Présidentielle : les entreprises interpellent les candidats
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Présidentielle : les entreprises interpellent les candidats
2,20 € mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement Première édition lefigaro.fr « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais EXPOSITIONS ENTRETIEN PAGES 26 ET 27 PAGE 16 REMBRANDT, PICASSO, MAGRITTE, HERGÉ… LES GRANDS RENDEZ-VOUS DE LA RENTRÉE LE GÉNÉRAL GEORGELIN : « L’ATTACHEMENT DES FRANÇAIS À LA LÉGION D’HONNEUR M’A MARQUÉ » Présidentielle : les entreprises interpellent les candidats ÉLYSÉE Rentrée périlleuse pour Hollande PAGE 4 PRIMAIRE L’offensive de Fillon sème le trouble à droite PAGE 6 Le Medef compte profiter de sa 18e université d’été pour juger la crédibilité des prétendants à l’Élysée sur les réformes à mettre en œuvre afin de relancer la croissance et l’emploi. Cessez-le-feu définitif entre les Farc et le gouvernement PAGE 7 À neuf mois de l’élection présidentielle et en pleine polémique sur le burkini, les chefs d’entreprise veulent recentrer le débat politique sur les sujets économiques. Lors de son université d’été, qui se tient ces mardi et mercredi à Jouy-en- PALÉONTOLOGIE L’australopithèque Lucy serait morte en tombant d’un arbre PAGE 9 COMMERCE Josas (Yvelines), le Medef a décidé de frapper fort en invitant les quatre principaux candidats à la primaire de la droite - Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Bruno Le Maire et François Fillon - ainsi que le ministre de l’Économie, Emmanuel Ma- cron, et des représentants des différents courants du PS. Fiscalité, droit du travail, réduction des déficits, simplification… Chacun devra exposer les grandes lignes de son programme et répondre aux questions des entrepreneurs, de plus en plus méfiants envers la classe politique. Les candidats, dont les propositions diffèrent sur la méthode et l’intensité, devront « expliquer comment ils mettront en œuvre leur programme, avec quel courage », insiste Pierre Gattaz, le patron des patrons. Cazeneuve compte sur Chevènement pour ancrer l’islam de France dans les valeurs de la République Le traité transatlantique à l’agonie PAGE 20 AGRICULTEURS La FNSEA décidée à faire plier Lactalis Reportage : « L’école des sœurs de la Bekaa » L’Irlande appartient-elle encore aux Irlandais ou à Google ? Burkini : les tribunes d’Hugues Moutouh et de Noëlle Lenoir La chronique de Renaud Girard L’analyse de Judith Waintraub n n n NICOLAS MESSYASZ/SIPA CHAMPS LIBRES PAGE 22 L’État et les représentants musulmans se sont réunis ce lundi, Place Beauvau, pour relancer le chantier de construction d’un islam de France, dans un climat rendu électrique par les attentats et les polémiques liées au burkini. PAGES 2, 3 ET 14 ÉDITORIAL par Gaëtan de Capèle [email protected] n n PAGES 12 À 15 @ FIGARO OUI FIGARO NON Réponses à la question de lundi : Préférez-vous les séries télévisées au cinéma ? OUI 39 % NON 61 % TOTAL DE VOTANTS : 12 501 M 00108 - 830 - F: 2,20 E 3’:HIKKLA=]UWWUX:?k@i@n@a@a"; Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Approuvez-vous la nomination de JeanPierre Chevènement à la tête de la Fondation pour l’islam de France ? JEAN-CHRISTOPHE MARMARA / LE FIGARO I è QUEL CANDIDAT À LA PRIMAIRE DE LA DROITE COMPREND LE MIEUX LES ENTREPRENEURS ? è CE QUE SARKOZY, JUPPÉ, FILLON ET LE MAIRE PROPOSENT PAGES 18, 19 ET L’ÉDITORIAL Pourquoi Frank McCourt a racheté l’Olympique de Marseille En reprenant le club phocéen à Margarita Louis-Dreyfus pour près de 40 millions d’euros, l’homme d’affaires américain s’offre « l’une des marques les plus iconiques du monde du sport ». Son nom est surtout associé au baseball outre-Atlantique et à la franchise des Dodgers qu’il a rachetée en 2004. Si l’OM le présente comme l’homme du redressement de cette équipe mythique de Los Angeles, son bilan serait beaucoup plus mitigé. PAGE 10 Moins cher chez La grande désillusion l n’est pas certain - c’est un euphémisme - que le quinquennat de François Hollande laisse un souvenir impérissable aux chefs d’entreprise. On peut les comprendre : depuis 2012, ils volent de désillusion en désillusion. Cueillis à froid d’entrée par un tabassage fiscal sans précédent et la création d’une taxe à 75 % qui a fait le tour du monde, ils s’étaient pris à rêver, deux ans plus tard, d’un grand virage social libéral présidentiel. Prêts à jeter leurs préjugés aux orties, ils voulaient croire en cette tonitruante déclaration d’amour de Manuel Valls à leur endroit, si hardie pour un premier ministre de gauche. Séduits par un jeune ministre de l’Économie résolument « pro-business », ils pensaient tous les ingrédients enfin réunis pour un grand saut réformateur, où la prospérité des entreprises - et donc de la France et des Français - deviendrait la préoccupation première. À l’heure des comptes, ils attendent toujours la révolution qu’on leur promettait. Derrière la surcommunication laborieuse du gouvernement, rien n’a vraiment changé pour ces hommes et ces femmes, qui se battent au quotidien pour gérer leur entreprise et dévelop- per leurs activités. Le CICE et le pacte de responsabilité ? Un rattrapage partiel des folies fiscales du début de mandat. Le choc de simplification ? Un concept creux, qui n’a en rien arrêté la frénésie normative de l’État. La loi travail ? Un cautère sur une jambe de bois… La réalité est que, pour restaurer la compétitivité de notre économie, tout reste à faire. S’il souhaite remettre la France sur les rails, le prochain président aura devant lui deux immenses chantiers. D’abord, celui de la surfiscalité, qui étouffe les entreprises, les entrepreneurs et les ménages, mais il suppose un grand coup de balai dans les dépenses publiques. Ensuite, celui de la surréglementation sociale, qui sclérose le marché du travail et dissuade l’initiative privée. Prélèvements, ISF, 35 heures, contrat de travail, retraites, fonction publique… Les candidats à la primaire de la droite fourmillent d’idées de bon sens. Mais cette fois, le vainqueur n’aura pas le droit de reculer. ■ Les entreprises attendent toujours la révolution AND : 2,40 € - BEL : 2,20 € - CH : 3,50 FS - CAN : 4,75 $C - D : 2,70 € - A : 3,20 € - ESP : 2,50 € - Canaries : 2,60 € - GB : 2 £ - GR : 2,80 € - DOM : 2,50 € - ITA : 2,60 € LUX : 2,20 € - NL : 2,70 € - PORT.CONT : 2,50 € - MAR : 18 DH - TUN : 3,50 DT - ZONE CFA : 2.000 CFA ISSN 0182.5852 TOUTES LES GRANDES MARQUES AU MEILLEUR PRIX ! MATELAS - SOMMIERS fixes ou relevables - toutes dimensions TRECA - TEMPUR - DUNLOPILLO - EPEDA - SIMMONS - MERINOS - BULTEX... 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Aux côtés de Jean-Pierre Chevènement seront notamment présents le Prix Goncourt Tahar Ben Jelloun, l’islamologue réformateur Ghaleb Bencheikh, le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane et l’entrepreneur Najoua Arduini-Elatfani, figure de la société civile musulmane. Le conseil d’administration de la fondation comprendra en outre le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech – membre de droit – et deux membres désignés par le « comité des donateurs » de cette structure. Un « conseil d’orientation » d’une vingtaine de membres, très ouvert sur la société civile musulmane, sera chargé de repérer les projets à soutenir. Bernard Cazeneuve a entamé lundi une refondation importante de plusieurs JEAN-MARIE GUÉNOIS £@jmguenois JAMAIS, ne semble-t-il, les responsables du culte musulman en France n’ont franchi avec une telle régularité l’imposant portail de fer du ministère de l’Intérieur, Place Beauvau, à Paris, à deux pas du Palais de l’Élysée. L’actualité dramatique de ces deux dernières années, liées à des attentats commis en France, au nom de l’islam, a créé une sorte de crise permanente et il revient au ministre de l’Intérieur, en l’occurrence Bernard Cazeneuve, également chargé des Cultes, de gérer cette situation. Il a d’ailleurs qualifié cette actualité « d’urgente », lundi 29 août, au terme d’une nouvelle journée de travail consacrée à l’islam parce que la « France est en guerre contre le terrorisme. Elle est en guerre contre un ennemi qui cherche à la diviser, à dresser les Français les uns contre les autres, à fractionner le corps de la nation, à anémier la République ». Ce qu’il désigne comme « un piège mortel » dans lequel « nous ne devons pas tomber ». Mais le ministre en charge des Cultes a prévenu : « Ce combat contre l’islamisme radical, nous ne devons, en aucun cas et en aucune façon, le mener contre les musulmans de France qui sont dans leur immense majorité des républicains qui n’aspirent qu’à vivre leur religion de façon digne et paisible. Ce combat décisif pour la nation, nous devons au contraire le mener avec eux. » À côté des réunions régulières avec le Conseil français du culte musulman (CFCM), de « l’instance de dialogue » entre l’État et la seconde religion de France qu’il a créée, Bernard Cazeneuve préparait en fait dans la discrétion et depuis des mois une réforme assez fondamentale de plusieurs structures régissant l’islam en France qui a été annoncée le 29 août. Cette réforme (lire ci-dessous) touche quatre points fondamentaux de l’islam de France : la gouvernance globale de cette religion en France, le financement de la construction de nouveaux lieux de cultes, la formation des imans et la représentativité publique des cadres et de l’élite de cette communauté. Le ministre a assigné aux différentes commissions d’experts chargées de la mise en œuvre de cette réforme un calendrier précis : ils doivent rendre leur copie pour la fin décembre 2016, ce qui n’est pas anodin dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017. Mais il faudra des années pour évaluer si la modification, par exemple introduite pour une formation « à la française » des imans, réduira le nombre de prêcheurs radicaux (lire décryptage). Ou si la traçabilité des flux financiers pour la construction des mosquées influera sur leur ligne et enrayera l’influence salafiste. Il faudra en revanche seulement quelques mois pour savoir si l’invitation faite, lundi, par le ministre à élargir le tour de table aux 41 intellectuels, hommes de science ou de culture, de religion musulmane, qui avaient lancé un appel au cœur de l’été, dans le JDD, pour venir à la rescousse de l’islam de France, portera ses fruits. Car la réussite de la greffe de cette élite, habituée à l’efficacité du monde des affaires, n’est pas évidente dans ce monde feutré du religieux. Celui qui est en le porte-parole, Hakim El Karoui, a ainsi estimé en sortant de la réunion lundi que le choix de Jean-Pierre Chevènement pour présider la fondation n’était pas « idéal », ce qui aurait déjà pu conduire ce groupe « à claquer la porte ». Mais « ils préfèrent rester malgré la présence de Jean-Pierre Chevènement qui est pour le moins une maladresse » en ayant obtenu lors de la rencontre avec le ministre que le président de la Fondation ne reste « pas plus d’un an » et plusieurs sièges dans « l’association cultuelle 1905 qui est le cœur du sujet » parce que c’est elle qui « va recevoir l’argent et qui va financer les mosquées et la formation des imans ». Cet ancien conseiller du premier ministre Jean-Pierre Raffarin est par ailleurs sorti du langage convenu des responsables religieux pour dresser un portrait peu flatteur de l’islam de France qui « doit aller au-delà des divisions d’une communauté musulmane qui n’existe pas, qui n’a aucun sentiment d’appartenance, qui n’a aucune communauté d’intérêt et qui jusqu’à présent a démontré son incapacité à travailler ensemble ». ■ Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, salue d’une poignée de main Dalil Boubakeur, De nouvelles instances pour mieux organiser le culte LES CONSULTATIONS entamées lundi doivent permettre de mettre en œuvre une structure plus solide pour l’islam de France. Elle reposera sur trois institutions : NOUVELLE FONDATION uUNE La Fondation pour les œuvres de l’islam, créée en 2005 par Dominique de Villepin, destinée à contrôler les flux financiers participant à la construction des mosquées, va être dissoute. Son capital, consigné à la Caisse des dépôts – environ un million d’euros qui furent donnés à l’époque par Serge Dassault, propriétaire du Figaro -, va être transféré dans une nouvelle Fondation pour l’islam de France. Mais son objet ne sera plus le financement des mosquées, car une fondation reconnue d’utilité publique n’a, en fait, pas le droit de financer directement des cultes. La nouvelle fondation va donc piloter un certain nombre d’initiatives dans les domaines éducatif, social et culturel visant à diffuser la connaissance approfondie d’un islam modéré. Elle sera conduite par un conseil d’administration composé de 11 représentants présidé pour son lancement par JeanPierre Chevènement (lire page 3) dont trois hauts fonctionnaires appartenant aux ministères de l’Intérieur, de l’Éducation nationale et de la Culture, ainsi que cinq personnalités qualifiées, musulmanes (lire ci-contre). Le budget devrait assez vite atteindre 5 millions d’euros. Le modèle en vue est celui des fondations déjà existantes – Fondation Notre-Dame ; Fondation pour le judaïsme, Fondation pour le protestantisme – qui n’entrent pas directement dans le financement des cultes mais participent à des œuvres culturelles avec des budgets annuels avoisinant les 20 millions d’euros chacune. À titre indicatif, si chaque organisation musulmane a aujourd’hui son budget propre, le Conseil français du culte musulman (CFCM) n’a actuellement pas les moyens de se payer une secrétaire à temps plein… NOUVELLE ASSOCIATION uUNE CULTUELLE Là aussi, le modèle est inspiré de la gestion des autres cultes, dont le judaïsme et l’Église catholique, qui bénéficient, au niveau national, d’une structure associative cultuelle, loi de 1905, apte à financer le culte religieux en toute conformité avec la loi et la laïcité françaises. Un groupe de travail a été lancé, ce lundi, par le ministère de l’Intérieur, pour préparer les statuts de cette nouvelle entité, mais son rôle consistera à rechercher des financements privés pour les affecter à la construction de lieux de culte mais aussi au financement de la formation des imams. Si le recours à une taxe sur la viande hallal est exclu, les opérateurs de cette filière alimentaire seront toutefois sollicités pour abonder, à titre volontaire, le budget de cette association, dont la hauteur n’est pas encore définie. L’association pourra également participer à des projets pilotés par la Fondation pour l’islam de France et les deux institutions travailleront en étroite collaboration. L’idée maîtresse est de rendre transparents les fonds étrangers parce qu’il apparaît à beaucoup de responsables musulmans qu’ils seront difficiles à supprimer, en particulier ceux qui arrivent d’Algérie, du Maroc ou d’Arabie Saoudite. Ces mêmes responsables indiquaient lundi que « 80 % des lieux de cultes musulmans sont financés par les fidèles eux-mêmes » et que la question des fonds étrangers ne touche que la construction de très grandes mosquées dans les plus grosses villes de France. Pour assurer cette « transparence », Bernard Cazeneuve propose le recours au statut d’association loi 1905 qui impose des comptes certifiés et donc vérifiables par l’administration. Deux cents lieux de culte et mosquées musulmans sont actuellement à l’état de projet dans le pays. NOUVELLE uUNE REPRÉSENTATION NATIONALE Les réformes annoncées lundi par le ministère de l’Intérieur ouvrent également, de façon implicite, la question de la représentation nationale de l’islam de France. Le Conseil français du culte musulman, créé en 2005 et dont les membres sont élus par les musulmans dans les mosquées, continue de jouer un rôle central, mais le gouvernement a le souci d’ouvrir la gouvernance à d’autres acteurs musulmans, issus du monde de l’entreprise mais aussi de la culture. C’est ainsi qu’une partie des 41 intellectuels musulmans qui ont signé un appel public au cœur de l’été ont été invités lundi à la table du ministre, plusieurs étant pressentis pour siéger dans la fondation ou dans l’association cultuelle nationale. ■ J.-M. G. Un cursus d’islamologie pour les imams « neL’État peut se satisfaire d’une situation où la majorité des imams exerçant en France sont formés dans des instituts théologiques à l’étranger » BERNARD CAZENEUVE, MINISTRE DE L’INTÉRIEUR IL Y A en France entre 1 600 et 1 800 imams. À titre de comparaison, 270 rabbins exercent dans l’Hexagone, 3 600 pasteurs protestants (dont 2 000 évangéliques) et 15 000 prêtres catholiques. La communauté musulmane ne se plaint pas d’un manque d’imams mais plutôt de la précarité de leur statut, car ils vivent majoritairement des dons des fidèles. Elle regrette aussi des différences abyssales de niveaux de formation entre eux. Autre problème majeur, la majorité ne parle ni ne prêche en français. L’État a tenté de réagir en passant des conventions avec des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Turquie, qui détachent régulièrement – et financent – environ 300 imams pour des périodes à durée déterminée, en France, sous condition d’apprendre le français. Le gouvernement a aussi créé des diplômes universitaires qui apportent un complément de formation sur la laïcité à des imams qui ont déjà été formés ailleurs sur le plan religieux. Mais l’actualité dramatique a démontré qu’outre l’influence des imams prêchant via Internet depuis l’étranger, et donc incontrôlables, beaucoup d’imams proféraient, en France, un discours radical qui peut conditionner des jeunes, pouvant ensuite basculer. 80 expulsions depuis 2012 Pour lutter contre ce phénomène, le ministère de l’Intérieur a procédé depuis 2012 à 80 expulsions d’imams radicaux. Beaucoup reste à faire, à commencer par la formation de ces imams qui n’est pas centralisée ni normée, chacun construisant le parcours de son choix. Actuellement, seuls deux instituts existent en France. L’idée du ministre Cazeneuve serait de créer dans plusieurs universités un « enseignement d’islamologie » regroupant des matières déjà enseignées à ce niveau : la langue et la littérature arabe, l’histoire de l’exégèse coranique, l’histoire de la civilisation musulmane et de la religion musulmane. Une mission a été lancée pour bâtir ce nouveau cursus « rigoureusement laïque », a prévenu Bernard Cazeneuve pour qui l’objectif est « de remplacer tous les imams détachés par des imams formés en France ». Car, précise-t-il, l’État « ne peut se satisfaire d’une situation où la majorité des imams exerçant en France sont formés dans des instituts théologiques à l’étranger ». ■ J.-M. G. LE FIGARO L'ÉVÉNEMENT de l’islam est lancé DÉCRYPTAGE Jean-Marie Guénois ALBERT ZENNOU £@AlbertZennou C’EST AU DÉTOUR d’une rencontre avec les journalistes à l’Élysée le 2 août que François Hollande a sorti de son chapeau le nom de Jean-Pierre Chevènement. À 77 ans, celui qui a été plusieurs fois ministre, député, sénateur et maire de Belfort pendant de nombreuses années, a donc pour mission de transformer la Fondation pour l’islam de France, une coquille vide, créée en 2005, en un outil performant. Une nomination qui n’a pas fait l’unanimité, ni dans le monde politique ni chez les responsables musulmans dont certains ont peu goûté de se voir imposer cette nomination. « Je pense que comme ancien ministre de l’Intérieur moi-même, je ne pouvais pas refuser de contribuer à cette œuvre d’intérêt public », a-t-il expliqué. Mais dans une interview donnée au Parisien, il crée en plein mois d’août une polémique en conseillant aux musulmans de pratiquer leur culte « en toute liberté » mais avec « discrétion ». Chevènement jouit d’une réputation favorable dans tout le monde arabo-musulman. Deux actions ont plaidé en sa faveur. C’est le premier homme politique à s’être intéressé à la construction d’un islam à la française. En 1997, il est ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin et, à ce titre, chargé des Cultes. Il entend construire une instance représentative des musulmans de France. Le 23 novembre 1997, il estime dans un discours fait à Strasbourg qu’« il y a une place pour l’islam à la table de la République. Ce n’est pas seulement un droit qui revient aux musulmans ; c’est une chance pour eux et pour la France de faire vivre, sur notre territoire, un islam moderne ». Autre raison pour laquelle Chevènement est apprécié : à deux reprises, il a marqué violemment son opposition à la guerre en Irak. La première fois, en 1991, il décide même de démissionner de son poste de ministre de la Défense et douze ans plus tard en s’opposant à une nou- velle invasion de l’Irak par les ÉtatsUnis en 2003. Il faut dire que Jean-Pierre Chevènement ne badine pas avec ses principes. Célèbre pour sa phrase « un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule », il aura mis en œuvre trois fois son adage, en 1983, en 1991 et en 2000. Défenseur de la République Diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA (promotion Stendhal), il a rejoint le PS dès sa création en 1971, alors à la tête d’un mouvement, le Céres (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste), qui constituait l’aile gauche du PS. Il apporte son soutien à François Mitterrand alors en lutte contre Michel Rocard, accusé de dérive socialedémocrate. Chargé d’élaborer le projet du parti, il sera l’un des instigateurs du rapprochement avec le PCF et la constitution du programme commun de la gauche. Plusieurs fois titulaire d’un poste ministériel régalien (Intérieur, Défense), il s’est forgé une image à gauche de « sécuritaire », refusant l’angélisme d’une partie de son camp en matière de lutte contre la délinquance. Défenseur acharné de la République, il fait état de son opposition au statut de la Corse proposé par Lionel Jospin (2000) et à la signature par la France de la Charte européenne des langues régionales. Défenseur de la laïcité, il a toujours estimé que la religion devait se cantonner à la sphère privée. Souverainiste avant même que le terme ne soit passé dans le langage politique commun, il s’est prononcé contre l’intégration européenne. Une position qui l’a notamment poussé à rompre avec le Parti socialiste. Il se présente ainsi à l’élection présidentielle de 2002 sous l’étiquette du Pôle républicain où il recueillera 5,33 % des voix. Il est accusé d’avoir, avec sa candidature, participé à l’élimination au premier tour, le 21 avril, de son condisciple à l’ENA Lionel Jospin. Dès lors, il avance sur la voie d’un souverainisme de gauche et républicain et fonde le MRC (Mouvement républicain et citoyen) qu’il présidera jusqu’en 2015. Après l’élection de François Hollande, Jean-Pierre Chevènement devient le représentant spécial pour la Russie dans le cadre de la « diplomatie économique » du Quai d’Orsay. Prônant l’alliance de tous les souverainistes, il propose, sans succès, un regroupement de tous « les patriotes de droite et de gauche » qui irait de Nicolas DupontAignan à Jean-Luc Mélenchon. ■ Jean-Pierre Chevènement est le premier homme politique à s’être intéressé à la construction d’un islam à la française, dès 1997. VINCENT BOISOT/LE FIGARO CELA FAISAIT longtemps que l’État français ne s’était pas mouillé à ce point dans la gestion d’un culte religieux. On se souvient de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur en 2003, qui avait passé des nuits blanches pour obtenir, au forceps, de responsables musulmans très divisés qu’ils dépassent leur quant à soi pour s’unir et fonder le Conseil français du culte musulman (CFCM). Dans un tout autre style, plus feutré mais tenace, Bernard Cazeneuve, actuel ministre de l’Intérieur, prend le risque, treize ans plus tard, de franchir la ligne continue de la laïcité à la française, pour pousser l’islam de France à poser un nouveau pas en avant. Le CFCM, dont les responsables sont élus par la base des mosquées, garde son rôle central de représentation nationale des musulmans mais il va être désormais largement accompagné par deux structures, lancées lundi 29 août mais pensées et mises concrètement sur pied par le gouvernement. Ces structures ne resteront pas sur le banc de touche. Elles seront présentes sur tous les points névralgiques du terrain avec un rôle qui s’apparente à celui d’un arbitre. Que vont faire ces structures ? Une « association cultuelle » nouvelle va tout d’abord gérer des financements destinés à la construction des mosquées pour réduire les flux financiers venant de l’étranger. Cette association nationale va également soutenir des programmes universitaires d’islamologie. Les imams, en formation en France, seront fortement encouragés à les suivre. Quant à la Fondation pour l’islam annonce phare de la journée du 29 août si elle ne participera pas pour des raisons juridiques au financement du culte, elle aura un pouvoir d’orientation, encore mal défini, mais global, politique, sur l’islam de France. Une sorte de « board », à l’anglo-saxonne, alliant des personnalités religieuses, culturelles, politiques. Mais constituant, de facto, une autorité morale qui pourrait devenir incontournable si elle réussissait. Ce nouveau cocktail religioso-étatique est toutefois un ovni aux yeux d’une stricte laïcité. Il est subtil mais représente une forte évolution avec l’interprétation rigide de la laïcité dont faisait haute profession le gouvernement socialiste au début du quinquennat. Si les religieux musulmans, eux, sont consentants pour cette nouvelle alliance parce qu’ils n’ont pas d’autres choix tant est profonde leur crise de crédibilité après la longue série d’attentats sur le sol français, il est étrange de voir le gouvernement devenu à ce point consentant pour entrer dans la gestion d’un culte, jusqu’à la limite de l’entorse laïque… Ce nouveau cocktail religioso-étatique est un ovni aux yeux d’une stricte laïcité La nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation - même si c’est un musulman qui présidera l’association - est d’ailleurs là pour rassurer et faire passer la pilule dans le camp laïc. C’est « un républicain », insistait-on sur tous les tons, lundi au ministère en une sorte « d’élément de langage » destiné à faire passer un message. Mais il est désormais clair que la perspective de l’élection présidentielle de 2017 pousse le gouvernement à sortir de la neutralité pour mettre la main à la pâte et ne pas laisser un islam de France livré à lui-même. Les jeunes musulmans radicalisés, en revanche, vont entendre un autre message. Ils accusaient déjà l’islam « officiel » de « collaboration » avec la République française… Et ce sont ces jeuneslà qui posent le problème numéro 1 de l’islam de France. Mais le plan présenté lundi n’apporte aucune solution tangible de résolution à court terme. ■ Une loi anti-burkini passe par une réforme constitutionnelle PAULE GONZALÈS [email protected] UNE LOI. Oui, mais laquelle ? La polémique nationale autour du burkini est désormais un casse-tête pour les juristes. Nicolas Sarkozy a redemandé lundi une loi « qui viserait spécifiquement » le port du burkini sur la plage ou à la piscine, une « provocation de l’islam politique » due à « l’absence d’autorité » qu’il souhaite « restaurer » en 2017. Quitte à changer la Constitution. Car légiférer sur le port du burkini implique - et c’est bien le piège classiquement tendu par ses défenseurs - de slalomer entre le principe de laïcité et la garantie des libertés fondamentales. Par deux fois, en 2004 et 2010, le législateur, le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ont réussi à rendre les textes sur l’interdiction de signes ostensibles religieux puis du voile intégral constitutionnellement compatibles. Pour cela, il a fallu soigneusement contourner l’écueil des garanties de la liberté d’expression, du respect de la vie privée, ou même de la laïcité. La France a su obtenir la bénédiction de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) malgré la poussée des associations islamistes. L’affaire se complique avec l’affaire du burkini. Qu’à cela ne tienne. Guillaume Larrivé et Éric Ciotti, députés (LR) de l’Yonne et des Alpes-Maritimes, réfléchissent à un texte qui imposerait que « dans l’espace public, le port de tenues ou de signes manifestant ostensiblement l’adhésion ou la soumission à une idéologie ou une opinion revendiquant l’inégalité entre les femmes et les hommes est interdit ». «Certes, le port des signes religieux ostentatoires peut être réglementé comme en témoigne la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école publique. Mais une plage publique n’est pas une piscine municipale. La frontière de la laïcité peut sembler mince mais elle est quasiment impossible à franchir sauf révision constitutionnelle », explique Do- minique Chagnollaud, président du Cercle des constitutionnalistes et professeur de droit constitutionnel à l’université de Paris 2. Cela tombe bien. À droite, le principe de réformer la Constitution n’est plus un tabou. Et l’idée de se défaire du carcan de la CEDH arc-boutée sur les libertés individuelles fait son chemin. Guillaume Larrivé estime que « nombre de sujets concrets vont appeler ou appellent déjà une réforme de la Constitution. Il est temps que le constituant en prenne conscience et imagine une réforme qui dépasse les questions matérielles qui sont régulièrement posées au Conseil constitutionnel. Il y a un droit de la nation qui dans certains cas va au-delà de celui de la personne ». « Définir » l’ordre public «Il ne suffit pas de parler de réforme constitutionnelle, encore faut-il savoir laquelle », analyse Dominique Chagnollaud. « L’une des solutions serait de donner une définition non pas seulement “matérielle” (sécurité, tranquillité) mais “immatérielle” de l’ordre public, à savoir le socle minimal d’une sorte de contrat social définissant un mode de vie en commun. Cela percuterait les libertés individuelles et le Conseil constitutionnel devrait trancher. L’autre solution serait d’interdire “à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s’affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers”. Et d’étendre ce principe à l’espace public. Mais cela générerait un contentieux terrible de la part de toutes les religions, car où placer les exceptions. » En attendant, les villes de Nice, Roquebrune-Cap-Martin, Menton et Fréjus, qui continuent d’interdire le burkini alors que le Conseil d’État a jugé illégal l’arrêté de Villeneuve-Loubet interdisant cette tenue, comparaîtront mardi et mercredi devant la justice. ■ + A MATTHIEU ALEXANDRE/AFP [email protected] Chevènement, un laïc et un souverainiste apprécié dans le monde arabo-musulman 3 La présidentielle pousse le gouvernement à sortir de la neutralité structures régissant la deuxième religion de France. recteur de la Grande Mosquée de Paris, après une rencontre avec les représentants de la communauté musulmane, lundi à Paris. mardi 30 août 2016 » Lire aussi PAGE 14 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais mardi 30 août 2016 LE FIGARO 4 POLITIQUE Rentrée périlleuse pour François Hollande Le président, qui veut rester au-dessus de la mêlée, fera un grand discours le 8 septembre sur la démocratie, l’État de droit et les valeurs républicaines. Des thèmes qui, croit-il, seront au cœur de la campagne de 2017. SOLENN DE ROYER £@sderoyer ÉLYSÉE Comment se tenir loin du chaudron politique, agité par les primaires de la droite et de la gauche, sans pour autant disparaître de la scène, alors que la plupart des Français se sont déjà détournés de lui ? Voilà l’équation délicate à laquelle se trouve confronté François Hollande en cette rentrée, à trois mois de l’annonce de sa décision : être ou non candidat à sa propre succession. « Jusqu’à présent, le président était seul sur le ring. Désormais, il y a d’autres rings. Ça change beaucoup de choses. Les Français vont pouvoir comparer », analyse un conseiller élyséen, qui explique que, pour l’heure, François Hollande s’efforcera de rester « pleinement président ». « Il n’a pas vocation à plonger dans le marigot politicien », ajoute ce proche. À l’issue d’un « break » relatif de deux semaines, le chef de l’État a réuni sa garde rapprochée vendredi dernier pour un premier déjeuner, destiné à faire le point de l’été (l’affaire du burkini) et baliser l’agenda des prochaines semaines. Un agenda dominé par l’international et un dossier européen brûlant. Ce qui devrait permettre au président de rester « audessus de la mêlée », espère-t-on à l’Élysée. Dès mardi, François Hollande s’adressera une dernière fois aux ambas- “ Le président doit être un rempart UN CONSEILLER ÉLYSÉEN François Hollande (ici le 25 août à La Celle-Saint-Cloud) suit attentivement les premiers soubresauts des primaires. ” sadeurs réunis au Palais, pour leur donner leur feuille de route et évoquer le rôle de la France dans les crises du moment et la lutte contre le terrorisme. Le 2 septembre, le président s’entretiendra avec la chancelière allemande Angela Merkel à Évian avant de s’envoler pour la Chine, où il est attendu pour un G20, suivi d’une visite d’État au Vietnam. À peine rentré d’Asie, Hollande repartira pour Athènes, où doivent se retrouver les pays du sud de l’Europe, le 9 septembre. La semaine suivante, il enchaînera une visite bilatérale en Roumanie (13 septembre) et le sommet de Bratislava (16 septembre), où l’avenir d’une Europe amputée du Royaume-Uni doit se jouer. Mais le chef de l’État, qui suit attentivement les premiers soubresauts des primaires (LR, PS et EELV), ne restera pas absent pour autant de la scène nationale. Hollande, qui s’est tenu volontairement à l’écart de la polémique autour du burkini, prépare un discours censé faire date - selon ses proches - sur « la démocratie face au terrorisme », qu’il prononcera le 8 septembre devant la Fondation Jean Jaurès et le think-tank Terra Nova. Dans un contexte brûlant, marqué par la montée en puissance de la question identitaire, le président tentera d’expliquer que la meilleure réponse au terrorisme et aux provocations de ceux qui veulent ébranler la République, « c’est la démocratie, l’État de droit et les valeurs de la République », avance son entourage. « Le président doit être un rempart », explique un conseiller élyséen pour qui le terrorisme et la question de l’État de droit seront nécessairement les grands sujets des prochains mois. « En la matière, le débat se simplifie, poursuit le même conseiller. Le FN considère que l’islam est responsable de tous les maux. La droite considère qu’il faut entrer dans un état d’exception, quitte à bousculer l’État de droit. Le président, lui, considère qu’il doit être le rempart de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, mais aussi de la sécurité. » Hollande poursuivra son explication de texte dans la deuxième quinzaine de septembre à l’occasion d’un long entretien accordé à la presse écrite. « Il exposera sa vision de la France », confie un proche. Dans un contexte médiatique déjà saturé par les campagnes des primaires, le chef de l’État - soucieux de garder une certaine hauteur - fait donc le choix de la distance (un grand discours, un long entretien…). À ce stade, aucune intervention radio ou télévisée, aucune conférence de presse non plus, ne sont prévues. Pour le reste, Hollande, qui préside un Conseil de défense chaque semaine, prépare la loi de finances et le geste fiscal à destination des ménages, avec des arbitrages attendus cette semaine ou la suivante. Le chef de l’État, qui se rendra à Orléans jeudi pour la rentrée scolaire, a en outre l’intention de continuer à se déplacer une fois par semaine en France. Il lui reste trois mois pour tenter de regagner - même a minima - la confiance des Français, condition sine qua non d’une candidature à sa succession. ■ GONZALO FUENTES/REUTERS Un proche du président publie un livre bilan pour rattraper les déçus de la gauche Sans une défense préalable du bilan présidentiel, Dominique Villemot n’imagine aucune chance pour François Hollande en 2017. Ce fidèle du chef de l’État, avocat fiscaliste et ex-camarade de la promotion Voltaire de l’ENA, est venu à Colomiers avec un livre sous le bras : François Hollande, le courage de réformer (Éditions Privat). Le rassemblement du courant majoritaire du PS offrait une occasion de toucher le cœur militant. Avant l’impression, Hollande a lu l’ouvrage avec reconnaissance, selon l’auteur. « J’ai voulu faire un bilan objectif, argumenté et chiffré, mais il est vrai que la popularité du président est assez catastrophique », reconnaît Dominique Villemot, en pointant deux faiblesses : « ll n’a pas été capable d’assurer la pédagogie de son action À Colomiers, les soutiens du chef de l’État jouent l’union SOPHIE DE RAVINEL £@S2RVNL DEPUIS la fenêtre du minibus, une députée socialiste parisienne observe le paysage en silence, visiblement inquiète des conditions de la campagne présidentielle à venir. Des kilomètres de barrières en acier, des dizaines de camions de CRS garés tout au long, certains équipés d’une sorte de bouclier pour repousser les foules. Des hommes armés. Quelques grappes de militants marchent au pied d’immeubles déserts, aux portes d’entrée gardées par les forces de l’ordre. Ils se dirigent vers le Hall Comminges de Colomiers, en banlieue de Toulouse. Même le groupe de députés arrivé en avion de la capitale devra marcher pour atteindre ce Fort Knox à l’atmosphère lugubre, accentuée par le temps gris et le parking désert. C’est là que s’est tenu lundi le meeting socialiste de rentrée en soutien à François Hollande. Seuls les nombreux ministres participants sont arrivés directement sur place. « Il y a des gens qui eric delvaux catherine boullay A le 5/7 avec tous les mercredis la participation de Solenn de Royer du journal Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls, lors du grand meeting de rentrée du Parti socialiste, lundi à Colomiers (Haute-Garonne). PASCAL PAVANI/AFP pensent que l’alternance se fera au sein de la gauche, mais ils se font des illusions, l’alternative ne se fera pas entre eux et nous mais entre la gauche et la droite », a prévenu Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et premier des défenseurs du chef de l’État, alors qu’au loin, les rumeurs des manifestants de la CGT se faisaient entendre. « Valls, ta République c’est celle du fric, c’est pas la nôtre !», scandaient-ils derrière la mairie de Colomiers, littéralement encerclés par les forces de l’ordre. « Que ceux qui contestent regardent de près ce qui a été fait », a encore ajouté Le Foll, certain qu’il va devoir passer les mois prochains à tenter de convaincre et de réunir « sur l’essentiel ». Entrée discrètement dans la salle du meeting par une porte dérobée, la ministre de l’Éducation, Najat VallaudBelkacem, a prévenu sur France 3 Midi-Pyrénées que la gauche non plus ne devait pas se perdre « dans des querelles internes ». « J’ose espérer, at-elle ajouté, que la famille socialiste saura se montrer plus digne et plus à la hauteur que la droite dans l’exercice de sa primaire. » Non loin, Patrick Kanner a manifesté quelques doutes après avoir entendu Arnaud Montebourg tenter, depuis Frangy-en-Bresse, de dissuader François Hollande de se présenter. Et affirmer que son bilan n’est « pas défendable ». « Mais quel est son statut pour avoir une telle pré- tention ? », s’est interrogé le ministre de la Ville. À l’intérieur de la salle surchauffée, pleine de quelque 800 militants, élus et membres du gouvernement, la ministre de l’Éducation nationale – qui avait insisté auprès des organisateurs pour s’exprimer après la présidente de la région Carole Delga et avant Stéphane Le Foll, Marisol Touraine, Jean-Christophe Cambadélis et Manuel Valls, a souligné que « la gravité impose la dignité dans nos débats ». « Nous devons renoncer à la surenchère face à la droite, nous devons aussi résister à une logique à gauche qui se bat contre elle-même, ce qui sera suicidaire », a-t-elle lancé alors que la semaine dernière, le feu de la désunion a menacé le gouvernement sur la question du burkini, isolant le chef du gouvernement. Valls « refuse l’entre-deux » Ce dernier, comme à son habitude, n’a pas fait dans la demi-mesure, pointant ses deux ennemis prioritaires : « l’islamisme radical » et « l’extrême droite ». Face à eux, il faut « apporter des solutions fortes ». Valls « refuse l’entre-deux, la politique de l’autruche ». Difficile de ne pas y lire une critique de ceux au sein du gouvernement, comme Marisol Touraine, qui sont montés ouvertement au créneau contre lui sur le burkini. Alors que tous ont dénoncé les propositions de Nicolas Sarkozy, lui compris, Manuel Valls a encore prévenu ses camarades qu’il faudra « dire clairement les raisons de donner un nouveau quinquennat à la gauche ». Car « l’antisarkozysme ne peut pas, à lui seul, tenir lieu de programme ». ■ et chaque fois qu’il a donné du temps à la discussion, cela s’est retourné contre lui. » L’ami du président tresse aussi des lauriers. De la restauration de la compétitivité à la réduction du coût du travail en passant par la baisse des déficits budgétaires ou la lutte contre l’islamisme radical, il est convaincu que l’histoire lui donnera raison. Et s’il admet la difficulté de restaurer la confiance dans les rangs, de plus en plus denses, des déçus de la gauche, Villemot les met en garde. « On ne gagne pas sur un bilan, mais on peut perdre sur un bilan », glisse-t-il à l’attention de tous ceux qui rechigneraient toujours à l’assumer. Dominique Villemot, « François Hollande, le courage de réformer », Éditions Privat, 366 pages, 15 €. E. G. EN BREF Le vote des agriculteurs favorable à Juppé et Le Maire, quasi nul pour Hollande Un sondage Terre-net et BVA dévoile en août les tendances de vote chez les agriculteurs. Les candidats Républicains Alain Juppé et Bruno Le Maire arrivent nettement en tête des intentions de vote avec respectivement 58 % et 54 % des suffrages, en cas de victoire à la primaire. Nicolas Sarkozy, loin derrière, obtient 31 % des voix. Autrefois réfractaire au FN, l’électorat agricole est de plus en plus enclin à voter pour lui. Marine Le Pen recueille, quel que soit le candidat LR, au moins 20 % des intentions de vote, un chiffre toutefois inférieur à la moyenne des Français. François Hollande, affaibli par son quinquennat, est crédité, lui, de 4 % des intentions de vote. Un hommage national sera rendu aux victimes de l’attentat du 14 juillet à Nice François Hollande a reçu lundi matin des responsables d’association de familles de victimes de l’attentat du 14 juillet à Nice. Un hommage national y sera rendu dans les prochaines semaines. Fonçant dans la foule au volant d’un camion, un homme avait tué 86 personnes sur la promenade des Anglais. Photographie: Sylvie Lancrenon L’Heure du Premier Jour, montre acier, cadran nacre, mouvement à quartz 275 € Paris. 