le secteur des parfums et cosmetiques
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le secteur des parfums et cosmetiques
LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES Didier GUYOT [email protected] Stéphanie VIRY [email protected] Metz (siège social) BP 90448 57008 Metz Cedex 01 Tél. 03 87 17 32 60 - Fax : 03 87 15 79 56 Constucteurs d’alternatives Vichy 78, rue de Paris 03200 Vichy Tél : 04 70 96 06 97 - Fax : 04 70 31 85 05 CHANEL N° 5 de Chanel, les secrets d’un succès un succès universel...................................................... 05 18 JUILLET 2009 LES ECHOS Douglas Olivier Badézet doit relancer Douglas France.................................................................................. 07 09 juillet 2009 LSA. Les parfumeries Douglas poursuivent leur développement international.......................... 07 2009 Les Echos Estee LAUDER «Estée Lauder n’a pas besoin d’une fusion ».......................................................................................... 08 9 juillet 2009 les echos Inter Parfums Résultats au 1er semestre 2009.................................................................................................................. 10 8 Septembre 2009 Les echos Inter Parfums reste confiant malgré un chiffre d’affaires en baisse.................................... 10 25 juillet 2009 les echos Inter Parfums confirme sa prévision de croissance ....................................................................... 10 23 janvier 2009 LSA L’OREAL « L’adaptation du modèle de L’Oréal à la crise commence à porter ses fruits »....................11 29 août 2009 les echos. Comment L’Oréal adapte son modèle........................................................................................................ 13 29 août 2009 lesechos L’Oréal ,centenaire conquérant................................................................................................................ 14 16 juillet 2009 les echos L’Oréal innove dans la coloration pour conquérir de nouveaux coiffeurs......................... 15 L’Oréal relocalise des produits de luxe................................................................................................ 16 2 avril 2009 l’usine nouvelle i Contrefaçon: L’Oréal perd son procès contre eBay........................................................................ 16 14 mai 2009 Les Echos Les ventes trimestrielles de L’Oréal en net recul dans le luxe................................................. 17 7 mai 2009 Les Echos L’Oréal regroupe sa division produits de luxe dans le Nord-Picardie...................................... 17 7 avril 2009 Les Echos Sommaire - 02 Marionnaud Marionnaud adopte un plan de crise........................................................................................................ 19 25 juin 2009 LSA MARIONNAUD / RESTRUCTURATION................................................................................................................... 20 18 juin 2009 LSA Marionnaud : plus de 700 postes supprimés en France..................................................................... 20 15 juin 2009 Les Echos «Nous ne fermerons aucune parfumerie en France»........................................................................ 21 juillet-août 2009 cosmétiquemag Les MDD passent au vert................................................................................................................................. 22 juillet-août 2008 cosmétiquemag Marionnaud taille dans son effectif pour limiter les pertes...................................................... 22 16 juin 2009 les echos Deux nouveaux CENTRES COMMERCIAUX dans la capitale alsacienne........................................... 23 15 juin 2009 Les Echos MARIONNAUD DANS LE CENTRE L’AUBETTE...................................................................................................... 23 15 juin 2009 Les Echos Les anciens dirigeants de Marionnaud condamnés à une indemnisation majorée................ 23 11 juin 2009 Les Echos Marionnaud peine toujours à se relancer............................................................................................ 23 12 mars 2009 - LSA Marionnaud : fermeture d’un magasin de produits détaxés.......................................................... 26 26 février 2009 Les Echos Nocibé Nocibé primé pour sa relation avec les clients.................................................................................. 27 JUILLET-AOÛT 2009 COSMÉTIQUEMAG Le monde onirique de Nocibé........................................................................................................................ 27 septembre 2008 cosmétiquemag Nocibé développe son offre de bio........................................................................................................... 27 JUILLET-AOÛT 2008 COSMÉTIQUEMAG Nocibé veut mettre de l’ordre dans son réseau de boutiques.................................................... 28 30 Janvier 2009 Les Echos Procter & Gamble Procter & Gamble peine à enrayer la chute de ses ventes............................................................ 30 6 août 2009 les echos Sommaire - 03 Sephora SEPHORA RÉÉDITE LE NID DES MARQUES........................................................................................................ 32 mars 2009 cosmétiquemag Des Bars à beauté dans tous les Sephora............................................................................................. 32 SEPHORA ET NICKEL S’ASSOCIENT LE TEMPS D’UN JEU................................................................................. 32 Monoprix et Sephora traquent les kilowattheures inutiles....................................................... 32 12 mars 2009 Les Echos MARKETING LA CHINE CHERCHE SES MARQUES.............................................................................................. 33 03 Novembre 2008 Les Echos Secteur DES MDD BIO CHEZ SEPHORA ET MARIONNAUD.............................................................................................. 34 19 juin 2009 LSA Les produits bio sortent de leur ghetto.............................................................................................. 34 Mobilité professionnelle : Un choix accompagné............................................................................... 36 janvier 2009 cosmétiquemag Thibault Ponroy a été élu à la présidence de la Fédération française de la parfumerie sélective (FFPS)....................................................................................................................................................... 37 Marques exclusives : Le nouvel atout des ensEignes . .................................................................... 38 FÉVRIER 2009 COSMÉTIQUEMAG Sommaire - 04 N° 5 de Chanel, les secrets d’un succès un succès universel Premier parfum de la célèbre maison Chanel, N° 5 reste, depuis les années 1920, le jus le plus vendu au monde et dans l’Hexagone. Fragrance toujours la plus répandue à travers le monde, N° 5 de Chanel incarne, depuis sa création en 1921, l’essence de l’innovation dans l’univers du parfum. Comme si Mademoiselle, douée d’une intuition extraordi naire, avait découvert la formule magique de l’éternel féminin. Pour la petite histoire, ce jus mythique entra dans la légende en 1954, grâce à l’aveu de Marylin Monroe qui, à un journaliste lui demandant ce qu’elle por tait pour dormir, répondit : « Juste quelques gouttes de N° 5. » Le slogan le plus spontané, sans aucun cachet à la clef, de ce parfum inimitable dont l’image fut ensuite portée aux nues par des égéries américaines, Ali Mac Graw ou Lauren Hutton, mais aussi par les plus beaux visages du cinéma français, Catherine Deneuve, Carole Bouquet et Audrey Tautou, qui succède à l’australienne Nicole IGdman. Un projet insolite Reconnu comme une icône du XXe siècle, N° 5 de Chanel a rejoint en 1959 la collection permanente du musée d’Art moderne de la ville de New York, berceau de sa notoriété internationale. Quelques années plus tard, le peintre Andy Warhol s’appropriera son flacon, dessiné par Gabrielle Chanel elle-même, tout en lignes épurées qui seront imperceptiblement modifiées au fil du temps, et en réalisera une déclinaison de neuf sérigraphies, inscrites au catalogue de ses oeuvres. Dans quel contexte l’idée de créer son propre parfum a-t-elle effleuré l’esprit de Coco Chanel, qui au début des années 1920 règne sur la mode parisienne ? Un projet insolite à cette époque, où couturiers et parfumeurs exerçaient des métiers bien distincts. Il a jailli en plein milieu d’une conversation entre amis, dans le Midi de la France, où Mademoiselle, accompagnée du grand-duc Dimitri de Russie, petit cousin du tsar, était partie retrouver le peintre catalan José Maria Sert et son épouse polonaise, Misia. Déjà teintée de leurs influences cosmopolites, la genèse du N° 5 de Chanel a pris tout naturellement sa source dans la région de Grasse, qui cultive un savoir-faire séculaire en matière d’extraits de fleurs les plus rares et délicates. Tels la Rose de mai ou le Jasmin de Grasse, qui constituent le coeur de sa composition secrète. Le parfumeur du tsar «Je veux donner à la femme un parfum artificiel, je dis bien artificiel, c’est-à-dire fabriqué», tel était le sou hait de Coco Chanel. Son désir se concrétisera très vite grâce au « nez » inspiré que lui présenta le grand-duc Dimitri, en la personne d’Ernest Beaux. Ancien parfumeur de la cour du tsar, ce pionnier de la parfumerie mo derne a regagné la France après la révolution russe de 1917, pour venir s’installer à La Bocca, près de Grasse. C’est dans son laboratoire que Coco Chanel le rencontrera, au milieu des fioles et des alambics, avec lesquels il menait, justement, des recherches sur les aldéhydes, ces corps synthétiques extrêmement volatils utilisés pour donner un souffle aérien aux notes florales. La petite histoire raconte que le flair de Mademoiselle n’hé sitera que quelques fractions de secondes devant la dizaine d’échantillons que lui proposa Ernest Beaux, avant de se figer sur le cinquième. D’ou la simple estampille qui marque le premier parfum de la maison Chanel, sonnant, sonnant presque comme un numéro de matricule et rompant avec le lyrisme des noms de parfum mièvres du début du siècle dernier. Un langage olfactif nouveau Son succès intemporel, ce bouquet olfactif le puise dans le mélange, inédit à cette époque, d’essences de fleurs luxueuses et de ces substances issues de la chimie de synthèse: les fameux aldéhydes, utilisés pour la première fois dans des proportions inédites, qui confèrent aux matières premières naturelles une légèreté sans pareille. Sachant que la formule mystérieuse de cette fragrance ne contient pas moins de 80 composants, dont 1’YlangYlang des Comores et le Néroli de Grasse, qui dominent son envolée capiteuse. 05 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - CHANEL Ce premier parfum composé, abstrait, a imposé un langage olfactif totalement nouveau qui va entraîner dans son sillage toutes les futures créations de la parfumerie. A tel point que les professionnels s’accordent à recon naître que N° 5 a ouvert une nouvelle ère. Sans cesse enrichie par le parfumeur créateur exclusif de Chanel depuis trente ans, Jacques Polge, qui a su réinventer ce jus sans faire de compromis sur la qualité irréprochable exigée par Mademoiselle. Avec « Eau Première », lancée en octobre dernier, le « nez » de la célèbre maison offre une version plus contemporaine, qui révèle la facette douce et délicate du plus mythique des parfums. Histoire de séduire la prochaine génération de femmes, pour être toujours N° 1 dans lé monde entier. 18 JUILLET 2009 LES ECHOS LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Sephora 06 Olivier Badézet doit relancer Douglas France La tâche s’annonce délicate pour Olivier Badézet qui a pris, le 5 juin, les rênes des parfumeries Douglas France, numéro quatre d’un marché qui souffre. Les ventes en parfumerie sélective ont reculé de 2,1 % en valeur et de 5,5 % en volume sur les quatre premiers mois de 2009 (source : NPD). Avec 6,7 % du marché, Douglas, distancé par Sephora, Marionnaud et Nocibé, semble à la traîne, avec des ventes en baisse de 3,5 % en valeur et de 6,3 % en volume. Outre la présidence du directoire de Douglas France, Olivier Badézet assure aussi la direction de Douglas Expansion et a été nommé administrateur de Douglas Monaco. Il remplace David Flory, parti chez Marionnaud. Un transfert à la concurrence dont le secteur est décidément friand. Olivier Badézet a lui-même été débauché d’Yves Rocher, où il a passé dix-sept ans. À 39 ans, cet an-cien de l’École supérieure de gestion de Paris, y a occupé les postes de contrôleur de gestion, responsable du marketing opérationnel, directeur des magasins sur la partie francophone en Belgique. En 1999, il est revenu chez Yves Rocher France comme responsable du développement. Depuis quatre ans, il était directeur de zone. Aujourd’hui, il va gérer la filiale française du numéro un européen de la distribution de parfums, qui compte 180 unités en France pour un chiffre d’affaires de 161,2 millions d’euros. 09 juillet 2009 LSA. Les parfumeries Douglas poursuivent leur développement international Le groupe allemand Douglas, qui revendique le leadership européen des enseignes de parfumeries, a enregis tré une hausse de 2,1% de son bénéfice net à 94,3 millions d’euros, ou 2,40 euros par action sur le trimestre achevé fin décembre. Concurrent de Marionnaud, Sephora ou Nocibé dans l’Hexagone, Douglas poursuit son développe ment international de sorte d’être moins dépendant de son marché domestique où les ventes n’ont augmenté pendant la période que de 0,8% à 315 millions d’euros. Il a dans cet objectif acheté une participation majori taire dans le groupe Baltic Cosmetic, en août dernier, qui doit lui permettre de renforcer ses positions dans les pays baltes tandis qu’une première boutique a été ouverte en Roumanie. Déjà, les ventes internationales du trimestre affichent une progression de 15% sur un an à 307 millions d’euros. Pour l’année en cours, le groupe, qui vend, outre des produits cosmétiques, des bijoux, des accessoires de mode et des chocolats, confirme tabler sur une progression de 7 à 9% de ses ventes. 