n° 11
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n° 11
hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ Un Petit Monde Nordestin Février 2002 - Numéro 11 - Forum Forum Social Mondial II Des autres Mondes sont possibles Bien le bonjour…comment avez-vous passé le cap de la nouvelle année ? En ce qui nous concerne, il y a eu beaucoup de remue ménage… Tout d’abord nous voilà avec un nouvel ordinateur puisque le nôtre a définitivement rendu l’âme. De ce fait nous avons pris un peu de retard sur ce dernier numéro. Après des vacances reposantes sur une petite île dans l’Etat voisin (Bahia), nous avons enchaîné avec de nombreuses activités dont : un séminaire interculturel de solidarité (entre l’Europe et le Brésil) où nous avons été recrutés pour la traduction anglais - portugais, puis participation au Forum Social Mondial 2ème édition, plate-forme inédite d’échanges de connaissances, d’expériences au niveau international. Ce numéro y est d’ailleurs consacré car nous avons passé deux semaines à Porto Alegre riches en événements. Entre temps Bruno a rapidement fait un saut en Suisse pour effectuer un examen de sélection pour un éventuel poste à notre rentrée…et oui, nous y pensons déjà, car 2002 c’est notre dernière année au Brésil ! Nous ne l’avons évidemment pas oublié, notre petit Djibril a fêté sa première année comme il -1- se doit et il fait déjà ses premiers pas. Vous le retrouverez évidemment dans un petit coin enfantin. Dans ce numéro nous avons aussi des tas de nouvelles croustillantes : le mouvement d’habitation a occupé le 20.02.2002 un terrain avec 370 familles, et vous avez droit aux premières impressions. Nous nous sommes permis aussi de donner notre avis sur le BIG BROTHER brésilien, le fameux et non moins fumeux Empire de communication GLOBO. La dernière page qui, jusqu’à présent, expliquait l’importance du groupe de soutien, va dorénavant être réservée à des propositions concrètes. En effet, si nous avons évité intentionnellement de mélanger notre travail volontaire et une aide financière, il est temps désormais de vous présenter les possibilités de soutien qui existent afin que vous puissiez donner votre avis. Voilà pour cette fois. Vous excuserez le retard et accepterez nossas boas lembranças do Brasil. Joyeuses fêtes de Pâques ! hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ international de la dette des pays pauvres, campement de la jeunesse (11600 personnes), campement des organisations paysannes (MST, Via Campesina), Forum des parlementaires, Forum des autorités locales, … sans oublier bien sûr le Forumzinho (cf. rubrique « Le coin enfantin »). IIème Forum Social Mondial « Un autre monde est possible », 31/1/02 – 6/2/02 à Porto Alegre Ni le slogan, ni le lieu n’a changé par rapport à la première édition. Pourtant, au niveau de la participation et du contenu, il y a eu un saut en avant durant ce 2ème Forum Mondial Social. Le nombre de participants a tripliqué pour atteindre 51300 personnes et près de 5000 organisations de la société civile (syndicats, mouvements populaires ruraux et urbains, ONG’s, mouvements religieux). Il faut dire que durant l’année écoulée un grand travail de préparation a été réalisé, sur place, mais aussi de manière décentralisée. Une trentaine de conférences ont offert des exposés et des débats de haute volée sur des thèmes variés touchant les principaux problèmes sociaux planétaires : commerce international, endettement, communication, eau, urbanisation, éducation, santé, faim, environnement, discrimination raciale et sociale,…). Les thèmes « chauds » de la guerre et de l’impérialisme ont aussi largement été débattus, avec la présence notamment d’Adolfo Perez Esquivel, Prix Nobel de la Paix et Noam Chomsky, le célèbre linguiste et critique américain. Près de 700 ateliers, de qualité variable, se sont déroulés les après-midi, malgré pas mal de difficultés organisatrices. Leur but était d’approfondir de manière participative les thèmes généraux des conférences qui avaient lieu chaque matin. A côté de toute cette programmation qui a fait véritablement « bouillir » l’énorme campus universitaire de la PUC-RS, il y avait encore tout une série d’activités parallèles qui se sont déroulées dans le reste de la ville : Marche d’ouverture, concerts, culte, lancement de la campagne international contre l’ALCA (Accord de Libre Commerce des