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Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Isabelle Coëllo Juin 2009 Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : Le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Directeur de mémoire : Sébastien Brion MASTER 2 Recherche Institut de Management de l’Université de Savoie IREGE 0 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Remerciements : Je tiens à remercier - Sébastien Brion pour tout le temps qu’il a consacré au suivi de ce travail et - Rachel Bocquet pour son aide précieuse au moment de la formulation de la problématique de ce mémoire. 1 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries SOMMAIRE 1. Introduction ...................................................................................................................... 4 1.1- Le PLM : émergence, bénéfices et caractéristiques ........................................ 5 1.1.1- Emergence du PLM..................................................................................... 5 1.1.2- Pourquoi adopter le PLM ? ..................................................................... 6 1.1.3- Caractéristiques du PLM ........................................................................ 9 1.2- Contexte de la recherche : le pôle de compétitivité Arve Industries ......12 1.3- Problématique ..........................................................................................................14 1.4- Définition des concepts utilisés .........................................................................15 1.4.1- Le PLM : une TIC particulière.................................................................. 15 1.4.2- L’adoption.................................................................................................... 17 1.4.3- Les PME......................................................................................................... 19 1.4.4- Le pôle de compétitivité ........................................................................... 24 2. Approche théorique de l’adoption organisationnelle d’une nouvelle technologie.............................................................................................................................27 2.1- Les déterminants de l’adoption organisationnelle ......................................29 2.1.1.- La dimension organisationnelle........................................................... 29 2.1.2.- La dimension économique ....................................................................... 35 2.1.3.- La dimension environnementale ........................................................... 41 2.1.4.- La dimension technologique ................................................................. 49 2.2- Agglomération de PME et adoption technologique : un contexte particulier............................................................................................................................52 3. Proposition d’un modèle d’adoption du PLM au sein du pôle de compétitivité Arve Industries .............................................................................................54 Modèle d’adoption du PLM ...............................................................................................55 4. Conclusion.......................................................................................................................56 2 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Figures : Figure 1 : Courbe en S représentant le taux d'adoption au cours du temps..............37 Tableaux : Tableau 1 : Typologie des TIC .................................................................................... 16 Tableau 2 : Les pôles de compétitivité, une forme de collaboration interorganisationnelle.............................................................................24 Tableau 3 : Les caractéristiques ayant un impact sur l’adoption d’une innovation ..50 3 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1. Introduction Le pôle Arve Industries est un pôle de compétitivité constitué de 248 PME implantées dans la vallée de l’Arve en Haute-Savoie et spécialisées dans des activités de décolletage et de mécatronique. Ces PME mécaniciennes sont depuis quelques temps confrontées à des bouleversements importants de leur environnement (mondialisation des marchés et des capitaux, concurrence des pays à faible coûts de main d’œuvre, exigences accrues de la part des clients…) et la création du pôle de compétitivité avait justement pour but de permettre à ses PME membres de répondre à ces nouvelles exigences. Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont un des moyens à la disposition d’une entreprise pour accroître sa productivité. Les grandes entreprises l’ont déjà compris depuis longtemps, mais les PME n’ont découvert les opportunités offertes par les TIC que récemment et elles ont encore des difficultés à appréhender toutes les potentialités offertes par ces technologies. Pourtant, l’intégration de ces technologies pourrait constituer pour elles une des solutions à leur impératif de compétitivité. La technologie qui nous intéresse dans cette recherche est le PLM. Il s’agit d’une technologie qui permet à l’entreprise étendue (incluant les clients et les fournisseurs) d’échanger et de partager des informations sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Peu de PME du pôle Arve Industries l’ont adopté pour l’instant. Pourtant, son adoption pourrait constituer un vecteur important du maintien, voire de l’amélioration de la compétitivité de ces PME. Notre propos est donc d’essayer de comprendre, d’un point de vue théorique, quels sont les freins et les leviers à l’œuvre dans la décision d’adoption d’une nouvelle TIC, et plus spécifiquement du PLM. Ainsi, après avoir précisé le contexte de la recherche et défini les principaux concepts utilisés, nous étudierons les facteurs d’adoption d’une TIC d’un point de vue théorique, ce qui nous permettra, pour finir, de proposer un modèle d’adoption du PLM au sein du pôle de compétitivité Arve Industries. 4 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.1- Le PLM : émergence, bénéfices et caractéristiques 1.1.1- Emergence du PLM Dans les années 80, avec la naissance de l’informatique industrielle, apparaissent les premiers outils de CAO. Rapidement, les ingénieurs ressentent le besoin de gérer ces données techniques qui sont stockées dans des fichiers occupant un volume de plus en plus important. Les premiers logiciels de SGDT répondent alors à cette demande. Cette première génération d’outils permettait aux utilisateurs du bureau d’études de collaborer entre eux. Dans les années 90, les logiciels de SGDT ont évolué afin d’intégrer les processus transversaux et permettre ainsi de couvrir tout le cycle de vie du produit. Les SGDT pouvaient alors être intégrés avec d’autres systèmes tels que les CRM (Customer Relationships Management) et les ERP (Entreprise Resources Planning) (Rouibah et Ould-Ali S., 2006). Au début des années 2000, avec l’émergence de l’entreprise étendue et l’intégration des fournisseurs et des partenaires dans les frontières de l’entreprise, les SGDT ont, de nouveau, évolué. Ainsi de nouveaux concepts ont vu le jour tels le Product Life cycle Management (PLM) (Rouibah et Ould-Ali S., 2006). Il s’agit de la gestion des informations techniques de l’entreprise étendue permettant l’échange et le partage d’informations (en interne et vers l’extérieur), sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Le PLM intègre de nouvelles fonctionnalités qui permettent des échanges industriels à travers la planète, facilitant ainsi les partenariats entre constructeurs, l’intégration amont des fournisseurs et l’intégration aval jusqu’au client final. L’évolution des systèmes SGDT vers le PLM apporte notamment des outils de « workflow » et de gestion de projets, ainsi que des maquettes numériques permettant de visualiser un assemblage de composants conçus à l’aide de logiciels hétérogènes (Marin P., 2009). La conception collaborative offerte par le PLM permet aux équipes de travailler non plus de manière séquentielle, mais de manière concourante. Enfin le PLM devient un outil complémentaire aux progiciels de gestion intégrée (ERP) qui, eux, visent à optimiser le flux des informations associées aux produits physiques et aux opérations. 5 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Tous ces éléments mettent l’accent sur la coordination globale tout au long d'une chaîne de valeur ainsi que sur les aspects d'intégration des systèmes hétérogènes sous contrôle d’entreprises diverses (Rouibah et Ould-Ali S., 2006). 1.1.2- Pourquoi adopter le PLM ? Le contexte concurrentiel et la gestion de l’information Un certain nombre de facteurs sont à l’origine d’un accroissement des données liées aux produits à traiter en simultané et exercent une pression sur les entreprises pour qu’elles modifient leurs processus. Ces facteurs sont entre autres (Sääksvuori et Immonen, 2008) : o une pression concurrentielle plus forte et une réduction des budgets ; o un raccourcissement des délais de livraison ; o une diminution du temps disponible pour développer de nouveaux produits ; o des contraintes de qualité plus fortes… Cet ensemble de facteurs contraint les entreprises à réagir rapidement et de façon continue, ceci afin d’être capable de modifier leurs produits et de remettre en cause leurs processus de création (Sääksvuori et Immonen, 2008). D’ailleurs, durant ces dernières années, les firmes ont déjà eu à remettre en cause leur mode de fonctionnement sous l’impulsion d’un certain nombre d’évolutions : o l’automatisation dans l’industrie s’est fortement développée ; o le portefeuille de produits s’est élargi ; o les clients ont eu de plus en plus l’opportunité d’influencer les produits ; o les contrats de sous-traitance se sont multipliés. Il est aujourd’hui difficile pour une firme de trouver la bonne « information produit », mais plus encore de la maintenir à jour et de la stocker dans son intégralité (Sääksvuori et Immonen, 2008). Ce problème vient principalement de la multiplication des versions de produits, qui s’accompagne d’une immense quantité d’informations liées à ces différentes versions ; informations en provenance d’un réseau de fournisseurs de plus en plus complexe. Il est alors très compliqué de trouver la source originale d’une information, notamment lorsqu’il n’existe aucun outil de suivi et de contrôle de l’information. En l’absence de standardisation, chaque service va mettre en place sa propre gestion de l’information. Le 6 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries système d’information sera alors incapable de fournir une information fiable et à jour, à ces différents services, puisqu’une même information existe sous différentes formes à différents endroits de l’entreprise. La recherche d’une information est d’autant plus complexe qu’un nombre de plus en plus élevé de personnes participe à la désintégration du système (Sääksvuori et Immonen, 2008). Le PLM peut dans ce cas être utilisé pour améliorer la communication interpersonnelle, le transfert de fichiers et les conversions entre différents formats de fichiers. Ceci est d’autant plus intéressant lorsque différents types de logiciels sont utilisés pour la production et la maintenance des données liées aux produits. Les données stockées dans un logiciel de CAO peuvent être transférées vers un ERP grâce à un PLM, lorsque l’utilisation de bases de données communes est possible (Sääksvuori et Immonen, 2008) Grâce à l’amélioration de la communication, la qualité, l’efficacité et la rapidité des processus opérationnels progressent, et les erreurs et les informations erronées régressent. Un travail de qualité qui a déjà été réalisé et qui met en œuvre des solutions déjà testées pourra être réutilisé plus facilement et l’information, d’une manière générale, pourra être retrouvée plus rapidement (Sääksvuori et Immonen, 2008). La complexité du développement produit Le développement de produit est un processus complexe impliquant à la fois des données, des relations et des concepts ; soit un ensemble d’éléments dont la compréhension globale n’est pas toujours bien maîtrisée (Stark, 2005). Il suppose de traiter une large variété de problèmes et sa mise en œuvre engage des personnes d’horizons divers, utilisant des pratiques, des méthodes et des systèmes différents, et travaillant dans des environnements variés (Stark, 2005). Dans ces conditions, convertir une idée en produit technologique complexe n’est pas chose aisée. Cela nécessite des efforts de définition, d’analyse, d’examen de processus physiques, de vérification, d’échanges et autres décisions. Ceci est d’autant plus important pour une entreprise que l’étape de développement de produit est cruciale. En effet, même si plus de 80% de la vie d’un produit se passe dans les allées d’une usine, 80% du coût d’un produit est fixé durant son développement (Stark, 2005). Concernant le temps de développement d’un produit, il varie d’un produit à l’autre, mais on peut évaluer à un tiers la part de produits développés en moins de six mois, et à 7 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries deux-tiers la part de ceux développés en moins de dix huit mois. Les études de développement de produit dans l’industrie montrent souvent que les dépenses consacrées au développement d’un produit le sont inutilement, soit parce que le projet s’arrête avant que le produit ait pu être lancé sur le marché, soit parce que le produit, une fois lancé, se transforme en échec commercial (Stark, 2005). En théorie, le simple fait d’utiliser des techniques avancées et des systèmes informatiques devrait faciliter le développement de produit. Mais, du fait de processus et de systèmes d’information fragmentés et non reliés, cela se traduit, non pas par un développement produit plus efficace, mais par des coûts plus élevés, des temps de mise sur le marché plus longs et des produits de faible qualité (Stark, 2005). Ainsi, les entreprises qui ne disposent pas d’une approche bien structurée du développement de produit risquent de souffrir de problèmes de qualité, et seront confrontées à des projets se terminant au-delà des échéances avec des dépassements de budget. Ces entreprises doivent souvent faire face à des problèmes de procédures administratives, à de trop nombreuses itérations durant la phase de conception et à de fréquents changements d’ingénierie (Stark, 2005). Ceci vient du fait que les personnes travaillant dans ce type d’entreprise ne s’accordent pas sur ce qu’ils doivent faire. D’un côté, les ingénieurs conçoivent des produits dont les clients n’ont peut être pas besoin. De l’autre côté, les vendeurs proposent des produits que les ingénieurs ne peuvent développer, et les personnes du marketing prévoient des produits qui, selon eux, intéresseront les clients, mais qui ne sont pas encore en vente (Stark, 2005). L’intérêt du PLM réside dans sa capacité à intégrer l’ensemble des services concernés par un produit, de sa conception à sa commercialisation, en passant par sa fabrication. Il doit contribuer à améliorer la capacité d’innovation de l’entreprise, à accélérer le temps de mise sur le marché des produits tout en réduisant leur coût et les erreurs associées. En effet, les modifications de produits peuvent être réalisées plus rapidement et un certain nombre d’éléments de produits antérieurs peuvent être réutilisés. (Stark, 2005). 