Parcours terrestre et spirituel de Thérèse d`Avila
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Parcours terrestre et spirituel de Thérèse d`Avila
Réalisé par le centre spirite Thérèse d’Avila pour rendre hommage à notre grande sœur Thérèse d’Avila Le 17 mai 2008 Humilité, Simplicité Solo Dios Basta Sommaire Poème inspiré rendant hommage à Thérèse d’Avila Préface La vie terrestre de Thérèse d’Avila Introduction La jeunesse de Thérèse, 1515-1531 Le couvent de l’Incarnation, 1531-1553 Le tournant de 1553 La fondation d’un monastère réformé, 1561-1563 « La dame errante de Dieu », 1567-1582 Bibliographie Œuvres de Thérèse d’Avila Le château intérieur sous l’éclairage spirite Introduction Premières demeures Deuxièmes demeures Troisièmes demeures Quatrièmes demeures Cinquièmes demeures Sixièmes demeures Septièmes demeures Conseils donnés par Thérèse d’Avila pouvant servir aux médiums Conclusion Annexe 1 : Œuvres écrites par Thérèse d’Avila Annexe 2 : carte des fondations de Thérèse d’Avila Sœur Thérèse d’Avila Tout l’amour que tu nous donnes Nous le ressentons ici-bas Sans que tu nous abandonnes. Tu nous guides chaque fois Que nous avons besoin. Si on tombe, tu es là Pour nous tendre la main. A chaque moment qui passe J’implore ta présence Et j’en sens le besoin Pour l’examen de conscience Nous t’aimons depuis toujours Et sans exception. Tu es dans nos cœurs Et en nous tu fais l’union. Que la paix règne toujours Dans notre groupe sacré. Nous demandons à Thérèse d’Avila De toujours nous protéger. Et en ce jour de fête Nous voulons commémorer Sœur Thérèse d’Avila Qui jamais n’a cessé d’aimer. Poème inspiré,médium Rosalia PREFACE Rendre hommage à l’ Esprit de Thérèse d’ Avila s’est imposé après neuf années de travail spirite. Toutes ces années ont été mises à la disposition des frères et sœurs souffrants, venus chercher la consolation spirite et aux médiums qui souhaitaient développer leur médiumnité. Il y a eu beaucoup d’appelés et peu d’élus. Nombre de médiums ont quitté le centre en raison des difficultés à maintenir les efforts nécessaires de réforme du caractère et de volonté. Que de moments de découragements avons nous vécu, mais que de moments de joie nous ont consolé ! Lorsque l’Esprit de notre grande sœur vient se communiquer à nous, relevant notre courage et nous exhortant au travail et à la fraternité . Que de frères et sœurs écoutés, que de frères et sœurs aidés, que de frères et sœurs fortifiés par la présence de ce merveilleux Esprit ! Les réunions d’aide spirituelle ont été nombreuses, progressivement les réunions de désobsession ont pris une place grandissante et les frères et sœurs obsédés n’ont cessé d’affluer. Toujours et encore l’Esprit de Thérèse d’ Avila a dirigé les réunions, mis en place des équipes spirituelles pour réaliser tout ce travail. Puis nous sentant prêts, notre grande soeur nous a confié le travail de charité auprès de frères et sœurs démunis .Depuis plusieurs hivers, et maintenant deux étés elle nous porte et nous exhorte sur le chemin qui mène à eux. Que de joie ressentie, que d’amour dans nos cœurs lorsqu’ elle déverse sur nous des fluides d’amour et nous fait ressentir son amour incommensurable. Demain, nous irons avec elle à la rencontre de familles et d’enfants démunis ;le travail est incessant, nous sommes les intermédiaires qu ‘elle a choisi pour ce travail, alors soyons en toujours dignes. Faisons respecter le travail spirituel par notre rigueur, notre discipline, notre humilité. Acceptons de faire les efforts demandés sur nous-mêmes et acceptons de voir nos insuffisances et de nous remettre en question avec humilité à chaque fois que nécessaire. Après demain, de par sa volonté et avec la permission divine de très nombreux centres spirites Thérèse d’Avila vont naître en France, pour semer l’amour et la charité. A leur tête, il faudra des médiums forts, volontaires, sincères, travailleurs, fidèles, courageux qui ne désertent pas la mission confiée. Lors de sa vie terrestre en Espagne, Thérèse d’Avila a réformé le carmel, ne cessant d’œuvrer à travers toute l’ Espagne pour amener plus de rigueur dans le service divin. Jamais elle n’a baissé les bras, malgré les luttes épuisantes, les calomnies,les médisances. L’ Eglise catholique a déformé les écrits de Thérèse d’Avila pour qu’ils ne puissent nuire en aucune sorte aux dogmes car la médiumnité de Thérèse d’Avila était embarrassante. Comment l’ Eglise pouvait elle expliquer tous les phénomènes médiumniques qui se produisaient avec Thérèse d’Avila ? Nous nous sommes basés sur ces écrits en gardant un esprit critique.La médiumnité transcendante de celle qui illumina le ciel d’Avila lui ouvrit la porte du ciel et une relation spirituelle avec l’ Esprit du Christ, c’est dire si son Esprit avait atteint un haut niveau d’évolution morale . La deuxième partie de cet ouvrage, « le château intérieur » analysé sous l’ angle spirite est un véritable guide pour aider les médiums à développer leur amour et à fortifier leur cœur par la prière,celle qui enseigne et rapproche de Dieu. En effet, Thérèse d’ Avila nous livre une partie de l’enseignement spirituel reçu lors de l’oraison qu’elle pratiquait. Nous vous offrons cet enseignement et la biographie de Thérèse d’Avila en souhaitant qu’une meilleure connaissance de l’ existence terrestre d notre grande sœur touche vos cœurs .Nous souhaitons aussi qu ‘elle fasse naître ou grandir l’amour et le respect que nous devons lui porter en tant que spirites. Aujourd’Hui conscients de l’effort évolutif à entreprendre tout au long de notre vie terrestre, nous n’ avons pas d’autre choix que d’avancer sur la route lumineuse qu’elle nous montre. Ce travail réalisé par des médiums du Centre Thérèse d’Avila et pus particulièrement par une de nos soeurs vous est dédié. La vie terrestre de Thérèse d’Avila (1515-1582) Thérèse d’Avila a été au XVIe siècle la réformatrice du Carmel. Première femme à recevoir le titre de docteur de l’Eglise catholique (1970), elle est considérée en raison de la qualité de ses écrits comme l’un des plus grands auteurs de la littérature espagnole et comme un maître en spiritualité. Ici, nous retracerons le cours de la dernière existence terrestre de celle qui aujourd’hui est un Esprit éminemment supérieur, très proche du Christ, et missionné par Dieu pour diriger les œuvres caritatives de notre planète. C’est à ce titre qu’elle dirige plusieurs centres spirites en France. La jeunesse de Thérèse, 1515-1531. Teresa, francisé en Thérèse, est née à Avila en Espagne le 28 mars 1515, sous le règne de Charles Quint. Son père, Alonso Sanchez de Cepeda, un riche hidalgo1 originaire de Tolède, se maria en secondes noces avec Beatriz de Ahumada, qui mit au monde dix enfants, dont Thérèse, qui grandirent dans une luxueuse demeure d’Avila située Plazuela de Santo Domingo. Thérèse reçut une éducation soignée et apprit à lire et à écrire très tôt. Elle écrivit même vers ses quinze ans, un roman de chevalerie intitulé Le Chevalier d’Avila. Elle s’intéressa également à la Vie des Saints et, enfant, elle souhaitait devenir une sainte comme sainte Catherine2, car elle admirait surtout les martyrs. La peur de l’enfer, omniprésente dans l’Espagne catholique du XVIe siècle, inquiétait les consciences et Thérèse voyait le martyre comme un court moment de souffrance en échange de la gloire éternelle, car selon la doctrine catholique les martyrs vont immédiatement au paradis3. C’est ainsi qu’elle et son frère Rodrigo partirent un matin, à peine âgés de dix ans, mourir en martyrs « au pays des Maures4 », mais furent ramenés à la maison par leur oncle qui chevauchait sur la route ! Cet évènement, qui peut sembler anecdotique, révèle le caractère fortement idéaliste de Thérèse d’Avila. La mère de Thérèse mourut en 1528, quelques jours après la naissance de son dixième enfant ; Thérèse avait treize ans. A quinze ans, c’était une jeune fille belle et séduisante, qui plaisait et aimait plaire. Son frère Luis de Léon écrit dans sa Vida de la santa Madre Teresa de Jesus : « Elle enjôlait et captivait tous les cœurs. Sa beauté et le soin qu’elle avait de sa personne, la finesse de sa conversation, la douceur et l’honnêteté de ses manières l’embellissaient encore. ». A seize ans son cousin s’éprit d’elle, mais l’idylle entre les deux jeunes gens éveilla les soupçons de son père qui décida alors de mettre Thérèse quelques temps en pension au couvent des Augustines. 