Ostéoporose - Fractures de la hanche
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Ostéoporose - Fractures de la hanche
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SANTÉ EPISERIE N° 18 OSTEOPOROSE ET FRACTURES DE LA HANCHE Etat des connaissances en Belgique et apport d'éléments pour l'élaboration d'une politique de santé Francis Capet - Jean Tafforeau - Herman Van Oyen INSTITUT DE SANTÉ PUBLIQUE CENTRE DE RECHERCHE OPÉRATIONNELLE EN SANTÉ PUBLIQUE CENTRE DE RECHERCHE OPÉRATIONNELLE EN SANTÉ PUBLIQUE OSTEOPOROSE - FRACTURES DE LA HANCHE Etat des connaissances en Belgique et apport d'éléments pour l'élaboration d'une politique de santé ISP / CROSP / EPISERIE N° 18 Auteurs : Francis Capet - Jean Tafforeau - Herman Van Oyen N° de Dépot : D/1999/2505/06 review par les commanditaires : administration de la Communauté Française : Jérome de Roubaix - Yvo Pirenne – Jacques Binon administratie van de Vlaamse Gemeenschap : Peter Hooft – Wim Aelvoet review externe par : Mark Lissens (RUG) –Jean Pierre Devogelaer (UCL) – Jean Yves Reginster (Ulg) Dernières corrections : novembre 1999 Contact : C.R.O.S.P. Service d’Epidémiologie Institut scientifique de la Santé Pubique Rue Juliette Wytsman, 14 1050 Bruxelles tel 02 642 50 25 fax 02 642 54 10 email : [email protected] ISP / Epidémiologie / CROSP Ministère de la Communauté Française Direction Générale de la Santé Boulevard Léopold II, 44 1080 Bruxelles tel 02 413 26 02 fax 02 413 26 13 email : [email protected] [email protected] [email protected] osteoporose 1 / 62 INSTITUT DE SANTÉ PUBLIQUE Table des matières 1. Résumé............................................................................................................................... 4 2. Introduction ....................................................................................................................... 10 3. Définitions ......................................................................................................................... 11 4. Facteurs de risque ............................................................................................................. 13 5. Incidence et prévalence en Belgique.................................................................................. 21 6. Incidence et prévalence au niveau international ................................................................. 25 7. Mortalité : données belges ................................................................................................. 36 8. Prise en charge ................................................................................................................. 40 9. Prévention - traitement ...................................................................................................... 43 10. Stratégies de Santé Publique......................................................................................... 51 11. Activités menées en Belgique / adresses ....................................................................... 53 12. Annexes ........................................................................................................................ 55 13. Bibliographie.................................................................................................................. 59 Figures Figure 4-1 Représentation schématique de la relation entre les différents facteurs de risque pour la fracture ostéoporotique de la hanche. ................................................................................ 14 Figure 4-2 Schéma non quantitatif représentant l'évolution de la masse osseuse illustrant le niveau d'impact des différentes interventions préventives . ....................................15 Figure 5-1 Taux d'incidence des hospitalisations pour fracture du fémur (RCM) Belgique, 1993-96 .................................................................................................... 23 Figure 6-1 Taux d'incidence de fractures de la hanche par sexe.............................................. 29 Figure 6-2 Projections démographiques, Belgique, 1995-2050. ............................................... 33 Figure 6-3 Projection du nombre de fractures de la hanche, basé sur une incidence spécifique par âge restant stable, et sur une augmentation des taux d'incidence pendant 20 ans. ............ 35 Figure 7-1 Mortalité liée aux chutes accidentelles ou à l’ostéoporose, nombres et taux par 100.000, par âge et par sexe, Belgique, 1993................................................................................... 37 Figure 7-2 Taux de mortalité/100 000 par chute accidentelle ou ostéoporose, taux pour 100.000 standardisé pour l’âge, par région et par sexe, 65 ans et plus, Belgique, 1987-1997. ........ 39 Figure 12-1 Distribution de la densité minérale osseuse chez les femmes avec une fracture de la hanche, et de contrôles. Trois exemples de performances attendues du dépistage, en fonction des limites fixées .............................................................................................................. 56 Figure 12-2 Risque de faire une fracture de la hanche en fonction de la DMO au calcanéum et du nombre de facteurs de risque ............................................................................................ 57 ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 2 / 62 Tableaux Tableau 3-1 Critères d’un groupe de travail de l’OMS : définitions des degrés d’ostéoporose. .......................................................................................................11 Tableau 4-1 Risque de fracture (ostéoporose + chute) 65 ans et plus .........................19 Tableau 5-1 Prévalence déclarée (%) de facteurs pouvant avoir une influence sur l'ostéoporose et les chutes / fractures du col du fémur, 65 ans et plus...............21 Tableau 5-2 Prévalence au cours des 12 derniers mois, et rang dans une série de 33 affections chroniques, personnes de 65 ans et plus, par sexe et par région,..........22 Tableau 5-3 Ratios Standardisés d'Incidence (S.I.R.) des hospitalisations pour fracture du fémur (RCM), personnes âgées de 60 ans et plus, Belgique, 1993-96...................24 Tableau 6-1 Proportion (%) de femmes ayant une DMO de moins de 2 SD en dessous de la moyenne pour les femmes normales jeunes, Rochester, USA (32)........................25 Tableau 6-2 Incidence (/1000) des chutes entraînant un traumatisme, Finlande .........26 Tableau 6-3 Taux d'incidence (/100 000) des fractures de la hanche (extrémité supérieure du fémur), USA, 1950-1982 . .................................................................................27 Tableau 6-4 Estimation des risques cumulés (en %) de fracture à l’âge de 50 ans, par sexe, USA, 1950-1982 ...................................................................................................27 Tableau 6-5 Etat fonctionnel parmi les survivants après fracture de la hanche ...........30 Tableau 6-6 Survie relative à 5 ans après une fracture, femmes, USA .......................31 Tableau 7-1 Taux de mortalité par chute accidentelle (880-888) ou ostéoporose (733), taux pour 100.000 standardisé pour l’âge, par région, 65 ans et plus. ...........................38 Tableau 7-2 Ratio Proportionnel de Mortalité (%) par chute accidentelle (E880-888) ou ostéoporose (733), par sexe et par région, Belgique, 1993. ...................................39 Tableau 8-1 Hospitalisations avec un diagnostic principal de fracture du col du fémur (ICD-9-CM 820), population totale, par année, RCM ........................................ 40 Tableau 8-2 Hospitalisations avec un diagnostic principal de fracture du émur, durées de séjour par âge, par sexe, par année et par région, RCM,. ......................................40 Tableau 8-3 Modes de prises en charge pour l'ostéoporose déclarée, 50 ans et plus, Enquête de Santé, Belgique, 1997. ........................................................................42 Tableau 9-1 Possibilités de prévention des fractures de la hanche ..............................45 ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 3 / 62 Résumé 1. Résumé L'ostéoporose est une maladie caractérisée par une faible masse osseuse et la détérioration microarchitecturale du tissu osseux, une fragilité osseuse et une augmentation du risque de fracture. La densité minérale osseuse (DMO) correspond au contenu en Calcium du tissu osseux. Il existe une relation entre l'appauvrissement de l'os en contenu minéral, sa résistance mécanique et le risque de fracture. Après la période de croissance, la masse osseuse atteint son maximum entre l’âge de 20 et 30 ans. Ce capital osseux est un facteur déterminant dans l’apparition éventuelle d’une ostéoporose à un âge plus avancé. Le capital osseux est déterminé génétiquement (race blanche ou asiatique, antécédents familiaux) et influencé par le régime alimentaire (déficience en calcium et vitamine D) et surtout par l'exercice physique. L'absorption du Calcium est meilleure chez les adolescents qu’aux âges plus avancés. Il est recommandé malgré tout que les jeunes absorbent au moins 1500 mg de Calcium par jour. Il serait utile en outre de maintenir un apport suffisant de Calcium pendant l'âge adulte afin de maintenir le gain acquis pendant l'adolescence. Différentes études ont mis en évidence en Belgique un déficit en Vitamine D et un apport alimentaire de calcium insuffisant chez les personnes âgées. La densité minérale osseuse diminue avec l'âge à partir de 40 ans et ce de manière similaire pour les deux sexes ; ce phénomène est lié à la résorption osseuse. Le maintien de la masse osseuse est fonction d'un équilibre entre résorption et reconstruction. Chez la femme, la résorption est freinée par l'imprégnation oestrogénique mais à la ménopause une perte supplémentaire de densité minérale osseuse vient se rajouter à la perte liée à l'âge. C'est l'ostéoporose post-ménopausique (plus marquée en cas de ménopause précoce) ; elle touche les os trabéculaires et entraîne des fractures du poignet et des tassements ou fractures des vertèbres. La deuxième forme est l'ostéoporose sénile, dont l'homme est également atteint bien que généralement à un âge un peu plus avancé que les femmes. Elle atteint l'os cortical et les fractures les plus fréquentes sont celles de l'extrémité supérieure du fémur. L'ostéoporose secondaire est celle qui apparaît suite à une maladie, une immobilisation prolongée et / ou un traitement médicamenteux. Le tabagisme a un effet direct, indépendant des autres facteurs, sur le risque d’ostéoporose de même que l’excès d'alcool. Il faut aussi tenir compte des facteurs intrinsèques augmentant le risque de chute comme la consommation de médicaments psychotropes (cette consommation est assez élevée en Belgique), la présence d’un diabète ou de maladies cardio-vasculaires, les troubles de l'équilibre et de la marche, la diminution de la force musculaire, les déficiences cognitives, les troubles de la vision, les accidents vasculaires cérébraux, etc. Le milieu de vie joue souvent un rôle également : sol enneigé, isolement social, marches, tapis glissants, éclairage inadéquat, institutionnalisation. Le risque de décès en cas de fracture est plus élevé chez les hommes, parmi les personnes plus âgées, chez les patients souffrant de plusieurs pathologies concomitantes, en cas de complications et chez les personnes institutionnalisées. Le site de la fracture est également déterminant ainsi que l'état de santé avant la fracture. L'état de santé mentale est en outre un facteur prédictif indépendant du risque de décès. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 4 / 62 Résumé 1.1. Incidence et prévalence En Belgique 3% des hommes et 15% des femmes âgés de 65 ans et plus souffrent d’ostéoporose (Enquête de Santé, 1997). On observe une prévalence plus élevée à Bruxelles et dans le sud du pays. A titre de comparaison, plus de la moitié des femmes de 60 ans et plus souffriraient d'ostéoporose dans une population féminine blanche américaine (DMO insuffisante au niveau de trois sites du squelette). Ces taux semblent extrêmement élevés et il y a lieu de mettre en doute la valeur opérationnelle de ces mesures pour identifier des personnes à risque de fracture. Inversement, il est probable que de nombreuses personnes âgées en Belgique souffrent effectivement d'ostéoporose mais n'ont pas bénéficié de contrôle de leur DMO et/ou ne sont pas traitées. Il n’existe pas de données sur la fréquence des chutes en Belgique mais les études internationales montrent qu’un tiers environ des personnes âgées de 65 et plus font au moins une chute par an ; 5% de ces chutes s'accompagnent de fractures. Aux USA, l'incidence des traumatismes traités à l’hôpital était de 84/1000 personnes de 65 ans et plus par an. L’analyse du Résumé Clinique Minimum permet de calculer les taux d'incidence des fractures de la hanche : il est de 2% chez les femmes de 85 à 89 ans et plus de 2.5% au-delà de 90 ans. Les hommes courent quasiment le même risque mais avec un décalage de 6 à 7 années. Ici aussi, l'incidence des fractures du fémur (hospitalisées) est plus basse en Flandre qu'en Wallonie et à Bruxelles. L'incidence des fractures de hanche est plus élevée aux Etats-Unis et en Europe du Nord et de l'Ouest que dans le reste du monde. Aux USA, les personnes de race asiatique et caucasienne sont plus souvent atteintes que ceux de race noire. Pour les populations de race blanche, comparables quant au style de vie, ces taux ne sont pas très différents. Les fractures de la hanche ont les conséquences les plus lourdes : 10 à 20% de décès, 20 à 60% seulement des survivants retrouvent leur niveau initial d'indépendance, 15 à 25% entrent en institution et 25 à 35% retournent chez eux mais restent dépendants d'une aide. Le taux de mortalité lié aux fractures de hanche et/ou aux chutes oscille entre 90 et 100 pour 100.000 dans la population de 65 ans et plus. Au total, 1% de l’ensemble des décès en Belgique en 1993 (tous âges confondus) sont attribuables aux chutes accidentelles et/ou à l’ostéoporose. Les taux de mortalité spécifiques par âge chez les hommes ne sont ne sont pas très différents de ceux observés chez les femmes alors qu'à âge égal, la prévalence de l'ostéoporose ainsi que l'incidence des fractures de la hanche sont plus élevées chez les femmes. Le nombre absolu de décès est malgré tout plus élevé chez les femmes par rapport aux hommes en raison du plus grand nombre de femmes dans les groupes d'âge avancé. La fréquence des fractures ostéoporotiques au niveau des vertèbres est plus difficile à établir ; d'après les critères utilisés, l'incidence estimée peut varier du simple au double. Ces fractures sont largement sous-diagnostiquées : on estime qu'aux USA, seulement un tiers environ des fractures vertébrales y subissent un examen clinique et qu'à peine un dixième d’entre elles est hospitalisé. Aux Pays-Bas, 40 à 60% des femmes et 15 à 50% des hommes de plus de 75 ans présentent des fractures de compression au niveau des vertèbres. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 5 / 62 Résumé Les fractures de vertèbres ne mènent à une hospitalisation que dans 10% des cas. Toutefois, le traitement médical à domicile nécessite parfois une immobilisation qui peut être néfaste pour une personne âgée. La douleur provoquée par ces fractures peut être importante et diminuer la qualité de la vie. La survie à cinq ans est équivalente à celle des fractures de hanche mais comme les fractures des vertèbres sont rarement fatales, l'excès de mortalité doit être attribué à la comorbidité existante. 