Intervention Sociale d`Aide à la Personne - KOEZYON-GLOB

Transcription

Intervention Sociale d`Aide à la Personne - KOEZYON-GLOB
Méthodologie de l’Intervention Sociale d’Aide à la Personne (ISAP)
I) Se repérer par rapport aux missions de l’institution :
-
Suis-je au clair avec les missions de l’institution, lieu d’effectivité du stage, où
s’est effectué l’accompagnement de l’usager.
II) Repérer le problème social ou la demande :
-
nature et origine de la demande.
III) Recueillir les données :
- par l’observation : vision globale de la situation,
- situer cette demande dans son environnement.
IV) Analyser, émettre des hypothèses :
-
se poser des questions,
émettre des hypothèses,
trouver des liens de cause à effet,
rapprocher des éléments passés et présents, etc.
V) Bilan psychosocial ou évaluation préliminaire ou diagnostic :
-
évaluer les capacités de la personne, du couple, les points forts, les points faibles,
dans le but de trouver avec elles, des leviers permettant d’engager une action ;
hiérarchiser les problèmes par ordre d’importance : capacités à prévoir, à gérer, le
projet de vie,
évaluer le problème, capacité d’adaptation…
VI) Elaborer un projet opérationnel :
-
au vu des missions du service, projet élaboré « avec » la personne ;
bâtir un contrat avec la personne et négocier les engagements réciproques.
VII) Elaborer des objectifs :
-
but à atteindre avec la personne pour un changement en un temps donné.
VIII) Mettre en œuvre des moyens :
-
distinguer les moyens mis en œuvre par la personne, et ceux mis en œuvre par le
travailleur social.
IX) Evaluer des résultats :
-
vérifier avec la personne les résultats de l’action ;
Y a –t-il eu changement, amélioration de la situation, la personne à-t-elle acquis
des capacités nouvelles,
l’accompagnement social a t-il porté ses fruits, que peut-on en dire ???
X) Clôturer l’action :
-
regard critique : évaluation des résultats obtenus qui ne peut être séparée de ma
propre évaluation sur ma manière d’agir
Un exemple d’ ISAP
I. PRESENTATION DU CONTEXTE D’INTERVENTION
1°) LE TERRITOIRE
Le secteur d’intervention de l’Assistant de Service Social scolaire est situé dans une commune
s’étendant sur … km2 et comptant environ … habitants selon l’INSEE. Son taux de chômage est de
36,85 %. Le nombre d’étudiants est de 11,77 %. De nombreux dispositifs sociaux sont utilisés dans le
cadre de la politique de la ville, car beaucoup de zones rencontrent des problématiques sociales
importantes et récurrentes. Sur ce territoire, il existe une intercommunalité avec x communes
partenaires, qui mettent en œuvre des programmes afin de réduire ces inégalités sociales.
2°) L’INSTITUTION : L’EDUCATION NATIONALE
Le Ministère de l’Education Nationale est compétent pour l’enseignement scolaire. Placé sous la
responsabilité du Ministre de l’Education Nationale qui nomme le Recteur d’académie, le service
social de cette institution est composé de trois services : le service social en faveur des élèves, le
service social en faveur des personnels, le service social en faveur des étudiants.
Le service social en faveur des élèves et le service social des personnels sont placés sous la
responsabilité du Conseiller Technique auprès du Recteur qui intervient en tant que conseiller sur les
questions sociales et dans la mise en œuvre de la politique du Ministère et des orientations données par
le Recteur d’Académie.
A- Les missions du Service Social en Faveur des Elèves
Les missions du Service Social en Faveur des Elèves, définies par la circulaire n° 91-248 du 11
septembre 1991, consistent à : aider l’élève à construire son projet personnel,
apporter une
contribution importante à la prévention de l’échec scolaire et à ses conséquences, participer à
l’orientation et au suivi des élèves en difficulté, participer à la prévention et à la protection des
mineurs en danger ou susceptibles de l’être et apporter ses conseils à l’institution dans ce domaine,
participer à l’éducation à la vie et à la responsabilité en concertation avec les enseignants et les
personnels de santé.
