Jacqueline Dalais. Un nom, une institution. Mais plus encore, une
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Jacqueline Dalais. Un nom, une institution. Mais plus encore, une
Jacqueline Dalais Jacqueline Dalais. Un nom, une institution. Mais plus encore, une Grande Dame. Un subtil mélange de noblesse de coeur et de volonté. Voilà plus de 40 ans que Jacqueline Dalais assouvit sa passion culinaire, franchissant bon nombre de ponts d’Arcole et forgeant sa réputation, qui lui vaut la reconnaissance de toute la profession. Son histoire s’inscrit dans celle de l’Ile Maurice, illustrant avec brio la vie de cette île aux multiples facettes où tout est possible. Une île qui peut s’enorgueillir d’avoir vu naître celle qui est aujourd’hui la papesse de la cuisine mauricienne et qui fait la fierté de tous. Jacqueline et Cyril Dalais 56 | CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 56 | SILENCE no.19 mai 2011 5/2/11 5:57 PM gourmand ITINÉRAIRE et p imenté FINE DINING, THE SPICE OF LIFE C’est sur un petit îlot à quelques encablures du rivage de Trou d’eau douce que tout commence. Lors d’une de ses tournées dans ses plantations de cannes à sucre, Henri Wiehé, dit le Père Coco, grand-père maternel de Jacqueline Dalais, tombe en arrêt devant un îlot rocheux. Perdu au milieu d’un lagon bleu cristallin époustouflant, il se pose telle une pépite qui n’a pas encore révélé toute sa beauté. Eperdu d’amour pour sa femme Hilda, le Père Coco décide de lui offrir ce bijou alors appelé l’île aux lièvres. Il en fait l’acquisition en 1915, moyennant le loyer d’une roupie par mois sur un bail de 60 ans. L’île aux lièvres est alors rebaptisée par Hilda l’îlot Touessrock en souvenir de leur Bretagne natale où se trouvait une autre île : Tuerocs. L’habitation est sommaire : ni électricité, ni eau, mais la mer est abondante et foisonne de langoustes d’huîtres et poissons, de coquillages comme les hâches d’armes…. Simplicité et générosité de la vie. Le père It all began on a small islet a stone’s throw from the shore at Trou d’Eau Douce. Whilst he was doing the rounds of his sugarcane plantations, Jacqueline’s maternal grandfather, Henri Wiehé, known as Père Coco, pulled up short in front of a rocky islet. Almost lost in the midst of a stunning and crystal-clear blue lagoon, it was a bit like a small nugget of gold – it’s not at first glance that you realise how beautiful it is. Very much in love with his wife, Hilda, he decided to give her this little gem, known at the time as Ile aux Lievres (Hare Island). He bought it on a 60-year lease in 1915, paying a land rent of a rupee a month. Hilda renamed the island Ilot Touessrock in memory of their native Brittany and the tiny island there known as Tuerocs. Their dwelling was very basic, with no electricity or mains water. But the sea was full of lobster, haches d’armes (a kind of mussel), oysters, and fish. It was a simple but fulfilling existence. Her father, Coco, took A Grande Dame; by now an institution, Jacqueline Dalais is a wonderful combination of human warmth and sheer willpower. For more than forty years she has cultivated and developed her passion for good food. Her path has not always been easy, but she has earned recognition and a solid reputation in her profession. Her story is a brilliant illustration of living in Mauritius - a multi - faceted island nation where anything is possible. Indeed, the island can be proud of having nurtured someone who is today the high priestess of Mauritian cuisine. J. Dalais dans la cuisine de la Clef des Champs CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 57 | SILENCE no.19 mai 2011 | 57 5/2/11 5:57 PM Coco n’a pas son pareil pour honorer ce que la vie lui offre. Ici on cuisine, on fait mijoter les bons petits plats… Bien manger et partager, telle pourrait être la devise de la famille et dès sa plus tendre enfance, Jacqueline est bercée par ces valeurs essentielles qui font la richesse de l’être humain et qui resteront les siennes. Les amis, les amis des amis viennent et reviennent déjeuner. Il faut dire que dans la famille on aime être