15, rue de la Paix - 180, boulevard Saint-Germain Information points de vente: 01 80 18 15 90 - Liste complète des points de vente sur mauboussin.fr/boutiques mardi 30 août 2016 LE FIGARO 6 POLITIQUE L’offensive de Fillon sème le trouble à droite Sarkozy affirme qu’il ne se donnera « pas le ridicule d’attaquer » son ancien premier ministre. PRIMAIRE Au lendemain de son discours sur la probité de la République et de ses élus, dimanche à Sablé-sur-Sarthe, François Fillon n’amende pas son propos. Beaucoup y ont vu une critique à peine masquée de Nicolas Sarkozy, de son bilan à l’Élysée et de son souhait de concourir à nouveau alors qu’il reste sous le coup de deux mises en examen. L’ancien chef de gouvernement assure qu’il ne visait pas spécifiquement son concurrent, mais qu’il s’adressait « à tout le monde, parce qu’on a une dégradation de la vie publique ». « Ce que j’ai voulu dire en faisant référence au général de Gaulle, c’est que, si j’étais président de la République, je ferais fonctionner les institutions avec un souci d’exemplarité et de probité », a-t-il expliqué au micro de BFMTV, lundi. « Je ne me donnerai pas le ridicule d’attaquer celui avec qui j’ai travaillé pendant cinq ans », a balayé d’un revers de la main Nicolas Sarkozy, interrogé au même moment sur RTL. L’ancien président a expliqué les critiques de Fillon par ses mauvais sondages et pris soin de le ramener à son rang d’ex-premier ministre dont il essaye pourtant de se libérer. Poursuivant sa démonstration, Sarkozy a rappelé que les électeurs craignaient que « la droite revienne à ses démons de la division ». Les sarkozystes en sont convaincus : toute attaque est contre-productive. « La primaire, ça peut être le meilleur comme le pire, si on se contente de dénigrer et d’attaquer les autres. Autour de Nicolas Sarkozy, nous voulons que ce soit le meilleur, et nous ne répondons pas aux attaques », souligne Brice Hortefeux. Lundi, Nicolas Sarkozy a réuni son équipe politique. François Fillon n’a fait l’objet que de quelques minutes dans la discussion… « La primaire ne peut pas être un concours de beauté personnalisé, rebondit Gérald Darmanin, coordonnateur de la campagne de Nicolas Sarkozy. Il ne s’agit pas de faire une primaire molle, mais d’avoir un débat sur le fond. C’est ce que nous souhaitons. » Les sarkozystes se sentent d’autant plus confortés sur cette ligne qu’ils ont reçu le soutien… d’élus fillonistes. Plusieurs d’entre eux ont appelé Nicolas Sarkozy pour exprimer une condamnation forte des propos de François Fillon. Présent à Sablé, Gérard Larcher, président du Sénat et soutien de la première heure de François Fillon, se veut très clair sur ce point : « Je suis engagé auprès de François Fillon depuis le début et je le resterai jusqu’au bout. Je lui ai d’ailleurs publiquement donné mon parrainage dimanche, mais j’ai trop souhaité que la primaire soit “ La primaire, ça peut être le meilleur comme le pire si on se contente de dénigrer et d’attaquer les autres BRICE HORTEFEUX ” un succès numérique pour qu’elle ne se passe pas en toute transparence, loyauté et éthique », confie-t-il au Figaro. Membre du collège des sages de la primaire, Gérard Larcher a d’ailleurs appelé lundi matin François Fillon pour le lui dire expressément. Il n’est pas le seul. Avant le campus de La Baule en fin de semaine, Nicolas Sarkozy et Bruno Retailleau, fidèle filloniste et organisateur de ce rendezvous, se sont parlé. « Je suis et je reste fidèle à François Fillon, précise d’emblée le président des Pays de la Loire. Ce qui m’intéresse désormais, c’est de réussir le rendez-vous de La Baule. Ce sera le weekend du débat d’idées et pas celui des petites phrases ! » Ça tombe bien, Sarkozy et Fillon y sont attendus. ÉLODIE GREGOIRE/LE FIGARO MAGAZINE, FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO JEAN-BAPTISTE GARAT ET MARION MOURGUE £@Figarat £@MarionMourgue Les attaques de François Fillon contre Nicolas Sarkozy ont suscité l’inquiétude, y compris chez les partisans de l’ex-premier ministre. Le député de Paris changera-t-il de ton et de discours ? C’est peu probable, à en croire ses proches. « A-t-il dit une seule chose de faux ? Non ! justifie Valérie Boyer. Il a expliqué qu’avec lui ce qui était toléré jusqu’à présent et dont les Français ne veulent plus ne sera plus possible s’il est président. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. » Bernard Accoyer a déploré lundi qu’on n’ait retenu qu’« une seule petite phrase » dans le « remarquable discours » de François Fillon, à qui il a réaffirmé son soutien. Jérôme Chartier rappelle que le député de Paris avait annoncé vouloir « casser la baraque » pendant la campagne. Au risque d’effrayer certains supporteurs ? « Certainement pas. Beaucoup d’entre nous attendaient de François qu’il change de braquet. Il ne va pas s’arrêter en si bon chemin », se félicite le député du Val-d’Oise. ■ + » Lire aussi PAGE 15 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais Plusieurs élus des Républicains réclament un code de bonne conduite TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL £@TristanQM LE RETOUR des démons de la division de la droite ? « Ça en prend le chemin », s’est alarmé Nicolas Sarkozy lundi sur RTL. Au lendemain de la rentrée politique des principaux candidats à la primaire, une impression domine : la campagne sera musclée. Les charges les plus vives, habituellement réservées aux dernières heures avant le vote, n’ont pas attendu alors que la compétition n’aura lieu que dans trois mois… Si François Fillon, le plus véhément dans sa charge, a été recadré par la direction des Républicains, le contour de l’expression des candidats n’a pas été clairement défini en amont. Seul le soutien des perdants au vainqueur est exigé. « Théoriquement c’est au président par intérim, donc Laurent Wauquiez, de siffler la fin de la récréation. Mais il soutient Nicolas Sarkozy donc c’est un peu compliqué », observe le député Bernard Reynès. Ce dernier avait proposé une charte de bonne conduite en juin dernier dans le but de « véhiculer une image positive de la droite républicaine et du centre ». « Nous en avions débattu en bureau politique, le principe avait été validé. Il fallait toutefois revoir certains points. Mais l’été est venu et il n’y a pas eu de suite », explique l’élu sarkozyste. Aucune mesure coercitive La question des sanctions avait été le principal point d’achoppement : « On ne va pas leur enlever des parrainages », avait déclaré au Monde Anne Levade, la présidente de la haute autorité de la primaire. Toutefois, libre aujourd’hui à un candidat de saisir l’instance. Même s’il ne pourrait pas attendre d’elle une mesure coercitive. Bien conscient de la difficulté, Thierry Solère, l’homme chargé d’organiser la primaire, indique au Figaro qu’il présentera plusieurs propositions fin septembre pour régir « le mode de fonctionnement » entre tous les protagonistes. A 1 Les informés de franceinfo Une émission de Jean-Mathieu Pernin, du lundi au vendredi de 20h à 21h chaque mardi avec Le député des Hauts-de-Seine veut demander au président du Sénat, Gérard Larcher, d’être la caution morale de la compétition. Proche de François Fillon, le troisième personnage de l’État était également présent samedi à Chatou au rassemblement d’Alain Juppé. « Même s’il ne faut pas un débat aseptisé, nous devons trouver le bon réglage », soutient Thierry Solère qui refuse de voir la primaire déraper. « S’ils ne veulent pas partir en vacances ensemble, ok. Ça tombe bien parce qu’elles sont terminées. Maintenant, c’est la primaire », tranche le parlementaire. « C’est un exercice nouveau pour nous. Elle doit nous rassembler à la fin. » Lundi, une porte-parole du parti, la sarkozyste Valérie Debord, a elle aussi émis le souhait « qu’un code de bonne conduite puisse être tenu, que nous soyons, a-t-elle dit, sur le registre des idées et non des personnes. Le parti sera garant de ce fait que nous soyons sur le registre des idées et non des attaques. » En 2011, les socialistes avaient édicté une « charte éthique » imposant aux candidats de mener une « campagne constructive, loyale, centrée sur les idées et les propositions ». François Hollande, Martine Aubry et Ségolène Royal avaient même été successivement rappelés à l’ordre par l’avocat Jean-Pierre Mignard, alors à la tête de l’instance de contrôle de la primaire PS. Une nécessité qui s’imposera aussi à la droite, plaide Bernard Reynès : « Car le premier qui sortira la kalachnikov sera mort », prévient ce député des Bouches-du-Rhône. ■ CONTRE-POINT PAR GUILLAUME TABARD £@gtabard L’ex-premier ministre s’est-il tiré une balle dans le pied ? D e quoi a parlé François Fillon dimanche, à Sablé ? De l’histoire de la France, depuis le baptême de Clovis ; de la fonction présidentielle qu’il veut restaurer dans sa grandeur ; de la force de la « vérité, même si ça ne fait pas rêver » ; des programmes d’histoire à l’école ; de la famille et des droits de l’enfant. Que restera-t-il de son discours ? Une allusion aux mises en examen de Nicolas Sarkozy et une charge violente contre l’ancien chef de l’État. Si l’effet recherché était celui l’écho médiatique, il est obtenu. Si le but était de prouver aux siens sa compétitivité, il est atteint. Mais l’ancien premier ministre a pris le risque d’ébranler les fondamentaux du fillonisme. À commencer par sa préférence pour les raisonnements de fond et son aversion pour les petites phrases chocs. Or, en parlant de « mise en examen », même sans citer nommément Sarkozy, il savait que la reprise par la presse était automatique et la polémique garantie. Il donne ainsi le sentiment d’aller sur un terrain sur lequel il reproche généralement aux autres d’aller : celui de la recherche du « buzz » pour faire parler de lui. Il faut rendre justice à Fillon. Cette phrase - « Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ? » - s’inscrit dans un long développement sur la fonction présidentielle, sa transcendance avec l’actualité immédiate et sa nécessaire exemplarité. Et il serait paradoxal de reprocher à un candidat à l’Élysée d’insister sur le devoir d’être irréprochable. Mais par cette allusion, il transforme une leçon légitime de gouvernance en attaque ad hominem. Loin d’être crédité de vouloir prendre de la hauteur, il s’expose au reproche de chercher à porter un coup bas. S’il voulait avant tout prouver son aptitude à débattre sur le fond avec ses concurrents sans se laisser impressionner par eux, sa dénonciation du « concours Lépine des idées les plus stupides » face au terrorisme faisait déjà l’affaire. En ressortant des affaires judiciaires ou financières qui, sans être toutes réglées, ne sont pas des éléments nouveaux du débat politique, le député de Paris donne le sentiment de rester obsédé par Nicolas Sarkozy. De faire de son combat contre lui un enjeu personnel plus qu’une question politique. Cela le renvoie de surcroît au passé alors que, depuis 2012, sa principale difficulté est d’expliquer pourquoi il a gouverné pendant cinq ans avec un homme dont il est aujourd’hui le critique le plus virulent. Mais surtout, François Fillon a pris le risque d’écorner ce qui devait être sa carte maîtresse pour les semaines à venir. Le match des favoris s’annonce en effet brutal. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ne se feront pas de cadeaux et les flèches entre les deux camps ne voleront pas toujours très haut. Ce pouvait être l’occasion rêvée pour l’ancien élu de la Sarthe de faire entendre sa différence. De montrer qu’il y a d’un côté ceux qui veulent se détruire mutuellement et de l’autre celui qui s’interdit d’entrer dans une bataille de chiffonniers. En cas d’exaspération des électeurs de droite face à une guerre fratricide, sa personnalité et son projet pouvaient faire de lui un recours. En sacrifiant lui-même tout un discours pour un scud, François Fillon s’est peut-être tiré une balle dans le pied. ■ » Retrouvez Guillaume Tabard tous les matins à 8 h 10 sur Radio Classique Loin d’être crédité de vouloir prendre de la hauteur, Fillon s’expose au reproche de chercher à porter un coup bas » LE FIGARO INTERNATIONAL 7 En Colombie, les Farc et le pouvoir font taire les armes ZOOM Brésil : le dernier plaidoyer de Dilma Rousseff Le gouvernement et la guérilla ont mis fin à plus de 50 ans de conflit armé, avec le premier cessez-le-feu bilatéral définitif. PATRICK BÈLE [email protected] BOGOTA COLOMBIE Les armes ne parleront plus. Dimanche 28 août à minuit, la plus vieille guérilla d’Amérique latine, les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), a décrété un cessez-le-feu définitif répondant à celui annoncé par le président colombien, Juan Manuel Santos, jeudi 25 août. Une grande majorité des Colombiens n’a jamais connu la paix, les Farc ayant commencé leur lutte en 1964. Certes, il reste des groupes de guérilla comme l’ELN (Armée de libération nationale) et des groupes paramilitaires, mais les Farc - avec leurs 7 500 combattants et leurs 8 000 miliciens - étaient le plus puissant et le mieux organisé de tous les « groupes en marge de la loi ». Le chef d’état-major des Farc, Timoleon Jimenez, alias Timochenko, et négociateur à La Havane, a lancé un appel aux forces armées colombiennes : « Aux soldats, marins, pilotes des forces aériennes, policiers et organismes de sécurité et d’espionnage de l’État, nous voulons manifester notre claire et ferme volonté de réconciliation. Les rivalités et les rancœurs doivent appartenir au passé. » Après plus de quatre ans de négociation à La Havane, les Farc et le gouvernement colombien ont mis le point final à un accord de paix très détaillé qui sera signé le 22 ou 23 septembre prochain. « Nous voulons être un pays sans les stigmates de la guerre », a déclaré le président Santos, lançant la campagne pour le référendum sur les accords de paix qui aura lieu le 2 octobre, en appelant les Colombiens à dire « oui à l’avenir, oui à la paix ». Au moins 13 % de l’électorat devra se prononcer en faveur de l’accord pour qu’il soit validé, soit 4,4 millions de voix. Les sondages semblent depuis quelques jours favorables au « oui », qui progresse depuis l’annonce de la fin des négociations. Les modalités de désarmement des Farc et leur transformation en mouvement politique ont fait l’objet de longues discussions. Il existe un risque important qu’une fois les armes déposées, les paramilitaires ou les autres groupes armés procèdent à des massacres de guérilleros ayant déposé les armes, comme cela s’est passé lors d’autres processus de paix. À la fin des années 1980, des milliers de membres de l’Union patriotique, un parti lié aux Farc, avaient été assassinés par les paramilitaires. « Le grand problème va être que les autres acteurs criminels vont tenter de prendre les territoires de Farc, analyse Ariel Avila, président de la fondation Paz y reconciliacion. Le risque n’est pas que l’ELN absorbe les membres des Farc dissidents ou que ces derniers forment de nouveaux groupes délinquants, les “Farcrims” (Farc criminelles), mais qu’ils se fassent massacrer par leurs rivaux d’hier. » Les négociateurs des Farc ont donc cherché à obtenir toutes les garanties pour la sécurité de leurs troupes. Vingthuit zones de regroupement des combattants ont été créées. Les guérilleros devront être clairement identifiés avant d’entrer dans ces zones. Ils y entreront avec leurs armes, qui seront clairement répertoriées. Les forces armées colombiennes devront se tenir à plus d’un kilomètre de ces camps. Aucune population civile ne pourra se trouver dans ces zones, qui devront être éloignées des frontières et des villes. Leur survol sera très strictement limité. Seuls 10 guérilleros pourront sortir de ces camps et ils devront être désarmés et en civil. C’est une mission de l’ONU dirigée par le Français Jean Arnault qui sera chargée de vérifier les listes d’armements présentées par les Farc et de l’identification des combattants, dont beaucoup n’ont pas de papiers d’identité. Cette même mission recueillera les armes et les regroupera. Il est prévu de les fondre, pour l’élaboration de trois sculptures en hommage à la paix. L’une d’entre elles trouvera sa place à l’ONU à New York. Une deuxième sera érigée à Cuba et la troisième en Colombie. Il est prévu que le désarmement soit fini 180 jours après la signature de l’accord de paix. “ Aux soldats, marins, pilotes des forces aériennes, policiers et organismes de sécurité et d’espionnage de l’État, nous voulons manifester notre claire et ferme volonté de réconciliation LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DES FARC ” L’objectif des Farc est désormais de « faire de la politique sans les armes ». Une fois désarmés, les ex-guérilleros disposeront de trois sièges à la Chambre et de trois autres au Sénat. Leurs représentants auront le droit de s’exprimer et de discuter les textes mais ne disposeront pas du droit de vote. Il faudra attendre les élections de 2018 pour que les Farc puissent bénéficier de représentants de plein droit. Une vingtaine de zones électorales de paix seront créées, où seules les partis non encore représentés pourront présenter des candidats. Dans tous les cas, la loi prévoit que les anciennes Farc disposeront de 5 sièges à la Chambre et 5 sièges au Sénat. Comment s’appellera le nouveau parti des Farc ? Dans les rangs de la guérilla, certains ont proposé Frente amplio de reconciliacion colombiano, (« large front de réconciliation colombien »), soit Farc. Une idée plutôt malvenue sachant le rejet très large que la population colombienne ressent vis-à-vis d’une guérilla qui a fait des victimes dans toutes les familles. ■ 150 km Accord historique entre Farc et gouvernement Zone d’influence des Farc Mer des Caraïbes VENEZUELA Cucuta PANAMA 6,9 millions de déplacés Medellin COLOMBIE OCÉAN PACIFIQUE Bogota mardi 30 août 2016 L’accord de paix conclu à La Havane entre les guérilleros et le gouvernement colombien faisait la une des journaux colombiens du 25 août. LUIS ROBAYO/AFP La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a dénoncé lundi un « coup d’État », se disant victime d’un procès « injuste et arbitraire », dans une plaidoirie de la dernière chance devant le Sénat avant sa probable destitution mardi ou mercredi. « Je n’ai pas commis les crimes pour lesquels je suis jugée injustement et arbitrairement accusée », a déclaré la dirigeante de gauche, l’air sombre face à l’Hémicycle. Mme Rousseff a fustigé « un coup d’État pour élire indirectement un gouvernement usurpateur » et rappelé qu’elle avait été élue par 54 millions de Brésiliens. « Votez contre l’impeachment, votez pour la démocratie », a conclu Mme Rousseff, au terme d’un plaidoyer de trente minutes. À l’issue de son discours, elle a accepté les questions des parlementaires, dont plus de la moitié est soupçonnée de corruption ou visés par une enquête. Pour affronter les sénateurs, dont plus des deux tiers requis sont favorables à l’« impeachment » selon les comptages des médias, elle était accompagnée de son mentor politique, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), du célèbre chanteur-compositeur engagé à gauche Chico Buarque. PUBLICITÉ L E T T R E O U V E R T E A U P R É S I D E N T D E L A R É P U B L I Q U E 800 dirigeants d’associations et d’entreprises prestataires de santé à domicile, ainsi que les pharmaciens d’officine, sont en colère. Ils vous demandent de ne pas mettre en danger leur secteur d’activité et la prise en charge à domicile de plus de 1,5 million de patients. Monsieur le Président de la République, Les prestataires de santé à domicile (PSAD) et les pharmaciens d’officine mettent en œuvre des traitements et dispositifs médicaux complexes au domicile de plus de 1,5 million de patients en France dans les domaines de l’assistance respiratoire, de la perfusion, de la nutrition clinique, de l’insulinothérapie, de l’orthopédie et du maintien à domicile de malades chroniques, de personnes âgées et de personnes handicapées. Ils représentent une véritable alternative à l’hospitalisation et une réelle opportunité pour les patients d’être soignés sur leur lieu de vie. 60 000 salariés travaillent pour plus de 800 associations, entreprises prestataires, ainsi que pour les pharmacies d’officine, professionnels du maintien à domicile, répartis dans toute la France. Ces acteurs du domicile créent chaque année plusieurs milliers d’emplois, non délocalisables, et sont présents sur l’ensemble du territoire national. Cette dynamique risque pourtant d’être stoppée net et de nombreux acteurs de proximité disparaîtraient. En effet, le Comité économique des produits de santé (CEPS) cherche à imposer, en plein été, des baisses de remboursement allant jusqu’à 10 % pour plus de 250 produits et prestations pris en charge par l’Assurance Maladie, soit un prélèvement annuel de plus de 180 millions d’euros sur notre seul secteur. Cette baisse arbitraire va littéralement asphyxier nos associations, entreprises et pharmacies d’officine qui ne pourront plus poursuivre leurs investissements ni maintenir leur niveau d’emploi. Cette décision représente une fausse solution de maîtrise des dépenses de santé puisqu’il est démontré que le soin à domicile permet d’économiser jusqu’à 40% des coûts par rapport à la prise en charge en établissement. La solution pour une meilleure régulation des dépenses de santé n’est-elle pas de poursuivre le transfert des traitements de l’hôpital vers la ville, en s’appuyant sur ces acteurs clés de la chaîne de soins ? La décision du CEPS va nous contraindre à procéder à des suppressions d’emplois et à de lourdes restructurations, faisant des patients des victimes directes. Pourquoi menacer des emplois sur l’ensemble du territoire, y compris dans les déserts médicaux, alors que le chômage commence tout juste à reculer en France ? Pourquoi remettre en question un secteur d’activité qui participe à une meilleure efficience du système de santé et développe un véritable savoir-faire français qui s’exporte à l’international ? C’est la raison pour laquelle, tous ensemble, nous nous mobilisons pour vous demander, Monsieur le Président de la République, la suspension de ce projet le temps que de réelles négociations soient tenues. Nous ne nions pas la nécessité de faire des économies, nous souhaitons même y participer activement. Notre volonté est de faire en sorte que les efforts demandés soient proportionnés, soutenables et ne mettent pas en péril le secteur d’activité que nous représentons, ainsi que les patients et les salariés dont nous avons la responsabilité. Nous osons croire encore en l’ambition du virage ambulatoire, portée par votre gouvernement, et ne pouvons en aucun cas accepter des actions qui en sonneraient le glas. 260 000 Morts 45 000 Disparus Cali u Signez la pétition en ligne sur : change.org San Juan de Pasto Source : AFP A BRÉSIL ÉQUATEUR Infographie PÉROU mardi 30 août 2016 LE FIGARO 8 INTERNATIONAL Syrie : Washington avertit ses alliés turcs et kurdes Les forces turques combattent les alliés kurdes des États-Unis dans le Nord syrien, poussant le Pentagone à hausser le ton. GEORGES MALBRUNOT £@Malbrunot MOYEN-ORIENT Tout en affirmant qu’elle n’était pas entrée en guerre en Syrie, la Turquie - et derrière elle les forces rebelles syriennes qu’Ankara soutient - s’est enfoncée lundi en territoire syrien, quitte à s’attirer de sévères critiques de Washington. Cinq jours après avoir repris la ville syrienne de Djarabulus des mains de l’État islamique, les forces turques opèrent désormais au sud de cette ville dans des territoires contrôlés par leurs ennemis kurdes, alors qu’il n’y a pas de djihadistes présents. « L’EI n’est pas présent au sud de Djarabulus », a ainsi fait remarquer le Pentagone à son allié turc. Officiellement l’opération turque « Bouclier de l’Euphrate » poursuit pourtant deux objectifs : chasser Daech des régions frontalières et empêcher les Kurdes syriens d’établir une région autonome dans le nord du pays. Ces affrontements au sud de Djarabulus embarrassent Washington dans la mesure où ils mettent aux prises deux de ses alliés : d’un côté, la Turquie, et de l’autre les Forces démocratiques syriennes, une coalition formée de miliciens kurdes et de combattants rebelles arabes. « Ces combats sont inacceptables », précise le Pentagone qui appelle « toutes les parties armées à cesser » (le feu). Dans cette région du nord de la Syrie où l’intervention militaire turque de la semaine dernière a, une nouvelle fois, rebattu les cartes, Ankara reste intransigeant. La Turquie continuera de viser les combattants kurdes tant qu’ils n’auront pas reculé à l’est du fleuve Euphrate, a déclaré lundi son ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu. L’incursion militaire turque vise à empêcher l’établissement d’un corridor kurde le long de sa frontière, a renchéri le vicepremier ministre Numan Kurtulmus, cité par la télévision turque NTV. Disposant déjà de régions autonomes plus à l’est vers Hassaké, les forces kurdes ont conquis à la mi-août Manbij, à une quarantaine de km au sud de Djarabulus, avec le feu vert de leur sponsor américain qui leur demanda toutefois de ne pas aller au-delà. Or Manbij est aujourd’hui dans le viseur des forces proturques, selon les confidences d’un rebelle syrien lié à Ankara. Promesse américaine Ankara considère les forces kurdes syriennes comme des organisations « terroristes », bien qu’elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les djihadistes, par Washington. Dans sa traque des combattants kurdes à l’est de l’Euphrate, Ankara dispose d’une promesse américaine de freiner ses alliés kurdes. D’où l’appui donné par Washington à l’offensive turque de la semaine dernière. Après le coup d’État manqué contre le président Tayyip Recep Erdogan, la Turquie a infléchi sa politique à l’égard de son ennemi syrien Bachar el-Assad. Dimanche, le président turc a longuement parlé du conflit syrien sans jamais évoquer le régime de Bachar el-Assad. Certaines sources ont même évoqué le déplacement récent d’un haut responsable des renseignements turcs à Damas pour parler de la nouvelle donne au nord de la Syrie. D’autres rencontres impliquant également Russes et Iraniens pourraient avoir lieu prochainement. ■ Clinton et Trump préparent le sprint final À 70 jours du scrutin et à 27 jours de leur premier débat, les deux candidats n’ont plus droit à l’erreur. quatorze années d’improvisation dans l’émission de téléréalité « The Apprentice », Donald Trump aborde l’épreuve de manière plus décontractée. Il y a consacré un déjeuner dimanche sur son golf de Bedminster dans le New Jersey avec des proches, dont l’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, et l’ancien patron de Fox News, Roger Ailes, récemment « démissionné » en raison d’accusations de harcèlement sexuel. Autour de cheeseburgers et de hot-dogs, ils ont testé quelques formules assassines et calibré la stratégie générale du candidat. PHILIPPE GÉLIE £@geliefig CORRESPONDANT À WASHINGTON ÉTATS-UNIS Le compte à rebours est enclenché : à 70 jours du scrutin présidentiel du 8 novembre, la ligne d’arrivée est désormais en vue. Si proche, même, que la Maison-Blanche a rencontré jeudi dernier les équipes de transition formées par les deux candidats pour préparer leur accession au Bureau ovale. L’une d’elles sera chargée de mettre sur pied un gouvernement entre le jour de la victoire et l’investiture du prochain président, le 20 janvier 2017. Dix semaines peuvent changer beaucoup de choses, surtout dans une campagne qui a déjà tant défié les pronostics. Mais, rapportées à un marathon électoral commencé il y a respectivement dix-sept et quinze mois pour Hillary Clinton et Donald Trump, elles ne laissent plus beaucoup de marge d’erreur. La plupart des Américains ont eu le temps de se faire une idée précise du choix qui leur est offert. Un sondage de Quinnipiac University affirme que 90 % de ceux qui ont l’intention de voter savent déjà à qui ira leur préférence et sont peu susceptibles de changer d’avis. Si tel est le cas, Hillary Clinton tient la corde. Selon Nate Silver, expert de l’analyse des données sur son site FiveThirtyEight, la candidate démocrate bénéficie d’une avance de 6,5 points en moyenne sur son rival républicain – RealClearPolitics établit cet avantage à 6 points. C’est nettement plus que les 2 % d’avance dont était crédité Barack Obama sur Mitt Romney il y a quatre ans à la même période – et le président sortant a été réélu sans coup férir. Pour autant, note Silver, « il est trop tôt pour que Clinton joue la montre », car Donald Trump est remonté de 2 points dans son baromètre au cours des deux dernières semaines, montrant qu’un peu 100 millions de téléspectateurs Hillary Clinton salue les membres des forces de l’ordre qui ont assuré sa sécurité, à Reno dans le Nevada, le 25 août. de discipline ne peut nuire à ses chances. Abordant la dernière ligne droite, Trump a prévu de renouveler son appel à la minorité noire cette semaine devant un public d’Afro-Américains à Detroit (Michigan). Il doit aussi prononcer un « grand discours sur l’immigration », mercredi à Phoenix (Arizona), censé clarifier une bonne fois sa position sur la « déportation » de quelque 11 millions d’immigrés illégaux. Clinton, plus économe de ses efforts sur les tréteaux, sera le même jour dans l’Ohio, un État important pour la victoire, où elle mène de 4,5 points. La démocrate consacre surtout une part croissante de son temps à se préparer aux face-à-face qui l’opposeront à son impré- visible rival. Trois débats télévisés sont censés les départager les 26 septembre, 9 et 19 octobre. L’ancienne secrétaire d’État a plaisanté la semaine dernière, dans l’émission de divertissement « Jimmy Kimmel Live », confiant s’attendre « à des trucs dingues » de la part d’un homme faisant campagne « dans un univers parallèle », avant d’expliquer compter sur ses « expériences de l’école primaire » pour lui tenir tête. En réalité, elle prend la chose très au sérieux, ingurgitant des tonnes de dossiers et tentant d’anticiper tous les angles d’attaque possibles. Elle a composé une équipe solide d’une dizaine de conseillers rompus à l’exercice, C. KASTER/AP sous la direction de Ronald Klain, qui donne un cours sur les débats présidentiels à Georgetown University. La plus grande difficulté a été de trouver un sparring partner capable de jouer le rôle de Trump : il semble que la candidate ait dû se résoudre à enrôler plusieurs personnes pour en incarner une seule. Son entourage s’attend à des accusations frisant l’insulte et surtout à des insinuations confirmant le penchant de Trump pour les théories conspirationnistes. Sa façon de présenter des arguments sans égard pour les faits et chiffres pose un défi inédit à cette professionnelle de la politique. En professionnel de la communication, qui doit une grande part de sa notoriété à Le républicain peine à séduire les Américains d’Israël peu ont compris qu’il affirme, avant de se rétracter, vouloir se montrer « neutre » dans le traitement du conflit israélo-palestinien. Son souhait, plusieurs fois réaffirmé, de revoir à la baisse le volume du soutien apporté par Washington à certains de ses alliés a de même jeté un froid dans un pays qui reçoit chaque année 3 milliards de dollars d’aide militaire américaine. Depuis lors, Donald Trump a dû préciser qu’Israël ne saurait être visé par ce programme d’économies… CYRILLE LOUIS [email protected] A CORRESPONDANT À JÉRUSALEM « DONALD TRUMP, dans l’intérêt d’Israël. » Ainsi claque, traduit de l’hébreu, le slogan choisi par le candidat républicain pour tenter de convaincre les quelque 200 000 électeurs américains résidant en Israël et dans les colonies de Cisjordanie de voter pour lui à la présidentielle du 8 novembre. La section locale du parti, qui n’avait pas dissimulé ses réserves à l’encontre du milliardaire durant la primaire mais s’est depuis rangée derrière lui, a lancé sa campagne, il y a deux semaines, dans la ville de Modiin. « Ces électeurs, dont beaucoup votent dans des États pivots comme la Floride, l’Ohio ou la Pennsylvanie, peuvent faire la différence », assure Mark Zell, chef de file des républicains dans le pays, qui précise s’être adjoint les services de « consultants spécialisés » pour livrer bataille. L’homme d’affaires, s’il martèle régulièrement son attachement à l’État hébreu, est en effet loin d’avancer en terrain conquis. Son franc-parler, en particulier dans la dénonciation de l’islamisme radical, y est largement apprécié d’un public peu sensible au « po- Un candidat versatile Donald Trump en meeting, samedi, dans l’Iowa. STEPHEN MATUREN/AFP litiquement correct ». Donald Trump séduit lorsqu’il dit vouloir s’inspirer de l’expérience israélienne dans la lutte antiterroriste pour construire un mur le long de la frontière avec le Mexique et généraliser le profilage aux frontières. Mais certaines de ses positions ont récemment suscité de l’incompréhension, voire un certain agacement. Bien « Ce que les Israéliens cherchent, c’est un président américain qui soit à la fois stable et prévisible, explique Mitchell Barak, spécialiste de l’opinion publique dans les deux pays. Ils ont horreur d’être pris à contre-pied, notamment sur le terrain très sensible de la relation avec leur plus proche allié. Or Donald Trump est, à tort ou à raison, perçu comme versatile. » Selon un sondage réalisé en mai dernier par l’Institut israélien pour la démocratie, seules 28 % des personnes interrogées estiment qu’il ferait un bon président du point de vue de l’État hébreu – soit un score de dix points inférieur à celui qu’obtient Hillary Clinton. « Trump n’est pas un candidat fiable pour la sécu- rité d’Israël », balaie Shmuel Rosner, chef de file des démocrates israéliens. Conscients des interrogations que suscite leur candidat, les républicains ont choisi d’axer leur campagne sur la dénonciation du bilan de Barack Obama au Proche-Orient. « Hillary est largement comptable d’une politique qui a creusé un fossé sans précédent entre les États-Unis et Israël, dénonce Mark Zell. Ensemble ils ont encouragé les printemps arabes, lâché leurs alliés en Égypte et laissé croître l’organisation État islamique. C’est pourquoi il est temps que les électeurs américains qui résident en Israël mettent un terme à ce gâchis en envoyant Donald Trump à la Maison-Blanche. » À moins d’un rebondissement, il n’est pas prévu que le candidat républicain se rende en Israël d’ici au scrutin. Benyamin Nétanyahou l’a implicitement déclaré persona non grata par crainte de troubles à l’ordre public en décembre dernier, peu après que le milliardaire eut déclaré vouloir interdire l’entrée des musulmans aux ÉtatsUnis. À Jérusalem, ses partisans s’accrochent désormais à l’espoir que sa fille Ivanka, convertie au judaïsme, aura le temps de venir leur prêter main-forte. « Ce serait pour nous, plaide Mark Zell, une aide formidable. » ■ Les défis posés à deux adversaires aussi radicalement différents le sont aussi. Elle ne doit pas se laisser déstabiliser tout en augmentant son capital de sympathie. Il doit gagner en crédibilité pour convaincre les Américains de lui confier les codes nucléaires et éviter une agressivité qui passerait pour du sexisme. « C’est le Donald Trump authentique que vous verrez sur le plateau des débats, dit Kellyanne Conway, directrice de campagne du candidat républicain, et c’est ce qui rend nerveux le camp Clinton. » Suivi par quelque 100 millions de téléspectateurs, le premier de ces rendez-vous s’annonce d’autant plus crucial qu’il coïncide avec le début du vote anticipé. Entre le 23 septembre et le 31 octobre, 35 États permettent aux électeurs de voter par correspondance ou de se rendre aux urnes avant l’heure. Le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur : 20 % des Américains avaient utilisé cette possibilité en 2004, 29,7 % en 2008 et 32 % en 2012. Les lendemains de débats affichent un pic de participation et l’équipe démocrate a déployé une organisation de terrain sophistiquée pour amener ses supporteurs aux urnes. Objectif : transformer les dernières semaines de campagne en peau de chagrin pour Donald Trump. ■ EN BREF Gabon : présidentielle sous tension Les observateurs de l’Union européenne (UE) à la présidentielle gabonaise ont sévèrement critiqué lundi le « manque de transparence » du processus électoral à la veille de l’annonce des résultats officiels, l’opposant Jean Ping appelant lui le peuple « à défendre par tous les moyens » sa « victoire » autoproclamée contre le président sortant Ali Bongo. Yémen : 71 morts dans un attentat de l’EI Au moins 71 personnes ont été tuées et 98 blessées lundi à Aden dans un attentat suicide du groupe État islamique (EI) ayant visé de jeunes recrues de l’armée yéménite qui combat à la fois des rebelles chiites et des djihadistes sunnites. Ouzbékistan : Karimov gravement malade Le président septuagénaire de l’Ouzbékistan Islam Karimov, à la tête de ce pays d’Asie centrale depuis plus d’un quart de siècle, se trouve en réanimation à la suite d’une hémorragie cérébrale. LE FIGARO SCIENCES mardi 30 août 2016 9 CYRILLE VANLERBERGHE £@cyrillevan PALÉONTOLOGIE Lucy, la plus célèbre des ancêtres de l’humanité, n’avait apparemment pas coupé tous les ponts avec ses ancêtres les singes et passait encore du temps à grimper dans les arbres, d’après une étude américaine parue lundi dans la revue britannique Nature. Une pratique qui aurait même provoqué sa mort, à cause d’une chute depuis de hautes branches. La petite australopithèque (1,10 m pour 29 kg) a beau avoir été découverte il y a plus de quarante ans, en 1974 à Hadar en Éthiopie, par une équipe scientifique comptant les Français Maurice Taieb et Yves Coppens, ses ossements ont encore bien des choses à nous apprendre. Et surtout quand on fait appel aux technologies les plus modernes, comme les chercheurs dirigés par l’anthropologue John Kappelman, de l’université du Texas à Austin. Les scientifiques américains ont profité d’un des très rares déplacements du fossile de Lucy, conservé comme un trésor national par le musée d’Addis-Abeba en Éthiopie. De 2007 à 2013, plusieurs grands musées américains ont payé à prix d’or le droit d’exposer les véritables restes, complets à un peu moins de 40 %, de la plus célèbre représentante des Australopithecus afarensis. Lors de son passage à Austin, les chercheurs, avec l’accord d’Addis-Abeba, ont fait passer tous les ossements de Lucy dans un micro-scanner à rayons X, qui permet de détailler en 3D l’intérieur des fossiles avec une résolution bien meilleure que les appareils médicaux. L’opération a pris pas moins de 10 jours et a produit 35 000 coupes aux rayons X du squelette. Une précision aidant à faire l’autopsie de l’australopithèque, 3,2 millions d’années après sa mort dans les plaines éthiopiennes. « Lucy est précieuse. Il n’y a qu’une Lucy, et on veut l’étudier aussi bien que possible », explique Richard Ketcham, professeur de géologie à l’université du Texas à Austin et coauteur de l’étude. « Avec le scanner, on peut voir au cœur des fossiles, les détails et les structures internes dans les os. » L’anthropologue John Kappelman, de l’université du Texas, tient une reproduction en 3D des ossements de Lucy. Lucy, l'ancêtre la plus célèbre de l'espèce humaine EN