DOSSIER DE PRESSE
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DOSSIER DE PRESSE
DOSSIER DE PRESSE The Scottish Play CRÉATION / RÉSIDENCE texte et mise en scène Cédric Orain, artiste associé librement inspiré de Macbeth de William Shakespeare CRÉATION mercredi 13, jeudi 14 et vendredi 15 novembre 2013 > 20h grand théâtre, le phénix scène nationale Valenciennes DATES À VENIR > Ma scène nationale – Pays de Montbéliard | 19 novembre > Le Vivat – scène conventionnée théâtre et danse d’Armentières | 22 novembre > La Ferme du Buisson – scène nationale Marne-la-Vallée | 23 et 24 novembre, dans le cadre du festival Les enfants du désordre avec Mikaël Serre, Frédéric Sonntag, Julie Bérès et Le Collectif In Vitro > La Comète, scène nationale de Châlons-en-Champagne | 26 et 27 novembre contact presse nationale Agence Plan Bey / Dorothée Duplan [email protected] 06 86 97 34 36 contact presse régionale Hugo Dewasmes, le phénix [email protected] 03 27 32 32 21 The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 1 The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 2 The Scottish Play texte et mise en scène Cédric Orain artiste associé* au phénix scène nationale librement inspiré de Macbeth de William Shakespeare > la résidence de création se déroule au phénix du 19 octobre au 15 novembre 2013 avec Stéphane Auvray-Nauroy Olav Benestvedt Céline Milliat-Baumgartner Christophe Garcia Tonin Palazzotto Eram Sobhani assistanat à la mise en scène Édouard Liotard scénographie et vidéo Pierre Nouvel lumières Bertrand Couderc son Samuel Mazzotti costumes Karin Serres régie générale Germain Wasilewski production la traversée coproduction le phénix scène nationale valenciennes, le vivat scène conventionnée danse et théâtre d’armentières, ma scène nationale – pays de montbéliard avec le soutien du théâtre de la bastille et de la ferme du buisson – scène nationale de marne-la-vallée * voir le texte de Jean-Charles Massera autour des artistes associés du phénix en fin de dossier DATES À VENIR > Ma scène nationale – Pays de Montbéliard | 19 novembre www.mascenenationale.com / 03 81 91 37 11 > Le Vivat – scène conventionnée théâtre et danse d’Armentières | 22 novembre www.levivat.net / 03 20 77 18 77 > La Ferme du Buisson – scène nationale Marne-la-Vallée | 23 et 24 novembre, dans le cadre du festival Les enfants du désordre avec Mikaël Serre, Frédéric Sonntag, Julie Bérès et Le Collectif In Vitro www.lafermedubuisson.com / 01 64 62 77 00 > La Comète, scène nationale de Châlons-en-Champagne | 26 et 27 novembre www.la-comete.fr / 03 26 69 50 80 The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 3 POURQUOI MACBETH ? En Angleterre, encore aujourd’hui, on ne doit pas dire Macbeth dans un théâtre mais « the scottish play ». Sinon ça porte malheur. The Scottish Play, c’est donc la pièce écossaise de Shakespeare, celle qui porte en elle une malédiction, prête à s’abattre sur n’importe quel membre de sa distribution. Ça commence bien... C’est vrai que Macbeth peut faire peur, c’est une des tragédies les plus populaires de Shakespeare, et une des plus sombres (la plupart des scènes se passent la nuit dans l’obscurité). C’est donc une pièce obscure, on entend des bruits dans les couloirs, le meurtre se passe en pleine nuit, la rencontre avec les sorcières a lieu au milieu d’une bruyère où Macbeth n’a jamais vu « un jour si sombre et si beau ». Toutes les scènes baignent dans une lumière d’obscurité, c’est pas qu’on n’y voit rien, c’est plutôt qu’on n’est pas sûr de ce qu’on voit, c’est brumeux, on discerne, on devine, on écarquille les yeux, on est aux aguets, en alerte, prêt à bondir. C’est une pièce où on sursaute, où plus exactement, tout un bestiaire maléfique (le loup, la chouette, les corbeaux, les criquets, le rat etc.) fait sursauter Macbeth entre la nuit où il tue son roi et sa propre mort. C’est une pièce où des apparitions, des spectres viennent mettre à l’épreuve le jugement des hommes, où des sorcières prédisent l’avenir comme des pythies, sans d’autre raison que le plaisir du désordre, où un homme, Macbeth, tue le roi qu’il vient de sauver, où sa femme organise ce meurtre, puis le termine elle-même, où Shakespeare s’amuse parfois du pire, comme dans la scène Macduff/Malcom, où un homme avoue des vices inavouables et provoque le rire. Tout se termine mal pour le couple Macbeth. Shakespeare tord le cou aux deux époux à qui il était promis de régner. Tout va se nouer en une seule nuit, une nuit cauchemardesque, où ils commettront l’irréparable, un meurtre. A partir de cette nuit là, ils vont s’enfoncer peu à peu dans un abîme sans fond, noir, chaotique, aveuglant, et sans retour. C’est avec cette nuit qui les hante et dans laquelle ils sombrent, que j’ai envie de jouer. ADAPTATION ? J’ai appelé ce spectacle The Scottish Play parce que j’ai réécrit le texte. C’est un peu plus qu’une adaptation. Ce sont mes mots, pas vraiment ceux de Shakespeare, mais je copie sur lui. L’histoire est presque la même. Presque. Je fais quelques rajouts, comme ce prologue qui rappelle les vieilles malédictions au théâtre, les superstitions, les peurs ; puis c’est en parlant sur le plateau de ce dont on ne doit pas parler que les sorcières apparaissent. J’ai resserré les rôles autour des grandes figures. Et je