RI 2 - Concertation, Décision, Environnement
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RI 2 - Concertation, Décision, Environnement
Décider en situation de crise : gestion des déchets, conflits et concertations (France, Italie, Mexique) Second rapport intermédiaire du projet DeSCRI Décembre 2010 CONVENTION DE FINANCEMENT : 0810C0071 NOTIFICATION DU : 27/11/2008 ADEME MINISTERE DE L’ECOLOGIE, DE L’ENERGIE, DU DEVELOPPEMENT DURABLE ET DE LA MER 1 Coordinateur, responsable scientifique: Patrice Melé, géographe, UMR CITERES / CoST, CNRS, Université de Tours France : Autres membres de l’UMR CITERES / CoST - Claudia Cirelli, anthropologue-géographe, - Corinne Larrue, aménagement de l’espace et urbanisme, - Fabrizio Maccaglia, géographe, - Alain Thalineau, sociologue, Autre membre de l’équipe française : - Laurence Rocher, aménagement de l’espace et urbanisme, Université de Lyon 2, IUL, associé UMR CITERES / CoST. Italie : - Luigi Bobbio, sciences politiques, Faculté de Sciences Politiques de l’Université de Turin - Egidio Dansero, géographe, Faculté de Sciences Politiques de l’Université de Turin - Matteo Girolamo Puttilli, Aménagement du territoire, Département interuniversitaire du territoire de l’Université et du Polytechnique de Turin - Gianfranco Pomatto, Faculté de Sciences Politiques de l’Université de Turin - Nadia Tecco, Analyse et gouvernance du développement durable, Post-doctorat, Département interuniversitaire du territoire de l’Université et du Polytechnique de Turin Mexique : - Antonio Azuela, sociologue, Institut des Recherches Sociales, Université National Autonome du Mexique. - Analorena Gurza, doctorante, Université National Autonome du Mexique. - Jade Latargere, sciences politiques, assistante de recherche, Centre d’Etudes démographiques, urbaines et de l’environnement, El Colegio de Mexico. - Vicente Ugalde, juriste et urbaniste, Centre d’Etudes démographiques, urbaines et de l’environnement, El Colegio de Mexico. Avant propos Ce second rapport intermédiaire d’une recherche contractualisée le 27 nov. 2008 comprend : - un rappel des activités réalisées en 2010 et des actions programmées en 2011 ; - une introduction comportant des premiers éléments de lecture transversale des études de cas et de confrontation de nos résultats à ceux de travaux antérieurs sur la question des relations entre décision, conflits et concertation ; - pour les contextes italiens et mexicains un premier texte état de l’art sur la thématique de notre projet. L’état de l’art pour la situation française en cours de réalisation n’est pas présenté dans ce rapport ; - pour chacune de nos études de cas, un texte présentant une première analyse par rapport aux objectifs de notre projet. Certains textes ont été rédigés en espagnol ou en italien, ils sont alors précédés d’une synthèse en français. Notre projet présente la spécificité de regrouper une équipe internationale en mesure de lire les trois langues et de débattre en français. Ce qui nous permet de limiter les effets de traduction. C’est aussi pour éviter au maximum les effets de traduction et pour être au plus près du langage des acteurs que chaque équipe nationale a continué à travailler dans sa langue. Les textes du rapport final seront traduits et proposés dans leur intégralité dans une version française, toutefois dans la mesure où les textes de ce rapport constituent des versions intermédiaires et pour éviter des délais et des coûts de traduction trop importants, nous avons choisi d’accepter pour l’instant des études de cas en espagnol ou italien. Les textes des études de cas proposés ici sont dans des états inégaux d’avancement, pour certains les enquêtes devront se poursuivre au début de l’année 2011, pour d’autres, l’analyse des enquêtes réalisées est en cours. Il s’agit d’un document de travail, qui présente un moment de notre démarche et de notre réflexion, les considérations proposées ici sont donc provisoires et n’ont pas vocation à être diffusées, ni citées. 3 Table des matières - Activités 5 - Introduction, Patrice Melé 7 - Conflit et décision dans le département de l’Isère, Claudia Cirelli 19 - Planification territoriale et projets d’équipement de gestion des déchets en Indre-et-Loire, entre conflits et (in)décisions, Laurence Rocher 65 - Etat de l’art Mexique : les recherches sur l’implantation des infrastructures de gestion des déchets, Vicente Ugalde 77 - La gestion de la crise associée à l’implantation d’une décharge pour les déchets dangereux à Zimapan, Hidalgo, synthèse en français Vicente Ugalde 86 - La gestión de la crisis asociada a la operación de instalaciones para residuos peligrosos en Zimapán Vicente Ugalde 90 - La crise de gestion des déchets à Cuernavaca, une succession d’accords non respectés, synthèse en français, Ana Lorena Gurza 112 - Los conflitos en el manejo de basura en Cuernavaca : une historia de acuerdos incumplidos, Ana Lorena Gurza 118 - Le cas du centre intégral de recyclage et d’énergie de Tlahuac, México (D.F.) Jade Latargère 136 - Etat de l’art Italie : Le débat sur la gestion des déchets, éléments pour une interprétation, DeSCRI équipe Italie 158 - Un deuxième incinérateur pour la province de Turin, synthèse en français, Egidio Dansero, Matteo Puttilli, Nadia Tecco 163 - Un deuxième incinérateur pour la province de Turin, Egidio Dansero, Matteo Puttilli, Nadia Tecco 171 - L’incinérateur de l’agglomération de Gênes, synthèse en français Luigi Bobbio, Gianfranco Pomatto 218 - L’inceneritore per i rifuti dell’area di Genova, Luigi Bobbio, Gianfranco Pomatto 224 - La construction de l’unité de valorisation thermique de Bellocampo, Palerme Fabrizio Maccaglia 4 235 Activités 2010 Durant l’année 2010, l’essentiel du travail a été consacré à la réalisation et aux analyses des enquêtes. Des réunions de travail ont été organisées entre les membres de chacune des équipes nationales. L’accueil d’Antonio Azuela au mois de juin à Tours a permis de réaliser une réunion de travail sur la place du droit dans notre recherche. - 21 janvier 2010, réunion de suivi ADEME. - 4--5 février 2010 participations aux journées de CDE, Grenoble. - Juin 2010, accueil d’Antonio Azuela, membre de l’équipe Mexique à Tours, organisation d’une réunion de travail le 14 juin sur la place du droit dans les situations de conflit. De plus, les membres du projet ont réalisé un certain nombre d’activités de communications, publications, divulgation et montage de projet sur des thématiques proches de celles de ce projet (gestion des déchets, analyse des conflits ou de processus de participation). Publications - Cirelli Claudia, Laurence Rocher « Savoirs citoyens en situation de conflit et de participation : le cas de la gestion des déchets », in A. Déboulet et E. Nez (eds.) Savoirs citoyens dans la question urbaine. Paris, Editions Adels / Les éditions de la Villette. (à paraitre 2011) Participation à colloques et séminaires : - Claudia Cirelli, participations aux séminaires SeRVeD - Services en réseaux dans les villes en voie de développement, urbains et justice environnementale, organisés par le Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (LATTS) et l’Agence Française de Développement ,Paris. - Claudia Cirelli, « Evacuation et utilisation des déchets liquides urbains : l’évolution de la figure du paysan-usager au Mexique », communication présentée au Colloque international et interdisciplinaire, Le métier d’éboueurs, un clair-obscur contemporain. Le travail du déchet dans l’espace public, 4-5 février 2010, MSH, Paris. - Patrice Melé, « Conflictos de implantación, derecho y medio ambiente », Colloque internationale LASA2010 / Crisis, Response, and Recovery, XXIX International Congress of the Latin American Studies Association, 6-9 octobre, 2010, Toronto, Canada - Laurence Rocher, « Le refus collectif du déchet. Conflits et mobilisation contre les équipements de traitement en France », « Le métier d’éboueur, un clair-obscur contemporain. Le travail du déchet dans l’espace public ». Colloque international et interdisciplinaire, 4 et 5 février 2010, MSH, salle Maurice et Denis Lombard, 96 bld Raspail, 75006 Paris Autres activités : - L’UMR CITERES a été co-organisateur et Cirelli Claudia membre du comité scientifique du Colloque International « Le métier d’éboueur, un clair-obscur contemporain. Le travail du déchet dans l’espace public ». Colloque international et interdisciplinaire - 4 et 5 février 2010, Paris. Journées co-organisées par le Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (Centre national de recherche scientifique/Université Paris 8/Université Paris 10), le Centre de recherche sur le travail et le développement/Psychologie du travail et de l’action (Conservatoire 5 national des arts et métiers) et le Centre interdisciplinaire cités, territoires, environnement et sociétés (CNRS/Université Tours). - Cirelli Claudia, Réponse à l’appel à projet du 7ème Programme Cadre du programme européen PEOPLE Marie Curie 2010 Intra-European Fellowship (IEF) en coopération avec le Departement DITER de l’Université de Turin avec le projet : Waste Management Conflicts and local debates on risk : towards a European Agenda. Ce projet a été classé à l’issu de la première phase de l’évaluation. Activités 2011 L’année 2011 sera consacrée aux échanges entre les membres du projet permettant la construction de synthèses thématiques à partir des études de cas. Les textes présents dans ce rapport vont d’abord circuler par Internet, ils seront ensuite discutés dans le cadre d’une réunion de travail au Mexique en février puis lors d’un séminaire réunissant l’ensemble des membres du projet en avril à Turin. Ce séminaire doit aussi être l’occasion de discuter des lectures transversales des cas qui seront prises en charge par différents membres de l’équipe en fonction de leurs compétences. Les états de l’art seront développés pour aboutir à des textes présentant l’état du débat et les spécificités de chacun des contextes nationaux. Les textes des études de cas seront ensuite repris, homogénéisés, dans l’optique du rapport final puis de l’ouvrage collectif que nous souhaitons publier. Actions programmées en 2011 : - 25 janvier : Réunion de suivi du projet ADEME - 3 et 4 février : participation aux journées du programme CDE - 17-18 février : Participation comme conférenciers invités de Claudia Cirelli et de Patrice Melé au colloque international « La régulacion ambiental en examen » organisé par le réseau thématique de recherche de CONACYT « Medio Ambiente y Sustetabilidad (ReMAS) et le Centro de Estudios Demográficos, Urbanos y Ambientales de El Colegio de México, Mexico. Colloque organisé par Vicente Ugalde membre du projet. - 15-16 février : Le séjour au Mexique de deux membres de l’équipe française permettra d’organiser une journée de travail sur les cas mexicains et une journée de visite sur le terrain. - 17-18-19 avril : Séminaire réunissant l’ensemble des membres du projet à Turin, Faculté des sciences politiques de Université de Turin/ Laboratoire DITER/ Université de Turin et l’Ecole Polytechnique de Turin. 6 Introduction Patrice Melé Le point de départ des réflexions qui ont conduit à formuler le projet de recherche DeSCRI proposait d’interroger l’apparent paradoxe entre la multiplication et la sophistication des procédures d’information, de concertation1 et de négociation et le maintien ou la généralisation de situations qualifiées de conflits, de crises ou de blocage de la décision publique. Il est en effet possible de considérer que dans les trois contextes nationaux étudiés des procédures de prise en compte des avis des populations ont été mises en place dans l’objectif de (re)construire l’assentiment, et que, dans le même temps, les situations dans lesquelles des résidents s’opposent à la localisation d’équipements, semblent non seulement persister, mais se multiplier. Notre projet propose d’analyser des situations dans lesquelles le conflit, d’une part, ainsi que, d’autre part, les processus d’information, participation et/ou concertation institutionnalisés constituent ensemble des modalités de mise en débats localisés de la question de l’implantation des infrastructures de gestion des déchets. C’est dans l’objectif de (re)contextualiser les moments de conflit et ceux de concertation que nous proposons de considérer ces situations comme des situations d’action publique au sens large de la notion2 L’ambition de ce texte est de proposer une introduction à ce rapport à partir d’une première lecture transversale de nos études de cas sur les relations entre décision, concertation et conflit. Pour la situation française, nous mobiliserons aussi certains résultats d’études réalisées antérieurement3. Il ne s’agit donc pas ici de reprendre et discuter les trois entrées sur lesquelles se concentre notre recherche : les dimensions temporelles, territoriales et juridiques des situations étudiées. Ce sera l’objectif des travaux réalisés cette année et en particulier du séminaire de Turin, ces éléments seront présents dans le rapport final. Des processus de décision peu ouverts La plupart des cas analysés dans notre recherche sont marqués par un rapport entre décision et concertation assez classique, souvent décrit à partir des quatre phases : décider, annoncer, défendre, ajuster. Néanmoins, la décision n’est pas seulement placée sous le sceau du choix ou de la planification rationnels, il est possible d’identifier comme l’ont mis en évidence de nombreux travaux l’existence de différentes phases de négociations, à certains moments conflictuelles à certains moment coopératives (Laurans and Dubien 2003). Après une décision d’implantation qui peut donner lieu à des négociations au sein du cercle fermé des élus, techniciens, des entreprises et opérateurs pressentis et éventuellement de 1 Nous adoptons une définition ample de la notion de concertation, conforme à la position proposée par le programme CDE. 2 Pour caractériser non pas l’action des pouvoirs publics mais toutes les actions qui mettent en jeu un public, qui répondent à l’impératif de publicisation, qui ont pour objectif la définition de « biens communs » et des modalités de l’intervention publique 3 Dont plusieurs ont été financées par l’ADEME ou par la première phase du programme CDE. 7 certaines associations de protection de l’environnement, des dispositifs d’information, de consultation du public sont mis en place suite à l’annonce du projet. Ceux-ci peuvent être complétés par la suite par une nouvelle phase de négociation liée à l’émergence d’oppositions. Ces dispositifs sont pensés comme devant permettre d’ajuster et de réduire les impacts négatifs des décisions techniques et des choix de localisation et d’assurer l’acceptabilité sociale. Ces éléments présents dans nos études de cas sont assez proches des conclusions de Yann Laurens, Isabelle Dubien et Laurent Mermet qui ont montré que s’il était possible d’identifier des négociations à chacun de ces moments, les négociations après l’annonce de la décision d’implantation sont pensées comme devant permettre l’acceptation de la localisation choisie et éventuellement définir les compensations à accorder pour l’obtenir (Laurens et al. 2001 : 33). Or, la multiplication des situations de blocage liées à des conflits interdit de les considérer seulement comme des disfonctionnements causés par des maladresses de communication ou le résultat de contextes offrant des opportunités politiques aux opposants. Dans le domaine de l’implantation des infrastructures de gestion des déchets, les processus de décision semblent rester déconnectés des populations et des riverains. Lorsque des dispositifs inclusifs ou innovants ont été mis en place, ils ont eu peu de prise sur les processus de décision (cf. l’expérimentation liée au premier incinérateur de Turin). Par ailleurs, il est possible d’identifier dans les situations étudiées différents niveaux de « forçage » de la décision à partir de stratégies ou de dispositifs visant à renforcer la capacité des acteurs publics à utiliser les asymétries de pouvoir1. Ce constat d’une déconnexion entre décision et prise en compte des avis du public n’est pas seulement lié au choix de nos études de cas et à la volonté de notre projet de travailler sur des situations de blocage et de conflit. Nicolas Buclet et Danielle Salomon à partir de trois cas choisis pour l’étude de « l’influence de la démocratie participative » sur la représentation des risques liés à la gestion des déchets aboutissaient à la conclusion que les formes classiques de décision n’étaient pas sensiblement remises en cause (Buclet, Salomon 2008). France : place et portée de la planification concertée de la gestion des déchets En France, malgré les échecs successifs, la procédure devant aboutir à l’implantation d’une infrastructure de gestion des déchets reste marquée par le poids des négociations entre élus, administrations et opérateurs. Si des espaces de négociation et de construction de référentiels locaux sont instaurés dans le cadre des processus départementaux de planification puis du rôle des organismes intercommunaux, il s’agit essentiellement d’échanges et de négociations entre collectivités locales, auxquelles sont associés des associations environnementalistes généralistes. Malgré certaines expérimentations de procédures d’information ou de concertation locales, c’est l’enquête publique et les possibilités de recours administratifs et juridiques qui constituent l’essentiel du dispositif de prise en compte des avis du public. Malgré le transfert de la responsabilité des plans départementaux aux conseils généraux en 2005, et la généralisation des Commissions locales d’information et de surveillance (CLIS) tout se passe comme si la portée de ces dispositifs en terme de légitimation des décisions d’implantation et de production de la confiance (Rocher 2006) restait limitée. Le cadre d’action mis en place fait reposer sur un processus de planification la construction d’une gouvernance territoriale des déchets. Or, la gestion des déchets est un 1 L’importance de l’analyse de l’utilisation des asymétries de pouvoir dans les processus de décision liés à des projets d’aménagement a été mise en évidence par Laurent Mermet (2005). 8 domaine dans lequel la législation comme les positions des autorités environnementales évoluent rapidement au point de rendre une partie des processus de planification obsolète par évolution des normes et des politiques nationales et européennes (Reverdy 2003 :116). Plus qu’un cadre fixant l’action de long terme, ces documents constituent des tentatives de stabilisation de l’état d’un débat qui se poursuit dans le cadre des démarches de révision, suivi et évaluation, mais aussi à l’extérieur de ces instances sous l’effet des controverses locales et des débats nationaux1. On peut faire l’hypothèse, que même si le positionnement de l’Etat a changé, les processus de planification territoriale ont joué un rôle important dans les relations entre acteurs et dans la « localisation » des évolutions des politiques nationales. Ces démarches de planification qui affichent l’ambition d’une élaboration conjointe, ont été initiées dans les années 1990, les procédures de révision, de suivi et d’évaluation actuellement en cours donneront lieu à une « troisième génération » de plans2. Comme dans de nombreux dispositifs de planification, les échanges et processus de cadrage du problème réalisés dans les différentes commissions sont souvent plus importants que le document en lui-même. Ces processus de planification départementale ont permis de mobiliser les acteurs locaux sur la nécessité d’une gestion des déchets dans la proximité3, de construire un débat local entre les acteurs locaux et les services de l’état. Ils peuvent aussi être analysés, comme l’a montré la recherche de Thomas Reverdy, à la fois comme des moments de diffusion des évolutions des politiques publiques nationales auprès des acteurs locaux et comme des épreuves de test de l’acceptabilité politique de certaines solutions (Reverdy 2003). Néanmoins, dans de nombreux contextes, une certaine déconnexion persiste entre ce processus réalisés à l’échelle départementale et la programmation des infrastructures de la responsabilité des établissements publics de coopération intercommunale dont l’échelle est fortement marquée par les accords politiques. Ces dispositifs sont focalisés sur la construction d’un référentiel local entre les représentants de l’Etat, les élus locaux et les intervenants techniques, leur portée sur les situations de conflits impliquant des riverains peuvent se développer par la suite est en fait très limitée. Néanmoins, si de nombreuses situations se présentent comme l’émergence de contestations à partir de collectifs de résidents, alliés à des associations environnementalistes, la dimension d’opposition entre acteurs institutionnels ne doit pas être négligée. Non seulement les conflits peuvent venir remettre en cause ce qui était apparu un temps comme une position unanime, mais certaines controverses montrent que des projets de localisation ont pu et peuvent être lancés sans accord durable entre les représentants politiques locaux4. 1 Cf. Le rôle des débats au sein du Grenelle de l’environnement ou à l’opposé les tentatives de (re)construire un référentiel national favorable à l’incinération par le récent rapport du Sénat (Soulage 2010) 2 Les PEDMA ont été rendus obligatoires par une loi de 1992, depuis lors, réalisation, révision, suivi et évaluation se sont succédé. 3 Principe large, comme l’a montré pour le cas des décharge le texte rédigé par Jacques Mery, Myriam Rym et André Torre (2009) à l’occasion de la sixième journée de la proximité, dont l’opérationnalisation et les contours doivent être construits localement en particulier dans le cadre des plans départementaux. 4 Par exemple, depuis 2002, les élus locaux sont en premier ligne de l’opposition à l’incinérateur que la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole (MPM) a construit en dehors de son périmètre, à Fos-sur-Mer pour trouver un exutoire aux déchets de l’agglomération de Marseille suite à la saturation de la décharge d’Entressen. 9 Les maires et élus locaux peuvent se mobiliser contre des solutions soutenues ou autorisées par les services de l’Etat. L’étude du projet le plus ancien présent dans notre recherche celui d’Izeaux - le refus de la création d’un centre d’enfouissement technique sur une ancienne carrière qui devait recevoir des déchets industriels banals - montre l’importance de l’opposition des acteurs politiques locaux, et, dans ce cas, la progressive déconnexion entre les élus et les débats locaux sur la nécessité de trouver les moyens de traiter localement certains déchets industriels. L’ensemble des 80 communes de la plaine de la Bièvre et de la Valloire, mais également le Conseil Général de l’Isère, rejoindront le front des opposants contre ce projet approuvé par les services déconcentrés de l’Etat, soutenu par les entrepreneurs locaux et sanctionné juridiquement par plusieurs jugements en faveur de l’entreprise. Le cadre juridique fonctionne ici en protection d’une entreprise disposant d’une autorisation préfectorale ancienne et argumentant sa capacité à respecter la législation. Seule une sortie politique impliquant la mobilisation des ministres de l’environnement puis de l’intérieur permettra le gel du projet et une pacification de la situation. Ce cas montre aussi que les entreprises jouent un rôle fondamental dans la question du choix des localisations. Si dans le domaine des déchets ménagers et assimilés cette place est souvent masquée par des projets d’incinération et ou de stockage portés par des EPCI, l’étude de Jean-Yves Nevers et Pierre Couronne, dans le cadre du premier programme CDE, sur la planification régionale de la gestion des déchets industriels et le choix des sites de stockage dans les régions Aquitaine, Auvergne et Midi-Pyrénées, a montré que dans ce domaine la législation accorde aux entreprises de traitement un rôle déterminant ( Nevers, Couronne 2004 : 9). Des processus spécifiques et des instances intermédiaires mises en place sous la forme de la création d’associations ont pour objectif de replacer l’action publique au centre du dispositif1 Le cas de Tours est assez représentatif de la difficulté de prise des processus de planification sur la question de la localisation d’infrastructures de traitement. La révision du plan d’élimination des déchets était présentée en 2003, lors de sa publication par un acteur central de la gestion des déchets comme un « cadre de référence consensuel pour tous les acteurs de la gestion des déchets » en Indre-et-Loire qui avait permis « le choix concerté d’un procédé et d’un site de valorisation énergétique ». Le Livre Blanc qui présentait à la même date la stratégie du syndicat Touraine Propre2 proposait d’initier « une concertation pour préciser les caractéristiques du projet pour la future unité de valorisation énergétique, notamment concernant les mode de traitement, le site d’implantation et les modalités du contrôle des impacts pour garantir la santé et le bien être des personnes vivant à proximité ». Comme le souligne l’analyse de ce cas, la solution choisie bénéficiait d’une légitimation croisée entre le processus de planification et le portage du projet par un syndicat intercommunal. Néanmoins, les cadres de la procédure de décision concernant les déchets ont été débordés par un conflit qui se conclura en mars 2004 par une négociation entre les Verts et le Parti Socialiste, à la veille des élections cantonales, par la signature d’un moratoire sur l’incinération. Tout se passe comme si les accords entre acteurs techniques et institutionnels n’étaient plus en mesure de rendre effectif une solution qui avait pendant un temps reçu l’aval des maires concernés. En Isère, dans un contexte tendu, en particulier par la lutte autour de la décharge d’Izeaux, non seulement le plan publié en 2005 n’a pas réussi à stabiliser un consensus entre l’ensemble des acteurs mais il a été le support de recours de la part d’associations qui 1 ORDIMIP en Midi-Pyrénées et avec des moyens et des effets moins importants Médiane en Auvergne cf. (Nevers, Couronne 2003) 2 Touraine Propre, syndicat pour la valorisation des déchets ménagers, Livre blanc, Déchets valorisés, environnement protégé, 2003, 45 p. 10 cherchaient à porter la controverse sur la stratégie de traitement des déchets. Ces recours qui concernent autant la procédure que le fond aboutiront à l’annulation en 2008 par le tribunal administratif du plan de 2005. Or, celui-ci était en cours de révision depuis sa publication, dans le cadre d’une procédure dans laquelle les commissions et groupes de travail ont été ouverts aux associations et qui a fait l’objet de restitutions publiques avant la réalisation de l’enquête publique. Notons toutefois, dans ce contexte comme dans d’autres, l’enquête publique liée à PEDMA a fait l’objet d’une faible participation, qui contraste ici avec la mobilisation des associations sur les débats liés au plan. Dans le cas de l’extension de la décharge de Saint Alban à Vienne, les modalités de décision sont bien sûr différentes. Mais, la mobilisation du SYVROM (Syndicat intercommunal de Vienne et sa Région pour les Ordures Ménagères), de la mairie de Vienne et de la communauté d’agglomération (CAPV) pour accroître la capacité et la durée de vie de la décharge doit être analysée dans le contexte de la recherche d’une « autosuffisance territoriale » et de la difficulté de localisation de nouvelles infrastructures, l’hypothèse de la construction d’un incinérateur dans l’agglomération ayant été rapidement abandonnée. Le long conflit analysé ici a abouti à une déconnexion totale entre cette tentative d’extension et le processus de planification départementale. Le dernier plan départemental ne peut que noter qu’une solution alternative devra vraisemblablement être trouvée à cause des difficultés du projet d’extension. L’histoire de cette décharge créée en 1967 par la municipalité à distance de la ville, à une époque où la principale difficulté pour la création d’une installation était la maîtrise foncière, a été celle d’une progressive mise aux normes et adaptation aux évolutions des pratiques de stockage. Pour les pouvoirs publics, la décision d’une extension rendue possible grâce à l’affouillement d’une carrière constituait seulement une façon de poursuivre l’exploitation et de garantir une capacité d’enfouissement à un coût réduit pendant deux décennies alors que pour les riverains cette décision remettait en cause l’espoir d’une fermeture proche. L’extension de la décharge a été en 2001 au coeur de la campagne électorale municipale, le candidat victorieux, opposant au maire sortant socialiste, ayant un temps pris le parti du refus de l’extension avant de revenir sur ses engagements et de promouvoir une politique de continuité des projets du SYVROM. La lutte a par la suite été portée sur le champ juridique par les associations de riverains et environnementales mobilisées. Cette situation est caractérisée par un blocage des relations entre le SYVROM et les riverains, la CLIS créée en 2001 n’avait été réunie qu’une fois avant 2003 et la réalisation des enquêtes publiques liées à l’extension et à l’affouillement. Le projet fut maintenu malgré le rapport défavorable du commissaire enquêteur chargé des deux enquêtes publiques. S’estimant trompés par le nouveau maire, non reconnus comme interlocuteurs, les riverains vont utiliser toutes les voies de recours possibles et obtenir plusieurs résolutions juridiques favorables. Celles-ci réussiront à retarder le projet jusqu’à ce que la décharge soit rattrapée par l’évolution des réglementations et, en dehors de tout recours des opposants, fermée sur arrêté préfectoral à cause du non respect des normes d’étanchéité obligatoire à partir de juillet 2009. Pour renouer le dialogue, les élus locaux avaient proposés en 2007 la création d’un « groupe de réflexion ». Ces tentatives furent interprétées comme une opération électorale par les associations de riverains qui refusèrent de participer à la première réunion quatre mois avant les élections municipales de mars 2008. Ce groupe ne se réunira que trois fois dans un climat de méfiance et sans grand résultat. Les riverains refusèrent aussi de participer à un dispositif de suivi des nuisances (opération « 20 nez) et empêchèrent la réalisation d’une enquête sur le niveau de bruit. A certains moments, la situation fut tellement tendue entre les autorités locales et les opposants que celles-ci déposèrent plusieurs plaintes contre X en 2005, pour diffusion de fausses nouvelles et à la suite d’un incendie dans la décharge qui conduiront certains membres des associations à être entendus par la police. 11 Italie : entre imposition, négociations et expérimentation Les cas italiens analysés dans notre recherche présentent des situations très différenciées, allant du découplage radical entre la décision, la mise en œuvre des projets, d’une part, et, d’autre part, non seulement la consultation du public, mais aussi le cadre politico-administratif traditionnel à Palerme, jusqu’à une tentative innovante dans le cas du premier incinérateur de Turin, en passant par une mobilisation de différentes instances de pouvoir local dans le cas de Gênes et la tentative d’assumer une décision par construction d’accords politiques dans le cas du second incinérateur de Turin. Le contexte sicilien illustre la mise en crise des modalités de gestion traditionnelle des déchets - basées sur un réseau de décharges municipales -, par la nouvelle réglementation italienne de 1997 qui intègre les évolutions juridiques européennes. Dans l’incapacité de réformer ce système de gestion et de l’inscrire dans le nouveau cadre d’action, le président de la région demanda l’instauration de l’état d’urgence et le placement de la Sicile sous tutelle de l’Etat central pour la gestion des déchets. Ce dispositif, assez souvent utilisé en Italie, permet de suspendre les effets et les obligations liées à la nouvelle législation et de doter un commissaire délégué nommé par le gouvernement - dans ce cas ce sera le président de la région - de pouvoirs étendus. La solution italienne d’une sortie du cadre normal de l’action publique pour traiter l’urgence liée aux déchets a pour effet de placer les municipalités sous tutelle du président de la région, de neutraliser le rôle des assemblées d’élus et de déroger aux lois en vigueur, y compris en ce qui concerne la consultation des acteurs publics ou du public et la publication des appels d’offre. Un appel d’offre pour la construction et l’exploitation d’unités de valorisation thermique a été publié en 2002 quelques mois avant l’adoption du plan régional de gestion des déchets. Le dispositif d’urgence est ici utilisé par le président de la région pour faciliter l’instruction du projet et forcer la décision au nom d’une crise à venir. Un des niveaux de la controverse portera d’ailleurs sur le processus de décision lui-même et sur les pouvoirs du commissaire délégué. Ce qui a été perçu comme un passage en force administratif a mobilisé les opposants à l’incinération soutenus par de nombreux représentants politiques locaux qui déclarent vouloir obliger le commissaire délégué à respecter les règles liées à ses capacités d’action, certes élargies mais néanmoins encadrées. L’assemblée régionale et sa commission environnement vont tenter de s’instaurer en scènes de débat sur la politique de déchets alors qu’elles avaient été tenues à l’écart de la préparation du plan régional de gestion des déchets par le commissaire délégué. Suite à un recours, la cour de justice européenne condamna l’Italie pour non respect des règles de concurrence liées aux conditions de l’appel d’offre. En outre, cette situation se montre très sensible aux changements politiques au niveau national - le gouvernement Prodi suspendra le projet - ou au niveau de la région, une alternance politique marquant la suspension pour un temps du projet. A Palerme, si aucune procédure de concertation du public ou des acteurs politiques n’a été mise en place, des collectifs d’opposants tentèrent d’ouvrir un débat local en organisant des réunions et conférences sur la politique des déchets. Le président de la région a néanmoins tenté de rassurer la population en nommant un comité scientifique chargé de se prononcer sur l’existence éventuelle de dangers liés à l’incinération, celui-ci conclura sur l’absence de liens prouvés entre incinération et affectations à la santé. Dans ce cas, le conflit a obligé à la mise en lumière d’un dossier que la procédure d’urgence autorisait à traiter dans des cercles fermés. Les assemblées élues cherchent à jouer un rôle de scènes de débat et à exercer un contrôle sur les actions mises en place. Tout se passe comme si, ce qui devait faire l’objet de négociations occultes - organisées ici à partir ou en amont de l’appel d’offre - était aujourd’hui portée au grand jour par les 12 commissions d’enquêtes, sous la pression d’un conflit qui a démontré que la solution de l’état d’urgence n’était pas une solution robuste pour sortir de la crise. A Gênes, depuis 15 ans, sous différentes configurations d’action les autorités locales ont entrepris de localiser un incinérateur. Le débat et l’examen des différentes options possibles de localisation mais aussi de dimensionnement se sont déroulés sous la pression des opposants. Lorsqu’un choix semble arrêté des opposants locaux réussissent à délocaliser le projet. Malgré le nouveau cadre d’action créé par l’instauration d’une ATO (Ambito Territoriale Ottimale1) composée de 67 communes et l’adoption d’un plan provincial en 2004, les phases de décision restent déconnectées des moments de négociation avec les résidents mobilisés suite à l’annonce de chaque projet successif. A partir des élections municipales de 2007, la nouvelle municipalité a mis en place une concertation directe avec les associations environnementales et proposé un plan conduisant à une amélioration du recyclage, à l’expérimentation d’un nouveau système de collecte en accord avec les associations avant de conduire une étude de faisabilité sur un procédé d’incinération compatible avec des taux de recyclage élevés. D’une certaine façon, ce qui a été recherché, ici c’est un accord sur une politique globale de gestion des déchets pour donner plus de temps au débat sur la nécessité et le dimensionnement de l’incinérateur, comme s’il s’agissait de réintégrer l’infrastructure envisagée dans une réflexion sur l’ensemble de la filière. Par ailleurs, en améliorant la desserte de la décharge existante par la création d’une nouvelle route éloignant les nuisances des riverains, la nouvelle municipalité manifesta un souci de prise en compte des effets sur les populations des modalités de traitement des déchets. La nouvelle municipalité a réussi à changer les relations avec les groupes écologistes et les associations de protection de l’environnement ce qui a rendu possible un débat, pour l’instant pacifié. L’analyse du cas montre toutefois qu’il faut intégrer dans les interprétations de ce changement d’orientation les effets du changement de politiques nationales moins favorables à l’incinération et les modalités de restructuration de l’entreprise locale de gestion des déchets. Seul le cas du premier incinérateur de Turin et l’expérimentation en 2001 « Non rifiutarti di scegliere2 » - NdrS - constitue une tentative de confier si ce n’est la décision, mais du moins le choix de la localisation à un processus ouvert, dont l’originalité repose sur l’identification et l’intégration des opposants dans une assemblée de débat sur la question de la localisation (Bobbio 2002). Après un an et demi de travail, deux sites furent choisis avec le plein accord de tous les participants. Mais cette proposition ne put être mise en œuvre. Dans les deux communes qui avaient été choisies, des oppositions sont apparues après le processus, et au final, les élus de la commune de Turin n’acceptèrent pas que l’équipement soit localisé hors de leur territoire communal. L’incinérateur fut finalement construit sur un site de la commune de Turin. Pour la localisation du second incinérateur, l'approche choisie par l'administration provinciale s’est placée explicitement en rupture par rapport aux résultats obtenus par l'expérience précédente, en choisissant de limiter la concertation aux acteurs politiques avant l’ouverture publique d’un débat et d’affronter les oppositions. Comme le montre l’analyse du cas, la non traduction en réalisation des résultats obtenus par cette expérience a amené les autorités locales à internaliser la décision, qui avait été externalisée dans le cas du premier incinérateur. L’interprétation proposée identifie plusieurs terrains de confrontation, arènes de débats au sein desquelles s’expriment la controverse : une arène fonctionnelle, sur laquelle les acteurs au niveau de la province et des grandes associations environnementales débattent des politiques de gestion des déchets, solutions techniques et de leurs effets ; une arène géopolitique, dans laquelle les municipalités et les sociétés de gestion entre en confrontation autour de la responsabilité de la gestion du nouvel 1 Aire territoriale optimale 2 Ne refuse pas de choisir 13 incinérateur, des avantages en termes économiques de son emplacement dans les différents territoires, et une arène politique où s’exprime les relations entre différents groupes politiques, différents partis ou courants de partis, mais aussi dans laquelle la gestion des déchets peut apparaître comme une ressource de pouvoir, de contrôle sur des emplois et des finances publics, l’expression d’une capacité d’action. C’est aussi sur le terrain politique que s’expriment des réajustements et influences réciproques entre les échelles locale, provinciale, régionale et nationale. Le cas de Turin, nous rappelle aussi que les infrastructures de gestion des déchets ne sont pas seulement des équipements indésirables mais qu’elles peuvent aussi être perçues comme des ressources : financières, mais aussi politiques permettent de prêter un service peu cher. La situation italienne a été marquée par une volonté de définir la gestion de proximité à l’échelle de ATO, aires territoriales optimales, suite à la réforme de 1997, la mise en place de ces organismes a constitué un moment de redéfinition des capacités d’action et a établi une définition concrète de la proximité. Or, celles-ci ont été supprimées au début de l’année 2010 dans un objectif de simplification des niveaux d’organisation administrative, les régions sont devenues responsables de la politique de gestion des déchets sur leur territoire. Cette modification du périmètre de définition de la gestion de proximité en ouvrant d’autres possibilités d’organisation à l’échelle régionale pourrait se traduire par une modification radicale du processus de décision dans le cas de Turin. Mexique : Coopérations multi-niveaux, négociations et gestion de l’urgence Au Mexique, deux des trois processus étudiés sont caractérisés par des tentatives infructueuses de construire un nouveau cadre d’action sur la base, dans le cas de Zimapán, de négociations entre niveaux de pouvoir, dans le cas de Mexico, d’une consultation à l’échelle de l’ensemble de la ville. A Cuernavaca, l’ouverture d’une nouvelle décharge a été marquée par une difficile gestion de l’urgence par les autorités locales. Le cas de Zimapán fait apparaître des autorités environnementales soucieuses de rendre possible la création d’un centre de traitement et d’enfouissement des déchets dangereux et de tirer des leçons des expériences malheureuses dans ce domaine. En effet, malgré le besoin urgent de la création d’infrastructures de stockage et d’enfouissement des déchets dangereux1, depuis les années 1990 plusieurs projets ont été annulés suite à des mobilisations d’opposants. Le cas le plus emblématique reste celui de Guadalcazar dans l’état de San Luis Potosi, dans lequel les autorités municipales puis à certains moments du gouvernement de l’état avaient tenté de s’opposer au projet d’implantation d’une société des Etats-Unis, Metalclad, qui proposait de reprendre, de réhabiliter et de développer une décharge non autorisée initiée par des entrepreneurs locaux. Suite au recours de l’entreprise devant un tribunal arbitrale mis en place en application de l’Article 11 de l’ALENA2 , qui protège la libre circulation des investissements étrangers, l’opposition de la municipalité, mais aussi la tentative d’un gouverneur de bloquer le projet en décrétant la constitution d’une aire naturelle protégée dans la zone ont été considérées comme limitant la libre implantation d’une entreprise disposant d’autorisations fédérales. Le gouvernement mexicain a été reconnu fautif, sur la base du non-respect des dispositions de l’ALENA l’obligeant à assurer 1 Seulement deux sites pour l’ensemble du Mexique reçoivent des déchets dangereux. 2 La procédure de recours introduite par l’ALENA est celle d’un « arbitrage commercial », dans lequel chaque partie nomme un arbitre, un troisième étant désigné par une instance neutre. Les parties se mettent ensuite d’accord sur une méthode d’arbitrage. Cette procédure, qui dans d’autres contextes permet de résoudre, sans publicité et sans rupture du lien commercial, des litiges entre partenaires privés liés par un contrat, est ici fortement critiquée car totalement opaque - débats et procédures restent secrets - sauf si les deux parties décident de les rendre publics. 14 les investisseurs d’un niveau minimum de transparence et de sécurité, mais aussi parce qu’il est tenu d’accorder aux entreprises étrangères un traitement similaire à celui des investisseurs mexicains. Après un recours devant un juge canadien, qui ne reconnut pas la capacité du tribunal arbitral à remettre en cause le cadre d’action mexicain, le rôle du municipe et l’accusation de complexité pesant sur la régulation environnementale, mais considéra le décret d’aire protégé comme une manœuvre pour empêcher l’implantation de l’entreprise, le Mexique fut condamné à payer 16 millions de dollars à l’entreprise. Suite à un autre conflit, lié à un projet similaire à proximité d’Hermosillo (état de Sonora) initié par l’entreprise espagnole Tecmed, le Mexique fut condamné à payer 7,5 millions de dollars à l’entreprise par un tribunal arbitral réunit sur le base du décret de libre échange entre le Mexique et l’Union Européenne. D’autres projets (en particuliers ceux de Chapontongo, Hidalgo et La Choya, Sonora) furent aussi annulés dans le cadre de conflits, le centre de traitement ouvert dans le municipe de Ramos Arizpe (Coahuila) a du être fermé par les autorités environnementales à la suite d’un incendie. Les travaux réalisés sur ces conflits font apparaître que les opposants s’appuient ou trouvent des relais dans les difficultés des relations entre les trois niveaux de pouvoirs qui doivent donner des autorisations nécessaires à l’ouverture d’un centre d’enfouissement des déchets1 dangereux. Dans le cas étudiés ici (Zimapán), les autorités fédérales ont pris la précaution de construire un accord avec les trois niveaux de pouvoirs avant d’autoriser le projet. La qualité des relations sur ce dossier entre le gouvernement fédéral du PAN (parti d’action national), le gouvernement de l’état du PRI (parti révolutionnaire institutionnel) et la municipalité aux mains du PAN devait rendre viable le projet. Un accord présentant des engagements réciproques avait même été signé entre l’entreprise et la municipalité. Néanmoins, notre recherche montre que ce contexte particulièrement difficile, ne s’est pas traduit seulement par la volonté de ne pas donner prise à des recours de l’entreprise, de renforcer la consistance juridique des actes du gouvernement, mais aussi par une tension particulière, une méfiance, une certaine propension à retenir le plus longtemps possible les informations liés au projet. La décision d’implantation fut donc ici prise sur la base de négociations entre l’entreprise et les trois niveaux de pouvoirs. Un accord entre la municipalité, le gouvernement de l’état et l’entreprise a été semble-t-il considéré par le gouvernement fédéral comme nécessaire avant la réalisation et l’approbation de l’étude d’impact. La réalisation d’une enquête publique n’est pas obligatoire pour ce type de projet. Seule une demande d’avis est envoyée au gouvernement de l’état et à la municipalité et à une série d’instances administratives intéressées. Les autorités environnementales fédérales ont choisi de limiter les procédures d’information et de consultation du public à la procédure minimale obligatoire au moment de l’approbation de l’étude d’impact : une mention sur le site Internet du ministère fédéral, qui autorise pendant 10 jours, le public à demander l’ouverture d’une enquête publique. Une demande émanant d’une association environnementale étant arrivé hors délais aucune autre procédure de concertation n’a été mise en place. Aucun moment de recueil des opinions sur le projet n’a été organisé avant que le conflit ne se manifeste. Celui-ci se conclura en 2010 par l’annulation du projet suite à la révocation de l’autorisation municipale, le Mexique devant affronter un nouveau litige commercial international suite au recours de l’entreprise. Dans le District Fédéral, les autorités locales avait tenté d’ancrer un projet dans une consultation environnementale à l’échelle métropolitaine (Consulta verde) et de renvoyer aux 1 Chaque projet nécessite au moins trois types d’autorisation : - celles attribuées par les autorités fédérales environnementales pour les projets importants, les activités potentiellement polluantes ou dangereuses ou qui affectent la couverture végétale « naturelle » ; celles liées à la planification des usages du sol (généralement gérée par le gouvernement des Etats, même si la législation fédérale octroie cette compétence aux municipalités) ; celles liées au droit de construire (municipalités). 15 processus de consultation liés à la planification urbaine la construction de la faisabilité et de l’acceptabilité d’un projet, présenté comme innovant techniquement et bénéfique pour la communauté locale. En effet, tout se passe comme si la Consulta verte, enquête réalisée auprès des ménages en 2007, sur des thématiques environnementales permettait de remplacer la consultation de la population locale. Dans cette enquête à l’échelle de l’ensemble du District fédéral, qui fut remplie par 300 000 personnes, il avait été demandé à la population de se prononcer sur la création d’un Centre Intégral pour la gestion des déchets, non localisé. Il s’agissait du premier projet de Centre Intégral de recyclage et d’énergie (CIRE) qui devait permettre de fermer la décharge qui accueille actuellement les déchets de la ville. Les autorités du district fédéral se trouvaient en effet dans l’obligation d’envisager une solution alternative car le ministère de l’environnement fédéral avait décrété la nécessité de la fermeture de cette décharge. Le projet de CIRE de Tlahuac reposait sur un procédé de gazéification, innovation contribuant à garantir pour les autorités du D.F. l’acceptabilité du projet. Néanmoins les arguments techniques en termes d’élimination des risques d’émanation de dioxine utilisés par les promoteurs du projet ont été inaudibles dans la situation locale. Les opposants assimilaient incinération et gazéification et demandèrent l’élimination de tous les procédés de traitement thermique successibles de générer des fumées toxiques. La confiance dans les assurances des autorités environnementales locales est tellement faible, que certains craignaient que ce centre qui implique un stockage provisoire des déchets avant traitement ne se transforme en décharge. Alors que les associations environnementalistes se sont relativement peu mobilisées sur le sujet, l’opposition au projet a été portée par des représentants des habitants des anciens villages indigènes aujourd’hui en partie rattrapés par l’urbanisation (Frente del pueblo del Anahuac), alliés avec des universitaires et des représentants locaux de fractions du PRD (parti de la révolution démocratique) en opposition au gouvernement du district fédéral géré par le même parti. Dans un contexte préélectoral, la dimension de l’opposition entre groupes du PRD se révéla ici déterminante. Par ailleurs, la contestation de ce projet doit être analysée dans le cadre d’une tradition de luttes contre des projets susceptibles d’introduire une perte de contrôle des groupes locaux sur les modalités d’occupation des pentes des montagnes proches et le refus de projets localisant dans cette zone des services pour l’agglomération (université, décharge, prison). Les opposants demandent la reconnaissance de la valeur environnementale de la Sierra de Santa Catarina où le projet devait être réalisé. Au moment de la définition du projet, les échanges sont restés dans le cadre d’une discussion entre experts, fonctionnaires, ONG et représentants de fondations ou d’agences internationales. Des réunions avec des spécialistes avec certains centres de recherche de l’Université de Mexico, groupes environnementalistes ou avec des riverains ont eu lieu après l’annonce du projet. Il s’agit essentiellement d’une démarche d’information, sur le caractère innovant du projet, sur la nouvelle politique de gestion des déchets. La seule procédure formalisée a été mise en place dans le cadre de la modification du programme de développement urbain de Tlahuac, les opposants dénoncèrent une consultation biaisée par la mobilisation de partisans au projet dans les réunions. Un des recours déposé par les opposants devant les autorités locales de protection de l’environnement concerna d’ailleurs le manque d’information et de consultation lié au changement de zonage nécessaire à la réalisation du projet et qui pouvait être considéré comme contradictoire avec le programme général d’aménagement écologique du District Fédéral. Par la suite, après la mobilisation de groupes locaux contre le projet, un responsable politique fut chargé d’ouvrir des négociations, il participa à de nombreuses réunions et assemblées à Tlahuac, jusqu’à ce que la communication fut rompue suite à une réunion particulièrement tendue qui nécessita l’intervention de la police. Dans ce contexte d’opposition, mais aussi de crise financière et de difficulté du gouvernement à financer l’achat de terrains : le projet fut annulé en 2009. 16 A Cuernavaca, la situation est caractérisée par la tentative de construire des accords négociés entre les pouvoirs publics et différents groupes pour rendre possible un projet de nouvelle décharge, accords et compensations qui ont été à chaque fois remis en cause. Cette situation trouve ses racines dans la mobilisation de résidents proches de la décharge de Tetlama qui demandèrent sa fermeture. Suite à ce mouvement les autorités locales avaient pris l’engagement de construire une nouvelle décharge. L’urgence apparaît ici dans les rues de la ville sous la forme de déchets non ramassés lorsque ces mêmes habitants bloquèrent l’accès à la décharge pour exiger le respect de cette promesse. La municipalité dut alors négocier pendant un temps l’accès à des décharges d’un état voisin et chercher en urgence un lieu pour recevoir une nouvelle décharge. Cette crise se traduisit par un moment d’ouverture d’un débat local sur les déchets, différentes institutions, associations, partis organisèrent des manifestations, des séminaires d’analyse et de réflexion sur la question des déchets. Dans le cadre de l’étude de la manifestation d’impacts environnementaux de la nouvelle décharge, qui sera concédée à une entreprise privée, une consultation publique a été organisée. De plus, un centre de recherche universitaire organisa une contre-expertise qui recommanda de ne pas approuver la manifestation d’impacts environnementaux à cause des conditions hydrologiques et géologiques de la zone, certaines de recommandations de cette contre-expertise ont été par la suite intégrées à l’autorisation de fonctionnement sous la forme de prérequis à l’exploitation. Néanmoins, lors de la tentative de construction des installations nécessaires au fonctionnement de la décharge, une forte opposition de riverains, mais aussi des propriétaires de terrains et du maire de la commune traversée pour accéder à la décharge se fit entendre. Les autorités locales durent négocier une autre voie d’accès pour que les camions ne quittent pas le territoire de la commune de Cuernavaca, des compensations furent attribuées aux propriétaires des terrains. Néanmoins après une mise en fonctionnement de cette décharge, les habitants des quartiers proches se mobilisèrent contre le passage de camions à des heures tardives. L’opposition à la décharge continua sur plusieurs fronts, un large collectif d’opposants multiplia les actions, certains activistes demandèrent la protection de la commission locale des droits de l’homme. Pour montrer sa volonté de traiter globalement la question et faire face à des accusations d’incapacité politique, le maire de Cuernavaca va mettre en place en liaison avec une association environnementaliste un ambitieux programme de collecte, tri et recyclage pour diminuer les besoins de stockage, programme qui s’avérera rapidement un échec, un seul des 300 centres de tri prévus sera construit. La controverse se poursuivra jusqu’aux élections municipales de 2009, le nouveau maire du PRI arriva au pouvoir municipal en ayant promis l’arrêt du fonctionnement de la décharge. Il parviendra à remettre en cause la concession et à reprendre le contrôle du ramassage et de la décharge au prix d’une nouvelle crise liée au non ramassage des déchets. * *…..* Cette présentation des modalités de relation entre décision, concertation et conflit dans les cas étudiés constitue une introduction aux débats que nous allons mettre en œuvre cette année lors de différentes rencontres entre les chercheurs du projet. Il nous faudra construire des lectures transversales et des hypothèses d’interprétation sur le rôle et les dynamiques du conflit dans les différentes situations, sur les différentes formes de la production d’espaces publics intermédiaires, sur les dimensions territoriales et juridiques (cf. le texte du projet et le premier rapport intermédiaire). 17 Bibliographie Bobbio Luigi (2002), "Smaltimento dei rifiuti e democrazia deliberativa", Working Papers (1), Turin: Dipartimento di studi polici, 77 p. 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Mery Jacques, Mtibaa Rym, Torre André (2009), "Dynamiques de proximité et gestion des déchets: apllication à la mise en décharge", 6 éme Journées de la proximité, Le temps des débats, Poitiers: CRIEF et le Groupe dynamiques de la proximité, p. 8 Nevers, Jean-Yves and Couronne, Pierre (2003), L'ORDIMIP, Observatoire régional des déchets industriels de Midi-Pyrénées, Evaluation d'une expérience de concertation, Etudes financées par la DRIRE, Toulouse, CERTOP, 110 p. Nevers, Jean-Yves and Couronne, Pierre (2004), Concertation, contestation et décision, la planification régionale de la gestion des déchets industriels et le choix des sites de stockage, Toulouse, CERTOP, 97 p. Reverdy, Thomas (2003), Concertation, décisions, obligations, Analyse des trajectoires de dispositifs de concertation et de planification, Paris, Programme de recherche Concertation, décision, environnement, CRISTO-UPMF, 140 p. Rocher, Laurence (2006), Gouverner les déchets. 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Dans les deux cas, il s’agit d’installations de stockage de déchets non dangereux, de classe II : ménagers et inertes à Vienne, inertes à Izeaux, où il existe une situation de blocage de l’action publique due à la mobilisation locale : à Vienne, il s’agit de l’opposition à un projet d’extension de la décharge existante et à Izeaux de l’opposition à la création d’un centre d’enfouissement technique sur une ancienne carrière qui devait recevoir des déchets industriels banals. Le premier cas porte sur un conflit qui dure depuis dix ans et dont le dernier chapitre juridique, qui a eu lieu lors que nous rédigions ce rapport, semble clore le dossier en faveur des opposants. Le deuxième cas porte sur le conflit qui a vu s’affronter pendant presque vingt ans l’état (la préfecture) à un collectif très large d’acteurs locaux, en alternant des phases de forte confrontation relayées par des périodes de accalmie et de vigilance des opposants. Cette situation de conflit a été scandée par les différentes résolutions de justice et s’est achevée en 2005 (du moins pour la localisation de l’installation au cœur de la controverse) grâce à une sortie politique. Les outils à la décision : les plans d’élimination des déchets ménagers et assimilés Dans le département de l’Isère, la gestion des déchets a fait l’objet d’une réflexion « concertée » plutôt précoce par rapport à l’évolution législative en matière de déchets. En effet, si ce n’est qu’avec la loi de 1992 que l’élaboration de plans départementaux d’élimination des déchets devient une obligation, ce département s’est engagé dans une planification et une réflexion élargie aux différents acteurs impliqués dans la gestion des déchets depuis 1990. Certaines études avancent l’hypothèse que l’affichage d’une démarche de concertation aussi précoce puisse être recherché justement dans le conflit qui a accompagné la mise en exploitation du centre d’enfouissement d’Izeaux. Celui-ci débute en 1989 et, dès ses premières actions, montre un niveau de conflictualité très haut (séquestration du conseil municipal, blocage de la circulation routière et ferroviaire, affiliation à la cause de nombreux élus). Cette lecture du contexte politique et institutionnel isérois à l’heure de l’élaboration du premier plan va dans le sens de l’importance de la prise en compte de la dimension temporelle dans l’analyse des processus de construction de la décision en matière de gestion des déchets tel que l’un des questionnements de départ du projet DESCRI le formulait. En effet, la temporalité acquière une relevance centrale non seulement car l’histoire des processus de planification est essentielle pour comprendre le processus de décision postérieures, mais également car au cœur des conflits étudiés se trouve un dilemme qui semblent inhérent aux processus de gestion des déchets : à savoir comment gérer dans un cadre technique et juridique en constante évolution, des équipements potentiellement à risque pour les populations riveraines, et plus en général comment arriver à mettre en place des politiques de gestion des déchets dans un contexte sociétal marqué et fragilisé par l’incertitude. 19 Le premier plan d’élimination des déchets est approuvé en Isère en 1996 et a été élaboré sous le pilotage du Préfet1. Toutefois, une étude menée au début des années 20002 montrait que ce processus, s’affichant comme « concerté », n’avait pas abouti à des résultats tangibles, malgré une tentative très en amont d’associer à la planification le plus grand nombre d’acteurs. Les points d’achoppement et de blocage restaient nombreux pour l’élaboration d’un document de planification aux objectifs amplement concertés : notamment la notion de déchets ultime, la création de nouveaux sites d’enfouissement de II et III classe, de nouvelles unités d’incinération. La révision de ce plan qui fut engagée en 1999 aboutira en 2005 après un très long processus. Le plan avait fait l’objet d’un recours gracieux d’abord et juridique par la suite de la part de l’association Objectif Zéro Déchets (OZD)3qui en demandait son annulation en raison d’irrégularités au regard des dispositions réglementaires, notamment des procédures pour l’élaboration du plan et du contenu4. Les associations critiquaient non seulement une élaboration non conforme à la réglementation en matière de déchets mais également l’imprécision sur plusieurs points importants de la gestion des déchets ainsi qu’un recours trop poussé à l’incinération et à la mise en décharge. Tendances ces dernières qui allaient à l’encontre des objectifs de réduction des déchets à la source et à l’incitation à la valorisation et au recyclage. Si un certain nombre de propositions des associations avait été prises en compte, notamment sur les actions de prévention et réduction, le tri et le recyclage, elles restaient critiques sur plusieurs points : d’abord, l’ambition réduite des objectifs affichés en matière de réduction des déchets et de recyclage, ensuite sur le fait que l’Isère est un département qui importe des déchets d’autres départements voisins, notamment des DIB, et donc que le principe de traitement dans la proximité n’est pas totalement mis en place ; de plus les besoins en enfouissement et en traitement thermique étaient seulement stabilisés alors que le département aurait dû se donner les moyens d’aller vers une diminution. Ces aspects avaient des conséquences sur la santé et l’environnement dont la protection était un des principes du plan. Finalement, la fiscalité aurait dû être plus orientée vers la redevance incitative. En mai 2008, l’arrêté préfectoral autorisant le deuxième plan, celui publié en 2005, avait été annulé par le tribunal administratif de Grenoble, un mois avant la publication du plan révisé. Ce Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilé (PEDMA), aujourd’hui en fonction, est donc la troisième génération des documents de planification de la gestion des déchets en Isère. Selon les associations de protection de l’environnement, celles-ci ont joué un rôle déterminant dans le processus de débats dans le département ainsi que dés 2005 dans l’engagement du conseil général. Elles obtiennent également de faire partie de la La loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales confère la compétence d'élaboration et de révision du Plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés au Président du Conseil général. Ce transfert est effectif depuis le 1er janvier 2005. 2 Dans le cadre du premier appel CDE Thomas Reverdy, Concertations, décisions, obligations, Analyse des trajectoires de dispositifs de concertation et de planification, Cristo-UPMF, 2003. 3 A qui se joignent d’autres associations présentes sur le territoire isérois, comme la FRAPNA-Isère, et entre lesquelles se trouvait aussi le comité de défense d’Izeaux, qui entre-temps avait adhéré à la fédération LIANE. 4 Parmi les points critiqués par l’association OZD on trouve l’ordre de soumission du document aux différentes instances pour recueillir les avis ; l’absence de mesures pour prévenir l’augmentation de la production de déchets ménagers et assimilés ; l’absence d’inventaires prospectifs des déchets à éliminer sur 5-10 ans, ainsi que la fixation des proportions de déchets qui doivent être traitées selon les différents procédés ; absence également de solutions retenues pour l’élimination des déchets d’emballage, de données économiques et de données sur les coûts du service public des déchets, et finalement absence d’une évaluation approximative des installations à créer et une imprécision quant à leur localisation. 1 20 commission du plan et des groupes de travail sur le plan. Cette participation est considérée par les associations comme une victoire importante et elles ont fait également pression sur le Conseil général pour qu’il mette en œuvre tous les moyens financiers afin de rendre cette participation effective. Le dernier document de planification avait été donc conçu pour se dérouler dans « la concertation et la transparence » et impliquer les habitants du département. Le processus de révision a eu une durée de plus de trois ans et a été réalisé « en concertation » avec une commission consultative constituée d’élus, de représentants du Conseil général, de l’Etat et des organismes publics, des professionnels concernés et des associations de protection de l’environnement1. Des groupes de travail associés aux collectivités territoriales et les organismes de collecte et traitement ont été mis en place. Les résultats ont été restitués dans cinq réunions publiques, espaces de « concertation » encouragés par les pouvoirs publics et qui dans l’esprit de la démarche devaient marquer une vraie innovation en matière de processus décisionnels et implications des citoyens2. Le projet de plan a été enfin soumis à enquête publique à la fin de 2007. Les enquêtes publiques se sont déroulées sur plusieurs lieux (en plus des préfectures et sous-préfectures) afin d’arriver à plus grand nombres de personnes, selon le souhait des associations. A la fin de ce processus un avis favorable a été rendu par la commission enquêtrice assortie de trois réserves et de quatorze recommandations pour sa mise en application. Toutefois, les conclusions des commissaires enquêteurs signalaient que la participation à l’enquête n’avait pas été importante. Parmi les aspects intéressants pour nos études de cas, le plan signale que le département de l’Isère dispose d’une capacité d’enfouissement qui répond aux besoins à très court terme, à l’horizon 2009-2010. En effet, à partir de 2009-2010, les seuls sites disposant de garanties de capacités de stockage seront Penol, Satolas et Bonce, puisque sur les quatre autres site des ambigüités persistent quant à la durée prévisionnelle d'exploitation ou la date de fin d’exploitation3. Quant à l’incinération le plan de 2008, préconise un recours limité à cette modalité de traitement. La capacité de traitement actuelle est jugée suffisante. Dans ce plan, une organisation de suivi concertée avec les riverains et les associations est encouragée sur chacune des installations de traitement (publiques et privées) de l’Isère. Dans ce contexte, on comprend donc l’importance pour les pouvoirs publics et les gestionnaires de pouvoir réaliser les deux équipements en conflit. Dans ce nouveau plan, les capacités de stockage de Vienne et celle d’Izeaux apparaissent comptabilisées, même si dans le cas de cette dernière qui considéré comme autorisée, il est indiqué que « le contexte ne permet pas son exploitation ». C’est pourquoi, la recherche d’un site alternatif est en cours, pour répondre aux besoins de l’agglomération grenobloise et du Sud Isère. Dans ce plan, l’expérience du conflit autour de la décharge d’Izeaux reste en tout cas une référence, tant en termes de caractéristiques géologiques et hydrogéologiques des sites à retenir (profondeur de la nappe) ainsi que pour l’opposition que la mise en exploitation du site a soulevé. Les études de cas Dans les pages qui suivent on procédera à la présentation de deux cas d’étude. Dans le cas de Vienne, le texte présente les résultats d’un travail de terrain qui est terminé. Dans le FRAPNA Isère, Liane ou UFC-Que Choisir, et les coordinations OZD ou Coordination citoyenne du Voironnais 2 Font état de cette volonté les différentes manières utilisée pour définir ces espaces de mise en débat de l’action publique : « débats citoyens », « réunions citoyennes ». 3 Les sites sont Vienne, Izeaux solution alternative, Satolas, Penol, et Diezmos de 1 21 cas d’Izeaux le texte fait état d’une recherche bibliographique, d’un travail sur la presse et les documents disponibles et d’un travail de terrain en cours, et qui nous prévoyons de terminer au printemps 2011. Comme nous l’avons indiqué précédemment, l’inclusion du cas d’Izeaux dans le projet, est survenue dans un deuxième moment, pour répondre à une « exigence » qui s’est imposée à la recherche. En effet, à plusieurs reprises « l’affaire Izeaux » a été évoquée au cours des entretiens sur le cas de la décharge de Vienne : et par les opposants et par les autorités publiques. L’abandon du projet sur le site d’Izeaux est devenu un symbole autant comme processus réussi de mobilisation contre un projet non souhaité que comme « un cas d’école »1 de la crise de la décision en matière de gestion des déchets. A Izeaux, le centre d’enfouissement pour déchets industriel n’est pratiquement jamais vraiment entré en fonction, bien que la société exploitante ait obtenu l’autorisation d’exploitation celleci a été annulée par le ministre de l’environnement de l’époque avant que le centre puisse être exploité. Cas 1 : l’opposition a l’extension du centre d’enfouissement de déchets ménagers à Vienne, Isere. L’étude de cas de Vienne porte sur le blocage et par la suite la remise en cause d’un projet d’extension du centre d’enfouissement municipal qui devait augmenter les capacités de stockage de l’installation existante par la création d’un casier supplémentaire. Cette augmentation n’étant possible que par l’affouillement d’une carrière sur le même site puisque l’équipement existant est localisé sur le fond d’un vallon. Ce projet porté par le syndicat exploitant de l’installation, le SYVROM (Syndicat intercommunal de Vienne et sa Région pour les Ordures Ménagères), la mairie de Vienne et la communauté d’agglomération (CAPV) a rencontré une forte opposition locale qui s’est concrétisée par la mobilisation d’associations à fort ancrage territorial de différent niveau (riverains, associations de protection de l’environnement, partis politiques) et par une judiciarisation importante du dossier. L’extension du site a été d’autant plus contestée que cet équipement est localisé à quelques centaines de mètres d’un secteur urbain densément peuplé. Les opposants au projet dénonçaient un dégradation des conditions de vie à proximité si le projet avait vu le jour : aux nuisances de la décharge se seraient ajoutés les tirs de mine associés aux activités d’affouillement, les bruits, les poussières et une augmentation de la circulation dans le secteur. On assiste, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, à une protestation des riverains contre l’augmentation soudaine des nuisances de la décharge, qui s’est transformée au fil de ces dernières dix années en un intense conflit. Celui-ci a conduit non seulement au blocage du projet d’extension, mais également à la mise en cause de la présence de la décharge en invoquant, d’une part, les risques pour la santé humaine et pour l’environnement associés à la proximité de l’équipement et, d’autre part, la non-conformité avec la réglementation. En effet, dans un premier moment, la création de l’association de riverains avait affiché pour objectif (comme le nom même de l’association le rappelle association des riverains de la décharge de Saint-Alban contre les nuisances) de lutter contre les nuisances de la décharge (odeurs, émissions, envols de papiers, circulation de camions bennes). Toutefois, au fil de la mobilisation, le discours et les positions des riverains se sont radicalisés, jusqu’à demander la fermeture du site. 1 GD, ingénieur de la DRIRE Isère. 22 L’évolution de la décharge de Saint-Alban-les Vignes : un maillon essentiel dans le cycle de la gestion des déchets Depuis le 1er juillet 2002, échéance majeure fixée par la loi-cadre du 13 juillet 1992, la mise en décharge est limitée aux seuls déchets ultimes1. Le principe de valorisation optimale « aux conditions techniques et économiques du moment » est devenu la pierre angulaire de la politique de gestion des déchets. La valorisation englobe valorisation-matière par recyclage (matériaux ou matière organique) et énergétique (toutes récupérations d’énergie) ou leur combinaison : la part valorisable du déchet doit en être extraite avant enfouissement. Les politiques menées depuis 1992 sont fondées sur ce principe. La conséquence en a été, entre autres, non pas la fin des décharges mais l’arrêt, progressif, de la mise en décharge directe des déchets bruts. Des plans de résorption des décharges devenues illégales ont été mis en place, les décharges destinées aux déchets non dangereux (classe 2, comme celle de Saint Alban), renommées centres d’enfouissement technique (CET) ou installations de stockage des déchets non dangereux (ISDND) et très dernièrement centres de stockage de déchets ultimes (CSDU) remplissent donc de nouvelles fonctions, elles ne seront plus qu’un exutoire placé en fin de la chaîne d’élimination. Des conditions d’exploitation très strictes pour limiter les risques sanitaires et environnementaux associés à leur présence ont été également établies (arrêté ministérielle de 1997)2. De la même manière que les installations créées dans un contexte réglementaire moins contraignant la décharge de Saint Alban-les-Vignes a accueilli jusqu’il y a dix ans tout type de déchets et a été progressivement adaptée aux nouvelles exigences environnementales et sanitaires3. Le site d’enfouissement de Saint-Alban est une installation de stockage de classe II (déchets ménagers et assimilées) localisée au sud de Vienne sur une surface de 6,5 hectares, très proche d’une zone d’habitations (le très peuplé et commercial quartier de l’Ile et le petit quartier résidentiel de Saint Alban) à seulement trois kilomètres du centre ville et adossée à un espace boisé préservé, le vallon de Malacombe, utilisé par les habitants du secteur et de la ville comme lieu de d’excursion et de randonnée. Comme souvent, en ce qui concerne ce type d’installations qui sont placées en marge de centres urbains, dans des endroits à l’écart -les dépressions terrestres se prêtant bien à se genre d’usage-, le site d’enfouissement de Vienne a été aménagé il y a plus de quarante ans (1967) sur le fond du vallon de Malacombe, à cheval sur les territoires de communes de Vienne et de ReventinVaugris4. L’endroit à l’écart de la ville, dans les bois, qui a dû apparaître aux gestionnaires de Selon l'article L 541-1 du Code de l’Environnement, « le déchet ultime est défini comme un déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux ». 2 Arrêté du 9 septembre 1997 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux, JO 2/10/1997, modifié en 2006. 3 Pour notre analyse, nous utiliserons de manière indifférenciée les termes décharge, centre d’enfouissement, site ou centre de stockage. Les riverains utilisant le plus souvent le mot « décharge » et les administrateurs les termes plus techniques de CET ou CSDU. Cette instabilité sémantique, ne se résume pas seulement à un problème de forme, celle-ci cache également un problème de fond sur la nature des déchets enfouis et leur évolution juridique et technique. 4 Le ruisseau de Malacombe, qui coule au fond de cette combe, forme une limite naturelle entre les deux communes. Le vallon de Malacombe, perpendiculaire à la vallée du Rhône, s’inscrit dans les vallons rhodaniens (affluents du Rhône), il constitue l’un des rares vallons granitiques situé en rive gauche de la rivière, en Isère, propre aux Balmes Viennoises. Tiré de « Vallon de Malacombe. Synthèse des enjeux environnementaux à l’automne 2006 ». Gère Vivante, Gentiana, Flavia, 2006. 1 23 l’époque « le bout du monde »1, est fréquenté par les chasseurs2 -, mais également par les quelques riverains du quartier de Saint Alban et par les paysans qui habitent le haut plateau surplombant le vallon et qui franchissent le bois pour se rendre à Vienne. Le vallon est particulièrement apprécié pour ses propriétés naturelles (la cascade, le ruisseau où les enfants du coin jouent, les écrevisses et les truites attrapées à la main, les oiseaux), dans la mémoire des riverains il demeure un lieu enchanté : « …. le vallon de Malacombe aux pieds des collines était inhabité. Ses parois abruptes étaient couvertes d’une dense végétation naturelle. Cet endroit présentait un caractère sauvage mais pittoresque » (Mémoire d’opposition présenté par le Comité de La Balme au projet d’extension du SYVROM). La mairie acheta alors à deux des habitants du secteur -le lieu est peu habité à cette période il est surtout occupé par des vergers - des parcelles pour créer la décharge. L’installation est déclarée d’intérêt général et les autres riverains durent vendre leur terrain pour éviter l’expropriation. Régularisée et autorisée en 1978 au titre d’établissement classé pour la protection de l’environnement (par arrêté préfectoral 78-10090), la « décharge contrôlée d’ordures ménagères de St.-Alban-les-Vignes » fit l’objet d’une extension en 1986 (arrêté préfectoral 86-5065) et, afin de pouvoir continuer d’être exploitée, d’une mise en conformité en 2000 (arrêté préfectoral 2000-1998). Sur la base du rythme de stockage et de traitement de l’époque, l’exploitation du site était prévue jusqu’à 20203. La superficie totale de l’exploitation fut fixée alors à environ 10 hectares repartie sur trois casiers, dont un, le numéro 3, n’existant pas à l’époque, mais prévu par l’arrêté de mise en conformité, résultera être au centre de la controverse actuelle4. La création d’une alvéole spécifique pour recevoir les déchets d’amiante était également annoncée. Jusqu’au début des années 2000, la gestion de l’installation a coïncidé avec une politique de « tout à l’enfouissement» en confinant sur le site des déchets « non dangereux » de tout type sans aucun traitement : en plus des ordures ménagères (domestiques et municipales), la décharge recevait donc des déblais, des gravats, des encombrants, des cendres et mâchefers refroidis, des déchets industriels banals et commerciaux solides ainsi que des déchets verts et, à partir de la mise en fonction de la station d’épuration à la fin des années quatre-vingt-dix, également des boues d’épuration. 1 Entretien avec FB, riveraine de la décharge. Selon les souvenirs d’une riveraine le maire même de Vienne s’y rendait pour chasser. 3 3 88 000 m /a. 2 4 Selon cet arrêté, le casier 1 occupait une surface de 51 400 m , le casier 2 dont la mise en 2 2 exploitation démarre en 2 000, 14 450 m et le 3 était projeté pour 41 150 m . La hauteur maximale étant fixée à la côte 230 pour le casier 1 ; et 240 pour les casiers 2 et 3. Or, dans cet arrêté de 2000, il est indiqué que la mise en exploitation du casier 3, devait être subordonnée à la publication d’un arrêté complémentaire. Cette spécification, comme nous le verrons plus loin, alimentera un aspect du contentieux actuel. 2 24 Fig. 1 En effet, en 2000, le casier originel, le numéro 1, arrivé à fin de vie, avait été fermé. Un nouveau casier, le numéro 2, avait été créé et la réalisation du troisième envisagée1. Si dans le casier 1, dépourvu d’étanchéité (selon la technique d’enfouissement de l’époque) avaient été enfouis pendant plus de trente ans des déchets de tout type, le casier 2 fut construit, selon les informations fournies par le gestionnaire, suivant les nouvelles normes et équipé d’une barrière active d’étanchéité, de systèmes de drainage de lixiviats et de récupération du biogaz2. Le site, était disposé pour recevoir un volume maximal annuel de 55 000 tonnes de déchets. Or, pour la réalisation du troisième casier, étant donnée la localisation de la décharge dans un vallon, le projet d’agrandissement prévoyait l’affouillement d’une carrière, par le creusement d’une des deux collines limitant la décharge (voir figure 1). L’affouillement étant prévu sur une surface d’approximativement cinq hectares et pour une production maximale de 350 mil tonnes annuelles, une extraction de 1,51 Mm3 de matériaux (granit, notamment) et pour une période de 15 ans3. L’entreprise Morillon-Corvol, aujourd’hui intégrée à la multinationale CEMEX, était présentie pour exploiter la carrière. Selon les documents du SYVROM, le volume global de déchets mis en décharge dans le casier 1 jusqu’à sa fermeture en 2000, a été d’approximativement d’un million de m3. Pour le casier 2, en exploitation actuellement, le volume prévu au moment de la mise en conformité, toujours en 2 000 (et avant de la mise en place du recyclage) était encore de 417 000 tonnes. Finalement, le nouveau casier 3, qui devait être créé grâce à l’extension, devait en revanche garantir le stockage de 900 000 m3 supplémentaires, en assurant une durée de vie de l’installation d’encore au moins 15 ans, en calculant le stockage d’un volume maximal annuel de 58 000 tonnes. Dans cet usage, une tonne mesure le poids, le mètre cube et la masse des déchets (rapport kg/m3). On sait qu'une tonne de déchet produite va occuper un espace de 1,25 m3. 2 Ce dernier a été réutilisé pendant une période pour alimenter la station d’épuration, mais depuis que les déchets fermentescibles ne sont plus stockés sur le site la qualité du méthane a changé n’étant plus adaptée pour la production d’énergie, selon l’explication fournie par le gestionnaire. Par ailleurs, une question de rentabilité semble également associée à cet abandon. Pourtant le projet au moment de son lancement avait fait l’objet d’une campagne de promotion poussée le présentant comme un ambitieux projet pilote ayant reçu différents financements de la région et de l’Union européenne. 3 Un seul tir par semaine mais qui devrait faire sauter 5000 tonnes de roche, qui seront évacuées au nombre de 130 voyages par jour. 1 25 Cela ne fait pas donc pas très longtemps que le site d’enfouissement a été contrôlé et aménagé. Dans les années quatre-vingts, la clôture autour du site n’était pas réalisée et, dans les années quatre-vingt-dix, lorsque le casier 1 fonctionnait encore et avant que la revégétalisation ne soit réalisée, l’amas de déchet était partiellement visible. Le recouvrement des ordures n’était pas fait systématiquement, notamment pendant les fins de semaines d’été, qui restent dans la mémoire des riverains particulièrement pénibles. Les envols de plastiques n’étaient pas inhabituels non plus. Les occupants des maisons les plus proches de l’installation gardent le souvenir d’opérations de chiffonnage réalisées autour de la décharge, qui laissaient l’espace à proximité du site dans un état affligeant, et même de rixes entre chiffonniers pour s’assurer les découvertes de matières réutilisables. C’est seulement en 2001 qu’un dispositif pour le contrôle de la radioactivité est mis en place. Pour le gestionnaire du site, le Syndicat intercommunal de Vienne et sa Région pour les Ordures Ménagères (SYVROM), pour la mairie de Vienne, ainsi qu’à partir de 2002 pour la communauté d’agglomération (CAPV), le projet d’extension de la décharge visait à garantir au territoire desservi par le syndicat ses capacités d’enfouissement à un coût maîtrisé pour encore deux décennies1. Par ailleurs, dans un contexte généralisé de pénurie de capacité de traitement et de grandes difficultés pour l’implantation de nouvelles installations, le site d’enfouissement de Saint Alban représentait pour les administrateurs locaux un capital précieux et un maillon essentiel dans le cycle de la gestion des déchets au niveau du territoire de l’agglomération, mais aussi du département, s’inscrivant dans le plan départemental d’élimination des déchets récemment révisé. Ce choix est par ailleurs justifié dans ce document de planification car l’« autosuffisance territoriale » quant au traitement figure parmi les principaux objectifs, d’autant plus que la décharge existe déjà. Aux arguments des opposants, les collectivités territoriales répondent en justifiant le projet avec deux arguments principaux tout en soulignant les efforts faits dans le sens d’une valorisation des déchets, d’une intensification du tri (multiplication des points d’apport volontaire) et de recherche d’alternative à l’enfouissement (incinération): - L’extension de la décharge est nécessaire car le casier 2 a une durée de vie réduite, de seulement deux ans. - ll y aura toujours besoin d’un centre d’enfouissement pour les résidus non traitables. Le SYVROM est crée en 1985 pour gérer la collecte et le traitement des déchets de Vienne et les communes environnantes. Un arrêté préfectoral de 1986 (12/11/1986) autorise et transfère les conditions d’exploitation de la commune de Vienne sur des parcelles de la commune de ReventinVaugris pour étendre la décharge. Pour cette époque il n’existe pas encore un périmètre d’exploitation et d’enfouissement divisé par casiers. A ses débuts le syndicat était composé par 11 communes, par la suite il a élargi son périmètre jusqu’à arriver à un total de 29 qui comprend les 18 communes qui intègrent la CAPV, mais aussi de la communauté des communes de la région de Condrieu et la commune de Sainte Colombe. A partir de 2002, date d’entrée en fonction de la Communauté d’agglomération du pays viennois, celle-ci a pris la compétence « collecte et traitement des déchets » par délibération du 20 juin 2002. Le traitement des déchets (transfert, incinération et enfouissement des ordures ménagères) est délégué au SYVROM (Syndicat Intercommunal de Vienne et sa Région pour les Ordures Ménagères). La communauté d’Agglomération du Pays Viennois compte 67 000 habitants. Le service assure en régie la collecte : - des ordures ménagères sur Vienne, - des déchets recyclables sur Vienne, - du verre en porte à porte sur Vienne, St Romain en Gal, Chasse sur Rhône et Pont Evêque, - des cartons des commerçants à Vienne et Saint Romain en Gal, - des déchets sur le marché de Vienne, - des lampes et néons, - des piles et cartouches d’imprimantes. Les autres collectes sont confiées à des prestataires privés. Le service se charge de la gestion des déchetteries de Vienne et Pont Evêque. Celles de Chasse sur Rhône et Villette de Vienne sont confiées à un prestataire. Le personnel gère également le Centre d’Enfouissement Technique pour le compte du SYVROM. 1 26 - Par ailleurs, le SYVROM face aux craintes et aux reproches des riverains assure que le projet d’extension a été fait en respectant la réglementation et que dans un contexte de manque de site de stockage et de plus en plus difficile pour la création de nouvelles installations pour le traitement des déchets, la maîtrise et la gestion d’un site d’enfouissement se révèle être un capital précieux et un maillon essentiel dans le cycle de la gestion des déchets au niveau du territoire de l’agglomération. La décharge de Saint-Alban existe déjà, elle se voit peu grâce à la révégétalisation, donc la pollution visuelle est très limitée. - Sur la base des mesures de l’air ambiant, réalisées une fois par an, les potentiels de risque pour la santé (toxicité de seuil ou risque cancérigène) sont très faibles. Selon les données présentées aucune concentration observée n’atteint ou n’est supérieure aux seuils de toxicité. Il n’existe pas de relation directe dose-effet susceptible de menacer la santé des riverains. - La demande d’extension ne concerne pas une nouvelle zone d’exploitation mais reste circonscrite au périmètre autorisé en 1986, confirmé en 2000 ; il ne s’agit donc d’une extension en surface mais d’une augmentation du volume des déchets. - Si dans le passé l’évaluation de la gestion a pu faire apparaitre des lacunes, un strict contrôle des déchets est aujourd’hui mis en place - Pour répondre au problème de fin de vie de la décharge, apparemment le SYVROM avait pris en considération plusieurs solutions : incinération dans l’agglomération viennoise (projet abandonné), incinération dans une installation existante en dehors de la commune, extension du site. La solution retenue par le SYVROM, a été cette dernière. Le choix est justifié par des motifs économiques : le coût de l’incinération étant trop cher en comparaison du prix de la mise en décharge (120 € contre 30€), par ailleurs l’adhésion au syndicat SITOM Nord-Isère (qui aurait permis l’incinération des déchets de Vienne dans une installation située à 30 kilomètres de Vienne, à Bourgoin Jallieu) aurait représenté un choix non sans effets sur la politique de gestion des déchets du syndicat et de la communauté d’agglomération. En effet, l’adhésion en plus d’être économiquement non viable aurait signifié la perte de la maitrise du site de Saint Alban pour le syndicat viennois. Egalement l’éventualité de la construction d’un incinérateur pour les seuls déchets de Vienne ne s’avère pas un choix économiquement viable pour la ville. De ce fait, le SYVROM tout en mettant en place une série d’actions notamment en vue d’une augmentation de la collecte séparative, du traitement de fermentescibles, du recyclage, de la valorisation, continua jusqu’à janvier 2008 (date à partir de laquelle tout ce qui incinérable doit être incinéré) à placer des déchets ménagers bruts en décharge ; Or, pour le gestionnaire au regard des progrès faits dans les dernières années en matière de gestion des déchets grâce à la mise en place de collectes séparatives et valorisation des déchets1, ainsi que de mise aux normes du centre d’enfouissement, la mobilisation des riverains reste un phénomène inconcevable, rapidement étiqueté de « nymbiste ». Comme l’affirme un responsable des services techniques du SYVROM, de la même manière que le gestionnaire, les élus ont du mal à comprendre les protestations : « Pourquoi dans un moment où il y a eu un changement radical dans la politique de gestion de déchets, où on ne enfoui plus tout systématiquement, on fait du tri, de l’incinération, on est attaqué si durement par les riverains » (AL, Directeur général des services techniques du SYVROM). Papier, carton, verre, déchets d'équipements électriques et électroniques, déchets des activités de soins, plâtre, textiles. 1 27 Cette affirmation résume bien toute la complexité du dossier, qui ne peut pas être limité à la question technique. En effet, pour les riverains, si les progrès faits par le gestionnaire et les élus en matière d’amélioration des conditions techniques d’exploitation (portique radioactif, couverture végétale) ainsi que des différentes initiatives dans le domaine du recyclage sont avérés, ceux-ci ne sont pas suffisants pour tempérer leur défiance à l’égard des élus. Les riverains contestent d’une part, la gestion politique du dossier et les modalités de prise de décision en matière de gestion des déchets des élus locaux qui restent hermétiques au regard des revendications et des propositions des opposants ; et d’autre part, la gestion technique Ils demandent être associés à ces processus par une participation par exemple dans les instances décisionnelles du conseil du syndicat des ordures ménagères, où s’ils ne peuvent pas exercer un droit de vote ils demandent du moins un droit de regard sur les instances locales de décision. Ce qui a commencé comme une protestation associée aux modalités d’exploitation de la décharge pour que « on n’y jette pas n’importe quoi » est devenue un combat revendiquant plus de voix dans la politique de gestion de la ville. Comme d’autres travaux l’ont souligné (Laurans Dubien 2000), la mobilisation de Vienne semble rappeler que la gestion des déchets ne peut plus être simplement inscrite dans un domaine technique, mais qu’elle doit être réinscrite dans le domaine du politique. Chronologie du conflit Dans la reconstruction que les opposants au projet d’extension font du conflit, tout commence dans l’hiver de 1999, lorsque les habitants du petit quartier de Saint Alban, encastré entre les collines surplombant le Rhône et la voie ferrée, au sud de la ville de Vienne, sont alarmés par l’intensité des odeurs qui envahissent le secteur et rendent l’air irrespirable. Ces exhalaisons nauséabondes, « à vomir », qui pénètrent dans les maisons même avec les fenêtres fermées, se dégagent de la décharge d’ordures ménagères qui est installée en surplomb du quartier. Les nuisances perdurent plusieurs jours, les riverains s’interrogent, s’inquiètent. C’est inhabituel, et pour cause : « ce n’est pas en hiver que la décharge sent le plus ». Ils se tournent vers le gestionnaire de l’installation, vers les pouvoirs publics, ils envoient des courriers, protestent, une réunion publique est alors organisée. Ils apprennent ainsi que la crise est à imputer à un manquement du gestionnaire aux normes en vigueur : l’emploi, apparemment délibéré, d’un matériel de recouvrement des déchets inadapté (selon les informations des riverains des coupeaux de bois que le gestionnaire obtient gratuitement). Ils découvrent, de surcroît, qu’une extension de l’installation -rendue possible par l’affouillement d’une carrière- est programmée. Quelque mois plus tard, en juin 2000, un habitant du quartier, un médecin immobilisé à cause d’une chute, analyse le dossier et il se persuade qu’il faudra « se battre par la réglementation » et que cela sera plus facile en utilisant une figure juridique associative, il contacte ses voisins, ils s’organisent : l’Association des riverains de la décharge de Vienne contre les nuisances est alors créée. Débute alors ce que les riverains décrivent un long combat « de David contre Goliath ». Après plus de trente ans de fonctionnement, cet équipement, aménagé au fond d’un vallon en marge de la ville et rattrapé par l’urbanisation, est devenu l’enjeu d’une situation de conflit qui a duré dix ans. Comme nous l’avons indiqué dans le paragraphe précédent, un agrandissement de la décharge, par la création d’un troisième casier, était déjà pressenti par l’arrêté préfectoral d’extension de 1986. Toutefois, sa construction et mise en exploitation devaient être subordonnées selon une annotation faite dans l’arrêté même- à la publication d’un arrêté complémentaire. Or, pour la réalisation du troisième casier, étant donnée la localisation de la décharge dans un vallon, le projet d’agrandissement prévu par le gestionnaire envisageait l’affouillement d’une carrière, par le creusement d’une de deux collines délimitant la décharge (Fig. 1). 28 En 2001 le projet d’agrandissement de la décharge devient un enjeu important de la campagne électorale municipale. La municipalité socialiste en place portant le projet d’agrandissement, le candidat à la mairie de l’opposition, Jacques Remiller candidat de la droite (actuel UMP), à la veille des élections, envoie une lettre au président de l’association des riverains s’engageant à ne pas agrandir la décharge. Cet engagement ne sera toutefois tenu par la suite, car, en effet, par une délibération de 2001, le SYVROM autorise la société Morillon Corvol, entreprise de renommée nationale dans l’extraction de granulats, à entreprendre les démarches nécessaires pour l’affouillement d’une carrière. L’association des riverains dépose une plainte contre cette délibération, mais ils seront débutés car n’étant pas le projet d’affouillement encore réalisé le contenu de la délibération restait de l’ordre des intentions. Comme ils apprendront par la suite, ils auraient du attaqué le contrat avec la société Morillon et non pas la délibération. L’association va alors en appel, mais demandant une aide juridictionnelle. L’association perd une deuxième fois et est obligée de payer des frais. Par la suite le choix d’un avocat spécialiste de questions environnementales s’impose pour les riverains. Comme nous le verrons plus loin, cette expérience fait partie du processus d’apprentissage inhérent à la mobilisation. En 2003, le SYVROM dépose une demande d’autorisation pour procéder à une extension de la décharge à laquelle est couplée une demande d’autorisation d’affouillement de la société Morillon Corvol, autorisations demandées pour une durée de 18 ans. Cette extension correspondait à une augmentation d’environ 6 hectares de l’emprise et la hauteur finale du dépôt devait permettre de stocker 950 000 tonnes de déchets supplémentaires. Deux enquêtes publiques sont donc ouvertes à la fin de 2003. La participation aux deux enquêtes de la population, selon l’avis du commissaire enquêteur a été importante. Nombreux avis et remarques ont été laissés sur les registres (83 remarques et 99 signatures), les associations des riverains ont rendu deux mémoires apportant leurs argumentations contre les deux projets et deux pétitions d’opposition pour un total de 825 signatures. Une extension de la période des enquêtes publiques fut demandée par les habitants et les associations de protection de l’environnement ainsi qu’une réunion publique d’information. Réunion qui se tient avant la clôture de l’enquête et à laquelle participent plus de 250 personnes. La gestion de la réunion est confiée à un médiateur qui donnera à tours de rôle la parole à tous les acteurs impliqués dans la controverse autour de la décharge. Plusieurs courriers sont également joints au dossier, tout particulièrement des maires des communes voisines qui sont favorables aux deux projets, faite exception pour le maire de Reventin-Vaugris, une de deux communes sur lesquelles la décharge est construite, qui se dit favorable au projet d’extension de la décharge mais défavorable au projet d’affouillement. Le commissaire enquêteur rendit un avis défavorable dans les deux cas. Si pour la décharge il reconnaissait que celle-ci était un maillon indispensable du processus d’élimination des déchets et qu’elle constituait un capital qu’il faut économiser, s’il constatait également que le gestionnaire avait mis en place des améliorations en matière de gestion du site et de gestion des déchets (démarche de collecte sélective sur plusieurs filières) toutefois plusieurs éléments d’ordre juridique et politique étaient invoqués pour fonder son avis défavorable. D’une part, un certain nombre des « dysfonctionnements » : en matière des déchets enfouis (boues d’épuration encore enfouies) par exemple, ou des limites de la bande d’isolement réglementaire de 200 mètres, qui questionnait la légalité même du fonctionnement de la décharge ; d’autre part, des éléments de l’ordre plutôt de la gestion des déchets : par exemple les limites du choix de prolonger l’enfouissement au lieu de privilégier d’autres modes de gestion, choix qui retarderait la mise en place d’alternatives plus « modernes et valorisantes» de traitement des déchets en allant dans le sens opposés de la tendance qui voudrais plus de valorisation, une réduction substantielle à la source et la disparition des centre d’enfouissement. Par ailleurs, le commissaire enquêteur reconnaissait l’importance des inquiétudes sanitaires associées à la décharge et portées par les riverains 29 lorsqu’il évoque parmi les raisons de son avis défavorable que « le principe de précaution voudrait que l’on évacue le secteur!! [sic]». L’avis défavorable du commissaire enquêteur touche aussi une question de fond dans la gestion des déchets, qui est celle de l’écart entre l’évolution de la législature en matière de sécurité et son application à des équipements anciens ; de la même manière le flou laissé par la législation au regard de la définition juridique de déchets ultimes pour prolonger la mise en décharge de déchets ménagers1; et finalement l’influence/le poids que la jurisprudence européenne en matière des déchets, de plus en plus contraignante pour les législations des états membres, a sur la gestion locale2. En 2004 les riverains déposèrent un recours contre l’arrêté de mise en conformité de 2000, peu de temps avant l’extinction du délai. Les arguments présentés concernaient la hauteur des casiers et l’emprise de la décharge (bande des 200 mètres). En 2004, avant la fin de l’instruction du dossier pour l’autorisation, les services régionaux de la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement) héritent du dossier décharge de la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales). Ils signalent à l’exploitant (SYVROM) que le dossier n’est pas conforme aux prescriptions de l’arrêté de 2000, notamment sur l’emprise (le projet prévoit 6 hectares supplémentaires de surface) et l’hauteur de la côte (250 m au lieu de 240) et que donc le projet ne pourrait pas obtenir d’autorisation préfectorale. Le SYVROM retire donc le dossier de demande d’autorisation pour une « extension de la décharge » et présente quelques mois après un nouveau dossier pour une « poursuite d’exploitation ». Celui-ci conforme aux prescriptions contenues dans l’arrêt de 2000. Cela fut possible grâce à plusieurs éléments, tout d’abord le préfet ne s’était pas encore prononcé sur le dossier extension et affouillement objet de l’enquête publique. Deuxièmement, le SYVROM présenta un nouveau dossier qui ne prévoyant pas de modifications aux prescriptions techniques initiales (selon les déclarations du gestionnaire) n’aurait dû donc faire l’objet d’un nouvel arrêté préfectoral; et troisièmement, dès 2004, le SYVROM s’engage sur une réorientation des modes de traitement et de mise en décharge. En effet, le gestionnaire mit place le traitement des déchets par incinération en planifiant un échéancier qui devait l’amener à incinérer tous les déchets ménagers en 2008 ; par ailleurs il met en place une réduction des tonnages des fermentescibles enfouis (dès 2004 les boues d’épuration ne seront plus acceptées en décharge ainsi que les déchets verts). D’autre part, le SYVROM commence à mettre en place à la même date plusieurs filières de tri (verre, papier, carton, équipements électriques, textiles, déchets des activités de soin) et de compostage. Ce sont donc les dossiers de « poursuite d’exploitation » et celui d’affouillement (ce dernier permettrait de creuser une cavité pour augmenter la capacité d’enfouissement au lieu d’agrandir la surface) qui recevront en 2005, malgré les avis défavorables du commissaire En effet, la définition légale du déchet ultime figure dans le lexique, qui indique bien : « Elle est adaptable dans l’espace, et s’interprète différemment selon le contexte et la spécificité territoriale. ». Il appartient à chaque département de définir les déchets ultimes. Il s’agit d’un concept qui évolue dans le temps. Pour le PDEMA de l’Isère le déchet ultime est « : » un déchet non dangereux, notamment du point de vue de sa toxicité et de son potentiel de lixiviation, que l’on ne sait pas aujourd’hui valoriser en garantissant la santé des populations et en respectant l’environnement dans les conditions techniques et économiques du moment » (PEDMA Isère 2008, p. 51). 2 Par exemple le non respect de la directive de 2009 concernant la réduction progressive des déchets fermentescibles mis en décharge. La réduction devrait correspondre à 75 % en 2004, 50 % en 2007 et à 35 % en 2014. 1 30 enquêteur sur les dossiers antérieurs, une autorisation pour le SYVROM d’exploiter le casier 3 jusque 2020 et pour l’entreprise Morillon Corvol de réaliser l’affouillement1. De plus, on peut identifier aussi un niveau sémantique de la controverse, lié ici à la façon dont on doit qualifier le processus en cours. Si pour les riverains il s’agit à l’évidence d’une extension, car la capacité est augmentée, cette appellation est contredite par les interlocuteurs techniques (gestionnaire et DRIRE). En effet, le représentant de la DRIRE considère qu’il ne s’agit pas d’une extension, car la superficie ne serait pas accrue et d’autre part, qu’il ne s’agit pas d’une « carrière » mais d’un « affouillement ». La différence, selon l’explication fournie par la DRIRE, résiderait dans le but de l’opération de creusement : un affouillement a comme objectif de produire une cavité afin de la remplir par la suite, en l’occurrence de déchets. Une carrière, en revanche, est une exploitation de matériaux. Or, tous les acteurs sont d’accord pour souligner la qualité du matériel extrait dans les collines de Vienne, du granit, qui explique d’ailleurs l’intérêt d’un professionnel du secteur des carrières comme Morillon Corvol. Ces positions qui suscitent l’incompréhension des opposants constituent aussi des qualifications conditionnant le statut juridique du projet et justifiant la voie procédurale choisie. Après la publication des deux arrêtés préfectoraux (poursuite de la décharge et l’affouillement de la carrière), l’association des riverains porte l’affaire en justice. Un recours avec référé suspensif est dépose au Tribunal administratif de Grenoble pour les deux arrêtés. La première manifestation dans la rue est organisée. Peu de temps auparavant, en 2004, les membres de l’association avaient présenté un autre recours au tribunal administratif de Grenoble contre une délibération du SYVROM déclarant le projet d’exploitation du casier 3 d’intérêt général. Cette délibération avait fait également l’objet d’un recours de la part d’une des associations locales de protection de la nature, l’ARDEN2, avant que celle-ci ne le retire car le recours était devenu sans objet à cause du retrait du premier dossier décharge et de la nouvelle demande de poursuite d’exploitation présentée par le SYVROM. Nous reviendrons sur les résultats de justice dans le paragraphe consacré au droit ; ce qui importe dire ici est que les deux autorisations préfectorales polariseront les positions autour de la décharge. Les riverains interprétèrent les deux autorisations préfectorales non seulement comme une non prise en compte des résultats de l’enquête publique, mais comme une manifestation de déconsidération à l’égard de leurs doléances, d’autant plus que peu de temps après le préfet autorisera sur le même site de Saint Alban, où étaient déjà localisées la décharge et une déchetterie,-la construction d’un quai de transfert. Cet équipement devant assurer le rassemblement des ordures de la communauté de communes sur le site de saint Alban afin de limiter les déplacements de camions vers l’usine d’incinération de Salaise sur Sanne, dans la communauté des communes voisine des pays roussillonnais. Après la publication de l’arrêté autorisant la construction du quai de transfert, en 2006, les riverains organisèrent une autre manifestation dans les rues de Vienne et ils déposent un recours également contre cet équipement en argumentant une concentration d’installations classées sur le même site. Les possibilités d’entente entre les élus et les riverains de la décharge sur le dossier extension s’amenuisent au fil des recours présentés en justice et des arrêtés préfectoraux pris ; les difficultés de nouer un dialogue apparaissent clairement, la situation est Arrêté 2005-0772 et 2005-08624). Cette dernière sera révisée et substitué avec un nouvel arrêté en 2006 (n°2006-02336). 2 Association pour le Respect et le Droit à l’Environnement. 1 31 représentée dans la presse locale comme « un bras de fer » entre deux positions, aux attaques en justice se joignent un travail de communication : diffusion d’information auprès du public par distribution de tracts, affichage de pancartes contre le projet aux abords des quartiers affectés, organisation de deux réunions publiques, signature de pétitions contre la décharge mais surtout une intensification de communication par le site internet crée en 2003 dont le choix d’appellation «viennefrancepoubelle », montre bien le message que l’association des riverains entend transmettre en associant au nom de la ville le mot poubelle. Site internet que, d’ailleurs, les élus voudraient voir fermé car, selon eux, son contenu porterait un préjudice à l’image de la ville, qui en revanche est candidate pour être inscrite sur la liste du patrimoine mondiale de l’humanité. Nous verrons plus loin le rôle que cet espace informatique va jouer dans la création d’un espace de débat. Au milieu de ce bras de fer entre les élus et les riverains se trouvent les associations de protection de l’environnement. Il s’agit d’associations généralistes de protection de l’environnement très présentes sur le département et la commune et qui sont en relation avec les représentants des pouvoirs publics et inscrites dans les réseaux institutionnels depuis longtemps. Si celles-ci se déclarent concernées par l’espace proche de la décharge c’est dans le cadre de préoccupations plus larges concernant l’environnement à l’échelle de la commune et du département. Celles-ci effectuent en permanence un travail de mise en relation de leur position sur ce dossier avec d’autres situations sur lesquelles interviennent ou sont intervenues1. Vis-à-vis de la tension entre les pouvoirs publics et les riverains mobilisés, ces associations, notamment les plus engagées localement, se trouvent dans une contradiction : d’une part, elles raisonnent en terme de partenariat avec les pouvoirs publics, travaillent en coopération et collaboration avec ceux-ci sur des thématiques environnementales (campagnes de sensibilisation sur les déchets ou d’éducation à l’environnement pour les écoles par exemple), participent à des réunions de travail organisées par la mairie; et d’autre part, elles doivent remplir leur rôle de veille sur le territoire sur les questions environnementales et donc tenter de répondre aux attentes des riverains. C’est avec beaucoup de difficultés et hésitations qu’elles ont pris la décision d’aller en justice, et le coût politique de ce choix a été très important. Cela leur a valu une perte de crédibilité et de confiance auprès des pouvoirs publics qui les considèrent des « ingrates » en leur reprochant de mener des actions à leur encontre alors qu’elles reçoivent des financements des mairies. D’ailleurs, ce même argument des recevoir des financements des autorités locales les discrédite vis-à-vis des riverains qui les jugent trop proches aux pouvoirs publics et leur reprochent de ne pas jouer leur rôle de contrôle, d’alerte sur la question des déchets. Ces associations s’opposent à l’extension de la décharge car son acceptation cautionnerait des comportements qui vont à l’encontre d’une politique de réduction des déchets à la source, d’une incitation au tri et au recyclage. « Si on accroît nos possibilités de stockage, il y a un risque d’appel des déchets » (YG, président de l’ARDEN). Par ailleurs celles-ci considèrent que le site est situé en milieu urbain, que la présence d’une carrière dans la ville n’est pas raisonnable, cela augmenterait les nuisances endurées par les riverains, que l’impact de cette extension est sous-estimé et que les effets sur la santé ne sont pas pris en compte. Les impacts (odeurs, envols, dévalorisation du patrimoine, suivi sanitaire) devraient justifier des mesures importantes de la part du SYVROM. L’ARDEN, par exemple, considère qu’il faudrait une consultation préalable des populations pour des projets de cette envergure. Les associations de protection de l’environnement -ARDEN 1 ARDEN, Gère Vivante et FRAPNA. 