8 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.1.3- Caractéristiques du PLM 1.1.3-1. Définition Il n’existe pas de définition unique du PLM. La plupart des recherches qui se sont intéressées au sujet s’inspirent de la définition de CIM Data (cabinet d’études américain spécialisé dans le PLM) qui définit le PLM comme une approche stratégique qui intègre les acteurs, les processus, et les informations ; dans un cadre d’entreprise étendue (intégrant clients et fournisseurs) ; prenant en charge un produit en allant de sa conception à son abandon ; et permettant la co-conception, le suivi, la diffusion et l’utilisation des informations relatives à la définition de ce produit1. Ainsi, pour Morris et al. (2004), le PLM peut être considéré comme une approche stratégique ayant pour objectif de relier les informations, les personnes et les processus associés à un produit de sa naissance à sa mort. Pour Zheng et al. (2008) le PLM permet de mettre en œuvre, au sein de l’entreprise étendue, un certain nombre de solutions pour faciliter la conception collaborative, ainsi que la gestion, la diffusion et l’utilisation des informations liées à la définition d’un produit. Il s’agit donc d’intégrer, au sein d’un système d’information commun, des acteurs qui interviennent à un moment donné dans le cycle de vie d’un produit, qui, pour cela, interagissent en interne ou avec des partenaires extérieurs, et qui ont besoin d’informations fiables relatives à ce produit. 1.1.3-2. Les fonctions du PLM Michael Grieves (2006) a définit les fonctions du PLM qui contribuent à l’optimisation du processus de développement d’un produit. Il s’agit de : o La définition des modèles numériques Elle permet de capturer et développer les idées de produits virtuels, en produisant des modèles maîtres extrêmement fiables, avec une vision réaliste et compréhensible par l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire. Ex : modèle CAO 3D, notes de calcul technique, … 1 CIMData Inc, “All About PLM”, http://www.cimdata.com/PLM/plm.html, Oct 2006. 9 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries o Le développement de produit collaboratif Les équipes internes d’une entreprise étendue (ventes, marketing, bureau d’études, fabrication et service clientèle) sont souvent éloignées géographiquement. La méthodologie collaborative permet de fédérer ces équipes, en y associant les fournisseurs, les sous traitants et les clients. Ainsi, elle capture itérativement les données créatives et identifie les problèmes, au plus tôt lorsque les modifications sont faciles à apporter. Ex : maquette numérique, planification, … o La gestion des données numériques Cette gestion collecte et contrôle toutes les formes de données numériques du produit, pour permettre aux différents acteurs du projet de travailler simultanément sur la même innovation, tout en assurant une meilleure réutilisation. Ex : gestion des données CAO, autorisations d’accès, … o La gestion des configurations Elle planifie et contrôle les versions, la structure, et la corrélation entre les informations venant de sources différentes. Cela est important pour les développements de produits complexes évoluant rapidement. o La communication Elle favorise une prise de décision opportune et efficace de la part des intervenants internes et externes. Elle permet de fournir, de manière dynamique, la définition du produit, aux destinataires voulus, dans le format voulu et à la demande. Ex : publication dynamique, workflow, … o La capitalisation des connaissances Il est possible d’utiliser les capacités de structuration et de traçabilité du PLM pour construire et alimenter des éléments de connaissance sur le développement des produits (Bissay et al. , 2008). 10 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Le PLM n’est donc pas qu’un outil informatique, mais c’est un ensemble d’éléments (outil informatique, dispositif organisationnel, méthodes de travail) du système d’information, qui gèrent les informations issues des différentes étapes de la vie des produits industriels, qui met en œuvre les processus, et qui met à disposition toutes ces informations aux différents acteurs de l’entreprise. Introduire le PLM dans son organisation peut contribuer à remettre en cause les processus existants. L’importance de la dimension organisationnelle est renforcée par le fait que le PLM repose sur la collaboration de différents métiers ; collaboration qui intervient à différents niveaux (El Kadiri S & al (2008)) : o Collaboration informelle : niveau le plus bas de collaboration, impliquant des activités informelles et non structurées (communication interpersonnelle, groupes de discussion…) ; o Collaboration projet/processus : la collaboration intervient à travers des processus plus structurés (avec un début, une fin et entre les deux, des flux et des évènements clairement identifiés) ; o Collaboration étendue : la collaboration intègre des activités qui débordent des frontières de l’entreprise incluant clients, partenaires et vendeurs. Introduire le PLM dans une organisation présente un caractère intrusif qui peut agir sur l’organisation existante (El Kadiri S & al (2008)). Le PLM a dans un premier temps été adopté par de grandes entreprise dans le domaine de l’automobile ou de l’aéronautique. Cependant, les offres évoluent et de plus en plus de solutions sont spécialement adaptées aux PME. A titre d’exemple, PTC PLM On Demand Standard (service fourni et hébergé sur un serveur hors ligne par IBM) est une solution complète destinée aux PME, conçue pour éviter les inconvénients que représentent l’investissement de départ, les ressources informatiques et la lenteur de leur déploiement (Catherin J.Y., 2007). En fait, les PME se trouvent confrontées aux mêmes défis concernant l’innovation que les grandes entreprises. Elles cherchent, elles aussi, à réduire le temps de mise en production des produits et le PLM peut constituer une solution intéressante. 11 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.2- Contexte de la recherche : le pôle de compétitivité Arve Industries Le terrain d’étude que nous avons choisi pour cette recherche est le pôle de compétitivité Arve Industries. Un pôle de compétitivité rassemble sur un territoire donné, des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation pour développer des synergies et des coopérations. D’autres partenaires dont les pouvoirs publics, nationaux et locaux, ainsi que des services aux membres du pôle sont associés. L’enjeu est de s’appuyer sur les synergies et des projets collaboratifs et innovants pour permettre aux entreprises impliquées de prendre une position de premier plan dans leurs domaines en France et à l’international2. Le pôle Arve-Industries est caractérisé par une activité industrielle dynamique et innovante à 2 niveaux : o le décolletage, activité de fabrication de pièces de révolution (vis, boulon…) qui place la Vallée de l'Arve comme territoire porteur d'un savoir-faire reconnu à l'échelle internationale et qui concentre à lui seul les 2/3 des emplois français du secteur ; o la mécatronique, activité qui associe la mécanique et l’électronique, qui place la Haute-Savoie comme le premier centre européen avec sa plate-forme "CimeO " (Centre d'Intégration Mécatronique). Le pôle a pour ambition de faire évoluer l'ensemble de la filière mécanique vers la fabrication d'ensembles multi-technologiques à forte valeur ajoutée en stimulant les partenariats entre centres de recherche, de formation, acteurs économiques et les entreprises afin de rester compétitif et innovant. Le pôle de compétitivité Arve Industries est situé dans la vallée de l’Arve. Cette vallée accueille plus de 800 PME (moins de 250 salariés) de sous-traitance mécanique, implantées 2 Les pôles de compétitivité en France, www.competitivite.gouv.fr 12 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries sur une zone géographique d'une quarantaine de kilomètres, de La Roche-sur-Foron à Sallanches, parmi lesquelles 500 PME sont spécialisées dans le décolletage. Ces entreprises de décolletage travaillent principalement pour le secteur de l’automobile (60% d’entre elles)3. Parmi les 800 entreprises de la vallée, 248 adhèrent au pôle de compétitivité (avec plus de 90% de PME), ce qui représente 29000 emplois4. 61,3 % (chiffre 2006) des PME, membres du pôle, exportent, avec un taux d’exportation de 43,3 %5. Le pôle de compétitivité a été crée pour répondre aux nouvelles exigences auxquelles les entreprises de la vallée de l’Arve se trouvaient confrontées ; à savoir, rester compétitives face aux pays à bas coûts de main d’œuvre et répondre à l’évolution de la demande de leurs grands donneurs d’ordre, notamment dans le secteur de l’automobile, qui représente 70 % des débouchés. Ce pôle a permis d’initier un certain nombre de recherches en liaison avec les chercheurs de l’université de Savoie ; recherches sur les produits mais aussi sur les procédés. En effet, afin de se conformer aux standards exigés désormais par les entreprises clientes, aussi bien en termes de coûts que de délais, le pôle Arve-Industries réfléchit aussi à l'amélioration de ses méthodes de travail et de l'organisation de sa production. C’est dans le cadre de cette réflexion sur les procédés que le PLM peut trouver sa place. Compte tenu de ses caractéristiques, il pourrait constituer un moyen de mieux répondre aux exigences des donneurs d’ordre, dans des délais plus courts et avec plus d’efficacité. 3 www.decolletage-usinage.fr/chiffres-cles-sous-traitance-haute-savoie.php www.arve-industries.fr/ 5 Tableau de bord des pôles de compétitivité Suivi statistique - Édition 2008 (www.competitivite.gouv.fr) 4 13 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.3- Problématique Notre objectif est de comprendre, d’un point de vue théorique, quels sont les freins et les leviers à l’œuvre dans la décision d’adoption d’une nouvelle TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) (ici, PLM). Plus précisément, nous tenterons de déterminer quelle est l’influence de certaines dimensions explicatives identifiées comme pertinentes dans la littérature sur les décisions d’adoption des PME du Pôle de compétitivité Arve Industries. Nous aborderons la problématique de l’adoption à partir de quatre dimensions : o o o o la dimension organisationnelle la dimension économique la dimension environnementale la dimension technologique L’objectif est de construire un modèle empirique des déterminants de l’adoption d’une nouvelle TIC à l’échelle de PME appartenant à un pôle de compétitivité. L’originalité de cette contribution peut être saisie à deux niveaux : D’une part, elle intègre explicitement la dimension organisationnelle de l’adoption des technologies. Cette dimension, encore insuffisamment étudiée, apparaît toutefois déterminante, puisque l’adoption dépend de la présence et de l’interaction d’une multitude de facteurs qu’on ne peut appréhender indépendamment les uns des autres ; D’autre part, le modèle proposé tente d’intégrer, au delà des déterminants organisationnels de l’adoption, des déterminants plus spécifiques capables de saisir à la fois les spécificités de la technologie étudiée (ici, PLM) et des firmes dont il est question (PME appartenant à un pôle). Après avoir défini les différents concepts utilisés dans la recherche, nous tenterons d’identifier les déterminants de l’adoption organisationnelle d’une TIC, en partant du principe que ce phénomène d’adoption est un phénomène complexe qui repose sur des complémentarités entre facteurs organisationnels, économiques, environnementaux et technologiques, et sans perdre de vue le fait que nous nous intéressons à l’adoption d’une TIC particulière : le PLM. Puis nous nous concentrerons sur la dimension relative au contexte ; à savoir, l’adoption dans le cadre d’une agglomération de PME. Il s’agira de s’intéresser aux effets de l’appartenance à un pôle sur l’adoption organisationnelle des firmes membres du pôle. 14 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.4- Définition des concepts utilisés Compte tenu du thème et du contexte de la recherche, il nous a semblé nécessaire de définir quatre concepts : o le concept de TIC et les raisons pour lesquelles le PLM peut être considéré comme faisant partie de ces TIC ; o le concept d’adoption ; o le concept de PME ; o le concept de cluster, en tant que pôle de compétitivité particulier. 1.4.1- Le PLM : une TIC particulière Nous verrons dans un premier temps ce que recouvre la notion de TIC, puis nous verrons que le PLM, compte tenu de ses fonctionnalités, est une technologie qui peut être rattachée à la famille des TIC. 1.4.1.1- Définition et classification des TIC Les TIC sont des technologies qui ont la propriété d'intervenir sur les mécanismes de coordination en accroissant les possibilités de traiter, de transmettre ou d'accumuler les informations nécessaires à la coordination des unités (Brousseau E. et Rallet A., 1997). S. Ladame (2007) a établi, à partir d’une étude réalisée par un groupe de recherche de France Télécom Recherche et Développement6 une classification des TIC basée sur leurs fonctionnalités d’utilisation. Le découpage proposé par l’équipe de recherche de France Télécom repose sur 4 dimensions : « les 4C » : Communication, Coordination, Collaboration et Connaissance. S. Ladame (2007) ajoute une cinquième dimension : la « coopération modulaire ». Nous ne retiendrons pas dans cette étude cette cinquième notion car le concept de modularité est un concept complexe, qui a fait l’objet de nombreux travaux et qu’il est difficile de réutiliser en tant qu’élément d’une typologie sans l’avoir clairement défini. 