L es tem ps ch ang en t - Société de Saint

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L es tem ps ch ang en t - Société de Saint
Volume 1, numéro 3
Les temps changent
Société de-Saint Vincent de Paul
Comité national de justice sociale
octobre 2016
Les temps changent
« Je demande que (…) nous nous
occupions du peuple qui a trop de
besoins et pas assez de droits, qui
réclame avec raison une part plus
complète aux affaires publiques,
des garanties pour le travail et
contre la misère. » Frédéric Ozanam,
1848, à peine cinq ans avant sa mort
prématurée.
plexe d’aujourd’hui. La charité seule
ne suffit tout simplement pas à remplir les obligations que nous avons
en tant que vincentiens et disciples
de Jésus, Vincent et Frédéric. Nous
espérons que cette édition de « Les
temps changent » vous plaira et nous
vous invitons à vous joindre à notre
nouveau groupe Facebook et à y parChers consœurs et confrères, joignez- ticiper. (SSVP Canada Social Justicevous à nous dans nos efforts pour la Justice Sociale.)
justice sociale dans le monde com- Jim Paddon, président
Comité national de justice sociale
Pour plus d’informations, ou pour vous abonner à ce bulletin, svp contacter
Jim Paddon : [email protected]
Encouragement et changement systémique
Dans la boîte à outils du changement
systémique, un des instruments
les plus importants est le verbe
encourager.
Encourager les gens est la meilleure
façon de leur dire que nous croyons
en eux. C’est aussi un moyen de leur
faire réaliser leur propre potentiel.
Peu importe ce que le changement Meister Eckhart, un prêcheur mésystémique cherche à accomplir, il diéval, avait l’habitude de dire aux
concernera toujours des gens dont gens que tout le monde avait du vin
l’apport sera primordial à la réussite dans sa cave, mais que trop de gens
du projet et pour que leur contribu- connaissaient le goût du vin. En effet,
tion soit maximale, le lubrifiant de un des sous-produits du changement
systémique est l’éveil de plusieurs
l’encouragement doit être présent.
personnes découragées de découvrir
De plus, l’habitude d’encourager les un jour le trésor de leurs talents et de
gens est le meilleur remède contre le leurs habiletés.
fait de prendre les gens pour acquis
et qui plus est, cela nous permet de Un bon changement systémique
mieux discerner la dimension humai- amène les gens à s’épanouir, comme
Dieu le souhaite pour eux.
ne de tout changement sociétal.
Mgr Peter Schonenbach
Conseiller spirituel national
Joignez-vous à notre groupe Facebook :
SSVP Canada Social Justice Sociale
Rapport du responsable national
Le gouvernement fédéral a annoncé des plans pour la création d’un projet de revenu de base, qui fera l’objet d’essais
dans plusieurs communautés à travers le pays. Il s’agit d’une
très bonne nouvelle et d’un projet valable. Nous espérons
certainement que la Société de Saint-Vincent de Paul aura
l’occasion d’exprimer ses vues à ce sujet pendant la période
de consultation de cet automne. Très peu de Canadiens savent qu’un projet similaire a été mis en place dans les années 1970 à Winnipeg et à Dauphin, au Manitoba. Il était
connu sous le nom de Mincome et vous pouvez lire sur le
sujet en effectuant une recherche dans internet.
anciens détenus ou, comme nous préférons les nommer, les
citoyens de retour, au moment où ils cherchent à reprendre
une vie normale au sein de leur communauté. Nous pouvons fournir plus de détails sur ce programme à quiconque
veut en savoir davantage.
