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09.04.2014 n° 1248 + d’infos sur www.intermedia.fr Marketing / communication / médias en rhône-alpes m a g a z i n e dossier Comment aujourd’hui ? les acheter Médias spécial grand témoin « Les nouveaux mass-medias sont Facebook, Wikipédia, Twitter et autres YouTube » Henri de Bodinat préside le fonds Time Equity Partners enquête Un secteur pas rentable ? La bonne blague Poster : diffusion et audience des médias de Rhône-Alpes édito Par Julie Druguet Achat média Sacré casse-tête Marketing / communication / médias en rhône-alpes Le Challenge 58, avenue Debourg 69007 Lyon Tél. 04 72 84 45 55 Fax : 04 37 57 54 96 Mail : [email protected] Éditeur : InterMédia Sarl au capital de 37 579 e. Siren : 325 694 909. Directeur de la publication : Jacques Simonet. Rédactrice en chef : Julie Druguet. Rédaction : Michel Texier, Maeva Melano, Jérémy Chauche, Yann Petiteaux, Magali Régnier. Service commercial : Pascal Leby et Étienne Mayaux. Agence photo : Alpaca (Lyon). Maquette : ProEdito (Paris). Mise en page & infographie : Frédéric Morel / mfredpao! (Villeurbanne). Impression : Imprimerie Brailly (Saint-Genis-Laval). Dépôt légal : à parution. Abonnement : voir p. 27 www.intermedia.fr www.facebook. com/intermedia.fr V ous avez un peu de mal à vous y retrouver dans la jungle de l’achat d’espace ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls, car dans ce domaine tout change très vite. Cette année, notre « Spécial médias » se penche sur cette question épineuse pour nombre d’annonceurs. Il vous aidera à vous repérer. « Comment choisir ses médias aujourd’hui ?» C’est le fil conducteur du dossier central qui vous mènera de paid médias en owned médias sans oublier les earned médias, selon la terminologie à la mode (p. 20). Vous lirez aussi l’analyse de la présidente de l’Irep, Zysla Belliat, qui décortique l’état du marché publicitaire (p 14). « En route pour un parcours qui vous mènera de paid médias en owned médias. Sans oublier les earned médias, bien sûr » Le numérique ou la vie ? Notre grand Ce numéro comporte : • un poster entre les pages 22 et 23 présentant la diffusion et l’audience des médias. Démissionnaire de l’ENA, il avait commencé par reprendre avec Jean-François Bizot un périodique alternatif Actuel puis créer Radio Nova. Avant de diverger vers la lucrative publicité pour prendre en charge Saatchi & Saatchi France et finalement diriger deux entreprises phares, Sony Software Europe et le Club Med. Bodinat estime que la presse imprimée est condamnée. Il affirme que dans dix ans, le paysage des médias sera dominé par le numérique. Aujourd’hui les mass-medias ce sont Facebook, Wikipédia, Twitter et YouTube (p 32). témoin esquisse les contours du futur univers médiatique. Avec Henri de Bodinat (Time Equity Partners), qui affiche 40 ans de médias et de communication au compteur, vous ne serez pas déçus. L’homme a l’esprit frondeur et iconoclaste. Cash-machines. L es médias traditionnels sont à la peine, c’est sûr. Mais n’exagérons pas non plus. Dans ces pages vous verrez quelques belles réussites ne serait-ce que celle d’Yves Matton, notre Homme de l’année (p. 6). Nous sommes aussi partis à la recherche des cash-machines médiatiques de la région. Car il y en a. Si vous voulez savoir qui sont les deux golden boys des médias de Rhône-Alpes... sautez immédiatement page 18. La crise, quelle crise ? v n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 3 sommaire Spécial MÉDIAS repères 06. en têtes Yves Matton prospère en France avec ses supports premium. 8. entreprises La surprise : Swiss Media Press, la régie qui ne connaît pas la crise. Rhône-Alpes bien placée dans le wait marketing. 11. La galaxie de… JCDecaux dans la région. JCDecaux lance avec succès ses iPad de rue à Annecy. C’est la première ville en France à installer ces écrans interactifs sur le domaine public. « Je ferai de cette TV en faillite un groupe multimédia ». Dix ans après sa nomination à la tête d’Euronews, Michael Peters a fait de la télévision lyonnaise la 1re chaîne d’information européenne. dossier 12. en suite L’image insolite : les plus petits espaces publicitaires du monde. 14. Analyse Zysla Belliat « Une marque devrait plus s’intéresser à l’apport de la publicité qu’à son coût ». 15. il l’a dit, il l’a fait Michael Peters [Euronews] « Je ferai de cette TV en faillite un groupe multimédia ». 16. en chiffres Tablette et papier font bon ménage. 18. enquête Pas rentables les médias ? La bonne blague. Vous croyez que tous les médias sont proches de la faillite ? Cessez de vous apitoyer. Certains groupes régionaux restent de belles cash machines. 4 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 20. Annonceurs Comment choisir ses médias aujourd’hui ? Les annonceurs constatent que l’impact de leurs messages diminue. Ils revoient leurs stratégies média en jouant sur les trois composantes : paid, owned, earned. 24 [ reportage ] Les agences médias ne sont plus à la fête. 26 [ focus ] L’affichage reste incontournable. 28 [ analyse ] Les régies font migrer leurs clients sur le web. 30 [ Pour/contre ] Un annonceur peut-il se passer d’une agence média ? Mots du médiaplanning Agence média. Agence qui conseille Chérie, j’ai rétréci la pub ! Des espaces publicitaires miniatures, à l’échelle de 1/87e : c’est ce que proposera le parc de loisirs MiniWorld Lyon, qui ouvrira en décembre. Henri de Bodinat, le président de Time Equity Partners, un fonds d’investissement destiné aux entreprises numériques, décrypte le nouvel univers médiatique. horizons les annonceurs pour leur médiaplanning et qui joue un rôle de mandataire pour leurs achats d’espace. Régie publicitaire. Organisme qui commercialise les espaces publicitaires d’un ensemble de supports. Elle peut être externe ou intégrée. Médias paid. Les médias qu’achète une marque pour une annonce presse, un spot, une bannière... Médias earned. Les médias dont bénéficie gratuitement une marque : citation dans la presse, billet dans un blog... Médias owned. Les médias que possède une marque : son site, sa page Facebook, son journal d’entreprise, ses véhicules... 32. grand témoin OJD. Association dont le rôle est de certifier sont Facebook, Wikipédia, Twitter et autres YouTube ». Ad-exchange. Plateformes Henri de Bodinat « Les nouveaux mass-medias 36. + et - Au banc d’essai Le RTB 38. Tops et flops des initiatives médiatiques. la diffusion des publications imprimées et des sites web. automatisées où s’échangent et s’achètent en temps réel des espaces publicitaires en ligne. AdWords. Régie publicitaire de Google. 40. Métiers Elle commercialise des annonces sponsorisées qui s’affichent lorsqu’un internaute tape certains mots dans le moteur de recherche. mots. Real-time bidding (RTB). Acheteur d’AdWords. Il spécule sur les meilleurs 42. débloque-notes Des notes sur tout ce qui débloque. Technique qui consiste à acheter des espaces publicitaires sur le web, sous forme d’enchères en temps réel. index des médias 8 Mont-Blanc.........................12 Activ Radio............................18 Altus Val d’Isère....................18 Auféminin...................6, 28, 34 Axo........................................19 Beaux Quartiers................... 38 BFM...................................... 28 Boursorama.....................6, 28 C’est en ville..........................10 Chérie FM............................. 32 Clear Channel...................... 30 Comment ça marche............ 34 Com’Unique...................... 8, 16 Dailymotion.......................... 28 D!ci TV..................................12 Doctissimo........................... 28 EG Active..........................6, 28 Ego la revue................... 18, 38 Elle.fr.................................... 28 Espace Group................. 18, 28 Euronews....................... 15, 38 Femina.fr.............................. 28 Fill Up Media.......................... 8 Fly’On....................................12 France Pub........................... 20 Grand Lyon Magazine......... 22 Horizon.................................19 Ideat....................................... 6 Influactive............................. 40 Jazz Radio..................... 18, 28 JCDecaux............11, 12, 26, 30 JFK Média.............................12 Journal des femmes............. 34 Lagardère Métropoles... 12, 22, .......................................28, 34 La Tribune de Vienne............18 Le Dauphiné Libéré...............12 Le Figaro..........................6, 28 Le Journal du Net................ 34 Le Mag..................................10 Le Monde............................. 33 Le Parisien........................... 33 Le Patriote Beaujolais...........18 Le Point................................ 33 Le Progrès...................... 10, 28 lequipe.fr.............................. 36 Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné.....................18 Les Affiches Lyonnaises........18 Les Nouvelles de Grenoble.. 22 L’Essor Affiches.................... 30 Le Tout Lyon..........................18 Lyon 1ère.............................. 38 Lyon Citoyen......................... 22 Lyon Clubbing.......................18 Lyon Femmes........................18 Lyonmag.com....................... 26 Lyonpeople..................... 18, 38 Médias & Supports................12 Megève sur la terre...............18 MFM......................................18 Montagne Expansion..... 18, 38 Montagne Leaders......... 18, 38 Montagne TV........................12 Next-One................................ 8 NRJ....................................... 30 ODS.......................................18 PHR Publicité........................21 Presse-Citron.......................... 6 Promo Sud-Est.......................19 Publiprint Province n° 1.. 10,28 Publisens................................ 8 Radio Classique....................12 Radio Espace....................... 28 Radio Mont-Blanc.................18 Radio Plus.............................18 Radio Scoop......................... 26 Régie Partenaire...............6, 28 RFM.................................. 6, 12 Rhône-Alpes Passions...........19 RTL....................................... 32 Sainté Mag........................... 22 Santé magazine..................... 6 Swiss Media Press................. 8 tf1.fr...................................... 36 The Good Life........................ 6 TLM..................................6, 42 TOC........................................ 6 Valence Mensuel.................. 22 Virage Radio........................ 28 Virgin Radio..................... 6, 12 n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 5 TÉLÉVISION Jean-Pierre Vacher r este optimiste. Le patron de TLM est convaincu que la télé lyonnaise, sortie de sauvegarde fin 2013, sera enfin à l’équilibre en 2014. Sa recette : une énième réduction d’effectif et le développement de l’activité production audiovisuelle pour les entreprises et collectivités. RÉGIE Coup de projecteur sur certains professionnels des médias qui font l’actualité en Rhône-Alpes têtes SALON Bruno Bonnell aimante les journalistes l’homme de l’année Karine Chapochnik end trente v titres. Chapcom Yves Matton a créé la régie Partenaire en 1991, après six ans passés à L’Express. Média a ajouté plusieurs supports prestigieux à son portefeuille : The Good Life (bimestriel masculin) et Ideat (mensuel de déco). Elle a aussi décroché Santé magazine, et cinq autres titres du groupe Uni éditions. Groupe Partenaire. Composantes : Partenaire (régie), Publime (édition) et Objectif Une (agence de presse) | siège à Lyon, 7 bureaux en France CA 2013 : 19 M€ (MB : 5,2 M€). BLOG Éric Dupin attire un million de visiteurs. P resse-Citron, son blog dédié à l’actualité du web, se classe dans les dix premiers médias du secteur en France. Pour se développer, Éric Dupin a levé 300 K€ fin 2013. Objectif : doubler un CA bloqué à 200 K€. RADIO Pierre Consolini éploie d EG Active. La régie d’Espace Group (Christophe Mahé) va ouvrir cinq bureaux (Dijon, Mâcon, Chalon-surSaône, Le Puy, Valence). Ce déploiement fait suite à la reprise de la commercialisation de RFM et Virgin Radio fin 2013. À 55 ans, le Lyonnais reste un patron charismatique et une sorte de média à lui tout seul. Après avoir fait de Lyon une capitale du jeu vidéo dans les années 90, du temps où il dirigeait Infogrames-Atari, le voici en passe de récidiver, dans la robotique cette fois. Il avait lancé le salon Innorobo en 2011, en faisant le tour des rédactions de France pour sensibiliser la presse à la « Robolution ». Quatre ans plus tard, il a déjà gagné ses galons européens. L’édition 2014 qui présentait 140 exposants issus de 14 pays et 3 continents (ils n’étaient que 80 la première année) a attiré près de 17 000 personnes. Et plus de 200 journalistes. Parmi les visiteurs enthousiastes : Arnaud Montebourg qui a nommé Bonnell responsable d’un plan de reconquête industrielle dédié à la robotique, doté de 100 M€. v MAGBOOK Nadège Michaudet et Philippe Brunet-Lecomte ont des TOC Yves Matton prospère en France avec ses supports premium Number one. Ce patron plutôt discret a monté depuis Lyon la 1re régie publicitaire indépendante hors Paris. Elle emploie 55 collaborateurs en France. 