traversées africaines
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DOSSIER DE PRESSE DANSE I THÉÂTRE I RENCONTRES tra ver sées af r ica ines 9 MARS 16 AVR. 2016 9 12 MARS | DANSE Objet principal du voyage Herman Diephuis 23 26 MARS | THÉÂTRE Cahier d’un retour au pays natal Aimé Césaire Daniel Scahaise 30 MARS 2 AVRIL | THÉÂTRE Africa | Peter Verhelst 7 8 AVRIL | DANSE Rupture | Simon Abbé 13 16 AVRIL | THÉÂTRE Machin la Hernie Sony Labou Tansi Jean Paul Delore 159 AVENUE GAMBETTA | 75020 PARIS RÉSERVATIONS | 01 43 64 80 80 | WWW.LETARMAC.FR Contact presse | David Sultan – [email protected] | 01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56 Conception graphique : element-s, photo : Per-Anders Pettersson 17 18 MARS | DANSE PerformerS Auguste Ouedraogo Bienvenue Bazié EDITO Ces traversées sont une invitation à jouer à saute-frontières, passer d’un bord à l’autre, tout simplement changer de côté le temps d’un spectacle. Pour défier les forteresses qui s’érigent inexorablement, nous vous proposons de rassembler des artistes de disciplines et d’horizons différents pour convoquer des pensées et des imaginaires qui cherchent à tisser des liens entre eux et font émerger à la fois des résonnances et des différences. En résistant à la tentation de chaque homme à se voir au centre du monde, ces artistes scrutent l’âme humaine à partir de postes d’observation différents, traversent les apparences pour tenter de se défaire des clichés sur nous-mêmes et sur les autres. Dans le respect du pluriel, ils traversent le monde et la société sans jamais prétendre en comprendre l’entièreté. Ils les pénètrent de part en part et, au croisement de l’objectivité et de la subjectivité, démontrent que quelque chose d’autre peut advenir. Ils rebâtissent les chemins perdus qui nous relient aux autres et nous invitent à les emprunter. Valérie Baran Contact presse David Sultan – [email protected] | 01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56 2 3 PROGRAMME 12 MARS P. 6 P. 10 PERFORMERS Chorégraphie Auguste Ouédraogo, Bienvenue Bazié GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 16 MARS – 20H GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 29 MARS – 20H Peaux blanches, masques noirs avec Guillaume Jan et Oscar Van Rompay. Tous deux ont une part de « vie africaine ». L’un au Kenya, l’autre au Congo. Douleurs et plaisirs d’être blanc en Afrique. 7 C’est possible aussi 3 Gambetta 3 bis Saint-Fargeau (7 minutes de marche) 61 et 96 Saint-Fargeau 16 AVRIL T3b Adrienne Bolland 177 et 121 av. Gambetta 11 Porte des Lilas 211 av. Gambetta 60 Pelleport-Gambetta 161 av. Gambetta (ça descend tout seul) GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 6 AVRIL – 20H P. 24 GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 12 AVRIL – 20H Rue de Belleville Rue eau Farg St- s ée én yr sP e Ru ep ll Pe JEUDI 14 AVRIL 2016 – 22H ACTUALITÉ DE SONY LABOU TANSI r ortie Bld M MACHIN LA HERNIE Mise en scène l Jean-Paul Delore, Interprétation l Dieudonné Niangouna de e Ru du in el rm Su Bld des Maréchaux Actualité de Sony Labou Tansi avec Dieudonné Niangouna et Jean-Paul Delore. ort ita p Hô Poète et romancier guadeloupéen, Daniel Maximin a entretenu pendant près de 40 ans une longue conversation amicale, filiale et fraternelle avec le poète dont il restitue les grands moments dans son livre Aimé Césaire, frère volcan (Seuil). Pour venir jusqu’à nous e Ru JEUDI 24 MARS 2016 - APRÈS LA PIÈCE AU BOUT DU PETIT MATIN... AIMÉ CÉSAIRE P. 22 159 avenue Gambetta | 75020 Paris Haxo Rue CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL Mise en scène l Daniel Scahaise Interprétation l Étienne Minoungou 8 AVRIL RUPTURE Chorégraphie l Simon Abbé 13 P. 14 CONTACT PRESSE David Sultan – [email protected] 01 40 31 20 58 – 06 30 99 38 56 JEUDI 31 MARS 2016 – APRÈS LA PIÈCE PEAUX BLANCHES, MASQUES NOIRS a Tissons des passerelles entre l’information et des œuvres littéraires, théâtrales, poétiques. Ces échanges et les extraits de textes lus élargissent les perspectives et nous permettent de sentir battre un peu mieux, un peu plus fort le pouls du monde. 26 MARS INFORMATIONS PRATIQUES du 9 mars au 16 avril 2016 12€ à 25€ | Abonnement 3 spectacles de 30€ à 36€ Toutes les rencontres proposées sont en accès libre Réservations 01 43 64 80 80 be tt SAMEDI 12 MARS 2016 – 18H TARMAC DIPLOMATIQUE, SPÉCIAL TRAVERSÉES AFRICAINES 23 P. 18 am GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 8 MARS – 20H 18 MARS 2 AVRIL AFRICA Texte et mise en scène l Peter Verhelst Interprétation l Oscar Van Rompay OBJET PRINCIPAL DU VOYAGE Chorégraphie l Herman Diephuis 17 30 MARS Av .G 9 INFORMATIONS l Te 4 n Ils sont nés à Buenos Aires, à Qom, à Varsovie, à Tokyo, ou à Calcutta. Par choix ou par nécessité, ils vivent en France et ont choisi de s’exprimer en français… Raisons et enjeux de ce choix. Rencontres organisées en partenariat avec La Plume Francophone. no SAMEDI 26 MARS 2016 – 14H30 et 18H NAÎTRE DANS UNE AUTRE LANGUE, ÉCRIRE EN FRANÇAIS Cimétière du Père Lachaise EXPOSITION PHOTOS 9 MARS > 16 AVRIL En connivence avec la plateforme culturelle dédiée à la photographie, Visiter l’Afrique, une exposition collaborative prendra place dans tous les espaces du Tarmac et offrira un regard supplémentaire aux Traversées Africaines. 