traversées africaines

Transcription

traversées africaines
DOSSIER DE PRESSE
DANSE I THÉÂTRE I RENCONTRES
tra ver sées af r ica ines
9 MARS
16 AVR.
2016
9 12 MARS | DANSE
Objet principal du voyage
Herman Diephuis
23 26 MARS | THÉÂTRE
Cahier d’un retour
au pays natal
Aimé Césaire
Daniel Scahaise
30 MARS 2 AVRIL | THÉÂTRE
Africa | Peter Verhelst
7 8 AVRIL | DANSE
Rupture | Simon Abbé
13 16 AVRIL | THÉÂTRE
Machin la Hernie
Sony Labou Tansi
Jean Paul Delore
159 AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS
RÉSERVATIONS | 01 43 64 80 80 | WWW.LETARMAC.FR
Contact presse | David Sultan – [email protected] | 01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56
Conception graphique : element-s, photo : Per-Anders Pettersson
17 18 MARS | DANSE
PerformerS
Auguste Ouedraogo
Bienvenue Bazié
EDITO
Ces traversées sont une invitation à jouer à saute-frontières, passer
d’un bord à l’autre, tout simplement changer de côté le temps d’un
spectacle.
Pour défier les forteresses qui s’érigent inexorablement, nous vous
proposons de rassembler des artistes de disciplines et d’horizons
différents pour convoquer des pensées et des imaginaires qui
cherchent à tisser des liens entre eux et font émerger à la fois des
résonnances et des différences.
En résistant à la tentation de chaque homme à se voir au centre
du monde, ces artistes scrutent l’âme humaine à partir de postes
d’observation différents, traversent les apparences pour tenter de se
défaire des clichés sur nous-mêmes et sur les autres.
Dans le respect du pluriel, ils traversent le monde et la société sans
jamais prétendre en comprendre l’entièreté. Ils les pénètrent de part en
part et, au croisement de l’objectivité et de la subjectivité, démontrent
que quelque chose d’autre peut advenir.
Ils rebâtissent les chemins perdus qui nous relient aux autres et nous
invitent à les emprunter. Valérie Baran
Contact presse
David Sultan – [email protected] | 01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56
2
3
PROGRAMME
12 MARS
P. 6
P. 10
PERFORMERS
Chorégraphie
Auguste Ouédraogo, Bienvenue Bazié
GÉNÉRALE DE PRESSE
MERCREDI 16 MARS – 20H
GÉNÉRALE DE PRESSE
MARDI 29 MARS – 20H
Peaux blanches, masques noirs avec Guillaume
Jan et Oscar Van Rompay. Tous deux ont une
part de « vie africaine ». L’un au Kenya, l’autre
au Congo. Douleurs et plaisirs d’être blanc en
Afrique.
7
C’est possible aussi
3 Gambetta
3 bis Saint-Fargeau
(7 minutes de marche)
61 et 96 Saint-Fargeau
16 AVRIL
T3b Adrienne Bolland
177 et 121 av. Gambetta
11 Porte des Lilas
211 av. Gambetta
60 Pelleport-Gambetta
161 av. Gambetta
(ça descend tout seul)
GÉNÉRALE DE PRESSE
MERCREDI 6 AVRIL – 20H
P. 24
GÉNÉRALE DE PRESSE
MARDI 12 AVRIL – 20H
Rue de Belleville
Rue
eau
Farg
St-
s
ée
én
yr
sP
e
Ru
ep
ll
Pe
JEUDI 14 AVRIL 2016 – 22H
ACTUALITÉ DE SONY LABOU TANSI
r
ortie
Bld M
MACHIN LA HERNIE
Mise en scène l Jean-Paul Delore,
Interprétation l Dieudonné Niangouna
de
e
Ru
du
in
el
rm
Su
Bld des Maréchaux
Actualité de Sony Labou Tansi avec Dieudonné
Niangouna et Jean-Paul Delore.
ort
ita
p
Hô
Poète et romancier guadeloupéen, Daniel Maximin
a entretenu pendant près de 40 ans une longue
conversation amicale, filiale et fraternelle avec le
poète dont il restitue les grands moments dans
son livre Aimé Césaire, frère volcan (Seuil).
Pour venir jusqu’à nous
e
Ru
JEUDI 24 MARS 2016 - APRÈS LA PIÈCE
AU BOUT DU PETIT MATIN...
AIMÉ CÉSAIRE
P. 22
159 avenue Gambetta | 75020 Paris
Haxo
Rue
CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL
Mise en scène l Daniel Scahaise
Interprétation l Étienne Minoungou
8 AVRIL
RUPTURE
Chorégraphie l Simon Abbé
13
P. 14
CONTACT PRESSE
David Sultan – [email protected]
01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56
JEUDI 31 MARS 2016 – APRÈS LA PIÈCE
PEAUX BLANCHES, MASQUES NOIRS
a
Tissons des passerelles entre l’information et
des œuvres littéraires, théâtrales, poétiques. Ces
échanges et les extraits de textes lus élargissent
les perspectives et nous permettent de sentir
battre un peu mieux, un peu plus fort le pouls du
monde.
26 MARS
INFORMATIONS PRATIQUES
du 9 mars au 16 avril 2016
12€ à 25€ | Abonnement 3 spectacles de 30€ à 36€
Toutes les rencontres proposées sont en accès libre
Réservations 01 43 64 80 80
be
tt
SAMEDI 12 MARS 2016 – 18H
TARMAC DIPLOMATIQUE,
SPÉCIAL TRAVERSÉES AFRICAINES
23
P. 18
am
GÉNÉRALE DE PRESSE
MARDI 8 MARS – 20H
18 MARS
2 AVRIL
AFRICA
Texte et mise en scène l Peter Verhelst
Interprétation l Oscar Van Rompay
OBJET PRINCIPAL DU VOYAGE
Chorégraphie l Herman Diephuis
17
30 MARS
Av
.G
9
INFORMATIONS
l Te
4
n
Ils sont nés à Buenos Aires, à Qom, à Varsovie, à
Tokyo, ou à Calcutta. Par choix ou par nécessité,
ils vivent en France et ont choisi de s’exprimer en
français… Raisons et enjeux de ce choix.
Rencontres organisées en partenariat avec
La Plume Francophone.
no
SAMEDI 26 MARS 2016 – 14H30 et 18H
NAÎTRE DANS UNE AUTRE LANGUE,
ÉCRIRE EN FRANÇAIS
Cimétière du Père Lachaise
EXPOSITION PHOTOS 9 MARS > 16 AVRIL
En connivence avec la plateforme culturelle dédiée à la photographie,
Visiter l’Afrique, une exposition collaborative prendra place dans
tous les espaces du Tarmac et offrira un regard supplémentaire aux
Traversées Africaines.
