SCK•CEN brochure historique 1952-2002

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SCK•CEN brochure historique 1952-2002
SCK • CEN
STUDIECENTRUM VOOR KERNENERGIE
CENTRE D'ÉTUDE DE L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE
Composition: Liesbeth Verwimp et Anne Verledens
Avec des contributions de :
Hamid Aït Abderrahim, Philippe Antoine, Roland Carchon, Rachid Chaouadi, René Cornelissen, Pascal Deboodt,
André Dillen, Hilde Engels, Louis Geerts, Paul Govaerts, Pol Gubel, Frank Hardeman, Lucas Holmstock, Christian
Legrain, Mark Loos, Gaston Meskens, Ann Mol, Frans Moons, Alain Sneyers, Katrien Van Tichelen, Jef
Vanwildemeersch, Guy Verdonck, Anne Verledens, Peter Vermaercke, Liesbeth Verwimp, Ludo Veuchelen, Martine Vos
Graphisme et imprimerie: Grafilux Printing sprl - Balen
Couverture: Aquarelle de Swa Claes “Geborgen in het groen “ (caché dans la verdure) (vue du BR2)
Copyright © 2002 SCK•CEN
ISBN 90 – 76 971-05-6
Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite et/ou rendue publique au moyen d’impression, de photocopie,
de microfilm ou de tout autre moyen sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur.
Nous vous invitons à parcourir avec nous l’histoire du Centre d’Etude de l’Energie nucléaire. Cette histoire est celle de
la seconde moitié du vingtième siècle. Emergeant des ruines de la Seconde Guerre mondiale, nous vivons un récit
d’optimisme scientifique, de développement économique et de bien-être et d’un souci croissant de durabilité.
Le SCK•CEN est un exemple de l’énergie belge, soutenue par une éthique du travail, l’enthousiasme et l’ouverture vers
le monde. Un petit pays a réussi à réaliser des primeurs mondiales d’un haut niveau technologique, comme
le premier réacteur à eau pressurisée en dehors des Etats-Unis, le développement et la première irradiation du combustible MOX, l’exploitation d’un des réacteurs de recherche les plus performants au monde, le premier laboratoire
souterrain dans l’argile, ...
Ce résultat est le fruit de la vision de pionniers, du dévouement de quelques milliers de membres du personnel, de l’appui du contribuable belge et de la collaboration collégiale de nombreuses institutions dans le secteur nucléaire et hors
de celui-ci.
Une vue aérienne du site du SCK•CEN à Mol en 1963
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Les origines
La réaction en chaîne (Photo Consensus)
La réaction nucléaire en chaîne est à la base de l’énergie atomique: des neutrons peuvent provoquer la fission
de l’uranium, en particulier des atomes de l’isotope 235U, en plusieurs fragments (produits de fission) avec libération
d’énergie et de quelques neutrons. Par fission un de ces neutrons reçoit via le système de contrôle du réacteur la possibilité de fissionner un nouvel atome d’uranium. Cette réaction est la source de toutes les opportunités et de toutes
les menaces, notamment la possibilité de produire de l’énergie avec une quantité minimale de matière première, mais
aussi le risque d’une dissémination non désirée des produits de fission et des déchets radioactifs, ainsi que le risque
d’accidents.
En 1972, on découvrit dans la mine d’uranium de Oklo au Gabon (Afrique) les
preuves d’un réacteur qui aurait été actif il y a environ 1 000 millions d’années.
Dans une excavation sous le sol, riche en minerai d’uranium, une réaction en
chaîne se produisit et dura des milliers d’années jusqu’à ce qu’elle s’éteigne
d’elle-même. Les déchets radioactifs qui s’étaient formés au cours de cette
période lointaine, n’ont pas contaminé l’environnement en dehors de la mine.
A la fin du XIXe siècle, Wilhelm Conrad Röntgen réussit à produire un rayonnement
électromagnétique beaucoup plus puissant que la lumière. Les rayons X permirent
de voir à travers le corps humain et les matériaux, une révolution technologique qui
donna surtout à la médecine une impulsion rapide et profonde. Marie Curie
remarqua peu après que certains matériaux libéraient aussi une énergie élevée.
Cette énergie radioactive semblait provenir de noyaux atomiques très fortement liés.
Cette découverte fut à la base du modèle de l’atome de Rutherford, amélioré plus
tard par Niels Bohr.
Henri Becquerel découvrit en 1896 la radioactivité naturelle. (Photo Belga)
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Pierre et Marie Curie parlèrent réellement de radioactivité pour
la première fois en 1897. En 1903, ils partagèrent avec Henri
Becquerel le Prix Nobel de physique. (Photo Belga)
Après la découverte en 1895 des rayons X par Wilhelm Conrad Röntgen (Prix Nobel en
1901), le diagnostic médical connut un énorme développement, avec une large diffusion
pendant la Première Guerre mondiale. Dans l’euphorie des premiers temps, on avait
pensé que la radioactivité pourrait aussi guérir de nombreuses maladies.
Depuis 1930, ses applications se limitent à la thérapeutique du cancer. (Photo Belga)
Dès la découverte du neutron en 1932, la physique nucléaire et la recherche nucléaire prirent réellement leur essor.
Les développements les plus rapides et les plus importants eurent lieu dans les années 1934 et 1945. Après la découverte de la radioactivité artificielle, Frédéric Joliot-Curie dans son discours à l’Académie Nobel en 1936, mit déjà
en garde contre la force explosive potentielle. Les Allemands Otto Hahn et Fritz Strassmann réalisèrent pour
la première fois une fission de l’atome en bombardant de l’uranium par des neutrons lents.
La première pile atomique au monde d’Enrico Fermi atteignit l’état critique en 1942. On l’appelait Chicago Pile 1 ou la CP1.
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Le temps s’arrêta à Hiroshima à huit heures et quart le matin du 6 août 1945.
Le 9 août une seconde explosion suivit à Nagasaki. Un mois auparavant
seulement, les USA avaient réalisé la première explosion expérimentale dans le
désert du Nouveau-Mexique. La menace d’une utilisation militaire ultérieure dans
le contexte du début de la guerre froide eut pour conséquence que la diffusion
des technologies nucléaires pour l’utilisation pacifique fut soumise à un contrôle
international.
(Photo Natuur & Techniek)
recevait un accès au savoir-faire nucléaire pour des
applications commerciales, non militaires. La situation se
renversa en 1946, lorsque les Américains approuvèrent
le “Atomic Energy Act”, mieux connu comme la loi Mac
Mahon. Cette loi interdisait de transférer à d’autres pays
la connaissance scientifique et la technologie dans le
domaine de l’énergie atomique. Cette loi était en contradiction flagrante avec les accords conclus avec la
Belgique. Au début de 1949, la Belgique exigea la révision des accords de 1944. Pierre Ryckmans joua un rôle
crucial dans les pourparlers. Le compromis de 1951 stipula enfin qu’une taxe de 12 millions de dollars serait
levée sur les exportations d’uranium. Cette somme devait
être versée au trésor congolais. A son tour, le Congo
devait transférer l’argent à la Belgique pour effectuer des
recherches nucléaires. Environ 350 millions BEF (maintenant environ M€ 8,5) furent versés plus tard à la nouvelle institution, le Centre d’Etudes pour les Applications de
l’Energie nucléaire (CEAEN).
Personne n’avait pu supposer que les réserves d’uranium
de la mine congolaise de Shinkolobwe joueraient un rôle
aussi important dans le développement du secteur nucléaire en Belgique. Dans les années ‘30, l’uranium fut utilisé en premier lieu pour la préparation du radium pour
des applications médicales. L’Union Minière était dans ce
domaine le leader mondial. En 1942, les USA entamèrent
le projet Manhattan pour le développement d’une bombe
atomique et eurent un besoin pressant d’uranium. Les
Américains tentèrent de convaincre les Belges de leur vendre les réserves congolaises d’uranium. Les années précédentes, ils auraient même fait intervenir Einstein auprès
de la famille royale belge pour obtenir le contrôle de ces
réserves. Le 26 septembre 1944, les USA, le RoyaumeUni et la Belgique signèrent un “Memorandum of
Understanding”. Notre pays devait livrer 1 560 tonnes de
minerai d’uranium aux alliés, les USA et le Royaume-Uni
obtinrent un droit exclusif sur les réserves d’uranium pour
une période de dix ans et en compensation, la Belgique
L’usine d’Umicore (Union Minière) à
Olen dans son état actuel
(Photo Umicore)
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1952
Le mouvement Cobra a été créé par des artistes de Copenhague, de Bruxelles et d’Amsterdam. Il a exalté le retour à un
art provocant, agressif et audacieux. Le peintre Pierre Alechinsky et l’écrivain Hugo Claus furent deux des représentants
belges.
La première réunion du conseil d’administration eut lieu
le 9 mai de la même année. Il ne fallut que 45 minutes
aux membres pour prendre quelques décisions importantes. Tous les participants à la réunion avaient la conviction bien ancrée que l’énergie atomique était la source
d’énergie de l’avenir. L’objet social de l’asbl était décrit de
la façon suivante: “Effectuer toutes les recherches en relation avec l’application de l’énergie nucléaire et promouvoir et encourager ces recherches par tous les moyens”.
Les études relatives au premier réacteur belge se poursuivaient provisoirement dans les locaux de l’Administration
de l’Aéronautique à Rhode-Saint-Genèse.
En septembre 1951, Pierre Ryckmans confia à un groupe
de scientifiques la mission de créer un nouvel organisme
pour l’étude des applications de l’énergie nucléaire. Ces
fondateurs appartenaient à différents cercles du monde
scientifique, des universités, du gouvernement et de
l’industrie. Après concertation, ils décidèrent de créer une
asbl qui porterait le nom de “Centre d’Etudes pour les
Applications de l’Energie nucléaire”, ou en abrégé
CEAEN. Le choix du statut juridique montrait clairement
qu’on désirait promouvoir les applications pacifiques de
l’énergie nucléaire dans un intérêt social. Les statuts furent
publiés dans le Moniteur Belge du 19 avril 1952.
Les statuts de 1952
Pierre Ryckmans (décédé en 1959) naquit à Anvers le 26 novembre 1891. Dès 1915 il partit pour l’Afrique comme membre des
“troupes coloniales”. Il y resta jusque bien après la fin de la Première Guerre mondiale lorsqu’il reçut le titre d’administrateur des
régions du Ruanda-Urundi. Après son retour d’Afrique, Pierre Ryckmans continua à s’occuper du territoire. Il aimait la population
africaine et il voulait rappeler ses responsabilités à la Belgique. Finalement, il fut nommé gouverneur général du Congo belge en
1934 et il le resta jusqu’en 1946. Dans cette fonction, Pierre Ryckmans agit comme conciliateur entre les scientifiques et les politiciens dans la question de la taxe sur l’uranium. Ce fut lui qui fut chargé de la gestion du compte sur lequel était versé l’argent que
l’Union Minière encaissait comme redevance. Le 1 janvier 1951 il entra en fonction comme Commissaire à l’Energie atomique et il
dut s’occuper de la promotion et de la coordination des activités relatives à l’énergie atomique. Il se battit en vue de l’érection d’un
centre national d’études et il y parvint. Lors de l’achat des terrains à Mol, Pierre Ryckmans signa les accords chez le notaire en tant
que représentant du CEAEN. Pierre Ryckmans fut le premier président du conseil d’administration du Centre.
Fondateurs et premiers membres
du conseil d’administration:
François Boudart, administrateur de sociétés, Marcel
Buyse, inspecteur général au ministère des Affaires économiques et des Classes moyennes, Marc de Hemptinne,
professeur à l’Université Catholique de Louvain (UCL),
Pierre Delville, administrateur de sociétés, Marcel De
Merre, administrateur de sociétés, Georges Devillez,
administrateur de sociétés, Jacques Errera, conseiller à la
délégation permanente de la Belgique aux Nations Unies,
Max Freson, secrétaire général de l’Institut interuniversitaire pour les Sciences nucléaires (IISN), Fernand Gilsoul,
ingénieur principal au ministère des Colonies, Julien
Goens, attaché scientifique auprès de l’ambassade de
Belgique à Washington, Jules Harroy, administrateur de
SCK•CEN
sociétés, Louis Henry, directeur à l’Institut pour
l’Encouragement de la Recherche scientifique dans
l’Industrie et l’Agriculture (IRSIA), René Ledrus, attaché
scientifique auprès de l’ambassade de Belgique à
Londres, Herman Robilliart, administrateur de sociétés,
Pierre Ryckmans, gouverneur général honoraire du
Congo belge et Commissaire à l’Energie atomique, Pierre
Smits, administrateur de sociétés, Pierre Staner, directeur
d’administration au ministère des Colonies, Amé Wibail,
directeur général au ministère des Affaires économiques
et des Classes moyennes, Jean Willems, président de
l’IISN.
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1953
Albert Einstein (1879-1955) s’est fait un nom par sa théorie de la relativité, dans laquelle il posait
que la matière est une forme d’énergie. Avec la conséquence que les réactions nucléaires transforment de petites quantités de matière en de grandes quantités d’énergie. Einstein écrivit en
1939 une lettre au Président Roosevelt des Etats-Unis pour l’informer des recherches nucléaires
en Allemagne et des possibilités d’une bombe atomique. Plus tard, Einstein dira qu’il s’agit de la
plus grande erreur de sa vie et il mit son prestige au service d’une paix mondiale sans violences.
(Photo VUM)
qu’un tel centre pouvait apporter: uniquement des applications pacifiques, la création de nombreux emplois,
le développement futur de l’industrie, l’établissement de
personnel scientifique d’un statut social élevé et de nombreuses visites de personnalités du monde politique,
social, industriel et scientifique, belge et étranger. Afin de
se réserver une possibilité d’extension, le SCK•CEN
acquit le 20 août 1958 un second site de 382 hectares
par un achat aux “Charbonnages de Houthalen”. Enfin,
le Centre acheta encore en 1995 à la famille Van den
Wildenberg un terrain adjacent d’environ 44 hectares,
ainsi que quelques petits terrains.
L’implantation à Rhode-Saint-Genèse ne pouvait être
définitive et le 22 décembre 1953 le CEAEN acheta
190 hectares de terrain à la famille royale pour quelque
14 millions BEF (maintenant environ € 350 000).
Mol répondait en effet très bien à l’ensemble des critères
techniques, psychologiques et communautaires posés
pour l’implantation d’un site nucléaire. Parmi d’autres
conditions, le terrain devait être suffisamment vaste, se
trouver à une distance suffisante des régions habitées,
posséder un climat stable et remporter l’adhésion de la
population locale. Dans cette optique, la direction rendit
plusieurs visites au bourgmestre et au doyen de Mol, auxquels elle expliqua les avantages sociaux et économiques
Les bâtiments de Rhode-SaintGenèse appartiennent maintenant
à l’Institut von Karman de
Dynamique des Fluides.
(Photo Institut von Karman)
Le sable blanc à Mol-Donk
(Photo Archives communales de Mol)
Louis de Heem (décédé en 2000) a été nommé directeur général. Il était
également directeur général de la Société pour la Coordination de la
Production et du Transport de l’Energie électrique.
grange et il aménagea un grand parc avec un étang,
le “Prinsenpark”. Il fit exploiter d’autres parties des terrains, qui devaient plus tard être transformées en terrains
agricoles fertiles, en prairies, en pâtures et en viviers.
A côté de cela, de vastes plantations de sapins furent réalisées, également dans la Achterbosse Heide. A la fin du
XIXe siècle apparurent les premières traces de l’extraction
de sable blanc, qui laissa derrière elle de grands étangs.
Car le CEAEN n’est pas la seule entreprise qui s’établit
à Mol-Donk. Déjà en 1911 on y trouvait une usine
d’asbeste ciment, plus tard vint une usine de fabrication
de verre creux et en 1929 une centrale électrique.
L’implantation de ces entreprises est en grande partie une
conséquence de la présence du canal Herentals-Bocholt,
creusé de 1844 à 1846.
Le SCK•CEN est situé en grande partie à Mol-Donk, dans
la région appelée précédemment “De Agterbosche
Heijde”. Donk signifie: “une élévation sablonneuse dans
un terrain marécageux”. Déjà en 1772, l’administration
autrichienne promulgua une loi en vue de favoriser
l’exploitation des terrains communaux et des terrains
vagues. Il faut toutefois attendre jusqu’à l’ “ordonnance
d’exploitation” de 1847 pour obliger entre autres les
administrations communales à vendre aux candidats
exploitants les terrains non encore exploités. Le 4 avril
1853, le conseil communal de Mol décida de vendre la
“Achterbosse Heide”: “se dessaisir en faveur de Sa
Majesté des terres de bruyère ...”. Léopold I avait des
plans grandioses pour ses terrains à Mol, Postel, Dessel,
Kasterlee, Retie et Geel. Il fit construire une ferme et une
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1954
Des techniciens américains ont fait exploser dans
le Pacifique la première bombe à hydrogène.
La force de cette explosion était 750 fois plus grande
que celle de la bombe qui ravagea Hiroshima.
de Mol parlaient de “den Atoom” (l’Atome) ou “het
Atoomdorp” (le village atomique). Le projet se développa
en un ensemble en trois parties, comprenant les bâtiments
techniques et administratifs indispensables, les bâtiments
d’ordre social et un quartier résidentiel.
Entre 1954 et 1962, les terrains du Centre devinrent
le plus grand chantier d’après-guerre en Belgique.
Initialement, la direction chargea ses propres ingénieurs
de concevoir 5 bâtiments techniques, mais ils furent très
vite rejoints par un architecte. Jacques Wybauw entama
avec les ingénieurs cette tâche immense. Les habitants
Le bâtiment Chimie
Le hall du bâtiment Technologie
Une vue générale du chantier
Le quartier résidentiel
l’ensemble dans un environnement boisé. On abattit les
arbres uniquement là où les bâtiments devaient venir.
Jacques Wybauw obtint plusieurs mentions au concours
Van de Ven, notamment pour la cafétéria et les appartements familiaux. Les revues d’architecture de l’époque
relevèrent à plusieurs reprises le style de construction
du Centre. Les bâtiments de l’Eurochemic, de l’Euratom à
Geel et de l’Ecole européenne sont aussi de sa main.
A cette époque, le modernisme était le principal courant
architectural en Belgique. L’architecture servait à exprimer le développement de la science et de la technique,
ainsi que du nouveau style de vie de l’après-guerre.
