Présidentielle : les entreprises interpellent les candidats

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Présidentielle : les entreprises interpellent les candidats
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mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement
Première édition
lefigaro.fr
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
EXPOSITIONS
ENTRETIEN
PAGES 26 ET 27
PAGE 16
REMBRANDT, PICASSO,
MAGRITTE, HERGÉ… LES GRANDS
RENDEZ-VOUS DE LA RENTRÉE
LE GÉNÉRAL GEORGELIN :
« L’ATTACHEMENT DES FRANÇAIS
À LA LÉGION D’HONNEUR M’A MARQUÉ »
Présidentielle : les entreprises
interpellent les candidats
ÉLYSÉE
Rentrée périlleuse
pour Hollande PAGE 4
PRIMAIRE
L’offensive de Fillon
sème le trouble
à droite PAGE 6
Le Medef compte profiter de sa 18e université d’été pour juger la crédibilité des prétendants
à l’Élysée sur les réformes à mettre en œuvre afin de relancer la croissance et l’emploi.
Cessez-le-feu
définitif entre
les Farc et le
gouvernement PAGE 7
À neuf mois de l’élection présidentielle et en pleine polémique sur le burkini, les chefs
d’entreprise veulent recentrer
le débat politique sur les sujets
économiques. Lors de son université d’été, qui se tient ces
mardi et mercredi à Jouy-en-
PALÉONTOLOGIE
L’australopithèque
Lucy serait morte
en tombant d’un
arbre PAGE 9
COMMERCE
Josas (Yvelines), le Medef a décidé de frapper fort en invitant
les quatre principaux candidats
à la primaire de la droite - Nicolas Sarkozy, Alain Juppé,
Bruno Le Maire et François
Fillon - ainsi que le ministre de
l’Économie, Emmanuel Ma-
cron, et des représentants des
différents courants du PS. Fiscalité, droit du travail, réduction des déficits, simplification… Chacun devra exposer les
grandes lignes de son programme et répondre aux questions
des entrepreneurs, de plus en
plus méfiants envers la classe
politique. Les candidats, dont
les propositions diffèrent sur la
méthode et l’intensité, devront
« expliquer comment ils mettront
en œuvre leur programme, avec
quel courage », insiste Pierre
Gattaz, le patron des patrons.
Cazeneuve compte sur Chevènement pour ancrer
l’islam de France dans les valeurs de la République
Le traité
transatlantique
à l’agonie PAGE 20
AGRICULTEURS
La FNSEA décidée
à faire plier Lactalis
Reportage :
« L’école des
sœurs de la
Bekaa »
L’Irlande
appartient-elle
encore
aux Irlandais
ou à Google ?
Burkini :
les tribunes
d’Hugues
Moutouh et de
Noëlle Lenoir
La chronique
de Renaud
Girard
L’analyse
de Judith
Waintraub
n
n
n
NICOLAS MESSYASZ/SIPA
CHAMPS LIBRES
PAGE 22
L’État et les représentants musulmans se sont réunis ce lundi, Place Beauvau, pour relancer le chantier de construction
d’un islam de France, dans un climat rendu électrique par les attentats et les polémiques liées au burkini. PAGES 2, 3 ET 14
ÉDITORIAL par Gaëtan de Capèle [email protected]
n
n
PAGES 12 À 15
@
FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
de lundi :
Préférez-vous les séries
télévisées au cinéma ?
OUI
39 %
NON
61 %
TOTAL DE VOTANTS : 12 501
M 00108 - 830 - F: 2,20 E
3’:HIKKLA=]UWWUX:?k@i@n@a@a";
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Approuvez-vous
la nomination de JeanPierre Chevènement
à la tête de la Fondation
pour l’islam de France ?
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA /
LE FIGARO
I
è QUEL CANDIDAT
À LA PRIMAIRE DE LA DROITE
COMPREND LE MIEUX
LES ENTREPRENEURS ?
è CE QUE SARKOZY, JUPPÉ,
FILLON ET LE MAIRE
PROPOSENT
PAGES 18, 19 ET L’ÉDITORIAL
Pourquoi
Frank
McCourt
a racheté
l’Olympique
de Marseille
En reprenant le club phocéen à
Margarita Louis-Dreyfus pour
près de 40 millions d’euros,
l’homme d’affaires américain
s’offre « l’une des marques les
plus iconiques du monde du
sport ». Son nom est surtout
associé au baseball outre-Atlantique et à la franchise des
Dodgers qu’il a rachetée en
2004. Si l’OM le présente comme l’homme du redressement
de cette équipe mythique de
Los Angeles, son bilan serait
beaucoup plus mitigé. PAGE 10
Moins cher chez
La grande désillusion
l n’est pas certain - c’est un euphémisme - que le quinquennat de François
Hollande laisse un souvenir impérissable aux chefs d’entreprise. On peut les
comprendre : depuis 2012, ils volent de
désillusion en désillusion. Cueillis à froid
d’entrée par un tabassage fiscal sans précédent et la création d’une taxe à 75 % qui a fait
le tour du monde, ils s’étaient pris à rêver,
deux ans plus tard, d’un grand virage social
libéral présidentiel. Prêts à jeter leurs préjugés aux orties, ils voulaient croire en cette tonitruante déclaration d’amour de Manuel
Valls à leur endroit, si hardie pour un premier
ministre de gauche. Séduits par un jeune ministre de l’Économie résolument « pro-business », ils pensaient tous les ingrédients enfin
réunis pour un grand saut réformateur, où la
prospérité des entreprises - et donc de la
France et des Français - deviendrait la préoccupation première.
À l’heure des comptes, ils attendent toujours
la révolution qu’on leur promettait. Derrière
la surcommunication laborieuse du gouvernement, rien n’a vraiment changé pour ces
hommes et ces femmes, qui se battent au quotidien pour gérer leur entreprise et dévelop-
per leurs activités. Le CICE et le pacte de responsabilité ? Un rattrapage partiel des folies
fiscales du début de mandat. Le choc de simplification ? Un concept creux, qui n’a en rien
arrêté la frénésie normative de l’État. La loi
travail ? Un cautère sur une jambe de bois…
La réalité est que, pour restaurer la compétitivité de notre économie, tout reste à faire. S’il
souhaite remettre la France sur les rails, le prochain président aura devant lui deux immenses chantiers.
D’abord, celui de la surfiscalité, qui
étouffe les
entreprises,
les entrepreneurs et les ménages, mais il suppose un grand
coup de balai dans les dépenses publiques. Ensuite, celui de la surréglementation sociale, qui
sclérose le marché du travail et dissuade l’initiative privée.
Prélèvements, ISF, 35 heures, contrat de travail, retraites, fonction publique… Les candidats à la primaire de la droite fourmillent
d’idées de bon sens. Mais cette fois, le vainqueur n’aura pas le droit de reculer. ■
Les entreprises
attendent
toujours
la révolution
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A
COLOMBIE
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
2
L'ÉVÉNEMENT
Le chantier de la réforme
Les
événements
que nous avons
à affronter
sont d’une gravité
telle que chacun
doit s’efforcer
à concourir
au succès de
l’islam de France
JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT
»
PRÉSIDENT DE LA NOUVELLE FONDATION
POUR L’ISLAM DE FRANCE
4à5
millions
de musulmans en France,
selon diverses estimations
L’objectif
est de faire
émerger
de manière
volontariste,
dans le respect
de la laïcité,
dans le dialogue
et le respect
mutuel, un islam
de France ancré
dans les valeurs
de la République
BERNARD CAZENEUVE
»
MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
TAHAR BEN
JELLOUN PARMI
LES MEMBRES
DE LA
FONDATION
A
Au sein de la Fondation pour
l’islam de France siégeront un
président, trois représentants
de l’État (lire ci-contre)
et cinq « personnalités
qualifiées » de confession
ou de culture musulmane.
Aux côtés de Jean-Pierre
Chevènement seront
notamment présents le Prix
Goncourt Tahar Ben Jelloun,
l’islamologue réformateur
Ghaleb Bencheikh, le recteur
de la mosquée de Lyon Kamel
Kabtane et l’entrepreneur
Najoua Arduini-Elatfani, figure
de la société civile musulmane.
Le conseil d’administration
de la fondation comprendra
en outre le président
du Conseil français du culte
musulman (CFCM),
Anouar Kbibech – membre
de droit – et deux membres
désignés par le « comité
des donateurs » de cette
structure. Un « conseil
d’orientation » d’une vingtaine
de membres, très ouvert
sur la société civile musulmane,
sera chargé de repérer
les projets à soutenir.
Bernard Cazeneuve a entamé lundi une refondation importante de plusieurs
JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois
JAMAIS, ne semble-t-il, les responsables
du culte musulman en France n’ont franchi avec une telle régularité l’imposant
portail de fer du ministère de l’Intérieur,
Place Beauvau, à Paris, à deux pas du Palais
de l’Élysée. L’actualité dramatique de ces
deux dernières années, liées à des attentats
commis en France, au nom de l’islam, a
créé une sorte de crise permanente et il revient au ministre de l’Intérieur, en l’occurrence Bernard Cazeneuve, également
chargé des Cultes, de gérer cette situation.
Il a d’ailleurs qualifié cette actualité
« d’urgente », lundi 29 août, au terme
d’une nouvelle journée de travail consacrée à l’islam parce que la « France est en
guerre contre le terrorisme. Elle est en guerre contre un ennemi qui cherche à la diviser,
à dresser les Français les uns contre les
autres, à fractionner le corps de la nation, à
anémier la République ». Ce qu’il désigne
comme « un piège mortel » dans lequel
« nous ne devons pas tomber ». Mais le ministre en charge des Cultes a prévenu :
« Ce combat contre l’islamisme radical,
nous ne devons, en aucun cas et en aucune
façon, le mener contre les musulmans de
France qui sont dans leur immense majorité
des républicains qui n’aspirent qu’à vivre
leur religion de façon digne et paisible. Ce
combat décisif pour la nation, nous devons
au contraire le mener avec eux. »
À côté des réunions régulières avec le
Conseil français du culte musulman
(CFCM), de « l’instance de dialogue » entre
l’État et la seconde religion de France qu’il
a créée, Bernard Cazeneuve préparait en
fait dans la discrétion et depuis des mois
une réforme assez fondamentale de plusieurs structures régissant l’islam en France qui a été annoncée le 29 août.
Cette réforme (lire ci-dessous) touche
quatre points fondamentaux de l’islam de
France : la gouvernance globale de cette
religion en France, le financement de la
construction de nouveaux lieux de cultes,
la formation des imans et la représentativité publique des cadres et de l’élite de cette communauté.
Le ministre a assigné aux différentes
commissions d’experts chargées de la mise
en œuvre de cette réforme un calendrier
précis : ils doivent rendre leur copie pour
la fin décembre 2016, ce qui n’est pas anodin dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017. Mais il faudra des années
pour évaluer si la modification, par exemple introduite pour une formation « à la
française » des imans, réduira le nombre
de prêcheurs radicaux (lire décryptage).
Ou si la traçabilité des flux financiers pour
la construction des mosquées influera sur
leur ligne et enrayera l’influence salafiste.
Il faudra en revanche seulement quelques mois pour savoir si l’invitation faite,
lundi, par le ministre à élargir le tour de table aux 41 intellectuels, hommes de science ou de culture, de religion musulmane,
qui avaient lancé un appel au cœur de l’été,
dans le JDD, pour venir à la rescousse de
l’islam de France, portera ses fruits. Car la
réussite de la greffe de cette élite, habituée
à l’efficacité du monde des affaires, n’est
pas évidente dans ce monde feutré du religieux. Celui qui est en le porte-parole, Hakim El Karoui, a ainsi estimé en sortant de
la réunion lundi que le choix de Jean-Pierre Chevènement pour présider la fondation n’était pas « idéal », ce qui aurait déjà
pu conduire ce groupe « à claquer la porte ». Mais « ils préfèrent rester malgré la
présence de Jean-Pierre Chevènement qui
est pour le moins une maladresse » en ayant
obtenu lors de la rencontre avec le ministre que le président de la Fondation ne reste « pas plus d’un an » et plusieurs sièges
dans « l’association cultuelle 1905 qui est le
cœur du sujet » parce que c’est elle qui « va
recevoir l’argent et qui va financer les mosquées et la formation des imans ».
Cet ancien conseiller du premier ministre Jean-Pierre Raffarin est par ailleurs
sorti du langage convenu des responsables
religieux pour dresser un portrait peu flatteur de l’islam de France qui « doit aller
au-delà des divisions d’une communauté
musulmane qui n’existe pas, qui n’a aucun
sentiment d’appartenance, qui n’a aucune
communauté d’intérêt et qui jusqu’à présent
a démontré son incapacité à travailler ensemble ». ■
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, salue d’une poignée de main Dalil Boubakeur,
De nouvelles instances pour mieux organiser le culte
LES CONSULTATIONS entamées lundi
doivent permettre de mettre en œuvre
une structure plus solide pour l’islam de
France. Elle reposera sur trois institutions :
NOUVELLE FONDATION
uUNE
La Fondation pour les œuvres de
l’islam, créée en 2005 par Dominique
de Villepin, destinée à contrôler les flux
financiers participant à la construction
des mosquées, va être dissoute. Son capital, consigné à la Caisse des dépôts –
environ un million d’euros qui furent
donnés à l’époque par Serge Dassault,
propriétaire du Figaro -, va être transféré dans une nouvelle Fondation pour
l’islam de France. Mais son objet ne
sera plus le financement des mosquées,
car une fondation reconnue d’utilité
publique n’a, en fait, pas le droit de financer directement des cultes. La nouvelle fondation va donc piloter un certain nombre d’initiatives dans les
domaines éducatif, social et culturel
visant à diffuser la connaissance approfondie d’un islam modéré. Elle sera
conduite par un conseil d’administration composé de 11 représentants présidé pour son lancement par JeanPierre Chevènement (lire page 3) dont trois hauts fonctionnaires appartenant aux ministères de l’Intérieur, de
l’Éducation nationale et de la Culture,
ainsi que cinq personnalités qualifiées,
musulmanes (lire ci-contre). Le budget
devrait assez vite atteindre 5 millions
d’euros.
Le modèle en vue est celui des fondations déjà existantes – Fondation Notre-Dame ; Fondation pour le judaïsme, Fondation pour le protestantisme
– qui n’entrent pas directement dans le
financement des cultes mais participent à des œuvres culturelles avec des
budgets annuels avoisinant les 20 millions d’euros chacune. À titre indicatif,
si chaque organisation musulmane a
aujourd’hui son budget propre, le
Conseil français du culte musulman
(CFCM) n’a actuellement pas les
moyens de se payer une secrétaire à
temps plein…
NOUVELLE ASSOCIATION
uUNE
CULTUELLE
Là aussi, le modèle est inspiré de la gestion des autres cultes, dont le judaïsme et
l’Église catholique, qui bénéficient, au
niveau national, d’une structure associative cultuelle, loi de 1905, apte à financer
le culte religieux en toute conformité
avec la loi et la laïcité françaises. Un
groupe de travail a été lancé, ce lundi, par
le ministère de l’Intérieur, pour préparer
les statuts de cette nouvelle entité, mais
son rôle consistera à rechercher des financements privés pour les affecter à la
construction de lieux de culte mais aussi
au financement de la formation des
imams. Si le recours à une taxe sur la
viande hallal est exclu, les opérateurs de
cette filière alimentaire seront toutefois
sollicités pour abonder, à titre volontaire,
le budget de cette association, dont la
hauteur n’est pas encore définie. L’association pourra également participer à des
projets pilotés par la Fondation pour l’islam de France et les deux institutions travailleront en étroite collaboration. L’idée
maîtresse est de rendre transparents les
fonds étrangers parce qu’il apparaît à
beaucoup de responsables musulmans
qu’ils seront difficiles à supprimer, en
particulier ceux qui arrivent d’Algérie,
du Maroc ou d’Arabie Saoudite. Ces mêmes responsables indiquaient lundi que
« 80 % des lieux de cultes musulmans sont
financés par les fidèles eux-mêmes » et
que la question des fonds étrangers ne
touche que la construction de très grandes mosquées dans les plus grosses villes
de France. Pour assurer cette « transparence », Bernard Cazeneuve propose le
recours au statut d’association loi 1905
qui impose des comptes certifiés et donc
vérifiables par l’administration. Deux
cents lieux de culte et mosquées musulmans sont actuellement à l’état de projet
dans le pays.
NOUVELLE
uUNE
REPRÉSENTATION NATIONALE
Les réformes annoncées lundi par le ministère de l’Intérieur ouvrent également, de façon implicite, la question de
la représentation nationale de l’islam de
France. Le Conseil français du culte
musulman, créé en 2005 et dont les
membres sont élus par les musulmans
dans les mosquées, continue de jouer un
rôle central, mais le gouvernement a le
souci d’ouvrir la gouvernance à
d’autres acteurs musulmans, issus du
monde de l’entreprise mais aussi de la
culture.
C’est ainsi qu’une partie des 41 intellectuels musulmans qui ont signé un appel
public au cœur de l’été ont été invités
lundi à la table du ministre, plusieurs
étant pressentis pour siéger dans la fondation ou dans l’association cultuelle
nationale. ■
J.-M. G.
Un cursus d’islamologie pour les imams
« neL’État
peut
se satisfaire
d’une situation
où la majorité
des imams
exerçant
en France sont
formés dans
des instituts
théologiques
à l’étranger
»
BERNARD CAZENEUVE,
MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
IL Y A en France entre 1 600 et
1 800 imams. À titre de comparaison, 270 rabbins exercent dans
l’Hexagone, 3 600 pasteurs protestants (dont 2 000 évangéliques) et 15 000 prêtres catholiques. La communauté musulmane ne se plaint pas d’un
manque d’imams mais plutôt de
la précarité de leur statut, car ils
vivent majoritairement des dons
des fidèles. Elle regrette aussi des
différences abyssales de niveaux
de formation entre eux. Autre
problème majeur, la majorité ne
parle ni ne prêche en français.
L’État a tenté de réagir en passant
des conventions avec des pays
comme le Maroc, l’Algérie, la
Turquie, qui détachent régulièrement – et financent – environ
300 imams pour des périodes à
durée déterminée, en France,
sous condition d’apprendre le
français. Le gouvernement a aussi créé des diplômes universitaires qui apportent un complément
de formation sur la laïcité à des
imams qui ont déjà été formés
ailleurs sur le plan religieux. Mais
l’actualité dramatique a démontré qu’outre l’influence des
imams prêchant via Internet depuis l’étranger, et donc incontrôlables, beaucoup d’imams proféraient, en France, un discours
radical qui peut conditionner des
jeunes, pouvant ensuite basculer.
80 expulsions depuis 2012
Pour lutter contre ce phénomène, le ministère de l’Intérieur a
procédé depuis 2012 à 80 expulsions d’imams radicaux. Beaucoup reste à faire, à commencer
par la formation de ces imams qui
n’est pas centralisée ni normée,
chacun construisant le parcours
de son choix. Actuellement, seuls
deux instituts existent en France.
L’idée du ministre Cazeneuve serait de créer dans plusieurs universités un « enseignement d’islamologie » regroupant des
matières déjà enseignées à ce niveau : la langue et la littérature
arabe, l’histoire de l’exégèse coranique, l’histoire de la civilisation musulmane et de la religion
musulmane. Une mission a été
lancée pour bâtir ce nouveau
cursus « rigoureusement laïque »,
a prévenu Bernard Cazeneuve
pour qui l’objectif est « de remplacer tous les imams détachés par
des imams formés en France ».
Car, précise-t-il, l’État « ne peut
se satisfaire d’une situation où la
majorité des imams exerçant en
France sont formés dans des instituts théologiques à l’étranger ». ■
J.-M. G.
LE FIGARO
L'ÉVÉNEMENT
de l’islam est lancé
DÉCRYPTAGE
Jean-Marie Guénois
ALBERT ZENNOU £@AlbertZennou
C’EST AU DÉTOUR d’une rencontre avec
les journalistes à l’Élysée le 2 août que
François Hollande a sorti de son chapeau
le nom de Jean-Pierre Chevènement. À
77 ans, celui qui a été plusieurs fois ministre, député, sénateur et maire de Belfort
pendant de nombreuses années, a donc
pour mission de transformer la Fondation
pour l’islam de France, une coquille vide,
créée en 2005, en un outil performant.
Une nomination qui n’a pas fait l’unanimité, ni dans le monde politique ni chez
les responsables musulmans dont certains ont peu goûté de se voir imposer
cette nomination. « Je pense que comme
ancien ministre de l’Intérieur moi-même, je
ne pouvais pas refuser de contribuer à cette
œuvre d’intérêt public », a-t-il expliqué.
Mais dans une interview donnée au Parisien, il crée en plein mois d’août une polémique en conseillant aux musulmans de
pratiquer leur culte « en toute liberté »
mais avec « discrétion ».
Chevènement jouit d’une réputation
favorable dans tout le monde arabo-musulman. Deux actions ont plaidé en sa faveur. C’est le premier homme politique à
s’être intéressé à la construction d’un islam à la française. En 1997, il est ministre
de l’Intérieur du gouvernement Jospin
et, à ce titre, chargé des Cultes. Il entend
construire une instance représentative
des musulmans de France. Le 23 novembre 1997, il estime dans un discours fait à
Strasbourg qu’« il y a une place pour l’islam à la table de la République. Ce n’est
pas seulement un droit qui revient aux musulmans ; c’est une chance pour eux et
pour la France de faire vivre, sur notre territoire, un islam moderne ».
Autre raison pour laquelle Chevènement est apprécié : à deux reprises, il a
marqué violemment son opposition à la
guerre en Irak. La première fois, en 1991,
il décide même de démissionner de son
poste de ministre de la Défense et douze
ans plus tard en s’opposant à une nou-
velle invasion de l’Irak par les ÉtatsUnis en 2003.
Il faut dire que Jean-Pierre Chevènement ne badine pas avec ses principes.
Célèbre pour sa phrase « un ministre, ça
démissionne ou ça ferme sa gueule », il
aura mis en œuvre trois fois son adage,
en 1983, en 1991 et en 2000.
Défenseur de la République
Diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA
(promotion Stendhal), il a rejoint le
PS dès sa création en 1971, alors à
la tête d’un mouvement, le
Céres (Centre d’études, de
recherches et d’éducation
socialiste), qui constituait
l’aile gauche du PS. Il apporte
son soutien à François Mitterrand alors en lutte contre
Michel Rocard, accusé
de dérive socialedémocrate.
Chargé d’élaborer le projet du
parti, il sera l’un
des instigateurs
du rapprochement avec le
PCF
et
la
constitution du
programme
commun de la
gauche.
Plusieurs fois
titulaire
d’un
poste ministériel
régalien
(Intérieur, Défense), il
s’est forgé une
image à gauche de
« sécuritaire », refusant l’angélisme
d’une partie de son
camp en matière de lutte
contre la délinquance.
Défenseur acharné de la
République, il fait état de
son opposition au statut de
la Corse proposé par Lionel
Jospin (2000) et à la signature par la France de la Charte européenne des langues
régionales. Défenseur de la laïcité, il a
toujours estimé que la religion devait se
cantonner à la sphère privée.
Souverainiste avant même que le terme
ne soit passé dans le langage politique
commun, il s’est prononcé contre l’intégration européenne. Une position qui l’a
notamment poussé à rompre avec le Parti
socialiste. Il se présente ainsi à l’élection
présidentielle de 2002 sous l’étiquette du
Pôle républicain où il recueillera 5,33 %
des voix. Il est accusé d’avoir, avec sa
candidature, participé à l’élimination
au premier tour, le 21 avril, de son
condisciple à l’ENA Lionel Jospin.
Dès lors, il avance sur la voie d’un
souverainisme de gauche et républicain et fonde le MRC (Mouvement républicain et citoyen) qu’il présidera
jusqu’en 2015. Après
l’élection de François
Hollande,
Jean-Pierre
Chevènement devient le
représentant
spécial
pour la Russie dans le
cadre de la « diplomatie économique » du
Quai d’Orsay. Prônant l’alliance de tous
les souverainistes, il
propose, sans succès,
un regroupement de
tous « les patriotes
de droite et de gauche » qui irait de
Nicolas
DupontAignan à Jean-Luc
Mélenchon. ■
Jean-Pierre Chevènement
est le premier homme
politique à s’être
intéressé à la construction
d’un islam à la française,
dès 1997.
VINCENT BOISOT/LE FIGARO
CELA FAISAIT longtemps que l’État
français ne s’était pas mouillé à ce point
dans la gestion d’un culte religieux. On
se souvient de Nicolas Sarkozy, ministre
de l’Intérieur en 2003, qui avait passé
des nuits blanches pour obtenir, au forceps, de responsables musulmans très
divisés qu’ils dépassent leur quant à soi
pour s’unir et fonder le Conseil français
du culte musulman (CFCM). Dans un
tout autre style, plus feutré mais tenace,
Bernard Cazeneuve, actuel ministre de
l’Intérieur, prend le risque, treize ans
plus tard, de franchir la ligne continue
de la laïcité à la française, pour pousser
l’islam de France à poser un nouveau
pas en avant.
Le CFCM, dont les responsables sont
élus par la base des mosquées, garde son
rôle central de représentation nationale
des musulmans mais il va être désormais largement accompagné par deux
structures, lancées lundi 29 août mais
pensées et mises concrètement sur pied
par le gouvernement. Ces structures ne
resteront pas sur le banc de touche. Elles
seront présentes sur tous les points névralgiques du terrain avec un rôle qui
s’apparente à celui d’un arbitre.
Que vont faire ces structures ? Une
« association cultuelle » nouvelle va
tout d’abord gérer des financements
destinés à la construction des mosquées
pour réduire les flux financiers venant
de l’étranger. Cette association nationale va également soutenir des programmes universitaires d’islamologie. Les
imams, en formation en France, seront
fortement encouragés à les suivre.
Quant à la Fondation pour l’islam annonce phare de la journée du 29 août si elle ne participera pas pour des raisons
juridiques au financement du culte, elle
aura un pouvoir d’orientation, encore
mal défini, mais global, politique, sur
l’islam de France. Une sorte de
« board », à l’anglo-saxonne, alliant des
personnalités religieuses, culturelles,
politiques. Mais constituant, de facto,
une autorité morale qui pourrait devenir
incontournable si elle réussissait.
Ce nouveau cocktail religioso-étatique est toutefois un ovni aux yeux d’une
stricte laïcité. Il est subtil mais représente une forte évolution avec l’interprétation rigide de la laïcité dont faisait
haute profession le gouvernement socialiste au début du quinquennat.
Si les religieux musulmans, eux, sont
consentants pour cette nouvelle alliance
parce qu’ils n’ont pas d’autres choix tant
est profonde leur crise de crédibilité
après la longue série d’attentats sur le sol
français, il est étrange de voir le gouvernement devenu à ce point consentant
pour entrer dans la gestion d’un culte,
jusqu’à la limite de l’entorse laïque…
Ce nouveau cocktail
religioso-étatique
est un ovni aux yeux
d’une stricte laïcité
La nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation - même
si c’est un musulman qui présidera l’association - est d’ailleurs là pour rassurer
et faire passer la pilule dans le camp laïc.
C’est « un républicain », insistait-on sur
tous les tons, lundi au ministère en une
sorte « d’élément de langage » destiné à
faire passer un message.
Mais il est désormais clair que la perspective de l’élection présidentielle de
2017 pousse le gouvernement à sortir de
la neutralité pour mettre la main à la
pâte et ne pas laisser un islam de France
livré à lui-même.
Les jeunes musulmans radicalisés, en
revanche, vont entendre un autre message. Ils accusaient déjà l’islam « officiel » de « collaboration » avec la République française… Et ce sont ces jeuneslà qui posent le problème numéro 1 de
l’islam de France. Mais le plan présenté
lundi n’apporte aucune solution tangible de résolution à court terme. ■
Une loi anti-burkini passe par
une réforme constitutionnelle
PAULE GONZALÈS [email protected]
UNE LOI. Oui, mais laquelle ? La polémique nationale autour du burkini est
désormais un casse-tête pour les juristes. Nicolas Sarkozy a redemandé lundi
une loi « qui viserait spécifiquement » le
port du burkini sur la plage ou à la piscine, une « provocation de l’islam politique » due à « l’absence d’autorité » qu’il
souhaite « restaurer » en 2017. Quitte à
changer la Constitution. Car légiférer
sur le port du burkini implique - et c’est
bien le piège classiquement tendu par
ses défenseurs - de slalomer entre le
principe de laïcité et la garantie des libertés fondamentales.
Par deux fois, en 2004 et 2010, le législateur, le Conseil d’État et le Conseil
constitutionnel ont réussi à rendre les
textes sur l’interdiction de signes ostensibles religieux puis du voile intégral
constitutionnellement compatibles. Pour
cela, il a fallu soigneusement contourner
l’écueil des garanties de la liberté d’expression, du respect de la vie privée, ou
même de la laïcité. La France a su obtenir
la bénédiction de la Cour européenne des
droits de l’homme (CEDH) malgré la
poussée des associations islamistes.
L’affaire se complique avec l’affaire du
burkini. Qu’à cela ne tienne. Guillaume
Larrivé et Éric Ciotti, députés (LR) de
l’Yonne et des Alpes-Maritimes, réfléchissent à un texte qui imposerait que
« dans l’espace public, le port de tenues ou
de signes manifestant ostensiblement l’adhésion ou la soumission à une idéologie ou
une opinion revendiquant l’inégalité entre
les femmes et les hommes est interdit ».
«Certes, le port des signes religieux
ostentatoires peut être réglementé comme en témoigne la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école publique. Mais une plage publique n’est pas
une piscine municipale. La frontière de la
laïcité peut sembler mince mais elle est
quasiment impossible à franchir sauf révision constitutionnelle », explique Do-
minique Chagnollaud, président du
Cercle des constitutionnalistes et professeur de droit constitutionnel à l’université de Paris 2.
Cela tombe bien. À droite, le principe
de réformer la Constitution n’est plus un
tabou. Et l’idée de se défaire du carcan de
la CEDH arc-boutée sur les libertés individuelles fait son chemin. Guillaume
Larrivé estime que « nombre de sujets
concrets vont appeler ou appellent déjà
une réforme de la Constitution. Il est temps
que le constituant en prenne conscience et
imagine une réforme qui dépasse les questions matérielles qui sont régulièrement
posées au Conseil constitutionnel. Il y a un
droit de la nation qui dans certains cas va
au-delà de celui de la personne ».
« Définir » l’ordre public
«Il ne suffit pas de parler de réforme
constitutionnelle, encore faut-il savoir
laquelle », analyse Dominique Chagnollaud. « L’une des solutions serait de donner une définition non pas seulement
“matérielle” (sécurité, tranquillité) mais
“immatérielle” de l’ordre public, à savoir
le socle minimal d’une sorte de contrat
social définissant un mode de vie en commun. Cela percuterait les libertés individuelles et le Conseil constitutionnel devrait trancher. L’autre solution serait
d’interdire “à quiconque de se prévaloir
de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant
les relations entre collectivités publiques
et particuliers”. Et d’étendre ce principe à
l’espace public. Mais cela générerait un
contentieux terrible de la part de toutes
les religions, car où placer les exceptions. » En attendant, les villes de Nice,
Roquebrune-Cap-Martin, Menton et
Fréjus, qui continuent d’interdire le
burkini alors que le Conseil d’État a jugé
illégal l’arrêté de Villeneuve-Loubet interdisant cette tenue, comparaîtront
mardi et mercredi devant la justice. ■
+
A
MATTHIEU ALEXANDRE/AFP
[email protected]
Chevènement, un laïc et un souverainiste
apprécié dans le monde arabo-musulman
3
La présidentielle
pousse le gouvernement
à sortir de la neutralité
structures régissant la deuxième religion de France.
recteur de la Grande Mosquée de Paris, après une rencontre avec les représentants de la communauté musulmane, lundi à Paris.
mardi 30 août 2016
» Lire aussi PAGE 14
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
4
POLITIQUE
Rentrée périlleuse pour François Hollande
Le président, qui veut rester au-dessus de la mêlée, fera un grand discours le 8 septembre sur la démocratie,
l’État de droit et les valeurs républicaines. Des thèmes qui, croit-il, seront au cœur de la campagne de 2017.
SOLENN DE ROYER £@sderoyer
ÉLYSÉE Comment se tenir loin du chaudron politique, agité par les primaires de
la droite et de la gauche, sans pour
autant disparaître de la scène, alors que
la plupart des Français se sont déjà détournés de lui ? Voilà l’équation délicate
à laquelle se trouve confronté François
Hollande en cette rentrée, à trois mois de
l’annonce de sa décision : être ou non
candidat à sa propre succession. « Jusqu’à présent, le président était seul sur le
ring. Désormais, il y a d’autres rings. Ça
change beaucoup de choses. Les Français
vont pouvoir comparer », analyse un
conseiller élyséen, qui explique que,
pour l’heure, François Hollande s’efforcera de rester « pleinement président ».
« Il n’a pas vocation à plonger dans le marigot politicien », ajoute ce proche.
À l’issue d’un « break » relatif de deux
semaines, le chef de l’État a réuni sa garde rapprochée vendredi dernier pour un
premier déjeuner, destiné à faire le point
de l’été (l’affaire du burkini) et baliser
l’agenda des prochaines semaines. Un
agenda dominé par l’international et un
dossier européen brûlant. Ce qui devrait
permettre au président de rester « audessus de la mêlée », espère-t-on à l’Élysée. Dès mardi, François Hollande
s’adressera une dernière fois aux ambas-
“
Le président
doit être un rempart
UN CONSEILLER ÉLYSÉEN
François Hollande (ici le 25 août à La Celle-Saint-Cloud) suit attentivement les premiers soubresauts des primaires.
”
sadeurs réunis au Palais, pour leur donner leur feuille de route et évoquer le rôle
de la France dans les crises du moment et
la lutte contre le terrorisme.
Le 2 septembre, le président s’entretiendra avec la chancelière allemande
Angela Merkel à Évian avant de s’envoler pour la Chine, où il est attendu pour
un G20, suivi d’une visite d’État au Vietnam. À peine rentré d’Asie, Hollande repartira pour Athènes, où doivent se retrouver les pays du sud de l’Europe, le
9 septembre. La semaine suivante, il enchaînera une visite bilatérale en Roumanie (13 septembre) et le sommet de Bratislava (16 septembre), où l’avenir d’une
Europe amputée du Royaume-Uni doit
se jouer.
Mais le chef de l’État, qui suit attentivement les premiers soubresauts des
primaires (LR, PS et EELV), ne restera
pas absent pour autant de la scène nationale. Hollande, qui s’est tenu volontairement à l’écart de la polémique autour du
burkini, prépare un discours censé faire
date - selon ses proches - sur « la démocratie face au terrorisme », qu’il prononcera le 8 septembre devant la Fondation
Jean Jaurès et le think-tank Terra Nova.
Dans un contexte brûlant, marqué par la
montée en puissance de la question
identitaire, le président tentera d’expliquer que la meilleure réponse au terrorisme et aux provocations de ceux qui
veulent ébranler la République, « c’est la
démocratie, l’État de droit et les valeurs de
la République », avance son entourage.
« Le président doit être un rempart »,
explique un conseiller élyséen pour qui
le terrorisme et la question de l’État de
droit seront nécessairement les grands
sujets des prochains mois. « En la matière, le débat se simplifie, poursuit le
même conseiller. Le FN considère que
l’islam est responsable de tous les maux.
La droite considère qu’il faut entrer dans
un état d’exception, quitte à bousculer
l’État de droit. Le président, lui, considère qu’il doit être le rempart de la liberté,
de l’égalité et de la fraternité, mais aussi
de la sécurité. » Hollande poursuivra
son explication de texte dans la deuxième quinzaine de septembre à l’occasion
d’un long entretien accordé à la presse
écrite. « Il exposera sa vision de la France », confie un proche. Dans un contexte médiatique déjà saturé par les campagnes des primaires, le chef de l’État
- soucieux de garder une certaine hauteur - fait donc le choix de la distance
(un grand discours, un long entretien…). À ce stade, aucune intervention
radio ou télévisée, aucune conférence
de presse non plus, ne sont prévues.
Pour le reste, Hollande, qui préside
un Conseil de défense chaque semaine,
prépare la loi de finances et le geste
fiscal à destination des ménages, avec
des arbitrages attendus cette semaine
ou la suivante. Le chef de l’État, qui se
rendra à Orléans jeudi pour la rentrée
scolaire, a en outre l’intention de
continuer à se déplacer une fois par
semaine en France. Il lui reste trois
mois pour tenter de regagner - même
a minima - la confiance des Français,
condition sine qua non d’une candidature à sa succession. ■
GONZALO FUENTES/REUTERS
Un proche du président publie un livre bilan
pour rattraper les déçus de la gauche
Sans une défense préalable du bilan
présidentiel, Dominique Villemot
n’imagine aucune chance pour François
Hollande en 2017. Ce fidèle du chef
de l’État, avocat fiscaliste et
ex-camarade de la promotion Voltaire
de l’ENA, est venu à Colomiers avec
un livre sous le bras : François Hollande,
le courage de réformer (Éditions
Privat). Le rassemblement du courant
majoritaire du PS offrait une occasion
de toucher le cœur militant. Avant
l’impression, Hollande a lu l’ouvrage
avec reconnaissance, selon l’auteur.
« J’ai voulu faire un bilan objectif,
argumenté et chiffré, mais il est vrai
que la popularité du président
est assez catastrophique », reconnaît
Dominique Villemot, en pointant
deux faiblesses : « ll n’a pas été capable
d’assurer la pédagogie de son action
À Colomiers, les soutiens du chef de l’État jouent l’union
SOPHIE DE RAVINEL £@S2RVNL
DEPUIS la fenêtre du minibus, une députée socialiste parisienne observe le
paysage en silence, visiblement inquiète
des conditions de la campagne présidentielle à venir. Des kilomètres de barrières en acier, des dizaines de camions
de CRS garés tout au long, certains
équipés d’une sorte de bouclier pour repousser les foules. Des hommes armés.
Quelques grappes de militants marchent au pied d’immeubles déserts, aux
portes d’entrée gardées par les forces de
l’ordre. Ils se dirigent vers le Hall Comminges de Colomiers, en banlieue de
Toulouse. Même le groupe de députés
arrivé en avion de la capitale devra
marcher pour atteindre ce Fort Knox à
l’atmosphère lugubre, accentuée par le
temps gris et le parking désert.
C’est là que s’est tenu lundi le meeting socialiste de rentrée en soutien à
François Hollande. Seuls les nombreux
ministres participants sont arrivés directement sur place. « Il y a des gens qui
eric delvaux
catherine boullay
A
le 5/7
avec tous les mercredis
la participation
de Solenn de Royer
du journal
Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls, lors du grand meeting de rentrée
du Parti socialiste, lundi à Colomiers (Haute-Garonne). PASCAL PAVANI/AFP
pensent que l’alternance se fera au sein
de la gauche, mais ils se font des illusions, l’alternative ne se fera pas entre
eux et nous mais entre la gauche et la
droite », a prévenu Stéphane Le Foll,
ministre de l’Agriculture et premier des
défenseurs du chef de l’État, alors
qu’au loin, les rumeurs des manifestants de la CGT se faisaient entendre.
« Valls, ta République c’est celle du fric,
c’est pas la nôtre !», scandaient-ils derrière la mairie de Colomiers, littéralement encerclés par les forces de l’ordre. « Que ceux qui contestent regardent
de près ce qui a été fait », a encore ajouté
Le Foll, certain qu’il va devoir passer
les mois prochains à tenter de convaincre et de réunir « sur l’essentiel ».
Entrée discrètement dans la salle du
meeting par une porte dérobée, la ministre de l’Éducation, Najat VallaudBelkacem, a prévenu sur France 3 Midi-Pyrénées que la gauche non plus
ne devait pas se perdre « dans des
querelles internes ». « J’ose espérer, at-elle ajouté, que la famille socialiste
saura se montrer plus digne et plus à la
hauteur que la droite dans l’exercice de
sa primaire. » Non loin, Patrick Kanner a manifesté quelques doutes après
avoir entendu Arnaud Montebourg
tenter, depuis Frangy-en-Bresse, de
dissuader François Hollande de se
présenter. Et affirmer que son bilan
n’est « pas défendable ». « Mais quel
est son statut pour avoir une telle pré-
tention ? », s’est interrogé le ministre
de la Ville.
À l’intérieur de la salle surchauffée,
pleine de quelque 800 militants, élus et
membres du gouvernement, la ministre
de l’Éducation nationale – qui avait insisté auprès des organisateurs pour s’exprimer après la présidente de la région
Carole Delga et avant Stéphane Le Foll,
Marisol Touraine, Jean-Christophe
Cambadélis et Manuel Valls, a souligné
que « la gravité impose la dignité dans nos
débats ». « Nous devons renoncer à la surenchère face à la droite, nous devons aussi résister à une logique à gauche qui se bat
contre elle-même, ce qui sera suicidaire »,
a-t-elle lancé alors que la semaine dernière, le feu de la désunion a menacé le
gouvernement sur la question du burkini, isolant le chef du gouvernement.
Valls « refuse l’entre-deux »
Ce dernier, comme à son habitude, n’a
pas fait dans la demi-mesure, pointant
ses deux ennemis prioritaires : « l’islamisme radical » et « l’extrême droite ».
Face à eux, il faut « apporter des solutions
fortes ». Valls « refuse l’entre-deux, la
politique de l’autruche ». Difficile de ne
pas y lire une critique de ceux au sein du
gouvernement, comme Marisol Touraine, qui sont montés ouvertement au créneau contre lui sur le burkini. Alors que
tous ont dénoncé les propositions de Nicolas Sarkozy, lui compris, Manuel Valls
a encore prévenu ses camarades qu’il
faudra « dire clairement les raisons de
donner un nouveau quinquennat à la gauche ». Car « l’antisarkozysme ne peut pas,
à lui seul, tenir lieu de programme ». ■
et chaque fois qu’il a donné du temps
à la discussion, cela s’est retourné
contre lui. » L’ami du président tresse
aussi des lauriers. De la restauration
de la compétitivité à la réduction
du coût du travail en passant par
la baisse des déficits budgétaires
ou la lutte contre l’islamisme radical,
il est convaincu que l’histoire lui
donnera raison. Et s’il admet la difficulté
de restaurer la confiance dans
les rangs, de plus en plus denses, des
déçus de la gauche, Villemot les met en
garde. « On ne gagne pas sur un bilan,
mais on peut perdre sur un bilan »,
glisse-t-il à l’attention de tous ceux
qui rechigneraient toujours à l’assumer.
Dominique Villemot, « François
Hollande, le courage de réformer »,
Éditions Privat, 366 pages, 15 €.
E. G.
EN BREF
Le vote des agriculteurs
favorable à Juppé
et Le Maire, quasi nul
pour Hollande
Un sondage Terre-net et BVA
dévoile en août les tendances
de vote chez les agriculteurs.
Les candidats Républicains Alain
Juppé et Bruno Le Maire arrivent
nettement en tête des intentions
de vote avec respectivement
58 % et 54 % des suffrages,
en cas de victoire à la primaire.
Nicolas Sarkozy, loin derrière,
obtient 31 % des voix. Autrefois
réfractaire au FN, l’électorat
agricole est de plus en plus enclin
à voter pour lui. Marine Le Pen
recueille, quel que soit
le candidat LR, au moins 20 %
des intentions de vote, un chiffre
toutefois inférieur à la moyenne
des Français. François Hollande,
affaibli par son quinquennat,
est crédité, lui, de 4 %
des intentions de vote.