Je souhaite également vous faire un rappel au sujet de
deux volets très importants de la justice sociale pour lesquels nous aurions besoin de votre aide. Le premier est le
ministère en milieu carcéral. Si votre conférence est déjà
impliquée dans ce type de ministère, qu’il s’agisse de visites
aux détenus ou d’aide aux anciens détenus, veuillez nous
en informer. Le programme « Les amis de Dismas » que
nous venons de lancer en Ontario a pour but d’aider les
sentant de justice sociale. Nous vous invitons à considérer cette proposition et si vous avez déjà un représentant,
veuillez me faire parvenir son nom et ses coordonnées
L’autre volet est notre projet « Semences d’espoir ». Bien
que ce projet offre bon nombre de renseignements utiles
pour venir en aide aux familles, il vise principalement à promouvoir le Bon d’études canadien comme véhicule d’épargne en vue de l’éducation post secondaire des enfants. Le
programme permet l’accès à des fonds GRATUITS offerts
Comme mentionné dans l’introduction au présent numéro, par le gouvernement canadien. Pour plus de détails, vous
nous avons maintenant un groupe Facebook sur la justice pouvez communiquer avec la coordonnatrice de « Semensociale et je vous invite à vous y joindre. Nous espérons que ces d’espoir », Linda Alexander, à [email protected].
ce groupe Facebook permettra à nos membres de participer Enfin, nous avons pour but de créer un réseau de justice
à différentes discussions et de partager leurs expériences et sociale d’un bout à l’autre du Canada, en encourageant
commentaires à propos d’actions de justice sociale.
tous les conseils et conférences à nommer un repré-
Merci de votre soutien et que Dieu bénisse nos nombreux
amis dans le besoin. Sincèrement,
Jim Paddon, responsable
Comité de justice sociale
519-397-9391 [email protected]
Cheminement d’une âme chrétienne, par Heather Schilling
Nés en toute innocence à l’image de Dieu, avec au fond du cœur un ardent désir de connaître Jésus.
Formés à nous préoccuper de notre place dans le monde et à faire l’apprentissage des attitudes de vie
auprès de nos parents et tuteurs.
Destinés par l’ADN. Bénis par nos talents.
Trahis par l’injustice, le mal et le péché sous forme humaine, dans nos relations : la famille, l’école, la communauté,
les soins de santé, le gouvernement, les affaires et la religion.
Appelés par Dieu à nous tourner vers nous-mêmes pour chercher Jésus tout au fond du cœur.
Présentés à Jésus par des disciples rencontrés en chemin, qui reconnaissent notre soif de Jésus par la grâce de l’Esprit Saint.
Acceptons Jésus en nos cœurs. Notre cœur est guéri grâce à Jésus et nous sommes réconciliés avec lui.
Apprenons notre vraie nature en Jésus. Laissons tomber les couches de protection qui se sont accumulées
autour de notre cœur.
Développons notre relation personnelle avec Jésus et apprenons à aimer réellement notre prochain.
Acceptons notre nouvelle vie en tant que disciples de Jésus. Recevons le Saint-Esprit en nos cœurs et mourons à nous-mêmes.
Jésus nous présente à son Père miséricordieux dans le ciel et nous révèle le cadeau de la vie éternelle que nous donne le Père.
Recevons nos cadeaux des mains du Saint-Esprit, en vue de notre nouvelle vie.
Dans les circonstances qui nous sont propres, servonsnous des cadeaux du Saint-Esprit pour présenter Jésus
à d’autres cœurs ardemment désireux de le connaître.
Marchons avec Jésus, à travers la croix de notre vie, vers la place qu’il a préparée pour nous, dans la maison de notre Père.
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Les temps changent
Semences d’espoir
Projet de changement systémique
Vous pouvez aider les familles SSVP à faire de l’épargne-études, une réalité
Depuis le lancement du projet Semences d’espoir en décembre 2015,
beaucoup de chemin a été fait en ce
qui a trait à la sensibilisation et à l’augmentation de l’espoir quant à l’avenir.
Voici quelques nouvelles concernant
les plus récents événements.
Les statistiques démontrent que les
jeunes qui disposent d’épargnes destinées aux études sont 50 % plus enclins à poursuivre des études post secondaires que ceux qui n’en ont pas.
