Accompagnement Pédagogique Boucle d`or

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Accompagnement Pédagogique Boucle d`or
Accompagnement Pédagogique
Boucle d’Or et les 33 variations
Compagnie Les Rémouleurs
Durée : 50 minutes
Représentations scolaires
A Évreux, Maison de Quartier de la Madeleine
Mardi 16 novembre à 10h00 et 14h30
Jeudi 18 novembre à 10h00 et 14h30
Vendredi 19 novembre à 10h00 et 14h30
A Louviers, Théâtre du Grand Forum
Mardi 23 novembre à 10h00 et 14h30
Jeudi 25 novembre à 10h00 et 14h30
Vendredi 26 novembre à 10h00 et 14h30
A Gisors, Salle des fêtes
Jeudi 2 décembre à 10h00 et 14h30
Vendredi 3 décembre à 10h00
Contact enseignants : Shirley Verin, 02 32 78 85 20
[email protected]
Direction : Philippe Dereuder
Évreux : Théâtre d’Evreux - Place de Gaulle 27000 Évreux | Louviers : Théâtre du Grand Forum - Boulevard de Crosne 27400 Louviers
Standard : 02 32 78 85 20 | Billetterie Évreux : 02 32 78 85 25 | Billetterie Louviers : 02 32 25 23 89 | [email protected] | www.scene-nationale-evreux-louviers.fr
Association loi 1901 | Siret : 326 395 90200017 | code APE : 9001 Z | Licences entrepreneur de spectacle 1-27869, 2-27870, 3-27871 | TVA : FR 7232639590200017
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Boucle d’or et les 33 Variations
Musique, ombres et images
Compagnie Les Rémouleurs
Mise en scène Anne Bitran
Textes Jacques Jouet
Musique Ludwig van Beethoven
Lumières Olivier Vallet
Comédiens-marionnettistes Jehanne Carillon, Olivier Valle
Pianiste Jeanne Bleuse
Une production Les Rémouleurs, compagnie en résidence à Saint-Fargeau-Ponthierry (77).
Avec le soutien de la Drac Île-de-France, des Conseils généraux de Seine-et-Marne et des Yvelines, de la
Ville de Saint-Fargeau-Ponthierry, d’Espace Périphérique (Ville de Paris – Parc de la Villette), du Théâtre
Hexagone – Scène nationale de Meylan (38), du Théâtre Le Colombier – Magnanville (78), du Centre
culturel André Malraux – Hazebrouck (59), du Théâtre Alexandre Dumas – Saint-Germain-en-Laye (78) et
du Théâtre municipal de Fontainebleau (77).
Olivier Vallet (Les Rémouleurs) et ses partenaires scientifiques, François Graner (CNRS-Institut Curie) et
Patrice Ballet (Institut de Spectrométrie Physique), sont lauréats du prix ARTS 2009 (Art - Recherche Technologie - Sciences) attribué par l’Atelier Arts Sciences pour la recherche sur le dispositif scénique du
spectacle Boucle d’or : un film de savon de 3 mètres de haut, utilisé pour ses capacités scéniques
impressionnantes.
L’Atelier Arts Sciences est un atelier commun CEA - Hexagone Scène nationale de Meylan.
En s’emparant du célèbre conte « Boucle d’or », la compagnie les Rémouleurs s’est livrée à une gageure :
raconter de dix façons différentes la même histoire sur une musique de Beethoven jouée sur scène au
piano. Cette déclinaison joue sur le plaisir de la répétition et s’amuse des ombres et des images. Elle
explore différentes lectures de cette œuvre énigmatique : un conte dans lequel l’héroïne dont on ne sait
rien, vient de nulle part, s’enfuit et repart vers l’inconnu après avoir vainement tenté de trouver sa place.
Lié à la recherche scientifique et technique sur les possibilités offertes par les films de savon utilisés à la
fois comme écrans souples et pour leurs capacités réflexives, ce projet croise intelligemment l’art de la
science au service de la poésie.
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Un Spectacle d’ombres et d’images
Désireux de jouer un texte de théâtre contemporain pour le jeune public, nous avons proposé à Jacques
Jouet, avec lequel nous avons des liens d’amitié anciens, d’écrire un texte avec une contrainte littéraire
oulipienne : raconter dix fois la même histoire.
Par ce spectacle, nous voulons introduire un jeune public (primaires à partir du CP) à la richesse et au
plaisir d’un jeu littéraire et graphique à travers la déclinaison ad libitum d’un thème. En partant d’une
histoire simple et courte, connue de tous, il s’agit d’explorer quelques-uns des possibles offerts par la
variété des modes de narration, des partis pris graphiques, de jeu ou de mise en scène.
En pariant sur l’intelligence des enfants et en jouant sur le plaisir de la répétition, nous voulons explorer
différentes lectures de cette œuvre énigmatique. En effet, voici un conte dans lequel l’héroïne, dont on ne
sait rien, vient de nulle part, s’enfuit et repart vers l’inconnu après avoir vainement tenté de trouver sa
place dans un univers très (ou trop ?) bien ordonné.
La multiplicité des partis pris de représentation, l’utilisation de techniques diverses et surprenantes,
venues des recherches que mène la compagnie depuis des années sur l’univers de la fantasmagorie aux
XVIIIème et XIXème siècles, nous permet d’explorer, sur un mode ludique, la multiplicité des
interprétations.
Il s’agit donc d’un spectacle d’ombres et d’images manipulées à vue : partant d’un tableau du peintre
Balthus (1908 - 2001, frère de l'écrivain Pierre Klossowski), nous traversons des univers variés et
improbables, de la saga islandaise au conte médiéval en passant par le diagnostic médical et le récit de
rêves. Par moments interviennent des images abstraites et tourbillonnantes générées par un film de savon
de trois mètres de haut.
