représenté
Fonctions affectives et éducatives
effacées par les tâches ménagères
Fonctions paternelles, familiales
et tâches ménagères méprisées
Infériorisée, subalterne
Dominant, dominateur
Rôle maternel : universalisé
Rôle paternel : dédaigné
Qualitativement : maltraitée
Qualitativement : vénéré
Sphère privée et domestique
Sphère publique et politique
Mère au foyer
Père pourvoyeur
L'autrice
tire
une conclusion
de
tous ces livres scolaires
ou sont
célébrés les stéréotypes les plus archaïques : «Des ouvrages dont les normes
sont une famille comprenant un père au travail, une mère aux fourneaux, un
fils aîné capable et débrouillard et une petite fille pleurnicheuse».
Toute
cette
littérature
scolaire
ignore
la
réalité
des
familles
monoparentales, divorcées et reconstituées, multiraciales et pluriculturelles.
8.
POUR UNE ÉDUCATION ÉPICÈNE
Éducation non s e x i s t e
Plusieurs
pays travaillent
à désexiser
la
langue
afin
d'assurer
la
v i s i b i l i t é des femmes et leur non—discrimination dans les manuels scolaires.
La Belgique a fait
le
21 juin
émettre un décret du Conseil de la Communauté française
1993 afin de dénoncer toute image stéréotypée dans
l e s manuels
scolaires au Primaire.
En France,
promotion
l'association
d'un
matériel
«Pour une éducation non sexiste»
où
l'on
retrouve
grilles
a fait
d'analyse
la
et
recommandations afin de favoriser la publication d'ouvrages non sexistes.
Au Québec, la création d'un Conseil du statut de la femme a permis au
système éducatif
de changer
et
au ministère de l'Éducation
de
monter un
programme d'approbation des manuels scolaires selon une grille d'analyse que
vous pouvez consulter à la page suivante.
En Suisse» le Conseil d'État veille a. ce que l'action,
l'esprit
l'apanage
d'indépendance
exclusif
gissement des
et
la
maîtrise
du monde extérieur
des personnages masculins.
rôles maternels et
l'intelligence,
ne
soient pas
On encourage a u s s i
paternels au-delà de l ' a s p e c t
pour le père et au-delà de l'aspect éducatif et affectif
l'élar-
économique
pour l a mère.
Conseils pratiques de rédaction
Pour
qu'un
manuel
scolaire
ou un document
pédagogique
ne
soit
pas
sexiste, i l faut que les deux sexes soient équitablement représentés :
- Analyse quantitative : permet de savoir
d'occurences féminines et masculines;
numériquement
le nombre
- Analyse qualitative
: comprend la description physique, psychologique, sociale et professionnelle;
Les deux premières portant sur le texte et la présentation.
- Analyse du langage
: permet de savoir s i les formes gra.mmaticales
féminines et masculines sont présentes lorsqu1 i l s'agit d ' ê t r e s humain;
Grille d'analyse
Fréquence d'apparition des
personnages (quantité)
Page
H
F
Dénomination
Activités et comportements
Statut socioprofessionnel
Commentaires et
suggestions
Source : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, p. 283.
10.
POUR UNE EDUCATION EPICENE
Un manuel ou un document non s e x i s t e p r é s e n t e un monde m i x t e e t p l u r i e l
où l e s r o l e s domestiques
e t professionnels
s o n t équitabiement
les t r a i t s de caractère, négatifs ou positifs,
répartis, où
sont équitabiement distribués
entre les deux sexes, où les êtres humains sont des personnes à p a r t entière,
où l'on présente différents
types familiaux à partir des familles
élargies
aux familles monoparentales puisqu'il n'existe pas de modèle universel.
La
grille d'analyse de la page 9
personnages,
activités
leur
(papa
dénomination
lave
la
vous
(Madame,
vaisselle,
permet d'inscrire
Monsieur,
maman
conduit
le sexe des
Docteur--.)»
la
comportements (elle joue au ballon, i l rêve), leur statut
voiture),
leurs
leurs
socioprofessionnel
(mère de, neveu, père au foyer, célibataire, femme d'affaires).
Quant aux
refléter
une
illustrations,
réalité
matière de quotas
photographies
plurielle
selon
les
et
caricatures,
normes
eXles
canadiennes
doivent
établies
en
: pas plus de 60 % pour un sexe, pas moins de 40 % pour
l ' a u t r e sexe.
Un langage non sexiste
Puisque l e s
femmes sont encore ignorées au niveau
deux sexes doivent
être visibles
à l'écrit
linguistique
: les
en appliquant le féminin et
le
masculin de manière équilibrée.
Les métiers,
artisane,
fonctions honorifiques,
sénatrice,
présidente,
grades et t i t r e s seront
baronne. En éducation
de citoyennes e t citoyens, de maire et mairesse.
En
civique,
histoire,
féminisés:
on parlera
on
citera
reines et régents, conseillers et conseillères.
On ne parlera plus d'hommes ou de l'Homme, mais de femmes e t
d'hommes,d.e
1 humanité, d ' ê t r e s humains, de personnes, des Droits de la personne.
On
utilisera
administratif,
des
termes
génériques
l e s élèves, le corps étudiant.
:
le
personnel
enseignant,
11.
POUR UNE ÉDUCATION ÉPICÈNE
Mise en garde
Les
parenthèses
sont
à rejeter
pour
toute
terminaison
féminine.
En
rhétorique, les parenthèses indiquent le caractère secondaire de leur contenu
et les barres obliques ont une signification d'exclusion.
Dans un document scolaire, des formes telles que éducateur/trice sont
inadmissibles.
Quant à l'accord
des adjectifs ou des participes, il se fait avec le
substantif le plus près.
Ex. Les vendeurs et les vendeuses sont compétentes. (Maurice Grevisse,
Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition).
La forme
«ils» est à éviter au pluriel et est remplacée par «elle et
il», «chacun~e», «toutes et tous», etc.
Une langue évolue avec la société et la linguistique historique nous
apprend que les femmes ne furent pas toujours occultées comme elles le sont
au
XX
siècle
: «L'entrée
des
femmes
dans la
citoyenneté
entraîne
des
changements dans l'usage.» •*
Féminisation et Académie française
L'Académie
française assume un rôle de référence, mais
n'a
jamais
eu
le rôle de codificatrice linguistique.
La révolution linguistique s'est faite sans les grammairiens et contre
eux puisque
des écrivains tels Victor Hugo, Marcel Proust ont été accablés
par cette même Académie pour avoir créé de nouveaux mots français.
L'Académie
française déclare que le genre féminin est discriminatoire
et qu'il établit une ségrégation.
Il
est
vrai
que
le
féminin
véhicule
la
misogynie
et
le
sexisme
ordinaires et c'est pourquoi il faut lutter contre cette injustice faite aux
femmes par la féminisation des métiers.
«Partout le masculin universel tend à effacer les femmes» .
Ex. La majorité des chômeurs sont des chômeuses, les nouveaux pauvres
sont surtout de nouvelles pauvres.
12.
POUR UNE ÉDUCATION ÉPICËNE
L'Académie f r a n ç a i s e confond g e n r e grammatical e t g e n r e n a t u r e l même quand
i l s'agit d'êtres inanimés renforcissant la hiérarchie entre les deux sexes.
Ce qui a pour effet de faire du masculin un «genre non marqué et universel»
qui exclut toutes les humaines et du féminin un «genre marqué» dont la marque
est privative. En effet, le masculin universel efface le genre féminin.
Genre féminin
Genre masculin
Marqué
Non marqué
Intensif (marque privative)
Extensif
Ex. Le village é t a i t désert,
les hommes étaient partis pêcher.
Ex. Tous les hommes sont mortels,
Désigne hommes et femmes.
Finales en «euse»
Finale en «eur»
Balayeuse : objet dépendant
Remorqueur : objet indépendant
Si nous devons attendre les dictionnaires pour appliquer t o u t e forme de
féminisation,
celui
de l'Académie
française
date de 1935 ou l ' o n
retrouve
l'idéologie du temps : racisme, colonialisme, mépris pour les francophones non
français
et non
françaises,
misogynie,
absence de nouvelles professions
et
technologies.
«La féminisation,
loin
d.' amener la
confusion,
permet de
clarifier
la
Q
structure grammaticale tout en rendant aux femmes leur visibilité» .
On
cessera
professionnelles
de
lire
des articles
où l'on parle
ainsi
: «Le compositeur Germaine Taillefer est morte
des femmes
ce matin» ou
«Monique Berlioux, ancien directeur de l'Équipe olympiques.
Nous
reproduisons
ici les règles de féminisation que propose
Thérèse Moreau a u nombre de 10.
l'autrxce
(Pour une éducation epicene, Thérèse Moreau, 1994, p. 59, 60, et 61).
COMMENT FÉMINISER LES SUBSTANTIFS
13,
Nous rappellerons que les règles de féminisation sont incluses dans les grammaires et qu'elles sont les suivantes :
1. Les dénominations passent de ...TEUR en ... TRICE
5. Les dénominations se terminent en ...ESSE lorsque le
lorsque le radical français remonte à un substansuffixe remonte au latin ...ISSA emprunté au grec; pour
tif se terminant par ...TE, ...TION, ...TITRE
certains mots, il est la marque spécifique du féminin :
ou par ...TORAT, ou lorsqu'il s'agit d'une transcontremaître
devient
contremaîtresse;
poète
devient
position directe du latin. En général, ce sont
poétesse; consul devient consulesse; pasteur devient pastoresse.
des mots de formation savante dont on ne peut
Cirer de participe présent en changeant ...TEUR
6. Les dénominations prennent un E final, avec dédoublement
éventuel de la consonne qui précède, on précédera d'un
en ...ANT: recteur passe à rectrice par transpoÈ pour les mots dont le masculin est en ...ER, on
sition directe du latin; administrateur passe
remplacera un F final par un V, un X par un S, etc. :
â administratrice parce que venant d'administraintendant devient intendante; écrivain devient écrivaine;
tion; lecteur passe â lectrice parce que venant
sportif devient sportive; matelor devient matelote; commis
de lecture; auteur passe à autrice par transdevient commise; la règle permettant de doubler la
position directe, c'est d'ailleurs une transcripconsonne chef passe à cheffe ^ pour des raisons d'euphonie.
tion fautive d'acteur, actrice 1. scrutateur
7. Les substantifs sont remplacés directement par leur
passe à scrutatrice.
équivalent féminin ou masculin lorsqu'ils désignent expli2. Les dénominations passent de ...EUR en ...EUSE
citement la personne d'un sexe donné : prud'homme devient
lorsque le radical remonte à un verbe. On peut
prud1femme; homme-grenouille devient femme-grenouille;
alors en tirer des participes présents en remplasage-femme devient sage—homme.
çant ...EUR par ...ANT. Cette règle s'applique
8. La dénomination féminine ou masculine de la profession
également lorsqu'il s'agit d'une transposition
est remplacée par une dénomination féminine ou masculine
d'un terme d'origine anglaise : chauffeur passe
d'une autre racine aussi approchée que possible lorsqu'une
â chauffeuse; sapeur passe â sapeuse; footbaldénomination féminine ou masculine de même origine
leur passe â footballeuse; rapporteur passe à
n'existe pas, a un autre sens, ou est tombée en désuétude:
rapporteuse; entraîneur passe à entraîneuse.
gouvernante donne gouvernant mais on dira plutôt intendant
Nous suggérons d'u'tiliser les termes cadreuse
et intendante; moine devient moniale.
et cadreur en lieu et place de camerawoman et
cameraman.
9. Les titres, grades ou fonctions électives suivent en
général les règles énoncées plus haut; dans certains cas,
3. Les dénominations passent de ...EUR en ... EURE
cette féminisation peut obéir à d'autres règles instaurées
lorsqu'elles remontent à un substantif se termipar l'usage ou par des prescriptions légales : confrère
nant en . . .EUR exprimant etymologiquetnent une
devient consoeur; maire devient mairesse; préfet devient
comparaison, lorsqu'il n'existe pas de radical
préfète; député devient députée.
directement sous forme de substantif, ou lorsque
le radical remonte â un substantif se terminant
10.
Les
termes
étrangers
suivent
les
règles
de
par ...SSION, ou lorsque l'usage a imposé le
féminisation de la langue d'origine pour autant que ces
terme : ingénieur passe a. ingénieure; professeur
termes n'aient pas été francisés : piccolo devient
passe â prof esse.ure; procureur à procureure;
piccola; barman devient barmaid; troubadour retrouve la
successeur à successeurs; proviseur â proviseure.
forme occitane trobairitz.
A. Les dénominations épicènes, comme leur nom 1'in^ Sur la notion de transcription fautive, voir Bernard
dique, restent invariables, le déterminant seul
Cerquiglini, Éloge de la variante, Paris, Seuil, 1989.
devenant féminin, lorsqu'elles remontent a un
substantif se terminant par un E muet, ou lorsqu'il s'agit d'un terme d'origine étrangère :
un ou une cinéaste; un ou une fleuriste; un ou
une médecin , un ou une mannequin; un ou une
^ Médecin n'est pas d'origine latine mais picarde. Au
Moyen Âge, on parle de mire, miresse ou de médecin.
•^ Le vocable médiéval chevetaine ayant donné en français
moderne cheftaine, on peut donc par analogie faire cheffe.
14.
ANALYSE DE CONTENU
Tel
que mentionné
m a t é r i e l de l e c t u r e
plus
t ô t dans
l a d e s c r i p t i o n de cours
q u i réfère au
où nous p r é s e n t o n s l ' o u v r a g e Pour «ne é d u c a t i o n épicëne d e
l'autrice Thérèse Moreau (1994), les catalogues qui suivent font r e s s o r t i r les
points historiques les plus saillants sur les origines des différentes matières
académiques enseignées dans les écoles.
Chaque
matière
analysée
par
l'autrice
Thérèse
Moreau
s'accompagne
de
conseils pratiques que nous avons résumés et ajoutés à la suite par matière.
Chacune des bibliographies qui viennent enrichir ce catalogue
ne font
pas ici
l'objet
d'une analyse ou d'une synthèse. Pourtant,
invitons à les consulter. En effet,
féminine
et dont
les
par domaine
nous vous
elles couvrent les pays dont la contribution
répercussions ont marqué l ' h i s t o i r e de l'humanité depuis
la nuit des temps jusqu'à nos jours.
Puis, nous avons exposé les grands noms féminins afin
d'illustrer
notre
propos sur l ' h i s t o i r e féminine dont la v i s i b i l i t é a toujours été occultée
dans
tous les domaines de l ' a c t i v i t é humaine qu'elle soit artistique,
scientifique,
l i t t é r a i r e , politique ou historique.
À la suite
établi
des catalogues abrégés pour chacune des matières,
un tableau
tes se rattachant
synoptique
comparatif
aux différentes
nous avons
entre les valeurs sexistes dominan-
matières enseignées et les valeurs
féministes
égalitaires visant l'équilibre entre les univers féminin et masculin.
Vous serez a i n s i à même de constater
système
où
la
moitié
de
la
population
toutes
est
les anomalies que génère un
exploitante
et
l'autre
moitié
exploitée au nom d'une pseudo—égalité, d'une culture masculine abusive.
L'autrice Thérèse Moreau a surtout mentionné les noms féminins des domaines
où l'on
a fait
exemple
alors
inventrices
croire à l'absence féminine en sciences et en mathématique par
que
bien
des
femmes
scientifiques
ont
agi
comme
pionnières,
et obtenu des prix Nobel en médecine (Gertrude Elion—Bell, 1988) ,
en chimie (Irène Joliot-Curie, 1935) et en physique (Marie Curie, 1903).
En mathématique, des mathématiciennes nous ont légué leurs découvertes à
savoir Gaétane Agnési qui publia un traité de mathématiques en 1748 et Hypathie
(370-415) qui découvrit l'aéromètre.
15.
ANALYSE DE CONTENU
Dans
le
illustrées
domaine
telles
Urania P r o p i t i a
de
l'astronomie,
Marie Cunitz
e t Caroline
des
(1610-1664)
Herschel
astronomes
féminines
q u i p u b l i a ses p r o p r e s
(1750-1848)
se
sont:
tables
avec
q u i f i t l a d é c o u v e r t e de 5 6 1
é t o i l e s e t de l a planète Uranus.
La femme
Saint-Paul
qui
l'apparition
en
a é t é bannie du monde r e l i g i e u x ,
France.
défendait
aux chanteuses
du sacré sous l ' i n j o n c t i o n
l'accès
au chant
religieux,
de c e t t e p r a t i q u e b a r b a r e qui a donné l e s c a s t r a t s
Ces hommes c a s t r é s
assuraient
l e s rôles
féminins
(XVI
e
de
d'où
s.) s a u f
s u r scène et
la
production des voix hautes.
La misogynie et le patriarcat
où les
puissances
masculines
chasse aux sorcières)
profit du plus fort
ont
ont participé
dominé par
la
à l'élaboration
force
physique
de sociétés
(Inquisition,
et où les puissances féminines ont été infériorisées
au
(Croisade, viol de guerre, ceinture de c h a s t e t é ) .
C'est pourquoi, en cette fin de XXe s . , la moitié de la population mondiale
que
forment
les
femmes
qui
assurent
vêtement, éducation, santé) essentiel
66
% du travail
ne reçoit
mondial
(nourriture,
que 10 % du revenu mondial e t
ne possède que 1 % de la propriété mondiale.
Cette injustice
est
le
vision
résultat
mondiale fait
de plusieurs
unidimensionnelle
et
l'objet
millénaires
monosexuelle,
de nombreuses études
d'oppression
où
la
féministes
féminine
différence
et
au nom d'une
est
perçue comme
déviante et bien sûr, non masculine, donc féminine.
Dans
la
langue
comme a i l l e u r s ,
les
femmes
en sont
venues
étrangères à elles-mêmes, en dehors d'elles-mêmes en parlant d ' e l l e s
à
se vivre
et
entre
elles au masculin par l'emploi du «ils» et la masculinisation de l e u r langue.
Le fait
de
porter le
nom de leur
conjoint
les
a amenées à
perdre
identité individuelle et collective, se rangeant du côté du plus f o r t ,
leur
leur mari,
dont la force repose sur l'appropriation de la conjointe devenue anonyme.
Le fait
de
ne pas être
reconnues dans
leurs
reconnaître comme personnes humaines ou féminines,
actions
et
les a forcées
vision du monde qui marginalise et i n v i s i b i l l s e leur essentialité.
de
ne pas
se
à adopter une
16.
ANALYSE DE CONTENU
Longtemps c o n s i d é r é e s
comme purement a n i m a l e s
à cause de l e u r
biologie
l i é e à l a g r o s s e s s e , nous sommes maintenant d o t é e s d ' u n e âme, nous a v o n s droit
à la citoyenneté et au droit de vote, obtenant ainsi notre statut
juridique
d'êtres humains, de personnes humaines, d'humaines.
Exclues de tout pouvoir et de toute possibilité d'acquisition
par
la loi
terrienne
salique* sauf en cas de naissance royale pour les femmes, nous
sommes en train de reconstruire un monde qui reniait notre existence en tant
que personnes.
Que ce soit
dans la
langue,
dans la
loi,
dans la
l i t t é r a t u r e , dans
l ' h i s t o i r e , dans l e s arts, en politique, en sciences, nous avons été déclarées
absentes.
De l'unisexualité,
notre siècle vise l'universalité
par
l'implantation
de valeurs féministes et féminines. De linéaire, notre vision du monde se fait
circulaire. De déformée, elle sera réformée. Elle se reforme.
C'est
accouchera
humains
par
la
d'un
monde nouveau,
qui
reconnaissance
l'habitent
et
le
de
ses
propres
valeurs
d'un monde â l'image
construisent
ensemble
que
la
des humaines
sans
femme
et des
discrimination
sexuelle, sans ségrégation sexuelle.
La femme prend sa place en assumant la double identité, le double emploi,
la double journée de travail, la double tâche parentale ou monoparentalité
et dénonce son s t a t u t de sous-citoyenne.
Elle prend conscience qu'elle est l ' a c t r i c e ,
l'artisane
d'un mouvement
d'égalité et que l a soumission est la cause de sa servitude.
*
Corps de lois contenant la règle qui exclut les femmes du droit de
succession à la terre; cette règle invoquée au XIVe s. pour exclure les
femmes de la succession â la couronne de France. (Le Petit Robert, 1991).
17.
ANALYSE DE CONTENU
Pour c o m p l é t e r ce résumé de l e c t u r e , nous avons r e l e v é l e s d é n o m i n a t i o n s
féminines qu'utilise l'autrice Thérèse Moreau tout au long de son ouvrage.
Ce lexique
comprend
plus
de cent
cinquante
(150)
noms
de métiers,
fonctions, emplois, grades et t i t r e s honorifiques au féminin.
Ces dénominations féminines sont celles en usage présentement en Suisse
et nous avons jugé important de vous les présenter pour enrichir votre propre
lexique dont le mot «autrice» que nous avons adopté tout au long de ce résumé.
Pour enchaîner
à la
suite
de cette
analyse
de contenu,
nous croyons
pertinent de faire une courte analyse grammaticale du discours que véhicule
cet
ouvrage
pionnier
en
francophonie
et
dont
l'intérêt
porte
sur
la
féminisation de la langue dans les documents scolaires.
ANALYSE GRAMMATICALE DD DISCOURS
L'autrice
reste
très
cohérente au contenu, au message en employant d e s
néologismes t e l s que : a u t r i c e ( p . 12), matrimoine ( p . 1 4 9 ) , humaines (p. 5 5 ) .
Elle
utilise
corps e n s e i g n a n t
166)...;
un t r è s
nombre
de termes
( p . 1 1 ) , corps p r o f e s s o r a l
de d o u b l e t s
enseignantes
grand
génériques
: ceux
génériques
par exemple:
( p . 2 0 ) , p e r s o n n e l enseignant ( p .
et celles
( p . 9 ) , enseignants
et
(p. 10), d i r e c t r i c e s et directeurs (p. 11), a u t e u r s et a u t r i c e s
(p. 12), femmes et hommes (p. 24), travailleuses et t r a v a i l l e u r s (p. 3 2 ) . . . ;
Dans c e r t a i n s cas, les termes génériques prennent
la forme de doublets
élidés : p r o f e s s i o n n e l - l e - s (p. 12), doctorant-e-s (p. 19), l i c e n c i é - e - s ( p . 19),
individu-e ( p . 27), enseignant-e-s
elle
recommande
d'éviter
effet,
de n ' u t i l i s e r
l'utilisation
elle
est
la
(p. 27), paysan-ne-s (p. 160).
le t r a i t
d'union
que dans
Pourtant,
c e r t a i n s cas
et
systématique de c e t t e solution riche en symboles. En
source
de
nombreuses
erreurs
orthographiques
et
d'incompréhension même s i elle permet d ' a l l é g e r l e texte.
L'accord
trait
d'union
de ses adjectifs
se fait
tantôt
au plus p r è s ,
(enfermé—e-s, p. 48 ) ou par l ' u t i l i s a t i o n
ou a t t e n t i v e , p. 48). Les
termes
«femmes
artistes»
(p.
tantôt par
le
au long ( a t t e n t i f
69)
et
«citoyens
mâles» (p. 119) se côtoient afin d'assurer la c l a r t é du contenu, du message.
18.
CATALOGUE ABRÉGÉ
DE 31 MATIÈRES ACADÉMIQUES
Source
: tirée du volume Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions
Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 pages.
CATALOGUE ABREGE DES MATIERES ACADÉMIQUES
19.
Activités créatrices manuelles
L'égalité des droits entre f. et g. rend les travaux manuels accessibles aux deux sexes dans les écoles.
La Couture et les Travaux à l'aiguille ont été rebaptisés Activités créatrices textiles.
Au cours de l'histoire, on constate que les travaux textiles ont toujours été partagés entre les deux sexes.
Le tricot était pratiqué par les nomades arabes et â 1" egaqite das croisades, seules les veuves pouvaient prendre
la place de leur défunt mari dans les corporations des «Compagnons».
La broderie était pratiquée par les hommes en Egypte, au Pérou, en Chine, aux Indes et en Europe au XII e s.
Le crochet était un art masculin a la préhistoire.
Le macramé était en usage chez les pêcheurs qui fabriquaient leurs filets de pêche dans l'Antiquité en Assyrie.
L'établissement du patriarcat a diversifié et rigidifié les travaux manuels entre f. et h.
Au XIX e s., l'industrialisation crée la famille nucléaire : l'h. soutien financier et la f. au foyer.
Métiers : fileuses, fileurs; cardeuses,cardeurs; couturières, couturiers; ébénistes f. et h.
La mixité de l'enseignement crée l'indépendance pratique dans la vie quotidienne chez filles et garçons.
Arts plastiques
La vision historique que véhiculent les arts donne la fausse impression que c'est un monde réservé aux h.
La mère de la peinture : Kora (Corinthe). Les arts plastiques sont un monopole féminin aux Indes.
Dans son ouvrage Naturalis Historia, Pline l'Ancien cite les noms d'artistes féminines suivantes :
laia de Cyzigue, Hélène, Marcia, Olympia, Timarète.
«La renommée des femmes s'estompe plus facilement que celle des hommes dans notre société, puisqu'elle dépend
du statut social et des conditions matérielles réelles de toutes les femmes».
Au Moyen Âge, il y avait de nombreuses artistes. La Renaissance et la chasse aux sorcières ont éclipsé toute
création féminine.
En France en 1706, l'Académie royale de peinture et de sculpture ferme sa porte aux femmes.
Au XVIII e s., huit femmes seront admises dont Rosalba Carriera et Anne Vallayer-Coster.
Académie de Londres : Angelika Kaufmann, fondatrice.
Métiers : brodeuses, enlumineuses, graveuses.
Bologne exemplaire en termes d'égalité : universités ouvertes aux f. au XIII e s.
Lavinla Fontana (1552-1614): peintre officielle à la cour papale.
La situation sociale des f. influe sur leurs possibilités créatrices et l'avant-garde est enrichie par les f.
Edmonia Lewis (1845-1890 première sculptrice afroaméricaine.
Josette Hébert-Goeffin (1908-) première femme à recevoir le prix de sculpture de la fondation Guggenheim.
Marion Mahoney-Griffin (1873-1961) première diplômée du Massachusetts Institute of Technology.
(Voir noms d'artistes féminines sous Architecte, Enlumineuse, Peintre, Photographe et Sculptrice à l'Annexe II)
CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES
20.
Bureautique
L'automatisation des activités secrétariales et l'invention de l'ordinateur a changé le monde des bureaux.
Tout au long de l'histoire, la profession de secrétaire a toujours donné pouvoir et savoir.
Encore là, on retrouve une différenciation sexuelle : aux femmes, on présente cet outil comme une machine I
écrire perfectionnée sous l'appellation de bureautique et aux hommes, c'est l'outil d'expertise, de maîtrise sous
l'appellation informatique. On reproduit le modèle dominant.
Conseils : filles et garçons doivent se familiariser avec tous les logiciels (multimédia ou télématique).
Cinéma
Mars 1895 : brevet en cinématographie obtenu par les frères Auguste et Louis Lumière.
1897
: Alice Guy (1873-1962). Une cinéaste qui tourne des films de fiction.
Le cinéma féminin donnent une autre vision du monde et des rapports entre femmes et hommes.
D'objets de désir dans le cinéma masculin, elles deviennent sujets en production cinématographique féminine.
Réalisatrices, productrices et cinéastes féminines présentent des héroïnes positives : Alien 2, Tootsie.
Métiers : monteuses, cadreuses (camerawoman), scriptes, metteuses en scène, réalisatrices, productrices, cinéastes,
(Voir noms d'artistes cinématographiques sous Cinéaste, Productrice, Réalisatrice.à l'Annexe II).
Comptabilité
L'entrée des femmes dans le monde du travail rémunéré les amènent a gérer des entreprises
nouveaux droits.
Métiers : comptables, fournisseuses.
et
à
acquérir
de
Correspondance commerciale
Cette matière est liée à la bureautique et requiert l'apprentissage du français, de l'orthographe et du vocabulaire commercial qui en découle.
Conseils : encourager la mixité de la profession même si elle est majoritairement féminine;
encourager l'écriture d'un langage non discriminatoire;
Ex. La destinataire s'il s'agit d'une cliente.
féminiser les titres et fonctions(cheffe, ambassadrice, syndique, ingénieure);
employer des tournures génériques;
Ex. Lors d'un premier entretien avec la personne qui doit vous engager».
CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES
21.
Critique de l'information
Qu'elle soit écrite, parlée ou télévisée, le langage de l'information n'est pas neutre : emploi des genres
féminin et masculin et présence de catégories sexuelles.
La presse écrite a longtemps été fermée aux femmes à cause du travail de nuit et les femmes ne pouvaient
pas
aller n'importer où seules : division sexuelle et sexuée.
Aux États-Unis, un arrêt de la Cour supreme a permis aux femmes d'entrer dans les vestiaires des sportifs afin
d'y interviewer les athlètes.
Le rôle des femmes en information radiodiffusée et télévisuelle reste encore ambigu.
Métiers : journalistes, rédactrices, commentatrices, éditorialistes, éditrices.
(Voir noms de journalistes féminines sous Journaliste à l'Annexe II).
Droit
Le droit est en pleine mutation quant à l'écart qui subsiste toujours entre l'égalité formelle applicable et
l'égalité réelle entre conjointe et conjoint, entre femmes et hommes.
Les systèmes judiciaires actuels créent une égalité illusoire parce que f. et h. ne vivent pas des situations
comparables : ce principe d'égalité en jurisprudence perpétue et génère les mêmes déséquilibres séculaires entre
les sexes. Inégalité réelle à laquelle s'ajoute l'égalité formelle qui défavorise le ou la plus faible.
«L'illusion que les femmes ont les mêmes droits que les hommes est presque aussi profondément ancrée que la
réalité de l'oppression.»
(Gwen Brodsky et Shelag Day, Conseil consultatif canadien sur le statut des femmes,1989)
D'abord, les hommes sont sur-représentés dans le système judiciaire comme juges, avocats, procureurs.
L'effet des sexes en sciences judiciaires : dichotomie sphère privée/sphère publique ralentit le mouvement réfor™
miste à laquelle s'ajoute l'interprétation de la loi par les tribunaux.
Métiers : juristes, juges, avocates, procureures.
Hortensia : femme de loi romaine ( I e r s. avant Jésus-Christ)
XIV e s.
: Novella Andrea remplaça son père à l'université de Bologne.
XIX e s.
: Jeanne Chauvin avec sa thèse Des Professions accessibles aux femmes en droit romain et en droit français pour la nomination des femmes au barreau en France.
XIX e s.
: Emily Kempin-Spyri en Suisse (1891).
(Voir noms de femmes sous Avocate à l'Annexe II).
Économie d'entreprise
Le nouveau droit matrimonial, les récents acquis socioprofessionnels des femmes créent de nouvelles professions
et fonctions féminines : entrepreneuses, cheffes d'entreprise, débitrices, actionnaires.
Conseils : utiliser des termes génériques. Ex. Clientèle, personnel, personnes.
CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES
22.
Économie familiale
Le travail domestique fait partie intégrante de la richesse nationale et du bien-être d'un pays.
Liés à la reproduction immédiate (nettoyage, repas, procréation, maternage) et à l'éducation des enfants, au
soutien psychologique de la conjointe ou du conjoint, à la sociabilité des familles, les travaux domestiques
représentent les deux tiers (2/3 ou 66 %) du produit national brut (PNB) comptabilisé.
Bien que de plus en plus, ces travaux se traduisent en services et en consommation.
Origine du mot ménager : au XIVe s, veut dire chef de famille. Naissance du mot ménagère ; au XV e s.
Au XIX e s. : 1'Industrialisation et 1'urbanisation divisent le monde en espace familial/espace de travail.
La femme entre dans le monde salarial, mais légalement non pourvoyeuse : son salaire est ajouté à celui du mari.
Le travail féminin est synonyme de double emploi, double journée pour la femme mariée.
Le salaire domestique pour lutter contre la dévalorisation du travail domestique et la discrimination en emploi.
(Voir noms de femmes sous Inventrice à l'Annexe II).
Économie politique
Le nombre de femmes dont le travail est rénuméré augmente chaque année.
En 1986, en France (55 % ) ; aux États-Unis (65 % ) ; en Suède (80 % ) ; au Canada (56 % ) .
Les femmes restent cantonnées en emploi : bureaux (39 %) > ventes (19 % ) , santé (16 %) , soins du corps (6 %) .
Elles occupent 4,2 % des postes de direction et 15,2 % des postes supérieurs (Suisse).
Les salaires sont différenciés selon les sexes : les ouvrières reçoivent les 2/3 du salaire des ouvriers et
les employées 86 % du salaire des employés.
Les femmes sont les premières engagées et les premières renvoyées.
Chaque époque reflète sa forme de travail sexué : déqualification du travail domestique vs travail rémunéré.
La majorité des personnes en chômage sont des femmes et le choix professionnel reste extrêmement stéréotypé.
Les femmes représentent 50 Z de la population mondiale.
Les femmes assurent 66 Z du travail mondial (vêtements, repas, éducation).
Les femmes perçoivent 10 % du revenu mondial.
Les femmes possèdent 1 % de la propriété mondiale.
Elles fournissent les 2/3 des repas et sont les plus mal nourries. Elles assurent l'essentiel en éducation et
les deux tiers (2/3) des personnes illettrées dans le monde sont des femmes.
