fiche pédagogique › brunch 19 janvier
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LES BRUNCHS Autour d’œuvres marquantes du répertoire classique ou plus contemporain, nous vous proposons de partager un moment privilégié avec des artistes et chambristes exceptionnels. Ces moments musicaux, imaginés autour et avec la complicité du Trio Opus 71, ensemble associé à la vie du Théâtre 71 et formé de Pierre Fouchenneret, Nicolas Bône et Éric Picard, sont présentés par PierreFrançois Roussillon, directeur de la Scène Nationale, afin d’apporter aux auditeurs quelques clés d’écoute. Avant le concert, vous avez la possibilité de savourer un brunch. FICHE PÉDAGOGIQUE 19 JANVIER, dès midi WOLFGANG AMADEUS MOZART QUINTETTE POUR PIANO ET VENTS, K. 452 | FRANCIS POULENC TRIO POUR HAUTBOIS, BASSON ET PIANO | LUDWIG VAN BEETHOVEN QUINTETTE POUR PIANO ET VENTS, OP. 16 Éric Speller hautbois | patrick messina clarinette | jacques deleplanque cor | philippe hanon basson | juliette ciesla piano Un « Brunch » dédié aux instruments à vent et à un piano virtuose. Aux deux grands quintettes composés par Mozart et Beethoven, se juxtapose le délicat et volubile trio de Poulenc, une œuvre brillante, à la douce mélancolie et qui revendique, dans un esprit bien français, sa filiation formelle aux maîtres du passé. tarifs › 12€ tarif normal 6 € -18 ans, abonnés du Théâtre 71, adhérents La Fabrica’son, association des Z’amis du Conservatoire et élèves du Conservatoire Intercommunal de Malakoff | 1 ticket-théâtre(s) = 2 entrées ouverture du bar et accueil du public à 12h | début du concert à 13h30h | durée env. 50 min restauration pensez à réserver votre brunch en même temps que votre billet de concert, le réglement (12€/repas) s’effectue le jour du concert à l’accueil M° ligne 13 Malakoff-Plateau de Vanves - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION ThEAtre71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF 3 PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00 INTERPRÈTES Éric Speller hautbois Éric Speller commence l’étude du hautbois à l’âge de 12 ans à l’école de musique de Noisy-leGrand. Il remporte, dès sa 4e année d’étude, le Concours National pour Jeunes organisé par Buffet Crampon. Il poursuit sa formation au Conservatoire National de Région de RueilMalmaison dans la classe de Claude Maisonneuve et obtient en 1990 la médaille d’or d’Excellence de hautbois et de musique de chambre. Il intègre en 1991 le Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon dans la classe de Jean-Christophe Gayot et de Guy Laroche. Il y obtient en 1994 le 1er Prix de hautbois mention Très Bien à l’unanimité avec mention spéciale du jury. Il remporte en 1994 le Concours International pour hautbois de l’UFAM. Il est ensuite admis dans la classe de Maurice Bourgue au Conservatoire Supérieur de Genève et obtient en 1995 le Prix de Perfectionnement. Il intègre en 1995, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et y occupe la place de co-Soliste jusqu’en 1997. Depuis, il est Hautbois Solo de l’Orchestre Royal Philharmonique des Flandres à Anvers. Il est également finaliste et lauréat du Concours International de hautbois de Prague en 1996 et remporte en 1997 le 3e Prix du Concours International de hautbois de Tokyo. Il est depuis 2011 professeur de hautbois au Conservatoire Royal de Bruxelles. Il se produit régulièrement en soliste ou chambriste en Europe, au Japon, en Chine, Corée ou Amérique latine. Il est invité régulièrement à donner des master class en France, en Belgique, à Hong-Kong, Macao, ou Corée. patrick messina clarinette Patrick Messina est, depuis 2003, 1ère Clarinette Solo de l’Orchestre National de France. Il commence son apprentissage au Conservatoire de Nice puis poursuit ses études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtient à tout juste dix-huit ans les Premiers Prix de clarinette et de musique de chambre dans la classe de Guy Deplus puis de Michel Arrignon. Entre temps, il participe au World Youth Orchestra et à l’Orchestre Français des Jeunes. En 1992, il devient lauréat de la Fondation Yehudi Menuhin. Grâce à une bourse Lavoisier, décernée par le Ministère des Affaires étrangères, il s’installe aux Etats-Unis pour approfondir sa formation au Cleveland Institute of Music auprès de Franklin Cohen. Un an plus tard, fort d’un 1er Prix obtenu aux East & West Artists International Auditions de New York, il est invité pour un récital au Weill Recital Hall du célèbre Carnegie Hall. Il enchaîne ensuite les succès dans les plus prestigieux concours américains dont le Houston Ima Hogg Young Artists