6 Projet interne d’une équipe de recherche de France Télécom R&D « Next Generation Workplace Collaboration Study » réalisée en 2006 par Laure Seraille en collaboration avec Nadia Magarino et Charles Delalonde. 15 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries En se basant sur les quatre dimensions retenues, la classification des TIC peut être représentée comme suit : Types d’outils Caractéristiques Outils de communication Outils permettant d’échanger et d’accéder à l’information Outils de connaissance Outils permettant de créer collectivement de nouvelles connaissances Outils de coordination Outils permettant à des acteurs de se coordonner et de s’organiser Outils de coopération Outils permettant à des acteurs d’échanger et de partager des compétences stratégiques Tableau 1 : Typologie des TIC Ladame S., 2007 Nous montrerons, dans la partie qui va suivre, pour quelles raisons la technologie PLM peut être considérée comme une technologie intégrée qui fournit à ses utilisateurs les quatre grandes fonctions des TIC identifiées ci-dessus dans une seule application. 1.4.1.2- PLM : un outil qui intègre toutes les fonctionnalités des TIC Notre but est ici de montrer que le PLM est une technologie qui peut être rattachée à la famille des TIC. En faisant cela, nous entendons atteindre un double objectif : o mieux cerner le rôle de la technologie PLM par rapport à une organisation (le rôle des TIC étant principalement de traiter et transmettre des informations pour faciliter la coordination des unités (cf. supra, 1.4.1.1)) ; o nous permettre, par la suite, de transférer les recherches effectuées dans le domaine de l’adoption organisationnelle des TIC à l’adoption du PLM. Nous reprenons pour cela l’approche de la technologie PLM élaborée par V. Merminod (2007). PLM est une technologie articulée autour de trois axes : le stockage et la capitalisation des connaissances explicites, la communication et le partage des connaissances explicites et la consolidation des projets (Merminod V., 2007). o Le stockage et la capitalisation des connaissances explicites : PLM permet de stocker les connaissances liées à un produit et/ou à un projet et autorise ainsi leur réutilisation ultérieure. Il est donc outil de connaissance. 16 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries o La communication et le partage des connaissances explicites : PLM fournit à l’ensemble des acteurs d’un projet une interface homme-machine identique pour déposer et partager les connaissances explicites liées à ce projet. Chaque acteur a la possibilité d’accéder aux connaissances existantes, de les faire évoluer, d’en proposer de nouvelles qui seront à leur tour disponibles pour les autres acteurs du projet. PLM est donc à la fois outil de connaissance, de communication et de coordination. o La consolidation des projets : PLM permet aux différents acteurs de l’entreprise étendue (clients, fournisseurs…) de suivre le déroulement d’un projet et d’intervenir à n’importe quelle phase de celui-ci, si nécessaire. Cette technologie rend donc possible la coconception. En unifiant les données produits et projet, PLM permet également de disposer en temps réel de l’état d’avancement des projets (Merminod V., 2007). Cela permet ainsi de consolider les informations projet plus rapidement et de disposer d’une version transversale de l’état d’avancement du portefeuille projet, notamment pour le management. PLM est donc aussi outil de coopération. Le PLM est donc une technologie qui facilite la création collective de nouvelles connaissances, qui permet d’échanger et d’accéder à l’information, qui permet aux acteurs de se coordonner et de s’organiser, ainsi que de partager des compétences stratégiques. Les quatre dimensions d’une TIC se retrouvent toutes réunies dans le PLM, ce qui nous autorise donc à affirmer que le PLM est une technologie que l’on peut classer dans la famille des TIC. 1.4.2- L’adoption La plupart des définitions de l’adoption que l’on rencontre dans la littérature font référence à l’adoption des innovations ; les innovations pouvant être entendues comme « innovation produit » ou « innovation process ». Adopter une nouvelle technologie de l’information et de la communication peut être assimilée pour l’entreprise à une innovation organisationnelle, et se rapproche donc d’une « innovation process ». Nous considérons donc que les définitions relatives à l’adoption d’innovation peuvent être transférées à l’adoption d’une nouvelle technologie. Le concept d’adoption peut être défini comme un processus composé d’un certain nombre d’étapes par lesquelles l’adoptant potentiel d’une innovation doit passer avant d’accepter le nouveau produit, le nouveau service ou la nouvelle idée (Frambach et 17 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Schilleweart, 2002). Rogers (1995) définit le processus d’adoption comme le processus mental par lequel un individu (ou toute autre unité de décision) passe et qui va de la connaissance de l’innovation à la confirmation de la décision d’adopter, en passant par la formation d’une opinion vis-à-vis de l’innovation, la décision de l’adopter ou de la rejeter et sa mise en œuvre. Cette définition est la même, que l’on s’intéresse à l’adoption au niveau individuel ou au niveau organisationnel. L’adoption individuelle d’une nouvelle technologie a fait l’objet de nombreuses recherches (pour une revue de la littérature voir Venkatesh et al., 2003). Le comportement de l’utilisateur vis-à-vis d’une nouvelle technologie constitue un problème important du domaine des systèmes d’information, car l’objectif stratégique lié à l’investissement dans une technologie de l’information ne sera atteint qu’à condition que les utilisateurs acceptent le nouveau système et l’utilise en cohérence avec les objectifs stratégiques de l’organisation (Agarwal et Karahanna, 2000). La plupart des recherches se sont intéressées aux déterminants de l’acceptation et de l’utilisation d’une nouvelle technologie et ont accordé un rôle central aux notions d’utilité perçue et de facilité d’utilisation, celles-ci jouant un rôle médiateur entre les facteurs externes et les intentions de comportement des individus vis-àvis d’une nouvelle technologie (Magni M. et Pennarola F., 2008). Dans cette recherche, le niveau utilisateur ne sera pas envisagé. Nous nous intéresserons éventuellement aux individus mais uniquement en tant que décideurs et non en tant qu’utilisateurs. Concernant la notion d’adoption, nous nous focaliserons sur l’adoption au niveau organisationnel. En effet, notre propos est ici d’essayer de comprendre ce qui peut motiver ou freiner une organisation par rapport à la décision d’utiliser ou non le PLM. Plus précisément, nous essayons de comprendre pourquoi certaines PME du pôle de compétitivité Arve Industries ont adopté le PLM et d’autres non. L’adoption (ou l’acceptation) par les utilisateurs de la technologie n’intervient que dans un second temps, c'est-à-dire une fois que l’organisation a déjà adopté la technologie. Nous laisserons donc cet aspect de côté, mais cela pourrait faire l’objet de recherches complémentaires par la suite. En ce qui concerne l’adoption organisationnelle, il est possible de distinguer deux phases : l’initiation et la mise en œuvre (Zaltman et al. , 1973). La décision d’adoption intervient entre ces deux phases (Frambach et Schilleweart, 2002). Durant la phase d’initiation, l’organisation prend conscience de la nouvelle technologie, se forge une opinion 18 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries et l’évalue. Dans la phase de mise en œuvre, l’organisation prend la décision d’acheter et d’utiliser cette nouvelle technologie. La décision d’adoption n’est que le commencement de la phase de mise en œuvre qui se poursuivra par l’acceptation de la nouvelle technologie au sein de l’organisation. Nous centrerons pour notre part la suite de l’analyse sur la décision dichotomique suivante : « adopter / ne pas adopter », et sur ses déterminants. 1.4.3- Les PME 1.4.3.1- Définition Le terme PME, s’il est d’usage courant et admis dans le monde industriel, reste un concept aux contours flous (Le Pochat S., 2005). Dans son usage courant, le concept de PME s’entend, en fait, par opposition au concept de grande entreprise. Cependant, T. Dandridge (1979), afin de souligner la spécificité des PME par rapport aux grandes entreprises, raisonne par analogie avec les humains et affirme que « les enfants ne sont pas des petits adultes ». Si de nombreux chercheurs se sont attachés à montrer que la PME ne peut être assimilée à une grande entreprise en taille réduite (Dandridge T. (1979), Hausman (2005), O'Regan, Ghobadian,& Gallear (2006)), il n’existe pourtant pas de définition qui fasse l’unanimité. Ceci vient du fait, comme le souligne R. Hillary (2000), qu’aucune définition ne peut rendre compte de la très grande hétérogénéité des PME, compte tenu de la variété des entreprises et de la diversité des secteurs industriels, et que, par conséquent, toute définition des PME en général ne peut être que partielle et grossière. Pour Julien et al. (1997), cette hétérogénéité des PME trouve son fondement dans les différences de gestion et d’organisation d’une entreprise à l’autre. Il est donc difficile de donner une définition quantitative ou qualitative des PME qui soit unanimement reconnue. Il existe toutefois, en France, une définition consensuelle des PME, basée sur une agrégation de critères quantitatifs, venant de différentes sources (INSEE, SESSI, BDPME…) et relatifs au nombre de salariés et au chiffre d’affaires : « les PME sont traditionnellement des entreprises qui emploient moins de 500 salariés ou qui réalisent moins de 77 millions d’euros de chiffre d’affaires » (Agence des PME (2003)). 19 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 1.4.3.2- Les spécificités des PME Même si il est difficile de donner une définition qui soit acceptable pour l’ensemble des PME, il est toutefois possible de mettre en évidence certaines spécificités qui permettent de les distinguer des grandes entreprises et de mieux cerner le concept de PME. Pour Julien et al. (1997), les PME présentent cinq grandes caractéristiques : o la petite taille, caractérisée par une distance hiérarchique moindre, favorisant les contacts directs et des relations de travail plutôt informelles. Les PME s’opposent en cela aux grandes entreprises caractérisées par des relations anonymes, fortement hiérarchisées et formalisées ; o la centralisation, voire personnalisation, de la gestion autour du propriétaire dirigeant ; o une faible spécialisation, tant au niveau de la direction que des employés ou des équipements ; o une stratégie intuitive et peu formalisée ; o des systèmes d’information interne et externe peu complexes et peu organisés, laissant la place au dialogue et aux contacts directs (alors que les grandes entreprises sont contraintes de mettre sur pied tout un mécanisme formel permettant le transfert de l’information). Le rôle joué par le chef d’entreprise permet de caractériser qualitativement les PME par rapport aux grandes entreprises (Mahé de Boislandelle H. (1998), Torres O. (1999), Torres O. (2000)). Ces deux auteurs insistent sur le rôle prépondérant joué par le chef d’entreprise, mais ils en tirent deux conclusions différentes et complémentaires. H. Mahé de Boislandelle (1998) met, pour sa part, en évidence les conséquences de ce constat sur la stratégie de l’entreprise. Les PME, en raison d’une trop grande centralisation sur le chef d’entreprise, ont du mal à hiérarchiser l’importance stratégique relative des différentes contraintes qui pèsent sur l’entreprise. L’auteur propose, pour expliquer la différence entre PME et grandes entreprises, le concept « d’effet de grossissement » qui consiste chez un dirigeant à considérer comme stratégique l’ensemble des actions à mener dans la mesure où les horizons de calcul autant que les degrés d’importance se confondent dans son esprit. Pour l’auteur, ce phénomène repose sur trois effets : 20 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries o l’effet de nombre : le faible nombre d’employés au sein des PME favorise les relations interpersonnelles qui jouent un rôle prépondérant ; o l’effet de proportion : en raison du faible effectif, le poids relatif de chacun est accru dans les petites structures ; o l’effet microcosme : le dirigeant d’une PME, en raison de plusieurs facteurs, tels que la forte implication du dirigeant dans l’organisation, l’intensité affective de ses relations ou encore le nombre d’activités à effectuer en priorité, focalise son attention sur l’immédiat dans le temps et l’espace (espaces physique et psychologique), privilégiant ainsi les solutions efficaces à court terme plutôt qu’une vision stratégique à long terme. O. Torres (1999, 2000), quant à lui, en partant du même constat d’une trop grande centralisation sur le dirigeant, met en évidence les conséquences sur la vulnérabilité de l’entreprise. Il propose comme explication le cercle vicieux du « small is difficult », résultante de la combinaison de trois effets : o l’effet papillon : tout problème d’apparence mineur peut engendrer une série de conséquences pour la PME du fait de sa vulnérabilité économique ; o l’effet microcosme : identique à l’effet microcosme décrit ci-dessus ; o l’effet d’égotrophie : en raison d’une hypertrophie de l’ego du dirigeant, il existe un risque lié au fait que celui-ci ne sait pas déléguer les prises de décisions. Ces deux auteurs mettent donc en évidence une caractéristique importante des PME, qui est leur focalisation sur des stratégies de court terme, en raison d’une trop grande centralisation de l’organisation sur le dirigeant. Par ailleurs, il est couramment admis dans la littérature que les PME se caractérisent par les moyens limités dont elles disposent en comparaison des moyens des grandes entreprises (Julien et Marchesnay (1988), Saint-Pierre J. (1999)). Ces moyens limités se retrouvent essentiellement dans trois domaines interdépendants : les ressources financières, les ressources humaines et le temps (Le Pochat S., 2005). Le manque de temps conduit à un manque de disponibilité des acteurs de l’entreprise pour toute activité ne relevant pas directement du cœur de leur métier. Le manque de moyens financiers limite les capacités d’investissement de l’entreprise pour des domaines jugés non stratégiques et considérés comme non vitaux. Enfin, le manque de ressources humaines limite fortement 21 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries toute capacité d’action et de réalisation de projets « connexes ». Globalement, ce manque de moyens se traduit donc par des capacités d’anticipation et d’action limitées pour tout ce qui ne relève pas directement du métier traditionnel de l’entreprise. Toutefois, un certain nombre d’atouts ont été reconnus aux PME, notamment en matière d’innovation (Rothwell R., 1978). Leur capacité de réaction à l’environnement, la souplesse de leurs communications internes, et leur dynamique entrepreneuriale, caractérisée par une moindre bureaucratie, leur confère des avantages indéniables dans ce domaine. Ainsi, s’il existe, par l’intermédiaire du chef d’entreprise ou d’une personne bénéficiant de responsabilités fonctionnelles au sein de l’entreprise, une volonté forte de changement, il semble raisonnable de penser que les intentions émanant de ce dirigeant seront traduites plus facilement en actes concrets (Le Pochat S., 2005). De même, les structures peu formalisées des PME autorisent sans doute des modifications plus aisées et plus rapides de l’organisation. Enfin, l’appartenance à un réseau, comme c’est le cas des PME adhérant à un pôle de compétitivité, peut leur permettre de mutualiser un certain nombre de moyens (humains, de communication, de R&D…) afin de lutter contre ce manque de ressources qui les limitent souvent dans leur évolution. 