1 Hidalgo : noble espagnol. Sainte Catherine : martyre égyptienne du IVe siècle. 3 L’enfer et le paradis sont selon certaines religions des lieux circonscrits de souffrances ou de joies éternelles, vision à laquelle s’opposent les spirites. Voir à ce propos Le Ciel et l’enfer d’Allan Kardec. 4 Les Maures : les musulmans d’Afrique du Nord 2 Le couvent de l’Incarnation, 1531-1553. Pendant un an et demi Thérèse hésita entre la vie religieuse et le mariage, torturée entre son désir d’une vie laïque et la liberté que lui procurerait une vie de religieuse, échappant par ce biais au mariage arrangé, à la domination masculine et aux grossesses inhérentes à la condition de la femme de l’époque. Hélas, la maladie eut raison d’elle pendant de très longs mois et elle fut reconduite chez son père. Un oncle très pieux l’hébergea chez lui. La foi en Dieu de cet oncle était si communicative qu’elle conduisit Thérèse à lire des ouvrages tels que Les Epîtres de saint Jérôme5 qui lui firent prendre conscience de la brièveté de l’existence terrestre. De retour à Avila, Thérèse reprit sa vie coutumière, elle avait dix-neuf ans et les demandes de ses prétendants affluaient à la maison paternelle. Cependant, les mondanités ne lui plaisaient plus autant car elle craignait de plus en plus pour son salut ; elle décida alors, selon ses mots, de « se contraindre à entrer au couvent ». Son père s’opposait fermement à ses projets, refusant de voir partir définitivement cette fille chérie ; elle prit alors la décision de se sauver un matin pour entrer au couvent carmélite où l’attendait une amie. Son père dut néanmoins donner son autorisation aux autorités du couvent, et Thérèse sut le convaincre : il consentit à ce qu’elle reste au Carmel Notre-Dame-de-l’Incarnation. Thérèse prit l’habit religieux le 2 novembre 1536. Elle écrivit : « Au moment où je reçus l’habit, le Seigneur me fit comprendre quelles faveurs il accorde à ceux qui savent se vaincre par amour pour lui. Personne, cependant, n’avait soupçonné cette lutte. On n’avait vu en moi qu’un très grand courage. Aussitôt, j’éprouvai une telle joie d’être enfin dans l’état religieux que depuis lors je n’ai jamais cessé de le goûter. Dieu changea la sécheresse de mon âme en l’amour le plus tendre pour lui6. ». Elle reçut en 1537 son nom de religion : Teresa de Jésus, et prononça ses vœux. De santé fragile, Thérèse était souvent souffrante, l’aggravation de son état de santé obligea son père à la sortir du couvent pour l’emmener consulter une guérisseuse à Becedas, petit village situé à soixante kilomètres d’Avila. En passant, elle se rendit chez son oncle qui lui donna un ouvrage sur l’oraison : l’Abécédaire spirituel du père franciscain Francisco de Osuna. Dans ce traité mystique précédé de maximes présentées par ordre alphabétique, d’où le nom d’Abécédaire, l’auteur présentait une méthode pour élever sa pensée vers Dieu. L’Abécédaire spirituel apprit aussi à Thérèse à se livrer à un véritable examen de conscience, elle commença alors à prier beaucoup. Durant ce séjour, il semble que Thérèse s’éprit d’un jeune prêtre, son confesseur, ce qui révèle le caractère humain de la future sainte. De plus en plus malade, elle fut ramenée à la demeure paternelle. Elle entra alors dans un long coma et on la considéra comme morte ; on creusa même sa tombe. On allait la mettre en terre lorsqu’elle sortit de sa léthargie et raconta que pendant son sommeil on lui avait annoncé qu’elle avait une mission à accomplir, elle parla de fondations de monastères. Thérèse souffrait atrocement, mais elle décida de retourner au 5 6 Jérôme, 347 (?)-418, connu pour être l’auteur de la Vulgate, la version latine de la Bible. Vie, ch. 4 monastère où elle resta trois ans paralysée. Elle put d’abord se déplacer à quatre pattes, puis un jour, elle se redressa et fut guérie « miraculeusement ». Le Carmel de l’Incarnation suivait une règle assez souple qui permettait aux sœurs de sortir souvent du monastère et de recevoir toute la bonne société d’Avila. Au parloir elles partageaient les victuailles préparées par les familles, chantaient et jouaient de la musique. Thérèse, remise de sa grande crise, retrouva avec joie les distractions du parloir au détriment de l’oraison. De nouveau elle se lia d’amitié avec un jeune homme, mais les avertissements venaient maintenant d’en haut : le Christ se montra à elle lors d’une vision spirituelle « triste et sévère »7. Son père mourut en 1543, et jusqu’en 1553, Thérèse vécu entre l’oraison et les mondanités, cherchant à concilier ces deux extrêmes. Le tournant de 1553 Un jour de 1553, Thérèse d’Avila, alors âgée de trente-huit ans, vit un buste représentant les plaies du Christ qui venait d’être déposé dans l’oratoire. Elle se jeta en prière devant ce Christ, promettant de se rapprocher de lui, et à partir de ce moment elle évita le parloir, priant chaque jour davantage, absorbée par la pensée de Dieu. Pendant cette période, elle parlait d’union avec Dieu, sa médiumnité se développa. Elle percevait des voix qui lui demandaient de servir sans se soucier de ce qui était dit autour d’elle. En effet, les sœurs carmélites parlaient beaucoup, parfois en mal, de cette transformation spirituelle visible de Thérèse. Elle demanda à rencontrer des confesseurs extérieurs au couvent pour leur confier ses visions et rechercher des explications ; mais ceux-ci crurent dans un premier temps que ses visions étaient l’œuvre du « démon »8. Cependant, en lisant les vies des saints, elle trouva des similitudes entre ce qu’ils avaient ressenti et ce qu’elle-même ressentait. Enfin, le jésuite Diego de Cetina, vint au parloir pour étudier le « cas Thérèse », et il fut convaincu que ses visions étaient d’origine divine. Elle reprit l’oraison. Lors de sa première extase, elle entendit une voix lui ordonnant : « Je ne veux plus désormais que tu converses avec des hommes, mais seulement avec les anges »9, ses sœurs étaient affolées car ses membres étaient devenus raides, son corps était glacé, son pouls battait à peine, tandis que son visage était extasié. Elle resta trois jours immobile. Thérèse racontait qu’elle sentait son âme quitter son corps, ensuite elle avait des visions et recevait des révélations qu’elle entendait distinctement. Thérèse eut dans l’année 1558, l’intuition de la présence du Christ à ses côtés et à partir de cet instant elle la ressentit très souvent. Elle entendait une voix qui lui confirmait qu’il s’agissait bien du Christ. Ensuite elle eut des visions spirituelles du Christ lui-même, resplendissant de lumière. Son amour pour Dieu croissait de jour en jour. Elle eut en 1559 la vision d’un ange qui lui enfonçait un dard doré dans le cœur la laissant « tout 7 Ibid. Le démon, le diable ou Satan, est pour les catholiques l’inspirateur du mal ; les spirites nient l’existence d’un être perpétuellement voué au mal. Voir à ce propos Le Ciel et l’Enfer d’Allan Kardec. 9 Ribeira, Vie de sainte Thérèse, IV, 18. En terme de spiritisme, l’ange est un Esprit supérieur. 