A côté d’une atmosphère de paix et de calme, le CEAEN
devait aussi rayonner le sérieux et le rationnel. L’unité des
matériaux utilisés et les proportions simples des espaces
et des volumes contribuèrent à donner cette impression
d’unité et de sobriété. L’architecte a aussi su intégrer
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1955
Dans son discours “Atoms for Peace” à la Conférence des Nations Unies à Genève en juillet
1955, le président Eisenhower proposa une collaboration internationale pour développer les
applications pacifiques de l’énergie atomique. (Photo Belga)
des personnes venant des différentes régions du pays,
ainsi que de l’étranger. Certaines ne restaient que quelques années pour se spécialiser avant de poursuivre leur
carrière dans l’industrie. A côté de cela, il y avait aussi
des stagiaires. Le registre des étrangers de Mol a compté
à un moment donné 28 nationalités.
Les équipes de Rhode-Saint-Genèse arrivèrent progressivement à Mol en 1955 et en janvier 1956 elles occupèrent effectivement les bâtiments. Au début, elles furent
logées dans des hôtels à Geel, Mol et Westerlo, en attendant l’achèvement du quartier résidentiel. En 1955, le
CEAEN occupait 245 personnes, dont 57 universitaires.
En 1963, l’effectif était déjà passé à 1 299. Il comprenait
Evolution de l’effectif
L’effectif atteint son maximum de 1 402 collaborateurs en 1982.
Après les départs à la fin des années ‘80 et la séparation du Vito
(Vlaamse instelling voor technologisch onderzoek – Institut
flamand de recherche technologique), il s’est stabilisé autour de
600 unités. L’effectif comprend actuellement 496 hommes et
108 femmes. L’âge moyen du personnel est de 43 ans.
En vertu des CCT successives (de 1966 et 1968) et
d’accords complémentaires, les travailleurs du SCK•CEN
jouissent d’une protection contre les licenciements pour
raisons économiques (ce qu’on appelle la “stabilité de
l’emploi”). Les CCT sont négociées au sein du Comité des
Conditions de Travail, un comité ad hoc, présidé par un
délégué du ministère de l’Emploi et du Travail.
Le SCK•CEN est une institution d’utilité publique avec un
caractère de droit privé. Malgré le rôle important des
autorités dans le financement et le contrôle des activités
du SCK•CEN, les collaborateurs ne sont pas des fonctionnaires.
Le statut est défini par:
• Les conventions collectives de travail (CCT);
• La convention individuelle de travail;
• La loi du 3 juillet 1978 sur les conventions de travail.
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1956
Un incendie éclata dans une mine de charbon à Marcinelle
près de Charleroi le 8 août 1956 et provoqua la mort de
262 mineurs. (Photo Belga)
“Ce qui demeure de l’époque du démarrage du BR1 et qui reste bien présent à l’esprit de ceux qui l’ont connue,
est l’enthousiasme de tous les acteurs. A l’approche de la criticité, chaque membre du personnel alors présent à Mol
voulait participer à la longue opération de chargement du réacteur. La raison de notre enthousiasme était évidente:
nous avions le sentiment d’ouvrir au pays l’accès à une nouvelle source d’énergie dont il avait impérieusement besoin.”
(Julien Goens, ultérieurement directeur général)
extrait des mines de l’Union Minière au Katanga a été
façonné aux USA. Pour le reste l’industrie belge a
participé aux développements concernant le réacteur.
Le réacteur devait être utilisé surtout pour les irradiations.
A la fin de 1962, 16 000 irradiations avaient été effectuées, dont 40 % pour la production d’isotopes, 30 %
pour les recherches par le SCK•CEN même et 30 % pour
le compte de clients extérieurs. Les expérimentateurs ont
étudié la physique des neutrons, la physique de l’état
solide et le comportement des matériaux du réacteur.
Celui-ci est toujours en service.
Le vendredi 11 mai 1956 vers 18h30, le BR1, Belgian
Reactor 1, est pour la première fois devenu critique.
Le réacteur fonctionne avec du graphite comme modérateur, de l’uranium naturel comme combustible et de l’air
comme moyen de refroidissement, à une puissance de
4 MW. Le premier projet de réacteur a été installé et construit dans les locaux de l’Administration de
l’Aéronautique. Le personnel du Centre a réalisé le projet
définitif en collaboration étroite avec les spécialistes de
Harwell (Royaume-Uni) et des bureaux d’études belges.
Le graphite a été livré par le Royaume-Uni et l’uranium
Une vue du réacteur BR1
SCK•CEN
Le bâtiment du BR1 tel qu’il fut achevé en 1956
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1957
Le 25 mars 1957, les ministres des Affaires étrangères de France, de l’Allemagne de
l’Ouest, de l’Italie, de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg signèrent à Rome
le traité instaurant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté
européenne pour l’énergie atomique (Euratom). Ces six pays firent ainsi un pas dans
le sens de l’intégration économique et de l’application pacifique de l’énergie nucléaire
dans les états membres. (Photo VUM)
Le conseil d’administration était composé d’un président,
de deux vice-présidents et de 28 membres provenant de
l’industrie, du monde scientifique et de l’enseignement, de
membres présentés par le gouvernement et de personnes
des entreprises de production et de distribution de l’électricité. Un bureau assistait le conseil et veillait à l’exécution des décisions. Les nouveaux statuts prévoyaient la
possibilité d’un financement commun par les autorités
publiques et l’industrie. Il fut décidé en octobre de la
même année que le ministère des Affaires économiques
fonctionnerait comme instance de tutelle. Cette subvention
eut une répercussion qu’il ne faut pas sous-estimer sur le
développement, les options et le fonctionnement du
SCK•CEN au fil des années. Le Centre obtint des rentrées
propres grâce à des expériences et des prestations effectuées pour l’industrie privée et pour l’Euratom qui venait
d’être fondée. Les statuts furent encore précisés sur certains points au fil des années.
Le 23 juillet 1957 parut au Moniteur Belge un arrêté royal
instituant le Centre d’Etude de l’Energie nucléaire comme
institution d’utilité publique avec personnalité juridique.
Les nouveaux statuts décrivaient la mission du SCK•CEN
de la façon suivante:
• “Rassembler et tenir à jour la documentation scientifique et technique en rapport avec l’application de l’énergie nucléaire;
• Entreprendre de la recherche de nature scientifique et
technologique en matière d’énergie nucléaire appliquée;
• Encourager la formation de personnel spécialisé en
rapport avec l’application de l’énergie nucléaire;
• Effectuer les opérations de contrôle et de surveillance
de nature technique”.
Les recettes totales (vert) comprennent la dotation des autorités (bleu) et les recettes provenant de contrats de recherche (rouge). Les recettes étrangères à la dotation connurent une croissance quasi constante, qui ne fut pratiquement pas
influencée par la séparation du Vito, contrairement aux moyens de la dotation qui restèrent environ constants pendant les
dernières années.
SCK•CEN
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1958
L’Exposition universelle de 1958 attira 42 millions de visiteurs
sur le plateau du Heysel à Bruxelles. Son thème était “Bilan
d’un monde, pour un monde plus humain” et elle se trouvait
sous le signe d’un monde de paix gardant sa confiance dans
l’avenir et le progrès scientifique. L’Atomium, qui représente un
cristal de fer agrandi 165 milliards de fois, a été conçu comme
un hommage à ce progrès de la science.
(Photo VUM/B. Coecke)
L’Association belge pour le développement pacifique de
l’énergie nucléaire organisa une exposition dans le pavillon de réception dans la boule inférieure de l’Atomium.
Cette exposition regroupait les principales institutions
belges et congolaises qui s’intéressaient à l’énergie nucléaire. Le SCK•CEN en faisait évidemment partie. Le stand
voulait mettre en lumière “les possibilités incommensurables qui résultent de la fission atomique, ainsi que les
magnifiques horizons qui s’ouvrent pour l’humanité et
pour un meilleur standard de vie”. Le SCK•CEN exposait:
• Une cellule opérationnelle produisant de l’iode
radioactif;
• Une maquette du réacteur BR3;
• Une maquette du BR2;
• Des dessins, des modèles et des textes en rapport avec
les réalisations du SCK•CEN jusqu’à ce moment.
A l’occasion de l’Expo, la Sabena a mis un hélicoptère à
disposition pour assurer la liaison Bruxelles-Mol.
Le SCK•CEN collabora aussi à l’Association belge pour
organiser des conférences et des visites guidées dans ses
propres installations de Mol. Le SCK•CEN a en outre
organisé des visites pour les élèves de l’enseignement
secondaire.
Le baron Moens de Fernig, commissaire général
à l’exposition universelle, examine la maquette
du BR2.
SCK•CEN
Le prince Philippe, duc d’Edimbourg, visite
l’Atomium.
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1959
La firme américaine Texas Instruments a demandé un brevet sur la CHIP ou “circuit électronique miniaturisé”. Il n’était pas
plus grand qu’une tête d’allumette et pouvait contenir les composants de base de chaque circuit électronique.
bres de leur famille, ainsi que les travailleurs des institutions et des entreprises nucléaires voisines, peuvent en
devenir membres. Les activités organisées vont du football, du tennis et du golf, au théâtre et à l’organisation
d’une bibliothèque comprenant de nombreux ouvrages
en français et d’autres langues étrangères. Les membres
de Nuclea ont participé au fil des années à de nombreuses compétitions telles que l’Atomiade qui rassemble les
clubs sportifs de différentes institutions européennes de
recherche nucléaire.
Déjà depuis la naissance à Rhode-Saint-Genèse, les
travailleurs ont organisé différentes activités. Ils décidèrent même d’instaurer la fête de “Saint-Proton”. Ce
“saint” était fêté le 2 décembre, anniversaire du premier
état critique du premier réacteur au monde à Chicago.
Sur l’initiative du Centre, fut créée le 27 juin 1959 l’asbl
Nuclea. Cette association s’occupe encore toujours du
planning et de la coordination de toutes les activités sportives, culturelles et de loisirs. Les travailleurs et les mem-
La 10e Atomiade se
déroula en 2000 à Mol.
Y ont participé 1 500
sportifs de 35 institutions
de 11 pays européens.
(Photo Nuclea)
Le Club des Sports Nuclea
Le comte Marc de
Hemptinne devient le nouveau président du conseil
d’administration après le
décès de Pierre Ryckmans.
Il était professeur à l’UCL.
Le réacteur TRICO est mis en service à l’université
Lovanium de Léopoldville (actuellement Kinshasa) au
Congo belge, en présence de Louis de Heem, directeur général du SCK•CEN et de Mgr Luc Gillon, recteur de l’université
Lovanium. Le nom TRICO résulte de la contraction de TRIGA, “Training Isotopes General Atomic”, et de Congo.
Ce réacteur était essentiellement destiné à la production d’isotopes et à l’irradiation d’échantillons.
(Photo de g. à dr.: MM. de Hoffmann, président de General Atomic, L. de Heem, directeur général du SCK•CEN, Depi,
premier bourgmestre de Léopoldville, Mgr Scalais, vicaire apostolique à Léopoldville, MM. J. Gonze, directeur de département à l’Union Minière au Katanga, et L. Stevens, ingénieur à la BELGONUCLEAIRE)
SCK•CEN
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1960
A différentes reprises, le SCK•CEN se voit honoré de la
visite de toutes sortes de personnalités, allant des élèves
de l’enseignement secondaire aux rois et aux princes. Le
31 mai 1960, le Centre reçut la visite du roi Baudouin, de
la reine Juliana et de sa fille Beatrix.
Ces visites entraînaient des mesures spéciales de sécurité,
qui imposaient une étroite collaboration avec le corps de
police de Mol et d’autres autorités. Souvent, on pouvait
compter sur la présence enthousiaste de spectateurs des
environs.
Le roi Baudouin de Belgique, la reine Juliana des Pays-Bas
et la princesse Beatrix des Pays-Bas - 31 mai 1960
Le président Bourguiba de Tunisie - 31 juillet 1966
Le roi Faysal d’Arabie saoudite et le prince Albert 30 mai 1967
Le ministre Leburton - 12 mai 1969
La politique de communication du SCK•CEN s’oriente
vers:
• La reconnaissance de l’intérêt social de la recherche
au SCK•CEN et la justification des fonds publics pour
cette recherche;
• La reconnaissance de l’excellence des services du
SCK•CEN par des clients potentiels;
• La confiance de la population au sujet du soin que le
SCK•CEN consacre à la sécurité et à la santé de ses
travailleurs et de la population;
• Une approche aussi objective que possible de la
discussion à propos de la politique de l’énergie.
Le Centre poursuit ces objectifs grâce à des visites techniques, à l’organisation par le SCK•CEN de journées
d’étude, à la contribution à l’enseignement nucléaire et à
une politique de présence dans les colloques scientifiques.
SCK•CEN
15
1952-2002
1961
Le Russe Iouri Gagarine fut le premier homme à effectuer le 8 avril 1961 un vol spatial autour de
la terre à bord d’un vaisseau spatial. Le vol a duré 1 heure et 48 minutes. (Photo VUM)
belges. Le 6 juillet 1961, le réacteur est rendu critique.
Le premier ministre, le président de l’Euratom, l’ambassadeur des USA et un représentant du ministère des Affaires
économiques assistaient à l’événement. Le réacteur subit
des tests jusqu’à la fin de 1962 et en décembre de la
même année il était opérationnel. Il s’agit ici d’un réacteur à haut flux de neutrons pour étudier le comportement
de différents matériaux sous haute irradiation. Il fonctionne à l’uranium enrichi et l’eau sert de modérateur et de
réfrigérant. Le BR2 est encore toujours le réacteur de
recherche le plus performant en Europe de l’Ouest.
Vers le milieu des années ‘50, la direction du CEAEN
décida de construire un “Materials Testing Reactor”
(MTR). Elle en confia la conception au bureau d’études
américain Nuclear Development Corporation à White
Plains (New York, USA). Des cadres du CEAEN, des ingénieurs provenant de l’industrie, des bureaux d’études et
des producteurs d’électricité participèrent sur place aux
études. La construction du réacteur débuta en septembre
1957. Un modèle en vraie grandeur du noyau, BR02, fut
mis en fonctionnement à la fin de 1959. Pour ce réacteur
aussi, on fit autant que possible appel aux industries
Une vue aérienne de la construction du BR2
La piscine du réacteur avant le montage de celui-ci
régulières et la vérification des études de sécurité effectuées par le Centre. L’organisme reconnu discute les conclusions avec le service des Contrôles physiques du
SCK•CEN (service interne imposé par la loi) et le Centre
prend éventuellement les actions nécessaires. Selon l’autorisation d’exploitation du 30 juin 1986, la sécurité des
installations du SCK•CEN doit être reconsidérée complètement tous les cinq ans (BR1 et BR2) ou tous les dix ans
(toutes les autres installations). Les dossiers de sécurité sont
étudiés de façon approfondie en collaboration avec AVN.
Les conclusions et les actions à entreprendre sont transmises via la AFCN au conseil scientifique, qui est compétent
pour exiger des renseignements et/ou des actions
complémentaires. Ceci peut mener à une adaptation de
l’autorisation d’exploitation du SCK•CEN.
De même que d’autres instituts et entreprises nucléaires,
le SCK•CEN fait l’objet d’une très large surveillance en
rapport avec la sécurité. A la suite de la loi du 15 avril
1994 et de ses arrêtés d’exécution du 20 juillet 2001,
l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) est chargée de toutes les tâches à ce propos. Cela signifie, par
exemple, que la AFCN doit examiner toutes les demandes
de modifications aux installations et les demandes de
licence. Les représentants de la AFCN ont un droit d’accès
permanent aux installations du SCK•CEN. Etant donné
que le SCK•CEN est une institution nucléaire de Classe I,
les contrôles doivent être effectués par un organisme indépendant de Classe I. Dans le cas du Centre, c’est actuellement l’Association Vinçotte Nucléaire (AVN). Les missions
d’AVN comprennent par exemple des visites de sécurité
SCK•CEN
16
1952-2002
1962
Une fois de plus, on travailla autant que possible avec des
industries belges. Les spécialistes de Westinghouse et
le futur personnel d’exploitation obtinrent le premier état
critique le 19 août 1962. Le raccordement au réseau
belge de distribution d’électricité eut lieu deux mois plus
tard, le 25 octobre. Le BR3 devait fonctionner comme
unité de démonstration pour la construction et l’exploitation d’une centrale électrique industrielle et servait de
station d’essai pour des éléments combustibles prototypes. La centrale est un exemple de “fécondation croisée”
entre la recherche et l’industrie. L’industrie nationale eut
très tôt accès à cette technologie de pointe et le BR3 mit
les producteurs d’électricité en mesure de former le personnel d’exploitation en vue des applications de l’énergie
nucléaire en Belgique.
La Belgique a envisagé la construction d’une centrale
nucléaire quelque 8 ans avant la mise en service du BR3.
Le choix s’est porté assez rapidement sur un Pressurised
Water Reactor (PWR), un réacteur où l’eau sous pression
sert de modérateur et de réfrigérant. Le Centre a placé en
1956 une commande auprès de la firme américaine
Westinghouse, qui a développé ce type de réacteur en
se basant sur son expérience avec les sous-marins atomiques. A l’origine, on avait souhaité installer cette centrale à Schaarbeek afin d’alimenter en énergie l’Exposition
universelle de 1958 et fournir ainsi à l’Expo l’énergie de
l’avenir. Ce plan ne fut pas réalisé et le directeur du
SCK•CEN proposa d’installer le réacteur à Mol.
Le BR3 en construction
L’introduction de la cuve du réacteur
du BR3
Le 25 octobre 1962, le ministre Spinoy enfonce
le bouton de démarrage du BR3.
SCK•CEN
17
1952-2002
1963
La frontière linguistique fut fixée légalement en Belgique en 1962 et l’année suivante les
lois linguistiques furent approuvées. Tout cela ne se passa pas sans heurts. A plusieurs
reprises des conflits surgirent entre Flamands et Wallons. Une note de service interne au
SCK•CEN fixa en 1963 les règles de l’usage des langues dans les matières administratives. Bien que le Centre fût situé à Mol et donc en territoire flamand, on opta pour un
système bilingue. Celui qui donnait des ordres devait le faire dans la langue de son subordonné. A partir de 1967, les candidats à une position hiérarchique devaient prouver par
des examens linguistiques qu’ils maîtrisaient suffisamment les deux langues nationales.
Tout cela déboucha aussi au Centre sur des tensions communautaires. C’est ainsi que
“l’Association des universitaires d’expression française au CEN”, par exemple, exigea
que chaque membre du personnel du SCK•CEN puisse bâtir une carrière sur la base de
ses mérites personnels, sans limitations d’ordre linguistique.
Conflits autour des lois linguistiques (Photo Le Soir)
Les doses limites pour la population et les travailleurs,
les limites de rejet des installations nucléaires, les systèmes de licences en général et la gestion des déchets
radioactifs sont quelques exemples des sujets traités dans
la loi.
