Le Forum de Dialogue de l`IBSA

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Le Forum de Dialogue de l`IBSA
Research Papers N° 11
Centre Européen de Recherche Internationale et Stratégique
Le Forum de Dialogue
de l’IBSA
Flavia Buiarelli
2007
Flavia Buiarelli
Madamoiselle Buiarelli a étudié Science Internationales et
Diplomatiques près l’Université de Bologna, pour les terminer en 2005
avec un mémoire sur l’histoire des relations internationale. Pendant ses
études elle a gagné une bourse du programme Erasmus près l’Université
Libre de Bruxelles où elle a fréquenté Sciences Politiques. Après la fin
des études, elle a participé au programme Leonardo da Vinci, grâce
auquel elle est retourné à Bruxelles pour travailler dans une lobby au
niveau européen et puis près une société de consulting de public
management. Elle a aussi travaillé à Copenhague dans le domaine du
consulting dans la coopération au développement.
Actuellement Mademoiselle Buiarelli est retourné en Italie : elle travaille
à Rome dans une société de consulting, chargée des projets européens.
Elle a participé au Master en Politique Internationale du CERIS pendant
l’année académique 2006/2007 et elle a défendu son mémoire, « Le
Forum de Dialogue de l’IBSA » en octobre 2007.
Flavia Buiarelli
Mrs. Buiarelli studied International Sciences and Diplomacy at the
University of Bologna, where she got a Degree in History of
international relations. During the university years she participated to
the Erasmus programme studying one year Political Sciences at the
Université Libre de Bruxelles. After having obtained her degree in Italy
she moved to Brussels thanks to the Leonardo da Vinci programme. She
worked first in an European lobby, then in a consultancy of public
management. Also she worked in Copenhagen in the development
consulting area. Mrs Buiarelli is currently working in Rome as a
consultant for European projects.
She attended the CERIS Master Programme in International Politics in
2006/2007 academic year and defended her thesis “Le forum de
Dialogue de l’IBSA” in October 2007.
Table de matière
Introduction ........................................................................... 3
Qu’est ce que l’IBSA ? ......................................................................................... 3
La structure de ce travail ................................................................................... 4
Chapitre 1 : La politique étrangère de l’Inde, du Brésil et de
l’Afrique du Sud...................................................................... 5
1.1. Les relations étrangères de l’Inde......................................................... 5
1.1.1. L’équilibre de puissance en Asie .............................................. ......8
1.1.2. L’Inde et l’IBSA................................................................................... 10
1.2. Les relations étrangères du Brésil....................................................... 10
1.2.1. Les aspirations de puissance régionale..................................... 13
1.2.2. Le Brésil et l’IBSA .............................................................................. 15
1.3. Les relations étrangères de l’Afrique du Sud.................................. 16
1.3.1. L’engagement en Afrique................................................................ 19
1.3.2. L’Afrique du Sud et l’IBSA .............................................................. 20
1.4. Conclusions .................................................................................................. 21
Chapitre 2 : L’IBSA ............................................................... 24
2.1. Les buts et les domaines d’action de l’IBSA ................................... 24
2.1.1. Les secteurs de coopération.......................................................... 25
2.2. Les positions communes sur l’agenda internationale.................. 26
2.3. L’IBSA dans les relations internationales ......................................... 28
2.3.1. La coopération Sud - Sud ............................................................... 29
Chapitre 3 : L’IBSA, quel type d’interrégionalisme ? ............ 34
3.1. L'interrégionalisme comme évolution du régionalisme............... 34
3.2. Interrégionalisme et transrégionalisme ............................................ 36
3.3. L’IBSA : inter ou trans - régionalisme ? ........................................... 39
3.3.1. L’IBSA comme modèle..................................................................... 40
Conclusions .......................................................................... 43
Annexes ............................................................................... 45
Bibliographie ........................................................................ 51
2
Introduction
Qu’est ce que l’IBSA ?
L’IBSA est un Forum de dialogue qui comprend Inde, Brésil et
Afrique du Sud. Il est né en 2003 suite à des rencontres à haut niveau
entre les représentants des trois pays.
Le Forum est d’un côté un lieu de discussion sur les questions les
plus importantes de politique internationale et sur la coopération au
développement, et de l’autre côté un lieu de coopération concrète où les
membres mettent en commun leurs expertises sur des domaines d’intérêt
commun.
A côté des buts spécifiques liés aux secteurs de coopération, qu’on
verra par la suite, les trois pays ont créé l’IBSA pour se présenter sur la
scène internationale comme des puissances moyennes. Cette aspiration,
commune à Inde, Brésil et Afrique du Sud, a plusieurs faces. En premier
lieu, le Forum voudrait se présenter à la communauté internationale et
aux Pays en Voie de Développement (PVD) en particulier, comme le
nouveau modèle de coopération entre PVD, c'est-à-dire de coopération
Sud – Sud. En outre, en qualité de modèle de coopération Sud – Sud, ils
voudraient porter et défendre les intérêts des PVD dans les relations
internationales, en conduisant un front commun pour la construction d’un
système international plus démocratique, notamment pour la réforme des
Nations Unies et pour les négociations de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC). En dernier lieu, ils cherchent à voir reconnus le rôle et
le poids dans les respectives régions par les respectifs voisins et, par
conséquence, par la communauté internationale.
Déjà, il est possible de se rendre compte de l’importance de ce
nouveau phénomène et des enjeux qui y sont liés. En réalité, l’intérêt
d’étudier l’IBSA réside surtout dans la nouveauté de l’accord et dans les
possibilités de son évolution. En particulier, la nouveauté n’est pas
seulement la coopération dans des domaines stratégiques - techniques,
mais surtout la volonté des trois pays de coordonner d’une façon étroite
leurs actions et décisions de politique internationale. Cela a la possibilité
d’affecter concrètement les équilibres dans l’ONU et dans l’OMC.
De plus, une des raisons pour étudier l’IBSA est l’aspiration du
Forum de présenter un nouveau modèle de coopération Sud – Sud, dont il
faudra comprendre la différence par rapport aux coopérations passées et
les possibilités de constituer effectivement un modèle favorable au
développement.
Enfin, le sujet est intéressant d’un point de vue théorique, car il
s’agit d’un exemple tout à fait particulier d’accord d’interrégionalisme.
Bien que l’IBSA existe depuis seulement 4 ans, il est quand même
important de réfléchir sur ses possibilités de changer ses aspects
particuliers dans des éléments d’un nouveau type d’interrégionalisme.
3
La structure de ce travail
Ce travail est divisé en trois chapitres qui abordent d’une façon
analytique les questions relatives à l’IBSA, l’engagement des membres et
les enjeux internationaux.
Le premier chapitre est dédié aux trois membres de l’IBSA et en
particulier à leur politique étrangère. Le but est celui d’envisager pour
chaque pays les facteurs qui les ont amenés à la constitution de l’IBSA, et
en particulier de trouver des raisons communes à Inde, Brésil et Afrique
du Sud. En général, l’analyse donne beaucoup d’importance au contexte
régional et aux engagements de Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud
dans leurs propres régions et aux avantages que chaque membre peut
tirer de la coopération dans l’IBSA.
Le second chapitre est le cœur de ce travail car il aborde l’IBSA en
tant qu’organisme indépendant, en étudiant les matières de coopération
et les positions communes sur l’agenda international. A côté de cela, on
traitera la façon de l’IBSA de s’insérer dans les relations internationales et
les réactions de la communauté internationale en général et des PVD en
particulier. Comme l’IBSA veut se montrer comme exemple de
coopération Sud – Sud, ce dernier argument sera introduit en expliquant
les plus importantes évolutions et les tendances les plus récentes : on
cherchera à placer l’IBSA dans ce cadre afin d’en évaluer les possibilités
d’en devenir un modèle efficace.
Le troisième chapitre est l’encadrement théorique de ce travail : on
y analyse l’IBSA en tant qu‘accord interrégional. Comme le sujet est
complexe, nous tâcherons d’expliquer les sujets du régionalisme et de
l’interrégionalisme en introduisant les contributions des principales écoles
de relations internationales. Ensuite, on analysera une typologie dans
laquelle nous chercherons à trouver une place virtuelle pour l’IBSA. Enfin,
cette analyse nous conduira a réfléchir sur la possibilité de l’IBSA de
devenir un modèle d’interrégionalisme à proprement parler.
Comme l’IBSA n’est né qu’en 2003, il est bien sûr encore tôt pour
en tirer des conclusions définitives : il est pourtant intéressant de
l’analyser pour comprendre ses chances de constituer un modèle et pour
comprendre comment il affecte et pourra affecter les relations
internationales, les relations entre les PVD et les relations entre Sud et
Nord du monde.
4
Chapitre 1 : La politique étrangère de l’Inde,
du Brésil et de l’Afrique du Sud
1.1. Les relations étrangères de l’Inde
L’Inde est un pays en expansion selon plusieurs points de vue : en
premier lieu son économie croît de jour en jour, et les taux de croissance
de son PIB sont autour du 8%1 ; cela a un impact sur beaucoup de
sphères économiques telles que le besoin en énergie du pays. En
deuxième lieu, le pays est en train de se positionner entre les PVD comme
l’un des premiers en matière de développement technologique. En
troisième lieu, sa forte position en Asie lui donne un rôle central dans
l’équilibre de puissance dans le continent. Enfin, le fait que le pays
détienne l’arme nucléaire augmente son importance en Asie, parmi les
PVD et dans les relations internationales en général.
Vu tous ces éléments et consciente de ses potentialités, l’Inde
aspire au titre de puissance régionale. La caractéristique de la politique
étrangère indienne, depuis son autonomie du Royaume Uni , est
l’indépendance d’action2 : le pays cherche à agir d’une façon autonome et
à ne pas se faire soumettre par les décisions des autres ; elle cherche en
outre de voir reconnu par tous son rôle de puissance pas seulement de la
sub-région de l’Asie du Sud, mais de l’Asie entière à l’échelle de la Chine.
Ses ambitions se situant en premier lieu en Asie du Sud et puis en
Asie et finalement parmi la communauté internationale, il faut donner
beaucoup d’attention aux jeux de pouvoir et aux équilibres existant dans
le continent asiatique. C’est pour cette raison qu’il y aura dans cette étude
un paragraphe consacré aux relations de l’Inde en Asie et au rôle du
nucléaire dans cet équilibre.
Le nucléaire est aussi un élément très important et un facteur de la
politique interne et étrangère de l’Inde. En premier lieu, cela influence les
relations avec ses voisins comme on le verra par la suite ; en deuxième
lieu il conditionne la position de l’Inde dans la communauté internationale
vu que le pays n’a pas signé le Traité de Non-prolifération Nucléaire3 ; en
dernier lieu, il affecte aussi le besoin d’énergie de l’Inde.
Le besoin d’énergie d’un pays qui conte environ 1 milliard de
personnes a poussé l’Inde à chercher des accords avec beaucoup de pays,
tels que les Etats-Unis, le Pakistan, le Brésil. Ces accords ont le double
effet de porter l’énergie dans le pays et de construire ou renforcer des
liens qui étaient auparavant difficiles.
1
De Juillet à Septembre du 2006, le taux a été du 9,2%. C. Zissis, « India’s energy
crunch »,
08/12/2006,
Council
on
Foreign
Relations,
Etats-Unis,
http://www.cfr.org/index.html.
2
K. Tharoor, « India: between “being” and “becoming” », Fondacion para las Relaciones
Internacionales y el Dialogo Exterior, http://www.fride.org/publication/176/india-betweenbeing-and-becoming
3
Non proliferation Treaty - NPT
5
Le 3 mars 2006, les Etats-Unis et l’Inde ont signé un accord de
coopération sur l’utilisation civile de l’énergie nucléaire4. L’accord fait
partie d’un rapprochement des deux pays, entamé dans les années
quatre-vingt mais mis en danger par les faits du 11 septembre 2001.
Après les attentats aux tours jumelles et au Pentagone, les Etats-Unis ont
amélioré leurs relations avec le Pakistan en provocant en Inde la crainte
d’un bouleversement des rapports avec celle-ci. L’Inde est pourtant
importante pour les Etats-Unis car elle représente un contrepoids régional
à la Chine, voir à la Russie. Les Etats-Unis et l’Inde ont donc continué se
rapprocher bien qu’il existe des raisons de tension dans la sphère
commerciale.
Les terrains de désaccord entre les deux pays concernent surtout
les négociations au sein de l’OMC et la réaction de Washington aux
actions unilatérales. A propos de l’OMC, il faut mentionner la participation
active de l’Inde au groupe de Vingt (G-20) qui défend les intérêts des PVD
sur les questions agricoles, en particulier par rapport aux subsides aux
agriculteurs dans les pays riches. Ce groupe, né en tant qu’alliance entre
le Brésil, l’Inde et la Chine, auxquels se sont ajoutés 20 autres pays en
Afrique, Asie et surtout en Amérique Latine5, a été constitué pendant le
« Doha Round »6 en 2003 pour négocier les questions agricoles avec les
pays de l’OCDE.
En outre l’Inde s’oppose à la mise en œuvre des accords sur les
droits de la propriété intellectuelle7 et mène les PVD dans leur opposition
aux pays riches qui protègent d’ailleurs le système des brevets. L’Inde,
grâce à un bon niveau technologique et à une législation interne
favorable, a produit jusqu’à maintenant des médicaments génériques à un
coût plus bas par rapport aux grandes entreprises pharmaceutiques. Cela
est utile non seulement pour les problèmes de santé de la population
indienne, mais aussi pour les autres PVD qui en bénéficient. Nonobstant la
« Déclaration de Doha »8, qui permet la production des médicaments sans
devoir payer les brevets en cas de raisons de santé publique jusqu’au
2016, cette pratique est en danger et l’Inde cherche avec sa législation
sur les brevets de réduire les médicaments qui bénéficient de revenus sur
les brevets9.
4
« US-India civil nuclear cooperation initiative », US Department of State (Ministère des
Affaires Etrangères des Etats-Unis), http://www.state.gov/. Cet accord vise à insérer
l’Inde, qui n’a pas signé le NPT, dans le système internationale du contrôle de la
prolifération nucléaire, en lui donnant la possibilité des coopérations pour des buts civiles
que le NPT même donne.
5
Les membres du G-20 sont Egypte, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe
(Afrique), Chine, Inde, Indonésie, Pakistan, Philippines et Thaïlande (Asie), Argentine,
Bolivia, Brésil, Chili, Cuba, Ecuador, Guatemala, Mexique, Paraguay, Pérou, Uruguay,
Venezuela (Amérique Latine). Le group a été particulièrement actif pendant la réunion de
Cancun en réussissant pour la première fois à gérer les négociation et à s’opposer aux
décisions des Etats-Unis et Union Européenne.
6
« Schedule for the elimination of all forms of export subsidies », Joint G-20 – Cairns
Group
contribution,
18/05/2006.
http://www.g20.mre.gov.br/conteudo/proposals_schedule01.pdf
7
Trade Related Aspects of Intellectual Property Rights - TRIPS
8
« Déclaration séparée sur les TRIPS et la santé publique », 14/11/2001, Doha
http://www.wto.org/english/thewto_e/minist_e/min01_e/mindecl_trips_e.htm
9
S. Dorati, « India: la controversia sulla brevettabilità dei farmaci e l’emergenza
sanitaria »,
06/04/2007,
http://www.equilibri.net/articolo/6155/India__la_controversia_sulla_brevettabilita_dei_far
maci_e_l_emergenza_sanitaria
6
La mise en discussion de l’ordre international de la part de l’Inde
est en relation aussi à son rôle international, en particulier dans
l’Organisation des Nations Unies (ONU). Comme il a été déjà remarqué,
l’Inde considère soi-même comme une puissance du continent asiatique
et pas seulement de la sub-région Asie du Sud ; elle aspire à voir ce rôle
reconnu à l’échelle internationale et demande un siège permanent dans le
Conseil de Sécurité. Sa demande a rencontré les aspirations d’autres
puissances régionales qui demandent soit une représentation plus juste
au Conseil de Sécurité, soit la reconnaissance par la communauté
internationale de leur rôle régional et mondial, de leur économie et de
leurs poids démographique. Ces Etats sont le Brésil, l’Allemagne et le
Japon et ensemble ils ont constitué le G-4, le Groupe des 4 : ils
présentent une position commune10 selon laquelle les membres du Conseil
de Sécurité seront 25 ; 10 en plus par rapport à aujourd’hui, dont 6
permanents avec droit de veto et 4 non permanents. Leur proposition
cherche à intégrer leur aspiration à devenir membres permanents avec
des critères géographiques. Les 6 nouveaux membres permanents
devraient être composés comme suit:
Deux Etats africains ;
Deux Etats de l’Asie ;
Un Etat de l’Amérique du Sud et des Caraïbes ;
Un Etat de l’Europe occidentale et du reste du monde.
Les 4
membres non permanents devraient être distribués comme suit :
Un Etat africain ;
Un Etat de l’Asie ;
Un Etat de l’Amérique du Sud et de Caraïbes ;
Un Etat de l’Europe de l’est.
Bien que cette proposition prenne en compte des critères
géographiques et de représentation plus démocratique du Sud du monde,
elle reste quand même l’expression des ambitions du G-4 et elle trouve
des résistances parmi les voisins des 4 pays et des membres permanents.
Pour l’Inde, il faut considérer les réactions du grand voisin chinois, qui
s’oppose à cette demande de l’Inde.