32 L’Association pour le Droit et le Respect de l’Environnement a été créée à la fin des années quatre-vingts dans l’objectif de travailler sur la sensibilisation des populations locales aux thèmes associés à la protection de l’environnement sur le territoire de la communauté d’agglomération. Celle-ci se présente comme un acteur incontournable pour le secteur. Ses représentants décrivent son action comme reposant sur « la recherche de solutions dans un esprit constructif ». Elle a joué, en effet, un rôle de relais entre les viennois et les pouvoirs publics sur différents dossiers associés à l’environnement (déchets, station d’épuration, transport). Dans le domaine des déchets, elle a engagé plusieurs opérations et actions afin de sensibiliser le public à la réduction et à la valorisation, notamment en collaboration avec les collectivités territoriales. Ce fut la première association environnementaliste à se mobiliser sur le dossier de la décharge. -Gère Vivante Constituée au début des années quatre-vingt-dix pour promouvoir une réhabilitation de la rivière Gère, très polluée pour des anciennes activités industrielles, cette association a élargi son intervention sur les domaines de la mise en valeur du patrimoine naturel, de la protection des espèces et la sauvegarde des milieux naturels, ainsi que sur la sensibilisation et le développement d’actions éducatives à l’environnement. L’association fait partie du réseau de la FRAPNA dans l’Isère rhodanienne. Elle a mené un travail en collaboration avec les collectivités territoriales, notamment du nord du département. Sur le dossier décharge, elle a collaboré avec la FRAPNA et d’autres associations de protection de la nature (Gentiana, société botanique ; Flavia société entomologique) pour produire une synthèse des enjeux environnementaux sur la zone d’extension du centre enfouissement de Saint Alban. Notamment, celle-ci a fourni aux opposants un argument environnemental fort grâce à l’identification d’espèces protégées floristiques et faunistiques ainsi que d’habitats prioritaires d’intérêt communautaire (dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation d’après la Directive européenne « Habitats-Faune-Flore ») présents dans le vallon. -FRAPNA, Isère Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, section Isère. Avec une action importante et reconnue sur toute la région Rhône-Alpes sur plusieurs dossiers environnementaux. Selon les autres associations environnementales, elle s’est engagée très tardivement sur le dossier décharge. Dotée d’un service juridique, elle a été sollicitée par les autres associations de protection de la nature et a présenté en 2007 en collaboration avec l’ARDEN et Gère Vivante un recours à l’encontre des arrêtés préfectoraux visant l’extension du site. Fin 2005, les élus locaux (communauté d’agglomération et mairie de Vienne) font recours à la justice en déposant une plainte contre X auprès du procureur de la République pour « diffusion de fausses nouvelles » suite à la distribution sur la voie publique de tracts où les opposants faisaient valoir leurs arguments. Six membres de l’association des riverains sont convoqués au commissariat. Dans l’association cette convocation est vécue comme une intimidation, par la suite cette plainte sera classée sans suite. Afin de désavouer la campagne d’information lancée par les riverains, les élus ont également mise en place une campagne de communication. D’une part, par le truchement de la lettre d’information de la Ville de Vienne, dont un numéro est entièrement consacré au centre d’enfouissement de Saint Alban et aux raisons de son maintien 1 ; et d’autre part, par le biais d’un courrier signé par le maire de Vienne et envoyé aux viennois dans lequel on prétend leur donner une information « transparente » au sujet du projet d’extension de la VIF (Vienne info fréquence), n°5, « Les raisons du maintien du centre d'enfouissement technique des déchets » octobre 2005, Ville de Vienne, service communication, 2p. 1 33 décharge. Bien que le processus de mise en incinération ait été mis en place depuis seulement un an et que, donc, le volume de déchets enfouis est encore important, la décharge est présentée comme un centre de stockage de déchets ultimes, dénomination donnée aux centre d’enfouissement ne recevant que des déchets ne pouvant être ni traités, ni valorisés à l’état actuel. L’application même de termes comme déchet ultime, inerte, est imprécise s’étendant à des déchets qui ne sont pas encore stabilisés dans le système de gestion viennois. D’ailleurs, même la dénomination de Centre de stockage de déchets ultimes (CSDU) ne saurait être appliquée à la décharge de Saint Alban, car malgré la mise en conformité de 2000, les casiers existants ne satisfont pas la réglementation en vigueur et des refus de tri (déchets verts, plastiques) sont encore enfouis. A la fin de 2006 les premiers résultats de justice tombèrent et le tribunal administratif de Grenoble avait confirmé l’annulation des deux arrêtés autorisant l’affouillement, bloqués précédemment par un recours en référé. Ne pouvant pas commencer les travaux d’affouillement préliminaires à la création du casier 3, le projet de « poursuite d’exploitation » était bloqué. Même si en 2004, une mise en incinération avait démarré, ce blocage oblige en quelques sortes le gestionnaire de la décharge et les élus locaux à développer d’avantage de solutions alternatives, plus de filières de recyclage, plus de valorisation. Entre-temps une enquête publique pour la construction d’une station de transit de déchets sur le site d’enfouissement de saint Alban est ouverte. Les riverains inscrivent leur désaccord dans le registre de l’enquête. Le projet de quai de transit reçoit un avis favorable de la part du commissaire enquêteur, qui est toutefois assorti de recommandations, parmi lesquelles de plus amples démarches d’information et concertation et il exhorte notamment la réunion de la CLIS, qui depuis sa création en 2001 ne s’est réunie que deux fois. En effet, application du droit à l’information (Loi de 1992 sur les déchets), une commission locale d’information et surveillance (CLIS) a été mise en place en 20011. A la suite de cet avis favorable une deuxième manifestation de rue est organisée. En 2007 une autre enquête publique est lancée sur le PLU (Plan Local d’urbanisme) pour le modifier afin de rendre compatible le zonage avec le projet d’extension de la décharge. Un avis favorable est rendu. Les riverains laissent leurs avis contraires à sa réalisation sur le registre. Le climat autour de la gestion de la décharge est de plus en plus envenimé et tendu. Les élus se plaignent du manque de coopération des riverains vis-à-vis d’initiatives mises en place pour améliorer la gestion du site (sur les odeurs, sur les bruits). Les riverains se plaignent en revanche d’élus agissant dans l’arrogance politique et dans l’infraction de la loi. Les élus locaux tentèrent de renouer le dialogue autour de l’agrandissement de la décharge en 2007 en créant un « groupe de réflexion » réunissant les acteurs concernés par la décharge – habitants, élus, associations de protection de la nature, carriériste -. Les opposants dénoncent une opération électorale, sa mise en place est en effet réalisée quatre mois avant les élections municipales de mars 2008. Ce diagnostic est d’ailleurs partagé par les associations de protection de la nature. L’initiative s’achève après seulement trois réunions auxquelles les riverains n’ont participé que irrégulièrement et avec beaucoup de méfiance, n’accordant à cette initiative que des intentions électorales. Prévue par la loi sur les déchets de 1975, modifiée par celle de 1992, la CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance) est une instance de concertation ayant pour but d’informer le public sur les effets des activités d’installation de traitement des déchets sur la santé et l’environnement. Elle est créée par le préfet et elle comprend les représentants des services extérieurs de l’état, de l’exploitant et responsable technique du site, des collectivités territoriales, des associations de protection de l’environnement et d’autres associations de la société civile. Durée du mandat trois ans. Elle doit se réunir du moins une fois par an. 1 34 En occasion des élections, en mars 2008, une autre manifestation est organisée. Nous verrons plus loin, comment les riverains vont peser dans la compétition électorale. En mai 2009 les riverains apprennent par la presse, ainsi que le reste de la population viennoise, que l’activité de la décharge va être interrompue. La préfecture a rappelé au gestionnaire, le SYVROM, qu’à partir du 1er juillet faute de mise aux normes de l’étanchéité du casier actuellement en exploitation, (arrête ministériel de 1997 mis à jour 2006), l’activité de la décharge devait être suspendue. En effet, en 2006 un arrêt du ministère de l’écologie et du développement introduit un changement de norme de perméabilité pour la couche d’étanchéité des casiers qui est renforcée en fond de casier1. Suivant cette nouvelle norme le casier 2, en exploitation, n’était donc plus conforme. Les riverains restent toutefois prudents, la suspension de l’exploitation du casier 2 pourrait accélérer et justifier la construction du 3 en projet (par l’affouillement de la carrière) mais bloqué par les recours en justice. Le gestionnaire se montra confiant, il déclare dans la presse que la fermeture ne sera que temporaire et demande au ministère en charge que la suspension soit provisoire. Toutefois, la préfecture n’envisage pas une dérogation pour l’étanchéité du fond du casier ; si jusqu’à cette date des dérogations avaient été possibles pour que le centre d’enfouissement puisse continuer d’opérer dans l’attente de la réalisation du casier 3, construit selon la réglementation en vigueur, la date du 1er juillet 2009 semble marquer un coup d’arrêt à ce « régime de transition juridique »2. Les déchets jusque là enfouis dans la décharge de Saint Alban vont donc être dirigés vers un centre de stockage géré par une société privée dans la commune de Saint Romain en Gal, dans le département du Rhône, mais qui intègre la communauté d’agglomération des pays viennois3. En mai 2010, le jugement du Tribunal Administratif sur les arrêtés d’affouillement d’une carrière qui avait donné raison aux requérants et porté en appel par la société Morillon Corvol est confirmé par la cour administrative d’appel, les deux arrêtés affouillement sont donc annulés. Le dossier carrière se clôt donc avec une victoire en justice des riverains. La révocation des conditions juridiques qui auraient rendu possible l’agrandissement de la décharge par la construction d’un troisième casier ébranla le dossier de poursuite d’exploitation. En septembre 2010, le dossier décharge semble donc avoir été résolu en faveur des riverains, après une défaite en première instance, ils gagnèrent en appel, les deux arrêtés permettant la poursuite d’exploitation sont donc annulés. Au moment où nous terminons ce rapport, les riverains attendent la décision du SYVROM en réponse à l’arrêté La barrière passive, telle qu’elle est définie par l’Arrêté Ministériel du 9 septembre 1997 modifié, relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux, doit présenter, de haut en bas, une perméabilité inférieure à 1.10-9 m/s sur au moins 1 mètre et inférieure à 1.10-6 m/s sur au moins 5 mètres. Les flancs doivent être constitués d'une couche minérale d'une perméabilité inférieure à 1.109 m/s sur au moins 1 mètre. Si un arrêté successif de 2007 prévoit des dérogations à ces paramètres pour les flancs de casiers dans des cas où l’absence de danger est prouvée, pour le fond des casiers aucune dérogations n’est possible. 2 Toujours selon les informations reportées par la presse, la décision de fermer la décharge de SaintAlban est la conséquence d’une visite réalisée par l’inspecteur des installations classées quelques mois auparavant. Le Dauphiné libéré 16 octobre 2009, p. 38B. 3 Il s’agit de la société Niccolin. En 2008 une enquête publique s’est tenue pour autoriser la poursuite d’exploitation et l’institution des servitudes d'utilité publique pour les terrains se situant dans une bande de 200 mètres autour de la zone d'exploitation. Cette décharge devait être fermée en 2006 après une autorisation d’extension donnée en 2003. Par la suite le préfet du Rhône avait arrêté une autorisation provisoire pour la poursuite d’exploitation après cette date. En 2008 une nouvelle enquête publique visait à pérenniser cette autorisation provisoire de poursuite d’exploitation. L’avis avait été favorable. 1 35 de la cour administrative d’appel. Se pourvoira-t-il en cassation ? La décision de justice en faveur des riverains se fonde sur la non-conformité de l’étanchéité du casier actuellement en exploitation selon les normes en vigueur depuis juillet 2009, un argument juridique de poids, que pourrait être difficilement désavoué. Dimensions spatiales du conflit Dans le quartier de Saint Alban, les habitants se mobilisèrent contre un projet qui viendrait faire perdurer et alourdir des nuisances - perçu comme inégalités territoriales - que la présence de la décharge a inscrites dans leur lieu de vie. Le rapport à l’espace semble être au centre de la mobilisation : c’est bien la proximité avec une installation présentant des nuisances et des risques potentiels qui engendre le refus des habitants, mais également le bouleversement d’un contexte résidentiel et d’un mode d’habiter troublés par un usage de l’espace et des représentations qui en font un territoire stigmatisé. L’opposition des habitants s’est concrétisée dans la création d’un collectif s’identifiant avec le territoire investi par le projet d’extension. Le processus d’identification se fait par la production de représentations positives de l’espace et par une action de vigilance qui se manifeste à différents niveaux et sur différents domaines de l’action publique. Processus de territorialisation La création de l’association des riverains de la décharge de Vienne contre les nuisances Si ce sont des odeurs pestilentielles exceptionnelles pendant plusieurs jours de l’hiver 1999 qui alarment et produisent une première réaction des habitants du quartier de Saint Alban, un moment clé de la structuration de l’action collective des riverains reste l’expérience du premier contact avec les politiques lors de la réunion publique d’information organisée par la mairie dans les premiers mois de l’année 2000 à la suite des plaintes et des protestations. A cette occasion, non seulement les riverains apprennent que les nuisances subies sont en partie le produit de choix de gestion de l’exploitant (substituer les matériaux de recouvrement des déchets pour d’autres plus économes et de ce fait moins efficaces) et qu’une extension du site est imminente, mais ils font aussi l’expérience du politique par une confrontation personnelle avec les pouvoirs publics. De cette réunion, ils gardent le souvenir d’un affront à ce qu’ils présentent comme « leur droit d’habitants à questionner les élus sur des événements qui touchent leur quotidien », mais surtout ils conservent un sentiment de vexation et d’indignation : « il nous a parlé comme à des chiens, comme à des gens, je ne sais pas si vous voyez une foule, moi c’était la première fois que j’étais confrontée à ça de ma vie, comme s‘il y avait des gens complètement pas instruits, bêtes, au courant de rien, enfin ... je ne sais pas comment dire, la plèbe, vous voyez on était là des gens qui on était là : -mais enfin, vous ne comprenez rien à rien !!!-, il s’est mis à nous invectiver… » (VD, riveraine de la décharge) Cette épreuve semble marquer le registre des échanges entre les riverains et les décideurs politiques depuis le début de la mobilisation. Ce sentiment, que l’on pourrait appeler de « lèse citoyenneté », semble être encore plus important car l’équipe municipale change en 2001 et le candidat de l’opposition à la mairie (actuel UMP), qui deviendra le maire actuel, ne tiendra pas son engagement. La lettre du maire campe dès lors dans la première page du site internet de l’association pour conforter la posture de défiance des riverains par rapport aux élus. La décision des riverains de se structurer en association est encore plus justifiée, à leurs yeux, car les pouvoirs publics semblent minimiser les plaintes et les protestations liées aux nuisances de la décharge. D’ailleurs, cette même interprétation selon laquelle les raisons de 36 l’opposition au projet sont à rechercher dans des plaintes négligées est avancée par l’inspecteur de services de la DRIRE en charge du site. Un autre élément a incité les riverains à créer leur propre organisation : une des associations de protection de l’environnement locales, l’ARDEN, vers laquelle les riverains s’étaient tournés en ce moment refusa de porter la mobilisation jugeant la démarche des riverains « nimbyste », trop dirigée à défendre des intérêts particuliers. Comme nous l’avons évoqué dans le prologue, l’association a été créée à l’initiative d’un riverain, médecin de la sécurité sociale, un homme présenté comme réservé, prudent, presque méfiant, qui depuis la création de l’association a été quatre fois élu président. Si son labeur minutieux, persévérant, approfondi, son engagement et le temps consacré au fonctionnement de l’association en font un leader apprécié par ses voisins, certaines réserves sur les méthodes de gestion employées, parfois ressenties comme trop personnalisées, ont été extériorisées par certains membres de l’association. Dans un premier moment, la création de l’association des riverains avait pour objectif de lutter contre les nuisances de la décharge (odeurs, émissions, envols de papiers, circulation de camions bennes, lixiviats) comme l’appellation choisie l’indique. Mais au fil de la mobilisation, le discours et les positions se sont radicalisés jusqu’au refus total de cet équipement et la demande de sa clôture dans le cadre d’une réflexion plus large concernant la gestion des déchets à l’échelle de la ville. Les adhérents de l’association ont été recrutés principalement parmi les habitants du quartier de Saint Alban ou par un travail de « porte à porte » dans le celui voisin de l’Ile, ou en utilisant le cadre du travail pour sensibiliser à la cause de l’association (cabinet médical par exemple). Si avec les voisins les plus proches « on se connaissait », la constitution de l’association semble donner vie à des rapports plus étroits entre habitants du quartier, à une sociabilité de proximité, enracinée dans le quartier. L’association compte une quarantaine de familles, soit au total entre 80 et 100 membres et fonctionne grâce aux cotisations de ses membres et au travail d’un bureau de quatre membres. Les adhérents à l’association appartiennent à la classe moyenne : fonctionnaires d’institutions publiques, employés des secteurs publics et privé, retraités ou consacrés à des professions libérales. Les riverains de la décharge ont eu du mal à enrôler dans l’opposition les habitants du quartier limitrophe ou du centre ville. Pour eux le refus d’autres habitants (quartier de l’Ile notamment) de rejoindre l’opposition au projet d’extension par la construction d’une carrière peut s’expliquer en partie pour un mécanisme de « dénie de réalité » qui leur permet de ne pas se poser des questions au sujet des risques potentiels pour la santé associés à la présence de l’équipement ni d’ailleurs sur la localisation de leur logement. Il s’agirait d’habitants qui font « encore confiance » aux élus ou qui ne veulent pas « se fâcher » avec la municipalité car ils travaillent avec celle-ci. Plus en général, il existe de la part des riverains mobilisés une lecture sociologique de ce refus de mobilisation, qui s’applique notamment aux habitants des HLM situés à proximité, et qui s’expliquerait par des horaires de travail lourds, des « priorités de vie » différentes, se traduisant en une sorte de « carence de citoyenneté ». Cette même analyse est d’ailleurs appliquée à eux même avant l’engagement dans le processus de mobilisation actuel : comme reconnaît une riveraine de la décharge lorsqu’elle révèle ne pas avoir participé à une enquête publique dans les années quatre-vingts sur la décharge. Dans cet argument, la participation à l’espace de débat ouvert est présentée comme un devoir, une condition de la qualité du « bon citoyen » : - « à cette époque le citoyen n’a pas fait son travail » (VD, riveraine de la décharge). - « le combat à mener relève de la responsabilité citoyenne de chacun » (MPF, riveraine de la Balme). En ce sens, la mobilisation est décrite comme l’accès des habitants à un certain niveau de perception de la réalité et d’engagement politique dans la cité. 37 Le réveil du « territoire » : le Comité de quartier de la Balme Si l’opposition au projet d’extension a donc comme effet de créer une sociabilité locale dans le quartier le plus proche de la décharge, celle-ci a également eu pour effet de « réveiller » et de remobiliser une association déjà existante dans le secteur et constituée à l’occasion d’une autre lutte. Le Comité de quartier de la Balme avait été créé par les habitants du hameau de La Balme, sur la commune de Reventin Vaugris, au milieu des années soixante-dix pour s’opposer à l’installation d’une porcherie dans le secteur. Après avoir remporté une victoire dans cette bataille, celle-ci était entrée dans une phase de sommeil et a été réactivée en 2003 lors des deux enquêtes publiques sur l’extension de la décharge et l’affouillement de la carrière. La mobilisation de ce groupe s’appuie sur l’expérience antérieure se servant des rapports construits dans l’action précédente et en les actualisant, son objectif général étant de préserver ce secteur de l’agglomération. Le Comité se présente comme « une association consciente et responsable. Elle est aussi soucieuse de l’intérêt des habitants de La Balme que des nombreux visiteurs quotidiens qui viennent parcourir ces lieux paisibles, miraculeusement préservés. Elle se sent chargée d’une mission de préservation pour ce secteur, afin que les générations futures puissent en bénéficier longtemps encore ». L’ancrage territorial préexistant est mis en avant par les adhérents qui l’expriment par un travail de reconstruction historique du secteur qui est exposé dans les mémoires d’opposition que l’association a préparé pour les deux premières enquêtes publiques. Comme l’association des riverains, le Comité de la Balme déclare mobiliser une centaine membres, même si les adhérents réellement actifs sont une petite vingtaine. Les membres appartiennent à une classe moyenne plus aisée (ingénieurs, anciens cadres d’entreprise, chercheurs universitaires, médecins) que les habitants du quartier de Saint Alban. Les contacts entre les deux associations se sont faits rapidement à l’occasion des enquêtes publiques de 2003 ; la communication et coordination a d’ailleurs été facilitée car certains opposants sont membres de ces deux regroupements. Les rapports entre les deux associations répondent à deux types de logiques, d’une part, une logique de complémentarité qui les a conduit à mener une lutte conjointe contre le projet d’extension et, d’autre part, une logique de rivalité qui exprime la volonté de conserver les spécificités et l’indépendance de chaque association. La logique de complémentarité basée sur la collaboration s’est imposée permettant la création d’un collectif soudé autour de l’objectif de fermeture de la décharge, affichant un même argumentaire et menant des actions communes ; la seconde logique, s’exprime essentiellement par des actions ponctuelles, des déclarations dans la presse ou la prise de parole dans des réunions publiques. Si pour l’association des riverains la recherche d’alliances fait partie d’une stratégie de structuration de leur action collective et d’inscription dans le paysage associatif local, pour le Comité de quartier de la Balme la mobilisation contre le projet d’extension est l’occasion de se réaffirmer comme groupe, préexistant au projet d’extension. Mais surtout comme interlocuteur de l’action publique sur la scène locale en montrant sa capacité et sa légitimité à se mobiliser face aux projets incompatibles avec sa conception de ce territoire. Pour les riverains du comité de quartier de la Balme, la défense des qualités du paysage sera un des arguments principaux contre le projet d’extension. Toutefois, plus on se rapproche de l’installation plus les riverains (y compris ceux de la Balme), semblent hiérarchiser de façon différente les arguments avancés et les questions associées aux nuisances et à la santé se font de plus en plus prégnantes dans leur discours. La dynamique observée au sein des associations de riverains pour mener les actions structurant la mobilisation s’apparente à ce qui dans la littérature sur le sujet a été définie comme une division du travail (Barbier 2005). Les membres se « spécialisent » et apportent au collectif différents types et répertoires de savoirs et compétences : savoir professionnel dans un domaine technique spécifique (médecine, transport, installations classées, 38 informatique,…) : cela a été le cas pour la création d’un site internet de l’association (fait par un enseignant d’informatique), pour le montage du dossier santé fait par un membre de La Balme chercheur en biomédecine à l’université de Lyon ou du dossier technique montée par un ancien ingénieur qui avait travaillé dans le secteur des installations classées qui ont été produits lors des deux enquêtes publiques de 2003. Mais également un savoir politique de terrain : sur les acteurs publics et les réseaux politiques locaux. L’engagement dans le conflit impose donc aux riverains un élargissement de leur savoir, ils acquièrent des connaissances et compétences dans différents domaines juridique, technique, politique. Manifestation en 2005 Si l’opposition au projet d’extension a eu comme effet la création d’un collectif, l’enquête auprès des acteurs a montré également les difficultés de ces démarches collectives au niveau des individus. Les rapports entre les membres des différentes associations ne sont pas toujours dégagés de tensions et parfois de conflit personnels : les visions, les méthodes, les stratégies d’action ne coïncident pas toujours, les personnalités heurtent, toutefois la portée dont ils investissent leur combat et la sociabilité de l’action collective demeurent une forte motivation pour la participation : Lorsque les désaccords représentent un blocage pour l’action collective des recompositions se mettent en place, sans pour autant menacer la configuration générale du front d’opposition. Si les démarches de ces groupes ou individus choisissant d’adopter une stratégie différente sont gagnantes, c’est l’ensemble du groupe que en bénéficie. C’est le cas ici pour un groupe de riverains qui n’arrivant pas à faire accepter à l’ensemble des opposants leur choix d’un cabinet d’avocat pour mener les actions en justice, jugé trop cher, ont décidé de faire groupe à part. Le groupe, dénommé le groupe des 13, est conformé par des membres de deux associations. Celui-ci n’existe que pour ces actions judiciaires, en choisissant comme défenseur le cabinet Lepage, avocate environnementaliste et ancienne ministre de l’environnement, a remporté favorablement deux des recours présentés. En effet, chaque association avait fait appel à un cabinet d’avocat différent, localisé à Grenoble pour la Balme, à Lyon pour l’association des riverains et à Paris pour les 13. Le choix du cabinet Lepage - reconnu pour ses batailles juridiques dans le domaine de l’environnement, suivait 39 l’engagement dans le mouvement écologiste CAP 21 d’une des riverains mobilisés1. Celle-ci est à l’origine du groupe de 13. MPF représente un bon exemple d’intermédiaire, de traducteur des positions d’un groupe de riverains. Il s’agit d’une femme qui tout en fonctionnant comme porte parole lors des réunions publiques ou dans les échanges avec les décideurs ou le gestionnaire, n’a jamais voulu s’affilier à aucune de deux associations ne se reconnaissant pas complètement dans aucune des formes de lutte engagées, dont elle juge les démarches « trop dans un combat focalisé sur la décharge» pour l’association des riverains ou « trop dans le titillement des autorités » pour le comité de quartier de la Balme. Mais également parce que « c’est pas facile être une femme pour se battre, ce sont tous des hommes qui se battent comme des coqs ». Toutefois, cela ne lui a pas empêché d’être un élément précieux pour le collectif en lui ouvrant une fenêtre sur le paysage associatif national mobilisé sur les mêmes thématiques2. Elle revendique ainsi la figure du « lanceur d’alerte », - «on est de lanceurs d’alerte, moi c’est comme ça que je me présente » (MPF, riveraines et membres de CAP 21) au sens, de capacité à porter l’alerte dans l’espace public et non d’identification d’un problème masqué (Chateauraynaud et Torny, 2005). Nous avons vu comment les riverains cherchent à se construire comme acteur légitime de ce sous-ensemble spatial. Leur action collective se construit aussi en relation et en opposition avec d’autres acteurs présents. En effet, d’autres associations ont investi d’une façon différente cette portion de territoire. On l’a dit il s’agit d’associations généralistes de protection de l’environnement très présentes sur le département et la commune et qui en relation avec les représentants des pouvoirs publics et inscrites dans les réseaux institutionnels depuis longtemps. Si celles-ci se déclarent concernées par l’espace proche de la décharge c’est dans le cadre de préoccupations plus larges concernant l’environnement à l’échelle de la commune et du département. Elles effectuent en permanence un travail de mise en relation de leur position sur ce dossier avec d’autres situations sur lesquelles interviennent ou sont intervenues. CAP 21 (Citoyenneté Action Participation pour le 21ème siècle est un mouvement écologiste fondé en 2000 par Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement du gouvernement d’Alain Juppé sous le présidence de Jacques Chirac qui se reconnait « dans le réformisme écologique en défendant une conception républicaine de l’écologie » (site Internet CAP21). Celui-ci nait comme un club de réflexion politique en 1996. Le mouvement est proche de l’ancien UDF et membre fondateur du Mouvement Démocrate (MoDem). 2 D’une part comme membre de CAP 21 et d’autre part pour son activité en tant que militante. Par exemple, elle a participé à une réunion nationale du CNIID (centre national indépendant d’information sur les déchets) qui rassemblait des représentants de mobilisations nationales autours de centre d’enfouissement. 1 40 Panneau installé par les riverains à Vivre à coté de la décharge : la dimension de la proximité Interrogés sur la proximité de la décharge à leurs habitations, les riverains ont affirmé que cela n’a pas représenté un inconvénient au moment de leur choix résidentiel. - « Nous, on est arrivé en ‘85. Moi, la décharge, ne m’a jamais bien gêné, elle ne posait pas de problème, elle ne sentait pas » (PD, président de l’association des riverains) ; - « … elle était petite, on la voyait pas » (RG, habitant de La Balme) ; Cette position étant par ailleurs confortée par la certitude que la durée de vie de la décharge était limitée. Cette perspective d’une temporalité maitrisée rendait vraisemblablement à leurs yeux la présence de la décharge acceptable. - « Quand j’ai construit, en 73, on a entendu dire que la décharge en avait encore pour trente ans, donc je me suis dit : « à la retraite – tranquille- il n’y aura plus de décharge à côté» (MM, riveraine de la décharge) ; - « Elle existait [la décharge n.d.r.] quand je suis arrivé. Oui, je savais qu’elle était là mais j’étais persuadé qu’elle était finie. Que la réglementation allait changer et que c’était un faux problème … j’étais persuadé aussi que le bon sens allait l’importer puisqu’on est en zone strictement urbaine. En gros on met un tas d’ordure polluante dans une zone d’habitation » (GC, riverain de La Balme) - « quand nous sommes arrivés, elle était déjà là, on savait, mais nous ne sommes pas allés la voir, elle ne se voyait pas » (GC, riverain de la Balme) Toutefois, si ces appréciations (elle était petite, elle ne sentait pas, elle ne se voyait pas) font état d’une évolution des conditions d’exploitation de l’installation, il nous semble que celles-ci font état également d’un rapport spécifique au déchet et plus en général d’un changement de la perception des problèmes de l’environnement par le public. Certes, la décharge s’est agrandie, petit à petit le trou a été comblé. Un deuxième casier a commencé à être exploité pratiquement au dessus du premier. Pendant les années quatre-vingt-dix, le SYVROM a étendu son périmètre de ramassage1, les déchets d’autres communes ont commencé à être déversées sur le site de Saint Alban, on a également commencé à enfouir des boues d’épuration. Les nuisances ont augmenté, elles sont devenues plus gênantes. 1 Lors de sa création, en 1984, le SYVROM comptait 11 communes, aujourd’hui il en compte 29. 41 Dès cette époque ont peut identifier quelques plaintes ou protestations déposées par les riverains auprès de la mairie ou au SYVROM. Tout se passe comme si jusqu’au projet d’extension la présence de l’installation dans le quotidien des riverains avait été gérée par des processus d’évitement physique, ainsi que psychique : minimisée « elle était petite », sa proximité en quelque sorte effacée, « elle ne se voyait pas », ses nuisances mitigées « elle ne sentait pas ». Dans ce processus de mise à distance, on arrive même à retourner la réalité : « à l’époque -affirme FB, une riveraine- elle était contrôlée, elle était surveillée ». Ces réponses, données par les riverains mobilisés interviewés sur le sentiment et la perception de vivre à côté d’une décharge, représentent la mise à distance de la menace que le déchet représente en tant qu’objet porteur de contamination, réelle ou imaginaire, et plus généralement d’un désordre symbolique qui peut porter atteinte à l’ordre établi (Douglas 1964), en l’occurrence un choix résidentiel. En déniant ou en minimisant les aspects représentant un danger, une nuisance, les riverains supportaient et mettaient à distance les éventuelles inquiétudes à l’égard de la proximité avec la décharge. Ce processus de dénégation, semble se traduire en une inhibition de la pensée, des images et des représentations (Lhuilier et Cochin 1999) que les réponses des riverains révèlent bien. Vivre à côté d’une décharge signifie s’habituer à ses nuisances : à ses odeurs, aux envols de plastiques, à la circulation des camions qui viennent déposer les ordures, aux bruits des activités sur le site, à la présence d’oiseaux attirés par les ordures enfouies, à la banalisation des désagréments. - « Franchement moi, j’arrive plus à vraiment sentir car on est habitué à ces odeurs ; j’ai ma fille qui habite à 16 kilomètres d’ici et quand elle vient me dit, -ah la la, ça pue aujourd’hui-, mais moi je sens plus. … c’est vrai que quand je rentre du Midi, je me rends compte des odeurs, que l’air n’est pas le même. Mais une fois qu’on est dedans, au bout de deux jours, on a l’habitude » (MM, riveraine de la décharge). Cela signifie également introjecter, incorporer les craintes associées à sa présence, notamment sur la perception des odeurs. Différents auteurs ont montré que l’odeur est une représentation subjective d’un événement objectif : le rencontre entre des molécules volatiles odorantes et un corps physiologiquement capable de le percevoir. Il s’agit d’un état de conscience qui relève du registre de l’expérience phénoménale (Candau 2006). L’appréciation des odeurs, leur désignation, classement, mémorisation, leur insertion dans des dispositifs de cognition spatiale (Rodaway 1994) ou encore les seuils de tolérance olfactifs sont socialement, culturellement et historiquement déterminées (Corbin 1982). - « Oui on s’habitue, oui car elle est cachée… C’est un monstre caché » (PLP, riveraine de la décharge). Valoriser les qualités du territoire : les arguments pour contrer le projet d’extension Cette complexité de l’agir collectif se reflète dans la tension et articulation des différents niveaux d’argumentation mobilisés par les riverains pour contrer le projet d’extension de la décharge. Les riverains refusent la qualification de phénomène NIMBY de leur opposition, souvent avancée par les pouvoirs publics et par les associations de protection de la nature, qui les accusent implicitement de vouloir préserver leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Si une préoccupation associée à un bouleversement de leur cadre de vie existe à cause de l’extension de la décharge et de la création d’une carrière, la menace des risques sanitaires et environnementaux qui viendraient s’inscrire, se territorialiser dans leur espace de vie, représente une forte justification pour rendre compte de leur engagement dans la mobilisation. 42 La dénonciation des nuisances olfactives (odeurs nauséabondes) altérant profondément le cadre de vie et les risques pour la santé (émissions gazeuses, mélange des différents composants relâchés par la décharge) mises en avant dans la toute première phase et qui accompagnent la création de l’association, est intégrée par l’argument des impacts environnementaux et patrimoniaux de la présence de la décharge (pollution des sols, de l’eau et de l’air, perte d’espèces animales et végétales, dégradation du paysage local et d’espaces verts en marge de la ville, ainsi que de l’image de Vienne, ville historique). L’argument juridique (respects des normes en vigueur pour la gestion du site, notamment pour réduire les risques sanitaires, et respect de la législation nationale et européenne) est également avancé avec force depuis le début, argument juridique sur lequel les riverains s’appuient pour formuler par la suite une critique de l’action publique locale dans le domaine des déchets. En effet, ils mettent en avant toutes les contradictions du projet d’extension qui ne serait pas en phase avec les tendances actuelles nationales et internationales en matière de gestion de déchets (valorisation de la matière, réduction des déchets à la source) en pérennisant un mode de traitement « d’autres temps ». Cette critique de l’action publique concernant les déchets s’étend à une évaluation plus générale de la politique urbaine qui « condamne la ville » en pérennisant la décharge. - « cette décharge c’est une perte de chances pour la ville » (PD, président de l’association des riverains) Avec moins de force est également présent un argument associé à la disqualification des produits agricoles, porté par les quelques producteurs du plateau de la Balme intégrant les associations. La multiplicité des argumentations nécessite une tâche d’assemblage qui revient à ceux qui sont pourvus de plus de connaissances, de compétences où de ressources, à ces riverains identifiés comme les « entrepreneurs » (Barbier 2005). Souvent ceux-ci sont les plus engagés dans le suivi de la mobilisation : présence dans les différentes instances (réunions publiques, commission locales d’information et surveillance/CLIS, assistance aux conseils municipaux) et parfois comme nous l’avons vu avec le groupe des 13, certains assument une prise en charge financière plus importante, notamment pour les actions en justice. Il s’agit donc pour les riverains de faire valoir les qualités intrinsèques du quartier et son espace environnant face à la stigmatisation par la présence d’une énorme décharge. Si la question de la proximité avec la décharge avait été jusqu’à ce moment gérée par chacun en fonction de son histoire résidentielle, l’enrôlement dans le conflit, fait exploser les arrangements individuels avec le contexte. L’installation devient dès lors insupportable. En opposition, le travail de valorisation consiste à mettre en évidence des attributs du territoire qui semblent être ignorés par les décideurs et gestionnaires. Les caractéristiques paysagères, patrimoniales, historiques du site sont mises en avant. La proximité d’un « un espace boisé, aux abords de la ville, utilisé par les citadins et les randonneurs comme lieu de promenade », ainsi qu’une « ville patrimoniale, riche d’histoire» entrent dans le processus de qualification de l’espace que l’extension de la décharge viendrait affecter en termes d’image et de pollution, potentielle et symbolique. « Le site de Vienne est remarquable par son encadrement de collines et la grandeur de son fleuve. Par conséquent, on n’y installe pas une carrière, qui est la machine à défigurer l’espace, par excellence! » (Comité de la Balme, association de riverains de la décharge de Vienne). On observe paradoxalement néanmoins que l’association des riverains fait peu référence au quartier, tout se passe comme si les riverains évitaient de territorialiser les nuisances à l’échelle du quartier pour échapper à la logique qui ferait de leur quartier « le quartier de la décharge ». Cette prudence qui vise à sortir d’une stigmatisation leur permet aussi de prendre les distances avec l’accusation de NIMBY. La stratégie des habitants en rappelant 43 qu’il s’agit de la décharge de la ville de Vienne et non d’un équipement de quartier effectue ainsi symboliquement une stigmatisation de l’ensemble de la ville. Ils cherchent ainsi à montrer l’incompatibilité entre le fonctionnement d’une décharge en milieu urbain et la stratégie d’image qui cherche à promouvoir la municipalité. Vienne cherche en effet à renforcer sa renommée internationale grâce au Festival de Jazz qui se tient en juillet et à la promotion de son patrimoine historique. En s’appuyant sur plusieurs monuments classés de l’époque gallo-romaine, l’agglomération se verrait bien inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco1. Les atteintes portées au quartier deviennent dans l’argumentaire des riverains des atteintes portées à la ville de Vienne, au territoire de l’agglomération, et par extension à l’humanité dans la mesure où des valeurs historiques et de mémoire sont affectées. Les habitants font donc porter la disqualification et la stigmatisation liées à la décharge par l’ensemble de la ville et non seulement par leur quartier. Ils cherchent en quelque sorte à délocaliser les effets de l’installation, ou plus exactement ils proposent une autre définition de la proximité qui rend impossible pour les habitants du reste de la ville de se penser comme à distance des nuisances de la décharge. Le site internet créé par l’association en 2003, « VienneFrancePoubelle », caractérisé par un langage pugnace, provocateur et une représentation graphique criarde, veut présenter Vienne comme la poubelle de France, opposant cette image à l’aspiration de la ville d’être inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La mairie a dénoncé cet instrument portant atteinte à l’image de la ville. Le site Internet est donc un moyen de donner visibilité à cette décharge « qui semble être invisible aux yeux des viennois ». La valorisation de l’espace proche passe donc par la préservation de ses qualités qui sont aussi environnementales. Aux atteintes à l’environnement pour la présence de la décharge : -effets de serre pour l’émission de CO2, pollution de l’air, des sols, de l’eau, viennent s’ajouter, grâce à l’intervention des associations de protection de la nature2 la présence d’espèces de faune et flore protégées et d’habitats prioritaires d’intérêt communautaire. Celles-ci élaborent un document synthèse des enjeux environnementaux du site qui apporte une nouvelle lumière sur les enjeux en matière de faune et flore et d’habitat. La présence du hibou grand duc, la genette - un petit mammifère - (tous les deux protégés à niveau national) et le papillon azuré des orpins (espèce vulnérable); ainsi qu’à niveau floristique des espèces classées en liste rouge, fournissent aux opposants un argument environnemental fort. Il s’agit d’un site d’intérêt départemental, voir régional pour la flore et la faune dont la destruction aurait, selon les associations naturalistes, « des conséquences irrémédiables sur la diversité biologique du département », avec la disparition du vallon de Malacombe « les populations du pays viennois comme celles du département de l’Isère, perdront un élément remarquable du patrimoine naturel »3. Dans la construction argumentative des riverains, l’autorité de l’argument de l’intérêt général comme justifiant l’action publique est mise en cause. La notion même d’intérêt général perd sa justesse, sa précision « lorsqu’elle est confrontée à d’autres biens communs » tels la santé, l’environnement ou le patrimoine, comme bien le souligne Rémy Barbier (2005). L’opposition entre les notions d’intérêt général et d’intérêts particuliers est donc brouillée. 1 Pour l’heure, les porteurs de ce projet ont adressé une requête au ministère de la Culture afin que celui-ci inscrive ce territoire parmi les sites classables, première étape indispensable. 2 (Gère Vivante et FRAPNA qui elles mêmes ont sollicité l’appui d’autres associations spécialisées : Gentiana, société botanique ; Flavia société entomologique) « 3 Vallon de Malacombe. Synthèse des enjeux environnementaux à l’automne 2006 ». Gère Vivante, Gentiana, Flavia, 2006, p. 11. 44 « Mon souci à moi c’est de sauver le vallon, d’arrêter la pollution » (MPF, riveraine) Le changement d’échelle d’appréhension des problèmes et l’élargissement à des sujets d’intérêt collectif, ce qui a été définie un processus de « montée en généralité » (Trom 1999), permet aux opposants de mettre également en évidence des situations qu’ils désignent comme des contradictions de l’action politique locale par un exercice de comparaison avec d’autres contexte nationaux et internationaux. Pour eux agrandir la décharge par une carrière signifie créer un « énorme trou à poubelle » alors que les tendances nationales et internationales vont vers une diminution de la production des déchets. « de notre maison, de notre quartier, de ces odeurs qui étaient insupportables on avance et puis fatalement on y travaille, on affine son jugement et donc on voit plus loin, c’est le rayonnement de plus en plus important…» (VD, riveraine de la décharge et membre de l’association) Par ailleurs, on a pu identifier un commentaire déposé sur un registre d’enquête publique particulièrement intéressant pour notre propos car il se réfère directement aux processus de qualification et protection des espaces par les politiques environnementales : « Dommage que notre quartier ne soit pas dans un parc naturel ou régional, quoique..les anciens qui ont connu ce site avant que la vallée de Malacombe ne soit obstruée par nos déchets disaient que c’était un coin charmant, un petit paradis avec un ruisseau à écrevisses, une ouverture vers le plateau donc un désenclavement des hauts de vienne vers la vallée du Rhône. La ville de Vienne s’est privée volontairement des cet accès. Dommage que notre quartier ne soit pas plus proche d’un site archéologique quoique… des ruines romaines et même antérieures y ont été repérées car Vienne a toujours été un lien d’accueil pour l’homme depuis la Préhistoire. Dommage que nous ne soyons pas, nous humains, des espèces à protéger comme certains animaux ou fleurs rares menacés d’extinction. Quoique…. Mais, nous ne sommes que des hommes et des femmes qui ne réclament que le droit à la santé ; que le respect de notre personne et de notre environnement comme l’envisage d’ores et déjà la charte de l’environnement chère au président Chirac. Je sais que les problèmes des déchets ne peut être occulté, que c’est l’affaire de chacun (double souligné dans le texte, n.d.r.), décideurs et citoyens. Mais je dis NON à la demande du SYVROM pour l’extension du site actuel…. (Commentaire laissé sur le registre pour l’enquête publique sur l’extension de la décharge par une riveraine) Cette argumentation, qui oppose leur situation de riverains et d’humains non protégés à celle d’espaces où d’espèces protégés par les politiques environnementales et patrimoniales peut être interprétée à plusieurs niveaux. D’une part, celle-ci montre que les résidents font l’expérience que l’identification de la seule qualité d’un espace ne suffit pas et qu’il est nécessaire que cette qualité soit reconnue socialement par des qualifications institutionnelles d’espaces ou espèces protégés. D’autre part, celles-ci sont décrites comme des ressources potentielles qui auraient pu permettre de renforcer la stratégie de valorisation de l’espace en jeu. Par ailleurs, est présente ici aussi une critique de l’action environnementale considérée comme privilégiant la nature à la santé humaine. Le travail de surveillance sur le territoire La connaissance et la valorisation de l’espace proche d’une part, la question des risques sanitaires d’autre part, apparaissent comme des éléments centraux qui sont produits et mobilisés dans un travail de surveillance et de vigilance sur le territoire environnant. Les riverains, en tant qu’habitants à proximité de l’installation, ont une pratique et une connaissance du lieu qui leur permet d’assembler des connaissances que l’on peut définir 45 « de terrain ». Ces connaissances de proximité accumulées par les riverains, se constituent dans un temps long (l’importance ici de la dimension temporelle) et à partir d’une observation et vécu quotidiens de leur espace de vie qui touche les événements relatifs à la nature environnante mais également les activités et événements qui concernent la décharge. Cette expertise de proximité est mobilisée dans une activité de surveillance : surveillance des impacts de l’installation sur la santé et sur le milieu et surveillance de l’activité du site. La présence ou disparition de certaines espèces piscicoles ou d’oiseaux, le changement des caractéristiques de l’eau du ruisseau de Malacombe ou de phénomènes pluviaux particuliers sur le site1 ainsi que l’intensité des odeurs selon le vent, l’activité des torchères à gaz, ou tout autre phénomène dérivé de l’activité de la décharge qui pourrait manifester des dysfonctionnements et des anomalies de l’installation font l’objet d’attention et d’observation (fuites de lixiviats, flaques au sommet du casier, hauteur des casiers, enfouissement d’amiante) ainsi que de dénonciations, notamment dans l’espace d’information ouvert par la Commission locale d’information et surveillance qui réunit l’ensemble des parties concernées par le fonctionnement de la décharge (voir plus loin). - « On a l’observation ; c’est très simple, on a gardé quand même, bien que nous soyons un peu citadin dans l’âme, on a quand même acquis une certaine connaissance de la nature. Quand vous voyez des mouettes au dessus de la décharge c’est pas qu’on y a mis des déchets ultimes, c’est qu’on y a mis des déchets verts. Des déchets consommables, autrement les mouettes, elles viennent pas perdre leur temps regarder les camions. On a ces types d’observations ». (GC, membre du comité de quartier de la Balme) - « Un jour, les gens se sont réveillés et ne voyaient plus le soleil, la décharge avait monté, on s’est rendus compte que l’hauteur du casier 1 était dépassé » (PD, riverain de la décharge) - « Normalement, les déchets ménagers, ils ne devraient plus en mettre mais ils le font encore, de temps en temps, le samedi surtout, ils ont beau dire qu’ils ne mettent pas mais … et puis on sait pas ce qu’ils mettent. A côte de la décharge Monsieur B et Monsieur D, ils contrôlent plus, eux, ils prennent des photos, les numéros des plaques des camions » (YS, riverain de la décharge de Vienne) Une surveillance se met en place pour enregistrer des activités inhabituelles sur le site comme contrôler les plaques d’immatriculation des camions, la nature des déchets déposés La condition de proximité est un élément fondamental dans la construction du riverain comme acteur (Fourniau 2007), toutefois, celle-ci est porteuse de paradoxe : si le riverain est reconnu et même sollicité en tant que dépositaires d’informations olfactives utiles, pour le gestionnaire, mais aussi pour les associations de protection de la nature, les riverains mobilisés, sont jugés incompétents pour débattre de l’intérêt général. Leur proximité délégitime aux yeux des autres acteurs leur opposition au projet d’extension, car c’est justement leur « riveraineté » qui les rend soupçonnables d’être porteurs d’intérêts particuliers et égoïstes. Leur mobilisation est repoussée dans le niveau de la défense de « leur pré carré ». En revanche, pour les riverains c’est à juste titre cette condition de proximité les soumettant aux nuisances et aux risques associés à la présence de la décharge, leur position en « première ligne », qui rend légitime leur opposition. Un exemple, à ce titre, plutôt éloquent. Dans le but d’améliorer la connaissance des nuisances que le centre d’enfouissement produisait et afin de les corriger, le gestionnaire a sollicité, en 2003, la collaboration des riverains pour participer à une opération de suivi des odeurs, l’opération « 20 nez bénévoles ». Vingt personnes choisies parmi la population résidant dans un périmètre de deux kilomètres, devaient prêter leurs nez pour détecter les Certains riverains ont observé que quand il pleut dans le quartier dans la surface qui correspond à la décharge la pluie est moins intense. Ils croient que c’est à cause des émissions produites par le site. 1 46 mauvaises odeurs et prévenir le gestionnaire en utilisant un numéro vert au moment où celles-ci se manifestaient. Les riverains mobilisés ont refusé de participer, en alléguant que cette opération de suivi et d’alerte ne pouvait pas produire de résultats probants étant donné que la plupart des riverains n’étaient pas chez eux pendant la journée. De la même manière, ils ont également refusé de participer à une enquête sur le bruit pour prendre la mesure des nuisances associées aux tirs de mine en vu de la réalisation de l’affouillement . Si, d’une part, l’on peut examiner ces refus comme la volonté de ne pas cautionner une gestion de la décharge à laquelle ils s’opposent, d’autre part, nous pouvons également y voir un refus à circonscrire leur rôle de riverains uniquement à celui de détenteurs d’une expertise associée à leur condition de proximité avec la décharge : de ce qu’a été défini comme un « savoir d’usage » (Sintomer 2008). Les riverains refusaient de voir leur rôle limité au domaine de la perception des nuisances. Ce refus a été critiqué par les acteurs publics et les associations de protection de la nature qui y ont vu la confirmation de leur opinion qui considère les riverains comme peu collaboratifs. Le corps comme autre lieu de la surveillance Le corps demeure l’un des lieux les plus sensibles sur lequel se déploie l’activité de surveillance, les riverains constatent et listent des symptômes divers : au plan individuel (fréquence de telle pathologie ou désagrément : maux de tête, saignement du nez, affections respiratoires, dépressions) et collectif (évaluation du nombre de cancers dans le quartier). De la même manière qu’ils parlent d’espace défiguré, les riverains se présentent comme des victimes et associent les effets sur la santé au registre du dédain et de l’injustice : - « Les 7000 habitants, les pauvres et laissés pour compte de Vienne Sud semblent sacrifiés sur l'autel du profit…aux pauvres et laissés pour compte de Vienne Sud les odeurs, les maladies, dépressions…aux politiciens viennois les beaux discours, les maisons dans les beaux quartiers loin de la décharge, les leçons de morale, les promesses écrites non tenues, les décisions abusives, et la responsabilité des dégâts sur la population ». (Site Internet des riverains « Viennefrancepoubelle »). - « En 2003, je me rends compte que j’ai le nez qui saigne, je suis pas le seul. Ma femme pareille, ma mère qui habite là avec mon père aussi. Ma mère a sans arrêt des problèmes de santé, sans arrêt des problèmes respiratoires, ça n’allait pas fort. Et toujours cette odeur lancinante qui est très piquante le soir et très piquante le matin et au gré des vents qui disparaît. Mais on était habitué, vous voyez ce que je veux dire. On s’habituait. Seulement ca devenait de plus en plus fort, de plus en plus fort, de plus en plus fort. Et là, on se rend compte en rencontrant les gens de l’association qu’il y en a plein d’autres à avoir les mêmes symptômes que nous. C’est à dire mal à la tête, le nez qui saigne et compagnie » (YS, riverain de la décharge). - « on a fait une enquête dans le quartier, il y a plein de gens autour qui ont des problèmes de thyroïde, moi j’ai des problèmes de thyroïde, ma mère a des problèmes de thyroïde, la voisine plus loin aussi, les voisins aussi. Les maisons les plus près, on est tous touchés. Mais, il parait qu’il n’y a pas de rapport.. ; il y en aura qui vont vous dire que ça a provoqué des cancers de la thyroïde, d’autres vous dirons que ça n’a rien à voir... que la pollution n’a pas passé la frontière… 1 (PLP, riveraine de la décharge). - « …bah bien sûr, ils disaient que rien est prouvé que c’était pas à cause de la décharge, mais parce qu’il y a eu Tchernobyl, mais ma fille, elle, elle a perdu ses L’interviewée se réfère ici à la position assumée par les politiques français lors de la catastrophe de Tchernobyl selon laquelle la France n’aurait pas été touchée par la pollution atmosphérique provenant d’Allemagne qui ce serait arrêtée à la frontière, n.d.r. Cet événement a durablement fait naître une suspicion sur la fiabilité des informations délivrées par les pouvoirs publics. 1 47 deux seins quand même ; et de thyroïde [de cancers n.d.r.] il y en a eu dans chaque maison par ici » (FB, riveraine de la décharge de Vienne). - « Ma fille a été très atteinte à la thyroïde, mon mari a fait une déprime… les décharges peuvent provoquer ça, rien que le fait de savoir qui ça pu, qu’elle est là, il ne s’y habitue pas » (MM, riveraine de la décharge de Vienne) Ces arguments dramatiques qui évoquent la possibilité d’une urgence sanitaire présents dans nos entretiens, sont difficilement utilisables dans la confrontation avec les pouvoirs publics car ils se heurtent à leur remise en cause face à l’inexistence d’études épidémiologiques et aux incertitudes pesant sur les effets des faibles expositions. Cette impossibilité d’ancrer cet argument sanitaire dans un système de preuves scientifiques est d’ailleurs intégrée par les responsables des associations qui effectuent ainsi un travail de mise en rationalité des expériences individuelles en rappelant aux membres des associations l’impératif d’ancrer leur expérience dans des argumentations recevables. Nous avons toutefois remarqué une différence dans l’utilisation de l’argument sanitaire entre les riverains qui vivent à proximité de la décharge et ceux qui en sont plus loin. Pour les premiers la santé est affichée comme une valeur non négociable, alors que pour les seconds il s’agit d’un argument du même niveau que les autres avancés dans la mobilisation : « la pollution pour la santé…… c’est horrible ce que je vais dire, mais à la limite on s’en fout. C’est un argument. La pollution de la circulation de l’autoroute est sans doute 10 fois supérieure au risque que fait courir la décharge ici. Mais il faut que je trouve des éléments pour lutter contre les autres nuisances qui sont banalisées ». (GC, riverains de la Balme) Dimension temporelle Le cas viennois montre bien que le choix de la variable temps dans l’analyse de situations de conflit associés à la localisation d’équipement des déchets semble pertinent à plusieurs niveaux. D’une part, la situation de conflit connait différentes phases autant dans le processus de mobilisation des différentes acteurs présents sur la scène locale (riverains, associations de protection de la nature, partis politiques) que dans le processus de mise en œuvre de la politique de gestion des déchets à niveau de l’agglomération : notamment dans le choix du type de traitement (mise en décharge, mise en décharge contrôlée, incinération) ; dans logique de la prise de décision (fermeture et ouverture envers le public) ; dans l’évolution de la législation nationale et internationale en matière de traitement des déchets et ses effets sur l’action publique locale. Par ailleurs, l’étude a mis en évidence le choc entre temporalités des opposants et des pouvoirs publics autour de l’objet technique : l’un des éléments qui entretient l’opposition des riverains est la pérennisation de l’équipement dans leur territoire de vie. Vivre à côté de la décharge : la dimension temporelle Comment, donc, le rapport de proximité qu’un groupe d’habitant a construit avec une installation présentant des nuisances évolue-t-il dans le temps ? Et quels sont les facteurs qui expliquent cette évolution ? Ce qui semble suggérer les enquêtes réalisées est que la perspective du projet d’extension et d’affouillement rend possible pour les habitants du quartier la remise en cause du statu quo. Si la construction d’une acceptabilité sociale de la décharge avait été le résultat d’un processus d’arrangement individuel par lequel chaque riverain avait négocié son rapport à l’installation et avait rationalisé sa situation ou son choix résidentiel, cette acceptation semble être également spécifique d’un moment particulier de la relation sociétale au déchet. En effet, jusqu’aux années quatre-vingt-dix, les décharges étaient d’une certaine façon institutionnellement « invisibles ». La construction de la gestion 48 des déchets comme problème public et l’évolution du rapport au risque ont contribué autant que l’évolution de l’activité de la décharge à changer la perception des riverains. En se positionnant comme dépositaires de la préservation de leur espace de vie et de sa transmission, les riverains se situent sur le long terme, en opposition aux élus pour qui la temporalité est celle de la durée de vie de l’installation. En tentant de le sortir de l’échelle locale et du temps court, ils décloisonnent le débat sur la décharge. Dans cette argumentation, le territoire devient un héritage des générations passées qu’ils doivent transmettre aux générations futures. « Les anciens romains ils nous ont laissé un théâtre magnifique, et qu’est-ce qu’on va laisser nous aux générations futures? Un énorme tas d’ordures, une énorme décharge. » (GC, riverain de la Balme) En même temps, nous pouvons également analyser le discours des riverains comme de l’ordre de la justification qui contribue à la construction de mobilisation. La présence de la décharge a conditionné les représentations que les riverains se sont faits de ce territoire -par des formes de valorisation ou d’amnésie de certains aspects et séquences de l’histoire territoriale du quartier. Cela est particulièrement évident lorsqu’au cours des entretiens on sort du registre du présent -de la justification de l’action- pour entrer dans celui de la mémoire : « c’était quand même un tas d’ordure devant ma fenêtre », où « les fins de semaine étaient terribles quand les gens venaient trier, il y en avait partout (d’ordures n.d.r.) », « au départ, ça faisait impressionnant, pendant 10 ans on a vécu dans la décharge», où encore « maintenant on peut dire notre beau quartier car on l’a tellement vu dans un état lamentable à cause de cette décharge que maintenant il est beau ». Si l’emplacement de la décharge, limitait les possibilités d’agrandissement -l’installation, on l’a vu est encaissée dans un vallon-, la certitude que la décharge allait être fermée repose également sur des attentes sur le rôle joué par les nouvelles dispositions juridiques nationales et européennes en matière de déchets. La loi de 1992 préconisait à partir de 2002 la seule acceptation de déchets ultimes dans ceux qui seraient devenus des centres de stockage et la disparition des décharges telles qu’on les a connues par le passé et l’arrêté de 1997 établissait des conditions d’exploitation très strictes. D’ailleurs, cette interprétation des effets de l’application de la nouvelle loi des déchets est un point de controverse avec les élus et le gestionnaire et les associations environnementalistes, pour lesquels la limitation de la mise en décharge aux seuls déchets ultimes en 2002 ne signifie pas la disparition des centres d’enfouissement, maillon essentiel du cycle de gestion des déchets, mais leur aménagement selon des règles plus strictes de contrôle des risques et des impacts sanitaires et environnementaux. L’assurance de la fermeture de la décharge est renforcée par la confiance accordée à l’acuité de la question environnementale. Dans cette optique, le renforcement des préoccupations sociétales pour la protection de la santé et de l’environnement ne pouvait que jouer en leur faveur. Les extraits d’entretien suivant récapitulent bien tous ses arguments : « on avait l’idée que l’Europe allait faire cesser les centres d’enfouissement ; du moins qu’elle serait gérée et contrôlée différemment ; …depuis qu’elle a été créée il y avait d’énormes problèmes ; … elle était sauvage au départ et après Vienne s’en est occupée, et tout le temps qu’elle était sauvage c’était les pompiers qui étaient là tout le temps, les incendies dans le quartier c’est mémorable. Je suis d’ici, il avait tout un tas de truc qui brulaient et des gens pour trier, c’était la vie, et après la ville de Vienne a dit -ça va être la décharge-, à cette époque là on disait pas centre d’enfouissement et nous quant on a acheté là on savait, mais c’était pas …comment dirais- 49 je….d’abord l’environnement on s’en souciait pas comme maintenant » (VD, riveraines, association des riverains). « Quand j’ai construit, j’étais jeune, et on ne savait pas tout ce qu’on sait maintenant sur les décharges et les problèmes pour la santé ; si je dis quelque chose ils me répondent « vous avez construit à côté, vous connaissiez le problème »-. Mais à l’époque on ne savait pas. Malgré la décharge on a eu le permis de construire de la mairie, et pendant qu’on construisait il y a des gens qui sont venus de Grenoble (fonctionnaires de la préfecture n.d.r.) et ils nous ont dit que jamais il y aurait dû avoir un permis de construire » (MM, riveraine de la décharge). Le projet d’extension et d’affouillement d’une carrière, vient donc se heurter à ces certitudes et vient en revanche introduire une incertitude dans l’espace et le temps de vie des habitants, en pérennisant l’installation dans l’horizon de leurs existences. Il ne s’agit pas pour eux uniquement d’une extension spatiale, mais d’une extension temporelle, qui ne leur permet plus d’imaginer ou espérer un avenir affranchi de la présence de la décharge. L’irréversibilité des effets de sa présence dans le temps long, leur immanence marquera toujours leur espace de vie, telle qu’ « une cicatrice indélébile », ainsi que leurs corps ; la prolongation de son exploitation marquera également leur temps de vie. La dimension temporelle est aussi importante à prendre en compte en association avec la dimension juridique. En effet, la législation, en matière des déchets et notamment celle concernant les déchets ultimes évolue pour s’adapter aux nouvelles possibilités de valorisation et traitement. Cette dimension évolutive du déchet et sa définition imprime à sa gestion une instabilité spécifique qui vient caractériser les conflits autour de leur gestion. Dimension juridique Dans la reconstruction du conflit nous avons montré le rôle central joué par le recours au contentieux. Les inquiétudes et interrogations des habitants trouvent une autre forme de revendication collective par le biais des actions en justice. Si le recours au droit est utilisé par les riverains pour ses effets suspensifs, pour bloquer le projet d’extension, d’autre part, il est également utilisé comme un espace alternatif aux dispositifs institutionnels et à l’arène publique pour rendre audibles les arguments de leur opposition. Face aux dysfonctionnements des dispositifs de « concertation » institutionnels et à la fermeture des réseaux politiques, le droit reste un champ accessible permettant de s’exprimer et de faire l’expérience d’être reconnu comme ayant un « droit à agir » (mener des actions en justice, se constituer comme un sujet de droit) et lorsqu’ils gagnent d’avoir d’acquérir plus de visibilité dans l’espace public. Après une première phase de contacts informels afin de dénoncer les nuisances, de solliciter de l’information, d’obtenir des réponses -caractérisé par des appels téléphoniques, par l’envoi de courriers de protestation au SYVROM pour se plaindre des odeurs, à la mairie, et ensuite au préfet, les riverains semblent devenir de plus en plus « procéduriers ». Peu à peu des références au droit apparaissent (administratif, législation nationale et européenne) pour ensuite entrer dans une phase d’actions en justice qui semble réduire les espaces de négociation avec les pouvoirs publics. Pour les acteurs les plus « chevronnés » en matière de mobilisation, notamment les représentants du Comité de Quartier de la Balme, le recours au droit est « obligé » pour engager un processus d’opposition à un projet qui repose sur une décision administrative et judiciaire. En effet, le droit a un effet déjà de cadrage sur le contexte de la mobilisation : « À partir du moment où vous partez sur un affichage d’arrêté préfectoral, je vois pas comment on va simplement défiler avec des pancartes. Il faut attaquer au niveau du droit au tribunal administratif les arrêtés, en cherchant » (BC, Comité de la Balme). 50 Pour d’autres si le recours au droit est utilisé pour ses effets suspensifs, pour bloquer le projet d’extension, il s’ouvre aussi comme une modalité d’action alternative et complémentaire aux autres modes d’opposition. Avec succès, car à travers les actions en justice les riverains ont réussi à repousser le début des travaux prévu initialement pour 2003, jusqu’à que l’application de nouveau cadre juridique sept ans après invalide totalement le projet. Les opposants ont affiché une confiance dans un droit toujours plus contraignant en matière de gestion des sites d’enfouissement : « Nous, à la limite, plus ça dure mieux c’est [le blocage par les recours en justice n.d.r.] En appel, on risque de perdre. Mais plus ça dure, plus on a l’espoir que la réglementation change. Et qu’on s’aperçoive de l’énormité d’une telle installation en pleine ville. Je reprends les arguments, c’est les arguments qu’on a développé au niveau de la campagne des élections municipales. Dire : - mais vous êtes fous, on est en zone strictement de résidence et vous faites une installation hyper polluante en pleine zone de résidence-. C’est peut être un peu naïf d’espérer ça, mais je pense pas que la réglementation aille vers une simplification pour ce type d’installation ». (GC, membre de la Balme) On a vu aussi que le positionnement par rapport au combat juridique avait conduit à la constitution d’un groupe ad hoc, le groupe des 13. Les modalités de recours au droit (ici le choix du cabinet d’avocat) comme élément constitutif d’un sous-collectif d’acteurs à l’intérieur du collectif original, contribue à créer des expectatives pour ce groupe d’acteurs (de victoire en justice) ainsi qu’à le différencier par rapport au collectif. Or, comme une des hypothèses du projet le soulignait, le droit constitue pour les acteurs mobilisés non seulement une ressource mais aussi un cadre cognitif. Les références au droit, deviennent des points forts et des justifications de la légitimité de la mobilisation. Par ailleurs, la mobilisation produit aussi une actualisation locale du droit (Melé 2006). On a vu en effet, dans la partie sur la vigilance, que les actions de surveillance des habitants avaient pour effet une meilleure application des normes et des procédures de fonctionnement de la décharge. Dans ce contexte de pression des résidents, mais aussi de renforcement du cadre juridique, le fonctionnement de la décharge est aujourd’hui cadré plus strictement - « On ne peut pas contester qu’elle ait été mise là [la décharge n.d.r.] quand il n’y avait pas de lois, mais maintenant il y a des lois, donc qu’ils les respectent » (GBF, riverain de La Balme) - « le tri par exemple, il est imposé par la loi, ce que je reproche à nos politiciens c’est qu’ils ont voulu toujours être à la limite de hors la loi, tant qu’il n’y a pas de sanction, tant qu’on se fait pas taper sur les doits, après tout on joue les prolongations » (PD, président de l’association des riverains). Alors que les riverains manifestent une méfiance envers les élus, leurs actions et les mécanismes politiques d’accord et de négociation, ils affichent une confiance dans le droit à plusieurs niveaux : confiance dans le fait qu’on peut avoir recours à la justice pour faire valoir son droit; confiance dans l’évolution de la législation dans le sens d’un renforcement du droit environnemental; confiance dans la pression d’un niveau juridique supranational, en l’occurrence européen qui est plus contraignant. - « J’étais persuadé qu’elle allait finir, que la réglementation allait changer et que la décharge c’était un faux problème » (GC, riverain de la Balme) - « …. on avait l’idée que l’Europe allait faire cesser les centres d’enfouissement ; du moins qu’ils seraient gérés et contrôlés différemment » (VD, riveraine de la décharge) Dans leur cadrage de la situation par le droit, les riverains font l’expérience des spécificités de la mise en œuvre des dispositions liées au droit de l’environnement : 51 - « la justice de l’environnement c’est une justice un peu, disons un peu particulière en ce sens que à l’envers des autres justices où il y a une loi ,… des lois très précises, ce qu’il y a ce dans les problèmes environnementaux, c’est que le juge, comment dire, on ne peut pas forcement créer une situation de crise… et c’est un petit peu la difficulté du sujet… Le choix c’est entre le moins mauvais et le moins pire » (PD, président de l’association des riverains). On l’a dit, le recours à la sphère juridique implique pour les riverains un processus d’apprentissage du fonctionnement et des mécanismes du droit et de la technicité des procédures - « Dans le tout premier recours par exemple, contre le plan d’occupation des sols, on avait pas d’argent, on n’avait pas accès à des conseils de qualité, quant on fait un recours qui tient à l’urbanisme en même temps qu’on adresse le recours au tribunal il faut une autre copie à la partie adverse, c’est un truc d’urbanisme français, et le fait de ne pas l’avoir fait en somme a rendu notre recours irrecevable ». (PD, président de l’association des riverains) Cela leur permet notamment de faire l’expérience de la pluralité de l’ordre juridique (aux niveaux national et européen). Dans cet espace juridique, le savoir des riverains est en mesure de s’exprimer au même niveau que les savoirs portés par les décideurs, notamment lorsqu’il s’agit de constituer des mémoires en vue des procès. Les riverains assemblent, produisent des pièces fondamentales à l’occasion des litiges qui sont des moments de forte production de connaissances et de développement de leurs compétences (recherche de bibliographie, étude d’ouvrages spécialisés, étude de la réglementation en matière d’environnement et d’urbanisme, étude de documents, et dossiers de travail, enquêtes auprès des voisins, familiarisation avec les rouages de la justice). Toutefois le domaine du droit n’est jamais maitrisé totalement, le rôle de ceux qui ont été définis comme «les intermédiaires du droit » (Contamin et al. 2008), résulte être parfois central dans le dénouement des affaires portées en justice. En effet, comme les riverains le reconnaissent, le recours à la justice administrative n’est pas aussi accessible que l’on pourrait croire. La compréhension des différentes procédures, des temps juridiques, rendent souvent nécessaire l’intervention d’acteurs spécialisés. Le dossier juridique est dense et compliqué, les opposants ont présenté plusieurs recours, plus d’une dizaine -contre les arrêtés préfectoraux pour l’extension et pour l’affouillement1, contre deux délibérations du SYVROM : pour l’extension de la décharge et la déclaration de projet d’intérêt général pour l’extension de la décharge, contre le PLU qui a changé l’usage du sol d’un certain nombre de parcelles dans le secteur de la décharge, contre la station de transit des déchets autorisée et construite en 2007, contre le deuxième Plan départemental d’élimination des déchets ménagères). Les riverains ont gagné leur recours contre l’affouillement de la carrière (référé suspensif, annulation arrêté) au tribunal administratif et également en cour d’appel. En mai 2010 les deux arrêtés d’affouillement ont été annulés (2005-08624 et 2006-02336). En revanche les riverains ont obtenu un jugement défavorable au tribunal administratif sur les recours relatifs à l’extension de la décharge. Toutefois en appel, en octobre 2010 ils ont obtenu un jugement favorable pour l’annulation des deux arrêtés concernant la décharge (2000-1998 et 20050772). Cette dernière décision de justice est celle qui a mis fin à l’exploitation du deuxième casier de la décharge et donc, puisque le troisième n’a pas été construit, pour l’instant à l’exploitation du site d’enfouissement. Le premier retiré par la suite par l’exploitant car il n’avait pas la maîtrise sur les 200 mètres d’emprise au sol et pour l’hauteur des casiers, 1 52 Ils ont également perdu en première instance contre les délibérations du SYVROM, contre le Plan départemental d’élimination des déchets, mais ils n’ont pas fait appel. Comme le président de l’association des riverains le résume bien, il s’agissait de ne pas lâcher prise, d’accabler les élus. Les décisions de justice sont un facteur important dans la reconnaissance et la légitimation de la mobilisation et des actions des requérants. Précisément, lorsque les jugements leur sont favorables, les riverains gagnent en visibilité dans l’espace public. Si l’on peut préjuger que la confiance affichée à l’égard du droit puisse être influencée par les résultats positifs - les deux victoires en justice (référé et suspension de l’arrêté préfectoral d’affouillement de la carrière) les entretiens réalisés après l’annonce d’une défaite judiciaire (rendu sur l’extension de la décharge) montrent aussi que celle-ci ne semble pas avoir trop affaibli la confiance dans cette ressource. Or, la situation locale présente la spécificité d’un recours au droit de la part des deux parties. Les acteurs publics tentent de mobiliser le droit contre les résidents mobilisés. Les collectivités territoriales -mairie de Vienne, SYVROM et CAPV- ont déposé deux plaintes contre X auprès du procureur de justice de la République. L’une déposée en 2005, à l’approche de la première manifestation, pour « diffusion de fausses nouvelles », suite à la distribution de tracts sur la voie publique où les opposants, faisait valoir leurs arguments. Les élus reprochaient aux riverains de divulguer des allégations mensongères pour faire peur aux viennois en évoquant des dangers que la décharge ferait courir sur la santé de la population. Six opposants, parmi eux des responsables associatifs -le président, la trésorière de l’association des riverains-, ont été auditionnés au commissariat. Le dossier a été classé sans suite. La deuxième a été déposée en 2007 après un incendie que s’est développé dans la décharge. Un riverain était soupçonné d’avoir allumée cet incendie, après avoir été convoqué au commissariat cette plainte a aussi été classée sans suite. Par ailleurs, les élus ont également manifesté leur volonté d’engager une procédure pour fermer le site web de l’association car préjudiciable à l’image de la ville. L’ampleur du contentieux a vraisemblablement contribué à que la collectivité locale révise ses choix en matière de modes de traitements et d’élimination des déchets au niveau de la communauté d’agglomération. En effet, après avoir défendu le projet d’agrandissement de la décharge contre une solution d’incinération pendant tous les années quatre-vingt-dix (en opposition à ce qui était alors la politique départementale qui en revanche encourageait l’incinération), choix justifié par des raisons économiques, la communauté d’agglomération a décidé à partir de 2004 de passer à ce type de traitement. Cependant, le projet d’extension du centre d’enfouissement, notamment par l’affouillement d’une carrière, n’a pas été abandonné ouvrant de nouvelles interrogations des riverains sur le sort du site et de leur espace proche. Décision, « concertation » et conflit Des protestations pour les nuisances au « concernement » de la chose publique Dans les récits de leur mobilisation les riverains décrivent les trajectoires d’apprentissage, sur le plan technique mais aussi politique : « au départ ce qui nous a fait réagir c’est une nuisance mais très vite on a compris que c’était un mauvais coup pour la ville » (PD, président de l’association des riverains) Comme les riverains l’expriment clairement l’argumentaire construit pour contrecarrer le projet d’extension de la décharge et mis en avant dans le processus de mobilisation reflète cette évolution des postures et des modalités de l’action collective. 53 La participation à la mobilisation est vécue par les habitants mobilisés comme une posture politique, une forme d’engagement dans les débats qui concernent leur quotidien et leur cadre de vie. Dans ce processus d’engagement, les habitants mobilisés développent et assemblent des connaissances et des compétences dans différents domaines. Ces connaissances, donnent aux riverains les moyens pour débattre et pour juger des sujets qui les concernent. Ils développent alors ce que l’on peut qualifier de compétences propres à la qualité de citoyen dans la mesure où elles ont trait au positionnement dans la gestion de la chose publique. Ces compétences se nourrissent du contact avec les représentants de l’action publique, de l’expérience du droit, de la mobilisation et l’engagement politique (Bourdin et al. 2006). Les riverains font une expertise juridique, ils se mettent dans la position de dire quelle est la procédure correcte pour l’exploitation d’une décharge. Les riverains développent aussi des positions sur les modalités de l’ingénierie institutionnelle en plaidant pour une meilleure gouvernance des déchets. Ils analysent le fonctionnement du gestionnaire, le SYVROM, en appelant à une démocratisation du système de représentation en souhaitant une pondération en fonction du nombre d’habitants. Alors que la représentation se fait selon un mode institutionnel d’un nombre de représentants par commune ; ils demandent à être nommés représentants de la ville de Vienne sur la base de la reconnaissance de leur compétence de riverains - en tant que groupe affecté et mobilisé et de la qualité de leur vigilance. Si la montée en généralité est interprétée dans la littérature comme un recours argumentatif, cela semble avoir également l’effet de mobiliser des valeurs auxquels on peut adhérer. L’engagement des riverains dans le conflit portant sur ce qui est perçu comme un enjeu de proximité semble constituer une tentative d’instaurer une capacité d’intervention politique à niveau local. En s’opposant au projet, en questionnant sa justification et même les processus décisionnels qui accompagnent sa mise en place et en défendant la légitimité de la démarche d’opposition, c’est l’intérêt général qui est en controverse. La capacité des riverains à porter leur contestation dans une arène politique, notamment celle électorale, vient remettre en cause un mode de définition de l’intérêt public. La qualification de situation NIMBY de l’opposition riveraine de la part des élus et des associations de la nature vise à reléguer les acteurs mobilisés dans une position illégitime de défense d’intérêts privés. Dans le « cadrage » que les autorités publiques font de la situation de conflit, le jugement politique de l’action des riverains mobilisés repose sur un jugement moral. L’identité et les qualités du collectif sont remises en cause et ses adhérents discrédités. Les riverains sont qualifiés d’« agressifs, de personnages particuliers » en renvoyant certaines caractéristiques du processus d’opposition à des traits caractériels des personnes engagées. Nous serons dans la configuration pour laquelle « les catégories politiques seraient indexée sur des expériences sensibles et des jugements moraux » (Cefaï et Lafaye 2001). En réponse à la critique portée à leur égard de ne pas avoir une vision de long terme du problème des déchets et de ne pas faire de propositions, les riverains tentent de replacer la controverse sur la décharge dans un débat de société plus vaste concernant la gestion des déchets. Ils affichent leur position en faveur d’une politique de réduction des déchets à la source et une augmentation du recyclage et du tri sélectif. Ils se prononcent en général pour la mise en incinération des déchets ménagers, en soulignant les progrès réalisés dans le contrôle des émissions de ces installations. Cette prise de parole dans le domaine technique est poussée jusqu’à se substituer à l’action des décideurs : ils prennent contact et se renseignent auprès d’une unité d’incinération dans le département limitrophe pour demander 54 si l’usine en question peut bruler les déchets de Vienne1. Un autre membre du comite du quartier de la Balme, un ingénieur chimiste à la retraite visite l’incinérateur de Gerland à Lyon. - « Il n’est pas dans l’intention des habitants de La Balme, de vouloir déplacer le problème vers d’autres communes, d’autres lieux, qui provoquerait de nouveaux levers [sic dans le texte] de boucliers, de nouveaux tracts, de nouvelles pétitions, sans rien résoudre ». - « En ce début de 21ème siècle, nous possédons les technologies, les matériels, les moyens financiers, que les avancées scientifiques du 19ème et surtout du 20ème siècle, ont mis à notre disposition » (Déclaration du comité de quartier de la Balme). Si les riverains reconnaissent les progrès faits par le SYVROM dans le domaine de la sécurité du site (portique pour les déchets radioactifs, recouvrement du casier, système de collecte de lixiviats) ou pour réduire les nuisances (déchets verts, boues d’épurations dirigés vers d’autres sites de traitement), ils considèrent que ces améliorations sont le produit des leur mobilisation et vigilance sur l’action des pouvoirs publics. Par ailleurs, les riverains continuent de signaler les contradictions du projet : agrandir une décharge et affouiller une carrière dans une zone urbaine - et les dysfonctionnements de la gestion : - d’abord, le périmètre de l’emprise au sol de la décharge et le respect d’une zone de sécurité entre l’activité et les riverains et certaines des normes de sécurité sur le site (matériaux de recouvrement, présence de pneus que le gestionnaire utilisent comme protection pour la couche étanche contre les dispositions législative qui interdisent la présence de pneu dans les décharges à partir de 2002); - ensuite la présence sur un même site de quatre installations classées : la décharge, la déchetterie, depuis 2007 le quai de transfert (dont l’enquête publique a suivi celles de la décharge et de la carrière) et l’activité de traitement de matériaux (affouillement, concassage, broyage) si la carrière est creusée; enfin le respect de la loi en vigueur sur les déchets (seulement déchets ultimes en décharge). Les riverains insistent sur leur propre capacité d’apprentissage qui les amène à se situer à égalité avec les décideurs politiques, et même à dépasser la capacité d’expertise et de décision des élus. Par opposition à ces derniers, les riverains mobilisés se présentent comme des précurseurs, clairvoyants et indépendants. Ils ont une posture réflexive sur leur parcours d’apprentissage, qui les légitime comme porteurs d’un projet politique à part entière. Les habitants et associations mobilisés travaillent conjointement à refuser l’implantation d’un nouvel équipement et à forcer une mise à l’agenda local de la question de la gestion des déchets jusqu’à imposer la question des déchets dans l’espace politique. - « Nos idées devraient être plus des ambitions des élus, c’est à eux anticiper, nous nous anticipons en disant que ça sera mauvais pour Vienne, ça serait aux élus d’anticiper et comprendre ce qui est bon ou mauvais.. » (Président de l’association des riverains de la décharge de Vienne) Un des effets de l’apprentissage des habitants mobilisés et de la participation à la situation de conflit est leur engagement politique, qui se traduit par leur participation dans la compétition électorale. L’expérience de mobilisation des riverains s’achève parfois naturellement avec un engagement politique de type « classique » en s’enrôlant dans des listes de candidats ou des partis politiques. Dans certains cas, les riverains rejoignent des formations politiques préexistantes, c’est le cas pour les riverains qui ont intégré deux formations politiques (CAP 21 et le MODEM) ; dans d’autres cas ils envisagent le montage 1 Il s’agit de la société TREDI qui gère l’incinérateur à Salaise sur Sanne et avec qui le SYVROM a passé par la suite un marché pour l’incinération. TREDI utilise les déchets delà décharge de Vienne comme combustible pour permettre l’incinération de déchets industriels. 55 de listes électorales. Dans le cas de l’association des riverains, celle-ci avait envisagé cette possibilité, mais a été abandonnée lorsque deux des partis d’oppositions (PS et MODEM) se sont prononcés respectivement en faveur d’une fermeture de la décharge immédiate et échelonnée dans le temps. Dans le cas du comité de quartier de la Balme, des membres ont constitué une nouvelle liste au moment des échéances électorales sur la commune de Reventin Vaugris et ont remporté le 35% des voix de la commune. Comme d’autres études l’ont mis en exergue, ce type de processus peut représenter une menace pour le système politique local existant (Barbier 2005, Rocher 2006, Cirelli 2006). Pour autant, cette trajectoire n’est pas sans poser de dilemmes aux protagonistes qui tendent à considérer l’engagement en politique, notamment sur des listes électorales, avec hésitation et appréhension, en effet l’engagement implique « avaler des choses qu’on n’aime pas », cela à cause des compromis que la gestion politique parfois comporte. La position de « citoyen », est perçue comme une modalité d’engagement politique plus « pure », dégagée des arrangements que la gestion politique peut parfois imposer : - « Parfois on peut imaginer le fait qu’on soit citoyen et élus en même temps, moi je vois que peut être on aurait un autre point de vue qui serait le point de vue financier, économique d’une région, d’une localité … je ne veux pas être élue, justement je n’ai pas voulu, mon mari, il voulait que je me présente sur une liste mais je n’ai pas voulu, parce que je veux garder ma façon de penser ». (VD, riveraine de la décharge). La participation aux dispositifs institutionnels : la Commission locale d’information et de surveillance de la décharge de Saint Alban En application du droit à l’information (Loi de 1992 sur les déchets), une CLIS (commissions locales d’information et surveillance) a été mise en place en 2001 pour la décharge de Saint Alban1. Les CLIS ont vocation à informer le public sur les effets des activités de traitement de déchets sur la santé et l’environnement et à permettre l’exercice d’une surveillance. Dans l’esprit des législateurs cette procédure doit corriger les insuffisances des modes d’action politique dits traditionnels. Dans leur fonctionnement, les CLIS représentent des scènes où les habitants peuvent s’exprimer et confronter leurs savoirs avec ceux des techniciens et des élus. Il s’agit de situations où la dimension technique est prédominante et où, de fait, domine une inégalité entre les différentes formes de savoir qui s’y expriment (Rocher, 2006). A Vienne, les opposants à la décharge participent à cette procédure, et ils siègent à côté des représentants des associations de protection de la nature (ARDEN, Gère Vivante). - « C’est toujours pareil….on est pas des professionnels, pour qu’une CLIS passe bien, il faudrait être très pointus, il faudrait étudier tous les dossiers pour dire est-ce que ça a fonctionné comme il aurait du, est-ce que les analyses .. voilà qu’est ce qu’on a trouvé, est-ce que ça serait faite, il faudrait être … presque être des ingénieurs ». (PD, président de l’association des riverains). Les riverains refusent l’expertise des autorités en charge du contrôle (gestionnaire et DRIRE), réaffirment à chaque réunion leur manque de confiance dans le « système expert » Prévue par la loi sur les déchets de 1975, modifiée par celle de 1992, la CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance) est une instance de concertation ayant pour but d’informer le public sur les effets des activités d’installation de traitement des déchets sur la santé et l’environnement. Elle est créée par le préfet et elle comprend les représentants des services extérieurs de l’état, de l’exploitant et responsable technique du site, des collectivités territoriales, des associations de protection de l’environnement et d’autres associations de la société civile. Durée du mandat trois ans. Elle doit se réunir du moins une fois par an. 1 56 en affirmant leur volonté de se saisir du débat technique. Dans deux de trois réunions de la CLIS, le rapport de visite de l’inspecteur des installations classées est contesté au motif que les mesures de sécurité et de réduction des impacts sont insuffisants et la réglementation pas appliquée (déchets non conformes, limites foncières du site non respectées, lixiviats non traités). Les habitants qui participent à ses instances estiment que le débat sur les questions qui les intéressent vraiment n’a pas lieu : d’une part car ils considèrent que la temporalité des CLIS (une réunion annuelle au minimum) n’est pas adaptée au suivi en continu auquel ils aspirent, d’autre part parce que l’information diffusée est jugée insuffisante. Ils dénoncent les dysfonctionnements du dispositif : en huit ans d’existence la CLIS de Saint Alban s’est réunie seulement trois fois (2001, 2005 et 2007) malgré les requêtes réitérées des riverains, des associations de protection de la nature et des recommandations des deux commissaires enquêteurs. - « La CLIS c’est de la foutaise, elle se réunie quant elle y pense, vous avez droit à un quart d’heure de parole, sur un an cela ne sert à rien » (GC, membre du comité de la Balme) Si un jeu de rôle quant à la surveillance semble caractériser le fonctionnement des CLIS qui se déroulent dans des situations relativement pacifiées (Rocher, 2006), dans le cas de conflit, comme celui de Vienne, la situation semble suggérer que c’est une posture de méfiance qui domine face aux experts et aux élus et que cet espace se constitue comme une arène de confrontation et de revendication. Cette situation semble pousser les autorités compétentes à ne pas réunir la commission. En effet, si les décideurs affichent un discours officiel apaisant :« la CLIS a joué son rôle », le recours des riverains au contentieux rend néanmoins à leurs yeux ce dispositif inefficace dans son principal objectif. - « Les services de l’état utilisent, bien entendu, en priorité les structures qui sont prévues par la loi et puis quand elles ne jouent pas leur rôle, -je ne veux pas dire que la CLIS ne joue pas son rôle, a mon avis ça était un terrain d’échange, il y a eu quand même des échanges qui ont été intéressants mais-, bon, il faut savoir que les gens exercent leur droit de recours comme ça leur est autorisé par la loi également et là on arrive aux limites de ces procédures de concertation, bien sur » (Représentant de la sous-préfecture de Vienne) Pour les pouvoirs publics, le contentieux semble incompatible avec la participation aux dispositifs de concertation institutionnels. Le recours juridique est perçu comme un acte de défiance qui entre en contradiction avec l’effort d’écoute, voire de bienveillance, attendu des protagonistes impliqués dans les procédures de débat. En revanche, pour les associations de protection de la nature insérées dans le système institutionnel, qui se pensent comme des auxiliaires des acteurs administratifs du contrôle, la CLIS doit continuer à jouer son rôle d’espace d’information et de surveillance. Ils affichent une volonté d’affirmer le rôle positif de ces instances malgré les dysfonctionnements locaux, la posture revendicative des riverains étant vécue comme un boycottage. Autres modalités de « participation », autres instances de « concertation » De la même manière qu’il existe un apprentissage aux dispositifs juridiques, les riverains apprennent à se familiariser avec d’autres procédures de consultation plus classiques telles que les enquêtes publiques. Depuis la création de l’association, ils ont participé activement à toutes les enquêtes publiques qui se sont tenues sur le territoire de la commune et qui pouvaient concerner le site d’enfouissement (2003 Extension de la décharge et affouillement d’une carrière; 2006 Station de transit des déchets ; 2007 Révision Plan Local d’Urbanisme et 2007 Plan Départemental d’Elimination de Déchets Ménagers et Assimilé). Un membre de l’ARDEN rappelle que les riverains au début de leur mobilisation ne connaissaient pas l’importance de l’utilisation du registre de l’enquête publique 57 - « On a dû même leur dire qu’il fallait écrire des commentaires sur le registre de l’enquête, ils étaient vraiment nuls » (LG, membre de l’ARDEN) La consultation de quelques uns de registres des enquêtes publiques montre que les riverains ont recours à ces moyens pour présenter leurs arguments sur la décharge et la gestion des déchets mais aussi, à un niveau plus procédural, pour émettre des commentaires sur le fonctionnement même de l’enquête publique. Ils demandent qu’une meilleure information précède l’ouverture de l’enquête, une plus grande accessibilité des documents soumis au public ainsi que l’extension des plages horaires et de la durée de l’enquête. Malgré la défiance et les critiques envers les dispositifs institutionnels, les associations des riverains participent aux espaces de débats qui s’ouvrent sur la question de la gestion de déchets, « groupes de réflexion », réunions publiques ou autres dispositifs non institutionnalisés. Un exemple de cela est la mise en place à la fin 2007 justement d’un « groupe de réflexion », que dans le langage institutionnel de la communauté d’agglomération avait le but de s’ouvrir comme un «espace de dialogue » pour essayer de renouer les liens entre les acteurs concernés par la décharge : élus, habitants, gestionnaires, industriels, associations de protection de l’environnement. Malgré les critiques qui ont été portées par les opposants, qui dénoncent une opération électorale (sa création est réalisée quatre mois avant les élections municipales de mars 2008), diagnostique d’ailleurs partagé par les associations de protection de l’environnement, les riverains après avoir déserté la première réunion ont participé avec beaucoup de réserves à la seconde et à la troisième. Cet espace, qui s’est refermé après seulement trois réunions, représente un exemple d’un espace de débat et éventuellement d’entente où les acteurs pourraient exprimer face à face leurs différents points de vue sur la question des déchets. Cependant le soupçon qui pèse sur son vrai objectif, le prive de légitimité aux yeux de certains des acteurs participants, en invalidant ses potentialités. L’opération « 20 nez » dont on a parlé dans la partie consacrée à la vigilance a été présentée par les pouvoirs publics, notamment la sous-préfecture, comme « une structure de concertation mise en place pour essayer de comprendre et traiter les odeurs » (sous-préfet de Vienne lors de la dernière réunion de la CLIS), ainsi que la demande de participation aux essais sur les bruits, comme nous l’avons évoqué les riverains n’ont pas souhaité participer car ils ne veulent pas cautionner le projet d’extension. Ces trois exemples mettent en lumière que si les riverains et les associations cherchent à occuper toutes les scènes du débat en diversifiant les modalités, les répertoires et les moyens de participation, pour qu’un processus de « concertation » se mette en place, l’ouverture d’un espace de débat n’est pas suffisant. La confiance entre les acteurs est un élément capital pour que ceux-ci s’engagent dans un rapport d’entente. Pour conclure A l’heure où nous écrivons ce rapport, la mobilisation des riverains de la décharge de Vienne, semble avoir réussi dans son objectif d’arrêter l’exploitation du centre d’enfouissement de Saint Alban. Si l’exploitant de la carrière CEMEX (multinationale qui a incorporé depuis 2007 l’entreprise Morillon Corvol)1 , ne porte pas en cassation l’arrêté de la cour d’appel, et ce avant la fin de décembre 2010, ce conflit se sera conclu avec la victoire des opposants. Comme l’a dit le président de l’association des riverains contre les CEMEX est une entreprise multinationale présente dans plus de 50 pays dans le monde qui avec un chiffre d’affaire de 15,3 milliards de dollars US est des acteurs majeurs dans la production mondiale de ciment, de bétons prêts à l’emploi et de granulats. Depuis 2007 les entreprises Morillon Corvol et Beton de France ont conflué dans ce groupe d’origine mexicaine fondé en 1906. 1 58 nuisances, « c’est quand même incroyable qu’une association aussi petite, vu le petit nombre des personnes et les moyens minuscules dont nous disposions, puisse gagner contre le monde politique avec beaucoup d’argent ». Les riverains expliquent cette victoire juridique car ils étaient « du côté de la réglementation » et grâce à leur « persévérance ». Ce qui semblent suggérer les enquêtes réalisées, contrairement à ce que a été signalé dans d’autres cas (Arnold et Terra 2000), est que la perspective du projet d’extension et d’affouillement rend possible pour les habitants du quartier la remise en cause du statu quo. Si la construction d’une acceptabilité sociale de la décharge avait été le résultat d’un processus d’arrangement individuel par lequel chaque riverain avait négocié son rapport à l’installation et avait rationalisé sa situation ou son choix résidentiel, cette acceptation semble être également spécifique d’un moment particulier de la relation sociétale au déchet. En effet, jusqu’aux années quatre-vingt-dix, les décharges étaient d’une certaine façon institutionnellement « invisibles ». La construction de la gestion des déchets comme problème public et l’évolution du rapport au risque ont contribué autant que l’évolution de l’activité de la décharge à changer la perception des riverains et leur rapport avec cet objet technique. Le conflit semble faire partie de ce processus de construction des conditions locales pour la localisation d’un équipement où toutefois, l’acceptation de ces équipements doit s’accompagner, dans le contexte actuel d’incertitude qui marque la gestion des déchets, de la construction d’une confiance accrue entre les acteurs. Cas 2 : « L’affaire d’Izeaux » un cas d’école en matière de blocage dans la gestion des déchets Cette seconde étude de cas dans le département de l’Isère porte sur le conflit autour de la création d’un centre d’enfouissement technique de classe 2 dans la commune d’Izeaux, destiné à recevoir des déchets industriels banals (DIB) et qui depuis son début a fait l’objet d’une forte opposition locale. A la différence du cas de Vienne où la mobilisation contre le projet d’extension est porté principalement par des associations de riverains, à Izeaux la mobilisation est portée par un collectif conformé par les résidents qui avaient créés un Comité local pour la qualité de vie, des associations de protection de l’environnement à forte ancrage local et très rapidement par des élus locaux. Selon plusieurs acteurs, ce conflit, dont la durée s’étend sur une vingtaine d’années, a produit un contexte de référence, qui justifie dans le département les efforts précose en matière de planification concertée, depuis la publication du premier plan (Reverdy 2003). Une particularité de ce conflit est que l’opposition au projet est très vaste, le front inclut non seulement les associations de riverains et environnementalistes, une vingtaine d’élus des communes de la plaine de la Bièvre et de la Valloire, mais également le Conseil Général de l’Isère, qui vote à l’unanimité contre le projet en 1990. Un fonctionnaire de la DRIRE définira ce conflit comme un « cas d’école » : il éclatera sans que l’installation ait même vu le jour, le gestionnaire gagnera tous les recours en justice mais il n’arrivera pas à mettre en fonction le site, la mobilisation autour du site étant très puissante et effective. Brève chronologie du conflit Phase 1 : L’opposition s’organise En 1986 un dossier est déposé par la société « Fernand Lély et fils » (plus tard devenue Lély Environnement) pour l’ouverture d’un centre d’enfouissement technique de classe II, dans la commune d’Izeaux, destiné à recevoir 3 millions de m3 des déchets industriels 59 banals sur une surface de 21 hectares1. Une enquête publique a lieu. Une opposition au projet se manifeste de la part des riverains. Le préfet rend un arrêté autorisant l’exploitation du site d’enfouissement pendant 22 ans. Une réunion d’information est organisée à la fin de 1989 entre habitants et élus où sont invités des habitants de Montchanin. Dans la mémoire de tous l’affaire de Montchanin est très présente. Cette petite commune de la Meuse avait été lourdement polluée au début des années quatre-vingts par des déchets toxiques (des futs de l’accident de Seveso) enfouis sans précautions particulières dans la décharge de déchets dangereux présente sur son territoire. Quelques jours après le conseil municipal de la commune d’Izeaux est séquestré. Une première manifestation est organisée en janvier 1990 ayant un fort impact politique et médiatique. En février 1990, Le comité d’opposant fait circuler une pétition qui sera signée par 20 000 personnes. Les élus de 80 des communes de la plaine adhèrent à l’opposition au projet. La mairie d’Izeaux réétudie sa position et s’oppose dès lors au projet. Le conseil général de l’Isère vote contre le projet. Puis en mars 1990, une deuxième grande manifestation est organisée, ainsi que le blocage de deux TGV, notons la présence de plusieurs élus lors de ces actions. Le même mois, les opposants (comité d’Izeaux pour la défense de la qualité de vie) rencontrent le ministre de l’environnement, Brice Lalonde, celuici annonce en avril l’abandon du projet. Le même mois, le conseil général de l’Isère vote contre le projet. En septembre, 1990 un arrêté préfectoral annule l’autorisation de l’exploitation du site. Un arrêté est donc rendu. La société exploitante fait appel au TA de Grenoble qui lui donne raison quatre ans après. Phase 2 : La continuité du conflit s’appuie sur des réseaux départementaux et nationaux En juillet 1995, création d’un collectif de onze associations de protection de l’environnement mobilisées contre le projet : liaison et information des associations pour la nature et l’environnement (LIANE ). Les opposants ont différents modes d’action : du trouble de l’ordre public (manifestations, blocage de la circulation, de trains, campements et blocage du site d’enfouissement, séquestre du conseil municipal pendant huit heures) aux actions en justice, en passant par l’exercice des compétences administratives pour prendre des arrêtés communaux. L’argumentaire, de la même manière qu’à Vienne, évolue dans le temps. Au début, celui-ci semble s’organiser autour des nuisances associées à la décharge sur la qualité de vie des riverains (circulation de camions, odeurs), comme le nom même de l’association l’indique. Par la suite, c’est la présence de la nappe phréatique localisée sous la décharge et les risques de sa pollution qui sont retenus et mis en avant. Il s’agit de la nappe de Bièvre-Valloire, très étendue, 600 km2 qui alimente en eau potable approximativement 60 000 habitants repartis sur un territoire comprenant plus de 100 communes sur la plaine de la Bièvre-Valloire. La nappe est située à une profondeur de cinq mètres, d’où les craintes de pollution des opposants. L’exploitation du site d’Izeaux en amont représenterait un risque environnemental important. Au moment du lancement du projet, la nappe semble ne pas être reconnue par les experts. C’est seulement dans les années quatre-vingt-dix que la nappe de la Bièvre est répertoriée et cartographiée (Reverdy 2003). Pendant ces années plusieurs recours en justice sont présentés par les opposants. L’opposition mobilise plusieurs ressources à la fois : les manifestations de rue, les recours Les déchets industriels banals sont tous les déchets qui ne sont pas générés par des ménages, et qui ne sont ni dangereux ni inertes. S’ils ne sont pas dangereux, les DIB peuvent se décomposer, brûler, fermenter ou encore rouiller. 111 60 en justice, implication dans le jeu électoral et le recours aux pouvoir central pour contrecarrer les décisions de justice qui lui sont défavorables et les décisions du préfet. - En 1997, un nouvel arrêté est pris confirmant celui contesté de 1989, les opposants organise alors une manifestation dans les rues de Grenoble. - Le TA donne raison aux opposants qui arrivent à faire suspendre l’autorisation pour l’exploitation pour une période de trois mois en 1997. - Le dossier revient sur la table de la ministre de l’environnement, Dominique Voynet, qui confie une étude à la MISE (mission d’inspection spéciale de l’environnement) de risques de pollution de la nappe. Le rapport indique qu’à l’état actuel des techniques toutes les précautions pour protéger la nappe ont été prises. Le Tribunal administratif confirmera cet avis. - Une lettre collective est envoyée en 1997 par l’ensemble des élus est envoyée au Ministre de l’Environnement qui demandera en retour que des sites alternatifs à Izeaux soient recherchés. Les opposants interpellent les élus lors des élections régionales de 1998. La situation continue d’être tendu pendant plusieurs années encore qui voient s’alterner des jugements favorables aux opposants (suspension de l’arrêté ; condamnation de la société Lély pour exploitation illégale de la décharge puisque aucun nouvel arrêté a été pris) mais aussi favorables à l’exploitant (l’arrêté autorisant l’exploitation n’a pas été retiré, un autre est pris à la fin de 2002 qui est attaqué par la commune). Phase III (2005-2009) La sortie du conflit Devant le blocage administratif, judiciaire et politique, en 2005, le ministre de l’Ecologie Nelly Ollin et le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, décident conjointement d’abandonner le projet et de rechercher d’autres sites pour localiser le centre d’enfouissement. Un comité de pilotage constitué par des élus, les services de l’état, conseil général, chambre de commerce, entreprise Lely, associations de protection de l’environnement, l’ADEME, UFC que choisir, est censé formuler de nouvelles propositions de sites. Le dernier PEDMA révisé en juin 2008, souligne la nécessité de trouver un site alternatif pour un stockage de déchets non dangereux dans le département car le contexte politique ne permet pas l’utilisation d’une décharge pourtant juridiquement autorisée. Dimension temporelle La présence de ce conflit dans la mémoire de tous les acteurs illustre bien l’importance de la prise en compte de la dimension temporelle comme une variable pour comprendre et pour expliquer le débat sur la localisation des infrastructures de traitement des déchets. Le conflit autour du CET d’Izeaux, ou « l’affaire Izeaux », reste aujourd’hui dans le département une référence de mobilisation qui réussit à bloquer un projet de site d’enfouissement. Par ailleurs, il représente aussi pour les pouvoirs publics le symbole de la difficulté introduite par l’évolution du cadre normatif. En effet, comme on l’a évoqué pour le cas de Vienne, le CET d’Izeaux avait été autorisait conformément à une législation alors moins contraignante fut « rattrapé » non seulement par la mobilisation des opposants mais aussi par l’évolution de la réglementation. La dimension temporelle, nous l’avons vu dans le cas de Vienne, joue un rôle importante dans le rapport à la loi des acteurs, en termes d’évolution de la loi et en termes de connaissances techniques quant au traitement des déchets et à leurs effets. Comme le synthétise le préfet de l’Isère pour justifier l’autorisation donnée pour l’exploitation du site « ont été moins sensibles à ces problèmes là à l’époque ». 