Égalité des Sexes et Développement Economique Local : D

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Égalité des Sexes et Développement Economique Local : D
Égalité des Sexes et Développement Economique Local :
D’une Perspective Locale à une Perspective mondiale
27 Novembre 2014
Musée de L’IFAN
DAKAR
1
Table des matières
1.
Introduction ..................................................................................................................................... 3
2.
Contexte .......................................................................................................................................... 3
3.
Objectifs........................................................................................................................................... 4
4.
Déroulement de la table ronde ....................................................................................................... 5
4.1
Cérémonie d’ouverture ............................................................................................................... 5
4.1.1
Allocution Mme Bintou Djibo, PNUD ...................................................................................... 5
4.1.2
Allocution Mme Josephine Odera, ONU FEMMES .................................................................. 5
4.1.3
Introduction de la table ronde par Sophie Ly Sow, Consultante............................................. 5
5. Défis rencontrés dans la création d’un environnement favorable pour le développement
économique local inclusif et équitable ................................................................................................... 6
6.
Résumé des interventions des panélistes ....................................................................................... 7
7.
Cérémonie de clôture ...................................................................................................................... 9
8.
Recommandations......................................................................................................................... 10
9.
Paroles et citations clés des participants .................................................................................... 111
2
1.
Introduction
À l’occasion du XVème Sommet de la Francophonie, le United Nations Capital Development Fund
(UNCDF), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Entité des Nations
Unies pour l’Egalité des Sexes et l’Autonomisation des Femmes (ONU Femmes) ont organisé le 27
Novembre 2014 à Dakar au Musée de l’IFAN, une table ronde de haut niveau ayant pour thème
Égalité des sexes et développement économique local : d’une perspective locale à une perspective
mondiale. Plus de 120 personnes étaient présentes dont une majorité de femmes venant des zones
rurales du Sénégal (Louga et Thiès) et des zones périphériques de Dakar. L’objectif de cette table
ronde était de discuter de l’autonomisation économique des femmes et des moyens de soutenir
l’action des autorités locales dans les pays les moins avancés (PMA), afin d’encourager un
développement socio-économique inclusif et équitable.
Cet évènement a également servi de plateforme pour présenter aux partenaires de développement
et aux gouvernements le programme IELD (Inclusive and Equitable Local Development) dont le
lancement officiel est prévu au cours du premier trimestre 2015.
2.
Contexte
Alors que le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d'Action de Beijing
(Beijing+20) approche à grands pas, et dans la perspective de la définition des objectifs pour le
développement durable (ODD) pour l’après-2015, l’élimination des inégalités entre les sexes sous
toutes leurs facettes, et notamment la libération du potentiel économique des femmes, fait l’objet
d’une attention accrue. Jusqu’alors, les synergies entre l’égalité des sexes, la croissance économique
et la réduction de la pauvreté n’ont pas été reconnues à leur juste valeur, conduisant à l’élaboration
de politiques et de cadres budgétaires ainsi que de processus de planification qui ne tiennent pas
compte du fait que les femmes et les hommes ont des difficultés, des besoins et des responsabilités
de nature différente.