2. D’autre part, le SCK•CEN possède sa licence d’exploitation. Cette licence vaut seulement pour le Centre et
comprend entre autres une description des installations,
les limites particulières de rejet et les quantités de matières fissiles admises dans les différents laboratoires et
réacteurs. La AFCN doit approuver les modifications des
licences et un arrêté royal les confirme.
En 1963, furent publiés les arrêtés d’exécution de la loi
de 1958 relative à la sécurité nucléaire. Il faut faire une
distinction entre les lois et les autorisations d’exploitation:
1. Les lois et leurs arrêtés d’exécution déterminent
principalement les obligations générales en vue de la protection de la population, des travailleurs et de l’environnement contre le danger des radiations ionisantes. Ces
lois peuvent être considérées comme une transposition
des recommandations internationales et des directives
européennes en matière de protection contre les rayonnements. La loi la plus récente date du 20 juillet 2001 et
a été publiée dans le Moniteur Belge du 30 août 2001.
Julien Goens devient le
nouveau directeur général.
SCK•CEN
Le professeur Julien Hoste,
qui deviendra plus tard recteur
de la Rijksuniversiteit van Gent
(RUG), devient en 1963 le
nouveau président du conseil
d’administration. (Photo RUG)
18
Le général en retraite Letor
remplace Julien Hoste la
même année encore.
1952-2002
1964
pour la propulsion nucléaire des navires commerciaux.
La totalité du projet a été réalisée en collaboration entre
la United Kingdom Atomic Energy Authority et le syndicat
Vulcain, qui comprenait différentes entreprises belges et
le SCK•CEN. Le réacteur est devenu critique pour la première fois le 30 avril 1964. De 1964 à 1966 le réacteur
a servi à toutes sortes d’expériences. Le cœur du réacteur
Vulcain a été finalement installé dans le BR3 après avoir
été spécialement transformé dans ce but. En 1968, la
configuration Vulcain du BR3 a été arrêtée. Après 1966,
VENUS a été transformé pour effectuer des études sur les
neutrons, tant pour des nouvelles configurations de réacteurs nucléaires que pour l’étude de la fragilisation de la
cuve des réacteurs sous le rayonnement neutronique.
Le réacteur à puissance nulle VENUS est le seul des
5 réacteurs du SCK•CEN qui porte un nom. Les autres ont
tous été dotés de l’appellation BR, pour “Belgian
Reactor”, suivie d’un numéro. La construction de VENUS
entre dans le cadre du projet Vulcain, d’où le nom de
VENUS (Vulcain Experimental Nuclear Study), déesse de
l’amour, en opposition à son époux Vulcain, dieu du feu.
Le projet Vulcain avait pour but de montrer la faisabilité
d’un concept de réacteur à spectre variable de neutrons
(connu également sous la dénomination de concept
“spectral shift”). Dans cette conception, le liquide du réacteur se transforme progressivement “d’eau lourde” (D2O)
en “eau légère” (H20) pour compenser la consommation
de matière fissile. Ce processus semblait très prometteur
Lors de la première mise sous criticité, Julien Goens qui était directeur à l’époque, remit
en cadeau une reproduction de la Vénus de Botticelli portant la mention “avec mes compliments à l’équipe qui a fait revivre Vénus”.
VENUS/Vulcain
La salle de contrôle de VENUS
Les collègues conduisirent immédiatement la victime au
Service de Médecine du travail et sur la base des premiers résultats de mesure de la dose absorbée, les médecins décidèrent de transférer immédiatement l’opérateur
à l’Institut Curie à Paris. En raison de l’évolution des conséquences, on n’a pas pu éviter l’amputation d’une
jambe. Une enquête minutieuse fit ressortir différents
écarts par rapport à la procédure d’exploitation en
vigueur. Il en a résulté des modifications tant aux procédures mêmes qu’à la formation des opérateurs. Depuis
cet accident, les campagnes d’irradiation se sont déroulées sans incident ou accident.
Le 30 décembre 1965 vers 13h00, les opérateurs de
VENUS étaient occupés à mettre en place une nouvelle
configuration du combustible. Les opérations démarrèrent
sans rendre le réacteur suffisamment sous-critique.
L’éloignement d’une barre de sécurité avant qu’assez de
combustible ait été retiré, ne s’est pas fait suivant la procédure de sécurité et le réacteur devint critique. Cela eut
pour conséquence une augmentation brutale de la puissance (accident de criticité). L’opérateur qui se trouvait sur
le réacteur a été brièvement exposé à une forte dose de
neutrons et de rayons gamma.
SCK•CEN
19
1952-2002
1965
Les USA ont envoyé des troupes de combat au Vietnam. Cette guerre avait en
fait déjà débuté dans les années ‘50 avec la France. A cause de la guerre froide
et de deux visions diamétralement opposées, le communisme face à l’économie
libre, les USA estimèrent devoir intervenir pour arrêter la progression du communisme, donc aussi au Vietnam. Cette guerre souleva énormément de critiques,
tant en Amérique même qu’en Europe. La lutte ne s’arrêta définitivement
qu’avec la capitulation de l’armée sud-vietnamienne en 1975.
(Photo Reporters AP)
par des installations permettant des recherches sur des
animaux, des plantes ou des sols contaminés. Le Vito
reprit les installations originales. La division Radioprotection poursuit une partie des recherches. Le SCK•CEN
reçut une autorisation unique pour faire en plein champ
des expériences sur le transfert de la radioactivité, qui se
sont avérées fort utiles plus tard pour l’attitude à adopter
en cas d’accident comme celui de Chernobyl.
Le 19 mars 1965, le SCK•CEN mit en service le nouveau
laboratoire de Radiobiologie sur le site II à Geel. Les
scientifiques faisaient ici de la recherche fondamentale
sur l’influence exercée par les rayonnements ionisants sur
l’homme et l’environnement, par exemple sur la pollution
de l’environnement par des précipitations radioactives,
ou encore sur l’irradiation ou la contamination d’animaux cobayes et de l’homme à la suite d’une exposition
accidentelle ou de routine dans l’industrie nucléaire ou
lors de traitements médicaux. Les installations comprenaient un laboratoire biologique conventionnel, complété
Dans le cadre de la recherche biologique et écologique, le SCK•CEN
dispose d’une ferme expérimentale pour faire des expériences sur les
animaux et les plantes.
des matériaux après irradiation. Les instruments de mesure et les appareils sont placés le plus souvent dans
des cellules protégées et ventilées. Une cellule chaude ou
hot-cell est une enceinte étanche, à forte protection, dans
laquelle les matières fortement radioactives sont maniées
à l’aide de manipulateurs commandés à distance. Le personnel peut surveiller les opérations par une fenêtre en
verre au plomb, de sorte qu’il n’est soumis à aucun
danger. Dans le même bâtiment, une série de cellules et
d’installations ont été construites pour la récupération par
gazéification d’uranium et de plutonium dans des
combustibles irradiés. A la suite du succès du retraitement
aqueux à l’Eurochemic, le SCK•CEN a arrêté prématurément la technologie de retraitement par voie sèche.
Les USA et la France, entre autres, la poursuivent.
Au cours de cette même année, le centre a inauguré les
cellules chaudes méchaniques et métallographiques dans
le bâtiment LMA (laboratoire pour moyenne activité, plus
tard LHMA ou laboratoire pour haute et moyenne activité). Le laboratoire était destiné et l’est encore toujours
pour analyser des modifications dans le comportement
Une vue intérieure de la zone chaude
dans le bâtiment LHMA actuellement
SCK•CEN
20
1952-2002
1966
chimiques qui devaient servir de base à un procédé chimique à exploiter dans l’usine à construire à Dessel. La
construction du site de Dessel dura de 1960 à 1966. Le
roi Baudouin inaugura officiellement la nouvelle usine le
7 juillet 1966. En 1974, on arrêta l’exploitation de l’usine, reprise par Synatom. En 1985, l’Etat belge a repris le
site pour un franc symbolique, y compris un passif non
encore évalué à l’époque. L’Etat confia les tâches futures
de démolition et de traitement des déchets à l’ONDRAF et
celui-ci les transmit à son tour à Belgoprocess, une filiale
à 100 %. Quelques années plus tard, en 1989,
Belgoprocess reprit toutes les installations de traitement
des déchets du SCK•CEN. Actuellement, Belgoprocess est
spécialisée dans le traitement des déchets radioactifs produits en Belgique, plus particulièrement le traitement en
toute sécurité et le stockage de déchets radioactifs, ainsi
que le démantèlement des bâtiments nucléaires qui ne
sont plus en usage. Belgoprocess procède aussi au
démantèlement des anciennes installations d’Eurochemic.
Depuis le milieu des années ‘50, le SCK•CEN entreprit
des recherches sur le retraitement de combustible irradié.
Ces recherches exigent des cellules chaudes. Les équipes
de la Chimie et de la Radioprotection purent ainsi se
familiariser avec la manipulation de matériaux irradiés
pouvant contenir des traces de plutonium. Il s’agissait
d’uranium métallique faiblement irradié provenant du laboratoire de Oak Ridge aux USA. La société internationale
Eurochemic avait déjà été créée en 1957 sous l’égide de
l’OCDE (Organisation pour la Collaboration et le
Développement économique) avec pour objectif de monter une usine pilote pour le traitement de 50 à 150 tonnes
par an d’uranium irradié. Afin que la Belgique puisse
participer dans cette entreprise, le SCK•CEN fut d’accord
de transférer à l’Eurochemic son équipe de recherche et
son équipement. Le SCK•CEN poursuivit toutefois le
développement de ses propres méthodes pour retraiter
plus tard les combustibles irradiés. A partir de 1958, une
équipe d’une quarantaine de chercheurs, d’ingénieurs,
de techniciens et d’administrateurs d’Eurochemic s’établit
au Centre. Ce groupe s’appliqua à définir les schémas
La pose de la première pierre de l’usine Eurochemic
eut lieu le 7 juillet 1960 en présence du prince Albert.
L’usine Eurochemic en construction
fournis entre autres par BELGONUCLEAIRE.
BELGONUCLEAIRE fabrique des aiguilles de combustible
MOX à partir de poudres d’oxyde d’uranium et de plutonium. Depuis 1973, le SCK•CEN détient une participation
de 50 % dans l’entreprise.
Tecnubel est un prestataire de services dans le secteur
nucléaire, ainsi que dans l’entretien industriel et sanitaire.
IRMM est l’Institut pour les Matériaux de Référence et les
Mesures. Il s’agit d’un centre de recherche commun de la
Commission européenne qui développe des unités de mesure et des standards européens, tant dans le domaine nucléaire que non nucléaire.
Transnubel est spécialisée dans le transport de matériaux
radioactifs
Le plan de secteur de Mol, Dessel et Geel comprend une
partie coloriée en “domaines pour l’établissement d’installations nucléaires”. Cette zone nucléaire couvre environ
1 000 hectares. Les installations sont les suivantes:
Belgoprocess est une filiale de l’ONDRAF, spécialisée
dans le traitement et le stockage de déchets nucléaires en
Belgique, ainsi que dans le démantèlement d’installations et
d’entreprises.
FBFC-International est une filiale du groupe international
FRAMATONE-ANP et elle produit des éléments combustibles
UO2 pour les réacteurs nucléaires du type PWR basés sur de
l’uranium légèrement enrichi. Elle effectue aussi l’assemblage des éléments combustibles MOX pour les réacteurs PWR
et BWR (réacteur à eau bouillante) en partant de crayons,
SCK•CEN
21
1952-2002
1967
Selon les estimations, 323 personnes périrent le 22 mai 1967 dans le plus terrible
incendie que la Belgique ait connu. L’incendie de l’Innovation à Bruxelles commença vers
13h30 à l’étage supérieur et s’étendit en quelques minutes à l’ensemble du bâtiment.
Vraisemblablement la protection contre l’incendie devait laisser fort à désirer.
(Photo VUM)
L’année 1969 fut marquée par l’entrée en application de
l’accord conclu en décembre 1968 entre le SCK•CEN et
la GfK (Gesellschaft für Kernforschung mbH à Karlsruhe).
Aux termes de cet accord, les Centres de Karlsruhe et de
Jülich et d’autres partenaires allemands, d’une part, et la
Belgique et Euratom, d’autre part, pouvaient exploiter le
BR2 à parts égales. Ce contrat entrait dans le cadre de la
collaboration entre l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas
et le grand-duché de Luxembourg relativement aux réacteurs rapides. Les partenaires ont prolongé cet accord à
plusieurs reprises. Il a définitivement pris fin en 1982, en
même temps que les expériences pour le développement
du réacteur SNR-300 à Kalkar. Le SCK•CEN a poursuivi
sa collaboration avec le Centre de Karlsruhe jusqu’en
1989 pour les expériences “Mol 7C” et finalement dans
le cadre du programme de fusion.
L’exploitation du BR2 débuta sur la base d’un accord de
collaboration entre Euratom et le SCK•CEN, conclu en
1960. Ce contrat prévoyait que les deux institutions
exploiteraient les installations chacune pour ses besoins
propres et les mettraient à disposition de tiers. Entre 1960
et 1967, les deux institutions partagèrent les frais
d’investissement et d’exploitation à raison de 1/3 pour
le SCK•CEN et de 2/3 pour Euratom. A partir de 1967,
la participation d’Euratom se limita à la mise à disposition de personnel. De 1963 à 1967, le Centre utilisa aussi
le BR2 pour le développement de différents systèmes de
réacteur, plus particulièrement avec refroidissement au
gaz et au sodium, en collaboration avec l’Allemagne,
le Royaume-Uni et la France.
Une vue du BR2
SCK•CEN
Une vue intérieure du BR2
22
1952-2002
1968
En mai 1968, des milliers d’étudiants occupèrent les universités de Paris.
Ils protestaient contre la société de consommation et voulaient réformer les
universités. Les étudiants furent suivis par quelques entreprises dont les
ouvriers organisèrent des manifestations et des occupations d’usine.
La critique s’accompagnait d’innovations culturelles dans la musique et l’art.
Les autorités de Paris reprirent finalement le contrôle de la rue, mais le
mouvement essaima vers d’autres pays, dont la Belgique.
(Photo VUM)
Plusieurs entreprises et divers hôpitaux des environs, dont
les membres du personnel étaient exposés de par leurs
activités professionnelles à des rayonnements ionisants,
ont aussi utilisé les services du SCK•CEN pour des examens médicaux. Conformément à la législation relative
aux contrôles par la médecine du travail qui venait de
paraître, le Service Médical fut transformé en 1968 en un
“Service interentreprise pour la médicine du travail et de
l’hygiene atomique (Simetha)”.
A partir de 1974, le SCK•CEN disposa à nouveau de son
propre service de Médecine du Travail. Il ne surveille pas
seulement le personnel du SCK•CEN, mais aussi celui de
Belgoprocess, de BELGONUCLEAIRE, de l’ONDRAF,
du Vito, de l’Ecole européenne, ainsi que le personnel des
firmes extérieures qui travaillent dans les zones contrôlées des entreprises nucléaires. Au total, quelque
2 800 personnes sont concernées annuellement.
Dès sa création, le CEAEN mit un Service Médical sur
pied, et ceci déjà bien avant l’AR du 16 avril 1965 portant sur l’obligation d’une surveillance par la médecine
du travail. Les effets biologiques des radiations ionisantes
n’étaient en effet pas aussi bien connus qu’actuellement.
C’est aussi pour cette raison que chacun devait subir deux
fois par an un examen médical et que le Service Médical
compta rapidement un groupe de spécialistes en radiobiologie. Le CEAEN a prévu dès le début une médecine
intégrale. Le service plâtrait, recousait, les docteurs
faisaient des visites à domicile dans le quartier résidentiel, etc. Le Service Médical disposait d’ailleurs de sa
propre salle d’opération et d’un service de stérilisation,
pour le cas où des personnes contaminées et sérieusement
blessées devraient être opérées.
En 1965, le service de Radiobiologie déménagea vers de
nouveaux bâtiments construits chaussée de Retie à Geel,
où le département Radiobiologie nouvellement créé
venait de démarrer.
Des examens au Service Médical
SCK•CEN
Le Service Médical a disposé très tôt de locaux de
consultation propres.
23
1952-2002
1969
L’astronaute américain Neil Armstrong a
été le premier homme à poser le pied sur
la lune le 21 juillet. Il a prononcé à cette
occasion les mots historiques: “Ceci est un
petit pas pour l’homme, mais un bond de
géant pour l’humanité”.
(Photo UPI)
C’est en 1969, qu’Eddy Merckx gagna pour la première fois le Tour de France.
(Photo VUM)
Dès 1960, les deux premiers laboratoires de plutonium
étaient actifs sur le terrain du SCK•CEN. Les laboratoires
étaient occupés par des ingénieurs et des techniciens et
entre autres des stagiaires de l’Euratom. En 1963, douze
barres de combustible enrichi au plutonium furent introduites dans le cœur du BR3 et pour la première fois au
monde, de l’électricité fut produite à l’aide de ce produit
fissile. A la fin des années ‘60, on allait examiner si le
plutonium ne pouvait aussi être utilisé comme matière fissile dans des réacteurs surrégénérateurs. Le SCK•CEN et
BELGONUCLEAIRE effectuèrent cette recherche en commun et il en résulta la production d’éléments combustibles
MOX (Mixed Oxide) pour le réacteur rapide de Kalkar.
Un grand nombre d’irradiations dans le BR2 complétèrent cette recherche. Le MOX est un combustible constitué
d’un mélange d’oxyde d’uranium et d’oxyde de plutonium. BELGONUCLEAIRE possède actuellement sa propre
usine à Dessel pour la production de combustible MOX.
Depuis la fin des années ‘50, le SCK•CEN a orienté les
recherches dans le domaine du cycle du combustible,
principalement sur le développement d’éléments combustibles pour les réacteurs à base de plutonium, refroidis
par eau. Lors du bombardement de l’uranium par des
neutrons il se forme du plutonium, qui peut à nouveau
subir une fission avec libération d’énergie. La réutilisation
du plutonium permet donc d’augmenter sensiblement la
quantité d’énergie pouvant être libérée de l’uranium
naturel. La recherche à ce propos amena le SCK•CEN et
BELGONUCLEAIRE, qui collaboraient à cette étude, à
participer à un contrat de recherche avec le “Groupe
Mixte”, avec l’appui du programme commun R&D
d’Euratom et des USA. Pour la livraison du plutonium
nécessaire à ces expériences, la Belgique devait beaucoup à l’Amérique par l’accord bilatéral de 1955.
De plus, on put s’appuyer sur le savoir-faire que les USA
avaient acquis dans ce domaine.
Des boîtes à gants dans le laboratoire de plutonium.
Une boîte à gants est une enceinte étanche aux gaz, réalisée
le plus souvent en plastique transparent, dans laquelle un
opérateur peut effectuer des manipulations avec des matières radioactives, par exemple du plutonium, au moyen de
gants pénétrant à l’intérieur.