Amériques), Tribunal -2- Au niveau des résultats, de nombreuses propositions concrètes ont été diffusées et débattues: taxation des flux de capitaux, suppression des paradis fiscaux, moratoire sur la dette des pays en développement, rénovation du système de gouvernance mondial, réforme des démocraties, réformes agraires et souveraineté alimentaire, chartre « l’eau -un bien commun », durabilité environnementale (agenda 21, Rio+10), économie solidaire, communication alternative etc. Le chemin pour leur implantation concrète est cependant encore long. On a bien sûr pas pu assister ne serait-ce qu’à un 10ème de la programmation, mais cela a été important d’avoir vécu quelques moments forts (marche, conférences, clôture) et participé de ce nouveau mouvement mondial qui veut construire une autre globalisation, celle de la justice, des droits de l’homme, de l’égalité de la paix… Ce que n’est que lorsqu’un rêve se fait collectivement qu’il peut se tourner réalité. Nous avons eu la chance également de côtoyer durant le Forum, la délégation suisse, formée de 5 parlementaires, 1 syndicaliste, 2 représentants du gouvernement, 12 journalistes ainsi que des représentants d’Echanger (chargés également de l’organisation du voyage). Avant d’arriver à Porto Alegre, la délégation a eu l’opportunité de visiter les projets sociaux, auxquels participent des volontaires d’E-CH dans la région de São Paulo. Les délégués ont beaucoup apprécié de pouvoir connaître cette réalité sociale concrète du Brésil avant d’entrer dans les débats du FSM. L’échange est une belle une porte d’entrée et un important moteur pour construire un autre monde. Espérons que cela permettra d’élargir la discussion en Suisse. Vous trouverez beaucoup plus d’informations sur le site : www.forumsocialmundial.org.br hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà Nouvelles de la CMP La Centrale de Mouvements Populaires, notre partenaire de travail brésilien, a connu un début d’année bien chargé et réjouissant, non seulement avec sa participation active à un séminaire international, au Forum Social Mondial, mais aussi en réalisant une importante plénière nationale. SIS – Séminaire Interculturel de Solidarité Durant 3 semaines, 15 européens (Hongrois, Roumains, Allemand et Hollandais) et 15 brésiliens représentants de divers mouvements sociaux et des principales régions du pays, se sont rencontrés pour partager leurs expériences et discuter les différentes approches de construction d’une société plus solidaire. Des groupes de travail ont été formés pour visiter des projets concrets dans différentes régions du pays. Un groupe est venu au Sergipe pour connaître entre autres les palafittes (favelas sur pilotis) d’Aracaju et les citernes d’eau de pluie dans le sertão. Organisée en partenariat entre la CMP et la Mission des Frères Franciscains, ce séminaire aura une deuxième étape en juillet prochain qui se déroulera en Europe cette fois. aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ calendrier d’activités de 2002, ainsi que le prochain Congrès National de la CMP qui a été planifié pour 2003. La CMP au Forum Social Mondial Ensuite durant le FSM, la CMP s’est mise en évidence en organisant un séminaire sur les politiques publiques et les coupes dans les budgets sociaux. Ce-dernier, animé par Frei Betto, théologien, écrivain et assesseur des mouvements populaires, a eu un grand succès (plus de 2000 participants), démontrant le rôle fondamental que les mouvements sociaux ont dans la lutte contre le démantèlement de l’Etat. La CMP en a aussi profité pour se faire connaître un peu plus au niveau national et international. Un dépliant de présentation en 3 langues ainsi qu’une brochure sur la ligne d’action de la Centrale ont également été réalisés et diffusés à l’occasion. Plénière Nationale Profitant du fait que beaucoup de représentants de mouvements populaires étaient inscrits au FSM, la CMP a organisé une Plénière nationale, invitant quelques 200 représentants, démocratiquement choisis venant des 11 états brésiliens où la CMP existe. Cette rencontre a permis non seulement un important échange d’expériences, mais aussi de faire un bilan de l’axe de lutte principal de la CMP, qui unit tous les mouvements (Politiques publiques avec participation populaire), de discuter le -3- Bonnes perspectives pour le Nordeste et le Sergipe En janvier