MODE D`EMPLOI : ne pas ouvrir

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MODE D`EMPLOI : ne pas ouvrir
MODE D’EMPLOI :
ne pas ouvrir
Orion Giret
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Table des matières
PREAMBULE 5
Aux yeux des autres vous n’êtes
personne, vous pouvez passer
pour qui vous souhaitez
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Repérage, observation, préparation
et surveillance du lieu
25
Maîtriser les accès35
Grillages, barreaux, barrières
et leur franchissement41
Crocheter une serrure47
Les Clés :
Passe de facteur, 1101,
clé de 10 et leurs utilisations
59
Vol à l’étalage67
Garde à vue :
déroulement, conseil, et droits
75
Conseils généraux87
POST FACE95
3
4
PREAMBULE
Extrait de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
CRIMES ET DELITS COMMIS PAR LA VOIE DE LA PRESSE
OU PAR TOUT AUTRE MOYEN DE PUBLICATION
Paragraphe 1er : Provocation aux crimes et délits.
Article 23
Modifié par Loi n°2004-575 du 21 juin 2004 - art. 2 JORF 22 juin 2004
Seront punis comme complices d’une action
qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris
ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics,
soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures,
emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la
parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente
ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit
par des placards ou des affiches exposés au regard du
public, soit par tout moyen de communication au public
par voie électronique, auront directement provoqué
l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la
provocation a été suivie d’effet. Cette disposition sera
également applicable lorsque la provocation n’aura été
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suivie que d’une tentative de crime prévue par l’article 2
du code pénal.
Article 24
Modifié par Loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004 - art. 20 JORF 31 décembre 2004
Modifié par Loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004 - art. 22 JORF 31 décembre 2004
Seront punis de cinq ans d’emprisonnement et
de 45 000 euros d’amende ceux qui, par l’un des moyens
énoncés à l’article précédent, auront directement
provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait
pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions
suivantes :
1° Les atteintes volontaires à la vie, les atteintes
volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions
sexuelles, définies par le livre II du code pénal.
2° Les vols, les extorsions et les destructions, dégradations
et détériorations volontaires dangereuses pour les
personnes, définis par le livre III du code pénal.
Ceux qui, par les mêmes moyens, auront directement
provoqué à l’un des crimes et délits portant atteinte aux
intérêts fondamentaux de la nation prévus par le titre
Ier du livre IV du code pénal, seront punis des mêmes
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peines.
Seront punis de la même peine ceux qui, par l’un des
moyens énoncés en l’article 23, auront fait l’apologie
des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre,
des crimes contre l’humanité ou des crimes et délits de
collaboration avec l’ennemi.
Seront punis des peines prévues par l’alinéa 1er ceux qui,
par les mêmes moyens, auront provoqué directement
aux actes de terrorisme prévus par le titre II du livre IV du
code pénal, ou qui en auront fait l’apologie.
Tous cris ou chants séditieux proférés dans les lieux ou
réunions publics seront punis de l’amende prévue pour
les contraventions de la 5° classe.
(…)
En cas de condamnation pour l’un des faits prévus par
les deux alinéas précédents, le tribunal pourra en outre
ordonner :
1° Sauf lorsque la responsabilité de l’auteur de
l’infraction est retenue sur le fondement de l’article 42 et
du premier alinéa de l’article 43 de la présente loi ou des
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trois premiers alinéas de l’article 93-3 de la loi n° 82-652
du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle, la
privation des droits énumérés aux 2° et 3° de l’article 13126 du code pénal pour une durée de cinq ans au plus .
2° L’affichage ou la diffusion de la décision prononcée
dans les conditions prévues par l’article 131-35 du code
pénal.
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La société, dans un souci d’équilibre, a créé un
ensemble de règles et de lois qui encadrent et guident
nos évolutions dans les systèmes communautaires. La
bonne entente entre les composantes de cette société
repose sur le respect et la capacité à se conformer.
Pour protéger l’individu, on a élaboré des cadres qui,
s’ils sont des barrières ou garde-fous, doivent donner
l’impression de liberté. En effet, le droit à la liberté
fait partie des notions fondamentales qui régissent
les codes ancrés dans notre constitution. Mais pour
éviter les dérives d’un excès de liberté que l’on
pourrait s’octroyer, nous en bornons l’étendue, créant
des frontières aussi imperceptibles qu’immatérielles.
Un adage populaire dit que « notre liberté s’arrête
là où commence celle des autres ». Nous avons là un
exemple du flou dans la définition de nos libertés.
Flou, qui devient un espace de basculement vers un
excès de pouvoir d’un parti ou de l’autre : un contrôle
de permission. Devons-nous pour se protéger établir
des frontières pour signifier que l’individu empiète sur
notre propriété, notre domaine de liberté ? N’est-ce pas
là une signification de notre droit à barrer la liberté des
autres ?
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Le point de départ des écrits qui vont suivre
trouve sa source dans mon propre vécu et mon
évolution dans une forme de délinquance au travers du
graffiti. J’ai arpenté ce milieu qui m’a appris sans cesse
à exploiter ma capacité de camouflage, de détection
et d’utilisation de failles. A mesure que des citoyens au
dessus de tout soupçon condamnent le graffiti comme
une vile intrusion de leurs espaces privés et communs,
mes stratégies et les outils utilisés mutent. La menace
physique posée par la pratique du graffiti, suscite une
réaction sécuritaire qui ne fait que s’accroitre de manière
démesurée et parallèle aux moyens développés par les
taggers. Au fur et à mesure que l’effacement devient
systématique, les outils deviennent plus corrosifs ou
la pratique de la gravure se développe. Ma pratique
devient ennemie des valeurs de certaines classes.
Depuis les débuts du « tag » à New York (début des
années 1970), la controverse « Art ou vandalisme ? »
divise. On peut prendre pour exemple un éditorial du
New York Sun (Graffiti Is Metastasizing Again in New
York, and Guess Who’s Applauding, NY Sun, par Heather
MacDonald, 17 juillet 2002) qui compare le graffiti à des
métastases et s’en prend violemment au New York Times
qui n’évoque que les questions artistiques, concluant par
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cette phrase : « le Times fournit le discours idéal pour une
génération qui refuse de grandir ». Si l›on se fie à la théorie
de la vitre cassée développée aux États-Unis, le graffiti
est un facteur d’insécurité, car il laisse aux populations
le sentiment que leur quartier est délaissé par les
pouvoirs publics et que les incivilités sont impunies.
Citons par exemple la ville de Santa Rosa dont le décret
anti graffitis commence par : Le graffiti est nuisible à
la santé, à la sécurité et au bien-être de la communauté
[…] encourage les gangs […] est incompatible avec les
standards esthétiques de la ville. Au lieu d’apaiser les
peurs et les colères, de nombreux responsables publics
attisent les flammes de l’indignation en refusant de
reconnaître les tags comme la manifestation d’une
expression urbaine combinant le mot et l’image dans
l’espace public et ne pouvant se réduire à une simple
expression picturale particulière. Aux États-Unis, en avril
1982, la ville de New York lance une campagne antigraffiti, dont des célébrités new-yorkaises telles que les
boxeurs Héctor Camacho et Alex Ramos, les acteurs de
Fame Irene Cara et Gene Ray ou encore le champion de
base-ball Dave Winfield participent. Ces personnalités
se sont réunies en annonçant : « Make your mark in
society, not on society » (laissez votre empreinte dans la
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société, pas sur la société). En France c’est la RATP qui a
lancé une campagne d’affichage au début des années
1990 présentant le tag de Megaton et avertissant que
les graffitis seront désormais effacés immédiatement :
« Bien que nos galeries soient les plus fréquentées, certains
modes d’expression n’y auront plus leur place ». Huit ans
plus tôt, la régie des transports parisiens avait réalisé
avec le graffeur Futura 2000 une campagne publicitaire
pour ses services. La SNCF a attaqué les magazines
Graff’it, Graff Bombz et Mix Gril, accusés d’encourager le
graffiti sur les trains en en publiant des photographies.
L’indemnité réclamée, de 150 000 euros pour chaque
journal, suffirait à faire disparaître ces journaux.
Déboutée en première instance, la SNCF a fait appel.
Les trois journaux ont reçu le soutien de toute la presse
et de la Ligue des droits de l’homme, qui considèrent
qu’une victoire de la SNCF constituerait une inquiétante
remise en question du libre droit d’informer. Les sites
web ont également été inquiétés et encouragés à
fermer leurs bases de données récoltant photos de
graffiti (notamment la plus grosse base de données de
l’époque qui ne comptait pas moins de vingt-cinq mille
membres et plus de six cents mille photos de France
mais aussi de Suisse et de Belgique www.aero.fr). La cour
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d’appel de Paris confirma la décision du 1er degré.
Elle se
basa sur le fait que des wagons furent peints bien avant
la création de ces magazines qui n’ont d’ailleurs que
pour objet « d’être les témoins de l’art dans la rue et de
reproduire les nouvelles créations en ce domaine ».
La
cour a également reconnu le caractère artistique du
graffiti et réfuté l’accusation d’incitation à la dégradation
(le nombre de wagons peints étant en diminution). Les
responsables et dirigeant d’institutions publiques agitent
l’effrayant spectre de l’image de vandales armés de
bombes de peinture et de marqueurs venus pour violer
et piller les quartiers résidentiels immaculés, radicalisant
par la même occasion des pratiques que jeune je ne
jugeais pas encore comme « artistique ». C’est ce double
discours des autorités et cette radicalité très nette
qui m’a poussé à chercher ce que je trouvais excitant
dans ces pratiques. J’ai alors voulu cibler et extraire
une essence de chaque caractère de l’interprétation
de mon vécu. Venant d’un milieu où la mentalité de
bande et l’esprit de clan et de famille est prédominant,
tant dans la morale que dans une « esthétique » de la
terreur, les informations ne circulaient que dans le cercle
de la horde. Les informations relatives à des actions, qui
peuvent être des exclusivités, sont des outils de pouvoir
13
pour s’affirmer vis-à-vis des autres groupes. En effet,
un groupe qui possède une information stratégique
avant les autres, individus, groupes concurrents ou
adversaires communs, a une avance considérable et un
contrôle accru sur l’anticipation des actes et réactions.
Leur diffusion relativement faible permet une certaine
pérennité des « combines » : les autorités les considèrent
comme marginales et sont donc moins réactives quant
aux moyens à mettre en œuvre pour lutter contre ce
fléau.
Constatant, lors de la présentation de mes
différents travaux, que les spectateurs souhaitaient
être mis dans la confidence du « comment faire », il
m’est apparu que l’histoire de la réalisation est peutêtre - si ce n’est pas plus – primordiale dans quelques
unes de mes pièces. Il m’a alors semblé intéressant
de voir ce que la diffusion à plus large échelle de ces
combines allait donner, comment le spectateur allait
les assimiler, dans quel but, et comment le système va
réagir en les intégrant, les recyclant, les confinant…
Autant d’éléments que je ne maîtrise pas et qui ouvrent
ou modifient les comportements socio-politiques dans
lesquels ma pratique a été inscrite. La mise en lumière
de ces défauts présents dans les articulations des
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systèmes montre l’inutilité ou la faible utilité de certains
instruments et renforce le sentiment d’insécurité et
d’impuissance qui peut en émaner. Mais cette mise en
lumière peut permettre, au contraire, de réagir et de
modifier l’environnement afin de colmater ces failles en sachant pertinemment que de nouvelles fissures et
zones d’ombres feront leur apparition. Car même si on
sait qu’aucun système n’est infaillible, on n’est pas plus
conscient de ses défauts.