Un hommage national
sera rendu aux victimes
de l’attentat
du 14 juillet à Nice
François Hollande a reçu lundi
matin des responsables
d’association de familles de
victimes de l’attentat du 14 juillet
à Nice. Un hommage national
y sera rendu dans les prochaines
semaines. Fonçant dans la foule
au volant d’un camion, un
homme avait tué 86 personnes
sur la promenade des Anglais.
Photographie: Sylvie Lancrenon
L’Heure du Premier Jour, montre acier, cadran nacre, mouvement à quartz
275 €
Paris. 15, rue de la Paix - 180, boulevard Saint-Germain
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mardi 30 août 2016 LE FIGARO
6
POLITIQUE
L’offensive
de Fillon
sème le trouble
à droite
Sarkozy affirme qu’il ne se donnera
« pas le ridicule d’attaquer » son ancien
premier ministre.
PRIMAIRE Au lendemain de son discours
sur la probité de la République et de ses
élus, dimanche à Sablé-sur-Sarthe,
François Fillon n’amende pas son propos.
Beaucoup y ont vu une critique à peine
masquée de Nicolas Sarkozy, de son bilan
à l’Élysée et de son souhait de concourir à
nouveau alors qu’il reste sous le coup de
deux mises en examen. L’ancien chef de
gouvernement assure qu’il ne visait pas
spécifiquement son concurrent, mais
qu’il s’adressait « à tout le monde, parce
qu’on a une dégradation de la vie publique ». « Ce que j’ai voulu dire en faisant référence au général de Gaulle, c’est que, si
j’étais président de la République, je ferais
fonctionner les institutions avec un souci
d’exemplarité et de probité », a-t-il expliqué au micro de BFMTV, lundi.
« Je ne me donnerai pas le ridicule d’attaquer celui avec qui j’ai travaillé pendant
cinq ans », a balayé d’un revers de la main
Nicolas Sarkozy, interrogé au même moment sur RTL. L’ancien président a expliqué les critiques de Fillon par ses mauvais
sondages et pris soin de le ramener à son
rang d’ex-premier ministre dont il essaye pourtant de se libérer. Poursuivant
sa démonstration, Sarkozy a rappelé que
les électeurs craignaient que « la droite
revienne à ses démons de la division ».
Les sarkozystes en sont convaincus :
toute attaque est contre-productive. « La
primaire, ça peut être le meilleur comme le
pire, si on se contente de dénigrer et d’attaquer les autres. Autour de Nicolas
Sarkozy, nous voulons que ce soit le
meilleur, et nous ne répondons pas aux attaques », souligne Brice Hortefeux. Lundi, Nicolas Sarkozy a réuni son équipe
politique. François Fillon n’a fait l’objet
que de quelques minutes dans la discussion… « La primaire ne peut pas être un
concours de beauté personnalisé, rebondit
Gérald Darmanin, coordonnateur de la
campagne de Nicolas Sarkozy. Il ne s’agit
pas de faire une primaire molle, mais
d’avoir un débat sur le fond. C’est ce que
nous souhaitons. »
Les sarkozystes se sentent d’autant
plus confortés sur cette ligne qu’ils ont
reçu le soutien… d’élus fillonistes. Plusieurs d’entre eux ont appelé Nicolas
Sarkozy pour exprimer une condamnation forte des propos de François Fillon.
Présent à Sablé, Gérard Larcher, président du Sénat et soutien de la première
heure de François Fillon, se veut très clair
sur ce point : « Je suis engagé auprès de
François Fillon depuis le début et je le resterai jusqu’au bout. Je lui ai d’ailleurs publiquement donné mon parrainage dimanche,
mais j’ai trop souhaité que la primaire soit
“
La primaire, ça peut être
le meilleur comme le pire si
on se contente de dénigrer
et d’attaquer les autres
BRICE HORTEFEUX
”
un succès numérique pour qu’elle ne se
passe pas en toute transparence, loyauté et
éthique », confie-t-il au Figaro. Membre
du collège des sages de la primaire, Gérard Larcher a d’ailleurs appelé lundi
matin François Fillon pour le lui dire expressément. Il n’est pas le seul. Avant le
campus de La Baule en fin de semaine,
Nicolas Sarkozy et Bruno Retailleau, fidèle filloniste et organisateur de ce rendezvous, se sont parlé. « Je suis et je reste fidèle à François Fillon, précise d’emblée le
président des Pays de la Loire. Ce qui
m’intéresse désormais, c’est de réussir le
rendez-vous de La Baule. Ce sera le weekend du débat d’idées et pas celui des petites
phrases ! » Ça tombe bien, Sarkozy et
Fillon y sont attendus.
ÉLODIE GREGOIRE/LE FIGARO MAGAZINE, FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO
JEAN-BAPTISTE GARAT ET MARION MOURGUE
£@Figarat £@MarionMourgue
Les attaques de François Fillon contre Nicolas Sarkozy ont suscité l’inquiétude, y compris chez les partisans de l’ex-premier ministre.
Le député de Paris changera-t-il de ton
et de discours ? C’est peu probable, à en
croire ses proches. « A-t-il dit une seule
chose de faux ? Non ! justifie Valérie Boyer.
Il a expliqué qu’avec lui ce qui était toléré
jusqu’à présent et dont les Français ne veulent plus ne sera plus possible s’il est président. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. »
Bernard Accoyer a déploré lundi qu’on
n’ait retenu qu’« une seule petite phrase »
dans le « remarquable discours » de François Fillon, à qui il a réaffirmé son soutien.
Jérôme Chartier rappelle que le député de
Paris avait annoncé vouloir « casser la baraque » pendant la campagne. Au risque
d’effrayer certains supporteurs ? « Certainement pas. Beaucoup d’entre nous attendaient de François qu’il change de braquet. Il
ne va pas s’arrêter en si bon chemin », se félicite le député du Val-d’Oise. ■
+
» Lire aussi PAGE 15
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
Plusieurs élus des Républicains
réclament un code de bonne conduite
TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL
£@TristanQM
LE RETOUR des démons de la division de
la droite ? « Ça en prend le chemin », s’est
alarmé Nicolas Sarkozy lundi sur RTL.
Au lendemain de la rentrée politique des
principaux candidats à la primaire, une
impression domine : la campagne sera
musclée. Les charges les plus vives, habituellement réservées aux dernières
heures avant le vote, n’ont pas attendu
alors que la compétition n’aura lieu que
dans trois mois…
Si François Fillon, le plus véhément
dans sa charge, a été recadré par la direction des Républicains, le contour de
l’expression des candidats n’a pas été
clairement défini en amont. Seul le soutien des perdants au vainqueur est exigé.
« Théoriquement c’est au président par
intérim, donc Laurent Wauquiez, de siffler
la fin de la récréation. Mais il soutient Nicolas Sarkozy donc c’est un peu compliqué », observe le député Bernard Reynès.
Ce dernier avait proposé une charte de
bonne conduite en juin dernier dans le
but de « véhiculer une image positive de la
droite républicaine et du centre ». « Nous
en avions débattu en bureau politique, le
principe avait été validé. Il fallait toutefois
revoir certains points. Mais l’été est venu
et il n’y a pas eu de suite », explique l’élu
sarkozyste.
Aucune mesure coercitive
La question des sanctions avait été le
principal point d’achoppement : « On ne
va pas leur enlever des parrainages »,
avait déclaré au Monde Anne Levade, la
présidente de la haute autorité de la primaire. Toutefois, libre aujourd’hui à un
candidat de saisir l’instance. Même s’il
ne pourrait pas attendre d’elle une mesure coercitive.
Bien conscient de la difficulté, Thierry
Solère, l’homme chargé d’organiser la
primaire, indique au Figaro qu’il présentera plusieurs propositions fin septembre
pour régir « le mode de fonctionnement »
entre tous les protagonistes.
A
1
Les informés de franceinfo
Une émission de Jean-Mathieu Pernin,
du lundi au vendredi de 20h à 21h
chaque mardi avec
Le député des Hauts-de-Seine veut
demander au président du Sénat, Gérard
Larcher, d’être la caution morale de la
compétition. Proche de François Fillon,
le troisième personnage de l’État était
également présent samedi à Chatou au
rassemblement d’Alain Juppé.
« Même s’il ne faut pas un débat aseptisé, nous devons trouver le bon réglage »,
soutient Thierry Solère qui refuse de voir
la primaire déraper. « S’ils ne veulent pas
partir en vacances ensemble, ok. Ça tombe
bien parce qu’elles sont terminées. Maintenant, c’est la primaire », tranche le
parlementaire. « C’est un exercice nouveau pour nous. Elle doit nous rassembler
à la fin. »
Lundi, une porte-parole du parti, la
sarkozyste Valérie Debord, a elle aussi
émis le souhait « qu’un code de bonne
conduite puisse être tenu, que nous
soyons, a-t-elle dit, sur le registre des
idées et non des personnes. Le parti sera
garant de ce fait que nous soyons sur le registre des idées et non des attaques. »
En 2011, les socialistes avaient édicté
une « charte éthique » imposant aux candidats de mener une « campagne constructive, loyale, centrée sur les idées et les
propositions ». François Hollande, Martine Aubry et Ségolène Royal avaient
même été successivement rappelés à
l’ordre par l’avocat Jean-Pierre Mignard, alors à la tête de l’instance de
contrôle de la primaire PS. Une nécessité
qui s’imposera aussi à la droite, plaide
Bernard Reynès : « Car le premier qui sortira la kalachnikov sera mort », prévient
ce député des Bouches-du-Rhône. ■
CONTRE-POINT
PAR GUILLAUME TABARD £@gtabard
L’ex-premier ministre s’est-il
tiré une balle dans le pied ?
D
e quoi a parlé François
Fillon dimanche, à Sablé ?
De l’histoire de la France,
depuis le baptême de
Clovis ; de la fonction présidentielle
qu’il veut restaurer dans sa
grandeur ; de la force de la « vérité,
même si ça ne fait pas rêver » ;
des programmes d’histoire à l’école ;
de la famille et des droits de l’enfant.
Que restera-t-il de son discours ?
Une allusion aux mises en examen
de Nicolas Sarkozy et une charge
violente contre l’ancien chef
de l’État. Si l’effet recherché était
celui l’écho médiatique, il est obtenu.
Si le but était de prouver aux siens
sa compétitivité, il est atteint.
Mais l’ancien premier ministre
a pris le risque d’ébranler les
fondamentaux du fillonisme.
À commencer par sa préférence
pour les raisonnements de fond et
son aversion pour les petites phrases
chocs. Or, en parlant de « mise
en examen », même sans citer
nommément Sarkozy, il savait que
la reprise par la presse était
automatique et la polémique
garantie. Il donne ainsi le sentiment
d’aller sur un terrain sur lequel
il reproche généralement aux autres
d’aller : celui de la recherche
du « buzz » pour faire parler de lui.
Il faut rendre justice à Fillon. Cette
phrase - « Imagine-t-on le général
de Gaulle mis en examen ? » - s’inscrit
dans un long développement
sur la fonction présidentielle,
sa transcendance avec l’actualité
immédiate et sa nécessaire
exemplarité. Et il serait paradoxal
de reprocher à un candidat à l’Élysée
d’insister sur le devoir d’être
irréprochable. Mais par cette
allusion, il transforme une leçon
légitime de gouvernance en attaque
ad hominem. Loin d’être crédité
de vouloir prendre de la hauteur,
il s’expose au reproche de chercher
à porter un coup bas.
S’il voulait avant tout prouver
son aptitude à débattre sur le fond
avec ses concurrents sans
se laisser impressionner par eux,
sa dénonciation du « concours Lépine
des idées les plus stupides » face
au terrorisme faisait déjà l’affaire.
En ressortant des affaires
judiciaires ou financières qui, sans
être toutes réglées, ne sont pas
des éléments nouveaux du débat
politique, le député de Paris donne
le sentiment de rester obsédé par
Nicolas Sarkozy. De faire de son
combat contre lui un enjeu personnel
plus qu’une question politique. Cela
le renvoie de surcroît au passé
alors que, depuis 2012, sa principale
difficulté est d’expliquer pourquoi
il a gouverné pendant cinq ans avec
un homme dont il est aujourd’hui
le critique le plus virulent.
Mais surtout, François Fillon a pris
le risque d’écorner ce qui devait être
sa carte maîtresse pour les semaines à
venir. Le match des favoris s’annonce
en effet brutal. Alain Juppé et Nicolas
Sarkozy ne se feront pas de cadeaux
et les flèches entre les deux camps
ne voleront pas toujours très haut.
Ce pouvait être l’occasion rêvée pour
l’ancien élu de la Sarthe de faire
entendre sa différence. De montrer
qu’il y a d’un côté ceux qui veulent
se détruire mutuellement et de
l’autre celui qui s’interdit d’entrer
dans une bataille de chiffonniers. En
cas d’exaspération des électeurs de
droite face à une guerre fratricide, sa
personnalité et son projet pouvaient
faire de lui un recours. En sacrifiant
lui-même tout un discours pour un
scud, François Fillon s’est peut-être
tiré une balle dans le pied. ■
» Retrouvez
Guillaume Tabard
tous les matins à 8 h 10
sur Radio Classique
Loin d’être
crédité
de vouloir
prendre de la
hauteur, Fillon
s’expose
au reproche
de chercher
à porter
un coup bas
»
LE FIGARO
INTERNATIONAL
7
En Colombie,
les Farc et le
pouvoir font
taire les armes
ZOOM
Brésil : le dernier plaidoyer
de Dilma Rousseff
Le gouvernement et la guérilla ont mis fin
à plus de 50 ans de conflit armé, avec le
premier cessez-le-feu bilatéral définitif.
PATRICK BÈLE [email protected]
BOGOTA
COLOMBIE Les armes ne parleront plus.
Dimanche 28 août à minuit, la plus vieille
guérilla d’Amérique latine, les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a décrété un cessez-le-feu définitif
répondant à celui annoncé par le président colombien, Juan Manuel Santos,
jeudi 25 août. Une grande majorité des
Colombiens n’a jamais connu la paix, les
Farc ayant commencé leur lutte en 1964.
Certes, il reste des groupes de guérilla
comme l’ELN (Armée de libération nationale) et des groupes paramilitaires, mais
les Farc - avec leurs 7 500 combattants et
leurs 8 000 miliciens - étaient le plus
puissant et le mieux organisé de tous les
« groupes en marge de la loi ».
Le chef d’état-major des Farc, Timoleon Jimenez, alias Timochenko, et négociateur à La Havane, a lancé un appel aux
forces armées colombiennes : « Aux soldats, marins, pilotes des forces aériennes,
policiers et organismes de sécurité et d’espionnage de l’État, nous voulons manifester notre claire et ferme volonté de réconciliation. Les rivalités et les rancœurs doivent
appartenir au passé. »
Après plus de quatre ans de négociation
à La Havane, les Farc et le gouvernement
colombien ont mis le point final à un accord de paix très détaillé qui sera signé le
22 ou 23 septembre prochain. « Nous voulons être un pays sans les stigmates de la
guerre », a déclaré le président Santos,
lançant la campagne pour le référendum
sur les accords de paix qui aura lieu le
2 octobre, en appelant les Colombiens à
dire « oui à l’avenir, oui à la paix ». Au
moins 13 % de l’électorat devra se prononcer en faveur de l’accord pour qu’il
soit validé, soit 4,4 millions de voix. Les
sondages semblent depuis quelques jours
favorables au « oui », qui progresse depuis l’annonce de la fin des négociations.
Les modalités de désarmement des Farc
et leur transformation en mouvement politique ont fait l’objet de longues discussions. Il existe un risque important qu’une
fois les armes déposées, les paramilitaires
ou les autres groupes armés procèdent à
des massacres de guérilleros ayant déposé
les armes, comme cela s’est passé lors
d’autres processus de paix. À la fin des années 1980, des milliers de membres de
l’Union patriotique, un parti lié aux Farc,
avaient été assassinés par les paramilitaires. « Le grand problème va être que les
autres acteurs criminels vont tenter de
prendre les territoires de Farc, analyse
Ariel Avila, président de la fondation Paz
y reconciliacion. Le risque n’est pas que
l’ELN absorbe les membres des Farc dissidents ou que ces derniers forment de nouveaux groupes délinquants, les “Farcrims”
(Farc criminelles), mais qu’ils se fassent
massacrer par leurs rivaux d’hier. »
Les négociateurs des Farc ont donc
cherché à obtenir toutes les garanties
pour la sécurité de leurs troupes. Vingthuit zones de regroupement des combattants ont été créées. Les guérilleros devront être clairement identifiés avant
d’entrer dans ces zones. Ils y entreront
avec leurs armes, qui seront clairement
répertoriées. Les forces armées colombiennes devront se tenir à plus d’un kilomètre de ces camps. Aucune population
civile ne pourra se trouver dans ces zones, qui devront être éloignées des frontières et des villes. Leur survol sera très
strictement limité. Seuls 10 guérilleros
pourront sortir de ces camps et ils devront être désarmés et en civil.
C’est une mission de l’ONU dirigée par le
Français Jean Arnault qui sera chargée de
vérifier les listes d’armements présentées
par les Farc et de l’identification des combattants, dont beaucoup n’ont pas de papiers d’identité. Cette même mission recueillera les armes et les regroupera. Il est
prévu de les fondre, pour l’élaboration de
trois sculptures en hommage à la paix.
L’une d’entre elles trouvera sa place à
l’ONU à New York. Une deuxième sera érigée à Cuba et la troisième en Colombie. Il
est prévu que le désarmement soit fini 180
jours après la signature de l’accord de paix.
“
Aux soldats, marins,
pilotes des forces
aériennes, policiers
et organismes de sécurité
et d’espionnage de l’État,
nous voulons manifester
notre claire et ferme
volonté de réconciliation
LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DES FARC
”
L’objectif des Farc est désormais de
« faire de la politique sans les armes ». Une
fois désarmés, les ex-guérilleros disposeront de trois sièges à la Chambre et de
trois autres au Sénat. Leurs représentants
auront le droit de s’exprimer et de discuter les textes mais ne disposeront pas du
droit de vote. Il faudra attendre les élections de 2018 pour que les Farc puissent
bénéficier de représentants de plein droit.
Une vingtaine de zones électorales de paix
seront créées, où seules les partis non encore représentés pourront présenter des
candidats. Dans tous les cas, la loi prévoit
que les anciennes Farc disposeront de 5
sièges à la Chambre et 5 sièges au Sénat.
Comment s’appellera le nouveau parti
des Farc ? Dans les rangs de la guérilla,
certains ont proposé Frente amplio de reconciliacion colombiano, (« large front de
réconciliation colombien »), soit Farc.
Une idée plutôt malvenue sachant le rejet
très large que la population colombienne
ressent vis-à-vis d’une guérilla qui a fait
des victimes dans toutes les familles. ■
150 km
Accord historique entre Farc et gouvernement
Zone d’influence des Farc
Mer des
Caraïbes
VENEZUELA
Cucuta
PANAMA
6,9 millions
de déplacés
Medellin
COLOMBIE
OCÉAN
PACIFIQUE
Bogota
mardi 30 août 2016
L’accord de paix conclu à La Havane entre les guérilleros et le gouvernement
colombien faisait la une des journaux colombiens du 25 août. LUIS ROBAYO/AFP
La présidente du Brésil,
Dilma Rousseff, a dénoncé lundi
un « coup d’État », se disant
victime d’un procès « injuste
et arbitraire », dans une plaidoirie
de la dernière chance devant
le Sénat avant sa probable
destitution mardi ou mercredi.
« Je n’ai pas commis les crimes
pour lesquels je suis jugée
injustement et arbitrairement
accusée », a déclaré la dirigeante
de gauche, l’air sombre
face à l’Hémicycle.
Mme Rousseff a fustigé « un coup
d’État pour élire indirectement
un gouvernement usurpateur »
et rappelé qu’elle avait été élue
par 54 millions de Brésiliens.
« Votez contre l’impeachment,
votez pour la démocratie »,
a conclu Mme Rousseff, au terme
d’un plaidoyer de trente minutes.
À l’issue de son discours,
elle a accepté les questions
des parlementaires, dont plus
de la moitié est soupçonnée
de corruption ou visés
par une enquête.
Pour affronter les sénateurs,
dont plus des deux tiers
requis sont favorables
à l’« impeachment » selon les
comptages des médias, elle était
accompagnée de son mentor
politique, l’ex-président Luiz
Inacio Lula da Silva (2003-2010),
du célèbre chanteur-compositeur
engagé à gauche Chico Buarque.
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L E T T R E O U V E R T E A U P R É S I D E N T D E L A R É P U B L I Q U E
800 dirigeants d’associations et d’entreprises prestataires
de santé à domicile, ainsi que les pharmaciens d’officine,
sont en colère. Ils vous demandent de ne pas mettre en danger
leur secteur d’activité et la prise en charge à domicile de plus
de 1,5 million de patients.
Monsieur le Président de la République,
Les prestataires de santé à domicile (PSAD) et les pharmaciens d’officine mettent en œuvre des traitements et dispositifs médicaux complexes au domicile de plus de 1,5 million de patients en France dans
les domaines de l’assistance respiratoire, de la perfusion, de la nutrition clinique, de l’insulinothérapie,
de l’orthopédie et du maintien à domicile de malades chroniques, de personnes âgées et de personnes
handicapées. Ils représentent une véritable alternative à l’hospitalisation et une réelle opportunité pour
les patients d’être soignés sur leur lieu de vie. 60 000 salariés travaillent pour plus de 800 associations,
entreprises prestataires, ainsi que pour les pharmacies d’officine, professionnels du maintien à domicile,
répartis dans toute la France. Ces acteurs du domicile créent chaque année plusieurs milliers d’emplois,
non délocalisables, et sont présents sur l’ensemble du territoire national. Cette dynamique risque pourtant d’être stoppée net et de nombreux acteurs de proximité disparaîtraient.
En effet, le Comité économique des produits de santé (CEPS) cherche à imposer, en plein été, des
baisses de remboursement allant jusqu’à 10 % pour plus de 250 produits et prestations pris en charge
par l’Assurance Maladie, soit un prélèvement annuel de plus de 180 millions d’euros sur notre seul
secteur. Cette baisse arbitraire va littéralement asphyxier nos associations, entreprises et pharmacies
d’officine qui ne pourront plus poursuivre leurs investissements ni maintenir leur niveau d’emploi.
Cette décision représente une fausse solution de maîtrise des dépenses de santé puisqu’il est démontré
que le soin à domicile permet d’économiser jusqu’à 40% des coûts par rapport à la prise en charge
en établissement. La solution pour une meilleure régulation des dépenses de santé n’est-elle pas de
poursuivre le transfert des traitements de l’hôpital vers la ville, en s’appuyant sur ces acteurs clés de la
chaîne de soins ? La décision du CEPS va nous contraindre à procéder à des suppressions d’emplois et
à de lourdes restructurations, faisant des patients des victimes directes. Pourquoi menacer des emplois
sur l’ensemble du territoire, y compris dans les déserts médicaux, alors que le chômage commence
tout juste à reculer en France ? Pourquoi remettre en question un secteur d’activité qui participe à une
meilleure efficience du système de santé et développe un véritable savoir-faire français qui s’exporte à
l’international ?
C’est la raison pour laquelle, tous ensemble, nous nous mobilisons pour vous demander, Monsieur le
Président de la République, la suspension de ce projet le temps que de réelles négociations soient tenues.
Nous ne nions pas la nécessité de faire des économies, nous souhaitons même y participer activement.
Notre volonté est de faire en sorte que les efforts demandés soient proportionnés, soutenables et ne
mettent pas en péril le secteur d’activité que nous représentons, ainsi que les patients et les salariés
dont nous avons la responsabilité. Nous osons croire encore en l’ambition du virage ambulatoire, portée
par votre gouvernement, et ne pouvons en aucun cas accepter des actions qui en sonneraient le glas.
260 000 Morts
45 000 Disparus
Cali
u Signez la pétition en ligne sur : change.org
San Juan de Pasto
Source : AFP
A
BRÉSIL
ÉQUATEUR
Infographie
PÉROU
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
8
INTERNATIONAL
Syrie : Washington avertit ses alliés turcs et kurdes
Les forces turques combattent les alliés kurdes des États-Unis dans le Nord syrien, poussant le Pentagone à hausser le ton.
GEORGES MALBRUNOT £@Malbrunot
MOYEN-ORIENT Tout en affirmant
qu’elle n’était pas entrée en guerre en
Syrie, la Turquie - et derrière elle les
forces rebelles syriennes qu’Ankara soutient - s’est enfoncée lundi en territoire
syrien, quitte à s’attirer de sévères critiques de Washington.
Cinq jours après avoir repris la ville
syrienne de Djarabulus des mains de l’État
islamique, les forces turques opèrent désormais au sud de cette ville dans des territoires contrôlés par leurs ennemis kurdes, alors qu’il n’y a pas de djihadistes
présents. « L’EI n’est pas présent au sud de
Djarabulus », a ainsi fait remarquer le
Pentagone à son allié turc. Officiellement
l’opération turque « Bouclier de l’Euphrate » poursuit pourtant deux objectifs :
chasser Daech des régions frontalières et
empêcher les Kurdes syriens d’établir une
région autonome dans le nord du pays.
Ces affrontements au sud de Djarabulus embarrassent Washington dans la
mesure où ils mettent aux prises deux de
ses alliés : d’un côté, la Turquie, et de
l’autre les Forces démocratiques syriennes, une coalition formée de miliciens
kurdes et de combattants rebelles arabes.
« Ces combats sont inacceptables », précise le Pentagone qui appelle « toutes les
parties armées à cesser » (le feu).
Dans cette région du nord de la Syrie
où l’intervention militaire turque de la
semaine dernière a, une nouvelle fois, rebattu les cartes, Ankara reste intransigeant. La Turquie continuera de viser les
combattants kurdes tant qu’ils n’auront
pas reculé à l’est du fleuve Euphrate, a
déclaré lundi son ministre des Affaires
étrangères, Mevlüt Çavusoglu. L’incursion militaire turque vise à empêcher
l’établissement d’un corridor kurde le
long de sa frontière, a renchéri le vicepremier ministre Numan Kurtulmus, cité
par la télévision turque NTV.
Disposant déjà de régions autonomes
plus à l’est vers Hassaké, les forces kurdes ont conquis à la mi-août Manbij, à
une quarantaine de km au sud de Djarabulus, avec le feu vert de leur sponsor
américain qui leur demanda toutefois de
ne pas aller au-delà. Or Manbij est
aujourd’hui dans le viseur des forces proturques, selon les confidences d’un rebelle syrien lié à Ankara.
Promesse américaine
Ankara considère les forces kurdes syriennes comme des organisations « terroristes », bien qu’elles soient épaulées,
en tant que forces combattant efficacement les djihadistes, par Washington.
Dans sa traque des combattants kurdes
à l’est de l’Euphrate, Ankara dispose
d’une promesse américaine de freiner ses
alliés kurdes. D’où l’appui donné par
Washington à l’offensive turque de la
semaine dernière.
Après le coup d’État manqué contre le
président Tayyip Recep Erdogan, la Turquie a infléchi sa politique à l’égard de son
ennemi syrien Bachar el-Assad. Dimanche, le président turc a longuement
parlé du conflit syrien sans jamais évoquer le régime de Bachar el-Assad. Certaines sources ont même évoqué le déplacement récent d’un haut responsable
des renseignements turcs à Damas pour
parler de la nouvelle donne au nord de la
Syrie. D’autres rencontres impliquant
également Russes et Iraniens pourraient
avoir lieu prochainement. ■
Clinton et Trump préparent le sprint final
À 70 jours du scrutin et à 27 jours de leur premier débat, les deux candidats n’ont plus droit à l’erreur.
quatorze années d’improvisation dans
l’émission de téléréalité « The Apprentice », Donald Trump aborde l’épreuve de
manière plus décontractée. Il y a consacré
un déjeuner dimanche sur son golf de
Bedminster dans le New Jersey avec des
proches, dont l’ancien maire de New
York, Rudy Giuliani, et l’ancien patron de
Fox News, Roger Ailes, récemment
« démissionné » en raison d’accusations
de harcèlement sexuel. Autour de cheeseburgers et de hot-dogs, ils ont testé
quelques formules assassines et calibré la
stratégie générale du candidat.
PHILIPPE GÉLIE £@geliefig
CORRESPONDANT À WASHINGTON
ÉTATS-UNIS Le compte à rebours est enclenché : à 70 jours du scrutin présidentiel
du 8 novembre, la ligne d’arrivée est désormais en vue. Si proche, même, que la
Maison-Blanche a rencontré jeudi dernier
les équipes de transition formées par les
deux candidats pour préparer leur accession au Bureau ovale. L’une d’elles sera
chargée de mettre sur pied un gouvernement entre le jour de la victoire et l’investiture du prochain président, le 20 janvier
2017.
Dix semaines peuvent changer beaucoup de choses, surtout dans une campagne qui a déjà tant défié les pronostics.
Mais, rapportées à un marathon électoral
commencé il y a respectivement dix-sept
et quinze mois pour Hillary Clinton et
Donald Trump, elles ne laissent plus
beaucoup de marge d’erreur. La plupart
des Américains ont eu le temps de se faire
une idée précise du choix qui leur est
offert. Un sondage de Quinnipiac University affirme que 90 % de ceux qui ont
l’intention de voter savent déjà à qui ira
leur préférence et sont peu susceptibles
de changer d’avis.
Si tel est le cas, Hillary Clinton tient la
corde. Selon Nate Silver, expert de l’analyse des données sur son site FiveThirtyEight, la candidate démocrate bénéficie
d’une avance de 6,5 points en moyenne
sur son rival républicain – RealClearPolitics établit cet avantage à 6 points. C’est
nettement plus que les 2 % d’avance dont
était crédité Barack Obama sur Mitt Romney il y a quatre ans à la même période – et
le président sortant a été réélu sans coup
férir. Pour autant, note Silver, « il est trop
tôt pour que Clinton joue la montre », car
Donald Trump est remonté de 2 points
dans son baromètre au cours des deux
dernières semaines, montrant qu’un peu
100 millions de téléspectateurs
Hillary Clinton salue les membres des forces de l’ordre qui ont assuré sa sécurité, à Reno dans le Nevada, le 25 août.
de discipline ne peut nuire à ses chances.
Abordant la dernière ligne droite, Trump a
prévu de renouveler son appel à la minorité noire cette semaine devant un public
d’Afro-Américains à Detroit (Michigan). Il
doit aussi prononcer un « grand discours
sur l’immigration », mercredi à Phoenix
(Arizona), censé clarifier une bonne fois sa
position sur la « déportation » de quelque
11 millions d’immigrés illégaux. Clinton,
plus économe de ses efforts sur les
tréteaux, sera le même jour dans l’Ohio,
un État important pour la victoire, où elle
mène de 4,5 points.
La démocrate consacre surtout une part
croissante de son temps à se préparer aux
face-à-face qui l’opposeront à son impré-
visible rival. Trois débats télévisés sont
censés les départager les 26 septembre,
9 et 19 octobre. L’ancienne secrétaire
d’État a plaisanté la semaine dernière,
dans l’émission de divertissement « Jimmy Kimmel Live », confiant s’attendre
« à des trucs dingues » de la part d’un
homme faisant campagne « dans un
univers parallèle », avant d’expliquer
compter sur ses « expériences de l’école
primaire » pour lui tenir tête. En réalité,
elle prend la chose très au sérieux,
ingurgitant des tonnes de dossiers et
tentant d’anticiper tous les angles d’attaque possibles.
Elle a composé une équipe solide d’une
dizaine de conseillers rompus à l’exercice,
C. KASTER/AP
sous la direction de Ronald Klain, qui
donne un cours sur les débats présidentiels à Georgetown University. La plus
grande difficulté a été de trouver un sparring partner capable de jouer le rôle de
Trump : il semble que la candidate ait dû se
résoudre à enrôler plusieurs personnes
pour en incarner une seule. Son entourage
s’attend à des accusations frisant l’insulte
et surtout à des insinuations confirmant le
penchant de Trump pour les théories
conspirationnistes. Sa façon de présenter
des arguments sans égard pour les faits et
chiffres pose un défi inédit à cette professionnelle de la politique.
En professionnel de la communication,
qui doit une grande part de sa notoriété à
Le républicain peine à séduire les Américains d’Israël
peu ont compris qu’il affirme, avant de
se rétracter, vouloir se montrer « neutre » dans le traitement du conflit israélo-palestinien. Son souhait, plusieurs fois réaffirmé, de revoir à la
baisse le volume du soutien apporté par
Washington à certains de ses alliés a de
même jeté un froid dans un pays qui
reçoit chaque année 3 milliards de dollars d’aide militaire américaine. Depuis
lors, Donald Trump a dû préciser qu’Israël ne saurait être visé par ce programme d’économies…
CYRILLE LOUIS [email protected]
A
CORRESPONDANT À JÉRUSALEM
« DONALD TRUMP, dans l’intérêt d’Israël. » Ainsi claque, traduit de l’hébreu, le slogan choisi par le candidat
républicain pour tenter de convaincre
les quelque 200 000 électeurs américains résidant en Israël et dans les colonies de Cisjordanie de voter pour lui
à la présidentielle du 8 novembre. La
section locale du parti, qui n’avait pas
dissimulé ses réserves à l’encontre du
milliardaire durant la primaire mais
s’est depuis rangée derrière lui, a lancé
sa campagne, il y a deux semaines,
dans la ville de Modiin. « Ces électeurs,
dont beaucoup votent dans des États pivots comme la Floride, l’Ohio ou la
Pennsylvanie, peuvent faire la différence », assure Mark Zell, chef de file des
républicains dans le pays, qui précise
s’être adjoint les services de « consultants spécialisés » pour livrer bataille.
L’homme d’affaires, s’il martèle régulièrement son attachement à l’État
hébreu, est en effet loin d’avancer en
terrain conquis. Son franc-parler, en
particulier dans la dénonciation de l’islamisme radical, y est largement apprécié d’un public peu sensible au « po-
Un candidat versatile
Donald Trump en meeting, samedi,
dans l’Iowa. STEPHEN MATUREN/AFP
litiquement correct ». Donald Trump
séduit lorsqu’il dit vouloir s’inspirer de
l’expérience israélienne dans la lutte
antiterroriste pour construire un mur
le long de la frontière avec le Mexique
et généraliser le profilage aux frontières. Mais certaines de ses positions ont
récemment suscité de l’incompréhension, voire un certain agacement. Bien
« Ce que les Israéliens cherchent, c’est un
président américain qui soit à la fois stable
et prévisible, explique Mitchell Barak,
spécialiste de l’opinion publique dans les
deux pays. Ils ont horreur d’être pris à
contre-pied, notamment sur le terrain
très sensible de la relation avec leur plus
proche allié. Or Donald Trump est, à tort
ou à raison, perçu comme versatile. » Selon un sondage réalisé en mai dernier
par l’Institut israélien pour la démocratie, seules 28 % des personnes interrogées estiment qu’il ferait un bon président du point de vue de l’État hébreu –
soit un score de dix points inférieur à celui qu’obtient Hillary Clinton. « Trump
n’est pas un candidat fiable pour la sécu-
rité d’Israël », balaie Shmuel Rosner,
chef de file des démocrates israéliens.
Conscients des interrogations que
suscite leur candidat, les républicains
ont choisi d’axer leur campagne sur la
dénonciation du bilan de Barack Obama
au Proche-Orient. « Hillary est largement comptable d’une politique qui a
creusé un fossé sans précédent entre les
États-Unis et Israël, dénonce Mark Zell.
Ensemble ils ont encouragé les printemps
arabes, lâché leurs alliés en Égypte et
laissé croître l’organisation État islamique. C’est pourquoi il est temps que les
électeurs américains qui résident en Israël
mettent un terme à ce gâchis en envoyant
Donald Trump à la Maison-Blanche. »
À moins d’un rebondissement, il
n’est pas prévu que le candidat républicain se rende en Israël d’ici au scrutin. Benyamin Nétanyahou l’a implicitement déclaré persona non grata par
crainte de troubles à l’ordre public en
décembre dernier, peu après que le
milliardaire eut déclaré vouloir interdire l’entrée des musulmans aux ÉtatsUnis. À Jérusalem, ses partisans s’accrochent désormais à l’espoir que sa
fille Ivanka, convertie au judaïsme,
aura le temps de venir leur prêter
main-forte. « Ce serait pour nous, plaide Mark Zell, une aide formidable. » ■
Les défis posés à deux adversaires aussi
radicalement différents le sont aussi. Elle
ne doit pas se laisser déstabiliser tout en
augmentant son capital de sympathie. Il
doit gagner en crédibilité pour convaincre
les Américains de lui confier les codes nucléaires et éviter une agressivité qui passerait pour du sexisme. « C’est le Donald
Trump authentique que vous verrez sur le
plateau des débats, dit Kellyanne Conway,
directrice de campagne du candidat républicain, et c’est ce qui rend nerveux le
camp Clinton. »
Suivi par quelque 100 millions de téléspectateurs, le premier de ces rendez-vous
s’annonce d’autant plus crucial qu’il
coïncide avec le début du vote anticipé.
Entre le 23 septembre et le 31 octobre,
35 États permettent aux électeurs de voter par correspondance ou de se rendre
aux urnes avant l’heure. Le phénomène
ne cesse de prendre de l’ampleur : 20 %
des Américains avaient utilisé cette possibilité en 2004, 29,7 % en 2008 et 32 % en
2012. Les lendemains de débats affichent
un pic de participation et l’équipe démocrate a déployé une organisation de terrain sophistiquée pour amener ses supporteurs aux urnes. Objectif : transformer
les dernières semaines de campagne en
peau de chagrin pour Donald Trump. ■
EN BREF
Gabon : présidentielle
sous tension
Les observateurs de l’Union
européenne (UE) à la présidentielle
gabonaise ont sévèrement critiqué
lundi le « manque de transparence »
du processus électoral à la veille
de l’annonce des résultats officiels,
l’opposant Jean Ping appelant
lui le peuple « à défendre par tous
les moyens » sa « victoire »
autoproclamée contre le président
sortant Ali Bongo.
Yémen : 71 morts
dans un attentat de l’EI
Au moins 71 personnes ont été
tuées et 98 blessées lundi à Aden
dans un attentat suicide du groupe
État islamique (EI) ayant visé
de jeunes recrues de l’armée
yéménite qui combat à la fois
des rebelles chiites
et des djihadistes sunnites.
Ouzbékistan : Karimov
gravement malade
Le président septuagénaire
de l’Ouzbékistan Islam Karimov,
à la tête de ce pays d’Asie centrale
depuis plus d’un quart de siècle,
se trouve en réanimation à la suite
d’une hémorragie cérébrale.
LE FIGARO
SCIENCES
mardi 30 août 2016
9
CYRILLE VANLERBERGHE £@cyrillevan
PALÉONTOLOGIE Lucy, la plus célèbre
des ancêtres de l’humanité, n’avait apparemment pas coupé tous les ponts avec
ses ancêtres les singes et passait encore
du temps à grimper dans les arbres,
d’après une étude américaine parue lundi
dans la revue britannique Nature. Une
pratique qui aurait même provoqué sa
mort, à cause d’une chute depuis de hautes branches.
La petite australopithèque (1,10 m pour
29 kg) a beau avoir été découverte il y a
plus de quarante ans, en 1974 à Hadar en
Éthiopie, par une équipe scientifique
comptant les Français Maurice Taieb et
Yves Coppens, ses ossements ont encore
bien des choses à nous apprendre. Et surtout quand on fait appel aux technologies
les plus modernes, comme les chercheurs
dirigés par l’anthropologue John Kappelman, de l’université du Texas à Austin.
Les scientifiques américains ont profité
d’un des très rares déplacements du fossile de Lucy, conservé comme un trésor
national par le musée d’Addis-Abeba en
Éthiopie. De 2007 à 2013, plusieurs grands
musées américains ont payé à prix d’or le
droit d’exposer les véritables restes, complets à un peu moins de 40 %, de la plus
célèbre représentante des Australopithecus afarensis. Lors de son passage à Austin, les chercheurs, avec l’accord d’Addis-Abeba, ont fait passer tous les
ossements de Lucy dans un micro-scanner à rayons X, qui permet de détailler en
3D l’intérieur des fossiles avec une résolution bien meilleure que les appareils
médicaux. L’opération a pris pas moins de
10 jours et a produit 35 000 coupes aux
rayons X du squelette. Une précision
aidant à faire l’autopsie de l’australopithèque, 3,2 millions d’années après sa
mort dans les plaines éthiopiennes. « Lucy
est précieuse. Il n’y a qu’une Lucy, et on
veut l’étudier aussi bien que possible », explique Richard Ketcham, professeur de
géologie à l’université du Texas à Austin et
coauteur de l’étude. « Avec le scanner, on
peut voir au cœur des fossiles, les détails et
les structures internes dans les os. »
L’anthropologue John Kappelman, de l’université du Texas, tient une reproduction en 3D des ossements de Lucy.
Lucy, l'ancêtre la plus célèbre de l'espèce humaine
EN MILLIONS D’ANNÉES
AUSTRALOPITHECUS
AFARENSIS
HOMO HABILIS
(Afrique subsaharienne)
?
Éthiopie, Tanzanie,
Tchad
3,2 M
LUCY
« Clairement bipède »
Et c’est cette approche fine qui a permis
aux chercheurs de détecter une fracture
inhabituelle dans le fossile. L’extrémité
de l’humérus droit (os du haut du bras lié
à l’épaule) était cassée, non pas de manière franche et droite comme cela arrive
parfois sur les ossements fossilisés, mais
avec une série de petites fractures très
nettes, accompagnées de fragments et
d’échardes d’os encore en place.
« C’est une fracture de compression qui
se produit quand la main touche le sol après
une chute, ce qui projette les éléments de
l’épaule les uns contre les autres et produit
ce type de signature unique sur l’humérus », détaille John Kappelman. L’anthropologue américain n’est pas spécialiste de ce type de blessure, mais il a
profité de l’expertise du Dr Stephen Pearce, chirurgien orthopédiste à Austin, qui
a constaté la blessure sur une reconstruction 3D des ossements de Lucy. Pour
compléter ce tableau, les chercheurs ont
également détecté d’autres fractures,
moins sévères, à l’autre épaule, à la che-
HOMO ERGASTER
(Afrique de l'Est)
2M
3M
ville droite, au genou et au bassin du côté
gauche. Un tableau clinique concordant
avec une chute depuis une grande hauteur, qui aurait pu provoquer des dommages mortels aux organes internes.
Lucy serait donc tombée d’une hauteur
d’au moins 12 mètres, à presque 60 km/
h. Ses pieds ont dû toucher le sol les premiers, la projetant vers l’avant. Sa blessure à l’humérus montre aussi qu’elle
devait être consciente durant sa chute, et
a tenté de se protéger en mettant ses bras
vers l’avant.
« C’est une étude très intéressante, qui
nous apporte un regard nouveau et très
convaincant, plus riche que la stricte étude
anatomique, sur la vie de Lucy et ses derniers instants », estime Jean-Jacques
1M
Hublin, directeur du département de
l’évolution humaine à l’Institut Max
Planck à Leipzig et professeur de la chaire internationale de paléoanthropologie
au Collège de France. « Surtout cette étude apporte une nouvelle réponse à un vieux
débat scientifique qui dure depuis la découverte de Lucy : elle était clairement bipède, mais avait-elle encore un comportement arboricole ? Sa chute d’un arbre nous
prouve que c’était probablement le cas. »
Même si elle devait trouver la plupart de
sa nourriture près du sol, elle devait encore trouver un avantage à grimper,
peut-être pour se mettre à l’abri des prédateurs pendant la nuit.