5 OBJET PRINCIPAL DU VOYAGE DISTRIBUTION Conception, chorégraphie | Herman Diephuis Collaboration & interprétation | Ousseni Dabare, Romual Kabore, Salamata Kobre, Adjaratou Savadogo Conseil artistique | Dalila Khatir Lumière | Sam Mary Son | Emmanuel Hospital Durée 1h 9 > 12 MARS GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 8 MARS – 20H MER. VEN. 20H | JEU. 14H30 | SAM. 16H Production | Association ONNO Coproduction | Le Phare / Centre Chorégraphique National du Havre Haute-Normandie Accueil Studio, Centre Chorégraphique National de Montpellier Languedoc-Roussillon, Programme Résidences, Centre Chorégraphique National de Tours Accueil Studio, ARCADI (Aide à la production et à la diffusion pour la saison 2013-2014) Soutien | CDC - La Termitière Ouagadougou (BF), mise à disposition du studio L’association ONNO est subventionnée par le ministère de la culture et de la communication, DRAC Île-De-France au titre de l’aide à la compagnie chorégraphique © Marc Coudrais ILS DANSENT DONC ILS SONT TOURNÉE | HERMAN DIEPHUIS D’APRÈS J.-C 24 mars | Espaces pluriels, Pau BANG ! 24 au 26 mai | La Ferme du Buisson, Scène Nationale, Marne la Vallée 10 et 11 juin | Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-St-Denis CLAN 28 et 29 mai | Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-St-Denis Un voyage à Ouagadougou. Des rencontres. Des envies partagées… Une création. Herman Diephuis offre à quatre danseurs burkinabè, deux femmes, deux hommes, une chorégraphie sur mesure et, pour en accompagner l’entrée en scène, le jazz tendre et les drums de Max Roach. Quatre danseurs, vêtus de noir, dont le destin paraît lié, aussi, lorsque l’un tombe les autres le relèvent, du moins avant que ne vienne le temps de la querelle et de l’insulte. Alors le quatuor devient duo puis solo. Chacun y retrouve sa partition dans le blues brumeux de Memphis Minnie et Big Mama Thornton… Musique sensuelle et sexuée, les doigts, la main, le bras sont au service du dire et du sourire car l’humour est là pour déjouer la fièvre. Hymnes nationaux confondus dans une ironie comparse. Une danse urgente, ample, nécessaire, sans visa ni frontière, à fleur d’humain. Jusqu’à la transe sous le rock rugueux et bagarreur d’Ike et Tina Turner. Jusqu’aux mouvements du quatuor retrouvé dans le silence. Jusqu’au geste final des sprinters sur la ligne de départ. « Je danse donc je suis » comme ils disent. 6 Bernard Magnier 7 « JE SUIS TOMBÉ ARTISTIQUEMENT AMOUREUX DE CES JEUNES DANSEURS BURKINABÈ » ENTRETIEN AVEC HERMAN DIEPHUIS Bernard Magnier : De quel « voyage » s’agit-il ? Et quel en est l’ « objet principal » ? Herman Diephuis : J’ai trouvé le titre en lisant un formulaire de demande de visa. C’était une des questions : « Quel est l’objet principal du voyage ? ». Je l’ai choisi comme titre pour deux raisons. Premièrement, j’espère que chaque spectateur en le lisant se posera la question de ce qui est pour lui « l’objet principal d’un voyage ». Deuxièmement, j’espère, évidemment, qu’en voyant la pièce le public comprendra ce qui est (ou était au moment où j’ai créé la pièce) « mon » objet principal du voyage, à savoir la rencontre et, dans le cadre de cette création, la rencontre avec les quatre interprètes burkinabè et, à travers elle, la rencontre avec leur danse, leur imaginaire et une certaine réalité de l’Afrique contemporaine. Pourquoi avez-vous fait le choix de travailler avec des danseurs africains ? C’est en animant des ateliers de danse au Centre de Développement Chorégraphique La Termitière à Ouagadougou où j’étais invité en 2010 que j’ai rencontré les danseurs de la formation « Je danse donc je suis ». Cette rencontre a été une révélation pour moi tant sur le plan artistique qu’humain. UNE EXPLOSION D’ÉNERGIE ET D’IDÉES Quel regard portez-vous sur la création africaine ? La création contemporaine africaine que je connais est à un moment très intéressant comme j’ai connu en France dans les années 80. Une explosion d’énergie et d’idées avec une identité africaine très claire, affirmée et innovante. C’est aussi une danse qui pour moi renoue avec le mouvement et qui montre l’évidence de la force que cette forme d’art peut avoir et sa capacité de communiquer au-delà des frontières et ainsi de toucher des publics divers. Quel regard portez-vous sur les événements que vient de vivre le Burkina Faso et sur la place prise par les artistes dans ce processus ? Je suis très fier des Burkinabè qui ont pris en main leur destin, sans violence et avec une telle détermination. Tout cela révèle la maturité de la société burkinabè et me fait croire qu’un vrai changement peut avoir lieu. Le fait que le mouvement de contestation ait commencé autour d’un artiste, le rappeur Smockey, leader du Balai Citoyen, rejoint ensuite par de nombreux autres artistes, montre l’importance que les artistes ont dans ces sociétés. En effet, c’est dans les milieux artistiques que les jeunes apprennent à s’ouvrir au monde et où il y a une liberté de parole et de pensée. Je pense que ce qui est arrivé au Burkina montre à quel point il faut continuer à inventer, à réaliser et à financer des projets culturels dans ces pays afin de contribuer à ce que la liberté d’expression et le progrès gagnent sur les mouvements de fermeture. propos recueillis en janvier 2016 8 © DR HERMAN DIEPHUIS Herman Diephuis est né en 1962 à Amsterdam et vit à Paris. Il travaille comme interprète pendant plusieurs années avec de nombreux chorégraphes dont Mathilde Monnier, Jean-François Duroure, Philippe Decouflé, Jérôme Bel… En 2002, il chorégraphie La C et la F de la F dans le cadre du projet Les Fables à la Fontaine. Il monte sa compagnie, ONNO, en 2004 et crée : D’après J.-C. (2004), Dalila et Samson, par exemple (2005), Julie, entre autres (2007), Paul est mort ? (2008), Ciao bella (2009), All of me et Let it be me (2012 et 2013), Let it be all of me, at last (2013) et Bang (2014). En parallèle, il développe des projets de création avec des amateurs, comme Brainstorming (2012), La Liberté guidant Romain Rolland (2011), Hors Pair (2008) et La Cène manquante (2006) et des propositions in situ, dont Vue sur Parc (2014) et Impressions (2013) dans des musées. Il apporte également son regard en tant que collaborateur artistique auprès d’artistes dont Mathilde Monnier, Raphaëlle Delaunay, Maud Le Pladec, Romual Kabore, Teilo Troncy. Avec l’association ONNO, il est en résidence et artiste associé dans plusieurs structures culturelles : au Manège, scène nationale de Reims (2007-2010), à Woodside, Californie (USA) – Djerassi Resident Artists Program (2011), au Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée danse de Tremblay-en-France (2010, 2012 et 2015), et au Forum, scène conventionnée de Blanc-Mesnil (2014). Depuis 2014, ONNO accompagne le travail de jeunes artistes burkinabè et devient producteur de plusieurs projets. 