Dossier pédagogique
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Vol au-dessus d’un instrument de musique ULB – Ecole Polytechnique – Département de Physique Martin Blondiau, Alix Leroy, Maxime Possoz, Emmanuel Gottlob, Léonard D'Arago et Léonard Steyaert « L'orgue est certes le plus grand, le plus audacieux, le plus magnifique de tous les instruments créés par le génie humain. » Honoré de Balzac https://scontent-bru2-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xfl1/v/t34.012/12804011_10208582953120501_932534415_n.jpg?oh=183dc618503c c1450a7c3f2c4e8ebe0d&oe=56DF95E8 Le son Un son est généré par une source vibrante qui, étant en contact avec un milieu élastique tel que l’air, fait varier la pression de ce milieu. Cette variation de pression crée des zones de pression plus faibles et plus élevés que la pression normale, appelées respectivement raréfactions et compressions. Le milieu étant élastique, il réagit à ces variations de pressions en les propageant. La perception du son par un humain est garantie par l’oreille. Le tympan, qui est sensible aux variations de pression de l’air, transmet le signal sonore ou la forme de la perturbation au cerveau. Le signal sonore possède trois caractéristiques : l’intensité (calculée en décibel), la fréquence et le timbre. http://www.lafontaudio.com/documents/fig1-04.gif Les notes Maintenant que nous savons comment se propage le son dans l’air, abordons les notes de musique. Ce que notre oreille entend comme une note de musique n’est en réalité rien d’autre http://www.musicologie.org/sites/o/onde_03.gif que de l’air qui se déplace en vibrant à une certaine fréquence : plus celleci est élevée et plus la note perçue sera aiguë. Le timbre Mais qu’est ce qui explique alors qu’on peut entendre la différence entre le son de deux instruments différents - et ce même s’ils jouent la même note ? En réalité, lorsqu’on joue une note sur n’importe quel instrument, de multiples ondes sonores de fréquence différentes sont émises. La fréquence la plus audible portera le nom de fondamentale et donnera son nom à la note jouée, les autres fréquences émises (on les appelle les harmoniques) étant des multiples de la fréquence fondamentale. La manière http://laudible-toujours-supportable.emonsite.com/medias/images/graphique-le-timbreavec laquelle un instrument émet les 1.png différentes harmoniques est appelée le http://acouphenes.hautetfort.com/media/02/00/437181980.j pg spectre sonore, aussi appelé le timbre, et c’est donc ce qui différenciera le son émis par des instruments différents. Le type d’instrument n’est pas le seul facteur influençant le timbre, le matériau utilisé pour la construction de l’instrument, par exemple, peut parfois l’influencer grandement. Le son émis par un tuyau en papier sera plus pauvre en harmonique qu’un tuyau en PVC ou un tuyau en aluminium. Ceci peut partiellement s’expliquer par la rigidité du tuyau, plus le tuyau Printemps des Sciences 2016 – Bruxelles sera rigide plus il renverra d’harmoniques différentes. Un tuyau en aluminium émettra donc un son beaucoup plus riche en harmoniques qu’un tuyau en papier. Fonctionnement d’un tuyau d’orgue Lorsque le flux d’air arrive dans les tuyaux de l’orgue, une onde va se propager jusqu’à l’extrémité et y être réfléchie, l’air qu’ils contiennent se met alors à vibrer et forme ce que l’on appelle « une onde stationnaire ». Fréquence fondamentale 1ère harmonique : fréquence double de la fondamentale 2ème harmonique : fréquence triple de la fondamentale https://fr.wikipedia.org/wiki/Onde_stationnaire_dans_un_tuyau#/media/File:Onde_stationnaire_vitesse_tuyau_ouver t_trois_modes Ces ondes sont appelées stationnaires car elles oscillent tout en restant sur place ; elles sont composées de « ventres » et de « nœuds » : les nœuds sont les points en lesquels la pression ne varie pas, tandis