La disparité dans le traitement économique entre f. et h. est quasi universelle et a fait l'objet de nombreuses
recherches sur la structure historique de l'emploi féminin et ses attributs.
Dans le monde, la femme est vouée au mariage et à la reproduction : l'emploi est une chance et non un droit.
Historique du travail féminin : sage-femme, infirmière, postière, maîtresse d'école, hôtesse de 1'air(Québec)
Conseils : égalité salariale, partage des tâches, formation epicene.
Karin Kock (1891-1976), ministre conseillère et première Suédoise à siéger au Conseil du roi.
«Il existe dans le monde une corrélation directe entre le PNB et la scolarisation des filles».
(Voir noms de femmes en Économie politique sous Ministre à l'Annexe II).
CATALOGUE ABRÉGÉ DES MATIÈRES ACADÉMIQUES
23,
Éducation civique
La citoyenneté comprend le droit de vote et d'éligibilité sans lesquels on reste étrangères, étrangers à notre
paysi sans lesquels nous sommes sans droits n'ayant que des devoirs.
Citoyenneté
———————
, ; _____
___
_
__^
F.
H.
Sphère privée
Sphère publique
Devoirs
Droits
Emploi
Métier
«L'émancipation des femmes est le cTritère d'une société évoluée.» (Fourrier)
Sous ce chapitre, les pays les
plus avancés sont : les Américaines (1869, État du Wyoming, 1920 État fédéral et tous les états), les Finlandaises en 1906, les Norvégiennes en 1907, les Allemandes en 1908, les Canadiennes en. 1920 ainsi que les Hongroises. Malgré la royauté féminine, la Grande-Bretagne n'accorde de droits civiques aux femmes qu'en 1928. Les
femmes russes obtiennent le droit de vote en 1936. C'est en pleine guerre mondiale que les Québécoises
deviennent citoyennes. Quant aux Françaises, elles devront attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale en
guise de gratitude pour s'être battues «comme des hommes». (Général De Gaulle)
En Suisse, les citoyens miles
accordent par référendum la citoyenneté fédérale aux Suissesses le 6 février 1971 après cent ans de lutte.
Les femmes ne sont pas étrangères au pouvoir pour l'avoir exercé dès l'Antiquité comme reines.
Les femmes sont sous-représentées au plan politique et l'image du pouvoir reste encore associée au masculin.
Les femmes qui parviennent au pouvoir remplacent un père, un époux décédé.
On pourra parler de réelle démocratie le jour où la participation politique des femmes citoyennes sera égale
à celle des hommes politiques.
L'égalité entre f. et h. a entraîné des changements en droit matrimonial dont le nom de l'épouse, l'héritage...
Conseils : féminiser systématiquement tous les titres et fonctions qu'exercent les femmes.
Métiers : politiciennes, gouverneures, premières ministres, présidentes, cheffes de gouvernement, conseillères
d'État.
Bandaranaïke Sirimawo Rathwath Dias (1916—), première femme au monde à être cheffe de gouvernement (Sri Lanka).
Banazir Buttho (1953-), première femme à diriger un pays musulman.
Hipatia Cardenas de Bustamante (1889-), première femme à devenir conseillère d'État (Equator).
Indira Gandhi (1917-1984), première ministre de l'Inde en 1966.
(Voir noms de femmes en politique sous Politicienne à l'Annexe II).
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24.
Éducation physique
L'éducation physique est une activité éducative qui se fait en collaboration entre élèves.
 Sparte : les deux sexes recevaient le même enseignement en éducation physique.
En Crète : les f. participaient aux sports, conduisaient des chars, chassaient.
Au M. Â. : les f. nobles montaient à cheval, chassaient à l'arc, au faucon, jouaient au jeu de paume.
Elles étaient jongleuses, acrobates, ménestrelles.
XVI e s. : les sports sont pratiqués par la noblesse seulement et sont Interdits aux femmes protestantes.
XIXe s. : le costume féminin emprisonne le corps féminin avec le corset qui écrage le foie et la rate, la
crinoline avec son poids de cerceaux empêchent la marche, la station debout. Le régime alimentaire féminin
était pauvre en protéines et en calories. Les femmes sont faibles et évanescentes.
En 1850 : les Américaines coupent leurs jupes aux genoux (bloomers) pour retrouver leur
liberté
dans le
vêtement, le mouvement et leur force physique.
De 1875 a 1975 se fait l'émancipation féminine sportive.
Hélène Dutrieu (1877-1961 : cycliste belge surnommée «la Flèche humaine».
En 1925 : les États-Unis comptent 500 aviatrices pilotes, la Grande-Bretagne 300 et la France 40.
Le sport masculin : rituel guerrier et violence gratuite avec mise à mort symbolique ou réelle,
Jacqueline Auriol (1917-) : première pilote d'essai. Amelia Earhart (1898-1937): première aviatrice (Atlantique)
Conseils : formation d'équipes mixtes, égalitaires selon la performance individuelle.
Métiers : aviatrices, navigatrices, pilotes, alpinistes, cyclistes, athlètes.
Krashina Chojnovska-Liekiewicz (1944—), première navlgatrice â faire seule le tour du monde.
(Voir noms d'athlètes féminines sous Alpiniste, Aviatrice, Cycliste, Navigatrice et Pilote â l'Annexe II).
Éducation religieuse
Les religions monothéistes sont synonymes de masculin et divinité excluant les femmes du religieux et passant
de l'anthropomorphisme (humain) â l'andromorphisme (homme). Les femmes y sont exclues de la spiritualité.
L'exclusion des f. du pouvoir religieux s'appuie sur les textes sacrés dont l'interprétation est faussée et
sexiste. Chaque religion reconnaît en Dieu une part de féminité revendiquée ou occultée selon les époques.
Dans l'Ancien Testament : prophetesses et héroïnes sont nombreuses. Marie-Madeleine est l'apôtresse des apôtres.
Le rôle des femmes dans le mouvement chrétien primitif est visible : prophetesses, missionnaires, diaconesses.
On peut citer ces quelques femmes : Agar, Esther, Eve, Lilith, Rache, Ruth, Sara.
Le bouddhisme tibétain reconnaît le principe féminin comme le principe actif.
Dans les communautés juives libérales, on retrouve des rabbines.
Quant au sacerdoce et a la prêtrise pour les femmes, les structures eccléslales actuelles sont sexistes.
Métiers : théologiennes.
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25.
Éducation sexuelle
C'est le domaine du partage, de la complémentarité, de l'équilibre.
Notre manière d'aimer est culturelle : le physique et l'affectif sont intimement liés.
La sexualité évoque les rapports humains, la situation socio-économique des £., les mutilations sexuelles, les
mariages imposés, la dot et l'achat des femmes épouses, les tortures sexuelles faites aux prisonnières
d'opinion, la prostitution, le viol conjugal, l'inceste, la pornographie, le tourisme sexuel, le harcèlement
sexuel.
La psyché collective masculine divise les femmes en deux catégories : vierges ou putains.
«La prostitution organisée, la violence sexuelle sont les manifestations les plus évidentes de l'oppression
et de l'exploitation de toutes les femmes qui, (...)
selon les circonstances pourront être le repos du
guerrier, le butin de guerre (...) dont le travail ou la promotion dépend de sa gentillesse». "
Le refus du droit absolu à l'intégrité corporelle des femmes et des enfants, le refus du libre choix en
contraception, lors d'une grossesse sont les signes du statut de subordination que vivent encore les femmes
et les enfants dans nos sociétés.
Conseils : enseigner la distinction à faire entre érotisme et pornographie, cette dernière étant basée sur
le mépris, l'esclavage et la violence envers un sexe ou des personnes.
Environnement
Protection de la nature (écologie), milieux de vie : environnement domestique, familial, professionnel, urbain.
La nature est associée au féminin, c'est un être vivant, une mère.
XVI e s. : en Europe, la terre est une sorcière, un être maléfique, une machine qui doit être réglée par l'homme.
XIX e s. : nature-femme/nature-machine. Vision mécaniste du monde. Encore de nos jours, les animaux sont des
choses du point de vue légal.
1962
: Rachel Carson, chimiste qui publie Silent Spring et dénonce l'emploi abusif de pesticides.
James Lovelock, chimiste. Il déclare que la terre est un être vivant à torturer, à tuer (Gaia).
Naissance du mouvement écoféministe : né en Inde, le mouvement Chipco a pour but de sauver les forêts du déboisement où chaque femme protège un arbre en l'enlaçant de son propre corps.
Eau
: symbole féminin lié a la naissance et à la pureté des eaux terrestres selon les oeuvres de Rachel
Carson, Mary Daly, Susan Griffin, Carolyn Marchant...
Le lien nature et femme est uns construction historique, sociale et culturelle de même que les notions de
valeur et d'essence.
L'ère baeonienne et mécaniste tire à sa fin ainsi que la théorie mathématique du chaos.
L'agriculture redessine le visage de la terre et est une affaire de femmes tant qu'elle n'est pas mécanisée.
Conseils : s'interroger sur le statut des animaux et leur relation avec les êtres humains.
«Les femmes ont longtemps été considérées comme pas tout à fait humaines, mais plutôt comme animales».
Métiers : agricultrices, chimistes, physiciennes.
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26.
Français
Choix de textes
La littérature est un outil de socialisation et de subjectivation.
La littérature actuelle est monosexuée : le masculin en est le réfèrent universel.
La littérature actuelle est monoculturelle : célébration de la culture masculine et culture féminine dénigrée.
Filles et garçons doivent d'identifier aux parlers féminin et masculin, se reconnaître et reconnaître l'autre.
Matrimoine et patrimoine doivent dessiner notre héritage culturel.
Conseils : présenter une variété de récits, d'aventures, d'activités humaines et de perspectives autant par
des autrices que par des auteurs.
Grammaire, conjugaison, orthographe
Deux types de grammaire : normative/descriptive(desexisation)
Suivre les règles non majoritaires de grammaire et d'orthographe en appliquant un langage non discriminatoire.
Ex. Faire l'accord au plus près (XVIIe s.);
Accorder un adjectif se rapportant à plusieurs noms avec celui le plus rapproché.
(Maur'.ce Grevisse, Le Bon Usage, Paris, Gembloux, Duculot, 1964, 8 e édition, par.343 et 371).
Conseils : donner systématiquement le féminin de la 3 e personne du singulier et du pluriel dans les conjugaisons;
les filles écriront «je suis allée» et parleront en «elles» au lieu du «ils» habituel;
présenter le féminin et le masculin des mots qui changent selon leur genre;
métiers, fonctions et titres toujours présentés au fém./masc.
Vocabulaire
Le monde est en réalité à moitié féminin par sa population et cette réalité doit se refléter dans la langue.
La linguistique historique nous apprend que le genre grammatical des mots est instable variant d'une époque
a l'autre, d'un dictionnaire à l'autre.
Ex.
F.
M.
F/M
Conifère
en botanique
selon dictionnaires
Alvéole
Bescherelle
Robert
Après-midi
selon l'Académie
usage
Interview
Académie
Dictionnaire général
Pamplemousse
Bescherelle
Larousse
Perce-neige
Tous les dictionnaires usage
La féminisation des professions se fait facilement pour métiers traditionnellement féminins : institutrice,
infirmière, puéricultrice, jardinière d'enfants. Ou pour des métiers socialement peu valorisés : ouvrière,
femme de ménage, secrétaire.
La féminisation est difficile ou inexistante quand il s'agit de fonctions féminines supérieures où l'on
prétexte la neutralité de la fonction,
«La participation des femmes au monde du travail s'est traduite à travers les siècles par une féminisation
des métiers». ^
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27
Géographie
Science de la description et de l'explication des paysages, des connaissances générales sur les régions
lointaines et de la description de la patrie : science naturaliste et objective. Géographie nominative.
Elle est modelée par les êtres humains et leurs activités.
La géographie contemporaine tient compte des rapports de sexe dans la production de l'espace.
Production alimentaire assurée majoritairement par les femmes
~™~~
"
(Afrique, 80 %; Asie, 60 %; Amérique latine, 40 %)
Les femmes effectuent 66 % du travail mondial (rémunéré ou non)
Les femmes forment 33 % de la force de travail rémunéré
Les femmes reçoivent 10 % du revenu mondial
Les femmes possèdent moins de 1 % de la propriété mondiale
II est urgent de cartographier T'espace au féminin et~dTTïlustrer les rapports~inégalitaires entre les sexes.
Conseils : étudier la division sexuelle entre sphère privée/publique; espace domestique/production industrielle;
identifier les lieux mixtes, les milieux industriels unisexes ;
analyser l'importance sociale des naissances masculines vs Infanticides féminins;
contraception partagée entre f. et h.
Métiers : géographes, cartographes.
Histoire
XV e au XIX e s. : histoire des puissances masculines, des propriétaires terriens et des hommes politiques.
XIV e s.
: loi salique exclut les femmes du droit de succession à la terre. En France, par exemple.
1789
: la Révolution française donne naissance à la bourgeoisie.
1848
.
: naissance du prolétariat.
La Nouvelle histoire éclaire certaines zones à partir de journaux intimes, correspondance féminine.
L'histoire au féminin enrichit l'histoire classique : reines, régentes, baronnes, domestiques, ouvrières...
Grandes personnalités : Agrippa, Aliénor d'Aquitaine, Elisabeth I d'Angleterre, Simone de Beauvoir, Blanche
de Castille, Olympe de Gouges, Marie de Gournay, Catherine de Russie, M m e de Lambert, Christine de Pizan,
Alexandra Kollonta?., Rosa Luxembourg, Louise Michel, Flora Tristan.
Rôles sociaux
; mariage, maternité...
Travaux féminins : ménagers, salariés...
Luttes politiques
: la Fronde, la Révolution.
Interdits
: éducation,grec, latin, médecine,droit.
Histoire du féminisme : problématique des sources historiques propre aux groupes sociaux sans pouvoir ni
politique ni militaire.
Conseils : analyser les raisons de l'exclusion des femmes en histoire classique
quand
elles ont
contribué
1 toutes les luttes sociales,
inclure les femmes au vocabulaire. Ex. Artisans et artisanes au Moyen Âge;
étudier leur exclusion au suffrage dit universel et leur inclusion aux nouveaux droits et devoirs;
respecter la réalité propre à chaque époque sans imposer notre vision contemporaine non sexiste,
(Voir noms de femmes en Histoire sous Historienne à l'Annexe II).
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28.
Information scolaire et professionnelle
Cette matière suscite la réflexion et amène une prise de conscience chez les jeunes entre 14 et 16 ans à la
recherche de leur identité.
Il est d'une très grande importance de présenter toutes les professions même celles traditionnellement
féminines aux garçons et traditionnellement masculines aux filles.
Le choix d'une profession engage un mode de vie et toute la personnalité selon les goûts et aptitudes.
Ne pas transmettre la vision sexiste et archaïque liée à certains métiers et professions.
Ex. Une fille peut très bien choisir d'être ramoneuse, maçonne, pilote de ligne, chirurgienne, cheffe de chantier.
Un garçon peut très bien choisir d'être jardinier d'enfants, assistant social, infirmier, homme de ménage.
Conseils : féminiser les noms de métiers ;
présenter les adjectifs au féminin et au masculin;
inviter une femme ou un homme dont le métier est non traditionnel pour un modèle positif;
enseigner le partage des tâches ménagères et éducatives;
encourager la mixité des milieux professionnels;
éviter des textes où les univers professionnels sont ségrégués selon les sexes.
«Les métiers n'ont pas de sexe». 1"
Informatique
Démystifier et désexiser l'informatique comme science dure afin d'éviter la scission :
traitement de textes, secrétaires, femmes/ordinateurs, cadres, hommes.
Ada Byron Lovelace (1818-1852) : pionnière en informatique à qui on doit la notion de débranchement.
première analyste programmatrice .
Langues anciennes : grec, latin
La cité grecque ou latine excluait les f. de la citoyenneté. Elles étaient donc sans droits civiques au même
titre que les esclaves et une grande partie du peuple.
Être citoyen n'était pas la règle mais l'exception.
Femmes influentes : Claudia, Hortensia, impératrices, princesses.
Grec et latin : langues sacrées, langues d'érudition interdites aux femmes pendant des siècles les empêchant
d'accéder à l'université où ces deux langues étaient obligatoires pour être admises.
1962 (Suisse)
: section classique s'ouvre aux filles.
Anne Dacier (1647-1720), philologue française qui traduisit les Comédies de Térence, l'Odyssée, l'Iliade.
Eugénie Droz (1893-1976), créatrice de la revue Bibliothèque de l'Humanisme et de la Renaissance.
Marguerite Yourcenar et Jacqueline de Romilly : académiciennes.
Conseils : replacer en contexte socio-historique des rôles féminins dépréciatifs pour les femmes.
Ex. Servantes, esclaves, pythies.
(Voir noms de femmes en Langues anciennes sous Académicienne, Philologue â l'Annexe II).
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29,
Langues et littératures étrangères
Le langage est un outil quotidien de communication immédiate qui structure nos idées et notre vision du monde,
Chaque langue véhicule sa vision propre du monde.
Certaines langues sont géographiquement définies tandis que d'autres se parlent sur plusieurs continents :
anglais, espagnol, français. La critique sociolinguistique a étudié l'influence des genres sur le langage.
La langue permet d'illustrer le passé et l'imaginaire grâce à sa dimension écrite.
Conseils : grammaire, vocabulaire et illustrations équitables soit 50 % au féminin, 50 % au masculin;
privilégier du matériel non stéréotypé qui offre des comportements diversifiés (bandes dessinées);
privilégier la littérature enfantine et adolescente écrite par des femmes (au primaire).
«L'éducation, la rédaction non sexiste sont la règle au Canada comme aux États-Unis». ^
(Voir noms de femmes en Écriture sous Écrivaine à l'Annexe II).
Note : L'Allemagne fut la premièreà se doter de textes officiels non sexistes (1979) suivie de l'Autriche.
Littératures
Les femmes sont occultées de l'histoire et des sciences, mais sont omniprésentes en tant qu'objets
d'écriture, objets de l'action étant celles par qui le malheur ou le scandale se produit.
1405 : Christine de Pizan s'interroge sur cette négativité des femmes dans son Prologue à La Cité des Dames.
«Je me demandais quelles pouvaient être les causes et raisons qui poussaient tant d'hommes, clercs et autres,
à médire des femmes (...) soit en paroles, soit dans les écrits et traités». ^
Ce constat d'une thématique littéraire enseignant la misogynie marque toute la littérature occidentale.
L'histjire littéraire parle des écrivaines en termes stéréotypés et dévalorisants quand on sait que les
classes
littéraires sont majoritairement
féminines
et que
le
corps universitaire enseignant est
majoritairement masculin. On parle de 1'infériorisation intellectuelle et sociale des femmes.
La recherche féministe veut redonner aux femmes la place qui leur revient (1), tenter de comprendre
l'imaginaire masculin (2) et les phénomènes historiques et sociaux quant à l'occultation des écrivaines en
général et des écrivains féministes.
Conseils : présenter la vision plurielle de chaque époque;
analyser le vocabulaire littéraire stéréotypé;
analyser la problématique qui sous-tend la sexuation du sujet de la narration (femme ou homme).
(Voir noms de femmes en Écriture sous Écrivaine à l'Annexe II).
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30.
Littérature enfantine
Les livres de littérature enfantine publiés par série présentent souvent une vision stéréotypée qui prépare
jeunes letrices et lecteurs à des séries adultes roses pour les filles (romans) et noires pour les garçons
(policiers, aventures). Même si cette littérature se dit non sexiste, elle est en réalité masculinlste puisqu'elle encourage les filles à adopter le comportement masculin «une fille vaut bien un garçon».
Les contes pour enfants d'autrefois traitent des mêmes problématiques sociales que celles de notre époque:
Ex. Peau d'âne, une petite fille incestuée par son père.
Les Misérables de Victor Hugo où l'on retrouve le triste sort que .subissaient bien des enfants abandonnés.
On Bon Petit Diable, Les Malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur aborde des thèmes aussi variés que
la préférence parentale, la jalousie entre enfants, le rang dans la fratrie ou la sororie.
Ogres et ogresses étaient l'histoire de la violence domestique, psychologique et sexuelle.
Conseils : lecture de héroïnes et de héros même quand il s'agit d'animaux personnifiés.
Littératures étrangères
Les ouvrages traduits ou les ouvrages originaux en vue d'apprendre une langue étrangère ou ancienne.
Conseils : la littérature reflète l'évolution sociale d'un peuple.
Littératures francophones
La littérature française est plurielle puisque bien des pays autrefois colonies ou territoires français
parlent français encore aujourd'hui : Afrique, Antilles, Belgique, Maghreb, Québec, Suisse, Vietnam.
Les femmes de ces pays francophones appartiennent à la même communauté linguistique, mais ont des droits
et des priorités différentes.
Mathématique
II existe deux conceptions de la mathématique : la logique, l'absolu/l'exploration, la construction.
La seconde approche permettrait une meilleure intégration de la variante sexe en apprentissage.
Les statistiques faites en France, en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord (Marie Duru-Bellat) démontrent
que filles et garçons obtiennent globalement les mêmes résultats au début du secondaire : ce serait donc
plus une question de perception et d'orientation que d'aptitude .et l'effet Pygmalion (réussite selon attentes)
joue beaucoup sur les performances scolaires selon les sexes et les matières.
Les filières littéraires et scientifiques sont ségréguées et l'orientation différenciée selon le sexe.
De plus, la majorité des personnes qui enseignent les sciences sont des hommes alors que les autres matières
sont plus souvent enseignées par des femmes. La science perçue comme masculine, un monopole masculin.
Hypathie (370-465) enseigna les mathématiques au musée d'Alexandrie et serait l'inventrice de 1'aéromètre.
Sofya Korvin Krukovsky Kavalevskaya (1850-1891) a laissé son nom au théorème Cauchy-Kavalevski.
Gaétane Agnési (1718-1799) publia en 1748 un traité de mathématiques sur la courbe du 3 e degré(Cubique d'Agnési)
et elle fut nommée à la chaire de mathématiques de l'université de Bologne par le pape Benoît XIV.
Conseils : éliminer tout vocabulaire stéréotypé dans les manuels et exercices mathématiques.
Ex. Une fille calcule la longueur du fil nécessaire à son cerf-volant.
Un garçon cherche combien il doit économiser pour s'acheter un chandail.
(Voir les noms féminins en Mathématique sous Mathématicienne à l'Annexe II).
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3l
*
Musique
Interprètes, instrumentistes et chanteuses sont connues, mais la création musicale féminine l'est peu.
Occident : femmes exclues du chant religieux par soumission à l'injonction de Saint-Paul,
XVI e s. : l'Église remplace les femmes par les castrats (hommes castrés) pour jouer les rôles féminins
et les voix de haute pour concurrencer les chanteuses laïques.
France
: les castrats étaient interdits et les femmes pouvaient faire carrière sur scène,
c'est pourquoi il y a toujours eu plus de création féminine en France.
Renaissance: les instruments furent divisés en deux catégories soit féminine et masculine.
instruments féminins
instruments masculins
clavecin, viole, luth, harpe, guitare
instruments à corde, à vent, percussions, cymbales
Note
: le violon fut considéré comme un instrument exclusivement masculin les deux cents premières
années de son existence.
XIX e s.
:
la création d'orchestres féminins permit aux femmes de devenir professionnelles.
Ce sont donc les restrictions dans le domaine instrumental qui ont ralenti la création féminine.
Les femmes ne pouvant être ni cheffesd'orchestre ou d'opéra, elles composèrent moins que les hommes.
Hildegarde von Bingen (1089-1179) était compositrice interprète.La Comtesse de Die (1140—?) était trobairitz,
Elisabeth-Claude Jacquet de la Guerre (1664 7-1727) était compositrice.
Marianne Von Martinez (1744-1812) était chanteuse compositrice.
Depuis le XIX e s., les grands noms féminins ne manquent pas dans l'interprétation avec des chanteuses
comme Pauline Viardot, Maria Callas, des cheffes de choeur comme Catherine Brilli, des cheffes d'orchestre
comme Nadia Boulanger, Hedy Salquin, des flûtistes, des ondistes, des violoncellistes, des pianistes.
Des femmes ont mis des poèmes en musique telle Henriette Hilda Bosmans avec Prévert tandis que d'autres
ont fait de la musique de films comme Wendy Carlos pour Shining.
(Voir noms féminins en Musique sous Chanteuse, Chanteuse compositrice, Cheffe de choeur, Cheffe d'orchestre,
Compositrice, Compositrice interprète, Musicienne, Trobairitz).
Philosophie
La philosophie comme bien d'autres
tradition judéo-chrétienne :
disciplines a longtemps été chasse gardée au masculin au nom de la
F
H
Vie ordinaire
Oeuvre philosophique
irrationnalité
berceau
pupitre
rationalité
nature
quenouille/fuseau
livre/plume
logique
Dans" son oeuvre Le" deuxième sexe, Simone de Beauvoir fait l'analyse de cëTtë" dichotomie ou la femme
peut échapper à son destin biologique seulement en refusant la vie de couple et la procréation.
Moyen Âge : la philosophie était monosexuée (masculine et patriarcale) et pratiquée par des clercs célibataires qui refusaient toute sexualité, donc en principe chastes.
XX e s.
: la femme philosophe crée la confusion entre l'universel et le spécifiquement masculin.
Les aspects philosophiques du féminisme traitent des problèmes moraux tels que l'égalité des droits, la
contraception! l'avortement, la reproduction, les nouvelles technologies médicales(fécondation in* vitro,
don d'ovules, d'organes, mères porteuses), la censure, les arts.
De 1733 à 1766, Laura Bassi fut titulaire à la chaire de philosophie de l'université de Bologne.
Elisabeth de Bohème fonda la première école cartésienne d'Europe.
Antiquité : Cléobule. Époque classique : Marie de Gournay. Les Lumières : Mary Wollstonecraft.
(Voir noms féminins sous Philosophe à l'Annexe II).
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32.
Sciences
Les sciences sont un monde masculin où les femmes font figure d'exception.
Au secondaire, filles et garçons obtiennent des résultats équivalents en mathématique.
La biologie et le destin biologique ont tenté de justifier le phénomène des différences d'aptitudes par
des facteurs sociogénétiques (génétiques, hormonaux ou neurologiques).
La vérité se trouve au plan socioculturel et non au plan biologique.
Ex. Au microscope, on allait jusqu'à voir le spermatozoïde comme homoncule (homme : tête, bras et jambes).
«La science n'a jamais été neutre». "
M
_____
i F
féministes scientifiques
scientifiques masculins
science échange avec la nature science domine et maîtrise la nature
organisation et particularité
causalité unique
des organismes vivants
à tous les organismes vivants
fluides, flous
solides, forces
La science s'est attardée à l'étude des solides et des forces liées au masculin, délaissant fluides et flous
qui sont liés au féminin.
Gertrude Elion-Bell reçut le prix Nobel de médecine en 1988.
Caroline Herschel (1750-1848) découvrit cinq cent-soixante et une étoiles ainsi que la planète Uranus.
Elisabeth Hevelius (1647-1693) fut corédactrice de la Machine céleste.
Marie Cunitz (1610-1664) publia ses propres tables sous Urania propitia.
Maria Mitchell (1818-1889) laissa son nom à une comète. Herta Ayrton (1844-1923) inventa le ventilateur.
Anna Morandi-Manzolini (1716-1744) découvrit les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil.
Non seulement était-elle peintre et sculptrice, mais aussi anatomiste. Elle fut nommée titulaire de la
chaire d'anatomie à l'université de Bologne en 1758.
Marie Phisalix participa aux recherches sur le sérum antivipérin et publia Les Vipères de France (1940).
Mary Cynthia Dickerson (1866-1923) fut la première conservatrice de la division «reptiles» à 1'American
Museum of Natural History de New York. Hélène Metzger (1889-1944) était chimiste et historienne.
Concordia Amelia Dietrich (1821-1891) fut conservatrice au Musée botanique de Hambourg.
En 1947, Kitty Pbnse fut successivement assistante et professeure extraordinaire d'endocrinologie à Genève.
Elisabeth Britton (1858-1934) se spécialisa dans l'étude des mousses, (bryologie)..
,
Prix Nobel féminins
1903 et 1911 : Marie Curie en physique. 1935 : Irène Joliot-Curie en chimie.
1947 ; Gery Cori
1963 : Maria Goeppert Mayer
1977 : Rosalyn Yalow
^
1983 : Barbara McClintock
1986 ; Rita Levi-MontalCIni
jj-88 VG e r t r u d e Elion~Bgi:J: en médecine.
Conseils : inclure le féminin au langage scientifique. Ex. Le lecteur et la lectrice.^
on parlera d'une physicienne, d'une médecin, d'une professeure et de leur équivalent masculin.
on remplacera le mot «hommes» par les êtres humnins, la femme et l'homme, l'humanité, les personnes,
on illustrera la notion de vitesse par une skieuse/notion d'équilibre par une patineuse.
Les femmes furent toujours nombreuses en botanique : sorcières et guérisseuses faisaient de la médecine
expérimentale et découvraient des remèdes à partir des plantes
: Hildegarde de Bingen.
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33.
Sciences (suite)
En chimie
Mixité des illustrations, énoncés de problèmes et
d' expériences.
Ina Noddak (1896-1978) travailla au concept de
l'explosion de l'atome d'uranium.
Pauline Romart (1880-1953)en synthèse des alcools.
Marguerite Perey (1909-1975) fut la première française élue à l'Académie des sciences (1962) et première titulaire de la chaire en chimie nucléaire
créée à Strasbourg (1949).
Magda Staudinger (1902-) en chimie macromoléculaire.
Marjorie Stephenson (1885-1948) sur les enzymes.
En physique
Inclure filles et garçons dans les illustrations, aux
problèmes et expérimentations.
Hypathie et la découverte de 1'aéromètre.
Emilie du Châtelet traduisit Newton en français.
Laura Bassi, titulaire à la chaire de physique à Bologne (1766).
Lise Mietner (1878-1968), théorie de la fission nucléaire.
Alexandra Glagovela-Arkadleva (1884-1945) et ses travaux en physique radiologique.
Maria Goeppert Mayer en physique atomique.
Mllena Manie Einstein sur la théorie de la relativité.
En sciences naturelles et en biologie
Indiquer les caractéristiques sexuelles propres à chaque sexe : les mâles n'ont jamais eu de temps de gestation.
Ex, L'homme n'allaite pas.
On parlera de mammifères et de femelles.
Ex. Femme, chatte, lapine.
On se rappelera que le pouvoir génératif n'est pas exclusif au mâle, mais aussi femelle.
Ovule et spermatozoïde sont deux agents fécondants : femelle reproductrice et mâle reproducteur.
Marie-Catherine Biheron (1730-1815) et ses poupées anatomiques.
Henriette Herlant-Meewis (1910—) et ses travaux sur la reproduction.
Lucie Randoin (1888-1960) et son école de diététique.
Florence Sabin (1871-1953) et ses découvertes sur l'anatomie des canaux lympathiques. Elle fut première assistante â la Johns Hopkins Medical School, première professeure d'histologie, premiere présidente de 1'American
Association of Anatomists, première élue à la National Academy of Sciences.
Métiers : anatomistes, astronomes, botanistes, chimistes, physiciennes.
(Voir noms féminins scientifiques sous Anatomiste, Astronome, Botaniste, Chimiste, Physicienne à l'Annexe II).
TABLEAU SYNOPTIQUE DES VALEURS SEXISTES DOMINANTES
VERS DES VALEURS FÉMINISTES ÉGALITAIRES
34.
MATIÈRE
DOMAINE
FEMME
FILLE
Activités créatrices
manuelles
femme au foyer
partage des tâches
pourvoyeur
Arts plastiques
défavorisée
création mixte
monopolise
Bureautique
bureautique
accessibilité mixte
informatique
Cinéma
objet
héroïne positive
créateur
Comptabilité
sous-payée
profession mixte
rémunéré
Correspondance connu.
majoritaire
mixité professionnelle
minoritaire
Critique de l'information
rôle ambigu
partage des rôles
rôle dominant
Droit
sphère privée
sous-représentée
principe d'égalité réelle
parité des juges (f, et h.)
sphère publique
sur-représenté
Économie d'entreprise
minoritaire
mixité, équité salariale
majoritaire
Économie familiale
travail domestique
salaire domestique
travail rémunéré
Économie politique
emploi, une chance
scolarisation féminine
emploi, un droit
Éducation civique
devoirs
citoyenneté/droit de vote
droits
Éducation physique
anatomie inférieure
performance individuelle
anatomie supérieure
Éducation religieuse
exclue du sacré
sacerdoce féminin
synonyme du divin
Éducation sexuelle
vierge ou putain
droit à l'intégrité phys.
viol, inceste, harcèlement
Environnement
animale/écologie
écoféminisme
vision mécanique
Français (écrit)
occultation
matrimoine/patrimoine
réfèrent universel
Géographie (personnes)
(lieu)
infanticides féminins
espace domestique
contraception partagée
lieux mixtes
naissances masculines
production industrielle
(personnes)
(système)
ÉQUILIBRE
(FÉMINISME)
de désir
HOMME
GARÇON
Inspiré du livre Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne,
1994,
281 pages.
35.
