Sainte Marguerite Marie Alacoque - Notre

Transcription

Sainte Marguerite Marie Alacoque - Notre
“Il faut te rendre conforme à lui”
Les écrits de sainte Marguerite-Marie, marqués par la sensibilité et le style du
XVIIème siècle, peuvent nous déconcerter. Au-delà d’une première impression, ces
écrits nous font vivre l’union qui se réalise entre une âme pleine de désir et son Dieu.
Une âme qui ressent le mystère de l’amour de Dieu révélé dans le chapitre 19 de l’
évangile de saint Jean où “le côté de Jésus (est) transpercé par la lance”. Habitée par cet
amour, sainte Marguerite-Marie a accepté une transformation radicale de tout son être.
Dans “les déserts du monde contemporain” (BENOÎT XVI : Homélie du 11 octobre 2012), quel
message est plus actuel que celui d’une vie en harmonie avec l’engagement amoureux
de Dieu dans notre humanité ? La parole est à Marguerite-Marie...
La Croix est un baume précieux qui perd sa bonne odeur devant Dieu lorsqu’il est éventé ;
c’est pourquoi il faut la cacher et la porter en silence autant que nous le pourrons.
(Lettre du 9 janvier 1689)
Il faut tout quitter pour tout trouver dans le Sacré Coeur. Notre coeur est fait pour Dieu : malheur donc à lui s’il se contente de moins que de Dieu ou s’il se laisse brûler d’autre feu que
celui de son pur amour.
(Fragments in G. DUFOUR : À l’école du Coeur de Jésus)
Un jour, je dis à Notre Seigneur : “Apprenez-moi ce que vous voulez que je vous dise”. Il répondit : “Rien sinon ces paroles : “Mon Dieu, mon unique et mon tout, vous êtes tout pour moi et je
suis tout pour vous” ; elles te garderont de toutes sortes de tentations et suppléeront à tous les
actes que tu voudrais faire et te serviront de préparation en tes actions.”
(Écrits sur l’ordre de Mère de Saumaise, 58)
Il ne s’agit pas de pratiques et de prières seulement. Il a un ardent désir que nous conformions
notre vie à la sienne.
Octobre 2012
Paroles de Saints
Sainte Marguerite-Marie Alacoque
Fête le 16 octobre
Aimez constamment le Sacré Coeur de Jésus-Christ, conformez-vous le plus qu’il vous sera
possible à son humilité et à sa douceur envers le prochain.
Quand il vous arrivera quelque peine, dites-vous à vous-même : “Prends ce que le Sacré Coeur
de Jésus Christ t’envoie pour t’unir à lui.” Et tâchez surtout de conserver la paix du coeur, qui
vaut plus que tous les trésors imaginables. Le moyen de la conserver, c’est de ne plus avoir
de volonté, mais mettre celle de ce divin Coeur en place de la nôtre, pour la laisser vouloir
pour nous tout ce qui lui sera le plus glorieux...
(in Recueil des écrits de ste Marguerite-Marie)
Sur Marguerite-Marie :
Abbé Édouard MAROT : Découvrir la vie de Marguerite-Marie, Maria Multimedia ; Chanoine Jean
LADAME : Doctrine et spiritualité de sainte Marguerite-Marie, éd Resiac, Montsûrs, 1994 ; Édouard
GLOTIN,s.j. : Voici ce Coeur qui nous a tant aimés, éd. de l’Emmanuel, 2003 ; P. Gérard DUFOUR : Sainte
Marguerite-Marie. Une vie eucharistique, éd du Livre ouvert, 2003; Découvrir le Coeur de Jésus à Paray-leMonial, 1998
De Marguerite-Marie : Autobiographie :
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/margueritemarie/index.htm
Éditeurs responsables : © 2012 Abbé Édouard Marot & Anne Schillings, 96 av. du Hockey, 1150 Bruxelles
« Au cours de l'année liturgique, l'Église nous invite à faire mémoire d'une foule de
saints, c'est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. »
(Benoît XVI)
“L’amour est fort comme la mort. C’est un feu divin.”(Ct 8,6)
Dans la Bible, le Cantique des Cantiques magnifie l’amour, feu divin, donc peu accessible à nos
mentalités étroitement humaines. Pourtant, certains êtres particulièrement disponibles au
Tout Autre nous attirent vers Lui au risque que nous nous y brûlions, nous aussi... MargueriteMarie Alacoque est un de ces êtres familiers de l’extrême.
Une vie simple et cachée (1647-1690)
L’existence de sainte Marguerite-Marie fut simple, humble, cachée tandis que sa vie
intérieure était ardente. Sa supérieure, Mère Greyfié écrit : “Marguerite était naturellement
judicieuse et sage ; elle avait l’esprit bon, l’humeur agréable, le coeur charitable au possible ; en
un mot, on peut dire que c’était un des sujets les mieux conditionnés pour bien réussir en tout,
si le Seigneur ne l’eût exaucée en sa demande d’être inconnue et cachée...” Fille d’un juge et
notaire royal, elle est née le 22 juillet 1647 en Bourgogne. Dès l’âge de cinq ans, la petite fille
se sent appelée à faire voeu de chasteté. Si petite soit-elle, elle a l’intuition d’une vocation
toute particulière qui la marquera toute sa vie. Lorsqu’elle atteint l’âge de 18 ans, cet appel
de Dieu est confirmé. En 1655, son père meurt. Elle voit dans les difficultés qui s’ensuivent un
appel à s’unir au Christ souffrant : longue maladie, mauvais traitements reçus dans la famille
de son père, pression de la famille pour qu’elle se marie, attrait des plaisirs mondains... Ce
sont des mois de lutte intérieure jusqu’à ce que sa décision soit prise : en 1671, elle se rend à
la Visitation Sainte-Marie de Paray-le-Monial. Dès qu'elle pénètre au parloir, une voix
intérieure l'avertit : «C'est là que je te veux». Le 20 juin 1671 , elle entre pour toujours dans ce
monastère. Le 17 octobre 1690, elle meurt, en prononçant ce seul mot : «Jésus».
