La vérité
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La vérité
Sección Bilingüe Isabel Blasco La vérité Platon m’est cher, mais la vérité m’est plus chère encore ». Aristote “Ce qui est vrai ou faux ce ne sont pas les choses, mais les phrases”. Le lieu de la vérité est toujours le même: le langage. La vérité est une qualité de mon discours, non des choses, mais de mes affirmations sur elles. Dès qu’un homme parle à quelqu’un de quelque chose, la question de la vérité apparaît : • Il parle a quelqu’un qu’il peut tromper ou non, de bonne ou de mauvaise foi. La vérité comme contraire du mensonge. • Il parle à propos de quelque chose, s’efforçant de dire quelque chose sur le réel. La notion de vérité fait alors référence au degré d’adécuation, de conformité du discours et la réalité. La vérité comme contraire de l’erreur ou de la fausseté. Pour savoir si un énoncé est vrai, il faut d’abord le comprendre, c'est-à-dire, comprendre les mots, le sens du langage dans lequel il est formulé La vérité comme exigence éthique. Au nom de quoi apprend-on aux enfants qu’il faut dire la vérité, ou le témoin doit-il jurer de dire toute la vérité ? La vérité nous apparaît comme une valeur, elle ne peut en effet appartenir aux choses, puisque celles-ci n’acquièrent de valeur qu’en raison du projet qu’une conscience forme à leur égard. La vérité appartient donc au langage, c’est-à-dire à la façon dont l’esprit rend compte de son rapport aux choses, c’est une forme de rapport avec autrui et dans la vie publique. N’est pas au nom de la vérité que parfois le mensonge est commis ? Différence vrai/vérité : si le vrai, simple caractère de phrases vraies, est accessible à tous même au fou qui peut dire le vrai ; la vérité ou « science de toutes les choses vraies », n’est accessible qu’au sage : elle est la quête du philosophe et le scientifique. C’est le sens le plus ancien et le plus authentique de la vérité : ALÉTHÉIA ; dévoilement. La vérité des choses La chose n’est pas vraie ou fausse: elle est ou n’est pas, et le fait que je puisse en parler faussement ne modifie pas sa présence. Si je dis “c’est un collier de perles” (et il est en plastique), il n’est pas un collier faux, c’est bien mon jugement qui est faux, tandis que le collier est un vrai collier en plastique. La réalité caractérise un objet; la vérité, le jugement que je porte sur cet objet. LES CONCEPTS ne peuvent pas être vrais ou faux, ils peuvent être clairs ou confus, empiriques, réels ou imaginaires, etc LES RAISONNEMENTS peuvent être corrects ou incorrects (valides ou non valides) SEULEMENT LES JUGEMENTS peuvent être vrais ou faux TYPES DE VÉRITÉS : 1. Vérité- conformité : (Vérité empirique- vérité matérielle) Saint Thomas définit la vérité comme “adéquation de la chose et de l’esprit”. Il en propose une conception que paraît confirmer l’expérience quotidienne. Lorsque je dis “Il pleut”, on estime que je dis vrai si, au moment où je parle, la pluie tombe effectivement : il y a donc accord entre l’expérience, la réalité et le langage. (Une autre question sera le critère, c'est-à-dire, la forme de connaître cet accord) Dans ce cas, la vérité qualifie ma proposition, ou mon jugement, et non la pluie. L’“adéquation” attendue concerne non “la chose” en elle-même, mais ce que je peux en dire Caractères : 1. Met en relation deux éléments ou pôles hétérogènes : la pensée (idées, propositions, théories) et la réalité (objet, référent, ordre naturel). 2. Suppose une identité, ressemblance, communauté 3. Réaliste et substantielle : elle affirme la possibilité entre les deux. de connaître l’être des choses tel qu’il est en lui-même., la pensée saisirait la substance du réel. Lorsque le langage évoque les choses du monde, il faut garantir que les termes ou symboles utilisés sont adaptés à ce que je saisis du monde. Cette vérité matérielle ou empirique suppose qu’à chaque élément de l’expérience correspond un symbole — dont la définition doit être stricte et complète : aux exigences de forme s’ajoutent celles concernant le “contenu” du langage. C’est le cas dans toutes les sciences, étant admis depuis Kant que leur discours vise, non les choses en elles-mêmes, mais bien ce qui nous en apparaît (les phénomènes). 