Expériences d`entraîneures à propos du harcèlement et de l

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Expériences d`entraîneures à propos du harcèlement et de l
© 2009 Association canadienne des entraîneurs, ISSN 1496-1547
Juillet 2009, Vol. 9, N° 3
Expériences d’entraîneures à propos du harcèlement et de l’intimidation
Le Journal est fier de faire preuve d’innovation en ce qui a trait aux discussions sur
l’environnement professionnel et social dans lequel évoluent les entraîneures. Au fil des ans,
nous avons abordé des sujets tels que le leadership des femmes, la formation des
entraîneures, les emplois en entraînement, les questions familiales, l’entraînement et le rôle
de mère, la communication, le perfectionnement professionnel des entraîneures, le
mentorat, les changements apportés aux systèmes, les systèmes de soutien, la formation
en matière de prise de décisions, la transition entre le rôle d’athlète et celui d’entraîneure,
l’homophobie, les contrats et la négociation de contrats, les comportements contraires à
l’éthique, la valeur des femmes au sein de la profession, la défense d’intérêts politiques, la
sous-représentation des femmes et la vie professionnelle des entraîneures.
Nous avons relaté de nombreuses histoires personnelles, formulé de multiples
recommandations, présenté des analyses sans complaisance, décrit des programmes
novateurs, comparé la condition des femmes qui évoluent dans le domaine de
l’entraînement à celle des femmes qui ont choisi d’autres secteurs professionnels, proposé
des modèles à imiter, fait bénéficier nos lectrices et nos lecteurs d’expériences
d’entraînement racontées par celles qui les avaient vécues, mis en lumière les possibilités
que le sport offre en tant que vecteur de changement positif et mis l’accent sur l’importance
d’avoir un plan de carrière et de solides pratiques entrepreneuriales, en nous efforçant
constamment de dresser un portrait réaliste de la réalité qui est celle des femmes qui sont
animées d’un profond désir d’être entraîneures.
Nous n’avons toutefois pas examiné la question de nature délicate du harcèlement et de
l’intimidation, l’un des sujets cachés et sordides de la culture du sport. Jusqu’à maintenant!
Ainsi que le souligne l’auteure Gretchen Kerr, bien qu’il existe une abondante
documentation à propos des situations de harcèlement et d’intimidation vécues par les
athlètes féminines, l’étude qu’elle réalise à l’Université de Toronto est le premier projet du
genre à cibler les expériences des entraîneures concernant ces deux comportements
inadmissibles. Dans l’article qu’elle écrit dans le Journal à propos de ses constatations,
Gretchen mentionne que les difficultés liées au recrutement et à la rétention des
entraîneures ont été attribuées à des facteurs tels que les responsabilités familiales, le
manque de programmes de recrutement et de mentorat et l’absence de modèles
d’entraîneures. Le harcèlement et l’intimidation pourraient-ils être ajoutés à ces facteurs? Il
semble que ce soit le cas.
Gretchen fournit des arguments convaincants pour que cette question controversée mais
dissimulée fasse l’objet d’une discussion franche, ne serait-ce que parce que, ainsi que les
participantes à l’étude l’ont admis avec candeur, les entraîneures croient généralement
qu’elles ont le choix entre dénoncer la situation et risquer de perdre le poste pour lequel
elles se sont tant battues ou demeurer silencieuses. Il s’agit d’options peu séduisantes.
Gretchen reconnaît que son échantillon est restreint. Néanmoins, les réponses des
participantes lèvent le voile sur une culture persistante et répugnante. Elle recommande que
davantage de recherches soient effectuées afin de «mieux comprendre et d’améliorer les
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expériences des femmes dans la profession d’entraîneure». Il est à espérer que la
publication de cet article encouragera les personnes responsables de la prise de décisions de
tous les niveaux à appuyer, au minimum, un examen plus approfondi de cette question et,
mieux encore, à poser des gestes réfléchis dans le but de mettre fin au harcèlement et à
l’intimidation dont les entraîneures peuvent être victimes. — Sheila Robertson
Les avis exprimés dans les articles du Journal canadien des entraîneures sont ceux de leurs auteures et ne
reflètent aucunement les politiques de l’Association canadienne des entraîneurs.
