AFPP- 3e CONFERENCE SUR L`ENTRETIEN

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AFPP- 3e CONFERENCE SUR L`ENTRETIEN
AFPP- 3e CONFERENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS,
GAZONS, FORETS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES
TOULOUSE – 15,16 ET 17 OCTOBRE 2013
CONCOURS NATIONAL DES JARDINS POTAGERS… UN OBSERVATOIRE
C. HANTZ
SNHF, Société Nationale d’Horticulture de France
84, rue de Grenelle 75007 Paris France
[email protected]
RESUME
L’objectif du Concours National des Jardins Potagers est d’abord expliqué : valoriser les
potagers, inciter à en créer et à les rendre agréables et respectueux de l’environnement,
mettre en valeur les jardiniers.
Les méthodes utilisées pour juger les candidats sont décrites : catégorisation des jardins,
critères de sélection et notation, jury et visites, remise des prix et récompenses.
Les résultats sont ensuite analysés pour vérifier si les objectifs sont atteints.
La conclusion est que le concours semble bien être un observatoire de l’évolution des
pratiques de jardinage.
Mots-clés : concours amateurs potagers- pédagogiques-horticulture.
ABSTRACT
NATIONAL COMPETITION OF VEGETABLES GARDENS… AN OBSERVATORY
The objective of the national kitchen gardens competition is: value kitchen gardens, incite to
create and make them pleasant and environment-friendly, and to emphasize gardeners.
The methods used to judge candidates are described: gardens categorization, selection
criteria and notation, jury and visits, prize-giving and rewards.
The results are then analyzed to check if goals are reached.
The conclusion is that the competition seems good to be a monitoring center of the practices
evolution, and the raise of the French people for a flowery kitchen garden, created very freely
and which they are very proud of, with the attention of having healthy and diversified
vegetables.
Keywords: amateur competition- kitchengardens- horticulture-pedagogical.
Le Concours National des Jardins Potagers est d’abord né au sein du CNAC, Conseil
National des Arts Culinaires mais, au bout de 2 saisons, le CNAC n’a pas poursuivi et il a été
repris depuis 2000 par les organisateurs actuels ; le GNIS, Groupement National
Interprofessionnel des Semences et Plants, Jardinot, le jardin du Cheminot, Association
Nationale du Jardin du Cheminot et la SNHF, Société Nationale d’Horticulture de France.
L’objectif du concours est de valoriser les potagers par la mise en valeur de réalisations
exemplaires, de donner envie d’en créer un et d’inciter à le rendre agréable au même titre
qu’un jardin d’agrément. Il permet également de valoriser leurs jardiniers car cultiver un
potager nécessite des connaissances et une attention qui méritent d’être reconnues et
récompensées. Or, s’il existait des concours locaux, il n’existait rien au niveau national
contrairement aux jardins d’agrément alors même que les jardins potagers - petits ou grands
- sont très présents dans les jardins français. Au delà de l’exemplarité des jardins
récompensés, le concours pourrait confirmer l’évolution du jardinage vers de nouvelles
tendances et, en quelque sorte, constituer un observatoire… Il a d’ailleurs anticipé le regain
d’intérêt pour les potagers observé actuellement.
A ce stade, il convient de noter que ce concours n’est pas limité aux seuls jardins conduits
selon le mode de l’agriculture biologique : en effet les amateurs n’en connaissent pas les
règles même si leurs pratiques sont souvent effectivement identiques mais, surtout, le
règlement du concours aurait alors dû être très strict et serait moins compréhensible voire
peu motivant. En outre les organisateurs devraient alors exercer un contrôle strict du respect
des règles de ce mode d’agriculture et le jury n’est pas habilité pour ce faire. Néanmoins le
questionnaire et les visites présentés dans le chapitre suivant visent à connaitre et apprécier
les pratiques plus écologiques de jardinage.
Organisation et évolution du concours (competition’s organisation and evolution)
Comme tous concours, un règlement, un jury et des récompenses sont prévus. Nous en
détaillons ci-après les principaux éléments, le règlement et le questionnaire de l’édition 2013
étant disponibles sur les sites web des 3 organisateurs.
Les publics (Publics)
Le concours est réservé à des jardins privatifs avec une exception pour les jardins
pédagogiques ; les potagers gérés exclusivement par des collectivités locales ou publiques
ne peuvent pas participer ; de même seul le territoire métropolitain a été retenu pour des
raisons de coût.