9 DES PRÉLIMINAIRES À LA PERFORMANCE Nyum est née dans la musique. Piano, sax alto, n’goni ou vibraphone, instruments traditionnels ou technologies numériques, elle revendique les mélanges d’une musique urbaine « électro-ethnique » restituée dans ce qu’elle appelle ses « bulles électrOrganiques ». C’est dans son espace sonore et à ses côtés que les danseurs burkinabè, Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié, deux complices du Tarmac, vont se lover, tenter le geste, suggérer l’émotion. Leurs mouvements résonnent, se perdent dans la nasse des notes, font écho à la partition, à moins que ce ne soit l’inverse. La musique précède, suscite ou accompagne et pour les trois artistes, la scène est ici avant tout un laboratoire où s’esquisse l’idée, un lieu des possibles. Ils nous donnent à voir ce qui demeure d’ordinaire caché, ce qui relève du préalable, du préliminaire. De cet écrin sonore nait une danse mécanique et animale, libérée d’une actualité immédiate. Un instantané. Une performance. Bernard Magnier © François Passerini PERFORMERS DISTRIBUTION Chorégraphes et interprètes | Auguste Ouédraogo, Bienvenue Bazié Composition & musique (vibraphone, voix, n’goni, machines) Alice de Coquereaumont, aka NYUM Lumière et son | Fabrice Barbotin, Benjamin Wunsch Partenaires financiers et coproducteurs | Drac Aquitaine, CDC Le Cuvier, OARA, IDDAC, Mairie de Bordeaux (en cours) Soutien logistique | La Caravelle / Marcheprime, La Forge / Portets, Centre d’animation Argonne Nansouty Saint-Genès Durée 50 min 17 > 18 MARS GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 16 MARS – 20H JEU. VEN. 20H TOURNÉE | CIE AUGUSTE-BIENVENUE ZOUHAN Du 23 au 28 mai | Festival la Vallée, Saint Astier PERFORMERS Octobre 2016 | Festival Danse Afrique Danse, Ouagadougou 10 COMPAGNIE AUGUSTE-BIENVENUE AUGUSTE OUÉDRAOGO De 1996 à 2001, il participe à des formations à Ouagadougou auprès de Nana Nilson, Robert Sayfried, Seydou Boro, Opiyo Okach, Xavier Lot et Angelin Preljocaj, notamment dans le cadre du Festival Dialogues de Corps. Il est invité au Festival Montpellier Danse dans le cadre des Ateliers du Monde (2001, 2002), puis au Centre Chorégraphique de Nantes (2006). Parallèlement, il danse pour Salia Sanou (Kôyan Kôté - 2000), Robert Seyfried (Transpace 2002), Boris B. Diop et Guy Lenoir (L’Opéra Urbain Leena - 2011), Perrine Fifadji et Khanzaï (Biface - 2012). En tant que chorégraphe, il crée Kuum (Mort, 2001), Bùudu (le Songe du Peuple, 2002), Sèg Sègbo (2004), Traces (2007). BIENVENUE BAZIÉ En Octobre 1993, il intègre la troupe polyvalente le Bourgeon du Burkina où il suit une formation artistique pluridisciplinaire. Il est à deux reprises, lauréat du grand prix national de la création chorégraphique. Il se spécialise finalement dans la danse et collabore avec plusieurs compagnies et artistes : Kongo Ba Téria (Ouagadougou), Xavier Lot pour Welcom to Bienvenue et Derrière les Mur/murs, Kemi Dance Project, Salia Sanou, etc. Il interprète en 2011 le Tango du cheval de Seydou Boro. CIE AUGUSTE-BIENVENUE En 2000, ils créent la Compagnie Tã, qui devient Compagnie AugusteBienvenue en 2007. Ils la conçoivent comme un laboratoire de recherche, de création et de formation pluridisciplinaire. En 2008, ils mettent en place Engagement Féminin qui offre des formations et un accompagnement long aux artistes africaines. Ils créent Tin souk ka (Au milieu d’ici) en 2005, Zouhan (La Parole) en 2013. 11 EXPLORER UNE NOUVELLE MATIÈRE CHORÉGRAPHIQUE ENTRETIEN CROISÉ AVEC BIENVENUE BAZIÉ ET AUGUSTE OUEDRAOGO Bernard Magnier : Comment est né votre spectacle PerformerS ? Une idée ? Une rencontre ? Une actualité ? Bienvenue Bazié : PerformerS est au départ une idée, celle de faire vivre au spectateur ces moments de recherche où les matières naissent, se développent et se transforment. Après plusieurs pièces à thèmes, nous avons eu envie de revenir à notre engagement premier, d’explorer une nouvelle matière chorégraphique en résonnance avec la musique, la scénographie et les lumières. Il s’agit pour nous de conjuguer à la fois le goût de la prise de risque et du lâcher-prise, en convoquant sur scène, aux côtés de la danse, d’autres disciplines et en provoquant une interaction entre elles. Auguste Ouédraogo : Avec PerformerS, j’ai voulu avec Bienvenue, confronter le corps à un nouvel univers, l’emmener vers des endroits encore inconnus, explorer une nouvelle matière chorégraphique, en résonnance avec une musique « live ». Et ainsi offrir des moments uniques que nous ne partageons pas d’ordinaire avec le public, l’occasion de vivre autrement un spectacle. Comment s’est passée votre rencontre avec Nyum, la musicienne de votre spectacle, présente avec vous sur scène ? Auguste Ouédraogo : J’ai fait la connaissance de Nyum grâce à un ami, Eddy Dacosta, un technicien son qui travaille avec elle. Eddy m’a fait écouter une bande son de Nyum qui m’a toute de suite interpellée, puis il m’a fait découvrir une vidéo de son concert. J’ai alors pris contact avec Nyum parce que sa démarche musicale correspondait au projet de création de PerformerS que nous imaginions depuis un moment. ce spectacle. Une structure cadrant l’improvisation et permettant la précision des points de rendez-vous