5
OBJET PRINCIPAL DU VOYAGE
DISTRIBUTION
Conception, chorégraphie | Herman Diephuis
Collaboration & interprétation | Ousseni Dabare, Romual Kabore, Salamata Kobre, Adjaratou Savadogo
Conseil artistique | Dalila Khatir
Lumière | Sam Mary
Son | Emmanuel Hospital
Durée 1h
9 > 12 MARS
GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 8 MARS – 20H
MER. VEN. 20H | JEU. 14H30 | SAM. 16H
Production | Association ONNO
Coproduction | Le Phare / Centre Chorégraphique National du Havre Haute-Normandie Accueil
Studio, Centre Chorégraphique National de Montpellier Languedoc-Roussillon, Programme
Résidences, Centre Chorégraphique National de Tours Accueil Studio, ARCADI (Aide à la production
et à la diffusion pour la saison 2013-2014)
Soutien | CDC - La Termitière Ouagadougou (BF), mise à disposition du studio
L’association ONNO est subventionnée par le ministère de la culture et de la communication, DRAC
Île-De-France au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique
© Marc Coudrais
ILS DANSENT DONC ILS SONT
TOURNÉE | HERMAN DIEPHUIS
D’APRÈS J.-C
24 mars | Espaces pluriels, Pau
BANG !
24 au 26 mai | La Ferme du Buisson, Scène Nationale, Marne la Vallée
10 et 11 juin | Rencontres Chorégraphiques Internationales
de Seine-St-Denis
CLAN
28 et 29 mai | Rencontres Chorégraphiques Internationales
de Seine-St-Denis
Un voyage à Ouagadougou. Des rencontres. Des envies partagées… Une
création.
Herman Diephuis offre à quatre danseurs burkinabè, deux femmes, deux
hommes, une chorégraphie sur mesure et, pour en accompagner l’entrée en
scène, le jazz tendre et les drums de Max Roach. Quatre danseurs, vêtus de noir, dont le destin paraît lié, aussi, lorsque l’un
tombe les autres le relèvent, du moins avant que ne vienne le temps de
la querelle et de l’insulte. Alors le quatuor devient duo puis solo. Chacun y
retrouve sa partition dans le blues brumeux de Memphis Minnie et Big Mama
Thornton…
Musique sensuelle et sexuée, les doigts, la main, le bras sont au service du
dire et du sourire car l’humour est là pour déjouer la fièvre. Hymnes nationaux
confondus dans une ironie comparse.
Une danse urgente, ample, nécessaire, sans visa ni frontière, à fleur d’humain.
Jusqu’à la transe sous le rock rugueux et bagarreur d’Ike et Tina Turner.
Jusqu’aux mouvements du quatuor retrouvé dans le silence. Jusqu’au geste
final des sprinters sur la ligne de départ.
« Je danse donc je suis » comme ils disent.
6
Bernard Magnier
7
« JE SUIS TOMBÉ ARTISTIQUEMENT AMOUREUX
DE CES JEUNES DANSEURS BURKINABÈ »
ENTRETIEN AVEC HERMAN DIEPHUIS
Bernard Magnier : De quel « voyage » s’agit-il ? Et quel en est l’ « objet
principal » ?
Herman Diephuis : J’ai trouvé le titre en lisant un formulaire de demande de
visa. C’était une des questions : « Quel est l’objet principal du voyage ? ». Je
l’ai choisi comme titre pour deux raisons. Premièrement, j’espère que chaque
spectateur en le lisant se posera la question de ce qui est pour lui « l’objet
principal d’un voyage ». Deuxièmement, j’espère, évidemment, qu’en voyant
la pièce le public comprendra ce qui est (ou était au moment où j’ai créé la
pièce) « mon » objet principal du voyage, à savoir la rencontre et, dans le
cadre de cette création, la rencontre avec les quatre interprètes burkinabè
et, à travers elle, la rencontre avec leur danse, leur imaginaire et une certaine
réalité de l’Afrique contemporaine.
Pourquoi avez-vous fait le choix de travailler avec des danseurs africains ?
C’est en animant des ateliers de danse au Centre de Développement
Chorégraphique La Termitière à Ouagadougou où j’étais invité en 2010 que
j’ai rencontré les danseurs de la formation « Je danse donc je suis ». Cette
rencontre a été une révélation pour moi tant sur le plan artistique qu’humain.
UNE EXPLOSION D’ÉNERGIE ET D’IDÉES
Quel regard portez-vous sur la création africaine ?
La création contemporaine africaine que je connais est à un moment très
intéressant comme j’ai connu en France dans les années 80. Une explosion
d’énergie et d’idées avec une identité africaine très claire, affirmée et innovante.
C’est aussi une danse qui pour moi renoue avec le mouvement et qui montre
l’évidence de la force que cette forme d’art peut avoir et sa capacité de
communiquer au-delà des frontières et ainsi de toucher des publics divers.
Quel regard portez-vous sur les événements que vient de vivre le Burkina
Faso et sur la place prise par les artistes dans ce processus ?
Je suis très fier des Burkinabè qui ont pris en main leur destin, sans violence
et avec une telle détermination. Tout cela révèle la maturité de la société
burkinabè et me fait croire qu’un vrai changement peut avoir lieu. Le fait que
le mouvement de contestation ait commencé autour d’un artiste, le rappeur
Smockey, leader du Balai Citoyen, rejoint ensuite par de nombreux autres
artistes, montre l’importance que les artistes ont dans ces sociétés. En effet,
c’est dans les milieux artistiques que les jeunes apprennent à s’ouvrir au
monde et où il y a une liberté de parole et de pensée. Je pense que ce qui est
arrivé au Burkina montre à quel point il faut continuer à inventer, à réaliser et
à financer des projets culturels dans ces pays afin de contribuer à ce que la
liberté d’expression et le progrès gagnent sur les mouvements de fermeture.
propos recueillis en janvier 2016
8
© DR
HERMAN DIEPHUIS
Herman Diephuis est né en 1962 à Amsterdam et vit à Paris. Il travaille comme
interprète pendant plusieurs années avec de nombreux chorégraphes dont
Mathilde Monnier, Jean-François Duroure, Philippe Decouflé, Jérôme Bel…
En 2002, il chorégraphie La C et la F de la F dans le cadre du projet Les Fables
à la Fontaine. Il monte sa compagnie, ONNO, en 2004 et crée : D’après J.-C.
(2004), Dalila et Samson, par exemple (2005), Julie, entre autres (2007), Paul
est mort ? (2008), Ciao bella (2009), All of me et Let it be me (2012 et 2013), Let
it be all of me, at last (2013) et Bang (2014).