23 ans après sa création, Partenaire commercialise 60 publications CSP+ (L’Express, Le Figaro...) dans les régions. Mais elle a aussi négocié avec brio le virage du web. Il y a un an, la régie a ainsi décroché la commercialisation partout en France des 20 sites de M6 Digital (deco.fr, funradio.fr, rtl.fr...). Du coup, le web représente maintenant 30 % d’un chiffre d’affaires qui frise les 20 M€. Risque minimum. Le fil rouge du parcours d’Yves Matton ? Ce patron peu expansif a toujours travaillé pour des supports premium CSP+. 6 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 « Avec ce type de support, on peut convaincre l’annonceur que sa prise de risque est minime, décrypte-t-il. Ainsi pour nous développer sur le web, nous avons constitué un portefeuille de sites à forte valeur ajoutée : Auféminin, AlloCiné, Boursorama... » Et d’affirmer, au contraire de nombre de ses confrères, que son activité web n’a jamais cannibalisé le print. RTB. Partenaire dispose depuis peu de deux nouvelles cordes à son arc : une offre de RTB, et une autre de publicité sur mobile géolocalisée. « Aujourd’hui, je travaille presque comme une agence média, en proposant aux annonceurs une panoplie de supports et de solutions de communication », assure Yves Matton. v JD La journaliste et l’ancien patron de presse lyonnais sortent fin avril le n° 1 de TOC (Trouble Obsessionnel Culturel). Un trimestriel au format mook avec un ambitieux contenu culturel (5 000 ex. en librairies). Le duo teste un modèle économique inédit : la publicité sera limitée (pas plus de 20 % des recettes) et concentrée en fin de numéro. Le reste du financement doit venir des abonnements et d’une vingtaine de services payants. Proposés sur mytoc.fr, ils iront de la la vente de billets de spectacle aux services de médiation culturelle en passant par l’organisation d’événements. Le duo vise un CA de 500 K€ dès la première année. v CINÉMA La Banque RhôneAlpes sur grand treprises écran. Pour communiquer sur sa nouvelle signature « Être à vos côtés », elle a choisi le cinéma. Ce média qui capte l’attention est moins cher que la télévision. Un film de 45 secondes a été projeté dans 330 salles obscures de Rhône-Alpes. Focus sur quelques entreprises qui se sont distinguées cette année dans le monde des médias publicitaires WEBMARKETING D-Bi mesure les performances digitales. La société de Franck Farrugia a conçu Holimetrix. Ce tableau de bord synthétise les performances de l’ensemble des outils de webmarketing d’une entreprise. Premiers clients : Winamax (poker) et PriceMinister. RÉSEAU CoSpirit MediaTrack r eprésente Colombus en France. L’agence (Lyon et Paris) est la composante française de ce réseau international. Colombus regroupe des agences médias réparties en Europe, aux États-Unis et au Canada. CONNECTÉ Upfluence connecte annonceurs et blogueurs. La jeune start-up met en relation les entreprises et les blogueurs influents via une plateforme web. En huit mois, 1 000 blogueurs se sont inscrits et 200 annonceurs. Upfluence prélève une commission de 25 % sur la transaction NICHE MOBILE Rhône-Alpes bien placée dans le wait marketing Inodys se lance dans la pub géolocalisée Implanter de la publicité dans des lieux où l’on patiente (toilettes, parking, ascenseur...) c’est le principe du wait marketing. Sur ce marché, deux sociétés de la région, Next-One et Com’Unique, se taillent la part du lion. Elles se partagent en effet le marché français de l’affichage dans les toilettes des bars, restaurants et autres lieux de sortie. Ainsi Next-One assure toucher plus de trois millions de personnes avec une campagne nationale de 28 jours sur ses 20 000 panneaux. Le marché a accueilli ces dernières années deux nouveaux entrants : Fill Up Media (vidéo sur les cadrans des pompes à essence), et Publisens (affichettes dans les ascenseurs). En trois ans, Fill Up Media a équipé 550 stations-service (CA : 600 K€). Alors que Publisens (Lyon), qui cible les actifs CSP+ dans les immeubles de bureaux, totalise 380 K€. v La start-up lyonnaise s’apprête à attaquer le marché de la pub géolocalisée avec un système diffusant du contenu interactif par SMS, baptisé Tip. Le tout fonctionnant aussi bien indoor qu’outdoor, avec une géolocalisation au mètre près. Le dirigeant de la société, Khotby Hamaïdia, promet aux annonceurs « un retour sur campagne inégalable ». Créé en 2011, Inodys teste actuellement son service sur Lyon. La commercialisation est imminente. Havas Média, Nestlé ou Coca-Cola sont d’ores et déjà intéressés. La start-up vise aussi les annonceurs du secteur automobile ou de la distribution. Il est encore difficile de parier sur les retombées d’une telle innovation. Mais au prix minimum de 50 centimes d’euro par message diffusé, le potentiel économique de Tip peut être estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros par an. v la surprise Swiss Media Press, la régie qui ne connaît pas la crise Dans une Europe en crise, la Suisse a des allures d’Eldorado pour les annonceurs français. En témoignent les performances de la société qui représente les principaux médias helvètes en France. Cette régie publicitaire a vu son CA progresser de 60 % en 4 ans et son effectif passer de 11 à 16 salariés. Tandis que ses consœurs tricolores peinent à maintenir leur business et réduisent leurs troupes. Offre multimédia. « La recette ? L’attrait d’un marché où le pouvoir d’achat est en moyenne le triple de celui de l’Hexagone, la plutôt bonne santé des médias suisses qui gardent de fortes audiences, mais aussi nos efforts de prospection et de communication », résume Yves Lavorel, le dirigeant fondateur de Swiss Media Press (SMP). Il propose aux annonceurs français plus de 90 % de l’offre médiatique helvète (presse, TV, affichage, radio, web…). 8 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Christine et Yves Lavorel ont fondé leur régie voici 17 ans. Swiss Media Press. Création : 1997 | Siège : Anthy-sur-Léman (74). Bureaux : Annecy, Paris (avec Affinity Média), Mulhouse | CA 2014 (estimation) : 5,2 M€ | RN 2014 (estimation) : 130 K€ | CA 2013 : 4,69 M€ | RN 2013 : 31 K€. Large clientèle. Un tiers de son CA vient de la zone frontalière (d’Annecy à Mulhouse), un autre du grand Sud-Est et le troisième de l’Île-de-France. SMP travaille avec les agences françaises (Carat, Havas, DDB…) et de nombreux annonceurs en direct (Canal+, le Futuroscope, Carrefour, Courchevel, Ainterexpo, Mobalpa, Jaillance…). Depuis janvier, SMP a conclu un accord commercial avec Affinity Media (Paris). Cette régie représente de grands groupes médias online et offline en Europe, Asie et Amérique. De quoi élargir leurs champs de prospection réciproques. v MT treprises Michel Le Ray est DG de Publiprint, la régie publicitaire du groupe Progrès LA THÈSE Même si le web progresse, la publicité print représente encore l’essentiel des revenus publicitaires de la PQR. Il est même possible de capter de nouveaux annonceurs en lançant des supports dédiés à une info de proximité. « La fin de la presse locale imprimée ? Je ne la verrai pas ! » INTERMÉDIA. Vous croyez encore à la presse imprimée ? m.l.r. Selon l’étude One, réalisée par AudiPresse, la presse quotidienne régionale affiche des audiences puissantes, en progression de 11 % en deux ans. Sur les cinq dernières années, nous avons réussi à stabiliser nos revenus print autour de 35 M€ en lançant des supports nouveaux, tous gratuits. Le web est en progression, mais il ne représente encore que 2 M€ ! La fin du print, je ne la verrai pas ! INTERMÉDIA. Quels gratuits avez-vous lancés ? m.l.r. Le Mag a généré jusqu’à 200 K€ de chiffre d’affaires par an sur Lyon. Mais il coûtait cher à produire, car nous sous-traitions son impression. Au bout de deux ans et demi, nous l’avons remplacé par C’est en ville. Ce mensuel, diffusé sur Lyon, l’Est et 10 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 l’Ouest lyonnais, et Saint-Étienne, est réalisé entièrement en interne. Depuis son lancement début 2013, il a généré 1,2 M€ de chiffre d’affaires. À tel point que nous lançons une nouvelle édition sur Le Puy en avril. INTERMÉDIA. Comment expliquez-vous le succès de C’est en ville ? m.l.r. Les annonceurs apprécient sa diffusion massive, à hauteur de 241 000 exemplaires en boîte aux lettres. Soit une boîte aux lettres sur deux à Lyon. Sans compter la diffusion en parkings, et dans un réseau de commerces et restaurants. Ce gratuit propose de l’information de proximité : portraits d’acteurs locaux, services... Ce qui nous a permis d’engranger de nouveaux annonceurs, notamment des commerçants. Sur le créneau de l’info locale, il y a encore un énorme gâteau publicitaire. Que ce soit pour le web ou le print, le local est le cœur de mon dispositif. INTERMÉDIA. Comment allez-vous développer la pub locale ? m . l . r. Sur le web en géolocalisant davantage nos espaces publicitaires. Nous espérons ainsi doubler nos revenus liés au web, pour atteindre les 4 à 4,5 M€ d’ici fin 2015. Nous recherchons des prestataires. Nous sommes aussi très offensifs sur l’événementiel. Nous organiserons pour la première fois un Salon de l’auto en septembre à Lyon. Avec toujours le même objectif : aider les annonceurs à développer leur business local. v jd Publiprint Province n° 1. Siège : Lyon | Groupe Progrès | CA 2013 annoncé : 37 M€ | CA 2012 : 32,3 M€ (RN : - 3,6 M€) | 126 collaborateurs. la galaxie de… JCDecaux dans la région Charles Champalbert Céline Barbet Pierre Gierens Raynald Boidin Pascal Chopin Jean-Michel Sennac Installée à Saint-Priest (69), la direction régionale de l’afficheur couvre Rhône-Alpes, la Côte-d’Or et la Saône-et-Loire. Entre la gestion des emplacements urbains, la vente d’espace et la préparation des affiches, elle emploie 335 personnes. L a direction régionale de JCDecaux est pilotée depuis 2006 par Pascal Chopin. Il manage les 335 collaborateurs, et fait le lien avec les collectivités pour préparer les appels d’offres auxquels répond le groupe. Charles Champalbert et JeanMichel Sennac sont responsables patrimoine, respectivement sur l’ouest et l’est de la région. Leur Christophe Cérésa Jonathan Tchorek mission : rechercher de nouveaux emplacements pour le mobilier urbain de JCDecaux. Christophe Cérésa, le directeur commercial, définit le plan d’action annuel en coordination avec la direction commerciale des ventes locales basée à Paris. Il s’appuie sur trois responsables commerciaux : Thibaut Badjaksizian (Rhône), Julie Chauve (Aéroports de Lyon) et Violaine Durand (Alpes). La gestion administrative est assurée par Céline Barbet depuis 2006. Autre rouage indispensable de la machine Decaux : Jonathan Tchorek. Arrivé début 2014, le jeune directeur technique a sous sa responsabilité 170 personnes. Il est le garant de la qualité des équipements et des prestations. Rhône-Alpes abrite l’un des deux centres de préparation à l’affichage de JCDecaux. Basé à Saint-Priest, il compte 80 collaborateurs. À sa tête : Pierre Gierens. Il supervise la production et l’assemblage de 60 000 affiches chaque semaine. Il est aussi responsable de leur livraison dans la moitié Sud du pays. Enfin, qui dit JCDecaux à Lyon, dit Velo’v. Depuis Villeurbanne, Raynald Boidin a la responsabilité du bon fonctionnement de la filiale du groupe qui enregistre 7,5 millions de locations par an. v jc n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 11 RÉGIE suite Fly’On passe chez O2C. L e magazine des Aéroports de Lyon cherchait une régie après la rupture avec Médias & Supports. C’est une société de Nice qui a remporté le marché : O2C. Elle travaille déjà pour les Aéroports de Nice et Paris, et pour plusieurs palaces. Mois par mois, les structures qui ont bougé jifimiaimijijiaisiOinid JCDecaux lance avec succès ses iPad de rue à Annecy jifimiaimijijiaisiOinid GROUPE JFK Média retrouve des couleurs Lagardère Métropoles réduit la voilure. L a direction régionale a divisé par deux ses effectifs. Une décision qui fait suite à l’abandon de la régie de Virgin Radio et RFM. Six petits bureaux locaux ont été fermés. Il ne reste plus que huit salariés dans la région. PQR Le Dauphiné Libéré d écolle sur le web. Le site du quotidien a enregistré une augmentation de 47 % du nombre de ses visites en 2013 (source : OJD). Les 265 journalistes du DL ont été formés aux techniques web. Le quotidien a refondu son site en février. Jean-Claude Decaux et le maire d’Annecy Jean-Luc Rigaut (à gauche). Bon lancement pour les écrans interactifs installés par JC Decaux sur deux abribus d’Annecy. Quinze jours après leur mise en fonction, ces sortes d’iPad géants avaient totalisé plus de 5 000 utilisations. Les applications disponibles permettent de se repérer dans la ville, consulter les horaires de bus, trouver un restaurant à proximité... Annecy est la première ville en France à installer des « décodeurs urbains ». Un troisième sera prochainement mis en service. JCDecaux proposera systématiquement des écrans interactifs lors de la renégociation de ses contrats avec les municipalités. Ce sera bientôt le cas à Grenoble puis Lyon. En attendant, c’est Paris qui va être équipé. v l’imaGE insolite TEST Grand Massif Évolution satisfait de la TV. Le 4e domaine skiable de France (Flaine) a lancé pour la première fois en novembre une campagne TV. Grâce au spot diffusé 438 fois sur plusieurs chaînes, Grand Massif a touché 20 millions de Français. Les plus petits espaces publicitaires du monde. Un pôle de loisirs autour d’un monde miniature