MILLIONS D’ANNÉES AUSTRALOPITHECUS AFARENSIS HOMO HABILIS (Afrique subsaharienne) ? Éthiopie, Tanzanie, Tchad 3,2 M LUCY « Clairement bipède » Et c’est cette approche fine qui a permis aux chercheurs de détecter une fracture inhabituelle dans le fossile. L’extrémité de l’humérus droit (os du haut du bras lié à l’épaule) était cassée, non pas de manière franche et droite comme cela arrive parfois sur les ossements fossilisés, mais avec une série de petites fractures très nettes, accompagnées de fragments et d’échardes d’os encore en place. « C’est une fracture de compression qui se produit quand la main touche le sol après une chute, ce qui projette les éléments de l’épaule les uns contre les autres et produit ce type de signature unique sur l’humérus », détaille John Kappelman. L’anthropologue américain n’est pas spécialiste de ce type de blessure, mais il a profité de l’expertise du Dr Stephen Pearce, chirurgien orthopédiste à Austin, qui a constaté la blessure sur une reconstruction 3D des ossements de Lucy. Pour compléter ce tableau, les chercheurs ont également détecté d’autres fractures, moins sévères, à l’autre épaule, à la che- HOMO ERGASTER (Afrique de l'Est) 2M 3M ville droite, au genou et au bassin du côté gauche. Un tableau clinique concordant avec une chute depuis une grande hauteur, qui aurait pu provoquer des dommages mortels aux organes internes. Lucy serait donc tombée d’une hauteur d’au moins 12 mètres, à presque 60 km/ h. Ses pieds ont dû toucher le sol les premiers, la projetant vers l’avant. Sa blessure à l’humérus montre aussi qu’elle devait être consciente durant sa chute, et a tenté de se protéger en mettant ses bras vers l’avant. « C’est une étude très intéressante, qui nous apporte un regard nouveau et très convaincant, plus riche que la stricte étude anatomique, sur la vie de Lucy et ses derniers instants », estime Jean-Jacques 1M Hublin, directeur du département de l’évolution humaine à l’Institut Max Planck à Leipzig et professeur de la chaire internationale de paléoanthropologie au Collège de France. « Surtout cette étude apporte une nouvelle réponse à un vieux débat scientifique qui dure depuis la découverte de Lucy : elle était clairement bipède, mais avait-elle encore un comportement arboricole ? Sa chute d’un arbre nous prouve que c’était probablement le cas. » Même si elle devait trouver la plupart de sa nourriture près du sol, elle devait encore trouver un avantage à grimper, peut-être pour se mettre à l’abri des prédateurs pendant la nuit. « Je me réjouis de cette très belle étude, confie Yves Coppens, qui fut l’un Fécondation : le flagelle doit tenir le rythme Une équipe de chercheurs français a réussi à comprendre comment le spermatozoïde fusionne avec l’ovocyte. C’est un mode particulier de battements du flagelle qui déclenche la fécondation. bien précis. » Les biologistes avaient déjà observé que le flagelle du spermatozoïde cessait ses battements dans les deux minutes qui suivaient le contact avec l’ovocyte, mais personne n’avait imaginé que ces deux minutes étaient cruciales. « Si on empêche ce battement, cela bloque la fécondation », explique Christine Gourier. DAMIEN MASCRET £@dmascret Trois types de battements Un spermatozoïde établit le contact avec un ovocyte. peut se faire à n’importe quel endroit de l’ovocyte (et sur 80 % de la surface chez la souris, utilisée dans ce travail). Pour pouvoir observer les deux ou trois minutes qui précèdent la fusion, il fallait être sûr du site de l’ovocyte où le spermatozoïde allait établir le contact », explique Christine Gourier. Les chercheurs ont donc placé l’ovocyte dans un coquetier microscopique qui n’en exposait que 2 % de la surface, sur lesquels aboutissait un canal micro-fluidique (sorte de paille de 30 micromè- RAVAUX ET GROUIER REPRODUCTION C’est l’instant crucial où le spermatozoïde atteint enfin sa cible puis fusionne avec elle. Le début d’une nouvelle vie. Une délicate prise de contact entre le gamète mâle et le gamète femelle, avant que la fusion des deux ne se produise. Deux étapes que les spécialistes de la reproduction résument en une appellation, l’« interaction gamétique ». Un moment complexe, car il ne suffit pas de mettre en contact un spermatozoïde fécondant avec un ovocyte fécondable pour que la fusion se produise. Une équipe de chercheurs français vient de comprendre pourquoi. « Il se passe deux à trois minutes entre le contact et la fusion, mais ce moment a été très peu étudié jusqu’ici, principalement en raison de difficultés techniques », explique au Figaro Christine Gourier. À la tête d’une équipe de physiciens de l’École normale supérieure de Paris (ENS/CNRS), elle vient d’en percer le mystère. Et de façon inattendue, ce sont les mouvements de la queue du spermatozoïde, le flagelle, qui jouent un rôle déterminant. L’étude, qui a bénéficié de l’aide de l’Agence nationale pour la recherche et de la Fondation pour la recherche médicale, a été publiée le 19 août sur le site de la revue scientifique internationale Scientific Reports du prestigieux groupe « Nature ». L’équipe de l’ENS a tout d’abord imaginé un ingénieux dispositif pour que la fécondation se produise sous l’œil du microscope optique confocal. « En théorie, chez l’humain le contact HOMO SAPIENS HOMO RUDOLFENSIS (Afrique de l'Est) découverte en Éthiopie, en 1974 4M HOMO ERECTUS (Afrique et Asie) tres de diamètre). Dans ce canal, était introduit un spermatozoïde fécondant. Benjamin Ravaux, le doctorant de l’équipe, s’est chargé des centaines de manipulations qui ont permis les découvertes. Et le spermatozoïde a fait son œuvre. « Contrairement à ce que l’on pensait du battement du flagelle, celui-ci ne sert pas seulement à conduire le spermatozoïde jusqu’à l’ovocyte, mais il sert aussi à déclencher la fécondation, détaille Christine Gourier. Et encore, seulement s’il bat selon un mode Pour la première fois, les chercheurs ont pu observer finement des centaines d’interactions gamétiques et identifié trois types de battements, dont un seul s’est avéré efficace pour que la fécondation s’enclenche. « C’est un battement oscillatoire assez rapide (environ 2 battements par seconde) du flagelle qui pendant deux minutes va faire osciller la tête du spermatozoïde en la plaquant sur l’ovocyte pour induire la fusion », explique Éric Perez, un des membres de l’équipe. Les mouvements amples en coup de fouet (1 par seconde) ou ceux plus réduits et très rapides (3/sec) ne permettent pas la fécondation. Le dispositif mis au point par les chercheurs de l’ENS a ensuite permis de visualiser précisément la plongée de la tête du spermatozoïde, porteur de l’ADN issu du père, dans l’ovocyte. « Lorsqu’elle arrive à une profondeur suffisante, la masse de l’ADN paternel enfle, indiquant que celui-ci se décondense (se débobine), 50 minutes après l’entrée en contact, explique Éric Perez. Ces travaux éclairent d’un jour nouveau les trois premières minutes de la fécondation et ouvrent la porte à de nouvelles méthodes d’assistance à la procréation. » ■ Aujourd’hui des découvreurs de Lucy en 1974. Les Américains ont fait du beau travail, et j’avoue qu’ils répondent à une question, comment est morte Lucy, à laquelle nous n’avions jamais pensé en l’étudiant il y a quarante ans ! » Contre l’avis initial de bien de ses confrères américains, Yves Coppens défend depuis longtemps l’idée que Lucy combinait à la fois la bipédie avec un comportement arboricole. Un compromis pas idéal d’un point de vue anatomique. « Elle marchait moins bien que ceux qui lui ont succédé et devait grimper moins bien que ceux qui la précédaient, et c’est malheureusement peut-être à cause de cela qu’elle est tombée », conclut Yves Coppens. ■ EN BREF Un Français sort d’une simulation de 12 mois à la surface de Mars Les six volontaires, trois hommes et trois femmes, dont le Français Cyprien Verseux, enfermés pendant un an dans un dôme de 11 mètres de diamètre à Hawaï reproduisant les conditions de la vie sur Mars, ont achevé leur expérience dimanche. Pas de saisons, des contacts avec l’extérieur limités à des mails, des sorties en combinaison spatiale… Le plus difficile pour les isolés était « la monotonie », pour Cyprien Verseux. L’objectif de la Nasa était, outre les expériences menées par les six scientifiques, de tester la cohésion du groupe et l’évolution psychologique des membres de la mission en vue d’un véritable voyage sur Mars, envisagé dans les années 2030. Dépakine : un député propose une taxe pour indemniser les victimes Le député Gérard Bapt, rapporteur du budget de la Sécurité sociale, propose une taxe sur les produits de santé destinée au futur fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine. Une idée « intéressante » pour l’association des victimes du médicament, qui refuse toutefois de dédouaner les laboratoires. « Cette taxe rapporterait entre 33 et 66 millions d’euros par an, selon le pourcentage retenu de 0,1 % ou 0,2 % », précise Gérard Bapt. Le médicament, un antiépileptique, est à l’origine de malformations et de troubles neuro-développementaux chez des enfants exposés in utero. A Au scanner, le fossile de l’australopithèque montre des traces de fractures, signe d’une chute depuis une grande hauteur. M. MILLER/UT AUSTIN Notre ancêtre Lucy est morte en tombant d’un arbre mardi 30 août 2016 LE FIGARO 10 SPORT L’Américain Frank McCourt reprend l’OM L’actuelle propriétaire Margarita Louis-Dreyfus a cédé lundi le club phocéen à l’entrepreneur américain. FOOTBALL L’Olympique de Marseille va entrer dans une nouvelle ère en passant sous pavillon US. L’homme d’affaires américain Frank McCourt, ancien propriétaire du club des Los Angeles Dodgers en MLB (la Ligue majeure de baseball américaine), a été présenté lundi après-midi à la mairie de Marseille par l’édile, JeanClaude Gaudin, en compagnie de l’actuelle propriétaire du club Margarita LouisDreyfus. « Bonjour à tous ! Mon français n’est pas très bon. Donc “Droit au but” », a lancé le nouveau patron dans une courte allocution en français avec un accent américain très prononcé. Il a ensuite poursuivi, toujours de manière lapidaire, dans sa langue natale. « Il y a un processus en cours, il va nous amener jusqu’à la réalisation de la transaction dans quelques semaines. » Dans un communiqué, publié quelques minutes plus tôt, Frank McCourt s’était montré plus loquace. « Participer à l’histoire de l’Olympique de Marseille et guider le club vers le succès, à la fois sur le terrain et en dehors, est un honneur et un privilège pour ma famille et moi-même. L’OM est à la fois l’un des clubs de football les plus anciens et les plus respectés au monde, c’est aussi le seul club français à avoir remporté la Ligue des champions de l’UEFA et c’est surtout l’une des marques les plus iconiques du monde du sport (…) En tant que responsable de l’OM, mon ambition sera de reconstruire une équipe de très haut niveau, d’offrir la meilleure expérience dans le football pour les passionnés, de renforcer les liens du club avec ses supporteurs et la ville de Marseille et de mener le club vers une stabilité financière sur le long terme. » Dans son discours, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a appuyé sur le fait que le futur propriétaire de l’OM était issu d’une entreprise familiale, non d’un fonds de pension (voir ci-dessous). Avant de mettre gentiment la pression sur l’Américain : « Il va falloir gagner, il va falloir mettre des sous. Puisque vous en avez, c’est ce que vous ferez. » ves pour l’acquisition du club olympien. McCourt, resté discret tout au long du processus, a notamment devancé Gérard Lopez, qui était sur les rangs pour acquérir le club vainqueur de la Ligue des champions 1993. Le plan de reprise de McCourt, intitulé « OM Champions Project », était en effet le seul en lice depuis quelques jours. Les détails de l’accord n’ont pas été com- Aucun détail sur l’accord L’homme d’affaires de 63 ans, natif de Boston, et Margarita Louis-Dreyfus étaient entrés en négociations exclusi- PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP ROMAIN SCHNEIDER £[email protected] Margarita Louis-Dreyfus, Jean-Claude Gaudin et le nouveau repreneur Frank McCourt, lundi à la mairie de Marseille. ZOOM Une fortune bâtie dans le baseball GILLES FESTOR [email protected] « MON FRANÇAIS n’est pas très bon. Donc “Droit au but !” » S’il a démontré qu’il n’était pas francophone, Frank McCourt, veste sombre et chemise grande ouverte, a au moins prouvé qu’il avait le sens de la formule pour rassurer les supporteurs de l’OM sur ses intentions en Ligue 1. Lundi après-midi, à la mairie de Marseille, l’homme d’affaires de 63 ans a incontestablement réussi un beau numéro devant les médias. Dans un style typiquement américain, très à l’aise et souriant, se permettant même de tapoter l’avant-bras du maire Jean-Claude Gaudin en jouant les acteurs convaincants, lorsque, main sur le cœur, il a lâché en conclusion de son court discours « savoir à quel point l’OM est important pour les supporteurs à Marseille et dans le monde ». Frank McCourt n’est probablement pas un grand connaisseur du football et du club phocéen, qu’il a présenté comme « l’un des plus grands clubs au monde », mais la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne lui est pas entièrement étrangère. Son père a en effet participé à la libération de la ville de Marseille durant l’été 1944 et il est déjà venu au Stade Vélodrome par le passé. Ce diplômé de l’Université de Georgetown, natif de Boston (Massachusetts) et issu d’une grande famille d’entrepreneurs, est en revanche un vrai passionné de sports. Un homme du redressement Outre-Atlantique, son nom est surtout associé au baseball et à la franchise des Dodgers qu’il a rachetée 430 millions de dollars en 2004. Le communiqué publié par l’OM le présente d’ailleurs comme l’homme du redressement de cette équipe mythique de Los Angeles. Grâce à lui, la franchise aurait « retrouvé sa place lé- Et pourtant, d’un désastre Franck McCourt va faire un miracle. Celui qui est à la tête d’une société de programmes immobiliers - notamment des parkings -, est aujourd’hui assis sur une fortune colossale depuis la revente des Dodgers alors au fond du trou. Mise sous tutelle, la franchise a été vendue 2 milliards de dollars ! Une somme record surtout justifiée par le montant pharamineux des droits télévisuels au moment de la cession. Sur ce montant, 860 millions de dollars ont fini dans sa poche. Preuve que, s’il n’a pas été un bon gestionnaire avec les Dodgers, McCourt reste un redoutable homme d’affaires. Un philanthrope aussi. En 2013, ce père de cinq enfants, aujourd’hui séparé, a fait don de 100 millions de dollars à l’Université de Georgetown. Voilà au moins un point commun avec la famille Louis-Dreyfus qui a englouti plusieurs centaines de millions d’euros de sa fortune personnelle en vingt ans passés à la tête du club. ■ gitime dans l’élite du baseball américain et a pu renouer avec d’excellentes performances économiques, après des années de difficultés financières héritées des propriétaires précédents ». À la lumière d’autres sources, le bilan est nettement moins positif. Calamiteux même. La chaîne ESPN a récemment présenté l’entrepreneur américain comme le deuxième des pires propriétaires de l’histoire de la MLB… En 2012, McCourt a été contraint de céder l’équipe, alors en faillite, sans être parvenu à redorer le blason de la franchise, qui ne fera que quelques maigres apparitions en play-off. « Il a éloigné les fans, n’a pas gagné, n’avait pas réellement les moyens d’être propriétaire », souligne le journaliste d’ESPN David Schoenfield, à propos du détenteur des droits du marathon de Los Angeles et propriétaire, à 50 %, du Global Champions Tour, compétition internationale de saut d’obstacles. Pourquoi le Paris-SG coince d’entrée Le club de la capitale a subi à Monaco sa première défaite de la saison. En affichant un triste visage. VINCENT DUCHESNE £@Vincesport24 L’AN PASSÉ, la Ligue 1 avait attendu la 28e journée avant de voir le PSG montrer (enfin) un visage humain avec une première défaite concédée en championnat à Lyon (2-1). Cette saison, l’invincibilité du quadruple champion de France en titre aura duré beaucoup moins longtemps. À peine deux matchs. Le couac subi à Monaco dimanche soir (3-1) a mis en lumière toutes les difficultés parisiennes du moment, masquées par les résultats positifs lors des deux premières journées à Bastia (0-1), puis face à Metz (3-0). Tour d’horizon des chantiers du PSG version Unai Emery, l’Espagnol intronisé fin juin pour remplacer Laurent Blanc. u Une philosophie de jeu à digérer La claque infligée à Lyon lors du Trophée des champions (4-1) avec un pressing tout-terrain et un jeu plus direct n’était qu’une illusion. L’assimilation du style Emery est loin d’être évidente pour des joueurs habitués pendant trois ans sous Laurent Blanc à confisquer le ballon. Face à un adversaire parfaitement organisé et présent dans l’agressivité, les Parisiens ont semblé perdus, sans maîtrise collective. Multipliant les courses dans le vide avec des lignes distendues. Les lacunes des saisons précédentes avec un PSG incapable de mettre du rythme dans ses transmissions de balle ont resurgi. « On doit travailler notre rythme, notre système. Tout est nouveau, le système de jeu, la façon d’entraîner, on doit réagir mais ce nouveau système est bon », a plaidé Patrick Kluivert, le nouveau directeur du football du PSG. Pas si simple d’occulter aussi vite ses vieilles habitudes. Surtout avec un onze de départ sans la moindre recrue (Meunier, Krychowiak, Ben Arfa sur le banc, Jesé blessé)… l’Euro (Matuidi, Thiago Motta, Meunier, Krychowiak), disputé la Copa America (Cavani, Pastore, Di Maria, Marquinhos, Lucas) et même les Jeux olympiques (Marquinhos) – sans oublier Marco Verratti, opéré d’une pubalgie en mai dernier et titulaire en Principauté pour la première fois depuis février 2016 –, les niveaux de forme au sein de l’effectif parisien sont disparates. « Certains sont arrivés en retard avec les compétitions internationales. Maintenant, il va y avoir de la concurrence », a prévenu Emery. u Physiquement, loin d’être au top u Le poids des absences Avoir beaucoup d’internationaux complique la donne au moment de réattaquer une saison. Entre ceux qui ont joué Emery découvre la Ligue 1 Il convient d’être indulgent en ce début de saison avec Unai Emery, même si les comparaisons avec Laurent Blanc vont forcément fleurir dans les semaines à venir. Tactiquement, l’ancien coach du FC Séville a pris une leçon dimanche soir de la part de son homologue monégasque Leonardo Jardim, rompu aux joutes françaises. Face au bloc compact d’une ASM, prête à piquer en contres, Emery n’a jamais trouvé la solution. « J’ai perdu le défi de la seconde mi-temps sur ce match », a reconnu l’entraîneur du PSG dont le choix de ne rien changer à la pause malgré deux buts de retard a surpris. Tout comme la titularisation de Marco Verrat- FRED/PRESSE SPORTS A u ti, à court de forme et guère à l’aise dans le rôle de meneur de jeu. Le défenseur David Luiz a enchaîné les mauvais choix, dimanche à Monaco. muniqués. Les deux parties souhaitant finaliser la transaction d’ici à la fin de l’année, après la consultation du comité d’entreprise du club olympien. L’actionnaire majoritaire vend donc son club après vingt ans de présence familiale à Marseille. Sous l’ère LouisDreyfus, l’OM n’a remporté qu’un seul titre de champion de France, en 2010, lorsque les Phocéens étaient entraînés par Didier Deschamps. « Aujourd’hui, l’Olympique de Marseille tourne une page de son histoire, a ajouté Margarita LouisDreyfus dans un communiqué. Un nouveau propriétaire devrait arriver et prendre soin de notre fantastique club. Il a été sélectionné parmi de nombreux candidats, dans un processus à la fois exigeant et long, avec l’excellent support des équipes de Rothschild et du cabinet Clifford Chance. Je suis sûre que Frank McCourt est le meilleur choix pour prendre la succession de ma famille et assurer un grand avenir à l’OM. » Un avenir qui s’écrira, encore un peu, avec Margarita Louis-Dreyfus, qui conserve 5 % dans les parts du club... pour son fils, Kyril Louis-Dreyfus : « Pour maintenir actif le lien affectif qui existe entre ma famille et l’OM, je devrai conserver une petite participation dans le club et nous continuerons d’en être de fervents supporteurs », a poursuivi la future ex-propriétaire. Frank McCourt aurait déboursé, selon RMC, plus de 40 millions d’euros pour racheter le club provençal. ■ Qui pouvait sonner la révolte dimanche à Monaco quand le bateau tanguait ? Devant, Zlatan Ibrahimovic n’est plus là pour endosser ce rôle. Le vide laissé par le colosse suédois, parti à Manchester United, apparaît déjà immense. De par son autorité naturelle et son efficacité redoutable. Au milieu de terrain, Thiago Motta (34 ans) n’a plus l’influence espérée. Derrière, Thiago Silva (31 ans), en phase de reprise après une blessure à la hanche, a suivi la débâcle devant sa télé. Sur le Rocher, Paris a cruellement manqué de leaders. Et de sûreté défensive. Avec un David Luiz fébrile, coupable d’une faute grossière dans la surface, synonyme de penalty et de deuxième but monégasque. Son remplacement par Meunier à l’heure de jeu s’apparente à une sanction. Les retours programmés après la trêve internationale de Thiago Silva et Marquinhos le pousseront inévitablement sur le banc. ■ Tennis : Gasquet déjà au tapis à l’US Open Grosse désillusion pour Richard Gasquet, éliminé dès le premier tour de l’US Open. Le Français, tête de série numéro 13, a été balayé lundi par le Britannique Kyle Edmund, 84e mondial, en trois manches (6-2, 6-2, 6-3). Demi-finaliste de l’édition 2013, le Biterrois de 30 ans a été méconnaissable, n’a jamais réussi à imposer son jeu et a commis de nombreuses fautes. Gasquet, 15e mondial, avait atteint les quarts de finale de l’US Open en 2015, mais son été a été perturbé par des blessures, au dos et aux abdominaux. Troisième défaite au premier tour de l’US Open pour le numéro 3 français après 2008 et 2009. De son côté, Edmund, 21 ans, gagne son premier match dans le grand tableau new-yorkais. Il jouera Lacko ou Escobedo mercredi. EN BREF Football : Mandanda va remplacer Lloris Près de deux mois après leur défaite en finale de l’Euro 2016 face au Portugal (0-1 a.p.), les joueurs de l’équipe de France ont retrouvé lundi Clairefontaine pour préparer les déplacements en Italie, en amical (1er septembre), puis en Biélorussie (6 septembre) dans le cadre des éliminatoires du Mondial 2018. Le sélectionneur Didier Deschamps a confirmé qu’en l’absence du capitaine Hugo Lloris, blessé, Steve Mandanda « sera amené à probablement jouer les deux matchs, pour le mettre dans les bonnes conditions. » JO 2024 : Rome très réservée La nouvelle maire de Rome, Virginia Raggi, a fait part lundi de ses réserves quant à la candidature de sa ville à l’organisation des JO 2024, suggérant de penser « d’abord aux installations municipales laissées à l’abandon ». « Sur les 13 milliards de dette de la ville, un milliard est lié aux Jeux de 1960… » Rome est l’une des quatre villes candidates à l’organisation des Jeux en 2024 avec Paris, Budapest et Los Angeles. Le 7 octobre, les candidats doivent envoyer au CIO la deuxième partie de leur dossier. En l’absence de soutien de la municipalité, la candidature romaine serait caduque. mardi 30 août 2016 LE CARNET DU JOUR Le service est ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 18 h. Vos annonces doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain. par téléphone 01 56 52 27 27 Mme Jacques Berthier de Grandry, sa belle-sœur, M. et Mme Berthier de Grandry, M. Patrice Berthier de Grandry, M. Hervé Berthier de Grandry, M. et Mme Georges-Michel Maubert, M. et Mme Patrick Charlemagne, M. et Mme Bertrand de la Selle, M. Bruno de la Selle, M. Xavier de la Selle, M. et Mme Bertrand Jouslin de Noray, le baron (†) et la baronne Bertrand Ameil, Mme Servane Berthier de Grandry, M. (†) et Mme Wim Baarens, M. et Mme Bruno Landon, M. Christian Berthier de Grandry, Mlle Florence Berthier de Grandry, M. et Mme Hubert Berthier de Grandry, M. et Mme Benoît Veniere, ses neveux et nièces, ainsi que ses petits-neveux et petites-nièces ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de par fax 01 56 52 20 90 Andrée BERTHIER de GRANDRY ou par courriel le 28 août 2016. carnetdujour@media.figaro.fr Reprise des annonces sur : www.carnetdujour.lefigaro.fr www.dansnoscoeurs.fr La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 1er septembre, à 10 heures, en l'église Saint-Vincent d'Ardentes (Indre), suivie de l'inhumation au cimetière d'Ardentes. Clavières, 36120 Ardentes. Mme Sylvie Clauvel, née Porgès, son épouse, naissances Héloïse et Jérôme Tricot, Lucile et Marcel Masson, Barbara et Ygal Levy, ses filles et gendres, François CARLIOZ Géraldine et Gurvan BOBILLE ont la joie d'annoncer la naissance de Paola leur petite-fille et fille, le 22 juin 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 1er septembre, à 10 heures, en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, 15, rue Jean-Goujon, Paris (8e). M. Gabriel FOURNIER Les obsèques ont eu lieu dans la plus stricte intimité. Priez pour lui. leur mère et grand-mère, survenue le 28 août 2016. Paris (13e). Daniel et Marie-Thérèse Gillot ont la douleur de faire part du décès de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, Marc et Gisèle Avenati, Isabelle et Peter Kamerling, Anne Avenati-Desplats, Corinne Avenati-Barrelier, Erik et Catherine Avenati, leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, Lise Lander Møldrup, Birgit Gateau et sa famille les familles Aveline, Hoguet, Guillon Sursol, Rivron, Villette, Massiot, Habert ont la tristesse de vous faire part du décès de Brigitte DAUPELEY ont la tristesse de vous faire part du décès de née Hoguet, survenu le 26 août 2016, à l'âge de 80 ans. Mme Annie AVENATI née Gateau, La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 31 août, à 10 heures, en l'église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou. survenu le 23 août 2016, dans sa 97e année. La cérémonie religieuse sera célébrée au temple de Versailles, le vendredi 2 septembre 2016, à 15 h 30. 35, rue Gouverneur, 28400 Nogent-le-Rotrou. Cet avis tient lieu de faire-part. M. Michel GILLOT La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Joseph, 5, rue Henri-Barbusse, à Montrouge (Hauts-de-Seine) le jeudi 1er septembre, à 10 h 30. Ni fleurs ni couronnes. Cet avis tient lieu de faire-part. 4, rue Paul-Gervais, 75013 Paris. Daisy Giudicelli, son épouse, Grégory Giudicelli, son fils, Irène et Marianne, ses petites-filles, Oksana, leur mère, les familles Giudicelli, Bernardini et Grimaldi ont la tristesse de faire part du décès de Etienne GIUDICELLI X 60, survenu le 18 août 2016. 11, rue Favalelli, 20200 Bastia. ont la douleur de vous faire part du décès de Mme Florence GOURDOL La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 31 août, à 11 heures, en la chapelle haute de l'église Saint-Pierre, 1, boulevard Jean-Mermoz, à Neuilly-sur-Seine. Annoncez-la ... et recevez Le Figaro gracieusement pendant 3 mois Xavier et Geneviève Jeanson, Nicole et Yves Durand, Isabelle et Jacques-Hubert Gay, Sabine et Guillaume Marçais, Chantal et Dominique Brochu, Hubert et Laurence Jeanson, Patrick et Marie-Laure Jeanson, ses enfants, font part du rappel à Dieu de Mme François JEANSON née Brigitte Bureau, le 21 août 2016, dans sa 98e année, munie des sacrements de l'Église. La cérémonie religieuse a eu lieu dans l'intimité familiale, à la Maison de santé des sœurs augustines, Paris (13e). Une messe sera célébrée ultérieurement à Paris. M. Yves Jouanjean, son époux, Diane et Philippe Knoche, Guillaume Jouanjean, Albane, Astrid, Marion, ses enfants et petites-filles, les familles de Grenier de Lassagne, Jouanjean, Constans, Beaugonin, Mignot, Plaut de Pomairols, de Meric de Bellefon ont la douleur de vous faire part du décès de ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de cadre supérieur retraité d'EDF, ancien maire de Présilly, membre du Rotary Club de Saint-Julien-en-Genevois, © iStock survenu le 27 août 2016, à l'âge de 79 ans. Té l. 01 56 52 27 27 Fax. 01 56 52 20 90 carnetdujour@media.figaro.fr www.carnetdujour.lefigaro.fr La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Présilly, le mercredi 31 août, à 10 h 30, suivie de l'inhumation. Pas de visites. Cet avis tient lieu de faire-part. survenu le 24 août 2016. Le recueillement, suivi de la crémation, aura lieu le vendredi 2 septembre, à 11 h 45, au crématorium du Mont-Valérien, rue du Calvaire, à Nanterre. Selon ses souhaits, dons à la Fondation pour la recherche médicale. Mme Eliane Michel, M. et Mme Eric Laumonier, M. et Mme Denis Michel, ses enfants, Lyvia et Laura, Henri, Charles et Jeanne, Lucien et Justine, ses petits-enfants, ainsi que toute la famille Nathalie Rykiel, sa fille, et son compagnon Serge Goldszal, Jean-Philippe Rykiel, son fils, Tatiana, Lola et Salomé, ses petites-filles, et leur père Simon Burstein, Les éditions du Figaro En vente actuellement Jacques Stanlow, Françoise et André Zonabend, Danielle Flis, Muriel Flis-Trèves et Philippe Trèves, ses sœurs et beaux-frères, Patricia Stanlowa et Eric Darmon, Isabelle Stanlowa et Alain Bellity, Frédéric Stanlow et Roselyne Levi, Mathieu Zonabend, Agnès et Frédéric Maduraud, Rachel Trèves et Michaël Grynberg, Jonathan Trèves, ses nièces et neveux, Mathias, Jérémie, Anna, Thomas, Pierre, Jade et Eve, ses petits-neveux et petites-nièces, ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de Sonia RYKIEL née Sonia Flis, commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres, médaille de vermeil de la Ville de Paris, 100 lieux emblématiques de notre patrimoine survenu le 25 août 2016. Les obsèques auront lieu à Paris (14e), au cimetière du Montparnasse, 3, boulevard Edgar-Quinet, le jeudi 1er septembre, à 14 h 30. Cet avis tient lieu de faire-part. ont la tristesse de vous faire part du décès de M. Gilbert MICHEL survenu le 4 août 2016, dans sa 97e année. Un office religieux a été célébré dans l'intimité familiale, en l'église de Saint-André-les-Vergers (Aube), suivie de l'inhumation au cimetière de Troyes. Brigitte Laumonier, 38, rue La Fontaine, 92350 Le Plessis-Robinson. M. et Mme Gilbert Hoyez, M. et Mme Frédéric Hoyez, M. et Mme Philippe Bougan, Mme Agnès Pibouin, M. et Mme Olivier Bougan ont la douleur de vous faire part du décès de Mlle Christiane PIBOUIN La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 2 septembre, à 14 h 30, en l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, 88, rue de l'Assomption, à Paris (16e). Jean-Marc Loubier, président-directeur général de First Heritage Brands, président de Sonia Rykiel, Julie de Libran, directrice artistique de Sonia Rykiel, Sabrina Fung, directrice générale Groupe de Fung Retailing Ltd, Eric Langon, directeur général de Sonia Rykiel ainsi que l'ensemble des collaborateurs de la Maison Sonia Rykiel Le Figaro Histoire Les nouveaux mystères de l’Égypte ont l'immense regret de faire part du décès de Sonia RYKIEL née Sonia Flis, commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres, médaille de vermeil de la Ville de Paris, survenu le 25 août 2016. « La beauté sera toujours rayée. » ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants Mme Marielle Deprez, son épouse, Catherine et Thierry Garcia, Thierry et Isabelle Deprez, ses enfants, Laura, Benjamin, Charlotte, Margaux, Romain, ses petits-enfants, Mme Marie Brossard, sa sœur, et ses enfants, les familles parentes, alliées et amies M. François DEPREZ Mme Suzanne LOISEL survenu le 25 août 2016, à Paris, à l'âge de 88 ans. Paris. Présilly (Haute-Savoie). Naissance Les familles Vaesken, Lescornez ont la tristesse d'annoncer le décès de survenu le 25 août 2016, des suites d'une longue maladie. Cet avis tient lieu de faire-part. 1, avenue du Général-Mangin, 78000 Versailles. La cérémonie religieuse aura lieu dans l'intimité ce mardi 30 août 2016, à 14 h 30, en l'église Notre-Dame-du-Lac de Puylaurens. directeur d'hôtel, survenu le 26 août 2016, à l'âge de 48 ans, à Hendaye. Cet avis tient lieu de faire-part. Philippe et Jacqueline Daupeley, Patricia et Bruno Belleux, ses enfants, ont la tristesse de vous faire part de la mort de Mme Germaine du LAC l'école de danse Baron-Dauthet Mme Sylvie Clauvel, 34, rue Félicien-David, 75016 Paris. M. Shahin AGHAYAN M. et Mme François Regis Viguié et leur fille, M. Jean-Marc Viguié et ses enfants, M. et Mme Fabrice Viguié et leurs enfants ont la tristesse de vous faire part du décès de Les obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale, le vendredi 26 août, au cimetière du Montparnasse, Paris (14e). On nous prie d'annoncer le décès, le 23 août 2016, à l'âge de 98 ans, de Puylaurens (Tarn). nous prie d'annoncer le décès, le 17 août 2016, dans sa 92e année, à Neuilly-sur-Seine, de Ses amis, survenu le 23 août 2016. deuils Sa famille Tristan, Joséphine, Blanche, Mathilde, Noah et Sacha, ses petits-enfants, M. Robert CLAUVEL 11 Mme Yves JOUANJEAN née Isabelle de Grenier de Lassagne, décédée le 29 août 2016. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 31 août, à 14 h 30, en l'église de Villeneuve-d'Aveyron, suivie de l'inhumation au cimetière de Villefranche-de-Rouergue. Une messe sera célébrée ultérieurement en l'église Sainte-Cécile de Boulogne-Billancourt. M. Michel Rousset, son époux, M. Frédéric Rousset, son fils, Mlle Anne-Laure Rousset, sa fille, parents et alliés ont la tristesse de vous faire part du décès de Me Danièle ROUSSET née Roubaud, avocate honoraire au barreau de Marseille, survenu le 28 août 2016, à Marseille. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 31 août 2016, à 15 h 30, en la basilique du Sacré-Cœur, 81, avenue du Prado, à Marseille (8e). Le comte et la comtesse Marc Antoine de Saint Pol, le comte et la comtesse Patrick de Botherel, sœur Marie Pierre, ordre de l'Annonciade, le comte et la comtesse Louis de Saint Pol, leurs enfants et petits-enfants vous font part du retour à Dieu de la Chavagnes (Maine-et-Loire). Juliette, Stéphanie, Jean-Louis, ses enfants, et Anne ont la tristesse de vous faire part du décès de Guy VILLEMINOT survenu à l'âge de 75 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 31 août 2016, à 15 heures, en l'église de Chavagnes. Le Figaro Santé Comment se soigner autrement remerciements Mme Valéry Perrier, née Marie-Jo Post, son épouse, et toute sa famille, très touchées des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors le décès de M. Valéry PERRIER vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements. comtesse Raymond de SAINT POL née Anne de Thuy. La messe sera célébrée en la cathédrale Saint-Louis de Versailles, le vendredi 2 septembre 2016, à 10 heures. Elle sera inhumée au côté de son mari, à 16 h 15, au cimetière de Neuilly-le-Malherbe (Calvados). souvenirs Aude TISNÉ nous a quittés subitement, le 30 août 2014. Toujours présente en nos cœurs mais, aussi, bien loin... et silencieuse. Jours de France L’actualité du gotha mardi 30 août 2016 LE FIGARO CHAMPS LIBRES REPORTAGE ÉRIC BOUVET/LE FIGARO MAGAZINE 12 Dans un environnement où les tensions interconfessionnelles ne sont jamais loin, l’école de la Congrégation des sœurs des saints cœurs de Jésus et de Marie est parfois la cible de tirs venant de l’extérieur. L’école des sœurs de la Bekaa Adrien Jaulmes [email protected] De notre envoyé spécial à Baalbek À l’heure de la récréation, les élèves s’ébattent joyeusement dans la cour. Garçons et filles jouent ensemble, et seules quelques fillettes portent un foulard blanc par-dessus la chemisette bleu ciel de leur uniforme scolaire. Au centre de la ville de Baalbek, dans l’est du Liban, l’école de la Congrégation des sœurs des saints cœurs de Jésus et de Marie est un établissement chrétien dont 90 % des élèves sont musulmans. L’école offre avant tout une éducation de qualité, et l’établissement est recherché par les familles musulmanes. La directrice, sœur Émiline, a une vision très claire de ce que doit être son école. « Nous sommes en terre d’islam, et nous ne sommes pas là pour faire du prosélytisme religieux », dit-elle. « Le projet de ma congrégation est de former des citoyens responsables et des individus libres. Nous cherchons à développer l’esprit critique et l’ouverture d’esprit. Même les parents musulmans en sont conscients et c’est pour cette raison qu’ils inscrivent massivement leurs enfants chez nous. Et puis même s’il est trop tard pour les chrétiens de Baalbek, nous sommes encore là pour ceux des villages alentour. » Pendant des siècles, Baalbek fut majoritairement chrétienne. À côté des ruines du temple de Jupiter, dont les chapiteaux monumentaux se dressent encore devant les crêtes du mont Liban, les vestiges de l’église Sainte-Barbara témoignent de la très ancienne présence du christianisme dans la ville. Ancien temple de Vénus rebaptisé du nom de cette chrétienne de Baalbek, martyrisée au IIIe siècle, l’église fut l’une des premières de la chrétienté. Mais la guerre civile libanaise qui a forcé les chrétiens à fuir et l’essor démographique des musulmans ont mis fin à cette présence séculaire. Représentant autrefois la moitié de la population, les chrétiens ne sont plus qu’environ 150 sur les quelque 25 000 habitants de Baalbek. « Il reste des villages chrétiens dans les environs, mais à Baalbek, les chrétiens sont en voie de disparition », dit Mgr Youssef Rahal, l’archevêque de Baalbek. « Les jeunes partent à Beyrouth ou à Zahlé, au nord de la Bekaa. Ceux qui restent à Baalbek sont souvent âgés. Les mariages sont rares, et le dernier baptême a eu lieu en 2012… C’est ainsi. » À Baalbek, dans le fief du Hezbollah chiite libanais, une école chrétienne est ouverte à toutes les confessions. Résistants aux pressions et aux intimidations, sœur Émiline et sœur Ramona veulent que les élèves apprennent à être des citoyens. 