entourés, on aime recevoir et le bouillon du Père Coco a ses aficionados. La table ne désemplit pas et c’est tout naturellement qu’une petite auberge avec cinq chambres voit le jour. 1940, la deuxième génération prend alors le relai et perpétue la tradition familiale du bien-manger. Noël Daruty de Grandpré, père de Jacqueline, dont la bonhomie n’a d’égale que son amour de la table, laisse encore un souvenir ému de sa langouste Touessrok avec la sauce Dawaï dont le secret est gardé. Hormis cette confidence : il y a du Noilly Prat ! Jacqueline grandit dans cette atmosphère familiale et conviviale en aidant sa mère, s’initiant à cette cuisine aux saveurs de la mer, aux épices gourmandes… Et reste très proche de sa grand-mère qu’elle vénère. A 15 ans, le caractère se devine : trempé, unique ! Alors que toutes les jeunes filles se voient offrir une chevalière pour leur anniversaire, Jacqueline demande… une batteuse électrique ! Premier pas vers une longue carrière de renom qui mettra encore quelques années avant de s’exprimer. Car à 19 ans, Jacqueline prend un chemin de traverse et rentre au couvent pour devenir religieuse ! Mais après onze mois de spiritualité, force est de constater que les voix du Seigneur peuvent être impénétrables. Sa vocation est ailleurs, même si elle ne sait pas encore laquelle! De cette parenthèse religieuse, elle gardera plus que jamais cette bienveillance qu’elle a pour les autres. Nous sommes en 1966. Jacqueline rencontre alors Cyril Dalais qui deviendra son mari quelques mois plus tard - un mariage d’amour scellé par la naissance de quatre enfants. Cyril Dalais, fort de son expérience en construction et ingénierie est lui aussi gagné par la ferveur familiale du Touessrok. Avec Jacqueline, ils vont donner un nouveau souffle à cet îlot paradisiaque où bancs d’huîtres, cerfs sur la plage, barachois, four à chaux expriment toute une culture mauricienne. Ils rachètent le Touessrok en 1969, construisent un hôtel de 14 chambres. Jacqueline, revenant à ses premieres amours, trouve naturellement sa place dans cette cuisine qu’elle affectionne. Elle compulse les livres de recettes, s’imprègne des conseils de sa mère, échafaude des plats derrière ses fourneaux. Autodidacte et pleine de talents, l’histoire est en marche ! A eux deux, ils mènent pendant plusieurs années tambour battant ce qu’ils appellent avec amour le Touessrok 2 tandis que naissent les trois premiers enfants ! L’île Maurice, depuis son indépendance en 1968, s’ouvre petit à petit au tourisme. La côte Est, sauvage, attire les amoureux 58 | CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 58 Jacqueline Dalais avec Jacques Brel full advantage of what nature offered, preparing good food and conjuring up delightful little dishes. The family motto might have been “Eat Well and Share”. From her youngest days, Jacqueline was brought up with such values, together with an enjoyment of life that she always held dear. Friends, and friends of friends would come again and again for lunch. The family liked to be surrounded by friends, and served them Coco’s casseroles - the dining table always seemed to be in use. Thus it was hardly surprising that the idea of a small guesthouse with five bedrooms germinated. In 1940, the second generation took over, perpetuating the family tradition for fine dining. Noel Daruty de Grandpré, Jacqueline’s father, whose good nature was rivalled only by his love of good food, left a memorable souvenir - his Touessrok lobster with Dawaï sauce. His recipe remains a family secret apart from one ingredient: it contains Noilly Prat. Jacqueline grew up in this warm family atmosphere, helping her mother and learning the art of finely-seasoned seafood cuisine. She remained very close to her grandmother, whom she greatly admired. By the time she was 15, her character was becoming clear – determined and individual. When other girls were given a signet ring for their birthday, Jacqueline asked for an electric beater – the first step on a long and famous career. However, it was to be some time before that career developed. When she