SCK•CEN
24
L’introduction des assemblages de combustible
dans BR3 en 1963
1952-2002
1970
Paul Mc Cartney a annoncé en 1970 la séparation des Beatles.
(Photo VUM)
d’analyse, de microbiologie, de traitement des déchets,
d’épuration des gaz, etc. Pour le compte des autorités,
des instituts scientifiques et de l’industrie du pays et de
l’étranger, le Centre a donc entrepris des recherches dans
le domaine de l’environnement, des applications de
l’énergie, des matériaux, de l’informatique, des piles à
combustible et de la production d’hydrogène par électrolyse. L’accent reste toutefois mis sur les activités nucléaires. Le Vito reprit les activités non nucléaires en 1991.
Par l’arrêté royal du 24 juin 1970, le SCK•CEN a adapté ses statuts en vue d’élargir son champ d’action en
dehors du secteur nucléaire. Le Centre devait utiliser son
infrastructure de façon plus intensive et désirait mettre son
potentiel et son expérience à la disposition du secteur non
nucléaire. On disposait surtout dans le domaine de la
technologie de l’environnement et dans celui des matériaux, d’un savoir-faire spécialisé et d’un appareillage
approprié tels que stations de contrôle, laboratoires
Le bus de l’énergie a effectué des
audits dans plusieurs entreprises
en vue d’encourager les économies
d’énergie.
Prise d’échantillon de boues de rivière
pour des études écologiques
Examen au laser pour la découpe des métaux et
le traitement des recouvrements
SCK•CEN
25
1952-2002
1971
Le choix de l’implantation créa au début un certain problème. Le SCK•CEN s’était toujours opposé à une dispersion géographique de ses activités. Certains craignaient
une atteinte au caractère national du Centre.
Depuis longtemps, le SCK•CEN produisait et conditionnait des isotopes dans le BR1 et le BR2. Le Centre disposait alors d’une section Radio-isotopes. Le gouvernement
belge décida en 1970 de créer un institut séparé pour les
radioéléments.
Le département Radio-isotopes
au SCK•CEN
distribution et de la commercialisation de radio-isotopes,
surtout pour les applications médicales, ainsi que du
développement d’applications pour d’autres domaines,
par exemple le secteur biomédical et l’industrie.
Le SCK•CEN continue à assurer la production. Le ministre
des Affaires économiques a approuvé cette répartition
des tâches et des revenus, fixée dans un accord entre les
deux institutions.
Dans le cas le plus extrême, on craignait que le SCK•CEN
soit divisé en deux sièges d’exploitation: l’un à Mol,
national et bilingue et un autre à Charleroi, régional et
unilingue. Finalement, on assista à la création de l’IRE
(Institut national des Radio-éléments), institution d’utilité
publique, avec comme le SCK•CEN, son siège social à
Bruxelles, et des laboratoires à Fleurus près de Charleroi.
Les statuts parurent au Moniteur Belge le 16 décembre
1971. L’institut s’occupait du conditionnement, de la
Les cellules chaudes à l’IRE (Photo IRE)
Le site de l’IRE à Fleurus actuellement
(Photo IRE)
André Baeyens est président du
conseil d’administration.
SCK•CEN
26
1952-2002
1972
Le réacteur Thétis est le seul réacteur jamais développé en Belgique dans une université. L’université de Gand construisit
ce réacteur de recherche en 1965 en collaboration avec BELGONUCLEAIRE. Le SCK•CEN réalisa en 1972 un système de
détection de point d’ébullition pour le réacteur. (Photo RUG)
En 1972 le ministère de la
Santé publique a chargé le
SCK•CEN de mettre sur pied
un réseau de mesure pour
déterminer la présence de
plomb, de zinc, de cadmium,
etc. dans l’air ambiant.
Le SCK•CEN dispose de son
propre mât météo pour la
collecte de toutes sortes de
données météorologiques et
climatologiques.
rence nécessaire et n’a pas su créer le bon dialogue,
de sorte que vers la fin du siècle dernier cette mauvaise
image a suscité le gel global de la part prise par l’énergie nucléaire dans le pool énergétique. Actuellement,
on compte environ 440 centrales nucléaires, qui assurent
17 % de la production d’électricité dans le monde.
Ces centrales se trouvent en majorité aux USA, puis en
France, au Japon, au Royaume-Uni et en Russie. Les pays
qui produisent la plus grande part de leur énergie par les
centrales nucléaires sont la France (70 %) et la Belgique
(55 %). Les nouvelles centrales se construisent actuellement en majorité dans les pays du sud-est asiatique, qui
connaissent une forte croissance de leurs besoins en
énergie. La discussion pour savoir s’il faut recourir à
l’énergie nucléaire pour la production d’électricité se
déroule actuellement surtout sur le plan politique. Cela
peut conduire à des prises de position tant négatives
(certains pays européens) que positives inspirées par la
recherche d’une indépendance économique du marché
(USA). La demande toujours croissante et la menace de
l’effet de serre peuvent apporter un regain d’intérêt à
l’énergie nucléaire.
Actuellement, la combustion de combustibles fossiles
(charbon, pétrole et gaz) assure encore les 4/5 de la consommation d’énergie dans le monde. La révolution
industrielle du milieu du XXe siècle, qui s’accompagna
d’une grande demande d’énergie, stimula la recherche
de méthodes de production d’électricité indépendantes
de la combustion de combustibles fossiles. La crise pétrolière des années ‘70 fit prendre conscience aux pays
industrialisés combien des difficultés politiques dans le
monde pouvaient fragiliser leur dépendance de ces combustibles. Ce phénomène a poussé le développement et
les applications de l’énergie nucléaire comme source de
remplacement à un rythme accéléré. Cette technologie se
prête en effet à la production d’électricité à grande échelle. D’autre part, on trouve de l’uranium en de nombreux
endroits dans le monde, ce qui assure une situation du
marché stable, insensible à la politique. Entre-temps,
la technologie a atteint une certaine maturité. Deux accidents de réacteur et l’association tenace entre l’utilisation
pacifique de l’énergie nucléaire comme source d’énergie
d’une part, et l’utilisation militaire d’autre part, ont influencé de façon négative la perception du public. Durant
cette période, l’industrie nucléaire n’a pas eu la transpa-
SCK•CEN
27
1952-2002
1973
A la suite de la crise pétrolière, les Pays-Bas et la Belgique
instaurèrent les dimanches sans voiture. La raison avait été
le boycott par les pays arabes producteurs de pétrole, qui exerçaient ainsi des représailles pour le soutien de l’Occident à
Israël pendant la guerre du Kippour. (Photo VUM)
Dès les années ‘60, le SCK•CEN fut confronté à plusieurs
reprises à des problèmes sociaux. Les syndicats désiraient, par exemple, une représentation du personnel dans
le conseil d’administration. A partir de 1971, des membres des trois syndicats purent donc assister aux réunions
et ils avaient une voix consultative. L’IOK, la Société
intercommunale de développement de la Campine,
devait à partir de ce moment représenter l’économie
régionale. Quelques années plus tard, en 1973, surgit un
nouveau conflit. Les syndicats et une partie des travailleurs déclenchèrent une grève pour cause du licenciement
prévu de plusieurs travailleurs à cause d’une restriction
dans les budgets. La grève dura environ trois semaines.
En juillet, le conseil d’administration décida d’adapter
les dispositions relatives à la stabilité de l’emploi, bien
qu’un des syndicats ne soit pas d’accord de signer la
nouvelle convention.
Comme on peut le voir à partir des cartes que le comte
de Ferraris fit dessiner à la fin du XVIIIe siècle, le domaine subit une véritable métamorphose. Le paysage campinois typique, créé par une activité agricole extensive,
dont les plus grandes surfaces étaient des champs de
bruyère, parvint à se maintenir jusqu’au milieu du XIXe
siècle. Après la Première Guerre mondiale, des bois
furent plantés massivement et le paysage se transforma
régulièrement en ce qu’il est actuellement. De grands
peintres campinois, dont Jakob Smits et ses élèves de
l’Ecole de Mol, ont souvent célébré cette région pour sa
beauté.
Depuis 1990, un décret forestier a réglé la gestion du
domaine du SCK•CEN et les fonctions remplies par les
bois ont dû être complétées et reprises dans un plan de
gestion plus large. La fonction écologique et scientifique
reçoit une attention particulière, sans toutefois porter
atteinte au plan général de gestion du domaine. C’est
ainsi qu’il existe un projet de pâturage avec des
Highlanders écossais et qu’on fait des recherches sur les
rapaces nocturnes en couvaison. Des oiseaux, parmi lesquels des autours, des chouettes des bois, des crécerelles,
des busards et des effraies ont été bagués. On a aussi
procédé à l’inventaire de plantes et d’herbes. Les ornithologues sont actifs près des marécages, on procède à
du monitorage des papillons et il existe un projet de
restauration dans sa fonction naturelle d’un ruisseau
typique de plaine. La gestion est donc orientée en vue de
maintenir l’équilibre écologique de la région en harmonie avec les tâches plus spécifiques du SCK•CEN.
Jakob Smits a fait une eau-forte des “plaines de sable du
Kongo à Achterbosch”. Le Kongo était auparavant la société
qui exploitait les carrières de sable à Mol. Ce terrain est occupé
actuellement par le yachting club de Nuclea, d’où on a une vue
superbe sur le BR2 et le BR3.
(gravure - 140 x 99 mm - Jakob Smitsmuseum Mol)
SCK•CEN
28
1952-2002
1974
Le premier micro-ordinateur apparaît sur le marché. Son lancement a été rendu possible par le développement du microprocesseur, une combinaison de tous les circuits logiques nécessaires à un ordinateur, sur une minuscule tranche
d’un matériau semi-conducteur. A partir de ce moment, il fut possible de développer des ordinateurs beaucoup plus petits
et plus puissants que ceux de la génération précédente.
Le SCK•CEN développa à partir de 1974 un programme
de R&D pour évaluer les possibilités de stockage dans des
formations géologiques profondes. Il procéda en collaboration avec le Service Belge de Géologie, à un inventaire
des régions potentiellement intéressantes pour servir de
roches d’accueil. A la suite de cela, on procéda à des
forages expérimentaux, à des essais et à des analyses de
sol dans l’argile de Boom, présente aussi sous les terrains
du SCK•CEN, pour examiner les possibilités de stockage
dans des couches profondes d’argile. Sur les terrains du
SCK•CEN, on entama en 1980 la construction de HADES
(High Activity Disposal Experimental Site). Dans ce laboratoire souterrain situé à 225 mètres de profondeur, on
procéda entre autres à des recherches hydro-géologiques
et physico-chimiques et à des tests sur la corrosion et de
l’interaction entre les colis ou le conditionnement et l’environnement géologique. Le Centre compléta cette recherche sur le terrain par des examens de laboratoire et des
études sur l’influence sur l’homme et l’environnement.
Des évaluations périodiques au sujet de la sécurité et de
la faisabilité contiennent les résultats de cette enquête et
définissent de plus les besoins d’enquêtes futures. Tout
indique que le stockage dans l’argile est possible et sûr.
Par la construction de HADES, le SCK•CEN a confirmé
sa position de leader mondial. Jusqu’à présent, HADES
est le laboratoire de référence pour la recherche sur le
stockage géologique dans des formations argileuses.
Déjà peu de temps après sa création, le SCK•CEN a rempli un rôle primordial dans la gestion et le retraitement
des déchets radioactifs en Belgique. Depuis 1956,
le Centre a assuré le traitement et le stockage des déchets
faiblement radioactifs provenant de ses propres activités,
ainsi que de divers déchets provenant des laboratoires
universitaires et des hôpitaux. Dans les années ‘60,
le SCK•CEN fit œuvre de pionnier dans la recherche pour
le traitement des déchets radioactifs et développa des
procédés technologiques d’avant-garde.
Au début des années ‘70, divers spécialistes reconnurent
que le stockage de déchets moyennement et fortement
radioactifs posait un problème qui pourrait hypothéquer
l’avenir de l’énergie atomique, à la suite des options
prises par plusieurs pays de ne plus accepter de déchets
de pays tiers pour les stocker. Cela signifia aussi, même
pour de petits pays comme la Belgique, l’obligation
de mettre sur pied un système de stockage. Dans ce
domaine, la collaboration internationale devint particulièrement difficile. De plus, la Belgique était confrontée
aux déchets “historiques” hautement radioactifs provenant des activités d’Eurochemic.
Les tubes de congélation lors du percement de la première galerie
SCK•CEN
29
La première galerie HADES
1952-2002
1975
Dans les années ‘60, le gouvernement belge donna l’autorisation d’exploiter la première centrale nucléaire pour la production d’électricité. En 1976, les centrales nucléaires assuraient déjà 20 % de la production belge d’électricité et actuellement cette proportion est de 55 %. Les trois premières centrales à Doel et à Tihange entrèrent industriellement en fonction en 1975. Ces deux sites comptent actuellement sept centrales de puissance,
qui disposent ensemble d’une capacité de 5 600 MW. Il s’agit de PWR ou de
réacteurs à eau pressurisée, pour lesquels le BR3 a fait office de prototype.
Chronologie:
15 février 1975
1 octobre 1975
1 décembre 1975
1 octobre 1982
1 février 1983
1 juillet 1985
1 septembre 1985
(Photo Tihange Electrabel)
Doel 1
Tihange 1
Doel 2
Doel 3
Tihange 2
Doel 4
Tihange 3
(Photo Doel Electrabel)
A la suite de ces accidents, la confiance dans la science
et l’industrie pour contrôler le risque ou du moins le maintenir à un niveau acceptable, a plutôt faibli.
Dans ce contexte social et politique, la plupart des autorités sont plutôt réticentes voire même négatives vis-à-vis
de l’évolution future de la production nucléaire d’énergie.
Le maintien du savoir-faire nucléaire et le renforcement
de la sécurité sont actuellement les principaux accents
que les autorités font valoir à la recherche et à l’industrie.
En raison de l’incertitude qui règne sur le marché européen ouvert de l’électricité et sur le large approvisionnement en énergies de remplacement moins chères,
l’industrie en Europe et aux Etats-Unis ne formule que peu
de demandes pour de nouvelles centrales nucléaires à
court terme. Dans cette optique, l’industrie de la soustraitance poursuit une rationalisation et une consolidation
en vue de maintenir le savoir-faire en Europe en attendant une nouvelle demande de réacteurs. La Commission
européenne soutient aussi le maintien d’un potentiel de
recherche. En Belgique, la sensibilité politique et publique
s’est traduite dans la déclaration du gouvernement de
1999, qui prévoit dans la mesure du possible démantèlement du parc nucléaire.
Le fait que les premières centrales belges aient été en
construction au moment du déclenchement de la crise
pétrolière, a certainement contribué à l’accélération du
programme belge. Le sentiment se développa que, plus
que d’autres pays, la Belgique était particulièrement
vulnérable pour son approvisionnement en énergie et que
la production nucléaire d’énergie était de nature à constituer un élément de sécurité dans son approvisionnement. Le marché de l’électricité fut considéré durant cette
période comme une donnée nationale particulièrement
stable, de sorte que les très longues durées d’amortissement des centrales ne constituèrent pas un obstacle aux
décisions en la matière.
Jusqu’au début des années ‘80, la politique en matière
d’énergie nucléaire était plutôt orientée vers les avantages industriels et les perspectives technico-scientifiques,
ce qui a permis à la Belgique, après la France, de procéder à un développement plus rapide que dans la plupart
des autres pays. Ce n’est qu’après l’accident de Three
Mile Island en 1979 et surtout après la catastrophe de
Chernobyl en 1986 que l’accent glissa dans le débat politique sur la sécurité de cette source d’énergie sous ses
différents aspects.
En 1975, le SCK•CEN a vu la nomination d’un nouveau directeur général,
Séverin Amelinckx, successivement professeur aux universités de Gand et
d’Anvers (RUCA), ainsi que d’un nouveau président, Frans Van den Bergh.
(photo de g. à d.: Séverin Amelinckx, Mme Amelinckx, Mme Van den Bergh,
Frans baron Van den Bergh, Andries Kinsbergen - président intérimaire en
1991 - et Paul Dejonghe, photo prise le 5 décembre 1986 lors de la séance
d’hommage à Frans baron Van den Bergh).
SCK•CEN
30
1952-2002
1976
Air France et British Airways mettent le
Concorde en service sur les lignes Paris Rio de Janeiro et Londres-Bahrein.
(Photo Reporters AP)
Dans la période de diversification vers des activités non
nucléaires, le SCK•CEN présenta plusieurs spin-offs.
Diverses entreprises désiraient en effet faire appel à la
technologie présente au Centre. A maintes reprises,
le SCK•CEN se retira après quelques années, parce
qu’une participation dans des entreprises non nucléaires
ne répondait pas à son but premier. Voici quelques
exemples:
Recytec NV (1979)
Recytec s’occupait d’acquérir des connaissances à propos de l’exploitation industrielle et commerciale de systèmes et de produits dans le domaine de la récupération
d’énergie et de matières premières. Elle établit un premier
projet à propos du recyclage de matières premières et de
combustibles de seconde main à partir d’ordures ménagères pulvérisées, pour la production d’énergie.
Elenco NV (1975)
Cette entreprise, créée par le SCK•CEN, DSM et Bekaert,
s’occupait du développement et des applications des piles
à combustible. Le SCK•CEN travailla principalement à
l’amélioration de la puissance spécifique et de la durée
de vie des électrodes.
Hydrogen Systems NV (1985)
Cette entreprise développa des appareils d’électrolyse
pour la production d’hydrogène.
Indaver NV (1985)
Le SCK•CEN était actionnaire cofondateur d’Indaver pour
le retraitement de déchets industriels, en participation
avec OVAM (Openbare Vlaamse Afvalstoffen
Maatschappij - Société publique flamande des déchets) et
GIMV (Gewestelijke Investeringsmaatschappij voor
Vlaanderen - Société régionale d’investissement pour la
Flandre).
Indaver actuellement (Photo Indaver)
La commission émit en 1976 un avis positif au sujet de
la poursuite de l’intégration de l’énergie nucléaire dans la
production d’électricité, dans le contexte d’une forte
augmentation de la demande d’énergie et d’une réduction de l’offre en pétrole. Elle émit cependant comme
condition que le problème des déchets nucléaires devait
être résolu.
La Commission des Sages était une commission d’enquête au service du ministère des Affaires économiques,
réunie pour formuler des recommandations au sujet de
l’équipement électronucléaire de la Belgique. Les experts
du SCK•CEN y étaient fortement représentés, notamment
par Xavier de Maere comme coordinateur et par les
professeurs Hoste et Jaumotte comme présidents.