61 Dimension juridique Le dossier juridique est de la même manière qu’à Vienne très dense et complexe. Le recours au droit est utilisé par les opposants comme un moyen pour arriver à l’annulation et au blocage des arrêtés préfectoraux qui autorisent l’exploitation du centre mais aussi par l’exploitant, Lely pour faire valoir l’autorisation qui lui avait donnée par le préfet. Cette entreprise qui gère d’autre centres de traitement dans le département, affiche une gestion des sites selon de critères environnementaux. La suite du travail de terrains devra permettre d’élucider la place que les références au droit ont dans la construction de la mobilisation et son évolution. Une première analyse semble suggérer que face à une impasse juridique les opposants ont recours à la sphère du politique. Puisque cette infrastructure n’a presque pas fonctionné, les références au droit en matière de respect de la réglementation sont moindres que dans le cas de Vienne. La surveillance semble s’opérer à un degré en amont, plus que sur le fonctionnement de l’activité dans un espace défini et le respect des normes, celle-ci s’exerce sur le contrôle de l’accès à l’espace destiné à accueillir les déchets, donc à travers de un processus de prise de possession. Par contre, les opposants semblent mobiliser les documents de planification (SDAU de Grenoble, le SDAGE) ou les documents administratifs (rapport de la MISE, cartographie de la vulnérabilité) qui peuvent apporter des arguments techniques renforçant leur position de refus du projet. Dimension spatiale Dans le conflit d’Izeaux, la controverse comme le processus de décision semble fluctuer entre un niveau local et le niveau national. Il s’agit non seulement d’un emboitement d’échelles et d’un système multi acteurs que l’on retrouve dans de nombreuses situations mais aussi d’un déplacement des centres de décision. L’ampleur du conflit ayant conduit à sa prise en main par les autorités centrales. Par ailleurs, le processus de mobilisation semble produire un collectif d’acteurs avec un fort ancrage territorial local, avec des références claires à un territoire précis : la plaine de la Bièvre-Valloire, nonobstant l’articulation de la mobilisation à différents niveaux territoriaux (la plaine, le département, la région et le territoire national). Si la mobilisation s’articule sur des réseaux extra locaux, celle-ci semble garder néanmoins un fort ancrage local. En effet la création en 1989 d’un comité pour la défense de la qualité de vie voit dans un premier moment réuni les habitants de la commune d’Izeaux et seulement plus tard s’intégrera à un collectif plus ample, LIANE, incorporant plusieurs associations de défense de la nature. Première mise en perspective des deux cas Dans cette partie finale nous tenterons de mettre en perspective les deux études de cas. Toutefois, cet exercice reste, pour ce rapport, inachevé puisque le travail d’enquête et de traitement des entretiens réalisés pour le second terrain n’est pas finalisé. Nous avancerons, néanmoins, ici des premières hypothèses d’interprétations. Ce qui semble ressortir d’une première mise en regard de deux cas est que la gestion politique des dossiers technique est marquée par une façon traditionnelle de concevoir l’action publique dans laquelle les élus et les techniciens se réservent la prise de décision. Les processus décisionnels qui ont accompagné le choix de l’extension dans un cas et de l’ouverture dans l’autre, ont été mis en place sans tenir en compte les avis défavorables des instances concernées (commissaires enquêteurs à Vienne, DDASS et DDAF à Izeaux) ni l’opposition de populations. A Vienne la protestation contre une augmentation des nuisances de l’installation et la mobilisation pour une décharge plus contrôlée se transforme au fil du temps et des événements politiques en une opposition non seulement au projet d’extension mais également à la présence même de l’installation originaire, jusqu’à arriver au récent arrêt de son exploitation par une décision de la préfecture pour non conformités à la 62 législation en vigueur, confirmée en justice. A Izeaux, l’opposition à la création d’un centre d’enfouissement de déchets industriels banals est immédiate, dès la réalisation de l’enquête publique, d’abord de la part des riverains, auxquels se sont rapidement associés les élus des mairies et de deux départements concernés. Les arguments mobilisés dans les deux cas pour contrer les projets portent d’abord sur les impacts environnementaux et sanitaires, dans le cas de Vienne ces derniers acquièrent une portée plus concrète pour la présence de l’installation, à Izeaux elles sont évoquées en référence à une crise sanitaire ancienne, celle de Montchanin. Si dans le cas d’Izeaux c’est la présence d’une nappe phréatique très étendue et très superficielle et les risques de sa contamination qui sont au cœur du refus, à Vienne c’est l’agravation des conditions de vie à proximité de la décharge et les conditions d’exploitation de l’installation, jugées par les riverains non conformes à la réglementation en vigueur, qui sont affichées. Les références au territoire et à ses qualités singulières viennent renforcer l’argumentaire des opposants. Dans le cas de Vienne, il s’agit comme d’un espace boisé aux marges de la ville particulièrement apprécié par les citadins qui sera défiguré par la présence d’une énorme installation. Dans le cas d’Izeaux, il s’agit de la mise en danger d’une ressource indispensable et de très bonne qualité. L’objectif est ici de mettre en avant les valeurs d’un sous-ensemble spatial exploité ou envisagé pour accueillir un équipement, de l’affranchir de la stigmatisation associée au déchet, pour éviter qu’il ne devienne « une gigantesque poubelle ». Par ailleurs, la valorisation de la qualité du site passe par un rappel de l’existence de qualifications instituées. Si ce qui est perçu comme une atteinte à un territoire de vie est le point de départ des protestations, les opposants changent rapidement d’échelle de concernement. En termes spatiaux, ce n’est pas le quartier de Saint Alban mais la ville de Vienne dans son ensemble qui sera affectée par les nuisances associés à cet équipement ; de la même manière c’est toute la région de la Bièvre et de la Valloire et son économie vouée au tourisme qui seront condamnés, par la décharge d’Izeaux. A Vienne, la perspective de l’extension touche également la dimension temporelle, c’est non seulement le destin des riverains qui est en jeu mais aussi celui également des générations futures. La portée de la mobilisation prend de l’ampleur. A Vienne, il ne s’agit pas/plus de s’opposer simplement au projet d’extension, mais de participer au débat sur la gestion locale des déchets dans un cadre de la mobilisation de référence national et européen (respect de normes, pourcentage de collecte séparative, de valorisation,) mais aussi de participer à la gestion de la chose publique en général. A Izeaux, les opposants réunis en un comité de défense forment une fédération avec d’autres associations du département qui va jouer un rôle important dans la révision du plan départemental d’élimination des déchets de 1996 et de 2008. Dans les deux cas le recours au contentieux joue un rôle central dans le déroulement du conflit. Dans les deux cas le dossier juridique est consistant. Toutefois, dans le cas de Vienne, le recours au contentieux, très utilisé, devient pour les opposants non seulement un moyen pour bloquer le projet et réclamer ce que les riverains présentent comme leurs droits à la santé, mais il pratique également une sorte « d’harcèlement » juridique, pour «marquer le coup à chaque fois », pour montrer leur détermination et ne pas leur laisser de répit. Dans le cas de Vienne le recours à la justice permet le blocage et le report du projet jusqu’à sa récente annulation nonobstant les jugements n’aient pas été toujours favorables aux opposants. A Izeaux, les jugements rendus par le tribunal tendent plutôt à être favorables à l’exploitant et seront à chaque fois à l’origine de fortes protestations et mobilisations des habitants et des élus de la région en obligeant les instances nationales, notamment le titulaire du ministère de l’environnement, à intervenir pour renverser les décisions de justice. Le recours au droit, jouera donc un rôle central dans la temporalité des processus de décision et se constituera comme une arène décisive pour la résolution de la controverse dans le cas de Vienne. Dans le cas d’Izeaux, les données analysées jusqu’à maintenant 63 permettent de mettre au jour une tension entre le champ politique et juridique qui viendrait à alimenter le conflit. Tout ce passe comme si, le cadre juridique fonctionnait ici en protection d’une entreprise disposant d’une autorisation préfectorale ancienne et argumentant sa capacité à respecter la législation. Dans ce même ordre de réflexions, au croisement entre la dimension temporelle et le recours au droit, ce que les deux cas montrent également, c’est une tension entre les temporalités juridiques différents associés aux équipements de traitement des déchets du fait des évolutions technique et législative associées à ces installations. Cette évolution permanente et rapide du cadre juridique représente un point faible de la gestion et rend les équipements fragiles face aux revendications de conformité aux normes en vigueur. La nécessité d’installations et les difficultés rencontrées pour la création de nouveaux équipements conduit parfois à maintenir en fonction des équipements anciens (la décharge de Vienne) conçu dans des régimes techniques moins performants et cadres législatifs moins contraignants. Ces types d’équipements font souvent l’objet de plaintes et sont menacés par l’obsolescence par incapacité à suivre les évolutions des législations. En termes d’actions, dans les deux cas la mobilisation se décline selon différentes modalités d’action : troubles à l’ordre public (manifestations dans la rue, blocage de TGV, blocage des installations) production d’information pour le public (tracts, création de sites Internet). L’accès aux médias locaux est déterminant pour les opposants aux projets dans la mesure où la presse joue un rôle clé dans la construction d’un espace local et régional de débat. Ces diverses actions sont engagées à des moments particuliers (tenue d’une enquête publique, rendus de jugement, arrêtés préfectoraux, échéances électorales), et mettent en lumière la maitrise des opposants des temps de l’action collective ainsi que de sortir leur opposition du périmètre du NIMBY et investir les dossiers techniques. Cependant, à l’analyse les deux cas montrent également de profondes différences. Tout d’abord pour l’ampleur de la mobilisation : à Vienne c’est une association locale de moins de 100 personnes et les actions légales d’individus insérés dans des réseaux nationaux qui arrivent à faire annuler le projet d’extension de la décharge porté par les élus locaux. A Izeaux, en revanche c’est un collectif d’associations d’habitants, d’associations de protection de l’environnement, d’élus qui s’opposent à un projet porté par la préfecture. Le rapport avec les associations d’habitants et les associations de protection de l’environnement présentent des différences notables. Alors qu’à Vienne, il est pris dans une tension entre rivalité et en moindre mesure collaboration ; dans le cas d’Izeaux elles s’associent pour former une seule organisation. 64 Planification territoriale et projets d’équipement de gestion des déchets en Indre-et-Loire, entre conflits et (in)décisions Laurence Rocher 1990-2004 : la lente construction d’un cadre départemental aboutit à l’échec du projet d’incinérateur La difficile organisation intercommunale, frein de la planification En matière de gestion des déchets ménagers, la situation de la Touraine a longtemps été marquée par une gestion autonome et différenciée entre la ville de Tours, qui a dans les années 1980 opté pour l’achat d’un site dans une petite commune rurale distante d’une vingtaine de kilomètres, et les communes périphériques. Bien qu’animé par le souci d’une concertation avec les représentants de cette commune et les associations, et la volonté d’une connotation innovante sur le plan environnemental (production de gaz pour alimenter les bus de Tours), le choix des décideurs de l’époque a porté sur un site éloigné disposant de réserves foncières. Le fonctionnement de cette décharge se faisait dans le cadre d’accords négociés entre la Ville de Tours et la commune de Sonzay, formalisés par une « Commission de contrôle et d’études », à laquelle participait une association locale, tandis que l’entreprise gérant du site et l’administration semblent s’être tenues au second plan de cette organisation. Une convention passée entre la société gérante, la commune de Sonzay et la Ville de Tours prévoyait notamment un système de compensation (comprenant le traitement gratuit des ordures de la commune, une redevance forfaitaire ainsi qu’une redevance en fonction des tonnages reçus). Parallèlement au choix de la ville de Tours, les communes périphériques s’organisaient progressivement avec la mise en place de syndicats intercommunaux en charge de la collecte et du traitement de leurs déchets. L’engagement tardif de la ville de Tours dans une structure intercommunale est à l’origine du retard de la planification au niveau départemental. Le premier Plan départemental d’élimination des déchets ménagers est adopté en 1996, il témoigne d’une grande difficulté de l’administration à parvenir à la définition de secteurs cohérents. C’est avec la création de la Communauté d’agglomération « Tours Plus », le 1er janvier 2000, que naît l’espoir d’une stabilisation de l’organisation intercommunale, bien que celle-ci amène de profonds bouleversements dans un premier temps. « Tours Plus » est dotée de la compétence traitement des déchets dès sa création puis en 2002 elle prend la compétence collecte, gérée en régie. La nouvelle configuration issue de la création de la Communauté d’Agglomération est vécue de manière brutale par les syndicats existants de la couronne périurbaine qui avaient mis en place une organisation et réalisé des équipements en fonction de leurs besoins. En effet, le cadre législatif modifié par la loi de 1999 vise une forte intégration intercommunale et oblige donc les communes membres d’une Communauté d’Agglomération à quitter leur syndicat d’origine. Certains syndicats comprenant des communes péri-urbaines de taille importante se sont trouvés très affectés par ces modifications, notamment pour ce qui concerne la gestion des équipements. L’utilisation des équipements s’est organisée dans le cadre de conventions définissant les 65 modalités de substitution de la Communauté d’Agglomération aux communes dans les contrats en cours, ce qui ne s’est pas fait sans conflits entre responsables politiques1. Pour autant l’idée d’un équipement desservant un vaste territoire représentant les 2/3 nord-est du département fait son chemin au sein d’un syndicat intercommunal pour l’étude et la programmation de l’incinération des ordures ménagères –le SIPEPIOM- créé au début des années 1990. Ce syndicat a en charge l’étude de la création d’un incinérateur d’une capacité de 120 000 à 140 000 tonnes par an, dont la localisation est prévue sur le site de « La Billette » à Joué-Les-Tours2, qui comprend une unité de compostage et un centre d’enfouissement. En 2002 le syndicat élargit ses compétences non seulement à l’étude mais à la réalisation d’un équipement de « valorisation énergétique » et est renommé « Touraine Propre ». Il fédère alors un ensemble de structures intercommunales -dont « Tours Plus », représentant environ 430 000 habitants, soit 77 % de la population du département et 80 % des déchets collectés. Le rassemblement au sein de ce grand syndicat va de pair avec la recherche d’un exutoire unique. Dans la continuité des travaux du SIPEPIOM, l’équipement projeté est un incinérateur d’une capacité de 200 000 tonnes par an (dont 50 000 tonnes de DIB déchets industriels banals). La création de l’agglomération, suivie de l’ouverture de la révision du plan, entraîne ainsi une nouvelle dynamique. La situation se stabilise en 2002-2003 avec la fédération des collectivités au sein d’un syndicat porteur d’un projet d’incinérateur destiné à recevoir 80 % des déchets de l’Indre-et-Loire. Ce projet bénéficie d’un double soutien : porté par un syndicat intercommunal, son inscription (notamment la localisation) dans le plan départemental révisé lui confère une légitimité départementale. Entre l’élaboration de la première version du Plan et sa révision on est passé d’une démarche impulsée et portée presque exclusivement par l’Etat dans une logique de rationalisation territoriale à un processus de négociation entre intérêts multiples et l’affirmation de nouveaux enjeux : la structuration territoriale est devenue un enjeu politique, tandis que les acteurs économiques s’assurent de capacités de traitement pour les déchets qu’ils produisent. Ce projet d’incinérateur va pourtant dès son annonce se heurter à une vive opposition, qui, tout en refusant la solution avancée, va forcer la réouverture du débat relatif au « problème » de la gestion des déchets. C’est avec l’annonce officielle du projet d’incinérateur et des sites potentiels prévus pour sa localisation que naît la mobilisation contre l’incinérateur. DATE EVENEMENT avril Annonce des trois sites potentiels à la Commission du PDEDMA 5 2003 Juin Le matin : Colloque organisé par Touraine Propre L’après-midi : vote du plan par la Commission du PDEDMA Mise en public et colonisation de l’arène politique 29 2003 Le soir : débat à France Bleue Touraine entre D. Boutin (représentant de la SEPANT) et JL. Galliot (Président de Touraine Propre) Octobre 2003 Réunions publiques - à Saint-Pierre-des-Corps le 10 septembre, organisée par la sénatrice-maire, 1 « Un conflit très sérieux a perduré des mois entre le SIPEPIOM qui couvrait pratiquement toute la zone Sud-agglomération et qui avait en projet la création d’une unité d’incinération sur le site de La er Billette à Joué Les Tours et la communauté d’agglomération, créée au 1 janvier 2000 » (Plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés d’Indre et Loire, p 4). 2 Joué-Les-Tours, deuxième commune du département, fait partie du noyau urbain de l’agglomération de Tours 66 24 novembre 2003 700 personnes présentes à Ballan-Miré le 6 octobre, 800 personnes (la salle ne pouvait en contenir que 100) Réunion de la Commission du PDEDMA : discussion des amendements du Conseil Général 4 décembre 2003 Soirée-débat au cinéma Les Studios organisée par le collectif Janvier 2004 Associations reçues à la préfecture 5 Février 2004 14 février 2004 Réunion de la Commission du PDEDMA : discussion des amendements du Collectif Arc en ciel Manifestation à Tours. 1000 personnes 19 février 2004 Manifestation devant les locaux de Tours Plus, le maire de Tours reçoit une délégation 23 2004 Manifestations à Ballan-Miré (600 personnes), lors du Conseil Communautaire de La Confluence mars Mars 2004 Elections régionales et cantonales Signature du moratoire entre le PS et Les Verts Enquête publique 27 2004 Conseil municipal de Ballan-Miré : demande le retrait des sites mai 20 septembre 2004 18 octobre 2004 6 décembre 2004 Compétences de Touraine Propres élargies à la réduction à la source avec création d’une commission « réduction à la source » dont sont membres plusieurs associations du collectif Approbation du plan par le préfet (arrêté préfectoral) Commission du Plan réunie avec présence de plusieurs membres du collectif. A l’ordre du jour : étude du syndicat d’Amboise sur la collecte des FFOM, amélioration du compost de La Billette, commentaires de l’administration/recommandations du CE. 8 décembre 2004 Conseil municipal de Neuillé-Pont-Pierre : la commune se retire Décembre 2004 Tract de la mairie de St Pierre affirmant que « la commune n’est pas candidate et ne l’a jamais été » Janvier 2OO5 Recours déposé au tribunal administratif pour l’annulation du plan 10 2005 Prise de compétence du PDEDMA par le Conseil Général mars Juin 2005 7décembre 2005 Campagne de Touraine Propre contre les sacs de caisse Réunion de la Commission du PDEDMA sous la présidence du Conseil Général 67 Effritement du consensus politique et signes d’une redéfinition du problème 2 avril-14 mai 2004 Le projet d’incinérateur, contesté puis abandonné Une étude visant à définir la localisation de l’incinérateur a abouti à la désignation de trois sites potentiels, situés dans des espaces de natures différentes : un site en milieu urbain dense, à Saint-Pierre-des-Corps, un situé sur une commune péri-urbaine –Ballan Miré- et un troisième sur une commune rurale (Neuillé-Pont-Pierre). Pour autant, la localisation dans l’agglomération semble privilégiée considérant les coûts de transport. L’annonce de ce projet d’incinérateur déclenche en 2003 une mobilisation particulièrement vive qui s’organise très vite dans le cadre d’un collectif d’associations1 opposé à l’incinération et autour du slogan « Non à l’incinérateur, ni ici ni ailleurs ». La mobilisation prend des formes multiples : organisation de réunions et d’un colloque, manifestations, signatures de pétitions, participation à l’enquête publique relative au Plan départemental qui a lieu au printemps 2004, pression maintenue auprès des conseils municipaux des communes concernées … Le rejet de l’incinération est fondé sur de multiples arguments, parmi lesquels les risques sanitaires, mais qui portent également sur les implications financières et environnementales de ce mode de traitement. Sont notamment dénoncés le surdimensionnement de l’incinérateur, présenté comme contraire à une politique de réduction des déchets, les coûts et les impacts environnementaux liés au transport des déchets vers un seul lieu, ainsi que l’injustice de faire subir à un territoire les nuisances induites par la gestion des déchets de presque tout un département. Aussi, les contre-propositions portent sur des techniques alternatives à l’incinération –le « stockage réversible » est notamment mis en avant- ainsi que sur une organisation davantage territorialisée reposant sur une gestion « multi-sites » et « multifilières », ce qui revient à diversifier les modes de traitement et à multiplier les équipements. Ce sont les échéances politiques du printemps 2004 qui conduiront à un gel du projet. Alors que le souhait des porteurs du projet d’incinérateur était de ne pas « polluer la campagne électorale » précédant les élections du printemps 2004, c’est justement dans le cadre de cet évènement que va être donné un coup d’arrêt au projet à travers un accord conclu entre les Verts de Touraine et la section locale du Parti Socialiste à la veille du second tour des élections cantonales. Les Verts ont négocié le report de leurs voix au PS moyennant l’instauration d’un moratoire de trois ans pendant lesquels aucune décision ne serait prise au sujet de l’incinérateur2. La droite gagne finalement le Conseil Général, mais avec une très courte majorité. Le risque politique que représente la décision de la mise en place d’un incinérateur est tel que le moratoire semble mis en place de fait, chacun ayant intérêt à attendre les prochaines échéances électorales. Le président du Syndicat Touraine Propre, membre du Parti Socialiste, est alors mis en porte-à-faux. Il dénonce tant le contenu que les conditions de cet accord auquel il n’a pas participé, rend sa carte du Parti Socialiste et démissionne de la vice-présidence de Tours Plus. « Un coup de poignard qui ressemble certes à un coup d’épée dans l’eau puisque Touraine Propre ne se sent pas tenu par les engagements de deux partis » écrit La Nouvelle République le 13/05/2004. 1 Le collectif est composé d’associations des trois communes concernées par l’implantation de l’incinérateur, d’associations de protection de l’environnement d’envergure départementales –dont certaines ont participé à l’élaboration du Plan départemental d’élimination des déchets ménagers, d’associations et de syndicats d’agriculteurs. 2 Le contenu de l’accord était ainsi formulé : « Pour le traitement des ordures ménagères et assimilées, - lancer un plan ambitieux de réduction à la source, de tri et de valorisation matière des déchets ;- ouvrir un moratoire d’au moins trois ans avant toute décision sur l’incinération, permettant de suivre l’évolution des technologies alternatives ;- lancer un grand débat citoyen associant population, experts et associations, en vue d’une consultation de tous les citoyens. » 68 L’enquête publique relative au PDEDMA est ouverte au début du mois d’avril 2004, soit très peu de temps après les élections. L’effritement du consensus politique1 autour de l’incinérateur devient visible au cours de cette année 2004. Les réticences à l’égard de l’incinération vont progressivement gagner les élus, notamment ceux des communes concernées. Dans la seconde moitié de l’année 2004, chacune des trois communes pressenties pour l’implantation de l’incinérateur finira par se déclarer une à une « noncandidate » pour l’accueil du projet. L’effritement du consensus apparent qui avait prévalu jusqu’alors, est un effet direct de la contestation orchestrée depuis le lancement du projet. Ainsi, la stratégie de « colonisation » de l’arène politique mise en œuvre par les opposants a porté ses fruits dans la mesure où les élus ont répondu à l’injonction de positionnement, et ce le plus souvent dans un sens défavorable à la poursuite du projet engagé. Les arguments avancés par les élus rejoignent ceux développés par les acteurs de la contestation populaire (risques sanitaires, déni de la démocratie, coûts liés au transport), et s’inscrivent dans un mécanisme de « montée en généralité » visant à se démarquer d’intérêts égoïstes. Au début de l’année 2005 trois associations, soutenues par les autres membres du collectif, ont déposé un recours devant le tribunal administratif contre le Plan départemental demandant l’annulation du plan, en faisant valoir entre autres l’application des principes contenus dans la convention d’Aarhus. Ils n’obtiendront pas gain de cause. Une des questions posée en 2006 à l’issue du conflit (Rocher, 2006) était de saisir dans quelle mesure la crise avait conduit à une redéfinition profonde de l’appréhension locale du « problème déchets ». Le conflit, né d’une solution caractérisée par sa technicité et négociée dans le cadre d’un accord entre acteurs institutionnels, a suscité un saisissement du problème par de nouveaux acteurs, créant les conditions d’une ouverture du processus de définition du « problème déchets » au niveau local. C’est un double travail de « mise en public » et de « colonisation » de l’espace politique par des acteurs tiers qui a conduit à un bouleversement du cadre et des termes du débat. La mise entre parenthèses de la solution s’est accompagnée d’un déplacement du débat vers le problème, visible à travers une focalisation des acteurs locaux sur la question de la production de déchets. Quant à la gestion effective des déchets, le conflit lié à l’incinérateur semble avoir engendré deux conséquences. La plus immédiate est le report du problème vers les sites existants, dont les gestionnaires ont présenté des demandes d’extension. D’autre part, nous avons pu observer des signes d’une tendance à la « reterritorialisation » de la prise en compte des déchets, à travers l’engagement de collectivités intermédiaires, membres de Touraine Propre, dans des démarches de traitement (compostage individuel et/ou collectif, création ou pérennisation d’unités de traitement de petite taille,…). Gestion et décisions d’« après la crise » (2004 et 2010) Si l’on considère que la période de conflit relatif au projet d’incinérateur, sous sa forme la plus intense et visible c'est-à-dire de en 2003-2004, correspond à un épisode de crise, l’analyse de la période postérieure revêt un intérêt particulier dans la mesure où il s’agit de comprendre les rouages de l’action et de la décision « post-crise ». Or, cette phase est marquée à la fois par des décisions importantes, par des démarches de concertation, par des situations de conflits qui perdurent sous d’autres formes, et se manifeste entre autres par une activité juridique. Ce sont autant d’éléments qui sont ici mis en perspective dans l’optique de reconstruire l’histoire longue de la décision en matière de gestion des déchets dans le département de l’Indre-et-Loire. 1 Le terme de consensus est probablement abusif. Mais le silence d’une grande partie des élus au profit de ceux engagés dans la formulation et le portage du projet donne l’illusion d’un consensus politique. 69 La discrète extension des deux sites d’enfouissement du département Dans le courant de l’année 2005, les prestataires des deux principaux sites d’enfouissement du département ont demandé et obtenu une autorisation d’extension, prolongeant ainsi de manière importante les capacités d’accueil des déchets du département. La décharge « historique » de Tours, le CET de Sonzay, a été autorisé à étendre son emprise spatiale de 35 ha (passant ainsi de 50 à 85 ha), moyennant le défrichement d’une zone de 18 ha de bois dont une partie est classée ZNIEFF. La société gestionnaire du site d’enfouissement de Chanceau-Près-Loches a présenté un projet de demande d’extension1 lui permettant également de prolonger sa durée de vie et les tonnages enfouis (passant de 50 000 à 150 000 tonnes). Malgré leur contradiction avec le plan départemental qui avait été adopté en 2003, le préfet d’Indre-et-Loire a autorisé ces demandes d’extension. Lors des enquêtes publiques tenues à l’été 2006, l’association environnementale départementale –la SEPANT- a émis un avis défavorable au projet d’extension du site de Sonzay, au motif de la dégradation du milieu causée par le déboisement, et d’autre part un avis favorable au projet de Chanceau-Près-Loches, considérant que la gestion envisagée par le gestionnaire du site pouvait s’apparenter à en enfouissement réversible, procédé jugé acceptable par les associations. Ces deux projets, résultant d’initiatives des gestionnaires privés menées en dehors du cadre de la planification départementale, permettent une augmentation substantielle des capacités d’enfouissement du département et reportent d’autant l’urgence de la recherche d’un nouvel exutoire. Ces extensions parallèles, viennent d’autre part modifier les conditions de concurrence de l’offre, ce qui a comme conséquence une baisse des coûts d’élimination à court terme. La reconstruction de La Billette étudiée Le site de La Billette, situé dans l’agglomération, est composé d’une usine de compostage devenue obsolète et fermée récemment, et d’un centre d’enfouissement des résidus du compostage. Ce dernier a fait l’objet d’une autorisation d’extension à l’été 2005, de manière à prolonger sa durée de vie jusqu’à la fermeture de l’usine. Envisagé à la fin des années 1990 pour implanter un incinérateur, ce site localisé dans l’agglomération tourangelle, qui n’a jamais posé de problème d’acceptabilité de la part des riverains ou des associations environnementales, est considéré avec beaucoup d’intérêt par les acteurs locaux. Le syndicat Touraine Propre a fait réaliser en 2010 une étude sur les possibilités de reconstruction ou de réutilisation de l’équipement. Le projet de rénovation de l’incinérateur de Chinon Depuis 2006, l’attention –et la contestation- s’est tournée vers le projet de reconstruction d’un incinérateur de petite taille à Chinon. Le président du SMICTOM du Chinonais, syndicat ayant en charge le traitement des déchets dans ce secteur qui recouvre le tiers sud-est du département, maire PS de Chinon, a lancé et porté le projet de reconstruction d’une usine d’incinération (d’une capacité de 23000 à 40 000 tonnes) en remplacement de l’ancienne dont la fermeture est prévue en 2013. Après décision du comité syndical de renouveler l’unité d’incinération avec valorisation énergétique dont il serait propriétaire, une procédure de marché public est ouverte pour désigner une assistance à maîtrise d’ouvrage, puis un appel d’offre est lancé pour la réalisation de l’usine auquel ont répondu deux opérateurs. Un groupement est retenu par la commission d’appel d’offre fin 2009. 1 Il ne s’agit pas d’une extension en surface mais d’un creusage en profondeur des zones non encore exploitées. 70 La contestation de ce projet s’est organisée autour du Collectif Chinonais Environnement, soutenu par le Collectif Arc-en-ciel qui avait lutté contre le projet d’incinérateur prévu dans le plan départemental de 2003. « Afin que les Chinonais puissent décider démocratiquement de leur cadre de vie, avec des informations fiables concernant l’impact d’un tel incinérateur sur la santé, l’environnement et les finances locales, nous demandons :- Un moratoire sur la construction de ce nouvel incinérateur en attendant le nouveau Plan Départemental d'Elimination des Déchets d'Indre et Loire ; - La création en urgence d’une Commission Locale d’Information et de Surveillance (CLIS), qui devra faire la lumière sur 27 années de pollution par l'incinérateur actuel, et préparer l’après incinération ; - L’organisation d’un véritable débat public, afin qu’une information objective et contradictoire soit apportée aux élus et aux habitants. »1. La question des risques sanitaires est au cœur de l’argumentation des opposants contre cette usine qui est située à proximité d’un hôpital, et dans une zone viticole AOC. De plus, les opposants critiquent l’opacité et l’incohérence de la prise de décision d’un projet porté unilatéralement par le président du syndicat, sans recherche de cohérence à l’échelle départementale. Il s’agit pour les membres du collectif d’intégrer dans un débat intercommunal et surtout départemental ce projet dont le caractère d’urgence est remis en cause. « Comme l'a indiqué M. Duvergne, Président du Smictom, dans sa dernière lettre aux délégués au Smictom, l'incinérateur actuel peut fonctionner largement au delà de 2013, il n'y a donc aucune raison de ne pas attendre la fin de la révision concertée du Plan d'Elimination des Déchets d'Indre et Loire par le Conseil Général pour se lancer tête baissée dans la construction d'un nouvel incinérateur. Cet exercice salutaire de démocratie locale participative doit être respecté, et non pas saboté. » Finalement, c’est au sein du syndicat que ce projet sera abandonné en mai 2010 avec le vote des membres du comité syndical contre la poursuite des études. Le pilotage départemental par le Conseil Général : concertation et mise en révision du PDEDMA Parallèlement à ces différents projets, les contours de la gouvernance des déchets au niveau départemental ont nettement changé depuis l’approbation du plan en 2003. Depuis 2005, ce ne sont plus les services préfectoraux mais le Conseil général qui est en charge du pilotage des processus d’élaboration, de révision et de suivi des plans départementaux. C’est après une période de latence et suite à l’élection d’un nouvel exécutif (majorité PS) en 2008 que l’instance départementale a pris le dossier en main et qu’elle est devenue active et visible sur le sujet. DATE EVENNEMENT Mars 2008 Nouvelle majorité (gauche plurielle) élue au Conseil Général Mai-Juin 2009 Concertation publique « Les déchets, il est temps d’en parler » 26-27 mai : auditions : élus locaux, associations, professionnels 2 juin : comité de pilotage Réunions publiques : - 9 juin : Chinon - 11 juin : Amboise - 15 juin : Monts - 16 juin : Loches - 22 juin : Neuillé-Pont-Pierre - 23 juin : Tours 1 [http://collectifchinonaisenvironnement.hautetfort.com/], communiqué du 28 01 2008. 71 30 juin : comité de pilotage 3 2009 juillet 16 décembre 2009 Réunion de la Commission de suivi du plan départemental Vote (provisoire) en faveur de la révision du plan Réunion de la Commission de suivi du plan départemental Présentation du Livre blanc Au printemps 2009 est organisée une démarche de concertation publique, à l’issue de laquelle la commission décidera de la révision du plan départemental. La concertation, confiée à un consultant privé, est organisée de la manière suivante : trois « auditions » d’une durée d’une demi journée rassemblent successivement trois types d’acteurs : les élus, les associations et les professionnels, puis six réunions publiques sont organisées en différents lieux du département (concernés par la présence d’un équipement de traitement, ou par l’ancien projet d’incinérateur). Un site internet est créé en appui à la démarche intitulée « Les déchets, il est temps d’en parler ». Au cours des différentes réunions (auxquelles participeront environ 700 personnes), les animateurs et le vice-président du conseil général en charge du dossier répéteront l’esprit de la démarche : l’écoute exhaustive des acteurs et des citoyens, sans idée préconçue de la part du conseil général qui ne privilégie pour l’heure aucune solution. Il s’agit bien d’une posture de réception des avis et positions de manière très large, et non d’un débat autour d’un projet ou d’un plan. Le seul cadrage imposé par les organisateurs du débat est d’aborder « tous » les aspects de la gestion des déchets (collecte, traitement, valorisation, réduction). En juillet 2009, la commission de suivi du plan départemental vote en faveur de la révision du plan. Des groupes de travail thématiques sont constitués, et trois bureaux d’étude sont engagés pour le suivi des volets juridique et de la communication notamment. Réflexions sur l’évolution récente des processus de décision, de concertation et de conflit La décision La description des évènements qui ont marqué la période 2004-2010 fait apparaître une déconnection criante entre le cadre de la planification départementale et les décisions locales, que celles-ci soient initiées par des collectivités locales (cas de Chinon) ou par des opérateurs privés (cas des sites d’enfouissement de Sonzay), parfois contre la volonté des décideurs locaux (site d’enfouissement de Chanceau-Près-Loches). Les logiques économiques et celles de la concertation relative à la planification s’inscrivent dans des temporalités qui leur sont propres, comme en témoigne la justification des acteurs du chinonais de mener leur projet indépendamment de la révision du plan1. Si la difficulté du niveau départemental à s’imposer comme un cadre contraignant des décisions locales n’est pas une nouveauté en matière de gestion des déchets, la question de la légitimité de ce 1 « Pourquoi ne pas attendre le nouveau PDEDMA ? L'actuel plan en vigueur date de 2004. Le projet du syndicat est totalement conforme à ce plan. Attendre le prochain plan reviendrait purement et simplement à annuler le projet et ce pour plusieurs raisons. Le prochain plan ne sera pas finalisé avant fin 2011, début 2012. Si nous attendons ces dates les offres reçues ne seront plus valides. Or nous bénéficions d'un contexte très favorable au projet : avec la crise l'offre faite par Inova est très inférieure au prix de départ, et les taux actuels pour l'emprunt sont au plus bas. De plus, au regard de la production de déchets en Indre et Loire (320 000 tonnes), peut-être serait-il envisagé une usine de 50 000 tonnes ? L'étude actuelle serait en tout état de cause à refaire entièrement. » ( http://www.smictom.com). 72 travail de planification reste ouverte. A ce titre, notons qu’une des dispositions de la loi « Grenelle 2 » concernant les plans départementaux tend à leur attribuer un rôle d’inventaire1 des projets locaux plutôt que de prévision de nouveaux équipements2. La lecture du contexte départemental doit se comprendre au regard du paysage politique local. Alors que l’histoire de la gestion des déchets en Touraine est liée des oppositions politiques entre la ville de Tours et les communes périphériques, logiques qui ont longtemps freiné les regroupements intercommunaux, on se trouve en 2008 dans une situation jusqu’alors inédite où le Conseil Général, et les syndicats Touraine Propre et du Chinonais sont dirigés par des majorités socialistes. En dépit des dissensions internes causées par le moratoire signé entre les Verts et le PS à la veille des élections cantonales de 2004, cette configuration semble dans la période récente faciliter la mise en cohérence entre ces instances, comme en témoigne la « résolution » d’avril 2010 entre leurs président-e-s concernant l’incinérateur de Chinon3. En revanche, le souci de maintenir les débats et des décisions relatives aux équipements de traitement des déchets en dehors des échéances électorales, constaté en 2004 (Rocher, 2006), semble toujours à l’œuvre. La temporalité de la vie politique locale est une donnée importante, dans la mesure où la propension à éviter les décisions relatives à des projets d’équipements controversés lors des débats préélectoraux est une constante4. La gestion des déchets est perçue par les décideurs locaux comme un objet non valorisant, politiquement risqué, qui requiert une certaine abnégation quant à leur carrière politique. A ces logiques propres aux projets d’équipements et à la planification départementale, s’ajoute l’évolution des périmètres des syndicats intercommunaux. En Indre-et-Loire, le syndicat Touraine Propre poursuit son extension en vue de recouvrir à terme l’ensemble du territoire départemental, ce qui est justifié par les compétences assurées par cette structure qui, outre le traitement, est en charge de la réduction à la source, compétence qui engage des mesures qui, pour des questions d’organisation, de coût et de cohérence, ne peuvent être prises en charge que par une structure de taille conséquente5. L’adhésion à Touraine 1 « recense les délibérations des personnes morales de droit public responsables du traitement des déchets entérinant les choix d’équipements à modifier ou à créer, la nature des traitements retenus et leurs localisations. Ces choix sont pris en compte par le plan départemental dans la mesure où ils contribuent aux objectifs définis à l’article 46 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement ». 2 Selon le décret 96-1008 du 18 novembre 1996 relatif aux plans d’élimination des déchets ménagers et assimilés, ces derniers avait pour rôle, entre autres, « Le recensement des installations d’élimination des déchets d’ores et déjà en service ou dont la demande d’autorisation d’exploiter (…) a déjà été déposée ; l’énumération, compte tenu des priorités retenues, des installations qu’il sera nécessaire de créer (…), leur localisation préconisée, notamment en ce qui concerne les centres de stockage de déchets ultimes issus du traitement des déchets ménagers et assimilés. » 3 Suite à la rencontre le 27 avril 2010entre la présidente du conseil général, le vice président en charge du développement durable, les présidents des syndicats Touraine Propre et du SMICTOM du chinonais, au cours de laquelle « Claude Roiron et Alain Kerbriand-Postic ont proposé que les études en cours initiées par les différents syndicats s’inscrivent dans la démarche de révision du PEDMA et qu’aucune décision définitive sur la modernisation du site de Saint Benoît la Forêt ne soit prise avant la fin de la procédure de révision, ce qui a été validé par Messieurs Duvergne et Galliot. », le comité syndical du SMICTOM du Chinonais votera le gel du projet de rénovation de l’incinérateur. (Résolution mis en ligne sur le site du SMICTOM du chinonais, http://www.smictom.com). 4 Cf résultats du projet Confurb sur le contournement sud d’Angers. 5 Les principales mesures mises en œuvre par Touraine Propre ont trait à la sensibilisation du public qui s’accompagne de dispositifs tels que la distribution de cabas de course, de gobelets réutilisables pour les festivals. 73 Propre a été proposée au syndicat du Chinonais, elle viendrait achever le recouvrement du territoire départemental par une seule structure compétente en matière de traitement. La concertation Si l’on porte le regard sur le long terme, l’enchaînement des logiques temporelles sont bouleversées entre planification, études et décisions concernant les équipements, et concertation. A une suite logique où se succèdent des étapes bien identifiées « decideanounce-defend » semble prévaloir un processus décisionnel continu, où opèrent en parallèle et de manière parfois étanche démarches de révision du plan, projets locaux et structuration intercommunale. La contestation contre les projets annoncés œuvre comme autant de moments de mise en débat public, du moins de prise de parole sur la question des déchets, où l’opposition frontale prédomine sur la négociation. Dans ce contexte comment situer et comprendre les démarches de concertation ? A l’occasion de la première révision du plan, adopté en 2003, les acteurs locaux s’accordent pour constater que la concertation avec le public a été évacuée faute de temps et de préparation. La volonté du préfet d’annoncer avant son départ d’Indre-et-Loire l’adoption du plan et les sites envisagés pour l’incinérateur a précipité la fin du processus de révision et le mûrissement du projet. La consultation du public a de fait été réduite au minimum obligatoire, c'est-à-dire à l’enquête publique. La seconde révision du Plan, est orchestrée par le Conseil Général dans une logique différente. La nouvelle majorité du Conseil Général décide d’organiser une démarche de concertation publique, à l’issue de laquelle la commission devra décider de la révision du plan départemental. Ce faisant, la stratégie a consisté à placer la concertation au moment qui semblait le plus opportun, en l’occurrence le plus en amont de la décision, considérant le futur plan comme échéance, et de fait le plus apaisé. Il s’agit pour le Conseil Général de se positionner sur le dossier des déchets, domaine où l’exécutif départemental avait jusqu’à présent opté pour une posture de réserve, en laissant la préfecture mener à bien le premier processus de révision. Le cadrage de la concertation, volontairement très large, et sans que l’initiateur de la démarche n’ait de projet ni « d’idée préconçue », revient à « faire table rase du passé » et notamment du plan de 20041. La volonté est bien « de repartir à zéro », de rebattre les cartes, en se donnant le temps de la réflexion puisque la situation d’urgence n’est plus d’actualité. Le débat public sera d’ailleurs l’occasion de freiner publiquement le projet de Chinon et de réaffirmer le cadre de la planification départemental comme un préalable aux choix locaux. A l’issue de la concertation, la commission de suivi du plan vote, en juillet 2009, la révision du plan, et le conseil général annonce la rédaction d’un livre blanc. Les enseignements issus de la concertation et présentés comme une base de l’action à mener 1 « En Touraine le dernier plan a été révisé par les services de la préfecture en 2004. Depuis cette date, la situation a bien changé. Le plan prévoyait alors la construction d’une Unité de valorisation énergétique (UVE) dans l’agglomération tourangelle, projet qui depuis, a été abandonné ; le projet de reconstruction de l’UVE de St Benoît-la-Forêt a également été suspendu. Le centre de stockage de la Billette à Joué-les-Tours a lui fermé ses portes ; le centre de compostage attenant devenu obsolète a été transformé en quai de transfert ; les sites de Sonzay et de Chanceaux-pres-Loches ont vu leur capacité augmenter par arrêté préfectoral… Au-delà des ces constats, il nous faut aujourd’hui tenir compte des innovations et des techniques récentes de traitement et de valorisation des déchets. pourquoi ne pas examiner par exemple la voie de la méthanisation comme elle est pratiquée par l’agglomération de Montpellier ? pourquoi ne pas se pencher sur les atouts du tri mécanobiologique ? (…) Je tiens à souligner, s’il en est besoin, que nous n’avons pas d’idée préconçue en matière de traitement et d’élimination des ordures et que nous n’excluons aucune solution», propos du vice premier vice président du Conseil Général, dossier « Déchets : en parler aujourd’hui, agir pour l’avenir », C’est en Touraine, bimestriel gratuit, n°75 juin 2009, p. 13 74 dans le cadre du plan, sont d’envergure assez large. Du point de vue des solutions à envisager, il est acté de privilégier une orientation « multifilière » sans exclusion d’aucun procédé, d’éviter les positions dogmatiques autant que le choix de « ne rien décider ». Plusieurs éléments d’interprétations peuvent être avancés pour expliquer l’évolution quant à la concertation et plus largement à la maîtrise de la décision. Le changement du contexte politique a été évoqué plus haut. On peut voir un effet d’apprentissage en matière de conduite de l’action publique concernant les déchets, qui consisterait à savoir tirer des enseignements des erreurs du passé. Enfin, ce qui a changé, c’est que la situation d’urgence a été radicalement retournée. Alors qu’on parlait de pénurie des capacités de traitement en 2004, les acteurs actuels ne sont plus dans l’urgence à avoir à décider rapidement, ils souhaitent au contraire « se donner le temps de la réflexion ». Le conflit A première vue et comparativement à la période de haute activité conflictuelle autour du projet d’incinérateur en 2003-2004, la période récente apparaît comme relativement apaisée. Toutefois, une analyse plus fine laisse entrevoir un déplacement du conflit à plusieurs niveaux. Le plus visible est l’opposition contre la rénovation de l’incinérateur de Chinon, où l’effet de contagion et d’apprentissage de la mobilisation semble avoir opéré : à l’échelle locale au sens où la proximité temporelle et spatiale le collectif départemental est forte, mais également à une échelle plus large dans la mesure où la mobilisation sur la question des déchets et de l’incinération s’appuie et prend forme dans des réseaux associatifs au niveau national et au-delà. L’extension des deux CET n’ont été particulièrement conflictuelles (voir plus haut la position des associations lors de l’enquête publique). Sur le plan juridique, il est notable qu’elles n’aient pas fait l’objet de recours au motif de leur incompatibilité avec le plan départemental. Cela dit, l’extension du site de Chanceau-Près-Loches est mal reçue par les élus locaux, soucieux des nuisances subies par les riverains, et mécontents d’y voir accueillir les déchets en provenance des territoires voisins. Ces derniers ont déposé des recours devant le tribunal administratif sur des aspects techniques, sans pour autant dénoncer frontalement l’opportunité du projet. Ces effets de déplacement spatial du conflit sont directement liés aux équipements, projetés et existants. L’envergure des conflits est très variable, depuis la dénonciation des nuisances locales provoquées par des équipements en fonctionnement jusqu’à la mobilisation pour empêcher la réalisation de nouveaux équipements, qui ont concerné plusieurs localités du département (trois communes pressenties pour accueillir l’incinérateur en 2004, Chinon en 2008-2010). On constate un effet d’apprentissage et de mutualisation de la mobilisation contre l’incinération et pour la recherche de procédés alternatifs, puisque l’activité de contestation est de plus en plus conséquente et structurée au fil du temps et des épisodes de luttes locales. La revendication d’une réflexion à l’échelle départementale et les attentes à l’égard du plan restent forte. Elle se double d’une vigilance associative maintenue, comme en témoigne le recours déposé par des associations devant la CADA1 pour avoir accès à l’étude concernant le devenir du site de La Billette. Les décideurs locaux font une lecture des conflits sur le long terme du point de vue des procédés en cause : dans les années 1980 les contestations portaient sur l’enfouissement (au moment de l’ouverture de la décharge de Sonzay), pour se focaliser dans les années 2000 avec virulence sur l’incinération, ce qui les amènent à en souligner le caractère paradoxal et irrationnel. Là encore, la lecture sur le long terme fait paraître un conflit sur le plan de l’expertise, chacun dénonçant l’autre comme ancré dans le passé et accroché à des 1 Commission d’accès aux documents administratifs 75 procédés révolus. Incapacité à anticiper des solutions en adéquation avec des modes de vie moins producteurs de déchets et peur irrationnelle des risques sanitaires malgré les normes actuelles sont renvoyées dos à dos. Le reproche et fait aux élus de manquer de vision à long terme, à l’inverse les associations sont jugées irresponsables face aux décisions à prendre dans le temps présent. Le rôle-même du conflit fait l’objet d’interprétations différentes, entre des acteurs associatifs qui y voient des moments d’ouverture et d’élargissement du débat, et des élus qui y voient une perte de temps pour des échanges stériles et violents. Conclusion Ces premiers éléments de description et d’analyse de la situation de la gestion des déchets en Indre-et-Loire laissent entrevoir l’enchevêtrement des logiques à l’œuvre et la complexité de la fabrique de la décision qui semble se jouer dans un continuum sans début ni fin, dont les éléments saillants sont l’ineffectivité des démarches de planification et la logique du coup-parti impliquant gestionnaires privé et représentants de l’Etat. L’analyse diachronique donne de l’importance à l’évolution des configurations d’acteurs changeantes, dans un contexte de mutation quasi permanente des rapports entre l’Etat et les collectivités locales, sans faire perdre de vue le rôle déterminant du et des conflits dans l’évolution de la situation locale. Il ressort de cette étude l’évidence d’une certaine facilité à surinvestir des sites déjà existants, d’ailleurs bien comprise des acteurs locaux qui y voient une ressource rare à optimiser. Cela dit, l’effort de déconstruction des multiples logiques décisionnelles à l’œuvre ici amorcé est de nature à nous mettre en garde contre une lecture hâtive qui prendrait comme optique l’acceptabilité des équipements selon deux dichotomies site existant/site projeté et incinération/enfouissement. 76 Les recherches sur l’implantation des infrastructures de gestion des déchets au Mexique Vicente Ugalde Les projets réussis ou manqués pour établir une infrastructure pour le traitement et la disposition finale des déchets au Mexique ont attiré l’attention des chercheurs en sciences sociales. Ces études apparaissent comme un ensemble fragmenté et, sauf rares exceptions, sans systématicité notable. Bien que certains chercheurs, comme Gerardo Bernache, Héctor Castillo ou Cristina Cortinas, aient consacré plus d’une recherche au thème, dans la plupart des cas, il s’agit d’incursions plutôt éphémères dans l’univers des relations sociales qui se tissent autour des projets d’infrastructures pour les déchets et leurs localisations. Un autre trait qui caractérise l’ensemble des études qui ont été repérées sur ce thème consiste en la diversité des aspects traités tout comme en la pluralité des approches disciplinaires qui se saisissent de ces questions. Les études sur les décharges municipales élaborées dans le cadre des formations d’ingénierie se concentrent sur les questions techniques. Dans la plupart des cas la discipline scientifique spécifique oriente les études sur les décharges municipales : les relations internationales (dans les programmes universitaires des relations internationales), les relations intergouvernementales (dans les programmes de science politique et d’administration publique) ou bien encore l’étude des stratégies et interactions des acteurs en conflit (quand il s’agit de travaux envisagés par la sociologie). Dans cette révision, nous nous occupons en premier lieu des travaux qui s’intéressent à des thèmes autres que les conflits et qui pour autant supposent un regard plutôt technique ou en tout cas non sociologique (1). Dans la seconde partie, nous ferons référence aux études dans lesquelles les conflits générés par les installations pour le stockage des déchets, leurs expressions, causes et les stratégies des acteurs et enfin leur développement, sont le principal objet d’intérêt (2). Thèmes généraux des études des centres d’élimination des déchets dangereux et des décharges municipales Certaines recherches dans le domaine de l’ingénierie s’intéressent aux aspects techniques de la propriété des déchets, de leur traitement et des problèmes que cela entraîne. La compilation réalisée par Cortinas et Mosler (2002) contient 16 travaux qui abordent divers aspects des déchets dangereux, à savoir les concepts, la classification, la génération, la gestion, le cadre légal et la politique et ses instruments. Il s’agit d’un travail qui, même si son objectif central est d’apporter de l’information sur la gestion des installation pour le stockage des déchets dangereux, aborde les problèmes centraux liés à ces déchets : le mouvement transfrontalier, le commerce des produits chimiques, la distribution géographique de la génération ou l’évolution de l’infrastructure pour la gestion des déchets au Mexique. Il s’agit enfin d’une compilation qui, bien qu’elle aborde peu les aspects d’ingénierie, porte un regard technique tout en constituant une référence inévitable pour le thème des déchets dangereux. Avec une thématique et un traitement similaire mais plus dirigée à argumenter la nécessité d’une modification radicale du cadre juridique de la gestion des déchets au Mexique, le travail de Cortinas (2001) constitue également une référence importante pour le thème de l’intervention publique sur les déchets. Ces travaux, d’une 77 certaine manière, mobilisent une approche plutôt neutre du thème de la gestion des déchets, et s’associent aux travaux pionniers qui ont tenté de documenter le problème de la pollution liés tant aux déchets dangereux (Ortiz, 1987 ; CESPEDES, 1998) qu’aux déchets urbains (Restrepo et al., 1991). Un autre panorama général de la politique des déchets privilégie l’utilisation du droit (Ugalde, 2010). Ce même auteur, toujours dans une approche juridique, appréhende la manière dont le droit permet de circonscrire de plus en plus précisément la définition des différents déchets générés au Mexique (Ugalde, 2008). Enfin, d’autres études se sont intéressées à la génération et la gestion des déchets urbains, d’abord en partant du principe qu’en connaissant les déchets ménagers il est possible de connaître la consommation (Restrepo et Phillips, 1985), puis en se penchant sur des aspects particuliers de la gestion des villes mexicaines (notamment le volumen 39, numéro 3 du Journal Resources, Conservation and Recycling, 2003). Quant aux études qui s’occupent de forme directe à la disposition des déchets solides urbains, il est frappant de noter que les dissensions entre les habitants de ces zones n’apparaissent pas, malgré le fait que les situations soient potentiellement conflictuelles dès qu’elles touchent ce type d’installations. Dans leur travail sur le bassin du lac Cuitzeo, Buenrostro et Grande (2003) rapportent les résultats de l’analyse des déchets solides et des décharges clandestines de huit municipalités rurales aux abords du lac. Ils suggèrent que même si les décharges municipales n’obéissent pas aux critères de localisation et de fonctionnement spécifiés dans les normes officielles mexicaines NOM-083-ECOL-1994 et NOM-084-ECOL-1994 pour les décharges municipales, il n’existe pas de conflits au motif de leur localisation et gestion. Les auteurs affirment qu’ « il y a une méconnaissance généralisée auprès de la population et souvent auprès des autorités elles-mêmes quant à la localisation des décharges, puisqu’il est commun que cette dernière soit connue seulement des travailleurs et du chargé du service de ramassage » (Buenrostro et Grande, 2003 : 166). Ces études, plus techniques ou juridiques, ont l’avantage d’offrir un premier éclairage sur la situation des déchets au Mexique, univers peu connu jusqu’alors. Elles occultent en revanche tout l’aspect conflictuel lié aux installations pour traiter les déchets. Ce sont les recherches en sciences sociales qui commencent à lever le voie sur cet aspect du problème. Conflits à propos de stockage et des décharges municipales Les études qui traitent des conflits à propos des installations de stockage des déchets ou des décharges municipales s’intéressent à des aspects variés. Dans certains cas, il s’agit de la formation de la protestation sociale, dans d’autres du rôle que joue le cadre juridique dans le développement de celle-ci, ou encore de l’aspect transfrontalier des mobilisations et de leurs conséquences. Le rôle du cadre juridique Dans certaines études, l’attention des spécialistes est attirée sur le fait que le non respect de la réglementation environnementale ne constitue pas un élément générateur de situations conflictuelles entre les citoyens et les autorités : dans ce sens, le laxisme provient aussi bien de l’autorité que de la société. D’autres études s’intéressent au contraire au fait que le gouvernement répond favorablement aux manifestations citoyennes même lorsque des transgressions à la réglementation n’ont pas été formellement identifiées. Dans ce sens, Duarte (2003) est frappé par la décision du Semarnap de clôturer une installation de stockage de déchets dangereux opéré par l’entreprise CYTRAR à Hermosillo : « l’autorité environnementale a nié à CYTRAR la rénovation de son autorisation d’opération avant que l’installation de stockage n’ait atteint sa capacité maximale, non pas pour avoir prouvé qu’il existait des dommages ou un manquement de la part de l’entreprise, sinon en réponse aux préoccupations de la citoyenneté ». L’étude observe que la génération d’une 78 certaines quantité de déchets dangereux est inévitable et que la fermeture du complexe peut donner lieu à une disposition inadéquate d’une partie des déchets. Elle montre aussi comment dans ce type de conflits, les aspects techniques et politiques ne sont pas pris en compte avec la même attention car dans le processus de prise de décision sur le centre de stockage, seuls les critères techniques d’évaluation du risque furent pris en compte, laissant de côté la perception que la population pouvait avoir du centre de stockage de déchets. Perspectives centrées sur les acteurs Un cas similaire est analysé depuis une perspective plus centrée sur les acteurs et leurs ressources dans la recherche de Velásquez (2006). Celui-ci observe, dans le cas de l’opposition à l’installation d’un centre de stockage à Hermosillo, la manière dont les acteurs mobilisent des ressources différentes à celles traditionnellement utilisées dans ce type de mouvements. Il s’agit du recours à la législation et au traitement judiciaire du conflit, du rapprochement aux média de communication et à la mobilisation du savoir expert des acteurs comme professionnels du droit. Cette mobilisation du savoir expert (tant du droit que technique) marque pour cet auteur une sorte de transition : il devient évident qu’à ce moment de la dispute, l’intervention de l’Etat se résume à savoir s’il y a respect ou non de la loi, laissant de côté les intérêts des personnes. Dans le même état de Sonora, Pineda et al. (2007) se demandent si les sites proposés pour la gestion des résidus dans trois municipalités respectaient les caractéristiques nécessaires pour l’établissement d’une décharge municipale. Dans le cas de Obregón, les auteurs identifient une situation de conflit qui n’est pas associée à la pollution ou aux nuisances générées par la décharge mais qui est lié au processus de concession pour la construction et l’opération de cette dernière. La décharge municipale étant clôturée en 1999, le conseil municipal cède en 2000 une concession pour la construction et l’opération d’une décharge à l’entreprise Soluciones Técnicas Medioambientales (Tec Med). Mais c’est une autre entreprise, Promotora Ambiental, qui montre sa non-conformité avec la concession à travers un recours administratif qui débouche sur l’annulation du projet le temps que le conflit se résolve. Les auteurs rapportent que dans sa dernière session, le conseil municipal (19972000) résolut de laisser le cas à l’administration suivante, ce qu’elle ne fit pas ; il faut attendre la troisième administration pour que le Conseil municipal (11 novembre 2003) s’occupe de l’affaire en louant un terrain pendant trois ans afin de résoudre provisoirement le problème sans pour autant fournir une solution définitive au centre de stockage (Pineda et al., 2007 :180). Aspects transfrontaliers des conflits La décharge municipale de Tijuana a pour sa part fait l’objet de plusieurs études. Certaines fois, le regard se concentre plus sur les aspects techniques, mais l’acceptabilité de l’installation est aussi un motif d’intérêt. Rentería (2006), par exemple, s’intéresse à l’évaluation des affectations à la santé des populations générées par la proximité de la ville industrielle Nueva Tijuana, où se trouvent le centre de stockage de l’entreprise Metales y Derivados, filiale de New Frontier Trading Corporation et les zones habitées. Selon la Commission pour la coopération environnementale en Amérique du Nord (2002) cette industrie, considérée comme hautement dangereuse à cause de son utilisation du phosphore rouge, s’est aussi dédiée au recyclage des batteries et à l’extraction du plomb pour le fondre et l’envoyer en retour aux Etats-Unis. L’article raconte qu’en 1994 le gouvernement mexicain ferma l’entreprise qui laissa un passif environnemental de près de six mille tonnes de matériel toxique dans un terrain à proximité de la rivière Alamar, affluent du fleuve Tijuana. Dans ce cas, l’auteur (Rentería, 2006 :21) commente que les habitants dénoncèrent les pratiques illégales réalisées par l’entreprise ainsi que les problèmes de santé qui vont d’une simple irritation de la peau à des problèmes gastro-intestinaux jusqu’à 79 des malformations congénitales. Des groupes environnementalistes continuent d’attirer l’attention des autorités pour la restauration du site utilisé par Metales y Derivados. D’autres recherches, comme celles de Velásquez (2007), Sánchez (1990) et de Alfie et Méndez (2000) s’intéressent aux mobilisations sociales de la région frontalière, associées au problème de disposition des déchets, comme dans le cas du projet de centre de stockage des déchets radioactifs de Sierra Blanca, Texas à 32 km de la frontière avec le Mexique. Ces études se concentrent sur l’émergence d’une sorte de coalition des deux côtés de la frontière ainsi que sur le fait que le projet a été annulé en octobre 1998. Dans cette thématique, l’étude de Godínez (1994) présente une série de projets de centre de stockage des déchets dangereux qui furent annulés à cause des manifestations citoyennes binationales au début des années quatre-vingt-dix. Il s’agit de projets planifiés pour la zone frontalière du Texas (Dryden, Spoffard, Fort Hancock y Sierra Blanca) et de la Californie (Ward Valley). L’auteur attire l’attention sur le fait que l’image de l’entreprise qui allait construire le centre de stockage de Dryden était déjà dégradée puisqu’elle avait auparavant construit l’incinérateur de Tijuana et que deux autres de ses projets avaient été annulés en 1993 : un dépôt de déchets domestiques à Xalostitlán, Jalisco et un centre de stockage à Polotitlán, Etat de México. Sur ces cas, Godínez (2003) entreprend une autre analyse mais cette fois sous l’angle de la préoccupation internationale pour la responsabilité dans les cas de pollution transfrontalière. Les questions de droit international sont traitées par d’autres travaux universitaires. L’un d’eux appréhende le cadre légal dans lequel s’effectuent les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux (Quiroz, 2007). Le travail universitaire de Jiménez (1997) quant à lui se focalise sur la question du non respect de l’Accord de la Paz en étudiant le cas de Tierra Blanca. Ugalde (2008 : chapitre 2) tente de montrer comment les négociations du NAFTA et les accords environnementaux signés par le Mexique influencent profondément le cadre juridique des déchets dangereux. Verduzco (1997 ; 2002) de son côté s’intéresse aux mobilisations sociales à propos des déchets, en particulier ceux de l’industrie « maquiladora », implantée dans la zone frontalière. Aspects transnationaux Moins axées sur le phénomène transfrontalier mais toujours ancrées dans des thèmes touchant au transnational, d’autres études évoquent les conflits associés aux installations de stockage du point de vue des relations internationales. Maldonado (2010), comme l’ont fait une décennie auparavant Borja (2000) et Costero (2000), analyse la dimension internationale du conflit entre l’entreprise nord-américaine Metalclad Corporation et le gouvernement mexicain en lien avec le centre de stockage de déchets dangereux localisé dans la municipalité de Guadalcázar à San Luis Potosí. Selon cet auteur (2010 :13) il s’agit « d’un conflit international de caractère commercial en lien avec la question environnementale ». Le cas de Metalclad constitue un précédent très important dans l’étude des mécanismes pour la résolution des conflits impliquant des investissements transnationaux. C’est à ce titre que ce cas a été l’objet d’études detaillées de la part de Bejarano (2003) et d’Azuela (2010) mais cette fois dans l’optique d’appréhender les détails du conflit et les stratégies et comportements des acteurs impliqués. D’autres travaux se sont occupés, non plus du plan international sinon du plan interne en insistant sur les convergences et divergences intergouvernementales. Le travail de Zentalla (2005) s’attache à montre les difficultés implicites dans la tentative de construction d’une décharge dans la zone métropolitaine de Xalapa dans l’état de Veracruz. En se concentrant sur la dynamique des relations municipales, l’étude décrit et questionne les conflits qui 80 surgissent et poussent le site à changer quatre fois de localisation. Dans cette même approche, Ugalde (2002), Vega y Pacheco (2004) réinvestissent le cas de Guadalcázar et Hernández (2000) celui de la zone métropolitaine de Mexico, et étudient les relations entre gouvernements. Ce dernier analyse la définition et la mise en place de la politique des déchets de la municipalité de Tlalnepantla durant la première administration municipale paniste (1997-1999) dont le principal résultat a été l’entrée en fonction de la décharge municipale en avril 1998. Cette recherche, effectuée dans le cadre d’un travail de licence en science politique et administration publique, reconstitue le processus d’approbation et de construction et met en évidence l’opposition du gouvernement de l’état, de certaines organisations de petits ramasseurs de poubelle (« pepenadores ») et d’autres organisations proches du PRI. En ce sens, la recherche privilégie l’élément politique et intergouvernemental du conflit : un gouvernement municipal paniste dans un état éminemment priiste. La thèse de ce travail est que l’alternance politique du gouvernement municipal a favorisé la gestion publique de la disposition des déchets urbains, alors que le gouvernement de l’état n’a pas connu cette alternance. Encore centré sur l’aspect local du conflit, Román (2007), dans le cadre de la licence en sciences politiques et administration publique, étudie le cas de Cuernavaca dans l’état de Morelos, présente et analyse le système de gestion des déchets solides de cette municipalité. Il s’intéresse surtout aux problèmes associés au système de gestion des déchets, à la perception que la population en a et les entraves qu’affronte le gouvernement municipal. Il rapporte qu’à partir de 1989, la disposition finale des déchets municipaux se réalisait dans une décharge clandestine à ciel ouvert dans le village de Tetlama (municipalité de Temixco), mais qu’à cause des nuisances à la santé et à l’environnement que la population impute à la décharge, une contestation surgit en 2006 et exige la fermeture du site. Cette contestation a réussi à stopper la collecte des déchets urbains pendant un mois sans qu’une solution techniquement satisfaisante et socialement acceptable ne soit encore trouvée au moment de la publication de la thèse. Enfin, un autre cas de décharge municipale, celle de Mérida, a été étudiée. Mobilisant l’angle de la gestion urbaine, Cano (1999) s’intéresse aux difficultés rencontrées par le gouvernement municipal de Mérida et à la forme dont elles ont été surmontées pour mettre en marche le projet de décharge. Le travail de Chávez (1999) complète l’analyse de ce cas dans la mesure où, même si sa thèse a été élaborée dans le cadre de la carrière d’ingénierie et privilégie logiquement les aspects techniques, elle présente une description intéressante de la décharge clandestine, décharge qui se convertit en objet de contestation publique quand, après vingt ans de fonctionnement, elle est touchée par l’expansion de la ville. La révision de ces études montre, comme nous l’avons mentionné au début, que les projets pour installer une infrastructure pour le traitement et la disposition des déchets solides urbains et dangereux reflètent des intérêts variés. Il ne s’agit pas de se concentrer exclusivement sur les mécanismes d’organisation et d’ajustement des intérêts divergents ; même si les motivations qui poussent à analyser certains cas sont diverses, il est possible d’observer que pas toutes les initiatives de projets sont conflictuelles ni que tous les conflits se configurent exclusivement entre les promoteurs des projets d’un côté et les habitants des zones proches des installations d’un autre côté. Parfois, les dissensions transcendent cette version simplifiée des conflits et impliquent et confrontent des acteurs provenant de pays différents, appartenant à des pouvoirs publics d’un même pays mais de niveaux de gouvernement différents ou encore opposant des gouvernants en fonction à des gouvernants antérieurs. Le thème des installations de stockage confirmer sa nature à articuler les convergences ou les divergences entre des acteurs dont l’opposition de nombreuses fois précède et transcende les projets concrets ; or, au même temps, les recherches confirment l’intérêt croissant du thème de l’infrastructure pour traiter et disposer des déchets comme exemple des difficultés de l’action publique dans un domaine qui est au même moment technique et profane, étranger et intime à tout citoyen. Les études sur les 81 installations de stockage de déchets et les conflits qu’elles génèrent témoignent des traits et des difficultés de la relation entre Etat et société, entre cette dernière et les règles juridiques qui régulent ces activités. Bibliographie Alfie, Miriam y Luis H. Méndez (2000), “Deterioro ambiental y movimientos sociales en Ciudad Juárez y Matamoros. Similitudes y diferencias, El Cotidiano, vol. 16, núm. 101, pp. 40-54, México D.F., UAM-Azcapotzalco. 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Le cadre juridique mexicain qui règlemente la question des déchets dangereux prévoit bien un tel espace dans la figure de la Consultation publique dans le cadre de la procédure d’Evaluation d’impact ; pourtant, le cas de Zimapán montre les biais et les enjeux liés à l’organisation de ce type de consultation. La confrontation des points de vue et des arguments se déplace vers d’autres forums qui ne se révèlent néanmoins pas totalement efficaces pour contrecarrer la dissension. Celle-ci a, paradoxalement, son origine dans le fait que le premier espace de discussion, à savoir la Consultation publique, n’a pas été suffisamment publicisé par l’autorité responsable ; cette omission constitue le germe d’une dispute qui finit par annuler toute possibilité d’ouverture de l’installation. Après avoir remis en contexte le cas de Zimapán, c'est-à-dire après avoir fait une révision rapide des conflits antérieurs et de la politique fédérale de gestion des déchets dangereux, le texte que nous allons présenter s’organise autour de deux points. Il aborde en premier lieu l’aspect procédural. Il s’agit d’une part de comprendre le déroulement de « l’affaire » : comment l’entreprise obtient les différentes autorisations dont elle besoin pour construire et opérer son usine ? Quelles sont les étapes de ce processus ? D’autre part, cette analyse permet de comprendre en quoi le cas de Zimapán est différent, du point de vue des autorités, d’autres cas de conflit, comme celui par exemple de Guadalcazar. En effet, le respect des procédures et l’obtention de toutes les autorisations est un moyen d’assurer, pour les autorités (surtout fédérales) un arrangement favorable à l’installation de traitement et ainsi d’éviter les problèmes de type intergouvernementaux qui ont surgis à Guadalcazar. Pourtant, ce respect n’empêche finalement pas l’opposition au projet ou le conflit ouvert. Dans second temps, ce sont les composants du conflit qui seront abordés : quelle est la nature de la mobilisation ? Comment s’organise-t-elle ? Quelles sont les arènes qu’elle utilise ? In fine il s’agit de voir comment tant le gouvernement que les opposants utilisent (ou non) le droit, en particulier le régime juridique des déchets dangereux, pour assoire des stratégies en contradiction : d’un côté des autorités gouvernementales qui, depuis le début, soutiennent l’entreprise ; d’un autre côté une opposition bigarrée qui lutte contre l’installation d’une plante de confinement des déchets dangereux. Le déroulement des faits En juillet 2003, la présidente municipale de Zimapán, le ministère du développement économique de l’Etat d’Hidalgo et le représentant légal de l’entreprise Befesa México, signent un accord de collaboration dans le but de développer une stratégie pour faciliter et permettre l’établissement d’une nouvelle plante industrielle de l’entreprise dans la municipalité de Zimapán. Le gouvernement de l’Etat se compromettait à appuyer l’entreprise dans ses démarches pour l’obtention d’autorisations et de certains services. La municipalité 86 de son côté s’engageait à pourvoir un environnement favorable aux activités de l’entreprise et à l’aider dans sa campagne de communication sociale. En juillet 2004, la firme Befesa Sistema de Desarrollo Sustentable S.A. de C.V., filiale du groupe espagnol Abengoa dépose auprès du Ministère de l’Environnement mexicain (Semarnat) une demande « d’autorisation d’impact » pour construire des installations pour le traitement et la décharge finale des déchets classifiés par la Norme mexicaine NOM-052SEMARNAT-1993 (relative aux caractéristiques, identification, types et listes des déchets dangereux).1 Befesa est une firme présente dans vingt pays, spécialisée dans les services environnementaux, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau et du traitement des déchets industriels, dans le recyclage des déchets d’aluminium, d’acier, dans le traitement des déchets industriels et dans le traitement des eaux.2 Quatre mois après le dépôt du projet, le 11 novembre 2004, la firme obtenait les autorisations du gouvernement fédéral pour construire et opérer des installations pour le stockage des déchets dangereux. Par ailleurs, l’autorisation du gouvernement de l’État fédéré Hidalgo (utilisation du sol) avait auparavant été donnée. Les installations se trouvent dans le village nommé Botina, de l’Ejido de Cuauhtémoc dans la municipalité de Zimapán, à 205 kilomètres de la Ville de Mexico. La zone concernée est également proche de la zone protégée, réserve de biosphère Sierra Gorda, siège des communautés indigènes nañhu et otomi, qui est en plus une zone minière exploitée depuis deux siècles. Après le changement en 2004 du plan municipal d’occupation des sols, le gouvernement municipal octroya en décembre 2005 l’autorisation pour la construction d’un centre de recyclage de déchets ménagers dans le terrain loué par l’entreprise à l’Ejido, terrain d’une surface de 133 hectares ; plus tard, en 2007 l’entreprise obtenait l’autorisation pour la décharge des déchets dangereux, capable de recevoir 4 mil tonnes de déchets par jour. En mars 2007, un groupe d’opposants à l’opération des installations s’était constitué. Quelques éléments ont favorisé l’émergence de l’opposition. D’une part, comme dans d’autres cas similaires, les installations ont cristallisé des différends politiques, voire partisans, déjà existants dans la communauté locale : l’un des plus importants leaders de la mobilisation est député au Congrès de l’État fédéré de Mexico (Germán Rufino Contreras) du Parti de la Révolution Démocratique (PRD) tandis que la maire de Zimapán (Rosalía Gómez), qui a octroyé les permis, est issue du Parti Action Nationale (PAN) et que le gouverneur de l’État Hidalgo (Miguel Ángel Osorio) est quant à lui affilié au Parti Révolutionnaire Institutionel (PRI). D’autre part, certains experts commencent à mettre en question l’autorisation d’impact : - d’un point de vue de l’expertise lorsque le géologue qui avait élaboré les études du sous-sol de la construction de la centrale hydroélectrique de Zimapán (Ingénieur González Trejo) prévient que les mesures prises ne garantissent pas que la migration des contaminants vers les nappes phréatiques à proximité des installations est évitée. - d’un point de vue plus procédurier lors de la conduite de l’Étude d’impact qui, n’a inclus aucune consultation publique. Le règlement de la LGEEPA en matière 1 L’entreprise espagnole, créée en 1941 pour fabriquer des compteurs monophasiques, développe aujourd’hui ses activités dans plusieurs domaines. Elle propose des services en matière de transmission et distribution électrique, d’ingénierie hydroélectrique, de la construction d’infrastructure pour l’exploitation d’hydrocarbures, de la construction des installations industrielles (modalité des contrats « clé en mains ») ainsi que dans le domaine de la génération d’énergie éolienne, le traitement des eaux. Au Mexique, ses activités ne se limitent pas non plus au domaine du traitement et de la disposition finale des déchets. 2 La firme Befesa est constituée par l’association des firmes Berzelius Umwelt Service (BUS), et Duro Felguera e Indumetal dédiés à différents domaines de l’industrie propre comme le traitement des eaux. En 2000, lors d’une offre publique d’actions, la firme Abengoa acquit 90 % des actions. 87 d’évaluation d’impact laisse à la discrétion du SEMARNAT l’organisation de la procédure de consultation publique. Dans ce cas, la dépendance fédérale ne le fit pas et se limita à respecter l’exigence légale de publier l’annonce du projet, annonce à partir de laquelle commence une brève période qui laisse peu de temps pour que les intéressés sollicitent le déroulement d’une consultation publique. Le SEMARNAT décide de toute façon de répondre positivement ou non aux sollicitants. En 2010, le nouveau maire de Zimapán annonce l’annulation du permis municipal d’opération de l’entreprise dont les installations étaient achevées ; pourtant de successives réunions entre les différentes parties avaient été organisées d’abord dans les bureaux du Ministère de l’environnement et des ressources naturelles fédéral puis dans ceux du Ministère du gouvernement. L’obtention de tous les permis nécessaires à l’opération de l’entreprise n’aura pas été une condition suffisante pour qu’un projet amplement désiré par le gouvernement, dans ses trois niveaux, et par le secteur industriel, ait une conclusion favorable ; au contraire, ce cas s’ajoute à la liste des cas d’investissement transnationaux qui se convertissent en litiges commerciaux internationaux. Le conflit et les ressorts de « l’affaire Zimapán » Si lors des premières manifestations de l’opposition à la décharge, l’univers des mobilisés se circonscrit aux riverains et à quelques personnes venant d’autres zones, cette composition du groupe change progressivement ; d’abord avec la création de groupes plus ou moins formalisés comme le mouvement Todos somos Zimapán et ensuite, avec l’expansion de la mobilisation notamment lorsqu’ Andrés Manuel López Obrador (dit AMLO) –candidat à la Présidence de la République dont la défaite a été énormément controversée en 2006- et ses proches s’y impliquent. La transformation de l’opposition ne concerne pas seulement les agents mobilisés mais aussi la nature de la mobilisation qui atteint par moment une certaine exacerbation. En effet, les opposants ont recours à des modes traditionnels de mobilisation tels que les manifestations, dont l’une d’entre elles (décembre 2007) donne lieu à une répression de la police locale, ce qui publicise et radicalise en même temps le conflit. Ces évènements ont des traductions concrètes dans le champ juridique : les opposants portent plainte contre la police locale et saisissent la Commission nationale des droits de l’homme en 2009. La conséquence la plus directe est la victoire aux élections municipales du leader du groupement Todos somos Zimapán, qui finit en 2010 par revenir sur l’autorisation qui avait été accordée à l’entreprise par l’un de ses prédécesseurs. La mobilisation de voisinage de type NYMBY s’est donc convertie en mobilisation politique, victorieuse puisqu’elle gagne les élections. L’entreprise Befesa, entre temps, décide de recourir à un mécanisme d’arbitrage international afin de régler le différend entre elle, en tant qu’investisseur, et le Mexique en tant qu’État d’accueil. L’argument mobilisé consiste à dire que malgré que l’entreprise a rempli toutes les exigences de la législation mexicaine, le Mexique n’a pas été capable de garantir, face aux contestations, le début des opérations de la décharge des déchets dangereux. L’analyse du conflit permet finalement de mettre en présence les stratégies différenciés des acteurs. Très clairement, les autorités fédérales ont soutenu les projets de l’entreprise en utilisant pour cela deux instruments qu’elles avaient à leur disposition : d’une part la concertation en amont afin d’obtenir une garantie qu’il n’y aurait pas de conflit entre les différents niveaux de gouvernement ; d’autre part l’instrument juridique qui consiste essentiellement dans le respect d’une procédure qui abouti à l’obtention d’autorisations. La stratégie de l’entreprise est plus difficilement saisissable dans la mesure où elle reste très peu transparente quant au cas Zimapán. En revanche, on peut déduire qu’elle a appris d’autres cas similaires dans la mesure où elle a rapidement compris qu’elle devait recourir à un arbitrage international si elle voulait récupérer un investissement qui semble, dès 2009, 88 en péril (l’installation de confinement est construite mais l’opération reste incertaine). Enfin, l’opposition, si elle semble désarticulée à un certain moment, aboutit en un mouvement politique qui gagne les élections. Elle utilise pour cela des recours variés et elle aussi mobilise les instruments juridiques qui sont à sa disposition : malheureusement (ou heureusement) aucun ne correspond à un instrument juridique issu de la législation environnementale. Le seul véritable moment où aurait pu s’exprimer une opposition, avant qu’elle ne prenne les proportions qu’elle a prises par la suite, correspondait au moment de la Consultation publique. Or cette dernière n’a pas été sollicitée opportunément. Quelles leçons tirer du cas Zimapán ? D’abord, le respect des procédures d’autorisation n’empêche pas le surgissement du conflit. Dans ce cas, elles peuvent même être à l’origine de l’acrimonie qui existent entre autorités et opposition : la non organisation d’une Consultation publique radicalise les positions. D’un côté, il s’agit de la démonstration de la faiblesse des autorités qui, tout en respectant la loi à la lettre (le ministère de l’environnement fait l’annonce de la Consultation, dans les délais impartis par la loi, à la suite de l’évaluation d’impact environnemental), ont peur de provoquer le conflit par la confrontation aux opposants dans des espaces formalisés. Le titulaire de la direction générale de la gestion intégrale des matériaux et activités dangereux du SEMARNAT reconnaît qu’il est dommageable que le cadre légal n’oblige pas l’autorité fédérale à organiser de son propre chef la procédure de Consultation publique dans le cas de projets de l’envergure de celui de Zimapán. Cela laisse le champ ouvert à l’opposition pour accuser les autorités d’éviter sciemment la confrontation : comme l’affirme le leader à l’époque du mouvement d’opposition « Todos somos Zimapán » (président municipal actuel qui annule l’autorisation municipale), pour rendre possible la connaissance et le dialogue au sujet du projet dans le cadre d’une consultation publique il aurait été nécessaire que les habitants dans toutes les localités du pays fussent attentifs à la page internet du SEMARNAT pour savoir à quel moment quelqu’un décide de construire des installations pour le confinement des déchets dangereux dans leur quartier. Enfin, le cas Zimapán met en évidence des effets d’apprentissage. En effet, à presque vingt ans du cas Guadalcazar, les autorités ont internalisé certains comportements qui permettent de ne pas reproduire les échecs passés. Le cas de Guadalcazar a montré l’importance que chaque niveau de gouvernement avait dans la décision d’installer ce genre de plante de traitement et de confinement. Si l’un des niveaux de gouvernement s’oppose à délivrer les autorisations qui lui correspondent, toutes les autres autorisations, même celles qui relèvent du niveau fédéral, deviennent inutiles. Afin d’éviter ce cas de figure, le gouvernement fédéral et l’entreprise privilégient la concertation avec les deux autres niveaux de gouvernement afin que chacun se compromette à accorder les autorisations nécessaires. D’une certaine manière, la coordination intergouvernementale qui faisait cruellement défaut dans le cas de Guadalcazar, semble être surmonté au début du processus à Zimapán. Pourtant, là encore, le conflit se déclenche, en partie à cause du fait que l’espace juridique réservé à l’expression des désaccords mais aussi à l’argumentation techniquement et scientifiquement soutenue n’a pas été mobilisé comme il le fallait. De ce point de vue, le gouvernement n’a pas appris des expériences passées ni des expériences menées dans d’autres pays en vue de nuancer ce type de conflit. Il reste timoré à mettre en présence des parties dont il sait pertinemment qu’elles sont en opposition. Cette attitude de méfiance provoque la radicalisation d’une opposition qui se mobilise en utilisant les instruments les plus traditionnels au Mexique (manifestation, appel à des réseaux d’organisations qui n’ont parfois aucun rapport avec le cas en conflit mais qui ont un modus operandi qui en font des incontournables dans toute opposition digne de ce nom), sous-utilisant les instruments juridiques qu’elle pourrait mettre à profit. 89 La gestión de la crisis asociada a la operación de instalaciones para residuos peligrosos en Zimapán, Hidalgo Vicente Ugalde El caso de las instalaciones para el tratamiento y confinamiento de residuos peligrosos denominado proyecto “sistemas de desarrollo sustentable” construidas en el territorio del municipio de Zimapán en el estado de Hidalgo, entre 2004 y 2007, constituye un episodio más de una serie de fallidas tentativas por proveer al sector industrial de infraestructura para el tratamiento ambientalmente adecuado de este tipo de residuos. Aunque se trata un intento similar a otros suscitados años atrás, en el caso de esta tentativa, como se verá más adelante, los promotores del proyecto habrían obtenido con oportunidad todas las autorizaciones necesarias que sin embargo, no serían suficientes para allanar un camino plagado por los obstáculos planteados por un momento de contestación tardío pero beligerante y a la postre eficaz. El confinamiento de Zimapán en el contexto de la política de residuos peligrosos El actual gobierno reconocía en 2009 que no se tenían datos confiables sobre la cantidad de residuos peligrosos generada en el país (Semarnat, 2009:26).1 En el Programa Nacional para la Gestión y Manejo Integral de Residuos (PNGMIR en adelante) se mencionaba que a partir de los manifiestos e informes que las empresas que se inscribían como generadoras de este tipo de residuos, se estimaba una generación anual de 9.1 millones de toneladas de residuos peligrosos. Sin ser del todo resuelta, la cuestión de la cantidad generada de residuos ha sido progresivamente objeto de un esfuerzo gubernamental importante. Usando un modelo de estimaciones canadiense y asumiendo que las industrias mexicanas de sectores similares generarían volúmenes semejantes a los de la industria de ese país, en 1994 se había calculado que en México se generaban alrededor de 8 millones de toneladas anuales de residuos peligrosos. Otra estimación, realizada entre 1989 y 1996 a partir de los manifiestos de generación de 3000 empresas, determinó que en 1996 se habían generado 2,074,287 toneladas de residuos peligrosos. A partir de 2000 se ha revisado, depurado y sistematizado la información de los manifiestos, lo que ha permitido a la Secretaría del Medio Ambiente y Recursos Naturales (en adelante Semarnat) agrupar los residuos de acuerdo a sus características pero también en función del sector y subsector industrial del generador o bien de su localización. Ello permitió calcular para el año 2000 que de las más de 27,000 empresas generadoras de este tipo de residuos produjeron en ese año 3,705, 846 toneladas. 2 1 El Programa fue publicado en el Diario Oficial de la Federación (en adelante DOF) del 2 de octubre de 2009. 2 Según el Instituto Nacional de Geografía, Estadística e Informática existían en México en 1999 poco más de 342 mil establecimientos industriales manufactureras de las que el 99% son industrias medianas, pequeños o micro. Ello hace suponer a la Semarnat que el volumen de residuos no manifestado no es superior al manifestado por los generadores. 90 Recientemente la Semarnat ha elaborado un Inventario Nacional de Generación de Residuos Peligrosos (INGRP) que comprende el periodo 2004 - 2009. Para la elaboración de este inventario se tomaron en cuenta las modificaciones legales con las que tiempo antes se buscó atenuar algunas de las ambigüedades asociadas a la definición de los residuos peligrosos y entonces a la tarea de qué reportar en esos manifiestos. Entre esos cambios, se encuentra la reforma a la Ley, su reglamento, así como la sustitución de la norma oficial mexicana NOM-052-SEMARNAT-1993 por la NOM-052-SEMARNAT-2005 (Semarnat, 2010).1 Entre otras consecuencias, esas reformas significaron que residuos antes considerados como peligrosos pasaron a ser residuos de manejo especial –tales como los lodos de plantas de tratamiento de aguas sanitarias, las escorias y polvillos de aluminio, cobre, níquel y zinc de las actividades de fundición primaria y secundaria, así como los recortes y lodos de perforación- y en consecuencia, se redujo el nivel nacional de generación (Semarnat, 2010:10). En fin, la Semarnat refiera que para dicho inventario se echó mano de una metodología más cuidadosa y rigurosa que en las estimaciones anteriores,2 lo que le permitirá estimar con mayor precisión la relación entre la capacidad instalada para tratar los residuos peligroso que se generan en el país. En todo caso, la introducción de los criterios de clasificación derivados del ley de residuos de 2003 pero sobre todo de la norma NOM-052-SEMARNAT-2005 dieron como resultado que, como se aprecia en el Cuadro 1 a partir de 2006 se calculara una generación de residuos menor a la de años anteriores. Junto a la determinación de la cantidad de residuos generada, el tema de la capacidad para el procesamiento de esos residuos es central en la política nacional de residuos peligrosos. El Programa señala que en los años recientes el gobierno otorgó autorizaciones para el manejo de estos residuos de tal suerte que para 2007 se había logrado una capacidad instalada para tratar 13,8 millones de toneladas, una cantidad superior a las 9,096 millones de toneladas generadas para ese año. Solo en el área de reciclaje, para ese año se encontraban autorizadas más de 200 empresas. Este superávit en cuanto a la capacidad de tratamiento con respecto a la cantidad generada de residuos solo es sin embargo aparente pues en lo concerniente a la disposición final, la capacidad instalada era y es insuficiente. El Programa señala que en 2009 operaban tres confinamientos para disposición final de residuos peligrosos, uno de ellos establecido en una instalación privada, de tal manera que no prestaba el servicio a terceros, y dos más que prestaban servicio, localizadas una en el estado de Nuevo León y la otra en el estado de Coahuila. Más adelante el Programa menciona que en el periodo 2003 a 2006 se habían autorizado seis proyectos para confinamiento de residuos peligrosos y agrega que uno de ellos “está en la fase final de construcción en el estado de Hidalgo […] es probable que en el futuro próximo se operen nuevas instalaciones de confinamientos controlados” (Semarnat, 2009:31). El Programa se refiere al confinamiento de Zimapán que se encontraba prácticamente concluido pero que, como veremos, no entraría en operaciones, en ese futuro próximo al que se refería ese documento. 1 Publicada en el Diario Oficial de la Federación (en adelante DOF), el 23 de junio del 2006. Esta metodología comprende varias etapas: i) De conformación del padrón de generadores a partir del trámite de registro y del trámite de auto-categorización de residuos; ii) De revisión y depuración a nivel de los datos manifestados en ambos trámites en el Sistema Nacional de Trámites (SINAT) de la SEMARNAT; iii) De determinación en diez corrientes genéricas de residuos peligrosos (aceites usados, breas, biológico infecciosos, escorias, líquidos de proceso, Iodos, sólidos, solventes, sustancias corrosivas y otros); iv) De identificación de jales mineros reportados como residuos peligrosos; v) De validación de los datos declarados por los generadores para identificar y corregir inconsistencias en cuanto a cantidades y unidad de medida usada; vi) De integración de la base de datos (Semarnat, 2010:15). 2 91 Cuadro 1. Capacidad para tratamiento de Residuos Peligrosos respecto al volumen de generación, 2001-2007 Concepto / Año 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 841 873 970 1,025 1,090 1,173 1,228 Capacidad instalada de procesamiento (miles de toneladas) 5,739 6,711 8,470 10,262 11,440 13,356 13,880 Volumen generado (miles de toneladas)* 8,000 8,000 8,000 1,054 20,925 7,980 9,096 Porcentaje de capacidad de procesamiento respecto a lo generado 72 84 106 974 391 167 153 Infraestructura instalada (plantas autorizadas) *El cambio en la estimación de generación en 2004 se debe a que se comenzó a calcular con base en los avisos de generación de las empresas. Fuente: Semarnat (2009) El caso de Zimapán no constituye desafortunadamente un ejemplo aislado de tentativas infructuosas para poner en operación instalaciones para el tratamiento y disposición final de residuos peligrosos. Otros intentos para construir y poner en marcha este tipo de instalaciones han encontrado, luego de diversos episodios de acuerdo y desacuerdo e incluso conflicto, desenlaces parecidos. Los casos de Guadalcázar, Hermosillo, y Chapontongo son tan solo algunas de esas experiencias que si bien, anteceden al proyecto de Zimapán, parecen, como se verá, no haber constituido un elemento de aprendizaje en la conducción y desahogo de este tipo de proyectos socialmente conflictivos. Una breve referencia a estos casos, así como al de Ramos Arizpe y del municipio del Higo en Veracruz facilitará la lectura del conflicto de Zimapán. En el caso de Guadalcázar, en el estado de San Luis Potosí, la empresa estadounidense Metalclad adquirió en 1994 los permisos y un predio para construir las instalaciones de un confinamiento de residuos peligrosos.1 Prácticamente concluidas sin la autorización municipal correspondiente, las instalaciones comenzaron a operar dando lugar a una considerable contestación por parte de habitantes del municipio. Esta contestación no fue sin embargo totalmente ajena a la intervención del gobierno del estado ni del gobierno municipal. Electo en 1993, el gobierno del estado pronto se alineó al bando opositor al confinamiento favoreciendo una controversia que adquirió dimensiones considerables en los medios y en la opinión pública. En septiembre de ese año, la contestación alcanzó tal dimensión que la empresa Metalclad decidió someterse a una auditoría ambiental y a adoptar las consecuentes medidas para la rehabilitación del sitio en el que se habían 1 Sobre este caso véase Azuela (2006) así como Ugalde (2002). 92 depositado 20,000 toneladas de residuos peligrosos. Un convenio entre la empresa, la Profepa y la Semarnat para garantizar la ejecución de dichas medidas desencadenó una confrontación que derivó en la cancelación de las operaciones del confinamiento, de la rehabilitación del sitio pero al mismo tiempo condujo a la empresa a interponer una acusación contra el gobierno mexicano en el marco del capítulo 11 del TLCAN, procedimiento al cabo del cual un panel arbitral condenó al gobierno de México a pagar más de dieciséis millones de dólares a la empresa. Prácticamente en el mismo periodo se dio el caso de Hermosillo Sonora. Luego de un fallido intento para la operación de un confinamiento de residuos peligrosos a cargo de la empresa Técnicas Medio Ambientales (Tecmed), entre 1996 y noviembre de 1998 se constituyó un pasivo ambiental. Bastó ese periodo para que fueran confinados varios tipos de residuos generando un pasivo ambiental además de un costo económico considerables pues luego de ser clausurado, la empresa demandó en 2003 al gobierno de México mediante la constitución de un Panel de acuerdo al Tratado Marco entre México y Europa en materia de inversión y éste condenó al Estado mexicano a pagar una indemnización de 7.5 millones de dólares. El gobierno no únicamente tuve que cubrir el pago asociado a ese fallo sino que debió ocuparse de la rehabilitación del sitio que inició a penas en 2005.1 Otras tentativas recientes no por ello exentas de problemas, son los proyectos localizados en Chapontongo, Hidalgo2 y en La Choya, en Sonora, con capacidad instalada para 45 mil toneladas al año.3 Finalmente, es interesante señalar no solo la fragilidad que presenta la política de gestión de residuos peligrosos en cuanto a la contestación a la que se enfrentan los proyectos, luego que las instalaciones se encuentran en proceso de construcción y en el inicio de sus operaciones, sino que dicha fragilidad perdura en todo momento de su operación como lo revela lo ocurrido en el municipio de Ramos Arizpe. En esta ciudad actualmente opera una instalación para tratamiento y disposición final de residuos peligrosos operado por la empresa Tecnología Ambiental Especializada. Autorizado para recibir en total 2.7 millones de metros cúbicos de desechos y tiene una capacidad anual de recepción de 24 mil 100 toneladas, este confinamiento inició operaciones en abril de 2007 para funcionar tan solo durante siete meses. El lunes 17 de diciembre ocurrió un incendio en el confinamiento ubicado en la localidad El Sacrificio, en ese municipio ante lo cual, la Procuraduría Federal de Protección al Ambiente (Profepa) lo clausuró de manera temporal y presentó una denuncia de hechos. De acuerdo a la Semarnat (2009) el confinamiento opera actualmente, sin embargo la prensa regional reporta que está por definirse la clausura definitiva del confinamiento.4 El contexto en el que se desarrolla en proceso de autorización, construcción y cancelación del proyecto de un centro para el tratamiento y disposición de residuos peligrosos en Zimapán está como se puede apreciar marcado por una suerte de estrés pues por un lado se presenta la necesidad objetiva de acrecentar este tipo de infraestructura pero 1 Sobre este caso puede consultarse Velásquez (2006). Una descripción del conflicto suscitado en el municipio hidalguense de Chapontongo se encuentra en Vargas (2005). 3 Sobre el caso de la Choya puede consultarse el trabajo de Scheinfeld (1999). 4 Minuta de la sesión del 8 de julio de 2008 del Congreso del Estado de Coahuila en la que se propuso, votó y aprobó un Punto de Acuerdo solicitando a las Delegaciones de la Profepa y Semarnat en ese Estado que informen a ese órgano sobre la reapertura del Centro Integral para el Manejo, Tratamiento, Aprovechamiento y Disposición final de Residuos Industriales y Peligrosos (CIMARI), ubicado en la ciudad de Ramos Arizpe, Coahuila. Véase igualmente Diario Vanguardia, 15 de noviembre del 2010. 2 93 al mismo tiempo las experiencias similares sugieren que la aceptación de las instalaciones de este orden de instalaciones suele ser de gran fragilidad. El proyecto de confinamiento en Zimapán La empresa española en México Befesa a través de la sociedad Sistemas de Desarrollo Sustentable S.A. de C.V. lanzó un proyecto para construir y operar un Confinamiento de residuos peligrosos. De acuerdo al proyecto el Confinamiento se realizaría en una superficie de 133 localizadas en el Ejido Cuauhtémoc, a una distancia de 2 kilómetros del Río Moctezuma, 4 kilómetros de la Presa Hidroeléctrica Fernando Hiriart y a 6 kilómetros de la cabecera del municipio de Zimapán, a y a 205 kilómetros de la Ciudad de México. El municipio de Zimapán es colindante con la Reserva de la Biósfera de la Sierra Gorda.1 El proyecto consistía en la construcción y operación de un centro en el que se llevaría a cabo el tratamiento, estabilización y confinamiento a residuos clasificados de acuerdo a la Norma Oficial Mexicana NOM-052-SEMARNAT-1993. Estaría a cargo, por la sociedad Sistemas de Desarrollo Sustentable, S.A. DE C.V., firma que pertenece al grupo Abengoa. Este grupo cuenta con las más de 50 instalaciones medioambientales que operan en España, Reino Unido, Portugal, Rusia, Ucrania, Brasil, Argentina y Perú que prestan servicios medioambientales, especialmente al reciclaje y a la gestión de residuos industriales, así como a la ingeniería ambiental. De acuerdo a la propia empresa,2 el grupo Abbengoa cuenta con proyectos similares al de Zimapán en España, Argentina y Perú. En el caso específico del proyecto de Zimapán la planta realizaría operaciones de estabilizacióninertización de los residuos peligrosos así como un confinamiento controlado para disposición final de residuos peligrosos. Asimismo, como la empresa lo expresa en la Manifestación de Impacto, otros tipos de tratamiento y reciclaje de residuos peligrosos serían agregados al proyecto. Celda impermeabilizada de instalaciones de Zimapán, Hidalgo (Foto de Vicente Ugalde) La población del municipio de Zimapán es de 37435 habitantes, distribuida en 160 localidades y un alto nivel de marginación. A pesar de la existencia del paso del Río Tolimán 1 Un Decreto publicado en el Diario Oficial de la Federación del 19 de mayo de 1997. Como se puede apreciar en el documento “Manifestación de Impacto Ambiental del proyecto Sistemas de Desarrollo Sustentable”. 2 94 y del río Moctezuma se trata de una zona árida en la cual la producción agrícola y ganadera son marginales, siendo la actividad económica predominante la minería. Operan tres empresas en el municipio que extraen principalmente plomo, plata y zinc de las minas El Monte, Carrizal y Tres Arcángeles y generan alrededor de 500 empleos directos.1 Procedimiento de autorización de las instalaciones Elemento clave para la construcción y puesta en operación de este tipo de instalaciones, la obtención de las autorizaciones de las diferentes autoridades constituye una condición indispensable para apegarse a lo previsto por el marco jurídico en vigor. La obtención de dichas autorizaciones no lleva sin embargo aparejada un mecanismo suficiente para armonizar en la ciudadanía un sentimiento de aceptación hacia el proyecto. La evaluación de impacto El 19 de julio de 2004 la empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable S.A. de C.V presentó en la Dirección General de Impacto y Riesgo Ambiental (en adelante DGIRA) de la Semarnat una Manifestación de Impacto Ambiental en modalidad Regional así como un Estudio de Riesgo nivel III, modalidad de análisis detallado de riesgo relativo al proyecto denominado “Sistemas de Desarrollo Sustentable” programado a desarrollarse en el Ejido Cuauhtémoc, municipio de Zimapán en el Estado de Hidalgo. El 11 de noviembre la DGIRA determinó, luego de examinar la solicitud que el proyecto era “ambientalmente viable” y resolvió otorgar la Autorización de impacto ambiental a la empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable S.A. de C.V. de manera “condicionada” con una vigencia de 50 años (con posibilidad de ampliación). De la resolución de la Evaluación de Impacto puede desprenderse que además de las opiniones expertas que solicitó la SDMIRA y de la visita de campo, se realizó al menos una reunión para evaluar la solicitud el 6 de septiembre de ese año. Esta consulta de opiniones técnicas se desarrolló, como veremos más adelante, limitándose a un expertise, por decirlo así, interno, es decir de técnicos que se desempeñan en la propia Semarnat y sin hacer uso de las posibilidades de consulta y escrutinio implícitas en el proceso de consulta pública que prevé el marco legal. 1 Plan municipal de desarrollo 2006-2009 del Municipio de Zimapán. 95 Centro de tratamiento y disposición de residuos peligrosos. Zimapán, Hidalgo (Foto de Vicente Ugalde) Consulta Pública De acuerdo con el procedimiento previsto por la ley, el 29 de julio se notificó el inicio del procedimiento de evaluación de impacto al gobierno del estado de Hidalgo y al ayuntamiento de Zimapán con el propósito de que éstos manifestaran lo que a sus intereses conviniera y para ellos se les concedió un plazo de 15 días en el entendido de que si no lo hicieran, se entendería que no tenían objeciones al proyecto.1 La Ley general del equilibrio ecológico y protección al ambiente (en adelante LGEEPA) y el reglamento en materia de evaluación de impacto ambiental prevén que la Secretaría publique las solicitudes de autorización de impacto. En realidad, lo que es publicado es una lista de las solicitudes de autorización recibidas semanalmente, y en la que se incluye datos generales como: el promovente, la fecha de presentación de la solicitud, el nombre del proyecto, su localización y el tipo de solicitud en cuestión.2 Con dicha publicación se abre igualmente el periodo en el cuál los ciudadanos u organizaciones pueden solicitar la realización de una Consulta Pública. En este caso fue el 22 de julio que fue publicada en la 1 El procedimiento de evaluación de impacto está previsto por la LGEEPA, por su reglamento en materia de impacto pero por otro lado, la Ley federal del procedimiento administrativo se aplica de forma supletoria. Es esta última la que prevé que si en el plazo concedido para expresar objeciones, esto no se hace, entonces se entiende que no las hay (artículo 53). 2 Las solicitudes pueden ser de evaluación de impacto ambiental en modalidad de regional, que fue el caso del proyecto de Zimapán, o bien en modalidad de especial. También puede tratarse de una solicitud de Informe preventivo. 96 Gaceta ambiental y el portal electrónico de la Semarnat información relativa al proyecto. Este publicación, tiene algunas consecuencias que, como veremos en este caso, son de relevancia. Asimismo de acuerdo a lo que prevé la LGEEPA, el 30 de julio se integró el expediente del proyecto y se puso a disposición del público en las oficinas de la DGIRA (en Avenida Revolución al sur de la Ciudad de México), dando con ello inicio al periodo para la consulta pública. De acuerdo al reglamento cualquier persona puede consultar el expediente. Por otro lado, es posible que el promovente solicite al momento de ingresar su solicitud que alguna de la información incluida en el expediente sea puesta en reserva, cuando su publicidad afectara derechos de propiedad industrial y la confidencialidad de datos comerciales, casos en que deberá identificarlos . De acuerdo con el reglamento el procedimiento de consulta pública es provocado cuando alguna persona lo solicita, dicha solicitud tiene un plazo de 10 días a partir de la publicación de los listados. En el caso del proyecto de Zimapán, el 22 de septiembre Marco Antonio Moreno, presidente de la Sociedad Ecologista Hidalguense, A.C. presentó un escrito solicitando una Consulta Pública sobre este proyecto. Dos días más tarde la DGIRA respondió que el plazo para dicha solicitud había pasado (se entiende que dicho plazo había corrido a partir del día hábil siguiente al 22 de julio) y que por lo tanto no procedía dicha solicitud. El marco legal del proceso de EIA prevé que luego de la solicitud de que se abra el proceso de Consulta Pública, la Semarnat debe notificar al solicitante su decisión de abrir o no este proceso. En el caso de que la Consulta Pública se abra debe observar una serie de disposiciones: notificar al promovente para que publique (en hasta cinco días contados a partir de que surta efectos la notificación) un extracto de la obra o actividad en un periódico de circulación en la entidad federativa donde se pretenda llevar a cabo el proyecto pues en caso de no hacerlo, se concluye el plazo para concluir el procedimiento. Dicho extracto debe contener el nombre de la persona física o moral responsable del proyecto, una descripción de la obra o actividad, su ubicación, haciendo referencia a los ecosistemas existentes y su condición al momento de realizar el estudio, e indicar los principales efectos ambientales que puede generar la obra o actividad y las medidas de mitigación y reparación previstas. Otras autorizaciones Además de la Autorización de impacto ambiental, la empresa requería una Autorización para la construcción y operación del confinamiento, así como la Autorización para el manejo y tratamiento de residuos peligrosos que a su vez es condición para que la Autorización de Impacto sea legalmente válida. Ambas autorizaciones otorgadas por la Semarnat. Asimismo se requería de ese nivel de gobierno la autorización de Cambio de uso de suelo forestal. De hecho, en cuanto a la autorización forestal, la resolución de la EIA establecía que si dicha autorización no se obtenía en un plazo de 10 días, la empresa promovente se haría acreedora a las sanciones previstas por la LGEEPA.1 Otras autorizaciones correspondía al gobierno estatal así como al gobierno municipal. Con relación a esto, el reglamento expresa claramente que el hecho de que la autoridad federal (Semarnat) resuelva favorablemente la evaluación de impacto ambiental, ello no obliga ni al gobierno estatal y al ayuntamiento para que éstos expidan las autorizaciones que les correspondan en el ámbito de sus respectivas competencias (art. 25). A ello hace 1 El permiso de cambio de uso de suelo no era para todo el predio cuya superficie es de 1,329,450.54 m2. En el predio unas de las áreas que sería destinada a la construcción de plantas de tratamiento habían sido utilizadas con anterioridad por un campamento de la Comisión Federal de Electricidad. En esa parte las características del terreno ya alterado por esa intervención, hacían que la alteración asociada el proyecto no fuera mayor. 97 referencia el resolutivo número siete de la resolución de Evaluación de Impacto Ambiental que se notificó a la empresa el 22 de noviembre de 2004. En todo caso, con fecha 16 de diciembre de 2005, durante la administración de la Presidenta Municipal Rosalía Gómez (del Partido Acción Nacional, en adelante PAN) (2003-2005), se otorgó la Licencia municipal de Construcción de la Planta de tratamiento y confinamiento controlado de Residuos Industriales. Más adelante, durante la Administración de Eusebio Aguilar (del Partido Revolucionario Institucional, PRI) (2006-2009) que a solicitud de la empresa el Presidente Municipal y sin haberlo sometido a consulta con el Cabildo, otorgó una Prorroga de dicha licencia con el argumento según el cual por motivo de caso fortuito y fuerza mayor, la empresa no había podido realizar las actividades amparadas por dicho permiso por lo que tenía necesidad de reponer algunos días.1 El mismo Alcalde Aguilar otorgó el 6 de octubre de 2008 a la empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable, S.A. de C.V., a la autorización para operar una planta para el tratamiento y confinamiento controlado de residuos peligrosos, así como las instalaciones auxiliares que se requirieran para tal obra.2 Luego de haber sido concedida esa prorroga y de haber sido concluida la construcción de las instalaciones, José María Lozano, ya como Presidente Municipal de Zimapán, anunciaría y llevaría a cabo la anulación de la autorización municipal. Como se verá más adelante, la posesión de los permisos para la construcción y operación del centro para el tratamiento y disposición final de residuos peligrosos no impedirían la emergencia de un conflicto social ni la cancelación de un millonario proyecto de infraestructura. La movilización del expertise (opiniones técnicas) El saber técnico especializado interviene en varios momentos en las tomas de decisión. Se trata de tomas de decisión sucesivas en las que por canales diversos se llama a expertos para informar dichas decisiones. El procedimiento de Evaluación de Impacto Ambiental (en adelante EIA) previsto por el reglamento establece que la Secretaría puede solicitar durante el procedimiento de Evaluación de Impacto opiniones técnicas de otras dependencias del gobierno federal. Para el caso, se solicitó de las siguientes dependencias su opinión experta respecto a la MIA presentada para el proyecto de Zimapán: i) A la Dirección General de Gestión Integral de Materiales y Actividades Riesgosas, ii) a la Dirección de Gestión Forestal y de Suelos, iii) a la Dirección General de Vida Silvestre, iv) a la Dirección General de Gestión de la Calidad del Aire y Registro de Emisiones y Transferencia de contaminantes y; v) a la Comisión Nacional del Agua (todas ellas dependencias de la propia Semarnat). Entre el 20 de septiembre y el 29 de octubre de ese año cuatro de las cinco dependencias mencionadas (excepto la de Gestión Forestal y de Suelos) enviaron sus opiniones técnicas. Asimismo a inicio de septiembre, la DGIRA realizó con personal de la Dirección de Vida Silvestre una visita de campo a predio del proyecto. El precepto que da fundamento a la consulta técnica prevé asimismo la posibilidad para que la Semarnat consulte grupos de expertos en los casos en los que, debido a la complejidad o especialidad de las circunstancias de ejecución y desarrollo de algún proyecto, estime que esos peritajes aporten mejores elementos para resolver el procedimiento de evaluación de impacto. En tal caso, debe hacer del conocimiento a la empresa promovente las opiniones con el fin de que ésta manifieste lo que a su derecho convenga (art. 24). La movilización del expertise para la toma de decisiones interviene, como se mencionó, en varios momentos. No únicamente al inicio del proceso de EIA, en la resolución de la EIA se menciona que la empresa debía presentar a la DGIRA una propuesta de seguro y que para determinar los montos por los que versaría dicha garantía, se recurriría a un estudio 1 Oficio PMZ/OPM/128/28/04/2008 del Presidente Municipal Eusebio Aguilar al Ingeniero José María Lozano representante del Movimiento Todos Somos Zimapán. 2 Proposición de Punto de Acuerdo respecto a la anulación de permiso a la Empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable, en Gaceta del Senado de la República nº 5 del 2 de junio de 2010. 