a été créée et cela a permis un renouvellement des propositions et une bonne évolution du spectacle. Quel regard portez-vous sur les récents événements qui ont bouleversé le paysage politique de votre pays ? Bienvenue Bazié : Je voudrais tout d’abord rendre hommage aux personnes tombées lors de la lutte engagée par la population burkinabè pour la prise en main de son destin. Il est triste et inacceptable de voir que les dirigeants africains de façon générale refusent de travailler dans l’intérêt de leurs populations au profit de leurs intérêts personnels. Et il est important que les populations n’oublient pas qu’elles sont au début et à la fin du règne des chefs, que chaque dirigeant n’oublie pas qu’il est un individu porté par sa population dont la colère ne doit pas être réveillée. Le chemin est encore long et il faudrait continuer à marcher dans ce sens pour arriver à une vraie révolution qui permettrait de prendre en compte chaque fils et chaque fille du pays, à un vrai changement positif dans tous les secteurs, à une vraie pensée citoyenne prenant en compte l’intérêt général des Burkinabè. J’ose croire que ce qui s’est passé au Burkina servira de leçon aux prochains dirigeants et à leur peuple. J’espère que l’intérêt général prendra le dessus sur l’intérêt personnel et égoïste. Auguste Ouédraogo : Ces événements étaient inévitables. Le cours de l’histoire de notre très cher pays devait passer par la chute de cette soit-disant « démocratie ». À présent nous devons continuer à donner de la voix pour qu’aucun groupe d’individus ne s’accapare ou ne sacrifie l’avenir du peuple au profit de ses intérêts personnels. Propos recueillis en décembre 2015 Quel a été son rôle dans la conception du spectacle ? Auguste Ouédraogo : Le rôle de Nyum a été de rechercher des bruitages, des univers musicaux, de créer des bases de données qui permettraient de composer en direct avec nous. Ainsi ses « bulles électroOrganiques » - comme elle aime à définir ses créations musicales - nous ont servi de supports pour rechercher, façonner et nous évader avec le mouvement. Quel sera son rôle dans le spectacle ? Bienvenue Bazié : PerformerS demande des moments incessants d’échanges pour trouver une certaine complicité entre les différentes personnes présentes. Dans ce spectacle, en grande partie improvisé, son rôle sera d’assurer le lien avec sa partition musicale. Quels ont été vos axes de travail pour cette chorégraphie ? Bienvenue Bazié : Dans un premier temps, nous avons fait un travail individuel sur la composition et la décomposition de phases dansées permettant à chacun de se lancer dans l’improvisation. Puis est arrivé le moment du dialogue entre les matières existantes. Une étape permettant de voir et de renforcer notre capacité d’action et de réaction sur les différents éléments de 12 © François Passerini 13 CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL ÉTIENNE MINOUNGOU Né en 1968 au Burkina Faso, Étienne Minoungou est à la fois comédien, auteur, metteur en scène, dramaturge et entrepreneur culturel. Après des études de sociologie à l’Université de Ouagadougou et un CAPES de lettres, il choisit de se consacrer entièrement au théâtre. Il dirige le Théâtre de la Fraternité à Ouagadougou puis crée en 2000 la Compagnie Falinga. DISTRIBUTION Texte | Aimé Césaire Mise en scène | Daniel Scahaise Assistant à la mise en scène | François Ebouele Interprétation | Étienne Minoungou Régie | Frédéric Nicaise Coproduction | La Charge du Rhinocéros, Théâtre en Liberté, Compagnie Falinga Durée 1h05 Comédien, il joue sous la direction de Jean-Pierre Guingané, Matthias Langhoff, Rosa Gasquet et Valérie Goma. Il joue également au cinéma auprès des réalisateurs Tacere Ouedraogo, Issa Traoré et Régina Fanta Nacro. En 2002, il initie à Ouagadougou les Résistances Panafricaines d’Écriture, de Création et de Recherche Théâtrale. Les Récréâtrales constituent aujourd’hui l’un des événements majeurs du monde théâtral au Burkina Faso et en Afrique francophone. Depuis 2007, il anime la coalition des artistes et des intellectuels pour la culture et préside le Centre burkinabé de l’Institut International du Théâtre. 23 > 26 MARS MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H TOURNÉE | ÉTIENNE MINOUNGOU CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL 25 novembre | Cité Miroir, Liège 6 au 28 juillet | Collège de la Salle - Festival Off, Avignon En 2002, il écrit la pièce Madame, je vous aime, qui est jouée à Ouagadougou, Paris et Bruxelles. En juillet 2014, au festival d’Avignon, Jean Baptiste Hamado Tiemtoré met en scène M’appelle Mohammed Ali, un texte écrit par Dieudonné Niangouna pour Etienne Minoungou. La même année, Daniel Scahaise lui propose d’interpréter le Cahier d’un retour au pays natal. M’APPELLE MOHAMMED ALI 6 au 28 juillet | Collège de la Salle - Festival Off, Avignon AU BOUT DU PETIT MATIN… LES EXILÉS, LES EXCLUS Sur la grève, sur la scène, un homme hirsute, échoué, rescapé d’on ne sait quelle errance, exclu, oublié de toutes les histoires. Il émerge d’un tas de vêtements, au bout du petit matin… Dans la mise en scène de Daniel Scahaise, Étienne Minoungou s’empare du Cahier d’un retour au pays natal. Il s’approprie la poésie d’Aimé Césaire, la rend accessible, lui offre une autre géographie. Le comédien burkinabè inscrit le poète martiniquais dans l’Histoire immédiate, dans les instants citoyens que son pays a récemment connus. La négraille assise inattendument debout ! Et les paroles de l’hymne national burkinabè se mêlent aux fièvres lyriques comme le poing à l’allongée du bras. La langue éblouissante du nègre-carrefour est là, le souffle, le sursaut, la sottise dangereuse des frégates policières, la dénonciation, la rage, la plage des songes et l’insensé réveil. © Bruno Mullenaerts