ouvrira bien ses portes à Lyon en décembre dans une usine jusqu’à présent désaffectée. MiniWorld Lyon proposera des espaces publicitaires dans cette ville à l’échelle de 1/87e. Des panneaux 4x3 seront disséminés un peu partout, certains pourront même diffuser de la vidéo. Les annonceurs sponsoriseront ainsi une boutique, une usine, un garage, un camion. Le fondateur Richard Richarté est à la recherche d’un prestataire pour commercialiser ces espaces publicitaires. v 12 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Après deux années de vaches maigres, l’exercice 2014 se présente bien pour la régie publicitaire de transports urbains. Bien implantée dans les villes moyennes de la région, elle a remporté le réseau des bus de Roanne (Transdev) fin 2013. Et conservé les concessions de Montluçon (Keolis) et de Vienne (RATP Développement). Surtout, elle a réussi à garder, après compétition, les 17 réseaux Keolis qu’elle gérait notamment à Oyonnax, Montélimar et Aix-les-Bains. JFK Média, qui emploie six salariés, exploite 42 réseaux de transport et réalise 90 % de son business avec des annonceurs locaux. En 2013, son chiffre d’affaires avait baissé de 14 % à 1,46 M€, soit son niveau de 2011. v jifimiaimijijiaisiOinid 8 Mont-Blanc et Montagne TV ne vieilliront pas ensemble Les deux chaînes d’Annecy ont vite abandonné leur projet d’alliance publicitaire. Difficile de marier une chaîne pour les passionnés de montagne (Montagne TV) et une chaîne locale (8 Mont-Blanc). « Nous n’avons pas eu de retour intéressant du côté des annonceurs », justifie Didier Flaender (8 Mont-Blanc). « Il est difficile de mettre en place un couplage publicitaire, et puis ce n’était pas une priorité », renchérit Laurent Surbeck (Montagne TV). Les deux chaînes avaient décidé l’été dernier de démarcher ensemble les 187 stations de ski à travers une offre publicitaire commune (des spots diffusés sur les deux chaînes). Après l’abandon de cette offre publicitaire commune, 8 Mont-Blanc a rejoint en janvier la régie nationale MediaVB (Paris) qui gère également les espaces commerciaux de Radio Classique et les chaînes Campagne TV et D!ci TV (Alpes du Sud). Des couplages sont à l’étude. v suite Zysla Belliat, 56 ans, est présidente de l’Irep, l’Institut d’études et de recherches publicitaires, qui recense les recettes publicitaires des médias. Ex-DG d’Aegis Medias Solutions, elle dirige le cabinet MMZ Conseil (Paris) depuis fin 2013. Une marque devrait plus s’intéresser à l’apport de la publicité qu’à son coût ” LA THÈSE La publicité décroche. Depuis plus d’une décennie, elle ne croît plus aussi vite que le PIB de la France. Cette dégradation menace à terme tout l’écosystème annonceursagences-médias. INTERMÉDIA. Quel est l’état du marché 2013 contre 1,99 % en 2000. Une dégradation porteuse de risques inquiétants. cru baissier. Le total de recettes de 13,3 Md€ est en recul de 3,6 %. Soit une perte de 500 M€ en un an et de 1 Md€ en deux ans. La presse est encore en forte baisse (- 8,4 %), l’affichage (- 1,7 %) et la radio (- 0,4 %) résistent bien. Seul l’internet progresse (+ 3,1 %). Le plus inquiétant, c’est la dégradation structurelle du ratio pub/PIB. Ses recettes ne représentent plus que 0,64 % du PIB contre 0,86 % en 2008. Ce niveau est très inférieur à ceux des grands pays industrialisés comme le Japon (1,06 %), le Royaume-Uni (1,01 %) ou les ÉtatsUnis (0,98 %). Quant à nos dépenses globales de communication (médias et hors-médias), elles ne pèsent plus que 1,42 % du PIB en INTERMÉDIA. Quel risque présente publicitaire dans les médias ? z.b. En 2013 cela a été à nouveau un 14 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 la dégradation du marché ? z.b. C’est de mettre en péril tout l’écosystème annonceurs-agences-médias. Car il n’y a pas de baisse du volume publicitaire (TV et radios vendent plus de secondes par exemple), mais une baisse des prix : les tarifs sont de plus en plus négociés. Ce processus d’appauvrissement menace, à terme, de dégrader la qualité des médias et des agences, partant de peser aussi sur la valeur des marques. Les services achats devraient plus se focaliser sur la valeur qu’apporte la publicité aux marques que sur sa valeur faciale ! Ainsi une étude de l’AACC en 2011 montrait que la publicité dans les médias contribue pour 36 % aux ventes d’automobile, à 29 % celles des produits frais, à 24 % des boissons, etc. Et qu’elle développe les marchés : + 16 % dans les produits d’entretien, + 13 % dans l’hygiène-beauté, + 10 % dans l’auto ou l’épicerie... Bref, si l’on veut pérenniser ces apports, il faut imaginer de nouvelles pistes. INTERMÉDIA. Comment revaloriser la publicité ? z.b. Il faut réfléchir à des modèles de partage de valeur, de rémunérations au bonus et apporter plus de preuves de la création de valeur de la publicité. Cela implique que les marques ne se contentent plus de petites études à 2 000 € pour savoir si les gens ont aimé leur pub ! Mesurer l’apport de la communication à la valeur de la marque est complexe, mais n’est pas compliqué. Les annonceurs ont intérêt à s’y mettre, car, demain, l’indispensable maîtrise de la big data nécessitera l’usage de bien plus hautes mathématiques ! v mt ” IL l’a dit IL l’a fait Michael Peters, président du directoire d’Euronews Je ferai de cette TV en faillite un groupe multimédia ” ” les faits Dix ans après sa nomination, le jeune PDG aux allures de play-boy ne fait plus sourire. Non seulement il a fait de la télévision lyonnaise la 1re chaîne d’information européenne, mais il est en train de constituer autour d’elle un groupe multimédia ambitieux. INTERMéDIA. Comment êtes-vous arrivé INTERMéDIA. Comment avez-vous fait responsable financier. La chaîne était au bord du dépôt de bilan, et je savais que je pouvais me retrouver au chômage dans les trois mois. C’était une chaîne de débats interminables, assez peu sexy. Mais j’étais attiré par les métiers de service. Et puis chez Euronews, il y avait tellement de nationalités différentes qu’on retrouvait le monde entier à la machine à café. Tout cela m’a poussé à m’investir. J’ai gravi les échelons jusqu’au poste de DG en 2005. Puis de président du directoire six ans plus tard. de TV en une plateforme d’info mondiale, avec un site, une radio, des applications, des chaînes YouTube... Pour marketer cette offre, j’ai initié en 2013 une direction marketing produits. Sa 1re mission a été de lancer Euronews Knowledge, une chaîne YouTube dédiée à la recherche, la science et l’espace. La création d’une telle direction au sein d’un média avait choqué, notamment les journalistes. Et puis, lorsqu’ils ont vu Euronews Knowledge devenir la 3e des chaînes YouTube « contenu original » avec 200 000 abonnés... ils ont mieux compris cette initiative. chez Euronews ? m.p. J’ai été recruté en 1998 comme INTERMéDIA. Ce fut facile de vous imposer comme patron ? m.p. Oui. À 43 ans, je suis un jeune patron, et je suis le premier Lyonnais à diriger Euronews. Cela constitue un storytelling qui fonctionne à sa manière. évoluer Euronews ? m.p. Il a fallu transformer cette chaîne INTERMéDIA. Quelle est la prochaine étape ? m.p. Les mots « digital » et « TV » sont en train de devenir has been. L’avenir, c’est de proposer deux offres. L’une est linéaire : on délivre via notre chaîne TV, nos applis, notre site... un flux d’info premium 24h/24 qui s’impose au public. L’autre est non linéaire, c’est-à-dire que le public consomme l’info comme il l’entend et quand il l’entend, sous forme de vidéo à la demande par exemple. Nous allons revoir totalement notre offre non linéaire afin d’être pionniers en la matière. INTERMéDIA. De quoi se nourrit-on pour imaginer l’avenir des médias ? m.p. À quoi pensait Steve Jobs toute la journée ? À l’expérience utilisateur. Moi aussi. Je réfléchis en permanence à la façon dont les gens consomment la marque Euronews. v jd Euronews. Écully (69) | Création : 1992 | budget 2013 : 75 M€ | RN 2013 : 1,4 M€ | 500 journalistes de 25 nationalités n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 15 ENCARTÉS 1 031. C’était le nombre de détenteurs de la carte de presse en RhôneAlpes en 2013. Soit 2,8 % des effectifs nationaux. Parmi les journalistes encartés, la majorité est en CDI (833). Source : CCIJP ÉCRANS GRAND FORMAT 6 heures 12 830 € C’est le temps qu’on passe à consommer des médias chaque jour selon l’étude Global Mobile Media Consumption Report d’InMobi (réalisée dans 14 pays). Depuis 2013, le mobile a détrôné la télévision avec 97 minutes par jour contre 81. 61 % des personnes interrogées déclarent utiliser leur mobile tout en regardant la télévision. v C’est la somme qu’un annonceur doit débourser pour voir son viuel affiché pendant un mois sur la façade du magasin Monoprix de Lyon 2e. Géré par Com’Unique (Lyon), cet espace vient de voir sa surface passer de 12 à 40 m2. Pour louer seulement la zone de 12 m2, il faut payer 4 950 € pour un mois. v chiffres RÉSEAUX Un quart. C’est la proportion d’utilisateurs de Facebook et Twitter en France qui suivent au moins une marque sur ces médias sociaux. Leur première attente : obtenir des réductions ou des offres spéciales selon une étude Kantar Media. CINÉMA 23,8 % des Français ont fréquenté les salles obscures au cours du mois précédent. Un chiffre en baisse de 3,4 points en un an selon le bilan 2013 de l’étude « 75 000 Cinéma » de Médiamétrie. CONNECTÉS 4,5. Les Français sont présents sur 4,5 réseaux sociaux en moyenne. C’est plus du double qu’en 2009 selon une étude IFOP parue fin 2013. 87 % des Français sont présents sur au moins un réseau social. MALIN 1 250€. C’est la somme à débourser pour diffuser une publicité sur 12 000 tickets émis par un parking. Com’Unique propose cette prestation dans 600 parkings français, implantés en centre-villes, centres commerciaux, gares et aéroports. Quelques repères pour mieux appréhender l’univers des médias publicitaires cohabitation Tablette et papier font bon ménage H yper connecté rime avec papier. C’est ce qui ressort de l’étude One AudiPresse parue fin 2013. La presse reste un média de référence puisque 97 % des Français lisent chaque mois au moins un titre de presse, quel qu’il soit. Et 34 millions en lisent au moins un par jour. Un Français lit en moyenne 6,4 titres différents. Plus un lecteur est connecté, plus il est friand de lecture. One révèle qu’un internaute lira en moyenne 6,6 titres différents et les possesseurs de tablettes 6,9. Enfin, les plus connectés c’est-à-dire ceux possédant à la fois un smartphone, une tablette et un ordinateur consommeraient en moyenne 7 titres de presse différents. Multi-reading. Dans le même temps, on assiste à une émergence de la lecture des formats numériques. Nous l’avions souligné concernant les deux grands quotidiens de Rhône- Alpes (InterMédia n° 1225). Il faut dire que les ventes de tablettes ont été multipliées par 2,5 en France depuis l’étude précédente pour atteindre 8,6 millions de possesseurs. Un taux d’équipement en plein essor qui dope la lecture numérique de la presse. 45 % des Français lisent au moins un titre de presse en version numérique au minimum une fois par mois que ce soit sur un site internet, un site mobile, une application ou une version PDF téléchargée. Si le volume de lectures numériques a globalement progressé de 14 %, c’est du côté des utilisations sur mobiles et tablettes que l’on trouve le plus grand dynamisme (+ 24 %). Désormais, un tiers des lectures numériques se font sur ces dispositifs contre 2/3 sur le web fixe. Enfin, preuve que papier et numérique peuvent cohabiter, One souligne que plus d’un Français sur deux (54 %) qui lit un titre en version numérique, lit aussi le même support dans sa version papier d’origine.v Chômage en hausse chez les journalistes de Rhône-Alpes de plus par rapport à la même période l’année dernière. Le secteur voit naître un journalisme précaire. Le nombre de chômeurs de catégorie A et B (qui n’ont pas travaillé du tout ou moins de 78h au cours du dernier mois) est en augmentation de 7 % quand les journalistes de catégorie C (qui ont déclaré plus de 78 h de travail dans le mois) reculent d’un peu plus de 1 %. +6% Une précarisation du métier que corrobore une étude de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) diffusée 633 671 fin 2013. 