ARTICLE DE FOND DE JUILLET 2009
Expériences d’entraîneures à propos du harcèlement et de l’intimidation
par Gretchen Kerr
Même si de nombreux chercheurs et chercheures se sont penchés sur les expériences des
athlètes féminines à propos du harcèlement et de l’intimidation, et que leurs études ont
révélé que ces comportements étaient observés à une fréquence inquiétante (Hinkle, 2005;
Holman, 1995; Kirby et Greaves, 1996; McGlone, 2005; Volkwein, 1996), il est étonnant de
constater que fort peu de données existent au sujet de ce même type d’expériences chez
les entraîneures. Les chercheurs et les chercheures mentionnent que dans le milieu de
travail en général, 10 à 50 p. 100 des employées féminines vivent du harcèlement chaque
année (Konik et Cortina, 2008; Rayner, Hoel et Cooper, 2002; Zapf, Einarsen, Hoel et
Vartia, 2003). Compte tenu de l’incidence du harcèlement sexuel que subissent les femmes
dans les autres milieux de travail, il semble raisonnable de présumer que les entraîneures
ne sont pas épargnées par ce problème.
En outre, on peut se demander si les expériences de harcèlement et d’intimidation peuvent,
en partie, expliquer les difficultés rencontrées dans les domaines du recrutement et de la
rétention des entraîneures. Malgré le nombre croissant de filles et de femmes qui participent
au sport, des programmes communautaires jusqu’aux compétitions internationales, et
malgré les brillantes performances d’athlètes féminines, il n’y a pas eu d’augmentation
correspondante du nombre d’entraîneures, voire même pas d’augmentation du tout
(Association canadienne des entraîneurs, 2002; LeDrew et Zimmerman, 1994). Il y a
considérablement moins d’entraîneures que d’entraîneurs à presque tous les niveaux du
sport, particulièrement au niveau élite. De récentes données canadiennes indiquent
qu’environ 30 p. 100 des postes d’entraîneurs en chef et d’entraîneurs adjoints sont occupés
par des femmes (Kerr, Marshall, Sharp et Stirling, 2006). De plus, les recherches révèlent
que les femmes sont susceptibles de quitter la profession au cours des cinq premières
années en entraînement. Les difficultés à attirer et à retenir les entraîneures ont été
attribuées aux conflits avec les responsabilités familiales, au harcèlement ainsi qu’au
manque de programmes de recrutement et de mentorat et de modèles féminins (Demers,
2004; Hall, 1996; Hanson et Kraus, 1999; Marshall, 2001; McKay, 1999; Mercier et
Werthner, 2001).
Dans les études portant sur le milieu de travail en général, le harcèlement et l’intimidation
ont été associés à l’érosion des effectifs, à l’absentéisme, à une baisse de la productivité et
à des répercussions négatives sur la santé (Hoel et Salin, 2003; Keashly et Jagatic, 2003).
Même si certaines études ont examiné l’incidence des programmes de recrutement et de
mentorat sur l’attraction et la rétention des entraîneures, aucune recherche ne s’est
attardée aux expériences des entraîneures en matière de harcèlement et d’intimidation.
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Par conséquent, l’objectif visé par l’étude sur laquelle cet article est fondé consistait à
établir si les entraîneures vivaient du harcèlement et de l’intimidation lorsqu’elles passaient
d’un poste de premier échelon à un poste plus élevé.
Avant de poursuivre, il est important de définir clairement les termes «harcèlement» et
«intimidation», particulièrement en raison du fait qu’ils sont décrits différemment selon les
études.
Le harcèlement caractérise les comportements non désirés ou de coercition qui violent les
droits de la personne. Ils constituent un abus de pouvoir, d’autorité et de confiance (CIO,
2007). L’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité
physique (1994) définit le harcèlement comme tout «commentaire, comportement ou geste
dirigé à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes qui est insultant, intimidant,
humiliant, malicieux, dégradant ou offensant». Le harcèlement survient lorsqu’une personne
qui est en position d’autorité, de pouvoir ou de confiance affiche ces comportements. Dans
le contexte sportif, le harcèlement peut se produire entre un entraîneur ou une entraîneure
et un athlète ou une athlète, entre un directeur ou une directrice du sport et un entraîneur
ou une entraîneure ou, parmi d’autres exemples, entre un entraîneur ou une entraîneure en
chef et un entraîneur adjoint ou une entraîneure adjointe. Le harcèlement peut prendre
plusieurs formes, y compris mais sans exclure d’autres possibilités : le harcèlement sexuel,
le harcèlement en raison de l’origine ethnique, le harcèlement physique, le harcèlement
psychologique, le harcèlement fondé sur le sexe, la religion, la situation socioéconomique ou
la race, et le harcèlement homophobe.
