Observatoire régional des violences conjugales envers les femmes

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Observatoire régional des violences conjugales envers les femmes
Observatoire régional des violences conjugales
envers les femmes en Pays de La Loire
Année 2014
État des lieux et précautions méthodologiques
Ce premier rapport a recueilli les données des associations spécialisées dans l’accueil, l’écoute, l’accompagnement des femmes victimes de violences
conjugales dans les Pays de la Loire :
En Loire atlantique : Solidarité Femmes 44
Dans le Maine et Loire : SOS Femmes 49
En Mayenne : Revivre 53, service la citadelle
Dans la Sarthe : SOS Femmes 72
En Vendée : SOS Femmes 85
Les professionnels, qui accompagnent ces femmes dans les associations, accueillent dans un premier temps la parole des femmes.
Ils rejoignent sur cet axe les missions des écoutants du 3919, à savoir l’écoute, l’information et l’orientation et inscrivent leur posture professionnelle dans la
même éthique de travail. Les professionnels, par une écoute bienveillante et empathique, instaurent un climat de confiance qui permet à la femme de
parler de sa situation, de clarifier l’analyse qu’elle en fait, d’identifier sa (ses) demande(s) et d’envisager les moyens de mettre fin aux violences conjugales
dont elle fait part.
Une fiche est remplie par les professionnels. Elle renseigne sur l’appel, la victime et sa situation, l’auteur des violences, la vie conjugale et familiale, les
violences, le contexte d’apparition et/ou d’aggravation des violences et les conséquences sur les victimes ainsi que sur les démarches qu’elles ont
effectuées. Les professionnels renseignent également les réponses et les orientations apportées.
Cette fiche est en premier lieu un outil pour l’accompagnement de ces femmes afin qu’elles n’aient pas à redire leur histoire lors d’un prochain appel ou
rencontre.
Ces statistiques ont été élaborées à partir des informations que la femme a souhaité donner.
Le taux de renseignement des indicateurs varie de ce fait en fonction de chaque variable.
Le 3919 : un numéro d’appel identifié par les Ligériennes victimes de violences conjugales
Selon les données 2014 recueillies par l’Observatoire 3919 de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) , la Région Pays de la Loire avec 776 appels
« Violences Conjugales » (femmes victimes/hommes agresseurs) se maintient dans la cinquième position (depuis 2013) parmi les régions recevant le plus
grand nombre d’appels au service « 3919-Violence femmes Info » soit près de 5 % du total des appels violences conjugales « Femme Victime Homme
Agresseur » (3919-France=15 926, hors non réponse, département non renseigné et appels émis de l’étranger).
Tableau et infographie1.
Répartition des appels violences conjugales au « 3919-Violences femmes Info » de la région Pays de la Loire par département
Département
44-Loire-Atlantique
49-Maine et Loire
53-Mayenne
72-Sarthe
85-Vendée
Total Pays de la Loire
Nb d'appels violences conjugales FVHA
367
182
34
94
99
776
0.50%
0.40%
loire atlantique
0.30%
Maine et loire
Mayenne
0.20%
Sarthe
0.10%
vendée
0.00%
Accueil de jour et lieux d’accueil et d’orientation (LAO)
En 2014, 2963 nouvelles femmes ayant vécu des violences conjugales ont fait appel aux associations spécialisées dans le cadre des Accueils
de Jour et Lieux d’Accueil et d’Orientations.
Infographie 2 : activité des associations par département
Les violences psychologiques : premières violences subies par les ligériennes victimes de violences conjugales
Toutes ces femmes ayant pris contact avec les associations étaient victimes de violences conjugales psychologiques. Celles-ci étaient associées ou non à des
violences physiques (plus d’une femme sur deux), économiques, administratives, sexuelles.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
violences
psychologiques
violences économique
et administrative
violences physiques
Infographie 2 : évaluation des différentes formes de
violences conjugales subies par les femmes
violences sexuelles
Des représentations sur les violences conjugales qui peuvent entraver la demande d’aide des femmes
Les représentations sociétales des violences conjugales sont majoritairement assimilées aux violences physiques. Les femmes subissant des violences
conjugales psychologiques (emprise, harcèlement, humiliation…) peuvent avoir des difficultés à se reconnaitre victime de violences conjugales, et leur
réseau relationnel peut également venir conforter cette non-reconnaissance.