was 19, her life took a turn when she entered the noviciate. After 11 months of the spiritual life, however, she had to admit that the Lord moves in mysterious ways, sometimes beyond her comprehension. Her vocation clearly lay elsewhere, even if she was as yet unsure | SILENCE no.19 mai 2011 5/2/11 5:57 PM des plages et des lagons. Le Touessrok conquiert sa renommée grâce à sa table, à tel point que Jacques Brel viendra y séjourner ! Mais ces années de bonheur vont être meurtries à jamais en 1975 lorsque Cyril Dalais apprend qu’il est atteint d’un cancer. La gravité du diagnostic les oblige à quitter l’île Maurice pour aller en Grande Bretagne où ils y passeront trois ans. Déterminés à vaincre cette maladie, ils font face et font front. Jamais ils ne flanchent, convaincus de sortir vainqueurs de cette épreuve que la vie leur impose. Malheureusement les soins coûtent cher, Jacqueline et Cyril doivent se résoudre à vendre Touessrok. Qu’importe, ils reconstruiront autre chose ailleurs, d’autant plus que l’état de santé de Cyril semble s’améliorer et Jacqueline attend un quatrième enfant. Ce sera une fille ! Le dernier rayon de soleil de Cyril Dalais car la maladie sera la plus forte. Le 28 décembre 1978, Cyril s’éteint, laissant Jacqueline avec ses quatre enfants dont l’aîné a sept ans et la dernière six mois. Désormais elle est seule pour tout affronter et puise au plus profond d’elle-même cette force indéfectible qui ne lui fera jamais défaut. Malgré le chagrin, la peine, Jacqueline n’est pas de celles qui renoncent. Son beau-père fait construire une grande cuisine attenante à la maison lui permettant d’exercer une activité de traiteur tout en s’occupant de ses enfants. Mais retranchée dans sa cuisine, sans cette clientèle qu’elle aime recevoir, elle s’étiole. Jacqueline est une femme de coeur, qui aime parler, partager… Elle décide d’aller voir son beau-père pour lui faire part de son projet. Mais à l’aube des années 80, et plus encore à l’Ile Maurice, le statut de la femme est encore celui d’une épouse dévouée à ses enfants. La libéralisation des mœurs n’a pas encore totalement franchi les barrières des tabous. Lorsqu’elle annonce à celui-ci qu’elle veut ouvrir une crêperie à Curepipe, le refus est total et sans appel. Jacqueline fait fi de ce couperet, se retrouve au banc de la famille, sans ressource mais plus que jamais prête à déplacer des montagnes. Déterminée, Jacqueline s’installe et ouvre le Petit Gourmet en 1980. Les enfants sont encore petits et pour assurer leur éducation elle vend voiture et bijoux. Sa richesse est en elle : son talent culinaire qu’elle va désormais exercer pour ne cesser de l’améliorer. Pendant cinq ans, elle s’acharne, développe son business, tisse une relation avec chacun de ses clients dont bon nombre devient des amis. La clientèle se presse au petit Gourmet où se côtoient les personnalités politiques et toute la mosaïque culturelle qui fait l’âme de l’île Maurice. Pas une réception ne se déroule sans faire appel au service traiteur de Jacqueline. Devant une telle ténacité teintée de réussite, son beau-père rend les armes et lui reconnait son admiration. Belle reconnaissance de cœur pour cette femme que la vie n’épargne pas mais qui n’a de cesse de se battre. Rien ne l’arrête, tout comme ce jour où Sir Anerood Jugnauth et Vishnu Lutchmeenaraidoo décident de quite where. Still, her religious interlude reinforced her natural kindness towards other people. On then to 1966, when Jacqueline met Cyril Dalais, whom she married several months later. It was a lovematch sealed by the birth of four children. Cyril Dalais was won over by the family love of Touessrok. An experienced civil engineer, with Jacqueline he was to give a new lease of life to the heavenly little island with its oyster banks, deer roaming on the beach, its barachois (a Mauritian term for fish-breeding grounds within a lagoon) and its kiln, all representing a particular and very Mauritian way of life. They bought the Touessrok in 1969 and built a 14-room hotel. Jacqueline, returning to her first love, naturally enjoyed cooking the