leur ai donné la parole sous forme de monologues éparpillés dans la pièce pour que chacun puisse venir nous interroger sur la nuit qui les entoure de plus en plus. Cette pièce me fascine par cette nuit dans laquelle elle nous plonge. Mettre en scène Macbeth, c’est peut- être aussi se demander si nous avons des raisons de trembler de cette histoire qui a lieu dans un Moyen Age assez lointain, voire même, si les malédictions au théâtre nous parlent encore. La réécrire, c’est chercher sur un plateau ce qui nous fait peur. Cédric Orain The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 4 The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 5 LES ACTEURS Je vais réunir 5 acteurs et une actrice. Pour le couple Macbeth, j’ai choisi de travailler avec Eram Sobhani et Céline Milliat-Baumgartner. Eram mesure 2 mètres, et Céline beaucoup moins. Ça formera déjà un couple assez inattendu. Pour Macbeth, j’ai l’image d’un physique puissant, mais maladroit, bancal, d’une surprenante fragilité. Avec Lady Macbeth, je ne vois pas débarquer une virago, mais une présence délicate, délicieuse, qu’une furieuse envie de pouvoir transformera devant nous. Pour que ces deux là nous emmènent dans leur cauchemar, ils doivent d’abord nous toucher. Ça me plaît que ce couple soit jeune, hésitant, d’emblée sympathique, et qu’il se métamorphose devant nous par l’expérience du pouvoir et du meurtre. L’acteur qui annonce le prologue des malédictions et sur qui s’abattent les foudres des sorcières, jouera ensuite le rôle de Macduff. C’est un rôle clé. Après ce malheureux prologue, cet acteur se trouve propulsé par les sorcières dans la pièce de Shakespeare, il était proche de nous, et les sorcières l’emmènent sous nos yeux dans un autre monde, et d’une certaine façon c’est avec lui que les sorcières nous invitent dans cet ailleurs. L’ESPACE Sur le plateau il y aura quelques cadres en tulle et autre matière qui permettront de faire des miroirs sans teint, pour traiter les apparitions. En fond de scène, un écran sur lequel sera projeté des images de gravure en noir et blanc pour identifier les différents lieux de l’action. Les apparitions seront faites par un procédé Pepper’s Ghost, on se servira d’hologrammes pour faire surgir différents fantômes, le procédé sera certainement à vue. Et enfin, un petit train fantôme parcourra le plateau , pour que les sorcières embarquent Macbeth au coeur de la forêt jusqu’à leur chaudron… J’ai envie de travailler sur la pénombre, sur des corps qu’on discerne, ou qu’on ne voit pas mais qu’on entend. Il faut créer la nuit, le travail des lumières et des sons doit faire qu’on guette ces corps. On doit être en alerte de ce qui peut surgir. Un nuage d’obscurité demeure toujours suspendu au dessus du couple Macbeth, ce qui est lumineux, c’est le fantastique, le monde des spectres, ce monde est spectaculaire, pas forcément angoissant, c’est ce que fera le couple de ces visions qui le sera pour nous. Les sorcières de Shakespeare chantent et dansent, l’épouvante qu’elles amènent est ludique, j’ai envie d’utiliser la lumière noire, des cadres en vert fluo, des masques grotesques, j’ai envie que cette épouvante soit un peu « folklorique », j’ai envie que l’on trouve du plaisir dans l’épouvante. Cédric Orain The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 6 CÉDRIC ORAIN | AUTEUR-METTEUR EN SCÈNE CÉLINE MILLIAT-BAUMGARTNER | ACTRICE Après des études d’ingénieur en mathématiques appliquées, j’ai tout arrêté pour faire du théâtre. J’ai suivi une formation d’acteur au Conservatoire de Grenoble puis à la classe libre du cours Florent. J’ai fondé la compagnie La Traversée, poussé par une curieuse nécessité de faire un spectacle. J’ai regroupé des textes d’Antonin Artaud, pour faire entendre cette voix lutter contre tous les enfermements. Déjà ça annonçait la couleur… Quand je fais un spectacle, ou quand j’écris, (mais pour moi c’est presque pareil), je cherche une voix qui a été retiré du domaine de la parole donnée, je cherche ce qu’on a perdu et qu’on n’a pas supporté, je cherche tout ce qui exprime qu’on ne s’habitue pas à vivre dans un ordre imposé. Je ne travaille pas que sur des fous, des marginaux, des exclus, des oubliés, des condamnés, des persécutés, etc…Non, non pas que. Un peu quand même mais pas que. A part ça, pour mes spectacles, j’utilise des textes qui ne sont pas destinés au théâtre, ou des textes que j’écris. Pour chercher une histoire pas encore écrite, pour continuer d’écrire cette histoire sur le plateau : avec les acteurs, les lumières, le son, la scénographie. Ça me permet toujours de rester au cœur de l’écriture, et de lui donner plusieurs voix. Ça me permet surtout d’être perdu, j’aime bien me perdre, surtout quand la nuit tombe, ça réveille l’animalité, ça force à la clairvoyance, ça m’oblige à guetter patiemment, ce qui tout à coup pourrait surgir devant moi dans la nuit. A mort les sorties de secours au théâtre. J’ai besoin qu’il fasse noir. Le théâtre me sert à ça, refaire la nuit, pour moi, pour chacun, et retrouver au milieu des cris, des bêtes, des mâchoires, des spectres, des pioches et des couteaux, au milieu de tout ce qui terrorise, une voix perdue, oubliée, empêchée, et qui n’a pu sortir. Céline Milliat-Baumgartner se forme pendant dix ans à la danse