Les fluoroses des dents antérieures

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Les fluoroses des dents antérieures
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ROZEL
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
Année 2012
THESE
N°
2012
LYO 1D
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le :
3 Mai 2013
Rozel Damien
Né le 4 Mai 1987, à Montélimar (26)
_____________
Les fluoroses des dents antérieures.
______________
JURY
Mr. MORRIER Jean-Jacques
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Mme. SEUX Dominique
Assesseur
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Assesseur
ROZEL
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Mr. MORRIER Jean-Jacques
Professeur des Universités à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Maître en Biologie Humaine
Docteur de l'Université Lyon I
Habilité à Diriger des Recherches
Responsable de la sous-section Odontologie Pédiatrique
Nous souhaiterions vous faire part de tous nos remerciements pour avoir accepter la
présidence de cette thèse. Merci de nous avoir accompagné durant ces années au centre de
soins, de nous avoir transmis et partagé votre savoir et votre expérience.
ROZEL
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Mme SEUX Dominique
Professeure des Universités à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Lyon I
Habilitée à Diriger des Recherches
Responsable de la sous-section Odontologie Conservatrice - Endodontie
Vice-Doyen à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Votre sympathie nous a accompagné tout au long de notre cursus, des premiers
travaux pratiques à la faculté jusqu'au centre de soins. Vous êtes restés disponible et à
l'écoute, prodiguant conseils et recommandations, toujours dans un soucis de rigueur et
d'efficacité. Pour tout cela nous sommes honorés de vous compter parmi les membres du jury
et souhaiterions vous témoigner toute notre reconnaissance et tout notre respect.
ROZEL
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Mme. LUCCHINI Marion
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Lyon I
En premier lieu, nous tenons à vous remercier d'avoir accepter la direction de cette
thèse. Nous voudrions également vous exprimer toute notre gratitude pour votre écoute, vos
conseils et votre sympathie durant ces années passées à la faculté et au centre de soins. Merci
de nous avoir guidé avec patience et méthode pour la réalisation de ce travail.
ROZEL
(CC BY-NC-ND 2.0)
Mr. MARIN Renaud
Assistant hospitalo-universitaire au CSERD de Lyon
Docteur en Chirurgie Dentaire
Nous aimerions vous remercier de votre gentillesse et de votre humour ainsi que de la
disponibilité dont vous faite preuve vis à vis des étudiants. Nous vous remercions de l'honneur
que vous nous faites en siégeant parmi notre jury.
ROZEL
(CC BY-NC-ND 2.0)
Remerciements
A mes parents et à mon frère, pour leur amour et leur soutient. Pour les valeurs que
vous m'avez transmis, la liberté et la confiance que vous m'avez toujours accordé. Merci.
Un grand merci à Christiane et Pierre, Dominique et Christian, pour votre affection,
votre présence et votre soutient durant ces années passées à Lyon.
Une dédicace spéciale à Nelly et tous les moments partagés, dans le travail et dans les
rires. Et pour tous ceux à venir.
A ma famille, à qui je voudrais témoigner tout mon attachement et toute mon
affection.
Pour mes amis d'enfance, qui me connaissent si bien. Amélie, Remy, Charlotte,
Caroline, Florian, Vincent, Willy et tous ceux que je ne pourrais citer. Merci de votre
présence et de l'énergie que vous m'offrez.
A tous mes amis Lyonnais, toutes les personnalités formidables rencontrées durant ces
années dentaires. Lucile, Sonia, Delphine, Julie, merci pour tous les moments que nous avons
partagé. Victor, Jérémy pour votre simplicité et votre humour. Charlotte et Lauréliane pour
votre énergie et votre bonne humeur.
Merci à vous tous et à tous ceux avec qui j'ai pu partager tous les bons moments de la
vie étudiante, la faculté et le centre centre de soin.
ROZEL
(CC BY-NC-ND 2.0)
LES FLUOROSES DES DENTS ANTERIEURES
Introduction
p1
1. LES FLUOROSES DENTAIRES
1.1 Définitions
p3
p3
1.1.1 La fluorose dentaire
p3
1.1.2 Le fluor
p4
1.2 Étiologie
p4
1.2.1 Généralités
p4
1.2.2 Les sources de fluor
p5
1.3 Histologie
p8
1.4 Caractéristiques cliniques et classification
p9
1.4.1 Diagnostic
p9
1.4.2 Classification
p9
1.4.2.1 Classification de Dean
1.5 Épidémiologie
p9
p 13
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(CC BY-NC-ND 2.0)
1.5.1 Zones endémiques
p 13
1.5.2 Politiques de fluoration
p 14
2. TRAITEMENTS DES FLUOROSES ANTERIEURES
p 16
2.1 L’éclaircissement dentaire
p 16
2.1.1 Définition et principes thérapeutiques
p 16
2.1.1.2 Les agents éclaircissants
p 16
2.1.2 Indications et contre-indications de l'éclaircissement
dans le traitement des fluoroses
p 18
2.1.2.1 Indications
p 18
2.1.2.2 Contre-indications
p 19
2.1.3 Techniques et protocoles
p 19
2.1.4 Résultats et discussion
p 20
2.2 La micro-abrasion et l'améloplastie
p 21
2.2.1 Définition et principes thérapeutiques
p 22
2.2.2 Indications et contre-indications de la micro-abrasion et
de l'améloplastie dans le traitement des fluoroses
p 22
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.2.2.1 Indications
p 22
2.2.2.2 Contre-indications
p 23
2.2.3 Techniques et protocoles
p 23
2.2.4 Résultats et discussion
p 24
2.3 Les facettes céramiques
p 25
2.3.1 Définition et principes thérapeutiques
p 25
2.3.2 Indications et contre-indications des facettes céramiques
dans le traitement des fluoroses
p 25
2.3.3 Techniques et protocoles
p 26
2.3.4 Résultats et discussion
p 27
3. PREVENTION DES FLUOROSES
p 28
3.1 Prévention collective
p 29
3.2 Prévention individuelle
p 30
Conclusion
p 33
Bibliographie
p 34
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Introduction
L'action protectrice du fluor contre la carie dentaire est connue depuis une
cinquantaine d'année et il est devenu depuis, l'un des éléments essentiels dans la prévention et
l'hygiène bucco-dentaire. Les fluorures sont omniprésents, dans l'eau de boisson, les pâtes
dentifrice, le sel de table, le lait, l'alimentation ou les compléments fluorés. Si depuis les
années 70, son utilisation a fait régresser l'incidence de la carie dentaire dans les pays
industrialisés, cette dernière décennie a vu s'accroître le nombre de fluoroses dentaires de
faible sévérité, auxquelles il faut ajouter les fluoroses endémiques, qui touchent des dizaines
de millions de personnes dans le monde. La fluorose dentaire peut parfois représenter un
préjudice esthétique majeur par son impact sur la couleur et l'aspect de surface de l'émail
dentaire. Dans une société centrée sur l'image, les notions d'apparence et d'esthétique
importent plus que jamais. L'explosion de la demande esthétique gagne depuis plusieurs
années les domaines de la dentisterie. Face à cette demande croissante, les patients atteints
d'une fluorose sont bien évidemment les premiers à pouvoir bénéficier des traitements
esthétiques conservateurs.
Il nous apparaît important dans un premier temps de faire le point sur le fluor, les
fluoroses et sur les données recueillies depuis les premières études menées par Black au début
du siècle dernier. La connaissance des multiples sources de fluor, ses effets sur l'organe
dentaire, sont autant d'éléments indispensables à la compréhension de ces pathologies, à leur
classification et à leur prise en charge thérapeutique.
Par la suite, nous développerons les techniques dont nous disposons actuellement pour
répondre à la demande esthétique des patients atteints de fluorose. Les protocoles que nous
exposerons s'inscrivent dans une évolution des produits et des matériaux qui offrent des
possibilités thérapeutiques peu invasives. L'analyse clinique et le degré d'atteinte des dents
antérieures orienteront le praticien vers la mise en œuvre d'un traitement allant de
l'éclaircissement dentaire aux facettes céramiques, en passant par des techniques d'
améloplasties et de micro-abrasion.
1
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Notre troisième partie sera consacrée aux moyens à mettre en place pour prévenir ou
limiter les risques de survenue des fluoroses dentaires. Nous évoquerons les recommandations
émises par les autorités sanitaires à ce sujet, ainsi que les mesures qui en découlent et leur
mise en œuvre, au niveau individuel et collectif.
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1. LES FLUOROSES DENTAIRES
1.1 Définitions
1.1.1 La fluorose dentaire
La fluorose dentaire est une dysplasie causée par une intoxication chronique au fluor.
Elle a été étudiée pour la première fois au début du XXème siècle, notamment par Black et
McKay qui ont décrit et analysé ces «dents tachetées» chez des patients vivant dans la région
des montagnes Rocheuses aux États-Unis.