Enfin il est ouvert à tous, adhérent ou non des associations organisatrices, et n’entraine
aucune obligation d’adhérer à l’une ou l’autre de celles-ci.
Afin de juger le plus équitablement possible les candidats plusieurs catégories ont été
créées :
- catégorie 1 : jardinier amateur cultivant lui-même un jardin potager privatif pour son besoin
personnel et familial ;
Il s’agit de l’immense majorité des potagers et ceci se retrouve dans les candidatures plus
nombreuses dans cette catégorie. Le jardin peut ne pas être attenant à la maison.
- catégorie 2 : jardinier amateur cultivant lui-même un jardin potager dans un ensemble
collectif de jardins pour le besoin personnel et familial.
Il s’agit là des parcelles de jardins familiaux autrefois appelés jardins ouvriers situées dans
des centres de jardins gérés par des associations privées ou par des collectivités.
Par définition les jardins partagés ne sont pas retenus puisque le jardinage y est pratiqué
collectivement et, d’ailleurs, ils sont souvent autant tournés vers l’agrément que le potager.
De même les jardins d’insertion ne peuvent être retenus que si les personnes en insertion
disposent de parcelles individualisées : le cas ne s’est pas produit à ce jour.
Les Amap, Jardins de Cocagne à vocation commerciale ne peuvent participer
- catégorie 3 : jardin potager privatif situé dans un environnement paysager : château, grand
parc…
Cette catégorie s’adresse aux propriétaires ou aux associations gérant ces potagers. Il est
intéressant de noter qu’outre les châteaux on y trouve des hôtels ou maisons d’hôtes.
Il est accepté que ces jardins en général très grands emploient du personnel (souvent
d’ailleurs c’est le jardinier qui fait acte de candidature avec bien sûr l’accord du propriétaire)
et/ou fassent payer pour la visite, le jardin étant généralement situé dans un parc, utilisent
les légumes pour leur restaurant le cas échéant ou pour les besoins du personnel. En
revanche ils ne peuvent avoir une activité régulière de vente de leurs légumes.
- catégorie 4 : jardin ou parcelle pédagogique réalisés sur initiative individuelle ou avec la
participation de jardiniers ou de sociétés d’horticulture.
Cette catégorie inclut 2 types de jardins que le jury a décidé de laisser ensemble car leur
vocation est identique : les jardins à vocation démonstrative uniquement où les légumes sont
présentés et commentés à destination de tout public et les jardins destinés seulement aux
scolaires. Dans cette dernière catégorie le jardin peut être divisé en mini-parcelle réservée à
chaque enfant ou cultivé collectivement ; le professeur, l’instituteur ou une association ou
quelques bénévoles doivent en être responsables mais l’appui d’une municipalité ou du
centre de jardins pour l’installation, les gros travaux voire l’approvisionnement est accepté.
Pour toutes ces catégories et malgré leur existence le jury est toujours confronté à la
différence de tailles des potagers. Néanmoins il semble difficile de complexifier le règlement
et il y aura toujours un effet de seuil ! Pour départager les candidats, le jury tient compte des
particularités des jardins pour certains critères et a toujours récompensé dans la même
catégorie des petits ou des grands potagers.
- catégorie 5 : jardin potager innovant conçu et réalisé par un particulier amateur, à son
initiative
Issue d’une réflexion du jury en 2011 au bout de 10 éditions du concours cette catégorie a
été introduite à titre expérimental pour l’édition 2013, le concours se voulant également
révélateur des nouvelles tendances du jardinage.
Il s’agit de valoriser l’inventivité que ce soit sur le lieu, la technique, la conception ou tout
autre critère réellement inhabituel.
Les critères de sélection et la sélection (selection’s criteria and selection)
Ces critères sont les suivants :
- diversité des espèces et variétés cultivées
- bonnes pratiques de jardinage respectueuses de l’environnement
- esthétisme
Et depuis l’édition 2012 : motivation exprimée par le candidat.
Ces critères sont appréciés dans un premier temps au travers du questionnaire et des
photos ou CD qui sont transmis au jury puis, après une première sélection sur dossier, par
une visite d’au minimum 2 membres du jury ; le jury se réunit ensuite pour la sélection et le
classement final des lauréats.