1.4.3.3- PME du domaine de la mécanique et TIC L’observatoire des PME (OSEO, 2006), dans son étude, consacre une partie de ses réflexions à l’évolution des métiers dans le domaine de la mécanique. Il nous semble intéressant de reprendre certains éléments de cette étude puisque les PME du pôle de compétitivité Arve Industries appartiennent justement à ce secteur. Les PME mécaniciennes sont soumises depuis quelques temps à des évolutions fondamentales non seulement de leur environnement macroéconomique (mondialisation des marchés et des capitaux, accroissement des impératifs réglementaires, émergence du développement durable, exigences accrues des clients au niveau notamment des propriétés d’usage des produits et des prestations de services associées) mais aussi technologique, qui apportent très souvent une réponse aux contraintes externes et qu’il faut donc intégrer pour demeurer concurrentiel. Dans le domaine des TIC, l’évolution technologique est fortement liée au développement des concepts d’entreprise étendue et de travail « collaboratif ». Les TIC modifient les modes de travail internes et externes de l’entreprise dans sa relation avec 22 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries ses partenaires. Internet est devenu un élément majeur dans les échanges transactionnels et informationnels des entreprises, car il permet l’interconnexion des systèmes d’information des différents partenaires. En réponse à cette nouvelle forme d’échange, l’entreprise doit fonctionner en réseau afin de pouvoir générer le savoir et traiter l’information plus rapidement et plus efficacement. Le travail « collaboratif » (ou coopératif) et le e-business permettent à l’entreprise de mieux concevoir, mieux fabriquer et mieux livrer son produit. Le PLM, compte tenu de ses caractéristiques, semble pouvoir s’insérer dans cette évolution et répondre aux besoins actuels de ces PME. Concernant l’intégration des TIC, le problème identifié dans l’étude de l’OSEO (2006) repose, outre sur des difficultés liées à l’investissement technique, sur le fait que les entreprises doivent réorganiser leur processus de travail et former leurs collaborateurs aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un exemple est la prise en main des logiciels permettant d’effectuer des tâches assistées par ordinateur (CAO, DAO, CFAO, simulation…). Dans le cas des outils de gestion de la production assistée par ordinateur (GPAO), les enquêtes menées en 2003 par le CETIM (CEntre Technique des Industries Mécaniques) montrent que seulement 23 % des très petites entreprises (TPE) (moins de 10 salariés) disposent d’un outil approprié pour gérer la charge de leurs machines. En effet, les systèmes de gestion industrielle actuellement commercialisés s’adressent généralement aux moyennes et aux grandes structures et sont souvent trop complexes pour les TPE. De même, leurs coûts sont jugés trop élevés par rapport à d’autres investissements à caractère productif. Enfin, pour piloter tous ces outils, l’entreprise manque souvent de cadres disponibles. L’intégration d’une nouvelle technologie au sein de l’entreprise passe souvent par l’embauche ou la formation du personnel. Pour les entreprises qui s’engagent en mécatronique, l’intégration des technologies remet souvent en cause les méthodes de conception, de fabrication et de maintenance. Mais la vraie difficulté est le changement d’esprit nécessaire afin d’intégrer la compréhension fine des contraintes de chaque technologie et d’organiser les méthodes de travail. La mécatronique nécessite en effet de développer une capacité à travailler en commun, de rassembler dans une seule et même équipe des gens qui ont des spécialités différentes. Le PLM repose lui aussi sur une approche transversale des métiers de l’entreprise et son intégration pourrait, de ce fait, rencontrer les mêmes difficultés que celles identifiées dans cette étude. 23 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Les PME représentent un ensemble très hétérogène et ne peuvent se résumer à une seule et même définition, par contre, ce qui les rapprochent ce sont les évolutions de leur environnement auxquelles elles sont confrontées et auxquelles elles vont devoir s’adapter pour rester compétitives. Le PLM peut être un élément de cette adaptation, mais son intégration pose problème, d’où des réticences compréhensibles vis-à-vis de son adoption. Les PME qui constituent le terrain d’étude de cette recherche s’insèrent dans un contexte particulier, à savoir, un pôle de compétitivité. Il nous semble donc important de clarifier ce concept afin de mieux cerner le contexte de la recherche. 1.4.4- Le pôle de compétitivité Un pôle de compétitivité est une combinaison, sur un espace géographique donné, d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherches publiques et privées, qui s’engagent à travailler ensemble au sein d’une même structure, afin de dégager des synergies autour de projets communs à caractère innovant disposant d’une masse critique nécessaire pour une visibilité internationale (Retour D., 2009). Depuis l’été 2005, 71 pôles de compétitivité ont été labellisés en France : 7 pôles mondiaux, 10 pôles à vocation mondiale et 54 pôles nationaux. On rencontre des formes variées de collaborations interorganisations. Defelix et al. (2008) proposent d’en distinguer quatre : Tableau 2 : Les pôles de compétitivité, une forme de collaboration interorganisationnelle Defelix et al. (2008) 24 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Selon Nicolas Jacquet, directeur général de la chambre de commerce et d’industrie de Paris, les pôles de compétitivité sont un modèle qui « se différencie des clusters américains et des districts italiens par cette approche globale visant à associer tous les acteurs, sans exception, dans une démarche volontaire à partir d’un thème industriel ». Ainsi, les districts industriels regroupent uniquement des entreprises et ne sont pas forcément labellisés par les pouvoirs publics. Ce concept remonte à Marshall (1920) et insiste sur la dimension spatiale, celle du territoire, au sein duquel existe une forte proximité relationnelle (Zimmermann et al., 1998). Dans ces districts, les entreprises peuvent être complémentaires ou concurrentielles (Mendez, 2005). Les systèmes productifs locaux (SPL), de leur côté, rassemblent également des entreprises, mais sont soutenus par les pouvoirs publics dans une perspective de mutualisation des ressources. La Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) caractérise ces systèmes depuis 1998 : une concentration géographique, la spécialisation autour d’un métier, et des actions de coopérations en particulier dans le domaine de la formation et de développement des savoir-faire (Pecqueur, 2005), et plus généralement en matière de gestion collective des ressources humaines (CDIF, 2005). Quant aux clusters, ils relèvent d’une configuration où les partenaires sont divers et où leur concentration n’est pas nécessairement labellisée par l’action publique. Doeringer et Terkla (1995) les ont définis comme des concentrations géographiques d’industries tirant avantage de leur implantation identique ; mais c’est Porter qui, en popularisant cette notion, a relevé la variété des natures de partenaires engagés : “Interconnected companies, specialised suppliers, service providers, firms in related industries, and associated institutions (for example, universities, standards agencies, and trade associations) in particular fields that compete but also co-operate” (Porter, 1998). Même s’ils sont fort variés en taille, secteur ou mode de développement (Rosenfeld, 1997), le fonctionnement de ces «clusters» repose sur une importante dimension relationnelle. Les recherches portant sur les différences et similitudes entre ces formes variées de collaboration interorganisations se poursuivent. Pour notre part, nous conserverons l’appellation « pôle de compétitivité » pour la suite de cette étude. En effet, si l’on reprend les caractéristiques d’un pôle de compétitivité selon Defelix et al. (2008), il s’agit de la mise en relations d’organisations variées (entreprises, universités…) dont la collaboration est 25 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries reconnue et renforcée par les pouvoirs publics et cela correspond bien à la situation du pôle Arve Industries. 26 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2. Approche théorique de l’adoption organisationnelle d’une nouvelle technologie De nombreux chercheurs se sont intéressés aux conséquences de l’adoption des TIC sur les performances de l’entreprise (Ayres R.U. (1991), Baldwin et al. (1995), Carlsson (1996), Tracey et al. (1999)). Ils ont démontré qu’il existait bien une relation étroite entre l’usage des TIC et les gains de productivité ou toute autre mesure de la performance d’une firme. Pourtant, bien que le lien TIC-productivité soit avéré, il existe encore de la part des entreprises, notamment des PME, une certaine réticence vis-à-vis de l’adoption d’un certain nombre de TIC, et ce, malgré le fait que ces technologies deviennent plus abordables (Giunta et Trivieri, 2007). Peu de recherches ont tenté d’élaborer une typologie exhaustive des caractéristiques de l’entreprise susceptibles de constituer des facteurs déterminants de l’adoption d’une TIC. Quelques chercheurs s’y sont pourtant intéressés. Giunta et Trivieri (2007) ont étudié les déterminants de l’adoption des technologies de l’information au sein de PME industrielles italiennes. Lal (1999) a cherché à identifier les causes à l’origine des différents degrés d’adoption des technologies de l’information dans des PME indiennes. Ces deux études portant sur la catégorie d’entreprises qui nous intéresse, à savoir, les PME, nous nous appuierons essentiellement sur celles-ci pour proposer une typologie de caractéristiques susceptibles d’influencer l’adoption d’une nouvelle TIC. Nous nous appuierons également sur l’approche basée sur la diffusion technologique ; la littérature a, dans ce domaine, démontré que l’adoption provenait de l’existence de quatre types d’effets : des effets de rang, des effets de stock, des effets d’ordre et des effets épidémiques (Karshenas et Stoneman, 1995). Concernant le vocabulaire relatif à l’adoption, les trois termes « adoption », « diffusion » et « acceptation » sont souvent utilisés de manière interchangeable par les chercheurs en systèmes d’information, mais le terme « adoption » semble être préféré aux deux autres dans l’ensemble des recherches (Williams N.D. et al. (2009)). Comme N.D. 27 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Williams et al. (2009) nous le suggèrent, nous utiliserons donc exclusivement, dans un souci de clarté, le terme « adoption » dans la suite de cette étude. Nous avons choisi d’aborder la problématique de l’adoption des TIC à partir de quatre dimensions : o la dimension organisationnelle ; o la dimension économique o la dimension environnementale ; o la dimension technologique. Nous présenterons dans un premier temps les apports théoriques liés à ces quatre dimensions, puis nous complèterons ce modèle théorique en intégrant des éléments liés au contexte de la recherche, à savoir, une agglomération de PME au sein d’un cluster. 28 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1- Les déterminants de l’adoption organisationnelle Notre objectif est ici d’identifier un grand nombre de facteurs susceptibles d’influencer l’adoption d’une TIC et repérés dans la littérature comme tel. Pour chaque facteur identifié, nous préciserons si, compte tenu de la technologie qui nous intéresse (le PLM), ce facteur est pertinent ou non. 2.1.1.- La dimension organisationnelle 2.1.1.1.