Tout indique pourtant qu’il est indispensable de promouvoir l’égalité entre les sexes pour parvenir à
des sociétés inclusives et à un développement favorables aux pauvres, et que celle-ci constitue un
objectif de développement à part entière. De récents travaux de recherche montrent que les
politiques mettant uniquement l’accent sur la croissance économique ne sont pas suffisantes pour
réduire la pauvreté et les inégalités entre les hommes et les femmes. Afin que la croissance soit
inclusive et qu’elle contribue à réduire la pauvreté, il faut que tous les groupes de population, les
hommes comme les femmes, puissent participer à la vie économique et partager les bénéfices du
développement. En effet, les données dont nous disposons indiquent qu’une augmentation de la
participation des femmes à l’économie, en plus de contribuer à renforcer leur autonomisation en
général et l’égalité des sexes, améliore les résultats économiques, la productivité et le niveau de vie
des ménages et renforce le bien-être des enfants avec des impacts positifs sur le long terme.
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Afin d’accélérer les progrès dans les années à venir, il nous incombe de réfléchir, avec la
communauté internationale, aux enseignements tirés et identifier ensemble des moyens de mise en
œuvre efficaces permettant d’améliorer la situation de tous ceux qui n’ont pas encore bénéficié des
progrès en matière de développement. Il s’agit d’une responsabilité partagée à laquelle nous ne
pouvons nous soustraire sous peine de contribuer à renforcer davantage la destruction du tissu social
et de favoriser la montée inexorable d’idéologies dangereuses.
Les politiques mises en œuvre pour obtenir des résultats économiques équitables et durables en
termes de développement doivent inclure des investissements réguliers et cohérents qui tiennent
compte du Genre et qui soient favorables aux pauvres, du niveau mondial au niveau régional, et du
niveau national au niveau local. Dans ce contexte, il convient de s’attaquer à un certain nombre de
blocages d’ordre économique qui freinent l’accès des femmes, en particulier les plus démunies, aux
opportunités économiques et les empêchent de participer pleinement et équitablement à des
activités génératrices de revenus.
3.
Objectifs
La table ronde avait pour objectif de discuter de l’autonomisation économique des femmes et des
moyens de soutenir l’action des autorités locales dans les pays les moins avancés afin d’encourager
un développement socio-économique inclusif et équitable, notamment l’accès des femmes aux
opportunités économiques locales, à l’entrepreneuriat et aux services publics. Cette table ronde a
également été l’occasion d’annoncer le programme IELD, un programme mondial qui mettra à profit
les avantages comparatifs stratégiques de chaque organisme des Nations Unies et de ses partenaires
de développement, afin d’aider les gouvernements locaux à élaborer, planifier, mettre en œuvre et
pérenniser des investissements locaux tenant compte des besoins et des priorités spécifiques des
femmes et des hommes vivant dans la pauvreté, en s’attachant plus particulièrement à lever les
barrières qui freinent l’autonomisation économique des femmes.
4.
Déroulement de la table ronde
La table ronde a été organisée de manière interactive, avec cinq intervenants venus de secteurs et de
pays différents (municipalité, société civile, expert et agence des Nations Unies). Cette diversité a
permis de faire rejaillir une vision locale et régionale du sujet. En outre, une part importante de la
séance avait été réservée aux échanges entre les intervenants et le public.
L’événement a accueilli plus de 120 personnes dont une majorité de femmes venant des zones
rurales du Sénégal (Louga et Thiès) et des zones périphériques de Dakar. Des décideurs politiques,
des représentants de la société civile, des experts et des partenaires de développement impliqués
dans des domaines liés à l’autonomisation économique des femmes, en particulier au niveau local
ont également répondu à l’appel.
La table ronde était modérée par Mme Sophie Ly Sow (Consultante, journaliste) et les intervenants
étaient composés de :
 Mme Marie Hélène Bouda, Ex-Maire de la Commune de Bakata, Burkina Faso