L’engagement de l’Inde comme leader des PVD dans les
négociations au sein de l’OMC, influence d’une façon négative les relations
avec l’Union Européenne (UE) à cause des subsides agricoles ; en outre,
le sentiment anti-nucléaire parmi l’opinion publique européenne
n’améliore pas ces relations vu les tests nucléaires de l’Inde en 1998. De
plus, l’UE regarde avec méfiance l’accord sur la coopération nucléaire
entre Inde et Etats-Unis, se voyant exclue des jeux de sécurité en Asie et
dans le monde. Pourtant, les intérêts communs sont importants et l’UE a
élaboré un partenariat stratégique11 avec l’Inde, statut qui a été attribué
par exemple aux Etats-Unis, à la Russie et à la Chine.
10
« Draft resolution on Security Council Reform », Brésil, Allemagne, Inde, Japon,
13/05/2005, http://www.centrodirittiumani.unipd.it/a_temi/riformanu/6/g4resolution.pdf
11
« The India – EU Strategic Partnership – Joint action Plan », New Delhi, 2005,
http://ec.europa.eu/external_relations/india/sum09_05/05_jap_060905.pdf
7
1.1.1. L’équilibre de puissance en Asie
L’Asie est un continent stratégique dans les relations internationales
pour plusieurs raisons :
Il s’agit d’un continent qui témoigne d’une croissance
économique explosive et d’une population très nombreuse aussi.
Il existe beaucoup de tensions entre les Etats et à l’intérieur des
Etats.
Plusieurs pays en Asie ont des capacités militaires nucléaires
(Inde, Chine, Pakistan, Russie) et d’autres les voudraient (Iran,
Corée du Nord).
L’Asie est le cœur de toutes les grandes religions.
Les équilibres de pouvoir sont donc fondamentales pour les
relations internationales et ont des effets sur le monde entier : il est
évident qu’en étudiant les relations de l’Inde avec les autres pays
asiatiques ces équilibres sont centraux et concernent aussi l’aspect
militaire - nucléaire.
Le voisin le plus inconfortable pour l’Inde est la Chine avec laquelle
l’Inde a un rapport de compétition et d’amitié sur d’autres fronts. Après la
défaite indienne dans la guerre du 1965 contre la Chine, la politique
militaire indienne a été pensée surtout en rapport à ce pays, avec lequel
l’Inde partage une frontière. Même au niveau commercial, les deux pays
sont en compétition et beaucoup voient l’Inde comme contrepoids à la
Chine. Tel est le cas pour les Etats-Unis, l’Europe, le Japon et les pays de
l’Asie du sud-est. Finalement, la Chine, qui fait partie du Conseil de
Sécurité, s’oppose d’une façon informelle12 aux demandes de l’Inde de
rejoindre le Conseil de Sécurité avec un siège permanent et avec droit de
veto. Pourtant, l’Inde et la Chine partagent la même perception de l’ordre
international, en particulier vis-à-vis de l’aptitude unilatérale des EtatsUnis.
En ce qui concerne cet aspect, les deux pays ont été rejoints par la
Russie dans des entretiens à trois dans les domaines de la paix, de la
coopération en matière d’énergie, et de la coopération économique. Dans
leur dernier meeting en février 2007, ils ont souligné l’importance du
multilatéralisme et de leur contribution pour la paix internationale.
La Russie est d’ailleurs un des alliés historiques de l’Inde en l’ayant
aidé au développement des premiers tests nucléaires en 1974, surtout en
contraposition à la Chine. Aujourd’hui encore, les deux pays coopèrent
dans le domaine nucléaire et militaire, ayant signé en 2000 une
déclaration de partenariat stratégique et un traité de défense, selon lequel
la Russie aidera l’Inde dans la mise à jour des forces militaires
indiennes13.
De plus l’Inde est en train de négocier un accord avec les pays de
l’ASEAN (Association of South East Asian Nations) afin d’augmenter les
12
I. Sant-Mézard, « Les relations sino-indiennes : tendances récentes et évolution en
cours », en AFRI, Volume VII, 2006, http://www.afri-ct.org/article.php3?id_article=1620
13
A. Mohammad-Arif, « L’Inde et sa puissance », en « AFRI », Volume III, 2004,
http://www.afri-ct.org/article.php3?id_article=83
8
échanges commerciales. Cette manœuvre, qui d’ailleurs ne plait pas à la
Chine, fait partie de la stratégie de l’Inde de rechercher des nouveaux
marchés et des nouveaux alliés14.
La diplomatie de l’Inde a été particulièrement active dans le
subcontinent indien, où l’Inde est aussi intervenue militairement à
quelques occasions, afin de se porter comme la puissance régionale
gérant la paix. C’est le cas du Sri Lanka et des Maldives, tandis que l’Inde
a des conflits avec le Népal et le Bangladesh. En 1985, le Bangladesh
propose la création d’une communauté des Etats de l’Asie du sud pour
ouvrir les marchés internes et augmenter les échanges ; la SAARC (South
Asian Association for Regional Cooperation) bénéficie plutôt les petits
pays que l’Inde, qui d’ailleurs n’est pas très soucieuse de la revitaliser15.
Le pays qui a eu une forte influence sur la politique indienne et sur
les équilibres régionaux est le Pakistan, qui s’est confronté avec l’Inde
plusieurs fois sur le plan militaire. La source des conflits entre les deux
pays est l’Etat du Cachemire qui, a majorité musulmane, fait partie de
l’Inde. Le conflit dépend de la différente conception qu’ont les deux pays
sur l’Etat car le Pakistan est un Etat religieux qui veut réunir toute la
population musulmane qui était dans le territoire de l’ancien empire
anglais ; par contre l’Inde a été construite comme Etat laïque, et pas
hindou, qui assure liberté à tous indépendamment de la religion16. Le
Pakistan réclame donc le Cachemire, en reprochant à l’Inde de ne pas
donner assez d’autonomie à la région, tandis que l’Inde accuse le Pakistan
de soutenir les terroristes au Cachemire. Depuis les dernières années par
contre, les relations entre Inde et Pakistan sont en train d’améliorer,
surtout à cause des nombreux problèmes que le Pakistan doit surmonter
avec les menaces des extrémistes, des talibans afghanes aux frontières et
avec les pressions des Etats-Unis. C’est pour ces raisons que le pays
cherche aujourd’hui un rapport de détente avec l’Inde bien qu’il regarde
avec méfiance le programme de modernisation de l’armée et le rôle accru
sur la scène internationale.
Autres témoins de la détente sont l’accord de coopération dans le
domaine de l’anti-terrorisme, et l’accord sur la fourniture de gaz. Le
IPINGP (Iran – Pakistan – India natural gas pipeline) prévoie la
construction d’un gazoduc qui portera le gaz iranien à travers le Pakistan
jusqu’à l’Inde17 : il s’agit d’une des tentatives de l’Inde de diversifier ses
fournisseurs d’énergie en s’assurant une fourniture apte à soutenir ses
objectifs de développement. En outre, en se liant à d’autres pays
asiatiques, elle remarque sa volonté de se positionner comme une
puissance régionale, centre d’une Asie qui va de la Méditerranée au
Pacifique.
14
« India close to free trade agreement with ASEAN », en « The Times of India »,
26/08/2007,
http://timesofindia.indiatimes.com/World/Rest_of_World/India_close_to_free_trade_agree
ment_with_ASEAN/articleshow
15
K. Tharoor, « India: between “being” and “becoming” », Fondacion para las Relaciones
Internacionales y el Dialogo Exterior, http://www.fride.org/publication/176/india-betweenbeing-and-becoming
16
S. Ganguly, « Storia dell’India e del Pakistan. Due paesi in conflitto », Bruno Mondatori,
Milano, 2004.
17
G.
Di
Nicola,
« India:
il
ballo
dei
pretendenti »,
24/05/2007,
http://www.equilibri.net/articolo/6836/India__il_ballo_dei_pretendenti
9
1.1.2. L’Inde et l’IBSA
Les considérations sur les avantages que les trois pays peuvent
obtenir de leur coopération sont plus au moins les mêmes : nouveaux
marchés, bénéfice de la coopération au niveau scientifique, visibilité
internationale et poids politique accru.
Pour l’Inde il faut souligner les avantages en termes commerciaux :
l’ouverture de deux grands marchés, tels que celui du Brésil et celui de
l’Afrique du Sud, pour ses produits technologiques, pharmaceutiques et
manufacturiers et l’exploitation des hydrocarbures brésiliens. La recherche
d’énergie, toujours au centre de la diplomatie de New Delhi, est aussi
importante dans la coopération de l’IBSA. Les accords bilatéraux entre
l’Inde et le Brésil, à côté des réunions de l’IBSA, se sont focalisés sur
l’énergie : coopération entre les entreprises de pétrole sur l’exploitation
des gisements et coopération avec les techniciens brésiliens pour
l’éthanol.
En ce qui concerne l’Afrique du Sud, l’IBSA pourrait y augmenter la
présence indienne, car les entreprises indiennes ont déjà commencé à
investir dans ce pays, où il existe d’ailleurs une communauté indienne
très importante.
Finalement les trois pays se positionnent de la même façon face
aux autres PVD et face aux pays riches. Ils veulent être reconnus comme
leaders des PVD et veulent changer l’ordre international pour le rendre
plus démocratique et équilibré.
1.2. Les relations étrangères du Brésil
Au contraire de l’Inde qui est une démocratie depuis son
indépendance en 1947, le Brésil a eu une démocratisation relativement
récente : en 1988 a lieu la première élection directe du Président de la
République, après plus de 20 ans de gouvernement des militaires.
Aujourd’hui le Brésil est une démocratie stable grâce à un mécanisme de
« checks and balances » : c'est-à-dire de contrôle réciproque des pouvoirs
dans les institutions et entre les institutions18.
Le ministère des Affaires Etrangères, appelé Itamaraty, reste
relativement au dehors de ce système car il est traditionnellement
indépendant des jeux politiques entre les institutions, en particulier le
Congrès et le Président et le gouvernement. Cela fait que la politique
étrangère du Brésil suit dans le temps les mêmes lignes directrices.
Toutefois, l’actuel président, Luis Inàcio Lula da Silva, a marqué avec son
empreinte personnelle la politique internationale du Brésil. En outre,
certains analystes soulignent que avec Lula d’autres acteurs ont acquis
aussi une influence dans les choix de Itamaraty. En ce qui concerne le
poids de ces acteurs, les analystes se divisent entre ceux qui parlent
18
Le Brésil est un pays fédéral avec un système de gouvernement présidentiel: élection
directe du président, Congrès fort qui limite l’action du gouvernement; Etats fédérés en
contraposition à l’Etat fédéral.
10
d’une influence limitée19 et ceux qui remarquent que cette influence est la
cause d’une certaine incohérence dans la politique étrangère du Brésil20.
Bien que la politique interne des pays soit importante dans leurs
choix de politique étrangère, elle ne rentre pas dans cette étude qui
aborde d’ailleurs la politique étrangère des trois pays seulement afin
d’encadrer l’IBSA. C’est pour ces raisons que l’on ne prendra pas en
compte les composantes du gouvernement et leur influence sur la
politique étrangère.
Toutefois les actions du président marquent les relations du Brésil
qui ont progressivement privilégié les rapports Sud – Sud aux relations
avec les Etats-Unis et l’UE. Cela est démontré par le nombre des voyages
du président Lula dans les PVD : entre 2003 et 2006 il s’est déplacé 99
fois desquelles 69 dans les PVD (35 en Amérique du Sud et 34 en dehors
du continent) et 30 dans les pays industrialisés21. Il est utile d’observer
l’engagement en Amérique du Sud et l’intérêt pour ce continent dans le
contexte de l’intérêt dans les relations Sud - Sud. Dans le prochain
paragraphe nous analyserons les actions de l’Itamaraty dans le continent,
en montrant comment le Brésil aspire à en devenir le leader régional.
Avec ce type de politique, le Brésil se porte comme le défenseur
des pauvres dans le monde entier, avec une certaine rhétorique antiglobalisation, et comme le porteur de la réforme du système international
à partir de l’ONU jusqu’à l’OMC.
En ce qui concerne la réforme de l’ONU, le Brésil souligne le
manque de représentation des PVD dans le Conseil de Sécurité et aspire à
un siège permanent. A côté de cette demande de démocratisation du
Conseil de Sécurité, le Brésil se propose comme candidat à un siège
permanent vu son poids régional et comme représentant de l’Amérique du
Sud, non représentée parmi les membres avec droit de veto. En 1995 le
Brésil, se joint à d’autres puissances régionales comme l’Inde, le Japon et
l’Allemagne, et constitue avec eux le G-4. Ce projet rencontre l’opposition
des membres du Conseil de Sécurité, en particulier celle des Etats-Unis en
ce qui concerne le Brésil, et des voisins des quatre pays : la Chine
s’oppose au Japon, le Pakistan à l’Inde, l’Italie à l’Allemagne et enfin
l’Argentine s’oppose au Brésil. Les rapports entre ces deux pays sont
fondamentaux pour l’équilibre du continent sud-américain et le leadership
régional du Brésil n’est pas suffisamment consolidé pour ne pas en tenir
compte.
Les relations avec ses voisins sont très importants pour le Brésil et,
comme on le verra par la suite, l’intégration est une telle priorité du
président et de l’Itamaraty que souvent les relations avec les autres
19
S. Gratius, « Brazil in the Americas. A regional peace broker? », April 2007, Working
Paper 35, Fondacion para las Relaciones Internacionales y el Dialogo Exterior,
http://www.fride.org/publication/223/brazil-in-the-americas-a-regional-peace-broker
20
Cette incohérence serait conséquence des contradictions dans la coalition de Lula: les
différents groupes soutiennent une agenda différente. D’un côté la rhétorique antiglobalisation soutenue par la partie plus idéologisée du PT (Partido des Trabajadores), et
de l’autre côté l’adhésion aux principes économiques libérales et le commerce avec les
pays développés, UE et Etats-Unis. J. A. Guilhon Albuquerque, « President Lula’s approach
to fragile states » en « Carta Internacional », Volume 2 – Numéro 1 – Mars 2007,
Universidade de São Paulo, São Paulo, http://www.unb.br/irel/ibsa/documentos.htm
21
R. Seitenfus, « O Brasil e suas relações internacionais » en « Carta Internacional »,
Volume 2 – Numéro 1 – Mars 2007, Universidade de São Paulo, São Paulo,
http://www.unb.br/irel/ibsa/documentos.htm
11
parties du monde sont régies en relation au processus d’intégration de
l’Amérique du Sud.
Cela vaut pour l’UE, qui est d’ailleurs l’exemple de l’intégration
régionale. Malgré cela et malgré les relations économiques, l’UE et le
Mercosur n’ont pas réussit à finaliser ni un accord de partenariat ni un
accord commercial. Cet échec augmente la frustration du Brésil par
rapport à l’UE, qui est par ailleurs le partenaire commercial le plus
important commercial du pays, mais qui semble ne pas reconnaître le
potentiel brésilien pour le développement dans le continent sudaméricain. L’UE a des accords de partenariat avec beaucoup de pays qui
jouent un rôle important dans leur propre région, c’est-à-dire des
puissances régionales ou bien globales (l’Inde par exemple comme il a été
souligné, a un accord de partenariat stratégique). Comme presque toute
l’Amérique du Sud22, le Brésil n’est pas lié à l’UE avec aucun accord
malgré son poids dans la région et les liens commerciaux et culturels. Les
raisons du faible intérêt de l’UE pour le continent américain et pour le
Brésil en particulier sont plusieurs, comme l’absence d’un interlocuteur
unique en Amérique, mais la plus importante est la relative stabilité du
continent. L’Amérique du Sud est stable en raison du manque des conflits
entre Etats et l’existence d’intérêts commerciaux réciproques assez sûrs
et stables, ne demandant pas de protections supplémentaires : en bref
l’Amérique du Sud ne semble être une zone stratégique. Il faut ajouter
aussi à cela les difficultés des négociations entre l’UE et le Mercosur et
surtout les négociations au sein de l’OMC en ce qui concerne l’agriculture.
L’autre grand et important partenaire commercial du Brésil sont les
Etats-Unis, lesquels le Brésil présente comme le rival dans l’influence dans
l’Amérique du Sud. Comme cet argument est lié aux questions concernant
le continent américain en général, on abordera ce sujet dans le
paragraphe dédié aux relations régionales.
Comme il a été plusieurs fois remarqué, le Brésil est très engagé
dans la coopération entre pays du sud, grâce surtout à l’empreinte
imprimée par le président Lula. Le pays fait partie de nombreux fora des
PVD comme le G-77 et le G-20, au sein des négociations de l’OMC. Le
Brésil, qui gère aussi le site web du G-20, a été un des animateurs du
groupe qui demande la démolition progressive des subsides en agriculture
des pays riches23.
A côté de la mise en discussion de l’ordre mondial, le Brésil cherche
aussi d’une façon active à mettre ensemble les PVD pour chercher
nouveaux marchés et pour travailler ensemble pour le développement et
pour la reforme du système international, voir le Conseil de Sécurité et
l’OMC. En ce qui concerne la recherche de nouveaux marchés, l’accord
entre le Mercosur, le Sacu et l’Inde en est un excellent exemple et le
rapprochement à l’Afrique est assez important pour le Brésil.
En premier lieu comme les votes africains à l’Assemblée Générale
de l’ONU sont décisifs, et comme l’Afrique s’oppose au projet de réforme
de l’ONU du G-4, le Brésil cherche un support à sa proposition de réforme.
En deuxième lieu, il y a des importants liens culturels entre le Brésil et
22
Seulement le Mexique et le Chili ont un accord avec l’UE mais il ne s’agit pas d’un
partenariat stratégique.
23
Voir paragraphe 1.1.
12
l’Afrique à cause de l’origine africaine de beaucoup de ses citoyens. En
troisième lieu, le Brésil a commencé à investir dans les pays lusophones
du continent (Angola et Mozambique). En dernier lieu, il y a un
engagement actif dans la coopération au développement de la part du
Brésil, qui se montre disponible à donner son assistance technique pour le
développement d’une industrie des biocombustibles en Afrique : un centre
de recherche au Ghana et études pour des distilleries en Nigeria par
exemple24.