-La taille et l’âge de l’entreprise Plusieurs études empiriques ont montré que la taille de l’entreprise avait un impact positif sur l’adoption des TIC (Lal, 1999 ; Giunta et Trivieri, 2007 ; Ciarli et Rabellotti, 2007). Les entreprises de plus petite taille ont à faire face à des barrières plus importantes que les entreprises plus grandes en ce qui concerne l’investissement dans les nouvelles technologies (Ciarli et Rabellotti, 2007). Les firmes disposant de capacités financières plus importantes seront plus à même d’adopter des TIC (Lal, 1999). Elles auront la possibilité de répartir le coût de l’investissement dans une nouvelle technologie sur un plus grand nombre d’unités (Cohen et Levinthal, 1989), et la probabilité qu’elles détiennent les actifs spécifiques complémentaires nécessaires au succès commercial de l’innovation est plus forte (Teece, 1986). Elles pourront plus aisément embaucher du personnel qualifié, ce qui facilitera l’assimilation et la diffusion des nouvelles technologies au sein de l’entreprise (Lal, 1999). D’autre part, l’adoption de nouvelles technologies, notamment lorsqu’elles agissent sur les communications, comme c’est le cas pour le PLM, suppose une standardisation des procédures et de l’information, ce qui pénalise les entreprises de petite taille pour lesquelles les échanges, que ce soit en interne ou avec l’extérieur, s’établissent majoritairement de manière informelle (Giunta et Trivieri, 2007). Enfin, les dirigeants de PME ont tendance à avoir une aversion pour le risque ; or investir dans les nouvelles technologies comporte forcément un risque ; ceci confirme le lien positif entre la taille de l’entreprise et la probabilité d’adopter (Mansfield, 1968). 29 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries A l’inverse, S. Goode et K. Stevens (2000), s’intéressent aux technologies de l’information à base d’Internet et démontrent qu’il existe une relation négative entre la taille et l’adoption de ce type de TIC ; relation qu’ils expliquent par le fait que d’une part ces technologies sont attractives pour les PME car elles leur permettent de concurrencer les grandes firmes, et d’autre part, les PME sont plus flexibles et peuvent s’adapter à des modifications de l’environnement plus rapidement que ne peuvent le faire les grandes entreprises, et donc intégrer ces nouvelles technologies plus facilement. Dans d’autres études, la relation, bien que positive, est non linéaire. H. Hollenstein (2004b) affirme que la taille de la firme est positivement corrélée avec une adoption rapide et une utilisation intensive d’une TIC seulement jusqu’à un seuil de 200 employés. Pour certaines TIC, Internet par exemple, les entreprises de taille moyenne sont même de plus grandes utilisatrices que les grandes entreprises. Concernant le PLM, la trop petite taille peut constituer un frein compte tenu du manque de ressources associées, mais la grande taille également. En effet, le PLM est une technologie très structurante au niveau organisationnel, qui peut aboutir à modifier les processus en place. Dans une grande entreprise, compte tenu du nombre important de services et de personnes impliqués, l’inertie peut être telle que l’implantation du PLM échoue compte tenu de trop fortes résistances au changement. Il semble donc, comme le suggérait H. Hollenstein (2004b), que la PME de taille moyenne (de 50 à 250 employés) soit la plus susceptible d’adopter le PLM. Concernant la variable « âge », les entreprises plus jeunes auraient moins de réticence à adopter de nouvelles technologies et à mettre en œuvre les réorganisations qui vont de pair avec ce type d’investissement. Giunta et Trivieri (2007) ont montré que la probabilité de ne pas adopter est plus élevée pour les firmes plus anciennes, argument qui peut être rapproché de l’inertie liée à la grande entreprise ; ils soulignent cependant que leurs résultats ne sont pas statistiquement significatifs. Nous considérons malgré tout que l’âge de l’entreprise peut avoir une influence significative, et qu’il existe une relation négative entre l’âge et la propension à adopter le PLM. 30 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.1.2.- L’activité Recherche et Développement Pour Lal (1999), la présence d’une activité de R&D facilite l’adoption de nouvelles technologies ; ceci est d’autant plus vrai pour les entreprises qui utilisent les technologies de l’information comme support de leur processus de production (machines à commande numérique…). En effet, les entreprises sont amenées à modifier la conception de leurs produits de plus en plus fréquemment pour répondre à l’évolution rapide de la demande. La R&D a donc en charge, non seulement de développer de nouveaux produits, mais aussi de faire évoluer les technologies de l’information qui supportent le processus de production pour le rendre plus opérant, et de développer des applications efficaces et conviviales pour faire fonctionner l’ensemble. De telles entreprises semblent donc être naturellement plus ouvertes à l’acquisition de nouvelles technologies de l’information. Bocquet et Brossard (2008) ont également montré qu’une entreprise qui dispose d’un budget R & D important et qui met en place une stratégie de fusions et acquisitions active accroit sa capacité d’absorption (ce concept sera défini plus longuement par la suite), ce qui favorise l’adoption de nouvelles technologies. Cohen et Levinthal (1989) ont établi un lien positif entre le niveau des investissements en R&D et la capacité d’absorption d’une organisation. Ainsi, les firmes les plus dynamiques en matière de R&D adopteraient plus rapidement les TIC car elles les comprendraient mieux (Gomez J. et Vargas P., 2009). Elles seraient également mieux informés des changements en cours, subissant ainsi une pression pour mettre en œuvre ces changements au sein de l’organisation et donc adopter de nouvelles TIC (Zahra et George (2002). Pour finir, ces firmes seraient plus aptes à réduire le risque associé à l’adoption d’une nouvelle TIC (Von Hippel, 1988 ; Cohen et Levinthal, 1990). Pour le PLM, nous considérerons donc qu’il existe une relation positive entre la présence d’une activité R&D dans l’entreprise et son adoption. 31 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.1.3- Le facteur humain a/ La présence d’une main d’œuvre qualifiée La présence de compétences et savoirs accumulés au sein de l’entreprise constitue la variable la plus importante pour expliquer l’adoption de technologies de l’information (Ciarli et Rabellotti, 2007). L’introduction d’un logiciel de CAO/CAE, par exemple, nécessite des employés suffisamment qualifiés pour l’utiliser de manière efficace (Lal, 1999). Le PLM intégrant un module de CAO, on peut supposer que le problème sera le même. Il est donc essentiel que l’entreprise dispose des compétences nécessaires à l’utilisation de la nouvelle TIC en interne. Le problème qui se pose pour les PME réside dans le fait qu’elles ne possèdent pas forcément à priori le personnel qualifié pour la technologie qu’elles ont prévue d’introduire. Ceci est lié aux problèmes de ressources des PME déjà identifié plus haut. Elles seront donc souvent contraintes d’embaucher ce personnel, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à l’adoption. Les compétences détenues par l’entreprise constituent un élément essentiel de sa capacité d’absorption (Hollenstein, 2004a). La capacité d’absorption a été définie par Cohen et Levinthal (1990) comme étant l’aptitude d’une entreprise à reconnaître la valeur d’une nouvelle information extérieure, à l’assimiler et à l’utiliser à des fins commerciales. Cette capacité d’absorption suppose trois étapes : o une étape d’apprentissage exploratoire : l’entreprise reconnait et comprend la valeur potentielle de la nouvelle technologie ; o une étape d’apprentissage d’adaptation : la nouvelle technologie est rapprochée des connaissances et des processus présents dans l’entreprise ; o une étape d’apprentissage d’exploitation : les connaissances présentes peuvent être appliquées à la nouvelle technologie. [Ces différents types d’apprentissages mériteraient, compte tenu de la quantité de recherches qu’ils suscitent, un développement beaucoup plus long. Notre but n’est pas ici de définir les apprentissages à l’œuvre dans un processus d’adoption, mais de définir la notion de « capacité d’absorption », qui a été utilisée dans plusieurs recherches comme déterminant de l’adoption d’une TIC.] 32 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Ainsi, la notion de capacité d’absorption dans le cas de l’adoption de nouvelles technologies revêt principalement deux aspects : o l’aptitude de l’entreprise, dans son ensemble, à évaluer les opportunités technologiques, plus ou moins proches de son domaine d’activité, que ce soit en matière de nouveaux produits ou de nouvelles techniques de production. Cette aptitude dépend essentiellement de la dotation de l’entreprise en capital humain (Cohen et Levinthal, 1989) ; o les effets d’apprentissage qui ont pu survenir lors de l’utilisation antérieure d’une technologie (Mansfield, 1968 ; Stoneman, 1981), ou de l’expérience acquise avec une technologie précédente intégrant les mêmes éléments que la version plus récente (Windrum P., de Berranger P., 2002). On peut s’attendre à une relation positive entre l’existence de ces deux éléments de la capacité d’absorption au sein d’une entreprise et l’utilisation précoce et intensive des TIC (Hollenstein, 2004a). Nous supposerons qu’il en est de même pour l’adoption du PLM. Par ailleurs, il existe une relation étroite entre technologie de l’information, changement organisationnel et besoin en capital humain qualifié. La somme de recherches réalisées sur le sujet le prouve (Brynjolfsson et Hitt, 2000 ; Bresnahan et al., 2005 ; Falk, 2002 ; Hur et al., 2005). Avec l’introduction de nouvelles technologies de l’information, le mode de transmission des informations ainsi que la fréquence de ces transmissions évoluent, induisant des modifications dans la structure organisationnelle existante (Giunta et Trivieri, 2007). La réorganisation interne induit un processus de tertiarisation qui s’accompagne d’une diminution de la proportion de travailleurs non qualifiés et de l’embauche de travailleurs qualifiés, aptes à faciliter l’assimilation des technologies de l’information et donc l’obtention de gains de productivité associés à l’investissement (Giunta et Trivieri, 2007). L’introduction de nouvelles technologies est donc un processus complexe qui implique le plus souvent de remettre en cause l’organisation existante, non seulement en termes de flux d’informations mais aussi en ce qui concerne la gestion des ressources humaines. 33 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries b/ La personnalité du dirigeant L’influence de la personnalité du dirigeant sur l’adoption de nouvelles technologies a fait l’objet de plusieurs études. Nous avons déjà constaté que les dirigeants d’entreprises de petite taille avaient une aversion pour le risque plus prononcée et donc une probabilité d’adopter plus faible que les dirigeants de grandes entreprises (Mansfield, 1968). Certains chercheurs comme Ranis (1990) et Brown (1992) se sont plus particulièrement intéressés à l’importance de certaines attitudes telles que le fait d’être tourné vers l’innovation, d’avoir une vision à long terme et de posséder des connaissances sur les technologies de l’information. L’étude de Brown (1992) montre le rôle crucial du dirigeant dans le développement d’une stratégie d’utilisation des technologies de l’information. Il a démontré que l’introduction des technologies de l’information dépendait de la connaissance qu’en avaient les décideurs et de leur capacité à comprendre le potentiel de ces technologies. Lal (1999) insiste sur le rôle de la qualification du décideur et des connaissances et informations qu’il possède dans l’adoption de technologies de l’information. La qualification du dirigeant est une des caractéristiques les plus importantes pour distinguer les firmes utilisatrices des technologies de l’information des firmes non utilisatrices (Lal, 1996). Pour Earl (1989), l’explication principale du faible niveau d’adoption des technologies de l’information par certaines firmes repose sur le manque de capacité à apprécier le potentiel de ces technologies par les dirigeants. Cette importance de la qualification du dirigeant avait déjà été soulignée par Mansell et Wehn (1998), qui concluaient que l’introduction de technologies de l’information nécessitait la mise en place de nouvelles formes d’organisation et que seuls des dirigeants informés pouvaient mener efficacement ces changements organisationnels à terme. Toutes ces études montrent que le potentiel d’une nouvelle technologie de l’information ne peut être pleinement exploité qu’à condition que le dirigeant en ait conscience. Seul un dirigeant qualifié peut évaluer les mérites d’une nouvelle technologie, ainsi que l’utilisation future et les avantages que l’entreprise pourra en retirer. Ceci nous renvoie à ce qui a déjà été souligné auparavant, à savoir l’importance de la dotation en capital humain comme élément déterminant de la capacité d’absorption. Lal (1999) s’est aussi intéressé à d’autres traits de la personnalité du dirigeant et à leur impact sur la décision d’adoption d’une nouvelle technologie. Il montre qu’un dirigeant tourné vers la recherche de la qualité, vers la recherche de nouvelles parts de marché et 34 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries convaincu de la nécessité d’avoir un budget important pour la R & D sera bien plus favorable à l’adoption de nouvelles technologies. Le PLM étant une technologie relativement récente et complexe, nous considérons qu’il existe une relation positive entre le niveau de connaissances et d’informations détenues par le dirigeant, sa capacité à avoir une vision à long terme (celle-ci se traduit par l’importance accordée à la qualité et à la R & D, et la recherche de nouveaux marchés) et la probabilité d’adopter le PLM. 2.1.2.- La dimension économique 2.1.2.1.- Les contraintes financières Le facteur financier a souvent été négligé, notamment dans la littérature relative à la diffusion des innovations ; or les fonds disponibles pourraient bien être un facteur explicatif clé de l’adoption (Gomez et Vargas, 2009). Dans le cas d’innovation de procédé, les coûts associés à la restructuration du processus de production et les coûts d’apprentissage nécessaires à l’assimilation du fonctionnement de l’innovation constituent des charges supplémentaires (Gomez et Vargas, 2009). Il existe au moins trois raisons susceptibles d’expliquer les difficultés rencontrées par une entreprise lors de la recherche de financements (Stoneman, 2001) : o l’incertitude : le retour sur investissement suite à l’acquisition d’une nouvelle technologie est incertain, ce qui complique la recherche de financement externe ; o les asymétries d’informations : les investisseurs potentiels sont moins bien informés que les utilisateurs ou les fournisseurs de l’innovation, ce qui ne leur permet pas d’anticiper correctement les profits futurs ; o les actifs spécifiques de l’entreprise : une partie des fonds pourraient être utilisée dans l’acquisition de biens incorporels (ex. : connaissances), difficilement valorisables sur le marché. Les firmes qui ont à leur disposition une capacité d’autofinancement suffisante auront plus de facilités à adopter une nouvelle technologie (Stoneman, 2001). 