« Je me réjouis de cette très belle étude, confie Yves Coppens, qui fut l’un
Fécondation : le flagelle doit tenir le rythme
Une équipe de chercheurs français a réussi à comprendre comment le spermatozoïde fusionne
avec l’ovocyte. C’est un mode particulier de battements du flagelle qui déclenche la fécondation.
bien précis. » Les biologistes avaient
déjà observé que le flagelle du spermatozoïde cessait ses battements dans les
deux minutes qui suivaient le contact
avec l’ovocyte, mais personne n’avait
imaginé que ces deux minutes étaient
cruciales. « Si on empêche ce battement, cela bloque la fécondation », explique Christine Gourier.
DAMIEN MASCRET £@dmascret
Trois types de battements
Un spermatozoïde
établit le contact
avec un ovocyte.
peut se faire à n’importe quel endroit de
l’ovocyte (et sur 80 % de la surface chez
la souris, utilisée dans ce travail). Pour
pouvoir observer les deux ou trois minutes qui précèdent la fusion, il fallait
être sûr du site de l’ovocyte où le spermatozoïde allait établir le contact », explique Christine Gourier. Les chercheurs ont donc placé l’ovocyte dans
un coquetier microscopique qui n’en
exposait que 2 % de la surface, sur lesquels aboutissait un canal micro-fluidique (sorte de paille de 30 micromè-
RAVAUX ET GROUIER
REPRODUCTION C’est l’instant crucial
où le spermatozoïde atteint enfin sa cible puis fusionne avec elle. Le début
d’une nouvelle vie. Une délicate prise
de contact entre le gamète mâle et le
gamète femelle, avant que la fusion
des deux ne se produise. Deux étapes
que les spécialistes de la reproduction
résument en une appellation, l’« interaction gamétique ». Un moment
complexe, car il ne suffit pas de mettre
en contact un spermatozoïde fécondant avec un ovocyte fécondable pour
que la fusion se produise. Une équipe
de chercheurs français vient de comprendre pourquoi.
« Il se passe deux à trois minutes entre le contact et la fusion, mais ce moment a été très peu étudié jusqu’ici,
principalement en raison de difficultés
techniques », explique au Figaro Christine Gourier. À la tête d’une équipe de
physiciens de l’École normale supérieure de Paris (ENS/CNRS), elle vient
d’en percer le mystère. Et de façon
inattendue, ce sont les mouvements de
la queue du spermatozoïde, le flagelle,
qui jouent un rôle déterminant.
L’étude, qui a bénéficié de l’aide de
l’Agence nationale pour la recherche
et de la Fondation pour la recherche
médicale, a été publiée le 19 août sur le
site de la revue scientifique internationale Scientific Reports du prestigieux
groupe « Nature ».
L’équipe de l’ENS a tout d’abord
imaginé un ingénieux dispositif pour
que la fécondation se produise sous
l’œil du microscope optique confocal.
« En théorie, chez l’humain le contact
HOMO SAPIENS
HOMO RUDOLFENSIS
(Afrique de l'Est)
découverte
en Éthiopie,
en 1974
4M
HOMO ERECTUS
(Afrique et Asie)
tres de diamètre). Dans ce canal, était
introduit un spermatozoïde fécondant.
Benjamin Ravaux, le doctorant de
l’équipe, s’est chargé des centaines de
manipulations qui ont permis les découvertes. Et le spermatozoïde a fait
son œuvre. « Contrairement à ce que
l’on pensait du battement du flagelle,
celui-ci ne sert pas seulement à conduire le spermatozoïde jusqu’à l’ovocyte,
mais il sert aussi à déclencher la fécondation, détaille Christine Gourier. Et
encore, seulement s’il bat selon un mode
Pour la première fois, les chercheurs
ont pu observer finement des centaines d’interactions gamétiques et
identifié trois types de battements,
dont un seul s’est avéré efficace pour
que la fécondation s’enclenche.
« C’est un battement oscillatoire assez
rapide (environ 2 battements par seconde) du flagelle qui pendant
deux minutes va faire osciller la tête du
spermatozoïde en la plaquant sur
l’ovocyte pour induire la fusion », explique Éric Perez, un des membres de
l’équipe. Les mouvements amples en
coup de fouet (1 par seconde) ou ceux
plus réduits et très rapides (3/sec) ne
permettent pas la fécondation.
Le dispositif mis au point par les
chercheurs de l’ENS a ensuite permis
de visualiser précisément la plongée
de la tête du spermatozoïde, porteur
de l’ADN issu du père, dans l’ovocyte.
« Lorsqu’elle arrive à une profondeur
suffisante, la masse de l’ADN paternel
enfle, indiquant que celui-ci se décondense (se débobine), 50 minutes après
l’entrée en contact, explique Éric Perez. Ces travaux éclairent d’un jour
nouveau les trois premières minutes de
la fécondation et ouvrent la porte à de
nouvelles méthodes d’assistance à la
procréation. » ■
Aujourd’hui
des découvreurs de Lucy en 1974. Les
Américains ont fait du beau travail, et
j’avoue qu’ils répondent à une question,
comment est morte Lucy, à laquelle nous
n’avions jamais pensé en l’étudiant il y a
quarante ans ! » Contre l’avis initial de
bien de ses confrères américains,
Yves Coppens défend depuis longtemps l’idée que Lucy combinait à la
fois la bipédie avec un comportement
arboricole. Un compromis pas idéal
d’un point de vue anatomique. « Elle
marchait moins bien que ceux qui lui ont
succédé et devait grimper moins bien
que ceux qui la précédaient, et c’est
malheureusement peut-être à cause de
cela qu’elle est tombée », conclut Yves
Coppens. ■
EN BREF
Un Français sort
d’une simulation de 12 mois
à la surface de Mars
Les six volontaires, trois
hommes et trois femmes, dont
le Français Cyprien Verseux,
enfermés pendant un an
dans un dôme de 11 mètres de
diamètre à Hawaï reproduisant
les conditions de la vie sur Mars,
ont achevé leur expérience
dimanche. Pas de saisons,
des contacts avec l’extérieur
limités à des mails, des sorties
en combinaison spatiale… Le
plus difficile pour les isolés était
« la monotonie », pour Cyprien
Verseux. L’objectif de la Nasa
était, outre les expériences
menées par les six scientifiques,
de tester la cohésion du groupe
et l’évolution psychologique des
membres de la mission en vue
d’un véritable voyage sur Mars,
envisagé dans les années 2030.
Dépakine : un député
propose une taxe pour
indemniser les victimes
Le député Gérard Bapt,
rapporteur du budget
de la Sécurité sociale, propose
une taxe sur les produits
de santé destinée au futur fonds
d’indemnisation des victimes
de la Dépakine. Une idée
« intéressante » pour
l’association des victimes
du médicament, qui refuse
toutefois de dédouaner
les laboratoires. « Cette taxe
rapporterait entre 33 et
66 millions d’euros par an, selon
le pourcentage retenu de 0,1 %
ou 0,2 % », précise Gérard Bapt.
Le médicament, un
antiépileptique, est à l’origine
de malformations et de troubles
neuro-développementaux chez
des enfants exposés in utero.
A
Au scanner, le fossile de l’australopithèque
montre des traces de fractures, signe
d’une chute depuis une grande hauteur.
M. MILLER/UT AUSTIN
Notre ancêtre
Lucy est morte
en tombant
d’un arbre
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
10
SPORT
L’Américain Frank McCourt reprend l’OM
L’actuelle propriétaire Margarita Louis-Dreyfus a cédé lundi le club phocéen à l’entrepreneur américain.
FOOTBALL L’Olympique de Marseille va
entrer dans une nouvelle ère en passant
sous pavillon US. L’homme d’affaires
américain Frank McCourt, ancien propriétaire du club des Los Angeles Dodgers
en MLB (la Ligue majeure de baseball américaine), a été présenté lundi après-midi à
la mairie de Marseille par l’édile, JeanClaude Gaudin, en compagnie de l’actuelle
propriétaire du club Margarita LouisDreyfus. « Bonjour à tous ! Mon français
n’est pas très bon. Donc “Droit au but” », a
lancé le nouveau patron dans une courte
allocution en français avec un accent américain très prononcé. Il a ensuite poursuivi,
toujours de manière lapidaire, dans sa langue natale. « Il y a un processus en cours, il
va nous amener jusqu’à la réalisation de la
transaction dans quelques semaines. »
Dans un communiqué, publié quelques minutes plus tôt, Frank McCourt
s’était montré plus loquace. « Participer
à l’histoire de l’Olympique de Marseille et
guider le club vers le succès, à la fois sur le
terrain et en dehors, est un honneur et un
privilège pour ma famille et moi-même.
L’OM est à la fois l’un des clubs de football
les plus anciens et les plus respectés au
monde, c’est aussi le seul club français à
avoir remporté la Ligue des champions de
l’UEFA et c’est surtout l’une des marques
les plus iconiques du monde du sport (…)
En tant que responsable de l’OM, mon
ambition sera de reconstruire une équipe
de très haut niveau, d’offrir la meilleure
expérience dans le football pour les passionnés, de renforcer les liens du club avec
ses supporteurs et la ville de Marseille et
de mener le club vers une stabilité financière sur le long terme. »
Dans son discours, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a appuyé sur
le fait que le futur propriétaire de l’OM
était issu d’une entreprise familiale, non
d’un fonds de pension (voir ci-dessous).
Avant de mettre gentiment la pression sur
l’Américain : « Il va falloir gagner, il va
falloir mettre des sous. Puisque vous en
avez, c’est ce que vous ferez. »
ves pour l’acquisition du club olympien. McCourt, resté discret tout au
long du processus, a notamment devancé Gérard Lopez, qui était sur les
rangs pour acquérir le club vainqueur
de la Ligue des champions 1993. Le plan
de reprise de McCourt, intitulé « OM
Champions Project », était en effet le
seul en lice depuis quelques jours. Les
détails de l’accord n’ont pas été com-
Aucun détail sur l’accord
L’homme d’affaires de 63 ans, natif de
Boston, et Margarita Louis-Dreyfus
étaient entrés en négociations exclusi-
PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP
ROMAIN SCHNEIDER £[email protected]
Margarita Louis-Dreyfus, Jean-Claude Gaudin et le nouveau repreneur Frank McCourt, lundi à la mairie de Marseille.
ZOOM
Une fortune bâtie dans le baseball
GILLES FESTOR [email protected]
« MON FRANÇAIS n’est pas très bon.
Donc “Droit au but !” » S’il a démontré
qu’il n’était pas francophone, Frank McCourt, veste sombre et chemise grande
ouverte, a au moins prouvé qu’il avait le
sens de la formule pour rassurer les supporteurs de l’OM sur ses intentions en Ligue 1. Lundi après-midi, à la mairie de
Marseille, l’homme d’affaires de 63 ans a
incontestablement réussi un beau numéro devant les médias. Dans un style typiquement américain, très à l’aise et souriant, se permettant même de tapoter
l’avant-bras du maire Jean-Claude Gaudin en jouant les acteurs convaincants,
lorsque, main sur le cœur, il a lâché en
conclusion de son court discours « savoir
à quel point l’OM est important pour les
supporteurs à Marseille et dans le monde ».
Frank McCourt n’est probablement pas
un grand connaisseur du football et du
club phocéen, qu’il a présenté comme
« l’un des plus grands clubs au monde »,
mais la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur ne lui est pas entièrement étrangère. Son père a en effet participé à la libération de la ville de Marseille durant
l’été 1944 et il est déjà venu au Stade Vélodrome par le passé. Ce diplômé de
l’Université de Georgetown, natif de Boston (Massachusetts) et issu d’une grande
famille d’entrepreneurs, est en revanche
un vrai passionné de sports.
Un homme du redressement
Outre-Atlantique, son nom est surtout
associé au baseball et à la franchise des
Dodgers qu’il a rachetée 430 millions de
dollars en 2004. Le communiqué publié
par l’OM le présente d’ailleurs comme
l’homme du redressement de cette équipe mythique de Los Angeles. Grâce à lui,
la franchise aurait « retrouvé sa place lé-
Et pourtant, d’un désastre Franck McCourt va faire un miracle. Celui qui est à la
tête d’une société de programmes immobiliers - notamment des parkings -, est
aujourd’hui assis sur une fortune colossale
depuis la revente des Dodgers alors au fond
du trou. Mise sous tutelle, la franchise a été
vendue 2 milliards de dollars ! Une somme
record surtout justifiée par le montant
pharamineux des droits télévisuels au moment de la cession. Sur ce montant,
860 millions de dollars ont fini dans sa poche. Preuve que, s’il n’a pas été un bon gestionnaire avec les Dodgers, McCourt reste
un redoutable homme d’affaires.
Un philanthrope aussi. En 2013, ce père
de cinq enfants, aujourd’hui séparé, a fait
don de 100 millions de dollars à l’Université de Georgetown. Voilà au moins un point
commun avec la famille Louis-Dreyfus
qui a englouti plusieurs centaines de millions d’euros de sa fortune personnelle en
vingt ans passés à la tête du club. ■
gitime dans l’élite du baseball américain
et a pu renouer avec d’excellentes performances économiques, après des années de
difficultés financières héritées des propriétaires précédents ». À la lumière
d’autres sources, le bilan est nettement
moins positif. Calamiteux même. La
chaîne ESPN a récemment présenté
l’entrepreneur américain comme le
deuxième des pires propriétaires de
l’histoire de la MLB…
En 2012, McCourt a été contraint de céder l’équipe, alors en faillite, sans être
parvenu à redorer le blason de la franchise, qui ne fera que quelques maigres apparitions en play-off. « Il a éloigné les fans,
n’a pas gagné, n’avait pas réellement les
moyens d’être propriétaire », souligne le
journaliste d’ESPN David Schoenfield, à
propos du détenteur des droits du marathon de Los Angeles et propriétaire, à
50 %, du Global Champions Tour, compétition internationale de saut d’obstacles.
Pourquoi le Paris-SG coince d’entrée
Le club de la capitale a subi à Monaco sa première défaite de la saison. En affichant un triste visage.
VINCENT DUCHESNE £@Vincesport24
L’AN PASSÉ, la Ligue 1 avait attendu la
28e journée avant de voir le PSG montrer
(enfin) un visage humain avec une première défaite concédée en championnat à
Lyon (2-1). Cette saison, l’invincibilité du
quadruple champion de France en titre
aura duré beaucoup moins longtemps. À
peine deux matchs. Le couac subi à
Monaco dimanche soir (3-1) a mis en lumière toutes les difficultés parisiennes du
moment, masquées par les résultats positifs lors des deux premières journées à
Bastia (0-1), puis face à Metz (3-0). Tour
d’horizon des chantiers du PSG version
Unai Emery, l’Espagnol intronisé fin juin
pour remplacer Laurent Blanc.
u Une philosophie de jeu à digérer
La claque infligée à Lyon lors du
Trophée des champions (4-1) avec un
pressing tout-terrain et un jeu plus direct
n’était qu’une illusion. L’assimilation du
style Emery est loin d’être évidente pour
des joueurs habitués pendant trois ans
sous Laurent Blanc à confisquer le ballon.
Face à un adversaire parfaitement organisé et présent dans l’agressivité, les Parisiens ont semblé perdus, sans maîtrise
collective. Multipliant les courses dans le
vide avec des lignes distendues. Les lacunes des saisons précédentes avec un PSG
incapable de mettre du rythme dans ses
transmissions de balle ont resurgi. « On
doit travailler notre rythme, notre système.
Tout est nouveau, le système de jeu, la façon d’entraîner, on doit réagir mais ce
nouveau système est bon », a plaidé Patrick Kluivert, le nouveau directeur du
football du PSG. Pas si simple d’occulter
aussi vite ses vieilles habitudes. Surtout
avec un onze de départ sans la moindre
recrue (Meunier, Krychowiak, Ben Arfa
sur le banc, Jesé blessé)…
l’Euro (Matuidi, Thiago Motta, Meunier,
Krychowiak), disputé la Copa America
(Cavani, Pastore, Di Maria, Marquinhos,
Lucas) et même les Jeux olympiques
(Marquinhos) – sans oublier Marco Verratti, opéré d’une pubalgie en mai dernier
et titulaire en Principauté pour la première fois depuis février 2016 –, les niveaux de forme au sein de l’effectif parisien sont disparates. « Certains sont
arrivés en retard avec les compétitions internationales. Maintenant, il va y avoir de
la concurrence », a prévenu Emery.
u Physiquement, loin d’être au top
u Le poids des absences
Avoir beaucoup d’internationaux
complique la donne au moment de réattaquer une saison. Entre ceux qui ont joué
Emery découvre la Ligue 1
Il convient d’être indulgent en ce début de saison avec Unai Emery, même si
les comparaisons avec Laurent Blanc
vont forcément fleurir dans les semaines
à venir. Tactiquement, l’ancien coach du
FC Séville a pris une leçon dimanche soir
de la part de son homologue monégasque
Leonardo Jardim, rompu aux joutes françaises. Face au bloc compact d’une ASM,
prête à piquer en contres, Emery n’a jamais trouvé la solution. « J’ai perdu le défi
de la seconde mi-temps sur ce match », a
reconnu l’entraîneur du PSG dont le
choix de ne rien changer à la pause malgré deux buts de retard a surpris. Tout
comme la titularisation de Marco Verrat-
FRED/PRESSE SPORTS
A
u
ti, à court de forme et guère à l’aise dans
le rôle de meneur de jeu.
Le défenseur David Luiz a enchaîné les mauvais choix, dimanche à Monaco.
muniqués. Les deux parties souhaitant
finaliser la transaction d’ici à la fin de
l’année, après la consultation du comité d’entreprise du club olympien.
L’actionnaire majoritaire vend donc
son club après vingt ans de présence familiale à Marseille. Sous l’ère LouisDreyfus, l’OM n’a remporté qu’un seul
titre de champion de France, en 2010,
lorsque les Phocéens étaient entraînés
par Didier Deschamps. « Aujourd’hui,
l’Olympique de Marseille tourne une page
de son histoire, a ajouté Margarita LouisDreyfus dans un communiqué. Un nouveau propriétaire devrait arriver et prendre soin de notre fantastique club. Il a été
sélectionné parmi de nombreux candidats, dans un processus à la fois exigeant
et long, avec l’excellent support des équipes de Rothschild et du cabinet Clifford
Chance. Je suis sûre que Frank McCourt
est le meilleur choix pour prendre la succession de ma famille et assurer un grand
avenir à l’OM. »
Un avenir qui s’écrira, encore un peu,
avec Margarita Louis-Dreyfus, qui
conserve 5 % dans les parts du club...
pour son fils, Kyril Louis-Dreyfus :
« Pour maintenir actif le lien affectif qui
existe entre ma famille et l’OM, je devrai
conserver une petite participation dans le
club et nous continuerons d’en être de
fervents supporteurs », a poursuivi la
future ex-propriétaire. Frank McCourt
aurait déboursé, selon RMC, plus de
40 millions d’euros pour racheter le
club provençal. ■
Qui pouvait sonner la révolte dimanche à Monaco quand le bateau tanguait ?
Devant, Zlatan Ibrahimovic n’est plus là
pour endosser ce rôle. Le vide laissé par le
colosse suédois, parti à Manchester United, apparaît déjà immense. De par son
autorité naturelle et son efficacité redoutable. Au milieu de terrain, Thiago Motta
(34 ans) n’a plus l’influence espérée. Derrière, Thiago Silva (31 ans), en phase de
reprise après une blessure à la hanche, a
suivi la débâcle devant sa télé. Sur le Rocher, Paris a cruellement manqué de leaders. Et de sûreté défensive. Avec un David Luiz fébrile, coupable d’une faute
grossière dans la surface, synonyme de
penalty et de deuxième but monégasque.
Son remplacement par Meunier à l’heure
de jeu s’apparente à une sanction. Les retours programmés après la trêve internationale de Thiago Silva et Marquinhos le
pousseront inévitablement sur le banc. ■
Tennis : Gasquet déjà
au tapis à l’US Open
Grosse désillusion pour Richard
Gasquet, éliminé dès le premier
tour de l’US Open. Le Français,
tête de série numéro 13, a été
balayé lundi par le Britannique
Kyle Edmund, 84e mondial,
en trois manches (6-2, 6-2, 6-3).
Demi-finaliste de l’édition 2013,
le Biterrois de 30 ans a été
méconnaissable, n’a jamais
réussi à imposer son jeu et
a commis de nombreuses fautes.
Gasquet, 15e mondial, avait
atteint les quarts de finale de l’US
Open en 2015, mais son été a été
perturbé par des blessures,
au dos et aux abdominaux.
Troisième défaite au premier tour
de l’US Open pour le numéro 3
français après 2008 et 2009. De
son côté, Edmund, 21 ans, gagne
son premier match dans le grand
tableau new-yorkais. Il jouera
Lacko ou Escobedo mercredi.
EN BREF
Football : Mandanda
va remplacer Lloris
Près de deux mois après leur
défaite en finale de l’Euro 2016
face au Portugal (0-1 a.p.), les
joueurs de l’équipe de France ont
retrouvé lundi Clairefontaine pour
préparer les déplacements en
Italie, en amical (1er septembre),
puis en Biélorussie (6 septembre)
dans le cadre des éliminatoires
du Mondial 2018. Le sélectionneur
Didier Deschamps a confirmé
qu’en l’absence du capitaine Hugo
Lloris, blessé, Steve Mandanda
« sera amené à probablement jouer
les deux matchs, pour le mettre
dans les bonnes conditions. »
JO 2024 : Rome très réservée
La nouvelle maire de Rome,
Virginia Raggi, a fait part lundi de
ses réserves quant à la candidature
de sa ville à l’organisation des JO
2024, suggérant de penser
« d’abord aux installations
municipales laissées à l’abandon ».
« Sur les 13 milliards de dette
de la ville, un milliard est lié
aux Jeux de 1960… » Rome est
l’une des quatre villes candidates
à l’organisation des Jeux en 2024
avec Paris, Budapest
et Los Angeles. Le 7 octobre,
les candidats doivent envoyer
au CIO la deuxième partie de leur
dossier. En l’absence de soutien
de la municipalité, la candidature
romaine serait caduque.
mardi 30 août 2016
LE CARNET DU JOUR
Le service est ouvert
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Berthier de Grandry,
M. (†) et Mme Wim Baarens,
M. et Mme Bruno Landon,
M. Christian
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Mlle Florence
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M. et Mme
Hubert Berthier de Grandry,
M. et Mme Benoît Veniere,
ses neveux et nièces,
ainsi que ses petits-neveux
et petites-nièces
ont la grande tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
par fax
01 56 52 20 90
Andrée
BERTHIER de GRANDRY
ou par courriel
le 28 août 2016.
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La cérémonie religieuse
sera célébrée le jeudi
1er septembre, à 10 heures,
en l'église Saint-Vincent
d'Ardentes (Indre),
suivie de l'inhumation
au cimetière d'Ardentes.
Clavières, 36120 Ardentes.
Mme Sylvie Clauvel,
née Porgès,
son épouse,
naissances
Héloïse et Jérôme Tricot,
Lucile et Marcel Masson,
Barbara et Ygal Levy,
ses filles et gendres,
François CARLIOZ
Géraldine et Gurvan BOBILLE
ont la joie d'annoncer
la naissance de
Paola
leur petite-fille et fille,
le 22 juin 2016.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le jeudi 1er septembre,
à 10 heures, en la cathédrale
Saint-Jean-Baptiste,
15, rue Jean-Goujon, Paris (8e).
M. Gabriel FOURNIER
Les obsèques ont eu lieu
dans la plus stricte intimité.
Priez pour lui.
leur mère et grand-mère,
survenue le 28 août 2016.
Paris (13e).
Daniel et Marie-Thérèse Gillot
ont la douleur
de faire part du décès de
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants,
Marc et Gisèle Avenati,
Isabelle et Peter Kamerling,
Anne Avenati-Desplats,
Corinne Avenati-Barrelier,
Erik et Catherine Avenati,
leurs enfants, petits-enfants
et arrière-petits-enfants,
Lise Lander Møldrup,
Birgit Gateau et sa famille
les familles Aveline, Hoguet,
Guillon Sursol, Rivron, Villette,
Massiot, Habert
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Brigitte DAUPELEY
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
née Hoguet,
survenu le 26 août 2016,
à l'âge de 80 ans.
Mme Annie AVENATI
née Gateau,
La cérémonie religieuse
sera célébrée le mercredi
31 août, à 10 heures,
en l'église Notre-Dame
de Nogent-le-Rotrou.
survenu le 23 août 2016,
dans sa 97e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
au temple de Versailles,
le vendredi 2 septembre 2016,
à 15 h 30.
35, rue Gouverneur,
28400 Nogent-le-Rotrou.
Cet avis tient lieu de faire-part.
M. Michel GILLOT
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Joseph,
5, rue Henri-Barbusse,
à Montrouge (Hauts-de-Seine)
le jeudi 1er septembre, à 10 h 30.
Ni fleurs ni couronnes.
Cet avis tient lieu de faire-part.
4, rue Paul-Gervais,
75013 Paris.
Daisy Giudicelli,
son épouse,
Grégory Giudicelli,
son fils,
Irène et Marianne,
ses petites-filles,
Oksana, leur mère,
les familles Giudicelli,
Bernardini et Grimaldi
ont la tristesse
de faire part du décès de
Etienne GIUDICELLI
X 60,
survenu le 18 août 2016.
11, rue Favalelli, 20200 Bastia.
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Mme Florence GOURDOL
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mercredi 31 août,
à 11 heures, en la chapelle
haute de l'église Saint-Pierre,
1, boulevard Jean-Mermoz,
à Neuilly-sur-Seine.
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Nicole et Yves Durand,
Isabelle et Jacques-Hubert Gay,
Sabine et Guillaume Marçais,
Chantal et Dominique Brochu,
Hubert et Laurence Jeanson,
Patrick et Marie-Laure Jeanson,
ses enfants,
font part du rappel à Dieu de
Mme François JEANSON
née Brigitte Bureau,
le 21 août 2016,
dans sa 98e année, munie
des sacrements de l'Église.
La cérémonie religieuse a eu
lieu dans l'intimité familiale,
à la Maison de santé
des sœurs augustines,
Paris (13e).
Une messe sera célébrée
ultérieurement à Paris.
M. Yves Jouanjean,
son époux,
Diane et Philippe Knoche,
Guillaume Jouanjean,
Albane, Astrid, Marion,
ses enfants et petites-filles,
les familles
de Grenier de Lassagne,
Jouanjean, Constans,
Beaugonin, Mignot,
Plaut de Pomairols,
de Meric de Bellefon
ont la douleur
de vous faire part du décès de
ont la douleur
de vous faire part
du rappel à Dieu de
cadre supérieur retraité d'EDF,
ancien maire de Présilly,
membre du Rotary Club
de Saint-Julien-en-Genevois,
© iStock
survenu le 27 août 2016,
à l'âge de 79 ans.
Té l. 01 56 52 27 27
Fax. 01 56 52 20 90
carnetdujour@media.figaro.fr
www.carnetdujour.lefigaro.fr
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église de Présilly,
le mercredi 31 août, à 10 h 30,
suivie de l'inhumation.
Pas de visites.
Cet avis tient lieu de faire-part.
survenu le 24 août 2016.
Le recueillement,
suivi de la crémation, aura lieu
le vendredi 2 septembre,
à 11 h 45, au crématorium
du Mont-Valérien,
rue du Calvaire, à Nanterre.
Selon ses souhaits,
dons à la Fondation
pour la recherche médicale.
Mme Eliane Michel,
M. et Mme Eric Laumonier,
M. et Mme Denis Michel,
ses enfants,
Lyvia et Laura,
Henri, Charles et Jeanne,
Lucien et Justine,
ses petits-enfants,
ainsi que toute la famille
Nathalie Rykiel,
sa fille, et son compagnon
Serge Goldszal,
Jean-Philippe Rykiel,
son fils,
Tatiana, Lola et Salomé,
ses petites-filles,
et leur père Simon Burstein,
Les éditions du Figaro
En vente actuellement
Jacques Stanlow,
Françoise et André Zonabend,
Danielle Flis,
Muriel Flis-Trèves
et Philippe Trèves,
ses sœurs et beaux-frères,
Patricia Stanlowa
et Eric Darmon,
Isabelle Stanlowa
et Alain Bellity,
Frédéric Stanlow
et Roselyne Levi,
Mathieu Zonabend,
Agnès et Frédéric Maduraud,
Rachel Trèves
et Michaël Grynberg,
Jonathan Trèves,
ses nièces et neveux,
Mathias, Jérémie, Anna,
Thomas, Pierre, Jade et Eve,
ses petits-neveux
et petites-nièces,
ont l'immense tristesse
de vous faire part du décès de
Sonia RYKIEL
née Sonia Flis,
commandeur
de la Légion d'honneur,
grand officier
de l'ordre national du Mérite,
commandeur
des Arts et des Lettres,
médaille de vermeil
de la Ville de Paris,
100 lieux emblématiques
de notre patrimoine
survenu le 25 août 2016.
Les obsèques auront lieu
à Paris (14e),
au cimetière du Montparnasse,
3, boulevard Edgar-Quinet,
le jeudi 1er septembre,
à 14 h 30.
Cet avis tient lieu de faire-part.
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
M. Gilbert MICHEL
survenu le 4 août 2016,
dans sa 97e année.
Un office religieux a été célébré
dans l'intimité familiale,
en l'église
de Saint-André-les-Vergers
(Aube), suivie de l'inhumation
au cimetière de Troyes.
Brigitte Laumonier,
38, rue La Fontaine,
92350 Le Plessis-Robinson.
M. et Mme Gilbert Hoyez,
M. et Mme Frédéric Hoyez,
M. et Mme Philippe Bougan,
Mme Agnès Pibouin,
M. et Mme Olivier Bougan
ont la douleur
de vous faire part du décès de
Mlle Christiane PIBOUIN
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le vendredi 2 septembre,
à 14 h 30, en l'église
Notre-Dame-de-l'Assomption,
88, rue de l'Assomption,
à Paris (16e).
Jean-Marc Loubier,
président-directeur général
de First Heritage Brands,
président de Sonia Rykiel,
Julie de Libran,
directrice artistique
de Sonia Rykiel,
Sabrina Fung,
directrice générale Groupe
de Fung Retailing Ltd,
Eric Langon,
directeur général
de Sonia Rykiel
ainsi que l'ensemble
des collaborateurs de la
Maison Sonia Rykiel
Le Figaro Histoire
Les nouveaux mystères
de l’Égypte
ont l'immense regret
de faire part du décès de
Sonia RYKIEL
née Sonia Flis,
commandeur
de la Légion d'honneur,
grand officier
de l'ordre national du Mérite,
commandeur
des Arts et des Lettres,
médaille de vermeil
de la Ville de Paris,
survenu le 25 août 2016.
« La beauté sera toujours rayée. »
ses petits-enfants,
ses arrière-petits-enfants
Mme Marielle Deprez,
son épouse,
Catherine et Thierry Garcia,
Thierry et Isabelle Deprez,
ses enfants,
Laura, Benjamin, Charlotte,
Margaux, Romain,
ses petits-enfants,
Mme Marie Brossard,
sa sœur, et ses enfants,
les familles parentes,
alliées et amies
M. François DEPREZ
Mme Suzanne LOISEL
survenu le 25 août 2016, à Paris,
à l'âge de 88 ans.
Paris. Présilly (Haute-Savoie).
Naissance
Les familles
Vaesken, Lescornez
ont la tristesse d'annoncer
le décès de
survenu le 25 août 2016,
des suites d'une longue maladie.
Cet avis tient lieu de faire-part.
1, avenue du Général-Mangin,
78000 Versailles.
La cérémonie religieuse
aura lieu dans l'intimité
ce mardi 30 août 2016, à 14 h 30,
en l'église Notre-Dame-du-Lac
de Puylaurens.
directeur d'hôtel,
survenu le 26 août 2016,
à l'âge de 48 ans, à Hendaye.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Philippe et Jacqueline
Daupeley,
Patricia et Bruno Belleux,
ses enfants,
ont la tristesse
de vous faire part de la mort de
Mme Germaine du LAC
l'école de danse
Baron-Dauthet
Mme Sylvie Clauvel,
34, rue Félicien-David,
75016 Paris.
M. Shahin AGHAYAN
M. et Mme François
Regis Viguié
et leur fille,
M. Jean-Marc Viguié
et ses enfants,
M. et Mme Fabrice Viguié
et leurs enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Les obsèques ont eu lieu
dans l'intimité familiale,
le vendredi 26 août,
au cimetière du Montparnasse,
Paris (14e).
On nous prie d'annoncer
le décès, le 23 août 2016,
à l'âge de 98 ans, de
Puylaurens (Tarn).
nous prie d'annoncer le décès,
le 17 août 2016,
dans sa 92e année,
à Neuilly-sur-Seine, de
Ses amis,
survenu le 23 août 2016.
deuils
Sa famille
Tristan, Joséphine, Blanche,
Mathilde, Noah et Sacha,
ses petits-enfants,
M. Robert CLAUVEL
11
Mme Yves JOUANJEAN
née Isabelle
de Grenier de Lassagne,
décédée le 29 août 2016.
La cérémonie religieuse
sera célébrée le mercredi
31 août, à 14 h 30, en l'église
de Villeneuve-d'Aveyron, suivie
de l'inhumation au cimetière
de Villefranche-de-Rouergue.
Une messe sera célébrée
ultérieurement
en l'église Sainte-Cécile
de Boulogne-Billancourt.
M. Michel Rousset,
son époux,
M. Frédéric Rousset,
son fils,
Mlle Anne-Laure Rousset,
sa fille,
parents et alliés
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Me Danièle ROUSSET
née Roubaud,
avocate honoraire
au barreau de Marseille,
survenu le 28 août 2016,
à Marseille.
La cérémonie religieuse
sera célébrée le mercredi
31 août 2016, à 15 h 30,
en la basilique du Sacré-Cœur,
81, avenue du Prado,
à Marseille (8e).
Le comte et la comtesse
Marc Antoine de Saint Pol,
le comte et la comtesse
Patrick de Botherel,
sœur Marie Pierre,
ordre de l'Annonciade,
le comte et la comtesse
Louis de Saint Pol,
leurs enfants et petits-enfants
vous font part
du retour à Dieu de la
Chavagnes (Maine-et-Loire).
Juliette, Stéphanie, Jean-Louis,
ses enfants,
et Anne
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Guy VILLEMINOT
survenu à l'âge de 75 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mercredi 31 août 2016,
à 15 heures,
en l'église de Chavagnes.
Le Figaro Santé
Comment se soigner
autrement
remerciements
Mme Valéry Perrier,
née Marie-Jo Post, son épouse,
et toute sa famille,
très touchées des marques
de sympathie qui leur ont été
témoignées lors le décès de
M. Valéry PERRIER
vous prient de trouver ici,
leurs sincères remerciements.
comtesse
Raymond de SAINT POL
née Anne de Thuy.
La messe sera célébrée
en la cathédrale
Saint-Louis de Versailles,
le vendredi 2 septembre 2016,
à 10 heures.
Elle sera inhumée
au côté de son mari,
à 16 h 15, au cimetière
de Neuilly-le-Malherbe
(Calvados).
souvenirs
Aude TISNÉ
nous a quittés subitement,
le 30 août 2014.
Toujours présente
en nos cœurs mais, aussi,
bien loin... et silencieuse.
Jours de France
L’actualité du gotha
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
CHAMPS LIBRES
REPORTAGE
ÉRIC BOUVET/LE FIGARO MAGAZINE
12
Dans un environnement où les tensions interconfessionnelles ne sont jamais loin, l’école de la Congrégation des sœurs des saints cœurs de Jésus et de Marie est parfois la cible de tirs venant de l’extérieur.
L’école des sœurs de la Bekaa
Adrien Jaulmes
[email protected]
De notre envoyé spécial à Baalbek
À
l’heure de la récréation, les élèves
s’ébattent joyeusement dans la
cour. Garçons et filles jouent ensemble, et seules quelques fillettes
portent un foulard blanc par-dessus la chemisette bleu ciel de leur
uniforme scolaire. Au centre de la
ville de Baalbek, dans l’est du Liban, l’école de la
Congrégation des sœurs des saints cœurs de Jésus et
de Marie est un établissement chrétien dont 90 %
des élèves sont musulmans. L’école offre avant tout
une éducation de qualité, et l’établissement est recherché par les familles musulmanes.
La directrice, sœur Émiline, a une vision très
claire de ce que doit être son école. « Nous sommes
en terre d’islam, et nous ne sommes pas là pour faire
du prosélytisme religieux », dit-elle. « Le projet de
ma congrégation est de former des citoyens responsables et des individus libres. Nous cherchons à développer l’esprit critique et l’ouverture d’esprit. Même
les parents musulmans en sont conscients et c’est
pour cette raison qu’ils inscrivent massivement leurs
enfants chez nous. Et puis même s’il est trop tard
pour les chrétiens de Baalbek, nous sommes encore là
pour ceux des villages alentour. »
Pendant des siècles, Baalbek fut majoritairement
chrétienne. À côté des ruines du temple de Jupiter,
dont les chapiteaux monumentaux se dressent encore devant les crêtes du mont Liban, les vestiges
de l’église Sainte-Barbara témoignent de la très
ancienne présence du christianisme dans la ville.
Ancien temple de Vénus rebaptisé du nom de cette
chrétienne de Baalbek, martyrisée au IIIe siècle,
l’église fut l’une des premières de la chrétienté.
Mais la guerre civile libanaise qui a forcé les chrétiens à fuir et l’essor démographique des musulmans ont mis fin à cette présence séculaire. Représentant autrefois la moitié de la population, les
chrétiens ne sont plus qu’environ 150 sur les
quelque 25 000 habitants de Baalbek. « Il reste des
villages chrétiens dans les environs, mais à Baalbek,
les chrétiens sont en voie de disparition », dit
Mgr Youssef Rahal, l’archevêque de Baalbek. « Les
jeunes partent à Beyrouth ou à Zahlé, au nord de la
Bekaa. Ceux qui restent à Baalbek sont souvent âgés.
Les mariages sont rares, et le dernier baptême a eu
lieu en 2012… C’est ainsi. »
À Baalbek, dans le fief du
Hezbollah chiite libanais,
une école chrétienne
est ouverte à toutes
les confessions.
Résistants aux pressions
et aux intimidations,
sœur Émiline et sœur
Ramona veulent
que les élèves
apprennent à être
des citoyens.
20 km
Mer
Méditerranée
Tripoli
Baalbek
Beyrouth
PLAINE DE
LA BEKAA
LIBAN
SYRIE
Damas
Infographie
À partir de cette époque, l’école des sœurs est
soumise aux règles imposées par le Hezbollah : le
port du voile pour les filles et les cours de religion
musulmane sont obligatoires. Dans cet environnement un peu particulier, sœur Émiline se heurte
vite à des résistances quand elle cherche à établir
des règles claires pour l’établissement. « Quand je
suis arrivée à Baalbek en 2009, l’école était fermée le
vendredi, selon la tradition musulmane, et rouvrait le
samedi et le dimanche », dit sœur Émiline. « J’ai
écrit au Hezbollah pour remettre en cause cet usage,
mais mon courrier est resté sans réponse. Alors j’ai
pris la décision de rouvrir le vendredi sans demander
la permission à personne. Il y a eu tout un tollé. On
m’a accusée de perturber le rythme de la ville. Il y a eu
des gens qui sont venus nous menacer », dit-elle. « Il
y a eu des tirs contre l’école, et des graffitis injurieux
ont été inscrits sur les murs. Au bout d’un certain
temps, les représentants du Hezbollah sont venus me
voir et ont dit que je pouvais fermer le week-end et que
les menaces ne venaient pas d’eux. La petite communauté chrétienne qui subsiste à Baalbek a commencé à
respirer un petit peu mieux après cet épisode. »
Interdit de jouer à Daech contre
Hezbollah
Les cheveux courts, la carrure athlétique et le rire
sonore, sœur Émiline n’est pas du genre à se laisser
impressionner. Avec son adjointe, sœur Ramona,
les deux religieuses ont fait de leur établissement
l’un des meilleurs de la région, refusant de transiger sur ce qu’elles estiment être l’essentiel.
« Il faut être ferme sur ses principes », dit sœur
Émiline. « Si l’on fait quelque chose et qu’on laisse
tomber à la première difficulté, c’est encore pire que
de ne rien faire. Plus personne ne vous respecte. »
L’école des sœurs compte 1 035 élèves, garçons et
filles. Trente-cinq sont chrétiens, 956 musulmans.
Les chiites, forment la grande majorité, avec
816 élèves, contre 140 sunnites. Beaucoup des
chiites sont des enfants de membres du Hezbollah.
Certains sont des enfants de « martyrs », comme
sont appelés ceux qui sont morts en combattant.
Sœur Émiline connaît bien les chiites pour avoir été
en poste à Mardjayoun, dans le Sud-Liban alors
sous occupation israélienne, et où les villages
chiites voisinent avec les villages chrétiens « En
1989, je me rappelle la route entre Zahlé et Baalbek, il
y avait des portraits de l’ayatollah Khomeyni un peu
partout », dit-elle.
Dans cet environnement, les tensions interconfessionnelles ne sont jamais loin. Depuis le début de
la guerre civile syrienne, la vallée de la Beeka est
une ligne de front. En haut des crêtes, à quelques
A
La fermeture du dimanche
La grande majorité des habitants actuels de la ville
sont chiites, branche schismatique de l’islam,
longtemps méprisés et persécutés, mais à présent la
plus puissante communauté du Liban. Dans les années 1980, en pleine guerre civile libanaise, la ville
devient le fief du Hezbollah, le parti chiite inspiré
par la révolution islamique iranienne. Les portraits
de Cheikh Hassan Nasrallah, le secrétaire général
du parti, et ceux des combattants et des martyrs du
mouvement décorent toujours les rues de Baalbek.
Il faut rester fermes sur nos principes,
tout en étant ouverts à tous. Mais si l’on
veut qu’une coexistence soit possible,
il faut fixer des limites
»
SŒUR ÉMILINE, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS
DES SAINTS CŒURS DE JÉSUS ET DE MARIE
dizaines de kilomètres à peine de la ville, commencent les lignes des djihadistes de l’État islamique. Le
Hezbollah, lui, envoie ses miliciens combattre aux
côtés du régime de Bachar el-Assad. Sœur Émiline
veille à ce que l’établissement reste un terrain
neutre. En septembre 2013, des affrontements
armés opposent chiites et sunnites à Baalbek, elle
doit rappeler les élèves à l’ordre. « Je leur ai dit de
laisser leur appartenance confessionnelle à la maison
quand ils venaient en classe. Quand ils se mettent à
jouer à Daech contre le Hezbollah, on les fait cesser
aussitôt », dit-elle.
Quand les pressions deviennent trop fortes,
sœur Émiline retourne contre le Hezbollah sa
propre propagande. Le discours officiel du parti
chiite qui dit vouloir protéger les minorités : les
chrétiens en sont une. Après avoir rétabli le dimanche, elle met fin aux cours religieux. « J’ai dit
aux parents d’élèves que lorsqu’ils scolarisent leurs
enfants chez les sœurs, ils savent très bien qu’il n’y a
pas de cours islamique. »
« En ce qui concerne le port du voile, en revanche,
je ne dis rien, explique la sœur, à condition que les
élèves qui le portent suivent les cours de biologie et
fassent du sport. Il n’y en a pas beaucoup qui le
portent à l’école. En première, les classes sont mixtes, et une seule fille est voilée sur les 44 élèves. »
Rien n’est jamais acquis, cependant. « C’est un
combat sans fin », dit sœur Émiline. « Ces sujets
ayant trait à la religion reviennent régulièrement.