2009 Les Echos 07 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Douglas «Estée Lauder n’a pas besoin d’une fusion » Entré chez Estée Lauder en mars 2008, Fabrizio Freda est depuis le 1er juillet le numéro un opérationnel de ce groupe américain, l’un des leaders mondiaux des cosmétiques, connu pour ses marques Clinique, MAC ou La Mer. A cinquante et un ans, Fabrizio Freda succède à William Lauder (quarante-huit ans), le petit-fils de la fondatrice, qui préside désormais le conseil d’administration à la place de son père Léonard. Après vingt ans passés chez Procter & Gamble, le nouveau patron a une double mission délicate: relancer les ventes de cette entreprise de 30.000 salariés, toujours contrôlée par la famille, et améliorer sa rentabilité dans un contexte de crise mondiale Au troisième trimestre de son exercice, Estée Lauder a vu son résultat net chuter de 70 % pour s’établir à 27,2 millions de dollars. Son chiffre d’affaires trimestriel a reculé de 10 %, à 1,7 milliard. Ces derniers mois, le nouveau dirigeant a déjà jeté les bases de sa stratégie qui vise avant tout à transformer ce spécialiste multimar ques de la cosmétique haut de gamme en une multinationale intégrée et efficace. Pour mieux rivaliser avec ses grands concurrents comme L’Oréal ou Procter & Gamble, il entend aussi stimuler l’innovation, alors que les spécialistes reprochent à Estée Lauder de s’être endormi sur ses lauriers ses dernières années. En février, Estée Lauder a annoncé une vaste réorganisation qui va se traduire par la suppression de 6 % de ses effectifs, soit 2.000 postes. Dans sa première interview en tant que PDG, Fabrizio Freda explique aux « Echos» sa nouvelle vision du groupe pour les années à venir. Quel est l’impact de la crise sur l’activité d’Estée Lauder ? La baisse globale de la consommation, le vaste mouvement de déstockage chez les distributeurs du monde en tier et les fluctuations des devises ont provoqué un ralentissement sur le marché des cosmétiques. Cependant, dans ce contexte de récession, nous avons enregistré de bonnes performances dans les réseaux de distribu tion spécialisés et nous avons gagné des parts de marché dans le monde. En particulier dans les produits de soin pour la peau et le maquillage. Géographiquement, nous avons poursuivi notre forte progression en Asie, dans les pays émergents (Chine, Russie...) et même en Europe où, en particulier, le marché britannique a été dynamisé par la faiblesse de la livre. En revanche, nous sommes très touchés dans les parfums, surtout aux Etats-Unis. Comment voyez-vous évoluer le marché américain ? Le marché américain, qui représente 40 % de nos ventes, a sans doute touché le fond. Le phénomène de dés tockage s’achève, mais nous ne prévoyons pas de rebond avant que la situation se soit stabilisée sur le front de l’emploi. Nous n’attendons donc aucune amélio ration sensible dans les douze mois à venir. En France, comment évolue votre activité ? Dans une France des cosmétiques en contraction, nous avons gagné des parts de marché. Ici, Estée Lauder se classe en troisième position si on prend en compte uniquement les soins de la peau et le maquillage. Si on y inclut les parfums, nous sommes cinquième. La France fait partie de nos dix premiers marchés et nous vou lons y prendre les meilleures idées pour innover. Depuis le 1erjuillet, nous avons d’ailleurs installé notre siège européen à Paris. Quel est l’impact de la crise sur les prix? Les prix ne devraient pas être profondément affectés par la crise, mais le consommateur va se montrer de plus en plus attentif à la valeur, au rapport qualité-performance-prix. Nous ne sommes plus vraiment dans une pé riode propice aux prix très élevés simplement justifiés par le statut de la marque. C’est sans doute pour cela que le très haut de gamme souffre plus que les autres segments. Sur les produits plus abordables, la qualité permet même d’augmenter les prix. Nous devons donc apprendre à mieux communiquer sur la qualité de nos produits. On doit mieux conseiller les clientes, car une crème peut par exemple coûter plus cher à l’achat, mais pas sur la durée si, à l’usage, elle est adaptée à une peau spécifique. Aux Etats-Unis, on constate également que les consommatrices apprécient désormais que les prix soient affichés dans les grands magasins. Avant, cela était perçu comme peu prestigieux. Ce n’est plus le cas. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Estee LAUDER 08 N’avez-vous pas un portefeuille de marques trop large ? De Clinique et Mac, les moins chères, jusqu’à La Mer, très haut de gamme, nous avons aujourd’hui un por tefeuille large et équilibré. Nous sommes ainsi présents sur tous les segments à l’exclusion des produits pour le marché de masse sur lequel nous n’avons pas l’intention d’aller. Ce n’est d’ailleurs pas tant le nombre de marques qui pourrait poser problème que la performance individuelle de telle ou telle. On peut en ajouter ou en retirer certaines. Nous allons continuer de faire évoluer ce portefeuille. Nous avons aux Etats-Unis un incu bateur dans lequel nous créons des marques. Nous allons sur le même modèle en ouvrir en Asie et en Europe pour faire naître des marques ayant vocation à être internationalisées dans les cinq années à venir. Mais n’êtes-vous pas trop petit ? Non. Nous sommes le leader mondial dans les produits de beauté de luxe. La taille dans notre environnement concurrentiel, quand vous excluez le «mass market», est très suffisante, avec un chiffre d’affaires de 7,5 mil liards de dollars. En plus, nous voulons continuer de grossir de façon plus agressive grâce à notre expansion en Europe et en Asie. Il y a de très nombreuses zones dans lesquelles nous pouvons doubler nos parts de marché en dix ans. Pouvez-vous croître de façon profitable ? Le fait d’être adossé à une famille (43,4 % du capital et 87,6 % des droits de vote, NDLR) nous a doté d’une culture d’entreprise très forte et nous permet d’avoir une vision à long terme. Mais au-delà d’un nécessaire programme d’économies de 450 millions de dollars sur trois ans, que nous avons déjà annoncé et que nous mettons en œuvre, nous devons aussi faire un effort en termes d’organisation afin d’être plus intégré mondiale ment. Avec nos 29 marques dans 140 pays, chacune se développant de façon autonome, nous avons trop du pliqué les coûts et pas assez tiré parti d’économies d’échelle. Nous devons également plus investir dans les études sur les consommatrices afin de mieux cerner la demande de nos clientes. Cela nous permettra de mieux nous adapter aux attentes dans les différents pays. Nous devons enfin prendre les bonnes idées partout où elles sont et parvenir à les internationaliser. Nous avons l’énergie, la masse critique et des marges de progression. Nous devons nous donner la force de réinvestir dans nos priorités. Ne devriez-vous pas accélérer en vous vendant ou en procédant à une acquisition majeure ? Estée Lauder n’a pas besoin d’être vendu ou fusionné. On peut s’appuyer sur nos propres forces et nouer des partenariats comme dans la recherche et développement, ou avec des créateurs dans les parfums. En termes d’acquisitions, notre stratégie est plutôt d’acheter des petites ou moyennes marques très prometteuses, per formantes dans un pays, mais dont nous pouvons accélérer la croissance mondiale. Avec la crise, les prix baissent et nous pourrions étudier certaines opportunités. 9 juillet 2009 les echos Fabrizio Freda Fabrizio Freda est âgé de cinquante et un ans. Avant de rejoindre Estée Lauder en mars 2008, il avait passé vingt ans chez Procter & Gamble . Parmi ses dernières fonctions, il avait été président de l’activité « snacks » du géant américain de la consommation. Auparavant, cet italien avait été pendant dix ans dans la division soins de beauté et santé du groupe. Fabrizio Freda, qui a fait ses études à Naples, avait auparavant été en charge du marketing et du plan stratégique chez Gucci . 09 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Estee LAUDER Résultats au 1er semestre 2009 8 Septembre 2009 Les echos Inter Parfums reste confiant malgré un chiffre d’affaires en baisse Au premier semestre 2009, le chiffre d’affaires du producteur de parfums Burberry et Lanvin est en baisse de 5 %, à 121,3 millions d’euros, loin des prévisions du groupe de 273 millions d’euros pour l’année. L’année 2009 sera donc beaucoup plus morose que 2008, où Inter Parfums avait réalisé des ventes en hausse de 10 %. Mais son PDG, Philippe Benacin, relativise et se dit même satisfait, compte tenu des mauvais résultats du secteur et des lourds déstockages de ses clients qui, selon lui, devraient cesser. « Si on tient le rythme de – 5 % [de chiffre d’affaires, NDLR] sur 2009, c’est déjà pas mal», conclut le PDG. Fort du constat que c’est le très haut de gamme qui tire son activité (Burberry représentait 64 % de son chiffre d’affaires en 2008), Inter Parfums compte se spécialiser dans le luxe. Philippe Benacin confie d’ailleurs avoir des projets de contrats avec des « marques très connues» dans les mois à venir. 25 juillet 2009 les echos Inter Parfums confirme sa prévision de croissance En 2008, le groupe français de conception et distribution de parfums a atteint son objectif de ventes à 264,9 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une progression de 9,4% (+14,2% à changes constants). Le groupe a enregistré des progressions à deux chiffres des ventes de parfums Burberry, Lanvin et Van Cleef and Arpels. Il confirme également sa prévision de croissance pour 2009, malgré un « net retrait » du chiffre d’affaires attendu au 1er trimestre. Une année abordée avec prudence, du fait « du ralentissement du rythme de commandes et de la baisse d’activité constatée chez les distributeurs et les détaillants au cours des deux derniers mois ». 23 janvier 2009 LSA LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Inter Parfums 10 « L’adaptation du modèle de L’Oréal à la crise commence à porter ses fruits » JEAN-PAUL AGON DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’ORÉAL L’Oréal a vu sa rentabilité s’éroder sur le premier semestre 2009. Le groupe a enregistré une baisse de 8,3 % de son résultat d’exploitation, à 1,37 mil liard d’euros. En un an, sa marge opérationnelle est passée de 17,3 % à 15,7 %. Le géant des cosmétiques relativise cette contre-performance en soulignant qu’il avait dégagé sur les six premiers mois de son exercice 2008 sa meilleure performance historique en matière de rentabilité. Dans un contexte difficile, marqué par une stabilité du chiffre d’affaires semes triel en hausse de 1,4 %, à 8,77 milliards en données publiées (il recule de 3,2 % à données comparables), L’Oréal dégage un résultat net en chute de 14 % et un résultat net part du groupe en recul de 3,6 %. Pour l’essentiel, la dégradation de la performance opérationnelle s’explique par les difficultés concentrées dans le haut de gamme. La division produits de luxe (Lancôme, Helena Rubinstein...) voit ainsi son résultat chuter en un an de 354,1 à 225,3 millions d’euros. Cette division, affectée par le déstockage et la crise, est également pénalisée par la récente intégration des activités cosmétiques d’Yves Saint Laurent. Les autres activités déga gent, elles, des résultats relativement stables (produits professionnels avec Kérastase, produits grand public, avec Garnier, L’Oréal Paris...) ou même en progression (cosmétique active avec Vichy, The Body Shop, la branche dermatologique). Sans tenir compte de l’intégration d’Yves Saint Laurent (YSL), L’Oréal a d’autre part réussi à baisser pour la première fois de son histoire ses coûts administratifs et commerciaux (à 1,86 milliard d’euros). Pour maintenir ses « moteurs», le groupe a augmenté de 2,9 % ses dépenses de recherchedéveloppement (R&D) et de 30 points de base ses dépenses publi-promotionnelles, qui représentent désormais 30 % du chiffre d’affaires. Sur le deuxième trimestre, la croissance organique du groupe s’est améliorée (–2,1 % contre –4,3 % sur les trois premiers mois de l’année). Quelles sont les bonnes et les mauvaises surprises de ces semestriels? Il y en a des bonnes et pas de mauvaises. Ces résultats sont à la fois robustes et encourageants. Dans un contexte très difficile, et comparé à un record his torique en termes de rentabilité au premier semestre 2008, le repli du résultat d’exploitation de 8,3 %, du résultat net de 3 % et la baisse de 1,5 % de la part du groupe par action diluée montrent la résistance de L’Oréal. Ces résultats sont sains car ils ont été acquis sans aucun sacrifice sur les moyens moteurs de l’entreprise, c’est-à-dire la R&D et les moyens publi-promotionnels. Un choix que très peu d’entreprises ont fait. Nous étions déjà le premier annonceur fran çais, mais nos investissements ont encore progressé de 8 %, alors que le marché est en négatif. L’amélioration des conditions d’achat nous a permis d’augmen ter de 10 % à 20 % nos volumes publicitaires. Ces semestriels montrent par ailleurs que ce que nous faisons pour adapter notre modèle à la conjoncture porte ses fruits: l’innovation accessible, l’extension à de nouvelles catégories de produits, l’accélération de la mondialisation, la hausse des moyens moteurs et la réduction des coûts. Même si nous avons souffert un peu plus que d’autres dans le luxe, dans les produits grand public, qui représentent 55 % de notre activité, et les produits professionnels, nous avons globalement gagné des parts de marché. L’essentiel de la dégradation de la rentabilité est donc dû au secteur du luxe ? L’intégration d’Yves Saint Laurent a pesé sur la rentabilité de cette division, avec un effet dilutif de 2 à 3 points. Mais le luxe, c’est vrai, est la difficulté majeure de l’année 2009. Il a affronté une situation de déstoc kage très forte au premier semestre et il est très difficile de prévoir ce qui va se passer. Je pense que le rythme de consommation ne devrait pas beaucoup changer, il est de l’ordre de –5 % au niveau mondial. 11 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL Mais il n’y aura pas un effet de déstockage massif comme en début d’année. Je suis plus confiant aussi car nous avons un plan nourri de lancements très stratégiques, notamment un nouveau parfum féminin chez YSL en septembre, « Parisienne», un autre féminin chez Armani, « Idole», et des produits de soins chez Lancôme et Biotherm. Le groupe met toutes les chances de son côté pour avoir un bien meilleur semestre. Cette résistance est-elle la preuve que votre stratégie de prix accessibles a fonctionné ? C’est le résultat de nos 5 priorités en même temps. En réalité, notre politique de produits accessibles est en train de se déployer. Les premiers produits de soins Essentiel de Garnier à 4 euros arrivent en ce moment sur le marché. Les Essentielles de Vichy, vendus entre 5 et 9 euros, seront lancés ensuite. Nous allons aussi proposer, dans la division luxe, des flacons de 30 millilitres du nouveau parfum « Parisienne», alors que, normalement, nous ne faisions pas cela lors d’un lancement. Attention, Le secteur du luxe est la difficulté majeure de l’année 2009 [...] et il est très difficile de prévoir ce qui va se passer. pas baissé ses prix catalogue. Il s’agit d’un élargissement de nos gammes pour créer des gammes d’ac cès à toutes nos marques. Vous avez aussi élargi votre offre de produits ? Historiquement, L’Oréal a axé son développement sur le soin des cheveux, la coloration, les soins du visage, le maquillage et le parfum. Nous complétons cette stratégie en lançant de nouvelles catégories de produits comme les soins du corps, les déodorants, les soins pour hommes, que nous avions déjà mais que nous allons développer. Toutes nos divisions là encore sont concernées. En fait, les axes de notre stratégie reposent sur la même idée: élargir notre base consommateurs, soit en termes de positionnement prix, soit en termes de catégo rie de produits ou de zone géographique. Nous poursuivons notre mondialisation en accélérant dans des pays comme la Chine ou le Brésil, où nos ventes ont progressé au premier semestre de respectivement 14 % et 21 %, et nous créons des filiales là où nous ne sommes pas encore, comme au Pakistan ou en Egypte. Mais, en privilégiant les volumes, ne risquez-vous pas d’altérer vos marges ? Non. Notre stratégie de produits accessibles n’est pas négative en termes de marge, car on s’arrange pour que ces produits aient également des prix de revient modérés. Et les volumes réalisés grâce à ces ambitions plus larges permettent d’amortir formidablement les coûts, donc il n’y a pas de sacrifice des marges. Enfin, les nouvelles catégories sur lesquelles nous nous lançons ont une bonne rentabilité. Où en êtes-vous de votre plan de réduction des coûts ? Il y a eu beaucoup d’initiatives dans ce domaine. A périmètre et taux comparables, hors Yves Saint Laurent, nos frais administratifs et commerciaux ont diminué de plus de 3 %. C’est la première fois dans l’histoire du groupe qu’ils diminuent en valeur absolue, c’est donc un vrai tournant. Nous l’avons obtenu grâce à une poli tique de serrage des coûts tous azimuts, avec l’arrêt de sites industriels en Espagne, à Monaco et en Angleterre. Nous avons aussi gelé les embauches, hors jeunes diplômés, dans les pays développés et les effectifs dans les pays émergents. Nous avons enfin engagé des programmes de réorganisation sérieux aux Etats-Unis et chez Body Shop. Les efforts vont se poursuivre. Quelles sont vos perspectives pour la fin de l’année ? La demande devrait être comparable à celle du premier semestre. Il ne faut pas trop dramatiser. Le marché mondial des cosmétiques résiste bien, il évolue entre 0 et +1 %, même si les commandes auprès des fabricants ont davantage reculé en raison du phénomène de déstockage. Il n’y a pas d’effondrement. Je suis donc con fiant. C’est un secteur d’offres lié au moral qui repartira dès que l’humeur des consommateurs aura changé. Mais la Bourse semble encore douter ? Après vingt-trois ans de croissance à deux chiffres, certains ont été étonnés de la performance du groupe face, toutefois, à une crise sans précédent. Cette perception change à nouveau. J’ai été bien préparé à affronter cette situation. J’ai été envoyé en Asie trois mois avant la crise asiatique de 1997 et aux Etats-Unis trois semaines avant le 11 Septembre. Cela a contribué à me durcir le cuir. De plus, j’ai le soutien entier du conseil d’admi nistration. La stratégie est non seulement validée par le président de L’Oréal, Lindsay Owen-Jones, mais déci dée avec lui. Le choix audacieux d’augmenter nos moyens moteurs, en période de crise, était une recomman dation du conseil d’administration. Nous avons aussi des équipes très mobilisées dans le monde entier 29 août 2009 les echos. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL 12 Comment L’Oréal adapte son modèle Le leader mondial de la cosmétique a enregistré un recul de son chiffre d’af faires limité à 1,4 % sur le premier semes tre, à 8,76 milliards d’euros. En don nées publiées. Il est en recul de 3,2 % à structure et taux de change identiques. Sa rentabilité s’est érodée avec une di minution de 8,3 % en publié de son résultat d’exploitation. Mais Jean-Paul Agon, le directeur général du géant français, rela tivise ce recul par rapport au premier semestre 2008, qui constituait le niveau le plus élevé historiquement atteint par le groupe. Le dirigeant estime que ces résultats « robustes et encourageants» sont le fruit de la stra tégie anticrise mise en place en début d’année. En plus de serrer ses coûts, L’Oréal va lancer des gammes de produits à prix accessibles sous ses marques, notamment Garnier ou Vichy, pour élargir sa base de consommateurs. Il a aussi accéléré sa mondialisation et augmenté ses «moyens mo teurs» avec une progression de 8 % des investissements publi-promotionnels sur le premier semestre . 29 août 2009 lesechos 13 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL L’Oréal ,centenaire conquérant Numéro un mondial de la cosmétique, le groupe doit maintenant relever les déffs du développement durable. Essentiel : un démaquillant, une crème de jour, un soin de nuit, c’est le nom des nouveaux produits Garnier, la marque familiale par excellence, que L’Oréal lance cet été en France et en Europe de l’Ouest. Initialement conçus pour le marché russe, ils se retrouvent dans les linéaires à prix mini, pas plus de 3 à 4 euros. En sep tembre, ce sera au tour de L’Oréal Paris de proposer une crème hydratante à 5 euros. Pas de doute, la crise est bien passée par là. « La pire depuis celle de 1930», a répété le directeur général, Jean-Paul Agon, aux journalistes et salariés réunis début juin au siège de Clichy pour fêter le centenaire du groupe. Cette crise, a-t-il averti, affecte surtout les marques liées au luxe. L’accessibilité au plus grand nombre de ses produits (re)devient logiquement son principal cheval de bataille. D’autant que les consommateurs ont de plus en plus tendance à plébisciter les premiers prix et à favoriser les marques de distributeur, au détriment des « grandes», aussi établies soient-elles. Un management très stable Triste anniversaire ? Stimulant, en tout cas, pour un centenaire qui en a vu d’autres et trouve toujours le moyen de se « réinventer», assure son patron, citant la devise du fondateur, Eugène Schueller : « Faire, dé faire, pour mieux faire.» Son premier atout n’est-il pas la continuité de son management? Nommé à la tête du groupe en 2006, Jean-Paul Agon n’est que le cinquième à exercer la fonction. Et, comme ses prédéces seurs, il y est parvenu après avoir fait toute sa carrière dans la maison. On entre chez L’Oréal comme on entre dans les ordres. Le vieillissement de la population et son urbanisation croissante ne sontils pas en outre ses plus sûrs alliés? La mondialisation lui a déjà permis de toucher un cinquième de la population de la planète. «L’apparence est liée à la confiance en soi, à la dignité, au bien-être et à l’acceptation du regard de l’autre», argumente le directeur général du groupe sur le thème de l’utilité sociale de la beauté et de l’universalité de sa quête. Souci permanent d’innovation Centenaire conquérant et revendiquant près de 16 % du marché mondial de la beauté, dont il est le numéro un, L’Oréal n’a donc pas l’intention de dévier de sa ligne de conduite pour le siècle qui commence: l’innovation restera sa meilleure arme. L’Oréal y consacre 3,5 % d’un chiffre d’affaires de 17,5 milliards d’euros, avec 3.000 salariés affectés à la R&D et 628 brevets déposés en 2008. Une R&D qui doit maintenant relever le défi posé par le développement durable. Sir Lindsay Owen Jones, son prédécesseur, a plongé L’Oréal dans le grand bain de la mondialisation. Il revient à Jean-Paul Agon de gagner la bataille de la cosmétique verte, en allant sans doute au-delà de l’engagement de réduction de l’empreinte carbone du groupe. Un virage timidement amorcé depuis quelques années avec notamment l’acquisition de Kiehl’s, de The Body Shop et de Sanoflor, ainsi que la mise en place il y a deux ans d’un nouveau laboratoire spécialisé dans la découverte de principes actifs naturels réellement efficaces. L’objectif est à la hauteur de celui que s’était fixé l’ingénieur chi miste Eugène Schueller, qui se proposait en 1909 de mettre la science au service de la beauté. Si L’Oréal est depuis plusieurs décennies synonyme de marques grand public (Dop, Ambre Solaire, Mixa, etc.), la PME dont il est issu, la Société Française de Teintures Inoffensives pour Cheveux, visait, elle, une clientèle de professionnels, les coiffeurs. Modifier la couleur des cheveux sans les abîmer, les boucler (avec Oréol, la première permanente à froid, inventée en 1945), les maintenir (avec Elnett, né en 1957) : le cheveu et la coiffure restent la grande préoccupation de la société, qui étend son champ d’activité à l’hygiène du corps. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL 14 Large internationalisation L’après-Seconde Guerre verra l’expansion continue de L’Oréal et l’élargissement progressif de son territoire, avec l’essor triomphant de la consommation de masse et les acquisitions: Lancôme (1964), Garnier (1965), Biotherm (1970), Gemey (1973). Le groupe s’attaque au soin de la peau, au maquillage et au parfum grâce à la signature de licences avec des grands noms de la mode (Ralph Lauren, Armani). Acquisitions et interna tionalisation s’accélèrent. D’abord aux Etats-Unis, grâce aux rachats successifs d’Helena Rubinstein (1989), de Redken (1993) et surtout de Maybelline (1996), puis dans les grands pays émergents, avec l’implantation de filiales en Inde, en Russie et en Chine où, comme au Brésil, la croissance permet la constitution de larges bataillons de classes moyennes. La France, où le groupe réalisait encore la quasi-totalité de son activité à la fin des années 1960, n’en représente plus aujourd’hui que 10 %. 16 juillet 2009 les echos L’Oréal innove dans la coloration pour conquérir de nouveaux coiffeurs Cent ans après invention par Eugène schueller de «Auréale», la première teinture inoffensive pour cheveux, L’Oréal doit dévoiler aujourd’hui devant 4.000 coiffeurs du monde entier réunis à Paris un produit qui va, se lon le groupe, «révolutionner» le marché. Sa division professionnelle, qui se consacre aux salons de coiffure, va présenter à l’occasion de cette réunion qui s’achève ce soir «Inoa», une nouvelle coloration à base d’huile, sans ammoniaque et sans odeur, qui a demandé six ans de mise au point. Cette nouvelle génération de produitsvacréer «unerupturetechnologique», selon Nicolas Hiéronimus, direc teur mondial de la division historiquedugroupe: «Ilyala même différence entre Inoa et une teinture classique qûentre un CD et un disque vinyle.» Son lancement prévu en septembre en Europe, avant le reste du monde, « va nous permettre de conquérir de nouvea ux salons de coiffure qui jugeaient jusque-là que les produits L’Oréal n’étaient pas assez différents des concurrents », reprend le dirigeant. Leader mondial, devant Procter & Gamble, de ce marché estimé à 8 milliards d’euros, le groupe français souffre avec la crise. Les femmes allant moins sefaire coiffer, les professionnels ont réduit leurs stocks, ce qui a entraîné le recul de 5 %des ventes de cette division sur le premier trimestre. L’innovation constitue un des leviers sur lesquels mise le spé cialiste du cheveu pour limiter le déclin. Il a déjà lancé l’an dernier un colorant pour cheveux blancs destiné aux hommes. Un succès, assure le groupe. Ce nouveau produit «pas trop couvrant et sans problèmes de reflets jaunes» doit favoriser l’émergence du marché des colorants pour hommes. L’ensemble des soins capillaires masculins pourrait représenter 10 %du marché mondial à terme. Expansion internationale «Aujourd’hui, 500 .000 salons de coiffure utilisent une de nos marques sur un total d’environ 2,5 millions dans le monde; le potentiel est donc important, reprend Nicolas Hiéronimus. Depuis le début de l’année, nous avonsaccéléré laconversionde professionnels à nos produits.» L’Oréal dispose d’un large portefeuille de marques (Kérastase, Redken, Shu Uemura...), du haut de gamme aux prix plus accessible. C’est d’ailleurs sa marque la moins chère, Matrix, avec des produits techniques réservés aux coiffeurs et à la revente dans les salons, qui s’est le plus développée ces derniers mois. « Elle nous a permis de convertir plus de 1.500 salons en France sur 50.000 ces quatre derniers mois », précise le patron. Des nouveaux clients que la division va devoir ensuite former à l’utilisation de ses produits. L’expansion internationale est l’autre relais de croissance de la division professionnelle. L’Oréal revendique déjà la place de leader en Chine. Le pays ne compte toutefois que 0,9 salon pour 1 .000 habitants dans les villes, contre 1,8 au Japon. «Nous travaillons pour créer un socle à notre développement dans le pays. Ladélé gation de coiffeurs chinoise à notre symposium est d’ailleurs la plus importante, reprend Nicolas Hiéronimus, et nous venons de créer une école de coiffure à Shanghai.» L’Inde fait aussi partie des pays cibles, comme l’Allemagne, où les concurrents Wella et Henkel sont très présents. Aux Etats-Unis, le marché le plus touché par la crise, L’Oréal,qui en est le leader, va poursuivre sa politique de rachat des distributeurs de produits pro fessionnels aux coiffeurs. Il vient de mettre la main en avril sur une quatrième société du secteur, Idaho, après Beauty Alliance, Maly’s West et Columbia Beauty Supply. 9 juin 2009 les echos 15 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL L’Oréal relocalise des produits de luxe La division des produits de luxe de L’Oréal (Lancôme, Yves Saint Laurent, Armani, Helena Rubinstein, Biotherm...) vient d’annoncer la création d’un pôle européen d’excellence industrielle dans le Nord et en Picardie. Le groupe va transférer la production de son site espagnol d’Albesa (192 salariés) dans ses usines de Lassigny, dans l’Oise (876 personnes, ancien site Yves Saint Laurent Beauté), de Caudry, dans le Nord (560 salariés) et de Gauchy, dans l’Aisne (277 personnes). Albesa va devenir un centre logistique pour l’Es pagne. Cette concentration industrielle fait suite à l’acquisition d’Yves Saint Laurent Beauté le ter juillet 2008. Le groupe souhaite rapprocher les organisations d’YSL Beauté de la division des produits de luxe de L’Oréal, pour développer ses marques et supprimer les postes en doublon évalués à 85. L’Oréal, qui emploie 13 000 personnes en France, va proposer des solutions de mobilité interne et d’accompagnement individuel. Parallèlement, il va créer à Roye, dans la Somme, une centrale logistique internationale de 40 000 m2, qui sera opérationnelle fin 2010. 2 avril 2009 l’usine nouvelle i Contrefaçon: L’Oréal perd son procès contre eBay Le groupe de cosmétiques a été débouté de sa plainte pour vente de contrefaçon contre le site américain de vente aux enchères. Un jugement qui contraste avec celui rendu l’an dernier en faveur de LVMH. Dans la bataille entre eBay et les groupes de luxe, les jugements se suivent et ne se ressemblent pas. Après avoir condamné eBay à verser 20.000 euros à Hermès et 40 millions d’euros à LVMH (propriétaire des «Echos ») en 2008, la justice a arbitré hier en faveur du site américain de vente aux enchères. Elle a débouté le groupe français de cosmétiques, L’Oréal, qui avait porté plainte pour contrefaçon il y a deux ans et réclamait 3,5 mil lions d’euros de dommages et intérêts. Le tribunal de grande instance de Paris a estimé qu’eBay ne faisait qu’ «aider» les internautes à vendre leur biens, mais qu’il ne contrôlait pas le contenu des offres. A ce titre, il est donc considéré comme un simple hébergeur, et pas un éditeur, responsable de ses contenus, contrairement à ce qu’affirme L’Oréal. Médiation judiciaire «La décision du tribunal est une victoire pour eBay et pour les consommateurs», se félicite Alexander von Schirmeister, directeur général d’eBay France. L’année dernière, l’entreprise américaine a retiré 4,2 millions d’objets jugés illicites de son site, dont la moitié grâce au travail de contrôle effectué par ses services spécia lisés, qui comptent 2.000 personnes et lui coûtent 10 millions de dollars par an. L’autre moitié des objets a été retirée après que les marques lui ont signalé la contrefaçon, précise Alexander von Schirmeister. Pour le tribunal, « la responsabilité d’un hébergeur ne peut être engagée à raison des informations stockées à la demande d’un destinataire deservices s ’iln’avait pas effectivement connaissance de leur caractère illicite ». La justice a estimé qu’eBay avait «rempli son obligation de loyauté» en mettant en œuvre «des moyens impor tants de loyauté de lutte contre la contrefaçon ». Néanmoins,« il estavéré que la prévention de la contrefaçon sur la plate -forme eBay se heurte dans le domaine des parfums et des cosmétiques à des difficultés impor tantes ». Aussi le tribunal pousse-t-il les deux parties à s’engager dans «une collaboration étroite» pour diminuer la contrefaçon. Collaboration sous l’égide de la justice. L’Oréal et eBay devront se prononcer sur la nomination d’un médiateur judiciaire lors d’une nouvelle audience, le 25 mai. Hier, les deux groupes se sont déclarés prêts à jouer le jeu. «Un dialogue et une collaboration continus, plutôt que des poursuites judiciaires sont les seuls moyens d’assurer une lutte efficace contre la contrefaçon », affirme eBay. De son côté, L’Oréal souligne «qu’il accepte très volontiers la médiation judiciaire demandée par le tribunal, afin de définir d’un commun accord les mesures anti-contrefaçon pérennes et efficaces qui sont nécessaires». Mais, hors de France, l’heure n’est pas encore à la collaboration. Au Royaume-Uni et en Espagne, L’Oréal attend toujours les décisions de justice, après les plaintes qu’il a déposées contre eBay. En Belgique, la justice lui a donné tort en 2008. 