35 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries D’autre part, l’obstacle financier est aussi fortement lié aux caractéristiques de la technologie ; il est non seulement fonction du coût de la technologie elle-même mais aussi de coûts indirects tels que les changements organisationnels imposés et le temps de formation nécessaire à la maîtrise de la technologie. Concernant le PLM, qui est une technologie très invasive au niveau organisationnel, qui suppose de faire communiquer différents services et qui doit parfois s’accompagner d’une reconfiguration des processus, le plus compliqué n’est pas d’acquérir le logiciel mais de l’implanter dans l’entreprise en tenant compte des processus informationnels existants et en rendant son utilisation compréhensible pour tous les utilisateurs. Ce sont donc les coûts indirects qui représentent la part la plus importante de la contrainte financière. C’est aussi une technologie récente, pour laquelle les connaissances disponibles sont encore très limitées et donc plus coûteuses à obtenir. Nous pensons donc que l’investissement de départ a peu d’impact sur la décision d’adopter, par contre, nous considérons qu’il existe une relation négative entre les coûts indirects liés au PLM et son adoption par l’entreprise. 2.1.2.2.- Diffusion des innovations et profitabilité attendue Nous introduisons ici une partie des modèles de la diffusion des innovations7, car ces modèles tentent d’expliquer le lien entre la décision d’adoption et la profitabilité anticipée par l’entreprise ; profitabilité qui dépend fortement des variables organisationnelles décrites dans la partie précédente. Les modèles d’adoption et de diffusion des nouvelles technologies ou des innovations ont fait l'objet d'une littérature abondante (Geroski, 2000 ; Hoppe, 2001 ; Lissoni et Metcalfe (1994); Karshenas et Stoneman (1993)). Deux éléments caractérisent la littérature empirique consacrée à la diffusion des innovations : o la diffusion des innovations n’est pas instantanée; elle est graduelle et semble plutôt lente (Schumpeter, 1934 ; Mansfield, 1989) ; 7 La plupart des recherches portent soit sur la diffusion d’une nouvelle technologie, soit sur la diffusion d’une innovation. Nous avons déjà précisé le fait qu’une nouvelle technologie représentait pour l’entreprise une innovation organisationnelle ; nous nous appuierons donc par la suite, aussi bien sur la littérature traitant spécifiquement des nouvelles technologies que sur celle portant sur l’innovation. 36 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries o suite à la première adoption, la diffusion des innovations a tendance à suivre une courbe en S, c’est à dire qu’une faible proportion de firmes l’adoptent rapidement, suivie d’une phase d’accélération des adoptions puis d’une décélération et enfin, les adoptions tardives (Griliches, 1957; Rogers, 1995). Figure 1 : Courbe en S représentant le taux d'adoption au cours du temps Deux forces ont particulièrement retenu l'attention des économistes, l'une étant liée à la diffusion de l'information relative à la nouvelle technologie et l'autre étant liée à l'hétérogénéité des adoptants potentiels (Grolleau G., 2001). Ainsi, l'adoption d'une nouvelle technologie est un processus risqué, nécessitant une quantité importante d'informations pertinentes tant sur les propriétés de la nouvelle technologie que sur les conditions de son application au cas particulier d'un adoptant que ce soit un individu ou une organisation. D'autre part, l'hétérogénéité des adoptants se traduit par le fait qu'une innovation, meilleure que la technologie précédente, ne l'est pas au même degré pour l'ensemble des adoptants potentiels. Pour certains, il peut même être préférable de conserver l'ancienne technologie. Geroski (2000), Lissoni et Metcalfe (1994), Karshenas et Stoneman (1993), proposent une classification des différents modèles théoriques relatifs à la diffusion des innovations. Ils retiennent quatre modèles : o Les modèles épidémiques o Les modèles de rang 37 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries o Les modèles ordinaux o Les modèles de stock Seuls les trois derniers modèles seront abordés dans cette partie ; les modèles épidémiques étant liés à la dimension environnementale, nous les décrirons dans la partie suivante. Les modèles de rang sont associés à l’hétérogénéité des entreprises et supposent que l’adoption de la technologie, à un instant t, génèrent des profits différents du fait de caractéristiques inhérentes à chaque firme. Les firmes diffèrent par des caractéristiques xi qui influent sur la profitabilité de l’innovation. Ainsi, une firme particulière adoptera si ses caractéristiques dépassent certains seuils, x’i, qui rendent l’innovation profitable. Un point clé de ces modèles consiste à sélectionner les bonnes variables susceptibles d’expliquer l’adoption. Les critères les plus fréquemment retenus dans la littérature sont ceux que nous avons déjà abordés, à savoir la taille des firmes, les croyances sur la profitabilité de l’innovation et de l'ancienne technologie, les coûts de recherche, de conversion, d'apprentissage, d'opportunités, etc. Ainsi, les firmes peuvent être rangées ou classées en fonction du profit généré par l’adoption à un instant t. Supposons par exemple, que la profitabilité de l’innovation soit dépendante d’un certain niveau de production, par exemple en faisant jouer des économies d’échelle. A un moment donné, l’adoption ne sera avantageuse que pour les firmes dépassant un certain seuil de production. L'innovation peut être considérée comme un stimulus et les caractéristiques de l'entreprise à t déterminent le seuil critique auquel l'entreprise décide d'adopter (Baldwin et Rafiquzzaman, 1998). Ce seuil critique est souvent fonction de la taille de l'entreprise, cette caractéristique constituant un indicateur de nombreux attributs plus difficilement observables (ressources financières, personnel qualifié et disponible, pouvoir de marché, etc). L'attractivité de l'innovation, représentée de manière restrictive par le profit généré par l’adoption, est censée croître avec le temps du fait d’économies d’échelle externe, du "learning by doing" et de la diminution des coûts de recherche, entre autres. Par exemple, les premiers adoptants permettent de diminuer les coûts de recherche en rendant l'innovation et ses conséquences plus transparentes. La profitabilité augmentant, le seuil critique déterminant la décision d'adopter s'abaisse permettant ainsi à d'autres firmes d'adopter l'innovation. Ainsi, les 38 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries firmes adoptent à des moments différents parce qu’elles diffèrent sur des caractéristiques qui affectent le profit généré par l’adoption, cette profitabilité étant elle-même variable en fonction du nombre d'adoptants. Nous avons déjà souligné l’importance des coûts indirects liés à l’adoption du PLM. D’après les modèles de rang, nous pouvons supposer qu’il existe une relation négative entre le niveau des coûts indirects et le nombre d’adoptants du PLM, et donc une relation positive entre le nombre d’adoptants du PLM et la probabilité qu’une nouvelle adoption ait lieu. Les modèles ordinaux sont basés sur l’idée que l’ordre dans lequel les firmes adoptent la nouvelle technologie détermine le profit qu’elles peuvent en obtenir. Une adoption précoce génère un profit plus élevé pour les premiers adoptants. Ces modèles supposent que la décision d'adoption des firmes prend en compte les effets d'une attente sur les profits générés par l'innovation. Pour un coût donné d'acquisition, l'adoption est rentable pour certaines firmes en dessous d'un certain rang, et pas pour les autres. Une adoption précoce permet aux premiers adoptants de profiter de certaines opportunités, notamment le choix de certains sites géographiques ou l’embauche de personnel qualifié, avantages qui ne seront plus disponibles dans la même mesure pour les adoptants tardifs. Ces adoptants précoces bénéficient généralement des avantages des pionniers, c'est à dire des "first-mover advantages". Ensuite, au cours du temps, le coût d'acquisition de la technologie diminue du fait des facteurs susmentionnés tels que le "learning by doing", la diminution des coûts recherche, de conversion, etc. En conséquence, le nombre d'adoptants augmente. Les modèles de stock reposent sur l’idée que le profit généré par l’adoption d'une innovation est fonction du nombre total de firmes ayant déjà adoptées l’innovation. Les bénéfices liés à l’adoption pour l’adoptant marginal diminue avec l’augmentation du nombre de firmes ayant déjà adopté (Karshenas et Stoneman, 1993). A un coût d’acquisition donné de l’innovation correspond un nombre d’adoptants au-delà duquel l’acquisition n’est plus profitable. Le coût d'acquisition de l'innovation diminuant avec le temps, de nouvelles adoptions surviennent, permettant ainsi de tracer le sentier de diffusion. Les modèles de 39 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries stock et d'ordre impliquent que la profitabilité de l'adoption décroît lorsque le nombre d'adoptants augmente. Les modèles de stock se concentrent sur le nombre d'adoptants à l'équilibre et sur la moindre profitabilité de l'adoption, donc sur une moindre probabilité d'adoption supplémentaire. A l'inverse, les modèles ordinaux se focalisent sur l'anticipation des adoptions suivantes, où l'ordre a un effet positif sur l'adoption (Baptista, 2000). Ainsi, l'ordre a un impact positif sur la probabilité d'adoption tandis que l'effet stock a un impact négatif. Cependant, lorsqu’il y a une forte incertitude sur les bénéfices futurs de la nouvelle technologie, ou bien lorsque l’on est confronté à des technologies à effets de réseau, ces prédictions peuvent être totalement inversées (Bocquet et Brossard, 2008). Le PLM rentre dans ce cadre, et nous considérons donc, comme dans le cas des modèles de rang, que le nombre d’adoptants (effet stock) a un impact positif sur la probabilité d’adoption et que l’ordre a un effet négatif (les entreprises n’ont pas forcément intérêt à être les premières à adopter). Ces modèles concordent sur la place essentielle qu'ils accordent à la profitabilité générée par l'adoption de l’innovation. Dans leur modèle, Karshenas et Stoneman (1993) énoncent que l'acquisition de l'innovation au moment optimal est déterminée par deux conditions: (i) la condition de profitabilité où l'acquisition de la technologie doit générer des profits positifs ; (ii) la condition d'arbitrage qui requiert que les bénéfices nets de l'acquisition de l'innovation ne croissent pas dans le temps, c'est à dire qu'il n'est pas profitable pour l'entreprise d'attendre au delà de t'. 40 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.3.- La dimension environnementale 2.1.3.1-La quantité d’informations disponibles L’adoption d’une TIC est souvent retardée à cause de barrières liées à l’information disponible. Il peut exister notamment une large part d’incertitude quant à la performance de la TIC ou à son développement futur (Hollenstein H., 2004a). Les modèles épidémiques des théories de la diffusion accordent une place centrale à la diffusion de l’information comme déterminant de l’adoption. a/ Les modèles épidémiques Les modèles épidémiques ou par contagion, inspirés des travaux de Mansfield (1961) considèrent que la diffusion de l’information relative à une innovation et à son adéquation aux activités de la firme est le principal déterminant explicatif de sa diffusion. Cette information est coûteuse et provient des firmes ayant déjà adopté l’innovation, comme lorsqu’un individu est contaminé au contact d’un individu déjà infecté. Chaque adoptant génère une externalité positive en transférant de l'information aux autres adoptants potentiels. L’augmentation des adoptants génère une dissémination informationnelle plus importante et le processus de diffusion s’accélère. Lorsque le nombre d’adoptants dépasse le nombre de non-adoptants, la vitesse de diffusion régresse. Les modèles épidémiques supposent que certaines firmes adoptent plus tardivement que d’autres parce qu’elles ne possèdent pas d’informations suffisantes relatives à l’innovation. Ces modèles postulent également que certaines innovations se diffusent plus rapidement, car certaines technologies, du fait de leurs caractéristiques (profitabilité, risque, importance de l’investissement, etc.), ont une probabilité d’adoption plus élevée que d’autres. Les courbes de diffusion de Mansfield décrivent la tendance cumulative des adoptants d’une innovation et constituent donc un modèle du comportement des entreprises dans leur ensemble. Tout en reconnaissant leur validité dans de nombreuses études empiriques, ces modèles ont été critiqués notamment en raison du traitement uniforme de toutes les firmes comme ayant une probabilité identique d’être infectés (Grolleau G., 2001). En outre, ils ne permettent pas d’expliquer pourquoi certaines firmes adoptent une innovation plus tôt que d’autres, notamment lors de l’initiation du processus de diffusion. Ces modèles s'intéressent essentiellement au comportement agrégé des firmes en ignorant quasiment le processus décisionnel au niveau individuel (Grolleau G., 2001). En faisant de l’information le 41 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries déterminant clé de la diffusion des innovations, ces modèles supposent que l’information se diffuse aussi lentement que les innovations elles-mêmes, hypothèse qui semble peu probable (Geroski, 2000). Geroski (2000) suggère la nécessité de recherches afin de distinguer différents types d’informations. Ces distinctions permettraient de dépasser le modèle