TABLEAU SYNOPTIQUE DES VALEURS SEXISTES DOMINANTES
VERS DES VALEURS FÉMINISTES ËGÂLITÂIRES
MATIÈRE
DOMAINE
FEMME
FILLE
ÉQUILIBRE
(FÉMINISME)
HOMME
GARÇON
Histoire
loi salique
vision égalitaire
puissances masculines
Information scolaire
et professionnelle
jardinière d'enfants
carrières non
traditionnelles
ramoneur, maçon
Informatique (emploi)
(tâche)
secrétaire
traitement de textes
désexisation
démystification
cadre
ordinateurs
Langues anciennes
(grec et latin)
exclue
admission
admis
occultation
critique socioféministe
Langues et
littératures étrangères
littérature officielle
Littératures
objet d'écriture/d'action sexuation du sujet
littérature féministe
infériorisation sociale
et intellectuelle
Littérature enfantine
séries roses
littérature non sexiste
séries noires
Littératures étrangères
occultation
mondes féminins
contemporains
littérature
littérature plurielle
Ex. littérature québécoise
littérature française
orientation selon aptitudes
monopole masculin
Littératures francophones occultation
littérature misogyne
littérature masculine
masculine
Mathématique
ségrégation
Musique
injonction de Saint-Paul orchestres féminins
restriction instrumentale création fént./masc.
castrat
instruments masculins
Philosophie
tradition judéo-chrétienne philosophie féministe
monosexuée/patriarcale
Sciences
destin biologique
scientifique masculin
féminisme scientifique
Inspiré du livre Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne,
1994, 281 pages.
36.
MATÉRIEL DE CRÉATION
Tel que mentionné plus tôt dans la description de cours, les élèves
ont été appelés à produire leur propre texte de création afin de mettre en
application certains principes et règles de féminisation
Afin
de
faciliter
le repérage
des éléments
(Annexe III) .
féminisés,
ceux-ci
apparaissent en caractères gras.
1. La berceuse des Marguerite, Alain Dumais (1995).
Document VII
I. Orthographe
L'auteur a adopté l'emploi du pronom collectif mixte «illes» pour assurer
la v i s i b i l i t é féminine des personnages.
Puis,
il
a privilégié
la terminaison féminisante en ajoutant
un «e» f i -
nal au mot fleures et au mot amoures quand i l parle de ses deux f i l l e s .
II. Syntaxe
Certaines
constructions
de phrases ont remplacé
l'adjectif
accordé au
masculin par une tournure différente : «ils étalent différents» a été remplacé par Illes découvrirent leurs différends.
III.
Lexique
Le mot «humains»
a été remplacé par les génériques personnes humaines
(p. 1) ou encore êtres humains (p. 2 ) .
Il a utilisé les doublets génériques suivants :
- Cette maman et ce papa (p. 1) pour remplacer le «ils» du texte original;
- Chacun et chacune
deux filles.
(p. 1) pour parler du papa, de la maman et de ses
IV. Grammaire
L'auteur
par
a fait l'accord
exemple,
un papa
singulier, l'adjectif
des adjectifs au plus près dans certains cas:
et une maman
spéciale.
Étant
accordé
au féminin
«spéciale» crée un transfert sémantique (de sens) qui
fait qu'il réfère à l'un des deux noms seulement soit le mot «mère» ici.
Les adjectifs malheureux (p. 1 ) , unis et heureux (p. 5) gardent l'accord
au masculin pluriel se rapportant aux mots «parents» et «enfants» .
À noter que le mot «enfant» est un épicène qui change de genre selon le
déterminant qui le précède : un ou une enfant.
37.
MATÉRIEL DE CRÉATION
2. Nouvelles nouvelles, David Simard (1994).
Document VIII
I . Orthographe
L'auteur a opté pour l'application du pronom collectif mixte «illes» dont
vous trouverez les pages reproduites à l'annexe III, document VIII.
Sa fréquence d'apparition
sur un total de 176 pages est de quinze (15)
fois pour assurer la visibilité des personnages féminins et l'équilibre en
termes d'égalité linguistiquement parlant.
II.
Syntaxe
Aucune phrase n'a
le
dû être refonnulée
de manière à devoir en
contenu. L'une des nouvelles porte le
titre
féminiser
de La poramiëre qui permet
la sexuation du personnage au féminin : i l s ' a g i t d'une femme-pommier.
III.
Lexique
C'est
surtout
au plan
lexical
que se sont
faits
les ajustements
féminisants :
- Humaine (p. 45) dont le sujet est le mot «chose».
- Vieux (p. 51) réfère à la pensée de la personne sujet qui est un homme.
- Idéale (p. 69) se rapporte à un sujet féminin.
- Inquiètes (p. 80) prend le genre de la personne qui parle.
La sexuation du sujet est ici respectée par exemple :
- La prédatrice
(p. 8 9 ) , une suicidée et l'ennemie
(p. 9 9 ) , déçue et
persuadée (p. 1 2 5 ) , dépravées (p. 131).
L'auteur emploie des termes génériques : les personnes habituées (p. 86)
ainsi
que certains doublets génériques
: citoyens et citoyennes
(p. 42),
étudiantes et étudiants (p. 155) ainsi que clients et clientes (p. 172). 11
en inverse l'ordre des genres pour un plus grand équilibre lexical.
La loi de l'appartenance qui encourage l'accord selon le genre du sujet
dont
on parle
est elle
aussi appliquée
quand
il s'agit des titres de
fonction : par exemple, cambrioleuse (p. 143), superviseure (p. 1 5 8 ) .
IV.
Grammaire
L'auteur s ' e s t
assuré l'accord
des adjectifs
en appliquant
la
règ12 du
masculin pluriel pour le pronom collectif mixte «illes» : i l l e s s e retrouvèrent étendus (p. 141).
38.
MATÉRIEL DE CSÉATIO»
3-
Le chemin de l ' É t e r n e l l e , Christian Tremblay (1995).
Document EX
Cet élève a fait preuve d'originalité en matière de fëminis-ation.
L'application féminisante en contexte créateur est de nature innovat r i c e , créatrice et pionnière dans la présente analyse grammaticale.
En effet,
au. pluriel
il
a priorisé l ' u t i l i s a t i o n
mixte
«illesl
et en est venu à l'employer au singulier par la création du
<i_ULe>. Par exemple, quand i l
chasseur),
l'unicité,
du collectif
il
il
utilise
le
s'adresse à un sujet double (chasseresse,
«illes»
et
quand
il
désire
en
indiquer
alterne avec le «ille» au singulier que j e baptiserai de
«collectif unifié».
Je vous
en fais
ici
la
démonstration
à l'aide
d'un
tableau qui
permettra une comparaison entre le texte original et le texte féminisé.
a) Le Pouvoir:
Texte original
Texte féminisé
I- Orthographe: Un chasseur chasse Une chasseresse, un chasseur chassent:
Un guerrier
Illes
Le guerrier choisit La guerrière et le guerrier choisissent
Un guerrier accumule Une guerrière ou un guerrier accumule
Qu'il
Qu'ille
I I est à remarquer que cet élève accorde son verbe au p l u r i e l quand
les
deux sujets
s'additionnent
(doublets génériques
: une chasseresse,
un chasseur), ce qui donne «chassent». Cette pluralité j u s t i f i e
l'emploi
subséquent du collectif mixte «illes».
Pourtant,
quand
les
deux
sujets
s'unifient,
son verbe
singulier soit «accumule». Ce qui signifie q u ' i l s'adresse
a 1 un ou l ' a u t r e
des deux sujets
ou
Cette
un
guerrier).
(doublets génériques
singularité
justifie
reste au
indifféremment
: une guerrière
l'emploi
subséquent
du
collectif unifié «ille».
Vous noterez aussi les applications variées des doublets génériques:
tantôt
séparés
par une virgule,
tantôt par la
conjonction
de. coordina-
tion «et», tantôt par la conjonction disjunctive «ou».
"-
Syntaxe
d autres
: cet élève a dû faire certains ajustements syntaxiques dans
nous avons choisi
de faire
l'analyse grammaticale des deux présents textes à cause de l e u r
caractère
tant
parries
représentatif
de son oeuvre.
que signifiant
Pourtant,
en termes de principes
de féminisation en contexte créateur.
et
de règles
39.
a) Le Pouvoir
MATÉRIEL DE CRÉATION
Texte original
III. Lexique :
Un chasseur
Le guerrier
Un guerrier
(4)
(6)
Texte féminisé
(1)
(2)
(3)
Un chasseur (5)
Homme de ... (7)
Cet élève
Une chasseresse, un chasseur (chassent)
La guerrière et le guerrier (choisissent)
Une guerrière ou un guerrier (accumule)
L'adepte
Être de connaissance
a judicieusement appliqué la règle de féminisation par
l'emploi de doublets génériques
(1), (2), (3) et d'épicènes (5) et (7)
pour remplacer des termes sexistes (4) et (6) a cause de leur description
unisexuée.
Tel que nous l'avons mentionné plus haut, l'accord
fait au pluriel quand les sujets s'additionnent
des verbes se
et au singulier quand
les sujets s'unifient.
IV.
Grammaire
tandis
que
ceux
grasses/gras)
féminisation
: les adjectifs
qui
prennent
épicënes
varient
ici
selon
(malades)
leur
la forme double
que celui des substantifs
restent
genre
sous
invariables
(vieilles/vieux;
le même
principe de
(chasseresse/chasseur)
soit des
doublets génériques.
L'auteur
de ce texte a opté pour la forme féminine suivie de la
forme masculine : une chasseresse, un chasseur (1); la
guerrière
et le
guerrier (2) afin de la mettre en valeur.
Le second
création
d'un
texte produit par le même élève a donné naissance à la
nouveau principe
de féminisation
que je qualifierai de
«binaire» par analogie à tous les systèmes binaires toujours formés de
deux unités.
Afin d'établir une comparaison entre les deux systèmes génériques
soit le masculin et le féminin, nous nous servirons d'un tableau—synthèse.
Ceci nous permettra d'éviter une analyse grammaticale complexe puisque
les différents aspects grammaticaux en question parlent d'eux-mêmes.
À
remarquer
qu'un
transfert
sémantique
se fait dès qu'un mot du
lexique poétique est féminisé: ex. pantins/poupées; temps/heures; sang/sève;
feu/flammes; âge/ère; oiseaux/fleurs; ruisseaux/rivières; bison/gazelle;
sol/planète. Analysons plus en détail la nature de ces transferts.
40.
b) Apocalypse
Ferbes
MATÉRIEL DE CRÉATION
Masculin
Adjectifs
Féminin
part, passés
(1) hommes
(3) pantins
femmes (2)
poupées (4)
(5) troublés
troublées
(6) temps
(8) sang
(10) feu
(12) âge
Adj ectlf s
part- passés
Verbes
heures (7)
sëve
(9)
flammes (11)
ère
(14)
(13) nouvel
(15) enfanté
(16)chantent
(17) oiseaux
nouvelle
enfantée
(5)
(13)
(15)
fleurs
(18)
naissent de la terre
rivières (21)
(20) ruisseaux
(22) bison
gazelle (23)
(24)tout nouveau
planète (27)
(26) béni
(25) sol
(19)
toute nouvelle(24)
bénie
(26)
Cet échantillonnage lexical auquel se greffent quelques
adjectifs
(13) et (26) 5 quelques participes passés (5) et (15) et aussi quelques
verbes (16) et
(19), mérite que nous nous y attardions afin d'en faire
l'analyse grammaticale du discours.
Comme
la
syntaxe
a été peu
touchée
par
ce
principe binaire de
féminisation, aucune analyse ne sera abordée sous cet aspect dans ce poème.
Quant à l'analyse
de contenu, c'est en exposant la définition de
chacun des substantifs que nous ferons ressortir les métaphores
et leur
transfert sémantique d'un genre à l'autre soit du masculin au féminin.
ANALYSE GRAMMATICALE DU DISCOURS
Je
porterai
à
votre
attention
que
c'est principalement
au plan
lexical que nous retrouvons l'application de l'approche féminisante par
l'utilisation alternative des substantifs tantôt masculins tantôt féminins.
Les
quelques
adjectifs
et
participes
passés
respectent
la
règle
usuelle d'accord avec le sujet du verbe. Il en va de même pour l'adjectif
qualificatif «toute/tout».
L'orthographe
du
mot
«béni/bénie»
relève
de
la graphie
siècle puisqu'il s'écrit «bénit/bénite» en français moderne.
du XIXe
41.
ANALYSE DE CONTENU
Homme : Être a p p a r t e n a n t à l ' e s p è c e
animale l a p l u s évoluée de l a T e r r e .
Femme
Être humain du sexe qui
conçoit et met au monde les enfants.
P a n t i n : F i g u r i n e burlesque dont on
a g i t e l e s membres au moyen d ' u n f i l .
Poupée : Figurine humaine servant
de jouet d'enfant.
Temps : M i l i e u i n d é f i n i où p a r a i s sent se dérouler irréversiblement
l e s existences dans leur changement.
Heure : Espace de temps égal à la
vingt-quatrième partie du jour.
Sang
: Liquide visqueux, de coul e u r rouge, qui circule dans l e s
vaisseaux de l'organisme,
f i g . cruauté
Sève : Liquide nutritif tiré du sol
et qui circule dans les plantes vasculaires.
fig. principe vital
Feu
: Dégagement d'énergie c a l o rifique et de lumière accompagnant
l a combustion v i v e ,
f i g . énergie
Flammes : Mélange gazeux e n combustion, lumineux quand il contient
des particules solides en suspension,
fig. incendie
Âge
: Époque, s i è c l e ;
période de l ' h i s t o i r e .
Ère
: Époque qui commence avec un
nouvel ordre de choses.
grande
Oiseau : Animal au corps recouvert
de plumes.
Fleur : Production colorée, souvent
odorante, de certains végétaux.
Ruisseau : P e t i t cours d'eau,
affluent d'une r i v i è r e , d'un l a c .
Rivière : Masse d'eau de ruxssellement
qui se jette dans un fleuve.
Bison : Animal sauvage de l a
famille des bovidés armé de c o r n e s .
Gazelle : Mammifère ruminant et ongulé,
fig. de grands yeux doux.
Sol
Planète : Corps céleste du système
solaire sans lumière propre.
Partie superficielle de la
croûte terrestre.
La
symbolique
de cet élève-poète véhicule des images où
s'opposent
des termes poétiques qui reflètent sa vision et sa description d u monde.
À la lumière de ces définitions usuelles, il est possible d e percevoir
certaines
données
où le masculin apparaît
indéfini, visqueux, calorifique, grand,
et
comme
: animal,
burlesque,
recouvert, un affluent,
sauvage
superficie^. Quant au féminin, voici les adjectifs qui en ressortant:
humain, humaine, égal, nutritif, gazeux, nouvel, colorée, une m a s s e ,
doux
et céleste.
Comme toute symbolique, ces analogies restent aussi spéculatives qu'intuitives. Pourtant, il me semble que tous ces mots portent l'essence unique
d un
sens
q u i leur
l'épistémologxe
est propre
est toute aussi
allégorique d e ce poète.
et reposent
arbitraire
sur une définition
"t subjective
dont
que le regard
42.
CONCLUSION
Ce cours d'écriture
expérimentale,
la lecture de documents appuyant
une politique de rédaction non sexiste pour assurer l ' é g a l i t é
entre
les
sexes et la
linguistique
présentation d'une documentation féminisante,
permis à ce groupe étudiant
d'appliquer ces techniques, ces
ont
principes
et
ces règles de féminisation en contexte créateur.
Deux de ces
élèves ont publié leurs
écrits
dont David. Simard avec
Nouvelles nouvelles et Christian Tremblay avec Le chemin de 1*ÉternelJLe.
À remarquer
le
nouveau signe
d1 élision
créé
pour
faire
la.
liaison du
masculin au féminin dans le mot <Êternel_le» au lieu du t r a i t
«-» habituel.
Ce t r a i t ayant pour but d ' a t t i r e r l'attention sur la présence des deux
genres dont le féminin est abrégé pour n'en présenter que la f i n a l e .
Comme le souligne Thérèse Moreau, une t e l l e pratique est à rejeter.
Si une économie linguistique doit
là où l'on veut corriger une injustice,
se faire,
ce n'est
pas
justement
une problématique en générant une
forme d'anomalie équivalente où les signes sont sources d'erreurs orthographiques et d'incompréhension.
La féminisation de la langue vise à rétablir l'équilibre
linguistique
et à améliorer un système grammatical sexiste à outrance.
C'est
pourquoi, i l est nécessaire de créer des principes,
ou règles de
féminisation
où l'on retrouve
techniques
la présence fémxnine non pas
atrophiée, mais complète, non pas tronquée, mais entière.
Ce même élève a créé le principe binaire de féminisation
qui présente
l'avantage d'élargir le champ poétique et symbolique de ses aXlégories
respectant
la
en
sexuation du sujet pour le texte original et en transposant
au féminin pour le texte qui suit.
Cette
approche de féminisation
est
riche en métaphores
et en images
puisqu'elle a pour effet d'enrichir les champs sémantique et l e x i c a l .
La féminisation linguistique est une ouverture à la réalxté bisexuelle
de notre monde, créatrice d'universaux grammaticaux.
C'est un enrichissement linguistique au plan lexical ( t i t r e s ,
fonctions),
au plan sémantique (non-péjoration) et au plan syntaxique (phrases).
C'est un élargissement de notre vision du monde au nom du matrimoine.
C'est une autre façon d'écrire le monde que nous habitons.
En écho avec l'utopiste Fourrier, je répète : «L'émancipation des femmes
est le c r i t è r e d'une société évoluée». ^ "
43.
ANNOTATIONS
1. Thérèse Moreau; 1994, Pour une éducation epicene, Éditions
sociales, Lausanne, p. 27.
2.
Ibid. p. 32.
3.
4.
Ibid. P- 33
5.
Ibid. P- 5 3 .
6.
Ibid. P- 5 6 .
7.
Ibid. P- 5 5 .
8.
Ibid. p . 5 8 .
9.
Ibid. P- 6 9 .
Ibid. P- 3 9 .
1 0 . Ibid. P- 9 8 .
1 1 . Ibid. P- 2 3 .
1 2 . Ibid. p .
119.
1 3 . Ibid. P-
140.
1 4 . Ibid. P-
147.
1 5 . Ibid. P-
151.
1 6 . Ibid. P-
166.
1 7 . Ibid. P-
179.
1 8 . Ibid. p .
201.
1 9 . Ibid. P-
248.
2 0 . Ibid. P-
119.
Réalités
44.
V.
BIBLIOGRAPHIE
MatéxieX de lecture
MARDIS, Françoise; 1994, «La féminisation comme phénomène socioULnguistique»,
Office de la langue française et Université du Québec à Chicoutimi, collection
«Langues et sociétés», Tome I, Chicoutimi, p. 279 à 309.
Idem, La. féminisation comme instrument d'analyse sociolinguistiqtxe, Éditions
Françoise Marois, Albanel, 39 pages.
MOREAU, Thérèse; 1994, Pour une éducation épicëne, Éditions Réalités sociales, Lausanne,281 pages.
Matériel de création
SIMARD, David; 1994, Nouvelles nouvelles, Éditions Françoise Marois, Albanel,
176 pages.
TREMBLAY, Christian; 1995, Le Chemin de l'Éternel_le, Éditions Illimitées,
Dolbeau, 180 pages.
Matériel de consultation
BOTJRRET, Annie; 1994, 1995, Pour l'amour du. français, L'Express d e Toronto.
TATILON, Claude; 1995, La langue, l e discours e t l ' é g a l i t é , La Linguistique.
Matériel de référence
MOREAU, Thérèse; 1991, Le langage n'est pas neutre, Lausanne : ARCOSP.
MOREAU, Thérèse; 1991, Dictionnaire féminin-masculin des professions, des titres et des fonctions, Genève, MetropolisMORRIS, Lori; 1991, Gender in Modern English : The System and Its Uses, Université Laval, Québec, 294 pages.
RICCI-LEMPEN, Silvia; MOREAU, Thérèse; 1991, Vers une éducation n o n sexiste,
Éditions Réalités sociales, Lausanne, 227 pages.
YAGUELLO, Marina; 1991, En écoutant parler La langue, Éditions dix Seuil,
Paris, 125 pages.
YAGUELLO, Marina; 1989, Le sexe des mots, Éditions Pierre Belfond, Paris,
161 pages.
MATÉRIEL D'INFORMATION
ANNEXE I
Document I : Françoise Marois redémarre une nouvelle session,
journal Le Point, janvier 1995.
Document II: syllabus en atelier d'écriture expérimentale.
Document ITT : étapes d'un résumé de lecture.
Document IV : deux résumés de lecture.
li
Ateliers d'écriture
LÉ POINT 15 janvtet- Ï995
Françoise Marois redémarre
une nouvelle session
Denis Hudon
Françoise Marois, éditrice de la maison
Les Éditions Françoise Marois. redémarre ses
ateliers d'écriture expérimentale le 23 janvier
prochain. Comme son nom l'indique, le cours
a pour objectif d'expérimenter de nouvelles
avenues de créativité en écriture à partir de
textes, de documents d'information et de différentes techniques. On se familiarisera avec
les différentes techniques de la féminisation
des titres et des textes. Mme Marois s'apprête d'ailleurs à publier un essai et qui s'intitulera simplement "La féminisation".
On se souviendra que ce cours i'an dernier a permis de découvrir un jeune auteur.
David Simard, 16 ans et étudiant à ia polyvalente Jean-Dolbeau. C'est la découverte d'un
futur écrivain alors que David a publié son
premier livre "Nouvelles nouvelles*. 11 est
d'ailleurs à préparer; la suite avec une nouvelle publication qui sortira possiblement en
septembre prochain. David Sîmard sera de la
troisième session du cours de Mme Marois.
Un autre inscrit à cet atelier Fan dernier.
Christian Tremblay, pourrait lui aussi publier un livre cette année (avril ou mai). 11
s'agit d'une publication qui regroupera des
poèmes prophétiques.
Quant aux ateliers qui s'amorcent la semaine prochaine, ce sera une suite des deux
premières sessions de l'an dernier. Toutefois,
la porte est grande ouverte aux nouveaux
puisque le cours prévoit une rétrospective
(un résumé bien sûr) du contenu du programme de 1994. L'an dernier, six personnes
s'étaient inscrites au cours dont quatre
avaient complété la session.
Les ateliers s'adressent à une très large
clientèle, les enfants, îes adolescents, les
adultes et les aînés. La période d'inscriptions
s'étale du 16 au 23 janvier et le coût est fixé
à 200S (10$ l'heure, 2 heures de cours par
semaine, durée 10 semaines).
Les participants à cet atelier d'écriture réaliseront également un collectif (publication
en groupe) et à souligner que le jeune David
Simard, riche de son expérience d'écrivain.
se transformera en conférencier.
Document I I
SYLLABUS
ATELIER D'ÉCRITURE EXPÉRIMENTALE
1 . OBJECTIF GÉNÉRAL
1 . 1 . I n t r o d u i r e et f a i r e appliquer diverses techniques de féminisation
en contexte d ' é c r i t u r e c r é a t r i c e .
2. OBJECTIF SPÉCIFIQUE
2.1 Amener les élèves du groupe à écrire des textes féminisés.
3 . MOYENS
3.1
Faire connaître certaines techniques de féminisation conformes a
celles que diffuse l'Office de la langue française au Québec;
3.2 Faire connaître certains ouvrages traitant de la féminisation comme
phénomène et instrument d'analyse grammaticale;
3.3
Faire connaître une oeuvre d'application
contexte d'accompagnement l i t t é r a i r e .
féminisante
publiée en
4. DÉMARCHE
4.1
Rencontre de groupe : l'animatrice-ressource présente
documents d'appui et de référence sur la féminisation;
certains
4.2
Étudiantes et étudiants font
faire un résumé de lecture;
pour en
4.3
Mini-conférences : chaque élève présente son résumé de lecture en
salle de classe et en remet un exemplaire,à chacune, chacun;
4.4
Ateliers d'écriture collective : l'animatrice-ressource supervise
le groupe qui a pour tâche de féminiser chacun des résumés.
la
lecture
des documents
5. CALENDRIER
5 . 1 Les r e n c o n t r e s s ' é c h e l o n n e r o n t sur v i n g t semaines c o n s é c u t i v e s soit
de septembre à décembre 1994 e t de j a n v i e r à mars 1995.
6. AUTO-ÉVALUATION
6 . 1 Les résumés de l e c t u r e ( t r a v a i l é c r i t ) , l e s m i n i - c o n f é r e n c e s ( t r a v a i l
oral), l e s ateliers de féminisation, la matériel de création et le
matériel d'analyse représentent l'application pratique des divers
éléments féminisants enseignés.
DOCUMENT II
SYLLABUS (suite)
7. MATÉRIEL
7.1
«La féminisation comme phénomène sociolinguistique», Office de
la langue française et Université du Québec à Chicoutimi,
collection Langues et sociétés, Tome I, 1994, p. 279 à 309-
7-2
La féminisation comme instrument d'analyse
Françoise Marois, 1994, 39 pages.
7.3
Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, 1994, 281 pages.
7.4
Pour l'amour du français, Annie Bourret, L'Express de Toronto,
1994, 1995.
7.5
La langue, le discours et l'égalité, Claude Tatilon, 1995.
7.6
Nouvelles nouvelles, David Simard, 1994, 176 pages.
7.7
En écoutant parler la langue, Marina Yaguello, 1991, 125 pages.
7.8
Le sexe des mots, Marina Yaguello, 1991, 161 pages.
7.9
Gender in M o d e m English:The System and Its Uses, Lori Morris,
1991, 294 pages.
sociolinguistique,
8. PRÉALABLE
8.1 Toute personne intéressée à écrire des textes dont la syntaxe
et la grammaire refléteront notre réalité contemporaine.
DOCUMENT III
RÉSUMÉ DE LECTURE
1. Introduction : renseignements généraux
a)
b)
c)
d)
e)
f)
Titre du texte
Provenance du texte : journal, revue, livre (page)
Nom de l'auteure
Genre d'écrit : roman, editorial, reportage, recherche
Date de publication
Idée principale
2. Développement : idées importantes
Les idées du résumé doivent suivre le même ordre que celles d u texte
original : idée principale de chaque paragraphe.
3. Conciusion : confronter notre résumé au texte original
Une phrase : idée principale de l'introduction, la portée et X'intérêt
du texte face au lectorat.
Ex. Pour toute catégorie; connaissances préalables requises.
QUALITÉS D'UN BON RÉSUMÉ
1. Objectivité : respecter avec grande fidélité l'idée de l'auteure.
Fidélité servile.
Aucun commentaire personnel.
Résumer, ce n'est pas commenter.
2. Précision
: les idées importantes.
3. Concision
: l'essentiel sans détail; phrases courtes.
3. Vocabulaire : objectif sans jugement de valeur.
Aucune citation.
SECRETS POUR FAIRE UN BON RÉSUMÉ
1. Lire et relire : perte de temps en apparence se traduit en gain à la
rédaction du résumé.
2. Flèches, traits, annotations.
3. Plan sommaire de résumé avant rédaction.
4. Confrontation paragraphe par paragraphe avec le texte originaL .
DOCUMENT IV
RÉSUMÉ DE LECTDSE
«De Grevisse â Marois», Françoise Marois, revue
Rauque n° 4, Éditions Prise de Parole, Sudbury, 1987.
Ce texte est un court précis de grammaire féministe qui expose entre
autres la motivation derrière la création du collectif mixte «illes».
L'essai énonce trois grands principes : 1) l'usage précède la règle;
2) le féminin étymologiquement né du masculin
(formé sur le masculin)
et 3) le nombre l'emporte sur le genre.
Le premier principe rappelle, a juste titre, que c'est l'usage qui
fait
évoluer
réalités
une
langue
contemporaines
et
de
non
plus
la
grammaire. Or, l'usage suit
près
que
la
grammaire,
les
tatillonne,
prescriptive et conservatrice qui régit les écrits au masculin générique
pour la plupart. Le second principe présente la philosophie de formation
des
formes
féminines, principalement
l'ajout
du
«e»
en
finale
ingénieure. S'ensuit une discussion sur la valeur «féminine» du
pour
«e» en
finale, neutralisée dans maître ou absente dans oncle.
Le troisième principe constitue une nouvelle règle d'accord
proximité s'effectuerait
où la
selon le genre du substantif le plus p r è s . La
règle voulant que l'accord se fasse au masculin pluriel s'en trouverait
modifiée.
L'énoncé Un haricot
et cent
Un haricot et cent fèves vertes
et à fèves. Par contre, dans
où
fèves verts serait remplacé par
l'adjectif s'appliquerait à haricot
Cent fèves et un haricot verts, l'adjectif
s'appliquerait également à fèves et haricot.
L'auteure
appelle
ce
principe
la
«loi de la proximité».
Le pronom «illes» qui n'implique aucun ajustement à l'oral et très
peu à l'écrit,
cas
des
permet un usage plus représentatif de la langue dans le
groupes mixtes, réservant
ainsi «ils»
aux groupes
entièrement
masculins et «elles» aux groupes composés de femmes seulement.
Enfin, il
originale pour
convient de mentionner une
«loi de l'appartenance»
fort
ajuster la langue à son genre, comme de dire prendre un
coup de vieille. Une nouvelle règle qui
prendra
peut-être un
temps à faire son petit bonne femme de chemin !
Source : BOURRET, Annie; 1995, revue Dialangue, p. 131~et 132.
peu de
DOCUMENT IV
La f é m i n i s a t i o n comme i n s t r u m e n t d ' a n a l y s e
Françoise M a r o i s , 1994.
sociolxnguistique,
RÉSUMÉ DE LECTURE
Non f é m i n i s é
Féminisé
Tiré du travail de recherche
Ce travail de recherche effec-
effectué par Françoise Marois aux
tué par Françoise Marois e n
Éditions du même nom en mars 1994,
1994, a pour objectif l'analyse de
ayant
l'aspect sexiste que véhicule
comme
objectif
l'analyse
de l'aspect sexiste de la langue.
Le
ministère
de l'Éducation
mars
la
langue française.
Le ministère de l'Éducation du
abonde dans le même sens que ces
Québec abonde dans le même sens que
principes
ces principes féminisants.
dans
les
livres
scolaires.
À
partir
contenu,
d'analyse
1 ' auteur
se
de
sert
de
À partir d'une analyse de contenu (A.C.) S l'auteure utilise des
•A.
livres de lecture pour sortir le
sexisme
social
leur
contenu.
son
analyse
masculins
et
et grammatical de
L'auteur
des
enchaîne
stéréotypes
féminins
livres de lecture pour en f a i r e ressortir le sexisme social e t
enchaî-
ne en faisant l'analyse grammaticale du discours (A.D.).
à partir
de manuels scolaires au Québec.
En
su
faire
facteurs
par
conclusion,
l'auteur
ressortir
psychologiques
exemple,
féminins.
sente certains facteurs qui sous-
majeurs,
tendent la psychologie des adoles-
et
aux personnages
Quant
au
côté
grammatical des livres de lecture
sélectionnés
par l'auteur,
sexisme semble persister.
En conclusion, l ' a u t e u r e pré-
'certains
le mimétisme
l'identification
a
le
centes. Par exemple, le mimétisme
et l'identification
aux personna-
ges féminins.
Quant â l'aspect grammatical,
le sexisme semble non
seulement
persister, mais croître.
MATÉRIEL DE LECTURE
ANNEXE II
Document
V
: 300 grands noms féminins.
Document
VI : lexique de dénominations féminines,
DOCUMENT
V
GRANDS NOMS FEMININS
300
PAR DOMAINE
3
°°
Source : tirée du volume Pour une éducation épicene, Thérèse Moreau, Éditions Réalités
sociales, Lausanne, 1994,281 pages.
300
GRANDS NOMS FÉMININS
PROFESSION
NOM
Académicienne
Carrère d'Encausse, Hélène
1992
De Romilly, Jacqueline
1992
Yourcenar, Marguerite(De Crayencour) 1951
Agronome
Gacon-Dufour, Marie
1753-1835
Alpiniste
Boulaz, Loulou
Marvingt, Mary
Bullock-Workmann, Fanny
1908-1991
1875-1963
1858-1922
Analyste
programmatrice
Byron-Lovelace, Ada Augusta
1818-1852
Première analyste programmatrice , on
lui doit la notion de «débranchement».
Anatomlste
Morandi-Manzolini, Anna
1716-1744
Sabin, Florence
1871-1953
Aulenti, Gae
Brukalska, Barbara
Fafius, Zofia
Mahoney-Griffin, Marion
19271899-1980
19071873-1961
Elle a découvert les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil.
Elle a découvert les canaux 1 mphatiques,
Première assistante à la Johns Hopkins
Medical School;
Première professeure d'histologie;
Première présidente à la National Academy of Sciences;
Première présidente à 1'American Association of Anatomists.
Elle aménagea le Musée d'Orsay.
Perriand, Charlotte
1903-
Architecte
Scott Brown, Denise
Tournon-Branly, Marion
Wehrheim, Jean
ANNEE
19261926-1977
PREMIÈRE/INVENTION
L'Empire éclaté.
Aussi helléniste. Le Siècle d'Or.
Aussi romancière. Mémoires d'Hadrien.
Pratiqua aussi le canoë et l'aviation.
Première à passer le cap des six mille
mètres (1906) et à planter la bannière
«Vote for Women» sur le Nun Kun au sommet de l'Himalaya.
Première diplômée du Massachusetts
Institute of Technology.
GRANDS NOMS FÉMININS
II.
