nr 12 - Taty Lauwers
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nr 12 - Taty Lauwers
Belgique - Belgïe P.P. - P.B. 1400 Nivelles 1 BC 5883 Cuisine Nature nr 12 @ décembre 2004 Lettre personnelle de Taty. Impact de la cuisine sur la santé: un autre éclairage. D ans ce numéro, la recette en photos pas-à-pas du vrai Pain au Levain que je tiens de mon amie Paule (p. 2 & 3). A une manoeuvre près, nous sommes tout près de notre recette de Pain Mi-Mi (mi-levain, mi-levure du numéro 1). L’avantage de santé est ici que vous ferez bombance de ferments lactiques. On verra sussi p. 4 Comment recycler le pain perdu (l’équivalent flamand verloren brood signifie « pain gagné ». Funny, isn’t it ?) et comment faire de la chapelure maison avec le pain durci. Si vous achetez du pain, je propose quelques critères pour acheter le pain qui vous veut du bien (p. 5). Epatant sujet de méditation que ce pain au levain. Modeler un bourgeon de vie à partir de grains d’amidon et d’eau reste un émerveillement pour moi à chaque pétrissage. En nourrissant le pâton de levain de la semaine dernière pour produire le nouveau pain, je songe plus d’une fois que l’avenir n’est jamais composé que des bribes de passé, que nous ne sommes que des maillons d’une grande chaîne... J’en appelle ici aux philosophes de la cuisine pour de plus solides élucubrations. S uite de la série des dossiers de mise au point sur les faits & rumeurs de l’alternutrition. Faisons un tour chez les Cereal Killers de la paléonutrition (ou du système Seignalet pages 6-8). Je tente de comprendre en quoi l’évitement des féculents peut produire de tels sursauts de bien-être chez l’occidental lambda et comment adoucir les angles de ces régimes excessifs. Il serait injuste de ne pas parler dans chaque numéro de nos amis de l’agro-biz : un petit costar pour monsieur K. dans l’article « Pas de bol pour les flakes ». D ans la gigantesque pièce de Feydeau que nous jouons tous au quotidien, un des quiproquo majeurs provient du malentendu sur le rôle de l’alimentation dans la santé d’un occidental surmené et surpollué. P. 13 : L’assiette nature peut contrer les effets de la pollution expose en quoi une alimentation mal ciblée peut magnifier les effets néfastes de la pollution et, à l’inverse, en quoi une assiette mieux ciblée peut en contrer les dégâts. Bimestriel. Ag P304055. Bureau de dépôt: Nivelles distribution. 06.12.04 Cuisine Nature 12 décembre 2004 aquarelle de Jacques Faton, [email protected] A ssiette « saine mieux ciblée » dans laquelle seuls quelques fâchés de la papille voudraient vous interdire de vous amuser à préparer en famille une Bûche de Noël artisanale selon la recette de Jean-Pierre Coffe. Cette recette a été rédigée pour les débutants. J’ose prétendre que vous la réussirez à coup sûr si vous suivez mon texte en détail. On décorera la bûche de Petits Champignons en Meringue faits maison aussi. En mon titre de vrai manche en cuisine, je peux vous garantir que si je les ai réussis, il n’ y a pas de raison que vous n’y arriviez pas. D ernier numéro de l’année pour Cuisine Nature et pour bibi ! Joie et bonheur d’entrer dans la nouvelle année, promesse de tous les meilleurs possibles. Peut-être aussi engagement de votre part à continuer votre soutien à mon travail de recherche pour au moins six mois ? Voir la proposition d’abonnement 2005 en page 14. Sommaire en page 14 1 mes racines en cuisine Pain au levain de Paule On croit devoir passer la journée à faire son pain au levain. Faux: il faudra y consacrer un peu d’attention mais les opérations elles-mêmes sont peu prenantes, foi de paresseuse. Demandez à un copain un oeuf de levain mère, mélangez farine, eau et sel, malaxez, laissez gonfler et cuisez ! Je vous propose ici une technique très facile, que je tiens de mon amie Paule, qui m’a appris à ne presque pas pétrir. Super... On réveille d’abord le levain-mère (conservé de la fournée précédente) : on nourrit d’eau et de farine les microorganismes qui se reproduiront en gazouillant. Cette étape dure environ 8 heures. On prélève alors un peu du pâton pour le levain-mère de la fournée suivante. On redonne à manger aux levures: farine et eau. Pétrissage minimal au passage. La levée sera encore de 8 à 15 heures. Toutes les doses sont à votre discrétion; elles dépendent de l’âge de la farine, de sa mouture, de la température de la pièce... C’est le moment de faire confiance au bon sens.. Le levain a gonflé une nuit Pour un bon gros pain : 1 œuf de levain-mère 500g environ d’eau (avec ou sans petit-lait) jus d’un ou un demi-citron 1 à 3 cuill.c. de gros sel marin selon habitudes facultatif: huile d’olive ou autre graisse selon vos goûts (beurre, graisse de palme, huile de sésame mais pas d’huile polyinsaturée) 900g à 1kg de farine de blé ou d’épeautre, à 80-85 % Mettre de côté le levain-mère pour le prochain pain Ajoutez sel et liquides (eau, jus de citron ou yaourt ou petit-lait) n Jour 1: 20h. Développer le levain. o Jour 2. 9h. Prélever le levain. p PÂTE FINALE MANUELLE*2 A l’aide d’une cuillère en bois, je délaye dans une grande jatte l’oeuf de levainmère dans une grosse tasse d’eau. J’ajoute ensuite 1,5 à 2 tasses*1 de farine et j’amalgame le tout. Toujours à la cuiller en bois: les microorganismes n’aiment pas le métal, qui sait pourquoi? Je couvre d’un linge humide afin que le levain ne sèche pas. Je le laisse travailler à l’abri des courants d’air toute la nuit. Il faut que notre levain produise un beaucoup plus grand volume. Après ce premier gonflage de plus de 8 heures environ, le levain pétille et dégage une odeur sûrette typique. Sur ce pâton qui aura doublé de volume, je prélève l’équivalent d’un œuf de levain. Je le saupoudre de farine. Il reprend une consistance plus mastic. Je le conserve au réfrigérateur dans un récipient couvert d’un linge, pas dans un pot hermétique, il étoufferait. Ce sera l’oeuf de levain-mère pour la prochaine fois. Dans une grande terrine, versez sur le levain gonflé tous les liquides (eau, petit lait, jus de citron ou huile) et le sel. Fouettez. Ajoutez alors par petites doses 2 tasses de farine environ (parfois 3, parfois moins). Mélangez intimement à la cuillère en bois au fur et à mesure. C’est, semble-t-il, la technique d’ajout de solide dans le liquide qui facilite la tâche et fait que ce pain doit être moins pétri que les pains classiques. C’est un levain très mou. Selon la Parole Immuable de Nos Pères, le levain-mère doit avoir une consistance de mastic (avis aux bricoleurs) ou de pâte à gâteaux ferme (avis aux cuisiniers). J’obtiens aussi de bons résultats avec un levain très liquide. *1 2 NB. Lors de vos premiers pas, vous oublierez comme tout le monde de prelever le levain à ce stade-ci. « Oh, zut! Je dois refaire du levain-mère ». Le sel empêche le levain de prendre, dit-on... Cuisine Nature 12 décembre 2004 *2 la pâte au robot est détaillée page 4. r