20 km Mer Méditerranée Tripoli Baalbek Beyrouth PLAINE DE LA BEKAA LIBAN SYRIE Damas Infographie À partir de cette époque, l’école des sœurs est soumise aux règles imposées par le Hezbollah : le port du voile pour les filles et les cours de religion musulmane sont obligatoires. Dans cet environnement un peu particulier, sœur Émiline se heurte vite à des résistances quand elle cherche à établir des règles claires pour l’établissement. « Quand je suis arrivée à Baalbek en 2009, l’école était fermée le vendredi, selon la tradition musulmane, et rouvrait le samedi et le dimanche », dit sœur Émiline. « J’ai écrit au Hezbollah pour remettre en cause cet usage, mais mon courrier est resté sans réponse. Alors j’ai pris la décision de rouvrir le vendredi sans demander la permission à personne. Il y a eu tout un tollé. On m’a accusée de perturber le rythme de la ville. Il y a eu des gens qui sont venus nous menacer », dit-elle. « Il y a eu des tirs contre l’école, et des graffitis injurieux ont été inscrits sur les murs. Au bout d’un certain temps, les représentants du Hezbollah sont venus me voir et ont dit que je pouvais fermer le week-end et que les menaces ne venaient pas d’eux. La petite communauté chrétienne qui subsiste à Baalbek a commencé à respirer un petit peu mieux après cet épisode. » Interdit de jouer à Daech contre Hezbollah Les cheveux courts, la carrure athlétique et le rire sonore, sœur Émiline n’est pas du genre à se laisser impressionner. Avec son adjointe, sœur Ramona, les deux religieuses ont fait de leur établissement l’un des meilleurs de la région, refusant de transiger sur ce qu’elles estiment être l’essentiel. « Il faut être ferme sur ses principes », dit sœur Émiline. « Si l’on fait quelque chose et qu’on laisse tomber à la première difficulté, c’est encore pire que de ne rien faire. Plus personne ne vous respecte. » L’école des sœurs compte 1 035 élèves, garçons et filles. Trente-cinq sont chrétiens, 956 musulmans. Les chiites, forment la grande majorité, avec 816 élèves, contre 140 sunnites. Beaucoup des chiites sont des enfants de membres du Hezbollah. Certains sont des enfants de « martyrs », comme sont appelés ceux qui sont morts en combattant. Sœur Émiline connaît bien les chiites pour avoir été en poste à Mardjayoun, dans le Sud-Liban alors sous occupation israélienne, et où les villages chiites voisinent avec les villages chrétiens « En 1989, je me rappelle la route entre Zahlé et Baalbek, il y avait des portraits de l’ayatollah Khomeyni un peu partout », dit-elle. Dans cet environnement, les tensions interconfessionnelles ne sont jamais loin. Depuis le début de la guerre civile syrienne, la vallée de la Beeka est une ligne de front. En haut des crêtes, à quelques A La fermeture du dimanche La grande majorité des habitants actuels de la ville sont chiites, branche schismatique de l’islam, longtemps méprisés et persécutés, mais à présent la plus puissante communauté du Liban. Dans les années 1980, en pleine guerre civile libanaise, la ville devient le fief du Hezbollah, le parti chiite inspiré par la révolution islamique iranienne. Les portraits de Cheikh Hassan Nasrallah, le secrétaire général du parti, et ceux des combattants et des martyrs du mouvement décorent toujours les rues de Baalbek. Il faut rester fermes sur nos principes, tout en étant ouverts à tous. Mais si l’on veut qu’une coexistence soit possible, il faut fixer des limites » SŒUR ÉMILINE, DIRECTRICE DE L’ÉCOLE DE LA CONGRÉGATION DES SŒURS DES SAINTS CŒURS DE JÉSUS ET DE MARIE dizaines de kilomètres à peine de la ville, commencent les lignes des djihadistes de l’État islamique. Le Hezbollah, lui, envoie ses miliciens combattre aux côtés du régime de Bachar el-Assad. Sœur Émiline veille à ce que l’établissement reste un terrain neutre. En septembre 2013, des affrontements armés opposent chiites et sunnites à Baalbek, elle doit rappeler les élèves à l’ordre. « Je leur ai dit de laisser leur appartenance confessionnelle à la maison quand ils venaient en classe. Quand ils se mettent à jouer à Daech contre le Hezbollah, on les fait cesser aussitôt », dit-elle. Quand les pressions deviennent trop fortes, sœur Émiline retourne contre le Hezbollah sa propre propagande. Le discours officiel du parti chiite qui dit vouloir protéger les minorités : les chrétiens en sont une. Après avoir rétabli le dimanche, elle met fin aux cours religieux. « J’ai dit aux parents d’élèves que lorsqu’ils scolarisent leurs enfants chez les sœurs, ils savent très bien qu’il n’y a pas de cours islamique. » « En ce qui concerne le port du voile, en revanche, je ne dis rien, explique la sœur, à condition que les élèves qui le portent suivent les cours de biologie et fassent du sport. Il n’y en a pas beaucoup qui le portent à l’école. En première, les classes sont mixtes, et une seule fille est voilée sur les 44 élèves. » Rien n’est jamais acquis, cependant. « C’est un combat sans fin », dit sœur Émiline. « Ces sujets ayant trait à la religion reviennent régulièrement. Par exemple il y a quelque temps, des élèves de première sont venus me demander pourquoi les horaires n’étaient pas adaptés au Ramadan »¸dit-elle. « Je leur ai répondu qu’ils l’étaient puisque la journée de classe était raccourcie pendant cette période. Je leur ai demandé ce qu’ils voulaient de plus. Je veux bien respecter leurs croyances, mais il faut qu’ils respectent les nôtres. » Les satisfactions de sœur Émiline et sœur Ramona sont de voir leurs efforts récompensés. « Les enfants sont très lucides, et ils comprennent quand on se montre juste avec eux. Par exemple, une promotion d’anciens élèves m’a invitée récemment à la fête de l’Iftar, la rupture du jeûne pendant le mois de Ramadan pour me remercier de l’enseignement qu’ils avaient reçu ici dans notre école », dit-elle. «Un autre exemple est celui du fils du maire de Baalbek, membre du Hezbollah, qui a exigé de rester inscrit dans notre école », raconte-t-elle. « Ses parents et sa famille voulaient l’inscrire dans une école chiite. Il leur a expliqué pourquoi il voulait rester chez nous. Il leur a dit que dans notre école on apprenait à réfléchir par soi-même, et que les classes n’étaient pas séparées. » « Nous devons continuer à vivre selon nos croyances », répète sœur Émiline. « Il ne faut pas fléchir devant les pressions ou les difficultés. Il faut rester fermes sur nos principes, tout en étant ouverts à tous. Mais si l’on veut qu’une coexistence soit possible, il faut fixer des limites. Certains responsables chrétiens ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Si on se souvient dans tout le Liban du précédent patriarche maronite, Mgr Sfeir, c’est parce qu’à l’époque de l’occupation syrienne, il était le seul à dire aux Syriens qu’ils n’étaient pas ici chez eux, qu’ils devaient partir. C’est pour ça qu’on se rappelle de lui. » ■ mardi 30 août 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO 13 ÉCONOMIE L’Irlande appartient-elle encore aux Irlandais ou à Google ? Devenue le paradis des multinationales américaines grâce à sa fiscalité ultra-allégée, l’Irlande a enregistré une croissance de 26,3 % en 2015 ! Une performance en réalité artificielle, et même suspecte, qui bénéficie d’abord à Google, à Microsoft et aux laboratoires pharmaceutiques d’outre-Atlantique. Jean-Pierre Robin [email protected] MONDIALISATION Qui détient le ru- ban bleu de la croissance économique mondiale, la Chine, l’Inde, Singapour ? Pas du tout. Ce champion se trouve en Europe, à nos portes, ou plutôt à portée de nos rivages, car c’est une île. Avec 26,3 % d’augmentation de son produit intérieur brut (PIB) en 2015, l’Irlande, qui était en quasi-faillite il y a peu au point de devoir être secourue par le FMI (2010), fait aujourd’hui figure d’eldorado. Comment un tel rythme est-il possible ? Certes les Irlandais nous ont habitués à toutes les extravagances. Dans un siècle passé, celui de la raison (le XVIIIe), Jonathan Swift, leur écrivain national et père de Gulliver, avait proposé « que soient vendus pour être mangés à l’âge d’un an les enfants pauvres », de façon à mettre fin à la misère du pays. « Tout ce qui est excessif est insignifiant », pense-t-on en France, pays de croissance « raisonnable » (vingt fois moins rapide qu’à Dublin l’an dernier). Or les Dublinois eux-mêmes expriment des doutes. Loin de les ravir, cette croissance vraiment swift (« rapide » en anglais) n’est pas forcément de bon aloi. Leur profite-elle vraiment ? Pas certain. Car ces chiffres délirants sont le fruit d’opérations comptables des entreprises multinationales qui ont envahi leur île. La question se pose donc : l’Irlande n’a certes plus besoin de vendre ses nourrissons pour échapper à la famine. Mais alors qu’elle s’est transformée en porte-avions européen des Microsoft, Apple et autres géants de l’industrie pharmaceutique et médicale américaine, l’Eire (en gaélique) appartient-elle encore aux Irlandais ? ❙ La stupeur fut extrême, ce 12 juillet 2016, dans le Landerneau des économistes, quand le Central Statistics Office (l’Insee local) annonça qu’il révisait le taux de croissance économique réalisé en 2015 à 26,3 %, au lieu des 7,8 % annoncés auparavant, ce qui était déjà élevé. Personne ne s’attendait à pareil tour de magie. Si la nature ne fait pas de sauts, l’activité des hommes peut donc faire des bonds ! Les explications fournies par les statisticiens sont claires et troublantes à la fois. Tout d’abord, le CSO a fortement réévalué les capitaux des entreprises immobilisés en Irlande, qui sont ainsi passés de 700 à 1 000 milliards d’euros, soit une augmentation de 40 % en une année. Certes Dublin est depuis les années 1980 un paradis pour les entreprises internationales grâce sa fiscalité très avantageuse : l’impôt sur les so- "Le tigre celtique" : un cas à part LES ALLÉES ET VENUES MULTINATIONALES ❙ DES Les transferts de sièges sociaux à Dublin et les contrats de leasing d’aéronefs ont un caractère exceptionnel, one shot dit-on en anglais pour désigner des opérations pas forcément renouvelables. La troisième explication du taux de croissance économique de 26,3 % est plus perturbante car il s’agit d’exportations fictives (sic). Les statisticiens du CSO les évaluent à 80 milliards d’euros. Un chiffre énorme rapporté à l’ensemble des exportations de biens et services de l’Irlande qui totalisent 317 milliards. Ces ventes fantômes sont la conséquence des contract manufacturing (fabrications contractuelles). Selon ce système, une entreprise externalise une partie de sa production à l’étranger, laquelle fait partie de son chiffre d’affaires, même si le produit n’a jamais franchi la frontière. Ce dispositif, conforme aux règles comptables internationales, est pratiqué à grande échelle dans Une croissance économique ébouriffante TAUX DE CROISSANCE DU PIB ANNUEL EN VOLUME Les énormes prélèvements de l'étranger 53,2 PRÉLÈVEMENTS AU BÉNÉFICE DE L’ÉTRANGER SUR LE PIB IRLANDAIS, en milliards d’euros et en % (20,8 %) 50 40 10 30 Crise financière internationale 0 28,5 (17 %) 33,8 33,5 (19,5 %) (19 %) 28,3 29,7 (15,7 %) (15,4 %) 2013 2014 20 10 Source : CSO 0 -10 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2010 2015 Les investissements étrangers s'y précipitent 4 PART DES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX, en % par rapport... ... à l’Union européenne 2011 2012 2015 La mainmise des multinationales américaines LES DIX PREMIÈRES ENTREPRISES PAR CHIFFRE D’AFFAIRES ET LEUR ORIGINE NATIONALE*, en milliards d’euros ... au reste du monde CRH 23,6 (construction) 8 Microsoft 19,3 Eaton Corp 18,3 (technologie) 4 (industrie) 0 Sources : CSO, FMI -4 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 Infographie Source : Irish Times *certaines entreprises ont établi leur siège en Irlande (Eaton, Medtronic, Ingersoll) Google (technologie) Metronic (pharmacie) 18,3 17,3 DCC 13,5 Allergan 13,4 (énergie) (pharmacie) IngersollRand 12,2 (construction) Dell (technologie) Apple (technologie) 11,2 8,9 A 12 Paradoxalement, le dumping fiscal, clé de voûte de la stratégie économique du Tigre celtique, comme on l’appelle, permet d’engranger des recettes fort enviables. La collecte de l’impôt sur les sociétés (IS) a battu tous les records, à 6,9 milliards d’euros en 2015, dont la grande majorité provient des multinationales. C’est énorme comparé à l’IS en France, qui rapporte 33 milliards l’an, mais pour une population quinze fois plus importante et au taux d’imposition pratiquement trois fois plus élevé. Voilà qui confirmerait le fameux adage des fiscalistes :« les bas taux font les hauts totaux », car les assiettes d’imposition tendent à s’élargir. Mais la médaille a son revers, et ce sont les dividendes gigantesques que l’Irlande doit verser chaque année aux actionnaires étrangers des sociétés américaines implantées sur son territoire. Selon les chiffres du CSO, il a fallu acquitter 53,2 milliards d’euros en 2015 au reste du monde, ce qui correspond à la rémunération du capital étranger investi dans l’île. De quoi ébrécher d’autant - de 20,8 % exactement -, non pas le PIB du pays, mais la part qui revient aux Irlandais eux-mêmes. On songe à la réflexion désabusée de James Joyce (dans Ulysse) : « Le miroir fêlé de la bonne à tout faire, symbole de l’art irlandais. » De ce fait, le niveau de richesse (PIB) par habitant, qui est comptablement le deuxième de l’Union européenne après le Luxembourg, se trouve ramené dans la moyenne du continent. Car il convient de raisonner non pas en PIB (ce qui est produit sur le territoire), mais en produit national brut (ce qui revient aux nationaux). Une nuance essentielle en l’occurrence. Les responsables économiques s’inquiètent ouvertement de ces dérives des chiffres qui décrivent de plus en plus mal la réalité de leur pays. « Il est souhaitable que les conventions comptables internationales soient redessinées de façon à éviter de telles anomalies statistiques », déplorait début août Philip Lane, le gouverneur de la banque centrale dans un colloque à Dublin. Parmi les conséquences de la croissance relevée de 7,8 % à 26,3 %, les ratios de dette et de déficit publics rapportés au PIB sont trouvés diminués dans la même proportion, ce qui est tout à fait artificiel. Les Irlandais se reconnaissent de moins en moins dans le miroir fêlé que leur tendent leurs statistiques. ■ Aucun doute, les belles américaines dominent de la tête et des épaules le commerce international du pays. Sur ses dix premières entreprises, huit sont d’origine américaine, dont trois qui ont acquis depuis peu la nationalité irlandaise (liste cidessous). Pour le meilleur et pour le pire. Au total, les exportations représentent plus que la totalité du PIB (respectivement 317,2 et 255,8 milliards d’euros en 2015). Ce cas de figure est typique des économies fonctionnant comme des hubs, avec des flux d’import-export gigantesques, dont Singapour est l’autre cas emblématique. À juste titre, l’IDA, l’agence gouvernementale irlandaise de promotion des investissements étrangers, se félicite que les 1 100 entreprises qu’elle a su attirer dans ses filets en 67 ans d’existence aient permis de créer 187 056 emplois, dont 18 983 en 2015. Et derrière ces emplois directs, l’IDA estime qu’un emploi sur cinq du privé dépend des entreprises étrangères (un sur huit en France). Mais cette dépendance présente des inconvénients. Les recettes fiscales de l’impôt sur les sociétés émanent pour près de la moitié de dix sociétés contributives, appartenant à trois secteurs (pharmacie, finance-assurance, technologies de l’information). Une telle concentration constitue une faiblesse : « C’est un risque pour l’Échiquier irlandais (le ministère des Finances) que les entreprises multinationales qui concentrent les recettes fiscales se relocalisent ailleurs », reconnaît David Purdue, économiste au Trésor irlandais. Or ce risque n’a rien de théorique. Dans la campagne électorale américaine, Donald 20 2 IRLANDAIS RÉDUITS À LA PORTION CONGRUE ❙ LES MÉFAITS D’UN HUB ❙ ETLESLESCHARMES 3 26,3 % Trump et Hillary Clinton ne font-ils pas assaut pour réglementer les « inversions fiscales », les délocalisations des sociétés américaines ? En avril 2016, le Trésor américain, à la demande du président Obama, a mis le holà sur un cas précis : le pharmacien Pfizer (premier laboratoire des États-Unis) n’a pu être racheté par l’irlandais Allergan. l’économie irlandaise. De plus en plus de sociétés étrangères établissent en effet leurs quartiers généraux à Dublin ou à Cork, l’autre grand centre d’affaires de l’île. Pour sa part le CSO, l’office statistique irlandais, a mesuré l’ampleur des contract manufacturing en comparant ses deux sources classiques d’information. D’un côté, les données douanières et, de l’autre, les comptes des entreprises et leurs chiffres de valeur ajoutée qui servent à établir le calcul du PIB et donc sa croissance. D’où cet écart de 80 milliards d’euros, qui apparaissent dans les comptabilités d’entreprises pour des raisons fiscales, mais pas dans les ports ni dans les aéroports. « La très grande ouverture sur l’international de l’économie irlandaise, son insertion dans les chaînes de production transfrontalières et sa forte concentration dans des secteurs à haute valeur ajoutée (chimiepharmacie, technologies de l’information, leasing aérien) conduisent à fausser les séries statistiques », résume Diarmaid Smyth, de la banque centrale. En réalité, plus personne ne sait très bien ce qui appartient à l’Irlande en tant que nation et aux sociétés multinationales. Source : CSO 1 UN TAUX TROP BEAU POUR ÊTRE HONNÊTE ciétés n’est que 12,5 %, avec de multiples exemptions. Le FMI estime que ce pays de 4,6 millions d’habitants (0,06 % de la population mondiale) accueille à lui seul bon an mal an 4 % de tous les investissements internationaux. Mais ce qui s’est passé en 2015 est vraiment hors norme. La revalorisation de 300 milliards d’euros découle d’opérations comptables plus ou moins exceptionnelles. Selon Diarmaid Smyth, économiste à la Banque centrale d’Irlande, il faut distinguer trois types de phénomènes, « les restructurations d’entreprises, les relocalisations (de sociétés étrangères ) et le leasing aérien ». Ainsi l’an dernier plusieurs multinationales américaines ont-elles transféré leur siège en Irlande. Deux ont tout particulièrement fait sensation. Medtronic, leader mondial des stimulateurs cardiaques, et le laboratoire américain Allergan, qui doit sa célébrité au Botox, devenu irlandais après sa fusion avec Actavis. Or ces sociétés ont du même coup apporté leurs portefeuilles de brevets et de copyrights, devenus patrimoine irlandais, et les royalties encaissées annuellement ont gonflé la croissance du PIB du pays. La deuxième caractéristique de l’exercice 2015 est d’être un excellent millésime pour le leasing aérien, secteur sur lequel l’Irlande exerce une suprématie mondiale. Sur les 20 000 jets commerciaux volant dans le monde, 8 000 sont achetés en leasing par les compagnies aériennes et 4 000 de ces locations-ventes ont été conclues à Dublin. Cette prééminence est due à Tony Ryan, le bouillant fondateur de la compagnie Ryanair et inventeur du leasing aérien moderne. Le boom de cette formule de financement a contribué à l’envolée des investissements irlandais, car, comptablement, le loueur est l’investisseur et non l’affréteur de l’appareil. mardi 30 août 2016 LE FIGARO 14 CHAMPS LIBRES DÉBATS MŒURS Faut-il que le Parlement adopte une loi interdisant le burkini ? Accepter ce vêtement au nom du respect de la liberté revient à donner un feu vert à l’obscurantisme, argumente Hugues Moutouh, ancien conseiller spécial du ministre de l’Intérieur. L’ordonnance du Conseil d’État pourrait influencer la justice européenne, qui va bientôt statuer sur la loi française autorisant un chef d’entreprise à prohiber le port du voile des salariées en contact avec la clientèle, souligne Noëlle Lenoir, avocate à la cour et ancienne membre du Conseil constitutionnel. Pourquoi il faut interdire le burkini C et été, nos compatriotes se sont livrés sans retenue à une passion bien française : le débat d’idées. L’objet de cette nouvelle controverse – le port du burkini – a semblé ridicule à bon nombre de commentateurs, notamment étrangers. À tort. Il faut prendre cette affaire au sérieux, surtout après la suspension prononcée par le Conseil d’État il y a quelques jours. L’illégalité des arrêtés municipaux interdisant les burkinis sur les plages de France pose » Lira aussi PAGES 2 ET 3 une question primordiale, politique et philosophique, dont personne ne peut se moquer : les pouvoirs publics, dans notre pays, peuvent-ils en toute légitimité défendre une conception particulière du bien commun et, comme le dirait Aristote, de la « vie bonne » ? Une clarification s’impose. Si l’on dépasse le cadre de l’analyse juridique, que nous rappelle la haute juridiction administrative dans sa décision sur le burkini ? Que nous vivons dans une République essentiellement procédurale, au sens où l’État, comme toutes les institutions publiques plus généralement, est tenu à un strict devoir de neutralité. Son seul rôle serait de garantir les droits et libertés des individus, sans jamais avoir à se prononcer sur les valeurs qui La neutralité absolue, quand il s’agit des mœurs, animent leur vie. L’État n’est pas là encourage l’obscurantisme, plaide l’ancien préfet.* + « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais HUGUES MOUTOUH pour rendre les citoyens vertueux ni promouvoir des fins particulières. C’est un arbitre qui ne juge pas la moralité des joueurs, mais qui s’assure seulement que les règles générales du jeu seront bien respectées. C’est tout. Un tel système politique s’accommode parfaitement du relativisme. Reposant sur le principe de neutralité, il impose de s’abstenir de prendre position dans le conflit des conceptions et représentations du monde, parce que tout se vaut. Pour les tenants de cette République procédurale, la nation à nos enfants si nous ne réagissons pas rapidement. La période électorale qui commence doit être l’occasion de poser clairement les termes du débat et, je l’espère, de sortir définitivement de la grande confusion morale qui nous entoure, parce qu’elle est une source de fragilité existentielle pour notre nation. Face à cette dérive procédurale, nous devons proposer un autre modèle politique, où l’État pourra défendre une conception particulière du Bien, un modèle de valeurs propres à notre histoire et à notre culture, celle d’un vieux pays, appartenant à un Notre refus d’assumer de vivre vieux continent, riche d’une très dans un État qui promeut un modèle vieille civilisation, civilisationnel particulier nous contraint que le droit et les institutions à user de ruses et de contorsions pourront légitimement française avec son riche héritage, promouvoir. L’impartialité ne peut plus son histoire et ses valeurs n’existe pas. être un idéal quand on sait que La France n’est qu’un espace le relativisme qu’il nourrit ne sert qu’à démocratique vide de sens, mais plein encourager le fanatisme le plus extrême. de droits individuels. Le citoyen L’affaire du burkini montre que notre est un justiciable, un administré, refus de choisir et d’assumer de vivre un détenteur de créances économiques dans un État qui protège et promeut une et sociales, mais aucunement le membre culture nationale et un modèle d’une communauté nationale pourvue civilisationnel particulier nous contraint d’une histoire et d’un destin. à user de ruses et de contorsions qui Est-ce bien cette France-là que nous ne sont juridiquement pas sans risques. voulons ? Ce n’est pas celle que nous ont On avance caché derrière le danger léguée, après beaucoup de sacrifices, nos du trouble à l’ordre public, alors qu’il parents et nos aïeux. C’est pourtant bien s’agit, de toute évidence, de combattre celle que nous allons laisser en héritage le symbole inacceptable de l’inégalité « » entre les sexes et de l’asservissement de la femme au XXIe siècle. La France s’enorgueillirait de proclamer à la face du monde que les comportements qui foulent à leurs pieds la tradition républicaine n’ont pas leur place sur son sol. Ces dernières années, le législateur comme le juge constitutionnel ont su utiliser cette notion matricielle qu’est la « sauvegarde de la dignité humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation », afin d’apporter une limite aux droits et libertés individuels, y compris quand il s’agit de protéger les personnes contre elles-mêmes. C’est sur ce fondement que la loi en 2014 a interdit les concours de « mini-miss » parce qu’ils portaient atteinte à la dignité des enfants. Qui peut sérieusement contester qu’au regard de nos compatriotes et des mœurs qui ont majoritairement cours aujourd’hui dans notre pays, le burkini – comme la burqa, du reste – n’offre pas une image dégradante de la femme ? Il est temps de dire haut et fort que nous n’accepterons plus les manifestations de l’islamisme politique en France, parce qu’il promeut des pratiques ségrégationnistes s’assimilant à une politique calculée et systématique de discriminations sexuelles. Notre pays ne tolérerait pas une ségrégation raciale. Il ne doit pas se rendre complice d’une ségrégation sexuelle. * Ancien conseiller spécial du ministre de l’Intérieur pendant la présidence de Nicolas Sarkozy. Le Conseil d’État, le burkini et l’Europe D DESSINS DOBRITZ ans un souci d’apaisement après l’agitation de l’été créée par le débat sur le burkini, ce costume de bain destiné à préserver la « pudeur » de la femme musulmane, le Conseil d’État a suspendu le 26 août 2016 l’arrêté du maire de Villeneuve-Loubet interdisant son port jusqu’au 15 septembre. L’intention est louable, mais cette ordonnance, au fort écho à l’international, pourrait, c’est le risque, fragiliser nos valeurs de laïcité au regard de l’Europe. La décision s’inscrit en droite ligne d’une jurisprudence séculaire : au lendemain de la loi de 1905 sur la séparation entre l’Église et l’État, le Conseil avait censuré l’arrêté d’un maire interdisant le port d’habits sacerdotaux dans les processions lors de funérailles, non sans avoir rappelé que la loi de l’époque sur les pompes funèbres imposait « de respecter autant que possible les habitudes et traditions locales et de n’y porter atteinte que dans la mesure strictement nécessaire au maintien de l’ordre ». Avouons qu’il est difficile de regarder le burkini, qui emprunte au nom de la burqa, comme une tradition locale de Villeneuve-Loubet ainsi que l’est par exemple la capelina de la bouquetière niçoise. L’illégalité de l’arrêté attaqué aujourd’hui tient au fait qu’il n’y a pas L’ordonnance du Conseil d’État sur le burkini pourrait de risque de troubles conduire les juges européens à désavouer la France à l’ordre public et qu’il porte sur le droit des chefs d’entreprise d’interdire le port une atteinte du voile islamique aux salariées en contact manifeste avec la clientèle, s’inquiète l’avocate à la cour*. à la liberté d’aller NOËLLE LENOIR En 2006, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé, à propos de l’université d’Istanbul (autres temps, autres mœurs !), que la Turquie était en droit de soumettre les enseignants « à une obligation de discrétion dans l’expression publique de leurs convictions religieuses ». Ce terme de « discrétion », utilisé par Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre pressenti pour présider la Fondation pour les œuvres de l’islam en France, n’est donc nullement incongru comme certains l’ont prétendu. Rappelons également qu’en 2004 c’est par référence à la jurisprudence sur le voile de la Cour de Strasbourg que le Conseil constitutionnel a avalisé l’article de la charte La Cour de Strasbourg, jusqu’ici, des droits admet le droit des États de réglementer fondamentaux de l’Union le port du foulard islamique. européenne Va-t-elle infléchir sa jurisprudence ? sur la liberté de culte. Le Conseil constitutionne de liberté et d’égalité ». Les mêmes l a considéré que la stipulation vont certainement militer contre toute de la charte sur la liberté de culte réglementation des signes religieux devait se concilier avec l’article 1er visibles. C’est néanmoins surtout à l’égard de la de la Constitution sur la laïcité ; lequel, Cour européenne des droits de l’homme a précisé le juge constitutionnel, interdit à Strasbourg et de la Cour de justice de « à quiconque de se prévaloir de ses l’Union européenne à Luxembourg croyances religieuses pour s’affranchir que l’impact de l’ordonnance du Conseil des règles communes régissant les d’État pourrait être considérable. relations entre collectivités publiques et Quel est en effet le signal envoyé à ces particuliers ». Plus récemment, en 2014 cours provenant d’une juridiction aussi et 2015, en se fondant sur les traditions prestigieuse et respectée que le Conseil laïques de la France, la Cour européenne d’État dans un pays censé incarner les des droits de l’homme a rappelé la vertu, valeurs de laïcité ? La Cour de Strasbourg, pour le « vivre ensemble », jusqu’ici, admet le droit des États de des limitations apportées règlementer le port du foulard islamique. à la manifestation d’une religion afin Va-t-elle infléchir sa jurisprudence ? de permettre de « concilier les intérêts et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle. Eu égard à la gravité proclamée des atteintes ainsi portées à ces libertés fondamentales par l’arrêté du maire de Villeneuve-Loubet, d’aucuns vont certainement s’empresser de reprendre le combat contre la loi prohibant le voile intégral dans l’espace public - ce qui s’inscrirait en faux contre la décision de 2010 du Conseil constitutionnel, pour qui le législateur a estimé à bon droit que « les femmes dissimulant leur visage, volontairement ou non, se trouvent placées dans une situation d’exclusion et d’infériorité manifestement incompatible avec les principes constitutionnels « » des divers groupes » et « d’assurer le respect des convictions de chacun ». Mais c’est à l’égard de la Cour de justice de l’Union européenne que la laïcité est la plus menacée. À propos du droit des chefs d’entreprise d’interdire le port du foulard islamique aux salariées en contact avec la clientèle, deux thèses s’affrontent à travers les conclusions présentées en mai et juillet derniers par deux avocates générales devant la Cour : l’une, allemande, considère que l’employeur ne peut être taxé de discrimination en interdisant « de porter des signes visibles de leurs convictions politiques, philosophiques ou religieuses ou d’accomplir tout rite qui en découle », car il est légitime qu’il exige la neutralité dans son entreprise ; l’autre, britannique, estime en revanche , s’agissant d’un employeur français, qu’il doit être condamné pour discrimination directe dans l’emploi au sens du droit de l’Union. De quel côté va pencher la balance ? La question invite à répondre à deux urgences. La première est que, indépendamment d’une loi qui pourrait donner du grain à moudre aux pourfendeurs d’une prétendue « islamophobie » française, le gouvernement, intervenant à l’instance, fasse passer aux juges de Luxembourg un message clarificateur : l’ordonnance du 26 août du Conseil d’État n’affaiblit pas les valeurs de la République. La seconde est qu’au moment où un sondage également du 26 août révèle que 81 % des Allemands sont favorables à une loi interdisant totalement ou partiellement la burqa, pour des raisons d’intégration et non seulement de sécurité, la France et l’Allemagne restent au diapason. *Ancienne membre du Conseil constitutionnel. BIBLIOTHÈQUE DES ESSAIS ■ J’ai vu partout le même visage, de François Zimeray A COLL. « TRIBUNE DU MONDE », PLON, 140 P., 12 €. ■ TÉMOIGNAGE « Je me souviens d’instants secs et lucides, décapés de toute sentimentalité, juste la certitude que la fin est ainsi, imminente et blanche. » Le 14 février 2015, l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, participe à Copenhague à une réunion publique sur la liberté d’expression, lorsqu’un terroriste ouvre le feu sur l’assistance à l’arme automatique. C’était à peine plus d’un mois après l’attaque contre Charlie Hebdo. La fusillade fait un mort et trois blessés. L’assaillant en fuite récidivera le lendemain contre une synagogue, faisant une autre victime avant d’être abattu. Le diplomate en réchappe, physiquement tout au moins, mais la déflagration ne le quittera plus. Tout autre l’aurait vécu ainsi. Sauf que François Zimeray a occupé le poste d’ambassadeur pour les droits de l’homme (de 2008 à 2013), qu’il a passé cinq ans sur le terrain ou dans les conférences internationales « face la barbarie du monde » – c’est le sous-titre de son livre. L’attentat provoque donc un écho assourdissant chez cet avocat entré en diplomatie à 47 ans, après avoir été aussi élu local, maire, député européen et depuis toujours militant des droits de l’homme, mu par la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme. Ce séisme intérieur connaît une autre réplique avec l’attaque du Bataclan, le 13 novembre. Il est né de cette terrible onde de choc un récit sous la forme de courts chapitres, tel le surgissement d’une cohorte de violences, de douleurs et d’injustices. Autant de visages familiers croisés par François Zimeray aux quatre coins du monde, du Rwanda au Cambodge, en passant par les États-Unis, l’Égypte et le Népal. « Je crains de vous perdre », murmure à ces ombres le rescapé intranquille. Loyal, il se garde de juger le cours de la diplomatie française qu’il représente au Danemark. Mais on sent bien en creux son dépit et ses craintes de voir l’action publique pour les droits de l’homme durablement phagocytée par la priorité antiterroriste. « Défendre les droits de l’homme, écrit-il, c’est d’abord s’interroger sur les limites de l’action légitime, c’est avec Kaliayev des Justes, préférer la justice à la justification et épargner les enfants aperçus près de la cible, eux qui “ne riaient pas”. » Le « syndrome de Copenhague » qu’il décrit est une illustration saisissante des défis auxquels nous confrontent les djihadistes de Daech. ALAIN BARLUET mardi 30 août 2016 CHAMPS LIBRES LE FIGARO OPINIONS Renaud Girard [email protected] La deuxième mort d’Hugo Chavez P ays ouvert sur deux océans, vaste comme deux fois la France et presque aussi peuplé, la Colombie vient de vivre un événement historique. Dimanche 29 août, Javier Timoleon, le chef des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc), a annoncé un cessez-le-feu définitif. Cette déclaration, issue d’une négociation de quatre ans avec le gouvernement de Bogota tenue à La Havane, met fin aux activités armées d’une des dernières guérillas marxistes de la planète et à un conflit qui, commencé en 1964, a coûté la vie à 260 000 personnes. Trois jours plus tôt, au Venezuela, pays voisin de la Colombie, le président Nicolas Maduro se déclarait prêt, contre ses opposants, « à une répression à côté de laquelle @ 100 000 citations et proverbes sur evene.fr Erdogan passera pour un petit enfant ». Tout oppose la situation des deux pays. Là où la Colombie ne cesse de progresser en termes de stabilité, de sécurité et d’expansion économique, le Venezuela s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos politique, sécuritaire et économique, marquant l’échec de la « Révolution bolivarienne » dans laquelle Hugo Chavez a plongé le Venezuela il y a douze ans. Ce nom fait référence au général Simon Bolivar (1783-1830) qui fut le héros de l’accès à l’indépendance des colonies espagnoles d’Amérique du Sud. L’idéologie bolivarienne, reprise après le décès du lieutenant-colonel Chavez en 2013 par son successeur, le syndicaliste Nicolas Maduro, prône la nationalisation des industries extractives (mines et hydrocarbures) et la mise en place ENTRE GUILLEMETS 30 août 1483 : mort de Louis XI, surnommé de son vivant l’Universelle Araigne Michelet au sujet de Louis XI GRANGER NYC/RUE DES ARCHIVES Dans l’éclipse des anciennes puissances, du pape et de l’empereur, il y eut un roi, le roi de France » ANALYSE Judith Waintraub £ £@jwaintraub Les primaires, pire des systèmes à l’exception de tous les autres L + » Lire aussi PAGE 6 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais de politiques sociales et généreuses. Politiquement, elle insiste sur la démocratie participative, le nationalisme, l’indépendance (pour ne pas dire l’hostilité) à l’égard de Washington. Les deux pays sont des frères ennemis. Bolivar, né dans une ville aujourd’hui vénézuélienne et mort dans une ville aujourd’hui colombienne, fonda en 1819 la Grande Colombie, qui regroupait alors Colombie, Panama, Venezuela et Équateur, mais qui s’effondra dès 1831 lorsque les Vénézuéliens arrachèrent leur indépendance. Fidèles à cet antagonisme historique, Chavez et Maduro n’ont eu de cesse de percevoir la Colombie comme leur principal rival, accusant la Colombie, pays capitaliste allié des États-Unis, d’être le cheval de Troie de l’« impérialisme yankee » dans la Caraïbe. Chavez avait en sousmain soutenu les Farc, pour déstabiliser le gouvernement colombien. Comme le font souvent les gouvernements autoritaires, les autorités de Caracas ont stigmatisé leur voisin, afin de masquer leur propre échec intérieur. Pourquoi la révolution bolivarienne a-t-elle échoué ? La première cause de cet échec fut l’incapacité des Bolivariens d’assurer la sécurité dans les grandes villes. Ils ont laissé une police corrompue protéger les gangs et Maduro utilise les petits caïds pour intimider ses opposants. Ainsi le Venezuela se classet-il désormais au troisième rang mondial pour le taux d’homicide par habitant. À l’inverse, la Colombie a énormément œuvré pour améliorer la sécurité des biens et des personnes : le taux d’homicide a baissé de plus de 60 % depuis le début du millénaire ; la politique d’éradication des cultures de coca a fait reculer le poids du narcotrafic dans la société. Ensuite, le Venezuela a été victime es horions pleuvent et l’électeur de droite s’affole : ils ne vont tout de même pas remettre ça ?! Les anathèmes fusent et le peuple de gauche se désespère : cette fois, c’est sûr, c’est fichu pour 2017 ! Partout monte le sentiment que la machine à perdre a repris du service et que le système des primaires, qui structure désormais la vie politique française, démultiplie les forces centrifuges à l’œuvre dans toute campagne présidentielle. Pour le plus grand bénéfice du Front national. La primaire aboutirait-elle à l’inverse du résultat souhaité par ses promoteurs ? Arnaud Montebourg n’a pas peu contribué à l’imposer au PS. Bien lui en a pris puisqu’en 2011, alors que personne ne croyait à ses chances, il est arrivé troisième avec 17,19 % des suffrages. Aujourd’hui il hésite, officiellement parce qu’il doute de la sincérité du scrutin. Jean-Luc Mélenchon, lui, a choisi. Bien que donné gagnant de la primaire de la gauche par un sondage TNS Sofres réalisé en juin (Le Figaro du 17 juin), il a expliqué dimanche à Toulouse pourquoi il n’y participerait pas, en usant du pluriel de majesté : « Si nous n’allons pas à la primaire, c’est que nous n’en acceptons pas le résultat s’il ne nous convient pas. Si Hollande ou Valls la gagne, jamais nous ne ferons campagne pour eux. » Si Arnaud Montebourg décide de se soumettre au processus de sélection interne à la gauche, comment pourra-t-il, en cas de victoire de François Hollande, appeler ses électeurs à soutenir un candidat dont il a qualifié le bilan de « pas défendable » ? a su en faire bon usage contre le président. La primaire est le pire des systèmes, affirment ses détracteurs. À l’exception de tous les autres. Aujourd’hui, la gauche comme la droite sont dépourvues de « candidat naturel ». Ni le président sortant ni le patron du principal parti d’opposition n’ont la légitimité suffisante pour s’imposer à la tête de leurs troupes respectives. S’il n’avait tenu qu’à lui, Nicolas Sarkozy ne se serait pas soumis à une compétition qui le place à égalité de chances avec trois anciens membres de son gouvernement. François Hollande a invoqué en vain ses prérogatives institutionnelles pour s’éviter l’épreuve humiliante d’un affrontement avec Aujourd’hui, la gauche comme ses anciens ministres. Tous deux ont dû se la droite sont dépourvues rendre à l’évidence : de « candidat naturel » l’argument d’autorité, ça ne marche plus. La primaire n’enferme pas la près ce que répète Nicolas Sarkozy. Ils démocratie dans le système des partis. ont tous les deux soutenu les maires Elle fait participer tous les électeurs qui ont pris des arrêtés pour qui le souhaitent à l’arbitrage final les interdire sur leurs plages. Seule sur les investitures. Elle exacerbe la question de la loi les divise. Elle n’est les divisions, mais elle ne les crée pas. pas anodine, mais mérite-t-elle Elle minimise leurs conséquences de se jeter « l’identité heureuse » et la en instituant une obligation réciproque « tyrannie des minorités » à la figure ? de soutien du vainqueur entre Bien sûr, le camp d’en face tous ceux qui y participent. Ceux qui en redemande. C’est encore s’en dispensent exposent leur famille un inconvénient de la primaire : politique à être éliminée dès le premier non seulement elle transforme tour de la présidentielle, et doivent les divergences en abysses, mais, l’assumer. La perspective a de quoi faire en plus, elle fournit des arguments réfléchir, surtout à droite où le gagnant à l’adversaire. Le « quand c’est flou, de la primaire, quel qu’il soit, c’est qu’il y a un loup » de Martine Aubry est en position de l’emporter ne lui a pas permis de battre François si chacun respecte la règle du jeu. Hollande en 2011, mais la droite C’est toute la difficulté de l’exercice. Nicolas Sarkozy l’a soulignée lundi en répondant ou plutôt en s’abstenant de répondre sur RTL aux critiques dont l’avait accablé François Fillon la veille. « Il y a beaucoup de gens qui sont contre les primaires parce qu’ils ont peur que la droite revienne à ses démons de la division », a-t-il prévenu, en rappelant : « Dans deux mois et demi, il faudra bien que l’on se rassemble. » Aucun code de bonne conduite n’y changera rien : la primaire pousse à surjouer les différences, comme le montre l’interminable feuilleton du burkini. Alain Juppé considère qu’il est un « enfermement de la femme », au même titre que le voile. C’est au mot « » “Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais Dassault Médias 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Serge Dassault Administrateurs Nicole Dassault, Olivier Dassault, Thierry Dassault, Jean-Pierre Bechter, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Bernard Monassier, Rudi Roussillon SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président Serge Dassault Directeur général, directeur de la publication Marc Feuillée Directeur des rédactions Alexis Brézet Directeur délégué des rédactions Paul-Henri du Limbert Directeurs adjoints de la rédaction Gaëtan de Capèle (Économie), Laurence de Charette (directeur de la rédaction du Figaro.fr), Anne-Sophie von Claer (Style, Art de vivre, So Figaro), Philippe Gélie (International), Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), Étienne de Montety (Figaro Littéraire), Bertrand de Saint-Vincent (Culture, Figaroscope, Télévision) et Yves Thréard (Enquêtes, Opérations spéciales, Sports) Directeur artistique Pierre Bayle Rédacteur en chef Frédéric Picard (Édition) Éditeur Sofia Bengana Éditeur adjoint Robert Mergui FIGAROMEDIAS 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 Tél. : 01 56 52 20 00 Fax : 01 56 52 23 07 Président-directeur général Aurore Domont Direction, administration, rédaction 14, boulevard Haussmann 75438 Paris Cedex 09 Tél. : 01 57 08 50 00 [email protected] d’un phénomène historique bien connu : lors des révolutions, après une phase de terreur et de pureté, se constitue souvent une classe d’apparatchiks corrompus, profiteurs de la révolution. S’est développée au Venezuela une « bourgeoisie bolivarienne » prévaricatrice. D’après une récente enquête du Parlement de Caracas, la seule corruption gouvernementale aurait coûté 70 milliards de dollars au pays. Enfin, Chavez puis Maduro n’ont pas su rompre avec les traits les plus problématiques de la vie politique latino-américaine : l’autoritarisme et l’extrême polarisation politique. Ils n’ont cessé de dresser leurs citoyens les uns contre les autres, de calomnier et menacer leurs opposants. Économiquement, ils ont eu le grand tort de tout miser sur le pétrole, qui représente 95 % des exportations et 65 % des rentrées fiscales du pays. Ils auraient dû moderniser l’appareil de production et diversifier l’économie. Le pays n’a plus de réserves de change pour payer ses importations ; les pénuries de produit de base sont devenues la norme ; l’inflation atteint un taux annuel de 100 %. Le régime n’a jamais réussi à intégrer ses élites économiques. Le militaire Chavez essayait d’avoir deux faces : l’une socialiste pour les masses, l’autre tournée vers les entrepreneurs. Le syndicaliste Maduro n’a même pas fait cet effort. Le contraste est éloquent entre le marasme du géant pétrolier vénézuélien et le dynamisme de la Colombie, qui a doublé son PIB par habitant en quinze ans. Ce pays a su miser sur la valeur travail, l’innovation, le développement de l’industrie et des services. Il a compris que ce n’est pas dans les richesses du sous-sol que repose l’avenir heureux d’un pays, mais dans sa bonne gouvernance. VOX ... BURKINI Décision du Conseil d’État : « Le peuple est trahi par ceux qui rendent la justice en son nom », par Jean-Louis Harouel, professeur d’histoire du droit. ... POLITIQUE - Le camarade Mélenchon converti à l’islamogauchisme, par Gilles-William Goldnadel. - Primaire de la droite : quel est le candidat le plus gaulliste ?, par Maxime Tandonnet. LES RENCONTRES DU FIGARO avec LUC FERRY le lundi 10 octobre à 20 heures Salle Gaveau Réservations : 01 70 37 31 70 ou www.lefigaro.fr/rencontres. Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy 93290 Tremblay-en-France Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Imprimahd Casablanca Maroc. ISSN 0182-5852 Commission paritaire n° 0421 C 83022 Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; sam. de 8 h à 13 h au 01 70 37 31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Gérez votre abonnement votre Espace Client : www.lefigaro.fr/ client Formules d’abonnement pour 1 an - France métropolitaine Club : 409 €. Semaine : 259 €. Week-end : 199 €. Ce journal se compose de : Édition nationale : 1er cahier 16 pages Cahier 2 Économie : 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 10 pages Cahier 4 OT Turquie 12 pages A CHRONIQUE 15 mardi 30 août 2016 LE FIGARO 16 Alain Barluet et Marie-Amélie Lombard-Latune Jean-Louis Georgelin : « La Légion d’honneur n’a rien d’une foire aux vanités » [email protected] [email protected] G rand chancelier de la Légion d’honneur depuis 2010, le général d’armée Jean-Louis Georgelin, 67 ans, cède mercredi son fauteuil au général d’armée Benoît Puga, 63 ans. Entré à Saint-Cyr en 1967, le général Georgelin a notamment été chef de l’état-major particulier du président de la République (2002-2006) et chef d’état-major des armées (2006-2010). Assumez-vous tous les choix qui ont été faits ? Évidemment, il y a des gens que je n’aurais pas choisis. Mais mon rôle n’est pas de choisir, c’est d’assurer une cohérence entre le code de la Légion d’honneur et les propositions qui sont faites. Le système fonctionne bien : les ministres proposent des personnes ; ces propositions sont examinées par le Conseil de l’ordre de la Légion d’honneur que je préside et qui est composé de personnalités de premier plan, qui ont leur carrière derrière elles ; puis le conseil les soumet au grand maître (le président de la République, NDLR), qui signe les nominations. Entre 15 et 20 % des propositions sont rejetées. N O U V EA U Vous vous êtes opposé à la remise de la Légion d’honneur, à titre posthume, à toutes les victimes des attentats. Vous estimiez ce geste démagogique ? Je m’en suis expliqué avec le grand maître ; selon moi, être victime n’est pas une raison suffisante pour recevoir la Légion d’honneur, qui doit récompenser des actes. Il existe d’autres moyens de soutenir les victimes : une aide juridique, financière. Et une forme d’hommage de la nation qui se RENCONTRE LE FIGARO. - Que vous ont appris sur la France et les Français les six années que vous venez de passer à la tête de la grande chancellerie de la Légion d’honneur ? Jean-Louis GEORGELIN. - C’est l’extraordinaire attachement des Français à la Légion d’honneur qui m’a le plus marqué. La Légion d’honneur, ce n’est pas la caricature de la foire aux vanités. Beaucoup de gens modestes, humbles, attendent réellement de voir leurs mérites reconnus. À l’autre extrémité, chez les personnes élevées à la dignité de grand-croix (elles sont 70 aujourd’hui), installées dans la société, souvent habituées aux honneurs, il est frappant de voir leur émotion, leur façon quasi systématique de faire référence à leurs parents. Paradoxalement, les polémiques sur les nominations sont la preuve de cet attachement à l’institution. « Être victime du terrorisme n’est pas une raison suffisante pour recevoir la Légion d’honneur, qui doit récompenser des actes. Il existe d’autres moyens de soutenir les victimes : une aide juridique, financière » JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO Le général, qui quitte mercredi son poste de grand chancelier, constate l’attachement des Français à la plus haute décoration nationale, créée par Napoléon en 1802. traduit par une cérémonie officielle et désormais par la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme, récemment créée. Une distinction a été opérée entre les victimes de Charlie Hebdo ou de l’Hyper Cacher, qui ont été décorées, et celles des attentats de novembre 2015, qui ne l’ont pas été. Pourquoi ? Les premières n’ont pas été tuées à l’aveugle, mais en raison de leur identité, de leur religion, de leur usage de la liberté d’expression,valeur fondamentale de notre République. Si l’institution de la Légion d’honneur ne doit pas céder au sentimentalisme, elle a dû tenir compte de l’émotion qui a saisi la France et le monde après les attentats de janvier 2015. Vous avez d’abord été hostile à l’attribution de la Légion d’honneur au chanteur Bob Dylan, mais ne vous êtes pas opposé à celle du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Nayef, décoré par François Hollande en mars dernier… Pour Bob Dylan, il ne paraissait pas utile, comme le voulait le cabinet ministériel impliqué (celui d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture), de le décorer toutes affaires cessantes pour la Fête de la musique dont la date est, me semble-t-il, connue à l’avance. Cette candidature devait passer par la procédure normale. Ce qui a finalement été fait et m’a permis d’apprendre que Bob Dylan n’était pas le drogué antimilitariste que l’on caricature parfois. Quant au prince héritier saoudien, Méditation, phytothérapie, ostéothérapie, acupuncture… COMMENT SE SOIGNER AUTREMENT JUILLET-AOUT SEPTEMBRE 2016 « siL’institution, elle reste figée dans la naphtaline, meurt. Elle doit épouser les évolutions de la société, diversifier les promotions, honorer davantage les chercheurs, les personnes qui luttent pour l’emploi dans le pays » A 1 LE GÉNÉRAL D’ARMÉE JEAN-LOUIS GEORGELIN GLUTEN PSYCHO les dessous d’un régime « sans » les bienfaits de la vie à deux 5,90 LE FIGARO SANTÉ, VOTRE MAGAZINE TRIMESTRIEL EN VENTE ACTUELLEMENT en kiosque et sur www.figarostore.fr cela relève de l’usage diplomatique et du pouvoir discrétionnaire du grand maître. Les États sont des monstres froids : ils n’ont pas de sentiments, mais des intérêts. Quel message adressez-vous à votre successeur, le général d’armée Benoît Puga ? L’institution, si elle reste figée dans la naphtaline, meurt. Elle doit épouser les évolutions de la société, diversifier les promotions, honorer davantage les chercheurs, les personnes qui luttent pour l’emploi dans le pays. La Légion d’honneur, ce n’est pas que la médaille de l’héroïsme militaire ! Assiste-t-on aujourd’hui à un état de grâce entre les Français et leur armée ? Je me méfie des discours enflammés et porte un regard distancié sur les appels au rétablissement du service militaire… Mais, c’est vrai, dans une société qui se cherche des repères, l’armée représente la solidité, la stabilité, la discipline, la rigueur, le don de soi. Sa cote de popularité est cependant fluctuante : elle décroît lorsque le nombre de tués en opérations extérieures augmente. Cela s’est vérifié lors de notre intervention en Afghanistan. Or, le rôle du soldat, ce qui fait son honneur, c’est pourtant sa vocation au sacrifice suprême pour la défense des intérêts du pays. L’opinion ne risque-t-elle pas de faire le lien entre notre participation à la coalition en Syrie et les attentats en France ? Telle peut être sa réaction, même si les Français savent que le terrorisme a des causes beaucoup plus larges. Cela étant, la tentation de « l’esprit de Munich » est toujours présente. Notre participation en Syrie est essentiellement aérienne, mais, si l’on avait à envoyer des troupes au sol, la classe politique et l’opinion se diviseraient probablement. Donc, cette réconciliation entre les Français et l’armée reste fragile ? Le terme « réconciliation » n’est peut-être pas le bon. J’ai commandé des appelés jusqu’en 1990, je n’ai jamais véritablement ressenti d’hostilité. J’ai toujours porté l’uniforme dans les rues de Paris, sans être insulté. Les alternances politiques, qu’elles soient de gauche comme de droite, ont joué un rôle dans cette reconnaissance de l’armée par la population. Après l’alternance de 1981, Charles Hernu a su admirablement gagner l’estime des militaires et François Mitterrand a proclamé : « La dissuasion, c’est moi. » Parmi les dirigeants occidentaux, le chef de l’État français est celui qui a le pouvoir de décision d’emploi de la force le plus simple, direct et efficace. Approuvez-vous la création d’une garde nationale ? La garde nationale, oui, mais il faut d’abord la définir, savoir qui la commande, l’encadre, l’entraîne, comment on la recrute. Et surtout que les moyens financiers importants nécessaires ne soient pas mis en place au détriment du budget de notre armée de projection. Jusqu’à présent, des cas isolés de radicalisation islamiste ont été signalés dans l’armée. Craignez-vous une contagion ? Je n’y crois pas. L’institution militaire, son encadrement sont suffisamment solides pour contrer ce genre de risques. Le rôle du commandement est essentiel : j’ai une confiance totale dans la force de notre organisation militaire. ■ mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr > FOCUS lefigaro.fr/economie COMMERCE TÉLÉVISION PAGE 20 PAGE 24 Le vicechancelier allemand, Sigmar Gabriel. . HANOUNA CONTRE BARTHÈS, LE CHOC DE LA RENTRÉE TV économie Présidentielle : le Medef interpelle les candidats à la primaire de la droite Juppé, Sarkozy, Le Maire et Fillon sont les invités de la 18e université d’été de l’organisation patronale, qui en profitera pour exposer ses priorités pour 2017. Le Medef veut profiter de son université d’été, ces mardi et mercredi, pour mettre la pression sur les principaux candidats à la pri- maire de la droite. Fiscalité, droit du travail, dépense publique : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire sont attendus sur le campus de HEC pour défendre leur programme économique et écouter les attentes des chefs d’entreprise pour 2017. èUNE UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DU MEDEF TRÈS POLITIQUE è3 THÈMES VUS PAR SARKOZY, JUPPÉ, FILLON, LE MAIRE èPAROLES DE PATRONS PAGES 18 ET 19 MARKUS SCHREIBER/AP, CYRILLE GEORGE JERUSALMI/D8,, DUMONTIER/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP Lactalis : les producteurs maintiennent la pression Les négociations entre Lactalis et les producteurs laitiers doivent reprendre ce mardi. Pour maintenir la pression sur le groupe, les syndicats d’agriculteurs prévoient aussi d’occuper au moins une quinzaine d’usines. PAGE 22 le PLUS du FIGARO ÉCO INTERNET La guerre de la musique fait rage PAGE 23 LA SÉANCE DU LUNDI 29 AOÛT 2016 CAC 40 4424,25 -0,40% DOW JONES (18h) 18516,07 +0,66% ONCE D’OR 1318,75 (1321,30) PÉTROLE (lond) 49,150 (49,760) EUROSTOXX 50 2998,50 -0,39% FOOTSIE Marché clos NASDAQ (18h) 5239,50 +0,39% NIKKEI 16737,49 +2,30% L'HISTOIRE La ministre de l’Éducation veut bannir les « Pokémons rares » des écoles L es élèves pourront chasser des Pokémons dans la cour de récré, mais la ministre de l’Éducation pose des conditions. Lors de sa conférence de presse de rentrée, Najat VallaudBelkacem a annoncé avoir pris rendezvous avec Niantic, l’éditeur du jeu phénomène Pokémon GO, pour « demander à ce qu’il n’y ait pas de Pokémons rares dans les établissements scolaires ». Le risque n’est pas seulement que les élèves se laissent distraire pendant un cours. Le vrai problème est d’ordre sécuritaire. La ministre redoute de voir les écoles, collèges et lycées se transformer en repaires pour les chasseurs de Pokémons. Et pour cause, certains établissements apparaissent en tant que « Pokéstop » ou arènes de combat dans le jeu de réalité augmentée. Ces lieux risquent d’attirer « beaucoup de gens, au-delà des élèves », s’inquiète la ministre, qui estime que « l’engouement autour du jeu » pose « des problèmes de sécurité ». L’actualité estivale a maintes fois montré que des mouvements de foule incontrôlables pouvaient se former à l’apparition d’un Pokémon rare. Pour se prémunir contre ces risques, qui se surajoutent à une menace terroriste élevée, directeurs d’école, principaux et proviseurs peuvent demander à Niantic que leur établissement soit « exclu de la cartographie du jeu ». Des hôpitaux et des musées se sont ainsi signalés comme « lieux inappropriés » en remplissant un formulaire dédié sur le site de l’éditeur. ■ JEAN-MARC DE JAEGER L’accord conclu en octobre 2015 entre syndicats et patronat pour sauver les régimes des retraites complémentaires des cadres et des salariés Agirc et Arrco permettra bien de réaliser des économies massives : de 6,5 milliards d’euros par an en 2020, et jusqu’à 8 milliards en 2030, a calculé la Direction générale du Trésor de Bercy. Cette évaluation « est cohérente avec les chiffrages présentés dans le texte de l’accord », relèvent les auteurs de l’étude publiée lundi. L’étude d’impact de l’accord tablait toutefois sur des économies inférieures de 400 millions d’euros à celles du Trésor à horizon 2020 (6,1 milliards d’euros), et de 600 millions supérieures à long terme (8,6 milliards). « Cette amélioration du solde financier proviendrait principalement des régimes Agirc-Arrco, pour deux tiers par une baisse des dépenses, et pour un tiers par une hausse des recettes », relève la note de Bercy. Ce n’est pas la mesure la plus novatrice qui rapportera le plus. L’instauration d’un système inédit de bonus et de malus pour inciter les salariés à partir plus tard à la retraite rapporterait 1,1 milliard d’euros en 2025. Le gel partiel des pensions des retraités rapportera, lui, 1,9 milliard d’euros par an dès 2020. À plus long terme, presque 4 milliards d’euros d’économies seront générées chaque année par la baisse du rendement des retraites complémentaires, de 6,56 % en 2015 à un peu moins de 6 % à terme. En clair, pour 100 euros cotisés, un salarié ne touchera plus que 6 euros de pension chaque année, contre 6,56 euros auparavant. « La montée en charge de cette mesure est très lente », précise le Trésor. Mais son effet sera puissant : les pensions complémentaires seront amputées de 9 % à horizon 2080. Il est crucial pour les pouvoirs publics de connaître avec précision les effets de la réforme lancée par les partenaires sociaux. En effet, les résultats de l’Agirc et de l’Arrco entrent dans le champ du déficit public tel qu’envoyé à la Commission européenne. Toute économie réalisée par ces régimes - qui fusionneront en 2019 - est donc comptabilisée dans l’effort de réduction du déficit public. G. G. DISCOVER THE POTENTIAL Découvrez le potentiel Ayant une économie forte et dynamique, la Turquie partage son pouvoir avec ses partenaires A LE N° 2 ALLEMAND TORPILLE LE TRAITÉ TRANSATLANTIQUE LES RETRAITES COMPLÉMENTAIRES SAUVÉES mardi 30 août 2016 LE FIGARO L'ÉVÉNEMENT 18 EXCLUSIF Quel candidat à la primaire de la droite comprend le mieux les entrepreneurs ? Sondage Internet par Odoxa pour Coriolink, réalisé les 25 et 26 août auprès d’un échantillon représentatif de 995 personnes selon la méthode des quotas. + @ ALAIN JUPPÉ 22% » Retrouvez l’intégralité du sondage sur www.lefigaro.fr/economie Le développement des entreprises de taille intermédiaire (ETI) doit être au cœur des priorités du prochain quinquennat. 3 000 entreprises, dont deux tiers d’ETI, portent l’économie, l’essentiel des exportations, des investissements et de la valeur ajoutée. Sans une ambition en faveur d’un Mittelstand industriel français, la France va passer à côté des énormes gisements de croissance et d’emplois offerts par la révolution digitale et l’usine du futur » ELIZABETH DUCOTTET COPRÉSIDENTE DU MOUVEMENT DES ENTREPRISES DE TAILLE INTERMÉDIAIREET PDG DE THUASNE 200 M€ DE CA ET 2 000 SALARIÉS Les entreprises doivent reconstituer leurs marges. Pour y parvenir, le futur président devra s’attaquer aux déficits. Seule une baisse drastique des dépenses publiques ouvrira la voie au financement des baisses de charges qui pèsent trop lourdement et depuis trop longtemps sur le coût du travail et sur l’appareil productif » JEAN-BAPTISTE DANET PRÉSIDENT DE CROISSANCEPLUS ET DG DE DRAGON ROUGE 35 M€ DE CA ET 320 SALARIÉS Il faut supprimer l’ISF particulièrement néfaste au développement des entreprises, à leur croissance et à leur transmission. C’est à cause de cet impôt que la France manque si cruellement d’entreprises de taille intermédiaire, alors même que ces entreprises sont créatrices d’emplois et privilégient le long terme. L’autre mesure serait d’abroger le droit du travail et de tout réécrire à partir d’une page blanche » PDG D’INGELIANCE 35 M€ DE CA ET 500 SALARIÉS Le futur président devra donner un signe à la France heureuse de travailler, en incitant plus au travail et moins à la redistribution. Il devra alléger les charges sur les salaires (aussi au-delà de 1,3 smic) et encadrer l’économie collaborative où l’on emploie des gens quasiment sans payer de charges. Il devra ramener l’IS sous les 30 %, supprimer l’ISF et réduire l’IR qui est abusif. A » PDG D’ACTEON 150 M€ DE CA ET 800 SALARIÉS Le Medef va profiter de sa 18e université d’été pour interpeller les principaux RENDEZ-VOUS MARDI 18 H 05 Plénière politique avec François Fillon qui sera interpellé par Ghislaine AuxouxGueden (Xerox France), Gilles Babinet (Captain Dash) et Jean-Pierre Letartre (EY) MERCREDI 10 H 30 Plénière politique avec Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy qui seront interpellés par Christophe Catoir (Adecco France), Sophie de Menthon (Ethic) et Robert Vassoyan (Cisco France) CÉCILE CROUZEL £@ccrouzel SOCIAL À neuf mois de l’élection présidentielle, il ne pouvait en être autrement : la 18e université d’été du Medef, qui se tient ces mardi et mercredi sous haute sécurité sur le campus HEC de Jouy-en-Josas (Yvelines), aura une coloration très politique. À vrai dire, cela fait déjà quelques années que le rendezvous est devenu incontournable. En 2014, c’est là que Manuel Valls avait lancé son célèbre « j’aime l’entreprise ». En 2015, c’est Emmanuel Macron qui défraya la chronique en critiquant, de façon à peine voilée, les 35 heures. Lui aussi avait alors eu droit à sa standing ovation. Cette année, l’organisation présidée par Pierre Gattaz a décidé de frapper plus fort, en invitant les quatre principaux candidats à la primaire de la droite - Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire -, ainsi que des représentants des courants du PS - Jean-Marie Le Guen pour les réformateurs, Olivier Faure pour le PS historique et MarieNoëlle Lienemann, candidate à la primaire, pour les frondeurs -, ainsi que deux candidats du centre à la présidentielle, l’ex-ministre Rama Yade et le député Jean Lassalle. Chacun aura 20 minutes pétantes pour exposer son programme et répondre aux questions d’un trio d’entrepreneurs. Ne manqueront à l’appel que les écolos, le FN et l’extrême gauche, dont l’absence, pour ces deux derniers, est voulue par Pierre Gattaz qui a « fait le choix du raisonnable », selon ses propres termes. Invité lui aussi, Arnaud Montebourg a refusé de venir, selon le Medef. Quant à Benoît Hamon, il se serait déclaré trop tard pour pouvoir être intégré au planning. Ironie de l’histoire, Emmanuel Macron sera présent lui aussi à Jouy-en-Josas, mais uniquement en tant que ministre de l’Économie… Plein-emploi à terme Si le Medef déploie autant d’énergie, c’est parce qu’il veut à tout prix que les sujets économiques et sociaux reviennent au cœur de la campagne, après un été où le burkini et la place de l’islam ont monopolisé l’attention des politiques. « J’ai peur que l’on parle identité pendant des mois et que cela soit l’arbre qui cache la forêt », s’alarme Pierre Gattaz. Le patron des patrons CE QUE SARKOZY, JUPPÉ, FILLON ET LE MAIRE PROPOSENT MERCREDI 17 H 30 Intervention d’Emmanuel Macron FISCALITÉ TRAVAIL DÉPENSES S’il est un point sur lequel les quatre principaux candidats à la primaire de la droite sont d’accord, c’est bien la suppression de l’ISF, impôt jugé inefficace car les vraies grandes fortunes y échappent et néfaste car il fait fuir les entrepreneurs. Juppé, Sarkozy, Le Maire et Fillon sont également d’accord pour alléger la pression fiscale sur les ménages et les entreprises, dénonçant le « matraquage fiscal » du quinquennat Hollande, mais divergent sur la méthode et le rythme à adopter. En matière fiscale, Nicolas Sarkozy est le plus radical et le plus pressé. L’ex-chef de l’État propose notamment un contre-choc fiscal aux Français en réduisant dès 2017 l’impôt sur le revenu de 10 %, et aux entreprises en doublant le CICE pour le porter à 34 milliards d’euros. En revanche, Alain Juppé envisage, lui, de commencer en diminuant progressivement la pression fiscale des seules entreprises. Quant à François Fillon, il propose de mettre en œuvre la TVA sociale - qu’il n’avait pas réussi à imposer en 2007 après sa nomination à Matignon en augmentant de 3,5 points le taux normal de TVA contre une baisse massive des cotisations des entreprises. Enfin, Bruno Le Maire n’est pas en reste. Le député de l’Eure propose de transformer immédiatement le CICE en baisse de charges et de porter les allégements au-delà de 2,5 smics pour permettre aussi à l’industrie, qui paye bien ses employés, de rester compétitive. L’ex-bras droit de Dominique de Villepin promet encore d’inscrire le principe de stabilité fiscale dans la Constitution. ■ M.-C. R. Les quatre candidats en tête des sondages pour la primaire de la droite veulent tous assouplir le droit du travail, sortir des 35 heures, laisser les entreprises choisir par accord leur durée du travail, rendre les allocationschômage dégressives ou relever l’âge de départ à la retraite. Là encore, ils divergent sur les modalités. Alain Juppé, Bruno Le Maire et François Fillon proposent de porter l’âge de la retraite de 62 à 65 ans d’ici à 2022, tandis que Nicolas Sarkozy table sur 63 ans à horizon 2020 et 64 ans en 2025. « 65 ans soulèvera tellement d’opposition que le président qui voudra le mettre en place négociera en contrepartie un calendrier de mise en œuvre lointain », justifie l’ex-chef de l’État. Concernant les 35 heures, François Fillon est le plus libéral : il veut laisser les entreprises négocier la durée du travail dans la limite des 48 heures fixée par le droit européen. Nicolas Sarkozy envisage aussi des accords négociés dans l’entreprise mais, toujours partisan du « travailler plus pour gagner plus », il précise que ce sera « 35 heures payées 35, 36 payées 36 ou 37 payées 37 » et que les heures supplémentaires seront à nouveau défiscalisées. Une différence assumée avec Alain Juppé qui veut porter la durée du travail à 39 heures (sauf dans les entreprises qui négocieraient moins) et envisage un mécanisme fiscal pour compenser la perte de majoration des heures sup. Quant à Bruno Le Maire, il milite pour la création d’un e-contrat simplifié pour les start-up accessible sur Internet et le renouvellement sans limite d’un CDD à droits progressifs avec le temps. ■ M.-C. R. S’ils veulent pouvoir réformer la France et baisser les impôts, tous les candidats à la primaire de la droite savent qu’ils devront commencer par réduire la dépense publique, condition sine qua non pour dégager la moindre marge de manœuvre et priorités des priorités pour le monde patronal. Nicolas Sarkozy fixe, comme Bruno Le Maire, à 100 milliards l’objectif d’économies tandis qu’Alain Juppé table sur 85 à 100 milliards et que François Fillon affiche un objectif de 110 milliards. Au-delà du montant, les méthodes diffèrent aussi… « Ne nous mentons pas, il faut d’abord réduire la dépense publique avant de réduire les impôts », indique François Fillon. L’ex-premier ministre veut respecter les engagements européens de la France et tenir le déficit sous la barre des 3 % du PIB. « L’erreur majeure de politique économique serait de tailler dans les dépenses en oubliant la croissance », estime Bruno Le Maire qui refuse d’infliger « du sang et des larmes » aux Français. Tous s’accordent en revanche à réformer la fonction publique. L’ex-chef de l’État compte supprimer 300 000 postes sur cinq ans, en rétablissant le principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et en l’étendant aux trois fonctions publiques. Un chiffre moins ambitieux que celui de François Fillon (600 000) et surtout de Bruno Le Maire, qui veut mettre fin au statut de la fonction publique territoriale et supprimer un million de postes en dix ans. Si Nicolas Sarkozy veut revenir sur le statut à vie des fonctionnaires et créer un contrat de cinq ans renouvelable, sauf pour les policiers et les enseignants, Alain Juppé souhaite faciliter l’embauche de contractuels dans des conditions similaires au droit privé. ■ M.-C. R. MERCREDI 17 H 50 Plénière politique avec Marie-Noëlle Lienemann (candidate à la primaire PS) et Alain Juppé qui seront interpellés par Jean-Louis Chaussade (Suez Environnement), Elizabeth Ducottet (Thuasne) et Anne Murgier (Capstan Avocats) 5000 personnes attendues pendant les deux jours de la 18e université d’été du Medef JEAN-FRANÇOIS CLÉDEL MARIE-LAURE POCHON Présidentielle : les patrons 214 intervenants dont les 4 principaux candidats à la primaire de la droite et 5 ministres (Macron, Lemaire, Le Guen...) 20 minutes accordées à chaque candidat à la primaire de la droite pour son programme sur l’emploi, les PME et la France dans dix ans mardi 30 août 2016 L'ÉVÉNEMENT 19% 9% 16% présentent leur programme candidats à la primaire de la droite sur les réformes à mettre en œuvre. estime toujours que l’entreprise, parce qu’elle crée des emplois, est la solution à bien des problèmes du pays. Enfin uniquement si les politiques mettent en place un « terreau favorable », ce que peu à droite comme à gauche ont fait ces dernières années. « On a la capacité de réussir en France », jure un proche du président du Medef. Pour Pierre Gattaz, la priorité des programmes électoraux doit donc être de « booster la croissance », afin que la France retrouve le plein-emploi. C’est-à-dire un taux de chômage inférieur à 6 %, contre 9,9 % actuellement. « Cette élection 2017 est déterminante pour l’avenir, il ne faut pas la louper », insiste le président du Medef. Comme il ne faudra pas, non plus, rater la mise en œuvre des promesses électorales. Sur ce FRANÇOIS FILLON NICOLAS SARKOZY point, on sent l’organisation patronale sinon inquiète, du moins très vigilante. Baisse de 90 milliards d’euros des charges et impôts pesant sur les entreprises, mise en place d’une fiscalité incitative, avec notamment la suppression de l’ISF, réduction des dépenses publiques, déverrouillage du marché du travail, simplification du dialogue social en entreprise : les principales demandes du Medef collent globalement aux programmes des grands candidats à la primaire de la droite. Crédibilité des réformes Mais l’échec de la loi El Khomri a laissé des traces. Désormais, l’organisation patronale redoute plus que tout les réformes mal préparées, qui sont rejetées par l’opinion publique. Dans son discours inau- gural ce mardi, Pierre Gattaz devrait souligner la nécessité de donner du sens et une cohérence aux réformes. Ce qui suppose d’avoir une vision pour la France. Tous les politiques présents à l’université d’été seront attendus sur ce point. Et sur la question de leur crédibilité. « Ils devront nous expliquer comment ils mettront en œuvre leur programme, avec quel courage, et comment ils le financeront », martèle le patron des patrons, qui plaide pour une mise en place rapide, dans les six mois après l’élection, des principales mesures. D’ailleurs, tout en continuant de faire la pédagogie des bouleversements de l’économie - mondialisation, révolution numérique, défi climatique -, le Medef compte analyser dans le détail les programmes des différents candidats dans les prochains mois. Puis en décembre, l’organisation sortira la feuille de route des réformes qu’elle juge indispensables. Bref, le Medef veut « y croire et agir », comme le résume le slogan de l’université d’été 2016, et souhaite que les candidats à la présidentielle et leurs équipes aient le même état d’esprit. Reste à convaincre des chefs d’entreprise de terrain, souvent découragés par la politique. Car s’ils ont bénéficié depuis 2014 des baisses de prélèvements du pacte de responsabilité, ils ont aussi en tête les mesures contre-productives du quinquennat Hollande, comme le compte pénibilité ou la loi Hamon sur les reprises d’entreprise. Et également la faiblesse des réformes menées sous la mandature précédente par la droite… ■ La France ne réglera le chômage que par une dynamique entrepreneuriale. Il faut donc créer un revenu minimum du créateur d’entreprise, dégressif tous les six mois, le temps de consolider son activité. Ce dispositif s’accompagnera de formation utile à la création et de contrôle obligatoire pour optimiser les chances de succès. » JOCELYN DENIS PDG DE DIGITALEO 8,7 M€ DE CA ET 70 SALARIÉS Pour relancer la croissance, il faut combiner un contre-choc fiscal et une véritable réforme du marché du travail » GEOFFROY ROUX DE BÉZIEUX VICE-PRÉSIDENT DU MEDEF ET PDG DE OLIVIERS&CO 30 M€ DE CA ET 90 SALARIÉS A BRUNO LE MAIRE 19 JEAN-CHRISTOPHE MARMARA-FRANÇOIS BOUCHON/LE FIGARO, ANAEL BARRIERE, DR LE FIGARO mardi 30 août 2016 LE FIGARO 20 ENTREPRISES Le traité transatlantique à l’agonie En évoquant l’échec des négociations, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, affaiblit un peu plus le TTIP. NICOLAS BAROTTE £@NicolasBarotte ET JEAN-JACQUES MÉVEL£@jjmevel CORRESPONDANTS À BERLIN ET BRUXELLES COMMERCE L’acte de décès est presque dressé. Toujours enlisé après trois ans, rejeté par davantage de Français et d’Allemands, et pour finir malmené par les deux grands candidats à la MaisonBlanche, le traité de libre-échange entre l’UE et les États-Unis (connu sous ses acronymes anglais TTIP et Tafta) a du plomb dans l’aile. Les discussions « ont échoué de facto », a asséné dimanche le vice-chancelier Sigmar Gabriel dans une interview à la ZDF. L’Europe « ne se soumettra pas aux exigences américaines ». La France freine depuis le début. Le Royaume-Uni, inventeur du libre-échange, a longtemps poussé le projet, mais il s’apprête à quitter l’UE. L’Allemagne, puissance industrielle et commerciale, restait le dernier des grands à porter le projet. La messe est-elle dite ? La chancelière Angela Merkel n’est pas de cet avis. « Les négociations ne sont pas encore terminées », assure son porte-parole, Steffen Seibert, irrité par les déclarations du président du SPD, qui est aussi le no 2 de la coalition gouvernementale. Même agacement à Bruxelles, où la Commission Juncker ne désespère pas « de boucler l’accord à la fin de l’année », c’est-à-dire avant le changement de locataire à la MaisonBlanche. Manifestation contre le TTIP le 23 avril à Hanovre, en Allemagne. IMAGEFORUM une occasion publique de dénoncer l’« impossible » accord avec Washington. Lundi, il s’est réjoui de la bruyante sortie de Sigmar Gabriel à Berlin. Mais lors d’un tour de table à huis clos, lors du dernier sommet de l’UE fin juin, le président Hollande s’est lui-même bien gardé de rompre l’unanimité et le mandat de négociation toujours confié par les Vingt-Huit à la Commission Juncker. Sur le papier, les tractations continuent. Avec les États-Unis, le quatorzième « cycle » de négociations conduit en juillet n’a pas permis d’avancer sur les dossiers les plus chauds : l’ouverture des marchés publics à travers les 50 États américains, réclamée par l’UE, et une concurrence plus ouverte sur les marchés agricoles européens, convoitée par les Américains. Un nouveau rendezvous transatlantique est programmé début octobre, à Washington. Depuis trois ans, la question porte moins sur les droits de douane - déjà tombés à moins de 4 % en moyenne dans l’UE et aux États-Unis - que sur le casse-tête de règlements et certifications contradictoires à l’importation. Leur élimination jouerait en faveur des industriels, de la croissance et de l’emploi des deux côtés. Elle permettrait aussi de fixer ensemble des normes communes, avant que le concurrent chinois ne les impose. Mais les partisans du libre-échange, constamment sur la défensive, n’ont jamais réussi à convaincre ceux qui s’inquiètent de dégâts de la mondialisation et d’un nivellement par le bas. Qu’il s’agisse de sécurité, de santé, de protection sociale et même d’identité culturelle. ■ Jeu de rôles Le pavé lancé par Sigmar Gabriel, concurrent plausible d’Angela Merkel aux élections de 2017, n’est pas dépourvu d’arrièrepensées. Le SPD, très affaibli, s’apprête à tenir congrès en septembre, précisément sur la question du libre-échange. C’est en Allemagne que l’opposition de la société civile est la plus vive au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, traité perçu comme un outil de déréglementation et d’abaissement des normes européennes. À treize mois du renouvellement du Bundestag, le TTIP s’impose comme un enjeu politique en Allemagne. Sigmar Gabriel est sous pression : avant deux élections régionales des 4 et 18 septembre, les militants du SPD doivent se prononcer le 19 septembre sur un autre accord commercial, entre l’UE et le Canada, déjà signé. Le non a le vent en poupe. Sigmar Gabriel s’est engagé pour le oui. Pour sauver sa mise canadienne et s’éviter un revers face aux militants, il est prêt à sacrifier l’accord en gestation avec les États-Unis. En France, le jeu de rôle au sommet du pouvoir n’est pas si différent. Depuis des mois, Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce, manque rarement LES SUJETS LITIGIEUX Les normes sociales et écologiques Le public européen redoute un abaissement des normes et une menace sur les indications géographiques malgré les assurances de Bruxelles. L’arbitrage Le désaccord persiste sur le moyen de régler les différends entre États et investisseurs. Les marchés publics Les Européens reprochent aux Américains l’accès restreint à leurs marchés publics. Tarifs douaniers Les négociations sur la suppression des droits de douane bloquent sur quelques produits : viande de bœuf côté Europe, automobile côté États-Unis. Clinton et Trump dans la surenchère contre les traités de libre-échange PIERRE-YVES DUGUA £@PDugua CORRESPONDANT À WASHINGTON La condamnation aux oubliettes par plusieurs responsables européens du traité transatlantique de libre-échange (TTIP) est à peine commentée dans la capitale américaine. C’est dire à quel point le ton du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel ne surprend guère. À Washington, un autre grand traité de libre-échange, le Trans-Pacific Partnership (TPP), bien plus avancé dans sa rédaction, fait déjà les frais de la campagne électorale. Or sans TPP, le TTIP est mort-né. Voilà des mois que, côté américain, le sort du traité avec l’Union européenne est d’abord suspendu à l’adoption éventuelle par le Congrès du TPP négocié avec onze pays d’Asie - sans la Chine -, d’Océanie et d’Amérique latine. La rhétorique hostile à ce texte émanant non seulement de Donald Trump, mais aussi de Hillary Clin- ton, en compromet les chances d’aboutissement. Le coup de grâce a été donné la semaine dernière par le leader de la majorité républicaine du Sénat : Mitch McConnell refuse que le TPP soit soumis à un vote dès le lendemain des élections législatives et présidentielle du 8 novembre. Il faudra donc attendre au plus tôt février 2017 pour que le nouveau Congrès choisisse ou non de se saisir de l’accord. Barack Obama, dans les cinq mois de mandat qui lui reste, a très peu de chance de changer la donne : c’est à son successeur que reviendra la tâche de défendre éventuellement le TPP, voire ensuite le TTIP. « Viol de l’Amérique » Hillary Clinton, en tête des sondages, est presque autant critique du traité trans-Pacifique que son rival ouvertement protectionniste, Donald Trump : « Je bloquerai tout accord commercial qui tue l’emploi et maintient les salaires bas. » « Je suis contre le TPP aujourd’hui, je serai contre après l’élection et je m’y opposerai en tant que présidente », martèle la candidate démocrate pour mieux faire oublier qu’elle s’est initialement prononcée pour la création d’une zone de libreéchange comprenant tous les grands pays de la zone pacifique à l’exception de la Chine. Brusquement inquiète de la tentation pour les cols-bleus de voter Trump, Hillary Clinton va même jusqu’à critiquer l’accord de libre-échange États-Unis-Mexique-Canada, signé par son époux à la MaisonBlanche en 1993. En cas d’élection de Trump en novembre, le rejet de tout nouveau traité de libre-échange est encore plus vraisemblable. Au grand dam des milieux d’affaires, le candidat républicain parle de « viol de l’Amérique par les traités de libreéchange ». Il veut remettre sur la table tous les accords existants et menace d’ériger unilatéralement des barrières douanières. ■ EN BREF DÉPAKINE : VERS UNE TAXE SUR LES PRODUITS DE SANTÉ ? £ Une taxe sur les produits de santé destinée au futur fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine a été proposée par le député Gérard Bapt. Cette taxe rapporterait entre 33 et 66 millions d’euros par an, selon le pourcentage retenu de 0,1 % ou 0,2 %, a dit à l’AFP le député, qui est rapporteur du budget de la Sécurité sociale. TRANSPORTS : LA COUR DES COMPTES ALERTE £ La Cour des comptes conseille au gouvernement de « réduire considérablement les engagements nouveaux » dans les infrastructures de transports, dans un référé rendu public lundi. Selon elle, même en gelant les engagements déjà pris par l’Agence de financement des infrastructures de transports (Afitf), celle-ci sera en déficit d’environ 600 millions en 2019. LA GRÈCE RENOUE AVEC LA CROISSANCE £ La Grèce a connu au deuxième trimestre une croissance économique de 0,2% par rapport au premier trimestre où le PIB s’était contracté de 0,2 %. La Commission européenne et la banque centrale de Grèce prédisent une contraction du PIB grec de 0,3 % sur l’ensemble de l’année. La Chine donne naissance à un motoriste d’envergure mondiale Un nouveau conglomérat vient d’être formé pour concurrencer Rolls-Royce, Safran et General Electric. A VALÉRIE COLLET £@V_Collet INDUSTRIE Après s’être mise en ordre de bataille pour fabriquer ses propres avions, la Chine compte créer un leader de la construction de moteurs et concurrencer à terme Rolls-Royce et le tandem General Electric-Safran. Un nouveau conglomérat baptisé AeroEngine Corporation of China (AECC) vient d’être constitué par le gouvernement, la ville de Pékin, Aviation Industry Corporation of China (Avic) et Commercial Aircraft Corporation of China (Comac). Ce nouvel ensemble est doté d’un capital de 50 milliards de yuans (6,7 milliards d’euros) et emploiera près de 100 000 personnes. Ambition politique Le président chinois Xi Jinping, cité par l’Agence Chine nouvelle, voit dans la création de cette entreprise une « mesure stratégique » pour faire de la Chine une puissance aéronautique et moderniser l’armée. Le premier ministre, Li Keqiang, a de son côté estimé que réaliser des « percées » dans les moteurs d’avions de pointe sera d’une grande utilité afin de renforcer les capacités militaires et manufacturières du pays. La Chine qui se contentait jusqu’à présent d’accueillir sur son sol Moteur d’avion à l’usine de Dahlewitz, en Allemagne. IMAGEFORUM des sites industriels en partenariat avec les géants occidentaux, Boeing puis Airbus, compte s’af- franchir de leur tutelle tant dans la construction aéronautique que de moteurs. Mettre au point de nouveaux réacteurs compétitifs mettra du