Travailler sur la base Une Ministérielle pour les lanceurs et le MOT

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Travailler sur la base Une Ministérielle pour les lanceurs et le MOT
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LATITUDE 5
Travailler sur la base
Une Ministérielle pour les lanceurs et le MOT de l'ESA
par Anne Bellanova
Une « ministérielle » pour les lanceurs
Soutenir sans réserve la filière Ariane, autoriser le lanceur russe Soyuz à être exploité
par Arianespace depuis la Guyane, préparer le futur avec le programme FLPP (*)… le
prochain conseil de l’Esa au niveau ministériel sera très largement consacré aux
lanceurs. L’enjeu au bout de chaque décision : l’autonomie d’accès à l’espace pour
l’Europe.
Lors de cette prochaine ministérielle, qui se déroulera vraisemblablement en avril 2003, les
états membres de l’Agence spatiale européenne auront à se prononcer sur le maintien et la
consolidation de la filière Ariane et du secteur des lanceurs européens. « Les états
membres doivent réaffirmer avec force l’importance pour l’Europe d’assurer un accès
indépendant à l’espace pour les missions institutionnelles ainsi que celles à caractère
commercial et garantir ainsi son indépendance technique, stratégique et économique»
explique Fernando Doblas, responsable de l’Esa en Guyane. « Il faut donc que le secteur
des lanceurs soit perçu comme stratégique et que cette prise de conscience s’accompagne
des décisions qui permettront de le consolider et de le renforcer. Afin de préparer ces
décisions, un Groupe de Travail du Conseil de l’Esa discute, depuis septembre dernier, les
différentes alternatives. »
Aux Etats-Unis, une loi établit que les missions institutionnelles (militaires, scientifiques,
d’applications, etc.) doivent prioritairement être lancées sur des lanceurs américains.
Cette contrainte n’existe pas, actuellement, à l’échelle de l’Europe.
« Il faut donc que les institutions européennes comprennent cette nécessité » insiste
Fernando Doblas. Pour ce faire, l’Esa a décidé de mener d’abord une analyse de la
production des lanceurs Ariane en Europe, et en particulier des coûts de cette production
auprès des 36 industriels majeurs du programme. Cette analyse permettra de déterminer les
frais fixes et frais variables, pour ensuite proposer aux états membres de prendre en charge
les frais fixes de la production des lanceurs. Il reviendra donc à l’opérateur Arianespace la
prise en charge des frais variables de cette production. Mais une condition préalable est
nécessaire : la réduction du coût de production du lanceur Ariane 5 de 25 M€ par rapport au
dernier prix négocié par Arianespace avec ses fournisseurs
(le « lot P3 »), ce qui représente déjà un effort considérable fait par l’industrie européenne. «
Cette réduction est la condition sine qua non pour le programme et pour garantir la
compétitivité commerciale d’Ariane » indique Fernando Doblas. Les coûts liés à l’exploitation
et aux opérations de lancement au Centre spatial guyanais sont également concernés par
cette réduction, et les industriels présents sur la Base sont bien conscients des efforts qui
leur ont été demandés par Arianespace et par le Cnes/CSG.
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Entre 2005 et 2009, 15 satellites institutionnels compatibles avec les performances d’Ariane
5 doivent être lancés, représentant potentiellement
11 ½ missions institutionnelles européennes sur Ariane. En l’absence d’une loi européenne
obligeant à lancer ces satellites par Ariane, l’idée de l’Esa pour fidéliser ces missions est de
leur accorder deux avantages : des lancements au prix du marché et une priorité « de
passage » réelle. Dans ces conditions, il semble évident que les institutions européennes
n’auront pas besoin d’une loi pour utiliser des lanceurs européens pour leurs missions, ce
sera
leur
intérêt. Des contrats seraient
établis entre
l’Esa et les institutions
correspondantes.
Cet effort coordonné entre le secteur public - prenant en charge les coûts fixes du système
et assurant à Ariane un marché captif important - et l’industrie, réalisant un effort majeur
dans la réduction de ses coûts de production, devrait permettre de maintenir et consolider
pour longtemps cet accès autonome à l’espace, stratégique pour l’Europe.
Ce soutien à la filière de production Ariane constitue le programme EGAS (European
Garanteed Access to Space), actuellement en élaboration, et qui fera l’objet d’une décision
lors de cette ministérielle de l’Esa.
Dans un même temps, la coopération avec la Russie, liée à la précédente décision,
représente également un enjeu important de ce Conseil. La commercialisation du lanceur
Soyuz depuis la Guyane par Arianespace devrait renforcer la compétitivité de l’offre
européenne en matière de transport spatial. « Pour être compétitif il faut être souple et
pouvoir se positionner efficacement sur tous les secteurs du marché, et aussi sur ceux qui
échappent, du point de vue de la logique économique, à Ariane 5 » explique Fernando
Doblas. Soyuz serait donc utilisé par Arianespace en complément de la gamme Ariane et
Vega, et en « back up » (selon l’expression consacrée) d’Ariane 5 pour des satellites
jusqu’à 2.8 tonnes. Il est démontré que cette complémentarité permettrait de faire gagner
des parts de marché à Arianespace et d’optimiser les lancements doubles Ariane 5.