classique au Conservatoire de Lyon, puis à l’école Florent, dont elle intègre la classe libre de 1998 à 2001. Au théâtre, elle travaille avec Jean-Michel Rabeux (L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, Théâtre de la Bastille, Le Songe d’une nuit d’été, MC93), Jean Maqueron (L’Androcée, Théâtre de l’étoile du nord), Monica Espina (La Compagnie des Spectres, théâtre de Chaillot), Thierry de Peretti (Valparaiso, tournée, Richard II, Théâtre de la Ville), Lucie Berelowitsch (Les Placebos de l’Histoire, TEP), Wissam Arbache (Le Château de Cène, Théâtre du Rond-Point), Frédéric Maragnani (Le cas Blanche neige, Théâtre Jean Vilar de Suresnes et Théâtre de l’Odéon, Barbe Bleue, tournée), Jean de Pange (Le Retour au désert, tournée), Cédric Orain (Notre Père, Théâtre de l’étoile du nord), David Lescot (Le système Ponzi, TNS). Elle imagine et joue dans Striptease, écrit et mis en scène par Cédric Orain. Ce spectacle est présenté en juin 2009 dans le cadre des latitudes contemporaines et du festival TRANS au théâtre de la Bastille. Au cinéma elle tourne sous la direction d’Irène Jouannet, Dormez, je le veux, Eduardo di Gregorio, Tangos Volés, Julie Lopes Curval, Mlle Butterfly, Patrice Leconte,Trac (dans le cadre de Talents Cannes 2007), Vital Philippot, Le secret de l’isoloir. Sur France Culture elle interprète des pièces radiophoniques sous la direction de Myron Meerson. Spectacles créés : 2012-2013 : En attendant la nuit, texte et mise en scène de Cédric Orain. Très librement inspiré de L’Odyssée. 2011-2012 : Sortir du Corps d’après Valère Novarina (avec la compagnie de l’Oiseau-Mouche), adaptation et mise en scène de Cédric Orain 2010-2011 : Le Chant des Sirènes, d’après Pascal Quignard, adaptation et mise en scène de Cédric Orain 2009 : Striptease, texte et mise en scène de Cédric Orain 2009 : Les Charmilles, d’après Les Charmilles et les morts Jean- Michel Rabeux 2009 : Un si funeste désir, d’après des textes de Georges Bataille et Jean-Michel Rabeux 2008 : Notre Père, texte mise en scène de Cédric Orain 2007 : La Nuit des Rois, d’après Shakespeare co-mise en scène de Cédric Orain et Julien Kosellek 2006 : Le Mort, de Georges Bataille mise en scène de Cédric Orain 2005 : Ne vous laissez jamais mettre au cercueil, d’après des textes d’Antonin Artaud, mise en scène de Cédric Orain The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 7 ERAM SOBHANI | ACTEUR OLAV BENESTVEDT | ACTEUR Formé à l’Ecole Florent dans les classes de Stéphane AuvrayNauroy, Jean- Damien Barbin, Christian Croset, Sabine Quiriconi et Michel Fau, Eram Sobhani est comédien, metteur en scène, auteur et professeur d’art dramatique. Au théâtre il travaille sous la direction de Frédéric Aspisi (Europe Tragedy d’après Ovide et La Bible, Norsk Litteratur Festival Lillehammer Norvège, Les Grands Champs, La Ferme du Buisson Scène Nationale de Marne-la-Vallée, Festival Trans Théâtre du Chaudron ; et Keep your Distance, Festival Tanz Zone Bierstindl Innsbruck, Villa Elizabeth Berlin, Kulturhuset Banken Lillehammer Norvège), Stéphane Auvray- Nauroy (On purge bébé de Georges Feydeau, Etoile du Nord ; et Je suis trop vivant et les larmes sont proches, Etoile du Nord), Séverine Chavrier (Chat en Poche de Georges Feydeau,), Guillaume Clayssen (Monstres philosophes d‘après Diogène Laerce, Etoile du Nord), Julien Kosellek (Psyché de Molière et Corneille ; Marion de Lorme de Hugo, Théâtre du Marais ; Germania Mort à Berlin de Heiner Muller), Cédric Orain (Le Mort de Georges Bataille, Etoile du Nord, la Rose des Vents, Scène Nationale de Villeneuve d’Ascq, Théâtre de la Bastille, Théâtre Garonne Toulouse,), Maxime Pécheteau (La nuit de Madame Lucienne de Copi, Théâtre Gérard Philipe d’Orléans et Lavoir Moderne Parisien), Jean- Michel Rabeux (Nuit Trans Erotique, Théâtre de la Bastille, Théâtre Garonne Toulouse ; La nuit des Rois de Shakespeare, MC93 Bobigny, La rose des Vents Scène Nationale de Villeneuve d’Ascq, Le Bateau Feu Scène Nationale de Dunkerque, Le Maillon Théâtre de Strasbourg Scène Européenne, Le TAP Scène Nationale de Poitiers, Théâtre Brétigny Scène Conventionnée du Val d’Orge) ou encore Sylvie Reteuna (Phèdre pauvre folle, Théâtre de la Bastille, Le Vivat scène conventionnée d’Armentières ; Blanche-Neige de Robert Walser, Le Vivat scène conventionnée d’Armentières, Théâtre de la Bastille, La rose des Vents Scène Nationale de Villeneuve d’Ascq, Le Bateau Feu Scène Nationale de Dunkerque)… Olav Benestvedt est norvégien. Il est formé à L’Ecole Internationale de Théâtre de Jacques Lecoq à Paris, au Webber Douglas Academy of Dramatic Art à Londres et à L’Académie Norvégienne de Création Littéraire, Skrivekunstkadademiet à Bergen. Au théâtre, il travaille avec Sylvie Reteuna sur BlancheNeige de Robert Walser au Vivat, Armentières, et au théâtre de la Bastille, avec Frédéric Aspisi sur Keep your Distance, création collective, Innsbruck, Berlin et Lillehammer, avec Mikael Serre sur L’enfant Froid, Parasites, Visage de Feu et Cible Mouvante de Marius von Mayenburg, HHH création collective, et Requiem pour un Enfant sage de Franz-Xaver Kroetz, (La rose des vents, La Ferme du Buisson, Théâtre de la Bastille. Festival International Chekhov Moscou, Théâtre Teo Otto Remscheid Allemagne, La Comedie de SaintEtienne). Il