Les industries lourdes ont un impact majeur sur l`environnement
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Les industries lourdes ont un impact majeur sur l`environnement
Les industries lourdes ont un impact majeur sur l’environnement. Les technologies douces sont à cet égard primordiales pour améliorer leurs performances et atténuer la pollution qu’elles produisent. Production plus propre et efficacité écologique 7 Tout au long du programme Action 21, la production plus propre est mentionnée comme une stratégie majeure pour soutenir le développement durable et comme une démarche axée sur la prévention de la pollution, plutôt que sur la lutte contre la pollution ou la dépollution. En un mot, le but de la production plus propre est d’éviter avant tout de générer de la pollution, ce qui permet, d’ailleurs, de réduire les coûts et les risques, et de trouver de nouveaux débouchés. Lancé en 1989 par le Centre Industrie et Environnement du PNUE, le concept a fait depuis son chemin dans le monde, les entreprises prenant de plus en plus conscience des avantages de ce changement de stratégie, en termes d’efficacité et de résultats financiers. On s’aperçoit que la production plus propre, tout comme l’efficacité écologique, est une approche gagnante sur tous les tableaux et même qu’elle n’exige pas nécessairement des modifications majeures des procédés et produits : des changements relativement mineurs se traduisent souvent par de meilleurs résultats financiers et environnementaux. S elon le PNUE, la production plus propre est « la mise en œuvre permanente d’une stratégie environnementale préventive, intégrée aux procédés, aux produits et aux services pour améliorer l’efficacité écologique et réduire les risques pour l’homme et l’environnement ». Cela signifie : ■ pour les procédés de production : économiser les matières premières et l’énergie, éliminer les matières premières toxiques et réduire, en quantité et en toxicité, les émissions et les déchets ; ■ pour les produits : réduire leurs impacts négatifs tout au long de leur cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à l’élimination définitive des produits ; ■ pour les services : concevoir et fournir les services en tenant compte des préoccupations environnementales. Produire plus propre nécessite aussi « un changement d’attitude, une gestion environnementale responsable, la mise en place d’un ensemble de mesures nationales favorables et l’évaluation des diverses solutions technologiques ». Le PNUE insiste en effet sur le fait que la production plus propre ne se limite pas aux seules technologies, mais embrasse des questions plus vastes comme la gestion et l’action des pouvoirs publics, ainsi que les activités en amont et en aval du processus de production. En amont, elle couvre la conception des produits et les impacts de l’approvisionnement en matières premières et en énergie ; en aval, elle s’intéresse aux conséquences de l’utilisation des produits et à leur élimination sous forme de déchets. Si la production plus propre n’est pas exclusivement axée sur la technologie, les technologies douces n’en font pas moins partie intégrante de la stratégie et sont capitales pour les industries et les entreprises qui veulent produire plus propre. Comme l’indique le PNUE : « Si l’on veut parvenir au développement durable, il faut modifier l’orientation des procédés, des produits et des services, à la fois pour alléger les contraintes pesant sur l’environnement et pour améliorer la productivité industrielle. Cela demande l’élaboration et l’emploi de nouveaux outils d’action et de gestion, au niveau des pouvoirs publics comme de l’industrie, de même que la mise au point et l’utilisation de technologies douces prévenant la pollution et faisant un usage rationnel des matières premières » [souligné par l’auteur]. Les options de production plus propre sont préférables aux solutions en aval de la production, qui consomment souvent plus de matières premières (au stade de la fabrication) et d’énergie (au stade de l’exploitation) et qui s’inscrivent souvent dans une démarche fragmentaire, rejetant un polluant d’un milieu dans un autre. Autrement dit, les solutions en aval de la production sont généralement moins efficaces et plus onéreuses que la production plus propre. 121 Le coton habille le monde. Mais c’est parfois aux dépens de l’environnement et de la santé de ceux qui portent des chemises, des jeans et autres vêtements en coton. Dans les champs, le coton est traité avec plus de pesticides que n’importe quelle autre culture comparable, et souvent avec les moins chers, ceux qui érodent le sol, polluent les eaux souterraines et contaminent la terre ainsi que ceux qui la travaillent. Après la cueillette, au cours des opérations de production et de fabrication, il est encore soumis à des produits chimiques. En fait, l’industrie textile emploie plus de 8.000 produits chimiques, parmi lesquels d’énormes quantités de métaux lourds, de teintures et d’autres substances, et même du formaldéhyde. Or ces produits sont dangereux pour nous, surtout le formaldéhyde : l’élévation de la température du corps provoque en effet une modification de la composition génétique du formaldéhyde, qui s’accompagne d’effets nocifs. Les enfants sont plus particulièrement vulnérables et exposés à ce phénomène. Britta Steilmann La production du coton génère en outre d’énormes quantités de déchets, tandis que le lavage peut avoir un effet dévastateur sur l’environnement. Trop souvent, les consommateurs ne s’intéressent qu’au prix des vêtements qu’ils achètent. Mais une étiquette portant la mention « 100 % coton » ne renseigne pas sur la manière dont le coton a été cultivé et les vêtements fabriqués. Or ce qui compte, c’est l’ensemble du cycle de vie du produit. Le défi que pose aujourd’hui le marché international des textiles à toute entreprise qui se veut tournée vers l’avenir est de placer l’environnement au centre de ses activités. Klaus Steilmann GmbH and Co. KG, société mère de Britta Steilmann Sustainable Development, est convaincu que « les textiles sont encore meilleurs quand ils sont bons à la fois pour l’homme et pour l’environnement ». Il va de soi que la qualité de nos produits, en termes de confort et de santé, est importante. Mais la manière dont nous les produisons est primordiale du point de vue de la viabilité écologique. Un vêtement fabriqué à partir de fibres naturelles cultivées sans pesticide, traitées sans produire de déchets, ni rejeter de substances toxiques, persistantes, voire cancérigènes dans l’atmosphère, est incontestablement un vêtement de qualité supérieure. Nous avons mis en place un programme ambitieux qui donne la priorité aux considérations environnementales dans nos procédés et produits. Notre collection Britta Steilmann – It’s One World a inauguré le principe d’un « passeport produit » qui regroupe plusieurs techniques de fabrication écologiquement rationnelles. Il y a trois ans, nous avons défini un profil écologique auquel tous nos articles doivent se conformer. Ce profil a été régulièrement amélioré et réactualisé, tandis que la conception des produits a été revue pour tenir compte des facteurs liés au cycle de vie. Les produits à base de matières premières naturelles ont été rigoureusement optimisés pour être biodégradables, et les produits à base de fibres artificielles sont conçus dans une perspective de recyclage ou d’élimination sans technologie coûteuse. Notre devise, en matière de produits chimiques, est la suivante : « Juste ce qu’il faut – aussi écologiquement viable que possible. » Si des produits chimiques sont nécessaires (pour les teintures), seuls les produits les plus écologiquement acceptables sont retenus. Nous sélectionnons nos fournisseurs pour leur politique de gestion écologiquement rationnelle. Tous ces efforts nous ont permis de mettre en place un système conforme au modèle proposé par la Commission d’enquête du Parlement allemand pour la « Protection de l’homme et de l’environnement » et présenté en détail dans son rapport intitulé Modeler une société industrielle. L’Agence pour l’encouragement de la protection de l’environnement a dit à propos de nos produits qu’ils « représentent la norme la plus élevée en matière d’innocuité pour l’environnement ». Nous sommes fiers d’avoir introduit un nouveau facteur de qualité environnementale dans le secteur des vêtements. Pour les clients, cela signifie que les articles qu’ils achètent sont bons, non seulement pour leur confort et leur santé, mais aussi pour l’environnement et l’avenir de nos enfants. Postfach 600 207, D - 44842 Bochum, Allemagne Tél : 49 2327 940 461 Fax : 49 2327 320 052 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.1 Des avantages environnementaux et financiers manifestes Des études de cas d’initiatives de production plus propre dans des pays en développement et des pays en transition ont fait ressortir l’énorme potentiel environnemental et financier de cette démarche. En Inde, grâce à des mesures préventives, une usine de pâte à papier a réduit de 25 % ses coûts d’investissement en équipements de dépollution, et de 35 % ses coûts annuels d’exploitation et de maintenance ; ses rejets de polluants ont diminué de 40 %, tandis que sa production annuelle augmentait de 22 %. En utilisant moins d’hydroxyde de sodium et d’énergie, elle a réduit la pollution secondaire ex situ. Les 28 mesures adoptées lui ont coûté 100.000 dollars d’investissements et 40.000 dollars de coûts d’exploitation. Les économies réalisées totalisent 400.000 dollars, soit un délai d’amortissement inférieur à quatre mois. En République tchèque, un fabricant de moquette produisant 1,5 million de m2 par an faisait brûler chaque année 660 tonnes de déchets solides ou dangereux dans un incinérateur à ordures ménagères municipal. Quinze mesures préventives lui ont permis d’économiser 1,3 million de dollars de frais d’élimination de déchets solides, de réduire de 100 % sa production de déchets, de 30 % sa consommation d’eau et de 10 % sa consommation de vapeur ; la qualité de la production s’est en outre améliorée et la gamme de produits enrichie de nouveaux