Le lanceur russe, dont les performances ne sont effectivement pas les mêmes que celles
d’Ariane
5,
permettrait
également
de
lancer
certaines
missions
institutionnelles
européennes, notamment celles qui ne sont pas dimensionnées pour le lanceur européen,
et dont le lancement par Ariane ne pourrait pas se faire au « prix du marché », comme
envisagé.
Selon Fernando Doblas, « cette coopération sur Soyuz est d’autant plus importante qu’elle
ouvre la porte à la coopération à long terme entre l’Europe et la Russie dans le domaine
des lanceurs. Cela devrait permettre à l’industrie européenne d’accéder à des technologies
que l’Europe ne maîtrise pas encore. Et puis, la Russie est si proche de nous au plan
géographique et culturel !. Or, paradoxalement, c’est avec les Etats-Unis que la Russie a
noué jusqu’à présent tous ses liens de coopération dans le domaine des lanceurs, dans un
rapport de dépendance. Elle aura certainement des hésitations à leur confier le dernier
système de lancement qui lui reste en propre, Soyuz. C’est notre opportunité. »
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Enfin, la dernière grande décision de la ministérielle portera sur le programme FLPP (Future
Launchers Preparatory Program). Celui-ci concerne la préparation du futur, des
technologies, démonstrateurs, engins réutilisables…
à moyen et long terme. Une coopération importante avec la Russie est prévue dans ce
programme. La recherche d’une importante réduction supplémentaire du coût au kilo lancé
apparaît comme une priorité fondamentale.
Toutes ces décisions, discutées puis adoptées au conseil de l’Esa au niveau ministériel,
devront ensuite se décliner en actions, qu’il s’agisse du démarrage du chantier de
construction de l’ensemble de lancement Soyuz en Guyane, de commandes importantes à
l’industrie pour la production Ariane ou de marchés technologiques sur le programme FLPP.
(*) FLPP : Futur Launchers Preparatory Program
Le Mot de l’Esa
ELA 2 : que faire des installations ?
Anne Bellanova
L’arrêt imminent des lancements Ariane 4, pose la question du devenir des
installations de l’ELA 2. Un groupe de travail, réunissant l’Esa, le Cnes et
Arianespace, a élaboré différentes hypothèses de réutilisation ou de redéploiement
de ces installations.
Tout raser ? Laisser en l’état en attendant de savoir qu’en faire ? Transformer pour adapter
à d’autres besoins ?… Les solutions concernant le devenir des installations Ariane 4 en
Guyane peuvent être radicales ou mesurées, mais elles doivent avant tout prendre en
compte les exigences des systèmes de lancement actuels – Ariane 5 et VEGA - le
lancement du véhicule de transport automatique (ATV) vers la station spatiale internationale
et potentiellement le lanceur Soyuz. Le groupe de travail a été mis en place pour analyser la
cohérence entre les besoins des divers utilisateurs (présents et futurs) en tenant compte du
schéma directeur du CSG. Pour les utilisateurs éventuels, il a par exemple fallu identifier les
moyens et servitudes de l’ELA 2 qui pourraient être en interface avec l’exploitation du
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lanceur Soyuz à l’extérieur du périmètre des ensembles de lancement. Il a également fallu
penser à l’installation des équipes du programme Vega dont le lanceur sera mis en œuvre
sur l’ancien site ELA 1.
La réflexion menée sur divers scenarii de redéploiement devait aussi évaluer les coûts de
chaque solution proposée, qu’il s’agisse des coûts d’investissement initial ou des coûts
d’exploitation, sans oublier d’en vérifier la conformité avec la législation française, en
particulier pour des installations qui ne seront pas utilisées ultérieurement.
Pour bien comprendre comment cette réflexion a été menée avec les différents partenaires,
il faut rappeler que l’Agence spatiale européenne est propriétaire des biens meubles et
immeubles de l’ensemble de lancement n°2, sur les terrains mis à sa disposition par le
Cnes. Ces biens ont été mis à disposition d’Arianespace par l’Esa pour la durée de la phase
d’exploitation des lanceurs Ariane 4.
« La première réunion du groupe a permis d’identifier les besoins des divers utilisateurs vis
à vis du cahier des charges fonctionnel de la fermeture de l’ELA 2 ainsi que le schéma
directeur de la base » explique Jacques Gigou, président du groupe et chef de la division
Mise en œuvre de la production à l’Esa.
« L’utilisation par Soyuz des installations ELA 2 a été rapidement écartée du fait de la
localisation de la zone de lancement aux environs de la Malmanoury. Ensuite, cette
première réunion a permis d’acter la nécessité de remettre à niveau la centrale de
climatisation, l’impossibilité de réutiliser le portique et la tour en zone de lancement et la
nécessité de déplacer les stockages ergols en raison d’une interférence avec la zone de
lancement Vega et de non-conformité avec la législation. »
A l’issue des différentes réunions du groupe, quatre scenarii ont été évalués :
- Scénario 1 : les installations Kepler, Bessel et Dock sont rendues à l’Esa et un nouveau
bâtiment est construit pour les besoins Ariane 5 et Vega. Le Hall d’assemblage (HA) est
réhabilité.