Le fait d’être mis dans la confidence donne un
potentiel, une certaine complicité, même sans passer
à l’acte. C’est cette part de l’œuvre que le spectateur
emporte, plus ou moins malgré lui, et dont il ne peut
se soustraire. En effet, une fois que l’information a été
diffusée et que le spectateur en a pris conscience il est
en possession d’un savoir. Savoir qui pourra avoir une
incidence sur son vécu. Il peut choisir de l’ignorer mais
il sait. Cette confidence, survenue par une certaine
curiosité, le place dans une sorte de pacte. Cette
sensation de prise au piège, d’où peut résulter le malaise,
fait partie du rapport conflictuel du le spectateur/lecteur
face à l’œuvre et l’auteur. Il s’agit de placer le spectateur
devant une réalité qui l’implique et qui le confronte à
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sa propre moralité. Il peut réagir pour ou contre. Cette
dualité peut induire le doute de la réalité des faits et actes,
afin de se protéger : est-ce bien l’auteur, est-ce vraiment
réalisable, est-ce que ça a été réalisé ou est-ce une
fiction, une supposition, une supercherie… Le fait de ne
pas (pouvoir) revendiquer mes actes compte tenu de la
transgression légale fait partie intégrante du flottement
et de la retenue qui s’opèrent. Le spectateur fait partie de
la confidence mais n’a aucune preuve de la véracité ou de
l’authenticité de l’action, les moyens techniques actuels
permettant une certaine manipulation de l’image et de
l’information donnée. Je dois jongler avec la paternité
et la non-lisibilité de la revendication. Je joue avec mon
irresponsabilité en pouvant être perçu soit comme
l’auteur soit comme un acteur simulant une réalité. Le
spectateur n’est pas forcement persuadé que ce qui lui
est présenté a vraiment été réalisé dans les conditions
qui lui sont affirmées. Je tente d’interroger la valeur des
limites et leur franchissement, mon positionnement par
rapport à elles et l’attitude que le spectateur doit ou
peut avoir face à mes pièces.
Loin de dicter une nouvelle éthique sociale
ou une soi-disant morale commune, cet ouvrage est
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apolitique et n’a clairement aucune visée anarchiste,
bien que s’inspirant en grande partie de l’ouvrage
The anarchist cookbook de William Powell ( publié en
1970 puis augmenté et actualisé sur internet par des
anonymes ). Ma recherche ne concernant pas la réflexion
sur nos modes de vie ou une apologie de la délinquance
et du crime, j’ai choisi d’aborder mon travail sous forme
de notices car je voulais éviter le recueil idéologique. La
transgression peut être un moyen de mettre en évidence
des failles dans un système. Le recueil qui va suivre est un
moyen de compréhension, voire une percée du système
et de ses règles, au travers de l’exploitation de ses failles.
Il ne s’agit pas de partitions pour créer une œuvre d’art,
bien que certaines expériences peuvent s’y apparenter,
comme l’on fait les artistes de Fluxus. Les techniques,
notices, explications et actions qui s’y réfèrent ont toutes
été réalisées une ou plusieurs fois. Certaines présentent
des risques physiques ou légaux qu’il est important
d’évaluer et de connaître. Bien sûr, il n’y a aucune
prétention à ce que les solutions présentées soient les
plus pratiques, faciles, moins risquées. Chaque situation
d’application comporte des variables qui leur sont
propres et qui, aux vues de la multitude de paramètres
quasi infinis, ne peuvent être mentionnées. Chaque
17
notice peut avoir des applications multiples, on peut y
voir ou trouver une variante d’utilisation. Il en tient au
public de se faire sa propre idée quand à l’appropriation
et le détournement, bienveillant ou malveillant, des
informations diffusées ici.
18
Aux yeux des autres vous n’êtes
personne, vous pouvez passer pour
qui vous souhaitez
Il s’agit là d’une technique couramment utilisée. Pour
en comprendre la logique, il faut se mettre dans la peau
d’un passant X (comme on l’est souvent). Si par exemple
vous voyez un individu, d’un air douteux, qui regarde
à droite et à gauche en trafiquant une serrure à trois
heures du matin, tout de suite vous allez vous dire qu’il
se passe quelque chose de louche. Cet personne vous
à induit des soupçons et vous risquez de prévenir la
police ou une force de sécurité, ou de l’avertir que vous
avez vu ce qu’il manigance et que vous allez le signaler.
Si l’individu effectue une manœuvre illégale, il a peu de
chance d’arriver à ses fins. Il prendra sûrement la fuite et
ses agissements auront échoué ; ou pire il vous menacera
ou vous agressera afin de vous faire taire et pouvoir
continuer. Cette stratégie n’est pas la plus sécurisante,
pour qui souhaite commettre un méfait, si l’on doit agir
aux yeux et à la vue de tous.
Donc pour vous soustraire aux soupçons des passants
ou des résidents à proximité et partant du principe que
peu de gens vous connaissent, peu sont capables de
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vous identifier comme faisant telle ou telle activité. Si
vous vous équipez de l’uniforme adéquat et que vous
agissez avec assez d’assurance, les passants ne vous
soupçonneront pas ou très peu. Prenons l’exemple
précédent mais, cette fois-ci, vous serez l’individu
qui veut ouvrir la serrure. Premièrement, il ne faut en
aucun cas agir la nuit, privilégiez les moments de faible
fréquentation du lieu mais à des heures raisonnables
d’employés qui travaillent. Dans le cas de la manipulation
d’une serrure, vous pouvez par exemple choisir un jour
de la semaine (bien que le dimanche matin soit aussi
particulièrement favorable) le matin après huit heures et
avant neuf heures trente environ. Il est évident que vous
vous assurerez que le propriétaire n’est pas là. Ensuite il
est important de donner l’illusion d’être un serrurier. Il
vous faut vous procurer tout l’attirail ou la panoplie du
corps de métier auquel vous voulez vous faire passer.
Dans la majeure partie des cas un bleu de travail ou
pantalon de chantier suffira, ainsi qu’une caisse à outil.
Si vous souhaitez vous faire passer pour un peintre cela
pourra être un blanc de travail taché, un pot de peinture,
des pinceaux, du scotch et un escabeau. Si le lieu présente
un environnement entouré d’habitués qui peuvent vous
voir (commerces, concierge, voisins… ) il vaut mieux aller
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prévenir ces personnes. Prétextez avoir rendez-vous avec
le propriétaire, expliquant qu’il devait vous rejoindre
là mais que vous êtes arrivé en retard. Vous pouvez lui
demander s’il ne l’a pas vu attendre. Ensuite, vous allez
faire semblant de l’appeler, mais « malheureusement »
vous tombez sur son répondeur. Vous ferez semblant
de laisser un message. Patientez quelques minutes (cinq
à dix minutes). Si le voisin n’est pas passé à autre chose
et qu’il vous observe toujours, retournez le voir pour
lui dire que vous êtes pressé et que vous avez d’autres
choses à faire après, que vous ne pouvez pas attendre
plus longtemps et donc que vous allez commencer. Si
vous vous apprêtez à effectuer de gros travaux, il paraîtra
naturel que vous balisiez votre espace de travail par des
barrières, des bandeaux de signalisation… Surtout ayez
l’air naturel, vous pouvez prendre de la place, plus cela
sera gros, plus ça passera comme une évidence que vous
n’agissez pas illégalement. Effectuez quand même votre
action le plus rapidement possible mais sans agitation.
Quand vous aurez fini, remballez vos outils.
Il y a quelques règles à suivre en cas d’imprévues. Il faut
éviter tout signe distinctif : si vous devez prendre la fuite,
si vous ressemblez à monsieur tout-le-monde il sera
plus difficile de vous identifier. Ne portez pas de tenue
21
excentrique, piercing, moustache… Le mieux étant de
devenir un individu moyen, banal. Evitez aussi, tout type
de signe, par exemple un autocollant trop voyant sur
votre caisse à outils. Pensez aussi, si vous venez en voiture,
à vous garer suffisamment loin pour ne pas qu’on vous
voit près de votre voiture : les plaques d’immatriculation
vous confondraient facilement. Si, alors que vous êtes en
plein travail, quelqu’un vient vous poser des questions,
répondez-lui de manière naturelle. S’il vous gêne trop,
dites-lui que vous êtes occupez et que ça serait bien
qu’il vous laisse tranquille. Si la police passe, il y a de
fortes probabilités pour qu’elle ralentisse voire même
qu’elle s’arrête. Il ne faut surtout pas paniquer, s’arrêter,
ou même regarder les policiers. Ayez l’air naturel, c’est le
mot d’ordre. Si vous êtes soupçonné et qu’ils sont prêts
à vous arrêter, il est déjà trop tard. Si vous vous enfuyez
ou que votre panique devient trop visible, il est sûr que
vous vous ferez attraper. Laissez leur le doute qui vous
sera peut-être bénéfique. N’utilisez la fuite qu’en cas de
nécessité, si par exemple le voisin vous menace qu’il va
appeler la police.
Vous avez compris, il faut paraître naturel et répondre
toujours avec aplomb. Dites vous que si vous voyez
quelqu’un peindre la porte d’une maison en pleine
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journée dans la rue vous ne le remarquerez même pas,
tellement la scène est banale. Vous devez être cette
banalité.
23
24
Repérage, observation, préparation
et surveillance du lieu
Afin de pouvoir évaluer les risques et d’écarter
un maximum d’imprévus, il faut faire un repérage. Ce
repérage mènera à une meilleure connaissance du
terrain, vous permettra d’agir plus sûrement et de réagir
plus rapidement. L’observation vous permettra avec plus
ou moins d’exactitude de connaître les habitudes du lieu
et les mouvements qui s’y opèrent. La préparation, quant
à elle, est une modification du lieu qui vous permettra
une mobilité moins contraignante et une maitrise de
l’espace (voir aussi la section Maîtrise des accès). Pour
finir, la surveillance est une sécurité qui est là pour vous
prévenir le plus en amont possible d’un danger.
Le repérage est une partie essentielle de la
connaissance du lieu dans lequel vous souhaitez
évoluer. En effet, c’est cette étape qui va vous permettre
d’avoir un maximum de savoir sur cet espace et qui vous
aidera à établir vos plans et vos solutions de repli. Pour
commencer cette phase de repérage, il faut d’abord faire
un tour de cet espace : extérieur dans un premier temps,
puis intérieur si possible. On prendra connaissance de
25
l’architecture du lieu et on repèrera en particulier les
accès ou les éventuelles possibilités d’accès et leur type
d’ouverture. Il arrive souvent qu’il y ait un accès par les
toits comme dans les immeubles, les grands entrepôts,
entreprises et bâtiments. Vous pourrez y accéder par
un immeuble, une maison voisine, un arbre ou un mur.
On prendra note aussi des systèmes de surveillance
(caméras, senseurs, détecteurs de mouvement, faisceaux,
etc.) ainsi que leurs angles morts et des cachettes pour
vous ou votre matériel. Si y pénétrer vous expose trop
et que quelqu’un vous demande ce que vous faites là,
vous pouvez prétexter que vous cherchez votre chien
qui s’est enfui et en faire une fausse description ; ou
dire que vous cherchez du travail et que vous aimeriez
savoir à qui vous adresser (prétextes qui peuvent servir
aussi si vous vous sentez suspecté dans un lieu où vous
ne devez pas être). Evitez de trop montrer votre visage
aux caméras ou aux agents de sécurité, préférez porter
des lunettes, une casquette, un chapeau ou un bonnet
et une écharpe ainsi qu’une tenue « passe-partout » :
un jean, un t-shirt ou un haut de couleur sobre. Repérez
toutes les informations topographiques qui pourront
vous être utiles pour vous aider à la préparation.
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L’observation se rapproche voire se confond
avec le repérage. Il s’agit là de connaître comment le lieu
fonctionne. Savoir qui s’occupe de ce lieu, les horaires
des rondes et des faits et gestes de chacun. C’est souvent
une tâche laborieuse car elle réclame du temps, de la
discrétion et la visite plusieurs fois du lieu à des horaires pas
toujours très variées. Mais cette étape est indispensable
pour vous permettre de savoir précisément quand et
comment agir. Il faut être relativement furtif pour ne
pas éveiller les soupçons, observer de loin et ne pas trop
revenir sur le lieu. Vous devez être très attentif, connaître
un maximum de visages et les rôles des gens qui s’y
trouvent. Il est nécessaire de prendre connaissance des
horaires des employés et de leurs pauses, s’il y a des
agents de sécurité, leurs zones d’activité, la durée et les
horaires de leurs rondes, s’ils circulent en groupe, s’ils ont
l’habitude de surveiller, d’être à l’affût ou s’ils dorment
ou font des mots croisés. Il arrive que la structure fasse
appel à des entreprises extérieures, vous devez savoir
lesquelles, et par exemple l’horaire de livraison des
colis ou l’heure à laquelle ils retirent des marchandises.