En parallèle, il développe des projets de création avec des amateurs, comme
Brainstorming (2012), La Liberté guidant Romain Rolland (2011), Hors Pair
(2008) et La Cène manquante (2006) et des propositions in situ, dont Vue sur
Parc (2014) et Impressions (2013) dans des musées. Il apporte également
son regard en tant que collaborateur artistique auprès d’artistes dont Mathilde
Monnier, Raphaëlle Delaunay, Maud Le Pladec, Romual Kabore, Teilo Troncy.
Avec l’association ONNO, il est en résidence et artiste associé dans plusieurs
structures culturelles : au Manège, scène nationale de Reims (2007-2010), à
Woodside, Californie (USA) – Djerassi Resident Artists Program (2011), au Théâtre
Louis Aragon, scène conventionnée danse de Tremblay-en-France (2010, 2012
et 2015), et au Forum, scène conventionnée de Blanc-Mesnil (2014).
Depuis 2014, ONNO accompagne le travail de jeunes artistes burkinabè et
devient producteur de plusieurs projets.
9
DES PRÉLIMINAIRES À LA PERFORMANCE
Nyum est née dans la musique. Piano, sax alto, n’goni ou vibraphone,
instruments traditionnels ou technologies numériques, elle revendique les
mélanges d’une musique urbaine « électro-ethnique » restituée dans ce
qu’elle appelle ses « bulles électrOrganiques ».
C’est dans son espace sonore et à ses côtés que les danseurs burkinabè,
Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié, deux complices du Tarmac, vont
se lover, tenter le geste, suggérer l’émotion.
Leurs mouvements résonnent, se perdent dans la nasse des notes, font écho
à la partition, à moins que ce ne soit l’inverse. La musique précède, suscite ou
accompagne et pour les trois artistes, la scène est ici avant tout un laboratoire
où s’esquisse l’idée, un lieu des possibles.
Ils nous donnent à voir ce qui demeure d’ordinaire caché, ce qui relève du
préalable, du préliminaire. De cet écrin sonore nait une danse mécanique et
animale, libérée d’une actualité immédiate. Un instantané. Une performance.
Bernard Magnier
© François Passerini
PERFORMERS
DISTRIBUTION
Chorégraphes et interprètes | Auguste Ouédraogo, Bienvenue Bazié
Composition & musique (vibraphone, voix, n’goni, machines)
Alice de Coquereaumont, aka NYUM
Lumière et son | Fabrice Barbotin, Benjamin Wunsch
Partenaires financiers et coproducteurs | Drac Aquitaine, CDC Le Cuvier, OARA,
IDDAC, Mairie de Bordeaux (en cours)
Soutien logistique | La Caravelle / Marcheprime, La Forge / Portets,
Centre d’animation Argonne Nansouty Saint-Genès
Durée 50 min
17 > 18 MARS
GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 16 MARS – 20H
JEU. VEN. 20H
TOURNÉE | CIE AUGUSTE-BIENVENUE
ZOUHAN
Du 23 au 28 mai | Festival la Vallée, Saint Astier
PERFORMERS
Octobre 2016 | Festival Danse Afrique Danse, Ouagadougou
10
COMPAGNIE AUGUSTE-BIENVENUE
AUGUSTE OUÉDRAOGO
De 1996 à 2001, il participe à des formations à Ouagadougou auprès de Nana
Nilson, Robert Sayfried, Seydou Boro, Opiyo Okach, Xavier Lot et Angelin
Preljocaj, notamment dans le cadre du Festival Dialogues de Corps. Il est
invité au Festival Montpellier Danse dans le cadre des Ateliers du Monde
(2001, 2002), puis au Centre Chorégraphique de Nantes (2006). Parallèlement,
il danse pour Salia Sanou (Kôyan Kôté - 2000), Robert Seyfried (Transpace 2002), Boris B. Diop et Guy Lenoir (L’Opéra Urbain Leena - 2011), Perrine Fifadji
et Khanzaï (Biface - 2012). En tant que chorégraphe, il crée Kuum (Mort, 2001),
Bùudu (le Songe du Peuple, 2002), Sèg Sègbo (2004), Traces (2007).
BIENVENUE BAZIÉ
En Octobre 1993, il intègre la troupe polyvalente le Bourgeon du Burkina où il
suit une formation artistique pluridisciplinaire. Il est à deux reprises, lauréat du
grand prix national de la création chorégraphique. Il se spécialise finalement
dans la danse et collabore avec plusieurs compagnies et artistes : Kongo Ba
Téria (Ouagadougou), Xavier Lot pour Welcom to Bienvenue et Derrière les
Mur/murs, Kemi Dance Project, Salia Sanou, etc. Il interprète en 2011 le Tango
du cheval de Seydou Boro.
CIE AUGUSTE-BIENVENUE
En 2000, ils créent la Compagnie Tã, qui devient Compagnie AugusteBienvenue en 2007. Ils la conçoivent comme un laboratoire de recherche,
de création et de formation pluridisciplinaire. En 2008, ils mettent en place
Engagement Féminin qui offre des formations et un accompagnement long
aux artistes africaines. Ils créent Tin souk ka (Au milieu d’ici) en 2005, Zouhan
(La Parole) en 2013.
11
EXPLORER UNE NOUVELLE MATIÈRE CHORÉGRAPHIQUE
ENTRETIEN CROISÉ AVEC BIENVENUE BAZIÉ
ET AUGUSTE OUEDRAOGO
Bernard Magnier : Comment est né votre spectacle PerformerS ? Une
idée ? Une rencontre ? Une actualité ?
Bienvenue Bazié : PerformerS est au départ une idée, celle de faire vivre
au spectateur ces moments de recherche où les matières naissent, se
développent et se transforment. Après plusieurs pièces à thèmes, nous avons
eu envie de revenir à notre engagement premier, d’explorer une nouvelle
matière chorégraphique en résonnance avec la musique, la scénographie et
les lumières. Il s’agit pour nous de conjuguer à la fois le goût de la prise de
risque et du lâcher-prise, en convoquant sur scène, aux côtés de la danse,
d’autres disciplines et en provoquant une interaction entre elles.
Auguste Ouédraogo : Avec PerformerS, j’ai voulu avec Bienvenue, confronter
le corps à un nouvel univers, l’emmener vers des endroits encore inconnus,
explorer une nouvelle matière chorégraphique, en résonnance avec une
musique « live ». Et ainsi offrir des moments uniques que nous ne partageons
pas d’ordinaire avec le public, l’occasion de vivre autrement un spectacle.
Comment s’est passée votre rencontre avec Nyum, la musicienne de
votre spectacle, présente avec vous sur scène ?