travaille avec Eram Sobhani sur Les cent vingt journées de Sodome de Sade à l’Etoile du Nord, Paris. Parallèlement, il travaille en Angleterre et en Norvège avec Annette Stav Johanssen, Giovanni Fusetti, Anders Schlanbusch, Peter Symonds Hilary Wood, Torgunn Wold et Hester Kamin… Il écrit et met en scène Point Bleu, création vocale en solo (Etoile du Nord, Paris). Il écrit la pièce W pour laquelle il obtient la bourse d’écriture dramatique du Ministère de la Culture de Norvège. Il est contre-ténor invité pour l’album Uber du Norwegian experimental black thrash band Sturmgeist (Season of mist, 2007). Il est intervenant pédagogique à L’Ecole Auvray-Nauroy, structure de formation de l’acteur, à Paris. The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 8 CHRISTOPHE GARCIA | ACTEUR STÉPHANE AUVRAY-NAUROY | ACTEUR Formé par Françoise Merle ainsi qu’à l’Ecole du Théâtre de Chaillot dirigée par Antoine Vitez, il a joué dans une cinquantaine de spectacles notamment sous la direction d’Olivier Py, Jean-Luc Lagarce, François Berreur, Jean-Luc Revol, Jean Macqueron, Stéphane Auvray-Nauroy, Julien Kosellek, Michel Fau, Alexander Lang, Saskia Cohen-Tanuggi, Lisa Wurmser, Thomas Quillardet, Pierre Guillois, Marie Rémond… TONIN PALAZOTTO | ACTEUR Tonin Palazzotto est comédien, formé à l’ERAC où il travail avec Simone Amouyal, Valérie Dréville, Jean-damien Barbin,Didier Galas, JP Vincent… Il a joué dans les spectacles de JP Vincent, Catherine Marnas, Philippe Granarolo Thomas Gonzales, Charles-Eric Petit, Julien Gaillard et JP Baro. Il est l’un des membres fondateurs de la Compagnie Extime dirigée par JP Baro. Il poursuit également un travail d’écriture poétique ( publié recemment dans les revues ARPA et Poésie Première.) Comédien, metteur en scène, auteur et professeur d’art dramatique (titulaire du DE depuis 2006). Directeur de L’Ecole AuvrayNauroy depuis 2008. Après des études en Lettres Supérieures à Lyon en 1982-1984, il vient se former à l’Art dramatique à l’Ecole LEDA dirigée par Yves Pignot en 1984-1986. Au théâtre, il travaille entre autres sous la direction de Stéfane Andrieu-Delille, Frédéric Aspisi, Géraldine Bourgue, Laurent Brethome, Guillaume Clayssen, Frédéric Constant, Paul-Emmanuel Dubois, Michel Fau, Pierre Guillois, Xavier Hollebecq, Philippe Honoré, Cédric Orain, Jean-Michel Rabeux... Au cinéma, il évolue sous la direction de Yvan Attal (Ma femme est une actrice), Vincent Dietschy (Julie est amoureuse) et Vital Philippot (Le secret de l’isoloir). Il écrit et met en scène plusieurs pièces dont Divagations (1987, Espace Kiron), Piaf-Cocteau les Voix Humaines (1988, Festival d’Avignon), La Femme Abandonnée d’après Balzac (1990, 18 Théâtre), La Voix de Samuel Beckett (forme brève) (2008, Festival A court de formes, Etoile du Nord), Le Jeu de massacre (2009, Théâtre de Vidy-Lausanne, Etoile du Nord, Internationales Theater de Francfort), Je suis trop vivant et les larmes sont proches en collaboration avec Sophie Sire et Olav Benestvedt (2010, Festival A court de formes, Etoile du Nord), Utopies ! (2013, Le Tricycle de Grenoble, Théâtre des Ateliers de Lyon, Festival On n’arrête pas le théâtre à Paris) Il met en scène notamment : Phèdre de Jean Racine (1992, 18 Théâtre), Le Livre de la Pauvreté et de la Mort de Rainer Maria Rilke (1997, Manège de la Roche/ Yon, Le Roi s’amuse de Victor Hugo en collaboration avec Julien Kosellek (2002, Théâtre du Marais), On purge bébé de Georges Feydeau (2008, Festival On n’arrête pas le théâtre, Etoile du Nord), Il participe au groupe de recherche Créanet-Arts et Nouvelles Technologies de France-Telecom en 2000 Il co-dirige l’Atelier Théâtral de Création, atelier de formation de l’acteur de 2005 à 2008. Il crée le festival d’été ON n’arrête pas le théâtre, en codirection avec Julien Kosellek à l’Etoile du Nord depuis 2007. En 2008, il crée L’Ecole Auvray-Nauroy, école de formation de l’acteur et du pédagogue, qu’il dirige depuis septembre 2008. En 2011 il est nommé co-directeur du Collège Pédagogique de l’Ecole du Theâtre des Teintureries de Lausanne jusqu’en Juin 2012, date à laquelle il donne sa démission. The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 9 BERTRAND COUDERC | ECLAIRAGISTE PIERRE NOUVEL | VIDÉASTE Bertrand Couderc vient de créer les lumières de Tristan Und Isolde à la Scala, dans la mise en scène de Patrice Chéreau et la direction musicale de Daniel Barenboim. En 2007, il avait également éclairé De la Maison des Morts de Janacek, direction Pierre Boulez, mise en scène Patrice Chéreau à Vienne, Amsterdam et Aix-enProvence. En 2005, pour sa première collaboration avec Patrice Chéreau, il crée les lumières de Cosi fan tutte direction Daniel Harding au festival d’Aix-en-Provence, l’Opéra de Paris puis Vienne. Pour le Festival d’Aix-en-Provence 2004, il éclaire L’amour des trois oranges de Prokofiev dans la mise en scène de Philippe Calvario, avec qui il collabore depuis 10 ans. Citons Angels in America au théâtre du Châtelet en 2004 et au théâtre Grand et Petit, Richard III, la Mouette et dernièrement au Staatsoper de Hamburg, Iphigénie en Tauride de Gluck. Il signe également la lumière de nombreux spectacles de théâtre dont ceux de Jacques Rebotier : L’Oreille Droite avec Alexandre Tharaud, L’éloge de l’ombre de Tanizaki, Les