S’il y a une entreprise de nettoyage regardez quelles
pièces sont nettoyées et lesquelles sont régulièrement
oubliées car il n’y a pas ou peu d’activité. Toutes ces
27
informations vous permettront de desceller la présence
d’un événement suspect. Bien sûr tous les détails n’ont
pu être mentionnés ici, c’est pourquoi il est d’autant plus
important de faire appel à votre observation et à votre
vigilance.
Mieux vous aurez préparé le lieu, plus rapide et
plus sûre sera votre action. Lors des phases de repérage
et d’observation vous avez recueilli des informations.
La préparation est la première étape d’exploitation
des connaissances que vous avez acquises sur le lieu.
Tout d’abord, pensez à prendre conscience du matériel
dont vous pourrez avoir besoin (vêtement particulier,
couverture, fil de fer, corde, etc.), il est toujours
désagréable d’oublier un outil. Certaines des opérations
de préparation pourront être effectuées quelques
jours ou quelques heures avant le passage à l’action.
Certaines demanderont de revenir en observation
pour voir si elles ont été repérées. Il n’y a pas d’ordre à
respecter, vous établirez vous-même votre stratégie en
fonction du lieu et du type d’action. La meilleure façon
de ne pas être détecté vise à s’occuper des systèmes
de sécurité en trompant ou en rendant aveugle les
dispositifs de sécurité. En ce qui concerne les caméras
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de surveillance, vous pouvez coller un autocollant
dessus (j’ai une préférence pour les autocollants des
organisations syndicales) ou flouter leur objectif avec
de la laque pour cheveux ou de la colle en bombe.
Certaines caméras on des fiches de type rca ou coaxiale,
vous pouvez vous servir de ces accès au système de
surveillance pour capturer et/ou diffuser une image. On
trouve dans les magasins spécialisés les enregistreurs
et systèmes de diffusion vidéo portables (parfois un
simple caméscope suffit) et toute sorte d’adaptateurs.
Vous pouvez donc capturer une séquence vidéo où
il ne se passe rien en vous branchant sur la caméra, la
retravailler pour qu’elle fasse la durée souhaitée et enfin
la réinjecter dans le système de vidéo surveillance. Pour
effectuer cette opération, vous pouvez vous référer à
la partie Aux yeux des autres vous n’êtes personne, vous
pouvez passer pour qui vous souhaitez. Pour vous occuper
des différents détecteurs sensoriels vous pouvez soit les
casser soit les brouiller. Pour les brouiller vous pouvez
placer un élément perturbateur dans leurs champs
d’action ; par exemple dans le cas d’un faisceau vous
pouvez placer un élément comme une planche, pot de
fleur, sac d’ordure entre l’émetteur et le récepteur. En
extérieur vous pouvez même arracher un petit arbre
29
et le replanter en plein dans la surface de détection s’il
s’agit d’un faisceau ou d’un détecteur de mouvement.
Pour le détecteur de mouvement, vous pouvez créer
une boite que vous viendrez coller autour du détecteur
le rendant aveugle. Vous pouvez pour certains systèmes
de sécurité couper simplement le fil électrique qui les
alimente. Pour les systèmes de détection d’ouverture de
porte ou de fenêtre, il peut y avoir un bouton-poussoir
normalement fermé (comme il y a dans les frigos pour
la lumière) c’est-à-dire quand la porte s’ouvre l’alarme se
déclenche. Il vous faudra venir à l’avance pour effectuer
l’opération et agir rapidement. Ouvrez la porte et placez
sur le bouton une petite planche scotchée sur les cotés
du détecteur. Eloignez vous et observez si quelque chose
se passe. Puis revenez un autre jour voir si le dispositif est
resté en place. Pour les boutons-poussoirs normalement
ouverts, coupez simplement le fil électrique. L’autre
système de détection d’ouverture et souvent un
détecteur magnétique. Il vous suffit pour le tromper de
placer un aimant plat de type magnet entre les deux
parties du détecteur et d’ouvrir la porte. Si le système
n’est pas accessible procédez comme précédemment :
ouvrez la porte, collez votre aimant et refermez puis
observez. Il y a d’autres systèmes de détection qui vous
30
demanderont de faire preuve d’astuce pour les rendre
inopérant, sachant que si vous les cassez ils finiront par
être remplacés ou que quelqu’un va venir tenir leur rôle.
Essayez toujours, au préalable, de voir si vous ne pouvez
pas les contourner, ce qui reste la solution de facilité.
Vous devrez aussi dans cette phase de préparation
créer ou sécuriser les accès (trou, préparation de serrure,
cadenassage…). Par exemple, faire un second trou dans
un grillage à un endroit qui vous permettra en cas de
course poursuite d’emmener votre poursuivant à un
endroit où il ne se doute pas que vous pourrez vous
échapper. Si vous êtes assez habile et discret il sera pris
de court et ne verra peut-être pas comment vous êtes
parti, vous aurez une avance considérable sur lui. Vous
pouvez vous servir des cachettes que vous avez trouvé
pour vous faire enfermer. Pour cacher votre matériel à
l’avance, vous pouvez vous servir de sacs poubelle et les
poser dans le local poubelle en ayant pris soin de faire un
repère dessus et de connaître les horaires de ramassage
des ordures de ce local. Il ne vous reste plus qu’à passer
à l’action ; mais pour œuvrer en toute sécurité équipezvous à votre tour d’un système de surveillance.
31
La surveillance est aussi un élément de maîtrise
de l’environnement dans lequel vous êtes. Le rôle de
vos dispositifs de surveillance et de vous prévenir de
l’approche d’un danger. Le moyen de surveillance le
plus sûr reste encore la présence humaine. Placez les
à des endroits stratégiques d’observation, le plus en
amont possible du danger, si une longue route mène
au lieu il vaut mieux placer quelqu’un au début de cette
route. Comme expliqué plus haut, pour les moyens de
communication, privilégiez l’usage du talkie-walkie. Si
l’espace dans lequel vous opérez est en extérieur ou si il
a une surface vitrée et que la personne qui surveille à un
contact visuel avec vous, il existe un moyen silencieux et
discret de vous prévenir qu’il faut que vous partiez. Votre
guet peut avoir un laser qu’il utilisera pour vous prévenir
en balayant l’endroit où vous êtes. Dès que vous verrez
la lumière du laser vous saurez quoi faire selon ce que
vous avez prévu. Il arrive que vous n’ayez personne pour
surveiller. Dans ce cas, vous devrez placer des dispositifs
qui vous préviendront. Quelques uns de ces systèmes
vont être énumérés. Pour voir si un accès est utilisé ou
s’il a été utilisé comme expliqué dans la section Maîtrise
des accès, vous pouvez coincer un papier, une brindille
ou encore un bout de fil ; si vous trouvez l’indice à terre,
32
il y a de forte chance pour que quelqu’un ait franchi
cette porte. Vous pouvez utiliser d’autres systèmes de
prévention. On trouve dans les magasins de bricolage
des petites alarmes anti-effraction fonctionnant sur pile
que vous pourrez placer à l’endroit le mieux approprié.
Vous trouverez les mêmes systèmes que vous pouvez
avoir rendu inopérants auparavant, il y a des détecteurs
de mouvement et des détecteurs d’ouverture à aimant
pour les portes ou les fenêtres que vous pourrez placer
avec de l’adhésif double face. Leur alarme puissante vous
préviendra et fera paniquer la personne qui l’a activée.
Evitez qu’ils soient trop voyants afin qu’ils ne soient pas
à leur tour mis hors-service et pensez à les désactiver
avant de les retirer. Vous pouvez aussi placer un fil de
nylon relié à un verre ou un empilement de verres en
travers d’un couloir ou d’un escalier. Si une personne tire
ou marche sur le fil, les verres vont tomber et peut-être
se casser ; le bruit vous préviendra. Tendre des pièges
à un éventuel intrus reste une bonne solution pour
le ralentir : le coup du sceau d’eau sur la porte marche
toujours.
33
34
Maîtriser les accès
Quand on s’engage dans un lieu et que l’on
n’est pas autorisé à y être, il faut en maîtriser l’espace.
Si tout a bien été fait dans les règles de l’art, vous avez
effectué, lors de la phase de surveillance et de repérage,
un état des lieux qui vous permet de connaître toutes
les entrées, les sorties et les cachettes. La maîtrise des
accès se fait aussi bien sur les entrées que les sorties. Car
quand on s’engage dans un espace de manière illégale, il
faut savoir comment en sortir dans tous les cas de figure.
Pour la maîtrise des entrées, il y a plusieurs
solutions : vous pouvez créer votre entrée en faisant une
percée dans les dispositifs de clôture, saboter une entrée
ou en ouvrir une. Il faut tout organiser pour qu’il n’y ait
pas d’imprévu. Pour ne pas que l’on vous voit rentrer avec
du matériel, vous pouvez par exemple (s’il s’agit d’un
lieu publique) cacher le matériel à l’intérieur aux heures
d’ouverture et rentrer ainsi de manière plus discrète plus
tard. Le sabotage d’une entrée veut dire que vous allez
la bloquer en position ouverte à l’avance. Pour cela il y
a plusieurs possibilités, à vous de choisir la technique la
mieux adaptée. Vous pouvez bloquer le pêne de la porte,
35
en position ouverte, avec une brindille, ou avec du gaffer.
Vous pouvez aussi coller ou scotcher un petit bout de
bois ou une pierre dans le cadre de la porte de manière à
ce qu’elle ne puisse pas se fermer complètement. Parfois,
juste une pierre déposée au pied du cadre suffit. Ces
techniques sont particulièrement adaptées aux portes
qui se ferment automatiquement avec un ressort. Pour
saboter une porte afin qu’elle ne ferme pas à clé, vous
pouvez aussi démonter la serrure et retirer le barillet (je
parle ici des barillets les plus classiques que l’on trouve
sur une grande partie des portes actuelles). Pour cela
ouvrez la porte, juste en dessous du loquet de la porte
se trouve une vis à dévisser et à retirer. La serrure et
désolidarisée de la porte, il ne vous reste plus qu’à la tirer.
Il y aura un trou et la personne ne pourra pas fermer à clé
mais si elle tente de fermer, comme il n’y a pas de serrure,
il y a de fortes chances pour qu’elle s’en aperçoive. Deux
solutions s’offrent à elle, soit elle n’y prête pas attention
et laisse la porte comme ça et la réparera un autre jour,
soit elle fait le nécessaire pour la faire réparer. Pour
remédier à ça, il faut laisser la serrure en place. Pour cela,
procédez ainsi : faites comme précédemment en retirant
le barillet, mais au lieu de le jeter ou de le prendre avec
vous, mettez très peu de colle type néoprène ou colle
36
universelle dans le cylindre qui accueille la serrure, et
replacez-la. Normalement, la colle doit résister quand la
personne fermera la porte à clé tandis que pour vous,
ensuite, la colle ne résistera pas quand vous allez arracher
la serrure avec une pince, ou avec un crochet (que vous
coincerez dans la serrure et sur lequel vous tirerez). Vous
comprenez pourquoi il ne faut pas mettre beaucoup de
colle. Ensuite, avec un crochet en fil de fer ou avec un
doigt si ils sont suffisamment fins, vous allez faire jouer
le mécanisme de la serrure et ouvrir le loquet, qui se
situe normalement juste sur la partie supérieure du trou.
Vous pouvez vous entrainer sur la porte de chez vous
au préalable et, pour comprendre le mécanisme, vous
référer au schéma de la section Crocheter une serrure.
Mais une fois que l’on est entré, encore faut-il
œuvrer en toute sécurité. Pour cela, et pour parer à une
éventuelle intrusion d’une personne et des forces de
sécurité, il faut maîtriser les entrées. Mais cette fois-ci
il ne s’agit plus de l’accès par où on est entré, mais des
accès par où l’intrusion peut se faire. Souvent les forces
de sécurité arrivent par les entrées principales pour leur
caractère pratique. Donc, même si on est entré par là,
c’est de ces entrées qu’il faudra s’occuper en priorité. La
37
technique à utiliser est relativement simple, il s’agit de
bloquer ces accès. Vous pouvez bloquer une barre de
fer, de bois, un balai contre une porte pour en empêcher
l’ouverture. Ou avec une cale au bas de la porte, mais
cette solution ne résiste pas à une forte poussée de la
part de la personne qui veut entrer. L’autre solution est de
changer les serrures derrière vous mais c’est une perte de
temps, que vous n’aurez pas pour accomplir votre action.