nous avons été informés que le projet de formation et de communication de la CMP des Etats du Nordeste a été accepté par la CESE (Coordination Œcuménique de Services), qui financera 3 modules de formation (organisation, politiques publiques et communication) et la divulgation du bulletin d’information « Nordeste en mouvement ». Enfin, en ce qui concerne la CMP du Sergipe que nous accompagnons de plus près, les nouvelles sont aussi réjouissantes puisque le Ministère fédéral de la Santé a approuvé la continuation du projet de prévention SIDA pour 2002. Ce projet qui intègre des militants de différents mouvements fonctionne un peu comme moteur et principale ressource financière de la CMP. Pour 2002 la CMP aimerait également lancer un projet de bibliothèque et de formation en informatique. hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ Le mouvement d’habitation réalise une nouvelle occupation urbaine Ayant comme principal objectif de contribuer à résoudre le problème du déficit habitationnel - 150’000 logements - dans l’Etat du Sergipe, le MPMS (Mouvement Populaire d’Habitation de Sergipe) organise les familles sans-toit pour les aider à obtenir un logement décent. Après le succès de l’occupation de la Coroa do Meio où nous vivons, qui va bientôt compléter ses 3 ans et qui est en phase de régularisation avancée, le mouvement a poursuivi son travail avec d’autres familles dans le besoin. Il tente de négocier des projets de construction populaire avec la municipalité, qui avait par ailleurs fait de belles promesses lors des dernières élections. Plus de 370 familles cadastrées revendiquent un terrain pour pouvoir construire collectivement leur maison en régime de « mutirão » (système d’auto-gestion, où chaque famille participe activement du processus, contribuant avec 16h de travail hebdomadaire, ce qui permet de diminuer jusqu’à 40% le coût de construction). Lassées de ne pas être véritablement écoutées dans leurs revendications et propositions par les autorités municipales, quelques 300 familles du MPMS se sont installées, le 20.02.2002 à minuit, sur un terrain à construire en friche de 8000m2, construisant des baraques provisoires et occupant un bâtiment inachevé et abandonné. Leur but est de faire pression pour que la commune entre en discussion de manière sérieuse. L’action largement médiatisée a déjà conquis la sympathie d’une partie bonne de la population, des autres mouvements sociaux et de plusieurs conseillers municipaux. Le processus de négociation, est maintenant en bonne route… Le premier jour … …et après 1 semaine le terrain a été défriché et un terrain de foot improvisé Politique urbaine au Brésil : Une incohérence parmi d’autres Alors que le parlement vient d’approuver le fameux « Statut des Villes », texte de loi novateur, pour lequel les mouvements sociaux (d’habitation et autres), ont lutté durant de nombreuses années, le gouvernement quant à lui vient de couper 96 % du budget prévu pour 2002 pour la question du développement urbain. Par contre le paiement du service de la dette est garanti… Comment cette nouvelle loi, qui devrait permettre d’importantes mesures de gestion urbaine durable pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux des villes, pourra être appliquée sans argent ? Apparemment il est en passe de subir le même sort contradictoire que le « Statut de l’Enfance et de l’Adolescence »… Cela démontre bien l’engagement du gouvernement brésilien pour sa population à 80% urbaine (dont une majorité vit dans des conditions misérables…), ainsi que sa gestion des problèmes environnementaux urbains (pollution de l’eau, destruction de milieux naturels, déchets…). Mais le problème ne se limite pas au Brésil. Au Forum Social Mondial, le HIC « Habitat International Coalition », qui regroupe des mouvements d’habitation du monde entier, proposait la création d’un fond international pour résoudre la question des conditions de logement. -4- hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà L’Empire GLOBO Le Big Brother brésilien, vous connaissez ? Oui, bien sûr vous allez me dire, ne serait-ce pas cette nouvelle émission de TV, ce live show appelé « Big Brother Brasil » dont on se passera de commentaires ! Non moi je vous parle du Big Brother Brésilien, celui qui a un œil dans tous les foyers brésiliens (87,7%), et même les plus modestes. Celui qui dicte les