SCK•CEN
31
1952-2002
1977
Vers la fin des années 70, le mouvement punk fit son apparition. Les punks acquirent
une réputation par leur raisonnement anarchiste, mais surtout par leur allure extérieure
avec les cheveux taillés en crête et leurs épingles de sûreté. Les représentants les
plus connus en musique furent The Sex Pistols.
(Photo VUM)
Il y a un quart de siècle, le SCK•CEN
fêtait ses 25 ans d’existence. Le roi
Baudouin et la reine Fabiola ont tenu
à s’associer à cet anniversaire par
une visite au Centre le 6 octobre de
cette année.
au Bulletin d’information de l’Association belge pour le
développement pacifique de l’énergie nucléaire, qui
parut dans les années ‘50 et au début des années ‘60.
En outre le SCK•CEN a connu différents journaux pour
son personnel, donnant des informations sur la recherche, mais aussi des nouvelles familiales sur les naissances
et les mariages. Le bulletin du personnel de Nuclea parut
entre 1960 et 1970, Turn Around entre 1987 et 1989 et
Info-Flash paraît encore depuis 1993.
Depuis les années ‘40 la société a évolué tellement vite et
les découvertes se sont succédées à un rythme tel qu’un
large public en perdait parfois le nord. Le Centre a
estimé qu’il avait aussi un rôle à remplir pour informer un
public curieux de l’état de la recherche, tant dans les
activités nucléaires que non nucléaires, ainsi que des
développements de l’énergie nucléaire. La publication du
magazine de vulgarisation Consensus commença en
1977. Ce journal représentait une initiative comparable
SCK•CEN
32
1952-2002
1978
La petite fille Louise Joy Brown fut le premier bébé éprouvette qui vint au
monde. La méthode consistant à féconder un ovule “in vitro” apparut pour
beaucoup comme la chance d’avoir un enfant.
(Photo Reuters)
Dans un réacteur rapide, les neutrons rapides provoquent
la majorité des fissions. Le réfrigérant n’est plus de l’eau
mais du sodium liquide afin de freiner le moins possible
les neutrons. Dans ce type de réacteur, on peut produire
plus de matériau fissile qu’on n’en consomme. On parle
alors d’un réacteur surgénérateur. Grâce à ce phénomène, la rentabilité de l’électricité produite par l’énergie
nucléaire pourrait augmenter.
Dès le début des années ‘60, des initiatives dans ce
domaine furent prises en différents endroits en Europe.
C’est ainsi que la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et,
pour une part limitée, également le grand-duché du
Luxembourg s’associèrent dans le projet Debenelux ou
projet Schneller Brüter. Ces pays avaient l’intention de
développer et de construire ensemble un réacteur rapide
à Kalkar (Allemagne), le SNR-300 (SNR est l’abréviation
de Schnelle Natriumgekülte Reaktor). Pour les différents
pays on avait prévu la participation des centres atomiques, des constructeurs et des producteurs d’électricité et
donc pour la Belgique le SCK•CEN. L’enquête de base eut
lieu entre 1968 et 1972. Le SCK•CEN fit des recherches
relatives au cycle du combustible, notamment le comportement des matériaux sous irradiation, la technique de
fabrication des combustibles à base d’oxydes mixtes et
les nouveaux matériaux pour les gaines, ainsi qu’à des
aspects particuliers du retraitement des matières fissiles
des réacteurs rapides. On connaît dans cette recherche
les expériences “Mol 7C”, que le SCK•CEN développa en
collaboration avec le GfK (Gesellschaft für Kernforschung, devenu plus tard KfK, Kernforschungszentrum
Karlsruhe, et actuellement FzK, Forschungszentrum
Karlsruhe). Des tests furent exécutés au BR2 dans le circuit
Mol 7C refroidi au sodium. Ces tests devaient étudier les
aspects de la sécurité des réacteurs rapides et plus particulièrement pour suivre le comportement d’un assemblage combustible SNR-300 en cas de disparition partielle
du refroidissement par le sodium due à une obstruction
locale du flux de sodium. La construction du SNR-300
débuta en 1973 et devait être terminée en 1979. Le réacteur ne reçut cependant jamais l’autorisation de charger
le combustible et de démarrer.
L’expérience Mol 7C6 en 1988
Le SNR-300 en construction à Kalkar
SCK•CEN
33
1952-2002
1979
Le 28 mars 1979, un accident eut lieu à l’unité 2 de la centrale atomique de Three
Mile Island (TMI) près de Harrisburg (Pennsylvanie) aux USA. Il entraîna la fusion
partielle du cœur de ce réacteur de type PWR. Les conséquences furent importantes, mais personne ne fut accidenté et la quantité de substances radioactives qui
furent libérées resta minime. Cet incident montra toutefois clairement que des
accidents graves aux réacteurs restaient possibles. Le monde nucléaire réagit en
prenant de larges mesures correctives, principalement sur le plan des instruments
et du rôle des opérateurs, pour maintenir sous contrôle l’influence des erreurs
humaines. L’accident du TMI a stimulé les recherches sur la dynamique de scénarios d’accidents qui peuvent conduire jusqu’à la fusion du cœur du réacteur, mais il
a aussi souligné l’importance de la résistance des bâtiments du réacteur. L’analyse
de sécurité a reconnu que le facteur humain avait été fortement sous-estimé.
(Photo Belga)
dose absorbée, le béryllium se durcit, gonfle et se fissure.
On décida que la poursuite de l’exploitation ne pouvait
être garantie que moyennant le remplacement de la
matrice. Cette opération débuta en janvier 1978 et se
poursuivit jusqu’au début de 1980. Le BR2 redevint critique le 12 mai 1980. La matrice resta en fonctionnement
jusqu’à la seconde révision et remise à neuf (refurbishment) de 1995. On adapta alors la matrice en béryllium
du BR02 comme troisième matrice du BR2.
La partie centrale du réacteur BR2 consiste principalement en une matrice de béryllium, composée de 79 pièces hexagonales, dans lesquelles on charge les éléments
fissiles, les barres de contrôle et diverses pièces de
fermeture. L’ensemble constitue le cœur du réacteur. Lors
d’une inspection du réacteur à l’aide d’une caméra de
télévision, on constata en 1974 la présence de plusieurs
petites fissures dans la matrice. Cela se produit parce que
sous l’influence du bombardement de neutrons et de la
Une vue plongeante du réacteur BR2
SCK•CEN
34
1952-2002
1980
démonstration pour le traitement de stocks de déchets
liquides hautement radioactifs. La première pierre de
PAMELA (Pilotanlage Mol zur Erzugnung Lagerhäfiger
Abfälle – installation pilote pour le traitement de déchets
hautement actifs) fut posée en 1981. A l’époque,
le SCK•CEN avait déjà acquis quelque expérience dans
le développement de systèmes d’épuration de gaz pour
des procédés nucléaires. C’est pourquoi le SCK•CEN fut
chargé de la mise au point des filtres destinés à l’élimination des composants volatils légers et tels que le césium
et le ruthénium présents dans les gaz rejetés. Le SCK•CEN
se chargerait par ailleurs de tester l’appareillage d’analyse devant servir au monitoring des unités d’épuration
des gaz.
Vers la moitié des années ’60, la France et l’Allemagne
entreprirent des recherches sur la vitrification des déchets.
La vitrification est en effet un procédé pour transformer les
produits de fission hautement radioactifs, que l’on obtient
lors du retraitement, en un produit entrant en ligne de
compte pour le stockage définitif. Les déchets sont incorporés dans du verre fondu. En 1980, on projeta de
construire sur le site de Eurochemic, à Dessel, qui par la
suite deviendrait Belgoprocess, une installation de
Les cellules blindées du bâtiment PAMELA
(Photo Belgoprocess)
pour but de prêter assistance aux pays membres dans les
domaines de l’entretien et du développement, par coopération internationale, de la base scientifique et technologique qui est nécessaire à l’application sûre, écologique
et économique de l’énergie nucléaire pacifique.
La Belgique est un des 27 états membres de l’AEN,
qui représente environ 85 % des pays disposant d’installations nucléaires.
La CE-Euratom
avait pour but de réaliser de la recherche commune sur
les applications pacifiques de l’énergie nucléaire. Dès sa
création, le SCK•CEN prit part aux divers programmes
de recherche de la Commission européenne. Ces programmes avaient également pour effet d’améliorer la collaboration avec d’autres établissements de recherche, y
compris les universités. Le SCK•CEN prit une part active
aux programmes-cadres de la Commission européenne.
Outre la recherche, Euratom assume la responsabilité de
la non-prolifération dans l’Union européenne des matières nucléaires stratégiques, de la mise sur pied d’une
réglementation européenne en matière de radioprotection et du contrôle de l’impact environnemental des installations nucléaires. Au cours des années écoulées,
Euratom a maintes fois fait appel aux spécialistes du
SCK•CEN pour la réalisation de ces tâches.
Au niveau international on note l’apparition d’une tradition fort appréciée de collaboration, entre autres avec
l’AIEA, l’AEN et la Commission européenne.
Le SCK•CEN a conclu divers accords de collaboration et
reçut plusieurs missions internationales. Pour le
SCK•CEN, ces initiatives représentèrent une reconnaissance de son savoir-faire et de son expérience.
L’AIEA
est une organisation qui relève de l’ONU et dont le siège
est établi à Vienne. Il s’agit du forum intergouvernemental central, pour la terre entière, de la collaboration
scientifique et technique dans le domaine de l’énergie
nucléaire. Les statuts de l’AIEA furent ratifiés en 1957 par
18 pays, ce qui constitua la création officielle de l’agence. L’adhésion de la Belgique date de 1958. L’AIEA
compte en ce moment 132 membres. Le signe AIEA signifie: “Agence internationale de l’Energie atomique”.
Le SCK•CEN collabore avec l’AIEA entre autres dans le
domaine des safeguards (garanties) et la Belgique vient
de proposer de mettre son laboratoire souterrain
(HADES) à la disposition de l’AIEA en vue d’une large
collaboration internationale.
L’AEN
est l’Agence de l’Energie nucléaire, organisation émanant de l’OCDE, ayant son siège à Paris. Cette agence a
SCK•CEN
35
1952-2002
1981
La première navette spatiale, le Space shuttle, fut lancée le 12 avril. Cette navette était le premier vaisseau spatial conçu
pour être réutilisé plusieurs fois.
temporaire, de la gestion à longue échéance, du transport et des missions relatives au démantèlement, à
l’inventaire et à la gestion des matières fissiles enrichies.
Déjà en 1981, il fut décidé que le SCK•CEN transférerait
les installations et le personnel de sa division Traitement
des déchets à l’ONDRAF. Dès 1983, l’ONDRAF reprit les
relations avec les producteurs de déchets, tandis que le
SCK•CEN continuait à exploiter les installations sous
le régime d’une gestion commune. Le transfert définitif eut
lieu le 1er mars 1989. En ce moment, l’ONDRAF fait
appel au SCK•CEN pour des études et des projets de
recherche, principalement dans le domaine du stockage
des déchets radioactifs.
Au début des années ’80 le SCK•CEN était très actif dans
le domaine de la gestion des déchets. Le Centre ne
souhaitait cependant pas assumer de responsabilité à
long terme dans ce domaine, par exemple pour ce qui
était du stockage des isotopes à très longue demi-vie,
à moins que les autorités ne l’en chargent spécifiquement.
Le gouvernement opta toutefois pour la création d’un
organisme distinct: l’ONDRAF – l’Organisme national
des Déchets radioactifs et des Matières fissiles. Cet organisme vit le jour le 8 août 1980 et ses statuts furent
publiés au Moniteur Belge le 30 mars 1981. L’ONDRAF
serait chargé de la gestion de tous les déchets radioactifs
présents sur le territoire belge, de la prévention, du tri et
de l’identification des déchets, du traitement, du stockage
Le travail dans les anciennes installations
de traitement des déchets du SCK•CEN
Le 19 octobre 1981, le SCK•CEN démarra, avec l’appui de la
Commission européenne, un four de scorification pour déchets de
faible activité, mais éventuellement plutonifères. Cet incinérateur
FLK-60 permettait de traiter simultanément des matières combustibles et non combustibles. Les matières non brûlées étaient
fondues avec les cendres pour former des scories de type granulat
basaltique dans lequel les isotopes radioactifs étaient piégés.
Le SCK•CEN a ensuite vendu une licence de l’installation à l’entreprise japonaise JGC qui exploite un four similaire au Japon.
SCK•CEN
36
1952-2002
1982
Au début des années ’80 l’on vit dans différentes villes d’Europe des manifestations
dirigées contre l’énergie nucléaire et les armes nucléaires. L’installation potentielle de
missiles américains sur le territoire de la Belgique suscita un important émoi et
Greenpeace, entre autres, manifesta contre les bateaux qui effectuaient le déversement
de déchets radioactifs en mer. Mol connut également un certain nombre de manifestations. (Photo Archives communales de Mol)
Dès les années ’60, des trains chargés de diverses
quantités de déchets conditionnés de faible activité
quittèrent la gare de marchandises de Mol avec destination Zeebrugge. Ils étaient ensuite transportés en
bateau vers le lieu de déversement dans l’océan. Ces
déchets provenaient de divers établissements, dont le
SCK•CEN, l’IRE, les hôpitaux, les centrales nucléaires
de Doel et de Tihange, Métallurgie Hoboken-Overpelt
(MHO), division de Olen, et divers instituts de Suisse
et des Pays-Bas. Ces déchets étaient conditionnés
dans des bitumes ou du béton et étaient ensuite enfermés dans des fûts. Tous les déchets étaient de faible
activité et les taux de radiation étaient loin en deçà des
normes prescrites par la convention de Londres. Cette
convention mondiale avait pour but de prévenir la pollution des mers suite au déversement de déchets et de
détritus. Les règles nationales et les règlements en vigueur à l’époque étaient également respectés et les activités de
déversement étaient contrôlées par l’AEN et l’OCDE. Les bateaux amenaient les fûts au lieu de déversement, d’une
profondeur de 5 000 mètres, situé à 750 km environ à l’ouest des côtes d’Irlande. (Photo Consensus)
(principalement les déchets déjà conditionnés en vue de
leur déversement en mer), entraîna de sérieux problèmes
de stockage pour la division des déchets. A l’heure
actuelle, on recherche, en concertation avec la population, des solutions pour le stockage définitif de déchets de
faible activité et de courte demi-vie. Différents pays
exploitent déjà de telles installations.
Lors des opérations de déversement de 1982,
Greenpeace entreprit des actions afin de perturber et
de ralentir les travaux. C’est à cette époque que la
controverse concernant les déversements en mer devint
générale. En 1994, la Belgique signa l’accord de Londres
interdisant le déversement de déchets radioactifs en mer.
L’impossibilité d’évacuer les déchets de faible activité
Le “Centre de l’Aube” à Soulaines, assure le stockage
de déchets français de faible activité et de courte demivie dans des bunkers, qui sont à leur tour recouverts de
béton et de plastique. Lorsque, dans 60 ans, tous les
bunkers seront pleins, ceux-ci seront recouverts d’argile,
de bitumes, de couches de drainage et enfin d’une
couche de terre arable semée d’herbe afin de rendre à
l’environnement son aspect naturel. Une quarantaine de
membres de MONA (Mols Overleg Nucleair Afval vzw –
Concertation de Mol relative aux déchets nucléaires asbl)
ont visité le site en avril 2001. Une installation similaire a
déjà été mise en service en France au “Centre de la
Manche”. Ce site d’entreposage est à présent rempli et
l’achèvement définitif est en cours. (Photo MONA)
SCK•CEN
37
1952-2002
1983
Hergé, le célèbre dessinateur de bandes dessinées et père spirituel
de Tintin, décéda en 1983. Dans l’album “Objectif lune”, paru en 1953,
on trouve un réacteur qui ressemble au BR1.
(Photo © Hergé / Moulinsart 2002)
La Commission européenne concentra essentiellement son
programme sur les projets JET et NET. JET signifie “Joint
European Torus” et est le tokamak le plus grand au
monde (faisant usage de dispositifs de champs magnétiques) pour la recherche expérimentale des plasmas
thermonucléaires. Le JET est situé à Culham (RoyaumeUni) et a été mis en service en 1983. Le NET (Next
European Torus) était une étude de pré-concept visant la
démonstration de la faisabilité physique et technologique
du réacteur de fusion basé sur le principe du tokamak. Le
projet ITER (International Thermonuclear Experimental
Reactor) a pris la relève du NET en collaboration avec
l’Europe, le Japon et la Russie.
La recherche effectuée à Mol, qui était initialement dirigée
sur les études de technologie du lithium, de corrosion et
de transfert de masse, est à présent axée sur le comportement de composants et de matériaux de fusion sous
irradiation neutronique et gamma (matériaux de structure, instrumentation). Ces dernières années, cette recherche a également été étendue aux études de sûreté et de
démantèlement, ainsi qu’à l’acceptation sociale de la
fusion thermonucléaire.
L’association “Euratom-Etat belge pour la Fusion”, créée
en 1969, était composée, pour ce qui concerne la
Belgique, de groupes de recherche de L‘Ecole royale militaire et de l’Université libre de Bruxelles (ULB).
Le SCK•CEN a conclu un accord de collaboration en
1975 et est devenu laboratoire associé en 1982. La
recherche sur la technologie de fusion connut un important essor en 1983 suite à l’approbation d’un certain
nombre de contrats de recherche avec la Commission
européenne. La fusion nucléaire consiste en la formation
de nouveaux noyaux atomiques dont la masse est légèrement inférieure à la masse commune des noyaux d’origine. La fusion des atomes s’accompagne de la libération
de l’énergie de liaison. La recherche sur la fusion a pour
but de permettre le contrôle des réactions de fusion et
l’utilisation de l’énergie ainsi libérée sous la forme de
chaleur utile. L’énergie de fusion est devenue depuis un
des plus grands projets internationaux de recherche et est
d’une importance capitale dans les discussions menées
actuellement à propos du développement durable de la
production future en énergie.
La machine expérimentale JET
Vue intérieure de l’espace sous vide
(Photo Consensus)
Le SCK•CEN a pis au point le procédé ELEX servant à éliminer le tritium présent dans les effluents
liquides d’une usine de retraitement.
SCK•CEN
38
1952-2002
1984
La Croix rouge internationale communiqua, en 1984, que
malgré la présence de nombreuses organisations de secours,
plus d’un million de personnes ne pouvaient être aidées dans
les régions d’Ethiopie touchées par la famine et la sécheresse.
La guerre civile qui sévissait dans le nord du pays rendait les
secours difficiles. Diverses initiatives telles que Live Aid, à
laquelle participèrent de nombreux artistes, furent organisées
de par le monde en vue d’aider les peuples touchés.