L’intimidation se rapporte à des attaques ou à des menaces physiques, verbales ou
psychologiques répétées ayant pour but de causer de la peur, de la détresse ou de la
souffrance à la victime (Ferrington, 1993). En milieu de travail, l’intimidation a été définie
comme des actes négatifs répétés et persistants commis à l’encontre d’une ou de plusieurs
personnes qui impliquent un déséquilibre perçu des pouvoirs et créent un environnement de
travail hostile (Hoel et Cooper, 2001; Zapf, Einarsen, Hoel et Vartia, 2003). Tout comme le
harcèlement, l’intimidation repose sur une relation de pouvoir déséquilibrée. L’instigateur ou
l’instigatrice de l’intimidation se voit conférer du pouvoir en raison de son sexe, de son
statut social au sein d’un groupe, de sa taille ou de son poids, ou de certains traits de
personnalité (Salin, 2003). Dans le cas de l’intimidation, l’instigateur ou l’instigatrice est un
pair; dans le cas du harcèlement, il s’agit d’une personne qui occupe une position de
pouvoir ou d’autorité. Dans le sport, les comportements d’intimidation peuvent comprendre
des occasions répétées lors desquelles un entraîneur ou une entraîneure répand des
rumeurs à propos d’un autre entraîneur ou d’une autre entraîneure, ou encore des insultes
ou des humiliations à répétition à l’endroit d’un collègue ou d’une collègue. Il peut
également s’agir d’un athlète ou d’une athlète qui provoque à répétition l’isolement d’un ou
d’une autre athlète ou l’empêche de participer à des activités sociales ou relatives à
l’équipe. L’intimidation sexuelle peut survenir lorsqu’une personne affiche de manière
répétée un comportement de nature sexuelle ou fait des commentaires qui sont perçus
comme offensants ou dégradants par la personne qui en est l’objet.
Pour les besoins du présent article, la distinction faite par Stirling (2008) entre le
harcèlement et l’intimidation sera utilisée, c’est-à-dire que le harcèlement et l’intimidation
sont différents en raison de la nature de la relation au sein de laquelle ils se produisent.
Bien que le harcèlement et l’intimidation surviennent tous deux dans des relations
comportant un déséquilibre des pouvoirs, le harcèlement s’observe lorsque la personne qui
l’exerce occupe une position lui conférant du pouvoir et de l’autorité par rapport à la
victime, tandis que l’intimidation a lieu lorsque l’instigateur ou l’instigatrice est un ou une
pair.
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Méthodologie
Participantes
Parmi les participantes à l’étude, on comptait huit entraîneures canadiennes âgées de 42 à
56 ans. Chacune de ces femmes travaillait depuis au moins dix ans au niveau national et
occupait un poste d’entraîneure en chef d’une équipe féminine. L’un des critères d’inclusion
était que ces femmes devaient être entraîneures dans un sport où l’entraînement était
traditionnellement dominé par les hommes. Ainsi, des entraîneures œuvrant dans des sports
tels que la gymnastique rythmique et la nage synchronisée n’ont pas été retenues pour
l’étude, et l’échantillon était plutôt formé d’entraîneures évoluant dans des sports comme le
basket-ball, le volley-ball, le hockey, la natation et l’athlétisme.
Mesures
La technique de l’entretien semi-directif a été employée. La première question était la
suivante : «Parlez-moi du processus qui vous a amenée à devenir entraîneure et à obtenir
le poste d’entraîneure en chef.» Le cas échéant, des questions de suivi ont ensuite été
posées : «Quelles ont été vos expériences avec l’entraîneur ou l’entraîneure en chef lorsque
vous étiez adjointe?» et «Quels défis avez-vous dû surmonter dans votre cheminement
jusqu’au poste d’entraîneure en chef?»
Procédures
La méthode du sondage «en boule de neige» a été utilisée pour recruter les participantes.
Chaque entraîneure a été contactée individuellement par téléphone ou par courriel et a été
informée de l’objectif et des conditions de l’étude. On a mentionné aux éventuelles
participantes que cette étude visait à analyser les expériences de harcèlement et
d’intimidation que les entraîneures pouvaient connaître lorsqu’elles passaient aux échelons
supérieurs de la hiérarchie de l’entraînement. Si l’entraîneure exprimait de l’intérêt, alors
une date et un lieu étaient choisis pour une entrevue. Avant de commencer à recueillir les
données, on a remis aux participantes une lettre d’information à propos de l’étude ainsi
qu’un formulaire de consentement à signer; on leur a indiqué que la confidentialité et
l’anonymat étaient assurés, et qu’elles avaient le droit de se retirer de l’étude en tout temps
sans subir de pénalité. Après avoir donné son consentement, chaque participante choisissait
un pseudonyme et prenait part à l’entrevue.