Par exemple il y a quelque temps, des élèves de première sont venus me demander pourquoi les horaires
n’étaient pas adaptés au Ramadan »¸dit-elle. « Je
leur ai répondu qu’ils l’étaient puisque la journée de
classe était raccourcie pendant cette période. Je leur
ai demandé ce qu’ils voulaient de plus. Je veux bien
respecter leurs croyances, mais il faut qu’ils respectent les nôtres. »
Les satisfactions de sœur Émiline et sœur Ramona sont de voir leurs efforts récompensés. « Les
enfants sont très lucides, et ils comprennent quand on
se montre juste avec eux. Par exemple, une promotion d’anciens élèves m’a invitée récemment à la fête
de l’Iftar, la rupture du jeûne pendant le mois de
Ramadan pour me remercier de l’enseignement qu’ils
avaient reçu ici dans notre école », dit-elle.
«Un autre exemple est celui du fils du maire de
Baalbek, membre du Hezbollah, qui a exigé de rester
inscrit dans notre école », raconte-t-elle. « Ses
parents et sa famille voulaient l’inscrire dans une
école chiite. Il leur a expliqué pourquoi il voulait
rester chez nous. Il leur a dit que dans notre école on
apprenait à réfléchir par soi-même, et que les classes
n’étaient pas séparées. »
« Nous devons continuer à vivre selon nos croyances », répète sœur Émiline. « Il ne faut pas fléchir
devant les pressions ou les difficultés. Il faut rester
fermes sur nos principes, tout en étant ouverts à tous.
Mais si l’on veut qu’une coexistence soit possible, il
faut fixer des limites. Certains responsables chrétiens
ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Si on se souvient dans tout le Liban du précédent patriarche maronite, Mgr Sfeir, c’est parce qu’à l’époque de l’occupation syrienne, il était le seul à dire aux Syriens
qu’ils n’étaient pas ici chez eux, qu’ils devaient partir. C’est pour ça qu’on se rappelle de lui. » ■
mardi 30 août 2016
CHAMPS LIBRES
LE FIGARO
13
ÉCONOMIE
L’Irlande appartient-elle encore
aux Irlandais ou à Google ?
Devenue le paradis
des multinationales
américaines grâce
à sa fiscalité
ultra-allégée,
l’Irlande a enregistré
une croissance
de 26,3 % en 2015 !
Une performance
en réalité artificielle,
et même suspecte,
qui bénéficie
d’abord à Google,
à Microsoft
et aux laboratoires
pharmaceutiques
d’outre-Atlantique.
Jean-Pierre Robin
[email protected]
MONDIALISATION Qui détient le ru-
ban bleu de la croissance économique
mondiale, la Chine, l’Inde, Singapour ?
Pas du tout. Ce champion se trouve en
Europe, à nos portes, ou plutôt à portée de
nos rivages, car c’est une île. Avec 26,3 %
d’augmentation de son produit intérieur
brut (PIB) en 2015, l’Irlande, qui était en
quasi-faillite il y a peu au point de devoir
être secourue par le FMI (2010), fait
aujourd’hui figure d’eldorado.
Comment un tel rythme est-il possible ?
Certes les Irlandais nous ont habitués à
toutes les extravagances. Dans un siècle
passé, celui de la raison (le XVIIIe),
Jonathan Swift, leur écrivain national et
père de Gulliver, avait proposé « que
soient vendus pour être mangés à l’âge d’un
an les enfants pauvres », de façon à mettre
fin à la misère du pays.
« Tout ce qui est excessif est insignifiant »,
pense-t-on en France, pays de croissance
« raisonnable » (vingt fois moins rapide
qu’à Dublin l’an dernier). Or les Dublinois
eux-mêmes expriment des doutes. Loin
de les ravir, cette croissance vraiment
swift (« rapide » en anglais) n’est pas forcément de bon aloi. Leur profite-elle vraiment ? Pas certain. Car ces chiffres délirants sont le fruit d’opérations comptables
des entreprises multinationales qui ont
envahi leur île. La question se pose donc :
l’Irlande n’a certes plus besoin de vendre
ses nourrissons pour échapper à la famine.
Mais alors qu’elle s’est transformée en
porte-avions européen des Microsoft,
Apple et autres géants de l’industrie pharmaceutique et médicale américaine, l’Eire
(en gaélique) appartient-elle encore aux
Irlandais ?
❙
La stupeur fut extrême, ce 12 juillet 2016,
dans le Landerneau des économistes,
quand le Central Statistics Office (l’Insee
local) annonça qu’il révisait le taux de
croissance économique réalisé en 2015 à
26,3 %, au lieu des 7,8 % annoncés auparavant, ce qui était déjà élevé. Personne ne
s’attendait à pareil tour de magie.
Si la nature ne fait pas de sauts, l’activité
des hommes peut donc faire des bonds !
Les explications fournies par les statisticiens sont claires et troublantes à la fois.
Tout d’abord, le CSO a fortement réévalué
les capitaux des entreprises immobilisés en
Irlande, qui sont ainsi passés de 700 à
1 000 milliards d’euros, soit une augmentation de 40 % en une année. Certes Dublin
est depuis les années 1980 un paradis pour
les entreprises internationales grâce sa fiscalité très avantageuse : l’impôt sur les so-
"Le tigre celtique" :
un cas à part
LES ALLÉES ET VENUES
MULTINATIONALES
❙ DES
Les transferts de sièges sociaux à Dublin et
les contrats de leasing d’aéronefs ont un
caractère exceptionnel, one shot dit-on en
anglais pour désigner des opérations pas
forcément renouvelables.
La troisième explication du taux de croissance économique de 26,3 % est plus perturbante car il s’agit d’exportations fictives (sic). Les statisticiens du CSO les
évaluent à 80 milliards d’euros. Un chiffre
énorme rapporté à l’ensemble des exportations de biens et services de l’Irlande qui
totalisent 317 milliards.
Ces ventes fantômes sont la conséquence
des contract manufacturing (fabrications
contractuelles). Selon ce système, une entreprise externalise une partie de sa production à l’étranger, laquelle fait partie de
son chiffre d’affaires, même si le produit
n’a jamais franchi la frontière. Ce dispositif,
conforme aux règles comptables internationales, est pratiqué à grande échelle dans
Une croissance économique ébouriffante
TAUX DE CROISSANCE DU PIB ANNUEL EN VOLUME
Les énormes prélèvements de l'étranger
53,2
PRÉLÈVEMENTS AU BÉNÉFICE DE L’ÉTRANGER
SUR LE PIB IRLANDAIS,
en milliards d’euros et en %
(20,8 %)
50
40
10
30
Crise financière
internationale
0
28,5
(17 %)
33,8
33,5
(19,5 %)
(19 %)
28,3
29,7
(15,7 %)
(15,4 %)
2013
2014
20
10
Source : CSO
0
-10
2007 2008 2009 2010
2011
2012
2013
2014
2010
2015
Les investissements étrangers s'y précipitent
4
PART DES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX, en %
par rapport...
... à l’Union européenne
2011
2012
2015
La mainmise des multinationales américaines
LES DIX PREMIÈRES ENTREPRISES PAR CHIFFRE D’AFFAIRES ET
LEUR ORIGINE NATIONALE*, en milliards d’euros
... au reste du monde
CRH
23,6
(construction)
8
Microsoft
19,3
Eaton Corp
18,3
(technologie)
4
(industrie)
0
Sources : CSO, FMI
-4
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Infographie
Source : Irish Times
*certaines entreprises
ont établi leur
siège en Irlande
(Eaton, Medtronic, Ingersoll)
Google
(technologie)
Metronic
(pharmacie)
18,3
17,3
DCC
13,5
Allergan
13,4
(énergie)
(pharmacie)
IngersollRand
12,2
(construction)
Dell
(technologie)
Apple
(technologie)
11,2
8,9
A
12
Paradoxalement, le dumping fiscal, clé de
voûte de la stratégie économique du Tigre
celtique, comme on l’appelle, permet
d’engranger des recettes fort enviables.
La collecte de l’impôt sur les sociétés (IS) a
battu tous les records, à 6,9 milliards
d’euros en 2015, dont la grande majorité
provient des multinationales. C’est énorme comparé à l’IS en France, qui rapporte
33 milliards l’an, mais pour une population quinze fois plus importante et au taux
d’imposition pratiquement trois fois plus
élevé. Voilà qui confirmerait le fameux
adage des fiscalistes :« les bas taux font les
hauts totaux », car les assiettes d’imposition tendent à s’élargir.
Mais la médaille a son revers, et ce sont les
dividendes gigantesques que l’Irlande doit
verser chaque année aux actionnaires
étrangers des sociétés américaines implantées sur son territoire.
Selon les chiffres du CSO, il a fallu acquitter 53,2 milliards d’euros en 2015 au reste
du monde, ce qui correspond à la rémunération du capital étranger investi dans
l’île. De quoi ébrécher d’autant - de
20,8 % exactement -, non pas le PIB du
pays, mais la part qui revient aux Irlandais
eux-mêmes. On songe à la réflexion désabusée de James Joyce (dans Ulysse) : « Le
miroir fêlé de la bonne à tout faire, symbole
de l’art irlandais. »
De ce fait, le niveau de richesse (PIB) par
habitant, qui est comptablement le
deuxième de l’Union européenne après le
Luxembourg, se trouve ramené dans la
moyenne du continent. Car il convient de
raisonner non pas en PIB (ce qui est produit sur le territoire), mais en produit national brut (ce qui revient aux nationaux).
Une nuance essentielle en l’occurrence.
Les responsables économiques s’inquiètent ouvertement de ces dérives des chiffres qui décrivent de plus en plus mal la
réalité de leur pays. « Il est souhaitable que
les conventions comptables internationales
soient redessinées de façon à éviter de telles
anomalies statistiques », déplorait début
août Philip Lane, le gouverneur de la banque centrale dans un colloque à Dublin.
Parmi les conséquences de la croissance
relevée de 7,8 % à 26,3 %, les ratios de
dette et de déficit publics rapportés au PIB
sont trouvés diminués dans la même proportion, ce qui est tout à fait artificiel. Les
Irlandais se reconnaissent de moins en
moins dans le miroir fêlé que leur tendent
leurs statistiques. ■
Aucun doute, les belles américaines dominent de la tête et des épaules le commerce international du pays. Sur ses dix
premières entreprises, huit sont d’origine
américaine, dont trois qui ont acquis depuis peu la nationalité irlandaise (liste cidessous). Pour le meilleur et pour le pire.
Au total, les exportations représentent
plus que la totalité du PIB (respectivement
317,2 et 255,8 milliards d’euros en 2015).
Ce cas de figure est typique des économies
fonctionnant comme des hubs, avec des
flux d’import-export gigantesques, dont
Singapour est l’autre cas emblématique.
À juste titre, l’IDA, l’agence gouvernementale irlandaise de promotion des investissements étrangers, se félicite que les
1 100 entreprises qu’elle a su attirer dans
ses filets en 67 ans d’existence aient permis de créer 187 056 emplois, dont 18 983
en 2015. Et derrière ces emplois directs,
l’IDA estime qu’un emploi sur cinq du privé dépend des entreprises étrangères (un
sur huit en France).
Mais cette dépendance présente des inconvénients. Les recettes fiscales de l’impôt sur les sociétés émanent pour près de
la moitié de dix sociétés contributives, appartenant à trois secteurs (pharmacie, finance-assurance, technologies de l’information). Une telle concentration
constitue une faiblesse : « C’est un risque
pour l’Échiquier irlandais (le ministère des
Finances) que les entreprises multinationales qui concentrent les recettes fiscales se
relocalisent ailleurs », reconnaît David
Purdue, économiste au Trésor irlandais.
Or ce risque n’a rien de théorique. Dans la
campagne électorale américaine, Donald
20
2
IRLANDAIS RÉDUITS
À LA PORTION CONGRUE
❙ LES
MÉFAITS D’UN HUB
❙ ETLESLESCHARMES
3
26,3 %
Trump et Hillary Clinton ne font-ils pas
assaut pour réglementer les « inversions
fiscales », les délocalisations des sociétés
américaines ? En avril 2016, le Trésor
américain, à la demande du président
Obama, a mis le holà sur un cas précis : le
pharmacien Pfizer (premier laboratoire
des États-Unis) n’a pu être racheté par
l’irlandais Allergan.
l’économie irlandaise. De plus en plus de
sociétés étrangères établissent en effet leurs
quartiers généraux à Dublin ou à Cork,
l’autre grand centre d’affaires de l’île.
Pour sa part le CSO, l’office statistique
irlandais, a mesuré l’ampleur des contract
manufacturing en comparant ses deux
sources classiques d’information. D’un
côté, les données douanières et, de l’autre,
les comptes des entreprises et leurs chiffres de valeur ajoutée qui servent à établir
le calcul du PIB et donc sa croissance. D’où
cet écart de 80 milliards d’euros, qui apparaissent dans les comptabilités d’entreprises pour des raisons fiscales, mais pas
dans les ports ni dans les aéroports.
« La très grande ouverture sur l’international de l’économie irlandaise, son insertion
dans les chaînes de production transfrontalières et sa forte concentration dans des
secteurs à haute valeur ajoutée (chimiepharmacie, technologies de l’information,
leasing aérien) conduisent à fausser les séries statistiques », résume Diarmaid
Smyth, de la banque centrale.
En réalité, plus personne ne sait très bien
ce qui appartient à l’Irlande en tant que
nation et aux sociétés multinationales.
Source : CSO
1
UN TAUX TROP BEAU
POUR ÊTRE HONNÊTE
ciétés n’est que 12,5 %, avec de multiples
exemptions. Le FMI estime que ce pays de
4,6 millions d’habitants (0,06 % de la population mondiale) accueille à lui seul bon
an mal an 4 % de tous les investissements
internationaux. Mais ce qui s’est passé en
2015 est vraiment hors norme.
La revalorisation de 300 milliards d’euros
découle d’opérations comptables plus ou
moins exceptionnelles. Selon Diarmaid
Smyth, économiste à la Banque centrale
d’Irlande, il faut distinguer trois types de
phénomènes, « les restructurations d’entreprises, les relocalisations (de sociétés
étrangères ) et le leasing aérien ».
Ainsi l’an dernier plusieurs multinationales américaines ont-elles transféré leur
siège en Irlande. Deux ont tout particulièrement fait sensation. Medtronic, leader
mondial des stimulateurs cardiaques, et le
laboratoire américain Allergan, qui doit sa
célébrité au Botox, devenu irlandais après
sa fusion avec Actavis. Or ces sociétés ont
du même coup apporté leurs portefeuilles
de brevets et de copyrights, devenus patrimoine irlandais, et les royalties encaissées annuellement ont gonflé la croissance
du PIB du pays.
La deuxième caractéristique de l’exercice
2015 est d’être un excellent millésime
pour le leasing aérien, secteur sur lequel
l’Irlande exerce une suprématie mondiale. Sur les 20 000 jets commerciaux volant
dans le monde, 8 000 sont achetés en
leasing par les compagnies aériennes et
4 000 de ces locations-ventes ont été
conclues à Dublin.
Cette prééminence est due à Tony Ryan, le
bouillant fondateur de la compagnie
Ryanair et inventeur du leasing aérien
moderne. Le boom de cette formule de financement a contribué à l’envolée des investissements irlandais, car, comptablement, le loueur est l’investisseur et non
l’affréteur de l’appareil.
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
14
CHAMPS LIBRES
DÉBATS
MŒURS Faut-il que le Parlement adopte une loi interdisant le burkini ? Accepter ce vêtement au nom du respect de la liberté revient à donner un feu vert à l’obscurantisme, argumente Hugues Moutouh, ancien conseiller spécial du ministre de l’Intérieur. L’ordonnance du Conseil d’État pourrait influencer la justice européenne, qui va bientôt statuer
sur la loi française autorisant un chef d’entreprise à prohiber le port du voile des salariées
en contact avec la clientèle,
souligne Noëlle Lenoir, avocate à la cour et ancienne
membre du Conseil constitutionnel.
Pourquoi il faut interdire le burkini
C
et été, nos compatriotes
se sont livrés sans retenue
à une passion bien française :
le débat d’idées. L’objet
de cette nouvelle
controverse – le port du
burkini – a semblé ridicule à bon nombre
de commentateurs, notamment
étrangers. À tort. Il faut prendre cette
affaire au sérieux, surtout après
la suspension prononcée par le Conseil
d’État il y a quelques jours. L’illégalité
des arrêtés municipaux interdisant
les burkinis sur les plages de France pose
» Lira aussi PAGES 2 ET 3
une question primordiale, politique
et philosophique, dont personne ne peut
se moquer : les pouvoirs publics,
dans notre pays, peuvent-ils en toute
légitimité défendre une conception
particulière du bien commun et, comme
le dirait Aristote, de la « vie bonne » ?
Une clarification s’impose.
Si l’on dépasse le cadre de l’analyse
juridique, que nous rappelle la haute
juridiction administrative dans sa
décision sur le burkini ? Que nous vivons
dans une République essentiellement
procédurale, au sens où l’État, comme
toutes les institutions publiques plus
généralement, est tenu à un strict devoir
de neutralité. Son seul rôle serait
de garantir les droits et libertés des
individus, sans
jamais avoir
à se prononcer sur
les valeurs qui
La neutralité absolue, quand il s’agit des mœurs,
animent leur vie.
L’État n’est pas là
encourage l’obscurantisme, plaide l’ancien préfet.*
+
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
HUGUES MOUTOUH
pour rendre les citoyens vertueux
ni promouvoir des fins particulières.
C’est un arbitre qui ne juge pas
la moralité des joueurs, mais qui s’assure
seulement que les règles générales du jeu
seront bien respectées. C’est tout.
Un tel système politique s’accommode
parfaitement du relativisme. Reposant
sur le principe de neutralité, il impose
de s’abstenir de prendre position
dans le conflit des conceptions
et représentations du monde, parce que
tout se vaut. Pour les tenants de cette
République procédurale, la nation
à nos enfants si nous ne réagissons pas
rapidement. La période électorale qui
commence doit être l’occasion de poser
clairement les termes du débat et,
je l’espère, de sortir définitivement
de la grande confusion morale qui nous
entoure, parce qu’elle est une source de
fragilité existentielle pour notre nation.
Face à cette dérive procédurale, nous
devons proposer un autre modèle
politique, où l’État pourra défendre
une conception particulière du Bien,
un modèle de valeurs propres à notre
histoire et à notre culture, celle
d’un vieux pays,
appartenant à un
Notre refus d’assumer de vivre
vieux continent,
riche d’une très
dans un État qui promeut un modèle
vieille civilisation,
civilisationnel particulier nous contraint
que le droit
et les institutions
à user de ruses et de contorsions
pourront
légitimement
française avec son riche héritage,
promouvoir. L’impartialité ne peut plus
son histoire et ses valeurs n’existe pas.
être un idéal quand on sait que
La France n’est qu’un espace
le relativisme qu’il nourrit ne sert qu’à
démocratique vide de sens, mais plein
encourager le fanatisme le plus extrême.
de droits individuels. Le citoyen
L’affaire du burkini montre que notre
est un justiciable, un administré,
refus de choisir et d’assumer de vivre
un détenteur de créances économiques
dans un État qui protège et promeut une
et sociales, mais aucunement le membre
culture nationale et un modèle
d’une communauté nationale pourvue
civilisationnel particulier nous contraint
d’une histoire et d’un destin.
à user de ruses et de contorsions qui
Est-ce bien cette France-là que nous
ne sont juridiquement pas sans risques.
voulons ? Ce n’est pas celle que nous ont
On avance caché derrière le danger
léguée, après beaucoup de sacrifices, nos
du trouble à l’ordre public, alors qu’il
parents et nos aïeux. C’est pourtant bien
s’agit, de toute évidence, de combattre
celle que nous allons laisser en héritage
le symbole inacceptable de l’inégalité
«
»
entre les sexes et de l’asservissement
de la femme au XXIe siècle. La France
s’enorgueillirait de proclamer à la face
du monde que les comportements
qui foulent à leurs pieds la tradition
républicaine n’ont pas leur place sur son
sol. Ces dernières années, le législateur
comme le juge constitutionnel ont su
utiliser cette notion matricielle qu’est
la « sauvegarde de la dignité humaine
contre toute forme d’asservissement
et de dégradation », afin d’apporter une
limite aux droits et libertés individuels,
y compris quand il s’agit de protéger
les personnes contre elles-mêmes.
C’est sur ce fondement que la loi en 2014
a interdit les concours de « mini-miss »
parce qu’ils portaient atteinte à la dignité
des enfants.
Qui peut sérieusement contester
qu’au regard de nos compatriotes
et des mœurs qui ont majoritairement
cours aujourd’hui dans notre pays,
le burkini – comme la burqa, du reste –
n’offre pas une image dégradante
de la femme ? Il est temps de dire haut
et fort que nous n’accepterons plus
les manifestations de l’islamisme politique
en France, parce qu’il promeut des
pratiques ségrégationnistes s’assimilant
à une politique calculée et systématique
de discriminations sexuelles. Notre pays
ne tolérerait pas une ségrégation raciale.
Il ne doit pas se rendre complice
d’une ségrégation sexuelle.
* Ancien conseiller spécial du ministre
de l’Intérieur pendant la présidence
de Nicolas Sarkozy.
Le Conseil d’État, le burkini et l’Europe
D
DESSINS DOBRITZ
ans un souci d’apaisement
après l’agitation de l’été
créée par le débat
sur le burkini, ce costume
de bain destiné à préserver
la « pudeur » de la femme
musulmane, le Conseil d’État a suspendu
le 26 août 2016 l’arrêté du maire
de Villeneuve-Loubet interdisant son
port jusqu’au 15 septembre. L’intention
est louable, mais cette ordonnance,
au fort écho à l’international, pourrait,
c’est le risque, fragiliser nos valeurs
de laïcité au regard de l’Europe.
La décision s’inscrit en droite ligne
d’une jurisprudence séculaire :
au lendemain de la loi de 1905
sur la séparation entre l’Église et l’État,
le Conseil avait censuré l’arrêté
d’un maire interdisant le port d’habits
sacerdotaux dans les processions lors
de funérailles, non sans avoir rappelé que
la loi de l’époque sur les pompes funèbres
imposait « de respecter autant que
possible les habitudes et traditions locales
et de n’y porter atteinte que dans la mesure
strictement nécessaire au maintien
de l’ordre ». Avouons qu’il est difficile
de regarder le burkini, qui emprunte
au nom de la burqa, comme une tradition
locale de Villeneuve-Loubet ainsi
que l’est par exemple la capelina
de la bouquetière
niçoise. L’illégalité
de l’arrêté attaqué
aujourd’hui tient
au fait qu’il n’y a pas
L’ordonnance du Conseil d’État sur le burkini pourrait de risque de troubles
conduire les juges européens à désavouer la France
à l’ordre public
et qu’il porte
sur le droit des chefs d’entreprise d’interdire le port
une atteinte
du voile islamique aux salariées en contact
manifeste
avec la clientèle, s’inquiète l’avocate à la cour*.
à la liberté d’aller
NOËLLE LENOIR
En 2006, la Cour européenne des droits
de l’homme a estimé, à propos
de l’université d’Istanbul (autres temps,
autres mœurs !), que la Turquie était
en droit de soumettre les enseignants
« à une obligation de discrétion dans
l’expression publique de leurs convictions
religieuses ». Ce terme de « discrétion »,
utilisé par Jean-Pierre Chevènement,
ancien ministre pressenti pour présider
la Fondation pour les œuvres de l’islam
en France, n’est donc nullement
incongru comme certains l’ont prétendu.
Rappelons également qu’en 2004
c’est par référence à la jurisprudence
sur le voile de la Cour de Strasbourg
que le Conseil constitutionnel
a avalisé l’article
de la charte
La Cour de Strasbourg, jusqu’ici,
des droits
admet le droit des États de réglementer fondamentaux
de l’Union
le port du foulard islamique.
européenne
Va-t-elle infléchir sa jurisprudence ?
sur la liberté
de culte.
Le Conseil constitutionne
de liberté et d’égalité ». Les mêmes
l a considéré que la stipulation
vont certainement militer contre toute
de la charte sur la liberté de culte
réglementation des signes religieux
devait se concilier avec l’article 1er
visibles.
C’est néanmoins surtout à l’égard de la
de la Constitution sur la laïcité ; lequel,
Cour européenne des droits de l’homme
a précisé le juge constitutionnel, interdit
à Strasbourg et de la Cour de justice de
« à quiconque de se prévaloir de ses
l’Union européenne à Luxembourg
croyances religieuses pour s’affranchir
que l’impact de l’ordonnance du Conseil
des règles communes régissant les
d’État pourrait être considérable.
relations entre collectivités publiques et
Quel est en effet le signal envoyé à ces
particuliers ». Plus récemment, en 2014
cours provenant d’une juridiction aussi
et 2015, en se fondant sur les traditions
prestigieuse et respectée que le Conseil
laïques de la France, la Cour européenne
d’État dans un pays censé incarner les
des droits de l’homme a rappelé la vertu,
valeurs de laïcité ? La Cour de Strasbourg,
pour le « vivre ensemble »,
jusqu’ici, admet le droit des États de
des limitations apportées
règlementer le port du foulard islamique.
à la manifestation d’une religion afin
Va-t-elle infléchir sa jurisprudence ?
de permettre de « concilier les intérêts
et venir, la liberté de conscience
et la liberté personnelle.
Eu égard à la gravité proclamée
des atteintes ainsi portées à ces libertés
fondamentales par l’arrêté du maire
de Villeneuve-Loubet, d’aucuns vont
certainement s’empresser de reprendre
le combat contre la loi prohibant le voile
intégral dans l’espace public - ce qui
s’inscrirait en faux contre la décision
de 2010 du Conseil constitutionnel,
pour qui le législateur a estimé à bon droit
que « les femmes dissimulant leur visage,
volontairement ou non, se trouvent placées
dans une situation d’exclusion et
d’infériorité manifestement incompatible
avec les principes constitutionnels
«
»
des divers groupes » et « d’assurer
le respect des convictions de chacun ».
Mais c’est à l’égard de la Cour
de justice de l’Union européenne que
la laïcité est la plus menacée. À propos du
droit des chefs d’entreprise d’interdire le
port du foulard islamique aux salariées en
contact avec la clientèle, deux thèses
s’affrontent à travers les conclusions
présentées en mai et juillet derniers par
deux avocates générales devant la Cour :
l’une, allemande, considère que
l’employeur ne peut être taxé de
discrimination en interdisant « de porter
des signes visibles de leurs convictions
politiques, philosophiques ou religieuses
ou d’accomplir tout rite qui en découle »,
car il est légitime qu’il exige la neutralité
dans son entreprise ; l’autre, britannique,
estime en revanche , s’agissant d’un
employeur français, qu’il doit être
condamné pour discrimination directe
dans l’emploi au sens du droit de l’Union.
De quel côté va pencher la balance ? La
question invite à répondre à deux urgences.
La première est que, indépendamment
d’une loi qui pourrait donner du grain à
moudre aux pourfendeurs d’une prétendue
« islamophobie » française,
le gouvernement, intervenant à l’instance,
fasse passer aux juges de Luxembourg un
message clarificateur : l’ordonnance
du 26 août du Conseil d’État n’affaiblit pas
les valeurs de la République. La seconde est
qu’au moment où un sondage également
du 26 août révèle que 81 % des Allemands
sont favorables à une loi interdisant
totalement ou partiellement la burqa, pour
des raisons d’intégration et non seulement
de sécurité, la France et l’Allemagne restent
au diapason.
*Ancienne membre
du Conseil constitutionnel.
BIBLIOTHÈQUE DES ESSAIS
■ J’ai vu partout
le même visage,
de François Zimeray
A
COLL. « TRIBUNE
DU MONDE »,
PLON,
140 P., 12 €.
■ TÉMOIGNAGE « Je me souviens d’instants secs et lucides, décapés de toute sentimentalité, juste la certitude que la fin est
ainsi, imminente et blanche. » Le 14 février
2015, l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, participe à Copenhague à une réunion publique sur la liberté d’expression, lorsqu’un terroriste
ouvre le feu sur l’assistance à l’arme automatique. C’était à peine plus d’un mois
après l’attaque contre Charlie Hebdo. La
fusillade fait un mort et trois blessés. L’assaillant en fuite récidivera le lendemain
contre une synagogue, faisant une autre
victime avant d’être abattu.
Le diplomate en réchappe, physiquement
tout au moins, mais la déflagration ne le
quittera plus. Tout autre l’aurait vécu ainsi. Sauf que François Zimeray a occupé le
poste d’ambassadeur pour les droits de
l’homme (de 2008 à 2013), qu’il a passé
cinq ans sur le terrain ou dans les conférences internationales « face la barbarie
du monde » – c’est le sous-titre de son livre.
L’attentat provoque donc un écho assourdissant chez cet avocat entré en diplomatie à 47 ans, après avoir été aussi élu local,
maire, député européen et depuis toujours
militant des droits de l’homme, mu par la
mémoire de la Shoah et la lutte contre
l’antisémitisme. Ce séisme intérieur
connaît une autre réplique avec l’attaque
du Bataclan, le 13 novembre.
Il est né de cette terrible onde de choc un
récit sous la forme de courts chapitres, tel
le surgissement d’une cohorte de violences, de douleurs et d’injustices. Autant de
visages familiers croisés par François Zimeray aux quatre coins du monde, du
Rwanda au Cambodge, en passant par les
États-Unis, l’Égypte et le Népal. « Je crains
de vous perdre », murmure à ces ombres le
rescapé intranquille. Loyal, il se garde de
juger le cours de la diplomatie française
qu’il représente au Danemark. Mais on
sent bien en creux son dépit et ses craintes
de voir l’action publique pour les droits de
l’homme durablement phagocytée par la
priorité antiterroriste. « Défendre les droits
de l’homme, écrit-il, c’est d’abord s’interroger sur les limites de l’action légitime,
c’est avec Kaliayev des Justes, préférer la
justice à la justification et épargner les enfants aperçus près de la cible, eux qui “ne
riaient pas”. » Le « syndrome de Copenhague » qu’il décrit est une illustration
saisissante des défis auxquels nous
confrontent les djihadistes de Daech.
ALAIN BARLUET
mardi 30 août 2016
CHAMPS LIBRES
LE FIGARO
OPINIONS
Renaud Girard
[email protected]
La deuxième mort d’Hugo Chavez
P
ays ouvert sur deux océans,
vaste comme deux fois
la France et presque aussi
peuplé, la Colombie vient
de vivre un événement
historique. Dimanche
29 août, Javier Timoleon, le chef
des Forces armées révolutionnaires
colombiennes (Farc), a annoncé
un cessez-le-feu définitif. Cette
déclaration, issue d’une négociation
de quatre ans avec le gouvernement
de Bogota tenue à La Havane, met fin
aux activités armées d’une des dernières
guérillas marxistes de la planète et à un
conflit qui, commencé en 1964, a coûté
la vie à 260 000 personnes. Trois jours
plus tôt, au Venezuela, pays voisin de la
Colombie, le président Nicolas Maduro
se déclarait prêt, contre ses opposants,
« à une répression à côté de laquelle
@
100 000 citations
et proverbes sur evene.fr
Erdogan passera pour un petit enfant ».
Tout oppose la situation des deux
pays. Là où la Colombie ne cesse
de progresser en termes de stabilité,
de sécurité et d’expansion économique,
le Venezuela s’enfonce chaque jour un
peu plus dans le chaos politique,
sécuritaire et économique, marquant
l’échec de la « Révolution bolivarienne »
dans laquelle Hugo Chavez a plongé
le Venezuela il y a douze ans. Ce nom
fait référence au général Simon Bolivar
(1783-1830) qui fut le héros de l’accès à
l’indépendance des colonies espagnoles
d’Amérique du Sud. L’idéologie
bolivarienne, reprise après le décès
du lieutenant-colonel Chavez en 2013
par son successeur, le syndicaliste
Nicolas Maduro, prône la nationalisation
des industries extractives (mines
et hydrocarbures) et la mise en place
ENTRE GUILLEMETS
30 août 1483 : mort de Louis XI, surnommé de son vivant l’Universelle Araigne
Michelet au sujet de Louis XI
GRANGER NYC/RUE DES ARCHIVES
Dans l’éclipse
des anciennes
puissances, du pape
et de l’empereur, il y eut
un roi, le roi de France »
ANALYSE
Judith Waintraub
£
£@jwaintraub
Les primaires, pire des systèmes
à l’exception de tous les autres
L
+
» Lire aussi PAGE 6
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
de politiques sociales et généreuses.
Politiquement, elle insiste sur
la démocratie participative,
le nationalisme, l’indépendance (pour
ne pas dire l’hostilité) à l’égard
de Washington.
Les deux pays sont des frères ennemis.
Bolivar, né dans une ville aujourd’hui
vénézuélienne et mort dans une ville
aujourd’hui colombienne, fonda en 1819
la Grande Colombie, qui regroupait alors
Colombie, Panama, Venezuela et
Équateur, mais qui s’effondra dès 1831
lorsque les Vénézuéliens arrachèrent
leur indépendance. Fidèles à cet
antagonisme historique, Chavez
et Maduro n’ont eu de cesse de percevoir
la Colombie comme leur principal rival,
accusant la Colombie, pays capitaliste
allié des États-Unis, d’être le cheval
de Troie de l’« impérialisme yankee »
dans la Caraïbe. Chavez avait en sousmain soutenu les Farc, pour déstabiliser
le gouvernement colombien. Comme
le font souvent les gouvernements
autoritaires, les autorités de Caracas
ont stigmatisé leur voisin, afin de
masquer leur propre échec intérieur.
Pourquoi la révolution bolivarienne
a-t-elle échoué ? La première cause de
cet échec fut l’incapacité des Bolivariens
d’assurer la sécurité dans les grandes
villes. Ils ont laissé une police corrompue
protéger les gangs et Maduro utilise
les petits caïds pour intimider ses
opposants. Ainsi le Venezuela se classet-il désormais au troisième rang mondial
pour le taux d’homicide par habitant.
À l’inverse, la Colombie a énormément
œuvré pour améliorer la sécurité
des biens et des personnes : le taux
d’homicide a baissé de plus de 60 %
depuis le début du millénaire ;
la politique d’éradication des cultures
de coca a fait reculer le poids
du narcotrafic dans la société.
Ensuite, le Venezuela a été victime
es horions pleuvent
et l’électeur de droite
s’affole : ils ne vont tout
de même pas remettre ça ?!
Les anathèmes fusent
et le peuple de gauche
se désespère : cette fois, c’est sûr,
c’est fichu pour 2017 ! Partout monte
le sentiment que la machine à perdre
a repris du service et que le système
des primaires, qui structure désormais
la vie politique française, démultiplie
les forces centrifuges à l’œuvre dans
toute campagne présidentielle. Pour le
plus grand bénéfice du Front national.
La primaire aboutirait-elle à l’inverse
du résultat souhaité par ses
promoteurs ? Arnaud Montebourg
n’a pas peu contribué à l’imposer au PS.
Bien lui en a pris puisqu’en 2011, alors
que personne ne croyait à ses chances,
il est arrivé troisième avec 17,19 %
des suffrages. Aujourd’hui il hésite,
officiellement parce qu’il doute
de la sincérité du scrutin. Jean-Luc
Mélenchon, lui, a choisi. Bien que donné
gagnant de la primaire de la gauche
par un sondage TNS Sofres réalisé en
juin (Le Figaro du 17 juin), il a expliqué
dimanche à Toulouse pourquoi il n’y
participerait pas, en usant du pluriel
de majesté : « Si nous n’allons pas à la
primaire, c’est que nous n’en acceptons
pas le résultat s’il ne nous convient pas.
Si Hollande ou Valls la gagne, jamais
nous ne ferons campagne pour eux. »
Si Arnaud Montebourg décide
de se soumettre au processus
de sélection interne à la gauche,
comment pourra-t-il, en cas de victoire
de François Hollande, appeler ses
électeurs à soutenir un candidat dont il
a qualifié le bilan de « pas défendable » ?
a su en faire bon usage contre
le président.
La primaire est le pire des systèmes,
affirment ses détracteurs. À l’exception
de tous les autres. Aujourd’hui,
la gauche comme la droite sont
dépourvues de « candidat naturel ».
Ni le président sortant ni le patron
du principal parti d’opposition n’ont
la légitimité suffisante pour s’imposer
à la tête de leurs troupes respectives.
S’il n’avait tenu qu’à lui, Nicolas
Sarkozy ne se serait pas soumis à une
compétition qui le place à égalité de
chances avec trois anciens membres de
son gouvernement. François Hollande
a invoqué en vain ses prérogatives
institutionnelles pour s’éviter l’épreuve
humiliante d’un
affrontement avec
Aujourd’hui, la gauche comme
ses anciens ministres.
Tous deux ont dû se
la droite sont dépourvues
rendre à l’évidence :
de « candidat naturel »
l’argument d’autorité,
ça ne marche plus.
La primaire n’enferme pas la
près ce que répète Nicolas Sarkozy. Ils
démocratie dans le système des partis.
ont tous les deux soutenu les maires
Elle fait participer tous les électeurs
qui ont pris des arrêtés pour
qui le souhaitent à l’arbitrage final
les interdire sur leurs plages. Seule
sur les investitures. Elle exacerbe
la question de la loi les divise. Elle n’est
les divisions, mais elle ne les crée pas.
pas anodine, mais mérite-t-elle
Elle minimise leurs conséquences
de se jeter « l’identité heureuse » et la
en instituant une obligation réciproque
« tyrannie des minorités » à la figure ?
de soutien du vainqueur entre
Bien sûr, le camp d’en face
tous ceux qui y participent. Ceux qui
en redemande. C’est encore
s’en dispensent exposent leur famille
un inconvénient de la primaire :
politique à être éliminée dès le premier
non seulement elle transforme
tour de la présidentielle, et doivent
les divergences en abysses, mais,
l’assumer. La perspective a de quoi faire
en plus, elle fournit des arguments
réfléchir, surtout à droite où le gagnant
à l’adversaire. Le « quand c’est flou,
de la primaire, quel qu’il soit,
c’est qu’il y a un loup » de Martine Aubry
est en position de l’emporter
ne lui a pas permis de battre François
si chacun respecte la règle du jeu.
Hollande en 2011, mais la droite
C’est toute la difficulté de l’exercice.
Nicolas Sarkozy l’a soulignée lundi
en répondant ou plutôt en s’abstenant
de répondre sur RTL aux critiques dont
l’avait accablé François Fillon la veille.
« Il y a beaucoup de gens qui sont contre
les primaires parce qu’ils ont peur
que la droite revienne à ses démons de la
division », a-t-il prévenu, en rappelant :
« Dans deux mois et demi, il faudra bien
que l’on se rassemble. »
Aucun code de bonne conduite
n’y changera rien : la primaire pousse
à surjouer les différences, comme
le montre l’interminable feuilleton
du burkini. Alain Juppé considère qu’il
est un « enfermement de la femme », au
même titre que le voile. C’est au mot
«
»
“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais
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d’un phénomène historique bien connu :
lors des révolutions, après une phase
de terreur et de pureté, se constitue
souvent une classe d’apparatchiks
corrompus, profiteurs de la révolution.
S’est développée au Venezuela une
« bourgeoisie bolivarienne »
prévaricatrice. D’après une récente
enquête du Parlement de Caracas, la
seule corruption gouvernementale aurait
coûté 70 milliards de dollars au pays.
Enfin, Chavez puis Maduro n’ont pas
su rompre avec les traits les plus
problématiques de la vie politique
latino-américaine : l’autoritarisme
et l’extrême polarisation politique.
Ils n’ont cessé de dresser leurs citoyens
les uns contre les autres, de calomnier
et menacer leurs opposants.
Économiquement, ils ont eu le grand
tort de tout miser sur le pétrole, qui
représente 95 % des exportations et 65 %
des rentrées fiscales du pays. Ils auraient
dû moderniser l’appareil de production
et diversifier l’économie. Le pays n’a
plus de réserves de change pour payer
ses importations ; les pénuries de produit
de base sont devenues la norme ;
l’inflation atteint un taux annuel
de 100 %. Le régime n’a jamais réussi
à intégrer ses élites économiques.
Le militaire Chavez essayait d’avoir deux
faces : l’une socialiste pour les masses,
l’autre tournée vers les entrepreneurs.
Le syndicaliste Maduro n’a même pas
fait cet effort.
Le contraste est éloquent entre le
marasme du géant pétrolier vénézuélien
et le dynamisme de la Colombie, qui a
doublé son PIB par habitant en quinze
ans. Ce pays a su miser sur la valeur
travail, l’innovation, le développement
de l’industrie et des services. Il a compris
que ce n’est pas dans les richesses
du sous-sol que repose l’avenir heureux
d’un pays, mais dans sa bonne
gouvernance.
VOX
...
BURKINI
Décision du Conseil d’État :
« Le peuple est trahi
par ceux qui rendent
la justice en son nom »,
par Jean-Louis Harouel,
professeur d’histoire
du droit.
...
POLITIQUE
- Le camarade Mélenchon
converti à l’islamogauchisme,
par Gilles-William
Goldnadel.
- Primaire de la droite :
quel est le candidat
le plus gaulliste ?,
par Maxime Tandonnet.
LES RENCONTRES
DU FIGARO
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1er cahier 16 pages
Cahier 2 Économie :
8 pages
Cahier 3 Le Figaro
et vous 10 pages
Cahier 4 OT Turquie
12 pages
A
CHRONIQUE
15
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
16
Alain Barluet et Marie-Amélie
Lombard-Latune
Jean-Louis
Georgelin :
« La Légion
d’honneur
n’a rien
d’une foire
aux vanités »
[email protected]
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G
rand chancelier de la Légion d’honneur depuis 2010, le général d’armée Jean-Louis Georgelin, 67 ans,
cède mercredi son fauteuil au général d’armée Benoît Puga, 63 ans.
Entré à Saint-Cyr en 1967, le général Georgelin a notamment été chef de l’état-major particulier du président de la République
(2002-2006) et chef d’état-major des armées
(2006-2010).
Assumez-vous tous les choix qui ont été faits ?
Évidemment, il y a des gens que je n’aurais pas
choisis. Mais mon rôle n’est pas de choisir, c’est
d’assurer une cohérence entre le code de la Légion
d’honneur et les propositions qui sont faites. Le
système fonctionne bien : les ministres proposent
des personnes ; ces propositions sont examinées
par le Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur
que je préside et qui est composé de personnalités
de premier plan, qui ont leur carrière derrière elles ; puis le conseil les soumet au grand maître (le
président de la République, NDLR), qui signe les nominations. Entre 15 et 20 % des propositions sont
rejetées.
N
O
U
V
EA
U
Vous vous êtes opposé à la remise de la Légion
d’honneur, à titre posthume, à toutes les victimes
des attentats. Vous estimiez ce geste démagogique ?
Je m’en suis expliqué avec le grand maître ; selon
moi, être victime n’est pas une raison suffisante
pour recevoir la Légion d’honneur, qui doit récompenser des actes. Il existe d’autres moyens de
soutenir les victimes : une aide juridique, financière. Et une forme d’hommage de la nation qui se
RENCONTRE
LE FIGARO. - Que vous ont appris sur la France
et les Français les six années que vous venez
de passer à la tête de la grande chancellerie
de la Légion d’honneur ?
Jean-Louis GEORGELIN. - C’est l’extraordinaire
attachement des Français à la Légion d’honneur
qui m’a le plus marqué. La Légion d’honneur, ce
n’est pas la caricature de la foire aux vanités. Beaucoup de gens modestes, humbles, attendent réellement de voir leurs mérites reconnus. À l’autre extrémité, chez les personnes élevées à la dignité de
grand-croix (elles sont 70 aujourd’hui), installées
dans la société, souvent habituées aux honneurs, il
est frappant de voir leur émotion, leur façon quasi
systématique de faire référence à leurs parents. Paradoxalement, les polémiques sur les nominations
sont la preuve de cet attachement à l’institution.