Auguste Ouédraogo : J’ai fait la connaissance de Nyum grâce à un ami, Eddy
Dacosta, un technicien son qui travaille avec elle. Eddy m’a fait écouter une
bande son de Nyum qui m’a toute de suite interpellée, puis il m’a fait découvrir
une vidéo de son concert. J’ai alors pris contact avec Nyum parce que sa
démarche musicale correspondait au projet de création de PerformerS que
nous imaginions depuis un moment.
ce spectacle. Une structure cadrant l’improvisation et permettant la précision
des points de rendez-vous a été créée et cela a permis un renouvellement
des propositions et une bonne évolution du spectacle.
Quel regard portez-vous sur les récents événements qui ont bouleversé
le paysage politique de votre pays ?
Bienvenue Bazié : Je voudrais tout d’abord rendre hommage aux personnes
tombées lors de la lutte engagée par la population burkinabè pour la prise
en main de son destin. Il est triste et inacceptable de voir que les dirigeants
africains de façon générale refusent de travailler dans l’intérêt de leurs
populations au profit de leurs intérêts personnels. Et il est important que les
populations n’oublient pas qu’elles sont au début et à la fin du règne des chefs,
que chaque dirigeant n’oublie pas qu’il est un individu porté par sa population
dont la colère ne doit pas être réveillée.
Le chemin est encore long et il faudrait continuer à marcher dans ce sens pour
arriver à une vraie révolution qui permettrait de prendre en compte chaque fils
et chaque fille du pays, à un vrai changement positif dans tous les secteurs, à
une vraie pensée citoyenne prenant en compte l’intérêt général des Burkinabè.
J’ose croire que ce qui s’est passé au Burkina servira de leçon aux prochains
dirigeants et à leur peuple. J’espère que l’intérêt général prendra le dessus sur
l’intérêt personnel et égoïste.
Auguste Ouédraogo : Ces événements étaient inévitables. Le cours de
l’histoire de notre très cher pays devait passer par la chute de cette soit-disant
« démocratie ». À présent nous devons continuer à donner de la voix pour
qu’aucun groupe d’individus ne s’accapare ou ne sacrifie l’avenir du peuple
au profit de ses intérêts personnels.
Propos recueillis en décembre 2015
Quel a été son rôle dans la conception du spectacle ?
Auguste Ouédraogo : Le rôle de Nyum a été de rechercher des bruitages,
des univers musicaux, de créer des bases de données qui permettraient de
composer en direct avec nous. Ainsi ses « bulles électroOrganiques » - comme
elle aime à définir ses créations musicales - nous ont servi de supports pour
rechercher, façonner et nous évader avec le mouvement.
Quel sera son rôle dans le spectacle ?
Bienvenue Bazié : PerformerS demande des moments incessants d’échanges
pour trouver une certaine complicité entre les différentes personnes présentes.
Dans ce spectacle, en grande partie improvisé, son rôle sera d’assurer le lien
avec sa partition musicale.
Quels ont été vos axes de travail pour cette chorégraphie ?
Bienvenue Bazié : Dans un premier temps, nous avons fait un travail individuel
sur la composition et la décomposition de phases dansées permettant
à chacun de se lancer dans l’improvisation. Puis est arrivé le moment du
dialogue entre les matières existantes. Une étape permettant de voir et de
renforcer notre capacité d’action et de réaction sur les différents éléments de
12
© François Passerini
13
CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL
ÉTIENNE MINOUNGOU
Né en 1968 au Burkina Faso, Étienne Minoungou est à la fois comédien, auteur,
metteur en scène, dramaturge et entrepreneur culturel. Après des études de
sociologie à l’Université de Ouagadougou et un CAPES de lettres, il choisit
de se consacrer entièrement au théâtre. Il dirige le Théâtre de la Fraternité à
Ouagadougou puis crée en 2000 la Compagnie Falinga.
DISTRIBUTION
Texte | Aimé Césaire
Mise en scène | Daniel Scahaise
Assistant à la mise en scène | François Ebouele
Interprétation | Étienne Minoungou
Régie | Frédéric Nicaise
Coproduction | La Charge du Rhinocéros, Théâtre en Liberté, Compagnie Falinga
Durée 1h05
Comédien, il joue sous la direction de Jean-Pierre Guingané, Matthias
Langhoff, Rosa Gasquet et Valérie Goma. Il joue également au cinéma auprès
des réalisateurs Tacere Ouedraogo, Issa Traoré et Régina Fanta Nacro.
En 2002, il initie à Ouagadougou les Résistances Panafricaines d’Écriture, de
Création et de Recherche Théâtrale. Les Récréâtrales constituent aujourd’hui
l’un des événements majeurs du monde théâtral au Burkina Faso et en Afrique
francophone. Depuis 2007, il anime la coalition des artistes et des intellectuels
pour la culture et préside le Centre burkinabé de l’Institut International du
Théâtre.
23 > 26 MARS
MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H
TOURNÉE | ÉTIENNE MINOUNGOU
CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL
25 novembre | Cité Miroir, Liège
6 au 28 juillet | Collège de la Salle - Festival Off, Avignon
En 2002, il écrit la pièce Madame, je vous aime, qui est jouée à Ouagadougou,
Paris et Bruxelles. En juillet 2014, au festival d’Avignon, Jean Baptiste Hamado
Tiemtoré met en scène M’appelle Mohammed Ali, un texte écrit par Dieudonné
Niangouna pour Etienne Minoungou. La même année, Daniel Scahaise lui
propose d’interpréter le Cahier d’un retour au pays natal.
M’APPELLE MOHAMMED ALI
6 au 28 juillet | Collège de la Salle - Festival Off, Avignon
AU BOUT DU PETIT MATIN… LES EXILÉS, LES EXCLUS
Sur la grève, sur la scène, un homme hirsute, échoué, rescapé d’on ne sait
quelle errance, exclu, oublié de toutes les histoires. Il émerge d’un tas de
vêtements, au bout du petit matin…
Dans la mise en scène de Daniel Scahaise, Étienne Minoungou s’empare
du Cahier d’un retour au pays natal. Il s’approprie la poésie d’Aimé Césaire, la
rend accessible, lui offre une autre géographie. Le comédien burkinabè inscrit
le poète martiniquais dans l’Histoire immédiate, dans les instants citoyens que
son pays a récemment connus. La négraille assise inattendument debout !
Et les paroles de l’hymne national burkinabè se mêlent aux fièvres lyriques
comme le poing à l’allongée du bras.
La langue éblouissante du nègre-carrefour est là, le souffle, le sursaut, la
sottise dangereuse des frégates policières, la dénonciation, la rage, la plage
des songes et l’insensé réveil.