Prenez connaissance de la trousse
des bénévoles que vous trouverez
dans le site web de la SSVP de l’Ontario en visitant :
http://www.ssvp.on.ca/socjus/
RESP_project.php
Depuis décembre, nous avons le
plaisir de rapporter que plus de 100
enfants ont reçu de l’aide pour accéder au Bon d’études canadien. Par l’entremise du réseau de plus
de 800 conférences de la Société
de Saint-Vincent de Paul à travers
le Canada, nous pourrions permettre à environ 40 000 enfants
de plus d’accéder à ces fonds gratuits porteurs d’espoir !
Au printemps, une présentation
a été faite lors de la réunion du
Conseil régional de l’Ontario à Orleans et des ateliers SE ont été présentés lors de l’Assemblée générale
annuelle de Vancouver.
Un sondage a été distribué en août
à plus de 120 vincentiens qui ont
demandé à recevoir une mise à jour
régulière concernant le projet. Le
sondage avant pour but de recueillir
l’opinion des membres à travers le
pays et de déterminer si certaines
conférences ont besoin d’aide afin
de s’impliquer dans le projet et le
mettre en œuvre.
Nous avons besoin de
l’implication d’un vincentien
par conférence !
Le projet constitue également un
outil de recrutement efficace pour
les bénévoles qui possèdent l’intérêt
et le talent pour des œuvres de type
changement systémique.
Le Bon d’études canadien offre
jusqu’à 2 000 $ en fonds gratuits
en vue de poursuivre des études postsecondaires, semant
ainsi des Semences d’espoir
pour un avenir éducationnel
meilleur.
Le cadre du projet a graduellement
été élargi, de l’objectif principal
consistant à promouvoir le programme et à en faciliter l’accès, à
d’autres volets comme les services
de soins dentaires, les programmes
récréatifs et la fourniture de portables pour les études.
Le travail accompli continue à étendre davantage l’offre de ressources
du projet.
Nous jouons le rôle de promoteurs
informés, qui réfèrent les familles et
les aident à accéder au programme,
aux ressources et aux services qui
peuvent les amener vers des conditions de vie plus saines et plus durables.
Nous procédons actuellement à la
traduction vers le français des ressources des bénévoles, qui seront
publiées bientôt dans le site national de la SSVP.
N’hésitez pas à consulter la trousse à outils et à communiquer avec Linda Alexander,
coordonnatrice du projet Semences d’espoir, à [email protected] ou 905-483-4876
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Les temps changent
Frédéric Ozanam, le défenseur des pauvres
Frédéric Ozanam, principal fondateur
de la Société de Saint-Vincent de Paul,
a réinventé le concept de la charité dans
les années 1800 et sensibilisé la classe
moyenne de l’époque à la misère qui
l’entourait. Frédéric était un ardent
supporteur et promoteur de la doctrine sociale de l’Église, ce qui l’a aussi
amené à prendre position en faveur des
pauvres.
La différence entre la charité (service
social) et la prise de position (changement social) est illustrée dans les passages scripturaires du Bon Samaritain de
l’Exode. Le passage du Bon Samaritain
ne s’arrête aucunement aux causes du
banditisme de grand chemin. Le Samaritain prodigue des soins temporaires
et immédiats. Moïse, pour sa part, ne
demande ni nourriture ni soins pour
les esclaves juifs. Il confronte le système
institutionnel en exprimant cette seule
demande : « Laisse aller mon peuple ».
La doctrine de l’Église concernant
le changement social a été établie à
Rome, par le Synode des évêques de
1971 : « Le combat pour la justice et
la participation à la transformation
du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de la prédication de l’Évangile. »
En 1833, les origines de la Société
de Saint-Vincent de Paul d’Ozanam,
à travers la première « Conférence de
charité », avaient pour but d’« aider les
pauvres à surmonter leurs malheurs
individuels en allant les rencontrer
chez eux ». À l’origine, la Société était
composée de jeunes étudiants de la
classe moyenne/aisée, qui étonnaient
les pauvres en les visitant dans les ruelles et les allées. Le contact direct avec
la misère et la pauvreté a grandement
impressionné les premiers vincentiens.