J’ajuste encore les doses de farine si la pâte colle trop aux Ajoutez la farine jusqu'à ce que le mélange devienne trop dur à manipuler à la cuiller mains. Je me farine les mains régulièrement. À consistance élastique et uniforme, sans craquelures, la pâte ne colle plus du tout aux mains. Je façonne une boule uniforme, que je dépose dans le moule métallique à peine beurré. Je caresse le pâton des mains mouillées. Le pain gonflera alors uniformément et il ne faudra pas nécessairement le signer (tailler la surface d’un coup de couteau pour éviter les déformations de la surface lors de la montée). D’un geste circulaire, décollez la pâte des parois du bol en le faisant tourner. Dès que le mélange prend cette consistance plus solide, travaillez avec les mains, sur le plan de travail si cela vous est plus agréable. Transférez sur le plan de travail enfariné et continuez à la main Le pain est signé et enmoulé s 9h10. REPOS ET LEVÉE q PÉTRISSAGE. Je saupoudre une planche en bois de farine. Je me farine les mains et je transvase le pâton sur la planche en bois. Je ne travaille que d’une seule main pour garder l’autre propre pour prendre les ustensiles. Je pétris de la main gauche tandis que je tiens de la main droite une spatule qui m’aide à refermer le pâton. Difficile à décrire et pourtant simplissime dès qu’on l’a vu faire... Faites-le à l’instinct, ça vient tout seul. Je ne quitte la spatule que lorsque le pâton ne colle plus du tout aux mains. J’écrase la pâte du plat de la main et je la replie sur ellemême quelques fois : ce sera là tout notre ‘pétrissage’. Ce n’était pas long, non ? Je couvre le moule d’un linge humide pour éviter l’apparition d’une croûte sèche. Je laisse monter dans un endroit chaud, plus près de 25° à 30°C que de 18°C, de 5 à 15 heures en fonction des conditions atmosphériques ou de l’humeur du bon dieu, je n’ai toujours pas compris: il faut vérifier à l’oeil...Ne le touchez plus pendant qu’il monte, vous incommoderiez les petits travailleurs de l’ombre et le pain retomberait. Pour aider la pâte à lever en hiver, placez le pâton contre un radiateur (pas dessus, il va cuire!). Certains fours disposent d’une fonction «levée de pain» à 30°C avec contrôle de l’hygrométrie. t 14h ou 20h*3... CUISSON. En fin de levée, il vous faudra être présents et attentifs. Trop fermentée, la pâte déborderait et coulerait sur le plan de travail. Lorsque vous verrez le pain lever au point de pousser de la tête le linge, il est temps de préchauffer le four à 170°C. Enfournez le moule sur la grille du milieu. Pour une croûte croustillante, posez un bol d’eau dans le four. Si l’on souhaite une croûte plus brune, on brosse la croûte d’un mélange de lait et d’eau. u 14h45 ou 20h45 La cuisson a duré environ 40-50 minutes pour un pain de 800 grammes et 25 minutes pour les petits pains. Le pain est cuit lorsque, démoulé, le fond sonne creux lorsque vous le tapotez. On le pique aussi parfois d’une aiguille comme les gâteaux. Laissez-le refroidir sur une grille. Si, en cours de levée, vous deviez vous absenter, ne laissez pas la pâte monter trop longtemps. Solution? Déposez la terrine au réfrigérateur. A votre retour, replacée à température ambiante, elle reprendra calmement sa levée. A mon expérience, le passage au congélateur ne réussit pas du tout au pain au levain, à l’inverse du Pain Mi-Mi. *3 NB Contrairement aux indications des livres de cuisine habituels, il n’est pas nécessaire de pétrir de 10 à 20 minutes si vous suivez cette technique-ci. Cinq ou six repliages suffisent à obtenir un pâton bien lisse.. Cuisine Nature 12 décembre 2004 3 A la recherche du pain perdu Il vous reste du pain sec. Vous pourriez le revivifier en le passant, légèrement mouillé au four. Mais vous pourriez aussi : ¾ le réduire en chapelure-maison (cidessous); ¾ le griller et le servir en Bruschetta de légumes; ¾ l’intégrer dans une farce de Légumes farcis ou dans un Pain de viande - les recettes en italique sont détaillées dans mes livres; ¾ le mouliner dans un Gazpacho, après que le trempage de trente minutes l’aura ramolli; ¾ le griller, le frotter d’ail et le découper en croûtons pour un potage ou une salade verte; ¾ le tailler en fines tranches et l’utiliser en remplacement des boudoirs pour une Charlotte; ¾ le moudre grossièrement et le mélanger aux flocons d’un Crumble. Faire de la chapelure-maison n Faites sécher o Moulinez les dés séchés le pain sec coupé au robot ménager muni du en dés grossiers au four à 100°C. gros couteau. Les enfants préfèrent l’écraser au marteau, dans un linge Durée: environ solide. Conservez en boîte une heure. hermétique. suite de la page 3 - Pain au levain Pâte finale en robot ménager A partir du point 3 ci-avant, on peut aussi utiliser le robot mélangeur. J’y perds du plaisir car pétrir est une méditation en soi. Mais en crise de fatigue chronique, les muscles lâchent et alors... vive le robot. Dans le robot mélangeur muni du gros couteau, je verse le levain gonflé et les liquides. J’actionne le robot et j’ajoute alors, par petites doses, la farine, juste moins que ce qu’il ne faut. La pâte restera trop liquide pour un pain, mais mon robot très ordinaire arrive au moins à bien la malaxer. Ce n’est qu’au tout dernier moment que j’ajoute la dose finale de farine : le pâton se roule en boule et nettoye les parois du robot. 4 Qui trop embrasse rate le train : du pain aux sept céréales ? Vous achetez un pain aux sept céréales car vous pensez vous offrir ainsi le plus de nutriments possible à la fois. Imaginez le travail de digestion de tout ce bazar ! En outre, qui a dit que vous tirerez le meilleur des nutriments de tous ces éléments ? Que votre système digestif s’en sortira dans une telle avalanche ? Etudiez ci-joint les ingrédients d’un pain de soja, tels que copiés/collés d’un site (pourtant en qualité bio, afin de ne pas vous écoeurer en plus avec les additifs divers et pas très variés des pains toutvenant). Ah, si on pouvait donner la parole au tube digestif, il nous en raconterait de ces submersions ! Que dire de la justesse d’ajouter du son, qui Cuisine Nature 12 décembre 2004 est déchet industriel, tout bio qu’il soit; ou d’inclure du soja non adapté à l’être humain ou des fibres d’avoine qui, non trempées dans les règles que vous connaissez dorénavant, sont des pompeurs de minéraux ? INGRÉDIENTS : Farine de blé entier, farine de soja à faible teneur en matières grasses, farine de blé , eau filtrée, graines de lin, son de riz, fibres d’avoine, concentré d’isoflavones de soja (non OGM), graines de sésame, canneberges 1 @ janvier séchées, fèves de soja sans seln° grillées, quinoa, germes d’amarante, germes de luzerne, germe d’épeautre, germes de blé kamut, germes de blé, germes d’orge, germes d’avoine, sel de mer non raffiné. 