« Être victime du
terrorisme n’est pas
une raison suffisante
pour recevoir la Légion
d’honneur, qui doit
récompenser des
actes. Il existe d’autres
moyens de soutenir
les victimes : une aide
juridique, financière »
JEAN-CHRISTOPHE
MARMARA/LE FIGARO
Le général, qui quitte mercredi son poste de grand chancelier, constate l’attachement
des Français à la plus haute décoration nationale, créée par Napoléon en 1802.
traduit par une cérémonie officielle et désormais
par la médaille nationale de reconnaissance aux
victimes du terrorisme, récemment créée.
Une distinction a été opérée entre les victimes
de Charlie Hebdo ou de l’Hyper Cacher, qui ont été
décorées, et celles des attentats de novembre 2015,
qui ne l’ont pas été. Pourquoi ?
Les premières n’ont pas été tuées à l’aveugle, mais
en raison de leur identité, de leur religion, de leur
usage de la liberté d’expression,valeur fondamentale
de notre République. Si l’institution de la Légion
d’honneur ne doit pas céder au sentimentalisme, elle
a dû tenir compte de l’émotion qui a saisi la France et
le monde après les attentats de janvier 2015.
Vous avez d’abord été hostile à l’attribution
de la Légion d’honneur au chanteur Bob Dylan,
mais ne vous êtes pas opposé à celle du prince
héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef,
décoré par François Hollande en mars dernier…
Pour Bob Dylan, il ne paraissait pas utile, comme le
voulait le cabinet ministériel impliqué (celui
d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture), de
le décorer toutes affaires cessantes pour la Fête de
la musique dont la date est, me semble-t-il,
connue à l’avance. Cette candidature devait passer
par la procédure normale. Ce qui a finalement été
fait et m’a permis d’apprendre que Bob Dylan
n’était pas le drogué antimilitariste que l’on caricature parfois. Quant au prince héritier saoudien,
Méditation, phytothérapie,
ostéothérapie, acupuncture…
COMMENT SE SOIGNER AUTREMENT
JUILLET-AOUT
SEPTEMBRE
2016
« siL’institution,
elle reste figée
dans la naphtaline,
meurt. Elle doit
épouser les
évolutions de la
société, diversifier
les promotions,
honorer davantage
les chercheurs,
les personnes
qui luttent
pour l’emploi
dans le pays
»
A
1
LE GÉNÉRAL D’ARMÉE
JEAN-LOUIS GEORGELIN
GLUTEN
PSYCHO
les dessous d’un régime « sans »
les bienfaits de la vie à deux
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LE FIGARO SANTÉ, VOTRE MAGAZINE TRIMESTRIEL
EN VENTE ACTUELLEMENT en kiosque et sur www.figarostore.fr
cela relève de l’usage diplomatique et du pouvoir
discrétionnaire du grand maître. Les États sont des
monstres froids : ils n’ont pas de sentiments, mais
des intérêts.
Quel message adressez-vous à votre successeur,
le général d’armée Benoît Puga ?
L’institution, si elle reste figée dans la naphtaline,
meurt. Elle doit épouser les évolutions de la société, diversifier les promotions, honorer davantage les chercheurs, les personnes qui luttent pour l’emploi dans le pays. La Légion d’honneur, ce n’est pas que la médaille de l’héroïsme
militaire !
Assiste-t-on aujourd’hui à un état de grâce
entre les Français et leur armée ?
Je me méfie des discours enflammés et porte un regard distancié sur les appels au rétablissement du
service militaire… Mais, c’est vrai, dans une société
qui se cherche des repères, l’armée représente la
solidité, la stabilité, la discipline, la rigueur, le don
de soi. Sa cote de popularité est cependant fluctuante : elle décroît lorsque le nombre de tués en
opérations extérieures augmente. Cela s’est vérifié
lors de notre intervention en Afghanistan. Or, le
rôle du soldat, ce qui fait son honneur, c’est pourtant sa vocation au sacrifice suprême pour la défense des intérêts du pays.
L’opinion ne risque-t-elle pas de faire le lien
entre notre participation à la coalition en Syrie
et les attentats en France ?
Telle peut être sa réaction, même si les Français
savent que le terrorisme a des causes beaucoup
plus larges. Cela étant, la tentation de « l’esprit de
Munich » est toujours présente. Notre participation en Syrie est essentiellement aérienne, mais,
si l’on avait à envoyer des troupes au sol, la classe
politique et l’opinion se diviseraient probablement.
Donc, cette réconciliation entre les Français
et l’armée reste fragile ?
Le terme « réconciliation » n’est peut-être pas le
bon. J’ai commandé des appelés jusqu’en 1990, je
n’ai jamais véritablement ressenti d’hostilité. J’ai
toujours porté l’uniforme dans les rues de Paris,
sans être insulté. Les alternances politiques, qu’elles soient de gauche comme de droite, ont joué un
rôle dans cette reconnaissance de l’armée par la
population. Après l’alternance de 1981, Charles
Hernu a su admirablement gagner l’estime des militaires et François Mitterrand a proclamé : « La
dissuasion, c’est moi. » Parmi les dirigeants occidentaux, le chef de l’État français est celui qui a le
pouvoir de décision d’emploi de la force le plus
simple, direct et efficace.
Approuvez-vous la création
d’une garde nationale ?
La garde nationale, oui, mais il faut d’abord la définir, savoir qui la commande, l’encadre, l’entraîne,
comment on la recrute. Et surtout que les moyens
financiers importants nécessaires ne soient pas mis
en place au détriment du budget de notre armée de
projection.
Jusqu’à présent, des cas isolés de radicalisation
islamiste ont été signalés dans l’armée.
Craignez-vous une contagion ?
Je n’y crois pas. L’institution militaire, son encadrement sont suffisamment solides pour contrer ce
genre de risques. Le rôle du commandement est
essentiel : j’ai une confiance totale dans la force de
notre organisation militaire. ■
mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
> FOCUS
lefigaro.fr/economie
COMMERCE
TÉLÉVISION
PAGE 20
PAGE 24
Le vicechancelier
allemand,
Sigmar
Gabriel.
.
HANOUNA CONTRE
BARTHÈS, LE CHOC
DE LA RENTRÉE TV
économie
Présidentielle : le Medef
interpelle les candidats
à la primaire de la droite
Juppé, Sarkozy, Le Maire et Fillon sont les invités de la 18e université d’été
de l’organisation patronale, qui en profitera pour exposer ses priorités pour 2017.
Le Medef veut profiter de son université d’été, ces mardi et mercredi, pour mettre la pression sur
les principaux candidats à la pri-
maire de la droite. Fiscalité, droit
du travail, dépense publique : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire sont
attendus sur le campus de HEC
pour défendre leur programme
économique et écouter les attentes
des chefs d’entreprise pour 2017.
èUNE UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU MEDEF
TRÈS POLITIQUE è3 THÈMES
VUS PAR SARKOZY, JUPPÉ, FILLON,
LE MAIRE èPAROLES DE PATRONS
PAGES 18 ET 19
MARKUS SCHREIBER/AP, CYRILLE GEORGE JERUSALMI/D8,, DUMONTIER/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP
Lactalis : les
producteurs
maintiennent
la pression
Les négociations
entre Lactalis et les
producteurs laitiers
doivent reprendre ce
mardi. Pour maintenir
la pression sur le
groupe, les syndicats
d’agriculteurs
prévoient aussi
d’occuper au moins
une quinzaine
d’usines. PAGE 22
le PLUS du
FIGARO ÉCO
INTERNET
La guerre
de la musique
fait rage
PAGE 23
LA SÉANCE
DU LUNDI 29 AOÛT 2016
CAC 40
4424,25 -0,40%
DOW JONES (18h)
18516,07 +0,66%
ONCE D’OR
1318,75 (1321,30)
PÉTROLE (lond)
49,150 (49,760)
EUROSTOXX 50
2998,50 -0,39%
FOOTSIE
Marché clos
NASDAQ (18h)
5239,50 +0,39%
NIKKEI
16737,49 +2,30%
L'HISTOIRE
La ministre de l’Éducation veut bannir
les « Pokémons rares » des écoles
L
es élèves pourront chasser
des Pokémons dans la cour de
récré, mais la ministre de
l’Éducation pose des conditions.
Lors de sa conférence
de presse de rentrée, Najat VallaudBelkacem a annoncé avoir pris rendezvous avec Niantic, l’éditeur du jeu
phénomène Pokémon
GO, pour « demander
à ce qu’il n’y ait pas
de Pokémons rares
dans les établissements
scolaires ».
Le risque n’est pas
seulement que les élèves
se laissent distraire
pendant un cours. Le vrai
problème est d’ordre
sécuritaire. La ministre
redoute de voir les
écoles, collèges et
lycées se transformer
en repaires pour les
chasseurs de Pokémons.
Et pour cause,
certains établissements
apparaissent en tant que
« Pokéstop » ou arènes de combat dans le
jeu de réalité augmentée. Ces lieux risquent
d’attirer « beaucoup de gens, au-delà des
élèves », s’inquiète la ministre, qui estime
que « l’engouement autour du jeu » pose
« des problèmes de sécurité ». L’actualité
estivale a maintes fois montré que des
mouvements de foule incontrôlables
pouvaient se former à
l’apparition d’un Pokémon
rare. Pour se prémunir
contre ces risques,
qui se surajoutent à une
menace terroriste élevée,
directeurs d’école,
principaux et proviseurs
peuvent demander
à Niantic que leur
établissement soit « exclu
de la cartographie du jeu ».
Des hôpitaux et des
musées se sont ainsi
signalés comme
« lieux inappropriés » en
remplissant un formulaire
dédié sur le site
de l’éditeur. ■
JEAN-MARC DE JAEGER
L’accord conclu en octobre 2015 entre syndicats et patronat pour sauver les régimes des retraites complémentaires des cadres et des
salariés Agirc et Arrco permettra
bien de réaliser des économies massives : de 6,5 milliards d’euros par an
en 2020, et jusqu’à 8 milliards en
2030, a calculé la Direction générale
du Trésor de Bercy. Cette évaluation
« est cohérente avec les chiffrages
présentés dans le texte de l’accord », relèvent les auteurs de l’étude publiée lundi. L’étude d’impact de
l’accord tablait toutefois sur des
économies inférieures de 400 millions d’euros à celles du Trésor à horizon 2020 (6,1 milliards d’euros), et
de 600 millions supérieures à long
terme (8,6 milliards).
« Cette amélioration du solde financier proviendrait principalement des
régimes Agirc-Arrco, pour deux tiers
par une baisse des dépenses, et pour
un tiers par une hausse des recettes », relève la note de Bercy. Ce
n’est pas la mesure la plus novatrice
qui rapportera le plus. L’instauration
d’un système inédit de bonus et de
malus pour inciter les salariés à partir
plus tard à la retraite rapporterait
1,1 milliard d’euros en 2025.
Le gel partiel des pensions des retraités rapportera, lui, 1,9 milliard
d’euros par an dès 2020. À plus long
terme, presque 4 milliards d’euros
d’économies seront générées chaque année par la baisse du rendement des retraites complémentaires,
de 6,56 % en 2015 à un peu moins de
6 % à terme. En clair, pour 100 euros
cotisés, un salarié ne touchera plus
que 6 euros de pension chaque année, contre 6,56 euros auparavant.
« La montée en charge de cette mesure est très lente », précise le Trésor. Mais son effet sera puissant : les
pensions complémentaires seront
amputées de 9 % à horizon 2080.
Il est crucial pour les pouvoirs publics
de connaître avec précision les effets
de la réforme lancée par les partenaires sociaux. En effet, les résultats
de l’Agirc et de l’Arrco entrent dans le
champ du déficit public tel qu’envoyé
à la Commission européenne. Toute
économie réalisée par ces régimes
- qui fusionneront en 2019 - est donc
comptabilisée dans l’effort de réduction du déficit public.
G. G.
DISCOVER
THE POTENTIAL
Découvrez le potentiel
Ayant une économie forte et
dynamique, la Turquie partage son
pouvoir avec ses partenaires
A
LE N° 2 ALLEMAND
TORPILLE LE TRAITÉ
TRANSATLANTIQUE
LES RETRAITES
COMPLÉMENTAIRES SAUVÉES
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
L'ÉVÉNEMENT
18
EXCLUSIF
Quel candidat
à la primaire
de la droite
comprend
le mieux les
entrepreneurs ?
Sondage Internet par Odoxa
pour Coriolink, réalisé
les 25 et 26 août auprès
d’un échantillon représentatif
de 995 personnes selon
la méthode des quotas.
+
@
ALAIN
JUPPÉ
22%
» Retrouvez
l’intégralité
du sondage sur
www.lefigaro.fr/economie
Le développement des entreprises
de taille intermédiaire (ETI) doit
être au cœur des priorités
du prochain quinquennat.
3 000 entreprises, dont deux tiers
d’ETI, portent l’économie, l’essentiel
des exportations, des investissements
et de la valeur ajoutée. Sans une ambition
en faveur d’un Mittelstand industriel
français, la France va passer
à côté des énormes gisements
de croissance et d’emplois offerts par
la révolution digitale et l’usine du futur
»
ELIZABETH DUCOTTET
COPRÉSIDENTE DU MOUVEMENT DES ENTREPRISES
DE TAILLE INTERMÉDIAIREET PDG DE THUASNE
200 M€ DE CA ET 2 000 SALARIÉS
Les entreprises doivent
reconstituer leurs
marges. Pour y parvenir,
le futur président devra
s’attaquer aux déficits.
Seule une baisse
drastique des dépenses
publiques ouvrira la voie au
financement des baisses de charges
qui pèsent trop lourdement
et depuis trop longtemps sur le coût
du travail et sur l’appareil productif
»
JEAN-BAPTISTE DANET
PRÉSIDENT DE CROISSANCEPLUS ET DG DE DRAGON ROUGE
35 M€ DE CA ET 320 SALARIÉS
Il faut supprimer l’ISF
particulièrement néfaste
au développement des entreprises,
à leur croissance et à leur
transmission. C’est à cause
de cet impôt que la France
manque si cruellement d’entreprises
de taille intermédiaire, alors même que
ces entreprises sont créatrices d’emplois
et privilégient le long terme. L’autre mesure
serait d’abroger le droit du travail et de tout
réécrire à partir d’une page blanche
»
PDG D’INGELIANCE
35 M€ DE CA ET 500 SALARIÉS
Le futur président
devra donner un signe
à la France heureuse
de travailler, en incitant
plus au travail et moins
à la redistribution.
Il devra alléger
les charges sur les salaires
(aussi au-delà de 1,3 smic) et encadrer
l’économie collaborative où
l’on emploie des gens quasiment
sans payer de charges. Il devra
ramener l’IS sous les 30 %, supprimer
l’ISF et réduire l’IR qui est abusif.
A
»
PDG D’ACTEON
150 M€ DE CA ET 800 SALARIÉS
Le Medef va profiter de sa 18e université d’été pour interpeller les principaux
RENDEZ-VOUS
MARDI 18 H 05
Plénière politique
avec François Fillon
qui sera interpellé
par Ghislaine AuxouxGueden (Xerox
France), Gilles Babinet
(Captain Dash) et
Jean-Pierre Letartre
(EY)
MERCREDI 10 H 30
Plénière politique
avec Bruno Le Maire
et Nicolas Sarkozy
qui seront interpellés
par Christophe Catoir
(Adecco France),
Sophie de Menthon
(Ethic) et Robert
Vassoyan (Cisco
France)
CÉCILE CROUZEL £@ccrouzel
SOCIAL À neuf mois de l’élection
présidentielle, il ne pouvait en être
autrement : la 18e université d’été
du Medef, qui se tient ces mardi et
mercredi sous haute sécurité sur le
campus HEC de Jouy-en-Josas
(Yvelines), aura une coloration très
politique. À vrai dire, cela fait déjà
quelques années que le rendezvous est devenu incontournable.
En 2014, c’est là que Manuel Valls
avait lancé son célèbre « j’aime
l’entreprise ». En 2015, c’est Emmanuel Macron qui défraya la
chronique en critiquant, de façon à
peine voilée, les 35 heures. Lui
aussi avait alors eu droit à sa standing ovation.
Cette année, l’organisation présidée par Pierre Gattaz a décidé de
frapper plus fort, en invitant les
quatre principaux candidats à la
primaire de la droite - Nicolas
Sarkozy, Alain Juppé, François
Fillon et Bruno Le Maire -, ainsi
que des représentants des courants
du PS - Jean-Marie Le Guen pour
les réformateurs, Olivier Faure
pour le PS historique et MarieNoëlle Lienemann, candidate à la
primaire, pour les frondeurs -,
ainsi que deux candidats du centre
à la présidentielle, l’ex-ministre
Rama Yade et le député Jean Lassalle. Chacun aura 20 minutes pétantes pour exposer son programme et répondre aux questions d’un
trio d’entrepreneurs.
Ne manqueront à l’appel que les
écolos, le FN et l’extrême gauche,
dont l’absence, pour ces deux derniers, est voulue par Pierre Gattaz
qui a « fait le choix du raisonnable »,
selon ses propres termes. Invité lui
aussi, Arnaud Montebourg a refusé
de venir, selon le Medef. Quant à
Benoît Hamon, il se serait déclaré
trop tard pour pouvoir être intégré
au planning. Ironie de l’histoire,
Emmanuel Macron sera présent lui
aussi à Jouy-en-Josas, mais uniquement en tant que ministre de
l’Économie…
Plein-emploi à terme
Si le Medef déploie autant d’énergie, c’est parce qu’il veut à tout prix
que les sujets économiques et sociaux reviennent au cœur de la
campagne, après un été où le burkini et la place de l’islam ont monopolisé l’attention des politiques.
« J’ai peur que l’on parle identité
pendant des mois et que cela soit
l’arbre qui cache la forêt », s’alarme
Pierre Gattaz. Le patron des patrons
CE QUE SARKOZY, JUPPÉ, FILLON ET LE MAIRE PROPOSENT
MERCREDI 17 H 30
Intervention
d’Emmanuel Macron
FISCALITÉ
TRAVAIL
DÉPENSES
S’il est un point sur lequel les
quatre principaux candidats
à la primaire de la droite sont
d’accord, c’est bien la suppression
de l’ISF, impôt jugé inefficace
car les vraies grandes fortunes
y échappent et néfaste car il fait
fuir les entrepreneurs. Juppé,
Sarkozy, Le Maire et Fillon sont
également d’accord pour alléger
la pression fiscale sur les ménages
et les entreprises, dénonçant
le « matraquage fiscal » du
quinquennat Hollande, mais
divergent sur la méthode
et le rythme à adopter.
En matière fiscale, Nicolas Sarkozy
est le plus radical et le plus pressé.
L’ex-chef de l’État propose
notamment un contre-choc fiscal
aux Français en réduisant dès 2017
l’impôt sur le revenu de 10 %,
et aux entreprises en doublant le
CICE pour le porter à 34 milliards
d’euros. En revanche, Alain Juppé
envisage, lui, de commencer
en diminuant progressivement
la pression fiscale des seules
entreprises. Quant à François
Fillon, il propose de mettre en
œuvre la TVA sociale - qu’il n’avait
pas réussi à imposer en 2007
après sa nomination à Matignon en augmentant de 3,5 points le
taux normal de TVA contre une
baisse massive des cotisations
des entreprises.
Enfin, Bruno Le Maire n’est pas en
reste. Le député de l’Eure propose
de transformer immédiatement
le CICE en baisse de charges et
de porter les allégements au-delà
de 2,5 smics pour permettre aussi
à l’industrie, qui paye bien ses
employés, de rester compétitive.
L’ex-bras droit de Dominique
de Villepin promet encore
d’inscrire le principe de stabilité
fiscale dans la Constitution. ■
M.-C. R.
Les quatre candidats en tête
des sondages pour la primaire
de la droite veulent tous assouplir
le droit du travail, sortir des
35 heures, laisser les entreprises
choisir par accord leur durée
du travail, rendre les allocationschômage dégressives ou relever
l’âge de départ à la retraite.
Là encore, ils divergent sur les
modalités. Alain Juppé, Bruno
Le Maire et François Fillon
proposent de porter l’âge de la
retraite de 62 à 65 ans d’ici à 2022,
tandis que Nicolas Sarkozy table
sur 63 ans à horizon 2020 et 64 ans
en 2025. « 65 ans soulèvera
tellement d’opposition que le
président qui voudra le mettre en
place négociera en contrepartie un
calendrier de mise en œuvre
lointain », justifie l’ex-chef de
l’État. Concernant les 35 heures,
François Fillon est le plus libéral :
il veut laisser les entreprises
négocier la durée du travail dans la
limite des 48 heures fixée par le
droit européen. Nicolas Sarkozy
envisage aussi des accords négociés
dans l’entreprise mais, toujours
partisan du « travailler plus pour
gagner plus », il précise que ce
sera « 35 heures payées 35, 36
payées 36 ou 37 payées 37 » et que
les heures supplémentaires seront à
nouveau défiscalisées. Une
différence assumée avec Alain
Juppé qui veut porter la durée du
travail à 39 heures (sauf dans les
entreprises qui négocieraient
moins) et envisage un mécanisme
fiscal pour compenser la perte de
majoration des heures sup. Quant à
Bruno Le Maire, il milite pour la
création d’un e-contrat simplifié
pour les start-up accessible sur
Internet et le renouvellement sans
limite d’un CDD à droits progressifs
avec le temps. ■
M.-C. R.
S’ils veulent pouvoir réformer
la France et baisser les impôts, tous
les candidats à la primaire de la droite
savent qu’ils devront commencer
par réduire la dépense publique,
condition sine qua non pour dégager
la moindre marge de manœuvre
et priorités des priorités pour le
monde patronal. Nicolas Sarkozy
fixe, comme Bruno Le Maire,
à 100 milliards l’objectif d’économies
tandis qu’Alain Juppé table sur 85 à
100 milliards et que François Fillon
affiche un objectif de 110 milliards.
Au-delà du montant, les méthodes
diffèrent aussi… « Ne nous mentons
pas, il faut d’abord réduire la dépense
publique avant de réduire les impôts »,
indique François Fillon.
L’ex-premier ministre veut respecter
les engagements européens de la
France et tenir le déficit sous la barre
des 3 % du PIB. « L’erreur majeure
de politique économique serait de
tailler dans les dépenses en oubliant la
croissance », estime Bruno Le Maire
qui refuse d’infliger « du sang
et des larmes » aux Français. Tous
s’accordent en revanche à réformer
la fonction publique. L’ex-chef
de l’État compte supprimer 300 000
postes sur cinq ans, en rétablissant
le principe de non-remplacement
d’un fonctionnaire sur deux partant
à la retraite et en l’étendant aux trois
fonctions publiques. Un chiffre moins
ambitieux que celui de François Fillon
(600 000) et surtout de Bruno Le
Maire, qui veut mettre fin au statut de
la fonction publique territoriale et
supprimer un million de postes en dix
ans. Si Nicolas Sarkozy veut revenir
sur le statut à vie des fonctionnaires et
créer un contrat de cinq ans
renouvelable, sauf pour les policiers
et les enseignants, Alain Juppé
souhaite faciliter l’embauche de
contractuels dans des conditions
similaires au droit privé. ■
M.-C. R.
MERCREDI 17 H 50
Plénière politique
avec Marie-Noëlle
Lienemann (candidate
à la primaire PS)
et Alain Juppé qui
seront interpellés par
Jean-Louis Chaussade
(Suez Environnement),
Elizabeth Ducottet
(Thuasne) et Anne
Murgier (Capstan
Avocats)
5000
personnes
attendues
pendant les deux jours
de la 18e université
d’été du Medef
JEAN-FRANÇOIS CLÉDEL
MARIE-LAURE POCHON
Présidentielle : les patrons
214
intervenants
dont les 4 principaux
candidats à la primaire
de la droite et
5 ministres (Macron,
Lemaire, Le Guen...)
20
minutes
accordées à chaque
candidat à la primaire
de la droite pour son
programme sur
l’emploi, les PME et la
France dans dix ans
mardi 30 août 2016
L'ÉVÉNEMENT
19%
9%
16%
présentent leur programme
candidats à la primaire de la droite sur les réformes à mettre en œuvre.
estime toujours que l’entreprise,
parce qu’elle crée des emplois, est
la solution à bien des problèmes du
pays. Enfin uniquement si les politiques mettent en place un « terreau
favorable », ce que peu à droite
comme à gauche ont fait ces dernières années. « On a la capacité de
réussir en France », jure un proche
du président du Medef.
Pour Pierre Gattaz, la priorité
des programmes électoraux doit
donc être de « booster la croissance », afin que la France retrouve le
plein-emploi. C’est-à-dire un taux
de chômage inférieur à 6 %, contre
9,9 % actuellement. « Cette élection 2017 est déterminante pour
l’avenir, il ne faut pas la louper »,
insiste le président du Medef.
Comme il ne faudra pas, non
plus, rater la mise en œuvre des
promesses électorales. Sur ce
FRANÇOIS
FILLON
NICOLAS
SARKOZY
point, on sent l’organisation patronale sinon inquiète, du moins
très vigilante. Baisse de 90 milliards d’euros des charges et impôts pesant sur les entreprises,
mise en place d’une fiscalité incitative, avec notamment la suppression de l’ISF, réduction des
dépenses publiques, déverrouillage du marché du travail, simplification du dialogue social en entreprise : les principales demandes du
Medef collent globalement aux
programmes des grands candidats
à la primaire de la droite.
Crédibilité des réformes
Mais l’échec de la loi El Khomri a
laissé des traces. Désormais, l’organisation patronale redoute plus
que tout les réformes mal préparées, qui sont rejetées par l’opinion
publique. Dans son discours inau-
gural ce mardi, Pierre Gattaz devrait souligner la nécessité de donner du sens et une cohérence aux
réformes. Ce qui suppose d’avoir
une vision pour la France. Tous les
politiques présents à l’université
d’été seront attendus sur ce point.
Et sur la question de leur crédibilité. « Ils devront nous expliquer
comment ils mettront en œuvre leur
programme, avec quel courage, et
comment ils le financeront », martèle le patron des patrons, qui plaide pour une mise en place rapide,
dans les six mois après l’élection,
des principales mesures.
D’ailleurs, tout en continuant de
faire la pédagogie des bouleversements de l’économie - mondialisation, révolution numérique, défi
climatique -, le Medef compte
analyser dans le détail les programmes des différents candidats
dans les prochains mois. Puis en
décembre, l’organisation sortira la
feuille de route des réformes
qu’elle juge indispensables.
Bref, le Medef veut « y croire et
agir », comme le résume le slogan
de l’université d’été 2016, et souhaite que les candidats à la présidentielle et leurs équipes aient le
même état d’esprit. Reste à
convaincre des chefs d’entreprise
de terrain, souvent découragés par
la politique. Car s’ils ont bénéficié
depuis 2014 des baisses de prélèvements du pacte de responsabilité,
ils ont aussi en tête les mesures
contre-productives du quinquennat Hollande, comme le compte
pénibilité ou la loi Hamon sur les
reprises d’entreprise. Et également
la faiblesse des réformes menées
sous la mandature précédente par
la droite… ■
La France ne réglera le chômage
que par une dynamique
entrepreneuriale. Il faut donc créer
un revenu minimum du créateur
d’entreprise, dégressif tous les six mois,
le temps de consolider son activité.
Ce dispositif s’accompagnera de formation
utile à la création et de contrôle obligatoire
pour optimiser les chances de succès.
»
JOCELYN DENIS
PDG DE DIGITALEO
8,7 M€ DE CA ET 70 SALARIÉS
Pour relancer
la croissance,
il faut combiner
un contre-choc fiscal
et une véritable réforme
du marché du travail
»
GEOFFROY ROUX DE BÉZIEUX
VICE-PRÉSIDENT DU MEDEF ET PDG DE OLIVIERS&CO
30 M€ DE CA ET 90 SALARIÉS
A
BRUNO
LE MAIRE
19
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA-FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO, ANAEL BARRIERE, DR
LE FIGARO
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
20
ENTREPRISES
Le traité transatlantique à l’agonie
En évoquant l’échec des négociations, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, affaiblit un peu plus le TTIP.
NICOLAS BAROTTE
£@NicolasBarotte
ET JEAN-JACQUES MÉVEL£@jjmevel
CORRESPONDANTS À BERLIN ET BRUXELLES
COMMERCE L’acte de décès est
presque dressé. Toujours enlisé
après trois ans, rejeté par davantage de Français et d’Allemands,
et pour finir malmené par les deux
grands candidats à la MaisonBlanche, le traité de libre-échange entre l’UE et les États-Unis
(connu sous ses acronymes anglais TTIP et Tafta) a du plomb
dans l’aile. Les discussions « ont
échoué de facto », a asséné dimanche le vice-chancelier Sigmar
Gabriel dans une interview à la
ZDF. L’Europe « ne se soumettra
pas aux exigences américaines ».
La France freine depuis le début. Le Royaume-Uni, inventeur
du libre-échange, a longtemps
poussé le projet, mais il s’apprête
à quitter l’UE. L’Allemagne, puissance industrielle et commerciale,
restait le dernier des grands à porter le projet. La messe est-elle
dite ?
La chancelière Angela Merkel
n’est pas de cet avis. « Les négociations ne sont pas encore terminées », assure son porte-parole,
Steffen Seibert, irrité par les déclarations du président du SPD,
qui est aussi le no 2 de la coalition
gouvernementale. Même agacement à Bruxelles, où la Commission Juncker ne désespère pas « de
boucler l’accord à la fin de l’année », c’est-à-dire avant le changement de locataire à la MaisonBlanche.
Manifestation
contre le TTIP
le 23 avril à Hanovre,
en Allemagne.
IMAGEFORUM
une occasion publique de dénoncer l’« impossible » accord avec
Washington. Lundi, il s’est réjoui
de la bruyante sortie de Sigmar
Gabriel à Berlin. Mais lors d’un
tour de table à huis clos, lors du
dernier sommet de l’UE fin juin, le
président Hollande s’est lui-même bien gardé de rompre l’unanimité et le mandat de négociation
toujours confié par les Vingt-Huit
à la Commission Juncker.
Sur le papier, les tractations
continuent. Avec les États-Unis,
le quatorzième « cycle » de négociations conduit en juillet n’a pas
permis d’avancer sur les dossiers
les plus chauds : l’ouverture des
marchés publics à travers les
50 États américains, réclamée par
l’UE, et une concurrence plus
ouverte sur les marchés agricoles
européens, convoitée par les
Américains. Un nouveau rendezvous transatlantique est programmé début octobre, à Washington.
Depuis trois ans, la question
porte moins sur les droits de
douane - déjà tombés à moins de
4 % en moyenne dans l’UE et aux
États-Unis - que sur le casse-tête
de règlements et certifications
contradictoires à l’importation.
Leur élimination jouerait en faveur des industriels, de la croissance et de l’emploi des deux côtés. Elle permettrait aussi de fixer
ensemble des normes communes,
avant que le concurrent chinois ne
les impose. Mais les partisans du
libre-échange, constamment sur
la défensive, n’ont jamais réussi à
convaincre ceux qui s’inquiètent
de dégâts de la mondialisation et
d’un nivellement par le bas. Qu’il
s’agisse de sécurité, de santé, de
protection sociale et même
d’identité culturelle. ■
Jeu de rôles
Le pavé lancé par Sigmar Gabriel,
concurrent plausible d’Angela
Merkel aux élections de 2017,
n’est pas dépourvu d’arrièrepensées. Le SPD, très affaibli,
s’apprête à tenir congrès en septembre, précisément sur la question du libre-échange. C’est en
Allemagne que l’opposition de la
société civile est la plus vive au
Partenariat transatlantique de
commerce et d’investissement,
traité perçu comme un outil de
déréglementation et d’abaissement des normes européennes.
À treize mois du renouvellement du Bundestag, le TTIP s’impose comme un enjeu politique en
Allemagne. Sigmar Gabriel est
sous pression : avant deux élections régionales des 4 et 18 septembre, les militants du SPD doivent se prononcer le 19 septembre
sur un autre accord commercial,
entre l’UE et le Canada, déjà signé.
Le non a le vent en poupe. Sigmar
Gabriel s’est engagé pour le oui.
Pour sauver sa mise canadienne et
s’éviter un revers face aux militants, il est prêt à sacrifier l’accord
en gestation avec les États-Unis.
En France, le jeu de rôle au
sommet du pouvoir n’est pas si
différent. Depuis des mois, Matthias Fekl, secrétaire d’État au
Commerce, manque rarement
LES SUJETS
LITIGIEUX
Les normes sociales
et écologiques
Le public européen
redoute un
abaissement
des normes et
une menace sur
les indications
géographiques malgré
les assurances
de Bruxelles.
L’arbitrage
Le désaccord persiste
sur le moyen de régler
les différends entre
États et investisseurs.
Les marchés publics
Les Européens
reprochent aux
Américains l’accès
restreint à leurs
marchés publics.
Tarifs douaniers
Les négociations
sur la suppression
des droits de douane
bloquent sur quelques
produits : viande
de bœuf côté Europe,
automobile
côté États-Unis.
Clinton et Trump dans la surenchère
contre les traités de libre-échange
PIERRE-YVES DUGUA £@PDugua
CORRESPONDANT À WASHINGTON
La condamnation aux oubliettes
par plusieurs responsables européens du traité transatlantique de
libre-échange (TTIP) est à peine
commentée dans la capitale américaine. C’est dire à quel point le ton
du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel ne surprend guère. À
Washington, un autre grand traité
de libre-échange, le Trans-Pacific
Partnership (TPP), bien plus avancé dans sa rédaction, fait déjà les
frais de la campagne électorale. Or
sans TPP, le TTIP est mort-né.
Voilà des mois que, côté américain, le sort du traité avec l’Union
européenne est d’abord suspendu
à l’adoption éventuelle par le
Congrès du TPP négocié avec onze
pays d’Asie - sans la Chine -,
d’Océanie et d’Amérique latine. La
rhétorique hostile à ce texte émanant non seulement de Donald
Trump, mais aussi de Hillary Clin-
ton, en compromet les chances
d’aboutissement.
Le coup de grâce a été donné la
semaine dernière par le leader de
la majorité républicaine du Sénat :
Mitch McConnell refuse que le TPP
soit soumis à un vote dès le lendemain des élections législatives et
présidentielle du 8 novembre. Il
faudra donc attendre au plus tôt
février 2017 pour que le nouveau
Congrès choisisse ou non de se saisir de l’accord. Barack Obama,
dans les cinq mois de mandat qui
lui reste, a très peu de chance de
changer la donne : c’est à son successeur que reviendra la tâche de
défendre éventuellement le TPP,
voire ensuite le TTIP.
« Viol de l’Amérique »
Hillary Clinton, en tête des sondages, est presque autant critique du
traité trans-Pacifique que son rival
ouvertement protectionniste, Donald Trump : « Je bloquerai tout
accord commercial qui tue l’emploi
et maintient les salaires bas. » « Je
suis contre le TPP aujourd’hui, je serai contre après l’élection et je m’y
opposerai en tant que présidente »,
martèle la candidate démocrate
pour mieux faire oublier qu’elle
s’est initialement prononcée pour
la création d’une zone de libreéchange comprenant tous les
grands pays de la zone pacifique à
l’exception de la Chine. Brusquement inquiète de la tentation pour
les cols-bleus de voter Trump,
Hillary Clinton va même jusqu’à
critiquer l’accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada,
signé par son époux à la MaisonBlanche en 1993.
En cas d’élection de Trump en
novembre, le rejet de tout nouveau
traité de libre-échange est encore
plus vraisemblable. Au grand dam
des milieux d’affaires, le candidat
républicain parle de « viol de
l’Amérique par les traités de libreéchange ». Il veut remettre sur la
table tous les accords existants et
menace d’ériger unilatéralement
des barrières douanières. ■
EN BREF
DÉPAKINE : VERS
UNE TAXE SUR LES
PRODUITS DE SANTÉ ?
£ Une taxe sur les produits de
santé destinée au futur fonds
d’indemnisation des victimes
de la Dépakine a été proposée
par le député Gérard Bapt.
Cette taxe rapporterait entre
33 et 66 millions d’euros par
an, selon le pourcentage retenu
de 0,1 % ou 0,2 %, a dit à l’AFP
le député, qui est rapporteur
du budget de la Sécurité
sociale.
TRANSPORTS :
LA COUR DES COMPTES
ALERTE
£ La Cour des comptes
conseille au gouvernement
de « réduire considérablement
les engagements nouveaux »
dans les infrastructures de
transports, dans un référé
rendu public lundi.
Selon elle, même en gelant
les engagements déjà pris par
l’Agence de financement des
infrastructures de transports
(Afitf), celle-ci sera en déficit
d’environ 600 millions
en 2019.
LA GRÈCE RENOUE
AVEC LA CROISSANCE
£ La Grèce a connu au
deuxième trimestre une
croissance économique de
0,2% par rapport au premier
trimestre où le PIB s’était
contracté de 0,2 %.
La Commission européenne
et la banque centrale de Grèce
prédisent une contraction
du PIB grec de 0,3 %
sur l’ensemble de l’année.
La Chine donne naissance à un motoriste d’envergure mondiale
Un nouveau conglomérat vient d’être formé pour concurrencer Rolls-Royce, Safran et General Electric.
A
VALÉRIE COLLET £@V_Collet
INDUSTRIE Après s’être mise en
ordre de bataille pour fabriquer
ses propres avions, la Chine
compte créer un leader de la
construction de moteurs et
concurrencer à terme Rolls-Royce
et le tandem General Electric-Safran.
Un nouveau conglomérat baptisé AeroEngine Corporation of
China (AECC) vient d’être constitué par le gouvernement, la ville
de Pékin, Aviation Industry Corporation of China (Avic) et Commercial Aircraft Corporation of
China (Comac). Ce nouvel ensemble est doté d’un capital de
50 milliards de yuans (6,7 milliards d’euros) et emploiera près
de 100 000 personnes.
Ambition politique
Le président chinois Xi Jinping, cité
par l’Agence Chine nouvelle, voit
dans la création de cette entreprise
une « mesure stratégique » pour
faire de la Chine une puissance aéronautique et moderniser l’armée.
Le premier ministre, Li Keqiang, a
de son côté estimé que réaliser des
« percées » dans les moteurs d’avions de pointe sera d’une grande
utilité afin de renforcer les capacités militaires et manufacturières du
pays.
La Chine qui se contentait jusqu’à présent d’accueillir sur son sol
Moteur d’avion à l’usine
de Dahlewitz, en
Allemagne. IMAGEFORUM
des sites industriels en partenariat
avec les géants occidentaux,
Boeing puis Airbus, compte s’af-
franchir de leur tutelle tant dans la
construction aéronautique que de
moteurs.
Mettre au point de nouveaux
réacteurs compétitifs mettra du
temps. Pour équiper son premier
avion commercial, le C919, un
moyen-courrier destiné à concurrencer l’A320 et le Boeing 737, le
chinois Comac se tournera dans un
premier temps vers CFM International (détenu par General Electric
et Safran). L’avion devrait être mis
en service entre 2018 et 2020. Il
faudra quelques années de plus
pour le doter de réacteurs de
conception entièrement chinoise.
D’après les experts en aéronautique, les premiers appareils produits
par les groupes chinois n’apportent
pas d’innovation par rapport aux
moyen-courriers d’Airbus et de
Boeing. Ils sont avant tout destinés
à alimenter le marché intérieur en
plein essor. En juin, Comac se félicitait de voir son premier jet régional, l’ARJ21, réaliser son premier
vol commercial aux couleurs de
Chengdu Airlines. L’avion avait été
lancé en 2002 mais n’a été certifié
que quatorze ans plus tard. Qu’importe. L’ambition politique de
créer un géant mondial est là. Le
marché de l’aérien va poursuivre sa
croissance en Chine. Les trois plus
grandes compagnies chinoises (Air
China, China Southern, China
Esterne) font désormais partie des
plus grandes au monde en nombre
de passagers transportés. ■
LE FIGARO
mardi 30 août 2016
ENTREPRISES
Veolia va ramasser
les ordures
de Camden à Londres
avant le référendum. « Nous
avons un plan d’investissement de
750 millions de livres dans les cinq
prochaines années au RoyaumeUni, souligne Estelle Brachlianoff.
Et nous l’avons confirmé au lendemain du référendum. » Tout simplement parce que le Brexit et la
dévaluation de la livre qui en découle ne changent pas grandchose pour un acteur comme
Veolia. « Toutes nos opérations se
font en livres sterling, qu’il s’agisse
de nos achats, de nos financements
auprès des banques ou de nos recettes », résume Estelle Brachlianoff.
Malgré le Brexit, le leader mondial des déchets
va investir 750 millions de livres au Royaume-Uni.
JEAN-YVES GUÉRIN £@jyguerin
SERVICES Joli coup pour Veolia.
Le leader mondial de l’eau et du
traitement des déchets va gérer la
collecte des ordures dans le quartier de Camden à Londres au cours
des huit prochaines années. Un
contrat à 338 millions de livres
(389 millions d’euros) qui prendra
effet à partir du 1er avril 2017.
Si la somme est très rondelette,
c’est que le borough de Camden
est très peuplé (240 000 habitants). Et, pour ce prix-là, le
groupe français va également nettoyer la voirie. Il déploiera aussi
des services digitaux peu développés en France. « Les habitants
pourront nous signaler sur Internet
tous les problèmes liés à la collecte
des déchets, par exemple si on a
oublié de traiter leur poubelle »,
explique Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia au
Royaume-Uni et en Irlande. Autre
innovation, les gros camions ap-
pelés balayeuses de voirie récupéreront et recycleront les traces de
palladium et de platine perdues
sur la chaussée laissées par les
voitures. Signé pour huit ans, ce
contrat sera renouvelé pur huit
années supplémentaires à moins
que la prestation ne donne pas satisfaction.
Veolia n’en est pas à son coup
d’essai dans les îles Britanniques.
Implanté au Royaume-Uni depuis
1990, le groupe y réalise une part
significative de ses ventes. En
2015, son chiffre d’affaires a atteint 2,3 milliards d’euros, ce qui
en fait le deuxième pays le plus
important pour le groupe après la
France. Avec de la rentabilité à la
clé et une croissance annuelle de
l’activité de 2 à 3 % comme pour
le reste du groupe.
Malgré le Brexit, Veolia n’a pas
l’intention de ralentir sur ce territoire. Centre de recyclage, centre
de cogénération, méthaniseur… le
groupe mènera à bien tous les
projets qu’il avait dans ses cartons
21
Du gaz avec de la glace
338
Mais, pour assurer son développement en Angleterre, Veolia ne se
contente pas de se positionner sur
les marchés traditionnels des déchets (collecte des ordures, station d’épuration…) relativement
banalisés. Il pousse aussi les feux
sur des segments à haute valeur
ajoutée où les acteurs sont moins
nombreux. Une déclinaison à
l’échelle locale de la stratégie globale de Veolia qui consiste à se
protéger de la concurrence des
acteurs des pays émergents.
Ainsi, le groupe a été choisi en
2014 par le gouvernement britannique en 2014 pour détruire dans
une usine d’incinération 150 tonnes de produits chimiques utilisés
pour la fabrication d’armes en Syrie. Dans un autre genre, il a démantelé entièrement une plateforme de Total en mer du Nord. Et
il va produire du gaz dans un méthaniseur alimenté par des petits
morceaux de crème glacée perdus
sur les lignes de production d’une
usine de glace. ■
millions
de livres
Montant du contrat
remporté par Veolia
pour gérer
les ordures du quartier
de Camden à Londres
pendant huit ans
Un camion Veolia
de collecte d’ordures
à conteneur amovible,
à Sète (Hérault).