14 mai 2009 Les Echos LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL 16 Les ventes trimestrielles de L’Oréal en net recul dans le luxe Le chiffre d’affaires trimestriel du numéro un mondial des cosmétiques a reculé de 4,3 % à données compa rables. La division de produits de luxe (Lancôme, Helena Rubinstein...) est la plus touchée, avec des ventes en chute de 17,5 %. Les marques vendues en grande distribution (L’Oréal Paris, Garnier...), elles, résistent. Le recul des ventes de L’Oréal amorcé au dernier trimestre de 2008 se confirme. Le numéro un mondial des cosmétiques a publié hier soir un chiffre d’affaires en baisse de 4,3 % à données comparables (structure et taux de change identique) au premier trimestre, à 4,4 milliards. Il est resté stable en données publiées (+ 0,3 %). Ce sont les produits de luxe, avec des marques comme Lancôme ou Helena Rubinstein, qui ont le plus souffert, avec une chute de 17,5 %. Cette dégradation «est atypique, car le marché mondial du luxe est, lui, en recul de 5 % à 6 %, il n ÿ a donc pas d’effondrement, fait valoir Jean-Paul Agon, le directeur général du groupe. La différence avec notre chiffre d’affaires vient de très forts ajustements de stocks chez les distributeurs, notamment en Europe de l’Ouest après des fêtes de fin d’année décevantes.Lepire est derrière nous ». Le champion tricolore met aussi en avant le fléchissement de 10 % du trafic aérien, qui a pénalisé les ventes aux voyageurs, notamment de parfums, et la forte baisse de la consommation en Russie, avec la fermeture de la moitié des chaînes de parfumerie. Dubaï, un des gros pôles mondiaux du luxe, a stoppé ses commandes. En fait, seuls les produits grand public, avec les marques L’Oréal Paris ou Garnier proposées dans la grande distribution, et l’enseigne Body Shop, résistent, avec de légères hausses. 5 directions stratégiques Par pays, c’est en Europe de l’Ouest que la baisse est la plus forte (− 9,3 %), tandis qu’aux Etats-Unis le recul des ventes est limité à 5 %. L’Asie progresse de 4,8 % et l’Amérique latine de 9,7 %. Pour relancer son acti vité, le patron de L’Oréal a confirmé hier soir 5 grandes directions stratégiques, avec notamment la réduction des coûts, engagée depuis neufmois. La suppression de près d’un millier d’emplois a déjà été annoncée : 3 usines notamment vont fermer en Angleterre, à Monaco et en Espagne. Ce mouvement fait suite à la restructu ration du pôle luxe, dont la production va être regroupée dans le nord de la France. «Certains effets vontse faire sentir dès 2009, d’autres pas avant 2011 », a précisé Jean-Paul Agon. Ce dernier mise aussi sur «l’innovation accessible pour élargir la base de consommateurs, et un investissement soutenu en moyens publipromotion nels» pour garder le cap. Il prévoit une amélioration «graduelle» des performances du groupe sur 2009 et ce dès le prochain trimestre. 7 mai 2009 Les Echos L’Oréal regroupe sa division produits de luxe dans le Nord-Picardie Le numéro un mondial des cosmétiques regroupe sa division produits de luxe en faisant de ses trois unités de production du Nord-Picardie un pôle «d’excellence industrielle et logistique» à vocation internationale. Sept mois après avoir racheté l’entreprise YSL (Yves Saint Laurent) Beauté et son usine de Lassigny, dans l’Oise, le groupe L’Oréal réorganise sa division produits de luxe en créant, dans la Somme et le Nord, un pôle «européen d’excellence industrielle et logistique». Cette décision entraînera, à l’horizon de 2010, le regroupe ment de toutes les productions européennes de cosmétiques —maquillages, parfums et soins corporels — sur les trois usines de Lassigny, de Caudry (Nord) et de Gauchy (Aisne). Ainsi structurée, la division luxe, qui pèse pour 25 % du chiffre d’affaires du groupe (14 milliards d’euros), to talisera plus de 1.700 emplois dans le nord de la France. « Les usines picardes vont aussi bénéficier du transfert des productions de notre usine d’Albesa, qui sera transformée en centre logistique pour l’Espagne. La division luxe ne possédant que deux autres unités, aux Etats-Unis et au Japon, le pôle picard jouera un rôle ex 17 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL trêmement important pour le groupe et aura, bien entendu, une vocation internationale. Notre idée est, qu’à terme, chaque usine ait sa spécialité», explique un porte-parole de L’Oréal. Le groupe adossera à cet ensemble industriel une plate-forme logistique de 40.000 m2. Construit à Roye, à proximité des trois établissements et aux portes des autoroutes A1 et A29, ce centre emploiera, selon les premières estimations,200 personnes d’ici à fin 2010. Transfert d’emplois Très discret sur le montant de l’investissement, le groupe L’Oréal se montre tout aussi prudent sur le nombre des créations d’emplois. La plupart des postes devraient être en effet pourvus grâce au transfert des services lo gistiques existants au sein des usines. «Ces changements feront l’objet de négociations. Dans le contexte actuel, il nous est impossible d’annoncer de nouvelles créations d’emplois. Toutefois, L’Oréal s’est engagé, dans le cadre de ce projet, à ne procéder à aucun licenciement économique en France. De plus, cette centrale va nous permettre d’augmenter notre niveau de service vis-à-vis de nos clients, tout en diminuant nos coûts logistiques et notre em preinte carbone», poursuit le responsable. Afin d’achever la fusion entre YSL Beauté et la division produits de luxe, le groupe L’Oréal réorganisera par ailleurs les sièges des deux entités, basés à Neuilly-sur-Seine et à Levallois-Perret. Les 85 personnes dont les fonc tions sont « en double» se verront proposer un autre poste en région parisienne. 7 avril 2009 Les Echos LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - L’OREAL 18 Marionnaud adopte un plan de crise RESTRUCTURATION - Le numéro un européen de la distribution sélective de parfums et de cosmétiques n’arrive pas à remonter la pente dans l’Hexagone depuis 2005. Confronté à un marché en berne, il vient de décider de réduire de 17 % ses effectifs en France. Un choc. « 704 suppressions de postes, c’est énorme. Nous avons été choqués par ce chiffre », lance Rosaria Altan, déléguée syndicale FO chez Marionnaud. Le 15 juin, la direction française du groupe a annoncé un plan de licenciements touchant 17 % des effectifs français, « pour renouer avec la rentabilité », indique William Koeberlé, directeur général du groupe. Devraient être concernés 659 postes en magasins et 45 sur des fonc tions supports, mais sans fermetures. Le découpage paraît déjà arrêté. « Dans 205 magasins, 1 poste va être supprimé ; dans 97, 2 postes ; et dans 66, 3 postes ou plus », détaille William Koeberlé. Sachant que le groupe met tout en oeuvre pour limiter l’impact sur l’emploi. Le contexte a accéléré les problèmes À ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) s’ajoute une réduction de 20 % des frais généraux. Objectif pour Marionnaud : économiser, pour rénover tous ses magasins et développer la marque propre, dont le gros des produits devrait arriver au second semestre. En effet, depuis le rachat du groupe au bord du dépôt de bilan en 2005, par le milliardaire chinois Li Ka-Shing, via le groupe AS Watson, Marionnaud n’a pas remonté la pente en France. « Nous avons investi 60 millions d’euros dans la logistique, les outils de gestion [...], déployé un nouveau concept de magasins, ce qui a permis de contenir les pertes de l’enseigne sans retrouver, comme nous avons pu le faire à l’international, la rentabilité », souligne le dirigeant. Ces dernières années, l’entreprise a été déficitaire de 25 millions d’euros par an, explique-t-on au sein du groupe. Sur l’exercice 2007-2008, le chiffre d’affaires a plongé de 5,8 %, à 656 millions d’euros, et devrait suivre la même tendance cette année. Ce recul a fait perdre à l’enseigne créée par Marcel Frydman sa place de numéro un en France avec 25,5 % du marché en valeur, au profit de Sephora (26,2 %), mais devant Nocibé (15,6 %) et Douglas (6,7 %). La détérioration n’a pas surpris les syndicats. « Cela fait des mois que nous les alertons sur les dysfonctionne ments de la société, mais ils n’ont pas fait grand-chose », regrette Rosaria Altan. Reste que Marionnaud n’est pas un cas isolé. La parfumerie sélective souffre, avec une baisse des ventes de 2,1 % en valeur et de 5,5 % en volume sur les quatre premiers mois de 2009 (source : NPD). Le chiffre d’affaires du secteur baisse de 0,3 %, à 2,8 milliards d’euros. Associer le personnel « Nous avons tous subi l’impact de la crise. La croissance aurait été plus forte dans un autre contexte », constate le patron d’une enseigne concurrente. Mais, selon lui et certains confrères, la crise n’a fait qu’accé lérer les problèmes de Marionnaud, en partie liés à de mauvaises décisions, notamment dans le management d’équipe. « Dans un univers axé sur le conseil, il faut faire adhérer et motiver son personnel dans l’acte de vente. Historiquement, c’était une vraie force chez Marionnaud », explique-t-il. Un travers qu’ont tenté d’éviter certains rivaux comme Nocibé, qui justifie sa bonne tenue de route (+ 1,7 % des ventes en volume) par un travail de fond sur la formation et la mobilisation des équipes. Des performances que n’affiche pas Passion Beauté, une coopérative de 80 entreprises, dont les résultats suivent le marché, avec une baisse des ventes de 2,5 % à 3 % en 2008 et de 2 % en 2009. Néanmoins, la PME ne compte pas se laisser gagner par le pessimisme et prévoit l’arrivée de 9 magasins cette année (5 adhésions et 4 ouvertures). Alors que les concurrents trouvent des moyens pour résister, Marionnaud saura-t-il rebondir une fois son plan appliqué ? 25 juin 2009 LSA 19 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud MARIONNAUD / RESTRUCTURATION Vaste plan social chez Marionnaud. Le numéro un de la distribution sélective de parfums a annoncé, le 15 juin, la suppression de 704 postes en France, sur un effectif de 4 162 salariés, et une réduction de 20 % des frais généraux. « Le plan de sauvegarde de l’emploi concerne 659 postes en magasins et 45 en fonctions support », indique William Koeberlé (photo), directeur exécutif du groupe. Objectif : renouer avec la croissance et investir pour moderniser le parc (562 unités) en France. Les licenciements devraient être effectifs avant la fin 2009. Le chiffre d’affaires du groupe, au bord du dépôt de bilan en 2005, baisse de 5,8 % par an depuis 2007. 18 juin 2009 LSA Marionnaud : plus de 700 postes supprimés en France L’enseigne a enregistré une perte de l’ordre de 25 millions d’euros en 2008. En France une cinquantaine de suppressions de postes sont attendues au siège et 659 autres dans les magasins. Aucune fermeture de boutiques n’est prévue. Alors qu’il y a quelques jours encore, la cour d’appel de Paris condamnait les anciens dirigeants de l’enseigne, Marcel Frydnnan et son fils Gérald Frydman, directeur général délégué de l’entreprise, à indemniser solidai rement les actionnaires individuels, adhérents de l’Association des petits porteurs actifs (Appac), pour avoir truqué les comptes, la chaîne de parfumerie est de nouveau sur le devant de la scène. La direction de Marionnaud France a présenté la suppression de 704 postes en France - sur près de 3.000 -, dont 45 au siège et 659 autres dans 370 des 500 magasins du parc français, selon des sources syndicales. A la surprise des salariés, aucune fermeture ne serait envisagée. «Des fermetures de magasins non rentables auraient été reçues positivement, si cela avait servi à renforcer le service dans d’autres, dans lesquels nous manquons cruellement de conseillères» commente une responsable, en soulignant que les conseillères de beauté seront les principales victimes de la réorganisation, les postes les moins qualifiés comme les manuten tionnaires ayant déjà été réduits après le rachat, en 2005, par le groupe chinois A.S. VVatson. Le plan social a été présenté ce matin, aux syndicats lors d’une réunion informelle, tandis qu’un comité d’entreprise est prévu lundi prochain, a fait savoir la CGT. «Depuis son rachat par le milliardaire chinois Li Ka-Shing par le biais de A.S Watson en 2005, l’enseigne Marionnaud ne cesse de licencier son personnel’, commente le syndicat dans un communiqué. Il y a dix jours, la nouvelle de la venue du «patron chinois» à Paris avait attisé les spéculations sur une pro bable annonce de plan social... On a aujourd’hui appris que l’exercice 2008 s’était soldé par une perte de l’ordre de 25 millions d’euros, comme, d’ailleurs, les exercices 2007 et 2006. Mais la situation s’est dégradée. Une réunion des directrices de magasin est prévue demain mardi à 9 heures 30 au siège social parisien de l’entreprise. 15 juin 2009 Les Echos LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud 20 «Nous ne fermerons aucune parfumerie en France» Marionnaud France envisage la suppression de 700 postes, soit 17% de ses effectifs. La chaîne de parfumeries veut renouer avec la rentabilité. Le point avec le directeur général du groupe. Marionnaud France en Chiffres Chiffre d’affaires HT 2oo8 Part de marché à fin mai 2oo9 Pertes annuelles Nombre de salariés Projet de suppression de postes Nombre de parfumeries : 656 millions d’euros (-5,8%) : 25,7% (source :NPD BeautyTrends) : 25 millions d’euros, soit 75 millions d’euros en trois ans : 4162 au 3o avril 2oo9 : 659 dans le réseau (368 magasins sur 562), 45 au siège social : 562 Quels seront les postes touchés par ce plan de suppression? Nous prévoyons de supprimer 45 emplois au siège et 659 dans les deux tiers du réseau. Plus précisément, un poste dans 205 points de vente, deux dans 97 magasins et trois postes, voire plus, dans 66. Des mesures d’accompagnement seront proposées. Nous allons discuter avec les partenaires sociaux au cas par cas. Les filiales européennes feront-elles aussi l’objet d’un plan social? Non, il ne s’agit pas d’un plan européen. Le travail d’adaptation des réseaux aux réalités du marché a com mencé bien avant. En Suisse et en Autriche, où nous sommes leaders, nous sommes moins affectés par la crise. En Espagne, pays frappé de plein fouet, nous travaillons à la redynamisation des magasins. Pourquoi ce plan social en France? Nous voulons retrouver de la rentabilité. Quand AS Watson a racheté Marionnaud en 2005, l’entreprise était au bord du dépôt de bilan. Les fournisseurs étaient assez contents qu’un repreneur couvre l’ensemble des dettes. Les actionnaires nous ont par ailleurs suivis en investissant 60 millions d’euros, notamment dans la logistique, l’informatique, un nouveau concept de magasin et d’institut. Cette année, 12 millions d’euros seront consacrés à la rénovation du parc. La moitié a été complètement réaménagée ou a adopté les codes identitaires du nouveau concept. 