L’Assistant de Service Social scolaire est ainsi spécialisé dans l’écoute, le conseil, le soutien et
l’accompagnement des élèves pour favoriser leur réussite scolaire et leur insertion individuelle et
sociale. Le service est à la disposition des élèves, de leurs familles, du chef d’établissement, des
membres de l’équipe éducative, des partenaires médicaux (médecins, infirmières) et des services
extérieurs compétents dans le respect du secret professionnel.
II. PRESENTATION DE LA SITUATION
1°) Nature et origine de la demande
Lors d’une permanence d’accueil avec mon formateur de terrain, Mme S s’est présentée avec une de ses trois
filles C, au sujet de Janice1, pour nous signaler son état de grossesse déclarée de huit mois. Au cours du premier
entretien dans l’espace institutionnel, Mme S et C m’apportent des éléments concernant Janice. Face à cette
situation, Mme S affirme ne pas être en mesure de soutenir sa fille après l’accouchement en raison de nombreux
problèmes de santé. Elle sollicite ainsi le service social afin de l’aider à faire face à cette situation.
2°) Recueil de données
•
Situation familiale
Janice âgée de 16 ans vit chez sa mère Mme S, âgée de 45 ans, avec ses deux sœurs, C 19 ans, et la dernière qui
est âgée de 9 ans. L’aîné de la fratrie 21 ans, vit en Belgique. La mère de Janice est séparée de fait de son mari,
père des enfants, suite à de violents conflits conjugaux. Mme S vit actuellement en couple.
•
Histoire de la famille
Mme S est séparée de son mari depuis quelques années suite à des violences conjugales. Elle a été battue
pendant dix ans. Cette situation s’est achevée de façon dramatique puisque Mr a fait une tentative de suicide
après une dispute. Suite à ces évènements, le couple s’est séparé. Mme S vit de nouveau en couple, son
compagnon apportant un soutien tant éducatif que financier.
•
Situation financière de la famille
Mme S est actuellement au chômage. Elle perçoit l’Allocation Retour à l’Emploi (ARE, ex-Assedic) qui va
prendre fin sous peu. Ses autres revenus se composent des allocations familiales ainsi que d’une pension
alimentaire de 6OO € que verse de façon irrégulière le père des enfants qui est travailleur handicapé.
•
Le logement
La famille est locataire d’un logement collectif privé de type T4 au deuxième étage. Janice
partage sa chambre avec sa petite sœur.
•
Situation de Janice
Etat de santé : Janice est enceinte de huit mois, le terme étant prévu à la fin du mois de
novembre 2012. Depuis que sa grossesse est connue de sa mère, c'est-à-dire au cinquième
mois, elle effectue des contrôles médicaux réguliers chez un spécialiste privé : aucun
problème particulier lié à sa grossesse n’a été signalé.
1
Afin de préserver l’anonymat et le secret professionnel, un pseudonyme a été choisi pour la lycéenne
Situation scolaire : Janice est au lycée au sein d’une 1ère et a pour projet professionnel
de pratiquer la peinture. Le proviseur adjoint nous informe que c’est une élève qui l’an
dernier posait des problèmes de comportement : elle se battait souvent. Cette situation
avait permis de découvrir qu’elle rencontrait des problèmes familiaux : difficultés
relationnelles.
Une liaison avec la vie scolaire a révélé que l’an dernier Janice avait déjà un niveau
scolaire moyen. La situation risque de se dégrader en raison des absences dues à sa
grossesse.
En cours, elle porte des vêtements sombres et positionne son sac devant son ventre
pour cacher sa grossesse. Selon Janice ses camarades n’ont pas remarqué son état.