Parallèlement à l’action et en contrepoint de celle-ci, la musique du spectacle est également une variation
sur thème, puisqu’il s’agit de dix des variations Diabelli de Beethoven, interprétées au piano par Jeanne
Bleuse sur scène.
Olivier Vallet
Car pourquoi ne demanderait-on pas un certain effort au lecteur? On lui explique toujours tout, au
lecteur. Il finit par être vexé de se voir si méprisamment traité, le lecteur.
Raymond Queneau - Prière d’insérer de Gueule de pierre
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Les 33 Variations Diabelli de Beethoven
De la musique avant toute chose.
Paul Verlaine - L'Art poétique
En 1819, Anton Diabelli, compositeur et éditeur, invite une cinquantaine de musiciens (parmi lesquels
figurent notamment Schubert et Liszt, alors âgé d’à peine dix ans) à composer une variation autour d’une
valse dont il est l’auteur.
Beethoven. Achevées en 1823, les Variations Diabelli opus 120 sont à la fois un véritable chef-d’œuvre du
genre, égalant les Variations Goldberg de Bach, et un « monument » dans l’œuvre pour piano du
compositeur par ses dimensions (presque une heure de musique) mais aussi par l’audace et la subtilité de
l’écriture.
Les musicologues ont souvent parlé de « testament pianistique ». Beethoven ne composera plus pour le
piano que les Six Bagatelles.
Les Variations Diabelli désignent une série de variations pour piano composées dans les années 1820 par
une cinquantaine de compositeurs allemands et autrichiens sur une courte valse que l'éditeur de musique
Anton Diabelli avait proposée à leur imagination. Beethoven, Schubert et Liszt comptèrent parmi ceux-ci.
Beethoven, alors attelé à l’écriture de la Neuvième Symphonie, se prend au jeu et en compose trente-trois.
Il les publie en 1823 sous l'opus 120, avec une dédicace à Antonia Brentano. Diabelli lui-même accueillit
cette œuvre visionnaire comme la meilleure tentative du genre depuis les Variations Goldberg de Bach,
composées quatre-vingts ans plus tôt. Le souci de la variation poussée jusqu'à la dissolution du thème est
un aspect caractéristique de la pensée musicale de la dernière période de Beethoven : le compositeur
préféra d'ailleurs pour son recueil le titre 33 Veränderungen über einen Walzer von Anton Diabelli
(littéralement 33 transformations sur une valse de Diabelli) au terme Variazionen.
Si vous désirez préparer les enfants au spectacle par l’écoute de cette musique, nous vous
conseillons la version d’Anderszewski (2001), Virgin, Choc du Monde de la Musique,
Diapason d'or.
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Une dramaturgie de l’image
Procédés anciens et outils d’aujourd’hui
Si l’image est maintenant couramment utilisée sur les plateaux de théâtre, les procédés utilisés appartiennent la
plupart du temps à des genres connus : image filmée, vidéo et parfois cinéma, ou théâtre d’ombres.
Or, un autre genre de spectacle d’images a existé en France, approximativement du XVIIe siècle à la fin du XIXe
siècle : le spectacle catoptrique, utilisant lanternes magiques, miroirs sans tain, « camera obscura », praxinoscopes
et autres boîtes optiques. Ce genre, illustré notamment par Robertson au XVIIIe siècle et Émile Reynaud à la fin du
XIXe, a eu une vogue exceptionnelle durant deux siècles, avant de disparaître, tué par l’invention qu’il avait luimême engendrée : le cinématographe. Ces spectacles avaient recours à des comédiens, accessoiristes,
manipulateurs, projectionnistes et musiciens.
Depuis une dizaine d’années maintenant, pour la compagnie Les Rémouleurs comme pour d’autres, j’ai entrepris de
rendre vie à ces techniques oubliées, en mettant à leur service les matériaux et les outils offerts par la technologie
contemporaine : lampes HMI, verres anti caloriques, miroirs souples et optiques
de haute qualité. Pour expliquer ma démarche, la comparaison avec l’univers de la marine pourrait fournir une
analogie satisfaisante : lorsque l’arrivée de la vapeur les a rendus obsolètes, les clippers et autres trois-mâts du XIXe
siècle étaient parvenus à une quasi perfection technologique. C’est le monde de la course contemporain qui a
relancé ces techniques, leur assignant de nouveaux objectifs.
Dans notre société, où le spectateur est abreuvé d’images dès son plus jeune âge, où la télévision impose sa
présence dans pratiquement tous les foyers, où le cinéma a sans cesse recours à de nouveaux « effets spéciaux », la
présence de l’image sur un plateau de théâtre ne peut plus se justifier par la simple volonté d’éblouir, de fasciner.
Les images que mes machines produisent ont un autre grain que celui de l’image vidéo ou cinéma, leur fabrication se
fait en direct, à vue, à l’aide de principes optiques simples, artisanaux. C’est du théâtre.
Olivier Vallet, concepteur de systèmes de projections,
prix Lumière aux Trophées Louis Jouvet en 1998, 2000 et 2002.
Un objet inhabituel et fascinant : le film de savon
Je parle des gens habitués à trouver de la sagesse dans une feuille qui tombe, des problèmes gigantesques dans la fumée qui
s'élève, des théories dans la vibration de la lumière, de la pensée dans les marbres, et le plus horrible des mouvements dans
l'immobilité. Je me place au point précis où la science touche à la folie, et je ne puis mettre de garde-fous.