sous-produits fabriqués à partir de matières recyclées ; enfin, la pollution de l’air ex situ, due à l’incinération des déchets solides, a sérieusement diminué. Ces mesures ont coûté 2,275 millions de dollars à l’entreprise, mais lui ont permis de réaliser 1,3 million de dollars d’économies par an, soit un délai d’amortissement d’environ deux ans. Des technologies douces pour produire plus propre La prévention de la pollution est au cœur même du concept de production plus propre : il s’agit de privilégier, non plus les technologies de dépollution en aval de la production et la réduction des déchets, mais des stratégies préventives, fondées sur des technologies appropriées. « La différence majeure entre la lutte contre la pollution et la production plus propre se situe dans la durée », explique le PNUE. « La lutte contre la pollution est une démarche postérieure à l’événement, qui consiste à réagir et à traiter le problème une fois qu’il est survenu. La production plus propre est une philosophie tournée vers l’avenir, qui anticipe et prévient les événements. » Selon 124 le PNUE, les technologies de production plus propre englobent : ■ les procédés qui utilisent des produits moins toxiques, voire non toxiques ; ■ les systèmes qui améliorent l’efficacité des procédés industriels et réduisent la consommation et les pertes de matières premières ; ■ les systèmes qui récupèrent les déchets et les polluants, et qui les réinjectent dans le processus de production. « Si certaines démarches de production plus propre ne nécessitent que des modifications des systèmes et procédés existants, d’autres, par contre, exigent des méthodes nouvelles et innovantes pour fabriquer les produits ou fournir des services, qui dépassent de loin les technologies existantes en termes de performances environnementales. » Dans une étude du PNUE, menée sous la direction de l’Institut pour la réduction de l’emploi des produits toxiques de la ville de Lowell (Massachusetts) et présentée lors du troisième Séminaire sur la production plus propre pour responsables de haut niveau, organisé à Varsovie en octobre 1994, plusieurs critères ont été retenus pour classer les différentes approches de production plus propre : ■ la réduction ou l’élimination des polluants environnementaux, y compris les déchets dangereux ; ■ l’utilisation rationnelle des matières premières ; ■ l’utilisation rationnelle de l’énergie ; ■ la réduction ou la suppression de l’usage des produits chimiques toxiques ; ■ la réduction des risques industriels ; ■ les produits non nocifs et compatibles avec l’environnement. L’étude a ensuite identifié et évalué quatre types de technologies de production plus propre : ■ les technologies motivées par des considérations économiques : il s’agit de technologies de production relativement sophistiquées, adoptées principalement pour améliorer la qualité ou l’efficacité de la production, renforcer la compétitivité des entreprises ou abaisser les coûts de production. L’amélioration des performances environnementales permise par ces technologies est un avantage secondaire ou non recherché (par exemple, les systèmes de récupération de l’argent dans le développement des photos) ; L’Institut de recherche sur les émissions nulles (ZERI) a pour mission de revoir la conception des procédés industriels, pour que les industries utilisent leurs déchets comme matières premières. 125 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.2 Une initiative tunisienne permet l’adoption de technologies plus propres Un projet tunisien biennal de prévention de la pollution de l’environnement (baptisé EP3) prévoyait plusieurs actions pour introduire la prévention de la pollution et les technologies propres dans des secteurs industriels clés : batteries d’automobiles, huiles alimentaires et savons, tanneries, teinture des tissus et galvanoplastie. Aider les industries à trouver et utiliser des techniques de prévention de la pollution à coût nul ou faible, ainsi que des technologies de production plus propre, était l’un des aspects majeurs du projet. Des évaluations ont été effectuées dans 12 installations et ont permis de répertorier 161 possibilités d’amélioration, depuis la substitution de matières premières, les modifications de procédés et les économies d’énergie et d’eau, jusqu’au recyclage en cours de production. Le projet a recommandé au total 27 innovations permettant des économies d’énergie, 36 permettant des économies de matières premières et 50 permettant la réduction des volumes de déchets. L’ensemble de ces mesures préventives exigeait un investissement initial d’un peu plus de 1 million de dollars, mais le bénéfice financier total a dépassé les 3,75 millions de dollars. Deux facteurs ont contribué à la réussite d’EP3 : d’une part, l’adoption d’une nouvelle législation imposant des évaluations d’impacts sur l’environnement avant le lancement de tout projet ; d’autre part, la création d’un fonds spécial pour la dépollution, couvrant jusqu’à 20 % des coûts d’investissement des projets de dépollution et de mise en place de technologies plus propres. Soutenu par l’agence américaine USAID dans un premier temps, entre octobre 1993 et mars 1995, EP3 reçoit désormais le soutien du PNUE et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) dans le cadre du réseau de centres nationaux de production plus propre (CP3) mis en place par ces deux organisations. ■ les technologies propres : techniques de production relativement sophistiquées, explicitement employées dans le but premier d’améliorer les performances environnementales (par exemple, l’impression sans eau) ; ■ les technologies appropriées : il s’agit de technologies relativement simples qui améliorent les performances environnementales, mais qui sont adoptées principalement à des fins de développement économique, ou dans un autre dessein, pas fondamentalement environnemental ; ■ les technologies à « résultat modeste » : ce sont des technologies relativement simples, qui complètent ou modifient des technologies 126 existantes pour améliorer les performances environnementales (par exemple, des bacs pour récupérer les solutions entraînées lors des opérations de galvanoplastie). L’étude conclut qu’une grande partie des technologies de production plus propre adoptées par l’industrie entrent dans la première catégorie, tandis que les technologies appropriées et à « résultat modeste » – qui « peuvent être supérieures, du point de vue environnemental, aux technologies plus sophistiquées » – présentent l’avantage, pour les pays en développement, de pouvoir être construites sur place, au lieu d’être importées, parce qu’elles sont d’envergure limitée et exigent peu de capitaux. Améliorer les technologies L’étude du PNUE indique quatre moyens d’améliorer les technologies ; ils sont présentés ci-après avec quelques exemples : ■ modifier le procédé ou la technologie de fabrication : ■ pour le filtrage et le lavage, utiliser le lavage à contre-courant et recycler les solvants usagés, ■ pour le nettoyage des pièces, utiliser des procédés mécaniques, améliorer le drainage, utiliser des billes de plastique pour le grenaillage, ■ pour les revêtements de surface, utiliser des lances de pulvérisation, des systèmes de revêtement par poudre, des pistolets à air non comprimé ; ■ changer de matière première : ■ en imprimerie, substituer des encres à base d’eau aux encres à base de solvants chimiques, ■ dans les textiles, réduire l’usage des produits chimiques contenant des phosphates, utiliser la lumière ultraviolette à la place des biocides dans les tours de refroidissement, ■ dans l’industrie des composants électroniques remplacer les systèmes de développement de films à base d’eau par des systèmes secs ; ■ modifier le produit final : ■ dans les batteries, remplacer les métaux lourds par des produits moins toxiques, ■ dans les bombes aérosol, remplacer les produits chimiques volatils par des formulations solubles dans l’eau, ■ dans les réfrigérateurs, remplacer les CFC par l’ammoniac ou d’autres produits non nocifs pour l’environnement ; PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ■ réutiliser les matières sur place, de préférence par un système intégré au procédé : ■ dans l’imprimerie, utiliser un système de récupération des vapeurs pour piéger les solvants organiques, ■ dans l’industrie textile, utiliser des systèmes d’ultrafiltration pour extraire les colorants des eaux usées, ■ dans la fabrication des réglettes en acier, récupérer la solution de nickelage à l’aide d’un échangeur d’ions. Le PNUE insiste sur le fait qu’il est important « d’adopter d’abord la démarche de production plus propre et de faire les choix technologiques ensuite ». « Cela ne veut pas dire que les technologies en aval de la production ne seront jamais nécessaires. La nouvelle approche consiste à aborder les problèmes dans une optique de production plus propre, qui permettra de mieux choisir et planifier la technologie, et qui réduira les besoins technologiques en aval de la production, voire les supprimera tout à fait, dans certains cas. » Le PNUE rappelle également que la production plus propre est une approche extrêmement rentable de la protection de l’environnement. Alors que les technologies de dépollution en aval de la production ne permettent aucun retour sur investissement et n’apportent aucune valeur ajoutée aux produits, la production plus propre améliore la qualité des produits et des procédés, économise les matières premières et l’énergie, et réduit les volumes de déchets, ainsi que leurs coûts d’élimination. « La production plus propre est un aspect majeur de la protection de l’environnement dans les pays en développement qui n’ont pas les moyens d’acquérir des systèmes de traitement des déchets en aval de la production. » Les obstacles Le concept de production plus propre fait son chemin. Il y a aujourd’hui des centaines d’études de cas montrant ses avantages pour les entreprises de toutes tailles, avec des délais d’amortissement très courts grâce aux économies de matières premières réalisées et la possibilité de traiter les déchets avec des investissements ne dépassant pas 20.000-100.000 