(Photo Reporters AP)
Le 25 août, deux navires entrèrent en collision au large d’Ostende.
Un des navires, le Mont-Louis, transportait des fûts remplis d’hexafluorure d’uranium. Les mesures effectuées par des collaborateurs du
SCK•CEN purent démontrer l’absence de fuites.
(Photo W. Slegers)
Afin de pouvoir répondre à la demande politique de
diversification des activités, la direction du SCK•CEN prit
contact avec le Stanford Research Institute (SRI) des EtatsUnis dans le cadre d’une étude sur une diversification
optimale et une valorisation maximale des résultats de
recherche. Une équipe conjointe du SRI et du SCK•CEN
se mit à la recherche des opportunités qui concordaient
avec les compétences du Centre, pour lesquelles il existait
une demande sur le marché, et qui tenaient compte des
tendances sociales en vigueur. De cet examen jaillirent
huit cents idées dans les domaines des matériaux, de
l’environnement, de l’énergie et de la technologie, et 50
projets potentiels furent distillés à partir de ces idées. Ces
projets furent pourvus d’une cote en fonction de critères
tels que le faible coût d’investissement, le potentiel pour
le marché belge, la concurrence, la croissance potentielle du marché, les perspectives à longue échéance,
la compatibilité avec la situation en Belgique, les points
forts existants au SCK•CEN, les besoins en recherches
plus poussées, les possibilités d’obtenir des licences et
potentiel innovateur pour le SCK•CEN. Les projets qui
obtinrent les meilleures cotes étaient les suivants: les capteurs chimiques et physico-chimiques, la prestation de
services dans le domaine des essais techniques et des
évaluations, les membranes, les micro-organismes, les
matériaux céramiques et la biotechnologie. La plupart de
ces thèmes figurent à présent dans les rapports annuels
du Vito.
Le Centre a effectué de la recherche fondamentale depuis
ses premières années d’existence, surtout dans les domaines de la physique du neutron, la physique du solide et
la radiobiologie. Les chercheurs ont réalisé un grand
nombre de publications scientifiques et ont souvent collaboré avec des universités et instituts, tant en Belgique qu’à
l’étranger. Au cours des années ’70 et ’80, la recherche
fondamentale s’orienta de plus en plus vers la recherche
appliquée, ceci en partie en collaboration avec
l’industrie.
Dans le cadre d’un accord avec l’IISN (Institut inter-
universitaire des Sciences nucléaires), le SCK•CEN mit au
point le spectromètre Mibemol à temps de vol qui fut utilisé pour la recherche de matériaux à l’aide de neutrons.
Ce spectromètre fut installé au réacteur ORPHEE du laboratoire Léon Brillouin de Saclay (France). Il fut encore utilisé par le Centre jusqu’au début des années ’90 et a également servi pour des dizaines de projets d’instituts de
recherche à l’étranger. Le SCK•CEN étudia entre autres
les mouvements moléculaires et ioniques dans les cristaux
par dispersion neutronique inélastique et/ou quasi-élastique à l’aide du spectromètre à temps de vol à Saclay.
SCK•CEN
39
1952-2002
1985
Peu de temps avant l’envoi du match de finale de coupe d’Europe entre Liverpool et la Juventus de Turin, des supporters
en vinrent aux mains. Ceci donna lieu à un mouvement de panique qui fit 39 morts. Le drame du Heysel remit en question
toute l’organisation des matchs de football et les mesures de sécurité à appliquer lors de matchs de football.
solaires. Ce panneau solaire servit entre autres à évaluer
le rendement thermique. Afin de concrétiser l’expérience
acquise dans la pratique, le SCK•CEN décida en 1986
de construire, à Hulshout, une petite installation solaire à
collecteurs pour le chauffage d’une piscine et de l’eau
sanitaire.
La recherche sur la conversion photovoltaïque de l’énergie solaire porta sur le silicium amorphe. Ce matériau
convient en effet pour la production de cellules solaires en
raison de sa grande capacité d’absorption lumineuse et
son excellente conductivité photonique.
Le Service de la Promotion de l’Industrie ordonna en
1977, entre autres dans le cadre des activités non
nucléaires, d’examiner les possibilités d’utilisation des
“sources d’énergie douces”, telles que le soleil, le vent,
la géothermie en Belgique et de voir dans quelle mesure
celles-ci pouvaient être industrialisées. C’est ainsi que le
SCK•CEN développa des collecteurs solaires destinés à
l’étude de l’application de l’énergie solaire pour le chauffage et pour la production d’électricité. Les collaborateurs
des Ateliers généraux du SCK•CEN assurèrent une grande partie des travaux.
La recherche de la conversion thermique de l’énergie
solaire impliqua, en 1981, l’installation d’un grand panneau solaire de 10 m2 sur le toit du bâtiment Cellules
Les capteurs solaires sur le toit
du bâtiment Cellules solaires
and Development Association) et par un programme
technique d’appui relatif à l’application de safeguards
devant être développés par l’AIEA. Ceci comprend des
projets de démonstration dans des installations nucléaires
en collaboration avec l’industrie nucléaire belge, des études théoriques, etc. Les matériaux examinés sont tant des
matériaux frais qu’irradiées, dans toutes les phases du
cycle du combustible nucléaire.
Le SCK•CEN dispose à cet effet d’un vaste programme de
recherche propre auquel s’intéressent les étudiants des
universités et des écoles supérieures. La collaboration
fructueuse avec la VUB dans le cadre d’une thèse de doctorat en constitue un bon exemple.
Le SCK•CEN a par ailleurs installé un
laboratoire pour la caractérisation non
destructive de différents types de
déchets en mesurant directement les
rayons gamma ou les neutrons émis
spontanément.
Tout au long de son existence, le SCK•CEN a élaboré
diverses solutions en réponse au défi de la non-prolifération (la dispersion non contrôlée) des armes nucléaires.
Le Centre se spécialisa entre autres dans la comptabilité
des matières fissiles, la métrologie destructive et non
destructive des matières fissiles, et formula des avis à
l’adresse des autorités belges. Pour pouvoir assurer ce
rôle de consultant, il était nécessaire de suivre l’évolution
de la législation et la réglementation internationale.
La préoccupation du SCK•CEN envers la non-prolifération est une expression de l’engagement de la Belgique à
cet égard. Cette préoccupation s’exprime en outre à
travers les contacts
intensifs entretenus par
le
SCK•CEN
avec
l’Euratom et l’AIEA, à
travers le partenariat
avec ESARDA (European
Safeguards
Research
Le SCK•CEN utilise un système d’essai
Q2 pour la détermination de la radioactivité des déchets de faible activité.
SCK•CEN
40
1952-2002
1986
de près l’évolution de la situation et à fournir des conseils
aux autorités. La radioactivité d’un grand nombre de légumes, de denrées alimentaires, de l’eau potable, de l’herbe,
du lait des vaches, … a été mesurée. Le Centre et les autorités ont utilisé conjointement pendant de longues journées
le Centre Opérationnel de Site afin de pouvoir répondre aux
appels téléphoniques qui parvenaient de partout en
Belgique. L’accident a entraîné à Chernobyl de graves
maladies par irradiation chez 134 personnes, dont 28 sont
décédées après quelques semaines. Deux secouristes ont
péri dans des accidents. La vie des habitants de Chernobyl
et environs fut gravement perturbée. Certains groupes de
la population connurent une importante dégradation de leur
santé. Les conséquences de l’accident de Chernobyl étaient négligeables pour la population en Belgique.
La ville de Chernobyl est située en Ukraine, non loin de la
frontière avec la Biélorussie et la Russie, à environ 2 000
km de la Belgique. La centrale nucléaire de Chernobyl abritait 4 réacteurs nucléaires. Le réacteur numéro 4 explosa le
26 avril 1986, à 1h23 de la nuit. En raison du secret qui
était encore de vigueur à cette époque, les autorités soviétiques conservèrent le silence quant à ce grave accident.
Le vent emporta le nuage radioactif qui s’était formé et
celui-ci atteignit la Finlande et la Suède le 28 avril et une
radioactivité accrue y fut mesurée. Quelque temps plus tard
les autorités soviétiques confirmèrent qu’un accident dans
un réacteur nucléaire avait eu lieu à Chernobyl. Un nuage
radioactif a atteint la Belgique dans la nuit du 1er au 2 mai
1986. Les appareils de mesure du SCK•CEN constatèrent
une légère augmentation de la radioactivité. Ceci fut le
début d’une vaste campagne de mesure destinée à suivre
Des chercheurs du SCK•CEN font des
mesures aux environs de Chernobyl.
Une vue du réacteur détruit
(Photo Reuters)
SCK•CEN
41
1952-2002
1987
Quelques manchettes de journaux de l’époque
(AGALEV souhaite une enquête sur la politique des
déchets et des licences - Directeur Amelinckx:
‘L’enquête n’est certainement pas close’)
avaient en effet été lésés suite à l’interrogation simultanée
des inculpés belges par la commission d’enquête parlementaire.
Le SCK•CEN s’est ensuite constitué partie civile contre la
firme belge impliquée et a introduit une action en réparation qui est toujours en suspens.
Nonobstant la crise causée par le scandale TNH, des
dispositions furent prises au cours des années ’90 avec
l’ONDRAF et avec les producteurs (en particulier) allemands de déchets et la plus grande partie des déchets fut
renvoyée. Outre les ravages financiers et les dégâts
causés à l’image du SCK•CEN, le scandale TNH a
montré que le SCK•CEN s’était insuffisamment préparé à
l’exécution optimale d’activités industrielles d’une telle
envergure. Un contrôle de qualité strict des engagements,
des contrats, du coût de facturation et de production a
pallié ces problèmes. Belgoprocess a repris le traitement
industriel des déchets radioactifs et a installé de nouvelles
unités de traitement.
Le “scandale TRANSNUKLEAR” (en abrégé TNH) inaugure la période peut-être la plus sombre de l’histoire du
SCK•CEN. TNH était une firme de transport allemande,
établie à Hanau près de Francfort, qui, au cours des
années 1980 à 1987, effectuait des transports de déchets
nucléaires en provenance de l’Allemagne, de la Suisse et
de l’Italie vers Mol afin de les faire traiter et conditionner.
La presse allemande révéla en 1987 que la firme TNH
avait versé des pots de vin à certaines personnes parmi
les producteurs des déchets ainsi qu’en Belgique et que
TNH utilisait les déchets pour un circuit d’argent noir.
Le SCK•CEN fut à la une de tous les médias lorsqu’il
s’avéra que le chef de la division Traitement des déchets,
ainsi qu’une autre firme belge, étaient impliqués dans
cette affaire. Initialement les tribunaux de Hanau et de
Turnhout condamnèrent tous les inculpés, mais de graves
fautes de procédure commises en Belgique firent en sorte
que, moyennant une procédure devant la Cour de
Cassation, un certain nombre de personnes concernées
ne furent plus poursuivies. Les droits de la défense
De gauche à droite:
Paul Dejonghe, Remi De Cort et Georges Stiennon assurèrent pendant une période en 1987 et en 1988 conjointement et
par intérim la gestion journalière du Centre. Paul Dejonghe devint directeur général faisant fonction, tandis qu’Ivo Van
Vaerenbergh devint président.
SCK•CEN
42
1952-2002
1988
1988 fut l’année de la troisième réforme de l’Etat. La Région de Bruxelles-Capitale devint une région à part entière et
les Communautés et les Régions reçurent de plus amples compétences. Le roi Baudouin lui-même parla pour la première
fois de la Belgique en tant qu’Etat fédéral.
La réalisation de ces objectifs impliqua entre autres
la conclusion d’une nouvelle CCT pour la pré pension
obligatoire/volontaire, l’arrêt du réacteur BR3 et la rationalisation du fonctionnement général. Le nouveau directeur général qui entra en fonction en 1988 avait pour
tâche de concrétiser ce vaste plan “Turn Around”.
La recherche se limita aux domaines dans lesquels le
Centre avait acquis le plus de savoir-faire et aux domaines ayant un avenir. L’effectif du personnel connut un
rajeunissement et fut ramené à un chiffre supportable
pour l’entreprise. Les coûts liés à l’infrastructure nucléaire
furent réduits.
L’arrêté royal 515 du 31 mars 1987 relatif à l’assainissement des finances du SCK•CEN obligea le Centre à
présenter un plan de restructuration, accompagné d’un
plan de financement. L’établissement d’un plan d’assainissement fut la réponse à un audit réalisé, à la demande
de la tutelle, par le bureau Arthur Andersen. Le “plan
d’action 1988-1993” comportait les objectifs suivants:
• Adaptation du programme au développement des
points forts dans un nombre restreint de domaines;
• Rajeunissement de la structure du personnel;
• Réduction du coût de l’infrastructure nucléaire;
• Renouvellement de l’infrastructure;
• Diminution des frais généraux.
Le renouveau s’est inspiré d’une “charte
d’entreprise” qui comportait les principales lignes
de force du SCK•CEN.
Excellence dans la recherche scientifique
Qualité dans l’exécution des missions technologiques
Objectivité et intégrité des analyses et des études
Professionnalisme dans la prestation de services
Responsabilité et transparence envers la communauté
Carl M. Malbrain est nommé directeur général.
installations à l’étranger.
Le 18 décembre 1990, le ministre des Affaires économiques et le Centre signèrent une convention relative au
financement des deux passifs. Les pouvoirs publics se
chargeraient du financement du coût des prépensions
prévues par les CCT 1986-1987 et 1988-1990 et du
démantèlement des installations telles qu’elles se présentaient au 31 décembre 1988. L’ensemble couvre un
montant de M€ 228 actualisé en 1988.
Depuis lors, le SCK•CEN constitue par ses propres
moyens des provisions pour le démantèlement des
nouvelles installations et pour l’évacuation des déchets
futurs.
La détérioration de la situation économique, causée en
grande partie par la crise du pétrole, toucha également
le Centre au cours des années quatre-vingt. L’inflation eut
pour effet d’augmenter les salaires, sans que les autorités,
toujours à la recherche d’économies, soient en mesure de
compenser ces coûts. Cette situation entraîna des
assainissements successifs ainsi que le départ anticipé de
656 personnes suivant des conditions fixées par des
conventions collectives de travail.
D’autre part, on réalisa que le démantèlement final des
installations nucléaires du Centre nécessiterait d’importants moyens, qui n’étaient pas prévus. La situation du
SCK•CEN différait à peine de celle de la plupart des
SCK•CEN
43
1952-2002
1989
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne et Berlin
furent coupés en deux. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni
et la France transformèrent une des deux parties en une
république démocratique, tandis que l’URSS organisa
l’autre partie en un état communiste. Un “rideau de fer”
sépara les deux parties. Ce n’est qu’en 1989 que le chef
du parti communiste de Berlin-Est annonça l’ouverture de
la frontière avec Berlin-Ouest. Ceci fut le signal de départ
d’une émigration massive et les habitants de la ville
fêtèrent la “chute du mur”. (Photo Reporters AP)
Le démantèlement a débuté par la décontamination du
circuit primaire de refroidissement. Ensuite on a procédé
au moyen de techniques existantes mais adaptées, au
découpage des structures internes de la cuve du réacteur
qui supportent le cœur et l’instrumentation. Les parties
découpées furent ensuite évacuées et stockées. Etant
donné que l’eau constitue une excellente protection
contre les radiations et permet en même temps une bonne
vue sur les travaux, ces activités ont été effectuées sous
eau et à l’aide d’outils télécommandés. La cuve du réacteur, d’un poids de 28 tonnes, fut levée en 1999 et
démantelée de la même façon. Le levage de la cuve était
une primeur en Europe et l’événement pouvait être suivi
en direct sur Internet. Du travail de pionnier a été réalisé
dans le domaine du développement de robots et d’engins
téléguidés, ceci afin de limiter autant que possible l’exposition des travailleurs aux radiations lors des travaux de
démantèlement. Le planning prévoit que la centrale sera
entièrement démantelée en 2007.
Le 30 juin 1987, le réacteur BR3 du SCK•CEN fut arrêté
définitivement parce qu’il n’était plus possible de répondre aux exigences posées par la licence d’exploitation.
Il était problématique de démontrer que l’intégrité du
pressuriseur était garantie en toutes circonstances. Le BR3
était le premier réacteur PWR d’Europe occidentale et il
serait le premier à être démantelé. La Commission européenne décida en 1989 de sélectionner le BR3 en tant
que projet pilote pour démontrer la faisabilité technique
du déclassement d’un réacteur PWR. Le SCK•CEN a par
ailleurs démontré qu’il est possible de limiter le coût du
démantèlement à un minimum, tout en respectant les
mesures strictes de protection des travailleurs, de la population et de
l’environnement.
La American Nuclear Society
conféra en 1991 au BR3 le titre
de “Nuclear Historic Landmark”.
(monument historique nucléaire)
Le levage de la cuve en 1991
suscita un vif intérêt.
Les travaux de démantèlement requièrent
des vêtements de protection spéciaux.
SCK•CEN
44
1952-2002
1990
tous ses résultats de mesures et essaya d’expliquer le dossier aux groupes d’action. Le fait que la conduite
d’évacuation, qui à l’origine traversait uniquement le
territoire du SCK•CEN ou des terrains publics, se trouve
à présent suite à la vente de certaines terres dans le soussol de terrains privés, suscite un vif émoi. Le permis de
rejet a entre-temps été transféré à Belgoprocess et l’exposition maximum a été réduite à 1 mSv/an, d’après la
réglementation de 2001, et une attention accrue est
accordée au principe d’optimisation (ALARA, As Low As
Reasonably Achievable – aussi faible qu’il est raisonnablement possible d’atteindre). Actuellement, les rejets
effectués par Belgoprocess se limitent à une très faible
fraction (0,3 % en 2000) de la limite de rejet réduite.
En 1956 le SCK•CEN obtint un permis pour le rejet de
déchets radioactifs liquides dans la Nèthe de Mol, afin
d’évacuer de cette manière l’activité résiduelle qui n’avait
pas été retenue dans les installations d’épuration des unités de traitement des déchets. La loi prévoyait cependant
une limite de rejet qui était dérivée d’une éventuelle dose
maximum de 5 mSv/an pour les membres de la population. Dans l’esprit des années ’60 et ’70 cette capacité de
rejet était régulièrement entièrement utilisée, ce qui donna
lieu à une contamination mesurable sur les berges de la
Nèthe de Mol. Cette contamination était toutefois dans les
limites de l’exposition autorisée pour la population.
La diffusion de ces mesures environnementales suscita de
vives protestations parmi le public. Le SCK•CEN publia
La Nèthe de Mol (Photo Belgoprocess)
PME afin d’assister celles-ci dans des projets tels que la
gestion, le personnel, la qualité ou l’environnement.