TIM SOMERSET/MAXPPP
En crise, les appart-hôtels négocient les loyers à la baisse
L’offre n’a jamais été autant développée mais le modèle économique de ces résidences connaît des ratés.
Résidences
DE TOURISME
Définition :
Les résidences
de tourisme
– appelées aussi
résidences hôtelières
ou appart-hôtels –
proposent à une
clientèle touristique
des studios équipés
d’un coin cuisine.
La prestation est
également assortie
de services hôteliers
(ménage, réception,
restauration…)
GUILLAUME MOLLARET
£@Newsdusud
NÎMES
IMMOBILIER « Condamnons la société Appart’City à titre provisionnel
à verser les loyers dus aux requérants
au titre des troisième et quatrième
trimestres 2015, et ce sans délais. »
Cette ordonnance de référé rendue
en avril par le tribunal de grande
instance de Montpellier aux dépens
d’Appart’City, leader français des
résidences de tourisme ou apparthôtels, n’est pas un cas isolé.
La juridiction a rendu plusieurs
décisions à l’encontre de ce gérant de 120 résidences hôtelières.
Appart’City gère, dans le cadre
d’un bail commercial, quelque
13 500 clés pour le compte d’une
dizaine de milliers de propriétaires considérés comme « loueurs
de meublé non professionnels »
(LMNP). De l’aveu même de son
directeur général, Pierre Denizet,
l’entreprise doit « 15 millions
d’euros d’arriérés de loyer ». La
somme correspondrait à l’équivalent d’un trimestre de paiement,
alors qu’Appart’City a enregistré
l’an dernier un chiffre d’affaires
de 185 millions d’euros.
Méfiance
« Lors de la dernière assemblée générale de copropriétaires, le 2 avril
au Bourget, M. Denizet a parlé de
25 millions d’euros », précise
Me Philip Pechayre, avocat cannois
qui s’est fait une spécialité de la défense des loueurs de meublé non
professionnels. « Le contrat qui les
lie aux sociétés de gestion telles
qu’Appart’City, Pierre & Vacances,
ou Belambra, stipule un rendement
garanti. Or, c’est rarement le cas.
Mes clients sont obligés d’ester en
justice, où ils gagnent à chaque fois,
et de payer un avocat ce qui nuit à la
rentabilité de leur investissement. »
Avec trois confrères, il revendique
la représentation quelque 4 000
clients, propriétaires dans 61 résidences Appart’City. Depuis dixhuit mois, 200 décisions de justice
ont été rendues.
Cette année, Belambra, dont la
Caisse des dépôts est actionnaire à
34 %, a négocié, selon Philip Pechayre, « une baisse de loyer
moyenne de 17 % » afin de maintenir son activité à flot. « Nous sommes deux fois lésés, résume un propriétaire. D’une part, nous avons
payé un bien au prix fort. D’autre
part, on nous oblige à baisser sa rentabilité. Nous sommes forcés d’accepter car, en cas de cessation de
paiement pour le gestionnaire, les
loyers impayés seraient perdus. »
« Le problème est que de nombreuses résidences ont, par le passé,
été construites avec une vision avant
tout immobilière plutôt que fonctionnelle… Et il y a eu de la casse », résume Vanguelis Panayotis, directeur
du développement de MKG, société
d’études du marché hôtelier. Souvent, certains appart’hôtels ont été
bâtis par des promoteurs dont l’actionnaire est le même que la société
chargée de son exploitation…
« Aujourd’hui, ajoute Vanguelis
Panayotis, le problème est en train
de se régler avec des implantations
mieux réfléchies mais à l’heure où
certaines rénovations doivent être
effectuées dans les résidences les
plus anciennes, certains propriétaires, et on les comprend, ont du
mal à accepter de devoir mettre à la
main à la poche alors même que les
contrats initiaux ne sont pas respectés à la lettre. »
Souvent proposé par des
conseillers en gestion de patrimoine, le placement LMNP en apparthôtel suscite aujourd’hui la méfiance chez ces professionnels.
« Personnellement, raconte JeanFrançois Zapelloni, conseiller en
patrimoine à Lons-le-Saunier
(Jura), j’ai quasiment un client sur
deux qui a dû subir des baisses de
loyer. Autant vous dire, même si
certains acteurs respectent leurs engagements, que je ne propose plus de
placement en résidence hôtelière. »
Interrogé lors de la récente
inauguration d’une nouvelle résidence hôtelière 4 étoiles située face
aux arènes de Nîmes, Pierre Denizet affirme vouloir trouver « une
solution amiable avec les propriétaires d’ici la fin de l’année ». Mais
cette solution passera par une
baisse des loyers perçus par les investisseurs. ■
Mamie Nova accélère sur les innovations
DOMITILLE ARRIVET £@darrivet
2%
du marché
des yaourts
En valeur,
et 1,5 % en volume
AGROALIMENTAIRE Décalé. Chez
Mamie Nova, « décalé » est le
maître mot qui préside depuis plus
de soixante ans aux aventures de
l’ancienne coopérative laitière
normande, devenue Novandie et
propriété du groupe Andros depuis 1992. La marque, dont le nom
a été inventé par le publicitaire
Marcel Bleustein-Blanchet dans
les années 1970, place le terme au
cœur de toutes ses innovations. Au
seul mois de septembre, 18 nouveautés sont destinées à l’accompagner dans ses succès.
Son plaidoyer décalé
pour le yaourt gourmand
Avec une croissance des ventes de
8 % en valeur l’an dernier et de
31 % en quatre ans, la marque affiche une performance enviée sur le
marché des produits laitiers, en
panne depuis quatre ans. Son plaidoyer décalé pour le yaourt gour-
mand assumé depuis 1992 le place
au-dessus du lot dans un univers
en baisse de l’ordre de - 2 % par
an. Un créneau qui paye, alors que
les allégations minceur et santé
sur lesquelles les géants de l’ultrafrais tels Danone ou Nestlé ont parié durant la dernière décennie
sont en sérieux recul. « Les
consommateurs préfèrent manger
moins mais mieux, tout en se faisant plaisir. Notre noyau de clientèle fidèle grossit et consomme de plus
en plus fréquemment
nos produits », se
félicite Florence
Delobel, directrice du
marketing
pour la partie grande
distribution
qui écoule
100 millions
de pots Mamie Nova par
an.
« Mais
les
consommateurs sont aussi des zap-
peurs. C’est pourquoi nous lançons
15 à 20 nouveautés par an », poursuit-elle.
Chez Novandie, la filiale laitière
d’Andros, la volonté clairement
affichée est d’accélérer encore sur
ce marché des produits laitiers
frais en grande distribution où Ma-
Nouveauté pour la rentrée,
le riz au lait a nécessité dixhuit mois de développement
en interne. DR
mie Nova a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 77 millions
d’euros. Ses succès viennent en
renfort des autres activités de la filiale qui commercialise aussi la
marque en restauration hors foyer
et fabrique des produits laitiers
pour des marques de distributeur
dans six usines en France. Deux
branches dont les chiffres d’affaires, non communiqués selon la
tradition du groupe Andros, dépasseraient l’un et l’autre celui de
la marque en grande distribution.
Et les marges seraient tout aussi
intéressantes
compte
tenu des
volumes
produits.
En septembre, les
équipes
commerciales d’Andros
qui assurent
la distribution
de Mamie Nova
auront donc dans leurs cartons des
déclinaisons de yaourts gourmands, saveur figue-graine de
tournesol et citron-pavot. Mais
aussi des produits jamais vus chez
Mamie Nova tels que des yaourts à
boire destinés à surfer sur la tendance nomade, du riz au lait - rebaptisé Risotto cremissimo « pour
être moins ennuyeux » - et enfin
deux classiques de la pâtisserie
française, l’opéra et le paris-brest.
Pour accompagner ces lancements, la célèbre dame aux cheveux gris investit 2 millions
d’euros dans une campagne de
publicité à la télévision. « On veut
frapper fort. Si c’est un succès, on
préparera aussitôt les déclinaisons
suivantes », confie Florence Delobel. L’année se présente déjà bien :
à l’occasion des Jeux olympiques
au Brésil, Mamie Nova avait parié
sur le yaourt cocktail. Les Mojito,
Copa Cabana et Piña Colada ont
connu un succès de 20 à 30 % supérieur aux lancements habituels. ■
A
Sur un créneau en pleine santé, la marque de yaourts gourmands lance dix-huit nouveautés pour la rentrée.
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
22
ENTREPRISES
La FNSEA décidée à faire plier Lactalis
Les négociations sur les prix reprennent ce mardi. Les syndicats étendent leurs actions partout en France.
OLIVIA DÉTROYAT £@Oliviader
AGROALIMENTAIRE Mépris, humiliation, arrogance, irresponsabilité… La FNSEA, la FNPL et les Jeunes Agriculteurs (JA) n’avaient pas
de mots assez forts lundi contre le
géant laitier Lactalis dans le conflit
qui oppose le syndicat majoritaire,
au groupe basé à Laval (Mayenne)
sur le prix du lait payé aux éleveurs.
Après deux âpres sessions de négociations infructueuses, des communiqués de presse accusateurs,
l’occupation du siège lavallois de
Lactalis pendant une semaine, les
négociations vont finalement reprendre ce mardi entre les organisations de producteurs et les représentants de Lactalis, à Laval. La
FNSEA et les JA ont obtenu ce rendez-vous après avoir menacé
d’étendre leur action au niveau national, en occupant une quinzaine
des sites du groupe.
Mobilisation maintenue
Mais l’annonce lundi de la reprise
du dialogue n’a pas calmé les syndicats, décidés à maintenir la pression et à occuper au moins une usine par région. Des tracteurs étaient
notamment attendus lundi soir
près des sites d’Andrézieux (Loire),
Douai (Nord) et Montauban (Tarnet-Garonne). Déjà, dans l’aprèsmidi, une cinquantaine d’agriculteurs étaient rassemblés près de la
base logistique de Cesson-Sévigné
(Ille-et-Vilaine).
À nouveau, les éleveurs laitiers
tenteront d’obtenir que le groupe
accepte de payer un prix moyen annuel à la tonne autour de 280 à
290 euros contre 257 aujourd’hui.
« Aux niveaux actuels, 80 % des exploitations n’équilibreront pas leurs
comptes à la fin de l’année, s’inquiète
Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. En payant 5 % de
moins que ses concurrents, Lactalis
ne va pas tarder à entraîner les autres
groupes (Sodiaal, Eurial, Savencia...
NDLR) dans sa roue. » Leader mondial, Lactalis collecte ainsi environ
20 % du lait produit en France, soit
5 milliards de litres de lait.
Les manifestants ne suspendront
leurs actions que lorsque les organisations de producteurs estimeront avoir obtenu gain de cause,
précise la FNSEA. Cible privilégiée
du syndicat agricole majoritaire et
de son leader Xavier Beulin, Lactalis avait fait un pas vendredi en
proposant de monter de 15 euros le
prix payé à la tonne sur les cinq
derniers mois de l’année, soit
27,1 centimes le litre (contre 25,7 en
août). Un effort jugé dérisoire. « On
est en pleine méthode Lactalis, tonne
Dominique Barrau. Ils se disent
prêts à faire un geste tout en nous
attaquant au tribunal pour faire
évacuer les manifestants. »
« Jeter le focus sur Lactalis affranchit les autres groupes, surtout
coopératifs, de leurs responsabilités.
C’est trompeur car, finalement, lissés sur l’année, les prix de Sodiaal
sont en dessous de ceux de Lactalis », tempère Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat du
secteur. « Lactalis, c’est le marronnier qui revient avec la FNSEA à
chaque fois qu’ils ne savent pas quoi
faire sur le lait », abonde Bernard
Lannes, le président de la Coordination rurale. Les deux leaders
plaident pour des réponses communautaires à la crise de surproduction qui frappe le secteur. Ce
mardi sont d’ailleurs aussi attendues les propositions de Stéphane
Le Foll, le ministre de l’Agriculture,
pour réguler la production laitière
française. ■
Des agriculteurs bloquent la plateforme logistique de Lactalis lundi, à Cesson-Sévigné, près de Rennes.
Un groupe secret sous les feux de l’actualité
5 DATES
1933
André Besnier crée
sa fromagerie à Laval
1968
Lancement du
camembert Président
1990
Après Lactel en 1984,
le groupe rachète
Bridel
1999
Besnier International
devient Lactalis
International
2011
Rachat de l’italien
Parmalat, qui fait
de Lactalis le no 1
des produits laitiers
« Je n’ai même pas son portable. »
L’aveu du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, à propos du
PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, prête à sourire. Mais il en dit
long sur la culture du secret du
leader mondial du lait et sur le silence inflexible de son dirigeant,
alors que la multinationale créée
par son grand-père essuie depuis
deux étés de violentes attaques.
Créée en 1933 à Laval (Mayenne) par André Besnier, la société
n’était à l’origine qu’une petite
fromagerie. Entre créations de
marques (Président en 1968) et
acquisitions structurantes (Lactel
en 1984, Bridel en 1990, Roquefort Société en 1991, Galbani en
2006), Besnier International devient peu à peu un acteur majeur
du lait en Europe.
Rebaptisé Lactalis en 1999, sous
la présidence de Michel Besnier,
fils du fondateur, le groupe familial prend une nouvelle dimension en 2011, en prenant le
contrôle de son concurrent italien
Parmalat, qui quelques années
auparavant a été au cœur d’un
LES DÉCIDEURS
â PIERRE HEILBRONN
Ministère des Finances
Dans la foulée de la nomination de Thierry
Aulagnon comme dircab de Michel Sapin, en
remplacement de Claire Waysand qui rejoint
l’Inspection des finances, l’ancien conseiller de
François Fillon à Matignon, arrivé en 2014 aux
Finances comme directeur adjoint du cabinet,
s’en va. Sciences Po et ENA, Heilbronn est promu inspecteur général des finances et va prendre la vice-présidence de la Berd. Le diplômé de
l’université de Cambridge avait aussi dirigé le
cabinet de la commissaire européenne aux
Relations extérieures et à la gestion de l’aide au
développement.
â THIBAULT DE SAINT-SIMON
Aviva
A
NIGLAUT KEVIN/ABACA
Il devient le grand communicant de
l’assureur en France, prenant outre la
direction de la communication celle
du développement durable. Il devra, auprès de
Nicolas Schimel, DG d’Aviva France, accompagner les grands projets de transformation, dans
le cadre de la stratégie Aviva 2020. Âgé de 34
ans, cet ancien de Dauphine roule depuis 2007
pour le groupe Aviva où il a été l’artisan de la
mise en œuvre de la stratégie de développement
durable en Europe. En 2013, il rejoignait les
équipes françaises, prenant aussi en main les
relations médias et la communication institutionnelle.
retentissant scandale financier.
L’acquisition propulse Lactalis en
tête du classement des groupes
laitiers mondiaux. Piloté par Emmanuel Besnier, troisième génération, Lactalis pèse aujourd’hui
17 milliards d’euros de chiffre
d’affaires, dont 58 % réalisés en
Europe, emploie 75 000 personnes dans 85 pays et possède près
de 230 sites de production. Actionnaire majoritaire, Emmanuel
Besnier partage la propriété de
Lactalis avec son frère aîné et sa
sœur.
Bête noire des syndicats
d’agriculteurs
Véritable Arlésienne, Emmanuel
Besnier est aussi discret dans les
médias qu’au sein du groupe. De
quoi alimenter critiques et fantasmes. Comme Stéphane Le
Foll, nombreux sont les salariés
Lactalis à ne l’avoir jamais vu, ni
même à connaître sa tête. Décrit
par L’Expansion comme « à la limite de la paranoïa », le dirigeant
pointe, avec sa famille, au 13e
rang des fortunes de France,
avec 6,8 milliards d’euros, selon
Challenges.
Des chiffres brandis par les
producteurs de lait pour dénoncer l’avidité supposée de celui qui
a succédé à son père en 2000, à
moins de 30 ans. D’autant que le
groupe se refuse à détailler ses
comptes - hormis en 2011 lors du
rachat de Parmalat - préférant
payer des amendes que dévoiler
ses marges. « La réalité, confie le
porte-parole d’un grand distributeur français, c’est que Lactalis
se refait en France sur les marges
qu’il ne fait pas en Chine ou à
l’étranger… et ce sont les agriculteurs français qui en font les
frais. »
« Lactalis prête le flanc à la critique car c’est un privé qui gagne
de l’argent, défend Gérard Calbrix, un des porte-parole de
l’Atla (industriels laitiers). Mais
c’est un champion mondial, une
success story extraordinaire d’expansion et de rachats. Si nous avions plus d’entreprises comme cela
en France, la situation économique
ne serait sûrement pas ce qu’elle
PAR Carole Bellemare avec Corinne Caillaud
Nestlé : Ulf Mark Schneider, l’homme
de la santé et futur boss, fait sa rentrée
Il ne prendra la direction
générale que le 1er janvier,
mais cette rentrée sera à
marquer d’une pierre blanche dans le parcours d’Ulf
Mark Schneider qui arrive cette semaine chez
Nestlé. Fin juin, l’annonce de la nomination de
ce manager discret, jusque-là patron du groupe pharmaceutique allemand Fresenius, puissant mais également peu connu du grand
public, avait créé la surprise chez le leader
mondial de l’agroalimentaire et parmi tous les
observateurs. Car pour succéder à Paul Bulcke, à la tête du géant helvétique depuis huit
ans, lequel prendra la présidence du conseil à
l’AG d’avril 2017, ceux-ci misaient comme le
veut la tradition sur un homme de l’interne. Et
un pro de l’agroalimentaire. Le Français Laurent Freixe, ex-patron de Nestlé USA et grand
argentier du groupe, notamment, figurait parmi les trois favoris.
C’est donc un choix audacieux qu’a fait le
groupe en s’attachant via un chasseur de têtes
cet outsider, apprécié de ceux qui le connaissent et qui louent son efficacité et ses talents de
stratège. On sait peu de choses sur celui qui va
passer ainsi de l’ombre à la lumière à la tête
d’un groupe de 2 000 marques, du café à la
nourriture pour animaux en passant par l’eau,
la confiserie et les produits laitiers. « UMS »,
comme on le surnommait chez Fresenius,
considère sa vie privée comme une chasse
gardée. Et la modestie comme une vertu cardinale. Tout juste connaît-on sa passion pour
la photographie et le cyclisme. Un homme au
physique de bon élève qui va vite et sait prendre le sens du vent. Né en Allemagne, devenu
citoyen américain en 2003, le diplômé en
finances et gestion, formé aussi à Harvard, a
imprimé sa marque à partir de 1989 chez le
conglomérat allemand Haniel, actionnaire à
30 % de Metro. En 2001, il est débauché par
Frenesius aux finances de la filiale Medical
Care, avant de se voir confier deux ans plus
tard les rênes du groupe.
Le défi de la transformation
Croissance externe, internationalisation… il
élargit fortement le spectre de cet ensemble de
22 000 salariés et de 28 milliards de chiffre
d’affaires, présent dans la dialyse, les traitements hospitaliers et ambulatoires, et la gestion d’hôpitaux. En rejoignant à 50 ans la firme
de Vevey, ce manager de rupture pour Nestlé
ne décroche pas seulement un job très convoité. Il devra aussi relever un énorme défi :
transformer la vénérable entreprise de
150 ans, à la recherche d’un nouveau souffle,
en misant désormais sur le cocktail nutritionsanté-bien-être. Un nouvel eldorado.
C. B.
est aujourd’hui. » Et de rappeler
que sur l’année Lactalis rémunère ses producteurs autant que ses
concurrents.
Bête noire des syndicats
d’agriculteurs, le groupe n’est
d’ailleurs pas le seul attaqué sur
ses prix d’achat du lait. Mais son
statut de leader et sa discrétion le
placent en première ligne de la
colère agricole. C’est une stratégie clairement revendiquée par
les syndicats, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en tête.
De quoi faire sortir - un peu Lactalis de son légendaire mutisme : « En raison de quoi le leader
d’un secteur devrait payer plus
que ses concurrents ? Nous faisons face à une stigmatisation à
laquelle il faut répondre », défendait ainsi jeudi Michel Nallet,
porte-parole de Lactalis envoyé
pour tenter d’éteindre le feu des
critiques.
Interpellé de toutes parts, Emmanuel Besnier reste, quant à lui,
toujours aussi mutique malgré
l’enlisement du conflit. ■
O. D.
www.lefigaro.fr/decideurs
â LUC HENNEKENS
Airbus Group
Ex-Procter & Gamble et HP jusque-là chez
Qantas Airways, l’ingénieur diplômé de
l’Université d’Eindhoven deviendra le
1er octobre chief information officer.
â PASCAL ZYLBERSTEJN
Groupe Argus
Il quitte le marketing des services connectés
de PSA Peugeot Citroën pour la direction des
solutions professionnelles du groupe média
automobile. L’ingénieur de 46 ans a aussi
roulé pour Valeo Eclairage, CSC Peat
Marwick et Via Michelin.
â LAURENT BÉRARD-QUELIN
La Presse
spécialisée-FNPS
Il a été désigné pour présider en 2017
la Fédération nationale de la presse
d’information spécialisée (FNPS). Juriste, l’administrateur, DG délégué et rédacteur en chef
de la Société générale de presse préside aussi à
52 ans le Syndicat de la presse économique juridique et politique et copréside la Commission
numérique et publicité de la FNPS. Il succèdera à Christian Bruneau à la tête de l’organisation fédérant 7 syndicats et 481 éditeurs.
LE FIGARO
TECH
mardi 30 août 2016
23
Google s’emmêle
dans la fibre
aux États-Unis
Le géant du Net revoit ses
ambitions dans les télécoms.
ELSA BEMBARON £@elsabembaron
TÉLÉCOM Simple coup de semonce ou véritable reculade ?
Google serait en prise à des difficultés avec son réseau fibre aux
États-Unis. La semaine dernière
Larry Page, le PDG d’Alphabet (la
maison-mère de Google), aurait
demandé au responsable de sa filiale fibre, Access, de diviser par
deux ses effectifs pour les ramener à 500 personnes, selon le site
The Information. La presse américaine a largement relayé l’information, qui n’a été ni confirmée ni démentie par Google.
Après avoir fait trembler les
champions américains des télécoms et du câble, AT&T, Verizon
et autres ComCast et Time Warner Cable, le géant du Net Google
se heurte à la réalité du terrain.
Déployer de la fibre dans onze
villes n’est pas si facile et trouver
des abonnés l’est encore moins.
Les journaux locaux se font régulièrement l’écho des difficultés
rencontrées par Access, pour
réaliser des travaux de terrassement ou optimiser des points de
raccordement à la fibre. Pour la
seule ville de Kansas City, Google
aurait dépensé un milliard de
dollars pour déployer la fibre, selon le site Recode. La dépense
peut sembler minimum à
l’échelle d’un groupe comme
Google, mais multipliée par une
vingtaine de villes moyennes, ça
commence à peser dans les
comptes. D’autant que les
consommateurs ne se sont pas
rués sur les propositions commerciales du nouveau venu. Face
à l’offre de Google à 70 dollars
pour une connexion à un giga, les
opérateurs télécoms tradition-
nels ont multiplié les promotions. Google serait loin d’avoir
atteint son objectif de 5 millions
de foyers connectés.
Retour vers le sans-fil
Face à ces difficultés, Google serait en train de revoir sa stratégie
pour s’intéresser aux réseaux
mobiles. Le projet Fi s’appuie sur
les réseaux 4G de trois opérateurs
américains, Sprint, T-Mobile et
U.S. Cellular, ainsi que sur des
réseaux Wi-Fi existants. L’offre
est encore très limitée, ce « réseau de réseau » n’est accessible
qu’à certains modèles de la gamme de smartphones développés
par Google : les Nexus 6P, Nexus
5X et Nexus 6. Et ce pour des raisons techniques, puisque le mobile doit pouvoir changer d’opérateur en façon du meilleur
signal disponible.
Google travaille aussi au déploiement d’un nouveau type de
réseau sans fil qui permettrait
d’obtenir des niveaux de
connexions supérieurs à ceux de
la fibre, grâce au développement
de nouveaux composants. Dès
juin, Eric Schmidt, le président
d’Alphabet, exposait les avantages d’un réseau sans fil qui « ne
nécessite pas de faire des tranchées dans les jardins » !
Début août, Google a parallèlement déposé une demande de
licence auprès de la FCC, afin
d’exploiter les fréquences entre
3,4 et 3,8 GHz dans vingt-quatre
villes américaines, dont certaines font aussi partie de son plan
fibre. Certains projets déjà très
en retard, comme à San Jose en
Californie, pourraient donc passer à la trappe. En revanche,
Google continuerait à déployer la
fibre à Chicago. ■
La plateforme suédoise Spotify domine pour le moment largement le marché, avec plus de 100 millions d’utilisateurs.
JONATHAN NACKSTRAND/AFP
La guerre de la musique
en ligne fait rage
Spotify tente de résister à ses concurrents Apple Music et Tidal.
SPOTIFY EN CHIFFRES
100
LUCIE RONFAUT £@LucieRonfaut
INTERNET Spotify veut rassembler
ses troupes. Le géant suédois de la
musique en ligne voit d’un mauvais
œil la multiplication des contrats
d’exclusivité entre des artistes et des
plateformes concurrentes. Spotify
pénaliserait désormais les chanteurs
ou groupes cédant leurs droits à
d’autres sites de streaming en rendant leurs chansons plus difficiles à
trouver sur son catalogue, d’après
des informations de Bloomberg publiées vendredi. Spotify a aussitôt
nié ces accusations. Il n’a en revanche pas commenté une autre révélation selon laquelle il refuserait de
faire la promotion des chansons négociées en exclusivité avec des plateformes concurrentes, par exemple
au travers de bannières ou de publicités audio.
Dans cette guerre du streaming
musical, Spotify affronte deux
concurrents particulièrement féroces : Tidal et Apple Music. Dirigé par
le rappeur Jay Z, Tidal s’est payé
l’exclusivité de plusieurs albums
très attendus cette année. Le dernier
opus de Beyoncé ne peut s’écouter
en streaming que sur Tidal. D’autres
artistes ont opté pour une exclusivité temporaire, comme Kanye West
ou Rihanna. Leurs derniers disques
ont d’abord été diffusés sur Tidal,
puis sur les plateformes concurrentes. Cette stratégie a aussi été adoptée par Apple Music, qui détient les
millions d’utilisateurs
30
millions d’utilisateurs
qui disposent d’un
abonnement payant
8,4
milliards de dollars
de valorisation
Larry Page, cofondateur de Google, aurait demandé de diviser par deux
les effectifs dédiés à la fibre pour les ramener à 500 salariés. SULLIVAN/AFP
droits exclusifs des derniers albums
de Drake, Taylor Swift et plus récemment du chanteur Frank Ocean.
Ce dernier a provoqué une petite
tempête dans le secteur de la musique en publiant son album le plus
récent sans le concours de son label
Def Jam Recordings, propriété du
groupe Universal Music. La goutte
de trop pour Lucian Grainge, PDG
d’Universal Music Group, qui s’est
“
Il y a une
conspiration
entre Apple Music
et l’industrie pour
changer les règles
du jeu et forcer
les gens à s’abonner
LUCIAN GRAINGE, PDG D’UNIVERSAL
MUSIC GROUP
”
opposé à cette pratique des exclusivités. « Il y a une conspiration entre
Apple Music et l’industrie pour changer les règles du jeu et forcer les gens
à s’abonner en cachant les contenus
derrière des murs, s’est insurgé le dirigeant dans un e-mail interne.
Honte à tous ceux qui financent Apple
et arnaquent les fans. »
Pour Spotify, la frénésie d’exclusivités d’Apple n’est pas non plus
une bonne nouvelle. La plateforme
suédoise domine pour le moment
largement le marché, avec plus de
100 millions d’utilisateurs. Néan-
moins, seuls 30 % d’entre eux s’acquittent d’un abonnement payant,
les autres préférant la version gratuite avec des publicités. C’est à peine plus du double que le nombre
d’utilisateurs d’Apple Music, qui
paient tous un abonnement. Tidal
revendique lui plus de 4 millions
d’abonnés. Apple dispose d’une force de frappe financière conséquente
qui lui permet de se payer des exclusivités, qui deviennent produits
d’appel pour ses plateformes. Spotify tente de résister. En mars, l’entreprise suédoise a levé plus d’un
milliard de dollars de dette. Elle va
bientôt devoir affronter deux nouveaux acteurs sur ce marché déjà
très concurrentiel. Amazon et Pandora préparent tous les deux le lancement de leur propre plateforme
avant la fin de l’année. Le géant de
l’e-commerce pourrait être un
concurrent particulièrement difficile. Ce dernier prépare deux services : l’un à 9,99 dollars par mois, le
même prix que ses adversaires, et
l’autre à 5 dollars, réservé à son enceinte intelligente Echo. Amazon
dispose déjà d’un service de vente
de musique à l’unité, similaire à iTunes, et d’une plateforme de streaming pour ses abonnés Amazon Prime. Il est désormais prêt à passer la
vitesse supérieure. Le groupe négocie actuellement des contrats avec
les plus grosses maisons de disques,
d’après le Financial Times, qui affirme que le service sera prêt dès le
mois de septembre. ■
LA SÉANCE DU LUNDI 29 AOÛT
JOUR
%VAR.
-0,37
-0,54
+0,51
-2,94
0
-0,77
-0,29
-0,38
-1,07
-0,51
+0,48
-0,56
+0,53
-1,03
-0,53
+0,12
-1,16
-0,65
-0,26
-0,11
+HAUTJOUR
34,085
98,63
51,33
5,606
18,18
45,1
28,18
87,95
22,31
8,25
68,68
14,3
113,6
171,05
42,175
171,5
47,035
54,07
156,4
95,4
JOUR
+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12
33,64
0,241 -15,07
97,34
0,117 -5,05
50,62
0,115 -17,26
5,521
0,49 +42,52
17,85
0,133 -28,68
44,31
0,129 -14,83
27,745 0,164 -23,52
86,58
0,151 +2,28
22
0,246 -16,9
8,124
0,088 -25,06
67,82
0,114 +10,21
14,12
0,076 -12,71
111,8
0,097 -1,3
168,2
0,073 +6,87
41,705 0,073 +2,4
169,3
0,036 +10,43
46,305 0,044 +0,1
53,37
0,117 +2,97
153,55
0,068 +7,32
94,37
0,133 +8,23
NOKIA .............................................. 5,055
ORANGE ..............................................13,525
PERNOD RICARD ..................................
102,8
PEUGEOT ..............................................
13,265
♣ 67,67
PUBLICIS GROUPE SA .............................
RENAULT ..............................................
72,55
SAFRAN ..............................................62,23
SAINT GOBAIN ..................................
39,065
SANOFI ..............................................69,43
SCHNEIDER ELECTRIC .............................
61,25
SOCIETE GENERALE ♣
..................................
31,615
SODEXO ..............................................
104,55
SOLVAY ..............................................97,42
TECHNIP ♣
..............................................53,3
TOTAL .............................................. 43,015
UNIBAIL-RODAMCO ..................................
243,95
VALEO .............................................. 45,915
VEOLIA ENVIRON. ..................................
19,19
♣
VINCI .............................................. 67,26
VIVENDI ..............................................17,21
LE CONSEIL DE ROLAND LASKINE
L’action Amundi, filiale de gestion d’actifs du Crédit agricole, affiche six
séances consécutives de hausse à la
Bourse de Paris. À 44 euros, le titre a
progressé de plus de 12 % au cours du
seul mois d’août, ce qui le ramène à un
niveau proche du prix de 45 euros retenu lors de son introduction en Bourse en
novembre.
%VAR.
-0,16
-0,99
-0,15
-1,63
+0,36
-0,68
-0,06
-0,57
+0,12
-0,97
-0,96
-0,29
-0,73
+0,72
-0,93
-0,51
+0,04
-0,8
-0,27
-0,38
+HAUTJOUR +BAS JOUR
5,081
13,6
102,85
13,47
67,73
73,28
62,35
39,15
69,67
61,76
32,2
104,9
98,01
53,3
43,285
244,85
45,955
19,3
67,4
17,24
5,015
13,475
101,75
13,195
66,91
72,09
61,65
38,645
68,73
60,79
31,525
103,75
96,63
52,51
42,795
241,9
45,25
19,105
66,87
17,075
%CAP.ECH
0,014
0,117
0,073
0,227
0,107
0,149
0,073
0,178
0,094
0,098
0,22
0,058
0,156
0,445
0,088
0,116
0,315
0,11
0,092
0,211
31/12
-23,29
-12,66
-2,28
-18,14
+10,25
-21,68
-1,8
-1,97
-11,67
+16,53
-25,73
+15,99
-1,03
+16,54
+4,24
+4,07
-3,36
-12,23
+13,73
-13,34
LES DEVISES
MONNAIE
AUSTRALIE ................................................................................
DOLLAR AUSTRALIEN
CANADA ................................................................................
DOLLAR CANADIEN
GDE BRETAGNE ................................................................................
LIVRE STERLING
HONG KONG ................................................................................
DOLLAR DE HONG KONG
JAPON ................................................................................
YEN
SUISSE ................................................................................
FRANC SUISSE
ETATS-UNIS ................................................................................
DOLLAR
TUNISIE ................................................................................
DINAR TUNISIEN
MAROC ................................................................................
DIHRAM
TURQUIE ................................................................................
NOUVELLE LIVRE TURQUE
EGYPTE ................................................................................
LIVRE EGYPTIENNE
CHINE ................................................................................
YUAN
INDE ................................................................................
ROUPIE
ALGERIE ................................................................................
DINAR ALGERIEN
SICAV ET FCP
1 EURO=
1,479
1,4536
0,8548
8,6637
114,24
1,0937
1,117
2,4696
10,8976
3,3048
9,91
7,4608
75,0335
122,2697
AUD
CAD
GBP
HKD
JPY
CHF
USD
TND
MAD
TRY
EGP
CNY
INR
DZD
L’OR
JOUR
VEILLE
31/12
COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR TESSI-CPOR
www.cpordevises.com
LINGOT DE 1KG ENV .....................................................
37800
37800
+20,5
NAPOLEON ..................................................... 223,5
222,2
+21,34
PIECE 10 DOL USA .....................................................
640
635
+12,28
PIECE 10 FLORINS .....................................................
230
229
+18,56
PIECE 20 DOLLARS .....................................................
1300
1265
+19,27
PIECE 20F TUNISIE .....................................................
221
222
+20,77
PIECE 5 DOL US (H) .....................................................
340
322
+11,48
PIECE 50 PESOS MEX .....................................................
1410
1430
+18,99
PIECE FR 10 FR (H) .....................................................
128
128
+16,58
PIECE SUISSE 20F .....................................................
219
217
+16,06
PIECE LATINE 20F .....................................................
219
219
+17,74
SOUVERAIN ..................................................... 278
284,9
+17,35
KRUGERRAND .....................................................
1250
1247
+21,36
VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS
VALEUR
DATE DE
LIQUID. VALORISAT.
SICAV
UNI HOCHE C ................................................
247,13 25/08/16
RETROUVEZ
BETELGEUSE ................................................
47,05 25/08/16
BELLATRIX C ................................................
309,83 25/08/16
VICTOIRE SIRIUS ................................................
50,44 25/08/16
SITE D’INFORMATIONS EXCLUSIVES
WWW.WANSQUARE.COM
[email protected]
L’engouement dont bénéficie aujourd’hui la valeur s’explique par la solidité
des performances de la société, alors
qu’au cours de ces derniers temps la visibilité s’est nettement dégradée sur
l’ensemble des sociétés financières. Début août, Amundi a publié un résultat net
semestriel de 278 millions d’euros, en
hausse de 1,4 %. L’encours géré a pro-
gressé de 17,2 milliards d’euros. L’essentiel des sommes collectées se concentre
sur les actifs de moyen et long termes
(actions et obligations), ce qui contribue
à renforcer le caractère défensif de la
valeur. Dans un contexte de marché difficile, Amundi a atteint au 30 juin 2016,
avec un an d’avance, l’objectif de
1 000 milliards d’euros d’encours qui
avait été annoncé début 2014. Le gestionnaire d’actifs est parvenu à atteindre
ce chiffre en n’ayant quasiment pas recours à la croissance organique.
Dans un secteur financier soumis à
une montée permanente des risques et
pénalisé par la mise en place par les banques centrales d’une politique de taux
zéro qui lamine la rentabilité des ban-
ques, Amundi a tout pour séduire. C’est
aussi le seul gestionnaire d’actifs coté à
la Bourse de Paris. Le titre, qui se paie
autour de 13,6 fois les profits attendus
pour l’année, se traite à des niveaux de
valorisation assez raisonnables. Il rapporte sur un rendement net de 4,8 %
avec un risque limité que le dividende
diminue dans les années à venir. ■
A
LE CAC
ACCOR .............................................. 33,975
♣
AIR LIQUIDE ..................................
98,42
AIRBUS GROUP ..................................51,3
ARCELORMITTAL ..................................
5,554
AXA ..............................................
17,995
BNP PARIBAS ACT.A ..................................
44,485
BOUYGUES ..............................................
27,95
CAP GEMINI .................................. 87,55
CARREFOUR ..............................................
22,145
CREDIT AGRICOLE ..................................
8,153
DANONE ..............................................68,64
ENGIE .............................................. 14,25
ESSILOR INTL. ..................................113,55
KERING ..............................................168,8
KLEPIERRE ..............................................
41,975
L'OREAL ..............................................171,5
LAFARGEHOLCIM LTD ..................................
46,765
LEGRAND ..............................................53,75
LVMH .............................................. 155,5
♣
MICHELIN ..............................................
95,13
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
24
MÉDIAS et PUBLICITÉ
L’access TV, sport de combat à haut risque
Les chaînes parient sur des animateurs stars pour s’imposer sur cette tranche stratégique.
PIERRE-EMMANUEL RASTOIN ; DELPHINE_GHOSAROSSIAN/FTV ; BLOZ / MPP / VISUAL PRESS AGENCY ; FRANCK FERVILLE/M6
CAROLINE SALLÉ £@carolinesalle
TÉLÉVISION Cette fois, les petits
gabarits et les challengers sont
restés au vestiaire. Seuls les poids
lourds du petit écran ont été autorisés à monter sur le ring très disputé de l’avant-soirée. Il suffit
pour s’en convaincre d’égrener le
nom des « champions » sélectionnés par les chaînes de télévision.
Yann Barthès sur TMC, Cyril Hanouna sur C8, Nagui sur France 2,
Stéphane Plaza sur M6, Yves Calvi
sur LCI, Anne-Sophie Lapix et
Bruce Toussaint sur France 5…
Aucun doute, tous les diffuseurs
ont « bodybuildé » leur access
prime time.
Choc de titans le plus attendu :
Yann Barthès contre Cyril Hanouna. Fortement concurrencé par C8
(ex-D8), TMC, le satellite de
TF1, veut reprendre franchement la main et repositionne actuellement son
offre, axée dorénavant sur
des programmes premium
et exclusifs.
Dans ce contexte,
Yann Barthès, ancien
présentateur vedette
du « Petit Journal »
sur Canal +, est
chargé à partir du
12 septembre à
19 h 10
d’aller
conquérir
de
nouveaux territoires d’audience. La pression
est forte. Il va
s’agir d’une part de
doubler l’audience
de la case, jusqu’alors
aux
alentours
de
300 000 téléspectateurs
et, d’autre part, de multiplier par trois la part de
marché sur les cibles publicitaires, en particulier
les 25-49 ans et les CSP +.
Deux profils de téléspectateurs que Cyril
Hanouna a déjà fait tomber
dans son escarcelle sur C8…
Contre toute attente, son émission
« Touche pas à mon poste » est
parvenue à séduire 13,3 % des 2549 ans et 10,3 % des CSP + en
moyenne la saison dernière. Plus
étonnant encore, si l’on regarde la
structure d’audience du talkshow diffusé entre 19 heures et
21 h 10, ces derniers pèsent 32,2 %
du public ! « Les CSP + considèrent
la télévision avant tout comme un
moyen de divertissement, constate
Franck Appietto, le DG de C8. Notre force, c’est d’avoir une bande
qui fonctionne et qui partage une
tranche de vie avec les téléspectateurs. » Le dirigeant estime que « Touche pas à mon
poste » pourrait cette année, « entre
novembre et
mars,
franchir la
barre des
2 millions de
téléspectateurs ».
Le
L’ACCESS PRIME TIME
EN CHIFFRES
12 à 22
millions de
téléspectateurs
entre 18 et 20 heures
15 à 20 %
des recettes publicitaires
des chaînes
talk n’a pas encore fait le plein sur
la cible des 25-49 ans et le nouveau concept de Camille Combal,
« Il en pense quoi Camille ? », diffusé juste avant, doit permettre de
doper l’audience.
Bref, l’animateur qu’il faut absolument mettre K.-O., c’est Cyril
Hanouna. Sur le ring, Yann Barthès
n’est pas le seul à avoir enfilé ses
gants de boxe. Toutes les chaînes
doivent absolument gonfler à bloc
leurs recettes sur cette tranche horaire stratégique qui draine entre
18 heures et 20 heures de 12 à
22 millions de Français et concentre « entre 15 et 20 % » de la manne
publicitaire, selon Publicis Média.
Dans un contexte de plus en plus
concurrentiel, on comprend que
les diffuseurs soient à couteaux
tirés. Sans compter que la case sert
de locomotive au JT de 20 heures,
avec pour finalité de faire le plein
de téléspectateurs au moment du
prime time. En clair, plus la mécanique s’avère parfaitement huilée,
moins les risques d’accidents industriels sont élevés.
M6, qui a trouvé une formule gagnante, l’a bien compris et poursuit donc sur sa lancée. Bonne pioche : la semaine dernière, la
quatrième saison de « La Meilleure
Boulangerie de France » a enregistré son meilleur lancement auprès
des ménagères. Stéphane Plaza,
aux commandes de « Chasseurs
d’appart », est plébiscité par le
grand public, de même que « Les
Reines du shopping » piloté par
Cristina Cordula, de retour en octobre. Et « Objectif Top Chef » avec
Philippe Etchebest rempile pour
une quatrième saison. Face à la déferlante de talk-shows, cette
« contre-programmation » a bien
Cyril Hanouna sur C8,
Nagui sur France 2,
Yann Barthès sur TMC
et Philippe Etchebest
sur M6 (de gauche à droite).
ENGUÉRAND RENAULT £@erenault
A
Montant
de la redevance
”
Du côté de France Télévisions,
Thomas Thouroude arrive à
18 heures à la tête d’un nouveau
talk, « Actuality ». La valeur sûre,
Nagui, reste en place aux commandes de « N’oubliez pas les paroles»,
dont les deux numéros cumulés séduisent 2,3 millions de téléspectateurs et attirent 12 % de ménagères. « Ce serait optimiste de faire
mieux compte tenu de la fragmentation actuelle des audiences », estime Caroline Got, la directrice de
la stratégie et des programmes.
Mais le groupe audiovisuel public
entame la rentrée sur des bases solides. « Notre part d’audience groupe s’élève à 32,7 % entre 18 heures et
20 heures », rappelle Caroline Got
qui insiste, comme TF1, sur la
complémentarité des différentes
antennes du service public.