•
Etat de santé de Mme S
Lors de l’entretien Mme S portait une minerve. Elle est souvent hospitalisée et a déjà subi des
interventions chirurgicales, car elle a d’importants problèmes de santé.
•
Relations familiales
Lors des entretiens, les échanges de Janice avec sa mère était limités. A la maison, Janice ne
parle de sa grossesse à personne. Et même lorsque Mme S ou sa grande sœur évoque le sujet,
elle rigole et ne semble pas voir l’évidence. Le frère qui vit en Allemagne, informé de la
grossesse de Janice par une tierce personne dont la famille n’a pas connaissance, a adressé des
reproches à sa mère. Depuis le dialogue est rompu entre eux.
•
Eléments psychologiques
Janice, lors des premiers entretiens s’exprime peu. Dès qu’on parle de sa mère elle se referme
sur elle. Sans hésitation, elle nous confie que le père du bébé est un lycéen de 17 ans d’’un
autre établissement scolaire. Après huit mois de relation amoureuse, lorsqu’elle a parlé de sa
grossesse, il n’a plus donné de ses nouvelles. Selon Janice, il l’a tout de même informé de la
possibilité d’accoucher sous x. Elle est très inquiète de la suite des évènements, et nous révèle
éprouver au fond d’elle de la honte à se retrouver enceinte si jeune. Elle a décidé, et est restée
ferme sur son choix, de ne pas garder le bébé à sa naissance et souhaite accoucher sous x. Elle
exprime ses doutes de réussir à être mère face aux responsabilités qui lui incomberont.
Mme S avoue ne pas pouvoir apporter son concours pour la garde du bébé, et ce même pour faciliter la
suite de la scolarité de la lycéenne. Elle le justifie par son état de santé. Par contre, elle n’est pas
opposée à accueillir sa fille et le bébé au domicile familial. Informée que Janice souhaite accoucher
sous x, Mme S dit accepter sa décision. Mme S nous parle d’elle et évoque sa première grossesse à 18
ans. Elle dit qu’elle a beaucoup galéré dans sa vie : « je fais le bien mais ne récolte que le mal ». Elle
dit ne pas vouloir que cela se reproduise avec ses filles. Par ailleurs, elle n’a pas l’intention de mettre
Janice à la porte mais est déçue par cette situation.
•
Environnement de la famille
Mme S dit ne plus avoir de contacts avec les membres de sa famille avec qui elle a coupé les ponts. De
plus, elle n’entretient pas de relations avec son entourage.
3°) Analyse de la situation et hypothèses
Janice est une élève de 1ère qui a été élevée dans un climat de violences conjugales avec pour
conséquences des difficultés relationnelles au sein de sa famille. Celles-ci ont persisté malgré la
séparation du couple. Plusieurs éléments apparaissent et mettent en lumière le déséquilibre de la vie de
la famille :
Les violences conjugales qui ont duré une dizaine d’années. La loi du 9 juillet 2010 relative
aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples reconnaît
par ailleurs des incidences de ces dernières (notamment psychologiques) sur les enfants. Après
ces évènements, Mme S a dû assumer seule la prise en charge de ses enfants. Ces problèmes
familiaux ont également eu une incidence sur Mme S qui a vu au fur et à mesure sa santé se
détériorer, d’où une présence affective réduite pour ses enfants. Janice était alors âgée de neuf
ans. Elle a connu une rupture éducative et affective quand son père est parti du foyer.
Selon Jean-Pierre CHARTIER2, « les carences affectives massives » peuvent expliquer la
violence chez les adolescents. Sans doute, cela permet de comprendre l’agressivité de Janice
évoquée par l’équipe éducative. Les membres de la famille face à ce climat de violences
n’auraient-ils pas eu besoin d’un accompagnement psychologique à cette période pour
restaurer l’équilibre familial ?