2. Vérité- cohérence : (Vérité formelle) 1. Met en relation la pensée avec elle-même et permet un contrôle interne. 2. Repose sur la loi fondamentale de non-contradiction : elle vaut autant pour la morale : accord entre les paroles et les actes, les principes et les décisions que dans la connaissance : cohérence des concepts, des jugements et des raisonnements, des prédictions et de l’observation. 3. Intellectualiste et formelle : elle ne concerne que la forme de la pensée. • En logique classique, le principe de non-contradiction m’interdit de formuler simultanément et à propos du même objet une affirmation et sa négation. Je ne peux rationnellement dire “Il pleut et il ne pleut pas” – du moins relativement à ce dont m’informe ma perception quant au milieu proche. Je n’ai donc une chance de dire vrai qu’en respectant certaines règles. • Ces règles sont celles de la logique, et elles sont bien les seules à considérer dans les discours qui n’évoquent pas d’objets – par exemple en mathématiques –. La vérité est alors qualifiée de formelle, puisqu’elle ne s’intéresse qu’à la forme du discours, à sa cohérence interne. En partant d’un certain nombre de propositions premières, je devrai respecter les règles de la déduction pour élaborer toutes les propositions ultérieurement possibles. La rigueur qui caractérise cette vérité formelle a durablement fasciné la philosophie : Descartes en déduit que l’évidence est le critère même du vrai, mais l’évidence, outre qu’elle risque d’être subjective, ne caractérise pas nécessairement les axiomes, et dans les cas où une démonstration est très longue, elle n’est pas davantage présente. 3. Vérité-convention/ par efficacité Certaines vérités le sont par l’accord entre les hommes. Ce sont des normalement des jugements d’utilité, qui servent à ordonner la vie sociale. La pensée est liée à l'action, dit le pragmatiste W. James: c’ est vrai ce qui réussit, ce qui est efficace. Cette définition de la vérité est dangereuse et trop facile. Aujourd’hui c’est mardi ? Réfléchissez un moment… LA QUESTION DU CRITERE. COMMENT DISTINGUER LE VRAI DU FAUX ? Philosopher c'est chercher la vérité « avec toute son âme » dit Platon. Mais où la chercher? Le problème philosophique soulevé ici est celui du critère de la vérité. Comment savoir si je me trompe ? Existe-t-il un critère universel, un critère infaillible qui nous permettrait de savoir immédiatement ce qui est vrai, ce qui est faux? (Critère de vérité: signe, instrument de mesure qui permet de distinguer le vrai du faux.) Plusieurs critères sont posibles : En ce qui concerne les vérités empiriques il faut, puisqu’il s’agit des faits, aller à la réalité. Comparer ce que je dis et ce qui est. Le critère principal de vérité est la vérification, voire l’expérience. 1. Vérification : • Expérience directe (intuition sensible) Proportionne évidence. L'évidence est la connaissance directe et claire d’une vérité qui est présente à l’esprit, • • Expérience indirecte (témoignages) Expérimentation scientifique) (expérience programmée artificiellement. Domaine 2. Cohérence logique et cohérence des connaissances disponibles et préalablement acceptées. 3. L’argument d’autorité est un des critères de vérité les plus utilisés. La plupart du temps c’est impossible de vérifier par soi même et il faut faire confiance aux autres. 4. Efficacité : peut-on accepter la vérité d’une thèse ou énoncé parce qu’il est utile, donne des résultats. Chez les empiristes, l’évidence sensible, et chez les rationalistes, l’évidence rationnelle, définie comme clarté sont les critères privilégiés de la vérité. La vérité formelle ou logique n'a pas besoin de la réalité. La vérité mathématique n'a besoin que de la cohérence interne pour être dite vraie (principe de non-contradiction). Une proposition mathématique est vraie quand cette proposition est en accord formel - logique -, avec son système d'axiomes. Evidence rationnelle ou cohérence sont les critères de vérité propres des énoncés formels. Les vérités par convention : le critère est l’intersubjectivité, Si la majorité l’affirme l’énoncé sera pris comme vrai. Le critère pragmatiste de la vérité est l’obtention de résultats ou l’utilité. Attention ! Les jugements de goût, les jugements