Quand l’accès peut se faire par une grille, un portail ou
encore un portillon, la façon la plus simple d’en interdire
le franchissement est de le cadenasser (un antivol de vélo
peut s’avérer très efficace). Si les forces de sécurité ont la
clé du portail, il leur faudra sectionner votre protection,
ce qui prendra du temps et fera probablement du bruit
qui vous avertira du danger. Pensez à prévoir assez
d’antivols pour sécuriser toutes les voies d’accès. Si tout
se passe bien vous récupérerez vos antivols et sortirez
par ces accès en ayant vérifié que personne ne peut vous
voir ou n’attend pour vous intercepter. Dans tous les cas,
prévoyez, si possible, une autre issue de sortie qui vous
fera vous échapper assez loin ou caché des personnes
qui se trouvent aux portes principales. Cela peut être
un conduit d’aération (cela ne signifie pas forcément
un conduit où vous allez ramper comme dans les films,
38
certains conduits sont de véritables couloirs), une
trappe, une fenêtre, un trou… Pensez à prémunir avant
ces accès de dispositifs qui vous permettront de savoir si
quelqu’un les a empruntés ou en a vérifié la fermeture.
Souvent, une brindille posée en équilibre ou un petit
bout de papier coincé peuvent suffire. Une personne qui
peut surveiller pour vous restant la solution la plus sûre.
Equipez-vous de talkies-walkies pour communiquer si
les téléphones portables ne captent pas. Le talkie-walkie
ne possède pas d’historique d’appels contrairement
aux téléphones portables, donc il ne permettra pas
de repérer l’autre personne en cas d’arrestation. Il faut
couvrir ses arrières et prévoir « un plan d’échappatoire »
en fonction des particularités que l’on a noté lors de la
phase de repérage.
39
40
Grillages, barreaux, barrières et leur
franchissement
La manière la plus commune pour protéger une
propriété et de l’entourer de clôtures. Les clôtures, autres
que les murs, peuvent être tout d’abord un grillage,
dont il existe plusieurs type. Le grillage standard est en
fils de fer dont le maillage forme des carrés d’environ
cinq centimètres de coté. Le grillage à poule dont le
maillage en fils de fer forme de petits hexagones. Le
grillage que nous appellerons grillage vert (qui peut être
souvent blanc aussi) qui est de plus en plus répandu,
est un grillage épais, enduit de plastique, rigide, dont
le maillage fait des rectangles verticaux d’environ
cinq centimètres par douze centimètres. Il a souvent
une ondulation horizontale au milieu. Ce grillage est
composé de plusieurs panneaux reliés entre eux par
des poteaux métalliques. Tous ces grillages peuvent être
surmontés de fils barbelé.
Pour franchir tous les types de grillages, il y a deux
techniques dominantes : passer par dessous et par
dessus. Par dessous si le grillage est assez souple pour
être soulevé ou si le sol est assez tendre pour creuser.
41
Par dessus, si vous ne le jugez pas trop haut, avec des
chaussures souples et fines, plus appropriées à ce type de
franchissement. Il faut faire attention aussi à la manière
dont le grillage se termine au sommet, car si le grillage à
poule est souple et s’affaisse sous votre poids, le grillage
standard peut s’accrocher aux vêtements. Ces deux
grillages peuvent être complètement écrasés, selon
leur fixation et leur rigidité, et vous créant ainsi un accès
relativement facile. Il conviendra de faire attention à ses
vêtements et au placement de ses mains en haut afin
de ne pas se blesser. Afin de remédier à ce problème de
blessures ou égratignures, ou si le grillage est surplombé
de barbelés, on peut mettre une couverture épaisse
(type couverture de déménagement) à cheval sur la grille
qui couvrira les pointes et les parties dangereuses. Les
grillages verts, eux, ont leur extrémité qui se termine par
des petits pics de quatre centimètres. Si vos chaussures
sont assez dures et que vous n’êtes pas trop lourd, elles
supporteront votre poids sans se trouer. Faites attention
à vos mains en particulier quand vous redescendez car
il se peut que votre main reste plantée dans un des pics
- une couverture peut être utilisée pour minimiser ces
risques. Si vous êtes deux, une personne peut pousser le
grillage pour qu’il soit plus stable quand vous grimpez.
42
Une autre technique pour le franchissement des
grillages est de faire un trou ou une porte. Le grillage à
poule devra être coupé, à l’aide d’une pince coupante.
Le grillage standard peut être aussi coupé mais il est
possible de le démailler en défaisant les torsades entre
les carrés. Pour cela, il faut partir de la base, choisir un
fils que vous détacherez progressivement en remontant.
Quand vous aurez atteint la hauteur voulue, vous n’aurez
plus qu’à plier ou rouler le grillage pour faire une porte. Le
grillage vert peut être ouvert en étant coupé mais il vous
faudra une pince Monseigneur ou un coupe-boulon,
plus maniable. Vous pouvez aussi, si cela est possible,
faire sauter les attaches entre le panneau de grillage
et le poteau à l’aide d’un tournevis. Vous pouvez aussi
donner de grands coups de pied dans le grillage le plus
proche du poteau possible et faire sauter le grillage des
attaches. Si vous êtes deux, une personne peut pousser
le grillage afin de le caler pour atténuer le bruit que vous
allez faire avec les coups de pied. Une fois une partie ou
tout le grillage désolidarisé du poteau il ne reste plus
qu’à le pousser. Si vous souhaitez repasser plusieurs fois
par l’accès que vous avez créé, vous pouvez prendre avec
vous un peu de fil de fer ou de ficelle afin de faire une
ouverture facile et que le trou que vous avez fait il soit
43
visible. Nouez le fil de fer au grillage, puis faite un crochet
que vous accrocherez pour fermer cette porte. Pensez à
marquer votre « porte » afin de la repérer plus facilement
la prochaine fois, avec une branche par exemple ou une
marque au sol de l’autre côté de la rue.
En ce qui concerne les clôtures ayant des barreaux,
il y a aussi plusieurs techniques. La première qui vient
à l’esprit est de scier les barreaux. C’est une technique
simple et propre mais qui peut être longue et épuisante.
Selon le métal dans lequel les barreaux sont faits, la
lame de la scie peut être inefficace. La solution que je
privilégierais est celle de l’utilisation d’un cric pour
voiture car il a un énorme potentiel de pression. En effet,
il sert à soulever une voiture généralement pour changer
une roue. Vous préfèrerez un cric avec une manivelle
intégrée, plus facile pour le transport et la manipulation.
Vous pouvez vous servir de cette force pour écarter les
barreaux, afin de passer entre deux barreaux. Il vous faut
placer le cric entre deux barreaux. L’ajuster pour qu’il
ne ripe pas. Puis tourner la manivelle jusqu’à avoir un
espace suffisant pour pouvoir passer. Prévoyez un peu
plus d’écartement car il arrive que lorsque l’on desserre
le cric les barreaux reviennent légèrement en place.
44
Selon le positionnement du cric, vous pourrez même
désolidariser le barreau du support ou d’un autre barreau
soudé perpendiculairement. Cette technique peut être
utilisée pour écarter quoi que ce soit, pour soulever des
barrières... Le cric sert également à maintenir écartée
une barrière afin de passer. Cette utilisation est aussi
efficace sur les barreaux d’une fenêtre ou encore pour
arracher les barreaux d’un mur.
Dans tous les cas, si vous le pouvez ou le souhaitez,
faites le tour de la clôture. Il n’est pas rare qu’un trou soit
déjà présent, ce qui vous facilitera grandement la tâche.
Observez les buissons, les arbres, l’arrière des poubelles,
si vous trouvez des passages qui ont l’air d’avoir été
empruntés et qui donnent souvent accès à un trou.
45
46
Crocheter une serrure
Pour ouvrir une porte, soit on a la clé, soit on ne
l’a pas. Quand on n’a pas la dite clé et que l’on souhaite
quand même ouvrir, on peut enfoncer la porte ou tenter
de l’ouvrir par la serrure. Une technique consiste à faire
sauter la serrure hors du cylindre de la porte. Pour cela,
prenez un petit burin pas plus gros que la serrure et
tapez avec un maillet. Quand la serrure a été éjectée, il
ne vous reste plus qu’à activer le mécanisme à l’aide d’un
bout de fil de fer. Mais ce n’est pas la solution que l’on
va développer dans cette section. Nous allons parler du
crochetage de serrure.
Tout d’abord, pour que l’apprentissage soit
plus facile, il faut comprendre comment fonctionne
une serrure. Les serrures classiques à goupilles ou
broches se composent d›un barillet ou rotor qui peut
tourner dans son logement : le stator (voir illustrations
ci-dessous). Une fois verrouillé, le rotor est maintenu
en place par plusieurs paires de goupilles : les goupilles
du haut dites passives et celles du bas dites actives. Les
goupilles actives sont les seules à rentrer en contact avec
la clé lorsque celle-ci est insérée. La goupille du haut de
47
chaque paire dépasse à la fois dans le rotor et le carter
simultanément, empêchant ainsi le rotor de tourner.
Lorsque la bonne clé est insérée, cela pousse les paires
de broches de façon à ce que les goupilles du haut soient
dans le stator et n›entrent plus dans le rotor. La jonction
de chaque paire de goupilles est dans l’alignement de
la ligne de césure. Lorsque cela se produit, le rotor peut
être tourné et la serrure peut s'ouvrir.
48
Procurez-vous un crochet et un entraineur.
L’entraîneur sert à appliquer une tension qui va rendre
le crochetage possible, sans l’entraîneur les goupilles
retournent dans leur position initiale. Les crochets de
qualité professionnelle et les entraineurs peuvent être
achetés dans des kits, mais de nombreux amateurs de
crochetage de serrures fabriquent leurs propres appareils
de qualités qui leur sont propres. Vous pouvez vous faire
un crochet avec un petit fil de fer type trombone ou en
limant l’extrémité d’une baleine en métal de soutiengorge en forme de demi flèche arrondie. Pour fabriquer
un entraineur une baleine de soutien-gorge suffit.
Placez l’entraineur dans la partie inférieure du
trou de la serrure. Déterminez dans quel sens le rotor
doit être tourné pour déverrouiller la serrure. Si vous ne
le savez pas, utilisez l’entraineur et appliquez un couple
au rotor, tout d’abord dans le sens des aiguilles d’une
montre puis dans le sens inverse. Le rotor va très très peu
tourner avant de s’arrêter. Essayez de ressentir la fermeté
de l’arrêt. Si vous tournez le rotor dans le mauvais sens,
l’arrêt doit être ressenti comme très ferme et rigide. Si
vous le tournez dans le bon sens, il devrait être un peu
plus relâché. Quelques serrures, en particulier chez les
49
cadenas, peuvent être ouvertes quelle que soit la façon
dont le rotor est tourné. Appliquez un léger couple à
l’entraineur dans la bonne direction, et maintenez. Le
couple requis variera d’une serrure à l’autre et de broche
en broche, donc ceci peut exiger quelques essais avant
de réussir. Cependant, commencez doucement.
Insérez le crochet dans la partie supérieure du
trou de la serrure et identifiez les goupilles. La plupart
des serrures comportent cinq goupilles. Avec le crochet
dans la serrure, vous devriez être en mesure d’appuyer
et de ressentir chaque goupille individuellement avec
la pointe du crochet. Vous devriez être capable de les
pousser vers le haut de les sentir redescendre (à cause
du ressort) lorsque vous relâchez la pression. Essayez
de pousser chacun d’eux sur toute la hauteur. Identifier
lequel est le plus difficile à pousser. Si les broches sont
toutes facilement déplaçables, tournez votre entraineur
avec plus de tension et augmentez le couple. Si une
broche ne veut absolument pas bouger, facilitez le
couple jusqu’à ce que vous puissiez la faire bouger.
Alternativement, vous pouvez peut-être essayer de
«ratisser» les goupilles une à une en effectuant sur elles
une pression.
50
Poussez la goupille qui résiste le plus jusqu›à
ce qu›elle soit en place. Appuyez sur la goupille
récalcitrante avec juste assez de force pour vaincre la
pression descendante du ressort. Rappelez-vous que la
goupille est en fait une paire de goupille. Votre crochet
pousse contre la goupille active, qui à son tour, exerce
une poussée sur la goupille passive. Votre but est de
pousser la goupille passive complètement hors du rotor.