temps. Pour équiper son premier avion commercial, le C919, un moyen-courrier destiné à concurrencer l’A320 et le Boeing 737, le chinois Comac se tournera dans un premier temps vers CFM International (détenu par General Electric et Safran). L’avion devrait être mis en service entre 2018 et 2020. Il faudra quelques années de plus pour le doter de réacteurs de conception entièrement chinoise. D’après les experts en aéronautique, les premiers appareils produits par les groupes chinois n’apportent pas d’innovation par rapport aux moyen-courriers d’Airbus et de Boeing. Ils sont avant tout destinés à alimenter le marché intérieur en plein essor. En juin, Comac se félicitait de voir son premier jet régional, l’ARJ21, réaliser son premier vol commercial aux couleurs de Chengdu Airlines. L’avion avait été lancé en 2002 mais n’a été certifié que quatorze ans plus tard. Qu’importe. L’ambition politique de créer un géant mondial est là. Le marché de l’aérien va poursuivre sa croissance en Chine. Les trois plus grandes compagnies chinoises (Air China, China Southern, China Esterne) font désormais partie des plus grandes au monde en nombre de passagers transportés. ■ LE FIGARO mardi 30 août 2016 ENTREPRISES Veolia va ramasser les ordures de Camden à Londres avant le référendum. « Nous avons un plan d’investissement de 750 millions de livres dans les cinq prochaines années au RoyaumeUni, souligne Estelle Brachlianoff. Et nous l’avons confirmé au lendemain du référendum. » Tout simplement parce que le Brexit et la dévaluation de la livre qui en découle ne changent pas grandchose pour un acteur comme Veolia. « Toutes nos opérations se font en livres sterling, qu’il s’agisse de nos achats, de nos financements auprès des banques ou de nos recettes », résume Estelle Brachlianoff. Malgré le Brexit, le leader mondial des déchets va investir 750 millions de livres au Royaume-Uni. JEAN-YVES GUÉRIN £@jyguerin SERVICES Joli coup pour Veolia. Le leader mondial de l’eau et du traitement des déchets va gérer la collecte des ordures dans le quartier de Camden à Londres au cours des huit prochaines années. Un contrat à 338 millions de livres (389 millions d’euros) qui prendra effet à partir du 1er avril 2017. Si la somme est très rondelette, c’est que le borough de Camden est très peuplé (240 000 habitants). Et, pour ce prix-là, le groupe français va également nettoyer la voirie. Il déploiera aussi des services digitaux peu développés en France. « Les habitants pourront nous signaler sur Internet tous les problèmes liés à la collecte des déchets, par exemple si on a oublié de traiter leur poubelle », explique Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia au Royaume-Uni et en Irlande. Autre innovation, les gros camions ap- pelés balayeuses de voirie récupéreront et recycleront les traces de palladium et de platine perdues sur la chaussée laissées par les voitures. Signé pour huit ans, ce contrat sera renouvelé pur huit années supplémentaires à moins que la prestation ne donne pas satisfaction. Veolia n’en est pas à son coup d’essai dans les îles Britanniques. Implanté au Royaume-Uni depuis 1990, le groupe y réalise une part significative de ses ventes. En 2015, son chiffre d’affaires a atteint 2,3 milliards d’euros, ce qui en fait le deuxième pays le plus important pour le groupe après la France. Avec de la rentabilité à la clé et une croissance annuelle de l’activité de 2 à 3 % comme pour le reste du groupe. Malgré le Brexit, Veolia n’a pas l’intention de ralentir sur ce territoire. Centre de recyclage, centre de cogénération, méthaniseur… le groupe mènera à bien tous les projets qu’il avait dans ses cartons 21 Du gaz avec de la glace 338 Mais, pour assurer son développement en Angleterre, Veolia ne se contente pas de se positionner sur les marchés traditionnels des déchets (collecte des ordures, station d’épuration…) relativement banalisés. Il pousse aussi les feux sur des segments à haute valeur ajoutée où les acteurs sont moins nombreux. Une déclinaison à l’échelle locale de la stratégie globale de Veolia qui consiste à se protéger de la concurrence des acteurs des pays émergents. Ainsi, le groupe a été choisi en 2014 par le gouvernement britannique en 2014 pour détruire dans une usine d’incinération 150 tonnes de produits chimiques utilisés pour la fabrication d’armes en Syrie. Dans un autre genre, il a démantelé entièrement une plateforme de Total en mer du Nord. Et il va produire du gaz dans un méthaniseur alimenté par des petits morceaux de crème glacée perdus sur les lignes de production d’une usine de glace. ■ millions de livres Montant du contrat remporté par Veolia pour gérer les ordures du quartier de Camden à Londres pendant huit ans Un camion Veolia de collecte d’ordures à conteneur amovible, à Sète (Hérault). TIM SOMERSET/MAXPPP En crise, les appart-hôtels négocient les loyers à la baisse L’offre n’a jamais été autant développée mais le modèle économique de ces résidences connaît des ratés. Résidences DE TOURISME Définition : Les résidences de tourisme – appelées aussi résidences hôtelières ou appart-hôtels – proposent à une clientèle touristique des studios équipés d’un coin cuisine. La prestation est également assortie de services hôteliers (ménage, réception, restauration…) GUILLAUME MOLLARET £@Newsdusud NÎMES IMMOBILIER « Condamnons la société Appart’City à titre provisionnel à verser les loyers dus aux requérants au titre des troisième et quatrième trimestres 2015, et ce sans délais. » Cette ordonnance de référé rendue en avril par le tribunal de grande instance de Montpellier aux dépens d’Appart’City, leader français des résidences de tourisme ou apparthôtels, n’est pas un cas isolé. La juridiction a rendu plusieurs décisions à l’encontre de ce gérant de 120 résidences hôtelières. Appart’City gère, dans le cadre d’un bail commercial, quelque 13 500 clés pour le compte d’une dizaine de milliers de propriétaires considérés comme « loueurs de meublé non professionnels » (LMNP). De l’aveu même de son directeur général, Pierre Denizet, l’entreprise doit « 15 millions d’euros d’arriérés de loyer ». La somme correspondrait à l’équivalent d’un trimestre de paiement, alors qu’Appart’City a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 185 millions d’euros. Méfiance « Lors de la dernière assemblée générale de copropriétaires, le 2 avril au Bourget, M. Denizet a parlé de 25 millions d’euros », précise Me Philip Pechayre, avocat cannois qui s’est fait une spécialité de la défense des loueurs de meublé non professionnels. « Le contrat qui les lie aux sociétés de gestion telles qu’Appart’City, Pierre & Vacances, ou Belambra, stipule un rendement garanti. Or, c’est rarement le cas. Mes clients sont obligés d’ester en justice, où ils gagnent à chaque fois, et de payer un avocat ce qui nuit à la rentabilité de leur investissement. » Avec trois confrères, il revendique la représentation quelque 4 000 clients, propriétaires dans 61 résidences Appart’City. Depuis dixhuit mois, 200 décisions de justice ont été rendues. Cette année, Belambra, dont la Caisse des dépôts est actionnaire à 34 %, a négocié, selon Philip Pechayre, « une baisse de loyer moyenne de 17 % » afin de maintenir son activité à flot. « Nous sommes deux fois lésés, résume un propriétaire. D’une part, nous avons payé un bien au prix fort. D’autre part, on nous oblige à baisser sa rentabilité. Nous sommes forcés d’accepter car, en cas de cessation de paiement pour le gestionnaire, les loyers impayés seraient perdus. » « Le problème est que de nombreuses résidences ont, par le passé, été construites avec une vision avant tout immobilière plutôt que fonctionnelle… Et il y a eu de la casse », résume Vanguelis Panayotis, directeur du développement de MKG, société d’études du marché hôtelier. Souvent, certains appart’hôtels ont été bâtis par des promoteurs dont l’actionnaire est le même que la société chargée de son exploitation… « Aujourd’hui, ajoute Vanguelis Panayotis, le problème est en train de se régler avec des implantations mieux réfléchies mais à l’heure où certaines rénovations doivent être effectuées dans les résidences les plus anciennes, certains propriétaires, et on les comprend, ont du mal à accepter de devoir mettre à la main à la poche alors même que les contrats initiaux ne sont pas respectés à la lettre. » Souvent proposé par des conseillers en gestion de patrimoine, le placement LMNP en apparthôtel suscite aujourd’hui la méfiance chez ces professionnels. « Personnellement, raconte JeanFrançois Zapelloni, conseiller en patrimoine à Lons-le-Saunier (Jura), j’ai quasiment un client sur deux qui a dû subir des baisses de loyer. Autant vous dire, même si certains acteurs respectent leurs engagements, que je ne propose plus de placement en résidence hôtelière. » Interrogé lors de la récente inauguration d’une nouvelle résidence hôtelière 4 étoiles située face aux arènes de Nîmes, Pierre Denizet affirme vouloir trouver « une solution amiable avec les propriétaires d’ici la fin de l’année ». Mais cette solution passera par une baisse des loyers perçus par les investisseurs. ■ Mamie Nova accélère sur les innovations DOMITILLE ARRIVET £@darrivet 2% du marché des yaourts En valeur, et 1,5 % en volume AGROALIMENTAIRE Décalé. Chez Mamie Nova, « décalé » est le maître mot qui préside depuis plus de soixante ans aux aventures de l’ancienne coopérative laitière normande, devenue Novandie et propriété du groupe Andros depuis 1992. La marque, dont le nom a été inventé par le publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet dans les années 1970, place le terme au cœur de toutes ses innovations. Au seul mois de septembre, 18 nouveautés sont destinées à l’accompagner dans ses succès. Son plaidoyer décalé pour le yaourt gourmand Avec une croissance des ventes de 8 % en valeur l’an dernier et de 31 % en quatre ans, la marque affiche une performance enviée sur le marché des produits laitiers, en panne depuis quatre ans. Son plaidoyer décalé pour le yaourt gour- mand assumé depuis 1992 le place au-dessus du lot dans un univers en baisse de l’ordre de - 2 % par an. Un créneau qui paye, alors que les allégations minceur et santé sur lesquelles les géants de l’ultrafrais tels Danone ou Nestlé ont parié durant la dernière décennie sont en sérieux recul. « Les consommateurs préfèrent manger moins mais mieux, tout en se faisant plaisir. Notre noyau de clientèle fidèle grossit et consomme de plus en plus fréquemment nos produits », se félicite Florence Delobel, directrice du marketing pour la partie grande distribution qui écoule 100 millions de pots Mamie Nova par an. « Mais les consommateurs sont aussi des zap- peurs. C’est pourquoi nous lançons 15 à 20 nouveautés par an », poursuit-elle. Chez Novandie, la filiale laitière d’Andros, la volonté clairement affichée est d’accélérer encore sur ce marché des produits laitiers frais en grande distribution où Ma- Nouveauté pour la rentrée, le riz au lait a nécessité dixhuit mois de développement en interne. DR mie Nova a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 77 millions d’euros. Ses succès viennent en renfort des autres activités de la filiale qui commercialise aussi la marque en restauration hors foyer et fabrique des produits laitiers pour des marques de distributeur dans six usines en France. Deux branches dont les chiffres d’affaires, non communiqués selon la tradition du groupe Andros, dépasseraient l’un et l’autre celui de la marque en grande distribution. Et les marges seraient tout aussi intéressantes compte tenu des volumes produits. En septembre, les équipes commerciales d’Andros qui assurent la distribution de Mamie Nova auront donc dans leurs cartons des déclinaisons de yaourts gourmands, saveur figue-graine de tournesol et citron-pavot. Mais aussi des produits jamais vus chez Mamie Nova tels que des yaourts à boire destinés à surfer sur la tendance nomade, du riz au lait - rebaptisé Risotto cremissimo « pour être moins ennuyeux » - et enfin deux classiques de la pâtisserie française, l’opéra et le paris-brest. Pour accompagner ces lancements, la célèbre dame aux cheveux gris investit 2 millions d’euros dans une campagne de publicité à la télévision. « On veut frapper fort. Si c’est un succès, on préparera aussitôt les déclinaisons suivantes », confie Florence Delobel. L’année se présente déjà bien : à l’occasion des Jeux olympiques au Brésil, Mamie Nova avait parié sur le yaourt cocktail. Les Mojito, Copa Cabana et Piña Colada ont connu un succès de 20 à 30 % supérieur aux lancements habituels. ■ A Sur un créneau en pleine santé, la marque de yaourts gourmands lance dix-huit nouveautés pour la rentrée. mardi 30 août 2016 LE FIGARO 22 ENTREPRISES La FNSEA décidée à faire plier Lactalis Les négociations sur les prix reprennent ce mardi. Les syndicats étendent leurs actions partout en France. OLIVIA DÉTROYAT £@Oliviader AGROALIMENTAIRE Mépris, humiliation, arrogance, irresponsabilité… La FNSEA, la FNPL et les Jeunes Agriculteurs (JA) n’avaient pas de mots assez forts lundi contre le géant laitier Lactalis dans le conflit qui oppose le syndicat majoritaire, au groupe basé à Laval (Mayenne) sur le prix du lait payé aux éleveurs. Après deux âpres sessions de négociations infructueuses, des communiqués de presse accusateurs, l’occupation du siège lavallois de Lactalis pendant une semaine, les négociations vont finalement reprendre ce mardi entre les organisations de producteurs et les représentants de Lactalis, à Laval. La FNSEA et les JA ont obtenu ce rendez-vous après avoir menacé d’étendre leur action au niveau national, en occupant une quinzaine des sites du groupe. Mobilisation maintenue Mais l’annonce lundi de la reprise du dialogue n’a pas calmé les syndicats, décidés à maintenir la pression et à occuper au moins une usine par région. Des tracteurs étaient notamment attendus lundi soir près des sites d’Andrézieux (Loire), Douai (Nord) et Montauban (Tarnet-Garonne). Déjà, dans l’aprèsmidi, une cinquantaine d’agriculteurs étaient rassemblés près de la base logistique de Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine). À nouveau, les éleveurs laitiers tenteront d’obtenir que le groupe accepte de payer un prix moyen annuel à la tonne autour de 280 à 290 euros contre 257 aujourd’hui. « Aux niveaux actuels, 80 % des exploitations n’équilibreront pas leurs comptes à la fin de l’année, s’inquiète Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA. En payant 5 % de moins que ses concurrents, Lactalis ne va pas tarder à entraîner les autres groupes (Sodiaal, Eurial, Savencia... NDLR) dans sa roue. » Leader mondial, Lactalis collecte ainsi environ 20 % du lait produit en France, soit 5 milliards de litres de lait. Les manifestants ne suspendront leurs actions que lorsque les organisations de producteurs estimeront avoir obtenu gain de cause, précise la FNSEA. Cible privilégiée du syndicat agricole majoritaire et de son leader Xavier Beulin, Lactalis avait fait un pas vendredi en proposant de monter de 15 euros le prix payé à la tonne sur les cinq derniers mois de l’année, soit 27,1 centimes le litre (contre 25,7 en août). Un effort jugé dérisoire. « On est en pleine méthode Lactalis, tonne Dominique Barrau. Ils se disent prêts à faire un geste tout en nous attaquant au tribunal pour faire évacuer les manifestants. » « Jeter le focus sur Lactalis affranchit les autres groupes, surtout coopératifs, de leurs responsabilités. C’est trompeur car, finalement, lissés sur l’année, les prix de Sodiaal sont en dessous de ceux de Lactalis », tempère Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat du secteur. « Lactalis, c’est le marronnier qui revient avec la FNSEA à chaque fois qu’ils ne savent pas quoi faire sur le lait », abonde Bernard Lannes, le président de la Coordination rurale. Les deux leaders plaident pour des réponses communautaires à la crise de surproduction qui frappe le secteur. Ce mardi sont d’ailleurs aussi attendues les propositions de Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, pour réguler la production laitière française. ■ Des agriculteurs bloquent la plateforme logistique de Lactalis lundi, à Cesson-Sévigné, près de Rennes. Un groupe secret sous les feux de l’actualité 5 DATES 1933 André Besnier crée sa fromagerie à Laval 1968 Lancement du camembert Président 1990 Après Lactel en 1984, le groupe rachète Bridel 1999 Besnier International devient Lactalis International 2011 Rachat de l’italien Parmalat, qui fait de Lactalis le no 1 des produits laitiers « Je n’ai même pas son portable. » L’aveu du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, à propos du PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, prête à sourire. Mais il en dit long sur la culture du secret du leader mondial du lait et sur le silence inflexible de son dirigeant, alors que la multinationale créée par son grand-père essuie depuis deux étés de violentes attaques. Créée en 1933 à Laval (Mayenne) par André Besnier, la société n’était à l’origine qu’une petite fromagerie. Entre créations de marques (Président en 1968) et acquisitions structurantes (Lactel en 1984, Bridel en 1990, Roquefort Société en 1991, Galbani en 2006), Besnier International devient peu à peu un acteur majeur du lait en Europe. Rebaptisé Lactalis en 1999, sous la présidence de Michel Besnier, fils du fondateur, le groupe familial prend une nouvelle dimension en 2011, en prenant le contrôle de son concurrent italien Parmalat, qui quelques années auparavant a été au cœur d’un LES DÉCIDEURS â PIERRE HEILBRONN Ministère des Finances Dans la foulée de la nomination de Thierry Aulagnon comme dircab de Michel Sapin, en remplacement de Claire Waysand qui rejoint l’Inspection des finances, l’ancien conseiller de François Fillon à Matignon, arrivé en 2014 aux Finances comme directeur adjoint du cabinet, s’en va. Sciences Po et ENA, Heilbronn est promu inspecteur général des finances et va prendre la vice-présidence de la Berd. Le diplômé de l’université de Cambridge avait aussi dirigé le cabinet de la commissaire européenne aux Relations extérieures et à la gestion de l’aide au développement. â THIBAULT DE SAINT-SIMON Aviva A NIGLAUT KEVIN/ABACA Il devient le grand communicant de l’assureur en France, prenant outre la direction de la communication celle du développement durable. Il devra, auprès de Nicolas Schimel, DG d’Aviva France, accompagner les grands projets de transformation, dans le cadre de la stratégie Aviva 2020. Âgé de 34 ans, cet ancien de Dauphine roule depuis 2007 pour le groupe Aviva où il a été l’artisan de la mise en œuvre de la stratégie de développement durable en Europe. En 2013, il rejoignait les équipes françaises, prenant aussi en main les relations médias et la communication institutionnelle. retentissant scandale financier. L’acquisition propulse Lactalis en tête du classement des groupes laitiers mondiaux. Piloté par Emmanuel Besnier, troisième génération, Lactalis pèse aujourd’hui 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 58 % réalisés en Europe, emploie 75 000 personnes dans 85 pays et possède près de 230 sites de production. Actionnaire majoritaire, Emmanuel Besnier partage la propriété de Lactalis avec son frère aîné et sa sœur. Bête noire des syndicats d’agriculteurs Véritable Arlésienne, Emmanuel Besnier est aussi discret dans les médias qu’au sein du groupe. De quoi alimenter critiques et fantasmes. Comme Stéphane Le Foll, nombreux sont les salariés Lactalis à ne l’avoir jamais vu, ni même à connaître sa tête. Décrit par L’Expansion comme « à la limite de la paranoïa », le dirigeant pointe, avec sa famille, au 13e rang des fortunes de France, avec 6,8 milliards d’euros, selon Challenges. Des chiffres brandis par les producteurs de lait pour dénoncer l’avidité supposée de celui qui a succédé à son père en 2000, à moins de 30 ans. D’autant que le groupe se refuse à détailler ses comptes - hormis en 2011 lors du rachat de Parmalat - préférant payer des amendes que dévoiler ses marges. « La réalité, confie le porte-parole d’un grand distributeur français, c’est que Lactalis se refait en France sur les marges qu’il ne fait pas en Chine ou à l’étranger… et ce sont les agriculteurs français qui en font les frais. » « Lactalis prête le flanc à la critique car c’est un privé qui gagne de l’argent, défend Gérard Calbrix, un des porte-parole de l’Atla (industriels laitiers). Mais c’est un champion mondial, une success story extraordinaire d’expansion et de rachats. Si nous avions plus d’entreprises comme cela en France, la situation économique ne serait sûrement pas ce qu’elle PAR Carole Bellemare avec Corinne Caillaud Nestlé : Ulf Mark Schneider, l’homme de la santé et futur boss, fait sa rentrée Il ne prendra la direction générale que le 1er janvier, mais cette rentrée sera à marquer d’une pierre blanche dans le parcours d’Ulf Mark Schneider qui arrive cette semaine chez Nestlé. Fin juin, l’annonce de la nomination de ce manager discret, jusque-là patron du groupe pharmaceutique allemand Fresenius, puissant mais également peu connu du grand public, avait créé la surprise chez le leader mondial de l’agroalimentaire et parmi tous les observateurs. Car pour succéder à Paul Bulcke, à la tête du géant helvétique depuis huit ans, lequel prendra la présidence du conseil à l’AG d’avril 2017, ceux-ci misaient comme le veut la tradition sur un homme de l’interne. Et un pro de l’agroalimentaire. Le Français Laurent Freixe, ex-patron de Nestlé USA et grand argentier du groupe, notamment, figurait parmi les trois favoris. C’est donc un choix audacieux qu’a fait le groupe en s’attachant via un chasseur de têtes cet outsider, apprécié de ceux qui le connaissent et qui louent son efficacité et ses talents de stratège. On sait peu de choses sur celui qui va passer ainsi de l’ombre à la lumière à la tête d’un groupe de 2 000 marques, du café à la nourriture pour animaux en passant par l’eau, la confiserie et les produits laitiers. « UMS », comme on le surnommait chez Fresenius, considère sa vie privée comme une chasse gardée. Et la modestie comme une vertu cardinale. Tout juste connaît-on sa passion pour la photographie et le cyclisme. Un homme au physique de bon élève qui va vite et sait prendre le sens du vent. Né en Allemagne, devenu citoyen américain en 2003, le diplômé en finances et gestion, formé aussi à Harvard, a imprimé sa marque à partir de 1989 chez le conglomérat allemand Haniel, actionnaire à 30 % de Metro. En 2001, il est débauché par Frenesius aux finances de la filiale Medical Care, avant de se voir confier deux ans plus tard les rênes du groupe. Le défi de la transformation Croissance externe, internationalisation… il élargit fortement le spectre de cet ensemble de 22 000 salariés et de 28 milliards de chiffre d’affaires, présent dans la dialyse, les traitements hospitaliers et ambulatoires, et la gestion d’hôpitaux. En rejoignant à 50 ans la firme de Vevey, ce manager de rupture pour Nestlé ne décroche pas seulement un job très convoité. Il devra aussi relever un énorme défi : transformer la vénérable entreprise de 150 ans, à la recherche d’un nouveau souffle, en misant désormais sur le cocktail nutritionsanté-bien-être. Un nouvel eldorado. C. B. est aujourd’hui. » Et de rappeler que sur l’année Lactalis rémunère ses producteurs autant que ses concurrents. Bête noire des syndicats d’agriculteurs, le groupe n’est d’ailleurs pas le seul attaqué sur ses prix d’achat du lait. Mais son statut de leader et sa discrétion le placent en première ligne de la colère agricole. C’est une stratégie clairement revendiquée par les syndicats, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) en tête. De quoi faire sortir - un peu Lactalis de son légendaire mutisme : « En raison de quoi le leader d’un secteur devrait payer plus que ses concurrents ? Nous faisons face à une stigmatisation à laquelle il faut répondre », défendait ainsi jeudi Michel Nallet, porte-parole de Lactalis envoyé pour tenter d’éteindre le feu des critiques. Interpellé de toutes parts, Emmanuel Besnier reste, quant à lui, toujours aussi mutique malgré l’enlisement du conflit. ■ O. D. www.lefigaro.fr/decideurs â LUC HENNEKENS Airbus Group Ex-Procter & Gamble et HP jusque-là chez Qantas Airways, l’ingénieur diplômé de l’Université d’Eindhoven deviendra le 1er octobre chief information officer. â PASCAL ZYLBERSTEJN Groupe Argus Il quitte le marketing des services connectés de PSA Peugeot Citroën pour la direction des solutions professionnelles du groupe média automobile. L’ingénieur de 46 ans a aussi roulé pour Valeo Eclairage, CSC Peat Marwick et Via Michelin. â LAURENT BÉRARD-QUELIN La Presse spécialisée-FNPS Il a été désigné pour présider en 2017 la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée (FNPS). Juriste, l’administrateur, DG délégué et rédacteur en chef de la Société générale de presse préside aussi à 52 ans le Syndicat de la presse économique juridique et politique et copréside la Commission numérique et publicité de la FNPS. Il succèdera à Christian Bruneau à la tête de l’organisation fédérant 7 syndicats et 481 éditeurs. LE FIGARO TECH mardi 30 août 2016 23 Google s’emmêle dans la fibre aux États-Unis Le géant du Net revoit ses ambitions dans les télécoms. ELSA BEMBARON £@elsabembaron TÉLÉCOM Simple coup de semonce ou véritable reculade ? Google serait en prise à des difficultés avec son réseau fibre aux États-Unis. La semaine dernière Larry Page, le PDG d’Alphabet (la maison-mère de Google), aurait demandé au responsable de sa filiale fibre, Access, de diviser par deux ses effectifs pour les ramener à 500 personnes, selon le site The Information. La presse américaine a largement relayé l’information, qui n’a été ni confirmée ni démentie par Google. Après avoir fait trembler les champions américains des télécoms et du câble, AT&T, Verizon et autres ComCast et Time Warner Cable, le géant du Net Google se heurte à la réalité du terrain. Déployer de la fibre dans onze villes n’est pas si facile et trouver des abonnés l’est encore moins. Les journaux locaux se font régulièrement l’écho des difficultés rencontrées par Access, pour réaliser des travaux de terrassement ou optimiser des points de raccordement à la fibre. Pour la seule ville de Kansas City, Google aurait dépensé un milliard de dollars pour déployer la fibre, selon le site Recode. La dépense peut sembler minimum à l’échelle d’un groupe comme Google, mais multipliée par une vingtaine de villes moyennes, ça commence à peser dans les comptes. D’autant que les consommateurs ne se sont pas rués sur les propositions commerciales du nouveau venu. Face à l’offre de Google à 70 dollars pour une connexion à un giga, les opérateurs télécoms tradition- nels ont multiplié les promotions. Google serait loin d’avoir atteint son objectif de 5 millions de foyers connectés. Retour vers le sans-fil Face à ces difficultés, Google serait en train de revoir sa stratégie pour s’intéresser aux réseaux mobiles. Le projet Fi s’appuie sur les réseaux 4G de trois opérateurs américains, Sprint, T-Mobile et U.S. Cellular, ainsi que sur des réseaux Wi-Fi existants. L’offre est encore très limitée, ce « réseau de réseau » n’est accessible qu’à certains modèles de la gamme de smartphones développés par Google : les Nexus 6P, Nexus 5X et Nexus 6. Et ce pour des raisons techniques, puisque le mobile doit pouvoir changer d’opérateur en façon du meilleur signal disponible. Google travaille aussi au déploiement d’un nouveau type de réseau sans fil qui permettrait d’obtenir des niveaux de connexions supérieurs à ceux de la fibre, grâce au développement de nouveaux composants. Dès juin, Eric Schmidt, le président d’Alphabet, exposait les avantages d’un réseau sans fil qui « ne nécessite pas de faire des tranchées dans les jardins » ! Début août, Google a parallèlement déposé une demande de licence auprès de la FCC, afin d’exploiter les fréquences entre 3,4 et 3,8 GHz dans vingt-quatre villes américaines, dont certaines font aussi partie de son plan fibre. Certains projets déjà très en retard, comme à San Jose en Californie, pourraient donc passer à la trappe. En revanche, Google continuerait à déployer la fibre à Chicago. ■ La plateforme suédoise Spotify domine pour le moment largement le marché, avec plus de 100 millions d’utilisateurs. JONATHAN NACKSTRAND/AFP La guerre de la musique en ligne fait rage Spotify tente de résister à ses concurrents Apple Music et Tidal. SPOTIFY EN CHIFFRES 100 LUCIE RONFAUT £@LucieRonfaut INTERNET Spotify veut rassembler ses troupes. Le géant suédois de la musique en ligne voit d’un mauvais œil la multiplication des contrats d’exclusivité entre des artistes et des plateformes concurrentes. Spotify pénaliserait désormais les chanteurs ou groupes cédant leurs droits à d’autres sites de streaming en rendant leurs chansons plus difficiles à trouver sur son catalogue, d’après des informations de Bloomberg publiées vendredi. Spotify a aussitôt nié ces accusations. Il n’a en revanche pas commenté une autre révélation selon laquelle il refuserait de faire la promotion des chansons négociées en exclusivité avec des plateformes concurrentes, par exemple au travers de bannières ou de publicités audio. Dans cette guerre du streaming musical, Spotify affronte deux concurrents particulièrement féroces : Tidal et Apple Music. Dirigé par le rappeur Jay Z, Tidal s’est payé l’exclusivité de plusieurs albums très attendus cette année. Le dernier opus de Beyoncé ne peut s’écouter en streaming que sur Tidal. D’autres artistes ont opté pour une exclusivité temporaire, comme Kanye West ou Rihanna. Leurs derniers disques ont d’abord été diffusés sur Tidal, puis sur les plateformes concurrentes. Cette stratégie a aussi été adoptée par Apple Music, qui détient les millions d’utilisateurs 30 millions d’utilisateurs qui disposent d’un abonnement payant 8,4 milliards de dollars de valorisation Larry Page, cofondateur de Google, aurait demandé de diviser par deux les effectifs dédiés à la fibre pour les ramener à 500 salariés. SULLIVAN/AFP droits exclusifs des derniers albums de Drake, Taylor Swift et plus récemment du chanteur Frank Ocean. Ce dernier a provoqué une petite tempête dans le secteur de la musique en publiant son album le plus récent sans le concours de son label Def Jam Recordings, propriété du groupe Universal Music. La goutte de trop pour Lucian Grainge, PDG d’Universal Music Group, qui s’est “ Il y a une conspiration entre Apple Music et l’industrie pour changer les règles du jeu et forcer les gens à s’abonner LUCIAN GRAINGE, PDG D’UNIVERSAL MUSIC GROUP ” opposé à cette pratique des exclusivités. « Il y a une conspiration entre Apple Music et l’industrie pour changer les règles du jeu et forcer les gens à s’abonner en cachant les contenus derrière des murs, s’est insurgé le dirigeant dans un e-mail interne. Honte à tous ceux qui financent Apple et arnaquent les fans. » Pour Spotify, la frénésie d’exclusivités d’Apple n’est pas non plus une bonne nouvelle. La plateforme suédoise domine pour le moment largement le marché, avec plus de 100 millions d’utilisateurs. Néan- moins, seuls 30 % d’entre eux s’acquittent d’un abonnement payant, les autres préférant la version gratuite avec des publicités. C’est à peine plus du double que le nombre d’utilisateurs d’Apple Music, qui paient tous un abonnement. Tidal revendique lui plus de 4 millions d’abonnés. Apple dispose d’une force de frappe financière conséquente qui lui permet de se payer des exclusivités, qui deviennent produits d’appel pour ses plateformes. Spotify tente de résister. En mars, l’entreprise suédoise a levé plus d’un milliard de dollars de dette. Elle va bientôt devoir affronter deux nouveaux acteurs sur ce marché déjà très concurrentiel. Amazon et Pandora préparent tous les deux le lancement de leur propre plateforme avant la fin de l’année. Le géant de l’e-commerce pourrait être un concurrent particulièrement difficile. Ce dernier prépare deux services : l’un à 9,99 dollars par mois, le même prix que ses adversaires, et l’autre à 5 dollars, réservé à son enceinte intelligente Echo. Amazon dispose déjà d’un service de vente de musique à l’unité, similaire à iTunes, et d’une plateforme de streaming pour ses abonnés Amazon Prime. Il est désormais prêt à passer la vitesse supérieure. Le groupe négocie actuellement des contrats avec les plus grosses maisons de disques, d’après le Financial Times, qui affirme que le service sera prêt dès le mois de septembre. ■ LA SÉANCE DU LUNDI 29 AOÛT JOUR %VAR. -0,37 -0,54 +0,51 -2,94 0 -0,77 -0,29 -0,38 -1,07 -0,51 +0,48 -0,56 +0,53 -1,03 -0,53 +0,12 -1,16 -0,65 -0,26 -0,11 +HAUTJOUR 34,085 98,63 51,33 5,606 18,18 45,1 28,18 87,95 22,31 8,25 68,68 14,3 113,6 171,05 42,175 171,5 47,035 54,07 156,4 95,4 JOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 33,64 0,241 -15,07 97,34 0,117 -5,05 50,62 0,115 -17,26 5,521 0,49 +42,52 17,85 0,133 -28,68 44,31 0,129 -14,83 27,745 0,164 -23,52 86,58 0,151 +2,28 22 0,246 -16,9 8,124 0,088 -25,06 67,82 0,114 +10,21 14,12 0,076 -12,71 111,8 0,097 -1,3 168,2 0,073 +6,87 41,705 0,073 +2,4 169,3 0,036 +10,43 46,305 0,044 +0,1 53,37 0,117 +2,97 153,55 0,068 +7,32 94,37 0,133 +8,23 NOKIA .............................................. 5,055 ORANGE ..............................................13,525 PERNOD RICARD .................................. 102,8 PEUGEOT .............................................. 13,265 ♣ 67,67 PUBLICIS GROUPE SA ............................. RENAULT .............................................. 72,55 SAFRAN ..............................................62,23 SAINT GOBAIN .................................. 39,065 SANOFI ..............................................69,43 SCHNEIDER ELECTRIC ............................. 61,25 SOCIETE GENERALE ♣ .................................. 31,615 SODEXO .............................................. 104,55 SOLVAY ..............................................97,42 TECHNIP ♣ ..............................................53,3 TOTAL .............................................. 43,015 UNIBAIL-RODAMCO .................................. 243,95 VALEO .............................................. 45,915 VEOLIA ENVIRON. .................................. 19,19 ♣ VINCI .............................................. 67,26 VIVENDI ..............................................17,21 LE CONSEIL DE ROLAND LASKINE L’action Amundi, filiale de gestion d’actifs du Crédit agricole, affiche six séances consécutives de hausse à la Bourse de Paris. À 44 euros, le titre a progressé de plus de 12 % au cours du seul mois d’août, ce qui le ramène à un niveau proche du prix de 45 euros retenu lors de son introduction en Bourse en novembre. %VAR. -0,16 -0,99 -0,15 -1,63 +0,36 -0,68 -0,06 -0,57 +0,12 -0,97 -0,96 -0,29 -0,73 +0,72 -0,93 -0,51 +0,04 -0,8 -0,27 -0,38 +HAUTJOUR +BAS JOUR 5,081 13,6 102,85 13,47 67,73 73,28 62,35 39,15 69,67 61,76 32,2 104,9 98,01 53,3 43,285 244,85 45,955 19,3 67,4 17,24 5,015 13,475 101,75 13,195 66,91 72,09 61,65 38,645 68,73 60,79 31,525 103,75 96,63 52,51 42,795 241,9 45,25 19,105 66,87 17,075 %CAP.ECH 0,014 0,117 0,073 0,227 0,107 0,149 0,073 0,178 0,094 0,098 0,22 0,058 0,156 0,445 0,088 0,116 0,315 0,11 0,092 0,211 31/12 -23,29 -12,66 -2,28 -18,14 +10,25 -21,68 -1,8 -1,97 -11,67 +16,53 -25,73 +15,99 -1,03 +16,54 +4,24 +4,07 -3,36 -12,23 +13,73 -13,34 LES DEVISES MONNAIE AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN SICAV ET FCP 1 EURO= 1,479 1,4536 0,8548 8,6637 114,24 1,0937 1,117 2,4696 10,8976 3,3048 9,91 7,4608 75,0335 122,2697 AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD L’OR JOUR VEILLE 31/12 COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR TESSI-CPOR www.cpordevises.com LINGOT DE 1KG ENV ..................................................... 37800 37800 +20,5 NAPOLEON ..................................................... 223,5 222,2 +21,34 PIECE 10 DOL USA ..................................................... 640 635 +12,28 PIECE 10 FLORINS ..................................................... 230 229 +18,56 PIECE 20 DOLLARS ..................................................... 1300 1265 +19,27 PIECE 20F TUNISIE ..................................................... 221 222 +20,77 PIECE 5 DOL US (H) ..................................................... 340 322 +11,48 PIECE 50 PESOS MEX ..................................................... 1410 1430 +18,99 PIECE FR 10 FR (H) ..................................................... 128 128 +16,58 PIECE SUISSE 20F ..................................................... 219 217 +16,06 PIECE LATINE 20F ..................................................... 219 219 +17,74 SOUVERAIN ..................................................... 278 284,9 +17,35 KRUGERRAND ..................................................... 1250 1247 +21,36 VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT. SICAV UNI HOCHE C ................................................ 247,13 25/08/16 RETROUVEZ BETELGEUSE ................................................ 47,05 25/08/16 BELLATRIX C ................................................ 309,83 25/08/16 VICTOIRE SIRIUS ................................................ 50,44 25/08/16 SITE D’INFORMATIONS EXCLUSIVES WWW.WANSQUARE.COM [email protected] L’engouement dont bénéficie aujourd’hui la valeur s’explique par la solidité des performances de la société, alors qu’au cours de ces derniers temps la visibilité s’est nettement dégradée sur l’ensemble des sociétés financières. Début août, Amundi a publié un résultat net semestriel de 278 millions d’euros, en hausse de 1,4 %. L’encours géré a pro- gressé de 17,2 milliards d’euros. L’essentiel des sommes collectées se concentre sur les actifs de moyen et long termes (actions et obligations), ce qui contribue à renforcer le caractère défensif de la valeur. Dans un contexte de marché difficile, Amundi a atteint au 30 juin 2016, avec un an d’avance, l’objectif de 1 000 milliards d’euros d’encours qui avait été annoncé début 2014. Le gestionnaire d’actifs est parvenu à atteindre ce chiffre en n’ayant quasiment pas recours à la croissance organique. Dans un secteur financier soumis à une montée permanente des risques et pénalisé par la mise en place par les banques centrales d’une politique de taux zéro qui lamine la rentabilité des ban- ques, Amundi a tout pour séduire. C’est aussi le seul gestionnaire d’actifs coté à la Bourse de Paris. Le titre, qui se paie autour de 13,6 fois les profits attendus pour l’année, se traite à des niveaux de valorisation assez raisonnables. Il rapporte sur un rendement net de 4,8 % avec un risque limité que le dividende diminue dans les années à venir. ■ A LE CAC ACCOR .............................................. 33,975 ♣ AIR LIQUIDE .................................. 98,42 AIRBUS GROUP ..................................51,3 ARCELORMITTAL .................................. 5,554 AXA .............................................. 17,995 BNP PARIBAS ACT.A .................................. 44,485 BOUYGUES .............................................. 27,95 CAP GEMINI .................................. 87,55 CARREFOUR .............................................. 22,145 CREDIT AGRICOLE .................................. 8,153 DANONE ..............................................68,64 ENGIE .............................................. 14,25 ESSILOR INTL. ..................................113,55 KERING ..............................................168,8 KLEPIERRE .............................................. 41,975 L'OREAL ..............................................171,5 LAFARGEHOLCIM LTD .................................. 46,765 LEGRAND ..............................................53,75 LVMH .............................................. 155,5 ♣ MICHELIN .............................................. 