ouvertures sont, ZooMusik, puis Le Jeu d’Adam, d’Adam de la Halle, au Théâtre du Vieux-Colombier. Citons également ses collaborations avec Bruno Bayen pour La fuite en Egypte, Stella, de Goethe, Les névroses sexuelles de nos parents de L.Berfuss au théâtre de Vidy-Lausanne et dernièrement Laissez-moi seule au Théâtre de la Colline. Il a créé la lumière pour Colza et Marguerite, reine des prés de Karin Serres Sa lumière préférée ? C’est le soleil juste après l’orage, fort et clair sur le macadam mouillé. Il aime la peinture de Rembrandt, les photos d’Irving Penn et les livres de Jim Harrison. Il écoute Ach wie flüchtig, ach wie nichtig (Cantate Bwv 26 Johann-Sebastian Bach), les Gurre Lieder (Arnold Schönberg) et Unknown Pleasures (Joy Division). Et il regarde inlassablement M (Fritz Lang 1931) Written on the Wind (Douglas Sirk 1956) et Rashomon (Akira Kurosawa 1953). Après des études de Cinéma et des expériences dans les domaines de la musique, du graphisme, et du multimédia, Pierre Nouvel crée avec Valère Terrier le collectif Factoid. Ensemble, ils réalisent des clips et se produisent en tant que VJ’s sur les scènes de musique électronique. En 2005, Pierre Nouvel rencontre JeanFrançois Peyret avec lequel il réalise sa première création en tant que vidéaste pour Le Cas de Sophie K, une pièce créée au Festival d’Avignon. Il poursuit son expérience théâtrale, notamment avec Michel Deutsch, Lars Norén, Hubert Colas(...) et oriente sa réflexion sur les rapports entre espace scénique, temps et image. Dans le même temps, il participe à des performances sonores qui font intervenir des traitements vidéo en temps réel, et se produit notamment avec les compositeurs Olivier Pasquet et Alexandros Markeas. En 2007, il collabore avec le compositeur Jérôme Combier pour Noir Gris, une installation sonore et vidéo autour du texte de Samuel Beckett, L’impromptu d’Ohio, présentée au Centre Pompidou dans le cadre de la rétrospective consacrée à l’auteur irlandais. Son approche révèle une étroite corrélation entre image et espace et c’est naturellement qu’il se tourne vers la scénographie.En 2008 il signe la scénographie, la vidéo, les lumières et le son pour Des gens, spectacle mis en scène par Zabou Breitman et adapté des documentaires de Raymond Depardon, Urgences et Faits divers, qui remporte deux Molières, dont celui du «meilleur spectacle privé». Il a depuis, réalisé de nombreux projets pour le théâtre, mais également pour la musique contemporaine, ou l’opéra, avec Belshazzar au Festival Haendel de Halle 2009, ou l’année suivante à l’Opéra National de Corée , pour Idoménéo mis en scène par Lee Soyoung et dirigé par Myung-Whun Chung. En association avec Jérôme Combier et Bertrand Couderc, il présente l’adaptation pour la scène du roman de W.G. Sebald : Austerlitz à l’occasion du Festival d’Aix-en-Provence en juillet 2011. Son travail ne se limite pas à la scène. Il a ainsi réalisé des installations numériques exposées au Fresnoy, au Pavillon Français de l’exposition internationale de Saragosse, ou récemment à la Gaîté lyrique et au 104. The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 10 SAMUEL MAZZOTTI | SONORISATEUR KARIN SERRES | COSTUMIÈRE Samuel Mazzotti exerce le métier de sonorisateur depuis une dizaine d’années dans le spectacle vivant, aussi bien en musique qu’en théâtre. Il a collaboré notamment avec Le Soldat Inconnu, Les Trapettistes, Mafia K’1 Fry et actuellement travaille avec LudoCabosse, S.A.D. et Erikel (scène et le studio). Au théâtre, il officie à la fois comme régisseur et créateur son après avoir été responsable du département son à l’Espace des Arts (scène nationale de Chalon-sur- Saône) et le Nouveau Théâtre de Montreuil-centre dramatique national. Il a fait sa première création avec Gilles Cohen (Soucis de famille, 2002), puis à collaboré avec Anastasia Politi (Antigone, 2002), Smooz (la Bérézina, 2003), Olivier Balazuc (Elle, 2005), Frédéric Aspisi (Toujours le même Fantasme, 2008), Cédric Orain (Striptease, 2008 et Les charmilles, 2009), Stéphane Auvray- Nauroy (Ce qui peut coûter... 2009), Guillaume Clayssen (A la grecque, 2009), mais aussi la régie de spectacle en tournée de la cie Image Aigüe (Addio Mamma, 2005), de Sandrine Lanno (La thébaide 2007, ainsi que sa conception sonore), Eric Massé (L’île des esclaves, 2007), Gilberte Tsaï (Ce soir on improvise, 2008), Célie Pauthe (S’agite et se pavanne, 2008), Jeanne Champagne (Debout dans la mer, 2008), Paola Comis (Questions… 2009, plus l’habillage sonore). En 2009, il a également réalisé l’enregistrement et le mixage du court-métrage de Guillaume Clayssen, Femâle. Costumière, elle est aussi illustratrice, traductrice, scénographe et metteuse en scène de théâtre (ENSATT 1985/1987). Parmi ses pièces de théâtre créées : Marzïa, J. Martins, 2011 ; L’Eskimo Kabyle/ Eskimal Kabiliarra, P. DanielLacombe, 2010 ; Le Terrain Synthétique, A. Detée, 2010 ; Les Héroïques du Frigomonde, S. Marrot, 2009 Louise/Les Ours, P. Douchet, 2008/2010 et B. Algazi, 2010 ; Le Jardin de Personne, A. Marenco, 2009 ; A. Detée, 2008 ; Minuit Crétins, C. Thibaut, 2007 ; Colza, P. Uttley, 2006 ; Le Petit Bonhomme vert (et le rouge!), A. Marenco, 2004 ; La Nuit des Carapaces, S. Tesson, 2004 ; «Pingouins», 2003/2004 ; Marguerite, Rein des