Competition (1er Prix, 1996) et le Heida Hermanns International Young Artists Competitions (1er Prix, 1998) et travaille régulièrement pendant six ans au Metropolitan Opera de New York sous la direction de James Levine, Valery Gergiev ou encore Leonard Slatkin. Patrick Messina poursuit une carrière de soliste et de chambriste. Il a joué notamment avec l’Orchestre Symphonique de Houston, l’Orchestre National de France, l’Orchestre de Cannes, l’Ensemble Orchestral de Paris, l’Orchestre National d’Île-deFrance, l’Orchestre de chambre National de Toulouse, l’Orchestre des Nations (Allemagne). Il se produit en formation de chambre en Europe et aux États-Unis. Il est également invité régulièrement à jouer en soliste avec de prestigieuses formations comme le Royal Concertgebouw d’Amsterdam ou encore le Chicago Symphony Orchestra. Depuis 2004, il est conseiller artistique pour la manufacture d’instruments Buffet Crampon. En Mars 2010, il est nommé Professeur invité au Royal Academy of Music de Londres. jacques deleplanque cor Après un brillant cursus au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, Jacques Deleplancque occupera les postes de cor solo dans les orchestres : Colonne, National de Lille, Ensemble Intercotemporain, National de France. Il est depuis 1995, soliste de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev. Passionné par la pédagogie, il enseignera dans divers conservatoires nationaux de la région parisienne .Il est, depuis 2007 , professeur de cor et membre de l’équipe pédagogique pour la formation CA au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris. Sa carrière est jalonnée de plusieurs enregistrements discographiques reconnus par la critique du monde musical (Diapason d’or). philippe hanon basson Il découvre la musique avec son père qui, parallèlement à l’étude du piano classique le forme aux rythmes populaires ; ainsi, il lui arrive de jouer dans les bals ou thés dansants mais aussi d’improviser aux orgues lors des messes dominicales. À l’âge de treize ans, monsieur Albert Duhaut l’initie au basson au Conservatoire de Calais et l’incite à devenir professionnel. Trois ans plus tard, il est sélectionné pour participer aux deux premières sessions de l’Orchestre Français des Jeunes puis est reçu au Conservatoire de Paris dans la classe de Maurice Allard où il obtient un premier prix. Il rejoint ensuite les Concerts Colonne puis l’Orchestre de Montpellier en tant que Premier Basson. Il revient à Paris en entrant à l’Orchestre National de France comme Second Soliste puis est nommé Premier Basson Solo en 1995. Il joue en soliste régulièrement, aussi bien avec des formations symphoniques qu’accompagné par des orchestres d’harmonie : opérations qui permettent à un public beaucoup plus large de découvrir le basson. Il est convié également à donner des récitals et cours d’interprétation au Japon, États-Unis, Espagne, Argentine, Pologne et bien sûr dans un grand nombre de villes françaises. En 2005, il est invité à Londres pour enregistrer Le Sacre du printemps avec le BBC orchestra et en 2006, il enregistre le Boléro de Ravel avec le World philharmonic orchestra. Avec le Quintette à vent de Paris, les solistes de l’orchestre national de France et bien d’autres artistes, il a une intense activité de chambriste. Il se produit régulièrement avec le “Éric Seva quartet “ et a étudié le bandonéon avec César Stroscio et Juan José Mosalini. Philippe Hanon enseigne au Conservatoire du dixième arrondissement de Paris, et est professeur assistant au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. juliette ciesla piano Née en France d’un père polonais sculpteur et d’une mère française, cette double culture influence Juliette Ciesla dans son parcours. Elle commence ses études de piano au CNR de Lyon et les poursuit au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Elle obtient les Diplômes de Formation Supérieur de Piano, de Musique de Chambre et d’Accompagnement Vocal mention très bien pour le piano. Elle se perfectionne ensuite dans le répertoire du Lied auprès de grands maîtres allemands et dans le répertoire soliste. Elle obtient au Concours international de piano Milosz Magin le prix de la meilleure interprétation pour les Mazurkas de Frédéric Chopin. Choisie par Yamaha Musique France, elle effectue une suite de récitals dans plusieurs villes de France. Elle participe à de nombreux festivals dont le Festival de Val Gardena où elle interprète le 2e concerto de Chopin accompagnée par le London Philarmonic Youth Orchestra sous la direction de Paul Mann, concerto qu’elle donne de nouveau à Stuttgart