food she loved. She consulted cookery books, absorbed the advice given by her mother and devised dishes as she leant over her cooking range. Self-taught but full of talent, she settled down to the running of what they liked to call Touessrok 2 for several years, whilst dealing with the birth of their first three children. After its independence in 1968, Mauritius gradually started to open itself up to tourism. The undeveloped East Coast attracted people to its lagoons and beaches. The Touessrok built up a reputation for its food to such an extent that the famous Belgian singer / songwriter Jacques Brel came to stay there. But the happy years were not to last. In 1975, Cyril was diagnosed with cancer. His condition was sufficiently serious that he had to go for treatment in Britain, where he stayed for three years. Together, they were determined to fight, convincing themselves that they would emerge victorious from the hardships that life had imposed on them. Unfortunately, healthcare costs money and Jacqueline and Cyril had to sell Touessrok. They consoled themselves with thoughts Marie et Noël, dit Nello Daruty de Granpré CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 59 | SILENCE no.19 mai 2011 | 59 5/2/11 5:57 PM Avec François Mitterand venir au Petit Gourmet avec une délégation de 27 personnes. Mais la salle du restaurant est trop petite ! Rien ne l’effraie. Avec audace et conviction Jacqueline va voir son propriétaire et le persuade de casser les murs ! Au petit Gourmet, Jacqueline se taille une solide renommée mais elle veut aller plus loin encore. Passionnée par ce métier qu’elle aime, Jacqueline entame une nouvelle page de sa vie en 1985 en reprenant la maison Oxenham. Au sein de cette magnifique maison créole, Jacqueline ouvre le Grand Gourmet où elle va asseoir sa réputation et développer avec talent la cuisine mauricienne qui selon elle n’est autre que la cuisine française qui parle créole ! Joli clin d’œil de parcours quand on apprend que dans le jardin est édifiée une réplique de la Tour Eiffel ! Le Grand Gourmet devient « The Place to be », l’incontournable adresse gastronomique mauricienne où il faut réserver pour déguster les fameux camarons sauce rouge sur palmiers braisés, le cochon marron, le civet de lièvre ou encore le rougail. Autant derrière ses fourneaux qu’en salle, elle accueille, comme aujourd’hui, chacun de ses clients pour mieux les connaître, mieux les conseiller et leur servir ce qu’ils aiment. Un mot pour chacun, un aparté, une attention, la convivialité est de mise. Avec Jacqueline, c’est le cœur qui parle et l’assiette est pleine de saveurs et d’émotions. Gaëtan Duval, alors Ministre du tourisme, sillonne l’Europe pour faire découvrir son île avec panache et grandeur. L’île Maurice devient la destination de vacances du gotha et des personnalités du monde entier qui lors de leur séjour viennent diner… chez Jacqueline ! C’est ainsi que la Princesse Anne, Le Prince Edward, Graça Machel (l’actuelle épouse de Nelson Mandela), Margareth Thatcher, ont fait les 60 | CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 60 of starting fresh, especially as Cyril’s health seemed to be improving, whilst Jacqueline was expecting their fourth child. The little girl was Cyril’s last ray of sunshine, for he passed away at the end of 1978, leaving Jacqueline with four children; the eldest aged seven and the youngest just six months. Left on her own to deal with everything, she drew on an unswerving inner strength that has always kept her going. Despite grief and sorrow, Jacqueline was not going to give up. Her father-in-law built her a large kitchen adjoining the house so that she could run a catering service while looking after the children at the same time. A warmhearted woman, Jacqueline felt suffocated stuck in her kitchen, without guests to welcome and talk to. She asked her father-in-law for support for a new project – opening a pancake house in Curepipe. But, in the early 1980s, and even more so in Mauritius, a woman’s place was in the home, looking after her children. There were still areas