esthétiques, ne sont pas vrais ou faux, puisqu’ils sont des jugements que n’ont pas une prétention d’objectivité. ÉTATS DE L'ESPRIT EN CE QUI CONCERNE LA VERITE Ignorance, état de l'esprit dans lequel on ne connaît pas le contenu d'un ou plusieurs jugements. La reconnaissance de l'ignorance joue un rôle positif dans le processus de la connaissance, elle sert de détonnant pour déchaîner le processus cognitif. Celui qui ignore qu'il est ignorant ne ressent pas le besoin de savoir. Erreur. L'erreur est une fausse certitude qui consiste à attribuer à un sujet un attribut qui ne lui convient pas. On affirme comme vrai ce qui est faux ou comme faux ce qui est vrai. À différence du mensonge, elle est involontaire. Doute, état subjectif d’incertitude ou d’indécision entre une déclaration et son contraire. Ni on affirme ni on refuse la vérité d'un jugement, parce que les raisons pour et contre ont un poids semblable. Quand le doute gagne l'esprit comme résultat final d'un processus de décision il se transforme en doute sceptique. Et quand il est utilisé comme ressource méthodologique pour obtenir un objectif déterminé on l’appelle doute méthodique. Opinion, état dans lequel l'esprit accepte un jugement comme vrai, bien qu'il admette la possibilité d'erreur. Le terme d'opinion a conservé le sens de croyance subjective, relative á chacun sans garantie de validité objective. Certitude, état dans lequel l'esprit adhère à la vérité d'un jugement avec une sécurité totale. C’est une qualité de la connaissance vraie, non une qualité de l'objet cognoscible. Dans la certitude, inamovible. l'esprit se sent ferme, sûr et POSITIONS SUR LA POSSIBILITÉ DE LA CONNAISSANCE DOGMATISME. Du grec et du latin, « dogma » opinion, croyance. Par opposition au scepticisme, doctrine qui soutient la possibilité, pour la raison humaine, d’atteindre et de démontrer des vérités certaines, notamment dans le domaine de la métaphysique. SCEPTICISME. Du grec « skeptikos », « qui observe ». (Les sceptiques se contentant d’observer sans rien affirmer). Doctrine des sceptiques selon laquelle philosopher consiste à douter, à suspendre son jugement, en vue d’atteindre la paix de l’âme. Le scepticisme en général est le doute sur la possibilité de la connaissance. RELATIVISME. Du latin médiéval « relativus », « qui est en rapport avec » Doctrine qui, niant l’existence d’une vérité absolue admet qu’il y a autant de vérités que de points de vue. CRITICISME. Du grec « kritikos », capable de juger, de discerner. Théorie de la connaissance qui propose un examen rationnel du fondement, de la légitimité ou de la valeur de la connaissance humaine. PERSPECTIVISME. « perspectiva », « perspicere », attentivement. Du terme latin regarder médiéval derivé à de travers, Théorie de la connaissance proposée par Nietzsche et Ortega y Gasset selon laquelle aucun fait n’a de sens, de valeur que relativement à un point de vue, une perspective prise sur lui. D’après Ortega, la vérité est la adition de toutes les perspectives possibles. LA VÉRITÉ, UNE EXIGENCE ÉTHIQUE La vérité est surtout une valeur : une quête du scientifique qui vise l’objectivité, de l’historien, qui veut vraiment comprendre les clés de l’histoire. La science est le savoir dans lequel la raison élabore et impose ses méthodes rigoureuses justement par une décision consciente de vérité. Mais au dehors du discours rationnel de la science la vérité est surtout une exigence morale : Une exigence d’authenticité dans nos relations avec autrui et dans la vie publique. La vérité apparaît comme une exigence éthique, un questionnement de notre existence et de notre relation au monde. C’est la vérité qui nous dévoile l’art. À côté de la quête de la vérité apparaît la quête de sens, liée indissolublement à la nature humaine. Dès le début, c’est la quête de la vérité qui a guidé la démarche du philosophe : depuis Socrate l’étonnement, le doute, le questionnement sont devenus les symboles de la conscience philosophique, les manifestations les plus authentiques de sa liberté. Socrate a montré que cette quête est surtout une exigence morale, par laquelle on peut donner même la vie. http://www.etab.ac-caen.fr/cdgaulle/discip/philo/notions/veritenotion.htm Philosophie. Ed Nathan. La vérité