Cette anomalie se définit histologiquement par une hypominéralisation de sub-surface
de l'émail dentaire, qui intéresse majoritairement les dents définitives. Les lésions structurales
dites pré-éruptives des fluoroses sont l'expression clinique d'une perturbation de la
minéralisation dentaire, survenue suite à une ingestion chronique trop importante de fluor
durant l'odontogénèse (Pendrys, 1999). La période à risque s'étend donc sur toute la durée de
la formation des germes dentaires, allant du troisième mois in utero pour la denture
temporaire, jusqu'à l'âge de 12 ans environ pour la denture définitive. Les atteintes varient en
fonction des doses de fluor absorbées et du stade de minéralisation des dents, pendant la
période concernée par le surdosage en fluor.
Ainsi différents degrés de fluoroses sont définis en fonction de la sévérité de l'atteinte
clinique. Ces lésions polymorphes peuvent prendre l'aspect de taches blanches et lisses plus
ou moins étendues sur l'émail, à des zones brunes présentant un relief irrégulier (Ritter, 2005).
L'action du fluor sur l'apparence clinique des structures minéralisées se limite à la
période d'histogenèse de la dent. Il existe une action topique post-éruptive des fluorures qui
est plus réduite et qui présente un effet bénéfique démontré sur le risque carieux. Le rôle des
fluorures dans la maturation secondaire post-éruptive de l'émail se caractérise par des
échanges ioniques et des remaniements structurels de l'émail superficiel. Par des échange avec
les fluorures contenus dans les fluides de la cavité buccale, des ions fluorures se substituent
aux ions hydroxyles de l'émail transformant les cristaux d'hydroxyapatite en cristaux de
fluoroapatite. Ces derniers augmentent la résistance de la trame cristalline et la rendent moins
sensible aux attaques acides.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
La fluorose dentaire représente la première manifestation clinique d'une intoxication
chronique au fluor. D'autres atteintes sont constatées pour des intoxications plus sévères, tels
que des problèmes articulaires dus aux dépôts de fluor sur les articulations, ou encore des
fluoroses osseuses, donnant des transformations squelettiques à des degrés variables.
1.1.2 Le fluor
Le fluor est un élément chimique de symbole F, numéro atomique 9 et poids atomique
19. Il est le premier élément de la famille des halogènes dans la classification de Mendeleïev.
Il est également le plus électronégatif de tous les éléments. Ces propriétés le rendent très
réactif et lui confère la capacité de créer des lésions covalentes bipolaires par attraction
électronique. Élément chimique abondant de la croûte terrestre (17ème rang), il existe
essentiellement sous des formes ioniques appelées fluorures, ou des formes conjuguées, lié à
d'autres éléments, formant ainsi des complexes fluorés. On le retrouve dans les sols et les
eaux, dont les concentrations sont extrêmement variables d'une zone géographique à l'autre.
1.2 Étiologie
1.2.1 Généralités
La sensibilité au fluor s'étend du début de la vie fœtale jusqu'à l'âge de 12 ans. Ainsi
toute surexposition entre l'âge de 4 mois à 4 ans, période de minéralisation des dents
antérieures, engendrera un risque majeur d'atteinte de ces dernières et un préjudice esthétique
direct.
Lorsque l'on aborde le problème des lésions fluorotiques, leur origine peut paraître
évidente et liée à une absorption trop importante de fluor ou autres fluorures durant les
périodes de minéralisation de l'émail dentaire. Cependant, cette donnée communément admise
se doit d'être mesurée par l'analyse des multiples sources de fluor existantes, afin de définir un
paramètre essentiel dans l'apparition des lésions, à savoir la dose journalière de fluor
absorbée.
La sévérité des atteintes est modulée par des facteurs qui modifient la distribution du
fluor dans l'organisme. Il s'agit de l'âge, de la durée de l'exposition aux fluorures, le poids,
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(CC BY-NC-ND 2.0)
l'activité physique, des facteurs nutritionnels ou encore la croissance osseuse et l'insuffisance
rénale. Le régime alimentaire est aussi un élément qui influe sur la sévérité des atteintes.
L'absorption de protéines limite l'aggravation des fluoroses et cette dernière peut être d'autant
plus marquée que la carence protéique est associée à une carence en calcium. Ainsi, pour des
doses identiques, nous rencontrons divers degrés d'atteintes (Newbrun, 2010).
Il est important de considérer l'apport journalier représenté par chacune des sources de
fluor auxquelles le patient est exposé. Afin de déterminer la dose reçue, il convient d'identifier
les différentes sources d'ingestion de fluor et de réaliser un bilan fluoré. L'interrogatoire du
patient précise également la période d'ingestion du fluor, sa dose et permet d'établir un
diagnostic en rapport avec les phases de minéralisation et l'examen clinique des surfaces
atteintes.
Une exposition excessive au fluor peut être due à une méconnaissance des différentes sources
fluorées (eaux, alimentation, dentifrices...) à une supplémentation fluorée non justifiée
prescrite en l'absence d'un bilan, ou d'un bilan mal conduit (implication des professionnels de
santé : pédiatre, médecin généraliste ou chirurgien-dentiste) ou encore par la consommation
d'une eau naturellement riche en fluor.
Pour Alvarez et coll. (2009), les premières fluoroses très modérées en denture
permanente peuvent apparaître lorsque les apports de fluor excèdent 0,05 à 0,07mg/Kg/j. Audelà, le risque de voir se développer des lésions amélaires est évident (supérieur à 1.5 mg/jour
chez l'enfant et supérieur à 0.1 mg/kg chez le nourrisson).
Pour l'eau de boisson, nous estimons qu'à partir de 1,5 mg/L, le risque de fluorose
dentaire peut apparaître et au-delà de 3 mg/L, la fluorose osseuse est susceptible de se
produire à long terme (Haute Autorité de Santé, 2010).
Plus généralement nous admettons que la dose de 1 ppm de fluor par jour, représente
la dose optimale de fluor, au-delà de laquelle il est possible de constater des intoxications
chroniques du type fluoroses dentaires.
1.2.2 Les sources de fluor
Les sources de fluor sont multiples. D'une part, les sources naturelles, dans lesquelles
le fluor ne se retrouve que rarement sous forme élémentaire mais se présente sous forme de
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fluorures. Le fluor est retrouvé dans l'atmosphère, les sols, l'eau, les végétaux et les animaux,
en concentrations variables.
Les fluorures pénètrent dans l'organisme par inhalation ou par ingestion et sont ensuite
retrouvés de façon plus importante dans les os et dans les dents.
Leur absorption s'effectue en majeure partie, par un mécanisme de diffusion passive,
au niveau de l'estomac et de l'intestin grêle. Puis, ils passent dans la circulation sanguine et
sont diffusés au travers des différents tissus de l'organisme et sont retrouvés de façon plus
importante dans les os et les dents.
La présence de fluorures dans l'atmosphère s'explique par l'activité naturelle
d'émission de fumerolles volcaniques, riches en fluor et par les poussières pouvant être
arrachées de la couche superficielle des sols par l'eau et les vents. Des concentrations élevées
résultant des activités humaines sont également mesurées dans les zones urbaines,
notamment au voisinage d'industries polluantes comme les industries du verre, de la
métallurgie et à proximité des mines d'extraction de phosphates. Ces quantités de fluor
relarguées dans l'air se déposent ensuite sur les sols et contaminent les eaux locales de
certaines régions.
Dans les sols, le fluor est particulièrement abondant au sein des roches éruptives
(jusqu'à 2,5 g/kg), dans les sols minéraux (de 0,2 à 0,3 g/kg) et certains gisements de roches
tirant leur origine des minéraux contenant des fluorures comme la fluoroapatite, le mica, la
topaze ou la fluorine. Les sols calcaires et argileux contiennent du fluor, mais en
concentration bien moindre. On mesure peu de fluor dans les sols végétaux mais les teneurs
retrouvées dans la couche superficielle de ces sols peuvent être largement augmentées par
l'utilisation d'engrais phosphatés, de pesticides et par des boues d'épuration ou d'autres
polluants d'origine industrielle.
L'eau de boisson représente la principale source d'apport de fluor pour l'organisme.
Les fluorures contenus dans l'eau proviennent de la dissolution des éléments minéraux
présents dans la zone géologique de la source. Les teneurs en fluorures dans les eaux
superficielles (cours d'eaux, rivières...) sont relativement faibles (de 0,01 à 0,3 mg/L). Les
eaux souterraines sont plus richement concentrées, d'autant plus dans des régions volcaniques
(de 1 à 25 mg/L pour les plus fortes concentrations). Les rivières françaises contiennent
naturellement de 0.08 à 0.25 ppm de fluorures. Ces concentrations pouvant être
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considérablement augmentées par le déversement des déchets industriels.