avec l’Orchestre Pro Musica sous la direction de Jürgen Klenk. Elle accompagne des chanteurs lyriques ce qui lui permet de jouer au Salon Musicora, à l’amphithéâtre de la Cité de la Musique à Paris, au Festival d’Antibes Juan-les-Pins dans le cadre des Jeunes Solistes, à Guebwiller, en Écosse, au Danemark… Elle travaille ponctuellement pour le Théâtre du Châtelet et a joué au sein de l’Orchestre Lamoureux. Affectionnant tout particulièrement la Musique de Chambre, elle joue fréquemment en duo et notamment avec son frère Alexis Ciesla, clarinettiste, 1er Prix du CNSM de Genève : ils créent ensemble « Paris-Varsovie » dans un répertoire franco-polonais. Très attachée au mixage des arts elle crée avec des amis comédiens des spectacles où se mêlent littérature et musique. Titulaire du C.A. de piano Juliette Ciesla enseigne actuellement au Conservatoire d’Auxerre. Elle partage avec Jean-Claude Marlhins le projet de créer un lieu nouveau où circulera un vent d’échanges à la croisée d’autres arts : la musique, le spectacle, la peinture, la sculpture, l’écriture… MOZART (1756 - 1791) Wolfgang Amadeus Mozart figure parmi les plus grands de tous les compositeurs de musique classique européenne, avec notamment Johann Sebastian Bach et Ludwig van Beethoven. Il touche à tous les genres de musique : plus de quarante symphonies, quinze opéras, des œuvres sacrées (dont le célèbre Requiem), une quarantaine de concertos (pour flûte, clarinette, cor, basson, violon, piano,...), de la musique de chambre (sonates, trios, quatuors, quintettes,...), etc. D’une productivité extraordinaire, l’œuvre de Mozart est indexée dans le catalogue Köchel qui regroupe les quelques six cent vingt-six pièces attribuées au compositeur. Né le 27 janvier 1756 à Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart est le fils d’un musicien, Leopold Mozart, vice-maître de chapelle à la cour du Prince Archevêque de Salzbourg, et d’Anna Maria Pertl. Ceux-ci, malgré leurs sept enfants, n’en verront que deux parvenir à l’âge adulte : Wolfgang et sa sœur, Maria-Anna. Les deux survivants montrent vite leurs dons pour la musique, par ailleurs encouragés par leur père qui leur donne très tôt une éducation musicale. Tournées européennes Les deux enfants sont encore très jeunes quand Leopold, comprenant l’intérêt d’être le père de prodiges, commence à « exhiber » ses enfants dans les grandes villes européennes : Vienne, en 1762, puis, à partir de 1763, ils se produisent à Munich (12 juin 1763), Augsbourg (le 23 juin), Paris (18 novembre), Londres, Bruxelles, Genève, Amsterdam, et dans bien d’autres villes encore. À chaque concert, chacun s’émerveille des facilités de Wolfgang : oreille absolue, mémoire prodigieuse, déjà auteur de petites pièces (menuets KV.2, 4 et 5; allegro KV.3),...De plus, il est capable d’improviser sur n’importe quel thème donné. La famille Mozart arrive à Paris le 18 novembre 1763. Le succès de Wolfgang ne se dément pas. De plus, une personnalité allemande très en vue à l’époque, le Baron Grimm, va soutenir les jeunes talents, leur ouvrant les portes des salons du beau monde. Le 10 avril 1764, ils quittent Paris pour Londres. Wolfgang aura la chance, au cours de ses voyages, de se lier avec plusieurs musiciens qui l’influenceront beaucoup : Johann Schobert à Paris et Johann Christian Bach (fils cadet de Johann Sebastian Bach) à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, l’opéra italien, et lui apprend à construire une symphonie. Le 1er août 1765, la famille embarque à Douvres et regagne Salzbourg en passant par les Pays-Bas, Lille, Gand, Anvers,... Le jeune Mozart écrit son premier opéra Apollo et Hyacinthus (K.38) à l’âge de onze ans. Dès son retour, Leopold enseigne à son fils le contrepoint, la fugue, le latin et l’italien. Le 11 septembre 1767, ils repartent vers Vienne pour les fêtes nuptiales de l’Archiduchesse Marie Joséphine, mais une épidémie de variole fait des ravages. L’archiduchesse elle-même en meurt. Cependant, ils retournent dans la capitale le 10 janvier 1768. Mozart reçoit la commande d’un opéra bouffe qu’il écrira en trois mois : La Finta Semplice (cette pièce ne sera pas représentée à Vienne en raison d’une cabale montée par des musiciens jaloux). Il compose ensuite une nouvelle partition : Bastien et Bastienne (K.50). L’Italie À Bologne, Wolfgang visite le padre Martini, illustre théoricien de l’époque. Il croise aussi le célèbre castrat Farinelli. À Naples, Mozart fera la connaissance d’autres compositeurs célèbres à l’époque : Paisiello, Caffaro, Jomelli... Toutes ces rencontres influenceront Mozart qui assimile à une