© Bruno Mullenaerts
Un monument. Une poésie essentielle. Et une relecture dans laquelle on peut
aussi entendre le cahier d’un espoir au Burkina Faso.
Bernard Magnier
14
15
« UN TEXTE PARFAIT JOIGNANT L’HÉROÏQUE AU POÉTIQUE DANS UNE LANGUE DE FULGURANCES »
ENTRETIEN AVEC DANIEL SCAHAISE, METTEUR EN SCÈNE
Bernard Magnier : Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à mettre
en scène Cahier d’un retour au pays natal ?
Daniel Scahaise : Mettre en scène Cahier d’un retour au pays natal était un
projet qui trainait dans ma tête depuis longtemps. J’avais relu ce texte à la mort
de Césaire, et depuis, le monter me semblait une urgence. Encore fallait-il
mettre sur pied la production et trouver l’acteur pour le jouer.
Ma rencontre avec Olivier Blin, de la Charge du Rhinocéros à Bruxelles, fut
pour cela décisive. Dès notre première conversation, nous avons évoqué ce
projet (à l’époque, je voulais le monter avec une comédienne sénégalaise,
projet qui ne s’est pas finalisé). Très vite, la coproduction avec Théâtre en
Liberté s’est mise sur pied. Ensuite, Olivier m’a présenté Étienne Minoungou et
le spectacle était lancé.
Quelles sont les principales qualités de comédien d’Étienne Minoungou ?
Il allie une force de travail (mémoriser 4 pages du texte de Césaire par jour… il
faut le faire !) à une disponibilité sans faille et, surtout, il y a sa générosité dans
le jeu et un sourire et un oeil qui appellent la fraternisation.
Quand et comment avez-vous lu pour la première fois le(s) texte(s) de
Césaire ? Pourquoi avoir choisi ce poème plutôt que l’une des pièces du
poète et dramaturge martiniquais ?
Animant une compagnie à Bruxelles, compagnie composée essentiellement
de comédiens « blancs », le répertoire de Césaire me semblait difficile à
aborder. De plus, depuis plus d’un demi siècle, on lit l’œuvre d’Aimé Césaire
dans la perspective réductrice d’un écrivain progressiste qui fustige les colons
et la colonisation. Un théâtre engagé dans la lutte anticolonialiste. Même si ces
thèmes restent importants, il me semble qu’il est temps de donner à l’œuvre
de Césaire toute sa dimension humaniste faite de tolérance et d’amour de
l’autre. La quête individuelle que propose Cahier d’un retour au pays natal me
semble le texte parfait, joignant l’héroïque au poétique dans une langue de
fulgurances et de métaphores flamboyantes.
Quelles vont être vos orientations de mise en scène pour ce spectacle ?
Dès la première lecture, avec Étienne Minoungou, nous avons convenu de
faire un spectacle « sur tous les exilés, les déracinés ». À l’orée d’une grande
ville européenne, un errant, un voyageur, un raconteur d’histoires nous parle
de sa vie, de sa jeunesse, de ses rêves, de son Histoire… Peu à peu, il crée
avec le spectateur, un rapport intime de complicité, comme les conteurs sur
le marché. Il nous fait connaître ses rêves, ses frustrations, ses espoirs, ses
souffrances passées et présentes. Il nous raconte son histoire, celle de son
peuple pour mieux le connaître et donc mieux le comprendre.
16
© Adrian Zapico
propos recueillis en décembre 2015
17
OSCAR A DEUX MAISONS, DEUX CONTINENTS ET DEUX VIES
Dans un coin d’Afrique reconstituée, décor, ambiance sonore, chaleur,
moiteur, équateur... Un homme blanc se déshabille, se saisit d’un pistolet à
peinture et se recouvre le corps de noir. Peau blanche masque noir… Illusoire.
Il entame une danse, frappe des pieds le sol, semble se fondre dans le noir,
au cœur des ténèbres, au plus noir de la nuit. Il se veut un autre, tente de l’être,
tente d’aimer. Illusion.
Plus tard, a peine le masque tombé, à peine dégrimé, à peine dégrisé, le voici
avec ses noirs à l’âme. Oscar, jeans, baskets et tee shirt, est devant nous et nous
explique sa vie. Oscar a deux maisons, l’une en Belgique où il est comédien,
l’autre au Kenya où il est propriétaire d’une plantation. Deux continents et deux
vies, avec ses porte-à-faux, ses doutes et ses contradictions. Il voudrait être
le même en Belgique et au Kenya mais « tout est différent, les blagues, le
chagrin, l’amour, le sexe… » et le compromis est impossible.
© Kurt Van der Else
AFRICA
DISTRIBUTION
Texte et mise en scène | Peter Verhelst
Avec | Oscar Van Rompay
Musique | Kreng
Traduction française | Monique Nagielkopf
Traduction du texte vers le Swahili | Marta Krajnik
Production | NTGENT
En collaboration avec Frans Brood Productions
Avec le soutien de l’Onda - Office national de diffusion artistique
Durée 1h40
30 MARS > 2 AVRIL
GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 29 MARS – 20H
MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H
TOURNÉE
11 et 12 mars | Biennale des écritures du réel, Marseille
19 au 23 avril | Théâtre de Liège, Liège
18
Dans les mots et la mise en scène de Peter Verhelst, Oscar Van Rompay
joue son rôle. Oscar est Oscar. Africa est la part kenyane de sa vie, sa moitié
d’incertitude et de doute, ce pays qui désarçonne, la maladie et la mort qui
guettent et son rêve qui s’amenuise.
Africa… Une performance. Un texte. Un spectacle puissant, nu, cru et
dérangeant. Une mise en doute. Un déchirement.
Bernard Magnier
OSCAR VON ROMPAY
Il étudie l’art dramatique au Conservatoire Royal d’Anvers, puis après un stage
remarqué auprès de Johan Simons intègre la nouvelle troupe du NTGENT. Il se
dote alors d’un puissant rayonnement et d’un langage corporel remarquable.
Il travaille notamment avec Ivo van Hove, Jan Eelen et Erik De Volder. Il se fait
remarquer dans le rôle principal de Win/Win (film de Jaap Van Heusden), qui lui
vaut une récompense au Festival du film de New York. Africa est son premier
projet avec Peter Verhelst.
PETER VERHELST
Peter Verhelst est auteur et homme de théâtre. Il s’affirme, dans les années
1990, comme l’une des voix incontournables de la littérature néerlandaise
postmoderne. Dans le théâtre, il commence à se faire connaître comme
arrangeur : Ivo van Hove, pour Aars!, Luc Perceval et Richard III, Johan Simons
pour Krapp’s Last Tape et Edward II. Il développera son travail au NTGENT à
travers des collaborations étroites faites de monologues pour les acteurs de
la troupe. Ses spectacles mêlent souvent performance, danse et texte, tantôt
dans l’harmonie, tantôt dans la destruction.
