lagoon my 40 - Lagoon Motor Yacht
Transcription
lagoon my 40 - Lagoon Motor Yacht
112-115 Essai LAGOON 40_MM170-FR_essai 12/03/15 16:45 Page112 ESSAI LAGOON MY 40’ "30 ans c’est beau et enviable. Et dire que Lagoon fêtait ses 30 ans l’année dernière aussi… C’est ainsi, les beaux millésimes se suivent ! Bravo à toute l’équipe du magazine pour avoir su mener votre "multicoque" depuis tant d’années dans l’océan de la presse spécialisée ! 30 ans pour devenir LA référence mondiale, c’est une belle histoire qui ne fait que commencer. Nous restons et resterons vos plus fidèles lecteurs." Un gaillard prêt pour le voyage... Yann Masselot - Lagoon Robuste, compact et échouable, le MY40 est bien adapté à la croisière buissonnière. La plupart des powercats du marché sont des unités puissantes et luxueuses, mais une demande se manifeste également pour des modèles habitables plus maniables et moins rapides qui disposeraient d’une bonne autonomie et d’une faible consommation. Le Lagoon 40MY veut répondre à ce programme. Nous l’avons essayé deux jours en Méditerranée. Texte : Philippe Echelle Photos : N. Claris – Ph. Echelle LE CATAMARAN À MOTEUR, UN SEGMENT CONVOITÉ Au début des années 1990, Jeantot Marine lance les Euphorie 40’ et 44’, qui connaissent un succès d’estime, mais le concept transpose trop brutalement une logique et un design de yachts à moteur sur une base de catamarans, les puissances utilisées limitent le rayon d’action. Depuis la fin des années 90, Fountaine Pajot est le seul à avoir développé une gamme complète et à croire au concept... Et il a fallu attendre la décennie 2010 pour assister à un vrai regain d’intérêt de la part de nombreux autres constructeurs. TRAWLER CAT, MULTI YACHT OU CATAMARAN À MOTEUR ? Ce segment prometteur laissé en relative jachère a souffert d’une confusion au sujet de son identité réelle ; en dépit de 112 l’appellation trawler des débuts, les multicoques n’ont jamais pris la succession des croiseurs vagabonds type Grand Banks et n’ont attiré qu’à la marge la clientèle moteur traditionnelle. La plupart des projets ne sont pas parvenus à clarifier leur philosophie en profondeur et à prendre leurs distances à l’égard du modèle monocoque, rapide, bruyant et vorace (à l’exception notable de quelques superbes heavy duty sobres et endurants). Certes, les qualités de stabilité et d’habitabilité des plates-formes séduisaient, mais les augmentations de puissance (souvent demandées par les acheteurs, d’ailleurs !) poussaient ces bateaux en dehors de leur logique profonde, brouillant image et comportement. LAGOON ET LES MULTICOQUES À MOTEUR Le Power 43’ de Xavier Faÿ et Philippe Subrero était un excellent bateau en version 2 x 180 CV, mais la course à la puissance et les ambitions de vitesse altéraient sa fiabilité de transmission et le rendaient gourmand en version 2 x 350 CV. L’évolution en 44’ n’a pas permis de pérenniser le modèle, et le leader mondial s’est absenté de cette classe de multicoques. Le retour d’un catamaran à moteur dont l’ADN est totalement revisité marque un positionnement réfléchi et une volonté de répondre à un programme plus rationnel. UN CONCEPT ORIGINAL, PLUS AMBITIEUX QU’IL N’Y PARAÎT Le MY40 reprend la base du Lagoon 39’, voilier dont la géométrie lui confère les qualités d’une plate-forme large et habitable prévue pour la mer ouverte. Cette assise sur l’eau le destine réellement à la croisière, avec tous les avantages d’un espace interne généreux qui met l’accent sur un programme de vagabondage tranquille. La taille raisonnable lui permet 112-115 Essai LAGOON 40_MM170-FR_essai 12/03/15 16:45 Page113 aussi de se faufiler dans des ports d’accueil aux installations rustiques (les plus intéressants !) et de fréquenter les mouillages hors pistes. L’échouage est possible sur les amorces d’ailerons qui protègent les safrans et les transmissions. La motorisation de 2 x 75 CV est bien adaptée à ce cahier des charges innovant, sous réserve de troquer vitesse instantanée et accélérations rageuses contre une glisse de sénateur et une autonomie prometteuse. UNE SILHOUETTE SYMPATHIQUE Avec ses jupes rallongées, son petit saute-vent, sa coupole rigide de protection de timonerie et le mât porte-antenne en croix (issue du Power 44), le 