vitesse incroyable. Comme il l’avait déjà fait avec Christoph Willibald Gluck, le Pape décore Mozart jeune Chevalier de l’Ordre de l’éperon d’Or. Le 28 mars 1771, ils sont de retour à Salzbourg mais ils parlent déjà d’un prochain retour en Italie, ce qu’ils font le 13 août de cette même année pour honorer les contrats passés lors du premier séjour. Mozart a profité des quelques mois passé à Salzbourg pour composer d’arrache-pied. Mozart au service de Colloredo Sous la férule de l’archevêque Colloredo, Mozart écrira beaucoup de musique sacrée et six concertos pour piano. Le nouvel archevêque (après la mort de Schrattenbach en décembre 1771) aime l’austérité, est très exigeant, mais paye relativement bien. Cependant, Mozart montre de plus en plus d’esprit de liberté et entend bien composer à son idée et non uniquement des commandes. Leopold et Wolfgang profitent d’un voyage de l’archevêque à Vienne pour l’accompagner mais ils reviennent à Salzbourg le 30 septembre 1773. Mozart pourra alors composer calmement jusqu’à la fin 1774, date à laquelle il termine La Finta Gardiniera pour Munich. Le 13 janvier 1775, elle remporte un succès extraordinaire. Wolfgang compose également la Missa brevis (K.220) et finit par rentrer. Il restera à Salzbourg deux ans et demi et compose sans arrêt (surtout de la musique religieuse pour ses fonctions à la cour de Salzbourg, mais aussi les magnifiques concertos pour violon num.1 à 5, et le concerto pour piano num.9 qui est l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre). Au cours d’un séjour à Vienne, Mozart rencontre le compositeur Joseph Haydn. Très vite, une admiration réciproque unit les deux hommes : Haydn s’émerveille des talents du jeune homme. En janvier et février 1778, Mozart s’éprend d’Aloysia Weber, fille d’un chanteur et violoniste (lui-même oncle de Carl Maria von Weber). Amoureux, il ne désire plus partir et conçoit des projets farfelus que son père stoppera net. Le 23 mars 1778, ils quittent Mannheim. À Paris, les Mozart renouent avec le Baron Grimm, et une nouvelle symphonie, Paris (K.297), connaît beaucoup de succès. Mais Mozart n’est pas réellement heureux dans cette ville : le milieu musical est divisé par la célèbre querelle entre les partisans de Christoph Willibald Gluck et ceux de Niccolo Vito Piccinni. De plus, le 3 juillet 1778, suite à une typhoïde, sa mère meurt. Le compositeur quitte la ville le 26 septembre, passe par Nancy et Strasbourg, et arrive à Mannheim le 6 novembre. Au grand dam de son père qui le presse de rentrer pour occuper à nouveau sa charge à Salzbourg, il reste plus d’un mois dans cette ville, bien qu’ayant retrouvé une Aloysia froide et indifférente. Il est de retour à Salzbourg le 15 janvier 1779. Mozart, après avoir été un court instant organiste chez Colloredo, finit par se brouiller avec ce dernier après un séjour triomphal à Munich. Mariage, bonheur et retour des ennuis Le 4 août 1782, Mozart épouse la sœur d’Aloysia, Constance. Il donne des cours à de riches familles, connaît de grands succès (L’enlèvement au sérail) et vit donc dans un certain bien-être. En 1784, Mozart est admis chez les francs-maçons, pour lesquels il écrit plusieurs pièces. La période est décidément favorable au compositeur : en 1786, il termine et triomphe, à Vienne comme à Prague, avec Les noces de Figaro, d’après la pièce de Beaumarchais. Le 28 mai 1787, le cycle heureux s’achève : Leopold meurt, et Mozart se montre bien plus affecté par ce décès que par celui de sa mère. De plus, malgré les récents succès (comme Don Giovanni, créé le 28 octobre 1787 sur un livret de Lorenzo da Ponte), et l’argent remporté, Mozart n’a aucun sens financier. Il dilapide ses nombreuses recettes et, le succès lui montant à la tête, commence à se plaindre de migraines et de rhumatismes précoces pour trente quatre ans. Endetté, fatigué, malade, Mozart voit aussi mourir l’empereur Joseph II ainsi que le départ de Joseph Haydn pour Vienne. L’année 1790 fut d’ailleurs très peu productive. En 1791, Mozart compose encore, à la demande de son ami Emanuel Schikaneder, son opéra, Die Zauberflöte (la flûte enchantée). Il sera créé avec succès le 30 septembre. Parallèlement, en juillet, un inconnu (on ne sut que plus tard qu’il s’agissait du comte Franz Walsegg-Stuppach qui voulait honorer la mémoire de feu son épouse) commande un Requiem au compositeur. Mozart sent bien que cette messe des morts sera pour lui. Il n’aura pas le temps de l’achever, c’est son élève Franz Xavier Süssmayer qui s’en chargera. L’état de santé du compositeur s’aggrave brutalement dans la soirée du 4 décembre 