près, A-L. Liégeois, 2003/2004 ; Toute la vie !, A-L. Liégeois in “Embouteillages”, 2001/2003 ; Chlore, P. Simon, 1999/2005 ; Les Coquelicots, M. Didym, 1998… Parmi ses pièces radiophoniques : Mon ombre, M. Meerson, France-Culture, 2009 ; Le Noyau, M. Meerson, France-Culture, 2008 ; Ole, Rosita !, prix du concours Beaumarchais-France-Inter, C. Bernard-Sugy, 2006 ; Chambre Froide, M. Meerson, avec Cécile de France, France-Culture, 2004-05 ; La Chose dans la poubelle, J-M. Zahnd, France- Culture, 2004 ; La Fille du 29 Février, B. Masson, FranceCulture, 2003… Bibliographie : L’Ecole des Loisirs-Théâtre : Mongol, Frigomonde, Louise/Les Ours, Thomas Hawk, Dans la forêt profonde, Marguerite, Reine des près, et Colza... Editions Théâtrales : Le terrain synthétique, Blondie, Le jardin de personne, Un tigre dans le crâne, Luniq précédé de Katak, Toute la vie ; L’Avant-scène Théâtre : La nuit des carapaces ; Lansman : Anne Droïde ; L’Ecole des Loisirs-Romans : Mongol ; Editions Monica Companys : Chlore ; Flammarion : Lou la brebis, Fleur de vache ; Le Bonhomme Vert : Le Petit Bonhomme vert (et le rouge !), ill. de l’autrice ; Le Rouergue : Pourquoi tu cours ?, Tricot d’amour, Soupe de maman et Uïk, Le cochon électrique. Ses pièces sont traduites en anglais, allemand, suédois, portugais et japonais, souvent avec le soutien de Beaumarchais. The Scottish Play - le phénix scène nationale Valenciennes - 11 campus des arts artistes associés 2013-2015 L’Amicale de production (Julien Fournet, Halory Goerger, Antoine Defoort), Cédric Orain, Benjamin Dupé La fable, la méthode, le dispositif et le système (une saison) Propos échangés par Skype et recueillis par Jean-Charles Massera - mai 2013 Illustration François Olislaeger Où l’on voit que la route a été longue (avant de faire l’objet d’une plaquette de saison). Totalement branché rock et en quête de trucs qui le font vibrer, le jeune Julien ne comprend pas trop comment on peut dire «œuvrer dans une logique de libération dans un cadre littéraire et dramaturgique complètement réactionnaire». Pas faux. Poussé à faire de la musique, l’encore plus jeune Antoine choisit «flûte traversière» sans savoir ce que c’est et en prend pour neuf ans (l’horreur). Résultats des courses : Antoine regarde des films en VF et écoute de la musique qu’on écoute plus pour faire partie d’un clan que pour ce qu’elle est. Pas simple. Entouré de bouquins chez lui, le déjà très mûr Halory prend cinq noms différents pour pouvoir avoir cinq cartes de médiathèques et du coup emprunte plein de livres, de CD et de DVD. Cohérent. Moins chanceux, Cédric grandit entre des statues et des bassins dans le parc d’un des châteaux les plus visités du monde, donc au milieu d’un classicisme assez conservateur qu’il finit bien entendu par prendre en horreur. Pas évident. Quant à Benjamin, dont les amis plus âgés, plus cultivés, n’écoutent pas de musique au sens où les gens de son âge l’entendent, il suit une formation classique au conservatoire : le jeune homme a alors le sentiment de s’initier à une société secrète, à une langue qui ouvre la porte de milieux sociaux différents du sien… Compliqué. Et puis one day… Julien, qui vit dans les préceptes du rock, du free jazz, de l’internationale lettriste et des post-situ rencontre Antoine qui, alors qu’il était en deuxième année de Deug de math, avait rencontré des gens qui faisaient de l’art et qu’il avait trouvé «trop cool», ce qui avait fait qu’il s’était inscrit en arts du spectacle avec option arts plastiques, qu’il avait «trouvé ça super» et que, du coup, il avait enchaîné sur les beaux-arts, que ça avait été une «grande période de découverte» («l’extase totale» quoi). Et comme Julien est convaincu que «la grande maladie du siècle, c’est qu’on n’arrive pas à rester dans le réel», que dès qu’on se le coltine on est bien obligé de le «transformer», évidemment parler avec quelqu’un qui, à chaque fois qu’il est confronté à un choix, trouve «que les deux attitudes sont valables» et pense du coup qu’il faut les faire «cohabiter sans trop en faire, ni d’un côté ni de l’autre», que «si on travaille trop sur l’un, ça crée un déséquilibre», forcément ça aide. Tout comme ça aide d’avoir pour pote quelqu’un (Halory) qui, alors qu’il s’était mis à la poésie, a tout d’un coup ressenti le besoin «de déplacer sa pratique dans un lieu physique, un espace public» et surtout de créer des «conditions d’énonciation poétiques qui soient légitimes» à ses yeux en se posant deux ou trois questions de base comme «pourquoi et comment ils m’écoutent» (la naissance de la justesse). Le tout basé sur le principe de la «taxinomie : ranger classer où on met les choses». Naissance d’une amitié productive. De son côté, Cédric, qui avait commencé des études d’ingénieur en maths appliquées, se jette dans le théâtre (au Conservatoire de Grenoble) parce qu’il a soudain un furieux besoin «d’entendre, de voir, de sentir du corps vivant traversé, secoué par de la parole». Le questionnement des mouvements du monde passera d’abord par le besoin de vivre le plateau en tant qu’acteur. Naissance de la volonté de réincarner des fables disponibles du répertoire, de les investir là où elles peuvent encore nous faire ressentir, éprouver les forces qui écrivent notre monde. Quant à Benjamin, qui après