Un monument. Une poésie essentielle. Et une relecture dans laquelle on peut aussi entendre le cahier d’un espoir au Burkina Faso. Bernard Magnier 14 15 « UN TEXTE PARFAIT JOIGNANT L’HÉROÏQUE AU POÉTIQUE DANS UNE LANGUE DE FULGURANCES » ENTRETIEN AVEC DANIEL SCAHAISE, METTEUR EN SCÈNE Bernard Magnier : Quelles sont les raisons qui vous ont conduit à mettre en scène Cahier d’un retour au pays natal ? Daniel Scahaise : Mettre en scène Cahier d’un retour au pays natal était un projet qui trainait dans ma tête depuis longtemps. J’avais relu ce texte à la mort de Césaire, et depuis, le monter me semblait une urgence. Encore fallait-il mettre sur pied la production et trouver l’acteur pour le jouer. Ma rencontre avec Olivier Blin, de la Charge du Rhinocéros à Bruxelles, fut pour cela décisive. Dès notre première conversation, nous avons évoqué ce projet (à l’époque, je voulais le monter avec une comédienne sénégalaise, projet qui ne s’est pas finalisé). Très vite, la coproduction avec Théâtre en Liberté s’est mise sur pied. Ensuite, Olivier m’a présenté Étienne Minoungou et le spectacle était lancé. Quelles sont les principales qualités de comédien d’Étienne Minoungou ? Il allie une force de travail (mémoriser 4 pages du texte de Césaire par jour… il faut le faire !) à une disponibilité sans faille et, surtout, il y a sa générosité dans le jeu et un sourire et un oeil qui appellent la fraternisation. Quand et comment avez-vous lu pour la première fois le(s) texte(s) de Césaire ? Pourquoi avoir choisi ce poème plutôt que l’une des pièces du poète et dramaturge martiniquais ? Animant une compagnie à Bruxelles, compagnie composée essentiellement de comédiens « blancs », le répertoire de Césaire me semblait difficile à aborder. De plus, depuis plus d’un demi siècle, on lit l’œuvre d’Aimé Césaire dans la perspective réductrice d’un écrivain progressiste qui fustige les colons et la colonisation. Un théâtre engagé dans la lutte anticolonialiste. Même si ces thèmes restent importants, il me semble qu’il est temps de donner à l’œuvre de Césaire toute sa dimension humaniste faite de tolérance et d’amour de l’autre. La quête individuelle que propose Cahier d’un retour au pays natal me semble le texte parfait, joignant l’héroïque au poétique dans une langue de fulgurances et de métaphores flamboyantes. Quelles vont être vos orientations de mise en scène pour ce spectacle ? Dès la première lecture, avec Étienne Minoungou, nous avons convenu de faire un spectacle « sur tous les exilés, les déracinés ». À l’orée d’une grande ville européenne, un errant, un voyageur, un raconteur d’histoires nous parle de sa vie, de sa jeunesse, de ses rêves, de son Histoire… Peu à peu, il crée avec le spectateur, un rapport intime de complicité, comme les conteurs sur le marché. Il nous fait connaître ses rêves, ses frustrations, ses espoirs, ses souffrances passées et présentes. Il nous raconte son histoire, celle de son peuple pour mieux le connaître et donc mieux le comprendre. 16 © Adrian Zapico propos recueillis en décembre 2015 17 OSCAR A DEUX MAISONS, DEUX CONTINENTS ET DEUX VIES Dans un coin d’Afrique reconstituée, décor, ambiance sonore, chaleur, moiteur, équateur... Un homme blanc se déshabille, se saisit d’un pistolet à peinture et se recouvre le corps de noir. Peau blanche masque noir… Illusoire. Il entame une danse, frappe des pieds le sol, semble se fondre dans le noir, au cœur des ténèbres, au plus noir de la nuit. Il se veut un autre, tente de l’être, tente d’aimer. Illusion. Plus tard, a peine le masque tombé, à peine dégrimé, à peine dégrisé, le voici avec ses noirs à l’âme. Oscar, jeans, baskets et tee shirt, est devant nous et nous explique sa vie. Oscar a deux maisons, l’une en Belgique où il est comédien, l’autre au Kenya où il est propriétaire d’une plantation. Deux continents et deux vies, avec ses porte-à-faux, ses doutes et ses contradictions. Il voudrait être le même en Belgique et au Kenya mais « tout est différent, les blagues, le chagrin, l’amour, le sexe… » et le compromis est impossible. © Kurt Van der Else AFRICA DISTRIBUTION Texte et mise en scène | Peter Verhelst Avec | Oscar Van Rompay Musique | Kreng Traduction française | Monique Nagielkopf Traduction du texte vers le Swahili | Marta Krajnik Production | NTGENT En collaboration avec Frans Brood Productions Avec le soutien de l’Onda - Office national de diffusion artistique Durée 1h40 30 MARS > 2 AVRIL GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 29 MARS – 20H MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H TOURNÉE 11 et 12 mars | Biennale des écritures du réel, Marseille 19 au 23 avril | Théâtre de Liège, Liège 18 Dans les mots et la mise en scène de Peter Verhelst, Oscar Van Rompay joue son rôle. Oscar est Oscar. Africa est la part kenyane de sa vie, sa moitié d’incertitude et de doute, ce pays qui désarçonne, la maladie et la mort qui guettent et son rêve qui s’amenuise. Africa… Une performance. Un texte. Un spectacle puissant, nu, cru et dérangeant. Une mise en doute. Un déchirement. Bernard Magnier OSCAR VON ROMPAY Il étudie l’art dramatique au Conservatoire Royal d’Anvers, puis après un stage remarqué auprès de Johan Simons intègre la nouvelle troupe du NTGENT. Il se dote alors d’un puissant rayonnement et d’un langage corporel remarquable. Il travaille notamment avec Ivo van Hove, Jan Eelen et Erik De Volder. Il se fait remarquer dans le rôle principal de Win/Win (film de Jaap Van Heusden), qui lui vaut une récompense au Festival du film de New York. Africa est son premier projet avec Peter Verhelst. PETER VERHELST Peter Verhelst est auteur et homme de théâtre. Il s’affirme, dans les années 1990, comme l’une des voix incontournables de la littérature néerlandaise postmoderne. Dans le théâtre, il commence à se faire connaître comme arrangeur : Ivo van Hove, pour Aars!, Luc Perceval et Richard III, Johan Simons pour Krapp’s Last Tape et Edward II. Il développera son travail au NTGENT à travers des collaborations étroites faites de monologues pour les acteurs de la troupe. Ses spectacles mêlent souvent performance, danse et texte, tantôt dans l’harmonie, tantôt dans la destruction. 