La prise de risque sera également modérée sur Canal +, qui revient aux fondamentaux en regroupant sur un même plateau le
« Grand », le « Gros » et le « Petit
Journal », en version mi-clair micryptée. Pour éviter de se retrouver dans les cordes comme l’an
dernier, cette fois, la chaîne ne
mise pas sur l’Audimat mais sur
« l’indice de satisfaction ». Charge
à C8 et Cyril Hanouna de faire le
plein de publicité pour compenser
la baisse sur Canal +… ■
Pour 2017, la contribution à l’audiovisuel public devrait simplement augmenter d’un euro.
milliards
d’euros
“
Notre force,
c’est d’avoir une bande
qui fonctionne
FRANCK APPIETTO, DG DE C8
La réforme de la redevance prudemment reportée
3,6
réussi jusqu’ici à la chaîne. La
preuve : entre janvier et juin derniers, elle lui a permis de prendre
le leadership sur la cible des ménagères avec 19 % de part de marché
entre 17 h 30 et 19 h 45, contre 18 %
pour TF1.
Mais la Une compte bien revenir
à la charge. Malgré l’échec du format d’Arthur testé cet été, elle peut
toujours dégainer son jeu « Money
Drop », qui fédère en moyenne
3,7 millions de téléspectateurs. En
outre, elle travaille à deux projets
de jeu : « On Fire » avec Newen et
« Au suivant » avec Endemol. En
attendant, son nouveau format
« Bienvenue à l’hôtel », programmé à 19 heures, obtient de bons résultats, autour de 2,3 millions de
téléspectateurs et 21 % de part de
marché sur la ménagère.
AUDIOVISUEL Pour une fois, les
services du ministère de la Culture et de la Communication ont
passé un été serein. Car avant la
pause estivale, le gouvernement a
tranché. À la veille d’une année
électorale, il n’y aura pas de grande réforme de la redevance télé.
Bercy et la Rue de Valois ont
convenu que lors de la discussion
du projet de loi de finances 2017,
qui devrait débuter fin septembre, la contribution à l’audiovisuel public - qui rapporte
3,6 milliards d’euros chaque année - sera simplement augmentée
de 1 euro pour tenir compte de
l’inflation. Elle devrait donc passer de 137 à 138 euros.
Cette année, le Parlement sera
ainsi dispensé du spectacle habituel de la guerre fratricide entre le
ministère du Budget, fermement
opposé à toute tentative d’élargissement de la redevance aux
PC, aux smartphones voire aux
résidences secondaires, et le ministère de la Culture qui veut moderniser la perception de la redevance et trouver toujours plus
d’argent.
Mais il était impossible de se
lancer dans un tel débat à l’heure
où l’exécutif promet des baisses
d’impôt. Pour une fois, les services de la Rue de Valois ont procédé autrement. Ils ont commencé
par bien border les besoins de
France Télévisions, de Radio
France, d’Arte France et de France Médias Monde, afin d’évaluer
les moyens financiers nécessaires.
Chantier ouvert
par François Hollande
Le contrat d’objectifs et de
moyens (COM) de France Télévisions a été bouclé en juillet. Entre
l’effort supplémentaire consenti
pour la création française (porté à
420 millions d’euros par an), le
lancement de la chaîne franceinfo, et les économies substantielles
exigées (suppression de 500 postes d’ici à 2020), le solde se traduit
par un surplus de 38 millions
d’euros pour 2017. Le COM de Radio France a lui aussi été réglé en
avril, il ne reste donc plus que
ceux d’Arte France et de France
Médias Monde à régler. Ils devraient être conclus d’ici à la fin
septembre. Le seul problème encore en suspens est le lancement
par France 24 de son module en
espagnol qui devrait coûter environ 8 millions d’euros.
Du coup, la seule augmentation
d’un euro de la redevance doublée de la hausse naturelle du
nombre de foyers assujettis à cette contribution devrait couvrir la
quarantaine de millions d’euros à
trouver pour l’audiovisuel public.
Le chantier de la modernisation de la redevance, souhaitée
par François Hollande lui-même
lors des assises du Conseil supérieur de l’audiovisuel, en octobre 2014, ne verra donc pas le
jour. ■
Création d’un nouveau fonds d’aide à la presse
Le ministère de la Culture a
entériné une réforme des aides
directes à la presse (hors aide
postale notamment), en
particulier la création d’un
nouveau « fonds de soutien pour
l’émergence et l’innovation des
médias », dont la vocation est
de prendre le relais du fonds pour
l’innovation numérique de la
presse créé par Google en 2013
et qui doit s’arrêter cette année.
Le nouveau fonds se fixe comme
objectif d’aider les nouveaux
médias, imprimés ou en ligne,
durant leurs premières années,
souvent délicates, en distribuant
des bourses d’un montant
maximal de 50 000 euros. Il sera
doté de 2 millions d’euros en 2016
et davantage en 2017. Il fournira
aussi des aides aux incubateurs
de médias et aux programmes
de recherche innovants dans le
secteur pour les appels à projets
lancés avant la fin 2016.
Le texte paru samedi au Journal
officiel prévoit, par ailleurs,
un renforcement du fonds
stratégique pour le
développement de la presse
et son élargissement aux titres
de presse en ligne de la
connaissance et du savoir,
et à tous les titres de la presse
d’information politique et
générale, quelle que soit leur
périodicité, soit une quinzaine
de titres.
A. D.
EN BREF
LES JO DE RIO
ONT FAIT PLONGER
L’AUDIENCE DE TF1
EN AOÛT
£ En l’absence des JO,
diffusés sur France Télévisions
et Canal+, l’audience
de TF1 a chuté à 18,6 %
en août, soit à un plus bas
historique, selon Médiamétrie.
La part d’audience
de M6 s’est elle aussi
nettement tassée, à 9,6 %.
L’audience de la Une
est toutefois remontée
à 20,8 % la semaine
du 22 au 28 août,
après les JO, et celle
de M6 à 10,6 %.
Parallèlement, les audiences
de France 2 et France 3
ont été portées par
les quinze jours de la
compétition, bondissant
respectivement à 15,3 %
et 10,3 %. Du côté des chaînes
d’information en continu,
BFMTV est restée leader
avec 2,1 % de part d’audience,
devant i-Télé (0,8 %)
et LCI (0,2 %).
RECTIFICATIF
£ La chaîne i-Télé a
enregistré une part d’audience
de 1,2 % en juillet, et non
de 0,8 % comme indiqué
par erreur dans nos éditions
du 29 août.
mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
MODE MASCULINE
AUTOMOBILE
SIX MOIS APRÈS LES DÉFILÉS
AUTOMNE-HIVER,
QUE TROUVE-T-ON
DANS LES BOUTIQUES ? PAGE 28
Valentino
AVEC CXPERIENCE,
CITROËN RÊVE D’UNE
BERLINE HAUT DE GAMME
PAGE 29
Le second Empire,
Magritte, Picasso,
Hergé, Herb Ritts…
la rentrée artistique
est éclectique.
Voici une sélection
des plus grands
rendez-vous à Paris
et en province.
ADAGP, PARIS 2016/PHOTOTHÈQUE R. MAGRITTE ; MUSÉE D’ORSAY, DIST. RMN-GRAND PALAIS/PATRICE SCHMIDT ; DR
Des expositions
bien encadrées
La Princesse Mathilde,
de Jean-Baptiste Carpeaux, présentée
dans l’exposition « Spectaculaire Second
Empire ». La Décalcomanie,
de René Magritte, au Centre Pompidou.
PAGES 26 ET 27
présente
Paula Beer,
la belle aux yeux d’or
NOS FIGURES DE LA RENTRÉE Révélation
de « Frantz », film de François Ozon présenté
à Venise, la jeune Allemande crève l’écran.
C’
est un or pâle cerclé
de
sombre
qui
prend, selon le ciel,
la lumière, des tons
gris, des tons verts.
La sereine beauté de Paula Beer frappe immédiatement. Son visage tout
en doux aplats, nez court, lèvres
pulpeuses délicatement ourlées, est
éclairé par cet extraordinaire regard,
liquide et profond à la fois. Grande,
sans excès, fine, dans sa simplicité de
toute jeune femme de 21 ans, elle
joue en français, au côté de Pierre
Niney dans Frantz de François Ozon.
Dans ce film en noir et blanc, avec
des éclats de couleur, elle incarne
Anna, dont le fiancé est mort à la
guerre. On est en 1919, en Allemagne. Un jeune Français vient se recueillir sur la tombe du disparu.
N’en disons pas plus. Le film sera
présenté dimanche prochain à la
Mostra de Venise, avant de sortir sur
les écrans le 7 septembre. « J’ai
beaucoup aimé ce tournage et la manière dont François Ozon nous met en
confiance, nous laisse proposer, sans
jamais perdre sa vigilance », confie
Paula Beer dans un français choisi.
Ce n’est pas son premier film dans
notre langue. Elle a travaillé sous la
direction de Volker Schlöndorff dans
Diplomatie, au côté de Niels Arestrup
et André Dussollier. « Mes scènes ont
été coupées au montage et seront reprises, me dit-on, dans les bonus du
DVD. » Nulle amertume : « J’ai tant
appris auprès de Schlöndorff et de ces
deux comédiens immenses. »
Née à Mayence, enfant unique de
parents artistes, peintres plutôt
« abstraits », Paula a compris alors
qu’elle avait à peine 8 ans que le jeu
serait sa vie. Éduquée dans une école
Montessori, elle suit, très jeune, un
cours de théâtre et c’est à l’occasion
du montage d’une pièce dont elle a le
rôle principal qu’elle reçoit la révélation de sa vocation. « J’avais très
peur, avant, mais une fois en scène,
j’ai eu un sentiment de plénitude. »
TÉLÉRAMA
EFFRÉN
UN RYTHME
LIVE
STUDIO CINÉ
NEMENT
QUE. UN ÉVÈ
O
R
A
B
T
QUE
E
L
A
ÉRÉ, MAGNIFI
MAGISTR
SOLAIRE, LIB
E LA VIE
QU
D
AN
GR
LA VIE
UN FILM PLUS
UN HYMNE À
LES INROCKS
TRANSFUGE
OUEST FRANCE
MARIANNE
AZINE
LE FIGARO MAG
ANT L’OBS HHHH
EPOUSTOUFL
LUMINEUX
HHHH
0 VOLTS LE MO
U SUR 100 00
HH
UN CHAPITEA
S LA CROIX HH
NDE
NAGE
UES PERSON
DE MAGNIFIQ
IMPÉTUEUX,
,
T
N
A
S
IS
U
P
,
UVE
HHH
UN FILM FLE ITALITÉ DÉBRIDÉE
V
E
D’UN
REUR ELLE
UR ET DE FU
PLEIN D’AMO
LE FIGARO
Un chemin très personnel
Depuis, elle a suivi d’autres cours, et
déjà pas mal tourné. Des films très
différents, des rôles contrastés et,
depuis Frantz, deux autres, sous la
direction de Sherry Hormann et de
Florian Henckel von Donnersmarck,
deux rôles très contemporains après
pas mal de films en costumes dont un
Ludwig II dans lequel elle joue la petite sœur de Sissi. Elle sourit car elle
sait que déjà certains la nomment
« la nouvelle Romy Schneider ». Paula
Beer, qui vit à Berlin, côté ex-Est, lit,
va au cinéma, au théâtre, fréquente
les galeries, a déjà son chemin très
personnel. Intelligente et curieuse,
elle entreprend sans cesse. L’an dernier, après Ozon, elle a passé un mois
à Marseille pour perfectionner son
français. Un jour, on la verra au
théâtre. En Allemagne, certainement. Mais en France aussi. Pierre
Niney a dû lui donner des idées. ■
DISPONIBLE
EN DVD ET VOD
A
ARMELLE HÉLIOT [email protected]
MAÎTRE
UN COUP DE É, UN FILM ENFLAMMÉ
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
26
L'ÉVÉNEMENT
COLLECTION
❙ LACHTCHOUKINE
C’est l’événement de la rentrée. La Fondation Vuitton a réussi l’impossible, le
retour en gloire de Sergueï Ivanovitch
Chtchoukine (1854-1936). Collectionneur mythique et précurseur méconnu, il
s’éprit de l’avant-garde française quand
la France regardait ailleurs. Son héritage
fou, brisé par la révolution russe puis par
le stalinisme, qui vomissait l’art occidental, est venu enrichir les deux grands musées russes, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et le Musée Pouchkine de Moscou.
Pour la première fois, la collection est
réunie en tant que telle.
Fondation Vuitton (Paris XVIe),
du 22 octobre 2016 au 20 février 2017.
www.fondationlouisvuitton.fr
❙ CARL ANDRE
La rétrospective a été conçue par la Dia
Art Foundation, sanctuaire de l’art minimal dans l’État de New York, en étroite
collaboration avec l’artiste né en 1935 à
Quincy, Massachusetts. Après New York
(2014), Madrid (2015), Berlin (2016) et
avant Los Angeles (2017), elle réunit, au
Musée d’art moderne de la Ville de Paris,
une quarantaine de sculptures monumentales, de nombreux poèmes, des
photographies, des œuvres sur papier et
des objets inclassables.
Musée d’art moderne de la Ville
de Paris (XVIe), du 18 octobre 2016
au 12 février 2017.www.mam.paris.fr
❙ CY TWOMBLY
Il faudra toute la rigueur sensible de
Jonas Storsve, directeur du Cabinet d’art
graphique du Centre Pompidou, pour
faire vibrer cette première grande rétrospective à Paris de l’œuvre de l’artiste
américain Cy Twombly. Ceux qui ont eu
le privilège de visiter la Menil Foundation
à Houston (Texas) ont ressenti la folle
poésie de cet intellectuel des formes,
auquel l’architecte Renzo Piano a consacré un sublime pavillon.
Centre Pompidou (Paris IVe),
du 30 novembre 2016 au 24 avril 2017.
www.centrepompidou.fr
❙
PICASSO ET GIACOMETTI
Après Shanghaï et Rabat, avant Moscou, la Fondation Giacometti poursuit
son travail d’exploration et de confrontation tout à fait étonnant. Au Musée Picasso, l’artiste suisse est face au Minotaure.
Les deux monstres sacrés se parlent, c’est
forcément un dialogue sur l’Olympe.
Musée Picasso (Paris IIIe),
du 4 octobre 2016 au 5 février 2017.
www.museepicassoparis.fr
❙
MAGRITTE
Quoi de neuf ? Magritte ! Une centaine
de tableaux, de dessins et des documents
d’archives sont réunis par « l’esprit
Beaubourg » pour une approche dense et
différente qui s’inscrit dans la ligne des
monographies que le Musée a consacrées
aux figures majeures du XXe siècle.
Centre Pompidou, du 21 septembre 2016
au 23 janvier 2017.
❙
L’art de la rentrée
EXPOSITIONS
De la collection
Chtchoukine
aux œuvres
de Rembrandt
en passant
par celles
de Fantin-Latour,
les tableaux
accrocheront tous
les regards à Paris
et ailleurs.
ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE
ET VALÉRIE DUPONCHELLE
[email protected]
£@VDuponchelle
et Nicolas Iljine, il y a aussi quelque
37 autres donateurs qui comprennent les
artistes ou leurs héritiers.
Centre Pompidou, du 14 septembre 2016
au 27 mars 2017.
MODERNITÉ
❙ LAMEXICAINE
Du couple mythique formé par Frida
Kahlo et Diego Rivera à Ángel Zárraga, le
Grand Palais accueille, via le Museo Nacional de Arte de Mexico, un vaste panorama de la modernité mexicaine, depuis
les prémices de la révolution jusqu’au
milieu du XXe siècle, complété par des
interventions ponctuelles d’artistes
contemporains.
Grand Palais (Paris VIIIe),
du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017.
www.grandpalais.fr
❙ MORGANE TSCHIEMBER
New York l’a déjà repérée et applaudie.
Nourrie de philosophie, la Française
Morgane Tschiember s’intéresse aux glissements opérés entre la physique et la
métaphysique, entre les phénomènes naturels et leurs interprétations infinies élaborées par l’être humain pour les comprendre.
MAC/VAL, Vitry-sur-Seine (94),
du 17 septembre 2016 au 5 mars 2017.
www.macval.fr
❙ L’ESPRIT DU BAUHAUS
KOLLEKTSIA
Grâce à l’énergie sans faille d’Olga Sviblova, directrice du MAM à Moscou et
longtemps « curator » du pavillon russe à
Venise, le Centre Pompidou hérite d’une
collection sur mesure d’art contemporain
russe, 65 artistes et 360 œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Les collectionneurs russes se sont unis pour que
leurs artistes entrent dans notre musée.
Outre les mentors, Vladimir Potanine,
l’homme le plus riche de Russie, le couple
de mécènes Ekaterina et Vladimir Semenikhin, la Tsukanov Family Foundation
Richard Gere. Tout Hollywood a défilé
devant son objectif. Toutes les lionnes de
la mode aussi. Gloire vibrante en noir et
blanc pour cet optimiste, passionné de
sculpture grecque classique, fauché par le
sida à 50 ans.
Maison européenne de la photographie
(Paris IVe), du 7 septembre 2016
au 30 octobre 2017. www.mep-fr.org
❙ LE GRAND CONDÉ
Le drapeau de Rocroi, sa plus éclatante
victoire, vient d’être restauré. Il sera visible en son château pour une évocation
de ce prince guerrier, bras armé de la Régence puis de l’absolutisme si l’on excepte la parenthèse de la Fronde et son
ralliement à l’Espagne. Le Grand Condé,
rival du Roi-Soleil ?
Domaine de Chantilly (60),
du 5 septembre 2016 au 2 janvier 2017.
www.domainedechantilly.com
❙ FANTIN-LATOUR
Au tournant du romantisme et de l’impressionnisme, du réalisme et de l’imaginaire, ce portraitiste exceptionnel doublé
d’un peintre de natures mortes à la délicatesse extrême bénéficie d’une rétrospective. Elle précède celle d’Orsay sur
son ami du groupe des Batignolles Frédéric Bazille (du 15 novembre au 5 mars).
Musée du Luxembourg (Paris VIe),
du 14 septembre 2016 au 12 février 2017.
museeduluxembourg.fr
Fondée en 1919 à Weimar, dissoute en
1933 à Berlin, l’école du Bauhaus s’est imposée comme une référence de l’histoire
de l’art du XXe siècle. Elle a été créée par
Gropius pour rendre vie à l’habitat et à
l’architecture au moyen de la synthèse
des arts plastiques, de l’artisanat et de
l’industrie. Étude à travers 900 objets,
mobilier, maquettes, peintures, photos.
Musée des Arts décoratifs (Paris Ier),
du 19 octobre 2016 au 26 janvier 2017.
www.lesartsdecoratifs.fr
SYNODE MONET, HODLER,
❙ MUNCH
❙ HERB RITTS
L’ATELIER
❙ DEDANSREMBRANDT
Ce fin Californien devint célèbre en
photographiant un jeune acteur inconnu,
Comment rendre l’éclat de la neige, du
soleil, de l’eau vive ? Trois modernes se
sont posé la question et y ont répondu
différemment. Exposé tout en nuances
par le critique d’art du Monde Philippe
Dagen.
Musée Marmottan Monet (Paris XVIe),
du 15 septembre 2016 au 22 janvier 2017.
www.marmottan.fr
Réunion d’une vingtaine de tableaux et
d’une trentaine de dessins et gravures,
tous dus à l’un des principaux génies de
l’art hollandais au XVIIe siècle. Les commissaires, dont Peter Schatborn du Rijksmuseum, entendent avec cette sélection
mieux faire connaître la carrière et les
différents processus créatifs du maître.
Musée Jacquemart-André (Paris VIIIe), du
17 septembre au 23 janvier. www.museejacquemart-andre.com
FASTES ET MODERNITÉ
SECOND EMPIRE
❙ DU
Plusieurs fois projetée et reportée à cause
de son ampleur, l’exposition phare de la
saison réunira des chefs-d’œuvre
d’Ingres ou de Carpeaux, et des robes et
bijoux des grands bals, des livrets
d’Offenbach, des plans de Garnier ou des
souvenirs des expositions universelles.
Simultanément, à Compiègne, le Musée
du Second Empire rendra hommage au
dernier grand peintre de cour que l’Europe ait connu, Franz Xaver Winterhalter.
Musée d’Orsay (Paris VIIe),
du 27 septembre 2016 au 16 janvier 2017.
www.musee-orsay.fr
UN THÉ
OSCAR WILDE
❙ AVEC
Pilotée par son petit-fils, cette exposition
consacrée à l’impertinent dandy écrivain
et critique d’art sera une première en
France. Juste reconnaissance d’un pays
où il est mort. Si le Parisien sait que sa
tombe se trouve au Père-Lachaise, il sait
moins que celui-ci comptait Gide et Pierre Louÿs pour amis, qu’il fréquenta Mallarmé, Verlaine ou Sarah Bernhardt.
Petit Palais (Paris VIIIe), du 28 septembre
2016 au 15 janvier 2017.
www.petitpalais.paris.fr
L’ART CONTRE
❙ L’ESCLAVAGE
Daniel Soutif, à qui l’on doit « Le Siècle du
jazz » en 2009, récidive. Dans les mêmes
espaces, « The Color Line » retracera par
l’art, l’affiche, le film ou le document
cent cinquante ans de ségrégation des
Noirs aux États-Unis. Cette histoire douloureuse sera, entre autres, l’occasion de
découvrir des peintres afro-américains
méconnus de ce côté-ci de l’Atlantique.
Musée du quai Branly Jacques Chirac
(Paris VIIe), du 4 octobre 2016
au 15 janvier 2017. www.quaibranly.fr
❙ VERSAILLES EN FÊTE
Chasses, jeux, théâtre, danses, carrousels, mascarades, concerts, feux d’artifice, grandes eaux… À la cour de
Louis XIV, les divertissements étaient
sans limite. À chaque saison ses plaisirs,
pour la grande gloire du maître de céans.
Château de Versailles (78),
du 29 novembre 2016 au 26 mars 2017.
www.chateauversailles.fr
A
Porteur
d’offrande,
statuette
du Pérou
présentée
dans
l’exposition
Hergé.
Charlotte Dubourg, Henri Fantin-Latour.
MUSÉE D’ORSAY, DIST. RMN-GRAND PALAIS / PHOTO
PATRICE SCHMIDT
❙ HERGÉ
MUSÉES
ROYAUX D’ART
ET D’HISTOIRE,
BRUXELLES
The Matisse Room, collection Chtchoukine.
MUSÉE D’ÉTAT DES BEAUX ARTS POUCHKINE
Mille millions de mille bulles ! Honneur
à Hergé, maître du neuvième art, tendance ligne claire. Tintin, Milou, Haddock, Quick, Flupke, Jo, Zette ou encore
Jocko : tous ces petits personnages seront
LE FIGARO
CULTURE
mardi 30 août 2016
27
Péchés de jeunesse à la baguette
EN PROVINCE
CHRONIQUE Certes Lionel Bringuier, 30 ans, n’a pas été renouvelé à Zurich.
Mais beaucoup de chefs nommés très jeunes à des postes prestigieux ont eu
des carrières époustouflantes. Yannick Nézet-Séguin pourrait être de ceux-là.
LE CLASSIQUE
Christian Merlin
MARSEILLE
au rendez-vous, en version originale.
Grand Palais (Paris VIIIe),
du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017.
www.grandpalais.fr
ET AUTRES
AVENTURIERS
❙ SINDBAD
Quels rêves que leurs voyages ! De Sindbad à Marco Polo, les premiers arpenteurs des civilisations orientales sont devenus eux-mêmes des légendes. Entre
exploits réels et contes fantastiques, une
exposition va les réunir.
Institut du monde arabe (Paris Ve),
du 15 novembre au 26 février.
www.imarabe.org
LENS
L’antenne du Louvre organise
la première exposition sur
la Mésopotamie conçue, depuis
la première guerre du Golfe, avec
les musées et les archéologues
irakiens (ci-dessus : Tell Hariri,
vers 2400 avant J.-C.).
Du 2 novembre 2016
au 23 janvier 2017.
AMÉRICAIN
❙ DÉBARQUEMENT
Du krach boursier à Pearl Harbor, les
États-Unis n’auront jamais, malgré tout,
perdu leur foi dans le progrès. Devrait en
témoigner ce choix de peintures, exécutées entre 1930 et 1942. De l’iconique
American Gothic de Grant Wood aux premiers chefs-d’œuvre de Jackson Pollock.
Musée de l’Orangerie (Paris Ier),
du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017.
www.musee-orangerie.fr
❙
BOUCHARDON
Sculpteur du roi et roi des sculpteurs au
XVIIIe siècle, cet artiste
pare les Lumières
d’une sensualité qui
nous les rend d’autant
plus chères. Monumentale monographie en
270 œuvres pour
l’un des inventeurs du néoclassicisme.
Le Louvre
(Paris Ier),
du 14 septembre
2016 au 5 décembre 2017.
www.louvre.fr
LYON
À partir de quelques-uns
de ses leitmotivs, le Musée des
beaux-arts tentera d’expliquer
le « laboratoire mental »
de Matisse (notre photo : Grand
Intérieur rouge). De la période
fauve aux papiers découpés,
sa peinture, sa sculpture
et sa gravure accompagnent
ou prolongent de qui a d’abord
été dessiné. Du 2 décembre
au 6 mars 2017.
GRENOBLE
Vase forme Étrusque
de Naples, MaximilienFerdinand Mérigot,
une des pièces
de l’exposition
« Spectaculaire Second
Empire ». MUSÉE D’ORSAY,
DIST. RMN-GRAND PALAIS/
PATRICE SCHMIDT
Première manifestation en France
depuis 1972 consacrée à la
dernière décennie de Kandinsky
(ci-dessus : Bleu de ciel).
Soit la synthèse du vocabulaire
géométrique des années du
Bauhaus, des tracés aléatoires
et ondulants de la décennie
précédente et des nouveaux
motifs biomorphes inspirés
de la science cellulaire.
Du 29 octobre 2016 au 29 janvier
2017.
Yannick Nézet-Séguin a pris la direction musicale du Metropolitan Opera de New York.
s’est épanoui à la tête d’autres phalanges.
La rencontre entre un chef et un orchestre relève d’une alchimie tellement subtile et d’un tel faisceau de paramètres que personne ne peut prévoir
comment cela va tourner. Autrement
dit, il est tout à fait possible que Lionel
Bringuier établisse avec un autre orchestre un lien privilégié. C’est ce que
l’on souhaite à l’Israélien Lahav Shani,
27 ans, qui vient de succéder à Yannick Nézet-Séguin à la tête du Philharmonique de Rotterdam : encore
une baguette extrêmement talentueuse et prometteuse !
Prendre le temps de mûrir
Nézet-Séguin, parlons-en. Avant
l’été, on apprenait que, en plus de
l’Orchestre de Philadelphie, le Québécois bondissant était nommé à la direction musicale du Metropolitan
Opera de New York, un des postes les
plus en vue du monde lyrique. « Trop
tôt ! », s’exclamèrent aussitôt les ronchons, à l’idée que l’élu n’était pas né
quand l’immense James Levine y a pris
ses fonctions en 1973… Avec pour leitmotiv : autrefois, les chefs prenaient
leur temps pour mûrir et apprendre le
métier.
Vraiment ? Voyons un peu. James
Levine avait 30 ans quand il a été
nommé au Met ! Arturo Toscanini en
avait 31 quand il a pris la Scala de Milan. Bernard Haitink s’est retrouvé à
32 ans aux commandes du Concertgebouw d’Amsterdam, l’âge qu’avait
Riccardo Muti quand on lui a offert la
succession d’Otto Klemperer à l’Orchestre Philharmonia. Erich Kleiber à
l’Opéra de Berlin ? 33 ans. Ievgueni
Mravinsky à Léningrad ? 35 ans, l’âge
auquel Claudio Abbado a régné sur la
Scala. Alors prudence : certes, le jeunisme a ses écueils, mais aux âmes
bien nées…■
présente
“UNE DÉLICATESSE INFINIE”
TÉLÉRAMA
PIERRE DELADONCHAMPS
GABRIEL ARCAND
CATHERINE DE LÉAN
UN FILM DE PHILIPPE LIORET
DEMAIN AU CINÉMA
2016 © FIN AOÛT PRODUCTIONS / FRANCE 3 CINÉMA / ITEM 7 - PHOTO © FIN AOÛT PRODUCTIONS / SÉBASTIEN RAYMOND. CRÉDITS NON CONTRACTUELS.
A
COURTESY OF PHILADELPHIA MUSEUM OF ART,
PHILADELPHIE ; ADAGP, PARIS 2016/SÉBASTIEN GOKALP ;
PHOTOTHÈQUE R. MAGRITTE, ADAGP, PARIS 2016
RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE PICASSO DE PARIS)/JEAN-GILLES BERIZZI © SUCCESSION PICASSO, 2016 ; CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DISTR. RMN-GRAND PALAIS/BERTRAND PRÉVOST ; MUSÉE DU LOUVRE, DIST. RMN-GP/RAPHAËL CHIPAULT ; CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN-GRAND PALAIS/PHILIPPE MIGEAT
Fifty Days at Iliam : Shield of Achilles,
Cy Twombly ; Breda, Carl Andre ; Les Vacances
de Hegel, René Magritte (de gauche à droite).
n est tellement habitué
aux communiqués de
presse annonçant la prolongation du contrat d’un
directeur musical à la tête
de son orchestre que l’on a ressenti
comme une douche froide l’annonce
de la non-reconduction de Lionel
Bringuier à la Tonhalle de Zurich audelà de 2018.
Nommé à la succession de David
Zinman en 2014, le jeune chef français
de 30 ans, qui en avait 28 au moment
de son entrée en fonction, se sera donc
contenté d’un mandat. Visiblement, la
séparation s’est faite à l’amiable et
d’un commun accord. Et voilà qui repose une fois de plus l’éternelle question : les chefs sont-ils aujourd’hui
trop tôt propulsés à des postes exposés ? Au risque de vous décevoir, ne
comptez pas sur nous pour répondre
par oui ou par non, la question est trop
complexe !
Dans le cas de Bringuier, aussi bien
son intégrale Ravel chez DG que le
concert donné avec les Zurichois à la
Philharmonie la saison dernière nous
avaient laissé une impression mitigée.
Du travail très propre, mais un peu lisse, un peu scolaire, sans profil artistique affirmé. Peut-être était-ce trop tôt
dans sa carrière. Mais à sa décharge,
venir après David Zinman, un chef
septuagénaire qui aura marqué pendant vingt ans l’orchestre de son empreinte charismatique, est presque
mission impossible.
Tout le monde a oublié aujourd’hui
que c’est Sakari Oramo qui a succédé
à Simon Rattle à Birmingham. Venir
après un dieu vivant n’était pas un
cadeau, mais depuis le Finlandais
MARCO BORGGREVE
O
C’est le lieu de tous les possibles :
le rêve, des Égyptiens à Claude
Lévêque, en passant bien sûr
par les symbolistes et les
surréalistes (ci-dessus :
Dormeuse aux persiennes,
de Picasso), sera le très - trop ? vaste sujet du Musée Cantini
de Marseille. Du 17 septembre
2016 au 22 janvier 2017.
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
STYLE
28
Des podiums aux boutiques,
la réalité d’un vestiaire
J
DR
DÉCRYPTAGE Retrouve-t-on dans les magasins les modèles pour homme aperçus
lors des défilés de l’hiver ? Repérage incognito sur le terrain, dans la capitale.
Hermès
Gucci
FRÉDÉRIC MARTIN-BERNARD
[email protected]
anvier 2016, alors que les collections de l’automne-hiver 2016-2017 sont
dévoilées sur les podiums de Londres,
Milan, Paris et New York, le débat fait
rage dans la profession sur le bien-fondé
de ces présentations six mois avant l’arrivée en boutiques. Les défilés jouissant
d’importantes retombées médiatiques
sur Internet, ne serait-il pas judicieux de
revoir le système sur le principe du « see
now, buy now » afin de tirer davantage
profit de l’intérêt du public sur le moment ?
Septembre 2016 : le débat est loin
d’être tranché entre les progressistes,
souvent anglo-saxons, qui ont une approche de la mode très « marketée », et
les partisans de l’ancien calendrier revendiquant une nécessité de temps pour
concevoir et fabriquer des modèles originaux. Des mois précieux durant lesquels
acheteurs professionnels des griffes et
Dries Van Noten
des magasins multimarques en profitent
pour « digérer » les tendances fortes de la
saison, passer commande et préparer
l’assortiment de leurs rayons en retenant
– ou pas - l’écume des propositions des
stylistes. Résultat : les pièces qui paraissent dans la presse ne sont pas toujours
commercialisées.
Des collections résumées
à un portant
Cette idée du « see now, buy now » a été
précisément lancée par Christopher
Bailey chez Burberry. Dans le vaisseau
amiral de la marque, à deux pas de
l’Élysée, les sweat-shirts zippés et pantalons à bande contrastée façon survêtement vintage, qui accompagnaient les
plus traditionnels trenchs, cabans et
manteaux militaires à chaque passage sur
le podium, se comptent sur les doigts
d’une main ! Pour trouver ces modèles
(omniprésents dans la campagne publicitaire actuelle), il faut se rendre sur les
stands des grands magasins du boulevard
Haussmann, à Paris. Autres déceptions au
regard de défilés particulièrement ap-
plaudis : la sublime dernière collection de
Stefano Pilati pour Ermenegildo Zegna
excessivement édulcorée dans le magasin
phare de la firme italienne, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Également, l’offre
de Berluti, qui ne reflète pas les ultimes
inspirations d’Alessandro Sartori pour le
bottier parisien ; la sélection des boutiques Prada, très éloignée du show avec sa
multitude de manteaux et paletots à col
bateau amovible ; ainsi que le dressing de
Tomas Maier pour Bottega Veneta, qui se
résume à vingt-huit vêtements sur autant
de cintres, alors que le défilé comptait
trente-neuf passages et une moyenne de
quatre pièces par look. Mais le plus surprenant est chez Louis Vuitton, au sein du
vaste espace homme de la boutique de
l’avenue Montaigne qui s’étend sur tout
un étage. La présentation de Kim Jones
est bel et bien diffusée en continu sur
écran géant, mais le vestiaire inspiré par
Paris et par l’histoire du malletier se limite à moins de dix modèles.
Si les décalages entre le podium et les
portants sont de plus en plus flagrants
dans certaines maisons, Dries Van Noten
Dior Homme
a toujours veillé à commercialiser l’intégralité de ce qu’il montre en défilé. Les
manteaux militaires rebrodés de soutaches, les vestes en brocart, les chemises
en soie et l’ensemble du formidable opus
orchestré sur la scène de l’Opéra Garnier
sont serrés au coude-à-coude dans les
alcôves de sa boutique du quai
Malaquais. Rue des Archives, les magasins 100 % masculins de Gucci et de
Givenchy attenants au BHV Marais sont
également
représentatifs
de
ce
qu’Alessandro Michele et Riccardo Tisci
ont respectivement présenté pour ces
deux institutions.
Intégrité et parti pris
Autre griffe dont les seules adresses au
monde dédiées à l’homme sont basées à
Paris, Valentino fait preuve d’une semblable intégrité en livrant, à la fois, les
manteaux et les costumes noirs surpiqués
de blanc (voir page 25), le sportswear imprimé de constellations ou rebrodé de
papillons, le denim ponctué de clous et
les coupe-vent « camouflage » qui composaient son défilé-fleuve. Salvatore
Ferragamo, qui, avant l’été, a rénové et
agrandi son flagship store au 45, avenue
Montaigne, accorde, lui aussi, plus d’espace au prêt-à-porter masculin.
Même constat chez son voisin Fendi,
qui va jusqu’à proposer les pièces ultrapointues du show comme le blouson en
patchwork de cuir figurant une multitude de visages imbriqués. Un pari sur
des créations sortant de l’ordinaire que
l’on retrouve chez Hermès (manteau en
drap à base de crin de cheval, pull à petites bêtes rebrodées), chez Dior
Homme (pantalon et Perfecto en denim
entièrement maculé de peinture) et
peut-être plus encore dans les grands
magasins parisiens. Ici, l’offre des maisons établies étant souvent à la discrétion de ces dernières - donc semblable
d’un department store à l’autre -, les
acheteurs de ces temples marchands,
dont Lafayette Homme en tête, misent
sur une sélection de plus en plus large de
nouveaux noms internationaux de la
mode homme. ■
Reportage réalisé les 24, 25 et 26 août
à Paris.
Lucas Ossendrijver, la créativité décomplexée
TALENT En dix années, ce Néerlandais discret a fait du dressing Lanvin une des collections les plus originales et abouties
de la mode masculine à Paris.
A
L
ucas Ossendrijver n’a pas
changé malgré le succès : toujours aussi affable, souriant,
réservé. En revanche, l’univers masculin de Lanvin dont
il modernise le propos depuis une décennie est très éloigné de l’esprit
conservateur qui s’en dégageait à son
arrivée en 2006. Commençant par caler
ses pas sur ceux d’Alber Elbaz, qui dessinait le prêt-à-porter féminin et assurait la direction artistique de l’ensemble
de la maison du faubourg Saint-Honoré
depuis 2001, ce Néerlandais est parvenu
à prendre ses distances. À affirmer un
style de plus en plus personnel sans jamais faire d’ombre ni froisser celui qui
l’avait pris sous son aile, en qualité de
designer expert de la mode homme que
lui-même n’avait jamais touchée. À
chaque finale des défilés de Lucas
Ossendrijver, son aîné avait même pris
le pli d’apparaître en retrait.
Tous deux se vouaient un respect
profond et, en octobre dernier, quand
M. Elbaz est limogé du jour au lendemain par la direction, son complice
semble encore plus touché que le reste
de l’entreprise. « Pendant les périodes
de turbulences, j’ai tendance à me replier
sur moi-même, à me concentrer sur mes
particulièrement applaudie, non parce
qu’il s’agissait d’un anniversaire ou
d’une soudaine révélation, mais parce
qu’elle reflétait une forme d’aboutissement dans un continuum stylistique, la
parfaite synthèse de dix ans à twister
les formes et faire bouger les lignes du
dressing masculin. « Lorsque je pense
Lanvin, ce sont les mots tailleurs, luxe et
belles matières qui me viennent tout
d’abord à l’esprit », dit, comme s’il venait de prendre ses fonctions, le designer qui s’est appuyé, à chaque saison,
sur ces fondations pour mener d’autres
explorations.
« Partir de la réalité
pour avancer»
Lucas Ossendrijver.
VIVIANE SASSEN
créations », commentait-il, quelques
semaines après l’éviction, juste avant le
show de l’automne-hiver 2016-2017.
Cette dernière collection (actuellement en boutiques) marque ses dix années au service de Lanvin et, aussi, le
début d’un deuxième chapitre avec les
coudées franches. Elle fut d’ailleurs
« Partir de la réalité pour avancer, toujours et encore », résume celui qui s’est
piqué de passion pour la mode, très jeune, après avoir démonté un vieux veston pour voir sa construction intérieure, quand d’autres gamins mettent en
pièces une bicyclette. « La complexité
de son montage m’a tellement bluffé que
j’ai voulu en faire mon métier. »
À défaut de reprendre l’entreprise de
BTP de ses parents, Lucas Ossendrijver,
né à Utrecht en 1970, entre à l’École des
beaux-arts d’Arnhem. Une formation
complétée par des premières années
dans les studios de Kostas Murkudis,
Kenzo et Dior Homme, époque Hedi
Slimane, où il œuvre sur la partie la
plus classique de l’offre de la griffe de
l’avenue Montaigne. Cet exercice de
style dans un cadre très précis le pousse dans ses retranchements, l’incite à
faire preuve d’une créativité distillée,
avant de se pencher sur Lanvin où tout
est à repenser avec des moyens différents. Saison après saison, ce talent
qu’on n’attendait pas - son premier
bureau dans la maison était pour ainsi
dire un placard – déplace subtilement
le curseur du style, travaillant les matières, les coupes, les finitions et les accessoires.
Ses baskets à tige haute deviennent
rapidement des best-sellers, signant le
retour de ce genre de souliers (en même
temps que les modèles de Pierre Hardy
et de Balenciaga) et confirmant qu’une
révolution est bel et bien en marche
sous sa houlette. Ces sneakers font bien
évidemment partie de la capsule anniversaire, éditée en cette rentrée pour
marquer le coup… mais sans trop s’appesantir sur hier. Ce passé que Lucas
Ossendrijver prend comme point de
départ. Jamais d’arrivée. ■
F. M.-B.
Collection Lanvin hiver 2016-2017.
+ @ SUR LE WEB
» Plus de mode homme
www.lefigaro.fr/lifestyle
DR
LE FIGARO
AUTOMOBILE
RÉVÉLATION
Exposé au prochain
salon de Paris,
le concept
CXPERIENCE ravive
le projet d’une
grande routière
chevronnée. Et fait
bouger les lignes
du constructeur.
D
mardi 30 août 2016
29
Citroën veut renouer
avec son prestige
SYLVAIN REISSER
[email protected]
epuis que le groupe
PSA a décidé d’amputer les chevrons
de DS et de confier les rênes du haut de
gamme à sa nouvelle marque, des voix
s’interrogent sur le sort réservé à Citroën. Cette décision, imposant la redéfinition du territoire d’expression de
chacune des trois marques du groupe
français, a fait naître nombre d’incompréhensions et d’incertitudes quant au
rôle désormais assigné à Citroën. Si,
faute de moyens suffisants pour mener
de front tous les chantiers, les réponses
ont tardé à venir, le futur commence à
s’éclairer chaque jour davantage. Sous
la signature «Be different, feel good »
associée à des valeurs de différenciation, de confort et de bien-être, la
nouvelle gamme Citroën commence à
prendre forme. Après le concept Aircross de l’an dernier qui préfigure un
SUV dans moins de deux ans, le public
du Mondial de l’automobile va découvrir que la firme depuis toujours gouvernée par les extrêmes et réputée
pour son audace et son avant-gardisme n’a pas renoncé à proposer une
grande berline. Son patrimoine historique et technique lui confère toute légitimité pour renouer le fil d’une histoire interrompue depuis l’abandon de
la C6 dont les lignes résistent admirablement à l’épreuve du temps.
Dévoilée au public lors du prochain salon de Paris, la CXPERIENCE donne un avant-goût
de ce que pourrait être la prochaine grande berline de Citroën. S. SORIANO/ LE FIGARO
ler la roue carénée de la CX. L’héritage
transpire également à travers le parebrise évasé très incliné, la calandre à
double étage, les flancs creusés, l’empattement long et la lunette arrière
concave. Cette dernière chute plus
fortement que de coutume sur un postérieur presque trop bulbeux et entretenant l’illusion d’avoir affaire à un
tricorps. L’équipe dirigée par Alexandre Malval a réussi son coup. Ce
concept fait bouger les lignes.
cocon apaisant et chaleureux
uUn
« La guerre des boutons, c’est fini »,
Dans les roues de la CX
uRépondant au nom de code CP16, le
une sacrée prestance, sans agressivité.
Campée sur des énormes roues de 22
pouces, cette berline de 4,85 m de long
s’inscrit dans le droit-fil des codes en
vogue chez Citroën. L’exercice est dénué de fioritures, presque monolithique. À travers cette silhouette aérodynamique (volets et flaps mobiles
dans le bouclier) et surbaissée
(1,37 m de haut), on retrouve plusieurs dénominateurs communs aux
grandes Citroën comme l’asymétrie de
traitement
entre
l’avant et l’arrière,
vraiment audacieux
avec, au-dessus du
passage de roue, la
coupe franche de la
coque censée rappe-
concept de Paris est, comme pour
tous les projets du bureau de
style, le résultat d’une
compétition interne.
Grégory Blanchet, le
lauréat, ne cache pas
avoir puisé une partie de son inspiration auprès de la CX
et de la C6. En
même temps, il souligne le rôle capital
joué par Vincent Barbereau, le modeleur qui a
su interpréter ses sketchs
pour donner corps à des surfaces dont les galbes et les reliefs subtils prennent parfaitement la lumière. Finalement
baptisée CXPERIENCE, l’étude affiche
nous prévient un membre du design.