lois, la mode, les tendances politiques,... GLOBO ?! Vous avez dit GLOBO ? Vous avez tapé juste…ce n'était pas trop difficile, l’Empire GLOBO est internationalement connu (TV diffusée dans 130 pays), ou plutôt on connaît ses retransmissions de Novelas. Mais d’où vient donc la GLOBO? En fait la première apparition de GLOBO a eu lieu en 1925, sous la forme d’un journal « O Globo » (littéralement Le Globe). Son fondateur mourut peu de temps après et ce sont ses fils, notamment Roberto Marinho, qui héritèrent du quotidien. En 1940, le même Roberto Marinho lança sur les ondes la radio Globo, et en 1957 il obtint du Président Kubitschek de lancer la fameuse TV GLOBO (alors appelé canal 4 de Rio). La suite est mouvementée. Les premiers mois de la TV furent désastreux, puis sous l’égide d’un nouveau directeur (Walter Clark, pour ne pas le nommer) elle prit son envol, se disséminant dans de nombreux Etats brésiliens. Grâce à un accord de collaboration avec le groupe Time-life elle disposa d’un important fond d’investissements (US$ 6 millions, alors que la chaîne Tupi se contenta de US$ 300'000) qui la distança largement de ses concurrentes. En 1965, c’est le lancement du Réseau de la TV Globo, qui en une dizaine d’années va racheter bon nombre de chaînes d’Etat et agrandir sa couverture nationale avec comme date importante 1969, le premier téléjournal national. Les années 60 signifient aussi début de la dictature. Le régime instaura un système de -5- aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ télécommunication nationale performant, créant un ministère et permettant l’achat à crédit de téléviseurs. Selon Chico Buarque, « c’est la période télévision et football. Ils construisirent un énorme réseau de communication et des stades de football, laissant pour compte la santé et l’éducation. » La dictature favorisa aussi l’abolition des programmations locales au profit du national. La Globo quant à elle centralisa sa production à Rio et São Paulo et n’imita pas sa concurrente Excelsior qui, après avoir dénoncé le régime dictatorial, perdit sa concession. En 1970, le Général Emílio Médici fait une campagne dont le slogan est : Brésil, tu l’aimes ou tu le quittes. La censure était forte, rien de négativiste ne pouvait être présenté, la liste des sujets tabous immense. La Globo elle se conforma, tronquant ses informations. En 1972, le Président Médici inaugure la télévision couleur en disant : « Je suis heureux quand j’assiste aux nouvelles de la TV Globo, parce que si le Monde est un chaos, le Brésil lui est en paix… » La couleur a fortifié aussi la Globo, elle devint une référence en terme de qualité d’image. La suite de « l’histoire Globo » est une montée en flèche de son succès et une succession de manipulations. Manipulations électorales, qui ont permis d’élire un des présidents les plus corrompus (Collor), manipulation d’images, manipulation de contenus. Mais la qualité de l’image et la proximité au téléspectateur en disant à la fin des programmes : « nous maintenons un canal ouvert entre la TV et ses téléspectateurs, afin que l’exercice de la démocratie soit amélioré. » permettent à la TV GLOBO de battre des records d’audience et d’étendre toujours plus son réseau. Et la TV GLOBO aujourd’hui ? 50% du marché brésilien, 54% de l’audience, 8000 fonctionnaires, présente dans tous les Etats brésiliens, avec le plus grand nombre de moyens de communication (TV, radio, journaux, revues, internet, …), et la plus importante production au Monde de programmes propres, l’Empire GLOBO distance largement ses concurrents nationaux, voire internationaux.. Son secret « une production essentiellement brésilienne » (mais qui a une fâcheuse tendance à s’inspirer du modèle américain) ou plus hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà précisément un ingénieux modèle de production basé peut-être sur le systémisme qui rend le téléspectateur accroc du petit écran et qui paralyse les brésiliens aux « heures novelas » , quand personne ne sort de chez soi. Concrètement qu’est-ce que ça signifie. : On trace un fil rouge dans la production et personne ne s’en distance. Dans chaque type d’émission et aussi dans la publicité, on retrouve des visages connus (des acteurs de novelas, des présentateurs, des vedettes brésiliennes telles que sportifs, musiciens, top modèles…) . On use et abuse des vedettes GLOBO, les