2 2003 Quels critères pour acheter du pain? n Que la farine provienne exclusive- q Que la farine soit sans ajout, ni de son, ment de céréales cultivées et stockées sans produit chimique de synthèse, en agriculture raisonnée, idéalement en bio. Des garanties sur les teneurs minimales en minéraux et vitamines du groupe B (un des derniers labels français) ne suffisent pas. Quelle en serait la valeur si vous n’absorbez pas ces nutriments par la faute d’une fabrication déficiente ? ni de 36 céréales, ni de ces centaines d’adjuvants de fabrication dont ne peuvent plus se passer nos petits camarades boulangers. o Que les grains soient moulus sur meule de pierre. Les autres techniques industrielles échauffent la farine et accélèrent le rancissement des graisses. La mouture sur meule permet aussi de préserver le germe et l’enveloppe. La farine est alors plus riche en vitamines A, B, E, PP, sels minéraux et oligoéléments. Une géologue cévenole m’a appris que cette technique confère au pain une riche teneur en silice (poussière du grès des meules). p Que la pâte ait fermenté au moins sept heures dans un environnement acide. Faire du levain mère *1 Levain ou levure? On a déjà vu les excellentes raisons de choisir du pain au levain, ou au moins de faire un pain levure à longue fermentation dans Cuisine Nature n° 6 (p. 5 : Trempage des Céréales). Petit résumé à nouveau dans ce numéro, page 10 sous le paragraphe: Aux oubliettes, les trempettes... Le pain Mi-Levain Mi-Levure Le pain au levain, même réalisé à partir de farine blanche, est beaucoup plus savoureux que le pain blanc ordinaire, ce pain qu’à la dégustation les yeux fermés vous départissez difficilement d’un bout de mousse cuit. Mais ce pain s’accompagne d’une saveur un peu sûrette qui rebute parfois nos angelots, si pas leurs géniteurs. On peut alors proposer un pain à la levure en longue fermentation, dont le goût est bien plus proche du pain « de d’habitude ». Recette détaillée dans Pour résumer ce que le pain peut vous apporter de meilleur et faire votre choix en conscience, voyons ce que l’on peut demander d’un pain. Cuisine Nature n° 1 (p. 4 : recette du Pain Mi-Levain Mi-Levure) La longue fermentation permet à la farine de développer son meilleur arôme et ses saveurs comme dans le levain naturel. Cette technique aide aussi à désamorcer les phytates antinutritifs qui sont présents dans les céréales complètes, tout comme cela se fait dans le levain (point 3 ci-contre). Le levain sert à amorcer la fermentation de la pâte du pain. On vend des poudres de levain dont je ne vois vraiment pas l'intérêt quand on sait qu'il est enfantin de produire son levain chef (voir cidessous). Pain au levain ou sur levain ? Du pain au levain est en vente dans chaque boulangerie française depuis quelques années mais c’est souvent du pain sur levain (autrement appelée «faux levain»... appellation un peu trompeuse dans la mesure où la fermentation longue et lactique n’est pas au rendez-vous. Cette technique hybride ne répond pas à nos exigences ci-contre. Laissez fermenter quelques jours à température ambiante une pâte mollette de farine et d’eau. Le v'là vot' levain ! Le levain-mère ne se fabrique qu’une seule fois, lorsque vous commencez la production maison. A partir du premier pain, vous préleverez le levain-mère sur le pâton de la veille. n Jour 1. Mélangez farine et eau jusqu'à obtenir une pâte très mollette. Couvrez d'un linge fin pour éviter l'intrusion d'insectes. Selon Sally Fallon, dans Nourishing Traditions, le seigle convient mieux pour cette opération. Mes expériences à l’épeautre ou au blé se sont déroulées dans le bon ordre... *1 en anglais pour vos recherches sur les sites anglophones, plus partageurs d’infos que les francophones : sourdough starter. o Jours 2 à 4-6. La fermentation p Jour 5 ou 7. Le levain dégage des commencera à température habituelle d’une cuisine. Vérifiez l’avancement des travaux chaque jour. Rajoutez le cas échéant de l’eau si la pâte est trop dure pour pouvoir tourner en levainmère. Certains amateurs rajoutent un peu de farine chaque jour, j’y arrive sans cette procédure. bulles et une odeur un peu sûrette, typique... Il est prêt à amorcer un pain. S’il ne commence pas à fermenter, jouez sur la température ambiante et la texture du mélange mais n’ajoutez pas d’élément sucrant (sucre, miel, etc...) car la fermentation lactique deviendrait alcoolique. Cuisine Nature 12 décembre 2004 5 DOSSIER Cereal Killers *1 “ L’équipement enzymatique de l’homme n’est pas adapté aux céréales *2 “ affirment le professeur Seignalet, les paléonutritionnistes ou les crudivores. Voilà des raisonnements aux sauts logiques édifiants et peu soutenus par la réalité de l’histoire humaine. Or, l’homme moderne profite assurément de périodes hors céréales. Essayons de comprendre. Le titre revient à l’admirable Frédéric Dard-San Antonio. « céréales » signifiant ici bien lus que les simples flocons du matin: blé, épeautre, seigle, avoine, riz, etc... et tous leurs dérivés en farines, pâtes, pains, pâtisseries, etc. *1 *2 Cent mille générations ont vécu de la chasse et de la cueillette, cinq cents générations d’agriculture, dix ont connu l’essor industriel. Cela fait seulement deux générations que nous expérimentons une alimentation de produits raffinés, de longue conservation, chargés de molécules de synthèse. Sur cette base de bon sens, on peut comprendre que certains élaborent des discours radicaux comme: « Il est très vraisemblable que les enzymes digestives de beaucoup d’humains ne sont pas adaptés à certaines molécules nouvelles, comme les protéines du lait et des céréales de surcroît modifiées par la cuisson. Une période beaucoup plus longue sera nécessaire pour que la sélection exerce ses effets. Pour d’autres molécules, tout espoir d’adaptation est illusoire. Les enzymes humains ne sont actives que sur les isomères naturels : glucides D, acides gras cis et acides aminés L. La cuisson engendre une certaine proportion de glucides L, d’acides gras trans* et d’acides aminés D. Seule une transformation radicale de certaines enzymes permettrait de métaboliser ces molécules et ceci n’est guère envisageable. » (prof. Jean 6 Seignalet, L’alimentation ou la Troisième Médecine). Profane mammie, je me permets ici de tempérer vos ardeurs seignaletistes (voir l’article dans le prochain numéro : La méthode Seignalet, apports et limites). Entre autres parce que les « données scientifiques » de nos amis paléo-nutritionnistes comme ce formidable professeur Jean Seignalet (qui semble avoir suivi avec trop d’entrain les dérives intellectuelles du maître instincto Guy-Claude Burger) ne sont pas partagées par les autres scientifiques. Le feu n’est pas utilisé depuis dix mille ans comme il nous l’est annoncé, mais bien depuis plus de cent mille ans, aux dernières nouvelles. A oublier de s’adjoindre les services d’un professionnel, ces archéologues improvisés que sont les paléo-nutritionnistes perdent un peu de crédibilité. Manger des écorces... Il est si