En Europe, la teneur maximale de fluor dans les réseaux de distribution d'eau potable
est fixée par une directive de la CCE, à hauteur de 1,5 mg/L. La France, suite à l'avis du
Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France en 1985, n'a pas souhaité la fluoration de son
circuit de distribution d'eau. En revanche, d'autres états à travers le monde, les Etats-Unis, le
Canada, l’Australie ont fait ce choix, dans un but de prévention de la carie dentaire. En
fonction des pays, la teneur de l’eau en fluor est de 0,6 à 1,1 mg/L.
Les eaux embouteillées peuvent également contenir du fluor, de 0,1 à 9 mg/L, selon la
marque (par exemple l'eau d'Evian 0,12 mg/L, Badoit 1,20 mg/L, Vichy Saint Yorre 8 mg/L).
La teneur en fluor doit être précisée sur la bouteille au même titre que les autres minéraux,
même si cela n'est pas toujours le cas. Cependant, la limite de qualité réglementaire
maximale, applicable depuis le 1er janvier 2008, est de 5 mg/L. De plus, l'AFSSAPS a fixé
une valeur limite de 0,5 mg/L d'eau de source ou minérale destinée aux nourrissons en
l’absence de supplémentation fluorée systémique et à 0,3 mg/L s'il y en a une. La
réglementation oblige l’étiquetage de ces eaux minérales, contenant la mention : « Convient
pour la préparation des aliments des nourrissons ».
Le fluor est retrouvé à doses variables mais sous forme de traces dans les aliments. De
façon générale, l'apport via l'alimentation est faible en dehors de l'utilisation de sel ou encore
de lait fluorés. L'évolution de la teneur en fluor des aliments dépend des régions
géographiques de production de ces produits. Cette teneur varie en fonction de l'eau utilisée
pour l'irrigation ou les procédés industriels et domestiques mis en œuvre pour leur préparation
et leur cuisson. De même, les taux de fluor présents dans l'air, le sol et des polluants, influent
sur les doses retrouvées dans les produits alimentaires. Par exemple, parmi les aliments les
plus riches, nous retrouverons les poissons de mer (1 à 3 mg/100mg) et le thé (0,5 à 1,5
mg/L).
Nous ajouterons parmi ces apports, les sources thérapeutiques de fluor administrées
dans le cadre de la prévention carieuse chez l'enfant. L'administration de ce fluor peut se faire
par voie systémique, via le sel, des gouttes ou des comprimés fluorés. Par voie topique où le
fluor agit directement sur les surfaces dentaires, via les dentifrices, les bains de bouche, les
gels et vernis.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
1.3 Histologie
Le fluor agit sur le métabolisme cellulaire des améloblastes, responsables de la
formation de l'émail dentaire. Les fluorures altèrent le processus de réabsorption des
améloblastes. Cette altération est, comme nous l'avons signalé, dose dépendante.
L'analyse microscopique des fluoroses dentaires met en évidence un émail qui
présente une porosité accrue le long de la strie de Retzius et une déminéralisation de
subsurface. Des études par microradiographie (Kierdorf et coll., 2000) ont pu mettre en
lumière le caractère hétérogène de la minéralisation, avec des zones de plus faible
minéralisation recouvertes par une fine épaisseur d'émail hyperminéralisé.
Figure 1: Coupe microradiographique d'émail, (Kierdorf, 2000).
Pour les formes les plus sévères, l'hypominéralisation est retrouvée sur l'ensemble de
l'émail, depuis la surface jusqu'à la jonction amélo-dentinaire, avec des puits de profondeur
plus ou moins importante.
Figure 2: Zone d'émail hyopoplasique, (Kierdorf, 2000).
De même, le fluor compromet la croissance cristalline et l'émail fluorotique se
caractérise par des espaces intercristallins et des gaines interprismatiques élargis. Une
accentuation des périkymaties est également visible à la surface de l'émail. Plus généralement,
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(CC BY-NC-ND 2.0)
les cristaux d'apatite ont eux aussi une taille supérieure au sein des trames minérales
fluorotiques. L'altération des cristaux intervient également au niveau de leur forme. De
morphologie altérée, ils présentent des défauts de cristallisation. D'un point de vue
biochimique, le contenu protéique entre émail fluorotique et émail témoin est semblable.
Cependant, une quantité plus importante de protéines matricielles immatures est encore
présente dans l'émail fluorotique, avec notamment la persistance d'amélogénines. En effet les
processus de réabsorption sont perturbés par les fluorures qui inhibent les protéases dégradant
l'amélogénine matricielle (Kierdorf, 2000).
1.4 Caractéristiques cliniques et classification
1.4.1 Diagnostic
Le diagnostic des fluoroses doit être effectué sur des dents propres et sèches, sous une
source de lumière naturelle. L'apparence clinique est, nous l'avons dit, très variable en
fonction du degré d'atteinte. Elle se caractérise par la présence de lésions bilatérales. L'émail
possède une opacité plus marquée, voile opaque, leucomes (petites taches blanchâtres),
striations horizontales allant du blanc au marron pour les cas sévères.
Il conviendra d'établir un diagnostic différentiel précis, afin de mettre en œuvre les
thérapeutiques adéquates. Les principaux diagnostics différentiels étant, les lésions du type
MIH, l'amélogenèse imparfaite, la dentinogenèse imparfaite, les causes iatrogènes notamment
pharmaco-induites (le plus fréquemment par la prise d'antibiotiques) (Faucher, 2001).
1.4.2 Classification
1.4.2.1 Classification de Dean
Dean a proposé en 1934 une classification des fluoroses toujours utilisée actuellement
basée sur l'interprétation clinique de l'apparence des lésions. Elle utilise 6 degrés d'atteintes,
selon la gravité des symptômes, avec une valeur indicative utilisée en tant qu'expression
quantitative.
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Index de Dean
Score 0: Email sain
Aucun signe visible, surface lisse et brillante. Teinte uniforme.
Score 1: Email douteux
Présence de petites aberrations occasionnelles, petites anomalies de transparence de
l'émail allant de quelques points à des taches blanches (leucomes) de 1 à 2 mm de diamètre.
Diagnostic incertain, suspicion de fluorose, origine traumatique ou idiopathique.
Score 2: Fluorose très légère
Petites zones opaques blanches, dispersées irrégulièrement sur la surface de la dent.
Les faces linguales et vestibulaires sont touchées ainsi que les pointes cuspidiennes.
L'ensemble des anomalies concerne moins de 25% des surfaces amélaires.
Figure 3: Fluorose très légère, (Limeback, 2007).
Score 3: Fluorose faible
Les surfaces dentaires opaques représentent au moins la moitié de la surface
dentaire. La surface des molaires, prémolaires et canines est parfois abrasée avec la
présence d'un émail bleuté normal. Il est possible de retrouver des taches brunes,
généralement situées au niveau des incisives supérieures.
Figure 4: Fluorose faible, (Miara, 2001).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Score 4: Fluorose modérée
L'anatomie dentaire n'est pas altérée, mais la surface dentaire est piquetée. On note
de petits creux, avec des colorations plus ou moins brunes et des zones opaques en plage
de «fumée» blanche.
Score 5: Fluorose moyennement sévère
Atteinte sur une plus grande profondeur d'émail. Les dents présentent toujours une
apparence de «fumée» blanche avec des reliefs accentués. La cavitation est plus fréquente
et se retrouve généralement sur toutes les surfaces dentaires. Les taches brunes sont plus
marquées et atteignent une plus grande surface que dans le score précédent.
Figure 5: Fluorose moyennement sévère, (Miara, 2001).
Score 6: Fluorose sévère
Dans ces cas, l'hypoplasie amélaire est très prononcée et la forme des dents s'en
trouve affectée. On observe une abrasion des bords incisifs ainsi que des faces occlusales.
Les taches sont confluentes et marquées d'une couleur brune à marron-chocolat, pouvant
aller jusqu'au noir.
Figure 6: Fluorose sévère, (Miara, 2001).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
1.4.2.2 Index de Thylstrup-Fejerskov
L'index de Thylstrup-Fejerskov (TFI) définit une échelle de gravité croissante en
dix degrés d'altération, de 0 à 9.
Degré 0: Translucidité normale de l'émail après séchage prolongé.
Degré 1: Périkymaties visibles sur la surface amélaire.
Degré 2: Opacité occlusale associée à des lignes opalescentes suivant les périkymaties, avec
parfois confluence de certaines lignes adjacentes.
Degré 3: Surface amélaire présentant un aspect lisse mais des zones opaques blanches en
«nuages» sont visibles.
Degré 4: Opacité plus marquée de l'ensemble des surfaces dentaires qui apparaissent
crayeuses.
Degré 5: Opacité des surfaces marquée, s'accompagnant de petites irrégularités, d'un piqueté
et de puits dont le diamètre est inférieur à 2 mm.