8 embrasée d’un grand amour de Dieu »10. Thérèse entrait fréquemment en extase et lévitait11 en public, bien qu’elle essayait de résister à ces phénomènes médiumniques indépendants de sa volonté. L’Espagne vivait alors des heures sombres. En réaction à la réforme luthérienne12, des bûchers s’allumaient pour éliminer toute trace d’hérésie13 dans la péninsule ibérique. Ainsi, les phénomènes que vivait et décrivait Thérèse effrayaient ceux qui ne savaient pas faire la distinction entre Dieu et « Satan ». Ces phénomènes, que nous appelons médiumniques étaient regardés comme dangereux, et de nombreux dignitaires catholiques ont souhaité la mort de Thérèse qu’ils pensaient possédée. Elle dut se soumettre à des tests insensés que lui ordonnaient ses confesseurs pour confondre le « diable ». Elle dut en outre rédiger de nombreuses Relations, c’est-à-dire des biographies, afin « d’expliquer (ce que ressentait) son âme ». En 1558, Pedro de Alcantara, un moine franciscain célèbre pour les pénitences qu’il imposait à son corps, pour sa piété et son idéal non corrompu de pauvreté, se rendit à Avila et rencontra Thérèse qu’il comprit parfaitement car il lévitait aussi. C’est grâce à lui que l’origine divine des visions de Thérèse fut acceptée par les dévots d’Avila. La fondation d’un monastère réformé, 1561-1563. Au monastère de l’Incarnation, la cellule de Thérèse était un pavillon isolé et charmant composé de deux pièces superposées : un oratoire au rez-de-chaussée et une chambre à l’étage. Elle recevait beaucoup de visiteurs dans cette chambre dont les fenêtres ouvraient sur le jardin ; or Thérèse recherchait une retraite plus complète. Il lui vint en 1561 l’idée de fonder un petit couvent et de revenir à la règle primitive du Carmel, à l’instar de celle créée en 1209 par le patriarche14 de Jérusalem, Albert, qui organisait la vie des ermites sous l’autorité d’un prieur. Les Carmes, dénommés ainsi car ils vivaient sur le mont Carmel situé dans l’Israël actuel, se retiraient dans leur cellule où ils menaient une vie de prière et de jeûne. Cette règle se relâcha au XIVe siècle pour donner naissance à ce qu’on a appelé la règle mitigée qui faisait prévaloir la vie en communauté. Une amie de Thérèse, Dona Guiomar, lui proposa une aide financière pour édifier un monastère qui obéirait à la première règle du Carmel. Thérèse demanda et reçut l’approbation divine lors de ses prières. Sa hiérarchie ecclésiastique accepta également, mais nombreux furent ceux qui l’attaquèrent au sein du clergé, par incompréhension ou par jalousie. La fondation se fit en secret, Thérèse obéissait aux conseils donnés par les Esprits supérieurs lors de ses visions spirituelles. C’est Dona Guiomar qui se rendit à Rome pour demander au pape l’autorisation de fonder un couvent selon la règle primitive du Carmel qui serait sous la juridiction de l’évêque15 d’Avila au lieu de dépendre 10 11 12 13 14 15 Ibid. Lévitation : phénomène médiumnique au cours duquel le corps s’élève au-dessus du sol. Réforme établie par Martin Luther donnant naissance à l’Eglise protestante. Hérésie : doctrine non conforme au dogme catholique. Patriarche : évêque titulaire d’un siège important. Evêque : dignitaire catholique chargé de la conduite d’un diocèse. du Provincial16 de l’ordre. Dès que l’accord fut obtenu, une petite maison fut achetée au nord d’Avila. Cette maison allait devenir la base de la réforme du Carmel : le monastère de Saint-Joseph d’Avila. Thérèse conçut les plans, elle situa la chapelle et un petit cloître au rez-de-chaussée, les treize cellules et les dépendances indispensables au fonctionnement de ce monastère occupaient le premier étage. Quand l’argent venait à manquer, le Christ la rassurait lors de visions spirituelles, et des dons inattendus étaient reçus aux moments les plus difficiles. Thérèse, déjà auréolée d’une réputation de sainteté, dut se rendre chez la fille du duc de Medinacelli, Dona Luisa de la Cerda, à Tolède, qui se mourrait de chagrin depuis la mort de son mari ; ses proches, craignant pour sa raison, demandèrent l’aide de Thérèse. Elle fut hébergée plusieurs mois dans un magnifique palais tolédan où elle rencontra des personnes de la plus haute aristocratie qui l’admiraient et l’assurèrent de leur soutien tout au long de sa vie terrestre. Le contraste de l’opulence et de l’extrême pauvreté qu’elle vit à Tolède l’émut profondément, elle écrivit : « Il me semble que j’ai plus qu’autrefois pitié des pauvres, je les plains grandement, mon désir de les secourir est tel que si je m’écoutais je leur donnerais l’habit que je porte. Ils ne me répugnent point, bien que je m’approche d’eux, que je les touche même : je vois que cela aussi est don de Dieu, car je faisais l’aumône pour l’amour de lui. »17. A Tolède elle reçut une sœur pénitente en haillons, Maria de Jésus, qui voulait s’entretenir avec elle de la réforme du Carmel. Elle était religieuse dans un couvent du Carmel mitigé, et elle aussi avait eu l’intuition de fonder un monastère conforme à la règle primitive. Elle se rendit à Rome et reçut l’autorisation du pape Pie IV. Maria et Thérèse se mirent d’accord pour que, dans ces monastères réformés, les moniales vivent de leur travail et non de revenus, c’est-à-dire de dons des laïcs. Thérèse préférait que les monastères vivent du seul travail des sœurs car les grands qui offraient des rentes demandaient bien souvent un droit de regard sur le monastère et se réservaient le droit de choisir les futures religieuses. Or elle voulait choisir « ses filles » car elle en voulait de très ferventes et courageuses pour éviter le relâchement dans ses maisons : « il faut toujours préférer le bien de tous à l’intérêt d’un seul », écrivait-elle. Le franciscain et ami Pedro de Alcantara posa avec Thérèse les bases de la Règle d’absolue pauvreté de ses monastères. Durant les six mois du séjour à Tolède, Thérèse put ériger la règle de pauvreté de son monastère réformé, elle avait en outre achevé l’autobiographie que sa hiérarchie lui réclamait18. Le 24 août 1562 vit l’inauguration de ce premier carmel. Mais les notables d’Avila ainsi que la majorité des sœurs de l’Incarnation furent scandalisés qu’un couvent ait été bâti ainsi, en cachette, et qu’il prétende réformer une règle dont beaucoup se satisfaisaient. Le tumulte dans la ville était grand, on tenta même de forcer les portes du monastère. Une junte de grands seigneurs accompagnée de l’évêque voulut détruire ce couvent construit sans l’autorisation des autorités municipales. L’affaire fut portée devant le Conseil royal, mais les amis influents que Thérèse avait rencontrés à Tolède usèrent de leur crédit pour la 16 17 18 Provincial : responsable du Carmel dans une province ecclésiastique. Le Livre de la Vie de Thérèse d’Avila. Ibid. protéger. Au début du printemps 1563, Thérèse fut enfin autorisée à quitter l’Incarnation et à emmener quatre religieuses qui voulaient la suivre. Thérèse fut un véritable maître spirituel, elle enseignait à ses religieuses l’humilité, l’amour et la connaissance de soi-même, laquelle, réalisée par un examen de conscience quotidien, permet de se corriger de ses défauts et d’aimer davantage. Pour Thérèse, souffrir est un moyen pour apprendre à se connaître, car c’est dans la souffrance que l’on mesure son courage. Elle leur enseignait l’humilité car Dieu est tout et nous ne sommes rien sans Dieu. Thérèse insistait particulièrement sur l’obéissance car « le chemin de l’obéissance est celui qui conduit le plus vite à l’extrême perfection. » écrivait-elle. Les carmélites de la règle primitive travaillaient seules dans leur cellule, assises par terre, elles filaient en silence, ne parlant qu’aux récréations, et la porte de la clôture se fermait sur elles pour toujours. Thérèse témoignait la plus grande tendresse à toutes ses sœurs religieuses, elle était leur consolatrice. Elle pensait que plus nous avons de la force, plus nous devons nous pencher tendrement vers ceux auxquels un rien cause souvent une grande peine. Elle donnait des preuves constantes d’humilité, jamais elle ne manquait à demander l’avis des sœurs, et elle s’y conformait. Elle prenait le temps, fût-ce sur son sommeil, de filer la quenouille, pour subvenir comme les autres aux besoins de la communauté. Elle était exigeante, ferme, parfois sévère quand il s’agissait du respect de la discipline. Cependant, la tendresse