facile de se tromper, surtout en matière alimentaire, royaume de l’irrationnel. Un exemple? Comme on a retrouvé dans des sépultures vikings des galettes de pois et d’écorce de pin, vous en consommeriez tout de go ? Ne pensez-vous plutôt qu’il s’agit d’une intention mortuaire ? Ne fûtce que parce qu’aucune population connue n’a consommé à ma connaissance des écorces de pin depuis lors... Cuisine Nature 12 décembre 2004 Un autre exemple, chère ? Comme on n’a retrouvé dans les vestiges archéologiques que des galettes très cuites, presque carbonisées, en conclueriez-vous que c’étaient les habitudes de consommation au néolithique ? Ou plutôt qu’il s’agissait de rebuts, non consommables? Revenons au sujet : nous ne serions donc pas adaptés aux céréales. Il est vrai qu’on obtient de beaux sursauts de bienêtre en éliminant de l’alimentation de l’homme moderne les céréales (depuis le pain jusqu’au riz en passant par le quinoa). Outre les régimes mentionnés en encart, voyez les résultats sur pathologies graves des régimes du docteur Lutz, d’Elaine Gottschall (Régime des Glucides Simples), d’Atkins. Faut-il pour autant en déduire que l’homme est inadapté aux céréales ? Historique alimentaire L’histoire des hommes est intimement liée à celle des céréales et à la cuisson. Du temps des romains, la consommation de pain des soldats en campagne était de 800 grammes par jour et par personne, sous forme de galettes et de bouillies. La panification était déjà connue en 2500 AC. A la même époque, dans les pays du Nord de l’Europe, on a retrouvé des galettes d’orge et d’avoine. Fin XIXème, la consommation de pain était de 600 g par personne et par jour en France. Plongez vous dans les 900 pages de Histoire de l’Alimentation de Jean-Louis Flandrin. Je dors avec mais je ne suis pas encore au bout. consomment jusqu’à 400 grammes de pain par jour, étaient encore des exemples de longévité et santé jusqu’il y a trente ans, date de l’introduction de nos habitudes “raffinées” sur leur île. Les japonais centenaires d’Okinawa consomment essentiellement du riz accompagné de quelques légumes lactofermentés hors saison, et de légumes frais en saison, précédé d’un potage miso. Citons quelques preuves récentes que l’équipement enzymatique de l’homme est en réalité bien adapté à la digestion des céréales. Le régime Ohsawa des macrobiotes, où le praticant consomme jusqu’à 90% de sa ration alimentaire en riz, a fait ses preuves dans des rémissions étonnantes de maladies graves. Les crétois, qui Et pourtant, les céréales ne réussissent plus aujourd’hui à tous les mangeurs. Pourquoi donc ? Qualité des féculents En contradiction avec les recommandations officielles (voir l’encadré cidessous « Le Coin du Nutritionnellement Correct ») les récentes enquêtes épidémiologiques de l’Ecole de Nutrition de Harvard portant sur des centaines de milliers de cas révèlent que les gros consommateurs de riz blanc, pain blanc et pommes de terre ont jusqu’à 2,5 fois plus de risque de développer un diabète, surtout s¹ils consomment peu de fibres. Ils ont aussi davantage de risque de maladie cardio-vasculaire. Cette analyse augure bien de l’avenir chez nous si la tendance se confirme à consommer de moins en moins de fruits et légumes frais et de plus en plus de sucres, céréales et de pain, sans porter attention à la qualité. Le riz et les pâtes blanches autant que le pain blanc de chez blanc n’ont plus grand chose à voir avec ce que consomment les crétois ou les suite page 8 Le coin du nutritionnellement correct les féculents et sucres lents Les besoins en nutriments de base sont de maximum 30% des calories sous forme de lipides, 12% sous forme de protéines et 58% sous forme de glucides, nous disent les guides de santé classique Il est sûr que les glucides sont indispensables à chaque prise alimentaire mais que vaut ce conseil si l’on ne précise pas quels glucides consommer à hauteur de 58% ? Font partie des glucides tant les féculents que les fruits/légumes et le sucre... Voilà qui est bien flou. Je pourrais donc suivre la pyramide alimentaire officielle en ne consommant que pain, pâtes et sucreries ? Pourquoi ne pas préciser aussi la qualité des féculents, qui sont en Occident souvent produits à partir de farine raffinée et privée de nutriments ainsi que surchargés en additifs ? Ces additifs peuvent provoquer des déficiences en vitamines et des hypersensibilités. Cuisine Nature 12 Consommez plutôt des sucres lents (céréales complètes, etc), nous propose l’équipe de Walter Willett*1 Si vous suivez à l’aveugle le conseil de baby Willett de remplacer les féculents par des céréales complètes , sans revenir aux techniques sages de fermentation, vous risquez les dégâts observés chez des végétariens distraits, il y a déjà plus de quarante ans. Si vous n’adaptez pas à votre profil métabolique ces injonctions qui prennent des airs d’universalité (certaines personnes ne sont pas construites pour brûler les amidons...), vous risque de vous encrasser de ces bons sucres complexes, même en bio... *1 Déjà mentionnée dans le dernier numéro, cette équipe est l’auteur de nouvelles recommandations nutritionnelles plus justes que les conseils officiels américains, mais dont le côté annoncé comme révolutionnaire fait sourire celui qui y voit reproduit le classique programme naturopathique dont le recul historique de plus de cinquante ans nous permet de rectifier quelques erreurs. Voir pistes d’info sur mon site via www.taty.be/doc décembre 2004 7 suite de la page 7 - céréales papies d’Okinawa. Sans compter le nombre incalculable de nouveaux additifs qui entrent dans la composition des aliments préparés à base de céréales ou les vitamines et minéraux de synthèse qui y sont ajoutés (voir l’encart page 9 « Pas de bol pour les flakes »). Exercice physique Les céréales en excès sont encrassantes pour l’organisme humain, surtout lorsque l’apport alimentaire est disproportionné par rapport aux besoins (le cas des couch potatoes que nous sommes devenus). Les légions romaines et nos aïeux, qui vivaient en majorité aux champs, marchaient et bossaient en sueur. Ils pouvaient donc brûler convenablement tout cet amidon. Ouille, mon pancréas Le pancréas de l’homme moderne semble être l’un des organes les plus affaiblis, ne fût-ce que par les torrents de sucre de l’alimentation tout-venant et par le stress chronique. Pour le pancréas fatigué d’une personne à l’insulinémie dérangée, une céréale même complète équivaut presque à du sucre. D’où peutêtre le succès des régimes diabolisant les céréales sur la foi d’hypothèses fantaisistes : c’est peut-être simplement que le pancréas est enfin au repos et fiche la paix aux autres glandes, leur laissant enfin l’occasion de faire leur boulot. Persorption des amidons La plupart des thérapeutes utilisant les jus de légumes en thérapeutique (Norman Walker, Ann Wigmore, Max Gerson, etc.) exigent de la part du