Le SCK•CEN est par ailleurs membre actif de l’asbl
INNOTEK, l’association d’innovation établie dans la
“Technologiehuis van de Kempen” (maison de la technologie de la Campine) à Geel dont il fait partie du conseil
d’administration, ainsi que du “Kempens Bedrijvencentrum” (Centre d’entreprises de Campine) qui est
également situé à Geel.
Depuis les années 1989-1990, le SCK•CEN participe de
manière active au développement social et économique
de la région. Le Centre a commencé par s’affilier au
groupement d’intérêt “Strategisch Plan Kempen” (SPK)
qui s’est fixé pour objectif en 1988 de “faire de l’arrondissement de Turnhout une des régions les plus dynamiques d’Europe”. Un des moyens utilisés pour ce faire est
le projet PLATO, dans le cadre duquel le SCK•CEN, en
guise de parrainage, met des cadres à la disposition des
SCK•CEN
45
1952-2002
1991
sous la tutelle fédérale. La scission entraîna une diminution considérable de membres du personnel et de
l’expertise scientifique et technique, d’installations et de
moyens financiers pour la recherche nucléaire. Le
SCK•CEN lança cependant un programme de renouveau
et mit l’accent sur les expériences de sûreté des réacteurs
nucléaires, la recherche sur les déchets radioactifs, le
démantèlement et la radioprotection. Le Vito concentrerait
ses efforts sur la recherche sur l’environnement, l’énergie,
les ressources naturelles et les matériaux.
Le SCK•CEN fut scindé en deux par l’arrêté royal du 16
octobre 1991 (Moniteur Belge du 22 novembre 1991).
Les activités non nucléaires allèrent à la Région flamande,
qui avait constitué le Vito pour les recevoir. Vito signifie:
Vlaamse instelling voor technologisch onderzoek (Institut
flamand de recherche technologique). Déjà en 1989,
37 % des subsides nationaux furent transférés à la Région
flamande. Ce pourcentage représentait environ la part
des activités non nucléaires du SCK•CEN. Le Vito devint
donc régional et flamand, tandis que le SCK•CEN resta
Le Corps de Garde, l’entrée commune pour le personnel du SCK•CEN et du Vito
Le professeur Roger E. Van Geen (décédé en 1995), ancien recteur de la VUB et
président du Conseil national de la Politique scientifique, devient président du
Centre. Après la démission du président Van Vaerenbergh, Andries Kinsbergen,
gouverneur de la province d’Anvers, fut temporairement président faisant fonction.
SCK•CEN
46
1952-2002
1992
Dirk Frimout est le premier belge à s’envoler dans l’espace, le 24 mars
1992, à bord de la navette spatiale américaine Atlantis. Dirk Frimout visita
le Centre le 14 novembre 1994.
Depuis 1992, ce statut a permis au Centre, dans son
effort d’attirer de jeunes chercheurs prometteurs, d’engager 46 scientifiques, tous des chercheurs préparant leur
doctorat ou post-doctorat. 18 ACS ont déjà obtenu leur
grade, 5 d’entre eux ont opté pour une autre mission et
les autres travaillent avec ardeur à leur thèse de doctorat.
Le conseil d’administration du SCK•CEN avait instauré
le CSC, le Comité scientifique consultatif, et les CDC,
les Comités départementaux consultatifs, en 1987.
Ces organes consultatifs devaient assister la direction
dans la mise sur pied et l’orientation des programmes
scientifiques. Ils ont pour tâche d’aider à évaluer les activités et la production scientifiques. Le Centre compte en ce
moment trois CDC, le CDC déchets radioactifs et démantèlement, le CDC radioprotection et assainissement des
zones polluées et le CDC sûreté des réacteurs,
combustibles et matériaux de réacteurs. Le programme
des ACS, Aspirants Collaborateurs scientifiques, résulte
directement du fonctionnement de ces organes.
Le 20 avril 2001, le prix bisannuel Prof. Roger E. Van Geen a été
attribué à Kristiaan Temst de la KU Leuven.
(valeur : € 12 500) à un ouvrage fournissant une contribution originale ou permettant un progrès important dans
le domaine de la recherche nucléaire appliquée ou fondamentale. Chaque année, le Centre accorde des prix de
€ 1 500 et de € 1 000, respectivement pour le meilleur
mémoire d’université et d’école supérieure. Ces initiatives
constituent un complément aux actions relatives à
l’ “apprentissage à vie” ou à la “formation permanente”.
Le SCK•CEN organise sans arrêt des formations pour le
personnel propre ou assure des formations spécialisées à
l’extérieur. Le SCK•CEN organise des formations pour des
tiers, entre autres en collaboration avec l’AIEA ou la
Commission européenne. Citons comme exemples typiques la “international school for Radiological Protection
(isRP)” et les cours TC-OSEM (Training Course – Off-site
Emergency Management). La Commission européenne
vient d’accepter le projet ENEN (European Nuclear
Engineering education Network) du SCK•CEN. Ce projet
groupe 22 partenaires et vise à la mise sur pied d’une
formation européenne d’ingénieur nucléaire. Le
SCK•CEN a également pris des initiatives dans le domaine de la formation en radioprotection pour le diagnostic
et le traitement médical nucléaire. Ces dernières actions
sont surtout inspirées par les lois européennes récentes.
Au début, le CEAEN s’adressait surtout aux Américains
et, dans une moindre mesure, aux Anglais pour obtenir
des formations. Dès que les laboratoires et les réacteurs
furent construits, le SCK•CEN assura lui-même ses formations en organisant des stages pour les étudiants des universités et des écoles supérieures. Environ 300 étudiants,
dont la moitié en provenance de l’étranger, purent ainsi
suivre un stage en 1962. Le BR3 joua un rôle de première importance dans la formation du personnel d’exploitation des centrales électriques nucléaires belges et même
françaises. Les laboratoires et les réacteurs nucléaires,
avec leur recherche appliquée et des formations pratiques, constituaient un bon complément à la recherche
plutôt fondamentale réalisée à l’Institut interuniversitaire
de Physique nucléaire, qui deviendrait plus tard l’IISN,
et à la formation de base donnée aux universités et aux
écoles supérieures. A cette époque et au cours des décennies suivantes, plusieurs scientifiques du SCK•CEN étaient
chargés de cours aux universités. Au début des années
’90, le SCK•CEN lança un nouveau programme visant à
rajeunir le personnel et à assurer des formations, ceci en
tant que réaction aux vagues successives de mise à la
retraite. Tous les deux ans, le Centre décerne le “prix
scientifique SCK•CEN – Prof. Roger E. Van Geen”
SCK•CEN
47
1952-2002
1993
Le Roi Baudouin décéda le 31 juillet 1993 à Motril, en Espagne, des suites
d’un arrêt du cœur. Le 9 août, son frère, le prince Albert, prononça le serment en tant que sixième roi des Belges.
(Photo VUM)
Le SCK•CEN dispose de deux phases d’alarme nucléaire
interne: le “Site Emergency” (incident limité à une installation – pas de rejet) et le “General Emergency” (risques
de rejet ou rejet effectif dans l’environnement). A partir de
la phase “Site Emergency” les membres du Centre
Opérationnel de Site (le centre de crise du SCK•CEN) se
réunissent afin d’évaluer la situation. Les sirènes annoncent le “General Emergency”, suite auquel le personnel se
rassemble aux endroits prévus. Les responsables des
bâtiments transmettent au personnel les instructions en
provenance du Centre Opérationnel de Site. Le SCK•CEN
dispose également de plusieurs véhicules de mesure qui
permettent d’effectuer des mesures sur le lieu de
l’accident ou dans l’environnement.
Depuis le début, le SCK•CEN, en tant que première
grande institution nucléaire de Belgique, a toujours
accordé beaucoup d’attention à la mise sur pied
d’un plan d’urgence interne. Les buts de ce plan sont les
suivants:
1. L’engagement, la coordination et, éventuellement, le
renforcement des équipes d’intervention et des moyens
d’action sur place ou dans les environs immédiats de
l’accident, dans le but de limiter autant que possible les
conséquences pour le site et pour les environs;
2. Prévenir immédiatement les membres du personnel, les
travailleurs externes et les visiteurs présents sur le site
du SCK•CEN et du Vito;
3. Communiquer et transmettre tous les renseignements
nécessaires au Centre Gouvernemental de
Coordination et de Crise (CGCCR) et aux autorités
compétentes.
La cellule de mesure du SCK•CEN lors
d’un exercice de plan d’urgence à Chooz
L’efficacité du SCK•CEN a été démontrée lors d’incidents
tels que le naufrage du Mont-Louis au large de la côte
belge, mais surtout après la contamination du territoire
suite à l’accident du réacteur de Chernobyl. Un arrêté
royal approuvé en 1991 décrit l’organisation du Plan
d’urgence pour les accidents nucléaires ayant des conséquences pour le territoire de la Belgique. Le SCK•CEN
assume un certain nombre de tâches dans ce contexte.
Outre son rôle d’exploitant nucléaire, le Centre fait en
premier lieu office de conseiller au sein de “cellule
d’évaluation”. Cette cellule a pour tâche d’évaluer les conséquences d’un accident en se basant sur des données
techniques, des mesures et des calculs, et doit transposer
cette évaluation en un avis devant être formulé à une
commission de ministres. Celle-ci doit alors décider des
mesures de protection à prendre. Le Centre coordonne par
ailleurs en Flandre les équipes qui effectuent des mesures
sur le terrain. Le SCK•CEN peut envoyer des équipes de
mesure partout en Belgique et il dispose de laboratoires
performants et accrédités capables d’analyser en détail
SCK•CEN
des échantillons de nourriture ou de l’environnement.
En temps normal, en dehors des situations de crise ou des
exercices, le Centre collabore de manière constructive avec
les autorités, aux niveaux fédéral, provincial et local.
Ceci implique des séances de formation, un appui aux
campagnes d’information, la représentation de la Belgique
dans des organes consultatifs internationaux, etc.
Le SCK•CEN met également au point des modèles de
calcul par ordinateur destinés à évaluer le plus rapidement
possible les conséquences d’un accident, et cela souvent
même avant que le rejet n’ait eu lieu. Au niveau européen,
le SCK•CEN assume un rôle important dans la formation
de décideurs en organisant des cours en Belgique et à
l’étranger ou encore en rédigeant des manuels. Le Centre
fournit aussi une importante contribution à la recherche
européenne sur les systèmes informatiques devant appuyer la prise de décisions en cas d’urgence nucléaire.
48
1952-2002
1994
ensemble de directives internes bien réfléchies. On crée
ainsi le substrat idéal pour un processus d’amélioration
permanente.
Le succès de l’implémentation est reconnu depuis 1995
par des organisations externes telles que Beltest et l’OBC
(Organisation belge de Calibrage) pour les analyses
de routine et pour les calibrages suivant la norme
ISO 17025.
Pour ce qui concerne la gestion des connaissances (plus
de 1 000 procédures sont déjà établies), on dispose d’un
site Internet comme source d’information, de formation et
de communication pour le personnel. Ce système est à
présent également complété par un système automatique
de mesures correctrices et préventives pour des plaintes,
audits, …
Outre les avantages énumérés ci-avant, le système
d’assurance qualité a certainement déjà conduit à une
meilleure traçabilité des données, à une organisation
interne plus claire, à une culture d’entreprise plus ouverte et plus transparente, à une évaluation de l’organisation
interne et à une augmentation des connaissances techniques des méthodes de recherche et d’analyse.
Le système d’assurance qualité (QA - Quality Assurance)
du SCK•CEN est un système de gestion qui fut introduit
en 1993 dans trois laboratoires de routine, à l’instigation
de clients externes. Entre-temps le système est appliqué
dans une vingtaine de groupes, parmi lesquels non
seulement des laboratoires de routine, mais aussi des
laboratoires et projets de recherche, et également pour
les prestations de services et la production, telle que celle
du BR2.
Le but est d’assurer un niveau minimum de qualité pour la
production du SCK•CEN, qu’il s’agisse de publications
scientifiques, de résultats d’analyses ou encore de
produits tels que les radio-isotopes. Pour ce faire on établit un certain nombre de procédures et on élabore donc
le système du bas vers le haut, suivant le principe de la
tache d’huile, de manière à aboutir finalement à un
Le certificat ISO 17025
Ce réseau permettait de communiquer et de partager
la capacité de calcul avec d’autres centres de calcul.
Ce réseau a été remplacé par l’Internet en 1993.
Jusqu’au milieu des années ’80 il n’était pas question
d’un service informatique central; il y avait la section
Mathématiques appliquées, qui faisait partie du département Etudes de Réacteurs. Ce groupe, qui a développé de
nombreuses applications internes, comptait 32 personnes
à son apogée. Au moment de la scission, une grande
partie de l’informatique alla Vito. C’est pourquoi
le SCK•CEN mit sur pied le projet Infoplan qui devait
assurer la transition de l’ordinateur central à un réseau
informatique propre, à un vaste parc d’ordinateurs
personnels pour la bureautique et à la création d’un
propre service informatique. Quelques stations de travail
Unix sont encore utilisées et un Linux vient d’être mis en
service.
Le SCK•CEN utilise des ordinateurs depuis les années
’60. Le premier ordinateur central était un Ferranti.
Le Centre utilisait principalement des mini-ordinateurs
raccordés à des dispositifs scientifiques. En 1970 on
installa un ordinateur central qui servait aux calculs, aux
travaux administratifs et à la communication. 160 terminaux étaient raccordés à l’ordinateur central en 1990,
pour un total de 500 utilisateurs. Un réseau local de PC
remplaça l’ordinateur central début 1995.
De petits ordinateurs tels que le Commodore PET,
pour lequel le SCK•CEN avait conçu et commercialisé des
cartes d’extension, étaient déjà populaires avant
l’apparition des ordinateurs personnels. La percée de
l’ordinateur personnel fut assez lente au début: en 1990
le Centre n’en utilisait que 150. Aujourd’hui le parc informatique comprend 900 ordinateurs pour 600 utilisateurs.
Le SCK•CEN était raccordé au réseau EARN, le réseau
d’ordinateurs du monde académique et de la recherche.
SCK•CEN
49
1952-2002
1995
Le GIE PRACLAY fut constitué le 21 juin 1995. Le sigle
GIE signifie Groupement d’Intérêt économique, et
PRACLAY signifie Preliminary demonstration test for CLAY
disposal. Le SCK•CEN et l’ONDRAF ont créé cette entreprise commune afin d’incorporer le projet PRACLAY dans
l’extension du laboratoire souterrain. Le but est
de démontrer les aspects techniques et opérationnels du
concept de stockage de déchets de haute activité et de
longue demi-vie, et de construire une installation pilote en
tant que modèle pour une exploitation industrielle.
Le laboratoire HADES existant reçoit un puits complémentaire ainsi qu’une galerie de communication et on
construira une galerie PRACLAY et un hall de démonstration avec maquette. Les statuts du GIE PRACLAY ont été
modifiés le 18 décembre 2000. La principale modification, à côté d’une plus grande autonomie et quelques
modifications techniques des statuts, réside dans la
nouvelle raison sociale: GIE EURIDICE. Ce sigle signifie
European Underground Research Infrastructure for
Disposal of nuclear waste in Clay Environment.
Le groupe gère dorénavant l’infrastructure souterraine et
de surface qui comprend la première et la seconde
galerie de HADES (le laboratoire et le puits d’essai),
la galerie de communication et la galerie PRACLAY.
La deuxième galerie
fut réalisée en 1999
et la galerie de
communication sera
achevée cette annéeci.
Le
projet
PRACLAY prévoit une
longue phase de
réchauffement et de
refroidissement. Le
rapport final est prévu
pour l’an 2015. La
photo montre le puits
d’accès d’EURIDICE.
Fin 1994, après une crise mondiale pour l’acquisition de
molybdène 99 (99Mo), le radio-isotope le plus utilisé en
médecine nucléaire, la firme IBA (Ion Beam Applications,
Louvain-la-Neuve) proposa de produire du 99Mo au
moyen du concept ADS (Accelerator Driven System).
IBA demanda au SCK•CEN de se charger du concept du
noyau sous-critique de cet ADS et de déterminer sa
performance. Le Centre décida en 1995 de devenir
partenaire du projet et de prendre pour son compte la
conception du noyau sous-critique et de la source de
spallation. Ce nouveau système de production de radioisotopes recevra le nom de ADONIS – Accelerator Driven
Operated New Isotope System. IBA se chargerait de
la réalisation de l’accélérateur de particules. L’étude
de faisabilité conclut en 1997 que ADONIS serait en
mesure de produire la moitié de la demande mondiale
de 99Mo.
Paul Govaerts est le nouveau
directeur général.
SCK•CEN
Jean-Marie Streydio, professeur à l’UCL, fut nommé
président faisant fonction
après le décès du professeur
Roger E. Van Geen.
50
L’année suivante il sera
remplacé par Frank Deconinck,
professeur à la VUB.
1952-2002
1996
Le chargement de la nouvelle matrice de
béryllium dans BR2
Après le remplacement de la matrice, en 1979-1980, une
nouvelle révision du réacteur BR2 s’imposait. La matrice
de béryllium devait de nouveau être remplacée. Tout au
long de son fonctionnement, divers matériaux et structures du réacteur se fragilisent sous l’effet des radiations.
Le pressuriseur du BR2 est examiné sous toutes ses coutures quant à la fragilisation, la fatigue de l’acier,
la résistance et la corrosion, et ce au moyen de différents
essais tels que l’inspection visuelle par caméra et les ultrasons.
Il est bien connu que sous l’effet du rayonnement
neutronique les matériaux de structure subissent des
modifications microstructurelles qui ont un impact sur
leurs propriétés mécaniques. Le département Recherche
des matériaux de Réacteur (RMR) étudie le comportement
des matériaux de réacteur afin de garantir l’intégrité de
chaque composant au cours du fonctionnement du réacteur. La cuve du réacteur est le composant qui reçoit
le plus d’attention étant donné qu’il s’agit du seul composant qui ne peut être remplacé. Chaque réacteur de
puissance en Belgique dispose d’un programme de
surveillance qui permet de suivre les dégâts de la cuve
induits par les neutrons. Les capsules de surveillance sont
testées et évaluées dans le Laboratoire de haute et de
moyenne activité (LHMA) où l’on dispose des techniques
modernes d’essai et de recherche, tant avant qu’après
l’irradiation. Outre les programmes de surveillance,
le département RMR effectue également des activités de
recherche axées sur la compréhension physique des
dégâts d’irradiation. L’expérience et l’expertise acquises
grâce à ces activités de recherche peuvent ensuite être
appliquées dans les programmes de surveillance.