Deux ans plus tard, les nombreux
écrits de Frédéric révélaient son ouverture d’esprit et sa grande préoccupaPage 4
tion quant aux questions sociales. Il
exprimait l’importance qu’il attachait
à l’amélioration des conditions de vie
de la classe ouvrière et l’enthousiasme
avec lequel il sensibilisait les riches et
les politiciens à la grogne populaire de
l’époque. Frédéric considérait la pauvreté comme une extrême injustice. Il
affirmait que tous avaient le droit de
travailler et d’être nourris et traités avec
dignité.
civiles, politiques et religieuses, sans
l’intervention de l’État en matière de
conscience. Et finalement, en tout
respect de la propriété, de l’industrie
et du commerce, je veux des institutions qui peuvent aider à améliorer et
à changer le sort des ouvriers. Je ne
recherche pas tant l’organisation du
travail lui-même que l’organisation
des ouvriers en associations, soit entre eux ou avec leur employeur. »
En 1840, la France avait une population de plus de 34 millions de personnes, mais la richesse du pays était
répartie parmi 200 000 propriétaires
terriens. La classe moyenne formait
une nouvelle aristocratie, qui cherchait
davantage à s’enrichir que de se préoccuper de la classe ouvrière. À Paris, un
habitant sur 12 est indigent.
Avec le temps, la position de Frédéric
a évolué, du mandat de charité original de la Conférence de charité à sa
reconnaissance de la justice. Cette
évolution n’était pas sans risque, car il
devait compter avec les divisions inévitables entre les catholiques de diverses
appartenances politiques. En novembre
1848, il écrivait à son frère : « Qu’il est
triste de passer à s’entredéchirer ce
peu de temps pour lequel on est mis
sur la terre ! »
Un an avant la Révolution française
de 1848, Frédéric Ozanam indiquait
clairement sa position politique dans
l’intérêt du peuple lorsqu’il écrivait :
« Je demandais que nous suivions
l’exemple de (le pape) et, plutôt
que d’épouser les intérêts d’un ministère doctrinaire, de pairs effrayés
ou d’une classe moyenne égoïste,
nous nous occupions de ce peuple
qui a trop de besoins et pas assez de
droits, qui réclame une plus grande
part raisonnable dans les affaires publiques, des garanties pour son travail, des assurances contre sa misère,
qui sans doute suit de mauvais chefs
faute de trouver ailleurs de bons guides. … C’est dans les masses que je
vois assez de foi et de moralité pour
sauver une société dont les classes
supérieures sont déjà perdues. » Au
moment où le roi abdiquait, en 1848,
le pays en avait assez d’être contrôlé par
la classe moyenne égoïste, au point où
le peuple refusait de continuer à accepter le chômage et la pauvreté. Dans
une lettre de 1848, Frédéric écrivait :
« … Je veux une république paisible, protectrice de toutes les libertés
Tout comme Frédéric Ozanam, nous
pouvons sensibiliser la classe moyenne
à la misère qui l’entoure.
Tout comme leurs prédécesseurs, les
vincentiens modernes ont un contact
direct avec la misère et la pauvreté par
le biais de leur œuvre de bienfaisance
au sein de la Société. Ce contact de charité peut allumer chez les vincentiens la
flamme de la justice.
Tout comme Frédéric a répondu à la
misère et à la pauvreté, nous pouvons
adhérer à la doctrine sociale de l’Église
énoncée par le Synode des évêques de
1971 : « Le combat pour la justice et
la participation à la transformation
du monde nous apparaissent pleinement comme une dimension constitutive de la prédication de l’Évangile. »
Mention : Le contenu concernant Frédéric Ozanam est tiré de la biographie rédigée par Madeleine des Rivières.
Gordon Stuart
Conférence St. Patrick, Victoria, C.-B.
Les temps changent