Balzac - Théorie de la démarche
Le film de savon est un objet étrange : imaginez la surface d’une bulle retenue entre deux fils, manipulée en direct et
alimentée en permanence. C’est un objet qui n’est jamais immobile, puisque le liquide qui le constitue coule à la
vitesse de deux mètres par seconde, que le moindre courant d’air ou la plus petite action du manipulateur modifie
sa forme, et qu’on y voit apparaître et disparaître sans cesse des tourbillons irisés.
Ces couleurs (semblables à celles d’un film d’huile à la surface d’une flaque d’eau) résultent d’interférences
optiques : la taille du film est grande (il mesure trois mètres de haut), mais son épaisseur est de l’ordre de la
longueur d’onde de la lumière.
Il ponctue le spectacle, utilisé tantôt comme un miroir dans lequel se reflètent les comédiens, et tantôt comme un
réflecteur pour des projecteurs dissimulés dans son socle, générant des images tourbillonnantes et colorées.
Un petit film, réalisé lors des premiers essais, est visible à l’adresse suivante :
http://www.dailymotion.com/video/x9e1w2_miroirliquide_creation?
Le miroir de savon est un objet facile à reproduire en classe, avec peu de matériel. (voir images ci-dessous)
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Le prix international A.R.T.S. (Arts, Recherche, Technologies et Sciences) a été décerné à l’équipe formée de
François Graner (CNRS- Institut Curie), Patrice Ballet (Laboratoire de Spectrométrie Physique) et Olivier Vallet
(Compagnie les Rémouleurs) pour le projet d’utilisation d’un film de savon pour Boucle d’or, trente-trois
variations. Décerné par l’Atelier Arts– Sciences, laboratoire commun de recherche entre artistes et scientifiques
créé par le C.E.A. et l’Hexagone, Scène nationale de Meylan, le prix A.R.T.S. récompense les projets qui croisent
les domaines artistiques, technologiques et scientifiques.
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L’utilisation de la contrainte : L’Oulipo
Ce spectacle a pour thème l’histoire de Boucle d’Or. Jacques Jouet, à la demande de la compagnie a
raconté dix fois la même histoire, en changeant à chaque fois de point de vue. Sa démarche est
caractéristique de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle). Cette association a été fondée en 1960 par
le mathématicien François Le Lionnais, avec comme cofondateur l'écrivain et poète Raymond Queneau. Ce
groupe comprend des écrivains, dont les plus célèbres sont Raymond Queneau, Italo Calvino ou Georges
Perec, mais aussi des personnalités ayant une double compétence comme le compositeur de
mathématiques et de poésie Jacques Roubaud.
Considérant que les contraintes formelles (comme la rime ou la métrique pour les poèmes, par exemple)
sont un puissant stimulant pour l'imagination, l'Oulipo s'est donné comme tâche l'invention et
l'expérimentation de contraintes littéraires nouvelles.
Mais… qu’est-ce que l’Oulipo ?
Par Jacques Roubaud et Marcel Bénabou
OULIPO ? Qu’est ceci ? Qu’est cela ? Qu’est-ce que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ?
OU c’est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI.
LI c’est la littérature, ce qu’on lit et ce qu’on rature. Quelle sorte de LI ? La LIPO.
PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu’à la fin des
temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques.
QUI ? Autrement dit qui est responsable de cette entreprise insensée ?
Raymond Queneau, dit RQ, un des pères fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL, co-père et compère
fondateur, et premier président du groupe, son Fraisident-Pondateur.
Que font les OULIPIENS, les membres de l’OULIPO (Calvino, Perec, Marcel Duchamp, et autres,
mathématiciens et littérateurs, littérateurs-mathématiciens, et mathématiciens-littérateurs)? Ils travaillent.
Certes, mais à QUOI ? À faire avancer la LIPO.
Certes, mais COMMENT ?
En inventant des contraintes. Des contraintes nouvelles et anciennes, difficiles et moins diiffficiles et trop
diiffiiciiiles.
La Littérature Oulipienne est une LITTERATURE SOUS CONTRAINTES.
Et un AUTEUR oulipien, c’est quoi ? C’est « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de
sortir ».
Un labyrinthe de quoi ? De mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de
bibliothèques, de prose, de poésie, et tout ça...
Comment en savoir plus ? En lisant.
En lisant quoi ?
D’abord quelques ouvrages de base, comme ceux-ci, qui donnent une vue d’ensemble de la production
oulipienne, théorique et pratique jusqu’en 1981 :
- OULIPO, La Littérature Potentielle, éd. Gallimard, 1973 (2e édition, Folio, 1988)
- OULIPO, Atlas de Littérature Potentielle, éd. Gallimard, 1981 (2e édition, Folio, 1988)
Et quoi encore ? Quelques ouvrages plus récents présentant une grande quantité de contraintes nouvelles,
accompagnées de textes les illustrant :
- OULIPO, La Bibliothèque Oulipienne, 3 volumes, éd. Seghers, 1990
Et quoi encore ?
- les fascicules de la Bibliothèque Oulipienne, disponibles auprès d’Olivier Salon.
7
-
Variations autour du thème « Boucle d’Or »
Extraits du texte de Jacques Jouet
Récit
Il était une fois et une seule, Boucle d’Or qui se perdit dans la forêt.
Apercevant une maison, elle frappe à la porte. Personne ne répond. Elle entre.
Sur la table elle voit trois bols. Un gros bol, un moyen bol et un petit bol. Elle boit dans le petit bol.
Dans la pièce elle voit trois chaises. Une grande chaise, une moyenne chaise, une petite chaise. Elle s’assied
sur la petite.