Degré 6: Alternance de surfaces lisses et de bandes de piqueté horizontales. Les puits ont un
diamètre inférieur à 2 mm sur les faces latérales et à 3 mm sur les faces occlusales.
Degré 7: Surfaces lisses, avec perte de l'émail externe sur plus de la moitié de la surface
amélaire. Le reste de l'émail présente un aspect opaque.
Degré 8: Perte de l'émail le plus externe sur plus de la moitié de la surface amélaire.
Degré 9: Perte de la majeure partie de l'émail, avec des changements anatomiques, sauf au
niveau cervical, qui reste souvent intact.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
1.5 Épidémiologie
1.5.1 Zones endémiques
La majeur partie des fluoroses dentaires a une origine hydrotélurique, c'est-à-dire
lorsque lorsque l'eau potable consommée se charge en fluorures en traversant les couches
géologiques du terrain. Si la prévalence mondiale de la fluorose dentaire et osseuse n'est pas
connue avec précision, on sait que l’eau est la principale source d’exposition au fluor. En
1999, l'UNICEF estimait que les fluoroses endémiques concernent 25 pays à travers le
monde, parmi lesquels l'Inde (où la moitié des provinces du pays sont touchées par la
fluorose), ou encore le Mexique (où 6% de la population est atteinte).
On retrouve des concentrations élevées de fluor dans de nombreuses parties du monde,
notamment en Afrique, en Méditerranée orientale et dans l’Asie du Sud. L’une des zones à
forte concentration en fluor s'étend de la Turquie à la Chine, en passant par l’Iraq, l’Iran,
l’Afghanistan, l’Inde et le nord de la Thaïlande. Il s’agit souvent de zones arides où il n’y a
pas d’autres sources d’eau que les points d'eau naturels. En Chine on estime que 10 millions
de personnes sont atteintes de fluoroses (OMS, 2006).
Les populations vivant dans ces régions sont d'autant plus touchées par les fluoroses,
car les conditions socio-économique des pays concernés (Algérie, Maroc, Inde...) ne permet
pas l'accès à des eaux moins riches en fluorures.
Figure 7: Planisphère des zones de fluoroses endémiques, (UNICEF WATERfront, 1999).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
En France, la prévalence de la fluorose est relativement faible. Les dernières données
nationales datent de 1998 (UFSBD). Elles ont mis en évidence un taux de 2,75 % de fluoroses
légères et de 8,8 % de scores douteux selon la classification de Dean. Les formes avérées
touchent 2,75 % des enfants à l'âge de 12 ans, avec une majorité de formes légères (stades 1 à
2) (Hescot, 1998) dues à des apports multiples de fluor avant l'âge de 6 ans : prise régulière de
comprimés ou de gouttes et ingestion régulière de dentifrice fluoré par les jeunes enfants.
Actuellement, ces fluoroses paraissent en régression les dentifrices pour enfants sont moins
fluorés et les prescriptions sont devenus moins systématiques.
1.5.2 Politiques de fluoration
Depuis 1969, sous l'influence de l'OMS et suite à la mise en place d'études
épidémiologiques et de systèmes de surveillance des maladies bucco-dentaires, un grand
nombre de pays industrialisés a mis en place des dispositifs de prévention pour lutter contre la
forte prévalence de la carie dentaire. Des mesures de santé publique ont été proposées afin de
modifier les modes de vie et les habitudes d’hygiène. La fluoration de l’eau est un moyen
efficace pour prévenir la carie dentaire chez l’enfant, comme chez l’adulte. Elle permet de
desservir par les réseaux publics de distribution, une grande part de la population. D'autres
mesures de prévention individuelle ont été généralisées dès les années 1970. Parmi celles-ci,
on trouve l'utilisation du sel fluoré, du lait fluoré et la promotion de l’utilisation de bains de
bouche, de gels et de dentifrices fluorés ainsi que l’application d’agents de scellement des
sillons dentaires.
Le sel fluoré est en vente depuis 1985. Son efficacité dans la diminution de l'incidence
carieuse est comparable à celle des eaux fluorées. Son utilisation est limitée à un usage
domestique et depuis 1993 au niveau des cantines scolaires, mais il ne peut être utilisé dans
les autres collectivités (hôpitaux...) ni dans l'industrie agro-alimentaire.
La supplémentation médicamenteuse, sous forme de gouttes ou de comprimés, à des
posologies variables, de 0,25 à 1 mg, constitue également un apport de fluor par voie générale
non négligeable.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Le dentifrice représente également un élément de supplémentation, avec des quantités
de fluor variables (différents taux recommandés selon l'âge d'évolution de la denture) et dont
la quantité doit être indiquée sur le tube de dentifrice en ppm (parts par million).
Les fluorures sont largement utilisés à l’échelle mondiale et nous estimons
actuellement que 500 millions de personnes dans le monde utilisent des dentifrices fluorés,
près de 210 millions ont accès à une eau fluorée et environ 40 millions à du sel fluoré (OMS,
2003). Les autres formes d’applications de fluorures (topiques en bains de bouche, comprimés
et gouttes) sont administrées à près de 60 millions de personnes. Cependant, dans les pays les
plus pauvres, la prévention de la carie dentaire ainsi que les politiques de fluoration passent au
second plan, pour des raisons pratiques et budgétaires.
En France, 85% de la population vit dans des communes où la teneur en fluor de l’eau
de distribution est inférieure ou égale à 0,3 mg/L. Si les apports « naturels » de fluorures par
l’eau de boisson restent généralement faibles en France, certaines eaux peuvent cependant
présenter des teneurs élevées en fonction de la nature géologique variable des terrains
traversés par l’eau.
Un contrôle régulier est effectué par les directions départementales des affaires
sanitaires et sociales, notamment à la sortie des installations de production, afin de vérifier le
respect de la limite fixée à 1,5 mg/L pour l’eau de distribution publique. Ainsi, en 2006, les
eaux mises en distribution étaient très peu fluorées dans 95,5 % des cas (< 0,5 mg/L) et 99,3
% des mesures étaient conformes à la limite de qualité.
Seul 3 % des Français disposent d’une eau de distribution dont la teneur en fluor est
supérieure ou égale à 0,7 mg/L (répartis dans quelques communes de 8 départements : 02, 33,
37, 41, 47, 59, 77, 86). Pour connaître la concentration en fluor de l'eau consommée, il est
possible de se renseigner auprès de la mairie ou de la DDASS. De plus, les indications
concernant le fluor doivent normalement figurer sur la facture de consommation d’eau.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2. TRAITEMENTS DES FLUOROSES ANTERIEURES
2.1 L’éclaircissement dentaire
Les fluoroses des dents antérieures représentent souvent pour les patients qui en
souffrent, un préjudice esthétique. Leur demande est de remédier aux différences de couleur
et aux taches causées par la fluorose. L'idée première sera de réduire, voire de supprimer les
voiles blancs, leucomes, taches jaunes ou brunes des dents fluorotiques et ainsi d'uniformiser
l'aspect de l'émail. La première solution thérapeutique à envisager est la mise en place d'un
protocole d'éclaircissement dentaire. La prise en charge des fluoroses répond à une notion de
gradient thérapeutique : il convient d'accéder à la demande esthétique du patient, en
commençant par le traitement le moins mutilant, puis de mettre en oeuvre d'autres techniques,
plus invasives, en fonction de la sévérité initiale des lésions et du bénéfice esthétique obtenu
grâce à la première thérapeutique.
2.1.1 Définition et principes thérapeutiques
Les premiers essais d'éclaircissement datent de plus d'un siècle avec les travaux de
Truman (1864) sur l'hydrochlorite de calcium, ou ceux de Bogue en 1872. Au début du
XXème siècle Abbot et Prinz mettent en avant l'efficacité de certains peroxydes sur les
colorations dentaires. Les bases des protocoles actuels apparaissent dans les années 1970.
Cette technique consiste à appliquer un produit actif à base de peroxyde directement au
contact des tissus dentaires pour qu'il pénètre l'émail, jusqu'à la dentine. Progressivement, le
peroxyde dégrade les molécules pigmentées présentes au sein des tissus durs par une réaction
d'oxydation.
2.1.1.2 Les agents éclaircissants
●
Le peroxyde d'hydrogène (H2O2) est l'agent chimique de base utilisé dans les
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(CC BY-NC-ND 2.0)
traitements d'éclaircissement dentaire. De nature instable, il se décompose sous l'action de la
chaleur, d'un activateur chimique ou de la lumière. Son action repose sur la présence d'une
liaison intramoléculaire fragile qui se rompt facilement et libère une molécule d'oxygène
naissant. Nous noterons deux types de réactions d'oxydo-réduction simultanées, responsables
de la dissociation de ce peroxyde (Miara, 2006).