L’avantage de ce scénario est le faible coût de maintenance ordinaire. Son inconvénient
majeur est le coût d’investissement lié à la destruction de la zone de préparation ELA 2 et à
la construction d’un nouveau bâtiment. De plus, le besoin de stockage pour le projet ATV
n’est pas satisfait.
- Scénario 2 : Le Dock est conservé et des espaces sont aménagés pour les équipes Vega
à Kepler et dans une partie du Dock. Les stockages ATV sont assurés dans le Dock
également.
Cette solution permet de réutiliser l’espace disponible à proximité du Dock et d’éviter toute
destruction de bâtiment, ce qui minimise l’investissement initial. L’inconvénient de ce
scénario est le coût de la maintenance du Dock qui sera à la charge des utilisateurs des
espaces limitrophes (Kepler et Bessel).
- Scénario 3 : Le Dock est conservé. Les équipes Vega sont installées à Lagrange, tandis
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que les industriels bord Ariane 5 s’installent à Kepler, Bessel et au Dock. Le stockage de
l’ATV se fait dans le Dock.
Cette solution, bien qu’initialement préférée par les équipes Vega, est difficile à mettre en
œuvre en raison du coût que représente le déplacement des industriels Ariane 5 de
Lagrange au Dock.
- Scénario 4 : Les équipes Vega sont installées à Kepler et Bessel. Le hall d’assemblage et
Newton sont démantelés et leurs équipements déplacés dans le Dock.
L’inconvénient majeur de ce scénario est qu’il implique l’abandon définitif des locaux
ergoliers et rend le Dock indisponible pour le stockage du matériel ATV. Il ne répond donc
pas aux besoins exprimés au préalable.
« Concernant le maintien du Dock, on avait envisagé, dans un premier temps, d’abaisser le
toit du bâtiment pour minimiser les frais d’exploitation. » raconte Jacques Gigou, « Puis,
cette solution a été abandonnée car l’investissement ne justifiait pas l’économie annuelle
ainsi réalisée. En revanche, il est question de cloisonner l’espace intérieur afin de ne pas
climatiser l’ensemble du bâtiment dans la mesure où la climatisation représente une très
grosse partie des coûts d’exploitation.
En résumé, compte tenu des évaluations économiques des diverses solutions envisagées,
et de la nécessité de ne pas construire de nouveau bâtiment, le scénario 2 représente,
selon les membres du groupe de travail, la meilleure solution (ou la moins mauvaise).
Ainsi, le Dock est maintenu en sécurité, ce qui permet l’utilisation des bâtiments Kepler et
Bessel. Les équipes industrielles du programme Vega sont installées dans le bâtiment
Kepler et la zone Lagrange/Newton/HA est maintenue en l’état et continue à loger les
industriels Ariane 5. Cette solution permet aussi d’envisager l’installation du banc de
contrôle Vega dans le CDL2, à proximité des bureaux et locaux techniques industriels,
cependant le coût d’exploitation entre le CDL2 et le CDL3 pour le programme VEGA fera
l’objet d’une étude détaillée.
Par ailleurs, il faudra, indépendamment de cette solution, effectuer le déplacement des
stockages N et U en zone de stockage ergols et réhabiliter la centrale eau glacée pour
l’adapter aux besoins (Vega, S3 et bureaux) avec une puissance équivalente à 75 % de la
puissance actuelle.
Enfin, il convient d’ajouter à ces coûts divers le démantèlement du portique et de la tour
ombilicale en ZL2, des tables de lancement et des lignes ergols.
Le coût total du redéploiement des installations ELA2 sera financé par le programme
infrastructure (en respectant les contraintes de retour géographique du programme) d’une
part et par les futurs exploitants des installations d’autre part.
Les résultats des travaux du groupe technique font aujourd’hui l’objet d’un rapport final qui
sera présenté à un Comité directeur Esa/Cnes/Arianespace, lequel doit évaluer les
recommandations et statuer sur les actions à entreprendre.
La composition du groupe technique
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Président : J. Gigou (Esa - Chef de la Division Mise en œuvre de la production)
Secrétaire : P.M. Roviera (Esa - Responsable installations sol)
Membres titulaires : F. Doblas (Esa – chef du bureau Esa Kourou)
M. Cardone (Esa – Responsable du segment sol Vega)
G. Carra (Esa – Responsable de la phase de production des lanceurs Ariane)
B. Brandt (Cnes – Sous-Directeur Développement Sol)
M. Vales (Cnes – Responsable du projet Vega)
G. Blondet-Gonte (Cnes – Sous-Directeur Protection)
J.M. Agasse (Arianespace – Directeur des Opérations)
B. Gérard (Arianespace – Chef de la division Moyens Techniques)
J. Monreal (ATV Team – Responsable interfaces sol).
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