Les trois révélations
Sa vie de religieuse contemplative est marquée par plusieurs révélations divines reçues
devant le Saint Sacrement. Il arrive que ces révélations rendent difficiles ses relations à l’intérieur de la communauté des religieuses. Pourtant ses supérieures lui font confiance et la
désigneront comme maîtresse des novices en 1685. Elle-même peut être troublée par les messages que Jésus lui adresse. Serait-elle le jouet de son imagination ou pire, de l’esprit du
mal ? Elle est réconfortée par le Père Jésuite Claude La Colombière (canonisé en 1992).
Trois révélations sont importantes :
- En 1673, le jour de la fête de saint Jean, Jésus lui montre son Coeur percé par le coup de
lance. Il lui demande de faire connaître l’amour de Dieu pour tous les hommes.
- En 1674, un premier vendredi du mois, le Christ apparaît en montrant ses 5 plaies brillant
comme 5 soleils. Jésus se plaint de l’ingratitude des hommes. Il lui enseigne la pratique de
l’Heure sainte.
- En 1675, Jésus lui demande une fête particulière pour honorer son Coeur.
Le sens biblique du coeur
Dans la Bible, le “coeur” désigne une réalité plus profonde que celle d’un simple organe, fûtil vital ! Le coeur désigne le mystère le plus intime de l’homme, la “Septième Demeure”
décrite par sainte Thérèse d’Avila, lieu où Dieu réside en nous. Dans l’évangile de saint
Matthieu, Jésus lui-même parle de son coeur : “car je suis doux et humble de coeur”(ch. 11).
Reconnaissance par l’Église
Sainte Marguerite-Marie sera canonisée en 1920.
Sous l’impulsion de sainte Marguerite-Marie, la vie de l’Église s’est enrichie de plusieurs pratiques allant de la fête du Sacré-Coeur à la Consécration au Coeur de Jésus.
“L’Eucharistie, mon vrai trésor”
Au XVIIème siècle, la communion était exceptionnelle. Elle revêtait donc une
importance toute particulière. Aujourd’hui, l’autre extrême est atteint : la communion quotidienne risque d’être ravalée au niveau d’un simple signe de convivialité. Les textes de sainte Marguerite-Marie nous rendent la pleine saveur du Christ
qui se donne entièrement à chaque messe.
Mon Dieu me donne un si grand désir de la sainte communion que rien n’est capable de
me donner une joie si sensible que ce pain d’amour, après la réception duquel je
demeure comme anéantie devant Dieu. Pendant environ un quart d’heure, tout mon
intérieur est en profond silence, pour écouter la voix de celui qui fait tout le contentement de mon âme.
(Écrits sur l’ordre de Mère de Saumaise,14)
Marguerite-Marie est très consciente de l’abîme qui sépare l’homme de Dieu. En
même temps, elle comprend que c’est précisément le Christ qui vient au devant
de nous dans la communion pour nous unir à lui.
Une veille de communion, je demandais à mon Jésus d’unir mon coeur au sien. Je me
demandais comment cela pourrait se faire, d’unir le néant au tout. “Je sais que cela ne peut
se faire que par votre amour.” “Abîme-toi dans ma grandeur, lui répond le Christ, et prends
garde de n’en jamais sortir.”
(Écrits sur l’ordre de Mère de Saumaise, 9)
C’est devant le Saint-Sacrement que Marguerite-Marie reçoit la révélation du
Coeur de Jésus. Cette révélation n’est pas seulement personnelle. Elle est destinée
à toute l’Église. Elle se manifestera par l’instauration de la Fête du Sacré-Coeur :
Étant une fois devant le Saint Sacrement, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de
son amour. Alors que je me sentais touchée du désir de quelque retour, et de lui rendre
amour pour amour, il me dit : “Tu ne m’en peux rendre un plus grand qu’en faisant ce que
je t’ai déjà tant de fois demandé. Alors, me découvrant son divin Coeur : Voilà ce Coeur qui
a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné, jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur
témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et par leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils
ont pour moi dans ce Sacrement d’amour. Mais ce qui m’est encore plus sensible, c’est que
ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi : c’est pour cela que je te
demande que le premier vendredi après l’Octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête
particulière pour honorer mon Coeur, en communiant ce jour-là. (...) Je te promets aussi que
mon Coeur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur
ceux qui lui rendront cet honneur”...
(Autobiographie)
En 1688, Marguerite-Marie demande que soit instaurée la pratique de la communion le premier vendredi du mois.Jésus lui a adressé les paroles suivantes :
“Je te promets, dans l’excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis des mois, de
suite, la grâce de la pénitence finale.”
(Vie et oeuvres de ste Marguerite-Marie, publiées par la Visitation, Paray-le-Monial, 1920)