PROFESSION
NOM
ANNÉE
PREMIÈRE/INVENTION
Artiste peintre
Anguissola, Sofînisba
Fontana, Lavinia
Gentileschi, Artemisia
Rossi, Properzia
Sirani, Elisabetta
1535-1625
1552-1614
1593-1652
1490-1530
1638-1665
À la Renaissance.
Peintre officielle à
Cunîtz, Marie
1610-1664
Herschel, Caroline
1750-1848
Hevelius, Elisabeth
Mitchell, Maria
1647-1693
1818-1889
Elle publia ses propres tables avec
Urania propitia.
Elle a découvert cinq cent soixante
et une étoiles, la planète Uranus
et deux de ses satellites.
Corédactrice de la Machine céleste.
Laissa son nom à une comète.
Aviatrice
Earhart, Amelia
1898-1937
Avocate
Chauvin, Jeanne
1892
Astronome
Kempin-Spyri, Emily
Novella Andrea
1 e r s.
avant J.C.
1891
XVI e s.
Britton, Elisabeth
Dietrich, Concordia Amelia
1858-1934
1821-1891
Libert, Marie-Anne
Von Bingen, Hlldegarde
1823-1865
1098-1179
Hortensia
Botaniste
Chanteuse
Callas, Maria
Viardot, Pauline
Chanteuse
compositrice
Von Martinez, Marianne
Cheffe d'orchestre
Boulanger, Nadia
Glore, Jane
Salquin, Hedy
Cheffe de choeur
Brilli, Catherine
Violante, Olga
1744-1812
la cour papale,
Première aviatrice à traverser seule
l'Atlantique.
Des professions
accessibles
aux
femmes en droit romain et en droit
français.
Femme de loi romaine
Remplaça son
de Bologne.
père
a
l'université
Elle étudia les mousses (bryologie).
Conservatrice du Musée botanique de
Hambourg.
Fut aussi mathématicienne.
Fut aussi enlumineuse.
GRANDS NOMS FÉMININS
PROFESSION
Chimiste
Cinéaste
NOM
ANNÉE
PREMIÈRE/INVENTION
Metzger, Hélène
1889-1944
Noddak, Ida
1896-1978
Perey, Marguerite
1909-1975
1962
Influença l1épistémologie scientifique,
Fut aussi historienne en sciences.
Travailla au concept de l'explosion
atomique de l'uranium.
Première Française élue à l'Académie
des sciences;
première titulaire à la chaire de
chimie nucléaire créée à Strasbourg.
Fit la synthèse des alcools.
En chimie macromoléculaire.
Avec ses travaux sur les enzymes.
Romart, Pauline
Staudinger, Magda
Stephenson, Marjorie
1949
1880-1953
19021885-1948
Dulac, Germaine
1882-1942
Guy, Aline
Hoffman-Uddgreri
Jasset, Victoria
Notari, Elvira
Reiniger, Lotte
1873-1962
1862-1947
1875-1944
1899-1981
Weber, Loïse
Compositrice
III,
Arrieu, Claude
Boulanger, Lili
Boulanger, Nadia
Caccini, Francesca
Candeille, Julie
Chaminade, Cécile
Candeille, Julie
1903-1990
1893-1918
1887-1979
1587-1640 ?
1767-1836
1857-1944
1767-1836
Holmes, Augusta
1847-1903
Jacquet de la Guerre,Elisabeth Claudel664 7-1727
1850-1927
Le Beau, Luise Adolph
1898-1979
Leleu, Jeanne
Mendelssohn Ilensei, Fanny
1805-184 7
1897-1985
Plé-Caussade, Simone
Puget, Loïsa
1819-1889
Elle fut aussi monteuse, scripte, cadreuse,
secrétaire,
décoratrice,
bibliothécaire, documentaliste...dans
les premiers studios.
La Première Cigarette.
Fut aussi monteuse, scripte, cadreuse,
secrétaire dans les premiers studios.
Fut aussi actrice, monteuse, cadreuse
et metteuse en scène.
IV.
GRANDS NOMS FÉMININS
PREMIERE/INVENTION
PROFESSION
NOM
ANNEE
Compositrice (suite)
Puig-Roget, Henriette
Roesgen-Champion, Marguerite
Shriter, Corona
Smyth, Ethel
Taillefer, Germaine
Von Paradis, Maria Theresa
19101894-1976
1751-1802
1858-1944
1892-1983
1759-1834
Schumann, Clara
Von Bingen, Hildegarde
1819-1896
1089-1179
Dickerson, Mary Cynthia
1866-1923
Compositrice
interprète
Conservatrice
1906
Fut aussi brodeuse et enlumineuse.
Premiere conservatrice de la division
«reptiles» â 1'American Museum of Natural History (New York) et autrice
du livre Frog Book.
Dietrich, Concordia Amelia
1821-1891
Conservatrice du Musée botanique de
Hambourg.
Cycliste
Dutrieu, Hélène
1877-1961
Belge surnommée «la Flèche humaine».
Diététicienne
Randoin, Lucie
1888-1960
Fonda une école de diététique.
Ëcrivaine
Brontë (les soeurs)
De Beauvoir, Simone
De Pizan, Christine
De Ségur (la comtesse)
1988 (1949)
1405
De Gournay, Marie
Gouges, Olympe
Sand, George
Wolf, Christa
Woolf, Virginia
1989
1992
1992
1985
1951
Le Deuxième Sexe.
La Cité des Dames.
Littérature enfantine : Les Malheurs
de Sophie, Un Bon Petit Diable...
L'Égalité des hommes et des femmes.
Écrits politiques.
Question d'art et de littérature.
Gassandra.
Une Chambre à soi.
De Landsberg, Herrade
1125-1195
Fut aussi brodeuse.
Von Bingen, Hildegarde
1098-1179
Fut aussi brodeuse.
Enlumineuse
Herpé tologue
Phisalix, Marie
(1622)
(1788)
(1878)
(1929)
1922
Participa aux recherches sur le sérum
antivipérin et publia deux ouvrages:
Animaux venimeux de France;
1940
Les Vipères de France,
GRANDS NOMS FÉMININS
PROFESSION
NOM
Historienne
Metzger, Hélène
1889-19^-4
Pernoud, Régine
Thiébaud, Françoise
1986
Inventrice
Agnési, Gaétane
Bentz, Melitta
Boyce, Ellen
Britain, Clarissa
Hypathie
PREMIÈRE/INVENTION
ANNÉE
1718-1799
1748
1862
1864
370-
415
Korvin Krukovsky Kavalevskaya, Sofya 1850-1891
White, Margaret
1870
Woodruff, Catherine
1872
Journaliste
Aussi chimiste, son oeuvre a considérablement influencé l'histoire des sciences,
La Femme au temps des cathédrales.
La Femme au temps de la guerre de 14.
Cubique d'Agnési.
Publia un traité de mathématiques.
Filtre à café de papier.
Machine à laver.
Égouttoir à vaisselle.
Inventa l'aéromètre.
Enseigna les mathématiques au Musée
d'Alexandrie.
Théorème Cauchy-Kavaleski.
Planche à repasser.
Machine à laver la vaisselle.
Bly, Nelly
Bodin, Louise
Deroin, Jeanne
1865-1922
1877-1929
1805-1895
Durand, Marguerite
1864-1946
Giroud, Françoise
Gourd, Emilie
1977
1879-1946
Graham, Katherine
Groult, Benoîte
Lange, Hélène
Lazareff,'Hélène
Qcampo, Victoria
1917—
1975
1848-1930
1893
1909-1988
1890-1979
PetCerson, Alicia
1906-1979
Créatrice du Newsday.
Serao, Matilda
Séverine
1879-1927
1855-1929
Directrice du II Giorno.
 La Fronde et dirigea Le Cri du peuple
de 1885 à 1888.
Fit le tour du monde en 78 jours (1890).
Dirigea La Voix des femmes de 1917-1921.
Directrice de La Politique des femmes et
de L'Opinion des femmes.
Fonda le quotidien féministe La Fronde
entièrement fait par des femmes (1897).
La Comédie du pouvoir.
Fonda Le Mouvement féministe aujourd'hui
devenu Femmes Suisses.
Propriétaire du Washington Post.
Ainsi soit-elle.
Féministe allemande, fondatrice de la
revue Die Frau.
Créatrice du mensuel Elle.
Fondatrice de la revue argentine Sur.
GRANDS NOMS FÉMININS
VI
PROFESSION
NOM
ANNEE
PREMIÈRE/INVENTION
MaChématicienne
Agnesi, Gaetane
1718-1799
1748
Baruk, Stella
Byron-Lovelace, Ada Augusta
Cunitz, Marie
Fairfax-Somerville, Mary
1992
1818-1852
1610-1664
1780-1872
Cubique d'Agnési. Publia un traité de mathématiques où intervient la discussion
sur la courbe du troisième degré.
Dictionnaire de mathématique élémentaire.
La notion de «débranchement».
Aussi astronome, publia Urania propitia.
Germain, Sophie
Hypathie
Ministre
Musicienne
'
1771-1831
370- 415
Korvin Krukovsky Kavalevskaya, Sofya
Libert, Marie Anne
Noether, Emmy
Kock, Karin
1850-1891
1823-1865
1882-1935
1891-1976
Bosmans, Henriette Hilda
Carlos, We-ndy
XX e s.
XX e s.
La théorie des nombres.
Inventa 1'aéromètre et enseigna les mathématiques au Musée d'Alexandrie.
Laissa son nom au théorème Cauchy-Kavaleski.
Fut également botaniste.
Première Suédoise à siéger au Conseil
du roi et ministre conseillère.
A mis des poèmes de Prévert en musique.
A fait de la musique de films dont Shining
et A Clockwork Orange.
Voir aussi sous Chanteuse, Chanteuse compositrice, Cheffe d'orchestre, Cheffe de choeur,
Compositrice et Compositrice interprète.
Navigatrice
Chojnovska-Liekiewicz, Krashina 1944-
Neurologue
Dejerine, Augusta
1859-1937
Peintre
Delaunay, Sonia
Aloïse
1885-1979
1886-1964
Art abstrait.
Art brut.
Kollwitz, Kathe
Modersohn-Becker, Paula
Munter, Gabrielle
Werekfin, Marianne
1867-1945
1876-1907
1877-1972
1860-1938
Expressionniste.
Cassatt, Mary
1844-1926
Impressionniste .
Gontcharova, Natalia
Morisot, lîerthe
1881-1962
1841-1895
AvanC-garde russe,
Popova, Lioubov
1889-1924
Galizia, Fede
Leyster, Judith
1578-1630
1609-1660
Moillon, Louise
Morandi-Manzolini, Anna
Peeters, Clara
1610-1696
1716-1744
1594- ?
Première à faire seule le tour du monde.
r.mprcss ioniils Le.
Avant-garde russe.
Natures mortes.
Fut aussi anatomiste et sculptrice,
GRANDS NOMS FÉMININS
VII.
PROFESSION
NOM
ANNÉE
PREMIÈRE/INVENTION
Peintre
Ruysch, Rachel
Vallayer-Coster, Anne
Van Oosterwych, Maria
Waser, Clara
1664-1750
1744-1818
1630-1693
1678-1714
Natures mortes.
Barbarigo, Ida
Benglis, Lynda
19251941-
Pastels.
Bonheur, Rosa
Carriera, Rosalba
Chicago, Judy
De Paula, Inima
De Saint Phalle, Niki
Fini, Leonor
Hesse, Eva
Kaufmann, Angelica
Labille-Guiard, Adélaïde
Laurencin, Marie
Mengs, Theresa Concordia
Mitchell, Joan
Pagava, Vera
Pfaff, Judy
Valadon, Suzanne
Vigée-Lebrun, Elisabeth
Von Weigang, Charmion
Waser, Anna
18221675
1939
1918
1930
1908
1936
1741
1749
1885
1725
1926
1907
1946
1867
1755
1900
1678
Kahlo, Frida
Sage, Kay
1.910-1954
1893-1963
Surréaliste.
Dacier (Lefebvre), Anne
1647-1720
Française à qui le gouverneur du Dauphin
avait demandé de traduire des auteurs
grecs et latins (Florus, Callimaque,
Philologue
1.899
1757
1970
1807
1803
1956
1806
1992
1988
Fondatrice de l'Académie de Londres.
Pastels.
1938
1899
1983
1714
Eutrope, Anacreon), Elle édita aussi
Droz, Eugénie
1893-1976
les Pensées de Marc-Aurèle, L'Odyssée
et traduisit L'Iliade.
Connue des médiévistes, elle créa la revue Bibliothèque de l'Humanisme et de la
Renaissance.
GRANDS NOMS FÉMININS
PROFESSION
NOM
Philosophe
Ârendt, Hannah
Bassi, Laura
1982
1733-1766
De Beauvoir, Simone
De Bohême, Elisabeth
1988 (1949)
De Schurmann, Anna Maria
Germain, Sophie
Héloïse
Hypathie
ANNEE
1771-1831
370- 415
VIII.
PREMIÈRE/INVENTION
L'Impérialisme.
Titulaire de la chaire de philosophie à
l'université de Bologne.
Le Sénat lui octroya la chaire de physique.
Le Deuxième Sexe.
Élève de Descartes, elle fonda la première
école cartésienne d'Europe.
Théorie des nombres.
Inventa 1'aéromètre et enseigna les mathémathiques au Musée d'Alexandrie.
Conférences sur la libération des femmes.
Kollontaï, Alexandra
Luxembourg, Rosa
Royer, Clémence
Stein, Edith
1921
Weil, Simone
Wollstonecraft, Mary
1965
1976 (1792)
Photographe
Abbott, Berenice
Arbus, Diane
Bourke-White, Margaret
Colomb, Denise
Freund, Gisèle
Jacot, Monique
Miller, Lee
1898-1991
1923-1971
1904-1971
1902191219341907-1977
Physicienne
Ayrton, Herta
Bassi, Laura
1844-1923
1766
Curie, Marie (Sklodowska)
1897-1956
Prix Nobel de physique en 1903.
Glagovela-Arkadieva, Alexandra
Hypathie
Joliot-Curie, Irène
1884-1945
370- 415
1897-1956
Manie Einstein, Milena
Meitner, Lise
Première femme à enseigner à la Sorbone.
Travaux sur la physique radiologique.
(Voir Philosophe plus haut)
Prix Nobel de chimie en 1935.
Travailla à la théorie de la relativité.
1878-1968
Travailla à la théorie de la fission
1985 (1859)
1950
Introduction à la philosophie des femmes.
Dont l'oeuvre parut après sa mort en
Allemagne.
Oeuvres complètes.
Défense des Droits des femmes.
Inventa le ventilateur.
Titulaire de la chaire de physique à
l'université de Bologne.
nucléaire.
GRANDS NOMS FÉMININS
IX.
PROFESSION
NOM
ANNEE
PREMIÈRE/INVENTION
Pilote
Auriol, Jacqueline
1917-
Première pilote d'essai.
Politicienne
Bâumer, Gertrud
1873-1954
Beckmann, Emma
Buttho, Benazir
1880-1967
1953-
Cardenas de Bustamante, Hipatia
1889- ?
Finnbogadottir, Vigdis
1930-
Gandhi, Indira
Kaur, Amrit
1917-1964
1869-1964
Meir, Golda
Naidu, Sarojini
1898-1978
Odil, Begtrup
1903-1987
Conseillère au ministère de l'Intérieur
pendant la République de Weimar.
Élue au Parlement de Hambourg (1921).
Première femme à diriger un pays
musulman.
Première femme à devenir conseillère
d'État (Equator).
Élue plusieurs fois comme présidente
de l'Islande.
Premiere ministre de l'Inde (1966).
Princesse indienne et secrétaire de
Gandhi. Elle devint ministre de la
Santé (1947).
Cofondatrice de l'État d'Israël.
Proche de Gandhi, elle fut gouverneure
de l'État d'Uttar Pradesh.
Féministe danoise et présidente du
Conseil national (1946).
Première femme au monde à être cheffe
de gouvernement (Sri Lanka).
Sirimawo Ratwath Dias, Bandaranaïkel916Productrice
Foster, Jody
Gouze-Réal, Christine
Réalisatrice
XX e s.
Ackerraan, Chantai
Arthur, Karen
Audry, Jacqueline
Bellon, Yannick
Belmont, Vera
Bernheim, Nicole-Lise
Campion, Jane; palme d'or à Cannes en 1993.
Carolina, Anna
Cavani, Liliana
Citron, Michelle
Companez, Nina
Delon, Nathalie
Devers, Claire
Duras, Marguerite
Escher, Yvonne
Graf-Datwyler, Marlise
Hesse, Isa
Huppert, Caroline
Kaplan, Nelly
Kopple, Barbara
Kurys, Diane
Labrune, Jeanne
Lahaz, Lucienne
Meszaros, Marta
Moraz, Patricia
Moreau, Jeanne
Mulvey, Laura
Ottinger, Ulrike
Pascal, Christine
Pinkus, Gertrud: Anna Goldin
GRANDS NOMS FÉMININS
ANNÉE
PREMIÈRE/INVENTION
PROFESSION
NOM
Réalisatrlce(suiCe)
Plattner, Patricia
XXe s.
Potter, Sally
Rappeneau, Elisabeth
Rainer, Yvonne
Reifenstahl, Leni
Roy, Tula
Serreau, Coline: Trois hommes et un couffin.
Sanders-Brahms, Helma
Seidelman, Suzanne
Sondert-Ladd, Helena
Streisand, Barbara: Yentil.
Varda, Agnès
Veuve, Jacqueline: Chronique paysanne en Gruyère.
Von Trotta, Margarethe
Westmûller, Lina
Scientifique
Aganice
Carson, Rachel
Ellion-Bell, Gertrude
McClintock, Barbara
Metzger, Hélène
1988
1983
1889-1944
Ponse, Kittv
1897-
?
Prix Nobel de médecine.
Prix Nobel.
Influença considérablement l'épistémologie en histoire des sciences.
Fit des études en sciences à la Faculté
de Genève où elle fut assistante, privât
docent et professeure extraordinaire en
endocrinologie.
Voir aussi sous Anatomiste, Astronome, Chimiste, Inventrice et Physicienne.
Sculptrice
Besse, Eva
Bourgeois, Louise
Claudel, Camille
1936-1970
19111864-1943
De Saine Phalle, Niki
Franzheim, Elisabeth
Gailland, Marie
193019231954-
Hébert-Goeffin, Josette
Helena
Hepworth, Barbara
1908Antiquité
1903-1975
Hosmer, Harriet
1830-1908
Antiquité
laia de Cyzlgue
Lewis, Edmonia
1845-1890
Première femme à recevoir le prix Guggenheim.
Première sculptrice afroaméricaine.
GRANDS NOMS FÉMININS
PROFESSION
NOM
ANNÉE
Sculptrice (suite)
Marcia
Morandi-Manzolini, Anna
Antiquité
1716-1744
Nevelson, Louise
1758
1900-1988
Olympia
Orloff, Chana
Peltier, Thérèse
Penalba, Alicia
Pepper, Beverly
Richier, Germaine
Tussaud, Marie
Vaughn Hyatt Huntington, Anna
Westhoff, Clara
Whitney, Gertrud
Antiquité
1888-1968
1873-1926
1913-1982
19241904-1959
1760-1850
1876-1973
1878-1954
1875-1942
Dacier (Lefebvre), Anne
1647-1720
Traductrice
XI.
PREMIÈRE/INVENTION
Du Châtelet, Emilie
Trobairitz
(troubadour, m.)
De Die, comtesse
De Porcairages, Azlais
11401140-
?
?
Zoologue
Fossey, Diane
Herlant-Meewis, Henriette
1932-1985
1910-
Fut aussi peintre et anatomiste. Elle
a découvert les points précis d'insertion des muscles obliques de l'oeil.
Fut nommée titulaire a la chaire d'anatomle de l'université de Bologne.
Philologue française, elle traduisit
des auteurs grecs et latins dont Florus,
Callimaque, Eutrope et L'Iliade.
A traduit Newton en français.
DOCUMENT
VI
LEXIQUE
DES MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES
OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION FÉMININE
Source : tirée du volume Pour une éducation épicëne, Thérèse Moreau, Éditions réalités
sociales, Lausanne, 1994, 281 pages.
JLEXIQUE
MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES
OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION AU FÉMININ
Académicienne, 174
actionnaire, 103 (E)
adolescente, 106
agente de bureau, 77
agricultrice,114
agronome, 249 (E)
alpiniste, 129 (E)
amatrice, 237
amazone, 174
ambassadrice, 89
amoureuse, 139
analyste (E) programmatrice, 171
apôtre (E), apôtresse, 134
artisane, 114
artiste, 69 (E)
assistante sociale, 113
astronome, 249 (E)
auditrice, 53
autodidacte, 243 (E)
autrice, 12
aviatrice, 130
avocate, 159
Baronne, 51
bibliothécaire, 81 (E)
bonnetière, 113
botaniste, 249 (E)
brodeuse, 70
Cadreuse (camerawoman), 81
cardeuse, 66
championne, 49
chanteuse, 237
cheffe d'entreprise, 89
cheffe d'opéra, 238
cheffe d'orchestre, 89
cheffe de chantier, 166
cheffe de choeur, 238
chercheuse, 82
chimiste, 249 (E)
chirurgienne, 166
chômeuse, 56
cigarière, 113
cinéaste, 81 (E)
citoyenne, 51
compositrice, 237
comtesse, 210
conjointe, 105
conseillère, 51
conservatrice, 249
consommatrice, 106
contemporaine, 250
courtisane, 174
couturière, 66
créatrice, 69
cuisinière, 56
cycliste, 129 (E)
Dactylo, 77
débitrice, 103
décoratrice, 81
déesse, 127
déléguée, 43
destinataire, 89 (E)
diaconesse, 135
diplômée, 71
directrice, 41
disciple, 135 (E)
doctoresse, 57
documentaliste, 81 (E)
domestique, 159 (£)
Ébéniste, 66 (E)
écrivaine, 177
élève, 120 (E)
employée, 77
entrepreneuse, 91
épouse, 105
érudite, 174
étrangère, 119
étudiante, 23
Femme de lettres, 178
femme de ménage, 151
flieuse, 66
flûtiste, 238 (E)
fondatrice, 70
fournisseuse, 87
Gouverneure, 120
graveuse, 70
guérisseuse, 250
Helléniste, 173 (E)
héroïne, 82
herpétologue, 249 (E)
historienne, 160
humaine, 55
Impératrice, 173
infirmière, 151
ingénieure, 50
institutrice, 19
instrumentiste, 237 (E)
interlocutrice, 57
interprète, 237 (E)
inventrice, 234
Jardinière d'enfants, 151
jongleuse, 128
journaliste, 92 (E)
enlumineuse, 70
enseignante, 11
Latiniste, 173 (E)
Source : Pour une éducation épicène, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 28/ p,
JLEXIQUE
MÉTIERS, FONCTIONS, EMPLOIS, GRADES, TITRES HONORIFIQUES
OU TOUTE AUTRE DÉNOMINATION AU FÉMININ
lectrice, 51
législatrice, 98
lingère, 151
Maçonne, 166
mairesse, 51
pilote de ligne, 166 (E)
pionnière, 113
plombiëre, 50
postière, 113
pourvoyeuse, 106
présidente, 51
prêtre (E), prêtresse, 174
maîtresse d'activités créatrices, 20
princesse, 173
maîtresse de maison, 105
manoeuvre, 151 (E)
mathématicienne, 50
matrone, 173
médecin, 249 (E)
ménagère, 105
ménestrelle, 128
metteuse en scène, 81
missionnaire, 135 (E)
monteuse, 81
musicienne, 239
musicologue, 237
prisonnière d'opinion, 56
productrice, 82
professeure, 70
prophétesse, 134
professionnelle, 237
puéricultrice, 151
pythie, 174
Navigatrice, 129
neurologue, 249 (E)
nourrice, 159
nymphe, 127
Ogresse, 209
ondiste, 238 (E)
opératrice de saisie, 77
ouvrière, 151
Patineuse, 250
paysanne, 159
Rabbine, 134
ramoneuse, 166
réalisatrice, 81
régente, 159
reine, 51
reportère, 91
Sage-femme, 113
sainte, 174
salariée, 114
savante, 202
scripte, 81
sculptrice, 70
sénatrice, 58
servante, 174
Téléspectatrice, 93
théologienne, 134
tisserande, 57
titulaire, 250
travailleuse sociale, 32
trobairitz, 238 (troubadour)
typographe, 91 (E)
Vendeuse, 50
veuve, 65
violoncelliste, 238 (E)
Zoologue, 91 (E)
(E) pour épicëne ; mot
qui
porte
les deux genres.
Ex.
Une médecin ou un médecin.
NOTE : Le présent lexique de
dénominations féminines n'est
certes pas complet, car il ne
présente que celles tirées du
volume cité afin d'illustrer
les usages que nous en propose
l'auteure (autrice).
signataire, 89 (E)
skieuse, 250
sociologue, 41 (E)
pédagogue, 11 (E)
sorcière, 250
peintre, 70(E)
spectatrice, 21
philologue, 173 (E)
sportive, 130
physicienne, 50
syndique, 51
pianiste, 238, (E)
pilote d'essai, 129 (E)
Source : Pour une éducation épicëne, Thérèse Moreau, Éditions Réalités sociales, Lausanne, 1994, 281 p.
MATERIEL DE CREATION
ANNEXE III
Document VII : La berceuse des Marguerite, Alain Dumais, 1995.
Document VIII: Nouvelles nouvelles, David Simard, 1994.
Document IX
: Le chemin de l'Éternel_le, Christian Tremblay,
1995.
TEXTE ORIGINAL NON FÉMINISÉ
 mes deux fleurs préférées
Kim et Jessie—K
II était une fois deux petites fleurs Marguerite
qui avaient eu
la chance d'avoir un papa et une maman vraiment spéciale.
Mais un matin, ils s'étaient
assis face à face pour discuter de
ce qu'ils aimaient tous les deux et de ce qu'ils n'aimaient p a s dans
leur vie de couple. Ils se rendirent compte qu'ils étaient différents
et pour ne pas
être malheureux tout le restant de
leur
vie,
ils
décidèrent de se séparer. Eh oui ! Cela arrive aussi dans les familles
de Marguerite.
Leur amour avait changé et valait mieux regarder la vérité de leur
petit coeur plutôt que d'être toujours malheureux tous les jours,
II faut savoir que chez les Marguerite , les sentiments changent
à
la
longue
et
que
chacun,
chacune
a ses
différences.
rite est le plus difficile à comprendre, car il lui est
heureux tout le
temps. Il voudrait tout
Papa Margue-
pénible
d'être
essayer dans la vie. Il manque
de temps tout l e temps.
Eh oui ! Comme les humains, il cherche souvent dehors ce
ont en-dedans.
qu'ils
«g;
2.
Mais les Marguerites, ils se le disent eux, ce qu'ils aiment. Il
n'y
a pas
de
Marguerite
cachette
pour
eux. Parfois
aussi
dans
la famille des
comme chez les humains, c'est le silence ou la souffrance
muette qui s'installe pour ne pas faire de la peine aux enfants-fleurs.
Mais
entendent
les
enfants Marguerite, on ne
peut
rien
leur cacher. Ils
tout, ils ressentent tout, quand ça ne va pas à la
maison
entre leurs parents et que ça brasse dans le bouquet familial.
Alors, ils s'imaginent
dans leur petit coeur que c'est peut-être
a cause d'eux que les parents ne s'entendent plus. Et ils pensent que
c'est à eux de les réconcilier.
C'est ce
au
début de
qui arrive aux deux petites marguerites dont je
la
lettre. Elles
s'appelaient
Kim
et Jessie-K
parlais
et
leurs
parents s'étaient justement séparés. Ils habitaient maintenant dans deux
jardins différents à quelques arbres de distance.
Les deux petites marguerites comme c'était souvent le cas, étaient
restées dans
le jardin de leur maman. Mais elles souffraient beaucoup
d'être séparées de leur papa qu'elles ne voyaient maintenant qu'au jour
«père».
Depuis ce jour—là, i l y avait comme un trou noir au fond
poitrine. Oui, oui, un gros trou noir. Cela paraît
de leur
curieux, mais c'est
la v é r i t é .
Chaque
qu'elles
c'est
nuit,
elles
avaient
très
dans leur
gênant
l'impression
avaient
peur
poitrine
de fleurir
que leur poitrine
pour
est
de
tout
les
tomber
dans
ce
à l'intérieur.
marguerites
trou
noir
Vous savez,
lorsqu'elles
trop petite pour contenir
ont
ce grand
trou noir.
Vous l'avez
de
tristesse,
deviné,
car
elles
ce trou était
s'en
voulaient
un trou de chagrin, de peine,
de n'avoir
pu ramener
leurs
parents ensemble.
Surtout que nos deux marguerites aimaient autant leur papa que leur
maman et e l l e s auraient bien voulu demeurer avec papa aussi pour ne pas
q u ' i l soit t o u t seul.
C'est d i f f i c i l e
pour une petite marguerite toute fragile e t
remplie
de tendresse e t d'amour d'exprimer cela.
Elles décidèrent donc d'en parler à leur papa un soir où e l l e s étaient allées à sa chambre d'hôtel.
Papa leur raconta.
Je suis très très ému, très touché de ce que vous me dites l à , mes
amours. Mais voyez-vous, ce n'est pas pour vous faire de la peine à vous
deux, ce qui arrive. Ce n'est pas de votre mère chérie dont j e
séparé,
car elle
restera
toujours
suis
votre maman chérie et je resterai
toujours votre papa chéri.
Vous comprendrez que ce qui est arrivé est une affaire d'adultes
que les petites marguerites ont beaucoup de mal à comprendre
puisque
la vie, c'est bien compliqué des fois.
Sachez que vos papa et maman ne vous abandonneront jamais, jamais,
jamais. Et que
ça, c'est la plus grande richesse dans la famille des
Marguerite, de
s'aimer
au
plus
profond
de notre
coeur, de
s'aimer
longtemps, longtemps, en sachant que nous sommes des fleurs a v e c des
petites différences, mais que notre amour est gravé dans notre
coeur
et rien ne peut plus jamais l'effacer.
Bien sûr, ça fait mal parfois et l'on pense à s'endormir et n e plus
se réveiller ou
tomber malade, tout perdre nos pétales et retourner en
terre. Eh oui ! On imagine plein de choses pour oublier ce qui arrive.
Quel gros chagrin pour les Marguerite.
Ce s o i r - l à ,
ce
la
peine
les Marguerite pleuraient
qu'elles
vivaient
et
cela
Coûtes dans leur p e t i t coeur
s'entendit
dans la
forêt
des
Marguerite et tous les foyers surent q u ' i l s'agissait d'une grande peine
à vivre pour nos deux petites fleurs et leurs parents.
Mais i l s
leur
amour,
s'aimaient quand même tellement q u ' i l s décidèrent: que par
ils" resteraient
unis
pour
la
vie
et
que r i e n
ne les
empêcherait d ' ê t r e heureux même s ' i l s ne vivaient plus sous un même toitSoudain,
Marguerite
et
rieurs, était
le vent se leva
et
se mit à souffler
dans la
forêt des
l ' a i r qui se déplaçait partout sur les branches, sur les
rempli d'amour.
En prenant une grande respiration ensemble, nos deux p e t i t e s
remplirent le
fleurs
grand trou noir qu'elles avaient dans la poitrine et dont
elles avaient s i peur.
Elles venaient de découvrir quelque chose d'extraordinaire.
53?»
LA BERCEUSE DES MARGUERITE
II était une fois deux petites fleures
Marguerite
qui
avaient
eu
la chance d'avoir un papa et une maman vraiment spéciale.
Mais un matin, cette maman et ce papa s'étaient assis face à face
pour
discuter
n'aimaient
des
pas
choses
qui
n'allaient
leur
vie
de
dans
vraiment
couple.
pas
et
qu'illes
Illes découvrirent
leurs
différends et pour ne pas être Malheureux tout le restant de leur vie,
illes décidèrent de se séparer. Eh oui
! Cela arrive aussi d a n s les
familles Marguerite.
Leur amour avait changé et valait mieux regarder la vérité d e leur
petit coeur plutôt que d'être toujours malheureux tous les jours.
Il
faut
savoir que chez les Marguerite, les sentiments changent
à la longue et
est
le
plus
que ehftCtm» &h&S3XHS a ses différences. Papa Marguerite
difficile
à
comprendre, car
il lui
est pénible
d'être
heureux tout le temps. Il voudrait tout essayer dans la vie. Il manque
de temps tout le temps.
Eh oui
! Comme les pecsurntma humaines, il cherche souvent
ce qu'elles ont en-dedans.
dehors
2.
Mais les Marguerite, elles se le disent, elles, ce qu'elles aiment;.
Elles ne se cachent rien. Parfois aussi dans la famille Marguerite comme
chez les êtres humains, c'est
le
silence ou la souffrance muette qui
s'installe pour ne pas faire de la peine aux extfants-fleures.
Mais les enfants Marguerite,
entendent tout,
elles
ressentent
on ne peut
rien leur
cacher.
Elles
tout quand ça ne va pas à la maison
entre leurs parents et que ça brasse dans le bouquet familial.
Alors,
elles
s'imaginent
dans leur p e t i t
coeur que c'est
peut-
être à caus d'elles si les parents ne s'entendent plus. Et elles pensent
que c'est à elles
de les réconcilier.