sujet une abstinence totale des farines blanches (& C° : riz blanc, pâtes blanches, etc.). A défaut de respecter cette règle d’abstinence, ils n’observaient pas les mêmes résultats de bien-être, si pas rémissions de maladies. Dans les années 1920, le docteur Henry Bieler obtenait de remarquables résultats chez certains patients en interdisant aussi toute forme d’amidons et recommandant 8 des soupes sans féculent (le fameux bouillon de légumes Bieler, dont j’ai publié la recette dans Cuisine Nature n° 2). Ne serait-ce pas dû au phénomène de persorption? souffle-t-elle de son air savant... Ce phénomène consiste en ce que des granules d’amidon peuvent passer dans le sang ou la lymphe de l’humain, ces particules alimentaires assez grosses provoquant alors des réactions immunitaires bizarres. Ce phénomène (aussi nommé « HerbstVolkheimer » du nom de ses découvreurs) est nié par la biologie orthodoxe. Selon cette dernière, des protéines entières ne peuvent passer le filtre du tube digestif. En outre, le cas échéant, les cellules seraient équipées d’une membrane plasmatique semi-perméable qui les protége. Or, apprends-je chez Raymond Peat, mon ami professeur et chercheur en biologie moléculaire de l’Oregon, il y a lulure que des chercheurs ont filmé des cellules vivantes pénétrées par un amibe : il s’y promenait puis en sortait sans rencontrer de résistance perceptible. Si on se donnait la peine de visionner de tels films, il serait peut-être moins difficile et mystérieux d’imaginer que des particules alimentaires peuvent pénétrer les cellules. Les crétois, les macrobiotes et les centenaires d’Okinawa ne consomment pas à ma connaissance d’amidons transformés de telle sorte qu’ils puissent passer la barrière intestinale et s’agglutiner sur des sites inflammatoires. Arrêter les céréales ou réduire le blé? Personne ne se l’explique vraiment mais parmi toutes les protéines des céréales, celle du blé (bio ou non, mais surtout sous sa forme complète), semble se comporter dans l’organisme comme un franc flambeur de terrain. C’est pourquoi chez toute personne souffrant d’une inflammation de quelque sorte, et quel que soit le profil métabolique de ce sujet, il est conseillé d’arrêter le blé et de le remplacer par de l’épeautre (petit ou grand). Pourquoi le blé est devenu un tel voyou ? Les hypothèses foisonnent. La plus sensée à mon regard : la protéine du blé sert aux polluants chimiques et métaux Cuisine Nature 12 décembre 2004 lourds de moyen de transport vers le sang. Index glycémique ou charge glycémique? L’index glycémique bien connu depuis l’ère Montignac est un outil utile pour se repérer dans les premiers temps de réforme alimentaire, surtout chez les hypoglycémiques (longue dissertation sur le sujet dans Cuisine Nature... en Herbe). On y trouve des limites pratiques pour un débutant peu féru de nutrition mais cet outil est surévalué. Il paraît scientifique car il expose en tableaux chiffrés les fluctuations de glycémie sanguine que provoquent certains aliments. L’attachement à cet index glycémique pousse bien des praticants à se passer de carottes à cause de leur place élevée dans cette hiérarchie. Pourtant quantité de facteurs influencent l’index glycémique d’un même produit. Sur la base de l’exemple d’une pomme de terre, les chiffres changeront en fonction de la structure des amidons (toutes les variétés de pommes de terre n’ont pas les mêmes doses d’amylose/ amylopectine), de la cuisson (microondes ou vapeur), de la maturité et la qualité du stockage, des traitements (servies entières ou en purée, ou en purée industrielle: ce n’est plus du tout le même aliment). Désormais, les nutritionnistes utilisent le concept de charge glycémique globale sur la journée. Pour ceux d’entre vous qui pâtiraient d’un début d’insulinorésistance*1, je propose sur le site une Liste des Unités Pain qui permet de doser les blocs de féculents/sucres sur la journée plutôt que de les rejeter globalement. Aux oubliettes, la trempette... Nous avons aussi perdu les réflexes de santé ancestraux, tels que faire tremper les céréales avant cuisson dans un bain acidulé. Ce paragraphe s’adresse en tout particulier aux amateurs de pain complet ou semi-complet. L’acide phytique est un acide organique présent dans la couche extérieure du son. Il disparaît lorsque les grains sont raffinés (riz blanc, farine blanche, etc.) mais reste présent dans les *1 Facile à reconnaître !Si vous êtes accro aux sucres (rapides ou lents, sucre ajouté ou riz complet...), vous en êtes probablement... Pas de bol pour les flakes Ce qu’on appelle « les céréales » communément (les « corn flakes »), quelle que soit leur prétention de santé, sont exclues de nos menus. Elles sont produites par une méthode d’extrusion, qui rancit les huiles, détruit les nutriments essentiels et en transforme même certains en toxiques. Les frères Kellog, au début du XXème siècle, n’auraient jamais imaginé la dérive qu’ont vécu ces petits flocons chéris. Le gouvernement danois vient d’interdire une série de nouveaux produits de la marque au grand K (18 produits, quand même !). Le comité se base sur le fait que, consommés régulièrement, ils pourraient être nuisibles pour la santé (foie, reins...). Les experts s’inquiètent aussi pour les foetus. Pourquoi ? A cause des hautes doses de vitamines et minéraux ajoutés, tiens ! Comme le mode de production a retiré tous les nutriments, monsieur K fait comme tous ses concurrents : il doit en rajouter pour faire croire qu’il vend de la nourriture pour l’humain. Cela se fait depuis des dizaines d’années, mais on est heureux qu’enfin un gouvernement réagisse. Non, ces variantes de médicaments que sont les vitamines et minéraux de synthèse ne sont pas anodins, surtout pas en consommation quotidienne. Exemple donné par le Canard Enchaîné du 18 août 2004 : « Un enfant de quatre à neuf ans qui avalerait 30 grammes de céréales enrichies encaisserait en fin de journée une dose en fer 2 à 3,5 fois supérieure à ce qui est recommandé ». Avec les études que j’ai sous la main sur la toxicité des excès de fer.... farines complètes ou semi-complètes. S’il n’est pas décomposé par le trempage ou par la germination, l’acide phytique peut se lier dans l’organisme au calcium, au magnésium, au fer, et surtout au zinc. Il bloquera ainsi leur absorption. Voir l’article déjà paru dans Cuisine Nature n° 4 (p. 5). C’est ce qui expliquerait les déficiences minérales que l’on a observées chez certains végétariens. En tout cas chez ceux qui consomment de grandes quantités de farines non cuisinées dans les règles de l’art des Anciens. Le trempage doit durer au moins sept heures et s’effectuer dans un bain acide : pour une tasse d’eau, ajoutez deux cuillers à soupe de petit lait, de yaourt, de kefir, de babeurre ou de jus de citron. « L’acidulé ajouté active l’enzyme appelé phytase qui décompose l’acide phytique du son. De plus, l’acide