19 DE LA FERME KENYANE À LA SCÈNE BELGE… ALLER-RETOUR ENTRETIEN AVEC OSCAR VAN ROMPAY Bernard MAGNIER : Sur scène vous racontez votre histoire et interprétez votre rôle, pourtant le texte est signé Peter Verhelst… Comment est né ce projet ? Oscar VAN ROMPAY : Au départ, ce n’était pas mon idée mais une demande de Peter. Il m’a parlé de ce projet à un moment où je me trouvais vivre entre deux mondes très séparés. J’étais fermier au Kenya et comédien en Belgique, dans une situation quasi-schizophrénique. Peter avait une sorte de fascination pour le continent africain mais sa vision était plus exotique car il n’y avait jamais mis les pieds. Nous avons beaucoup parlé. Peter m’a posé beaucoup de questions. Je pensais alors qu’il allait écrire une pièce sur l’exotisme, sur ces deux mondes, sur la double culture, etc. Mais, quelques semaines plus tard, Peter est revenu avec le début du texte et cela commençait par « Je m’appelle Oscar Van Rompay… ». « C’EST LE TEXTE DE PETER ET CE SONT MES MOTS » Comment est née l’idée de scinder le spectacle en deux parties bien distinctes, dans leur forme comme dans leur contenu ? Au tout début, il y avait quelques idées, quelques images. Celle d’être dans l’eau, celle de vouloir danser comme une femme noire, celle de l’animal suspendu à la fin du spectacle… Nous avons ensuite commencé par faire des improvisations et quelques essais autour de ces images. Il était aussi très important pour moi d’évoquer mon désir de l’Autre, cette volonté d’être avec l’Autre. La seconde partie se justifie par cette volonté de donner à voir le mouvement « vers ». C’est une sorte d’écho au début de la pièce. C’est pour cela que nous avons souhaité que les deux transformations soient effectuées à vue. Il y a une part de provocation également… C’est un spectacle très personnel - très honnête aussi je crois - mais tout n’est pas vrai. Tous les mots prononcés ne sont pas les miens. J’ai beaucoup emprunté à d’autres, à des personnes rencontrées, à des propos entendus. Lorsque je dis « les seuls Kenyans honnêtes sont les prostituées, elles ne déçoivent jamais et elles viennent aux rendez-vous », je ne pense évidemment pas ce que je dis et ce n’est pas Oscar qui s’approprie ces mots… Tout ceci peut parfois entretenir l’ambiguïté, voire la frustration. Ces phrases doivent se retourner sur moi et non sur le pays. Ce sont mes faiblesses que j’exprime ainsi. C’est moi qui n’arrive pas être « un » avec ce pays. « J’AI LE LUXE D’ÊTRE ÉTRANGER SANS EN CONNAÎTRE LES DOULEURS » Diriez-vous aujourd’hui que vous êtes heureux dans l’un et l’autre pays. Davantage dans l’un que dans l’autre ? C’est un trajet très individuel, une existence très singulière. Parfois, je trouve que c’est encore difficile. J’ai tant d’amis belges qui n’ont jamais été au Kenya 20 © Kurt Van der Else et encore plus d’amis kenyans qui n’ont jamais mis les pieds en Belgique… Je dis au revoir deux fois par an, au Kenya ou en Belgique. Je rate à chaque fois beaucoup de choses dans les deux mondes mais j’ai deux mondes. Cela m’aide à relativiser beaucoup. Lorsque vous dites « je rentre chez moi »… C’est où ? C’est toujours la Belgique, je crois. Mais ça ne veut pas dire que je suis plus heureux en Belgique et moins au Kenya. Je peux être très heureux au Kenya bien que ce ne soit pas vraiment « chez moi ». C’est un luxe d’être étranger au Kenya car pour moi c’est très facile d’y voyager, ce qui n’est pas le cas pour un Kenyan en Belgique. J’ai le luxe d’être étranger sans en connaître les douleurs. Le spectacle vous a t-il eu des vertus thérapeutiques ? Oui, oui, bien sûr, le spectacle m’a été utile. Il a modifié mon regard. Parler avec Peter pendant des heures et des heures, jouer le spectacle, puis échanger avec des gens, répondre aux interviews… Tout ceci m’a beaucoup appris sur moi, sur ma vie au Kenya. En fait, aujourd’hui, il est beaucoup moins problématique d’être au Kenya. Le spectacle est l’histoire de ce voyage et du « comment faire pour trouver une façon de vivre là-bas ». Donc « thérapeutique », sans doute un peu. Le mot est toujours un peu gênant. C’est avant tout un spectacle mais, de fait, il m’a été utile de pouvoir partager cette expérience. C’est une recherche. Une introspection. Une enquête intime et partagée. Propos recueillis en décembre 2015 21 POUR ÊTRE DEUX, POUR NE FAIRE QU’UN « Duo pour un danseur » c’est ainsi que Simon Abbé, habitué du Tarmac, présente son nouveau spectacle. Provocation, défi, le chorégraphe et danseur camerounais choisit d’être seul pour s’immiscer dans l’intimité du couple. Il dit ainsi l’absence, l’amour qui s’en est allé. Il dit aussi la dualité lorsque le masculin se conjugue au féminin. Simon Abbé danse son histoire… Nos histoires ? Une histoire qui ressemble aux nôtres. Une histoire à deux dont on entend les mots, les serments murmurés, les paroles échangées sur la toile, sur la scène… On distingue des lieux, une porte qui s’ouvre sur la mer, une ville. Yaoundé peut-être ? Yaoundé sans doute, son ciel et ses nuages. On est au coeur de l’intime. On en découvre les gestes. La rencontre, le désir, le partage. Les musiques sont là, proches. Un morceau, composé par le chorégraphe, précède la nature mécanique de Björk, l’oud jazzy de Dhafer Youssef ou une tarentelle revisitée… Elles se font volontiers complices pour dire la fragilité, l’instabilité, l’équilibre précaire. © Emmanuelle Stauble RUPTURE CRÉATION