C'est ce qui arrive aux deux petites f i l l e s Marguerite dont je parlais au début de la lettre. Elles s'appelaient Kim et Jessie-K et l e u r s
parents s'étaient
justement séparés. I l s habitaient maintenant dans deux
jardins différents
à quelques arbres de distance.
Les deux petites filles Marguerite, comme c'était
étaient
restées
beaucoup d'être
souvent le
dans le jardin de leur maman. Mais elles
cas,
souffraient
séparées de leur papa qu'elles ne voyaient maintenant
qu'au jour «père».
Depuis ce jour-là, il y avait comme un trou noir au fond de leur
poitrine. Oui, oui, un gros trou noir. Cela paraît curieux, mais c'est
la vérité.
Chaque
qu'elles
c'est
nuit,
avaient
très
l'impression
elles
avaient
dans leur
gênant
peur
poitrine
de fleurir
de
tout
tomber
dans
ce
trou
â l'intérieur. Vous
pour les marguerites
noir
savez,
lorsqu'elles
que leur poitrine est trop petite pour contenir ce
ont
grand
trou noir.
Vous l'avez deviné, ce trou était un trou de chagrin, de peine,
de
tristesse,
car
elles
s'en
voulaient
de
n'avoir
pu
ramener
leurs
parents ensemble.
Surtout que nos deux marguerites aimaient autant leur papa q u e leur
maman et elles auraient bien voulu demeurer avec papa aussi pour ne pas
qu'il soit tout seul.
C'est difficile pour une petite marguerite toute fragile et remplie
de tendresse et d'amour d'exprimer cela.
Elles décidèrent
donc d'en parler à leur papa un soir où
étaient allées à sa chembre d'hôtel.
elles
Papa leur raconta.
«.Je suis très très ému, très touché de ce que vous me dites là,
mes aooures. Mais voyez-vous, ce n'est pas pour vous faire, de la peine
à vous deux, ce qui arrive. Ce n'est pas de votre mère chérie dont je
suis séparé, car elle restera toujours votre maman chérie et je resterai
toujours votre papa chéri.
Vous comprendrez que ce qui est arrivé est une affaire d'adultes
que
les petites
marguerites ont beaucoup de mal à comprendre puisque
la vie, c'est bien compliqué des fois.
Sachez que vos papa et maman ne vous abandonneront jamais, jamais,
jamais.
Et
Marguerite,
que
ça, c'est
de
s'aimer au
la
plus
plus
grande
profond
de
richesse
notre
dans
coeur,
la
famille
de s'aimer
longtemps, longtemps, en sachant que nous sommes des fleures avec des
petites différences, mais que notre amour est gravé dans notre
coeur
et rien ne pourra plus jamais l'effacer.
Bien sûr, ça fait mal parfois et l'on pense à s'endormir pour ne
plus se réveiller ou tomber malade, tout perdre nos pétales et retourner
en terre. Eh oui! On imagine plein de choses pour oublier ce qui arrive.
Quel gros chagrin pour les Marguerite !»
2$?:
Ce soir-là,
de
la
peine
marguerites
les Marguerite pleuraient toutes dans leur p e t i t coeur
qu'elles
et
tous
avaient
les
et
foyers
cela
surent
s'entendit
qu'il
dans
s'agissait
la
forêt
d'une
des
grande
peine à vivre pour nos deux petites fleures et leurs parents.
Mais i l l e s s'aimaient quand même tellement q u ' i l l e s décidèrent que
par leur amour, xlles resteraient unis pour la vie et que rien ne les
empêcherait d ' ê t r e
heureux même s ' i l l e s
ne vivaient plus sous un même
toit.
Soudain,
marguerites,
le
vent se leva et
l'air
se mit à souffler
dans la forêt des
qui se déplaçait partout sur les branches,
sur les
fleures, était rempli d'amour.
En
prenant
une
grande
respiration
ensemble,
nos
deux
petites
SLemores remplirent le grand trou noir qu'elles avaient dans la poitrine
et dont elles avaient si peur.
Elles venaient de découvrir «l'amour inconditionnel».
DOCUMENT ¥111
ÉCHANTILLON D'UN TEXTE FÉMINISÉ
Oeuvre : Nouvelles nouvelles,
David Simard, Éditions
Françoise Marois, 1994,
Albanel, 176 pages.
1. Doublets génériques (citoyens et citoyennes)
2. Autres mots féminisés (prédatrice)
3. Collectif mixte «illes»
42
Nouvelles nouvelles
îl apprit aussi que citoyens et
citoyennes de la ville avaient trouvé pour la
plupart quelque chose à marchander. Chaque
personne qui avait pris la peine d'y aller, était
repartie avec quelque chose d'intéressant. À ce
qu'il paraissait, madame Girard avait été la
seule à repartir les mains vides. Les gens lui
avaient demandé pourquoi. Elle avait affirmé
que l'oncle Antoine, c'était ainsi que la plupart
des gens l'appelaient maintenant, avait comme
pour tout le monde quelque chose de spécial à
lui offrir. Mais que cette chose pour elle ne se
trouvait pas dans son magasin. Elle ne voulut
cependant pas dévoiler ce que c'était.
Matie le savait, lui. C'étaient, bien sûr,
des cigarettes, mais il n'osa pas interrompre son
frère. Il parlait maintenant de sa mère qui avait
acheté un robot culinaire. Cette folie, à côté de
celle des autres, était insignifiante.
Par exemple, la famille du maire
Tremblay avait maintenant un nouveau four à
micro-ondes. Bernard Boivin, ce gros
bonhomme toujours souriant, s'était équipé
d'une nouvelle tondeuse à gazon et Marie-Elise
Corneau avait acheté une télévision pour son
plus jeune fils.
Tout cela n'était que des exemples.
Beaucoup d'autres articles étaient sortis de la
magnifique boutique. Son frère Claude, pour sa
part, avait acheté un tout petit rat blanc. Cette
idée venait de l'oncle Antoine, lui-même.
Comme Claude ne trouvait rien à son goût, il
lui avait posé le rat sur l'épaule. «Il y a aussi des
rats dans un grenier!» lui avait-il dit.
—Il doit être riche! avança Matie.
Le Grenier de l'oncle Antoine
4S
près, il reconnut des visages. Oui, il en était
certain. Presque chacune lui était familière.
Il en vit alors une qui le laissa stupéfait.
Elle était beaucoup plus colorée et légèrement
plus petite que les autres. C'était bien lui, avec
ses cheveux roux coupés courts et ses bermudas
jaune canard: Tommy Guénard.
Un bruit le fit sursauter. Il se retourna
vivement. Pris d'une extrême panique, il recula
et trébucha contre l'étagère qui tomba à la
renverse, faisant s'échouer la Bible et les autres
objets par terre. L'horloge se fendit en deux.
La chose qui se tenait devant lui n'avait
rien d'humaine. De forme arachnéenne, elle
avait d'énormes yeux jaunes globuleux. Ses
longues pattes au nombre de huit étaient
alignées tout le long de son corps. Elle les
brandit vers Matie, emplissant la pièce de longs
filets minces semblables à ceux d'une toile. De
sa bouche édentée, elle éjectait un liquide
incolore et visqueux qui dégageait une puanteur
indescriptible.
Epouvanté, la seule chose à laquelle
Matie put penser fut de fermer les yeux,
souhaitant une mort rapide. La chose poussa
alors un bruit à la fois humide et gluant,
semblable au pas d'un marcheur qui traverse
une tourbière.
Il se risqua à entrouvrir un ceil. La peur
fut aussitôt remplacée par un soulagement.
Avec joie, il constata que derrière le comptoir,
un homme le regardait curieusement tout en
frottant une tasse avec un chiffon en lambeaux.
—Belle journée! dit-il d'une voix
chaleureuse.
La langue engourdie par la frayeur
passée, Matie resta bouche bée. L'homme, qui
Le Grenier de l'oncle Antoine
51
avait commencé à sentir la pluie à la douleur de
ses articulations.
C'était bien frustrant pour un homme
d'à peine quarante-trois ans: l'arthrite, c'était
pour les vieux.
Il avait la réputation d'être un homme
souriant et toujours joyeux. Tout cela n'était
qu'une fausse image de lui. En fait, il était
morose et fatigué de tous ces gens qu'il
méprisait. Seul son métier lui plaisait. Il adorait
vendre des assurances.
Il ouvrit la porte du garage et en sortit la
tondeuse. Il vérifia le niveau d'essence qui était
à moitié. Tirant de toutes ses forces, il la fit
démarrer.
Il commença à tondre, contournant
arbres et roches. Il faisait très beau et cela lui
procura une sensation de bien-être. La chaleur
du soleil était douce et réconfortante. Il se
laissait aller aux mouvements de sa tondeuse, les
yeux fixés sur l'herbe verte qu'il coupait devant
lui.
La tondeuse se mit soudain à avancer de
plus en plus vite. Puis, elle émit alors un bruit
de moteur étouffé, mais n'étouffa pas.
Elle continua à rouler de plus en plus
vite. Bernard, qui au début avait trouvé cette
autonomie plaisante, était maintenant devenu
inquiet. Il devait avoir l'air ridicule, dirigé par
sa tondeuse qui allait à un rythme infernal
II saisit le petit levier d'arrêt et le
rabaissa. Elle gloussa, mais continua. À bout de
souffle, il la lâcha. Elle se dirigea tout droit vers
la haie d'arbres qui bordait le terrain. Craignant
qu'elle ne les massacre, il se précipita pour l'en
empêcher.
Glenda
69
T'avais passé la majeure partie de l'année à
I voyager et à chercher un emploi çà et là.
• Mon désespoir grandissait à chaque endroit
que je visitais, car je me disais que le monde
était saturé de travailleurs et travailleuses. C'est
pourquoi j'étais revenu dans ma ville natale où
j'avais miraculeusement réussi à reprendre mon
poste que j'avais laissé depuis bien des mois.
Ce train de vie m'avait forcé à n'avoir
d'attache ni platonique ni amoureuse. Donc, je
vivais seul, isolé du monde extérieur.
La présence de la gent féminine dans ma
vie me laissait cependant un vide douloureux
au fond du cœur. Ma dernière aventure
remontait à environ quatre ans et je
commençais à me lasser des plaisirs solitaires.
Lorsque mon emploi du temps me le
permettait, je me promenais sur la place
publique à la recherche de ce qui me manquait
tant.
je rencontrai Glenda dans une petite
boutique non loin du restaurant où j'avais
l'habitude d'aller manger. Ce fut le coup de
foudre et je sus tout de suite qu'elle était faite
pour moi. Elle était magnifique avec ses longs
cheveux blonds frisés et ses yeux gourmands
d'un bleu azur qui ne cessaient de me fixer. Elle
était l'idéale qui correspondait à tous mes
désirs: l'aboutissement de vingt années de
fantasmes.
Je finissais tout juste de travailler. Glenda
était là, assise à ma droite sur la banquette de
ma voiture. Parfois, je lui jetais un regard rapide
pour réassurer qu'elle existait vraiment. Oui,
elle était là, encore plus belle à chaque coup
80
Nouvelles nouvelles
finir! Finis les dîners qu'elle devait préparer
pour son club social! Fini! Fini!
Il se passa deux semaines de bonheur
presque complet où Colette vécut comme elle
l'avait souhaité avant son mariage. Ce fut
Charlotte Poirier qui vint y mettre fin en
venant lui faire une petite visite imprévue.
Bien sûr, celle-ci fit semblant de ne pas
remarquer
l'odeur
qu'exhalait
Colette.
Toutefois, cette dernière put deviner toute la
répugnance qu'elle éprouvait en sa présence.
—Nous sommes toutes inquiètes! Nous
ne vous voyons plus très souvent ces temps-ci.
Que se passe-t-il, ma chère Colette? Avez-vous
des problèmes? Si c'est le cas, le révérend père
Dufour m'a dit que ça lui ferait plaisir que
vous veniez le voir pour... Oh! bien sûr, c'est la
mort de votre mari, mais ce n'est pas une raison
pour vous enfermer. Je sais comment c'est dur.
J'ai moi-même vécu cela, il y a quelques années.
On dirait qu'on perd une partie de soi-même,
n'est-ce pas? C'est comme si on mourait nous
aussi. Mais...
—Dehors!
—Pardon? Je ne...
—Allez- vous- en !
Colette lui claqua la porte au nez.
Comment cette femme pouvait-elle lui
86
Nouvelles nouvelles
Excitée, elle prit quelques sacs d'épicerie
et les remplit de boîtes de conserve: elle ne
devait plus remonter en haut, non. Elle ne le
devait plus.
Elle porta le tout en bas et remonta aussi
vite. Cette fois, elle ramena ses livres.
L'instant d'après, elle était en haut,
bondissant presque sur place et remerciant le
ciel de l'avoir éclairée: elle tuerait le temps! Et
pas au sens figuré, mais au pied de la lettre!
Oui, parce que dans la cave, le soleil ne
percerait plus les vitres à la même heure tous les
jours. Ainsi, elle ne différencierait plus le jour
de la nuit. Cela la couperait non seulement des
gens, mais de la nature elle-même, de sa propre
nature à elle.
Elle n'aurait plus à supporter ni le poids
des minutes ni celui des heures non plus que
celui des jours: elle pourrait dormir quand il lui
plairait. Plus aucun indice du temps pour lui
rappeler le nombre de jours, de rides naissant
sur son visage.
—Terrible, terrible!
Elle ne savait pas vraiment ce qu'était
cette chose qui lui avait inspiré cette merveilleuse
idée, mais à cet instant même, il lui sembla que
c'était une vérité, l'ultime vérité.
Qui que lu sois, je t'en remercie\
faire ça? Elle ne lui avait adressé la parole
C'est alors qu'une pensée vint mettre fin
qu'une seule fois dans sa vie à l'enterrement?
Comment osait-elle? Colette la détestait. Elle la
à son excitation: où allait-elle faire ses besoins?
détestait presque autant qu'elle détestait les
anuscopies.
—•Une perte? beugla-t-elle. Une partie de
moi-même? Non mais, t'es complètement à
côté de la plaque, ma vieille! Tu ne viendras pas
Elle n'y avait pas encore songé! Immédiatement,
la réponse surgit.
Autrefois, elle et son mari avaient
l'habitude de faire du camping l'été sur les rives
de la rivière Mistassibi. Les personnes
habituées
utilisaient
généralement
une
«bécosse» comme on les appelait, tandis qu'elle
Pour tuer le temps
89
Un léger vent fit flotter ses cheveux, pénétra
son chandail, puis s'évanouit.
Colette fut alors saisie d'un frisson long
et profond. Elle arracha sa montre de son bras
et la balança dans l'un des yeux du poêle à bois.
Précipitamment, elle se rua vers les étagères de
la chambre froide et s'empara d'une bouteille
de liquide à fondue qu'elle versa dans le poêle.
Tremblant de tous ses membres, elle
détacha une allumette du paquet qu'elle avait
pris par terre, l'alluma et la plongea dans le
liquide bleu ciel.
La montre s'enflamma.
Colette ne pouvait détourner son regard
de la vitre du cadran qui se tordait sous l'assaut
des flammes destructrices. Les aiguilles se
recroquevillaient et les chiffres s'effaçaient peu
à peu tandis que Colette criait «Victoire!».
Les rôles étaient inversés: la prédatrice
était devenue la proie.
Tonnnngl Tonnnng! Tonnnngî...
Colette ouvrit les yeux. Elle resta
allongée quelques instants se demandant bien
où elle se trouvait, puis s'assit. Elle était sur le
divan du sous-sol.
Elle s'étira longuement jusqu'à ce qu'un
grincement sourd venant de son ventre lui
indique qu'elle avait faim: elle n'avait rien
mangé depuis presque deux jours.
Tout en se raclant la gorge, elle marcha
jusqu'à l'interrupteur qu'elle activa. Les
lumières clignotèrent d'une manière quasi
stroboscopique, puis illuminèrent la grande
pièce. Elle se plaça une main devant les yeux:
cette soudaine clarté lui était pénible.
Pour tuer le temps
Une larme roula sur sa joue, amère et
chaude. Elle la sentit se balancer au bout de soti
menton, suspendue telle une suicidée qui
change d'idée, mais il était trop tard. Elle lâcha
prise et plongea dans la marmite.
Colette fut alors propulsée vers l'arrière.
Elle se heurta contre la rampe de l'escalier,
étourdie, confuse. Une fumée bleue montait
maintenant de la marmite qui semblait agitée
d'une vie toute singulière. Le métal devint peu à
peu incandescent et les spirales chauffantes de
la cuisinière se mirent à fondre en produisant
un grincement désagréable.
Colette se toucha le visage encore
brûlant après l'explosion. C'était incroyable!
C'était formidable!
La solution semblait s'être calmée. Tout
redevint silencieux. Elle s'avança lentement,
craintive.
Il n'y avait plus aucune herbe dans la
marmite, du moins pas sous la forme
habituelle. Tout semblait s'être mélangé
parfaitement en un liquide d'un bleu presque
fluorescent.
Elle se risqua à toucher la marmite du
bout du doigt: l'acier était glacial. Malgré le
froid qui lui causa des picotements au bout des
doigts, elle la saisit à deux mains.
Que devait-elle faire maintenant?
Elle souleva la marmite et en but le
contenu d'un seul trait. Le goût qu'il laissa sur
sa langue était aussi amer que celui du vinaigre,
mais en pire. Sa bouche se tordit bientôt en une
grimace de dégoût.
Elle lâcha la marmite qui roula jusque
dans un coin éloigné telle une proie fuyant
l'ennemie.
Vincentns
Comme elle voulait en savoir plus long
sur ces astuces, elle reprit le feuillet.
«Vincent, en plus de tous ses accessoires
utiles, peut vous fournir à chaque début de
session en traitement de texte, une boîte appelée
«Astuce du jour». Ces astuces vous aideront
dans l'accomplissement de vos tâches. Elles
vous conseilleront judicieusement. Suivez les
astuces de Vincent. Vous ne serez pas déçue!»
Patricia avait déjà plus de douze pages
d'écrites. Un record. C'était une prouesse jamais
égalée et de loin. Fière, ça elle Pétait. Mais elle
attribuait ce soudain excès d'inspiration à
Vincent «le traitement de texte des années
quatre-vingt-dix!». C'était fabuleux, plus beau
que le plus beau de ses rêves.
Idiote qu'elle était. Comment avait-elle
pu s'en passer durant tant d'années? Comment,
ô grand Dieu! avait-elle pu se contenter de
taper sur une simple machine à écrire? Patricia
se disait, et elle en était convaincue, que c'était
ça la curieuse sensation qui vous prend et vous
saisit par l'intérieur. Ce genre de chose
vraiment bien dont on se dit qu'on n'aurait pas
pu mieux tomber. Bref, quand on est
persuadée que le destin nous accompagne.
Bref, elle ne pouvait prendre totalement
conscience de cette sensation, puisqu'elle
VincentUi
Vers deux heures de l'après-midi, elle dut
quitter Vincent: le téléphone sonna. C'était sa
mère. Furieuse, elle venait de s'apercevoir que
son chèque de pension avait disparu et elle
accusait Patricia de le lui avoir volé.
—Vous, la jeunesse, vous savez pus c'est
quoi les valeurs! criait-elle derrière l'acoustique.
Des dépravées, vous êtes rien que des
dépravées! J'va le dire, hein, que t'as volé mon
chèque, maudite voleuse! Penses-tu que parce
que t'es ma fille, j'va me retenir? Ben croire!
Faudrait que moi, la folle, je laisse tout passer
sans rien dire! Ben non, je m'ia farmerai pas la
gueule, pis tu peux être sûre que ça va se savoir
cette affaire-là, viarge!
Patricia n'eut pas le temps de placer un
traître mot. Elle voulut parler, mais sa mère
raccrocha.
Pour qui se prenait-elle pour l'accuser?
Après tout, l'argent ne se trouvait-il pas là où il
y en avait?
«Astuce du jour: tuez la pie jacasseuse!»
Marie-Rose Fortin faisait de la couture
lorsqu'elle s'était sentie observée. De sa chaise
berçante, elle avait aperçu une voiture qu'elle
connaissait juste devant chez elle. Pourtant, elle
n'avait réussi à l'identifier comme étant celle de
n'arrêtait plus d'écrire. Enfin presque. Elle
sa fille qu'au moment où celle-ci faisait
imprimait chaque page au fur et à mesure pour
voir son travail se matérialiser sur papier.
irruption dans la pièce un couteau à la main.
Maintenant,
Marie-Rose
tenait
Malgré sa grande joie, elle n'aimait pas trop
penser au fait que ce qu'elle écrivait sur
l'acoustique d'une main tremblante, essayant
d'articuler les mots qu'elle prononçait.
chiffres insignifiants sur support magnétique.
j'ai retrouvé mon chèque en dessous de mon lit.
ordinateur n'était qu'une simple suite de
-Ouais, j'veux retirer ma plainte. Ouais,
Oui! J'rn'excuse de vous avoir dérangé pour ça.
La Villa des trépassées 155
Léger problème d'identité143
l'amour allait bientôt avoir raison du bon sens dont
il avait fait preuve jusqu'à prisent. Oui, il sentait
que bientôt, il chancellerait. El si cela arrivait, tout
serait foutu.
Jacques revenait de la ville. Il était allé
s'acheter deux boîtes de papier et un rouleau
d'encre pour sa machine. Il ne voulait pas
risquer de devoir s'arrêter d'écrire trop
longtemps par manque de papier ou d'encre.
Cela couperait son inspiration net.
Il adorait l'idée de la demeure des
Pronovost. Cette maison, il la voyait dans son
esprit comme s'il l'avait visitée lui-même. Elle
était grande, spacieuse, ornée d'une large porte
blanche et entourée d'une jolie clôture
rehaussée d'un magnifique gazon vert. Il
enverrait sûrement son héros y taire une petite
fouille nocturne. Le coup était trop gros pour
lui faire manquer une chance aussi inouïe.
C'était comme s'il savait ce que Pierre
pensait. Dès qu'il avait écrit la scène de la
maison, il avait ressenti ce que cette bâtisse
inspirait à son personnage: la convoitise. Il
voyait déjà les piles de dollars et les montagnes
étincelantes de bijoux qui le rendraient riche.
Mais Hélène dans tout cela? Qu'allait-il
lui arriver? Qu'allait-il faire d'elle? Allait-il tout
lui avouer? Allait-il se taire? Deviendrait-elle,
elle aussi cambrioleuse avec lui après un
concours de circonstances particulières? Oui,
l'idée de la complice charmait l'auteur, mais
cela faisait un peu trop américain. C'était
beaucoup trop poussé pour que ça puisse se
passer au Québec. Il s'en tiendrait à la réalité
sociale du milieu.
E
nfin, les vacances! Dehors, il devait bien
faire trente degrés à l'ombre. De plus,
aucun nuage ne semblait vouloir venir
tacher le ciel d'un bleu décoloré. L'après-midi
d'examen venait de se terminer. Étudiantes et
étudiants bourraient maintenant leur sac à dos
de feuilles et de cartables qu'illes brûleraient le
soir même au cours d'une espèce de cérémonie
symbolisant la liberté estivale.
Julie Brassard se fit bousculer à la sortie.
Elle restait là sans bouger, car il lui en coûtait
de laisser pour deux longs mois cette école
qu'elle aimait tant.
Pourquoi elle aimait tant cette école?
Pendant qu'elle y était, elle se retrouvait loin de
chez elle. Et plus elle en était loin, mieux elle se
sentait. Elle aurait pu dormir tout l'été dans
cette école qu'elle l'aurait fait. Elle tressaillit
légèrement au milieu de la foule d'élèves à la
seule pensée de devoir retourner chez elle. Un
long frisson lui traversa la colonne, semblable à
ceux qui la faisaient frémir lorsque sa mère la
caressait, embrassant son corps tendu de
culpabilité.
Le père de Julie les avait abandonnées
alors qu'elle commençait tout juste à marcher.
C'était un pauvre camionneur de passage que sa
mère avait ramassé au cours d'une beuverie
dans un club de danseuses à l'époque où elle
avait encore le physique de l'emploi.
Maintenant,
dans l'allée de la
tenait au centre du
les yeux tournés
il ne restait plus personne
polyvalente. Seule Julie se
trottoir asphalté, immobile,
à contempler pour une
dernière fois l'édifice. Quelques professeurs
158
Nouvelles nouvelles
172
Nouvelles nouvelles
La portière se referma brusquement.
Confortablement installée à l'arrière de la
grosse voiture noire, Julie regarda la femme
venue la chercher. Quelle surprise elle eut en
voyant le visage encore jeune et lisse d'Agathe
Doucet. Son apparence lui donnait dans les
cinquante ans, ce qui contrastait avec le ton
rauque de sa voix.
—Chère Julie, j'espère que vous êtes bien
assise, car la route sera longue! dit-elle d'un ton
très posé. Heureusement, les vitres teintées de
ma voiture protégeront nos beaux visages de ce
soleil si dévastateur. C'est d'un tel danger, vous
savez! Enfin, nous ne sommes pas là pour
parler de la pluie et du beau temps. Présentonsnous. Je suis Agathe Doucet, superviseure en
chef de notre merveilleux centre pour
personnes âgées!
Elle tendit une main gantée. Julie la
serra, bien qu'elle dut la relâcher lorsqu'une
vitre semblable à celle d'une limousine, s'éleva
entre elles. Julie regarda la conductrice du
véhicule, croyant à une fausse manoeuvre. La
femme se retourna brusquement vers l'avant et
appuya sur l'accélérateur.
Embarrassée, Julie s'adossa au dossier de
velours, songeant à la désagréable sensation
qu'elle avait eue en serrant la main tuméfiée et
glacée de la vieille dame.
—Recouchez-vous, Marie-Élise! Ne vous
fatiguez pas! Vous savez que votre tour sur le
scanographe n'est que la semaine prochaine.
Alors, économisez vos forces pour tenir jusque
là!
Agathe se tourne vers Julie.
—Oh! cette gentille petite vieille. Elle a de
la difficulté à s'y faire. On dirait qu'elle arrive à
se souvenir de sa vie passée. Vous avez sans
doute
remarqué
qu'elle
est
chauve.
Malheureusement, notre précieuse machine ne
fait pas revivre les tissus pileux. Voilà pourquoi
elles doivent toutes porter des perruques.
Agathe va ouvrir une autre porte.
—Voici Thomas Côté. C'était un sacré
bonhomme dans son temps. Il était chasseur
comme pas un, mais une de ses excursions lui a
coûté la vie.
Maintenant, elle n'ouvre plus de portes.
Agathe serre le bras de Julie et l'amène dans une
des tours, la même que Julie a visitée.
—Ces chers disparus qui ont passé le
trépas sont si calmes, si obéissants que moimême, en tant que superviseure en chef du
centre, je me suis permis de remplir tous les lits
disponibles de la villa en les réanimant! dit-elle
en montant l'escalier.
Elles arrivent à la salle de la machine.
Agathe ouvre la porte, laisse passer Julie, puis
«La Villa des trépassées», lut Julie sur
entre à son tour. Elle commence à parler d'un
l'énorme pancarte jaune et noire qui occupait
une bonne partie de l'horizon derrière
l'imposant immeuble. Celui-ci, dont les deux
longues tours de pierres brunes s'élevaient sur le
ton nostalgique.
•—C'est ce bijou qui nous permet de les
faire revivre. Je l'ai moi-même fait faire sur
mesure pour nos clients et clientes. Mais il a
toit tels d'antiques obélisques, ressemblait
un petit défaut; il laisse une poudre grise sur les
davantage à un monastère qu'à un centre pour
personnes âgées, Julie ne s'inquiéta pas outre
blouses blanches que nous leur mettons. De
plus, il faut refaire l'opération à toutes les deux
16
Nouvelles nouvelles
David Simard
Elle disparut derrière la porte, revint,
enleva son tablier et s'assit au bout de la table.
—Cela me fera du bien. Je suis fatigué de
manger seul sans personne à qui parler.
Il marqua une pause tout en mastiquant
sa viande et reprit:
—Dites-moi, Johanne, comment va votre
famille?
Elle parut surprise. En fait, elle l'était
vraiment. Il n'était pas habituel que ses patrons
s'intéressent à elle en tant que personne.
D'habitude, c'était fais la popote, puis disparais!
Elle en était bien contente.
—Tout va très bien, Monsieur. Mon fils
est remis de son otite et mon mari, buff! il se
porte bien.
Arthur se mit à rire.
--Arrêtez de m'appeler Monsieur, s'il
vous plaît.
—Oui Mons... Arthur!
-Voilà!
Illes soupèrent tranquillement se jetant
des regards furtifs et s'échangeant des sourires
timides. Au bout de quelques minutes, il prit le
livre de sa fille et alla vers Johanne.
—Regarde2, dit-il en lui tendant le livre.
Elle le regarda et releva la tête, intriguée.
—Qu'est-ce que c'est?
Il retourna s'asseoir.
—C'est le premier roman de ma fille,
Margerie! Je l'ai reçu cet après-midi.
—Ah! c'est bizarre! D'habitude, le
courrier arrive vers onze lieu res trente et c'est
moi qui le ramasse. J'y suis allée et il n'y en
avait pas!
- O n est venu le porter juste à la porte.
Quelqu'un a sonné pour repartir aussitôt. Je ne
David Simard
Convoitise
17
crois pas que ce soit Margerie, car elle habite
Montréal en ce moment. À moins qu'elle ne
soit dans le coin. Si c'était le cas, elle m'aurait
sûrement appelé.
Il y eut un court silence.
—C'est fantastique! dit la servante en
soulevant la couverture du livre, visiblement
contrariée d'interrompre la conversation. Je ne
savais pas qu'elle...
—Oui, comme son père!
Elle feuilleta le volume quelques
instants, puis s'arrêta brusquement aux
dernières pages. Elle avait l'air embarrassé.
—Qu'y a-t-il? lui demanda-t-il, lisant
l'expression de son visage.
Elle referma le livre.
—Ce... ce doit être le souper! bégaya-telle.
-Ah! bon!
Illes terminèrent de manger vers six
heures. Elle débarrassa la table.
Arthur alla s'installer dans son fauteuil,
prenant soin d'apporter avec lui le roman de sa
fille. Il avait l'intention de le commencer
puisqu'il n'avait rien d'autre à faire. Il avait
bien son roman à écrire, mais cela attendrait.
De toute façon, il ne savait pas comment allait
se terminer la bagarre entre ses deux héros. Ça
ne lui donnerait donc rien de passer la soirée
devant sa machine à se creuser inutilement la
cervelle. Le dénouement lui viendrait tout
naturellement.
Au moment où il allait ouvrir le livre, le
téléphone sonna. Lui qui n'espérait se relever de
son fauteuil que tard dans la soirée...
Il décrocha.
Convoitise
l9
II commença à le lire, savourant chaque
page d'un réel plaisir. Il reconnaissait bien là sa
Margerie, déchirée entre l'amour et la haine.
L'histoire parlait d'une jolie blonde aux yeux
bleus, serveuse dans un bar de troisième classe.
Elle était amoureuse d'un de ses clients et avait
des problèmes avec son père, un vieux parano,
le pied déjà dans la tombe. Rien de nouveau sous
le soleil! se dit-il.
Vers onze heures, il décida qu'il en avait
assez. Il posa le livre sur la table basse près du
fauteuil, se frotta les yeux et alla se coucher.
Le lendemain, alors qu'il s'apprêtait à
dîner, Ambre, sa plus jeune fille vint lui rendre
visite. Il la laissa entrer, car ses enfants
n'essayaient de le supprimer que lorsqu'ils
étaient tous ensemble.
Comme sa mère, Ambre était plutôt
petite. Sympathique et toujours souriante, elle
avait de l'énergie à revendre.
La fille et le père passèrent l'après-midi à
discuter de choses et d'autres, et pour la
première fois, elle ne parla pas du fameux
testament.
Arthur
en
fut
soulagé.
Apparemment, les autres ignoraient tout de sa
visite.
Les heures passèrent et illes ne
s'ennuyèrent pas: il y avait toujours un sujet
pour alimenter la conversation. Illes discutèrent
20
Nouvelles nouvelles
triste qu'elle ait à partir. Cela lui avait fait
beaucoup de bien de voir qu'il n'était pas seul
au monde, comme il le croyait parfois.
—Fais attention à toi! lui recommanda-telle avant de partir.
Illes échangèrent une bise, laissant à
Arthur l'impression que son long cauchemar
prenait fin et qu'il pouvait dorénavant vivre en
toute confiance face à sa famille.
Merci mon Dieu! pensa-t~il. Merci pour ce
qui vient d'arriver. Vous seul connaissez la peine que
je ressens. Vous seul savez ce que j'éprouve. Je souffre
terriblement sans mes enfants, mais vous savez aussi
que je ne puis leur faire confiance. Enfin, merci pour
Ambre, pour l'avoir éclairée et lui avoir fait voir
plus loin que l'argent.
Il se retira dans sa chambre et défit ses
couvertures: il s'endormait. Tant d'émotions
l'avaient vidé et il se sentait très las. Il se
déshabilla, puis s'étendit sur son lit. Il ferma les
yeux pour se laisser bercer par le sommeil. À
demi conscient, une chose lui vint soudain à
l'esprit: le livre de Margerie. Il se leva, enfila son
peignoir blanc, alla au salon, prit le livre et alla
s'asseoir dans son fauteuil.