Jusqu’en 2011 les critères étaient notés de 1 à 5 sans pondération selon la catégorie
Néanmoins la pondération a évolué et a été adaptée à chaque catégorie notamment pour
éviter d’éliminer des potagers vivriers, souvent pénalisés d’un point de vue esthétique. Ceci
se concrétise par le tableau suivant :
Catégorie 1
Catégorie 2
Catégorie 3
Catégorie 4
Catégorie 5
Technique
6
7
5
6
4
Diversité
6
5
5
6
4
Esthétisme
3
3
5
3
4
Motivations
5
5
5
5
-
Originalité et
innovation
-
-
-
-
8
Tableau 1 : Notation des critères de sélection selon les catégories
(pour les noms des catégories, se reporter au chapitre « les publics »)
Board 1 : Rating of selection’s criteria according to categories
(about categories’s names, please refer to the « publics » chapter)
Pour ces sélections - 2 jours en juillet et une journée en automne - le jury se subdivise en 2
ou 3 groupes qui notent, puis il y a discussion et décision par consensus, sans voix
prépondérante.
Les liens entre les critères et le questionnaire sont les suivants :
- diversité des espèces et variétés cultivées : le questionnaire comprend 3 tableaux réservés
respectivement aux légumes - objet principal du concours - mais aussi aux plantes fruitières
et aux plantes florales avec, pour chacun, l’indication des espèces et variétés cultivées et
surtout les raisons des choix effectués. Seul le tableau relatif aux légumes est noté, les
autres permettant d’apprécier l’implication du jardinier. Une question complète et recoupe les
réponses du tableau : but du jardinage (consommation en frais, conserve …) et variétés
privilégiées pour ce faire.
- pratiques de jardinage : les questions ont pour but de permettre au jury d’apprécier les
moyens et les méthodes. Ceci concerne
les équipements (abris, composteurs,
récupérateurs d’eau…), les associations de fleurs et légumes pratiqués, les moyens de
fertilisation, la protection des cultures contre maladies ou insectes, les techniques ou « trucs
de jardiniers » particuliers. Il est également demandé depuis combien de temps est cultivé ce
potager.
- esthétique : il est bien sûr demandé un plan du potager dans son environnement ainsi
qu’un plan plus détaillé du potager mais ce sont les photos qui permettent au jury d’en avoir
une idée plus précise…avec parfois des difficultés car on peut créer un beau jardin mais ne
pas savoir le photographier, voire l’inverse ! C’est plus souvent le cas des catégories 1 et 2.
Le jury demande alors des photos complémentaires avant de décider ou non d’une visite.
Les photos de plans serrés ou les gros plans de fleurs ou de légumes sont déconseillés car
ne permettant pas d’avoir une vue globale du jardin.
- motivation : le questionnaire se termine par l’interrogation suivante « parlez-nous de votre
jardin et faites-nous part de vos motivations à jardiner ». Ce critère est noté de manière
uniforme dans toutes les catégories. En effet, au fil des éditions, le jury a constaté l’attention
apportée par les candidats à cette question et l’envie qu’ils ont de parler de leur jardin.
En conclusion sur le questionnaire : l’écrit c’est bien mais cela gène certains (peu de maitrise
de la langue française, peu d’aptitude ou d’habitude à s’exprimer par écrit). A ce jour nous
n’avons pas trouvé de solution, si ce n’est de conseiller à nos relais de les aider à rédiger ou
à faire rédiger le questionnaire par autrui. Il nous semble en effet indispensable d’avoir les
renseignements demandés pour juger au mieux des candidatures.
Le jury (jury)
Il est composé de personnalités choisies pour leurs compétences et leur indépendance par
les organisateurs et comprend à ce jour 14 membres issus d’horizons divers pour permettre
une appréciation optimale de l’ensemble des critères. Les deux-tiers sont présents depuis
plusieurs années et ont donc une bonne connaissance des règles du concours … car il s’agit
quand même de juger des jardins forts différents parfois au sein de la même catégorie et
l’expérience passée est précieuse.
Ce nombre de 14 est nécessaire pour assurer les visites sur le terrain dans toute la France
car elles ont toujours lieu en été donc en période de vacances. Il est d’usage d’inviter les
représentants locaux des organisateurs aux visites mais ils n’ont pas voix délibérative.
Une charte précisant leurs attributions et devoirs - en particulier pour les visites - a été
établie assez tardivement (2012) pour codifier les usages pour les futurs membres. Conçue
pour être signée à chaque visite elle devra être simplifiée.
Les prix et récompenses (rewards)
Les lauréats sont classés en grand prix, prix ou seulement nominés ; le jury peut aussi
donner des prix spéciaux.