La durée des entrevues variait de 60 minutes à deux heures. Les données ont été
transcrites textuellement et analysées de façon inductive, de l’identification des unités de
signification jusqu’à la classification des unités en fonction de thèmes. Les transcriptions
d’entrevues et les constatations ont été remises aux participantes de manière à ce qu’elles
puissent les examiner et apporter leurs commentaires. Aucune modification n’a été
effectuée à la suite des rétroactions des participantes.
Résultats
Sept des huit participantes avaient vécu du harcèlement ou de l’intimidation dans une
certaine mesure. Certaines de ces expériences ont été qualifiées de mineures, tandis que
d’autres étaient sérieuses et envahissantes.
Expériences de harcèlement et d’intimidation
Les participantes ont décrit l’environnement d’entraînement comme un milieu se
caractérisant parfois par des commentaires offensants de nature sexuelle. Par exemple, les
blagues sexistes y sont fréquentes. Deux des femmes étaient présentes lorsque des
entraîneurs masculins, qui occupaient tous deux des postes comparables et étaient en
position d’autorité, ont discuté de l’apparence d’athlètes féminines faisant partie de leur
équipe. Ces discussions étaient assorties d’un dénigrement du corps des athlètes et de
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commentaires à caractère sexuel. Par exemple, l’une des participantes a rapporté ce qui
suit : «Nous étions tous debout en train d’observer les échauffements; il y avait quatre
hommes et moi. Ils ont commencé à parler des compétences sportives et de la carrure
athlétique de certaines des athlètes féminines […] mais cette conversation a dévié vers des
commentaires sur celle qui était la plus “hot”. Avant que je puisse trouver quelque chose à
dire, ils se sont mis à évaluer les athlètes sur une échelle de un à dix en fonction de leur
physique. J’étais horrifiée. Certains de ces gars ont des filles qui ont le même âge que ces
athlètes. J’étais également horrifiée par mon incapacité à mettre fin à leurs commentaires.»
Ainsi, même si les participantes n’étaient pas la cible de commentaires ou de blagues
sexistes, elles ont été personnellement offensées par les commentaires de leurs collègues.
Deux participantes se sont rappelées que lorsqu’elles faisaient leurs débuts dans le monde
de l’entraînement de compétition, l’entraîneur en chef masculin de l’époque avait des
relations sexuelles avec certaines des entraîneures adjointes. Selon ces participantes, les
entraîneures adjointes qui répondaient favorablement aux avances de l’entraîneur en chef
étaient ensuite choisies pour diriger des équipes triées sur le volet ou prendre part à des
voyages avec l’équipe. Bien que l’organisme de sport ait eu connaissance de certaines
indiscrétions, il n’a effectué aucune intervention. Comme le mentionne une des
participantes : «L’entraîneur en chef couchait fréquemment avec ses adjointes féminines.
Ce n’était pas répréhensible que deux adultes aient une relation consentante, mais lorsque
l’entraîneure adjointe en question était ensuite choisie pour participer à une compétition ou
à un voyage important, le reste d’entre nous ne pouvait faire autrement que de soupçonner
que cette décision avait été influencée par le fait qu’ils couchaient ensemble. Et lorsque
l’entraîneur en chef s’intéressait à une autre femme, il lâchait son ancienne conquête
comme une “patate chaude”. C’était vraiment difficile d’être les témoins des répercussions
négatives que cela avait sur ces jeunes aspirantes entraîneures, et cela provoquait le chaos
dans les relations de travail de l’équipe.»
Presque toutes les participantes ont indiqué avoir été exclues à répétition des activités
sociales auxquelles prenaient part leurs collègues et leurs supérieurs masculins lorsqu’elles
étaient entraîneures adjointes. Avant de devenir entraîneures en chef, elles n’étaient
souvent pas informées de la tenue d’une réunion du personnel entraîneur et n’étaient pas
invitées à socialiser avec leurs collègues masculins lors de voyages. Que le groupe
d’entraîneurs sorte prendre un verre ensemble ou joue une partie de golf, ces entraîneures
n’étaient pas invitées. L’une des participantes a mentionné que lors d’un voyage récent, les
entraîneurs masculins se sont rendus dans un club de danseuses nues après une
compétition en laissant l’entraîneure s’assurer que les athlètes respecteraient leur couvrefeu.