1.2. Tendances Il est certain que le nombre de cas de fractures ostéoporotiques de la hanche est en hausse depuis ces dernières décennies, et en toute probabilité il va encore augmenter. La majeure partie de cette augmentation a une cause purement démographique ; en effet, on observe une augmentation du nombre de personnes les plus âgées, précisément dans les groupes d’âge qui ont les taux d'incidence de fractures de la hanche les plus élevés. Si les taux d'incidence spécifiques par âge actuels restent égaux, on passera d'un total de 9.000 cas de fractures de la hanche en Belgique en 1995 à 14.000 cas en 2020. Jusque dans un passé récent les taux d'incidence spécifiques par âge ont augmenté dans la plupart des pays, mais certaines données récentes ne confirment plus cette tendance pour les femmes. Chez les hommes par contre, on observe toujours une forte croissance des fractures ostéoporotiques. En Belgique le taux d'incidence des fractures de la hanche a augmenté au cours des années 80 dans l'ensemble de la population féminine de 65 ans et plus. Une estimation récente a également pu mettre en évidence que le taux corrigé pour l'âge continuait à augmenter et une enquête menée à Liège (entre 1986 et 1993) fait mention d’une diminution de la densité osseuse dans la population étudiée. L’analyse du RCM et de l’évolution des taux de mortalité entre 1987 et 1993 n’a pas permis par contre de mettre en évidence une augmentation que ce soit des taux d'incidence (standardisés pour l'âge) des fractures de la hanche ou des taux de mortalité par chute accidentelle. L'évolution de l'incidence des fractures de la hanche suit en fait celle de la prévalence de l'ostéoporose et des autres facteurs de risque (manque d’activité physique dans la vie quotidienne, consommation de tabac, d'alcool et de médicaments) dans la population. Il est possible toutefois qu'une augmentation de la prévalence des facteurs de risque ait été contrebalancée récemment par une meilleure prise en charge préventive et curative de l'ostéoporose, et par la prévention de chutes. A l’heure actuelle l'évolution de l'incidence des fractures de la hanche n’est donc pas encore clairement établie pour la Belgique. 1.3. Prise en charge Si l’on se base sur les données du RCM, il est clair que le nombre d'admissions pour fracture de la hanche continue à augmenter (de 9% en 5 ans). Par contre, la durée de séjour a diminué (21 jours) mais ceci est le cas pour l'ensemble des hospitalisations. Le coût moyen d'une hospitalisation pour fracture de hanche a été estimé à près de 350.000 FB et la moyenne des coûts des services extrahospitaliers est estimée à 280.000 FB, ce qui représente une dépense totale de 8 milliards de FB par an pour toute la Belgique. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 6 / 62 Résumé Aux USA une étude estime le coût direct d'une hospitalisation pour fracture de la hanche à 353.325 FB et les coûts supplémentaires par rapport aux frais couverts par l'assurance reviennent quant à eux à 573.525 FB pour l'année qui suit la fracture. En France on a estimé les coûts directs (hospitalisation) à 375.000 FB et en Angleterre ils varient autour de entre 300.000 FB. Aux Pays-Bas, la durée de séjour après une fracture de la hanche était de 18 jours en 1993. Un des moyens pour limiter les coûts serait de limiter les séjours dans les unités spécialisées en transférant rapidement les patients vers des lits plus appropriés à la revalidation. 1.4. Prévention - traitement Les personnes qui sont à risque de développer une ostéoporose secondaire à cause de maladies ou de traitement médical (dont le plus fréquent est l’utilisation de corticoïdes mais il ne faut pas oublier non plus les périodes d’immobilisation prolongée), doivent bénéficier d'une approche préventive et curative spécifique. La pratique régulière d'un exercice physique dès le jeune âge va contribuer à la constitution de la masse osseuse à la fin de l'adolescence. Un niveau suffisant d'exercice physique sera idéalement maintenu jusqu’à un âge avancé pour prévenir la perte osseuse. En parallèle, il faudra veiller à limiter la consommation de tabac et les excès d'alcool, et maintenir un apport alimentaire suffisant en calcium et vitamine D (des suppléments pourront être utiles chez les personnes âgées). Un dépistage systématique par densitométrie osseuse n'est pas indiqué chez les femmes en début de ménopause. On pourrait par contre déjà identifier à cet âge les personnes qui présentent des facteurs de risque pour l'ostéoporose ou pour des chutes traumatisantes. Ni le calcium, ni l'exercice physique pris isolément ne peuvent être considérés comme une prévention efficace de la perte osseuse liée à la ménopause. La Thérapie par Hormones (œ strogènes) de Substitution (THS) est prescrite en premier lieu pour soulager les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, dépression, … ) ; elle permet en outre de diminuer la résorption osseuse et a un rôle protecteur contre les affections cardio-vasculaires, la démence, etc. Ce traitement préventif doit être maintenu pendant une période prolongée pour qu'il produise son effet sur la masse osseuse. L'ostéoporose post-ménopausique peut donc être retardée par une THS mais cette dernière ne permettra pas de prévenir toutes les fractures de la hanche. De plus la THS n'a pas d'application chez les hommes. En outre, la protection contre les fractures ostéoporotiques offerte par cette thérapie s'atténue avec l'âge, même après un traitement prolongé. Finalement, la THS comporte certains risques (en ce qui concerne les risques de cancer du sein notamment) et la décision de démarrer ce traitement pour la prévention de l'ostéoporose se fera donc en fonction l'ensemble des avantages et inconvénients pour chaque femme au cas par cas. Les médecins de première ligne et gynécologues ont donc un rôle important à jouer dans ce domaine. La calcitonine et les biphosphonates sont des alternatives intéressantes à la THS : leurs effets en matière de prévention de la résorption postménopausique d'os trabéculaire sont prouvés et il semble bien qu'ils soient efficaces dans la prévention de fractures. Le traitement de l'ostéoporose sénile établie vise principalement à maintenir ou à augmenter la masse osseuse et à calmer la douleur (surtout dans le cas des tassements vertébraux). Il faut s'assurer que l'apport en calcium et en Vitamine D reste suffisant. Toute une série de mesures pourront être prise si nécessaire : correction d’une éventuelle acidose métabolique, administration de sels de fluor, initiation ou poursuite d’un traitement par œ strogènes, utilisation de biphosphonates et d’anabolisants. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 7 / 62 Résumé La prévention des chutes traumatisantes fera appel à un programme visant à maintenir et augmenter la force musculaire, le sens de l'équilibre et la coordination des mouvements. Les mesures visant à rendre l'environnement moins dangereux ne seront pas négligées. Les mesures suivantes devraient faire partie de la routine du suivi de la personne âgée : contrôle régulier de l'acuité visuelle et auditive, tests d'équilibre, recherche d'autres maladies pouvant augmenter le danger de chute, contrôle de la consommation d'alcool et de médicaments. 1.5. Stratégies de Santé Publique Vu l'importance du problème et de son évolution probable à moyen terme, un programme cohérent de prévention des fractures et de l'ostéoporose est indispensable. Il important donc que les responsables en matière de politique de santé prennent conscience de ce problème, tant au niveau fédéral que communautaire. Au sein de la population générale, il faudra veiller à une alimentation riche en calcium et vitamine D et la pratique régulière d’activités physiques ; ces mesures seront maintenues jusqu’à un âge avancé. On sera en outre attentif aux causes d’ostéoporose secondaire. Un traitement hormonal de substitution sera envisagé au cas par cas pour toutes les femmes en âge de ménopause en tenant compte des avantages (traitement des troubles de la ménopause, prévention de l’ostéoporose et des pathologies cardio-vasculaires) et des inconvénients (risque de cancer du sein). La détection des facteurs de risque de fracture de la hanche (dont l’ostéoporose) est également essentielle ; elle sera réalisée au cas par cas au moment de la ménopause. Par contre, il faudra examiner l'opportunité d'un examen systématique vers l’âge de 70 ans, qui permettrait de rechercher l'ensemble des facteurs de risque de fracture, chez les hommes aussi bien que chez les femmes. Des suppléments en calcium et vitamine D seront prévus pour les personnes âgées institutionnalisées. Pour les personnes déjà atteintes d'ostéoporose, on peut conseiller un programme d'exercice physique et d'une alimentation riche en calcium. Des traitements qui freinent la résorption osseuse seront également prescrits (THS et autres) ainsi que la calcitonine qui a un effet antalgique en cas de fractures vertébrales douloureuses*. Les professionnels de santé de première ligne ont un rôle très important à jouer dans la problématique de l’ostéoporose : • estimer le risque individuel (maladie cardio-vasculaire, cancer, ostéoporose) et présenter à toute femme en âge de ménopause les avantages et les inconvénients d'une thérapie hormonale de substitution • identifier les patients qui risquent de faire une chute et proposer les mesures nécessaires • effectuer le suivi d’un traitement éventuel. * l'effet antalgique de la calcitonine est intéressant, mais il n'y a jamais eu d'étude démontrant qu'elle se soit avérée supérieure aux antalgiques banals, dont le coût est beaucoup moindre et la tolérance meilleure (JP Devogelaer, communication personelle) ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 8 / 62 Résumé En outre, les programmes de prévention des chutes dans les hôpitaux et institutions de repos et de soins devraient être encouragés. Il y a lieu notamment de sensibiliser le personnel de santé à l'utilité de la détection des risques de chute et de fracture. Comme les méthodes diagnostiques et thérapeutiques disponibles évoluent rapidement, l'élaboration de stratégies de santé publique doit faire l’objet de mises à jour régulières. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 9 / 62 Introduction 2. Introduction Cette brochure a pour but d’évaluer l'importance du problème de l'ostéoporose et des fractures de la hanche en matière de santé publique et de présenter les avantages et inconvénients des différentes stratégies de prévention. Les fractures de la hanche constituent la complication la plus grave de l’ostéoporose, tant du point de vue de la morbidité que de la mortalité et des coûts qu'elle entraîne. Bien que chez des personnes âgées l'ostéoporose constitue la cause sous-jacente principale des fractures de la hanche, d'autres facteurs entrent en jeu, notamment ce qui peut causer une chute. Les chances de survie, les possibilités en matière de revalidation et la qualité de la vie après une fracture de la hanche dépendent d'autres facteurs également. L'ostéoporose post-ménopausique peut être retardée par une thérapie de substitution hormonale (THS) ; cette dernière ne permettra pas toutefois de prévenir toutes les fractures de la hanche et elle n’est en outre pas d'application chez les hommes. Les chutes chez les personnes âgées, atteintes d'ostéoporose ou non, et leur prévention constituent un problème important de santé publique. La chute accidentelle est dans une grande partie des cas la cause de la fracture de la hanche chez une personne âgée, mais la problématique des chutes accidentelles des personnes âgées est plus vaste que les fractures ostéoporotiques de la hanche. Pour passer en revue les possibilités d'intervenir sur ces facteurs, nous essaierons donc de maintenir la distinction entre ces différents éléments au cours de la présentation : • mécanismes et genèse des pathologies (chapitre 4) • importance du problème (chapitres 5- 7) • possibilités de prévention (chapitres 8-10) ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 10 / 62 Définitions 3. Définitions 3.1. Ostéoporose "L'ostéoporose est une maladie caractérisée par une faible masse osseuse et la détérioration microarchitecturale du tissu osseux, une fragilité osseuse et, par la suite, une augmentation du risque de fracture (1)". La densité minérale osseuse (DMO), exprimée en grammes par cm², correspond au contenu en calcium du tissu osseux. Il existe une relation entre l'appauvrissement de l'os en contenu minéral, sa résistance mécanique et le risque de fracture. Bien qu'il existe une relation manifeste, on ne peut toutefois assimiler la déperdition de masse osseuse et le risque fracturaire. La probabilité d'une fracture est déterminée en effet par une multitude d'autres facteurs. Mais la force de l'association entre fracture et DMO est malgré tout comparable à celle qui existe entre l'hypertension et l'Accident Vasculaire Cérébral (2). Certains auteurs proposent de ne pas considérer l'ostéoporose (primaire) comme une maladie, mais plutôt comme une conséquence du processus physiologique du vieillissement, évoluant à des vitesses différentes. Les degrés d'ostéoporose sont généralement exprimés en déviation par rapport à la distribution statistique des valeurs normales. On utilise le T-score pour les comparaisons par rapport aux valeurs normales chez les adultes jeunes (peak bone mass). Le Z-score est utilisé lorsque la valeur moyenne et la distribution spécifique par âge sont pris en considération. La différence entre les Tscores et Z-scores est assez importante chez les sujets âgés. Tableau 3-1 Critères d’un groupe de travail de l’OMS : définitions des degrés d’ostéoporose (2). Normal Ostéopénie Ostéoporose Ostéoporose grave Densité Minérale Osseuse (DMO) moins d’une déviation standard en dessous de la moyenne des jeunes adultes DMO 1 à 2,5 déviations standard en dessous de la moyenne des jeunes adultes DMO plus de 2,5 déviations standard en dessous de la moyenne des jeunes adultes DMO plus de 2,5 déviations standard en dessous de la moyenne des jeunes adultes et présence d’une ou plusieurs fractures ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 11 / 62 Définitions L'ostéoporose primaire : ostéoporose qui apparaît en dehors de tout processus morbide ou iatrogène connu pour entraîner une déperdition de la masse osseuse ou une décalcification. Nous traiterons ici essentiellement de cette forme : • L'ostéoporose post-ménopausique fait partie de ce groupe ; elle est induite par le manque d'œ strogènes chez la femme. On l'appelle également ostéoporose de type I. Elle atteint plus fréquemment les os trabéculaires et est le plus souvent la cause de fractures du poignet (Pouteau-Colles) chez les 50-65 ans et de tassements ou fractures des vertèbres chez les personnes plus âgées. • L'ostéoporose de type II ou sénile, vient se superposer à la première déplétion ; l'homme en est également atteint bien que généralement à un âge un peu plus avancé. Elle atteint l'os cortical. Les fractures les plus fréquentes et qui ont le plus d'impact sur la santé et la survie sont celles de l'extrémité supérieure du fémur. L'ostéoporose secondaire est celle qui apparaît suite à une maladie et / ou un traitement médicamenteux. 