80% du réseau sera remodelé fin 2009. Je tiens à rappeler que nous ne fer merons aucune de nos 562 parfumeries. Pourtant, dans une même rue, il peut y avoir deux ou trois magasins Marionnaud... Quand ces deux ou trois points de vente voisins sont rentables, vous ne pouvez pas les fermer. En revanche, nous allons travailler sur l’offre. Il y aura un corps de références commun à toutes les parfumeries et une partie davantage ciblée sur un type de clientèle. Nous travaillons à la définition de cette offre à partir des informations foumies par nos 8 millions de cartes de fidélité. Nous comptons aussi accélérer le dévelop pement des marques propres en nous appuyant sur ce que fait déjà le groupe AS Watson. La marque Sen (produits s’inspirant de la médecine chinoise) en est un exemple. Et prochaine-ment, nous lancerons une gamme d’accessoires. Nous devons nous adapter aux besoins de la clientèle. Besoins auxquels, aujourd’hui, les marques de parfumerie sélective ne répondent pas forcément. Cela fait vingt-cinq ans que nous avons instauré cette proximité avec les clients. Il est essentiel de ne pas la perdre. Elle passe également par des services, notam ment en institut. Nous sommes le premier institut en France avec 729 cabines. Le service passe, entre autres, par la disponibilité des produits. Comment comptez‑vous diminuer les ruptures de stocks? Certains points de vente sont survendeurs d’une marque, d’autres sous-vendeurs de la même marque. C’est un para-mètre que nous n’avions pas pris en compte. Désormais, il le sera puisque nous avons déterminé l’assortiment par magasin. Nous devons aussi travailler en détail la formation et la communication, y com pris en interne. Il est important de communiquer en toute transparence. Cette entreprise avait un lea 21 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud der charismatique. Il y a eu un temps de réorganisation durant lequel il a fallu prendre des décisions de rationa lisation logistique et de l’offre. Aujourd’hui, nous devons écouter, associer les collaborateurs dans le réseau. • juillet-août 2009 cosmétiquemag Les MDD passent au vert L’offre bio en cosmétique est devenue incontournable. Aux côtés des marques, les distributeurs développent leur offre propre. BIO PAR MARIONNAUD La marque enseigne a collaboré avec le laboratoire français Phyt’s, expert en formulation et fabrication de cosmétiques bio, pour lancer sa propre gamme Bio par Marionnaud, certifiée Ecocert et Cosmebio. La ligne de dix produits se compose de soins nettoyants, hydratants, d’un exfoliant et d’un masque, que com-plètent des formats voyage. Les produits sont formulés sur la base de deux actifs naturels : l’huile vierge de prune pour ses propriétés anti-oxydantes et l’acérola, riche en vitamine C. La démocratisation du bio en parfumerie. • C. N. De 5,90 à 28,90 C. En juillet chez Marionnaud juillet-août 2008 cosmétiquemag Marionnaud taille dans son effectif pour limiter les pertes La chaîne de parfumerie a annoncé hier la suppression de 704 emplois en France. Aucune fermeture de magasin n’est prévue. Le milliardaire chinois, qui a acheté l’entreprise il y a quatre ans, n’est toujours pas parvenu à la redresser. La crise contraint un Marionnaud déjà en difficulté à une lourde restructuration. L’enseigne de parfumerie a indiqué hier aux syndicats son intention de supprimer 704 emplois en France sur environ 4.200, dont 45 au siège et les autres dans ses points de vente. Mais «aucune fermeture parmi les 562 magasins français n’est prévue», a indiqué hier la direction. «Dans le contexte économique difficile, les acteurs de la distribution doivent plus que jamais s’adapter. Ce plan de redéploiement refète notre détermination à maintenir notre leadership. Conserver l’ensemble de notre parc de magasins nous permet de nous assurer des leviers de croissance nécessaires pour la reprise », affirme William Koeberlé, le directeur général du groupe Marionnaud depuis un an. Plan de réduction des coûts En février déjà, l’enseigne avait annoncé la fermeture à la fn juin du magasin parisien de produits détaxés Paris Look, boulevard Haussmann,qui emploie 125 salariés. En cause, la baisse de la fréquentation de la clientèle étrangère à Paris depuis deux ans, et les répercussions de la crise économique. Au-delà de ces conséquences conjoncturelles, la CGT indique que, «depuis son rachat par le milliardaire chinois Li Ka-shing, Marionnaud n’a cessé de licencier son personnel », qui serait passé de 6.000 à quelque 4.200 salariés. L’Unsa, de son côté, pointe « une politique commerciale faite de tâtonnements liée à une succession de dirigeants remerciés tous les ans, avec des cadres à des postes stratégiques non issus du monde de la parfumerie sélective». De fait, depuis l’acquisition de l’enseigne de parfumerie alors au bord de la faillite, le groupe chinois A.S. Watson, propriété de Li Ka-shing, n’est jamais parvenu à redresser l’entreprise. Elle est restée dans le rouge ces trois dernières années, «avec des pertes annuelles de l’ordre de 25 millions d’euros, malgré une légère amélioration en 2008 », selon la direction. Situation d’autant plus désagréable pour le nouvel actionnaire qu’il avait acheté l’affaire au prix fort —quelque 900 millions d’euros —,juste avant que n’éclate le scandale sur le trucage des comptes par son fondateur, Marcel Frydman. A.S. Watson a tenté de rétablir la situation d’abord en remettant à plat sa logistique, ce qui s’est traduit par la fermeture de 25 plates-formes, avant de s’attaquer à la remise à plat du système informatique et au lance ment d’un nouveau concept de magasin. «Nous avons investi 60 millions d’euros, ce qui a permis de LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud 22 contenir les pertes de l’enseigne, sans pour autant retrouver la rentabilité, ce que nous avons pu faire plus rapidement à l’international», reprend William Koeberlé. Au vu de la dégradation du marché de la beauté, en recul de 2,1 % en valeur à fin avril (source NPD), l’enseigne a décidé de lancer un plan de réduction des coûts, avec, en plus du volet social, une réduction de 20 %des frais généraux. La direction va toutefois maintenir les 12 millions prévus en 2009 pour rénover ses magasins et ses instituts de beauté. Une réunion du comité d’entreprise devrait se tenir lundi prochain. 16 juin 2009 les echos Deux nouveaux CENTRES COMMERCIAUX dans la capitale alsacienne Jamais le paysage commercial n’aura autant changé en trente ans à Strasbourg», déclare Pierre Bardet, direc teur de l’Association des commerçants des vitrines de Strasbourg. Deux nouveaux centres commerciaux ou vrent leurs portes, l’un en septembre et l’autre octobre : l’Aubette, place Kléber, en centre-ville, et Rivétoile, place de l’Étoile, à l’est de l’agglomé-ration. Ce dernier devrait renforcer l’attractivité de Strasbourg auprès de la clientèle allemande, la plus proche. Par ailleurs, la ligne de tramway directe entre les deux centres insufflera une nouvelle dynamique au cœur de la ville. «Certes, cette nouvelle concurrence est redoutée, mais nous allons opter pour une synergie par le biais de campagnes publicitaires communes avec Rivétoile», poursuit Pierre Bardet. «Je suis davantage inquiète par l’ouverture de Marionnaud dans l’Aubette (lire encadré ci-dessous), indique Laurence Brenet, responsable de la parfumerie Nocibé située dans la galerie marchande Place des Halles. Parmi les concurrents, Sephora sera certes présent à Rivétoile, comme c’est déjà le cas aux Halles, mais nous ne partageons pas la même clientèle.» Ce qui n’est pas le cas avec Marionnaud. • 15 juin 2009 Les Echos MARIONNAUD DANS LE CENTRE L’AUBETTE L’enseigne ouvre début septembre un magasin de 430 m2 (avec une cabine) dans ce nouveau centre com mercial. Elle compte déjà trois points de vente dans le centre de Strasbourg mais l’un d’eux, situé rue du 22 Novembre, sera fermé. En s’installant dans l’Aubette, Marionnaud va se frotter à la forte concurrence du quartier car Sephora, Nocibé, le Galeries Lafayette, Le Printemps et The Body Shop y sont déjà installé 15 juin 2009 Les Echos Les anciens dirigeants de Marionnaud condamnés à une indemnisation majorée La cour d’appel de Paris vient de condamner les anciens dirigeants de l’enseigne de parfumerie Marionnaud, Marcel Frydman et et Gérard Frydman, à indemniser solidairement les actionnaires individuels, adhérents de l’Association des petits porteurs actifs (Appac), à concurrence de 7 euros par action, majoré d’une indemnité fixe de 250 euros par actionnaire. Elle a ainsi alourdi de 7 euros l’indemnisation initiale qui avait été accordée par le Tribunal correctionnel de Paris. Selon le président de l’Appac, Didier Cornardeau « la réparation du préjudice est estimée à 60 % de la perte subie ». 11 juin 2009 Les Echos Marionnaud peine toujours à se relancer Le leader français et européen de la parfumerie sélective, qui accuse une nouvelle perte de part de marché en 2008, déploie moins rapidement que prévu son concept de magasins. Améliorer sa rentabilité est une de ses priorités pour 2009. Si Marionnaud continue de perdre du terrain comme il le fait depuis quatre ans, il pourrait abandonner sous peu sa place de leader... En 2008, la chaîne de parfumerie sélective a encore cédé du terrain en France, où elle réalise près de 70 % de son chiffre d’affaires, au profit de ses principaux poursuivants, Sephora 23 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud et Nocibé. L’enseigne rachetée par AS Watson en 2005 recule en effet de 1,6 point à 26,1 % de parts de mar ché, selon des chiffres du panel NPD fournis par des distributeurs. Sephora, qui progresse de 1,5 point à 23,9 %, n’est plus distancée que de 2 petits pour-cent, contre 8 quatre ans plus tôt. Un effet «parc» défavorable? Pendant ce temps, Nocibé conforte sa place de troisième avec 15,9 % des ventes (voir courbe ci‑dessous). Pour Marionnaud, qui voit son chiffre d’affaires en France reculer de 5,8 % à 784,5 mil-lions d’euros et ses volumes plonger de 11,4 %, selon NPD, c’est une nouvelle perte inquiétante de chiffre d’affaires de 45,8 mil lions d’euros par rapport à 2007, sur un marché lui-même en retrait de respectivement 0,3 % en valeur et 4 % en volume. « Nous perdons des clients à cause d’un effet «parc» qui joue à double titre contre nous, tempère William Koeberlé, PDG du groupe Marionnaud, qui accordé sa première interview exclusive à LSA. D’une part, nous avons fermé un point de vente en 2008 et réalisé des travaux qui ont nécessité des fermetures tem poraires pendant plusieurs semaines dans une trentaine d’unités. D’autre part, Sephora et Nocibé ont ouvert respectivement 17 et 22 unités supplémentaires». L’explication ne convainc qu’à moitié les concurrents. Selon eux, la croissance des parcs rivaux (de 7,8 % en nombre de points de vente pour Sephora, et de 6,1 % pour Nocibé), ne porte pas intégralement la progression de leurs ventes. « Les magasins ouverts aujourd’hui sont de plus petite taille que ceux existant déjà dans ces deux enseignes», révèle l’un d’eux. En fait, la contre-perfor mance de Marionnaud s’explique aussi par une fin d’année catastrophique. Un échec induit par une politique promotionnelle agressive, qui a consisté à offrir des réductions de prix de 20 %, y compris sur les coffrets, pendant les-trois dernières semaines de l’année. Résultats, sur le seul mois de décembre qui représente 19,4 % des ventes annuelles de l’enseigne, Marionnaud a perdu la bagatelle de près de 17 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec des ventes en retrait de 10 % en valeur et de 15 % en volume par rapport à décembre 2007. «Quand vous proposez une réduction de 20 %, il faut engranger 25 % de chiffre d’affaires en plus pour égaler le chiffre d’affaires, et 50 % de chiffre d’affaires en plus pour réaliser la même marge», rappelle un concurrent. Des investissements plus mesurés Le reste de la profession, qui a surtout concentré ses efforts promotionnels sur la première semaine de dé cembre, s’en est mieux tiré: Sephora affiche une croissance de 3,8 % en valeur et de 1,3 % en volume, et Nocibé de 2,9 % en valeur et de 1,6 % en volume. « Le matraquage de pro-motions avant les fêtes de fin d’année, c’est de la destruction de valeur, explique, perplexe, ce même concurrent. À cette époque, la parfu merie devient un commerce de destination. Pas besoin de faire des promotions. La stratégie promotionnelle de Marionnaud était d’autant plus étonnante que l’enseigne a déjà pu expérimenter les années précédentes que les promotions réalisées trop près des fêtes ne fonctionnent pas.» L’entreprise cherchait-elle à récupérer de la trésorerie à tout prix? La maison mère, AS Watson, se lasseraitelle de réinjecter de l’argent dans l’entreprise depuis son rachat? Peut-être. Toujours est-il qu’après quatre années de lourds efforts financiers engagés pour rénover l’enseigne, pendant les-quelles le back-office a été entièrement repensé (nouveau logiciel ERP, fermetures d’entrepôts, externalisation de la logistique, nouveaux systèmes d’encaissement, constitution d’une base de don-nées clients unique, etc.), les investissements sem blent aujourd’hui plus mesurés. Ainsi, la rénovation du parc de magasins a pris du retard, avec seule-ment 30 unités refondues totale-ment, et ne sera finalement pas complète. Pourtant, le nouveau concept avait été an noncé com-me le grand élément fédérateur de la relance de l’enseigne. Mais à l’arrivée, la majorité des points de vente ne seront que très partiellement modernisés avec un objectif de seulement 15 %, de magasins entière ment rénovés d’ici à la fin 2009, et de la moitié du parc partiellement revisité. Les concurrents sont perplexes: • «Quand un nouveau concept n’est pas déployé, cela peut s’expliquer de deux manières. Soit l’entreprise ne parvient pas à financer les travaux, soit le concept ne fonctionne pas. Soit c’est pour les deux raisons à la fois». À moins que cette décision, compte tenu de la conjoncture difficile, ne s’intègre au plan de réduction de coûts mené par William Koeberlé, qui vise à accroître la rentabilité de l’enseigne. En 2008, Marionnaud a procédé à une trentaine de fermetures-réouvertures de points de vente sur des sites différents, réduit son budget publi citaire et ses dépenses promotionnelles. Tout pour la rentabilité L’accord sur le temps de travail a aussi été revu afin d’accroître la productivité des salariés et de mieux répondre à la réalité du commerce. Les conseillères, qui travaillaient 33 heures payées 35 sur une base LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud 24 de 4 jours par semai-ne, peuvent garder cette option ou passer à 35 heures sur 5 jours moyennant une hausse de salaire de 6 %., le plancher étant fixé à 110 €. Les nouvelles conseillères embauchées travaillent, elles, d’office 35 heures sur 5 jours. Les cadres, qui bénéficiaient de 35 jours de RTT par an, passent à un forfait annuel de 216 jours travaillés (soit 12 jours de RTT), moyennant une hausse de salaire d’un minimum de 10 %, ce qui représente au moins 350 € d’augmentation. Enfin, dernière mesure pour étaler la perte de chiffre d’affaires: un gel des embauches, qui conduit à une baisse significative des effectifs. « Ce ne sont pas des licenciements «secs», mais quand les salariés partent, ils ne sont pas remplacés. Et sur une population majoritairement fé minine, les congés maternité ou parentaux sont fréquents», révèle un délégué du personnel de Marionnaud. Reste à savoir si toutes ces mesures centrées sur la rentabilité aux dépens du développement permettront à l’enseigne d’accroître suffisamment sa rentabilité pour repartir, au bon moment, à l’assaut des marchés. Aussi bien en France qu’a l’international, où le groupe Marionnaud n’ouvre quasiment plus de nouveaux points de vente depuis quatre ans. «Nous sommes rentables en France et à l’international. Mais nous ne sommes toujours pas en autofinance-ment, compte tenu des lourds investissements nécessaires à la remise sur pied de l’enseigne», conclut William Koeberlé. Du bon équilibre entre rentabilité et croissance. Entretien avec William Koeberlé - PDG de Marionnaud Son ascension dans le groupe AS Watson est fulgurante. En 2005, juste après le rachat de Marionnaud, la filiale de distribution du conglomérat hongkongais propose à William Koeberlé de diriger Marionnaud en Suisse et en Autriche, et de gérer les joint-ventures dans lesquelles l’enseigne de parfumerie sélective est impliquée en Europe centrale. Il est alors directeur général de Promocash en France, et c’est l’occasion pour ce Français né en Allemagne de travailler à l’étranger pour un groupe réputé pour son parti pris international. Dès 2006, AS Watson lui confie en plus la direction de Marionnaud en Espagne et en Italie. En janvier 2008, il devient PDG du groupe Marionnaud, ajoutant à son périmètre la France, où l’enseigne réalise près de 70 % de son chiffre d’affaires (d’après les estimations NPD). Dernièrement, AS Watson lui a renouvelé sa confiance. À 51 ans, ce spécialiste de la distribution - qui a commencé sa carrière chez Cora comme contrôleur de gestion puis directeur de département, avant de rejoindre Mammouth en tant que directeur d’hypermarché, et Metro Cash & Carry comme directeur commercial - dirige désormais, en plus de Marionnaud, Drogas, DC et Spektr, trois chaînes de drugstores du groupe situées en Europe centrale. «La part de marché rentable est la plus importante» LSA-Marionnaud continue de perdre de la part de marché en France en 2008. Comment l’expliquez-vous? William Koeberie- Si on raisonne à périmètre non comparable, nous perdons effectivement de la part de mar ché. Cela s’explique par un effet « parc», qui joue doublement contre nous. En 2008, Marionnaud a fermé un point de vente et réalisé des travaux qui ont nécessité des fermetures temporaires pendant plusieurs semaines dans une trentaine d’unités. Et nos principaux concurrents, Sephora et Nocibé, ont ouvert quant à eux près d’une vingtaine de magasins chacun. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas dans une course à la part de marché. La taille de notre parc ne devrait d’ailleurs pas beaucoup évoluer en 2009. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est d’améliorer la rentabilité de chacun de mes magasins, et de faire progresser leur chiffre d’affaires en ne per dant plus de clients, en en recrutant de nouveaux. La part de marché doit être étudiée à périmètre comparable. Or, les chiffres donnés par le panéliste ne le sont pas. La part de marché est importante, mais la part de marché rentable l’est encore plus. LSA- Est-ce le cas? La rentabilité du groupe progresse-t-elle? Tout à fait. Depuis 2005, AS Watson injecte chaque année de l’argent dans Marionnaud, mais sa rentabilité progresse. Elle est en ligne avec les objectifs fixés par la maison mère. Et ce, grâce à tous les chantiers que nous avons menés, et qui sont maintenant terminés, comme la rationalisation de la logistique dans chacun des pays, la mise en place d’un ERP, la réduction des stocks. L’exploitation d’une base de données clients com mune au groupe nous permet une communication plus ciblée et donc moins chère. En France, nous avons aussi procédé à une trentaine de fermetures-réouvertures de points de vente sur des sites différents en deux ans. Et en 2008, nous avons aussi réalisé moins de promotions. Et avons aussi diminué notre budget médias. Enfin, notre rentabilité progresse grâce au déploiement de notre nouveau concept de point de vente. 25 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud LSA- justement, ce chantier a pris du retard par rapport à vos objectifs de départ. W.K.- Compte tenu de la conjoncture économique difficile, nous avons finalement choisi de ne rénover com plète-ment que les magasins à haut potentiel. Une vingtaine de points de vente ont été entière-ment refaits en 2007, et une trentaine en 2008. À côté de cela, nous avons partiellement modernisé une centaine de points de vente. Ces derniers n’intègrent que les éléments de «reconnaissance», du nouveau concept, comme les vitrines pour les magasins de centre-ville, les tables supportant les nouveautés à l’entrée du magasins, etc. Ce plan de rénovation continuera en 2009. Nous voulons revisiter 200 points de vente en France et 40 à l’international. De 20 à 40 unités le seront entièrement. Fin 2009, ce seront près de 45 % du réseau. Chaque réfec tion s’ac-compagne de formations sur le nouveau concept pour le personnel, et d’un travail approfondi sur la base de données clients du magasin. Nous avons encore besoin de deux ans pour remettre le parc à niveau. Parallèlement à ce travail sur le point de vente, nous entamons la rénovation de nos 740 cabines de soins. Le concept est prêt. Comme les points de vente, certains instituts de beauté bénéficieront d’une refonte totale, d’autres d’une refonte partielle, en fonction de leur potentiel. LSA-Comment se porte l’enseigne à l’international? Comptez-vous y ouvrir de nouveaux points de vente? W. K. - Mon concurrent à l’échelle internationale, c’est Douglas. Et si on considère les seuls marchés de la parfumerie sélective, Marionnaud est leader. Nous gagnons des parts de marché en Suisse et en Autriche. L’enseigne maintient ses positions en Italie, au Portugal et dans les pays de l’Est, à l’exception de la Pologne et de la Hongrie où elle régresse. A priori, nous n’ouvrirons pas de nouveaux points de vente en Autriche et en Suisse. Nous comptons nous développer en Espagne et en Italie, mais pour l’instant, nos projets sont en sommeil compte tenu de la difficultés de ces marchés. L’Asie, où Marionnaud compte deux points de vente, n’est pas pour l’instant un axe de développe-ment stratégique pour renseigne. En revanche, nous poursuivons notre expansion en Europe de l’Est et en Europe Centrale, même si ce n’est pas à grande vitesse. 12 mars 2009 - LSA Marionnaud : fermeture d’un magasin de produits détaxés Le magasin parisien de produits détaxés (duty free) Paris Look, boulevard Haussmann, propriété du groupe Marionnaud, doit fermer d’ici à fin juin en raison de la baisse de ses ventes, ce qui va entraîner la suppression de 125 postes. « L’enseigne souffre de la baisse de fréquentation de la clientèle étrangère à Paris depuis deux ans », selon la direction, et « les répercussions de la crise économique mondiale laissent présager des ventes encore en recul ». La CFDT estime que le plan social, annoncé le 30 janvier dernier, « aurait pu être évité si le groupe s’en était donné les moyens ». Fort de 559 parfumeries et 271 instituts de beauté en France, le groupe Marionnaud appartient depuis 2005 au chinois AS VVatson. 26 février 2009 Les Echos LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Marionnaud 26 Nocibé primé pour sa relation avec les clients L’enseigne a remporté le premier prix de la relation client 2009 dans le secteur de la distribution spécialisée et le troisième prix tous secteurs confondus. C’est la première fois en six éditions qu’une enseigne de parfumerie gagne ce prix, décerné à la suite d’une enquête TNS Sofres/BearingPoint auprès de 400o clients de plus de 100 entreprises de onze secteurs d’activité (assurance, automobile, banque...). Nocibé (200o conseillères de beauté et 455 points de vente) compte mettre en avant cette récompense dans ses campagnes de communication dès juillet. JUILLET-AOÛT 2009 COSMÉTIQUEMAG Le monde onirique de Nocibé La nouvelle communication Nocibé, signée Australie Noodle, est en place dans toutes les parfumeries de la chaîne (franchisés compris) depuis le 20 août et jusqu’au 16 septembre. Après la campagne de la rentrée sur le thème des soins, d’autres suivront, réalisées sur le même modèle : le visuel d’une femme se projetant dans un monde onirique. La signature Nocibé et l’adresse du site figurent dans un rectangle de couleur rose dégradé. En dessous, le claim : «Imaginez toutes les beautés», et au-dessus, l’accroche commerciale du mo ment. «Cette plate-forme de communication est le premier maillon du repositionnement de l’enseigne, indique Laure Browne, directrice de l’offre et du marketing de Nocibé. Notre taux de notoriété est très éloigné de celui des deux leaders du marché, pour deux raisons. Premièrement, nous ne sommes pas une enseigne parisienne. Deuxièmement, compte tenu de nos messages et de la largesse de notre offre, qui couvre tous les territoires de prix, nous sommes assimilés à une enseigne promotionnelle.» Prochain challenge : traduire ce repositionne ment dans le nouveau concept de parfume-rie, prévu début 2009. • septembre 2008 cosmétiquemag Nocibé développe son offre de bio L’enseigne référence quatre marques bio et les met en valeur dans ses points de vente. Les cosmétiques bio sortent de leur ghetto pour entrer dans les parfumeries. Après Sephora et Douglas, Nocibé passe au vert mais de _manière plus drastique que ses concurrents. Les quatre marques qui sont référencées dans 63 de ses plus grandes parfumeries sont donc toutes labellisées Cosmebio. A contrario, Novex pert, nou velle marque naturelle commercialisée par l’enseigne, n’entre pas dans ce cadre. «Nous avons fait ce choix pour montrer que nous respectons une éthique et parce que ce label a une vocation pédagogique. Par ailleurs, pour mieux faire passer le message, nous leur consacrons une descente spécifique, un linéaire balisé. Il faut que cela se voie pour enregistrer un résultat», explique Xavier Dura, président de Nocibé. Celui-ci insiste sur la complémentarité de ces lignes, choisies dans une offre pléthorique. Sanoflore apporte la crédibilité d’une grande marque ; le positionnement de Phyt’s s’inspire de l’institut ; Natescience est portée par l’huile d’argan ; enfin Thémis, dont le masque au chocolat plaît autant aux conseillères qu’aux consomma trices, apporte sa note gourmande et confirme le souci de Nocibé de donner une touche glamour à une beauté bio qui en est souvent dépourvue. Dans les parapharmacies du groupe, où l’approche est différente, on trouve notamment la nouvelle ligne de Nuxe... Reste à savoir à quel rythme ce nouveau marché va se développer, s’il sera un facteur de dynamisation ou si le bio restera une niche ? Enfin, tous les circuits de distribution, les grands de la VPC compris, arrivant sur ce créneau, qui va gagner cette bataille ? • 3 questions à pierre-emmanuel angeloglou, directeur général de lascad La filiale de L’Oréal arrive sur le segment du bio en GMS avec une nouvelle gamme de gels douche sous la marque Ushuaïa. 27 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Nocibé Quelles sont vos prétentions sur ce marché ? Le bio constitue d’abord une formidable opportunité de développement de la catégorie, car il y a une vraie demande des consommateurs mais très peu d’offre en GMS. Il est tout à fait cohérent pour Ushuaia de revêtir une dimension bio, du fait de son engagement historique vis-à-vis de la nature. Notre souhait est de viser, d’ici à un an, les 4% de part de marché en valeur. Quelles sont les containtes ? Nous avons souhaité répondre au cahier des charges très strict d’Ecocert et de Cosmebio, qui sont les références pour la cosmétique bio en France. Nos douches contiennent 99,5% d’ingrédients d’origine naturelle et 95% des matières premières végétales sont bio. Par ailleurs, l’approvisionnement des matières premières bio est difficile et implique de s’engager sur le long terme avec les producteurs. Enfin, notre priorité a été de ne pas faire de concession sur le plaisir, qui est intrinsèque à la marque Ushuaia, ce qui a nécessité un gros travail sur les textures et les parfums. Ne craignez-vous pas une cannibalisation des ventes ? Non. D’abord, parce qu’il s’agit d’une véritable innova-tion, susceptible de redynamiser un marché en dé croissance cette année. Ensuite, parce que la gamme est très complé-mentaire de notre offre existante. Ushuaia Bio peut vraiment recruter de nouveaux consommateurs en grande distribution et créer de la valeur sur le marché des douches. • JUILLET-AOÛT 2008 COSMÉTIQUEMAG Nocibé veut mettre de l’ordre dans son réseau de boutiques Nocibé est en train de donner un peu plus d’homogénéité à son réseau de boutiques, qui ne cesse de croître. L’entreprise, qui appartient depuis 2005 au fonds d’investissement britannique Charterhouse Capital Partners, est la troisième chaîne de parfumerie sélective en France par son chiffre d’affaires, derrière Sephora et Marionnaud. Ses ventes ont grimpé l’an dernier de 10 %, à 572 millions d’euros, et sa part de marché a pro gressé de 0,6 point, à 16,5 %. Mais en nombre de magasins, elle se situe au deuxième rang, avec 423 points de vente (98 d’entre eux sont en franchise), dont 33 ouverts ou acquis en 2007. Or ce parc, issu d’achats de chaînes telles que Process Blue ou Euro Santé Beauté mais aussi de petits dé taillants indépendants arrivant à l’âge de la retraite, se révèle assez disparate. En septembre 2006, Nocibé s’est d’abord donné une nouvelle identité avec la signature « Imaginez toutes les beautés », pour « redonner de la cohérence à l’image de l’enseigne », explique son président Xavier Dura. A présent, la société élabore avec l’agence Carré Noir un nouveau concept, en test sur une quinzaine de sites. « Il amène déjà pour certains une progression à deux chiffres des ventes, souligne Xavier Dura. Nous le finaliserons au deuxième semestre pour le déployer ensuite sur 40 à 60 magasins par an. » Parallèlement, Nocibé continue à élargir son réseau _ 30 nouveaux magasins sont programmés cette année, dont 10 en franchise _ et à le transformer en agrandissant les pas-de-porte. Il s’agit de passer de 180 m2 à 200 m2 en moyenne. La chaîne est par ailleurs en train de recruter une nouvelle agence de communication et compte augmenter ce budget de 30 % en 2008. Objectif : « être encore plus visible, notamment sur les nouveaux médias, et avoir une cohérence entre les magasins et le site Internet marchand », lancé il y a un an. Gammes en marque propre Nocibé compte également développer son offre avec de nouvelles gammes notamment en marque propre. L’entreprise lancera ainsi au printemps une gamme de produits de soins bio. Des prestations de soins (institut de beauté) avec un des grands leaders de la cosmétique sont aussi en projet. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Nocibé 28 Pour tous ces chantiers, la société a prévu d’investir 25 millions d’euros cette année. Enfin, elle a entamé en 2007 la remise à plat de toute son informatique, un plan qui s’achèvera en 2009 avec le remplacement de tous les terminaux en magasin. La rentabilité n’est pas dévoilée, Xavier Dura évoquant seulement une marge brute d’exploitation supérieure à 10 %. Un plan à trois ans prévoit une croissance de 20 % du chiffre d’affaires et une centaine de magasins supplé mentaires, dont 30 % en franchise, « pour encore mieux mailler le territoire », précise Xavier Dura. Celui-ci ne cache pas avoir déjà « regardé » des possibilités de développement hors de France, notamment en Europe du Sud. Mais « tien ne correspondait à un développement cohérent ». 