et la gaieté étaient pour Thérèse de pures manifestations de l’amour du prochain, ainsi elle aimait chanter et danser. « La dame errante de Dieu »19 , 1567-1582. Philippe II, roi d’Espagne, était alors désireux de réformer la vie monastique en son royaume afin de combattre les thèses protestantes qui condamnaient notamment les abus des religieux ainsi que leur attachement aux biens matériels. Le supérieur général de l’ordre du Carmel, Juan Bautista Rubeo de Revena, rencontra Thérèse au couvent de Saint-Joseph pour l’inviter à fonder d’autres monastères réformés. Au moment où elle commença ses grandes fondations, Thérèse avait cinquante-deux ans, elle était, d’après les dires de ses contemporains, toujours belle, gaie, vive et éloquente. Elle ne se laissait pas entraver par les maladies de toutes sortes qui lui causaient pourtant des douleurs continuelles. La ville de Medina del Campo fut choisie pour la première des fondations et Thérèse s’y rendit accompagnée de six religieuses de Saint-Joseph. A Medina del Campo, la fondation se fit aussi avec discrétion afin d’éviter les querelles. Installée avec ses religieuses chez un marchand de la ville, Thérèse dirigea les travaux de reconstruction du bâtiment qui tombait en ruine. Le supérieur de l’ordre l’autorisa également à fonder deux monastères d’hommes conformes à la règle primitive du Carmel. C’est alors qu’elle rencontra un jeune Carme de vingt-quatre ans, Juan de Santo Matias, qui se sentait depuis toujours appelé à la vie solitaire des ermites, elle lui proposa d’être l’un des premiers Déchaux20. Elle aima tendrement ce jeune moine, plus connu sous le nom de Jean de la Croix, 19 20 Marcelle Auclaire, La Vie de sainte Thérèse d’Avila, 1950 Déchaux : règle masculine du Carmel dont les religieux ont les pieds nus dans des sandales. dont elle disait « Quoique de petite taille, il est grand aux yeux de Dieu. ». A Duruelo, un hameau situé au fond d’une vallée de la Vieille Castille, Jean de la Croix et Antonio de Jésus fondèrent le premier monastère de Carmes Déchaux dans une masure offerte par un gentilhomme au cœur d’un village perdu. Dans cette maison qu’elle appelait « la petite étable de Bethléem », Thérèse retrouvait à travers ces deux frères l’austérité et l’amour des ermites qui s’étaient retirés sur le mont Carmel dès les premiers temps chrétiens. Le couvent de Saint-Joseph de Malagon fut inauguré le 11 avril 1568. Puis elle fondit un autre couvent à Valladolid que le frère de l’évêque d’Avila avait offert à celle que l’on appelait désormais la Madre fundadora (la Mère fondatrice). Mais le couvent était entouré de marécages malsains et les sœurs furent atteintes de paludisme21. Elles déménagèrent donc à l’intérieur de la ville dans un autre couvent, offert par Maria de Mendoza, la sœur de l’évêque d’Avila. Thérèse fonda ensuite un couvent à Tolède, aidée par le franciscain Martin de la Croix. A peine installée, elle dut repartir pour le duché de Pastrana où la princesse d’Eboli, épouse du puissant prince Ruy Gomez, la chargea de fonder un monastère. Elle s’arrêta en passant à la cour de Madrid où elle sollicita le soutien des princes et des grands seigneurs. On lui fit rencontrer deux pieux ermites qu’elle emmena à Pastrana pour y fonder un deuxième monastère de Carmes Déchaussés. Elle répondit ensuite à l’appel du recteur de la Compagnie de Jésus à Salamanque et partit fonder un couvent dans la grande ville universitaire. Thérèse n’hésitait pas à faire de longs détours pour visiter les Carmels qui se trouvaient sur sa route. Des prêtres, des marchands, des cavaliers se joignaient bien souvent à elle et l’escortaient. Quelque temps plus tard, l’ordre fut donné à Thérèse de réformer le couvent de l’Incarnation d’Avila qui comptait 130 sœurs habituées à la règle mitigée et fortement opposées à cette décision en raison de l’humiliation ressentie à être ainsi réformées contre leur gré. Le 6 octobre 1571, Thérèse vint prendre possession de sa charge de Prieure à l’Incarnation, elle fut accueillie sous les huées, et les sœurs divisées en vinrent aux mains. Le lendemain Thérèse sut leur parler avec douceur, sincérité et bonté, et ainsi les cœurs les plus durs s’attendrirent. Pour que ses « pauvres petites de l’Incarnation » soient guidées sur la route de l’oraison, Thérèse leur avait choisi pour confesseur le frère Jean de la Croix. Thérèse se rendit en 1574 à Ségovie pour y fonder un nouveau Carmel. Elle emmenait avec elle quatre compagnons dont Jean de la Croix. Installée à Ségovie elle envoya chercher les quatorze sœurs du Carmel de Pastrana qui étaient malmenées par la princesse d’Eboli. Dans un esprit de vengeance, la princesse dénonça à l’Inquisition22 le Livre de la vie de Thérèse, l’accusant de contenir « des visions, des révélations, et l’exposé d’une doctrine dangereuse ». Thérèse et ses compagnons durent ensuite quitter Ségovie pour fonder un couvent à Beas, aux confins de la Castille et de l’Andalousie. A Beas, elle rencontra Jeronimo Gracian de la Madre de Dios, qui devint son confident, son « fils chéri ». Thérèse écrivit à Philippe II pour le supplier d’établir en deux provinces séparées les Carmes Mitigés et les 21 Paludisme : maladie parfois mortelle transmise par la piqûre du moustique. Inquisition : tribunal ecclésiastique créé en 1229 qui recherchait et punissait de mort les hérétiques, c’est-à-dire ceux qui croyaient en une doctrine condamnée par l’Eglise catholique. 22 Déchaux, elle avait enfin trouvé l’homme qui pouvait assumer la responsabilité de l’ordre réformé : le Père Gracian. Thérèse dut de nouveau partir, pour Séville, ville d’Andalousie, accompagnée de plusieurs sœurs. Elles arrivèrent le 26 mai 1575 après huit jours d’un voyage plein de péripéties, pour apprendre que l’archevêque refusait de tenir son engagement de fonder un couvent. Seules face à cette situation, Thérèse et ses filles étaient totalement démunies dans la riche et trépidante Séville. Thérèse s’était rendue à Séville pour obéir à Gracian, alors que Jésus lui ordonnait de fonder un couvent à Madrid ; l’aide lui fut néanmoins apportée par son frère Lorenzo, de retour des Amériques. Le couvent de Séville fut fondé sans l’accord du supérieur de l’ordre, le Père Juan Bautista Rubeo, car Gracian, obéissant directement au roi Philippe II, ne consultait plus le supérieur du Carmel. Cette maladresse accrut les divisions au sein du Carmel. En effet, la colère montait chez les Chaussés, c’est-àdire chez les Carmélites qui obéissaient à la règle des Mitigés, car ils craignaient d’être bientôt soumis aux règles austères des Déchaussés, celles du Carmel réformé par Thérèse. Ces hostilités engendrèrent des calomnies et provoquèrent la visite inopinée des représentants de l’Inquisition au monastère SaintJoseph de Séville. De plus, le supérieur de l’ordre ordonnait la dissolution des monastères fondés sans son autorisation, condamnant les religieux à les quitter dans un délai de trois jours sous peine de sanctions encore plus graves. Il était désormais interdit à Thérèse de procéder à de nouvelles fondations, et l’ordre de rentrer immédiatement en Castille lui avait été signifié avec interdiction de quitter le couvent dans lequel elle choisirait de s’enfermer. De retour en Castille, Thérèse resta un an à Tolède où elle entreprit une importante correspondance avec les prieures des couvents qu’elle avait réformés. Dans ce contexte délétère, un scandale éclata en 1577 à l’intérieur des Réformés : deux Déchaux, jaloux du Père Gracian, le calomnièrent. Celui-ci décida de se retirer momentanément pour vivre une vie d’ermite. Le supérieur de l’ordre du Carmel imposa aux sœurs de l’Incarnation d’Avila d’élire une prieure carmélite Mitigée. Il y eut des résistances et plusieurs sœurs furent excommuniées23. Jean de la Croix fut quant à lui emprisonné durant neuf mois au couvent des Mitigés de Tolède dans un cachot exigu, où il fut maltraité. Pendant ce temps, Thérèse écrivait au roi Philippe II pour obtenir son soutien, mais en vain. Néanmoins, l’aide vint de Dieu car du fond de son cachot, Jean de la Croix eut une vision dans laquelle un Esprit lumineux, qu’il identifia comme la Vierge Marie, lui montrait une fenêtre donnant sur le Tage, lui disant qu’elle l’aiderait à s’évader. Il s’évada donc, guidé par cette voix intérieure et trouva refuge chez les sœurs du Carmel Réformé, puis il partit pour Avila rejoindre Thérèse. Durant cette tempête d’épreuves, Thérèse réussit à écrire en trois mois un livre intitulé : Le Château intérieur, tout entier consacré à l’oraison. Malgré les angoisses, les mauvaises nouvelles, et les évènements contraires, elle gardait son calme, sa confiance étant en Dieu. Le Père Gracian fut à son tour excommunié. Un décret émanant du nonce, l’envoyé du pape, soumettait les couvents Réformés à leur ennemi, le Provincial des Mitigés. Thérèse dut quitter le couvent d’Avila pour un couvent Mitigé. Il lui était interdit de correspondre avec le Père Gracian. 