19
DE LA FERME KENYANE À LA SCÈNE BELGE… ALLER-RETOUR
ENTRETIEN AVEC OSCAR VAN ROMPAY
Bernard MAGNIER : Sur scène vous racontez votre histoire et interprétez
votre rôle, pourtant le texte est signé Peter Verhelst… Comment est né ce
projet ?
Oscar VAN ROMPAY : Au départ, ce n’était pas mon idée mais une demande
de Peter. Il m’a parlé de ce projet à un moment où je me trouvais vivre entre
deux mondes très séparés. J’étais fermier au Kenya et comédien en Belgique,
dans une situation quasi-schizophrénique.
Peter avait une sorte de fascination pour le continent africain mais sa vision
était plus exotique car il n’y avait jamais mis les pieds. Nous avons beaucoup
parlé. Peter m’a posé beaucoup de questions. Je pensais alors qu’il allait écrire
une pièce sur l’exotisme, sur ces deux mondes, sur la double culture, etc.
Mais, quelques semaines plus tard, Peter est revenu avec le début du texte et
cela commençait par « Je m’appelle Oscar Van Rompay… ».
« C’EST LE TEXTE DE PETER ET CE SONT MES MOTS »
Comment est née l’idée de scinder le spectacle en deux parties bien
distinctes, dans leur forme comme dans leur contenu ?
Au tout début, il y avait quelques idées, quelques images. Celle d’être dans
l’eau, celle de vouloir danser comme une femme noire, celle de l’animal
suspendu à la fin du spectacle… Nous avons ensuite commencé par faire des
improvisations et quelques essais autour de ces images.
Il était aussi très important pour moi d’évoquer mon désir de l’Autre, cette
volonté d’être avec l’Autre. La seconde partie se justifie par cette volonté de
donner à voir le mouvement « vers ». C’est une sorte d’écho au début de la
pièce. C’est pour cela que nous avons souhaité que les deux transformations
soient effectuées à vue.
Il y a une part de provocation également…
C’est un spectacle très personnel - très honnête aussi je crois - mais tout
n’est pas vrai. Tous les mots prononcés ne sont pas les miens. J’ai beaucoup
emprunté à d’autres, à des personnes rencontrées, à des propos entendus.
Lorsque je dis « les seuls Kenyans honnêtes sont les prostituées, elles ne
déçoivent jamais et elles viennent aux rendez-vous », je ne pense évidemment
pas ce que je dis et ce n’est pas Oscar qui s’approprie ces mots… Tout ceci
peut parfois entretenir l’ambiguïté, voire la frustration.
Ces phrases doivent se retourner sur moi et non sur le pays. Ce sont mes
faiblesses que j’exprime ainsi. C’est moi qui n’arrive pas être « un » avec ce
pays.
« J’AI LE LUXE D’ÊTRE ÉTRANGER SANS EN CONNAÎTRE LES DOULEURS »
Diriez-vous aujourd’hui que vous êtes heureux dans l’un et l’autre pays.
Davantage dans l’un que dans l’autre ?
C’est un trajet très individuel, une existence très singulière. Parfois, je trouve
que c’est encore difficile. J’ai tant d’amis belges qui n’ont jamais été au Kenya
20
© Kurt Van der Else
et encore plus d’amis kenyans qui n’ont jamais mis les pieds en Belgique…
Je dis au revoir deux fois par an, au Kenya ou en Belgique. Je rate à chaque
fois beaucoup de choses dans les deux mondes mais j’ai deux mondes. Cela
m’aide à relativiser beaucoup.
Lorsque vous dites « je rentre chez moi »… C’est où ?
C’est toujours la Belgique, je crois. Mais ça ne veut pas dire que je suis plus
heureux en Belgique et moins au Kenya. Je peux être très heureux au Kenya
bien que ce ne soit pas vraiment « chez moi ».
C’est un luxe d’être étranger au Kenya car pour moi c’est très facile d’y voyager,
ce qui n’est pas le cas pour un Kenyan en Belgique. J’ai le luxe d’être étranger
sans en connaître les douleurs.
Le spectacle vous a t-il eu des vertus thérapeutiques ?
Oui, oui, bien sûr, le spectacle m’a été utile. Il a modifié mon regard. Parler
avec Peter pendant des heures et des heures, jouer le spectacle, puis
échanger avec des gens, répondre aux interviews… Tout ceci m’a beaucoup
appris sur moi, sur ma vie au Kenya. En fait, aujourd’hui, il est beaucoup moins
problématique d’être au Kenya. Le spectacle est l’histoire de ce voyage et du
« comment faire pour trouver une façon de vivre là-bas ».
Donc « thérapeutique », sans doute un peu. Le mot est toujours un peu gênant.
C’est avant tout un spectacle mais, de fait, il m’a été utile de pouvoir partager
cette expérience. C’est une recherche. Une introspection. Une enquête intime
et partagée.
Propos recueillis en décembre 2015
21
POUR ÊTRE DEUX, POUR NE FAIRE QU’UN
« Duo pour un danseur » c’est ainsi que Simon Abbé, habitué du Tarmac,
présente son nouveau spectacle. Provocation, défi, le chorégraphe et danseur
camerounais choisit d’être seul pour s’immiscer dans l’intimité du couple. Il
dit ainsi l’absence, l’amour qui s’en est allé. Il dit aussi la dualité lorsque le
masculin se conjugue au féminin.
Simon Abbé danse son histoire… Nos histoires ? Une histoire qui ressemble aux
nôtres. Une histoire à deux dont on entend les mots, les serments murmurés,
les paroles échangées sur la toile, sur la scène… On distingue des lieux, une
porte qui s’ouvre sur la mer, une ville. Yaoundé peut-être ? Yaoundé sans
doute, son ciel et ses nuages. On est au coeur de l’intime. On en découvre les
gestes. La rencontre, le désir, le partage.
Les musiques sont là, proches. Un morceau, composé par le chorégraphe,
précède la nature mécanique de Björk, l’oud jazzy de Dhafer Youssef ou une
tarentelle revisitée… Elles se font volontiers complices pour dire la fragilité,
l’instabilité, l’équilibre précaire.