98 técnico económico detallado y sustentado en el que fueran desglosados los conceptos, costos y la temporalidad de su aplicación para asegurar las medidas de prevención, compensación y mitigación señaladas tanto en esa propia resolución como en la correspondiente al Estudio de Riesgo. Especialistas del Instituto Politécnico Nacional advirtieron en algún momento que el proyecto del confinamiento era “un peligro” y que no era viable debido a la presencia de actividad geológica asociada a una falla subterránea y a que se localiza en el mismo eje volcánico que cruza el estado de Michoacán en el que se han registrado movimientos telúrico por lo que existe un riesgo de sismo.1 En todo caso, el movimiento de contestación al proyecto refiere diferentes opiniones técnicas de conocidas instituciones académicas para apoyar sus posiciones. El movimiento Todos somos Zimapán, ahora convertido en gobierno municipal refiere que en 1992 el Centro de Salud de Zimapán identificó la presencia de arsénico en la sangre de algunos menores; asimismo que estudios desarrollados durante más de 15 años por personal del Instituto de Geofísica de la Universidad Nacional autónoma de México concluyeron sobre la presencia de ese material en agua subterránea utilizada para el consumo pero que la contaminación de la misma era natural debido a la mineralización del área, es decir a causas no imputables a alguna actividad humana. La alta presencia de ese material ha sido igualmente señalada por estudios realizados tanto por el Instituto Mexicano de Tecnología del Agua, la Comisión Nacional del Agua así como por el Centro de Investigaciones Químicas de la Universidad Autónoma del Estado de Hidalgo,2 como por personal de la Universidad Autónoma Metropolitana de la Unidad Iztapalapa.3 Por otra parte, literatura especializada había asimismo dado cuenta de esa contaminación,4 refiriéndose principalmente a las propiedades del suelo en esa región y solo de forma indirecta asociando esta situación a la actividad minera. De acuerdo al informe de Emisiones y Transferencias de contaminantes publicado para el año 2005, por la Comisión para la Cooperación Ambiental de América del Norte, una de las dos instalaciones de minería metálica que junto con dos centrales eléctricas aportaron más de 92% del total de emisiones registradas por las plantas en 2005 en México fue la de la Compañía Minera Nuevo Monte del grupo Peñoles, localizada en Zimapán, que emitió cerca de seis millones de kilogramos de contaminantes entre los que destaca el arsénico y sus compuestos.5 En todo caso, el concurso de estos elementos con la forma en cómo se dio la interactuación entre los promotores tanto empresariales como gubernamentales del proyecto, con los habitantes del lugar, favoreció la aparición y desarrollo de una movilización que a final de cuentas obtendría la cancelación del proyecto. 1 Se trata de los investigadores Carlos Cruz Melo y Germán Rufino. Diario La Jornada, 9 de agosto de 2007 (nota de Carlos Camacho). 2 Puede señalarse por ejemplo el texto Prieto, F. Lechuga, M. A., Méndez, M. A., Barrado, E., y Callejas J. (2005), “Daños tóxicos en tejidos vegetales, producidos por aguas contaminadas con arsénico en Zimapán, Hidalgo, México”, Bioagro, Nº 17, vol. 3, p. 137-141. 3 Esta información es tomada del documento “Situación actual del contenido de Arsénico en el agua potable de Zimapán” que nos fue entregado en abril de 2010 por José María Lozano, entonces alcalde de Zimapán. Este documento refiere que según un muestreo realizado en septiembre de 2009 al tanque principal de abastecimiento del agua potable del municipio se encontró que la concentración de arsénico era 3.5 veces Superior al permitido por la norma respectiva. 4 M.A. Armenta, M.A., Villaseñor, G., Rodríguez, R., Ongley R. K., y Mango, H. (2001) “The role of arsenic-bearing rocks in groundwater pollution at Zimapán Valley, México” Environmental Geology, Nº 40, vol. 4-5, p. 471-481. 5 La otra Planta fue la Compañía Fresnillo en el Estado de Chihuahua que realiza operaciones de minería de plomo y zinc. Comisión para la Cooperación Ambiental (2009), Informe de Emisiones y Transferencias de Contaminantes en América del Norte 2005, Montreal, CCA. 99 El conflicto El año 2007 es el periodo durante el cuál emerge y se recrudece de forma más grave el conflicto entre el proyecto y sus opositores. Luego de que la empresa obtuvo las autorizaciones correspondientes, un grupo de vecinos se constituyeron en grupo opositor al proyecto en 2007. Si en su inicio se trata de habitantes de la región, con el paso del tiempo la movilización gana adhesiones de personalidades de la izquierda de reconocimiento nacional así como de representantes populares en órganos legislativos nacionales. La aparición de la oposición local Durante las primeras manifestaciones de oposición al confinamiento, el grupo de opositores se reduce a algunos vecinos de Zimapán. El crecimiento de la movilización se desencadena a partir de la Reunión Informativa realizada en septiembre de 2007. En dicha reunión se pidió a personal de la empresa explicar si se trataba de una recicladora de residuos, lo que según los opositores encabezados desde entonces por José María Lozano,1 se había dicho a la población; o bien, si se trataba de un confinamiento de residuos peligrosos.2 Ante la confirmación de lo segundo, los opositores organizaron para noviembre lo que llamaron una “megamarcha” hacia la ciudad de Pachuca, capital del estado de Hidalgo para de ahí partir hacia la ciudad de México, a donde la marcha finalmente no llegó. De acuerdo con reportes de esos hechos, el 2 de diciembre, opositores al proyecto se dispusieron a repartir volantes entre vecinos de comunidades cercanas en los que se explicaban los efectos del confinamiento. Los habitantes de esas comunidades, favorables al proyecto, rechazaron a los activistas, situación en la que José María Lozano líder de Todos Somos Zimapán tuvo un enfrentamiento incluso físico con el comisiariado ejidal Agustín Ramírez López, lo que desencadenó un enfrentamiento entre los grupos. Esa noche, policías del estado de Hidalgo detuvieron a 45 integrantes del movimiento Todos Somos Zimapán, lo que provocó bloqueos en algunas carreteras e incluso en la avenida Insurgentes, en la ciudad de México. Al siguiente día taxis de la Unión Popular Revolucionaria Emiliano Zapata, procedentes de municipios del Estado de México (Tecámac y Ecatepec), se manifestaron frente a las oficinas de la Procuraduría General de Justicia de Hidalgo pidiendo la liberación de Congreso del estado de México Germán Rufino Contreras del (Partido de la Revolución Democrática, en adelante PRD).3 Este episodio trae como consecuencia una gran publicidad a la movilización contra el confinamiento pero sobre todo la radicalización de la oposición entre la empresa y quienes desde el gobierno favorecen al proyecto y por otro lado, los opositores. Asimismo propició la intervención de la Comisión Nacional de Derechos Humanos (CNDH) luego que el movimiento Todos Somos Zimapán presentó una queja ante este organismo,4 tanto por esos hechos del 2 de diciembre como por la autorización del Confinamiento. 1 Además de José María Lozano y Arturo Williams Trejo quienes han sido dirigentes de esta organización, el abogado Salvador García Hernández ha igualmente intervenido en varias etapas de la contestación. 2 Entrevista con José María Lozano. 3 Diversas fuentes periodísticas dieron cuenta de estos hecho, puede consultarse la nota de Carlos Camacho, Israel Dávila y Matilde Pérez en el Diario La Jornada del 4 de diciembre de 2009. 4 Debe señalarse que la versión de los hechos que consta en el expediente de dicha queja no coincide en su totalidad con la relatada por el diario la Jornada. En el dicho del líder del movimiento, José María Lozano, ellos fueron amenazados y agredidos por el Presidente del Comisariado Ejidal y personas que lo acompañaban, y fue de ellos de quienes los liberó la policía, que detuvo a dos de los agresores. La represión se suscitó esa noche pues un funcionario del gobierno del Estado trasladó a los detenidos al hospital a donde acudieron alrededor de 200 pobladores de Zimapán para evitar que los detenidos huyeran. Ante esa aglomeración, llegaron 800 policías estatales y fue ahí que se desató 100 Las movilizaciones se dieron no únicamente del lado de los opositores. También diciembre de ese año, un grupo de habitantes de Zimapán, simpatizantes al proyecto, se manifestó en Pachuca. Los registros de dicha movilización relatan que su propósito era exigir al gobierno del estado que fuera garantizada la tranquilidad social en Zimapán y que personas como el diputado Rufino Contreras se desligaran del conflicto por el confinamiento. Se narra que alrededor de 300 habitantes, encabezados por el alcalde Eusebio Aguilar y el diputado Carlos Trejo condenaron los enfrentamiento entre opositores y la policía estatal ocurrido el 2 de diciembre y solicitaron la intervención del gobernador Miguel Ángel Osorio para solucionar el conflicto.1 De hecho, la versión reportada por el sitio “Radar Político” menciona que el Alcalde se comprometió a no otorgar prórroga a la licencia de construcción de la empresa en tanto la Procuraduría Federal de Protección al Ambiente (Profepa) no entregara al movimiento opositor “Todos Unidos por Zimapán”, un dictamen técnico que acreditara la inocuidad del proyecto. Entrado 2008 la oposición y la tensión continuaron. A la ocasión de la celebración del 1º de mayo, se desató una trifulca entre simpatizantes de Todos Somos Zimapán y maestros del Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación. Luego del enfrentamiento en donde se dañaron instalaciones de un banco y se lesionaron a varias personas, los profesores denunciaron a los manifestantes ante la Procuraduría de Justicia, lo que motivó la detención de 26 personas del grupo opositor al Confinamiento.2 Las adhesiones externas Durante 2008 el visibilidad de la movilización de oposición al confinamiento sobrepasa el plano regional y suscita el interés de personalidades externas. Las manifestaciones de apoyo se expresan principalmente con la asistencia de esas personalidades a actos públicos de oposición al proyecto. Andrés Manuel López Obrador –candidato a la Presidencia de la República cuya derrota fue muy cerrada y un tanto controvertida en 2006- encabeza una mitin político en la plaza principal de Zimapán en enero de 2008, en el cual donde expresa rechazo al confinamiento.3 Otras personalidades de la izquierda nacional visitan Zimapán y participan igualmente en reuniones con los grupos formalmente organizados de oposición como “Todos somos Zimapán”. Tal es el caso de los Senadores de la República Jesús Zambrano y José Guadarrama, del PRD. Asimismo se sumó al grupo el líder del Barzón Popular, Crescencio Morales, quién participó en las diferentes Mesas de Diálogo que entre 2009 y 2010 se llevaron a cabo en la Ciudad de México para tratar de destrabar el proyecto. Otras personalidades que sostuvieron la oposición al proyecto fue, como se mencionó anteriormente, el Diputado del Congreso del Estado de México pero oriundo de Zimapán Germán Rufino Contreras; y aunque sin acudir, quienes manifestaron en diversas ocasiones su apoyo a los opositores fueron el Obispo Samuel Ruiz, celebre por su participación como mediador en el conflicto del EZLN en 1994, y Raúl Vera, Obispo de Saltillo, Coahuila, conocido por sus posiciones progresistas.4 Incluso, Rosa María O’Leary, una de las principales activistas en la movilización social contra el confinamiento de la empresa Cytrar la represión contra los pobladores. Así consta en la Recomendación 68/2009 emitida por la CNDH sobre el caso. 1 Véase el sitio electrónico “Radar Político” http://joelsan.wordpress.com/ 2 Diario La Jornada del 3 de mayo de 2008. 3 Diario la Jornada, 7 de enero de 2008. Edición de internet: http://www.jornada.unam.mx/2008/01/07/ index.php?section Nota de Angélica Enciso. 4 Esta adhesión consta en un comunicado suscrito por ambos en su calidad de representantes del Secretariado Internacional de Solidaridad con América Latina (SICSAL), y del Centro para los Derechos Humanos de la Diócesis de Saltillo, Fray Juan de Larios, respectivamente, comunicado del 15 de junio de 2008. 101 en la ciudad de Hermosillo, en el estado norteño de Sonora, acudió a Zimapán para participar a algunas manifestaciones. Otras opiniones más que de simpatía hacia el movimiento se dieron más bien desde una posición enfocada a censurar la autorización del proyecto en ese sitio. Por ejemplo, Fernando Bejarano, director del Centro de Análisis y Acción en Tóxicos y Alternativas (CAATA) señaló que este tipo de proyectos se construyen con procedimientos poco democráticos, no exentas de situaciones de engaño y suele establecerse en comunidades pobres que, sin haber generado residuos, se les imponen situaciones de riesgo ambiental.1 El microcosmos político y la efervescencia electoral En ese ambiente marcado por la tensión en torno al confinamiento, el 7 de septiembre de 2008 el líder de los opositores ganó la elección para ser candidato por el PRD a la Presidencia Municipal de Zimapán. Un par de meses después, habiendo convertido como tema central de su campaña, el impedir que la operación del confinamiento,2 el 9 de noviembre José María Lozano ganó la elección constitucional. Sin embargo argumentando el escaso margen y entre otras circunstancias, la intervención del párroco de Zimapán a favor del candidato perredista, la coalición encabezada por el PRI puso en marcha recursos legales para impugnar la elección. El 8 de enero, la Sala Regional de la Quinta Circunscripción del Tribunal Electoral del Poder Judicial de la Federación (TRIFE), con sede en Toluca, determinó anular el proceso electoral del 9 de noviembre.3 En tanto se celebraban elecciones, el 16 de enero un Consejo de Administración Municipal asumió las funciones de gobierno. Luego, en mayo de 2009, el Tribunal Electoral del Poder Judicial (TRIFE) anuló el triunfo de José María Lozano. El 5 de julio de ese año se volvieron a llevar a cabo elecciones extraordinarias en las que nuevamente contendió Lozano obteniendo la victoria.4 No debe olvidarse que tanto el gobierno federal de Felipe Calderón, de filiación al PAN y que el gobierno estatal de Hidalgo, encabezado por el gobernador Osorio Chong del PRI eran proclives al proyecto. Ello no impidió que convertido en Presidente municipal el antiguo líder del movimiento de oposición convirtiera la anulación del confinamiento en uno de sus objetivos principales. 1 Diario la Jornada, 7 de enero de 2008. Edición de internet: http://www.jornada.unam.mx/2008/01/07/ index.php?section Nota de Angélica Enciso. 2 Véase entre otras fuentes, Semanario Contralínea del 9 de junio de 2009. 3 En un boletín de Prensa del Instituto Electoral del Estado de Hidalgo de fecha 9 de enero de 2009, se puede leer que en el expediente ST-JRC-15/2008 se revocaba la sentencia del Tribunal Electoral del Estado de Hidalgo por parte del TRIFE decretando la nulidad de la elección de los miembros del Ayuntamiento del Municipio de Zimapán. Véase http://www.ieehidalgo.org.mx 4 De acuerdo con el Instituto Estatal Electoral del Estado de Hidalgo, el PRD obtuvo 7095 mientras que el candidato de una coalición encabezada por el PRI obtuvo 7068 votos. Véase http://www.ieehidalgo.org.mx 102 Alcaldes de Zimapán y su posición frente el proyecto del Confinamiento Alcalde Partido Rosalía Rosas Gómez PAN Eusebio Francisco Aguilar PRI José María Lozano PRD Periodo Acción ante Proyecto 2003-2005 Firmó convenio con empresa y con gobierno estatal y otorgó los permisos de construcción y operación 2006-2008 Otorgó prórroga del Permiso de Construcción en abril de 2008 y Permiso de operación y funcionamiento ese mismo año 2009-2011 Promueve la cancelación del proyecto mediante anulación de permiso municipal de operación El confinamiento marcó las relaciones entre Eusebio Aguilar y José María Lozano no, más tarde convertido también en Presidente Municipal. Éste solía acusar a su predecesor de “estar del lado de la empresa”, y pronto se encontró en la posición de conducirse desde el gobierno en el lado que no era el de la empresa.1 Así, ya como alcalde luego de una serie de reuniones, denominadas “mesas de diálogo” iniciadas antes del proceso electoral de 2009, entre representantes del gobierno federal, el estatal, la empresa y los opositores al proyecto en julio de 2010, anunció la cancelación definitiva del confinamiento.2 1 Diario La Jornada, 9 de agosto de 2007. Edición de http://www.jornada.unam.mx/2007/08/09/ index.php?section (nota de Carlos Camacho). 2 Diario La Jornada, 23 de julio de 2010, p. 35. 103 internet: Folleto del movimiento Todos Somos Zimapán respecto al cierre del confinamiento Otros actores políticos El diputado del Partido de la Revolución Democrática en la LVI legislatura del Congreso del Estado de México Germán Rufino Contreras denunció públicamente actos de intimidación por parte del gobernador del Estado de Hidalgo (Miguel Ángel Osorio ) y del Secretario General de Gobierno (Francisco Olvera) en contra de su persona por haberse sumado al movimiento encabezado por las organización “Todos somos Zimapán” y la Asociación Civil “Unidos por Zimapán” en oposición a la construcción del proyecto del confinamiento.1 El conflicto de Zimapán fue igualmente tratado en otro órgano de representación pero nacional. En abril de 2009 el Senado de la República aprobó un Punto de Acuerdo en el cuál solicitó a la Semarnat un informe sobre la Evaluación de impacto ambiental al proyecto, así como información a propósito de si la empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable S.A. de C.V. había realizado todos los trámites necesarios para la segunda etapa de construcción del confinamiento. Para las fechas en que senadores de los partidos de la Revolución Democrática, del Trabajo y Convergencia solicitaron el Punto de acuerdo, la primera etapa de la construcción del confinamiento había alcanzado un 80%.2 1 Nota de Prensa nª 0891 de la Dirección General de Comunicación Social del Poder Legislativo del Estado de México, de fecha 9 de noviembre de 2007. 2 Dictamen del “Punto de Acuerdo por el que se solicita a la Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Natrales un informe sobre la evaluación del impacto ambiental del proyecto ‘Sistemas de Desarrollo Sustentable’ ”, publicado en la Gaceta del Senado del 15 de diciembre de 2009. 104 La empresa La empresa Sistemas de Desarrollo Sustentable es una sociedad anónima constituida por la firma Befesa que a su vez es filial del grupo español Abengoa. Esta última fue creada en 1941 y para la fabricación de contadores monofásicos peor se ha desarrollado en varios ámbitos como son la transmisión y distribución eléctrica, la ingeniería hidroeléctrica, la construcción de infraestructura para la explotación de hidrocarburos, la construcción de instalaciones industriales así como la generación de energía eólica, le tratamiento de aguas y el de residuos. Befesa por su parte, es una firma presenta en veinte países, que se especializa en servicios ambientales, especialmente en la gestión del agua y en el tratamiento de residuos industriales, especialmente en el reciclaje de residuos de aluminio, de acero, y en el tratamiento de aguas residuales. En México, las actividades de la filial de Befesa tampoco se ocupa además de los residuos peligrosos a ámbitos como el tratamiento de aguas residuales. Según la prensa especializada, en septiembre de 2009 luego de la victoria electoral de José María Lozano, la empresa consideró seriamente someter el caso a un arbitraje internacional en el marco del Tratado de Libre Comercio entre México y Europa. Esta acción le permitiría a la empresa, impedir que toda la inversión hasta entonces improductiva no fuera contabilizada como pérdida en los registros contables; por el otro lado, al plantear al arbitraje una pretensión de recuperar 800 millones de dólares, ello protegería un poco el precio de las acciones.1 Lo que más tarde sucedió fue que el 22 de septiembre de 2009, las empresas españolas Abengoa, S.A. y la Compañía Española de Financiación del Desarrollo (COFIDES, S.A.) presentaron una solicitud de arbitraje exigiendo al estado mexicano el pago de 96 millones de dólares más intereses por la imposibilidad de operar la Planta Sistemas de Desarrollo Sustentable de Befesa en Zimapán, Hidalgo.2 La solicitud fue planteada por violar el Acuerdo para la Promoción y Protección Recíproca de Inversiones entre los Estados Unidos Mexicanos y el Reino de España, en especial, debido a la imposibilidad de operar el proyecto por causa de diversos actos de las autoridades municipales (como lo fue la anulación del permiso de funcionamiento). Esta acción al parecer no significo que un representante de la empresa continuara asistiendo a las “mesas de diálogo” que se llevaban a cabo en la Secretaría de Gobernación (y que continuaban con las que se habían iniciado en la Semarnat). Sin embargo, esa participación fue, según un representante de la Semarnat3 y asimismo según José María Lozano,4 totalmente pasiva. Esa pasividad la pudimos apreciar en nuestra conversación telefónica con el Ingeniero Barcalá encargado por parte de la empresa del proyecto de Zimapán.5 Concertación y aprehensión jurídica del caso La colaboración entre la empresa y los representantes formales de los habitantes del municipio, es decir el Ayuntamiento electo de Zimapán varía en función de quién detenta la mayoría en dicho órgano de gobierno. 1 Columna de David Páramo en el Diario Excelsior del 17 de septiembre de 2010. Diario Mileno Online del 27 de julio de 2010. http://impreso.milenio.com/node/8806139 3 Entrevista con Alfonso Flores, Director General de Gestión Integral de Materiales y Actividades Riesgosas de la Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Naturales desde 2007, realizada el 24 de noviembre de 2010 en la Ciudad de México. 4 Entrevista con José María Lozano, Presidente Municipal de Zimapán desde 2009, realizada el 26 de noviembre de 2010 en Zimapán, Hidalgo. 5 Entrevista telefónia con Juan Ramón Barcalá, Sistemas de Desarrollo Sustentable (Abengoa México), realizada el 17 de noviembre de 2010. 2 105 En julio de 2003 en la ciudad de Pachuca, la Presidenta municipal de Zimapán, la Secretaria de Desarrollo Económico del Estado y el apoderado legal de la empresa Befesa México, S.A. de C.V. firmaron un acuerdo de colaboración para desarrollar una estrategia común con el propósito de agilizar y permitir el establecimiento de una “nueva empresa filial o con participación accionaria” de Befesa, así como para acordar la instalación de una planta industrial en el municipio de Zimapán que tendría como propósito contribuir el desarrollo económico del municipio. Por dicho convenio el gobierno del Estado de Hidalgo se comprometía a otorgar becas para la capacitación de trabajadores de nuevo ingreso; a apoyar a Befesa con asistencia para su incorporación en diversos programas de desarrollo industrial, en apoyarla para la tramitación y obtención de la licencia de uso del suelo; en la tramitación pronta y expedita de los servicios de energía eléctrica, agua, drenaje pluvial y sanitario así como líneas telefónicas; auxiliarle en la legalización y escrituración del predio en negociación del Ejido de San Antonio; se comprometía en vender a la empresa el predio que el Estado negociaba en el precio acordado; y en conformar un Comité Técnico para evaluar la propuesta de comunicación social y relaciones públicas. Entre otras cosas, el municipio se comprometía a brindar apoyo para propiciar a la empresa un clima de negocios favorable para su instalación y para el inicio de sus operaciones y brindar facilidades a la empresa para el desarrollo de una campaña de comunicación social y de relaciones públicas (que debía ser aprobada por un Comité Técnico). Por su parte la empresa se comprometía a: i) Registrar fiscalmente su domicilio; ii) cumplir los mandatos, acuerdos y legislación que en la materia le soliciten las dependencias federales, estatales y municipales para la instalación de la empresa (es decir se comprometía a cumplir la reglamentación de los tres niveles de gobierno); iii) presentar al Comité Técnico la propuesta de comunicación social y relaciones públicas antes del inicio de los procedimientos formales de la instalación del proyecto; iv) Informar a las instancias correspondientes en caso de realizar modificaciones al proceso productivo o a las instalaciones (otra exigencia de ley); v) pavimentar el camino rural de acceso a sus instalaciones; vi) adquirir el predio que en esa fecha se encontraba en etapa de negociación ubicado en el municipio de San Antonio, al precio de 9.23 pesos por metro cuadrado; vii) instalar una “planta de tratamiento y confinameinto de residuos industriales, con una inversión aproximada de 5 millones de dolares, generando en su primera etapa 40 empleos directos.1 El Ayuntamiento de Zimapán no solo había otorgado a la empresa la licencia de construcción con fecha 5 de diciembre de 2005, sino que a solicitud de ella le concedió una reposición de días por aquellos en que no puedo laborar debido a causas de fuerza mayor.2 El alcalde Aguilar explicó que esa respuesta afirmativa hacia la empresa se debía a que había tenido conocimiento por parte de la Secretaría de Economía de que la empresa ya había instaurado un procedimiento de arbitraje internacional para reclamar las inversiones realizadas en el proyecto y por ello el Ayuntamiento no tenía intenciones de proporcionar ningún notro elemento para dicho litigio.3 La decisión de cerrar el confinamiento se anunció en diversas ocasiones pero al parecer el anuncio que tuvo un efecto definitorio fue el que se hizo luego de una mesa de diálogo en julio de 2010. Ya como Alcalde, en diciembre de 2009 José María Lozano propuso al Cabildo de Zimapán que el municipio contratara los servicios legales de un bufete especializado para anular la autorización municipal a favor de la empresa. El Cabildo aprobó 1 Texto del Convenio de colaboración firmado el 9 de julio de 2003 en la Ciudad de Pachuca Hidalgo. Mediante resolución del 15 de abril de 2008 el Presidente Municipal y el Director de Obras Públicas de Zimapán acordaron autorizar a la empresa una prórroga del 16 de abril al 16 de junio de ese año para la construcción de la planta de tratamiento de residuos. Cabe señalar que en dicho permiso se hace referencia a “residuos industriales” y no a residuos peligrosos. 3 Comunicación de fecha 28 de abril de 2008, dirigido a José María Lozano en su calidad de Representante del Movimiento Todos somos Zimapán. 2 106 la propuesta y se contrató al despacho de abogaos Burgarin y Asociados. Luego en sesión del 10 de marzo el Cabildo aprobó una resolución en la que se decretaba la nulidad del permiso de operación de la planta de Befesa. 1 De forma paralela a esos actos de enfrentamiento en torno al confinamiento la Semarnat organizó, a partir de septiembre 2009, una serie de mesas de diálogo en sus oficinas en la ciudad de México. La iniciativa de la conformación de estos espacios de concertación venía del poder legislativo federal, específicamente de la Cámara de diputados en donde en otoño de 2009 a iniciativa de la fracción parlamentaria del PRD se había planteado y aprobado un punto de acuerdo para instar a la Secretaría de Gobernación a la Semarnat y a la Profepa de establecer estas mesas de dialogo.2 Asistieron a esas reuniones el diputado Rufino Contreras, José María Lozano (ambos opositores), así como representantes de la Comisión Nacional del Agua, de la Secretaría de la Reforma Agraria, del Instituto Nacional de Ecología, de la Secretaría de Salud, del Gobierno del Estado de Hidalgo y desde luego de la empresa. En términos generales, los opositores exigían que se realizaran estudios sobre el impacto ambiental del proyecto e incluso representantes del gobierno del Estado hablaban de que se realizara un estudio por parte de un tercero, es decir una agencia ajena a la empresa y a los opositores. La asistencia de las personas no fue regular, puesto que no a todas las reuniones, que fueron entre ocho y diez, asistieron todas las partes, y en algunas de ellas llegaron personas no directamente involucradas como el líder del Barzón Popular, Crescencio Morales o la líder de la oposición en el caso del confinamiento de Hermosillo, Sonora, Rosa María O’Leary. La posición de la Semarnat fue que no era posible aceptar la propuesta de un nuevo estudio pues la propia Semarnat ya había realizado el estudio de impacto en los términos que establece la ley y que era inaceptable dar marcha atrás a algo que legalmente se encontraba sancionado.3 Luego de varias reuniones, las mesas de diálogo se trasladaron a la Secretaría de Gobernación pues el conflicto se había convertido en un tema que trascendía el ámbito de la gestión ambiental. En esas reuniones los opositores hicieron intervenir argumentos como el hecho de que el transporte de los residuos debía pasar por el poblado de Zimapán por lo que en algún momento se mencionó la posibilidad de que la empresa construyera un camino alterno, pero al parecer ésta nunca se comprometió, como al decir de los testimonios de Flores y de Lozano, tampoco se comprometió a realizar acciones de responsabilidad social hacia el poblado. Las mesas de diálogo fueron progresivamente mostrando la escaza posibilidad de construir un arreglo entre las partes en pugna y ello desembocó, ya con el triunfo electoral de José María Lozano, en que la empresa optar por recurrir a un litigio comercial y los opositores, ya convertidos en gobierno, a la anulación del permiso de operación. Al parecer la anulación fue el tema tratado en una reunión de esas reuniones sostenida unos días antes (aparentemente el martes 22 de ese mes) entre funcionarios de la Secretaría de Gobernación e integrantes de los movimientos Todos somos Zimapán. Según el diario la Jornada, además de la participación de Arturo Williams Trejo, en la reunión había participado el dirigente de la organización El Barzón Popular, Crescencio Morales y el principal tema habría consistido justamente en que serían cancelados los permisos del gobierno municipal otorgados a la empresa. Todavía al momento de esta decisión, la forma en cómo los líderes de estos movimientos se expresaban de la iniciativa del confinamiento denotaba una disposición poco proclive a la 1 Gaceta del Senado de la República nº 5 del 2 de junio de 2010. Boletín de Prensa de la Cámara de Diputados del Congreso de la Unión Nº 1054 y Boletín Nº 0953 de 2010. Véase igualmente la Gaceta Parlamentaria, Cámara de Diputados, número 2857-III, jueves 1 de octubre de 2009. 3 Entrevista con Alfonso Flores, Director General de Gestión Integral de Materiales y Actividades Riesgosas de la Semarnat, del día 24 de noviembre de 2010. 2 107 concertación. Para Williams Trejo, “luego de casi cinco años de enfrentamiento con policías estatales y federales, los ciudadanos vencieron” mientras que ambos dirigentes coincidieron en que la empresa se había instalado mediante “engaños”. 1 La confrontación jurídica Más allá de las movilizaciones, de las acusaciones mutuas, de una nutrida batalla mediática y de algunos incidentes violentos, la disputa por el proyecto de Zimapán conoció pocos episodios en la arena estrictamente jurisdiccional. Se tiene registro del Juicio de Amparo promovido en contra diversas autoridades por acciones diversas asociadas a la construcción y entrada en operación del confinamiento controlado de desechos industriales en el Ejido Cuauhtémoc por la empresa Befesa.2 Asimismo se conoce la Queja interpuesta ante la Comisión Nacional de Derechos Humanos (CNDH) por parte de José María Lozano. El titular de la Semarnat instruyó al Procurador federal del medio ambiente para dar respuesta a la Recomendación de la CNDH3 y éste emitió un informe detallado a la misma.4 Dicho informe consistió en la No Aceptación de las Recomendaciones. Otros elementos de la constituyen registro de la aprehensión de este conflicto por parte del derecho. En cuanto al predio, la posesión de los terrenos en los que se construyó el finamiento también estaban sujetos a litigio. La empresa había pactado un contrato de arrendamiento a cien años con las autoridades Agrarias del Ejido de San Antonio, pero integrantes del ejido de Mezquite II plantearon ante los tribunales agrarios que esas tierras pertenecían a ellos. Si bien, el tribunal resolvió negar la acción de los integrantes del Mezquite II, esta disputa jurídica en la vía agraria constituyó otra traducción concreta de la judicialización del conflicto. 1 Diario La Jornada, 23 de julio de 2010, p. 35. Juicios de Amparo número 1461/2007, 652/2008, 382/2008 (acumulados) y el juicio 1531/2008 promovido por la empresa el 30 de diciembre de 2008. 3 Oficio 01938 del Ing. Juan Rafael Elvira Quezada Secretario de la Semarnat dirigido al Dr. Raúl Plascencia Villanueva Presidente de la CNDH, del 20 de noviembre de 2009. 4 Oficio PFPA/1/11C/.14.1 del 10 de noviembre de 2009 por el cual Patricio José Patrón, titular de la Profepa responde a las Recomendaciones de la CNDH. 2 108 Evolución conflito de conf inai e nt o de Zimap án, Hidal go 2003 2004 2005 Autorización de Impacto Ambiental Permiso municipal de Construcción 2006 2007 Construcción de Instalaciones (2006-2008) 2008 2008 2010 2009 Licencia municipal de operación Solicitud de instalación de panel Cancelación de permiso municipal Contexto polí co y movilización opositora Convenio de entendimiento: Municipio, Gobierno de Hidalgo y Empresa Mesas de Diáogo en Semarnat y en Secretaría de Gobernación 2007 - 2009 Movilización de Todos somos Zimapan 2005 Solicitud de consulta pública Anuncio de cancelación de permiso municipal 2008‐2009 Par cipación de movimiento en elecciones y victoria en elecciones líder de Todos Somos Zimapan. La constante presión a las autoridades federales sobre las violaciones a la reglamentación ambiental motivó por su parte una supervisión regular por parte de la Profepa. Durante el proceso de construcción del confinamiento se tiene registrado al menos cuatro visitas de inspección por parte de esta instancia. La primera el 17 de abril de 2007 y la segunda el 30 de enero y otra el 23 de julio de 2008 y una más el 26 de enero de 2009. Esta última dio lugar a una resolución administrativa por la que se determinó que en las instalaciones no se violaba la NOM-055-SEMARNAT-1993. Observaciones finales. Enseñanzas y aprendizaje en proyectos de confinamientos En la revisión de este conflicto es interesante la forma en cómo se despliegan las estrategias de los diferentes actores. Es evidente que las autoridades de los tres niveles de gobierno en un primer momento sostienen este tipo de proyectos y en este caso movilizaron los instrumentos que tenían a su disposición de la forma que creyeron más conveniente. Por un lado, plasmaron en un convenio el resultado de una concertación (2003) con la que se buscaba constituir una suerte de ambiente al resguardo de conflictos entre ellos, especialmente entre el estado y el municipio. Por otro lado, se echó mano del recurso al marco jurídico que consistió fundamentalmente en el respecto al procedimiento para la obtención de los permisos del nivel federal, especialmente la autorización de impacto ambiental. La estrategia de la empresa por su parte, resulta hasta ahora difícil de dilucidar dada la escaza transparencia de sus propósitos. Sin embargo, es posible deducir que procedió teniendo en cuenta lo ocurrido en otras iniciativas de este tipo luego que, al ver sus inversiones en peligro, decidió recurrir al arbitraje internacional. En cuanto a los opositores al confinamiento, fue claro que su estrategia consistió, a partir de un determinado momento, en convertirse en gobierno municipal. Ello no significa que dejaran de utilizar algunos otros 109 recursos, incluso jurídicos, como la Queja ante la CNDH pero en todo caso, no se trató de recursos jurídicos de contestación asociados al marco jurídico en materia de protección ambiental. El único momento en el que pudieron haber expresado una oposición dentro de los márgenes previstos por la reglamentación ambiental, que fue durante el procedimiento de evaluación de impacto en donde podía haber solicitado una Consulta Pública, pero como se vio, no lo hicieron oportunamente. Varias observaciones puede formularse respecto a este caso. En primer término, llama la atención cómo el respeto a los procedimientos de obtención de autorizaciones no puso la iniciativa a salvo de conflictos. Podría incluso pensarse que ese respecto irrestricto a lo previsto por el marco legal y sus tiempos (especialmente el término para solicitar la Consulta Pública en el marco del procedimiento de Evaluación de Impacto) podría estar en el origen de la contestación y de su radicalización. Se trata de la demostración de la debilidad de las autoridades quienes, si bien en estricto apego a lo previsto por el Reglamento en materia de Impacto Ambiental anunciaron el inicio del proyecto, esto se hizo en forma tan discreta que revela un cierto miedo a que el proyecto sea conocido y que genere rechazo y conflictos en la comunidad en donde se prevé construir. El titular de la Dirección General de Gestión Integral de Materiales y Actividades Riesgosas de la Semarnat reconoce en este tema un punto central en el posterior desarrollo del conflicto y lamenta que no exista una obligación para la Semarnat de que en caso de proyectos de este tipo se convoque a una Consulta Pública. Esta situación significó en este caso un elemento de inconformidad claro para los opositores. Como lo sostiene el líder del movimiento Todos Somos Zimapán, para poder solicitar en el tiempo previsto por la ley la celebración de una Consulta Pública, todos los habitantes de este país tendríamos que estar revisando todos los días la página de internet de la Semarnat para saber en qué momento alguien decide de construir un confinamiento al lado de nuestra casa. La posibilidad de conformar un espacio para exponer y escuchar oportunamente los detalles de un proyecto y las objeciones al mismo es cancelada cuando se sigue al pie de la letra lo previsto por el actual marco legal de autorización de impacto. El caso de Zimapán pone en evidencia algunos elementos de aprendizaje social de este tipo de iniciativas. A casi 20 años del proyecto de Guadalcázar en San Luis Potosí, es evidente que las autoridades internalizaron ciertos comportamientos para que no se reprodujera lo ocurrido en esa ocasión. El caso de Guadalcázar mostró la importancia que tiene cada nivel de gobierno en la autorización de este tipo de confinamientos. Si uno de ellos se opone a otorgar las autorizaciones que le corresponde, las otras autorizaciones, incluso las federales, devienen ociosas. Con el propósito de evitar dicha situación, se procedió a realizar algunos acuerdos previos a la realización del proyecto. Con ello se trató de evitar la falta de coordinación intergubernamental que pareció ser un elemento central en el fallido caso de Guadalcázar. A pesar de ello, apareció el conflicto en cierta medida debido a que no se conformó el espacio jurídico previsto por el procedimiento de evaluación de impacto para la confrontación de puntos de vista técnicos y sociales opuestos. En este sentido, el gobierno parece no haber aprovechado un aprendizaje dado por las experiencias anteriores ni las ocurridas en otros países en el sentido de que los procedimientos de Consulta Pública provocan y orientan una discusión informada. La desconfianza que parece haber privado en este caso provocó la radicalización de la oposición que se sintió justificada para movilizar los instrumentos tradicionales de la protesta en México: la movilización, la realización de reuniones públicas, el cierre de carreteras, pero también la conformación de redes de apoyo llamando a organizaciones que poco o nada tienen qué ver con el medio ambiente pero poseedoras de un modus operandi que las convierte en armas eficaces de la protesta pública. Pero al mismo tiempo, esa falta de ocasión para el diálogo y la confrontación informada de argumentos que pudo haber sido la Consulta Pública, parece haber obligado a los opositores a una subutilización de algunos recursos jurídicos de los que pudieron echar mano en su propósito de detener el confinamiento. 110 Otra enseñanza asociadas a las experiencias de iniciativas fallidas por establecer instalaciones de esta naturaleza podrían traducirse en lo que sugiere Gabriel Quadri, antiguo Presidente del Instituto Nacional de Ecología y uno de los principales impulsores de los CIMARI’s, en el sentido de que la solución el confinamiento de este tipo de residuos consistiría en que sea el gobierno federal, quien selecciones los sitios adecuados y lleve las negociaciones con los gobiernos municipales para que los habitantes se vieran beneficiados con esas instalaciones.1 Está por verse si de la experiencia de Zimapán en la que, si ocurre lo previsto, el gobierno federal será seguramente condenado a indemnizar a Befesa, se extrae una enseñanza en este sentido o bien, se si se reactualiza la máxima que parece orientar la acción del gobierno en este ámbito y que supone que esta vez si lo haremos bien. Bibliografía Azuela, A. (2006), Visionarios y pragmáticos: una aproximación sociológica al derecho ambiental, México, Fontamara, 537 p. Scheinfeld, E. (1999), Proyectos de inversión y conflictos ambientales, México, INEPNUD-RDS, 107 p. Semarnat (2010), Integración y Actualización del Inventario Nacional de Generación de Residuos Peligrosos (INGRP), México, Secretaría del Medio Ambiente y Recursos Naturales – Gobierno Federal. Semarnat (2009), Programa Nacional para la Prevención y Gestión Integral de los Residuos 2009-2012, México, Secretaría del Medio Ambiente y Recursos Naturales – Gobierno Federal, pdf. Ugalde, V. (2002), «Las relaciones intergubernamentales en el problema de los residuos peligrosos: el caso de Guadalcázar » Estudios demográficos y urbanos 49, Vol. 17 nº 1, enero-abril, p. 77-105. Vargas, P. (2005), Chapontongo: globalización y lucha ecológica, El Cotidiano, vol. 20, nº 129, p. 68-74. 1 Diario la Jornada, 7 de enero de 2008. Edición de internet: http://www.jornada.unam.mx/2008/01/07/ index.php?section Nota de Angélica Enciso. 111 La crise de la gestion des déchets à Cuernavaca, une sucesión d’accords inconclus Synthèse en français, voir plus loin le texte complet en espagnol Ana Lorena Gurza Les antécédents de la crise : la fermeture de la décharge de Tetlama En mars 2005, les habitants du quartier d’Alpuyeca qui s’opposent à l’utilisation de la décharge de Tetlama, bloquent pour la première fois le passage des camions-poubelle qui viennent de la municipalité de Cuernavaca. Désireux de mettre fin au conflit, Estrada Cajigal, alors gouverneur de l’Etat de Morelos, négocie une trêve avec les habitants d’Alpuyeca pour continuer à utiliser la décharge, et s’engage en échange à construire une nouvelle décharge d’envergure régionale. Mais le gouverneur ne tient pas son engagement et en septembre 2005, les habitants bloquent à nouveau l’entrée de la décharge, laissant la ville de Cuernavaca sans un lieu où déposer ses déchets. Face à cette situation, la municipalité de Cuernavaca décide d’utiliser temporairement un terrain privé qui fonctionnait clandestinement comme décharge. Cette solution sera cependant fortement critiquée par les habitants de Yecapixtla et la Chambre des Députés locale, obligeant la municipalité à recourir de nouveau à la décharge de Tetlama, au grand dam des habitants d’Alpuyeca. “Cuernavasura” (jeu de mot formé à partir des mots “Cuernavaca” et “basura”, qui signifie “poubelle” en espagnol) Le 25 septembre 2006, les habitants et voisins opposés à la décharge de Tetlama ferment pour la troisième fois les routes d’accès à la décharge. Le blocus dure quasi un mois. Comme la municipalité de Cuernavaca ne dispose d’aucun autre terrain où déposer les déchets, les camions-poubelle cessent de ramasser les poubelles de la ville, générant un grave problème d’insalubrité publique: selon certaines estimations, à 10 jours de la fermeture de la décharge de Tetlama, entre 3 et 10 mille tonnes de déchets se seraient accumulés dans les rues de Cuernavaca. Devant l’impossibilité de négocier la réouverture de Tetlama, les autorités municipales n’ont pas d’autre option que trouver un autre endroit où déverser leurs poubelles et se mettent d’accord avec l’Etat de Mexico pour déposer 8 milles tonnes de déchets dans les différentes décharges de l’Etat voisin. Cet accord permet de normaliser le service de collecte des poubelles, mais différentes organisations citoyennes font connaître leur mécontentement quant à la manière dont l’Etat de Morelos gère ses déchets et organisent plusieurs manifestations et séminaires d’analyse et de réflexion. Quoiqu’il en soit, la trêve à la crise des poubelles sera de courte durée: en février 2007, la municipalité de Tlalnepantla annonce qu’elle cessera de recevoir chaque jour 400 tonnes de déchets en provenance de Cuernavaca. Face à cette situation, les autorités municipales de Cuernavaca doivent trouver une solution, d’autant qu’acheminer et déposer les déchets dans un endroit aussi lointain coûtent très cher. 112 La décharge de Loma de Mejía et le processus d’étude d’impact sur l’environnement Au début de l’année 2007, la municipalité de Cuernavaca décide de donner en concession le service de collecte des poubelles et la gestion d’une nouvelle décharge publique. Dans les 2 cas, c’est l’entreprise PASA (“Promotora Ambiental de La Laguna”) qui obtient la concession. De son côté, l’Université Autonome de l’Etat de Morelos (UAEM) est chargée d’analyser la faisabilité environnementale de construire la décharge à un endroit dénommé Loma de Mejía. Dans le cadre du processus d’étude d’impact, la Commission Etatique pour l’Eau et l’Environnement (CEAMA) réalise entre le 17 août et 5 septembre 2007 une consultation publique, destinée à recueillir l’opinion des habitants sur le projet, dont des extraits ont été préalablement publiés dans les médias. Une réunion publique d’information est également organisée, pour faire connaître aux citoyens les détails du projet, et écouter les suggestions de la population. Les différentes opinions sur la construction et mise en opération de la décharge de Loma de Mejía Peu avant la fin du processus de consultation publique, les chercheurs du Centre Régional de Recherche Multidisciplinaire (“Centro Regional de Investigaciones Multidisciplinarias”: CRIM-UNAM) organise une réunion d’experts pour discuter de la viabilité scientifique du projet. Plus de 20 chercheurs participent à la réunion et de manière générale, ils recommandent à la Commission Etatique pour l’Eau et l’Environnement (CEAMA) de ne pas autoriser la construction de la décharge à l’endroit dénommé Loma de Mejía. En particulier, les représentants de la Commission Nationale de l’Eau (CONAGUA) indiquent que les caractéristiques hydrogéologiques de l’endroit ne sont pas adéquates pour installer une décharge et ne respectent pas les normes techniques en vigueur au Mexique. Quelques-unes de ces observations seront inclues dans le document final d’autorisation d’impact environnemental, comme des éléments conditionnant la construction de la décharge; cependant la plupart des chercheurs qui ont participé à ces réunions considèrent que les aspects les plus importants de leurs conclusions n’ont pas été pris en compte et que donc, le processus de consultation publique n’a pas rempli ses objectifs. Si bien la décharge de Loma de Mejía n’a pas l’appui de la communauté scientifique, certains groupes soutiennent le projet et mettent en avant les bienfaits techniques des décharges, réfutant les arguments présentés lors de la réunion du CRIM. Pour exprimer son soutien au projet du maire, ce groupe va même jusqu’à organiser une manifestation dans les rues de Cuernavaca. De leur côté, plusieurs adjoints au maire appellent les habitants à appuyer le projet, en leur rappelant qu’une nouvelle crise des déchets nuirait irrémédiablement à l’image nationale et internationale de Cuernavaca. Certains hommes politiques, affiliés majoritairement au Parti Action Nationale (PAN), prennent également la défense de la municipalité, et déclarent que les chercheurs n’ont pas suffisamment d’arguments pour mettre à mal le projet de construction de la décharge. La construction de la décharge de Loma de Mejía et les premières réactions Le 12 janvier 2008, la première pierre de la décharge de Loma de Mejía est posée, suscitant manifestations de soutien, mais aussi une forte opposition. Du fait de l’absence de concertation préalable, plusieurs habitants et organisations locales bloquent les routes qui permettent d’accéder au terrain Loma de Mejía. Anticipant la mobilisation, la municipalité organise un important déploiement policier et occupent plusieurs terrains qui appartiennent à la ville et aux municipalités voisines. Face à l’important déploiement de la force policière, les habitants opposés à la décharge sont rejoints par des centaines de personnes et la manifestation prend de l’ampleur. Aucun 113 acte violent n’est constaté, mais la Commission Indépendante des Droits Humains de Morelos (CIDH) et le Centre Digna Ochoa demande au Front National Contre la Répression, à Amnistie Internationale et à la Commission des Droits de l’Homme de Morelos, de mettre en place des mesures d’urgence. De son côté, le maire de Temixco émet une protestation officielle pour violation à l’autonomie municipale. Les conflits pour accéder à la décharge Confronté à l’impossibilité d’accéder à la décharge en passant par des terrains qui appartiennent à la municipalité de Temixco, les autorités locales doivent trouver une façon d’accéder à la décharge sans sortir des limites municipales de Cuernavaca. Deux solutions sont envisageables: traverser par le village de Pueblo Viejo, ou par le village de Santa María Ahuacatitlán, mais dans les deux cas, “ejidatarios”1 et “comuneros” ne sont pas disposés à autoriser le passage des camions de PASA et de la municipalité, par crainte que les travaux de construction endommagent leurs terrains. Néanmoins, après plusieurs rondes de négociation avec le maire de Cuernavaca, l’assemblée de “comuneros” de Santa María Ahuacatitlán accepte finalement d’autoriser la circulation des véhicules. Commence alors une nouvelle étape dans la construction de la décharge, marquée par l’entrée de nouveaux acteurs et l’apparition de nouveaux débats. Les droits humains et le problème du transport véhiculaire En avril 2008, 4 personnes qui accrochaient des pancartes sur le mur de domiciles privés sont arrêtées par la police municipale. Les pancartes exprimaient le mécontentement des habitants de 9 quartiers par où traversaient les camions et machines destinées à la construction de la décharge de Loma de Mejía. L’arrestation de ces opposants est interprétée par la Commission Indépendante des Droits Humains (CIDH) comme un acte de répression du gouvernement municipal et une violation à la liberté d’expression. En réponse, le Président du Parti Action Nationale (PAN) de la ville de Cuernavaca appelle la population à ne pas se laisser tromper, et dénonce que le Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD) organise une campagne de désinformation pour freiner la construction de la décharge. Parallèlement, un groupe d’habitants des quartiers contigus à la décharge dénonce que les autorités municipales ne tiennent pas parole et permettent la circulation de véhicules à des heures tardives. Ils accusent que le projet de construction de la décharge de Loma de Mejía n’a pas inclus d’étude d’impact routier, et annoncent qu’ils maintiendront une surveillance permanente pour empêcher que les véhicules accèdent à la décharge par cette route. Faiblesse des autorité municipales et mécontentement du secteur privé Le 12 mars 2008, la municipalité de Cuernavaca autorise une troisième prorogation des travaux de construction de la décharge de Loma de Mejía, argumentant que le mécontentement social a empêché d’avancer les travaux conformément au calendrier établi. Le terme de la troisième prorogation est fixé au 31 octobre 2009, mais le 1 novembre 2009, l’accord pris un an auparavant reste à nouveau sans effet. Face aux difficultés que pose la construction de la décharge de Loma de Mejía, plusieurs membres du secteur privé reprochent au maire de Cuernavaca de ne pas avoir suffisamment de charisme pour résoudre le problème des déchets de la municipalité. 1 Du terme “ejido”. L’ “ejido” est un type de propriété sociale, qui a été crée à l’issue de la Révolution Mexicaine de 1917. Jusqu’en 1992, les terres de l’ « ejido » ne pouvaient pas être vendues, les « ejidatarios » héritaient la terre de leur père, selon des règles très précises. 114 L’intervention des chercheurs de l’Université Autonome de Morelos En septembre 2008, une lettre dirigée au maire de Cuernavaca, au recteur de l’Université Autonome de l’Etat de Morelos (UAEM) et à la population en général, est rendue publique. Elle est signée par 4 chercheurs qui ont participé à l’élaboration de l’Etude d’Impact sur l’Environnement de la décharge de Loma de Mejía, une étude qui en 2007, avait conclu à l’autorisation de construire la décharge. Mais dans cette lettre, les chercheurs signalent qu’ils n’ont pas participé à l’analyse intégrale coûts/bénéfices du projet ni à l’élaboration du rapport final, et qu’ils considèrent en réalité que la construction d’une décharge à l’endroit dénommé Loma de Mejía met en danger les écosystèmes et pourraient avoir de graves répercussions sur la santé des personnes qui habitent en contrebas du ravin. Dans une autre lettre datée de juin 2008, des chercheurs de l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM) se prononcent en faveur de l’arrêt immédiat des travaux de construction de la décharge, jusqu’à ce que soit réalisée une étude scientifique rigoureuse, qui démontre la faisabilité du projet, et que s’ouvre une discussion publique, qui confère une légitimité sociale au projet. Le recyclage des déchets En mars 2008, plusieurs entreprises de recyclage et organisations environnementales annoncent qu’elles présenteront une plainte contre le maire de Cuernavaca et l’entreprise PASA pour contrevenir à différentes dispositions réglementaires. Elles reprochent notamment à la municipalité et à l’entreprise concessionnaire de ne pas promouvoir la séparation des déchets et le recyclage des matériaux réutilisables, et argumentent que la législation de l’Etat de Morelos stipule que seuls les déchets non valorisables peuvent être enterrés dans les décharges. Elles dénoncent par ailleurs qu’en autorisant la gestion monopolistique des déchets, la municipalité enfreint la Constitution Fédérale. Mais aucun processus judiciaire ne sera finalement entamé. Au contraire, en juin 2008, la municipalité de Cuernavaca, le gouvernement de l’Etat de Morelos et l’association Puntos Verdes signent un accord de collaboration destiné à promouvoir la construction de 300 centres de collecte de déchets, pour diminuer à terme la quantité d’ordures qui sont déposés dans les décharges. Mais la municipalité tarde à mettre en oeuvre cet ambitieux projet: en août 2008, seul un centre de collecte des déchets a été mis en opération, et il connaît déjà des ennuis financiers. Si bien la crise économique mondiale explique en partie le revers du projet, cet échec est également lié au manque de volonté du gouvernement municipal, désireux de protéger les intérêts de l’entreprise concessionnaire, dont la rentabilité financière dépend étroitement de la quantité des déchets collectés. Actes de violence et désobéissance civile Le 11 juin 2008, Cristóbal Martínez Roble, assistant à la mairie de San Antón et activiste opposé à la construction de la décharge de Loma de Mejía, est violemment agressé. Pour éviter d’autres actes de violence, les maires de Temixco et de Cuernavaca, et un des représentants du secteur scientifique qui s’oppose à la décharge, signent un “Pacte contre la Violence”. Mais face au manque de suivi du gouvernement municipal, les activistes décident d’installer un campement à l’intérieur du bâtiment de la mairie pour exiger que les autorités éclaircissent l’agression dont a été victime Cristóbal Martínez, et informer la population sur les impacts environnementaux de la décharge. Ils dénoncent en outre l’inviabilité technique et financière du projet, le manque de soutien de la population, et les mensonges scientifiques sur lesquels reposent les travaux de la construction de la décharge. Confrontée à cet acte de désobéissance civile, la municipalité de Cuernavaca décide de réagir, et propose aux citoyens de participer à un Comité d’Evaluation et de Suivi, responsable de superviser les travaux de construction de la décharge. Des représentants de différentes organisations civiles et gouvernementales sont également invités à prendre part au Comité. 115 L’“Unité de Vérification Environnementale” (UVA), une instance de surveillance neutre? Désireux de faire taire l’opposition et de montrer que l’installation de la décharge de Loma de Mejía se réalise dans le plein respect des dispositions règlementaires en vigueur, le gouvernement municipal de Cuernavaca annonce en octobre 2008 la création d’une Unité de Vérification Environnementale (“Unidad de Verificación Ambiental”: UVA) qui sera responsable de superviser les travaux de construction de la décharge, ainsi que son fonctionnement ultérieur. Les premiers rapports de l’Unité de Vérification Environnementale datés de février 2009 indiquent qu’aucune anomalie n’a été détectée lors de la supervision des travaux de construction. Cependant, un incident ultérieur fera douter de l‘objectivité de l’UVA: en août 2009, différents médias font savoir à l’opinion publique que la rupture d’une géomembrane à l’intérieur de la décharge est en train de causer la pollution d’un cours d’eau limitrophe; le maire de Cuernavaca déclare alors que c’est à l’UVA qu’incombe la responsabilité de vérifier cette situation; cependant en novembre 2009, l’UVA n’avait encore émis aucun rapport qui permette de valider ou d’infirmer ces faits, au grand dam des citoyens. Les élections de juillet 2009: la fin de la décharge de Loma de Mejía? Les élections destinées à renouveler les intégrants de la Chambre des Députés locale de l’Etat de Morelos et du gouvernement municipal de Cuernavaca ont lieu le 5 juillet 2009. Lors de la campagne électorale, Manuel Martínez Garrigos, candidat du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) à la mairie de Cuernavaca, a promis que la fermeture de la décharge de Loma de Mejía serait l’une des priorités de son gouvernement. Cette promesse de campagne lui a permis de gagner la sympathie des citoyens opposés à la décharge et il remporte l’élection, devant le Parti Action Nationale (PAN), parti politique du maire sortant. Dès sa prise de fonction en novembre 2009, Martínez Garrigos annonce que la décharge fermera dans un délai de 6 mois, un délai nécessaire pour trouver un autre lieu où déposer les déchets de la ville et éviter de provoquer une crise des poubelles, comme en 2006. Martínez Garrigos prend soin de préciser que la fermeture du site a été accordée avec l’entreprise concessionnaire, et que le gouvernement ne résiliera pas le contrat avec PASA et se contentera de réaliser certains ajustements au contrat. Ces déclarations suscitent les critiques du gouvernement de l’Etat de Morelos, des membres du Parti Action Nationale (PAN), des “ejidatarios” de San Antón et du responsable de la Commission Etatique pour l’Eau et l’Environnement (CEAMA), Jorge Hijonosa Martínez. L’ancien maire de Cuernavaca, Jesús Giles Sánchez, déclare que la fermeture de la décharge risque de provoquer une grave crise économique et sociale. De son côté, le responsable de la Commission Etatique pour l’Eau et l’Environnement (CEAMA), Jorge Hijonosa Martínez, signale que tous les éléments qui conditionnaient la construction de la décharge de Loma de Mejía ont été pris en compte et respectés, et que la fermeture anticipée de la décharge affecterait les “ejidatarios” du village de San Antón, qui sont propriétaires de l’endroit et touchent une somme mensuelle pour la location des terrains. D’après Hijonosa Martínez, le site de Loma de Mejía a reçu des milliers de tonnes de déchets durant sa première année de fonctionnement et requiert au moins deux ans de réhabilitation, pour ne pas se convertir en une zone de risque sanitaire et environnemental. 2010 : les fermetures de la décharge Suite à un incendie le 14 mars 2010 dans les installations de la décharge, celle-ci a été fermée et une commission de vérification établira que l’entreprise n’a pas respecté ses engagements. Néanmoins, la décharge a pu continuer à fonctionner et en juillet 2010 le nouveau maire, Martinez Garrigo pris la décision de ne plus payer l’entreprise, ni d’indemniser les ejidatarios pour le transit des camions sur leurs terrains. En août, 116 l’entreprise cessa le ramassage des poubelles et la ville connut un nouvel épisode de non fonctionnement du service pendant une quinzaine de jours. Pendant cette période des déchets furent stockés sur des terrains vagues, à la suite de quoi la mairie repris en main le ramassage et les déchets furent transportés jusqu’à une décharge située à Cuautla. Cette période fut aussi marquée par un conflit entre le ministère de l’environnement de l’état qui sanctionna l’utilisation sans autorisation de terrains comme centres de transferts provisoires. En août 2010, la municipalité prit le contrôle de la décharge avec l’aide de forces de polices. Suite à la mise en place d’une modalité de ramassage sans l’entreprise PASA celle-ci décida recourir aux tribunaux, un juge lui octroya un amparo en principe suspensif de l’action des autorités à l’encontre du emandeur. Or, la municipalité de Cuernavaca décida de continuer à ramasser seule les déchets, une second juge reconnu le caractère nécessaire du ramassage des déchets par la municipalité au nom de la protection de la santé publique. PLAN DE LOCALISATION Image 1. La décharge de Loma de Mejía (San Antón, Cuernavaca) et la décharge de Tetlama Source: Earth Google, 2009 117 Los conflictos en el manejo de basura en Cuernavaca : una historia de acuerdos incumplidos Ana Lorena Gurza El documento presenta la historia de los conflictos. Se resaltan los asuntos de mayor relevancia en términos de los objetivos de la presente investigación. Tetlama: el tiradero de la muerte En septiembre del 2006 el tiradero de Tetlama (imagen 1.) era clausurado por pepenadores y vecinos organizados a dicho vertedero de desechos. Esta acción, trajo como consecuencia que, entre otras cosas, se presentara una contingencia en el manejo de los residuos de Cuernavaca, dejando a la capital del estado de Morelos por casi tres semanas sin el servicio regular de recolección de basura. Al igual que a Cuernavaca, dicho depósito había servido por más de treinta años como sitio de disposición final no sólo para los residuos de los municipios de Temixco, Tuxtepec, Jiutepec, Emiliano Zapata, Xochitepec, Yautepec y Zacatepec. El basurero a cielo abierto recibía en promedio mil 200 toneladas diarias y los vecinos organizados de las localidades vecinas tales como Tetlama, Alpuyeca, Xoxocotla, Contetelco, Tlaltizapán, Ahuehuexingo estaban preocupados por los efectos negativos de su uso en la salud y en el ambiente. Para fines de este documento, se ha decidido dividir la historia de la crisis en el manejo de la basura en Cuernavaca en cinco etapas, de tal manera que sea manejable la complejidad de los elementos del conflicto. En el siguiente cuadro se observan las etapas elegidas. Asimismo, la imagen 1 presenta una visión desde el espacio de la zona de estudio. Etapas del conflicto I II III 2005 2006 2007 Los La crisis en La antecedentes el manejo de propuesta de de la crisis residuos en solución: El Cuernavaca relleno sanitario de Loma de Mejía y el proceso de estudio de impacto ambiental 118 IV 2008-2009 Las diversas voces en torno a la construcción y a la operación del relleno sanitario V 2010 La clausura del relleno sanitario de Loma de Mejía Imagen 1. San Antón, Cuernavaca: Loma de Mejía y Tiradero de Tetlama Fuente: Earth Google, 2009 Los antecedentes de la crisis (2005) En marzo del 2005 un grupo de vecinos de Alpuyeca, del municipio de Xochitepec en el estado de Morelos, protestaban en contra de la utilización del tiradero de Tetlama y por primera vez obstruirían el paso de camiones de basura provenientes del municipio de Cuernavaca. Como respuesta, el entonces gobernador Estrada Cajigal negociaba con los inconformes una tregua para el uso del tiradero a cambio de la construcción de un relleno sanitario regional. Sin embargo, el acuerdo no fue cumplido y en septiembre de 2005 los vecinos cerraban, por segunda vez, los accesos al tiradero del Cerro de Milpillas. Este cierre significaba que la ciudad de Cuernavaca se quedaría sin la posibilidad de depositar sus residuos. Ante dicha circunstancia el ayuntamiento tomaría la decisión de utilizar de manera temporal un terreno privado que funcionaba como tiradero a cielo abierto y que operaba de manera irregular, incluso a sabiendas de las autoridades estatales (CEAMA, 2007). No obstante, su uso fue criticado fuertemente por la sociedad de Yecapixtla y por el Congreso del Estado de Morelos. Ante ello, el ayuntamiento de Cuernavaca decidiría seguir utilizando el tiradero de Tetlama. Esto provocaría el enojo de sus vecinos y nuevamente se organizaría una movilización para lograr la clausura definitiva de dicho basurero. La crisis en el manejo de residuos en Cuernavaca: Cuernavasura La segunda parte de la crisis se presentó en septiembre de 2006 cuando el día 25 los vecinos y habitantes de Tetlama cerraban por tercera vez, y por casi un mes, los accesos al tiradero a cielo abierto. La falta de un sitio legal para depositar los residuos provocó que los camiones recolectores municipales dejaran de recoger la basura generada en la ciudad de Cuernavaca. Ante la crisis, el 31 de septiembre de 2006, el gobierno del estado declararía que la zona centro del estado se encontraba en un grave riesgo epidemiológico y que el sector salud no contaba con el presupuesto ni la capacidad suficiente para atenderlo 119 (foros.fox.presidencia1). Se llegó a estimar que a diez días del cierre de Tetlama se habían acumulado entre tres mil y diez mil toneladas de basura en distintas partes de Cuernavaca. Como resultado el sector salud daría inicio a un programa para aplicar medidas preventivas y valorar el estado de salud de los habitantes. Por su lado, la Comisión Estatal de Derechos Humanos solicitaría conocer de manera detallada el paradero en donde los hospitales y los centros de salud habían depositado sus desechos. La Secretaría de Educación también informaría que algunos planteles educativos habían tenido que cerrar ante la imposibilidad de continuar con sus actividades normales. Del mismo modo, la Secretaría de Seguridad Pública pondría en marcha la consigna de evitar que los contenedores públicos de la ciudad siguieran siendo utilizados. Ante la imposibilidad de negociar la reapertura de Tetlama, las autoridades municipales, buscarían una sede alterna para confinar la basura y acordarían con el Estado de México el depósito de casi ocho mil toneladas de basura en tiraderos mexiquenses. Si bien, a partir de esa fecha hubo una mayor regularidad en el servicio de limpia, varias organizaciones ciudadanas expresarían su descontento por la forma en la que se manejaba la basura en Morelos y se manifestarían de diversas maneras. Se organizarían marchas, bloqueos a vialidades, foros de análisis y de reflexión, e incluso algunos vecinos pagarían vigilancia privada para que durante las 24 horas evitaran que la gente dejara basura en las banquetas aledañas a sus casas. A fínales de septiembre la crisis pudo ser contenida y la basura reenviada al Estado de México, sin embargo para febrero de 2007 el municipio de Tlalnepantla anunciaba que dejaría de recibir 400 toneladas al día de basura proveniente de Cuernavaca. La ciudad tendría que encontrar una solución, no sólo por las limitaciones que le imponía su vecino, sino también por los altos costos que representaban la recepción y el traslado de residuos a tanta distancia. La propuesta de solución: El relleno sanitario de Loma de Mejía y el proceso de estudio de impacto ambiental (2007) A principios de 2007, el cabildo de Cuernavaca adjudicaría dos servicios básicos: el servicio de limpia y la operación de un relleno sanitario. La empresa PACSA obtendría la concesión para ambas tareas y solicitaría a investigadores de la UAEM la realización de un estudio de factibilidad ambiental para que el relleno sanitario fuera construido en el predio denominado Loma de Mejía. Como parte del proceso de estudio de impacto ambiental, entre el 17 de agosto y el 5 de septiembre la CEAMA realizaría un proceso de consulta pública. El objetivo sería recibir las opiniones del público con base a la información proveniente del extracto del proyecto que habría sido publicado en “algún medio de comunicación (…)” (CEAMA1, 2007). A la mitad de este proceso, el gobierno del estado, el municipio de Cuernavaca y PACSA realizarían una junta pública “meramente informativa” (ib dem) en donde se le otorgaría al público por primera vez detalles del proyecto, así como se escucharían los planteamientos de los participantes. Las voces en torno a la construcción y a la operación del relleno sanitario (2007-2008) Entre los actores civiles que participarían en las denuncias y acciones para presionar al gobierno municipal para no llevar a cabo el proyecto en Loma de Mejía se encontraba el Consejo de Pueblos quien entre otras cosas, habían formulado y propuesto a las autoridades planes alternos para el manejo de los residuos y de los recursos naturales de la región. Por su lado, el 4 de septiembre de 2007, un día antes de finalizar la consulta pública Investigadores del CRIM-UNAM convocarían a un foro para realizar una discusión científica 120 sobre la viabilidad del proyecto. En la reunión participarían más de 20 investigadores de diversas instituciones, y en general se le recomendaría a CEAMA no autorizar la construcción en dicho predio. En la reunión destacaría la intervención de la CONAGUA, quien consideraba que las condiciones geohidrológicas del sitio no eran favorables para la ubicación de la instalación sanitaria y establecería que desde el punto de vista jurídico el sitio no cumplía con la norma técnica. Al final, algunas de las observaciones del foro fueron incluidas en las condicionantes que autorizarían la construcción del relleno sanitario, sin embargo los investigadores consideraban que lo esencial no había sido tomado en cuenta y que el proceso de consulta pública no habría cumplido con sus objetivos. Durante el mes de octubre de 2007 el congreso local, en voz de las comisiones de Medio Ambiente y Recursos Naturales y la de Fortalecimiento y Desarrollo Municipal, llamarían a comparecer al secretario ejecutivo de la CEAMA. Durante su comparecencia reconocería que el Estado de Morelos no contaba con sitios óptimos para la disposición de los residuos y que por lo tanto no podía clausurar los tiraderos clandestinos. El funcionario declararía que a falta de los mismos se correría el riesgo de caer en una crisis similar a la de Cuernavaca en el 2006. También, aclararía que el proyecto de Loma de Mejía era viable ya que entre otras cosas no afectaría a ninguna área protegida pues el terreno no se encontraba ubicado en alguna. Los simpatizantes del relleno sanitario en Loma de Mejía Si bien, la oposición a la construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía encontraría eco entre un grupo importante de la comunidad científica, también se presentaría una pequeña y breve movilización de respaldo al proyecto de construcción del relleno. Los simpatizantes saldrían en una ocasión a las calles de Cuernavaca para manifestar su apoyo al alcalde de Cuernavaca. Además, expresarían su temor por los riesgos inaceptables que implicaba no contar con dicho relleno sanitario. Argumentarían que sin él, la ciudad podría enfrentarse a una nueva crisis de recolección de basura. A la caminata se unirían alumnos de ingeniería de la UAEM quienes enarbolarían las bondades técnicas de los rellenos sanitarios y rebatirían los argumentos presentados en el Foro del CRIM-UNAM. En tanto, en abril de 2008 ayudantes municipales de Buena Vista del Monte, Chamilpa, Ocotepec, Santa María Ahuacatitlán, Tetela del Monte y Tlaltenango reiterarían su apoyo al alcalde de Cuernavaca y llamarían a la ciudadanía a apoyar el proyecto de construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía. Le recordarían a la población que una nueva crisis pondría a Cuernavaca en un riesgo de salud inaceptable y que esto dañaría la imagen de la capital de Morelos a nivel nacional e internacional. Dichas representaciones municipales también recibirían los beneficios de los servicios de recolección ofrecidos por PACSA. Algunos políticos y sus posturas Como muestra del clima político que imperaba en torno al asunto, en noviembre de 2007 el regidor panista encargado de organismos descentralizados daría respuesta a los comentarios realizados por algunos críticos al proyecto de Loma de Mejía. Este personaje calificaría como enfermos mentales a quienes aseguraban que el Ayuntamiento de Cuernavaca había comprado conciencias para apoyar la instalación del relleno sanitario en Loma de Mejía y declararía que “…a pesar de la alianza con los investigadores, los opositores, no han podido desmerecer el trabajo de esta administración ya que aún con el apoyo de académicos del CRIM no han demostrado argumentos suficientes para desmerecer el trabajo presentado por el ayuntamiento capitalino” (Brito, No mas basura, 13.12.07). 121 La instalación del sitio de disposición final y las reacciones Entre muestras de apoyo y una fuerte oposición, el 12 de enero de 2008 sería colocada, por el Alcalde de Cuernavaca, la primera piedra del relleno sanitario en Loma de Mejía. Las sesenta hectáreas sobre las cuales se construiría el relleno sanitario habrían sido entregadas en comodato a la empresa PACSA por parte de los ejidatarios de San Antón. Estos se verían beneficiados por el proyecto, ya que cada uno recibiría aproximadamente 40 pesos por cada tonelada de basura que entrara al depósito. (Alanis, El Sol de Cuernavaca, 24.12.07). Sin embargo, la falta de atención a las opiniones y denuncias ciudadanas y académicas daría como resultado que ese mismo día ejidatarios, colonos, amas de casa e integrantes de diversas organizaciones bloquearan los accesos al predio en los límites entre Temixco y Cuernavaca para impedir el paso al terreno. Al preveer una inminente movilización, el presidente municipal de Cuernavaca se aseguraría que desde la madrugada de ese día existiera presencia policíaca no sólo en los terrenos pertenecientes al municipio de Cuernavaca sino también en los municipios vecinos la cual “se llegó a calcular en más de mil elementos y con un operativo coordinado desde el aire por el helicóptero de la Secretaría de Seguridad Pública del Estado de Morelos” (wikimedia.espora.1). Ante la magnitud del despliegue de fuerza pública, se reporta que cientos de personas se unirían a la manifestación. Entre los que participarían en el bloqueo, estarían personas pertenecientes al Consejo de Pueblos, de organizaciones sociales y activistas, del Consejo Estatal del PRD, de regidores del ayuntamiento de Temixco y del propio presidente municipal de Temixco, así como diputados estatales y federales. Según testigos esto ayudó a que se evitaran actos de represión y de desalojo. Ese mismo día el alcalde de Temixco, informaba a través de un boletín informativo, que había elevado su protesta debido a la violación de la autonomía municipal. Las autoridades de Temixco expresaban no se les había sido notificado que el operativo policiaco y que éste había sido una evidente violación de la soberanía del municipio por parte de las autoridades de Cuernavaca. Por su lado, la Comisión Independiente de Derechos Humanos de Morelos y el Centro Digna Ochoa, solicitarían medidas urgentes al Frente Nacional contra la Represión, a Amnistía Internacional, así como a la Comisión de Derechos Humanos de Morelos y a la Comisión de Justicia y Derechos Humanos del Congreso Local. Alternativas para acceder al sitio y detalles agrarios Ante la imposibilidad de tener acceso vía Temixco, se buscó la manera de entrar a Loma de Mejía vía Cuernavaca. Dos de las posibles rutas preveían el cruce por terrenos tanto del ejido de Pueblo Viejo como de la comunidad de Santa María Ahuacatitlán. Por su lado, los representantes legales del ejido de Pueblo Viejo reclamarían ante las autoridades judiciales la posesión de partes del predio de Loma de Mejía (Lagunas, Jornada de Morelos, 27-0308). Dichas zonas serían claves para facilitar el acceso al predio y los ejidatarios se negaban a dar el camino a PACSA por la posibilidad de que la obra afectara sus terrenos. A su vez, el domingo 13 de enero la asamblea de bienes comunales de Santa María Ahuacatitlán decidiría impedir el paso de maquinaria de PACSA así como de unidades del ayuntamiento de Cuernavaca hacia el predio Loma de Mejía (Brito, Jornada de Morelos, 15-01-08). Sin embargo, después de varias negociaciones llevadas a cabo directamente entre el presidente municipal y la asamblea general, el 30 de abril de 2008 esta decisión sería revocada. Con ello se permitiría el paso a los camiones de la empresa PACSA. El gobierno municipal prometería que, gracias al acuerdo, no sólo la comunidad recibiría beneficios indirectos tales como seguridad, terrenos con mayor plusvalía y mejores servicios urbanos, sino que también recibiría beneficios directos otorgados por el ayuntamiento de Cuernavaca a su cargo. Entre dichos beneficios directos se encontraba la dotación de vehículos, obras deportivas, educativas y de fomento agropecuario, (ver congresomorelos.gob.mx). Con la 122 autorización otorgada por la comunidad de Santa María Ahuacatitlán, el asunto agrario de Pueblo Viejo perdería vigencia política.A partir de este momento se marcaría el inicio de una nueva etapa de lo que se ha denominado la crisis del manejo de residuos en Cuernavaca. Con la aprobación por parte del Ejido de Santa María Ahuacatitlán para utilizar sus predios para el camino hacia Loma de Mejía, el espectro del asunto público de ampliaba y se integraban nuevos actores y debates. Los derechos humanos y la libertad de expresión Durante el mes de abril de 2008 serían detenidas por policías del ayuntamiento de Cuernavaca, cuatro personas que colocaban mantas de rechazo a la construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía. Estas mantas eran instaladas en paredes de domicilios particulares y expresaban el descontento de residentes de nueve colonias por las que pasarían las máquinas de construcción y los camiones de basura de manera cotidiana (Mariano, El Sol de Cuernavaca, 8.04.08). Las detenciones conducirían a la CIDH a actuar. Esta organización declararía que más que hacer respetar el Bando de Policía y Buen Gobierno, el gobierno municipal sólo buscaba reprimir a los colonos. También, establecería que se habría presentado una violación flagrante de la libertad de expresión ya que ninguna de las mantas tenía mensajes ofensivos o ilegales y que además eran colocadas con previa autorización en domicilios particulares. Como respuesta, el miércoles 9 de abril, el presidente del PAN en Cuernavaca, llamaría a la población a no dejarse engañar y a no confundir a la ciudadanía que estaba a favor del relleno. También discurría que desde el PRD se había orquestado una campaña de desinformación en contra de la construcción del relleno sanitario. El representante del PAN llamaría a la población a dar muestras de apoyo a la construcción del relleno a través de la instalación de mantas y pancartas en los domicilios. Ese mismo día, vecinos de Lomas Tetela en subida a Chalma, sostendrían que iniciarían, de ser necesario, una campaña de vigilancia permanente para no permitir el ingreso a Loma de Mejía por esa vía de comunicación. Asimismo, anunciarían que llevarían a cabo movilizaciones en protesta tanto por el paso de los camiones y maquinaria por sus colonias, como por la construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía. Dos nuevos frentes: la iglesia católica en Morelos y el impacto vial El 2 de abril del 2008 la prensa nacional anunciaba que sacerdotes de la iglesia católica de Morelos se sumarían al movimiento social en contra de la construcción del relleno. Incluso ya desde el mes de febrero se celebraría una misa con la participación de aproximadamente 300 personas en uno de los accesos cercanos al predio en cuestión. En dicha celebración se le pediría a Dios que detuviera la construcción del que llamarían el basurero que representaba la muerte. En esos mismos días se llevaría a cabo una asamblea entre habitantes de varios fraccionamientos de la zona de Atzingo. En ella, los vecinos lamentaban el incumplimiento del compromiso realizado por el secretario de servicios públicos municipales, para evitar que alguna unidad pasara por la subida a Chalma a horas inadecuadas. Si bien algunos participantes se pronunciaron abiertamente en contra del paso de los camiones y la construcción del relleno, también hubo personas que aseguraron que su única inconformidad era al paso de los camiones. Los vecinos denunciaban que no se había realizado ningún estudio de impacto vial y que presentarían sus quejas en contra de la intimidación de la que habían sido objeto ciudadanos que se manifestaban legal y pacíficamente. 123 Entre dos fuerzas: la flaqueza del cabildo y el descontento del sector privado En un clima de inconformidad, durante el mes de febrero de 2008 se generaría gran incertidumbre entre la población de Cuernavaca debido a las declaraciones hechas por su presidente municipal con relación a la posibilidad que se retirara el servicio de recolección de basura. Sin embargo, PACSA respondería y aseguraría que tanto la empresa como el Ayuntamiento de Cuernavaca seguirían trabajando en conjunto y que Loma de Mejía seguía siendo la opción para construir el relleno sanitario. De esa manera el 12 de marzo el cabildo de Cuernavaca autorizaría una tercera prórroga para que se construyera el relleno en San Antón. El cabildo justificaría su decisión con el argumento de que dadas las condiciones sociales no se habrían podido hacer grandes avances. Esta prórroga vencería el 31 de octubre del 2009. Entre otras cosas, se habría establecido que ésta sería la fecha límite también para la construcción de la planta de separación de residuos (cuya primera fecha límite habría sido el 17 de septiembre de 2007). Sin embargo, para el 1º de noviembre de 2009, este acuerdo no habría sido cumplido. Ante las dificultades que estaba presentando la instalación del relleno sanitario, integrantes de la iniciativa privada reprobarían la actitud del alcalde y le reprocharían el no tener el liderazgo necesario para resolver a cabalidad el problema de los residuos sólidos en su municipio. El papel de los investigadores de la Universidad Autónoma de Morelos El 14 de enero de 2008, el Rector de la UAEM declararía que la rectoría de la universidad no tenía competencia en decisiones sobre materia ambiental que no fuera la estrictamente académica. Esto lo llevaría a cabo en respuesta a las críticas que estaba sufriendo la UAEM por causa del Estudio de Impacto Ambiental que había sido realizado por parte de algunos de sus investigadores. El rector declararía que si el MIA y otras medidas de protección ambiental eran o no aplicadas, era un ámbito de decisiones que correspondía a las autoridades políticas y que la UAEM no tenía algún interés particular en que el relleno sanitario se realizara o no en Loma de Mejía. Para el rector, existían los medios y los tiempos adecuados en la academia para la revisión de los resultados de un trabajo. Por último, establecería en tono sugestivo que “en la Ciencia actual no hay conclusiones incuestionables” (ufmnoticias.blogspot,14.01.08). En este sentido, un hecho muy significativo sería que unos meses mas tarde, durante el mes de septiembre de 2008, se haría pública una carta dirigida al presidente municipal de Cuernavaca, al rector de la UAEM y a la ciudadanía. Lo relevante de dicha misiva es que estaba firmada por cuatro investigadores que habían sido co-firmantes de la MIA favorable a la construcción del relleno. En dicha carta, los investigadores sostenían que el coordinador del estudio, el Dr. Oscar Dorado, no les había hecho partícipes del informe final ni del análisis integral de los impactos y beneficios potenciales del proyecto. Los investigadores, en resumen señalaban que “la construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía puede poner en alto riesgo el ecosistema de las barrancas y ríos aledaños al sitio del relleno, con graves consecuencias ecológicas y de salud pública para quienes habitan en las partes bajas de las barrancas” (Tamayo, La Jornada de Morelos, 23 de septiembre 2008, http://mx.groups.yahoo.com/group/Ambiental-Mexico/message/4192). Como antecedente a esta misiva, estaría una carta firmada en junio de 2008 por un amplio grupo de académicos de la UNAM. Estos investigadores establecerían que (a) en tanto no se realizaran a cabalidad los estudios que demostraran bajo arbitraje científico riguroso la factibilidad técnica del proyecto y (b) se realizara una discusión pública que le brindara legitimidad social al mismo, luego entonces debería detenerse de inmediato la construcción del relleno y la utilización de la ruta de transporte. 124 Los recicladores Por su lado, a principios de marzo de 2008 el Instituto Morelense de Recicladores A.C. (INMORE) realizaría el Cuarto Congreso Regional de la Industria Mexicana del Reciclaje, el cual tenía como finalidad invitar a los municipios del Estado de Morelos a la instalación de plantas recicladoras. En el marco de dicho congreso, el senador del PAN y ex Presidente Municipal de Cuernavaca1, Adrián Rivera Pérez, expresaba que el ayuntamiento capitalino y PACSA, deberían de enfocar sus esfuerzos a buscar otra alternativa. Rivera expresaba que el desgaste económico y político había sido demasiado tanto para el ayuntamiento de Cuernavaca como para la sociedad cuernavacense. En simpatía con la propuesta de reciclar, el senador por el Estado de Morelos, expresaba que Cuernavaca no podía seguir gastando entre 8 y 9 millones de pesos anuales en la disposición final de la basura, siendo que la mejor opción era una planta de reciclaje. El senador argumentaba que en menos de cuatro meses estarían reduciendo hasta en más de 50 por ciento los costos que en ese momento estaban gastando en el traslado de la basura a otra entidad federativa (INMORE, 2008). Desde otro frente durante ese mismo mes, empresarios del reciclaje, aunados a organizaciones sociales y ecologistas declararían que denunciarían al presidente municipal de Cuernavaca y a PASA por violaciones flagrantes a diversas leyes entre las que destacaban la LGPGIR. Declaraban que desde que se había otorgado la concesión se había dado un manejo discrecional a las más de 300 toneladas diarias de basura que generaba la capital de Morelos y que se seguía sin promover la separación y la recolección de materiales revalorizables. Los quejosos decían que acudirían ante los juzgados para buscar que la autoridad sancionara los delitos en los que incurrían los acusados. También explicaban que de acuerdo al artículo dos de la LGPGIR, la disposición final de residuos en Cuernavaca estaba limitada sólo a aquellos cuya valorización o tratamiento no fuera económicamente viable, tecnológicamente factible y ambientalmente adecuada y que esto no se estaba cumpliendo. Asimismo, explicarían que la legislación estatal obligaba a la limitación de la disposición o tratamiento final, sólo a residuos que no fueran reutilizables o reciclables, y que para aquellos cuyo aprovechamiento no fuera económica o tecnológicamente factible se depositarían en los rellenos sanitarios. Los empresarios consideraban que independientemente de las denuncias penales y ambientales que se interpusieran, el ayuntamiento violaba la Constitución Federal al consentir prácticas monopólicas al no permitir que otras empresas interesadas participaran dentro del proceso de gestión integral de los residuos. Si bien los argumentos eran impecables, no se siguió ningún procedimiento judicial. Lo más rentable: ¿reducir, reutilizar y reciclar o confinar? Lo que si sucedió fue que el miércoles 30 de abril, el INMORE convocaría a una reunión para conformar la Asociación Civil Punto Verde, la cual tendría como objetivos el impulsar la reducción desde el origen de generación de los Residuos Sólidos e instalar centros de acopio comunitarios en la ciudad de Cuernavaca. Para el mes de junio se había logrado la firma de un convenio de colaboración con la asociación Puntos Verdes, el ayuntamiento de Cuernavaca y el gobierno del estado. El objetivo del acuerdo era impulsar un programa de separación de basura en los 33 municipios del estado, el cual se coordinaría con los sistemas DIF municipales. En aquella ocasión, el subsecretario de servicios públicos del municipio de Cuernavaca anunciaría que el INMORE instalaría 300 puntos verdes a lo largo de la ciudad. El objetivo del programa también sería disminuir la cantidad de basura que diariamente se producía en la ciudad y que se sumaría a la ruta ecológica que en ese momento llevaba a cabo PACSA. Finalmente se anunciaría que la basura orgánica 1 Edil que en su tiempo utilizó de manera irregular el predio de Yecapixtla 125 doméstica podría también ser tratada en el centro de composta que se instalaría en el relleno sanitario. Sin embargo para el mes de agosto de 2008 ni el ayuntamiento ni el gobierno del Estado mostrarían la celeridad necesaria para establecer los procedimientos y permisos de operación, sino también para poner en marcha una estrategia que le diera viabilidad financiera en el mediano plazo al ambicioso proyecto. Empero, a dos meses del anuncio, el 8 de agosto sería instalado un primer punto verde comunitario, el cual para octubre ya reportaba problemas financieros. Esto no se debería a una falta de respuesta de la comunidad, sino a la falta de apoyos para la continuidad del proyecto en un contexto de grave crisis económica a nivel internacional. A pesar de ello, el 8 de octubre se anunciaba con bombo y platillo la apertura del primer punto verde gubernamental en las instalaciones del ayuntamiento. También se reporta que para diciembre de 2009 la empresa PACSA no contaba aun con la planta de reciclaje ni de composteo, lo que significaría que los residuos recolectados tanto por la ruta ecológica de PACSA o en el centro de acopio municipal habrían ido a dar al relleno sanitario. Esto trajo como consecuencia descontento, desilusión e incertidumbre entre los interesados. Un informante clave del ayuntamiento de Cuernavaca revelaría que: “uno de los aspectos más importantes para consolidar el convenio entre el ayuntamiento y PACSA había sido que la autoridad facilitaría los procesos de tal forma que la empresa pudiera maximizar la recolección del mayor volumen de los residuos producidos en la ciudad. Con eso se garantizaría la viabilidad financiera del relleno sanitario. Una disminución considerable del volumen de residuos destinados a depositar en el relleno sanitario cambiaría las condiciones del negocio y afectaría la rentabilidad y por ende el interés de ser concesionarios” (comunicación personal con fuente, 12 de agosto 2008, Parque Chapultepec). Temixco También en marzo se realizarían dos foros relacionados con el manejo de residuos. El primero fue llamado ¿Qué hacer con la basura? fue convocado por el Ayuntamiento de Temixco. En él se advertía que Morelos se encontraba frente a una posible crisis por la alta generación de desechos y por la falta de sitios adecuados para depositarlos en el Estado. Al evento acudirían funcionarios públicos, investigadores, representantes de empresas de reciclaje, activistas ambientales e integrantes de los 13 pueblos. En el foro también participaría el ex Procurador Ambiental del Estado de México, Raúl Ojeda Mestre, quien advertiría de la posibilidad de que se presentara una nueva crisis de basura en Cuernavaca. Ojeda consideraba que el Estado de México ya no estaría dispuesto a recibir los residuos de Morelos a menos de que se subieran en aproximadamente un 300 por ciento las cuotas por recibirlos. Por su lado, el titular de la CEAMA, informaba que los ayuntamientos de la zona conurbana coincidían en que los rellenos regionales eran una alternativa para combatir el problema. El otro foro llamado “Foro sobre la Basura en Morelos”, fue organizado en el poblado de Alpuyeca. En este evento participarían personas provenientes de diferentes pueblos de Morelos. En él se plantearon diversas alternativas a la crisis de residuos que se vivía en el Estado. Uno de los principales temas del foro fue el rechazo al relleno sanitario de Loma de Mejía, al que consideraron afectaría la Zona de Protección Forestal de Cuernavaca, vigente desde la década de los años veinte del siglo pasado, así como una zona de recarga y de tránsito de acuíferos. En el foro se mostraron las inconsistencias del estudio de impacto ambiental realizado y se expresarían tanto la opinión de expertos en el tema, así como de los posibles afectados. Entre los resultados del foro se recomendaba a PACSA la posibilidad de llevar a cabo el proyecto del relleno sanitario en otros sitios tales como Yautepec, Tlalquiltenango y Miacatlán. Asimismo, el Consejo de Pueblos de Morelos anunciaría que 126 existían estudios que identificaban por lo menos 13 espacios viables para llevar a cabo rellenos sanitarios sin que se afectara al medio ambiente o a la ciudadanía. Un relleno sanitario: ¿materia de plebiscito? Ante la discusión social el 29 de marzo de 2009 el síndico de Cuernavaca propondría que se llevara a cabo un plebiscito para decidir acerca del futuro del relleno sanitario en Loma de Mejía. El exhorto para someter el relleno sanitario a plebiscito fue apoyado por algunos regidores, en tanto que otros opinarían que la consulta ciudadana no tenía sentido puesto que la decisión del relleno ya había sido tomada. Encuentros y desencuentros con la autoridad A finales de abril de 2008 una comisión de habitantes de la zona de Atzingo y Subida a Chalma se reuniría con el presidente municipal y con representantes del ayuntamiento. Estos últimos les entregarían a los ciudadanos diversos documentos entre los que se encontraban una copia del Título de Concesión de la recolección y disposición final de residuos de la capital. También les darían copia de los comentarios del análisis que habían hecho los investigadores del Foro del CRIM, el acta de la sesión pública de la CEAMA, junto con las 21 condicionantes al desarrollo del proyecto; el análisis comparativo y la constancia de afectación. Asimismo harían entrega de las condiciones que había impuesto la Secretaría de Medio Ambiente Recursos Naturales; las de la Comisión Nacional del Agua; el documento de evaluación y seguimiento del título de concesión, así como la manifestación de impacto ambiental. En dicho encuentro, los habitantes ratificarían su rechazo al relleno sanitario y su postura de no querer afectar a sus vecinos de Temixco o a otros municipios poniendo en riesgo a su salud y al ambiente. Asimismo informaban que convocarían a la realización de un Tribunal Científico Ciudadano, con la participación de especialistas reconocidos de todo el país, a fin de que emitieran un veredicto. Violencia, pactos y desobediencia civil Luego del atentado del 11 de junio de 2009 en contra de Cristóbal Martínez Robles, ayudante municipal de San Antón y activista que rechazaba la construcción del relleno, el 19 de junio la ciudadanía recibiría con gran sorpresa una carta que habría sido publicada en los medios de comunicación. En dicha misiva se daría a conocer un Pacto contra la violencia firmado entre los presidentes municipales de Temixco, Cuernavaca y uno de los activistas más distintivos del conflicto, el investigador el CRIM el Dr. Raul Garcia Barrios actuando como representante del movimiento científico. Sin embargo y a tan sólo mes y medio de la firma del pacto contra la violencia, la falta de un entendimiento entre los denunciantes y el gobierno municipal de Cuernavaca llevaría a que el día 30 de julio se instalara un campamento ciudadano de oposición ubicado dentro de las mismas instalaciones del palacio municipal de Cuernavaca. El objetivo de esta acción era en voz de los manifestantes “la resistencia pacífica y la desobediencia civil de tal manera que los activistas pudieran dar información acerca del relleno, exigir respuesta a los cuestionamientos científicos, así como el esclarecimiento del atentado en contra de Cristóbal Martínez”. Asimismo, denunciarían la falta de viabilidad técnica y financiera del proyecto, la carencia de la aprobación social y la violación de principios éticos fundamentales por el riesgo que representaría la posibilidad de afectar a terceros. En resumen, el movimiento ciudadano y científico estaría denunciando lo que denominarían una decisión pública basada en “una mentira científica y un crimen administrativo” (cuernavacatv.com.mx; 30 agosto 2008). Los manifestantes declararían injusto que fueran los pueblos vecinos los que tuvieran que correr los riesgos por la basura generada en Cuernavaca. Este campamento estuvo organizado por vecinos y miembros de diferentes organizaciones sociales, y algunos de ellos realizarían un ayuno. Los manifestantes 127 declararían que habrían sido sujetos de medidas de hostigamiento por parte de las autoridades, tales como lo narran en el siguiente texto: “cerraron los accesos del ayuntamiento, así como clausuraron los suministros de agua y corriente eléctrica y cerraron con llave los baños….cercaron la zona con patrullas y motocicletas de la policía estatal y municipal, fotografiando y filmando a los presentes” (mexico.indymedia.org, Radio Combate, 31 julio 2008). Finalmente, luego de aproximadamente 15 días y con la culminación de una marcha, se anunciaría el levantamiento del campamento. En respuesta a las presiones y en especial a la del campamento ambiental, a mediados agosto, el presidente municipal convocaría a la ciudadanía interesada a participar en órgano colegiado que denominaría el Comité de evaluación y seguimiento para la construcción del relleno sanitario en Loma de Mejía. Dicho órgano estaría representado por diversos actores entre los cuales se encontraría representantes del congreso local, del gobierno del estado, del comisariado ejidal de San Antón, de la Comisión Nacional de Áreas Naturales Protegidas; así como del CRIM e integrantes de la sociedad civil y colonos de Subida a Chalma. El uso del instrumento técnico de verificación ¿UVA: Unidad Verificadora neutral? En respuesta al llamado de los grupos de presión, en octubre de 2008 se anunciaría que cumpliendo con la normatividad, se establecería una Unidad de Verificación Ambiental. Esta tendría la responsabilidad de supervisar las actividades de construcción y operación del relleno sanitario. Después de un proceso de selección, PACSA seleccionaría a la empresa Estudios de Planeación Ambiental, quien bajo su patrocinio llevaría a cabo dichas actividades. La UVA iniciaría sus trabajos en octubre de 2008, con el establecimiento de estrategias de supervisión de las actividades de construcción y de operación de una obra que ya llevaría 10 meses de construcción. Esta tendría a su cargo la fiscalización del sitio con base a la normatividad así como llevar a cabo auditorías de cumplimiento ambiental, identificar desviaciones que pudieran presentarse, a fin de que la empresa PACSA modificara o realizara acciones de restauración para evitar afectaciones al medio ambiente o la salud de la población (El sol de Cuernavaca 17 oct 08). La UVA, supuestamente realizaría un monitoreo permanente, además de verificar los oficios resolutivos de impacto ambiental y las medidas de prevención y mitigación de los impactos ambientales identificados. Estos objetivos serían presentados ante el Comité de evaluación y seguimiento. De ese modo en febrero de 2009, la UVA daría a conocer públicamente que a mes y medio de haber iniciado los trabajos de supervisión, la construcción no presentaba ningún problema. Sin embargo, para agosto del 2009 se denunciaría públicamente que la ruptura de una geomembrana estaba provocando la contaminación de un río que rodeaba al relleno. Ante dicha queja el presidente municipal en funciones (Roque González) se deslindaría de la responsabilidad y apuntaría a que la UVA era la responsable de atender y verificar esta situación. Sin embargo, en diciembre de 2009 no se contaba con algún documento público que aceptara o rechazara dicha situación. Esta irregularidad no sería la única que se hiciera pública durante el 2009. ¿Acompañamiento y/o complicidad institucional? En noviembre de 2008, el secretario de medio ambiente federal, acompañado por el director de CEAMA, haría un llamado a la población de Morelos para que permitiera la construcción de rellenos sanitarios en Morelos. El funcionario federal declararía que “si buscamos el mejor lugar (sic) se nos van a ir tres años colocando la basura en cualquier 128 sitio y se perderá el control” (diario de morelos, la jornada de morelos 14 nov 08). La declaración resulta interesante dada la postura precautoria que asumiera la CONAGUA ante la construcción del relleno y que fuera reflejada claramente en el evento organizado por el CRIM el año anterior. Probablemente esta contundente diferencia de opinión dentro de una misma institución se explique en parte por la probable falta de interés y/o la falta de comunicación interinstitucional. Pero valdría también la pena resaltar también la urgencia de SEMARNAT para facilitar las condiciones, otorgar los incentivos necesarios y enviar señales positivas a la iniciativa privada para que invirtiera directamente en la administración de los residuos en México. ¿Apoyo mutuo? Otra de las noticias que aparecerían en los medios de comunicación y que causaría interés público sería la firma de un convenio de colaboración que firmarían la empresa PACSA, el Patronato para el rescate de San Antón y las Barrancas de Cuernavaca, el Dr. Raúl García Barrios y el gobierno municipal de Cuernavaca en marzo de 2009. El objetivo de este convenio consistiría en la instalación y el financiamiento de varios centros de acopio para el reciclaje del PET, como una manera de darle continuidad a los trabajos comunitarios de buen manejo de residuos sólidos que el poblado había desarrollado en los últimos años. Sin bien, para noviembre de 2009, ya operarían en la zona 8 centros de acopio comunitarios, no necesariamente su funcionamiento respondería al convenio signado meses atrás. Con base en sus propias estimaciones (Centro de Acopio de San Antón, comunicación personal, 12.11.2009), estos sitios estarían en operación gracias a diversos apoyos, entre los que estarían los del gobierno municipal (www.guia-cuernavaca.com) Los comicios del 2009, oportunismo político y ¿el fin del relleno sanitario en Loma de Mejía? En noviembre de 2009 asumirían funciones tanto los nuevos integrantes del congreso local, como el presidente municipal electo. En esta ocasión la presidencia municipal la ocuparía el candidato del PRI, Manuel Martínez Garrigós. En plena campaña, este político prometería (23 de mayo) firmando ante notario público, que una de las primeras acciones de su gobierno, sería el cierre del relleno sanitario “luego del análisis que evalúe sus efectos y daños en materia ecológica para el poblado de San Antón”. Asimismo reconocería que uno de los problemas de la infraestructura de Loma de Mejía era su falta de legitimidad y de apoyo científico y social. Esta acción de campaña se ganaría la simpatía de la gente inconforme con el sitio de disposición final. En julio, por ejemplo, el Frente de Afectados por el relleno sanitario enviaría una misiva en respaldo a su compromiso. En ella, expresarían que le darían el apoyo necesario, proporcionándole información jurídica, técnica y científica, así como datos sobre las violaciones que habría estado cometiendo la empresa PASA. De julio a noviembre, el Frente insistiría en recordarle públicamente a Martínez Garrigós sobre su compromiso. No obstante, sería hasta octubre que el candidato electo anunciaría que el relleno sanitario sería cerrado en un plazo de seis meses y que éste anuncio había sido acordado con la misma empresa concesionaria. Aclararía que esto se llevaría a cabo de manera que se garantizara la existencia de un nuevo sitio de disposición final y que con ello no se volviera a generar una crisis similar a la del 2006. Comentaría que el proyecto de su gobierno no sería la rescisión del contrato con PASA sino el de llevar a cabo adecuaciones en el mismo. En noviembre, daría a conocer que un grupo de regidores estarían trabajando para acordar los términos de los cambios. Estas declaraciones causaron reacciones críticas no sólo entre los representantes de la empresa en Cuernavaca, sino también en el gobierno estatal (CEAMA), del saliente presidente municipal Jesús Giles Sánchez, miembros del PAN, ejidatarios de San Antón, e 129 incluso el titular del estudio de manifiesto ambiental para Loma de Mejía el Dr. Oscar Dorado. En cuanto a sus colegas de cabildo, en especial de los del PAN, Martínez Garrigós encontraría posiciones encontradas. Las posturas de los panistas variaban entre los que expresaban que no sólo defenderían el proyecto de Giles Sánchez, sino que apoyarían el cierre sólo si se garantizaban condiciones financieras favorables para el municipio. Giles Sánchez ya en su rol de diputado federal, aseguraría en septiembre, que el cierre no sería viable y si esto se llevara a cabo traería consigo un alto riesgo de generar una crisis económica y social para Cuernavaca. Estas declaraciones harían que el comité municipal del PRI exigiera prudencia al diputado. Por su parte, a finales de octubre el secretario de la CEAMA destacaría, ante diputados salientes, que el relleno operaba de manera adecuada. En esa ocasión descalificaría las críticas en contra de la ubicación del sitio de disposición final. También aceptaría, que si bien técnicamente el suelo del predio no cumplía con lo que marcaba la norma, la CEAMA había condicionado su puesta en marcha con la elevación de las exigencias técnicas. El funcionario además aseguraría que la empresa habría cumplido a cabalidad con dichos condicionamientos. Es interesante el rol que asumiría el PAN en defensa de los ejidatarios de San Antón. Al cerrar el relleno, estos dejarían de recibir un ingreso mensual proveniente del pago por el acuerdo de comodato del usufructo de sus tierras.1 A finales de noviembre en una rueda de prensa, el presidente del PAN en Morelos declararía que de cerrar el relleno, el ayuntamiento tendría que erogar una suma aproximada de 90 millones de pesos para indemnizar a los ejidatarios. Anotaría que durante la administración anterior se habría firmado un convenio con los ejidatarios en donde se acordaría que por destinar sus predios para el relleno y que por no poderle dar otro uso al ser clausurado, recibirían aproximadamente 400 mil pesos mensuales por los nueve años de contrato (ultra.com.mx). Además, el municipio, la empresa y la decisión de la asamblea ejidal dejarían un pasivo ambiental en tierras que si antes eran utilizadas para pastorear ahora estarían contaminadas. En ese sentido, Oscar Dorado reconocería que de cerrarse el sitio, se requeriría de por lo menos dos años de seguimiento para el tratamiento de miles de toneladas de desechos que habrían sido depositadas en casi un año de operaciones. Dorado declararía que tanto la empresa como las autoridades municipales deberían de acordar mediante un instrumento legal la realización de medidas de mitigación del impacto ambiental y del tratado de los residuos. Finalmente aseguraría que “el cúmulo de desechos y sustancias que pueden ser dañinas para el suelo y la ecología (sic) de la zona representan una amenaza mucho mayor si dejan de tratarse (…)” (González, el sol de Cuernavaca, 4-1109). 2010: las clausuras de Loma de Mejía Un incendio ocurrido el domingo 14 de marzo de 2010 en las instalaciones del relleno sanitario, sería un buen pretexto para que al día siguiente del siniestro, el ayuntamiento clausurara por una semana el uso del relleno. Las autoridades municipales y de protección civil declararían que en el momento del desastre, el sitio no contaba ni con personal operativo capacitado ni con los elementos necesarios para sofocar un evento de dicha naturaleza. Asimismo, el ayuntamiento declararía que había dos temas importantes en tanto la relación con la empresa PASA. Por un lado, se establecería una Comisión Verificadora, la 1 Se estima que cada una de las 143 familias de la asamblea ejidal recibía de dos a tres mil pesos mensuales 130 cual tendría la tarea de analizar los términos de la concesión, y de si ésta se etaba cumpliendo. Habían encontrado que la empresa había incumplido con algunos compromisos pactados y consideraban que había elementos suficientes para la rescisión del contrato. Por ejemplo, entre los compromisos adquiridos estaban la construcción de un programa de llantas usadas, uno de composta y el establecimiento de una planta de preparación de reciclables, mismos que no habían sido llevados a cabo, a pesar de las prórrogas otorgadas por la administración anterior. El segundo tema, era el estudiar las condiciones de la operación y del funcionamiento del relleno y verificar si cumplía con la NOM-083. El día 20 de marzo, Onsite Laboratories de México, S.A. de C.V., empresa contratada por el Ayuntamiento de Cuernavaca como Unidad Verificadora Ambiental, iniciaría una serie de estudios en el relleno sanitario. Esta empresa, sin embargo, no contaría con el aval de la PROFEPA en Morelos. El organismo gubernamental explicaría que On site Laboratories, no estaba registrada como auditora ambiental ante la Entidad Mexicana de Acreditación, sino solamente como laboratorio, por lo cual sólo estaría acreditada para analizar y realizar pruebas, pero de ninguna manera podría emitir dictámenes. Es importante resaltar que a partir del incendio, el municipio trabajaría a la par que PASA en la prestación de los servicios de transporte y de recolección. De acuerdo con la prensa “el municipio tampoco ha dejado de brindar los servicios de limpia debido a que no les tiene confianza, declararía el Presidente Municipal, Manuel Martínez Garrigós” (Diario de Morelos, consultado el 2 de marzo de 2010, http://chalmeros.blogspot.com/2010_03_01_archive.html) La reapertura temporal de Loma de Mejía El día 22 de marzo, luego de mantener negociaciones entre el ayuntamiento y la empresa, se quitarían los sellos de clausura. La empresa declararía que el costo de no haber utilizado el relleno durante la semana y de haber trasladado los residuos a la ciudad de México, habría sido de aproximadamente cuatro millones de pesos, mismos que habrían sido absorbidos por PASA. Esta reapertura se llevaría a cabo muy a pesar del abierto apoyo a Martínez Garrigos por parte de grupos ambientalistas afines a la clausura del relleno sanitario. Jaquemate al estilo priista Finalmente, fue finales de julio del 2010 que Martínez Garrigos tomaría la decisión de no de pagarle a PASA por los servicios de limpia que realizaba en la ciudad. Asimismo, dejaría de solventar a los ejidatarios de San Antón por la renta para el uso de las tierras ejidales por el relleno sanitario. Es interesante observar las declaraciones sobre el asunto que en su momento haría el regidor priista Gustavo Petriccioli Morales. Al ser cuestionado sobre las causas que habrían llevado a la comuna a no realizar los pagos correspondientes a PASA, el regidor aceptaría que el recurso habría sido utilizado en otros gastos, pero que eventualmente serían cubiertos los adeudos pendientes con la empresa. Fue entonces, que el martes 3 de agosto, PASA suspendería los servicios prestados a la comuna bajo el argumento de que se le adeudaba el pago correspondiente a los meses de mayo, junio y julio, que dicha deuda superaba los 21 millones de pesos y que no contaba con los recursos para seguir operando. De esa manera, si bien la comuna de Cuernavaca buscaría hacerse cargo de la situación con recursos propios, reconocería que por el momento no podría asumir el control de la situación porque estaba impedida según el amparo 261/2010 otorgado por el Juez Tercero de Distrito en materia administrativa del Estado de Nuevo León y promovido por la propia empresa. A través de dicho amparo se le reconocía a la empresa la facultad de ejercer su concesión para llevar a cabo el servicio de limpia de la comuna. Como consecuencia, la 131 ciudad de Cuernavaca se quedaría aproximadamente quince días sin un servicio regular y sistemático de recolección, así como tampoco sin el servicio de disposición final en Loma de Mejía. Fue hasta el martes 10 de agosto que a través de camiones de la Confederación de Trabajadores de México (CTM), contratados por la comuna, se empezó a recoger basura de las calles y trasladarla al relleno sanitario de Cuautla. Con ello, no solamente se trataría de resolver el servicio de recolección domiciliar, sino también con el servicio de disposición final. Hasta noviembre de 2010 el municipio de Cuernavaca se habría visto en la necesidad de deshacerse de los desechos de la capital en otros sitios. Sin embargo, no habría habido transparencia acerca de dónde los estuvieran depositando y cuánto estaría costando la nueva política denominada Sistema Integral de Recolección de Cuernavaca (SIREC). En ese contexto, los opositores al relleno sanitario de Loma de Mejía, aprovecharían la situación para presionar al presidente municipal para cumplir con sus promesas de campaña. En esa ocasión fijarían como plazo una semana para que el edil clausurara de manera definitiva el relleno, de lo contrario, advertirían que emprenderían una serie de movilizaciones para presionar a las autoridades. Indicarían que realizarían desde marchas hasta el cierre de calles e incluso un plantón permanente en el ayuntamiento. A esconderse que ahí viene la basura Al clausurar el relleno sanitario en marzo, y al no contar con instalaciones necesarias, el ayuntamiento decidiría usar de manera temporal, y a cielo abierto, un predio como sitio de transferencia. Este terreno se localizaría a un lado del rastro en la colonia Revolución. Sin embargo al no cumplir con la normatividad, ni contar con los permisos o con los manifiestos de impacto ambiental, el gobierno estatal a través de CEAMA iniciaría un procedimiento administrativo en contra de la comuna de Cuernavaca por haber cometido un delito ambiental. Este delito derivaría en una sanción económica y su ventilación en los medios. El 22 de marzo el subsecretario de Servicios Públicos de la ciudad, aseguraría que atendiendo al oficio enviado por CEAMA, el predio estaba totalmente limpio. Con los hechos definitivos ocurridos en agosto, y al no poder seguir utilizando el predio de la colonia Revolución, el ayuntamiento de Cuernavaca acordaría utilizar el Centro de Transferencia de Juitepec. Sin embargola CEAMA volvería a castigar un nuevo delito. De acuerdo con su manifestación de impacto ambiental, dicho sitio solamente podía ser usado por el ayuntamiento de Cuautla. Las autoridades de Cuernavaca nuevamente se verían en dificultades ya que a la postre tampoco habrían podido utilizar el relleno sanitario “la Esperanza” de Cuautla, el cual, a la postre también sería clausurado por habersele detectado irregularidades en su operación. En noviembre, luego de que el relleno de Loma de Mejía dejara de funcionar, Cuernavaca aun no contaría con algún sitio legal de transferencia o de disposición dentro del municipio, o incluso en el estado de Morelos. La prensa reportaría que el municipio estaría realizando la transferencia a cielo abierto y de manera ilegal, en un predio ubicado en la avenida Estado de Puebla en la ciudad de Cuernavaca. De la «esperanza»a la intimidación El miércoles 10 agosto el periódico el Sol de Cuernavaca, a través de Israel Mariano, publicaría, lo que para los directivos de PASA habría sucedido esa madrugada: Representantes y abogados de la empresa PASA acusaron que funcionarios del Ayuntamiento de Cuernavaca irrumpieron de forma violenta la madrugada del martes para apropiarse del relleno sanitario de Loma Mejía, donde con apoyo policíaco descargaron cuando menos 15 camiones de basura, desalojaron de forma violenta a su personal y no se les permitió el paso desde esa hora, por lo que analizan iniciar una demanda por despojo. 