▪Réaction de photo-dissociation :
2H2 O2 → 2H2 O + O2
H2O2 ↔ 2H++ O2 + 2e- Dissociation d'une molécule de peroxyde d'hydrogène et
libération de molécule d'eau et d'oxygène naissant.
H2 O2 + 2H+ + 2e- ↔ 2H2 O (oxydation)
Au final :
2H2O2 → 2H2O + O2 (oxydo-réduction)
C'est la réaction qui se produit le plus rapidement et le plus spontanément sous l'effet de la
chaleur et/ou de la lumière.
▪Réaction de dissociation anionique :
H2O2 → HO2 ‾ + H+
Cette seconde réaction se produit simultanément, en plus faible proportion au début,
puis l'équilibre de la réaction tend à se déplacer en faveur de la formation de HO 2‾.
Cette réaction est favorisée par un milieu basique ou par l'ajout d'activateurs, tels que des
perborates ou des persulfates.
Les produits de dégradation de cette seconde réaction ont un pouvoir oxydant plus fort
et une action plus rapide. Ils ont un faible poids moléculaire, qui leur permet de traverser la
trame organique de l'émail jusqu'à la jonction amélo-dentinaire et d'interagir avec les
substances colorantes présentes dans les tissus minéralisés (Faucher A.J., 2001). Ils oxydent
alors les structures colorantes et réduisent ainsi l'intensité des colorations de la dent.
●
Le peroxyde de carbamide ou peroxyde d'hydrogène-urée, [CO(NH2 )2 - H2 O2 ]
17
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(CC BY-NC-ND 2.0)
est actuellement le produit le plus couramment utilisé dans les thérapeutiques
d'éclaircissement. Le produit se présente sous forme de cristaux composés d'urée stabilisée
par une solution anhydre de glycérine.
▪Réaction de décomposition du peroxyde de carbamide en peroxyde d'hydrogène et urée :
CO(NH2 )2 - H2O2 → CO(NH2 )2 + H2O2
Le produit est commercialisé sous forme de gels dont le pH est légèrement acide (6,5)
pour permettre une plus grande réactivité des agents en présence. Leurs concentrations sont
variables et fonction de leur utilisation (Faucher, 2001).
L'emploi de ces molécules sous forme de gels, nécessite l'utilisation d'agents
épaississants comme le Carbopol® et d'agents stabilisants. Parmi les nombreux adjuvants
composant ces gels, sont retrouvés des activateurs et autres catalyseurs chimiques de la
réaction, qui permettent la potentialisation des interactions. D'autres, comme le nitrate de
potassium, sont adjoints au produit afin de réduire les sensibilités (Aboudharam et coll.,
2008).
L'efficacité des gels d'éclaircissement est étroitement liée à leur mode d'utilisation, mais aussi
à leur mode de conservation. Ce sont des solutions instables et altérées sous l'effet de la
température, de la lumière ou du contact avec l'air. Il convient donc pour une utilisation
optimale, de les renouveler régulièrement et de les conserver à l'abri de l'air et de la lumière,
en milieu réfrigéré.
2.1.2 Indications et contre-indications de l'éclaircissement dans le
traitement des fluoroses
2.1.2.1 Indications
Le traitement d'éclaircissement est mis en place après un examen clinique minutieux,
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(CC BY-NC-ND 2.0)
fréquemment complété par un bilan radiographique. Préalablement le traitement des lésions
carieuses et la réfection des restaurations défectueuses seront réalisés. Le protocole débutera
après un détartrage soigné qui veille à éliminer les colorations dentaires extrinsèques.
L'éclaircissement dentaire est préconisé dans le traitement des fluoroses antérieures
légères, de 1 à 2 dans la classification TFI (Akpata, 2001). Le but recherché étant d'obtenir
une uniformisation de la couleur des dents lorsque les taches liées à la fluorose ne sont pas
trop marquées. Pour les fluoroses sévères, ces techniques ont moins d'intérêt, l'importance des
lésions nécessitant la mise en œuvre de traitements plus invasifs.
2.1.2.2 Contre-indications
Les thérapeutiques d'éclaircissement ne présentent pas de contre-indications
spécifiques liées aux tissus fluorotiques. Les contre-indications relèvent donc des
recommandations générales relatives à ces techniques.
Il en va de même pour les sensibilités dentaires préexistantes, quelles soient liées à des microfissures, des sites de déminéralisation radiculaire... Celles-ci peuvent entraîner des
hypersensibilités et sont généralement considérées comme des contre-indications absolues au
traitement (Aboudharam, 2008) .
Nous noterons cependant, qu'il est parfois envisageable, en cas de sensibilités initiales peu
intenses, de mettre en place une fluoration par gouttière (avec application de Tooth Mousse
(GC) ou d'agent reminéralisant), avant d'entreprendre le traitement d'éclaircissement. Il devra
faire l'objet d'un suivi régulier, voire d'une adaptation du protocole (alternance de la fluoration
et de l'application de l'agent reminéralisant).
2.1.3 Techniques et protocoles
Deux techniques peuvent être proposées. Une méthode ambulatoire pour laquelle le
patient effectue le traitement chez lui, sous surveillance régulière de son praticien. Une
seconde technique au fauteuil, qui est mise en œuvre au cabinet dentaire.
Dans le cadre d'un traitement ambulatoire, les agents éclaircissants sont appliqués par le
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(CC BY-NC-ND 2.0)
patient lui-même grâce à une gouttière. Celle-ci est remplie de gel éclaircissant et portée par
le patient à son domicile. La concentration du produit utilisé et la durée d'application sont
établis en fonction du cas par le praticien.
Les gels préconisés dans ces traitements sont à base de peroxyde de carbamide, moins irritant
pour la gencive que le peroxyde d'hydrogène. Lorsqu’ils sont composés de peroxyde de
carbamide à 16 ou 20%, ils doivent être appliqués durant 3 ou 4 heures. Pour des
concentrations plus faibles, de l'ordre de 10%, la gouttière peut être portée toute la nuit. Le
traitement s'effectue durant 15 jours environ mais peut être prolongé à plusieurs semaines,
selon l’intensité de la coloration initiale des dents. Un contrôle est effectué tous les 5 à 7
jours, afin d'adapter les modalités du traitement, en fonction de l'évolution de
l’éclaircissement et de l'apparition de signes cliniques.
La technique réalisée directement au cabinet dentaire, utilise des gels concentrés en peroxyde
d'hydrogène à 6%, appliqués sur les faces vestibulaires des dents à éclaircir. Après isolation
des muqueuses, le gel est mis en place et renouvelé toutes les 15 à 20 minutes, jusqu'à trois
fois au court de la séance.
Ces deux techniques peuvent être combinées, en débutant par un traitement au fauteuil suivi
du port de la gouttière en séances ambulatoires durant quelques jours.
2.1.4 Résultats et discussion
Les techniques d'éclaircissement permettent d'obtenir des résultats satisfaisants pour
les fluoroses les moins sévères, en respectant l'intégrité tissulaire des dents. Elles sont surtout
efficaces sur les colorations légères, jaune jusqu'à marron modéré.
Selon Akpata (2001) les séances réalisées au fauteuil améliorent la couleur des dents
fluorotiques mais le port d'une gouttière en ambulatoire pendant 15 jours permet une
meilleure assimilation des peroxydes. Les traitements combinés paraissent offrir la meilleure
réponse aux fluoroses légères (TFI 1-2) et une stabilité dans le temps.
Les leucomes et les lésions en voile blanc persistent souvent après le traitement
d'éclaircissement (Sherwood, 2010). Mais la couleur globale de la dent peut être éclaircie, ce
qui rend les taches plus discrètes.
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Figure 9 : Dyschromies fluorotiques traitées par éclaircissement, (Faucher, 2001).
Pour les atteintes plus sévères, l'éclaircissement s'avère insuffisant. Il apporte une
amélioration de la couleur globale des dents mais les lésions les plus profondes et les plus
colorées persistent et nécessitent une thérapeutique complémentaire que nous développerons
par la suite (Faucher, 2001). L'éclaircissement n'a également aucun effet sur les irrégularités
de surface de l'émail et ne peut à lui seul, traiter de manière satisfaisante les colorations
profondes, accompagnées de de défauts de surface (Naveen Chhabra, 2010).
Figure 10 : Lésions fluorotiques colorées traitées par éclaircissement, (Sherwood, 2010).
2.2 La micro-abrasion et l'améloplastie
Contrairement aux techniques d'éclaircissement qui agissent en profondeur sur les
colorations des tissus dentaires, la micro-abrasion et l'améloplastie interviennent
exclusivement sur la partie superficielle de l'émail. Les colorations liées aux fluoroses
intéressent essentiellement l'émail des dents, c'est la raison pour laquelle ce sont des
thérapeutiques de choix dans leur prise en charge. Ces méthodes peu agressives, tendent à
réduire et à faire disparaître les irrégularités de surface et les colorations. Elles peuvent ainsi
éviter le recours à des traitements plus invasifs notamment lorsqu'elles sont associées aux
techniques d'éclaircissement chimique.