© Emmanuelle Stauble
RUPTURE CRÉATION
DISTRIBUTION
Conception, chorégraphie, interprétation | Simon Abbé
Lumières | Cathy Gracia
Montage vidéos | Keyu Jiang
Réécriture du texte | Jean-Pierre Hamon
Voix off | Charlotte Ntamack
Production Compagnie | Simon Abbé, Cultur’Elles Production
Coproduction | Institut Français de Pékin, Ambassade de France en Chine,
Institut Français de Yaoundé, La Maison des Arts et Loisirs de la Ville de Laon
Accueil en résidence | Le Tarmac - La scène internationale francophone, LDTX (Beijing Dance
Festival), La Maison des Arts et Loisirs de la Ville de Laon, Centre National de la Danse (Pantin)
Prêt Studio
Durée 50 min
7 > 8 AVRIL
GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 6 AVRIL – 20H
JEU. VEN. 20H
22
Pour dire l’attente, le manque, la… rupture. Pour être deux, pour ne faire qu’un.
Bernard Magnier
SIMON ROMUALD ABBÉ
Simon Romuald Abbé est danseur de hip-hop depuis 1998. Il devient quatre
fois champion du Cameroun en danse urbaine avec son groupe le « Black
Star ». Il se forme ensuite pendant trois ans au Ballet National du Cameroun
sous la direction des chorégraphes chinoises Naersi et Jiangkeyu dans les
techniques classiques, modernes et contemporaines.
C’est lors de son passage au sein du Ballet National qu’il crée ses premières
chorégraphies, notamment Djan Djan (2007) puis The feeling of body maving,
avec sa compagnie en 2008. Dès 2009, il participe aux ateliers de danse
contemporaine et d’écriture de texte avec Xavier Lot et Ronan Chéneau. Il
danse avec Xavier Lot pour chorégraphe dans Simon, non je ne m’appelle pas
Samuel Eto’o, Entre-là, Eden… Paradise et Opus 13.
En 2012, il chorégraphie Jusqu’à quand. Il présentera sa prochaine création
Rupture, au Tarmac, en avril 2016.
23
MACHIN LA HERNIE CRÉATION
DISTRIBUTION
Texte | Sony Labou Tansi (Revue Noire Éditions)
Mise en scène | Jean-Paul Delore
Avec | Dieudonné Niangouna
Musique sur scène | Alexandre Meyer
Collaboration artistique et costumes | Catherine Laval
Production | LZD Lézard Dramatique, Accompagnement La Magnanerie
Coproduction | Le Tarmac - La scène internationale francophone, Festival Mantsina
sur scène (Brazzaville)
Durée 1h30
13 > 16 AVRIL
GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 12 AVRIL – 20H
MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H
DANS LES EAUX FURIEUSES D’UN TEXTE FLEUVE
© Éric Legrand
« Machin » comme un objet innommable, non identifié. Une chose incongrue,
insolente, hors norme. « Hernie » comme une excroissance, une protubérance,
un appendice encombrant. « Machin la Hernie » ou l’histoire d’un dictateur et…
d’un livre.
L’histoire d’un dictateur dans sa furie, dans sa folie, « l’histoire de mon-colonel
Martillimi Lopez fils de Maman Nationale, venu au monde en se tenant la
hernie, parti de ce monde toujours en se la tenant… ». L’histoire aussi d’un livre
publié dans une version « raccourcie » en 1983 sous le titre de L’État honteux,
et, quelque vingt ans plus tard, dans sa version « intégrale ».
Auteur, acteur metteur en scène, Dieudonné est né en 1976, à Brazzaville au
Congo. Après des études à l’Ecole nationale des Beaux-arts de Brazzaville, il
s’oriente vers le théâtre et joue dans plusieurs compagnies locales. En 1997,
en pleine guerre civile, il éprouve le besoin d’exprimer ce qui se passe dans la
rue et fonde avec son frère Criss la compagnie Les Bruits de la rue. Il signe les
textes et les mises en scène de La Colère d’Afrique, Bye-bye et Carré blanc.
Jean-Paul Delore et Dieudonné Niangouna sont allés au cœur du monstre,
dans les entrailles de la création de Sony Labou Tansi, au plus près de ses
mots. Ils sont allés dans la matrice romanesque, dans le creuset, dans la furie
d’écriture du trublion iconoclaste.
Fin 2006, il met en scène et joue Dans la solitude des champs de coton de
Bernard Marie Koltès, présenté en France, en Afrique de l’Ouest et Afrique
Centrale. Écrites pour certaines dans le cadre de résidences d’écriture, créées
pour d’autres dans le cadre de coproductions avec des théâtres français, ses
pièces sont jouées en Afrique ou en France.
Ils les restituent dans la puissance de leur démesure. Ils nous emportent dans
une déambulation solitaire, dans les eaux furieuses d’un texte fleuve, dans la
folie et la honte d’un tyran à la triste hernie et dont l’emblème est la braguette…
Il crée le festival Mantsina sur Scène à Brazzaville qui connu une 12ème édition
mouvementée en 2015, du fait de ses prises de position politique.
24
DIEUDONNÉ NIANGOUNA
Bernard Magnier
En juillet 2013, il présente au Festival d’Avignon son spectacle Sheda. En
2016, il présentera Le Kung-Fu au Théâtre National de Strasbourg et Machin
la Hernie au Tarmac. Il prépare actuellement un spectacle avec le Théâtre
Vidy-Lausanne.
25
UN DÉFI THÉÂTRAL QUI POSE LA QUESTION DE LA DURÉE
ENTRETIEN AVEC JEAN-PAUL DELORE
Bernard MAGNIER : Sony est un dramaturge qui a laissé un grand nombre
de pièces publiées et d’autres inédites, pourtant vous allez mettre en
scène un énorme roman, Machin la Hernie, matrice de son deuxième
roman publié, L’État honteux. Pourquoi avoir choisi ce texte ?
J’ai d’abord lu L’État honteux avec cette immédiate sensation qu’il s’agissait
d’un texte fait pour être dit. Je tournais sur place en le lisant comme le
président Martillimi Lopez, le personnage central, qui se retourne sur son
passé et s’envoie vers le futur tout en passant son temps à imaginer et déjouer
des complots. Ventriloque de l’État qu’il dirige et de son état de garçon sexué.
Plus tard, Nicolas Martin-Granel et Greta Rodriguez m’ont parlé d’un manuscrit
fou sauvé des souris, des bombes et de l’oubli, dans la maison de Sony à
Brazzaville, comme d’une version antérieure à L’État honteux. Ils se sont battus
pour le publier et j’ai lu Machin la Hernie. J’ai constaté combien cette version
était encore plus physique. J’ai été frappé par sa démesure, par ce fleuve de
mots et le vertige que procure cette prise de parole, un véritable putsch verbal,
qui fait avancer une histoire en la bégayant.
Jean-Paul DELORE : Choisir un roman comme celui-ci, est–ce une contrainte
supplémentaire ou, au contraire, un gage de plus grande liberté ?