Dans la pièce elle voit trois lits. Un grand lit, un moyen lit, un petit lit. Elle se couche dans le petit lit et
s’endort.
Rentrent les propriétaires. Grozours, Grandourse et Titours.
– On a bu dans mon bol ! dit Titours. On a bougé ma chaise ! Il y a quelqu’un dans mon lit !
Boucle d’Or s’enfuit.
F.
Il était une fois une fillette filiforme et frisée pas farouche qui fit une fugue.
Elle fonça dans la forêt et se faufila dans un foyer où fonctionnaient trois fours, un four petit, un four à feu
moyen et un four d’un fort format. La fillette était fofolle, elle força les fours et vit quoi ? des frites, des
fricandeaux, des falafels ? fariboles ! elle vit des petits fours. Elle bâfra les petits fours et s’empiffra. La fête !
Or, au foyer, il y avait trois fauteuils, un fameux fauteuil (un peu fatigué), un fauteuil pas folichon et un
fauteuil de fiston tout neuf. La fille fit la fière dans le fauteuil de fiston tout neuf.
Or, au foyer, il y avait trois bottes de foin, du fané, du figé et du frais. Elle farfouilla, défit la ficelle du foin le
plus fin, s’affala et ferma les yeux.
Or, le foyer était le foyer d’une famille franco-française pas facile avec les différences.
– Mon foin, mon fauteuil, mes petits fours ! dit le p’tit ours.
Catastrophe ! La fillette s’enfuit. Fin.
Diagnostic
Je soussigné, Didier Doucement, docteur en médecine, après avoir examiné Boucle d’Or, atteste que la
jeune fille ne manifeste aucun symptôme alarmant de nature à lui interdire la fréquentation de ses
camarades de classe et par conséquent le retour à une vie normale. La petite excursion (suivie d’une
incursion dans une maison qui n’était pas la sienne), dont elle s’est rendue coupable, ne doit pas être
assimilée à une fugue véritable. Il n’est pas invraisemblable de penser qu’une déficience bénigne de
l’oreille interne, confirmée par des tests, lui ait fait perdre son sens de l’orientation. Les vomissements,
douleurs à l’épigastre et autres coliques remarquées à son retour au foyer maternel ne sont imputables
qu’à une indigestion de chocolat, de miel et de cerises, suite à une consommation effrénée. Aucune trace
d’un quelconque virus de l’ourson n’a été décelée dans les analyses de sang, de salive, de selles et d’urine.
Elle n’est porteuse d’aucune vermine. Les écorchures aux jambes proviennent d’épines de ronces des bois
parmi les plus communes. Un régime alimentaire des plus stricts avec réduction sensible du sucre devrait
toute fois être observé sous la supervision d’un nutritionniste. Un contrôle pourra être effectué à quarante
jours afin de confirmer ces observations.
Pour valoir ce que de droit, le présent certificat, Dr Doucement, Aigurande-sur- Bouzanne, le 17 juin 2009.
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Poe
Pendant une courte journée de fin d’automne, bonne à douter que le soleil se soit même vraiment levé,
une journée qui serait restée en pyjama et en robe de chambre, ni maquillée ni coiffée, une journée en
savates et condamnée à ne pas mettre le nez dehors, j’avais passé un blue jeans pourtant et chaussé des
bottes. J’étais sortie et j’avais traversé, seule, le jardin sinistre où rien ne poussait plus, puis la forêt
lugubre avec ses arbres réduits à l’état de squelettes, et enfin, comme la lune refusait de luire, je me
retrouvai en vue de la macabre maison dont je n’apercevais que les contours. Ce spectacle était d’une
tristesse diabolique, si bien que je ne me sentis capable que de frapper au carreau, dans l’espoir largement
irrationnel que me serait donné ici le cadeau d’une hospitalité sinon inoubliable, du moins
superficiellement consolatrice. J’entrai.
– Quoi ? me dis-je à la vue d’un malheureux bol en bois au fond duquel croupissait un reste de cacao mal
dilué, est-il admissible que les malheureux qui vivent ici ne finissent même pas leur maigre ration ? Il ne
sera pas dit que je laisserai perdre ce pauvre nectar en un temps de disette comme celui que nous
connaissons.
Je pris le bol graisseux dans ma main, m’assis sur la plus petite des trois chaises dont la paille s’effilochait
et je bus. Le breuvage était amer, un chocolat de mauvaise qualité, mélangé peut-être de farine de gland.
Je fis la grimace et sentis mes jambes vaciller au point que je n’eus soudain d’autre désir que de m’allonger
quelques minutes avant de reprendre ma route sous le ciel bas et lourd qui pesait son poids de neige à
venir comme un couvercle de fonte sur lequel on aurait déposé une enclume. Un lit m’ouvrit les bras, dont
le drap était rêche et humide. Je me promis de ne pas y rester plus que la minute ou deux nécessaire, mais
je m’endormis.
Lorsque je m’éveillai, j’aperçus une frise de trois têtes en peluche usées jusqu’à la corde et crus d’abord
que c’étaient là les compagnons familiers de mon berceau qui trônaient à présent sur une planchette audessus du lit de ma chambre. Mais j’eus tôt fait de revenir à la réalité et une insupportable terreur pénétra
graduellement dans tout mon être en posant sur mon cœur ses grosses fesses d’ours bien réelles. Un
ourson très maigre et très pâle, les yeux injectés d’un sang probablement maladif se mit à crier « C’est elle !