épidémique où la diffusion des innovations procède d’une diffusion informationnelle en faveur d’un processus de persuasion où certains types d’informations jouent un rôle clé. Ces modèles suggèrent que la probabilité d’adoption d’une TIC est fortement liée à l’information dont dispose l’entreprise à son sujet. Mais toutes les entreprises ne disposent pas de la même information, en quantité identique, au même moment Nous allons donc nous intéresser aux variables environnementales susceptibles d’influencer cette quantité d’informations disponibles. b/ Localisation de l’entreprise et proximité géographique Dans la littérature économique, portant sur les déterminants spatiaux de l’adoption et de la diffusion des technologies, l’idée générale est que l’environnement dans lequel la firme est localisée influence sa capacité à innover et notamment sa capacité à adopter de nouvelles technologies (Galliano et Roux, 2006). La nature de l’environnement de localisation de la firme pourrait ainsi favoriser la diffusion de nouvelles solutions techniques en facilitant la formation des liens avec des fournisseurs de technologie ainsi qu’avec d’autres acteurs économiques supportant directement ou indirectement le processus de création de connaissances associé (Fisher et Johansson, 1994). Deux types d’économies d’agglomération sont généralement distinguées (Malmberg et al., 2000). Les économies d’agglomération peuvent être le résultat soit d’une concentration spatiale d’activités industrielles (économies de localisation), soit d’une concentration urbaine (économies urbaines). Dans ce dernier cas, la concentration urbaine favorise l’accessibilité à une main d’œuvre qualifiée et diversifiée (donc à des compétences variées), ainsi que la présence d’infrastructures et d’activités diversifiées (de services en particulier) et l’importance des signaux informationnels reçus par les firmes (Galliano et Roux, 2006). La densité des zones de localisation des firmes est ainsi considéré comme un facteur important, déterminant dans la diffusion des technologies de l’information (Fisher et Johansson, 1994 ; Karlsson, 1995 ; 42 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Gale, 1997). Ainsi, Galliano et Roux (2006) ont montré l’existence d’un « gap » technologique entre les zones urbaines et les zones rurales. La localisation en zone rurale nuit à la probabilité d’adoption des TIC. Les firmes situées en zone rurale souffriraient plus du manque d’informations quant au potentiel et aux opportunités que peuvent offrir les TIC pour leurs entreprises ; ce manque d’informations constituant un frein considérable à l’adoption (Berkeley et al., 1996 ; Newlands et Ward, 1999). Nous ne retenons pas la notion d’économies urbaines dans le cadre de cette étude. En effet, les PME, dans le contexte de notre recherche, ne sont pas situées en zone urbaine, mais on ne peut pas non plus les qualifier de rurales, compte tenu de la densité du tissu industriel dans la vallée de l’Arve. La notion d’économie de localisation nous semble par contre plus pertinente. Les économies de localisation sont liées au degré de spécialisation industrielle du site. Elles permettent aux entreprises de construire un réseau de fournisseurs dédiés, de disposer d’une main d’œuvre spécialisée et favorisent la diffusion des informations et des innovations entre firmes concurrentes (Glaeser et al. , 1992). Le fait d’être situé dans une même zone géographique permettrait aux entreprises de bénéficier d’externalités « technologiques ». En effet, les firmes qui utilisent des technologies proches et qui sont situées à proximité les unes des autres peuvent bénéficier de transferts gratuits de connaissances grâce à la diffusion d’informations sur les nouvelles pratiques, les nouveaux outils ou les nouvelles technologies (Griliches, 1992). Avant d’adopter une nouvelle technologie, les décideurs ont besoin de connaissances sur les offres disponibles et sur les conséquences qu’une telle technologie pourrait avoir au niveau organisationnel. La proximité avec des entreprises ayant déjà adopté la technologie, en leur fournissant ce type de connaissances, pourrait avoir un impact positif sur les adoptants potentiels. Little et Triest (1996) ont également montré l’importance de la proximité géographique entre utilisateurs de technologies qui, en permettant de plus nombreux échanges informationnels sur les caractéristiques de la technologie, favoriserait leur adoption. Bocquet et Brossard (2008) ont montré l’influence positive de la proximité géographique sur l’adoption d’un ERP. Les caractéristiques d’un ERP étant relativement proches de celles d’un PLM (caractère intrusif sur le plan organisationnel, interdépendances entre les utilisateurs…) nous considérons qu’il existe une relation positive entre la proximité géographique et l’adoption d’un PLM. 43 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries c/ L’existence de réseaux sociaux Frambach et Schilleweart (2002) ont étudié l’influence des réseaux sociaux. La participation des membres d’une organisation à des réseaux informels facilite la propagation de l’information relative à une nouvelle technologie, ce qui peut influencer positivement la probabilité d’adopter. Ces réseaux ne sont pas limités géographiquement et peuvent mettre en relation des organisations appartenant à une même industrie ou à des industries différentes. Il semble donc que plus le degré de partage (informel) d’informations est important, plus les organisations sont susceptibles d’accéder aux connaissances relatives à de nouvelles technologies. Dans le même ordre d’idées, Bocquet et Brossard (2008) se sont également intéressés à la notion de proximité « épistémique ». Il existe, selon eux, une proximité « épistémique » entre deux firmes si celles-ci partagent des problèmes communs et des représentations partagées. Cette proximité épistémique serait de nature à renforcer les échanges de connaissances entre des entreprises partageant la même localisation et les mêmes caractéristiques productives et technologiques. L’étude empirique montre un impact positif de la proximité « épistémique » sur l’adoption d’un ERP. Compte tenu de la complexité du PLM, nous considérons que les échanges informels au travers de réseaux sociaux peuvent avoir un impact positif sur son adoption. 2.1.3.2-L’existence de relations de coopération a/ Liens d’interdépendance et adoption de TIC Avec la standardisation des normes de communication, l’utilisation de « technologies de coordination » telles que la messagerie électronique, les sites Internet et l’adoption de technologies telles que les réseaux locaux, l’intranet et l’Echange de Données Informatisées (EDI) facilitent les échanges commerciaux ou autres, et par la même favorisent la collaboration entre les entreprises et étend les opportunités de travail en réseau (Giunta et Trivieri, 2007). On peut donc supposer que les entreprises qui entretiennent des relations étroites avec des partenaires extérieurs et qui sont, de ce fait, dans l’obligation de collaborer avec eux, adoptent plus volontiers de nouvelles TIC. 44 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries De la même façon, l’utilisation de nouvelles pratiques organisationnelles telles que le juste-à-temps ou la mise en œuvre des processus de certification et de qualité des produits, qui tendent à renforcer les liens d’interdépendance entre les membres de l’entreprise, mais aussi entre ces derniers et ses partenaires externes (clients, fournisseurs, sous-traitants), favorisent fortement l’utilisation des TIC par ces entreprises et ce, qu’elles soient urbaines ou rurales (Galliano et Roux, 2006). Nous avons déjà souligné le fait que PLM permettait la coordination globale tout au long d'une chaîne de valeur, et que cela pouvait concerner l’entreprise étendue. Nous supposons donc que le niveau d’interdépendance avec des partenaires externes influence positivement l’adoption du PLM. b/ Les externalités de réseau Une entreprise peut être amenée à adopter une nouvelle technologie uniquement parce que les autres entreprises avec lesquelles elle entretient des relations l’ont déjà adopté. Ce facteur de contingence externe a été conceptualisé dans la littérature à travers les notions d’externalités de réseaux ou de masse critique (Markus, 1990 ; Rogers, 1991). Selon cette théorie, la valeur d’une innovation, et donc sa probabilité d’adoption, est déterminée par le nombre d’utilisateurs actuels (Frambach et Schilleweart, 2002). Dans le cas d’une adoption organisationnelle, il existe des externalités positives de réseau si l’utilité intrinsèque d’une innovation augmente lorsque les fournisseurs, les clients, les concurrents ou tout autre partenaire utilisent également cette innovation (Frambach et Schilleweart, 2002). Par exemple, certains investissements dans les systèmes d’information ne peuvent générer un surplus de valeur et se développer qu’à partir du moment où un nombre minimum de partenaires utilisent ces systèmes. L’existence de liens d’interdépendance tend à renforcer les phénomènes d’externalités de réseau (Capello et Nijkamp, 1995). Par exemple, concernant l’adoption de l’EDI, les firmes peuvent communiquer en utilisant des standards différents mais compatibles, mais le coût est plus élevé. Ainsi, l’appartenance à un réseau procurera de fortes incitations à utiliser un standard unique (Brousseau, 1994). La probabilité qu’a une 45 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries firme d’adopter une technologie est plus forte si ses partenaires ont adopté la même technologie en raison de l’existence de rendements croissants d’adoption (Arthur, 1990). Dans le cas de la technologie PLM, compte tenu de la nécessité d’intégrer plusieurs partenaires pour travailler dans une logique de co-conception, il se peut qu’il existe des externalités de réseau et que l’adoption par une seule firme ne permette pas d’utiliser toutes les potentialités du logiciel. c/ La sous-traitance Lorsque cette collaboration prend la forme de relations de sous-traitance, deux situations peuvent se présenter, selon que le sous-traitant est un sous-traitant de premier rang ou non. En effet, l’organisation de la sous-traitance se fait souvent sous forme pyramidale ; le sommet de la pyramide étant occupé par le donneur d’ordre (Giunta et Trivieri, 2007). Au niveau le plus élevé, on trouve les sous-traitants de premier rang ; ce sont des entreprises qui entretiennent des relations privilégiées avec le donneur d’ordres. Il est possible, dans ce type de relation, que le donneur d’ordre qui adopte une nouvelle technologie l’impose à ses sous-traitants afin de faciliter la coordination et les échanges (comme cela se passe souvent dans le secteur de l’automobile et de l’aéronautique), facilitant ainsi l’adoption d’un nouveau standard technologique (Giunta et Trivieri, 2007). Dans ce cas, on peut s’attendre à une relation positive entre la sous-traitance et l’adoption d’une nouvelle technologie. Par contre, lorsqu’on a affaire à un sous-traitant de dernier rang, situé tout en bas de la pyramide et dont la contribution à la chaine de valeur est marginale, on peut s’attendre à une relation négative entre sous-traitance et adoption d’une nouvelle technologie. En effet, l’éloignement vis-à-vis du donneur d’ordre n’incite pas à mettre en place des technologies de l’information qui pourraient faciliter coordination et coopération. S’agissant des PME du pôle Arve Industries, elles sont, pour la majeure partie d’entre elles, des sous-traitants de 3ème rang. Nous supposons qu’il existe dans ce cas une relation négative entre sous-traitance et adoption du PLM. 46 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.3.3-L’existence de relations avec les marchés étrangers Les entreprises qui exportent adoptent plus facilement de nouvelles technologies pour améliorer leur organisation interne et leurs processus de production de façon à rester compétitives sur les marchés internationaux (Hollenstein, 2002). Cohen (1975) et Riedel (1975) ont analysé la relation entre nouvelles technologies et performance à l’export dans le secteur de l’électronique dans les pays développés. Ils ont montré que les entreprises mieux dotées en nouvelles technologies exportaient plus. Les nouvelles technologies associées au procédé de fabrication sont nécessaires pour augmenter la productivité et pour proposer des produits finis de qualité reconnue au niveau international. Les nouvelles technologies introduites dans des activités sans lien avec la production sont principalement utilisées pour trouver des informations sur les dernières tendances du marché et pour des activités de coordination avec les partenaires étrangers. Lal (1999) et Giunta et Trivieri (2007) ont également montré qu’il existait un lien positif entre la propension à exporter d’une entreprise et la probabilité qu’elle adopte de nouvelles technologies. Nous supposons donc que l’existence de liens avec des marchés étrangers pourrait inciter les entreprises à adopter plus facilement le PLM. 2.1.3.4-L’intensité de la concurrence L’intensité concurrentielle est généralement liée au nombre de concurrents, au degré de concentration du secteur et à la capacité des concurrents à ériger des barrières à la mobilité (Porter, 1980). Pour les entreprises qui opèrent sur des marchés très concurrentiels, l’adoption d’une innovation peut être nécessaire au maintien de sa position sur le marché ; elle peut permettre de construire ou de maintenir des barrières à l’entrée (Robertson et Gatignon, 1986). Dans un tel environnement, le fait de ne pas adopter une innovation déjà adoptée par les autres concurrents peut constituer un désavantage compétitif. Ceci dépend de l’importance stratégique de l’innovation et de ses implications potentielles sur l’efficacité et l’efficience des activités de l’entreprise (Frambach et Schilleweart, 2002). La littérature a mis 47 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries en évidence différents types de relations entre le degré de concurrence ou la concentration du secteur de l’entreprise et l’adoption. Dans la littérature s’intéressant aux organisations industrielles, un impact positif a pu être démontré dans les deux cas, c'est-à-dire à la fois pour des firmes opérant dans des secteurs très concurrentiels mais aussi pour celles confrontées à une pression concurrentielle beaucoup plus faible (Kamien et Schwartz, 1982 ; Baldwin et Scott, 1987). Gatignon et Robertson (1989) ont établi un lien positif entre une intensité concurrentielle élevée et l’adoption d’innovation. Pour notre part, nous considérons qu’il existe une relation positive entre la pression concurrentielle et l’adoption d’une nouvelle technologie. L’influence de l’intensité concurrentielle du secteur a été le plus souvent envisagée du côté des adoptants potentiels de la nouvelle technologie. Certains auteurs, cependant, se sont intéressés à l’influence de la pression concurrentielle du côté des fournisseurs de technologie. Pour Brown (1981), plus l’intensité de la concurrence est forte du côté des fournisseurs et plus vite l’innovation sera diffusée et conquerra des parts de marché importantes. Dans des conditions de concurrence intense, une meilleure allocation des ressources et une politique de prix plus agressive sont susceptibles d’encourager une diffusion plus rapide des nouvelles technologies (Robertson et Gatignon, 1986). L’activité marketing du fournisseur peut influencer de façon significative la probabilité qu’une innovation soit adoptée par une organisation (Frambach et al, 1998). Il existe différentes variables marketing susceptibles de stimuler l’adoption, cependant, trois facteurs sont essentiels ; il s’agit du rôle de l’innovation, de la communication associée et des activités proposées par le fournisseur pour réduire le risque perçu par l’utilisateur potentiel (Easingwood et Beard, 1989). Concernant PLM, Guillaume Maddaleno, commercial chez « 4cad solutions », estime que le secteur est très concurrentiel puisqu’il existe de nombreux éditeurs de logiciels PLM et 7 à 8 distributeurs en France. Nous supposerons qu’il existe une relation positive entre d’une part l’intensité concurrentielle du secteur de la firme adoptante et l’adoption du PLM, et d’autre part entre les activités de communication mises en place par les éditeurs de logiciels et l’adoption du PLM 48 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.4.