where there could be no debate. He turned the idea down flat. Jacqueline ignored the set-back. She might be sidelined by the family and without financial resources but she was more than ever ready to move mountains. She remained determined and set up and opened Le Petit Gourmet in 1980. The children were still young and, to make sure they got a decent education, she sold her car and jewellery. Her richness was within her: her culinary talent that she would employ from then on, continually developing her skills. For five years she persevered, developed her business and built up a relationship with her customers, many of whom became her friends. People flocked to Le Petit Gourmet where political personalities ate side-by-side with people from all parts of the Mauritian melting pot. In addition, Jacqueline catered for reception after reception. Faced with such tenacity, not to mention her success, her father-in-law surrendered and expressed his admiration for her. It was a wonderful tribute to a woman to whom life had not been particularly kind but who had never given up. Nothing could stand in her way now! When the then Prime Minister and the Minister of Finance, Sir Anerood Jugnauth and Vishnu Lutchmeenaraidoo, decided to bring 27 people to the restaurant Jacqueline knew that Le Petit Gourmet was too small for so many. Undaunted, with her typical audacity and sense of conviction, she went to see her landlord and persuaded him to knock down a few walls to enlarge the space! She built up a solid reputation at Le Petit Gourmet but she wanted to take her enthusiasm for her profession further. Jacqueline embarked on another chapter in her life in 1985, taking over the Oxenham family home. In the magnificent Creole-style house, she opened Le Grand Gourmet where she would further build her reputation. She crafted a Mauritian cuisine | SILENCE no.19 mai 2011 5/2/11 5:57 PM honneurs de la table de Jacqueline. Les anecdotes sont nombreuses et la confidentialité de mise. Mais on ne saurait faire l’impasse sur la venue de François Mitterrand qui repartira avec des brèdes cuisinées par Jacqueline auxquelles il a succombé ! L’histoire aurait pu continuer longtemps au Grand Gourmet mais…. en 1991 s’ouvre le Domaine des Pailles qui mettra en scène l’histoire de l’île Maurice au XVIIème et XVIIIème siècle au sein d’une grande maison coloniale et d’une ancienne sucrerie. Jacqueline revend le Grand Gourmet et accepte de devenir Directrice de la restauration du domaine qui accueillera plusieurs restaurants dont le Clos Saint Louis. Nouveau cap dans une vie déjà bien riche. « Je monte le projet, collabore à toutes les étapes de la conception, je voyage pour trouver des chefs, j’élabore les cartes ». Jacqueline poursuit son œuvre : faire découvrir la cuisine mauricienne en ne cessant de la revisiter pour toujours mieux la sublimer. Sa clientèle du Grand Gourmet la suit… Le succès est là ! Mais c’est un nouvel épisode douloureux que Jacqueline s’apprête à vivre. Un différend avec les propriétaires l’oblige à quitter le domaine. Battante mais pas guerrière, Jacqueline se relève une fois de plus après deux années de traversée du désert, la tête haute. Un mal pour un bien… Un chef ne rend jamais son tablier ! 1996, dans le quartier résidentiel de Curepipe à Floréal, Jacqueline pose une nouvelle pierre à son édifice de vie. Entrepreneuse, dotée d’un tempérament de fer, aidée par des amis de toujours comme Yvan Lagesse, Jean-Marc Harel, Nano Adam, Tiburce Plissonneau Duquene ou encore son chef qui reviendra de Rodrigues pour elle, Jacqueline ouvre La Clef des Champs. Un nom qui résonne et qui porte en lui l’optimisme forcené de Jacqueline Dalais. « J’ai choisi ce nom qui évoquait la clef de ma nouvelle vie, les champs comme un appel à l’émancipation où l’horizon est vaste ! ». L’adresse se veut confidentielle pour être encore plus qualitative… Jacqueline Dalais et J.M Harel which according to her is “French cuisine that speaks Creole”! There was a nice touch too in the garden, with a model of the Eiffel Tower. Le Grand Gourmet became The Place To Go for