C’est elle ! C’est ça ! C’est ça qu’a bu mon bol, c’est ça qu’a bu mon bol ! »
La terreur qui aurait dû me terrasser eut quelque chose de bon qui m’obligea à un sursaut vital,
m’enjoignant de choisir le paysage à la place des murailles, la course au lieu de l’accablement des marais
méphitiques. Je donnai de la tête dans la poitrine de l’ours et sautai par la fenêtre entrouverte. Je ne me
retournai pas, mais sentis dans mon dos la façade suintante qui se lézardait, prête à s’envelopper une
dernière fois dans son châle de brume grasse.
Rythmes
Vite, Boucle d’Or, vite, vite ! Saute par la fenêtre ! Ta mère a le dos tourné. Pfuit. Et cours dans la forêt. Pas
la peine de compter les arbres. Vite ! Les petits cailloux blancs. Oh ! Une maison. Vite, entre ! Grand bol,
moyen bol, petit bol, c’est dans le petit qu’est le meilleur chocolat. Vite ! Grande chaise, moyenne chaise,
petite chaise. La plus petite est la plus confortable. Vite ! Grand lit, moyen lit, lit petit. Small is beautiful.
Dors.
Tranquille, les ours, tranquille… Y a pas le feu au bol… On dirait bien que… Ouais… c’est bien possible…
Qu’on ait bu dans nos bols, bon, c’est pas la fin du monde, non plus… Cette chaise a été un peu bougée ?…
Peut-être, peut-être… On va pas non plus en faire un fromage… Oh la la… Une petite blonde dans ton pieu ?
Mais non… Qu’est-ce que tu vas encore inventer ?
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Lettre recommandée
Madame Boucle à Monsieur Grozours et Madame
Madame, Monsieur,
Je viens par la présente vous informer d’un fait qui ne pourra pas vous laisser indifférents, si toutefois la
douleur d’une mère et les douleurs d’une fille sont encore pour vous des phénomènes qu’on a le droit de
considérer dans le but de les alléger.
Il y a neuf mois de cela, ma fille Boucle d’Or s’est rendue, à mon insu mais de son plein gré, dans votre
demeure, dont elle est revenue malade. J’avais mis cela sur le compte d’une indigestion de miel et de
chocolat, mais je dois aujourd’hui regarder en face le fait que c’est d’une tout autre paire de manches qu’il
s’agit. Boucle d’Or a donné naissance, hier, à un petit être charmant (de ce côté-là, rien à dire) qui portait à
son poignet un bracelet de naissance portant l’inscription Boucle d’Ours, avec une date, jour, mois, année.
Cette fois, je pense, vous serez bien obligés de reconnaître que votre responsabilité se trouve engagée
puisque la chose a eu lieu sous votre toit, en votre présence. Boucle d’Or est bien jeune. Je pense que
Titours ne l’est guère moins. Je vous demande instamment de bien vouloir vous mettre en rapport avec
moi, afin que nous puissions régler, au mieux de l’honneur et de l’intérêt de nos enfants, cet événement
qu’il n’est peut-être pas trop tard pour considérer comme heureux.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer Madame, Monsieur, l’expression de mon
respect attentif.
Signé : Madame Boucle.
Matières
Je vois, je vois des fils d’or, je vois de la paille fine, je vois des cheveux, un champ de blé de cheveux. Dans
le noir, je ne vois que ça, une lumière dans le noir, ça danse sous le vert foncé des feuilles. Je vois les
cheveux légers qui se balancent. Je les vois parce que j’ai le nez dessus. Je les sens et ils sentent bon. Ils se
frottent contre le bois, l’écorce des arbres debout, le bois raboté qui sent le bois.
Attention, les cheveux, tu les trempes dans le chocolat ! dans le bol de chocolat, qui n’est même pas à toi.
Attention, les cheveux, tu les accroches à la paille de la chaise, la paille de la chaise paillée, tu vas laisser un
cheveu dans la paille ! Le cheveu va te trahir.
Regarde, les cheveux aiment le lin, la fille aux cheveux de lin, la fille aux draps de lit de lin, les cheveux sur
le drap de lin.
Attention, voilà du poil brun !
Reconduite
Il était une fois — mais alors une seule, hein, y a pas intérêt à y revenir, faut pas que ça devienne une
habitude — il était une fois une gosse qu’est venue manger le miel de nos ours et boire le chocolat de leurs
petits. C’était une blonde, en plus, c’est pas de chez nous cette couleur-là. Le jaune, ça porte malheur. La
v’la qui entre sans frapper, sans se frapper et sans s’essuyer les pieds sales. Elle a marché dans la boue (et
je suis poli), elle en fout partout. Elle mange le miel à pleines mains et s’essuie sur la nappe. Beuark, elle
grimpe sur la chaise, le dossier est tout collant, maintenant… Et elle se met au lit avec ses godasses, c’est
vraiment n’importe quoi !
Alors, comment qu’à leur retour, les ours, ils lui ont fait un petit bout de reconduite, à Boucle d’Or, avec
des cartouches de gros sel !… j’vous dis pas (mais ça va mieux en le disant).
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Le point de vue de Titours
Un jour, tout était comme d’habitude, aussi ennuyeux que d’habitude. Mes parents ne voulaient pas
entendre parler d’une petite sœur. On était allés à la miellerie pour faire le plein et j’avais encore été piqué
par une abeille à l’index.