- La dimension technologique 2.1.4.1- Les caractéristiques de la technologie Il s’agit d’identifier les caractéristiques de la technologie qui peuvent influencer son adoption. Une des recherches les plus complètes sur le sujet a été menée par E.M. Rogers (1983). A partir de l’étude de plus de 3000 recherches sur l’adoption et la diffusion des innovations, il a mis en évidence cinq attributs des innovations susceptibles d’influencer leur adoption : o l’avantage relatif : il s’agit de la façon dont est perçue l’innovation par rapport à la précédente ; o la compatibilité : il s’agit de la perception qu’ont les adoptants potentiels de la compatibilité de l’innovation avec leurs valeurs actuelles, leurs expériences passées, leurs besoins et les processus existants ; o la complexité : il s’agit de la façon dont est perçue l’innovation en termes de difficulté d’apprentissage et d’utilisation ; o l’observabilité : il s’agit de la visibilité des résultats d’une innovation pour les autres ; o la testabilité : il s’agit de la possibilité de tester l’innovation avant de l’adopter, ce qui permet de réduire le risque associé. 49 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Tornatzky et Klein (1982) ont examiné de leur côté la relation existante entre les caractéristiques liées à l'innovation et l'adoption de cette dernière. Ils ont identifié 10 caractéristiques, qui incluent les cinq attributs issus de l’étude de Rogers (1983). Tableau 3 : Les caractéristiques ayant un impact sur l’adoption d’une innovation Tornatzky et Klein (1982) ont montré que trois de ces cinq attributs avaient une influence plus importante que les autres sur les comportements d’adoption. Ces trois attributs sont : l’avantage relatif, la compatibilité et la complexité. Les adoptants potentiels évaluent une innovation en comparant les bénéfices futurs aux coûts de l’adoption et perçoivent un avantage relatif si les bénéfices dépassent les coûts (Premkumar et al. , 1994). Une innovation radicale aura probablement un impact positif sur l’avantage relatif perçu, mais réduira le niveau de compatibilité avec les structures existantes de l’organisation (Premkumar et al. , 1994). S’agissant de la complexité anticipée par les adoptants potentiels, elle dépend non seulement des caractéristiques intrinsèques de la technologie mais aussi du niveau de qualification du capital humain disponible dans l’entreprise (dirigeant et utilisateurs potentiels). Nous retiendrons ces trois derniers attributs comme déterminants de l’adoption du PLM. Nous supposons que la complexité influence négativement l’adoption, et que l’avantage relatif et la compatibilité l’influence positivement. 50 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.1.4.2- Le contexte technologique existant L’adoption d’une nouvelle TIC dépend de ces caractéristiques propres, mais aussi du contexte dans lequel elle doit s’insérer, c'est-à-dire des technologies déjà présentes dans l’entreprise. Ces dernières déterminent la compatibilité de la nouvelle technologie, mais aussi le niveau d’expérience technologique acquis grâce à l’utilisation d’anciennes versions. Plusieurs recherches sur l’adoption technologique se sont intéressées à l’importance des complémentarités entre technologies appartenant à un même « cluster technologique » (Stoneman et Kwon (1994), Colombo et Mosconi (1995)). L’existence de complémentarités entre TIC déjà implantées et nouvelle TIC influencera positivement l’adoption. Nous considérons que ce phénomène existe aussi pour l’adoption du PLM, et nous supposons que l’existence d’un ERP et l’utilisation d’un logiciel de CAO au sein de l’entreprise pourrait contribuer à faciliter l’adoption du PLM. 51 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 2.2- Agglomération de PME et adoption technologique : un contexte particulier L’objectif est ici de déterminer si l’appartenance à un pôle de compétitivité a une influence quelconque sur l’adoption du PLM par les PME de ce pôle. Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux avantages, en termes d’externalités économiques, liés aux agglomérations de firmes dans un contexte local (Chiarvesio et al., 2004). Tout d’abord, la proximité géographique réduit les coûts de transport et facilite le partage de ressources (existence d’un marché local du travail, infrastructures communes). Ensuite, comme nous l’avons déjà noté, les PME bénéficient d’externalités technologiques car la proximité permet le partage des connaissances par le biais de communications interpersonnelles et facilite la diffusion des innovations ; les coûts de recherche d’informations sont moindres (Antonelli, 2000). La proximité est donc un facteur facilitateur de l’adoption du PLM de ce point de vue. Par contre, la proximité induit un mode de communication particulier. Les communications au sein du pôle, en interne et en externe, se font essentiellement sur une base informelle. Du coup, lorsque les relations s’établissent avec des partenaires extérieurs au pôle, il est alors nécessaire de mettre en place une codification du langage technique utilisé et des procédures, et les mécanismes d’interaction utilisés deviennent plus formels (Grandinetti et Rullani, 1994). Cette nécessaire formalisation pose problème et risque de se retrouver lors de l’éventuelle adoption du PLM, qui lui aussi nécessite de se mettre d’accord sur une standardisation des codifications et des procédures, non seulement en interne, entre les différents services de l’entreprise, mais aussi avec les partenaires extérieurs. Chiarvesio et al. (2004) se sont intéressés plus spécifiquement aux districts industriels italiens et aux types de TIC qui correspondaient le plus à leurs besoins. Ils montrent que, grâce au modèle du district, les PME sont en principe capables de construire et de renouveler leurs avantages compétitifs à travers un processus d’innovation continu basé essentiellement sur la collaboration et le partage de connaissances entre les acteurs concernés. Ainsi, les TIC les plus susceptibles d’être adoptées sont celles qui renforcent les 52 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries relations et les communications au sein de la chaine de valeur dans une perspective de management des connaissances (Chiarvesio et al., 2004). Les PME, objet de la recherche, semblaient montrer un intérêt grandissant pour des solutions technologiques plus complexes, nécessitant des stratégies et des projets clairement définis, comme c’est le cas des ERP, des groupware ou de l’EDI. Cependant, cet intérêt ne se retrouve pas de manière équivalente pour toutes les PME ; il semble plutôt se concentrer dans la partie la plus dynamique du district constituée de firmes leaders. Le rôle des firmes leaders dans les processus d’innovation des districts industriels a déjà été souligné dans la littérature (Coro et Grandinetti (1999), Lorenzoni et Lipparini (1999)). Une firme « leader » est une firme dont les processus décisionnels ont un impact fort sur le système de relations du district (Coro et Grandinetti (1999)). Le comportement stratégique d’une telle firme tend à s’éloigner du comportement moyen des firmes du district et, en même temps, à modifier la façon habituelle de fonctionner du district (Coro et Grandinetti (1999)). Ces firmes leaders sont souvent plus conscientes des bénéfices qu’elles peuvent retirer de l’utilisation d’une nouvelle TIC et de l’impact stratégique qui peut en découler. Elles côtoient, au sein des districts industriels, des PME plus traditionnelles, qui ne reconnaissent pas encore la valeur stratégique des TIC. Nous pensons donc que les firmes leaders, parce qu’elles sont capables d’intégrer des innovations plus complexes (Coro et Grandinetti (1999)), pourraient constituer un vecteur de diffusion du PLM. 53 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 3. Proposition d’un modèle d’adoption du PLM au sein du pôle de compétitivité Arve Industries Notre objectif est de proposer un modèle d’adoption du PLM au sein du pôle de compétitivité Arve Industries. Nous reprenons pour cela l’ensemble des facteurs que nous avons identifiés et retenus au travers des quatre dimensions abordées précédemment. Nous incluons également les facteurs liés au contexte particulier de la recherche, à savoir, une agglomération de PME au sein d’un pôle de compétitivité. Le modèle auquel nous aboutissons est le suivant : 54 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Modèle d’adoption du PLM Dimension environnementale Interdépendances, Collaboration (+) Nombre d’adoptants (+) Relations de sous-traitance (niveau 3) (-) Quantité d’informations disponibles (+) Entreprises leaders ayant adopté le PLM (+) Proximité géographique (+) Coordination sur une base informelle (-) Dimension économique Coûts indirects (-) Profitabilité attendue (+) Adoption du PLM Dimension organisationnelle Dimension technologique Avantage relatif (+) Age de la PME (-) Complexité (-) Capital humain Taille moyenne (50 < effectif < 200) (+) Dirigeant : - Focalisation sur le court terme (-) Niveau de qualification et de connaissances (+) Importance accordée à la qualité (+) Volonté de croître (+) Importance accordée à la R&D (+) Aversion au risque (-) Main d’œuvre qualifiée (+) Compatibilité (+) Présence de logiciels : ERP (+) CAO (+) Aptitude à évaluer les opportunités technologiques (+) Effets d’apprentissage (+) ENTREPRISE POLE DE COMPETITIVITE ENVIRONNEMENT 55 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries 4. Conclusion Les PME du pôle de compétitivité Arve Industries font face actuellement à des bouleversements dans leur environnement qui les poussent à évoluer pour rester compétitives. Ces évolutions les incitent à être innovantes et à proposer à leurs clients des produits de qualité dans des délais toujours plus courts. Le PLM, en facilitant le stockage et la capitalisation des connaissances, ainsi que la diffusion et le partage de ces connaissances entre les services d’une même entreprise et avec des partenaires extérieurs peut aider ces PME à atteindre ces exigences. L’adoption du PLM pourrait donc être source de compétitivité pour les PME du pôle. Cependant, le PLM est une technologie très structurante au niveau organisationnel dont l’adoption ne va pas de soit. Il existe, nous l’avons vu, un certain nombre de facteurs susceptibles de faciliter l’adoption de cette technologie, mais nous avons également identifié un certain nombre de freins sur lesquels il faudra agir pour que l’adoption ait lieu. Cependant, le modèle proposé n’est actuellement que théorique et nécessite une validation empirique. Cette validation empirique pourrait se dérouler en deux étapes : o première étape : la réalisation d’une étude qualitative pour constitution d’un éventuel questionnaire. il s’agira ici, sur la base d’interviews, de confirmer, de faire évoluer ou d’infirmer les hypothèses pressenties à partir des éléments théoriques ; o deuxième étape : la réalisation d’une étude quantitative grâce à la diffusion d’un questionnaire auprès des PME du pôle. Le questionnaire devra permettre de tester les hypothèses formulées lors des deux étapes précédentes (construction du modèle et étude qualitative). Les résultats attendus sont une validation ou une évolution du modèle théorique. On s’attend, d’ores et déjà, à ce que certains facteurs aient un rôle déterminant : o Importance du contexte organisationnel o Impact déterminant du décideur o Importance des caractéristiques de la main d’œuvre o Rôle déterminant du donneur d’ordre dans le cadre d’une relation de sous-traitance 56 Coello I. Les déterminants de l’adoption de la technologie PLM : le cas du pôle de compétitivité Arve Industries Nous pensons contribuer aux travaux existants grâce à des avancées dans quatre directions : 1. L’identification des déterminants de l’adoption de PLM dans le contexte d’un pôle de compétitivité 2. L’identification des éventuels besoins de formation 3. L’identification des freins à l’adoption de PLM => pistes d’action pour les institutions qui souhaiteraient favoriser l’adoption d’une telle technologie par des PME pour permettre le maintien de leur compétitivité 4. 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