dollars. Mais les barrières qui subsistent du côté de l’offre comme de la demande expliquent que certaines entreprises, malgré les avantages de ces technologies, optent encore pour des solutions de dépollution en aval de la production. ENCADRE 7.3 Bénéfice économique aux Philippines Aux Philippines, quelque 110 entreprises participant à un projet de gestion environnementale financé par l’USAID ont au total investi 20 millions de dollars et récoltent un bénéfice annuel de 30 millions de dollars, grâce à la diminution des coûts de réduction de la pollution. Cet investissement a en outre permis de réduire la pollution de 30 %. Les secteurs concernés par le projet sont les sucreries et les raffineries de sucre, la pâte à papier, les huiles végétales et animales, les tanneries, les produits alimentaires et les boissons, les conserves de poisson, les produits chimiques industriels, la galvanoplastie, les porcheries, la transformation de la viande, le ciment, les produits ligneux, les métaux et les mines. Un aspect essentiel du programme est qu’il s’adresse aussi aux petites et moyennes entreprises, avec lesquelles des évaluations de gestion environnementale sont réalisées pour trouver toutes les possibilités, financièrement faisables, de réduction des déchets à la source, de préférence au traitement en aval de la production. ENCADRE 7.4 Traitement thermique des métaux en phase gazeuse La trempe, la carburation et la carbonitruration de l’acier sont des traitements thermiques généralement effectués dans des bains de sels fondus. La combinaison produits chimiques/hautes températures engendre des risques d’explosion, de brûlure et d’empoisonnement, tandis que les vapeurs dégagées, ainsi que l’extraction, le transport et l’élimination des sels toxiques posent de sérieux problèmes d’environnement. Une entreprise de traitement des métaux de Singapour a mis en place un nouveau procédé qui résout ces problèmes, grâce à un traitement en phase gazeuse sur un lit fluidisé de particules d’alumine. Un mélange d’air, d’ammoniac, d’azote, de gaz naturel, de gaz de pétrole liquéfié et d’autres gaz est employé comme gaz de fluidisation pour le traitement thermique. Le lit est chauffé à l’électricité ou au gaz, et la trempe est également effectuée dans un lit fluidisé. Ce nouveau procédé a réduit les effluents et amélioré la sécurité dans l’usine ainsi que la qualité de plusieurs produits finals. L’entreprise a investi environ 180.000 dollars dans les quatre lits fluidisés qui ont remplacé les bains de sels. Les économies d’énergie, de sels et de maintenance représentent 87.000 dollars par an, soit un délai d’amortissement d’environ deux ans. 127 Bishara Textile Manufacturing Company (BTM) BTM Fondée en 1962, Bishara Textile Manufacturing Company (BTM) est une entreprise d’impression manuelle des tissus. C’est aujourd’hui l’une des entreprises phares de l’industrie égyptienne du textile et du prêt-à-porter, avec une gamme complète de tissus, de jerseys et de vêtements, fabriqués en coton égyptien à longues fibres mélangé à d’autres fibres naturelles, dont le lin, la laine et la soie, et en fibres synthétiques. Implantée dans l’une des plus grandes zones industrielles d’Egypte (10th of Ramadan City), la société emploie quelque 1.300 personnes. L’intérêt porté par BTM aux questions environnementales est évident au sein même de son usine : • Les fibres de coton sont collectées automatiquement et réutilisées dans le processus de filage via l’installation de climatisation et d’humidification. • Les installations de traitement (blanchiment, désencollage, teinture, impression et finissage) exploitent des technologies économes en énergie, qui intègrent des procédés de traitement des effluents aqueux et de recyclage, afin de réduire la pollution et économiser les ressources. Cette année, la chaudière sera alimentée non plus au mazout mais au gaz, et les effluents aqueux de l’atelier de teinture seront intégralement recyclés. • Les chutes de tissus des ateliers de coupe et de couture sont envoyées à des associations environnementales caritatives qui les utilisent pour fabriquer des tapis. • Les sacs en papier et les boîtes en carton sont recyclés dans une usine voisine de recyclage du papier. L’entreprise joue également un rôle majeur dans le projet de prévention de la pollution mis en place dans la zone industrielle où elle est implantée ; ce projet a pour but d’aider les 800 usines de tissage locales à se conformer aux prescriptions de la nouvelle loi sur l’environnement qui devrait entrer en vigueur. Placé sous la direction de Monsieur L. Bishara, fondateur de BTM, le projet bénéficie du soutien des principales banques égyptiennes et de la participation de centres de recherche et d’établissements universitaires qui évaluent les effets des activités industrielles sur l’environnement, d’organisations non gouvernementales qui diffusent auprès du public le concept de « prise de conscience des problèmes d’environnement », et de chefs d’entreprise convaincus de l’importance des procédés écologiquement responsables pour l’avenir de l’industrie. Notre volonté d’encourager l’excellence environnementale au sein même de notre entreprise égale notre intention de figurer parmi les meilleurs de l’industrie égyptienne dans ce domaine. Bishara Worsted Wool Manufacturing Co. 10th of Ramadan City, Egypte – PO Box 47 Tél : 20 15 362 750 Fax : 20 15 362 753 Epuration des effluents aqueux provenant de l’atelier de teinture PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE Du côté de la demande : ■ les mesures traditionnelles de lutte contre la pollution restent la démarche de prédilection de nombreux responsables ; ■ l’offre de technologies douces de lutte contre la pollution est bien organisée et largement répartie dans le monde ; ■ les pouvoirs publics privilégient la lutte contre la pollution en tant que critère reconnu de respect de la réglementation ; ■ les technologies de lutte contre la pollution sont en principe faciles à comprendre et à intégrer aux procédés de production existants, et n’obligent pas à reconsidérer les procédés. Du côté de l’offre : ■ l’industrie de la production plus propre est peu développée et a un rayon d’action limité ; ■ l’industrie de lutte contre la pollution est prépondérante ; ■ les pouvoirs publics ne privilégient ni ne soutiennent les approches intégrées de prévention de la pollution ; ■ certaines technologies ont des coûts initiaux élevés ; ■ il manque des capitaux et des moyens financiers pour stimuler le marché ; ■ les initiatives de recherche et développement de nouvelles technologies sont insuffisantes. L’étude du PNUE constate : « L’industrie a indéniablement fait des progrès en matière de mise en œuvre et de promotion de la production plus propre. Des efforts sont faits, non seulement dans les grandes entreprises leaders du marché, mais aussi dans certaines PME. Malheureusement, il est fréquent que les programmes ne soient pas entièrement menés à bien ou ne soient pas intégrés dans toutes les activités de l’entreprise, et ils ne sauraient être considérés comme représentatifs de l’ensemble de l’industrie. Les industriels doivent s’engager plus sérieusement et aller au-delà de la sensibilisation pour changer les comportements, faire en sorte que les outils de production plus propre (évaluations du cycle de vie, audits des technologies environnementales, etc.) soient effectivement employés, et diffuser largement le concept et les outils de production plus propre, en particulier auprès des PME. » Selon la Commission européenne, plusieurs raisons expliquent la lenteur avec laquelle les technologies plus propres s’imposent dans les PME des Etats membres : ENCADRE 7.5 Economies de coûts et amélioration de la qualité des produits Un fabricant de circuits imprimés américain a mis en place de nouvelles technologies de production plus propre, qui lui ont permis de réaliser de substantielles économies de coûts et d’améliorer la qualité des produits finals. Au cours de la fabrication des circuits imprimés, l’excédent de cuivre est habituellement attaqué à l’aide de solutions acides de chlorure cuivrique. A mesure que le cuivre se dissout, la solution perd en efficacité et doit donc être régénérée, en principe en oxydant les ions cuivreux à l’aide de peroxyde d’hydrogène acidifié. Le cuivre dissous dans l’excédent de liquide est ensuite précipité sous forme d’oxyde de cuivre et généralement mis en décharge. Une technique électrolytique utilisant une cellule à diaphragme permet, en une seule opération, de régénérer la solution d’attaque et de récupérer le cuivre. Une membrane spéciale laisse passer les ions hydrogène et chlorure, mais retient le cuivre qui est alors évacué par des robinets de vidange et récupéré sous forme de flocons de cuivre pur. L’entreprise a investi 220.000 dollars qui ont été amortis en dix-huit mois, grâce aux économies de coûts réalisées sur les mises en décharge, le cuivre et les autres matières. Le cuivre est récupéré sous une forme ayant une bonne valeur marchande et il n’y a aucun produit chimique dangereux à manipuler. ■ les petites entreprises ont des ressources financières extrêmement limitées ; ■ les questions environnementales sont loin d’être une priorité ; ■ le concept de technologie plus propre ne leur est pas familier ; ■ les entreprises attendent d’être contraintes par la loi, au lieu d’anticiper sur les règles futures ; ■ il y a un manque de savoir-faire en matière d’action environnementale et de développement technologique. Contraintes et besoins Un rapport sur les contraintes liées au financement de la production plus propre dans les pays en développement a également été produit pour le séminaire de Varsovie ; certaines de ces contraintes touchent aussi l’accélération de la diffusion des technologies douces et leur utilisation en général. Les principales difficultés sont de plusieurs ordres : ■ la production plus propre reste peu connue, 129 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.6 Réduire les pertes de chaleur dans les installations d’oxyde de plomb Une installation d’oxyde de plomb comportant un four électrique à creuset