que les ventres sont les points en lesquels la pression variera le plus. Acheminement de l’air dans un orgue Les grandes orgues utilisées dans les églises acheminent l’air par une pompe, celle-ci remplit un sac plein d’air sur lequel on pose une pierre pour avoir un flux constant d’air et ne pas avoir des variations de pression de l’air involontaires. Ce sac d’air est ensuite relié aux tuyaux qui à l’aide du clavier sont soit activés soit désactivés en fonction des notes que l’on veut jouer. Ensuite, les tuyaux qui sont activés reçoivent un flux d’air et émettent leurs notes. Les tuyaux d’orgue Chaque tuyau joue une seule et unique note, qui est en grande partie déterminée par la longueur du tuyau, la longueur du tuyau détermine donc la fréquence de la note selon le principe des ondes stationnaires. Le timbre de la note est lui déterminé par le matériau du tuyau, son diamètre, sa régularité… http://elizabethpardon.hautetfort.com/media/00/01/826443113.jpg Printemps des Sciences 2016 – Bruxelles UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES – ÉCOLE POLYTECHNIQUE DE BRUXELLES Construction d’un mini orgue DÉPARTEMENT DE PHYSIQUE Martin Blondiau, Léonard Darago, Emmanuel Gottlob, Alix Leroy, Maxime Possoz et Léonard Steyaert. Que se passe-t-il dans l’orgue? Effet des matériaux Acheminement de l’air Chaque tuyau d’orgue est relié par des tubes en latex. Les tubes en latex choisis pour transporter l'air dans les tuyaux d'orgue, ont l'avantage d'être très mous. Ainsi, grâce à un système de pinces à linge, semblable à un clavier, il est facilement possible de bloquer ou non le passage d'air dans le tuyau. Un tuyau vert en plastique permet l’arrivée d’air dans l’orgue. Le chemin effectué par l’air est ainsi expliqué dans le schéma ci-contre. Influence des matériaux sur le son Des tests sur chaque tuyau ont été réalisés dans une chambre semi-anéchoïque (sans écho et isolé du bruit extérieur). Détermination de la fréquence des tuyaux On fait l’hypothèse d’une pression acoustique nulle à l'extrémité du tuyau. L'onde acoustique est alors réfléchie dans le haut du tuyau et revient vers le bas pour créer une onde stationnaire contenant plusieurs fréquences, mais seules les fréquences qui entrent en résonance sont amplifiées et deviennent audibles. C’est principalement la longueur du tuyau qui détermine la fréquence émise par celui-ci. Manipulation L’enveloppe du son se contrôle par le souffle et les notes par le clavier de pinces à linge. Trois sets de tuyaux d’orgues ont été réalisés: un en PVC (plastique) , un en aluminium et un en papier. Les tuyaux de l’orgue ne sont pas fixés mais simplement emboîtés, ils sont donc interchangeables facilement permettant de passer d’un set de tuyau à un autre. Tuyaux en aluminium Tuyau en PVC Tuyaux en papier Tuyaux en aluminium Tuyaux en PVC Tuyaux en papier Comparons trois « MI » de matériaux différents: Sur le spectre fréquentiel, l’amplitude en fonction de la fréquence, le PVC a un pic à une fréquence fondamentale de 328Hz (Mi), ainsi qu’un seul autre pic au triple de sa fréquence fondamentale. L’aluminium contient, en plus du pic à la fondamentale, des pics décroissants aux multiples (nommés harmoniques) impairs de la fondamentale. Quant au papier, ce qui frappe le plus est l’amplitude du bruit beaucoup plus élevée que dans les deux autres matériaux. Le bruit étant caractérisé par des pics de fréquences nombreux, désordonnés et aléatoires. À travers ce bruit très présent, quelques pics d’harmoniques, impaires et paires, peuvent être observés. Conclusion Il n’est pas évident de tirer des conclusions sur l’influence des matériaux à partir des tests réalisés, puisque de nombreux facteurs n’étant pas évidents à maintenir constants jouent un rôle important sur le résultat final (précision de la fabrication, prise de son,…). Malgré ceci, nous