J’ai vu que la maison n’était pas dans son état normal, parce que la porte était ouverte. Mes parents
marchaient loin derrière, maman ramassait du moyen bois et papa des grosses branches qu’il cassait sur sa
cuisse. Si la porte était ouverte, c’est que le vent l’avait poussée… Mais il n’y avait pas de vent. Si la porte
était ouverte, c’est qu’on avait oublié de la fermer… Mais je me souvenais parfaitement de l’avoir claquée
derrière moi. Si la porte était ouverte, c’est que quelqu’un était entré. Je ramassai un gros galet et pénétrai
sur la pointe des pieds. Personne. Pourtant, il y avait, au pied de mon bol, une petite mare de chocolat qui
n’avait pas eu le temps de sécher. Ma chaise était déplacée. Le livre que j’y avais laissé était par terre. Une
tendre odeur de savonnette planait dans l’atmosphère.
Je vis le lit de loin, et que dépassaient des cheveux blonds bouclés. Je réveillai Boucle d’Or (c’est moi qui
décidais de l’appeler Boucle d’Or) et la pris par la main pour la faire sortir par la porte de derrière. En
posant mon index sur ma bouche, je lui indiquai de ne pas faire de bruit. Elle vit la piqûre d’abeille et posa
dessus ses lèvres en guise de pharmacie. Je la priai de revenir quand elle le voudrait. Elle disparut dans la
forêt.
Conte médiéval
En la forêt se perdit damoiselle Boucle d’Or qui avait laissé tomber une pelote de la laine qu’elle était
occupée à tricoter et qui avait roulé jusqu’au grand hêtre en se dévidant. Quand Boucle d’Or fut au pied de
l’arbre, elle se crut perdue. Puis pensa, car elle avait lu beaucoup de livres, que non, elle n’était nullement
perdue puisqu’il lui suffisait, comme l’avait fait sa tante Ariane, de remonter le fil de laine en le repelotant
pour retrouver sa maison. Malheureusement, une fée mauvaise avait brouillé la piste en soulevant le fil, le
tordant, le nouant, le désorientant, le divisant, si bien que Boucle d’Or se retrouva devant la maison des
ours lépreux. Or, elle ne savait pas que cette maison était celles des ours et elle ne savait pas non plus que
ces ours étaient lépreux. De leur côté les ours, on va le voir, ignoraient que Boucle d’Or ne savait pas tout
ce qui vient d’être dit.
Alors, entra damoiselle Boucle d’Or en la maison des ours qui étaient lépreux, et but Boucle d’or dans le
bol qui contenait la pâtée de gruau, et c’était le petit bol empli de la petite pâtée de petit gruau, tandis
qu’à côté du petit bol, il y en avait un de taille moyenne et puis aussi un gros plein de grosse pâtée de gros
gruau.
Alors, s’assit Boucle d’Or sur une chaise branlante mangée aux termites qui s’écroula sous son poids
pourtant modeste.
Alors, se coucha Boucle d’Or dans le petit lit qui était plein des miasmes de la petite lèpre, mais, le conte le
redit, elle ne savait rien de tout cela, et elle s’endormit.
Quand vinrent les ours dans leur demeure pour rentrer tranquillement dans leur demeure de malheur,
trois ours malades, pelucheux, peladeux, fatigués, rongés de démangeaisons et d’absence de poils par
plaques entières, le plus petit eut le visage qui s’éclaira soudain en remarquant son bol vidé, sa chaise
abattue, son lit occupé. Il approcha son visage de celui de Boucle d’Or qui, en s’éveillant, l’embrassa sur la
bouche. Alors, le petit ours fut transformé sur-le-champ en un bel adolescent plein de santé. Ses parents,
dans le même temps, furent de beaux parents dans la force de l’âge. La maison fut un château de belles
briques et de bonnes ardoises sur le toit. Il y eut un mariage. Et il eut tout plein de petits nouveaux pour
écouter le conte.
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Un rêve
Je marche dans la forêt, les arbres sont bleus. Ce ne sont pas des sapins bleus, mais des feuillus bleus. Je
prononce distinctement l’énoncé : « chênes bleus ». J’avance dans le bleu des feuilles et pénètre dans une
maison bleue. Dans la maison, une pancarte : on est prié de faire comme chez soi. J’ai peur de ne pas avoir
assez peur. Je fais des choses interdites : boire dans un bol qui n’est pas le mien, m’asseoir sur une chaise
qui n’est pas à moi. J’ai envie de faire pipi et m’accroupis pour ça. Il y a trois ours autour de moi qui n’ont
pas l’air de me voir. Pour me cacher, je vais me coucher dans un lit très très doux. J’ai du mal à avancer. J’y
parviens tout de même. Dans le lit, il y a un serpent avec une longue queue poilue. Je me réveille.
Listes
Une fille ; deux jambes à son cou ; trois kilomètres ; quatrième vitesse ; cinq heures de l’après-midi ; cent
vingt cinq mille cheveux blonds.
Une maison ; deux fenêtres ; trois bols.
Une maison ; deux pentes du toit ; trois chaises ; douze pieds.
Une chambre ; deux descentes de lit ; trois lits ; trois oreillers ; trois couettes ; une dormeuse.
Une maison ; deux portes ; trois ours ; trois étonnements ; trois plaintes ; trois colères ; trois scandales ; un
réveil ; une fuite.
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Les artistes et la compagnie
Les Rémouleurs
Créée en 1983, la compagnie Les Rémouleurs s’est développée en explorant constamment des voies
originales et marginales : théâtre de rue, théâtre musical, marionnette, théâtre scientifique. Depuis sa
création, elle a privilégié la recherche de nouvelles formes scéniques, celle d’un public différent (celui qui
n’a pas l’habitude d’aller au théâtre), et l’exigence d’un texte fort. Formée autour d’un noyau de
marionnettistes et de comédiens venant du théâtre de rue, elle fait appel, suivant ses créations, à
différents metteurs en scène de théâtre.