Puis, quand vous arrêtez de pousser, la goupille active
retombera dans le rotor, mais le couple sur le rotor se
traduira par un mauvais alignement du trou dans le rotor
avec le trou dans le stator, et la goupille passive devrait
alors se tenir sur le rotor sans retomber vers le bas. Vous
devriez entendre un léger clic quand la goupille passive
retombe sur le dessus du rotor. Vous devez également
être en mesure de pousser la goupille active en ayant
très peu de résistance, ce qui veut dire que vous avez
probablement bien placé la goupille passive. Pour
comprendre ce qui se passe et ce qui va ou ne va pas
reportez vous aux illustrations qui suivent.
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La première représente la serrure au repos, la
deuxième montre les goupilles bien placées pour que la
rotation du rotor s’effectue. Les deux dernières illustrent
un mauvais positionnement des goupilles, quand la
jonction entre les deux n’est pas dans l’alignement de la
ligne de césure, ce qui bloque la rotation du rotor dans le
stator.
Continuez d’appliquer le couple de tension et
répétez les deux dernières étapes pour chacune des
goupilles restantes. Il est impératif que vous mainteniez
le couple sur le rotor pour éviter les goupilles déjà en
place de redescendre vers le bas. Ceci peut nécessiter
de faire de légères augmentations ou diminutions du
couple pour chaque goupille. Utilisez l’entraineur pour
faire tourner le rotor et déverrouiller la serrure. Une fois
que toutes les goupilles sont en place, vous devriez être
capable de tourner le rotor. Heureusement, vous avez
déjà vérifié le bon sens pour le faire tourner. Si vous
avez choisi la mauvaise direction, vous aurez besoin de
recommencer et de réinitialiser toutes les goupilles.
Le crochetage de serrure repose vraiment
sur l’entraineur. Vous devez constamment trouver et
56
maintenir juste la bonne quantité de couple pour vous
permettre de repousser les goupilles passives hors du
rotor tout en veillant à ce que les goupilles passives
déjà placées restent en position et ne redescendent pas.
Vous ne pouvez pas voir à l›intérieur d›un verrou très
distinctement, donc utilisez votre ouïe et votre toucher
pour essayer de comprendre ce qui se passe à l›intérieur.
Soyez patient et méthodique, et prêtez attention aux
faibles cliquetis que vous pouvez entendre et à la
résistance que vous ressentez. Avec les informations
recueillies de cette manière, vous pouvez visualiser
l›intérieur de la serrure. Appliquer une pression juste
suffisante aux goupilles pour qu›elles surmontent le
frottement et les pressions du ressort. Vous pouvez pour
vous entrainer chez vous placer une serrure, en vente
dans les magasins de bricolage, dans un étau et vous
perfectionner dans l’art du crochetage de serrure.
57
58
Les Clés : Passe de facteur, 1101,
clé de 10 et leurs utilisations
Posséder les clés est souvent utile pour rentrer
quelque part, et c’est souvent plus discret que de
crocheter une serrure (voir chapitre crocheter une
serrure). Bien que chaque serrure possède sa clé, il existe
bon nombre de passepartouts qui peuvent rendre de
bons et grands services. Ce sont des clés ordinaires sans
rien de plus que les autres, elles ne possèdent pas une
combinaison magique qui ouvre toutes les portes. Dans
les hôtels, les bureaux, les écoles, etc. il existe des clés
passe générales (clés qui ouvrent toutes les portes), clés
passe partielles (clés qui ouvrent une série limitée de
portes) et les autres clés qui chacune ouvre une porte.
Je vais parler dans cette section des clés qui ont mes
préférences et que je trouve les plus utiles. Il s’agira des
clés dites : passe de facteur, 1101 et clé de 10.
C’est probablement le passe le plus connu, le
plus répandu et le plus utile, il s’agit du passe de facteur
appelé aussi T-10 ou clé PTT. Il sert principalement à ouvrir
les portes d’entrées des immeubles, des cages d’escaliers
et les portails équipés d’une serrure PTT. Il ouvre aussi la
59
plupart des boîtes aux lettres standard. Cette clé permet
aussi de réceptionner des colis dans les boites aux
lettres. Accéder aux cages d’escalier présente quelques
avantages, on peut aller sur le toit d’un immeuble pour
passer d’un bâtiment à un autre par exemple. Ou tout
simplement pour trouver un endroit où dormir ou
se cacher. Vous pouvez aussi ouvrir certaines boites
aux lettres inutilisées pour vous en servir de cachette
pour des choses qui vous font courir un risque si elles
sont chez vous. Beaucoup de personnes le possèdent
et il est très facile de se le procurer car il s’est répandu
de manière incontrôlée. Demandez autour de vous,
quelqu’un le possède probablement. Faites-vous faire
un double. Sinon vous pouvez vous le procurer auprès
de squatteurs, de facteurs, de livreurs, de distributeur
de prospectus. Si vous connaissez un petit magasin
qui reproduit les clés, il y a de fortes chances pour que
la personne qui s’occupe des reproductions en ait une.
Demandez-lui gentiment, en prétextant que vous en
avez besoin car votre digicode tombe souvent en panne,
que par conséquent la porte de votre immeuble ne
s’ouvre pas et que la clé PTT vous permettrait de rentrer.
Si vous êtes assez convaincant il vous en fera une. La
photo ci-dessous vous permettra de la reconnaître si
60
vous en croisez une mais il ne sert à rien d’essayer de la
reproduire à partir de cette image, il est peu probable
que ça marche.
La deuxième clé dont je vais vous parler est la clé
1101. Cette clé n’a une utilité qu’à Paris, puisqu’il s’agit
d’un passe servant à ouvrir certaines portes de la RATP.
On repère les portes qu’elle ouvre à l’inscription qu’il y
a sur la serrure, sur le rotor il y a d’un coté de la fente 11
et de l’autre 01, d’où son nom. Elle permet d’accéder à
quelques endroits intéressants, notamment les toilettes
des chefs de station qui sont très souvent très propres,
des locaux techniques (poubelles, remises, stockages…),
des vestiaires, des endroits où se cacher pour se faire
enfermer dans les stations pour s’y introduire aux heures
61
de fermeture ou pour y dormir… Et encore bien d’autres
lieux à découvrir. Une de ses utilisations principales est
d’ouvrir les portes pour les bagages ou les poussettes
sur le coté des portiques, ce qui peut vous permettre de
ne pas sauter les portiques si vous n’avez pas de ticket
ou de rentrer dans la station par une sortie vous évitant
ainsi de faire le tour. Elle n’est pas énormément répandue
mais vous pouvez vous la procurer auprès du personnel
travaillant de près ou de loin à la RATP (chefs de station,
contrôleurs, employés de ménage, réparateurs…) et
souvent auprès des graffeurs et taggers, milieu dans
lequel elle est très répandue. D’autres personnes peuvent
l’avoir, notamment certains sans abris qui squattent les
stations de métro. Comme précédemment, la photo est
là à titre indicatif car il y a peu de probabilité pour qu’une
clé faite à partir d’une photo fonctionne.
62
Enfin la dernière clé dont je vais parler n’est
pas vraiment une clé au sens où on l’a entendu
précédemment. Il s’agit de la clé de 10. Une clé de 10
et tout bonnement une clé à pipe de calibre 10 pour
boulon de 10 que vous pouvez vous procurer dans votre
caisse à outil ou dans tous les magasins de bricolage.
Son acquisition ne posera aucun problème. En fait, vous
avez probablement remarqué que certaines portes n’ont
pas de poignée, ou ont à la place de la serrure un petit
triangle ou un carré. Et bien, ces triangles ou ces carrés
s’inscrivent parfaitement dans l’hexagone d’une clé à
pipe. Certains triangles ou carrés sont plus petits, il ne
tiendra qu’à vous de trouver le calibre de la clé à pipe
correspondante. Et l’utilisation d’une clé à pipe parait
plus discrète que de sortir une petite pince. Ce type
de serrure étant extrêmement répandu pour toutes
sortes d’utilisations, je ne vais vous donner qu’une seule
manière de l’utiliser. Pour les autres, vous trouverez vousmême les utilisations qui peuvent en être faites. Cette clé
peut servir à prendre le train gratuitement (ou pour une
autre utilisation comme du sabotage par exemple), plus
particulièrement les TGV. Pour cela, procédez comme
suit. Premièrement procurez-vous une clé de 10 et une
petite lampe de poche ou même votre téléphone, et
63
essayez de passer pour quelqu’un de la SNCF. Pour cela,
inspirez-vous du passage Aux yeux des autres vous n’êtes
personne, vous pouvez passer pour qui vous souhaitez.
Les trains sont souvent dans la gare avant
l’annonce de leur quai et restent donc souvent vides
un moment. Trente minutes avant le départ, arpentez
les différents quais pour repérer votre train en vous
aidant de l’affichage digital qui se trouve à côté des
portes. Entrez dans le premier wagon voyageurs que
vous croisez, ce wagon sera le dernier une fois le train en
route, à l’opposé de la cabine du chauffeur. Si vous avez
des bagages, déposez-les aux emplacements prévus à
cet effet. Puis dirigez vous au fond du wagon (à l’étage s’il
s’agit d’un TGV duplex). Vous trouverez une porte avec
la serrure carrée mentionnée plus haut. Sortez votre clé
à pipe de 10 et incérez là dans la serrure. Tournez là en
même temps que la poignée située au-dessus. Il arrive
que la poignée soit bloquée ou quelle demande une
certaine force pour ouvrir la porte. Poussez la porte et
pénétrez dans le petit sasse, contenant parfois certains
bagages ou des colis. Fermez la porte. Au fond de cette
petite pièce se trouve une autre porte. En ouvrant cette
porte vous arrivez entre deux wagons, plus précisément
64
entre le dernier wagon et une des locomotives du train.
Ouvrez la deuxième porte quelques centimètres plus
loin, allumez votre lampe, rentrez dans la locomotive
et claquez les deux portes précédentes. Vous êtes au
cœur de la machinerie du TGV. Faites attention à ce que
vous touchez, les machines peuvent être dangereuses. Il
arrive que certains éléments de la locomotive se mettent
en route en faisant beaucoup de bruit, de vents et de
vibrations, ne paniquez pas : cela est tout à fait normal et
ce n’est pas votre présence qui les a activées. Vous allez
contourner les premières machines puis le wagon va être
divisé par une sorte de long placard électrique central.
Il se peut que votre train n’ait pas votre gare comme
première gare de départ, alors il vous faudra rentrer à
l’aide de votre clé de 10 directement par la porte latérale
située sur la tête du train. Ayez un air rassuré et entrez
comme si vous étiez un agent de la SNCF. Placez-vous
d’un côté ou de l’autre du placard et attendez le départ
du train. Une fois le train parti et sorti de la gare, dirigezvous au fond du wagon vers la tête du train. Passez la
porte et vous voilà dans la cabine du chauffeur, vide,
de l’autre coté du train. Installez-vous. Quand le TGV
s’arrêtera dans les gares pensez à vous cacher en vous
asseyant par terre. Quand vous arriverez à votre gare de
65
destination, repérez de quel côté se trouve le quai, sortez
de la cabine et ouvrez la porte qui se trouve directement
sur le côté du train pour descendre, il arrive qu’elle soit
verrouillée, déverrouillez là à l’aide du loquet du verrou
qui se trouve presque au niveau du sol. Si, en sortant,
vous croisez un agent de la SNCF sur le quai, prenez un
air assuré et saluez-le, il n’y verra probablement que du
feu. Retournez dans le wagon voyageur et récupérez vos
bagages. Vous voilà arrivé, j’espère que vous avez fait un
agréable voyage.
66
Vol à l’étalage
Le vol à l’étage est une activité courante qui
possède de nombreuses facettes. Les techniques qui
vont suivre ne sont pas exclusives, ne sont pas les seules
mais ont et sont régulièrement utilisées. Je vais vous
exposer ici les stratégies qui ont mes préférences. Il est
évident que chaque lieu à ses conditions qui rendent plus
ou moins propice l’utilisation de telle ou telle technique.
Il s’agit ici surtout de parler du vol à l’étalage dans les
magasins, souvent les grandes et moyennes surfaces
des grandes enseignes. Ces dernières sont visées, non
pas dans un but idéologique mais simplement parce
que c’est là que l’on trouve tout et que les systèmes de
sécurité, bien que plus nombreux, sont le plus défaillants.