Les deux ou bien aucune des deux. Ce qui est difficile c’est qu’il s’agit d’une
partition très longue. L’enjeu de Machin la Hernie c’est la durée. C’est un texte
qui pose la question de la durée parce que le personnage principal est un
homme qui veut « durer ». La contrainte principale est donc de parvenir à
rendre sensible sur scène la terrible et ambivalente liberté de ton et de bas
ventre du président Lopez, fascinante, dégoutante et détestable.
Et les quelque 300 pages bien denses avec une ponctuation raréfiée…
À raison de 2 à 3 minutes par pages, Machin la Hernie nécessiterait 12 à 15
heures de représentation… Alors les questions s’imposent : Quelle sera la
durée du spectacle ? Faut-il laisser la parole dans son intégralité et laisser
le spectateur s’abstraire quand il veut ? Le laisser sortir de la salle et revenir
quand il veut, comme si le temps de la représentation, ce protocole génial
autant que rouillé, cette chimie rituelle, était bousculée par ce texte ?
La réponse viendra avec le travail de répétition qui va nous permettre
d’éprouver physiquement cette notion de durée et de trouver des solutions
pour transmettre la monstruosité et le caractère interminable de cette aventure.
Avez-vous déjà quelques partis pris de mise en scène, quelques pistes de
travail ?
Mes partis pris, je ne les connais pas encore. Ce qui est certain, c’est la
présence fondamentale sur scène d’Alexandre Meyer, guitariste, improvisateur
qui sait réagir en temps réel à ce qu’un acteur peut produire, capable aussi
26
bien de se fondre dans la voix de celui-ci que de provoquer les ruptures et virages qui
vont amener le comédien à aller voir ailleurs. Lui aussi, j’imagine qu’il devra se mettre
une nouvelle fois en position de défi pour longer une telle partition littéraire. Machin c’est
le livre de l’excès donc on peut supposer qu’Alexandre va aussi chercher de ce côté là,
du minimalisme au plus rempli ; travailler l’arrêt, le brouillage, la suspension, la répétition
des mêmes figures musicales ; tout ce qui nous rapproche de la transe.
Quelles sont les qualités de l’acteur Dieudonné Niangouna dont on connait par
ailleurs les talents de dramaturge ?
Dieudonné a un rapport pulsionnel, très physique à la parole. La poésie, on peut aussi
la faire avec les pieds et, lui, il sait courir de l’enfance à la monstruosité. Il joue avec les
extrêmes, l’enfance, la mort, la brutalité, l’immobilité, l’arrêt, la douceur. Il sait se salir sur
un plateau. Dans une lettre adressée à Arthur Rimbaud, Sony dit « cinquante degrés sous
zéro, c’est à cette température qu’on fait des poètes ». Je crois que Dieudonné sait jouer
avec la brûlure des grands froids et que Martillimi Lopez, le héros du roman, va profiter
de Dieudonné Niangouna.
Martillimi Lopez lui va bien…
Oui et c’est un personnage dans lequel il trouve (nous trouvons) beaucoup de
résonnances d’actualité, tout comme Sony en trouvait avec ses contemporains. C’est
un règlement de compte et c’est pour cela que l’on a l’habitude de dire qu’il s’agit de
l’histoire d’un dictateur, et que l’on peut facilement mettre tel ou tel nom à la place
Martillimi Lopez… Les exemples ne manquent pas, hier comme aujourd’hui !
Mais le roman n’est pas que l’histoire d’un dictateur…
Pour moi, en ce moment, Martillimi Lopez est seul dans une sorte de grande maison,
dans un palais soudain déserté de tous ses sujets, abandonné par ses conseillers, ses
gardes. C’est la paranoïa, le délire et l’agonie d’un homme seul qui s’imagine qu’il a
encore du pouvoir. Et plus on réfléchit, plus on travaille, plus on peut lui trouver des
facettes intéressantes. Il nous fait sourire et on aimerait presque l‘aider. Pour jouer ce
personnage, l’acteur doit le prendre au premier degré.
C’est une fiction grotesque et sarcastique qui remplace tout ce qu’on n’arrive pas à
dire sur nous-même, sur l’état du monde. Martillimi Lopez, malmené par tout ce qu’il
invente, est ce personnage rabelaisien et célinien, en fait, assez proche de nous. L’ « état
honteux », c’est notre condition humaine.
Machin la Hernie… Quel sens donnez-vous à ce titre ?
« Machin » c’est ce qui évite d’être nommé. C’est l’indicible ; tout autant un plaisir difficile
à dire : je voudrais un machin un peu plus, un peu moins... que quelque chose d’indistinct
que l’on rejette : c’est quoi ce machin... ? La « hernie » c’est le sexe, ou une zone sexuelle
excroissante ; c’est à la fois la chose la plus importante et la chose qui évolue, se
dégrade. L’Etat honteux est aussi un très beau titre. J’ai besoin de L’Etat honteux pour
comprendre Machin la Hernie, et réciproquement. Peut-être pour mieux comprendre
devrait-on mélanger les deux titres… Essayons : Machin honteux, L’État Hernie, L’État
Machin, Hernie honteuse…
Propos recueillis en décembre 2015
27
SAISON 2015|2016
TRAVERSÉES
AFRICAINES
DANSE
9 > 12 MARS 2016
OBJET PRINCIPAL
DU VOYAGE
HERMAN DIEPHUIS
DANSE
17 > 18 MARS 2016
PERFORMERS
AUGUSTE OUEDRAOGO
& BIENVENUE BAZIÉ
THÉÂTRE
23 > 26 MARS 2016
CAHIER
D’UN RETOUR
AU PAYS NATAL
AIMÉ CÉSAIRE
THÉÂTRE
30 MARS > 2 AVR. 2016
AFRICA
PETER VERHELST
DANSE
7 > 8 AVR. 2016
RUPTURE
SIMON ABBÉ
THÉÂTRE
13 > 16 AVR. 2016
MACHIN
LA HERNIE
SONY LABOU TANSI
OUTRE-MER VEILLE
CARTE BLANCHE
À TROPIQUES ATRIUM,
SCÈNE NATIONALE
DE MARTINIQUE
DANSE
JEUDI 26 MAI - 14H30
ABSTRACTION
DAVID MILÔME
THÉÂTRE
JEUDI 26 MAI - 20H
SUZANNE CÉSAIRE,
FONTAINE SOLAIRE
HASSANE KASSI KOUYATÉ
THÉÂTRE
VENDREDI 27 MAI - 20H
SUZANNE CÉSAIRE,
FONTAINE SOLAIRE
HASSANE KASSI KOUYATÉ
MUSIQUE
SAMEDI MAI 28 - 16H
MANO CÉSAIRE
SEXTET