23 Excommunication : sanction grave de l’Eglise catholique qui exclut l’un de ses membres. Le roi sortit un peu plus tard de sa réserve et prit la défense de Thérèse et du Carmel réformé. Elle retrouva ainsi sa liberté et continua à créer ses fondations, d’abord à Malagon, puis à Villanueva de la Jara. Elle était désormais acclamée sur les chemins, le peuple se rassemblait pour qu’elle puisse le bénir. Epuisée, Thérèse tomba gravement malade en 1581, elle fut assaillie de doutes mais l’Esprit du Christ se montra à elle, lui ordonnant de continuer à fonder de nouveaux monastères à Palencia, Soria et à Burgos. Cette même année, elle acheva la rédaction de sa Règle pour les Réformés. Elle obtint en outre ce qu’elle désirait par-dessus tout : la séparation des Réformés et des Mitigés par le pape Grégoire VIII en deux provinces indépendantes, dirigées par des supérieurs indépendants l’un de l’autre. La bulle papale24 détaillait le nombre de couvents et de religieux. La Carmel réformé comptait alors 22 monastères, 300 moines et 200 moniales. De retour de Soria, Thérèse fut élue prieure du couvent de Saint-Joseph d’Avila. Les prieures étaient confrontées au problème constant des ressources financières. La plupart des couvents étaient très pauvres et les sœurs souffraient souvent de la faim. Or Thérèse voulait que les sœurs mangent à leur faim car elle disait avec bon sens que l’on ne peut faire oraison le ventre vide, tiraillé par la faim. Elle avait également à faire face aux ennuis constants que lui provoquaient certaines de ses prieures qui désobéissaient à ses ordres. Mais dans les épreuves, son amour pour Dieu grandissait incessamment. Elle renonçait à décrire sa paix intérieure, car ce qu’elle éprouvait était inconcevable pour quiconque n’a pas vécu cette union de l’âme avec l’amour de Dieu. Conduire ses sœurs vers l’amour divin lui semblait désormais plus important que de gagner le paradis. Elle mortifiait moins son corps par les jeûnes et la pénitence, et se souciait davantage de sa santé qu’elle devait préserver pour le reste de l’œuvre à accomplir. Elle dissimulait autant que possible les grandes joies spirituelles qu’elle recevait de Dieu, se gardait de prendre des attitudes dévotes, et se montrait au contraire si simple, si agréable, si courtoise que des gens s’étonnaient que ce fût là celle qu’on tenait pour sainte. Thérèse dut se rendre au couvent de l’Annonciation d’Alba en 1582. Elle était épuisée par la maladie qui ne l’avait jamais quittée : ses vomissements continuels, ses maux de tête, ses douleurs s’accentuèrent considérablement. Un jour, l’une des sœurs eut la vision d’une foule joyeuse composée d’un grand nombre de dames et de gentilshommes en habits resplendissants qui entraient dans la chambre de Thérèse ; c’était là une vision spirituelle montrant l’entourage spirituel élevé de Thérèse. Sa chambre embaumait constamment une odeur merveilleuse de nature spirituelle créée par des fluides spirituels. Thérèse se désincarna le 4 octobre 1582, soutenue par une petite converse25, en se couchant sur le côté « dans la position qu’on donne à Marie Madeleine » notèrent les sœurs. Le visage de Thérèse était dans la mort si beau et si resplendissant « qu’on eût dit un soleil enflammé ». C’est ainsi que l’Esprit de Thérèse d’Avila retrouva sa liberté. Neuf mois plus tard, les sœurs voulurent voir le corps de Thérèse. Il fut sorti de terre et on constata qu’il émanait un parfum délicieux, le corps était aussi sain que s’il avait été enterré la veille. Il fut 24 25 Bulle papale : lettre solennelle du pape scellée d’un sceau rond en plomb. Converse : personne qui, dans un couvent, se consacre aux travaux manuels sans avoir fait ses vœux. découpé et éparpillé entre différents monastères, comme il était d’usage à l’époque. Dès 1602, des suppliques pour la béatification26 de la Madre Teresa de Jésus affluèrent à Rome. Elle fut béatifiée en 1614 et canonisée27 en 1622. Thérèse laissa en héritage la fondation de vingt-six couvents de religieuses et de religieux. Des couvents furent ensuite fondés en France, en Belgique et au Portugal. Bibliographie : Marcelle Auclair, La vie de sainte Thérèse d’Avila, 1950, édition du seuil, 1967. (L’ouvrage très détaillé a été réalisé à partir d’une vaste bibliographie) Jean-Jacques Antier, Thérèse d’Avila, de la crainte à l’amour, Perrin, 2003 Louis Boyer, Figures mystiques féminines, Cerf, 1989 26 27 Béatification : acte de l’autorité pontificale par lequel une personne défunte est mise au rang des bienheureux. Canoniser : mettre au nombre des saints suivant les règles de l’Eglise catholique. Le château intérieur sous l’éclairage spirite. Grande mystique du XVIe siècle espagnol, Thérèse d’Avila a eu pour mission de réformer le Carmel afin de favoriser l’oraison, c’est-à-dire la prière, qui met en relation la créature avec le Créateur, Dieu, et permet à l’Esprit de s’élever en se détachant des désirs matériels. Thérèse d’Avila rédige Le Château intérieur en 1577 à Tolède, où elle se recueille quelques temps après avoir fondé un couvent à Séville. Elle explique les demeures de l’intériorité où l’âme, par la prière et la solitude, accède à l’extase qui donne à l’Esprit le bonheur spirituel. Cet ouvrage a pour principal sujet la prière. Afin que la prière soit profitable, Thérèse d’Avila explique qu’il est bon de prendre la vie de Jésus comme modèle de perfection auquel nous devons tous tendre. En outre, il ne suffit pas de prier avec la bouche, il faut prier avec le cœur, avec amour, car la prière sincère permet de recevoir l’aide spirituelle des Esprits évolués, en particulier celle du guide spirituel, afin de mieux supporter ses épreuves et de développer la charité sous toutes ses formes, ainsi que le faisait le Christ. Pour Thérèse, abandonner l’oraison équivaut à se couper de Dieu. Thérèse d’Avila écrit donc Le Château intérieur pour ses sœurs carmélites dont elle a réformé la règle. Elle imagine notre âme sous la forme d’un château au cœur duquel se trouve une pièce renfermant un diamant, c’est l’étincelle divine qui demeure en chaque âme. Le but de chaque être étant de s’unir avec le Roi de ce château, Dieu. L’oraison permet d’entrer dans ce château et peu à peu d’aller vers cette salle où rayonne l’amour divin. Mais hélas, beaucoup de personnes, faute de volonté, restent devant les remparts de ce château, « parmi les vices de ce monde » écrit Thérèse, c’est-à-dire rattachés aux plaisirs terrestres. Thérèse distingue sept degrés d’oraison, les sept demeures du château, unissant de plus en plus intimement l’âme de l’orant à Dieu. Ce chiffre sept qui évoque les sept jours de la Création dans la Genèse28, correspond à des étapes symboliques de l’évolution morale. Cet ouvrage est un éloge poétique de la prière, laquelle favorise l’extériorisation de l’Esprit qui ressent ainsi l’amour divin, les « délices » dont parle Thérèse. Nous allons