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2.2.1 Définition et principes thérapeutiques
Le traitement par micro-abrasion amélaire repose sur l'élimination pelliculaire et
progressive de l'émail dentaire superficiel, par une double action, mécanique et chimique.
Cette action combinée permet d'intervenir directement sur les taches de fluorose et d'en
améliorer l'aspect, par la suppression de l'émail superficiel. Différentes techniques ont été
décrites et nous retiendrons celle proposée par Croll et Cavanaugh en 1986. Elle fait appel à
de l'acide chlorhydrique à 18 % mélangé à une pâte de polissage à base de poudre de pierre
ponce. L'acide, par une action déminéralisante sur la surface amélaire, facilite l'action de la
ponce, qui couplée à un mouvement mécanique, permet le retrait de l'émail déminéralisé.
Nous décrirons également les techniques d'améloplastie qui viennent s'ajouter à celle
précédemment citée et qui entrent dans les thérapeutiques peu invasives.
2.2.2 Indications et contre-indications de la micro-abrasion et de
l'améloplastie dans le traitement des fluoroses
2.2.2.1 Indications
Ces techniques sont principalement indiquées pour les fluoroses légères ou modérées
(TFI 3-4), présentant des atteintes superficielles ou peu profondes, dont l'aspect esthétique
reste insatisfaisant suite à un traitement d'éclaircissement (Akpata, 2001). Elle permet
l'exérèse non sélective des colorations superficielles, du type voiles blanchâtres et leucomes
de petite taille. Elle a également montré son efficacité pour améliorer les irrégularités de
surface présentes dans certains types de fluoroses. En 2001, cette technique a été
recommandée au Royaume-Uni pour le traitement des hypoplasies localisées et peu
importantes de l'émail dues aux fluoroses (Wra, 2001).
Figure 11 : Leucomes superficiels traités par micro-abrasion, (Miara, 2001).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.2.2.2 Contre-indications
Il n'existe pas de contre-indications à cette technique pour le traitement des fluoroses.
En revanche, des précautions sont à prendre avant de réaliser ce traitement et un examen
clinique minutieux est indispensable. Toute anomalie de l'organe dentaire pouvant engendrer
des sensibilités, par l'infiltration des produits acides appliqués sur les tissus dentaires, peut
représenter une contre-indication au traitement. L'existence de sensibilités pré-opératoires
représente une contre-indication à la micro-abrasion amélaire par le risque important de
majoration de ces douleurs. Pour ces mêmes raisons, les récessions parodontales avec
exposition du tissu cémentaire radiculaire, peuvent représenter une contre-indication relative
(Faucher, 2001). Il conviendra, dans ce cas, de prendre des mesures de précaution vis-à-vis
des dents concernées et d'être vigilant quant à la mise en place d'un dispositif d'isolation
rigoureux. La présence de fissures et de lésions carieuses contre-indique également
l'utilisation de ces techniques.
2.2.3 Techniques et protocoles
Le principe de la micro-abrasion est simple et repose sur les données établies par Croll
et reprises plus récemment en France par Paul Miara et à la proposition et la mise sur le
marché d'un kit de micro-abrasion. Un mélange de pierre ponce micronisée et d'acide
orthophosphorique à 37% est déposé sur la face vestibulaire des dents. Une cupule
caoutchouc montée sur un contre-angle à mouvement alternatif est appliquée, à basse vitesse,
5 à 10 secondes par dent. Après une minute, l'opérateur rince abondamment et sèche la dent
pour vérifier l'évolution des dyschromies. Si celles-ci sont toujours visibles, nous pouvons
répéter l'opération plusieurs fois.
L'améloplastie est quant à elle réalisée à l'aide de fraises à polir diamantées à grain fin,
appliquées en un mouvement de va-et-vient léger sur la face vestibulaire.
Dans ces deux techniques, le traitement doit être suivi d'un polissage soigneux des surfaces et
d'un traitement de reminéralisation de la surface amélaire, à l'aide de gel fluoré ou de pâte du
type Tooth Mouth (GC) (Miara, 2001).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.2.4 Résultats et discussion
Les thérapeutiques d'améloplastie et de micro-abrasion sont des méthodes qui ont
prouvé leur efficacité sur l'élimination des taches fluorotiques superficielles (fluoroses légères
à modérées) et des atteintes superficielles minimes (Naveen Chhabra 2010). Elle permettent
une intervention à minima sur les tissus durs. Les sensibilités thermiques post-opératoires sont
fréquentes, mais celles-ci régressent et disparaissent au bout de quelques jours et sont
fortement atténuées par les agents reminéralisants. Il est possible d'engendrer un échauffement
des structures dentaires, mais cela ne présente en aucun cas un risque pour la vitalité pulpaire,
d'autant plus si le protocole est respecté et que l'application des rotatifs n'excède pas 10 à 15
secondes.
Figure 12 : Fluorose moyennement sévère traitée par éclaircissement et micro-abrasion,
(Miara, 2006).
Les atteintes de fluoroses légères peuvent nécessiter un traitement par abrasion, si
certains leucomes ou taches persistent aprés éclaircissement (TFI 2-3). La micro-abrasion
permet d'éliminer les lésions de l'émail sur une épaisseur d'environ 100 microns. Lla
combinaison de ces traitements offre une solution thérapeutique efficace sur les lésions
blanches superficielles et les colorations peu marquées (Naveen Chhabra 2010).
Pour les cas de fluoroses avec des taches ou des leucomes profonds, il convient
d'envisager une améloplastie. Il est donc possible de traiter par ce biais les fluoroses, des plus
légères aux moyennement sévères (TFI 3-4). Pour les plus sévères, l'améloplastie permet de
régulariser la surface de la dent tout en éliminant les colorations (Akpata, 2001). La méthode
est assez conservatrice, peu traumatique et les patients sont majoritairement satisfaits du gain
obtenu après traitement (Loguercio, 2007). Cependant, l'améloplastie ne peut intervenir que
sur la partie la plus superficielle de la dent et l'éviction ne peut excéder 0,2 à 0,3 mm. C'est
pourquoi les fluoroses sévères ou présentant des lésions plus profondes, ne peuvent être
traitées par cette technique (Akpata, 2001) estime que les lésions ayant un indice TFI >4-5 ne
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(CC BY-NC-ND 2.0)
peuvent être traitées de façon satisfaisante par améloplastie.
La perte de substance induite par l'améloplastie sera comblée par la mise en place d'une résine
composite. Cette méthode ne peut donc être appliquée efficacement que sur des taches isolées
et de faible étendue. Pour les degrés d'atteintes plus sévères, les anomalies fluorotiques
profondes et plus étendues nécessitent le recours à des thérapeutiques prothétiques, afin
d'obtenir un résultat esthétique satisfaisant.
2.3 Les facettes céramiques
2.3.1 Définition et principes thérapeutiques
Depuis les années 1980, la dentisterie voit se développer des techniques de restauration
esthétiques peu invasives. L'évolution rapide des matériaux et des techniques d'adhésion
permettent aujourd'hui des réhabilitations esthétiques et conservatrices.
Les facettes présentent une grande variété d'options pour la restauration des dents antérieures.
Leur intérêt est de corriger les anomalies dentaires, fluoroses, dyschromies diverses et autres
anomalies morphologiques. Elles se distinguent des préparations classiques par la réduction
des tissus dentaires intéressant essentiellement les faces vestibulaires préparées à minima.
L'anomalie dentaire est masquée par la mise en place d'un cosmétique céramique ou
composite dont la rétention est assurée par collage.
2.3.2 Indications et contre-indications des facettes céramiques dans le
traitement des fluoroses
La mise en place de facettes est une technique qui s'adresse à des patients souffrant de
fluoroses modérées à sévères (Dean : scores 5 à 6) présentant des dyschromies profondes,
fortement marquées et étendues ou des irrégularités de la surface amélaire importantes.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
La technique s'adresse à des patients adultes parce que la pose de facettes chez des
sujets trop jeunes peut être un facteur défavorable à l'obtention d'un résultat esthétique
optimal. La croissance maxillaire résiduelle, la modification des rapports occlusaux et la
maturation des tissus parodontaux pouvant influencer de façon négative le rendu final de la
réalisation prothétique.
Au-delà de ces indications, il existe des situations pour lesquelles un traitement par
facettes céramiques peut être complexe voire contre-indiqué :
Les dyschromies fluorotiques trop marquées (TFI 8-9), celles-ci ne pourront pas être
masquées par des facettes, même après éclaircissement. Ces cas rares devront être traités par
des couronnes conventionnelles sur dents vivantes (Akpata, 2001).