Un constat : les jardiniers concourent pour le plaisir, la considération …mais pas pour une
récompense financière !
Depuis le départ les récompenses sont des médailles (SNHF, Jardinot) ou trophées (GNIS)
selon les catégories et pour certains prix, un diplôme au nom des 3 organisateurs pour tous
les lauréats. A cela s’ajoutent des semences, plants, bulbes, petits outillages de jardin ainsi
que des ouvrages.
Deux associations délivrent également des récompenses : Noé-Conservation pour des
jardins particulièrement tournés vers la préservation de la biodiversité et l’Ordre de Romarin
pour des actions pédagogiques remarquables.
La remise des Prix a lieu à Paris au siège de la SNHF en fin d’année, la presse horticole
étant invitée. Tous les lauréats sont en général présents et, c’est important de le souligner,
viennent à leurs frais, ce qui démontre l’importance qu’ils attachent à ce déplacement.
Les résultats (results)
La carte ci-dessous démontre une bonne répartition des lauréats sur le territoire français,
sachant également qu’à quelques exceptions près nous avons eu des candidats dans tous
les départements ; donc le concours permet effectivement d’observer des tendances sur
l’ensemble du territoire métropolitain.
Figure 1 : Les jardins des lauréats en France (Picture 1 : Prize-winners gardens in France)
Les jardiniers (gardeners)
Nous avons en 2010 demandé aux lauréats des 10 premières années du concours ce qu’il
leur avait apporté; plus du tiers ont répondu et leurs réponses sont sans ambiguïté : joie,
reconnaissance, stimulation et notoriété (voir l’opuscule publié en 2010 par la SNHF
« Concours National des Jardins Potagers, 10 ans de passion); ces résultats sont
parfaitement conformes donc à l’objectif initial de valorisation non seulement des potagers
mais aussi de leurs jardiniers.
Très souvent les lauréats ont été interwievés par la presse locale, d’autres sont intervenus
dans des revues de jardinage, parfois continuent à y écrire, certains encore ont participé à
des émissions télévisées…et deux d’entre eux ont publié des ouvrages dont un couronné
par le prix de l’association des journalistes du jardin et de l’horticulture, AJJH (R Grosléziat
grand prix 2007 dans la catégorie des jardins privatifs pour son livre « le potager anticrise »).
Cette notoriété s’est aussi appliquée à la famille et aux voisins : le lauréat s’est senti
« reconnu » y compris aussi par ses pairs jardiniers. Son potager est devenu un lieu de
fierté. Il s’est aussi senti utile tant par sa production pour la famille et les amis que pour la
transmission de ses savoirs. Des lycéens dont le potager en labyrinthe a été primé se
sont « sentis grandis », eux qui vivaient par ailleurs une adolescence difficile.
Nombre d’entre eux soulignent que leur participation au concours les a stimulés pour le
réussir et, ensuite, pour s’ouvrir à des échanges, à participer, créer ou développer des
associations ou activités liées au jardinage ou à la défense de la nature. Certains ont ensuite
développé leur jardin, l’ont restructuré et continuent à essayer de l’améliorer.
La joie : d’une manière très générale, lauréats ou non, les jardiniers éprouvent beaucoup de
joie à cultiver leur potager et, d’ailleurs, leur jardin en général ; c’est une constante dans les
réponses sur leur motivation à jardiner que confirme cette phrase dans le questionnaire
d’une candidate « je suis aussi heureuse dans mon jardin qu’un escargot sur les laitues bien
tendres au printemps ». Tout jardinier comprend qu’on ne peut être plus clair !!
Un enseignement de ce concours est aussi l’unanimité des réponses précitées quel que soit
le milieu social - châtelain, ouvrier, enseignant, employé, cadre ou profession libérale - de
même que l’âge - nous avons récompensé de jeunes actifs comme des retraités âgés - et
enfin l’expérience du potager puisque les lauréats n’ont parfois que quelques années de
pratique à comparer à plusieurs décennies pour d’autres.
Les potagers (the kitchen gardens)
Les matériels et installations (materials and installations)
L’installation de châssis, serres, composteurs et de récupérateurs d’eau de pluie modulée
bien sûr selon la taille du jardin se généralise désormais. L’arrosage au plus près des
besoins est la règle, avec arrosage automatisé ou à l’arrosoir, les jardiniers étant bien
conscients du coût d’une part et de la nécessité d’économiser l’eau d’autre part.