Mme Thérèse Mbaye, Vice-Présidente du Réseau National des Femmes Rurales du Sénégal
4

Mme Fatoumata Diarra Traoré, Economiste, Mali

Mr Abdourahmane Sarr, Expert, Sénégal

Mme Christel Alvergne, Directrice-adjointe Financement du Développement Local, UNCDF
4.1 Cérémonie d’ouverture
4.1.1 Allocution Mme Bintou Djibo, Représentante Résidente du PNUD
Mme Bintou Djibo a tout d’abord remercié l’assemblée de sa présence. Ella a rappelé le cadre dans
lequel ce panel intervenait, (démarrage des 16 jours d’activisme - commémoration de la journée
internationale des violences faites aux femmes - réflexions post 2015). Il a été souligné l’importance
majeure de la participation économique des femmes dans les pays en voie de développement et par
voie consécutive la nécessité de supprimer les inégalités que ces dernières rencontrent au quotidien.
Différents manques existants tels que la faible représentation politique, l’inégalité d’accès aux
structures de bases, un travail et des activités principalement non rémunérés ont un impact direct
sur l’autonomie des femmes.
Mme Djibo a aussi rappelé l’importance de faire la promotion d’une croissance prévisible et durable
pour en faire bénéficier toute la population. La prise en compte des freins notamment l’accès limité
aux ressources et l’existence des inégalités aussi bien en zones urbaines et rurales est une nécessité.
Mme Djibo a terminé son allocution en soulignant que le développement local inclusif est propice
aux activités des femmes, il existe des outils et méthodes sur lesquels il faut s’appuyer tout comme
sur les mécanismes de financement et des spécificités des 3 agences des UN.
4.1.2 Allocution Mme Josephine Odera, Directrice Régional de ONU FEMMES
Mme Odera a tout d’abord remercié la présence des participants. Mme Odera a félicité l’organisation
de ce panel qui selon elle, met l’accent sur la détermination des femmes et leurs places dans le
processus de développement. Le développement de l’Afrique ne peut se faire sans les femmes.
Mme Odera a rappelé qu’il est important de garantir la protection des droits des femmes, condition
essentielle à la mobilité économique mais aussi la question de l’accès aux moyens de production, de
propriété et de crédit. Le genre, offre des opportunités d'accélérer la croissance économique de
manière à ce qu’elle se traduise par la création d’emplois, pour le bénéfice des populations pauvres
et vulnérables, notamment les filles et les femmes.
5
4.1.3 Introduction de la table ronde par Sophie Ly Sow, Consultante
Mme Sow a redéfini le cadre et les objectifs de la table ronde tout en rappelant que les échanges et
recommandations qui en découleront pourront être pris en compte en vue de la mise en œuvre du
programme IELD envisagé conjointement par UNCDF, PNUD, ONU Femmes.
Elle a ensuite interpellé l’audience en soulignant que dans quelques mois seront célébrés les 20 ans
de la plateforme de Beijing, qui est un évènement phare concernant le plaidoyer envers les droits des
femmes mais également les OMD et l’après 2015. Ces échéances devraient attirer l’attention de tous.
La synergie entre les sexes et la croissance n’ont pas été assez reconnues à date. Il est ainsi
nécessaire d’apporter des mécanismes innovants dans le but de parvenir à l’égalité des sexes. Il faut
que toutes les parties participent à la vie économique et éliminer les pratiques discriminatoires.
Mme Sow a conclu ses propos en s’adressant à l’audience : Comment arriver à l’égalité des sexes et
au développement économique local ? Les intervenants ont ensuite été officiellement présentés à
l’audience et le débat a été introduit par la présentation de la photo d’une jeune fille dans la rue
portant des serviettes sur la tête et manipulant son téléphone portable.
5.
Défis rencontrés dans la création d’un environnement favorable pour le
développement économique local inclusif et équitable
Le constat général qui a été évoqué est la similarité des problèmes auxquels les femmes rurales
doivent faire face d’un pays à l’autre. Le Centre de Recherches de l’Université de Thiès a publié une
étude sur l’analyse de la contribution économique des femmes qui est évaluée à 30 % du PIB du pays.
La question du manque d’infrastructures adaptées aux besoins a été soulevée par les intervenants.
La santé, l’accès à l’eau et l’absence de routes adéquates pour se rendre au marché ou à des zones
péri-urbaines ont été des exemples de barrières citées à l’autonomisation économique des femmes.
Il ne suffit pas seulement de faciliter la quête de l’eau mais de mettre en place également des
structures qui permettront aux femmes de réaliser des activités génératrices de revenus. En outre,
lorsque l’on parle de ‘vulnérable’, on n’oublie souvent le cas des femmes handicapées. Cette
catégorie qui fait partie de l’informel est confrontée à un réel problème du fait de l’inexistence