lactique ainsi dégagé et les lactobacilles présents aident à décomposer les amidons complexes, les tanins irritants et les protéines difficiles à digé- rer » (ma traduction, exrait de Nourishing Traditions, de Sally Fallon). En pratique, les appareils pâtissiers réalisés à la farine complète ou semi-complète devraient subir le même trempage pour que les nutriments soient disponibles. Mais le résultat du trempage en pâtisserie est souvent décevant. Voilà pourquoi je recommande souvent en desserts d’utiliser de la farine la plus claire possible. On n’a plus besoin alors de faire trempette. Que faire alors ? A lire ces divers aspects d’un complexe problème, vous comprendrez qu’il est difficile d’établir un programme unique pour tous. En gros et en travers, on pourrait résumer comme suit (voir aussi « Quels critères pour acheter du pain » page 5). Choisissez des féculents et céréales complètes ou semi-complètes*1 si c’est votre profil. Sinon consommez-les en toutes petites quantités. Si vous êtes en crise de santé ou en maladie chronique, exceptez le blé/ froment pour son effet encore inexpliqué de potentialisateur de la pollution. Parfois (dans les cas de fragilité digestive) on évite toutes les autres sources de gluten dur (épeautre, seigle). Dans de rares cas, même le gluten doux (avoine, orge). Mais de toute façon évitez les aliments de confort (les aliments tout prêts) et les adjuvants de production/conservation qui leur sont ajoutés, ce qui revient à choisir des aliments bio ou les réaliser vous-même. calmer l’organisme mais aussi pour enfin sortir du cercle vicieux des envies forcenées de sucre (oui, oui, c’est lié). Si vous n’avez aucun signe d’insulino-résistance, vous pourrez adapter ce programme en ajoutant PLEIN de féculents à condition qu’ils soient du riz complet, des pommes de terre ou du quinoa — pas d’amidons modifiés et pas de source de gluten, petit glouton ! Pommes de terre, quinoa ou riz font de délicieux accompagnements pour changer des pâtes. L’avoine se consomme en Porridge, en Galette ou en liant de potage. Le sarrasin se prépare en crêpes avec trempage d’une nuit. Le blé ou épeautre bio se consomment sous la forme de pains au levain. L’amaranthe est trop cher pour être inclus ici. *1 Pendant les quinze jours de cure antifatigue que j’ai résumés dans le livre du même nom (tome 5), on ne consomme que très peu de féculents afin de drainer et Cuisine Nature 12 décembre 2004 9 Desserts en sains f a m i l l e Bûche de Noel à-la-Coffe légère et facile On peut présenter comme chez Odélices.com... Depuis onze numéros que nous avons parcouru les bases des desserts pour débutants, nous avons tous les tours de main requis pour réaliser une belle et bonne bûche de Noël. Je m’inspire ici de la recette transmise par Jean-Pierre Coffe pour la Noël 2003 sur France Inter*1. Je l’ai traduite pour débutants. Réalisez votre oeuvre la veille du grand jour et conservez-la au froid. Dans la recette originale, le chef sert ce dessert avec une Crème Anglaise, dont la recette annoncée comme inratable est publiée dans Cuisine Nature n° 6 (page 2). ... ou comme chez bibi. Elle est pas belle ma bûche, mais qu’est ce que mon fils s’est amusé... 200 g de chocolat noir 375 g de crème fraîche bio de lait cru (un pot et demi) 16 biscuits à la cuillère 1 tasse à thé de café fort décoration selon votre stock (dont cacao en poudre, champignons en meringue maison ou achetés, sucre glace pour faire la neige, etc.) MATÉRIEL: moule d’à peu près 30cm de long sur 7cm de large et 7cm de haut n FONTE DU CHOCOLAT Faire fondre à tout petit feu le chocolat avec le tiers de la crème fraîche. Pendant ce temps, préparez la tasse de café fort (la valeur d’un expresso).Tournez régulièrement à l’aide d’une cuiller en bois. Après deux minutes, portez hors du feu et laissez refroidir. NB 1. Dans la recette originale, le chef insiste pour qu’on fasse bouillir la crème. Pourquoi? Si ce n’est pour cette vieille phobie irraisonnée du lait cru... NB 2. Ne faites pas fondre le chocolat à la vapeur dans la crème fraîche car elle ne réduirait pas assez et votre bûche ressemblerait à de la crème liquide... Inévitable détour hebdomadaire des passionnés de cuisine. Lors de l’émission “ça se bouffe pas, ça se mange” le samedi 12h-13h sur France Inter, vous découvrirez tout sur les bases de la cuisine du terroir et les coulisses de l’exploit industriel. Jean-Pierre Coffe et son équipe titillent les *1 10 o CRÈME FOUETTÉE Pendant ce temps, fouettez la crème jusqu’à ce qu’elle montre la toute première ride. Fouettée plus longtemps, elle ne s’incorporerait pas bien. Fouettée encore plus longtemps elle tournerait en beurre... NB. Avec de la crème fraîche même 35%, même bio, je soupçonne que soient utilisées des caraghénanes (algues) en adjuvant de fabrication. Car c’est alors une plaie à monter au fouet manuel. Ce sera donc au fouet électrique ou au robot. producteurs industriels et les artisans de terroir de questions pointues et insolentes sur leurs techniques et vous transmettent aussi de délicieuses recettes faciles à réaliser. Nous sommes dans la même mouvance qu’en cuisine nature : réaliser chez soi des recettes faciles, sans les effets Cuisine Nature 12 décembre 2004 Mélangez le chocolat fondu et la crème fouettée délicament à la spatule en caoutchouc. Soulevez délicatement la crème au-dessus du chocolat fondu. NB Tout cela n’est pas sucré car les boudoirs ajoutés en fin de course sont déjà sursucrés. J’utilise la marque Pavesini, comme pour le Tiramisu car ils sont d’un léger... NB2. Réalisée à base de crème de lait cru, cette bûche est très légère à digérer. de manche des chefs et sans matériel spécialisé, en considérant qu’on rentre du boulot déjà vanné. Sur le site de l’émission sur Franceinter.com, où vous pouvez écouter l’émission en différé pendant une semaine après la première diffusion. p MOULAGE Chemisez de papier aluminium en double épaisseur le moule, en calculant qu’il faut déborder en hauteur de 5 cm pour pouvoir refermer le papier. Doublez de papier sulfurisé pour éviter l’ajout intempestif de molécules d’aluminium dans nos beaux corps d’athlètes. Entaillez-les coins d’un coup de ciseau pour pouvoir mieux manipuler le papier. Versez la moitié de la préparation crémée, couvrez de biscuits cuiller que vous trempez au fur et à mesure dans le café sans les noyer (8 pour la première couche). Versez le reste de la préparation. Couvrez des 8 derniers biscuits. Repliez l’excès de papier alu/sulfu. q REPOS Laissez prendre une nuit au frais. r FORMER s DÉCORER Après avoir débarrassé le bas de la bûche de son emballage, renversez-la. Roulez-le bien serré pour réaliser un cylindre si vous tenez à la forme bûche. Ôtez le papier et l’alu. Dessinez l’écorce à l’aide d’une fourchette mouillée d’eau très chaude ou d’une spatule langue de chat pour faire de jolies vagues. Ajoutez les décorations