Un autre élément est la grossesse dissimulée de Janice, et découverte par la famille à son
cinquième mois. Le dialogue est difficile voire inexistant avec sa mère, même face à une
difficulté grave. Ce comportement est une forte remise en cause de la qualité de la relation
mère-fille.
L’adolescence est une période difficile. Selon la psychanalyste Kati VARGA3 : « Au moment
de l’adolescence, le jeune veut se libérer des entrailles maternelles, se différencier des
parents, acquérir un nom, une identité. ». Les problèmes familiaux, l’isolement de la famille
de Janice de son entourage avec qui Mme S dit avoir coupé les ponts, les problèmes de santé
de Mme S ont entraîné à coup sûr l’isolement de Janice. Une liaison avec le Proviseur adjoint,
2
3
CHARTIER Jean-Pierre, psychanalyste, « L’adolescent d’aujourd’hui », sous la direction de BRACONNIER Alain, Ed. Eres, 2009,
Kati VARGA, psychanalyste, « L’adolescent difficile et ses parents », Adolescence et Psychanalyse, Ed. In Press, 2008, p. 24
p.73
sous couvert du secret professionnel, a permis de découvrir que l’an dernier Janice était déjà
en souffrance par son comportement de violence envers ses camarades. Tous ces éléments
traduisent l’existence d’un mal-être certain chez l’adolescente.
La grossesse de Janice marque un refus de l’autorité parentale, d’autant plus qu’à la maison
elle n’en parle avec personne.
Cet état de fait ne serait-il pas l’élément probant d’un clivage familial et de difficultés
relationnelles au sein même du foyer? Egalement, l’expression d’une conduite agressive
directement dirigée contre son corps dans le cadre d’une sexualité non protégée et à risque ?
Mme S qui avait choisi l’isolement comme réponse à la souffrance familiale se trouve
contrainte, devant l’intolérable, à demander de l’aide. Cette dernière a elle-même connu une
grossesse précoce et semble déçue par cette situation de reproduction. Sa fille en est
consciente.
En reprenant l’article de WINNICOTT4 : « Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans
le développement de l’enfant », explique que Janice sans le savoir contient en elle des
éléments de l’histoire familiale. Toutefois, l’inquiétude de Mme S, de son compagnon, de sa
grande fille et de son fils aîné qui vit en Allemagne serait un des leviers sur lequel il serait
possible d’agir pour renouer le dialogue familial. Selon Philippe JEAMMET5, « face à des
changements sociaux, les adultes ne doivent pas succomber à la nostalgie de modèles anciens,
mais retrouver un dialogue qui puisse être tolérable ». De plus, l’introduction d’un tiers par la
médiation est nécessaire. Les groupes, l’école, les intervenants sociaux, les psychologues
peuvent jouer ce rôle de médiateur. Toutefois, Mme S a évoqué le souhait que sa fille mette un
implant comme moyen de contraception.
La décision de Janice d’accoucher sous x a été très difficile et elle semble l’avoir vécu dans
l’isolement mais surtout par manque de soutien suffisant dans la sphère familiale (père, mère,
père de l’enfant, etc.). Quand elle dit « je veux redevenir une fille comme avant », elle sait
qu’elle n’a pas la capacité de prendre seule en charge cet enfant. L’état psychologique de
Janice est important à prendre en compte pendant sa grossesse pour porter un pronostic sur la
qualité des relations qu’elle pourrait nouer avec son enfant ultérieurement.
La ferme décision de Janice d’accoucher sous x, de se séparer de son bébé lui appartient,
toutefois après l’accouchement la réévaluation6 de sa décision n’est pas à écarter. Le point
important réside donc dans un accompagnement psychologique et social adéquats et la prise en
charge immédiate en maternité.