présenter successivement les sept demeures de l’âme décrites par Thérèse d’Avila. Premières demeures : Thérèse met au pluriel le mot « demeure » car il en existe des millions, des millions de voies, toutes différentes, qui conduisent à Dieu. Les spirites considèrent d’un même regard toutes les spiritualités qui élèvent l’homme vers l’amour divin, car toutes les religions dans leur essence émanent de Dieu et doivent conduire vers son amour. Les premières demeures sont le siège de la connaissance de soi, indispensable pour progresser. Cette connaissance de soi nous révèle nos défauts, et par effet de contraste, la grandeur divine. La connaissance de soi, tant préconisée par Socrate qui avait pour précepte : « Connais-toi toi-même », est un des piliers de l’évolution morale, et à ce titre, elle figure à la question 919 du Livre des Esprits d’Allan Kardec. C’est 28 La Genèse : livre premier de La Bible. par l’examen de conscience quotidien que notre guide spirituel peut nous éclairer sur nos défauts et ainsi nous aider à lutter contre ceux-ci, car nous pouvons dire avec Thérèse d’Avila que « notre plus grand ennemi c’est nous-même » ! Ensuite, écrit Thérèse, nos regards se tournent vers Dieu et dès lors nous sommes disposés à accomplir tout ce qui est bien. Thérèse nous exhorte à regarder le Christ pour apprendre la véritable humilité, à demander l’aide de Dieu, du Christ et des saints, c'est-à-dire des Esprits évolués, pour ne pas faillir, pour combattre les « démons ». Thérèse d’Avila, qui écrit dans l’Espagne catholique du XVIe siècle, utilise le mot « démons », or les spirites nient l’existence d’êtres créés mauvais et voués éternellement au mal, ce qui est contraire à l’infinie justice de Dieu ainsi que nous l’enseignent les Esprits supérieurs. Les « démons » dont parle Thérèse sont en réalité des Esprits inférieurs qui, à l’instar de tous les Esprits créés par Dieu, sont destinés à évoluer par des expiations et des épreuves en se réincarnant autant de fois que nécessaire, pour se parfaire et pour devenir de bons Esprits. Les choses de ce monde, écrit Thérèse, nous empêchent de voir la lumière qui irradie en ce lieu, comme si nous avions de la boue sur les yeux, c’est pourquoi il est nécessaire de se dégager de ces choses. Deuxièmes demeures : « Celles-ci sont les demeures de ceux qui ont déjà commencé à faire oraison et ont compris l’importance de ne pas rester aux premières demeures, parmi les mondanités », quand ils commencent à ressentir la vanité des désirs matériels. L’appel de Dieu se fait plus pressant. Il se fait par l’intermédiaire des lectures, des rencontres, des expériences… C’est ainsi que l’on devient spirite, au hasard (providentiel !) des lectures, des rencontres et des expériences. Souvenons-nous de Léon Denis qui fut attiré dans une librairie par un livre : Le Livre des Esprits d’Allan Kardec, puis adhéra de toute son âme à cette philosophie. On devient également spirite en se rendant, dirigé de manière occulte par notre guide spirituel, dans un centre spirite pour des raisons variées, où l’on y retrouve souvent des personnes connues dans des vies antérieures qui poursuivent un chemin identique. Enfin, les expériences, souvent médiumniques, les obsessions, les épreuves de la vie nous amènent au spiritisme afin de servir Dieu en servant nos frères et sœurs. Thérèse écrit que c’est dans ces deuxièmes demeures que l’on commence à cultiver nos vertus, c’est-àdire que l’on s’efforce de développer en nous l’amour, la bonté, la patience, la douceur, la persévérance, la charité. Et même s’il nous arrive de tomber, car nous sommes tous imparfaits et la vie est pleine d’épines, Thérèse nous exhorte à ne pas se décourager, ne pas renoncer à s’efforcer d’avancer, car « Dieu tirera du bien de cette chute même ». En effet, dans son infinie miséricorde Dieu pardonne et nous permet toujours de réparer nos erreurs, dans cette vie ou dans d’autres. Nos erreurs et nos souffrances nous enseignent le détachement des choses matérielles, la pratique de l’amour et de la charité. Et Thérèse de conclure qu’il est nécessaire de toujours prier pour ne pas vivre « en tentation », car la prière nous élève vers Dieu et par ce biais nous éloigne des désirs matériels tels que l’ambition, l’appât du gain, la sensualité qui nous lient à ce monde inférieur. Troisièmes demeures : « Ces âmes (…) sont vivement désireuses de ne point offenser sa Majesté, elles se gardent même des péchés véniels et sont amies de la pénitence, elles réservent des heures au recueillement, emploient bien leur temps, s’appliquent aux œuvres de charité envers le prochain, un ordre harmonieux règne dans leur langage, leurs vêtements et dans le gouvernement de leur maison, si elles en ont. » écrit Thérèse d’Avila. L’Eglise catholique distingue les péchés véniels des péchés mortels, c’est-à-dire des fautes de plus ou moins grande importance, le péché véniel étant digne de pardon, alors que le péché mortel entraîne l’âme en « enfer ». Les spirites, grâce aux enseignements des Esprits supérieurs recueillis et analysés dans la codification d’Allan Kardec, savent que toute faute, même la plus grave, est pardonnée par Dieu à condition que l’Esprit ait du repentir et qu’il vienne expier et racheter sa faute dans une ou plusieurs autres existences en faisant le bien là où auparavant il a mal agi. Ne pas pardonner les fautes même graves serait une injustice, or Dieu est amour, miséricorde et justice infinie. C’est la raison pour laquelle, l’enfer tel que les catholiques le conçoivent n’existe pas. Allan Kardec a démontré grâce aux enseignements spirituels, que les Esprits inférieurs, dominés par la matière et le désir du mal, sont soumis à la loi d’évolution, et tôt ou tard, las de souffrir, ils se repentent et viennent réparer. Thérèse traite de la pénitence qui est dans l’Eglise catholique ce rite sacramentel par lequel le prête, après avoir entendu la confession d’une personne, donne l’absolution, c’est-à-dire le pardon divin des fautes commises. Là encore les spirites s’éloignent de tels rites puisque, si le pardon vient de Dieu, ce n’est pas aux hommes, et encore moins à une minorité parmi eux, de pardonner en son nom. Seules les actions d’amour effacent les fautes commises. Enfin Thérèse d’Avila évoque les « œuvres de charité envers le prochain » qui doivent animer tout spirite sincère. Dans L’Evangile selon le spiritisme, Allan Kardec a mis en relief la nécessité pour tout spirite de prendre pour modèle la charité évangélique, voie glorieuse d’amour et de charité permettant à l’homme d’avancer vers Dieu. C’est pourquoi nombre de spirites ont choisi avant de s’incarner la mission médiumnique qui, par un travail désintéressé, permet de soulager les souffrances morales et physiques. Thérèse ajoute que ses sœurs carmélites ne doivent pas s’inquiéter des éventuelles sécheresses dans l’oraison, certaines âmes n’ont pas besoin de ces « délices » pour avancer. Les délices dont parle Thérèse sont les visions des Esprits lumineux, les sensations de chaleur et d’amour que peuvent ressentir les personnes douées de médiumnité. D’autres personnes, bien qu’animées de bons sentiments, ne les ressentent pas nécessairement, ce sont les « sécheresses » que Thérèse signale et qu’elle-même a connu dans ses premières années conventuelles. Quatrièmes demeures : « Ces demeures sont d’une grande beauté, on y voit et on y entend des choses si délicates que l’intelligence est incapable d’en donner une idée juste. ». Quand l’Esprit du médium se dégage du corps physique il peut percevoir des sons, entendre des musiques spirituelles, ou encore avoir accès par la vue de l’Esprit à des plans spirituels supérieurs où tout n’est que beauté et harmonie ; les mots lui manquent pour décrire ce qu’il voit et traduire son état de bonheur intense. Pour avancer sur ce chemin il ne s’agit pas de beaucoup penser, mais de beaucoup aimer, nous dit Thérèse. Ici l’âme craint moins