132 Los hechos (...), ocurrieron cerca de la una de la mañana, cuando presuntamente ocho patrullas de la Policía Preventiva de Cuernavaca encabezadas por (...) un funcionario del Departamento de Limpia del Ayuntamiento, escoltaron a 15 camiones con basura hacia el relleno sanitario de Loma de Mejía e irrumpieron con lujo de fuerza y con violencia en la instalación de la empresa Promotora Ambiental en Cuernavaca (PASA). El gerente de la empresa, Sergio Urzúa dijo que de forma ilegal fue retenido el gerente del relleno sanitario sin justificación, Iván Orlando Rivera Cota y por varias horas estuvieron desaparecidos dos vigilantes y desde ese momento el área quedó bajo resguardo de los elementos policíacos, por lo cual señalan que ya no se les permitió el acceso. Los supuestos ahorros para las arcas municipales Las declaraciones por parte de Martínez Garrigos, han indicado que con la cancelación de la operación de la empresa PASA, el ayuntamiento estaría gastando un promedio de solamente 6.8 millones de pesos mensuales. Con lo cual, el municipio presumía que estaría ahorrando hasta un 28% de los recursos asignados para este fin. En palabras del munícipe, con PASA esto llegaba a ser de casi diez millones de pesos mensuales. Asimismo, aseguraría que con la puesta en marcha del SIREC a mediados de octubre de 2010, se podría llegar no sólo a reducir hasta en un 40% el volumen de toneladas de basura que se producían a diario en el municipio de Cuernavaca, sino también los costos finales por la disposición final de menos desechos. SIREC Martínez Garrigos establecería que el SIREC formaría parte de una política de desarrollo sustentable, la cual no sólo buscaría resolver los problemas ecológicos sino hacer frente a diversas situaciones sociales. A través de dicho programa se buscaría instrumentar un sistema de centros de acopio en las más de 300 colonias del municipio. A través de ellos, el DIF municipal entregaría a los participantes del programa una serie de planillas de canje para hacerse acreedoras a canastas básicas. Para diciembre del 2010, se habrían instalado tres centros de acopio. CEAMA y su capacidad para hacer cumplir el marco regulatorio A mediados del mes de agosto, el titular de la CEAMA, Fernando Bahena Vera, reconocería que tan sólo el 50% de los residuos generados en Morelos se llevaba a rellenos sanitarios. De acuerdo con Rubicela Morelos (La Jornada de Morelos, viernes 13 de agosto de 2010) la CEAMA aceptaría que la legislación sobre manejo de la basura no se cumplía en la mayoría de los municipios. Asimismo admitiría que si bien algunos municipios depositaban sus residuos en lugares controlados no significaba que cumplieran satisfactoriamente con la ley o que no los siguieran depositando a cielo abierto. Bahena argumentaría que la falta de cumplimiento y el rezago en la aplicación del marco jurídico se debía a que la regulación estatal tenía muy poco tiempo (de dos a tres años) de haberse publicado. Sin embargo, para ciertas organizaciones no gubernamentales estos retrasos resultaban inaceptables. Para Acción Ecológica, en voz de Larisa de Orbe González, dos años habrían sido tiempo suficiente para que las autoridades ambientales pudieran no sólo haber constituido un órgano de consulta estatal para la gestión integral de los residuos. Sino que también las autoridades, habrían podido iniciar campañas de educación ambiental. La organización consideraba que por ejemplo, la ciudadanía no tenía claro cómo cumplir con la ley. 133 Los vericuetos legales del pleito entre PASA y Martínez Garrigós. Luego de que el ayuntamiento determinara emitir un acuerdo avalado por el cabildo en pleno para echar a andar un plan de recolección de los residuos sólidos, sin la participación de PASA, la empresa acudiría ante los tribunales para revertir la medida. De esa manera, la empresa neoleonesa, promovería ante el juez tercero de Distrito en Materia Administrativa con residencia en Monterrey, un amparo para prohibirle a la comuna a prestar el servicio de recolección, traslado y disposición final de los residuos sólidos municipales en Cuernavaca. A pesar de que en una primera ocasión el juez le otorgaría en agosto, a la empresa una suspensión1 para que el Ayuntamiento capitalino no pudiera prestar el servicio; el ayuntamiento decidiría seguir prestando el servicio bajo el amparo de la Constitución. Como resultado final de esta controversia, a mediados de octubre, el boletín del Poder Judicial de la Federación publicaría una resolución, en donde en términos generales, el juez reconocería la validez de la atribución municipal para recolectar la basura, ya que de lo contrario, establecía, se pondría en riesgo la salud de los habitantes del municipio de Cuernavaca. De esta manera se le negaría a PASA su amparo. Acronimos PASA UAEM CEAMA CRIM UNAM CONAGUA INMORE DIF UVA CONAGUA CIDH PET PAN PRI PRD • • • • • • 1 Promotora Ambiental de la Laguna Universidad Autónoma del Estado de Morelos Comisión Estatal de Medio Ambiente Centro Regional de Investigaciones Multidisciplinarias Universidad Nacional Autónoma de México Comisión Nacional del Agua Instituto Morelense de Recicladores A.C. Desarrollo Integral de la Familia Unidad de Verificación Ambiental Comisión Nacional del Agua Comisión Independiente de Derechos Humanos de Morelos Tereftalato de polietileno Partido Acción Nacional Partido Revolucionario Institucional Partido de la Revolución Democrática Referencias, électrónicas (consultadas en varias ocasiones) http://chalmeros.blogspot.com/ http://www.ceama.morelos.gob.mx/secciones/comunicacion/popups/ago07/bc00473.htm http://www.cuernavaca.gob.mx/new/index.php http://groups.google.com/group/adoptatubarranca/browse_thread/thread/c77353382d3f4 6b2 http://www.dforceblog.com/2008/10/30/punto-verde-centro-de-reciclaje-en-cuernavaca/ http://puntosverdes.blogspot.com/2008/06/morelos-ejemplo-en-recoleccin-de-pilas.html bajo el amparo 261/2010 134 • • http://inaremorelos.obolog.com/ Vargas Edgar 2006 "Cuernavasura", en La Jornada de Morelos, Sección: Opinión, Cuernavaca, Morelos (www.lajornadamorelos.com/) • • • • • • • Hemerográficas (electrónicas, consultadas en varias ocasiones) www.lajornadamorelos.com/ www.oem.com.mx/elsoldecuernavaca www.diariodemorelos.com/ www.jornada.unam.mx/ www.reforma.com www.eluniversal.com.mx www.excelsior.com.mx • • Normatividad Ley General para la Prevención y la Gestión Integrada de los Residuos Reglamento de Ley General para la Prevención y la Gestión Integrada de los Residuos • • NOM-083-SEMARNAT-2003 : Ley de Residuos Sólidos para el Estado de Morelos Reglamento de la Ley de Residuos Sólidos para el Estado de Morelos 135 Le cas du centre intégral de recyclage et d’énergie de Tlahuac, Mexico (DF) Jade Latargère Le Centro Integral de Reciclado y Energía est un projet qui a été conçu par le gouvernement de la ville de Mexico, pour résoudre le problème des 12 000 tonnes de déchets qui se génèrent chaque jour dans la capitale du pays. Il s’agit d’un centre de traitement des déchets totalement innovateur, puisque le projet prévoit la récupération et le recyclage des matériaux, ainsi que l’utilisation de technologies de traitement thermique pour produire de l’électricité. Au final, seuls les déchets qui ne pourront pas être réutilisés seront canalisés vers des décharges pour y être enterrés. Le plan gouvernemental contemplait la construction de plusieurs Cire, car techniquement, il est impossible qu’une seule installation réalise la séparation et le traitement des 12 000 tonnes déchets qui sont produites chaque jour au DF. En mars 2008, le gouvernement a annoncé que le premier Cire se construirait à Tláhuac, dans la région de la Sierra de Santa Catarina. Cette annonce est intervenue dans un contexte de crise, marqué par l’urgence de trouver un site où déposer les poubelles de la ville, puisque l’actuelle décharge de Mexico, le Bordo Poniente, devait cesser d’opérer en juillet 2008. Malgré le caractère innovant du centre de traitement des déchets, la construction du Cire va immédiatement générer un mouvement d’opposition, qui va rester actif jusqu’à ce que le gouvernement annonce l’annulation du projet, en octobre 2009. Dans le cadre du projet Descri, nous analyserons les principaux aspects de ce conflit. Notre article est articulé en deux parties : dans la première, nous nous centrons sur la perspective du mouvement d’opposition : qui sont principaux opposants au projet, quelles sont leurs motivations et leurs stratégies de lutte ; dans la deuxième, nous changeons de point de vue et analysons les gestions réalisées par le gouvernement pour mettre en place le projet. Un projet conflictuel Une opposition hétérogène C’est en mars 2008 que le gouvernement de la ville de Mexico fait connaître au grand public son projet de construire un nouveau centre de traitement des déchets dans la région de la Sierra de Santa Catarina, qui appartient à la délégation Tláhuac. Loin de passer inaperçue, cette annonce provoque immédiatement des réactions adverses, notamment parmi les habitants de la délégation Tláhuac, et plus particulièrement ceux qui vivent dans la colonia Pueblo de San Francisco Tlaltenco, car c’est là que se trouvent situés les 200 hectares de terrain que le gouvernement projette acquérir pour construire le Cire (Centro Integral de Reciclado y Energía). Si bien tous les habitants de Tláhuac ne manifestent pas leur opposition au projet, un certain nombre de citoyens de la délégation commencent à se mobiliser pour éviter la construction du centre de traitement des déchets. Les habitants les plus virulents -ceux qui n’hésitent pas à recourir à la manifestation et au blocus de routes pour freiner le projet - forment le « Frente de Pueblos del Anáhuac » pour donner une cohérence au mouvement d’opposition. Mais loin d’être le fruit d’une seule organisation, la lutte contre le Cire est se livre aussi sur d’autres fronts, œuvre de petits groupes ou citoyens isolés, comme l’ « asociación de nativos y colonos de San Pedro Tláhuac », qui dépose une plainte devant la justice pour demander la révocation du Cire (cf. annexe 1), ou encore les 136 étudiants de l’Universidad Autónoma de la Ciudad de México, qui élaborent un film sur la région pour faire connaître la valeur agricole de la Sierra de Santa Catarina1. Le député local du PRD pour la circonscription de Tláhuac, Edy Ortiz, se mobilise également contre le projet et met en place une vaste campagne d’information, basée sur le porte-à-porte et l’organisation de conférences, pour sensibiliser la population sur les implications du projet. Cependant, les habitants de Tláhuac ne sont pas les seuls à se manifester contre le projet du CIRE. Au fil du temps, plusieurs groupes qui ne possèdent aucun ancrage dans la délégation Tláhuac rejoignent leur cause : académiques tels que Jorge Legorreta, qui mettent en avant l’importance de la Sierra de Santa Catarina en tant que zone de recharge des aquifères; diverses associations environnementales, comme Greenpeace ou le Centro de Análisis y Acción en Tóxicos y sus Alternativas (CAATA), qui s’opposent au traitement thermique des déchets, parce que ces technologies produisent des résidus toxiques dangereux pour la santé et l’environnement; et des écologistes radicaux comme Miguel Valencia, qui considère que le projet du CIRE, aussi innovant soit-il, ne solutionne pas le problème de production des déchets. Bref, les opposants au projet du CIRE sont loin de former un groupe homogène. Les points de désaccord Les principaux points de désaccord entre le gouvernement et les différents groupes qui s’opposent à la construction du Centro Integral de Reciclado y Energía portent sur les fondements technologiques du projet et la valorisation de l’espace où doit être édifié le centre de traitement des déchets. Mais il faut également mentionner qu’il existe un désaccord de nature idéologique, qui met en cause le type de solution proposée par le gouvernement pour résoudre le problème de traitement des déchets à Mexico. Un conflit lié aux fondements technologiques du CIRE Dans le cadre du projet Descri, nous avons réalisé un entretien avec Fernando Menéndez Garza, qui occupe le poste de Coordinador General de la Comisión para la Gestión Integral de los Residuos Sólidos del DF et était donc en charge de la mise en œuvre du Centro Integral de Reciclado y Energía. Celui-ci décrit le Cire comme « un complexe industriel intégral, où les déchets sont reçus et séparés, avant d’être envoyés à des industries alentour, qui sont chargées de recycler les déchets ou de les transformer en énergie ». Il est apparu que l’un des points forts du projet est la production d’énergie (il s’agit ici d’électricité) à partir du traitement thermique des déchets qui ne peuvent pas être immédiatement réutilisés comme le carton, le plastique, l’aluminium, le papier et le verre. Durant l’entretien, Fernando Menéndez a longuement insisté sur le fait que le traitement thermique des déchets à l’intérieur du Cire ne se fera pas par incinération, sinon grâce à un procédé de combustion totalement distinct, connu sous le nom de gazéification. D’après l’information scientifique que nous avons pu réunir, la gazéification permet de transformer une substance solide ou liquide en un mélange gazeux à travers une oxydation partielle en présence de chaleur. L’oxydation se réalise dans une chambre de post-combustion où sont réduits les niveaux d’oxygène, ce qui permet théoriquement de prévenir la formation de furanes et dioxines, dont la structure moléculaire est composé d’oxygène. Menéndez a à plusieurs reprises insisté sur ce point lors de l’entretien. Il a expliqué que le procédé de gazéification est une option de traitement thermique qui ne génère pas les gazes toxiques que produisent les systèmes d’incinération classique, et sont considérés comme un grave danger pour la santé et l’environnement. « Se utiliza un sistema, es una gasificación de lecho fluidizado, entonces ahí lo que se hace es que el horno aprovecha el oxigeno que viene en la humedad del H2O para hacer una 1 La Sierra de Santa Catarina, el último respiro, Universidad Autónomo de la Ciudad de México, Centro de Investigación y Producción de la Imagen. 137 combustión al mínimo de oxigeno y esto se combustiona en lecho cerrado y hacia fuera solamente se permiten gases que son gases naturales como nitrógeno, oxigeno, este tipo de cosas…el único gas que se puede generar y sería malo para la atmosfera y para el calentamiento global es el gas metano, pero el gas metano se captura porque tiene un valor muy alto…O sea se separa, se limpia, se comprime y se puede usar para transporte vehicular o se puede usar para generar energía eléctrica”. Mais à l’encontre de Fernando Menéndez, tout le monde ne croit pas en les vertus de la gazéification. Même s’il ne s’agit pas d’un système d’incinération traditionnel, le fait que le gouvernement prétende recourir à un procédé de traitement thermique pour traiter les déchets va conduire un certain nombre de personnes à s’opposer au projet du Cire. C’est le cas de plusieurs associations et organisations environnementales, telles que le Grupo de Estudios Ambientales AC, le Frente Mexicano Pro Derechos Humanos AC, le Frente Ciudadano en Defensa de las Areas Naturales de Tlalpan et le Centro de Análisis y Acción en Tóxicos y sus Alternativas (CAATA)1. Le 22 janvier 2009, ils publient une carte ouverte dirigée au maire de Mexico, Marcelo Ebrard, où ils exigent que les technologies de traitement thermiques, qu’il s’agisse de gazéification, pyrolyse, plasma ou incinérationsoient exclues du Cire (cf annexe 2), argumentant que ces technologies produisent une série de fumées toxiques, notamment des dioxines et des furanes, qui persistent des dizaines d’années dans l’environnement et se transmettent à travers la chaîne alimentaire. Utiliser cette technologie pourrait donc mettre en danger la santé des enfants et des femmes enceintes. Ils ajoutent que les contrôles imposés par la législation en vigueur sont déficients puisque les émissions générées par les procédés d’incinération ne sont mesurées qu’une fois par an, et sur avis préalable. Si bien l’opposition de ces organisations au projet du CIRE n’est pas allée plus loin que l’envoi d’une carte au maire de Mexico, l’argument est partagé par un certain nombre d’habitants de Tláhuac, notamment par plusieurs intégrants du Frente del Pueblo del Anáhuac, qui n’hésitent pas de leur côté à recourir à des actes de protestation plus virulents. C’est notamment le cas d’Alan de La Rosa, qui lors d’un entretien réalisé à Tláhuac, dans la communauté de San Francisco Tlaltenco, nous a parlé du danger que représentent les technologies d’incinération, et de fait, le Cire: “Eso es un horno, entonces aquí está el problema, tú vas a meter los paquetes de basura adentro, y lo que se evapora es plomo, metales pesados, todo este tipo de cuestiones, desde gases, material particulado, metales pesados, componentes orgánicos persistentes; al final de cuenta, no es para espantarse, porque las dosis de componentes orgánicos están en microgramos, hay un limite permitido, pero si tú rebasas este limite, es cuando se colapsa todo y aquí ya es jugar con la salud de la gente”. Une autre critique qui a été formulée à l’encontre des fondements techniques du Cire concerne le stockage des déchets. Pour Fernando Menéndez, le Cire n’a rien à voir avec une « décharge » classique puisqu’aucun déchet ne sera stocké ou enterré sur place. En fait, le projet prévoit que les quelques 20% de déchets qui ne peuvent pas être recyclés ou transformés en énergie à l’intérieur du Cire seront envoyés dans une décharge située dans l’Etat de Mexico, après négociations avec le gouvernement de l’Etat voisin. Le Cire est donc un centre de traitement des déchets totalement « aseptisé ». C’est d’ailleurs pourquoi, selon Menéndez, il est plus approprié de parler de centre de recyclage et de génération d’énergie lorsqu’on se réfère au Cire, que de « décharge » ou relleno en espagnol. Le fonctionnaire nous a d’ailleurs repris à plusieurs reprises au cours de l’interview lorsqu’on utilisait le terme « basurero » pour désigner le Cire. 1 Voire l’annexe 2 pour consulter la liste complète des associations et citoyens qui s’opposent au traitement thermique des déchets. 138 Cependant, pour les intégrants du Frente de Pueblos del Anahuac, le Cire n’est pas en réalité si différent d’une décharge. Si bien les déchets ne seront pas enterrés sous la superficie du Cire puisqu’ils ont pour destination finale une décharge de l’Etat de Mexico, la tâche de séparation et de recyclage des poubelles suppose que les déchets soient stockés temporairement à l’intérieur de l’enceinte du Cire. De par cette situation, le Cire présente les mêmes effets nocifs qu’une décharge : l’infiltration de lixiviants dans le sous-sol, et ce peu importe s’il existe ou non des géomembranes. « Cuando fuimos con las empresas que vinieron a presentar el proyecto del Cire, nos dimos cuenta realmente de que se trataba. Realmente es un relleno sanitario a cielo abierto porque se necesita tener ahí la basura para después procesarla” nous a signalé Juan Tomás Hernández, qui appartient au Frente de Pueblos del Anáhuac. C’est pourquoi à l’encontre de Fernando Menéndez, ils se réfèrent au Cire comme à un « tiradero » ou à un « basurero » et s’opposent à la réalisation du projet gouvernemental. Interrogé sur ces critiques, Fernando Menéndez indique que le désaccord qui existe entre le gouvernement et les groupes d’opposition se base sur un malentendu. « Muchas mentiras, muchas imprecisiones….básicamente eso…hubo gente que envenenó el conocimiento de la población misma, diciendo que se iba a utilizar todas esas cosas y nada de esto estaba considerado utilizarse…” Pour lui, les différents groupes qui s’opposent au Cire n’ont pas compris que le procédé de traitement thermique contemplé dans le projet n’est pas l’incinération, mais la gazéification, une technologie totalement inoffensive. Ils n’ont pas non plus compris qu’il ne s’agit pas d’un « basurero », mais bien d’un centre de traitement de déchets, où ne seront pas enterrées les poubelles de la ville. Mais en réalité, l’opposition générée par le Cire est loin de reposer sur un malentendu. En effet, lors des entretiens que nous avons réalisés, les intégrants du Frente del Pueblo del Anáhuac ont manifesté qu’ils savaient que les déchets ne seraient pas enterrés à l’intérieur du Cire et qu’ils connaissaient la différence entre gazéification et incinération. Simplement, ils ne partagent pas la vision de Fernando Menéndez selon laquelle les options technologiques qui seront mises en place à l’intérieur du Cire – gazéification, stockage temporaire des ordures en font un centre de traitement des déchets totalement sécure. Leurs craintes s’alimentent des incertitudes scientifiques existantes en matière de technologies de traitement des déchets. Car si bien d’un point de vue purement technique, la gâtification se distingue de l’incinération, il n’est pas encore démontré que ce procédé ne génère aucun gaz toxique. De fait, la directive 2000/76/CE du Parlement Européen qui fixe la valeur limite des émissions générées par les installations d’incinération de déchets s’applique également aux installations qui utilisent un traitement thermique par gazéification ou pyrolyse. Un conflit lié aux différentes perceptions qu’ont les acteurs de la Sierra de Santa Catarina : Le conflit généré par la construction du Centro Integral de Reciclaje y Energía (Cire) est aussi lié au fait que le gouvernement et les opposants au projet accordent une valeur différente à la zone où doit être construit le centre de traitement des déchets. Lors de l’entretien que nous avons eu avec Fernando Menéndez, celui-ci décrit la Sierra de Santa Catarina comme une zone qui se trouve sur le point d’être urbanisée et dont la valeur écologique se trouve menacée puisqu’à mesure qu’avance l’urbanisation, l’infiltration de l’eau de pluie dans le sous-sol diminue, ce qui limite d’autant la recharge des aquifères. Face à cette perspective, Menéndez considère que la construction du Cire sera bénéfique pour la région puisque le centre de traitement des déchets formera une sorte de barrière contre l’urbanisation. Comme le projet prévoit en outre que les différentes industries installées à l’intérieur du Cire soient équipées de collecteurs d’eau de pluie, et que soient construits des puits d’injection, la quantité d’eau qui s’infiltre dans le sous-sol sera au final plus importante qu’à l’heure actuelle. La construction du Cire permettra donc de préserver les services environnementaux que prête la Sierra de Santa Catarina. « Los pozos a 139 inyección iban a permitir que la recarga pasará de 8% que es ahorita de la lluvia que cae sobre el suelo de conservación de la Sierra de Santa Catarina hasta 40% porque íbamos a poner captadores e inyectores a 30 metros de profundidad….entonces nuestro proyecto en lugar de reducir la recarga iba a incrementar la recarga…” (Fernando Menéndez). Cependant, de nombreux habitants de Tláhuac ont une perception différente de la Sierra de Santa Catarina et considèrent que loin d’être une zone détériorée, la région choisie par le gouvernement pour construire le Cire possède une grande valeur. D’abord parce qu’il s’agit de l’une des dernières zones agricoles de la ville de México, où se cultivent encore le maïs, le frijol, et la courgette. « En la Sierra de Santa Catarina, todavía se cultiva alimentos en una forma tradicional, que se transmitió de generación en generación. Las semillas también son semillas nativas, nosotros no dependemos de ninguna empresa para comprar las semillas, nosotros mismos las seleccionamos, entonces ahorita lo que acabamos de ver es precisamente el producto de los saberes no de un año, sino de miles de años. Eso es muy importante no sólo para nosotros, sino para la Ciudad de Mexico” (Juan Tomás Hernández, Frente de Pueblos del Anáhuac). Ensuite parce qu’il s’agit de l’un des derniers espaces non urbanisés du Distrito Federal. Même si à certains endroits, des maisons ont été construites illégalement, en flagrante infraction des plans urbains existants, le Frente de Pueblos del Anáhuac estime que cette région a une grande importance pour le bassin de la vallée de Mexico, puisque la majeure partie de la Sierra n’est pas encore urbanisée et l’eau de pluie s’infiltre dans le sous-sol, ce qui contribue à la suffisance en eau de la ville de Mexico. En outre, selon les intégrants du Frente de Pueblos del Anáhuac, la Sierra de Santa Catarina recèle une grande biodiversité, qui mérite d’être conservée. « La Sierra de Santa Catarina está llena de flora y fauna. La flora está compuesta obviamente de árboles que se llaman pirules, (...)de alcajones, también de cactus y de plantas que están en extinción(…).Y la flora alimenta la fauna, tenemos riqueza de fauna, cosa que la delegación ignora, porque antes teníamos coyotes, águilas, águilas reales, buitres, que se han ido extinguiendo con la sobrepoblación que tenemos. Queremos conservar estos suelos para esta familia de animales, porque todo tiene un procedimiento”(Juan Manuel Chirinos Mártinez, Frente de Pueblos del Anáhuac). Enfin, au-delà de ces critères matériels, a Sierra de Santa Catarina a une importante valeur identitaire. Catia Leyte Chávez, qui fait partie du Frente de Pueblos del Anáhuac, nous a expliqué que pour les habitants du village de San Francisco Tlaltenco, la Sierra de Santa Catarina est bien plus qu’un simple tas de gravats : elle représente la déesse Chicomecóatl, la déesse du maïz, la mère-nature, la terre essentielle à la survie de l’homme. “Cuando nosotros vemos el cerro, no nos estamos refiriendo a un terrón de arena nada más, sino a una diosa, a la diosa Chicomecóatl, que es diosa del maíz. Entonces otra persona no permitiría que le fueran a tirar basura donde está su diosa del maíz, su diosa del sustento”. Pour saisir toute la portée de ces paroles, il nous faut signaler ici que le pueblo de San Francisco Tlaltenco, où se situent les 200 hectares que le gouvernement prétend acquérir pour construire le Cire, n’est pas un quartier comme les autres. En effet, le quartier de San Francisco Tlaltenco est reconnu et catalogué par les autorités comme « pueblo originario », car il descend d’une localité indienne qui existait avant l’arrivée des Espagnols. Selon la propre classification du gouvernement, les dénommés « pueblos originarios » se distinguent par le fait qu’ils possèdent des institutions politiques et sociales, qui sont attachées à la défense de l’intégrité territoriale et des ressources naturelles, car leur identité est étroitement liée à la possession d’un territoire. A la vue de tous ces critères, on comprend mieux pourquoi un certain nombre d’habitants de San Francisco Tlaltenco s’opposent à ce que le Cire se construisent sur le territoire de leur commune. Pour eux, l’édification du Cire impliquerait la perte irrémédiable de la valeur environnementale, agricole et immatérielle que possède la Sierra de Santa Catarina. Cette vision n’est pas exclusive des habitants de Tláhuac et du Frente de Pueblos del Anáhuac. Plusieurs chercheurs ainsi que le député local Edy Ortiz considèrent que la Sierra 140 de Santa Catarina possède une grande valeur, bien que leur point de vue s’avère plus fragmentaire. Jorge Legorreta, qui est chercheur à la UAM Azcapotzalco, n’a pas répondu à notre demande d’entretien, mais diverses personnes nous ont informé qu’il a donné plusieurs conférences dans la délégation Tláhuac pour sensibiliser la population sur l’important rôle que joue la Sierra de Santa Catarina dans le fonctionnement du bassin de la Vallée de Mexico. De son côté, le député local Edy Ortiz met l’accent sur le fait que la Sierra de Santa Catarina est une zone cataloguée comme « sol de conservation1 » et l’une des dernières régions agricoles du DF, dont la vocation se doit d’être conservée. « Tláhuac en su 65% es suelo de conservación. Hay producción en la Sierra de Santa Catarina, se cultiva brócolis, se cultiva el romero, el Presidente de los Pequeños Propietarios y otros amigos tienen sembradas manzanas de la mejor calidad, de la Golden, y de otras. Hay producción, pero no ha querido el gobierno del DF invertir en eso, apoyar.” (Edy Ortiz). Les valeurs que le gouvernement et les opposants au Cire accordent à la Sierra de Santa Catarina relèvent de l’ordre de la perception. Cependant, il est intéressant de remarquer ici que le conflit sur la valeur de la Sierra de Santa Catarina transparaît également dans les documents juridiques qui font référence à la région. D’un côté, le Programme d’Action Climatique et le Programme de Gestion Durable de l’eau de la Ville de Mexico établissent que la Sierra de Santa Catarina a une valeur importante car « le fonctionnement des écosystèmes situés en sol de conservation (…) joue un rôle fondamental dans le maintien du cycle hydrologique du bassin de la Vallée de Mexico ». Mais d’un autre côté, le Programme Général d’Ordonnance Ecologique du Distrito Federal indique que « la Sierra de Santa Catarina présente un tel niveau de dégradation de l’habitat naturel, qu’elle n’a pas une grande valeur pour la conservation de la diversité biologique ». Il signale en outre que « la superficie de couverture végétale de la Sierra de Santa Catarina est réduite et très dégradée » et que « les excédents hydriques sont presque nuls, ce qui la rend peu importante pour la recharge de l’aquifère ». Cette incertitude juridique ne favorise nullement la résolution du conflit. Confronté à des critiques qui dénoncent la valeur de la zone choisie pour construire le Cire, Fernando Menéndez nous a expliqué que le mouvements qui s’opposent à la construction de nouveaux centres de traitement des déchets ne raisonnement plus seulement selon la logique NIMBY (« Not in my Back Yard »), mais selon la logique NOPE (« Not on planet earth ») : quelle que soit la région qui a été choisie pour édifier la décharge et les technologies de traitement utilisées, il y a opposition parce que la construction d’un nouveau centre de traitement des déchets aura un impact sur la planète terre. Cette logique s’alimente de la peur inconsciente, mais toujours présente, que quelque chose peut arriver. Un désaccord de nature idéologique Si bien le conflit généré par le CIRE est surtout lié aux fondements technologiques du projet, on peut identifier, chez un certain nombre d’opposants, une rhétorique argumentative de nature idéologique. Ces opposants rejettent le projet du CIRE non seulement pour les effets pervers qu’il aura sur l’environnement ou la région, mais parce qu’ils pensent que toute solution au problème des déchets qui se veut viable doit venir d’en bas, de la communauté. « No nos oponemos nada más porque sí, nos oponemos porque tenemos otra forma de ver el mundo y otra forma de resolver los problemas, no quemando la basura y matando a gente, a los campesinos; la idea es generar alternativas, propuestas, desde el pueblo, la población”, nous a expliqué Catia Leyte Chávez , du Frente de Pueblos del Anáhuac. Elle cite comme exemple le centre de séparation des déchets de San Antón, qui a 1 Une importante partie de la superficie du Distrito Federal est cataloguée comme “suelo de conservación”. Il s’agit des zones situées au sud de la ville, qui sont moins urbanisées et ont donc toujours une certaine valeur environnementale. 141 été créé à l’initiative d’un groupe d’habitants de la ville de Cuernavaca, qui désiraient que le ravin avoisinant ne soit plus envahi par les déchets domestiques. Bien que le centre de séparation de San Antón présente certaines similitudes avec le CIRE –il s’agit d’un centre de collectage et de séparation des déchets-, pour Catia Leyte, c’est en réalité un projet très différent puisque ce centre est autogéré par la communauté et ne contemple pas l’utilisation de technologies d’incinération. Catia Leyte considère que les technologies d’incinération sont par définition exclues des projets communautaires de traitement des déchets car aucune population ne souhaite mettre en danger sa santé et celle de ses enfants. Chez certains opposants au CIRE, comme Miguel Valencia, cette rhétorique argumentative, centrée sur l’importance de la communauté, devient plus théorique. Miguel Valencia est un écologiste d’obédience radicale, adepte de la pensée d’Ivan Illich, qui depuis 30 ans s’est mobilisé contre différents projets de transport que le gouvernement voulait mettre en place à Mexico : un train surélevé, une autoroute et une ligne de métro. Bien qu’il n’habite pas la délégation Tláhuac, il s’est également opposé aux divers projets que les autorités de la ville de Mexico projetaient construire à Tláhuac : la ligne de métro et le CIRE. Il a participé à plusieurs manifestations contre le Cire et la ligne 12 du métro, aux côtés des habitants de Tláhuac, mais sa participation à la lutte a surtout consisté à conseiller les intégrants du Frente de Pueblos del Anáhuac sur la stratégie à mettre en place. Il a notamment mis en contact le Frente de Pueblos del Anáhuac avec d’autres organisations de quartier qui s’opposent aux plans gouvernementaux, ainsi qu’avec plusieurs associations environnementales et de défense des droits de l’homme. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il s’opposait au CIRE, il nous a expliqué que le CIRE est un projet anti-écologique car il n’apporte aucune solution au problème de la génération des déchets. Partisan de la décroissance, Miguel Valencia considère que les déchets doivent être séparés à la source, et collectés et traités près de l’endroit où ils sont générés, pour aider à conscientiser le consommateur et promouvoir un changement dans les modes de consommation. Pour lui, il est fondamental que la communauté se rende responsable des déchets qu’elle génère, ce que ne permet pas le projet du CIRE, puisqu’en envoyant les déchets à Tláhuac, à l’extrême sud-est de la ville de Mexico, les autorités contribuent à ce que la population oublie la problématique des poubelles. « El relleno sanitario, el sumidero, y el incinerador, tienen todos en común un aspecto: sigues consumiendo como estás, sigue lo mismo. En vez de ir allá, lo quemas, pero tú sigues usando empaques, basura. O sea nada contiene la producción de basura.” (Miguel Valencia). Nous retrouvons bien là le thème de la communauté, et de la gestion responsable des déchets, mais présenté sous une forme argumentaire plus aboutie, et articulée autour de théorie de la décroissance. Même si d’un point de vue hiérarchique, ces critiques restent marginales en comparaison avec les autres arguments mis en avant par le mouvement d’opposition, elles n’en restent pas moins intéressantes, car elles mettent en évidence qu’un certain nombre de personnes considèrent que le projet du CIRE n’a pas été consulté avec la communauté et a été conçu dans les sphères gouvernementales. Nous reviendrons dans la partie suivante sur le processus de consultation mis en place par le gouvernement. Cependant, il nous faut indiquer ici que lors des entretiens que nous avons eus avec plusieurs fonctionnaires, il a été confirmé que le projet du Cire n’a été soumis à aucune discussion publique et n’a été consulté qu’avec des experts du secteur du traitement des déchets. Ce n’est qu’une fois mis au point les détails du projet du CIRE que celui-ci a été présenté à la population, à l’occasion d’une série de conférences ouvertes au grand public. Si bien les critiques de nature idéologique sont marginales dans l’argumentaire du mouvement d’opposition, il est intéressant de remarquer que le gouvernement considère pour sa part que l’opposition au CIRE d’un certain nombre de groupuscules se réduit à un conflit de type idéologique. Selon Héctor Hernández Llamas, Sous-secrétaire de Coordination Métropolitaine et Liaison gouvernementale, ce serait notamment le cas du Frente de Pueblos del Anáhuac et des étudiants de l’Universidad de la Ciudad de México. 142 Selon lui, le fait que ces groupuscules s’opposent au CIRE n’est pas dû à des considérations d’ordre écologique ou de santé publique – les possibles affectations que le CIRE aurait sur la Sierra de Santa Catarina ou la santé de la population - mais à des considérations d’ordre politique : étant liés au mouvement zapatiste et à la Otra Campaña, ces groupes se seraient opposés au CIRE pour suivre la ligne politique des dirigeants zapatistes, qui ont toujours ouvertement critiqué la gestion des dirigeants politiqus de gauche, et notamment du Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD). « En nuestra opinión personal, su motivación es más un asunto de orden político e ideológico, de insurrección para la revolución en el país, y concretamente de oposición a los gobiernos perredistas de la capital”, nous a expliqué Hector Hernández Llamas lors de l’entretien, “tiene que ver con una oposición ideológicapolítica, de contraposición por parte del EZLN con el PRD en lo general, y la gestión de los gobiernos perredistas en el Distrito federal”. La stratégie de lutte mise en place par le mouvement d’opposition Loin de constituer un bloc uni, le mouvement d’opposition à la construction du CIRE forme un groupe hétérogène. Il est normal par conséquent que les stratégies de lutte mises en place pour freiner la construction du CIRE soient diverses. Chaque groupe ou groupuscule va recourir à différents instruments pour tenter d’éviter l’installation du Cire. Cependant les stratégies de lutte mises en place ne sont pas toutes pareillement visibles, ni pareillement efficaces. Comme nous l’a fait remarquer Héctor Hernández Llamas, responsable d’instaurer le contact entre le gouvernement et les différents groupes opposés au CIRE, les groupes ultras et radicaux finissent presque toujours par s’imposer et par imposer leur stratégie de combat. La manifestation, le blocus d’avenue, et la présentation de recours en justice, sont logiquement des actions plus visibles qu’une lettre envoyée au gouvernement par un simple citoyen, qui se préoccupe pour les affectations que le centre de traitement des déchets pourrait avoir sur la santé et l’environnement. En ce sens, si bien il ne faut pas oublier que parmi les opposants au projet du Cire, on compte un certain nombre d’habitants de Tláhuac ouverts au dialogue, et simplement préoccupés par la future circulation des camions-poubelle, il n’est pas possible, dans le cadre de cette étude, de parler plus en profondeur de leur combat. Nous nous concentrons donc ici sur les stratégies de lutte les plus visibles. De fait, il s’agit bien souvent d’actions qui ont été menées par les groupes les plus radicaux. L’apprentissage du passé et l’appel à la solidarité: Depuis quelques années déjà, la Sierra de Santa Catarina est une zone qui fait l’objet de convoitises de la part du gouvernement et de plusieurs institutions privées, car il s’agit de l’un des derniers grands espaces vierges du Distrito Federal, et donc propice à la construction de grands projets d’infrastructure. Dans les années 1990, il était notamment prévu qu’une université, l’universidad marista, soit édifiée sur le bas flanc de la Sierra de Santa Catarina, mais les habitants de Tláhuac se sont mobilisés et ont réussi à freiner le projet. L’un des opposants était Tomás Hernández, qui est aujourd’hui l’un des membres les plus actifs du Frente de Pueblos del Anáhuac. Selon Miguel Valencia, le projet d’urbanisation de la Sierra de Santa Catarina a été conçu lorsque Manuel Camacho Solis était maire de México, et Marcelo Ebrard son principal collaborateur. L’idée était que la région de la Sierra de Santa Catarina serve à recevoir toutes les infrastructures de service dont a besoin la ville de Mexico : décharge, prison, académie de police, etc…. Dans les années 1990, le gouvernement fédéral a décrété l’expropriation d’une importante superficie de la Sierra de Santa Catarina, théoriquement pour assurer la préservation écologique de la région, mais selon Miguel Valencia, l’intention était en fait d’empêcher que cet espace soit urbanisé, et garantir que la zone reste libre de toute construction. 143 L’annonce de la construction du Centro Integral de Reciclado y Energía (CIRE) et de la ligne 12 du métro n’a donc pris au dépourvu les habitants de Tláhuac, d’autant que le projet est impulsé par l’ancien collaborateur de Manuel Camacho, Marcelo Ebard, aujourd’hui maire de Mexico. Immédiatement, Tomás Hernández s’est remis en contact avec Miguel Valencia, qui l’avait appuyé en 1994 lors de la lutte contre la construction de l’université marista, pour définir la stratégie à suivre. Celui-ci va lui faire profiter de l’expérience qu’il a acquise au fil des ans en tant qu’activiste écologiste, et lui fournir des instruments théoriques et stratégiques pour l’aider à faire claudiquer le projet gouvernemental. L’une des principales stratégies impulsées par Miguel Valencia est la construction d’un ample réseau de solidarité, car depuis qu’il a participé à la lutte contre le train surélevé dans les années 90, il croit fermement qu’une association de voisinage isolée n’obtient jamais gain de cause. Même si la mise en place d’un vaste réseau de solidarité ne garantit pas toujours la victoire, il est important d’établir le contact avec les habitants d’autres quartiers, car l’ennemi, lui, n’est jamais local : les investisseurs, les gouvernements, les entreprises de construction, ne circonscrivent pas leur action à un arrondissement. Miguel Valencia a donc présenté le Frente de Pueblos del Anahuac aux habitants du quartier de la Magdalena Contreras, qui s’opposent à la construction d’une autoroute qui relie Santa Fe au boulevard Périphérique, et aux habitants de Polanco, qui s’opposent à l’installation d’un tunnel pour faciliter la circulation sur le Paseo de La Reforma. Des réunions ont été organisées périodiquement entre toutes ces organisations et par ce biais, des habitants d’autres quartiers de Mexico ont participé aux manifestations qu’a organisé le Frente de Pueblos del Anahuac contre le Cire. « La idea es coordinarnos para hacer acciones conjuntas para que tengamos visibilidad ante las autoridades, la opinión pública y los medios, porque solitos y aislados no nos hacen caso…”(Catia Leyte Chávez) Miguel Valencia a également mis en contact le Frente de Pueblos del Anahuac avec des associations plus spécialisées, pour les aider à mettre au point une stratégie de lutte plus efficace et à parfaire leur discours argumentaire. « El propósito era que ellos (el Frente de Pueblos del Anahuac) tuvieran información y conciencia. Al principio, su lucha partía más de un sentimiento: me van a expropiar, me van a dar dinero, y el dinero no me sirve de nada, me voy a tener que ir de bracero y migrante a Estados Unidos. Tenían una argumentación vaga, pero la hemos ido estructurando” (Miguel Valencia). Lors de notre entretien, Tomás Hernández nous a notamment parlé du collectif Jóvenes en Resistencia Alternativa, qui leur a donné une série de cours centrés sur la prise de décision, l’action collective et l’analyse des mouvements sociaux. Ce collectif les a aidés à publier un journal, tirés à 9000 exemplaires, pour informer la population sur les effets pervers du métro et du CIRE. Les arguments présentés sont clairs et très aboutis. On y retrouve notamment la théorie défendue par Miguel Valencia, selon laquelle le métro éloigne, au lieu de rapprocher. Par la suite, le Frente de Pueblos del Anáhuac a continué à chercher le soutien d’autres organisations, qui puissent se solidariser avec leur cause. Et avec succès, puisqu’en mars 2009, l’asamblea de los afectados ambientales, qui rassemble des citoyens de différentes régions préoccupés pour la qualité de leur environnement, s’est tenu dans le village de San Francisco Tlaltenco. Le Frente de Pueblos del Anáhuac a entre autres rencontré les habitants du village de Zimapán, qui s’opposent à l’installation d’une fosse de déchets dangereux. Le recours au droit Le droit est un élément important dans le conflit du Cire. Il ne faut pas oublier que dès le départ, la construction du Centro Integral de Reciclado y Energía était conditionnée à la modification des normes d’usage des sols en vigueur dans l’arrondissement de Tláhuac. En effet, à l’origine, le Programme de Développement Urbain de Tláhuac attribuait à la Sierra de Santa Catarina un usage de «Préservation Ecologique » (PE) et de « Production Rurale 144 Agroindustrielle » (PRA), un zonage qui ne permettait pas la construction du Cire. Pour pouvoir commencer la construction du CIRE, le gouvernement de la ville de Mexico a dû envoyer à la Chambre des Députés locale une initiative pour changer le zonage en vigueur, et recataloguer une partie de la Sierra de Santa Catarina sous la catégorie « Equipement Rural » (ER). Ces changements ont été votés en août 2008. La construction du CIRE ayant été autorisée par le droit, il était donc normal que les opposants au CIRE tentent de faire claudiquer le projet en jouant sur le même terrain. La question était de savoir à quelle instance faire appel. Pour sa part, le Frente de Pueblos del Anahuac a choisi de recourir à la Procuraduría Ambiental y de Ordenamiento Territorial (PAOT), un organisme qui a pour fonction de statuer sur la légalité environnementale et urbanistique des différents projets et constructions qui sont réalisés à Mexico. Au total, trois plaintes ont été présentées devant cette instance1. La première, cataloguée comme le dossier PAOT-2008-1069-SOT-530, dénonce que la construction du Cire a été autorisée, sans qu’aucune consultation publique n’ait été réalisée. La seconde, classifiée comme le dossier PAOT-2009-802-SOT-385, met en cause que le Cire sera édifié à un endroit catalogué comme « sol de conservation » : même si la Chambre des Députés locale a autorisé la modification du Programme de Développement Urbain du quartier de Tláhuac, du fait de cette caractéristique, les autres lois en vigueur à Mexico ne permettent pas la réalisation d’une telle construction. Enfin, la troisième plainte, numérotée sous le dossier PAOT-2009-937-SOT-442, dénonce que le CIRE aura un impact négatif sur l’écosystème de la Sierra de Santa Catarina, et entraînera une diminution de la captation de l’eau de pluie. II serait long et superflu de présenter l’analyse réalisée par la PAOT dans tous ses détails2. Mais on ne passer outre les conclusions car dans tous les cas, la PAOT a donné raison aux plaignants. Elle a notamment reconnu qu’il n’existe aucune preuve qui démontre que le gouvernement ait informé clairement la population des changements de zonage qui entreraient en vigueur dans la Sierra de Santa Catarina. Elle a également établi que le fait qu’une partie de la Sierra de Santa Catarina soit cataloguée comme « Equipement Rural » contredit les dispositions règlementaires contenues dans la Ley de Desarrollo Urbano del Distrito Federal, et le Programa General de Ordenamiento Ecologico del Distrito Federal, puisque les susdits programmes attribuent à la Sierra de Santa Catarina une fonction environnementale, fonction qui n’est pas compatible avec la construction d’un centre de traitement des déchets. Face à cette situation, la PAOT exhorte les députés à prendre en compte ces conclusions et à agir en conséquence. Malheureusement pour les opposants au Cire, la résolution émise par la PAOT n’a aucune valeur contraignante. En aucun cas, les autorités ne sont obligées à agir pour changer l’état des choses et de fait, la publication de cette résolution n’a pour le moment abouti à rien de concret. Le Frente de Pueblos del Anahuac aurait donc raison, mais tant pis, puisque l’Assemblée locale, elle, a donné raison au gouvernement. Certains habitants de Tláhuac ont tenté de faire appel à d’autres institutions juridiques. C’est le cas d’Elena Ruiz López, présidente de l’Association « Ticic Asociación de Nativos y Colonos de San Pedro Tláhuac AC » , qui a demandé la protection de la justice fédérale contre l’installation du Centro Integral de Reciclaje y Energía (CIRE). La plainte a été présentée devant le « Juez Segundo de Distrito en materia administrativa » et classifiée comme l’affaire 1823/2008. La plaignante considère qu’en autorisant la construction du Cire, les autorités ont violé les garanties individuelles que lui confèrent les articles 1, 2, 4, 14 et 16 de la Constitution. La Constitution mexicaine établit en effet que les citoyens ont le droit 1 Au moins, l’une des plaintes a été présenté par les intégrants du Frente de Pueblos del Anáhuac. La PAOT préservant l’anonymat des personnes à l’origine des plaintes, il est possible que les autres plaintes aient été présentées par des habitants de Tláhuac, agissant de façon indépendante. 2 La résolution administrative émise par la PAOT peut être consultée en annexe de cet article. 145 d’évoluer dans un environnement sain et que les peuples indigènes ont le droit de vivre selon leurs us et coutumes. Or, selon Elena Ruiz, le projet du CIRE entraînera la destruction de la flore et la faune de la Sierra de Santa Catarina, et la disparition du peuple Tlahuica, la tribu indienne dont les actuels habitants de Tláhuac sont les héritiers. Pour le moment, la justice n’a pas émis de résolution dans cette affaire. Cependant, la plainte a perdu quelque peu de sa pertinence, depuis que le gouvernement a annoncé l’annulation du projet en octobre 2009. Il est néanmoins intéressant de remarquer que la référence au droit des peuples indigènes est également présent dans l’argumentaire du Frente de Pueblos del Aáahuac. A plusieurs reprises lors de l’entretien, les intégrants du Frente de Pueblos del Anahuac nous ont mentionné que la construction du Cire représente une violation de la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), relative aux peuples indigènes et tribaux, puisque l’article 4 de cette convention stipule que les gouvernements devront prendre des mesures pour sauvegarder la culture et l’environnement des peuples indigènes. L’importance de la communication Outre le recours au droit, les opposants au Cire ont centré leur stratégie de lutte sur la mise en place d’une vaste campagne de communication, destinée à informer la population des conséquences négatives qu’aura le Cire sur la région et l’environnement. Le député local Edy Ortiz a notamment organisé plus conférences publiques à la charge de prestigieux chercheurs comme Jorge Legorreta, pour expliquer aux habitants de Tláhuac en quoi consistait le projet du CIRE et faire connaître l’important rôle que joue la Sierra de Santa Catarina dans le fonctionnement du bassin aquifère de la Vallée de Mexico.« Nadie sabía que era el Cire, había que explicarles muy técnicamente de que estábamos hablando. El gobierno fue muy audaz cuando inventó la frase Cire porque la gente pensó que era un centro de investigación, una escuela tecnológica. Les tenías que explicar que era basurero. Entonces cuando a la gente, les dedicabas media hora, cuarenta minutos a veces, en asambleas, o más tiempo, la gente entendía”. Profitant des ressources que lui donnait sa position de député local, Edy Ortiz a mené en parallèle une importante campagne d’affichage à l’intérieur de la délégation Tláhuac. Selon sa propre estimation, plus de 100000 posters, qui portaient le slogan « Ici nous disons Non au Cire », ont été placardés sur les portes d’entrée des maisons. De son côté, le Frente de Pueblos del Anáhuac a eu recours à une grande variété de supports d’information : la publication de tract, d’un journal et d’une bande-dessinée; l’organisation d’assemblées d’information, sur la place principale du village de San Francisco Tlaltenco, près de la chapelle de Mazatepec ; la programmation de conférences imparties par des chercheurs ou des écologistes pour sensibiliser la population sur l’importance environnementale de la Sierra de Santa Catarina ; la création d’un blog sur internet, intitulé « Tláhuac Resiste » ; et la réalisation de nombreuses manifestations, qui contemplait la fermeture partielle ou totale de la principale route d’accès à Tláhuac, ce qui confère une indiscutable visibilité au mouvement. Néanmoins, il est difficile de savoir quel a été l’impact réel de cette campagne de communication : les opposants au Cire ont-ils réussi à convaincre les citoyens plus passifs des effets pervers du projet ? La seule indication quantitative qui peut nous renseigner à ce propos est que le Frente de Pueblos del Anáhuac a réussi à réunir plus de 10 000 signatures contre le Cire, ce qui semble démontrer que la campagne d’information mise en place a eu un certain succès, du moins dans l’arrondissement de Tláhuac. En réalité, les opposants au CIRE semblent avoir tiré parti du fait que le gouvernement de Mexico, de son côté, n’a pas organisé une campagne massive d’information pour expliquer et présenter le projet du Cire à la population. Les quelques réunions qui ont eu lieu se sont réalisées presque un an après l’annonce du projet, hors de la délégation Tláhuac et en comité réduit. 146 La plupart des habitants de Tláhuac ne connaissaient donc le projet du CIRE qu’à travers l’information qu’avaient diffusée les principaux journaux de la capitale. Dans un tel contexte de désinformation, les campagnes de communication constituent toujours un moyen de combat assez efficace. Dans cette deuxième partie, nous avons vu et analysé l’opposition qu’a suscitée le projet du Cire : qui étaient les opposants au projet, quelles étaient leur motivations et quelles stratégies ont été mises en place pour tenter de faire claudiquer le projet. Dans cette troisième partie, nous changeons de point de vue et étudions le conflit du Cire depuis la perspective gouvernementale. Nous centrerons notre analyse sur les gestions qu’a réalisées le gouvernement pour tenter de faire aboutir le projet. La gestion du gouvernement Garantir la construction du Cire : lobbying parlementaire et négociations avec les propriétaires Les premières gestions du gouvernement de la ville de Mexico ont été destinées à garantir la faisabilité du projet du Cire. En effet, pour pouvoir commencer la construction du CIRE, les autorités avaient obligatoirement besoin de deux éléments stratégiques : un cadre juridique qui permette la réalisation du projet, et la possession des terrains choisis pour édifier le centre de traitement des déchets. Dans les deux cas, c’est Hector Hernández Llamas, qui occupe le poste de Soussecrétaire de Coordination Métropolitaine et Liaison gouvernementale, qui a été chargé par le gouvernement de mener les négociations. Mais les moyens mis en œuvre dans chaque cas n’ont pas été les mêmes car convaincre les députés de modifier le zonage en vigueur dans la délégation Tláhuac requiert un savoir-faire différent que lorsqu’il s’agit de négocier l’acquisition d’un terrain avec des particuliers. Le travail de lobbying parlementaire Lors de l’entretien que nous avons eu avec Héctor Hernández Llamas, celui-ci nous a expliqué qu’en ce qui concerne la Chambre des Députés locale, son travail a surtout consisté à organiser « des tête-à-tête politiques » pour convaincre, un par un, les députés d’approuver le nouveau programme de développement urbain (PDDU) proposé par Marcelo Ebrard. Bien que cela puisse paraître étrange, les négociations se sont principalement tenues avec les députés du Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD), parti auquel appartient le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, et non avec les députés des partis d’opposition. En fait, il faut se souvenir qu’en 2008, le Parti Révolutionnaire Démocratique traversait une période de profondes divisions internes. Si bien le PRD disposait de la majorité absolue à l’Assemblée1, 17 députés appartenaient au courant de la « Nouvelle Gauche », adverse à Marcelo Ebrard. Parmi eux, le Président de la Commission de Développement et Infrastructure Urbaine, Edy Ortiz Piña. Cette Commission avait en charge d’analyser le Programme de Développement Urbain de Tláhuac proposé par Marcelo Ebrard et avait le pouvoir d’amender le projet, avant que celui-ci soit soumis à votation en session plénière. Pour garantir que les changements de zonage soient votés par l’Assemblée tels que le voulait le gouvernement, un important travail de lobbying s’imposait donc. Héctor Hérnandez Llamas ne nous a pas parlé plus en profondeur de la manière dont se sont déroulés ces tête-à-tête, mais lorsque l’on connaît un peu la façon dont fonctionne la politique au Mexique, on peut supposer qu’ils ont surtout servi de plateforme de marchandage politique. En aucun cas, il ne s’agissait de convaincre les députés des 1 En 2008, les députés du PRD occupaient 34 des 66 sièges de l’ALDF. 147 bienfaits du Cire et de la nécessité de trouver une solution au problème des déchets. Comme l’a reconnu Héctor Hérnandez Llamas, « Las condiciones y el juego político –por el asunto de la no reelección- no dan para que se adquieran compromisos de largo alcance, son visiones muy cortoplacistas. Está en función de lo que quiero dentro de 2 años, me genero posición a mi proyecto, me sumo a la oposición porque me produce adeptos, eso es la lógica…” Lorsque le gouvernement a soumis son projet de PDDU à l’Assemblée, la plupart des députés cherchaient à obtenir un nouveau poste d’élu, pour ne pas rester en reste après la terminaison de leur mandat en septembre 2009. Il est donc tout à fait probable que lors de ces tête-à-tête, le gouvernement ait proposé à certains députés d’appuyer leur pré-candidature à tel ou tel poste en échange de leur promesse de voter à faveur du projet présenté par Marcelo Ebrard. Les journaux au Mexique ont notamment diffusé la rumeur selon laquelle Edy Ortiz aurait tâché de négocier que le PRD le nomme candidat à la mairie de Tláhuac en échange de son soutien au projet gouvernemental. Cette pétition aurait été refusée et par la suite, Edy Ortiz a toujours ouvertement condamné le projet du Cire. En tant que Président de la Commission de Développement Urbain, il s’est assuré que toutes les références au Cire soient éliminées du projet et lorsque le PDDU de Tláhuac a été présenté à votation en session plénière, il a choisi de s’abstenir. Cependant, au final, le lobbying politique mis en place a porté ses fruits. Alors qu’en juin 2008, seuls 28 députés appuyaient le projet gouvernemental – 18 députés du PRD, 4 du parti Nueva Alianza, 4 de la coalition social-démocrate et 2 du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI)-, le 29 août 2008, l’ALDF a finalement autorisé le changement de zonage proposé par le gouvernement, avec 31 voix à faveur, 15 contre, et une abstention. Vers l’achat des terrains L’autre priorité du gouvernement était d’acquérir les quelques 200 hectares de terrain nécessaires à la construction du Cire. Pour cela, Héctor Hernández Llamas et son équipe ont d’abord réalisé un important travail de repérage dans la Sierra de Santa Catarina, pour identifier les terrains dont ils avaient besoin et savoir qui étaient les propriétaires, et pouvoir ensuite entamer les négociations1. Ce travail de repérage a commencé très tôt, en juillet 2007, quelques mois après la prise de fonction de Marcelo Ebrard. Bien que la superficie projetée pour la construction du Cire était de 200 hectares, le repérage a en fait porté sur 300 hectares, car le gouvernement avait l’intention de construire dans la même zone une prison et une école de police. Au terme de ce processus, le gouvernement a établi le recensement des propriétaires, en précisant la taille des lopins de terre possédés par chacun d’eux, ainsi que leur emplacement géoréférencié. Du fait de la configuration cadastrale, les négociations ont principalement été menées avec l’Asociación de Pequeños Propietarios de la Sierra de Santa Catarina, car les propriétaires de cette organisation possédaient la majeure partie de la superficie dont avait besoin le gouvernement. Selon Héctor Hernández Llamas, les propriétaires se sont montrés disposés à vendre leurs terrains et il a été assez facile d’arriver un accord avec eux. Le seul problème qui a compliqué les négociations est qu’une partie de la zone choisie par le gouvernement pour construire le Cire avait été expropriée en 1994 dans le but de créer une aire de préservation écologique. Le décret d’expropriation avait été publié à plusieurs reprises dans le Journal Officiel, mais les propriétaires, de leur côté, n’avaient jamais reçu l’indemnisation correspondante. Avant d’accéder à vendre leurs terrains, ils exigeaient donc que le gouvernement résolve cette incertitude juridique. Malgré tout, les négociations sont arrivées à un stade assez avancé. Le premier accord qui s’est établi entre les autorités et les propriétaires est que le gouvernement n’aurait pas 1 Toutes les informations relatives à l’achat des terrains proviennent de l’entretien que nous avons eu avec Héctor Hernández Llamas. 148 recours à l’expropriation pour obtenir les terrains dont il avait besoin. Hector Hernández considérait en effet que faire usage d’un tel instrument pourrait rendre la situation explosive, puisque par le passé la zone avait déjà fait l’objet d’une expropriation infructueuse. Ce point mis au clair, les deux parties sont allées jusqu’à discuter du prix de vente des terrains. La plupart des discussions ont eu lieu à Tláhuac, lors d’évènements communautaires, auxquels a assisté Héctor Hernández Llamas, ou à l’occasion de réunions privées, organisées chez les propriétaires ; quelques réunions ont également été organisées dans les bureaux du gouvernement. Les négociations en étaient là, quand la crise économique a soudainement fait tomber à l’eau les projets gouvernementaux. Au départ, lorsque le projet du Cire fut conçu et planifié par le gouvernement, il était prévu que l’achat des terrains soient financé par des ressources provenant du Fondo Metropolitano. Mais comme la mise en place du projet a pris plus de temps que prévu, les autorités, dont les revenus avaient fortement diminué du fait de la crise économique, ont décidé de canaliser les fonds à d’autres projets prioritaires, tels que la réparation du système d’égouts et du réseau d’eau. Résultat : alors qu’à la mi-2008, un accord pour l’achat des terrains était sur le point d’être conclu, le gouvernement a soudainement mis fin aux négociations, n’ayant plus les ressources suffisantes pour acquérir les lopins dont il avait besoin. Un contexte adverse : Un élément important, qu’il convient de prendre en compte lorsqu’on analyse le conflit du Cire, est que la gestion de ce projet s’est réalisée au milieu d’un contexte adverse, marqué par la crise économique, les élections municipales de 2009 et la multiplication des grands projets d’infrastructure. Ces facteurs ont compliqué le travail du gouvernement et contribué à la mise au placard du CIRE, comme l’admettent les propres fonctionnaires en charge du projet. La crise économique de 2009 : La crise économique de 2009 a fortement compliqué la mise en œuvre du projet du Cire. Durant cette période de récession économique, le gouvernement de la ville de Mexico a vu ses ressources s’effondrer du fait de la diminution des recettes fiscales et de la baisse des transferts financiers fédéraux. Dans le même temps, de plus en plus de personnes se sont retrouvées sans emploi et les besoins sociaux se sont accrus. Cette situation financière a rendu difficile la réalisation du Cire. D’abord parce que comme nous l’avons indiqué antérieurement, l’argent du Fondo Metropolitano, qui devait servir à l’acquisition des 200 hectares de terrain nécessaires à la construction du Cire, a été assigné à d’autres projets prioritaires. Ensuite parce que le gouvernement manquait d’argent pour investir dans la construction du centre de traitement des déchets. Du fait de l’exigüité de ses revenus, il a seulement pu consacrer un budget très modeste au projet, destiné principalement à couvrir les dépenses de personnel et de recherche. La réalisation du Cire dépendait donc entièrement de la bonne volonté des investisseurs privés. Or en période de récession économique, il est bien connu que les investisseurs sont réticents à placer leurs capitaux…Dans le cas du Cire, le gouvernement a maintenu plusieurs réunions avec des entreprises de recyclage, mais du fait de la situation économique, les négociations ne sont jamais allées beaucoup plus loin. Aucune proposition concrète n’a été élaborée et la licitation du projet n’a pas non plus été émise. Les élections municipales de 2009 : Selon le Coordinador General de la Comisión para la Gestión Integral de los Residuos Sólidos del DF, Fernando Menéndez Garza, un des facteurs qui a eu un impact déterminant dans l’échec du Cire est l’échéance des élections municipales de juillet 2009. Lorsque le 149 gouvernement a rendu publique son intention de construire le Cire à Tláhuac, plusieurs membres du PRD cherchaient à être désignés candidat à la mairie de Tláhuac. Ces précandidats se sont servis du Cire pour construire leur campagne électorale et gagner la sympathie des habitants. Rubén Escamilla, qui est aujourd’hui le maire de Tláhuac, défendait les bienfaits du projet gouvernemental, argumentant lors de réunions publiques que le Cire allait attirer les investissements et favoriser la création d’emplois. Mais un autre aspirant au poste de maire de Tláhuac, Edy Ortiz Piña, mettait au contraire en avant que le Cire était un projet nocif pour la région, que les technologies d’incinération génèrent des émissions dangereuses pour la santé et l’environnement, et que l’arrondissement de Tláhuac se convertirait en une véritable porcherie en recevant les 12 milles tonnes de déchets qui se produisent chaque jour à Mexico. Bien qu’au final les militants du parti et les électeurs aient donné raison au candidat qui défendait la construction du Cire, Fernando Menéndez considère que cette effervescence politique a favorisé la reproduction des critiques et généré un climat d’opposition au sein de la population. « Hubo muchas mentiras, muchas imprecisiones… hubo gente que envenenó el conocimiento de la población misma, diciendo que se iba a utilizar todas esas cosas (la incineración) y nada de esto estaba considerado utilizarse…”(Fernando Menéndez). Par la suite, voyant que le projet du Cire n’avait pas la faveur de la population, le gouvernement aurait pris la décision d’annuler la construction du projet. Lors de l’entretien, Fernando Menéndez nous a indiqué que le gouvernement n’aurait pas dû rendre publique son intention de construire le Cire, si peu de temps avant les élections, alors qu’officieusement, les campagnes électorales avaient déjà commencé. Il aurait personnellement sollicité que l’annonce du projet soit retardée. Cependant, certains fonctionnaires et certains membres du PRD avaient un intérêt à ce que le projet soit annoncé à ce moment-là. Pour des raisons électorales d’abord, mais aussi parce que selon le calendrier fixé par la Semarnat, le Bordo Poniente - la décharge qui reçoit actuellement les 12000 tonnes de déchets de la ville de Mexico- devait cesser de fonctionner en juillet 2008. Il était donc urgent pour le maire de Mexico, Marcelo Ebrard, de présenter une proposition, qui prouve que le gouvernement travaillait à trouver un site alternatif pour déposer les poubelles de la ville. La multiplication des grands projets d’infrastructure Un autre élément qui a contribué à l’échec du Cire est que le gouvernement de la ville de Mexico a voulu faire aboutir ce projet, en même temps qu’un autre grand projet d’infrastructure : la construction de la ligne 12 du métro. Cette nouvelle ligne de métro doit relier le village de Tláhuac à la station de métro Mixcoac, au nord-ouest de la ville, et passera par le village de San Francisco Tlaltenco, où sont situés les terrains dont les autorités ont besoin pour construire le Cire. En novembre 2008, le gouvernement a décrété l’expropriation du terrain de Terremotitla, qui appartient à l’ejido de San Francisco Tlaltenco, pour y construire le centre de maintenance de la nouvelle ligne de métro. Cette expropriation a provoqué le mécontentement d’un grand nombre d’habitants du village de San Francisco Tlaltenco, qui ont notamment critiqué le fait que le gouvernement ait envoyé les forces de l’ordre pour prendre possession du terrain. Or, dans le même temps, le gouvernement commençait à réaliser diverses gestions pour débuter les travaux de construction du Cire. Selon l’appréciation d’Héctor Hernández Llamas, du fait de la proximité géographique entre les deux projets, il se serait produit un effet d’amalgame : bien que le mécontentement social était focalisé au départ sur l’acquisition du terrain de Terremotitla, par la suite l’opposition s’est étendue aux 2 projets, et un certain nombre d’habitants ont affiché leur rejet à la construction du Cire. Le gouvernement a néanmoins été assez lucide pour annuler la réalisation de deux autres projets dans la même zone. En effet, au départ, le Programme de Développement Urbain de Tláhuac (PDDU) qui a été présenté à la Chambre des Députés locale prévoyait outre la 150 construction du Cire et d’une nouvelle ligne de métro, l’édification d’une prison et d’une école de police. Selon Héctor Hernández LLamas, le gouvernement de la ville de Mexico se serait rendu compte que la réalité politique et sociale ne permettait pas de réaliser ces 4 projets en même temps. Il aurait donc été convenu, en accord avec les autorités municipales de l’arrondissement de Tláhuac, que seuls seraient réalisés les projets les plus indispensables : le Cire et la nouvelle ligne de métro. Une campagne de communication très modeste La réalisation de tout grand projet d’infrastructure exige de mettre en place un travail de communication et de dialogue, qu’il s’agisse de concerter le projet en amont avec la population ou les experts du secteur, d’informer les résidents du projet à réaliser, ou d’obtenir l’appui des groupes les plus réticents. Cependant, selon les cas, les autorités accordent plus ou moins d’importance à ces tâches de communication, d’abord parce que tous les gouvernements ne sont pas pareillement attachés aux valeurs démocratiques, ensuite parce qu’ils ne sont pas tous convaincus que la concertation et le dialogue sont des éléments indispensables au succès d’un projet. Il arrive aussi parfois que tout en reconnaissant la place qu’a le consensus dans un Etat démocratique, la stratégie de communication mise en place ne suive pas. Il semble que ce soit le cas dans le projet du Cire. Lors de l’entretien que nous avons eu avec Fernando Menéndez Garza, celui-ci nous a indiqué que tout projet de traitement des déchets doit être consulté avec la population, que l’Etat doit tenir compte de la volonté populaire même si les perceptions sociales ne soient pas toujours correctes, parce que sinon, il n’y a pas de démocratie, le gouvernement agit comme dans un Etat fasciste. Mais en même temps, il a reconnu que dans le cas du Cire, le gouvernement aurait pu réaliser un travail de concertation plus approfondi : « A lo mejor podríamos haber hecho más, más concertación, pero la verdad es muy frustrante sentarse en una mesa de trabajo con gente que ni siquiera conoce de tecnología (…)Empiezan a decir “usted van a generar dioxinas y fulanos, les decimos no, las dioxinas y fulanos se producen cuando la temperatura está entre 300 grados-centígrados y 800 gradoscentígrados, acá la temperatura es de 1400 grados-centígrados. Es frustrante sobretodo cuando existe la presión de que hay que actuar”. Effectivement, le travail de consultation et de communication réalisé par le gouvernement avant et après avoir rendu publique le projet du Cire est assez modeste. Le travail de consultation réalisé en amont du projet En premier lieu, les autorités de la ville de Mexico n’ont pas mis en place un véritable processus de consultation citoyenne pour savoir ce que pensait les habitants du DF, et plus particulièrement les résidents de l’arrondissement de Tláhuac, du projet du Cire. En mars 2008, le gouvernement de Mexico a annoncé son intention de construire un centre de traitement des déchets totalement innovateur à Tláhuac, sans avoir instauré au préalable aucun mécanisme pour savoir si les citoyens étaient d’accord avec le projet et quelles étaient leurs exigences en ce qui concerne le traitement des déchets. Il est vrai qu’en juillet 2007, les autorités ont organisé une espèce d’enquête citoyenne dénommée « Consulta verde » pour recueillir l’opinion des habitants de Mexico sur des thèmes environnementaux. L’une des questions portaient sur le thème des déchets: « êtes-vous d’accord pour construire à Mexico un Centre Intégral pour la Gestion des Déchets » ? Mais aucune précision n’a été apportée sur les potentiels lieux où pourrait se construire le Centre Intégral de Gestion des Déchets. Cette votation peut-elle donc être considérée comme un véritable procédé de consultation citoyenne ? Héctor Hernández Llamas considère que non. « Para mí, sirve para otros propósitos, pero consulta, consulta ciudadana, la que yo creo que establece claramente los procedimientos, el mandato vinculatorio de que ella emane, no”. Par ailleurs, les normes en vigueur à Mexico obligeaient le gouvernement à soumettre à consultation publique son projet de modification du Programme de Développement Urbain 151 de Tláhuac (PDDU), avant de pouvoir le présenter à la Chambre des Députés Locale pour qu’il soit voté. Différentes réunions ont donc été organisées dans l’arrondissement de Tláhuac, supposément pour que les résidents puissent prendre connaissance des changements de zonage proposés par le gouvernement, émettre des suggestions sur la proposition gouvernementale, et exprimer leur éventuel mécontentement. Selon la loi, le gouvernement a l’obligation de prendre en compte les opinions qu’émettent les résidents. Le problème, c’est que le gouvernement n’a jamais parlé ouvertement du projet du Cire lors de ces réunions. Les membres du Frente de Pueblos del Anáhuac nous ont indiqué que lors de ces assemblées, le gouvernement s’est contenté de présenter un triptyque colorié avec différentes couleurs, sans expliquer de quoi il s’agissait. En particulier, il n’a jamais expliqué que le changement d’usage des sols proposé permettrait la construction de différentes infrastructures, dont un centre de traitement des déchets. En outre, selon les membres du Frente de Pueblos del Anáhuac, le gouvernement aurait au préalable pris soin d’inviter un grand nombre de personnes qui étaient favorables à ses projets1. Le rapport rendu par la Procuraduría Ambiental y de Ordenamiento Territorial (PAOT) va également dans ce sens. La PAOT a sollicité aux autorités municipales et au Département de Développement Urbain qu’ils indiquent quelles informations sur le Cire ont été données aux résidents lors du processus de consultation publique. Voici la réponse qu’ils ont obtenue du Département de Développement Urbain: « En la consulta pública del citado PDDU en Tláhuac, efectuada del 1 de febrero al 1 de marzo de 2008, se indicaba una simbología para la aplicación de un Poligono de Actuación por Cooperación, que permitiría el uso de suelo para los equipamientos propuestos por el Gobierno del DF, como el referido caso del Cire”. Suite à cette réponse, la PAOT établit qu’il est impossible d’affirmer que le gouvernement ait informé clairement la population de la construction du Cire. Par conséquent, ces réunions n’ont pas rempli leur fonction de consultation publique. Enfin, le travail de concertation réalisé avec les experts du secteur est aussi très limité. En amont, le gouvernement n’a pas cherché à concerter le projet avec les associations et les experts nationaux qui travaillent la problématique du recyclage, pour s’assurer que les fondements techniques du Cire fassent consensus. Le projet du Centro Integral de Reciclado y Energía a été principalement élaboré avec l’appui d’organisations étrangères, notamment l’Agence pour la Protection Envionnementale (EPA), la fondation Clinton, et une organisation allemande, experte en technologies de traitement des déchets. Les organisations mexicaines de leur côté n’ont que très peu participé à la conception du Cire. Fernando Menéndez nous a seulement indiqué qu’il avait eu quelques réunions avec l’association Presencia Ciudadana, le Centro Mexicano de Derecho Ambiental et certains instituts de la UNAM. Mais en réalité ce n’est que plus tard, presque un an après avoir rendu publique le projet du Cire, que le gouvernement a jugé utile de se réunir avec des organisations et des experts nationaux. En février 2009, le gouvernement a notamment rencontré les responsables de l’association Greenpeace. Cette déficiente concertation avec les organisations nationales en amont du projet a conduit un certain nombre d’associations à exprimer leur opposition au Cire dans une carte ouverte dirigée à Marcelo Ebrard et datée de janvier 2009. Le stratégie de communication mise en place C’est en mars 2008 que le gouvernement a annoncé qu’il avait l’intention de construire un nouveau centre de traitement de déchets, dénommé Cire, dans la région de la Sierra de Santa Catarina, située dans la délégation Tláhuac. Les autorités de la ville de Mexico ont filtré l’information aux différents journaux de la capitale, et ceux-ci ont par la suite publié 1 Ce sont les fameux “acarreados”, comme on désigne les personnes au Mexique, qui appuie le gouvernement ou un candidat en échange d’une petite faveur: un T-shirt, quelques pesos, un déjeuner. 152 plusieurs articles pour présenter les détails du projet. Il y était notamment mentionné qu’il ne s’agissait pas d’une décharge classique mais d’un centre de séparation et de recyclage des déchets ; que le Cire serait financé par des fonds publics et des investissements privés ; et qu’une partie des déchets servirait à produire de l’électricité. Mais de toute évidence, l’information fournie par les journaux restait très incomplète. Presque aucun quotidien par exemple ne mentionnait que le projet du Cire contemplait l’utilisation d’une technologie de traitement thermique connue sous le nom de gazéification, alors que l’entretien que nous avons réalisé avec Fernando Menéndez a mis en évidence qu’il s’agit de l’un des aspects fondamentaux du projet. Or, lorsqu’il s’agit de thèmes aussi sensibles que la gestion des poubelles, il est fondamental que les autorités fournissent à la population un maximum de renseignements sur le projet en question pour éviter toute désinformation. Pourtant, dans le cas du Cire, le gouvernement n’a pas cherché à mettre en place une vaste campagne de communication pour expliquer aux habitants de Mexico, et plus particulièrement aux résidents de Tláhuac, en quoi consistait le projet du Cire, et quels étaient les principaux avantages d’un tel centre de traitement des déchets. Selon le député Edy Ortiz, le gouvernement aurait pu, s’il l’avait voulu, mobiliser les travailleurs du secteur de participation sociale et réaliser un important travail de porte-à-porte dans l’arrondissement de Tláhuac, pour informer les occupants de chaque maison des bienfaits du projet. « Se trataba de informar realmente a los ciudadanos, abiertamente, así como cuando va a haber elecciones y el gobierno saca a sus trabajadores sociales para ir a decir a los viejitos que vayan al Zócalo para hacer montón, de eso se trataba, que recorriera toda la delegación la gente de participación ciudadana, informándole a los ciudadanos de Tláhuac… Porque se podía, hay infraestructura….” (Edy Ortiz) En fait, le gouvernement s’est contenté d’organiser des réunions publiques d’information, une stratégie qui s’avère moins efficace d’un point de vue communicationnel, puisque ce genre d’assemblées réunit toujours un nombre limité de résidents, et laisse de côté les habitants les plus passifs. Lors de l’entretien, Fernando Menéndez a précisé qu’il s’est rendu 5 fois à Tláhuac pour présenter le projet du Cire et que l’une des réunions avaient eu lieu en mai 2009. « Yo hablé cinco veces en asambleas generales, que duraron más de 6 hora, ahí en la delegación, cuando estaba Ensástiga. El las organizó, yo fui para explicarles las cosas, también llevamos a los técnicos, les pasamos diapositivas, les enseñamos cuáles eran las tecnologías que estábamos pensando” (Fernando Menéndez Garza). D’autres réunions ont été organisées dans les bureaux du gouvernement, ainsi que dans certaines universités de la capitale. Selon les estimations de Fernando Menéndez, il y aurait eu au total une trentaine de réunions publiques, qui ont servi pour expliquer à la population les fondements techniques du projet. Par ailleurs, le gouvernement a organisé deux forums de discussion dans le centre historique ; le premier, qui a eu lieu en février 2009, portait sur les technologies de traitement des déchets ; le deuxième, organisé en juin 2009, portait sur les technologies de recyclage. L’objectif était de présenter les différentes options technologiques qui existent actuellement et d’inviter les entreprises, les fonctionnaires, la société civile, à partager et échanger leur opinion en matière de gestion des déchets. Ce travail de communication a–t-il au final été suffisant ? A chacun d’en juger. Pour sa part, le gouvernement considère qu’il a fait tout ce qui a été en son pouvoir pour informer adéquatement la population et démentir les rumeurs qui circulaient au sujet du Cire. « Hicimos hasta donde era posible. En estas circunstancias, nada es suficiente, en estas circunstancias habría que hacer toda una gran campaña para demostrarles una y otra vez que cada mentira que inventan es otra mentira más….Pero llega un momento en que las áreas políticas dicen “ ya no, ya no insistas, hasta que pasen las elecciones”. Mais de leur côté, les groupes qui s’opposent à la construction du Cire se sont plaints à plusieurs reprises du manque de transparence dont a fait preuve le gouvernement tout au long du projet. Les intégrants du Frente de Pueblos del Anáhuac mettent notamment en avant que le 3 octobre 2007, ils ont établi un « sitting » sur la place principale du village de San Francisco Tlaltenco, 153 pour exiger que le gouvernement fournisse de plus amples informations sur le projet. Les autorités leur auraient répondu en envoyant 60 policiers les déloger… L’instauration du dialogue avec les opposants Instaurer un dialogue avec les groupes qui s’opposent à la construction d’un centre de traitement des déchets est une stratégie qui se révèle parfois efficace et peut permettre dans certains cas de limiter les actes de protestation. Mais dans le cas qui nous intéresse, le gouvernement n’a pas établi un dialogue avec les groupes qui s’opposaient au projet du Cire, considérant que les groupes les plus radicaux n’étaient pas disposés à discuter avec les autorités, et que ces efforts auraient donc été inutiles. Ce constat est survenu assez vite, en novembre 2008. Jusque-là, Héctor Hernández Llamas s’était rendu plusieurs fois Tláhuac pour assister aux réunions d’information organisées par le Frente de pueblos del Anáhuac et essayer d’établir un début de dialogue. Mais le 13 novembre 2008, un certain nombre d’habitants de Tláhuac, qui prétendaient empêcher que le gouvernement procède à l’expropriation du terrain de Terremotitla, ont voulu retenir par la force Héctor Hernández Llamas, alors que celui-ci avait été envoyé par les autorités pour dialoguer avec les manifestants. Le fonctionnaire n’a subi aucune violence, mais il a fallu que les forces de l’ordre arrivent pour que les manifestants accèdent à le laisser quitter les lieux. Suite à cet incident, le gouvernement a considéré qu’il n’existait pas les conditions nécessaires à l’instauration d’un dialogue et n’a plus réalisé aucune démarche en ce sens. Il est néanmoins resté en communication avec un groupe d’habitants de Tláhuac, d’obédience plus modérée Lors de l’entretien, le Frente de Pueblos del Anahuac a déclaré être ouvert au dialogue, à différence des fonctionnaires de la ville de Mexico. Il a néanmoins reconnu que discuter avec le gouvernement ne mènerait à rien et équivaudrait à un dialogue de sourd : « Nosotros vamos a hablar, ellos van a escuchar y hasta como buenos psicólogos, van a decir “te entiendo, te comprendo”, pero no vamos a llegar a nada…Nosotros no debemos llegar a dinámicas de desgaste”(Tomás Hernández) Conclusion : Les opposants au Cire ont-ils vraiment gagné ? En octobre 2009, le gouvernement a annoncé, à l’occasion de la comparution du Secrétaire des Travaux Publics devant la Chambre des Députés locale, que la construction du Cire serait annulée. Ainsi, après plus d’un an et demi de mobilisation, il semble que les opposants au projet aient enfin obtenu gain de cause. Cependant, les opposants au Cire ont-ils vraiment gagné ? Rien n’est moins sûr. Lors de sa comparution, le Secrétaire des Travaux Publics de la ville de Mexico, Fernando Aboitiz, n’a pas vraiment expliqué les raisons de l’annulation du Cire. Mais lors de l’entretien que nous avons eu avec le Sous-Secrétaire de Coordination Métropolitaine et Liaison gouvernementale Héctor Hernández Llamas, celui-ci nous a indiqué que le projet du CIRE avait été annulé pour un motif financier, parce que le gouvernement n’avait pas suffisamment d’argent pour procéder à l‘acquisition des 200 hectares de terrain dont il avait besoin pour le projet. Les opposants n’auraient donc rien à voir avec la décision prise par le gouvernement. Il est vrai que de son côté, le Coordinador General de la Comisión para la Gestión Integral de los Residuos Sólidos del DF, Fernando Menéndez Garza, a déclaré lors de l’entretien, que le projet a été annulé en raison de l’opposition des résidents de Tláhuac, que le gouvernement n’a pas renoncé à son intention de construire le Cire et est actuellement à la recherche d’un terrain pour pouvoir réaliser le Cire dans une autre zone de la ville. Cette dissonance entre les deux fonctionnaires met en évidence un aspect fondamental, qui a caractérisé la gestion gouvernementale tout au long du projet: l’absence de coordination entre les différences dépendances qui ont participé à la mise en place du Cire. Car si bien Fernando Menéndez occupe le poste de Coordinador General de la Comisión para la Gestión Integral de los Residuos Sólidos del DF, son rôle n’était pas en 154 réalité de coordonner le travail des différents départements, mais seulement d’élaborer une proposition technique pour résoudre le problème des déchets à Mexico. Cette situation a favorisé l’émergence de divisions au sein du gouvernement, qui ont rendu difficile la concrétisation du projet. De fait, peu importe si le mouvement d’opposition est à l’origine ou non de l’annulation du Cire. Ce qui est sûr, c’est qu’alors que les opposants au projet ont su mettre en place une stratégie de combat efficace, basée sur une vaste campagne d’information, le gouvernement, de son côté, a réalisé une gestion maladroite du projet, croyant qu’il pourrait construire le Cire au milieu d’un contexte adverse, et sans effectuer un important travail de concertation et de communication. Annexe 1: Brève chronologie d’un projet avorté : Les antécédents du projet: la « Consulta Verde » de juillet 2007: Le 29 juillet 2007, le gouvernement de la ville de Mexico, dirigé par Marcelo Ebrard Casaubon, organise une novatrice consultation citoyenne, dénommée « Consulta Verde », destinée à recueillir l’opinion des habitants de Mexico sur des thèmes environnementaux. L’une des 11 questions sur lesquelles sont amenés à se prononcer les citoyens portent sur le thème des déchets: « êtes-vous d’accord pour construire à Mexico un Centre Intégral pour la Gestion des Déchets » ? La question reste très générale puisqu’aucune précision n’est apportée sur les potentiels lieux où pourrait se construire le Centre Intégral de Gestion des Déchets. Quelques 300 000 citoyens - environ 5% du patron électoral - participent à la Consulta. Un mois plus tard, après avoir pris compte des résultats de la « Consulta », Marcelo Ebrard présente le Programme Vert de la ville de Mexico (« Plan Verde »), destiné à être l’axe recteur des politiques environnementales de son gouvernement. Dans la partie correspondante au traitement des déchets, le Programme Vert prévoit la construction d’un «Centre Intégral pour la Gestion des Déchets 2010 ». L’annonce du CIRE et les premières oppositions (mars-août 2008): Ce n’est qu’en mars 2008 que le gouvernement de la Ville de Mexico commence à parler publiquement de la construction du « Centre Intégral de Recyclage et d’Energie » (CIRE). Le projet est présenté comme totalement innovateur, intégrant l’utilisation de nouvelles technologies pour produire de l’électricité à partir des déchets récupérés. Aucune précision n’est encore apportée quant aux potentiels lieux de construction du CIRE, mais Jorge Arganis Diaz, alors Secrétaire des Travaux Publics, nie dans un article paru dans la Jornada que le CIRE se construira à Tláhuac « comme cela s’est dit » (Tláhuac est l’un des 16 arrondissements de la ville de Mexico. Situé au Sud de Mexico, c’est l’un des 3 arrondissements de la ville qui reste éminemment rural). Pourtant en mai 2008, le gouvernement de México présente à la Chambre des Députés locale (ALDF) une initiative de modification du Programme de Développement Urbain de Tláhuac, qui prévoit, outre la construction d’une nouvelle ligne de métro, d’une école de police et d’une prison, la construction du CIRE, près de la Sierra de Santa Catarina. Alors que le gouvernement encourage les députés locaux à approuver ce nouveau plan de développement urbain, un groupe d’ « ejidatarios »1 de Tláhuac, du village de San Francisco 1 Du terme “ejido”. L’ “ejido” est un type de propriété sociale, qui a été crée à l’issue de la Révolution Mexicaine de 1917. Jusqu’en 1992, les terres de l’ « ejido » ne pouvaient pas être vendues, les « ejidatarios » héritaient la terre de leur père, selon des règles très précises. Aujourd’hui, lorsqu’on se 155 Tlaltenco, agroupé au sein d’une organisation dénommée «Frente de Pueblos del Anahuac » fait connaître son opposition au projet, dénonçant que le gouvernement prétend édifier le CIRE sur des terrains verts et agricoles, qui servent à la recharge des aquifères. Les intégrants du «Frente de Pueblos del Anahuac » dénoncent par ailleurs que le Secrétaire des Travaux Publics de Mexico, Jorge Arganis, leur aurait promis par le passé que la nouvelle « décharge » ne se construirait pas à Tláhuac. Ils sont soutenus par plusieurs députés locaux, parmi lesquels Edy Ortiz, qui dirige la Commission d’Infrastructure Urbaine de l’Assemblée. Malgré l’opposition des habitants de Tláhuac et de plusieurs députés locaux, l’Assemblée locale approuve le 29 août 2008 le nouveau plan de développement urbain de Tláhuac, permettant au gouvernement de commencer la construction du « Centre Intégral de Recyclage et d’Energie ». En effet, sans une modification de l’usage des sols à l’intérieur de l’arrondissement de Tláhuac, le gouvernement de Marcelo Ebrard n’aurait jamais pu procéder légalement à la construction du CIRE. Des conflits sur tous les fronts (septembre 2008-août 2009) Une fois voté le nouveau Programme de Développement Urbain de Tláhuac, tout semblait indiquer que la construction du CIRE s’avérerait un jeu d’enfant pour le gouvernement. Quelques jours après l’approbation du Programme, le Secrétaire des Travaux Publics de Mexico, Jorge Arganis Diaz, déclare à la presse que le CIRE devrait pouvoir commencer à fonctionner d’ici 2 ans : le gouvernement doit acquérir 200 hectares de terrain pour la construction du CIRE, mais selon le Secrétaire des Travaux Publics, « l’achat des terrains a déjà été convenu verbalement avec les propriétaires »; la licitation internationale pour sélectionner l’entreprise qui participera au projet sera émise début novembre, aussitôt qu’un accord formel avec les propriétaires sera signé, mais le processus de licitation ne devrait pas être long puisque 54 entreprises ont déjà manifesté qu’elles étaient intéressées par le projet; une fois sélectionnée l’entreprise gagnante, les travaux de construction dureront seulement 20 mois. Pourtant, rien ne va se dérouler « comme prévu » pour le gouvernement. Au cours des mois qui suivent, la construction du CIRE n’aura cesse d’être ajournée. D’abord et principalement parce que le gouvernement local ne concrétisera jamais l’achat des 200 hectares dont il a besoin pour construire le CIRE. Alors que supposément l’achat des terrains « était déjà convenu », en mars 2009, un groupe d’ « ejidatarios », propriétaires de terres situées entre les villages de San Francisco Tlaltenco et Santa Catarina, refusaient toujours de vendre. Si bien le gouvernement local a toujours argumenté que le retard n’était pas dû à l’opposition des propriétaires, mais à la grande complexité du cadastre, qui l’obligeait à négocier la vente des terrains avec plusieurs dizaines de propriétaires, une seule chose est sûre: après un an de pourparlers, le gouvernement n’a pas réussi à concrétiser l’achat des terrains. De fait, la licitation internationale n’a jamais non plus été émise. Mais le gouvernement local n’a pas seulement dû faire face à l’opposition des propriétaires des terrains. Entre septembre 2008 et 2009, plusieurs obstacles à la construction du CIRE apparaissent: la crise financière mondiale, qui selon les déclarations de Jorge Arganis, « vient mettre en danger le processus de licitation internationale et la construction du CIRE » ; l’opposition de la communauté scientifique et de plusieurs organisations environnementales, qui à partir de janvier 2009, commencent à mettre en doute la qualité technique d’un projet qui prétend recourir à l’incinération massive de déchets et menace d’urbaniser l’un des derniers espaces agricoles et lacustres de la ville Mexico; enfin, une importante hostilité citoyenne. réfère aux « ejidatarios » de Mexico, le terme renvoie donc immédiatement à une idée d’enracinement, au fait qu’une famille possède ou utilise la terre depuis plusieurs décennies. 156 La fin d’un projet (septembre-novembre 2009) En septembre 2009, le projet du « Centre Intégral de Recyclage et d’Energie » accuse un retard de près d’un an si l’on tient compte du calendrier qu’avait au départ annoncé le gouvernement local. Mais tout porte à croire qu’il ne s’agit encore que d’un contretemps : en effet, selon les déclarations que continue à faire le gouvernement à la presse mexicaine, le projet du CIRE est toujours d’actualité ; à l’heure actuelle, le gouvernement « est occupé à examiner le cadre légal du projet ». Ce n’est que le 08 octobre 2009 que le gouvernement annonce officiellement l’annulation du projet, lors de la comparution du nouveau Secrétaire des Travaux Publics de Mexico Fernando Aboitiz- devant Chambre des Députés locale. Les raisons de l’annulation du projet restent obscures : alors que Fernando Aboitiz allèguent l’opposition des habitants de Tláhuac, la Secrétaire de l’Ecologie locale, Martha Delgado, préfère de son côté parler « des normes légales mexicaines qui rendent impossible la construction d’un centre de traitement des déchets à Mexico »; d’autres membres du gouvernement mentionnent quant à eux le manque de ressources financières. En réalité, il pourrait s’agir des 3 raisons à la fois. 157 Etat de l’art Italie : Le débat sur la gestion des déchets, éléments pour une interprétation DeSCRI équipe Italie Introduction L'analyse du débat et de la littérature sur les déchets en Italie est descriptible comme peu organique. Malgré l’actualité de la question dans certaines parties du pays, étrangement le cadre des travaux sur les déchets et les conflits liés à ceux-ci, en particulier dans les domaines de la sociologie, de la science politique et de la géographie (les domaines plus d'intérêt pour le projet DESCRI), semble très limitée et fragmentée. Deux caractéristiques semblent caractériser cette littérature. - Tout d'abord, le fait que les déchets sont en grande partie le champ d’application d’un débat et d’un contexte interprétative plus général. Par exemple, la littérature sur la gouvernance des déchets (qui a aussi un nombre considérable de travaux et études) semble trouver sa propre cohérence, non pas sur le thème des déchets, mais plutôt dans la discussion générale des différents champs de la littérature sur la gouvernance elle-même. En d'autres termes, la réflexion sur les déchets ne semble pas en mesure d’édifier de solides cadres théoriques et interprétatifs, mais se concentre principalement sur une approche empirique et descriptive. - En conséquence, il existe dans la littérature une variété de références à des études de cas locales (exemples des conflits et des modèles et systèmes de gestion); il faut signaler que dans le cadre de cette littérature l’attention souvent s’arrêter sur les situations présentées comme d’urgence (même si désormais celle-ci peut-être perçue comme de nature structurelle) par les media nationaux : en particulier, se distinguent bien sûr des références à l'affaire de la région Campanie). Il faut aussi remarquer comme la littérature sur les déchets municipaux procède parallèle aux travaux et réflexions sur des autres typologies des déchets d’origine industrielle e/o minière : par exemple, il existe un débat (scientifique et public) sur la question de l’amiante. Afin de fournir une image la plus possible complète de la littérature italienne sur les déchets municipaux, nous proposons une distinction fondée sur des macro-catégories : - Littérature populaire/d'information: cette catégorie comprend des textes et des articles généraux et introductif sur la question des déchets, souvent destinés au grand public. - Littérature juridique/technologique : qui comprend les discussions plus techniques et spécifiques sur la thématique des déchets, tant dans la législation que dans la perspective technologique. - Etudes et rapports sur le contexte des déchets en Italie: ca comprend les rapports de recherche préparés par les structures institutionnelles et non (par exemple, agences de l'environnement) fondées sur données et statistiques sur les déchets au niveau national et sous-national; - Littérature sur la gouvernance des déchets: y compris les études en sciences politiques, sociologie et recherche territoriales qui travaillent sur les différents niveaux 158 de gouvernement des déchets, des conflits et des acteurs qui gravitent autour du thème des déchets. Littérature d'information La littérature populaire/d’information comprend des travaux plus généraux à usage informatif et éducatif sur le thème des déchets. Cette catégorie est très vaste et comprend études différents par objectives et objet d’analyse spécifique. Une partie des ces travaux tentent a reconstruire une image de la politique des déchets en Italie (Schmit de Friedberg, Calvi-Parisetti, Pérusse, 1992; Viale, 1999; Massarutto, 2009), fournissant un aperçu général des questions liées aux déchets municipaux. Le "problème" des déchets est traitée dans une perspective générale, même par les ouvrages qui le présentent comme un problème de plus en plus mondiale qui transcende les seules frontières nationales (Pelanda, 2008). Une importance particulière, en termes de diffusion et de la présence dans le débat sur les déchets, recouvrent les études qui adoptent une approche culturelle au problème, souvent en développement des propositions et des lignes directrices pour une approche plus durable et conscient (Viale, 1995, 2008) . Dans cette catégorie, on signale des travaux historiques sur la relation entre la société et les déchets depuis le Moyen Age et l'époque actuelle (Sori, 2001) et des textes qui renvoient a la question des déchets (toujours adressée en termes populaires et générales) au sein de plus petites structures spatiales, comme par exemple à l'échelle régionale (Esu, Sistu, 2003). Bibliographie: Schmit di Friedberg P., Calvi-Parisetti G., Perussia F. (1992), Il problema dei rifiuti: schema concettuale e linee operative, Guerini e Associati, Milano. Viale G. (1999), Governare i rifiuti, Bollati e Boringhieri, Torino. Massarutto A. (2009), I rifiuti, Il Mulino, Bologna. Pelando D. (2008), A ‘munnezza ovvero la globalizzazione dei rifiuti, Sensibili alle foglie. Viale G. (1995), Un mondo usa e getta, Feltrinelli, Milano. Viale G. (2008), Azzerare i rifiuti, Bollati e Boringhieri, Torino. Sori A. (2001), La città e i rifiuti: ecologia urbana dal Medioevo al primo Novecento, Il Mulino, Bologna. Esu A., Sistu G. (2003), Isole, insularità e rifiuti. Tra innovazione e marginalità, Franco Angeli, Milano. Littérature juridique/technologique Les discussions de nature juridique et technologique peuvent être attribués à des champs très spécifiques, dont les conclusions ne sont pas d’intérêt ici. La littérature juridique est structurée autour de la réforme de la législation environnementale nationale (décret Ronchi, 1997) et ses modifications ultérieures (Code de l'environnement). La littérature technique est divisée en un large éventail de contributions qui se rapportent au problème des déchets a travers les aspects environnementaux et économiques (Lombardini, Malaman, 1993; Curzio, Prosperetti, Zoboli, 1994). Bibliographie: 159 Bolognini M. (2009), La gestione dei rifiuti nella normativa italiana ed europea, in: Faggioli A., Bugio E. (eds), Gestione dei rifiuti e rischi per la salute. Strategie di prevenzione primaria e di promozione della salute, Edizioni Medico-Scientifique, p. 25-30. Lombardini S., Malaman R. (1993), Rifiuti e ambiente: aspetti economici, tecnologici e giuridici, Il Mulino, Bologna. Curzio A.Q., Prosperetti L., Zoboli R. (1994), I rifiuti solidi urbani. Prospettive economiche, tecnologiche e ambientali, Il Mulino, Bologna. Ficco P., Gerardini F., 1997, La gestione dei rifiuti. Il nuovo sistema dopo il “Decreto Ronchi”, Milano, Edizione ambiente. Mangano R. (2003), La gestione dei rifiuti nella Regione Siciliana dopo la dichiarazione dello stato di emergenza, Bagheria, DBI. Ramacci L. (2008), La nuova disciplina dei rifiuti : commento organico al quadro normativo ed al sistema delle sanzioni dopo il correttivo (D.L.vo 16/01/2008, n. 4) al Testo unico ambientale (D.l.vo 3/4/2006, n. 152), Piacenza, La tribuna. (2a edizione) Rapports sur le contexte des déchets en Italie La littérature concernant les rapports sur les déchets en Italie comprend une gamme articulée d'études qui s'intéressent à différentes échelles spatiales, du niveau national au niveau local. Même si ces textes développent quelques réflexions sur les politiques nationales, leur importance est marquée par le fait de fournir un cadre de statistiques et de données de base pour développer une réflexion sur la réalité des déchets en Italie, qui est indispensable pour tous les autres niveaux de débat. Le cadre fourni par les rapports italiens sur les déchets présente une situation différente aux niveaux régional et provincial, où cohabitent systèmes de gestion fortement intégrée avec un faible besoin de décharge avec systèmes simples qui conserve la collecte et l’élimination des déchets dans les décharges comme la principale forme de gestion. À l'échelle nationale, le « Rapport Déchets Urbain » compilée par l'Institut pour la protection de l'environnement (Ispra), en collaboration avec l’Observatoire national des déchets (ONR), qui est base sur le travail préliminaire des observateurs régionaux et provinciaux, est la principale source de données et d'informations a partir de la phase de la récolte et d’élimination des déchets municipaux et spéciaux en Italie. Par exemple de ces données, l’Observatoire de prix de Cittadinanzattiva fournit une analyse des coûts des services de déchets solides municipaux. En autre à partir des déclarations faites par les entreprises sur la base du modèle unifiée de la Déclaration environnementale soumis aux Chambres de Commerce, il a été récemment établi une banque de données pour évaluer et planifier la récupération et la valorisation des déchets. En 2010, un rapport sur les techniques de gestion des déchets en Italie a été publié organisé par l'Agence nationale pour les nouvelles technologies, l'énergie et le développement économique durable (ENEA) et Federambiente. Par contre, en ce qui concerne la question des déchets non déclarées et illégales en Italie, chaque année, l'Observatoire national pour l'environnement et la légalité de Legambiente, avec le rapport Ecomafia, mise à jour un cadre de plus en plus alarmant. Gouvernance et la politique des déchets La littérature sur la gouvernance de la politique des déchets met accent sur deux points : 1/ les acteurs qui le composent - l'analyse de la conformation, les caractéristiques et les 160 comportements -, 2/ les systèmes d'interaction entre les acteurs, même par rapport à la nature plus ou moins conflictuelle qu'ils assument, plutôt que sur ces deux aspects. Acteurs institutionnels et les niveaux de gouvernement L'analyse peut se concentrer sur les acteurs institutionnels et la dynamique régissant l'interaction entre les différents niveaux de gouvernement concernés. Dans ce cas, le débat porte souvent sur l'identification du niveau optimal de gouvernement en termes d'efficacité de prise de décision et d'organisation. D'autres fois, il explore des situations d'urgence, comme celui de Naples, qui apparaissent manifestement faute tant en termes de prise de décision que de efficacité de la gestion. Bibliographie: Caputo, Alessandro (2009), “La costruzione dell’inceneritore di Acerra: tra pratiche conflittuali e generazione di frames”, in P. L. Crosta (a cura di), Casi di politiche urbane, Milano F. Angeli, pp. 27-52. Citroni, Giulio e Lippi, Andrea (2009), “Pubblico e privato nella governance dei rifiuti in Italia”, in Rivista Italiana di Politiche Pubbliche, n. 1, pp. 71-108. Corona Gabriella, Franzini Maurizio, “Capire l’emergenza rifiuti a Napoli. Un’introduzione”, Meriadana, n°64, pp. 9-25. Gribaudi, Gabriella (2008), “Il ciclo vizioso dei rifiuti campani!, in Il Mulino, n. 1 Iacuelli A. (2008), “Le vie infinite dei rifiuti. Il sistema campano”, Rinascita Edizioni Laino, Giovanni (2008), “La crisi dei rifiuti a Napoli”, in Archivio di studi urbani e regionali, n. 91 Mengozzi A. (2010), Waste Growth Challenges Local Democracy. The Politics of Waste between Europe and the Mediterranean: a Focus on Italy, California Italian Studies Journal, 1(1). PDF Savarese, Rossella (2009), Galli sulla monnezza. Silenzi, grida e bugie sui rifiuti in Campania, Milano, F. Angeli. Mouvements et acteurs non institutionnels L'attention peut être tournée sur les acteurs non institutionnels - mouvements, associations environnementales, comités de citoyens de caractère territorial - qui, au moins dans certains cas, ont un rôle considérable. On ne peut pas identifier une série d'études spécifiquement dédiées à étudier ces acteurs en référence à la politique des déchets. Leur rôle est étudié dans le cadre plus général des situations conflictuelles ou d'urgence, comme le cas napolitain dans les textes déjà cités, ou dans le cadre de conflits à base territoriale (de la réalisation de grandes infrastructures de transports et de la localisation d'installations pour la production d'énergie et autre. Bibliographie: L. Bobbio e E. Dansero, (2008), La Tav e la Valle di Susa. Geografie in competizione, Allemandi, Torino Bortoletti, M. (2004), Il Rifiuto dei Rifiuti: Scanzano Jonico e la Sindrome NIMBY. Catanzaro: Rubbettino Donatella della Porta, Gianni Piazza, (2008), Le ragioni del no. Le campagne contro la Tav in Val di Susa e il Ponte sullo Stretto, Feltrinelli, Milano 161 Angela Fedi, Terri Mannarini (acura di), (2008), protesta contro le opere, Franco Angeli, Milano, 2008 La dimensione psico sociale della Giuseppe Dematteis, Francesca Governa, (a cura di), (2001), Contesti locali e grandi infrastrutture. Politiche e progetti in Italia e in Europa, Franco Angeli, Milano Conflit et résolution Un ensemble d'études s'occupe du conflit et des modalités avec lesquelles il est possible de le gérer explicitement et le transformer en termes constructifs. Si différentes études s'occupent de cas qui concernent la gestion de déchets directement, ces travaux sont insérées dans un champ de recherche qui s'occupe aussi d’autres types de politiques. L’élément unificateur de ces études est la tentative de considérer conjointement les interactions entre sujets institutionnels et le rôle des les sujets non institutionnels, dans un parcours qui se propose de définir nouvelles formes de gouvernance avec un caractère plus compréhensif et potentiellement moins conflictuels. Bibliographie: Angelini A.(2009), Nulla si butta, tutto si ricicla: rifiuti, le criticità, la governance e la partecipazione, Milano, Franco Angeli. Bobbio, L. (2002), “Come smaltire i rifiuti. Un esperimento di democrazia deliberativa”, in Stato e Mercato, n. 64, aprile 2002, pp.101-141. Bobbio, L. (2005), Quando la deliberazione ha bisogno di un aiuto: metodi e tecniche per favorire i processi deliberativi , in L. Pellizzoni (a cura di), La deliberazione pubblica, Roma, Meltemi, pp. 177-202. Caputo, Alessandro (2009),”La costruzione dell’inceneritore di Acerra: tra pratiche conflittuali e generazione di frames”, in P. L. Crosta (a cura di), Casi di politiche urbane, Milano F. Angeli, pp. 27-52. Corvino, Carlos (2005), “Deliberazione pubblica e cognizione sociale: spunti da uno studio di caso”, in L. Pellizzoni (a cura di), La deliberazione pubblica, Roma, Meltemi, pp. 229-248 Faggi P., Turco A. FAGGI P., TURCO A. (1999), Conflitti ambientali, genesi, sviluppo, gestione, Unicopli, Milano Morisi, Massimo e Paci, Andrea (2009), Il bisogno di decidere : termovalorizzatori: dalla politica dei rifiuti al rifiuto della politica, Bologna, Il Mulino. Osti, Giorgio (2002), Il coinvolgimento dei cittadini nella gestione dei rifiuti, Milano, F. Angeli. Vani, Marco (2007), “Il Residential advisory board a Ferrara: istituzionalizzaziare la partecipazione tra i fili grigi della policy e la scienza in piazza”, in L. Pellizzoni (a cura di), Democrazia locale, Gorizia, ISIG 162 Un deuxième incinérateur pour la Province de Turin Synthèse en français, voir plus loin le texte complet en italien Egidio Dansero, Matteo Puttilli, Nadia Tecco Le cas du deuxième incinérateur des déchets de la province de Turin pourrait être interprété, peut-être d’une façon trop réductive, en terme d’un contraste entre la territorialité des différents acteurs : d’une part, la Province, c’est-à-dire l’acteur institutionnel promoteur de l’incinérateur ; d’autre part, les autres sujets para-institutionnels (les Municipalités, les comités, les groupes environnementaux, et ainsi de suite) qui réagissent, entre positions de coopération ou conflits, aux différentes options de localisation proposées. Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe, en vertu de l’évolution du processus décisionnel dans l’espace et dans le temps et de l’importance des plusieurs dimensions et intérêts (entre lesquelles il y a aussi la dimension juridique) dans la rationalité des différents acteurs. Le cas de Tun ne peut être vu comme la manifestation d’un seul conflit et d’un seul processus de décision, mais plutôt comme une architecture décisionnelle très complexe, résultant en partie des phénomènes spontanés, en partie d’une approche méthodologique formalisé. Cela n’est pas seulement le résultat des conflits entre les différents types d’acteurs. Il s’agit de situations dans lesquelles différents intérêts (à refuser ou à accepter l’incinérateur) se confrontent et créent une rupture décisionnelle aujourd’hui encore irrésolue. Dans les différentes phases du processus décisionnel s’ouvrent au moins trois niveaux de conflit entre les acteurs. Ces niveaux peuvent être interprétés comme des « arènes » ou des « terrains » sur lesquelles le débat sur la localisation se développe. Certaines concernent des niveaux de débat explicites, d’autres sont plus difficiles à saisir. On a choisi le terme « arène » (terreno de scontro) plutôt que « niveau » ou « dimension » parce qu’il est nous semble plus efficace dans la description de la situation de conflit dans le cas de Torino. Ces arènes, en effet, peuvent être regroupées en typologies distinctes, auxquelles participent les différents acteurs engagés dans le conflit. L’arène fonctionnelle Il s’agit d’arène la plus évidente, immédiatement visible, et qui souvent est la façade officielle des autres niveaux et des différents intérêts autour de la question de la localisation. Le conflit, à ce niveau, est alimenté sur la base d’oppositions entre des acteurs qui ont des opinions différentes sur l'organisation du secteur des déchets dans la région. Participent à cet arène des rationalités multiples : acteurs publics (province et municipalités), organisations de l'environnement, comités de citoyens, la presse. Un rôle crucial est joué par les «connaissances techniques», représentées par les différentes compétences convoquées dans le conflit par les autres acteurs (Polytechnique et l'Université, des «experts» du problème des déchets, et ainsi de suite). Parfois, les «experts» sont reconnus comme tels par l'unanimité des parties impliquées, d'autres moments sont considérés comme biaisées ou alignés à l'avance. A ce niveau, on peut distinguer deux dimensions : formelle et substantielle. 