Certaines participantes ont apparemment évité d’annoncer leur homosexualité à leurs
collègues et supérieurs masculins lorsqu’elles exerçaient les fonctions d’entraîneure
adjointe. Elles sentaient qu’il y avait des attentes manifestes par rapport à l’hétérosexualité,
et les commentaires et les blagues homophobes ne faisaient que renforcer cette impression.
Minoritaires en tant que femmes, ces entraîneures craignaient d’être encore plus
marginalisées si elles divulguaient leur orientation sexuelle. Ainsi que le rapporte une
participante : «C’était déjà assez éprouvant d’être la seule femme. C’était difficile de me
faire accepter par les hommes qui avaient beaucoup plus d’expérience que moi et d’être
considérée comme faisant partie de leur groupe. Et puis, compte tenu des sujets abordés
par ce groupe et des blagues racontées, il y avait toutes sortes de messages à propos de
l’hétérosexualité. Il était hors de question que je me marginalise davantage en leur laissant
savoir que j’étais lesbienne […] c’était impensable.»
Lorsque ces femmes ont accédé au poste d’entraîneure en chef, elles ont révélé leur
orientation sexuelle.
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La seule participante n’ayant pas mentionné d’expérience de harcèlement ou d’intimidation
évoluait dans un environnement différent de celui dans lequel travaillaient les autres
participantes à l’étude. Plus particulièrement, cette participante avait toujours travaillé avec
d’autres entraîneures féminines et, dans ce sport, on comptait depuis longtemps des
femmes au sein du personnel entraîneur.
Effets du harcèlement et de l’intimidation
La plupart des participantes ont entamé le dialogue à propos des effets du harcèlement et
de l’intimidation, exprimant avec empressement des sentiments d’isolement, de frustration
et de colère. Comme l’a dit une des participantes : «Je me sentais très seule lorsque j’étais
entraîneure adjointe. Il n’y avait pas d’autres entraîneurs à qui je pouvais parler, faire part
de mes frustrations ou demander du soutien.» Même si elles réalisaient que la conduite à
laquelle elles étaient exposées était dégradante et injuste, elles éprouvaient le besoin de se
taire et d’éviter d’émettre des objections. Elles percevaient qu’il était nécessaire de
s’intégrer et de ne pas «jouer les trouble-fête» afin de progresser dans la hiérarchie de
l’entraînement. De l’avis de l’une des participantes : «Je savais que la situation n’était pas
acceptable mais je pensais qu’il ne fallait pas que je fasse de vagues, sinon je risquais de
perdre mon emploi. Ce fut très dur pour moi parce que je ne suis pas du genre à taire mes
opinions.»
En ce qui concerne les entraîneures qui estimaient qu’elles ne pouvaient pas mentionner
leur orientation sexuelle, le besoin perçu de prétendre être différentes de ce qu’elles étaient
constituait une expérience extrêmement pénible et énergivore. «Surveiller ce que je disais
et faisais devant ces gars était épuisant.»
Après réflexion, plusieurs participantes ont fait part de leur colère envers le système. Alors
qu’elles progressaient dans la hiérarchie de l’entraînement, elles ont perçu qu’il était
nécessaire d’accepter les comportements inappropriés afin d’obtenir de l’avancement mais,
rétrospectivement, elles sont indignées que cette culture du harcèlement et de l’intimidation
ait été acceptée. Ces participantes allèguent que les organismes de sport savaient que
l’environnement n’était pas favorable aux femmes mais qu’ils ne sont pas intervenus, et
qu’en raison de cette absence d’action, ils se sont avérés complices de ce harcèlement et de
cette intimidation.
Bien qu’il y ait eu une diminution du nombre d’expériences de harcèlement et d’intimidation
lorsque les participantes ont accédé au poste d’entraîneure en chef, elles demeuraient
toutefois confrontées à des environnements sexistes et homophobes. Cependant, à cette
étape de leur carrière, elles étaient plus susceptibles d’intervenir, ainsi que l’a rapporté l’une
des participantes : «Une fois que je me suis sentie bien ancrée dans mes fonctions
d’entraîneure en chef, j’ai estimé que j’avais la responsabilité d’éduquer les autres à propos
de la façon de bâtir un environnement sportif favorable aux femmes – qu’elles soient
athlètes ou entraîneures. J’ai donc commencé à dire ce que je pensais aux gens qui faisaient
des blagues sexistes et homophobes et des commentaires dévalorisants à propos de
l’apparence physique. Je crois qu’à moins d’avoir été une jeune femme, on ne peut pas
comprendre pleinement les conséquences négatives des commentaires qui concernent
l’apparence du corps. Je devais en informer mes collègues masculins.»