29 % des répondants avaient une activité extrajournalistique. Si on exclut les permanents (62 % des répondants), dont 17 % ont une activité extrajournalistique, cette proportion grimpe à 51 %. Les journalistes ayant une activité extrajournalistique sont à 35 % non titulaires de la carte de presse, moins rémunérés que la moyenne (21 % ont CATÉGORIE aBc des revenus inférieurs ou égaux au SMIC contre 12 %). La pression économique sur le marché des médias ne semble pas s’atténuer si l’on s’en tient aux derniers chiffres que nous nous sommes procurés auprès de Pôle Emploi. En février, Rhône-Alpes comptait 671 chômeurs inscrits en tant que journalistes, toutes catégories confondues. C’est 6 % Nombre de journalistes au chômage 700 600 500 400 300 200 100 0 Février 2013 Février 2014 +8% 374 405 +7% 143 CATÉGORIE a 16 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 -1% 151 CATÉGORIE B 116 115 CATÉGORIE c quête Pas rentables les médias ? La bonne blague Vous croyez que tous les médias sont proches de la faillite ? Cessez de vous apitoyer. Certains groupes régionaux sont de jolies cash machines. E n 2013, les médias hexagonaux ont encore perdu 500 M€ de recettes publicitaires. Comme en 2012, selon l’étude annuelle Irep/ France Pub. Mais comme dans la fable des animaux malades de la peste, tous n’en meurent pas. Il en est même qui font plus que survivre : ils prospèrent. Certains médias rhônalpins se portent en effet comme des charmes, dans la radio, l’affichage et même la presse. Dans ce dernier secteur qui est pourtant le plus touché par une double baisse de la publicité et des ventes, des éditeurs affichent une belle rentabilité. Gutenberg pète la forme. Ces entreprises ne sont certes pas nombreuses. Mais de fort belle taille. À l’image du petit empire que le Grenoblois Dominique Verdiel s’est bâti dans la presse régionale après avoir fait fortune dans l’affichage. Son navire amiral, Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné dégage bon an, mal an, un peu plus de 20 % de marge nette, un score élevé, même dans cette catégorie de presse d’annonces légales qui reste l’une des plus profitables. Mais Dominique Verdiel est aussi l’heureux patron de Montagne Expansion, un groupe de publications dédié aux aménageurs de la montagne (économie, tourisme…), dont le titre principal, Montagne Leaders, est décliné dans une édition andine (Amérique du Sud, Espagne…) depuis 2011 et une chinoise depuis l’an dernier. Un groupe qui frisait 24 % de résultat net en 2012 et tourne à 20 % en moyenne. 18 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 La radio est l’un des médias qui résistent le mieux à la crise, avec des recettes quasi stables en 2013, au niveau national. Le tout contribue à faire de Dovemed, la holding qui contrôle tous les journaux de Dominique Verdiel, une affaire en or, qui rapporte 25 % de marge nette les années maigres comme en 2012 (355,7 K€ de RN pour 1,454 M€ de CA), et un vrai pactole le reste du temps (1,127 M€ de RN pour 1,369 M€ de CA en 2011). Un modèle à suivre pour l’autre grand éditeur régional, le groupe sudiste Riccobono (propriétaire du Tout Lyon) qui a racheté à tour de bras des journaux d’annonces légales et d’informations locales dans la région : Les A ffiches Lyonnaises, Le Patriote Beaujolais, La Tribune de Vienne… Regroupements et restructurations commencent à porter leurs fruits puisque le Groupe Tout Lyon a dégagé un peu plus de 13 % de rentabilité sur 7,3 M€ de facturations. Autre restructuration des plus profitables, celle du magazine people Lyon Clubbing. Ce magazine du groupe radiophonique Espace Group est logé depuis 2012 dans une filiale pure paper : Such a Star dont le patron d’Espace Group est actionnaire aux côtés de Dominique Lafoy. Such a Star qui a aussi repris Lyon Femmes, a dégagé 128 K€ de bénéfices en 2012 pour 439 K€ de CA. Une marge de 29 % à faire enrager Lyonpeople (le vieux rival) qui ne dégage que 2 à 3 % de rentabilité. Et à ridiculiser tous les pièges à pub de luxe (Ego la revue, Megève sur la terre, Altus Val d’Isère…) qui peinent désormais à équilibrer leurs comptes. Enfin, si la plupart des éditeurs souffrent, la distribution de magazines se porte assez bien : en 2012, les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP) ont engrangé 10,45 M€ de bénéfices pour 74,7 M€ de CA. Des ondes en or. La radio est l’un des médias qui résistent le mieux à la crise, avec des recettes quasi stables en 2013, au niveau national. C’est aussi un média profitable, même si toutes les stations ne sont pas des cash machines comme le holding Espace Group (Lyon), qui possède une douzaine de réseaux (MFM, ODS, Jazz Radio…) et plus de 200 fréquences en France. Toujours contrôlé par son fondateur, le Lyonnais Christophe Mahé, ce holding a encaissé en 2012, un bénéfice net de 2,029 M€ pour un CA de 3,020 M€. Année record sans doute, mais sur les 5 précédents exercices, la rentabilité moyenne tourne à 25 %. Peu disert sur ses affaires, Christophe Mahé l’est encore moins sur leur rentabilité, « un sujet sur lequel [il] ne souhaite pas communiquer. » Une performance qui tient à l’industrialisation de l’ensemble et aux économies d’échelles engendrées. Parmi ses stations vedettes, ODS (Annecy) a dégagé près de 30 % de résultat moyen entre 2007 et 2012, et Radio Plus (HauteSavoie) entre 15 et 20 %. Dans la concurrence, une seule indépendante rivalise en prospérité : Radio Mont-Blanc qui affiche des marges de 30 % ces dernières années. Loin derrière, Activ Radio (Loire) cependant tutoie une moyenne de 10 %, « grâce à nos investissements et à de gros efforts commerciaux », précise Romain Mazodier, cogérant de la station. Les deux golden boys de Rhône-Alpes Dominique Verdiel À 54 ans, ce Grenoblois est le patron de Dovemed, l’un des premiers groupes indépendants de presse en région (Affiches de Grenoble, Montagne Expansion, La Vie Nouvelle…). Un petit empire très rentable bâti en 6 ans. Christophe Mahé À 53 ans, il est le dirigeant fondateur d’Espace Group, l’un des tout premiers groupes indépendants multimarques sur la FM en France. Né en 1987 à Lyon, ce groupe contrôle une douzaine de stations (dont Jazz Radio, MFM, ODS, Virage, Radio Plus…). grenoble. lyon. Ils sont discrets, mais prospères. La cinquantaine venue, ces entrepreneurs depuis 30 ans, engrangent les bénéfices de leurs investissements avisés dans diverses activités de communication (minitel, agence de publicité, affichage, presse, radio, web...). Avec eux les échecs sont rares et jamais définitifs. Ils savent aussi investir dans l’immobilier et se sont fait construire de très confortables sièges sociaux pour abriter leurs multiples activités. Dont ils sont les seuls à connaître le véritable périmètre. De l’affiche au web. Autre sec- teur qui résiste encore : l’affichage, mais surtout dans la LC (longue conservation = publicité peinte). Champion de la rentabilité : l’afficheur stéphanois Horizon, qui dégage entre 20 et 25 % de marge nette depuis 3 ans et jamais moins de 16 % depuis 2007. Son secret ? « La longue durée reste appréciée, tant par ses vertus de proximité que de notoriété. Certes, les contrats triennaux se raréfient : ils ne pèsent plus que 30 % du CA contre 80 % voici 5 ans. Mais ils ont été remplacés par des contrats annuels reconductibles, qui sont moins âprement négociés par les annonceurs », explique Hervé Barralon, le dirigeant de la société qui exploite 500 faces sur la Loire et la Haute-Loire. Et réalise 1,6 M€ de CA avec 6 salariés, essentiellement com- merciaux, les prestations techniques étant sous-traitées. À un degré moindre, quelques-uns de ses confrères font aussi bonne figure. C’est le cas d’Axo (Grenoble) qui dégage régulièrement près de 15 % de bénéfices (25 % même en 2011) ou de Promo Sud-Est (Lyon) qui assure un bon 10 %. À noter qu’aucun ne s’est mis au digital, ce type d’affichage restant l’apanage des grands réseaux nationaux et pas encore très rentables. C’est aussi le cas de la presse en ligne qui peine à trouver un vrai businessmodèle. Le seul éditeur qui semble l’avoir trouvé est Rémi Reibel, l’animateur de la lettre électronique (gratuite) Rhône-Alpes Passions, dédiée à l’art de vivre en région. Avec un CA certes modeste — retombé à 44 000 € en 2013 contre 105 K€ en 2010, suite au départ de sa commerciale —, mais qui rapporte 15 % net l’an (et parfois plus) depuis 2007. « Cette rentabilité vient d’une stratégie de contenus rédactionnels qui a assuré une bonne notoriété à la lettre qui compte plus de 31 000 abonnés. » Ce petit éditeur, qui vient de refondre son site, vise à bâtir une communauté gourmande sur les réseaux sociaux et veut relancer en juin le magazine semestriel imprimé qu’il avait arrêté en 2013. Dans le reste de la presse en ligne nulle trace encore de filon. Mais au moins un site d’information semble prometteur : zoomdici.fr. Ce site d’actus sur la Loire et la Haute-Loire a franchi pour la première fois la barre des 10 % de résultat net, soit 15,9 K€ pour 145,2 K€ de CA. v MT n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 19 dossier STRATÉGIE MÉDIA 24 [ REPORTAGE ] Les agences médias ne sont plus à la fête. 26 [ FOCUS ] L’affichage reste incontournable. 28 [ ANALYSE ] Les régies font migrer leurs clients sur le web. 30 [ pour/contre ] Un annonceur peut-il se passer d’une agence média ? Annonceurs Comment choisir ses médias aujourd’hui ? Les annonceurs constatent que l’impact de leurs messages diminue. Ils revoient leurs stratégies média en jouant sur les trois composantes : paid, owned, earned. L e changement, c’est maintenant. Les annonceurs sont nombreux à revoir leur stratégie média. Les médias paid (ceux qu’on achète) restent au cœur de leur dispositif — et c’est bien logique puisqu’ils participent à 54 % à la perception d’une marque. Mais les services communication ont aujourd’hui du mal à savoir quels médias acheter, et comment. Il faut dire que l’offre s’est considérablement étoffée, avec notamment l’arrivée des chaînes de la TNT, et la montée en puissance du digital et sa palanquée d’outils marketing. Certains professionnels cèdent à la tentation, quitte à revenir en arrière, s’ils sont déçus. « Nous avons testé le RTB en 2013, mais nous l’avons abandonné pour cette année », indique ainsi Nathalie Garel, responsable communication pour les cuisines Aviva. Des messages trop dilués Autre problème pour les directeurs de la communication : depuis quelques années, ils ont constaté que les médias qu’ils achetaient étaient moins efficaces. En clair, les campagnes ne conduisent plus aux mêmes 20 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Aurélie Demeure (Groupe Fournier) « Arbitrer en faveur du média earned nécessite d’avoir une vraie image, et un contenu intéressant à offrir aux internautes » augmentations de ventes ou de fréquentation en magasins. « Avec l’élargissement de l’offre, les messages sont de plus en plus dilués, et donc moins efficaces », décrypte Xavier Guillon, DG de France Pub. Cette efficacité moindre, Nathalie Garel l’a constatée. Chaque campagne d’Aviva (affichage, dépliants, ou annonces presse) ne génère plus qu’une augmentation de 10 % de la fréquentation mensuelle d’un magasin, contre le double il y a deux ans. Conséquence : cette année, la dircom enverra « seulement » 3 millions de dépliants, soit deux fois moins qu’il y a dix ans. Autre difficulté pour les annonceurs : le consommateur a évolué dans ses habitudes. Il consomme plusieurs médias en même temps (TV et internet). Il recourt à la VOD et utilise les supports mobiles, ce qui fait qu’on ne sait plus quand et dans quelles conditions il prend connaissance des messages publicitaires. Enfin, on ne peut plus prédire ses attitudes d’achat en fonction de ses revenus. « Le même consommateur peut s’équiper avec une cuisine Ikéa et partir en vacances dans un hôtel de luxe », remarque Aurélie Demeure, directrice de la communication du groupe Fournier (Mobalpa, SoCoo’c, Pérène). Résultat : fini le temps où on définissait une cible correspondant grossièrement à une CSP et on la « matraquait » à grands coups de GRP. Les annonceurs doivent donc faire évoluer leurs stra- 4 stratégies payantes 1 Utiliser le RTB. + 300 % de demandes de devis en ligne. C’est la performance enregistrée par les piscines Desjoyaux en 2013, grâce à une stratégie presque uniquement digitale : search, RTB, affiliation et réseaux sociaux. Agence média : Agence79 Lyon. 2supplément Sortir un éditorial. La Foire de Lyon fait appel à Lagardère Métropoles pour encarter un mini-magazine de 36 pages dans Télé7Jours. Tout comme l’hebdo de télévision, il comprend des pages sport, conso, gastro… Parier sur un site 4à succès. Pour faire connaître sa gamme de ravioles à poêler, Saint-Jean a communiqué sur le 1er site français de l’univers de la cuisine : Marmiton. Le dispositif prévoyait un jeu-concours, des idées recettes et du rédactionnel signé pour partie par une blogueuse, Anne Lataillade. Régie : Partenaire. 