4
WINNICOTT Donald Wood, psychanalyste anglais (1896-1971), « Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de
l’enfant », Nouvelle revue de psychanalyse, n°10, 1974 p.79 à 86
5
JEAMMET Philippe, professeur de psychiatrie de l’adolescent, « L’adolescent d’aujourd’hui », sous la direction de BRACONNIER Alain,
Ed. Eres, 2009, p.19 à 20
6
La loi de 1993 relative à l’accouchement sous x inscrit l’accouchement secret dans le Code Civil (art.341-1). De plus, cette législation
donne la possibilité à la mère de se rétracter dans un délai de deux mois, à défaut l’enfant est adoptable.
Ne semble-t-il pas que nous soyons dans une situation de Protection de l’Enfance au vu des différents
facteurs liés à l’environnement, à la sécurité, à l’instabilité de la situation familiale et à la souffrance
des intéressés et plus particulièrement de la lycéenne ?
4°) Diagnostic
Après clarification des évènements familiaux, nous constatons plusieurs problématiques sous-jacentes
mis à part la grossesse précoce de Janice et des problèmes familiaux importants : répercussions
psychologiques suite à des violences conjugales, isolement de la famille, difficultés relationnelles se
manifestant par un manque de communication et de dialogue intrafamilial, défaut de communication
sur la contraception, etc.
L’article L.221-1 du Code de l’Action Sociale et des Familles stipule que « lorsque les mineurs sont
confrontés à des difficultés risquant de mettre en danger leur santé, leur sécurité, leur moralité ou de
compromettre gravement leur éducation ou leur développement physique, affectif, intellectuel ou
social, il est nécessaire d’apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique tant aux mineurs
qu’à leur famille ». En ce sens, en ma qualité d’Assistant de Service Social scolaire, vu la Circulaire
du 11 septembre 1991, en plus de ma mission de Protection de l’Enfance, je dois apporter une
contribution importante à la prévention de l’échec scolaire de Janice et à ses conséquences. Il s’agit
pour moi d’apporter une aide psychosociale à la famille. Au vu de mon champ légitime de
compétences, la demande est recevable.
5°) Elaboration du projet d’intervention et contrat
Après avoir repéré les capacités de la famille, un plan d’action a été négocié avec elle.
A court terme :
•
Aide psychosociale de la famille : accompagnement, conseils, médiation, soutien, information,
rôle d’interface, etc. Orientation vers la COPsy (Conseillère d’Orientation Psychologue) et
l’infirmière scolaire.
•
Liaison avec l’équipe éducative de l’établissement, sous couvert du secret professionnel :
justifier les absences de Janice, en raison de démarches et préparation à l’accouchement.
•
Orientation vers la sage-femme et le médecin de la Protection Maternelle et Infantile
(PMI) pour la préparation à l’accouchement et le suivi médical avant et après l’accouchement.
•
Orientation vers la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) et la Caisse Générale de Sécurité
Sociale (CGSS). Objectifs : déclarer la grossesse de Janice pour percevoir la Prestation
d’Accueil du Jeune Enfant et ses autres droits.
•
Orientation vers le CHU pour l’accouchement sous x. Objectifs : permettre à Janice d’être
informée sur le protocole pour ce type d’intervention et de prendre une décision éclairée.
•
Liaison avec l’Assistant de Service Social du Centre Hospitalier Universitaire (CHU).
Objectifs : établir un relais du suivi social et avoir un interlocuteur.
•
Orientation vers la Maternité consciente : pour suivi psychologique avant et après
l’accouchement et qui fera le lien avec l’équipe médical pour la préparation et la prise en
charge de l’accouchement sous x.
•
Préparer le retour au lycée : une camarade de la classe de Janice est en charge de récupérer ses
cours. Objectifs : permettre à Janice de rester à jour dans sa scolarité.
Moyen terme :
•
Proposer une aide psycho-éducative à la famille, en liaison avec l’Assistant de Service Social
du Service Social Départemental. Objectifs : rétablir le dialogue entre les membres de la
famille, soutenir la parentalité et assurer une meilleure prise en charge des enfants.