Margerie allait sûrement
l'appeler
demain pour savoir comment il en avait aimé la
lecture et serait chagrinée de savoir qu'il ne
l'avait pas encore terminé.
Il
se mit à lire,
maintenant
aussi du roman de Margerie. Son père lui avoua
complètement réveillé. Il aurait bien voulu
le trouver ordinaire. Ambre s'objecta, disant
boire un café, mais il lui était interdit d'en
prendre plus qu'un par jour.
Il regarda l'horloge: il était huit heures
vingt. Il rebaissa la tête, puis continua à lire. Au
qu'il ne l'avait pas encore terminé et qu'il
trouverait finalement ce roman très bon, digne
du nom des Ouellet.
Il en vint à oublier le ressentiment qu'il
avait pour sa fille Ambre et se sentit même
bout de quelques minutes, son attention fut
attirée par un bruit.
Convoitise
2i
II se prit une pointe de pâté à la viande
et un petit contenant de lait écrémé. Puis, il alla
s'installer à une table du fond.
Tout en avalant, il pensa à quelque
chose: s'il ne s'était pas relevé pour aller lire, la
bombe l'aurait tué. Le livre de sa fille l'avait
donc sauvé. Margerie n'avait sûrement pas
prévu cela. Il était content de s'en être sorti,
mais désolé pour ses enfants en même temps.
Qu'ils doivent en faire des insomnies pour
moi. Pauvres enfants!
Il mangea lentement, puis regagna sa
chambre.
La semaine suivante, il quittait l'hôpital.
—Vous devez faire attention à vous, lui
avait conseillé le médecin avant qu'il ne quitte
l'hôpital. Votre cœur est fragile. Vous avez
quatre-vingts ans, monsieur Ouellet, et...
—Quatre-vingt-un!
—Enfin, c'est un vrai miracle que vous
soyez encore vivant!
Il retourna donc s'installer dans sa
résidence de Dolbeau qu'il avait fait remettre en
état. Inquiète, sa servante Johanne passait le
plus clair de son temps à veiller sur lui les
premiers jours. Puis avec le temps, illes
oublièrent cet incident.
Il était cinq heures dix. Assis dans son
nouveau fauteuil qu'il trouvait moins
confortable que le précédent, Arthur était en
train de lire les dernières pages du roman de sa
fille quand Johanne entra dans le salon.
•—Le souper est prêt! dit-elfe en déposant
un plateau sur la table.
30
Nouvelles nouvelles
s'échoir sur le divan près de la porte d'entrée,
emportant le livre de Margerie avec lui.
Il ne lui restait qu'une page et demie à
lire environ. C'était maintenant qu'il allait
savoir sur quoi aboutiraient les pulsions
meurtrières de Samantha, cette femme déchirée
entre l'amour, l'argent et l'homme qu'elle avait
rencontré au bar. Cet homme, qui, on le
découvrait après une centaine de pages, avait un
passé psychiatrique et trempait dans une affaire
de meurtre, en plus.
Arthur tourna la page:
«Samantha leva le poignard et l'abattit dans
la poitriiie de Sylvain. Il alla se fracasser le crâne
contre le trottoir. Elit l'avait fait. Oui, elk l'avait
fait. Son père la prit dans ses bras. Elle tremblait de
tout son corps. La vision de cet homme qui lui avait
fait subir les souffrances les plus atroces, mais aussi
les plaisirs les plus doucereux, et qui maintenant était
mort... Cela lui procurait un sentiment qu'elle
n 'arrivait pas à identifier. Elle ne chercha pas plus
longtemps: elle se tourna vers son père, se blottit la
tête au creux de son épaule etfondit en larmes.»
Maintenant
légèrement
somnolent,
Arthur regarda par la grande fenêtre en face de
lui. De jour, on pouvait y apercevoir le lac, un
lac où Nicolas lui avait dit qu'on y péchait
d'énormes truites.
Mais à cette heure-ci, il ne pouvait voir
grand-chose
dehors.
L'obscurité
était
troublante, cette même obscurité qui troublait
aussi l'esprit de ses enfants. Ses fils et ses filles
qui avaient essayé de mettre fin à ses jours sans
succès. Qu'illes devaient s'en donner du mal
pour rien. Non, pas pour rien. Pour de l'argent.
Mais à qui donc allait profiter tout cet
argent s'il rayait ses enfants du testament? Us
Le Grenier de l'oncle Antoine
5S
Lorsqu'il arriva, les deux parents du
suicidé l'attendaient devant la porte.
—La police sera là d'une minute à l'autre!
dit la mère d'une voix sanglotante.
--Suivez-nous! ajouta son mari.
Illes entrèrent dans la maison.
—Je ne sais pas pourquoi nous vous
avons appelé, Docteur, car il était déjà mort
quand nous l'avons découvert!
—Je pourrai peut-être trouver le moyen
qu'il a pris pour se donner la mort!
—Nous le savons déjà!
—Quel est-il?
—Voyez par vous-même! dit le père en
ouvrant la porte de la chambre de son fils
Roger.
Le docteur Lavoie n'était manifestement
pas préparé à cela. Il ne comprit pas tout de
suite ce qu'il voyait. Le lit était taché de sang et
le corps de la victime couché de travers. Il ne
vit la télévision au pied du lit qu'une fois dans
la chambre: il s'était enfoncé la tête dans
l'écran. Comment avait-il pu faire ça? C'était
difficile à dire. Peut-être qu'il s'était pris un
élan et avait foncé dans la télévision.
—Roger était heureux! dit sa mère. Il
n'avait pas de raisons de faire ça! Il s'en allait à
l'Université en septembre!
—A-t-il laissé un mot, une lettre?
—Non! répondit le père.
Ce soir-là, Tom Lavoie se coucha un
goût amer dans la bouche. Tous ces événements
le bouleversaient profondément. Il se leva,
incapable de trouver le sommeil. Il décida de se
faire un café. Il remplit le percolateur d'eau et
84
Nouvelles nouvelles
«Vu le décès de mon mari, écrivit-elle sur
une feuille blanche, je ne peux plus continuer
avec votre merveilleux club. Je sais que vous
comprendrez et je promets que dès que mes
moyens me le permettront, je vous avertirai et je
serai très heureuse de joindre à nouveau le rang
des personnes abonnées à votre club.»
C'était parfait. Pas trop ni pas assez. Juste
ce qu'il fallait.
Après ça, les factures. Elle se souvenait
qu'illes avaient un compte conjoint à la
banque: les créanciers iraient y chercher leurs
dus là. De toute façon, il y avait assez d'argent
et l'assurance-vie de Narcisse y avait été
déposée.
Et pour ce qui était des affaires de son
mari, les gens avaient été informés de son décès
pour la plupart.
—Tout est parfait!
Elle retourna à son tas de planches.
—Oh! mon Dieu! s'exclama-t-elle en se
prenant le dos à deux mains. Je n'ai plus vingt
ans!
Une douleur fulgurante venait de lui
traverser la colonne. Mais à son âge, c'était
normal: ça faisait presque une demi-heure
qu'elle clouait.
Le mal était là, mais le résultat aussi: la
porte d'entrée était maintenant condamnée.
—Maintenant, ma vieille, tu viendras plus
fourrer ton sale nez dans mes affaires! Toi ni
personne! Ah! Ah!
Elle toussa un bon coup, puis déposa le
marteau. Lentement. Très lentement.
C'était chose faite et elle savait que c'était
ce qu'elle avait à faire, car cela se produisait
132
Nouvelles nouvelles
La pression du couteau se faisait de plus
en plus douloureuse sur son cou. Sa fille se
tenait à côté d'elle, l'air étrangement satisfaite.
Elle prit l'acoustique et le posa sur le combiné.
—Très, très très bien, maman! dit-elle,
caressant les rares cheveux de sa vieille mère. Tu
as toujours eu le don d'arranger les choses.
C'est d'ailleurs ce que tu m'as transmis, chère
maman. J'arrange les choses à mon tour! Il faut
tuer la pie jacasseuse!
Ce fut Pierrette Paradis, alors qu'elle
venait jouer sa partie de bridge hebdomadaire
avec Marie-Rose Fortin, qui trouva le corps
sans vie de sa meilleure amie.
Folle, délirante, effrénée, Patricia tapait
sur le clavier. Déjà, elle avait tout oublié des
meurtres, imaginaire pour celui de « la salope
qui a tout entendu », réel pour l'autre de « la
pie jacasseuse ». Deux meurtres. Deux
libérations.
Endiablée sur son clavier, elle avait
l'impression qu'ainsi, elle caressait Vincent du
bout des doigts. Illes étaient ensemble depuis
un bon bout de temps. Elle se sentait en étroite
relation avec lui, cet homme-traitement-detexte qui comblait sa vie. Maintenant, grâce à
lui, il n'y avait plus d'obstacles à son talent.
Toujours, elle suivrait les conseils de
Vincent. îl ne se trompait jamais. Ce qu'il y
avait de mieux à faire, il le savait. Ainsi guidée,
elle n'aurait plus jamais de problèmes à écrire
ni d'ennuis dans la vie.
Parfois, elle sentait sous ses doigts que les
touches devenaient chaudes comme si elles
retiraient, elles aussi, du plaisir à son contact.
Dans une danse passionnée de jeux de touches
140
Nouvelles nouvelles
L'histoire, il l'écrivait comme s'il la
connaissait. Il se sentait totalement impliqué
aux aventures de Pierre, complètement pris par
les événements qui se succédaient.
Ce n'était pas du tout comme ses autres
romans où il s'égarait rapidement dans les
méandres
des
personnalités
complexes
qu'endossaient ses personnages: il le connaissait
à fond le héros de son histoire et maîtrisait la
moindre de ses pensées. Avant, sa prose était
obscure, insignifiante, mais là, chaque phrase
qu'il tapait voulait dire quelque chose, quelque
chose d'important. Chaque phrase livrait un
message clair et sans ambiguïté. Bref, il pensait
que bien des écrivains et bien des écrivaines
l'auraient envié.
Depuis voilà dix pages, une nouvelle
figure avait fait son apparition: Hélène Madgin.
Pierre l'avait rencontrée en allant réparer son
évier bouché. C'était une grande femme à la
chevelure noir jais, à la peau basanée, aux yeux
pâles et au regard intrigant. Elle était célibataire
et partageait un studio avec une colocataire sur
la rue B., juste en face d'un bar alternatif.
Ça avait tout de suite marché entre elle
et lui. Le soir même, illes dînaient en tête-à-tête
au restaurant, emportés tous deux par la
passion de la première sortie.
Jacques était fier de ses pages. Il les
voyait comme ses meilleures, les plus belles, les
plus ardentes de sa jeune carrière. Vers neuf
heures, il s'arrêta. Il déroula la feuille de la
Brother et la mit sur les autres au coin de son
bureau.
Léger problème d'identité1*1
—Et à part d'être plombier, que fais-tu? Je
vois bien que ton appartement est bien trop beau
pour que tu te le sois payé avec tes salaires.
Pierre parut embarrassé. En fait, il l'était
vraiment. Qu'allait-il lui dire? Évidemment qu'il
faisait autre chose que de réparer des éviers et des
toilettes bouchées, mais il ne pouvait tout de même
pas luifaire part de ses autres activités nocturnes. Il
voyait déjà sa réaction s'il lui disait; «Moi? Eh bien,
le soir, je me rends chez les gens riches et je leur pique
leurfric...»
—Hum... Il m'arrive de faire quelques petites
jobines ici et là, question d'arrondir les fins de mois.
Puis, il y a mon père qui m'aide un peu à payer tout
ça
-
Oujl C'était passé. Il s'en était sorti indemne,
mais pour combien de temps? Le temps qu'elle
découvre que son père était mort et qu 'en fait, ses
seules «jobines» comme il les appelait, consistaient à
peindre une ou deux clôtures par année.
Cela lui coûtait de mentir. Ça partait mal
une relation. Mais il n'avait pas d'autres choix, du
moins pour le moment. Plus tard, quand il se
sentirait en confiance, peut-être pourrait-il tout lui
avouer.
Onze heures sonnèrent. Après une bouteille et
demie de champagne très mousseux, illes se
retrouvèrent étendus au pied du sofa. Bientôt, illes
s'installèrent confortablement dans le grand lit de
Pierre, emmitouflés dans d'épaisses couvertures et
coupés du monde extérieur. Illes firent l'amour une
bonne partie de la nuit, puis s'endormirent.
Jacques se leva vers onze heures. Il avait
un atroce mal de tête. À croire que c'était lui
qui avait ingurgité tout ce champagne. Ses
tempes battaient à lui en arracher des cris de
La Villa des trépassées 155
E
nfin, les vacances! Dehors, il devait bien
faire trente degrés à l'ombre. De plus,
aucun nuage ne semblait vouloir venir
tacher le ciel d'un bleu décoloré. L'après-midi
d'examen venait de se terminer. Étudiants et
étudiantes bourraient maintenant leur sac à dos
de feuilles et de cartables qu'illes brûleraient le
soir même au cours d'une espèce de cérémonie
symbolisant la liberté estivale.
Julie Brassard se fit bousculer à la sortie.
Elle restait là sans bouger, car il lui en coûtait
de laisser pour deux longs mois cette école
qu'elle aimait tant.
Pourquoi elle aimait tant cette école?
Pendant qu'elle y était, elle se retrouvait loin de
chez elle. Et plus elle en était loin, mieux elle se
sentait. Elle aurait pu dormir tout l'été dans
cette école qu'elle l'aurait fait. Elle tressaillit
légèrement au milieu de la foule d'élèves à la
seule pensée de devoir retourner chez elle. Un
long frisson lui traversa la colonne, semblable à
ceux qui la faisaient frémir lorsque sa mère la
caressait, embrassant son corps tendu de
culpabilité.
Le père de Julie les avait abandonnées
alors qu'elle commençait tout juste à marcher.
C'était un pauvre camionneur de passage que sa
mère avait ramassé au cours d'une beuverie
dans un club de danseuses à l'époque où elle
avait encore le physique de l'emploi.
Maintenant, il ne restait plus personne
dans l'allée de la polyvalente. Seule Julie se
tenait au centre du trottoir asphalté, immobile,
les yeux tournés à contempler pour une
dernière fois l'édifice. Quelques professeurs
DOCUMENT
IX
LE CHEMIN DE L^ ETERNEL LE
Christian Tremblay
Aucun droit de reproduction n'est réservé. Toute personne qui fait
l'acquisition de ce volume, peut en faire ce qu'elle désire.
(c) Christian Tremblay, 1995.
TEXTE ORIGINAL NON FÉMINISÉ
Le pouvoir.
Canapet, 93/12/26-
Lorsque s'agit de chasser l e pouvoir",, on ne peut rien, prévoir
C'est comme chasser un gibier, un chasseur chasse ce qui se présente
Un guerrier doit donc rester toujours en a l e r t e permanence
Beaucoup de choses que nous ignorons sont a. certains moments et en certains
lieux, le centre du pouvoirC e s t une chose vraiment spéciale; l'épingler, le définir exactement est
impossible
C'est la sensation que l'on a à propos de certaines choses, un sentiment
indicible
Le pouvoir est personnel, seuls nous-mêmes pouvons l'acquérir, l e posséder
Comme pour la foi, nous ne pouvons qu'agir pour nous ou pour les autres et an
témoigner
Certaines personnear simplement par leur regarni, peuvent cendre l e s gens
malades, les guérir
Ou comme Charles Manson et Adolf Hitler, les soumettra a leur contrôle
I I y an aura toujours pour dira que Jésus de Nazareth n'était pas un guerrier,
q u ' i l a'an a jamais tenu le r ô l e
Même s i , pour la victoire de la vie éternelle, pour l'obtenir
I I a dû affronter juifs et romains, l'humain en lui et la mort elle-même
Le combat ne se livre pas n'importe quand ni n'importe comment, seulement
lorsque l e pouvoir est mis an cause lui-stême
Le guerrier ne choisit pas ses combats ni ses victimes, le pouvoir est comme
ça
I I te commande et cependant i l t'obéit, q u ' i l donne vie ou trépas
Un chasseur de pouvoir le capture et 1 ' emmagasine comme une trouvaille
personnelle, en sa conscience
Ainsi grandit le pouvoir, un guerrier en accumule tant q u ' i l devient homme de
connaissance
I I s'accumule a travers une impression personnelle a chacun, ressentie a
travers l'expérience
En chassant l e pouvoir ou se disciplinant nous-mêmes dans l'affinement de
notre esprit de guerrier, de notre essence
I I est impossible d'expliquer comment le pouvoir personnel s'imprime a travers
les sensations, l e s sentiments
EL faut en faire l'expérience, le sentir par soi-même comme on acquiert lasagesse, l e discernement
Rester jeune e t en forme est aussi une question de pouvoir,, s i nous en
emmagasinons, le corps accomplit d'incroyables exploits
À l'inverse s i nous en dissipons, en un rien de temps, nous deviendrons
frêles, malades, vieux et gras
TEXTE FÉMINISÉ
Canapet, 0 4 / 9 5
Le Pouvoir.
Lorsqu'il sfagft de chasser IcPouvoir^ on ne peut rien prévoir
C'est comme chasser le gibier, une chasseresse, un chasseur chassent ce qui se présente
Dies doivent donc toujours testes: en alerte permanente
Bien des choses que l'on ignore sont; à certains moments, le centre du. Pouvoir
C'est une chose vraiment spéciale, l'épingier ou le définir exactement est impossible
C'est comme la sensation que l'on a à propos de certames choses, un sentiment indicible
Le Pouvoir est personnel, seuls nous-mêmes pouvons l'acquérir et le posséder
Comme pour la foi, nous ne pouvons qu'agir pour nous ou pour les autres et en témoigner
Certaines personnes, simplement par leur regard, peuvent rendre les gens malades ou les guérir
Ou, comme Charles Manson et Adolf Hitler, les soumettre à leur contrôle
II y en aura toujours pour dire que Jésus de Nazareth n'était pas un guerrier, qu'il n'en a pas
tenu le rôle
Même si pour la victoire de la Vie Étemelle, pour l'obtenir
D a dû affronter Juife et Romains, l'humain en lui et la mort elle-même
Le combat ne se livre pas n'importe quand ni n'importe comment, seulement lorsque le Pouvoir
est mis en cause lui-même
La guerrière et la guerxiex a& ciioisissent ni leur combat ni l e u r s victimes,
le Pouvoir est comme ça.
D. commande et cependant! obéit, qu'il donne vie ou trépas
L'adepte qui chasse le Pouvoir le capture et remmagasine, comme une trouvaille personnelle,
en sa conscience
Ainsi grandit le Pouvoir, une guerrière ou un guerrier en accumule tant qu'iile devient être de
connaissance
Cela s'accumule à travers une impression qui est personnelle et que l'on ressent par l'expérience
En chassant le Pouvoir, en se disciplinant soi-même dans raffinement de notre esprit, de notre
essence
Impossible d'expliquer comment le Pouvoir personnel s'imprime à travers nos sensations ou nos
sentiments
H. faut en faire l'expérience et le sentir par soi-même, comme on acquiert la sagesse et le
discernement
Rester jeune et en forme est aussi une question de Pouvoir personnel; si on en emmagasine, le
corps peut accomplir d'incroyables exploits
À l'inverse, si nous en dissipons, en un rien de temps, nous deviendrons frêles, malades, vieilles
et vieux, grasses et gras
"Qu'est-ce que la Vie Étemelle sinon la survie ultime?"
TEXTE BINAIRE
1995
Apocalypse.
Hommes de ces années
Hommes mécaniques
Simples pantins robotiques
Pourquoi êtes-vous troublés ?
Dans ces temps chaotiques
Dans ces années apocalyptiques
Quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez
À la fin d'un monde vous assisterez
Du sang de ia violence
De la folie argentée
Du feu électrique ou atomique
Un nouvel âge sera enfanté
Comme chantent ies oiseaux
L'eau coulera toujours dans les ruisseaux
Comme le bison dans la prairie
L'homme marchera tout nouveau sur le soi béni
Femmes de ces années
Femmes mécaniques
Simples poupées robotiques
Pourquoi êtes-vous troublées ?
Dans ces heures chaotiques
Dans ces années apocalyptiques
Quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez
À la fin d'un monde vous assisterez
De la sève de la violence
De la folie argentée
Des flammes électriques ou atomiques
Une nouvelle ère sera enfantée
Comme les fleurs naissent de la terre
L'eau coulera toujours dans les rivières
Comme la gazelle dans la prairie
La femme marchera toute nouvelle sur cette planète bénie
MATÉRIEL DE CONSULTATION
ANNEXE I ¥
Document X
: Sa p'tite bonne femme de chemin, Annie Bourret, La Gazette des femmes, 1991.
Pour l'amour du français, Annie Bourret, journal L'Express de Toronto, 1994, 1995.
Document XI
: La langue, le discours et l'égalité, Claude
Tatilon, revue La Linguistique, 1995.
Document XII
: Titres et fonctions au féminin, journal Le
Point, Dolbeau, 1994, 1995.
DOCUMENT X
MATÉRIEL DE CONSULTATION
Texte : a r t i c l e sur la féminisation,
Annie Bourret, la Gazette des femmes,
1991.
1.
Sa petite bonne femme de chemin.
L'Express de Toronto, 1994, 1995.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Âuteure, autrice ou auteuse ?
Des puces grammaticales pour
tous et toutes.
À quoi servent l e masculin
et l e féminin ?
Hérédité l a t i n e : le genre
des mots.
L'évolution de l a féminisation
en français : Où en est-on ?
Cherchez l a femme, nom d'un
p ' t i t bonhomme !
Le directeur général est en
congé de maternité.
Conseil du statut de ia femme
La Gazette des femmes
juillet-août 1991
LANGUE
Sa petite
bonne femme de chemin
Annie Bourret
Même si le Québec a acquis
ses lettres de noblesse en
matière de féminisation du
langage, respectant ainsi la
volonté d'un grand nombre de femmes d'être visibles, il reste encore bien
des textes et des propos à
polir.
Dans la phrase « (...) le jargon technieo-Fcientifique dans lequel la citoyenne ordinaire est noyée», le groupe
d'écologie sociale Les Ami-e-s de la
terre1 emploie le générique féminin
«pour bien faire sentir aux hommes
ce que c'est d'être exclu du langage» !
Ça vous paraît radical? Sans doute,
mais des positions comme celles-là
ont souvent le mérite de faire avancer les choses.
Les efforts pour promouvoir la
féminisation du discours ont porté
fruit au Québec, qui se place à cet
égard en tête des pays francophones
industrialisés. Le Québec est perçu
comme tellement avant-gardiste que
le responsable actuel de la célèbre
grammaire Le Bon Usage, le Belge
André Goosse, a publiquement dénoncé cette tendance à féminiser «à
outrance», lors de son passage à l'Université Laval en 1986.
L'Office de ia langue française
(OLF), les ministères de l'Éducation
et de la Justice, les syndicats emploient de plus en plus les titres au
féminin. îl est rare maintenant de
lire des offres d'emploi rédigées avec
le seul générique masculin. Aucune
personnalité politique n'oublie, dans
son discours, les Québécoises, les travailleuses et bien entendu les électrices. En matière d e féminisation,
Hydro-Québec présente une feuille
de route exemplaire. Francine Doray,
chargée d'équipe de la terminologie,
explique que depuis la politique Égalité des chances en 1984, on a créé ou
adopté les termes appropriés pour désigner les employées des métiers non
traditionnels. Jointeuse, monteuse de
ligne et opératrice de poste sont des
termes employés dans tout document
publié. Le Guide des communications
non sexistes, actuellement en révision, a paru en 1987.
Même des personnes en faveur
de la féminisation avanceront les arguments de la lourdeur et de l'absence de règles uniformes. Pourtant, les
règles existent et depuis la parution
de Pour un genre à part entière2, on
observe que beaucoup plus d'organismes, comme la Ville de Québec, se
dotent de leur propre guide. De plus,
il existe des trucs pour éviter les répétitions lourdes (voir encadré).
Quand les médias
s'en mêlent
L'entrée des titres féminins dans les
médias a facilité leur usage au Québec. Déjà, au cours des années 60, la
Société Radio-Canada émettait des
directives d'usage à son personnel.
Les terminologues ont rafraîchi cette
politique en 1987 et surveillent les
journalistes au moyen du bulletin
hebdomadaire Que dire? qui signale
tout accroc, l'emploi de droits de
l'homme pour droits de la personne
par exemple.
Bien sûr, il existe encore des intoxiqués (et des intoxiquées!) du traditionnel masculin générique qui envoient des lettres aux journaux pour
protester contre l'emploi de titres féminins. Claude Masson, éditeur adjoint à la Presse, refuse de suivre
leurs suggestions: «Ce serait trop facile, ça met le dossier sur la glace
sans le régler.» Les journalistes de ce
quotidien emploient les termes recommandés par l'OLF, comme la docteure. Curieusement, le quotidien Le
Devoir n'a pas de politique sur l'emploi des titres féminins, laissant ainsi ses journalistes un peu à la merci
de la correction d'épreuves où le purisme est de rigueur. N'essayez pas
d'y lire gens d'affaires, c'est hommes
d'affaires que vous y trouverez!
Terme ou métier, factrice fait aussi sa
petite bonne femme de chemin.
Sur le plan de l'éthique, les journalistes doivent respecter la volonté
des titulaires. Dans la région de Québec, Margaret Delisle tient à ce qu'on
la désigne comme maire de Sillery
tandis que la mairesse Andrée Boucher de Sainte-Foy a imposé son titre. L'un d e s quotidiens de Québec,
23
Conseii du statu! de la femme
La Gazette des femmes
Le Soleil, refuse les termes «barbares» comme autrice. Paradoxalement,
ce journal dit s'aligner sur l'Académie française, dont les membres recommandent justement autricel Auteure ne fait sourciller personne au
Québec... sauf la directrice de la rédaction à L'Actualité. Martine Démange estime inefficace la règle du
-eure, parce qu'il faut forcer le e à
l'oral. De plus, souligne-t-elle, on en
arrive avec cette règle à oublier l'existence de réalisatrice ! Mais la finale en -eure pour les professions
connaît la préférence au Québec et
les gens grimacent devant les nouveaux mots comme rectrice, nettement préférés en Europe.
De l'autre côté de
l'Atlantique
En Europe, où les autorités et le public sont moins réceptifs qu'au Québec, la féminisation avance de façon
variable selon les pays. En Suisse, à
cause de la loi de janvier 1989 sur
l'emploi obligatoire du féminin dans
les professions, le Bureau de l'égalité
des droits entre homme et femme a
publié le dictionnaire de fémininmasculin des professions le plus complet qui existe à ce jour et qui s'ins-
Trucs pour
la rédaction
non sexiste
Utiliser le terme ou le pronom aux deux genres en
faisant l'accord au masculin
Les ingénieurs et les ingénie ures s'assureront euxmêmes...
•
Quant aux ministres, ils ou
elles seront les premiers...
Employer des termes collectifs: équipe, direction,
public, population, communauté, etc.
La direction veillera au respect des échéances...
Employer des tournures
neutres ou impersonnelles
Quiconque désire obtenir un
formulaire...
24
juillet-août 1991
pire largement des démarches
québécoises. Coauteure de ce dictionnaire, l'écrivaine Thérèse Moreau a
été agréablement surprise par l'accueil bienveillant de la presse helvétique.
Même si la presse française a
généralement bien accueilli le dictionnaire suisse, la féminisation a la
vie dure en France. Ainsi, la Commission de féminisation des noms de
métiers et de fonctions, qui a siégé de
février 1984 à mars 1986, n'a réglé
que le cas des termes féminins finissant par e. Le public français résiste,
les hommes comme les femmes, et
associe toujours le prestige à la forme
masculine d'une profession: les sages-hommes ont réclamé l'appellation rnaïeuticien,
nettement plus flatteuse3! La Belgique, qui nous a
donné Le Bon Usage de la langue
française, continuera à le faire au
masculin générique. Les autorités
belges ont émis une proposition de
décret en mars 1989 pour féminiser
les noms de métier, mais elle est restée lettre morte. La presse belge a
observé un mutisme total à l'égard
du dictionnaire suisse.
Qu'est-ce qui explique la relative
ouverture d'esprit au Québec envers
la féminisation? Il se peut que ce soit
un héritage des démarches de francisation de l'OLF qui a habitué les
gens et les organismes à s'ajuster à
la terminologie en français, à devenir
plus flexibles. Mais il ne faudrait pas
pour autant s'asseoir sur ses lauriers! La cause de la rédaction non
sexiste est loin d'être gagnée. Il
existe encore des médias de masse
indifférents à l'emploi des titres féminins alors que d'autres sont carrément hostiles. Des femmes refusent encore leur titre au féminin,
surtout s'il s'agit d'une fonction de
grand prestige. Enfin, la plupart des
formulaires officiels sont encore rédigés au masculin. Faudra-t-il imiter
Les Ami-e-s de la terre et exiger le
générique féminin? Ça se défendrait:
après tout, le mot féminin contient
souvent sa forme masculine! fcp.
i. L'emploi de finales féminines entre tirets
n'est toutefois pas recommandé.
2- Hélène Dumais, Pour un genre à part entière.
Guide pour la rédaction de textes non sexistes,
Les Publications du Québec, 1988, 36 p.
3. Maïeuticien vient du grec maieutiké: -art de
faire accoucher-.
De plus
en plus
agréées
Quatorze mille comptables agréés
au Québec dont 2 800 femmes.
Ce qui étonne, ce n'est pas cette
proportion, somme toute modeste, de 2 0 % mais son augmentation rapide: en 1988, elle n'était
que de 14 %. La moitié des quelque 700 nouveaux permis de pratique émis annuellement vont à
des femmes. Près de 90 % des
comptables agréées ont moins de
35 ans. À 43 %, elles travaillent
dans le domaine de l'expertise
comptable, c'est-à-dire dans des
cabinets surtout, là où, par définition, le conservatisme et la disponibilité envers la clientèle sont de
rigueur. «Avec l'arrivée massive
de jeunes dans la profession, les
valeurs changent, note Danielle
Dame, présidente du Comité sur
le rôle de la femme C.A. dans la
vie économique à l'Ordre des
comptables agréés. Plus préoccupés de qualité de vie, elles et ils
n'hésitent pas, en cours de recherche d'emploi, à s'informer
des horaires de travail. Les cabinets n'auront pas le choix; ils devront adopter des mesures pour
conserver leurs meilleurs éléments.»
Tant dans l'entreprise privée
que dans les organismes gouvernementaux et les cabinets, les
femmes C.A. sont peu présentes
là où se prennent les décisions. «Il
faut maintenant quinze ans avant
d'accéder à un poste d'associé,
estime Danielle Dame. Pour y arriver, il faut beaucoup de clients,
donc beaucoup de contacts, un
réseau. Les femmes ont plus de
difficulté à établir cela,» ajoute-1elle. Le comité qu'elle préside a
encore beaucoup de pain sur la
planche de la sensibilisation.
Francine Gagnon
b • L'EXPRESS - Semaine du 7 au 13 mars 1995
POUR I
iim
DU
Auteure, autrice ou auteuse?
Quant au terme auteuse, il n'existe
que dans le monde des innombrables néologismes et particularisL'inspiration pour cette chroni- mes propres à Achille Talon, perque précédant la Journée interna- sonnage de bandes dessinées.
tionale des femmes, je l'ai eue
. Autrice existerait depuis 1590.
quand j'ai lu qu'Achille Talon se Des grammairiens citent son usaplaignait que «Claire Bretecher, ge vers 1726 (avant la fondation
manque de pot, ce n'est pas elle de l'Académie française).
mon auteuse» (Achille Talon au
Le féminin d'auteur n'a cepenpouvoir!, 1972).
dant jamais été «transparent»,
J'avais réussi à trouver une va- comme le démontrent les nomriante de plus au féminin d'au- breuses tentatives de féminisation
teur! Comme les formes féminines qui incluent auteuresse (avant
des mots en -cur posent un beau 1921) et autoresse—authoress, des
casse-tête en matière de féminisa- anglicismes empruntés vers 1867.
tion de la langue, j'ai décidé d'y
Ces termes n'ont pas survécu
consacrer la chronique de cette se- en français, entre autres parce
maine.
qu'on associe leur finale -esse à un
Au féminin aulricc, historique- état ancien de la langue française
ment régulier et fidèle à l'esprit (pensez à des vieux mots féminins
du français, les francophones d'ici comme abbesse, miresse et jugessc
préfèrent nettement auteure, com- ayant complètement disparu).
me dans Association des auteures
Même chose pour la finale -euet auteurs de l'Ontario français.
re, qui comporte en France une
En Suisse, autrice remporte la connotation de désuétude : le mot
palme, alors qu'en Belgique, on inventeure, créé au 15* siècle, a cérecommande d'utiliser une auteur dé la place à inventrice dès le 16e
(sans e à la fin). En France, l'Aca- siècle.
démie française concédait l'usage
La prédilection pour les fémide femme auteur dans sa grammai- nins se terminant par -eure au Care de 1932, mais si on les obligeait nada français s'explique peut-être
à choisir, les Françaises adopte- au plan historique, les colons
raient probablement autrice. d'origine normande s'établissant
ANNIE BOURRET
L'express
en Nouvelle-France avec leur vo- Nouveau-Brunswick. Je m'emcabulaire de féminins en -eure, au presse de dire que l'emploi d'ensiècle où ces féminins cédaient la traîneuse, au sens de «jeune femme
place à -euse et à -trice.
employée dans un bar pour inciter
Une autre explication pourrait les clients à consommer», n'est
résider dans l'usage des médias pas très répandu au Canada.
audio-visuels depuis les années
Existe-t-il une règle, enfin, pour
soixante (particulièrement à la So- ce qui est de ces finales? Eh bien,
ciété Radio-Canada), à une épo- il est difficile de trancher entre
que où dire une docteur (ou une l'usage solidement implanté de
aocteure) choquait moins les habi- professeure et de chercheurc (qui detudes linguistiques — au plan so- vraient être professeuse et chercheunore, il ne s'agissait que de chan- se) et les explications historiques.
ger l'article un pour une.