3 Organiser un événement blogueurs. La station de Val Thorens a misé sur le earned média en invitant en janvier dix blogueurs à participer à la compétition « Game of blogs » (courses de luge, ateliers cuisine...). Résultats : 50 000 « like » et 1 500 partages et/ou retweets. Agence : Disko (Paris). tégies en matière de médias paid, pour que leurs messages regagnent en efficacité. Mais en attendant de trouver la martingale, beaucoup tâtonnent. Il n’est plus rare de décaler un spot TV au dernier moment. « Auparavant, nous étions briefés en septembre, et la stratégie médias était arrêtée en novembre, pour un an. Désormais, nous sommes briefés pour le trimestre suivant », témoigne Marc Lewitanski chez CoSpirit MediaTrack. Le rêve du digital Pour gagner en efficacité, le digital, qui revendique un ciblage fin, semble le plus indiqué. Selon l’Irep, internet est le seul média à progresser (+ 6 % en 2013). Tous les autres régressent, mais surtout la presse (- 7,9 %) et le cinéma (- 13 %). « Le digital fait rêver, alors qu’il y a un vrai désamour pour le papier », regrette avec amertume Gilles Dubois (PHR Publicité). Et d’égrainer ses budgets en dégringolade, comme celui de la Région Rhône-Alpes : 200 K€ investis dans la PHR il y a cinq ans, seulement 25 K€ en 2013. Moins cher que les autres médias, le web est perçu comme celui où les messages publicitaires auront le plus d’impact, car ils seront adressés aux bonnes personnes. Ainsi, après avoir longtemps communiqué sur les aspects techniques de ses produits, Merial s’est rendu compte qu’elle devait réinjecter du lien et de l’affect dans sa relation avec les consommateurs. L’entreprise lancera au printemps une stratégie digitale (agence : Diplomatic-Cover). Pour autant, les annonceurs continuent d’acheter des médias offline. De préférence ceux qui leur permettent de diffuser du contenu éditorial. « L’exemple type, c’est « Du côté de chez vous ». Ce spot discrètement signé Leroy-Merlin ne se présente pas comme de la publicité, mais comme une mini-émission destinée aux passionnés de la maison », illustre Xavier Guillon. De fait, la frontière entre contenu éditorial et contenu promotionnel s’estompe. « Aujourd’hui, on considère que la pub peut informer, affirme Djamila Calla, chez ... n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 21 dossier presse STRATÉGIE MÉDIA gratuite 54 % C’est la part de perception d’une marque grâce aux médias achetés. Contre 32 % pour les médias propriétaires et 14 % pour les médias gagnés. ... Lagardère Métropoles. Les consommateurs ne sont pas dupes, ils savent que la pub fait partie du média, et ils sont prêts à l’accepter. D’autant plus si elle est drôle ou originale. » Connaître intimement ses clients Deuxième catégorie de supports que peuvent exploiter les annonceurs : les médias owned c’est-à-dire ceux dont ils disposent en interne. Cela concerne leur site, leurs rapports annuels, des applications mobiles, une webTV… Longtemps sous-exploités, ils ont aujourd’hui la faveur des services marketing-communication. D’autant qu’ils sont responsables à 32 % de la perception d’une marque. Mais aussi parce qu’ils permettent de mieux cerner les profils des clients et prospects. « Des investissements importants sont réalisés dans les médias owned : développement de sites et d’applications, de CRM, mise en place d’outils de big data... », note l’Irep dans son dernier rapport (mars 2014). Le but est d’amasser un maximum de renseignements sur la clientèle. Ils servent prioritairement à l’exploitation commerciale, mais permettent aussi d’orienter la stratégie de communication. « Les annonceurs doivent connaître leurs clients de manière intime, préconise Xavier Guillon. Aussi bien que le boucher du quartier connaît les siens. » Chez Mobalpa, Aurélie Demeure a ainsi identifié quatre profils de consommateurs dont elle scrute les habitudes d’achat pour établir son plan média. Prochain défi : le earned média Enfin, il y a un troisième ensemble de médias dont un annonceur peut profiter : les médias « gagnés » (earned). Cette catégorie de médias qui font volontairement et gratuitement votre promotion (article de presse, citation d’un blogueur, recommandation d’un client...) reste encore souvent en jachère. Elle est pourtant responsable de 14 % de la perception d’une marque. « Arbitrer en faveur des médias earned nécessite d’avoir déjà une vraie image, et un contenu intéressant et excitant à offrir quotidiennement aux internautes », pointe Aurélie Demeure. Et d’avouer se sentir disqualifiée, avec ses cuisines qui se renouvellent tous les 18 ans en moyenne. Alors que Jean-François Lurol chez Boiron déplore que « le secteur pharmaceutique nous impose une réglementation draconienne, qui nous contraint en terme de média earned ». Quant à Marc Lewitanski, il juge pour sa part que le média earned est en partie un mythe : « C’est une excuse pour ne pas investir en publicité, tranche-t-il. 22 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Journaux de collectivités Hélas, ils ne sont pas à vendre L a presse de collectivités affiche des tirages à faire rêver les annonceurs. Qui ne sont pas les bienvenus dans ces publications. À côté de journaux locaux souvent en déclin, la presse des collectivités a de quoi faire fantasmer les annonceurs : Grand Lyon Magazine tire à 632 000 exemplaires, Lyon Citoyen à 281 000, Sainté Mag à 110 000, Les Nouvelles de Grenoble 96 000... contenus modernisés. En plus d’être très diffusés, ces journaux sont très lus. « De tels supports de proximité, distribués en boîte aux lettres, ont 80 % de chances de se retrouver dans une maison, où ils seront lus par 3 personnes en moyenne », détaille Michel de Saint-Étienne, rédacteur en chef de Lyon Citoyen. Et s’ils sont autant lus, c’est grâce à leur contenu modernisé : de l’information variée et pratique, une charte graphique moderne et des équipes employant des journalistes et des photographes professionnels. Au total, on dénombre en France plusieurs milliers de publications puisque toute collectivité de plus de 1 000 habitants édite un support. Ces titres distribuent 15 millions d’exemplaires, lus par 45 millions de lecteurs. confusion chez le lecteur ». Pour Michel de Saint-Étienne, la publicité est hors sujet, même s’il reçoit chaque mois des demandes d’agences : « Nous dépendons de l’argent public. Accepter de fonctionner avec de la publicité nous mettrait en concurrence déloyale avec la presse qui en a besoin. Nous sommes un média sans souci financier, ne l’oublions pas ». v Interdits de pub ? 63 % de ces supports accueillent de la publicité payante. Mais il s’agit surtout de petites collectivités qui ont peu d’argent. François Castagnet, à la tête de Valence Mensuel, n’y voit pas un grand intérêt : « cela brouillerait l’image du magazine, dont l’objet est de valoriser les actions locales, et créerait la Arbitrer en faveur du earned média implique d’être prêt à ne pas maîtriser le contenu qui vous concerne, et ce n’est vraiment pas facile » Quelques annonceurs (essentiellement issus du e-commerce, du luxe, de la mode, des télécoms...) ont pourtant fait des efforts dans ce domaine. Par exemple, Carrefour prend soin d’alimenter son fil Twitter Rhône-Alpes par des idées de sujets susceptibles d’être reprises par la presse (agence : Influactive). Les deux tiers des followers sont d’ailleurs des journalistes locaux. De son côté, le site de produits high-tech LDLC s’emploie à animer sa communauté d’internautes (835 000 fans Facebook) et à l’alimenter d’actualités dans l’objectif d’être repris sur de nombreux blogs. v jd Sources : Cap’Com, mars 2014. dossier STRATÉGIE MÉDIA Agences médias Elles ne sont plus à la fête Les supports se vendent moins cher qu’avant. Du coup les annonceurs mettent la pression aux agences qui ont bien du mal à préserver leurs marges. L es tarifs des médias n’ont jamais été aussi bas. « L’excès d’offre (nouvelles chaînes TV, multiplication des outils digitaux...) conduit à une pression sur les prix. C’est flagrant en TV, où on paie environ 5 % de moins qu’il y a trois ans », témoigne Marc Lewitanski chez CoSpirit MediaTrack. On assiste même à l’apparition d’une offre « low-cost ». L’agence TVLowCost, la bien nommée, se vante d’avoir inventé le concept de « pack TV ». Du 3 en 1 ou presque : création d’un spot, production et achat média. Ces packs 24 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 s’échelonnent de 100 K€ (chaînes de la TNT) à 500 K€. Le pack « Merde à la crise » permet même d’accéder aux chaînes historiques en été et en janvier pour... 150 K€. « Ce système de package intéresse les annonceurs, car il crée l’illusion d’une bonne affaire. Mais il ne correspond pas forcément aux objectifs de communication d’une marque », met en garde Marc Lewitanski. Budgets ridicules. Cette baisse des tarifs n’est pas sans effets sur les relations entre annonceurs et agences média. Les premiers ont la tentation de pro- fiter au mieux de ces prix bas. Ils réduisent leurs budgets d’achat d’espace (déjà restreints depuis la crise), ce qui rogne mécaniquement la rémunération des agences média. Celles-ci se rémunèrent en effet le plus souvent au pourcentage de volume (3 à 15 % selon s’il s’agit de médias locaux ou nationaux). « Les annonceurs affichent des budgets ridicules, et paient de moins en moins les agences média. Du coup, celles-ci en font le minimum, en “recopiant” la stratégie média de l’année passée, ou en suivant sans recul les envies de l’annonceur », râle un professionnel. Et de citer des entreprises qui sont accompagnées en TV avec une enveloppe très modeste de... quelques dizaines de milliers d’euros. Avec ce budget, elles se payent tout juste un sponsoring sur une petite chaîne de la TNT ou du satellite. Pas sûr que c’est vraiment pertinent. « Pour espérer une stratégie média sur-mesure et originale, il faut débloquer quelques centaines de milliers d’euros au minimum », confirme sans hésitation Claude Senger, le fondateur d’Adcom. Dans ce contexte, certaines agences média jugent nécessaire de revoir le système de rémunération actuellement en vigueur. « Le dispositif basé sur le pourcentage de volume acheté est obsolète. Nous devons évoluer vers des honoraires indexés sur le temps passé », préconisait déjà Bertrand Beaudichon, le président de l’Udecam (association d’agences média), dans Stratégies en janvier 2013. Faire rêver avec le digital. La période est d’autant plus difficile pour les agences média traditionnelles qu’elles sont aujourd’hui concurrencées par des spécialistes du numérique. Les web-agences et les agences média digitales n’ont de cesse de faire valoir que les prix bas et le ROI c’est leur rayon... et même leur culture. Un discours qui intéresse vivement les annonceurs, alors qu’on annonce que le web deviendra le challenger de la TV d’ici 2020. « Dans le digital, on est constamment préoccupés par la rentabilité des investissements, qui peut être tracée presque en temps réel. C’est le meilleur média pour avoir des indicateurs de performance clairs et réguliers à faire remonter à sa direction », vante Adrien Jehanno (Agence79 Lyon). Pourtant, ce secteur de l’achat média digital est encore jeune (guère plus de dix ans), peu structuré, formé de professionnels qui ont appris les ficelles du métier sur le tas. « Le problème dans cette filière, c’est la compétence, tranche Claude Senger. En matière de RTB par exemple, il y a un gros effet de mode, le nombre d’acteurs proposant cette technique augmente, mais il y aura sans doute de nombreux déçus... Et peut-être quelques morts. » Jean-Pascal Favier, président de l’AAMI (Association des agences média indépendantes) “ Les agences se tournent vers le planning stratégique ” INTERMÉDIA. Comment se structure le secteur des agences média ? j-p.f. Le marché est très concentré, avec seulement une trentaine d’acteurs en France. On dénombre une petite dizaine d’agences média issues de grands groupes — les plus importantes sont Havas Média, Zénith et Starcom, Carat, et Omnicom Média Group. Et on compte une vingtaine d’indépendantes. L’AAMI regroupe 12 agences média, soit 170 collaborateurs. Ensemble, nous gérons 1,1 Md€ de volume d’achat. INTERMÉDIA. Quel est le profil type de l’agence indépendante ? j-p.f. Une structure de taille moyenne, qui emploie entre 12 et 20 collaborateurs. Elle travaille pour l’essentiel avec des annonceurs de taille moyenne, de grosses PME plutôt dynamiques. Enfin, elle gère en moyenne 100 M€ de volume d’achat d’espaces, et réalise une marge brute de 1,5 à 2 M€. INTERMÉDIA. Comment a évolué le métier ? j-p.f. Il y a 30 ans, nous étions des grossistes en achat d’espace. Au milieu des années 90, notre rôle a évolué : nous avons développé des compétences en conseil qui nous ont permis d’optimiser les achats média. Aujourd’hui, le métier devient de plus en plus technique. Les stratégies média ne doivent plus toucher une CSP ou une catégorie de population (par exemple, les femmes entre 25 et 35 ans habitant les villes moyennes), mais cibler un comportement d’achat. Les profils des consommateurs ont tendance à se diversifier d’année en année, et nous tentons de les cerner grâce aux apports du big data, du marketing mobile... Nous sommes donc en train de passer du conseil en médiaplanning à une démarche de planning stratégique orientée média, très en amont de l’acte d’achat lui-même. v Certains spécialistes du digital ont cependant su élargir progressivement leur champ d’action. C’est le cas de l’agence média CoSpirit MediaTrack, entièrement digitale jusqu’en 2000, aujourd’hui reconnue comme le spécialiste du média local. Ou dans une moindre mesure d’Adcom. L’agence marketing et référencement a commencé par le digital, avant de signer son premier plan média « traditionnel » (radio, affichage, TV) l’année dernière. v JD n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 25 dossier presse STRATÉGIE MÉDIA gratuite La publicité extérieure résiste à tout : le web, la crise... Loin d’être dépassé, l’affichage a toujours la faveur des annonceurs. Il a de nombreux atouts et ses tarifs n’ont jamais été aussi attractifs. 3 campagnes payantes Les quenelles de Malartre gonflent démesurément. 7,5 K€ d’achat d’espace seulement pour une notoriété qui explose (3 millions d’ODV) : opération réussie pour la PME lyonnaise (18 salariés) qui s’est retrouvée affichée dans les rues de la capitale en pleine polémique Dieudonné. Agence : Rosbeef ! L’affichage reste incontournable L’ affichage est l’un des vieux médias qui résistent le mieux à la crise. Alors que la presse a reculé de 7,9 % et le cinéma de 13 %, la publicité extérieure limite la casse avec un recul de 2 % en 2013 (source : Irep-France Pub) Il faut dire que l’affichage reste indispensable pour de nombreux annonceurs. Or en Cash dédramatise la vente de bijoux. La marque iséroise, spécialiste du rachat de bijoux, voulait démystifier son activité Marc Lewitanski, DG de CoSpirit Media Track. « Pour les 4x3, nous atteignons des niveaux de négociation que nous ne connaissions pas il y a trois ans » aux yeux de la population féminine. D’où le ton humoristique employé pour sa première campagne nationale sur 2 200 faces en février. Agence : HulaHoop. Barclays drague les Lyonnais Pour conquérir 100 000 foyers lyonnais aisés, la banque a misé sur la publicité extérieure, d’abord sur la bâche de la place Bellecour puis sur 350 faces sur deux semaines. Une campagne conçue comme un hommage à la ville de Lyon. Agences : Dufresne Corrigan Scarlett et Ogilvy. 