Les associations spécialistes estiment que le nombre de femmes victimes de violences sexuelles est sous représenté car beaucoup de victimes n’identifient
pas certaines pratiques comme des violences à leur encontre, prises dans le discours de l’auteur qui banalise certains actes ou rend la femme responsable
de son refus, de sa honte ou de sa réserve.
Une demande des ligériennes d’écoute et de reconnaissance des violences vécues
La première demande des femmes est d’être écoutées et reconnues dans les souffrances qu’elles subissent.
44% des femmes ont fait une demande d’hébergement voire de mise en sécurité.
L’un des enjeux pour les associations spécialistes est de pouvoir atteindre les femmes en zone dite rurale, et d’avoir les moyens de les accompagner dans
leur projet (notamment pour celles qui ne sont pas prêtes à quitter le domicile conjugal).
Des avancées en termes de démarches engagées avant le premier contact
Un tiers des femmes avait fait une démarche auprès de la Police ou de la Gendarmerie (plainte, main courante, PV) avant cette première prise de contact.
Nous pouvons émettre l’hypothèse que les campagnes de prévention, la meilleure formation des professionnels sur chaque territoire favorisent le repérage
et l’orientation des femmes victimes de violences conjugales. Cependant, de nombreux territoires nécessiteraient une action de proximité afin de renforcer
le maillage local.
Ce chiffre montre également que pour de nombreuses femmes il est encore difficile de repérer les violences, de les nommer, de se reconnaitre victime,
notamment du fait du transfert de responsabilité de l’auteur à son encontre.
30%
25%
20%
Infographie 3. Démarches engagées avant le premier contact
15%
10%
5%
0%
1
plainte
PV, main courante
certicat médical / ITT
service social
avocat
Des ligériennes de tous âges et à part égale en ou sans emploi
Infographie 4. Répartition par
âge des nouvelles situations
Infographie 5 : l’activité socioprofessionnelle des ligériennes
Sans ressource
Retraite
RSA
Allocations chômage
Salaire
0
5
10
15
20
25
Infographie 6. Ressource des femmes
30
35
Des enfants exposés aux violences conjugales
Sur les femmes ayant renseigné leur situation, près d’une femme sur 4 est sans enfant. Sur celles qui ont des enfants à charge, 40% ont 1 enfant, 33% 2
enfants, 18% 3 enfants et 9% enfants et plus.
Infographie 7 : composition familiale
3219 enfants sont concernés par cette exposition aux violences en 2014 en Pays de Loire. Ce chiffre est en-deçà de la réalité car il ne tient pas compte des
femmes n’ayant pas renseigné leur situation familiale, ni des femmes victimes n’ayant pas pris contact avec les associations spécialistes.
Il est important de relever que 32% des enfants concernés sont âgés de moins de deux ans.
Hébergement en CHRS ou en ALT
Des capacités d’hébergement qui ne permettent pas de répondre à toutes les demandes
272 femmes ont pu être hébergées par les différentes associations (hors nuitées d’hôtel). 1311 demandes ont été adressées en 2014 pour des femmes
victimes de violences conjugales.
80%
70%
60%
50%
manque de place
40%
Infographie 8. Répartition des motifs de refus
hébergement non adapté
30%
demande sans suite
20%
10%
0%
0
0,5
1
1,5
Près de deux femmes sur 3 n’a pas pu accéder à un hébergement faute de place disponible dans les associations spécialistes.