les épreuves car sa foi est plus vive et elle comprend qu’elle les endure pour avancer vers Dieu. « Nous pouvons supporter n’importe quel trouble et n’importe quelle guerre à condition de trouver la paix en nous. » écrit Thérèse, cette paix qui est une émanation de l’amour divin. Son détachement du monde est de plus en plus grand. Elle prend véritablement conscience de se petitesse au regard de la grandeur divine. Elle se perfectionne dans toutes les vertus et ne cessera de grandir si elle se maintient dans la persévérance. Cinquièmes demeures : Ici, dit Thérèse d’Avila, « l’âme est toute entière morte au monde pour mieux vivre en Dieu, elle semble même parfois se séparer du corps. Cette joie là surpasse toutes celles de la terre ». L’Esprit et son périsprit peuvent en effet se dégager du corps physique et ne rester rattachés à celui-ci que par un cordon fluidique. Ce travail fluidique et moléculaire très complexe s’effectue grâce à l’intervention du guide spirituel. Quand l’Esprit est totalement dégagé du corps charnel et qu’il est suffisamment épuré, il peut alors ressentir l’amour divin qui apporte un bonheur et une joie inexprimables. Thérèse d’Avila insiste sur l’humilité et l’amour qui mènent à Dieu. Aimer Dieu c’est aimer son prochain, c’est ainsi que l’on peut mesurer l’amour que l’on porte à Dieu. Il est nécessaire de faire des efforts, de contraindre notre volonté pour aimer notre prochain. Thérèse conseille de demander au Christ qu’il nous donne l’amour pour nos frères et sœurs, car par notre nature encore inférieure, nous sommes sur cette Terre majoritairement égoïstes et orgueilleux, et de ce fait, nous manquons bien souvent de charité. D’où l’importance de prier, de faire preuve de volonté et de persévérance pour lutter contre nous-mêmes. Sixièmes demeures : Thérèse évoque les maux qu’elle a endurés : les sarcasmes des jaloux à propos de sa transformation spirituelle, les graves maladies accompagnées de douleurs aiguës, l’incompréhension de ses confesseurs qui la pensaient manipulée par le « démon » selon ses propres dires. C’est pourquoi elle donne des conseils à ses sœurs pour reconnaître les paroles divines perçues dans l’oraison. Ces paroles apportent la paix, la quiétude, elles réconfortent. Allan Kardec, dans Le Livre des médiums, désigne cette forme de médiumnité sous le nom de pneumatophonie : le médium entend des paroles extérieures aussi distinctement que si elles provenait d’une personne que l’on aurait à côté de soi, ou plus généralement, c’est une voix qui retentit dans son for intérieur. Le médium reçoit, grâce au dégagement de son périsprit, les vibrations émises par la pensée de l’Esprit qui se communique. Si l’Esprit est évolué, ses vibrations d’amour procurent un bien-être. Ces paroles ne s’effacent pas de la mémoire, au contraire, elles s’y gravent profondément. Elles nous insufflent une immense certitude et de l’espérance. Elles sont d’une grande clarté. Quand on les reçoit on est souvent éloigné de penser à ce qu’on a entendu, c’est survenu à l’improviste ; toutefois c’est souvent la réponse à une idée à laquelle on a pensé naguère. On est comme quelqu’un qui entend, et non comme quelqu’un qui compose peu à peu ce qu’il veut lui-même qu’on lui dise. Le médium est, à l’image d’un instrument, un être passif qui ne fait que recevoir les instructions des Esprits évolués. Ainsi, les paroles qu’il entend ne viennent pas de lui, preuve en est de ces médiums qui transmettent des communications dans des langues qu’ils ignorent ou des connaissances qu’ils ne possèdent pas. Une seule parole suffit à faire comprendre beaucoup de choses que notre entendement ne pourrait composer si rapidement. Les Esprits évolués n’utilisent pas le langage humain pour communiquer, mais la transmission de pensées. Cette transmission de pensées est beaucoup plus rapide et plus riche que le vocabulaire humain. Ils peuvent communiquer de la sorte avec l’Esprit dégagé du corps physique pendant le sommeil ou à l’état de veille quand le sujet possède un organisme physique approprié, c’est-à-dire une forme de médiumnité. Ces paroles nous rendent humbles et font grandir notre amour pour Dieu. Au contraire, si les paroles entendues naissent de l’imagination, on ne remarque aucun de ces signes : ni certitude, ni paix, ni joie intérieur, écrit Thérèse. Les médiums intuitifs doivent en effet être très vigilants car les communications, qui passent par leur cerveau, peuvent être déformées et révéler un caractère animiste si ces médiums mêlent leurs propres pensées aux messages reçus. Les communications reçues peuvent en outre émaner d’Esprits plus ou moins évolués, car il en est des Esprits comme des hommes. Il faut voir à ce propos la classification proposée par Allan Kardec dans Le Livre des Esprits aux questions 100 à 113 (sur l’échelle spirite). Aussi, le médium doit faire preuve de discernement et analyser rigoureusement toutes les communications qu’il reçoit, en jugeant le langage et les sentiments qu’inspire l’Esprit. Les bons Esprits ne veulent que le bien et ne disent que de bonnes choses dans un langage clair et correct (voir également la question 267 du Livre des Médiums d’Allan Kardec). Ce discernement s’acquiert par l’étude et l’expérimentation, c’est pourquoi le spiritisme conseille aux médiums débutants de travailler en groupe avec des médiums expérimentés, où les communications sont analysées et confrontées les unes aux autres. Dans ces demeures l’âme est en extase. L’extase, qu’a connue notre grande sœur dans bien des circonstances, est un état de ravissement extrême. L’âme quitte le corps et voit des régions merveilleuses, une lumière fort belle qui n’aveugle pas. « Le Seigneur semble avoir voulu lui faire entrevoir le pays où elle ira un jour. » écrit Thérèse. Cependant, les faveurs reçues ne doivent pas nous faire oublier notre imperfection et le nécessaire travail d’humilité que nous devons poursuivre. Le modèle christique est toujours à suivre pour atteindre Dieu : « Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père » a dit Jésus. Les Esprits supérieurs ont révélé que Jésus est le plus pur Esprit que la Terre ait porté. Il s’est incarné, alors qu’il était pur Esprit, c’est-à-dire un Esprit devenu parfait, proche de Dieu, pour mener une mission d’amour et de charité auprès de ses frères les hommes. C’est pourquoi Jésus est le modèle à suivre pour tout chrétien, pour tout spirite, et plus généralement pour tous les hommes. L’Esprit du Christ qui a présidé à la codification spirite en tant qu’Esprit de Vérité annoncé dans les Evangiles29, continue de veiller sur les destinées de notre planète. Dans ces sixièmes demeures l’âme ressent la proximité de Jésus et des Esprits supérieurs. « Cette faveur est très profitable à l’âme qui recherche d’autant plus à plaire à Dieu ». Thérèse d’Avila, aimait particulièrement le Christ pour l’avoir connu et aimé dans l’une de ses vies antérieures où elle était MarieMadeleine30. Dans sa vie en tant que Thérèse d’Avila, elle a été protégée par le Christ lui-même et ressentait fréquemment sa présence à ses côtés. Elle voyait l’Esprit du Christ rayonnant mais aussi quelques fois en croix ou portant sa croix. Ces visions lui procuraient une joie ineffable : « Celui qui n’aura pas éprouvé ces grands transports de l’amour ne pourra jamais s’en faire une idée. » écrit-elle. Thérèse entrait fréquemment en extase et lévitait, elle décrit ces phénomènes au chapitre 20 de sa biographie, le Livre de la vie. Tout commence par une extase, le corps est réduit à un état léthargique : pouls et respiration très ralentis, température interne effondrée, membres rigides, les fonctions de la vie sont réduites au point qu’elles semblent suspendues. L’esprit entraîne alors le corps à sa suite : « J’étais saisie d’une frayeur très vive en voyant mon corps ainsi élevé de terre. Et, bien que l’âme l’entraîne à sa suite avec la plus grande suavité quand on ne