choisies par les enfants comme des meringues en champignons maison (voir recette page suivante). Saupoudrez de sucre glace ou de cacao amer en poudre, à l’aide d’un saupoudreur à sucre (outil généralement présent dans la cuisine des pâtissiers assez aventureux pour ce type de recettes). La bûche à ce stade-ci ressemble encore au Klug du Père Noël est une ordure... On peut aussi gratter du chocolat à la grille moyenne de la râpe ou encore créer des copeaux de chocolat. t SERVICE Passez la bûche une heure au congélateur avant de servir, pour un effet encore plus tranché. Cuisine Nature 12 décembre 2004 11 Champignons en meringue légers et pas si faciles Pour faire faire risette à notre bûche de Noël, on va s’amuser un brin en cuisine avec les petits ninfants et utiliser les blancs d’oeufs restant de la Crème Anglaise d’accompagnement. Nous allons réaliser des petits champignons en meringue. Pas pour débutants, bien sûr. Il faut en plus du matos : une poche à douille. On n’arrive à de jolies meringues qu’avec un additif très connu et pourtant peu utilisé en cuisine nature: le sucre blanc... 2 blancs d’oeufs 8 cuill.s. de sucre glace q CONFECTION DES n BLANCS EN NEIGE SUCRÉS p CUISSON Fouettez les blancs en neige ferme, selon le tour de main connu (Cuisine Nature n° 7, p. 6). Dès qu’ils moussent, ajoutez du sucre glace en fin filet tout en continuant à battre jusqu’à ce que la neige ait pris. Cuisez une heure à 105°C ou enfournez dans un four très chaud, que vous éteignez et fermez aussitôt. Elles sécheront en quelques heures, bien croustillantes. o POCHE À DOUILLE CHAMPIGNONS Entaillez à l’aide d’un couteau pointu la base des têtes de champignons. Douuuucement ! Les meringues ça casse vite. Déposez une goutte de blanc en neige, collez-y le pied de champignon. Déposez chaque champignon sur sa tête et laissez encore cuire 15 min. Gardez quelques cuillérées de neige pour le point 4. Transférez le reste de la neige dans une poche à douille, munie du cône le plus simple. Sur des feuilles de papier sulfurisé, pressez une série de formes circulaires : les têtes de champignons. Plus les tailles sont irrégulières, mieux c’est. C’est comme dans la vie! On disait à peu près : 2 cm de haut, 4 cm de large. Rectifiez l’une ou l’autre aspérité de vos doigts mouillés. Pressez une série de petits cônes bien pointus, qui seront les pieds (environ 2 cm de haut). Je suis à court de place. La recette complète incluant tous les commentaires de réussite est publiée sur le site. 12 Les polyphénols du chocolat : vous n’en faites que ce que vos intestins veulent bien en faire... Jeanne, le regard piteux : « Oh oui je suis attentive à bien manger, mais hélas je mange aussi du chocolat... et je ne peux pas m’arrêter... » Qui donc a convaincu Jeanne qu’un aussi merveilleux pourvoyeur d’anti-oxydants que le chocolat devait être mis de côté ? Les naturos ont raison de nous rappeler que le chocolat est un choc pour un organisme fragilisé. Mais ce n’est pas le cas de Jeanne. Des recherches ont même démontré les effets bénéfiques des polyphénols présents dans le chocolat — ces substances qui « limitent le stress oxydant auquel nos tissus sont Cuisine Nature 12 décembre 2004 constamment soumis*1 ». Ces polyphénols sont présents dans tous les chocolats à des teneurs différant selon le type*2. Mais ces vertus ne s’expriment pas chez tout le monde de la même manière. Selon la recherche de Sylvie Rabot (INRA, Fr), les polyphénols sont bien ou mal absorbés en fonction de la qualité de la microflore intestinale. En bonne santé, vos camarades bactéries dégraderont les polyphénols dans les divers acides phénoliques qui réalisent leur fonction de protection. En piètre état, elles ne pourront vous aider. Allez, comme Mammy Kousmine, on règle d’abord la santé des intestins ... *1 www.inra.fr/presse/nov03/nb1.htm *2 500 mg par 100g pour le chocolat au lait contre 840 mg pour le chocolat noir. L’assiette nature peut contrer les effets de la pollution... A des degrés divers, nous vivons tous dans un brouillard toxique - le toxic sludge des américains. Ce terme signifie en anglais « boues d’épuration toxiques » (miam, miam !) et qualifie l’ensemble des polluants : pollution environnementale bien sûr, mais aussi alimentaire, médicamenteuse et domestique. Pour ma part, j’ajouterais le stress comme pollution interne car il semble fonctionner comme flambeur des effets de ces divers polluants. Ceux-ci n’ont pas un effet anodin sur l’organisme humain. L’un (le docteur Carl C. Pfeiffer et l’école du Brain Bio Center de Princeton) pointe depuis des années les métaux lourds qui, en association avec des carences nutritionnelles, perturbent les fonctions métaboliques normales. L’autre (le docteur John Lee) observe que les dérivés de la pétrochimie fonctionnent dans l’organisme humain comme des perturbateurs endocriniens, entre autres par la structure chimique de ces molécules étonamment identique à celle de nos propres hormones. Un dernier (le docteur Samuel Epstein, rédacteur du rapport de la Cancer Prevention Coalition américaine dont il est président) incrimine la pollution de l’environnement, les produits chimiques ménagers et les excès médicamenteux. Cette équipe n’a pas encore intégré la pollution électro-magnétique mais cela ne saurait tarder. En confirmation de ces pistes, le 10 décembre en soirée à Bruxelles le professeur Belpomme, chargé de mission pour la mise en œuvre du Plan Cancer en France, professeur de cancérologie à l’université Paris-V, viendra nous entretenir sur le thème Ces maladies créées par l’homme: cancer et environnement (voir détails page suivante). L’alimentation saine est grevée d’un malentendu quant à son impact sur le quotidien d’un occidental surmené et surpollué. Les choix alimentaires sont parfois relégués au rang d’accessoires de prévention par les amateurs de produits bio. Mais l’arsenal alimentaire, bien pensé, peut faire bien plus pour votre santé. Je tâche ici d’expliquer pourquoi manger mieux peut prémunir contre les effets délétères de l’inévitable duo pollution/stress. On entend (enfin !) de plus en plus avancer par des voix très autorisées l’hypothèse que les maladies de civilisation seraient dues à la pollution et pas seulement à de méchants virus, à une malédiction du divin ou (grrrr !!) à des erreurs de comportement de notre part. Mon grrrr! provient de mon irritation lorsque j’entends tant de malades se culpabiliser : « J’ai mangé (ou fumé) les clous de mon cerceuil »... « Je le mérite bien, à manger et boire comme je l’ai fait toute ma vie ». Ces lieux communs ont la peau dure comme cette ineptie inane qui veut qu’on soit puni par où l’onn a péché. Mais une alimentation mal choisie, aussi appelée « malbouffe*2 », n’est qu’un facteur aggravant dans ces situations. Elle n’en est pas la cause unique. Qui plus est, le sentiment de culpabilité fait partie des pires