Conseils de survie
Lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle continuait à être entraîneure malgré le harcèlement
et l’intimidation, une des participantes a dit ceci : «J’avais l’esprit de compétition lorsque
j’étais athlète, et je l’ai toujours en tant qu’entraîneure. […] Je n’allais pas les laisser
gagner.» Toutes les entraîneures ont mentionné l’aspect de la compétitivité; elles
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souhaitaient obtenir le poste d’entraîneure en chef et, pour y parvenir, elles devaient
«endurer» une certaine forme de mauvais traitements et garder le silence à ce propos.
Beaucoup des participantes ont indiqué qu’elles souhaitaient améliorer l’environnement
sportif pour les filles et les femmes, pour les athlètes et les jeunes entraîneures qui
suivraient leurs traces. L’une d’entre elles a mentionné : «J’étais convaincue qu’il fallait qu’il
y ait plus d’entraîneures, qu’en raison de la hausse de la participation des filles et des
jeunes femmes au sport, nous avions besoin de plus de modèles d’entraîneures et de chefs
de file féminins. Je voulais que le sport soit un milieu plus agréable pour les femmes, et je
me suis concentrée sur cet objectif.»
«J’ai songé à abandonner plusieurs fois. Mais j’aimais travailler avec les athlètes et je ne
cessais de penser que si je m’accrochais suffisamment longtemps pour devenir entraîneure
en chef, la situation s’améliorerait, les choses iraient mieux. Et j’étais résolue à faire en
sorte que les femmes qui entrent dans le système pour être entraîneures vivent une
expérience plus plaisante.»
Discussion
Les résultats révèlent qu’au sein de ce petit échantillon, certaines femmes exerçant la
profession d’entraîneure vivent du harcèlement et de l’intimidation. Toutes ces femmes,
sauf une, ont apparemment subi du harcèlement ou de l’intimidation de la part
d’homologues masculins qui occupaient un poste plus élevé ou qui agissaient comme
entraîneurs de haut niveau depuis plus longtemps qu’elles. Le déséquilibre entre les
pouvoirs fondé sur le sexe et l’expérience professionnelle qui caractérise le harcèlement a
été confirmé de manière concluante par les recherches menées sur le milieu de travail en
général (Acker, 1990; Welsh, 1999).
Les types de harcèlement et d’intimidation les plus fréquemment mentionnés par les
participantes étaient le harcèlement et l’intimidation sexistes et liés à la sexualité de même
que l’intimidation sociale. Le harcèlement sexiste décrit une conduite dévalorisante – aussi
bien verbale que physique – ou des comportements symboliques qui véhiculent des
attitudes offensantes à l’égard des femmes sans viser à obtenir une coopération sur le plan
sexuel (Konik et Cortina, 2008). Cette constatation appuie les résultats d’autres études
(McKay, 1999) rapportant que presque toutes les femmes exerçant des fonctions dans les
domaines de l’entraînement et de l’administration du sport ont été victimes ou témoins de
harcèlement sexuel en milieu de travail. De plus, de multiples recherches illustrent la nature
homophobe de la culture du sport et mentionnent des incidents de harcèlement fondé sur
l’orientation sexuelle (Demers, 2004; Pronger, 2005). Dans le milieu de travail en général,
25 à 66 p. 100 des minorités en raison du sexe ont subi de la discrimination dans leur lieu
de travail en raison de leur orientation sexuelle (Konik et Cortina, 2008). La présente étude
met en lumière les situations d’intimidation sociale et d’exclusion auxquelles les
participantes ont été confrontées, une expérience que la littérature sportive n’avait pas
encore examinée.
Les recherches précédentes indiquent de manière cohérente que les femmes qui travaillent
dans des environnements traditionnellement masculins vivent davantage de harcèlement et
d’intimidation que celles qui œuvrent dans des domaines à forte proportion féminine (Gutek,
Cohen et Konrad, 1990). D’un point de vue traditionnel, l’entraînement a été, et continue
d’être, dominé par les hommes. Ainsi que l’ont fait remarquer plusieurs auteurs et auteures
(Berdahl, 2007; Chamberlain, Crowley, Tope et Hodson, 2008; Welsh, 1999), dans de tels
contextes, les femmes peuvent être perçues comme des menaces envers les sentiments de
masculinité, de solidarité et de fierté des hommes. En fait, les comportements de
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harcèlement sexiste ou lié à l’orientation sexuelle prennent racine dans le maintien des rôles
patriarcaux traditionnellement assignés à chacun des sexes (Berdahl, 2007).