•
Orientation de Mme S vers la CAF pour une demande de RSA, et l’assurance maladie pour la
Couverture Maladie Universelle (CMU). Objectifs : faire valoir ses droits à la fin de ses
allocations de chômage et éviter des difficultés financières.
6°) Evaluation des résultats de l’intervention
Au début de l’accompagnement, Janice parlait peu, s’habillait de manière sombre, était renfermée, et
tenait son sac contre son ventre tout en baissant la tête. Lors de son retour au lycée après
l’accouchement, en entretien, elle porte des vêtements colorés, s’exprime plus librement, affronte
notre regard et semble être plus en confiance. Janice a sans doute apprécié, qu’en tant que
professionnels, que nous respections son choix d’accoucher sous x.
Elle a évoqué une amélioration des relations familiales. Sa famille s’est mobilisée avec elle lors des
différentes démarches, et, selon l’Assistant de Service Social du CHU, était omniprésente en vue du
suivi de sa grossesse, de la préparation à l’accouchement et de l’accouchement. Sa mère est davantage
à son écoute et tient compte de son besoin d’épanouissement : elle autorise des sorties avec ses amis.
Au niveau scolaire, l’absentéisme de Janice a provoqué des lacunes, mais la lycéenne a eu l’appui
d’une camarade pour la soutenir. Si nécessaire, elle pourra solliciter l’équipe éducative pour un
éventuel accompagnement scolaire.
Ces points positifs qui sont révélateurs d’une amélioration de la situation personnelle et familiale de
Janice, mériteraient d’être consolidés par un accompagnement psychologique pour elle dans un
premier temps. En effet, l’Infirmière scolaire qui l’a reçu estime qu’elle est encore fragile et mérite
d’être soutenue. D’autre part, un suivi psycho-éducatif avec l’accord de la famille s’avère nécessaire
pour poser les bases éducatives et aider chacun à faire face à leur vécu difficile.
La fin de mon stage qui a constitué aussi la fin de mon intervention n’a pas permis de faire cette
dernière proposition à Mme S. J’ai tout de même informé Janice de la nécessité pour elle et sa mère de
faire le point avec l’Assistant de Service Social scolaire sur ce sujet.
Cette situation m'a permis, au-delà de tout ce que je vois dans notre société, de toucher du doigt la
souffrance d'une famille, de voir la fragilité sur le vécu et l'incidence des violences familiales sur les
enfants. L'accompagnement de cette famille m'a demandé un effort de distance car cela a bousculé mes
représentations sociales. J'étais face à des répercussions sur la descendance.
CONCLUSION
L'accompagnement social de cette famille m’a permis de mettre en pratique la méthodologie
d’intervention de l’ISAP et ainsi mieux expérimenter les différentes étapes d’un entretien individuel.
J'ai pu expérimenter l'ensemble des compétences du métier d'Assistant de Service Social :
L'accueil de l'usager, élément essentiel et pivot de la relation de confiance ;
L'utilisation du secret professionnel et du secret partagé, dans un environnement pluri
professionnel pour recueillir le maximum de données ;
La veille professionnelle : l'aspect psychologique de adolescence, l'accouchement sous
x, les conséquences des violences familiales sur l'adolescent, etc. ;
L'identification des différents partenaires relatifs à l'accouchement sous x, entre autres,
pour une prise en charge efficace de la situation de Janice ;
La nécessité de la communication écrite et orale, notamment régulière avec l'Assistant
de Service Social du CHU, sous formes de fiches de liaison, d'échanges téléphoniques,
nous ont amené a une compréhension globale de la situation de Janice, et donc à une
meilleure prise en compte de ses difficultés.
Ainsi, j'ai pris conscience des points sur lesquels je dois encore m'améliorer et ce pendant tout
mon parcours professionnel, il s'agit des écrits professionnels.
En conclusion, cette intervention m’a permis de mettre en exergue mes capacités à assumer
les exigences de mon futur métier d'Assistant de Service Social.