2.3.3 Techniques et protocoles
Avant toute réhabilitation par des facettes, il convient de réaliser une analyse
esthétique et fonctionnelle. Elle débute par un traitement éclaircissant pour tenter de réduire
les dyschromies et permettre par la suite une meilleure intégration des facettes.
La réduction amélaire vestibulaire doit être d'environ 0,3 mm jusqu'à 0,5-0,7 mm.
Concernant les dents fortement dyschromiques, il est parfois recommandé d'éliminer une
couche vestibulaire supplémentaire de 0,2 mm pour garantir un masquage optimal (Manhart,
2011). La réduction habituellement préconisée dans la région cervicale est de 1,0 mm et dans
les cas de fluoroses sévères, il est possible de réaliser une préparation d’environ 1,2 à 1,3 mm
sans risque de lésion pulpaire.
Cette réduction plus importante donne au céramiste la possibilité de créer une chape
suffisamment opaque pour masquer les dyscolorations, tout en gardant assez de place pour le
modelage d'un revêtement esthétique.
Une fois les facettes réalisées par le laboratoire, vient la séance clinique de pose de ces
éléments. La première étape est l'essayage et cette opération peut s'effectuer à l'aide de pâtes
d'essai («try-in-paste»), dont les différentes nuances permettent de visualiser et d'optimiser le
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(CC BY-NC-ND 2.0)
résultat final après collage.
2.3.4 Résultats et discussion
La technique des facettes céramiques est une thérapeutique esthétique qui convient
parfaitement aux cas de fluoroses sévères. En effet, la technique allie un rendu esthétique de
qualité et une économie tissulaire. L'expérience clinique montre que la mise en oeuvre de
facettes est nécessaire à partir du degré 5 de fluorose (Classification TFI) et parfois même
pour des lésions modérées (TFI 4) pour lesquelles l'améloplastie ne confère pas un résultat
satisfaisant. Les lésions de degrés TFI 8-9 nécessitent la mise en oeuvre de restaurations plus
complètes. En effet, seul le recouvrement par une couronne permet de reconstituer l'anatomie
et d'assurer la protection complète de la dent (Akapata, 2001).
La réalisation de facettes permet de pallier les dyschromies des atteintes fluorotiques
majeures. Cependant, la couleur du moignon préparé sous-jacent, influence le rendu
esthétique final. Les fluoroses sévères imposent donc l'emploi de céramique ou de colle
parfois plus opaque pour masquer ces couleurs foncés. Le résultat final peut alors apparaître
un peu plus opaque avec une perte de translucidité naturelle, par rapport à des facettes
réalisées sur des dents peu dyschromiées.
Figure 13 : Leucomes profonds traités par des facettes céramiques, (Miara, 2006).
Nous disposons, à ce jour, d'un recul clinique important et de techniques éprouvées
garantissant de très bons résultats et un taux d'échec des facettes céramiques d'environ 5 à
10% à 10 ans. Les études montrent que le collage sur l'émail fluorotique offre moins de
résistance à la traction comparativement au collage sur un émail sain. Ces variation sont
cependant mineures et n'influent pas sur la pérennité à long terme de l'adhésion (Isci, 2012).
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La mise en pratique de cette technique est praticien dépendante parce qu'elle nécessite
beaucoup de rigueur et d'attention à toutes les étapes de sa réalisation. La qualité du céramiste
est aussi un facteur clé pour un résultat esthétique optimal.
Figure 14 : Traitement de fluoroses antérieures par des facettes céramiques,
(Sherwood, 2010).
3. PREVENTION DES FLUOROSES
3.1 Prévention collective
Il est recommandé aux communautés de ne pas recourir à plus d'un support systémique
d'ingestion de fluor (eau fluorée, sel ou lait), en association avec les dentifrices au fluor et de
surveiller la prévalence de fluorose dentaire (Jones, 2005).
Les recommandations mettent aujourd'hui l'accent sur la nécessité d’un apport régulier de
fluor faiblement concentré, tout au long de la vie et principalement par voie topique. Le but
étant d'agir sur le processus de minéralisation post-éruptif de l’émail, en réduisant la
supplémentation pré-éruptive et les risques de fluoroses (Haute Autorité de Santé, 2010) qui
lui sont liés.
Le seul moyen de limiter le risque de fluorose est de contrôler l'apport global de fluor
chez les enfants de 0 à 12 ans. Toutefois, il reste très difficile d'évaluer précisément les taux
de fluorures ingérés, en raison des innombrables sources existantes. Si le taux optimal de 0,05
à 0,07 mg/Kg/j permet une balance entre protection carieuse et risque de fluorose, le contrôle
des doses absorbées par les jeunes enfants nécessite un suivi et une étude précise des modes
de vie et de l'influence environnementale.
Une bonne connaissance de la composition en fluorures des eaux consommées est par
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conséquent nécessaire pour suppléer les carences ou éviter les intoxications. En France, la
réglementation fixe pour le fluor, une limite de qualité de 1,5 mg/l à ne pas dépasser dans les
eaux destinées à la consommation humaine. Pour cela, les autorités ont mis en place un
contrôle sanitaire régulier des teneurs en fluor dans les circuits de distribution d'eau. Ainsi,
des contrôles sont effectués régulièrement dans les eaux brutes utilisées pour la production
d’eau potable et à la sortie des installations de production. Par exemple, en 2006, les eaux
mises en distribution ont fait l’objet de plus de 15600 mesures de fluor (Ministère de la Santé,
de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, 2008).
Le problème se pose principalement lorsque les enfants sont exposés à des eaux
fortement fluorées. Cette problématique est moins présente en France et dans les pays les pays
riches, que dans les pays en développement où les zones endémiques sont les plus
nombreuses. Dans les pays riches, l'accès à des eaux embouteillées permet une alternative à la
consommation d'eau courante présentant des taux à risque. L'utilisation d'une source
alternative d'eau, comme l'eau minérale en bouteille, contenant de 0,5 à 1,5mg de fluor/l
permet de réguler les apports sans dépasser 1 ppm journalier.
Dans les zones du globe touchées par la fluorose, l'accès à des eaux conditionnées est
souvent difficile voire impossible, aussi bien pour des raisons techniques que financières. Il
est nécessaire que les autorités examinent les conditions locales et déterminent les moyens les
plus appropriés pour lutter contre l’exposition excessive au fluor des populations.
Différents procédés existent pour éliminer totalement ou partiellement le fluor contenu dans
les eaux : utilisation de filtres ou de membranes, élimination par floculation, électrodialyse ou
encore dialyse de Donnan. Cependant, ces techniques nécessitent un ensemble de dispositifs,
notamment des filtres et des agents chimiques, auxquels les populations les plus démunies ne
peuvent accéder (UNICEF WATERfront, 1999).
Il existe des technologies de défluoration partielle, d'un coût plus abordable, qui peuvent être
utilisées par les collectivités. Par exemple, la terre cuite pilée ou du charbon d'os sont utilisés
en tant que filtre. L'eau est filtrée au travers de ces différents éléments où les fluorures
précipitent et restent emprisonnés. L'eau ainsi obtenue contient un taux de fluor nettement
diminué.
Dès les années 1980, des programmes de défluoration ont été mis en place par des O.N.G.
dans différents pays du monde. Nous pouvons citer par exemple l'implication de L'UNICEF
en Inde pour la promotion et l'accès à de l'eau potable et des systèmes de défluoration.
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L'une des solutions envisageables pour répondre au problème, en cas de sources
polluées, est la récupération des eaux de pluie. Naturellement moins chargées en fluorures et
plus propres que certains points d'eau qui alimentent les populations, ces eaux représentent
une alternative aux mesures de défluoration.
L'OMS émet d'autres recommandations concernant les sources de fluorures. Elle
préconise la mise en place au niveau national d'une étude hydrogéochimique, dans les pays
possédant des sols riches en fluor. Les résultats de ces études permettent de constituer une
cartographie détaillée des teneurs en fluorures des sols et des sources d'eau. Le but étant
d'établir des directives régissant l'exploitation des eaux souterraines de ces régions, afin
d'effectuer des forages en évitant les zones les plus riches en fluor.
Le contrôle de la fluoration des sols et des eaux passe aussi par une réglementation et
une surveillance des industries qui rejettent des fluorures ou d'autres minéraux riches en fluor.
L'application de mesures de protection de l'environnement et la surveillance des déchets,
concourent à l'amélioration de la qualité des eaux, aussi bien dans un souci médical
qu'environnemental. Le problème se pose fréquemment dans les pays en voie de
développement où de telles réglementations sont quasi inexistantes.
3.2 Prévention individuelle
Pour faire face à une éventuelle surexposition aux fluorures, certaines mesures et
quelques principes de précaution peuvent être appliqués au niveau individuel pour minorer les
risques de fluoroses.