30 Janvier 2009 Les Echos 29 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Nocibé Procter & Gamble peine à enrayer la chute de ses ventes Procter & Gamble mise depuis des années sur des marques fortes vendues à des prix élevés. Ses tarifs ont encore augmenté ces derniers mois. Mais avec la crise, les consommateurs se détournent de ses produits. Le groupe maintient cependant des marges très confortables. Robert McDonald aurait sûrement rêvé d’arriver aux manettes dans des circonstances moins troublées. Ce « pur proctérien » est devenu numéro un opérationnel du géant américain il y a un mois, alors que le groupe affronte actuellement « l’un des environnements les plus difficiles qu’on ait vu depuis plusieurs décennies», selon les termes de son prédécesseur, Alan George Lafley, qui préside toujours le conseil d’administration. Les chiffres publiés hier le montrent: Procter & Gamble reste une machine bien huilée, qui dégage toujours d’énormes bénéfices. Mais elle n’est pas immunisée contre la crise, et peine à enrayer la chute de plus en plus forte de ses ventes. Wall Street a d’ailleurs accusé le coup. L’action a perdu jusqu’à 4 % hier en séance. L’actuelle récession mondiale met à l’épreuve le modèle économique du groupe de Cincinnati, dans l’Ohio. Depuis des années, Procter & Gamble mise sur des marques fortes vendues à des prix élevés. Ses couches Pampers, par exemple, sont parmi les plus chères du marché. Un coût justifié par la douceur du pro duit, les barrières anti-fuite et autres innovations technologiques. Ces derniers mois, tablant sur la fidélité de ses clients, la multinationale a encore relevé ses prix. En particulier hors des Etats-Unis, afin de compenser les effets de la baisse du dollar. La hausse a atteint en moyenne 5 %, mais elle a été beaucoup plus forte dans les produits pour animaux domestiques, qui ont augmenté de plus de 10 %, et les rasoirs. L’impact des hausses de prix Le problème, c’est que ces hausses à répétition finissent par avoir un impact sur les volumes vendus. Surtout en période de crise. Une partie des consommateurs se détournent des produits les plus chers. Par exemple en utilisant des produits Pampers seulement la nuit, et en prenant des marques de distributeur dans la journée, quand les couches sont changées plus souvent et peuvent donc être un peu moins absorbantes. Au cours du dernier trimestre, les ventes de produits pour animaux domestiques ont également chuté de 15 % en volume, et celles de rasoirs et autres articles pour la toilette de 7 %. La marque Braun, héritée de l’acquisition de Gillette, avait déjà du mal à se vendre avant la crise. Aujourd’hui, elle est devenue vraiment trop chère. Les parfums ont également connu une « année lamentable», au dire même de la direction. Au total, compte tenu des effets monétaires très défavorables, le chiffre d’affaires du groupe a ainsi baissé de 3 % lors de l’exercice clos fin juin, à 79 milliards de dollars, et de 11 % au seul quatrième trimestre. Ces derniers mois, toutes les catégories de produits ont vu leurs ventes refluer. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Procter & Gamble 30 La direction sur le qui-vive La hausse des prix et les efforts de réduction de coûts ont cependant permis à Procter & Gamble de maintenir des marges très solides. Le bénéfice net, en hausse de 11 % sur l’exercice, à 13,4 milliards de dollars, n’a ré gressé que de 18 % au cours du quatrième trimestre. Le champion américain affiche ainsi toujours une marge opérationnelle de 20,4 %, et une marge nette de plus de 14 %, dont nombre de ses concurrents se délecteraient. La direction est cependant sur le qui-vive. Elle craint une nouvelle baisse du chiffre d’affaires de 10 % lors du trimestre en cours. Les profits pourraient se révéler inférieurs aux attentes de Wall Street. Et hier, le groupe a promis non seulement de renforcer ses efforts dans les rasoirs et articles de toilette, le secteur dont les profits sont les plus affectés actuellement, mais aussi de muscler son offre de produits à prix modérés. Une inflexion stratégique, au moins dans le discours. Silence sur l’avenir de la branche pharmaceutique Cession. L’activité de Procter & Gamble dans les médicaments de prescription va-t-elle être vendue, et à qui ? Hier, le groupe américain est resté très discret sur le sujet. Le long communiqué mentionne d’une simple ligne le secteur pharmaceutique, pour indiquer que ses ventes ont fléchi de près de 10% en volume, en raison de cessions d’actifs et d’une concurrence croissante dans l’ostéoporose. Mais rien n’est dit quant à son avenir. Selon la presse américaine, la firme de Cincinnati est en négociations avec plusieurs repreneurs possibles pour cette activité minime à l’échelle du groupe, mais dont la cession pourrait rapporter 3 milliards de dollars. Le fonds Cerberus et le laboratoire Warner Chilcott seraient notamment intéressés. 6 août 2009 les echos 31 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Procter & Gamble SEPHORA RÉÉDITE LE NID DES MARQUES Gondole réservée à environ huit jeunes marques venues des quatre coins du monde, Le Nid des Marques ac cueille des soins antiâge et capillaires de fin février à fin mai. Parmi les signatures vedettes de cette troisième édition : À Clear Choice, formulée par un dermatologue américain (un sérum, un masque et un gommage à la fois antirides, lissants et éclaircissants), Idénov (un peeling minute, un sérum à la vitamine C, une crème), Omnisens (deux anti-âge, un masque hydratant, un gommage), Living T (soins et shampooings hydratants), Sachajuan (shampooings réparateurs et protecteurs) et Hévéa (quatre soins naturels aux huiles essentielles et végétales pour le cuir chevelu). mars 2009 cosmétiquemag Des Bars à beauté dans tous les Sephora Après un test concluant dans la parfumerie de Boulogne-Billancourt (Hauts‑ de- Seine), l’enseigne a décidé d’installer, en mai, des Bars à beauté dans ses 240 points de vente en France. Il s’agit de corners où les clientes pourront se faire maquiller, sans rendez-vous, avec la marque de leur choix. À la carte:maquillage de jour «Belle tout de suite» (10 euros les 10 minutes), maquillage du soir «Belle de soir» (15 euros les 15 minutes) et pose de vernis patch sur les ongles (3 euros plus l’achat du nail patch, à 7,90 euros). Jusqu’à pré sent, seuls quelques grands magasins Sephora étaient équipés d’un Beauty Bar proposant, notam-ment, des manucures. • SEPHORA ET NICKEL S’ASSOCIENT LE TEMPS D’UN JEU Sephora et la marque pour hommes Nickel s’associent du 10 avril au 7 mai, à l’occasion de la sortie du film X-Men Ongins Wolverine. Sur le site jeu-sephora. fr, les internautes pourront gagner un voyage à Los Angeles, des soins Nickel et des bons de réduction valables sur sephora.fr. En avril, dans les parfumeries Sephora, une plaque militaire Wolverine sera offerte pour tout achat Nickel supérieur à 3o euros. Monoprix et Sephora traquent les kilowattheures inutiles Ces deux grandes enseignes ont entrepris de réduire la consommation électrique de leurs magasins. Sephora (1.200 magasins dans le monde) substitue progressivement les ampoules classiques à incandescence par des lampes à basse intensité. Chez Monoprix (300 points de vente en France), au lieu de tout allumer dès l’ouver ture, on module - ainsi que pour l’éclairage des enseignes lumineuses - en fonction de la fréquentation. Autre initiative de la filiale commune de Casino et des Galeries Lafayette, l’approvisionnement des magasins pari siens s’effectue par le rail, à partir d’une plate-forme logistique située à Paris-Bercy, et non plus par la route (337 tonnes de CO2 en moins par an). La chasse aux sacs en plastique est lancée mais l’enseigne ne prévoit pas leur bannissement systématique, sauf dans les départements et communes qui l’ont fait. Monoprix préfère jouer la carte de la pédagogie et de la séduction en renouvelant régulièrement sa collection de sacs vendus en magasins. Et ça marche, puisque leurs ventes ont bondi de 30 % en 2008. Côté conditionnement, Monoprix Bio, comme l’ensemble des marques de distributeur de l’enseigne, travaille à l’allégement et à la « recyclabi lité » de ses emballages. Chez Sephora, outre la question de l’éclairage, une réflexion est engagée permettant de viser un objectif de 100 % d’emballages bio dégradables pour les sacs distribués en magasins mais aussi pour les produits mis en rayons. Plusieurs marques déjà référencées y sont arrivées, les rouges à lèvres Cargo notamment. « Notre approvisionnement, qui provient du monde entier, en tiendra de plus en plus compte », assure Anne-Véronique Bruel, directrice marketing stratégique Europe. 12 mars 2009 Les Echos LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Sephora 32 MARKETING LA CHINE CHERCHE SES MARQUES Les produits de beauté Herborist réussissent leur percée chez Sephora Tradition. Lancée mi-septembre dans les rayons de Sephora Channps-Elysées et sur le Net, la marque chinoise de produits de beauté Herborist a réussi sa percée. Le distributeur s’apprête à la déployer dans l’ensemble de ses boutiques françaises et euro péennes. Né à Shanghai, Herborist marie la pharmacopée traditionnelle chinoise à base de plantes aux innovations de la cosmétique moderne. Ses formules s’inspirent du traité de l’empereur Shen Nong, qui, vers 2800 av. J.-C., répertoria 365 plantes et les classa selon leurs vertus dans son livre resté célèbre, le « Ben Cao Jing ». Vendu dans une fourchette de prix allant de 16 euros pour un soin pour les mains à 49 euros pour les masques T’ai Chi, Herborist appartient d’emblée à l’univers des produits de beauté haut de gamme. 03 Novembre 2008 Les Echos 33 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Sephora DES MDD BIO CHEZ SEPHORA ET MARIONNAUD Les deux géants de la beauté parient sur l’explosion des cosmétiques bio. en proposant, côté de marques de soins souvent exclusives, leur propre gamme. Depuis quelques mois, Douglas, Nocibé, Sephora et Marionnaud ont référencé quelques marques bio au sein de leurs linéaires soins. Mais Sephora et Marionnaud ont décide d’aller plus loin en proposant leur propre gamme de soins bio. Chacune à leur manière, toutes les chaînes de parfumeries parient sur le déve loppement â long terme d’un segment qui pèse aujourd’hui 250 millions d’euros tous circuits confondus, soit moins de 2,5 % des ventes, d’après Cosmébio. En effet, selon le cabinet Opremys, ce segment devrait repré senter 10 % des ventes de cosmétiques tous circuits confondus en 2010. « Le bio, c’est la beauté du futur, explique Lyse Costa, directeur produits et marketing de Marionnaud France. Cette gamme de soins est une réécriture du bio par Marionnaud. Elle nous permet de renforcer notre position d’expert du soin et de réaffirmer notre rôle de conseiller et de prescripteur. » Des objectifs ambitieux Développée en partenariat avec les Laboratoires Phyt’s, un des leaders de la cosmétique bio en France avec un chiffre d’affaires de 20,31M € en 2007, la gamine Marionnaud comprend dix références de soins du visage il s’agit de créations ex nihilo pour l’enseigne. « NOUS avons travaillé, sur des actifs spécifiques qui agissent de manière rapide et visible sur l’éclat », assure Thierry Logre, PDG des Laboratoires Phyt’s, coupant court aux rumeurs selon lesquelles les produits Marionnaud ne seraient que des copies sans originalité. « Nos objectifs sont ambitieux, explique Lyse Costa. La gamme sera présente de manière exhaustive dans nos 560 magasins. Quant au plan média, il est en cours de finalisation. » Un lancement qui suscite d’avantage d’effervescence chez Marionnaud que chez Sephora. Rien d’étonnant. Pour Marionnaud, il s’agit quasiment d’un premier lancement de marque de distri buteur L’enseigne ne proposait jusqu’alors qu’une offre restreinte d’accessoires sous son nom. À l’inverse Sephora est rompu à l’exercice avec ses 300 nouveautés MDD par an. Baptisée Green Connection, la gamine de Sophora (8 références) viendra enrichir une offre à marque propre qui com prend quelque I 400 références en maagasins. Classiquement, la gamine a éte développée en interne par S+, la filiale dédiée aux marques propres. Une légitimité contestée Reste à savoir si les deux leaders vont étre suivis par les concurrents sur le chemin des marques de distributeurs bio. Non, répondent Douglas et Nocibé. « Les MDD en cosmétique ne sont pas encore totalement légitimes sur le bio. La parfumerie sélective n’est pas la seule destination où le consommateur vient chercher son produit de beauté bio. Alors, lancer une MDD sur des soins bio, c’est prendre un risque important, car les marques jouent le rôle de repère dans un univers où foisonnent les offres », indique Xavier Dura, président de Nocibé, qui a référencé â la tin du mois d’avril quatre marques bio dans ses linéaires (Sanoflore, Phyt’s, Natessence et Thémis). À ses yeux, « les meilleures ventes de MDD se t’ont encore aujourd’hui sur des produits d’entrée de gamme et basiques. » 19 juin 2009 LSA Les produits bio sortent de leur ghetto Longtemps cantonnée aux marchés et aux magasins spécialisés, l’offre de produits bio se répand dans les grandes enseignes alimentaires. La mode et les cosmétiques ne sont pas en reste. Le bio ne connaît pas la crise. A la traîne des autres Européens ces dernières années, les Français semblent décidés à rattraper leur retard. En témoigne, dans un contexte ô combien peu porteur, l’augmentation de près de 13 % constatée l’an dernier des ventes de produits alimentaires sans pesticides, ni engrais, estampillés AB ou de l’épi du label eu ropéen (1). Les explications sont multiples selon l’Agence bio qui promeut l’essor de la filière : désir de privilégier les produits respectueux de l’environnement, rejet des multiples additifs chimiques et LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur 34 tout simplement le goût retrouvé des aliments. On reste bien sûr dans l’ordre du phénomène de niche (lire cicontre), mais ce qui a changé, c’est la visibilité accrue de ces produits longtemps cantonnés aux seuls marchés et circuits spécialisés. Cette fois, la grande distribution s’est emparée du sujet, multipliant les références bio, vendues sous marques nationales et surtout sous marques propres (MDD). Panorama. Plus de références Pionnier, Monoprix Bio, dont la création remonte à 1994, va doubler cette année le nombre de ses références alimentaires, les portant à 300, réparties dans les rayons ou, pour la viande et les fruits et légumes, installées dans des gondoles clairement identifiées. Ces produits qui ne représentent pas plus de 2 °A à 3 % de l’assorti ment total de l’enseigne ont enregistré une hausse de 25 % de leurs ventes l’an dernier. On comprend l’intérêt de la filiale commune des Galeries Lafayette et de Casino pour ce marché qui l’a poussée à racheter le réseau des boutiques spécialisées Naturalia l’été dernier. Au sein du groupe E. Leclerc, Jean-Pierre Gontier, président de Scamark, la filiale qui gère les industriels travaillant pour les MDD (Repères, Eco Plus, Nos Régions ont du Talent et Bio Village), fait état d’un bond de 30 %. Comptant 100 références en 2008, Bio Village passera à 300 l’an prochain. Chez Picard, dont le catalogue mensuel fait sa couverture sur le sujet en février, on indique que le bio représente de 30 % à 45 % des ventes totales de légumes. Les autres produits de grande consommation, cosmétiques, textile et produits d’entretien, suivent. Depuis l’an dernier, Sephora a lancé Green Connection, sa marque de produits de soins pour la peau et les cheveux labellisée Cosmebio (2). Tout comme Vegeticals, qui cible les produits anti-âge. L’arrivée de nouvelles réfé rences est prévue cette année, explique Anne-Véronique Bruel, directrice marketing stratégique Europe, de même que l’introduction d’autres marques d’inspiration « potagère », telles que Grass Roots, Yes to Carrots ou Vegetables (dont le packaging est 100 % biodégradable). Elle relève en outre que « l’ensemble des marques hors bio sont de plus en plus à l’écoute de la demande du public pour des produits naturels. Exemple, Bare Minerais qui a supprimé les parabens de la formulation de ses produits pour le teint et le maquillage des yeux ». Le bio fait aussi souvent cause commune avec le développement durable et le commerce équitable. Monoprix propose des vêtements en coton bio (150 articles) dans le cadre de partenariats, avec l’association suisse bioRe notamment, opérationnelle en Tanzanie et en Inde, à laquelle l’enseigne verse 1 euro par T-shirt acheté, ou la coopérative de création artisanale de Mumbai Creative Handicraft qui emploie 350 femmes des bidonvilles. 