1791. Il meurt le lendemain, d’une «fièvre rhumatismale aigue». Enterré le 6 décembre 1791, le corps de Mozart ne fut pas retrouvé. Parmi les grands compositeurs, Mozart est le seul à avoir abordé tous les genres musicaux avec le même intérêt et le même génie. Il a laissé pour chacun d’entre eux des œuvres grandioses (Requiem, Don Giovanni, ...) et fut le premier à revendiquer la liberté d’expression. Il a énormément influencé ses successeurs. Sa mort à trente cinq ans est une grande perte pour la musique. On imagine la quantité des œuvres qu’il aurait laissées s’il avait pu vivre assez longtemps pour rivaliser avec Ludwig van Beethoven et Joseph Haydn, son grand ami. POULENC (1899 - 1963) Francis Poulenc est un compositeur français de la première moitié du XXe siècle. Auteur de près de deux cents mélodies, il s’illustre aussi dans d’autres genres (opéra, musique de chambre, œuvres pour piano, un opus important de musique sacrée), et laisse des écrits qui témoignent de l’attachement qu’il porte à la langue. Poulenc découvre le piano grâce à sa mère, qui lui parle des classiques, et grâce au pianiste Ricardo Viñes, son mentor spirituel, qui l’initie à la musique de son temps (Claude Debussy, Éric Satie, Manuel de Falla…). Viñes lui permet de s’introduire dans les cercles artistiques du moment, où il fréquente par exemple Jean Cocteau et Max Jacob. C’est notamment la découverte d’Igor Stravinski qui sera déterminante pour sa carrière de compositeur. Au tout début de celle-ci, Poulenc prend part à la création du Groupe des Six (en référence au Groupe des Cinq russes), composé d’Arthur Honegger, Darius Milhaud, Georges Auric, Louis Durey et Germaine Tailleferre : ces compositeurs s’assemblent pour réagir contre le romantisme, le wagnérisme, et dans une moindre mesure, l’impressionnisme. Même s’il reste autodidacte en grande partie, Poulenc étudie la composition avec Charles Koechlin dans les années 1920, et découvre le style de Gabriel Fauré dont Koechlin était l’élève. Entre commandes et inspirations plus personnelles, Poulenc crée aléatoirement ballets, parfois non dénués d’humour (Les Animaux modèles, 1942), œuvres religieuses (Messe en sol majeur, 1937), musique de chambre, œuvres instrumentales (Sonates pour flûte, clarinette, hautbois, trio et quintette pour vents et piano, Concert champêtre pour la claveciniste Wanda Landowska (1928), Sinfonietta, (1947)). Il reste très attaché à la voix qu’il met en avant dans ses nombreuses mélodies mais aussi dans des opéras, comme Dialogues des Carmélites (1957) ou La Voix humaine (1958). Poulenc fait alterner dans ses pièces un grand sérieux, qui semble aller de pair avec sa foi profonde, et un sens prononcé de l’amusement et de la fantaisie. La diversité de ses créations souligne un style assuré et inspiré, qui rend compte de l’éclectisme esthétique dans le traitement de l’orchestre et de la voix, tout en restant bien ancré dans la tonalité/modalité. Poulenc en six dates • 1915-17 : rencontre Guillaume Apollinaire, Paul Eluard, André Breton, Louis Aragon, André Gide • 1917 : Poulenc s’illustre dans un concert de musique qualifiée d’avant-gardiste au Théâtre du Vieux-Colombier. On trouve notamment au programme sa Rapsodie nègre, œuvre vocale pour baryton et petit ensemble instrumental ; c’est une réussite. • 1921 : création des Mariés de la Tour Eiffel, première œuvre d’importance du Groupe des Six, ballet collectif sur un livret de Cocteau. • 1926 : rencontre avec Pierre Bernac, baryton qui devient rapidement son interprète fétiche. Il interprète les Chansons gaillardes de Poulenc cette année-là. • 1935 : pèlerinage à Rocamadour suite au décès de plusieurs de ses amis ; Poulenc se rapproche à nouveau de la foi catholique alors qu’il s’en était éloigné. • 1948 : Poulenc donne son premier récital aux EtatsUnis, en compagnie de Pierre Bernac ; il fait la connaissance de la soprano Leontyne Price et du compositeur Samuel Barber (dont Poulenc créera en 1952 les Mélodies passagères, à Paris). Poulenc en six œuvres • 1918 : Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée, recueil de mélodies sur des poèmes d’Apollinaire (issus du recueil éponyme). • 1932 : Concerto pour deux pianos en ré mineur, commande de la princesse Edmond de Polignac ; inspiration issue d’un spectacle de gamelan (ensemble instrumental traditionnel de Java). Influence du Concerto en sol de Maurice Ravel et du Concerto pour piano n°21 de Mozart. • 1945 : Figure humaine, cantate pour chœur mixte composée pendant la guerre (1943) ; Hymne à la Liberté considéré comme un chef-d’œuvre dès sa création. • 1947 : Les Mamelles