En outre le Brésil entretient des bonnes relations avec les pays
arabes (le Ligue Arabe et CASA se sont rencontrés à Brasilia en 2005 et
ont signé un accord de coopération)25, la Russie, et la Chine qui est
d’ailleurs un partenaire commercial important du Brésil.
Le Brésil est donc en train de construire des liens avec d‘autres
pays émergeants, comme l’Inde et l’Afrique du Sud, afin de chercher
nouveaux marchés, créer des liens politiques, et donc d’accroître
l’interdépendance économique, sociale et politique, en multipliant comme
ça les canaux de développement.
1.2.1. Les aspirations de puissance régionale
Le centre de la politique étrangère du Brésil est l’Amérique Latine,
qui est le point de départ et le but de l’agenda de Lula. Le projet de Lula
pour le continent est celui de réunir les pays de l’Amérique Latine dans un
procès d’intégration à travers la coopération et le dialogue. Dans ce
programme le rôle du pays serait celui de catalyser les efforts
d’intégration en y étant le leader. L’aspiration du Brésil est celle d’être un
leader régional et donc jouer un rôle primordial à l’échelle internationale
comme porte parole en premier lieu de l’Amérique Latine et en second
lieu des PVD.
Les difficultés de ce projet résident non seulement dans les
oppositions parmi ses voisins (en particulier l’Argentine et le Venezuela de
Chavez) mais surtout dans les problèmes internes que le pays doit
résoudre. En ce qui concerne les caractéristiques de puissance, c'est-àdire le potentiel démographique et géographique, la capacité militaire, la
situation socio-économique et l’influence culturelle, le Brésil a le potentiel
de devenir un leader régional : en fait, bien que il n’aie pas une force
militaire très importante, cette variable n’est pas relevante à cause de la
stabilité politique du continent ; en outre, le potentiel démographique et
de ressources humaines et naturelles représente un remède aux
problèmes structurels du pays. Ces difficultés sont en particulier la haute
dette publique, qui est d’ailleurs contrôlée, mais surtout les injustices
sociales, la pauvreté et les inégalités, et la violence dans le territoire du
24
“Brazil in Africa: South – South cooperation on bio-energy speeding up”, 13/03/2007,
http://biopact.com/2007/03/brazil-in-africa-south-south.html
25
M. Gomes Saraiva, « O segundo mandato de Lula e a politìca externa: poucas
novidades » en « Carta Internacional », Volume 2 – Numéro 1 – Mars 2007, Universidade
de São Paulo, São Paulo, http://www.unb.br/irel/ibsa/documentos.htm
13
pays. Ces problèmes structurels représentent pour certains analystes un
ralentissement au leadership sans pour autant l’empêcher26.
La construction du leadership régionale se base sur une politique
étrangère composée de deux éléments : l’intégration de l’Amérique du
Sud à travers le dialogue politique et les négociations, et la médiation
dans les conflits internes des Etats de la région et entre eux.
En ce qui concerne le premier point, le cœur d’une telle politique
est le Mercosur27, dont le but est la création d’un marché commun sous
l’exemple du marché interne européen. A côté du Mercosur, ils ont été
créés d’autres instruments, tels que CASA (Comunidade Sul-Americana de
Nações – Communauté Sud-Américaine des Nations) et l’IIRSA, et le
Groupe de Rìo. CASA28 a été constituée sous l’impulsion du Brésil comme
« maison » pour l’intégration physique entre ses membres : c'est-à-dire,
qu’elle finance à travers IIRSA (Initiative for Integration of Regional
Infrastructures in South America), dont le Brésil est le plus grand
donateur, des projets de développement des infrastructures. Enfin, le
Groupe de Rio est un mécanisme de consultation et coordination politique
qui regroupe tous les Etats de l’Amérique Centrale et du Sud.
En ce qui concerne la médiation, la plus importante action du Brésil
a été à Haiti en 2004, en gérant la mission de l’ONU dans le pays
(MINUSTAH) et en envoyant 1400 militaires. Cet engagement a été
réalisé par le Brésil soit pour « se promouvoir » comme membre
permanent du Conseil de Sécurité en démontrant ses potentialités et sa
fiabilité dans la gestion des crises, soit pour relier le problème d’Haiti au
continent sud-américain en excluant les Européens et les Etats-Unis
(France et Etats-Unis sont en fait intervenus plusieurs fois en Haiti). En
outre puisque le Brésil a été classifié comme « Etat fragile »29, cette
intervention devrait démontrer l’engagement du Brésil dans les questions
des Etats fragiles, de renforcement des institutions étatiques, et de l’appui
aux secteurs les plus pauvres de la population.
Le Brésil, donc, est en train d’affirmer dans le continent un
leadership qui a comme caractéristique la coopération, le dialogue et le
soutien réciproque des Etats de l’Amérique du Sud ; ce type de leadership
26
S. Gratius, « Brazil in the Americas. A regional peace broker? », April 2007, Working
Paper 35, Fondacion para las Relaciones Internacionales y el Dialogo Exterior,
http://www.fride.org/publication/223/brazil-in-the-americas-a-regional-peace-broker
27
Le Mercosur a été créé en 1991 avec le traité de Asunción par Argentine, Brésil,
Paraguay et Uruguay. Il a représenté le changement des relations entre Argentine et
Brésil, vers un rapport de coopération. A ces membres, d’autres ont été associés : Chili,
Bolivie, Pérou, Colombie, Ecuador, Venezuela.
28
Pendant le premier sommet latino-américain à Brasilia en 2000, le président Cardoso a
lancé cette proposition qui a porté en 2004 à la constitution à Lima de CASA (maison),
dont les membres sont: de la Communauté Andine Bolivie, Colombie, Ecuador, Pérou ; du
Mercosur : Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela ; Chili, Guyana, Suriname ;
Mexique et Panama sont associés.
29
Le magazine américaine « Foreign Policy » et l’institut « The Fund For Peace » ont
élaboré un coefficient qui indique le manque de contrôle des institutions étatiques sur le
territoire et les citoyens, et donc le taux de conflit interne. Il a comme ça été compilé une
liste de pays en partant des Etats faillis jusqu’aux Etats qui par contre sont solides, ont le
contrôle du territoire et de l’usage de la force et n’ont pas de conflits. En 2006 sur 146
analysés, le Brésil est à la position 101 avec un coefficient de 63,1, dans la catégorie des
Etats fragiles. http://www.fundforpeace.org/programs/fsi/fsindex2006.php
14
a été appelée « puissance coopérative anti-hégémon »30 : il ne veut pas
contrôler l’Amérique Latine mais la conduire vers le développement, en se
montrant une puissance régionale stable à échelle globale.
Dans ce projet, l’influence des Etats-Unis en Amérique Latine
devrait être limitée et le Brésil voudrait se substituer aux Etats-Unis. Bien
que les deux pays ont des relations commerciales importantes et bien que
ils trouvent des bénéfices réciproques, ils construisent des initiatives
contrastantes en Amérique Latine en cherchant à gagner des positions
l’un sur l’autre. De ce point de vue, le Brésil a un avantage car la
présence
des
Etats-Unis
est
perçue
comme
impérialiste
et
interventionniste, tandis que le Brésil cherche à construire la sienne sur
les mots de coopération et dialogue. Autre domaine de confrontation
entre les deux pays est celui des biocombustibles, le Brésil étant le
premier producteur mondial et les Etats-Unis le second ; ils ont signé un
accord de coopération sur l’éthanol31 afin de construire un marché
international de cette « nouvelle » source d’énergie, même si les EtatsUnis continuent mettre une barrière douanière très élevée.
Nonobstant le caractère coopératif des engagements brésiliens, le
pays doit faire attention à comment il est perçu par ses voisins : à cet
égard, les rapports avec l’Argentine sont tout à fait importants car ce pays
est le majeur concourant et partenaire dans la région.
1.2.2. Le Brésil et l’IBSA
La présentation de la politique étrangère du Brésil ci-dessus agit
comme cadre pour comprendre l’importance et le rôle de l’IBSA dans la
vision de Lula, mais aussi en général dans les aspirations du pays. Le
Forum de l’IBSA serait donc le centre de la politique de rapprochement
des nouveaux pays émergeants et des respectifs continents. En outre le
Fond pour le développement de l’IBSA, qui finance des projets de
développement dans des pays tiers, est cohérente avec la lutte à la
pauvreté, la mission proclamée du Brésil.
De plus la coopération dans beaucoup de domaines avec l’Inde et
l’Afrique du Sud est une grande opportunité pour un pays qui doit quand
même résoudre ses problèmes internes et qui doit développer sa
présence économique à l’étranger.
L’IBSA représente, en fait, pour chacun des trois pays, l’opportunité
d’entrer dans des grands marchés en expansion et relativement libres.
Ceci crée un nouveau modèle et rentre dans le projet du Brésil de créer
des interdépendances entre PVD au dehors des circuits de commerce
guidés par les pays riches.
Comme on le verra dans le paragraphe relatif aux secteurs de
coopération, le Brésil a aussi à gagner de l’échange des techniques et de
la coopération avec les experts et les entreprises des autres pays, l’Inde
particulièrement.
30
S. Gratius, « Brazil in the Americas. A regional peace broker? », April 2007, Working
Paper 35, Fondacion para las Relaciones Internacionales y el Dialogo Exterior,
http://www.fride.org/publication/223/brazil-in-the-americas-a-regional-peace-broker
31
« Memorandum of understanding between USA and Brazil to advance cooperation on
biofluels », http://www.state.gov/r/pa/prs/ps/2007/mar/81607.htm
15
L’expertise de l’Inde et sa capacité de produire des médicaments
pas chers pour des maladies comme le SIDA est très importante pour le
Brésil et l’Afrique du Sud ; en outre la coopération concernant l’IT aidera
le pays sud-américain à valoriser ses compétences sur l’e-governance et
l’e-banking32.
Autre domaine stratégique de coopération est l’énergie, les sources
d’énergie et le développement de la technologie pour les exploiter.
1.3 Les relations étrangères de l’Afrique du Sud
L’histoire de l’Afrique du Sud est marquée par l’apartheid et la fin
de ce régime en 1994 : cette date représente de fait une césure dans
l’histoire du Pays. Comme tout autre domaine d’action de l’Etat, la
politique étrangère a aussi été changée avec la fin du régime raciste.
A ce propos il est possible d’envisager deux aspects : d’un côté le
changement des politiques des autres Pays envers l’Afrique du Sud et, de
l’autre côté, l’inspiration de sa politique étrangère aux valeurs de la
démocratie et des droits de l’homme, au moins au niveau rhétorique.
Depuis 1994, le Pays a fait beaucoup d’efforts pour établir des
relations avec tous les pays, en augmentant par exemple ses missions à
l’étranger, surtout en Afrique. L’Afrique du Sud est en fait très engagée
dans les problèmes et les questions du continent Africain, en souhaitant
se présenter comme le leader régional, comme on le verra par la suite.
L’activité internationale est devenue de plus en plus importante, vu
l’augmentation du budget du ministère des affaires étrangères
(Department of Foreign Affairs - DFA) : du 2001/02 au 2006/07 33 le
budget de ce ministère a en fait augmenté de 11% et il a reçu pour la
période 2006/07 l’allocation la plus consistante parmi les autres
ministères, c'est-à-dire € 307 millions34. Les raisons d’un tel renforcement
sont à envisager soit dans l’oscillation de l’Euro et du Dollar (le budget du
DFA est fait dans ces deux monnaies), soit dans l’augmentation des
activités et des missions à l’étranger, surtout dans le continent Africain :
le but étant celui d’ouvrir une mission dans chaque Pays en Afrique.
L’importance donnée à l’action en Afrique est démontrée par les
« Priorités et les objectifs de moyen terme » du DFA35 :
Agenda Africaine ;
Gouvernance globale ;
Coopération Sud – Sud ;
Renforcement des relations bilatérales.
Cet engagement en Afrique rentre en fait dans le domaine plus
large de la coopération Sud – Sud, en étant pour l’Afrique du Sud le point
de départ. Le pays fait partie de nombreux fora des discussions et de
32
R. Stefanini, « Brasile, lo sviluppo delle relazioni con l’India », 15/06/2007,
http://www.equilibri.net/articolo/7030/Brasile__lo_sviluppo_delle_relazioni_con_l_India
33
T. Hughes, « Consolidating South African Foreign Policy », in « South Africa Foreign
Policy Monitor », August/September 2006, South Africa Institute of International Affairs,
http://saiia.org.za/images/upload/FPM_Aug_2006.pdf
34
La monnaie sud-africaine est le Rand, 1 R=0,10 €. Le budget du ministère des affaires
étrangères pour l’année 2006/07 était 3.042,149 millions de Rand.
35
South Africa Ministry of External Affairs, « Foreign Relations 2006 »,
http://www.dfa.gov.za/foreign/index.html
16
rapprochement des PVD, comme le Mouvement des Non-alignés, le G77,
et les fora interrégionales, voir le « New Asia-Africa Strategic
Partnership »36 et bien sur l’IBSA, sujet de ce travail.
En ce qui concerne les sujets à partir desquels s’inspire la politique
étrangère de l’Afrique du Sud et dans lesquels le Pays s’engage, il est
important de souligner les droits de l’homme et la démocratisation, les
questions humanitaires, le désarmement. Il faut dire aussi qu’il y a une
certaine partie de rhétorique dans ces actions en voulant l’Afrique du Sud
défenseur des droits de l’homme parmi les PVD après le régime raciste.
En particulier le premier ministre Thabo Mbeki a été accusé de parler à
gauche mais d’aller à droite : c’est-à-dire qu’il semble se montrer
défenseur des droits de l’homme et leader des Pays du Sud, mais que
dans la pratique il semble se porter d’une façon tout à fait différente,
comme se mettre à côté du monde de la finance ou vendre des armes aux
régimes dictatoriaux37.
La vérité est que Mbeki a des ambitions globales et, en partant du
leadership de l’Afrique du Sud dans son propre continent, il veut porter le
pays à jouer un rôle à l’échelle globale. Cela est démontré par son
engagement dans la reforme des Nations Unies et du Conseil de Sécurité.
L’Union Africaine (UA) a élaboré en 2005 à Sirte une position
commune38 sur la question de la reforme des Nations Unies, que l’Afrique
du Sud soutient. Cette proposition demande en général la démocratisation
des institutions de l’ONU : en particulier un renforcement de l’Assemblée
Générale, qui devrait fonctionner comme un grand parlement mondial, et
du Secrétariat Général, dont l’efficience devrait augmenter et où l’Afrique
devrait être mieux représentée ; la substitution de la Commission pour les
droits de l’homme avec un organe moins politique, dont la composition
serait géographique ; rendre l’ECOSOC un organe de coordination du
travail des agences de l’ONU en matière économique et sociale ;la
création d’une Commission pour le Peace Building (qui a été en fait déjà
créée). L’institution de l’ONU la plus politique et la plus importante est le
Conseil de Sécurité et le sujet de sa composition est cruciale pour l’ordre
mondiale ; il est en fait dans ce sujet qu’il se joue le match le plus
important et il est dans ce sujet qu’il existe les désaccords les plus
difficiles à surmonter. L’UA a proposé l’augmentation des membres à 26,
donc 11 en plus par rapport à aujourd’hui. De ses nouveaux 11 membres,
6 (dont 2 sièges réservés à des Etats africains) seraient permanents avec
le droit de veto et 5 non permanents (dont 2 réservés à des Etats
africains).
Il semblerait que l’Afrique du Sud voudrait se proposer comme l’un
de deux membres permanents, vu son rôle au continent africain et vu ses
ambitions à une plus grande échelle. Pour l’instant, le pays a été élu
membre non permanent du Conseil de Sécurité et ses représentants dans
un grand nombre de commissions et comités de travail de l’ONU
36
Il existe un grand nombre de fora et d’accords interrégionales dans lequel l’Afrique du
Sud fait partie, mais ils ne sont pas pris en considération ici car il s’agit pour la plus part
de coopération nord-sud, dont on parlera par la suite.
37
P. Bond, « Talk Left, Walk Right : South Africa’s Frustrated Global Reform » Scottsville,
University of KwaZulu-Natal Press, 2004.
38
« Sirte Declaration on the reform of the United Nations », African Union Assembly,
Declaration
2,
Sirte,
5/05/2005,
http://www.iss.co.za/AF/RegOrg/unity_to_union/pdfs/au/sirtejul05/sumdeclunref.pdf
17
témoignent l’engagement du pays, surtout dans certains domaines
comme les droits de l’homme et le désarmement.
En ce qui concerne les rapports bilatéraux de l’Afrique du Sud avec
pays dans d’autres régions du monde, l’on peut dire que ces rapports sont
des plus en plus encadrés dans des accords et des fora interrégionales,
comme il est dans le cas de l’Asie :
New Asia-Africa Partnership (NAASP) ;
Tokyo International Conference on African Development (TICAD);
Forum on China-Africa Co-operation;
Vietnam-Africa Forum;
IBSA;
Négociation pour un FTA (Free Trade Agreement) entre Chine,
Inde, Singapour et Sacu (Southern African Customs Union).
Les géants asiatiques sont de plus en plus intéressés aux
possibilités offertes par l’Afrique en générale et les rapports commerciaux
se multiplient. Comme on l’a vu dans le paragraphe 1.1.2, l’Inde est
sûrement un des partenaires stratégiques de l’Afrique du Sud, comme on
peut le dire pour la Chine, dont les entreprises sont présentes dans le
pays depuis les années ’80 et dont les échanges commerciales avec
l’Afrique du Sud représentent le 20% des échanges totales ChineAfrique39.