3 Suisses décline le coton bio dans une gamme de plus de 100 « vêtements essentiels » et du linge de lit à sa marque Tertio. Le groupe participe depuis trois saisons au programme Cotton Made in Africa de la Foundation for Sustainable Agricultural and Forestry. Moins de transport Au sein de RedCat, l’autre géant de la VPC, Somewhere fait la course en tête avec un vêtement sur cinq fabri qué en coton bio. Arnaud Gonnet, le directeur de la marque, se fixe comme objectif de réaliser, d’ici à trois ans, la moitié de ses références en produits « éco-conscients » utilisant des matériaux bio ou recyclés (laine, coton et lin). Il s’est aussi lancé dans le commerce équitable avec l’association Cruselita qui travaille à Madagascar. Etape suivante : réussir à augmenter la part du « sourcing » proche pour réduire la pollution liée au transport. Actuellement, un quart seulement de la confection des produits Somewhere est réalisé dans les pays d’Europe de l’Est et du Maghreb, tout le reste vient d’Asie et de Maurice. Chez Huit, le lancement pour l’été d’une petite ligne en coton bio (6 références), qui sera reconduite pour l’hiver, est présenté comme « en adéquation » avec la politique de la maison qui fait fabriquer 80 % de sa lingerie et de ses maillots de bain en France, en Italie et en Suisse. Valérie Carrié, styliste lingerie, constate que si les clients scandinaves et britanniques de Huit ont été convaincus, de même que les grands magasins parisiens, les « détaillants de province sont plus réticents » Sans doute en raison de la différence de prix : de 20 % à 30 % supérieurs à ceux des autres produits Huit. Fabienne Prouvost, directrice du développement durable chez Monoprix, estime que le différentiel de prix - de l’ordre de 10 à 20 % en défaveur du bio par rapport aux marques nationales classiques - « est compris par les clients à condition qu’on leur explique ». Jean-Pierre Gontier mise sur la montée en puissance des MDD pour faire baisser les prix et rendre les produits bio « accessibles » à tous. Ce qui, pour la partie alimentaire en tout cas, nécessitera des importations accrues en provenance d’Italie et d’Espagne notamment, l’offre de produits français ne parvenant pas à suivre la demande. 35 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur Le bio fait aussi souvent cause commune avec le développement durable et le commerce équitable. Monoprix propose des vêtements en coton bio (150 articles) dans le cadre de partenariats, avec l’association suisse bioRe notamment, opérationnelle en Tanzanie et en Inde, à laquelle l’enseigne verse 1 euro par T-shirt acheté, ou la coopérative de création artisanale de Mumbai Creative Handicraft qui emploie 350 femmes des bidon villes. 3 Suisses décline le coton bio dans une gamme de plus de 100 « vêtements essentiels » et du linge de lit à sa marque Tertio. Le groupe participe depuis trois saisons au programme Cotton Made in Africa de la Foundation for Sustainable Agricultural and Forestry. Moins de transport Au sein de RedCat, l’autre géant de la VPC, Somewhere fait la course en tête avec un vêtement sur cinq fabriqué en coton bio. Arnaud Gonnet, le directeur de la marque, se fixe comme objectif de réaliser, d’ici à trois ans, la moitié de ses références en produits « éco-conscients » utilisant des matériaux bio ou recyclés (laine, coton et lin). Il s’est aussi lancé dans le commerce équitable avec l’association Cruselita qui travaille à Madagascar. Etape suivante : réussir à augmenter la part du « sourcing » proche pour réduire la pollution liée au transport. Actuellement, un quart seulement de la confection des produits Somewhere est réalisé dans les pays d’Europe de l’Est et du Maghreb, tout le reste vient d’Asie et de Maurice. Chez Huit, le lancement pour l’été d’une petite ligne en coton bio (6 références), qui sera reconduite pour l’hiver, est présenté comme « en adéquation » avec la politique de la maison qui fait fabriquer 80 % de sa lingerie et de ses maillots de bain en France, en Italie et en Suisse. Valérie Carrié, styliste lingerie, constate que si les clients scandinaves et britanniques de Huit ont été convaincus, de même que les grands magasins parisiens, les « détaillants de province sont plus réticents » Sans doute en raison de la différence de prix : de 20 % à 30 % supérieurs à ceux des autres produits Huit. Fabienne Prouvost, directrice du développement durable chez Monoprix, estime que le différentiel de prix - de l’ordre de 10 à 20 % en défaveur du bio par rapport aux marques nationales classiques - « est com pris par les clients à condition qu’on leur explique ». Jean-Pierre Gontier mise sur la montée en puissance des MDD pour faire baisser les prix et rendre les produits bio « accessibles » à tous. Ce qui, pour la partie alimentaire en tout cas, nécessitera des importations accrues en provenance d’Italie et d’Espagne notamment, l’offre de produits français ne parvenant pas à suivre la demande. 27 février 2009 Les Echos Mobilité professionnelle : Un choix accompagné Sephora et Nocibé viennent de développer de nouveaux outils pour encourager leurs salariés à évoluer. Présentation. Un passeport chez Sephora «Nous ouvrons 20 magasins par an en France, ce qui représente 900 recrutements, déclare Sophie Mouhieddine, responsable développement RH Europe de Sephora. Nous favorisons la promotion interne puisque 70% des directeurs de magasin sont d’anciens managers de rayon et 70% des managers sont d’ex-conseillers.» Pour encourager la mobilité de ses 3 500 salariés du réseau français (230 directeurs de magasin, 600 managers de rayon et 2 670 conseillères), la chaîne leur a envoyé un document intitulé Passeport mobilité géographique*. Illustré par les dessins de Car-lotta pour la marque employeur Sephora, il s’agit d’un livret d’informations sur la mobilité, la procédure à suivre, les engagements de l’employeur : primes durant la phase préparatoire d’ou verture du maga-sin (de 150 à 200 euros pour des conseillers et spé-cialistes, par exemple), prise en charge du déména-gement, prime d’installation (un mois de salaire, plafonné à 3 000 euros), aide à la recherche d’un loge-ment... Les postes à pourvoir concernent aussi bien la France que l’international. «Nous ouvrons 90 maga-sins par an dans le monde. En Chine, par exemple, neuf ouvertures sont prévues avant la fin de l’année, rappelle Sophie Mouhieddine. Nous aimerions avoir un pool de directeurs de magasin prêts à la mobilité internationale.» Mais, la plupart de ceux, en France, qui sont suscep-tibles d’accéder à ces postes sont d’ex-managers de rayon, bien ancrés dans le quotidien de leur parfu-merie et ayant une vie de famille. LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur 36 D’où l’idée de Sephora de se rapprocher d’écoles de commerce pour former et recruter de jeunes diplômés. Pour l’instant, aucune école n’a été retenue. Le distributeur dit «réflé-chir à la faisabilité-du projet». • Le poste à pourvoir doit se situer à plus de 70 km du poste actuel. Une écoute attentive chez Nocibé «Nous n’incitons pas à la mobilité mais nous la favorisons et nous l’accompagnons», déclare Audrey Vansteenkiste, responsable recrutement et mobilité chez Nocibé. Quelle que soit la demande de mobilité, elle est validée par le supérieur hiérarchique. L’accord de la direc-tion commerciale se fait après un entretien avec le salarié, organisé par le service Recrutement et mobi-lité. Dans le cas de la mobilité géographique, un «Mobili Pass» permet, notamment, une aide à la recherche de logement. «50% des demandes de mutation sont motivées par un rapprochement familial, ajoute Audrey Vansteenkiste. On a davantage de demandes d’évolu tion. Dans ce cas, nous accompagnons le salarié dans l’élargissement de ses compétences avec, entre autres, un parcours de formation. Plus de la moitié des postes de res-ponsables de magasin ont été pourvus en interne.» Pour piloter la gestion du potentiel de son personnel (2 700 collaborateurs), Nocibé vient de s’équiper d’un logiciel. «Il permet d’avoir une image des compétences à un instant T et une «traçabilité» de leur évolution.» • janvier 2009 cosmétiquemag Thibault Ponroy a été élu à la présidence de la Fédération française de la parfumerie sélective (FFPS). Thibault Ponroy , cinquante et un ans, titulaire d’un DEA de droit de Panthéon-Assas, a été directeur com mercial France de Guerlain avant de devenir en 1991 directeur général pour la France et l’Europe d’Helena Rubinstein. En 1995, il est nommé président-directeur général de Roc International et de Neutrogena France et Benelux (groupe Johnson & Johnson), puis retrouve Guerlain deux ans plus tard comme PDG. Président de VVind en 2002-2003, il devient ensuite directeur international de Marionnaud. Il est aujourd’hui directeur international des achats de la division luxe du groupe chinois AS VVatson, propriétaire de Marionnaud. 09 fevrier 2009 Les Echos 37 LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur Marques exclusives : Le nouvel atout des ensEignes FÉVRIER 2009 COSMÉTIQUEMAG Elles couvrent les trois axes du marché et font désormais partie du paysage de certaines parfumeries. Comment les marques exclusives se nourrissent du savoir-faire des enseignes, et vice-versa. Un mal pour un bien. Ainsi pourraient se résumer les débuts de Sephora aux États-Unis. Faute d’obtenir les grands noms du sélectif diffusés dans les department stores, la chaîne est obligée de se tourner vers des marques de niche américaines. Une stratégie qui s’avère payante et qu’elle exporte en France en 2004. Très vite, ces signatures, dont l’en-seigne détient l’exclusivité commerciale, vont contribuer à la différencier des concur-rents, qui lui emboîteront le pas. «Il y a deux façons de réagir face à un marché de plus en plus tendu : le discount ou les exclusivités, déclare Fabien Petitcolin, responsable des collec-tions beauté du Printemps. Cette dernière option perrnet de maintenir une image luxueuse et de montrer une offre unique.» Pour Lyse Costa, directeur marketing & produits Marionnaud, «certaines signatures exclusives aident à recru-ter et à fidéliser des clients. Par exemple, le maquillage Calvin Klein Beauty a fait entrer des jeunes consommateurs dans nos parfumeries.), Le recrutement vaut autant pour le distri-buteur que pour l’industriel. «La collection VIP Expert, créée pour Sephora, nous a permis de tou-cher une clientèle différente de celle qui fréquente nos boutiques», indique Catherine Canovas, directrice générale de By Terry. Pour des marques à la diffusion restreinte, l’exclusivité constitue aussi un formidable accès à un réseau or ganisé. D’abord vendue dans une dizaine de parfumeries Sephora en 2006, Skeen l’est aujourd’hui dans 150 d’entre elles. «Nous espérons être dans l’en-semble des points de vente français Sephora avant fin 2009», confie Pedro Garcia, fonda-teur de cette griffe de soin pour hommes, également distribuée dans 40 Sephora en Espagne et une quinzaine au Portugal et aux Pays-Bas. «Nous bénéficions des structures com-merciales, mais aussi marketing et de communi-cation, de l’enseigne», poursuit Pedro Garcia. Des outils spécifiques «Pour toutes ces marques exclusives, nous déve-loppons des outils de communication, de presse, de mer chandising, de marketing et de formation spécifiques», confirme Sephora. «Elles ont par-ticulièrement be soin d’être présentées et expli-quées aux clients, ajoute Lyse Costa, chez Marionnaud. Il est absolument nécessaire de former les équipes de vente, de leur laisser le temps de s’approprier les produits pour bien faire passer les messages aux clients. Nous favorisons donc les partenariats qui s’inscrivent dans la durée, sur deux ou trois ans, plutôt que les «one shots». À travers les marques exclusives, notre objectif est de répondre à une attente forte, non couverte par les acteurs en place. Notre but n’est pas de les collectionner.» De quoi rassurer les grands noms du sélectif, qui envient le traitement accordé aux exclusivités. Certains d’entre eux proposent d’ailleurs des lignes exclusives : Armani Onde chez Marionnaud, Thierry Mugler Beauty chez Sephora ou encore Bourjois chez Douglas... «L’intérêt est de montrer aux consommateurs la riç,hesse de notre offre», explique Chantal Landry, directrice marke-ting France de Bourjois. La franchise réalise ce type d’opération avec la plupart des chaînes de parfumeries, mais aussi avec les grands magasins ou Monoprix. Une image luxueuse Du côté des marques de luxe, un référence-ment exclusif perrnet de proposer des pro-duits d’exception, qui ne peuvent pas être placés dans toutes les parfumeries. C’est le cas par exemple de l’édition limitée La Part des Anges de Thierry Mugler, vendue uniquement chez Douglas l’année dernière. Un référencement restreint confère ainsi automatiquement une image luxueuse. La ligne de parfums Onde d’Armani, distribuée dans seulement 80 Marionnaud, «apporte une certaine noblesse à la marque. C’est un projet voulu par Giorgio Armani lui-même, explique Tamim El Mili, directeur général d’Armani. Quant au choix de l’enseigne, il s’est imposé car sa clientèle semblait correspondre à ce type de proposition.» LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur 38 Mais qu’en est-il des chiffres ? Peu se risquent à en parler ou même à évoquer le partena-riat commercial entre l’industriel et le dis-tributeur. Concernant le maquillage Thierry Mugler Beauty, lancé il y a un an et demi en exclusivité dans cinq Sephora seule-ment, Jean-François Leprince, directeur général de Clarins Fragrance Group, évoque une volonté de construire son image et non de faire du chiffre à tout prix. «Cette gamme a re présenté un tiers des rédactionnels consacrés à la marque en 2008», affirme-t-il. Même constat chez Armani, où Tamim El Mili évoque «un nombre de retombées clans la presse très important pour les Ondes». Alors, les exclusivités, cercle vpermetopermetueux ? Certains acteurs choisissent de se tenir à l’écart de cette tendance. «Adopter une démarche d’exclusivités implique de conser-ver un certain équilibre entre les diffé rents dis-tributeurs et, au bout du compte, il y a souuent des déçus», estime Jean-Yves Granger, direc-teur commercial et marketing France de Puig. De même, on peut s’interroger sur la pertinence de certains produits exclusifs, de leur distribution... Avec, au final, le risque d’une confusion pour le consommateur, qui ne sait plus où il doit se rendre pour trouver son produit. • Sephora : le rouleau compresseur .... Grâce aux marques exclusives, Sephora France s’est construit, ces cinq dernières années, une image de sélec tionneur et de prescripteur. Une cinquantaine d’entre elles sont aujourd’hui présentes dans ses linéaires : Soins : Ahava, Alchimie Forever, Bliss, Dr Brandt, Yes to Carrots, Dr Perricone... Maquillage : Balmshell, BareMinerals, Cargo, Color On... Parfums : Guess, Guess by Marciano, Pucci, État Libre d’Orange. Capillaires : John Masters Organics, Sexy Flair, Hip. Hygiène-dentaire : Go Smile. Électro-beauté : No ! No ! (épilateur), PIM (régénération cellulaire), Keyline (ultrasons activant la pénétration des actifs cosmétiques). Sans compter les huit marques référencées pendant quelques mois dans l’espace baptisé Le Nid des Marques. ... Et Marionnaud qui va piano Il y a trois ans, la chaîne référençait ses premières exclusivités. Elle en compte aujourd’hui une vingtaine. L’enseigne,souvent qui travaille sur l’assortiment de ses magasins, aux superficies très variées, développe progressivement son offre exclusive. Soins : Maquillage : Parfums : 39 Once Upon a Time, HC, Sen, Talika, Couvent des Minimes, Qiriness... Afterglow, Anastasia, Calvin Klein Beauty. Ego Facto, Karl Lagerfeld (Kapsule), Armani (Trilogie Onde), Kate Moss (Kate)... LE SECTEUR DES PARFUMS ET COSMETIQUES - Secteur