d’infrastructures et de moyens de locomotion adaptés à leurs handicaps. “Accéder aux marchés est
un véritable casse-tête pour les femmes handicapées”, a souligné Aissatou Cissé, Conseillère Spéciale
du Président de la République en charge des personnes vulnérables.
6
Un autre obstacle souligné est la frilosité des banques du Sud. Les femmes ne possèdent pas de
capital initial garanti par les banques pour mener à bien leurs activités. De plus, les banques ne les
accompagnent pas suffisamment.
Par ailleurs, afin que la croissance soit inclusive et qu’elle contribue à réduire la pauvreté, il faut que
tous les groupes de population, les hommes comme les femmes, puissent participer à la vie
économique or les femmes n’ont trop souvent pas accès à la terre ni aux instances de prise de
décisions.
En outre, la difficulté des échanges commerciaux entre pays est un obstacle à l’autonomisation
économique des femmes. En effet, les femmes et en particulier les femmes rurales n’ont pas tissé de
liens entre elles dans la sous-région. Les femmes ne se déplacent pas dans d’autres pays pour écouler
leurs marchandises. Au Sénégal, les normes et politiques en vigueur empêchent les femmes de
vendre dans les autres pays. Les femmes œuvrant dans l’agriculture sont également confrontées à un
problème de conservation des produits récoltés. De plus, la grande majorité du commerce
transfrontalier est réalisé par les femmes, elles font parfois face à des douaniers qui eux sont des
hommes et peuvent dans certains cas abuser de leur posture.
Les conditions de travail des femmes sont très difficiles et elles sont cantonnées au niveau micro car
elles ne tirent pas suffisamment de bénéfices de leurs activités.
6.
Résumé des interventions des panélistes
6.1
Mme Fatoumata Diarra, Economiste, Mali
La parole a été donnée à Mme Diarra, Economiste Malienne qui a commencé ses propos par
commenter l’image de la jeune fille présentée au début de la session. Selon elle, cette image
démontre que les activités des femmes s’inscrivent beaucoup dans l’informel même en zone périurbaine. L’utilisation du téléphone portable montre bien une volonté de vouloir sortir de cette
situation et elles sont à cheval entre la mondialisation avec l’utilisation des nouvelles technologies
(modernité) et l’informel.
6.2
Mme Thérèse Mbaye, Vice-Présidente du Réseau National des Femmes
Rurales du Sénégal
Mme Thérèse Mbaye, Vice-Présidente du Réseau National des Femmes Rurales du Sénégal, a
soulevé les problématiques du développement local au Sénégal. Le constat observé souligne que les
femmes sont actives dans la sphère économique mais doivent faire face à beaucoup de contraintes
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et beaucoup d’obstacles. Selon elle « qui dit développement local dit égalité des sexes ». Elle
interrogea les participants sur les modes possibles de contribution des femmes dans l’économie
nationale et demande « Est ce à elle que nous pensons ? Est-ce elle que nous voulons inclure ? ». Un
autre problème soulevé par Mme Mbaye est le manque de la prise de conscience par les femmes de
leurs propres valeurs en termes de production de richesses et de potentiel. D’autre part, ces femmes
qui sont à la base ne se rendent pas compte de leurs droits et manquent aussi de capacités
organisationnelles pour revendiquer leurs droits. Malgré les actions entreprises, ces notions sont
diffuses : “elles n’en savent rien”.
6.2
Mme Marie Hélène Bouda, Ex-Maire de la Commune de Bakata, Burkina Faso
Mme Marie Hélène Bouda a salué la présence des femmes rurales dans le public et a relaté les
difficultés rencontrées en tant que femme et Maire de la Commune de Bakata.
Selon elle, « Qui dit développement local dit égalité des sexes », Mme Bouda a également mis
l’accent sur les principaux obstacles rencontrés par les femmes notamment l’accès à la terre et aux
instances de décisions : “Les femmes ne sont pas là où les choses se décident”.
Les initiatives mises en œuvre au Burkina Faso ont visé à créer des cellules dans les villages afin que
les habitants puissent échanger. Les retours de cette expérience montrent qu’il faudrait ramener ces
groupes aux cellules nationales mais aussi créer une alliance entre pays. Le travail en réseau a une
place majeure dans la résolution des problèmes locaux. Les femmes font beaucoup d’efforts avec des
retours assez faibles. Le défi qu’elle a eu à relever est principalement la recherche de fonds de
développement pour appuyer les femmes, le PNUD a pu offrir un appui financier au regard des
activités et demandes provenant de la base.
6.3 Mme Christel Alvergne, Directrice-adjointe Financement du Développement
Local, UNCDF
Suite à cette intervention, la parole a été donnée à Mme Christel Alvergne, Directrice-adjointe