avoir traversé des années d’étude d’airs entendus entre grands initiés, d’époques lointaines ou très contemporaines mais hors du temps commercial et divertissant ou de pratiques d’instruments précieux, de machines nouvelles, de systèmes complexes - même s’il a fini par découvrir le rapport entre la musique classique et une belle chanson pop rêve de plus en plus d’une musique qui ne répond à aucune demande marchande ou fonctionnelle. L’étudiant bascule de l’autre côté de la production, ou plutôt du côté de la recherche fondamentale sur la table, dans le studio électroacoustique ou la salle de répétition. Naissance d’un ensemble de questions : «Qu’est-ce qui produit le son ? Pourquoi y a-t-il de la musique ? Qu’est-ce que ça raconte ?» Donc à un moment donné : Antoine va tout mettre œuvre pour que l’art ressemble à une forme de recherche fondamentale (sur les langages, la mise en forme des idées), pour que ça ressemble à des expériences en cours qu’on aurait envie d’aller voir chaque matin pour voir ce qu’il s’est passé dans la nuit, où elles en sont ; Halory, pour que son travail lui apprenne quelque chose de nouveau ; Julien pour que ses petites machines de production de pensée lui permettent de faire ce que Marc-Aurèle appelle «faire œuvre d’homme»… Et comme l’échange fait la force et l’usage de l’intelligence collective, l’un des moyens les plus efficaces pour questionner les données et les conditions de l’expérience esthétique (la confrontation et la mise à l’épreuve des certitudes et des points de vue), les trois décident de croiser ponctuellement leurs recherches en se donnant les outils de production de projets communs tout en se laissant la liberté de conduire des projets solos. Naissance de l’amicale de production. Plus désespéré «politiquement» et évidemment réticent à tout militantisme, angoissé par un certain état des choses, mais aussi marqué par les représentations mythologiques gréco-romaines qui ont meublé son enfance (et les figures et les récits qu’elles font surgir), Cédric va, lui, utiliser le théâtre pour formuler son besoin vital de dire non. Quant à Benjamin, qui aime bien «faire la même chose que la veille (ça avance)» et «n’aime pas faire la même chose que l’année dernière à la même époque (l’impression de reculer)», il se concentre sur le temps, ou plutôt sa réinvention… L’inventer «à chaque fois, écrire du temps» en inventant à chaque projet «une nouvelle méthode de travail pour créer de la musique.» Ce qui esthétiquement se traduira par exemple : Pour Benjamin Dupé, par un projet basé sur La Haine de la musique, de Pascal Quignard («un livre qui parle magnifiquement de ce que c’est que l’écoute, du trouble presque animal de ce que c’est que d’écouter») entre le concert et le théâtre pour un ensemble instrumental et un comédien se situant entre la figure de l’auteur et la réincarnation des quelques figures extraites du livre. Aller «repiocher à plein d’endroits du livre pour renouveler la situation d’écoute», passer «d’une idée à l’autre par associations d’idées en faisant apparaître des situations». «Convoquer l’ensemble des époques et des continents» pour «raconter» la musique dans ses dimensions, ses aspects, ses usages, ses représentations les plus diverses, les plus complexes, de la musique qui accompagne les moments les plus légers de l’existence à celle «qui met en mouvement, qui peut dresser les masses». Soit le projet de «donner à voir un concert qui prend la parole pour parler de lui-même, de ce qu’est le concert». Essayer de faire en sorte «que ce soit la musique qui amène la nécessité du mot. Que ce soit la musique qui de par sa nature, donne envie de parler d’une chose et d’une autre». Rêve d’«une musique qui se déplie dans le texte, ramifie et non pas une musique qui illustre un texte». D’une manière générale, l’approche à laquelle semble travailler Benjamin Dupé aujourd’hui opère comme une mise en abîme, une «installation immersive». Imaginer un «dispositif mécanique qui bouge et qui crée la musique», collecter des paroles auprès «de gens qui parlent sur la musique»… «Comment ils sentent la musique contemporaine»… «Injecter» ces paroles «dans le travail». S’en tenir à cette question fondamentale : «Qu’est-ce qui produit le son ? Pourquoi ? Qu’est-ce que ça raconte ?» Pour Halory Goerger, il s’agit de continuer de travailler sur le langage, sur des projets qui «s’articulent autour des idées, avec un regard de plasticien», des idées qui lui ouvrent un grand nombre de «territoires» possibles, un matériau hérité de sa formation universitaire en quelque sorte. Faire l’expérience d’une idée comme cette traduction simultanée en plusieurs langues de centaines de chansons qui, au bout de trois heures, affectent physiquement la personne qui traduit, la met en situation d’épuisement et par conséquent dans des états de traduction automatique. Soit un travail qui ne repose pas sur «une dimension théâtrale classique, mais qui trouve son origine dans un contexte professionnel.» Mais d’une manière plus générale, «l’une des fonctions de l’art, c’est d’apprendre des choses et de les partager». Par exemple, avec Antoine Defoort, ils voulaient apprendre à conduire un Fenwick, mais bon, comme un chariot de manutention sur un plateau, c’est plutôt pas possible