163 - Substantielle : dans le processus de décision se reflète un intérêt concret et explicite de la part des acteurs à penser en termes de fonction, c’est-à-dire de se questionner sur la quantité de déchets générés, l'organisation spatiale correcte des étapes de collecte et d'élimination, basé sur la localisation optimale de l'infrastructure des sites potentiels, la taille appropriée de l'incinérateur, etc….. - Formelle : ce champ n’est-ce pas que une forme des questions et des intérêts qui exploitent réellement sur les deux autres arènes (géopolitique et politique). Par conséquent, les données de référence et les caractéristiques fonctionnelles du territoire seraient, en fait, un instrument de justification pour appuyer les intérêts économiques, politiques et territoriaux. Dans la dimension substantielle, nous voyons que les relations entre les différents acteurs dans le jeu se développent dans un contexte institutionnel, caractérisé par : L'utilisation des critères «objectifs» et de l'avis d'experts techniques impliqués dans l'analyse (par exemple, le LCA, l'étude réalisée par l'Ecole polytechnique sur la meilleure technologie possible pour l’incinérateur). L’ouverture de moments de débat institutionnel (par exemple la table ouverte suite a la demande de Legambiente à la suite du choix d'implanter l'incinérateur à Settimo Torinese) qui a impliqué les comités de citoyens. L'utilisation de la norme (et, souvent, de règles d'ordre supérieur) pour justifier la position par toutes les parties concernées (par exemple, sur les quantités requises par la loi pour le recyclage). A ce niveau, on note la présence de deux principaux acteurs : la Provincia di Torino et l’association Legambiente, exposant la pensée environnementaliste. Les autres acteurs impliqués dans ce niveau de confrontation sont mobilisés autour des positions prises par ces deux principaux acteurs : les experts externes, les municipalités, les sociétés de gestion des déchets et les comités locaux peuvent être considérés comme des acteurs satellites. Les exemples les plus évidents de conflit fonctionnel sont, dans le cas de la table de débat publique ouverte a Settimo Torinese, suite à la demande des comités locaux de Legambiente. Dans ce contexte de confrontation, les acteurs impliquées ont décidé de commander une étude à l'extérieur fondé sur la méthodologie LCA (Life Cycle Analysis) pour évaluer « objectivement » la nécessité de construire un deuxième incinérateur, étant donné les caractéristiques du premier incinérateur Gerbido. L'étude est menée par deux chercheurs du Politecnico di Torino (les prof. Genon et Blengini), le premier choisi par la Province, le deuxième choisi par Legambiente. L’arène géopolitique Celui-ci représente une deuxième arène, moins formelle que la première. L’hypothèse qui mène a la reconnaissance de ce niveau (moins explicite que le précédent), c'est que la raison de l'impasse (de la crise) de la décision n'est pas due simplement à des questions fonctionnelles ou aux problèmes de santé liés, mais que celle-ci est plus profondément enraciné dans les dimensions politiques et dans aux dimensions économiques en rapport direct avec la question de l'emplacement de l'infrastructure : le revenu provenant de la structure, la question des possibles modèles de gouvernance, les compensations économiques, la propriété des terres où l'usine sera située et ainsi de suite. L'emplacement de l'incinérateur n'est plus centré sur la recherche d'une raison technique (controverse), mais sur les répercussions qu'une telle structure peut avoir sur le territoire. La localisation est donc fonctionnelle à un control sur l’incinérateur mais au même temps sur le territoire plus en général. Ce champ est complémentaire au précédent : dans une certaine mesure les aspects techniques et de la santé peuvent être utilisées par les acteurs pour légitimer leurs revendications, d'autres façons, souvent le niveau géopolitique entre en conflit explicite et 164 incompatibilité avec le niveau fonctionnel, en invalidant les résultats et les interprétations des différents acteurs en jeu. Dans le cas de Torino, la dimension géopolitique explique bien l'instabilité géographique et territoriale des consortiums que connote le processus décisionnel dans son ensemble. Les acteurs impliqués dans ce champ ne sont plus la Provincia et Legambiente, mais les municipalités et les sociétés de gestion. La question fondamentale dans cette arène peut être résumé ainsi : qui va gérer la nouvelle usine d'incinération ? Quels sont les avantages en termes économiques de son emplacement dans les différents territoires ? Le lien direct entre critères quantitatifs et décision n’est plus centrale : la décision n'est pas nécessairement fondée sur une estimation correcte des quantités estimées des déchets ou sur la question de la santé et de la logistique. Ces critères sont laissés en arrière-plan, en donnant la priorité à d'autres questions. L'idée de construire un deuxième incinérateur devient, en fait, un outil pour équilibrer le poids de Turin et de la société de gestion des déchets de la ville (TRM) au niveau provincial. La décision de réaliser un incinérateur (et aussi la choix de la technologie) sont rapportées aux systèmes et relations de pouvoir et intérêt économique qui dépendent directement du contrôle que les acteurs exercent sur le territoire et sur les infrastructures. C’est sur ce champ qu’il est possible d’analyser la compétition et l’instabilité entre les municipalités de la zone au Nord de Torino sur la possibilité d’avoir l’incinérateur. L’arène politique L’arène politique est moins formelle et explicite que les autres niveaux de la confrontation, sur lequel se joue les relations entre les personnalités et les positions au sein des parties politiques et des sociétés de gestion qui gouvernent le territoire, aux différentes échelles. Ces relations ont un sens profond, parce qu’ils affectent directement les décisions prises sur tous les aspects de la gestion des déchets. Les déchets, en fait, à ce niveau constituent un outil important pour obtenir avantages de nature politique et pour l'échange et la régulation des fonctions politiques (par exemple, la présidence de la société gestion publique, qui est fortement liée à la couleur politique du gouvernement). En outre, le terrain politique est l'interface entre les différentes échelles du gouvernement du territoire, le langage à travers lequel les différents acteurs politiques impliqués dans la prise de décision se rencontre et jouent la partie des déchets. C’est au niveau politique, que le pouvoir national exerce son influence directe sur le niveau local : soit par des factions internes au sein des partis majoritaires et d’opposition sur le terrain, soit par la production de normes qui peuvent conduire à rouvrir le processus décisionnel à l'échelle locale, comme dans le cas du Turin. Par rapport aux deux précédents niveaux, il faut noter toutefois des différences significatives : - Il s’agit d’une arène très dématérialisée, dans lequel les questions technologiques, fonctionnels et de la santé sont sous-considérées. Ce qui importe est la logique interne des partis politiques qui partagent le pouvoir sur le territoire. Dans le cas d’étude, il y a une différence entre les différentes parties par rapport aux options technologiques dans le jeu pour le deuxième incinérateur - essentiellement marquée par Legambiente, mais qui peut également être déduite par les entrevues avec des experts techniques qui ont partage l’ étude de LCA: en particulier, les parties appartenant à la droite politique ont toujours manifesté un intérêt pour la technologie de pyrolyse, même si cette position peut être justifiée par opposition à l'option depuis longtemps pris d'un four à grill traditionnel. De même au sein de la gauche il y a une confrontation entre les partisans des usines d'incinération et ceux qui préfèrent promouvoir le recyclage (avec une approche similaire à celle proposée par Legambiente). 165 - Un re-scaling du débat: les moments clés de la prise de décision et le conflit se déplace à partir de l’échelle locale-provinciale a le niveau régional et aussi national. - La logique interne des différentes parties (et en particulier les courants au sein du parti qui représente la majorité sur le territoire - le centre-gauche) sont trans-scalaire et implique les niveaux municipal, provincial et régional, mais aussi l'échelle nationale. Ce fait rend encore plus claire la séparation entre la rationalité de la politique et le caractère concret du problème de la localisation de l’incinérateur, qui devient un prétexte pour une confrontation plus large a l’intérieur du parties et entre la majorité et l'opposition. Pour bien comprendre l’importance de la dimension politique, il est nécessaire de réaliser une brève présentation de la couleur politique des différents niveaux municipal, provincial et régional. La ville de Turin a une longue histoire d'administration de centre-gauche. La ville de Settimo est administrée par un maire du même parti national du maire de Turin (le Parti démocrate - PD). La province, avec la dernière élection de 2010, a vu la confirmation pour un second mandat d’un président, appartenant aussi au PD. Ce n’est pas le cas dans la région. Administré pour plusieurs mandats par le centre-droit actuel, après un intervalle de cinq ans d'administration de centre-gauche, les élections régionales de 2010 ont vu le retour du centre-droit, avec un président de la région appartenant au parti fédéraliste / séparatistes de la Ligue du Nord, un parti qui a, dans tout le nord du pays, une présence politique forte. La Région Piémont est donc gouverné par des représentants de l’alliance qui gouverne le pays dans son ensemble (alliance de centre-droit entre la Ligue et le Peuple de la liberté PDL). Ces événements jouent ici un rôle important dans : - La prolongation du débat avec un net ralentissement (pour certains, un décrochage complet) non seulement de la prise de décision, mais aussi de tous les éléments liés à la planification des déchets dans son ensemble, au cours des années qui ont précédé les élections provinciales et régionales; - Les relations entre les différentes échelles politico-administratives (du municipal au national) et entre les factions internes au sein des différents partis à différentes échelles. Jusqu'à ce qu'il y ait une coïncidence de la couleur politique dans les différentes administrations au niveau municipal, provincial et régional, en fait, la confrontation a eu lieu à l’intérieur de chaque parti, entre les différents courants. Quand le niveau régional a changé de couleur, les relations entre les différents niveaux politiques ont été considérablement modifiés, il faudra analyser et suivre ces effets politiques sur la question spécifique du deuxième incinérateur. Ce qui apparaît plus clairement par l'analyse menée jusqu'à présent est que la question de l'incinérateur (mais peut-être toute la question des déchets) est un domaine des relations politiques au sein duquel il est possible d’obtenir des avantages et affirmer un pouvoir politique, de gérer des postes publiques, de réguler les rapports internes et externes aux parties, et créer un pont de communication entre les différents niveaux et acteurs, qui "parlent" et entrent en communication sur le terrain politique. Dans le premier cas (« les déchets » comme possibilités de gains politiques), il faut signaler une querelle entre la municipalité de Settimo Torinese et la municipalité de Torino (qui sont géré par des administrations de la même couleur politique) : la première se plaint de la politique de la ville de Torino, qui grâce à la décharge de Basse di Stura, a réussi à maintenir une taxe sur les déchets anormalement base par rapport à la ceinture des communes urbaine, regroupées dans d’autres consortiums pour la gestion des déchets. Cette position illustre deux faits : d'abord, l'utilisation que la ville de Turin a fait de la décharge et, celle qui pourrait être faite de l'incinérateur Gerbido comme une «source» de 166 revenus économiques pour les caisses municipales ; d'autre part, le même argument est utilisé par la ville de Settimo Torinese, pour accueillir l’incinérateur. Le second cas ("les déchets" comme gestion de postes publics) nécessite une étude plus approfondie. Il est toutefois, évident que le problème de l'incinérateur représente un espace remarquable dans les alliances politiques au sein et des parties. A partir d’une analyse des structures des sociétés de gestion des déchets, par exemple, il apparaît que SETA est détenue par AMIAT, pour un montant considérable d'actions, et en même temps elle participe, mais avec un nombre marginal d'actions, dans la structure de la société TRM . Nous assistons à une compétition entre les deux acteurs sur le même marché et à la nécessité de construire des alliances entre les personnes qui répondent à des administrations de la même faction politique. Enfin, en ce qui concerne la question de la relation entre les niveaux de gouvernement, il faut signaler, d'un point de vue strictement juridique, que la production de la législation nationale a essentiellement rouvert le débat sur la réalisation de l'incinérateur, et a influencé les niveaux de décisions et les relations entre les acteurs à l’échelle local. Au début de 2010, la loi nationale 42/2010 (26 Mars 2010), avec l'objectif de simplification administrative des niveaux nationaux, a prescrit l'abolition des ATO (zones territoriales optimales), dans le 2011 et la délégation aux régions de la gestion de la chaîne des déchets sur son territoire. Ce qui dans le cas de la deuxième incinérateur à Turin, est un facteur qui peut rouvrir entièrement le processus de prise de décision, parce que il est remise en question le principe de l'auto confinement du cycle des déchets au sein du périmètre d’une ATO. Chaque arène ou niveau de confrontation, conflits décrits ci-dessus peut être décomposée et analysé en référence aux dimensions d'analyse privilégié par le projet DESCRI: les dimensions temporelles, juridiques et spatiales. Dimension temporelle Dans le bouleversement des relations entre les acteurs et plus généralement dans la définition de l’étude de cas, la dimension temporelle constitue une dimension cruciale. Tout d’abord, sous la forme de la mémoire de l’initiative participative mise en place pour la localisation du premier incinérateur : le nouveau processus trouve racine dans la non acceptation des résultats obtenues par le précédent et par l’internalisation de ce que avant avait été externalisé (c’est à dire la faculté de décision). Deuxièmement, comme élément structurant les relations entre les acteurs : le caractère non-linéaire du processus de décision a produit un cadre territorial ouvert et très fragmenté, dans lequel il n’y a pas une d’indication temporelle entre la quelle la décision finale doit être prise. Cela se compare à la nécessité dans laquelle la Province ce trouve de faire advenir (via des instruments politiques et de planification) un horizon temporel dans lequel la réalisation des infrastructures devrait être terminée (pour exemple, le 2014 est indiquée comme l’année de clôture définitive des décharges municipaux dans la province). Troisièmement, la dimension temporelle se reflète dans des événements contingents, non prévisibles, qui rendent plus complexe la prise des positions par les acteurs du territoire et conduisent à des constantes re-négociations de leurs points de vue. Dimension juridique L’affirmation des relations de pouvoir fondées sur la recherche de l’autonomie par les différents acteurs implique directement une dimension juridique. Cela peut se comprendre en sens strict, comme le recours à la loi par les acteurs, ou en sens plus large, comme la recherche d’un niveaux de formalisation des pratiques et des relations entre les acteurs engagés dans le processus de décision. 167 Dans le premier sens, la Province légitime sa autonomie décisionnelle sur la base des actes administratifs spécifiques : le plan de coordination provinciale des déchets (Piano Provinciale di Gestione dei Rifiuti – PPGR), les décisions et délibérations administratives fonctionnelles on la capacité de valider ou de rejeter des études et documents, et ainsi de suite. C’est dans la ligne tracée par ces instruments que se trouvent aussi des initiatives moins formalisés d’ouverture a la confrontation (et aussi a le conflit) avec le territoire : par exemple, bien que la Province ait effectivement abandonné l’approche participative utilisée pour la localisation du premier incinérateur, il a été conservé, cependant, une attitude de concertation, évidente dans le travail avec les différents administrations municipaux et dans la disponibilité à instituer des tables de discussion ouvertes aux communautés locales. Dans le deuxième sens, même les actions des sujets qui sont plus fortement opposé à la réalisation de l’incinérateur ont été cadrée vers (avec une certaine variabilité selon les circonstances) une institutionnalisation partielle du conflit : cela n’est pas seulement évident dans la disponibilité à dialoguer avec l’administration provinciale, mais cela s’exprime aussi dans les demandes pour la réalisation d’études scientifiques sur l’opportunité ou non de mettre en œuvre un incinérateur, ou de mettre en place des tables de concertation avec un programme de travail défini et partagé entre les participants, et enfin à exploiter les possibilités offertes par la loi (comme celle de transmettre des observations aux études de localisation préparé par la Province) pour faire entendre les voix de la contestation. Dimension spatiale Le cas de Turin peut être décrit comme l’affirmation d’une territorialité « instable » dans les relations entre les acteurs impliqués1 et dans les représentations du territoire desquelles ils sont titulaires. L’utilisation de la notion d’instabilité est justifiée par l’absence de symétrie et de stabilité (persistance dans le temps) des relations entre les acteurs et par les tensions sociales générées par la persistance de déséquilibres de pouvoir dans les relations entre les individus. C’est une condition très différente du contexte de NrdS, un effort important avait été réalisé pour institutionnaliser un lieu permanent de confrontation reconnu par tous les acteurs (la table de consultation). La nouvelle situation place les acteurs dans des configurations très changeantes. D’une part, ils sont soumis à une transformation continue et imprévisible du champ dynamique dans lequel se joue leur interaction, et qui les oblige à une redéfinition permanente des leur positions réciproques. Ce sont surtout des facteurs structurels de nature supra-local ou hors du territoire (réduction de la consommation et de la production de déchets en raison de ralentissement économique, la disponibilité des technologies et des domaines d’utilisation des sous-produits du processus d’incinération) et donc non prévisibles qui pèsent sur la définition même des problèmes à traiter. Ces facteurs engendrent un profond impact sur les représentations du territoire et sur la perception des enjeux par les sujets engagés. D’autre part, le comportement des acteurs est modifié sur la base de relations de pouvoir centré autour du concept d’échelle, aussi centrale dans la notion de territorialité2 et dans ce cas particulièrement présente. D’un côté, on observe une volonté d’autonomie et une prise de pouvoir par la Province a travers la choix d’internaliser les processus de décision : il s’agit d’une relation de pouvoir d’imposition (top-down) qui, bien qu’il soit ouvert a une 1 Bertoncin M., Pase A. (2006), Progetti, attori, territorio, territorialità: una chiave di lettura, in Dansero E., Santangelo M. (a cura di), Progetti, attori, territorio e territorialità. Sviluppo locale tra Nord e Sud del mondo, Working Papers del Dipartimento Interateneo Territorio del Politecnico e dell’Università degli Studi di Torino, n. 28/2006 (http://www.geografia.unito.it/?Pubblicazioni) 2 Governa F. (2005), Sul ruolo attivo della territorialità, in Dematteis G., Governa F. (a cura di), Territorialità, sviluppo locale, sostenibilità: il modello SLoT, Milano, Franco Angeli. 168 confrontation avec le territoire, revendique le droit de choisir en agissant sur un axe de inclusion/exclusion des acteurs locaux sur la base de critères définis internement. De l’autre côté, il y a l’émergence (aux différents degrés d’intensité) des plusieurs pouvoirs de « résistance » (en direction bottom-up), en correspondance des différents sites potentiels de localisation identifiés par la Province, qui font valoir une autonomie par rapport à des décisions supra-locaux. Ces pouvoirs ne proposent pas nécessairement une vision localiste du problème (facilement qualifiable comme NIMBY), mais dans certains cas ils offrent des visions différentes et plus larges, visant à renverser la représentation du pouvoir public. Dans les deux cas, il émerge une conception de l’autonomie comme une expression du pouvoir résultat de la négociation sociale1 et des relations entre les acteurs qui ont lieu dans le territoire. Un des domaines d’expression les plus intéressants dans cette étude de cas, réside dans la question de l’échelle géographique, et plus spécifiquement dans une approche multiéchelles. La question de la localisation des incinérateurs (premier et deuxième) doit être analysé en tenant compte des multiples échelles, à partir de l’échelle micro-locale et locale, de celle du zonage du territoire provincial pour l’identification d’un site jusqu’à les échelles régionales, nationales et internationales de la production de normes juridiques et des exportations de déchets dans des situations d’urgence (voir les déchets en Campania). Au même temps, dans ce contexte, l’échelle n’est pas seulement une point d’observation et d’analyse, mais c’est aussi une des ressources à disposition des acteurs dans un contexte de gouvernance à plusieurs niveaux territoriaux. Le cas de Torino montre comment les acteurs redéfinissent sans cesse les échelles et les champs d’action et de décision, comme cela est vérifié dans la localisation du premier incinérateur, dans la décision de ne pas construire un troisième incinérateur provincial et comment il pourrait se vérifier dans le cas de Settimo Torinese. Les différents arènes sur lesquelles se développent la prise de décision (et donc le conflit) et les trois dimensions, territoriales, juridiques et spatiales peuvent être croises en vue de former une matrice dans laquelle il est possible lire les différentes caractéristiques et particularités de l'étude de cas (Tableau I). De Filippis J. (1999), “Alternatives to the new urban politics : findings locality and autonomy in local economic development”, in Political Geography, 18, pp.973-990. 1 169 Tableau I: Resume de la matrice Les arènes de la confrontation Arène fonctionelle Dimension temporelle - Arène géo-politique - Arène politique - Dimension territoriale Contraste entre les acteurs qui ont des opinions différentes sur l'organisation du secteur des déchets L'utilisation de la norme (et, souvent, des règles d'ordre supérieur) pour justifier leurs positions par toutes les parties concernées L'échelle d'analyse privilégiée est locale, au niveau infra-provincial La variable temporelle a une forte influence sur le débat et sur la prise de décision, la modification de données et des statistiques sur la confrontation C'est à ce niveau que l’on peut identifier une «l'échec de la norme» : les documents de planification et de la planification se confrontent avec l'incapacité à se traduire dans des décisions qui ont des effets concrets sur le terrain de le - Dimension juridique Comparaison entre les différents intérêts concernant la localisation de l'emplacement première et de le deuxième incinérateur Rapports de concurrence/compétition entre les différentes communes touchées par le deuxième incinérateur Utiliser la norme comme une source d'identification par les acteurs impliqués et en même temps, les comportements qui s'écartent des règles en raison des intérêts territoriaux. La variable de temps prend une valeur moins importante que le niveau fonctionnel: que le calendrier de la prise de décisions pour certains des acteurs impliqués dans le processus (par exemple, la fermeture des décharges) L'échelle d'analyse privilégié est quelle provincial Comparaison entre les différents intérêts politiques au sein du gouvernement local (province, région) et les organismes instrumentale (ATOR, sociétés de gestion, etc) .. La "question des déchets»est utilisé comme un outil et un cadre pour le partage de postes et le pouvoir au sein du parties. Au niveau politique il y la production de nouvelle normes. La variable temporelle influence la comparaison en modifiant les délais administratifs et les changements de couleur des administrations politiques (par exemple, la Région Piémont, Province de Turin, la ville d'Ivrea) L'échelle qui mène la politique, va du local à l'échelle régionale, avec une influence directe sur le niveau nationale et sur les niveaux inférieurs (par exemple, réforme de la réglementation sur l'ATO). 170 Un deuxième incinérateur pour la Province de Turin Egidio Dansero, Matteo Puttilli, Nadia Tecco Prémisse Le cas du deuxième incinérateur des déchets de la province de Torino (actuellement situé par hypothèse dans la commune de Settimo Torinese) ne se présente pas en termes d’un conflit profondément enraciné dans le territoire. Au contraire, il s’exprime sous la forme d'une processus de décision très articulé, fragmenté en nombreux moments de confrontation entre les acteurs aux échelles différentes et que a généré quelques conflits plus ou moins encastrés dans le territoire. Pour enrichir la spécificité du cas Torinoise il y a aussi a considérer le lien entre l’actuel processus de décision et l'expérience précédente de localisation de l'incinérateur du Gerbido, toujours dans le territoire provincial, qui a vu l'activation d'un complexe processus de participation et la massive implication des acteurs locaux (projet « Non rifiutarti di scegliere » - NdrS). L'approche choisie par l'administration provinciale pour localiser le deuxième incinérateur a vu une rupture par rapport aux résultats obtenus par l'expérience précédente (qui n'est pas arrivée à un résultat unique partagé). Par conséquence, ici nous considérerons les événements a partir du moment dans lequel le débat public s’est intéressé à la localisation du deuxième incinérateur. Toutefois, une référence à l'expérience antérieure est indispensable et une relecture critique de NdrS sera un des principales buts du notre étude de cas. Metodologia di analisi e organizzazione del rapporto La metodologia di ricerca adottata per il caso torinese ha seguito un triplice approccio, corrispondente grosso modo all’impostazione di questo rapporto intermedio. Una prima fase ha interessato la ricostruzione del quadro territoriale della provincia di Torino sotto il profilo della produzione dei rifiuti, attraverso la raccolta e la rielaborazione di dati e statistiche da fonte provinciale. Una seconda fase ha operato una ricostruzione puntuale della documentazione tecnica delle diverse fasi che hanno caratterizzato il dibattito riguardante il secondo inceneritore della Provincia di Torino e una rassegna stampa degli articoli pubblicati in merito sulle sezioni di cronaca locale di alcuni quotidiani (principalmente, “La Stampa” di Torino). L’elenco della documentazione tecnica esplorata è il seguente: Provincia di Torino, Programma Provinciale di Gestione dei Rifiuti 1998 Provincia di Torino, Programma Provinciale di Gestione dei Rifiuti 2005 Provincia di Torino, Programma Provinciale di Gestione dei Rifiuti 2006 ATO-R. Studio di localizzazione del termovalorizzatore della zona Nord di Torino, 2006. Provincia di Torino, Piano d’ambito 2008-2014, 2008. 171 Blengini G.A., Genon G. (2008), Rapporto di ricerca – LCA del sistema integrato dei RSU nella Provincia di Torino. Analisi energetico ambientale con metodologia LCA ed analisi economica dell’attuazione del Piano Provinciale di Gestione dei Rifiuti alla luce dei nuovi obiettivi di Raccolta Differenziata introdotti dal D.lgs. 152/06. Provincia di Torino, Documento Tecnico Preliminare per la revisione del PPGR vigente, 2010. Una terza fase (ancora in corso) ha visto la realizzazione di una serie di interviste ad attori qualificati. I testimoni sono stati scelti fra le seguenti categorie: - rappresentanti degli enti (Provincia, Società di gestione) coinvolti nella gestione del ciclo dei rifiuti ed in particolar modo della fase finale; - rappresentanti dei Comuni coinvolti dal processo di localizzazione dell’impianto; - rappresentanti dei comitati nati o che hanno accolto nella loro sfera d’azione il tema dell’inceneritore nei comuni prescelti dalla localizzazione. - rappresentanti politici L’utilizzo del metodo snowball ha consentito di allargare la cerchia dei soggetti da intervistare emersi in seguito alla prima fase di mappatura. Inoltre, data la frammentazione spaziale e temporale che ha caratterizzato la vicenda abbiamo scelto per la ricostruzione dei fatti, di effettuare un percorso di interviste “a ritroso”, a da Settimo Torinese per passare a Ivrea (con Rivarolo e Settimo Torinese) e infine a Volpiano. La scelta di questi tre Comuni nasce dalla volontà di cogliere il processo decisionale legato all’inceneritore dell’area Nord della Provincia di Torino in tre momenti storici diversi e ben identificati (allo stadio attuale - in corso - all’inizio). Tabella I: Suddivisione delle fasi di analisi del processo Fase Comune Periodo I Settimo Torinese II Ivrea, Settimo Torinese, Rivarolo- III Fine 2010 Volpiano 2007- 2005-2007 2004 Si è quindi partiti nella somministrazione delle interviste dalla fase più recente del dibattito, che ha visto e vede la localizzazione dell’inceneritore ne Comune di Settimo Torinese. Successivamente saranno somministrate interviste a coloro che sono stati coinvolti in qualità di attori privilegiati nelle precedenti fasi che hanno coinvolto il Comune di Ivrea (con i Comuni di Rivarolo e Settimo Torinese) e il Comune di Volpiano. Tabella II: Elenco delle interviste effettuate nella fase di ricerca “Settimo Torinese” Intervistato Gollo Ruolo Data Intervistatori Tecnico 17/09/2009 Puttilli, Tecco, Provincia TO, e 20/10/2009 Andrà, Dansero Servizio Pianificazione Sviluppo Sostenibile e Ciclo Integrato dei rifiuti. 172 Fortunato Tecnico Provincia TO, Servizio Pianificazione Sviluppo Sostenibile e Ciclo Integrato dei rifiuti. 20/10/2009 Puttilli, Tecco, Andrà, Dansero Corgiat Sindaco di Settimo Torinese 9/02/2010 Puttilli, Tecco, Andrà, Bertolino Rappresentante Legambiente Piemonte e Valle d’Aosta 12/02/2010 Puttilli, Tecco, Andrà 03/03/2010 Puttilli, Tecco, Andrà Strumia SETA Salato Comitato Settimo Non Inceneritore, coltivatori zona est. 15/02/2010 Genon Politecnico Torino di 16(03/2010 Puttilli, Tecco, Andrà Blengini Politecnico Torino, DITAG di 24/02/2010 Puttilli, Tecco, Andrà Arnaldo Comitato Settimo incenerire 26/03/2010 Tecco, Andrà non Andrà Il presente rapporto è organizzato come segue: una prima parte (paragrafo 3) ricostruisce l’inquadramento territoriale della produzione e dello smaltimento dei rifiuti in provincia di Torino, soffermandosi sull’evoluzione temporale e sull’organizzazione territoriale della filiera dei rifiuti. Una seconda parte (paragrafo 4) ricostruisce la cronologia del caso studio, distinguendo le diverse fasi del dibattito sul primo inceneritore (del Gerbido) e del secondo inceneritore (di Settimo Torinese): sebbene inizialmente si ritenesse di non considerare la cronologia precedente il 2005 (e riguardante il primo inceneritore), dalle attività di ricerca è emersa la necessità di adottare uno sguardo più ampio, sotto il profilo della ricostruzione degli eventi, considerando tutta la storia del dibattito sugli inceneritori in provincia di Torino, in quanto collegati in modo forte l’uno con l’altro. Una terza parte (paragrafo 5) si concentra su un livello maggiormente analiticointerpretativo. In questa sezione, vengono prese in considerazione le tre dimensioni (temporale, giuridica e territoriale) proprie del progetto DESCRI per l’analisi del caso di studio. Vengono proposti inoltre tre livelli ai quali considerare il processo conflittualedecisionale (terreno funzionale, geopolitico e politico), collegati alle dimensioni sopra richiamate e che sono emersi come livelli di analisi imprescindibili e specifici del caso torinese. 173 Inquadramento Territoriale Profilo territoriale generale1 La provincia di Torino La Provincia di Torino ospita, al 2008, poco meno di 2.300.000 abitanti. Questi sono ripartiti in un elevatissimo numero di comuni (316). Ciò fa sì che si alterni la presenza di comuni di piccole e piccolissime dimensioni (siti soprattutto nelle fasce di media e alta montagna) e un ridotto numero di comuni di medie dimensioni (in buona parte integrato nella cintura metropolitana torinese). La Città di Torino accoglie da sola il 40% circa degli abitanti (908.263), mentre nelle città con oltre 50.000 abitanti risiede un altro 7% della popolazione. Il 94% della popolazione risulta (dato del 2005) risulta aggregato in centri urbani, anche di piccola dimensione. Le aree ad insediamento disperso, pur incidendo relativamente poco sul totale della popolazione (6%), coprono una parte significativa del territorio. La varietà morfologica del territorio, in particolare l’ampia estensione della fascia alpina, la struttura dell’insediamento residenziale, la distribuzione territoriale della popolazione e, non ultima, la presenza di aree ad elevata presenza turistica, influenzano notevolmente la produzione dei rifiuti; di conseguenza la gestione del problema deve rispondere alla necessità di attivare sistemi di raccolta e di trattamento specifici ed adeguati alle diverse esigenze territoriali. Nel nuovo Piano Territoriale Regionale del Piemonte, il territorio della provincia di Torino è ricompreso all’interno di quello che viene definito come “quadrante metropolitano”. Questo, centrato attorno alla città di Torino, raggruppa altri sei sub-ambiti territoriali (definiti dal Piano come AIT – Ambiti di Integrazione Territoriale) che circondano il nucleo metropolitano e che risultano essere strettamente integrati con esso da flussi di pendolarità per servizi e per lavoro e da legami di filiera: verso N e N-O, gli ambiti del Canavese occidentale e di Chivasso; verso Ovest, la Valle di Susa; verso S e S-O l’ambito di Carmagnola; verso Est, l’ambito Chierese. Più all’esterno rispetto a questa corona, altri tre sub-ambiti (Ivrea, Pinerolo e le Vallate Olimpiche) si possono anch’essi considerare come sottosistemi del sistema metropolitano, ma presentano una maggiore autonomia funzionale rispetto a Torino. Il quadrante comprende vaste zone pianeggianti, ma anche numerosi valli alpine che si affacciano sulla pianura. Possono essere individuate almeno tre fasce: - la fascia di pianura, che occupa il 27% della superficie provinciale. - La fascia di collina (21%) - La fascia montana (52%). Tali fasce non si distinguono soltanto su base morfologica né tantomeno altitudinale. I diversi territori di pianura, collina e montagna sperimentano trend di sviluppo economico e sociale fortemente differenziati non solo l’uno rispetto all’altro, ma anche al loro interno. La pianura, la fascia pedemontana e le zone pianeggianti delle valli principali vedono infatti alternarsi aree di intensa espansione periurbana ad altre ancora largamente rurali. Le prime si riscontrano in particolare nella conurbazione centrale, lungo gli assi viari principali e nelle zone di pregio dal punto di vista climatico o paesaggistico, come ad esempio nella fascia pedemontana del Pinerolese, della bassa valle di Susa o in quelle collinari del Chierese e del Chivassese. Le seconde presentano zone di specializzazione produttiva, come la pianura di Carmagnola e del Pinerolese, in cui l’uso agricolo del suolo è solo in piccola parte eroso dallo sprawl edilizio. Il seguente profilo territoriale riprende in larga parte (riadattandolo parzialmente) i contenuti della Relazione del nuovo Piano Territoriale della Regione Piemonte (2008). 1 174 Anche le valli alpine del quadrante presentano evidenti differenze. Mentre infatti in alcune valli, in particolare nella Montagna olimpica, i processi di sviluppo turistico sono più intensi e possono basarsi su una dotazione di capitale fisso ampia e differenziata, nelle medie Valli di Susa e del Chisone e in altre valli (Lanzo, Locana, Soana ecc) lo sviluppo turistico è più limitato, nonostante le ampie potenzialità offerte dall’ambiente naturale. Carta I – La provincia di Torino Fonte: elaborazione da Provincia di Torino, Piano Territoriale di Coordinamento Provinciale, 2010 Anche i caratteri dell’insediamento presentano significative differenze. La parte centrale corrispondente alla conurbazione metropolitana, si è formata negli anni 1950-‘70 secondo le logiche tipiche dell’urbanizzazione fordista. La continuità dell’urbanizzato, in particolare fra Torino e i comuni della prima cintura e lungo alcune direttrici di crescita della città, è il prodotto di queste logiche, che hanno determinato una forte dipendenza da Torino e una certa omogeneità, sociale ed economica, fra le periferie della città centrale e i comuni conurbati. Tuttavia le cinture di Torino presentano ancora aree inedificate, in parte a destinazione agricola, che si incuneano radialmente nell’espansione urbana, anche nel quadrante ovest, il più densamente urbanizzato. A partire dagli anni ’80, i processi di periurbanizzazione hanno dato l’avvio a spostamenti di popolazione dal comune centrale verso comuni via via più esterni. Tali processi presentano caratteri molto diversi rispetto a quelli dei decenni precedenti e appaiono influenzati dalla ricerca di condizioni ambientali migliori e di un eventuale aumento dei consumi abitativi a prezzi più vantaggiosi rispetto al comune centrale. Riguardano perciò famiglie a reddito medio, medio-alto, molte con componenti giovani. Nel complesso, l’insediamento del quadrante metropolitano risulta articolato su una struttura urbana policentrica, ma funzionalmente dipendente dal capoluogo, che vede disporsi attorno ad esso una rete di centri urbani con un’identità distinta da quella metropolitana (Ivrea, Susa, Cirié, Chivasso, Chieri, Carmagnola, Pinerolo). La tendenza 175 verso la costruzione di una struttura urbana di tipo policentrico è avvalorata anche dalle dinamiche proprie dei diversi sub-sistemi del quadrante, che stanno mettendo in atto processi di ridefinizione delle proprie dinamiche di sviluppo basati anche sull’attrazione di funzioni metropolitane decentrate (logistica, facoltà universitarie, ospedali, grandi centri commerciali ecc). Anche la capacità mostrata da alcuni comuni dell’area metropolitana di definire processi cooperativi sovracomunali attorno a politiche di sviluppo, che nella maggior parte dei casi partono dai comuni della cintura ed escludono Torino, può essere letta come un segnale in questa direzione. Nel quadrante metropolitano, e in particolare nella zona centrale, sono molte le esperienze di programmazione negoziata sovralocali (Patti territoriali, PRUSST, PISL, PTI, Piani Integrati d’Area, Leader), nate per iniziativa locale. Tali iniziative possono essere il segnale di una vivacità progettuale locale, che sembra sfidare la storica dipendenza da Torino. Risorse e dotazioni territoriali Il quadrante metropolitano presenta una dotazione decisamente elevata in un ampio insieme di componenti, che lo fanno nettamente risaltare rispetto al resto della regione e definiscono il ruolo guida che tale quadrante svolge nelle dinamiche regionali. L’eccellenza delle dotazioni strutturali del quadrante deriva in primo luogo dalla presenza del capoluogo regionale, in cui si concentrano un insieme ampio e diversificato di dotazioni di diversa origine e natura: dalle attività economiche più innovative a un patrimonio urbanistico e architettonico ampiamente stratificato e storicamente differenziato; dalla presenza di attività terziarie superiori alla dotazione di attività manifatturiere: in particolare cluster manifatturieri che occupano una posizione di rilevo in filiere internazionali, come quelle dell’automotive e del connesso design, dei beni strumentali, dell’elettronica e mecatronica, dell’ICT ecc; dalle dotazioni materiali per lo sviluppo culturale connesse alla presenza di musei, biblioteche e teatri alle risorse patrimoniali e ambientali, come il sistema delle aree protette e dei parchi del Po, della Mandria, di Stupinigi, dei laghi di Avigliana e alla corona di residenze sabaude che circonda l’antica capitale. Ma non è solo l’ambito metropolitano a presentare un’ampia e diversificata dotazione di risorse e potenzialità di sviluppo. Seppure con le ovvie differenze e gli innegabili squilibri (fra Torino e il resto del territorio; fra pianura e montagna; ecc.), il quadrante metropolitano risulta essere caratterizzato da una dotazione strutturale particolarmente significativa soprattutto per quanto riguarda: - la dimensione demografica: 2.300.000 abitanti, concentrati soprattutto nel capoluogo e nelle sue cinture, con una caduta rapida delle densità andando verso zone agricole e con notevoli differenze fra la pianura, il pedemonte e le basse valli e la montagna interna; - il ruolo centrale nelle dinamiche regionali e nei collegamenti nazionali e internazionali, anche in ragione della notevole dotazione infrastrutturale del quadrante, in particolare nella zona centrale e in alcuni assi e nodi esterni (valle di Susa, Chivasso, Ivrea); - la dotazione universitaria anch’essa fortemente concentrata nell’area metropolitana, ma presente anche altrove; - l’avanzata transizione industriale verso l’economia della conoscenza che caratterizza principalmente l’area metropolitana e il Canavese pedemontano; - la notevole presenza di addetti alle attività di ricerca, alle attività innovative e di servizio alle imprese che, oltre a connotare l’area metropolitana e il Canavese pedemontano, caratterizza anche la valle di Susa, il Pinerolese e il Chivassese; - la decisa internazionalizzazione dei settori economici nelle stesse aree; - la presenza di sistemi produttivi locali nell’Eporediese, in particolare per quanto riguarda la meccanica, l’elettrotecnica e l’elettronica che si estendono, in parte, seppure in una situazione di crisi, nel Canavese occidentale per il settore dello stampaggio; o ancora, nel Chierese per la produzione di tessuti tecnici e dell’arredamento; 176 - la presenza di produzioni specializzate e integrate in filiere ad esempio, nella pianura di Carmagnola (nella filiera auto, nel packaging e nell’agroalimentare), o nella pianura del Pinerolese (nella meccanica di precisione, nel settore delle macchine utensili, nella componentistica auto); - l’ampia e diffusa dotazione di risorse primarie (acque, energia idroelettrica, boschi, suoli fertili nella pianura); - la notevole dotazione di parchi e aree protette, sia nelle aree montane (in alcuni casi, come nel Parco Nazionale del Gran Paradiso, con potenzialità sotto-utilizzate), sia negli ambiti più urbanizzati della pianura e dell’area metropolitana, tanto da connotare praticamente tutto il quadrante; - la presenza di un notevole patrimonio storico e culturale che caratterizza Torino, vari comuni della prima cintura come Venaria Reale, Rivoli e Moncalieri, il Canavese, la zona ovest e sud-ovest del quadrante (Carmagnola, Pinerolese, Susa), nonché il Chierese; - l’importanza dell’agricoltura e dell’allevamento bovino, con terreni intensamente utilizzati e una notevole diffusione di produzioni specializzate e di pregio, come attorno a Carmagnola, nel Pinerolese, nell’alto Eporediese, nel Chierese; - la presenza di capitale fisso, di infrastrutture e di strutture ricettive per il turismo che caratterizza molti centri montani, in relazione al patrimonio naturale e culturale, con una forte specializzazione negli sport invernali nella Montagna Olimpica. L’architettura del sistema di gestione dei rifiuti Le ATO e i bacini di gestione La gestione dei rifiuti è una realtà altamente complessa che necessariamente deve integrare criteri tra loro diversificati seppur complementari: tutela ambientale e sostenibilità, efficienza ed economicità. L’organizzazione dei sistemi di gestione, in Piemonte, ha previsto sino al 2010 (ma, come si vedrà, tale forma è destinata a cambiare) la suddivisone del territorio regionale in ATO – Ambiti Territoriali Ottimali (legge regionale 24, 2002). Gli ATO, coincidenti generalmente con i territori delle province, rappresentano i contesti territoriali all’interno dei quali vengono organizzate le fasi di raccolta, recupero e smaltimento dei rifiuti. Gli ATO sono a loro volta suddivisi in ulteriori partizioni territoriali, i bacini di gestione dei rifiuti: questi corrispondono territorialmente ad aree omogenee accomunate da specifiche caratteristiche territoriali e socioeconomiche. Nei bacini sono svolti i servizi di gestione dei rifiuti urbani, quali i servizi di raccolta differenziata e di raccolta del rifiuto indifferenziato, il trasporto, lo spazzamento stradale, i conferimenti separati, la realizzazione delle strutture al servizio della raccolta differenziata, il conferimento agli impianti tecnologici ed alle discariche. Tali attività operative sono affidate a specifiche società di gestione, che possono rispondere a diverse forme : - società di capitali individuate attraverso gare con procedure ad evidenza pubblica; - società a capitale misto pubblico privato, in cui il socio privato è scelto attraverso gare; - società a capitale interamente pubblico1 A condizione che gli enti pubblici titolari del capitale sociale esercitino sulla società un controllo analogo a quello esercitato sui propri servizi e che la società realizzi la parte più importante della propria attività con gli enti che la controllano. 1 177 Figura I: suddivisione delle competenze nella filiera di gestione dei rifiuti solidi urbani Fonte: Provincia di Torino, 2009. E’ rilevante, nell’ottica di questo studio, rimarcare come la legge regionale prescriva che il funzionamento delle società di gestione e delle ATO debba avvenire nel rispetto di un criterio di autosufficienza di ciascuna ATO. Questo è importante dal momento che, per raggiungere un simile obiettivo, le ATO sono chiamate ad una programmazione che preveda la realizzazione, sul proprio territorio, di quegli impianti necessari allo smaltimento dei rifiuti. Tale programmazione viene realizzata attraverso un’attività di pianificazione operativa il cui esito (il Piano d’Ambito) rende conto delle scelte di governo del sistema e della necessità di realizzazione di nuovi impianti. Sino al 2008, le attività dell’ATO in Provincia di Torino sono state svolte dalla Provincia. Dal 2008, in poi tali attività sono state svolte dall’ATO-R. L’attuale assetto territoriale e funzionale che caratterizza la Provincia di Torino si è costituito in seguito all’esito di un lungo percorso transitorio di trasformazione delle gestioni esistenti, anche al fine di separare l’esercizio di funzioni pubbliche dalla gestione operativa di servizi, come disciplinato dall’art. 20 della L.R. 24/02 che ha portato all’istituzione di due forme associative diverse: - i Consorzi di Bacino, titolari delle funzioni di organizzazione e regolazione della fase di raccolta e di raccolta differenziata; - le società di gestione, titolari delle funzioni di organizzazione e regolazione della fase impiantistica. 178 Si vedrà nel corso dell’ analisi come questi elementi abbiano giocato vicende legate al secondo inceneritore. All’interno dell’ambito territoriale Provincia di Torino sono attualmente delineati 7 bacini di gestione dei rifiuti diviso in due sub-bacini) e sono costituiti 8 Consorzi obbligatori di rappresentato nella tabella che segue. un ruolo nelle ottimale della (il bacino 17 è bacino, come Tabella III: Bacini e sub-bacini di gestione dei rifiuti e consorzi obbligatori della Provincia di Torino Bacini e Area sub-bacini geografica Sigla Consorzio Aziende di gestione Servizi Impianti N. di Comuni Abitanti % di abitanti 12 Area Pinerolese ACEA ACEA ACEA Pinerolese Pinerolese 47 152.437 6.70% 13 Area Chierese CCS Appalti privati 19 119.591 5.26% 19 253.129 11.3% CIDIU. ARFORMA, AMIAT, PUNTO AMBIENTE 53 303.851 13,36% SETA 31 252.691 11,11% 38 96.137 4,23% 108 190.227 8,36% 1 906.566 39,86% 316 2.227.629 100% AMIAT ACEA TRM CCS 14 Area Torino Sud 14 COVAR Appalti privati ACEA AMIAT TRM 14 15 Area Torino Ovest e Valsusa 16 Area Torino Nord 17A 17B/C/D CADOS 16 Bacino CIDIU, ACSEL SETA COVAR AMIAT TRM Area Ciriè e Valli di Lanzo CISA Area Canadese Eporediese CCA SETA AMIAT SIAT SIAT SCS ASA ASA ASA AMIAT 18 Città di Bacino Torino 18 Ambito Prov. di Torino AMIAT ATO-R 179 AMIAT PUBLIREC TRM A loro volta, a partire dal 2005, i consorzi di bacino sono raggruppati a livello provinciale in 2 ambiti, aree formate dal raggruppamento di più consorzi di bacino e deputate alla realizzazione e gestione degli impianti di trattamento e smaltimento finale dei rifiuti. - L’ambito 1 è costituito dai consorzi ACEA (Bacino12), CCS (Consorzio Chierese Servizi, Bacino 13), COVAR14 (Consorzio Valorizzazione Rifiuti 14, Bacino 14), CADOS (Consorzio Ambiente Dora Sangone, Bacino 15A), ACSEL (Bacino 15B) e Città di Torino (Bacino 18). - L’Ambito 2 è costituito dal Consorzio di Bacino 16, CISA (Consorzio Intercomunale di Servizi per l’Ambiente, Bacino 17A), CSAC (Consorzio Servizi Alto Canavese, Bacino 17B/D) e CCA (Consorzio Canavesano Ambiente, Bacino 17C). Carta II – Suddivisione della Provincia di Torino per bacini di gestione e ambiti. Ambit o2 Ambit La produzione di rifiuti sul territorio provinciale Come si vedrà anche in seguito, la situazione di stallo del processo decisionale sul tema della localizzazione del secondo inceneritore in provincia di Torino può essere in parte (ma non completamente) spiegata e motivata su una base quantitativa. Il quesito è il seguente: sulla base dei trend di crescita nella produzione di rifiuti totali e nella raccolta differenziata, quanti impianti per lo smaltimento sono necessari? E’ un quesito che i diversi PPGR hanno tentato di affrontare, mutando di volta in volta scenario di riferimento (passando da tre inceneritori a due e, più recentemente, ad una pluralità di scenari possibili) e giustificando tali cambiamenti partendo da considerazioni di carattere quantitativo. Il trend evolutivo recente della produzione di rifiuti nel territorio provinciale può essere sintetizzato in due tendenze più generali: - un andamento a campana della produzione totale di rifiuti, in crescita sino al 2006 e poi in calo nel 2007 e nel 2008. Si tratta di un andamento ascrivibile a diverse cause, e comunque connotato da forti differenziazioni territoriali. - Un incremento considerevole nella percentuale di raccolta differenziata, anche questo segnato da alcune differenziazioni territoriali. 180 La produzione totale di rifiuti In base ai dati rilevati dall’Osservatorio Rifiuti della Provincia di Torino e dall’ATO-Rifiuti Torinese, la produzione complessiva di rifiuti urbani nel 2008 (ultimo dato ufficiale disponibile) è diminuita dell’1,9% rispetto al 2007 (circa 22.600 tonnellate in meno), a fronte di un lieve incremento della popolazione: la produzione pro-capite di rifiuti registra dunque una diminuzione del 2,5%. E’ diminuito del 7,3% il rifiuto indifferenziato, e quindi il fabbisogno di smaltimento. La percentuale di raccolta differenziata, nell’intera provincia, ha superato il 49%, nonchè l’obiettivo per il 2008 fissato dal PPGR06 (46,4%), così come l’obiettivo del 45% che il D.Lgs 152/06 imponeva di raggiungere entro il 31/12/2008. Anche il 2007 aveva mostrato una riduzione (-1,3%) rispetto alla crescita registrata negli anni precedenti (1998-2006). Per il 2009 (sebbene i dati non siano definitivi) le stime segnalano un’ulteriore riduzione, che porterebbe la produzione di rifiuti al di sotto dei quantitativi registrati nel 2002 (grafico I). Grafico I – Produzione totale di rifiuti in Provincia di Torino – 2002/2009 1220 Migliaia di tonnellate 1200 1180 1160 1140 1120 1100 1080 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Fonte: elaborazione da Provincia di Torino, 2009. I documenti tecnici redatti dalla Provincia motivano tale riduzione dei rifiuti urbani con la contingenza della crisi economica, e non con cambiamenti strutturali nella produzione dei rifiuti (e dei prodotti che ne sono alla base). La flessione registrata risentirebbe della riduzione generale dei consumi, e interesserebbe sia i rifiuti domestici e così come i rifiuti speciali (da attività commerciali e produttive). Se si considerano gli ultimi due anni (2007-2008) in cui sono disponibili dati disaggregati, la tendenza alla riduzione dei rifiuti prodotti interessa tutti i bacini. Tuttavia, guardando alle tendenze più di lungo periodo (quinquennio 2004-2008), si nota come alcuni bacini abbiano registrato un decremento, mentre altri un lieve aumento della produzione totale di rifiuti. 181 Carta IV – Variazione percentuale tra il 2004 e il 2008 della produzione totale di rifiuti urbani per bacino di gestione Fonte: elaborazione da Provincia di Torino, 2009. Così come per la produzione totale, anche quella procapite ha registrato nel 2008 una diminuzione del 2,5% rispetto al 2007 (da 522 a 509 g/ab), ritornando ai valori del 2002. Le aree di più alta produzione procapite dei rifiuti rimangono le aree turistiche, per effetto della presenza periodica di molti non residenti, oltre che la Città di Torino (pur in diminuzione del 4%). Si registrano decrementi della produzione procapite nel Pinerolese, nella media Val di Susa e nell’Alto Canavese a seguito dell’avvio di sistemi innovativi di raccolta differenziata. 182 Carta V – Produzione totale di rifiuti urbani pro-capite nel 2008 Fonte: elaborazione da Provincia di Torino, 2009. Se si raffronta l’evoluzione negli ultimi anni della produzione procapite di rifiuti della Provincia di Torino con quella Italiana e Piemontese, si riscontra un dato leggermente più elevato rispetto alla media regionale e una performance migliore rispetto al dato nazionale (un divario, quest’ultimo, che cresce anno dopo anno). 183 Grafico II – Produzione procapite di rifiuti in Provincia di Torino, Piemonte e Italia. 60 50 40 K 5 g/ab * anno 30 Provincia Torino Regione Piemonte I di talia 20 10 00 90 2 002 2 003 2 004 2 005 2 006 2 007 Fonte: elaborazione da Provincia di Torino, 2009. La raccolta differenziata Se si distingue il rifiuto prodotto in Provincia di Torino tra quota indifferenziata e differenziata, si nota una complementare riduzione della prima e incremento della seconda. La quantità di rifiuti urbani indifferenziati (cioè residuati a valle della raccolta differenziata) nel 2008 è stata di circa 575 mila tonnellate, con una riduzione del 7,3% rispetto al 2007. Nel 2008 il fabbisogno di smaltimento è risultato di oltre 30 mila tonnellate inferiore rispetto a quanto previsto, per lo stesso anno, nel PPGR redatto nel 2006, confermando una tendenza positiva per tutto il territorio provinciale. L’incremento della raccolta differenziata, su tutto il territorio provinciale, ha contribuito in modo decisivo ad una simile performance. Tale incremento ha consentito di superare il limite di legge del 45% fissato dalla normativa nazionale, attestandosi nel 2008 oltre il 49% (con un ulteriore incremento stimato per il 2009-2010, sino a superare la soglia del 50%). Nel complesso, tra il 2003 e il 2008, provincia di Torino ha incrementato la raccolta differenziata di 25 punti percentuali. Tale ritmo di incremento mostra negli anni più recenti un certo rallentamento: ad esempio, nel 2008 è del 3,8% rispetto all’11,4% registrato nel 2007. Ciò viene motivato con un assestamento verso i massimi livelli di raccolta differenziata raggiungibili con le tecnologie “a regime” disponibili sul territorio. 184 Grafico III – Evoluzione della percentuale di raccolta differenziata in provincia di Torino. 60% 50% Percentuali 40% 30% 20% 10% 0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Fonte: Elaborazione da Provincia di Torino, 2009. Carta IV– Variazione percentuale tra il 2004 e il 2008 della raccolta differenziata nei bacini della provincia di Torino. 185 Fonte: Elaborazione da Provincia di Torino, 2009. L’incremento della raccolta differenziata interessa tutti i bacini in cui è suddiviso il territorio provinciale, con le performance più rilevanti in Val di Susa, Valli di Lanzo e nel Chierese. Carta VI– Percentuale di raccolta differenziata nei comuni della provincia di Torino. 186 Fonte: Elaborazione da Provincia di Torino, 2009. Un discorso a parte va fatto per la Città di Torino: pur registrando una percentuale di raccolta differenziata inferiore alla media provinciale, la città ha superato nel 2008 il 40% (una quota significativa per una città con più di 500.000 abitanti). In alcune aree residenziali della città di Torino sta andando a regime un sistema domiciliare che registra già percentuali medie di raccolta differenziata ben oltre il 60% e con punte che superano il 70%. Tuttavia, gli amministratori provinciali ritengono che l’obiettivo del 50% rappresenti un riferimento credibile e ambizioso per la città, oltre il quale sarà difficile spingersi per limiti di costo e di organizzazione del sistema. In tale quadro, pesano evidentemente anche le scelte di realizzazione di impianti per l’incenerimento del residuo indifferenziato. Nel complesso, è possibile evidenziare come la provincia di Torino abbia sperimentato, rispetto al tema della gestione dei rifiuti, un percorso di riduzione della produzione e di incremento della raccolta differenziata. Questi dati superano gli obiettivi che la stessa amministrazione provinciale si era data nel 2006. Obiettivo PPGR 2006 Produzione totale Raccolta differenziata Diminuzione produzione totale rispetto al 2005. della Riduzione del 2% registrata del 3,5% Quota del 48,5% al 2009. 187 Dato 2009 Raggiungimento della quota 49,15% nel 2008 (stima per il 2009 al 50% circa). Tali dati, come si vedrà, costituiscono un riferimento fondamentale nel dibattito sulla necessità di realizzare (nonché sulla possibile localizzazione) del secondo inceneritore della provincia di Torino. Tuttavia, il criterio quantitativo non rappresenta il solo elemento a fondamento del processo decisionale, ma altre valutazioni di tipo economico e politico subentrano nel dibattito assumendo un ruolo di primo piano. Torino Nord et son incinérateur : une reconstruction chronologique complexe La possibilità della realizzazione del secondo inceneritore della Provincia di Torino, pur essendo già presente a partire 1998, inizia a diventare un’opzione più realistica solo nel 2005, dopo il completamento della fase decisionale legata alla realizzazione del primo inceneritore. Poiché una prima analisi dei fatti mostra come i due processi, benché separati temporalmente, siano strettamente correlati l’un altro, prima di passare alla ricostruzione dei fatti post-2005, si presenterà una sintesi di quanto avvenuto nel periodo compreso fra il 1998 e il 2004. 1998 -2000 In seguito all’approvazione del decreto legislativo N. 22.1997, meglio conosciuto come decreto “Ronchi” che prevede la realizzazione di Piani territoriale per la gestione dei rifiuti, anche la Provincia di Torino si dota del suo primo Piano Provinciale di Gestione dei Rifiuti (PPGR1998). La Provincia di Torino viene suddivisa in tre Aree di Gestione (Carta VI), in base ad un principio che risponde alla suddivisione preesistente tra le società di gestione piuttosto che a una riorganizzazione su basi logistiche del territorio. ll nodo centrale del documento è rappresentato dalla constatazione che nel 2003 la discarica di Basse di Stura, la più grande discarica della Regione localizzata nella città di Torino, avrebbe dovuto essere chiusa dopo circa 30 anni di attività. Come azioni consequenziali, il Piano prevede il contenimento della produzione di rifiuti (incremento previsto del 5%) e un incremento della raccolta differenziata al 50% con priorità assegnata ai sistemi di raccolta domiciliari. E’ da segnalare che tale obiettivo è ben più ambizioso di quanto previsto dalla legge regionale che si attestava ad un 35% entro il 2003. Per la parte rimanente e quindi non trattata, il Piano prevede la destinazione a tre inceneritori di medie dimensioni, adatti a bruciare questo tipo di rifiuto, poco valorizzabile in termini di produzione di calore in quanto non pre-selezionato. 188 Carta VI– Suddivisione delle aree di gestione dell’ATO-R secondo il PPGR del 1998 Fonte: Provincia di Torino - PPGR, 1998 Si inizia in questo momento a parlare ufficialmente della costruzione di impianti di incenerimento per i rifiuti urbani: l’obiettivo è consentire alla Provincia di raggiungere l’autonomia per lo smaltimento dei suoi rifiuti, come richiesto dalla normativa nazionale. Le tre Aree di Gestione in cui è suddiviso il territorio avrebbero dovuto essere a loro volta rese autosufficienti grazie alla costruzione dei tre rispettivi inceneritori e di cinque impianti di trattamento meccanico-biologico. Viene inoltre prevista un’unica discarica provinciale per il conferimento degli scarti dell’incenerimento, stimate in 155.000 tonnellate di materiale all'anno. Nell’ottobre del 1998, subito dopo l’approvazione del Piano, la giunta comunale di Leinì approva un accordo con l'Amiat, per costruire in loco un inceneritore: è la prima volta che un Comune si fa avanti per ospitare un impianto di gestione della fase finale del ciclo di vita dei rifiuti (fatto che in seguito si sarebbe ripetuto con altri comuni).1 La localizzazione degli inceneritori può rappresentare un ritorno economico positivo per i comuni, per almeno tre ragioni: - la produzione di energia che può essere rivenduta; - il pagamento di una tariffa corrisposta per ogni tonnellata di rifiuto da parte dei Comuni d’origine; - un abbassamento dei costi di gestione dei propri rifiuti. 1 Questo avvenimento è importante anche per la questione del secondo inceneritore perché è una sorta di anticipazione di dieci anni rispetto al dibattito più attuale: infatti l’area di Leinì inizialmente rientra nell’area Sud-Est, ma successivamente, quando saranno ridisegnati i confini interni all’ambito ottimale, il Comune rientrerà nella zona Nord, zona che sarà interessata dalla localizzazione del secondo inceneritore. In questo secondo momento, Leinì non offrirà più alcun sito alla Provincia. 189 A queste considerazioni si aggiungono gli incentivi statali dovuti alla assimilabilità, stabilità per legge, della produzione di energia da inceneritore a quella proveniente da fonti “rinnovabili”: già nel 1992 gli incentivi CIP6 stabiliscono che chi gestisce un inceneritore possa vendere, per otto anni dalla costruzione, alla società che fornisce l’energia elettrica in Italia la propria produzione elettrica ad un costo circa triplo rispetto a chi produce energia usando metano, petrolio o carbone. La candidatura di Leini scatena la reazione contraria da parte del mondo politico e istituzionale. I Comuni limitrofi a Leinì, Torino, Caselle, Volpiano e Settimo Torinese condannano questa iniziativa perché ciò comporterebbe un onere di vicinanza anche ai propri cittadini e, soprattutto, senza alcun beneficio finanziario. L’argomento principale utilizzato riguarda tuttavia la necessità di discutere in sede provinciale la localizzazione degli impianti, con il coinvolgimento di tutti i Comuni e le aziende di gestione interessate. In questa fase iniziale, in cui viene prestata attenzione al primo inceneritore, gli altri due inceneritori previsti dal PPGR98 per le Aree Ovest e Nord della provincia passano in secondo piano. 2000-2002 Dal punto di vista procedurale, l’auto-candidatura di Leinì contraddice il PPGR98, il quale prevede due fasi per l’individuazione delle aree che devono ospitare gli impianti: una prima fase ad opera di consorzi-aziende di smaltimento operanti in ogni bacino e una fase successiva da effettuare con il coinvolgimento delle comunità locali. Si decise di partire con l’esplorazione delle possibili localizzazione dall’area Sud-Est, contenente il capoluogo Torino, data l’eventuale situazione di emergenza prevista con la chiusura della discarica di Basse di Stura entro il 2003. Attraverso un’indagine preliminare compiuta da un comitato tecnico composto da Amiat (Torino), Aisa (Chivasso) e con i consorzi Torino Nord e Chieri, viene stilato un elenco di siti “non-inidonei” per ospitare gli impianti di gestione dei rifiuti: sia per l’inceneritore che per la discarica. Si stima che l’inceneritore debba trattare 215.000 tonnellate all'anno di rifiuti selezionati e la discarica per residui debba avere una potenzialità compresa fra un milione e 600.000 e 3,5 milioni di metri cubi. Nel marzo del 2000 la Provincia, attraverso l’utilizzo di criteri di natura tecnica, elabora e presenta una lista di 17 siti potenziali adatti ad ospitare l’inceneritore e 21 siti per la discarica. Nel passaggio che ha visto l’individuazione di una rosa molto ampia di potenziali siti alla successiva selezione di 3 siti considerati idonei per l’inceneritore e 3 per la discarica, si è inserita l’iniziativa promossa dalla stessa Provincia “Non rifiutarti di scegliere” (NRDS). La decisione da parte della Provincia di adottare un approccio partecipativo si basa sulla volontà di evitare il più possibile di trovarsi con una scelta esclusivamente di natura tecnica inevitabilmente ostacolata o impedita dalle opposizioni locali. L’obbiettivo del processo è di informare la cittadinanza in modo da incentivare la partecipazione da parte di tutti i portatori d’interesse. Viene istituita un’apposita Commissione NRDS, composta dal maggior numero possibile di soggetti territoriali su cui ricadono i benefici e/o i costi ipotetici degli impianti. Il processo di formazione della Commissione, che dura circa 4 mesi, si basa su un lavoro d’indagine degli attori locali con un approccio volto a provocare reazioni, allarmare al fine di stimolare la formazione di gruppi organizzati ed evitare un nocivo risveglio tardivo. Al posto del solito tentativo di creare consenso su decisioni già prese, viene chiesto alle popolazioni di argomentare il loro dissenso, il loro rifiuto al potenziale impianto. Nel mese di giugno viene presentata la prima composizione della Commissione, formata da 45 membri: il presidente (l’assessore all’Ambiente della Provincia di Torino); 23 sindaci e 190 presidenti di circoscrizioni per la città di Torino; 17 rappresentanti delle comunità locali; 4 rappresentanti dei consorzi/azienda. La commissione lavorerà per 17 mesi (17 luglio 200031 dicembre 2001) riunendosi in 35 incontri. Il primo risultato ottenuto dalla Commissione è l’eliminazione di 11 siti per la discarica e 4 per l’inceneritore. La rosa iniziale era volutamente molto ampia e delineata a partire da pochi criteri cartografici e senza alcuna verifica sul campo. Successivamente sono individuati i criteri di valutazione dei siti attraverso un percorso circolare in cui ogni risultato raggiunto viene ridiscusso e corretto fino a quando non abbia ottenuto l’approvazione all’unanimità da parte della Commissione. Questo percorso richiede un continuo confronto con i tecnici competenti che forniscono indicazioni riguardo l’effettiva misurabilità e significatività dei criteri individuati. Inoltre sono discussi i parametri da utilizzare per misurare i fenomeni espressi da ogni singolo criterio. Il risultato finale è la definizione di 14 criteri di valutazione per i siti destinati a discarica (suddivisi in tre aspetti: viabilità locale, equità sociale e conseguenze ambientali) e 13 per l’inceneritore (aspetti tecnici, relativi allo sviluppo locale e di autosufficienza ed equità sociale). Ogni sito è così valutato da competenti organi tecnici per arrivare alla definizione di due graduatorie, una per l’ inceneritore e l’altra per la discarica di servizio. Infine è redatto un documento condiviso contenente le regole per i controlli, la sicurezza degli impianti e le compensazioni da erogare alle comunità locali ospitanti gli impianti. La rosa dei siti possibili per l’inceneritore comprende i comuni di Volpiano e Chivasso ex equo1, mentre per la discarica sono indicati i comuni di Torrazza, Montanaro (2 aree) e Foglizzo. Con la presentazione dei risultati si concludono formalmente i lavori della commissione, i cui membri ne sottoscrivono i risultati, impegnandosi pubblicamente a rispettarne gli esiti. Nei mesi successivi, nonostante l’emergere di alcune forme organizzate di protesta, il lavoro della Commissione non è quasi mai attaccato nel merito delle decisioni assunte e anche gli oppositori delle comunità locali prescelte non mettono in discussione le ragioni che hanno portato alla selezione della rosa dei siti individuati. 2002-2004 Le tempistiche ipotizzate in sede provinciale prevedono una valutazione d'impatto ambientale (VIA) dei diversi siti per arrivare alla scelta finale, in modo da finire l’impianto nel 2005. Nel frattempo, il 24 dicembre 2002 nasce la società Trattamento Rifiuti Metropolitani (TRM Spa) con il compito di occuparsi della progettazione, della realizzazione e della gestione degli impianti per il recupero, il trattamento e lo smaltimento dei rifiuti, nell'Area Sud-Est della Provincia di Torino. Tuttavia, a fine 2002 iniziano ad emergere alcuni fattori che ribalteranno del tutto gli esiti del processo NRDS. Un’interrogazione alla Giunta torinese da parte di alcuni gruppi consiliari di maggioranza lamenta il costo ritenuto eccessivo delle compensazioni che la Città di Torino dovrebbe sostenere al comune sede dell’impianto e presenta preoccupazioni che riguardano il futuro occupazionale dei dipendenti dell’Amiat (la società di gestione dei rifiuti di Torino, che gestisce la raccolta e il conferimento dei rifiuti nella discarica di Basse di Stura), data l’imminente chiusura della discarica. Il Comune dichiara di condividere queste preoccupazioni. Le altre preferenze in ordine subordinato a Chiasso e Volpino erano in ordine: Torino, (AML2), Chiasso Lancia, San Benigno, Carmagnola, Santhena, Torino, Torino Gerbido, Chieri, Riva presso Chieri, Leinì, Caselle. 1 191 Nel frattempo il comune di Chivasso annuncia che il proprio sito individuato non è più disponibile1. Volpiano, rimasto l’unico sito possibile, si oppone all’avvio del processo di VIA (valutazione di impatto ambientale). Giunge a questo punto un ulteriore intervento di Torino, che si rende disponibile a realizzare il termovalorizzatore all’interno del suo perimetro e candida tre siti, già valutati e scartati da NRDS: Mirafiori Nord – nello stabilimento Fiat in declino e dato in terza posizione dalla commissione; Strada del Francese - vicino a Basse di Stura e in posizione medio bassa della graduatoria al pari con la terza proposta, il Gerbido, di proprietà di GTT Spa (la società di gestione dei trasporti urbani del Comune di Torino). La motivazione offerta dal Comune di Torino fa richiamo alla constatazione di essere il maggior produttore di rifiuti urbani e quindi di dover farsi carico della gestione dei rifiuti senza eccessivi rischi di far esplodere pericolose fasi di emergenza. Probabilmente gli interessi economici sono di maggior peso (incentivi, introiti, occupazione per il lavoratori Amiat, teleriscaldamento) e si contrappongono all’interesse generale, come espresso collegialmente dal processo NRDS. A questo punto si verifica un cambiamento radicale nel processo di localizzazione dell’impianto di incenerimento, che da questo momento in avanti sarà mantenuto anche nel processo che riguarderà il secondo inceneritore. Si tratta di un processo meno strutturato, basato su valutazioni tecniche e sulla ricerca del consenso politico necessario a sostenere la scelta effettuata. Uno studio comparativo commissionato al Politecnico di Torino, nonostante non faccia emergere chiaramente il sito migliore, permette comunque di definire quale sito tecnicamente più adeguato quello del Gerbido. Il Si presenta a questo punto un problema di ordine logistico e organizzativo: il sito del Gerbido si trova infatti in area Ovest rispetto alla città di Torino. Di conseguenza si aprono una serie di azioni politiche di mediazione con i comuni limitrofi, che si troverebbero a non poter utilizzare un impianto a loro vicinissimo e fortemente impattante, a causa del principio di autosufficienza delle aree sancito dal PPGR98. Inizialmente i comuni di Orbassano, Beinasco, Rivoli, Rivalta, Grugliasco propongono un loro sito alternativo, successivamente scartato dalla Provincia. Infine si arriverà a constatare la necessità di ridefinire le aree provinciali, modificando sostanzialmente il Programma Provinciale. Già dal 2003 la situazione che inizia a prospettarsi verosimilmente è quella di un assetto bipolare con due inceneritori per la Provincia torinese, ipotesi che potrebbe portare ad una soluzione della situazione conflittuale creatasi intorno al sito del Gerbido e che rimarrà vigente, di fatto, sino al 2010; - il primo a servizio del bacino ovest, Torino compresa fino al Gerbido; - il secondo per il bacino nord-est e forse la Valle d’Aosta, da situarsi a Volpiano o in alcuni siti trovati nell'Eporediese e nel Canavese, Viene raggiunto, nel 2004, un accordo raggiunto un accordo con i comuni della zona Ovest, i quali potranno conferire nell’inceneritore del Gerbido e usufruire di adeguate compensazioni. Nel frattempo, viene promulgata la legge regionale 24/2002 (che diverrà centrale nell’analisi del caso studio), finalizzata a rafforzare l’integrazione territoriale del sistema di gestione dei rifiuti. La novità è che i diversi consorzi di bacino e i Comuni interessati debbano costituire un’unica Associazione d’Ambito per l’intero territorio provinciale, anziché le tre Associazioni (Aree di Pianificazione) inizialmente prefigurate dal Programma Provinciale di 1 Il sito non viene resto disponibile nemmeno dopo ulteriori verifiche provinciali che lo definiscono idoneo e dopo che l’Amiat stessa presenta un’offerta d’acquisto dell’area, che viene però rifiutata. 192 Gestione dei Rifiuti 1998, fermo restando che l’ Associazione d’Ambito potrà eventualmente riconoscere al proprio interno aree gestionali distinte. Data la nuova impostazione normativa non sussiste più la necessità di autonomia delle singole aree ma quella della Provincia nel suo complesso: si rafforza così l’idea di ridurre a due inceneritori i tre iniziali, quello del Gerbido per l’area Sud e un secondo per l’area Nord, tenendo anche conto che, con l’aumento della raccolta differenziata si sarebbe potuti giungere ad una riduzione del conferimento finale di rifiuti. Queste considerazioni trovano successivamente una piena realizzazione formale all’interno del nuovo Programma Provinciale del 2005. Un risultato importante di NRDS, che rimane nel tempo, riguarda la localizzazione della discarica di servizio, un impianto di dimensioni discrete (circa 350.000 ton/anno di rifiuti inerti) che, a differenza di come era stata pensata inizialmente, dovrà ospitare gli scarti dell’incenerimento dei rifiuti urbani prodotti dall’intera Provincia. Il sito è quello del comune di Montanaro (sul quale NRDS aveva trovato un accordo)1. Già nel 2004 la Provincia inizia ad interrogarsi su quale possa essere l’area idonea per la localizzazione del secondo inceneritore a servizio della zona Nord di Torino e convoca un vertice provinciale per avviare le comparazioni, compiute dai tecnici con i criteri della macrolocalizzazione. Ritorna ad essere preso in considerazione il sito di Volpiano, comune che era stato dichiarato “miglior sito” dalla commissione NRDS e poi accantonato in seguito alla scelta del Gerbido. Emerge però, come nel caso di Leinì qualche anno prima, un’auto-candidatura: il comune di Ivrea che si dichiara la propria disponibilità ad ospitare il secondo impianto. All ’ipotesi iniziale di Volpiano, il cui sindaco si era dimostrato disponibile, si aggiunge ora un nuovo “concorrente” per l’assegnazione dell’impianto. Il 5 ottobre 2004 avviene la prima svolta significativa del processo: con la firma del protocollo d’intesa tra la Provincia e i Consorzi di bacino, Montanaro viene identificato come sito definitivo per la discarica dei residui. Volendo evitare un sovraccarico di inquinamento ambientale nella stessa zona, vengono esclusi dal processo di selezione quei comuni posti nelle vicinanze di Montanaro (appartenenti al Bacino 16), tra i quali anche Volpiano. Di conseguenza si ipotizzano come siti potenzialmente idonei esclusivamente i comuni appartenenti alle aree del Canavese-Eporediese (dove si trova il Comune di Ivrea, autocandidatosi) e l’area del consorzio CISA (Ciriè e Valli di Lanzo) 2005 Questo periodo si apre con due questioni differenti ma interconnesse nell’ambito della gestione di rifiuti. Da una parte i comuni della Provincia di Torino sono contrariati per la mancata costituzione dell’Associazione d’ambito, necessaria dalla legge regionale del 2002. Il ritardo rispetto alla scadenza è ormai di circa due anni e così la Provincia continua ad operare in surroga dell’organo competente. In particolare il malcontento riguarda i comuni provinciali nei confronti della Città di Torino, perché, per costituire l’Associazione d’ambito, è necessario che tutti i Comuni interessati deliberino a favore. Il capoluogo è l’unico a non aver ancora adempiuto a questa formalità, bloccando, di fatto, la costituzione di questo organo, a scapito della democrazia decisionale. Infatti, nell’Ato-R ogni Comune avrebbe avuto lo stesso peso decisionale. La scelta del sito è stata più volte messa in discussione e si è organizzato localmente un movimento di protesta. Dopo un referendum indetto dal Comune nel 2005, che non ha però raggiunto il quorum necessario per contestare la scelta del sito, il movimento ha perso molta forza. 1 193 Prende avvio un aspro dibattito, in seno anche alla stessa maggioranza provinciale, sul nuovo Programma Provinciale di Gestione dei Rifiuti, il cui oggetto di discussione è l’impostazione stessa della strategia di gestione dei rifiuti. La sinistra radicale e ambientalista vorrebbe fosse riconosciuta una preminenza alla raccolta differenziata, con un conseguente aumento delle percentuali-obbiettivo sia di raccolta differenziata che di riduzione dei rifiuti. Di conseguenza gli impianti di trattamento termico avrebbero un ruolo residuale e quindi anche una minore dimensione e un minore impatto inquinante. A tal proposito richiedono almeno delle garanzie efficaci sulla sicurezza dei nuovi impianti. Di segno opposto sono le valutazioni dei partiti “moderati” riportate dall’assessore provinciale all'Ambiente, Angela Massaglia, a giustificazione del piano presentato. I rifiuti da trattare con incenerimento sarebbero 120.000 tonnellate in più rispetto a quanto preventivato, dovuti all’impossibilità legale di smaltire in discarica i fanghi e molti rifiuti speciali assimilabili (Rsa). Di conseguenza, l'incidenza della termovalorizzazione sullo smaltimento dei rifiuti urbani aumenterebbe notevolmente: 535.000 tonnellate di rifiuti urbani più 252.000 di Rsa e 67.000 di fanghi. In tutto 706 mila tonnellate, il doppio delle 350.000 previste nel 2000. L’aspetto interessante è che queste valutazioni sono accusate di essere volutamente portate a una massimizzazione dei rifiuti da conferire all’inceneritore a discapito della raccolta differenziata, proprio per il conseguente guadagno economico che ne deriverebbe. Rimane reale il rischio di una raccolta differenziata inferiore all’ottimo sociale dovuta a calcoli economici che potrebbero risanare le casse dei Comuni sede degli impianti. In tutto ciò il presidente provinciale, Saitta, si dimostra particolarmente determinato ad andare avanti ma anche disponibile a miglioramenti del piano e all’aumento dei fondi provinciali previsti per obbiettivi ambientali. Il presidente provinciale, inoltre, si impegna a costituire una commissione scientifica con l'obiettivo di prendere in considerazione le nuove proposte tecnologiche e decidere quale sia la tipologia di impianto adatta al secondo inceneritore. Questa commissione di esperti viene nominata nel luglio del 2005 dall’Amministrazione Provinciale, senza alcun coinvolgimento da parte delle associazioni ambientaliste/cittadini o dei sindaci o dei consorzi di bacino. La commissione è composta da tre persone: la responsabile del Servizio Rifiuti dell’Agenzia Nazionale per la Protezione dell’Ambiente e per i Servizi Tecnici (APAT), un ingegnere chimico tedesco di consolidata esperienza nel campo del trattamento termico dei rifiuti e una professoressa del Politecnico di Torino, esperta di sistemi di trattamento e smaltimento di rifiuti solidi. Avviene l’approvazione del nuovo Programma Provinciale di Gestione dei Rifiuti – PPGR2005 – che sostituisce quello del 1998 e che attribuisce una piena realizzazione formale alle considerazioni/modifiche espresse durante la fase che porta alla scelta del Gerbido come sito per il primo inceneritore della Provincia di Torino1. Les points saillants du programme sont : - une réduction du nombre des incinérateurs de 3 à 2 ; - présence de 4/5 usines de traitement mécanique biologique (TMB). Nel frattempo la cittadinanza si organizza per tentare di influenzare i processi decisionali: dopo otto mesi dalle dichiarazioni possibiliste del sindaco, si forma ufficialmente a Ivrea il comitato spontaneo “Ivrea la bella” che raggruppa i cittadini dell’eporediese che si oppongono all’ipotesi dell’inceneritore. Questo comitato non si concentra esclusivamente sull’eventuale inceneritore provinciale ma anche su due progetti privati fortemente inquinanti e sui progetti di depuratori consortili a Pavone e Canton Moretti. 1 La valutazione di impatto ambientale dà il via libera alla sua edificazione. 194 Continua comunque l’accelerazione dell’iter decisionale e un nuovo impulso è dato dalla formazione del comitato tecnico scientifico che ha l’obbiettivo di compiere una prima scrematura delle zone considerate idonee. L’obbiettivo, similmente a quanti già fatto per il primo inceneritore, è definire un’ampia rosa di siti applicando i criteri di macrolocalizzazione. Solo successivamente si tratterà di arrivare ad un elenco ristretto. Di conseguenza è quanto meno prematuro considerare altamente probabile la scelta del sito di Ivrea, ma il comitato eporediese continua ad organizzare una raccolta firme e varie assemblee pubbliche per sensibilizzare la cittadinanza riguardo le emergenze ambientali rilevate nel territorio. Il 2005 si chiude con la tanto attesa istituzione del Consorzio “Associazione d'Ambito Torinese per il governo dei rifiuti”, chiamato Ato-R, che inizierà quindi ad adempiere ai propri compiti istituzionali. Un altro cambiamento dell’assetto riguarda la fusione di due consorzi di bacino, il CCA (ex Società Canavesana Servizi) e il CSAC (ex Azienda Servizi Ambiente), per formare un unico grande bacino CCA (17B/D/C) con l’obbiettivo di aumentare la raccolta differenziata attraverso un’implementazione del sistema porta a porta; e l'unificazione dei Consorzi dei Bacini 15A e 15B (già avvenuta a Gennaio 2005 quando il Consorzio ACSEL è confluito nel Consorzio CADOS) La situazione dei bacini viene quindi a configurarsi come in carta VIII. Carta VIII: Bacini di gestione dei rifiuti e Consorzi al 2005 (PPGR2005) Fonte: PPGR2005 E’ di interesse rilevare come già nel 2005 si postulasse una futura unione del bacino 17/A - CISA con il CCA oppure con il bacino 16. Questo pone seri interrogativi riguardo la 195 determinazione di escludere concretamente il bacino 16 dalla valutazione del secondo inceneritore: in caso di unione con il 17A, si sarebbe giunti ad un’automatica esclusione anche di questo territorio e all’annullamento delle decisioni del 2004. Infatti nel PPGR05 si prevede l’unificazione del Consorzio del Bacino 17A con quello del Bacino 16 (carta VIII), in alternativa, nel caso in cui non si pervenga alla suddetta fusione, il Bacino 17A avrebbe dovuto in ogni caso, sempre entro il 31.12.2005, unirsi con gli altri Consorzi del Bacino 17 (carta IX). Carta IX: 17A +16 Carta IX: 17A +17B/D/C Fonte: PPGR2005 2006 La commissione incaricata dello studio sulle tecnologie disponibili termina il suo lavoro con sei mesi di ritardo, nel giugno 2006, con la scelta di un inceneritore con a griglia mobile (più specificamente, con griglia raffreddata ad acqua, dispositivo in grado di garantire un’ottima flessibilità di esercizio, e comunque capace di trattare rifiuti con potere calorifico inferiore fino a 20 MJ/kg). Questa tecnologia, a detta di tecnici del Politecnico intervistati nell’ambito della ricerca, viene ritenuta la più affidabile perché la più sperimentata ma nel contempo è anche la meno innovativa: non richiede alcun pre-trattamento dei rifiuti e ciò impone dimensioni di una notevole entità, con conseguente minima flessibilità riguardo la quantità di conferimenti. Inoltre la mancanza di un pre-trattamento riduce i costi ma aumenta la possibilità di generare particolato. Prosegue nel contempo il lavoro della commissione dell’ATO-R che, con qualche ritardo, arriva ad identificare un’ottantina di siti idonei e in Ivrea continuano gli allarmismi, nonostante la Provincia sia ancora molto lontana dalla decisione finale. L’inceneritore viene sempre più considerato un “affare” economico dai sindaci, nonostante alcuni continuino a ritenerlo un impianto non desiderato e altri cerchino di nascondere all’opinione pubblica il proprio interesse. Ne è prova l’insorgere di nuove candidature spontanee: seguono l’esempio eporediese i Comuni di Collaretto e Quassolo che pur non sbilanciandosi, non escludono la possibilità che l’impianto possa essere realizzato nei pressi dei rispettivi territori. La commissione dell’Ato- R giunge nel novembre 2006 ad una rosa di 20 siti idonei, tutti localizzati nei bacini 17 C, B e D. Questi siti sono poi ridotti ancora a 9: Borgofranco d'Ivrea, Bosconero, Busano, Collaretto Giacosa, Ivrea, Orio Canavese, Scarmagno, San Giorgio Canavese, Torre Canavese, Barrio Castellamonte. 196 Si apre quindi la fase che prevede una consultazione delle amministrazioni interessate per dare avvio all’analisi ambientale e territoriale, sulla base di una serie di criteri raggruppati in tre categorie: accessibilità; ricadute ambientali sulla popolazione; carichi sul sistema naturale, ambientale, culturale (criteri che rispecchiano quelli elaborati dalla commissione NRDS per l’area Sud-Est). Com’era prevedibile, il periodo successivo alla pubblicazione della rosa dei siti, è caratterizzato dai dibattiti, particolarmente forti in Ivrea, in seno alle giunte comunali, riguardo l’opportunità di esprimersi a favore o contro l’insediamento, accompagnati dalla pressione delle mobilitazioni popolari contrarie all’impianto. Nel contempo, viene realizzata una révision du PPGR 2005, denominata PPGR 2006. Le motivazioni riguardano la necessità di aggiornare i dati sulla raccolta differenziata, e quindi ridimensionare la portata prevista per gli impianti di pre-trattamento e di smaltimento finale. Per quanto riguarda il futuro del bacino 17A, nel PPGR 2006, si escludono la seconda opzione, che permetterebbe ancora di considerare il bacino 16 separato dal resto del territorio. Addirittura, in un documento tecnico provinciale dell’ottobre 2006, si dà già per avvenuta la fusione del 17A con il bacino 17B/D/C a partire dal 01/01/2006, quando invece ad oggi risulta ancora una previsione.Le Plan prévoit pour le 2011 de réduire les déchets de 3%, arrivant à un taux de différenciation de 51,2%. Ceci implique une nécessité d'une élimination de 530.000 tonnes, qui il a été décidé d'allouer à des usines de incinération, conformément à la législation européenne, qui prévoit une priorité pour la récupération d'énergie par rapport à l'élimination des déchets. Il y a la décision de donner à une deuxième usine (Torino Nord) l'élimination de 270.000 tonnes, dont seulement 100.000 tonnes de déchets solides municipaux (DSM). La partie restante est constituée de déchets spéciaux provenant du traitement de la fraction différenciés (organique, plastiques, verre, bois, fer, etc.) auquel s'ajoutent encore 100.000 tonnes de boues d'épuration des eaux de décharge. À ce stade, il est établi un procédé de décision pour la localisation du deuxième incinérateur et la Province commence a tisser relations institutionnelles avec le territoire. Des réunions sont réalisées avec les maires et les conseillers des municipalités dans le bassin de l'incinérateur. 2007 Nessuno dei comuni selezionati, ad eccezione di Ivrea, concede la disponibilità alla Provincia per effettuare l’analisi di valutazione ambientale. Ma le posizioni e gli interessi in gioco riguardo la localizzazione sono alquanto sfumate e differenziate, a titolo di esempio sono particolarmente interessanti le perplessità di Borgofranco e degli altri comuni della Comunità Montana della Dora Baltea, contrari non tanto all’impianto di per sé ma alla tipologia. Si fosse trattato di un impianto per pirogassifigazione, più flessibile e meno inquinante, sarebbe stato accettato, con il conseguente ricollocamento dei lavoratori licenziati da un’azienda del territorio. Emerge contemporaneamente una nuova candidatura, destinata a cambiare completamente la situazione. Il Comune di Settimo Torinese si offre come potenziale sito per l’inceneritore. Questa candidatura volontaria provoca una serie di conseguenze e apre a numerosi interrogativi. Prima di tutto, Settimo Torinese dovrebbe essere escluso da qualunque valutazione in quanto facente parte del bacino 16, il consorzio esautorato a partire dal 2004 in quanto sede della discarica di Montanaro. Il sindaco, Aldo Corgiat, porta, a giustificazione della sua scelta, una sorta di responsabilità condivisa da tutta i comuni della Provincia per trovare una soluzione pratica all’emergenza rifiuti. Testualmente, durante un’intervista realizzata per la ricerca, il sindaco afferma: “O entro fine mese la situazione si sblocca o ci candideremo noi” 197 La candidatura viene pertanto definita “atto di responsabilità” e si ipotizza già quale possa essere l’area messa a disposizione per l’impianto: un’area industriale nei pressi dell’autostrada che collega Torino a Milano (una zona funzionale dal punto di vista logistico ad un impianto di tal genere). La proposta di Corgiat apre uno squarcio territoriale non indifferente perché questa candidatura provoca l’avviamento di tutto il bacino alla valutazione di idoneità dei siti da parte della Provincia, con conseguenti reazioni contrarie da parte degli altri sindaci e soprattutto di Fiorenzo Grijuela, sindaco di Ivrea, che rischia di essere messo da parte nella partita della localizzazione. Di conseguenza, il sindaco eporediese cerca di accelerare, nel suo Comune, il via libera alla valutazione ambientale, come stabilito negli accordi provinciali e ottiene dal sindaco di Settimo la promessa di dare priorità ad Ivrea e aspettare quindi la decisione del consiglio comunale eporediese, prima di dar seguito alla sua candidatura. Tuttavia, un mese dopo emerge una nuova candidatura spontanea: si tratta di Rivarolo Canavese, il primo comune amministrato dal centro-destra a farsi avanti con il proprio sindaco e consigliere provinciale di An, Fabrizio Bertot. In pochi giorni la giunta di Rivarolo trova anche il sito adatto alla localizzazione dell’impianto, un’area logistica dove l’amministrazione ha intenzione di realizzare un’area industriale sfruttando la produzione di calore ed energia del termovalorizzatore anche come incentivo per la localizzazione di nuove imprese1. Al di là delle intenzioni dell’amministrazione, attualmente l’area presa in considerazione è impiegata ad uso agricolo, anche di pregio, e questo comporta notevoli perplessità per la popolazione locale, raggruppata in uno storico comitato. Non si ha invece alcuna traccia di mobilitazione spontanea per quanto riguarda Settimo Torinese. Il comitato spontaneo “Settimo non incenerire” avrà un avvio ufficiale solo dopo 4 mesi dalle iniziali dichiarazioni del sindaco. La situazione di stallo è temporaneamente rotta da Ivrea, che, grazie al cambiamento di posizione della sinistra radicale, porta il suo appoggio alla valutazione ambientale. In risposta al parere del consiglio comunale, gli abitanti di San Bernardo, località prescelta per l’impianto, minacciano di indire un referendum per richiedere alla popolazione di passare sotto l’amministrazione del confinante comune di Pavone, che precedentemente si era dichiarato contrario alla possibilità che l’Ato-R verificasse la disponibilità di un sito sul proprio territorio. Grazie allo sblocco di Ivrea, l’Ato-R può dare avvio alla fase di valutazione. Si procede alla valutazione di tutto il bacino 16 precedentemente escluso, partendo dai criteri contenuti nel PPGR, e successivamente si richiede alle amministrazioni comunali di pronunciarsi in merito alla disponibilità ad ospitare l’impianto : si giunge così alla definizione di tre siti, rispettivamente nei comuni di Chivasso, Volpiano e Settimo Torinese. Torna quindi in auge il comune di Volpiano che era stato considerato sia per il primo inceneritore che per il secondo, fino al 2004. Ma sia Volpiano sia Chivasso negano la loro disponibilità. Ciò che lascia perplessi è la facilità con cui è stata accantonata la decisione di L’auto-candidatura di Rivarolo suggerisce alcune riflessioni sui criteri adottati per la valutazione dei siti da parte della Provincia. Rivarolo è infatti parte dei consorzi precedentemente analizzati dall’Ato-R ma le informazioni possedute dalla commissione esaminatrice non avevano tenuto da conto del progetto del comune di realizzare un’area industriale che avrebbe potuto beneficiare dell’inceneritore. La commissione disponeva, infatti, di informazioni parziali, strettamente legate all’esistente, e non poteva fare alcun riferimento ai progetti delle amministrazioni riguardo pianificazione future. Questa rappresenta una delle principali critiche alla mancata inclusione dei soggetti locali nella commissione giudicatrice. 1 198 non inserire più di un impianto complesso nello stesso bacino. Infatti la discarica di servizio rimane confermata a Montanaro, la situazione che aveva provocato questa disposizione non è affatto cambiata. Ciò che è mutato è l’atteggiamento della Provincia. Durante la fase comparativa, insorgono molteplici conflittualità a livello locale. I vari comitati, legati principalmente all’associazione ambientalista Legambiente, si prodigano in molte iniziative in tutti e tre i comuni interessati: incontri pubblici, assemblee cittadine con vari esperti “alternativi” all’ipotesi dell’incenerimento dei rifiuti. Raccolte di firme e manifestazioni si susseguono per vari mesi nel corso del 2007. Ancora una volta, è una revisione a livello normativo ad incidere sul percorso decisionale. La Provincia recepisce la nuova normativa nazionale ed europea per cui non è più possibile affidare in via diretta la gestione di un impianto ad un’impresa. È necessaria una gara pubblica a livello europeo. Ciò significa che sarà il settore privato a conquistare la gestione del secondo inceneritore. Uno dei motivi di questi ritardi e della incapacità competitiva delle aziende pubbliche è che la legge regionale 24/2002 vieta alle aziende che si occupano di raccolta rifiuti di gestire anche gli impianti di smaltimento, ciò non le rende autonome, soprattutto dal punto di vista finanziario. Le possibilità di guadagno da parte dei comuni diventano alquanto sfumate, soprattutto se a questa liberalizzazione si sommano gli effetti della finanziaria 2007. Come richiesto dai Verdi e da Rifondazione Comunista, vengono aboliti gli incentivi statali ai termovalorizzatori, i CIP6, che non rientrano più nella categoria di produttori di energie rinnovabili. La conseguenza più importante, voluta fortemente dalla sinistra ambientalista, è che senza l’incentivazione statale, il costo dell’incenerimento dei rifiuti dovrebbe nel tempo aumentare di circa 50 €/t, facendo diventare decisamente più conveniente il riciclaggio, ma anche la discarica. Viene concessa una deroga parziale agli impianti “già in funzione” (e, dopo un lungo dibattito, anche a quelli già autorizzati) Ciò vale per l’impianto del Gerbido, mentre non rientra in questa categoria il secondo termovalorizzatore della Provincia torinese.1 Il 14 dicembre 2007 termina lo studio di comparazione che individua in Settimo Torinese il sito più idoneo ad ospitare l’impianto di smaltimento dei rifiuti. L’area industriale individuata, la Pirelli (ex-Ceat), con i suoi 80 ettari, ottiene il punteggio più alto nelle graduatorie basate su diversi aspetti. La sintesi dei risultati assegna 125,7 punti a Settimo contro i 94,5 di Rivarolo Canavese e i 91,7 di Ivrea. Le reazioni sono varie e immediate. Il sindaco di Settimo infatti sembra diventare titubante, si dimostra disponibile a ricercare soluzioni alternative, sotto la pressione anche dei movimenti locali. Un’altra frenata arriva dalla Regione: l’assessore regionale all’ambiente definisce l’impianto di Settimo troppo grande rispetto alle necessità e mette in dubbio il fatto stesso che l’impianto di smaltimento dei rifiuti debba essere un inceneritore. L’iter amministrativo prosegue con l’approvazione, in via preliminare, del documento di localizzazione da cui emerge Settimo Torinese come sito migliore. Con ciò si dà anche avvio agli incontri con l’amministrazione locale e con i rappresentanti delle Associazioni e dei comitati con l’obbiettivo di aprire un confronto, prima dell’approvazione definitiva dello studio. La finanziaria 2008 sembrerà ritornare restrittiva ma la norma verrà nuovamente messa in discussione. Attualmente il termine è stato ulteriormente prorogato a fine 2009. Sono 129 gli impianti che attualmente beneficiano del CIP 6; per 29 il periodo di incentivazione è già scaduto. Gli impianti autorizzati ma non operativi sono 16, di cui 11 sono termovalorizzatori di rifiuti, tra cui il Gerbido. 1 199 Il 15 dicembre 2007, durante un’assemblea pubblica a Settimo Torinese, Legambiente presenta un documento che contesta gli scenari previsti nel PPGR 2006 riguardo la quantità di rifiuto prodotto, la percentuale di RD e le soluzioni impiantistiche prospettate. Come risposta pubblica il sindaco di Settimo Torinese, l’assessore della Provincia di Torino Massaglia e il presidente dell’Ato-R Foietta, presenti all’incontro, danno la disponibilità ad avviare una discussione approfondita sui temi trattati e ad aprire un Tavolo di confronto tra i soggetti in questione. 2008 Il Tavolo ha come obbiettivi una verifica approfondita delle quantità e qualità dei rifiuti prodotti con particolare attenzione agli scenari a breve e medio termine, un’analisi dei costi di tutte le fasi del ciclo integrato dei rifiuti e una valutazione degli futuri scenari possibili attraverso i costi economici e i parametri ambientali. Il Tavolo viene presentato come luogo di confronto tra enti pubblici che si occupano di rifiuti e i soggetti associati portatori di interessi diffusi, in numero di 6 componenti per ciascuna delle due parti. La durata dei lavori è prevista da metà febbraio 2008 ad, al massimo, metà aprile 2008. Le osservazioni avanzate da Legambiente riguardano il fatto che la riscontrata riduzione della produzione dei rifiuti nel 2007 e l’aumento della raccolta differenziata (dal 41,2 al 46,2%) rendono discutibile la necessità di realizzare il secondo inceneritore. Viene inoltre denunciata l’incoerenza tra gli obiettivi di raccolta differenziata nel PPGR (52,1% nel 2011) e nella legge nazionale (65%) e il disatteso impegno della Provincia di evitare la localizzazione di più impianti nello stesso bacino. Inicialmente, la Provincia sembra non accettare le accuse dell’associazione ambientalista ma successivamente, dopo una serie di manifestazioni cittadine, accetta di commissionare al Politecnico di Torno uno studio comparativo attraverso il metodo LCA. Lo studio deve comparare tra loro due scenari : quello del PPGR06 e quello proposto da Legambiente. La principale divergenza tra i due è data dalla percentuale di raccolta differenziata: 52,1% nel primo caso, 65,7% nel secondo. Se, da un lato, la Provincia appare disposta a prendere in considerazione proposte alternative all’ipotesi dell’incenerimento, dall’altro lato, come Ato-R sceglie di portare avanti comunque il processo decisionale in modo indipendente. Nel luglio 2008 Ato-R delibera in via definitiva lo studio di localizzazione, nonostante non sia ancora concluso lo studio LCA, limitandone pertanto il significato in termini decisionali. Lo studio definitivo verrà presentato solo quattro mesi dopo senza presentare una conclusione univoca e definitiva. Piuttosto, lo studio è volutamente lasciato aperto a molteplici interpretazioni. Legambiente e Provincia producono due conclusioni antitetiche, di fatto determinando uno stallo nel contributo che il documento avrebbe potuto portare al dibattito. 200 2009-2010 Ciò che dà una piega inaspettata e completamente differente alla vicenda, almeno nelle dichiarazioni ufficiali da parte della Provincia, è una variabile esterna: la crisi economica. Questa avrebbe provocato una flessione negativa dei consumi e, di conseguenza, anche della produzione dei rifiuti. Si rende quindi possibile un rinvio della chiusura di molte discariche e una contestuale revisione dei documenti programmatici provinciali, anche riguardo la capacità di smaltimento del secondo inceneritore previsto a Settimo Torinese, a questo punto sovradimensionato rispetto alle necessità. Nel 2009, la localizzazione del secondo inceneritore inizia a non essere più una priorità. L’impianto viene addirittura definito come inutile e si apre la possibilità dell’utilizzo di tecnologie alternative. Su questa nuova posizione sembrano essere tutti d’accordo: il sindaco di Settimo Torinese, l’Ato-R e il Comune di Torino. L’unico a rimanere maggiormente legato al progetto sembra essere il Presidente della Provincia Saitta, maggiormente scettico rispetto al valore strutturale dei dati statistici influenzati dal particolare contesto economico. La tendenza che si consolida è di rimandare la decisione a fine 2009 in base a dati più certi, e quindi successivamente alle elezioni provinciali. Anche la Regione Piemonte concorda con questa opinione, come emerge dalla proposta di piano regionale sui rifiuti urbani, in cui risulta non essere più necessaria la costruzione di un secondo inceneritore nella Provincia di Torino. L’impiego della “crisi economica” come giustificazione di una situazione di stallo del processo decisionale si presta a diverse interpretazioni possibili, non necessariamente contrapposte l’una alle altre: - il riconoscimento di quanto emerso già precedentemente dallo studio del Politecnico (l’inefficienza, sulla base dei dati quantitativi, di un secondo impianto di incenerimento rispetto ad un incremento della raccolta differenziata) ma una mancanza di disponibilità ad ammettere una “sconfitta” a fronte delle associazioni ambientaliste. - Il riconoscimento di una situazione di blocco decisionale, che la crisi permette di giustificare facendo riferimento a fattori contingenti, esterni agli attori in gioco. - La volontà esplicita di non far rientrare la questione dell’inceneritore tra i temi da discutere in campagna elettorale, e quindi la scelta, politica, di rimandare la decisione una volta definita la nuova giunta. A partire da Settembre 2009, la Provincia avvia una fase, ancora in corso, di revisione del PPGR 2006, poiché si sente l’esigenza di “attualizzare ed aggiornare lo strumento di programmazione vigente affrontando problemi che assumono oggi una valenza strutturale e prolungare inoltre l’orizzonte temporale del programma fino al 2015”. La priorità per la Provincia è quindi una ri-programmazione della fase transitoria 20102014 (lasso di tempo in cui tutte le discariche della Provincia dovranno essere necessariamente chiuse), tenendo conto in particolare: - del “ritardo” di oltre 18 mesi nella realizzazione/messa a regime dell’impianto del Gerbido; - della fattibilità di gestire e smaltire all’esterno del ciclo dei rifiuti, e all’interno del ciclo dell’acqua, i fanghi di depurazione. La riduzione del fabbisogno impiantistico per lo smaltimento dell’indifferenziato sembrerebbe aprire la possibilità di verificare la fattibilità di tecnologie di trattamento termico alternative all’incenerimento (studio di ATO-R) per affrontare un deficit impiantistico di smaltimento stimato attualmente da 150.000 a 213.000 tonn/a. Nel documento tecnico preliminare di presentazione del nuovo PPGR vengono contemplati quattro diversi scenari ad integrazione del Tmv del Gerbido : 201 - scenario a : un secondo impianto di termovalorizzazione come previsto nel PPGR 2006; scenario b : impianti integrativi di smaltimento a caldo (nuove tecnologie); scenario c : ampliare l’ impianto di termovalorizzazione del Gerbido; scenario d : impianti integrativi di “trattamento” a freddo. A questo si aggiungono nuovi elementi di attenzione derivanti dal mutato contesto normativo europeo e nazionale: in particolare, ad inizio del 2010, la legge nazionale 42/2010 (del 26 Marzo 2010), perseguendo un obiettivo di semplificazione dei livelli amministrativi nazionali, prescrive l’abolizione delle ATO (Ambiti Territoriali Ottimali), a partire dal 2011 e la delega alle Regioni dell’organizzazione della filiera dei rifiuti sul proprio territorio. Questo richiede di riorganizzare nel suo complesso la filiera dei rifiuti, in modo radicalmente differente rispetto a quanto concepito precedentemente. Si delinea una situazione “aperta” per il futuro, in cui il dibattito sul secondo inceneritore diventerà una parte di un più ampio processo di ridefinizione della “questione rifiuti” in tutta la regione. Entre conflits et décisions. Une lecture plurielle Plusieurs clés de lecture Le cas du deuxième incinérateur des déchets de la province de Turin pourrait être interprété, peut-être dans une façon trop réductive, en terme d’un contraste entre la territorialité des différents acteurs : d’une part, la Province, cet a dire l’acteur institutionnel promoteur de l’incinérateur ; de l’autre part, les autres sujets para-institutionnels (les Municipalités, les comités, les groupes environnementaux, et ainsi de suite) qui réagissent, entre positions de coopération ou conflits, aux différentes options de localisation proposées. Cependant, la réalité est beaucoup plus complexe, en vertu de l’évolution du processus décisionnel dans l’espace e dans le temps et de l’importance des plusieurs dimensions et intérêts (entre lesquelles il y a aussi la dimension juridique) dans le rationalités des différents acteurs. L’intérêt du cas de Turin peut être retrouvé dans l’évolution toute particulière du processus de décision fixé par l’administration provinciale. Cet processus est déterminé et a origine par une spécifique rationalité de la Province, qui se pose en terme de rupture avec l’expérience antécédente NrdS, avec un nouveaux approche. Cet approche se caractérise principalement par sa non-linéarité : il se distancie, en fait, de la logique décisionnelle traditionnelle décision-annonciation-conflits, mais il ne coïncide pas néanmoins avec la logique participative classique consultation-décision-annonciation, tenté dans NrdS. Le processus en question repose, plutôt, sur une intériorisation de la décision par la province et sur la complémentaire ouverture des plusieurs endroits de confrontation publique, plus ou moins planifiées et spontanées. - Premièrement, la Province établit en total autonomie les critères de sélection des sites susceptibles d’accueillir la structure de l’incinérateur, en fonction de données «objectifs». Ces critères sont dérivés par l’expérience antécédent du NRDS et peut être considérés comme une première forme d’apprentissage par la Province. - Deuxièmement, c’est la même Province a activer des possibilités de discussion avec les acteurs du territoire : au début, ces sont des réunions bilatérales (avec les plusieurs Municipalités) au fin de vérifier la disponibilité a accueillir l’infrastructure ; en suite, ces arènes de débat sont ouvertes à la société civile (et dans certains cas, ont été expressément demandées par cette dernière). Aussi cette deuxième initiative est en ligne avec l’expérience du NRDS : la décision doit émerger de la confrontation publique. Mais cette fois la Province assume directement un role plus fort e incisif, en guidant les relations avec les autres acteurs institutionnelles. 202 C’est dans le cadre de cette ouverture au territoire que des situations de conflits montent. Mano a mano che nuove possibili localizzazioni emergono e vengono dibattute tra i vari attori pubblici in gioco, si determinano situazioni estremamente variegate in cui il processo decisionale entra in stallo. En ce sens, le cas de Torino ne peut être vu comme la manifestation d’un seul conflit et d’un seul processus de décision, mais plutôt comme une architecture décisionnelle très complexe, résultant en partie des phénomènes spontanés, en partie d’une approche méthodologique formalisé. Non si tratta soltanto di episodi di conflittualità tra diverse tipologie di attori. Si tratta anche di situazioni in cui diversi interessi (a rifiutare e/o ad accogliere l’inceneritore) si confrontano creando un empasse decisionale ad oggi ancora irrisolto. Ad ogni step del processo decisionale si aprono per lo meno tre livelli complementari di conflitto/contrapposizione tra gli attori in gioco e sui quali si sorregge e alimenta il confronto sulla localizzazione dell’inceneritore. Tali livelli possono essere metaforicamente interpretati come veri e priori “terreni di scontro” sui quali si evolve il processo decisionale. Alcuni emergono a livello di dibattito con più evidenza, altri rimangono in una posizione più nascosta. Nota Sull’impiego del concetto di “terreno di scontro” conflittuale/decisionale Si è scelto di adottare il concetto di “terreno”, in un’accezione differente rispetto a termini che possono essere considerati simili quali “livello” o “dimensione”, in quanto maggiormente efficace nel descrivere le diverse forme che assumono il processo decisionale e il conflitto nel caso di Torino. Questi, infatti, si esprimono sotto diverse tipologie formali ben distinte, alle quali partecipano attori di volta in volta differenti e con ruoli ben identificabili. Il termine non deve tuttavia essere confuso con quello di “territorio”: semmai, “terreno” vuole indicare diverse modalità di concepire e vedere il territorio da parte degli attori in gioco e viene qui utilizzato in un’accezione metaforica. Terreno di scontro funzionale Rappresenta il terreno di scontro più evidente, immediatamente percepibile che spesso costituisce “la facciata” dei diversi interessi che caratterizzano il conflitto legato agli impianti di termovalorizzazione. Il conflitto si alimenta sulla base della contrapposizione tra attori che detengono visioni diverse dell’organizzazione della filiera dei rifiuti sul territorio. Partecipano a questo terreno di scontro molteplici razionalità (attori in gioco): amministrazioni pubbliche (Provincia e Comuni), associazioni ambientaliste, comitati di cittadini, organi di stampa. Un ruolo di cruciale importanza è rivestito dal “sapere tecnico”, rappresentato di volta in volta da expertise differenti alle quali gli attori si rivolgono (Politecnico e Università, “esperti” del problema rifiuti, ecc.). A volte gli “esperti” sono riconosciuti come tali dall’unanimità delle parti in gioco, in altre occasioni vengono ritenuti invece faziosi, schierati a priori e “di parte”. La caratteristica peculiare che il conflitto assume a questo livello è un’elevata formalizzazione: il processo decisionale si evolve sulla base di step istituzionalizzati: documenti tecnici, studi di localizzazione, piani dei rifiuti, tavoli di confronto, vertenze, e così via. La formalizzazione del conflitto è funzionale alle diverse razionalità in gioco per 203 giustificare le proprie posizioni e idee: le scelte localizzative, così come la loro critica, si fondano sulla lettura di dati, statistiche e sul riferimento alle normative sovra-ordinate per offrire una propria rappresentazione della realtà. In tal senso, il livello funzionale è spiccatamente tecnico: i temi a dibattito sono ufficialmente la localizzazione ottimale dell’inceneritore sul territorio e (in via non ufficiale sino all’ultimo documento tecnico che prelude ad un nuovo PPGR del 2010) la sua eventuale necessità o meno a fronte di una maggiore raccolta differenziata e una diminuzione dei quantitativi di rifiuti prodotti. Terreno di scontro geopolitico Rappresenta un secondo terreno di confronto, meno formalizzato del primo. Le razionalità degli attori sono rese meno esplicite, anche se sono protagonisti ancora attori collettivi (persone giuridiche e soggetti istituzionali). A questo livello passano in secondo piano gli aspetti tecnico-funzionali, lasciando spazio a valutazioni economiche più complesse e di carattere strategico: la rendita derivante dalla possibile gestione pubblica della struttura, le compensazioni economiche, la proprietà dei terreni in cui verrà localizzato l’impianto e così via. La localizzazione dell’inceneritore non è più guidata dalla ricerca di una ragione tecnica (per quanto controversa) ma dalla ricaduta che una simile struttura può avere per il territorio. E’ pertanto un terreno tipico dell’analisi geografica e geopolitica più nello specifico: la localizzazione di una struttura di trattamento dei rifiuti e la partecipazione dei soggetti pubblici all’interno della società di gestione rappresenta un elemento di attrattività economica importante e di potere sui comuni del territorio, chiamati a conferire i propri rifiuti nella nuova struttura. La localizzazione è dunque funzionale ad un controllo sull’inceneritore stesso e sul territorio più in generale. Un simile terreno è complementare e contrapposto, allo stesso tempo, a quello precedente: per certi versi, gli aspetti sanitari e tecnici, così come le norme, possono essere utilizzati dagli attori per legittimare le proprie richieste; per altri versi, spesso il terreno geopolitico entra in esplicita contrapposizione e incoerenza con il livello funzionale, invalidandone i risultati e offrendone interpretazioni piegate sugli interessi dei diversi attori in gioco. Terreno di scontro politico Il terreno politico è il meno formalizzato ed esplicito rispetto agli altri terreni di confronto, conflitto e decisione. E’ il terreno sul quale si giocano le relazioni tra le personalità e le cariche all’interno dei partiti e delle società di gestione che operano e governano il territorio, alle diverse scale territoriali. Tali relazioni hanno un profondo significato in quanto influenzano direttamente le decisioni prese in merito alla questione dei rifiuti e della localizzazione di infrastrutture per la loro gestione. I rifiuti, infatti, rappresentano a questo livello un importante strumento per ottenere vantaggi di natura politica (anche per la grande ripercussione sulla vita e sulla quotidianità delle persone) e per lo scambio e la regolazione delle cariche politiche (ad esempio, la presidenza delle società pubbliche di gestione, fortemente legate al colore politico delle amministrazioni). Inoltre, il terreno politico rappresenta l’interfaccia tra le varie scale del governo del territorio, il linguaggio attraverso il quale i diversi attori politici coinvolti nei processi decisionali si confrontano e “giocano” la partita dei rifiuti. Terreno altamente de-materializzato, in cui le questioni tecnologiche, sanitarie e funzionali sono molto sotto-considerate, quello politico è anche l’ambito attraverso il quale la scala nazionale esercita sul locale la propria influenza diretta: sia attraverso le correnti interne ai partiti di maggioranza e opposizione sul territorio, sia attraverso la produzione di norme che possono portare a riaprire i processi decisionali alla scala locale, come si vedrà nel caso torinese. Esso inoltre è in grado di penetrare in forme più o meno esplicite all’interno del terreno geopolitica e funzionale, facendone propri i temi all’occorrenza. Ognuno dei terreni di decisione, confronto e conflitto sopra descritti possono essere ulteriormente scorporati e analizzati facendo riferimento alle dimensioni di analisi privilegiate 204 dal progetto DESCRI: les dimensions spatiales, temporelles, et juridiques ont une large relevance. Dimension juridique Dans le bouleversement des relations entre les acteurs, et plus en général dans la définition de l’étude de cas, la dimension temporelle recouvre un rôle crucial. Tout d’abord, comme en terme de mémoire de l’initiative participative inhérent la localisation du premier incinérateur : le nouveau processus naît de la non acceptation des résultats obtenues par le précédent et de l’internalisation de ce que avant avait été externalisé (cet a dire la faculté de décision). Deuxièmement, comme élément structurant les relations entre les acteurs : le caractère non-linéaire du processus de décision a produit un cadre territorial ouvert et très fragmenté, dans lequel il n’y a pas une précise indication temporelle entre la quelle la décision finale doit être prise. Cela se compare à la nécessité d’expliquer par la Province (via des instruments politiques et de planification) un horizon temporel dans lequel la réalisation des infrastructure devrai être terminée (pour exemple, le 2014 est indiquée comme l’année de clôture définitive des décharges municipaux dans la province). Troisièmement, la dimension temporelle se reflète dans des événements contingents, non prévisibles en avant, que rendent plus complexe la pris des positions par les acteurs du territoire et conduisent à des constantes renégociations de leurs points de vue. Dimension juridique L’affirmation des relations de pouvoir fondées sur la recherche de l’autonomie par les différents acteurs implique directement une dimension juridique. Cela peut se comprendre en sens strict, comme le recours à la loi par les acteurs, ou en sens plus large, comme la recherche d’un niveaux de formalisation des pratiques et des relations entre les acteurs engagés dans le processus de décision. Dans le premier sens, la Province légitime sa autonomie décisionnelle sur la base des actes administratifs spécifiques : le plan de coordination provinciale des déchets (Piano Provinciale di Gestione dei Rifiuti – PPGR), les décisions et délibérations administratives fonctionnelles a reconnaître ou a rejeter des études et documents, et ainsi de suite. C’est dans la ligne tracée par ces instruments que se trouvent aussi des initiatives moins formalisés d’ouverture a la confrontation (et aussi a le conflit) avec le territoire : par exemple, bien que la Province a effectivement abandonné l’approche participative utilisée pour la localisation du premier incinérateur, il a été confirmé, cependant, une attitude a la concertation, évidente dans le travail avec les différents administrations municipaux et dans la disponibilité a instituer des tables de discussion ouvert a la communauté locale. Dans le deuxième sens, même les actions des sujets que plus fortement ont opposé la réalisation de l’incinérateur ont êtes dirigé (avec une certaine variabilité selon les circonstances) à une partielle institutionnalisation du conflit : cela n’est pas seulement évidente dans disponibilité a dialoguer avec l’administration provinciale, mais s’exprime également dans les propositions a procéder à des études scientifiques sur l’opportunité ou non de mettre en œuvre l’incinérateur, a mettre en place des tables avec un programme de travail défini et partagé entre les participants, et enfin à exploiter les possibilités offertes par la loi (comme les observations aux études de localisation préparé par la Province) pour faire entendre les voix de la contestation. 