DISTRIBUTION Conception, chorégraphie, interprétation | Simon Abbé Lumières | Cathy Gracia Montage vidéos | Keyu Jiang Réécriture du texte | Jean-Pierre Hamon Voix off | Charlotte Ntamack Production Compagnie | Simon Abbé, Cultur’Elles Production Coproduction | Institut Français de Pékin, Ambassade de France en Chine, Institut Français de Yaoundé, La Maison des Arts et Loisirs de la Ville de Laon Accueil en résidence | Le Tarmac - La scène internationale francophone, LDTX (Beijing Dance Festival), La Maison des Arts et Loisirs de la Ville de Laon, Centre National de la Danse (Pantin) Prêt Studio Durée 50 min 7 > 8 AVRIL GÉNÉRALE DE PRESSE MERCREDI 6 AVRIL – 20H JEU. VEN. 20H 22 Pour dire l’attente, le manque, la… rupture. Pour être deux, pour ne faire qu’un. Bernard Magnier SIMON ROMUALD ABBÉ Simon Romuald Abbé est danseur de hip-hop depuis 1998. Il devient quatre fois champion du Cameroun en danse urbaine avec son groupe le « Black Star ». Il se forme ensuite pendant trois ans au Ballet National du Cameroun sous la direction des chorégraphes chinoises Naersi et Jiangkeyu dans les techniques classiques, modernes et contemporaines. C’est lors de son passage au sein du Ballet National qu’il crée ses premières chorégraphies, notamment Djan Djan (2007) puis The feeling of body maving, avec sa compagnie en 2008. Dès 2009, il participe aux ateliers de danse contemporaine et d’écriture de texte avec Xavier Lot et Ronan Chéneau. Il danse avec Xavier Lot pour chorégraphe dans Simon, non je ne m’appelle pas Samuel Eto’o, Entre-là, Eden… Paradise et Opus 13. En 2012, il chorégraphie Jusqu’à quand. Il présentera sa prochaine création Rupture, au Tarmac, en avril 2016. 23 MACHIN LA HERNIE CRÉATION DISTRIBUTION Texte | Sony Labou Tansi (Revue Noire Éditions) Mise en scène | Jean-Paul Delore Avec | Dieudonné Niangouna Musique sur scène | Alexandre Meyer Collaboration artistique et costumes | Catherine Laval Production | LZD Lézard Dramatique, Accompagnement La Magnanerie Coproduction | Le Tarmac - La scène internationale francophone, Festival Mantsina sur scène (Brazzaville) Durée 1h30 13 > 16 AVRIL GÉNÉRALE DE PRESSE MARDI 12 AVRIL – 20H MER. JEU. VEN. 20H | SAM. 16H DANS LES EAUX FURIEUSES D’UN TEXTE FLEUVE © Éric Legrand « Machin » comme un objet innommable, non identifié. Une chose incongrue, insolente, hors norme. « Hernie » comme une excroissance, une protubérance, un appendice encombrant. « Machin la Hernie » ou l’histoire d’un dictateur et… d’un livre. L’histoire d’un dictateur dans sa furie, dans sa folie, « l’histoire de mon-colonel Martillimi Lopez fils de Maman Nationale, venu au monde en se tenant la hernie, parti de ce monde toujours en se la tenant… ». L’histoire aussi d’un livre publié dans une version « raccourcie » en 1983 sous le titre de L’État honteux, et, quelque vingt ans plus tard, dans sa version « intégrale ». Auteur, acteur metteur en scène, Dieudonné est né en 1976, à Brazzaville au Congo. Après des études à l’Ecole nationale des Beaux-arts de Brazzaville, il s’oriente vers le théâtre et joue dans plusieurs compagnies locales. En 1997, en pleine guerre civile, il éprouve le besoin d’exprimer ce qui se passe dans la rue et fonde avec son frère Criss la compagnie Les Bruits de la rue. Il signe les textes et les mises en scène de La Colère d’Afrique, Bye-bye et Carré blanc. Jean-Paul Delore et Dieudonné Niangouna sont allés au cœur du monstre, dans les entrailles de la création de Sony Labou Tansi, au plus près de ses mots. Ils sont allés dans la matrice romanesque, dans le creuset, dans la furie d’écriture du trublion iconoclaste. Fin 2006, il met en scène et joue Dans la solitude des champs de coton de Bernard Marie Koltès, présenté en France, en Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale. Écrites pour certaines dans le cadre de résidences d’écriture, créées pour d’autres dans le cadre de coproductions avec des théâtres français, ses pièces sont jouées en Afrique ou en France. Ils les restituent dans la puissance de leur démesure. Ils nous emportent dans une déambulation solitaire, dans les eaux furieuses d’un texte fleuve, dans la folie et la honte d’un tyran à la triste hernie et dont l’emblème est la braguette… Il crée le festival Mantsina sur Scène à Brazzaville qui connu une 12ème édition mouvementée en 2015, du fait de ses prises de position politique. 24 DIEUDONNÉ NIANGOUNA Bernard Magnier En juillet 2013, il présente au Festival d’Avignon son spectacle Sheda. En 2016, il présentera Le Kung-Fu au Théâtre National de Strasbourg et Machin la Hernie au Tarmac. Il prépare actuellement un spectacle avec le Théâtre Vidy-Lausanne. 25 UN DÉFI THÉÂTRAL QUI POSE LA QUESTION DE LA DURÉE ENTRETIEN AVEC JEAN-PAUL DELORE Bernard MAGNIER : Sony est un dramaturge qui a laissé un grand nombre de pièces publiées et d’autres inédites, pourtant vous allez mettre en scène un énorme roman, Machin la Hernie, matrice de son deuxième roman publié, L’État honteux. Pourquoi avoir choisi ce texte ? J’ai d’abord lu L’État honteux avec cette immédiate sensation qu’il s’agissait d’un texte fait pour être dit. Je tournais sur place en le lisant comme le président Martillimi Lopez, le personnage central, qui se retourne sur son passé et s’envoie vers le futur tout en passant son temps à imaginer et déjouer des complots. Ventriloque de l’État qu’il dirige et de son état de garçon sexué. Plus tard, Nicolas Martin-Granel et Greta Rodriguez m’ont parlé d’un manuscrit fou sauvé des souris, des bombes et de l’oubli, dans la maison de Sony à Brazzaville, comme d’une version antérieure à L’État honteux. Ils se sont battus pour le publier et j’ai lu Machin la Hernie. J’ai constaté combien cette version était encore plus physique. J’ai été frappé par sa démesure, par ce fleuve de mots et le vertige