produit 1 tonne d’oxyde de plomb par jour. Dans une usine indienne, un audit de réduction des déchets a montré que les pertes de chaleur par radiation à travers les parois latérales du four étaient d’environ 6,7 millions de joules par m2/h, et que les pertes par le haut du four atteignaient quelque 10 millions de joules. De ce fait, la température à l’intérieur du four ne permettait d’obtenir ni le rendement ni la qualité d’oxyde de plomb voulus. La démarche de production plus propre a été axée principalement sur des modifications de procédé. La conception du four a été revue et les pertes de chaleur ont été réduites grâce à de meilleurs matériaux isolants. Un module en fibre de céramique a été installé dans le haut du four, tandis que les parois latérales ont été garnies d’un revêtement en fibres de céramique et de briques isolantes. Ces modifications ont permis de réduire la consommation de combustible et d’électricité, de diminuer la durée du cycle et d’augmenter la teneur du produit en oxyde de plomb. Les dépenses d’équipement ont été de 10.000 dollars et les coûts annuels d’exploitation sont de 5.000 dollars, pour des économies de 39.600 dollars par an. ENCADRE 7.7 Economiser l’eau, l’énergie et les produits chimiques Une évaluation, dans une usine chilienne de teinture de textiles, a induit des modifications qui ont permis des économies d’eau, d’énergie et de produits chimiques, ainsi qu’une réduction des émissions de particules et de solides dans les effluents. Un usage rationnel de l’eau a été obtenu en recyclant l’eau du procédé de refroidissement et du système de climatisation, ainsi qu’en améliorant l’entretien et la régénération de l’adoucissant. Un programme de maintenance des collecteurs de vapeur a réduit les pertes par transfert de chaleur dues aux fuites, et la mise en place d’un système numérique de surveillance a permis d’améliorer l’efficacité de la combustion de la chaudière au fioul, ce qui s’est traduit par des économies de fioul et une diminution des émissions de particules. Les conduites d’évacuation de l’atelier de teinture ont été équipées de grilles, pour réduire les quantités de solides en suspension dans les effluents. ou n’est pas considérée comme une approche éprouvée et viable ; ■ la législation environnementale est encore très limitée et son application peu contrôlée ; ■ compte tenu de la concurrence des différentes demandes dans le domaine des ressources rares, il est difficile pour les pays en développement d’envisager des investissements à long terme, même quand leurs avantages sont connus ; ■ parce qu’il est difficile, pour les banques des pays en développement, d’évaluer la solvabilité des projets de production plus propre, elles hésitent à les financer, même quand ils présentent des avantages financiers prouvés et des garanties suffisantes ; ■ certaines politiques macro-économiques et sociales (tarification des ressources naturelles, financement par l’Etat des installations de production non rentables) masquent les avantages de la production plus propre ; ■ les organismes financiers sont souvent peu intéressés par les projets n’exigeant pas des financements importants ; ■ avec les PME, les banques font généralement plus attention aux garanties (que ces entreprises sont souvent incapables de fournir) qu’aux bénéfices. Les 160 experts de 45 pays, délégués au séminaire de Varsovie par les pouvoirs publics, les milieux industriels, des ONG, des universités et des organisations internationales, ont abouti à la conclusion qu’une aide financière à la production plus propre était nécessaire pour agir dans plusieurs directions : ■ organisation de campagnes de sensibilisation de l’industrie, des pouvoirs publics, des organismes de financement, des banques et de l’opinion publique ; ■ centralisation d’informations à jour, faciles d’accès et d’intérêt local sur les pratiques et technologies de production plus propre ; ■ formation des responsables industriels, des ingénieurs d’usine, des techniciens, des consultants, des dirigeants, des personnes chargées de la réglementation et de tout autre groupe concerné ; ■ élaboration de projets de démonstration dans différents secteurs industriels et différentes régions, à l’intérieur de chaque pays. Production moins polluante Le PNUE est le principal instigateur de la production plus propre, avec son programme 130 La production plus propre coûte moins cher que la dépollution ou la réparation des catastrophes écologiques. 131 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.8 Un prix acceptable Les techniques et technologies de la production plus propres peuvent être mises en place à un prix acceptable : c’est ce que montrent trois projets de démonstration menés en Egypte, au Sénégal et au Zimbabwe. Dans ces trois pays, des experts se sont rendus dans des usines de pâte à papier et des cimenteries, où ils ont découvert de nombreuses possibilités de réduction des déchets, des émissions atmosphériques et des rejets dans l’eau, ainsi que des gisements d’économies d’énergie, d’eau et de matières premières, notamment en installant et/ou modernisant des technologies écologiquement viables (technologies douces) de lutte contre la pollution. En Egypte, la principale usine de pâte à papier du pays rejetait dans la Méditerranée d’énormes volumes d’effluents non traités, l’équivalent des eaux usées d’une ville de 1,6 million d’habitants. La matière première employée est la paille de riz, qui a une teneur en silice extrêmement élevée et qui produit la lessive noire. Aucune technologie douce actuelle ne permet de résoudre ce problème. Les experts ont toutefois préconisé une solution abordable, consistant à installer un système de désilicification et un système de récupération des produits chimiques et de l’énergie. Le recyclage des produits chimiques récupérés devrait réduire considérablement les coûts de matières premières, tandis que les investissements dans le matériel nécessaire auraient un délai d’amortissement assez court. Dans la seule cimenterie implantée au Sénégal, le principal problème était la poussière rejetée par la cheminée du four et par d’autres sources. Les experts ont proposé un audit de grande envergure pour déterminer les possibilités de réduction des déchets et d’économie des matières premières, de l’eau et de l’énergie. Ils ont indiqué que certaines améliorations pouvaient être apportées et amorties immédiatement, tandis que d’autres, telles qu’un nouveau système de conditionnement du gaz et des filtres électrostatiques plus modernes, nécessiteraient de nouveaux investissements. Au Zimbabwe, trois cimenteries ont mis en place des programmes de réduction des poussières rejetées par les fours, mais les experts ont trouvé de nombreuses possibilités de réduction des polluants fugitifs, notamment l’installation de nouveaux filtres et le nettoyage de ceux qui existent. Dans quatre usines de pâte à papier, ils ont découvert des gisements d’économies d’eau et d’énergie et de récupération des fibres, grâce aux technologies douces. Produire plus propre lancé en 1990, à une époque où la tendance, en matière de réduction de la pollution, commençait à s’infléchir en faveur de la prévention de la pollution. Ce programme, qui a en peu de temps produit des résultats remarquables, a quatre grands objectifs : ■ accroître, dans le monde entier, la sensibilisation au concept de production plus propre ; 132 ■ encourager l’adoption de la production plus propre ; ■ aider les pouvoirs publics et l’industrie à élaborer des programmes ; ■ faciliter le transfert des technologies de production plus propre. Plusieurs moyens ont été mis en œuvre pour atteindre ces objectifs : ■ le PNUE a organisé neuf groupes de travail pour créer un réseau d’experts en production plus propre (principes généraux et technologies) à travers le monde. Ces groupes abordent diverses questions : l’éducation et la formation ; les politiques, stratégies et instruments ; le traitement de surface des métaux ; les textiles ; la pâte à papier ; le tannage ; les biotechnologies ; le développement de produits durables ; ■ le Centre international d’échange d’informations sur la production plus propre propose des publications, dont un bulletin d’informations, et une base de données informatique regroupant des exemples d’actions et de stratégies, des listes de personnes et d’organismes à contacter, 350 études de cas techniques et 650 résumés de publications. Une adresse électronique permet d’accéder instantanément au programme, tandis que des informations sur la production plus propre sont fournies sur le World Wide Web par le serveur du Centre Industrie et Environnement du PNUE ; ■ un projet conjoint du PNUE et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) prévoit la création de centres nationaux de production plus propre dans vingt pays en développement et en transition. Les huit premiers centres ont été ouverts au Brésil, en Chine, en République tchèque, en Inde, au Mexique, en Slovaquie, en Tanzanie et au Zimbabwe. Ils ont plusieurs rôles : ■ susciter des projets de démonstration dans les industries locales, ■ accroître la sensibilisation de l’industrie, des pouvoirs publics et des instituts de recherche et de développement, ■ créer des réseaux locaux de production plus propre, ■ collecter et diffuser des informations, ■ organiser des actions de formation à court et long termes pour l’industrie, les pouvoirs publics et d’autres institutions ; PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ■ des projets de démonstration ont été mis en œuvre dans l’industrie du ciment et dans le secteur de la pâte à papier, en Egypte, au Sénégal et au Zimbabwe, pour déterminer les possibilités de production plus propre et les obstacles à sa mise en œuvre (voir encadré 7.8). Autres activités des Nations Unies D’autres organisations relevant des Nations Unies ainsi que des organismes intergouvernementaux œuvrent en faveur de la production plus propre. C’est notamment le cas de l’ONUDI qui, outre sa collaboration avec le PNUE pour la mise en place des Centres nationaux de production plus propre, travaille directement avec certains pays pour inciter les pouvoirs publics à inscrire ce concept au rang des priorités nationales. L’ONUDI apporte également une aide technique et financière aux entreprises désireuses d’appliquer le concept de production plus propre. Parmi les projets de cette organisation, on peut citer : ■ des démonstrations des techniques de production plus propre, par exemple dans le secteur du ciment et dans celui de la canne à sucre en Egypte et au Mexique ; ■ un programme de lutte contre la pollution dans le secteur du tannage, notamment l’intégration de technologies produisant peu de déchets à tous les stades du traitement des peaux, et l’épuration peu onéreuse des eaux usées en aval de la production ; ■ un soutien direct à certaines entreprises de Sri Lanka, pour mettre en place des techniques et des technologies destinées à réduire les polluants à la source ; ■ une aide aux entreprises brésiliennes pour réduire l’usage des produits tinctoriaux et chimiques, les apports d’énergie et la durée des processus ; ■ une aide pour une opération pilote de production plus propre de pesticides pour céréales, en Pologne. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) travaille avec le PNUE en Europe centrale et orientale, pour intégrer l’approche de production plus propre dans les programmes de reconstruction économique et environnementale de la région qui concernent les mines de charbon et l’utilisation rationnelle de l’énergie. ENCADRE 7.9 Economiser l’eau et réduire les déchets dans le secteur agroalimentaire Une grande entreprise agro-alimentaire américaine a élaboré un programme de production plus propre mettant l’accent sur les économies d’eau, la réduction des déchets et le recyclage des déchets solides ; elle en a tiré des avantages environnementaux et économiques substantiels. Ce programme se distingue en ce qu’il fait peu intervenir la technologie. ■ Un premier projet a pour objet le recyclage des déchets solides et des matières de rebut résultant des activités de mise en conserve et de fabrication de boîtes de conserve. Les déchets végétaux sont recyclés en aliments pour les porcs ; le carton recyclable est dirigé vers une usine de recyclage, les palettes en bois et les bidons contenant les ingrédients sont retournés aux fournisseurs ; les bidons en acier de 200 litres et autres métaux de rebut sont vendus à une entreprise de récupération. ■ Un deuxième projet vise à réduire les rejets de vernis et de diluant au cours du processus de fabrication des boîtes de conserve, en détectant les fuites et les pertes, en installant des racleurs pour nettoyer à sec le matériel d’application du vernis et en filtrant le vernis pour le réutiliser. ■ Un troisième projet se propose de réduire la consommation d’eau ; pour cela, il préconise de nettoyer à sec les sols et le matériel, ce qui nécessite des modifications de procédés et des changements d’habitudes (notamment fermer l’arrivée d’eau quand on ne l’utilise pas), ainsi qu’une maintenance et un entretien continus (et non plus une seule fois par jour). Le programme de recyclage a permis de recycler 70 % des déchets solides et des matières de rebut. Le programme de réduction des déchets de vernis a réduit de 80 % la quantité de solvants brûlés dans la chaudière, tandis que le programme pour économiser l’eau a permis de réduire de moitié la consommation d’eau. Les économies annuelles totales dépassent 1,1 million de dollars. Progrès et problèmes Il ressort clairement des rapports fournis pour le quatrième Séminaire du PNUE sur la production plus propre organisé à Oxford en 1996 (bilan bisannuel des progrès réalisés en matière de production plus propre), que l’on est passé de la phase conceptuelle à la phase de mise en œuvre et qu’il y a réellement une évolution dans ce sens dans toutes les régions. Il est encourageant de constater qu’un nombre croissant d’alliances stratégiques sont conclues, que l’industrie participe activement aux activités des centres et ateliers de production plus propre, et que de 133 L’ATMI est le syndicat national de l’industrie textile américaine. Ses membres sont présents dans plus de trente Etats et traitent près de 80 % de toutes les fibres textiles utilisées aux Etats-Unis. Ce secteur emploie plus de 600.000 personnes. Les fabricants américains de textiles ont en commun leur souci de l’environnement, et celui de l’hygiène et de la sécurité sur le lieu de travail. Le Code de conduite, adopté par l’ATMI en 1996, engage l’industrie à se conformer aux lois garantissant un traitement juste et équitable des salariés, et à préserver l’environnement partout où elle est présente dans le monde. L’ATMI a élaboré deux programmes, un pour encourager l’excellence environnementale (Encouraging Environmental Excellence ou E3) et un pour encourager les entreprises textiles américaines à dépasser le cadre strict des prescriptions du gouvernement et à établir des normes pour les autres industries (Quest for the Best in Safety and Health ou Quest). Les logos E3 et Quest ont été déposés au niveau international et permettent aux entreprises de se prévaloir de cette démarche auprès de leurs clients et des consommateurs. Pour obtenir la qualification E3 et Quest, il faut être membre de l’ATMI, se conformer à toutes les lois nationales et locales relatives à l’environnement, à la sécurité et à l’hygiène en vigueur, et mettre en œuvre les lignes directrices du programme. La certification de chaque entreprise est renouvelée tous les ans, sur la foi de rapports décrivant les progrès réalisés par rapport aux objectifs fixés en matière d’environnement, d’hygiène et de sécurité, et précisant les nouveaux objectifs pour l’année suivante. Si une entreprise ayant obtenu le label E3 ou Quest ne respecte pas la réglementation relative à l’environnement, l’hygiène et la sécurité, elle doit s’en expliquer à l’ATMI et préciser quelles mesures correctrices elle a adoptées. E3 Les entreprises textiles américaines investissent chaque année des millions de dollars pour que leurs procédés de fabrication ne portent pas atteinte à l’environnement. Les compagnies bénéficiant du label E3 travaillent avec les organismes publics de réglementation, les populations concernées et leurs salariés pour régler rapidement et de manière responsable les problèmes d’environnement, en mettant l’accent sur : Le recyclage et la minimisation des déchets : les entreprises certifiées E3 recyclent aussi bien des articles courants comme le papier utilisé dans les bureaux et les canettes en aluminium, que les déchets générés par leurs procédés de fabrication. La prévention de la pollution, les économies d’eau et d’énergie : les efforts de prévention de la pollution vont au-delà de la simple réduction des quantités de teintures et de produits chimiques employés dans les procédés. Les entreprises certifiées E3 utilisent moins d’eau et optent pour des combustibles plus propres et des éclairages moins consommateurs d’énergie. La participation des populations locales : les entreprises certifiées E3 partagent leur expérience de nombreuses manières, notamment en produisant des documents pédagogiques pour les écoles, en instaurant des partenariats avec des universités pour faire des recherches sur les textiles, et en travaillant avec des groupes de défense de l’environnement sur des projets de préservation et de restauration. Des normes internationales : E3 a contribué à l’élaboration d’un label écologique pour les T-shirts et les draps ; il participe actuellement à la proposition d’élargissement de ce label à l’ensemble des textiles. Quest Les entreprises certifiées Quest ont apporté de nombreux changements et améliorations à leurs procédures relatives à l’hygiène et à la sécurité, notamment : La réduction du taux de blessés et d’accidents, ainsi que des coûts d’indemnisation des salariés et du nombre de jours d’arrêt maladie correspondants. L’adoption d’outils de gestion pour inciter la direction des entreprises à se pencher plus sur les questions d’hygiène et de sécurité, intégrer la sécurité dans les programmes de gestion de la qualité totale et développer des logiciels interactifs de sécurité et de protection de l’environnement. Des améliorations des programmes, telles que la modernisation des installations, l’assainissement de l’air à l’intérieur des bâtiments et le renforcement des politiques de protection personnelle des salariés. La démonstration de leur souci des individus par diverses actions sans lien avec le travail organisées au profit de leurs salariés, par exemple des consultations médicales sur place pour les salariés ayant des problèmes personnels de santé, et des programmes de sensibilisation aux problèmes de bien-être et d’alimentation. Pour tout renseignement complémentaire sur l’ATMI, le Code de conduite, E3 et Quest, consultez notre site Web : www.atmi.org Remarque : La préservation de l’environnement ainsi que l’hygiène et la sécurité des salariés sont des priorités pour l’ATMI. Nous pensons que cet ouvrage propose aux industries et aux entreprises des solutions utiles et sensées pour protéger l’environnement et les travailleurs. Toutefois, le soutien apporté à cet ouvrage ne signifie pas que nous partageons toutes les politiques du PNUE. PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE nouveaux groupes (notamment les syndicats et les consommateurs) se joignent à ces efforts. Mais, comme l’indiquent aussi les rapports, diverses mesures doivent être prises pour accélérer la tendance. Il faut renforcer la législation et le contrôle de son application, de même que la formation des individus aux technologies de production plus propre. Il y a également des besoins très grands en matière d’information. L’Amérique latine évoque le problème de l’importation de technologies inappropriées. Il y a en outre dans les entreprises un manque général de connaissances en matière de gestion environnementale, doublé d’un manque de confiance à l’égard des technologies de production plus propre et de difficultés pour mobiliser les moyens financiers nécessaires pour investir dans la production plus propre. Efficacité écologique En 1996, un groupement de 120 grandes entreprises