Les relations avec l’Union Européenne sont commencées en 1994,
avec la fin du régime de l’apartheid et l’élaboration par la suite d’un
accord de coopération (Trade, Development and cooperation Agreement –
TDCA) qui agit comme base du dialogue, des accords commerciales, et de
la coopération de l’UE en Afrique du Sud. Le TDCA en fait prévoie un FTA
du 2000 au 2012, lequel a fait augmenter les échanges commerciales et
les investissements directs étrangers (FDI – Foreign Direct Investment)
venant de l’UE. Finalement la coopération au développement est financée
par le Programme Européen pour la reconstruction et le développement.
En outre l’Afrique du Sud fait partie depuis le 1996 du groupe des
pays ACP (Afrique – Caraibes – Pacifique), avec lequel l’UE a entrepris
une expérience économique et politique nouvelle grâce à l’Assemblée
Parlementaire conjointe.
Parallèlement aux relations UE-Afrique du Sud, le pays a developpé
des rapports bilatéraux avec les pays européens, en particulièrement avec
le Royaume Uni (dont l’Afrique du Sud était une ancienne colonie faisant
aujourd’hui partie du Commonwealth), l’Allemagne et les Pays
Scandinaves.
En Amérique aussi, l’Afrique du Sud a cherché à accroître ses
relations diplomatiques et économiques en cherchant des partenaires
stratégiques. Les Etats-Unis par exemple sont le majeur pays investisseur
en Afrique du Sud, le majeur partenaire commercial, et le majeur
donateur. Le Canada aussi devient de plus en plus important tant d’un
point de vue commercial que dans la coopération au développement.
39
South Africa Ministry of External
http://www.dfa.gov.za/foreign/index.html
18
Affairs,
« Foreign
Relations
2006 »,
Bien que les relations entre les Pays de l’Amérique du Sud et
l’Afrique du Sud n’ont pas été très étroites, dans les dernières années
elles sont en train de se renforcer surtout dans une optique de
coopération Sud - Sud. En particulier, le Brésil est considéré être un
partenaire stratégique car il est économiquement dynamique et il a une
vision similaire sur beaucoup de questions de relations internationales.
Nombreux d’accords de libéralisation du commerce bilatéral (FTA)40 sont
en train d’être négociés avec les pays de l’Amérique du Sud, bien que le
plus important et intéressant pour les relations économiques et politiques
est celui entre l’Afrique du Sud et le Mercosur.
1.3.1. L’engagement en Afrique
Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, la priorité de la
politique étrangère de l’Afrique du Sud est le continent Africain. Le Pays
est donc en train de chercher à ouvrir missions diplomatiques dans
chaque pays d’Afrique et entretient relations économiques avec la plupart
d’entre eux. A côté de l’aspect des relations bilatérales il existe l’aspect
régional, très important pour l’Afrique du Sud, qui semble construire ses
rapports dans le cadre du contexte régional. Cela est démontré par le
rapport annuel du DFA, qui pour chaque pays souligne son engagement
dans les organisations régionales ou sub-régionales.
L’Afrique du Sud a démontré un intérêt dans toute initiative au
niveau panafricain : en particulier l’UA et le « New Partnership for African
Development » (NEPAD). L’Afrique du Sud a eu la présidence pendant la
phase de passage de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) à l’UA41,
dont la naissance officielle a été proclamée à Durban le 9 juillet 2002.
Monsieur Mbeki a interprété sa fonction de président de l’OUA/UA d’une
façon très active et il est intervenu dans quelques crises et conflits en
démarrant le processus de paix. C’est le cas du Madagascar, du Burundi,
de la République Démocratique du Congo (RDC), du Liberia, de la Sierra
Leone et de la Cote d’Ivoire : dans ces pays l’Afrique du Sud a déplacé
son armée où a donné son appui pour aboutir à des accords entre
belligérants ou bien pour contrôler le déroulement démocratique des
élections, même après la fin de son mandat comme président de l’UA et
dans le cadre subrégional.
En fait le pays est actif au Sud du continent dans la SADC
(Southern African Development Community) qui, comme les autres
organisations subrégionales (ECOWAS – Economic Community Of Weste
African States, CEMAC – Economic and Monetary Community of Central
Africa), a de fait pris en charge la résolution des conflits. L’UA est pour
l’instant incapable de s’en occuper à temps plein à cause des impasses
politiques mais surtout à causes des difficultés financières et elle se limite
aux déclarations formelles42. Les pays de la SADC sont aussi les
40
South Africa Ministry of External Affairs, « Foreign Relations 2006 »,
http://www.dfa.gov.za/foreign/index.html
41
Cette nouvelle organisation regroupe tous les Etats africains et a comme objectifs
l’intégration économique, la démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance, les droits
de l’homme. Le champ d’action de l’UA est donc plus vaste de celui de l’OUA, qui était
d’ailleurs bloquée à cause du respect de la souveraineté des Etats.
42
A. Bourgi, « L’Union Africaine entre le texte et la réalité », en AFRI Volume V, 2004
http://www.afri-ct.org/article.php3?id_article=896
19
principaux partenaires de l’Afrique du Sud en ce qui concerne la
coopération au développement : bien qu’il ne soit pas un donateur, le
pays fournit de l’assistance dans des projets de capacity building et de
démocratisation. Ces actions politiques au niveau régional et subrégional
ont toujours un regard particulier aux droits de l’homme et à la
démocratisation, comme le témoignent les missions d’observation des
élections (par exemple en RDC en 2006), et la médiation pour les accords
de paix en Côte d’Ivoire et en Soudan en 2006.
Pour conclure ce cadre des engagements régionaux de l’Afrique du
Sud, il faut mentionner le « New Partnership for African Development »
(NEPAD) : il s’agit d’un programme né en 2001 au sein de l’OUA mais
devenu relativement indépendant, avec ses propres structures et son
siège en Afrique du Sud. Le NEPAD est de fait géré par les pays qui en
avait la responsabilité en 2001 (Afrique du Sud, Nigeria, Algérie,
Sénégal), et aujourd’hui entretient relations de coopération plutôt que de
subordination avec l’UA.
Finalement l’Afrique du Sud est active auprès de nombreux pays
africains d’un point de vue économique : soit au niveau d’importations et
exportations, soit au niveau des investissements étrangers directs. Le
pays est en fait en train d’enlacer rapports commerciaux avec le continent
entier, ayant entrepris près de 600 projets43 : de ces projets le 15%
concerne les matières premières, le 20% les produits manufacturiers et le
reste les services, en particulier le tourisme, le IT, le e-banking et les
constructions.
1.3.2. L’Afrique du Sud et l’IBSA
De ce qu’on vient de dire, la politique de l’Afrique du Sud est
certainement très active à tous les niveaux de dialogue et sur beaucoup
de thèmes dans l’agenda international. En outre, son économie est
particulièrement dynamique et à la recherche de nouveaux marchés. Il
est aussi évident que ses ambitions sont de devenir le leader du continent
africain et un leader des PVD. A côté de ces ambitions, l’Afrique du Sud se
montre depuis des années comme le défenseur des droits de l’homme et
de la démocratie, en soulignant la rupture avec son histoire et ses
relations diplomatiques avant le 1994.
Le forum trilatéral de l’IBSA est une excellente synthèse des efforts
du président Tabo Mbeki et une importante opportunité pour renforcer la
position de l’Afrique du Sud au niveau mondial. Les avantages pour le
pays sont plusieurs :
Chances pour accroître les échanges commerciales et nouveaux
marchés pour les entreprises sud-africaines, en particulier le grand
marché brésilien ;
Augmentations des investissements du Brésil mais surtout de
l’Inde44 en Afrique du Sud ;
S. Gelb, « South-South investment: the case of Africa », in « Africa in the World
Economy - The National, Regional and International Challenges », Fondad, The Hague,
December
2005,
http://www.theedge.org.za/Content/Publications%20list/Gelb%20Fondad%20paper%202005.pdf
44
L’Inde est en fait déjà présent au continent africain: il est en fait le troisième pays
asiatique (après Chine et Taiwan) à investir en Afrique. World Bank, « Patterns of Africa –
43
20
Coopération sur R&D et transfert des technologies surtout de l’Inde,
notamment très développée en IT et médicaments ;
Echanges commerciales sur des domaines sensibles comme celui de
pharmacologie : en particulier la coopération avec l’Inde est très
importante pour combattre le SIDA45 ;
Coopération et échange de bonnes pratiques en ce qui concerne la
lutte à la pauvreté ;
Appui du Brésil et de l’Inde au NEPAD.
1.2. Conclusions
Jusqu’à ce point nous avons analysé les lignes de politique
étrangère de trois pays faisant partie de l’IBSA et nous avons constaté
qu’elles sont très similaires. Cependant il existe d’autres éléments
similaires dans les pays IBSA qui concernent d’autres domaines aussi, tels
que données statistiques de développement.
Dans le tableau ci-dessus figurent les données disponibles
permettant de les comparer : cela nous aidera à comprendre la raison
pour laquelle ils se sont rencontrés46.
Dimensions47
Population48
Taux de
croissance par
an49
Coefficient
développement
humain50
Année de
Démocratisation
Coefficient
« failed
Inde
Km² 3,3 millions
Afrique du Sud
Km² 1,2 millions
1,1 milliards
9,2%
Brésil
Km² 8,5
millions
188,7 millions
3,7%
Position : 126
Index : 0,611
Position : 69
Index : 0,792
Position :121
Index : 0,653
1947
1988
1994
Position : 93
Index : 70,4
Position : 101
Index : 63,1
Position : 110
Index : 55,7
47,4 millions
5,0%
Asia trade and Investment: Potential for ownership and partnership », Washington DC,
October
2004,
http://wwwwds.worldbank.org/external/default/main?pagePK=64193027&piPK=64187937&theSitePK
=523679&menuPK=64187510&searchMenuPK=64187283&theSitePK=523679&entityID=0
00090341_20050930103132&searchMenuPK=64187283&theSitePK=523679
45
Voir paragraphe 1.1.
46
Il s’agit seulement de quelque donnée importante pour cet étude : voir les pièces
annexes pour d’autres données économiques et sociales, notamment celles des la Banque
Mondiale pour les Objectifs du Millénaire.
47
Source :
Banque
Mondiale,
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=IND
48
Source :
Banque
Mondiale,
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=BRA
49
Source :
Banque
Mondiale,
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=ZAF
50
Source: Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP – United Nations
Development
Programme),
année
de
référence
2006,
http://hdr.undp.org/hdr2006/statistics/
21
states »51
Coefficient de
GINI 52
Budget
Ministère des
Affaires
Etrangères
Membre non
permanent du
Conseil de
Sécurité56
Réforme CdS
Budget Défense
Interventions
militaires dans
des opérations
de paix dans les
respectives
régions
32,5
€ 731 millions
53
1950 – 1951
1967 – 1968
1972 – 1973
1977 – 1978
1984 – 1985
1991 - 1992
G4
€ 17.160
millions57
Sri Lanka
Maldives
58,0
57,8
€ 360 millions54
€ 307 millions55
1946 – 1947
1951 – 1952
1954 – 1955
1963 – 1964
1967 – 1968
1988 – 1989
1993 – 1994
1998 – 1999
2004 - 2005
G4
€ 2.197
millions58
Haiti
San Salvador
2006 - 2008
UA
€ 2.755
millions59
Madagascar,
Burundi, RDC,
Liberia, Sierra
Leone, Côte
d’Ivoire
Ce tableau nous montre les différences et les analogies entre les
membres de l’IBSA. Bien que la taille, la population, le taux de croissance
varient dans les trois pays, ces éléments suivent de toute façon les
51
Le coefficient des Etats « faillis » comprend 12 indicateurs qui mesurent les taux de
conflit et violence internes. http://www.fundforpeace.org/programs/fsi/fsindex2006.php
52
Le coefficient de Gini mesure le degré d’égalité dans la distribution des revenues d’un
pays entre sa population. Il s’agit d’un nombre qui va de 0 (l’égalité) à 60 (l’inégalité).
Les
données
utilisées
se
réfèrent
au
2006
et
la
source
est
l’UNPD,
http://hdr.undp.org/hdr2006/statistics/indicators/147.html
53
Le budget se réfère à l’année 2006/07 et est calculé en 40.950,5 millions de Rupies : 1
Roupie=0,0178 €. Government of India, Ministry of External Affairs, “Outcome Budget
2007-2008”, New Delhi, 2007, http://meaindia.nic.in/budget
54
Le Budget pour l’année 2007 était de R$ 950 millions. 1 R$=0,3789€. Ministério de
Planejamento, Orçamento e Gestão, « Projeto de Lei Orçamentaria - 2007 », Orçamentos
da
União,
« Exercicio
Financeiro
2007 »,
Brasìlia,
2006,
http://www.planejamento.gov.br/arquivos_down/sof/orcamento_2007/mensagem_preside
ncial_2007.pdf
55
T. Hughes, « Consolidating South African Foreign Policy », in « South Africa Foreign
Policy Monitor », August/September 2006, South Africa Institute of International Affairs.
56
Source: http://www.un.org/french/sc/members.asp
57
Budget défense prévu pour l’année 2007/08 (960.000 millions de Roupies),
http://www.iloveindia.com/finance/union-budget07-08/index.html
58
Budget pour la défense pour le 2007 (5.800 millions de Real). Ministério de
Planejamento, Orçamento e Gestão, « Projeto de Lei Orçamentaria - 2007”, « Orçamentos
da
União »,
Exercicio
Financeiro
2007,
Brasìlia,
2006,
http://www.planejamento.gov.br/arquivos_down/sof/orcamento_2007/mensagem_preside
ncial_2007.pdf
59
Budget de l’Etat sud-africain pour la défense pour l’année 2006/07 (27.200 millions de
Rand), http://www.treasury.gov.za/
22
mêmes lignes d’évolution surtout par rapport aux pays dans leurs régions
et cela a eu un rôle dans leur rencontre. Inde, Brésil et Afrique du Sud
sont des pays en expansion soit économiquement parlant, soit d’un point
de vue démographique, soit politique. Ces caractéristiques ne sont pas
exclusives et l’on peut envisager d’autres puissances moyennes60, comme
l’Argentine et le Mexique, le Nigeria, l’Indonésie. Ce qui est spécifique des
pays de l’IBSA est la volonté politique et le fait d’avoir les mêmes
aspirations régionales et internationales. Le Brésil et l’Afrique du Sud ont
deux présidents très engagés et très actifs soit dans leurs régions soit
dans les lieux multilatéraux. Les trois pays ont en outre les mêmes
aspirations à se voir reconnus d’une juste place dans l’ordre international,
comme des puissances régionales à part entière. Les difficultés constatées
afin que la communauté internationale reconnaisse cette place a contribué
à leur rencontre. De plus ils ont ajouté à ces aspirations leur engagement
pour le développement, en voulant prendre la leadership des PVD pour le
développement, la coopération Sud - Sud et la restructuration de l’ordre
international afin d’aboutir au développement.
60
Pour les puissances moyennes et les Etats “intermédiaires”, voir M. Hirst,
« Intermediate States, Multilateralism & International Security », présenté au meeting de
Rio de Janeiro, mars 2004, http://www.unb.br/irel/ibsa/docs/monicaibsa.pdf
23
Chapitre 2 : L’IBSA
2.1. Les buts et les domaines d’action de l’IBSA
En Janvier 2003 le président sud-africain Mbeki a lancé l’idée de
démarrer un dialogue entre l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde afin
accroître l’impact, au niveau international, des pays émergeants. Les pas
pour aboutir à ce forum ont été très rapides vu que déjà en Juin 2003 les
présidents des trois pays se sont rencontrés à côté des réunions du G8 à
Evian pour en discuter les détails. Finalement, le 6 Juin 2003 les ministres
des affaires étrangers de l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud ont signé
la Déclaration de Brasilia, avec laquelle un forum de dialogue entre l’Inde,
le Brésil et l’Afrique du Sud a été formalisé: « India, Brazil, South Africa
Dialogue Forum ».
Le Forum est organisé sur plusieurs niveaux de discussion : il existe
des groupes d’experts qui s’occupent des matières spécifiques en étudiant
les champs de coopération ; il y a ensuite les fonctionnaires des différents
ministères des trois pays qui présentent leurs travaux aux ministres
compétents. Les réunions des ministres sont appelées « Trilateral Joint
Commission » et la réunion la plus importante est celle qui est organisée
annuellement entre les ministres des affaires étrangères qui poussent le
dialogue et formalisent les discussions faites aux niveaux plus bas. Les
réunions des chefs d’Etat s’appellent sommet.
Les documents accessibles au public, disponibles sur le site Internet
de l’IBSA61, sont les déclarations conjointes que les ministres des affaires
étrangères rédigent à la fin de chaque meeting. Les plus importants sont
la déclaration de Brasilia et le plan d‘action de New Delhi du 2004.
Le premier est un document assez général où les trois ministres
listent les objectifs généraux et les questions qui sont au centre du
dialogue : ils se présentent comme des « démocraties vibrantes » faisant
partie des régions en voie de développement, qui veulent analyser des
thèmes de l’agenda internationale et d’intérêt commun. Les arguments
pris en considération sont les suivants :
Réforme de l’ONU et du Conseil de Sécurité en particulier ;
Nouvelles menaces à la sécurité internationale à résoudre à travers
la coopération internationale et le multilatéralisme ;
Accent sur le développement humain, c'est-à-dire l’équité,
l’inclusion sociale, la lutte à la pauvreté et la faim ; la lutte aux
discriminations raciales ;
Coopération dans les secteurs science et technologie (S&T) et
technologies de la communication et l’information (ICT) à travers la
synergies des domaines les plus développés en chaque pays ;
Attention aux questions environnementales et aux conventions et
programmes signés par la communauté internationale, y compris la
question de la richesse génétique des pays et de son exploitation
économique ;
61
http://www.ibsa-trilateral.org/
24
Engagement afin de rendre la mondialisation une opportunité pour
les PVD et réduire les effets négatifs ;
Considérations sur le marché internationale et sur le négociations
au sein de l’OMC aussi que sur la gouvernance du marché financier
internationale.