Certaines techniques demandent du matériel ou une
certaine dextérité qui se développe avec une pratique
régulière. Avant de commencer il est important de
repérer les lieux et les systèmes de surveillance, il n’est
pas la peine de prendre un risque inutile en ce plaçant
à la vue d’une caméra. De même, apprenez à repérer
les vigils en civil, leur comportement et leur attirail les
trahissent souvent. Par exemple il arrive qu’ils aient un
talkie-walkie ou une oreillette. Quand ce n’est pas le
67
badge du magasin qui dépasse de leur poche, qu’ils
soient en t-shirt dans le magasin en plein hiver alors
qu’il fait moins trois dehors ou qu’ils déambulent dans
le magasin sans sac et avec une logique farfelue, qu’ils
regardent les gens en se plaçant un peu au dessus des
têtes alors que dans un magasin on regarde les produits,
ou qu’ils manipulent un article en regardant ailleurs. Agir
de manière la plus rapide possible est le meilleur moyen
de ne pas se faire repérer : entrez, prenez, sortez. Vous
pouvez parfois sortir en payant un article pour donner
l’impression d’être venu faire des achats. Si vous ne le
sentez pas, fiez vous à votre instinct et partez bredouille,
vous retenterez une autre fois. Quand un article est
particulièrement surveillé (jeux vidéo ou high-tech
par exemple) changez de rayon, sortez du magasin et
revenez le chercher plus tard. Quand vous sortez, gardez
un air naturel ; si vous avez du mal, faites semblant de
téléphoner. Les quelques généralités ayant étaient
abordées, passons à l’acte.
Commençons par le plus simple, et par les
techniques qui ne demandent pas de matériel particulier.
Il s’agit de cacher sur vous la marchandise. Votre corps
et vos vêtements constituent une mine de cachette. Les
68
articles de petite taille peuvent être facilement cachés
dans toutes vos poches. Pour tromper les systèmes de
sécurité, vous pouvez prendre deux mêmes articles en
une fois dans votre main en mettre un discrètement
dans votre poche puis ranger l’autre dans le rayon.
Pensez à vos chaussettes qui peuvent être aussi des
poches. Votre pantalon, s’il est assez large, peut être mis
dans vos chaussettes – à la manière des cyclistes – et se
transformer en une poche aussi grande que vos jambes.
Vous n’aurez plus qu’à glisser les produits entre votre
ventre et votre ceinture et à les laisser tomber le long
de votre jambe. Pensez à desserrer légèrement votre
ceinture. Vous pouvez aussi tout simplement coincer les
articles entre votre pantalon et votre ventre au niveau
de la ceinture, et à les recouvrir de votre pull ou t-shirt.
Rentrez un peu le ventre et quelqu’un qui ne vous connait
pas n’y verra que du feu. Une autre technique consiste à
glisser l’objet dans vos manches, soit par vos mains, soit
par l’aisselle si vous avez un manteau. Glisser l’article
et en ressortant votre main, sortez votre portefeuille
de la poche intérieure, ce qui justifierait un tel geste.
Vous pouvez aussi coincer une marchandise sous votre
aisselle et la recouvrir discrètement du manteau. Si votre
manteau le permet, resserrez le bas à l’aide de l’élastique,
69
fermez votre blouson à moitié, vous possédez alors une
immense poche qu’il ne tient qu’à vous de remplir, dans
la mesure du raisonnable. Pour utiliser cette technique
de manière optimale, le mieux est d’avoir un anorak de
type manteau de neige pour le ski ou le snowboard. Ce
type de manteau possède souvent une sorte de jupette
intérieure pour empêcher que la neige ne rentre dessous.
Fermez la jupette, et retournez là et glissez là sous votre
pull-over de manière à ce qu’on ne la voit pas. Vous
pouvez alors garder votre manteau ouvert et personne
ne soupçonnera, si vous restez discret, que vous avez de
la marchandise cachée autour de votre abdomen. Vous
pouvez aussi, selon l’article, sortir avec la pièce à la main,
comme si de rien n’était.
Pour sortir un article vous pouvez aussi le mettre
dans l’emballage d’un autre produit. Il arrive que certains
articles chers, un peu volumineux, ou ayant un antivol
ne puissent être cachés sur vous. Cette technique est
alors adaptée. Procédez comme suit. Chez vous ou dans
le magasin, videz une boite de pates, de gâteaux, de
produits ménagers… ma préférence allant vers les boites
de steaks hachés surgelés que nous allons prendre pour
exemple. Prenez un petit bout d’adhésif transparent
70
sur vous, collez le sur votre manche par exemple, cela
sera plus discret. Ensuite allez chercher votre article
et emmenez le vers le rayon surgelé, ou autre selon le
rayon du futur contenant. Si vous ne l’avez pas fait avant,
videz la boite de son contenu, placez l’article convoité à
l’intérieur et, si besoin, calez le avec le contenu d’origine
de la boite. Refermez la boite à l’aide du bout de scotch
de manière discrète et allez payer votre boite de steaks
avec le reste de vos courses. Une autre technique du
même genre consiste à changer l’étiquette du produit.
Cette technique est particulièrement adaptée pour
les vêtements ou les magasins ayant des étiquettes
autocollantes. Pour paraître plus discret, choisissez une
étiquette d’un article qui se rapproche le plus du produit
convoité. Ne prenez pas l’étiquette d’une culotte verte
pour mettre sur un manteau noir, la caissière risque de le
repérer. Le moment des soldes est un moment privilégié
pour changer les étiquettes. Les prix étant changés, les
caissières sont moins attentives au prix de l’article.
Les antivols sous formes diverses sont un moyen
répandu de lutter contre le vol à l’étalage. Les magasins
en raffolent et se sentent souvent plus protégés contre
le vol, et baissent alors leur vigilance. Les antivols les
71
plus courant sont ceux pour vêtement. Si le tissu ou le
plastique sont relativement épais et solides, vous pourrez,
dans une cabine d’essayage ou un endroit relativement
discret, l’arracher d’un coup fort et sec. Il vous faudra
quand même assez de force. Si vous ne possédez pas la
force requise, équipez vous d’une petite pince coupante
(on trouve dans les magasins de bricolage des pinces
pour fils électriques pour l’électronique, très discrète.
A vous de la voler avant.). Sectionnez l’élément qui
relie les deux parties de l’antivol et débarrassez-vousen (ne partez pas avec dans la poche, vous sonneriez à
la sortie, un moment d’égarement et cela arrive). Vous
pouvez aussi créer un blindage magnétique autour de
l’antivol. Pour réaliser ce blindage, enveloppez l’antivol
sous plusieurs couches de papier d’aluminium. Vous
pouvez couvrir l’intérieur de votre manteau ou d’un
sac avec de l’alu et procéder comme détaillé plus haut.
Cette technique marche aussi avec une autre catégorie
d’antivol : les antivols autocollants du type FNAC. Pour
déjouer ces antivols de manière relativement discrète il
y a un moyen extrêmement simple. Equipez vous d’une
lame de cutter, de scalpel ou une lame de rasoir. Cachez
discrètement dans votre main entre l’index et le majeur.
Et soit découpez l’emballage autour de l’antivol, soit plus
72
simple et tout aussi efficace, sectionnez juste l’antivol
en deux. Cette technique suffira à le rendre inopérant.
Ensuite il ne vous reste plus qu’à l’article cacher sur vous.
Vous pouvez aussi, pour faire sortir un article « bipé », le
tenir à la main ou l’enrouler autour de votre main et votre
poignet et passer les portiques de sécurité le poing levé.
Pour les antivols contenant des capsules de peinture,
qui se brisent si on essaie de les arracher ; ils contiennent
rarement des éléments détectés par les portiques, vous
n’êtes donc pas obligé de les enlever. Il vous suffira pour
le retirer, en rentrant chez vous, de le mettre quelques
heures au congélateur. Une fois congelé et avant qu’il ne
décongèle, servez vous d’une pince coupante pour le
retirer.
La dernière technique que je vais développer
et la technique du caddie. Il ne s’agit pas du caddie de
supermarché. J’entends par caddie, les petits chariots
qu’ont souvent les gens qui font le marché, les petits
chariots avec un gros sac sur les roulettes. Il va s’agir
d’exploiter le potentiel du double fond du caddie. Bien
souvent ce type de chariot possède une planche pour
rigidifier le fond. Chez vous, soulevez cette planche
et déposez sur le fond une charge lourde, un sac de
73
pomme de terre par exemple, et laissez là quelques
jours. Cette charge aura pour résultat de mouler le
fond pour lui donner une forme plus arrondie. Retirez
la charge et remettez la planche, votre caddie est prêt.
Il arrive souvent que dans les grandes surfaces on
vous laisse faire vos courses avec votre propre chariot.
Faites vos courses en commençant par les articles que
vous souhaitez dérober. Placez les sous la planche qui
constitue votre double fond. Dissimulez bien dessous de
façon à ce qu’ils ne dépassent pas et qu’il ne soient pas
visibles si la caissière demande à regarder à l’intérieur de
votre caddie. Faites ensuite vos courses normalement.
Au moment du passage en caisse posez les articles que
vous allez payer sur le tapis. Comme indiqué, la caissière
demandera sûrement à voir votre chariot, montrezlui en faisant attention que la planche ne bascule pas.
Remplissez à nouveau votre caddie avec vos achats,
payez et partez. Vous pouvez pousser le vice encore plus
loin en prétextant que vous avez oublié votre moyen de
paiement. Reposez les articles à la caisse et partez avec
votre caddie vide mais votre double fond rempli.
74
Garde à vue :
déroulement, conseil, et droits
Il se pourrait que malgré tous les conseils donnés
précédemment ou si vous ne les avez pas ou mal suivis,
vous vous fassiez arrêter par la police. La section qui va
suivre devrait vous permettre de mieux appréhender
le déroulement des évènements. Je ne peux que vous
conseiller le livre de Christophe Mercier GARDE A VUE
histoire vécue aux éditions Phébus qui raconte comment
s’est passé la garde à vue qu’il a vécue. Je vais vous
décrire comment se déroule une garde à vue, selon mes
expériences, puis il y aura quelques notifications de vos
droits ainsi que quelques conseils afin que cet événement
soit le moins pénible possible. Il faut comprendre que
la garde à vue permet aux forces de police de vous
interroger pour déterminer votre part d’implication, de
vous user physiquement afin que vous craquiez plus
facilement sur votre part de responsabilité, de vous
ficher et de laisser le temps à la machine judiciaire de se
mettre en place.
Rentrons dans le vif du sujet. Si votre
interpellation se produit après une course poursuite,
75
il y a de fortes chances pour que ayez droit à une
arrestation « musclée ». Si vous avez le temps de voir
venir que vous êtes pris au piège, agenouillez-vous
(même si cette position n’est pas gratifiante) et levez les
mains en l’air en criant que vous vous rendez. Dans le
meilleur des cas un policier vous menottera calmement
mais il est possible que poussé par l’élan de sa course il
se jette sur vous, vous plaque violemment au sol pour
vous menotter – en espérant qu’il n’aura pas un chien et
que ce dernier ne sera pas détaché. La possibilité d’un
passage à tabac n’est pas à exclure, dans ce cas roulezvous en boule et demandez-leur d’arrêter. Même si ils
le nieront fermement, prétextant que vous êtes tombé
tout seul, consolez-vous en vous disant que ça passera
mal auprès de la justice si vous avez affaire à elle. Ne vous
débâtez pas. Puis ils vous mèneront à leur voiture, s’ils
vous posent des questions qui vous semblent « pièges »,
du genre « Qui était avec toi ? Où est ton sac ? Comment
es-tu rentré ? … », prenez un air éprouvé en faisant
semblant de reprendre votre souffle et répondez par un
« oui, non, je sais plus, peut-être … », ne répondez pas de
manière franche et précise, restez dans le flou. Ou alors
répondez par l’affirmative mais de manière détournée,
ce type de réponse a tendance à les satisfaire. A la
76
question « qui était avec toi ? » vous pouvez par exemple
répondre « je sais pas je ne les connais que depuis deux
heures c’est des italiens y’en a un qui s’appelle Benito
et l’autre je sais plus très bien » ; « où est ton sac ? » la
réponse pourra être « mon sac ? euh… ben, je l’ai sur
moi, mais c’est plutôt une sacoche. » ; « par où es-tu
rentré » : « par l’entrée. ». Ces réponses ne veulent rien
dire, mais leur donne l’impression d’avoir un indice et
vous éviteront d’autres questions ou des ennuis parce
que vous n’avez rien dit ou que vous avez menti. Ne
faites pas le malin ou l’arrogant en voulant paraître plus
intelligent ou supérieur à eux. Leur égo sera satisfait si
vous faites profil bas, que vous vous faites tout petit et
qu’ils ont le sentiment qu’ils vous impressionnent et que
vous avez peur.