sine qua non, ceux qui sont tombés dans la marmite GLOBO et qui ont été imprégnés à vie, et que l’on retrouve dans toutes les émissions. On reprend les informations nationales et on les réutilise à toutes les sauces afin de se rapprocher du quotidien des gens (par exemple dans une rediffusion quasi ao vivo du Carnaval de Rio dans les Novelas) On est grand défenseur des Brésiliens en faisant de la prévention (SIDA, Dengue, …) dans les novelas. Et une fois par semaine on est grand justicier en reproduisant des simulations de meurtres barbares afin que le public dénonce les coupables. On fait plaisir aux enfants avec la TV Globinho qui symbolise le puits aux futures « vedettes GLOBO et autres acteurs de novelas », sans oublier la diffusion des dessins animés (japonais). On dicte la mode grâce aux novelas en reproduisant les articles utilisés par les acteurs, en créant des revues liées aux programmes et en faisant des disques en relation à chaque novela. On s’invente historien en utilisant des faits de l’histoire (manipulés) comme trames de novelas. On est parfois professeur de géographie en esquissant une carte du Monde qui se limite au Brésil et accessoirement à l’Argentine (dû au Mercosul), aux USA (ou plutôt à la psychose de Bush) et de temps à autres aux catastrophes qui se produisent ailleurs dans le monde. On est complètement parano quand il s’agit de guerre contre l’Afghanistan et qu’on diffuse durant 1 mois plus de 50% des informations sur le sujet. Puis on transpose le problème au Brésil en suggérant le début de la 3e guerre mondiale, la protection contre les attentats -6- aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ éventuels et la recherche de terroristes en territoire brésilien. Pourtant, après maintes critiques on retourne judicieusement sa veste en se tournant amis des « pauvres afghans ». On montre quotidiennement les Argentins qui vont dans les rues pour revendiquer mais on s’abstiendra si possible de filmer les manifestations brésiliennes. On produit des émissions en montrant presque toujours l’image de la société brésilienne aisée (~20%) alors qu’on sait que c’est en majorité l’autre société assiste à sa programmation. On sait caresser les points faibles des brésiliens en retransmettant bon nombre de matchs de foot et de F1. On est assistancialiste en créant des fonds de bienfaisance pour les enfants (entre autres). On se prétend école publique en offrant des cours télévisés à 5h du matin. On mise sur l’interactivité entre le téléspectateur et la production. Ainsi le téléspectateur peut changer le cours d’une novela, peut participer d’un programme et peut croire, l’espace d’un instant, être un héros national. Et on fait cela avec beaucoup de soin, de compétences, et d’intelligence. Oui la TV GLOBO est très puissante et elle le sait. Ces quelques exemples pour illustrer une réalité hors du commun, qui choque. La GLOBO est-elle finalement une ensorceleuse, un autre pouvoir public ou un baume ? Quand arriverons-nous à une « écologie de l’information » au niveau mondial, comme le suggérait I. Ramonet au Forum Social Mondial ? 1 semaine après l’occupation, la TV est déjà présente dans un cadre plus que rudimentaire. hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ tragique, elle laisse un fils qu’elle a élevé avec sa compagne. Flash Infos Nord ⇔ Sud Echec des négociations de paix en Colombie Les négociations de paix entre la FARC (Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie) et le gouvernement sont rompues. Ce dernier, soutenu par les USA, a commencé à bombarder la zone sous contrôle de la FARC, qui a séquestré une sénateur, future candidate aux prochaines élections présidentielles. Derrière ce conflit, il y a non seulement la lutte contre le narco-trafic, mais aussi des enjeux politico-stratégiques du « Plan Colombie « (mainmise américaine sur la région amazonienne). Il permet aussi de voiler une réalité sociale très difficile. Contrastes climatiques Au Brésil, les pluies estivales particulièrement abondantes font de d’innombrables victimes (inondations chroniques dans les mégalopoles du sud-est), mais aussi des heureux (les entreprises hydroélectriques qui sont au cœur de la crise énergétique que connaît le pays depuis juin dernier). Pendant ce temps, en Suisse l’hiver est rigoureux mais plutôt sec. WEF v/s FSM Malgré leur simultanéité, les 2 