Tout d'abord, les habitudes alimentaires doivent être identifiées et les mesures
appropriées prises en conséquence, en fonction de l'âge de l'enfant et des taux cumulés de
fluor.
Dans ce cadre, le rôle des professionnels de santé (médecins...) est essentiel dans la prise en
charge des enfants : ils doivent effectuer un bilan complet des apports en fluor (eau, sel,
dentifrices...), déterminer le risque carieux et mettre en place un protocole adapté. Leur rôle
passe également par l'information et la sensibilisation des parents, qui sont des acteurs
essentiels dans la surveillance des apports quotidiens en fluor.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Une bonne connaissance de la composition en fluorures des eaux consommées est
nécessaire pour suppléer les carences ou éviter les intoxications. Un certain nombre de
directives ont été émises, pour encadrer les taux de fluor à donner, en fonction de la situation.
Concernant les plus jeunes enfants, si l’eau consommée a une teneur en fluor
supérieure à 0,3 mg/l, les comprimés ou gouttes fluorés ne doivent pas être prescrits. Dans le
cas contraire, il faut proscrire l'utilisation de cette eau pour la préparation des biberons et
consommer de l'eau embouteillée ayant une teneur en fluor inférieure ou égale à 0,3 mg/L et
supplémenter l'enfant, afin de mieux maîtriser les doses ingérées. Il est recommandé de
n'avoir recours qu'à une seule source de fluorures par voie systémique, pour limiter le cumul
des doses.
Chez les enfants de plus de 6 mois, en cas de risque carieux, la supplémentation peut
commencer dès l’apparition des premières dents. La posologie recommandée est de 0,05
mg/j/Kg, sans dépasser 1 mg/j tous apports confondus. Pour des eaux dont les concentrations
sont comprises entre 0,5 et 1,5 mg/l, aucune supplémentation fluorée n’est nécessaire car ces
taux contiennent des doses permettant d’assurer un effet protecteur contre la carie. De même,
si la famille utilise du sel de table fluoré, les comprimés ou gouttes fluorés ne doivent pas être
prescrits (Haute Autorité de Santé, 2010).
Pour les enfants de plus de 3 ans, nous estimons que des concentrations dans l’eau de
moins de 0,5 mg/L traduisent un manque de fluor pour la prévention des caries dentaires
(OMS, 2003). Un apport complémentaire peut alors être conseillé chez l’enfant, sur avis d’un
professionnel de santé et après la réalisation d’un bilan personnalisé des apports fluorés.
Il convient de réduire au minimum l'utilisation de dentifrice fluoré avant 2 ans
(AFSSAPS, 2008). Chez les enfants de moins de 6 ans, la teneur en fluor du dentifrice doit
être adaptée, avec l'utilisation de dentifrices à 500 ppm. L'AFSSAPS recommande
l'application d'une quantité limitée de dentifrice, correspondant à un petit pois. Les jeunes
enfants ne sont pas capables de recracher convenablement, les risques d'ingestion de fluor
sont donc trop importants. Après 6 ans, les enfants sont en mesure de recracher le dentifrice,
c'est pourquoi l'emploi de formulation adulte à 1500 ppm peut être envisagée.
Pour les enfants dont le risque carieux est supérieur à la moyenne, la mise en place des
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thérapeutiques fluorées complémentaires est envisageable, si et seulement si, les sources
d'exposition (eaux, sel...) sont insuffisantes pour fournir une protection carieuse. La
prescription de gouttes ou de comprimés doit être effectuée après réalisation impérative du
bilan fluoré.
Chez les patients à risques, l'alternative à un traitement par supplémentation réside
dans l'utilisation préférentielle de topiques fluorés.
Plusieurs options sont envisageables : l'application par le chirurgien-dentiste de vernis ou de
gels fluorés tous les 3 à 6 mois ou l'utilisation de bains de bouche pour les enfants de plus de
6 ans. Ces mesures seront associées à la promotion de la santé et de l'hygiène bucco-dentaire
et au scellement des sillons dentaires.
Les praticiens doivent donc faire face à la difficulté de trouver un équilibre entre
protection carieuse et fluorose dentaire. L’expérience a montré qu’il n’est pas toujours
possible d’obtenir une prévention efficace de la carie à l'aide de fluorures, sans un certain
degré de fluorose dentaire et indépendamment de la méthode choisie (OMS, 2003).
Cependant la supplémentation par voie orale (comprimés, gouttes) a été évaluée récemment
par l’AFSSAPS et le niveau de preuve apparaît insuffisant pour conclure définitivement sur
l'efficacité et la nécessité de ces traitements dans la protection contre la carie.
L’AFSSAPS a ainsi étudié l'influence des fluorures sur la carie et les fluoroses
dentaires et a formulé des recommandations en matière de prévention, concernant les apports
en gouttes ou l'utilisation de dentifrices fluorés avant l’âge de 18 ans : «Pour tous les enfants
et adolescents, quel que soit le risque carieux, la mesure la plus efficace repose sur un
brossage des dents au minimum deux fois par jour, avec un dentifrice fluoré ayant une teneur
en fluor adaptée à l’âge».
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Conclusion
Les fluoroses dentaires peuvent représenter un préjudice esthétique pour les patients
lorsque les dents antérieures sont affectées. La multiplicité des sources de fluor auxquelles
nous pouvons être exposés, explique la fréquence des lésions fluorotiques. Depuis de
nombreuses années, l'augmentation de la demande esthétique alliée aux avancées en matière
de dentisterie conservatrice, ont permis de développer des techniques répondant aux besoins
des patients touchés par la fluorose. L'utilisation de matériaux performant permet aujourd'hui
d'améliorer l'esthétique de leur sourire, grâce à des thérapeutiques spécifiques, respectant au
maximum l'intégrité de l'organe dentaire.
L'analyse clinique est primordiale dans la détermination du degré d'atteinte. La
classification de Dean et la classification TFI sont des outils diagnostiques indispensables
dans l'élaboration d'un protocole de traitement. La prise en charge de ces lésions s'inscrit dans
la notion de gradient thérapeutique : des techniques les plus conservatrices jusqu'aux
protocoles plus invasifs. Le but, est d'adapter le choix thérapeutique en veillant à préserver les
structures dentaires et a restaurer l'esthétique.
Ainsi, l'éclaircissement dentaire sera mis en oeuvre pour traiter les lésions légères. Son
objectif est d'améliorer la couleur des dents, puis d'accéder à des traitements complémentaires
si cela s'impose. Les atteintes superficielles seront traitées par micro-abrasion ou plastie
amélaire, afin d'éliminer l'émail fluorotique. Enfin des thérapeutiques plus invasives seront
envisagées dans les cas plus sévères nécessitant une préparation de la dent et la mise en place
d'un élément de recouvrement cosmétique du type facette ou couronne céramique.
Outre les traitements visant à rétablir l'esthétique des dents antérieures, l'un des
aspects primordiaux de la fluorose est la prévention et le contrôle des risques. Au niveau
collectif comme individuel, les autorités et les professionnels de santé doivent s'inscrire dans
des actions de prévention.
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N° 2012 LYO 1D 000
ROZEL Damien – Les fluoroses des dents antérieures.
(Thèse : Chir. Dent. : Lyon : 2012.000)
N°2012 LYO 1D 000
Lors d’une exposition chronique à des taux de fluor trop importants l'apparition de
fluoroses dentaires est fréquente. Dans une société d'image et de communication, les lésions
dyschromiques liées à la fluorose dentaire peuvent représenter un préjudice esthétique important
lorsque les dents antérieures sont concernées. La prise en charge par le chirurgien dentiste est
primordiale dans la prévention comme dans le traitement des lésions fluorotiques. La
connaissance des conditions d'exposition au fluor et la mise en place de mesures de prévention
appropriées permettent de réduire l'incidence et la sévérité de la fluorose. Le diagnostique des
lésions permet la mise en oeuvre de thérapeutiques conservatrices adaptées. De l'éclaircissement
dentaire au recouvrement prothétique, divers traitements peuvent être mis en oeuvre afin
d'améliorer l'esthétique du sourire.
Rubrique de classement :
Mots clés :
-
Odontologie conservatrice
Fluoroses dentaires
Micro-abrasion
Eclaircissement dentaire
Améloplastie
Mots clés en anglais :
- Dental fluorosis
- Micro-abrasion
- Tooth whitening
Jury :
Président :
Assesseurs :
-
Facettes céramique
-
Fluor
- Ceramic veneers
- Fluor
- Améloplastie
Monsieur le Professeur Jean-Jacques MORRIER
Madame le Docteur Dominique SEUX
Madame le Docteur Marion LUCCHINI
Monsieur le Docteur Renaud MARIN
Adresse de l’auteur :
Damien ROZEL
Le petit Tribon 07220 Saint Montan
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