95,13 mardi 30 août 2016 LE FIGARO 24 MÉDIAS et PUBLICITÉ L’access TV, sport de combat à haut risque Les chaînes parient sur des animateurs stars pour s’imposer sur cette tranche stratégique. PIERRE-EMMANUEL RASTOIN ; DELPHINE_GHOSAROSSIAN/FTV ; BLOZ / MPP / VISUAL PRESS AGENCY ; FRANCK FERVILLE/M6 CAROLINE SALLÉ £@carolinesalle TÉLÉVISION Cette fois, les petits gabarits et les challengers sont restés au vestiaire. Seuls les poids lourds du petit écran ont été autorisés à monter sur le ring très disputé de l’avant-soirée. Il suffit pour s’en convaincre d’égrener le nom des « champions » sélectionnés par les chaînes de télévision. Yann Barthès sur TMC, Cyril Hanouna sur C8, Nagui sur France 2, Stéphane Plaza sur M6, Yves Calvi sur LCI, Anne-Sophie Lapix et Bruce Toussaint sur France 5… Aucun doute, tous les diffuseurs ont « bodybuildé » leur access prime time. Choc de titans le plus attendu : Yann Barthès contre Cyril Hanouna. Fortement concurrencé par C8 (ex-D8), TMC, le satellite de TF1, veut reprendre franchement la main et repositionne actuellement son offre, axée dorénavant sur des programmes premium et exclusifs. Dans ce contexte, Yann Barthès, ancien présentateur vedette du « Petit Journal » sur Canal +, est chargé à partir du 12 septembre à 19 h 10 d’aller conquérir de nouveaux territoires d’audience. La pression est forte. Il va s’agir d’une part de doubler l’audience de la case, jusqu’alors aux alentours de 300 000 téléspectateurs et, d’autre part, de multiplier par trois la part de marché sur les cibles publicitaires, en particulier les 25-49 ans et les CSP +. Deux profils de téléspectateurs que Cyril Hanouna a déjà fait tomber dans son escarcelle sur C8… Contre toute attente, son émission « Touche pas à mon poste » est parvenue à séduire 13,3 % des 2549 ans et 10,3 % des CSP + en moyenne la saison dernière. Plus étonnant encore, si l’on regarde la structure d’audience du talkshow diffusé entre 19 heures et 21 h 10, ces derniers pèsent 32,2 % du public ! « Les CSP + considèrent la télévision avant tout comme un moyen de divertissement, constate Franck Appietto, le DG de C8. Notre force, c’est d’avoir une bande qui fonctionne et qui partage une tranche de vie avec les téléspectateurs. » Le dirigeant estime que « Touche pas à mon poste » pourrait cette année, « entre novembre et mars, franchir la barre des 2 millions de téléspectateurs ». Le L’ACCESS PRIME TIME EN CHIFFRES 12 à 22 millions de téléspectateurs entre 18 et 20 heures 15 à 20 % des recettes publicitaires des chaînes talk n’a pas encore fait le plein sur la cible des 25-49 ans et le nouveau concept de Camille Combal, « Il en pense quoi Camille ? », diffusé juste avant, doit permettre de doper l’audience. Bref, l’animateur qu’il faut absolument mettre K.-O., c’est Cyril Hanouna. Sur le ring, Yann Barthès n’est pas le seul à avoir enfilé ses gants de boxe. Toutes les chaînes doivent absolument gonfler à bloc leurs recettes sur cette tranche horaire stratégique qui draine entre 18 heures et 20 heures de 12 à 22 millions de Français et concentre « entre 15 et 20 % » de la manne publicitaire, selon Publicis Média. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, on comprend que les diffuseurs soient à couteaux tirés. Sans compter que la case sert de locomotive au JT de 20 heures, avec pour finalité de faire le plein de téléspectateurs au moment du prime time. En clair, plus la mécanique s’avère parfaitement huilée, moins les risques d’accidents industriels sont élevés. M6, qui a trouvé une formule gagnante, l’a bien compris et poursuit donc sur sa lancée. Bonne pioche : la semaine dernière, la quatrième saison de « La Meilleure Boulangerie de France » a enregistré son meilleur lancement auprès des ménagères. Stéphane Plaza, aux commandes de « Chasseurs d’appart », est plébiscité par le grand public, de même que « Les Reines du shopping » piloté par Cristina Cordula, de retour en octobre. Et « Objectif Top Chef » avec Philippe Etchebest rempile pour une quatrième saison. Face à la déferlante de talk-shows, cette « contre-programmation » a bien Cyril Hanouna sur C8, Nagui sur France 2, Yann Barthès sur TMC et Philippe Etchebest sur M6 (de gauche à droite). ENGUÉRAND RENAULT £@erenault A Montant de la redevance ” Du côté de France Télévisions, Thomas Thouroude arrive à 18 heures à la tête d’un nouveau talk, « Actuality ». La valeur sûre, Nagui, reste en place aux commandes de « N’oubliez pas les paroles», dont les deux numéros cumulés séduisent 2,3 millions de téléspectateurs et attirent 12 % de ménagères. « Ce serait optimiste de faire mieux compte tenu de la fragmentation actuelle des audiences », estime Caroline Got, la directrice de la stratégie et des programmes. Mais le groupe audiovisuel public entame la rentrée sur des bases solides. « Notre part d’audience groupe s’élève à 32,7 % entre 18 heures et 20 heures », rappelle Caroline Got qui insiste, comme TF1, sur la complémentarité des différentes antennes du service public. La prise de risque sera également modérée sur Canal +, qui revient aux fondamentaux en regroupant sur un même plateau le « Grand », le « Gros » et le « Petit Journal », en version mi-clair micryptée. Pour éviter de se retrouver dans les cordes comme l’an dernier, cette fois, la chaîne ne mise pas sur l’Audimat mais sur « l’indice de satisfaction ». Charge à C8 et Cyril Hanouna de faire le plein de publicité pour compenser la baisse sur Canal +… ■ Pour 2017, la contribution à l’audiovisuel public devrait simplement augmenter d’un euro. milliards d’euros “ Notre force, c’est d’avoir une bande qui fonctionne FRANCK APPIETTO, DG DE C8 La réforme de la redevance prudemment reportée 3,6 réussi jusqu’ici à la chaîne. La preuve : entre janvier et juin derniers, elle lui a permis de prendre le leadership sur la cible des ménagères avec 19 % de part de marché entre 17 h 30 et 19 h 45, contre 18 % pour TF1. Mais la Une compte bien revenir à la charge. Malgré l’échec du format d’Arthur testé cet été, elle peut toujours dégainer son jeu « Money Drop », qui fédère en moyenne 3,7 millions de téléspectateurs. En outre, elle travaille à deux projets de jeu : « On Fire » avec Newen et « Au suivant » avec Endemol. En attendant, son nouveau format « Bienvenue à l’hôtel », programmé à 19 heures, obtient de bons résultats, autour de 2,3 millions de téléspectateurs et 21 % de part de marché sur la ménagère. AUDIOVISUEL Pour une fois, les services du ministère de la Culture et de la Communication ont passé un été serein. Car avant la pause estivale, le gouvernement a tranché. À la veille d’une année électorale, il n’y aura pas de grande réforme de la redevance télé. Bercy et la Rue de Valois ont convenu que lors de la discussion du projet de loi de finances 2017, qui devrait débuter fin septembre, la contribution à l’audiovisuel public - qui rapporte 3,6 milliards d’euros chaque année - sera simplement augmentée de 1 euro pour tenir compte de l’inflation. Elle devrait donc passer de 137 à 138 euros. Cette année, le Parlement sera ainsi dispensé du spectacle habituel de la guerre fratricide entre le ministère du Budget, fermement opposé à toute tentative d’élargissement de la redevance aux PC, aux smartphones voire aux résidences secondaires, et le ministère de la Culture qui veut moderniser la perception de la redevance et trouver toujours plus d’argent. Mais il était impossible de se lancer dans un tel débat à l’heure où l’exécutif promet des baisses d’impôt. Pour une fois, les services de la Rue de Valois ont procédé autrement. Ils ont commencé par bien border les besoins de France Télévisions, de Radio France, d’Arte France et de France Médias Monde, afin d’évaluer les moyens financiers nécessaires. Chantier ouvert par François Hollande Le contrat d’objectifs et de moyens (COM) de France Télévisions a été bouclé en juillet. Entre l’effort supplémentaire consenti pour la création française (porté à 420 millions d’euros par an), le lancement de la chaîne franceinfo, et les économies substantielles exigées (suppression de 500 postes d’ici à 2020), le solde se traduit par un surplus de 38 millions d’euros pour 2017. Le COM de Radio France a lui aussi été réglé en avril, il ne reste donc plus que ceux d’Arte France et de France Médias Monde à régler. Ils devraient être conclus d’ici à la fin septembre. Le seul problème encore en suspens est le lancement par France 24 de son module en espagnol qui devrait coûter environ 8 millions d’euros. Du coup, la seule augmentation d’un euro de la redevance doublée de la hausse naturelle du nombre de foyers assujettis à cette contribution devrait couvrir la quarantaine de millions d’euros à trouver pour l’audiovisuel public. Le chantier de la modernisation de la redevance, souhaitée par François Hollande lui-même lors des assises du Conseil supérieur de l’audiovisuel, en octobre 2014, ne verra donc pas le jour. ■ Création d’un nouveau fonds d’aide à la presse Le ministère de la Culture a entériné une réforme des aides directes à la presse (hors aide postale notamment), en particulier la création d’un nouveau « fonds de soutien pour l’émergence et l’innovation des médias », dont la vocation est de prendre le relais du fonds pour l’innovation numérique de la presse créé par Google en 2013 et qui doit s’arrêter cette année. Le nouveau fonds se fixe comme objectif d’aider les nouveaux médias, imprimés ou en ligne, durant leurs premières années, souvent délicates, en distribuant des bourses d’un montant maximal de 50 000 euros. Il sera doté de 2 millions d’euros en 2016 et davantage en 2017. Il fournira aussi des aides aux incubateurs de médias et aux programmes de recherche innovants dans le secteur pour les appels à projets lancés avant la fin 2016. Le texte paru samedi au Journal officiel prévoit, par ailleurs, un renforcement du fonds stratégique pour le développement de la presse et son élargissement aux titres de presse en ligne de la connaissance et du savoir, et à tous les titres de la presse d’information politique et générale, quelle que soit leur périodicité, soit une quinzaine de titres. A. D. EN BREF LES JO DE RIO ONT FAIT PLONGER L’AUDIENCE DE TF1 EN AOÛT £ En l’absence des JO, diffusés sur France Télévisions et Canal+, l’audience de TF1 a chuté à 18,6 % en août, soit à un plus bas historique, selon Médiamétrie. La part d’audience de M6 s’est elle aussi nettement tassée, à 9,6 %. L’audience de la Une est toutefois remontée à 20,8 % la semaine du 22 au 28 août, après les JO, et celle de M6 à 10,6 %. Parallèlement, les audiences de France 2 et France 3 ont été portées par les quinze jours de la compétition, bondissant respectivement à 15,3 % et 10,3 %. Du côté des chaînes d’information en continu, BFMTV est restée leader avec 2,1 % de part d’audience, devant i-Télé (0,8 %) et LCI (0,2 %). RECTIFICATIF £ La chaîne i-Télé a enregistré une part d’audience de 1,2 % en juillet, et non de 0,8 % comme indiqué par erreur dans nos éditions du 29 août. mardi 30 août 2016 LE FIGARO - N° 22 411 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr MODE MASCULINE AUTOMOBILE SIX MOIS APRÈS LES DÉFILÉS AUTOMNE-HIVER, QUE TROUVE-T-ON DANS LES BOUTIQUES ? PAGE 28 Valentino AVEC CXPERIENCE, CITROËN RÊVE D’UNE BERLINE HAUT DE GAMME PAGE 29 Le second Empire, Magritte, Picasso, Hergé, Herb Ritts… la rentrée artistique est éclectique. Voici une sélection des plus grands rendez-vous à Paris et en province. ADAGP, PARIS 2016/PHOTOTHÈQUE R. MAGRITTE ; MUSÉE D’ORSAY, DIST. RMN-GRAND PALAIS/PATRICE SCHMIDT ; DR Des expositions bien encadrées La Princesse Mathilde, de Jean-Baptiste Carpeaux, présentée dans l’exposition « Spectaculaire Second Empire ». La Décalcomanie, de René Magritte, au Centre Pompidou. PAGES 26 ET 27 présente Paula Beer, la belle aux yeux d’or NOS FIGURES DE LA RENTRÉE Révélation de « Frantz », film de François Ozon présenté à Venise, la jeune Allemande crève l’écran. C’ est un or pâle cerclé de sombre qui prend, selon le ciel, la lumière, des tons gris, des tons verts. La sereine beauté de Paula Beer frappe immédiatement. Son visage tout en doux aplats, nez court, lèvres pulpeuses délicatement ourlées, est éclairé par cet extraordinaire regard, liquide et profond à la fois. Grande, sans excès, fine, dans sa simplicité de toute jeune femme de 21 ans, elle joue en français, au côté de Pierre Niney dans Frantz de François Ozon. Dans ce film en noir et blanc, avec des éclats de couleur, elle incarne Anna, dont le fiancé est mort à la guerre. On est en 1919, en Allemagne. Un jeune Français vient se recueillir sur la tombe du disparu. N’en disons pas plus. Le film sera présenté dimanche prochain à la Mostra de Venise, avant de sortir sur les écrans le 7 septembre. « J’ai beaucoup aimé ce tournage et la manière dont François Ozon nous met en confiance, nous laisse proposer, sans jamais perdre sa vigilance », confie Paula Beer dans un français choisi. Ce n’est pas son premier film dans notre langue. Elle a travaillé sous la direction de Volker Schlöndorff dans Diplomatie, au côté de Niels Arestrup et André Dussollier. « Mes scènes ont été coupées au montage et seront reprises, me dit-on, dans les bonus du DVD. » Nulle amertume : « J’ai tant appris auprès de Schlöndorff et de ces deux comédiens immenses. » Née à Mayence, enfant unique de parents artistes, peintres plutôt « abstraits », Paula a compris alors qu’elle avait à peine 8 ans que le jeu serait sa vie. Éduquée dans une école Montessori, elle suit, très jeune, un cours de théâtre et c’est à l’occasion du montage d’une pièce dont elle a le rôle principal qu’elle reçoit la révélation de sa vocation. « J’avais très peur, avant, mais une fois en scène, j’ai eu un sentiment de plénitude. » TÉLÉRAMA EFFRÉN UN RYTHME LIVE STUDIO CINÉ NEMENT QUE. UN ÉVÈ O R A B T QUE E L A ÉRÉ, MAGNIFI MAGISTR SOLAIRE, LIB E LA VIE QU D AN GR LA VIE UN FILM PLUS UN HYMNE À LES INROCKS TRANSFUGE OUEST FRANCE MARIANNE AZINE LE FIGARO MAG ANT L’OBS HHHH EPOUSTOUFL LUMINEUX HHHH 0 VOLTS LE MO U SUR 100 00 HH UN CHAPITEA S LA CROIX HH NDE NAGE UES PERSON DE MAGNIFIQ IMPÉTUEUX, , T N A S IS U P , UVE HHH UN FILM FLE ITALITÉ DÉBRIDÉE V E D’UN REUR ELLE UR ET DE FU PLEIN D’AMO LE FIGARO Un chemin très personnel Depuis, elle a suivi d’autres cours, et déjà pas mal tourné. Des films très différents, des rôles contrastés et, depuis Frantz, deux autres, sous la direction de Sherry Hormann et de Florian Henckel von Donnersmarck, deux rôles très contemporains après pas mal de films en costumes dont un Ludwig II dans lequel elle joue la petite sœur de Sissi. Elle sourit car elle sait que déjà certains la nomment « la nouvelle Romy Schneider ». Paula Beer, qui vit à Berlin, côté ex-Est, lit, va au cinéma, au théâtre, fréquente les galeries, a déjà son chemin très personnel. Intelligente et curieuse, elle entreprend sans cesse. L’an dernier, après Ozon, elle a passé un mois à Marseille pour perfectionner son français. Un jour, on la verra au théâtre. En Allemagne, certainement. Mais en France aussi. Pierre Niney a dû lui donner des idées. ■ DISPONIBLE EN DVD ET VOD A ARMELLE HÉLIOT [email protected] MAÎTRE UN COUP DE É, UN FILM ENFLAMMÉ mardi 30 août 2016 LE FIGARO 26 L'ÉVÉNEMENT COLLECTION ❙ LACHTCHOUKINE C’est l’événement de la rentrée. La Fondation Vuitton a réussi l’impossible, le retour en gloire de Sergueï Ivanovitch Chtchoukine (1854-1936). Collectionneur mythique et précurseur méconnu, il s’éprit de l’avant-garde française quand la France regardait ailleurs. Son héritage fou, brisé par la révolution russe puis par le stalinisme, qui vomissait l’art occidental, est venu enrichir les deux grands musées russes, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et le Musée Pouchkine de Moscou. Pour la première fois, la collection est réunie en tant que telle. Fondation Vuitton (Paris XVIe), du 22 octobre 2016 au 20 février 2017. www.fondationlouisvuitton.fr ❙ CARL ANDRE La rétrospective a été conçue par la Dia Art Foundation, sanctuaire de l’art minimal dans l’État de New York, en étroite collaboration avec l’artiste né en 1935 à Quincy, Massachusetts. Après New York (2014), Madrid (2015), Berlin (2016) et avant Los Angeles (2017), elle réunit, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, une quarantaine de sculptures monumentales, de nombreux poèmes, des photographies, des œuvres sur papier et des objets inclassables. Musée d’art moderne de la Ville de Paris (XVIe), du 18 octobre 2016 au 12 février 2017.www.mam.paris.fr ❙ CY TWOMBLY Il faudra toute la rigueur sensible de Jonas Storsve, directeur du Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou, pour faire vibrer cette première grande rétrospective à Paris de l’œuvre de l’artiste américain Cy Twombly. Ceux qui ont eu le privilège de visiter la Menil Foundation à Houston (Texas) ont ressenti la folle poésie de cet intellectuel des formes, auquel l’architecte Renzo Piano a consacré un sublime pavillon. Centre Pompidou (Paris IVe), du 30 novembre 2016 au 24 avril 2017. www.centrepompidou.fr ❙ PICASSO ET GIACOMETTI Après Shanghaï et Rabat, avant Moscou, la Fondation Giacometti poursuit son travail d’exploration et de confrontation tout à fait étonnant. Au Musée Picasso, l’artiste suisse est face au Minotaure. Les deux monstres sacrés se parlent, c’est forcément un dialogue sur l’Olympe. Musée Picasso (Paris IIIe), du 4 octobre 2016 au 5 février 2017. www.museepicassoparis.fr ❙ MAGRITTE Quoi de neuf ? Magritte ! Une centaine de tableaux, de dessins et des documents d’archives sont réunis par « l’esprit Beaubourg » pour une approche dense et différente qui s’inscrit dans la ligne des monographies que le Musée a consacrées aux figures majeures du XXe siècle. Centre Pompidou, du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017. ❙ L’art de la rentrée EXPOSITIONS De la collection Chtchoukine aux œuvres de Rembrandt en passant par celles de Fantin-Latour, les tableaux accrocheront tous les regards à Paris et ailleurs. ÉRIC BIÉTRY-RIVIERRE ET VALÉRIE DUPONCHELLE [email protected] £@VDuponchelle et Nicolas Iljine, il y a aussi quelque 37 autres donateurs qui comprennent les artistes ou leurs héritiers. Centre Pompidou, du 14 septembre 2016 au 27 mars 2017. MODERNITÉ ❙ LAMEXICAINE Du couple mythique formé par Frida Kahlo et Diego Rivera à Ángel Zárraga, le Grand Palais accueille, via le Museo Nacional de Arte de Mexico, un vaste panorama de la modernité mexicaine, depuis les prémices de la révolution jusqu’au milieu du XXe siècle, complété par des interventions ponctuelles d’artistes contemporains. Grand Palais (Paris VIIIe), du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017. www.grandpalais.fr ❙ MORGANE TSCHIEMBER New York l’a déjà repérée et applaudie. Nourrie de philosophie, la Française Morgane Tschiember s’intéresse aux glissements opérés entre la physique et la métaphysique, entre les phénomènes naturels et leurs interprétations infinies élaborées par l’être humain pour les comprendre. MAC/VAL, Vitry-sur-Seine (94), du 17 septembre 2016 au 5 mars 2017. www.macval.fr ❙ L’ESPRIT DU BAUHAUS KOLLEKTSIA Grâce à l’énergie sans faille d’Olga Sviblova, directrice du MAM à Moscou et longtemps « curator » du pavillon russe à Venise, le Centre Pompidou hérite d’une collection sur mesure d’art contemporain russe, 65 artistes et 360 œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Les collectionneurs russes se sont unis pour que leurs artistes entrent dans notre musée. Outre les mentors, Vladimir Potanine, l’homme le plus riche de Russie, le couple de mécènes Ekaterina et Vladimir Semenikhin, la Tsukanov Family Foundation Richard Gere. Tout Hollywood a défilé devant son objectif. Toutes les lionnes de la mode aussi. Gloire vibrante en noir et blanc pour cet optimiste, passionné de sculpture grecque classique, fauché par le sida à 50 ans. Maison européenne de la photographie (Paris IVe), du 7 septembre 2016 au 30 octobre 2017. www.mep-fr.org ❙ LE GRAND CONDÉ Le drapeau de Rocroi, sa plus éclatante victoire, vient d’être restauré. Il sera visible en son château pour une évocation de ce prince guerrier, bras armé de la Régence puis de l’absolutisme si l’on excepte la parenthèse de la Fronde et son ralliement à l’Espagne. Le Grand Condé, rival du Roi-Soleil ? Domaine de Chantilly (60), du 5 septembre 2016 au 2 janvier 2017. www.domainedechantilly.com ❙ FANTIN-LATOUR Au tournant du romantisme et de l’impressionnisme, du réalisme et de l’imaginaire, ce portraitiste exceptionnel doublé d’un peintre de natures mortes à la délicatesse extrême bénéficie d’une rétrospective. Elle précède celle d’Orsay sur son ami du groupe des Batignolles Frédéric Bazille (du 15 novembre au 5 mars). Musée du Luxembourg (Paris VIe), du 14 septembre 2016 au 12 février 2017. museeduluxembourg.fr Fondée en 1919 à Weimar, dissoute en 1933 à Berlin, l’école du Bauhaus s’est imposée comme une référence de l’histoire de l’art du XXe siècle. Elle a été créée par Gropius pour rendre vie à l’habitat et à l’architecture au moyen de la synthèse des arts plastiques, de l’artisanat et de l’industrie. Étude à travers 900 objets, mobilier, maquettes, peintures, photos. Musée des Arts décoratifs (Paris Ier), du 19 octobre 2016 au 26 janvier 2017. www.lesartsdecoratifs.fr SYNODE MONET, HODLER, ❙ MUNCH ❙ HERB RITTS L’ATELIER ❙ DEDANSREMBRANDT Ce fin Californien devint célèbre en photographiant un jeune acteur inconnu, Comment rendre l’éclat de la neige, du soleil, de l’eau vive ? Trois modernes se sont posé la question et y ont répondu différemment. Exposé tout en nuances par le critique d’art du Monde Philippe Dagen. Musée Marmottan Monet (Paris XVIe), du 15 septembre 2016 au 22 janvier 2017. www.marmottan.fr Réunion d’une vingtaine de tableaux et d’une trentaine de dessins et gravures, tous dus à l’un des principaux génies de l’art hollandais au XVIIe siècle. Les commissaires, dont Peter Schatborn du Rijksmuseum, entendent avec cette sélection mieux faire connaître la carrière et les différents processus créatifs du maître. Musée Jacquemart-André (Paris VIIIe), du 17 septembre au 23 janvier. www.museejacquemart-andre.com FASTES ET MODERNITÉ SECOND EMPIRE ❙ DU Plusieurs fois projetée et reportée à cause de son ampleur, l’exposition phare de la saison réunira des chefs-d’œuvre d’Ingres ou de Carpeaux, et des robes et bijoux des grands bals, des livrets d’Offenbach, des plans de Garnier ou des souvenirs des expositions universelles. Simultanément, à Compiègne, le Musée du Second Empire rendra hommage au dernier grand peintre de cour que l’Europe ait connu, Franz Xaver Winterhalter. Musée d’Orsay (Paris VIIe), du 27 septembre 2016 au 16 janvier 2017. www.musee-orsay.fr UN THÉ OSCAR WILDE ❙ AVEC Pilotée par son petit-fils, cette exposition consacrée à l’impertinent dandy écrivain et critique d’art sera une première en France. Juste reconnaissance d’un pays où il est mort. Si le Parisien sait que sa tombe se trouve au Père-Lachaise, il sait moins que celui-ci comptait Gide et Pierre Louÿs pour amis, qu’il fréquenta Mallarmé, Verlaine ou Sarah Bernhardt. Petit Palais (Paris VIIIe), du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017. www.petitpalais.paris.fr L’ART CONTRE ❙ L’ESCLAVAGE Daniel Soutif, à qui l’on doit « Le Siècle du jazz » en 2009, récidive. Dans les mêmes espaces, « The Color Line » retracera par l’art, l’affiche, le film ou le document cent cinquante ans de ségrégation des Noirs aux États-Unis. Cette histoire douloureuse sera, entre autres, l’occasion de découvrir des peintres afro-américains méconnus de ce côté-ci de l’Atlantique. Musée du quai Branly Jacques Chirac (Paris VIIe), du 4 octobre 2016 au 15 janvier 2017. www.quaibranly.fr ❙ VERSAILLES EN FÊTE Chasses, jeux, théâtre, danses, carrousels, mascarades, concerts, feux d’artifice, grandes eaux… À la cour de Louis XIV, les divertissements étaient sans limite. À chaque saison ses plaisirs, pour la grande gloire du maître de céans. Château de Versailles (78), du 29 novembre 2016 au 26 mars 2017. www.chateauversailles.fr A Porteur d’offrande, statuette du Pérou présentée dans l’exposition Hergé. Charlotte Dubourg, Henri Fantin-Latour. MUSÉE D’ORSAY, DIST. RMN-GRAND PALAIS / PHOTO PATRICE SCHMIDT ❙ HERGÉ MUSÉES ROYAUX D’ART ET D’HISTOIRE, BRUXELLES The Matisse Room, collection Chtchoukine. MUSÉE D’ÉTAT DES BEAUX ARTS POUCHKINE Mille millions de mille bulles ! Honneur à Hergé, maître du neuvième art, tendance ligne claire. Tintin, Milou, Haddock, Quick, Flupke, Jo, Zette ou encore Jocko : tous ces petits personnages seront LE FIGARO CULTURE mardi 30 août 2016 27 Péchés de jeunesse à la baguette EN PROVINCE CHRONIQUE Certes Lionel Bringuier, 30 ans, n’a pas été renouvelé à Zurich. Mais beaucoup de chefs nommés très jeunes à des postes prestigieux ont eu des carrières époustouflantes. Yannick Nézet-Séguin pourrait être de ceux-là. LE CLASSIQUE Christian Merlin MARSEILLE au rendez-vous, en version originale. Grand Palais (Paris VIIIe), du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017. www.grandpalais.fr ET AUTRES AVENTURIERS ❙ SINDBAD Quels rêves que leurs voyages ! De Sindbad à Marco Polo, les premiers arpenteurs des civilisations orientales sont devenus eux-mêmes des légendes. Entre exploits réels et contes fantastiques, une exposition va les réunir. Institut du monde arabe (Paris Ve), du 15 novembre au 26 février. www.imarabe.org LENS L’antenne du Louvre organise la première exposition sur la Mésopotamie conçue, depuis la première guerre du Golfe, avec les musées et les archéologues irakiens (ci-dessus : Tell Hariri, vers 2400 avant J.-C.). Du 2 novembre 2016 au 23 janvier 2017. AMÉRICAIN ❙ DÉBARQUEMENT Du krach boursier à Pearl Harbor, les États-Unis n’auront jamais, malgré tout, perdu leur foi dans le progrès. Devrait en témoigner ce choix de peintures, exécutées entre 1930 et 1942. De l’iconique American Gothic de Grant Wood aux premiers chefs-d’œuvre de Jackson Pollock. Musée de l’Orangerie (Paris Ier), du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017. www.musee-orangerie.fr ❙ BOUCHARDON Sculpteur du roi et roi des sculpteurs au XVIIIe siècle, cet artiste pare les Lumières d’une sensualité qui nous les rend d’autant plus chères. Monumentale monographie en 270 œuvres pour l’un des inventeurs du néoclassicisme. Le Louvre (Paris Ier), du 14 septembre 2016 au 5 décembre 2017. www.louvre.fr LYON À partir de quelques-uns de ses leitmotivs, le Musée des beaux-arts tentera d’expliquer le « laboratoire mental » de Matisse (notre photo : Grand Intérieur rouge). De la période fauve aux papiers découpés, sa peinture, sa sculpture et sa gravure accompagnent ou prolongent de qui a d’abord été dessiné. Du 2 décembre au 6 mars 2017. GRENOBLE Vase forme Étrusque de Naples, MaximilienFerdinand Mérigot, une des pièces de l’exposition « Spectaculaire Second Empire ». MUSÉE D’ORSAY, DIST. RMN-GRAND PALAIS/ PATRICE SCHMIDT Première manifestation en France depuis 1972 consacrée à la dernière décennie de Kandinsky (ci-dessus : Bleu de ciel). Soit la synthèse du vocabulaire géométrique des années du Bauhaus, des tracés aléatoires et ondulants de la décennie précédente et des nouveaux motifs biomorphes inspirés de la science cellulaire. Du 29 octobre 2016 au 29 janvier 2017. Yannick Nézet-Séguin a pris la direction musicale du Metropolitan Opera de New York. s’est épanoui à la tête d’autres phalanges. La rencontre entre un chef et un orchestre relève d’une alchimie tellement subtile et d’un tel faisceau de paramètres que personne ne peut prévoir comment cela va tourner. Autrement dit, il est tout à fait possible que Lionel Bringuier établisse avec un autre orchestre un lien privilégié. C’est ce que l’on souhaite à l’Israélien Lahav Shani, 27 ans, qui vient de succéder à Yannick Nézet-Séguin à la tête du Philharmonique de Rotterdam : encore une baguette extrêmement talentueuse et prometteuse ! Prendre le temps de mûrir Nézet-Séguin, parlons-en. Avant l’été, on apprenait que, en plus de l’Orchestre de Philadelphie, le Québécois bondissant était nommé à la direction musicale du Metropolitan Opera de New York, un des postes les plus en vue du monde lyrique. « Trop tôt ! », s’exclamèrent aussitôt les ronchons, à l’idée que l’élu n’était pas né quand l’immense James Levine y a pris ses fonctions en 1973… Avec pour leitmotiv : autrefois, les chefs prenaient leur temps pour mûrir et apprendre le métier. Vraiment ? Voyons un peu. James Levine avait 30 ans quand il a été nommé au Met ! Arturo Toscanini en avait 31 quand il a pris la Scala de Milan. Bernard Haitink s’est retrouvé à 32 ans aux commandes du Concertgebouw d’Amsterdam, l’âge qu’avait Riccardo Muti quand on lui a offert la succession d’Otto Klemperer à l’Orchestre Philharmonia. Erich Kleiber à l’Opéra de Berlin ? 33 ans. Ievgueni Mravinsky à Léningrad ? 35 ans, l’âge auquel Claudio Abbado a régné sur la Scala. Alors prudence : certes, le jeunisme a ses écueils, mais aux âmes bien nées…■ présente “UNE DÉLICATESSE INFINIE” TÉLÉRAMA PIERRE DELADONCHAMPS GABRIEL ARCAND CATHERINE DE LÉAN UN FILM DE PHILIPPE LIORET DEMAIN AU CINÉMA 2016 © FIN AOÛT PRODUCTIONS / FRANCE 3 CINÉMA / ITEM 7 - PHOTO © FIN AOÛT PRODUCTIONS / SÉBASTIEN RAYMOND. CRÉDITS NON CONTRACTUELS. A COURTESY OF PHILADELPHIA MUSEUM OF ART, PHILADELPHIE ; ADAGP, PARIS 2016/SÉBASTIEN GOKALP ; PHOTOTHÈQUE R. MAGRITTE, ADAGP, PARIS 2016 RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE PICASSO DE PARIS)/JEAN-GILLES BERIZZI © SUCCESSION PICASSO, 2016 ; CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DISTR. RMN-GRAND PALAIS/BERTRAND PRÉVOST ; MUSÉE DU LOUVRE, DIST. RMN-GP/RAPHAËL CHIPAULT ; CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN-GRAND PALAIS/PHILIPPE MIGEAT Fifty Days at Iliam : Shield of Achilles, Cy Twombly ; Breda, Carl Andre ; Les Vacances de Hegel, René Magritte (de gauche à droite). n est tellement habitué aux communiqués de presse annonçant la prolongation du contrat d’un directeur musical à la tête de son orchestre que l’on a ressenti comme une douche froide l’annonce de la non-reconduction de Lionel Bringuier à la Tonhalle de Zurich audelà de 2018. Nommé à la succession de David Zinman en 2014, le jeune chef français de 30 ans, qui en avait 28 au moment de son entrée en fonction, se sera donc contenté d’un mandat. Visiblement, la séparation s’est faite à l’amiable et d’un commun accord. Et voilà qui repose une fois de plus l’éternelle question : les chefs sont-ils aujourd’hui trop tôt propulsés à des postes exposés ? Au risque de vous décevoir, ne comptez pas sur nous pour répondre par oui ou par non, la question est trop complexe ! Dans le cas de Bringuier, aussi bien son intégrale Ravel chez DG que le concert donné avec les Zurichois à la Philharmonie la saison dernière nous avaient laissé une impression mitigée. Du travail très propre, mais un peu lisse, un peu scolaire, sans profil artistique affirmé. Peut-être était-ce trop tôt dans sa carrière. Mais à sa décharge, venir après David Zinman, un chef septuagénaire qui aura marqué pendant vingt ans l’orchestre de son empreinte charismatique, est presque mission impossible. Tout le monde a oublié aujourd’hui que c’est Sakari Oramo qui a succédé à Simon Rattle à Birmingham. Venir après un dieu vivant n’était pas un cadeau, mais depuis le Finlandais MARCO BORGGREVE O C’est le lieu de tous les possibles : le rêve, des Égyptiens à Claude Lévêque, en passant bien sûr par les symbolistes et les surréalistes (ci-dessus : Dormeuse aux persiennes, de Picasso), sera le très - trop ? vaste sujet du Musée Cantini de Marseille. Du 17 septembre 2016 au 22 janvier 2017. mardi 30 août 2016 LE FIGARO STYLE 28 Des podiums aux boutiques, la réalité d’un vestiaire J DR DÉCRYPTAGE Retrouve-t-on dans les magasins les modèles pour homme aperçus lors des défilés de l’hiver ? Repérage incognito sur le terrain, dans la capitale. Hermès Gucci FRÉDÉRIC MARTIN-BERNARD [email protected] anvier 2016, alors que les collections de l’automne-hiver 2016-2017 sont dévoilées sur les podiums de Londres, Milan, Paris et New York, le débat fait rage dans la profession sur le bien-fondé de ces présentations six mois avant l’arrivée en boutiques. Les défilés jouissant d’importantes retombées médiatiques sur Internet, ne serait-il pas judicieux de revoir le système sur le principe du « see now, buy now » afin de tirer davantage profit de l’intérêt du public sur le moment ? Septembre 2016 : le débat est loin d’être tranché entre les progressistes, souvent anglo-saxons, qui ont une approche de la mode très « marketée », et les partisans de l’ancien calendrier revendiquant une nécessité de temps pour concevoir et fabriquer des modèles originaux. Des mois précieux durant lesquels acheteurs professionnels des griffes et Dries Van Noten des magasins multimarques en profitent pour « digérer » les tendances fortes de la saison, passer commande et préparer l’assortiment de leurs rayons en retenant – ou pas - l’écume des propositions des stylistes. Résultat : les pièces qui paraissent dans la presse ne sont pas toujours commercialisées. Des collections résumées à un portant Cette idée du « see now, buy now » a été précisément lancée par Christopher Bailey chez Burberry. Dans le vaisseau amiral de la marque, à deux pas de l’Élysée, les sweat-shirts zippés et pantalons à bande contrastée façon survêtement vintage, qui accompagnaient les plus traditionnels trenchs, cabans et manteaux militaires à chaque passage sur le podium, se comptent sur les doigts d’une main ! Pour trouver ces modèles (omniprésents dans la campagne publicitaire actuelle), il faut se rendre sur les stands des grands magasins du boulevard Haussmann, à Paris. Autres déceptions au regard de défilés particulièrement ap- plaudis : la sublime dernière collection de Stefano Pilati pour Ermenegildo Zegna excessivement édulcorée dans le magasin phare de la firme italienne, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Également, l’offre de Berluti, qui ne reflète pas les ultimes inspirations d’Alessandro Sartori pour le bottier parisien ; la sélection des boutiques Prada, très éloignée du show avec sa multitude de manteaux et paletots à col bateau amovible ; ainsi que le dressing de Tomas Maier pour Bottega Veneta, qui se résume à vingt-huit vêtements sur autant de cintres, alors que le défilé comptait trente-neuf passages et une moyenne de quatre pièces par look. Mais le plus surprenant est chez Louis Vuitton, au sein du vaste espace homme de la boutique de l’avenue Montaigne qui s’étend sur tout un étage. La présentation de Kim Jones est bel et bien diffusée en continu sur écran géant, mais le vestiaire inspiré par Paris et par l’histoire du malletier se limite à moins de dix modèles. Si les décalages entre le podium et les portants sont de plus en plus flagrants dans certaines maisons, Dries Van Noten Dior Homme a toujours veillé à commercialiser l’intégralité de ce qu’il montre en défilé. Les manteaux militaires rebrodés de soutaches, les vestes en brocart, les chemises en soie et l’ensemble du formidable opus orchestré sur la scène de l’Opéra Garnier sont serrés au coude-à-coude dans les alcôves de sa boutique du quai Malaquais. Rue des Archives, les magasins 100 % masculins de Gucci et de Givenchy attenants au BHV Marais sont également représentatifs de ce qu’Alessandro Michele et Riccardo Tisci ont respectivement présenté pour ces deux institutions. Intégrité et parti pris Autre griffe dont les seules adresses au monde dédiées à l’homme sont basées à Paris, Valentino fait preuve d’une semblable intégrité en livrant, à la fois, les manteaux et les costumes noirs surpiqués de blanc (voir page 25), le sportswear imprimé de constellations ou rebrodé de papillons, le denim ponctué de clous et les coupe-vent « camouflage » qui composaient son défilé-fleuve. Salvatore Ferragamo, qui, avant l’été, a rénové et agrandi son flagship store au 45, avenue Montaigne, accorde, lui aussi, plus d’espace au prêt-à-porter masculin. Même constat chez son voisin Fendi, qui va jusqu’à proposer les pièces ultrapointues du show comme le blouson en patchwork de cuir figurant une multitude de visages imbriqués. Un pari sur des créations sortant de l’ordinaire que l’on retrouve chez Hermès (manteau en drap à base de crin de cheval, pull à petites bêtes rebrodées), chez Dior Homme (pantalon et Perfecto en denim entièrement maculé de peinture) et peut-être plus encore dans les grands magasins parisiens. Ici, l’offre des maisons établies étant souvent à la discrétion de ces dernières - donc semblable d’un department store à l’autre -, les acheteurs de ces temples marchands, dont Lafayette Homme en tête, misent sur une sélection de plus en plus large de nouveaux noms internationaux de la mode homme. ■ Reportage réalisé les 24, 25 et 26 août à Paris. Lucas Ossendrijver, la créativité décomplexée TALENT En dix années, ce Néerlandais discret a fait du dressing Lanvin une des collections les plus originales et abouties de la mode masculine à Paris. A L ucas Ossendrijver n’a pas changé malgré le succès : toujours aussi affable, souriant, réservé. En revanche, l’univers masculin de Lanvin dont il modernise le propos depuis une décennie est très éloigné de l’esprit conservateur qui s’en dégageait à son arrivée en 2006. Commençant par caler ses pas sur ceux d’Alber Elbaz, qui dessinait le prêt-à-porter féminin et assurait la direction artistique de l’ensemble de la maison du faubourg Saint-Honoré depuis 2001, ce Néerlandais est parvenu à prendre ses distances. À affirmer un style de plus en plus personnel sans jamais faire d’ombre ni froisser celui qui l’avait pris sous son aile, en qualité de designer expert de la mode homme que lui-même n’avait jamais touchée. À chaque finale des défilés de Lucas Ossendrijver, son aîné avait même pris le pli d’apparaître en retrait. Tous deux se vouaient un respect profond et, en octobre dernier, quand M. Elbaz est limogé du jour au lendemain par la direction, son complice semble encore plus touché que le reste de l’entreprise. « Pendant les périodes de turbulences, j’ai tendance à me replier sur moi-même, à me concentrer sur mes particulièrement applaudie, non parce qu’il s’agissait d’un anniversaire ou d’une soudaine révélation, mais parce qu’elle reflétait une forme d’aboutissement dans un continuum stylistique, la parfaite synthèse de dix ans à twister les formes et faire bouger les lignes du dressing masculin. « Lorsque je pense Lanvin, ce sont les mots tailleurs, luxe et belles matières qui me viennent tout d’abord à l’esprit », dit, comme s’il venait de prendre ses fonctions, le designer qui s’est appuyé, à chaque saison, sur ces fondations pour mener d’autres explorations. « Partir de la réalité pour avancer» Lucas Ossendrijver. VIVIANE SASSEN créations », commentait-il, quelques semaines après l’éviction, juste avant le show de l’automne-hiver 2016-2017. Cette dernière collection (actuellement en boutiques) marque ses dix années au service de Lanvin et, aussi, le début d’un deuxième chapitre avec les coudées franches. Elle fut d’ailleurs « Partir de la réalité pour avancer, toujours et encore », résume celui qui s’est piqué de passion pour la mode, très jeune, après avoir démonté un vieux veston pour voir sa construction intérieure, quand d’autres gamins mettent en pièces une bicyclette. « La complexité de son montage m’a tellement bluffé que j’ai voulu en faire mon métier. » À défaut de reprendre l’entreprise de BTP de ses parents, Lucas Ossendrijver, né à Utrecht en 1970, entre à l’École des beaux-arts d’Arnhem. Une formation complétée par des premières années dans les studios de Kostas Murkudis, Kenzo et Dior Homme, époque Hedi Slimane, où il œuvre sur la partie la plus classique de l’offre de la griffe de l’avenue Montaigne. Cet exercice de style dans un cadre très précis le pousse dans ses retranchements, l’incite à faire preuve d’une créativité distillée, avant de se pencher sur Lanvin où tout est à repenser avec des moyens différents. Saison après saison, ce talent qu’on n’attendait pas - son premier bureau dans la maison était pour ainsi dire un placard – déplace subtilement le curseur du style, travaillant les matières, les coupes, les finitions et les accessoires. Ses baskets à tige haute deviennent rapidement des best-sellers, signant le retour de ce genre de souliers (en même temps que les modèles de Pierre Hardy et de Balenciaga) et confirmant qu’une révolution est bel et bien en marche sous sa houlette. Ces sneakers font bien évidemment partie de la capsule anniversaire, éditée en cette rentrée pour marquer le coup… mais sans trop s’appesantir sur hier. Ce passé que Lucas Ossendrijver prend comme point de départ. Jamais d’arrivée. ■ F. M.