205 Dimension territoriale – l’échelle Le cas de Turin peut être décrit comme l’affirmation d’une territorialité « instable » dans les relations entre les acteurs impliqués1 et dans les représentations du territoire desquelles ils sont titulaires. L’utilisation de la notion d’instabilité est justifiée pour l’absence de symétrie et stabilité (persistance dans le temps) des relations entre les acteurs et pour les tensions sociales générées par la persistance du déséquilibre dans les relations entre les individus. Cet est une condition tout à fait différent du contexte de NrdS, où il y avait un effort visant à institutionnaliser un lieu permanent de confrontation reconnu par tous les acteurs (la table de consultation). La nouvelle situation pose les acteurs au lieu des situations très changeantes. D’une partie, ils sont rapportés à une transformation continue et imprévisible du champ dynamique dans lequel se joue la leur interaction, et que les soumet à une redéfinition permanente des leur positions réciproques. Ces sont surtout des facteurs structurels de nature supra-local ou hors du territoire (réduction de la consommation et de la production de déchets en raison de ralentissement économique, la disponibilité des technologies et des domaines d’utilisation des sous-produits du processus d’incinération) et donc pas prévisibles à l’avance. Ces facteurs engendrent un profond impact sur les représentations du territoire et sur la perception des enjeux par les sujets engagés. De l’autre partie, le comportement des acteurs se bouleversent sur la base des relations de pouvoir centré autour du concept de la scale, aussi central dans la notion de territorialité2 et dans ce cas particulièrement évident. D’un côté, il y a un exercice d’autonomie et une prise de pouvoir par la Province a travers la choix d’internaliser les processus de décision : il s’agit d’une relation de pouvoir d’imposition (top-down) qui, bien qu’il soit ouvert a une confrontation avec le territoire, revendique le droit de choisir agissant sur un axe de inclusion/exclusion des acteurs locaux sur la base de critères définis internement. De l’autre côté, il ya l’émergence (aux différents degrés d’intensité) des plusieurs pouvoirs de « résistance » (en direction bottom-up), en correspondance des différents sites potentiels de localisation identifiés par la Province, qui font valoir une autonomie par rapport à des décisions supra-locaux. Pas nécessairement ces pouvoirs proposent une vision localiste du problème (facilement qualifiable comme NIMBY), mais dans certains cas offrent des visions différentes et plus larges, visant à renverser la représentation du pouvoir public. Dans les deux cas, il émerge une conception de l’autonomie comme une expression du pouvoir résultat de la négociation sociale3 et des relations entre les acteurs qui ont lieu dans le territoire. Un des domaines d’expression les plus intéressants dans cette étude de cas, réside dans la question de l’échelle géographique, et plus spécifiquement dans un approche multiéchelles. La question de la localisation des incinérateurs (première et deuxième) doit être analysé en tenant compte des multiples échelles, a partir de l’échelle micro-locale et locale, a le zonage du territoire provincial pour l’identification d’un site jusqu’à les échelles régional, national et international de la production normative-juridique et des exportations de déchets dans des situations d’urgence (voir les déchets en Campania). Au même temps, dans ce contexte l’échelle n’est pas seulement une point d’observation et d’analyse, mais c’est aussi Bertoncin M., Pase A. (2006), Progetti, attori, territorio, territorialità: una chiave di lettura, in Dansero E., Santangelo M. (a cura di), Progetti, attori, territorio e territorialità. Sviluppo locale tra Nord e Sud del mondo, Working Papers del Dipartimento Interateneo Territorio del Politecnico e dell’Università degli Studi di Torino, n. 28/2006 (http://www.geografia.unito.it/?Pubblicazioni) 2 Governa F. (2005), Sul ruolo attivo della territorialità, in Dematteis G., Governa F. (a cura di), Territorialità, sviluppo locale, sostenibilità: il modello SLoT, Milano, Franco Angeli. 3 De Filippis J. (1999), “Alternatives to the new urban politics : findings locality and autonomy in local economic development”, in Political Geography, 18, pp.973-990. 1 206 une des ressources à disposition des acteurs dans un contexte de gouvernance à plusieurs niveaux territoriaux. Le cas de Torino montre comment les acteurs redéfinissent sans cesse les échelles et les champs d’action et de décision, comme c’est vérifié dans la localisation du premier incinérateur, dans la décision de ne pas construire un troisième incinérateur provincial tiers et comment il pourrait se vérifier dans le cas de Settimo Torinese. I diversi terreni sui quali si sviluppa il processo decisionale (e di conseguenza il conflitto) e le tre dimensioni temporale, giuridica e territoriale possono essere incrociati al fine di costituire una matrice sinottica all’interno della quale leggere le diverse caratteristiche e specificità del caso studio in questione (tabella IV). Tabella IV: Matrice sinottica Terreni confronto di Terreno funzionale (organizzazione della filiera dei rifiuti) Terreno geopolitico/geoeconomico (interessi economici territoriali, controllo territorio) Terreno e del Dimension temporelle Dimension juridique Dimension territoriale - Confronto tra diverse letture e visioni del problema rifiuti in provincia di Torino (ad esempio, tra Provincia di Torino e associazioni ambientaliste e i comitati locali). - Utilizzo del diritto come strumento di giustificazione delle proprie posizioni - La scala di analisi privilegiata è quella locale/sub-provinciale - La variabile temporale ha una forte influenza sul dibattito e sul processo decisionale, modificando sui dati e sulle statistiche oggetto di confronto. - Costituisce il terreno dove si registra il “fallimento della norma”: i documenti di programmazione e di pianificazione si scontrano con l’impossibilità di concretizzarsi in decisioni con effetti sul territorio. - E’ un terreno caratterizzato da un’elevata materialità del dibattito: ci si confronta con dati e statistiche con una corrispondenza precisa nello spazio. - Confronto tra diversi interessi derivanti dalla localizzazione del primo e del secondo inceneritore - Relazioni di competizione/concorrenza tra i diversi comuni interessati dal secondo inceneritore - Utilizzo del diritto come fonte di legittimazione da parte degli attori coinvolti e allo stesso tempo comportamenti che derogano le norme vigenti in ragione di interessi territoriali. - La variabile temporale assume una valenza meno importante rispetto al livello funzionale: detta le scadenze per l’assunzione delle decisioni per alcuni attori coinvolti nel processo (ad esempio, chiusura delle discariche) - La scala di analisi e confronto privilegiata è quella provinciale (la scala locale ha minore interesse). - Confronto tra diversi interessi politici all’interno 207 politico (Distribuzione del potere, spartizione delle cariche) - - - delle amministrazioni locali (Provincia, Regione) e agenzie strumentali (ATOr, società di bacino, ecc.). La “questione rifiuti” è utilizzata come strumento e ambito per la spartizione delle cariche e del potere. A livello politico avviene la produzione di nuovo diritto, anche per vie “nascoste” o poco esplicite. La variabile temporale influenza il confronto agendo sulle scadenze amministrative e sui cambiamenti di colore politico delle amministrazioni (es. Regione Piemonte, Provincia di Torino, Comune di Ivrea) La scala di riferimento della politica va dal locale alla scala regionale, con influenze dirette della scala nazionale su quelle inferiori (es. riforma della normativa sulle ATO). Elevato livello di immaterialità del dibattito: i rifiuti sono un espediente per ragionamenti di natura politica. Plusieurs conflits, plusieurs territoires Il caso torinese si presta in modo particolarmente efficace ad una lettura incentrata sulle dimensioni sopra esplicitate : da un lato, i terreni funzionale, geopolitico e politico ; dall’altro lato, le dimensioni temporale, giuridica e territoriale. Le cas de Turin peut être décrit comme l’affirmation d’une territorialité « instable » dans les relations entre les acteurs impliqués1 et dans les représentations du territoire desquelles ils sont titulaires. L’utilisation de la notion d’instabilité est justifiée pour l’absence de symétrie et stabilité (persistance dans le temps) des relations entre les acteurs et pour les tensions sociales générées par la persistance du déséquilibre dans les relations entre les individus. Cet est une condition tout à fait différente du contexte de NrdS, où il y avait un effort visant à institutionnaliser un lieu permanent de confrontation reconnu par tous les acteurs (la table de consultation). La nouvelle situation pose les acteurs au lieu des situations très changeantes. Il conflitto sul terreno funzionale Il primo terreno sul quale si gioca e si evolve il processo decisionale e, di riflesso, le molteplici conflittualità ad esso connesse è quello funzionale. Tale terreno presenta una duplice dimensione: sostanziale e formale. - Sostanziale, in quanto all’interno del processo decisionale traspare un concreto ed esplicito interesse, da parte degli attori, a ragionare in termini funzionali, interrogandosi sulle quantità di rifiuti prodotti, sulla corretta organizzazione territoriale delle fasi di raccolta e smaltimento, sulla localizzazione ottimale sulla base delle dotazioni infrastrutturale dei siti potenziali, sul corretto dimensionamento dell’inceneritore, e così via. - Formale, poiché, secondo quanto riportato da diversi attori intervistati, tale terreno non rappresenta che una maschera di problematiche e interessi che in realtà operano sugli altri due terreni successivamente considerati: quello geopolitico e politico. Bertoncin M., Pase A. (2006), Progetti, attori, territorio, territorialità: una chiave di lettura, in Dansero E., Santangelo M. (a cura di), Progetti, attori, territorio e territorialità. Sviluppo locale tra Nord e Sud del mondo, Working Papers del Dipartimento Interateneo Territorio del Politecnico e dell’Università degli Studi di Torino, n. 28/2006 (http://www.geografia.unito.it/?Pubblicazioni) 1 208 Pertanto, il richiamo ai dati e alle caratteristiche funzionali del territorio costituirebbe, in realtà, uno strumento di giustificazione a supporto di interessi di natura economica, politica e territoriale. Restando sulla prima dimensione (sostanziale), si nota come le relazioni tra i diversi attori in gioco si sviluppano all’interno di un contesto istituzionalizzato, caratterizzato da: - Il ricorso a criteri definiti “oggettivamente” dall’esterno e al parere di tecnici esperti (ad esempio, il Politecnico coinvolto nell’analisi LCA, lo studio sempre effettuato dal Politecnico sulla miglior tecnologia). - L’apertura di momenti istituzionali di confronto (ad esempio, il Tavolo aperto su richiesta di Legambiente in seguito alla scelta di Settimo quale sito prescelto per localizzare il termovalorizzatore), al quale anche i comitati di cittadini partecipano. - Il ricorso alla norma (spesso alla normativa sovra-ordinata) come giustificazione delle proprie posizioni da parte di tutte le parti in gioco (es. i quantitativi previsti dalla legge di raccolta differenziata) . Sul terreno funzionale, giocano prevalentemente due attori: la Provincia di Torino e Legambiente, esponente del pensiero ambientalista. Gli altri attori che partecipano di questo livello di confronto/scontro sono chiamati in causa e gravitano attorno alle posizioni assunte da questi due attori principali: questi attori-satellite sono rappresentati dagli esperti esterni, dai Comuni, dalle società di gestione dei rifiuti e dai comitati locali. Il confronto tra Provincia di Torino è Legambiente è prima di tutto impostato su criteri ideologici di approccio al tema, centrati sulla quantità di rifiuti prodotti, sui dati inerenti la raccolta differenziata e sui criteri stabiliti dalla Provincia per la selezione dei siti idonei ad ospitare il nuovo inceneritore. Mentre la Provincia si attiene rigidamente, nella revisione dei diversi PPGR che si succedono nel tempo, ai criteri sanciti dalla normativa nazionale e comunitaria (salvo esplicitare l’impossibilità per il contesto urbano di Torino di perseguire obiettivi superiori al 50% di RD), Legambiente conduce una battaglia prima di tutto culturale sul tema dei rifiuti, incentrata su: - ampi obiettivi di riduzione della produzione di rifiuti. In questo, Legambiente più volte denuncia come scarsamente incisiva, anche in termini di obiettivi, la politica provinciale dei rifiuti. - La non necessità, sulla base dei dati di produzione ufficiali, di un secondo impianto. Tali posizioni rispondono ad una più ampia visione del problema-rifiuti, che vede nei rifiuti urbani una piccola parte di un problema culturale ed economico più ampio, di cui si discute poco e su cui sembra mancare una pianificazione organica. E’ una contrapposizione che affonda in un periodo ben antecedente rispetto non solo al percorso del secondo inceneritore, ma anche del secondo. Facendo riferimento alle dimensioni temporali e giuridiche, è importante segnalare come l’azione di Legambiente sia fortemente condizionata (e produca importanti effetti) su entrambe. - Dal punto di vista del diritto, la norma è utilizzata strumentalmente attraverso la forma della vertenza. Attraverso di essa, Legambiente denuncia il presunto mancato rispetto della normativa sovraordinata, esprime indirizzi per l’emissione di nuove norme e inquadramenti legislativi e, in ultimo, si pone a difesa del rispetto di altre leggi considerate disattese. Ad esempio, Legambiente ha più volte denunciato il comportamento di SETA e AMIAT (le Spa di gestone dei rifiuti di Settimo Torinese e Torino) che hanno agito e in parte ancora agiscono in deroga ad una legge regionale (24/02) che vieta l’integrazione in uno stesso soggetto delle fasi di raccolta e smaltimento dei rifiuti. 209 - Dal punto di vista temporale, tramite le vertenze e l’apertura di tavoli istituzionali, Legambiente influisce direttamente sulla temporalità del conflitto e del processo decisionale. Talvolta, ciò avviene con l’intento esplicito di prolungare e complessificare il processo stesso, in modo da ostacolare l’assunzione (senza contraddittorio) di decisioni considerate dannose per il territorio. Il coinvolgimento attivo di Legambiente determina anche l’insorgere, talvolta in seno alla stessa associazione (nella forma del circolo locale di Legambiente), talvolta con il semplice sostegno/supporto esterno, di un ampio spettro di comitati locali che insorgono contro le varie ipotesi di localizzazione dell’infrastruttura: a Settimo Torinese e a Ivrea in modo particolarmente attivo. Aspetto significativo assunto da questi comitati1 è l’assunzione e l’incorporazione della visione proposta da Legambiente (al punto che alcuni di essi hanno deciso spontaneamente di costituirsi come circoli locali dell’associazione): non possono pertanto definirsi come semplici comitati di protesta caratterizzati dalla sindrome NIMBY (pur presente in una certa misura), in quanto si fanno portatori di una visione più ampia e complessa del problema e avanzano proposte per possibili soluzioni ad una scala più ampia di quella locale. Le società di gestione sono coinvolte, in questo terreno di scontro, solo marginalmente come attori dal profilo “tecnico”: forniscono indicazioni tecniche, dati e informazioni utili al processo decisionale, ma non hanno un ruolo diretto ed esplicito nel dibattito funzionale come attori direttamente coinvolti. Certo, hanno una visione del problema (e soprattutto dell’organizzazione della filiera dei rifiuti) fondata su diverse opzioni alternative alla localizzazione di un impianto, ma questa non è esplicitata ufficialmente. L’esemplificazione più evidente del conflitto sul terreno funzionale si ha nel caso del tavolo di concertazione aperto dalla Provincia a Settimo Torinese, su esplicita richiesta di Legambiente e dei Comitati locali. All’interno del tavolo, matura la decisione di commissionare all’esterno uno studio con metodologia LCA per la valutazione “oggettiva” della necessità o meno di realizzare un secondo inceneritore, stanti le caratteristiche del primo inceneritore del Gerbido. Lo studio2 viene realizzato da due ricercatori del Politecnico di Torino (i prof. Genon e Blengini), il primo coinvolto dalla Provincia, il secondo da Legambiente. Senza entrare nei dettagli dei risultati dello studio, che analizza in dettaglio la filiera dei rifiuti provinciali quantificando i volumi da smaltire in rapporto a due scenari con quote di raccolta differenziata differenti, ciò che in questa sede interessa è condurre una riflessione sulle deduzioni tratte dallo studio e redatte sia da Legambiente sia dalla Provincia. Al momento in cui si scrive, si sono realizzate due interviste a rappresentanti del Comitato “Settimo non incenerire” di Settimo Torinese. Le considerazioni riportate potranno essere successivamente arricchite una volta ascoltati gli altri comitati di cittadini sorti nelle altre località in cui è stata ipotizzata la localizzazione dell’inceneritore. 2 Blengini G.A., Genon G. (2008), Rapporto di ricerca – LCA del sistema integrato dei RSU nella Provincia di Torino. Analisi energetico ambientale con metodologia LCA ed analisi economica dell’attuazione del Piano Provinciale di Gestione dei Rifiuti alla luce dei nuovi obiettivi di Raccolta Differenziata introdotti dal D.lgs. 152/06. 1 210 Il rapporto di ricerca è incentrato sulla valutazione LCA di due coppie di scenari tra loro contrapposti, sia da un punto di vista ambientale sia energetico: Scenario 1A Raccolta differenziata al 52,1%, rifiuto residuo direttamente all’inceneritore e scorie da incenerimento a discarica Scenario 2A Raccolta differenziata al 65,7%, rifiuto residuo direttamente all’inceneritore e scorie da incenerimento a discarica Scenario 1B Raccolta differenziata al 52,1%, rifiuto residuo pre-trattato, FOS a discarica, FSL all’incenerimento e scorie a discarica. Scenario 2B Raccolta differenziata al 65,7%, rifiuto residuo pre-trattato, FOS a discarica, FSL all’incenerimento e scorie a discarica. La coppia 1A e 2A comparano due scenari in cui vi è il diretto conferimento all’inceneritore del rifiuto residuo dalla raccolta differenziata, che nel primo caso è del 52,1% e nel secondo del 65,7%. La coppia 1B e 2B identifica due scenari in cui vi è un pre-trattamento del residuo della raccolta differenziata, fissata nel primo caso al 52,1% e nel secondo al 65,7%. E’ da segnalare che il 52,1% rappresenta, di fatto, l’obiettivo sancito nel PPGR vigente (e sulla base del quale la Provincia di Torino giustifica la necessità di un secondo inceneritore), mentre l’obiettivo del 65,/% (considerato dalla Provincia non realizzabile) rappresenta la posizione sostenuta da Legambiente. Il rapporto di ricerca si sofferma su un’analisi comparativa dei diversi scenari, lasciando, di fatto, ai soggetti committente e richiedente (la Provincia e Legambiente) il compito di dedurne indicazioni di politica territoriale e dei rifiuti. La scelta degli elementi presi in considerazione da questi ultimi due attori è estremamente significativa: - Legambiente compara tra loro, in primis, i diversi scenari a partire dal livello di raccolta differenziata. In questo modo, mette in evidenza ciò che il Rapporto conferma, e cioè che “il 65% di raccolta differenziata con conseguente recupero di materiale è da preferire rispetto al 52% per tutti i parametri ambientali analizzati (energia, emissioni di gas a effetto serra, salute umana, qualità dell’ecosistema, preservazione delle risorse e costi economici)”, giungendo alla conclusione che un secondo impianto non sia giustificabile da un punto di vista quantitativo, ambientale ed economico. Legambiente rimanda invece ad ulteriori approfondimenti la comparazione tra gli scenari con e senza pre-trattamento e raccolta differenziata al 65,7%, in quanto da questo punto di vista il rapporto sarebbe meno chiaro e definitivo. - E’ proprio questa ambiguità ad essere invece affrontata dalla Provincia, la quale si sofferma esclusivamente sugli scenari con e senza pre-trattamento, escludendo dalla 211 propria valutazione la questione del livello di raccolta differenziata. Sostengono le conclusioni della Provincia: “per quanto concerne l’indicatore della qualità dell’ecosistema è sostanzialmente indifferente optare o meno per il pre-trattamento; per quel che riguarda invece l’uso razionale delle risorse naturali l’ago della bilancia pende a favore dell’esclusione del TMB – Trattamento Meccanico Biologico)”. Di fatto, la Provincia si rifiuta di commentare il dato della raccolta differenziata, limitandosi a mettere in discussione l’assunto teorico per cui livelli più alti siano preferibili a livelli più bassi, oltre una certa soglia, in termini di costo economico e ambientale. L’ambiguità delle conclusioni, soprattutto da parte della Provincia, lascia intendere come il livello funzionale (fondato su dati quantitativi e su aspetti sanitari, economici, ambientali ed energetici) non sia l’unico a dover essere preso in considerazione nell’analisi del processo decisionale, soprattutto di fronte alle dichiarazioni dell’assessore che asserisce a conclusione dello studio che tali decisioni spettano esclusivamente alla politica. E’ senz’altro il terreno più esplicito e istituzionalizzato. Nonostante ciò, emerge in modo abbastanza evidente come non sia sulla base di tali criteri “oggettivi” che si possa assumere una decisione definitiva rispetto alla localizzazione del secondo inceneritore. La competizione territoriale sul terreno geopolitico Il terreno geopolitico è quello che maggiormente riflette e spiega l’instabilità territoriale e la geografia variabile dei bacini/consorzi connotanti il processo decisionale nel suo complesso. Il presupposto che porta a riconoscere questo terreno (meno esplicito del precedente) è che lo stallo (la crisi) della decisione non sia riconducibile alla semplice dimensione funzionale (o, al limite, alle problematiche sanitarie ad essa connessa), ma sottenda dimensioni politiche ed economiche più profondamente radicate sul territorio e che interessano direttamente la questione della localizzazione dell’infrastruttura. Gli attori protagonisti di questo terreno di confronto non sono più Provincia e Legambiente, ma Comuni e società di gestione. La domanda fondamentale di questo terreno di scontro può essere così riassunta: chi gestirà il nuovo inceneritore? Quali sono i vantaggi, in termini economici, derivanti per i comuni dalla sua localizzazione? Sfuma, in altre parole, il collegamento diretto tra criteri quantitativi e decisione: quest’ultima non si basa necessariamente su una stima corretta delle quantità stimate di rifiuti o su criteri sanitari e logistici. Tali criteri, seppur importanti nell’escludere e nel circoscrivere il campo dinamico entro il quale gli attori si muovono, vengono in un secondo momento lasciati sullo sfondo, per dare priorità a questioni di altra natura. Per comprendere pienamente perché il livello geopolitico sia così importante nel caso torinese, sono necessarie due approfondimenti rispetto all’organizzazione storica della filiera dei rifiuti in Piemonte e in provincia di Torino più nello specifico. - In Piemonte, vige una legge regionale (24/02) che vieta l’integrazione, all’interno di uno stesso soggetto giuridico, delle fasi di raccolta e trattamento dei rifiuti, per ragioni di conflitto d’interesse. Una legge successiva di rango nazionale (152/2006 – Norme in materia ambientale) consente questa sovrapposizione di funzioni, di fatto aprendo a società multiutilities il campo della gestione dei rifiuti. - In provincia di Torino, sino al 2010, la società di gestione dei rifiuti della città di Torino (Amiat spa) ha operato in deroga alla legge 24/02, gestendo sia le fasi di raccolta sia di smaltimento nella discarica localizzata a nord della città (discarica di Basse di Stura). L'impianto, dotato di una capacità complessiva di oltre 23 milioni di metri cubi su una superficie di 890.000 metri quadrati, ha cessato di operare nel 2010. La stessa Amiat è un’azienda pubblica controllata al 99% dal Comune di Torino, che indirettamente gestisce, pertanto, la discarica e i suoi introiti. 212 Tali caratteristiche organizzative hanno determinato una situazione del tutto particolare, uno sbilanciamento e un disequilibrio, a livello di relazioni tra i vari bacini di conferimento e le diverse società di gestione dei rifiuti all’interno e al di fuori della provincia di Torino, che si potrebbe definire di tipo geopolitica e che sono valse tanto per la localizzazione del primo inceneritore della zona Sud-Est poi diventata zona Sud (in modo da ricomprendere anche l’area Ovest) quanto per l’inceneritore della zona Nord. L’impianto di Basse di Stura, oltre a raccogliere i rifiuti di Torino, nel corso della sua attività trentennale ha accolto i rifiuti solidi urbani di parte dei comuni confinanti, quelli di alcuni consorzi di smaltimento limitrofi, i rifiuti speciali assimilabili agli urbani prodotti sullo stesso territorio ed i fanghi prodotti dalla depurazione delle acque reflue civili nell'impianto della Società Acque Metropolitane Torino, smaltendo giornalmente circa 2.000 tonnellate di rifiuti. In alcune situazioni di emergenza nazionale, la stessa discarica ha accolto rifiuti provenienti da zone “a rischio” o in situazioni di particolare crisi sanitaria e di gestione della filiera. Tali attività hanno rappresentato, per il Comune di Torino, una importante fonte di introito economico, che ha inciso positivamente sul bilancio comunale consentendo, peraltro, di mantenere le tasse sui rifiuti in città mediamente più basse rispetto ai comuni interessati dagli altri bacini di gestione. Nel momento della chiusura definitiva della discarica, si è aperta un’importante partita riguardante la gestione del nuovo inceneritore. Di fatto, si è creata una situazione duplice: - Da un lato, la gestione torinese dei rifiuti è emersa dalla deroga alla legge regionale (24/02), separando le fasi di raccolta e di smaltimento. Questo apre, anche a livello di attenzione mediatica, un periodo di incertezza connesso alla destinazione dei rifiuti di Torino nel corso della transizione verso l’apertura del primo inceneritore del Gerbido. - Dall’altro lato, conferisce al primo inceneritore dell’area sud di Torino (del Gerbido), la cui entrata in funzione era prevista per il 2011 (ma che potrebbe essere ritardata sino al 2014) un ruolo economico centrale per il Comune nel sostituire la discarica di Basse di Stura. La stessa realizzazione dell’inceneritore e la sua gestione sono infatti affidati a TRM – Trattamento Rifiuti Metropolitani Spa, una società gestita da enti pubblici e detenuta, per il 92% delle sue quote, dal Comune di Torino stesso1. Una simile situazione, pur se apparentemente riferita al primo inceneritore, ha forti ripercussioni sul processo decisionale inerente la localizzazione del secondo nell’area a nord della città, soprattutto in relazione all’ipotesi di Settimo Torinese. L’ipotesi di realizzare un secondo inceneritore, diviene, infatti, uno strumento per controbilanciare il peso assunto da Torino e da TRM nella gestione dei rifiuti a livello provinciale, di fatto operando una strategia del tutto simile a quella messa in pratica per l’inceneritore del Gerbido. E’ in questa direzione che va letta la (auto)-candidatura di Settimo Torinese ad ospitare l’inceneritore. Settimo Torinese è infatti il comune che detiene le quote principali del consorzio di gestione dei rifiuti del bacino 16 (SETA Spa), a sua volta dotato di una discarica (localizzata nel comune di Chivasso) gestita in deroga alla legge regionale 24/02. La possibilità di fondere, come nel caso AMIAT-TRM, le funzioni di raccolta e smaltimento attraverso incenerimento dei rifiuti raccolti diviene un interessante possibilità di business per i comuni dell’area. A tutto ciò si aggiungono altri fattori: 1 Secondo alcuni testimoni privilegiati intervistati (e in particolare secondo Legambiente) il progetto del Comune di Torino è di riunire tutti i servizi locali di pubblica utilità (acqua, energia, rifiuti e trasporti, oggi sotto la responsabilità di società differenti) sotto la gestione di un’unica multiutility pubblica. Per lo stesso motivo, l’associazione ambientalista denuncia il progetto implicito di derogare nuovamente alla legge 24/02, fondendo AMIAT e TRM in un’unica società. 213 - - - la condizione logistica di Settimo, che dispone di un’area ex-industriale adatta alla localizzazione di un ipotetico inceneritore. Questo facilita la presa in considerazione del comune all’interno dei criteri sanciti dalla Provincia. L’interesse ulteriore derivante dalle compensazioni economiche previste per legge per i comuni interessati da un’opera come un inceneritore: tali compensazioni, per l’inceneritore del Gerbido, sono stati stimate da Legambiente in 20 milioni di euro per la realizzazione più 5 milioni di euro per venti anni. Il business per le imprese derivante dalla possibilità di partecipazione a gare d’appalto di centinaia di milioni di Euro. L’insieme di queste considerazioni con quanto sopra esposto motiva l’atteggiamento di SETA Spa e del Comune di Settimo che può essere sintetizzato nell’espressione “un impianto sempre e comunque”. Anche nel caso, infatti, in cui decadesse l’opzione di un inceneritore, SETA e Settimo Torinese spingono per la transizione verso uno scenario (incluso tra quelli redatti dalla Provincia di Torino) in cui sul territorio comunale possa essere comunque realizzato un impianto differente, di tipo più innovativo: - un impianto per la gestione dei fanghi e delle acque reflue in accordo con la SMAT Spa (la società pubblica di gestione delle acque della città di Torino), per la produzione di biogas. - Un impianto per la gestione del residuo organico sempre orientato alla produzione di biogas. E’ opportuno rilevare come entrambe queste ipotesi (al pari dell’opzione tradizionale di un nuovo inceneritore) siano prese in considerazione nei documenti preliminari per un nuovo PPGR della Provincia di Torino. Una simile situazione è pertanto geopolitica dal momento che la decisione di realizzare un inceneritore (e la tipologia di impianto) viene ricondotta a sistemi e relazioni di potere e interesse economico che dipendono direttamente dal controllo che gli attori possono esercitare sul territorio e sulle sue infrastrutture. E’ su questa base che si può tentare di leggere anche la competizione e l’instabilità territoriale determinatasi tra i comuni dell’area nord della provincia in relazione alla possibilità di ospitate l’inceneritore: questi comuni sono, soprattutto, Volpiano, Ivrea, Rivarolo e la stessa Settimo Torinese. La previsione di criteri oggettivi da parte della Provincia di Torino per la valutazione dei potenziali siti di localizzazione prevedeva che, una volta selezionata una rosa di comuni idonei, questi potessero autorizzare o meno lo svolgimento di una valutazione di impatto ambientale sul proprio territorio. Tra i diversi comuni in questione, ha destato interesse la posizione di Ivrea e di Rivaloro, entrambi dichiaratisi (anche se con modalità differenti) disponibili ad approfondire la possibilità di una localizzazione sul proprio territorio. Una decisione che, soprattutto nel caso di Ivrea, ha acceso l’attivismo antagonista di alcuni comitati pre-esistenti sul territorio e fortemente contrari all’ipotesi di localizzazione1. Se sul terreno geopolitico gli attori principali sono soprattutto i Comuni e le società di gestione, non è da omettere il ruolo ricoperto, ancora, da Legambiente. Mentre i comitati locali appaiono meno consapevoli di questo livello decisionale, l’associazione ambientalista mostra una profonda consapevolezza dei processi e delle dinamiche in questione. Tuttavia, la sua azione si manifesta ed esprime principalmente alla scala territoriale, rispetto alle molteplici situazioni di conflittualità locale che si accendono in relazione alle ipotesi di localizzazione. Legambiente, in altri termini, preferisce svolgere la sua funzione su un Il caso di Ivrea e Rivarolo costituisce un ulteriore approfondimento dell’indagine sino a qui condotta, che verrà implementata tra la fine del 2010 e l’inizio del 2011 attraverso le interviste agli amministratori pubblici dei Comuni e ai comitati locali di opposizione all’inceneritore. 1 214 terreno funzionale piuttosto che geopolitico (una scelta in qualche modo indotta anche dal carattere meno esplicito degli attori in gioco e dal “peso” istituzionale di alcuni attori che partecipano a questo terreno di discussione). Le logiche di partito sul terreno politico1 Dalle interviste ai testimoni privilegiati, il terreno politico è emerso – talvolta in modo esplicito, talvolta più implicito – come livello necessario per una piena comprensione delle relazioni e delle razionalità dei diversi attori in gioco all’interno del processo decisionale. Si tratta, tuttavia, di un terreno estremamente “scivoloso”, nascosto, difficile da esplorare. Rispetto ai due precedenti livelli, emergono alcune spiccate differenze: - una spiccata de-materializzazione del dibattito: gli aspetti sanitari, funzionali e di localizzazione detengono un ruolo marginale. Ciò che interessa sono le logiche interne ai partiti che si spartiscono il potere sul territorio. Esiste una certa differenza tra i diversi schieramenti politici (genericamente, destra e sinistra) rispetto alle opzioni tecnologiche in gioco per il secondo inceneritore – segnalata principalmente da Legambiente ma che è possibile desumere anche da alcune interviste a tecniciesperti che si sono occupati dello studio LCA: in particolare, i partiti appartenenti alla destra politica avrebbero sempre manifestato un interesse per la tecnologia della pirolisi, anche se tale posizione può essere giustificata come contrapposizione all’opzione per lungo tempo assunta come scontata, quella di un forno a griglia tradizionale. Allo stesso modo all’interno della sinistra emerge una contrapposizione tra i sostenitori degli impianti di incenerimento e tra chi invece preferirebbe promuovere maggiormente la raccolta differenziata (con un approccio simile a quanto proposto da Legambiente). - Un re-scaling del dibattito: l’assunzione delle decisioni, i momenti salienti del processo decisionale e finanche il conflitto si spostano dalla scala locale-provinciale per coinvolgere pienamente la scala regionale e, in un certo senso, anche nazionale. Le logiche interne ai diversi partiti (e soprattutto le correnti interne al partito che sul territorio rappresenta la maggioranza – il centro-sinistra) sono trans-scalari: coinvolgono il livello comunale, provinciale e regionale, ma si confrontano anche con i centri di potere del partito che si muovono ad una scala nazionale. Questo dato accentua ancora di più il distacco tra le razionalità politiche e la concretezza del “problema” localizzativo dell’inceneritore: questo non diventa che un espediente per un più ampio confronto interno ai partiti e tra maggioranza e opposizione. Per comprendere pienamente la portata della dimensione politica è opportuna una breve digressione sul colore politico delle diverse amministrazioni comunali, provinciale e regionale in gioco. Il Comune di Torino ha una lunga storia amministrativa di centro-sinistra, che nell’ultimo decennio ha visto la riconferma, per tre mandati, di uno stesso sindaco. Attualmente, anche il comune di Settimo è amministrato da un sindaco dello stesso partito nazionale del sindaco di Torino (il Partito Democratico - PD). La Provincia, andata nel corso del 2010 a nuove elezioni, ha visto la conferma per il secondo mandato dello stesso presidente, sempre appartenente al PD. Diverso è il discorso della Regione. Amministrato per diversi mandati da correnti appartenenti al centro-destra, dopo un intervallo di cinque 1 Al momento in cui si scrive, il livello politico è ancora in fase di esplorazione/elaborazione. Da diverse inteviste è emerso come livello imprescindibile per un’analisi del conflitto e del processo decisionale. Tuttavia, rappresenta un livello di indagine complesso. Pertanto, in questa sede si riportano le prime impressioni emerse in questa fase di ricerca, e si lascia a successivi approfondimenti il compito di strutturare in modo più preciso questo terreno. 215 anni di amministrazione di centro-sinistra, le elezioni regionali del 2010 hanno visto vincitore nuovamente il centro-destra, con un presidente della Regione appartenente al partito federalista/separatista della Lega Nord, partito che ha registrato, in tutto il Nord del Paese, una forte affermazione politica. La Regione Piemonte si è pertanto allineata alla stessa amministrazione politica che governa il Paese nel suo complesso (l’alleanza di centro-destra tra Lega e Popolo della Liberta – PDL). Tali vicende amministrative ricoprono una funzione fondamentale almeno in una doppia accezione: - nel regolare i tempi del dibattito in merito al secondo inceneritore: come fatto segnalare dagli stessi soggetti intervistati per la Provincia di Torino, è stato evidente un rallentamento (per alcuni, un completo stallo) non solo del processo decisionale, ma di tutta la pianificazione dei rifiuti nel suo complesso, nell’annualità precedente al rinnovo dell’amministrazione provinciale (e regionale). I tempi della politica hanno cioè inciso fortemente sui tempi della decisione: questo in quanto la Provincia, per riprendere in mano il percorso decisionale e le possibili conflittualità aperte sul tema, attendeva una riconferma elettorale. Gli stessi tempi della politica (così come la crisi economica e la conseguente, parziale, riduzione nella produzione dei rifiuti) sono stati anche utilizzati come espediente per sospendere il conflitto e il dibattito, a fronte di posizioni conflittuali che andavano radicalizzandosi. - Nel determinare le relazioni tra le diverse scale della politica (da quella comunale a quella nazionale) e tra le correnti interne ai diversi partiti alle diverse scale. Sino a quando vi era una coincidenza di colore politico nelle diverse amministrazioni alla scala comunale, provinciale e regionale, infatti, il confronto avveniva a livello dello stesso partito, tra diverse correnti. Nel momento in cui il livello regionale ha cambiato colore, anche le relazioni tra i diversi livelli della politica hanno subito sostanziali influenze, le cui conseguenze sul tema specifico del secondo inceneritore saranno da verificare più in profondità nel prossimo futuro. Ciò che appare con più evidenza dalle analisi sin qui condotte è che la questione dell’inceneritore (ma, forse, in un’accezione più ampia tutta la questione dei rifiuti) rappresenti un campo di relazioni politiche, all’interno del quale conseguire vantaggi e affermare poteri politici, gestire le cariche pubbliche e regolare i rapporti interni ed esterni ai partiti e, in ultimo, creare un ponte di comunicazione tra i diversi livelli e attori in gioco, che si “parlano” ed entrano in comunicazione attraverso la politica. Nel primo caso (“questione rifiuti” come strumento per ottenere vantaggi politici) è da registrare uno scontro la il Comune di Settimo Torinese e il Comune di Torino (da rimarcare è lo stesso colore politico delle due amministrazioni): il primo denuncia la politica attuata dal secondo, che, favorito dalla presenza della discarica di Basse di Stura, ha potuto mantenere una tassa sui rifiuti per la popolazione anormalmente bassa rispetto ai comuni della cintura urbana, raggruppati negli altri consorzi di gestione dei rifiuti. Tale denuncia testimonia di due fatti: da un lato, l’utilizzo che il Comune di Torino ha fatto della discarica e che, nelle intenzione, potrebbe essere fatto dell’inceneritore del Gerbido come “fonte” di introiti economici per le casse comunali; dall’altro lato, lo stesso argomento è utilizzato dall’amministrazione di Settimo per rivendicare una diversità di trattamento rispetto al più grande comune di Torino e legittimare, in questo modo, la richiesta di ospitare un inceneritore, anche di fronte alla propria popolazione. Il secondo caso (“questione rifiuti” come gestione delle cariche pubbliche) richiede ulteriori approfondimenti. E’ tuttavia evidente come il problema dell’inceneritore rappresenti un campo privilegiato per stringere alleanze politiche all’interno e all’esterno dei partiti. Dall’analisi delle strutture societarie delle Spa di gestione dei rifiuti, ad esempio, emerge come SETA sia partecipata da AMIAT, per una quantità considerevole di azioni, e allo stesso tempo partecipi, seppur con un numero di quote marginale, alla struttura societaria di TRM. 216 Secondo alcune riflessioni, soprattutto di marca ambientalista, queste diverse partecipazioni testimoniano allo stesso tempo di una competizione tra i due soggetti che operano nello stesso mercato e della necessità di stringere alleanze tra soggetti che rispondono ad amministrazioni della stessa fazione politica. Infine, per quanto riguarda la questione delle relazioni tra livelli di governo, è da segnalare, da un punto di vista strettamente giuridico, come la produzione normativa nazionale abbia sostanzialmente riaperto in modo radicale il dibattito sulla realizzazione dell’inceneritore, influendo sui livelli decisionali e sulle relazioni tra gli attori alle scale inferiori. Ad inizio del 2010, la legge nazionale 42/2010 (del 26 Marzo 2010), perseguendo un obiettivo di semplificazione dei livelli amministrativi nazionali, ha prescritto l’abolizione delle ATO (Ambiti Territoriali Ottimali – vedi paG 38), a partire dal 2011 e la delega alle Regioni dell’organizzazione della filiera dei rifiuti sul proprio territorio. Questo, nel caso del secondo inceneritore torinese, rappresenta un elemento in grado di riaprire completamente il processo decisionale, dal momento che cade il principio di auto-contenimento del ciclo dei rifiuti all’interno della stessa ATO. Tale principio aveva impedito, ad esempio, di includere nel dibattito soluzioni, pur inizialmente prospettate in via ipotetica, di ampliamento dell’inceneritore del Gerbido sino a farlo divenire un “super” inceneritore (così definito a livello di media locali) in grado di accogliere i rifiuti urbani indifferenziati provenienti da tutto il territorio regionale o da parte di esso, oltrepassando, ad ogni modo, i confini dei bacini di conferimento provinciali. Per quanto una soluzione di questo tipo sia di difficile concretizzazione, il fatto che sia nuovamente emersa a livello di dibattito pubblico mostra come il cambiamento del quadro normativo abbia nuovamente riaperto le prospettive rispetto alla questione dei rifiuti nel Torinese. Ben lungi dall’essere giunto a conclusione, il problema della localizzazione del secondo inceneritore nell’area nord di Torino si presenta ancora alquanto frammentato, indefinito e malleabile tra i vari terreni di confronto funzionale, geopolitico e in ultimo politico. 217 L'incinérateur de l’agglomération de Gênes Synthèse en français, voir plus loin le texte complet en italien Luigi Bobbio, Gianfranco Pomatto L’intérêt du cas de l'incinérateur de Gênes réside à la fois dans son extension temporelle et dans l'alternance de différentes phases caractérisées par le conflit, l'impasse ou la concertation. Il s’agit en effet d'un processus décisionnel qui s'étend sur environ 15 ans dans lequel l’enjeu de la dispute entre les collectivités locales, les comités de citoyens et les associations environnementales concerne la localisation et les caractéristiques d’un incinérateur pour les ordures ménagères. Dans les derniers deux ans, il semble s'ouvrir une phase de concertation, en particulier avec les associations environnementales, ce qui a conduit à une reformulation importante du projet. La construction d'un équipement d'incinération des ordures est prise en considération au début des années 1990, au fin de libérer la grande décharge existante sur la colline de Monte Scarpino (dans la commune de Gênes) qui reçoit tous les déchets de la ville. Pendant ces 15 ans, trois localisations ont été envisagées : - la zone du port de Gênes ; - la Valle delle Ferriere dans la commune de Lumarzo, dans l’arrière pays gênois ; - la Fossa Luea à Scarpino, près de la décharge. Les événements L'hypothèse du port (1995-2000) La première hypothèse de localisation naît en 1995 et concerne la zone du port de Gênes. Ici on pense ici transformer la centrale électrique existante, de manière qu’elle puisse être alimentée par les déchets. La Commune de Gênes modifie le plan urbanistique de la ville pour rendre possible cette solution. Les protestations des groupes environnementaux et des comités de riverains ne tardent pas à se faire entendre, avec un écho considérable dans les médias locaux : aussi en rapport à cet événement le maire sortant de Gênes ne sera pas le candidat de sa coalition aux élections communales de 1997 et, dans les faits, cette hypothèse est congelée, formellement en attendant la formulation d'un plan de gestion des déchets au niveau provincial. L'hypothèse de Lumarzo (2000-2001) Vers la fin du 2000, l'attention se déplace sur Lumarzo, une petite commune dans l’arrière pays de Gênes. Le maire parait favorable au projet et des rencontres sont organisées entre le Conseil Provincial et les maires des communes de la zone intéressée. À la suite de la propagation de cette information 200 citoyens signent une pétition demandant à la Commune de Lumarzo, l’organisation d'une assemblée publique pour discuter la question de 218 manière explicite et en même temps constituent un comité opposé à la construction de l'incinérateur. La Province commence en 2001 à élaborer un plan provincial des déchets où l’on prévoit la construction d'un incinérateur destiné à bruler entre les 400 et les 500 tonnes par jour (environ 150.000 à 180.000 tonnes par an) de résidus secs (après la séparation des résidus humides), parallèlement à un objectif minimum de recyclage de 35%, étant donné que les niveaux actuels sont nettement inférieurs. Le plan ne formule pas de choix de localisation. En juillet 2001, le comité local organise une assemblée publique à laquelle prennent part l'adjoint à l’environnement de la Province de Gênes et les maires des communes voisines à Lumarzo : face à un public de quelques centaines de personnes on lance une récolte de signatures contre la construction de l'incinérateur qui reçoit rapidement plus de 3.000 adhésions. En octobre 2001, la protestation obtient une certaine visibilité par l'occupation de la salle du Conseil régional. Une nouvelle hypothèse : Fossa Luea au Scarpino (2002-2004) En mars 2002, un journal local signale que le choix de la localisation est en train de se déplacer de Lumarzo à la localité de Fossa Luea à Scarpino, à environ 500 mètres de distance de la décharge existante. Dans ce cas, il serait nécessaire la réalisation préventive d'une nouvelle liaison routière, de manière à ce que le trafic lié à l'incinérateur ne traverse pas de centres habités, et en particulier le bourg de Borzoli. En juin, le Conseil Régional approuve le nouveau plan urbanistique de la Commune de Lumarzo que qualifie formellement comme zone boisée, la zone qui avait été portée candidate dans les deux ans précédents à la localisation de l'incinérateur, en suggérant aux commentateurs que, à ce point, l'hypothèse de Lumarzo est définitivement laissée de côté et que, de fait, il n'y a que deux options sur la table : la zone portuaire et la zone de Scarpino qui, à présent, selon les indiscrétions, serait objet d’une étude par la Région Ligurie. Dans les deux années suivantes le choix de la localisation de l'incinérateur reste encore ouvert. Dans une interview au « Corriere della Sera » du 12 mai 2003 le Président de la Société pour le traitement des déchets municipaux (AMIU) – entreprise publique qui devrait gérer l'incinérateur – confirme que le choix de la localisation concerne trois possibles alternatives : Lumarzo, la zone portuaire et Scarpino. Le nouveau plan provincial des déchets, de peu approuvé (avril 2003) à d'autre part apporté quelques innovations importantes, qui concernent autant le fond du problème que le processus décisionnel. Par rapport au plan précédent on a augmenté soit les objectifs du recyclage - qui montent de 35% à 41,5% - soit la quantité de déchets destinés à être incinérés, qui atteint 300.000 tonnes par an, en prévoyant en outre la réalisation de six nouvelles installations de séparation et de prétraitement des déchets. En outre la décision finale sur la localisation des installations est déférée à un nouvel organisme intercommunal à se constituer à bref terme et qui doit être l'expression des 67 communes couvertes par un seul bassin de collecte et d'élimination des déchets (« Ambito territoriale ottimale », ATO), y compris la ville de Gênes. Incinérateur de grandes dimensions à Scarpino (2005-2007) L'assemblée des maires de l'ATO en septembre 2005 valide formellement la localisation de l'incinérateur à Monte Scarpino, dans une zone proche de la décharge actuelle qui cependant ne correspond pas à l'hypothèse précédente de Fossa Luea.La Commune de Gênes, à la suite de ce choix, propose un concours d'idées finalisé et l'élaboration d'une pluralité d'études de faisabilité de l'incinérateur qui approfondissent le sujet du 219 dimensionnement de l'installation, sa viabilité économique et les aspects techniques et environnementaux. Le concours se termine en juin 2006 avec le choix, par une commission composée de professeurs universitaires et de techniciens, de l'étude gagnante parmi les 14 études présentées. Cette étude prévoit la construction d'un incinérateur de grandes dimensions sur neuf mille mètres carrés à Monte Scarpino. L’équipement est conçu pour brûler des déchets humides et sec par la technologie « au gril », pour une quantité de 330.000 tonnes de déchets par an. Les protestations du front d’opposition et en particulier des associations environnementales et du comité enraciné dans la zone de Scarpino continuent par divers moyens, y compris les recours juridiques, en ouvrant la voie à une nouvelle phase de impasse. Recyclage, biogas et incinérateur de dimensions réduites (2008-2009) La nouvelle administration communale de Gênes (constituée à la suite des élections municipales du 2007), depuis le début de son mandat achemine une concertation directe avec les associations environnementales et semble vouloir modifier certains aspects de la politique des déchets. En effet en janvier 2008, la Commune de Gênes approuve formellement un document qui définit comme prioritaire l'accroissement du recyclage (qui est au présent seulement au 12%), avec l'objectif d'atteindre le 65%, en ligne avec les indications de la loi nationale, à partir de l'expérimentation extensive de la récolte selon la modalité « porte à la porte » en deux zones de la ville, le quartier de Pontedecimo et une partie du quartier de Sestri Ponente. En plus le document prévoit la réalisation de nouvelles îles écologiques pour la récolte différenciée et la détermination en collaboration avec la Province et la Région d'une zone utile à la réalisation d'une installation de compostage et de production de biogas apte à traiter la part humide des ordures. L'incinérateur devrait à ce point concerner une quantité plus petite et l’administration communal confie à une commission technique constitué ad hoc la réalisation d'une nouvelle étude pour comparer différentes solutions techniques d’incinération. La commission technique présente en mai 2009 son rapport final qui propose le choix entre trois différentes technologies pour le traitement thermique des déchets, (incinération « au gril », incinération « lit fluidisé », gazéification avec « fusion directe »). Chacune d'elles présente des performances différentes par rapport à un ensemble de paramètres que la commission explicite dans le détail, mais au même temps elles sont jugées fiables et économiquement soutenables. Toutes les solutions prévoient la séparation des déchets humides des résidus secs, avec les déchets humides destinée à une section spécifique de l'installation dédiée à la digestion anaérobique et à la production de biogas et la fraction sèche, à l'incinération finale. La quantité des résidus secs à traiter est estimée en tous les cas entre un minimum de160.000 tonnes par an, correspondantes à un taux de recyclage du 65%, et un maximum de 260.000 tonnes par an, correspondantes à un recyclage du 45%. En juillet 2009 la Commune de Gênes s’exprime formellement en faveur de la technologie de gazéification. Dans les mois suivants l'AMIU achemine sur ces bases une étude de faisabilité, préliminaire au projet des équipements qui, dans les intentions de l'administration communale, devrait se terminer dans le 2012. L’analyse Le processus peut être divisé en deux grandes phases. Une première phase, très longue, peut être placée entre 1995 et 2007. Elle est caractérisée par le conflit territorial sur la localisation, qui change trois fois suite aux 220 protestations. Au début c’est la zone du port, ensuite la Commune de Lumarzo, et à la fin la zone de Scarpino, auprès de la décharge actuelle. Les périodes de blocage peuvent être clairement considérés comme l’effet du conflit que concerne, à son tour, les trois localisations. Les acteurs institutionnels impliqués dans ce processus sont nombreux. Si d’abord c’est la ville de Gênes qui propose de localiser l'incinérateur dans la zone du port, ensuite c’est la province de Gênes, qui propose un endroit à l'extérieur de la ville dans une petite commune de l’arrière pays. Quand cette hypothèse tombe c’est encore la ville de Gênes qui prend un rôle de premier plan, même si en ce moment la gouvernance des déchets a été confiée à un nouvel acteur, la Ato (Ambito Territoriale Ottimale) composée par 67 communes, y compris celle de Gênes. Les opposants peuvent être distingués entre les comités de résidents de chacune des régions potentiellement touchées qui se mobilisent principalement pendant les périodes où leur territoire est soumis au choix, et les groupes environnementaux qui, tout en parvenant à mobiliser un nombre beaucoup plus petit de militants, formulent un discours plus critique sur la politique des déchets qui est orientée vers la construction d'une usine d'incinération. Cette phase conduit au choix du site dans un lieu qui, bien que contesté par les comités locaux, est accepté les acteurs institutionnels. Il s’agit d’une zone peu peuplée qui a été déjà touchée par la décharge et par les problèmes connexes : le risque de pollution de la rivière Chiaravagna et les nuisances pour les riverains, a cause de la route qui passe dans la ville. La seconde phase s’ouvre entre 2007 et 2008 et se caractérise par un changement significatif de l’enjeu. Cette fois-ci, le délai introduit par la nouvelle administration de Gênes, sur la mise en œuvre de l'usine d'incinération déjà conçue par l'administration précédente, ouvre un espace qui est utile pour promouvoir un nouveau climat et renforcer le dialogue entre les administrateurs et les opposants. Trois décisions prises par la municipalité de Gênes, produisent des effets significatifs : le lancement d'un nouveau système de collecte des déchets en collaboration avec plusieurs organisations environnementales, la création de la Commission technique sur l'installation de traitement des déchets et le début des travaux pour la construction d'une route dédiée à la mise en décharge à Scarpino. Le nouveau système de collecte des déchets « porte à porte » conduit à une augmentation assez importante du recyclage en peu de temps. Dans environ un an et demi la collecte atteint un niveau compris entre 45% et 50% dans les deux quartiers concernés par l'expérience et augmente de 12% à 27% dans la ville. La Commission technique procède, à son tour, à une révision sérieuse du projet. Dans sa version précédente, on avait projeté de bâtir l’incinérateur avec la technologie classique (à grille) capable de traiter des grandes quantités de déchets, conformément à un scénario dans lequel le recyclage, bien que croissant, ne dépassait pas le 40%. Dans la nouvelle formulation, l'usine est divisée en trois sections. La première section est consacrée à séparer les déchets humides de la partie sèche, la deuxième a le but de traiter la partie humide au fin de produire biogaz, et le troisième est constitué par l'incinération, destinée à traiter une partie plus petite des déchets avec une technologie moins polluante que la classique (gazéification), compatible avec un taux de recyclage qui peut atteindre le 65% dans toute la ville. La réduction des matières à incinérer et l'adoption de la technologie de gazéification, impliquent une réduction des impacts environnementaux liés au traitement des déchets. Les travaux en cours pour la desserte du site d'enfouissement sont une autre innovation de ces dernières années et en liaison avec les interventions de traitement des lixiviats déjà achevés, ils devraient contribuer à réduire les externalités négatives pour les riverains et le territoire. 221 Le changement d'administration qui a eu lieu à Gênes en 2007, toujours avec une majorité de centre-gauche, a joué un rôle très important. La nouvelle administration dirigée par la maire Marta Vincenzi a, en effet, depuis la campagne électorale, tissu un dialogue avec les membres modérés du monde écologiste Gênois, ce qui était inhabituel chez le parti de majorité relative (le Partito Democratico). Dans la période précédente les démocrates soutenaient (comme d’ailleurs l’opposition de droite) l'idée d'un grand incinérateur qui aurait pu soulager la décharge existante, tout en offrant une rentabilité économique importante, et, implicitement, la possibilité de répondre à la demande de traitement des déchets aussi en dehors de la région. Il s'agit d'une nouvelle orientation qui est naturellement jugé positivement par le associations environnementalistes qui ont pu, pour la première fois, réaliser une coopération avec la société qui gère les déchets dans l’expérimentation de la collecte « porte à porte ». Les changements dans la politique de la ville ne sont pas suffisants pour expliquer les nouveautés. Une autre question est tout aussi importante et concerne la viabilité économique et organisationnelle du service de collecte et d'élimination des déchets. À cet égard, il convient d'ouvrir un aperçu rapide sur la dynamique économique et organisationnelle de l'entreprise publique (AMIU) qui gère les déchet dans la ville de Gênes. Pour AMIU, un faible niveau du recyclage et de la disponibilité d'une usine d'incinération avec une grande capacité sont les solutions plus souhaitables. En termes économiques, en fait, une usine d'incinération est associée à une source de revenus importante qui est constante au fil du temps. Le recyclage, au contraire, a une rentabilité plus incertaine parce qu’il faudrait développer un marché pour les matériaux recyclés qui à l'heure actuelle semble assez faible. Même d'un point de vue organisationnel, un système basé sur un niveau élevé de recyclage va créer des difficultés importantes, car il implique de redéfinir la mission et les compétences de la société. Dans les dernières années l’AMIU a procédé a une restructuration organisationnelle qui vise à accroître sa capacité à gérer la collection en fonction de recyclage, avec l’aide de consultants extérieurs qui ont émergé de l'interaction avec le monde écologiste. D’ailleurs elle a été poussée à la révision du projet de l’usine d’incinération, par le changement de la loi nationale, qui, depuis 2007, a aboli les incitations à faveur de l’incinération (le soi-disant CIP 6) et les a gardé seulement pour la productions de l’énergie basée sur sources renouvelables (y compris le biogaz). En fin de compte, la nouvelle phase qui s’est ouverte depuis 2007 est le résultat de la convergence de plusieurs facteurs : un changement d'orientation dans l'administration municipale, en faveur d'un dialogue plus ouvert avec les positions écologistes, le dépassement d'une approche industrialiste au problème des déchets, les résultats positifs obtenus sur le terrain par la politique du recyclage, un processus de réorganisation de la société publique qui gère les déchets, un changement de la loi nationale qui rend économiquement moins attractif l'incinération classique, la mise en œuvre des interventions sur le territoire concerné (nouvelle route pour les camions, gestion des jus) qui réduisent les impacts négatifs, Dans l'ensemble, l'administration de la ville perçoit que les opposants ont clairement diminué. Toutefois, le conflit avec les comités de résidents et les groupes environnementaux, même s’il semble apaisé, ne peut pas être considéré comme résolu. Les écologistes qui dans les années récentes avaient établi une relation de coopération avec la commune, ont gardé des fortes critiques sur la politique communale des déchets. 222 L'administration de la ville estime réaliste que le recyclage, une fois étendu à l’ensable de la ville, pourra atteindre è un résultat entre 45% et 65%. Si ce seuil ètait dépassé, l'incinérateur ne serait pas superflu, car on pourrait l’alimenter avec les matériels déjà mis en décharge. Pour les groupes environnementaux l'incinération, même si l’usine a été révisée et a une taille réduite, reste un objet à contraster, dans la conviction qu'un niveau élevé de recyclage la rendrait inutile. Il ne faut pas oublier que les comités des résidents autour de la zone de Scarpino continuent à être présents et seront probablement en mesure de promouvoir des formes de mobilisation significatives, quand on commencerait le bâtiment de l’usine d’incinération. 223 L’inceneritore per i rifuti dell’area di Genova Luigi Bobbio, Gianfranco Pomatto L’interesse per il caso dell’inceneritore dei rifiuti dell’area di Genova si lega sia alla sua estensione temporale, che all’alternarsi di diverse fasi caratterizzate dal conflitto, dallo stallo o dalla concertazione. Si tratta infatti di un processo decisionale che si estende per circa 15 anni in cui l’oggetto del contendere tra enti locali, comitati di cittadini e associazioni ambientaliste riguarda la localizzazione dell’impianto e le sue stesse caratteristiche strutturali. Nell’ultimo biennio sembra aprirsi una fase di maggiore concertazione, in particolare con le associazioni ambientaliste, che conduce ad una sensibile riformulazione del progetto. La cronologia La costruzione di un impianto di incenerimento dei rifiuti in grado di sgravare la discarica esistente – collocata in un’area collinare a ridosso della città (Monte Scarpino) – è un’ipotesi che a Genova si affaccia nel dibattito politico all’inizio degli anni ’90. La sua collocazione non è chiaramente individuata anche se a livello informale si parla di due aree: l’area portuale della città di Genova e un’area denominata Valle delle Ferriere a Lumarzo, piccolo comune dell’entroterra posto a poca distanza dal capoluogo. L’ipotesi dell’area portuale (1995-2000) L’ipotesi della localizzazione nell’area portuale sembra prendere quota tra il 1995 e il 1997, quando viene delineato più esplicitamente un progetto di trasformazione di una parte dell’esistente centrale per la produzione di energia elettrica, in modo da poter essere alimentata con i rifiuti e il Comune di Genova rende il nuovo piano regolatore compatibile con questa ipotesi. Le proteste da parte di gruppi ambientalisti e comitati di cittadini non tarda a farsi sentire, con una notevole eco nei media locali: anche in rapporto a questa vicenda il sindaco uscente di Genova, Adriano Sansa, non viene ricandidato dalla sua coalizione nelle elezioni comunali del 1997 e, nei fatti, questa ipotesi viene congelata, formalmente in attesa della formulazione di un piano dei rifiuti di carattere provinciale, “da parte della Giunta Sansa quando si era approvato il piano regolatore si era prevista l’area per l’inceneritore al posto della centrale Enel… si sono mobilitati comitati di tutti i tipi, mi ricordo una manifestazione con una macchina con sopra al tetto una lanterna di 3 metri… in 5 giorni si sono raccolte 5000 firme […] i leghisti si sono molto mobilitati… l’inceneritore aveva un camino di 60 metri, anche se dal punto di vista della logistica era perfetto: baricentrico rispetto alla città, accessibile dal mare… quindi poi questa soluzione è stata congelata” (funzionario comunale). L’ipotesi di Lumarzo (2000-2001) Verso la fine del 2000 l’attenzione si sposta su Lumarzo, area su cui secondo la stampa si starebbe orientando la Provincia di Genova, anche promuovendo incontri riservati con alcuni sindaci della zona. In seguito al diffondersi di queste notizie 200 cittadini firmano una 224 petizione che chiede al Comune di Lumarzo l’indizione di una assemblea pubblica per discutere esplicitamente della questione e contemporaneamente danno vita ad un comitato spontaneo contrario alla costruzione dell’inceneritore. Il piano provinciale per i rifiuti approvato nel luglio 2001 prevede la costruzione di un termovalorizzatore in grado di incenerire tra le 400 e le 500 tonnellate al giorno (150.000180.000 tonnellate all’anno circa) di residui secchi (in seguito alla separazione secco/umido) parallelamente ad un obiettivo minimo di raccolta differenziata pari al 35%, posto che i livelli esistenti sono di molto inferiori. Peraltro il piano non conduce ad una scelta sulla localizzazione, ribadendo come, ad alcune condizioni, sia la località Valle delle Ferriere di Lumarzo, sia l’area portuale genovese possano costituire siti in tal senso idonei: nel primo caso la realizzazione dell’inceneritore sarebbe da subordinare alla costruzione di un collegamento stradale indipendente dalla viabilità esistente che in caso contrario risulterebbe eccessivamente congestionata dal traffico di rifiuti; nel secondo caso si rinvia ad un accordo da stabilirsi tra il Comune di Genova e l’Autorità portuale. La mobilitazione nell’area di Lumarzo comunque non si arresta. Nel luglio 2001 il locale comitato antiinceneritore organizza una assemblea pubblica a cui prendono parte l’assessore all’ambiente della Provincia di Genova e tutti i sindaci della Comunità Montana di cui fa parte Lumarzo (la Comunità Montana Fontanabuona): di fronte ad un pubblico di diverse centinaia di persone viene lanciata una raccolta di firme contro la costruzione dell’impianto che in breve tempo raccoglie oltre 3.000 adesioni. Nel mese di ottobre dello stesso anno il fronte della protesta ottiene poi una certa visibilità attraverso l’occupazione dell’aula del Consiglio regionale da parte di esponenti del comitato che ha ormai assunto un carattere intercomunale. Una nuova ipotesi localizzativa: Fossa Luea di Scarpino (2002-2004) Nel marzo 2002 un organo della stampa locale sostiene che la scelta in merito alla localizzazione dell’inceneritore, in forza dell’opposizione mostrata dal comitato locale e della posizione di netta contrarietà ormai assunta dalla stessa amministrazione comunale, si sta spostando da Lumarzo alla località Fossa Luea di Scarpino, a circa 500 metri di distanza dall’esistente discarica. Dalla metà degni anni Novanta a Borzoli, borgo abitato collocato nelle vicinanze di Scarpino, è attivo un comitato di cittadini – che attualmente ha assunto la denominazione di Comitato Cesare Tirasso, in onore di uno dei suoi fondatori che è scomparso. Si tratta di un comitato che nasce molto tempo prima che venga ipotizzata la localizzazione dell’inceneritore, per occuparsi dei disagi provocati ai residenti dalla vicinanza con la discarica. Il tema centrale che in particolare esso solleva riguarda la viabilità: per raggiungere la discarica collocata a Scarpino, la strada centrale del borgo su cui si affacciano numerose abitazioni è attraversata con grande frequenza dai camion di grandi dimensioni e carichi di rifiuti dell’azienda a partecipazione pubblica (Amiu Genova Spa) che gestisce la loro raccolta nella città capoluogo, “Il comitato di Scarpino si è costituito attorno al 1995, in origine non tanto per l’inceneritore, ma soprattutto per individuare una forma alternativa alla discarica… la maggior parte dei componenti abita in Via Militare di Borzoli che è la strada che porta alla discarica” (funzionario comunale). Sempre in quegli anni e in riferimento ai problemi causati dalla discarica si costituisce un’associazione locale di carattere ambientalista, denominata Gli amici del Chiaravagna. Il Chiaravagna è infatti un torrente che passa da Scarpino per poi giungere a valle ed è interessato da un rilevante grado di inquinamento legato ad una parte della discarica, quella più antica, non adeguatamente impermeabilizzata che produce una rilevante quantità di percolato che finisce in acqua. 225 Nel corso del tempo le pressioni del comitato e l’attivismo dell’associazione ambientalista conducono a qualche parziale risultato. L’introduzione progressiva promossa da Amiu di mezzi dotati di sistemi di compattamento dei rifiuti ha, infatti, ridotto il numero di passaggi dei camion nel centro abitato di Borzoli, anche se una soluzione più incisiva alla questione potrebbe derivare dalla realizzazione di un nuovo collegamento viario per la discarica che non interessi le aree popolate. Si tratta di una soluzione che, pur presente nello stesso dibattito istituzionale, nel 2002, quando si diffonde la notizia della possibile localizzazione di un nuovo inceneritore vicino alla discarica, è ben lontana da una sua concretizzazione. Per quanto riguarda l’inquinamento del torrente Chiaravagna, i progressi sono più evidenti, anche se diluiti in un arco temporale piuttosto esteso. A fine anni Novanta si realizza infatti un primo tratto di una tubazione in grado di raccogliere il percolato prodotto dalla discarica e convogliarlo in mare, nella zona di Sestri, evitando che esso finisca nelle acque del torrente. Successivamente è stato realizzato un secondo tratto di tubazione che connette il precedente sbocco di Sestri ad un depuratore, entrato in funzione nel 2004, collocato a Cornigliano, mantenendo lo sbocco del percolato in mare solo in caso di emergenza. Tra il 2002 e il 2005 la scelta in merito alla localizzazione dell’inceneritore rimane in ogni caso aperta. Negli organi di stampa si rincorrono retroscena e anticipazioni, anche di segno opposto. In una intervista al Corriere della sera del 12 maggio del 2003 il presidente dell’Amiu – azienda che dovrebbe in futuro gestire anche l’inceneritore – ribadisce che la scelta localizzativa continúa a riguardare tre possibili alternative: Lumarzo, l’area portuale o Scarpino. Nel frattempo il fronte della protesta contro l’inceneritore salda le associazioni locali – il Comitato di Scarpino e Gli Amici del Chiaravagna – con le associazioni ambientaliste di carattere nazionale, già da tempo attive sulla questione: il WWF, Italia Nostra e Legambiente. Il WWF adotta una linea piuttosto radicale orientata alla forte riduzione in termini assoluti della quantità di rifiuti prodotta, aderendo ad un cartello sovra locale di soggetti e associazioni denominata Rete Rifuiti Zero. Italia Nostra e Legambiente si caratterizzano, invece, per una linea più moderata che si fonda sull’incremento consistente della raccolta differenziata, come strategia per rendere superfluo il ricorso agli impianti di incenerimento, “La parte più intransigente è la Rete Rifiuti Zero… Il WWF è su una posizione vicina a Rete Rifiuti Zero a cui ha delegato la gestione della questione dei rifiuti […] le altre tre associazioni [Legambiente, Italia Nostra e Gli Amici del Chiaravagna] sono più possibiliste… gli unici che non sono contrari a livello nazionale all’incenerimento dei rifiuti sono Legambiente che la vede come una possibilità dopo aver raccolto in modo differenziato, mentre Italia Nostra e Gli amici del Chiaravagna sono contrari alla gassificazione e mettono in alternativa il trattamento meccanico e poi la discarica.” (funzionario comunale). Il nuovo piano provinciale dei rifiuti, approvato nel 2003, ha peraltro apportato alcune significative novità, che riguardano sia il merito del problema che il processo decisionale. Rispetto al precedente piano vengono incrementati sia gli obiettivi minimi per la raccolta differenziata – che dal 35% salgono al 41,5% – sia la quantità di rifiuti da incenerire che raggiunge le 300.000 tonnellate annue, prevedendo inoltre la realizzazione di sei nuovi impianti di separazione e pretrattamento dei rifiuti. La decisione finale in merito alla localizzazione degli impianti è poi demandata ad un nuovo organismo intercomunale da costituirsi a breve termine e che sia espressione dei 67 Comuni rientranti in un unico bacino di raccolta e smaltimento dei rifiuti (Ato – ambito territoriale ottimale) che comprende anche la città di Genova. 226 Inceneritore di grandi dimensioni a Scarpino (2005-2007) L’assemblea dei sindaci dell’Ato nel settembre 2005 individua formalmente in Monte Scarpino la localizzazione dell’inceneritore, in un’area a ridosso dell’attuale discarica che, tuttavia, non corrisponde alla precedente ipotesi di Fossa Luea. Il Comune di Genova, in seguito a questa scelta, promuove un concorso di idee finalizzato alla elaborazione di una pluralità di studi di fattibilità dell’inceneritore che approfondiscano il tema del dimensionamento dell’impianto, la sua sostenibilità economica oltre che gli aspetti tecnici e ambientali. Il concorso si conclude nel giugno 2006 con l’individuazione da parte di una commissione composta da docenti universitari e tecnici dello studio vincitore, tra i 14 studi complessivamente presentati. Questo studio prevede la costruzione di un impianto di grandi dimensioni che occupi circa 9 mila metri quadrati sul Monte Scarpino e che sia in grado di incenerire sia residui umidi che secchi attraverso la tecnologia “a griglia”, per un quantitativo pari a 330.000 tonnellate di rifiuti all’anno. Le proteste del fronte contrario ed in particolare delle associazioni ambientaliste e del comitato radicato nell’area attigua a Scarpino continuano attraverso vari canali, compresi i ricorsi legali, aprendo la strada ad una nuova fase di sostanziale stallo, “Mi ricordo il giorno del 2006 in cui c’è stato il consiglio comunale che ha approvato il grande inceneritore… dalle 8 del mattino alla sera eravamo come sotto assedio… gente con le pentole a battere tutto il giorno… e poi ci sono state manifestazioni a Sestri con 4.000-5.000 persone” (funzionario comunale). Raccolta differenziata, biogas e 2009) inceneritore di dimensioni ridotte (2008- Le elezioni amministrative del 2007 aprono la strada ad un avvicinamento tra il Comune di Genova e la parte del mondo ambientalista che si colloca su posizioni più moderate (Legambiente, Italia Nostra, Gli Amici del Chiaravagna). Queste associazioni, prendendo atto che nonostante le proteste il progetto di un inceneritore di grandi dimensioni è l’unico a continuare ad essere in piedi, adottano un approccio maggiormente pragmatico che punta a stabilire una qualche collaborazione con l’amministrazione comunale di Genova, ritenuta l’attore fondamentale della vicenda, al fine di incrementare significativamente il livello di raccolta differenziata in città che è particolarmente bassa (poco più del 12%). Se questa strategia avesse successo, la stessa necessità di un inceneritore potrebbe essere meno evidente : “Nell’Ato il Comune di Genova aveva la parte del leone, pur non essendo vincolante l’idea uscita dal concorso di idee, in quel momento fummo trattati in modo così poco democratico che cambiammo strategia… siamo a cavallo tra 2006 e 2007… allora noi di Legambiente abbiamo detto: “l’inceneritore c’è, togliamogli il combustibile” e abbiamo cominciato ad occuparci della raccolta differenziata che qui era una novità…” (ambientalista). Sin dalla campagna elettorale questi gruppi ambientalisti cercano di entrare in contatto con entrambi i principali candidati alla carica di sindaco per strappare qualche impegno sulla raccolta differenziata. Il dialogo è in ogni caso più agevole e fruttuoso con il candidato del centrosinistra, Marta Vincenzi, cui sono tradizionalmente più vicini a livello politico: “siamo andati a proporre alla Vincenzi in campagna elettorale l’estensione della raccolta differenziata… abbiamo aperto un canale con la Vincenzi anche un po’ per simpatia politica, ma lo abbiamo fatto anche con il candidato alternativo Musso… la Vincenzi fu più sensibile” (ambientalista) Rispettando le previsioni (Genova è una città con un solido e duraturo orientamento elettorale progressista), Marta Vincenzi è eletta sindaco e la sua amministrazione nei mesi successivi dà seguito al dialogo avviato con gli ambientalisti durante la campagna elettorale. 227 Essi in particolare chiedono la sperimentazione della raccolta differenziata secondo una nuova modalità porta a porta nel quartiere della città adiacente alla discarica: Sestri, molto vicina a Borzoli. E’ una posizione sostenuta anche dal Presidente del Municipio Medio Ponente – ripartizione amministrativa di carattere sottocomunale di cui fa parte Sestri – Stefano Bernini, anch’egli amministratore locale appartenente alla coalizione di centro sinistra : “su questo Bernini ci diede una mano enorme, fece anche delibere a favore del ciclo integrato senza inceneritore… insomma era cambiato il vento politico” (ambientalista). Da parte sua, l’Amiu aveva già intenzione di incrementare la raccolta differenziata, non a Sestri, ma in un altro quartiere cittadino, Pontedecimo, dove l’obiettivo appare più agevolmente raggiungibile: “gli ambientalisti hanno scelto una zona a Sestri particolarmente difficile, dicendo che se si fa lì, si riesce a fare dappertutto…” (assessore) In questa fase l’assessore comunale delegato ad occuparsi della questione, Carlo Senesi, intrattiene fitte relazioni sia con i gruppi ambientalisti che con l’azienda che gestisce i rifiuti, l’Amiu, con il compito di tradurre in scelte concrete il nuovo clima di dialogo: “Quando arrivo io il problema dei rifiuti è di dominio pubblico, c’era anche un po’ di psicosi… la paura del ripetersi della situazione di Napoli e quindi c’era una ulteriore radicalizzazione in corso… la nuova giunta con la sindaco dava chiari segni di maggiore sensibilità ambientalista e la sindaco mi ha chiesto di tradurre tutto questo in un qualcosa di fattibile” (assessore). Non si tratta di un compito semplice : “gli ambientalisti, anche quelli più amici, ritengono Amiu il diavolo e poi ritenevano che il comune dovesse avere risultati visibili nell’arco di alcuni mesi”(assessore), Tuttavia nel gennaio 2008, la Giunta giunge ad approvare formalmente un documento di indirizzo che individua come prioritario l’incremento della quota di raccolta differenziata esistente con l’obiettivo di raggiungere almeno il 65%, in linea con le indicazioni della più recente normativa nazionale di settore, a partire dalla sperimentazione estensiva della raccolta secondo la modalità porta a porta in due aree della città: il quartiere di Pontedecimo già individuato da Amiu e una parte del territorio di Sestri Ponente, in linea con le richieste degli ambientalisti. Il documento prevede inoltre la realizzazione di nuove isole ecologiche per la raccolta differenziata che si aggiungano alle tre già attive e l’individuazione in collaborazione con la Provincia e la Regione di un’area utile alla realizzazione di un impianto di compostaggio e produzione di biogas in grado di trattare la porzione umida dei rifiuti. Per definire le modalità attuative della sperimentazione della raccolta differenziata, nonché per monitorarne l’andamento si costituisce un tavolo che comprende oltre al Comune di Genova, Amiu e i tre gruppi ambientalisti coinvolti nell’iniziativa. La progettazione dell’intervento è seguita da una società di consulenza nel campo ambientale indicata dagli ambientalisti. “[gli ambientalisti] hanno proposto una società di consulenza che seguisse la progettazione perchè non si fidano di AMIU” (funzionario comunale) L’attuazione prende avvio tra marzo e maggio del 2008 ed è costantemente monitorata lungo quindici riunioni di carattere mensile del tavolo, “Il progetto è partito a marzo 2008 a Pontedecimo e a maggio 2008 a Sestri Ponente in base al protocollo di intesa firmato con il Comune… in base a quello abbiamo fatto 15 riunioni mensili con l’assessore Senesi, i presidenti dei due Municipi ( il V e il VI, Bernini e Crivello), con il Direttore del Settore Ambiente del Comune e Amiu, con il responsabile di Amiu della raccolta differenziata” (ambientalista). 228 Parallelamente Amiu avvia un processo di ristrutturazione interna, finalizzata ad adeguare sotto il profilo organizzativo la propria struttura alla nuova modalità di raccolta porta a porta: a questo processo prende parte anche un esperto della società di consulenza che segue la progettazione che Amiu inserisce direttamente tra le proprie risorse con un contratto di collaborazione. “Amiu si è dotata di un consulente per la raccolta differenziata, era un dipendente [della società di consulenza ambientale] conosciuta per questo progetto, si è licenziato [dalla società] ed è stato preso come consulente Amiu per introdurre la raccolta differenziata in Amiu” (ambientalista). Il Comune, peraltro, non abbandona l’ipotesi di un impianto di incenerimento, anche se dovrebbe a questo punto riguardare una quantità minore di residui: verso la fine del 2008, la Giunta affida ad una Commissione tecnica costituita ad hoc la realizzazione di un nuovo studio che compari diverse soluzioni tecnologiche per l’impianto, considerandone in particolare il grado di sicurezza, l’impatto ambientale e l’affidabilità tecnica. Nella commissione siedono esperti e funzionari indicati dalla Regione, la Provincia, il Comune e l’Università di Genova, comprendendo sia soggetti favorevoli all’inceneritore di grandi dimensioni con tecnologia classica, sia soggetti esplicitamente contrari: “Nella Commissione abbiamo messo 1 membro ciascuno per regione, provincia e comune, i responsabili dei settori interessati… poi 1’ingegnere responsabile dell’Amiu: lui aveva in mente un bell’inceneritore a griglia!... poi un ingegnere impiantista dei Municipi : era un ex assessore di Rifondazione comunista, era uno che aveva fatto un convegno contro l’inceneritore… poi l’Università di Genova ha indicato un ingegnere ambientale, la Regione ha poi inserito un esperto di livello nazionale” (assessore). La Commissione lavora gratuitamente per sei mesi, prendendo in considerazione varie soluzioni tecniche per l’impianto, anche di carattere internazionale, “per andare a vedere gli impianti hanno preso le indicazioni anche dagli ambientalisti, hanno visitato vari impianti… ad esempio anche un impianto con torcia al plasma a Barcellona, hanno ricevuto qui i giapponesi, uno dell’Enea…” (assessore), E presenta nel maggio del 2009 il proprio rapporto finale. Esso propone la scelta tra tre diverse tecnologie di termotrattamento finale dei rifiuti (incenerimento “a griglia”, incenerimento “a letto fluido”, gassificatore con sistemi “a fusione diretta”). Ciascuna di esse presenta performance un po’ diverse rispetto ad un insieme di parametri che la commissione esplicita nel dettaglio, ma al tempo stesso è ritenuta dalla commissione affidabile ed economicamente sostenibile, anche considerando una progressiva riduzione del materiale trattato legato all’incremento della quota di raccolta differenziata. Tutte le soluzioni inoltre prevedono la separazione tra residui umidi e residui secchi, con la sezione umida destinata ad una specifica sezione dell’impianto dedicata alla digestione anaerobica e alla conseguente produzione di biogas e la frazione secca, all’incenerimento finale. La quantità di residui secchi trattata annualmente è stimata in tutti i casi tra un minimo di 160.000 tonnellate all’anno (corrispondenti ad una raccolta differenziata pari al 65%) ed un massimo di 260.000 tonnellate all’anno (corrispondenti ad una raccolta differenziata pari al 45%). Nel luglio del 2009 il Comune di Genova, in particolare in considerazione del ridotto impatto ambientale, esprime formalmente una scelta a favore della tecnologia di gassificazione. Nei mesi successivi l’AMIU con l’Università di Genova realizza uno studio di fattibilità, preliminare alla progettazione degli impianti, in particolare per verificare se l’impianto, nella formulazione emersa dai lavori della Commissione, sia compatibile con la localizzazione già individuata presso Scarpino. Esso, infatti, prevedendo anche una sezione 229 dedicata alla produzione di biogas non inclusa nel precedente progetto, occupa una superficie più estesa di circa il trenta per cento. Lo studio di fattibilità ipotizza tre specifiche localizzazioni degli impianti nell’area di Scarpino, ciascuna delle quali è compatibile con il loro dimensionamento. Entro la fine del 2010 si prevede che l’Amiu emetta i bandi per la progettazione preliminare dell’opera, mentre verso la fine del 2011 dovrebbe avviarsi il ciclo autorizzativo con la valutazione di impatto ambientale, per poi lasciar strada all’emissione dei bandi per la sua costruzione. L’orientamento dell’amministrazione comunale è di procedere prima alla costruzione della parte che è finalizzata alla produzione di biogas, arrivando ai lavori per l’impianto di termotrattamento tra il 2014 e il 2015: “Dopo il bando per la progettazione preliminare, si ipotizza che alla fine del 2011 inizi il ciclo autorizzativo con la valutazione di impatto ambientale e poi dovrebbe partire il bando per la realizzazione, con l’accortezza di far partire prima la parte che riguarda la separazione del secco dall’umido e il trattamento dell’umido con la produzione di biogas, ossia di 2 delle 3 scatole… la parte finale con il trattamento termico si ipotizza abbia avvio tra il 2014 e il 2015…” (assessore). Tra la fine del 2008 e il 2009, intanto, ha preso avvio la costruzione di un primo tratto della viabilità dedicata per la discarica di Scarpino. Entro il 2010 si prevede la conclusione del cosiddetto by-pass di Borzoli, che permetterebbe ai mezzi pesanti di non attraversare più il centro abitato di questo borgo. Un secondo tratto è invece legato alla costruzione di un’altra grande opera che interessa la città di Genova: la Gronda di Ponente. Essa è un tratto autostradale che consente il raddoppio dell’attuale autostrada costiera che attraversa trasversalmente la città ed è attualmente in uno stadio avanzato di progettazione, anche in seguito alla realizzazione nei primi mesi del 2009 di un dibattito pubblico sul modello francese. Tra le strade di cantiere già progettate per la realizzazione della Gronda è infatti previsto un tratto in galleria più a valle rispetto al by pass di Borzoli, che nel caso in cui fosse interconnesso ad esso, condurrebbe ad individuare una viabilità di servizio per la discarica in grado di non interessare le aree abitate lungo tutto il territorio tra Scarpino e la costa. Alcune prime linee interpretatie Il lungo processo ripercorso nella cronologia può essere ricondotto più sinteticamente a due grandi fasi. Una prima fase, molto lunga, si può collocare tra il 1995 e il 2007. Essa si caratterizza per il conflitto territoriale inerente la localizzazione dell’opera, che cambia tre volte in seguito all’esplodere delle proteste: all’area portuale, succede l’ipotesi del Comune di Lumarzo che, a sua volta, viene abbandonato a favore dell’area di Scarpino, a ridosso dell’attuale discarica. Le fasi di stallo e le forti dilazioni temporali che si determinano si possono piuttosto chiaramente considerare un effetto di questo conflitto che riguarda, a turno, ciascuna delle scelte localizzative che si succedono. Assai numerosi sono gli attori istituzionali che intervengono in questo processo. Se l’iniziativa è assunta dal comune di Genova con l’ipotesi dell’inceneritore nell’area portuale, in seguito è la Provincia di Genova che si fa promotrice di una localizzazione esterna al capoluogo, nel Comune di Lumarzo; quando anche questa ipotesi cade è nuovamente il Comune di Genova ad assumere un ruolo da protagonista, anche se lo scenario della governance dei rifiuti vede nel frattempo aggiungersi un nuovo soggetto: l’Ato composto da 67 Comuni, tra cui la stessa Genova. Sul fronte degli oppositori si possono distinguere i comitati dei residenti di ciascuna delle aree potenzialmente coinvolte che si mobilitano essenzialmente nei periodi in cui il proprio territorio è oggetto di possibile scelta, dalle associazioni ambientaliste con un’impronta sovra locale che, pur riuscendo a mobilitare un 230 numero assai più esiguo di attivisti rispetto ai comitati, promuovono costantemente un discorso critico nei confronti della politica dei rifiuti delle amministrazioni locali che è orientata alla costruzione di un impianto di incenerimento. Questa lunga e variegata fase porta comunque ad una individuazione del sito in un’area che poi, per quanto oggetto di contestazione da parte dei comitati locali, non è più messa in discussione dagli attori istituzionali: si tratta, del resto, di un’area scarsamente abitata, per quanto, già interessata dalla discarica e dai problemi ad essa connessi, sia di carattere ambientale (con il problema dell’inquinamento del torrente Chiaravagna), che legati ai disagi direttamente ricadenti sui residenti (in particolare a causa della mancanza di una viabilità di servizio che non attraversi i centri abitati). A cavallo tra il 2007 e il 2008 si apre una seconda fase che permane tuttora e che si caratterizza per un significativo cambiamento di scenario. In questo caso la dilazione temporale promossa dalla nuova amministrazione comunale di Genova, in merito alla realizzazione dell’impianto di incenerimento già progettato con il precedente ciclo amministrativo e senza peraltro rimettere in discussione né la localizzazione, né la necessità dell’opera, che appare ormai assodata, apre uno spazio che si rivela utile a promuovere un nuovo clima e a favorire un rapporto di maggiore dialogo tra i responsabili politici e alcuni soggetti del fronte degli oppositori. In questa finestra che si apre sono in particolare tre le decisioni e gli interventi adottati su impulso del Comune di Genova che producono alcuni significativi effetti: l’avvio di un nuovo sistema di raccolta differenziata in collaborazione con alcune associazioni ambientaliste, l’istituzione della Commissione tecnica sull’impianto di trattamento dei rifiuti e l’avvio dei lavori per la realizzazione di una viabilità dedicata per la discarica di Scarpino. Il nuovo sistema porta a porta, connesso agli stessi processi di ristrutturazione organizzativa dell’Amiu, ha condotto ad un incremento piuttosto significativo della raccolta differenziata in un periodo di tempo non particolarmente esteso. Nell’arco di circa un anno e mezzo, infatti, la raccolta differenziata ha raggiunto una quota compresa tra il 45% e il 50% nei due quartieri oggetto della sperimentazione ed è passata da circa il 12% al 27% su base cittadina, rendendo credibile la possibilità di ulteriori significativi incrementi con l’estensione a tutto il territorio comunale della nuova organizzazione del servizio. La Commissione conduce ad una significativa revisione del progetto. Nella sua versione precedente, si prevedeva la realizzazione di un inceneritore con tecnologia classica (a griglia) in grado di trattare grandi quantità di rifiuti, compatibilmente ad uno scenario in cui la raccolta differenziata, pur crescendo, si attestasse attorno al 40%. Nella nuova formulazione, l’impianto è articolato in tre sezioni. La prima sezione è dedicata a separare la parte umida dalla parte secca dei rifiuti; la seconda, a trattare la parte umida in modo che produca biogas in grado a sua volta di generare energia elettrica; la terza, è costituita dall’impianto di incenerimento vero e proprio, destinato a trattare una quota minore di rifiuti con una tecnologia meno inquinante rispetto a quella classica (la gassificazione), in coerenza con una raccolta differenziata in grado di raggiungere il 65% su base cittadina. Nel loro complesso, la riduzione del materiale da incenerire e l’adozione della tecnologia della gassificazione, comportano con una certa evidenza una riduzione degli impatti ambientali riconducibili al trattamento dei rifiuti. I lavori in corso di realizzazione per la viabilità di servizio della discarica sono una ulteriore novità degli ultimi anni che, in associazione agli interventi di canalizzazione e depurazione del percolato della discarica già portati a termine, dovrebbero anch’essi contribuire a ridurre le esternalità negative per la popolazione e il territorio. Il cambio di amministrazione avvenuto nel Comune di Genova nel 2007, pur non essendo variato il colore politico della coalizione di maggioranza, ha certamente avuto un peso assai 231 rilevante nell’imprimere i cambiamenti brevemente richiamati. La nuova amministrazione guidata dal sindaco Vincenzi ha, infatti, sin dalla campagna elettorale, intessuto un dialogo con le componenti moderate del mondo ambientalista genovese, piuttosto inedito rispetto alla condotta consuetamente portata avanti dal partito di maggioranza relativa (il Partito Democratico). Nel precedente ciclo amministrativo esso infatti sosteneva esplicitamente, in sostanziale analogia con lo schieramento di centrodestra all’opposizione, l’idea di un grande inceneritore in grado di sgravare la discarica esistente, garantendo al contempo anche un significativo rendimento economico, e, più implicitamente, l’opportunità di intercettare una domanda di trattamento dei rifiuti anche di carattere extraregionale: “La Giunta precedente aveva un’idea più industriale del problema… il PD si era espresso ai massimi livelli a favore di un grande inceneritore… anche gran parte del centrodestra era su questa posizione: il trattamento tecnico con un impianto di dimensioni generoso, con un buon rendimento economico e anche con il trattamento di rifiuti esterni alla regione, anche se questo non veniva detto esplicitamente…” (assessore). Si tratta di un nuovo orientamento che è naturalmente ritenuto significativo e giudicato positivamente dalle associazioni ambientaliste moderate che attraverso la sperimentazione della raccolta porta porta hanno avuto modo per la prima volta di abbozzare una relazione almeno parzialmente collaborativa con l’azienda che gestisce i rifiuti: “la nostra collaborazione come associazione nacque con la Vincenzi che ci diede la possibilità di parlare per la prima volta con Amiu… prima Amiu era sorda a qualsiasi colloquiare, l’unica soluzione era il megainceneritore ” (ambientalista). I cambiamenti avvenuti nella politica cittadina non sono però sufficienti a spiegare integralmente le novità intervenute. Un’altra questione è altrettanto essenziale e riguarda la sostenibilità economica ed organizzativa del servizio di raccolta e smaltimento nel suo complesso. A questo proposito è opportuno aprire un breve approfondimento sulle dinamiche economiche ed organizzative dell’azienda che lo gestisce. Per l’Amiu, un livello di raccolta differenziata medio basso e la disponibilità di un impianto di incenerimento di grandi dimensioni costituiscono il mix economico gestionale più immediatamente preferibile. Sotto il profilo economico, infatti, un impianto di incenerimento è generalmente associato ad un rilevante flusso di entrate costanti nel tempo, “Amiu ha tanti dipendenti[…] per stare in piedi o si allargano il numero dei Comuni serviti o c’è una situazione di rendita garantita che al momento attuale è legata alla discarica… l’idea è che se non c’è più la discarica, abbiamo bisogno dell’inceneritore” (assessore). La differenziazione, invece, si accompagna ad una redditività economica assai più incerta, legandosi alla capacità di allargare un mercato dei materiali riciclati che al momento appare piuttosto asfittico, “i sindacati dicono che non c’è un mercato sicuro… una volta che ho separato il secco dall’umido che me ne faccio? Il compost ha poco mercato, la chiave di volta è quando si trova il mercato dell’umido”(ambientalista). Anche dal punto di vista organizzativo, un sistema basato su una raccolta differenziata con livelli alti implica ridefinire missione e competenze dell’azienda, affrontando difficoltà assai significative, “le difficoltà organizzative di Amiu sono vere… la raccolta differenziata nell’organigramma di Amiu compariva sotto il settore immagine… queste situazioni sono difficili da cambiare” (assessore). 232 Attualmente, ad esempio, una quota rilevante di dipendenti dell’azienda è composta da autisti di mezzi di grandi dimensioni, adatti alla raccolta indifferenziata (da destinare alla discarica o all’inceneritore, fa poca differenza), ma certamente non ad una raccolta porta a porta. La riconversione delle loro mansioni si scontra con naturali resistenze, anche di carattere sindacale, ed in definitiva con la difficoltà a condurla in tempi brevi, “c’è anche il problema del riconoscimento del lavoro interno: l’autista del megacamion ha lo stipendio molto più alto di chi va a prendere il cassonetto della carta eccetera e il sindacalista dice che il primo ha una carriera in bilico”( ambientalista). Se la ristrutturazione organizzativa dell’azienda finalizzata ad aumentarne la capacità di gestire la raccolta differenziata è comunque un indirizzo che la direzione dell’Amiu ha assunto – e sta portando avanti anche ricorrendo ad expertise esterne che sono emerse dall’interazione con il mondo ambientalista nella fase di sperimentazione del porta a porta – la sostenibilità economica dell’impianto di trattamento dei rifiuti nella sua ultima riformulazione si lega ad una revisione che è nel frattempo intervenuta nella normativa nazionale che regola il riconoscimento di incentivi per la realizzazione di impianti per la produzione energetica da fonti alternative o assimilate (i cosiddetti CIP6). Dal 2007, infatti, questi incentivi non sono più attribuibili come in passato agli impianti per l’incenerimento dei rifiuti, a differenza che per gli impianti in grado di produrre biogas per cui permangono: “Amiu aveva grandi difficoltà a cambiare, c’è voluto tempo a convincerli che il nuovo impianto ha una sostenibilità anche economica … ha anche aiutato il fatto che dal 2007 non ci sono più i CIP 6 per gli inceneritori, il sostegno economico pubblico… senza questo non so se avremmo trovato la quadratura…”(assessore) In definitiva la nuova fase che si è aperta dal 2007 è dunque il frutto della convergenza di diversi fattori: un cambiamento nell’orientamento nella amministrazione comunale, a favore di una maggiore apertura al dialogo con le posizioni ambientaliste e il superamento di un approccio “industrialista” alla questione dei rifiuti; i risultati positivi ottenuti sul campo dalla sperimentazione della raccolta differenziata che rafforza questa prospettiva; un processo di riorganizzazione dell’azienda che gestisce il servizio dei rifiuti che, pur tra molte difficoltà, sta proseguendo; una riformulazione di carattere normativo che dal canto suo rende meno appetibili economicamente gli impianti di incenerimento classico; la progressiva attuazione di interventi sul territorio (viabilità dedicata e sistemi di gestione del percolato) che, riducendo gli impatti negativi, tende ad incrementare l’accettabilità delle soluzioni adottate. Nel complesso, la percezione dell’amministrazione comunale è che gli oppositori siano nettamente diminuiti, “Se prima i contrari erano 100, ora sono 25 e questi 25 dentro di loro comunque riconoscono che c’è stato un cambiamento” (assessore). Tuttavia il conflitto tra le amministrazioni pubbliche, ed in particolare il Comune di Genova, su di un versante, i comitati di residenti e le associazioni ambientaliste su di un altro versante, per quanto si sia parzialmente sopito, è comunque ben lontano dal potersi ritenere risolto. Tra gli stessi soggetti che negli ultimi anni hanno instaurato un rapporto di maggiore collaborazione, permangono differenze di veduta sulla politica dei rifiuti di carattere strategico e assai difficilmente colmabili. L’amministrazione comunale ritiene realistico che la raccolta differenziata, estesa a tutto il territorio cittadino secondo le modalità del porta porta, si collochi in un range compreso tra il 45% e il 65%. Peraltro, qualora questa soglia venisse superata, l’inceneritore non risulterebbe superflueo: in questo caso esso sarebbe alimentato con materiali già collocati in discarica, contribuendo in tal modo alla sua bonifica: “L’impianto ha un equilibrio economico tra il 45% e il 65% della raccolta differenziata… una delle critiche è: volete fermarvi al 65%, ma visto che l’impianto è 233 collocato a fianco della discarica ciò che si ipotizza, anche se la cosa è remota, è bonificare la discarica… se si andasse oltre il 65% a quel punto il gassificatore si alimenterebbe con dei materiali che sono in discarica.” (assessore). Per le stesse associazioni ambientaliste di orientamento moderato, l’impianto di incenerimento in sé, per quanto rivisto e ridotto nelle dimensioni, rimane un oggetto da contrastare, nella convinzione che un elevato livello di raccolta differenziata lo possa rendere inutile: “la nostra idea è che se raggiungiamo il 60-70% di differenziata l’inceneritore non serve più” (ambientalista) Le differenti visioni strategiche sul ciclo dei rifiuti hanno peraltro indotto le associazioni nell’ultimo periodo a rifiutare la proposta avanzata dall’amministrazione di trasformare il tavolo di monitoraggio della sperimentazione del porta a porta in un tavolo di consultazione permanente, “C’è stata una fase con un po’ di polemiche con le associazioni ambientaliste… noi avevamo proposto di trasformare il tavolo in un momento di confronto periodico, ma non progettuale e loro hanno detto: “meglio di no”…”(funzionario comunale) e ad assumere toni critici sulle stesse modalità adottate nell’attuazione del progetto nei due quartieri: “alcune cose previste dal progetto non sono state realizzate: il porta a porta è stato realizzato falsamente, si è creata una raccolta di vicinanza o di prossimità e non domiciliarizzata… quindi ci sono i cassonetti di un certo numero di palazzi con dei mega assembramenti di cassonetti, anche 15-20 cassonetti e la gente si lamenta… Amiu non crede alla domiciliarizzata e dice che i costi aumenterebbero, ma finchè non si arriva al 45% i costi sono esorbitanti, è quando si supera il 45% che il costo rientra…” (ambientalista); “ultimamente ci sono accuse rivolte all’amministrazione dove l’elemento dominante è il fatto che non creda fino in fondo al porta a porta…[…] l’idea dell’amministrazione è che si arrivi dove possibile col porta a porta, dove ci sono gli spazi per realizzarlo si fa, ma nella maggior parte del territorio dove non c’è questo spazio e si mettono tanti contenitori… dove c’era la raccolta indifferenziata ci sono stazioni con il contenitore del vetro, la carta, l’umido… è l’idea dell’oasi ecologica, questa è l’indicazione che l’amministrazione ha dato all’AMIU, mentre in origine c’era la campana vicino a casa, poi la plastica a 200 metri di distanza eccetera e non c’era l’integrazione tra la plastica e le lattine” (funzionario comunale). Non va poi dimenticato che i comitati dei residenti nell’area di Scarpino continuano ad essere presenti e probabilmente in grado di promuovere significative forme di mobilitazione, specialmente qualora si muovessero i primi passi sul territorio per l’effettiva costruzione degli impianti. 234 La construction de l’unité de valorisation thermique de Bellolampo (Palerme, Sicile) Fabrizio Maccaglia Chronologie Février 1997 : adoption par le parlement italien de la nouvelle réglementation en matière de gestion des déchets (réforme dite Ronchi). Mai 1999 : la Sicile est placée sous tutelle de l’État central pour la gestion des déchets dans le cadre du dispositif commissariamento straordinario. Juillet 2000 : adoption du P.I.E.R. (Priorità degli interventi per l’emergenza rifiuti/ Interventions prioritaires dans le cadre de l’état d’urgence déchets) Août 2002 : publication de l’appel d’offres pour la construction et la gestion d’unités de valorisation thermique sur le territoire sicilien. Octobre 2002 : municipalité cède à la société AMIA la zone dite du « polygone militaire » pour lui permettre d’accueillir la future unité de valorisation thermique, et introduit une modification au PRG (Piano regolatore generale) qui autorise l’extension du périmètre de la décharge de Bellolampo à la zone dite du « polygone militaire » et un changement d’usage du sol. Décembre 2002 : adoption du Plan régional de gestion des déchets. Mars 2003 : constitution du Forum Bellolampo. Juin 2003 : signature du contrat pour la réalisation de l’unité de valorisation thermique de Palerme avec le consortium d’entreprises Palermo energia ambiente. Février 2004 : manifestation d’une centaine de personnes sur la route qui mène à la décharge de Bellolampo pour protester contre le projet d’unité de valorisation thermique. Avril 2004 : manifestation de plusieurs centaines de personnes place Politeama dans le centre-ville de Palerme ; manifestation dans la localité de Bellolampo qui doit accueillir l’unité de valorisation thermique. Janvier 2005 : présentation publique du projet architectural pour l’unité de valorisation thermique de Palerme par l’architecte Paul Tange du studio Tange Associates. Juin 2005 : manifestation d’un millier de personnes à Palerme devant le siège de la Région sicilienne. Octobre 2005 : recours de la Commission européenne contre la République italienne (affaire C-382/05). Février 2005 : manifestation devant le Palazzo delle Aquile où se réunit le Conseil municipal de Palerme. Février 2005 : Création de l’Agenzia regionale rifiuti ed acque (A.R.R.A.) Juillet 2005 : adoption par les députés de la majorité et de l’opposition d’une motion qui suspend temporairement la mise en œuvre du plan de gestion des déchets. Juin 2006 : fin du commissariamento straordinario. Juillet 2006 : ouverture officielle du chantier de l’unité de valorisation thermique de Palerme. Juillet 2007 : arrêt de la Cour de justice des communautés européennes dans l’affaire C382/05. 235 Octobre 2006 : adoption par les députés de la majorité et de l’opposition d’une motion qui demande au président de la région Sicile Salvatore Cuffaro de suspendre les procédures concernant la localisation des unités de valorisation thermique. Septembre 2007 : manifestation de 2 000 personnes dans le quartier de Borgo Nuovo, à proximité de la localité de Bellolampo. Novembre 2007 : présentation publique de l’expertise réalisée par le Comité scientifique (présidé par Umberto Veronesi) installé à l’initiative du commissaire délégué Salvatore Cuffaro concernant les effets sur la santé de l’incinération des déchets. Janvier 2008 : assemblée citoyenne organisée dans l’enceinte du Palazzo dell’Aquile où se réunit le Conseil municipal de Palerme pour débattre des effets sur la santé de l’incinération des déchets. Janvier 2008 : lancement d’une campagne d’information via internet par des familles riveraines du site de Bellolampo qui doit accueillir l’unité de valorisation thermique de Palerme. Décembre 2008 : le scénario catastrophe fait son apparition dans les quotidiens en référence à la situation napolitaine. Janvier 2009 : Raffaele Lombardo devient président de la région Sicile. Avril 2009 : sit-in devant la Présidence de la Région pour protester contre les incinérateurs et les modalités du deuxième appel d’offres. 30 juin 2009 : date de clôture pour le dépôt des propositions dans le cadre du 2e appel d’offres pour la réalisation des trois unités de valorisation thermique, dont celle de Palerme. 31 août 2009 : date de clôture pour le dépôt des propositions dans le cadre de la trattativa privata. Septembre 2009 : la municipalité de Palerme cesse d’être actionnaire de la société Palermo energia ambiente. Printemps 2010 : pression croissante des membres du gouvernement central pour soutenir l’option « incinération ». Avril 2010 : adoption de la loi régionale n°9 portant sur la gestion intégrée des déchets et de la bonification des sites pollués. Mai 2010 : révocation unilatérale par la Région des contrats signés avec les opérateurs pour la construction et la gestion des unités de valorisation thermique. 09 juillet 2010 : Placement de la Sicile sous tutelle du pouvoir central jusqu’au 31 décembre 2012 et nomination de Raffaele Lombardo en qualité de commissario straordinario. 