fine Mauritian dining, where you had to book if you wanted to try her famous Camarons sauce rouge sur palmiers braises (giant water prawns in a red sauce with braised palm heart), Cochon marron (wild boar), Jugged hare or Rougaille (a savoury accompaniment). Often in the kitchen, she also spent a lot of time in the dining room, where, just as now, she would receive her guests so that she could get to know them, advise them and serve them with dishes they would enjoy. She has always had a word for everyone, a little aside and a spot of personal attention, everything that makes for a warm atmosphere. Jacqueline puts her heart into everything, and this is reflected in the flavours of her dishes. Gaetan Duval, the then Tourism minister and a largerthan-life character, used to travel around Europe to promote the country in his own flamboyant style. Mauritius became the holiday destination for high society and personalities from all over the world, who would come to dine at Jacqueline’s during their stay. Princess Anne, Prince Edward, Graça Machel (now married to Nelson Mandela) and Margaret Thatcher have all graced her tables. There must be plenty of anecdotes that could be told but they are kept confidential. However, we do know that Francois Mitterand dined there – and left with some bredes (local green leaves) that Jacqueline had cooked, to which he had taken a strong liking. Le Gourmet could perhaps have run on and on but, in 1991, the Domaine des Pailles was opened, a small estate in a historical setting, centred around a large colonial mansion and a former sugar factory. Jacqueline sold Le Grand Gourmet and agreed to take on the running of the Domaine’s restaurants, including the Clos Saint Louis. It was a new step in a life in which she had already accomplished so much. “I helped to set things up, was involved in all the design stages, travelled to find suitable chefs and put the menus together.” Jacqueline continued with her task of spreading the word about Mauritian cuisine, continually working on her recipes to make the food even more delicious. Her customers followed her there from Le Grand Gourmet – and success also followed. But Jacqueline was to suffer further tribulations. She and the owners fell out and she had to leave the Domaine. However, she was to emerge again 2 years later, head still held high. Good chefs never hang up their aprons! Enterprising and determined, and with help from long-standing friends such as Yvan Lagesse, Jean-Marc Harel, Nano Adam, Tiburce Plissonne au Duquene and her chef who returned from Rodrigues just for her, Jacqueline opened her new restaurant in the residential district of Floreal in 1996. CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 61 | SILENCE no.19 mai 2011 | 61 5/2/11 5:57 PM Jacqueline porte une attention et un soin particulier au set up. « J’aime que les gens se sentent chez eux » et pour mieux les recevoir chez elle, les nappes sont brodées à l’effigie de la maison, les couverts et assiettes porteront ses armoiries, celle de la famille Daruty de Grandpré. Comme un hommage à ses parents. La carte virevolte sur la tonalité de la haute gastronomie que Jacqueline maîtrise à la perfection. Mais il faut tout reconstruire à nouveau, retrouver sa clientèle… Les journées sont denses pour Jacqueline qui ne s’accorde aucun répit. Habitée par sa passion, elle enjambe les obstacles et les embûches sans jamais laisser place au découragement. A la tête de son équipe, elle fait d’un repas une fête du palais, c’est l’enchantement des papilles avec la prééminence du goût des épices, des produits frais. « L’île Maurice recèle de trésors gustatifs. Je crée, j’innove, je teste ». Il n’est pas rare qu’elle se réveille dans sa courte nuit pour noter un détail de recette… Comme tous les mardis et vendredis, Jacqueline se rend au marché de la foire de Vacoas qui ouvre ses portes à six heures du matin. Elle connait tous les maraîchers qui lui réservent le meilleur de leurs productions. Le panier se remplit d’arouilles, manioc, fruits à pains, patates douces. Jacqueline est toujours aussi