40MY affirme sa nouvelle identité (le maintien de la martingale de poutre ne semble pas indispensable). Pour le reste, les attributs confortables d’une base de voilier confortent la vocation de plaisance flâneuse du bateau et se substituent sans complexes au design plus arrogant qu’une conception motor yacht n’aurait pas manqué de faire naître ! Sous l’eau, le tiers arrière des coques a été redessiné pour créer une voûte porteuse, et les ailerons supprimés au profit de sabots d’échouage. UN PLAN D’AMÉNAGEMENT AGRÉABLE À LA MER Sur ce genre de bateau, les espaces extérieurs participent largement à la qualité de vie ; ils interagissent avec les buts essentiels de la croisière et en déterminent souvent l’agrément. Le MY40 est un multicoque compact dont les interfaces bateauenvironnement marin sont fonctionnels et simples d’utilisation. Les bossoirs, les zones de débarquement des jupes indiquent clairement le rôle prépondérant de l’annexe dans le programme de loisirs nautiques (la structure de l’échelle de bain à poste fixe sert également de main courante de sécurité et le logement de la survie est judicieusement intégré à l’aplomb du tunnel). La plage avant ménage un grand espace de convivialité ou de contemplation ; le trampoline est séparé en deux par la poutre de compression, qui sert aussi de chemin de chaîne pour le mouillage. L’accès au bain de soleil sur le toit du roof est aisé, mais le séjour est réservé aux allures stables et calmes. Les 1 2 3 4 - larges passavants ouvrent sur le salon de cockpit, dont les qualités de lodge modulable ne sont plus à vanter. Bien isolé du vent, le bimini le protège du soleil, c’est le centre d’activité du navire. Proche du poste de barre en navigation, il est transformé par un kit de toiles et devient l’espace à vivre de demi-saison ou un sas pertinent lors des hivernages à bord. La double baie coulissante fait largement communiquer le salon de pont avec le cockpit ; le design Nauta est toujours aussi efficace et l’ébénisterie Alpi chêne génère une atmosphère douillette. La perception de la qualité est bonne et résiste à une inspection minutieuse des assemblages. Cuisine, bloc froid, bureau et carré sont fonctionnels et agréables à l’usage. L’intimité du roof est préservée par des rideaux occultants faciles à mettre en place. L’éclairage, direct par plafonniers led et indirect par bandeaux, procure une ambiance chaude d’une température de couleur parfaite (l’isolation du tuyau d’alimentation en eau chaude de la cuisine pourra être renforcée). L’installation d’un chauffage à air pulsé et d’un dessalinisateur donnera à ce petit baroudeur l’autonomie tous temps que son caractère appelle. Les cabines (4 dans notre version d’essai) sont parfaitement agencées et équipées avec le pack confort (isolation, ventilation, rideaux, moustiquaires…). Il est évident que la version 3 cabines répondra encore mieux aux attentes des propriétaires. INSTALLATION MOTEURS Les 2 Yanmar de 75 CV sont des 4 cylindres de 1995 cm3 coiffés de culasses 16 soupapes. Installées en série sur les First 50, Sense 55 ou Lagoon 420, ces mécaniques développent des puissances modestes pour des multisoupapes turbo, ce qui préserve la longévité. Leur poids est de 249 kg avec le saildrive. La rusticité d’un arbre d’hélice est toujours préférable, mais ce type de transmission emporte les faveurs des constructeurs pour sa compacité et sa simplicité de mise en place. Un saildrive est une mécanique immergée qui devra bénéficier d’un entretien et d’une surveillance qualifiée réguliers. L’accès aux cales moteurs s’effectue en ouvrant le panneau de pont, puis en retirant le faux plancher d’isolation en 3 parties. L’installation est lisible, l’espace de travail correct, la visibilité des organes est bonne. Une alarme d’alimentation d’eau de refroidissement serait précieuse, les orifices d’admission d’une embase sont petits, donc sensibles aux déchets plastiques, et l’alarme de chauffe est un pis-aller. L’isolation est correcte, mais des améliorations sensibles peuvent être apportées par des mousses sandwich combinant isolation et absorption. ELECTRICITÉ ET CARBURANT Les 2 réservoirs aluminium de 300 l chacun sont de belle facture et solidement fixés à la coque, ils disposent de trappes de nettoyage et pourront être sortis de leur emplacement si nécessaire, Sa sobriété à la vitesse de croisière prédestine le MY40' aux longues randonnées... La géométrie de la base voilier d'origine offre une bonne hauteur sous nacelle et des étraves défendues pour la mer agitée. Les rallonges de jupes traduisent la greffe du tiers arrière de flotteur pour obtenir une voûte plus porteuse La manœuvrabilité est très bonne, la géométrie originale de ce catamaran de 40' à moteur ménage des espaces à vivre remarquables. 