pollutions internes... alors hein bon... Si vous souhaitez vous déprendre de l’état de morbidité quasi permanent auquel la plupart d’entre nous semblent se résigner, vous vous posez la question : « comment dépolluer ma belle machine de vie ? ». Plusieurs pistes s’offrent aux bonnes volontés. Parmi ces approches, Un bon point de départ serait l’alimentation ciblée en ce qu’elle permet de doper l’organisme avec des hormones végétales propres à contrer les effets des xénohormones provenant de l’environnement; l’alimentation ciblée est également Au diable ces mots-valise, propices à tous les malentendus. «Malbouffe» a tant d’acceptations chez les intervenants.... Chez l’un c’est le fast-food, chez l’autre c’est l’alimentation carnée. En cuisine nature, c’est une assiette basée pour l’essentiel sur des aliments préparés (même lorsque de grands chefs en panne de budget y apposent leur nom). *1 Cuisine Nature 12 décembre 2004 capable d’aider l’organisme à se drainer des déchets accumulés. Déchets ? Eêêkes ! Outre les toxines de suralimentation ou les résidus d’aliments de confort (voir page 8 l’encart Persorption des amidons), je vous propose dans la famille « Déchets » les métaux lourds (mercure, cadmium et leurs copains) ou les POP (Polluants Organiques Persistants que sont la dioxine et toute la famille des PCB). Quelques autres sont cités dans l’article de la page suivante « Maisons Toxiques ». Ces pollutions étant invisibles, il est facile de tomber dans le négationnisme. Une belle boue rouge qui pollue la rivière, voilà qui est motivant ! Tout le monde la remarque. Par contre, les vapeurs de formaldéhyde exhalées par votre joli divan Ikaka... Pour se limiter à un exemple, que penser du fait que votre corps trimballe dans son sang, ses chairs, ses organes près de 200 nouvelles molécules artificielles inconnues du corps de votre mère grand. Le foie, votre usine de traitement, ne sait qu’en faire et les entrepose où il peut, dans les articulations, les organes, les sites inflammatoires. A situation égale, la solidité de nos anciens « la bonne fabrication d’avant-guerre...» provient peut-être tout simplement d’être moins encombrés de déchets que les plus jeunes générations. Dans sa vie, un homme risque de se contredire ou de se redire, disait Jaurès. Je redis ici que non, non, non et... non! Si vous souhaitez vous prémunir contre de telles pollutions, le recours unique à des prises de chlorella en gélules ne suffira pas. A part une morathérapie bien menée, une assiette bien construite est l’adjuvant suite page 14 13 suite de la page 13 Une maison toxique ? indispensable pour commencer un travail suivi de dépollution de votre écologie intérieure. Si vous n’avez pas le temps, l’énergie ou l’envie d’essayer dix jours de cure de dépollution (la cure anti-fatigue de mon tome 5, un programme SG-SC-SJ soit sans gluten-sans caséine-sans soja, les trois activateurs de pollution), adoptez au moins les outils alimentaires les plus simples pour vous drainer des polluants : Les appareils à gaz dégagent du dioxyde d’azote, le chauffage mal réglé du monoxyde de carbone en excès. Dans les endroits humides, les champignons, moisissures, bactéries indésirables ne feront pas broncher une personne dite “normale”, mais déséquilibreront un terrain de fatigue chronique, d’allergie ou de candidose. Les mousses (coussins, etc) et les colles utilisées dans les agglomérés de meubles dégagent des composés organiques volatils comme le formaldéhyde au lourd dossier de santé. Les solvants de peinture sont porteurs de benzène, toluène, xylène dont le corps ne sait que faire si ce n’est les accumuler comme déchets ou leur laisser la place de vos propres hormones — avec pour résultat un beau charivari dans le jeu de quilles. Si vous ne pouvez éviter ces composés déjà présents chez vous, pratiquez au moins le geste qui sauve : ventilez, ventilez, il en partira toujours quelque chose. l’abstinence momentanée de féculents raffinés et de toute forme de blé (voir dossier « Cereal Killers » pages 6 à 8) *2 et la consommation en haute quantité de végétaux frais*3. qui sera abstinence momentanée de tout type de féculent, même dit «sain», pour les personnes du groupe sanguin O (présentation complète de la méthode des groupes sanguins dans un prochain numéro) *2 L’idéal lors des cures de drainage : un litre de jus de légumes fraîchement pressés par jour, ce qui évite les longues préparations de légumes qui en ont déjà rebuté plus d’un. C’est déjà un excellent point de départ. *3 Les malades chroniques sont souvent attentifs à une alimentation peu polluée (dépourvue d’additifs, résidus de pesticides et antibiotiques, etc.). Ils ont tout simplement observé par eux-mêmes l’aggravation de leurs troubles après l’ingestion de produits chimiques*1. Ils feront bien d’être aussi attentifs à la pollution intérieure de la maison. *1 Tout est chimique, mais la convention veut que « chimique » s’oppose à « naturel », alors, bon.... CONFÉRENCE Ces maladies créées par l’Homme : cancer et environnement Professeur Belpomme le vendredi 10/12 à 20h dans l’auditorium H1309 de l’Université Libre de Bruxelles, campus du Solbosch, 50 av Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles. Sommaire Cuisine Nature Rédacteur et éditeur responsable et concierge : Taty Lauwers, 11 allée du Mont Cheval, B-1400 Nivelles.Textes et recettes © Taty Lauwers. Se vend uniquement par correspondance. Nouvel abonnement 2005 LE CAFÉ DU COMMERCE: DU PAIN “SAIN” AUX 7 CÉRÉALES? .................. 4 COMMENT CHOISIR SON PAIN .................... 5 DOSSIER: CEREAL KILLERS + LE COIN DU NUTRIONNELEMENT CORRECT: SUCRES ET FÉCULENTS ........ 6-9 PAS DE BOL POUR LES FLAKES ...................... 9 LIRE-VOIR-RENCONTRER: L’ASSIETTE NATURE PEUT CONTRER LES EFFETS DE LA POLLUTION + CONFÉRENCE DU PROFESSEUR BELPOMME “CANCERS ET ENVIRONNEMENT” .. 13-14 (6 numéros): 16.50 € (Belgique); 20.50 € (étranger). Les six anciens numéros de 2003 ou 2004, frais de poste compris, coûtent par série de 6 numéros: 14 € (Belgique); 18 € (étranger). Paiements en Belgique: virement bancaire au compte Aladdin de la Poste 000-1407731-67 (adresse ci-contre). 14 Paiements étranger: via le portail sécurisé www.greenshop.be (Visa, Eurocard ou Mastercard internationales) ou virement au compte ci-dessus en précisant le code IBAN “BE93”. Le nom de la banque: BANQUE DE LA POSTE L’adresse: Panier Vert, B-1400 Nivelles. Le code BIC: BPOTBEB1. Cuisine Nature 12 décembre 2004 RECETTES: LE PAIN AU LEVAIN DE PAULE ............. 2-3 + FAIRE DE LA CHAPELURE MAISON ....... 4 + À LA RECHERCHE DU PAIN PERDU ....... 4 + AMORCER SON LEVAIN MÈRE ............ 4 BÛCHE DE NOËL À-LA-COFFE + LES PRÉCIEUX POLYPHÉNOLS ... P.10-11 CHAMPIGNONS EN MERINGUE ............ P. 12 11 allée du Mont Cheval B-1400 Nivelles tél: +32-(0)67-84 11 22 Annexes sur www.taty.be/Doc [email protected] fax: +32-(0)67-22 10 01