En ce qui concerne l’Agenda de New Delhi, il est suffisant ici de
mentionner qu’elle reprend les sujets déjà abordés dans la déclaration de
Brasilia, en les développant et en suggérant des réponses concrètes. Le
prochain paragraphe aborde plus en détail les domaines de coopération
des trois pays de l’IBSA, tels qu’ils sont présentés et développés par
l’Agenda.
2.1.1. Les secteurs de coopération62
La coopération entre l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud concerne
plusieurs secteurs, tel que la défense, l’éducation et la culture, science et
technologie, par exemple. L’idée à la base de la coopération est la
synergie : les trois pays reconnaissent avoir chacun un domaine plus
développé par rapport aux partenaires, ils se proposent de mettre
ensemble ces forces complémentaires pour se construire un véritable
développement.
Dans le cadre des efforts pour le développement social et
économique, la coopération en Science et Technologie est très importante
car il ne s’agit pas seulement d’augmenter les expertises mais aussi de
trouver des résultats concrets à partager. Les trois pays sont en train de
collaborer dans la recherche sur la tuberculose et la biotechnologie, dont
le leader est l’Afrique du Sud ; le paludisme et l’océanographie ont été
confiés au Brésil ; le SIDA/HIV et les nanotechnologies à l’Inde. La santé
aussi est donc au centre des recherches, les trois pays voulant partager
les bonnes pratiques en ce qui concerne la surveillance des épidémies et
les règles sanitaires. Un autre aspect de la coopération technologique est
le champ appelé ICT, acronyme de l’anglais « Information &
Communication Technologies », pour lequel les trois pays ont rédigé un
cadre de coopération, « IBSA Framework for Cooperation on Information
Society ».
Secteur aujourd’hui très sensible pour tout pays et dans les
relations internationales, celui de l’énergie est au centre de la coopération
de l’IBSA aussi. En particulier les trois membres de l’IBSA donnent
beaucoup d’importance à la promotion des hydrocarbures comme
l’éthanol, car il est considéré compatible au développement durable.
Comme il a été déjà remarqué dans le paragraphe 1.2., le Brésil est le
premier producteur mondial d’éthanol et cherche à soutenir son usage
dans les PVD. L’Inde, à la recherche de source d’énergie, est très
intéressée aux combustibles à faible impact environnemental63, et les
deux pays ont déjà finalisé des accords bilatéraux soit pour développer la
technologie nécessaire, soit pour l’achat d’éthanol de la part de l’Inde.
62
La source principale de ce paragraphe est l’Agenda de New Delhi, disponible sur le site
Internet de l’IBSA. : http://www.ibsa-trilateral.org/n_delhi_agen_annexure_c.htm
63
L’Inde est en fait riche d’un charbon dont la qualité est mauvaise et le taux de pollution
très haut. Elle recherche donc des sources d’énergie avec bas impact sur l’environnement.
25
La culture et l’éducation aussi font partie des secteurs de
coopération : en ce qui concerne la culture, chaque pays s’engage à
organiser des événements sur la culture (cinéma, musique, traditions)
des membres de l’IBSA pour faire connaître la richesse culturelle des
partenaires ; l’éducation est un domaine très important car il rentre dans
les objectifs du développement social et économique. L’Inde est le leader
en matière d’éducation et chaque membre de l’IBSA organise des
séminaires sur les secteurs choisis pour la coopération : éducation
ouverte et à distance (Afrique du Sud) ; éducation post secondaire et
éducation professionnelle (Brésil) ; éducation universelle avec accent sur
la qualité et l’égalité entre les genres.
Bien que il existe aussi le commerce et la défense parmi les
secteurs de coopération, ils seront traités dans le prochain paragraphe en
terminant ici avec le tourisme et les transports. L’Inde, le Brésil et
l’Afrique du Sud ont déjà abouti à un accord sur le transport maritime, qui
semble un des domaines stratégiques car il devrait agir comme
facilitateur pour les échanges commerciaux entre les trois pays mais aussi
entre les trois régions du Mercosur, de la Sacu et de l’Inde. En outre, la
coopération concerne aussi les systèmes technologiques et la construction
navale. De plus ils sont en train d’étudier des coopérations sur le
transport aérien en voulant créer des opportunités de tourisme destiné à
la clientèle interne aux trois membres de l’IBSA.
2.2.
Les
positions
internationale
communes
sur
l’agenda
Comme il a été déjà souligné, les objectifs de l’IBSA concernent soit
le développement des champs de coopération dans des domaines
importants pour les trois pays, soit la coordination des positions des trois
pays dans des questions de politique internationale, le but étant celui de
donner une empreinte forte dans la communauté internationale. Dans
chaque communiqué, et surtout dans la déclaration de Brasilia et l’Agenda
de New Delhi, ils remarquent l’importance du multilatéralisme dans les
relations internationales et la nécessité de changer le système
international en le rendant plus démocratique et plus attentif aux
nécessités des PVD, qui représentent d’ailleurs la plus grande partie des
Etats.
Le multilatéralisme et la démocratisation du système internationale
passent en premier pour la réforme des Nations Unies et pour les
négociations au sein de l’OMC.
L’ONU devrait avoir les moyens politiques pour être plus efficace et
plus démocratique, mais c’est surtout le Conseil de Sécurité qui
représente le véritable enjeu. Dans le chapitre précédent les positions des
membres de l’IBSA ont été analysées : l’Afrique du Sud a des intérêts
différents par rapport à ce problème, car elle agit en coordination avec les
autres Etats africains de l’Union Africaine. Cependant, les trois pays ont le
même objectif de donner la juste représentation aux PVD dans le Conseil
de Sécurité, qui soit aussi l’expression de la réalité contemporaine et des
engagements des PVD dans les questions et les conflits dans le monde.
En fait la contribution des PVD dans les opérations de peace building et
peace keeping et en termes financières dans l’ONU est importante et ne
26
trouve pas une contrepartie au niveau politique. Il est probable que la
résistance trouvée par le G4 à leur proposition de faire partie du Conseil
de Sécurité parmi les membres avec droit de veto, amène le Brésil et
l’Inde à des positions plus souples et plus proches à celles des membres
de l’UA. Tout reste encore à voir, mais il est clair que le rapprochement
des puissances émergeantes parmi les PVD (Inde, Brésil et Afrique du
Sud), dans un front commun des PVD, pourra avoir des conséquences
politiques plus importantes.
En ce qui concerne les négociations dans l’OMC, le fait d’agir
ensemble est fondamental pour les PVD, comme il a été démontré à
Cancun. Le Brésil et l’Inde sont en fait les animateurs du G20, dont
l’Afrique du Sud fait aussi partie, qui demande l’abolition des subsides
agricoles par les pays de l’OECD. Les membres de l’IBSA voient le
commerce comme une opportunité pour le développement, bien qu’il
faudrait un système de règles transparent et apte à protéger les pays plus
petits et plus ouverts au commerce internationale, dépendants donc des
prix internationales.
L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud cherchent aussi à rendre le
commerce un moyen de coopération, en créant un exemple de comme la
coopération Sud - Sud passe à travers le commerce entre les PVD.
Nonobstant les efforts et les déclarations dans ce sens, les obstacles à
telle coopération sont très importants car les trois pays ont une structure
d’exportations assez similaire, ce qui empêche la synergie dans ce
domaine. En particulier, l’Inde a des mesures protectionnistes pour
protéger le secteur agricole et l’Afrique du Sud a une industrie
manufacturière très similaire à celle du Brésil mais beaucoup plus petite.
Cependant le pays reconnaît les opportunités pour diversifier la
production, beaucoup trop liée aux ressources minéralières et donc aux
compagnies d’extraction et aux prix internationaux, en exploitant la
coopération avec les autres membres de l’IBSA et les opportunités des
grands marchés brésilien et indien64.
Toutefois ils sont en train d’étudier des domaines de coopération et
ils ont déjà abouti à un plan d’action sur les caractéristiques techniques
des marchandises, donc pour éliminer les barrières non tarifaires au
commerce. Cependant un FTA est pour l’instant impossible car le
Mercosur et le Sacu empêchent à leurs membres d’établir des FTA sans
l’étendre à tous les membres de l’organisation. Le résultat est dans ce cas
l’étude d’une possible zone de libre commerce entre le Mercosur, le Sacu
et l’Inde. En outre la coopération concerne les Petites et Moyennes
Entreprises, en favorisant la promotion des entreprises et la coopération
entre elles mêmes.
Le domaine du commerce et des négociations au sein de l’OMC
concerne aussi la matière très sensible de la protection des droits
intellectuels. A ce propos les sujets sensibles sont d’un côté ceux de la
production des médicaments par les PVD à coûts réduits, en gros sans
payer les brevets aux maisons pharmaceutiques, et de l’autre côté la
protection de la diversité biologique et des connaissances traditionnelles
64
K. Lai, « India-Brazil-South Africa: The Southern Trade Powerhouse Makes its Debut »,
2006,
http://www.coha.org/NEW_PRESS_RELEASES/New_Press_Releases_2006/06.18_IBSA.ht
ml
27
reliées aux ressources biologiques, contre l’exploitation de ces
connaissances par les multinationales65. En ce qui concerne ce dernier
point, l’IBSA soutient le respect des instruments déjà choisis par la
communauté internationale, tels que la Convention sur la Biodiversité et
soutient aussi le respect des outils sur la protection de l’environnement.
En particulier ils soulignent le caractère fondamental de la protection de
l’environnement pour un développement durable et comme élément du
développement même. C’est pour cette raison que dans le Plan d’action,
comme dans les communiqués conjoints, ils demandent un déplacement
des technologies et des ressources financières pur l’implémentation de ces
outils : la Déclaration de Rio, le Programme d’Action de l’Agenda 21, le
Plan d’implémentation du World Summit on Sustainable Development de
Johannesburg.
Pour conclure cet excursus des positions communes de l’Inde, du
Brésil et de l’Afrique du Sud, il faut analyser celles concernant les
questions de paix et sécurité.
Le premier sujet à ce propos est celui du désarmement et de la non
prolifération des armes de destruction de masse, qui fait ressortir les
contradictions de l’IBSA ou, du moins, de la politique étrangère indienne :
en effet, l’Inde a réalisé des essais nucléaires en 1998 et est aussi en
train de moderniser les armements conventionnels. Cependant, les trois
pays déclarent ensemble leur engagement pour le désarmement et pour
soutenir les travaux de l’International Athomic Energy Agency (IAEA), en
soulignant l’importance du transferts de la technologie nucléaire pour des
buts civiles.
En ce qui concerne les conflits en cours ou les situations de tension
dans le monde, l’IBSA s’occupe de la question Israélo-palestinienne et de
celle de l’Iraq en soulignant, dans les deux cas, le rôle que l’ONU devrait y
avoir. Enfin le terrorisme : à côté de la condamnation du terrorisme,
l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud remarquent encore l’importance du
multilatéralisme et de l’esprit de coopération pour l’adoption d’une
convention internationale sur le terrorisme internationale.
2.3. L’IBSA dans les relations internationales
Cette « alliance » entre trois puissances moyennes ou régionales du
monde en voie de développement est sans doute une nouveauté des plus
intéressantes du système international qui a aussi les potentialités pour
donner son empreinte à l’agenda international.
De toute façon aujourd’hui le poids international de ces pays,
ensemble ou singulièrement, n’est pas très important pour plusieurs
raisons. Comme le sujet de ce travail est l’IBSA, seront seulement
analysées les causes du faible poids sur la scène internationale de l’IBSA
dans son ensemble, en renvoyant au chapitre précédent pour les
questions relatives aux membres de l’IBSA. En outre les conclusions
suivantes sont les considérations personnelles auxquelles qui écrit est
65
Inde, Brésil et Afrique du Sud font aussi partie du « Group of like-minded Megadiverse
Countries » qui demande la protection de la diversité biologique des pays, dont les
avantages économiques devraient revenir aux pays d’origine, et la fin de l’exploitation de
cette richesse par les multinationales.
28
arrivé en prenant en compte les plus importantes questions de relations
internationales.
En étudiant ce sujet, on s’aperçoit du petit nombre d’articles des
analystes de relations internationales et du manque des réactions de la
part de la communauté internationale. En effet, le poids de l’IBSA au
niveau international est encore assez faible et il ne semble pas intéresser
les acteurs étatiques. En fait, en analysant le système international, il est
clair que cette union n’est pas d’intérêt stratégique.
L’IBSA n’est pas stratégique car deux de ses membres ne sont pas
très importants d’un point de vue de sécurité, c'est-à-dire Brésil et Afrique
du Sud. Le Brésil est en train de se positionner comme le rival du
leadership des USA en Amérique du Sud, mail il ne représente pas une
menace de sécurité, car le continent sud américain se trouve dans une
situation de paix et de relative croissance économique. En ce qui concerne
l’Afrique en général, il existe des conflits et tensions infra et interétatiques
mais il s’agit de conflits qui ne sortent pas de la région et qui ont été mis
à part par la communauté internationale. Le problème le plus important
de l’Afrique est sans doute celui des émergences humanitaires et du
développement, qui pourtant ne représente pas aux yeux des Etats des
menaces pour la paix globale. L’Asie, par contre, est un continent
d’importance stratégique, où il existe des menaces pour la paix :
Afghanistan, Iran, Iraq ; où il y existe des Etats avec les armes
nucléaires : Pakistan, Chine, Russie, Israël, l’Iran qui veut l’avoir et l’Inde
même. En Asie, il y a la majeure concentration de pétrole au monde et les
conflits concernent aussi les religions (question israélo-palestinien par
exemple) et les cultures. Enfin les nouvelles grandes puissances
économiques se situent en Asie : Chine et Inde et les tigres asiatiques.
En bref, dans l’agenda international pour l’instant il n’y a pas de
place pour l’IBSA même si selon qui écrit les potentialités sont multiples.
En particulier, c’est comme modèle de coopération Sud – Sud que l’IBSA a
la possibilité d’augmenter son poids dans les relations internationales. On
peut déjà envisager deux éléments comme base du développement de
l’IBSA comme modèle de coopération Sud – Sud :
1. une coopération active dans l’échange des bonnes pratiques et
dans le travail commun dans certains secteurs ;
2. l’engagement dans les négociations au sein de l’OMC : comme il a
été démontré à Cancun, les PVD ont la possibilité d’influencer les
négociations et pas de les subir comme auparavant et l’IBSA
pourrait être un centre catalyseur et de promotion des intérêts les
plus généraux et communs à tous les PVD.
2.3.1. La coopération Sud – Sud
“The South-South Cooperation is a broad framework for
collaboration among countries of the South, in the political,
economic, social, environmental and technical domains. Involving
three or more developing countries, South-South cooperation
takes place on bilateral, regional, sub-regional and inter-regional
bases. Recent developments in South-South cooperation have
taken the form of increased volumes of South-South trade,
movements toward regional integration, South-South flows of
29
foreign direct investment and various forms of development
assistance.”66
Cette définition est disponible sur le site Internet de l’UNDP et
explique d’une façon très claire la coopération Sud – Sud et ses principaux
éléments. Il s’agit d’un concept très large qui concerne tout type de
collaboration entre deux ou plusieurs PVD dans différents domaines qui
couvrent nombreuses questions de la société. Ce concept est né entre les
années ’60 et ’70 parmi le G77 et il a été formalisé en 1972 à l’occasion
de l’Assemblée Général des Nations Unies. La reconnaissance de ce
phénomène et nouveau moyen de concevoir le développement a porté en
1974 à la constitution d’une Unité Spéciale67 au sein du Programme des
Nations Unies pour le Développement (UNDP selon l’acronyme du nom
anglais)68.
La coopération Sud – Sud comprend deux autres concepts
similaires mais plus étroits par rapport à la coopération Sud – Sud et
complémentaires l’un à l’autre : la Coopération Technique entre les PVD
et la Coopération Economique entre les PVD.
Le premier, en anglais Technical Cooperation Among Developping
Countries – TCDC, concerne les échanges de technologie et des
connaissances avec l’implication des gouvernements et de la société
civile. Il est confié à l’Unité Spéciale de l’UNDP. Le seconde par contre
rentre dans la compétence de l’UNCTAD69 (United Nations Conference on
Trade and Development) et touche les domaines plus économiques, tels
que le commerce, la finance, les investissements entre les PVD.
La TCDC est devenue dès les années ’90 très importante car il
s’agit de mettre ensemble les connaissances acquises par les PVD sur le
développement même. Le travail de l’Unité Spéciale est basé sur des
plans de programmation de trois ans qui donnent les lignes stratégiques
et sur l’appui à des pays leader dans la coopération Sud – Sud. En 1995
vingt pays ont été envisagé comme pivotal countries70, c'est-à-dire des
PVD qui ont acquis des compétences dans le développement et dans la
coopération au développement et ont donc la capacité de les partager
avec des autre PVD dans leurs régions dans des rapports bilatérales ou
trilatérales. En 2003 ce concept a été changé avec celui de prime mover :
ces pays ont toujours un rôle central dans la coopération Sud – Sud mais
ils agissent dans un contexte multilatéral où ils mettent à disposition leur
expertise dans leur secteur de force71.