113 112-115 Essai LAGOON 40_MM170-FR_essai 12/03/15 16:45 Page114 ESSAI bravo ! L’emploi de carburant de qualité et la visite régulière des filtres préviendront les désagréments. On prendra la précaution de ne pas remplir les deux réservoirs à la même pompe afin d’éviter une éventuelle pollution simultanée. Chaque moteur dispose de sa batterie indépendante. Le parc domestique constitué de 4 x 120 A est logé sous le lit arrière bâbord, il est solidement saisi au châssis, mais ne dispose pas de couvercle de protection des bornes, les tableaux des coupe-batteries sont d’excellente facture et bien positionnés. ESSAI EN NAVIGATION Notre navigation s’est déroulée en février au large de la Camargue au lendemain d’un coup de mistral à plus de 150 km/h, la température "fraîche" nous a fait apprécier l’abri du roof et son excellente visibilité. J’ai tout de même pu rester plusieurs heures au poste de pilotage, confortablement installé sur le siège banquette bi-positions. Notre première journée est favorable aux incontournables tests de manœuvrabilité en baie d’Aigues-Mortes avant de mettre le cap sur le petit port des Saintes-Maries-de-la-Mer à une vingtaine de milles. Avec un léger vent favorable au départ, le MY40 atteint sa vitesse de pointe de 11,8 nœuds à 3400 tr/min. Je stabilise ensuite l’allure à 11 nœuds (qui est la vitesse de croisière maxi) sur l’ensemble du parcours (vent de 15 nœuds, de 3/4 avant bâbord) pour arriver avant le crépuscule dans l’entrée du Petit-Rhône. L’assiette navire est légèrement cabrée à ce régime, le bruit moteur est présent, sans désagrément majeur. De longues ondulations à peine perceptibles parcourent le plan d’eau en sens inverse du clapot, le MY40 en profite pour les chevaucher et parvient à rester sur l’onde quelques centaines de mètres en accélérant joyeusement à 13,5 nœuds (mesures Garmin Quatix) ! Cette observation ouvre des perspectives quant à l’intérêt de naviguer intelligemment en soignant sa météo pour les longs parcours avec ce type d’unité. Le soir, nous profitons avec réel plaisir de notre home marin et cuisinons à bord. J’ai constaté en descendant aux côtés de la machine pendant la navigation que le refroidissement de la cale fonctionnait bien et que l’admission-évacuation d’air forcée était efficace. Les températures moteurs restaient peu élevées et le bruit mécanique harmonieux. Le lendemain, l’exercice est différent, et nous allons profiter du MY40 dans ce que j’estime être sa véritable vocation. Vous avez remarqué que la perception de vitesse est très relative ; Le Toumelin s’estimait parfaitement heureux à 6 nœuds et s’extasiait lorsque le Kurun en atteignait 7. Hier, à 11 nœuds de moyenne, nous abattions vraiment de la route, et en réduisant à 10, nous aurions parcouru 240 milles en 24 heures… de quoi rejoindre le Nord Sardaigne ! Par cette splendide matinée d’hiver, je veux installer un véritable rythme de croisière et tester sur notre étape de 20 nautiques la vitesse que j’établirai avec le MY40 sur un long parcours. À 8 nœuds, les moteurs se font presque oublier, l’assiette navire est parfaite et ses mouvements souples comme s’il nageait paisiblement en surface ; la vie domestique peut s’installer comme à bord d’un voilier par beau temps ! À cette allure, nous consommons 0,96 l/mille et la mare devient nostrum ! Le rêve d’une flânerie voyageuse en direction de la mer Tyrrhénienne, des merveilleux mouillages corses et de la Grèce hors saison nous emporte. Le projet d’un hiver sabbatique se fait jour (qui semblerait probablement moins attractif en voilier !). Chauffage, éoliennes, dessalinisateur et panneaux solaires dispenseront le MY40 de prises de quai et autres fils à la patte, et mon