de Tirésias, opéra-bouffe en deux actes et un prologue, adaptation de la pièce d’Apollinaire, créé à l’Opéra-Comique. • 1949 : Sonate pour violoncelle et piano, création à la salle Gaveau. • 1958 : La Voix humaine, tragédie lyrique d’après Jean Cocteau, créée à l’Opéra Comique par sa cantatrice fétiche Denise Duval. Long monologue faisant appel aux talents d’actrice de la soprano. BEETHOVEN (1770 - 1827) Ludwig van Beethoven est né à Bonn (Allemagne) le 17 décembre 1770 (seul deux de ses sept frères, Kaspar-Karl et Johann, nés respectivement en 1774 et 1776, survivront). La famille est musicienne depuis au moins deux générations : Ludwig van Beethoven l’ancien (1712-1773), son grand-père paternel, s’était installé à Bonn en 1732, et son père Johann van Beethoven est ténor de la chapelle de l’électeur de Cologne (Köln). Homme alcoolique et violent, il remarque cependant les dons musicaux de son fils Ludwig (d’abord pour le piano). Quant à Maria-Magdalena (1746-1787), la mère, d’origine slave, elle est la fille d’un cuisinier de l’électeur de Trèves. À l’instar de Leopold Mozart, qui, près de quinze ans plus tôt, avait exhibé son fils Wolfgang tel un singe savant, le père de Ludwig désire tirer le maximum de profit de son fils. Il n’y parviendra cependant qu’à l’occasion d’une tournée aux Pays-Bas (1781). Pianiste virtuose mais compositeur encore jeune Beethoven, qui se montre élève appliqué, reçoit très tôt des cours de violon et de piano : dès 1775 par son père, dans l’optique de l’opération «singe savant», puis par le compositeur et chef d’orchestre Christian Gottlob Neefe. Neefe lui trouvera d’ailleurs une place dans l’orchestre de la cour. Le nouvel électeur, Max-Franz, protège le jeune musicien, organiste adjoint depuis 1784, et lui accorde une bourse de cent soixante-dix florins. Ludwig compose alors ses premiers concertos et quatuors à cordes (ses premières pièces, pour piano, datent de 1782-1783 : il s’agit notamment des Neuf variations sur une marche de Dressler et des trois Sonatines dites à l’électeur). En 1787, grâce au comte Ferdinand von Waldstein (il lui dédiera sa Sonate pour piano numéro 21 en 1804) qui le remarque, Beethoven part à Vienne dans le but d’y rencontrer Wolfgang Amadeus Mozart. Hélas, celui-ci venant de perdre son père, la rencontre se déroule dans un climat peu propice. Cependant, Mozart garde une très bonne impression du jeune compositeur : «Ce jeune homme fera parler de lui». De plus, en 1792, Waldstein organise la rencontre entre Joseph Haydn et son protégé. Haydn s’intéresse au musicien (la Cantate sur la mort de Joseph II ou celle sur l’avènement de Léopold II furent déterminantes) et lui propose d’étudier à Vienne sous sa direction. De plus en plus coupé de Bonn (sa mère, à laquelle il était attaché, est morte en juillet 1787 de la tuberculose, et son père, alcoolique chronique, est à la retraite depuis 1789), Beethoven, qui enseignait et jouait dans l’orchestre municipal aux côtés de son ancien maître Neefe, accepte avec enthousiasme et quitte sa ville natale le 2 novembre 1792. Hélas, Mozart, qu’il adulait, est déjà mort depuis près d’un an. Malgré une estime réciproque indubitable, Haydn n’entretient pas avec Beethoven la même relation qu’avec Mozart : le courant passe moins bien avec Beethoven, jeune révolutionnaire indomptable et entêté. Cependant, Beethoven reconnaîtra lui-même l’influence notable de l’Autrichien sur son œuvre. De janvier 1794 au début de 1795 (pendant un séjour de Haydn en Angleterre), il prend des cours auprès de Johann Georg Albrechsberger (contrepoint) et d’Antonio Salieri pour l’art vocal. Il est encore remarqué principalement en tant que pianiste (acclamé par le public mais critiqué par certains conservateurs pour sa fougue), pour ses talents d’interprète et d’improvisateur (1796 : tournée de concerts qui le mena de Vienne à Berlin en passant notamment par Dresde, Leipzig, Nuremberg et Prague), et sa carrière parallèle de compositeur est un peu méconnue. En effet, âgé de vingt-deux ans à son arrivée dans la capitale autrichienne, le compositeur n’a pas encore atteint sa période de maturité artistique, et jusqu’aux débuts des années 1800, il participe régulièrement aux joutes musicales, fort appréciées à l’époque qui le consacrent meilleur pianiste viennois . Compositeur à temps plein Beethoven ressent les premiers symptômes de la surdité dès 1796 : ses oreilles sifflent et bourdonnent perpétuellement. Il envisagera le suicide, persuadé qu’il sera rapidement privé de ses facultés musicales, et rédige une célèbre lettre adressée en 1802 à ses frères, le