émerveillée par les variétés de légumes tels les chouchous, brèdes, jacques, embrevades, lalos, patol, pipengayes qu’elle accommode pour accompagner à l’époque de la chasse, le civet de cerf ou le cochon marron. Au fil des années, sa persévérance, sa foi en elle et son indiscutable talent sont une fois de plus récompensés. La Clef des Champs lui ouvre le chemin d’un nouveau succès, d’une nouvelle réussite. Aux champs et à la ville elle s’impose, appréciée par toutes les communautés mauriciennes. Son service traiteur reste le must de toutes les réceptions. Jacqueline met une corde de plus à son arc et crée un service de consulting où elle prodigue ses conseils auprès des compagnies aériennes. Au cœur de la vie mauricienne, en virtuose, elle mène la valse gourmande tel un chef d’orchestre. Ici et là, à croire qu’elle a le don d’ubiquité car tous les soirs elle continue d’accueillir ses clients qu’elle ne sait recevoir qu’en amis ! Soucieuse et désireuse de faire découvrir la tradition culinaire mauricienne aux touristes, elle a ouvert quatre tables d’hôtes : Le Domaine de Saint Denis, Le Domaine de Mare Longue, La ferme de Mont Choisy et le Cerf d’Or. Des étapes gourmandes au charme et au caractère d’un Maurice d’antan mais bien vivant ! Sauvegarder, perpétuer, partager, transmettre : une vocation pour Jacqueline. Depuis quatre ans, elle travaille avec Nizam Peeroo et Mike Panyenmootoo à l’écriture de « Vié caraille » qui paraitra fin 2011. Un livre de recettes ancestrales et de références, le patrimoine gustatif de l’île Maurice, pour ne pas oublier la richesse gourmande parfois méconnue de ce pays. Inépuisable, ses journées ressemblent à des marathons mais c’est dans cette frénésie qu’elle s’épanouit. 62 | CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 62 La Clef des Champs is an evocative name which reflects Jacqueline’s undaunted optimism. “I chose the name which would be the Key to my new life and the Fields with their endless horizons as a response to my liberation.” To add to its quality, the location is far from the madding crowd. Jacqueline took great care over the interiors - “I like people to feel at home”. To this end, the napkins are embroidered with a likeness of the building, and the cutlery and plates carry the coat of arms of the Daruty de Grandpré family, in honour of her parents. The menu revolves around the fine dining which is Jacqueline’s speciality. However, she had to start from scratch to build up her clientele again. Each day brought a heavy programme, but Jacqueline kept her nose to the grindstone. Her passion carried her forward and, whatever obstacles or pitfalls stood in her way, she refused to be discouraged. At the head of her team, she turned each meal into a palatial feast, delighting guests’ taste buds with her seasonings and fresh produce. “Mauritius is a treasure trove with an abundance of flavourful ingredients. I create, I innovate and I try things out.” She often wakes up during her short nights to note down a detail for a recipe. Jacqueline goes to the Vacoas market, which opens at 6am each Tuesday and Friday. She knows all the market gardeners, who keep the best produce for her. Her basket is full of yams, cassava, pine nuts and sweet potatoes. Jacqueline always marvels at the variety of vegetables available, like chayotes (chou-chou), bredes (local greens), jackfruit, embrevades (lilva beans), lalos (okra or ladies’ fingers), patoles (pointed gourd) and pipengayes (ridge gourd), all of which she prepares to go with braised venison or cochon marron when in season. La jetée du Touessrok | SILENCE no.19 mai 2011 5/2/11 5:57 PM A la tête d’une entreprise de soixante personnes, c’est aussi cent vingt familles en extra qu’elle fait vivre. Ses collaborateurs ne tarissent pas d’éloges et l’appellent Mame… « C’est une battante, elle est l’incarnation du livre Secrets ». Son énergie emmène tout le monde. Son exigence professionnelle est proportionnelle à sa générosité de cœur, son amour de la vie. Même dans les moments les plus difficiles de sa carrière, c’est d’abord et avant tout à