allure de sénateur nous emportera en grand voyage au moteur avec 600 milles d’autonomie. À peine le temps d’échafauder la future odyssée et d’entamer un petit casse-croûte, le port est devant l’étrave… dommage ! Un dernier pivotement pour rentrer en marche arrière dans la place, et constater la parfaite manœuvrabilité du MY40, et c’est (hélas !) fini. CONCLUSION L’esprit de ce gaillard de MY40 m’a plu. Il est confortable et spacieux, mais compact en manœuvre de ports et au mouillage. Simple à comprendre, à utiliser et à entretenir, ses bonnes aptitudes de navigation lui ouvrent les portes du large et du grand vagabondage semi-côtier. Sa puissance moteur modeste correspond à ce que de nombreux amateurs attendent d’un catamaran de ce type, elle favorise une croisière buissonnière, économique et respectueuse des autres usagers de la mer (animaux inclus), tout en offrant des moyennes efficaces sur les parcours de liaison et de bonnes qualités marines. Ce bateau est le prototype d’une transition que j’apprécie et d’une liberté d’action enviable. LES CONCURRENTS Modèle Puissance Architectes Prix HT en € Aquila 38 2 x 100 CV Morelli/Melvin 287 000 Leopard 39 2 x 60 ou 120 CV Fountaine Pajot MY37 2 x 110 ou 220 CV Fusion 40 2 x 150ou 260 CV Morelli/Melvin 289 000 Daniel Andrieu 284 000 Garry Lidgard 455 000 5- Avec ses 11,90 m, le MY40 a tout d'un grand, mais reste facile à vivre. 6 - Les volumes de cabines sont remarquables, la finition est au rendez-vous. 114 7 - Des cuves à gasoil de belle facture, démontables et dotées de trappes de visite. DESCRIPTIF TECHNIQUE Architecte : VPLP Constructeur : Lagoon Design intérieur : Nauta Longueur : 11,99 m Largeur : 6,70 m Tirant d’eau : 0,91 m Motorisation : 2 x 75 CV Yanmar 4JH4 TCE Transmissions : Saildrives Alternateurs : 12 V 125 A Gasoil : 2 x 300 l ou 2 x 400 l en option Eau douce : 300 l Prix de base HT : Version 3 cabines 272 00 €/ Version 4 cabines 277 220 € Principales options prix HT en € Pack équipement confort/électronique : 20 250 Coussins de cockpit et dossier inox : 2 329 Matelas bains de soleil de roof : 1 841 Panneaux solaires 3 x 120 A : 4 435 Toiles de tour de cockpit : 2 466 Convertisseur 12/220/2000 W : 3 065 Dessalinisateur Sea Recovery 65 l/h : 9 859 Chauffage diesel à air pulsé : 10 700 Antifouling et primaire époxy : 1 919 Livraison et mise à l’eau aux Sables d’Olonne : 6 941 Prix HT du bateau essayé : 320 512 € 112-115 Essai LAGOON 40_MM170-FR_essai 12/03/15 16:45 Page115 La baie vitrée à doubles battants ouvre un large espace de convivialité, faisant communiquer salon de pont et cockpit Le mâtereau porte-antenne permet d’installer rationnellement l’électronique et s’intègre bien dans la silhouette Le hard top protège efficacement du soleil, il est possible de gréer un kit de toile Outre son rôle principal de casquette pare-soleil et de coupe-vent, le bimini du MY40 peut aussi accueillir éoliennes et panneaux solaires pour l’autonomie au mouillage Les larges passavants et le trampoline contribuent à la sécurité et au plaisir de ce type de multicoque Bateau futé Programme plaisant ◆ Confort à bord ◆ ◆ Entretien des saildrives Absence de protection des bornes des batteries de service ◆ Isolation moteur perfectible ◆ ◆ Le cockpit est bien sûr un espace à vivre stratégique, le kit de toile en prolonge l’usage en inter-saison ou en hivernage L’échelle de bain à poste fixe sert aussi de main courante pour les débarquements en annexe L’homme de veille est abrité derrière le saute-vent et confortablement installé sur une banquette biplace. La communication avec l’intérieur du bateau est immédiate. Les rallonges de jupes traduisent la greffe du tiers arrière de flotteur pour obtenir une voûte plus porteuse Les francs-bords généreux sont appréciables sur un multicoque à moteur, ils participent à une bonne élévation de plate-forme et réduisent les embruns Tableau des consommations (essais constructeur) Tr/min vitesse en nd 1800 7,35 2150 8,01 2800 9,25 3200 10,2 3258 11,3 Poids du bateau : 11,2 t Carburant et eau 1 280 kg Equipage 150 kg Sécurité et mouillage 220 kg Soit un déplacement d’environ 13 t Hélices tripales 18x16 LHSD consommation pour les 2 moteurs 6,18 l 7,61l soit 0,96 l/mille 18,93 l 28,72 l 33,56 l 115