26 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 D’abord parce que c’est l’un des deux médias (avec la TV) qui permet de vraiment gagner en notoriété. Or la télévision n’est à la portée que d’une poignée d’annonceurs. Et puis, elle subit en ce moment un émiettement des audiences lié à l’arrivée massive de nouvelles chaînes. « Sur l’affichage, nous arrivons à des niveaux de négociation qu’on ne connaissait pas il y a trois ans, pointe Marc Lewitanski, chez CoSpirit MediaTrack. En matière de 4x3 par exemple, il y a beaucoup d’offre, et tous les emplacements ont du mal à trouver preneur. Ce qui engendre une pression sur les prix. » Le grand format est en effet en recul de 5,8 % (toujours selon l’Irep/France Pub). Alors que l’affichage transport et mobilier urbain progressent (respectivement + 1,2 % et + 0,9 %). Faire le buzz. Comme la TV, l’affichage permet de faire connaître une marque, et de l’installer auprès d’une population cible. Il y a un an, la nouvelle compagnie aérienne HOP !, filiale d’Air France, avait voulu marquer son arrivée en s’exposant en grand sur tout un immeuble de la place Bellecour. Lyon est en effet sa base principale. L’affichage est aussi le moyen de créer le buzz. En avril, une campagne suggestive avait surpris les Lyonnais. Elle représentait des couples ou des trios évoquant de torrides parties de jambes en l’air : « Eux, c’est tous les matins et tous les soirs », « Il arrondit ses fins de mois avec sa voisine »... Il s’agissait en fait d’une campagne du Grand Lyon en faveur du covoiturage, signée par l’agence Native. Même les médias s’y sont mis. « Un Lyonnais sur deux écoute Radio Scoop » : c’est ce qu’affirmait la campagne menée par la station leader fin janvier, et déclinée en 600 affiches Decaux. Alors que Lyonmag.com interpellait les automobilistes sur les culs de bus en se demandant « Lyon devient-elle mafieuse ? » Cependant, l’affichage ne convient pas à toutes les stratégies de communication. « Nous avons acheté de l’affichage et des dépliants tant que nous avons eu un objectif de notoriété et de trafic, indique Aurélie Demeure, directrice de la communication du groupe Fournier (Mobalpa, SoCoo’c, Pérène). Depuis 2013, nous privilégions moins la publicité extérieure, car nous voulons avant tout travailler sur notre image de marque. » v JD n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 27 dossier presse STRATÉGIE MÉDIA gratuite Les régies ont dû fournir beaucoup d’efforts pour basculer sur le web. Mais c’était l’une des conditions pour continuer à croître. Les régies font migrer leurs clients sur le web V endre de la publicité sur des sites internet a été un vrai défi pour les régies de la région. Les équipes étaient peu formées, voire carrément novices dans ce domaine. Et puis le développement du web devait se faire en douceur, sans cannibaliser les supports traditionnels. L’arrivée du numérique est souvent passée par des recrutements. Partenaire a choisi en 2010 d’intégrer un professionnel aguerri, Louis Brochard. Ancien chef de publicité chez Hi Média, il a triplé l’activité web en signant avec des sites majeurs comme Auféminin, Marmiton, AlloCiné, Boursorama, BFM... Djamila Calla, directrice de Lagardère Métropoles à Lyon “ Sur le web, les annonceurs demandent du surprenant ” INTERMÉDIA. Comment avez-vous pris le virage du web ? d.c. Nous avons choisi de ne pas spécialiser nos commerciaux. Ils travaillent par secteur d’activité, et vendent une offre globale mêlant print, radio, web et événementiel. Cette approche cross média est l’un de nos atouts. Côté web, nous commercialisons en région Doctissimo et Dailymotion, ainsi que des sites géolocalisables comme Femina.fr et Elle.fr. Ils peuvent accueillir des publicités destinées spécifiquement aux femmes lyonnaises par exemple. INTERMÉDIA. Quelles sont les demandes des annonceurs sur le web ? d.c. Les annonceurs veulent de l’original et du surprenant sur le web. Avant, ils nous demandaient que leurs pubs enregistrent le maximum d’impres- 28 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 sions. Mais aujourd’hui, ils ont compris que les consommateurs ne voulaient plus être matraqués par la publicité. Ils nous demandent donc des « opérations spéciales ». C’est-à-dire des dispositifs publicitaires sur-mesure, qui prévoient l’habillage d’un site, un jeu-concours... Mais aussi et surtout de la diffusion de contenu. INTERMÉDIA. Un exemple d’opération spéciale ? d.c. Pour la marque de régimes Naturhouse, nous avons créé un sujet de discussion sponsorisé sur le forum Doctissimo. La marque y donnait des conseils sur la manière de bien se nourrir, ce qui permettait d’engager la conversation avec les internautes. Le dispositif prévoyait aussi des bannières pub, et du rédactionnel sur Naturhouse. v Quant à Publiprint, la régie du groupe Progrès, elle a fait appel à une agence de Nantes, Mediaveille, pour initier ses 65 commerciaux et sa dizaine de managers au webmarketing. Mais il ne suffisait pas de former les équipes, il fallait aussi faire œuvre de pédagogie auprès des annonceurs. Publiprint a ainsi lancé, l’année dernière, des E-Déj, des petits-déjeuners auxquels la régie convie clients et prospects pour les initier aux arcanes de la pub online. « Aujourd’hui, le client a encore besoin d’être guidé, confirme Yves Matton, le fondateur de Partenaire. On lui parle du web comme d’un passage obligé, mais il se demande quand même si c’est efficace et pertinent. » Bascule salutaire Autre enjeu pour les régies : la cohérence entre les nouveaux supports web et les autres supports déjà commercialisés. Ainsi les 60 webradios thématiques commercialisées par EG Active (Espace Group) ont été conçues comme des prolongements des stations déjà proposées par la régie (Radio Espace, Jazz Radio, Virage Radio...). Une vingtaine de webradios sont ainsi rattachées à Jazz Radio. L’une est plus électro, l’autre plus lounge... « À l’heure où les annonceurs cherchent un ciblage de plus en plus fin, les webradios offrent la possibilité de toucher des populations très resserrées », explique Pierre Consolini, le DG d’EG Active. Et de décrire un schéma idéal : le consommateur écoute la radio chez lui le matin avant de partir travailler, puis se connecte à une webradio au travail. Même souci de cohérence chez Partenaire. « Lorsque nous nous sommes développés sur le web, nous avons choisi des sites à forte valeur ajoutée, souvent CSP+, en cohérence avec nos supports print qui sont premium (L’Express, Le Figaro...) », expose Yves Matton. Reste que les agences média n’ont eu qu’à se féliciter d’avoir fait leur révolution. « Si nous étions restés print, nous serions très mal aujourd’hui », avoue Yves Matton. Et d’assurer que le web, qui représente aujourd’hui 30 % du CA, n’a jamais cannibalisé le print. En effet, les régies en ont profité pour moderniser leur démarche commerciale, avec une offre globale intégrant print et web. Certes, le web ne représente encore qu’une part modérée des revenus des sociétés. Chez Publiprint par exemple, il génère seulement 2 M€ de recettes publicitaires contre 35 M€ pour le print. Mais ce chiffre pourrait doubler d’ici 2015, alors que le print ne progresse plus. La communication online est aujourd’hui l’unique segment du marché publicitaire à croître. De 3 % rien qu’en 2013. v JD dossier STRATÉGIE MÉDIA [ OUI/NON ] Confier ses achats d’espaces à une agence, c’est externaliser une tâche complexe et chronophage. Certains annonceurs préfèrent toutefois garder la main. Un annonceur peut-il se passer d’une agence média ? oui « On peut se passer d’une agence média et nous en sommes la preuve. Régulièrement, nous faisons de la publicité sur internet, à la radio, mais aussi de la télévision, de l’affichage, des salons... Systématiquement, nous traitons en direct. Notamment avec NRJ, Clear Channel ou JCDecaux. En revanche, nous travaillons moins souvent avec la presse écrite, car nous estimons que le retour sur investissement n’est pas flagrant. Pour choisir les supports où nous allons apparaître, nous nous appuyons sur les recommandations de nos commerciaux, qui sont présents sur le terrain en Rhône-Alpes, dans le Sud et à Paris. Ensuite, nous faisons un benchmark et nous choisissons. Je suis arrivée dans l’entreprise récemment, mais je sais qu’elle n’est jamais Hélène Bourgeois, responsable marpassée par une agence média. Cela keting et commutient notamment à notre culture. Il faut nication du groupe dire que Capelli est une société famiimmobilier Capelli liale. Les responsables de service sont en lien direct avec le directeur général de la société, Christophe Capelli. Nous avons des circuits de décisions courts. Par conséquent, si je reçois une offre intéressante en matière d’achat média, j’en réfère au directeur et on tranche rapidement. Nous fonctionnons à l’opportunité et au coup par coup. C’est pour cela que nous privilégions le travail en direct avec les médias. Par ailleurs, cette manière de travailler nous permet de tester facilement certains supports, comme les culs de bus. C’est vrai que cela prend du temps, mais il nous semble important d’entretenir des relations régulières avec nos prestataires et de conserver la maîtrise totale des supports et du budget. Pour autant, nous pourrions recourir à une agence média sur des marchés étrangers que nous connaissons moins. Depuis l’an dernier, nous disposons d’une filiale en Suisse et d’une autre au Luxembourg. La prochaine sera implantée en Allemagne. » v 30 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 non « Nous avons géré nos achats média en interne pendant de nombreuses années, parce que notre zone de chalandise nous le permettait. Mais en 2002, nous sommes passés par une agence, car nous avions acquis une taille plurirégionale et l’achat d’espace était devenu trop lourd à gérer en interne. Nous avons donc débuté avec l’agence Marc Médias et aujourd’hui nous travaillons avec Carat à Lyon. Il se trouve que nous conservons des relations directes avec quelques titres, comme L’Essor Affiches par exemple que nous connaissons depuis très longtemps, mais cela reste anecdotique. Faire de l’achat média au niveau national est consommateur de temps et de ressources humaines. Nos salariés des diDaniel Barallon, rections marketing et communication se directeur de la concentrent sur la partie amont et notamcommunication ment la fourniture d’un brief stratégique d’Eovi MCD qui donne lieu à une vraie discussion mutuelle avec l’agence média. Nos collaborateurs travaillent également en aval sur le rendu et le suivi des campagnes. Le reste est confié à Carat. Le second avantage d’une agence média c’est l’expertise. Celle-ci prend une importance croissante à mesure que les médias évoluent. Au fil des années, nous constatons qu’une campagne gérée par une agence média est plus performante que si elle l’était en interne. Les agences maîtrisent leur sujet. Elles connaissent très bien les différents médias : presse, télévision, radio et le digital où elles peuvent apporter un vrai plus. C’est à ce niveau que se situe la valeur ajoutée d’une agence. Cela dit, nous conservons la main sur la stratégie. Nous ne confions pas à notre prestataire toutes les clés, ni sur le fond ni sur la forme. Le troisième atout d’une agence, c’est l’aspect financier. Il y a un effet de masse qui permet d’obtenir des conditions plus intéressantes qu’en passant en direct. » v o Je m’abonne € TTC et je bénéficie de tous les services PREMIUM 285 pendant 1 an 3 Je reçois l’ensemble des publications : 279,14 € HT Hebdos + Magazines thématiques + Guide 2015 3 Je bénéficie d’un accès réservé au portail intermedia.fr Des news exclusives chaque jour sur le portail ou par mail + Un accès permanent aux études et dossiers sélectionnés par les journalistes + Un accès gratuit à toutes les archives de la rédaction depuis 2005 (recherche dans 25 000 articles en texte intégral) + L’Hebdo en numérique en avant-première le lundi matin + Les appels d’offres en France tous les vendredis 3 Je suis invité aux événements professionnels Les Mornings (rencontres mensuelles) + Les Evenings (rendez-vous avec un grand professionnel) + Les 10 Heures du marketing et de la communication 3 Je reçois en cadeau de bienvenue les 4 derniers Magazines thématiques ainsi que le Guide 2014 + L’Hebdo + LES MAGAZINES + LE GUIDE + L’ESPACE réservé LES ÉVÉNEMENTS PROFESSIONNELS Entreprise* .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom*.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fonction* .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse*. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél*. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mail*. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Twitter (pour relayer vos tweets d’entreprise sur notre site) : @. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Siren* .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date et signature * Champ obligatoire Aucune commande ne sera prise en compte sans règlement joint (bon de commande pour les groupes, les entreprises publiques et les collectivités). À retourner avec votre règlement à : InterMédia - Le Challenge - 58, avenue Debourg 69007 n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 31 t moin Henri de Bodinat préside depuis 2009 Time Equity Partners, un fonds européen dédié au numérique (médias, pub…). Avant, il a notamment cofondé Actuel et Chérie FM, dirigé Sony Music et le Club Med, et fait du conseil en stratégie (Arthur D. Little). UN SERIAL ENTREPRENEUR SAISI PAR LE NUMÉRIQUE ESPRIT FRONDEUR. Que ce soit dans la création ou la direction d’entreprises, ou même dans ses activités d’écriture (blogs et livres d’économie), il se définit comme « un entrepreneur, quelqu’un qui entreprend. » Un entrepreneur éclectique, atypique, un esprit brillant, dérangeant, iconoclaste, capteur de tendances invétéré, pourfendeur d’un capitalisme dévoyé par la finance… À 66 ans, Henri de Bodinat n’a rien perdu de l’esprit frondeur du jeune diplômé de HEC et Sciences Po, démissionnant de l’ENA (où il ne se sentait pas « intellectuellement challengé ! ») pour obtenir à Harvard un doctorat en business administration. D’abord professeur à HEC, sa vie tourne rapidement au road movie entrepreneurial dans les années 70/80 : il cofonde le magazine Actuel, Radio Nova et Chérie FM, la chaîne TV MCM, fait du conseil en stratégie chez Arthur D. Little, dirige l’agence de publicité Saatchi & Saatchi France, préside CBS Records France et devient vice-président exécutif de Sony Software Europe (musique, cinéma et jeux vidéo). 32 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 ACTEUR DU DIGITAL. L’aventure Sony fait partie de ses meilleurs souvenirs grâce aux succès de la PlayStation et de certains artistes auxquels il croyait (NTM, Sade, Midnight Oil). Dans les années 90, il est DG du Club Med, démissionne après le limogeage de Serge Trigano, revient à la musique puis chez Arthur D. Little en 2001 dont il sera vice-président jusqu’en 2008. Après avoir conseillé des groupes télécoms, média ou internet (Orange, SFR ou RTL), il fonde à Paris Time Equity Partners (TEP), une société de capital développement dédiée au secteur numérique en Europe. Elle investit dans les médias (CCM Benchmark, Thema), la publicité (Mobile Network)… À défaut d’avoir encore le temps d’enseigner, Henri de Bodinat écrit des livres. Quelques essais décapants, comme Les sept plaies du capitalisme, ou des ouvrages de management qui ne le sont pas moins, comme La stratégie de l’offre, sur la nouvelle entreprise dans la nouvelle économie. Et règle à l’occasion ses comptes avec l’establishment sur le blog Challenges. v À l’heure où la presse se cherche un avenir dans le numérique, InterMédia décrypte le nouvel univers médiatique avec Henri de Bodinat. Cet expert ès médias est le patron d’un fonds d’investissement destiné aux entreprises numériques. Henri de Bodinat (Time Equity Partners) “ Les nouveaux mass-medias sont Facebook, Wikipédia, Twitter et autres YouTube ” INTERMÉDIA. La presse est-elle condamnée ? h.d.b. Oui, si l’on parle de la presse écrite, ou plutôt de la presse imprimée. Non, en ce qui concerne la presse en ligne. Car il faut arrêter de penser que la presse se limite aux journaux et magazines papier. Ce terme englobe désormais tout ce qui permet d’informer les gens, notamment les sites internet, et pas seulement ceux qui diffusent des dépêches d’actualité. La presse traditionnelle est clairement en crise parce que son modèle économique est très compliqué à gérer. Il est horriblement coûteux, entre achats de papier et frais d’imprimerie et de distribution. Autant de contingences que ne connaît pas la presse en ligne qui allie en outre réactivité sur l’info, interactivité avec ses lecteurs, offre produits enrichie (textes et vidéos) et une grande accessibilité. INTERMÉDIA. L’offre de la presse papier est-elle encore pertinente ? h.d.b. Celle de la presse quotidienne n’est plus pertinente face à la presse en ligne qui diffuse des infos en temps réel. Seules les analyses deviennent pertinentes, pas les news ! L’offre de presse magazine est de fait plus attractive, puisqu’elle travaille essentiellement à froid. Le problème des quotidiens, c’est que, malgré une masse d’infos colossale, ils parlent des mêmes choses, par exemple les écoutes de Sarkozy qui ont rempli leurs colonnes pendant des jours. Il y a à la fois un problème de sélection et de traitement, dont les avatars de Libération constituent un bon exemple. INTERMÉDIA. Quel est le problème de Libération ? h.d.b. Ses informations ne sont pas meilleures (manque de pertinence dans les choix) que ses concurrents, notamment que Le Parisien qui, à mon sens, décide plus de l’info. Et les analyses de Libé sont moins bonnes que celles du Monde. Après avoir été très marqué à gauche, Libération est devenu un journal sans parti pris qui a perdu sa pertinence. Au lieu du fameux « Casse-toi, riche con » lancé à Bernard Arnault, j’aurais préféré une analyse sur son rachat de l’empire Boussac : cela aurait été plus intéressant ! Bref, ce titre qui n’a pas pris le tournant du marketing est un modèle dépassé. Et vouloir le transformer en réseau social est une idée stupide. Libé réseau social n’a ni sens ni avenir. Un journal d’information et d’opinion en ligne a un sens, mais la concurrence existe, des players papier + digital comme Le Monde, aux pure-players comme Slate, Huffington, MediaPart. INTERMÉDIA. La presse magazine est-elle plus pertinente ? h.d.b. Pas vraiment, même s’il y a parfois des exceptions comme l’enquête très fouillée du Point sur Copé. Mais au-delà de ses Unes claquantes dans la grande tradition du journalisme d’investigation du New Yorker ou de Rolling Stone, quand je lis les news magazines français, j’ai l’impression d’être chez McDo : c’est insipide, ça remplit l’estomac, mais ce n’est pas bon pour la santé. Sur le fond, tant en magazine qu’en quotidien, le lecteur n’est pas considéré comme un client à qui l’on doit donner un produit de qualité, mais comme un levier publicitaire. Les éditeurs vendent du temps de cerveau disponible aux publicitaires. Et tentent de développer leur audience à n’importe quel prix, notamment dans la course aux abonnés, avec un marketing perturbant pour le lecteur. INTERMÉDIA. Que reprochez-vous à cette stratégie d’audience ? h . d. b . La plupart des news magazines proposent des offres au rabais accompagnées de cadeaux comme des tablettes, des ordinateurs, des montres… On ne sait plus si l’on vend de la presse ou des gadgets. Et comme en plus, on fait des produits tièdes au lieu de chercher à faire des produits d’exception... Derrière des Unes racoleuses, la presse est plutôt complaisante. Cela tient aussi au fait que les grands patrons de presse comme Le lecteur est plus considéré comme un levier “ publicitaire que comme un client à qui il faut offrir un produit de qualité ” n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 33 ... grandtémoi ... Henri de Bodinat (Time Equity Partners) Pinault, Arnault, Bouygues ou Dassault font partie de l’establishment et ne veulent rien faire qui dérange l’ordre établi. Au final, on ne s’étonnera pas que 85 % des Français soient méfiants à l’égard de leurs médias. INTERMÉDIA. Dans dix ans quel sera le paysage des médias ? h.d.b. Il sera dominé par le numérique, avec une différenciation entre média chaud (news) et froid (analyses). Les gagnants seront ceux qui auront intégré ou auront basculé sur le numérique Aujourd’hui, la presse en ligne gagne de plus en plus de lecteurs et son développement est porté par celui des tablettes et smartphones. Certes, c’est parfois un peu pénible de lire un grand papier sur ces terminaux, mais ces inconvénients disparaîtront avec les progrès technologiques. Demain, on disposera de tablettes souples et pliables, avec des rendus d’impression proche du journal. INTERMÉDIA. Mais la presse en ligne peine à trouver son business model… h.d.b. Ce business model est le freemium ou free to play : gratuit puis payant pour plus de valeur ajoutée. C’est ce que proposent déjà les grands quotidiens dans leurs versions numériques, mais ce modèle mettra du temps à se mettre en place. L’unicité des taux de TVA 34 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 entre presse papier et digitale donnera aussi un coup de pouce aux sites. Mais il y a également des médias digitaux gratuits qui arrivent à vivre de la publicité par exemple My Little Paris. Il y a 2 ans, ce n’était qu’un simple blog sur les bons plans de la capitale. Aujourd’hui, il compte 1,5 million d’abonnés à sa newsletter et encaisse 5 M€ de recettes publicitaires. Et il y a encore d’autres pure-players qui vivent très bien, comme Aufeminin.com, du groupe Springer, ou CCM Benchmark, un groupe indépendant dont est actionnaire mon fonds TEP. CCM qui édite entre autres Comment ça marche, Le Journal du Net et le Journal des femmes dégage 30 % de marge nette pour un CA de 40 M€. INTERMÉDIA. La presse traditionnelle peut-elle réussir sa révolution numérique ? h.d.b. Oui pour un groupe comme Springer qui réalise déjà 50 % de son business dans le numérique. Mais les groupes français ont du mal à s’y mettre. Ils semblent englués dans leurs anciens modèles. Aujourd’hui, c’est Fimalac, le groupe Ladreit de Lacharrière qui rachète à tour de bras des médias numériques comme Webedia, AlloCiné, YouMag, Newsring… avec l’ambition de devenir le leader du secteur. Le fait que ce soit lui qui mène ces opérations et non Lagardère en dit long ! Bon, la presse imprimée ne disparaîtra pas complètement, pas plus les CD malgré le boom de la musique en ligne. Comme le magazine XXI, qui correspond à un besoin orphelin : choix et traitement de sujets différents de ceux d’une presse moutonnière. INTERMÉDIA. L’avenir de la TV est-il dans la connexion ? h.d.b. La télévision linéaire/broadcast est condamnée. D’ici quelques années, elle sera remplacée par la télévision sur Internet. Avec une intensification de la catch-up TV, où l’on peut voir ce qu’on veut quand on veut. Bien sûr, on pourra toujours regarder les programmes des chaînes, mais les rentes de situation des vieilles chaînes hertziennes sont terminées. Avec internet, les notions de territoires disparaissent. On peut découvrir les séries américaines dès qu’elles sortent aux ÉtatsUnis. Avec internet, on aura accès via des moteurs de recherche efficaces à des milliers de chaînes d’où émergeront de nouveaux bouquets, de nouvelles marques. INTERMÉDIA. Est-ce la fin des mass medias ? h.d.b. Non. Les anciens sont chahutés. Mais des nouveaux sont apparus comme Facebook, Wikipédia, Twitter, YouTube… On est en plein dans le processus de « destruction créatrice » de Schumpeter : l’innovation est à la fois source de croissance pour les entreprises innovantes et facteur de risques pour celles qui exerçaient auparavant des leaderships. INTERMÉDIA. Quels conseils donnez-vous aux annonceurs pour leurs investissements dans les médias ? h.d.b. De ne pas se laisser influencer par des agences média qui privilégient leurs marges arrières sur l’intérêt des annonceurs. Je pense que le digital est l’arme absolue. Parce qu’il combinera de plus en plus masse, précision, et performance. Il permet un meilleur ciblage, l’interaction avec les cibles, la possibilité de collecter l’information en retour, mais aussi et surtout parce qu’il représente un changement de paradigme, de la publicité aveugle à la publicité à la performance, payée au click, au lead, ou à l’achat. Je conseillerai aussi de tordre le cou à l’idée que l’on peut s’affranchir de la qualité et de la pertinence du produit par l’achat média. Le meilleur marketing est la qualité du produit communiquée en viralité, l’achat d’espace développant la notoriété et accélérant le momentum viral. INTERMÉDIA. Que pensez-vous du mariage Publicis/Omnicom ? h . d. b . C’est la concrétisation de l’ego de Maurice Lévy. L’opération sert essentiellement à prolonger son mandat de président, Le mariage Publicis/Omnicom est voué “ à l’échec. C’est la concrétisation de l’ego de Maurice Lévy ” à permettre aux actionnaires de Publicis de faire du cash, et à consolider l’achat d’espace pour obtenir de meilleures conditions. Cet argument est recevable, même si les gains ne seront sans doute pas très importants compte tenu des poids respectifs déjà atteints par les deux groupes dans l’achat média. En revanche, l’idée que ce serait une réponse à la puissance de Google et de Facebook est absurde. C’est comme si l’on disait qu’il fallait augmenter la taille d’un cuirassé pour lutter contre des porte-avions. INTERMÉDIA. Pourquoi la concentration est-elle absurde ? h.d.b. Parce que la publicité en ligne, comme sur les mots-clés de Google, est en grande part liée à la performance, qu’il s’agisse de CPC (cost per click), de CPL (cost per lead), ou de CPS (cost per sale). Même pour les bannières, les transactions sont de plus en plus automatisées, via des platesformes permettant de négocier en temps réel l’inventaire des sites, comme Ad Exchange. La publicité en ligne, qui