Compost, paillages et fertilisation (compost, mulching and fertilization)
Le compost « maison » avec recyclage des végétaux ainsi que les paillages sont toujours
présents et variés selon les possibilités. Le travail du sol consiste souvent en des « labours »
assez superficiels parfois sans retournement. La fertilisation est très généralement faite avec
des engrais organiques ou autorisés en bio (c’est toujours le cas pour les jardins
pédagogiques), l’usage des engrais verts également pris en compte mais pas généralisé. La
fertilisation est souvent raisonnée en fonction des rotations, donc des besoins spécifiques
des espèces cultivées.
Les techniques de protection des cultures (protection’s methods for cultivations)
Cette terminologie assez large utilisée dans le questionnaire permet un grand éventail de
réponses. En fait les jardiniers lauréats ou candidats malheureux essaient au maximum d’en
rester aux produits autorisés en bio avec en tête la bouillie bordelaise à laquelle ils attribuent
parfois bien trop d’effets ; ils essaient aussi toutes sortes de macérations et pratiques
diverses telles, à titre d’exemple : décoction de tabac, infusion de rhubarbe ou d’ail,
macération de feuilles de tomates, feuilles de fougères, feuilles d’orties outre les
macérations, infusion de tanaisie, coquilles d’œufs etc en nous précisant pour quel
bioagresseur ils l’emploient. Ceci traduit essentiellement leur crainte des produits chimiques
et leur souci de préserver leur environnement voire les abeilles et autres insectes
pollinisateurs ou auxiliaires. L’un des buts majeurs du potager est en effet pour eux de
disposer d’une nourriture saine, produite de la manière la plus naturelle possible. Ils
expriment cette préoccupation essentiellement sans militantisme écologique mais se
tiennent au courant et cherchent des solutions alternatives aux produits chimiques. Certains
ne les rejettent toutefois pas car le potager est pour eux une source d’économie de plus en
plus nécessaire ; L’emploi de plantes répulsives et mellifères et l’installation de nichoirs,
d’abris à insectes ou petits animaux utiles sont aussi de plus en plus présents.
La diversité potagère cultivée (the species diversity cultivated in a kitchen garden)
Concernant le choix des espèces le retour aux « légumes anciens » ou oubliés (crosne,
salsifis, cerfeuil tubéreux, panais, topinambour…) n’est pas dominant mais réel. La diversité
s’observe davantage dans le choix des variétés de légumes plus courants, le goût
demeurant l’élément primordial de ce choix; il n’est pas rare de voir la tomate déclinée en 10
à 12 variétés différentes, même dans des jardins modestes ou parcelles dans des centres
collectifs. Les variétés moins récentes (terme retenu car, pour nombre de jardiniers, les
variétés qu’ils considèrent comme anciennes sont en fait assez récentes, par exemple dans
les hybrides de tomates ou dans les haricots, les salades…) sont souvent préférées aux
variétés plus modernes pourvues de résistances à certains bioagresseurs.
Néanmoins les deux types de variétés cohabitent notamment pour essayer les plus
modernes et les ajouter ensuite aux valeurs sûres cultivées depuis plusieurs années :
l’intérêt des variétés de type F1 (tomates) ou « sélectionnées » (pommes de terre, haricots)
est mieux compris ; le haricot est un bon exemple avec l’évolution vers des variétés « filets
sans fils », bons, productifs et résistants.
On observe aussi deux
particularités : l’emploi de variétés locales cultivées
traditionnellement et, à l’opposé, la recherche d’espèces et variétés insolites venant d’autres
cieux (occra du Pérou, pepino…) appréciées lors de voyages ou dégustées chez le voisin
d’origine étrangère. De fait le jury est souvent très surpris par l’importante diversité cultivée
et les appréciations sur leur goût voire leurs intérêts culturaux dans le contexte du jardin.
L’esthétique (the design)
Enfin l’un des objectifs du concours est de redonner au potager une image plus flatteuse et
d’en faire un élément important et agréable du jardin. Sur ce point un effort certain est
apparu et l’esthétique des jardins potagers primés a fortement évolué ces dernières années.