au niveau des normes de sécurité, là ils ont dû renoncer, mais le principe de «la formation continue» reste un axe fort de la démarche, comme cette civilisation qui se construit sur le plateau vierge de Germinal ou ce parcours aussi foutraque qu’initiatique proposé dans France Distraction où l’on écoute de la musique de Vivaldi par téléphone dans un bureau open space et au bout duquel un poète contemporain nous explique à nous, spectateurs barbotant dans une piscine remplie à ras bord de ballons, les principes de la philosophie stoïcienne… L’essentiel étant pour Antoine Defoort de «toujours rester pile» entre deux «pôles antagonistes», entre «le romantique et le trivial» ou «l’engagement et la désinvolture» par exemple. Et du coup, la chose est assez flippante… Ainsi, concernant Germinal, tantôt la peur que ce soit tout de même «trop trivial», qu’on y soit allé «un peu la main leste» sur des «situations farfelues» ; tantôt celle qu’on est finalement dans un truc «esthétisant» ou «prout-prout». Et Julien Fournet de se vouloir rassurant en précisant que c’est «ultra bricolé» qu’«on n’est pas très spectaculaire», mais qu’il y a «une recherche de sensations, d’humour ou de compréhension égalitaire entre nous et le public» et surtout que l’absence de «grandiloquence théâtrale», où l’on ne sent pas trop «la fierté du bricoleur», doit pouvoir susciter «l’empathie du spectateur», qui du coup peut être animé d’une sorte d’élan de réparation pour que ça fonctionne». Selon lui, il est essentiel de partir de l’expérience esthétique dans la mesure où «une expérience esthétique modifie les perceptions» et par conséquent «si elle est bien faite, on a une modification éventuelle de notre rapport au monde, donc de nos comportements». «L’expérience esthétique» peut ainsi toucher à des «questions morales». Mais l’expérience doit rester «assez humoristique» dans les «mécanismes de compréhension». C’est par exemple ce lien qu’il questionnera au phénix via une «sorte de hammam de la pensée où il sera question de «maîtrise» et «de souci de soi». Plus confiant dans les grandes fables, mais tout aussi attentif à la participation du spectateur dans le processus de construction du sens, Cédric Orain opère à partir de la «puissance» que nous sommes prêts «à donner au théâtre pour que ça puisse changer le cours de choses». Ainsi son projet The Scottish Play (un texte de Cédric Orain «avec des vrais morceaux de Shakespeare» dedans), un texte qui opère à «l’endroit de la peur», cet «outil permanent utilisé partout dans la politique», cet endroit ou plutôt ce moment où l’on est allé «si loin dans l’épouvante que plus rien ne peut [me] faire tressaillir». Soit l’histoire d’une pièce (d’un monde ?) qui est en train de s’écrire et qui va de plus en plus vers l’épouvante, vers la passion pour un crime. «Faire entendre ce qui se passe dans le monde sans le nommer clairement» («Quand je voyais Bachar-Al-Assaad», «le gars tout seul dans sa tour», «ça m’a fait penser au monologue de Macbeth»… «La situation est similaire». Mais Cédric Orain de préciser : «Ce qui m’intéresse là, maintenant, sur ce projet, c’est vraiment d’interroger la passion pour le crime. Comment le crime est passionnant ? Mais je ne le rattache pas à un endroit ou à une date précise. Je préfère que ça reste plus ouvert»). Ici les forces, les croyances et les dramaturgies qui construisent ou détruisent la marche du monde, ailleurs (Striptease) le questionnement (plus léger) mais tout aussi obsédant de la représentation du désir (masculin) exhibé partout, mais pas nécessairement questionné du côté du spectateur, dans une relation d’immédiateté avec l’objet (féminin) du désir dans sa «demande de dévoilement». Plus généralement, «essayer d’écrire dans la mise en scène que le spectacle se construit là maintenant avec ce qui se passe, dans la salle entre le spectateur et le comédien». Jean-Charles Massera vit et travaille entre Paris et Berlin. Auteur de fictions, il a notamment publié France guide de l’utilisateur, P.O.L (1998) ; United Emmerdements of New Order précédé de United Problems of Coût de la Main-d’Œuvre, P.O.L (2002) ; We Are L’Europe, Verticales (2009), Le Guide du démocrate – les clés pour gérer une vie sans projet, (avec Éric Arlix) éd. lignes (2010). Il développe également un travail dans des formats autres que le livre, notamment l’installation sonore, la chanson, le film et le clip vidéo, la performance…. François Olislaeger est né à Liège en 1979. Après un passage à l’école Émile Cohl de Lyon, il devient dessinateur de presse (Le Monde, Libération, Les Inrocks) et publie régulièrement des reportages dessinés dans TOC. Sa bibliographie compte également Little P in Echoes Land, chez Denoël Graphic et Un autre monde est possible, chez Hachette. Il collabore avec le Festival d’Avignon à travers un blog quotidien. En 2011, il contribuait à la création de la pièce de Célia Houdart À demi endormie déjà au phénix scène nationale. TARIFS 16€/14€/13€/9€ le phénix scène nationale Valenciennes BP 39 - boulevard Harpignies 59301 Valenciennes cedex direction Romaric Daurier [email protected] 03 27 32 32 00 www.lephenix.fr --------- Fonds Européen de Développement Régional Interreg efface les frontières
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