internationales, le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) – le Conseil mondial des entreprises pour un développement durable –, a joint ses efforts à ceux du PNUE pour promouvoir la production plus propre et l’efficacité écologique. Le Business Council for Sustainable Development, prédécesseur du WBCSD, avait pour la première fois mentionné l’efficacité écologique dans son rapport, Changing Course, présenté à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de Rio, en 1992 ; il l’avait définie comme « la fourniture de biens et services à prix compétitif, qui satisfont aux besoins de l’humanité et contribuent à la qualité de la vie, tout en réduisant progressivement les impacts écologiques et l’intensité d’utilisation des ressources tout au long du cycle de vie, à un niveau au moins compatible avec les capacités limites estimées de la Terre ». En termes simples, le but de l’efficacité écologique est de « produire plus en consommant moins », en réduisant les déchets et la pollution, et en utilisant moins d’énergie et de matières premières. La production plus propre et l’efficacité écologique sont des concepts indéniablement apparentés, interdépendants et qui se recouvrent. Selon le PNUE et le WBCSD, la production plus propre part de questions d’efficacité écologique ayant des avantages économiques, tandis que l’efficacité écologique part de questions d’efficacité économique ayant des avantages ENCADRE 7.10 Actions en faveur de la production plus propre en Thaïlande Plusieurs actions ont été entreprises en Thaïlande en faveur de la production plus propre, notamment dans le cadre du programme de gestion environnementale industrielle de la Fédération des industries thaïlandaises. L’un des objectifs majeurs de ce programme est de promouvoir la sensibilisation aux questions d’environnement et l’usage de technologies propres dans l’industrie thaïlandaise. Il propose des méthodes et des technologies de réduction des déchets, des transferts de technologies et des projets de démonstration de technologies plus propres ; l’une de ses particularités est la participation d’organismes et d’industries privés américains, ainsi que d’agences dépendant des Nations Unies, comme le PNUE et l’ONUDI. Le textile, la pâte à papier, les produits chimiques et l’agro-alimentaire sont les principaux secteurs visés par le programme. Plusieurs progrès ont été réalisés dans le secteur du textile, en particulier : ■ A la suite d’une évaluation dans une usine thaïlandaise, l’ONUDI et des experts américains ont préconisé qu’une formation sur les techniques de production plus propre soit dispensée aux professionnels du textile et qu’un programme d’assistance technique directe soit mis en place dans quelques usines pour certaines technologies de réduction de la pollution. ■ Un voyage d’étude a été organisé pour faire découvrir aux industriels les activités de réduction des déchets dans d’autres pays. ■ Des chefs d’entreprise et des fonctionnaires ont été emmenés au Brésil, aux Etats-Unis et en Suisse. Ce voyage leur a permis de découvrir des techniques de production plus propre applicables à leur secteur, et de formuler des stratégies de lutte contre la pollution pour les teintures et les composants toxiques des couleurs. ■ Un projet de démonstration a été plus particulièrement axé sur les avantages environnementaux et économiques de la technologie sous vide, qui permet de réduire la consommation de produits chimiques et d’économiser l’énergie, tout en améliorant la qualité des produits. L’usine où s’est déroulée la démonstration a annoncé une réduction de 25-40 % de sa consommation de produits chimiques et d’énergie au stade du finissage, 17 % d’économies de produits chimiques et 43 % d’économies pour son activité mercerie. Plusieurs filatures ont suivi son exemple. L’un des résultats majeurs du programme est l’adoption d’une norme environnementale nationale pour l’industrie de la teinture et du finissage des textiles, qui associe règlements et mesures volontaires et prévoit un équilibre entre la prévention de la pollution, la réduction des déchets et la lutte contre la pollution. Une approche semblable, comportant des visites d’usines américaines, a été adoptée dans le secteur de la pâte à papier. Les projets de démonstration incluaient notamment un projet pilote visant à évaluer les gains économiques et environnementaux de la flottation à air dissous, qui permettrait de recycler 7-10 tonnes de pâte à papier par jour à plein régime. 135 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.11 La production plus propre au niveau le plus élémentaire Dans certains pays, les activités de production plus propre sont organisées au niveau le plus élémentaire. Les Pays-Bas et les EtatsUnis en sont un exemple. ■ Aux Pays-Bas, les collectivités territoriales jouent un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de programmes de production plus propre. L’un des plus avancés concerne la région nord des PaysBas qui compte environ 7.000 entreprises, parmi lesquelles 10 % déversent des polluants directement dans le réseau hydrographique et 90 % les rejettent dans les réseaux d’égouts municipaux. L’équipe chargée de la pollution dans cette région travaille en direct avec l’industrie pour conseiller les entreprises sur les possibilités de prévention de la pollution et les aider sur place à effectuer des audits de réduction des déchets et à prendre des mesures de réduction à la source. Elle a également formé le personnel des collectivités locales qu’elle encourage à intégrer les facteurs de prévention de la pollution dans leurs activités de réglementation locale. L’aide directe à l’industrie s’addresse aux entreprises de 20 salariés ou moins et couvre une grande variété de secteurs, parmi lesquels les produits chimiques, l’imprimerie, la boulangerie, les garages automobiles, les électriciens, le travail des métaux et le traitement de surface des métaux. ■ Aux Etats-Unis, il y a plus de 50 programmes de prévention de la pollution financés par les Etats et les collectivités locales et gérés notamment par des organismes de réglementation, des universités et des organismes mixtes. Ces programmes proposent des combinaisons très diverses de services, que l’on peut toutefois regrouper en trois grandes catégories : l’information, l’assistance technique sur place, la recherche et le soutien financier. L’assistance sur place consiste en particulier à réaliser des audits de réduction des déchets et à conseiller sur certaines dispositions et technologies. Les objectifs varient. Certains programmes sont axés sur des secteurs industriels spécifiques, à l’intérieur d’une zone géographique limitée, tandis que d’autres visent les gros producteurs de déchets ou les petites entreprises. environnementaux. Elles ont toutes deux pour objet de prévenir la pollution, et les technologies douces sont incontestablement aussi importantes pour l’efficacité écologique que pour la production plus propre. Vers l’ « émission zéro » Le but ultime, pour l’industrie, doit être l’« émission zéro », ce que tous les chefs d’entreprise ne considèrent pas comme une utopie, ainsi que l’atteste le soutien apporté à la Zero Emissions Research Initiative (ZERI) de l’Université des Nations Unies (United Nations 136 University), à Tokyo. Depuis son lancement en 1994, cette initiative a été en effet largement soutenue par les hauts responsables des principales entreprises américaines, européennes et japonaises, ainsi que par des hommes politiques et des scientifiques de renom ; mais surtout, et c’est peut-être plus important encore, ses projets pilotes ont commencé à produire des résultats mesurables. Son postulat est que « si une réduction immédiate de la pollution n’est pas sans importance » dans l’industrie, « elle ne suffit pas » ; il faut « des progrès technologiques permettant de fabriquer des produits sans générer aucune forme de déchet, c’est-à-dire sans rejet dans l’eau ou dans l’air, et sans déchet solide ». Le but est de reconsidérer entièrement la conception des processus industriels de manière à ce que les industries réutilisent leurs déchets comme matière première ou, à défaut, qu’elles les cèdent à un autre secteur qui les utilisera comme matière première. Les technologies douces jouent un rôle central dans le programme ZERI, dont la méthodologie s’articule autour de cinq axes : ■ des modèles de rendement total, qui étudient les industries pour déterminer de quelle manière la production pourrait utiliser tout ce qui peut servir de facteur de production ; ■ des modèles de produits-facteurs de production qui dressent l’inventaire de tous les types de produits qui ne sont pas utilisés dans le produit final ou le procédé de fabrication. Ces produits sont souvent considérés comme des déchets qui non seulement ont une valeur économique nulle, mais exposent les entreprises à des coûts d’élimination. Une fois que les différents produits sont identifiés, on détermine les industries qui pourraient les employer comme facteurs de production ; ■ la modélisation de regroupements industriels : les modèles de produits-facteurs de production constituent une base pour le regroupement des industries. Certaines pourraient utiliser une partie du produit de deux ou trois procédés de fabrication, tandis que d’autres offriraient des matières premières à quatre ou cinq secteurs ; ■ les technologies de pointe : le savoir-faire technique acquis et les technologies actuelles de fabrication et de transformation n’aboutiront pas au regroupement industriel ; de nouvelles percées technologiques sont donc nécessaires ; PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE ENCADRE 7.12 Réaction rapide en Afrique Ce n’est pas un hasard si plusieurs projets pilotes du programme ZERI sont mis en œuvre en Afrique. Günter Pauli, le « père » du programme, précise qu’il s’intéresse plus particulièrement aux projets « qui apportent une réponse rapide aux problèmes urgents » de ce continent qui a, il insiste sur ce fait, « de nombreux éléments à sa portée pour résoudre rapidement ces problèmes ». Faire fleurir le désert Originaire de l’Antarctique, le courant de Benguela (un courant