Les maux endémiques de la ville.
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Les maux endémiques de la ville.
Les maux endémiques de la ville. Le dernier recensement général qui remonte à 2004 établissait un nombre de près de 3 millions d'habitants dans la préfecture de Casablanca et de 3,728 millions dans le Grand Casablanca qui comprend en outre les actuelles préfectures de Mohammédia et provinces de Nouaceur et Médiouna. En 2012 la population du Grand Casablanca est évaluée à un peu plus de 4 millions d'habitants. Urbanisme en butte à la spéculation. Certaines évaluations tablent sur des nombres plus importants, sans qu'on puisse, avant le prochain recensement général, avoir des données plus certaines. De toute évidence, Casablanca constitue la grande mégapole avec une superficie de 1615 km2 et une concentration des activités économiques représentant au bas mot 25% du PIB national, 40% des établissements industriels, près de 50% des investissements et 30% du réseau bancaire. Il en est de même de la concentration de l'activité portuaire, d'une grande partie du parc automobile et des voies de circulation. Autant d'éléments qui font que les problèmes de la ville, et donc de sa gestion, revêtent une acuité particulière et doivent être affrontés de façon à en 1/4 Les maux endémiques de la ville. désamorcer le potentiel explosif. Une difficulté prédominante a trait à l'inextricable question de l'urbanisme. Les différents schémas directeurs étaient censés maîtriser le développement anarchique et créer les conditions d'un espace tant soit peu harmonieux. Or la spéculation effrénée dans l'immobilier a, en permanence, mis à mal ces schémas. Mal endémique de la ville depuis le début du 20ème siècle, la spéculation a engendré des configurations qui font que l'évolution est subie et que les autorités en charge de l'urbanisme se trouvent toujours débordées. La pratique des dérogations pour les autorisations de construire a longtemps abouti au désordre caractéristique de zones entières. C'est ainsi que la configuration de la ville montre une prédominance de masses d'espaces bétonnés enserrant les voies et ne laissant guère lieu, sauf rares exceptions, à des places, des espaces verts et des équipements collectifs. Ces derniers n'étant pas rentables du point de vue de la spéculation, il en résulte des quartiers favorisant peu la convivialité et les activités collectives. Par contre, la densification de l'habitat aggrave les conditions d'insalubrité et de précarité avec leur lot d'insécurité et de déviances diverses. 2/4 Les maux endémiques de la ville. Plan d'aménagement de la ville. Le nouveau plan stratégique d'aménagement de la ville adopté en 2005 vise à organiser la croissance urbaine à partir des pôles périphériques et à mettre à niveau le centre ville. C'est ainsi que de vastes zones ont été affectées à cette extension, au sud-est (1300 ha à Sbata, Sidi Othmane, Sidi Moumen et 350 ha à Lahraouiyine), à l'ouest (plus de 400 ha à Bouskoura et Dar Bouazza) et au nord-est (Zenata où une nouvelle ville est en projet). La zone de l'aérodrome de Casa Anfa est en cours d'aménagement pour abriter un grand ensemble moderne d'affaires, résidentiel et de loisirs. Ce plan d'aménagement dessine, certes, l'image d'une métropole qui se veut plus attractive et plus soucieuse d'assurer un développement économique, social et environnemental prometteur. Cependant, la ville traîne un si lourd passif que l'on peut craindre que les problèmes anciens ne viennent perturber les projets futuristes planifiés. Il en est ainsi, notamment, des problèmes de l'habitat où, aux bidonvilles et aux quartiers insalubres ou menaçant ruine, se sont ajoutés les nouvelles grandes zones d'habitat dit économique risquant de devenir des ghettos sociaux, foyers de tensions dangereuses et d'insécurité. L'un des problèmes les plus obsédants de la ville est celui de la circulation. Il n'a, en effet, cessé de s'aggraver ces dernières années avec l'augmentation du parc automobile engorgeant les voies. Ceci est rendu encore plus ingérable par le manque de civisme aggravé des conducteurs qui, excédés par la difficulté à circuler, ne veulent plus respecter aucune règle. Une étude du ministère de l'Equipement en 2007 avait indiqué 46 zones dangereuses (22 sur les voies et 24 sur les carrefours). Toutes les préfectures ont leurs points noirs. L'état des voies, la mauvaise signalisation due à l'incompétence des communes, la faible visibilité pendant la nuit, l'absence de passages piétonniers et le désordre du stationnement sont mis en cause. Les excès de vitesse ainsi que le comportement des piétons augmentent les risques d'accidents. Le casse-tête de la circulation. Le problème ne date pourtant pas d'hier mais aucune solution d'ensemble n'a été apportée par le Conseil de la ville. Tout au plus a-t-il procédé par à-coups. C'est ainsi que des sens giratoires ont été mis en place dans plusieurs carrefours. Cependant, s'ils ont permis une réduction des 3/4 Les maux endémiques de la ville. accidents, ils sont loin de constituer une solution miracle, selon les termes d'une étude de la police. Des trémies ont été creusés au carrefour des boulevards Roudani et Bir Anzarane avec les mêmes défauts que ceux des boulevards Zerktouni et Résistance. Ayant seulement deux voies, ils sont obstrués au moindre incident. A cet égard, seul le trémie de la Mosquée Hassan II est efficace avec ses deux voies dans chaque sens. Deux nouveaux trémies sont en cours de creusement sur le boulevard de la Résistance et le boulevard Abderrahim Bouabid. La grande innovation est, sans conteste, la mise en œuvre du tramway depuis décembre 2012. Malgré le scepticisme qui avait été manifesté à son endroit, il a vite obtenu un grand succès. Il a, non seulement, apporté une nouvelle offre à de nombreux passagers mais aussi une qualité et un confort qui sont très appréciés et se traduisent par un comportement plus civique des usagers. Cependant, comme l'avait souligné Youssef Draiss, le PDG de Casa Transport qui gère ce mode de transport, « le tramway désengorgera la circulation sur le tracé mais ne réglera pas tous les problèmes de la circulation ». Le Plan de déplacement urbain (PDU) élaboré par le Conseil de la ville en 2007 comprend la réalisation, à long terme, de 4 lignes de tramway sur 76 km, une ligne de réseau routier express de 63 km et une ligne de bus rapide transit de 21 km. Après la mise en œuvre de la première ligne de tramway, l'étude sur la faisabilité de la deuxième ligne serait en faveur d'un métro aérien qui desservirait les quartiers sud en les reliant au boulevard El Fida et au centre ville. Cette formule serait, techniquement et financièrement, la plus judicieuse et son coût serait de 9 à 11 milliards de dirhams. Ces projets constitueront sans doute une avancée notable. Il n'en demeure pas moins que la ville restera confrontée à ses maux endémiques dus à la surpopulation de la plupart de ses zones avec un déficit en équipements sociaux et culturels qui favoriseraient la socialisation des jeunes. En effet, les problèmes de la marginalité, de l'insécurité et des foyers de délinquance resteront très préoccupants tant que la maîtrise de l'urbanisation sauvage ne sera pas à la hauteur des défis actuels et futurs. 4/4