ses enfants et ses collaborateurs qu’elle pense, qu’elle protège sans jamais s’apitoyer sur son sort. De ce parcours gourmand et épicé, Jacqueline Dalais s’est progressivement et définitivement imposée comme l’étoile de la cuisine mauricienne qui à son image se veut généreuse et goutée. Prononcer son nom, c’est entrer de plain-pied dans la gastronomie mauricienne. Son aura dépasse les contours de l’île Maurice et nombre de récompenses lui ont été décernées telles le Laurier d’Or de la gastronomie internationale ou celle d’Auguste Escoffier ou encore le titre de la Femme Entrepreneur de l’année 2010. Une consécration amplement méritée pour une grande dame qui a à cœur de porter haut les vertus gourmandes avec une passion enchanteresse et qu’on a retrouvé lors du Festival Bernard Loiseau en mars 2011 au Constance Belle Mare Plage. Jacqueline Dalais fait l’admiration de tous, force le respect. Chapeau bas Madame Dalais car nous sommes tous toqués de vous ! LA CLEF DES CHAMPS tel (+230) 686 3458 / 2509 ou 728 556 www.jacquelinedalais.com VALÉRIE BRUNIAU J. Dalais avec B.Le Gac et D. Grel Over the years, her perseverance, her belief in herself and her undisputed talent were once again rewarded. La Clef des Champs has earned her renewed success. She is appreciated by people from all communities in Mauritius, both town and country dwellers. Her catering service is the one to use for receptions. And Jacqueline has also added another string to her bow, namely consultancy services, particularly used by the airline industry. Here in Mauritius, hers is a virtuoso performance, as she leads her orchestra in a merry gastronomic dance. She always seems to be in several places at once, but every evening she is ready to welcome her guests –as one does one’s friends. In her desire to introduce tourists to Mauritian cuisine, she has opened four boutique establishments: Le Domaine de Saint Denis, Le Domaine de Mare Longue, La Ferme de Mont Choisy and Le Cerf d’Or. The atmosphere in all of them is perfect for fine dining, full of character and the charm of yesteryear. Persevering, perpetuating, sharing and passing on those traditions is Jacqueline’s vocation. For the last four years, she has been working with Nizam Peeroo and Mike Panyenmootoo on a book, Vié Caraille, which translates roughly as My Cooking Pot. It is a book of recipes handed down through generations, reflecting Mauritius’ culinary heritage and, not least, its gastronomic qualities that are not always as well known as they deserve to be. Indefatigable, her days seem like marathon runs, but it is such frenzy that brings her satisfaction. She now has 60 people working with her and there are another 120 families that rely on her for a living. Those working with her sing her praises and affectionately call her Mame. “She’s a fighter” they say, the incarnation of the book “The Secret”. She carries everyone along with her on a wave of energy. Her professionalism is as intense as her warm-heartedness and her love of life. Even during her most difficult moments, her concern has always been above all for her children and her colleagues, looking after them without indulging in self-pity. She has travelled far on the gourmet road and, over the years, become the star of Mauritian cuisine, which she has shown to be delicious and enjoyable whatever one’s tastes. To mention her name is to conjure up a world of fine Mauritian dining. Her renown has spread well beyond the shores of Mauritius and her awards include the Auguste Escoffier and international gastronomic awards, as well as the title of Mauritian Woman Entrepreneur of the year for 2009. She deserves the recognition she has received - a great lady, full of engaging enthusiasm, who truly believes in the virtues of good food. Constance Belle Mare Plage’s guests had the chance to meet her at the Bernard Loiseau Food Festival held at the hotel in March 2011. Jacqueline Dalais has earned universal admiration. Chefs’ hats off to you, Madame Dalais! CONSTANCE HOTELS EXPERIENCE SILENCE19_P51-66.indd 63 | SILENCE no.19 mai 2011 | 63 5/2/11 5:57 PM