résiste pas, elle ne perd pas, cependant, l’usage de ses sens : je le conservais assez pour comprendre que j’étais élevée de terre. ». « La violence était telle que j’aurais voulu souvent résister ; j’y opposais toutes mes forces, spécialement quand parfois il me prenait en public. Telle une personne qui a lutté contre un géant puissant, je me trouvais épuisée après le combat. ». Le phénomène se produisit notamment dans la chapelle du monastère de l’Incarnation. Les sœurs ont témoigné de ces lévitations pour instruire le procès en canonisation de Thérèse. « Si l’on n’est pas sûr que ces faveurs viennent de Dieu, l’âme doit veiller à rester attachée à Dieu et à agir pour le bien », écrit Thérèse. En agissant pour le bien et en nous efforçant de corriger nos imperfections, nous attirons à nous la protection des Esprits évolués, en particulier celle de notre guide spirituel. Le médium doit donc toujours recherché la protection des bons Esprits et faire preuve de vigilance et de discernement. En demandant humblement à Dieu d’être éclairé dans la voie du bien, nous sommes intuitionnés en ce sens. Enfin, Thérèse conseille de ne pas rechercher à tout prix ces ressentis médiumniques, et de se remettre dans les mains de Dieu : « le plus sûr est de ne vouloir que ce que Dieu veut, il nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-même et il nous aime. ». Les Esprits supérieurs nous invitent à cultiver sans cesse l’humilité, la résignation et la soumission à la volonté divine, c’est tout le sens de cette phrase : « Que ta volonté sois faite Seigneur ». 29 Le Consolateur promis : Evangile de Jean, ch. XIV, v. 15, 16, 17, 26 Maria Domingo Soler, Te pardonno. Ouvrage psychographié par l’Esprit de Thérèse d’Avila, racontant sa vie en Espagne ainsi que ses vies antérieures. 30 Septièmes demeures : L’âme est définitivement unie à Dieu par son immense amour pour Dieu et pour son prochain. « Elle a un grand désir de souffrir pour le Seigneur », de subir de grandes épreuves si nécessaire, afin de le servir. Mais malgré les épreuves et les peines, l’âme est en paix. Les passions, c’està-dire les désirs matériels et les imperfections, sont vaincues. L’âme ressent une grande joie intérieure et une paix croissante, sans aucune inimitié envers ceux qui lui nuisent ou cherchent à le faire. Elle pardonne et les recommande à Dieu. Elle est définitivement détachée de toutes choses, avec le désir de vivre dans l’amour de Dieu et dans le service auprès de ses frères et sœurs souffrants. Thérèse rappelle que le but de l’oraison est de donner naissance à des œuvres car « la perfection ne consiste pas dans des plaisirs intérieurs, elle est l’apanage de celui qui aime le plus ». Ceci est particulièrement vrai dans les centres spirites où les médiums prient Dieu, les guides du centre et les Esprits instructeurs de les intuitionner pour pouvoir aider leurs frères et sœurs qui souffrent. Thérèse d’Avila insiste constamment sur l’importance de l’humilité qui est le fondement de cet édifice d’amour : « le Seigneur considère moins la grandeur des œuvres que l’amour avec lequel on les fait. ». Finalement, le repos intérieur dont bénéficie l’âme aboutit à lui faire désirer le travail extérieur pour servir Dieu, de toute éternité. Quelques conseils de Thérèse d’Avila à ses religieuses, qui peuvent servir aux médiums : « Ne jamais s’entêter, en particulier lorsqu’il s’agit de choses peu importantes. » : il est important de savoir relativiser. « Ne jamais reprendre personne sans discrétion et humilité, sans un retour confus sur soi-même. » : être indulgent et se remettre en question. « Ne jamais parler sans réflexion, et sans bien demander à Notre-Seigneur de ne rien dire qui lui déplaise. » : réfléchir, prier avant d’agir. « Ne jamais se chercher d’excuses, sauf en cas d’évidence. » : être humble. « A tous les entretiens et conversations, mêler toujours quelques mots de spiritualité : on évitera ainsi paroles oiseuses et médisances. » : éviter de médire, choisir son entourage. « Ne jamais vous mêlez de donner votre avis en toutes choses si on ne nous le demande point, ou si la charité ne l’exige. » : être humble, être à l’écoute. « Accomplir toutes choses comme si sa Majesté était réellement visible ; par cette voie, l’âme gagne beaucoup. » : toujours avoir pour but de servir la voie du bien. « Du mal de quiconque, n’en dis jamais, n’en écoute jamais, sauf s’il s’agit de toi-même ; quand tu t’en réjouiras, tu seras en grand progrès. » : fuir la médisance, accepter les critiques. « Si tu es gaie, garde-toi des rires excessifs, que ta gaieté soit humble, modeste, affable et édifiante. » : équilibre du comportement. « Ne vois toujours en toi que la servante de tous, et considère en tous le Christ Notre-Seigneur ; ainsi tu le respecteras et tu le révéreras. » : être des ouvriers de Dieu. « A toute heure, dans tous tes actes, examine ta conscience, et vu tes fautes, tâche de t’amender avec l’aide divine et tu atteindras la perfection par cette voie. » : importance de l’examen de conscience. « Ne considère pas les fautes du prochain, mais ses vertus et tes propres fautes. » : indulgence. « Détachez votre cœur de toutes les choses, cherchez Dieu, et vous le trouverez. » : détachement des choses matérielles, chemin spirituel. « Ne faites jamais rien que vous ne puissiez faire devant tout le monde. » : faire le bien. « Rappelez-vous votre vie passée pour la pleurer, et votre tiédeur présente, et ce qui vous manque pour marcher d’ici vers le ciel, rappelez-les-vous pour vivre dans la crainte : c’est la source de grands biens. » : il n’y a pas d’effets sans causes, miséricorde divine. « Prenez l’habitude de faire de nombreux actes d’amour, ils enflamment et attendrissent l’âme. » : charité active. « Faites des actes de toutes les autres vertus. » « Soyez douce envers tous, et rigoureuse envers vous-même. » « Apportez un grand soin à l’examen de chaque soir. » : examen de conscience quotidien. « Aux temps de la tristesse et du trouble, n’abandonne pas les bonnes œuvres d’oraison dont tu avais l’habitude, intensifie-les plutôt, et tu verras avec quelle promptitude le Seigneur va te favoriser. » : ne pas se décourager. « Que ton désir soit de voir Dieu, ta crainte de la perdre, ta douleur de ne pas jouir de lui, ta jouissance ce qui peut te conduire vers lui, et tu vivras dans une grande paix. » : prier pour se rapprocher de Dieu, intensité de l’amour de Dieu. Le Château intérieur dans Œuvres complètes de Thérèse d’Avila, Desclée de Brouwer, Paris, 1995 Conclusion La vie de Thérèse d’Avila a été riche d’un point de vue humain, médiumnique et spirituel. Sa mission d’Esprit très évolué s’est réalisée avec l’aide des Esprits des plans spirituels élevés et particulièrement avec celle de l’Esprit du Christ, l’Esprit le plus évolué qu’ait porté la planète Terre. Dans le livre psychographié par le médium espagnol Amalia Domingo Soler, Te Pardonno, l’Esprit de Thérèse d’Avila raconte plusieurs de ses incarnations de femme sur la Terre à différentes époques. C’est ainsi que nous savons qu’elle a été Marie-Madeleine. Nous comprenons mieux alors l’amour qu’elle portait au Christ et la lumineuse présence de l’Esprit du Christ pour l’aider à la réalisation de sa mission terrestre. Annexe 1 Œuvres de Thérèse d’Avila Le Livre de la vie, 1562-1565 (autobiographie demandée par ses confesseurs) Le Chemin de la perfection, 1562-1564, publié en 1583 Le Château intérieur ou le Livre des demeures, 1577, publié en 1588 Le Livre des fondations, commencé en 1573, publié en 1610 Pensées sur l’amour de Dieu Les Relations (brèves notices sur ses expériences spirituelles) La Manière de visiter les couvents, 1576 Les exclamations (prières) Les poésies Sa Correspondance : il reste cinq cents lettres sur les quinze à vingt mille lettres qu’elle écrivit à sa famille, aux supérieurs, aux carmélites, aux carmes, aux grands théologiens de son temps et au roi Philippe II.