-B. Collection Lanvin hiver 2016-2017. + @ SUR LE WEB » Plus de mode homme www.lefigaro.fr/lifestyle DR LE FIGARO AUTOMOBILE RÉVÉLATION Exposé au prochain salon de Paris, le concept CXPERIENCE ravive le projet d’une grande routière chevronnée. Et fait bouger les lignes du constructeur. D mardi 30 août 2016 29 Citroën veut renouer avec son prestige SYLVAIN REISSER [email protected] epuis que le groupe PSA a décidé d’amputer les chevrons de DS et de confier les rênes du haut de gamme à sa nouvelle marque, des voix s’interrogent sur le sort réservé à Citroën. Cette décision, imposant la redéfinition du territoire d’expression de chacune des trois marques du groupe français, a fait naître nombre d’incompréhensions et d’incertitudes quant au rôle désormais assigné à Citroën. Si, faute de moyens suffisants pour mener de front tous les chantiers, les réponses ont tardé à venir, le futur commence à s’éclairer chaque jour davantage. Sous la signature «Be different, feel good » associée à des valeurs de différenciation, de confort et de bien-être, la nouvelle gamme Citroën commence à prendre forme. Après le concept Aircross de l’an dernier qui préfigure un SUV dans moins de deux ans, le public du Mondial de l’automobile va découvrir que la firme depuis toujours gouvernée par les extrêmes et réputée pour son audace et son avant-gardisme n’a pas renoncé à proposer une grande berline. Son patrimoine historique et technique lui confère toute légitimité pour renouer le fil d’une histoire interrompue depuis l’abandon de la C6 dont les lignes résistent admirablement à l’épreuve du temps. Dévoilée au public lors du prochain salon de Paris, la CXPERIENCE donne un avant-goût de ce que pourrait être la prochaine grande berline de Citroën. S. SORIANO/ LE FIGARO ler la roue carénée de la CX. L’héritage transpire également à travers le parebrise évasé très incliné, la calandre à double étage, les flancs creusés, l’empattement long et la lunette arrière concave. Cette dernière chute plus fortement que de coutume sur un postérieur presque trop bulbeux et entretenant l’illusion d’avoir affaire à un tricorps. L’équipe dirigée par Alexandre Malval a réussi son coup. Ce concept fait bouger les lignes. cocon apaisant et chaleureux uUn « La guerre des boutons, c’est fini », Dans les roues de la CX uRépondant au nom de code CP16, le une sacrée prestance, sans agressivité. Campée sur des énormes roues de 22 pouces, cette berline de 4,85 m de long s’inscrit dans le droit-fil des codes en vogue chez Citroën. L’exercice est dénué de fioritures, presque monolithique. À travers cette silhouette aérodynamique (volets et flaps mobiles dans le bouclier) et surbaissée (1,37 m de haut), on retrouve plusieurs dénominateurs communs aux grandes Citroën comme l’asymétrie de traitement entre l’avant et l’arrière, vraiment audacieux avec, au-dessus du passage de roue, la coupe franche de la coque censée rappe- concept de Paris est, comme pour tous les projets du bureau de style, le résultat d’une compétition interne. Grégory Blanchet, le lauréat, ne cache pas avoir puisé une partie de son inspiration auprès de la CX et de la C6. En même temps, il souligne le rôle capital joué par Vincent Barbereau, le modeleur qui a su interpréter ses sketchs pour donner corps à des surfaces dont les galbes et les reliefs subtils prennent parfaitement la lumière. Finalement baptisée CXPERIENCE, l’étude affiche nous prévient un membre du design. Aussi lorsque les deux portes antagonistes et échancrées dans le pavillon se déploient sur un habitacle dépourvu de pied central, on n’est guère surpris de découvrir un espace débarrassé de touches et de commandes. « Nous avons seulement conservé le bouton pour actionner les feux de détresse, obligatoire, et celui du stop & start », nous dit Jean-Arthur Madelaine Advenier, le responsable du style intérieur. Toutes les commandes sont désormais regroupées au sein d’une gigantesque tablette tactile (19 pouces au format 16/3). Son écran peut être découpé en plusieurs fenêtres. Les designers se sont fait plaisir en créant un véritable salon mobile. La confection des sièges en maille tissée jaune et le dessin des sièges appartiennent au monde de l’ameublement et de la décoration. Le moelleux des fauteuils relève de l’univers de la literie. La forme de la planche de bord est toute aussi spectaculaire. Réalisée en feuille de noyer tramée en 3D, elle singe un rondin de bois ouvert. Cette pièce à la cavité recouverte du textile jaune ceinture l’habitacle. Si le volant monobranche renvoie à la CX, la technologie est bien actuelle avec une connectivité dernier cri. uDes chevrons vrombissants Sa fiche technique annonce une puissance de près de 300 chevaux. Mais inutile de chercher un V8 ou un V6 sous le capot. L’étude CXPERIENCE étrenne la chaîne de traction hybride rechargeable en cours de développement chez PSA. Cette technologie qui va permettre de respecter les engagements en matière de réduction de l’empreinte carbone est une excellente opportunité pour pallier l’absence au catalogue de puissantes motorisations à essence. Elle combine un 4-cylindres à injection directe d’essence de 1,6 litre pouvant délivrer jusqu’à 200 ch à un moteur électrique de 80 kW (108 ch). Le mode ZEV autoriserait un rayon d’action de 60 km sans rejeter un seul polluant. Quant au confort de roulage, avec l’abandon de la suspension hydropneumatique, il innove avec des amortisseurs à butées hydrauliques. Le sort de la CXPERIENCE est désormais suspendu aux réactions du public de Paris. Mais selon quelques indiscrétions, son langage de formes pourrait inspirer une prochaine berline compacte. ■ L’Ampera-e, une citadine électrisante Le modèle Opel se distingue par une calandre spécifique empruntant ses codes aux derniers modèles allemands. On retrouve ainsi le pare-brise très incliné, le pavillon fuyant et la ceinture de caisse montante ainsi que les roues aux quatre coins qui confèrent un véritable dynamisme aux volumes. Le constructeur n’a pas encore divulgué les dimensions, mais, si l’on se base sur celle de la Bolt, la longueur ne dépassera pas 4,17 mètres tandis que la hauteur culminera à 1,59 m. Une puissance de 150 kW Plus grande que la BMW i3 et que la Renault ZOE, l’Ampera-e se positionne clairement face à la citadine munichoise par les caractéristiques techniques de sa chaîne de traction. Le moteur électrique délivre une puissance de 150 kW (204 ch), soit tout de même 34 ch de plus que la BMW, et un couple confortable de 360 Nm disponible dès le démarrage. Opel annonce des accélérations électrisantes avec un Présentée à Paris, l’Opel Ampera-e sera commercialisée courant 2017 en Europe. 0 à 50 km/h en 3,2 secondes et des reprises de premier ordre. Pour passer de 80 à 120 km/h, l’Ampera-e ne demanderait pas plus de 4,5 secondes. La vitesse de pointe est bridée à 150 km/ h. Malgré l’installation de la batterie de 60 kWh sous le plancher et de la baisse du centre de gravité, elle ne devrait néanmoins pas pouvoir lutter avec la BMW sur le plan du comportement routier et du dynamisme en raison d’un poids plus élevé. La munichoise bénéficie, il est vrai, d’une cellule en carbone qui lui permet d’afficher 1 195 kg sur la bascule, contre 1 625 kg pour la Bolt. Batterie chargée, l’Ampera-e annonce une autonomie de près de 340 km. La citadine 5 places d’Opel sera lancée sur le marché européen dans le courant de l’année 2017. Son tarif devrait être particulièrement attractif si l’on prend pour base les 25 120 dollars de la Chevrolet Bolt aux États-Unis. ■ S. R. A À l’approche de la fin de la décennie et dans le contexte de durcissement des normes de dépollution et de diminution de l’empreinte carbone, les véhicules électriques commencent à gagner du terrain. Ce n’est pas encore l’avalanche, mais l’offre de véhicules décarbonés se multiplie, notamment sur le segment des citadines. Opel profitera ainsi du salon de Paris pour révéler sa première citadine électrique. Au risque de brouiller les pistes, ce véhicule reprend le patronyme de sa berline Ampera, à la carrière confidentielle et écourtée. En termes d’architecture, son nouveau véhicule n’a rien à voir avec la berline hybride. L’Ampera-e est la sœur jumelle de la Chevrolet Bolt, dont la commercialisation va débuter dans quelques semaines aux États-Unis. Elle en reprend les principales caractéristiques, à commencer par la silhouette de minispace. 1 PRÉSENTATION Opel investit le segment des petites voitures électriques avec un modèle étonnamment performant. mardi 30 août 2016 LE FIGARO La Panamera assoit le conducteur 10 mm plus bas qu’auparavant. 30 AUTOMOBILE O DANIEL WOLLSTEIN SYLVAIN REISSER [email protected] n efface tout et on recommence. De la première Panamera, la nouvelle génération n’a conservé que le nom, le logo sur le capot et la clé de contact à gauche du volant. Porsche s’est en effet offert le luxe de repartir d’une feuille blanche pour poursuivre l’histoire d’une berline qui n’a pas démérité (154 000 unités en six ans) en dépit d’une concurrence établie et d’un physique ingrat. Développée autour de la grande plateforme MSB du groupe VW qui sera utilisée par la prochaine Audi A8, la Panamera II va galvaniser les amateurs du genre. Train avant avancé, porte-àfaux avant réduit, cabine reculée vers l’arrière, silhouette allongée de 34 mm (5 049 mm) et élargie de 6 mm (1 937 mm), pavillon très fuyant (- 2 cm) : la silhouette est enfin rééquilibrée. Elle intègre les codes en vogue chez Porsche, au point de passer pour une 911 à 4 portes. Outre la ligne qui fait désormais l’unanimité, la Panamera II a mené sa révolution intérieure. Sous l’appellation Porsche Advanced Cockpit, les ingénieurs ont imaginé une nouvelle interface homme-machine évitant l’amoncellement de boutons sur la console centrale surélevée en laque noire. L’immense écran central tactile de 12,3 pouces regroupe l’ensemble des informations. À l’usage, il constitue un réel progrès. Il se pilote à la manière d’un smartphone. Il suffit d’effleurer l’écran, qui peut se subdiviser en plusieurs fenêtres, pour voir apparaître, à gauche, le menu défilant dans un bandeau vertical. Et tout pilote qui sommeille dans le conducteur de cette Porsche appréciera de retrouver, derrière le volant, une casquette d’instrumentation installant un comptetours analogique en son centre. Il est encadré de chaque côté par deux cadrans de 7 pouces virtuels. En jouant sur une molette du volant, ceux de droite peuvent disparaître au profit de la cartographie du GPS ou de l’ordinateur de bord. Le progrès se niche également dans la connectivité évoluée permettant de disposer d’un hotspot Wi-Fi, mais aussi, à partir des productions 2017 du système Inno Drive donnant un aperçu de la conduite autonome à la sauce Porsche. Sous le capot La 911 des familles Moteurs Cylindrée Type Puissance Couple ESSAI La deuxième génération de la Porsche Panamera réussit la synthèse difficile entre sportivité et confort. En faisant travailler ensemble la navigation, le régulateur de vitesse adaptatif et les radars anticollision, la Panamera est en mesure d’anticiper les trois kilomètres à venir. Elle adapte par exemple sa vitesse à l’approche d’une bretelle de sortie d’autoroute et elle enregistre que vous allez entrer dans une zone à 50 km/h pour abaisser la consommation de 10 %. On recommandera le pack Sport Chrono (1 878 €) qui s’enrichit d’un mode Sport + abaissant l’assiette de la voiture, raffermissant la suspension et augmentant la réponse moteur. Le tunnel central qui court jusqu’aux places arrière distribue quatre places individuelles qui pourront s’enrichir des fonctions ventilation (chauffants et ré- frigérés) et massage. Pas de jaloux, avec l’option climatisation quatre zones (1 548 €), les passagers arrière bénéficient d’un écran central permettant d’accéder ou de piloter certaines fonctionnalités du menu. Reste que pour transporter 5 personnes, il faudra passer son chemin ou attendre l’arrivée de la version Gran Turismo prévue au plus tard en 2018. D’ici là, les versions longue et hybride rechargeable auront déjà fait leur apparition. Accélérations époustouflantes En attendant, la Panamera II étrenne la nouvelle gamme de motorisations « KOVOMO » du groupe VW et comportant deux V8 (essence et diesel) ainsi qu’un V6 2,9 litres à injection directe d’essence d’origine Audi. Ces trois mécaniques biturbo sont associées à la transmission intégrale, garante d’une motricité sans faille, et à la boîte à double embrayage PDK à 8 rapports. Fort de ses 422 ch, la 4S Diesel, qui va représenter plus de 65 % des ventes offre un niveau de performances qui laisse pantois. Parfaitement insonorisée, cette super GT ne s’avère guère démonstrative mais autorise une autonomie de près de 1 000 km avec le réservoir de 90 litres Ventes 16e APPARTEMENTS Immobilier d'entreprise Ventes 5e APPARTEMENTS Ventes LOCAUX INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX ASNIERES GARE Emplact N°1 - Vitrine 7m 100m2 s/2 nivx - 360.0001 Cab.Soussen 06.11.10.8073 Ventes BOUTIQUES é4°ILE SAINT LOUISé Belle boutique 80m2 + 40m2 sous sol, 1.080.0001 DISTRICT 01.43.29.15.11 Professions LIBERALES Quai de la Tournelle 4e belle vue, 5 P Carrez 113,45 M2 + 2 chbres de service. DPE : classes D et E Prix de vente: 1.700.0001 Honoraires de négociation en sus : 4% HT à la charge de l'acquéreur Tél. 01.42.84.84.91. 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Si pour vous le plaisir débute au-dessus de 5 000 tr/min, le salut passe par les versions à essence qui distillent des sensations que l’on est en droit d’attendre d’une berline de sport. C’est le cas au volant de la 4S facturée 115 967 €. On accède alors à l’allonge d’un moteur vif et doté d’une sonorité enivrante avec le mode Sport +, au prix d’une gestion un peu brutale de la boîte. Avec la Turbo équipée de la suspension pneumatique de série à trois chambres au lieu d’une pour la précédente génération (option à 2 154 €), on change de catégorie. La vigueur des accélérations est époustouflante (3,4 s avec le pack Sport Chrono pour atteindre les 100 km/h) et les sensations sont identiques à celles de la 911 Turbo. Surtout avec les roues arrière directrices (2 064 €) qui améliorent l’agilité et le châssis PDCC avec contrôle actif de roulis et différentiel autobloquant électronique (4 740 €). Vu le niveau de performances, les freins en carbone-céramique sont vivement recommandés (+ 9 012 €). Preuve du vaste répertoire de la Turbo, à allure stabilisée, son moteur fait un geste pour la planète en désactivant quatre cylindres. ■ L/l/h Coffre Poids 5 049 × 1 937 × 1 423 mm 495 litres 1 995/2 050 kg Performances 0-100 km/h Vitesse 3,6/4,3 secondes 306/285 km/h Consommation /émissions Mixte UE CO2 Prix 9,3/6,7 l/100 km 212/176 g/km 119 927/156 287 € NOTRE AVIS La nouvelle Panamera est méconnaissable, gommant les points discutables de la précédente et déplaçant le curseur vers plus de sportivité. Certes, on pourra lui reprocher une visibilité vers l’arrière réduite et, sur les deux 4 S, une direction surassistée nécessitant des micro-corrections au volant. Ce n’est pas un mais trois modèles au caractère très différencié que Porsche met sur le marché. Les modèles à essence correspondent vraiment à l’idée que l’on se fait d’une « familiale » sportive. Reste que le tarif est vertigineux, surtout en puisant dans la vaste liste des options. Mais un modèle 2 roues motrices à moins de 90 000 € est prévu. ■ BONNES AFFAIRES TRIANGLE D'OR imm. gd stand. sécurisé, Magnifique studio, très clair, baies vitrées, 2e ét. donnant sur vaste terrasse fleurie. Entrée placards, s. de bains, cuis. indépendantes, cave. 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Entrée, plat et dessert. Bien équipée, bien entourée. Pour tout vous dire, ce que l’on aime chez elle, ce sont ses impostures téléphoniques. Celle-ci : « Oui, bonjour monsieur, je me permets de vous appeler, est-ce que vous pouvez couper la télé ? » Le type demande pourquoi . « Je travaille pour la campagne de Nicolas Sarkozy et il aimerait rencontrer des habitants, des Français ! Est-ce que vous seriez d’accord d’accueillir Nicolas Sarkozy chez vous dans quinze jours ? Vous seriez favorable de l’accueillir ? (…) Vous allez le rencontrer, on prend des photos, et voilà. » Le type, André, un peu dérouté, appelle sa femme. Elle s’appelle Lucienne. Lucienne accepte mais demande, sans surprise, ce que l’ex veut becqueter. Roumanoff la rassure, il n’y aura pas sa femme, il n’y aura pas Carla. Lucienne ne tique pas mais un peu quand même : « Il faudrait plutôt que ce soit un mardi car on a des coquillages, je pourrai lui faire des spaghettis “alle vongole”. » Roumanoff : « Très bien, vous savez, il est très simple, Nicolas. » Pas sûr, pas sûr, pas sûr… S i l’Irak a été ces dernières années occulté par la guerre civile syrienne, les deux conflits restent cependant intimement liés. L’essor de l’État islamique (EI), entité djihadiste occupant un territoire à cheval sur les deux pays, est tout autant le produit de la décomposition de l’État irakien de Saddam Hussein que de celle de la Syrie de Bachar el-Assad. La cruelle guerre d’Irak, qui fut la matrice d’une génération de djihadistes, est toujours l’autre scène sur laquelle se joue le drame en cours au Moyen-Orient. Dans Bagdad, chronique d’une ville emmurée, Lucas Menget et Laurent Van der Stockt retournent dans la capitale irakienne où ils ont assisté, en 2003, à l’entrée des Américains. Ils retrouvent une ville brisée par l’occupation et par la guerre civile qui l’a suivie entre sunnites et chiites. Les deux reporters n’avancent aucune thèse ni explication simpliste. Ils racon○○○¡ tent Bagdad à travers des portraits de ses habitants, dont chacun prend l’allure d’une parabole. Touche par touche, comme dans une terrible version des contes des Mille et Une Nuits, l’histoire déroule ses écheveaux complexes. Les chiites, qui célèbrent le martyre de l’un des leurs, tombé dans les combats contre l’État islamique, ou les sunnites, qui sont l’objet de la suspicion générale comme s’ils formaient une cinquième colonne de l’EI dans Bagdad, sont tous les acteurs impuissants en même temps que les victimes d’une grande tragédie. Les images, superbes, sont presque oniriques. Mais le rêve vire vite au cau- se sont étendus depuis vers les quartiers civils, à mesure que l’Irak se décomposait et basculait dans la guerre confessionnelle. Visages tendus L’emmurement de Bagdad est ensuite psychologique. D’abord élevés par mesure de sécurité contre les voitures piégées et les attentats suicides quotidiens, les murs ont fini par isoler chaque quartier de ses voisins. La capitale de l’Irak est devenue une ville ségréguée, où les communautés vivent comme dans des alvéoles, séparées selon leur affiliation religieuse. Oublieux de la caméra, les habitants qui témoignent ont le visage tendu. Les miliciens chiites vêtus de noir qui contrôlent les voitures dans les rues de la ville, une députée sunnite qui mène un combat désespéré contre la corruption, un religieux chiite au turban blanc et son homologue sunnite qui prie dans son bureau où clignotent les taux de change des monnaies de la région, une femme au regard désespéré et un homme qui fume cigarette sur cigarette figurent parmi cette galerie poignante de portraits. Ils sont les multiples visages d’une tragédie qui continue. ■ Un feuilleton radiophonique retrace le parcours des trois frères fondateurs. BLAISE DE CHABALIER [email protected] L Avec ses frères Henry et Mayer, Emanuel Lehman a fondé au XIXe siècle la banque d’investissement disparue en 2008. DR e feuilleton radiophonique en dix épisodes Saga des Lehman Brothers, diffusé tous les jours jusqu’au 9 septembre sur France Culture, retrace le destin extraordinaire des trois frères fondateurs de l’une des plus grandes banques américaines. Trois fils d’un marchand de bétail juif bavarois qui migrèrent aux États-Unis au milieu du XIXe siècle. L’adaptation radiophonique de la pièce de théâtre de l’Italien Stefano Massini est une réussite. Vivante et MOT S C ROI S É S PROBLÈME N° 4192 « Bagdad, chronique d’une ville emmurée » montre le quotidien d’habitants vivant dans la peur et la violence. chemar. La sensation d’enfermement devient presque palpable à l’écran. L’image d’une ville emmurée est d’abord une réalité : les rues de Bagdad sont physiquement barrées par de hauts remparts de béton, le principal legs de l’occupation américaine de l’Irak. Constitués de segments en forme de « T » (les T-walls) alignés comme des touches de piano, ils ont d’abord servi à protéger les bases américaines dans un pays qui échappe rapidement à leur contrôle après l’invasion de 2003. Comme des métastases dans un organisme atteint d’un cancer, les murs Lehman Brothers, un conte en banque + @ SUR LE WEB » Jeunesse : les tendances de la rentrée » Catherine Deneuve lit les tweets désopilants de Loïc Prigent sur Arte » Natalie Portman critique (encore) les Français à la télé américaine www.lefigaro.fr 21.45 LAURENT VAN DER STOCKT Europe 1 | Lundi | 12 heures Par Louis Morand VERTICALEMENT 1 . Elle assure la sauvegarde. - 2. On reprend connaissance grâce à elle. - 3. Vas mettre à la diète. Déposé bêtement au coin de la rue. - 4. Présente des rayures saillantes et seyantes. Morceau de zinc. - 5. Personnel de l’Antiquité. Incontinent. - 6. Lancé sur la piste. Père du donjuanisme littéraire. Tag brouillon. - 7. Un transfert qui fait de l’effet. Donne du mou. - 8. Arrêt demandé. Ont connu une certaine activité touristique. 1 1 2 3 4 5 6 7 SOLUTION DU PROBLÈME N° 4191 HORIZONTALEMENT 1. Imagière. - 2. Nucingen. - 3. Alonso. - 4. PTT. Tipi. - 5. Piétiste. - 6. Erse. Tor. - 7. Ta. Thèse. - 8. Écrue. Es. - 9. Nia. Bas. - 10. Cavera. - 11. Élimerai. - 12. Sensuels. VERTICALEMENT 1. Inappétences. - 2. Multiraciale. - 3. À-côtés. Ravin. - 4. Gin. Têtu. Ems. - 5. Insti. Hébreu. - 6. Égoïste. Aare. - 7. Ré. Ptoses. Al. - 8. Entières. Bis. 2 3 4 5 6 7 8 bien jouée, elle offre le récit romanesque d’une saga familiale qui se mêle à la grande histoire et finit par se confondre avec elle. Un nouveau métier À travers les portraits plein d’humour et de psychologie de Henry, d’Emanuel et de Mayer, c’est l’épopée d’une Amérique dont la puissance va sans cesse croissant qui apparaît. Les trois fondateurs de ce qui fut d’abord un magasin de vente de tissus et de vêtements en coton en Alabama, qui ne sont plus que deux à la mort de l’aîné, Henry, en 1855 ○○○¡ à l’âge de 33 ans, vo- BR I D G E PROBLÈME N° 2382 : À l’abri d’une mauvaise lecture D76 743 6 R V 10 9 6 2 O N S E R82 R 10 6 R D 8 2 AD7 8 Contrat : Sud joue 3 SansAtout, après l’ouverture de 1SA en Ouest. 9 Entame : 5 de pour le 9 d’Est. 10 11 12 lent de succès en succès. Ils inventent un métier, celui de gestionnaire. Ils achètent le coton brut aux planteurs et le revendent aux industriels. Eux puis leurs descendants gèrent ensuite l’argent des autres. Lehman Brothers est désormais une banque qui investit au fil du temps dans le café, le chemin de fer, l’automobile, l’armement, l’aviation, le cinéma… Toujours plus de profits, à l’image d’une Amérique qui finit toutefois par dérailler une première fois en 1929. Si la Lehman Brothers s’en sort cette fois-là, la crise de 2008, elle, sera fatale à la banque mythique. ■ 20.30 Mardi 30 août Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com SOLUTION DU PROBLÈME N° 2381 : Tout le temps et jamais Contrat : Sud joue 4 Piques contré La séquence (Pers. vuln.) : Ouest ouvert de 1, Est répond 1, Sud contre, Ouest soutient à 2, Est bondit à 4 et Sud se jette à 4. Entame : 3 de pour le 8 d’Est et votre As. Indice : vous savez qu’Ouest a les , qu’il doit en avoir seulement trois, et vous craignez qu’il ait quatre . Pensez à ce qui pourrait se passer si Ouest jouait à chaque fois qu’il prend la main. Si Ouest a quatre , vous n’avez aucune chance. Comme il doit en détenir seulement trois, c’est qu’il a ouvert avec une main 3-4-3-3 (pas de souci) ou 4-4-2-3. Dans ce dernier cas, cela signifie que si vous touchez aux atouts avant d’avoir affranchi les , vous serez raccourci. Le remède est de jouer tout le temps et jamais . En main au Valet de , Ouest retourne , coupé du 2. Vous insistez à . Ouest prend de la Dame et persévère à en coupe et défausse. Vous coupez au mort en écartant un de votre main. Vous donnez un troisième tour de et Ouest tente le tout pour le tout en jouant V 10 à nouveau en coupe et 94 défausse. Votre réaction ? R8753 Cette fois, vous défaussez 8765 le du mort et coupez du 9 6 5 3 84 N 7 de votre main. Il ne vous R 10 3 2 DV8765 O E V 10 9 2 reste plus qu’à encaisser vos D 4 S 9 honneurs à avant de cou- A D V A R D 7 2 per le Roi de maître du A Valet de . A6 R 10 4 3 2 A « Ça pique mais c’est bon » HORIZONTALEMENT 31 Ravagée par la guerre, la capitale irakienne s’est transformée en ville ségréguée. Sans avancer de thèse ou d’explication simpliste, elle est racontée à travers les portraits de ses habitants. Votons Roumanoff 1. Prends les devants. - 2. Trouvent un nouvel abri. - 3. Toujours en premières lignes. Note de Plamandon. - 4. Parent suisse de la ricotta italienne. Signal de départ. - 5. Ouvrais l'enveloppe. - 6. Teint de fleur. - 7. Note après examen. Son bout se tourne vite. - 8. Grain de chapelet. Garçons bouchés. - 9. Bus à petites gorgées. Louis XVI ? - 10. Donne envie de fumer. - 11. Connaissances rédigées sur la feuille. - 12. Compagnes familières. mardi 30 août 2016 mardi 30 août 2016 LE FIGARO 32 TÉLÉVISION MÉTÉO PAR ÉPHÉMÉRIDE St-Fiacre Soleil: Lever 07h04 - Coucher 20h35 - Lune décroissante 18.50 Bienvenue à l’hôtel. Jeu 20.00 Le 20h 20.50 Nos chers voisins. Série. Avec Martin Lamotte 18.45 N’oubliez pas les paroles ! Jeu 20.00 20 heures 20.35 Parents mode d’emploi. Série 20.55 19.00 19/20 20.00 Tout le sport. Magazine 20.25 Plus belle la vie. Feuilleton. Avec David Baïot. 20.55 Série. Comédie 20.55 Magazine. Historique 19.40 Secret Story. Téléréalité. Présentation : Christophe Beaugrand. MATIN 20.55 Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque 20 Film. Dessin animé. 1998. Réal. : K. Yuyama, M. Haigney. 1h40. Une équipe scientifique oeuvre à la création d’un Pokémon super-puissant. Série. Drame 13 13 13 12 11 Fra. Saison 8. La famille sans parents. Inédit. Avec Laurent Ournac, Florence Coste, Dominique Frot. Tom accueille au camping Lucie qui, depuis la mort de ses parents, a la garde de son frère et de sa sœur. 22.45 New York, unité spéciale Série. Policière. EU. 4 épisodes. Avec Christopher Meloni, Charlie Barnett Secrets d’Histoire Présentation : Stéphane Bern. 1h45. Inédit. Alexandre le Grand, des rêves et des conquêtes… Dans ce numéro, Stéphane Bern part sur les traces d’un illustre conquérant : Alexandre le Grand. 22.40 Secrets d’Histoire Maga- zine. Historique. 0.35 Faites entrer l’accusé. Magazine GB. Saison 1. Faux-semblants. Inédit. Avec Olivia Williams, Darren Boyd, Peter Wight. Geraldine Bretherick et sa fille, Lucy, âgée de 5 ans, sont retrouvées noyées dans la baignoire de leur salle de bains. 20.50 Traumatisme invisible 22.25 Case Sensitive Série. 21.40 Le coma et ses mystères. Documentaire 23.10 C dans l’air. Drame. GB. 2012. Saison 2. 23.55 Grand Soir/3 0.30 Le terminal. Film. 19.10 Brooklyn Nine-Nine. . 19.35 The Big Bang Theory (C). 20.10 Made in Groland (C). 20.45 Les Guignols. 19.00 Jardins orientaux. Série documentaire. 19.45 Arte journal 20.05 28 minutes. Magazine 19.45 Le 19.45 20.25 Scènes de ménages. Série. Avec Audrey Lamy, Loup-Denis Élion. 20.55 20.55 21.00 Film. Drame Documentaire. Société 13 19.00 C à vous. 20.00 C à vous, la suite. 20.20 Une maison, un artiste. Case Sensitive Série. Thriller Documentaire. Santé. Réal. : Olivier Pinte. 0h50. Inédit. Ce documentaire revient sur ces séquelles invisibles liées à un traumatisme qui peuvent être handicapantes. 19.45 Sorry je me marie ! Jeu 20.30 NRJ12 Zapping. Divertissement 18 22.30 While We’re Young Film. Comédie dramatique. 0.00 Papa Lumière. Film. Drame. … secrète de Daech EU. 2016. Réalisation. : Michael Kirk. 0h50. Inédit. 21.45 Bagdad, chronique d’une ville emmurée. Documentaire 22.45 Lanceurs d’alerte : coupables ou héros ? 0.20 Headhunters : tableau de chasse. Film. EU. Saison 1. 2 épisodes. Inédits. Avec Priyanka Chopra, Aunjanue Ellis, Graham Rogers, Jake McLaughlin, Yasmine Al Massri. Les recrues sont envoyées dans différents bureaux du FBI afin d’aider les agents. 22.45 Quantico Série. Thriller. 22 25 10 25 27 28 28 19.15 Still Standing ! Qui passera à la trappe ? Divertissement 20.55 90’ enquêtes 20.55 Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers 21.00 Tokarev Magazine. Société. Prés. : Carole Rousseau. 1h20. Familles très nombreuses : mais comment font-elles ? Des familles nombreuses dévoilent leur quotidien. 22.15 90’ enquêtes. Magazine. Présentation : Carole Rousseau. Magazine. Société. Prés. : Nathalie Renoux, Paul Lefèvre. 2h15. Inédit. Sommaire : «Affaire Annie Toinon : l’assassin est-il dans la famille ?». Film TV. Action. EU. 2014. Réal. : Paco Cabezas. 1h38. Avec Nicolas Cage. Un ancien criminel reprend du service et se lance à la recherche des kidnappeurs de sa fille. 23.10 Enquêtes criminelles : le magazine des faits divers. Magazine 22.50 La loi du tueur. Film TV. Thriller. All. 2014. Réal. : Peter Howitt. 1h30 28 30 GRILLE 1853 FACILE 6 7 3 4 2 8 9 5 2 3 6 8 5 2 7 1 3 8 5 6 4 7 2 6 1 1 7 3 7 9 2 8 4 5 1 1 6 2 5 A SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT C C I S S A I P L L G E R B A E C C U L E R R A U B R E A T T I N E N I R O S P A I C T U S T I E S R E L I E 30_08_16.indd 1442 A R A C O E L X I A T U T D O A C C U E I L L I R T E O I T R N T U E S I D E N E V D E A O R A L E A R U S O N N E E T O R R E T R O T E R R E E M E T IL TRANSPORTE LES MEUBLES DIVINS INTERPELA TELLE UNE IDÉE DE GÉNIE Documentaire. Historique. 2016. Réal. : Denis Sneg. 1h20. Inédit. Un autre regard sur le mont Saint-Michel, où sont retracés treize siècles d’architecture et de défis. 22.10 Machu Picchu, un nouveau regard. 23.05 Les lignes nazca. Film. Comédie. EU. 1984. Réal. : Ivan Reitman. 1h41. Avec Bill Murray. Trois parapsychologues au chômage ouvrent une agence spécialisée dans la capture de fantômes. PIQUE DANSEUSE JAPONAISE DÉFUNTE BONNES MŒURS CERCLE AUTOUR DU SEIN 32 31 28 23/25 23/25 9/22 15/20 17/25 21/25 ALGER BARCELONE BERNE COPENHAGUE LONDRES RABAT 0 à 10 VENDREDI 15/24 17/26 16/24 16/28 20/29 17/30 16/30 22/28 lachainemeteo.com LIVE 24/24 SUR et sur 2,99 €/appel DÉRAISON SANDWICH AMÉRICAIN CROCHET À VIANDE SEINS FAMILIERS INÉDIT PARLEZ-VOUS LE LACLOS ? EN 6 LETTRES, EN PRINCIPE BÉNÉFICIENT DU CHAUFFAGE CENTRAL FILLETTE CAPABLE DE PRENDRE L’AIR E CHANGEAI D’ACCENT CARREAU QUE L’ON PEUT RÉPÉTER RÈGLE PLATE PROVOQUE LA SOIF POMME (D’) PLUS TOUTE NEUVE UN PEU DE CHLORE 16/26 19/29 21/31 FORCE 2 DÉSIGNE LA CHOSE TÊTE DE SANGLIER 23/33 13/21 20/28 18/26 17/22 21/34 ATHÈNES BERLIN BUDAPEST LISBONNE PRAGUE TUNIS 14/22 14/24 12/27 15/29 17/28 15/22 20/30 11/23 16/20 18/32 21/32 JEUDI 14/26 15/26 10 à 20 20 à 30 30 à >40 par téléphone : VOLCAN DE SICILE IL MÉDITE EN INDE IL EST DIFFICILE À PEIGNER 28 40 AMSTERDAM BELGRADE BRUXELLES DUBLIN MADRID ROME MERCREDI Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag SERPENTS NON VENIMEUX EFFETS SPÉCIAUX 28 27 <-10 à 0 22.50 Le roi Arthur. Film. 0.50 Storage Wars : enchères surprises. FIRMES MONDIALES C’EST LE STARTER MIS POUR EXCLURE 29 27 20.55 S.O.S. Fantômes CHANT RELIGIEUX SUR LA BOUSSOLE DONC PLUS LONG RAYURES ID EST, EN BREF C’EST LA COMPAGNIE 27 29 29 MOTS FLÉCHÉS N°1442 Chaque jour un peu plus difficile 27 27 29 26 27 28 25 27 28 S ENFERS SU DO KU 26 T (en °c) 19.20 Une nounou d’enfer. Série. Avec Fran Drescher. 19.40 Les Marseillais et les Ch’tis vs le reste du monde. 20.40 Soda. Série 26 27 25 24 22 28 EU. 2015. Saison 1. 23.40 Maison à vendre. Magazine 19.00 Alerte Cobra. Série. Avec Erdogan Atalay, Katja Woywood 21 50 APRÈS-MIDI 20.50 Le mont Saint-Michel Quantico 21 16 18.55 Adjugé vendu : voitures à tout prix ! Téléréalité Du 11-Septembre au califat : l’histoire… 15 17 16 14 22 EU. 2015. Réal. : Woody Allen. 1h36. Avec Jamie Blackley, Joaquin Phoenix, Parker Posey, Emma Stone. Josh et Cornelia, un couple de quadragénaires sans enfant, mène une vie paisible, mais sans passion. 15 11 15 22.50 Le coût de la vie. Film. 0.55 Primeval : un nouveau monde. Série L’homme irrationnel 16 14 15 20.55 Le premier cercle Film. Thriller. Fra. 2009. Réal. : Laurent Tuel. 1h34. Avec Jean Reno, Gaspard Ulliel. La lutte entre Milo Malakian, un chef de clan arménien, et son fils Anton, qui veut en sortir. 13 14 14 30 14 12 13 16 14 12 12 12 12 22.35 American Pie 5 : String Academy. Film TV. Comédie. Camping Paradis 13 GRANDE OUVERTE CHEZ LE BABA PRONOM ARMES DE WESTERN SCANDIUM DE CHIMISTE DIEU GREC EXPRESSION DE CELUI QUI ENCAISSE L’HOMME DES BUTS CELA RESTE À TOUCHER PEIGNÉE ET BOUCLÉE + DE 10 000 DÉFINITIONS FORFAIT EN BOURGOGNE, SUR-TILLE € 39,90 PÉRIODES 22/08/2016 12:17 en librairie et sur www.figarostore.fr LE FIGARO mardi 30 août 2016 33 Nicolas d’Audiffret, l’artisan numérique Marie Visot [email protected] À l’approche de la trentaine, Nicolas d’Audiffret a eu un « coup de blues ». Ses études à l’ESCP devaient-elles le condamner à être consultant, toujours dans un avion entre Paris et San Francisco - il finissait alors sa sixième année chez Bain & company ? Alors qu’il rêvait d’entreprendre ! Cette question, cela faisait des mois qu’il se la posait, avec son ancien colocataire à Londres, Nicolas Cohen, lui aussi en pleine phase d’interrogation. 2009 bat son plein, Obama vient d’être investi président des ÉtatsUnis, la France de réintégrer l’Otan, U2 de sortir un nouvel album ; ce sera l’année de leur changement de vie. Mais pas question de se lancer dans n’importe quoi… « Je voulais essayer d’avoir un impact sociétal positif en créant des emplois en France », raconte aujourd’hui Nicolas d’Audiffret. Pari réussi ! Petit retour en arrière… Avec leurs économies, cette année-là donc, les deux amis en entraînent un troisième, Loïc Duvernay, et décident de lancer AlittleMarket. Le concept ? La mise en relation d’artisans et de potentiels clients. Tout part d’une rencontre avec un spécialiste des arts de la table en ardoise. « Il faisait des choses fabuleuses, mais ne savait ni les commercialiser ni gérer son entreprise. On s’est dit qu’il y avait des centaines de personnes comme lui en France », raconte le jeune entrepreneur. D’abord simple forum d’échanges, le site qu’il crée se transforme rapidement en plate-forme de vente dans l’univers du « fait main fait en France ». « On est tombé amoureux de ces gens-là : de ces femmes qui utilisent leur don manuel pour obtenir un revenu en plus ; de ces ébénistes qui fabriquent des objets au SILVERE LEPROVOST SUCCÈS Cet ancien consultant a créé, avec deux associés, AlittleMarket. Une plate-forme de vente qui permet de mettre en contact près de 100 000 artisans et créateurs français et leurs potentiels clients. fond de leur jardin ; de ces artistes qui mettent tout leur cœur dans ce qu’ils créent. » Les vendeurs créateurs s’inscrivent gratuitement sur le site et ouvrent un espace boutique virtuel personnel. AlittleMarket prélève 5 % de commission sur ses ventes. « Nous ne gagnons de l’argent que si notre communauté en gagne », souligne Nicolas d’Audiffret. Du sens et des valeurs Et cette communauté, justement, grossit. Alors, il faut suivre. Il s’agit d’investir, à la fois sur la plateforme technique et dans l’animation du réseau. Dès 2010, la petite entreprise fait sa première levée de fonds auprès de business angels ; puis une deuxième en septembre 2011 auprès de XAnge Private Equity, une filiale de La Banque postale. Entre-temps, AlittleMercerie est lancée, sur le même modèle que sa grande sœur. L’échec de AlittleEpicerie - « la logistique était trop compliquée », reconnaît d’Audiffret - ne les échaude pas. Elle ne leur fait pas de tort non plus : en juin 2014, Etsy, le Bio EXPRESS U 16 EABRE 20 V U M NO- SEPTE 1979 Naissance à Nantes (Loire-Atlantique). 2003-2009 Consultant chez Bain & Company. 2009 Lance AlittleMarket. 2011 Lance AlittleMercerie. 2012 Implantation en Italie. 2014 La société est rachetée par l’Américain Etsy. 2016 Supervise Etsy en France et en Allemagne, tout en continuant à diriger AlittleMarket. ÛT AO leader mondial du « fait main », qui veut se développer hors des États-Unis, les rachète. Ce cousin américain est coté au Nasdaq, où il pèse près de 1,5 milliard de dollars. Depuis, les valeurs de l’entreprise n’ont pas changé, jure-t-il. Aujourd’hui, ils sont une cinquantaine, dans un hôtel particulier du centre populaire de Paris, caché derrière un porche. Près de 100 000 créateurs ont rejoint la plate-forme, qui enregistre 3,3 millions de visiteurs par mois et un volume d’affaires mensuel (confidentiel) évalué à 5 millions d’euros. Une foule d’événements sont organisés chaque année, comme les Journées du fait main où les créateurs d’une région se réunissent et co-organisent un marché d’artisanat, avec des démonstrations et ateliers. Le Nantais d’origine est évidemment fier de cette réussite, d’avoir réussi à « donner du sens ». Et s’amuse : « C’est la plus grande usine de France ! » Juste avant les vacances, comme il le fait régulièrement, il a fait venir dans ses bureaux parisiens une centaine d’artisans inscrits sur le site, pour échanger, partager les expériences, comprendre leurs attentes. « J’ai régulièrement une larme à l’œil quand l’un d’eux me dit que j’ai changé sa vie », reconnaît-il. Père de trois enfants (6 ans, 4 ans et 5 mois), Nicolas d’Audiffret aime son pays et sa « bonne cuisine, les beaux produits et ceux qui les travaillent avec cœur ». « On peut faire des choses extraordinaires ici ; je n’ai jamais pensé me délocaliser aux ÉtatsUnis », comme certains camarades, dit-il. D’ailleurs, il investit à titre personnel dans des entreprises auxquelles il croit. Et de citer notamment Back Market, une PME de reconditionnement, qu’il a vu grandir… Il siège aussi au Comité d’experts de Bpifrance (qui l’a aidé à ses débuts) pour évaluer les investissements de la Banque publique dans des startup. Sans compter ses batailles pour améliorer l’image de la France, notamment auprès de sa maison mère américaine : « Ils aiment ce pays ! Mais ce n’est pas facile en ce moment : on tente de mettre en place un plan d’actions gratuites pour les salariés ; une rigidité administrative empêche Etsy de bénéficier du cadre fiscal avantageux de la loi Macron. Donc on ne le fait pas, c’est dommage ! » Il y a quelques semaines, il a tenté d’alerter Bercy sur cette question « cruciale » d’attractivité. Maintenant que la trêve estivale est terminée, peut-être aura-t-il une réponse… ■ UN DERNIER MOT [email protected] Par Étienne de Montety Lait [lê] n. m. Liquide qui va de pis en mal. L 8 € ,90 dossier exceptionnel de 60 pages. Côté évasion, Le Figaro Histoire a pu assister au tournage à Rome du nouveau Ben-Hur dans les mythiques studios de Cinecittà, là même où naquit le film avec Charlton Heston, et vous raconte les coulisses de la course de chars dans un grand reportage exclusif. Il vous emmène aussi visiter Brégançon, le fort du pouvoir, ouvert au public jusqu’en septembre, et vous fait découvrir la splendide exposition consacrée à Catherine II de Russie, qui se tient à Amsterdam. Le Figaro Histoire, 132 pages En vente actuellement en kiosque et sur www.figarostore.fr/histoire FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Galerie Vivienne à Paris : Audrey Azoulay convoque une réunion de crise Alertée par l’Association des commerçants de la galerie Vivienne, à Paris, et par son prédécesseur Jack Lang, la ministre de la Culture s’apprête à réunir les parties impliquées dans la rénovation mal engagée du célèbre passage. Début septembre sont convoqués le bailleur et maître d’ouvrage, la Direction des affaires culturelles, l’architecte des Monuments historiques. Mais, hélas, n’ont pas été invitées les personnes qui ont alerté l’État et le public, Christophe Perreaut, porte-parole de l’association, et Didier Rykner, fondateur de La Tribune de l’art. YOHAN BONNET/AFP Depuis l’automne 2015, l’Egypte et ses mystères font à nouveau la une de l’actualité. Deux équipes s’affair s’affairent s’af ent à la recherche de chambres secrètes dans les pyramides de Gizeh et dans la tombe de Toutankhamon. Aidé des meilleurs spécialistes, Le Figaro Histoire fait le point sur le dossier : la chambre recherchée par l’archéologue Nicholas Reeves dans la tombe du célèbre pharaon peutelle abriter la reine Néfertiti ? Est-il envisageable de trouver celle de Khéops dans la Grande Pyramide ? Un dictionnaire des personnages, un décryptage de sept mystères de l’Egypte ancienne, un portfolio des plus beaux objets du trésor de Toutankhamon complètent ce Le maire de Québec crée un comité de soutien à Alain Juppé ! Retrouvez Le Figaro Histoire sur Twitter et Facebook Le Figaro Figar Histoire, Histoir tout reste à découvrir Régis Labeaume se lance dans la politique française en fondant un comité de soutien à l’ancien premier ministre français. Il souhaite montrer que son homologue bordelais, qui a vécu un an à Montréal, a des appuis dans le monde politique du Québec. Sans compter plus de 150 000 électeurs français potentiels sur place. A Les nouveaux mystères de l’Egypte es producteurs de lait protestent contre la politique de prix du groupe Lactalis. Le mot, s’il remonte à l’enfance de l’humanité, vient du latin lac lactis. Il est passé depuis plusieurs années de la table du petit déjeuner à celle des négociations entre producteurs et distributeurs. Chacun se plaint d’être la vache à lait du système et accuse l’autre d’être ni plus ni moins qu’une peau de celle-ci. Qui dit vrai ? Ce qui est sûr, c’est que la crise du lait est un concentré : ne serait-ce que des maux de l’agriculture française. Un récent accord pouvait laisser espérer que les parties, ayant mis ce qu’on pourrait appeler de l’eau dans leur vin, allaient pouvoir trinquer et boire de ce petit-lait qui est si savoureux. Mais les agriculteurs ont décidé de relancer la contestation, au risque de mettre de l’huile sur un feu qu’ils surveillent pourtant comme le prix du lait. Mais, ils le savent, pour faire son beurre, il faut battre le lait pendant qu’il est temps. Sont-ils le pot de terre contre le pot de fer ? Qu’importe, pour eux, l’important est de ne pas rejouer une nouvelle fois la tragi-comédie de Perrette. ■