La paire de finales eur—eure
Aujourd'hui, l'usage canadien vient d'adjectifs comparatifs (sua popularisé tellement de mots fi- périeur, meilleur, inférieur) transnissant par -eure (ingénieure, pro- formés en noms (le supérieur ou
cureure, assureure), qu'on en arri- la supérieure d'un couvent). Elle
ve à remplacer directrice par di- n'aurait jamais dû devenir un méreclewe (exemple authentique, lu canisme régulier, puisqu'on avait
sur une carte professionnelle)! -euse (chanteuse) et -trice (spectaDans certains cas, la préférence trice).
pour -eure évite des malentendus
L'Office de la langue française
fâcheux. Le choix d'entraînewre et du Québec propose le truc du parnon entraîneuse, comme féminin ticipe présent pour trancher entre
pour entraîneur (en sports), l'illus- •teuse et -trice. Si le participe se tertre bien.
mine par -tant, la finale Féminine
À noter, cependant, que j'ai re- est -euse, comme pour chanteur
péré des contextes où entraîneuse (participe présent : chantant, fémiétait utilisé au sens sportif du ter- nin : chanteuse). Si le participe
me, dans un texte émanant du présent a une autre terminaison,
le féminin se termine par -trice
(traduisant—traductrice; coordonnant—coordonnatrice). Les mots
sans participe présent, comme
Hugo féminisé
Hugo, le logiciel de correction
orateur ou moniteur, prennent
international, vient d'incorporer les féminins de professions courantes dan» sa plus
récente version 8. Ça vous
étonne? Pourtant, l'auteur inspirant la conception de ce logiciel, Victor Hugo lui-même,
n'avait pas hésite à créer les
féminins dont il avait besoin,
tels tyranne et titane. J'en reparlerai plus longuement la
semaine prochaine.
•trice au féminin.
En ce qui concerne la finale en
-eure, je n'ai qu'un conseil : la prudence! Ne vous fiez pas seulement
à votre instinct finguistique,
consultez le dictionnaire ou un
grammaticale acclamé au plan
guide de féminisation.
NDLR: Faites parvenir vos commentaires à Pour l'amour du français,
7205 rue Hewitt, Burnnbij BC V5A
3M1. CE: [email protected].
L./VJ. 1XL1OCJ — iJCUlcJUlC U U A1* d U JiU 111 it
Des puces grammaticales
pour tous et toutes
ANNIE BOURRET
L'Express
Le logiciel Hugo Plus, dans sa
version 8, annonce qu'il reconnaît
maintenant les titres féminisés recommandés par l'Office de la langue française (OLF) du Québec. A
ma connaissance, il s'agit là d'une
première en matière de logiciels
de grammaire, qu'ils portent sur
la langue française ou anglaise.
En incorporant ces titres au féminin, les concepteurs d'Hugo
tiennent compte d'un usage de
plus en plus répandu au Canada
français, que ce soit dans les médias, la publicité ou les manuels
scolaires.
Afin de pouvoir évaluer la performance du logiciel, j'ai décidé
de lui faire passer un test de vocabulaire (voir l'encadré) et de
grammaire. Les résultats m'ont
agréablement surprise-j'avais
pburtant tendu des pièges du
genre une clown (assez rare) et une
médecin (peu connu). Le logiciel
les a acceptés sans broncher.
En plus du test de titres fémi- son de signaler une erreur pour
Curieusement, le terme docleure a été refusé, alors qu'il est re- nisés, j'ai soumis quelques phra- cette phrase: il applique une règle
commandé dans Au féminin (un ses à Hugo, histoire de vérifier de grammaire fondamentale qui
guide de l'OLF) et dans le Multi- l'accord des verbes et des adjec- veut qu'un verbe comportant
plus d'un sujet se conjugue au
dictionnaire des difficultés de la tifs.
langue française. Pour superviseu- Des structures comme «le ou la pluriel. La conjonction ou exige
re et enlraîneure, le logiciel suggè- commis fera» et «des enseignan- une interprétation de sens que le
re superviseuse et entraîneuse. '
tes et des enseignants franco-on- logiciel ne peut effectuer.
La conjonction ou permet l'exDans le premier cas, on pour- tariens» sont acceptées sans prorait ergoter longtemps sur la fina- blème. Le logiciel propose, cepen- clusion et l'union, selon la pensée
le - vous vous rappellerez que la dant, de mettre le verbe au pluriel exprimée. Dans «Le client ou la
chronique de la semaine dernière dans «Le client ou la cliente peut cliente peut posséder plus d'une
facture», c'est le phénomène de
posséder plus d'une facture».
abordait ce sujet sans le régler.
Le logiciel a parfaitement rai- l'exclusion des sujets qui est illusLe cas d'entraîneuse—entraîneutré (l'un ou l'autre).
re me trouble un peu plus. Même
Le verbe se conjugue au singusi Le Petit Robert a éliminé la délier. Par contre, dans «La peur ou
finition vieillie de «jeune femme
la misère ont fait commettre bien
employée dans un bar pour incides fautes», ou unit les deux suter tes clients à consommer», de
22 sur 25
jets, de là le verbe au pluriel. En
nombreux dictionnaires la retien- Une agente
d'autres mots, le logiciel signale
nent encore.
- Une annonceuse
"v
une erreur possible, a l'utilisateur
Les médias préfèrent entraî- Une auteure
ou utilisatrice de trancher!
neure, probablement à cause des - Une avocate
En guise de conclusion, la reintéressées elles-mêmes. Cher- Une biologiste
connaissance des féminins s'ajoucheure constitue un cas compara- - Une capitaine
te à une liste de tâches déjà imble de résistance (le terme correct
- Une chercheuse
pressionnante pour Hugo. Il corriest chercheuse), sauf que les fina- - Une clown
ge les textes anglais et français de
les ne conduisent pas à des - Une commis
manière interactive, présentant
connotations différentes.
- Une députée
les suggestions dans un environX Une docteure
nement visuel qui rend les déciX Une e'ntralneurc
sions grammaticales rapides et in- Unegreffière
formées.
- Une historienne
Les erreurs d'orthographe et
-, Une ingénieure
de conjugaison ne lui échappent
- Une juçe
pas. Il permet également de créer
- Une médecin ,• ^:. '
- Une mètteurc en scène
des dictionnaires personnels,
adaptés à des besoins de rédac- Une ministre • •,: -^ ' tion particuliers.
- Une parlementaire - '*
Le test d'Hugo
- Une professeurè . ' »• '
- Une rectrice . ^- Une solda te
X Une superviseure
- Une sous-ministte
NDLR: Faites parvenir vos commentaires à Pour l'amour du français,
7205 rue Hewitt, Burnaby BC V5A
3M1. CE: bourret®freenet.vancouver.bc.ca.
L'EXPRESS-Semaine du 22 au 28 mars 1994
1PQO1BL L ' A M O U R
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A quoi servent le masculin et le féminin?
par ANNIE BOURRET
•pour L'Express
En français comme dnns les autres langues
qui dérivent du latin (portugais, italien, roumain
et espagnol), l'attribution du féminin et du mas- "
culin est une survivance du latin.
Le genre n'est pas universel, loin de là. De
nombreuses langues s'en passent, comme le
hongrois. Attention, ne pas catégoriser les objets
avec un genre ne signifie pas que la distinction
de sexe ne s'exprime pas dans cette langue, qui
aura vraisemblablement des termes différents
pour la notion de parenté, comme papa et maman ou tante et oncle.
Mais le genre n'est pas motivé en ce qui concerne les objets: peut-on rêver, en effet, que les
choses aient un sexe? En réalité, l'attribution du
genre grammatical repose sur l'arbitraire. Cependant, dans une langue où on classe les noms par
genre, ce dernier est perçu et vécu par les gens
comme renvoyant à l'ordre «naturel» des choses.
Étant donné les distinctions de sexe, qu'on pourrait appeler le genre «naturel», c'est peut-être
normal. Si on étend ce concept à tout ce qui est
animé, iî devient légitime poqr notre «instinct
linguistique» d'attribuer un genre féminin à la
poule et un genre masculin au coq.
On pourrait pousser le parallèle à d'autres
être «animés», comme les arbres fruitiers. Et là,
prendre l'instinct linguistique en défaut puisque,
en toute logique, l'arbre reproducteur s'apparente bien plus à la femme qu'à l'homme. On devrait donc dire «la pommière donne un fruit
qu'on appelle un pomme».
A moins qu'on ne décide d'associer l'idée de
petitesse (éminemment féminine, avec la fragilité
ou la délicatesse) aux fruits, justifiant ainsi leur
genre féminin.
Dans les deux cas, on aura encore admirablement suivi l'instinct linguistique, qui obéit à la
loi du genre, au coeur du système de la langue
française.
En plus de varier, l'instinct linguistique en
matière de genre n'est pas universel. L'iroquois,
par exemple, classe les femmes dans la catégorie
des «inanimés», alors même qu'il emploie le
générique féminin, contrairement à un très
grand nombre de langues. La mort, d'essence
Féminine en français et en russe, sera représentée
par un homme, en suédois et en allemand, La vie
possède un genre masculin en tchèque, le péché
un genre féminin en allemand.
La question à se poser, ici, est la suivante: estce que les francophones perçoivent l'océan, le sol
et le feu comme masculins à cause de leur genre
grammatical, attribué au hasard de l'histoire, ou
s'y rattache-t-il un symbolisme culturel et social
qui fait que ces mots semblent «mériter» leur
genre, en Quelque sorte? Autrement dit, la
langue reflète-elle l'ordre des choses dans
l'univers ou s'agit-il d'un hasard de classement
grammatical, lequel influence notre vision de
l'univers? De nombreux linguistes se sont
penchés sur cette question du rapport entre la
langue et la pensée, et plus particulièrement les
catégories de genre et la pensée.
Dans une monumentale grammaire intitulée
Des mots à la pensée (1911-1940), les auteurs
français Damourette et Fichon ont essayé
d'établir ces liens. Ils ont méticuleusement
analysé la répartition des genres en français, l'appelant le «répartitoire de la sexuisemblance».
(J'ai gardé l'appellation pour que vous puissiez
savourer le degré de spécialisation de langue
dans le volume.)
Ces deux auteurs ont tenté d'élucider si le fait
qu'il existe deux genres en français pouvait influencer la façon de voir le monde: à la catégorie
grammaticale correspond une catégorie mentale.
La langue, selon eux, reflète les mentalités. Sur
cette base, Damourette et Pichon «expliquent» la
prédominance du féminin dans les noms de machines: les femmes sont les auxiliaires de
l'homme, de même que les machines qui ne peuvent rien sans le moteur, qui leur communique
sa puissance. La moissonneuse ou la calculatrice
ne sont que des machines mues par une force extérieure. Comparez-leur le moissonneur ou l'ordinateur, d'un côté l'être humain, de l'autre un
objet autonome et performant.
Selon une telle théorie, le genre naturel entraîne le genre grammatical, puisqu'on fait correspondre les qualités de chaque sexe à des objets. Pour répondre à la question posée dans le
titre, le genre aurait alors une fonction de métaphore sexuelle: l'homme actif fait contraste
avec la femme passive, de là l'attribution consciente du genre grammatical pertinent à un objet ou une réalité.
Thèse risible, à votre avis, d'autant plus
qu'elle date du début du siècle? C'est pourtant
un imaginaire collectif nourri d'une telle idéologie qui a montré tant de résistance à féminiser les
titres de professions prestigieuses depuis le
début du siècle. Cette thèse a également occasionné certains blocages de féminisation, parce
que le féminin était déjà «occupé».
Le mot médecine, qui devrait logiquement
être le féminin de la profession, comme dans la
paire avocat-avocate. Mais médecine, qui
désigne la science, le médicament et la profession, ne peut s'encombrer du quatrième sens,
c'est-à-dire le féminin de médecin.
NOTE: Les personnes qui s'intéressent à la
question du genre en français auraient intérêt à
lire Les mots et les femmes, de Marina YagueHo,
publié chez Payot.
WLR: Faites part de vos commentaires à l'auleure à
l'adresse suivante : Pour l'amour du français, 95, avenue Renfrew, Ottawa (Ontario), K1S1Z6,
L'EXPRESS - Semaine du 29 mars au 4 avril 1994
iPOOR
DU-FI
Hérédité latine: le genre des mots
par ANNIE BOURRET
pour L'Express
Hérité du latin, le genre en
français permet de classer les noms
d'êtres animés et d'objet du point
de vue de leur «sexe» réel ou attribué. Le genre donne une information grammaticale capitale, car il
régit les accords d'adjectifs et de
participes. À ce titre, il est à l'origine
du plus grand nombre de fautes
d'orthographe, car il n'existe aucune régularité dans ces accords.
Comparez «les perruches se sont
lavées» et «les perruches se sont
lavé les ailes».
Curieusement, alors qu'on peut
déterminer avec beaucoup de précision l'évolution phonétique du mot
latin à son correspondant français,
le genre ne s'est pas toujours transmis symétriquement: les mots pied
et main ont conservé leur genre
original en latin, alors que les termes étude et huile ont troqué leur
masculin latin pour une forme
féminine en français.
En plus de gouverner les accords, le genre permet de distinguer
à l'oreille de nombreux homophones comme le foie, la foi; le sel,
la selle; un couple, une couple; le
livre, la livre; un tour, une tour; un
somme, une somme, un manche,
une manche et ad infinitum. Rares
sont les mots qui comportent les
deux genres en conservant le même
sens. Après-midi s'emploie indifféremment avec un article féminin
et un article masculin. Holocauste,
cependant, a vu son genre masculin
fixé au 18e siècle.
La variation de sens selon le
genre repose beaucoup sur l'évolution,phonétique des mots d'origine.
Le moule provient du latin modulus, qui signifiait «modèle creux
servant à donner une forme». La
moule a musculus pour origine, ou
«mollusque». Modulus (prononcé
modoulous) a perdu son S final
vers le 5e siècle, puis le U (prononcé
ou) intérieur. Dans le nouveau mot,
modlu, l'ancien français a abandonné le D et a affaibli le U final en EU
puis E. Je n'invente rien, c'est bien
là l'itinéraire phonétique de modulus, du latin au français (je vous
épargne celui de musculus).
L'abréviation cause également
l'apparition de mots semblables
quant à laforme,mais de définition
différente selon le genre. Le terme
vidéo l'illustre bien, forme tronquée
pour la vidéocassette et le vidéographe. Résultat? La plupart des
gens disent: «C'est un bon vidéo.»,
alors qu'ils veulent parler de la
vidéo. La plupart n'ont pas conscience de cette distinction entre le
vidéo et la vidéo. Cependant, tout
le monde connaît très bien ces embêtants traquenards de genre posés
par les mots qui commencent par
une voyelle ou un H muet.
Voici quelques exemples de ces
hésitations. Sont féminins: acné,
amnistie, anicroche, apostrophe, autoroute, espèce, oriflamme, orchidée, oasis, horloge. Sont masculins: acrostiche, astérisque, insigne, opprobe, haltère, hémisphère.
L'incertitude s'explique, dans
QUEL EST LE FEMININ OU
LE MASCULIN DE CES NOMS D'ANIMAUX?
a) un poulain
b) une biche c) un chevreuil
d) un daim
e) une laie
f) un merle
g) une guenon h) un serin
certains cas, par le changement de
genre du mot durant son évolution.
Armistice, autrefois féminin, est
maintenant masculin, de même
qu'automne. Pas besoin, par
ailleurs, de commencer par une
voyelle pour se convertir: comté, reproche, mélange et pleur ont
d'abord été féminins... Généralement, lors d'une nouvelle attribution de genre, la forme féminine
perdait. Le mot automne a dû
s'aligner sur le genre grammatical
des trois autres saisons (un été, un
hiver et le printemps).
Mais, comme en français on ne
saurait affirmer quoi que ce soit
avec absolu, il existe tout de même
des contre-exemples, où le féminin
a remplacé le masculin. Cravate
s'est d'abord accordé au masculin
(selon la prononciation française de
Croate, peuple auquel on doit cet
accessoire). Ombre et antichambre
ont connu le même sort. Automobile a d'abord qualifié le mot masculin véhicule, il a connu une...
émancipation féminine quand il est
devenu un nom autonome.
Terminons par une note sur le
genre des animaux en français.
Seuls les noms d'animaux domestiqués ou chassés comportent une
référence à leur sexe: coq et poule;
tigre et tigresse (à ce propos,
SOLUTION:
suuas eun
éBins un
aun
un (9
9UIBp 8Un (p
sijajAéqo aun (o
|J9O un (q
(|BA9L)D ap uiujiuaj ai jsa luaiunf)
8tpi|nod eun (e
amusez-vous donc avec l'encadré).
Les autres animaux ont reçu leur
genre au hasard de la loterie historique: le perroquet, le jaguar et le
rhinocéros valent bien une hirondelle, une panthère et une girafe
(dont le petit, girafon ou girafeau,
n'existe qu'au masculin).
NDLR: Faites part de vos commentaires à l'auteure à l'adresse suivante :
Pour l'amour du français, 95, avenue
Renfrew, Oltaiva (Ontario), Kl S 1Z6.
4 » L'EXPRESS - Semaine du 5 au 11 avril 1994
POUR
•ur
L'évolution de la féminisation en français:
Où en est-on?
par ANNIE BOURRET
pour L'Express
En principe, le genre grammatical concorde
avec le sexe des êtres animés en français: à la
paire homme-femme correspondent celles de
coq-poule, avocat-avocate, le-la propriétaire. Durant le Moyen Âge, cette symétrie souffrait peu
d'exceptions. On trouvait donc commandant et
commandante (c'était Jeanne d'Arc!), juge et
jugesse, promoteur et promotrice. À cette
époque, l'adjectif s'accordait avec le nom le plus
proche. On pouvait écrire correctement, comme
Racine: «ces trois jours et ces trois nuits entières».
L'adjectif «entières» renvoyait alors à nuits autant qu'à jours.
Entre en scène à la même époque le grammairien Vaugelas, qui décrète en 1647 que la
forme masculine a prépondérance sur le
féminin, parce que plus noble. Dorénavant, il
faut écrire: «les légumes et les fleurs sont frais»,
et non «fraîches». Cette opinion grammaticale a
été bien reçue et le prestige du masculin s'est
transposé aux dénominations de profession. Un
siècle après Vaugelas, la comtesse de Genlis exigeait le titre de «gouverneur» au lieu de celui de
gouvernante des enfants dont elle avait la
charge.
Ajoutez à cela la surreprésentation des
hommes à la plupart des postes prestigieux
depuis le 18e siècle, et vous comprendrez
pourquoi depuis, les féminins notairesse,
colonelle et mairesse désignent les épouses et
non les titulaires de ces professions. Quand les
femmes ont effectué leur entrée massive dans le
monde du travail (au Canada, durant et après la
Deuxième Guerre mondiale), elles ont rencontré
un formidable obstacle: le français ne possédait
pas de formes féminines pour les métiers
qu'elles exerçaient, à l'exception des féminins
courants.
On avait bien infirmière, chanteuse, coiffeuse,
femme de ménage et institutrice, mais pas docteure, ingénieure, députée, doyenne d'université,
scaphandrière ou soudeuse.
Sitôt qu'on commence à créer des féminins de
professions traditionnellement occupées par des
nommes, les puristes inventent le genre commun
masculin. Les termes ministre ou ingénieur n'ont
plus de genre, seulement un commode récipient
pouvant contenir à la fois les femmes et les
nommes. Les formules hybrides auxquelles cette
position a donné naissance, comme Madame le
ministre, n'ont pas trouvé terrain fertile au Canada. Kim Campbell, avec son titre de «première
ministre désignée», nous fournit un exemple récent,
II existe encore des résistances envers les titres
au féminin, mais la population canadiennefrançaise fait preuve d'une grande ouverture
d'esprit depuis 30 ans, notamment grâce au rôle
des médias pour l'usage de ces termes. RadioCanada, par exemple, possède depuis les années
soixante une politique d'emploi de titres
féminins, à moins que la titulaire elle-même ne
s'y objecte.
Les expédients graphiques apparaissent plus
tard; ils servaient à évoquer «équitablement» les
deux sexes, avec des parenthèses, des tirets et
On préfère également les termes épicènes, ces
noms dont la forme demeure identique pour les
deux genres, comme «scientifiques» pour
«hommes de science».
Ces changements s'inscrivent dans le cours
normal de l'évolution d'une langue: les tendances conservatrices affrontent les courants innovateurs. On s'oppose encore à i'emploi des
féminins de titres et des répétitions. Cependant,
je parierais plutôt au succès de la nouvelle tendance de langue, à cause de l'usage dans les médias et de nombreux documents, de même qu'en
conversation privée (mes copains et mes
copines).
Le Canada fait montre, à cet égard, de tellement d'audace qu'il sert d'exemple à la Suisse.
La Belgique, elle, lui reproche une féminisation
outrancière du français — je n'invente rien,
ayant eu l'occasion d'entendre le rédacteur
actuel de notre bible Le Bon usage dénoncer
l'hérésie devant un public de plus de 300 linguistes.
des traits obliques. Sur tous les fronts, on milite
pour en cesser l'emploi: les puristes contre la
lourdeur, les linguistes contre des artifices ne respectant pas l'esprit de la langue, les «impuristes»
daction non sexiste peuvent se procurer
contre une solution de bouts de lettres.
L'usage des années quatre-vingt a préconisé
la répétition en toutes lettres, un emploi qui date,
en réalité, du Moyen Age, où les annonces
publiques commençaient par «Ceux et celles,..»!
Aujourd'hui, on commence à explorer un style
plus générique, avec des tournures comme «la
population» pour «citoyens et citoyennes», «gens
d'affaires» pour «hommes et femmes d'affaires».
NDLR: Faites part de vos commentaires à l'auleure à
l'adresse suivante : Pour l'amour du français,
95, avenue Renfrew, Ottawa (Ontario), Kl S 1Z6.
Les personnes qui s'intéressent à la réle guide À juste titre, disponible gratuitement à la Direction générale de la condition féminine, Service des communications, 2, rue Carlton, 12e étage, Toronto
(Ontario) M5B 2M9.
En plus de contenir de nombreux
exemples, ce petit guide mise sur l'humour tout en suggérant des trucs pratiques. Les exemples proviennent des
médias franco-ontariens, dont L'Express,
Panorama et CJBC-Bonjour.
4
L'EXPRESS - Semaine du 12 au 18 avril 1994
POUR L'AMOUR DU FRANÇAIS
Cherchez la femme,
nom cTim p'tit bonhomme!
ANNIE BOURRET
pour L'Express
De mémoire de femme, le
français a toujours comporté certaines expressions comme «faire
son petit bonhomme de chemin».
Avec la création d'expressions
comme «droits de la personne»
pour remplacer «droits de
l'Homme», j'avais naïvement cru
la situation réglée au plan de la
rectitude politique. Il aura fallu
que je lise le compte rendu de la
chasse à l'homme impliquant deux
trafiquantes de drogue pour allumer une petite étincelle dans
mon cerveau (vous, vous appelez
sûrement ça un flash mais moi, je
dois donner l'exemple ici).
J'ai subséquemment entamé
une chasse aux sorcières personnelle. Résultat? Ma traque
s'avère si fructueuse que je la
partage avec vous en un petit
bouquet de clichés, à contre-sexe
ou impertinents.
Petit mantra
exorciste
Homme ici, homme là, homme
par-ci, homme par-là, homme,
homme, homme! De quoi donner
se tourner le tournis. Avez-vous jamais remarqué qu'un mot se vide
de son sens, quand on le répète ou
qu'on le lit mécaniquement, à
plusieurs reprises?
C'est ce qui m'est arrivé en consuitant tous mes dictionnaires et
mes ouvrages de locutions françaises. Dans ces cas-là, je pratique
une stratégie in-fail-li-ble: je me
fredonne un petit mantra, histoire
d'exorciser les mauvaises pensées
et autres humeurs troublantes,
dans un esprit zen.
«OOOOOOOOOMMM...
OOOOOOOOOMMM...
OOOOOOOOOMMM..».
ARRIÈRES ET DÉPRESSIONS
Recherché: L'homme de ia situation
L'Institut pour la promotion des hommes de tête recherche
l'homme de la situation pour combler un poste immédiatement
Exigences: vous êtes un homme d'action doublé d'un homme à
poigne, avec 20 ans d'expérience dans la chasse à l'homme.
Vous devrez vous montrer capable d'affronter l'abominable
homme des neiges et de travailler en collaboration avec une femme
à barbe en guise d'homme à tout faire. Pas de basses besognes à effectuer, vous aurez un homme de main pour ça.
Homme à femmes, amateur de femme-enfant, homme de paiiie,
homme-grenouiîie, homme-sandwich s'abstenir.
Qualité d'homme-orchestre un atout.
Note: Dans le respect de notre politique sur l'équité d'emploi, cette annonce
s'adresse aussi bien aux hommes qu'aux femmes.
Pas la mort
d'un homme
OTTAWA (AB) - Un récent sondage a révélé de
nouvelles tendances sociales chez la femme de
la rue. Les remèdes de bonhomme, par exemple, ne sont plus en vogue.
Autrefois activement recherchés, ces remèdes
sont maintenant perçus comme de véritables
contes de bonhomme, sans fondements scientifiques. On attribue ce changement d'attitude
aux résultats d'une récente étude effectuée par
huit femmes de science et marrainée en 2273 par
l'Institut de la Sapience féminine.
Comme une seule femme, les répondantes à
ce sondage ont unanimement approuvé les nouvelles réformes linguistiques émanant de Big
Sister: le mot séminaire sera remplacé par «ovulaire», le nom famille et l'adjectif fameuxfameuse s'écriront «femme-ille», «femmeux» et
«femmeuse». Madame tout le monde s'est
cependant prononcée en faveur de l'expression
historique «l'éternel masculin», pour laquelle
Big Sister proposait «l'éphémère masculin».
L'une des femmes interviewées a même affirmé
que l'usage de «l'éternel masculin» ne serait pas
la mort d'un homme. Ah! homme fatal, quand tu
nous tiens.»
P.S. Eh bien, je
viens de faire une
femme de moi et de
ridiculiser certaines
expressions de notre
langue.
j'ai cependant renoncé à utiliser plusieurs expressions
avec le mot femme,
que ce soit pour les
mentionner telles
quelles ou les masculiniser.
Peu importe le
sexe en cause, elles
auraient renvoyé'à
des contextes grossiers, vulgaires et
un peu trop explicites à mon goût.
je ne m'en ferai pas
la femme de paille.
NDLR: Faites part
de vos commentaires
à l'auteure à l'adresse suivante :
Pour l'amour du
français, 95, avenue
Renfrew, Ottawa
(Ontario), K1S1Z6.
POUR L'AMOUR DU FRANÇAIS
Le directeur général est en congé de maternité
cette variation impliquent généraleL'ajout du e à la fin, avec cer- Mais dans l'ensemble, les mots
ment l'étymologie des mots. Si, à taines transformations nécessaires, féminisés réfèrent à des métiers
l'origine, la racine du mot est un a touché aussi de nombreuses contemporains et sont universels
Le Bureau de l'Égalité des droits verbe, la finale'sera -eusc au références aux professions, comme (encore que chasseuse de souris n'est
pas un métier ici). Enfin, un des usentre homme et femme de la Suisse féminin. Par exemple, la racine de écrivainc, marchande, portière.
Un autre intérêt du dictionnaire ages de cheffe agace. Oicjfe de bureau
vient de publier un Dictionnaire mineur remonte au verbe miner,
féminin-masculin des professions, litresdonc le féminin est mineuse pour le consiste à avoir créé systématique- ne pose pas problème, mais
et fonctions électives, qui comporte métier. La finale en -eure provient ment des termes des deux genres pourquoi féminiser chef dans rédacplus de 4000 termes de professions de l'usage, d'une fin de mot en - pour les professions et à combler les trice en cheffe?
diverses et est disponible sur sup- ssion, ou d'une racine remontant à lacunes. Grâce à cette démarche,
Ce ne sont là que de petits
un mot exprimant étymologique- nous pouvons évoquer en français points. L'ouvrage est fort intéresport informatique.
Cet ouvrage constitue, de loin, la ment la comparaison. C'est le cas des.notions comme sages-hommes, sant, et contribuera à faire avancer
liste la plus exhaustive connue à ce de l'adjectif mineur dont le féminin monsieur de compagnie, garde d'en- le processus de féminisation des
fants, linger. Mais prostitué n'existe titres et métiers, en créant de noujour dans la francophonie pour les est mineure.
Quand la forme d'un mot est pas...
féminins de profession. On y a
velles réalités. Comme le rappelle
suivi huit règles de féminisation, neutre (épicène, en jargon de linCertaines créations poseront des l'avant-propos, «Les mots sont viqui respectent la grammaire ou guiste), la marque du féminin est problèmes de flottement de sens. vants, ils font exister les choses et
1 étymologie de la langue française, l'article. De nombreuses finales Lorsque le mot féminin désigne contribuent de manière subtile à In
et on recommando vivement permettent ce procédé : la polémo- aussi une autre réalité que le métier, formation de l'identité nationale,
d'écrire au long les deux genres logue, la plénipotentiaire, la militaire, le nouveau sens créera un petit flou culturelle et sexuelle.»
dans les textes.
la cinéaste, la céramiste, la géomètre, lasémantique, jusqu'à ce qu'on s'y
Pour les métiers à terminaisons cadre, la chorégraphe. De nombreux habitue. L'usage fera que tourbière
en -leur, on propose des termes qui tonnes de métier féminisés se termi- réfère aussi a un métier, tout NDLR: Les lecteurs sont invités à favv
finissent en -tnce , comme concep- nent par -esse, comme consulesse. comme carrière, éticjueteuse, tronçon-part de leurs critiques, commentaires et
suggestions à l'auteure. Adresser la
Un terme jésuitesse illustre bien l'ef- neuse et matelote.
trice, auditrice.
Un seul terme, armaillic, con- correspondance à Pour l'amour du
Les noms en -eur se transforment fort de création de terme de
au féminin en -eusc (parfumeuse) ou l'équipe de travail, puisque cette stitue un archaïsme helvétique; il français, aux soins de L'EXPRESS, 17
ANNIE BOURRET
pour L'Express
en -eure (professeure). Les causes de
réalité n'existe pas encore.
désigne une bergère de Fribourg.
avenue Carkw, Toronto M4M 2R6
DOCUMENT
XI
MATÉRIEL DE CONSULTATION
Texte : article sur la féminisation,
Claude Tatilon, revue La Linguistique,
1995.
La langue, le discours et l'égaXxté.
La langue, le discours et l'égalité des sexes
par Claud* Tatilon
i
J-
ri
Le point de vue présenté dans cette étude est, è la fois, celui d'un
usager désireux d'amender son propre langage et celui d'un enseignant
soucieux d'aider ses étudiants (et soi-même) è s'y retrouver dans l'actuel
remue-ménage de la féminisation en français. Pour parvenir à des choix
linguistiques raisonnables, il convient d'abord de situer correctement îe débat
en décrivant les différents aspects que prend dans notre langue le sexisme
verbs! ; ensuite, de rechercher des solutions, non pas globales mois
ponctuelles, è chacun de ces aspects. Un tel programme est ambitieux et
déborde largement le cadre du présent article, dont la seule prétention est de
débroussailler le terrain en vue d'un travail qui reste è faire. À faire
d'urgence : les trop nombreuses tentatives de féminisation sauvage, qui n'ont
pour elles que la caution d'une grande bonne volonté, desservent plus qu'elles
ne servent la juste cause de l'égalité sociale des sexes en proposant toutes
sortes de formulations fantaisistes, voire ridicules (du genre : « Bienvenue !
Cet atelier est ouvert è tous/tes et peut accueillir 15 participants/es » ), qui
parasitent la communication et perturbent les esprits.
Qu'il me soit permis d'ouvrir le débat par une affirmation très
largement admise et dont la validité apparaîtra clairement, je l'espère, au fil
de cette étude : le sexisme verbal existe bel et bien. Il est îe fruit d'une vision
du monde patriarcale sur laquelle, selon Pierre Guiraud, « se greffe toute une
sémiologie des sexes1 qui fait de l'homme le détenteur de la "puissance", de
inintelligence", de la "volonté", de la "décision" en face de ^impuissance",
de ^irrationalité", de la "passivité", féminines. » 2 Jetant un pont entre le
monde et le langage, ce même auteur écrit encore que « la femme e s t objet et
patient par excellence. Ce statut sémiologique reflète et souvent détermine
son statut social et économique dans notre culture ; son aliénation, sa
dévalorisation et cetts condition de femme-objet que les mouvements
féministes ont beau jeu de dénoncer. Car il est clair que la femme est un objet
: objet sexuel, objet économique et juridique, objet grammatical qui en fait le
complément d'objet de tout verte transitif et le patient de toute action. »3
Voila mises au jour les racines du mal.