Financement du Développement Local, UNCDF qui a commencé ses propos en rappelant le rôle de
l’UNCDF dans la question du développement local et sa volonté à financer des activités de femmes.
L’UNCDF se veut être un partenaire technique et financier. Mme Alvergne s’est ensuite adressée à
l’assemblée en faisant référence à une métaphore : « Est ce que vous savez ce qui fait la spécificité du
tango ? » La femme fait la même chose que les hommes mais en arrière et à talons haut ».
Cette image a permis de mettre l’accent sur la réalité des femmes qui d’un point de vue économique
sont aussi efficaces voir plus que les hommes. Des données édifiantes telles que « 67% des heures de
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travail dans le monde sont réalisées par les femmes et elles ne tirent que 10% des revenus » ont
permis de tourner le débat vers les raisons des inégalités existantes et des leviers possibles. D’autre
part, Mme Alvergne a insisté sur le fait que les collectivités locales doivent participer à
l’émancipation des femmes. La création d’une maison de développement local à Louga au Sénégal a
été citée comme un exemple de réussite. En effet, suite à une levée de fonds du PNUD, cet espace a
été créé pour servir de lieu de dialogue et ainsi favoriser une meilleure connaissance et expression
des besoins des femmes. Ce projet a permis de démontrer que les femmes peuvent être des parties
prenantes dans un contexte de développement local et inclusif.
Plusieurs étapes sont à franchir pour faire évoluer l’attitude envers les femmes et les faire passer du
niveau micro au niveau macro. Mme Alvergne a ainsi invité l’assemblée à s’inspirer du modèle du
Zimbabwe présenté par la Représentante de l’Ambassade du Zimbabwe à Dakar. Le Zimbabwe est
sur la bonne voie en termes d’inclusion financière. En effet, le Ministre des Finances du Zimbabwe a
annoncé qu’une banque dédiée aux femmes allait être établie. Le financement est très important.
6.4 Mr Abdourahmane Sarr, Expert, Sénégal Mr Abdourahmane Sarr constate d’un point de vue économique le manque d’argent en termes
d’accès aux financements. La décentralisation administrative est bien avancée, cependant elle ne
l’est pas au niveau des fonds, ni d’un point de vue fiscal. La décentralisation permettrait que les
services publics soient plus proches de la population. Mr Sarr s’est adressé à l’audience en
demandant s’il existait des solutions innovantes et alternatives pour faire face à cet obstacle. Il est
revenu sur l’image de la jeune fille qui vient en ville pour chercher un revenu monétaire. Selon lui, le
travail des femmes est un travail d’autosuffisance, il n’est pas rémunéré. Pour avoir des ressources, il
faut des apports, l’économie de subsistance ne suffit pas. Toutefois dans nos pays les gouvernements
centraux ont accès à la fois aux apports et ressources budgétaires. En outre, dans nos pays la moitié
de la population n’est pas bancarisée. Les banques commerciales, créent de la monnaie. Au Sénégal,
95 % de la population n’est pas bancarisée, ce qui explique les difficultés d’accès au MACRO crédit. La
bancarisation du grand nombre nécessite des investissements structurants – investissement lourd,
des ressources importantes.
7.
Cérémonie de clôture
Lors de la cérémonie de clôture, les participants ont exprimé toute leur satisfaction par rapport au
déroulement de cette table ronde. Selon eux, la discussion qui a eu lieu était très importante et
enrichissante et elle a surtout mis en avant les difficultés rencontrées par les femmes africaines au
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quotidien. Le panel a pu non seulement ramener à l’ordre du jour des questions anciennes mais
également mettre en évidence de nouvelles problématiques et susciter la réflexion sur des
thématiques clés.
Les participants ont saisi l’occasion pour formuler quelques recommandations qui pourraient
contribuer à la mise en œuvre d’un cadre favorable à l’égalité des sexes et l’autonomisation
économique des femmes.
Enfin, Mme Yassine Fall, Experte Economiste à ONU Femmes a procédé à la clôture de la table ronde
en remerciant toutes les femmes et en particulier celles venues des zones rurales celles de la région
de leurs participations. Elle a rappelé que le programme IELD est un programme conjoint qui
permettra à tous les partenaires d’unir leurs forces et connaissances pour une même cause. Son
intervention s’est achevée par une prise de conscience qui rappelle l’audience qu’‘il y a 20 ans que
s’est tenue la Conférence de Beijing, il y a 20 ans les Etats ont fait des promesses. Il est temps que la
croissance, pour être inclusive doit se refléter dans le vécu des personnes qui en ont le plus besoin. Il
faut créer un espace de consultation qui permettent aux gouvernements d’écouter les femmes et de
mettre en place des outils d’accompagnement”.
8.
Recommandations