En ce qui concerne les plans de programmation, le but est celui de
porter les activités de coopération Sud – Sud dans le cadre du travail de
l’UNDP en créant les liens entre les gouvernements des PVD, la société
civile et le secteur privé. Le framework programme pour la période 20052007 a individué trois lignes stratégiques :
66
http://www.undp.org
http://tcdc1.undp.org/
68
http://www.undp.org/french/
69
http://www.unctad.org/Templates/StartPage.asp?intItemID=2068&lang=2
70
Les pays individués en 1995 sont: Brésil, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, Cuba,
Egypte, Ghana, Inde, Indonésie, Malta, Malaysia, Mauricie, Mexique, Nigeria, Pérou,
Trinidad et Tobago, Tunisie, Turquie.
71
« Third cooperation framework for South – South Cooperation (2005-2007) », Executive
Board of the United Nations Development Programme and of the United Nations population
Fund, Septembre 2004.
67
30
1. Les domaines de coopération auxquelles l’Unité Spéciale donnera
son appui seront les secteurs les plus recherchés par les PVD, où
l’implication de la société civile et le secteur privé est majeur, où
l’engagement multilatéral des Etats est plus fort.
2. Comme l’efficacité de toute action de coopération dépend de la
réception des partenaires, l’Unité Spéciale s’engage à la favoriser
en créant les liens, en mettant à disposition tout outil nécessaire
pour l’échange des bonnes pratiques.
3. Le programme serve aussi à trouver les moyens humains et
financiers pour soutenir cette coopération, au delà du budget de
l’Unité Spéciale pour ses fonctions.
L’engagement des PVD et l’intérêt des Nations Unies pour la
coopération Sud –Sud témoignent le succès de cette formule, qui est
d’ailleurs en changement selon les caractéristiques des pays émergeants.
Le UNDP envisage trois bases du développement et du succès de la
coopération Sud – Sud72 : en premier lieu l’économie, c'est-à-dire
l’augmentation des échanges commerciaux entre PVD (dans les années
’90 le taux d’échanges entre PVD a augmenté du 11% chaque année) et
des FDI de PVD vers des autres PVD, par exemple de la Chine et de l’Inde
vers les pays africains73. En deuxième lieu, les nouveaux réseaux qui sont
nés avec la mondialisation ont crée une interdépendance74 et ont aidé les
acteurs étatiques et de la société civile dedans les PVD à construire des
liens avec les autres pays en augmentant donc les échanges de tout type
et les externalités positives. En dernier lieu, il faut remarquer l’implication
des dernières années des PVD dans toute question de relations
internationales et donc un activisme qui a été aussi une base au
développement des activités de coopération Sud – Sud. Cela est aussi
démontré par les modèles de partenariat qui ne sont plus simplement de
type bilatéral, mais ils concernent trois ou plusieurs pays, même dans des
différentes régions du monde, qui coopèrent dans plusieurs domaines. Les
exemples sont nombreux : le G20, constitué comme on a vu pour
négocier les questions agricole pendant le Doha Round, et l’IBSA même
est un bon exemple de collaboration dans beaucoup de secteurs entre
trois pays dans trois différentes régions.
Le développement de la Coopération Sud – Sud a porté avec soi un
grand nombre de rassemblements intergouvernementaux au sein des
institutions internationales. Le cadre qui en sort est assez complexe car
l’ONU avec l’UNDP et l’UNCTAD est le chapeau institutionnel, dedans
lequel il y a plusieurs groupes des PVD : le G77 et le G20dont on a déjà
72
« Third cooperation framework for South – South Cooperation (2005-2007) », Executive
Board of the United Nations Development Programmes and of the United Nations
population Fund, Septembre 2004.
73
World Bank, « Patterns of Africa – Asia trade and Investment: Potential for ownership
and
partnership »,
Washington
DC,
Octobre
2004,
http://wwwwds.worldbank.org/external/default/main?pagePK=64193027&piPK=64187937&theSitePK
=523679&menuPK=64187510&searchMenuPK=64187283&theSitePK=523679&entityID=0
00090341_20050930103132&searchMenuPK=64187283&theSitePK=523679
74
Le terme interdépendance a été utilisé par Keohane et Nye pour expliquer les liens et
les relations, nés avec la mondialisation, qui passent à travers les Etats, en touchant
acteurs étatiques et non étatiques, et qui créent une dépendance réciproque entre les
Etats, des opportunités de coopération et de compétition aussi. R. Keohane, J. Nye,
« Power and Interdependence », Little, Brown, 1977
31
parlé, le GSTP (Global System of Trade Preferences)75, le G2476, le Centre
Sud77. Il s’agit des groupes assez nombreux qui constituent des cadres
pour des déclarations générales et pour des programmes et des initiatives
concrètes.
Bien que l’IBSA soit aussi un forum de coopération entre PVD, il est
pourtant assez différent par rapport aux exemples cités avant. Le petit
nombre des membres permet en fait à l’IBSA d’être beaucoup plus
efficace et de programmer des actions de coopération concrètes sur des
secteurs d’intérêt commun ; en outre les membres de l’IBSA ont institué
un fond de soutien pour des projets de coopération dans des pays tiers.
Le Facility Fund for Alleviation of Poverty and Hunger de l’IBSA est
administré par l’UNDP, qui est aussi impliqué dans la gestion du premier
projet du Fond : il s’agit d’un projet d’agriculture en Guinée Bissau dont
les objectifs de développement durable sont d’accroître la production de
riz, de diversifier la production des légumes, d’augmenter la production
des réserves à courte durée, de promouvoir le secteur agroalimentaire à
échelle petite et moyenne. En outre l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud,
qui donnent 1 million de Dollars chaque années au Fond, se sont engagés
à commencer d’autres projets, notamment en Laos et en Palestine pour
soutenir l’Autorité Palestinienne dans les efforts de reconstruction.
Au delà des projets dans les pays tiers, l’IBSA concrétise les efforts
d’échange et de coopération qui sont l’esprit de la coopération Sud – Sud.
Il a été plusieurs fois souligné que les recherches conjointes et les accords
commerciaux constituent des potentialités à développer qui peuvent
porter dans les prochaines années le Forum de l’IBSA à être un véritable
modèle de coopération Sud – Sud ; de plus, ce succès pourra aider l’IBSA
et ses membres à s’imposer dans les relations internationales comme
porteurs des intérêts des PVD, par exemple dans l’ONU et l’OMC.
Cet engagement est l’expression de deux éléments : d’un côté le
désir sincère d’expérimenter nouvelles formes de coopération Sud – Sud
et de guider les PVD dans la construction d’un ordre internationale plus
démocratique ; de l’autre, l’exploitation du thème de la coopération Sud –
Sud pour se mettre à la tête du mouvement des PVD afin de promouvoir
leurs propres intérêts dans le schèma classique de la politique de
puissance.
Si aujourd’hui leurs intérêts sont les mêmes de la plupart de PVD, il
est aussi probable que demain il pourrait être différent. Les voisins de
l’Inde, du Brésil et de l’Afrique du Sud, craignent en fait que l’engagement
dans l’agenda international des ces trois « géants » régionaux, soit le
75
Le système Globale des Préférences dans le commerce est né en 1989 et en
font partie 43 pays qui négocient les taux douanière sur une base non réciproque
qui
prend
en
compte
les
besoins
des
PVD.
http://www.unctadxi.org/templates/Page____1879.aspx
76
Le G24 comprend des pays d’Afrique, Amérique Latine et Caraïbes et Asie, et s’occupe
des
questions
monétaires
et
financières
du
développement.
http://www.g24.org/index.htm
77
Le Centre Sud est une organisation intergouvernementale des PVD qui a le but de
promouvoir la solidarité entre pays du Sud et de leur fournir les outils intellectuels pour
agir dans le contexte globale. http://www.southcentre.org/newindex_FR.htm
32
début d’un nouveau type d’impérialisme ou le début de l’exploitation au
niveau politique du leadership pour des buts de politique de puissance.
L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud doivent donc faire attention au
développement de l’IBSA, à la gestion de leur image, et à comment leur
coopération est jugée par les autres PVD, qui commencent déjà à voir
l’IBSA comme l’instrument d’un nouvel impérialisme.
33
Chapitre 3 : L’IBSA, quel type
d’interrégionalisme ?
L’IBSA est un forum de dialogue et coopération entre trois Etats de
différentes régions du monde : il rentre en quelque sorte dans le concept
d’interrégionalisme. Bien que l’IBSA soit encore au début et que toute
évolution est possible, il est important de comprendre de quel type de
interrégionalisme il s’agit et s’il peut représenter ou pas un modèle pour
le futur des accords interrégionaux.
3.1. L'interrégionalisme
régionalisme
comme
évolution
du
Le régionalisme est un phénomène relativement récent dans les
relations internationales et très lié à la mondialisation. Il s’agit d’un
processus de type politique selon lequel les gouvernements cherchent à
encadrer les relations entre Etats de la même région dans des accords
plus ou moins étroits et porteurs d’une conscience collective. Pour
comprendre le concept de régionalisation il faut en premier lieu expliquer
ce que il est une région et en seconde lieu introduire le concept de
régionalisation.
Une région est définie par l’élément géographique, par l’élément du
devenir, c'est-à-dire comme résultat in fieri d’un processus, et finalement
comme réponse à un besoin spécifique78.
En ce qui concerne la différence entre régionalisme et
régionalisation, on peut dire que la régionalisation est un processus de
type économique qui naît comme une augmentation des interactions
économiques des acteurs non étatiques, comme les entreprises et les
acteurs commerciaux dans une même région ; le régionalisme est donc
un processus politique qui vise à gérer et encadrer ce type de relations,
ainsi que gérer les changements et les menaces qui viennent de
l’extérieur.
Le régionalisme après la seconde guerre mondiale a vécu deux
périodes de développement, tandis qu’on parle de vieux et de nouveau
régionalisme. Les différences entre les deux types de régionalisme sont à
envisager surtout dans le type de structure, qui est pourtant liée aux
différents facteurs externes qui les ont produits.
Le premier est né dans les années ’50 et ’60 dans l’ambiance de la
guerre froide, surtout en Europe occidentale et Amérique Latine ; le vieux
régionalisme est caractérisé par un haut degré d’institutionnalisation et
l’homogénéité des membres, et par des règles pour protéger les fonctions
et le rôle politique et économique de l’Etat.
Le néo-régionalisme s’est étendu partout dans le monde, en
particulier en Asie, dans les années ’80 et ’90. Durant ces années, on a en
fait assisté à l’augmentation des organisations régionales caractérisées
78
J. Rüland, H. Hänggi, R. Roloff, “Interregionalism and International Relations”, New
York, Routledge, 2005.
34
pourtant d’une institutionnalisation plus souple : la forme est souvent
celle des fora de consultation et la membership est hétérogène et
ouverte ; en outre, elles naissent aussi afin de rendre plus facile
l’ouverture au commerce international et diminuer l’intervention étatique
tandis que le vieux régionalisme était un moyen des Etats pour conserver
des politiques plus ou moins protectionnistes. Finalement, avec
l’augmentation des organisations, dans cette seconde phase se sont
développées aussi les relations extérieures des organisations régionales :
l’UE par exemple entretient de Bruxelles des rapports avec des Etats tiers
ou des autres organisations. Les relations des organisations régionales
sont relations de type interrégionale : l’interrégionalisme est donc défini
comme l’institutionnalisation des relations interrégionales79.
Le régionalisme est un phénomène complexe qui a donné lieu à un
débat encore ouvert à propos de son impact sur l’Etat et sur le système
international, notamment sur le multilatéralisme et la libéralisation
commerciale conduite par l’OMC. Avant d’introduire très brièvement ce
débat, il est important de lister ici les causes du néo-régionalisme qui
peuvent être de deux types : d’un côté les causes du régionalisme tout
court, c'est-à-dire les causes générales qui amènes les Etats à se lier dans
des accords régionaux ; de l’autre côté les causes liées au système des
relations internationales et à ses développements après la fin de la guerre
froide. Dans le premier groupe de facteurs, il existe la décision des Etats
de rejoindre un groupe régionale pour des considérations de type
politique : le besoin des Etats petits d’encadrer l’Etat leader de la région,
le désir du grand Etat d’augmenter son poids internationale ; il y a aussi
la nécessité des Etats de se protéger face aux dangers des dynamiques
économiques globales ; finalement il pourrait s’agir d’une réponse à une
autre organisation régionale. Le second groupe par contre concerne le
spécifique système international d’aujourd’hui : la fin de la guerre froide a
rendu les pays libres de contraintes liés à la logique est-ouest et donc
libres de s’unir dans des organisations régionales. La mondialisation a
aussi été un facteur très important car les pays cherchent avec les
organisations régionales à rendre plus souples les effets les plus violents
de la mondialisation, qui d’ailleurs favorise les échanges de tout type
entre les pays, surtout dans une même région. Enfin, l’UE a agi comme
facteur externe de régionalisme soit indirectement (la NAFTA80 par
exemple est entre autre une réaction des Etats-Unis au Marché Commun),
soit directement à cause des ses relations avec des pays dans d’autres
partie du monde, par exemple les ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Au delà des causes à lister, les différentes écoles de relations
internationales donnent des explications différentes du régionalisme, et
donc de l’interrégionalisme : selon la théorie de l’interdépendance
économique les organisations régionales sont le produit d’un
comportement coopératif entre les Etats, elles encouragent les échanges
commerciales et aident les Etats (surtout les plus petits) à s’ouvrir d’une
façon graduelle en contrôlant les effets négatifs de la globalisation. L’école
néo-réaliste par contre interprète ce phénomène comme les efforts d’un
79
J. Rüland, H. Hänggi, R. Roloff, “Interregionalism and International Relations”, New
York, Routledge, 2005.
80
North America Free Trade Agreement, qui comprend Canada, Etats-Unis et Mexique.
35
côté des petits Etats de contrebalancer la puissance régionale et de l’autre
côté du grand Etat qui cherche à contrôler sa région.
Pour conclure cette introduction au régionalisme il faut mentionner
le débat né à la moitié des années ’90 autour de l’impact du régionalisme
sur les dynamiques multilatérales et sur l’ouverture des pays au
commerce extérieur. En particulier selon quelques auteurs81, les
organisations régionales sont un obstacle à la construction du libre
échange au niveau international : ils voient spécialement le côté
économique et commerciale des accords régionaux dont l’élément
géographique, culturel et politique n’est pas pris en considération82. Dans
ce sens ces accords éliminent des barrières au commerce parmi les Etats
qui en font partie, mais rendent plus difficile les négociations au sein de
l’OMC, qui a comme but celui d’éliminer les barrières commerciales entre
les Etats. Par contre selon d’autres, les accords régionaux sont un point
de départ pour l’ouverture du commerce car les pays choisissent de
s’ouvrir en premier aux voisins en préparant l’ouverture multilatérale ;
cela est encore plus important pour les petits pays et les PVD qui seraient
d’autre façon trop dépendants des prix internationaux.
En ce qui concerne le changement de l’institution « Etat » avec le
processus de régionalisme, il existe aussi deux écoles : la première83
porte comme exemple l’UE pour démontrer que les organisations
régionales renforcent l’Etat, dont les interactions avec les autres membres
produisent les résultats au niveau communautaire. La seconde école84 par
contre souligne comme en réalité l’Etat est affaibli soit de l’extérieur, de la
part des organisations régionales qui deviennent de plus en plus
autonomes des Etats, soit de l’intérieur, des organisations non étatiques
internes qui ont plus de visibilité chez les organisations régionales.
Comme on a déjà remarqué, l’expansion et la multiplication
d’accords régionaux dans cette seconde phase du régionalisme ont fait
que les organisations internationales elles-mêmes ont développé leurs
relations
étrangères,
dont
l’interrégionalisme
n’en
est
que
l’institutionnalisation.
3.2. Interrégionalisme et transrégionalisme
Les relations interrégionales peuvent être de plusieurs types : les
relations d’une organisation régionale avec un Etat tiers, avec un autre
groupe ou une organisation régionale, l’implication d’une organisation
dans une autre organisation ou forum au niveau transrégionale. Vu la
nouveauté du phénomène, qui est d’ailleurs toujours en évolution, les
auteurs n’utilisent pas tous la même classification et terminologie. En
particulier le problème est l’utilisation des mots interrégionalisme et
transrégionalisme, qui sont utilisés parfois de la même façon, parfois pour
81
En particulier Bagwati est critique sur les accords régionaux qui à son avis ne facilitent
pas l’ouverture du commerce internationale. Voir par exemple J.N. Bagwati « The World
Trading System at Risk », Harvester Wheatsheaf, Hemel Hempstead, 1991.
82
L. A. Winters, « Regionalism versus Multilateralism », The World Bank, International
Economics
Department,
International
Trade
Division,
1996,
http://econ.worldbank.org/external
83
Par exemple Mildward et Moravsik.
84
Voir les auteurs de l’école néo-fonctionnaliste comme Haas, Mitrany et Lindberg.
36
indiquer par contre deux types du même phénomène. La définition
dépend donc du type de classification qu’on choisi, mais pour faire une
généralisation on peut concevoir l’interrégionalisme comme les relations
étrangères d’une organisation régionale, et le transrégionalisme comme
« Un mode de consultation et de coopération peu
institutionnalisé entre des Etats issus de deux ou plusieurs régions du
monde qui agissent dans leur capacité individuelle »85
Toutefois il est important de chercher une catégorisation afin de
mieux comprendre l’interrégionalisme. La catégorisation la plus élaborée a
été conçue par Hänggi86, qui fait une différence entre les formes
d’interrégionalisme plus proches à la définition et celles qui s’en éloignent,
en étant des cas limite. Sa typologie est faite en prenant comme critère
les types d’acteurs régionales impliqués. Voila sa typologie :
Type 1 : Relations quasi-interrégionales
Il s’agit d’un cas borderline car il concerne une organisation ou un
groupe régional, selon le degré d’institutionnalisation, et un pays tiers
dans une autre région.