est le segment le plus dynamique de l’achat d’espace, s’affranchit désormais largement de l’équilibre volumique entre agences et médias. Bref, ce mariage ne répond pas à un vrai problème. INTERMÉDIA. Quel est le problème ? h.d.b. Le problème des agences média face à Google et Facebook n’est pas un problème de taille, mais de modèle. La publicité en ligne est en rupture avec les codes classiques de l’achat d’espace, et fusionner deux dinosaures ne les rendra pas plus agiles par rapport aux mammifères qui vont dominer l’écosystème. Au contraire, en augmentant leur lourdeur, la fusion va éloigner les deux groupes de l’avenir de la communication : celle sur PC, tablette, et mobile. D’autant qu’Omnicom est en retard sur Publicis dans le digital, et sera donc un boulet à traîner plutôt qu’un stimulant. Enfin, certains grands annonceurs qui vont retrouver leurs concurrents dans ce nouveau groupe risquent de quitter un géant bureaucratique pour aller vers des agences agiles, créatives et tournées vers le digital. v MT n° 1248 I 09 avril 2014 I InterMédia Magazine I 35 Au banc d’essai : Le RTB +et– +++ Pour la publicité sur le web, il est possible d’acheter des espaces aux enchères et en temps réel. Cette technique, appelée RTB (real time bidding) permet un ciblage très précis pour des coûts intéressants. « Le coût par mille est avantageux » Thomas Mondon, responsable marketing et ventes chez Walibi Rhône-Alpes (38) «À mes yeux, le RTB est une technique pertinente. Nous l’avons utilisée lors des deux dernières saisons, à la fois pour augmenter notre notoriété et notre performance ––– « Le ciblage n’est pas très bon » «N François Delporte, chef de projet webmarketing chez Cuisines Aviva (69) (accroître les ventes en ligne). À l’origine, c’était une recommandation de l’Agence 79, notre agence média. Ce qui nous a plu, c’est que le RTB permet d’acheter aux enchères une audience ciblée, avec une possibilité de géolocalisation, en fonction de nos contraintes budgétaires. Nous utilisons ce dispositif pour des campagnes mensuelles suivant l’actualité du parc. Par exemple au début de la saison estivale ou lors du lancement d’un nouveau spectacle. Sur 2012, les résultats ont été très bons : nous avons totalisé 4 millions d’impressions publicitaires sur des sites premium comme tf1.fr ou lequipe.fr. En moyenne, le coût par mille (CPM) a été de 1,20 e. Sur un achat d’espace classique, le CPM peut atteindre 3,5 voire 10 e. En 2013, nous avons souhaité intégrer des vidéos dans nos campagnes. Nous avons testé les différents types de formats permis par le RTB. Selon les formules, la part des vidéos visionnées entièrement a varié de 50 à 86 %. » v ous avons lancé une démarche de webmarketing en 2012. Pour cela, nous avons débloqué un budget et travaillé avec l’agence CyberCité sur de l’e-publicité classique. Nous avions de bons résultats et nous avons voulu tester le RTB en 2013. Comme nous avons une culture très axée sur le retour sur investissement, cette nouvelle façon d’acheter des espaces publicitaires permettant un ciblage très précis nous a séduits. Nous avons donc débuté une collaboration avec Carat, en poursuivant parallèlement notre travail avec CyberCité. Notre objectif était de cibler une clientèle de primo-accédants en plein projet de cuisine. Pour cela, nous avions du display et de la vidéo en pré-roll. Nous avons mené trois campagnes d’un mois chacune. 36 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Mais finalement, les résultats ont été plutôt mitigés : le taux de clic sur bannière était moins élevé qu’avec une campagne classique, et le coût au clic était plus élevé. Bref, nous ne retrouvions pas les performances habituelles. Nous n’avons donc pas renouvelé l’expérience en 2014. Le RTB est sans doute un bon outil pour générer de la visibilité, mais le ciblage n’est finalement pas si bon. » v Tops et flops des initiatives médiatiques +++ Euronews Knowledge rassemble 200 000 amoureux des sciences et de l’espace +++ Montagne Expansion se met au numérique En moins d’un an, cette chaîne YouTube dédiée à des domaines plutôt arides (l’espace et les sciences) a séduit 200 000 abonnés. Elle se place dans le top 5 des chaînes lancées sur le web en France. « C’est un formidable outil pour notre visibilité. La part de nos revenus liés à YouTube est en très +et– forte progression », se félicite Damien Marchi, le directeur marketing Produits et Innovations d’Euronews, sans toutefois révéler de chiffres. Une réussite qui s’explique par l’engagement pionnier d’Euronews sur le web. La chaîne a été l’une des premières à produire des images pour YouTube dès 2007. v Retour sur des initiatives médiatiques qui se sont fait remarquer récemment L’aventure lyonnaise de Beaux Quartiers tourne court ––– Fort de sa belle réussite sur Grenoble, le magazine dédié à l’art de vivre s’était lancé sur Lyon avec de grosses ambitions. Tiré à 30 000 exemplaires, Beaux Quartiers Lyon aspirait à séduire un public CSP+. Mais à Lyon, la concurrence s’est révélée plus vive qu’à Grenoble, avec des titres bien implantés sur le créneau de la presse des riches comme Lyonpeople et Ego la Revue. Résultat : Beaux Quartiers Lyon n’est jamais parvenu à dépasser les 30 K€ de CA par numéro. Le magazine a cessé de paraître en novembre 2013, moins d’un an après son arrivée. v Lyonpeople attendait plus de son nouveau site +++ Le magazine people distribué à 20 000 exemplaires dans les commerces de Lyon (chiffres OJD) a sorti début 2013 une nouvelle version de son site. Plus clair, plus hiérarchisé, il propose des espaces interstitiels hebdomadaires, facturés 1 000 €. L’équipe ambitionne alors de réaliser rapidement 10 % de son CA sur le web, contre 5 %. Mars 2014 : le site totalise 80 à 100 000 VU par mois mais toujours 5 % du CA du groupe. v 38 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 C’est une petite révolution pour le groupe grenoblois qui édite Montagne Leaders en France. Depuis le printemps 2013, le groupe a choisi de stopper sa lettre économique « papier » après 30 ans au profit d’une version numérique baptisée sobrement Montagne News envoyée aux 6 500 abonnés. Profit immédiat, la newsletter comporte des encarts de publicité dynamique là où la version papier était exclusivement informative. Le groupe dégage ainsi un CA supplémentaire de 30 à 40 K€ de publicité numérique par an. Toujours bon à prendre. v Lyon 1ère ne convainc pas avec son appli Seulement 1 000 ––– téléchargements en cinq mois : l’application mobile gratuite de la radio d’info en continu n’a pas rencontré le succès escompté. Pas de quoi démoraliser Gérald Bouchon, le directeur de Lyon 1ère, qui souligne que cette appli représente la première étape d’une diversification. « L’appli nous permet d’entretenir un lien privilégié avec l’auditeur. Nous pouvons désormais l’interpeller sur un événement, un accident par exemple, tout en renvoyant vers notre radio », pointe-t-il. Réalisée avec l’aide de la plateforme GoodBarber, l’appli Lyon 1ère propose en effet le fil info de la radio, des podcasts, du partage sur réseaux sociaux et des alertes. v SAINT-ÉTIENNE L’Iram va sensibiliser les PME aux médias L’International Rhône-Alpes médias (Saint-Étienne) inaugure en mai des formations aux médias numériques. Elles sont destinées aux collaborateurs des PME stéphanoises. Des modules seront proposés pour apprendre à monter une webTV, organiser un live-tweet, restituer un événement sur les médias sociaux... « Nous avons identifié un gros besoin de la part des PME locales », souligne Loïc Etiembre, directeur de l’Iram. Parallèlement, l’Iram accueille depuis deux ans une soixantaine d’étudiants à travers les masters InCoNu (information et communication numériques) et « nouvelles pratiques journalistiques » respectivement portés par les universités Jean-Monnet et Lyon 2. v métiers GUIDE Cartographie pratique pour utiliser les réseaux sociaux PROFESSION 03.06.2014 Big data, comprendre concrètement les enjeux marketing Formation organisée par Docschool à Paris avec Bruno Walter, cofondateur de CaptainDash. 16-17.07.2014 Maîtriser le fonctionnement de Google AdWords Formation organisée par le Centre National de la Formation-Conseil en Entreprise (CNFCE) à Paris. 02-03.10.2014 Stratégie de communication digitale sur les médias sociaux Formation organisée par l’organisme professionnel Cegos à Lyon. Objectifs : intégrer les médias sociaux, et développer les RP 2.0. L’acheteur d’AdWords spécule sur les mots-clés L’ acheteur de Google AdWords gère le référencement payant d’une entreprise sur internet. Afin qu’elle sorte en tête dans Google ou sur ses sites partenaires (liens sponsorisés). Sorte de trader, il utilise l’interface de Google pour acheter aux enchères les mots qui ont le plus de chance d’être tapés quand les internautes utilisent le moteur de recherche. « L’enchère est définie par le nombre d’acquisitions, explique Stéphane Bontoux, acheteur de Google AdWords chez Adgensite. Plus un mot-clé est demandé, plus il est cher. » Métier nouveau. « C’est devenu un métier à part entière, car l’interface de Google se complexifie », souligne Claude Senger, fondateur d’Adcom. Son agence en compte d’ailleurs quatre. NetBooster ou CyberCité sont d’autres spécialistes en Rhône-Alpes qui ne manque pas de compétences. On retrouve les acheteurs d’AdWords surtout dans les agences web. Mais pas seulement : « Ils peuvent travailler en indépendants pour des agences généralistes qui sous-traitent cette compétence », précise Lucie Hugon, acheteur de Google AdWords chez Influactive. Pas d’école. L’acheteur sera en général titulaire d’un Bac + 4 en communication ou en école de commerce. Il aura ensuite appris le référencement sur le tas au cours de son parcours professionnel. La rémunération s’échelonne entre 25 et 35 K€ par an. v MM 40 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014 Ce livre décortique le fonctionnement des réseaux sociaux, et propose douze modules pour construire sa stratégie social media. « Pour atteindre 50 millions d’utilisateurs, il aura fallu 38 ans à la radio, 13 à la télévision, 4 à Internet, et 3 à l’iPod. Alors que Facebook a conquis 100 millions de membres en moins de neuf mois », illustrent les auteurs. Très pratique, l’ouvrage donne des éléments concrets aux professionnels pour gagner en visibilité : utiliser les formats publicitaires de Facebook, maîtriser le tweet sponsorisé, lancer des opérations spéciales sur le réseau Foursquare spécialiste de la géolocalisation, etc. v Lucie Hugon est acheteur de Google AdWords au sein de l’agence Influactive. Elle a décroché le certificat en ligne de Google qui atteste de sa maîtrise des campagnes AdWords. Faire du marketing sur les réseaux sociaux, de Mélanie Hossler, Olivier Murat et Alexandre Jouanne, Editions Eyrolles, 320 pages, 25 €. débloque -notes Jacques Simonet, éditeur d’InterMédia Il sort ses tripes pour TLM. Jean-Pierre Vacher a fait de la réussite de la télévision lyonnaise sa raison d’être. Sa mission sur terre. Un sacerdoce. Il est prêt à donner sa vie pour cette enfant terrible. Il ne restera qu’à donner le nom de Jean-Pierre Vacher au plateau qui aura vu le premier patron de chaîne donner son sang pour un peu d’audience. Il sort son chéquier pour Lyon Cap TV. Craignons que cet acte désespéré ne serve d’exemple. Si les chaînes locales qui perdent de l’argent décident de pousser leurs dirigeants au suicide, ce sera l’hécatombe. Prenez Lyon Capitale TV, la télévision du groupe Latouche. Elle détient un record du monde : c’est la seule chaîne à tourner sans un seul euro de chiffre d’affaires. Ou presque (voir ci-dessous). Vertigineuse collection de zéros ! Voilà donc une télévision qui fonctionne avec 15 K€ de recettes. Même pas la note de frais de Claire Chazal sur TF1. Rien à redire pourtant : elle est parfaitement gérée et affiche finalement 56 K€ de bénéfices ! C’est vrai qu’elle appartient au Lyonnais Christian Latouche, patron de la firme Fiducial, une sorte de magicien de la comptabilité. Latouche sait que pour gagner de l’argent il ne faut pas en dépenser. Ainsi la masse salariale ne dépasse pas 72 K€. J’approuve cette frugalité patronale. Malgré tout, il faut les sortir et, en rajoutant les faux frais inhérents à toute organisation humaine même bien tenue en laisse, les charges finissent par culminer à 500 K€. Alors pour équilibrer les comptes et même dégager 56 K€ il ne reste que... un gros chèque de Christian Latouche. Ne vous inquiétez pas pour lui : il figure dans le top 100 des grandes fortunes françaises. v S’il ne réussit pas à redresser TLM, il se fera hara-kiri disent ses proches collaborateurs. Ce sera en direct devant ses nouvelles caméras 16/9e — un tel dévouement à la cause médiatique mérite le respect et surtout le grand format. Je présume que le sacrifice se fera pendant l’émission phare de la chaîne qu’il anime lui-même : Lyon Décideurs. Elle est multidiffusée. Les images seront non seulement multidiffusées, mais sans doute surdiffusées. Elles tourneront en boucle sur les télés du monde entier qui déploreront ce suicide confraternel. Après ? Tout va aller très vite : dans les minutes qui suivent, c’est la notoriété planétaire. L’audience explose. Le serveur web est à genoux. Les annonceurs se battent pour quelques secondes d’antenne. Les tarifs grimpent. 42 I InterMédia Magazine I n° 1248 I 09 avril 2014