Le potager floral tend à s’affirmer avec l’introduction de décors (poteries, suspensions, etc..),
présentation des légumes dans des planches de différentes formes, association de plantes
variées en formes et en couleurs y compris dans des parcelles de jardins familiaux : le
jardinier se sent plus libre de faire selon sa conception et non selon les règles. Il reste
néanmoins des potagers vivriers classiques où les plantations sont bien séparées et
parfaitement alignées mais retenus aussi car complétés par des fleurs voire des arbustes
situés en bordure. Les potagers sont de plus en plus des lieux qui associent la beauté, le
charme, les couleurs, les coins de méditation ou de repos avec l’aspect production.
Soulignons l’effort réalisé par les propriétaires et jardiniers de château ou maisons d’hôtes,
hôtels ou autres grands jardins récompensés au cours de ces 12 années de concours qu’ils
soient de formes classiques mais plantés de manière originale tel le potager « Arc en Ciel »
de L de Bosmelet en Seine Maritime ou d’une forme très insolite comme le potager en forme
de feuille de rosier de B de Andia au château de la Chatonnière en Touraine.
Conclusion
Les 5 catégories du Concours National des Jardins Potagers couvrent pratiquement toute la
typologie des jardins potagers :
- Le jardin d’initiative et de gestion individuelle avec une réelle évolution constatée ces
dernières années du passage du potager strict au mixage des fleurs et légumes à des fins
esthétiques mais aussi de plus en plus souvent à des fins fonctionnelles d’abris et de
ressources de nourriture pour des auxiliaires indigènes.
- Le jardin dans un ensemble de jardins collectifs où l’on trouve encore les potagers stricts
très conventionnels à des fins de ressources alimentaires conduits par des jardiniers de
longue tradition mais aussi des parcelles conduites comme dans la catégorie précédente.
Selon l’entité gestionnaire de ces centres dont les communes signataires de la charte
« objectif zéro pesticide », on peut s’attendre à une évolution rapide vers des techniques de
préservation de la biodiversité.
- Le potager au sein d’un ensemble paysager, adossé ou non à une base de patrimoine
architectural, ayant vocation à recevoir du public. Autrefois souvent figés par le poids de la
tradition ces jardins évoluent vers des jardins conservatoires d’espèces et variétés
anciennes ou de démonstration ; ils constituent de plus en plus des observatoires des
tendances.
- Les jardins pédagogiques, notamment destinés aux enfants, en forte progression sous la
vague du retour à la nature des parents ; ils comblent un vide de transmission
générationnelle des savoirs et sont porteurs d’un fort contenu vers les enfants en leur
permettant de découvrir le sens de l’observation et du temps long, celui de la croissance des
plantes dans une période où l’immédiateté de la satisfaction est devenue la règle.
- La dernière catégorie, ouverte en 2013, devra recueillir les initiatives innovantes ou
insolites, sans doute dans le cadre du concept d’agriculture urbaine en cours de
développement.
En conclusion, le concours peut être considéré comme un bon observatoire de l’évolution
des pratiques de jardinage et de l’engouement des jardiniers français pour le potager : 33%
ont moins de 5 ans (Etude 2011 Efficience 3/ Groupe J sur les français et le végétal) et la
vision du jardin de demain « en général » à l’horizon 2020 est avant tout « potagère » avec
28,4% des réponses devant le jardin pièce à vivre, le jardin sauvage anglais, le jardin
exotique ou à la française (Efficience 3/ Groupe J / Salon du Végétal). Le nombre de
potagers évalués et récompensés n’est pas très important mais confirme bien les tendances
… qui se retrouvent d’ailleurs dans l’offre des distributeurs jardins, jardineries ou autres par
exemple au niveau des plants potagers où la diversité proposée se développe rapidement ou
encore à l’offre de carrés potagers prêts à l’emploi.
Les lauréats sont aussi le plus souvent des observateurs des tendances fortement motivés
comme le confirme la création en cours d’un club qui leur sera réservé et qui répond à leur
demande de pouvoir mieux se connaitre et échanger.
Le concours fait donc partie des moteurs favorisant ces évolutions en les mettant à la portée
de tous, grâce aussi au relais des médias spécialisés.
Références bibliographiques (bibliographic references)
- Règlement et questionnaire du concours,
www.jardinot.org ou www.gnis.org
édition 2013 sur
www.snhf.org
ou
- Concours National des Jardins Potagers 10 ans de passion, édition 2010 SNHF
- Rodolphe Grosléziat, 2010, Le potager anti-crise, manger sain en dépensant peu, aux
éditions ULMER
- Efficience 3/ Groupe J/ Salon du Végétal, La lettre du Végétal, supplément au n° 824 ,
17/02 2013