marin extrêmement froid) pourrait transformer le désert de Namibie en terres fertiles. Il a été montré à Hawaii qu’il était techniquement possible et économiquement faisable de pomper l’eau froide dans l’océan grâce à des conduites enterrées dans le sable dans la partie aride des îles. Le principe est rapide et simple : c’est celui de la condensation. Il a permis de cultiver des fraises, pourtant considérées comme inadaptées au climat tropical. Le courant de Benguela pourrait être pompé par des éoliennes. Le désert de Namibie est extrêmement riche en minéraux et contient tous les nutriments nécessaires ; la seule chose qui manque est l’eau. Un programme pilote est actuellement mené sur 10 hectares, dans la baie d’Hentes. Des aliments à base d’algues Les eaux de l’Antarctique abondent en nutriments, en plancton et en macrophytes et sont, à ce titre, un milieu idéal pour la pisciculture et la culture des algues. Ces dernières sont très employées comme aliments et comme médicaments au Japon, en Chine, en Corée et aux Philippines. L’eau de mer est pompée au large de la Namibie pour capturer l’humidité de l’air et répandue sur le sol sous forme de condensation. Elle peut ensuite être canalisée vers des bassins pour cultiver des algues sur la terre ferme. En 1994, la Namibie a exporté 400 tonnes d’algues séchées. Tout le long de la côte africaine, de l’Afrique du Sud au Mozambique, à l’Angola et à la Tanzanie, on trouve de telles possibilités de débouchés. La Tanzanie possède déjà une industrie florissante de culture d’algues, qui produit 10.000 tonnes d’algues sèches et exporte pour 3 millions de dollars par an. Un cultivateur d’algues peut gagner jusqu’à 1.000 dollars par mois, une vraie fortune par rapport aux revenus de l’agriculteur ou ouvrier agricole africain moyen, supérieure même aux revenus de nombreux fonctionnaires de rang intermédiaire. Les acheteurs américains et japonais n’extraient que la moitié de l’algue, le reste étant considéré comme des déchets et, par conséquent, jeté. En fait, ces déchets contiennent des éléments ayant une haute valeur nutritionnelle et pouvant acquérir une valeur ajoutée. Les technologies culinaires mises au point par le Centre de recherche sur ■ l’élaboration des politiques industrielles : les dirigeants doivent repenser leur démarche d’action en faveur du rapprochement des secteurs industriels. Réalisations en cours Le programme ZERI couvre huit domaines : six impliquent un regroupement industriel (la pisciculture, la brasserie, le sucre, la sylviculture, la pâte à papier, les matières plastiques, le ciment et les matériaux de construction) et deux sont consacrés aux « technologies issues de la nature » (pigments et cires). En ce qui concerne les pigments, par exemple, l’environnement de Las Gaviotas, en Colombie, devraient permettre d’utiliser l’énergie solaire pour faire bouillir les algues séchées et en extraire le carrageenan utilisable, quintuplant ainsi la valeur commerciale des produits. Exploiter les possibilités du sisal Très cultivé en Tanzanie, le sisal donne une fibre extrêmement solide avec laquelle on fait de la ficelle, de la corde, des tapis et des sacs. Mais le procédé de fabrication est très polluant et seulement 2 % de la plante sont utilisés, alors qu’elle contient également de l’acide citrique, de l’acide lactique et des alcools. L’acide citrique est de plus en plus demandé pour les boissons non alcoolisées et les produits alimentaires. En faisant fermenter le flux de déchets du sisal, la Tanzanie pourrait produire environ un demi-million de tonnes d’acide citrique par an. Le climat du pays permettrait même de produire l’acide par fermentation en milieu solide plutôt qu’en milieu liquide, ce dernier procédé nécessitant une hydrolyse et d’énormes quantités d’énergie pour faire bouillir le liquide. La fermentation en milieu solide réduirait les coûts et supprimerait probablement les produits chimiques. De plus, les fibres résiduelles de sisal constituent une excellente matière première pour la pâte à papier et des essais ont montré que le sisal était une excellente matière de base pour la fabrication des bioplastiques. le programme ZERI fait valoir que l’industrie a mis au point quelque 4.500 couleurs, pour la plupart d’origine pétrochimique, dont les usages vont des textiles aux voitures, des cosmétiques aux produits alimentaires. Or, l’emploi des pigments dans les textiles est une source de pollution, consomme de grandes quantités d’eau et gaspille dans l’eau la majeure partie des pigments. Les peintures métallisées utilisées dans l’industrie automobile présentent des risques pour la santé, au stade de la production comme de l’élimination. Le programme ZERI pense que les recherches sur la réfraction de la lumière sur les fibres des plumes d’oiseaux pourraient déboucher 137 A Bristol-Myers Squibb Company NOUS NOUS ENGAGEONS POUR L’AVENIR DE NOS ENFANTS Comme le prédisait un Amérindien, « c’est quand le dernier poisson aura été pêché et que le dernier arbre aura disparu de la Terre, que nous nous rendrons compte que l’argent ne se mange pas ». J’espère que cette prophétie ne se réalisera jamais. En fait, d’après les déclarations de la conférence sur le changement climatique de Kyoto, il semblerait qu’il y ait actuellement plus de raisons d’être optimiste qu’il y a dix ans. Mais cela signifie-t-il que nous autres, industriels, pouvons être satisfaits et nous reposer sur nos lauriers ? Bien au contraire. Il est évident que notre responsabilité ne se limite pas à notre environnement immédiat. Partout dans le monde, le développement économique est étroitement lié à la situation de l’environnement mondial. L’usage croissant des ressources naturelles et des combustibles fossiles est le principal problème. Or dans les pays émergents, pour améliorer le niveau de vie de chacun, il faut accroître la productivité économique, ce qui implique un impact encore plus lourd sur l’environnement. Parce qu’elle est relativement jeune, la société Pharmavit a, dès le début, recherché des solutions n’ayant pas d’incidence négative sur notre environnement. Pour cela nous avons : • mis en place un système d’épuration biologique des eaux usées, afin qu’aucun effluent contaminé ne soit rejeté dans le sol ; • en 1997, nous avons lancé un programme visant à réduire la production de déchets dangereux ; • ayant obtenu en 1996 la certification ISO 9001, nous visons maintenant la certification ISO 14001 et espérons l’obtenir en 1999, ce qui fera de nous l’une des premières entreprises de produits pharmaceutiques et de compléments alimentaires à avoir atteint ce niveau de qualité ; • avec notre programme « Bon pour la vie », élaboré pour les écoliers hongrois âgés de dix à douze ans, nous apprenons à des milliers de futurs citoyens comment protéger leur propre environnement, afin qu’ils deviennent des citoyens modèles. Nous avons l’intention de présenter ce programme au Viet Nam. Notre rachat par Bristol-Myers Squibb, en 1996, a été un grand pas en avant sur la voie du développement durable. Le Taxol, médicament préconisé dans le traitement du cancer, en est un bon exemple. Il était à l’origine produit à partir de l’écorce d’une espèce rare d’if ; mais lorsqu’on lui enlève son écorce, l’arbre meurt. Après des efforts considérables de recherche et développement, BristolMyers Squibb a obtenu l’autorisation de produire une forme semi-synthétique de Taxol à partir des brindilles et des aiguilles de l’if. A terme, nous espérons pouvoir fabriquer le composant actif du Taxol à partir de cultures de cellules dans des cuves de fermentation, selon un procédé très proche de celui qui est employé pour la pénicilline. Notre objectif est de doubler les ventes et les recettes d’ici à 2000. L’un des principaux défis, pendant cette période de croissance accélérée, sera de réduire la taille de notre « empreinte » sur l’environnement. En mai 1997, BristolMyers Squibb a été la première grande multinationale à annoncer que l’intégralité de son système de gestion de l’environnement, de la santé et de la sécurité était conforme à ISO 14001. Nous nous efforçons de mener nos affaires de façon à soutenir l’objectif du développement durable, autrement dit d’avoir une activité économique qui réponde aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. En un mot, nous œuvrons pour l’avenir de nos enfants. Dr. Imre Somody Directeur général H-2112 Veresegyház, Lévai u. 5, Hongrie Tél : (36-28) 385-960 / 386-890 Fax : (36-28) 385-980 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE Nous sommes intimement convaincus que les pays développés devraient montrer l’exemple en élaborant des technologies douces et des politiques environnementales, et en effectuant les changements qui s’imposent chez eux Romano Prodi Premier ministre de l’Italie L’environnement mondial continue à poser de nombreux problèmes. Si la situation ne change pas, il pourrait s’avérer difficile à cette Terre irremplaçable d’entrer dans le XXIe siècle De nombreux Etats à économie en transition risquent de devenir les principaux pollueurs de l’environnement. C’est pourquoi les Nations Unies devraient jouer un rôle plus actif dans les échanges de technologies propres et dans leur transfert vers les économies en transition Ryutaro Hashimoto Premier ministre du Japon N. A. Nazarbaev Président du Kazakhstan sur une avancée technologique ; il exploite d’autre part les technologies de production de fibres optiques mises au point dans le secteur des télécommunications, pour les appliquer au secteur du textile et de l’automobile. Les cires synthétiques polluent, au stade de la production comme de l’élimination. L’étude de la structure moléculaire de la cire d’oiseau (100 % biodégradable) pourrait déboucher sur des applications industrielles, à condition que l’on trouve le moyen de maintenir la cire à l’état liquide à des températures extrêmement basses et de la solidifier à de hautes températures. Dans le domaine du papier, le programme s’est attaché à trouver une nouvelle technologie qui permettrait de séparer l’encre de la fibre. Le recyclage du papier présente l’inconvénient de n’éliminer en fait que 65 % de