Certains territoires, en partenariat avec leur DDCS ont obtenu des budgets permettant le financement de nuitées d’hôtel. Ce dispositif, loin d’être
satisfaisant en terme d’accueil, permet de répondre très rapidement aux demandes de mise à l’abri. Ces situations évaluées par les associations spécialisées
permettent de répondre en urgence et pour un temps court aux situations où la sécurité de la femme et de ses enfants sont en jeu. Cependant, le manque
de place d’hébergement ne permet pas forcément une continuité des suivis par nos associations spécialistes, celles-ci devant orienter la femme vers les
places disponibles dans le département.
Une part importante de femmes entre 18 à 35 ans
+ 50 ans
9%
- 25 ans
22%
Infographie 9. Répartition par âge des femmes hébergées par les
associations spécialistes
36/50 ans
30%
26/35 ans
39%
On observe une surreprésentation des femmes âgées de 18 à 35 ans, à l’image des femmes ayant contacté les accueils de jour et LAO. Ce fort pourcentage
nécessiterait une étude approfondie afin de comprendre si ces femmes sont plus souvent victimes et/ou si elles se saisissent plus des lieux de soutien. En
parallèle, une réflexion pourrait également être menée afin de mieux répondre aux femmes plus âgées. Enfin, cette évaluation confirme l’importance de
mener des actions de prévention des comportements sexistes dans les collèges, les lycées et lieux d’accueil des jeunes.
Le cas des enfants
327 enfants ont été hébergés dont 31% avaient moins de deux ans. Tous les enfants ont été exposés aux violences conjugales subies par leur mère. Toutes
les études menées montrent qu’un accompagnement spécifique pour les enfants est nécessaire, afin que cette exposition traumatique n’entrave pas leur
développement affectif, cognitif et social.
La durée d’hébergement et les sorties
La durée de l’hébergement est de 203 jours, ce qui reste un temps d’hébergement relativement court au regard des moyennes nationales. Elle est due aux
partis pris associatifs de soutenir très vite les démarches de relogement afin que la femme regagne son autonomie. De ce fait, les femmes qui sont relogées
bénéficient pour certaines d’un suivi par les associations dans les Lieux d’Accueil et d’Orientation Pour d’autres, un temps de consolidation est encore
nécessaire et le travail en partenariat avec des services d’associations de la FNSF ou généralistes est nécessaire (37%).
Le rapport effectué par l’URSF, la FNARS et l’Union Sociale pour l’Habitat pour le Conseil régional concernant l’accès au logement dans le parc public des
femmes victimes de violences conjugales en 2013 a permis de relever certaines disparités entre départements quant aux délais de réponses apportés suite à
l’activation du contingent préfectoral pour les femmes victimes de violences conjugales.
Certaines femmes retournent au domicile, ce retour peut être nécessaire afin d’aller vérifier si Monsieur a changé. En effet, le cycle des violences conjugales
qui permet à l’auteur d’instaurer et de maintenir son emprise sur sa conjointe, est marqué par différentes phases. Celle dite de « rémission ou lune de
miel » est une phase où l’auteur cherche à faire excuser sa conduite et recherche son pardon, et ainsi produit chez la victime un espoir de changement, un
effacement du vécu violent. C’est pourquoi il arrive que des femmes aient besoin de plusieurs départs pour retrouver une confiance dans leurs capacités à
pouvoir décider et vivre par elles-mêmes. Dans ces situations, les associations peuvent de nouveau les accueillir.
25%
retour au domicile
conjugal (13%)
20%
hébergement
temporaire FNSF (17%)
15%
logement privé (5%)
10%
logement public
(17,40%)
autre CHRS (20%)
5%
colocation (0,8%)
0%
OQTF (5%)
1
Après l'hébergement.... 1
Infographie 10. Répartition des sorties après
hébergement
Perspectives
L’observatoire s’est fixé pour objectif de recueillir l’année prochaine en lien avec les déléguées droit des femmes de chaque département:
- les données police-gendarmerie
- les données des associations généralistes financées par les délégations Droit des femmes pour l’accueil sur des places d’hébergement dédiées aux femmes
victimes de violences conjugales.