Arrivé au commissariat, on videra vos poches et
votre sac de leur contenu, on vous demandera d’enlever
tous vos bijoux, accessoires et piercings ainsi que votre
ceinture et vos lacets, votre montre et votre téléphone
portable (pensez à l’éteindre, ça empêchera qu’il sonne
et que les enquêteurs fouillent dedans à votre insu)
qui seront répertoriés et placés dans une boite. Vous
allez être placé dans ce qui se fait appeler « la bulle »
77
ou « l’aquarium ». Il s’agit d’une cellule, dont une façade
est transparente, elle se situe généralement devant un
bureau d’accueil. Si un de vos complices a été intercepté,
il sera probablement placé avec vous. C’est le moment
de faire un état des lieux de la situation, ce qui a été dit
et de la stratégie à adopter, de manière discrète. Car il y
a de fortes probabilités pour que vous soyez séparés par
la suite et que les communications soient plus difficiles.
On vous fera sortir pour signer une décharge et on vous
stipulera votre placement en garde à vue. Vous devrez
signaler, à ce moment là, si vous voulez voir un médecin
ou un avocat. Pensez aussi à signaler si vous avez des
restrictions alimentaires particulières. Pour le médecin,
vous le verrez en début de garde à vue. Si vous avez été
molestés ou si vous avez besoin d’un quelconque soin
médical : vos médicaments, lentilles de contact etc.
demandez à le voir. Il est totalement indépendant et
pourra constater si vous avez subi des traumatismes et
ordonner que vous puissiez prendre vos médicaments ou
que vous nécessitez des soins particuliers. Vous pourrez
si vous le souhaitez voir votre médecin traitant à votre
remise en liberté si votre état physique a été altéré par
la suite ; une comparaison des deux constats pourra être
faite ensuite et déclarera ou non si la faute en incombe
78
aux policiers. Pour l’avocat, les lois changeant au moment
où j’écris, il vous sera présenté dès que possible. Il est
lui aussi indépendant ou vous pouvez demandez votre
avocat si vous en avez un et qu’il est disponible. Il vous
sera utile et de bon conseil quand à la posture à adopter.
Les gens pensent souvent qu’ils ont le droit de passer
un coup de téléphone. Malheureusement ce n’est pas le
cas. On vous demandera si « ils » doivent téléphoner à
quelqu’un pour signaler que vous êtes placés en garde à
vue. En aucun cas vous n’aurez la personne au téléphone
ni ne pourrez demander qu’on lui transmette des
informations. Choisissez bien cette personne qui pourra
prévenir votre famille, votre travail, vos amis, ou autres
complices, et qui pourra faire disparaître toutes preuves
à votre domicile. Le document signé et une partie de vos
droits vous étant signalés vous allez placer officiellement
en garde à vue. Attendez-vous à passer un très mauvais
moment et si c’est la nuit une très mauvaise nuit.
Avant d’aller à votre cellule, vous allez passez par
la salle de fouille. Si vous êtes une fille, vous pouvez exiger
une femme pour vous fouiller. Vous allez arriver dans
une salle avec un officier chargé de vous fouiller il vous
demandera si vous n’avez aucun objet contendant ou de
79
drogue. Puis il vous ordonnera d’enlever vos chaussures
et vos vêtements mais de garder votre slip ou caleçon. Il
inspectera minutieusement vos vêtements afin de voir
s’il n’y a rien de caché dedans. Ce n’est pas la peine de
dire qu’il n’y a rien, il regardera quand même. Il inspectera
aussi vos cheveux. Il constatera si vous avez des signes
distinctifs (tatouage, cicatrice, marque de naissance…)
. Puis le plus pénible arrivera. Il vous demandera de
baisser votre sous-vêtement puis de vous retourner et
de vous accroupir. Il vous demandera de tousser pour
voir si vous n’avez rien caché dans votre anus. La fouille
n’ira normalement pas plus loin, à moins que des faits
graves vous soit reprochés notamment pour tout ce qui
concerne la drogue. Au delà de l’aspect conventionnel,
la fouille sert à vous faire passer un moment humiliant
afin de vous rendre plus docile et asseoir l’autorité de
la police sur vous mais n’acceptez aucun attouchement
contre nature.
Vous allez être emmené dans votre cellule où,
selon l’heure et la durée de l’enquête, vous allez passer
la nuit. Je vais choisir de vous parler de cette éventualité
car c’est la plus courante et il n’est pas rare qu’une
garde à vue commencée en journée se prolonge toute
80
la nuit. Elle se prolonge la nuit car c’est le Procureur
de la République qui va décider des suites de l’affaire
selon les informations qui sont à sa disposition. Le
recueil des éléments de l’enquête prend du temps et
le procureur est souvent débordé de travail la journée
avec les différentes affaires à traiter au tribunal et il ne
prend conscience des dossiers que le matin. Dans votre
cellule, il se peut qu’il y ait déjà quelqu’un. Vous pouvez
sympathiser avec lui, avec le fameux « Et toi, tu es là
pour quoi ? », ça aidera à faire passer le temps. Restez
prudent quand même quant aux informations que vous
lui direz, les enquêteurs pourraient le faire parler en lui
proposant un marché, il ne vous connaît pas et n’aura
aucun scrupule à vous trahir. Un des buts du placement
en garde à vue et de vous affaiblir en vous faisant perdre
vos repères temporels et spatiaux. La cellule est de taille
réduite, il y a un banc, plutôt une planche fixée au mur,
une paroi vitrée, il est possible qu’il y ait des toilettes
sans rien pour vous cacher, le tout éclairé 24h/24h.
Vous allez prendre vos marques et commencer à vous
habituer à l’espace, peut-être même à vous détendre
et vous reposer quand vous allez être appelé à suivre
un agent qui vous emmènera à l’identité judiciaire. A
chacun de vos déplacements vous serez menotté. Il
81
s’agit d’une pièce qui sert à prendre tous les éléments
qui constitueront votre dossier et à pouvoir recouper
certaines de vos particularités avec des affaires non
résolues. On va prendre vos mensurations, ainsi que
vos signes distinctifs, couleur des yeux, des cheveux,
barbe, cicatrice… Puis on vous prendra vos empreintes
digitales. Si elles ressortent dans une autre affaire en
cour, ils le sauront tout de suite. L’agent prendra aussi
trois photos de vous : de face, de profil, de trois quart et
de vos signes distinctifs particuliers. Selon la nature du
délit, on vous fera surement un prélèvement d’ADN : vous
allez coincer une sorte de gros coton-tige entre votre
langue et le palais pendant une minute, puis l’officier
va le frotter à l’intérieur de votre joue puis appliquera le
coton tige sur une pastille qui se colorera. Puis il mettra
le carton sur lequel se trouve la pastille dans uns sachet
scellé. Assurez-vous que l’agent a bien déposé le tissu
stérile sur le plan de travail et qu’il porte bien des gants
en plastique, sinon vous le signalerez à lui ou à votre
avocat. Vous serez alors raccompagné à votre cellule.
Bien sûr, alors que vous venez juste de trouver
une certaine forme de somnolence, on viendra vous
réveiller pour vous apporter le repas du soir ou s’il est
82
déjà passé, pour vous amener dans un bureau afin
de vous interroger. Soit dans les couloirs, soit dans le
bureau, un policier vous dira qu’il vous connaît ou qu’il
vous a déjà croisé. Dits-lui que peut-être mais que vous
ne pensez pas. C’est aussi une technique d’intimidation
pour vous faire croire qu’on vous soupçonne déjà ou
qu’ils savent déjà tout de vous. Lors de l’interrogatoire
on vous demandera si vous êtes déjà connu des
services de police et pourquoi. On vous demandera
toutes les informations concernant votre identité. Puis
la rédaction, à proprement parlé, du procès verbal
commencera. Répondez, comme précédemment, avec
des affirmations détournées. Gardez en tête la stratégie
mise en place avec votre complice. L’inspecteur vous fera
croire qu’il sait déjà tout, si vous savez qu’il ne sait rien,
niez. Il tentera sûrement de vous faire croire que votre
complice lui a déjà tout raconté. C’est probablement
faux, et si votre complice a parlé il a dû suivre la stratégie.
Vous pouvez toujours vous protéger en prétextant que
vous êtes fatigué, que ce n’est pas clair dans votre tête et
que vous ne vous souvenez plus. Ils seront satisfaits et,
même si c’est vraiment le cas, ils auront l’impression que
vous allez craquer : leur plan aura marché car vous êtes
affaiblis. De perdez pas de vue que votre objectif est de
83
les mettre en confiance et pas l’inverse. Pour les mettre
en confiance, vous pouvez leur avouer quelque chose
qui ne vous met pas à votre avantage. Par exemple que
vous avez fait le mur de chez vous, que votre copine n’est
pas au courant et qu’elle croit que vous êtes chez un ami.
Ils auront l’impression d’avoir un moyen de pression ;
s’ils s’en servent en disant qu’ils vont la prévenir ça n’aura
aucune influence, mais ce que vous direz par la suite leur
paraitra comme étant forcement la vérité. Mettez-les en
confiance afin que ça soit, plus ou moins, vous qui les
manipuliez. Ensuite vous retournerez à votre cellule et
serez probablement ressorti après un assoupissement
pour confronter votre version des faits aux nouveaux
éléments de l’enquête ou à la déposition de vos ou votre
complice.
Puis, après un bref retour à votre cellule,
probablement au petit matin, on vous présentera à un
avocat qui vous expliquera la suite du déroulement
de la garde à vue. Il vous dira ce que vous risquez et
si vous allez passer en comparution immédiate – la
comparution immédiate étant un procès directement
après la garde à vue, généralement le matin au tribunal.
(Vous pouvez, pour vous familiariser avec les procès au
84
tribunal, assister aux audiences publiques au Tribunal de
Grande Instance. Il y a des procès presque tous les jours
et qui sont ouverts au public.) Vous pouvez lui parler
franchement et lui dire où et pourquoi vous avez menti
ou omît des éléments. Il vous conseillera et rien ne sera
répété sans votre consentement. Puis, dans votre cellule,
on vous apportera le petit-déjeuner. S’il y a encore besoin
de vous pour l’éclaircissement de l’enquête vous serez à
nouveau délogé, sinon vous serez sorti pour la dernière
étape.
Il y a deux possibilités : soit vous allez passer en
comparution immédiate, où vous suivrez les conseils
de l’avocat, et pourrez demander un autre procès pour
préparer votre défense, soit vous allez être libéré. Si vous
êtes libéré, on vous fera signer un document stipulant que
vous sortez de garde à vue et que vous retrouvez votre
liberté. On vous remettra sûrement une convocation au
tribunal que vous signerez pour dire que vous avez pris
connaissance de la dite convocation. Avant de signer
le papier de fin de garde à vue assurez-vous d’avoir
récupéré vos affaires personnelles, il se peut que tout
ne soit pas présent notamment si certains objets ont
servi pour le délit ou s’ils sont interdits. Comptez votre
85
argent et vérifiez que cela correspond bien à l’argent
noté lors de votre placement en garde à vue. Aucune
retenue d’argent n’a due être faite, même pas pour la
nourriture, car ils ont l’obligation de vous nourrir et ce
à titre gratuit. Si vous aviez des cigarettes votre paquet
contiendra sûrement une seule cigarette ou toutes vos
cigarettes cassées. Si vous n’avez pas toutes vos affaires,
vous pouvez leur dire que vous ne signerez pas tant
qu’ils ne vous ont pas rendu l’intégralité de vos affaires.
Ils seront décontenancés et vous rapporteront les objets
vous appartenant. Une fois dehors, prévenez que vous
êtes sortis aux personnes qui pourraient être inquiètes.
Et profitez de cette liberté pour vous offrir quelque
chose d’insignifiant qui d’habitude ne représente rien.