En outre, les recherches portant sur le milieu de travail en général donnent à penser que les
employés et employées représentant une minorité peuvent être plus vulnérables au
harcèlement car ils font déjà face à un certain degré d’isolement et d’exclusion (Salin, 2003;
Tsui et Gutek, 1999). Les entraîneures qui ont pris part à l’étude étaient minoritaires en
tant que femmes et ont exprimé des sentiments d’isolement et de manque de soutien
social; ces sentiments étaient particulièrement aigus chez les entraîneures lesbiennes. Il est
intéressant de souligner que la seule entraîneure qui n’a pas rapporté d’expérience de
harcèlement ou d’intimidation avait eu des collègues féminines dans son environnement
d’entraînement alors qu’elle gravissait les échelons de sa profession. Prises dans leur
ensemble, ces conclusions sous-entendent que l’isolement social perçu est un facteur de
risque qui a une incidence sur l’expérience du harcèlement et de l’intimidation.
Les recherches existantes avancent que «l’impuissance et un faible statut relatif sont les
principaux facteurs déterminants» des offenses à la dignité des personnes au travail
(Jacoby, 2004). L’une des plus importantes causes d’impuissance en milieu de travail est le
manque de sécurité d’emploi, possiblement parce que les employés et les employées
s’affrontent dans le but de conserver leur poste (Hearn et Parkin, 2001). Dans le sport de
compétition, notamment en ce qui a trait au poste d’entraîneure adjointe, la sécurité
d’emploi est souvent précaire. Dans de nombreux cas, les entraîneurs adjoints et
entraîneures adjointes sont embauchés à temps partiel en vertu d’un contrat à durée
déterminée; de plus, plusieurs adjoints et adjointes sont souvent en concurrence pour
l’obtention de pouvoir et d’un poste à plein temps. Même les entraîneurs et entraîneures en
chef à plein temps peuvent voir leur sécurité d’emploi menacée selon la performance de leur
équipe, ce qui signifie que leur poste n’est pas nécessairement garanti.
Heide et Miner (1992) mentionnent que lorsqu’il existe une attente à l’égard de l’avenir de
l’emploi, il existe aussi une possibilité de récompenses et de sanctions éventuelles, ce qui
favorise une plus grande coopération au sein du personnel. D’autre part, un risque accru de
harcèlement et d’intimidation peut découler des associations restreintes entre les personnes
qui occupent des postes non garantis ou temporaires, et qui ont donc peu de chances d’être
éventuellement récompensées ou sanctionnées. En lien avec la précarité d’emploi, les
recherches existantes indiquent que les individus qui n’ont pas de sécurité financière font
état d’expériences de harcèlement sexuel accrues (Uggen et Blackstone, 2004). Les postes
liés à l’entraînement comportent habituellement peu de sécurité d’emploi ou de sécurité
financière, ce qui contribue peut-être à créer un environnement propice au harcèlement et à
l’intimidation. Des études additionnelles pourraient approfondir la compréhension de la
relation entre la sécurité d’emploi, le harcèlement et l’intimidation si elles comparaient les
contextes de travail dans lesquels évoluent les entraîneures en chef et les entraîneures
adjointes à plein temps et à long terme à ceux qui offrent des conditions opposées.
Les recherches générales sur le harcèlement et l’intimidation soulignent le rôle essentiel que
les tierces parties (Skarlicki et Kulik, 2005) ou les témoins jouent dans la prévention ou la
condamnation de tels comportements. Dans le milieu de travail, des collègues occupant un
poste similaire peuvent constituer des «remparts» contre le harcèlement et l’intimidation.
Une collaboration étroite et prolongée peut intensifier les conséquences interpersonnelles du
harcèlement et de l’intimidation (Chamberlain et al., 2008). Dans le cas de toutes les
entraîneures ayant participé à cette étude, sauf une, des tierces parties similaires, c’est-àdire des entraîneures féminines du même niveau, étaient presque totalement absentes.