Mais où le rencontre-t-on, le sexisme verbal ? Vous ouvrez votre
journal, vous tombez sur ce fait divers :
«M. et Mme Jean Dupont, les propriétaires du Grand Café., ont
été attaqués, hier soir, en rentrant à leur domicile par trois
cambrioleurs Cfui en sortaient après avoir fait main basse sur des
bijoux de grande valeur et une importante Somme d'argent- Cette
rencontre inopinée a valu a Ja plantureuse caissière du Grand
Café,(surnommée "le Buste" dans le quartier Saint-Denis^ de
subir les assauts réitérés des trois gaiilardî, vaincus par ses
appas tandis que monsieur, cocassement ficelé au Ut conjugal
était le témoin forcé et , , , des exploits de maâam&—»
Sensibilisé par une campagne antisexiste persistante, vous vous indignez
à juste titre d"un humour d'aussi mauvais goût. Puis., vous livrant à une
relecture attentive., vous démasquez sans grande difficulté les ressorts
linguistiques (lexicaux surtout) de la dévalorisation féminine, contre laquelle
on vous a souvent mis en garde : termes d'adresse (Mme Jean Dupont), ordre
des participants (M, et Mme), description suggestive de la victime
(plantureuse, "le Bvtste1", ses appas), emploi sarcastique du mot exploits,
atténuation de la culpabilité des agresseurs (vaincus par ses appas) auxquels
le texte donne sournoisement le beau rôle des assauts, réitérés des trois
gaillards).
Dans un second journal, vous lisez cette autre version du même fait
divers :
«Hier soir, vers minuit, reiitranv chez Iu5 en compagnie de son
épousi. après une longue journée de labeur. M. Jean Dupont, le
sympathique propriétaire du Grand C&fé, a sauvagement été
attaqué par trois cambrioleurs venus "visiter" son domicile,
MoSeste puis ligoté au pied de son lit. M. Dupont a dû, par-dessus
le marché, assister hvrrifie au triple viol de son infortunée
épouse. Les malfaiteurs se sont enfuis en emportant,., »
Derechef, vous vous indignez. Mais non sans remarquer que, cette fols, la
charge sexiste a pris un tout outre tour. Celui de l'exclusion discursive. Il est
clair, en effet, que îe paragraphe est arrangé de manière è transmettre une
vision androcentrique de l'événement. Et, è en croire la mise en scène
textuelle, un viol serait plus douloureux è voir qu'à subir!
Pourtant, è première vue, il n'y a plus ici de marque linguistique
dépréciât!ve ; Mme Dupont est, è l'égal de M. Dupont, mentionnée deux fois
dans le paragraphe ; elle est même gratifiée d'une épithète compatissante
(infortunée). À y regarder de plus près cependant, vous vous apercevez que la
syntaxe la subordonne à son mari : alors que ce dernier se trouve au centre de
3
construction des phrases relatant regression (il en est le sujet grammatical),
elle occupe une position marginale, étant reléguée dans des expansions
secondaires (en compagnie 4ê son è'pcuse, du triple VÎCS de son infortunée
Spouse).
il y aurait beaucoup à dire d'une telle analyse comparative4. Mais, tout
de suite, une remarque de prime importance : ce qui compte pour réduire Se
sexisme verbal, c'est moins d'épurer le matériau que la langue met è notre
disposition que d'en contrôler l'usage. En d'autres mots, la lutte contre le
langage sexiste doit se mener sur deux fronts, celui de la langue et celui du
discours. Il est impératif, en effet, de ne pas confondre contraintes de langue
et choix de discours, de bien les différencier dans l'analyse des problèmes,
puis dans la recherche de solutions.
Sur le plan du discours, trois comportements langagiers oppressifs
sont a distinguer.
1. La domination conversationnelle. Elle consiste è monopoliser
la parole : parler longtemps, interrompre fréquemment, faire taire en parlant
plus fort, garder le contrôle des sujets de conversation en les développant ou
en les changeant è son gré... De nombreuses enquêtes américaines tendent è
montrer que, dès l'âge scolaire, les garçons sont meilleurs que les filles è ce
petit jeu5.
2. Les formulations tendancieuses. Elles relèvent de choix expressifs
volontaires (comme les exploits de madame du premier fait divers laissant
perfidement entendre que la victime a pu trouver l'aventure agréable, ou
encore la focalisation syntaxique du second mettant en vedette le mari) ou
involontaires (subconscients ?) comme c'est sans doute le cas de l'exemple
suivant qui provient du texte de présentation du Petit Robert, édition de
1977 : « il s'agit de fournir è tout lecteur les instruments de pensée et
d'expression les plus élaborés : l'agriculteur, le travailleur manuel, îe
ménagère [sic] ou le syndicaliste ont évidemment droit aux mêmes
instruments culturels que l'avocat et Je médecin. » La présentation de 1978
corrige ainsi le tir : « II en est de même pour les utilisateurs professionnels,
dactylos, secrétaires, rédacteurs et rédactrices, instituteurs et professeurs
(...) le grand public... »
3. Le langage du mépris. C'est sans aucun doute le comportement verbal
le plus voyant et le plus agressif, il consiste en l'emploi de clichés sexistes
("Sois belle, et tais-toi \", "Toutes les mêmes i", "Elle cause, elle cause, c'est
tout ce qu'elle sait faire !") et d'unités lexicales dêpréclatlves ou
di f f amatoires (un fils depute, une mârie-coucne-toHé, une longue âebeitemêre.). Préparant son Dictionnaire erotique (Payot, Paris, 1978), Pierre
Gutraud relève plus de quinze cents désignatifs de la femme qui sont
« dégradants et dévalorisants dans leur presque totalité. Entre outres choses,
la femme est un ustensile : marmite, rase, pût, pat ûe chambre, etc., hormis
que l'on fourbit, tamtourque Ton bot, etc. Or, ces ustensiles ont une valeur
d'usage dont la principale qualité est le neuf et îa nouveauté. Dons le cas de la
relation sexuelle, la satiété du sujet et la dégradation de l'objet entraînent la
dévalorisation de ce dernier. » 6 Marina Yaguelîo, dans Les mots et tes femmes,
propose elle aussi de bons exemples : « Une femme gotente est une femme de
mauvaise vie, un homme §dlont est un homme bien élevé {...J Une femme
sàvsnte est ridicule, un hommesdvdnt est respecté [...] Mêle peut se dire
aussi bien de l'homme que de l'animal, sans être péjoratif, au contraire. »7
Mais femelle, attribué à une femme, est un terme de dénigrement ! Comme s'il
existait une règle sémantique sous-jacente investissant l'homme d'une valeur
positive, la femme d'une valeur négative. Où l'on retrouve la « sémiologie des
sexes »...
Si, dans ce troisième cas de figure, je rapproche - sans les confondre plan du discours et plan de la langue, c'est moins pour me ménager une
transition avec ce qui va suivre que parce que le mépris verbal, qu'il soit
phrâséologique ou lexical, est théoriquement parlant un mal facile à guérir : i l
suffit de s'abstenir d'en user - ou mieux encore, de réhabiliter, de revivifier
par des emplois non équivoques certains mots péjorés par un usage
malveillant ; rien ne s'oppose â ce qu'on rende p&r exemple a femmesovante
ou é professionnelle leur sens propre. Mais change-t-on facilement les
mentalités ?
En définitive, les abus et écarts de langage dont les femmes font les
frais ne sont pes dictés par la structure de la langue ; ce sont des contenus
conceptuels qui relèvent entièrement de la psychologie des individus, soumis
ê une vision du monde ségrégationniste qu'ils ont intériorisée dès l'âge tendre
(sous la forme dune "sémiologie des sexes") et qui leur dicte leur conduite
d'humains mêles ou femelles. On rejoint ici la notion de "genre", qui
appartient è l'anthropologie sociale.
En abordant le plan de la langue, i l est indispensable de s'attaquer de
front ê une confusion tenace entre trois notions distinctes : le genre
socioculturel, le sexe biologique et le genre grammatical - confusion qui
brouille plus d'un raisonnement. Indispensable de distinguer ces notions et,
surtout, d'examiner comment chacune s'inscrit dans le matériau de la langue.
Le genre socioculturel et le sexe biologique sont des réalités
observables, des éléments du monde sensible. Si je refuse, par manque de
compétence, d'entrer d8ns le débat scientifique du sexe (biologique ou
génétique ?), je puis dire tout de même, avec une assurance toute empirique,
que je sais "en gros" ce qui différencie la femme de l'homme. Le genre
socioculturel, moins évident, est d'appréhension moins facile ; i l requiert une
réflexion, des lectures. Par exemple, celle du Genre vernaculaira d'Ivan lîlich,
qui propose cette explication : « Le genre est quelque chose d'autre, et
quelque chose de plus que le sexe. Il traduit une polarité sociale en soi
fondamentale, et distincte entre deux lieux, entre deux moments. Ce qui se
fait, ou ce qui ne se fait pas, diffère d'une vallée è l'autre, de même que les
façons de faire et de dire I..J Chaque culture conjugue les genres è sa façon
spécifique, au cerceau è la tombe. » s Poupée et pistolet, couture et football,
cuisine et voiture, secrétaire et P.D.6... je comprends maintenant ce que
signifie "culture genrée".
Le genre grammatical n'a plus rien à voir, théoriquement, avec îe monde
extralinguistique ; le terme représente une notion linguistique purement
arbitraire (pourquoi Je table et le bureau ?) qui ne renvoie à aucun réfèrent :
une personne peut être un homme, un être humain une femme, tout comme u/r
mannequin ; un mouton, une girafe peuvent être mâle ou femelle (combien
l'ignorent ?). Mais, en pratique, la plupart des gens font un rapprochement
"naturel" entre genre grammatical et sexe ; à l'instar de La Fontaine, ils
conçoivent le genre comme motivé, imaginent une "sexuisemblance" : « fia
Commère la Carpe y faisait mille tours Avec le Brochet son Compère... ».
D'ailleurs, les "noms de choses" n'entretiennent-ils pas le mythe lorsque,
pour des réalités grandes ou pesantes, ils portent le genre masculin, et le
féminin pour des réalités de moindre importance : chaise -fmiteuiî, tempe lampadaire, mer- océan, fleuve -rivière ? La langue française, qui a évolué
dans une perspective d'homme au cours de son histoire, favorise la
représentation masculine. Dans l'imagination de Dien des locuteurs, le genre
grammatical est porteur d'une valeur de sexe : le masculin (<lôt. masculus,
môle) est connoté comme "viril", le féminin (<3at. feminô, femme) comme...
"féminin". La sémiologie des sexes est aussi inscrite dans les mots.
il y a donc grand intérêt, pour parler du français, à utiliser une
terminologie qui soit sans ambiguïté : sexe, genre (exclusivement
grammatical) et différenciation socioculturelle des sexes. Cette dernière
notion, contrairement aux deux autres, n'intéresse pas la langue directement.
Le genre, en français, est une propriété morphologique intrinsèque des noms ;
chaque nom a le sien, masculin ou féminin9- On ne choisit pas le genre de récit
ou $ histoire, ou de personne, ou de girofe; la longue a déjà tranché. Pour le
sexe, il y a choix : on choisit lionne plutôt que /ion pour des raisons
réfèrent!elles 10 . Finalement, qu'est-ce qu'on peut dire du "sexe" d'un point de
vue strictement linguistique ? D'abord, qu'il est un sens référentiel, c'est-èdire l'évocation, au moyen d'une forme linguistique, d'un élément appartenant
au monde sensible. Que ce sens référentiel recouvre trois significations :
"mâle", "femelle", "sexué" (sans distinction). Et qu'il est porté soit par une
forme Indépendante, qui lui est exclusivement réservée - le suffixe -esse de
princesse ou tigresss - soit par une forme regroupant d'autres traits de sens
- écolier: "être humain" • "mêle" * "fréquentant une école" • "jeune"; sœur.
"être humain" • "né des mêmes parents" • "femelle"; personne : "être
6
humain" • "âge et sexe indifférents". Quant au geno'erû& l'anglais, il n"a
aucune existence linguistique, ni lexicale ni morphologique. On peut en parler,
bien sûr. analyser îa notion, la définir (différenciation socioculturelle
afférente au sexe biologique), la commenter, comme n'importe quelle autre
réalité extralinguistique. Mais, du point de vue de Sa langue, elle reste sans
inscription monèmique ou morphologique1 1.
Dans la langue française, la supériorité du masculin (le genre
grammatical) sur le féminin, décrétée par le "bon usage", se manifeste de
cinq manières, qu'il convient d'évoquer rapidement.
I. r e m p l o i du masculin générique.
« L'homme de la préhistoire envahit la Terre, en occupe tous les
domaines. Il maîtrise la nature, domestique les animaux... »
Notre obscur ancêtre, maillon décisif de l'évolution humaine, aurait-il
pu - sans la femme - transmettre le relais à notre aïeul, l'homme de
l'Antiquité ? Puis, celui-là à l'homme moderne ? Et ainsi de suite jusqu'à
nous, l'homme contemporain au seuil du troisième millénaire ? Le linguiste,
qui ne saurait sous-estimer l'importance sociale et psychologique de la
communication verbale, n'a pas de mal è comprendre que de nombreuses
femmes puissent s'offusquer d'un parler sourd-muet qui accrédite leur
occultation sociale. En outre, /tomme est un terme ambigu parce
qu'ambivalent : tantôt terme spécifique (le mâle humain), tantôt terme
générique (l'humanité).12
Mais Xhomme générique n'est pas une fatalité, on pourrait aisément en
restreindre l'usage13 è certains emplois scientifiques (l'homme préhistorique
précisément, L'homme, cet inconnu... ) 14 dont tout le monde ou presque
saccommoderait d'autant plus facilement que le terme ne donnerait plus lieu
è d'autres emplois génériques brouillant la réalité sociale contemporaine,
comme c'est le cas des "droits de l'homme et du citoyen" (expression
exclusive è son origine)15 ou de certaines offres d'emploi dans lesquelles les
femmes ont bien du mal à se retrouver16.
L'usage du masculin générique s'étend à beaucoup d'autres termes : « Le
c//ente$t roi. », « Le promeneur assez intrépide pour s'aventurer jusque-lè
découvrira è ses pieds... », « Pour s'inscrire, r éturf/ôntàewo... ». Cet usage a
pour lui îe mérite stylistique de la concision (les formes masculines sont en
majorité plus courtes que les féminines). Par ailleurs, lorsqu'on le juge
nécessaire, le masculin générique peut être adouci par un pluriel (les
étudiants devront... ), plus incluant, ou par une substitution lexicale (les
droits de la personne)17 ou encore par l'utilisation fonctionnelle de certaines
constructions s'écartant de la norme (quelqu'undont on ne sait pas si elle.. ) .
2. L'accord au masculin pluriel.
L'accord en genre des déterminants du nom et, sous certaines
conditions, du participe passé est une controinte de la langue française.
Lorsque, dans un énoncé, des noms de genre différent sont coordonnés, raccord
se fait au masculin pluriel et les éventuels pronoms de rappel prennent aussi
là forme du masculin pluriel.
Le petit garçon et ses trois grandes sœurs sont partis se promener.
ILS ont pris, joyEUX, le chemin de la forêt.
Cette règle d'usage est souvent taxée de sexisme ; ce qui ne semble pas
exagéré lorsqu'on lit certains commentaires de grammairiens, tel celui-ci
provenant des Remorques sur IÔ longue française de Vaugelas : « Le genre
masculin, étant le plus noble, doit prédominer toutes les fols que le masculin
et îe féminin se trouvent ensemble. » La sémiologie des sexes est aussi
inscrite dans le discours métalinguistique.
L'accord au masculin pluriel a tout de même pour lu! d'être économique,
les formes masculines étant en général "non marquées". Et puis, par quoi le
remplacerait-on ? Par un accord au féminin pluriel, simple renversement des
rôles ? Cette solution serait tout aussi inéquitable, moins économique et, de
plus, perturbatrice. Un accord d""importance", variant avec le réfèrent
"prioritaire", constituerait-il une meilleure solution ? Déterminer la priorité
ne serait pas toujours une tâche facile (Jean et Cécile sont parti-?). Laissé è
la discrétion de l'usager, l'accord serait sans doute une source permanente de
confusion. Un "accord de proximité"18 (Jean et Marie sont partiES. Marie et
Jean sont partis.) ? Peut-être. En attendant, la règle actuelle passe mieux si
on la prend avec une pincée d"'artitraire du signe". Trouve-t-on vraiment è
redire è l'énoncé ci-dessous ?
Toutes les assiettes et un verre ont été cassÉS dans la
chute de la caisse. ILS devront être remplaças.
La langue est avant tout convention, et il est bon de garder è l'esprit que, le
langage fonctionnant è partir d'un faisceau d'habitudes acquises très tôt, une
trop grande acuité métalinguistique nuit toujours è son bon fonctionnement.
3. La préséance du masculin.
Morie et Jean ou Jean et Marie ? La liberté de choix est ici très grande,
même si l'on a parfois évoqué un ordre "naturel", évidemment favorable è
l'homme, et si la préséance du masculin semble prédominante {man et femme,
messieurs-dômes, frère et sœur, Monsieur et Madame Untel Pau/ et Virginie).
Il serait tout de même raisonnable de se donner des critères objectifs, liés è
l'euphonie (volume phonique et d'enchaînement phonématique)19 ou é la
commodité syntagmatique : le guide Pour un genre é part entière recommande
qu'en cas « d'accord grammatical, l'accord devant se faire au masculin
ô
pluriel, on placera le nom masculin près du mot è accorder. Exemples : Les
premiersélecteurs et ë/ectrices {..) les artisanes et les artisans souvent
eourô$£LtX » 2 0
4. Le refus de l'êpicène.
Refus borné : Madame le Premier Ministre !?
fiais définissons d'abord l'épicène français comme un nom qui, ayant un
signifiant invariable, varie en genre suivant le sexe de la personne qu'il
désigne : un ou une enfant, élève, artiste, comptable, philosophe., « 11 avait un
joli nom, mon guide : Nathalie, Nathalie... », chante nostalgiquernent Bécaud. Il
est vrai que, dans ce cas précis, « Elle avait... ma guide... » éviterait certes
le décrochage du genre mais, du même coup, affaiblirait stylistiquement
l'énoncé en le privant d'un malicieux effet de surprise. En revanche, dans
l'usage linguistique, quotidien, îagw'o'e ne ferait problème que pour les
esprits rèfractaires aux innovations. De nombreux termes appartenant au
vocabulaire socioprofessionnel pourraient ainsi, par le biais de l'épicène,
venir conforter la lutte pour l'équité sociale : Capitaine21, chef, juge, notaire,
peintre, poète... La résistance à î'épicène me semble tenir surtout au fait qu'il
existe en français un très grand nombre de couples de dérivés pour désigner
des professions communes aux femmes et aux hommes {hot/cher-bouchère... )
et que, partant, il semble "anormal" (toujours la sémiologie des sexes) d'avoir
une même forme pour les deux sexes.
5. La formation "masculinocentrïque" des synthèmes nominaux
(noms dérivés et composés).
Pour sa création lexicale, le français a recours beaucoup plus è la
dérivation qu'à la composition. La tendance est propre è toutes les langues
romanes. Le dérivé féminin s'y obtient très souvent par suffixation de la
forme masculine, prise pour base : maîtr -esse, princ -esse; ce qui fait de la
forme féminine une particularisation de la forme masculine, il convient aussi
d'observer qu'à côté de cette dérivation unilatérale (où seul îe terme féminin
est un dérivé) il existe aussi une dérivation alternée, très productive, qui
s'effectue è partir de bases non sexuées : banqu -ier/-ière, éptc -ier/iere..
Dans ce second type de dérivation, c'est la forme féminine du suffixe qui est
la plus longue : ier/ière, [je/j r). Faut-il s'inquiéter du phénomène, y lire un
symbole verbal de la scène biblique de la Création, où Eve est issue d'une côte
d'Adam22 ? Où mènerait cette croisade ? Quant eux composés formés de
lexemes du type homme, femme m/ ôiée, ils sont relativement peu nombreux :
honnête iïomme. homme d'affaire, - d'esprit, - de confiance, - depaWe, - de
peine, homme-sandwich ; aide de camp, ôide-méûagère;sage-fûmnw,
ma/tresse femme, femme déménage, - de tête...
Dans les deux cas, rien ne s'oppose - hormis la tradition, l'entêtement
et la mauvaise foi - è ce que les abus soient corrigés : pourquoi le
terme ambassadrice devrait-il désigner une épouse d'ambassadeur alors qu'il
y a, aujourd'hui, de nombreuses femmes qui occupent cette fonction
9
diplomatique ? Même raisonnement pour consult, colonelle, générale,
msiresse, présidente... Pourquoi pas femme d'affaire,, de confiance, voire de
paille ou sandmen? Acceptons, promouvons ! tous les changements qui
accroissent l'autorité de la parole, qui servent sa précision en lui permettant
de mieux dire la réalité contemporaine.
Quelques réflexions cursives pour terminer.
1. Notre langue, elle aussi, a besoin d'être défendue - dans l'intérêt des
femmes comme dans celui des hommes. Donc, pas d'intégrisme linguistique !
2. N faut clairement distinguer entre une pratique féministe et un usage
ordinaire de la langue. La première est le fait de militantes se livrant
volontiers, par leurs écrits, à de véritables "manifs" du discours - voire
(pour quelques extrémistes ne reculant devant rien pour mettre leur cause à îa
une) è de violents actes de terrorisme linguistique. Le second, l'usage
ordinaire, doit avoir pour premier souci la clarté de la communication. Souci
nullement incompatible avec le louable désir (^humaniser" la norme en la
débarrassant de ses désobligeants préjugés.
3. Des différences importantes séparent le français de l'anglais. On doit
toujours les garder è l'esprit, surtout lorsqu'on trouve séduisantes certaines
solutions prônées par les féministes américaines ou canadiennes-anglaises
pour épurer le discours : leurs solutions sont rarement les nôtres. La langue
française (è cause de son genre incontournable et de sa dérivation
omniprésente) favorise la féminisation ; la langue anglaise (à cause de
l'absence d'accord è l'intérieur du syntagme nominal, du grand nombre de noms
épi cènes - agent, author, clert, director, novelist, patron, student... - et de la
haute fréquence de l'élément man dans les composés - businessmen,
chairman, congressman, layman, mailman,, policemen ; mankind,, manhood,
mônpoH-w:..} connaît è peine la féminisation (empruntée le plus souvent aux
langues romanes et ressentie comme superflue, ridicule voire désobligeante :
Pacheloretta, doctress, majorette, poetess, suffragette... ) et favorise donc,
très nettement, la neutralisation.
4. L'arbitraire du signe linguistique est un mécanisme essentiel au bon
fonctionnement de la communication verbale. 11 est tout à fait exceptionnel
qu'on évoque un bourreau lorsqu'on dit par exemple de quelqu'un qu'il a
« tranché dans le vif du sujet ».
Mon "mot de la fin " sera d'inspiration sèmiologique : pour qu'un signal
(de non-sexisme, par exemple) soit efficacement émis par un message verbal,
11 convient que ce signal manifeste un certain degré de redondance et dans la
lettre (langue) et dans l'esprit (discours) du message. Mais 11 n'est pas du tout
nécessaire que le signal apparaisse è tous les points possibles du message
(« Tous/tes les correcteurs/rices sont priés/es de... Ils/Elles... »). Au
10
contraire, une surcharge du signa! ne peut que nuire è la bonne transmission
du message en êmoussant son pouvoir de pénétration.
NOTES
?. Cette "sémiologie des sexes" trouve une éclatante illustration sur un mur de la station de métro
«^semblée Nationale, à Paris, où est peinte une fresque représentant des silhouettes multicolores.
Génial symbole du suffrage universel. Oui mais, toutes les silhouettes sont... masculi nés ! La même
idéologie s'applique au langage : on lira avec intérêt its Femmes et/eUxçsçe (PUF, Paris, 1985)
de Yerena Aebischer, ouvrage traitant de la prétendue propension qu'ont les femmes au bavardage.
Dignes aussi d'attention,les travaux d'Ânne-Marie Hoodebine-Gravaud sur r'imaginaire
linguistique" ; en particulier : « Elle parle français la presse écrite » ( là Presse .-produit,
pr&j&tion, réception, Didier Érudition, Paris, 1989, p. 131-149) et aussi « Le français au
férr.i ni n » ( la iïùçvfstffve, 2 3 - 1 , 1 9 8 7 , p. 13- 34).
2. les $ros/sets, PUF, "Que sais-je ?", Paris, 1983 ( 1e édit. 1975), p. 66.
3. tt'/tKifit
p.86.
4. On peut lui reprocher en particulier de s'appuyer sur des textes fictifs plutôt que sur des
documents authentiques. Mais il n'est pas rare, en la matière, que 18 réalité dépasse la fiction. Pour
s'en convaincre, on lira l'introduction de Deborah Cameron dans The Feminist Critique of Ltngusçe
(Poutledge, Londres-New York, 1990) et plus précisément les p. 16-18, dont je me suis inspiré. On
lira aussi avec profit DàsDeutsctesisrlinnerspracfyfc
Luise F. Pusch (SuorScamp, Francfort,
1984).
5. Pour des références abondantes et raisonnées, consulter les p. 264-296 de Lsrtço&çe, Gender and
Society (sous la direction de BarrieThorne, Chéris Kramaraeet Nancy Henley, Nevbury House,
Cambridge, Mass., 1983).
6 Les gros mots, p. 87.
7. Payot, Paris, 1987, p. î 42,144.
8. Seuil, Paris, 1983, p. 4 6 , 7 t .
9. Le genre est un trait morphologique : non pas un reflet grammatical de l'organisation du monde
sensible mais un simple système de classement des substantifs dans les langues indo-européennes et,
partant, un facteur de cohésion syntagmatique des divers éléments de l'énoncé.
10. L'opposition entre genre et sexe est très fortement soulignée par André Martinet, en particulier
dans la Grammairefonctionnelle du fonçais (Didier-Crédif, Paris, 1979,1.16) où i l est dit
clairement que dans notre langue seul le monème "féminin" fait l'objet d'un choix de la part des
locuteurs. En revanche, « On ne choisit pas le féminin $ histoire. » Voir aussi sa Syntaxegénérale
(A. Colin, Paris, 1985,3.26).
11. La confusion terminologique est accrue en anglais du fait de la triple acception de gender ;
1. Différenciation socioculturelle afférente au sexe biologique. 2. ( natural-) Sexe. Le mot anglais,
ostracise par une norme puritaine, désigne surtout l'acte sexuel ( to have sex). On 1 ui préfère donc
un gender aseptisé. Par exemple, Is Faculté des études supérieures de mon université fait
11
régulièrement circuler des statistique? dans lesquelles les étudiants sont classés selon leur "
- imkor femile". 3. {grsmimim!-)
Genre grammatical.
! 1 Cette amoiguité n'existe pas en îatï n où, à côté du générique terns, \\ existe les spécifiques vir
et muter
13. Sans cependant verser dans le ridicule consistant, par exemple, à changer les paroles d'une
cnanson célèbre écrite en 1956 par Raymond Lévesque :
« Quand les hommes vivront d'amour
II n'y aura plus de misère
Et commenceront les beaux jours
Mais nous, nous serons morts, mon frère. ».
Chanson chantée souvent, depuis peu, en substituant "humains" à "hommes".
14. Et encore ! on peut faire mieux : le Musée de l'Homme dtïttava, en faisant peau neuve et en allant
s'installer de l'autre côté de la rivière en sol québécois, est devenu le Musée des civilisations.
15. Victor Hugo : « iî y a des citoyens, i l n'y s pas de citoyennes. C'est un état violent, i l faut qu'il
cesse. » Pierre-Joseph Prudhon : « La femme (...) est inférieure devant l'homme : une sorte de
moyen terme entre lui et le règne animal. » Henri Second : « Les droits politiques, c'est comme
qui dirait les moustaches et la barbe intellectuelle ; une femme à barbe, est-ce j o l i ? » Les citations
de ce genre abondent dans le captivant article de Christine Klein-Lataud intitulé « À îa conquête de la
Bîstïîle des femmes : les fémi m'stes françaises au XiXe siècle » ( P$r$k$ rtbeïïes, sous la di rection
de Marguerite Andersen et Christine Klein- Lataud, Les éditions du remue-ménage, î 992). k lire
d'urgence.
16. L'anal yse d'un corpus d'offres d'emploi (celui de L 'Express / Réussir, supplément du 7au 13
nov. 1991 ) a donné des résultats édifiants : dans la rubrique "Spécial commerciaux" (emplois de
moyenne importance) sur 112 offres î 8 sont égaillai res (H / F ) , 84 pîi» ou moir» neutres ("un
poste de responsable... cette personne"), 10 nettement exclusives ("Homme de dialogue, vous...",
"Performant, bon vendeur, vous...", "battant et fortement motivé, vous_") ; dans 1a rubrique
"Mônager", 1 î offres de postes de di rection - tous exclusifs ("un homme d'action à fort charisme",
"un tomme de terrain... d'action... de communication", "véritable patron d'entreprise").
17. Formulation adoptée par le Canada.
18. Ou de voisinage. Le latin connaît ce genre d'accord, au singulier, poar l'adjectif épithète : tr<tor
çaûdiumque maximum m mxi'mus sràor$t çsûiïum.
19. Volume phonique : rejet en seconde position du groupe rythmique comportant le plus de syllabes
("cadencemajeure") :Jean-Paûl ( 2 ) / e t Marguerite (4),Jeanne ( 1 ) / e t Jean-Marcéî ( 4 ) .
Enchaînement phonématique : en seconde position, le terme dont les phonèmes sont les plus longs ou
les plus postérieurs ; évitement de l'hiatus : Éric et Danielle, Lili et Lwiteu, Michel et Raoul, Oise et
François. Voir ce que Claude Hsgège appelle la "loi du second lourd" {ITxmfméeptrûles,
Fayard,
folio/essais, Paris, 1986, p. 2 4 4 - 4 6 ) .
20. Les Publications du Québec, Québec, î 988, p. 10.
2 1 . Â propos de ce mot, lire l'analyse de Marina Yaguelio intitulée « Ltitrgissement du capitaine
P r i e u r » dans Enécoutsntparlerfofoflçi#,Se\!\\tPtri$,
1991,p. 18-24.
22. il est clair que la "sémiologie des sexes" a, au cours des siècles, fortement influencé la réflexion
métalinguistique et, par contrecoup, l'évolution de la langue elle-même. Durent tout le Moyen Age, le
récit de la Création, qui fait d'Eve une dérivation d'Adam, a été accepté argent comptant, ainsi que le
32
mythe d'une langue "adamique". Depuis, la prédominance du masculin grammatical (en particulier
dans la formation des dénvés) a été moulte fois expliquée, avec beaucoup de légèreté, comme un
aspect de la Création. « This gross distortion of the male 'giving birth' to the female is an archetypal
example of false naming by males. » (Dale Spender, Hsu tKt$&Unçysçe, London, 1 9 8 0 , p. 166). tes
references sont nombreuses : voir dans Grsmt!urtfidG&fxkr de Dennis Baron, les chapitres I et I!
intitules "The Mark of Eve" et "Eve's Rib" (Nev Haven and London. Yale Univ. Press, 1986).
DOCUMENT XII
MATERIEL DE CONSULTATION
Titres et fonctions au féminin,
journal Le Point, 1994, 1995.
Échantillons de pages publicitaires
où apparaissent certains titres de
fonctions féminisés et non féminisés
Le personnel et les agents en assurance de personnes de l'agence Dolheau
se feront un grand plaisir de remonter leur distinguée clientèle
le jeudi 22 décembre prochain.
Cette journée «portes ouvertes» sera une occasion privilégiée pour le personnel de l'agence
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La docteure Chantai Allinger est originaire de St-Bruno-de-Montarville et est graduée
de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal à Saint-Hyacinthe en
1990. Suite à quelques années de pratique à Québec, elle entreprit de parfaire ses
connaissances en nutrition animale en travaillant au sein d'une compagnie fabriquante
de nourriture de petits animaux. On peut rejoindre la docteure Allinger:
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CFA de Mistassini
Une nouvelle en traîne Mre
Michel Tremblay
Le club de patinage artistique de
Mistassini vient de s'enrichir d'une
LE POINT -18 décembre 1994 U T -
Nomination
Mlle Karine Fortin, native de
Saint-Méthode, graduée en
technique santé et animale du
Collège de Saint-Félicien en. mai
1994et diplômée de l'Ecole
de tonte de Montréal en
novembre 1994, offre le service
de tonte et toilettage pour le
secteur de Normandin.
nouvelle entraîneure en la personne
de Véronique Chiquette. Cette jeune
étudiante âgée de 17 ans qui étudie
présentement au Cégep de St-Félicien
vient d'obtenir son grade d'entraîneure professionnelle.
Véronique, elle-même une patineuse douée, poursuit sa progression
dans ce sport et atteindra bientôt son
or en danse. Elle aspire à devenir professeure de français dans quelques
années.
Elle peut donc prendre une certaine
expérience de l'enseignement en mettant à profit ses connaissances pour
les sept patineuses qu'elle a sous sa
direction. Son expérience de patineuse
profitera sans doute à ses élèves de
Mistassini et St-Félicien.
La direction du club est fière de
pouvoir compter sur une professionnelle de la qualité de Véronique Chiquette.
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