3.2. Fractures ostéoporotiques Les fractures ostéoporotiques sont les fractures qui surviennent sur un os affaibli par l'ostéoporose. En pratique, dans les données belges d'incidence et de mortalité, l'information sur la DMO est rarement disponible. Il faudra donc étudier l'occurrence de toutes les fractures, par localisation, dans un groupe d'âge en se rappelant que l'ostéoporose post-ménopausique atteint essentiellement les os trabéculaires avec des fractures au niveau du poignet mais aussi parfois de la cheville. A un âge plus avancé l'ostéoporose atteint également l'os cortical, et tout le squelette est affaibli ; il y aura alors des fractures au niveau de la hanche mais également vertèbres, de la diaphyse fémorale, du bassin, du sacrum, des côtes, … Les données disponibles dans les études épidémiologiques concernent surtout les fractures du poignet (mis en relation avec la DMO mesurée à extrémité distale du radius), les fractures de l'extrémité supérieure du fémur (FESF, "hanche") et les fractures-tassements des corps vertébraux. On a estimé (3) que les fractures ostéoporotiques se répartissent de la façon suivante : 44% au niveau vertébrale, 19% pour l'extrémité supérieure du fémur, 14% pour l'extrémité distale de l'avant bras et 23% pour d'autres localisations. Le terme «fracture de la hanche » fait référence aux fractures suivante : col ou tête du fémur, trochanter ou intertrochantériennes. Bien que le risque de fracture, le risque de décès, la survie relative et la relation entre le risque de fracture et la perte de densité osseuse soient différents pour les différents types de fracture de la hanche, bien souvent tous les types de fracture sont traités sous le dénominateur commun "fracture de la hanche" ou "de l'extrémité proximale du fémur". En fait les fractures trochantériennes seraient plus en relation avec l'ostéoporose post-ménopausique que les fractures du col. 3.3. Mortalité en relation avec l'ostéoporose Dans une première analyse, le concept a été simplifié en considérant tous les décès par chute non intentionnelle dans la population des personnes âgées de 65 ans et plus. Les causes de décès avec les codes ICD-9 880 à 888 ont été pris en compte, y compris le code 887 (fracture sans cause précisée). Il est possible ensuite de compléter l’analyse en incluant le code ICD 733 "fracture pathologique" (sans chute). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 12 / 62 Facteurs de risque 4. Facteurs de risque Plusieurs concepts seront abordés ici : l’évolution naturelle de la masse osseuse en fonction de l’âge (4.1), le rôle de l’alimentation (4.2), la genèse de l'ostéoporose (4.3), les facteurs de risque de fractures et de chute (4.4). Ensuite, pour tenter de définir une politique de prévention, une distinction sera faite entre les différents stades qui peuvent mener à une fracture ostéoporotique (4.5) et ses suites néfastes (4.6). La Figure 4-1 présente sous forme de schéma les différents facteurs de risque et leurs interrelations. 4.1. Evolution de la masse osseuse Après la période de croissance (voir Figure 4-2), la masse osseuse atteint son maximum entre 20 et 30 ans. Ce maximum est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Cette masse osseuse (capital osseux ou peak bone mass) est un facteur déterminant dans l’apparition éventuelle d’une ostéoporose à un âge plus avancé. Après ce pic, la densité minérale osseuse se maintient et diminue ensuite avec l'âge à partir de 40 ans de manière similaire pour les deux sexes. La masse osseuse maximale est pour une bonne part (60 -80%) déterminée génétiquement et influencée par le régime alimentaire (plus basse en cas de déficience en calcium et vitamine D) et surtout par l'exercice physique, plus particulièrement les efforts impliquant une charge pour le squelette contre une résistance ("weight bearing exercise"), comme la marche ou la course à pied, (la natation et le vélo n'ont pas cet effet). La Densité Minérale Osseuse (DMO) et la masse osseuse à l'âge auquel apparaissent les fractures ostéoporotiques sont la résultante de la masse osseuse maximale acquise au début de la vie adulte et de la vitesse de résorption osseuse. Le maintien de la masse osseuse est fonction d'un équilibre entre résorption et reconstruction. Chez la femme, la résorption est freinée par l'imprégnation oestrogénique. A la ménopause (à un âge médian de 51 ans), suite à l'arrêt de la sécrétion d'œ strogènes qui inhibent la résorption osseuse, une perte supplémentaire de densité minérale osseuse vient se rajouter chez les femmes à la perte liée à l'âge. C'est l'ostéoporose post-ménopausique. Elle touche surtout l'os trabéculaire (spongieux) et cause notamment des fractures au niveau vertébral et de l'extrémité distale du radius. Les modifications structurelles durant l'ostéoporose post-ménopausique sont les mêmes que celles observées lors de la perte osseuse liée à l'âge chez les sujets normaux, ce qui induit certains auteurs à voir l'ostéoporose primaire comme un processus de vieillissement plutôt que comme une maladie. Ceci est en accord avec les résultats d'autres recherches démontrant qu'une réduction de la masse osseuse ou la présence de fractures vertébrales est associée avec une plus forte mortalité par des causes sans relation avec l'ostéoporose (4). En dehors de cette perte propre au sexe féminin, la diminution de la masse osseuse suit assez bien celle de la masse musculaire (1). On l'appelle l’ostéoporose sénile. Elle attaque toute la substance osseuse, corticale comme trabéculaire. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 13 / 62 Facteurs de risque Figure 4-1 Représentation schématique de la relation entre les différents facteurs de risque pour la fracture ostéoporotique de la hanche. - décès - diminution de l'espérance de vie - diminution de l'espérance de vie en bonne santé grand âge sexe masculin mauvais état de santé démence fracture ostéoporotique de la hanche force de l'impact : - absence de couche de tissu adipeux - taille de la personne (hauteur de la chute) - direction, mode de chute manque d'exercice physique : -souplesse, -équilibre -réflexes -force musculaire chute fracture spontanée facteurs d'environnement, intérieur et extérieur ostéoporose (Densité Minérale Osseuse trop basse) facteurs liés à la personne: - morbidités - handicaps moteurs et d'équilibre - handicaps sensoriels - médications résorption trop rapide capital osseux insuffisant manque d'exercice physique : force musculaire et stimulation de la formation osseuse N.B. l'exercice physique à un âge plus jeune a pour effet d'entraîner la pratique d'un exercice physique à un âge ultérieur -déficit hormonal, ménopause précoce -causes d'ostéoporose secondaire et iatrogène -manque en calcium et vitamine D3 pour les personnes âgées -ménopause -âge (involution normale) -facteurs génétiques ISP / Epidémiologie / CROSP -manque en calcium et vitamine D3 pendant l'adolescence -facteurs génétiques osteoporose 14 / 62 Facteurs de risque 4.2. Rôle de l'alimentation L'absorption du Calcium est meilleure chez les adolescent(e)s qu’aux âges plus avancés. Il est recommandé malgré tout que même les adolescents absorbent au moins 1500 mg de Calcium par jour. On a pu démontrer notamment dans une population anglaise que le fait d'avoir bu beaucoup de lait avant 25 ans est associé avec une DMO plus élevée à l'âge adulte (5). D'autres études ont indiqué qu'il est nécessaire de maintenir un apport suffisant de Calcium pendant l'âge adulte afin de maintenir le gain acquis pendant l'adolescence. L'effet du calcium serait plus marqué sur l'os cortical (col du fémur) que sur l'os trabéculaire (6). Les informations concernant les besoins en Calcium pour la constitution d'une masse osseuse semblent un peu contradictoires toutefois. Il n'est pas certain notamment qu'il soit nécessaire d'ingérer de grandes quantités de calcium pour constituer un pic de masse osseuse suffisant : • on observe par exemple peu de fractures ostéoporotiques dans des populations qui consomment peu de laitages mais ont un niveau élevé d'exercice physique. • chez les personnes âgées, surtout lorsque celles-ci sont institutionnalisées, le manque de calcium et de vitamine D3 peut accélérer la résorption osseuse (par hypersécrétion de la parathormone) et inversement, les suppléments peuvent la prévenir (voir prévention 9.4.1). Figure 4-2 Schéma non quantitatif représentant l'évolution de la masse osseuse illustrant le niveau d'impact des différentes interventions préventives (d'après J. Kaufman). prévention secondaire prévention tertiaire DMO prévention primaire croissance ménopause 30 50 70 âge ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 15 / 62 Facteurs de risque L'ingestion de protéines entraîne une augmentation de l'excrétion urinaire de Calcium. On a pu établir notamment une relation positive entre la consommation de protéines et le risque de fracture du poignet (7). Le fait de consommer 5 repas de viande rouge par semaine comme on l’observe dans nos pays actuellement, constitue donc un facteur de risque pour les fractures du poignet. Cette association entre ingestion de protéines et excrétion urinaire de Calcium ne tient pas si les protéines sont d'origine végétale. On n'a pas mis en évidence de relation entre l'ingestion de protéines animales pendant l'adolescence et l'incidence de fractures du poignet. Des études comparant la densité minérale osseuse et l'incidence de fractures de la hanche dans différentes populations viennent étayer cette hypothèse : on observe une DMO plus basse dans les régions qui ont un régime riche en protéines animales non compensé par un apport complémentaire en calcium (inuit, japonais). Dans la plupart des comparaisons entre les femmes végétariennes et omnivores, on n'a pas pu mettre de différences de DMO en évidence. Etant donné que le lait est très riche en calcium, il est logique de supposer que l'allaitement maternel, surtout au-delà de trois mois, mobilise les réserves calciques du squelette chez la mère, et diminue le maximum de masse osseuse acquis entre 20 et trente ans. Il n'en est rien : même s'il est vrai qu'après quelques mois d'allaitement la DMO diminue temporairement (8,9), le fait d'allaiter (plusieurs) enfants ne constitue pas un facteur de risque pour l'ostéoporose plus tard. Au contraire, la multiparité constitue plutôt un facteur de protection, de même que l'allaitement. Pour l'enfant, il ne semble pas que le fait d'avoir été nourri au sein constitue un risque d'ostéoporose, bien que le lait humain soit beaucoup moins riche en calcium que le lait de vache ou que d’autres laits de substitution. 4.3. Facteurs augmentant le risque d'ostéoporose Il existe toute une série de facteurs qui augmentent le risque d'ostéoporose primaire (postménopausique + sénile) : Génétiques (10) 60 à 70% de la variation en DMO parmi des femmes ménopausées est expliquée par une prédisposition génétique. Une modification dans les gènes responsables des récepteurs de la vitamine D3 (11) s’observe plus particulièrement dans les cas suivants : − Race blanche ou asiatique − Antécédents familiaux : mère ou sœ ur ayant souffert de fracture ostéoporotique − « Petit squelette » (body frame) La modification dans les gènes responsables des récepteurs de la vitamine D3 est loin d'avoir fait l'unanimité. D'autres récepteurs sont probablement en cause dans une population aussi mélangée que la nôtre. * * JP Devogelaer, communication personnelle ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 16 / 62 Facteurs de risque Hormones sexuelles : Chez la femme, l'imprégnation oestrogénique freine la résorption osseuse et tout ce qui diminue la durée de l'imprégnation oestrogénique augmentent le risque d'ostéoporose : − − − − Ménarche tardive Ménopause précoce (12,13). Les femmes ménopausées avant 40 ans ont, à distance de leur ménopause, une DMO vertébrale anormalement basse pour leur âge. Quelle que soit la cause de cette ménopause précoce (chirurgicale ou autre), le risque fracturaire est le double de la normale 20 ans après. Symptômes de préménopause, ménopause à établissement rapide Excès d'exercice physique (entraînant l'aménorrhée) L'hypogonadisme est une des causes d'ostéoporose chez l'homme adulte. Chez les hommes de 70 ans et plus, on trouve une corrélation positive entre la DMO et le taux de testostérone (14) Style de vie, nutrition : − Le tabagisme a un effet direct, indépendant des autres facteurs − L’effet de l’inactivité ou du manque d'exercice physique persiste, même après correction pour la masse musculaire. L'effet de l'activité physique est plus marqué sur l'os cortical (col du fémur) que sur l'os trabéculaire (vertèbres, radius distal, trochanters) − L'alcoolisme est cité comme facteur de risque, mais la consommation (modérée) d'alcool est corrélée avec une DMO plus élevée dans une population âgée, surtout chez les femmes (15), peut-être par une élévation du taux d'œ strogènes endogènes − Déficience en Ca, vit D3, intolérance au lait, peu d'apports en calcium au cours de toute la vie, malnutrition / malabsorption, déficience en vitamine C sont autant de facteurs de risque d’ostéoporose. Toute une série d'affections, hormonales et autres, ainsi que des traitements médicamenteux peuvent entraîner l'ostéoporose secondaire (voir liste en annexe). Il faut ajouter qu'une immobilisation prolongée va également entraîner une décalcification. 4.4. Facteurs augmentant le risque de chute Un vaste étude de cohorte (19.500 adultes de tous âges) menée en Finlande (16) a permis de mettre en évidence toute une série de facteurs augmentant le risque de chute : • l'utilisation d'alcool ou de médicaments psychotropes • la présence d’un diabète, de maladies cardio-vasculaires • le célibat • une activité physique intense pendant les loisirs. Tous se sont avérés être des facteurs de risque indépendants dans l'un ou l'autre des sous-groupes d'âge ou de sexe. En outre, une obésité franche (BMI de 30 et plus) augmente le risque de chute pour les femmes de moins de 45 ans. Inversement, pour les personnes de 65 ans et plus, il semble que ce soit un facteur protecteur. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 17 / 62 Facteurs de risque Parmi les personnes âgées, les facteurs de risque de chute, de fracture, et de fracture en cas de chute se recouvrent partiellement : bien que seulement 1 à 14% des chutes chez des femmes résultent en une fracture, plus de 90% des fractures surviennent suite à une chute. Risques intrinsèques de chute (10,16-18) : − troubles de l'équilibre et de la marche, dysfonctionnement des membres inférieurs − diminution de la force musculaire, mesurée à la main - "grip strength" (19) − déficiences cognitives − troubles de la vision − autres troubles sensoriels : perte de proprioception, allongement du temps de réflexe − maladie de Parkinson − accident vasculaire cérébral (risque de "Transient Ischaemic Attacks", cause de chute) − 11% des chutes entraînant une hospitalisation seraient le fait de "drop attacks", sans prodromes. Ces derniers seraient causés par une insuffisance au niveau des mécanorécepteurs de la colonne cervicale (artère vertébro-basilaire et arthrose de la colonne cervicale) − les vertiges et bourdonnement d'oreilles seraient responsables de 8% des chutes (18). Ces troubles affectent 20% de la population des seniors au point de les gêner dans leurs activités de tous les jours. Ils peuvent être d’origine tout à fait bénigne ou être le symptôme d'un problème grave, neurologique ou autre (hypoglycémie, insuffisance cardiaque, etc.. ) − mauvaise estimation subjective de son propre état de santé − démence. Risques extrinsèques : 22% des chutes − prise de médicaments sédatifs ou hypnotiques (barbituriques à longue durée d'action par exemple) − alcool − sol verglacé ou enneigé, surtout les premiers jours (19,20) − milieu social, particulièrement le fait de vivre seul − milieu de vie inadapté (meubles bancals, marches, tapis glissants, manque de poignées, éclairage inadéquat) − hospitalisation, et de façon plus générale, changement de milieu de vie. Des troubles de longue date de la marche et de l'équilibre augmentent certainement le risque de chute, mais en réduisant la mobilité, ils peuvent également accélérer la décalcification des os et le risque de fracture. On pourrait imaginer le même processus pour les handicaps visuels, et d'une façon générale, pour tous les handicaps qui limitent la mobilité (y compris la dépression et les autres troubles psychiques). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 18 / 62 Facteurs de risque 4.5. Facteurs augmentant le risque de fracture en cas de chute En dehors de l'ostéoporose au niveau de la hanche, mesurée par la DMO intertrochantérienne et la DMO du col du fémur, un nombre de facteurs de risque ont été identifiés, et peuvent éventuellement être utilisés pour identifier des personnes à risque, qui pourraient bénéficier d'un programme de surveillance plus intensif. Le Tableau 4-1 présente les facteurs de risque pour une fracture de la hanche dans une population âgée, suivie pendant 4 ans dans une étude prospective. Tableau 4-1 − − − − − − − − − − − − − Risque de fracture (ostéoporose + chute) dans une population âgée de 65 ans et plus suivie pendant 4 ans, N= 9516 (10). âge >= 80 antécédent familial : fracture de la hanche chez la mère, ce facteur reste présent même après ajustement pour la densité minérale osseuse autre fracture (n'importe quelle localisation) depuis l’âge de 50 ans histoire d’hyperthyroïdisme traitement (même antérieur) aux benzodiazépines à longue durée d'action médication anticonvulsive poids actuel inférieur au poids à 25 ans taille à 25 ans >= 168 cm debout moins de 4 heures par jour ne pratique pas la marche comme exercice physique incapable de se lever d’une chaise sans appui sur les bras vision déficiente, peu de sensibilité aux contrastes ou manque de vision stéréoscopique pouls > 80 par minute au repos Un BMI (rapport poids/taille²) plus élevé peut être considéré ici comme un facteur protecteur. Cela peut s’expliquer de plusieurs façons : une grande taille augmente le risque de fracture simplement parce que l'énergie de l'impact avec le sol est plus grande, des personnes plus lourdes (et plus musclées) ont une masse osseuse plus importante et finalement, un peu de tissu adipeux autour des hanches peut fonctionner comme un amortisseur en cas de chute (21). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 19 / 62 Facteurs de risque 4.6. Facteurs augmentant le risque de décès et d'évolution défavorable en cas de fracture Le risque de décès en cas de fracture est plus élevé pour les hommes, parmi les personnes plus âgées, chez les patients souffrant de plusieurs pathologies concomitantes (comorbidité), en cas de complications et chez les personnes institutionnalisées (22). Le site de la fracture (trochanters plus que col), est également déterminant ainsi que l'état de santé avant la fracture. L'état de santé mentale est un prédicteur indépendant de décès (23). Une étude menée dans différents hôpitaux en Angleterre (East Anglia Audit, N= 580) a pu montrer également que les taux de survie à 90 jours d'une fracture de la hanche varie de manière significative en fonction de la qualité de la prise en charge du patient (24). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 20 / 62 Incidence et prévalence en Belgique 5. Incidence et prévalence en Belgique 5.1. prévalence des facteurs de risque Parmi les personnes âgées de 65 ans et plus*, 39% des hommes et 54% des femmes ont déclaré souffrir d’un ou autre trouble de l’appareil locomoteur, 38% souffre d'un problème cardio-vasculaire ou d’un problème de l’appareil circulatoire en Belgique en 1997 (25). Tableau 5-1 Prévalence déclarée (%) de facteurs pouvant avoir une influence sur l'ostéoporose et les chutes / fractures du col du fémur, population âgée de 65 ans et plus, Enquête de Santé par Interview, Belgique, 1997. Hommes Troubles de l'appareil locomoteur arthrose mal au dos arthrite, rhumatisme Troubles de l'appareil circulatoire hypertension infarctus ou affection cardiaque grave accident vasculaire cérébral Asthme, bronchite chronique, BPCO Dépression Vertige avec chutes Diabète Parkinson ou épilepsie Consommation de somnifères Consommation de tranquillisants Etat de santé subjectif moyen à très mauvais Femmes 38.8 53.9 21.4 17.3 14.6 36.6 38.8 15.2 22.6 38.6 21.0 18.4 <5 19.2 3.2 5.4 9.2 3.4 13.2 5.2 43.3 32.0 13.2 5.9 11.6 9.9 8.0 6.5 2.8 23.1 13.7 50.2 En Flandre Orientale une étude a montré que 25% des personnes de 65 ans et plus consommaient des benzodiazépines depuis plus de 6 mois (26). Une autre étude (14) chez des hommes entre 70 et 85 ans en Flandre a mis en évidence un déficit en Vitamine D ; ce déficit semble augmenter en outre avec l'âge. En région liégeoise, plus de la moitié des femmes de 70 ans et plus présentent une carence absolue ou relative en vitamine D. L'apport alimentaire moyen en calcium y est largement en dessous des 1500 mg/j recommandés (1,3,27,28). * Dans l'interprétation de ces chiffres, il faut tenir compte du fait qu'il s'agit de toute la population de 65 ans et plus, qu'après 85 ans il y a environ trois fois plus de femmes que d'hommes. L'échantillonnage ne permet pas de séparer la population étudiée en groupes d'âge plus petits. On n'a pas standardisé pour l'âge. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 21 / 62 Incidence et prévalence en Belgique 5.2. Prévalence de l’ostéoporose et incidence des fractures ostéoporotiques L'enquête de santé (population 65 + non standardisée pour l’âge) montre pour la population féminine, des différences régionales importantes, aussi bien en ce qui concerne la prévalence déclarée des problèmes d’ostéoporose que l’utilisation des ressources médicales existantes : la prévalence déclarée d’ostéoporose est presque deux fois plus grande en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Ceci peut indiquer que la différence constatée dans la mortalité par chute accidentelle chez les personnes âgées n’est pas uniquement attribuable à des différences dans la certification et le codage des causes de décès. Pour les hommes les nombres ne sont pas assez élevés (= 24 / 756) pour pourvoir donner des résultats significatifs quant aux différences entre les régions, mais les données de mortalité par chute accidentelle et par ostéoporose indiquent des différences régionales qui vont dans le même sens. Tableau 5-2 Prévalence au cours des 12 derniers mois, et rang dans une série de 33 affections chroniques, personnes de 65 ans et plus, par sexe et par région, Enquête de Santé, Belgique, 1997. Rang Prévalence (%) Ostéoporose Fracture de la hanche Fracture du poignet 21 3.1 1.2 1.0 Ostéoporose Fracture de la hanche Fracture du poignet Fracture vertébrale 4 15.5 1.6 2.6 0.7 Hommes, Belgique (N= 756) Femmes, Belgique (N= 1005) Femmes : prévalence de l’ostéoporosqe (standardisé pour l'âge) Région Flamande 5 Région Bruxelloise 4 Région Wallonne 6 12.3 ( 7 ; 17.5 ) 21.0 ( 13.2 ; 28.8 ) 18.1 ( 10.3 ; 25.8 ) Une autre source importante sur ce sujet en Belgique est l’enregistrement du Résumé Clinique Minimum (RCM). La qualité de ce dernier a été amélioré au cours des années. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 22 / 62 Incidence et prévalence en Belgique Les résultats présentés au Tableau 8-1 concernent l'ensemble des hospitalisations, y compris les réadmissions pour complication, ce qui entraîne sans doute une surestimation du nombre de fractures. Une autre possibilité est de travailler sur les premières hospitalisations ; il y aura ici probablement une sous-estimation de l'incidence réelle, car toutes les admissions ultérieures sont exclues. Par exemple une personne hospitalisée dans un hôpital A pour un infarctus au mois de janvier, et qui est admise dans le même hôpital A en juillet de la même année pour une fracture de la hanche ne sera pas reprise. Une analyse préliminaire du RCM a montré une différence très nette entre les années 1991-92 et les suivantes, surtout en Région Wallonne. Comme l'explication la plus probable en est un sousenregistrement pour cette période, nous nous sommes limités aux années 1993-96 pour les estimations de l'incidence des fractures (code ICD-9 CM 820 : fracture du fémur). L'hypothèse de travail est qu'en se limitant au groupe d'âge des 60 ans et plus, ce code couvrira principalement les fractures ostéoporotiques de la hanche. Cette hypothèse est probablement mieux vérifiée pour les femmes âgées que pour les hommes jeunes. La Figure 5-1 montre les taux d'incidence par âge : près de 2% des femmes de 85 à 89 ans subissent une fracture de hanche chaque année, et plus de 2.5% au-delà de 90 ans. Les hommes courent quasiment le même risque mais avec un décalage de 6 à 7 années de plus. Figure 5-1 Taux d'incidence des hospitalisations pour fracture du fémur (RCM), Belgique, 1993-96. 3 500 3 000 incidentie / 100 000 2 500 hommes 2 000 femmes 1 500 1 000 500 0 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90-94 > 94 Les différences régionales sont statistiquement significatives et relativement importantes : voir Tableau 5-3. L'incidence des fractures du fémur (hospitalisées) est plus basse en Flandre qu'en Wallonie et à Bruxelles. La durée de la période d'enregistrement utilisée (4 ans) étant assez courte ne permet pas de définir des tendances éventuelles dans l’évolution des taux d'incidence au cours du temps, d’autant plus la qualité du registre s’est graduellement améliorée au cours de cette période. Par contre, il est certain que le nombre d'hospitalisations est en augmentation constante. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 23 / 62 Incidence et prévalence en Belgique Tableau 5-3 Ratios Standardisés d'Incidence (S.I.R.) des hospitalisations pour fracture du fémur (RCM), personnes âgées de 60 ans et plus, Belgique, 1993-96. Hommes Flandre Bruxelles Wallonie - 95% IC 0.92 0.95 1.05 ISP / Epidémiologie / CROSP S.I.R. 0.95 1.02 1.10 Femmes + 95% IC 0.97 1.09 1.14 - 95% IC 0.91 1.05 1.08 S.I.R. 0.92 1.08 1.10 osteoporose + 95% IC 0.94 1.12 1.12 24 / 62 Incidence et prévalence au niveau international 6. Incidence et prévalence au niveau international Dans ce chapitre nous essaierons de présenter quelques données internationales, en suivant le même schéma que pour les données belges : prévalence de l'ostéoporose, incidence des chutes, incidence des fractures et conséquences des fractures ostéoporotiques. En 6.5, en guise de conclusion, nous discuterons des tendances, tant en Belgique qu’au niveau international. La comparaison des taux d'incidence ou de mortalité demande certaines précautions : cette affection frappe surtout les personnes très âgées (80 + et même surtout 85 +) et les taux dans la population totale ou même la population de 65 ans et plus, non standardisés pour l'âge, sont donc très sensibles à la distribution par âge à l'intérieur de ce groupe. Or cette distribution peut varier très fort entre les différents pays et changer rapidement. Il faut donc employer des groupes d'âge beaucoup plus restreints et standardiser ou corriger pour l'âge avant de pouvoir procéder à des comparaisons internationales. L'utilisation de définitions et de mesures différentes peut également limiter la comparabilité des données publiées. En outre, lorsqu’il est fait mention de différences raciales ou ethniques, il ne faut pas négliger la prévalence des facteurs de risque (activité physique, parité, allaitement, BMI, taille, tension artérielle, utilisation de médicaments, … ) au sein des groupes de population étudiés (29,30). Il existe des différences marquées entre les régions, plus importantes souvent que les différences entre les deux sexes dans une même région. Ceci laisse supposer que l'importance des déficiences hormonales comme première cause de fracture de la hanche chez la femme a été surestimée et que l'importance d'autres facteurs, probablement liés au style de vie est sous-estimée (31). 6.1. Prévalence de l'ostéoporose Le Tableau 6-1 présente la distribution des DMO au niveau de trois sites du squelette dans une population féminine blanche américaine. Plus de la moitié des femmes de 60 ans et plus, 84% des femmes de 80 ans et plus souffriraient d'ostéoporose suivant les définitions en vigueur. Ces taux sont extrêmement élevés et il y a lieu de mettre en doute la valeur opérationnelle de ces mesures pour identifier des personnes à risque de fracture et susceptibles de bénéficier d'un traitement. Tableau 6-1 Proportion (%) de femmes ayant une DMO de plus de 2 SD en dessous de la moyenne pour les femmes normales jeunes, Rochester, USA (32). Hanche Radius 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80+ Vertèbres lombaires 2.1 2.0 15.1 31.4 44.2 48.0 4.4 2.0 11.8 22.0 36.7 67.5 0.0 0.0 7.4 17.6 36.5 68.0 Au moins un des trois sites 4.2 4.0 25.9 37.3 57.7 84.0 Total 24.0 22.9 21.6 35.7 Age ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 25 / 62 Incidence et prévalence au niveau international La présence d'ostéoporose mesurée dans au moins un des trois sites y est donc nettement plus élevée que celle déclarée en Belgique en 1997 (15.5%) lors de l'Enquête de Santé. Un grand nombre de personnes âgées ont donc probablement de l'ostéoporose si l’on se base sur les définitions de cette étude américaine, mais n'ont sans doute pas bénéficié de mesures objectives de la DMO et ne sont donc pas traitées. 6.2. Incidence des chutes Un tiers environ des personnes âgées de 65 et plus en population générale font au moins une chute par an. 5% des chutes s'accompagnent de fractures et 5 à 10% d'autres traumatismes sévères nécessitant des soins médicaux (33). Dans la plupart des enquêtes, la fréquence des chutes est évaluée rétrospectivement. Cela conduit à une sous-estimation, surtout des chutes moins graves. Des études comprenant un système de surveillance indiquent un taux annuel de chutes dans la population générale de 65 ans et plus compris entre 680 et 800 par 1000 personnes. Dans les institutions (âge moyen 80 ans et plus) ce taux peut monter jusqu’à 1600 chutes/1000 personnes par an. Aux USA, l'incidence des traumatismes traités en service d'urgence ou hospitalisés était de 84/1000 personnes de 65 ans et plus par an ; ce taux varie assez nettement avec l'âge et le sexe, de 25/1000 pour les hommes de 65 à 69 ans à 159/1000 pour les femmes de 85 ans et plus. 42% des traumatismes étaient des fractures et 12% de fractures de la hanche (33). Tableau 6-2 Taux d’Incidence (/1000/an) des chutes entraînant un traumatisme, N = 19.500, Finlande (16). 