Elle lie un travail de recherche plastique (exploration de nouvelles techniques et redécouvertes de
techniques oubliées) à un travail théâtral cherchant à ouvrir de nouveaux champs d’action à la
marionnette : textes de théâtre contemporain, littérature, science. Elle intervient dans les lieux les plus
divers : théâtres, évidemment, dont plusieurs centres dramatiques nationaux et scènes nationales, mais
aussi rues, bibliothèques ou même des endroits plus inattendus encore, comme les bars, les fermes ou des
lieux historiques.
Jacques Jouet, texte
Jacques Jouet est membre de l’Oulipo (OUvroir de LIttérature POtentielle) depuis 1983. Son premier
contact avec l’Oulipo fut, en 1978, un stage d’écriture dirigé par Paul Fournel, Georges Perec et Jacques
Roubaud.
À la fois poète, romancier, nouvelliste, auteur de théâtre, essayiste et artiste plasticien, Jacques Jouet
participe aussi, comme François Caradec, Paul Fournel et Hervé Le Tellier, aux Papous dans la tête sur
France Culture.
Son feuilleton La République de Mek Ouyes a été diffusé simultanément sur cette radio et sur le site
internet des éditions P.O.L.. Jacques Jouet est édité notamment chez P.O.L. et au Castor astral. Deux de ses
dernières pièces ont été jouées au Théâtre des Amandiers à Nanterre, et son abondante bibliographie est
consultable sur le site de l’Oulipo.
Anne Bitran, mise en scène
Comédienne et marionnettiste, cofondatrice de la compagnie Les Rémouleurs avec Olivier Vallet en 1983,
Anne Bitran fabrique, manipule et prête sa voix à ses marionnettes. Ses spectacles (Pierre et le Loup,
Chaosmos, Ginette Guirolle, Le Nombril d’Adam, Lubie, Hulul, Machina Memorialis, Nouveau Spectacle
extraordinaire) ont tourné dans de nombreux festivals de marionnettes, en France et à l’étranger. Son
spectacle Ginette Guirolle, marionnette de bar, a ouvert à ses créations les portes de nombreuses
institutions culturelles : plusieurs centres dramatiques nationaux (Montpellier, La Commune-Aubervilliers,
Nanterre-Amandiers, Besançon, Vire, Lille-Le Grand Bleu) et de nombreuses scènes nationales.
Une des particularités de son travail est l’extrême attention qu’elle porte au rapport entre musique et
image. Chez elle, la musique n’est jamais un accompagnement de l’image, mais au contraire une de ses
sources.
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Olivier Vallet, montreur d’ombres, comédien, concepteur d’effets spéciaux lumineux (ombres et
projections)
Fasciné par la lumière, Olivier Vallet travaille depuis une dizaine d’années à renouveler le langage de
l’image animée au théâtre en lui offrant de nouveaux moyens d’expression inspirés des techniques
anciennes de projection. Ses inventions ont été récompensées à trois reprises par le prix Lumière aux
Trophées Louis Jouvet (en 1998 pour la conception d’un gobo articulé, en 2000 pour le Cyclope, épiscope
permettant la projection animée et en couleurs d’objets en volume, en 2002 pour la réalisation d’un
système de projection avec effet 3D à base de miroirs souples).
Outre son apport aux créations de la compagnie Les Rémouleurs (conception d’ombres et d’instruments de
projections originaux pour Lubie, Hulul, Le Nombril d’Adam, lumière pour Ginette Guirolle), il participe à
diverses aventures théâtrales qui, toutes, d’une manière ou d’une autre, mettent en jeu la lumière, les
ombres et les projections. Il intervient également lors d’évènements spectaculaires et a réalisé des
machines optiques pour plusieurs musées.
Jehanne Carillon, comédienne
Jehanne Carillon est comédienne, chanteuse et metteure en scène. Elle a travaillé notamment avec René
Loyon, Christian Germain, Christophe Galland, Catherine Dasté, Anne Bitran… Elle a joué dans plusieurs
pièces de Jacques Jouet : L’Amour au travail, mise en scène de l’auteur ; Physique de l’interrogatoire, mise
en scène de Benoît Richter ; La Chatte bottée, mise en scène de Catherine Dasté ; Pas de deux, mise en
scène de Christophe Galland ; et en 2009, elle a joué et mis en scène Annette entre deux pays. Jehanne
Carillon collabore de temps à autre en tant que comédienne et chanteuse à l’émission radiophonique Les
Papous dans la tête produite et animée par Françoise Treussard (France Culture).
Jeanne Bleuse, piano
Née en 1982, Jeanne Bleuse commence ses études de piano au conservatoire de Boulogne dès l’âge de six
ans. Elle poursuit sa formation à Toulouse auprès de Véronique Grange. Admise dans la classe supérieure
de Marie-Paule Siruguet en septembre 2000, elle obtient un premier prix à l’unanimité au conservatoire de
Boulogne. Elle a également travaillé avec Marie-Josèphe Jude et Jean-François Heisser. En décembre 2001,
Jeanne Bleuse a été invitée à jouer le Double Concerto pour clavier et violon de Haydn en compagnie du
violoniste Gilles Colliard. En 2002-2003, elle effectue une année de perfectionnement dans la classe de
Nana Dimitriadi au Conservatoire national supérieur de Tbilissi (Géorgie). En février 2003, elle joue le Triple
Concerto de Beethoven avec ses deux frères à la Halle aux Grains de Toulouse.