Aussi lorsque les deux portes antagonistes et échancrées dans le pavillon se
déploient sur un habitacle dépourvu de
pied central, on n’est guère surpris de
découvrir un espace débarrassé de
touches et de commandes. « Nous
avons seulement conservé le bouton
pour actionner les feux de détresse,
obligatoire, et celui du stop & start »,
nous dit Jean-Arthur Madelaine Advenier, le responsable du style intérieur.
Toutes les commandes sont désormais
regroupées au sein d’une gigantesque
tablette tactile (19 pouces au format
16/3). Son écran peut être découpé en
plusieurs fenêtres.
Les designers se sont fait plaisir en
créant un véritable salon mobile. La
confection des sièges en maille tissée
jaune et le dessin des sièges appartiennent au monde de l’ameublement et de
la décoration. Le moelleux des fauteuils relève de l’univers de la literie.
La forme de la planche de bord est toute aussi spectaculaire. Réalisée en
feuille de noyer tramée en 3D, elle singe un rondin de bois ouvert. Cette pièce à la cavité recouverte du textile jaune ceinture l’habitacle. Si le volant
monobranche renvoie à la CX, la technologie est bien actuelle avec une
connectivité dernier cri.
uDes chevrons vrombissants
Sa fiche technique annonce une
puissance de près de 300 chevaux.
Mais inutile de chercher un V8 ou un
V6 sous le capot. L’étude CXPERIENCE
étrenne la chaîne de traction hybride
rechargeable en cours de développement chez PSA. Cette technologie qui
va permettre de respecter les engagements en matière de réduction de
l’empreinte carbone est une excellente
opportunité pour pallier l’absence au
catalogue de puissantes motorisations
à essence. Elle combine un 4-cylindres
à injection directe d’essence de 1,6 litre
pouvant délivrer jusqu’à 200 ch à un
moteur électrique de 80 kW (108 ch).
Le mode ZEV autoriserait un rayon
d’action de 60 km sans rejeter un seul
polluant. Quant au confort de roulage,
avec l’abandon de la suspension hydropneumatique, il innove avec des
amortisseurs à butées hydrauliques.
Le sort de la CXPERIENCE est désormais suspendu aux réactions du public
de Paris. Mais selon quelques indiscrétions, son langage de formes pourrait inspirer une prochaine berline
compacte. ■
L’Ampera-e, une citadine électrisante
Le modèle Opel se distingue par une
calandre spécifique empruntant ses
codes aux derniers modèles allemands.
On retrouve ainsi le pare-brise très incliné, le pavillon fuyant et la ceinture
de caisse montante ainsi que les roues
aux quatre coins qui confèrent un véritable dynamisme aux volumes. Le
constructeur n’a pas encore divulgué
les dimensions, mais, si l’on se base
sur celle de la Bolt, la longueur ne dépassera pas 4,17 mètres tandis que la
hauteur culminera à 1,59 m.
Une puissance de 150 kW
Plus grande que la BMW i3 et que la
Renault ZOE, l’Ampera-e se positionne clairement face à la citadine munichoise par les caractéristiques techniques de sa chaîne de traction. Le
moteur électrique délivre une puissance de 150 kW (204 ch), soit tout de
même 34 ch de plus que la BMW, et un
couple confortable de 360 Nm disponible dès le démarrage. Opel annonce
des accélérations électrisantes avec un
Présentée à Paris, l’Opel Ampera-e sera commercialisée courant 2017 en Europe.
0 à 50 km/h en 3,2 secondes et des reprises de premier ordre. Pour passer
de 80 à 120 km/h, l’Ampera-e ne demanderait pas plus de 4,5 secondes. La
vitesse de pointe est bridée à 150 km/
h. Malgré l’installation de la batterie
de 60 kWh sous le plancher et de la
baisse du centre de gravité, elle ne devrait néanmoins pas pouvoir lutter
avec la BMW sur le plan du comportement routier et du dynamisme en raison d’un poids plus élevé. La munichoise bénéficie, il est vrai, d’une
cellule en carbone qui lui permet d’afficher 1 195 kg sur la bascule, contre
1 625 kg pour la Bolt.
Batterie chargée, l’Ampera-e annonce une autonomie de près de
340 km.
La citadine 5 places d’Opel sera
lancée sur le marché européen dans
le courant de l’année 2017. Son tarif
devrait être particulièrement attractif
si l’on prend pour base les
25 120 dollars de la Chevrolet Bolt aux
États-Unis. ■
S. R.
A
À
l’approche de la fin de la
décennie et dans le
contexte de durcissement
des normes de dépollution
et de diminution de l’empreinte carbone, les véhicules électriques commencent à gagner du terrain.
Ce n’est pas encore l’avalanche, mais
l’offre de véhicules décarbonés se
multiplie, notamment sur le segment
des citadines. Opel profitera ainsi du
salon de Paris pour révéler sa première
citadine électrique. Au risque de
brouiller les pistes, ce véhicule reprend le patronyme de sa berline Ampera, à la carrière confidentielle et
écourtée. En termes d’architecture,
son nouveau véhicule n’a rien à voir
avec la berline hybride.
L’Ampera-e est la sœur jumelle de
la Chevrolet Bolt, dont la commercialisation va débuter dans quelques semaines aux États-Unis. Elle en reprend les principales caractéristiques,
à commencer par la silhouette de minispace.
1
PRÉSENTATION Opel investit le segment des petites voitures électriques avec un modèle étonnamment performant.
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
La Panamera assoit
le conducteur 10 mm
plus bas qu’auparavant.
30 AUTOMOBILE
O
DANIEL WOLLSTEIN
SYLVAIN REISSER
[email protected]
n efface tout et on recommence. De la première Panamera, la
nouvelle génération n’a conservé que le
nom, le logo sur le capot et la clé de
contact à gauche du volant. Porsche s’est
en effet offert le luxe de repartir d’une
feuille blanche pour poursuivre l’histoire
d’une berline qui n’a pas démérité
(154 000 unités en six ans) en dépit d’une
concurrence établie et d’un physique ingrat. Développée autour de la grande plateforme MSB du groupe VW qui sera utilisée par la prochaine Audi A8, la
Panamera II va galvaniser les amateurs
du genre. Train avant avancé, porte-àfaux avant réduit, cabine reculée vers
l’arrière, silhouette allongée de 34 mm
(5 049 mm) et élargie de 6 mm
(1 937 mm), pavillon très fuyant (- 2 cm) :
la silhouette est enfin rééquilibrée. Elle
intègre les codes en vogue chez Porsche,
au point de passer pour une 911 à 4 portes.
Outre la ligne qui fait désormais l’unanimité, la Panamera II a mené sa révolution intérieure. Sous l’appellation Porsche Advanced Cockpit, les ingénieurs
ont imaginé une nouvelle interface
homme-machine évitant l’amoncellement de boutons sur la console centrale
surélevée en laque noire. L’immense
écran central tactile de 12,3 pouces regroupe l’ensemble des informations. À
l’usage, il constitue un réel progrès. Il se
pilote à la manière d’un smartphone. Il
suffit d’effleurer l’écran, qui peut se subdiviser en plusieurs fenêtres, pour voir
apparaître, à gauche, le menu défilant
dans un bandeau vertical. Et tout pilote
qui sommeille dans le conducteur de
cette Porsche appréciera de retrouver,
derrière le volant, une casquette d’instrumentation installant un comptetours analogique en son centre. Il est encadré de chaque côté par deux cadrans
de 7 pouces virtuels. En jouant sur une
molette du volant, ceux de droite peuvent disparaître au profit de la cartographie du GPS ou de l’ordinateur de bord.
Le progrès se niche également dans la
connectivité évoluée permettant de disposer d’un hotspot Wi-Fi, mais aussi, à
partir des productions 2017 du système
Inno Drive donnant un aperçu de la
conduite autonome à la sauce Porsche.
Sous le capot
La 911 des familles
Moteurs
Cylindrée
Type
Puissance
Couple
ESSAI La deuxième génération de la Porsche Panamera réussit
la synthèse difficile entre sportivité et confort.
En faisant travailler ensemble la navigation, le régulateur de vitesse adaptatif et
les radars anticollision, la Panamera est
en mesure d’anticiper les trois kilomètres à venir. Elle adapte par exemple sa
vitesse à l’approche d’une bretelle de
sortie d’autoroute et elle enregistre que
vous allez entrer dans une zone à
50 km/h pour abaisser la consommation
de 10 %. On recommandera le pack
Sport Chrono (1 878 €) qui s’enrichit
d’un mode Sport + abaissant l’assiette de
la voiture, raffermissant la suspension et
augmentant la réponse moteur.
Le tunnel central qui court jusqu’aux
places arrière distribue quatre places individuelles qui pourront s’enrichir des
fonctions ventilation (chauffants et ré-
frigérés) et massage. Pas de jaloux, avec
l’option climatisation quatre zones
(1 548 €), les passagers arrière bénéficient d’un écran central permettant
d’accéder ou de piloter certaines fonctionnalités du menu. Reste que pour
transporter 5 personnes, il faudra passer
son chemin ou attendre l’arrivée de la
version Gran Turismo prévue au plus
tard en 2018. D’ici là, les versions longue
et hybride rechargeable auront déjà fait
leur apparition.
Accélérations époustouflantes
En attendant, la Panamera II étrenne la
nouvelle gamme de motorisations
« KOVOMO » du groupe VW et comportant deux V8 (essence et diesel) ainsi
qu’un V6 2,9 litres à injection directe
d’essence d’origine Audi. Ces trois mécaniques biturbo sont associées à la
transmission intégrale, garante d’une
motricité sans faille, et à la boîte à double embrayage PDK à 8 rapports. Fort de
ses 422 ch, la 4S Diesel, qui va représenter plus de 65 % des ventes offre un niveau de performances qui laisse pantois.
Parfaitement insonorisée, cette super
GT ne s’avère guère démonstrative mais
autorise une autonomie de près de
1 000 km avec le réservoir de 90 litres
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Si pour vous le plaisir débute au-dessus de 5 000 tr/min, le salut passe par les
versions à essence qui distillent des sensations que l’on est en droit d’attendre
d’une berline de sport. C’est le cas au
volant de la 4S facturée 115 967 €. On accède alors à l’allonge d’un moteur vif et
doté d’une sonorité enivrante avec le
mode Sport +, au prix d’une gestion un
peu brutale de la boîte. Avec la Turbo
équipée de la suspension pneumatique
de série à trois chambres au lieu d’une
pour la précédente génération (option à
2 154 €), on change de catégorie. La vigueur des accélérations est époustouflante (3,4 s avec le pack Sport Chrono
pour atteindre les 100 km/h) et les sensations sont identiques à celles de la 911
Turbo. Surtout avec les roues arrière directrices (2 064 €) qui améliorent l’agilité et le châssis PDCC avec contrôle actif
de roulis et différentiel autobloquant
électronique (4 740 €). Vu le niveau de
performances, les freins en carbone-céramique sont vivement recommandés
(+ 9 012 €). Preuve du vaste répertoire de
la Turbo, à allure stabilisée, son moteur
fait un geste pour la planète en désactivant quatre cylindres. ■
L/l/h
Coffre
Poids
5 049 × 1 937 × 1 423 mm
495 litres
1 995/2 050 kg
Performances
0-100 km/h
Vitesse
3,6/4,3 secondes
306/285 km/h
Consommation /émissions
Mixte UE
CO2
Prix
9,3/6,7 l/100 km
212/176 g/km
119 927/156 287 €
 NOTRE AVIS
La nouvelle Panamera est méconnaissable, gommant les points discutables
de la précédente et déplaçant le curseur
vers plus de sportivité. Certes, on pourra lui reprocher une visibilité vers l’arrière réduite et, sur les deux 4 S, une direction surassistée nécessitant des
micro-corrections au volant.
Ce n’est pas un mais trois modèles au
caractère très différencié que Porsche
met sur le marché. Les modèles à essence correspondent vraiment à l’idée
que l’on se fait d’une « familiale »
sportive. Reste que le tarif est vertigineux, surtout en puisant dans la vaste
liste des options. Mais un modèle 2
roues motrices à moins de 90 000 € est
prévu. ■
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sa tranche 12 heures-12 h 30
sur Europe 1 et, bonne surprise,
nous sommes plutôt ravis.
Son émission, on ne saurait
trop vous la recommander lorsque
vous préparez votre déjeuner.
L’humoriste fait tourner
les serviettes, elle nous égaye
de son ton doux piment rouge,
nous met en appétit, bref nous
éloigne du cafard ambiant.
Les graviers de l’actualité glauque
sont ici gentiment concassés.
Anne Roumanoff a, depuis
quelques jours, plus ou moins
trouvé sa formule. Entrée, plat
et dessert. Bien équipée,
bien entourée.
Pour tout vous dire, ce que
l’on aime chez elle, ce sont
ses impostures téléphoniques.
Celle-ci : « Oui, bonjour monsieur,
je me permets de vous appeler,
est-ce que vous pouvez couper
la télé ? » Le type demande
pourquoi . « Je travaille pour
la campagne de Nicolas Sarkozy
et il aimerait rencontrer
des habitants, des Français ! Est-ce
que vous seriez d’accord d’accueillir
Nicolas Sarkozy chez vous dans
quinze jours ? Vous seriez favorable
de l’accueillir ? (…) Vous allez
le rencontrer, on prend des photos,
et voilà. »
Le type, André, un peu dérouté,
appelle sa femme. Elle s’appelle
Lucienne. Lucienne accepte
mais demande, sans surprise,
ce que l’ex veut becqueter.
Roumanoff la rassure, il n’y aura
pas sa femme, il n’y aura pas Carla.
Lucienne ne tique pas mais un peu
quand même : « Il faudrait plutôt
que ce soit un mardi car on a
des coquillages, je pourrai lui faire
des spaghettis “alle vongole”. »
Roumanoff : « Très bien, vous savez,
il est très simple, Nicolas. » Pas sûr,
pas sûr, pas sûr…
S
i l’Irak a été ces dernières années occulté par la guerre civile
syrienne, les deux conflits restent cependant intimement
liés. L’essor de l’État islamique
(EI), entité djihadiste occupant un territoire à cheval sur les deux pays, est
tout autant le produit de la décomposition de l’État irakien de Saddam Hussein que de celle de la Syrie de Bachar
el-Assad. La cruelle guerre d’Irak, qui
fut la matrice d’une génération de djihadistes, est toujours l’autre scène sur
laquelle se joue le drame en cours au
Moyen-Orient.
Dans Bagdad, chronique d’une ville
emmurée, Lucas Menget et Laurent Van
der Stockt retournent dans la capitale
irakienne où ils ont assisté, en 2003, à
l’entrée des Américains. Ils retrouvent
une ville brisée par l’occupation et par
la guerre civile qui l’a suivie entre sunnites et chiites. Les deux
reporters
n’avancent
aucune thèse ni explication simpliste. Ils racon○○○¡
tent Bagdad à travers
des portraits de ses habitants, dont chacun prend l’allure
d’une parabole.
Touche par touche, comme dans une
terrible version des contes des Mille et
Une Nuits, l’histoire déroule ses écheveaux complexes. Les chiites, qui célèbrent le martyre de l’un des leurs, tombé dans les combats contre l’État
islamique, ou les sunnites, qui sont
l’objet de la suspicion générale comme
s’ils formaient une cinquième colonne
de l’EI dans Bagdad, sont tous les acteurs impuissants en même temps que
les victimes d’une grande tragédie.
Les images, superbes, sont presque
oniriques. Mais le rêve vire vite au cau-
se sont étendus depuis vers les quartiers civils, à mesure que l’Irak se décomposait et basculait dans la guerre
confessionnelle.
Visages tendus
L’emmurement de Bagdad est ensuite
psychologique. D’abord élevés par mesure de sécurité contre les voitures piégées et les attentats suicides quotidiens,
les murs ont fini par isoler chaque
quartier de ses voisins. La capitale de
l’Irak est devenue une ville ségréguée,
où les communautés vivent comme
dans des alvéoles, séparées selon leur
affiliation religieuse.
Oublieux de la caméra, les habitants
qui témoignent ont le visage tendu. Les
miliciens chiites vêtus de noir qui
contrôlent les voitures dans les rues de
la ville, une députée sunnite qui mène
un combat désespéré contre la corruption, un religieux chiite au turban
blanc et son homologue sunnite qui
prie dans son bureau où clignotent les
taux de change des monnaies de la région, une femme au regard désespéré
et un homme qui fume cigarette sur cigarette figurent parmi cette galerie
poignante de portraits. Ils sont les
multiples visages d’une tragédie qui
continue. ■
Un feuilleton radiophonique retrace le parcours des trois frères fondateurs.
BLAISE DE CHABALIER
[email protected]
L
Avec ses frères Henry et Mayer, Emanuel
Lehman a fondé au XIXe siècle la banque
d’investissement disparue en 2008. DR
e feuilleton radiophonique en
dix épisodes Saga des Lehman
Brothers, diffusé tous les jours
jusqu’au 9 septembre sur
France Culture, retrace le
destin extraordinaire des trois frères
fondateurs de l’une des plus grandes
banques américaines. Trois fils d’un
marchand de bétail juif bavarois qui
migrèrent aux États-Unis au milieu du
XIXe siècle.
L’adaptation radiophonique de la
pièce de théâtre de l’Italien Stefano
Massini est une réussite. Vivante et
MOT S C ROI S É S
PROBLÈME N° 4192
« Bagdad, chronique d’une ville emmurée » montre le quotidien d’habitants vivant dans la peur et la violence.
chemar. La sensation d’enfermement
devient presque palpable à l’écran.
L’image d’une ville emmurée est
d’abord une réalité : les rues de Bagdad
sont physiquement barrées par de
hauts remparts de béton, le principal
legs de l’occupation américaine de
l’Irak. Constitués de segments en forme de « T » (les T-walls) alignés comme des touches de piano, ils ont
d’abord servi à protéger les bases américaines dans un pays qui échappe rapidement à leur contrôle après l’invasion de 2003.
Comme des métastases dans un organisme atteint d’un cancer, les murs
Lehman Brothers, un conte en banque
+ @ SUR LE WEB
» Jeunesse : les tendances
de la rentrée
» Catherine Deneuve lit les tweets
désopilants de Loïc Prigent sur Arte
» Natalie Portman critique (encore)
les Français à la télé américaine
www.lefigaro.fr
21.45
LAURENT VAN DER STOCKT
Europe 1 | Lundi | 12 heures
Par Louis Morand
VERTICALEMENT
1 . Elle assure la sauvegarde.
- 2. On reprend connaissance
grâce à elle. - 3. Vas mettre à la
diète. Déposé bêtement au coin de
la rue. - 4. Présente des rayures
saillantes et seyantes. Morceau de
zinc. - 5. Personnel de l’Antiquité.
Incontinent. - 6. Lancé sur la piste.
Père du donjuanisme littéraire. Tag
brouillon. - 7. Un transfert qui fait
de l’effet. Donne du mou. - 8. Arrêt
demandé. Ont connu une certaine
activité touristique.
1
1
2
3
4
5
6
7
SOLUTION DU PROBLÈME N° 4191
HORIZONTALEMENT 1. Imagière. - 2. Nucingen. - 3. Alonso.
- 4. PTT. Tipi. - 5. Piétiste. - 6. Erse. Tor. - 7. Ta. Thèse. - 8. Écrue. Es.
- 9. Nia. Bas. - 10. Cavera. - 11. Élimerai. - 12. Sensuels.
VERTICALEMENT 1. Inappétences. - 2. Multiraciale. - 3. À-côtés.
Ravin. - 4. Gin. Têtu. Ems. - 5. Insti. Hébreu. - 6. Égoïste. Aare. - 7. Ré.
Ptoses. Al. - 8. Entières. Bis.
2
3
4
5
6
7
8
bien jouée, elle offre le récit romanesque d’une saga familiale qui se mêle à
la grande histoire et finit par se
confondre avec elle.
Un nouveau métier
À travers les portraits plein d’humour
et de psychologie de Henry, d’Emanuel et de Mayer, c’est l’épopée d’une
Amérique dont la puissance va sans
cesse croissant qui apparaît. Les trois
fondateurs de ce qui fut d’abord un
magasin de vente de tissus et de vêtements en coton en Alabama, qui ne sont plus
que deux à la mort de
l’aîné, Henry, en 1855
○○○¡
à l’âge de 33 ans, vo-
BR I D G E
PROBLÈME N° 2382 :
À l’abri d’une mauvaise
lecture
D76
743
6
R V 10 9 6 2
O
N
S
E
R82
R 10 6
R D 8 2
AD7
8
Contrat : Sud joue 3 SansAtout, après l’ouverture de 1SA
en Ouest.
9
Entame : 5 de pour le 9 d’Est.
10
11
12
lent de succès en succès. Ils inventent
un métier, celui de gestionnaire. Ils
achètent le coton brut aux planteurs et
le revendent aux industriels. Eux puis
leurs descendants gèrent ensuite l’argent des autres.
Lehman Brothers est désormais une
banque qui investit au fil du temps
dans le café, le chemin de fer, l’automobile, l’armement, l’aviation, le cinéma… Toujours plus de profits, à
l’image d’une Amérique qui finit toutefois par dérailler une première fois
en 1929. Si la Lehman
Brothers s’en sort cette
fois-là, la crise de
2008, elle, sera fatale à
la banque mythique. ■
20.30
Mardi 30 août
Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com
SOLUTION DU PROBLÈME N° 2381 :
Tout le temps et jamais
Contrat : Sud joue 4 Piques contré
La séquence (Pers. vuln.) : Ouest ouvert de 1, Est répond
1, Sud contre, Ouest soutient à 2, Est bondit à 4 et Sud
se jette à 4.
Entame : 3 de pour le 8 d’Est et votre As. Indice : vous
savez qu’Ouest a les , qu’il doit en avoir seulement trois,
et vous craignez qu’il ait quatre . Pensez à ce qui pourrait
se passer si Ouest jouait à chaque fois qu’il prend la main.
Si Ouest a quatre , vous n’avez aucune chance. Comme
il doit en détenir seulement trois, c’est qu’il a ouvert avec une
main 3-4-3-3 (pas de souci) ou 4-4-2-3. Dans ce dernier
cas, cela signifie que si vous touchez aux atouts avant
d’avoir affranchi les , vous serez raccourci. Le remède est
de jouer tout le temps et jamais . En main au Valet
de , Ouest retourne , coupé du 2. Vous insistez à .
Ouest prend de la Dame et persévère à en coupe et
défausse. Vous coupez au mort en écartant un de votre
main. Vous donnez un troisième tour de et Ouest tente
le tout pour le tout en jouant
V 10
à nouveau en coupe et
94
défausse. Votre réaction ?
R8753
Cette fois, vous défaussez
8765
le du mort et coupez du 9 6 5 3
84
N
7 de votre main. Il ne vous R 10 3 2
DV8765
O E V 10 9 2
reste plus qu’à encaisser vos D 4
S
9
honneurs à avant de cou- A D V
A
R
D
7
2
per le Roi de maître du
A
Valet de .
A6
R 10 4 3 2
A
« Ça pique
mais c’est bon »
HORIZONTALEMENT
31
Ravagée par la guerre, la capitale irakienne s’est transformée en ville ségréguée. Sans avancer de thèse
ou d’explication simpliste, elle est racontée à travers les portraits de ses habitants.
Votons
Roumanoff
1. Prends les devants. - 2. Trouvent
un nouvel abri. - 3. Toujours en
premières lignes. Note de Plamandon. - 4. Parent suisse de la
ricotta italienne. Signal de départ.
- 5. Ouvrais l'enveloppe. - 6. Teint
de fleur. - 7. Note après examen.
Son bout se tourne vite. - 8. Grain
de chapelet. Garçons bouchés. - 9.
Bus à petites gorgées. Louis XVI ?
- 10. Donne envie de fumer. - 11.
Connaissances rédigées sur la
feuille. - 12. Compagnes familières.
mardi 30 août 2016
mardi 30 août 2016 LE FIGARO
32 TÉLÉVISION
MÉTÉO
PAR
ÉPHÉMÉRIDE St-Fiacre
Soleil: Lever 07h04 - Coucher 20h35 - Lune décroissante
18.50 Bienvenue à l’hôtel. Jeu 20.00
Le 20h 20.50 Nos chers voisins.
Série. Avec Martin Lamotte
18.45 N’oubliez pas les paroles !
Jeu 20.00 20 heures 20.35 Parents
mode d’emploi. Série
20.55
19.00 19/20 20.00 Tout le sport.
Magazine 20.25 Plus belle la vie.
Feuilleton. Avec David Baïot.
20.55
Série. Comédie
20.55
Magazine. Historique
19.40 Secret Story. Téléréalité. Présentation : Christophe Beaugrand.
MATIN
20.55 Pokémon, le film :
Mewtwo contre-attaque
20
Film. Dessin animé. 1998. Réal. : K.
Yuyama, M. Haigney. 1h40. Une
équipe scientifique oeuvre à la création d’un Pokémon super-puissant.
Série. Drame
13
13
13
12
11
Fra. Saison 8. La famille sans parents. Inédit. Avec Laurent Ournac,
Florence Coste, Dominique Frot.
Tom accueille au camping Lucie qui,
depuis la mort de ses parents, a la
garde de son frère et de sa sœur.
22.45 New York, unité spéciale
Série. Policière. EU. 4 épisodes. Avec
Christopher Meloni, Charlie Barnett
Secrets d’Histoire
Présentation : Stéphane Bern. 1h45.
Inédit. Alexandre le Grand, des rêves
et des conquêtes… Dans ce numéro,
Stéphane Bern part sur les traces
d’un illustre conquérant : Alexandre
le Grand.
22.40 Secrets d’Histoire Maga-
zine. Historique. 0.35 Faites entrer
l’accusé. Magazine
GB. Saison 1. Faux-semblants. Inédit.
Avec Olivia Williams, Darren Boyd,
Peter Wight. Geraldine Bretherick
et sa fille, Lucy, âgée de 5 ans, sont
retrouvées noyées dans la baignoire
de leur salle de bains.
20.50 Traumatisme invisible
22.25 Case Sensitive Série.
21.40 Le coma et ses mystères.
Documentaire 23.10 C dans l’air.
Drame. GB. 2012. Saison 2. 23.55
Grand Soir/3 0.30 Le terminal. Film.
19.10 Brooklyn Nine-Nine. . 19.35 The
Big Bang Theory (C). 20.10 Made in
Groland (C). 20.45 Les Guignols.
19.00 Jardins orientaux. Série documentaire. 19.45 Arte journal 20.05
28 minutes. Magazine
19.45 Le 19.45 20.25 Scènes de
ménages. Série. Avec Audrey Lamy,
Loup-Denis Élion.
20.55
20.55
21.00
Film. Drame
Documentaire. Société
13
19.00 C à vous. 20.00 C à vous, la
suite. 20.20 Une maison, un artiste.
Case Sensitive
Série. Thriller
Documentaire. Santé. Réal. : Olivier
Pinte. 0h50. Inédit. Ce documentaire
revient sur ces séquelles invisibles
liées à un traumatisme qui peuvent
être handicapantes.
19.45 Sorry je me marie ! Jeu 20.30
NRJ12 Zapping. Divertissement
18
22.30 While We’re Young Film.
Comédie dramatique. 0.00 Papa
Lumière. Film. Drame.
… secrète de Daech
EU. 2016. Réalisation. : Michael Kirk.
0h50. Inédit.
21.45 Bagdad, chronique d’une ville
emmurée. Documentaire
22.45 Lanceurs d’alerte : coupables ou héros ? 0.20 Headhunters : tableau de chasse. Film.
EU. Saison 1. 2 épisodes. Inédits.
Avec Priyanka Chopra, Aunjanue Ellis, Graham Rogers, Jake McLaughlin,
Yasmine Al Massri. Les recrues sont
envoyées dans différents bureaux
du FBI afin d’aider les agents.
22.45 Quantico Série. Thriller.
22
25
10
25
27
28
28
19.15 Still Standing ! Qui passera à la
trappe ? Divertissement
20.55 90’ enquêtes
20.55 Enquêtes criminelles :
le magazine des faits divers
21.00 Tokarev
Magazine. Société. Prés. : Carole
Rousseau. 1h20. Familles très nombreuses : mais comment font-elles ?
Des familles nombreuses dévoilent
leur quotidien.
22.15 90’ enquêtes. Magazine. Présentation : Carole Rousseau.
Magazine. Société. Prés. : Nathalie
Renoux, Paul Lefèvre. 2h15. Inédit.
Sommaire : «Affaire Annie Toinon :
l’assassin est-il dans la famille ?».
Film TV. Action. EU. 2014. Réal. : Paco
Cabezas. 1h38. Avec Nicolas Cage.
Un ancien criminel reprend du service et se lance à la recherche des
kidnappeurs de sa fille.
23.10 Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers. Magazine
22.50 La loi du tueur. Film TV. Thriller.
All. 2014. Réal. : Peter Howitt. 1h30
28
30
GRILLE 1853 FACILE
6
7
3
4
2
8
9
5 2
3
6
8
5 2 7 1
3 8
5
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4 7
2
6
1
1
7
3
7
9
2
8
4 5
1
1 6 2
5
A
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
C
C I
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30_08_16.indd 1442
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R
R
E
E
M
E
T
IL TRANSPORTE LES
MEUBLES
DIVINS
INTERPELA
TELLE UNE
IDÉE DE
GÉNIE
Documentaire. Historique. 2016.
Réal. : Denis Sneg. 1h20. Inédit. Un
autre regard sur le mont Saint-Michel, où sont retracés treize siècles
d’architecture et de défis.
22.10 Machu Picchu, un nouveau
regard. 23.05 Les lignes nazca.
Film. Comédie. EU. 1984. Réal. : Ivan
Reitman. 1h41. Avec Bill Murray.
Trois parapsychologues au chômage ouvrent une agence spécialisée dans la capture de fantômes.
PIQUE
DANSEUSE
JAPONAISE
DÉFUNTE
BONNES
MŒURS
CERCLE
AUTOUR
DU SEIN
32
31
28
23/25
23/25
9/22
15/20
17/25
21/25
ALGER
BARCELONE
BERNE
COPENHAGUE
LONDRES
RABAT
0 à 10
VENDREDI
15/24
17/26
16/24
16/28
20/29
17/30
16/30
22/28
lachainemeteo.com
LIVE 24/24 SUR
et sur
2,99 €/appel
DÉRAISON
SANDWICH
AMÉRICAIN
CROCHET
À VIANDE
SEINS
FAMILIERS
INÉDIT
PARLEZ-VOUS
LE LACLOS ?
EN 6 LETTRES,
EN PRINCIPE
BÉNÉFICIENT
DU CHAUFFAGE
CENTRAL
FILLETTE
CAPABLE
DE PRENDRE
L’AIR
E
CHANGEAI
D’ACCENT
CARREAU
QUE L’ON
PEUT
RÉPÉTER
RÈGLE
PLATE
PROVOQUE
LA SOIF
POMME
(D’)
PLUS
TOUTE
NEUVE
UN PEU DE
CHLORE
16/26
19/29
21/31
FORCE 2
DÉSIGNE
LA CHOSE
TÊTE DE
SANGLIER
23/33
13/21
20/28
18/26
17/22
21/34
ATHÈNES
BERLIN
BUDAPEST
LISBONNE
PRAGUE
TUNIS
14/22
14/24
12/27
15/29
17/28
15/22
20/30
11/23
16/20
18/32
21/32
JEUDI
14/26
15/26
10 à 20 20 à 30 30 à >40
par téléphone :
VOLCAN
DE SICILE
IL MÉDITE
EN INDE
IL EST
DIFFICILE
À PEIGNER
28
40
AMSTERDAM
BELGRADE
BRUXELLES
DUBLIN
MADRID
ROME
MERCREDI
Tous les programmes
dans TV Magazine
et sur l’appli TV Mag
SERPENTS
NON
VENIMEUX
EFFETS
SPÉCIAUX
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<-10 à 0
22.50 Le roi Arthur. Film. 0.50 Storage Wars : enchères surprises.
FIRMES
MONDIALES
C’EST LE
STARTER
MIS POUR
EXCLURE
29
27
20.55 S.O.S. Fantômes
CHANT
RELIGIEUX
SUR LA
BOUSSOLE
DONC
PLUS
LONG
RAYURES
ID EST,
EN BREF
C’EST
LA COMPAGNIE
27
29
29
MOTS FLÉCHÉS N°1442
Chaque jour un peu plus difficile
27
27
29
26
27
28
25
27
28
S
ENFERS
SU DO KU
26
T (en °c)
19.20 Une nounou d’enfer. Série.
Avec Fran Drescher.
19.40 Les Marseillais et les Ch’tis vs
le reste du monde. 20.40 Soda. Série
26
27
25
24
22
28
EU. 2015. Saison 1. 23.40 Maison à
vendre. Magazine
19.00 Alerte Cobra. Série. Avec Erdogan Atalay, Katja Woywood
21
50
APRÈS-MIDI
20.50 Le mont Saint-Michel
Quantico
21
16
18.55 Adjugé vendu : voitures à tout
prix ! Téléréalité
Du 11-Septembre
au califat : l’histoire…
15
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16
14
22
EU. 2015. Réal. : Woody Allen. 1h36.
Avec Jamie Blackley, Joaquin Phoenix, Parker Posey, Emma Stone.
Josh et Cornelia, un couple de quadragénaires sans enfant, mène une
vie paisible, mais sans passion.
15
11
15
22.50 Le coût de la vie. Film. 0.55
Primeval : un nouveau monde. Série
L’homme irrationnel
16
14
15
20.55 Le premier cercle
Film. Thriller. Fra. 2009. Réal. : Laurent Tuel. 1h34. Avec Jean Reno,
Gaspard Ulliel. La lutte entre Milo
Malakian, un chef de clan arménien,
et son fils Anton, qui veut en sortir.
13
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14
12
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12
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22.35 American Pie 5 : String Academy. Film TV. Comédie.
Camping Paradis
13
GRANDE
OUVERTE
CHEZ
LE BABA
PRONOM
ARMES DE
WESTERN
SCANDIUM
DE
CHIMISTE
DIEU
GREC
EXPRESSION DE
CELUI QUI
ENCAISSE
L’HOMME
DES BUTS
CELA
RESTE À
TOUCHER
PEIGNÉE
ET
BOUCLÉE
+ DE
10 000
DÉFINITIONS
FORFAIT
EN BOURGOGNE,
SUR-TILLE
€
39,90
PÉRIODES
22/08/2016 12:17
en librairie et sur
www.figarostore.fr
LE FIGARO
mardi 30 août 2016
33
Nicolas d’Audiffret,
l’artisan numérique
Marie Visot
[email protected]
À
l’approche de la trentaine, Nicolas d’Audiffret a eu un « coup de
blues ». Ses études à l’ESCP devaient-elles le condamner à être
consultant, toujours dans un
avion entre Paris et San Francisco - il finissait alors sa sixième
année chez Bain & company ?
Alors qu’il rêvait d’entreprendre ! Cette question,
cela faisait des mois qu’il se la posait, avec son ancien colocataire à Londres, Nicolas Cohen, lui aussi
en pleine phase d’interrogation. 2009 bat son plein,
Obama vient d’être investi président des ÉtatsUnis, la France de réintégrer l’Otan, U2 de sortir un
nouvel album ; ce sera l’année de leur changement
de vie. Mais pas question de se lancer dans n’importe quoi… « Je voulais essayer d’avoir un impact sociétal positif en créant des emplois en France », raconte
aujourd’hui Nicolas d’Audiffret. Pari réussi !
Petit retour en arrière… Avec leurs économies,
cette année-là donc, les deux amis en entraînent un
troisième, Loïc Duvernay, et décident de lancer
AlittleMarket. Le concept ? La mise en relation
d’artisans et de potentiels clients. Tout part d’une
rencontre avec un spécialiste des arts de la table en
ardoise. « Il faisait des choses fabuleuses, mais ne savait ni les commercialiser ni gérer son entreprise. On
s’est dit qu’il y avait des centaines de personnes comme lui en France », raconte le jeune entrepreneur.
D’abord simple forum d’échanges, le site qu’il crée
se transforme rapidement en plate-forme de vente
dans l’univers du « fait main fait en France ». « On
est tombé amoureux de ces gens-là : de ces femmes
qui utilisent leur don manuel pour obtenir un revenu
en plus ; de ces ébénistes qui fabriquent des objets au
SILVERE LEPROVOST
SUCCÈS Cet ancien consultant a créé, avec deux associés,
AlittleMarket. Une plate-forme de vente qui permet
de mettre en contact près de 100 000 artisans et créateurs
français et leurs potentiels clients.
fond de leur jardin ; de ces artistes qui mettent tout
leur cœur dans ce qu’ils créent. » Les vendeurs créateurs s’inscrivent gratuitement sur le site et ouvrent
un espace boutique virtuel personnel. AlittleMarket
prélève 5 % de commission sur ses ventes. « Nous
ne gagnons de l’argent que si notre communauté en
gagne », souligne Nicolas d’Audiffret.
Du sens et des valeurs
Et cette communauté, justement, grossit. Alors, il
faut suivre. Il s’agit d’investir, à la fois sur la plateforme technique et dans l’animation du réseau.
Dès 2010, la petite entreprise fait sa première levée
de fonds auprès de business angels ; puis une
deuxième en septembre 2011 auprès de XAnge Private Equity, une filiale de La Banque postale. Entre-temps, AlittleMercerie est lancée, sur le même
modèle que sa grande sœur. L’échec de AlittleEpicerie - « la logistique était trop compliquée », reconnaît d’Audiffret - ne les échaude pas. Elle ne
leur fait pas de tort non plus : en juin 2014, Etsy, le
Bio
EXPRESS
U 16
EABRE 20
V
U M
NO- SEPTE
1979
Naissance à Nantes
(Loire-Atlantique).
2003-2009
Consultant chez
Bain & Company.
2009
Lance AlittleMarket.
2011
Lance AlittleMercerie.
2012
Implantation en Italie.
2014
La société est rachetée
par l’Américain Etsy.
2016
Supervise Etsy en France
et en Allemagne, tout
en continuant à diriger
AlittleMarket.
ÛT
AO
leader mondial du « fait main », qui veut se développer hors des États-Unis, les rachète. Ce cousin
américain est coté au Nasdaq, où il pèse près de 1,5
milliard de dollars. Depuis, les valeurs de l’entreprise n’ont pas changé, jure-t-il.
Aujourd’hui, ils sont une cinquantaine, dans un
hôtel particulier du centre populaire de Paris, caché
derrière un porche. Près de 100 000 créateurs ont
rejoint la plate-forme, qui enregistre 3,3 millions de
visiteurs par mois et un volume d’affaires mensuel
(confidentiel) évalué à 5 millions d’euros. Une foule
d’événements sont organisés chaque année, comme les Journées du fait main où les créateurs d’une
région se réunissent et co-organisent un marché
d’artisanat, avec des démonstrations et ateliers. Le
Nantais d’origine est évidemment fier de cette réussite, d’avoir réussi à « donner du sens ». Et s’amuse :
« C’est la plus grande usine de France ! » Juste avant
les vacances, comme il le fait régulièrement, il a fait
venir dans ses bureaux parisiens une centaine d’artisans inscrits sur le site, pour échanger, partager
les expériences, comprendre leurs attentes. « J’ai
régulièrement une larme à l’œil quand l’un d’eux me
dit que j’ai changé sa vie », reconnaît-il.
Père de trois enfants (6 ans, 4 ans et 5 mois), Nicolas d’Audiffret aime son pays et sa « bonne cuisine, les beaux produits et ceux qui les travaillent avec
cœur ». « On peut faire des choses extraordinaires
ici ; je n’ai jamais pensé me délocaliser aux ÉtatsUnis », comme certains camarades, dit-il. D’ailleurs, il investit à titre personnel dans des entreprises auxquelles il croit. Et de citer notamment Back
Market, une PME de reconditionnement, qu’il a vu
grandir… Il siège aussi au Comité d’experts de Bpifrance (qui l’a aidé à ses débuts) pour évaluer les investissements de la Banque publique dans des startup. Sans compter ses batailles pour améliorer
l’image de la France, notamment auprès de sa maison mère américaine : « Ils aiment ce pays ! Mais ce
n’est pas facile en ce moment : on tente de mettre en
place un plan d’actions gratuites pour les salariés ;
une rigidité administrative empêche Etsy de bénéficier du cadre fiscal avantageux de la loi Macron.
Donc on ne le fait pas, c’est dommage ! » Il y a quelques semaines, il a tenté d’alerter Bercy sur cette
question « cruciale » d’attractivité. Maintenant que
la trêve estivale est terminée, peut-être aura-t-il
une réponse… ■
UN DERNIER MOT
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FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ
Galerie Vivienne à Paris :
Audrey Azoulay convoque une réunion de crise
Alertée par l’Association des commerçants de la galerie Vivienne,
à Paris, et par son prédécesseur Jack Lang, la ministre
de la Culture s’apprête à réunir les parties impliquées dans la
rénovation mal engagée du célèbre passage. Début septembre
sont convoqués le bailleur et maître d’ouvrage, la Direction
des affaires culturelles, l’architecte des Monuments historiques.
Mais, hélas, n’ont pas été invitées les personnes qui ont alerté
l’État et le public, Christophe Perreaut, porte-parole de
l’association, et Didier Rykner, fondateur de La Tribune de l’art.
YOHAN BONNET/AFP
Depuis l’automne 2015, l’Egypte et ses mystères font à
nouveau la une de l’actualité. Deux équipes s’affair
s’affairent
s’af
ent à
la recherche de chambres secrètes dans les pyramides
de Gizeh et dans la tombe de Toutankhamon. Aidé des
meilleurs spécialistes, Le Figaro Histoire fait le point sur
le dossier : la chambre recherchée par l’archéologue
Nicholas Reeves dans la tombe du célèbre pharaon peutelle abriter la reine Néfertiti ? Est-il envisageable de
trouver celle de Khéops dans la Grande Pyramide ? Un
dictionnaire des personnages, un décryptage de sept
mystères de l’Egypte ancienne, un portfolio des plus
beaux objets du trésor de Toutankhamon complètent ce
Le maire de Québec
crée un comité de soutien à Alain Juppé !
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Histoir
tout reste à découvrir
Régis Labeaume se lance dans la politique française en fondant un comité de soutien
à l’ancien premier ministre français. Il souhaite montrer que son homologue
bordelais, qui a vécu un an à Montréal, a des appuis dans le monde politique
du Québec. Sans compter plus de 150 000 électeurs français potentiels sur place.
A
Les nouveaux mystères de l’Egypte
es producteurs de lait protestent contre la politique de prix du groupe Lactalis.
Le mot, s’il remonte à l’enfance de l’humanité, vient du latin lac lactis. Il est
passé depuis plusieurs années de la table du petit déjeuner à celle
des négociations entre producteurs et distributeurs.
Chacun se plaint d’être la vache à lait du système et accuse l’autre d’être ni plus
ni moins qu’une peau de celle-ci. Qui dit vrai ? Ce qui est sûr, c’est que la crise du lait
est un concentré : ne serait-ce que des maux de l’agriculture française.
Un récent accord pouvait laisser espérer que les parties, ayant mis ce qu’on pourrait
appeler de l’eau dans leur vin, allaient pouvoir trinquer et boire de ce petit-lait
qui est si savoureux. Mais les agriculteurs ont décidé de relancer la contestation,
au risque de mettre de l’huile sur un feu qu’ils surveillent pourtant comme le prix
du lait. Mais, ils le savent, pour faire son beurre, il faut battre le lait pendant qu’il est
temps. Sont-ils le pot de terre contre le pot de fer ? Qu’importe, pour eux, l’important
est de ne pas rejouer une nouvelle fois la tragi-comédie de Perrette. ■