20-29 30-39 40-49 50-59 60-69 70-79 80+ ISP / Epidémiologie / CROSP Hommes Femmes 1.9 0.8 2.8 1.3 4.2 2.2 3.0 3.8 3.7 6.5 7.0 15.6 27.0 32.9 osteoporose 26 / 62 Incidence et prévalence au niveau international 6.3. Incidence des fractures L'incidence des fractures est plus élevée aux Etats-Unis et en Europe du Nord et de l'Ouest que dans le reste du monde. Aux USA, les personnes de race asiatique et caucasienne sont plus souvent atteintes que ceux de race noire. Tableau 6-3 Taux d'incidence (/100 000) des fractures de la hanche (extrémité supérieure du fémur), Rochester, USA, 1950-1982 (32). Age Hommes Femmes <50 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-94 85+ 5.5 12.5 36.9 58.0 139.7 241.7 423.2 850.6 1 719.5 3.8 69.5 135.4 169.6 314.2 493.5 1 033.2 1 669.3 2 552.5 La Figure 6-1 présente les taux d'incidence de la fracture de la hanche par classes d’âge pour toute une série de pays. On constate que pour des populations de race blanche, comparables quant au style de vie, ces taux ne sont pas très différents. Une femme de 50 ans aurait 17% de chances de se casser la hanche au cours du reste de sa vie, pour un homme du même âge ce risque est de 6% (32). Tableau 6-4 Fractures ostéoporotiques : estimation des risques cumulés (life time risk) en % à l’âge de 50 ans, Rochester, USA, 1950-1982 (32). Femmes Hommes Fracture extrémité proximale du fémur : (1950-1983) Fracture vertébrale : (1985-1989) Fracture du poignet : (1945-1974) 17.5 % 15.6 % 16.0 % 6.0 % 5.0 % 2.5 % Au moins une des trois fractures : 39.7 % 13.1 % ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 27 / 62 Incidence et prévalence au niveau international La fréquence des fractures ostéoporotiques au niveau des vertèbres est plus difficile à établir ; en effet, il n'y a pas encore de consensus sur les critères de diagnostic de fracture vertébrale (p.ex. diminution de 15 ou de 20% de la hauteur). D'après les critères utilisés, l'incidence estimée peut varier du simple au double (31). Ces fractures sont largement sous-diagnostiquées : on estime qu'aux USA, seulement un tiers environ des fractures vertébrales y subissent un examen clinique et qu'un dixième est hospitalisé. D'après une étude néerlandaise, 40 à 60% des femmes et 15 à 50% des hommes après 75 ans présentent des fractures de compression au niveau des vertèbres (2). De 60 à 90 ans l'incidence augmente de 20 fois chez la femme et seulement de 10 fois chez l'homme. L'augmentation de l'incidence liée à l'âge est en tout cas moins prononcée que dans le cas des fractures de la hanche (1). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 28 / 62 Incidence et prévalence au niveau international Figure 6-1 Taux d'incidence de fractures de la hanche par sexe. 4000 hommes New England Black Portugal New England White Belgium 1993-96 Rochester Quebec incidence/100 000 3000 2000 1000 0 65-69 4000 age 75-79 80-84 85+ or 85-89 75-79 80-84 85+ or 85-89 femmes New England Black Portugal New England White Belgium 1993-96 Rochester Quebec 3000 incidence/100 000 70-74 2000 1000 0 65-69 ISP / Epidémiologie / CROSP 70-74 age osteoporose 29 / 62 Incidence et prévalence au niveau international 6.4. Conséquences des fractures ostéoporotiques Les fractures de vertèbres ne mènent à une hospitalisation que dans 10% des cas. Toutefois, le traitement médical à domicile nécessite parfois une immobilisation qui peut être néfaste pour une personne âgée. La douleur provoquée par ces fractures peut être importante et diminuer la qualité de la vie. Les fractures de la hanche ont les conséquences les plus lourdes en terme de survie et de récupération de la capacité fonctionnelle antérieure. Seulement 20 à 60% des survivants ont retrouvé leur niveau initial de mobilité ou d'indépendance pour les activités de la vie quotidienne un an après la survenue de la fracture. 15 à 25% entrent en institution pour un séjour d'au moins un an (33) et 25 à 35% retournent chez eux mais restent dépendants d'une aide pour leurs déplacements. Tableau 6-5 Etat fonctionnel parmi les survivants après fracture de la hanche (27). Etat fonctionnel après la fracture Etat fonctionnel avant la fracture indépendant dépendant institution indépendant 74% - dépendant 18% 50% - institution 8% 50% 100% (modified from Chrischilles e.a Model of Lifetime Osteoporosis Impact Arch Intern Med 151: 2026-2023; 1991) ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 30 / 62 Incidence et prévalence au niveau international Une étude américaine (34) a pu calculer les survies relatives* (à 5 ans) après divers types de fractures ostéoporotiques (Tableau 6-6) : • la fracture du poignet n'a aucune influence sur la survie à 5 ans† • bien qu'à 5 ans les survies relatives après une fracture vertébrale et après une fracture de la hanche soit comparables, la mortalité entraînée par les fractures de la hanche est plus importante, car elle frappe surtout dans les six mois qui suivent l'événement • comme les fractures des vertèbres sont rarement fatales, l'excès de mortalité doit être attribué à la comorbidité existante. On ne peut affirmer que c'est l'ostéoporose et/ou la fracture vertébrale qui sont la cause de cette comorbidité‡. L'ostéoporose primaire pourrait être une expression d'un processus de vieillissement plus ou moins précoce, qui s'accompagne d'une dégradation d'autres organes que le squelette (4). Tableau 6-6 Survie relative à 5 ans après une fracture, femmes, USA (4). Fracture du poignet Fracture vertébrale (diagnostic radiologique) Fracture de la hanche Survie relative Intervalle de confiance 1.00 0.81 0.82 0.95 - 1.05 0.70 - 0.92 0.77 - 0.87 L'excès de mortalité dû à une fracture du fémur est estimé entre 10 et 20% (27) (35). Dans les huit études relevées (33), 17 à 30% des patients des deux sexes sont décédés au bout d'un an. Les grandes différences dans les résultats entre les populations étudiées sont probablement dues à l'état de santé avant la fracture et aussi à la prise en charge du patient. * définitions : Survie observée (crude survival) : proportion de patients encore en vie à la fin de la période considérée, sans prendre en considération les (autres) causes de décès Survie relative : survie observée divisée par survie attendue, calculée à partire des données de mortalité générale dans ce groupe d’âge, et cette région. Cette mesure signifie donc uniquement l’absence de décès dû à la cause étudiée. Elle est nécessairement supérieure à la survie observée. Ce n’est que cette dernière qui sera présentée ici † (remarquons que c'est la plus précoce des fractures ostéoporotiques, que l'étude ne portait que sur 5 ans, qu'elle ne montre donc pas qu'une fracture du poignet est un facteur de risque important pour faire une fracture de la hanche plus tard.) ‡ (donc on ne peut affirmer qu'on puisse améliorer la survie de cette population à risque de fractures vertébrales en augmentant sa densité minérale osseuse, bien qu'un traitement préventif adéquat aura probablement un effet bénéfique sur la qualité de la vie) ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 31 / 62 Incidence et prévalence au niveau international 6.5. Tendances en Belgique et dans le monde Il est certain que le nombre de cas de fractures ostéoporotiques de la hanche est en hausse depuis ces dernières décennies, et en toute probabilité il va encore augmenter. La majeure partie de cette augmentation a une cause purement démographique : si les taux d'incidence spécifiques par âge actuels restent égaux, on doit s'attendre à un doublement du nombre de fractures de la hanche d'ici l'an 2050. Jusque dans un passé récent les taux d'incidence spécifiques par âge ont augmenté dans la plupart des pays, mais des données plus récentes dans quelques pays ne confirment plus cette tendance pour les femmes. Pour les hommes l'incidence augmente encore. L'évolution de l'incidence des fractures de la hanche suit celle de la prévalence de l'ostéoporose et des autres facteurs de risque dans la population. Il est possible toutefois qu'une augmentation de facteurs de risque ait été contrebalancée récemment par une meilleure prise en charge préventive et curative de l'ostéoporose, et par la prévention de chutes. Le résultat de quelques études belges et étrangères figure ci-dessous avec une discussion sur les explications possibles de ces évolutions. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 32 / 62 Incidence et prévalence au niveau international La Figure 6-2 présente les projections démographiques à long terme du nombre d’individus pour trois classes d'âge de seniors. On remarque que la croissance la plus forte a lieu parmi les plus âgés, là où les taux d'incidence de fractures de la hanche sont les plus élevés. On doit donc prévoir une augmentation du nombre de fractures, illustrée dans les courbes inférieures de la Figure 6-3 qui sont basées sur les projections démographiques du Bureau du Plan et l'hypothèse que les taux spécifiques par âge de la période 1993-96 prévaudront au cours de toute la période jusqu’à 2050 (en fait ces taux augmenteront certainement encore pour les hommes et ces projections sont donc sous-estimées). Figure 6-2 Projections démographiques, INS et Bureau Fédéral du Plan, Belgique, 1995-2050. 800000 800000 hommes 65-74 femmes65-74 hommes 74-85 700000 700000 femmes74-85 femmes85+ hommes 85+ 600000 600000 500000 500000 400000 400000 300000 300000 200000 200000 100000 100000 a 0 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 0 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 On a constaté en Belgique une augmentation des taux d'incidence des fractures de la hanche entre 1977 et 1988 dans l'ensemble de la population féminine de 65 ans et plus (36,37). Une estimation plus récente a également pu mettre en évidence que les taux corrigés pour l'âge continuait à augmenter en Belgique (38). Une enquête menée à Liège au cours de la période 1986-93 (N=2140, âge moyen 58 ans) fait mention d’une diminution de la densité osseuse de la population étudiée (39). L’analyse du RCM et de l’évolution des taux de mortalité entre 1987 et 1993 en Belgique (1996 pour la Flandre) ne permettent pas de mettre en évidence une augmentation des taux d'incidence (standardisés pour l'âge) des fractures de la hanche, ou des taux de mortalité par chute accidentelle. La qualité de ces données ne permet pas encore d’estimation de tendances. Aux Pays-Bas, les taux d'incidence des fractures de la hanche spécifiques par âge étaient toujours en train d’augmenter en 1993 (40). Le vieillissement démographique ne pouvait expliquer que 35% de l'accroissement du nombre de cas de fractures de la hanche chez les hommes et 68% des cas chez les femmes (41). En Finlande, il y a eu une augmentation de l'incidence des fractures de la hanche de 1970 à 1991, plus prononcée pour le sexe masculin (42). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 33 / 62 Incidence et prévalence au niveau international Dans plusieurs pays par contre un arrêt les taux d'incidence semblent s’être stabilisés : Suède, Royaume Uni et Etats-Unis (1). Une étude récente dans le nord de l'Italie (43) a mis en évidence une évolution divergente avec une augmentation significative des taux d’incidence des fractures de la hanche entre 1980 et 1991 pour les hommes mais pas pour les femmes. Au Québec les taux spécifiques par âge ne montrent pas de tendance à la hausse entre 1981 et 1992 que ce soit pour les hommes ou pour les femmes (44), sauf pour les personnes de plus de 85 ans. Pour différents pays de l'Europe du Nord l'augmentation annuelle du taux d'incidence des fractures de l'extrémité supérieure du fémur se situe donc entre : • +0.8% et +3.0% par an pour les hommes et • -1.6% et +2.7% pour les femmes. C'est donc chez les hommes que l'on doit s’attendre à une forte croissance des fractures ostéoporotiques dans les années à venir (3). La Figure 6-3 présentent une projection du nombre de fractures de la hanche en Belgique d’ici à 2050. Ces chiffres sont basés sur les projections démographiques du Bureau du Plan et sur une hypothèse de croissance pendant vingt ans des taux d’incidence spécifiques par âge. La valeur de cette croissance a été fixée de manière arbitraire à 1.9% par an pour les hommes et 0.55% pour les femmes, sur base des valeurs moyennes observées récemment en Europe (voir ci-dessus). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 34 / 62 Incidence et prévalence au niveau international Figure 6-3 Projection du nombre de fractures de la hanche, basé sur une incidence spécifique par âge restant stable, et sur une augmentation des taux d'incidence pendant 20 ans. 20 000 projections du nom bre de fractures de la hanche hommes taux d' incidence constant femmes taux incidence constant Nombre de cas 15 000 hommes taux d'incidence + 1.9% par an pendant 20 ans femmes taux d'incidence + 0.55% par an pendant 20 ans 10 000 5 000 0 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 Cette figure montre que l'on passera d'un total de 9.000 cas de fractures de la hanche en Belgique en 1995 à 14.000 cas en 2020. L'augmentation de taux d'incidence corrigés pour l'âge s'explique notamment par l’évolution de la prévalence de certains facteurs de risque, comme le manque d’activité physique dans la vie quotidienne, domestique et professionnelle (3). Cette tendance a peut-être commencé plus tard pour les hommes que pour les femmes (45), et on peut s'attendre à ce que les taux d'incidence continuent à augmenter à moyen terme chez ceux-ci, contrairement à ce qu'on observe chez les femmes. Le facteur "activité physique" et surtout "activité physique maintenue à travers l'âge adulte et la vieillesse" constitue probablement une des causes principales des variations géographiques des taux d'incidence, ainsi que de l'évolution dans le temps au sein d'une population donnée (46). L'évolution d'autres facteurs de risque peut jouer un rôle également : consommation de tabac (effet direct indépendant), d'alcool et de médicaments (favorisant les chutes), perte de poids, la croissance de la taille du fémur et du col du fémur. La taille grandissante aurait également pu expliquer une partie de l'augmentation des taux d'incidence des fractures. Dans cette discussion des tendances, nous n’avons pas tenu copmpte de l’impact des interventions médicales préventives et curatives. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 35 / 62 Mortalité : données belges 7. Mortalité : données belges Nous présentons ici des données de mortalité liée à l'ostéoporose et aux fractures de la hanche en Belgique. Il est indispensable d'y inclure une analyse de la validité des données de mortalité comme indicateur de l'ampleur, de l'évolution et des différences régionales du problème ostéoporose / fractures de la hanche. Pour les décès liés aux fractures de la hanche et à l’ostéoporose, nous nous sommes limités aux personnes de plus de 65 ans et aux décès dont la cause initiale a été codée soit comme "chute accidentelle" (ICD-9 : E880-888), soit comme "ostéoporose" (ICD-9 : 733). Cette approche ne constitue qu'une approximation : tous les décès qui ont été sélectionnés de cette façon ne sont pas nécessairement liés à l'ostéoporose ; une partie des chutes fatales peuvent en effet être attribuées à d'autres causes, comme une fracture du crâne par exemple. Mais d'autre part, une partie des décès des suites (plus ou moins directes) de l'ostéoporose ne sont pas enregistrés comme tels. L'approximation n'est donc probablement pas trop mauvaise, mais il ne faut connaître les mécanismes de certification et de codage avant de tenter d'interpréter les évolutions dans le temps ou des différences régionales. En Belgique l'encodage des certificats de décès a été confié aux administrations communautaires à partir de 1987. L'exécution de l'encodage et le contact avec les médecins certifiant les causes de décès était une responsabilité provinciale. Elle a été centralisée en Flandre en 1993. En Région Wallonne cette modification est intervenue graduellement à partir de 1987. Pour les causes de décès qui nous intéressent ici, la certification et le codage ne sont pas simples : à cause de l'âge avancé de la plupart des patients, la comorbidité est fréquente et la séquence de pathologies entre l'événement et le décès est longue et complexe. L'emploi du code "ostéoporose" comme cause initiale du décès (ICD-9 733) a été introduit graduellement en Communauté Française, de 1987 à 1993. En Communauté Flamande, ce code est rarement employé. L'application des règles de codage de l'OMS exige une supervision étroite et un feed-back continu. Sans cela, la variabilité des pratiques de codage amène des différences du nombre déclaré de décès qui en toute vraisemblance ne correspondent pas à des différences réelles de la santé des populations. On en trouve une illustration dans l'augmentation de plus de 50% du taux de mortalité par chute accidentelle en Région Flamande entre 1992 et 1993 (voir Figure 7-2). On ne peut donc pas employer les données disponibles pour toute la période 1987-1993 pour mettre en évidence des différences régionales ou une évolution dans le temps. Par contre, on peut raisonnablement supposer que l'année 1993 fournit des statistiques de décès homogènes pour toutes les Régions. Ce n'est donc que pour cette année que les données sont présentées. La Figure 7-1 présente pour l'année 1993 les taux de mortalité spécifiques par âge (lignes) et le nombre de décès (barres). Le nombre élevé de décès chez les femmes par rapport aux hommes est à attribuer principalement au plus grand nombre de femmes dans les groupes d'âge avancé. Les taux de mortalité spécifiques par âge chez les hommes ne sont ne sont pas très différents de ceux observés chez les femmes, alors qu'à âge égal, la prévalence de l'ostéoporose ainsi que l'incidence des fractures de la hanche sont plus élevées chez les femmes. Cela peut s'expliquer par une plus grande létalité des fractures de la hanche chez les hommes mais avant de d'aller plus loin, il faudrait analyser plus en détail les modes de certification, et exclure de l'analyse les décès qui ne sont manifestement pas liés à l'ostéoporose, probablement plus nombreux chez les hommes. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 36 / 62 Mortalité : données belges Figure 7-1 Mortalité par chute accidentelle (880-888) ou ostéoporose (733), nombres absolus et taux par 100.000, par âge et par sexe, Belgique, 1993. 350 1 800 1 600 300 nombre de décès 1 200 hommes : nombre 200 1 000 femmes : nombre hommes: taux 150 800 femmes: taux 600 100 taux de mortalité / 100 000 1 400 250 400 50 200 0 0 65-69 70-74 75-79 80-84 âge 85-89 90-95 95+ Le Tableau 7-1 présente, pour 1993, les taux de mortalité dans la population de 65 ans et plus, standardisé pour l’âge avec la population belge comme référence. On n’observe pas de différence significative entre les hommes et les femmes pour la Belgique entière, mais seulement en région wallonne où la mortalité est élevée chez les femmes par rapport aux hommes. On observe aussi des taux significativement plus élevés en Wallonie par rapport à la Flandre chez les femmes (mais pas chez les hommes). Les différences entre la Flandre et Bruxelles et entre la Wallonie et Bruxelles ne sont pas significatives, mais il faut rappeler que nous ne disposons que d’une seule année de données comparables. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 37 / 62 Mortalité : données belges Tableau 7-1 Taux de mortalité liée aux chutes accidentelles (880-888) ou à l’ostéoporose (733), taux pour 100.000 standardisé pour l’âge, par région, personnes de 65 ans et plus, Belgique, 1993. taux standardisés hommes femmes total Flandre 97.8 (88.7 - 106.9) 87.5 (78.3 - 96.7) 90.9 (84.3 - 97.5) Bruxelles 86.4 (63.1 - 109.8) 99.9 (77.9 - 122.0) 96.5 (80.1 - 112.9) Wallonie 93.2 (81.7 - 104.7) 118.1 (106.5 - 129.7) 113.0 (95.8 - 130.2) Belgique 96.0 (89.2 - 102.8) 92.5 (85.6 - 99.3) 99.5 (94.5 - 104.4) hommes femmes total Flandre 76.2 (67.5 - 85.5) 99.8 (91.3 - 108.6) 90.0 (83.9 - 96.4) Bruxelles 73.6 (53.5 - 97.0) 135.9 (114.6 - 159.0) 113.4 (97.8 - 130.2) Wallonie 61.1 (50.7 - 72.3) 133.9 (121.5 - 146.9) 108.6 (99.9 - 117.8) Belgique 73.9 (67.3 - 80.9) 116.4 (109.6 - 123.4) 99.5 (94.6 - 104.5) taux bruts Un décès sur cent en Belgique en 1993 (tous âges confondus) est attribuable aux chutes accidentelles et/ou à l’ostéoporose. C'est surtout à partir de 85 ans que la mortalité par chute accidentelle/ostéoporose représente une part non négligeable de la mortalité générale, aussi bien pour les hommes (2%) que les femmes (3%) : voir ratio proportionnel de mortalité * au Tableau 7-2. * mortalité due à une cause déterminée par rapport à l’ensemble des décès ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 38 / 62 Mortalité : données belges Tableau 7-2 Ratio Proportionnel de Mortalité (%) par chute accidentelle (E880-888) ou ostéoporose (733), par sexe et par région, Belgique, 1993. 65-74 ans 75-84 ans 85 ans et plus Hommes Flandre Bruxelles Wallonie Belgique 0.7% 0.5% 0.6% 0.6% 1.1% 1.1% 1.2% 1.1% 2.3% 2.2% 1.6% 2.1% Femmes Flandre Bruxelles Wallonie Belgique 1.2% 1.3% 1.2% 1.2% 1.8% 2.1% 2.4% 2.0% 2.8% 4.0% 3.6% 3.2% La Figure 7-2 présente les taux standardisés par 100 000 habitants pour les trois Régions et les deux sexes. L'augmentation brusque en Flandre en 1993 est l'expression du changement des pratiques de codage *. Figure 7-2 Taux de mortalité liée aux chutes accidentelles (880-888) ou à l’ostéoporose (733), taux pour 100.000 standardisé pour l’âge (population standard : population moyenne de la Belgique entre 1987 et 1993), par région et par sexe, personnes de 65 ans et plus, Belgique, 1987-1997. sterftecijfer / 100 000 personen 65 + 150 100 50 mannen Vlaanderen Mannen Brussel mannen Wallonië 0 1987 * 1988 1989 1990 1991 1992 1993 vrouwen Vlaanderen vrouwen Brussel vrouwen Wallonië 1994 1995 1996 1997 A partir de 1994 les données pour la Flandre ne sont pas tout à fait complètes : il manque les données de résidents en Région Flamande dont le décès a été certifié sur un formulaire francophone à Bruxelles ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 39 / 62 Prise en charge 8. Prise en charge 8.1. Belgique Si l’on se base sur les données du RCM disponibles (1991 à 1996), il est clair que le nombre d'admissions pour fracture de la hanche continue à augmenter (de 9% en 5 ans). Par contre, la durée de séjour médiane est passée de 25 jours en 1991 à 21 jours en 1995. Les valeurs moyennes étaient de 34.3 jours en 1991 et de 27.5 jours en 1996. Cette diminution aura sans doute permis de comprimer les frais. Mais la durée de séjour a diminué pour l'ensemble des hospitalisations et la part qu'y prennent les fractures de la hanche est restée au même niveau. Tableau 8-1 Hospitalisations avec un diagnostic principal de fracture du col du fémur (ICD-9-CM 820), population totale, par année, Résumé Clinique Minimum (RCM), Belgique, 1991-1996. Nombre de séjours Nombre de journées d'hospitalisation % des tous les séjours % des journées Durée de séjour (jours) : moyenne médiane 1991 1992 1993 1994 1995 1996 12 023 411 965 0.77% 2.5% 34.3 25 12 277 417 212 0.76% 2.5% 34.0 25 12 539 392 617 0.78% 2.8% 31.3 23 12 968 397 474 0.8.% 2.8% 30.7 22 13 130 381 658 0.80% 2.7% 29.1 21 13 608 374 882 0.82 2.7% 27.5 21 Il existe des différences remarquables dans la durée de séjour : celle-ci est plus longue en Flandre, pour toutes les classes d'âge. Cfr. Tableau 7-2. Le coût moyen d'une hospitalisation pour fracture de hanche a été estimé à 332.148 FB en Belgique en 1996 (47) ce qui représente une dépense totale de 4,4 Milliards FB par an pour toute la Belgique pour les soins prodigués à l'hôpital. 24% de cette somme servent à couvrir les honoraires médicaux, 49% les frais d’hospitalisation, 27% le matériel chirurgical et les médicaments. Une étude plus récente (48) au cours de laquelle les patients ont été suivi pendant une année a entraîné une revu de cette estimation à la hausse : en incluant l'ensemble des frais médicaux pendant l'année qui a suivi la fracture, le coût global est de près de 8 milliards par an, soit 624 000 FB. Les Pays-Bas arrivent à environ la même somme, pour une population de 13 millions d’habitants (la durée de séjour y est plus courte). Pour l'année qui suit une fracture de la hanche (48), le nombre de visites d’une infirmière à domicile augmente de 14.7% en moyenne, la durée de séjour dans des unités de revalidation de 7.3% et les séjours hospitaliers causés par d'autres motifs de 2.4%. 14% des patientes ont dû être admises dans une maison de repos et de soins. La moyenne des coûts des services extra-hospitaliers est estimée à 280.000 FB. Parmi les consultantes se présentant dans un centre spécialisé pour le dépistage et la prévention de l’ostéoporose à Liège (39), les femmes provenant de classes aisées et de milieu urbain étaient plus représentées. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 40 / 62 Prise en charge Suivant les résultats de l'Enquête de Santé réalisée en Belgique en 1997 (données non standardisées pour l'âge) les hommes souffrant d'ostéoporose se font plus facilement suivre par un spécialiste que les femmes (25) : Tableau 3-1. Parmi les femmes souffrant d’ostéoporose, les pratiques en matière de soins varient d’une région à l’autre : c’est en Flandre que l’on trouve le moins de femmes suivies uniquement par un spécialiste, à Bruxelles que l’on a le moins souvent recours au médecin généraliste et en Wallonie que le suivi mixte est le moins pratiqué. Ces informations pourraient être mises en relation avec l'incidence plus élevée de fractures de la hanche et la mortalité plus élevée par chute pour les femmes wallonnes, mais il faudrait valider les données et approfondir l'étude avant d'en tirer des conclusions. Tableau 8-2 Hospitalisations avec un diagnostic principal de fracture du col du fémur (ICD-9-CM 820), durées de séjour par âge, par sexe, par année et par région, Résumé Clinique Minimum (RCM), Belgique, 1991-1996. durée de séjour médiane hommes durée de séjour moyenne Région Flamande Région Wallonne Région Bruxelloise Région Flamande Région Wallonne Région Bruxelloise 1991 1996 27.0 21.0 23.0 18.0 23.0 19.0 35.3 28.4 31.4 24.1 30.8 25.6 1991 1996 29.0 24.0 24.0 21.0 23.0 21.0 39.5 32.1 33.4 27.3 28.2 25.1 29.0 24.0 Région Flamande 22.0 21.5 Région Wallonne 25.0 21.0 Région Bruxelloise 40.5 32.5 Région Flamande 29.0 25.3 Région Wallonne 37.6 25.3 Région Bruxelloise 1991 1996 26.0 21.0 23.0 19.0 24.0 19.0 34.8 27.7 30.3 25.0 30.8 23.1 1991 1996 31.0 25.0 25.0 21.0 25.0 21.0 40.2 33.6 34.0 27.1 32.1 26.4 1991 1996 29.0 23.0 25.0 20.0 24.0 20.0 40.3 32.1 32.4 24.8 30.0 26.6 65 –74 75-84 85+ 1991 1996 Femmes 65 -74 75-84 85+ ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 41 / 62 Prise en charge Tableau 8-3 Modes de prises en charge pour l'ostéoporose déclarée, personnes âges de 50 ans et plus, Enquête de Santé, Belgique, 1997. Femmes Région Flamande Région Bruxelloise Région Wallonne Belgique Généraliste Spécialiste Généraliste exclusivement exclusivement + spécialiste % % % Nombre de cas Pas de suivi médical % 64 94 100 258 14.2 16.0 16.8 15.5 47.0 32.1 46.0 43.9 10.4 25.6 17.6 15.9 28.4 26.3 19.7 24.6 73.1 71.2 74.1 73.2 33 7.0 34.6 37.7 20.7 86.1 Médications % Hommes Belgique : 8.2. Niveau international Aux USA une étude estime le coût direct d'une hospitalisation pour fracture de la hanche à 353.325 FB (49). Les coûts supplémentaires par rapport aux frais couverts par l'assurance (MEDICARE) reviennent quant à eux à 573.525 FB pour l'année qui suit la fracture (50). En France on a estimé les coûts directs (hospitalisation) à 375.000 FB (27). En Angleterre en 1985 la durée moyenne d'hospitalisation pour une fracture de la hanche était de 30 jours (1). Le coût moyen d'une fracture était estimé à 310.000 FB pour une prothèse totale ou 283.500 FB avec une durée moyenne de 33 jours pour une ostéosynthèse. Aux Pays-Bas, un tiers des coûts attribuables aux fractures ostéoporotiques concernaient les personnes de 85 ans et plus, 85% des coûts étaient pour des fractures de la hanche, principalement des frais d'hospitalisation. En 1993, la durée de séjour médiane après une fracture de la hanche y était de 17 jours pour les hommes et 19 jours pour les femmes. Les durées plus longues sont déterminées par un plus grand âge, et par le fait que les patients ne retournent pas à la maison mais dans une institution. Le meilleur moyen de limiter les coûts provoqués par les fractures ostéoporotiques pourrait donc bien résider dans une meilleure gestion des hospitalisations afin de limiter au maximum les séjours dans les unités chères et hautement spécialisées en transférant rapidement les patients vers des lits plus appropriés (40). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 42 / 62 Prévention - traitement 9. Prévention - traitement On peut essayer de prévenir l'apparition de l'ostéoporose en favorisant la construction d'un capital osseux optimal pendant la période de croissance. Un traitement médicamenteux peut être conseillé soit préventivement chez les femmes au début de la ménopause, soit en cas d’ostéoporose établie. Ce traitement préventif ne suffit pas ; il faut aussi prévenir les chutes chez les personnes âgées et surtout essayer d'éviter que ces chutes n'entraînent des fractures. Il n'y a pas d'arguments à l’heure actuelle en faveur d'un dépistage ou d'un traitement préventif systématique. On préconise plutôt un "case finding", c'est-à-dire l'identification de personnes présentant de multiples facteurs de risque. Il est possible également d'éviter l'ostéoporose secondaire iatrogène. Les différentes mesures préventives seront passées en revue ci-dessous, en suivant les périodes de l'évolution de la masse osseuse. 9.1. Ostéoporose secondaire Les personnes qui sont à risque de développer une ostéoporose secondaire à cause de maladies ou de traitement médical, doivent bénéficier d'une approche préventive et curative spécifique. Il n'est pas certain que lors des traitements aux corticostéroïdes par exemple, les médecins tiennent toujours suffisamment compte du risque pour la masse osseuse et prennent les mesures adéquates, même lorsqu’il s'agit de femmes en périménopause. Dans une étude écossaise (51) on a trouvé que 5.6% seulement des patient(e)s traité(e)s aux corticostéroïdes avaient bénéficié de mesures visant à prévenir l'ostéoporose. Il faut en outre éviter autant que possible les immobilisations prolongées et si elles sont inévitables, les faire suivre par une rééducation intense. 9.2. Enfance, adolescence, jeunes adultes : La pratique régulière d'un exercice physique dès le jeune âge va contribuer à la constitution d'un pic de masse osseuse à la fin de l'adolescence, mais offre en plus l'avantage de créer une habitude : les personnes ayant pratiqué un sport ou beaucoup d'exercice physique pendant leur enfance seront plus sportives et actives à l'âge adulte ("tracking"). Un niveau suffisant d'exercice physique préviendra la perte osseuse liée à l'âge ou à un déficit hormonal. Comme la consommation de tabac a un effet direct sur la déperdition osseuse, il faut le proscrire. L'excès d'alcool est à déconseiller également. Un apport suffisant en calcium et vitamine D est essentiel pour la constitution du capital osseux, ainsi que pour son maintien. On préconise les laitages. Les besoins en Ca sont les plus importants pendant l'adolescence : 1500 mg/j. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 43 / 62 Prévention - traitement Tableau 9-1 Possibilités de prévention des fractures de la hanche prévention secondaire prévention tertiaire D M O prévention primaire croissance ménopause 30 50 70 âge Prévention de l'ostéoporose Croissance (enfance - adolescence) Promouvoir l'activité physique Alimentation adéquate Age adulte Promouvoir l'activité physique Détecter facteurs de risque et morbidité générale mener l'intervention adéquate Prévention des chutes Promouvoir l'activité physique Promouvoir l'activité physique Détecter facteurs de risque et morbidité générale Prévention des fractures Promouvoir l'activité physique Promouvoir l'activité physique ISP / Epidémiologie / CROSP Ménopause grand âge Promouvoir l'activité physique Détecter facteurs de risque et morbidité générale Promouvoir l'activité physique Alimentation adéquate Détecter facteurs de risque spécifiques d'ostéoporose Suppléments de Vit D et Calcium pour les personnes institutionnalisées - pour tous en hiver Dépistage systématique par mesure de DMO ??? THS ?? Envisager traitement préventif autre Calcitonine , biphosphonates, fluor ? Promouvoir l'activité physique Aménagement de l'environnement : intérieur et extérieur (villes !) Détection systématique des facteurs de risque Promouvoir l'activité physique Protection des hanches Si indiqué, mesures diagnostiques : DMO et biologie clinique Envisager THS Envisager traitement préventif autre Calcitonine , biphosphonates ? Promouvoir l'activité physique Détecter facteurs de risque et morbidité générale Détecter facteurs de risque spécifiques de faire une chute Promouvoir l'activité physique osteoporose 45 / 62 Prévention - traitement 9.3. Femmes en début de ménopause 9.3.1. Identification des personnes à risque Un dépistage systématique par densitométrie osseuse n'est pas indiqué à cet âge (cfr. annexe 1), notamment parce que la sensibilité et la spécificité de ce test ne sont pas assez bonnes pour estimer le risque fracturaire (qui dépend également d'autres facteurs que la DMO) et parce que la prévalence de l'ostéoporose est trop basse à cet âge pour obtenir une bonne valeur prédictive. A cet âge une Thérapie par Hormones de Substitution (THS) pourra être prescrite ; cette thérapie contribuera à la prévention d’autres maladies, notamment dans le domaine cardio-vasculaire, en plus de son effet sur le risque fracturaire. Une mesure de radiologique de DMO n'est donc pas indispensable pour initier cette thérapie. Il est possible d'identifier des sous-groupes à déperdition osseuse rapide (52), mais les tests biologiques et radiologiques ne sont recommandées que dans la mesure où le résultat déterminera les décisions thérapeutiques (53) et qu'il aura un effet sur l'observance des traitements prescrits. Au cours de l'examen médical de routine (52), d'autres facteurs de risque de faire de l'ostéoporose ou de faire des chutes traumatisantes pourront être recherchés (« case – finding »). Il faudra faire une anamnèse familiale, explorer les styles de vie (alcool, tabac, exercice physique, alimentation), analyser la rapidité d'installation de la ménopause et identifier des troubles plus marqués qui indiquent une perte plus rapide de la masse osseuse (masse musculaire, médications et autres causes possibles d'ostéoporose secondaire). A cet âge on pourrait déjà identifier les personnes qui risquent plus de faire des chutes ou de développer des pathologies qui constitueront des risques de faire une chute (troubles locomoteurs, manque d'exercice, troubles cardio-vasculaires et cérébro-vasculaires, troubles sensoriels et handicaps limitant la mobilité, médicaments psychotropes – alcool). 9.3.2. Prévention de l'ostéoporose postménopausique Ni le calcium, ni l'exercice physique pris isolément ne peuvent être considérés comme une prévention efficace de la perte osseuse des premières années de la ménopause (52). La Thérapie par Hormones de Substitution (THS) comme prévention de l'ostéoporose est prescrit en premier lieu pour soulager les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, dépression,… ). Il a bien d'autres effets que de diminuer la vitesse de résorption osseuse due à l'arrêt de l'imprégnation oestrogénique : un effet protecteur contre les affections cardio-vasculaires, contre la démence, … Pour la plupart de ces troubles, une durée de traitement prolongée n'apporte pas d’avantage supplémentaire ; dans la prévention des fractures de la hanche par contre, ce traitement doit être prodigué pendant une période prolongée pour qu'il produise son effet. La THS administrée pendant au moins dix ans reste le traitement préventif de choix, dont il est prouvé, au niveau d'une population, qu'il est efficace dans la réduction des fractures (54). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 46 / 62 Prévention - traitement L'ostéoporose post-ménopausique peut être retardée par une THS; cette dernière ne permettra pas toutefois de prévenir toutes les fractures de la hanche : l'impact des thérapies de substitution hormonale sur l'incidence des fractures de la hanche, et la mortalité qui en est la conséquence, est beaucoup moins marqué que son effet sur le maintien de la Densité Minérale Osseuse (DMO) pendant la durée du traitement. De plus la THS n'a pas d'application chez les hommes, or l'incidence des fractures du fémur est quasiment équivalente chez les hommes que chez les femmes dans un groupe d'âge plus jeune de cinq ans. En outre, la protection contre les fractures ostéoporotiques offerte par cette thérapie s'atténue avec l'âge, même après un traitement de 10 ans. En effet, après l'arrêt de l'imprégnation oestrogénique, la DMO décroît à une vitesse d'environ 2% par an pendant les cinq premières années, ensuite la vitesse de déperdition se stabilise autour de 1% par an. Cet arrêt de l'imprégnation oestrogénique se situe soit à la ménopause, soit à l'arrêt d'un traitement THS. De la sorte, à 80 ans, les femmes ayant pris des œ strogènes pendant dix ans après la ménopause auraient perdu environ 27% de leur DMO initiale, et celles qui n'ont jamais eu de traitement en ont perdu 30% (55). Dans plusieurs études (56), la diminution du risque fracturaire ne se retrouve que dans le groupe de femmes qui sont sous traitement au moment de l'étude et il n'y a pas, ou peu, de diminution du risque pour celles ayant arrêté les hormones de substitution (57). Etant donné que la THS comporte d'autres avantages et (peut-être) certains risques*, la décision de démarrer ce traitement pour la prévention de l'ostéoporose chez une femme se fera en fonction l'ensemble des avantages, inconvénients et dangers pour cette femme. La THS a des effets secondaires (surtout sans adjonction de progestérone) et on ne pourra pas obtenir pour toutes les femmes chez qui il a été prescrit une observance parfaite du traitement pendant toute la durée requise (au moins 10 ans!). Il faudra donc encourager les femmes à suivre le traitement ainsi qu'à prendre les autres mesures préventives nécessaires, notamment le dépistage du cancer du sein et les mesures d'hygiène de vie. Les femmes hystérectomisées bénéficieront certainement d'une THS; l'adjonction de progestatifs n'étant pas nécessaire pour elles, l'effet cardio-protecteur sera plus puissant. En conclusion, il n'y a pas d'arguments en faveur d'une prescription systématique de THS à l'ensemble de la population pour la prévention de l'ostéoporose, mais il existe un large consensus (2,3,58) pour estimer que les avantages et inconvénients d'une THS doivent être présentées à chaque femme qui commence sa ménopause. Le cas échéant, des alternatives doivent être présentées et discutées. C'est là un rôle important pour les unités de soins de première ligne (médecins généralistes ou gynécologues) que de décider avec la patiente du meilleur traitement. * Autres effets de la thérapie par hormones de substitution : La mortalité générale parmi les femmes sous hormones de substitution est plus basse mais le bénéfice diminue au fur et à mesure que la durée du traitement augmente. Ce gain en espérance de survie se réalise surtout à travers une réduction de la mortalité cardio-vasculaire. Toutefois, ce bénéfice concerne principalement les femmes à haut risque cardio-vasculaire et est fortement réduit par l'adjonction de progestatifs (66). La THS semble protectrice face au risque de cancer colo-rectal (67). Les œ strogènes seuls (sans progestatifs) augmentent fortement le risque de cancer de l'endomètre et ce risque augmente avec la durée d'administration des hormones de substitution. La THS combinée avec des progestatifs a au contraire un effet protecteur face au cancer de l'endomètre. Il semble qu'il y ait une augmentation du risque du cancer du sein, mais les résultats des différentes études sont contradictoires. Les constatations sont rendues plus difficiles par le fait que les femmes sous THS sont peut être mieux surveillées, et que des petites tumeurs sont décelées plus rapidement. Une étude au moins indique une augmentation de l'incidence mais pas de la mortalité. Ce qui est certain c'est que pour les femmes sous THS encore plus que les autres, il faut insister sur la nécessité d'un dépistage mammographique régulier, tous les 2 ans. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 47 / 62 Prévention - traitement La calcitonine de saumon (administration intranasale) et les biphosphonates sont des alternatives intéressantes à la THS (54). Leurs effets en matière de prévention de la résorption postménopausique d'os trabéculaire sont prouvés et il semble bien qu'ils soient efficaces dans la prévention de fractures. L'administration de sels de fluor augmente la DMO, même chez des personnes âgées, mais l'impact de ce traitement sur l'incidence de fractures reste à prouver. Rien ne prouve en effet que la qualité mécanique de l'os nouvellement formé soit aussi bonne (52). 9.4. Personnes âgées 9.4.1. Prévention et traitement de l'ostéoporose sénile (H/F) Le traitement de l'ostéoporose établie vise principalement à maintenir ou à augmenter la masse osseuse, surtout en freinant la résorption et éventuellement en stimulant la production, et à calmer la douleur (surtout dans le cas des tassements vertébraux). En réduisant l'hyperparathyroïdisme secondaire et la résorption osseuse qui s'ensuit, l'administration de calcium et de vitamine D aux personnes présentant un déficit osseux réduit de façon significative l'incidence de fractures de la hanche. L'effet de la vitamine D est aussi de diminuer le risque de chutes par amélioration de la force musculaire, laquelle est très déficitaire en cas de carence* . Il n'y a pas encore de consensus sur l'efficacité du traitement des personnes souffrant d'une fracture. Pour les personnes âgées, il faut s'assurer que l'apport en calcium et en Vitamine D reste suffisant. La vitamine D est souvent insuffisante chez les personnes âgées, surtout en institution, à cause du manque d'exposition à la lumière du soleil et la perte d'efficacité du mécanisme d'absorption de Vitamine D par la peau (2,3). Il faudra envisager l'administration des suppléments de Vitamine D (400 IU/jour) et de calcium (500 à 1000 mg/jour, pour arriver à une ingestion effective de 1500 mg / jour). La calcitonine, en plus de son action freinant la résorption osseuse, est également efficace contre la douleur provoquée par les fractures vertébrales. † Il faut corriger une éventuelle acidose métabolique car elle entraîne une hausse de la calciurie. Les sels de fluor ont un effet stimulant sur la formation de l'os. Leur administration doit rester limitée à 2-3 ans pour ne pas mettre en danger la qualité de l'os nouvellement formé. On peut reprendre le traitement par œ strogènes ou même l'initier à cet âge. Il serait plus raisonnable de continuer ce traitement jusqu'au grand âge, dans la mesure où l'observance du traitement et des mesures de contrôle sont satisfaisants (28). Il n'existe pas de consensus toutefois sur son efficacité dans la prévention des fractures aux grands âges (2). Les biphosphonates sont prometteurs ; ils induisent un accroissement de la DMO vertébrale mais leurs effets sur l'incidence des fractures reste à prouver (54). L'alendronate aurait démontré son efficacité à ce sujet (28). * JP Devogelaer, communication personnelle † l'effet antalgique de la calcitonine est intéressant, mais il n'y a jamais eu d'étude démontrant qu'elle se soit avérée supérieure aux antalgiques banals, dont le coût est beaucoup moindre et la tolérance meilleure (id) ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 48 / 62 Prévention - traitement Les anabolisants augmentent la masse musculaire mais leur efficacité en termes de prévention des récidives fracturaires n'a pas été clairement établie. En outre, des signes de virilisation apparaissent après un an de traitement dans la moitié des cas (28). 9.4.2. Prévention des chutes traumatisantes Les chutes en relation avec une fracture de la hanche ne sont pas toutes évitables. En effet, un certain nombre des fractures de la hanche sont des fractures spontanées, c'est à dire que la fracture précède la chute. D'autre part, le fait de garder une densité osseuse suffisante ne permettra pas de prévenir toutes les fractures suite à une chute et ne doit donc pas être l’unique moyen mis en œ uvre en matière de prévention (59). Même si l'habitude de faire de l'exercice se crée dès l'enfance et s'entretient pendant toute la durée de l'âge adulte, l'initiation parmi des personnes âgées d'un programme visant à maintenir et augmenter la force musculaire, le sens de l'équilibre et la coordination des mouvements porte ses fruits (28). Pour le succès de ces interventions il faut tenir compte de la prévalence élevée de la dépression chez les personnes âgés et plus particulièrement chez les femmes (20%). Les mesures visant à rendre l'environnement moins dangereux, et celles qui visent à détecter et si possible corriger les déficiences sensorielles pouvant contribuer à une chute ont également prouvé leur efficacité (60). L'efficience de la prévention des chutes peut être maximisée en ciblant plus particulièrement des sous-groupes (2) ou certaines périodes plus à risque : personnes institutionnalisées, hospitalisation, déménagement, changements dans l’état de santé ou de médication. Un contrôle ou du moins une bonne connaissance de la comorbidité (hypertension, diabète, dépression, démence, etc… .) et des risques de chute qu'elle entraîne pourront prévenir une partie des chutes traumatisantes. Les mesures suivantes devraient faire partie de la routine du suivi de la personne âgée : • contrôle régulier de l'acuité visuelle et auditive, tests d'équilibre (vertiges), recherche d'autres symptômes pouvant augmenter le danger de chute (comorbidité) - ces contrôles pourraient être effectués de façon systématique et standardisée au moins une fois à 70 ans • contrôle de la consommation d'alcool et de médicaments • éviter la prescription de médicaments pouvant augmenter le danger de chute ou ne le faire qu’avec des mesures protectrices complémentaires - éviter la polymédication • kinésithérapie pour les personnes à mobilité réduite • aménagement du cadre de vie (éclairage de nuit, marches, escaliers, objets par terre, meubles non fixés, poignées d'appui, etc) • port de protège-hanches pour les personnes à haut risque. 9.4.3. Prophylaxie des complications post-chirurgicales La prophylaxie antibiotique et la prévention de la thrombose veineuse profonde sont essentiels dans le succès du traitement des fractures de la hanche, ainsi que la qualité des soins infirmiers. Le remboursement de l'antibiothérapie prophylactique pour les interventions sur la hanche est réglé par l’Arrêté Royal de mai 1997, modifié en janvier 1999. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 49 / 62 Prévention - traitement Un bonne revalidation et une rééducation fonctionnelle précoce (lever rapide, mobilisation au lit, massages, … ) sont primordiales pour maximiser les chances de pouvoir réintégrer le mode de vie antérieur et d'éviter les complications inhérentes à un séjour hospitalier (24). ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 50 / 62 Stratégies de Santé Publique 10. Stratégies de Santé Publique Vu l'importance du problème et de son évolution probable à moyen terme, un programme cohérent de prévention des fractures et de l'ostéoporose est indispensable. Il est donc important que les responsables en matière de politique de santé prennent conscience de ce problème, tant au niveau fédéral que communautaire*. L'efficience (effectivité/coût) des actions préventives n'est pas encore clairement établie. Ce sont en effet des actions qui doivent être initiées longtemps avant l'âge où les fractures de la hanche deviennent fréquentes (à 80 ans le taux d'incidence > 1% par an) et une partie seulement (la moitié environ) des personnes ayant bénéficié de traitements préventifs (dès la ménopause) n'atteindront pas cet âge. Des mesures comme la Thérapie Hormonale de Substitution (THS) ont d'autres effets (collatéraux) et il faut donc en évaluer le rapport coût / efficience global et pas seulement dans la prévention des fractures (40) mais aussi des troubles cardio-vasculaires par exemple. Les principales recommandations pour la population générale sont les suivantes : • une alimentation riche en calcium et vitamine D • activités physiques, y compris des exercices de force, dès le plus jeune âge • le maintien d'une alimentation équilibrée et d'un bon niveau d'activités physiques à un âge avancé, visant à maintenir ou améliorer le sens de l'équilibre, la force musculaire et la souplesse. • être attentif aux causes d’ostéoporose secondaire. Pour certaines femmes à risque un traitement hormonal de substitution est indiqué ; il devrait alors être entamé dès la ménopause et prolongé au-delà (pendant au moins 10 ans) de son indication spécifique pour les troubles de la ménopause. Cette solution doit être envisagée au cas par cas pour toutes les femmes en âge de ménopause (il n’y a pas d’arguments en faveur d'un remplacement hormonal systématique pour toutes les femmes au moment de la ménopause) en tenant compte des avantages (traitement des troubles de la ménopause, prévention de l’ostéoporose et des pathologies cardio-vasculaires) et des inconvénients (risque de cancer du sein). La détection des facteurs de risque de fracture de la hanche (dont l’ostéoporose) est également essentielle (52) ; il s’agit d’identifier précocement les personnes atteintes et de suivre les personnes à risque. Il n’y a pas toutefois à l’heure actuelle d'arguments suffisants en faveur d'un dépistage systématique de l'ostéoporose par une mesure unique de la densitométrie osseuse, suivi d'un traitement médicamenteux pour les personnes atteintes. Cette détection doit être envisagée au cas par cas au moment de la ménopause. Par contre, il faudrait examiner l'opportunité d'un examen systématique vers l’âge de 70 ans, qui permettrait de rechercher l'ensemble des facteurs de risque de fracture, chez les hommes aussi bien que chez les femmes (2). Comme la prévention médicamenteuse de l'ostéoporose a ses limites et n'est guère applicable aux hommes, on peut attendre davantage de bénéfices d'un programme efficace de prévention de chutes traumatisantes (à condition d’inclure aussi les hommes dans la population cible). Des suppléments en calcium et vitamine D seront prévus pour les personnes âgées institutionnalisées. * Prof Dr. Kaufman dans "Women in Europe : towards a healthy ageing" conference Brussels october 2 1998 ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 51 / 62 Stratégies de Santé Publique Pour les personnes déjà atteintes d'ostéoporose, on peut conseiller un programme d'exercice physique et d'une alimentation riche en calcium* (61). Même si toutes les études ne démontrent pas l'efficacité de ces mesures, elles ne nuisent en rien et sont certainement actives pour le maintien d'une bonne santé et la prévention de maladies cardio-vasculaires et autres (61,62). Des traitements qui freinent la résorption osseuse sont également disponibles (THS et autres), ainsi que la calcitonine qui a également un effet antalgique en cas de fractures vertébrales douloureuses (il n'y a pas d'étude démontrant qu'elle se soit avérée supérieure aux antalgiques banals, dont le coût est beaucoup moindre et la tolérance meilleure). Les professionnels de santé de première ligne ont un rôle très important à jouer dans la problématique de l’ostéoporose : • estimer le risque individuel (cardio-vasculaire, cancer, ostéoporose) et présenter à toute femme en âge de ménopause les avantages et les inconvénients d'une thérapie hormonale de substitution • identifier les patients qui risquent de faire une chute et proposer les mesures nécessaires • identifier les patients à risque d'ostéoporose afin de réaliser un dépistage par la densitométrie osseuse (éventuellement répétée) et les paramètres de biologie clinique • effectuer le suivi d’un traitement éventuel afin d’identifier notamment les problèmes qui risquent de provoquer l'arrêt de celui-ci et de proposer des solutions alternatives. Les programmes de prévention des chutes dans les hôpitaux et institutions de repos et de soins devraient être encouragés. Il y a lieu notamment de sensibiliser le personnel de santé à l'utilité de la détection des risques de chute et de fracture. C'est une excellente alternative au dépistage systématique de l'ostéoporose et cela en restera le complément indispensable. La recherche ultérieure en matière de prévention et de traitement prendra comme indicateur de résultat plutôt la prévention des fractures (vertébrales et du col du fémur) et la qualité de la vie des personnes que la masse osseuse. Il faudra également porter plus d'attention à la prévention et au traitement de l'ostéoporose chez l'homme (2). Comme les méthodes diagnostiques et thérapeutiques disponibles évoluent rapidement, l'élaboration de stratégies de santé publique doit faire l’objet de mises à jour régulières ; en effet, les rapports coût/efficacité des différentes stratégies peuvent varier en fonction des moyens disponibles, de leurs coûts et de la mise en évidence de leur efficacité. * 400mg/ jour pour des enfants, 800 mg/ jour pour des adolescents, et 1000 mg/ jour pour les personnes agées ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 52 / 62 Activités menées en Belgique / adresses 11. Activités menées en Belgique / adresses 11.1. Agences gouvernementales Les activités menées, soutenues ou financées par les autorités relèvent de la compétence des communautés : En Communauté Française Les études et interventions sont coordonnées par Educa-Santé, dans le cadre de leurs activités de prévention des accidents domestiques en général. Educa-Santé Mme Martine Bantuelle Av. Général Michel, 18 6000 Charleroi 071 / 33.02.29 Le ministère de la Communauté Française a également diffusé des messages dans les médias (télévision, … ) informant la population sur les risques de l'ostéoporose (féminine surtout) et les moyens de la prévenir. La prévention des accidents domestiques fait également partie du programme quinquennal et une législation de promotion de la santé en Communauté Française (arrêté du 28 juillet 1998). Les accidents y figurent parmi les sept problèmes de santé prioritaires. En Communauté Flamande C'est surtout la Croix Rouge Flamande qui s'occupe des activités de prévention et de promotion de la santé en matière de prévention des chutes chez les personnes âgées. Elle s'occupe de promotion et de sensibilisation, organise des formations pour le personnel soignant à domicile, e.a. fournit du matériel didactique. Rode Kruis van Vlaanderen / Gezondheidspromotie Mevr. Rita Daveloose Vleurgatsesteenweg,98 1050 Brussel 02 / 349.55.68 La réduction de la mortalité associée avec les accidents domestiques et accidents de la circulation est un des objectifs de santé de la Communauté Flamande. Actuellement (16/10/98) les stratégies sont en voie d'élaboration; elles comprendront un volet "chutes chez les personnes âgées". Pour plus de renseignements on peut contacter: Mr Rik De Vleeschauwer KVIP / VIG Schildknaapstraat 9 1020 Brussel 02 / 422 49 49 ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 53 / 62 Activités menées en Belgique / adresses Au niveau fédéral Le Ministère des affaires économiques est responsable du contrôle sur la sécurité des produits sur le marché belge. L'institut Belge de Normalisation agit sur les normes belges et européennes. 11.2. Recherche - références - banques de données International European Osteoporosis Foundation: Belgian Bone Club: http://www.osteofound.org/ http://www.osteofound.org/who/member_soc/belgian1.html Belgian Royal Society of Rheumatology:http://www.osteofound.org/who/member_soc/belgian2.html Développement de consensus: http://www.osteofound.org/press_centre/european_guidelines.html Recommendations OMS: Other links (USA, Switzerland): ISP / Epidémiologie / CROSP http://www.osteofound.org/programs_projects/who_strategy.html http://www.osteofound.org/links/index.html osteoporose 55 / 62 Annexes 12. Annexes Annexe 1 : Moyens diagnostiques pour le dépistage et/ou diagnostic et le suivi du traitement Mesure radiologique de la DMO A chaque diminution de 2 écarts types de DMO correspond une augmentation du risque fracturaire de 2 à 4 pour les fractures périphériques et de 4 à 8 pour les fractures vertébrales. Mais les mesures de DMO ne sont pas les seuls meilleurs prédicteurs des fractures de la hanche: une série d'autres facteurs de risque entrent en jeu, et la présence simultanée de plusieurs facteurs de risque a une valeur prédictive nettement plus grande qu'une mesure de DMO au calcanéum (41,63). Voir figure Il n'existe pas encore de consensus en faveur de l'utilisation d'une mesure radiologique de DMO pour un dépistage systématique au moment de la ménopause. Un nombre d'auteurs (41) contestent même la valeur de ces mesures comme moyen de dépistage sélectif (limité à des groupes présélectionnés). Leur souci est que les efforts préventifs et de traitement soient tous dirigés vers les femmes avec une DMO trop basse, de sorte qu'aucune mesure ne sera prise pour une majorité de femmes à DMO normale au moment de la ménopause mais qui présentent d'autres facteurs de risque et en fin de compte feront une fracture (63). (cfr. Geoffrey. Rose " The Strategy of Preventive Medecine"). "La distribution dans la population de la masse ou densité minérale osseuse est gaussienne et de ce fait il n'apparaît pas de sous-groupe anormal de la communauté ayant une ostéoporose. Voir Figure 12-1 De plus il n'y a guère de relation entre la masse osseuse au moment de la maturité et le taux de perte osseuse" (52). La valeur des différentes mesures uniques de DMO comme moyen de dépistage et de prédiction de fractures du fémur est limitée par le fait que : − La vitesse de déperdition est indépendante du contenu minéral osseux de départ (52) − La corrélation n'est pas très bonne entre les différents sites de mesure : la DMO mesurée à l'extrémité supérieure du fémur est un bien meilleur prédicteur (mais plus cher) de fractures de la hanche que la DMO mesurée à l'extrémité distale du radius ou au calcanéum,. Cela peut expliquer pourquoi une mesure unique de DMO à un site autre que la hanche n'est pas très bonne pour prédire une fracture de l'extrémité proximale du fémur. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 55 / 62 Annexes Toutefois les mesures de DMO sont efficaces pour suivre l'effet d'un traitement en cours, et pour confirmer une indication pour initier un traitement chez un(e) patiente identifiée à risque. Des mesures répétées, en conjonction avec des examens de biologie clinique sur des marqueurs de réorganisation osseuse permettent d'identifier des sous-groupes à déperdition osseuse rapide (52). Les mesures ne sont recommandées que dans la mesure où le résultat déterminera les décisions thérapeutiques (53) et qu'il aura un effet sur l'observance des traitements prescrits. 20% des patientes perdent plus de 3.3% de leur contenu minéral osseux par an dans les années qui suivent la ménopause, contre 38% qui en perdent moins de 1.1%. On pourrait, avec 76% de succès, identifier ce sous-groupe de femmes qui perdront leur densité minérale osseuse plus rapidement ("fast losers") par deux mesures densitométriques à 6 mois d'intervalle et des tests de biologie clinique (52)*. Toutefois il n'y a pas encore de consensus sur la valeur de la généralisation de cette approche (2). Figure 12-1 Distribution de la densité minérale osseuse chez les femmes avec une fracture de la hanche, et de contrôles appariés sur l'âge. Trois exemples de performances attendues du dépistage, en fonction des limites fixées (cut off points) (from Law, repoduced by BCOHTA (3) * Ces femmes sont celles qui présentent une chute rapide de l'estrone et de l'androstènedione circulants, et un niveau plus élevé des paramètres reflétant la destruction osseuse. ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 56 / 62 Annexes Pour suivre l'effet d'un traitement, l'utilisation des marqueurs biochimiques du remaniement osseux et de la résorption montreront l'effet thérapeutique aussi fidèlement qu'une mesure de DMO, mais plus rapidement, ils peuvent contribuer à améliorer l'observance du traitement (64). Toutefois, leur variation spontanée au cours du mêmenycthémère et d'un jour à l'autre, ne permet pas leur utilisation sûre dans un cas individuel. * Figure 12-2 Risque de faire une fracture de la hanche en fonction de la DMO au calcanéum et du nombre de facteurs de risque, repris de (3). 30 25 20 15 risque de fracture 10 5 5 ou plus nombre de facteurs de risque 3à4 0 0à2 tiers supérieur * tiers moyen tiers inférieur DMO au calcanéum JP Devogelaer, communication personnelle ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 57 / 62 Annexes Annexe 2 : quelques facteurs de risque d’ostéoporose secondaire Facteurs de risque d'ostéoporose secondaire et primaire (65) (oa from cummings 95 (10)) Facteurs alimentaires − − − − Intolérance au lait Excès d'alcool Malnutrition/ malabsorption Déficience en vitamine C Facteurs hormonaux − − − − − − − − − − − ménopause prématurée ou chirurgicale aménorrhée / ovaires polycystiques déficience en testostérone chez l'homme résistance aux œ strogènes chez l'homme syndrome de Cushing anorexie nerveuse hyperparathyroïdie diabète insulino-dépendant maladie d'Addisson acromégalie prolactinome Autres problèmes médicaux: − − − − − − − altérations dans la fonction gastro-intestinale et hépato-biliaire ostéogenesis imperfecta occulta ? mastocytose arthrite rhumatoïde ostéoporose temporaire alimentation parentérale prolongée anémie hémolytique Médications: − − − − − − − − − − grandes doses d'hormone thyroïdienne glucocorticoïdes anticoagulants administration de lithium pendant de longues périodes chimiothérapie (cancer du sein ou lymphome) Gonadotropin Releasing Hormone (agonist or antagonist) Anticonvulsivant Antacides fixant le phosphate Diurétiques provoquent une calciurie Dérivés de phénothiazine ISP / Epidémiologie / CROSP osteoporose 58 / 62 Bibliographie 13. 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