Testament de Heiligenstadt (6 octobre 1802). Il abandonne sa carrière de virtuose pour se lancer à corps perdu dans la composition (1801 : Sonate pour piano numéro 14 dite Clair de Lune; 1802 : Deuxième Symphonie et Troisième concerto pour piano). À cause de sa surdité, Beethoven se renferme sur lui-même et après 1819 ne communique plus que par lettres. Il acquiert une réputation de misanthrope qu’il combat dans son Testament d’Heiligenstadt. Sa Troisième symphonie (dédiée dans un premier temps à Napoléon Bonaparte, avant que ce dernier ne se fasse sacrer empereur des Français) à l’héroïsme triomphant marque le sortir de la crise de 1802. En juillet 1805, alors que son unique opéra, Fidelio, est un échec, le compositeur fit la rencontre de Luigi Cherubini pour qui il ne cachait pas son admiration. Les années 1806 à 1808 furent les plus fertiles en chefs-d’œuvre de toute sa vie : la seule année 1806 vit la composition du Quatrième Concerto pour piano, des trois grands Quatuors à cordes numéro 7, numéro 8 et numéro 9 dédiés au comte Razumovsky (l’un de ses premiers mécènes), de la Quatrième Symphonie et du célèbre Concerto pour violon. En 1808, Jérôme Bonaparte propose un poste de maître de chapelle à Kassel. Beethoven, qui n’avait pas hésité à quitter le prince Carl Lichnowsky pour une querelle, avait déjà fait montre de sa lutte pour son indépendance mais semble hésiter sur cette proposition qui le mettrait pourtant à l’abri de tout besoin. C’est alors que Vienne se réveille : l’archiduc Rodolphe, le prince Kinsky et le prince Lobkowitz forment une alliance, assurant à Beethoven quatre milles florins par an s’il restait, ce qu’il accepte. Mais le destin prend de nouveau le musicien au dépourvu sous la forme de la guerre francoautrichienne de 1809 et de la crise économique qui s’ensuivit en Autriche, qui empêche les trois mécènes de mettre à exécution leur contrat. De plus, cette guerre fit quitter Vienne à de nombreux amis de Beethoven qui dut surmonter seul, en 1812, de nouveaux problèmes comme la rencontre infructueuse avec Goethe et des événements dramatiques. Cette année est suivie d’une stérilité d’autant plus marquante qu’elle succède à dix années de production intense. Les années suivantes ne sont pas plus brillantes : Beethoven perd son frère Kaspar-Karl en 1815 et doit se battre pour s’assurer la tutelle exclusive de son neveu qu’il a promis d’éduquer. De plus, le compositeur décroît dans l’intérêt des Viennois et est surveillé par la police de Metternich, qui le connaît comme démocrate et révolutionnaire. Tandis que sa situation financière devient de plus en plus préoccupante, Beethoven tombe gravement malade (de 1816 à 1817) et semble de nouveau envisager le suicide. Pourtant, sa force morale et sa volonté reprennent une fois encore leurs droits. Tourné vers l’introspection et la spiritualité, pressentant l’importance de ce qu’il lui restait à écrire pour «les temps à venir», il trouve la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui donna probablement ses plus grandes révélations, neuf ans avant la création de la Neuvième symphonie. Il connait maintenant un regain de ferveur chrétienne : de 1818 à 1822, il entreprend l’écriture de sa Missa solemnis. En 1823, Beethoven réalise les 33 variations sur la valse de Diabelli. Le 7 mai 1824, sa Neuvième Symphonie, dont la célèbre Ode à la joie, est donnée. C’est un triomphe en Autriche, mais aussi et surtout en Prusse et en Angleterre, où il fut d’ailleurs tenté de se rendre pour sa démocratie ainsi que pour son idole, celui qu’il considérait comme le plus grand compositeur de l’Histoire, Georg Friedrich Haendel. Mais le 30 juillet 1826, le neveu Karl fit une tentative de suicide. L’affaire fit scandale, et Beethoven bouleversé partit se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. C’est là qu’il écrivit sa dernière œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Quatuor numéro 13. Mort, renommée, œuvre Le 26 mars 1827, après un long délabrement physique, Beethoven s’éteint à Vienne, victime d’une intoxication sévère au plomb : grand amateur de vin du Rhin, il avait en effet l’habitude de boire dans une coupe en cristal de plomb, en plus d’ajouter du sel de plomb dans le vin pour le rendre plus sucré ! Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Christoph Willibald Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven prépara l’évolution vers le romantisme en musique et influença la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable, son art s’exprima dans tous les genres, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité universelle, c’est dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre que son impact fut le plus considérable. quintette POUR PIANO ET VENTS, K. 452 WOLFGANG AMADEUS MOZART Unique partition pour piano et instruments à vent dans la production mozartienne, ce Quintette est, selon une lettre de 1784 du compositeur à son père, « la meilleure œuvre qu’il ait écrite jusqu’alors ». Et il n’est pas étonnant que Beethoven, dans son propre Quintette op. 16 (1796), prenne modèle sur celui de son illustre prédécesseur dont il retient la tonalité générale de mi bémol majeur, la découpe en trois mouvements précédés d’une introduction lente, ainsi que le caractère propre à chacun d’eux (largo-allegro, larghetto et rondo). Écrit dans le même temps que toute une série de concertos pour piano, le Quintette K. 452 réalise la fusion de plusieurs genres : concerto de chambre où prédomine le piano, en particulier dans les deux mouvements vifs ; symphonie concertante avec vents lorsque le piano se fait accompagnateur à la manière d’un orchestre ; sérénade dont le caractère enjoué du rondo final ne fait que renforcer l’esprit et nous rappelle que l’œuvre fut donnée à Vienne, devant le public aristocratique d’une grande académie de musique ; enfin, musique de chambre « sérieuse » s’ouvrant sur un largo très expressif exceptionnellement long. TRIO POUR HAUTBOIS, BASSON ET PIANO FRANCIS POULENC Œuvre irrésistible et pleine de verve de Francis Poulenc, le Trio pour piano, hautbois et basson est l’une de ses partitions de musique de chambre les plus réussies. La pièce est construite en suivant le schéma habituel de trois mouvements de structure vif-lent-vif. Allusions subtiles à Joseph Haydn dans le premier mouvement et à Camille Saint-Saens dans le mouvement final, cette œuvre est aussi un véritable clin d’œil au grand Wolfgang Amadeus Mozart, notamment lorsque les premières mesures de l’Andante central se mettent à résonner. Dans cette partition où le piano occupe la part belle, Poulenc ne relègue jamais le hautbois et le basson au simple rang d’accompagnateurs, toujours sensible à l’équilibre, aux couleurs et différentes sonorités de ces deux instruments à vent. Achevé à Cannes en 1926 après deux ans d’écriture, ce magnifique trio est dédié au compositeur espagnol Manuel de Falla, amoureux de la France et grand admirateur de cette œuvre. La pièce est créée le 2 mai 1926 à Paris, grâce à son ami compositeur, Georges Auric. Humour, grace, ironie, mélancolie et vitalité sont au cœur de cette œuvre particulièrement brillante du compositeur. QUINTETTE POUR PIANO ET VENTS, OP.16 LUDWIG VAN BEETHOVEN Ce Quintette exploite une combinaison instrumentale insolite, témoignage des diverses influences qui ont pu déterminer Beethoven à ce stade de sa carrière. En premier lieu, la musique de chambre pour instruments à vent, qui constitue un souvenir direct de la tradition musicale de la cour de Bonn, tandis que la formation convoquée est un hommage explicite au quintette que Mozart composa pour la même formation et dans la même tonalité. Ensuite, le piano, instrument roi, est également l’instrument de la notoriété de Beethoven à Vienne. Le jeune compositeur s’y est installé en 1792, à l’origine pour prendre des cours de composition auprès de Haydn. Mais il s’affranchit rapidement de cette tutelle et acquiert une renommée croissante, principalement fondée sur son talent de pianiste et son génie d’improvisateur, qui lui valent d’être constamment sollicité dans les mondanités viennoises. En 1796, année de composition du Quintette, une grande tournée consacre son succès viennois et le mène à Prague, Dresde, Leipzig et Berlin, à la cour de Frédéric II. Le Quintette op.16 est créé le 6 avril 1797, avec Beethoven lui-même au piano. Si le contexte de l’Académie – concert dont les bénéfices lui revenaient de droit – suggère une certaine émancipation du compositeur, celle-ci reste encore toute relative, comme en témoigne la dédicace au Prince Joseph von Schwarzenberg, l’un des premiers bienfaiteurs de Beethoven à Vienne. L’originalité de sa formation, l’homogénéité de timbres qu’elle permet, apparaît dès la longue introduction grave du premier mouvement, qui expérimente toutes les combinaisons sonores. Les quatre vents, traités à égalité, se répondent, tandis que le piano dialogue avec eux, isolés ou unis. La virtuosité de l’écriture pianistique repose sur un esprit d’improvisation (gammes, travail motivique, reprise ornée d’un même thème). L’ensemble se distingue donc par son équilibre, particulièrement sensible dans l’andante central, d’une douceur toute mozartienne.