Un simple repas au Mc Donald’s ou un verre dans un
café se chargera du parfum de la liberté et n’en sera que
meilleur.
86
Conseils généraux
Afin de s’éviter des désagréments lors d’une
mission, il faut bien se préparer pour ne pas être
importuné quand le moment de passer à l’action
arrivera ou en cas d’imprévus. Il arrive bien souvent
qu’un élément imprévu survienne et qu’il nous oblige
à modifier nos plans. C’est pour cela qu’il faut suivre
quelques notions de bases. Les conseils qui vont
suivre ne sont pas obligatoires, s’ils vous semblent trop
contraignants, vous pouvez les adapter à votre procédé.
Déjà, il faut s’encombrer du moins d’affaires
possible, ça sera toujours ça que l’on ne perdra pas, que
l’on ne cassera pas, que l’on nous volera pas ou que l’on
oubliera pas. Ensuite, s’encombrer le moins possible
permet d’être moins chargé pour être plus mobile.
Néanmoins, il ne faut pas négliger les outils nécessaires.
Il faut bien anticiper, savoir de quoi on pourra avoir
besoin et adapter son matériel en fonction du but de
la mission. Mais il y a un objet que vous devez avoir
toujours sur vous : votre papier officiel d’identité. Il vous
sera bien utile pour éviter que les forces de l’ordre ne
s’attardent sur votre cas en cas de contrôle. Par exemple,
87
si vous vous faites contrôler dans la rue, vous éviterez
d’aller au commissariat pour une recherche d’identité, si
vous vous faites attraper alors que vous fraudez dans les
transport en commun ou que vous aviez l’intention de
voler quelque chose, vous éviterez aussi d’avoir affaire
à la police. Si vous avez plusieurs papiers d’identité avec
plusieurs adresses différentes (avec l’adresse de chez
vos parents par exemple, ou d’un ancien logement)
préférez prendre un papier qui ne comporte pas votre
adresse actuelle (dans une autre ville étant le mieux). En
effet cela pourra vous éviter une perquisition, selon la
gravité des actes. De plus, si par malchance il vous arrive
quelque chose, vous pourrez toujours être identifié. Ayez
toujours aussi avec vous un peu d’argent liquide, il vous
permettra de payer toutes sortes de marchandises ou
de services ou d’amendes. Prenez toujours le minimum
d’affaires qui permet de ne pas vous soupçonner d’avoir
caché vos affaires. En cas de contrôle, si vous n’avez
rien dans les poches, on risque de vous accuser d’avoir
dissimulé des choses ailleurs. Il peut s’agir d’affaires ne
vous encombrant pas trop, prenez des vieux tickets de
caisse, des emballages de barre chocolatée, un stylo…
Autant d’indices qui prouveront que vous ne venez pas
de retourner vos poches à l’instant. Pour transporter
88
votre attirail un sac à dos et pratique mais il peut attirer
sur vous les soupçons. Pour remédier à ça, j’ai pris
pour habitude de transporter mes affaires soit dans
un attaché-case soit dans sac plastique voire un sac
poubelle ou un sac en papier Mac Donald’s. Il y a des
fast-foods partout et il est tout à fait banal de croiser
quelqu’un avec un de ces sacs à n’importe quelle heure
du jour et de la nuit. De plus, ils ne coûtent rien, peuvent
être abandonné n’importe où en cas de force majeure et
être récupéré ensuite car personne n’aura fouillé dedans.
Habillez-vous aussi de manière adaptée en
prenant en compte la météo, les conditions d’opération,
la discrétion et les obstacles que vous aurez à franchir. S’il
fait froid ne vous habillez pas trop chaudement. Il arrive
qu’au cours d’une action, pour peu qu’elle soit physique,
vous ayez vite trop chaud. Par contre si vous devez rester
caché longtemps et qu’il fait froid couvrez-vous bien.
Si en revanche vous devez vous cacher alors que des
personnes passent à proximité, évitez les vêtements
bruyants, chaussures ou vêtements de type survêtement,
qui vous trahiront au moindre mouvement. Si vous avez
des buissons à traverser, des grillages à escalader, des
murs à franchir, préférez porter des vêtements solides
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mais qui vous laissent une aisance de mouvement : un
sweat-shirt à capuche et un jean sont un bon compromis,
à condition que le jean ne soit pas trop moulant. Si
vous avez des cours d’eau à traverser, préférez porter
un short ou des vêtements qui sècheront vite. Adaptez
aussi vos chaussures au type d’environnement que
vous allez affronter. Si des chaussures fines et souples
sont bien pour franchir un grillage, elles deviendront
vite inconfortables si le terrain est accidenté. Par contre
de grosses chaussures de marche ne vous permettront
pas d’avoir la souplesse désirée si vous devez courir.
Les chaussures et des habits de ville sont bien si vous
souhaitez rester discret, et ils éveillent moins la suspicion.
Malgré cela ils sont rarement préconisés pour l’aventure.
Trouvez un compromis qui ne vous handicapera pas.
Si vous vous déplacez en voiture ou en deux
roues motorisées, une fois votre trajet effectué, ne vous
garez pas trop près de là où vous allez. On ne risquera pas
de vous identifier avec vos plaques d’immatriculation.
Si vous avez des objets compromettants dans votre
véhicule, il est préférable de cacher les papiers du véhicule
ainsi que les clés à proximité. En cas de contrôle si vous ne
le dites pas, personne n’ira voir votre voiture ou scooter.
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Trouvez une cachette où vos affaires pourront rester à
l’abri plusieurs heures voire plusieurs jours en cas de
coup dur. Evitez les poubelles si celles-ci sont ramassées
tous les jours ou encore sous une voiture qui peut partir
n’importe quand. Les cacher derrière la roue à l’intérieur
de la jante de votre voiture est un bon endroit. En cas de
perquisition, il est important d’avoir caché avant toutes
les pièces pouvant vous compromettre. Ne les cachez
jamais dans votre cave si celle-ci est rattachée à votre
nom ou votre appartement. Evitez aussi une cachette
chez vous ou dans votre jardin ou dans votre boite aux
lettres. Si vous avez des documents numériques dont
le stockage craint des conditions qui ne leur seraient
pas favorables, vous pouvez les mettre dans de petites
cartes mémoires micro SD du type de celle que l’on
met dans les téléphones portables. Et coller cette carte
de manière discrète, avec de l’adhésif ou de la Patafix,
derrière un poster ou un miroir. Ne collez rien sous les
meubles, les tables ou les tiroirs, de même que l’espace
derrière les tiroirs dans des commodes est à proscrire. Le
mieux étant de déposer vos affaires chez quelqu’un qui
vous les cachera et les mettra à l’abri.
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Préparez à l’avance vos prétextes, vos excuses et
vos mensonges en cas d’imprévus. Plus vous les aurez
assimilés et plus vous paraitrez crédible. Pensez à les
mettre au point avec vos éventuels complices, si vous
donnez chacun une version différente vous aurez du
mal à retrouver un terrain favorable à vos mensonges.
Prévoyez aussi de fausses discussions au cas où vous
croiseriez un policier, un agent de sécurité ou un habitant
des environs qui pourrait vous considérer comme
louche. Ces fausses discussions peuvent être autour
d’un jeu vidéo que vous n’arrivez pas à finir, le dernier
film « trop bien » que vous avez vu, le foot, l’amour…
bref les sujets ne manquent pas tant que vous avez
l’air de discuter. Parce qu’en discutant vous n’éveillez
pas les soupçons, contrairement à un arrêt brusque de
conversation quand vous croisez un inconnu. Ayez l’air
naturel et détendu, vous paraitrez convaincant.
Pour finir, le réseau est une notion et une
valeur non-négligable qui doit être pris en grande
considération. Le réseau est le moyen principal d’obtenir
un outil, une information, une aide. Profitez de votre
entourage. Votre réseau est votre famille, cercle d’amis,
collègues de travail… En effet, nous sommes tous un
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élément d’un ou plusieurs réseaux qui se recoupent. Il
arrive bien souvent que l’on puisse avoir des informations
utiles juste en demandant à une personne qui a déjà fait
ce que vous voulez faire car elle travaille là-dedans, ou
possède un outil ou une clé. C’est un excellent moyen
d’obtenir quelque chose sans se compliquer inutilement
la vie.
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POSTFACE
J'ai donné un certain nombre de techniques
qui ne sont pas exhaustives. Non-exhaustives, car tout
d'abord, je ne connais pas toutes les combines et je
ne possède pas toutes les « clés », puis, parce que j'ai
souhaité parler seulement de techniques que j'utilise
ou que j'ai utilisées et développées. Il s'agit de procédés
qui ont eu une incidence sur ma vie, les manières
d'amorcer les processus créatifs et pas forcément sur ma
pratique artistique. Certaines notices peuvent éclairer
mes logiques de travail mais il s'agit avant tout de
comprendre « l'état d'esprit » ou une sorte de dialectique
de cheminement d'acte dans leur globalité. C'est pour
une meilleur perception de cette globalité que j'ai
sciemment choisi de ne pas évoquer explicitement
quelques une de mes pièces. Même si certaines œuvres
peuvent être perçues comme l'illustration de ces notices.
Comme je l'ai énoncé, l'histoire autour de la réalisation
me paraît nécessairement importante dans la pièce
finale en elle-même. Il s'agit de les voir dans un ensemble,
c'est pourquoi la connaissance de l'état d'esprit et du
mode de vie doit compléter la juste compréhension de
l'expérience. Car je perçois la confrontation face à une de
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mes pièces comme une expérience imposée et induite
par l'introduction du spectateur dans la confidence. Il
se retrouve impliqué car il devient témoin. A partir du
moment où il se situe comme un témoin, il doit prendre
position, je ne lui laisse pratiquement pas le choix.
S'il ne fait rien, c'est qu'il choisit de se taire et dans un
contexte légal il devient complice. S'il choisit de réagir,
une multitude de possibilités s'offre à lui: dénonciation,
incitation, divulgation... Mais cette situation, transposée
dans le milieu artistique, crée une ambigüité entre les
règles sociales et la perception émotionnelle. Le milieu
de l'art favorise le jugement personnel et le ressenti face
à des règles dictées par d'autres références. En effet, la
« fascination » vient parfois interférer sur le jugement.
Mais c'est au jugement primaire que je tente de faire
référence. En se sens où le jugement primaire est la
manière personnelle que l'on a de ressentir les choses
sans se raisonner et être influencé par des règles ou
morales. Il n'y a pas de transgression de limite puisqu'il
n'y a pas eu de passage à l'acte. Ce qui tente de s'imposer
entre le système de sécurité et l'individu qui détient le
potentiel de le déjouer est la morale. L'individu peut
prendre du recul par rapport à la légalité mais c'est cette
éthique personnelle qui va dicter cet éloignement. Une
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fois en possession du potentiel, l'individu ne peut que
tester ses limites morales à chaque fois qu'il se retrouvera
dans une situation mentionnée, par exemple une porte
fermée qu'il souhaiterait franchir. Toutes les solutions
de sécurité sont des moyens physiques nous stipulant
des limites à ne pas franchir. Ils accompagnent l'individu
infantilisé. Sous couvert de protection, on est guidé
ne laissant qu'une faible marge de manœuvre à notre
morale personnelle quant au choix qu'on pourrait faire.
Le lecteur peut se permettre d'émettre l'hypothèse et de
pouvoir envisager que d'autres solutions sont possibles
s'il est suffisamment informé. Le spectateur a le choix
d'appliquer ou de juger par lui même les notices.
Au travers d'actes comme la tricherie, la
tromperie, le vol j'ai tenté d'éclairer le lecteur sur le monde
sécuritaire qui l'entoure. Sans vouloir le plonger dans
une certaine psychose, il s'y retrouve projeté. De part la
transmission de ces connaissances le lecteur est dans la
confidence, ce qui lui donne un potentiel. Il s'est procuré
ce potentiel car il a lu l'ouvrage. Vous êtes ce lecteur.
Nous nous interrogeons ici sur la notion de culpabilité
et de transmission de savoir. Sommes-nous complices ?
Suis-je le seul coupable, êtes-vous le seul coupable, juste
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en détenant une capacité ? Pour être réellement activé le
potentiel doit être mis en application, il doit précéder un
passage à l'acte. Sans ce passage à l'acte la connaissance
devient vaine.
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Orion Giret 2011
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