l’encre. Plusieurs options technologiques sont possibles : ■ la résonance magnétique pour les encres à base de métaux lourds : contrairement aux fibres, les métaux lourds sont conducteurs et peuvent être rechargés magnétiquement ; ■ des techniques enzymatiques ou microbiologiques pour les encres à base de métaux non lourds : il est possible de faire en sorte que les enzymes et les bactéries réagissent à certains types de produits ; il devrait donc être possible de les manipuler pour qu’elles « dévorent » un certain type d’encre, en laissant les fibres intactes ; ■ fabriquer une nouvelle encre à partir de substances caloricométalliques. La technologie a également un rôle à jouer dans la recherche de nouveaux procédés de distillation des huiles essentielles, des conservateurs et des pigments provenant des feuilles d’arbres abattus, sachant que les procédés actuels sont souvent gros consommateurs d’énergie. La mise au point d’une installation de distillation mobile ouvrirait de nouvelles perspectives et permettrait, en outre, de produire de l’énergie à 139 PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE partir des petits débris de bois qui constituent la seconde forme de déchets de cette activité. Selon le programme ZERI, l’industrie sucrière se prêterait bien au regroupement industriel. Mais il faut trouver de nouveaux usages du sucre, surabondant sur les marchés mondiaux ; il pourrait, par exemple, servir de matière première durable pour la fabrication des matières plastiques, du papier et des adoucisseurs d’eau, actuellement fabriqués à partir de ressources non renouvelables. Mais il manque un maillon à la chaîne : les technologies de mise en œuvre du sucre. De la conception à la réalisation Trois usines pilotes ont été construites dans les îles Fidji, en Namibie et en Tanzanie, pour récupérer la totalité de la biomasse provenant des procédés de fermentation industriels, notamment les déchets de brasseries ; elles ont montré qu’il est possible de produire sept fois plus d’aliments, de combustible et d’engrais avec la même quantité de matière première. Un programme de recherche quinquennal sur les technologies de séparation des matières est en cours. Il couvre l’explosion de vapeur, l’évaporation sous vide et la filtration membranaire. Le Brésil, l’Indonésie, l’Inde et la Malaisie font partie des pays qui soutiennent activement ce programme, tandis que la Chine, le Costa Rica, Fidji, Maurice et la Turquie participent à d’autres activités du programme ZERI. Selon Günter Pauli, initiateur de ce programme, les résultats obtenus jusque-là confirment que la méthodologie mise au point permet d’appliquer le principe d’émission nulle dans n’importe quel secteur industriel. En janvier 1997, une nouvelle brasserie produisant de la bière sans aucun déchet, et menant parallèlement une activité de production de protéines et de poissons, a été inaugurée en Namibie, marquant la première commercialisation dans le monde du principe d’émission zéro. ZERI bénéficie d’un soutien croissant. Plusieurs gros industriels ont engagé leurs entreprises sur la voie de l’objectif « émission zéro » et plusieurs ministères du Japon, la Commission européenne, le ministère de l’Energie des Etats-Unis et d’autres gouvernements, de même que l’Académie royale suédoise des sciences et le laboratoire américain Oak Ridge National Laboratory, soutiennent le programme. Des instituts de recherche se réclamant de ZERI 140 sont d’ailleurs en cours de création au Japon, en Amérique du Nord, en Europe, en Amérique latine et dans les pays Baltes. Une entreprise américaine de revêtements de sol, qui soutient ZERI, a investi dans le développement d’une nouvelle technologie destinée à convertir les déchets des particuliers et des usines en produits utilisables à valeur ajoutée. Par exemple, au lieu d’être mises en décharge, les vieilles moquettes de bureau sont récupérées et utilisées comme matière première pour fabriquer des dalles spéciales pour les ateliers d’usines. L’entreprise fabrique également un revêtement de sol à base de matériaux recyclés (déchets récupérés chez les particuliers et sur les sites industriels). L’usine écologique Le concept d’usine écologique, lancé par le Japon et décrit par l’Organisation japonaise du commerce extérieur comme la « technologie ultime du XXIe siècle », s’inscrit dans l’esprit du programme ZERI. Il préconise des technologies : ■ « conçues pour réduire au-delà des niveaux actuels les influences menaçant le système écologique ; ■ qui ne portent préjudice ni à la productivité, ni à l’économie des procédés de production ; ■ qui utilisent des procédés de production donnant des produits à haute valeur ajoutée ». Le concept d’usine écologique concerne principalement les technologies de production et de valorisation. Les produits qui quittent l’usine sont utilisés par les consommateurs puis jetés en tant que déchets qui sont collectés et introduits dans le système de valorisation, où ils sont recyclés comme matière première pour le processus de production. Côté production, le but est de concevoir des produits ayant un impact minimal sur l’environnement, que ce soit au stade de la production, en termes de matières premières et d’énergie consommées, ou au stade de l’élimination, après consommation. Le concept reconnaît qu’il y aura encore quelques déchets, mais qu’ils pourront être revalorisés. L’usine écologique exige cinq technologies de base : pour la conception des produits, la fabrication, le démontage, le recyclage des matériaux et le contrôle/évaluation ; ses partisans reconnaissent que, dans la plupart de ces domaines, des progrès seront nécessaires pour que le principe devienne réalité. PRODUCTION PLUS PROPRE ET EFFICACITE ECOLOGIQUE Ecologie industrielle Valables et viables Le programme ZERI et les usines écologiques sont tout à fait dans l’esprit de l’écologie industrielle, un nouveau concept qui émerge tout juste et qui suscite l’intérêt croissant des entreprises. Il repose sur une démarche visant à générer une quantité faible ou nulle de déchets. La récupération des matériaux en cours de production et leur réutilisation sont ici des principes clés, les considérations environnementales sont intégrées dans tous les aspects de la conception des produits et des procédés, et la technologie joue un rôle plus actif et plus positif dans la progression vers le développement durable. Dans ce domaine, une expérience est menée depuis plus de trente ans dans la ville de Kalundborg, au Danemark. Elle réunit plusieurs partenaires qui s’emploient à réutiliser l’énergie et les matériaux. Une raffinerie fournit du gaz à une centrale électrique et à une entreprise de fabrication de plaques de plâtre pour leurs besoins énergétiques, tandis que la vapeur produite par la centrale est utilisée à la fois par une entreprise de biotechnologies et par un réseau de chauffage urbain. L’énergie à basse température est transférée vers un centre expérimental de pisciculture. Cet « écosystème » économise 19.000 tonnes de pétrole, 30.000 tonnes de charbon et 600.000 mètres cubes d’eau par an. Les économies annuelles sont évaluées entre 12 et 15 millions de dollars. Malgré leur importance, les principes d’émission zéro et d’usine écologique sont des notions assez récentes qui ne pourront être appliquées à grande échelle qu’à long terme. La production plus propre et l’efficacité écologique sont par ailleurs des approches valables et viables dont la mise en œuvre progresse à un rythme croissant. Il reste beaucoup à faire pour accélérer et accroître leur acceptation et leur adoption : il faut élargir les frontières de la production plus propre, trouver de nouvelles approches innovantes dans des secteurs nouveaux et inexplorés, essayer de nouvelles méthodes de financement et de renforcement des capacités. Selon le PNUE, le principal défi pour les deux prochaines années sera du côté de la demande : permis, approvisionnement, gestion de la chaîne de l’offre, gestion environnementale et participation de banques multilatérales et privées. Mais, grâce en grande partie au programme Produire plus propre du Centre Industrie et Environnement du PNUE, l’un des premiers à avoir démontré que la pollution et la production de déchets ne sont pas inéluctables puisqu’elles peuvent être éliminées à la source, il y a aujourd’hui suffisamment d’exemples montrant que la production plus propre et l’efficacité écologique produisent les résultats attendus et qu’elles présentent des avantages majeurs pour les entreprises et l’environnement. Sources Business and the Environment, divers numéros, Changing Course: A Global Business Perspective on Development and the Environment, Eco-efficiency Leadership, 1996, World Business Council for Sustainable Development. Cutter Information Corporation. 1992, Business Council for Sustainable Development, The MIT Press Ltd. Cleaner Production in the Asia Pacific Economic Cooperation Region, 1994, PNUE IE. Cleaner Production Programme, brochure du PNUE IE. Cleaner Production Programmes: What is the Ultimate Goal?, Roundtable on Technology Transfer, Cooperation and Capacity Building for Sustainable Development, Vienne, 1995, PNUE IE et ONUDI. Cleaner Production Worldwide, 1993, PNUE IE. Cleaner Production Worldwide, Vol. II, 1995, PNUE IE. Divers documents d’information de l’ONUDI. Eco-efficiency and Cleaner Production: Charting the Course to Sustainability, 1995, World Business Council for Sustainable Development et le PNUE. Ecofactory: Concept and R&D Themes, 1992, New Technology Japan. Government Strategies and Policies for Cleaner Production, 1994, PNUE IE. Industry & Environment, divers numéros, PNUE IE. Notre Planète, vol. 7, nº 6, 1996, PNUE. Produire plus propre, divers numéros, bulletin du PNUE IE. Promoting Cleaner Production, Fiche d’informations, 1993, ONUDI. Rapports de la Zero Emissions Research Initiative, United Nations University, Tokyo. Report of the High-Level Seminar on Cleaner Production, Varsovie, 1994, PNUE IE. Report of the High-Level Seminar on Cleaner Production, Oxford, 1996, PNUE IE. UNEP and UNIDO National Cleaner Production Centre Programme, 1993, PNUE et ONUDI. 141