14 octobre 2010 : publication de la Révision du plan de gestion des déchets domestiques. Le débat qui accompagne la construction de l’unité de valorisation thermique de Bellolampo débute en 2002 et se poursuit sur une période de huit années. Nous sommes en présence d’un conflit qui porte principalement sur le choix de recourir à l’incinération des déchets et sur les caractéristiques techniques de l’équipement. La localisation de l’unité de valorisation thermique n’a jamais été l’enjeu du conflit, même si l’argument de la proximité de la ville de Palerme a été évoqué par les opposants au projet. La question de la localisation n’a pas fait l’objet de débat sans doute parce que le projet prévoit que l’unité de valorisation thermique soit construit sur le site de la décharge de Bellolampo en cours d’exploitation. Il est possible de distinguer trois séquences : - 2000-2007. Cette première séquence s’ouvre avec la publication des appels d’offres en vue de la construction d’unités de valorisation thermique pour le traitement de la fraction résiduelle des déchets domestiques et se clôt avec l’arrêt de la Cour de justice des communautés européennes qui annule ces appels d’offres. Le projet d’incinération des déchets est porté par deux personnes : Salvatore Cuffaro, président de la région Sicile et commissaire délégué du gouvernement, et Felice Crosta, président de l’Agenzia regionale rifiuti ed acque. 236 - 2007-2010. Trois nouveaux appels d’offres sont publiés en l’espace de deux ans pour l’attribution du marché mais aucun opérateur ne se manifeste. Raffaele Lombardo succède à Salvatore Cuffaro à la présidence de la Région sicile. Dès le départ, le nouveau président prend ses distances avec le projet prévoyant quatre unités de valorisation thermique pour couvrir l’ensemble du territoire sicilien, tout en admettant la possibilité de recourir à l’incinétion pour le traitement des déchets domestiques. Le projet, fragilisé par la décision de la Cour de justice des communautés européennes, l’absence de propositions de la part d’opérateurs industriels, des suspicions de malversations entourant l’attribution des marchés, cesse d’être porté par les autorités régionales. Le projet apparaît quelque peu embarassant car il est profondément associé avec la précédente mandature. - Depuis juillet 2010. Les autorités régionales et le gouvernement central optent conjointement pour la mise en place d’un dispositif dérogatoire d’action publique afin de faire aboutir la réforme de la gestion des déchets. Cependant des divergences apparaissent concernant le recours à l’incinération. Une réforme sous tutelle du pouvoir central Le débat concernant la construction et la mise en service de l’unité de valorisation thermique de Palerme trouve son origine dans la réforme de la gestion des déchets engagée entre la fin des années 1990 et le début de la décennie suivante. En février 1997, le parlement italien adopte une nouvelle réglementation en matière de gestion des déchets conformément aux directives européennes. Le décret Ronchi (du nom de son rédacteur et ministre de l’Environnement de son état) transcrit trois directives européennes1 : la 914/156 sur les déchets, la 91/689 sur les déchets dangereux et la 94/62 sur les emballages et les déchets d’emballage. Ce décret impulse une réforme radicale par la refonte du cadre normatif et l’introduction de nouveaux principes d’organisation. La gestion des déchets est désormais envisagée comme une filière intégrée : les différentes étapes (ramassage, tri, stockage, valorisation) ne sont plus pensées et organisées séparément, mais articulées les unes aux autres. Le système repose sur deux principes : d’une part, réduire au maximum la quantité de déchets produits ; d’autre part, promouvoir leur recyclage et leur valorisation sous diverses formes (production d’énergie, fabrication de matières premières et de réutilisation). La gestion des déchets cesse d’être centrée sur les décharges compte tenu de leur incapacité à valoriser les déchets et des risques qu’elles font peser sur l’environnement tant à l’échelle locale (pollution des sols et des nappes phréatiques, dénaturation des paysages, nuisances olfactives pour les populations riveraines) que globale (émanation de gaz appartenant à la catégorie des méthanes qui contribuent à l’effet de serre). Elles doivent désormais constituer l’ultime étape du processus de gestion. Quant aux opérations de ramassage, de traitement et de recyclage, elles sont organisées à partir de bassins de gestion intégrée. A la différence des précédentes réglementations, le décret Ronchi impose des obligations bien précises, notamment en termes d’échéances et de résultats, ainsi que de fermes interdictions. Il fixe des objectifs en matière de tri sélectif (article 24 du présent décret), qui doit représenter 15% du volume total des déchets urbains produits en mars 1999, 25% en mars 2001 et 35% en mars 2003. Il encadre également, de manière stricte, l’utilisation des décharges. A partir du 1er janvier 2000, seuls les déchets non recyclables et non valorisables peuvent désormais être stockés en décharge. Il définit enfin les conditions d’emploi des incinérateurs car, à la date du 1er janvier 1999, seuls les équipements produisant de l’énergie (ou unité de valorisation thermique) sont autorisés à fonctionner. BOLOGNINI M., 2009, « La gestione dei rifiuti nella normativa italiana ed europea », p. 25-30 in : Gestione dei rifiuti e rischi per la salute. Strategie di prevenzione primaria e di promozione della salute, sous la direction de Antonio Faggioli et Ernesto Burgio, Vignolo, Edizioni Medico-Scientifique. 1 237 Les autorités siciliennes se retrouvent prises en tenaille. D’un côté, la nouvelle législation démantèle complètement l’organisation de la gestion des déchets telle qu’elle est pratiquée et interdit aux pouvoirs publics de maintenir ce mode de gestion. De l’autre, ces mêmes pouvoirs publics sont dans l’incapacité d’appliquer les nouvelles dispositions qui régissent la gestion des déchets et de respecter les échéances fixées par la nouvelle réglementation. Pour sortir de cette situation, le président de la région sicilienne Angelo Capodicasa a tout d’abord cherché à s’opposer à l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation par l’introduction d’un recours juridique et administratif. L’échec de cette stratégie le conduit à adresser en décembre 1998 une requête au gouvernement national dans laquelle il sollicite la proclamation de l’état d’urgence et le placement de la Sicile sous tutelle pour la gestion des déchets, arguant des difficultés croissantes rencontrées par les municipalités pour traiter les déchets produits sur leur territoire et le risque de saturation des décharges. La Sicile est placée le 31 mai 1999 sous tutelle la tutelle du pouvoir central dans le cadre d’un dispositif qui porte le nom de commissariamento straordinario1. Celui-ci suspend l’application du décret Ronchi le temps que la gestion des déchets soit réformée et met à l’abri les autorités régionales d’éventuelles poursuites judiciaires pour infraction à la législation en vigueur2. Le commissariamento straordinario est une procédure d’action administrative extraordinaire utilisée pour affronter une situation d’urgence sociale, économique ou environnementale. Une situation qui, par l’intensité de ses effets et son étendue réclame, pour être combattue, des moyens (financiers, humains, réglementaires) exceptionnels. Ce dispositif bouleverse les règles qui régissent en temps ordinaire la gestion des territoires. Il repose sur la nomination d’une autorité spéciale (le commissario straordinario) qui se substitue aux pouvoirs publics en place pour gérer la situation de crise. Il s’agit d’une autorité déléguée, c’est-à-dire d’une autorité à qui l’on a transféré des pouvoirs en matière de gestion : elle ne détient pas ses pouvoirs de la loi mais du président du Conseil des ministres qui l’a nommée, d’où le titre de commissaire délégué (du gouvernement). Son action est cependant parfaitement encadrée et limitée. Les décrets et les ordonnances d’application qui les accompagnent définissent les objectifs de sa mission, énumèrent ses attributions, fixent la durée de son mandat et précisent le territoire d’intervention. Parmi les prérogatives du commissario straordinario figure la possibilité de déroger, de manière partielle ou totale, aux lois en vigueur dans un secteur précis (en l’occurrence celui des déchets), mais aussi à des lois de portée plus générale comme celles qui régissent l’attribution des marchés publics (ceux-ci peuvent être attribués sous la forme de concessions directes, y compris lorsque la loi impose un appel d’offres au-delà d’un certain leur montant) et aux procédures administratives. Il dispose en outre de fonds publics spéciaux pour entreprendre des interventions d’urgence. Programmé initialement pour une durée de dix huit mois, le dispositif est régulièrement reconduit à coup de décrets jusqu’au 30 juin 20063 ! La charge de commissaire délégué est confiée au président de la région Camera dei deputati, Senato della Repubblica, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività illecite ad esso connesse, Documento sui commissariamenti per l’emergenza rifiuti, 2002. 2 Camera dei deputati, Senato della Repubblica, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività illecite ad esso connesse, 2002, Documento sui commissariamenti per l’emergenza rifiuti. 3 Senato della Repubblica, Camera dei deputati, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività ad esso connesse, Presidenza del presidente Roberto Barbieri, XV legislatura, Audizione del presidente della regione Sicilia, Dottor Salvatore Cuffaro e del direttore generale dell’agenzia regionale per i rifiuti e le acque, Avvocato Felice Crrosta, mercoledì 25 luglio 2007, Resoconto stenografico n°33. La prorogation régulière de l’état d’urgence place ainsi la Sicile sous un régime d’exception permanent où les interventions publiques extraordinaires deviennent la règle commune. Cette démarche est en contradiction avec l’idée qui est à l’origine de la mise en place du commissariamento straordinario, à savoir offrir un cadre d’action dérogatoire mais limité dans le 1 238 sicilienne. A ce poste se sont ainsi succédés Angelo Capodicasa de mai 1999 à mai 2000 ; Vincenzo Leanza de juin 2000 à juillet 2001 ; Salvatore Cuffaro de juillet 2001 à juin 2006. L’implication directe des autorités régionales dans la gestion de cette situation de crise possède deux avantages pour l’État central. Premièrement, elle permet d’éviter les conflits État/région car la Sicile dispose d’un statut d’autonomie qui lui reconnaît de nombreuses prérogatives en particulier dans les domaines de l’aménagement, de l’urbanisme et de l’environnement (la mise sous tutelle remet en cause l’autonomie régionale en empêchant, temporairement, l’exercice, partiel ou total, de ces prérogatives)1. Par ailleurs, les autorités régionales ne peuvent se retrancher dans un rôle de simple spectateur (critique) de l’action publique. Si ce dispositif procure au commissaire délégué une capacité d’action étendue, il ne le met pas à l’abri des effets du contentieux judiciaire. En février 2001, le tribunal administratif du Latium, suite au recours introduit conjointement par le syndicat des entreprises de services (FISE/Federazione Imprese di servizi) et un groupe d’entreprises, prononce l’annulation de l’ordonnance du 31 mai 1999 instaurant l’état d’urgence en Sicile aux motifs que cette ordonnance « […] omessa indicazione delle norme che ha inteso derogare e della illegittima deroga a norme di principio nella specifica materia »2. Les magistrats soulignent également que : « Le determinazioni ministeriali risultano altresì prive di idonea motivazione in ordine alle ragioni che impongono il ricorso alle anzidette modalità derogatorie di gestione delle discariche e di rilascio delle autorizzazioni in favore di soli soggetti pubblici »3. Ils font enfin observer que cette ordonnance présente une carence d’argumentation qui invalide le dispositif dérogatoire : « Peraltro né dalla ripetuta ordinanza, né dalla preordinata dichiarazione dello stato di emergenza, di cui al D.P.C.M. 22 gennaio 1999, è possibile comprendere perché le disfunzioni riscontrate nel particolare servizio non sarebbero fronteggiabili con i normali poteri sanzionatori e di controllo dell’ amministrazione e risulterebbero invece superabili attraverso la gestione pubblica degli impianti. Sicchè le deroghe introdotte alla vigente legislazione sono sfornite di ogni nesso di proporzionalità e temps. Ce qui au départ ne devait être qu’une mesure extraordinaire, et par conséquent temporaire, s’est pérennisé et mué en un mode ordinaire et stable d’action publique. Voir à ce sujet les critiques des parlementaires in : Camera dei deputati, Senato della Repubblica, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività illecite connesse, 2002, Documento sui commissariamenti per l’emergenza rifiuti. 1 La Sicile est une région à statut spécial depuis l’adoption de la Charte constitutionnelle en 1946. Si elle partage ce statut avec la Sardaigne, le Frioul-Vénétie-Julienne, le Val d’Aoste et le Trentin-HautAdige, elle dispose néanmoins de l’autonomie la plus importante. La région sicilienne se compose de trois organes : le président de la Région, le gouvernement régional (la Junte) et l’Assemblée régionale. Le président de la région est élu au suffrage universel direct depuis 2001. Il met en œuvre la politique définit par la Junte, promulgue les lois régionales et les règlements. La Junte exerce le pouvoir exécutif. Ses membres, autrefois élus par le Conseil régional, sont désormais nommés par le président de la Junte. Ils peuvent être choisis en-dehors de l’Assemblée régionale. La Junte a la responsabilité du budget régional, met en œuvre les décisions votées par l’Assemblée régionale et peut également proposer des textes de lois et des règlements à vocation régionale exclusivement. L’Assemblée régionale possède une fonction législative exclusive à l’échelle du territoire sicilien qui a pour seules limites les lois constitutionnelles de l’État. Parmi les matières de compétences législatives exclusives figurent l’agriculture, la forêt, l’industrie, l’urbanisme, les travaux publics, le tourisme, la tutelle des paysages, la conservation des antiquités et des œuvres artistiques et la surveillance hôtelière. Elle possède également un pouvoir de censure politique envers le président de la Junte via le dépôt d’une motion de censure : son adoption à la majorité qualifiée entraîne la destitution du président de la Région et la dissolution de l’Assemblée régionale. 2 Tribunale amministrativo regionale del Lazio, Sezione Ter, Sentenza n.1148 del 14 febbraio 2001 sul ricorso n°12406/1999, p.6. 3 Tribunale amministrativo regionale del Lazio, Sezione Ter, Sentenza n.1148 del 14 febbraio 2001 sul ricorso n°12406/1999, p.9. 239 conseguenzialità con le premesse e gli obiettivi della ordinanza in questione nonché con lo stato di emergenza che la stessa intende fronteggiare »1. Cette décision de justice, qui remet brutalement en cause le cadre administratif mis en place en Sicile pour réformer la gestion des déchets, n’a pas d’effets juridiques immédiats car la région Sicile et les entrepreneurs à l’initiative du recours trouvent un compromis. Celui-ci ne remet pas en cause la validité de la décision de justice mais la neutralise, de fait, temporairement. Il faut en effet attendre juin 2002 pour que cette décision de justice soit réactivée, lorsque les juges du tribunal administratif régional pour la Sicile sont amenés à statuer concernant la construction d’une station de fabrication de compost sur le territoire de la commune de Bolognetta, décidée par le commissaire délégué et ses services. Pour contester la localisation de cette infrastructure, l’avocat des parties civiles attaque l’ensemble des ordonnances prises par le président du Conseil des ministres, dont celle concernant la nomination du commissaire délégué ainsi que l’ensemble des décisions que celui-ci a pu prendre dans l’exercice de ses fonctions depuis sa nomination en 2000. L’avocat mobilise à ce titre la sentence du tribunal administratif du Latium de février 2001 : « Sostengono, in sintesi, i ricorrenti che il potere esercitato dal Commissario Delegato per l’emergenza dei rifiuti in Sicilia si fonda sull’ordinanza (parimenti impugnata in via subordinata) n. 2983 del 31.5.1999 adottata dal Ministro dell’Interno, Delegato alla Protezione Civile, che è stata annullata nella sua interezza con sentenza del T.A.R. del Lazio, Sez. I ter, n. 1148 del 14 febbraio 2001, passata in giudicato »2. La défense conteste cette interprétation : « Assume, viceversa, l’Avvocatura Distrettuale dello Stato che tale sentenza si è limitata ad annullare la predetta ordinanza nella parte ritenuta lesiva dalla Federazione e dalle imprese allora ricorrenti, e cioè nella parte in cui limitava la libera attività di impresa. Peraltro, non si comprende perché l’asserito annullamento di detta ordinanza debba estendersi anche alle successive ordinanze »3. Les juges siciliens accueillent favorablement l’argumentation des requérants : « […] dall’esame delle argomentazioni ed osservazioni contenute nella parte motiva della sentenza l’ordinanza deve ritenersi annullata nella sua interezza […] »4. Ils ajoutent également : « Ora, l’avvenuto annullamento di detta ordinanza, che come ben rileva l’Avvocatura dello Stato, ha riguardo al potere conferito al Commissario Delegato – Presidente della Regione Siciliana -, comporta l’automatica caducazione sia delle successive ordinanze ministeriali di parziale modificazione ed integrazione dell’ordinanza n. 2983/99 sia i successivi provvedimenti adottati dallo stesso Commissario Delegato »5. Le 08 avril 2003 le gouvernement central neutralise l’arrêt du Tribunal administratif de Palerme avec l’adoption de la loi n°62 : « Sono confermate la nomina del Presidente della Regione siciliana a Commissario delegato, i poteri e le competenze di cui all'ordinanza del Ministro dell'interno delegato per il coordinamento della protezione civile in data 31 maggio 1999, n. 2983, […] ; sono comunque fatti salvi tutti gli effetti derivati dall’attuazione delle ordinanze stesse, nonce le conseguenti attività svolte dall’Ufficio del Commissario delegato – Presidente della Tribunale amministrativo regionale del Lazio, Sezione Ter, Sentenza n.1148 del 14 febbraio 2001 sul ricorso n°12406/1999, p.9-10. 2 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sezione II, Sentenza del 24/06/2002 sul ricorso n°2476/2002, p.8. 3 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sezione II, Sentenza del 24/06/2002 sul ricorso n°2476/2002, p.8. 4 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sezione II, Sentenza del 24/06/2002 sul ricorso n°2476/2002, p.8. 5 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sezione II, Sentenza del 24/06/2002 sul ricorso n°2476/2002, p.10. 1 240 Regione siciliana » (art. 1-ter)1. Salvatore Cuffaro est rétabli dans ses fonctions de commissaire délégué et l’ensemble de ses décisions en qualité de commissaire démlégué sont confirmées. Un projet industriel construit autour de l’incinération La décision de recourir à des unités de valorisation thermique est prise indépendamment du plan régional de gestion des déchets dont l’objectif est pourtant de fixer les grandes orientations pour le ramassage et le traitement des déchets, et de constituer le cadre de référence pour la programmation des infrastructures. Si ce plan en prévoit la construction, il ne donne aucune indication quant à leur nombre, leur localisation, leur puissance et leurs caractéristiques techniques. L’appel d’offres pour la construction et l’exploitation d’unités de valorisation thermique sur le territoire sicilien est publié au Journal officiel régional le 09 août 2002. Les opérateurs industriels sont à cette occasion invités à soumettre des propositions : « […] in previsione della stipula di convenzioni per la durata massima di venti anni, si impegnino, a far tempo dal 31 marzo 2004, a trattare in appositi impianti la frazione residuale dei rifiuti ed a utilizzarla in impianti di termovalorizzazione con recupero di energia da realizzarsi in siti idonei ovvero in propri impianti industriali, o di cui abbiano la disponibilità gestionale, esistenti nel territorio della Regione, ivi compresi quelli per la produzione di energia elettrica in sostituzione totale o parziale di combustibili ora impiegati »2. Le commissaire délégué procède à l’adoption du plan régional de gestion des déchets par voie d’ordonnance quatre mois plus tard, le 16 décembre 20023. Il est validé en mai 2003 par la Commission européenne. Le choix de ce calendrier inversé – où la décision de construire l’équipement précède le document censé en assurer la programmation – traduit la volonté du commissaire délégué Salvatore Cuffaro d’organiser l’ensemble de la gestion des déchets autour de leur incinération. Celle-ci n’est pas envisagée comme une solution technique associée à d’autres comme la fabrication de compost, le recyclage et le tri sélectif, mais un objectif industriel et économique à part entière. Cette stratégie axée sur l’incinération des déchets suscite la réaction des associations qui y voient une double remise en cause, d’une part des objectifs promus par la nouvelle réglementation concernant la gestion des déchets et d’autre part du document de programmation et de planification qui a précédé le plan régional de gestion des déchets (le P.I.E.R. pour Interventions prioritaires dans le cadre de l’état d’urgence déchets/Priorità degli interventi per l’emergenza rifiuti). Adopté par le président de la région sicilienne Angelo Capodicasa en juillet 20004, le P.I.E.R. est organisé à partir d’un objectif principal : atteindre un tri sélectif de 50%. En complément du tri sélectif, le P.I.E.R. envisage l’emploi d’unités de valorisation thermique alimentée par du C.D.R. (pour 1 Legge n°62 del 8 aprile 2003, Conversione in legge, con modificazioni, del decreto-legge 7 febbraio 2003, n. 15, recante misure finanziarie per consentire interventi urgenti nei territori colpiti da calamità naturali. 2 « Avviso pubblico per la stipula di convenzioni per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani, al netto della raccolta differenziata, prodotta nella Regione Siciliana », Gazzetta ufficiale della regione siciliana del 09/08/2002, Parte II, n°32, p. 161-164. 3 Ce plan entre en vigueur trois ans après la promulgation de l’ordonnance 2983/1999 qui en prévoyait l’adoption. Les magistrats de la Cour des comptes pointent la « […] notevole lentezza del procedere dell’attività programmatoria, tenuto anche conto del carattere straordinario del Commissariato, istituito propriamente al fine di accelerare lo svolgimento delle ordinarie incombenze amministrative ». Corte dei conti, Sezione centrale di controllo sulla gestione delle ammnistrazioni dello stato, Programma delle attività di controllo sulla gestione per l’anno 2005 (deliberazione n. 1/2005/G). La gestione dell’emergenza rifiuti effettuata dai Commissari straordinari del Governo. Magistrati istruttori : Antonio Mezzera, Renzo liberati, 2007, p. 129. 4 Ordinanza commissariale n°150 del 25 luglio 2000. 241 Combustible issu des déchets/Combustibile derivato dai rifiuti (il s’agit de déchets subissant un traitement visant à éliminer les composants dangereux et à augmenter leur pouvoir calorifique). Dans la perspective du P.I.E.R. l’incinération est envisagée comme une opération devant intervenir en aval du tri sélectif car ne sont incinérés que les déchets, après avoir subi un traitement, ne pouvant être recyclés. Ce changement d’orientation va de pair avec une diminution des objectifs en matière de tri sélectif qui est porté à 35% par le plan régional de gestion des déchets de décembre 2002. Cette hypothèse est confirmée par les membres de la commission d’enquête parlementaire qui observent : « Il quadro normativo di riferimento per il trattamento della frazione residuale dei rifiuti prodotti in Sicilia, a valle della raccolta differenziata, e` stato profondamente modificato con l’intervento dell’ordinanza n. 3190 del 22 marzo 2002. Infatti, il perno del sistema e` divenuta la termovalorizzazione della frazione residuale dei rifiuti, mentre le precedenti ordinanze centravano l’attenzione sulla produzione del combustibile derivato dai rifiuti, anche a prescindere dalla sua successiva termovalorizzazione »1. La lecture de l’appel d’offres et des annexes qui l’accompagnent vient également soutenir cette hypothèse. Elle fait apparaître que ces équipements constituent l’instrument principal de la future gestion intégrée des déchets puisqu’ils doivent prendre le relai des décharges mises progressivement hors service : « Il termovalorizzatore costituisce I'unità condizionante l'attuazione di tutto il sistema di gestione integrata dei rifiuti solidi. Di fatto l’impiego di centrali termoelettriche per la termovalonzzaziote della frazione secca dei rifiuti costituisce la componente fondamentale di un sistema integrato così come previsto a livello comunitario ai fini del recupero di energia »2. Le commissaire délégué tient un double discours : d’un côté il s’attache à promouvoir l’incinération comme solution au problème de la gestion des déchets dont l’appel d’offres est l’expression, de l’autre il défend une stratégie de valorisation des déchets en s’appuyant sur le plan régional de gestion des déchets. L’appel d’offres invite les opérateurs à livrer clef en main un dispositif pour une gestion intégrée des déchets à l’échelle de l’île : les propositions doivent en effet indiquer les sites devant accueillir les futurs équipements, la capacité des unités de valorisation thermique, leur puissance et la technologie employée, ainsi que les objectifs à atteindre en matière de tri sélectif. C’est sur la base de ces propositions que « Il commissario delegato – Presidente della Regione siciliana, sulla base delle proposte ammesse […] identifichera il numero e i siti per Ia localizzazione delle stazioni di trasferenza, degli impianti per il trattamento della frazione residuaie e di quelli per la termovalonzzazione dei rifiuti urbani e dei rifiuti assimilati […] »3. Compte tenu des enjeux environnementaux, économiques et sociaux, le choix des sites aurait dû relever de la responsabilité de la puissance publique qui est garante de l’intérêt général car, comme le remarque les magistrats de la Cour des comptes, cette manière de procéder a pu « […] può indubbiamente aver indotto a percepire tali scelte come quelle più vantaggiose per le imprese, piuttosto che quelle più idonee sotto il profilo ambientale e di utilità generale »4. Le 29 octobre 2002, soit le lendemain de l’expiration de Camera dei deputati, Senato della Repubblica, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività illecite ad esso connesse, XIV legislatura, 2005, Relazione territoriale sulla Sicilia, Relatore Michele Tucci, p.17. 2 Presidenza del Consiglio dei ministri, dipartimento della protezione civile, Ufficio del commissario delegato per l’emergenza rifiuti e la tutela delle acque nella regione siciliana, 05 août 2002, Allegato all’avviso pubblico. Linee guida per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani, al netto della raccolta differenziata, prodotta nei comuni della regione siciliana, p.8. 3 Gazzetta ufficiale della regione siciliana del 09/08/2002, Parte II, n°32, p. 164. 4 Corte dei conti, Sezione centrale di controllo sulla gestione delle ammnistrazioni dello stato, Programma delle attività di controllo sulla gestione per l’anno 2005 (deliberazione n. 1/2005/G). La gestione dell’emergenza rifiuti effettuata dai Commissari straordinari del Governo. Magistrati istruttori : Antonio Mezzera, Renzo liberati, 2007, p. 133. 1 242 l’appel d’offres, le commissaire délégué Salvatore Cuffaro installe une commission chargée d’examiner la recevabilité des propositions des soumissionnaires et prononcer un avis de nature technique et économique sur celles-ci. La gestion des déchets en Sicile est confiée à quatre consortiums sur la base d’une répartition territoriale : Tifeo Energia Ambiente (région d’Agrigente) ; Palermo Energia Ambiente (région de Palerme et de Trapani)1 ; Sicil Power (région de Catane et de Messine) ; Platani Energia Ambiente (région d’Augusta). Nous sommes en présence de quatre sociétés distinctes seulement en apparence : le groupe Falck est en effet présent dans trois des quatre consortiums via sa société Actelios (Tifeo Energia Ambiente, Palermo Energia Ambiente, Platani Energia Ambiente) ; Waste managment est actionnaire du quatrième. Le consortium Palermo energia ambiente appelé à construire l’unité de valorisation thermique de Palerme regroupe huit sociétés : FALCK (19%), ACTELIOS (20%), AMIA (29%), E.M .I.T. (29%), Consorzio di sviluppo per l’area industriale della provincia di Palermo/ASI (1%), ASTER (1%), GECOPRE (0,5%) et SAFAB (0,5%). La société FALCK est chargée de la gestion et de la manutention de future unité de valorisation thermique, dont la construction est à la charge de la société Aster. EMIT a la responsabilité de la construction, gestion et manutention du site de sélection des déchets et de biostabilisation de Bellolampo. AMIA est responsable de la construction et gestion des stations de stockage temporaire, du transport des déchets et de la gestion de la décharge de Bellolampo. ASI met à la disposition du consortium les terrains situés à Termini Imerese en vue de l’ouverture d’un centre de stockage temporaire. GECOPRE et SAFAB sont chargés de travaux de construction et de génie civil sur le site de Bellolampo. En mai 2003, le commissaire prend l’ordonnance avec laquelle il organise la gestion des déchets sur la base des propositions des opérateurs. En juin sont signés les contrats avec chacun d’entre eux. La gestion des déchets est organisée autour de quatre unités de valorisation thermique qui doivent voir le jour à Palerme, Casteltermini (province d’Agrigente), Augusta (province de Syracuse) et Paternò (province de Catane) pour traiter l’ensemble des déchets produits sur le territoire sicilien. Le calibrage de ces quatre unités a été fixé à partir d’une production totale de déchets de 2 604 410 tonnes par an, alors que la production de déchets atteint 2 544 316 tonnes en 2004. Ces incinérateurs sont calibrés non seulement pour traiter l’intégralité des déchets produits, alors même que la législation Ronchi impose de réduire la quantité de déchets produits et promeut le tri sélectif et le recyclage, mais également un peu plus de 600 000 tonnes de déchets supplémentaires. Ce constat fait naître le soupçon que ce projet a vocation à faire de l’importation et de l’incinération des déchets en provenance d’autres régions italiennes une activité industrielle. Par ailleurs, la capacité d’incinération des quatre unités de valorisation thermique s’élève à 1 651 542 tonnes par an, soit l’équivalent de 65% des déchets produits. Cet objectif ne coïncide pas avec celui figurant dans le plan de gestion des déchets adopté en décembre 2002 qui prévoit une capacité d’incinération de 958 056 tonnes par an. Les quatre unités de valorisation thermique affichent donc une capacité sept fois supérieure à celle initialement prévue et qui a été soumise à la validation de la Commission européenne. On est en droit de se demander dans quelle mesure le plan régional de gestion des déchets n’est pas qu’une « simple couverture » pour garantir le versement des fonds communautaires destinés à la réforme de la filière déchets, tout en poursuivant des objectifs industriels en contradiction avec les principes communautaire en matière de développement durable et de gestion des déchets. La responsabilité concédée aux opérateurs de définir le calibrage des équipements les a immanquablement conduits à proposer des équipements surdimensionnés. Salvatore Cuffaro balaie d’un simple geste de la main cet argument devant la commission d’enquête parlementaire : « Il senatore Liotta ha affermato che i termovalorizzatori sono sovrastimati ma e` un problema che non deve riguardarci. In ogni caso, il fatto che con la Concernant le bassin de gestion intégré de Palerme, quatre soumissionnaires ont répondu à l’appel d’offres : IMPREGILO, DE VIZIA TRANSFER, PANDA et le consortium ATI – Palermo energia ambiente. 1 243 termovalorizzazione si smaltisca cinque, nonostante ci sia comunque la possibilita` di smaltire dieci, non costera` certamente di piu` alla Regione ne´ comportera` per essa un danno maggiore. E ` un problema che riguarda le imprese che lo hanno accettato. Oggi abbiamo un mercato di smaltimento dei rifiuti per cinque, ma domani potrebbe essere per sei o sette; se ne potra` formare uno o magari avremo bisogno di spostarlo sull’altro. Perche´ dovremmo impedire oggi ad un’impresa che intende costruire un termovalorizzatore senza gravare sui costi della Regione e dei cittadini di poterlo fare ? »1. Il omet cependant un fait essentiel : pour être rentable un incinérateur doit fonctionner avec la quantité de déchets pour laquelle il a été calibré. Le projet présenté par le consortium Palermo energia ambiente prévoit la réalisation d’un système de gestion intégré comprenant cinq éléments2 : - Une unité de valorisation thermique. Selon les données techniques du constructeur, l’unité de valorisation thermique de Palerme est capable de traiter jusqu’à 1 650 tonnes de déchets par jour. Elle se compose de trois fours à grilles mobiles refroidis par eau. Elle affiche une puissance électrique lourde de 62,3 MW et une puissance électrique nette de 54,2 MW. La production d’énergie électrique est assurée via la production de vapeur en chaudière. Le consortium a présenté une offre dans laquelle l’unité de valorisation thermique serait construite sur le site de l’ancien terrain militaire de Bellolampo aux portes de Palerme (site dit du « polygone de tir »). Ce site présente en outre l’avantage de jouxter la décharge qui traite les déchets produits par la ville de Palerme et les communes environnantes. - Une unité de tri qui accueille les déchets acheminés jusqu’à la décharge de Bellolampo, couplée avec une unité dite de biostabilisation pour traiter les déchets humides issus de l’opération de tri. L’opération de tri effectuée à l’entrée de la décharge remplit deux fonctions. D’une part, sélectionner les déchets secs possédant un bon pouvoir calorifique (notamment le papier, le carton et le plastique) et qui peuvent être directement utilisés pour la production d’énergie. D’autre part, séparer les déchets organiques humides valorisables (pour la fabrication de compost par exemple) des déchets urbains quelconques, et récupérer les déchets réutilisables ou recyclables. Les déchets organiques humides sont soumis à un traitement de stabilisation afin de produire la F.O.S. (pour Composant organique stabilisé/Frazione organica stabilizzata). Ces déchets organiques humides sont placés à l’air libre dans une vasque pendant trois semaines, au cours desquelles ils sont mécaniquement malaxés jusqu’à leur stabilisation. - Une décharge de service pour les déchets non dangereux (dite 5e vasque) où sont entreposés les déchets secs qui n’ont pas été incinérés et les déchets organiques humides non valorisables. Cette décharge doit prendre le relais de la décharge en cours d’utilisation (dite 4e vasque) au moment où le projet est déposé. Les ingénieurs tablent sur une mise en décharge de 130 000 tonnes par an de FOS environ, ce qui représente sur une période de 20 ans 2,6 millions de m3 (sachant que l’indice de compactage s’élève à 0,9 Tonnes/m3). La capacité totale de stockage de la décharge de service s’élève à 2,9 millions de m3. Senato della Repubblica, Camera dei deputati, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività ad esso connesse, Presidenza del presidente Roberto Barbieri, XV legislatura, Audizione del presidente della regione Sicilia, Dottor Salvatore Cuffaro e del direttore generale dell’agenzia regionale per i rifiuti e le acque, Avvocato Felice Crrosta, mercoledì 25 luglio 2007, Resoconto stenografico n°33, p. 28-29. 2 Procura della Repubblica presso il tribunale di Palermo, Fascicolo n°12823/04 R.G.N.R., Consulenza tecnica conferita il giorno 20 maggio 2005 dal Sostituto Procuratore Dottore Calogero FERRARA al Dr Mauro SANNA, Dr.ssa Cecilia SANNA, Dr. Rino FELICI. 1 244 - Une décharge destinée aux déchets non dangereux issus des scories de combustion (qui ne nécessitent pas de traitement préalable) et des cendres de combustion (rendues inertes après traitement). D’un volume de 3,5 millions de m3, cette décharge doit être opérationnelle pour une durée de 20 ans. - Trois stations de stockage temporaires sont également programmées à Carini, Termini Imerese et Monreale, respectivement capables de traiter 64 000, 81 000 et 61 000 tonnes de déchets par an. Ces stations sont utilisées pour canaliser une partie des déchets produits dans le bassin de gestion intégrée de Palerme avant de les expédier vers la décharge de Bellolampo. Deux unités de traitement (à Palerme et à Trapani)1. L’option « tout incinération » légitimiée au fil des mois par l’incapacité des autorités municipales et de la société chargée de la gestion des déchets (AMIA) à mettre en place une politique efficace de tri sélectif à Palerme. Une arène décisionnelle fermée : verrouiller le débat pour contrôler l’opposition au projet En matière d’aménagement et de planification, les pouvoirs publics ont la possibilité d’inscrire leurs décisions dans deux cadres d’action2. Dans un cadre institutionnel, la décision est élaborée en circuit fermé et sa mise en œuvre dépend des ressources d’autorité dont disposent les porteurs de projet. Dans un cadre délibératif, si l’institution demeure le lieu où se fabrique la décision, celle-ci est cependant obtenue avec la participation d’acteurs qui défendent des positions différentes et avec lesquels la décision finale est élaborée. Le pouvoir exécutif ouvre l’arène décisionnelle parce qu’il ne dispose pas des conditions requises, notamment en terme de consensus, pour faire aboutir son projet et se voit contraint de constituer une coalition d’acteurs locaux dont il doit gagner la confiance et le soutien. Dans la situation présente, le commissaire délégué et président de la région sicilienne Salvatore Cuffaro opte pour une arène décisionnelle fermée convaincu que le dispositif du commissariamento straordinario lui offre les ressources d’autorité suffisantes pour lever les obstacles administratifs et faciliter l’instruction du projet (en particulier grâce aux dispositions dérogatoires), contrer les éventuelles oppositions locales par un passage en force en arguant de l’urgence de la situation et enfin rendre inaudible l’opposition politique en invoquant le soutien du gouvernement central qui proroge régulièrement l’état d’urgence. C’est ainsi que la décision de construire l’unité de valorisation thermique de Palerme ne s’est accompagnée d’aucun processus d’information, de concertation ou de consultation concernant le bienfondé de cet équipement, sa localisation et ses caractéristiques techniques. Cette stratégie repose sur un double refus, celui de coproduire la décision avec des partenaires extérieurs et celui de négocier le contenu du projet. Le conflit avec les acteurs locaux trouve-là son origine première dans la mesure où élus locaux, associations environnementales, comités de riverains ont été systématiquement exclus de toute forme de dialogue. La mobilisation est née de ce qui a été perçu comme un passage en force administratif, justifié comme étant un cas de force majeur, à un moment où les sociétés contemporaines exigent d’être associées aux décisions des pouvoirs publics dès lors où celles-ci peuvent avoir une répercussion sur leur cadre de vie, leur santé ou leur bien-être. ACTELIOS, Comunicato del 17/06/2003, Actelios con PEA Scpa – Palermo Energia Ambiente – al vertice della produzione di energia da fonti rinnovabili con un impianto integrato di gestione dei rifiuti in Sicilia . 2 LIPPI Andrea, 2009, « La scelta di costruire un termovalorizzatore : strategia di mediazione e risorse decisionali nell’analisi comparata di sette studi di caso », p. 109-129, in : Il bisogno di decidere. Termovalorizzatori : dalla politica di rifiuti al rifiuti di politica, sous la direction de Massimo Morisi, Andrea Paci, Bologne, Il Mulino. 1 245 L’opposition à la construction l’unité de valorisation thermique de Palerme est portée par un large front d’acteurs locaux dont les principales composantes sont des associations de protection de l’environnement (WWF-Sicilia, Legambiente-Sicilia, Decontaminazione Sicilia, Rifiuti Zero Sicilia, Rete per i beni comuni, No Inc, Italia Nostra-Sicilia), une association de médecins (ISDE-Italia/Associazione medici per l’ambiente), des syndicats (CGIL-Sicilia, COBAS-Sicilia) et un comité de riverains (Comitato Bellolampo). Le conflit qui nous occupe s’inscrit dans un conflit plus large qui a pour objet la construction de trois autres unités de valorisation thermique sur le territoire sicilien. La mobilisation sur le terrain concernant l’équipement palermitain n’est pas isolée des autres mobilisations, mais construite et menée parallèlement à celles-ci : des délégations en provenance des autres territoires mobilisés sont présentes lors de manifestations palermitaines ; la mobilisation contre les unités de valorisation thermique prend également un caractère régional à l’occasion de rassemblements unitaires comme à Catane en décembre 2007. Le plan de gestion des déchets, qui a été rédigé par les services techniques du commissaire délégué, n’est soumis à l’examen ni de la Commission environnement et territoire de l’Assemblée régionale (parlement sicilien) qui a compétence en la matière ni au vote des députés de l’Assemblée régionale alors qu’il s’agit d’un acte de planification. Le commissaire délégué Salvatore Cuffaro fait le choix de n’ouvrir aucun espace de discussion, recourant au dispositif d’état d’urgence pour court-circuiter ces deux instances délibératives et se soustraire aux procédures qui régissent habituellement le travail parlementaire. Le terme de « plan » utilisé pour nommer ce document de programmation est révélateur de cette démarche « top-down ». La situation d’exclusion dans laquelle les porteurs d’intérêts se trouvent tenus les pousse à rechercher un espace (public) intermédiaire pour ouvrir le débat et porter la contradiction. L’Assemblée régionale et la Commission environnement et territoire, court-circuitées par le commissaire délégué lors de la rédaction et de l’adoption du plan régional, vont jouer ce rôle d’espace (public) intermédiaire tout au long du conflit. Les députés de l’opposition de centre-gauche et d’une partie de la droite mettent en effet à profit l’activité parlementaire pour interpeller le commissaire délégué concernant la mise en œuvre du plan régional dans ses divers chapitres, contester le processus de décision et proposer des orientations alternatives. Le débat sur l’incinération des déchets s’installe progressivement dans le parlement sicilien, à travers les doutes exprimés concernant la localisation des infrastructures et plus généralement la remise en cause de l’incinération comme méthode recevable pour le traitement des déchets tant du point de vue de la réglementation (nationale et européenne) que des enjeux environnementaux et de santé publique. Une première motion est déposée le 13 décembre 2002 pour exiger du commissaire délégué que le plan, dont la rédaction est achevée et qui est sur le point d’être adopté, soit débattu devant la chambre1. Cette initiative vise à rappeler les prérogatives de l’Assemblée en matière de planification. L’examen de la motion est par deux fois repoussé ; elle ne sera soumise à aucun vote. Cette initiative sans lendemain témoigne de l’adhésion pleine et entière des parlementaires de la majorité à la stratégie d’arène institutionnelle fermée à laquelle le commissaire délégué Salvatore Cuffaro a choisi d’avoir recours pour réformer la gestion des déchets. Cette adhésion ne devait être remise en cause qu’à deux reprises durant les deux mandatures de Salvatore Cuffaro comme nous le verrons par la suite. La question des unités de valorisation thermiques refait surface un an plus tard, en novembre 2003, à l’occasion de la motion n°318 qui a pour objet la localisation d’une décharge et d’une unité de valorisation thermique dans la région d’Agrigente, et des mouvements de protestation que ces projets suscitent. Les députés signataires de la motion demandent au président de la région Sicile de recevoir « a convocare le rappresentanze istituzionali, sindacali, politiche e delle popolazioni, nonché le imprese aggiudicatrici degli a a Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 109 seduta, 13 dicembre 2002. 1 246 appalti per rivedere la decisione di ubicare in quei siti la megadiscarica e il termovalorizzatore » 1. Un débat s’engage alors sur les enjeux de santé publique liés aux unités de valorisation thermique. La motion est repoussée. L’année 2004 est marquée par la multiplication des débats concomitamment au développement de l’opposition aux projets de construction d’unités de valorisation thermique. On recense cinq interventions sous la forme de questions ou de motions (aucune n’est adoptée). Les députés signataires de la motion n°274 le 09 mars demandent au commissaire délégué la révocation du plan régional de gestion des déchets, sa révision sous la tutelle de la Commission environnement et territoire et son adoption par cette même commission2 ; de revoir le choix des sites devant accueillir les unités de valorisation thermique ; de nommer une commission scientifique pour évaluer l’impact sur l’environnement et la santé publique de l’incinération des déchets, dont la composition tiendrait compte des observations des associations, des comités de citoyens et des institutions locales. L’examen de la motion est une fois de plus repoussé à deux reprises. C’est à l’occasion de la présentation de cette motion que l’on voit apparaître, publiquement, une remise en cause du caractère légal de l’adoption du plan régional de gestion des déchets. Les signataires de la motion font en effet valoir « a norma dell'art. 19 (comma 1, lettera a) del decreto legislativo n. 22 del 1997, la competenza per l'approvazione del piano regionale per la gestione dei rifiuti è della Regione e, per essa, dell'organismo legislative ; in caso di inadempienza l'art. 8 del citato D.lgs n. 22 del 1997 prevede l'intervento, in via sostitutiva, (attraverso commissariamento) per la 'elaborazione' del piano regionale e non della sua l'approvazione' che rimane di competenza dell'organo legislativo della Regione »3. La question de l’incinération des déchets fait de nouveau l’objet d’un débat le 16 mars à l’occasion d’une question posée à l’Assesseur régional au territoire et à l’environnement concernant la localisation d’une décharge (à Aragona) et d’une unité de valorisation thermique (à Casteltermini) dans la région d’Agrigente4. Lors de la séance du 02 avril, le commissaire délégué est destinataire de la question n°171 avec laquelle il lui est demandé de bien vouloir clarifier sa position : « se intenda informare in merito allo stato di attuazione del piano di emergenza per i rifiuti ; se intenda rivedere le localizzazioni degli inceneritori di Bellolampo e di Paternò, coinvolgendo gli enti locali per l'individuazione dei siti più idonei ; se intenda verificare le possibili interferenze degli altri impianti con aree protette o di particolare pregio paesaggistico ; se intenda modificare le convenzioni, riducendo la potenzialità degli impianti a quella prevista dal piano e parimenti bloccare la costruzione degli impianti finché non sono state realizzate le fasi propedeutiche della riduzione, della raccolta e del riciclaggio dei rifiuti »5. Les modalités d’adoption du plan régional de gestion des déchets sont de nouveau objet de débat avec l’interpellation (n°193) du commissaire délégué à propos de la décharge de Aragona et de l’unité de valorisation thermique de Casteltermini : « quali iniziative intenda adottare il Presidente della Regione Commissario straordinario per l'emergenza rifiuti, per rimettere il piano di gestione dei rifiuti all'esame dei competenti organi dell'Assemblea regionale siciliana che è stata illegittimamente spogliata delle sue competenze in materia ; quali interventi immediati intenda prendere per salvaguardare la salute dei siciliani ed evitare proteste clamorose »6. L’évocation des infrastructures (unités de valorisation thermique et de sélection des déchets) programmées sur le territoire des a a Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 174 seduta, 12 e 13 novembre 2003. a a 2 Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 189 seduta, 09 mars 2004. a a 3 Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 189 seduta, 09 mars 2004. a a 4 Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 191 seduta, 16 mars 2004. a a 5 Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 194 seduta, 02 aprile 2004. a a 6 Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislatura, 240 seduta, 05 ottobre 2004. 1 247 communes de Paternò et Catania, via l’interpellation (n°1951) du commissaire délégué et de l’assesseur régional au territoire et à l’environnement le 06 décembre, se conclut par la remise en question de la politique de gestion des déchets centrée sur l’incinération et plus particulièrement sur la localisation des infrastructures. La répétition de ces actions parlementaires conjuguée à la mobilisation des associations et des comités de citoyens a pour effet d’inscrire le débat sur la gestion des déchets et le recours à l’incinération en-tête de l’agenda de l’Assemblée régionale (alors même que le commissaire délégué souhaitait exclure ce sujet de l’arène parlementaire), et de créer les conditions d’un accord bipartisan qui se manifestera le 13 juillet. A l’ordre du jour de la séance du 29 juin 2005 figure l’examen, en simultané, de 3 motions, 2 questions et 3 interpellations portant sur la gestion des déchets en Sicile1. Les motions sont présentées et discutées sans donner lieu à un vote. Le 13 juillet la motion n°581 « Sospensione sino al 30 settembre 2005 delle attività consequenziali al piano di gestione dei rifiuti in Sicilia » est conjointement adoptée par les députés de la majorité et de l’opposition. Ce moratoire doit permettre à la Commission environnement et territoire de se réunir pour examiner les questions soulevées par les motions présentées et les débats auxquels elles ont donné lieu. Cette commission auditionne l’Azzociazione Nazionale di Comuni Italiani, les opérateurs industriels ayant remporté les appels d’offres, les associations environnementales et les comités de citoyens. Ce débat sans précédent intervient suite à une série de manifestations qui se sont déroulées au cours du printemps sur l’ensemble du territoire sicilien. Le 07 février 2005 s’est tenu un rassemblement organisé par le comitato Bellolampo, Legambiente, Sinistra ecologica et I Verdi devant le Palazzo delle Aquile à Palerme où se réunit le Conseil municipal pour lui demander de retirer la résolution présentée en séance sur l’incinérateur de Bellolampo. Le 28 mai les opposants à l’incinération défilent à Aragona dans la province d’Agrigente. Un millier de personnes sont réunies le 14 juin à Palerme devant le siège de la Région sicilienne. Sont présentes les délégations de Casteltermini-Campofranco, Raffadali, Comitini et Agrigente. Pour calmer l’opposition aux projets d’unité de valorisation thermique, le vice-commissaire délégué Felice Crosta annonce au mois de juin, au cœur de la mobilisation, la mise en place d’un comité scientifique, présidé par l’ancien ministre à la Santé Umberto Veronesi, pour évaluer l’impact des incinérateurs sur les territoires. Les résultats de l’expertise, construite à partir de l’étude d’impact de deux incinérateurs, l’un situé en Emilie-Romagne et l’autre à Londres, sont rendus publics en novembre 2007. Le Comité conclut « I dati di mortalità, sia per tumori che per altre cause, non provano l’esistenza di un qualsiasi nesso causale tra presenza di inceneritori e rischio per la salute di popolazioni residenti, nel raggio di ricaduta delle loro emissioni »2. La motion (n°85) présentée le 12 octobre 2006 demande au commissaire délégué de suspendre la construction des quatre unités de valorisation thermique et des infrastructures qui leurs sont liées compte tenu des risques environnementaux et de santé publique, de révoquer les contrats signés avec les opérateurs et de revoir le plan régional de gestion des déchets en le centrant sur le tri sélectif et la valorisation des déchets3. Son examen est reporté par deux fois. Les opposants aux différents projets d’incinération des déchets remportent une nouvelle victoire parlementaire le 24 octobre lorsque l’Assemblée régionale adopte la motion n°96 présentée par les partis de l’Union (centre-gauche). Celle-ci stipule « […] nelle more della definizione e dell'approvazione del Piano Energetico Regionale sono sospese le procedure autorizzative per la localizzazione di impianti di qualsiasi natura per la produzione energetica, con esclusione degli impianti a basso impatto ambientale: a a Assemblea regionale siciliana, Reso conto stenografico, XIII legislature, 303 seduta, 29 giugno 2005. 2 La Repubblica, édition de Palerme, ? a a 3 Assemblea regionale siciliana, Resoconto stenografico, XIV legislatura, 12 seduta, 12 ottobre 2006. 1 248 fotovoltaici e impianti solari »1. Ce vote n’est pas contraignant pour le commissaire délégué qui passe outre et poursuit l’instruction des procédures d’appel d’offres. On voit ici la limite des effets de la mobilisation dans l’espace parlementaire car bien que cette motion ait bénéficié pour son adoption des voix de la majorité et de l’opposition, elle n’est pas en mesure d’entraver l’action du commissaire délégué et de remettre en cause le processus de décision. Pour preuve, celui-ci convoque une réunion des services administratifs dans le cadre de la procédure Autorizzazione impatto ambientale concernant l’unité de valorisation thermique de Palerme. L’examen du travail parlementaire au cours des sept années qui séparent la décision de lancer la construction d’unités de valorisation thermique et l’adoption d’une nouvelle loi en matière de gestion des déchets par les députés siciliens en avril 2010, fait apparaître que la situation palermitaine, et plus précisément la localisation de l’unité de valorisation thermique sur le site de Bellolampo, n’est jamais évoquée et ne fait l’objet d’aucun débat alors que celui-ci existe dans l’espace public (médias, rue, conférences et réunions d’information…). Les porteurs d’intérêt inscrivent leurs actions dans deux autres espaces (publics) intermédiaires. Il s’agit tout d’abord de la commission d’enquête parlementaire sur la filière déchets, constituée de représentants de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui a notamment pour mission de recueillir des informations concernant les activités illicites liées à la gestion des déchets et les agissements illicites des agents publics et privés opérant dans la gestion des déchets. Les représentants des associations environnementales (Legambiente, Decontaminazione Sicilia, Italia Nostra Sicilia, WWF Sicilia), des syndicats (UIL Sicilia, UGL Sicilia, CISL et CGIL) et du patronat (Cofindustria Agrigento) sont auditionnés par les membres de cette commission à l’occasion de leur mission en Sicile en octobre 2007. Les conférences et les rencontres-débats constituent un autre espace (public) intermédiaire utilisé par les porteurs d’intérêts pour construire une opinion publique. Ces derniers mobilisent des figures universitaires locales : Giorgio Micale et Onofrio Scialdone, « Il trattamento delle emissioni in atmosfera prodotte dai termovalorizzatori », 11/12/2008 ; Fabrizio Nigro, « Analisi della produzione e dello smaltimento dei rifiuti : il caso Sicilia », Convegno CESP – Palermo, 4 aprile 2008, Gestione rifiuti: quale modello per un futuro sostenibile in difesa della salute e dell’ambiente. Il ruolo della scuola ; Marino Ruzzenenti, « Il mito del “termovalorizzatore” di Brescia », Convegno CESP – Palermo, 4 aprile 2008, Gestione rifiuti : quale modello per un futuro sostenibile in difesa della salute e dell’ambiente. Il ruolo della scuola ; Alberto Lombardo, « L’emergenza artificiale », Convegno CESP – Palermo, 4 aprile 2008, Gestione rifiuti: quale modello per un futuro sostenibile in difesa della salute e dell’ambiente. Il ruolo della scuola. Ils font également appel à des personnalités extérieures. C’est le cas de Paul Connett, professeur de chimie et de toxicologie à l’université St Laurence de New York, spécialiste en protection de l’environnement et des processus industriels, qui donne en janvier 2005 une conférence intitulée : « La gestione sostenibile dei rifiuti : aspetti etici, ambientali e sanitari », est conjointement organisée par Centro Arrupe, Orsa, Legambiente, WWF, Italia Nostra, Greenpeace, Ordini chimici di Sicilia, Agronomi e forestali di Palermo. Le cercle palermitain du Partito democratico « Ignazio Florio » organise en octobre 2009 une rencontre publique au cours de laquelle est présentée une technologie alternative au projet d’unité de valorisation thermique de Palerme (« technologie pyrolyse » et « technologie sans cheminée extérieure ») utilisée dans le traitement des déchets2. La présentation assurée par des scientifiques américain (Thomas Jeney) et hongrois (Lazlo Szabò). Cette technologie se caractérise par son caractère a Assemblea regionale siciliana, Mozione approvata nella seduta n°19 del 24 ottobre 2006 (n°96), XIV legislatura. 2 Ignazio Pansica, « Smaltimento dei rifiuti. Presentata a Palermo una tecnologia ‘alternativa’ al termovalorizzatore. E costa la metà », Sicilia informazioni, 30 ootobre 2009. 1 249 modulable : il s’adapte aux besoins. Cette technologie repose sur le principe d’une dégradation thermique des déchets entre 1 110 degrés et 1 500 degrés, sans combustion, sans cheminée d’évacuation des poussières et des vapeurs vers l’extérieur. Cette technologie produit des scories qui ne dépassent pas 10% du volume total des déchets traités. Avantages : empreinte paysagère limitée (construction enterrée) ; recentrer le tri sélectif uniquement sur les déchets humides pour fabriquer du compost ; production d’énergie grâce aux gaz générés par la combustion ; coût de fabrication réduit comparé aux incinérateurs producteurs d’énergie classique. Ces interventions publiques visent à alerter concernant les impacts environnementaux et de santé publique de l’incinération des déchets (Marino Ruzzenenti ; Giorgio Micale, Onofrio Scialdone), à contester le choix de l’incinération comme mode de traitement des déchets (Fabrizio Nigro) et à promouvoir des stratégies alternatives en matière de gestion des déchets (Alberto Lombardo ; Fabrizio Nigro ; Paul Connett ; Thomas Jeney et Lazlo Szabò). On note deux constantes dans ces discours. D’une part, l’évocation d’autres expériences qui prend la forme de comparaison entre l’unité de valorisation thermique de Palerme et des infrastructures situées à Brescia, Bologne ou à Vienne (Giorgio Micale, Onofrio Scialdone ; Marino Ruzzenenti ; Paul Connett ; Alberto Lombardo). D’autre part, la référence à des normes nationales ou européennes auxquelles, selon les auteurs, les porteurs du projet d’unité de valorisation thermique devrait se conformer (la législation nationale concernant les rejets en atmosphère ; la politique des 4R promue par la Commission européenne ; le principe BAT/Best avaible tecnologies1). Le réseau internet est utilisé pour organiser le débat. C’est ainsi qu’a été constituée la plateforme participative « Rete per i beni comuni » qui met en réseau les personnes mobilisées, met à la disposition des internautes de la documentation (argumentaires) et donne des informations concernant la mobilisation. 1 Il s’agit d’un principe promu par la Commission européenne dans un document en date d’août 2006 intitulé Integrated Pollution Prevention and Control Reference Document on the Best Available Techniques for Waste Incineration. Ce principe a été intégré dans la réglementation italienne en 2006 via le document Linee guida recanti i criteri per l’individuazione e l’utilizzazione delle migliori tecniche disponibili ex art. 3, comma 2 del decreto legislativo 372/99- Linee guida relative ad impianti esistenti per le attività rientranti nelle categorie IPPC: 5 Gestione dei rifiuti (Impianti di incenerimento). 250 Faire acter la règle Les porteurs d’intérêts locaux (comités de citoyens, associations environnementales, syndicats) et extérieurs (Cour de justice des communautés européennes, ministère de l’Environnement) interviennent à un moment ou à un autre du conflit pour contester le processus de décision et faire acter la règle : ils se mobilisent pour exiger du commissaire délégué et de ses services la mise en conformité du processus de décision avec les règles (directives, lois, règlements) censées l’encadrer. Cette mobilisation prend une forme procédurale via le contentieux judiciaire. La délivrance de l’autorisation intégrée environnementale Le 17 juin 2003, le commissaire délégué et les opérateurs ayant remporté l’appel d’offres signent les conventions ayant pour objet la construction et la gestion de quatre unités de valorisation thermique et des infrastructures qui leur sont rattachées1. L’ouverture des chantiers est cependant soumise à l’obtention, pour chacun d’entre eux, de l’Autorisation intégrée environnementale (Autorizzazione integrata ambientale/A.I.A.). La procédure d’évaluation d’impact environnemental (Valutazione impatto ambientale/V.I.A.), au terme de laquelle est délivrée l’Autorisation intégrée environnementale, vise à garantir le caractère public et transparent des activités administratives, notamment pour les questions environnementales. Le 09 mars 2004, Palermo energia ambiente communique aux services du commissaire délégué le projet définitif de l’unité de valorisation thermique de Bellolampo accompagné du dossier pour l’étude d’impact environnemental. Sur la base de ces documents, le commissaire délégué Salvatore Cuffaro demande au ministère de l’Environnement de se prononcer sur la compatibilité environnementale de ce projet2. L’association Legambiente émet des observations et réclame leur prise en compte dans le cadre de cette procédure. Le 05 juillet, le ministre de l’Environnement rend un avis favorable concernant la compatibilité environnementale du projet assorti cependant de recommandations3. Il demande en particulier une mise en conformité du projet avec la directive 2000/76/CE sur les rejets en atmosphère des fumées de combustion des déchets, ainsi que soit effectué avant le démarrage des travaux une campagne de relevés concernant la qualité de l’air, le bruit et la santé publique sur les sites devant accueillir les unités de valorisations thermiques4. Fort de l’avis du ministère de l’Environnement, le commissaire délégué signe le 29 novembre 2004 l’ordonnance (publiée au GURS n°3 du 21 janvier 2005) par laquelle il se prononce à son tour favorablement sur la compatibilité environnementale du projet d’unité de valorisation thermique de Bellolampo, approuve celui-ci, autorise sa réalisation et confie la gestion des ACTELIOS, Relazione e bilancio al 31 dicembre 2009. Gazetta ufficiale della regione siciliana, n°3 del 21 gennaio 2005, Giudizio positivo di compatibilità ambientale ed autorizzazione alla realizzazione del proggetto presentato dalla società Palermo energia ambiente s.c.p.a. (P.E.A.) con sede legale in Palermo, relativo al sistema di gestione integrato per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani al netto della raccolta differenziata-Sistema Palermo. 3 Gazetta ufficiale della regione siciliana, n°3 del 21 gennaio 2005, Giudizio positivo di compatibilità ambientale ed autorizzazione alla realizzazione del proggetto presentato dalla società Palermo energia ambiente s.c.p.a. (P.E.A.) con sede legale in Palermo, relativo al sistema di gestione integrato per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani al netto della raccolta differenziata-Sistema Palermo, p. 4. 4 WWF Italia, Sezione regionale Sicilia, 04 luglio 2007, Piano di gestione dei rifiuti solidi urbani in Sicilia. Cronologia dei fatti. Profili di illegittimità e irregolarità. 1 2 251 installations à l’opérateur Palermo energia ambiente1. Le dispositif du commissariamento straordinario prévoit en effet : « Visto l’art. 9 dell’OPCM n°2983/99, come modificato dall’art.4, comma 16, dell’ordinanza n°3136/01, con il quale il Commissario delegatoPrésidente della Regione siciliana, provvede all’approvazione dei progetti ed all’autorizzazione all’esercizio degli impiati di recupero e smaltimento, ai sensi degli articoli 27 e 28 del decreto legislativo 5 febbraio 1997, n°22 in deroga al procedimento amministrativo dagli stessi disciplinato […] e che l’approvazione dei progetti da parte dello stesso Commissario delegato sostituisce, ad ogni effetto,, visti, pareri, autorizzazioni e concessioni di organi regionali, provinciali e comunali e costituisce, ove occora, variante allo strumento urbanistico comunale, comporta la dichiarazione di pubblica utilità, urgenza ed indifferibilità dei lavori »2. Le projet d’unité de valorisation thermique de Bellolampo est ainsi définitivement adopté. L’association Legambiente introduit un recours devant le Tribunal administratif régional avec lequel elle demande l’annulation de cette ordonnance3. Le tribunal n’aura pas à se prononcer car l’arrêt de la Cour de justice des communautés européennes annulera l’appel d’offres, annulant de fait tout motif au recours de l’association Legambiente4. La controverse trouve son origine dans la nature de la décision rendue par le ministère de l’Environnement via la Commissione per la valutazione di impatto ambientale. Celle-ci n’a pas délivré une A.I.A. dans le cadre d’une procédure de type V.I.A., mais un avis de portée générale sur le projet comme l’observe le Roberto Scarpinato (procureur adjoint de la République au tribunal de Palerme) : « questa Commissione non ha ritenuto di potere esprimere una valutazione di impatto ambientale, perche´ i documenti che erano stati acquisiti non erano adeguati. Pertanto, tale Commissione ha espresso una valutazione di compatibilita` ambientale, nel senso che genericamente il progetto ha una sua compatibilita` ambientale e tuttavia, per potere verificare se c’era un lasciapassare, occorreva effettuare ante operam, quindi preliminarmente (questo e` il punto) una serie di monitoraggi molto particolari sull’impatto nell’aria, nell’acqua, nelle falde acquifere, nonche´ una serie di simulazioni preventive. Solo in esito a questi monitoraggi sarebbe stato possibile passare da una valutazione di compatibilita` ambientale ad un giudizio positivo della valutazione di impatto ambientale »5. Roberto Scarpinato fait remarquer : « In sostanza, al di la` del profilo di legittimita` o meno, l’autorizzazione era stata rilasciata alla condizione che venissero preventivamente e positivamente effettuati i monitoraggi e le simulazioni. Nel momento in cui questa procedura non si e` esaurita, la condizione non si e` verificata e, quindi, il provvedimento non e` efficace. Non essendoci un provvedimento efficace, si dovrebbe iniziare la realizzazione degli impianti senza autorizzazione. Se si dovesse ritenere che la Gazetta ufficiale della regione siciliana, n°3 del 21 gennaio 2005, Giudizio positivo di compatibilità ambientale ed autorizzazione alla realizzazione del proggetto presentato dalla società Palermo energia ambiente s.c.p.a. (P.E.A.) con sede legale in Palermo, relativo al sistema di gestione integrato per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani al netto della raccolta differenziata-Sistema Palermo. 2 Gazetta ufficiale della regione siciliana, n°3 del 21 gennaio 2005, Giudizio positivo di compatibilità ambientale ed autorizzazione alla realizzazione del proggetto presentato dalla società Palermo energia ambiente s.c.p.a. (P.E.A.) con sede legale in Palermo, relativo al sistema di gestione integrato per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani al netto della raccolta differenziata-Sistema Palermo, p. 3. 3 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sede di Palermo, Sezione prima, Ricorso n°2021/2005. 4 Tribunale amministrativo regionale per la Sicilia, Sede di Palermo, Sezione prima, Decreto di estinzione ai sensi dell’art.9 C.1 della legge 205/200, 26 ottobre 2007. 5 Senato della Repubblica, Camera dei deputati, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività ad esso connesse, Presidenza del presidente Roberto Barbieri, XV legislatura, Audizione del procuratore aggiunto alla repubblica presso il tribunale di Palermo Dottor Roberto Scarpinato, 48a seduta, giovedì 29 novembre 2007, Reso conto stenografico n°47, p. 5. 1 252 procedura puo` essere completata successivamente, ci troveremo dinanzi ad un dilemma: o alla fine si ha un impianto che non puo` entrare in azione perche´ non esistono i parametri di legge, per cui avremo sperperato molto danaro, oppure dovremo accettarlo cosı` come e`, con un impatto sull’ambiente non tollerabile »1. L’ordonnance du commissaire délégué autorise le démarrage des travaux alors même que le projet ne dispose pas de l’Autorisation intégrée environnementale (Autorizzazione integrata ambientale/A.I.A.) : « L’avvio del impianto di termovalorizzazione è subordinato all’ottenimento dell’autorizzazione alle emissioni gassose in atmosfera […] »2. Il s’agit des autorisations qui autorisent un équipement à décharger dans l’atmosphère les fumées générées par la combustion des déchets. Constatant que les délais impartis à l’administration régionale pour délivrer l’autorisation d’émission en atmosphère étaient dépassés, Palermo energia ambiente s’adresse directement au ministère de l’Environnement pour qu’il se saisisse de ses pouvoirs de substitution. Le responsable du service n°3 de l’assessorat régional Territoire et environnement Gioacchino Genchi refuse en effet de délivrer cette autorisation au motif que l’opérateur n’a pas présenté les pièces idoines à l’instruction de sa demande. Le ministère de l’Environnement délivre ces autorisations en février 2006. Le chantier de Palerme ouvre le mois suivant avec les travaux de terrassement et de génie civil. Au mois d’août éclate une violente polémique au sujet des incinérateurs qui oppose le président de la région Sicile Salvatore Cuffaro au ministre de l’Environnement Pecoraro Scanio du gouvernement Prodi nouvellement constitué. En février 2007, les ministres de l’Environnement (Pecoraro Scanio), de la Santé (Livia Turco) et du Développement économique (Pierluigi Bersani) adoptent conjointement une provvedimento qui entraîne la suspension des travaux sur les quatre chantiers siciliens dont celui de Palerme et ouvre la voie à une nouvelle procédure pour l’attribution des demandes d’autorisation d’impact environnemental. Les opérateurs saisissent le tribunal administratif du Latium pour demander la suspension de ces décrets qui accueille favorablement leur demande (jugement en mars 2007). La procédure pour la délivrance de l’autorisation revient ainsi à la région Sicile. C’est le service n°2 de l’Assessorat Territorio-Ambiente qui est appelé à se prononcer car le responsable du Service n°3 a été relevé de ses fonctions en janvier 2007 (pour la seconde fois pour le sanctionner de ne pas avoir délivré les autorisations). Le 23 mars et le 02 mai 2007, Palermo energia ambiente dépose la demande pour l’obtention de l’A.I.A./Autorizzazione integrata ambientale auprès de l’Assessorat Territorio e ambiente/Servizio VAS-VIA. Le 26 juin débute l’instruction du dossier par ce même assessorat. Le 02 juillet, publication des avisi pubblici par Palermo energia ambiente. Cela donne le coup d’envoi pour la procédure d’instruction au travers de quatre réunions des services administratifs (les 27/09/2007 ; 04/12/2007 ; 01/12/2008 ; 10/09/2008)3. L’instruction du dossier administratif de l’unité de valorisation thermique de Palerme est brutalement bloquée par le jugement de la Cour de justice des communautés européennes. 1 Senato della Repubblica, Camera dei deputati, Commissione parlamentare d’inchiesta sul ciclo dei rifiuti e sulle attività ad esso connesse, Presidenza del presidente Roberto Barbieri, XV legislatura, Audizione del procuratore aggiunto alla repubblica presso il tribunale di Palermo Dottor Roberto Scarpinato, 48a seduta, giovedì 29 novembre 2007, Reso conto stenografico n°47, p. 5. 2 Gazetta ufficiale della regione siciliana, n°3 del 21 gennaio 2005, Giudizio positivo di compatibilità ambientale ed autorizzazione alla realizzazione del proggetto presentato dalla società Palermo energia ambiente s.c.p.a. (P.E.A.) con sede legale in Palermo, relativo al sistema di gestione integrato per l’utilizzo della frazione residua dei rifiuti urbani al netto della raccolta differenziata-Sistema Palermo, p.23. 3 ACTELIOS, Relazione e bilancio al31dicembre 2008. 253 Un appel d’offres invalidé par la cour de justice des communautés européennes Faisant suite à une réclamation, la Commission européenne ouvre une procédure d’infraction en novembre 2002 contre l’Italie pour violation de la directive 92/50 (du 18 juin 1992). Cette procédure débouche en 2005 sur l’introduction devant la Cour de justices des communautés européennes d’un recours contre la République italienne au motif que l’appel d’offres rendu public pour la construction des unités de valorisation thermique ne respecte pas la réglementation européenne en matière de concurrence1. La Commission européenne fait valoir trois arguments. Premièrement, l’appel d’offres ne respecte pas les mesures de publicité exigée par le droit européen : « […] le Département pour la protection civile – Bureau du commissaire délégué au plan d'urgence Déchets et à la protection des eaux en Sicile – a lancé une procédure en vue de la conclusion de conventions pour l'utilisation, après le tri sélectif, de la partie résiduelle des déchets urbains produits dans les communes de la région de Sicile et conclu les dites conventions sans appliquer les procédures prévues par la directive 92/50/CEE du Conseil, du 18 juin 1992, portant coordination des procédures de passation des marchés publics de services, et, notamment, sans la publication de l'avis de marché approprié au Journal officiel de l'Union européenne […] »2. Il est reproché au commissaire délégué d’avoir créé une situation discriminante dans la mesure où les opérateurs étrangers n’étaient pas en mesure de prendre connaissance de l’appel d’offres3. La Commission pointe ensuite le caractère ambigu de la procédure car « […] le modèle du formulaire utilisé pour la publication se réfère à la procédure dite de préinformation et non à l'attribution des marchés […] »4. Enfin, elle observe que « […] les informations […] contenues [dans ce formulaire] apparaissent manifestement inappropriées par rapport à celles obligatoirement exigées »5. La condamnation de l’Italie, qui intervient en juillet 2007, entraîne automatiquement l’invalidation de l’appel d’offres et l’annulation des procédures de négociation en cours avec les opérateurs adjudicataires. La Cour de justice fixe au 30 avril 2009 l’échéance pour la publication d’un nouvel appel d’offres. La procédure ne comporte pas de recours en appel6. Le 19 février 2009, la Commission européenne demande à l'Italie de se conformer à l’arrêt de la Cour de justice. Le 05 mars 2009, l’exécutif régional, l’A.R.R.A. (ARRA/Agenzia regionale rifiuti ed acque) et la société ACTELIOS (mandataire principal du consortium Palermo energia ambiente) signe un accord qui définit les conditions auxquelles l’A.R.R.A. (Agenzia regionale rifiuti ed acque) peut procéder à la publication d’un nouvel appel d’offres. Cet accord prévoit le remboursement des coûts engagés pour les travaux réalisés ainsi Journal officiel de l’Union européenne du 28 janvier 2006, Recours introduit le 20 octobre 2005 contre la République italienne par la Commission des Communautés européennes, Affaire C-382/05. 2 Journal officiel de l’Union européenne du 28 janvier 2006, Recours introduit le 20 octobre 2005 contre la République italienne par la Commission des Communautés européennes, Affaire C-382/05. 3 Corte di giustizia delle Communità europee, Sentenza della Corte, Seconda sezione, 18 luglio 2007, Inadempimento di uno stato – Appalti pubblici di servizi – Direttiva 92/50CEE – Convenzioni relative al trattamento di rifiuti urbani – Qualificazione – Appalto pubblico – Concessione di servizi – Misure di pubblicità .Causa C-382/05. 4 Journal officiel de l’Union européenne du 28 janvier 2006, Recours introduit le 20 octobre 2005 contre la République italienne par la Commission des Communautés européennes, Affaire C-382/05. 5 Journal officiel de l’Union européenne du 28 janvier 2006, Recours introduit le 20 octobre 2005 contre la République italienne par la Commission des Communautés européennes, Affaire C-382/05. 6 On remarquera que les autorités régionales ont autorisé la société Palermo energia ambiente à poursuivre les travaux engagés et à déposer les demandes d’autorisation administratives entre le moment où la Cour de justice des communautés européennes se prononce sur le contentieux et l’ouverture du deuxième appel d’offres est publié, alors que l’arrêt de la Cour annule le premier appel d’offres. 1 254 qu’une indemnité au cas où un autre opérateur remporterait le marché en dédommagement du préjudice subi1. Le 21 avril, le président de la région Raffaele Lombardo prend la décision de confier à l’Agence régionale des eaux et des déchets l’organisation du nouvel appel d’offres. Celui-ci est publié le 29 avril 2009 au Journal officiel de l’Union européenne avec une échéance au 30 juin 2009. Il ne porte que sur trois unités de valorisation thermique car les dirigeants de l’Agence régionale eaux et déchets et ceux de la société Waste management n’ont pas trouvé d’accord concernant les compensations relatives à l’annulation du premier appel d’offres. C’est pourquoi le marché pour la gestion des déchets dans la région de Catane et Messine ne figure pas dans ce deuxième appel d’offres ; celui-ci ne concerne donc que les régions de Palerme-Trapani2, Agrigente et Augusta. Ce nouvel appel d’offres impose de nouvelles contraintes aux soumissionnaires, en particulier celle de se conformer au principe BAT/Best avaible tecnologies. La présence de ce principe doit être mise en relation avec le débat sur les unités de valorisation thermique car à plusieurs reprises les porteurs d’intérêt locaux ont fait valoir, d’une part, la nécessité d’appliquer ce principe et, d’autre part, le caractère obsolète des technologies d’incinération utilisées dans les appareils devant être construits en Sicile. Aucune offre n’est présentée. Les conditions particulières ont pu paraître dissuasives aux opérateurs : « All’uopo è stato concordato con la Commissione europea l’espletamento di una gara per l’aggiudicazione di ‘‘appalti di servizi’’ condizionati all’impegno degli assegnatari – attraverso la prestazione di idonee garanzie – a subentrare a nuovo titolo nei rapporti giuridici in essere, mediante sostituzione delle convenzioni a suo tempo stipulate e previo pagamento agli attuali concessionari dell’importo corrispondente all’intero valore delle attività svolte e delle opere da essi realizzate fino al momento del subentro »3. Cet accord prévoit que les nouveaux adjudicataires devront dédommager les opérateurs qui ont remporté le premier appel d’offres au titre des frais engagés (travaux de terrassement, frais administratifs, frais de planification…). Le montant des dépenses engagées par la société Palermo energia ambiente est fixé à 50 610 066 Euros pour la période du 01 janvier 2003 au 30 juin 2009, dont 5 188 800 Euros pour la période du 01/01/2009 au 30/06/2009 (un cinquième de la somme porte sur une période de six mois alors que le chantier de l’unité de valorisation thermique est à l’arrêt)4. Il est fait mention dans l’appel d’offres de l’intervention d’un advisor ACTELIOS, Relazione e bilancio al 31 dicembre 2008. Le marché pour de Palerme-Trapani s’élève à 1 496 000 000 Euros. Journal officiel de l’Union européenne – Supplément, "Sistema Palermo", Indagine di mercato per l’acquisizione di manifestazioni d’interesse per la partecipazione al Bando di gara, p. 7. 3 Agenzia regionale per i rifiuti e le acque, 29 aprile 2009, Appalto pubblico di servizi. Affidamento dei servizi aventi ad oggetto la gestione di un sistema integrato, finalizzato al recupero di energia, di trattamento e smaltimento della frazione residuale, a valle della raccolta differenziata, dei rifiuti solidi urbani non pericolosi e dei rifiuti non pericolosi assimilati agli urbani prodotti negli Ambiti territoriali ottimali della Sicilia – Sistema Palermo. Allegato 5 – Stato di fatto, p. 14. 4 Agenzia regionale per i rifiuti e le acque, 29 aprile 2009, Appalto pubblico di servizi. Affidamento dei servizi aventi ad oggetto la gestione di un sistema integrato, finalizzato al recupero di energia, di trattamento e smaltimento della frazione residuale, a valle della raccolta differenziata, dei rifiuti solidi urbani non pericolosi e dei rifiuti non pericolosi assimilati agli urbani prodotti negli Ambiti territoriali ottimali della Sicilia – Sistema Palermo. Allegato 5.1 – Costi al 31/12/2008 di Palermo energia ambiente S.c.p.A. e dei soci della società che hanno sostenuto costi per il Sistema Palermo. Agenzia regionale per i rifiuti e le acque, 29 aprile 2009, Appalto pubblico di servizi. Affidamento dei servizi aventi ad oggetto la gestione di un sistema integrato, finalizzato al recupero di energia, di trattamento e smaltimento della frazione residuale, a valle della raccolta differenziata, dei rifiuti solidi urbani non pericolosi e dei rifiuti non pericolosi assimilati agli urbani prodotti negli Ambiti territoriali ottimali della Sicilia – Sistema Palermo. Allegato 5.2 – Costi di Palermo energia ambiente S.c.p.A. sostenuti per il Sistema Palermo nel periodo 1° gennaio 2009 – 30 giugno 2009. Le montant du remboursement s’élève à 36 millions d’Euros pour la société Platani energia ambiente et 55 millions d’Euros pour la société Tifeo energia ambiente. N’étant pas parvenu à un accord avec la Sicilpower dont la Waste 1 2 255 (Banca Infrastrutture Innovazione e Sviluppo) pour déterminer le montant des indemnités à attribuer aux opérateurs « historiques ». Aucun des critères utilisés pour effectuer cette évaluation n’est cependant mentionné. Cette clause fait naître un nouveau soupçon : celui d’un accord passé entre l’Agence régionale pour les déchets et l’eau (A.R.R.A./Agenzia regionale rifiuti ed acque) et le consortium Palermo energia ambiente pour intégrer cette clause dans l’appel d’offres pour tenir à l’écart de potentiels concurrents et conserver le marché. Le recours à une trattativa privata est en effet stipulé dans l’appel d’offres au cas où il serait impossible d’attribuer le marché faute de propositions. L’insertion de ces deux clauses (remboursement des dépenses engagées par les précédents opérateurs et recours à la négociation privée) semble actée dès le printemps 2008 comme en témoigne le compte rendu financier semestriel de la société Actelios daté du 30 juin 2008 : « Si segnala che in data 21 marzo 2008 l’Agenzia Regionale per i Rifiuti e le Acque ha trasmesso alle tre società consortili una lettera a mezzo della quale ha prospettato l’eventualità di esperire una nuova gara d’appalto per l’aggiudicazione del servizio, in conformità alle procedure di pubblicità previste dalla Direttiva del Consiglio 92/50/CEE; e ciò nell’ottica di dare attuazione a quanto statuito dalla Corte di Giustizia Europea con sentenza in data 18 luglio 2007, la quale ha ricondotto il rapporto con i soggetti assegnatari della concessione alla fattispecie dell’appalto di servizi. Con tale lettera la Agenzia Regionale ha confermato che la predetta nuova gara sarebbe, in ogni caso, condizionata all’impegno da parte del nuovo aggiudicatario di liquidare agli attuali concessionari l’importo corrispondente all’intero valore delle attività svolte e delle opere realizzate fino al momento del subentro, salva in ogni caso la possibilità dell’affidamento diretto agli attuali concessionari a trattativa privata, nell’eventualità in cui la gara andasse deserta »1. Prenant acte de la situation, le responsable de l’Agence régionale pour les déchets et l’eau Felice Crosta décide de recourir à une procédure négociée mais publique le 23 juillet 2009 avec une échéance au 03 août 2009 sous la pression des associations. En particulier, un groupement d’associations (Legambiente, WWF-Sicilia, Italia Nostra Sicilia) et une centrale syndicale CGIL Sicilia procèdent à une mise en demeure avec menace de contentieux judiciaire pour exiger le caractère public de la procédure négociée au motif qu’une telle procédure n’est possible que pour les travaux d’un montant inférieur à 1 million d’Euros (article 57 du Code des travaux publics)2. De nouveau, aucun opérateur ne se manifeste3. Les opérateurs ayant remporté le premier appel d’offres ne soumettent aucune proposition. La société Palermo Energia Ambiente justifie en ces termes à l’A.R.R.A. : « […] che le ipotesi sulle le quali si basava la trattativa negoziata non consentivano il rispetto dell’euilibrio economico-finanziario del progetto che erano parte integrante dell’Accordi del 28 aprile 2009 [cet accord prévoit notamment que dans le nouvel appel d’offres figure une clause enjoignant les nouveaux opérateurs à prendre en charge les coûts assumés parles précédents opérateurs. Sicilpower a refusé d’y prendre part. L’annulation du premier appel d’offres ouvre un contentieux avec les opérateurs dont les conséquences judiciaires et financières incombent aux autorités régionales car ce sont elles qui ont publié l’appel d’offres et qui ont été retenues responsables : l’accord permet de se prémunir du contentieux] per cui Managment est l’actionnaire principal, la construction de la quatrième unité de valorisation thermique est écartée de l’appel d’offres. 1 p. 17. Legambiente, WWF-Sicilia, Italia Nostra Sicilia, CGIL Sicilia, Diffida stragiudiziale. Illegitimità della possibilità di indire procedura negoziata senza bando pubblico, in caso di gara deserta, per come previsto nel disciplinare di gara con riferimento all’art. 57 codice Appalto, 22 luglio 2009. 3 Sans auteur, Sicilia Informazioni, « La Regione siciliana dichiara ‘‘nulli gli atti di gara per i termovalorizzatori ». Sans auteur, Sicilia Informazioni, « Rifiuti. In Sicilia stop agli inceneritori, il gruppo Falck chiederà i danni ». 2 256 PEA non ha prodotto alcuna offerta »1. La marche arrière de Palermo energia ambiente et des deux autres opérateurs restés dans la course est davantage imputable à leur capacité à financer les projets. Sous l’effet de la crise financière, les banques auraient revu les conditions des prêts négociés avec les opérateurs dans la première moitié des années 2000. Ces derniers ne disposent pas des fonds propres suffisants pour financer par eux-mêmes l’avance de plusieurs centaines de millions d’Euros nécessaires au lancement des projets. D’où l’absence d’offres de leur part, alors-même qu’ils avaient officiellement manifesté leur intérêt pour ces projets à l’annonce de la procédure négociée. Le président de la région Sicile Raffaele Lombardo fait alors adopter une délibération par laquelle « […] rimette all’Agenzia regionale dei rifiuti e le acque, in ottemperanza all’autonomia che la legge le conferisce, la scelta degli atti consequenziali al fallimento dei due tentativi di gara alla sentenza della Corte di giustizia europea »2. Cette décision vise à faire endosser à l’Agence la responsabilité juridique de l’échec des deux appels d’offres : en cas de contentieux avec les entreprises adjudicataires, c’est en effet l’Agence instituée, par le commissaire délégué et par conséquent l’État central qui a nommé le commissaire délégué, qui seraient tenus d’assumer les conséquences du contentieux. Le 11 septembre 2009, avec le décret n°339, l’A.R.R.A. révoque l’accord du 28 avril 2009. Le 14 octobre 2009, l’Agence régionale pour les déchets et l’eau notifie aux sociétés Palermo energia ambiente, Tifeo Energia Ambiente et Platani Energia ambiente que la région dénonce unilatéralement les contrats signés pour la construction et la gestion des unités de valorisation thermique. Le président de la région Sicile Raffaele Lombardo justifie ainsi cette décision : « Le due ditte avevano chiesto di incontrare la Regione. E oggi, incontrandole, abbiamo colto l’occasione per spiegare loro che la linea assunta dal governo non è ispirata da aclcun preconcetto. Ma mira solo a risolvere l’emergenza adottando provvedimenti che siano razionali e funzionali, oltre che in linea con le normative comunitarie e nazionali sulla salvaguardia ambientale. Abbiamo loro spiegato che sarà la commissione a dirci quanti impianti e di che dimensioni, dovremo fare. Poi, faremo le gare, augurandoci di poter risolvere in quella fase sia i problemi ambientali che i contenziosi amministrativi. Gli abbiamo, infine, spiegato che l’annullamento della gara era stato un atto dovuto a cui la regione non avrebbe potuto sottrarsi, per non incorrere nell’ingiusto rischio di doversi assumere la responsabilità e l’onere di multe esose da parte della Unione europea »3. Le 07 mai 2010, la région notifie aux quatre opérateurs « la revoca dei procedimenti per nullità dei contratti » aux motifs : 1) les incertitudes concernant la faisabilité d’un projet économique de plusieurs milliards d’Euros ; 2) les incertitudes le caractère soutenable du projet compte tenu de ses impacts sur la santé des populations et de l’environnement. Le dispositif d’action publique utilisé pour construire les quatre unités de valorisation thermique est sévèrement jugée par les magistrats de la cour des comptes en raison de la cascade de recours, considérant que : « […] invece le procedure ordinarie, avrebbero portato probabilmente ad un più rapido avanzamento dei programmi »4. Ils ajoutent, concernant l’argument de l’urgence pour agir mis en avant par le commissaire délégué et son équipe : « è stata spesso percepita come disconoscimento e non tenuta in ACTELIOS, Relazione e bilancio al 31 dicembre 2009. La Repubblica (édition de Palerme), « Termovalorizzatori, Falck all’attacco. Azioni legali contro la Regione », Sans auteur, 15 septembre 2009. 3 Ignazio Panzica, « Emergenza rifiuti addio. Lombardo cambia marcia e politica : raccolta differenziata e ambiti provinciali », Sicilia Informazioni, 17 octobre 2009. 4 Corte dei conti, Sezione centrale di controllo sulla gestione delle ammnistrazioni dello stato, Programma delle attività di controllo sulla gestione per l’anno 2005 (deliberazione n. 1/2005/G). La gestione dell’emergenza rifiuti effettuata dai Commissari straordinari del Governo. Magistrati istruttori : Antonio Mezzera, Renzo liberati, 2007, p. 132. 1 2 257 considerazione dei cittadini, delle amministrazioni comunali e provinciali e delle associazioni ambientaliste alla partecipazione delle decisioni strategiche riguardanti il territorio. Tutto ciò ha avuto come conseguenza un alto tasso di litigiosità, paralizzante sul piano amministrativo, avente principalmente ad oggetto la mancata presa in considerazione, nelle scelte strategiche, dei vari interessi coinvolti, soprattutto nelle sedi partecipative, quali conferenze di servizi e osservazioni in sede di valutazione di impatto ambientale »1. La relance du projet L’arrêt de la Cour de justice des communautés européennes de juillet 2007 conjugué à l’absence de réponse aux deux appels d’offres organisés à la suite de cette décision judiciaire portent un coup d’arrêt au projet d’unité de valorisation thermique de Palerme. La relance du projet se heurte d’abord aux doutes et prises de distance, exprimés publiquement, par le président de la région Sicile Raffaele Lombardo concernant un projet hérité de la précédente mandature et pour lequel il n’a aucunement été partie prenante. La relance du projet s’inscrit ensuite dans un contexte de crise car par intermitence, entre janvier 2008 et juillet 2010, les autorités palermitaines sont dans l’incapacité d’évacuer les déchets qui s’accumulent sur la voie publique et qui sont régulièrement incendiés par des riverains exaspérés par les nuisances olfactives. Le sentiment de crise est renforcé par la controverse qui éclate entre la fin du mois de mai et le début du mois de juin 2010, et qui vire à la polémique (guerres de chiffres ; annonces et démentis ; confrontation d’experts…), concernant la capacité de stockage de la décharge de Palerme et le risque de voir s’arrêter le service de ramassage des déchets. La controverse s’éteint avec l’entrée en fonction de la cinquième vasque (autorisation d’exploitation accordée le 29 juin 2010). Des expressions telles que « rues en état de siège », « situation de chaos », « situation hors de contrôle », « état d’urgence » sont largement présentes dans le discours médiatiques. A partir du printemps 2010, l’option « incinération » est vigoureusement portée par les membres du gouvernement, le président du Conseil des ministres en tête. La première marque d’ingérence du pouvoir central dans ce dossier se produit au mois d’avril lorsque la ministre de l’environnement Stefania Prestigiacomo, auditionnée par la Commission nationale antimafia, fait remarquer : « Con la mancata realizzazione dei 4 impianti, la Regione [siciliana] deve prendere immediatamente una decisione, altrimenti si rischia il collasso delle discariche. Se la Regione non è in grado di fare delle scelte chieda intervento straordinario »2. Le chef de la Protection civile Guido Bertolaso lui emboîte le pas à l’occasion d’un déplacement à Pavia au cours du mois de mai : « La Sicilia ha bisogno dei termovalorizzatori per risolvere il problema rifiuti »3, sans quoi « Palermo potrebbe diventare la Napoli degli anni scorsi »4. La pression des autorités centrales concernant la construction des unités de valorisation thermique en Sicile va croissante. Renato Schifani, président du Sénat, déclare peu de temps après : « Mi piacerebbe capire qual è il piano del governo regionale in materia di rifiuti, non solo per Palermo, ma per tutta la Sicilia. Capisco le cautele sui termovalorizzatori, se ci sono rischi di infiltrazioni mafiosa, ma una soluzione bisogna 1 Corte dei conti, Sezione centrale di controllo sulla gestione delle ammnistrazioni dello stato, Programma delle attività di controllo sulla gestione per l’anno 2005 (deliberazione n. 1/2005/G). La gestione dell’emergenza rifiuti effettuata dai Commissari straordinari del Governo. Magistrati istruttori : Antonio Mezzera, Renzo liberati, 2007, p. 132. 2 Sicilia Informazioni, « Rifiuti, Prestigiacomo : « Il piano c’è, serve l’attuazione’’. Crotone, Campania e Sicilia le aree più emblematiche », Sans auteur, 14 aprile 2010. 3 La Repubblica, édition de Palerme, « La battaglia degli inceneritori », Antonio Fraschilla, 09 maggio 2010. 4 La Repubblica, édition de Palerme, « Palermo rischia la fine di Napoli », Isabella Napoli, 08 maggio 2010. 258 trovarla »1. La situation palermitaine est évoquée lors du conseil des ministres du 20 mai. Le président du Conseil lui-même intervient dans le débat, en réaffirmant à quelques jours de distance après le Chef de la protection civile la nécessité de recourir à l’incinération : « Mi hanno detto che la situazioni è preoccupante, occore intervenire subito magari rifacendo lo stesso lavoro compiutoo a Napoli »2. Le ton de l’intervention du président du Conseil des ministres laisse entendre que le gouvernement central pourrait de nouveau avoir recours au dispositif de commissariamento straordinario. D’autant que la ministre Stefania Prestigiacomo fait observer que les délais et les procédures « freinent la construction des incinérateurs »3. Le président de la région Sicile, Raffaele Lombardo évite d’ouvrir dans une polémique concernant les déclarations imputées à Silvio Berlusconi, se limitant à rappeler les droits que lui reconnaissent les textes constitutionnels, à savoir prendre part au conseil des ministres lorque la question des unités de valorisation thermique sera inscrite à l’ordre du jour4. La question des « obstacles bureaucratiques » auxquels se heurterait la construction des unités de valorisation thermique est brandie à plusieurs reprises par la ministre au cours des jours qui suivent ce conseil des ministres, comme si l’on cherchait à justifier le recours au dispositif d’état d’urgence. On note à cette occasion une radicalisation du discours des porteurs du projet qui font régulièrement référence à la situation campanienne pour justifier la nécessité d’une intervention rapide et le choix de recourir à l’incinération comme solution de sortie de crise. Stefania Prestigiacomo déclare : « Il governo regionale siciliano ha bloccato i termovalorizzatori ma non ha realizzato un piano alternativo ». […] « bisogna dare vita immediatamente a un piano alternativo. Con meno impianti o più piccoli, rispetto ale previsioni del 2002. Noi siamo pronto ad aiutare il governo regionale. E disponibili ad assumere la responsabilità commissariale, che garantisce tempi più veloci per decidere e gestire le nuove gare »5. Au cours de plusieurs entretiens accordés à divers quotidiens, la ministre développe l’idée de construire en des temps réduits des incinérateurs plus petits pour résoudre la situation palermitaine. Elle justifie sa position en décrivant la situation d’urgence : « Le discariche sono quasi sature e fra un anno o pocco più non ci sarà dove smaltire l’immondizia »6. Elle valide la décision du gouvernement régional de revoir le plan des incinérateurs : « Ha raggione il presidente della regione Raffaele Lombardo nel dire che i vecchi termovalorizzatori – i quattro che sarebbero dovuti nascere a Paternò, Casteltermini, Palermo e Augusta – sono superati e sovradimensionnati rispetto alle esigenze della Sicilia. Nell’Isola non si producono 4,5 milioni di tonnellate di rifiuti e non c’è l’intenzione di importali da altre regioni »7. Elle ouvre une perspective de compromis avec les autorités siciliennes : « Crediamo di potere trovare un punto di incontro con la Regione. So che lo scontro politico, La Repubblica, édition de Palerme, « Bertolaso : inceneritori in Sicilia », Antonio Fraschilla, 09 maggio 2010. 2 La Repubblica, édition de Palerme, « Berlusconi suona la carica », Antonio Fraschilla, 21 maggio 2010. 3 La Repubblica, édition de Palerme, « Berlusconi suona la carica », Antonio Fraschilla, 21 maggio 2010. 4 La Repubblica, édition de Palerme, « Lombardo scrive a Berlusconi. ‘‘Sui inceneritori ci coinvolga’’ », Sans mention de l’auteur, 21 maggio 2010. 5 Sicilia Informazioni, « Rifiuti, Prestigiacomo : ‘‘Governo pronto ad intervenire a Palermo’’ », Sans mention de l’auteur, 22 maggio 2010. 6 Sicilia Informazioni, « Rifiuti, Prestigiacomo : ‘‘Governo pronto ad intervenire a Palermo’’ », Sans mention de l’auteur 22 maggio 2010. 7 Sicilia Informazioni, « Rifiuti, Prestigiacomo : ‘‘Governo pronto ad intervenire a Palermo’’ », Sans auteur, 22 maggio 2010. 1 259 attorno ai vecchi impianti, è acceso. Ma ora occore separare le polemiche dal diritto dei siciliani di avere un sistema di smaltimento dei rifiuti all’altezza »1. Les discussions entre les autorités régionales et nationales se multiplient, donnant lieu à des propositions et des contre-propositions avec pour toile de fond la mise sous tutelle de la Sicile pour la gestion des déchets. Le 26 mai, le ministre de l’Environnement Stefania Prestigiacomo, le sous-secrétaire à la présidence Gianfranco Miccichè, le président de la région sicilienne Raffaele Lombardo et les assesseurs régionaux Bufaderci, Cimino et Russo se réunissent à Rome pour évoquer les dificultés rencontrées en Sicile pour gérer les déchets. A l’issue de cette rencontre, un consensus s’est constitué sur la nécessité de miser sur un projet prioritaire, en l’occurrence la construction d’un incinérateur à Palerme pour limiter le recours aux décharges. Le 01 juin 2010, le président de la région Sicile présente un plan anti-commissariamento à l’adresse des autorités centrales qui a pour objectif d’éviter la mise sous tutelle et la déclaration de l’état d’urgence2. Les principales propositions sont : 1) construction d’un incinérateur mais uniquement à Palerme et uniquement avec des financements privés (c’est une ouverture en direction de S. Berlusconi, G. Bertolaso, S. Prestigiacomo qui ont tous trois affirmé la nécessité d’un incinérateur) ; 2) mise sous-tutelle « concertée » pour une durée maximale de 24 mois (la mise sous-tutelle concertée est également un signe d’ouverture à l’égard du gouvernement national qui a brandi la menace de recourir à ce dispositif que le sous-secrétaire G. Micciché et principal allié de R. Lomabrdo ont publiquement refusé, afin de conserver la main sur la gestion des déchets) : durant cette période, la Région s’engage à faire aboutir la réforme de la gestion des déchets (liquidation des ATO ; lancement du tri sélectif dans toutes les communes avec l’objectif à atteindre 50% en 2015 conformément à la loi régionale ; ouverture de nouvelles décharges pour éviter la saturation des décharges actuellement exploitées ; 3) lancement des appels d’offres pour la gestion des déchets par les autorités des 9 nouveaux bassins de gestion intégrée ; 4) octroi au gouvernement régional de la possibilité de déroger pour la délivrance des autorisations pour la construction des 10 infrastructures de traitement biologiques dans les déchets pour réduire le volume des déchets entreposés dans les décharges. Les résistances des autorités régionales à la mise sous tutelle de la Sicile par l’État central s’amenuisent. C’est ainsi que le 08 juin 2010, Raffaele Lombardo se déclare prêt à assumer la fonction de commissaire délégué pour l’état d’urgence en matière de gestion des déchets, à condition qu’une dérogation concernant les délais pour la délivrance des autorisations lui soit attribuée. C’est l’assesseur régional à l’Energie publique et aux services d’utilité publique Pier Carmello Russo qui se charge de justifier la nécessité d’une telle dérogation : « E necessario stringere i tempi per il rilascio delle autorizzazioni per avviare nel più tempo possibile soluzioni per la raccolta differenziata e l’individuazione del sistema di chiusura del ciclo dei rifiuti, con una preferenza per i sistemi a basso impatto ambientale. In concomitanza sarà verificato l’interesse alla realizzazione dei termovalorizzatori che al momento non sono né una priorità, né l’ultima spiaggia »3. Le 01 juillet 2010, Raffaele Lombardo se rend à Rome pour négocier le placement de la Sicile sous tutelle du pouvoir central qui intervient huit jours plus tard. Raffaele Lombardo est nommé commissaire délégué « […] al fine di consentire la realizzazione dei prerequisiti minimi per l’aviamento a Sicilia Informazioni, « Rifiuti, Prestigiacomo : ‘‘Governo pronto ad intervenire a Palermo’’ », Sans auteur, 22 maggio 2010. 2 La Repubblica, édition de Palerme, « Rifiuti, piano anti-commissariamento », Antonio Fraschila, 03 giugno 2010. 3 La Repubblica, édition de Palerme, « Emergenza rifiuti, lettera a Berlusconi. Lombardo pronto a fare il commissario », Sans auteur, 08 giugno 2010. 1 260 regime di un ciclo di gestione integrata dei rifiuti in linea con le direttive europee »1. La proclamation de l’état d’urgence s’accompagne de la promesse d’une aide budgétaire exceptionnelle de 200 millions d’Euros de la part de l’État central, affectée spécifiquement au traitement de la situation de crise. L’ordonnance qui accompagne le décret rouvre le débat sur les unités de valorisation thermique en ne privilégiant pas une option au détriment d’une autre en matière de gestion des déchets2. L’article 4 confirme la possibilité de construire des unités de valorisation thermique sur le territoire sicilien mais ne se prononce ni sur leur nombre, leur localisation et leur capacité de traitement. Le commissaire délégué a carte blanche dans ce dossier, l’ordonnance se limitant à observer que les unités de valorisation thermique doivent avoirs recours « […] favorendo l’applicazione delle migliori tecnologie disponibili a salvaguardia della salute della popolazione e dell’ambiente »3. La capacité d’action du commissaire délégué est cependant limitée car la Révision du plan régional de gestion des déchets doit, pour être définitivement adoptée, être soumise au ministère de l’Environnement (article 2)4. La révision du plan de gestion des déchets, adoptée par le 14 octobre 2010, prévoit la mise en service de nouvelles décharges et la prolongation de certaines déjà en activité, des unités de fabrication de compost pour transformer les déchets organiques, le développement du tri sélectif et des unités de traitement biologique dans chaque décharge : il n’est fait mention d’aucune unité de valorisation thermique. Le commissaire délégué continue cependant de déclarer que l’incinération demeure une option comme en ce 09 octobre 2010, quelques jours avant que la Révision du plan de gestion des déchets soit rendue publique : « Li prevediamo solo per la parte finale del trattamento dei rifiuti, ma pensiamo a impianti altamente tecnologici e di dimensioni minori, in base all’effetiva necessità »5. Le débat public qui depuis 2002 se concentraient sur les unités de valorisation thermique et indirectement sur l’insuffisance du tri sélectif migre : il se cristallise désormais sur la Révision du plan de gestion des déchets et les projets de mise en service de nouvelles décharges. Le département de la protection civile6, chargé d’évaluer la Révision du plan régional de gestion des déchets en vue de sa validation par le ministère de l’Environnement, émet un avis négatif. Le Département de la Protection civile énonce quatre critiques majeures7 : aucune estimation des coûts engendrés par la construction des équipements de traitement 1 Presidenza del Consiglio dei ministri, Dichiarazione dello stato di emergenza in ordine alla situazione di crise socio economico ambientale determinatasi nel settore dello smaltimento dei rifiuti solidi-urbani nel territorio della regione Sicilia, 09 luglio 2010. 2 Ordinanza del presidente del consiglio dei ministri n°3887, Immediati interventi per fronteggiare la situazione di emergenza determinatasi nel settore dello smaltimento dei rifiuti urbani nella regione siciliana, 09 luglio 2010 (GU n°170 del 23-7-2010). 3 Ordinanza del presidente del consiglio dei ministri n°3887, Immediati interventi per fronteggiare la situazione di emergenza determinatasi nel settore dello smaltimento dei rifiuti urbani nella regione siciliana, 09 luglio 2010 (GU n°170 del 23-7-2010). 4 Ordinanza del presidente del consiglio dei ministri n°3887, Immediati interventi per fronteggiare la situazione di emergenza determinatasi nel settore dello smaltimento dei rifiuti urbani nella regione siciliana, 09 luglio 2010 (GU n°170 del 23-7-2010). 5 La Repubblica, édition de Palerme, 09/10/2010. 6 Le Département de la protection civile, rattaché à la Présidence du Conseil, joue un rôle stratégique. Il s’agit d’une structure nationale décentralisée, composée d’administrations nationales, régionales, provinciales et municipales, d’institutions scientifiques et de recherche, ainsi que d’organismes privés, qui est chargée de la prévision, de la prévention et de la gestion des situations de crise. 7 Corriere del Mezzogiorno, édition de Palerme, « Piano rifiuti, Bertolaso lo boccia e il Pd lo difende », Giovanna Pirrotta, 12/11/2010. La Repubblica, édition de Palerme, « Bertolaso boccia il piano rifiuti », Antonio Frascilla, 12 novembre 2010. 261 des déchets ; aucune estimation du coût engendré par le développement du tri sélectif ; absence d’un calendrier général organisant l’action publique (phase d’état d’urgence prprement dite ; phase transitoire avant le retour à la normale) ; absence d’un calendrier détaillé des interventions programmées. Guido Bertolaso, directeur de la Protection civile, observe notamment : « Non è chiaro con quali investimenti e modelli organizzativi si vuole affrontare il tema. Non è affrontato, inoltre, il tema dei costi per gli utenti »1. Le Département de la protection civile recommande par ailleurs le recours à l’incinération : « Nella fase "a regime" del piano inviatoci è prevista la realizzazione di impianti per la valorizzazione energetica dei rifiuti urbani residui: tenuto conto che i tempi necessari per pianificare, autorizzare e costruire impianti di termovalorizzazione non sono inferiori a quattro anni, sarebbe opportuno che le relative attività fossero inserite nel piano sin dalla prima fase "emergenziale", laddove si optasse per la loro presenza nel ciclo dello smaltimento dei rifiuti »2. Une question de confiance Le conflit lié à la construction de l’unité de valorisation thermique de Palerme soulève la question de la confiance comme condition nécessaire à la conduite d’une politique publique. La confiance n’existe pas en soi3 : elle suppose une démarche volontariste dans laquelle les acteurs (populations riveraines, porteurs d’intérêts, électeurs…) font acte d’adhésion au projet porté par les pouvoirs publics. Si la confiance n’existe pas en soi mais résulte d’une prise de position, la méfiance est à l’inverse institutionnalisée : elle préexiste à la confiance et constitue l’élément structurant du contexte dans les pouvoirs publics sont appelés à agir. La confiance ne se décrète pas mais se construit. Pour cela, elle nécessite des dipositifs qui ont pour effet de dissiper le sentiment de méfiance. L’existence d’un espace public dans lequel les acteurs ont la possibilité de questionner et donc potentiellement de remettre en cause le projet qui fait l’objet d’un débat est un de ces dispositifs. Dans le cas présent, cet espace public a fait défaut du fait d’une approche verticale adoptée par les autorités siciliennes. Les expériences passées jouent un rôle essentiel dans l’établissement d’un sentiment de confiance, car elles influent sur la manière dont les acteurs se représentent les situations et se positionnent vis-à-vis des pouvoirs publics. Dans le dossier palermitain, la méfiance des acteurs à l’égard des pouvoirs publics se nourrit : 1) De l’incapacité de ces mêmes pouvoirs publics à mettre en œuvre une politique efficace en matière de tri sélectif (le tri sélectif est inférieur à 7% à l’échelle de la Sicile et de la province de Palerme) ; 2) De l’échec de la réforme de la gestion des déchets conduite dans le cadre du commissariamento straordinario ; 3) Des soupçons croissants de malversation dans l’attribution des marchés publics concernant la construction des quatre unités de valorisation thermique, dont celle de Palerme. Conclusion La reconstitution du conflit laisse apparaître que l’échec de la construction de l’unité de valorisation thermique de Palerme tient moins à la mobilisation des acteurs locaux cherchant à ouvrir un espace (public) intermédiaire, qu’à une maîtrise imparfaite des procédures administratives de la part des autorités en charge du dossier. Les acteurs locaux ne sont pas parvenus à ouvrir une phase de concertation avec les autorités régionales et à s’instituer comme interlocuteurs et partenaires dans la conduite du projet. S’ils sont parvenus à La Repubblica, édition de Palerme, « Bertolaso boccia il piano rifiuti », Antonio Frascilla, 12 novembre 2010. 2 La Repubblica, édition de Palerme, « Bertolaso boccia il piano rifiuti », Antonio Fraschilla, 12 novembre 2010. 3 Louis Quéré, « Les ‘‘dispositifs de confiance’’ dans l’espace public », Réseaux, p. 185-217. 1 262 conquérir « l’espace médiatique », ils n’ont pas eu accès à « l’espace politique » (je crois que cette distinction est de toi ?). L’opposition se manifeste simultanément à deux niveaux : les acteurs locaux contestent le projet industriel (autrement dit le recours à l’incinération pour traiter les déchets) et le processus de décision (autrement dit la manière dont les conditions dans lesquelles le projet a été élaboré et porté jusqu’à l’ouverture du chantier). Des entretiens réalisés auprès des principaux responsables syndicaux et associatifs, il ressort que la population n’a jamais été activement impliquée dans la mobilisation sur le terrain. Ce sont davantage des interventions extérieures (Cour de justice des communautés européennes, ministère de l’Environnement) ou périphériques (arrêt du Tribunal administratif régional de Palerme concernant le projet de station d’épuration programmé sur le territoire de la commune de Bologneta) qui bloquent la réalisation du projet. L’échec de la construction de l’unité de valorisation thermique est d’abord imputable à la décision de la Cour de justice des communautés européennes de juillet 2007 qui invalide l’appel d’offres d’août 2002 portant sur la construction et la gestion des unités de valorisation thermique sur le territoire sicilien et contraint ainsi les autorités régionales à organiser deux nouveaux appels d’offres ne sucitant aucune proposition. Cette décision judiciaire a pour effet de retarder les travaux et de décridibiliser le projet compte tenu des soupçons de corruption qui vont se multiplier à cette occasion. L’échec du projet doit également être mis en relation avec à le changement de majorité politique survenu à la suite des élections régionales d’avril 2008 : Raffaele Lombardo, élu président de la région Sicile, prend progressivement ses distances avec un projet contesté et de plus en plus décridibilisé, jusqu’à le désavouer publiquement en émettant des doutes concernant la technologie employée et plus globalement le recours à l’incinération. La construction d’une unité de valorisation thermique à Palerme demeure à ce jour une option ouverte. Elle a été relancée en juillet 2010 avec le placement de la Sicile sous tutelle du pouvoir central dans le cadre du dispositif dérogatoire d’action publique. A l’occasion du débat accompagnant cette mise sous tutelle, de nouvelles hypothèses de travail concernant la localisation des équipements et leur calibrage ont été évoquées. La question concernant la forme de l’arène décisionnelle reste cependant posée : le commissaire délégué en la personne de Raffaele Lombardo va-t-il, au cours des semaines et mois à venir, ouvrir l’arène décisionnellevia des processus d’information, de concertation ou de consultation pour trouver le consensus le plus large possible ou, à l’inverse, la maintenir fermée comme ce fut le cas jusqu’à présent en mobilisant les ressources d’autorité et de légitimité dont il dispose ? Si l’expérience montre que l’amélioration des procédures d’information, de concertation ou de consultation n’assure pas automatiquement une sortie du conflit, il n’en demeure pas moins qu’elle est en une composante nécessaire. 263 264