Les femmes doivent aller vers une prise de conscience de leurs droits et capacités. Au
Sénégal, la loi sur la parité est effective cependant il faut renforcer leurs capacités. Le
principe d’égalité et de droit doit être accentué.

Les femmes doivent être libérées au regard des freins économiques et sociaux qu’elle
rencontre. Pour ce faire, il a été recommandé de créer une ligne budgétaire uniquement
allouée aux femmes et aux problématiques de développement et besoins spécifiques
qu’elles auront identifié. « On est mieux servi que par soi-même... ».

Il faut conserver l’appui des organisations des Nations Unies (PNUD, UNICEF, PAM, ONUFEMMES) dans la recherche de fonds pour les activités structurantes des femmes.

Pour faire face à la difficulté d’accès aux financements, il a été suggéré de favoriser le
réseautage. Ainsi, il faudrait encourager le regroupement en filières ou amener les
gouvernements à élargir les filières existantes car les banques ne peuvent pas allouer des
fonds à tout le monde de façon individuelle. Les femmes doivent pouvoir bénéficier
davantage des opportunités offertes par la vie associative.

En termes de financements innovants, il serait intéressant d’évaluer les diverses possibilités
qui existent à ce jour : monnaie « virtuelle » avec les téléphones portables.
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
Les gouvernements et collectivités locales ont un rôle important à jouer dans l’amélioration
des conditions de vie des femmes y compris leurs équipements dans les maisons, de leur
accès à l’eau, à des infrastructures adaptées à leurs besoins, à l’éducation, à la planification
familiale. Les conditions dans les ménages ne favorisent pas les femmes, elles sont
responsables de nombreuses activités domestiques. Des solutions alternatives devront être
développées afin que le temps alloué aux tâches domestiques soit réduit, leur laissant ainsi
l’opportunité de se consacrer à des activités génératrices de revenus.

La promotion de l’entreprenariat féminin en augmentant, le capital financier, et en libérant le
potentiel des femmes a aussi été préconisé. Les banques et instituts financiers doivent
assurer un meilleur accompagnement à long terme.

Il faut OSER sortir du cadre habituel et aller d’un pays à l’autre. Le cadre de la CEDEAO
favorise la libre circulation des biens et des personnes. Cependant tous les mécanismes interrégionaux doivent être renforcés puisque la réalité est différente.

Il est recommandé d’accorder davantage d’importance à la participation des femmes. Il
faudrait préserver des activités uniquement pour elles et mettre en place des plans locaux de
développement

L’éducation et la formation sont capitales pour cette cible. L’analphabétisme engendre des
problèmes concernant l’accès aux informations et complique les actions en lien avec les
activités. La lutte contre l’exclusion doit se faire d’abord en utilisant les langues des pays
concernés.
Mme Bouda a proposé que le Mali, le Burkina-Faso et le Sénégal, fassent partis des pays cibles pour
la mise en place des nouvelles recommandations.
9.
Paroles et citations clés des participants
“Les femmes doivent être des actrices à part entières en ce sens que l’expression de leurs besoins
doit venir directement de ces dernières. Il faut veiller à ce que les femmes participent à l’activité de
réflexion, elles doivent être là où les choses se décident. Il faut trouver des réseaux plus larges que
les réseaux nationaux. Il faut que les femmes tissent des liens entre pays. Il faut une amélioration de
la communication à la base, cela passe par les radios communautaires, c’est un outil qui permet de
véhiculer l’information comme on veut.” Mme Bouda, Ex-Maire de la Commune de Bakata, Burkina
Faso.
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“Les femmes doivent oser. Les femmes savent bien mener les affaires.” Mme Anne Ouloto, Ministre
de la Femme et de la solidarité Nationale de la Côte d’Ivoire.
“Les femmes doivent prendre conscience de leurs droits et savoir les revendiquer. Les femmes sont
indispensables à la vie de la société. Investir dans les femmes revient à créer un levier
multiplicateur”, Mme Fatoumata Diarra, Economiste, Mali.
“Quand on voit la composition de la salle on se rend compte que les choses vont changer.” Mr
Bouraima, UNFPA.
“Le développement local est à mon avis la réponse mais il faut le faire avec les femmes. Il est temps
de prendre le genre comme une composante sociale et dépasser la dimension sexuée. La
programmation du développement local vise au développement d’infrastructure, d’écoles de marché
de routes et de centres communautaires. Il faut proposer des budgets participatifs et amener les
femmes dans l’élaboration du budget.” Seynabou Sy, Mouvement Yen a Marre.
“Nous savons qu’au niveau local les femmes ne se retrouvent pas. Il faut travailler à la base. Si on ne
se regroupe pas ça ne marche pas. Il faut qu’on se regroupe, qu’on se coordonne ; Il y a un problème
de solidarité, « on se demande comment accéder à la terre. Si une seule se bat pour la terre et l’autre
dit on s’en fiche, ça n’avance pas, de retour chez nous on doit toutes en tirer une leçon et en parler. Il
faut s’unir. Ce n’est pas un combat contre les hommes mais à côté des hommes.” Mme Yassine Fall,
ONU Femmes.
“Les femmes ne se rendent pas compte de leur contribution économique. La prise de conscience des
femmes dans leur participation économique est à travailler. Les téléphones portables peuvent être
un levier. Le développement local sera une opportunité.” Mme Mbarou Gassama Mbaye, ONU
Femmes.
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