événements (Forum Economique Mondial et Forum Social Mondial) n’ont pas ouvert de véritable dialogue sur les questions-clés de mondialisation, dont les vues entre Porto Alegre et New York sont opposées. Une mini-téléconférence a néanmoins permis un dialogue de quelques minutes entre représentants des 2 évènements. En Suisse, nos ministres ont tout fait pour que le WEF retourne à Davos l’année prochaine. Même au Brésil, le WEF a supplanté le FSM dans les médias nationaux. Les grands médias donnent plus de crédit aux « grands » de l’économie mondiale qu’aux penseurs humanistes. Une logique de pouvoir… La mort de Cassia Eller et la cause homosexuelle La chanteuse carioca Cassia Eller est morte brusquement le 29 décembre. Après un début de carrière difficile, la rockeuse de Rio a connu le grand succès en chantant notamment « Non, je ne regrette rien » d’Edith Piaf. Dans sa mort -7- Crise et insurrection en Argentine Le panelaço (concert de casseroles) des argentins dans les rues de Buenos Aires a certainement fait le tour du monde. Avec la dollarisation de leur économie et l’application des directives du FMI, les Argentins ont perdu plus de 30% de leur pouvoir d’achat et une grosse partie de la population est tombée en dessous du seuil de pauvreté. Les scandales qui ont éclaboussé le gouvernement (élève modèle du FMI) et les mesures de gel des avoirs en banque ont fait éclater la contestation populaire. JO de Salt Lake City Alors que les médias suisses critiquent les skieurs helvétiques (heureusement que les surfeurs et les sauteurs étaient là pour sauver l’honneur), les médias brésiliens vantent dans tous les détails la participation de leurs représentants, la plus grande délégation brésilienne n’ayant jamais participé à des JO d’hiver, qui se trouvent souvent en bas de classement.… Peu importe ! Rapport sur l’eau Une étude sur la qualité de l’eau a montré qu’au Brésil, 70% des cours d’eau et 30% du littoral sont pollués. C’est une des graves conséquences environnementales de l’urbanisation désordonnée du pays, où le 90% des eaux usées retournent à la nature sans aucun traitement. La Suisse entre dans l’ONU Votations historiques le 3/3/02, le peuple accepte l’entrée de la Suisse dans l’ONU. Margie est arrivée Heureuse nouvelle : Stéphane, Rachel et Robin Clément sont venus chercher leur petite fille et respectivement sœur, Margie en Colombie, après une longue attente. L’intégration de Margie (5 ans) dans sa nouvelle famille se passe au mieux. Bienvenue à elle et beaucoup de bonheur aux heureux parents et au sympathique grand frère ! hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ PETIT COIN ENFANTIN Oizinhos ! Me voilà de retour pour vous parler de mes dernières aventures brésiliennes. D’abord, et ce n’est pas rien, j’ai soufflé ma première bougie. Même si mes parents voulaient une fête simple, mes compatriotes se sont débrouillés pour ajouter les flons flons…Sur le thème de la mer il y avait le jeu de la pêche miraculeuse, de beaux ballons bleus qui explosaient avec la chaleur et un énorme gâteau avec plein de petits poissons, coquillages, crustacés et autres… Tout le monde s’est mis à la peinture pour me confectionner un beau T-shirt rempli de dessins maritimes. On a chanté joyeux anniversaire en plusieurs langues et j’ai beaucoup tapé des mains ! Bien sympathique. Après cela je suis parti en avion à Porto Alegre, au Forum Social Mondial. 4 avions et 9 heures plus tard j’y étais…la compagnie d’avion choisie par mes parents devrait bientôt subir le même sort que notre compagnie nationale…ayant vendu plus de places que l’avion en possédait, à chaque escale ils nous faisaient monter dans un autre avion plus gros…c’est sans dire que ma maman avait 5 bagages à main entre mes jeux, ma nourriture, mes couches, mes habits de rechange au cas où les bagages n’auraient pas suivi. Bref quand on a retrouvé mon papa qui revenait de Suisse à la dernière escale, il s’est retrouvé avec tous les sacs et moi dans les bras ! Vive les voyages ! A Porto Alegre, mes parents ont décidé de ne pas trop m’amener dans la foule (50'000 personnes) que représente le Forum. Alors j’ai fait des ballades dans les superbes parcs de la ville, et un jour j’ai été au Forumzinho. Le Forumzinho se déroule parallèlement au FSM. Une école entière a été réservée pour les 2500 enfants qui ont participé. Des tas d’activités étaient