Type 2 : Relations interrégionales dans le sens étroit du terme
Il concerne les relations entre deux organisations régionales comme
par exemple les relations et les fora de dialogue que l’UE a institué avec
des autres organisations régionales, telles que l’ASEAN, le SADC, le
Mercosur. Il est le type idéal ou le paradigme de l’interrégionalisme et
était présent plutôt dans le vieux régionalisme, c'est-à-dire quand le
degré d’institutionnalisation des organisations était plus fort.
Type 3 : Relations interrégionales dans le sens étroit du terme
Ce type envisage une organisation régionale et un groupe régional,
comme l’UE et les Etats de l’Asie du Sud - Est qui ont créé l’ASEM (Asia
Europe Meeting). Ce type de relations et d’organisations interrégionales,
comme l’ASEM, sont conséquence du néorégionalisme (et donc néo
interrégionalisme) et de l’UE comme facteur qui pousse les Etats tiers à
s’unir afin de faciliter le dialogue avec l’UE (il est aussi le cas, déjà
mentionné des ACP).
Type 4 : Relations interrégionales dans le sens étroit du terme
Les relations entre deux groupes d’Etats de deux régions
différentes sont aussi liées au néo-régionalisme qui est en fait caractérisé
par une institutionnalisation plus faible, donc par des groupes ou fora et
pas des organisations.
Type 5 : Relations mega-régionales
Ce type comprend les groupes d’Etats de deux ou plus régions du
monde, comme il est le cas de l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation),
qui comprend les pays de l’ASEAN, de la NAFTA, la Russie, l’Australie, le
85
D. M. Milliot, « Le Transrégionalisme : nouvelle frontière de l’interregionalisme ? » en
AFRI Volume V, 2004, http://www.afri-ct.org/article.php3?id_article=878
86
J. Rüland, H. Hänggi, R. Roloff, « Interregionalism and International Relations », New
York, Routledge, 2005.
37
Chili, le Pérou, ou de Euromed qui est le dialogue entre l’UE et les pays de
la mer Méditerranée. Ce type d’interrégionalisme peut être d’une certaine
façon défini comme transrégionalisme car il s’agit d’un lien plus ou moins
faible qui passe à travers différents continents pour lier des Etats pris
singulièrement.
Les auteurs ont aussi cherché à envisager quelles sont les fonctions
de l’interrégionalisme et les premières études, menées sur l’ASEM, en ont
individué cinq : fonction d’équilibre, fonction institutionnelle, fonction de
définition de l’agenda, fonction de rationalisation et fonction de création
d’une identité87. Cependant des études plus récentes ont ajouté plus de
détails, en faisant la distinction entre fonctions de type micro, au niveau
de la participation de l’Etat, et de type macro, au niveau du système88.
Fonctions micro.
1. Bilatéralité : les fora inter ou transrégionales représentent aussi
l’opportunité d’avoir des rencontres bilatérales informels.
2. Actions : ces fora donnent un plus grand pouvoir des négociations,
surtout aux petits pays, car le dialogue s’étend sur plusieurs
matières et facilite donc la recherche des compensations à
plusieurs niveau.
3. Transactions : avec l’augmentation des rencontres multilatérales et
bilatérales des fora interrégionales, sont aussi augmentés les
transactions entre les Etats.
4. Communication : autre fonction des fora interrégionales est la
multiplication des canaux de communication, qui a comme
conséquences celles de diminuer les coûts de communication et
transaction et de rendre le système plus stable grâce à
l’augmentation des informations.
5. Association : vu la complexité des questions dans l’agenda de ces
fora, les Etats cherchent à associer des acteurs de la société civile à
leurs engagements aux niveaux interrégionaux.
6. Co-option : ce concept est utilisé par Josef Nye pour indiquer le soft
power exercé par l’hégémon, et il est ici important car les grands
Etats, les puissances régionales pourraient l’exercer pour soutenir
leurs intérêts au niveau pas seulement régionale mais
interrégionale aussi.
Fonctions macro.
1. Fonction institutionnelle et multilatérale : cette fonction vient de
l’interprétation fonctionnaliste89 des relations internationales et voie
les régimes internationaux (dans ce cas les organisations
interrégionales) comme un moyen pour augmenter l’intégration
entre les Etats et donc éviter la marginalisation des PVD, les plus
faibles dans l’économie et la politique internationales.
87
J. Rüland, « The EU as Inter-Regional Actor: The Asia – Europe Meeting », 1999,
Chulalong University, Bangkok.
88
Les fonctions listées sont proposées par D. M. Milliot, « Le Transrégionalisme : nouvelle
frontière de l’interregionalisme ? » en AFRI Volume V, 2004, http://www.africt.org/article.php3?id_article=878
89
De l’école fonctionnaliste on peut ici citer David Mitrany, selon lequel la complexité des
tâches que l’Etat doit accomplir amène les Etats à coopérer entre eux dans un nombre
croissant des matières au sein des organisations internationales.
38
2. Fonction cognitive : grâce à la multiplication des contacts dans les
fora interrégionales, les différents pôles régionaux ont la possibilité
d’améliorer la compréhension mutuelle du fonctionnement interne
de chaque organisation régionale.
3. Fonction d’équilibre : l’exemple de la triade90 et de la volonté du
bloque asiatique et de l’UE de rééquilibrer le poids des Etats-Unis
semble la meilleure explication de cette fonction.
4. Fonction identitaire : une organisation régionale est aussi
l’expression d’une identité spécifique et la création des organismes
entre deux organisations régionales, qui ont donc une leur propre
identité, porte aussi à la constitution d’une troisième identité
indépendante.
3.3. L’IBSA : inter ou trans - régionalisme ?
L’étude de l’interrégionalisme est né surtout pour approfondir la
compréhension des premières formes d’interrégionalisme, c'est-à-dire
celle qu’on appelle « triade ». La triade est le terme utilisé pour indiquer
les relations entre les trois pôles régionaux qui sont nés et se sont
développés en premier, c'est-à-dire l’UE, le pole nord américain, l’Asie.
Ces trois pôles ont institutionnalisé leurs relations en constituant des
groupes interrégionaux : les Etats-Unis et l’UE n’ont pas constitué un
groupe interrégional mais font partie de nombreuses organisations,
comme par exemple l’OTAN, et ont depuis longtemps une relation
privilégiée, qui pourrait être classée dans le type quasi-interrégionalisme
de Hänggi. L’APEC a été constitué à la fin des années ’80 surtout sous
l’impulsion des Etats-Unis qui voulaient consolider leurs intérêts en Asie
orientale ; l’ASEM par contre est la réponse de l’UE à l’APEC et la tentative
des Etats asiatiques de diversifier leurs relations en se rendant plus
indépendants des Etats-Unis. La triade a développé et institutionnalisé en
premier des relations interrégionales, en marquant le système des
accords interrégionaux : les autres régions du monde, en particulier
l’Afrique, étaient au début exclues par cette dynamique et ont donc
cherché à se relier elles aussi aux trois pôles principaux ; cela a produit
pour longtemps une situation selon laquelle les autres régions n’avaient
pas des relations entre elles mais seulement avec les pôles de la triade.
Aujourd’hui par contre la situation est en train de changer et les
régions exclues précédemment ont commencé à explorer des nouvelles
formes d’agrégation soit au niveau interrégional mais surtout
mégarégional ou transrégional. Parmi les régions exclues de la triade, il y
a surtout des Etats en voie de développement : il est donc facile de relier
la question de l’interrégionalisme à la coopération Sud - Sud dont on a
parlé dans le chapitre précédent.
La coopération Sud – Sud est en train de se développer autour des
rassemblements de PVD, comme le G77 et le G20. Ces groupes
comprennent nombreux pays de toute partie du monde, qui se
rencontrent pour des questions de développement et pour chercher à
constituer un front commun des PVD dans les négociations au sein de
l’OMC. Selon qui écrit, il se pourrait d’interpréter ces fora comme des très
90
Dans le paragraphe suivant on abordera les relations de la triade : UE, Amérique du
Nord, Asie.
39
larges groupes transrégionales ou mégarégionales, c'est-à-dire le type 5
de la typologie de Hänggi. Ils participent en fait singulièrement et pas
dans les groupes régionaux ; les organes ainsi créées ont un degré
d’institutionnalisation assez faible, étant des fora plutôt que des
organisations.
Il faudrait donc souligner que les liaisons entre les régions non
triadiques, se caractérisent par une faible institutionnalisation interne et
pour un membership élargi et très ouvert. Par contre les liens de type
interrégionaux (types 2, 3 et 4) sont plus difficiles et rares soit pour les
zones non triadiques, soit pour les triadiques : ce sont plutôt les relations
de l’Union Européenne avec des autres régions qui se constituent comme
accords interrégionaux tandis que la tendance générale est de choisir des
accords moins structurés.
Grâce aux contributions analysées, on pourrait chercher maintenant
à trouver pour l’IBSA une place virtuelle dans la typologie des accords
interrégionaux. Comme il est souligné dans le nom officiel, l’IBSA est un
forum
de
dialogue,
caractérisé
donc
par
un
bas
degré
d’institutionnalisation et par le manque d’institutions communes. Les pays
membres viennent de trois continents et y participent singulièrement et
pas comme membres d’autres organisations. Ces caractéristiques font
ainsi penser à l’IBSA comme un exemple d’accord mégarégional (type 5) :
bien qu’il s’agit de la forme la plus récurrente parmi les accords non
triadiques, elle a des nouveautés très intéressantes qui peuvent d’ailleurs
constituer un nouveau modèle. En premier lieu, l’IBSA n’est pas le moyen
d’un hégémon de porter ses intérêts dans des autres régions comme il est
le cas de l’APEC pour les Etats-Unis : les trois membres de l’IBSA ne
veulent pas étendre l’un sur l’autre une sorte de soft power mais leur
coopération naît de deux considérations. En premier lieu, comme on l’a
vu, ils veulent agir ensemble dans un esprit de coopération au
développement et de coopération Sud – Sud ; en second lieu, avec l’IBSA
ils cherchent à augmenter leur poids et leur visibilité au niveau plus bas
de leurs régions et au niveaux supérieur, celui multilatérale. Les
tentatives d’hégémonie, si l’on peut parler d’hégémonie pour l’Inde, le
Brésil et l’Afrique du Sud, seraient donc au niveau régional et pas au
niveau interne à l’IBSA. Au niveau multilatéral, ils ne cherchent pas – ni le
pourraient – à devenir des hégémons, mais ils revendiquent la
reconnaissance de la communauté internationale de leur rôle et de leur
poids comme représentants des PVD et comme puissances régionales.
3.3.1. L’IBSA comme modèle
Le prochain pas est celui de réfléchir sur la possibilité de l’IBSA de
devenir un modèle pour le développement des relations non triadiques et
donc des relations Sud – Sud. Cette question est pourtant liée d’une façon
étroite à la question du succès de l’IBSA comme exemple de coopération
Sud – Sud ; il faut donc en tenir compte.
Comme on a vu dans le chapitre précédent, l’IBSA est un accord
tout à fait nouveau mais il montre d’avoir des éléments favorables à ses
buts car il peut avoir une efficacité majeure par rapport aux autres
accords de coopération Sud – Sud. Son succès dans la coopération Sud –
40
Sud sera donc un élément déterminant pour sa réussite comme modèle
d’accord mégarégional.
D’un autre point de vue, l’IBSA ne peut pas représenter un modèle
car il est l’expression directe des revendications de l’Inde, du Brésil et de
l’Afrique du Sud pour la reconnaissance internationale de leur respectif
rôle régional et donc international. Il n’existe pas pour l’instant d’autres
pays avec le même désir de visibilité et les mêmes revendications, qui ont
eu une grande importance dans la rencontre de ces trois pays. En outre
cette coopération pourra se développer vers une alliance de type plus
politique, vu l’engagement des trois pour coordonner leurs positions sur
les thèmes de l’agenda internationale.
Toutefois, la coopération des trois Etats venant du monde en voie
de développement constitue une nouveauté avec des portes ouvertes et
dans ce sens, l’IBSA constitue un modèle à suivre.
La dernière considération à faire concerne les fonctions de l’IBSA :
il s’agit donc de comparer les fonctions base de l’interrégionalisme avec
les fonctions de l’IBSA afin d’établir si l’IBSA répond d’une façon positive à
ces fonctions. Il faut cependant prendre en compte la diversité de l’IBSA
comme exemple de mégarégionalisme.
Fonctions micro
1. Bilatéralité : les rencontres IBSA ont en fait aidé les échanges
bilatéraux, qui ont abouti parfois à des accords bilatéraux, comme
par exemple les accords sur les hydrocarbures entre Inde et Brésil.
2. Actions : dans l’IBSA les négociations dans le sens classique du
terme ne sont pas très nombreuses car il s’agit plutôt d’accords de
coopération ; le nombre des matières abordées pourrait pourtant
aider dans les dynamiques internes à l’IBSA et dans le cas de
négociation de type commercial.
3. Transaction : l’IBSA a multiplié les rencontres entre les trois Etats à
tout niveau : experts, fonctionnaires des gouvernements, ministres,
chefs d’Etat.
4. Communication : la communication a avec l’IBSA un flux continu
entre les trois membres.
5. Association : la société civile a été aussi impliquée dans les travaux
soit au niveau de la recherche avec les groupes de travail des
experts, soit au niveau de connaissance réciproque avec la
participation des entreprises à côté des rencontres officielles.
6. Co-option : cet élément est plus difficile à envisager justement
parce qu’il s’agit d’un soft power. Toutefois, il ne semble pas le cas
de l’IBSA car il n’y a pas dans le forum un Etat qui veut s’imposer
sur les deux autres. Les pays de l’IBSA cherchent plutôt à exercer
un soft power à l’externe du forum, notamment dans les
respectives zones d’influence.
Fonctions macro
1. Fonction institutionnelle et multilatérale : l’IBSA est né avec le but
de sortir de la marginalisation dans les dynamiques internationales,
et faire sortir les PVD de la marginalisation et du manque de
capacité de négociation dans l’OMC.
2. Fonction cognitive : le Brésil et l’Afrique du Sud sont très liés et
très engagés dans leurs propres régions, et d’une certaine façon ils
portent dans l’IBSA leurs engagements régionaux en les faisant
connaître aux autres membres.
41
3. Fonction d’équilibre : cette fonction est importante dans l’IBSA
même s’il faut l’adapter au contexte spécifique. Les trois pays
souhaitent en général rééquilibrer, en faveur des PVD, le contexte
international particulièrement celui de l’OMC ; en termes
spécifiques ils cherchent aussi à augmenter leurs poids dans les
propres régions : ceci vaut surtout pour l’Inde qui cherche à
contrebalancer le Pakistan et surtout la Chine, et pour le Brésil qui
doit augmenter son poids international face à ses rivaux régionaux,
l’Argentine et le Mexique spécialement.
4. Fonction identitaire : l’identité créée avec l’IBSA est celle d’une
organisation des PVD pour le développement.
Conclusions
L’IBSA répond donc à toutes les fonctions analysées même si parfois
d’une façon particulière selon ses caractéristiques. En ce qui concerne la
possibilité de devenir un modèle de méga/trans-régionalisme non
triadique, il est encore très tôt pour pouvoir le dire : il est quand même
certain que cela dépendra aussi de son succès comme exemple de
coopération Sud – Sud. Pour l’instant ce que on peut dire est que la
constitution du forum trilatérale de l’IBSA est la démonstration qu’il est
possible pour les pays des régions non triadiques de constituer des
organismes de liaison, et que cela peut être aussi utile et efficace.
42
Conclusions
Les conclusions qu’on peut tirer de cette analyse sont tout à fait de
type provisoire car l’IBSA est un forum très jeune qui a encore différentes
possibilités de développement. Toutefois, comme il a été plusieurs fois
remarqué, l’aspect des prévisions dans l’étude des relations
internationales est important.
Les conclusions qu’il est donc possible de lister sont à plusieurs
niveaux :
Niveau étatique : L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud ne sont pas
les seules puissances régionales qui peuvent constituer un forum
des PVD, mais il semble que leur union soit particulièrement
« naturelle » et efficace car ils ont des caractéristiques communes
et surtout parce qu’ils ont la volonté politique d’augmenter
l’influence dans la politique internationale et de former un point de
rassemblement des PVD.
Niveau coopération Sud – Sud : l’IBSA est un type de nouvelle
union parmi les fora et les groupes des PVD car il n’est formé que
par trois membres qui ont un programme d’action et de
coopération concret. Ces caractéristiques font de l’IBSA un forum
plus efficace que les groupes comme le G20 ou le G77, et surtout
contribuent au fait que l’IBSA constitue un nouveau modèle de
coopération Sud – Sud.
Niveau politique internationale : L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud
sont très actifs individuellement dans les questions de politique
internationale (ONU et OMC) et dans les questions de paix dans
leurs continents. Leur union est donc une autre nouveauté dans le
système de relations internationales qui pourrait avoir des
conséquences dans les équilibres des institutions internationales.
En particulier, une possible alliance future de trois pays sur la
question de la réforme du Conseil de Sécurité pourrait porter à la
constitution d’un front très large des PVD : l’Afrique du Sud fait
partie du front des Etats africains, qui votent tous de la même
façon, et une alliance de l’UA avec le Brésil et l’Inde changerait les
équilibres dans l’Assemblée Générale. En outre, l’engagement
conjoint de ces trois pays dans les négociations de l’OMC fera
augmenter la force des positions des PVD et donc un changement
dans le processus de négociations. Ce qui est passé à Cancun se
passera encore et les PVD n’accepterons plus passivement les
décisions des pays riches, mais chercheront à influencer et à
changer le système en le rendant plus favorable à leurs intérêts.