que procure cette prise de parole, un véritable putsch verbal, qui fait avancer une histoire en la bégayant. Jean-Paul DELORE : Choisir un roman comme celui-ci, est–ce une contrainte supplémentaire ou, au contraire, un gage de plus grande liberté ? Les deux ou bien aucune des deux. Ce qui est difficile c’est qu’il s’agit d’une partition très longue. L’enjeu de Machin la Hernie c’est la durée. C’est un texte qui pose la question de la durée parce que le personnage principal est un homme qui veut « durer ». La contrainte principale est donc de parvenir à rendre sensible sur scène la terrible et ambivalente liberté de ton et de bas ventre du président Lopez, fascinante, dégoutante et détestable. Et les quelque 300 pages bien denses avec une ponctuation raréfiée… À raison de 2 à 3 minutes par pages, Machin la Hernie nécessiterait 12 à 15 heures de représentation… Alors les questions s’imposent : Quelle sera la durée du spectacle ? Faut-il laisser la parole dans son intégralité et laisser le spectateur s’abstraire quand il veut ? Le laisser sortir de la salle et revenir quand il veut, comme si le temps de la représentation, ce protocole génial autant que rouillé, cette chimie rituelle, était bousculée par ce texte ? La réponse viendra avec le travail de répétition qui va nous permettre d’éprouver physiquement cette notion de durée et de trouver des solutions pour transmettre la monstruosité et le caractère interminable de cette aventure. Avez-vous déjà quelques partis pris de mise en scène, quelques pistes de travail ? Mes partis pris, je ne les connais pas encore. Ce qui est certain, c’est la présence fondamentale sur scène d’Alexandre Meyer, guitariste, improvisateur qui sait réagir en temps réel à ce qu’un acteur peut produire, capable aussi 26 bien de se fondre dans la voix de celui-ci que de provoquer les ruptures et virages qui vont amener le comédien à aller voir ailleurs. Lui aussi, j’imagine qu’il devra se mettre une nouvelle fois en position de défi pour longer une telle partition littéraire. Machin c’est le livre de l’excès donc on peut supposer qu’Alexandre va aussi chercher de ce côté là, du minimalisme au plus rempli ; travailler l’arrêt, le brouillage, la suspension, la répétition des mêmes figures musicales ; tout ce qui nous rapproche de la transe. Quelles sont les qualités de l’acteur Dieudonné Niangouna dont on connait par ailleurs les talents de dramaturge ? Dieudonné a un rapport pulsionnel, très physique à la parole. La poésie, on peut aussi la faire avec les pieds et, lui, il sait courir de l’enfance à la monstruosité. Il joue avec les extrêmes, l’enfance, la mort, la brutalité, l’immobilité, l’arrêt, la douceur. Il sait se salir sur un plateau. Dans une lettre adressée à Arthur Rimbaud, Sony dit « cinquante degrés sous zéro, c’est à cette température qu’on fait des poètes ». Je crois que Dieudonné sait jouer avec la brûlure des grands froids et que Martillimi Lopez, le héros du roman, va profiter de Dieudonné Niangouna. Martillimi Lopez lui va bien… Oui et c’est un personnage dans lequel il trouve (nous trouvons) beaucoup de résonnances d’actualité, tout comme Sony en trouvait avec ses contemporains. C’est un règlement de compte et c’est pour cela que l’on a l’habitude de dire qu’il s’agit de l’histoire d’un dictateur, et que l’on peut facilement mettre tel ou tel nom à la place Martillimi Lopez… Les exemples ne manquent pas, hier comme aujourd’hui ! Mais le roman n’est pas que l’histoire d’un dictateur… Pour moi, en ce moment, Martillimi Lopez est seul dans une sorte de grande maison, dans un palais soudain déserté de tous ses sujets, abandonné par ses conseillers, ses gardes. C’est la paranoïa, le délire et l’agonie d’un homme seul qui s’imagine qu’il a encore du pouvoir. Et plus on réfléchit, plus on travaille, plus on peut lui trouver des facettes intéressantes. Il nous fait sourire et on aimerait presque l‘aider. Pour jouer ce personnage, l’acteur doit le prendre au premier degré. C’est une fiction grotesque et sarcastique qui remplace tout ce qu’on n’arrive pas à dire sur nous-même, sur l’état du monde. Martillimi Lopez, malmené par tout ce qu’il invente, est ce personnage rabelaisien et célinien, en fait, assez proche de nous. L’ « état honteux », c’est notre condition humaine. Machin la Hernie… Quel sens donnez-vous à ce titre ? « Machin » c’est ce qui évite d’être nommé. C’est l’indicible ; tout autant un plaisir difficile à dire : je voudrais un machin un peu plus, un peu moins... que quelque chose d’indistinct que l’on rejette : c’est quoi ce machin... ? La « hernie » c’est le sexe, ou une zone sexuelle excroissante ; c’est à la fois la chose la plus importante et la chose qui évolue, se dégrade. L’Etat honteux est aussi un très beau titre. J’ai besoin de L’Etat honteux pour comprendre Machin la Hernie, et réciproquement. Peut-être pour mieux comprendre devrait-on mélanger les deux titres… Essayons : Machin honteux, L’État Hernie, L’État Machin, Hernie honteuse… Propos recueillis en décembre 2015 27 SAISON 2015|2016 TRAVERSÉES AFRICAINES DANSE 9 > 12 MARS 2016 OBJET PRINCIPAL DU VOYAGE HERMAN DIEPHUIS DANSE 17 > 18 MARS 2016 PERFORMERS AUGUSTE OUEDRAOGO & BIENVENUE BAZIÉ THÉÂTRE 23 > 26 MARS 2016 CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL AIMÉ CÉSAIRE THÉÂTRE 30 MARS > 2 AVR. 2016 AFRICA PETER VERHELST DANSE 7 > 8 AVR. 2016 RUPTURE SIMON ABBÉ THÉÂTRE 13 > 16 AVR. 2016 MACHIN LA HERNIE SONY LABOU TANSI OUTRE-MER VEILLE CARTE BLANCHE À TROPIQUES ATRIUM, SCÈNE NATIONALE DE MARTINIQUE DANSE JEUDI 26 MAI - 14H30 ABSTRACTION DAVID MILÔME THÉÂTRE JEUDI 26 MAI - 20H SUZANNE CÉSAIRE, FONTAINE SOLAIRE HASSANE KASSI KOUYATÉ THÉÂTRE VENDREDI 27 MAI - 20H SUZANNE CÉSAIRE, FONTAINE SOLAIRE HASSANE KASSI KOUYATÉ MUSIQUE SAMEDI MAI 28 - 16H MANO CÉSAIRE SEXTET