Jeanne Bleuse travaille aujourd’hui le piano dans la classe de Denis Pascal et la musique de chambre
auprès d’Éric Le Sage et de Paul Meyer au Conservatoire national supérieur de Paris.
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Actions de sensibilisation à mener avec vos élèves
Côté textes
Aborder la méthode Oulipo :
A partir d’ouvrages de Raymond Queneau ou de Georges Perec
Pour aborder ces œuvres avec un jeune public, vous pouvez commencer par lire en classe les ouvrages de
Raymond Queneau Exercices de style (Folio) et Cent Mille Milliards de Poèmes (Gallimard), ainsi que Je
me souviens… de Georges Perec (Gallimard). Ces derniers pourront donner des envies d’écriture à
quelques-uns.
A partir d’un album de jeunesse : 27 poules sur un mur de Thierry Dedieu, éditions Seuil Jeunesse
Ce petit recueil jubilatoire reprend avec brio les Exercices de style de Raymond Queneau. Ici Thierry Dedieu
s’amuse à décliner la ritournelle « une poule sur un mur » en divers styles ou registres (conté, scénique,
onomatopéique, pieux, argotique, créole…) avec un talent égal. L’exercice de style de l’album porte aussi
sur les illustrations où la tonalité du texte qui leur était attribué a été également transposée
graphiquement.
Autour du spectacle :
Lire en classe et à haute voix les variations sur « Boucle d’or »
Y repérer les différents registres de langue, repérer les procédés d'écriture qui matérialisent ces
changements de registres.
Produire une illustration pour chacune des versions écrites par Jacques Jouet
Sur le même principe que l’album « 27 poules sur un mur », demander aux élèves, par petits groupes, de
réaliser une illustration pour chacune des versions de « Boucle d’or » écrite par Jacques Jouet. En collage,
en peinture en photographie, en pliages… Exposer ensuite le texte et son illustration.
Préparer une bande annonce du spectacle
Il s’agira, par petits groupes de présenter au reste de la classe une bande-annonce vivante. Reprendre le
registre sur lequel les enfants ont travaillé lors de l’illustration et leur demander de préparer une entrée et
une sortie correspondant à l’angle emprunté (récit, allitération « f », diagnostic, fantastique (Poe), rythme,
matière, reconduite, point de vue de Titours, conte médiéval, rêve, liste).
Aborder la question du déplacement, la qualité de la gestuelle, le registre langagier et la façon d’articuler
sa bande son.
Côté musique
Ecouter bien évidemment les 33 variations Diabelli de Beethoven dans la version d’Anderszewski (2001),
Virgin, Choc du Monde de la Musique, Diapason d'or.
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Côté sciences
Confectionner une bulle de savon
La recette (à confectionner quelques heures à l’avance) :
Ingrédients (pour 1 litre de liquide à bulles géantes)
• 650 ml d’eau distillée : l’eau du robinet peut convenir… ou pas… selon les régions ! La propreté de l'eau
est importante. Dans certaines régions, l'eau du robinet suffit. Une eau en bouteille peu minéralisée peut
convenir, l'eau dé-ionisée, celle pour les batteries de voiture, est facile à trouver.
• 50 g de sucre granulé, (le sucre diminue l'évaporation et épaissit la sauce, donc permet de garder plus
longtemps l'eau dans le film de savon).
• 200 ml de détergent liquide à vaisselle (Les liquides vaisselles sont presque tous décevants. Sans vouloir
faire de publicité, nous avons trouvé que les meilleurs détergents sont le Dreft bleu, bleu-vert ou vert ; à la
rigueur Fairy-Dreft vert, voire Dawn-Fairy. Ce sont des liquides vaisselle vendus couramment au Benelux ;
en France, on ne les trouve que dans les circuits professionnels (par exemple chez "Métro"). Ils
contiennent de l'aminoxyde (brevet Procter & Gamble).
• 100 ml de glycérine (La glycérine se trouve pour pas cher en pharmacie. Elle permet d'épaissir la sauce.)
Préparation
Dans un grand plat de plastique, versez 250 ml d’eau distillée (il sera plus facile de bien mélanger les
ingrédients que si vous mettez toute l’eau requise d’un coup) et ajoutez le sucre en mélangeant bien pour
le dissoudre ;
• Versez le détergent liquide à vaisselle et mélangez doucement (pour ne pas faire mousser) ;
• Ajoutez la glycérine en continuant de mélanger doucement, et enfin le reste de l’eau ;
• Laissez le mélange reposer au moins 2h à découvert (pour que l’alcool contenu dans le détergent
s’évapore).
Matériel
• Pour des bulles géantes : on accroche deux cordes de longueurs différentes (environ 1 mètre et 50 cm)
pour former un cerceau au bout de bâtons (ceux en bambous, pour le jardinage, fonctionnent très bien : il
suffit de faire une encoche au bout et d’y insérer l’extrémité des cordes.
Technique pour les bulles géantes
• En tenant les bâtons des deux mains, plongez les cordes dans le liquide (bougez doucement pour bien les
immerger, en évitant de faire de la mousse) et relevez l’attirail en vérifiant qu’il y a un film de bulle entre
les cordes ;
• Étirez les cordes en écartant les bâtons et reculez pour faire entrer de l’air dans le film, qui va ainsi
s’étirer et former une bulle géante ;
• Éventuellement, ramenez les bâtons l’un vers l’autre pour refermer la bulle.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter les sites suivants :
http://www-lsp.ujf-grenoble.fr/vie_scientifique/annee_mondiale_de_la_physique/films_savon/index.htm
http://www-lsp.ujf-grenoble.fr/vie_scientifique/fete_de_la_science/bulles_geantes/recette.htm
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