Comme les conséquences des négociations de l’OMC tombent
directement sur la vie des citoyens des pays, les enjeux sont
importants et politiques. Au fur et à mesure donc que le forum
augmentera son poids et sa visibilité en tant que leader des PVD,
l’IBSA se politisera.
43
Niveau théorique pour la constitution d’un modèle : au niveau
théorique aussi l’IBSA est un phénomène qui peut constituer un
modèle d’accord interrégional entre pays en dehors de la triade. La
possibilité de réussite est de ce point de vue, comme on l’a déjà
dit, liée à la réussite comme modèle de coopération Sud – Sud.
En bref, l’IBSA a plusieurs possibilités de développement qui
peuvent influencer la politique internationale. Les trois pays ont démontré
plusieurs fois leur engagement dans le forum comme instrument de
coopération Sud – Sud pas seulement technique mais aussi politique.
L’élément politique de l’IBSA est certainement celui qui peut pousser
l’IBSA à donner son empreinte dans la politique internationale et à donner
une voie plus forte aux PVD. Il existe pourtant le danger des réactions de
PVD face à l’engagement de l’IBSA dans la coopération Sud – Sud et dans
la politique internationale. En particulier, les voisins de L’Inde, du Brésil et
de l’Afrique du Sud, pourraient voir, et en partie le voient déjà, l’IBSA
comme un instrument d’impérialisme et cette implication dans la politique
internationale comme une tentative de se positionner à la tête d’un front
de PVD afin de les contrôler et de ne porter que leurs propres intérêts. Le
succès de la stratégie de l’IBSA dépend donc aussi de comment les trois
pays se porteront face aux partenaires PVD et comment les PVD
percevront cet engagement.
Il faut donc remarquer que la force des principes d’équité et de
démocratie dans l’IBSA est importante, mais que les trois Etats sont aussi
en train de poursuivre une politique de puissance spécialement dans leurs
propres régions, comme on a vu dans le premier chapitre de ce travail.
Dans les prochaines années il s’agira donc de voir si la force des principes
sera plus importante des intérêts étatiques des membres de l’IBSA.
44
Annexes
India Data Profile
Click on the indicator to view a definition
People
Population, total
Population growth (annual %)
2000
2005
2006
1.0 billion
1.1 billion
1.1 billion
1.7
1.4
1.4
Poverty headcount ratio at national poverty line (% of
population)
28.6
..
..
Life expectancy at birth, total (years)
62.9
63.5
..
3.1
2.8
..
Mortality rate, infant (per 1,000 live births)
68.0
56.0
..
Mortality rate, under-5 (per 1,000)
94.0
74.0
..
Births attended by skilled health staff (% of total)
42.5
..
..
..
..
..
56.0
58.0
..
..
0.9
..
Primary completion rate, total (% of relevant age
group)
75.4
89.8
..
School enrollment, primary (% gross)
98.8
119.2
..
School enrollment, secondary (% gross)
47.9
56.6
..
School enrollment, tertiary (% gross)
10.2
11.4
..
77.5
88.7
..
..
..
..
3.3 million
3.3 million
3.3 million
675.5
thousand
677.0
thousand
..
60.8
60.6
..
1.1
..
..
Improved water source (% of population with access)
82.0
..
..
Improved sanitation facilities, urban (% of urban
population with access)
55.0
..
..
504.0
..
..
Fertility rate, total (births per woman)
Malnutrition prevalence, weight for age (% of children
under 5)
Immunization, measles (% of children ages 12-23
months)
Prevalence of HIV, total (% of population ages 15-49)
Ratio of girls to boys in primary and secondary
education (%)
Literacy rate, adult total (% of people ages 15 and
above)
Environment
Surface area (sq. km)
Forest area (sq. km)
Agricultural land (% of land area)
CO2 emissions (metric tons per capita)
Energy use (kg of oil equivalent per capita)
Energy imports, net (% of energy use)
Electric power consumption (kWh per capita)
18.6
..
..
402.0
..
..
456.8 billion
804.1 billion
906.5 billion
Economy
GNI, Atlas method (current US$)
GNI per capita, Atlas method (current US$)
450.0
730.0
820.0
460.2 billion
805.7 billion
906.3 billion
GDP growth (annual %)
4.0
9.2
9.2
Inflation, GDP deflator (annual %)
3.5
4.4
5.3
Agriculture, value added (% of GDP)
23.4
18.3
17.5
Industry, value added (% of GDP)
26.2
27.3
27.7
Services, etc., value added (% of GDP)
50.5
54.4
54.7
Exports of goods and services (% of GDP)
13.2
20.3
..
Imports of goods and services (% of GDP)
14.2
23.3
..
Gross capital formation (% of GDP)
24.8
33.4
..
Revenue, excluding grants (% of GDP)
11.9
..
..
GDP (current US$)
45
Cash surplus/deficit (% of GDP)
-3.9
..
..
States and markets
Time required to start a business (days)
Market capitalization of listed companies (% of GDP)
Military expenditure (% of GDP)
Fixed line and mobile phone subscribers (per 1,000
people)
Internet users (per 1,000 people)
Roads, paved (% of total roads)
High-technology exports (% of manufactured exports)
..
71.0
35.0
32.2
68.6
90.4
3.1
2.9
..
35.4
127.7
..
5.4
54.8
..
47.5
..
..
5.0
..
..
20.4
29.6
32.5
100.0
87.5
..
3.6 billion
6.6 billion
..
95.6 billion
114.3 billion
..
Global links
Merchandise trade (% of GDP)
Net barter terms of trade (2000 = 100)
Foreign direct investment, net inflows (BoP, current
US$)
Long-term debt (DOD, current US$)
Present value of debt (% of GNI)
..
15.9
..
Total debt service (% of exports of goods, services and
income)
14.5
..
..
Official development assistance and official aid (current
US$)
1.5 billion
1.7 billion
..
21.3 billion
25.7 billion
Workers' remittances and compensation of employees,
12.9 billion
received (US$)
Source: World Development Indicators database, April 2007
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=
IND
46
Brazil Data Profile
Click on the indicator to view a definition
People
Population, total
Population growth (annual %)
Poverty headcount ratio at national poverty line (% of
population)
Life expectancy at birth, total (years)
Fertility rate, total (births per woman)
2000
2005
2006
173.9 million
186.4 million
188.7 million
1.5
1.3
1.2
..
..
..
69.7
71.2
..
2.4
2.3
..
Mortality rate, infant (per 1,000 live births)
35.0
31.0
..
Mortality rate, under-5 (per 1,000)
39.0
33.0
..
..
..
..
..
..
..
99.0
99.0
..
Births attended by skilled health staff (% of total)
Malnutrition prevalence, weight for age (% of children
under 5)
Immunization, measles (% of children ages 12-23
months)
Prevalence of HIV, total (% of population ages 15-49)
..
0.5
..
Primary completion rate, total (% of relevant age
group)
107.8
..
..
School enrollment, primary (% gross)
150.7
..
..
School enrollment, secondary (% gross)
104.2
..
..
16.1
..
..
102.9
..
..
86.4
..
..
Surface area (sq. km)
8.5 million
8.5 million
8.5 million
Forest area (sq. km)
4.9 million
4.8 million
..
30.9
..
..
School enrollment, tertiary (% gross)
Ratio of girls to boys in primary and secondary
education (%)
Literacy rate, adult total (% of people ages 15 and
above)
Environment
Agricultural land (% of land area)
CO2 emissions (metric tons per capita)
1.8
..
..
Improved water source (% of population with access)
89.0
..
..
Improved sanitation facilities, urban (% of urban
population with access)
83.0
..
..
1,068.1
..
..
22.6
..
..
1,897.1
..
..
673.7 billion
725.7 billion
892.8 billion
3,870.0
3,890.0
4,730.0
Energy use (kg of oil equivalent per capita)
Energy imports, net (% of energy use)
Electric power consumption (kWh per capita)
Economy
GNI, Atlas method (current US$)
GNI per capita, Atlas method (current US$)
GDP (current US$)
644.5 billion
882.5 billion
1.1 trillion
GDP growth (annual %)
4.3
2.9
3.7
Inflation, GDP deflator (annual %)
6.2
7.5
4.3
Agriculture, value added (% of GDP)
5.6
5.6
5.1
Industry, value added (% of GDP)
27.7
30.3
30.9
Services, etc., value added (% of GDP)
66.7
64.0
64.0
Exports of goods and services (% of GDP)
10.0
15.1
14.7
Imports of goods and services (% of GDP)
11.7
11.5
11.7
Gross capital formation (% of GDP)
18.3
16.0
16.8
Revenue, excluding grants (% of GDP)
..
..
..
Cash surplus/deficit (% of GDP)
..
..
..
..
152.0
152.0
35.1
53.8
66.6
1.6
1.4
..
States and markets
Time required to start a business (days)
Market capitalization of listed companies (% of GDP)
Military expenditure (% of GDP)
47
Fixed line and mobile phone subscribers (per 1,000
people)
Internet users (per 1,000 people)
Roads, paved (% of total roads)
High-technology exports (% of manufactured exports)
311.3
..
..
28.8
195.0
..
5.5
..
..
18.6
12.8
..
Global links
Merchandise trade (% of GDP)
Net barter terms of trade (2000 = 100)
Foreign direct investment, net inflows (BoP, current
US$)
Long-term debt (DOD, current US$)
Present value of debt (% of GNI)
Total debt service (% of exports of goods, services and
income)
17.7
22.2
21.2
100.0
101.4
97.1
32.8 billion
15.2 billion
..
210.9 billion
164.0 billion
..
..
34.1
..
93.7
44.8
..
191.9 million
..
3.5 billion
3.5 billion
Official development assistance and official aid (current
232.3 million
US$)
Workers' remittances and compensation of employees,
1.6 billion
received (US$)
Source: World Development Indicators database, April 2007
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=
BRA
48
South Africa Data Profile
Click on the indicator to view a definition
People
2000
2005
2006
44.0 million
46.9 million
47.4 million
2.5
1.1
1.1
47.8
47.7
..
2.9
2.8
..
Mortality rate, infant (per 1,000 live births)
50.0
55.0
..
Mortality rate, under-5 (per 1,000)
63.0
68.0
..
Births attended by skilled health staff (% of total)
..
..
..
Malnutrition prevalence, weight for age (% of children
under 5)
..
..
..
77.0
82.0
..
..
18.8
..
89.0
..
..
Population, total
Population growth (annual %)
Life expectancy at birth, total (years)
Fertility rate, total (births per woman)
Immunization, measles (% of children ages 12-23
months)
Prevalence of HIV, total (% of population ages 15-49)
Primary completion rate, total (% of relevant age
group)
School enrollment, primary (% gross)
106.7
..
..
School enrollment, secondary (% gross)
84.9
..
..
School enrollment, tertiary (% gross)
14.4
15.3
..
100.8
..
..
..
..
..
1.2 million
1.2 million
1.2 million
92,030.0
92,030.0
..
82.0
..
..
7.4
..
..
Improved water source (% of population with access)
87.0
..
..
Improved sanitation facilities, urban (% of urban
population with access)
81.0
..
..
2,565.8
..
..
Ratio of girls to boys in primary and secondary
education (%)
Literacy rate, adult total (% of people ages 15 and
above)
Environment
Surface area (sq. km)
Forest area (sq. km)
Agricultural land (% of land area)
CO2 emissions (metric tons per capita)
Energy use (kg of oil equivalent per capita)
Energy imports, net (% of energy use)
Electric power consumption (kWh per capita)
-28.1
..
..
4,416.6
..
..
134.4 billion
225.8 billion
255.3 billion
Economy
GNI, Atlas method (current US$)
GNI per capita, Atlas method (current US$)
3,050.0
4,820.0
5,390.0
132.9 billion
242.1 billion
255.0 billion
GDP growth (annual %)
4.2
5.1
5.0
Inflation, GDP deflator (annual %)
8.8
4.8
6.8
Agriculture, value added (% of GDP)
3.3
2.5
2.5
Industry, value added (% of GDP)
31.8
30.3
30.5
Services, etc., value added (% of GDP)
64.9
67.1
67.0
Exports of goods and services (% of GDP)
27.9
26.8
29.1
Imports of goods and services (% of GDP)
24.9
28.3
33.0
Gross capital formation (% of GDP)
15.9
18.0
20.1
Revenue, excluding grants (% of GDP)
26.3
29.9
..
Cash surplus/deficit (% of GDP)
-2.0
0.2
..
GDP (current US$)
States and markets
Time required to start a business (days)
Market capitalization of listed companies (% of GDP)
Military expenditure (% of GDP)
Fixed line and mobile phone subscribers (per 1,000
49
..
35.0
35.0
154.2
233.6
280.4
1.4
1.4
..
302.3
825.1
..
people)
Internet users (per 1,000 people)
54.5
Roads, paved (% of total roads)
High-technology exports (% of manufactured exports)
108.8
..
20.3
..
..
7.0
6.6
..
Global links
Merchandise trade (% of GDP)
Net barter terms of trade (2000 = 100)
Foreign direct investment, net inflows (BoP, current
US$)
Long-term debt (DOD, current US$)
Present value of debt (% of GNI)
Total debt service (% of exports of goods, services and
income)
44.9
47.1
53.2
100.0
108.8
..
968.8 million
6.3 billion
..
15.3 billion
20.9 billion
..
..
14.1
..
9.8
6.9
..
700.0 million
..
658.0 million
735.0 million
Official development assistance and official aid (current
487.3 million
US$)
Workers' remittances and compensation of employees,
344.0 million
received (US$)
Source: World Development Indicators database, April 2007
http://devdata.worldbank.org/external/CPProfile.asp?PTYPE=CP&CCODE=
ZAF
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55
Centre Européen de Recherche Internationale et Stratégique
Ceris was established in 1985 on the initiative of a group of university professors, diplomats and
senior civil servants. The objective was to promote post graduate education and research in the field of
international relations.
In 1988 Ceris introduced a Master of Arts in International Politics. Over the years, Ceris has
created intensive courses, entitled Post Graduate Certificates and devoted to EU external relations,
conflict prevention & conflict management, security in the Mediterranean and the Middle East. Finally,
Ceris will shortly be introducing a new Master of Arts in Development Policy Implementation and
Governance.
The courses offered are all part-time and organised on Friday evenings and Saturday mornings.
They are given in English, though certain courses on the MA in International Politics are delivered in
French.
Currently,
it
is
also
possible
to
follow
the
MA in International Politics as part of a ‘distance learning’ programme, with this format being set to
develop in the years to come.
The education that Ceris provides is distinctive in two respects. First of all, it offers a very high
level of university education organized in partnership with leading european universities, in particular
the Collège d’Etudes Interdisciplinaires de l’Université Paris Sud that sponsors the Master of arts in
International politics. The quality of the education owes much to the team of invited lecturers. Over the
years, Ceris has developed a network of EU or Nato key experts and professors drawn from universities
renowned for their excellence. For this reason, it boasts a first rate academic team that few universities
would be in a position to offer. Each year the MA in International Politics course is run by thirty or so
experts, notably from the London School of Economics and Political Science, the Universities of Oxford,
Cambridge, Warwick, Kings College in London, l’Institut d’Etudes Politiques in Paris, l’Institut
Universitaire de Hautes Etudes Internationales, Geneva and American universities, such as Johns Hopkins.
The second special feature lies in Ceris' international audience. Those following the courses
come from around forty different countries. Two thirds are from European Union Member States or
countries applying for membership, with the third coming from North and South America, Sub-Sahara
Africa, South and East Asia. More than 85% of them have a professional occupation. The largest
group is made up of civil servants from European institutions (the European Commission, Parliament,
Council, the European Social and Economic Committee, Committee of the Regions). Then there are
diplomats posted in Brussels and working either in bilateral embassies or in missions or permanent
representations. Senior managers from the private sector working in lobbying or for interest groups, most
frequently in conjunction with the European Commission or Parliament, make up the third significant
group. Finally, there are members of staff from NGO’s and foreign journalists accredited by the European
Union or Nato. Sixty percent of attendees are aged between 25 and 34, though students aged 35 and over
account for twenty-five to thirty percent. We should add that Ceris each year reserves several places for
graduates fresh from university, who are destined for international careers.
56
Ceris Research Papers
All Ceris Papers can be accessed via the website : www.ceris.be
n° 1 Hydropolitics of the Tigris-Euphrates River Bassin with
implications for the European Union
Murray Biedler, 2004
n° 2 Le Processus de Kimberley et les diamants de la guerre
Philippe Renaudière, 2004
n° 3 Natural Gas on the Balkan
Eberhard Röhm-Malcotti, 2005
n° 4 The United States of American’s Global War on Terror in
Iraq : International Humanitarian Law Approaches
Vanhullebusch Matthias, 2006
n° 5 Fueling the Future: alternative energies, economic
concequences and geopolitical changes
Ana Ochôa, 2006
n° 6 New Foreign Policy of Lithuania After Membership
in E U and Nato
Jurgis Gurstis, 2006
n° 7 Existential Anxiety or Age of Sacred Terror?
Peter J. Scammell, 2006
n° 8 The European Union as a CFSP Actor in Georgia :
can the EU still do more?
Tea Akhvlediani, 2007
57
Ceris Research Papers
All Ceris Papers can be accessed via the website : www.ceris.be
n° 9 The “Forces of Arrogance” and the Iranian Impasse
Annamaria Peter, 2007
n° 10 La naissance d’un état entre histoire, légalité, intérêts et identités :
L’indépendance du Kosovo
Stéphane Vandervekeni, 2007
n° 11 Le Forum de Dialogue de l’IBSA
Flavia Buiarelli, 2007
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