pouvons dire que l’aluminium a tendance à plus exciter les harmoniques que le PVC. Et le papier est si peu rigide qu’il aurait tendance à ne plus respecter le model des harmoniques impaires et de provoquer beaucoup de bruit parasite. © Photo orgue: Pascal Leray, Image tuyau orgue fermé: Marc Haelterman « Printemps des Sciences 2016 – Exposition des Sciences – Bruxelles » UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES – ÉCOLE POLYTECHNIQUE DE BRUXELLES Construction d’un mini orgue DÉPARTEMENT DE PHYSIQUE Martin Blondiau, Léonard Darago, Emmanuel Gottlob, Alix Leroy, Maxime Possoz et Léonard Steyaert. Objectifs du projet Les consignes Le but du projet consiste à fabriquer un instrument de musique en différents matériaux, à tester et comparer les propriétés acoustiques de ces instruments. Choix de l’instrument Choix des matériaux Un monde de possibilités Néanmoins certains critères ont été déterminants: - une conception facilement réalisable - une modélisation théorique abordable Choix des matériaux Pour comparer le son produit par l’instrument en fonction du matériau, nous avons établis une liste de caractéristiques déterminantes. - la rigidité c’est la capacité du matériaux à se déformer sans changer de forme, un élastique est très rigide par exemple. les vibrations dans la caisse de raisonnance d’une guitare sont impossibles à modéliser à notre niveau - l’usinabilité - la polyphonie Est il facile de transformer le matériau ? Le verre se coupe plus difficilement que le carton! un instrument qui soit capable de produire plusieurs notes simultanément - le prix - la résistance Le choix s’est porté sur l’aluminium, le PVC et le papier Toutes ces considérations nous ont mené à un orgue miniature. La musique Qu’est ce que le son ? C’est ce que l’on perçoit lorsque des objets en vibration transmettent leur énergie jusqu’à nos tympans. Le son se déplace sous forme d’onde dans l’air. Une onde: c’est le déplacement d’une compression ou d’une dilatation de la matière. Le son est donc un petit mouvement des particules d’air qui se déplacent de proche en proche. Il est possible de connaître le déplacement des ondes sonores grâce à une modélisation théorique appelée discrétisation du milieu. Elle donne le lien entre la variation de pression et la vitesse des particules d’air. Ce lien est la vitesse du son ! Qu’est ce qu’une note ? Do-Ré-mi-sol-la-si-do… sont des notes, elles permettent de déterminer la hauteur d’un son. C'est le nombre de fois que l'onde passe par seconde. Son unité est le hertz. S'il y a une vague par seconde, la fréquence est de 1 hertz. S'il y a trois vagues par seconde, la fréquence est de 3 hertz. En physique, on appelle cette hauteur de son la fréquence de la note. Chaque note est caractérisée par sa fréquence fondamentale. L’oreille humaine peut percevoir les sons qui ont une fréquence comprise entre 20Hz et 20000Hz. Vitesse du son : 1224 km/h ! Qu’est ce que le timbre ? Mais qu’est ce qui différencie alors le « Do » d’une guitare ou le « Do » d’une flûte ? En réalité, lorsque l’on joue ou chante une note, les particules d’air ne vibrent pas qu’à la seule fréquence fondamentale. Plusieurs ondes avec chacune une fréquence différente se propagent en même temps dans l’air. Le résultat sera une onde qui vibre à la somme des fréquence de toutes ces ondes, cette somme caractérise le son, c’est le timbre ! Sources des images : piano: http://www.grignoux.be/dossiers/218; guitare: http://www.bbc.co.uk/news/science-environment-13573631; note de musique : http://cabschau.centerblog.net/rub-gif-musique--7.html; point d’interrogation : http://www.eci.com/cloudforum/cloud-provider-questions.html; goutte : http://lagodigarda.lefayresorts.com/; timbre : http://www.worldofsht.com/index.php?page=ch2; © Pascal Leray « Printemps des Sciences 2016 – Exposition des Sciences – Bruxelles »