proposées, comme des ateliers de peinture, de recyclage, de confection de jouets, de théâtre, …mais aussi de la musique, un cirque qui travaille le thème des déchets, des contes, … Bien sûr c’était prévu pour des enfants un peu plus âgés, mais je m’y suis bien amusé. -8- hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ A la recherche de dépaysement EN VOYAGE : Le Morro de São Paulo Le pays gaúcho Pas souvent intégré dans les circuits touristiques du Brésil, l’état de Rio Grande do Sul possède pourtant d’intéressants attraits, tant au niveau de la culture que de la nature. Le terme gaucho désigne l’éleveur de chevaux et de bœuf des vastes pampas de l’intérieur du pays, inséparable de son cheval et de sa cuia (tasse spéciale pour boire le maté, héritage de indiens). C’est lui qui marqué le plus fortement la culture sud-brésilienne. Pourtant, la région côtière et agreste est bien différente, avec ses plages désertes, ses lagunes et ses montagnes creusées d’impressionnants canyons. Imprégnée principalement par la culture des immigrés allemands et italiens, le littoral a gardé un fort caractère européen, avec bien sûr le « jeitinho » brésilien. On y produit du vin, du salami, du fromage… A Rio Grande do Sul, surnommé Etat de la participation populaire, les citoyens ont la possibilité de se prononcer sur les investissements publics, tout comme cela se fait au niveau municipal à Porto Alegre. Voilà un bel exemple de démocratie directe.. -9- Il n’a rien a voir avec la mégalopole brésilienne du même nom. C’est même tout l’inverse : une charmante petite île du Nordeste, à quelques de 2 heures de bateau de Salvador. On y rencontre aucune route, aucune voiture, aucun building, mais plein de petites auberges, des bars, des héritages coloniaux, des rues en terre battue, de la forêt vierge, des cocoteraies, et des kilomètres de plages. Un petit paradis ? Oui, mais un paradis bien connu des touristes qui arrivent nombreux en haute saison, au bonheur des aubergistes et des porteurs qui assaillent les touristes avec leurs brouettes… Le développement incontrôlé de l’île risque de préjudicier le propre tourisme. Mieux vaut donc profiter des curiosités historiques et naturelles de l’île (phare, forteresse du 16ème , forêt, singes, coraux, poissons multicolores, cascade, bain d’argile,..) que des « animations attrapetouristes »… hÇ cxà|à `ÉÇwx aÉÜwxáà|Ç? i|Üz|Ç|x `ÉÜxà xà UÜâÇÉ VİÅxÇà aâŰÜÉ DD@ YÉÜâÅ fÉv|tÄ `ÉÇw|tÄ \\ Le groupe de soutien Nordestin NOUVEAU Chers amis du groupe de soutien, Tout d’abord un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenu et nous soutiennent encore durant ces 3 ans au Brésil. Arrivant gentiment au terme de notre contrat, et étant en mesure de mieux cerner les nécessités locales et régionales, nous pensons qu’il est temps de vous faire part de notre démarche en vue d’un soutien financier à des initiatives nordestines. En effet, jusqu’à aujourd’hui une partie de votre soutien financier a été versé chaque mois dans un fond d’appui aux partenaires Sud d’ECHANGER (exigence contractuelle). Une autre partie a été utilisée pour la divulgation de ce petit journal ainsi que pour des frais liés à la divulgation de notre travail. Et une dernière partie a été précieusement gardée en vue d’un soutien financier à des projets locaux. Afin de responsabiliser nos partenaires sur le sujet, nous souhaitions les encourager à réaliser de petits projets en fonction de leurs nécessités. Dans le délai établi (Juin 2002) pour la remise des projets, nous pouvons évaluer le montant disponible pour ces projets. Nous envisageons de résumer ces projets et vous en faire part afin que les personnes intéressées puissent donner leur avis. Puis en septembre 2002, donner une réponse aux protagonistes des projets proposés, afin de pouvoir les accompagner durant nos 3 derniers mois au Brésil. Nous sommes donc ouverts à des propositions de critères et suggestions. Merci d’avance pour votre participation et pour votre soutien. Vous pouvez faire parvenir vos suggestions et autres messages • • • • Par e-mail : [email protected] Par la poste Bruno Clément et Virginie Moret/Platy 49/1752 Villars-sur-Glâne Par la poste Bruno Clément et Virginie Moret /CP 414/ 49001-970 ARACAJU/BRASIL Par fax : 0055/79-255 2622 Vous pouvez continuer à soutenir financièrement notre projet: Nordestin/1752 VSG/CCP 17-12980-6 - 10 -