Les recherches existantes indiquent que le harcèlement est plus fréquent dans les milieux
professionnels nécessitant des efforts physiques ou mettant l’accent sur les prouesses
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physiques et le corps (Lopez, Hodson et Roscigno, 2009; Ragins et Scandura, 1995). Bien
que les fonctions associées à l’entraînement ne soient pas nécessairement exigeantes sur le
plan physique, à savoir qu’elles ne comportent pas d’efforts physiques astreignants, elles
sont néanmoins exercées dans une culture axée sur le corps et la physicalité.
L’entraînement se caractérise en partie par le souci du corps, de son fonctionnement et de
son apparence ainsi que de sa capacité à produire la performance sportive. Les entraîneurs
et les entraîneures sont constamment entourés de jeunes athlètes dont le corps est travaillé
et athlétique. On peut se demander si l’accent qui est mis sur le corps rend la profession
d’entraîneur et d’entraîneure plus vulnérable, en particulier, aux expériences de
harcèlement sexuel et d’intimidation sexuelle.
Comme l’ont souligné Chamberlain, ses collègues (2008) et d’autres chercheurs et
chercheures, le contexte organisationnel joue un rôle clé dans les manifestations de
harcèlement et dans les formes particulières que celui-ci revêt. En ce qui concerne le sport,
Brackenridge (2001) fait ressortir l’importance de considérer les victimes et les agresseurs
en fonction de contextes spécifiques au domaine car la légitimité et l’acceptation de
comportements tels que le harcèlement et l’intimidation sont influencées par
l’environnement social. Le sport est traditionnellement caractérisé par une idéologie de
masculinité, notamment d’une forme idéalisée de masculinité associée à l’endurance, à la
puissance, à l’agressivité, à la compétitivité et à la dominance sur les autres (Coakley et
Donnelly, 2003). En outre, le sport est défini par un «impératif hétérosexuel», la nécessité
et l’anticipation de l’hétérosexualité dans le but de pratiquer un sport et d’y exceller
(Shogan, 1999). Cette idéologie est étroite, monolithique et résistante aux progrès
enregistrés par de nombreux groupes.
Dans leur ensemble, les conclusions de la présente étude donnent à penser que les aspects
propres à la profession d’entraîneur et d’entraîneure rendent cette dernière sensible aux
abus de pouvoir. Plus particulièrement, la précarité d’emploi et le peu de sécurité financière,
le statut de minorité, l’isolement social, l’importance du corps et de la physicalité de même
que la culture de la masculinité peuvent rendre les entraîneures féminines spécialement
vulnérables aux situations de harcèlement et d’intimidation. Les abus de pouvoir les plus
fréquemment subis par ces femmes étaient les abus fondés sur le sexe, l’homophobie et le
harcèlement et l’intimidation à caractère social.
La portée de l’étude est limitée en raison du petit nombre de femmes y ayant participé et de
la qualité rétrospective des données. Dans le cadre d’autres recherches, il serait avantageux
d’explorer les expériences de harcèlement et d’intimidation vécues par d’autres groupes
traditionnellement marginalisés dans le domaine de l’entraînement. D’un point de vue idéal,
les données pourraient être recueillies de manière prospective, au fur et à mesure que les
entraîneurs et entraîneures entrent dans la profession et en gravissent les échelons. Les
études à venir devraient s’efforcer de préciser les différentes formes de harcèlement et
d’intimidation observées ainsi que le recoupement de ces expériences. On ne peut établir
avec précision si le harcèlement sexuel, l’homophobie et l’exclusion sociale sont des formes
d’oppression similaires ou fondamentalement différentes. De plus, ces données ont été
recueillies auprès d’entraîneures qui ont «persisté» dans le système pour devenir
entraîneures en chef. Les résultats de l’étude permettent de s’interroger sur la possibilité
que les expériences de harcèlement et d’intimidation contribuent à l’érosion des effectifs
féminins dans l’entraînement ou à leur hésitation à se lancer dans cette profession en
premier lieu. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour mieux comprendre et pour
améliorer les expériences des femmes dans le domaine de l’entraînement.
9
À propos de l’auteure
Gretchen Kerr, Ph. D., est professeure agrégée et doyenne associée à la
Faculté de l’éducation physique et de la santé de l’Université de Toronto.
Ses recherches portent sur les expériences des entraîneures ainsi que sur
la santé psychosociale des jeunes dans le sport. Elle s’intéresse
particulièrement au harcèlement, aux abus et à l’intimidation dans le sport
et a publié de nombreux ouvrages sur ces sujets. Elle a également occupé
plusieurs postes de leadership et travaillé dans le domaine de la défense
des intérêts au sein de la collectivité de la gymnastique à titre d’agente
responsable des questions de harcèlement et d’éthique.
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