Le démantèlement du réacteur BR3 a entre autres permis
au département RMR d’examiner de l’acier en provenance d’un vrai pressuriseur. Les laboratoires du SCK•CEN
pour la recherche de matériaux de réacteur et pour la
dosimétrie des réacteurs ont obtenu en 1998 un certificat
d’accréditation qui est utilisé dans le cadre des programmes de surveillance des centrales nucléaires belges.
Le SCK•CEN entrepose temporairement ses
déchets radioactifs non conditionnés dans des
conditions sûres dans la Centre de Stockage
Temporaire (CST), en attendant leur évacuation en
vue d’être traités. La CST est équipée de divers
locaux pour la décontamination, la réduction et
la caractérisation de matières et de déchets radioactifs.
SCK•CEN
51
1952-2002
1997
Le Club-House fut un des premiers bâtiments à caractère social à être construit.
C’était en premier lieu un hôtel pour les personnes qui effectuaient un bref séjour
au Centre. Le Club-House dispose en outre d’un restaurant et de salons.
L’inauguration eut lieu le 17 avril 1958, le même jour que l’ouverture de l’Exposition
universelle. Le Club-House fut entièrement rénové en 1997 et un nouvel auditoire
fut ajouté.
examine la mortalité par cancer de tous les travailleurs
qui au cours de la période de 1953 à 1994 ont figuré
pendant plus de 1 mois aux registres du personnel du
SCK•CEN, de Belgoprocess, BELGONUCLEAIRE et
Electrabel (centrales nucléaires de Doel et de Tihange).
Cette étude-ci devra elle aussi être poursuivie, mais il
ressort de l’analyse actuelle que les hommes ont une mortalité totale inférieure (toutes causes de décès comprises)
et une mortalité par cancer inférieure à celle de la population masculine belge en général. Pour les femmes
la mortalité ne présente pas de différence significative par
rapport à la population générale. On ne note pas non
plus d’augmentation de la mortalité par leucémie, mais
en fait le nombre de cas n’est pas assez important pour
une analyse statistique convenable. L’Organisation
mondiale de la Santé espère pouvoir publier cette annéeci l’analyse globale de quelque 500 000 travailleurs du
secteur nucléaire repris dans cette étude qui porte sur le
monde entier.
Le SCK•CEN effectue depuis de nombreuses années de la
recherche sur la “mortalité due au cancer dans la région”
des installations nucléaires de Mol-Dessel. Cette recherche a débuté en 1990 suite à des rumeurs qui circulaient
à cette époque à propos d’un plus grand nombre de
cancers - initialement il était question de leucémie - dans
la région. En collaboration avec l’Institut national de la
Statistique, le Centre a examiné la mortalité due au cancer parmi les habitants des communes de Mol, Geel,
Dessel, Retie et Balen pour la période allant de 1969 à
1992 compris. Contrairement aux rumeurs qui circulaient, on ne constata pas d’augmentation de la mortalité
due au cancer dans la région. Cette étude sera encore
étendue dans les années à venir. Le SCK•CEN coordonne
également le volet belge du projet international de
recherche de l’Organisation mondiale de la Santé (WHO
– World Health Organisation - International Agency for
Research on Cancer) relatif à la “mortalité par cancer
parmi le personnel du secteur nucléaire”. Le SCK•CEN
Mortalité par cancer dans les environs du site nucléaire de Mol-Dessel au cours de la période 1969-1992.
Le rapport du nombre de décès et du nombre normalement attendu, se situe entre les limites suivantes avec une
fiabilité de 95 % :
Type de cancer
Sexe
Tous types
Masc.
Fém.
Masc.
Fém.
Masc.
Fém.
Masc.
Fém.
Fém.
Leucémie
Poumon
Thyroïde
Poitrine
Nombre de décès
attendu
2794,56
1715,15
80,91
57,94
1013,23
100,47
4,85
9,17
361,62
Nombre de décès
enregistrés
2585
1501
61
45
1070
69
6
11
278
SMR
95% IF
92,50
87,51
75,39
77,67
105,60
68,68
123,71
119,96
76,88
89-96
83-92
58-97
57-104
99-112
53-87
45-269
60-215
68-86
SMR = standardized mortality ratio
95% IF = 95% intervalle de confiance
SCK•CEN
52
1952-2002
1998
Le sculpteur Panamarenko reçoit le prix J.C. Van Lanschot de sculpture pour l’ensemble de son œuvre. Panamarenko
transpose dans ses sculptures - avions, véhicules, engins spatiaux - sa fascination pour les lois de la nature, pour les mouvements des insectes et des animaux, pour les éléments de la nature et les sources d’énergie. Il développa un langage
propre qui s’apparente aux sciences.
Les thèses de doctorat et de post-doctorat ont pour thème:
le développement durable, l’éthique transgénérationnelle,
la sécurité et la communication, la perception du risque,
les données économiques des accidents, les aspects
juridiques, … Les projets ont pour but de traiter intégralement, en se servant des sciences humaines et sociales,
les problèmes complexes qui se présentent dans la recherche nucléaire. L’encouragement de la recherche transdisciplinaire doit stimuler le dialogue avec la société et la
collaboration avec les universités pour ce qui est des
disciplines sociales.
Le SCK•CEN prit l’initiative en 1998 d’intégrer les sciences sociales et humaines dans son programme de recherche et incita les universités à collaborer à ces projets.
Le Centre engagea plusieurs jeunes chercheurs ayant
suivi des études de philosophie, de psychologie, de droit,
d’économie, de sciences de la communication, … Des
professeurs d’université et d’autres experts participent
aux projets. Deux importants groupes de travail, composés de jeunes chercheurs, de collaborateurs du SCK•CEN
et d’experts externes, examinent les aspects éthiques de la
radioprotection ainsi que le rôle et la culture des experts
(en particulier les experts nucléaires).
Les nouveaux laboratoires du
groupe Corrosion, situés dans le
bâtiment Technologie, furent
inaugurés le 7 octobre 1998.
SCK•CEN
53
1952-2002
1999
La crise des dioxines entraîna la destruction de centaines de millions de poulets, œufs et produits dérivés, ce qui se traduisit par des rayons vides dans les magasins.
cation. Grâce à l’apport externe de neutrons de spallation, le système permet en outre d’effectuer de la recherche sur la destruction de déchets radioactifs de longue
demi-vie (transmutation). Fin 2002 il faudra décider du
démarrage éventuel du concept technique détaillé, afin
que l’installation puisse être construite et être opérationnelle vers 2010. Le développement et l’utilisation de
MYRRHA permettront la formation d’une nouvelle
génération de chercheurs, qui sont indispensables pour
l’avenir, peu importe les choix
politiques et économiques.
Après l’achèvement du projet ADONIS, en 1998, le
SCK•CEN lança l’étude de faisabilité du projet MYRRHA.
Le développement du projet préalable débuta en 1999,
pour une période de 3 ans, et est appuyé par un solide
programme de R&D qui jouit d’une reconnaissance internationale. Le projet vise le remplacement du réacteur BR2
tout en étendant ses applications, ce qui est possible
grâce aux flux neutroniques et énergétiques plus élevés.
Ces applications ont trait aux études expérimentales
concernant la sûreté des réacteurs, aux applications
médicales et à la résistance aux radiations des matériaux
destinés aux applications spatiales et à la télécommuni-
MYRRHA est un ADS (Accelerator Driven System) et comporte les éléments
suivants:
• Un accélérateur de protons puissant et innovateur (350 MeV / 5 mA) qui sera mis
au point par IBA (Louvain-la-Neuve), le leader mondial du marché des accélérateurs;
• Une “source de spallation” dans laquelle se forment des neutrons suite à la réaction des protons avec un alliage liquide de plomb-bismuth. Le SCK•CEN se
chargera de réaliser ce défi;
• Un multiplicateur neutronique sous-critique composé de matières fissiles (uranium
et plutonium), dans lequel les neutrons de spallation sont multipliés par fission
nucléaire (SCK•CEN). Le grand avantage réside dans le fait que la production de
neutrons s’arrête quand le flux protonique est interrompu.
Le SCK•CEN a revu ses objectifs stratégiques au seuil du
XXIe siècle. Sa nouvelle mission est formulée comme suit:
“Dans une perspective de développement durable,
le SCK•CEN contribuera au moyen de recherche et de
développement, de formations, de communication et de
services, aux innovations dans le domaine de la sûreté
nucléaire et de la radioprotection, des applications
industrielles et médicales des radiations et de la fin du
cycle du combustible.”
L’horizon du SCK•CEN ne se limite pas aux aspects
scientifiques ou technologiques mais englobe tous les
problèmes sociaux liés à sa mission. Dans l’avenir,
l’accent sera mis de plus en plus sur les aspects socioéconomiques, éthiques, psychologiques, juridiques, …
Le résultat des activités du SCK•CEN ne sera pas
uniquement diffusé au moyen de rapports et de communications scientifiques mais également, et dans une
plus grande mesure qu’auparavant, par la voie de symposiums et de communications et formations générales.
SCK•CEN
Les thèmes stratégiques retenus ont été reformulés:
• Sûreté des réacteurs: physique du réacteur, matériaux
et instrumentation;
• Projet MYRRHA: source neutronique polyvalente;
• BR2: un des réacteurs de recherche les plus per
formants du monde;
• Stockage des déchets radioactifs: la “maîtrise” de
l’argile;
• Acquérir une expertise internationale en assainissant
ses propres installations;
• Radioprotection: l’accès à la recherche de haut
niveau, au service des autorités et de l’industrie;
• Safeguards: un appui scientifique à l’engagement
belge et international;
• Applications médicales des radiations: diversifier
notre savoir-faire au service de la santé publique;
• Aspects sociaux: les problèmes nucléaires en tant que
défi pour le monde académique;
• Communication, information et formation, transparence pour les générations actuelles et futures.
54
1952-2002
2000
En 1999, le ministère des Affaires économiques chargea
la Commission AMPERE (Commission pour l’Analyse des
Moyens de Production d’Electricité et la Réévaluation des
vecteurs Energétiques) de “formuler des recommandations et des propositions quant aux choix futurs en matière de production d’électricité, afin que ces choix concordent avec les besoins de la société, de l’économie et de
l’environnement du XXIe siècle”. Cette commission comptait 16 membres, des représentants des organisations
universitaires et scientifiques du pays, dont Jean-Marie
Streydio, président faisant fonction du SCK•CEN en
1995, et Ernest Mund, président de la Commission scientifique départementale (CSD) pour la sûreté des réacteurs,
matières fissiles et matériaux de réacteurs. La commission
accorda une attention toute particulière à un éventuel
abandon graduel de l’énergie nucléaire, aux moyens
disponibles pour maîtriser la demande d’électricité, et à
la nécessité de développer des sources d’énergie renouvelables.
La commission a remis son rapport en novembre 2000 au
ministre ayant l’énergie dans ses compétences. Un des
neuf groupes de travail spécialisés avait l’énergie électrique pour thème et a formulé un certain nombre de recommandations quant à la production d’énergie électrique
nucléaire et quant à l’abandon de l’énergie nucléaire.
Si les centrales nucléaires sont arrêtées après une durée
de vie de 40 ans, comme stipulé dans la déclaration du
gouvernement du 7 juillet 1999, la commission a constaté que la première centrale ne serait arrêtée qu’en 2015
et que la Belgique abandonnerait définitivement l’énergie
nucléaire en 2025. La commission estime que pour
garantir la sûreté opérationnelle du secteur électronucléaire et la sécurité de la population et la santé publique,
il est nécessaire de maintenir le potentiel scientifique et
technologique à un certain niveau. Ceci implique que
la recherche et le développement dans le domaine du
nucléaire doivent être poursuivis. La commission est par
ailleurs d’avis que l’option de l’électronucléaire doit être
conservée dans un contexte où les hydrocarbures, dont le
gaz naturel, deviennent de plus en plus chers, tout en
considérant que l’exploitation de l’énergie nucléaire ne
produit pas de gaz à effet de serre.
ENERGIE NETTE PRODUITE PAR SOURCE D’ÉNERGIE
EVOLUTION 1961-2000
Centrales
hydrauliques
Combustibles
gazeux
Combustibles
liquides
(Photo FPE - Fédération professionnelle des
producteurs et distributeurs d’électricité de
Belgique)
Combustibles
solides
et autres
Combustibles
nucléaires
Dessel, Doel, Tihange, Fleurus et aux communes qui
seraient éventuellement intéressées. MONA et STOLA, et
les habitants, examinent, en accord avec l’ONDRAF,
la faisabilité d’un stockage éventuel de déchets de faible
activité dans leur commune. Les asbl élaborent un projet
intégré qui, pour le stockage proprement dit, englobe
aussi les aspects sociaux. S’il ressort de l’étude que
la commune peut héberger les déchets de faible activité et
de courte demi-vie, il se pourrait que la population
accepte le stockage. Si par contre MONA et STOLA décident que le stockage n’est pas suffisamment sûr, ou n’est
pas techniquement ou socialement faisable, le projet sera
revu ou arrêté.
Les asbl MONA (Mols Overleg Nucleair Afval –
Concertation de Mol relative aux déchets nucléaires) et
STOLA (Studie- en Overleggroep Laagactief Afval, Dessel
- Groupe d’étude et de concertation Déchets de faible
activité, Dessel) sont des partenariats entre l’ONDRAF et
respectivement les communes de Mol et de Dessel. Ces
deux asbl ont pour mission d’examiner si le stockage de
déchets de faible activité et de courte demi-vie est techniquement faisable et socialement acceptable dans leurs
communes. La population locale est consultée par ces asbl.
Le gouvernement décida en 1998 que l’ONDRAF devait
limiter les études relatives au stockage des déchets de
faible activité aux sites nucléaires existants de Mol,
SCK•CEN
55
1952-2002
2001
La date du 11 septembre 2001 restera gravée dans la mémoire de chacun comme le
jour où 2 avions percutèrent les gratte-ciel du WTC à New York.
(Photo Reporters AP)
Les missions des militaires belges dans les Balkans ont été
précédées de contacts entre le Service médical de
l’armée, la AFCN et le SCK•CEN à propos des mesures
préventives à prendre contre une exposition éventuelle.
Le SCK•CEN a également analysé quelque 4 000 échantillons d’urine de ces militaires belges. Aucune analyse
n’a révélé une assimilation éventuelle d’uranium
appauvri.
Le syndrome du Golfe ou des Balkans regroupe un
ensemble de symptômes pathologiques, tels que maux de
tête, maladies de la peau, immunodéficience, fatigue
chronique, … observés chez les militaires ayant effectué
des missions dans ces régions. Il n’est pas prouvé jusqu’à
présent que ces militaires auraient plus de problèmes de
santé que la normale statistique, ni qu’il y aurait un rapport entre les symptômes et des expositions éventuelles,
en premier lieu à l’uranium appauvri.
L’uranium appauvri est utilisé par exemple comme
matériau de blindage pour des sources de radiothérapie
dans les hôpitaux, comme contrepoids dans entre autres
les volets du gouvernail et des ailes de certains avions,
dans la quille de bateaux et, en tant qu’application
militaire, pour le blindage des chars et dans la tête de
projectiles devant percer des blindages épais.
Mesures d’uranium appauvri au Kosovo
(Photo EPA – Belga/V.Xhemaj)
La bibliothèque du SCK•CEN fut créée en 1953 afin de mettre à
disposition du personnel la littérature nucléaire en provenance du
monde entier. L’article 4 des statuts du SCK•CEN mentionne en
effet depuis le début la tâche de “rassembler et de conserver de
la documentation scientifique et technique”. La bibliothèque a
également rempli le rôle de bibliothèque nucléaire nationale; elle
possédait une importante collection scientifique pouvant être
consultée par les nouvelles entreprises nucléaires, les universités
et les autorités. La bibliothèque fut commune avec le Vito
jusqu’en 2001. La partie du SCK•CEN déménagea en février vers
un autre bâtiment. Aujourd’hui la bibliothèque répond à un
concept plus vaste de gestion de l’information et des connaissances. Les réseaux Internet et Intranet permettent l’accès “on the
desk” à l’information souhaitée.
SCK•CEN
56
1952-2002
2002
Les applications de plus en plus nombreuses des radiations ionisantes, même en dehors de la production
d’énergie nucléaire, requièrent une expertise en radioprotection basée sur la recherche, entre autres en vue de
fournir un soutien à l’AFCN (Agence Fédérale pour
le Contrôle Nucléaire).
Comme annoncé dans notre plan stratégique, nous poursuivrons notre diversification dans le domaine nucléaire,
vers les applications médicales, la formation, les aspects
sociaux, l’espace, … L’avenir à long terme sera toutefois
déterminé dans une grande mesure par le rôle que
la société et l’industrie accorderont à l’énergie nucléaire
basée sur le fission nucléaire ou sur la fusion nucléaire.
La vie quotidienne au Centre sera fort influencée par
l’avenir qu’auront nos grandes installations. Nous espérons que MYRRHA deviendra un dispositif européen pour
la recherche future de sûreté et pour la production de
radio-isotopes, entre autres pour le compte de l’IRE
(Institut des Radio-éléments).
Le monde d’aujourd’hui, et probablement celui de
demain, est confronté au grand défi posé par les
questions concernant le développement durable.
Le SCK•CEN souhaite utiliser pleinement ses capacités
dans le rôle qui correspond le plus mieux à ses statuts et
ses compétences de base.
Le SCK•CEN est au service de la société et de l’industrie.
Le programme futur sera déterminé par la volonté démocratiquement exprimée de la société et par les besoins de
l’industrie, auxquels le SCK•CEN, grâce à son personnel
et à son infrastructure, peut répondre.
Au cours des années ’50 les autorités et l’industrie belge
optèrent pour le nucléaire, et le SCK•CEN a aidé à concrétiser ce choix. L’industrie nucléaire acquit une maturité
au cours des années ’70 et les moyens du Centre s’orientèrent de plus en plus vers des activités technologiques
non nucléaires. Le Vito (Vlaamse instelling voor technologisch onderzoek – Institut flamand de recherche
technologique) témoigne encore toujours du succès de
cette opération.
Suite à l’accident de Chernobyl, la priorité fut accordée à
la recherche relative à la sûreté nucléaire et cette priorité
continuera probablement à déterminer le programme du
SCK•CEN pour les décennies à venir. Même après l’arrêt
des centrales nucléaires belges, une connaissance approfondie des matières fissiles et des matériaux de réacteurs
restera essentielle. Le dossier relatif au stockage des
déchets radioactifs et au démantèlement en toute sécurité
des anciennes installations sera traité, étape par étape,
en collaboration avec l’ONDRAF (Organisme national
des Déchets radioactifs et des Matières fissiles).
Vue aérienne actuelle du SCK•CEN à Mol
Le siège social actuel à Bruxelles
SCK•CEN
57
1952-2002
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